Les données numériques, outils au service de la fabrication de la Ville (2018-2019)

Les données numériques, outils au service de la fabrication de la Ville

ÉTUD. FAVREAU Corentin UNIT E1032 - MÉMOIRE 4 - MÉMOIRE MENTION RECHERCHE - OPTION.

SRC

DE.MEM TUT.SEP

LEQUAY H. ROUEFF B.

MARCH ARCH

S10 DEM ALT 18-19 Promo

© ENSAL

2

Mention Recherche 1. UN PARCOURS COHÉRENT

a. Rapport d’étude

b. Stage Recherche

c. Coins Grand Challenge : Baukünst

d. Mémoire d’initiation à la recherche

2. DONNÉES NUMÉRIQUES : ENJEUX ET POTENTIELS

a. Les données numériques, une notion vaste et «dangereuse»

b. Les données numériques, un Outils d’assistance

3. PROJETER AVEC LES DONNÉES

a. Une simulation architecturale, puisant les ressources du Parcours

b. Un projet à suivre ?

3

4

Introduction

5

Aujourd’hui, les données sont partout. Internet, smartphones, objets connectés, nous en produisons de plus en plus, notamment grâce à l’émergence de nouvelles technologies liées aux progrès exponentiels de l’Ère Numérique. Le concepteur de la ville, qu’il soit urbaniste, designer, architecte ou ingénieur, a toujours su trouver les informations dont il avait besoin pour dessiner son environnement, peu importe son contexte. Cependant, les données numériques offrent aujourd’hui les moyens d’en savoir plus sur des situations précises, jusqu’à pouvoir anticiper et prédire certains usages de l’espace. Certes, la manipulation des données numériques relève aujourd’hui encore du domaine de l’expérimentation, tant les problématiques liées à ces ressources invisibles sont nombreuses.

Quelles sont ces données ? Comment les collecter ? Comment les visualiser ? Comment les utiliser au service de la conception de la ville ? Ces questions persistent depuis cette prise de conscience de l’omniprésence des données numériques dans notre quotidien, et à travers ce mémoire nous en explorerons les réponses.

A l’heure où les métropoles se dirigent vers une transition numérique de ses politiques de planification de la Ville, avec l’émergence de la “Ville Intelligente”, nous tenterons de comprendre comment les données sont réellement utilisées, pour concevoir la Ville. En 2050, près de 70 pour-cent de la population mondiale vivra en ville, ce qui va complètement bouleverser les usages et le rapport à l’urbain. Ainsi, la question de recherche qui dirigera le développement de ce mémoire est la suivante : Le potentiel des données numériques est-il réellement exploité dans le processus de fabrication de la Ville ?

Au cours de ces cinq années d’études à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon et à la Faculdade de Arquitetura e Urbanisme de l’Universidade de Sao Paulo (FAU-USP), ce fil rouge et les problématiques liées aux données numériques ne m’ont jamais quittés.

A travers les diverses actions menées dans les cadre universitaire, professionnels et également personnel, j’ai tenté d’affiner les axes de recherches liés à cet objet d’étude. Aujourd’hui, je présente cette mention recherche, qui vient clore un parcours universitaire extrêmement enrichissant, mais peut être ouvrir sur un nouveau chemin de ronde.

6

Dans ce préambule, qui introduira le mémoire d’initiation à la recherche soutenu en janvier 2019 à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, je vais présenter mon parcours d’étudiant chercheur, depuis le rapport d’études effectué en troisième année Licence, jusqu’au Projet de fin d’études. Je reviendrai sur le contenu des actions menées au cours de travaux réalisés à l’École, mais aussi dans le cadre d’un stage recherche effectué au Brésil, et d’un projet personnel en cours, avec mon binôme de Projet de Fin d’Études F. DUCHAMP. Dans un second temps, je reviendrai sur les enjeux et les potentiels des données numériques, observés au cours de chacune des étapes m’ayant conduit à présenter cette mention recherche.

Enfin, je terminerai en expliquant en quoi consiste mon Projet de Fin d’Études, une étape décisive, qui marquera le début de mon exercice de la profession d’architecte. Un nouveau terrain d’expérimentations et de découvertes, au cours duquel je souhaite continuer à questionner les pratiques de l’architecte. A l’heure où les mutations de notre profession, liées aux bouleversements causés par les nouveaux outils dont nous disposons, sont plus que jamais d’actualités, je suis persuadé que les données, croisées à nos compétences de créateurs d’espace, représenteraient un outil remarquable.

7

1. Parcours

8

a. Rapport d’étude.

Dès la troisième année de Licence, la question des données numériques et les diverses problématiques liées à ses usages est abordée à travers l’exercice du Rapport d’Études, dirigé par H. LEQUAY. Dans ce premier travail, il était question d’effectuer un état de l’art de l’objet «données numériques». L’objectif était de construire un corpus de références, et de répondre à plusieurs interrogations. Quelles données numériques sommes-nous en mesure de collecter aujourd’hui ? Comment les exploiter et les visualiser ? Quels potentiels d’utilisation pour les concepteurs ?

Par «données numériques», je parle des données collectées à l’aide de nouvelles technologies de cartographie (SIG, cartes collaboratives, technologies GPS), et de communication (Réseaux sociaux, données de télécommunication TIC). Ces données, aujourd’hui presque toutes stockées dans des serveurs, pourraient être exploitées dans le but de créer des visualisations d’informations cartographiées dans l’espace et dans le temps, afin d’offrir aux concepteurs de la Ville des outils de précieux.

A travers ce travail introductif, les premiers éléments du corpus, qui feront office de ressources jusqu’au Projet de Fin d’Études, sont interrogés. Les travaux des laboratoires américains (MIT SenseableCityLab, DataScience...), extrêmement avancés en matière de visualisations spatiales de données, sont au centre de mes interrogation. Son chef de file, l’architecte-ingénieur italien Carlo Ratti, est l’un des pionniers de cette émergence de la donnée numérique au service de la conception urbaine. Cet état de l’art commence également à souligner les dangers liés à l’usage de ces données. Dans un premier temps, on peut questionner la fiabilité des données, suivant leur méthode de collecte ou leur visualisation graphique. En effet, les données sont produites en telle quantité que cela est extrêmement complexe de les analyser et de les retranscrire. Il est donc essentiel d’associer à la collecte de données

une problématique précise, qui permettra de cibler au maximum la production de la visualisation graphique.

Ensuite, se posent des questions de confidentialité, liées à la collecte, mais également à la diffusion et à l’utilisation de ces objets. En effet, il est aujourd’hui impossible de contrôler la production et l’accès aux données numériques. Un message envoyé depuis un smartphone produit des données. Aujourd’hui, nos réfrigérateurs produisent des données d’usage. Autrement dit, certains organismes, notamment dans les domaines des télécommunications (TIC), disposent de données personnelles dont les propriétaires ignorent l’existence. D’autre part, on peut également s’interroger sur la légitimité du concepteur de disposer des données de tout un chacun. C’est pour cela qu’il est essentiel d’envisager les données numériques comme un outil, permettant d’offrir une vision augmentée de la Ville, et cela de manière contrôlée. Quelles données sont-elles utiles pour le concepteur, et comment peut-il se les approprier ?

C’est la question que je souhaitais à présent pouvoir observer, sous la forme d’une expérimentation. Le Stage Recherche (voir «Annexes» du Mémoire), effectué à São Paulo, au Brésil, l’année universitaire de mon Master 1 (2017-2018), a été une expérience particulièrement enrichissante.

b. Stage Recherche (Plataforma PLUS, São Paulo, Brésil)

La Plataforma PLUS est une plateforme de recherche, dirigée par les architectes LACATON & VASSAL, Frédéric DRUOT architecte ainsi que l’agence brésilienne Una arquitetos. L’idée de la création de cette entité était de proposer des scénarios de densification du Centro de São Paulo. Installée dans les locaux de l’Escola da Cidade, qui bénéficie d’un partenariat avec l’ENSA Lyon, la Plataforma s’appuie sur les travaux des étudiants, réalisé dans le cadre d’enseignements, et d’intervenant externes. Au cours de ce stage, l’enjeu principal était de manipuler des données urbaines, et d’observer leur utilisation à des fins projectuelles par les architectes (Voir «ANNEXES»). Des archi-

tectes brillants, aux réalisations reconnues et régulièrement félicitées pour leur qualité et leur pertinence. Les différents scénarios se basent sur près de 20 jeux données urbaines, mais aussi subjectives, collectés sur le terrain ou grâce à des outils numériques.

Pour les participants externes à l’Escola da Cidade et ses enseignements, le choix du sujet de recherche est libre.

Or, nous avons rapidement fait le constat suivant ; es données collectées par la Plateforme, depuis plusieurs années maintenant, n’étaient répertoriées sous aucun ordre hiérarchique, et leurs méthodes de collecte relativement complexes. Ainsi, sollicitant les ressources et les références issus du Rapport d’étude, nous avons tenté de mettre au point un classement des données collectées, triées par outil de collecte. Ainsi, on pouvait distinguer clairement les données urbaines ou morphologiques, subjectives ou sensibles, et aussi législatives. Afin de rendre clair ce processus, nous avons sélectionné un îlot-type, parmi les 31 îlots du secteur d’étude, pour en recueillir toutes les données catégorisée.

Cet îlot-type, répertorié dans un livret, devait servir d’exemple, pour continuer à étudier les 30 autres, dans le temps.

Cette méthodologie de collecte et de classement des données se voulait être un outil, au service des concepteurs, une grille de lecture simplifiée de la Ville.

Cette expérience de recherche m’a permis de clarifier et de confirmer un aspect majeur de l’utilisation des données numériques, identifié dès le Rapport d’étude : les données numériques sont des outils, qui doivent être utilisés uniquement pour répondre à un problème identifié en amont. Elles ne sont qu’un outil de visualisation et de compréhension de l’espace, mais en aucun cas elles ne peuvent être appréhendées sans un regard critique et analytique de l’Humain compétent.

Un outil complexe, qui peut être mis à disposition pas uniquement pour le concepteur, mais pour tous les acteurs. Je m’interrogeais alors : comment les données numériques sont-elles exploitées par les acteurs de la Ville ?

c. Coins Grand Challenge 2018 : Baukünst

Cette année au Brésil s’apparente définitivement à une année d’expérimentation. Je commençais déjà à réfléchir à la manière dont j’allais continuer à approfondir mes recherches, dans le cadre du Mémoire d’initiation à la recherche, toujours sous la direction de H. LEQUAY. En complément du Stage Recherche, nous réfléchissons, avec F. DUCHAMP, étudiant de Master 2 à l’ENSA Lyon et binôme dans le cadre du Projet de Fin d’Études, à un projet personnel, dans le cadre d’un concours d’innovation aux ÉtatsUnis (Voir «ANNEXES»). Notre idée est une plateforme en ligne, permettant aux acteurs de la Ville d’interagir et de disposer, chacun, des outils nécessaires à la fabrication de leur environnement. Nous avons soumis notre projet, et atteint la finale, où nous avons terminé deuxième. Ce projet, que nous avons intitulé «Baukünst» («art de construire» en allemand), envisage les données pour produire une vision améliorée de la Ville et de favoriser l’interaction entre les acteurs de sa fabrication. En d’autres termes, les données numériques permettraient de constituer, pour chacun des acteurs, les outils qui lui permettront de participer, à hauteur de leurs compétences respectives, à la fabrication de leur environnement. Pour ce faire, chacun des utilisateurs disposerait d’une interface personnalisée.

Par exemple, le citoyen pourrait, à travers son interface, signaler des terrains potentiels ou des programmes, et réagir aux projets en cours. Ces données subjectives, proposées sous forme de sondages, seraient interprétées graphiquement dans l’espace. L’architecte aurait, lui aussi, une interface personnalisée, sur laquelle il pourrait répondre aux appels à projets, à l’aide d’une large quantité de données urbaines et citoyennes, et d’une boîte de dialogue avec les citoyens. Les autorités publiques, à travers leur interface auraient une vision globale de la Ville et de ses projets, et fournirait à la plateforme ses guidelines urbaines (Plans d’aménagements) et ses normes (Plan Local d’Urbanisme). Elles valideraient les projets conformes à ses guidelines, de la même manière qu’un permis de construire. Les maîtres d’ouvrage auraient accès à une carte des projets validés par les

9

autorités publiques, et pourraient choisir de construire les projets les plus appréciés par les habitants.

Autrement dit, Baukünst est une alternative à la fabrication de la Ville que nous connaissons aujourd’hui. Elle part du constat que les individualités, malgré leurs compétences indiscutables, gagneraient à interagir. L’architecte est souvent en deçà de ses homologues, et les citoyens peinent à participer à la fabrication de leur environnement urbain. Le monde de la construction gagnerait à se réunir autour d’une Intelligence Collective, où les compétences des uns sont enrichies par celles autres. Cependant, Baukünst interroge sur un point déterminant : les données numériques sont-elles obligatoirement liées à un mode de fonctionnement algorithmique et mathématique de la Ville ?

Aujourd’hui en phase de recherche et développement, nous cherchons à consolider les bases théoriques sur lesquelles une telle plateforme pourraient reposer. Puisant dans le Rapport d’étude et le Stage Recherche les outils nécessaires à l’utilisation des données numériques comme outils de visualisation améliorée de la Ville, on peut s’interroger à présent sur leur potentiel en matière d’interaction entre les différents acteurs. Il est évident pour nous que ce processus de fabrication ne pourrait pas fonctionner sans la tutelle et le contrôle des autorités publiques, et l’interaction des citoyens. Ainsi, le retour à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, dans le cadre de ma dernière année de Master, a conduit à un nouvel axe de recherche : les données numériques sont-elles réellement exploitées dans le processus de fabrication de la Ville ?

d. Mémoire d’Initiation à la recherche

10

Dans la continuité des problématiques soulevées par le Stage Recherche et le projet Baukünst, le Mémoire d’Initiation à la recherche avait pour objectif de comprendre comment les données numériques étaient exploitées par les Villes aujourd’hui.

Depuis l’apparition du label «Ville Intelligente» ou «Smart Cities», qui se répand à travers le monde entier, on peut s’interroger

sur les bienfaits ou méfaits de l’exploitation des données numériques. De plus, avec l’engouement déclenché par la question actuelle de l’ouverture des données des Villes, on peut en questionner la bonne utilisation par les citoyens. A travers le prisme des lois gouvernementales, on peut voir qu’il est encore complexe aujourd’hui d’accéder aux données, qui restent un objet spéculatif, exploité par les entreprises pour enrichir leurs produits ou services, parfois contre le gré des utilisateurs.

Cependant, les Villes aspirent à une ouverture contrôlée de ses données urbaines, cartographiables.

A l’image de la Métropole de Lyon, objet d’étude de ce mémoire, les Villes ont bien conscience de la richesse de leurs données, mais ont peur de se faire submerger et de perdre leur légitimité, face à des entreprises toujours plus compétitives. Grâce au corpus issus du Rapport d’étude, et les recherches menées à la Plataforma PLUS, on peut savoir quelles données les concepteurs ont besoin, et comment les collecter.

On observe également que le risque serait de voir la fabrication de nos villes associée à un supercalculateur. Il s’agit de la question à laquelle les données numériques et leur usage renvoie systématiquement, et à juste titre. N. DOUAY, professeur des Universités en Aménagement et Urbanisme et membre de l’UMR Pacte (CNRS, Grenoble), a publié l’an passé un ouvrage particulièrement intéressant. Dans cet état de l’art de la question de l’usage des données numériques au service de la fabrication de la Ville, il décrit quatre hypothèses de fabrication de la Ville à travers les données numériques. L’enjeu du Mémoire était de mettre en perspective ces recherches de chercheurs, avec les réglementations françaises ou Européennes, afin de comprendre les enjeux, les dangers ou les potentiels de l’usage des données au service de la fabrication de la Ville. Autrement dit, je voulais créer une grille de lecture de la Ville Intelligente, basée sur son usage des données. Avec l’exemple de la Métropole de Lyon comme objet d’étude, une des métropoles françaises les plus avancées en matière d’Open Data, j’ai pu confronter mes recherche à la réalité. Lors d’un entretien avec N. VERNUS PROST (Voire «ANNEXES»), Chief Data Officer de la Métropole, cette der-

nière me confirme que les autorités publiques sont bien conscientes des potentiels de leurs données. Egalement bien conscientes que leur accessibilité est limitée, pour des usagers non initiés, et que l’enjeu majeur des données numériques est de fédérer chacun des acteurs de la Ville, elles travaillent à présent à la mise en ligne d’une carte interactive regroupant l’ensemble des jeux de données de la Métropole. Une avancée considérable, qui vérifierait l’hypothèse de mon Mémoire, et serait une belle opportunité de simulation pour Baukünst.

vendent ou achètent des jeux de données entiers,ils contribuent à transformer la donnée en un objet de spéculation économique.

C’est en cela que les données présentent un réel obstacle à leur bonne exploitation, au service de la fabrication d’une ville par tous ses acteurs. Ce sont ces problématiques que je souhaitais explorer plus en profondeur, à travers le Mémoire, afin de comprendre comment manipuler ces objets.

b. L’urbanisme à l’heure du numérique. Une nécessité : l’Humain au coeur du dispositif

2. Les données, ses enjeux et ses potentiels

a. Les données, un objet de spéculation ?

A travers le Mémoire d’initiation à la recherche, j’ai souhaité approfondir la question des enjeux et des potentiels liés aux données numériques. Bien conscient des dangers, déjà explorés lors du rapport d’étude, je suis persuadé cependant des avancées que leur exploitation pourrait permettre.

Juridiquement et économiquement, les données occupent aujourd’hui une place centrale, et présentent des enjeux importants.

Les villes, ou plutôt les métropoles, tentent de s’approprier les données collectées sur leurs territoires, afin de comprendre et de mieux les gouverner. A l’heure ou le concept de «Ville Intelligente» se répand à travers le monde, les données suscitent un intérêt croissant auprès des autorités publiques, mais également auprès des entreprises et des acteurs privés. En effet, si les Villes tentent de gagner en expertise concernant ses données, les entreprises y voient un intérêt pour gagner en compétitivité.

Cette situation est paradoxale, à l’heure où l’ouverture des données est un sujet plus que jamais d’actualité.

Ce phénomène freine un peu plus le processus d’ouverture des données de la Métropole, qui risque de perdre sa légitimité et le contrôle de ses données.

A juste titre, car lorsque les acteurs privés

Intimement lié à cette notion économique, le Mémoire était aussi l’occasion de comprendre comment les chercheurs envisageaient la transition numérique et son impact sur l’urbanisme de la Ville Intelligente.

N. DOUAY, professeur des Universités en Aménagement et Urbanisme et membre de l’UMR Pacte (CNRS, Grenoble), dans son ouvrage L’Urbanisme à l’Heure du Numérique01 (2018), éclaircit nettement la question.

Dans cet état de l’art de l’usage des données numériques au service de la fabrication de la Ville, il décrit quatre hypothèses de fabrication de la Ville à travers les données numériques. Parmi ces hypothèses, figure l’Urbanisme «algorithmique», à travers lequel la Ville serait dirigée par des algorithmes de prédiction et dans lequel le concepteur serait un ingénieur habilité à programmé cet ordinateur. Certainement le plus grand danger pour nous autres et pour le bien de notre environnement urbain. Autre danger, l’Urbanisme «Uberisé». La compétitivité de notre économie capitaliste couplée à l’ouverture des données de la Ville conduit à une spéculation de la donnée, et une perte de contrôle des autorités publiques.

Cependant, et la Métropole de Lyon en est un bon exemple, il est possible de se rapprocher d’un Urbanisme Open Source, dans lequel les institutions publiques bénéficient d’un contrôle et d’un accès privilégié aux données. Un médiateur, missionné par la Métropole, fait le lien entre les acteurs privés 01 DOUAY, N. (2018). L’urbanisme à l’heure du numérique. ISTE Editions.

11

et public. Le concepteur aurait alors accès à une interface dynamique enrichie des données ouvertes de la Métropole, comme par exemple les masques solaires de la région, publiée récemment, et d’une boîte de dialogue avec les habitants.

La richesse et le potentiel des données numériques est donc vérifié uniquement si ces principaux dangers sont maîtrisés, et si l’Homme reste celui qui traduit les données collectées.

Lors du stage recherche effectué au Brésil, j’ai pu observer comment le concepteur et les autorités publiques gagneraient à travailler ensemble, et en quoi les données et leur choix pertinent possède un potentiel remarquable.

c. les données numériques, un Outil d’assistance

12

Chacune des actions menées dans le cadre de ces cinq années d’étude a confirmé une hypothèse fondamentale que j’avais déjà émise lors du Rapport d’étude de troisième année. Les données numériques sont seulement un outil, certes remarquable, mais qui ne puise sa valeur que dans l’interprétation qu’en fait l’Humain. Une donnée brute n’a aucune réelle valeur, et sa fiabilité est très limitée. Si l’on cible une donnée précise, que l’on se concentre uniquement sur cette dernière, et qu’on la choisit en vue de répondre à un problématique précise, plus sa pertinence va s’avérer réelle. Par exemple, si l’on s’interroge sur couloirs de déplacements quotidiens les plus fréquents autour de la place Bellecour, on va d’abord identifier les potentiels détenteurs de données. Ces données collectées, on va les classer par horaire, puis par type de flux. L’objectif étant d’interpréter les résultats de manière intelligible, on va établir une carte des flux, qui représentera sous par type et par horaire ces zones de fréquentation. Pour l’utilisateur, il sera possible de connaître précisément dans l’espace et dans le temps la fréquence des déplacements autour de la place Bellecour.

On peut également collecter et cartographier des données plus sensibles, issues des réseaux sociaux, par exemple. On peut

très aisément représenter dans l’espace des émotions ou des ressentis, donnés par des fonctions tel que les avis Google.

Il s’agit d’un autre danger lié à la manipulation de données numériques : la notion de confidentialité. Il est en effet, éthiquement parlant, impossible de diffuser ou d’utiliser des données d’usage, concernant les télécommunications, par exemple. Le concepteur de la Ville ne peut pas tout savoir, tout voir, même sous prétexte qu’il agit pour les usagers et la bonne évolution de son environnement urbain.

Cependant, le phénomène spéculatif décrit précédemment va à l’encontre de cette confidentialité. Les acteurs privés, bien conscient de la valeur des données d’usage qu’elle collecte, propose à la vente des packs de données. Cela va également à l’encontre de la politique d’ouverture des données que l’État français s’efforce de mettre en place.

Les autorités publiques risque de voir leurs données exploitées à des fins lucratives par des privés toujours plus compétents et compétitifs. Ainsi, cet Outil, comme je l’ai exposé dans l’étude de cas de la Métropole de Lyon, dans le mémoire d’initialement à la recherche, nécessite le soutien des autorités publiques, et de l’intervention des citoyens, comme des «hackers» de l’information.

«Si nous laissons simplement l’espace digital vers un avenir déterminé par la Silicon Valley, ces ingénieurs à l’esprit libertaire nous mèneront paradoxalement vers des villes enchaînées par une conformité algorithmique. Ce serait un réseau de neurones, oui, mais un réseau fonctionnant en boucles fermées02» Cette phrase de Rem Koolhaas illustre bien les dangers de l’usage des données comme un algorithme prédictif et décisionnel, fermé à l’intervention d’entrées externes.

02 Rem Koolhaas on what the digital city of the future will look like - The Washington Post [WWW Document], n.d.

URL https://www.washingtonpost.com/news/theworldpost/ wp/2018/07/09/rem-koolhaas/?utm_term=.b7dbfab475c6

3. Projeter avec les données numériques

a. simulation de l’outil Baukünst

Pour clore, ou peut-être ouvrir cette étude à une éventuelle poursuite des recherches et des expérimentations menées au cours de ce parcours, l’exercice du Projet de Fin d’Études va s’avérer décisif.

Ce projet va être l’occasion de simuler le fonctionnement de l’outil Baukünst, à l’épreuve de l’usage de deux architectes (Voir «ANNEXES»). Comme un «crash-test», une expérience grandeur nature, les projets architecturaux qui résulteront de ce travail seront une première image de ce que pourrait produire une plateforme utilisant les données numériques comme ressources.

Le quartier de Guillotière, dans le 7e arrondissement de Lyon, nous a semblé être le lieu de prédilection pour deux architectes soucieux de la fabrication de leur ville. Un quartier historique, avec un tissu urbain de type faubourien principalement, avec un fort passé industriel et artisanal.

Avec un tissu urbain parmi les plus denses de Lyon, le quartier fait face aux problématiques récurrentes et actuelles de la densification.

Un besoin de respirations urbaines, une forte demande de logements, une hausse des prix considérable et des phénomènes importants en cours (gentrification, développement des îlots de chaleurs urbains en été, etc).

C’est aussi un quartier très actif au niveau associatif et politique (à prendre dans son acception d’implication dans la vie de la cité) De nombreuses associations se sont formées dans cette partie très dynamique de Lyon et militent, pour limiter les opérations de gentrification et la densification excessive et non maîtrisée de leur quartier. Ainsi, les opérations de logements issues de promoteurs immobiliers peu soucieux des qualités urbaines du quartier envahissent les dents creuses ou remplacent les restes historiques des anciens garages ou ateliers.

Cette situation, qui correspond d’ailleurs à celle de nombreuses autres villes en France et dans le monde entier, interroge sur la façon fabriquer la Ville actuelle. Comment répondre autrement aux problématiques actuelles de densification urbaine, afin de contrôler l’étalement urbain et produire des villes meilleures ?

Après le choix de parcelles à fort potentiel d’aménagement, bâties ou seulement aménagées, on mobilise les connaissances acquises avec le rapport d’étude, le stage recherche, le concours Coins et Baukünst, et enfin le mémoire d’initiation à la recherche.

Ainsi, à l’aide de la collecte de donnée de type urbaines ou morphologiques, ainsi que de données subjectives, issues des réactions et des besoins des riverains, on peut proposer différentes hypothèses architecturale.

En reproduisant une collecte de données similaire à celle effectuée à la Plataforma PLUS, on dispose de données objectives nous donnant une vision augmentée du quartier. En croisant ces informations, qui ne sont ni plus ni moins que les données primaires essentielles à la compréhension du site, à des données plus subjectives, issues des retours des riverains concernant les besoins de leur quartier, l’architecte dispose d’éléments supplémentaires quand à sa programmation.

L’objectif de ce Projet de fin d’Études est d’observer les potentiels de ces données, à travers l’outil Baukünst.

Les données objectives nous permettent d’identifier rapidement les caractéristiques du site, et son affichage sous forme de calques interactifs est un moyen intéressant de croiser les informations.

Cependant, la véritable valeur ajoutée d’un tel outil serait la possibilité pour les acteurs traditionnels de la ville d’interagir avec les riverains, ceux qui vivent le lieu au quotidien, et de sonder leur besoins. Baukünst n’a en aucun cas été pensé comme un outil de co-conception. C’est un véritable choix de notre part que nous assumons pleinement.

Si la concertation et la conception commune nous semble intéressant à expérimenter dans certaines situations nous pensons

13

qu’elles sont inapplicables et peu pertinentes dans la majorité des cas. Nous pensons qu’il est important de faire ville ensemble mais en gardant ses spécificités propres, ses compétences. L’expertise d’un habitant ou d’un riverain n’est pas la même que celle d’un architecte qui est elle même différente de celle d’un élu ou d’un maître d’ouvrage. Le phénomène de «consensus mou» , souvent observé autour d’un projet tentant de contenter tout le monde nous paraît contre productif.

Au contraire nous avons imaginé Baukünst d’avantage comme un outil d’aide à la programmation, qui ne prend son sens qu’avec le regard critique et les compétences de l’architecte, sur ces données objectives et subjectives, collectées par la plateforme.

Contenter et satisfaire tous les usagers d’un quartier à un projet d’aménagement est une mission quasi-impossible. Cependant, tenter de répondre à une majorité de suggestions concernant un besoin défini, en commerces, équipements publics, espaces verts, ou logements, est bien là l’enjeu principal de la réponse de l’architecte.

Contenter et satisfaire tous les usagers d’un quartier à un projet d’aménagement est une mission presque impossible. Cependant, tenter de répondre à une majorité de suggestions concernant un besoin défini, en commerces, équipements publics, espaces verts, ou logements, est bien là l’enjeu principal de la réponse de l’architecte.

C’est donc à travers des projets innovants, et exploitants les données issues du croisement d’informations morphologiques et d’informations subjectives, que notre PFE va tenter de faire réfléchir par la simulation. Encore une fois, il s’agit pour nous d’un outil, alternatif, qui, grâce aux recherches menées lors de ces cinq ans d’études, nous pousse à croire que ce mode de faire répond à des problématiques très actuelles.

14

a. Baukünst, un projet à suivre ?

L’exercie du Projet de Fin d’Etudes, et la simulation de l’utilisation de l’outil Baukünst, ont été l’occasion de soumettre ces recherches aux principaux acteurs ma-

jeurs de la Ville. Dans un premier temps, à notre directeur d’étude de PFE, W. VASSAL. Architecte praticien aguerri, ce dernier nous aide à interroger notre plus-value d’architecte avec l’utilisation d’un tel outil. Intéressé par le sujet, il nous a présenté à un promoteur récemment installé à Lyon, l’entreprise Youse. S. LAPENDRY, co-fondateur, nous a beaucoup aidé à voir les avantages et les inconvénients de notre projet. Persuadé de ses potentiels en matière d’éducation architectural, mais aussi en termes d’amélioration de la qualité de notre environnement bâti, ce dernier nous conforté dans notre souhait de continuer à avancer le développement de Baukünst. Bibliothèque publique de projets réalisés ou non, Baukünst contribuerait à changer et faire réfléchir sur la manière dont nous fabriquons nos villes aujourd’hui. Enfin, nous sommes allés à deux reprises sur le site de la Guillotière, afin de collecter les avis des riverains. En complément du questionnaire en ligne, partagé par le 7e arrondissement de Lyon, qui a sollicité près de 170 répondants, les retours des habitants ont été très encourageants. Soucieux de l’avenir de leur quartier, et frustrés de ne pas pouvoir participer au processus de fabrication de leur environnement urbain, les riverains ont joué le jeu et nous ont confirmé leur intérêt pour un outil d’interaction avec les autorités publiques, les concepteurs de la Ville, et les maîtres d’ouvrages.

Ces cinq ans m’ont ainsi permis d’accumuler des savoirs théoriques et pratiques qui vont servir notre PFE, mais également de rencontrer des personnes bienveillantes et qui feront certainement office de ressources dans le cadre d’une poursuite du développement d’un projet comme Baukünst.

Aujourd’hui, avec le recul nécessaire, et le regard critique de mon parcours d’étudiant-chercheur, je souhaite continuer à mettre à l’épreuve les compétences et les savoirs agrégés, mais cette fois dans le monde professionnel. La Ville est un terrain d’expérimentation extrêmement vaste et complexe, mais accessible, si chacun d’entre nous contribue à une Intelligence Collective, à hauteur de ses compétences propres.

Je m’explique : l’Intelligence Collective désigne la capacité d’une communauté à faire converger intelligence et connaissances pour

avancer vers un but commun. Elle résulte de la qualité des interactions entre ses membres.

Alors que la connaissance des membres de la communauté est limitée, tout autant que leur perception de l’environnement commun et bien qu’ils n’ont pas conscience de la totalité des éléments pertinents par rapport aux buts, des agents au comportement simple peuvent accomplir des tâches complexes grâce à différents mécanismes et méthodes, notamment ceux désignés sous les appellations synergie.

Cette mention recherche est pour moi le moyen de montrer que j’ai étudié un objet d’étude au travers de multiples actions, et que je suis aujourd’hui bien informé des enjeux liés à cet objet. La méthodologie de recherche apprise et consolidée au fil de ces travaux d’expérimentations est un outil que j’emmène avec moi dans la vie professionnelle.

15

16

Ouverture

17

Au terme de ces cinq ans d’études, réalisés au sein de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, et à l’Université de São Paulo, je termine ma formation avec un bagage universitaire, professionnel et personnel que je souhaite continuer à étoffer. Dans le cadre de cette mention recherche, je présente le fil rouge qui uni ce parcours. Les données numériques sont des objets qui me fascinent, autant par leurs dangers que par leur potentiel. A travers des travaux théoriques, comme le rapport d’étude ou le mémoire d’initiation à la recherche, et des expérimentations plus concrètes, mes intérêts se sont affinés. Après un stage recherche, et le développement d’un projet personnel mêlant données numériques à la conception architecturale, le Projet de Fin d’Études intervient à la fin d’un parcours encadré très riche, et vient peut-être en commencer un nouveau. Le projet Baukünst, fruit d’une réflexion à la croisée des disciplines, de l’architecture, de l’urbanisme, de la gouvernance urbaine et de l’économie de la construction, et nourri de chacune des actions présentées à travers cette mention recherche, mériterait d’être poursuivi.

Je suis un futur architecte, qui aime concevoir et qui rêve de pouvoir participer activement à la fabrication de son environnement. Je suis également persuadé que l’architecte, dont la profession évolue continuellement, arrive à une étape où les outils traditionnels qu’il utilise quotidiennement sont amenés à se perfectionner. A l’heure où les Villes s’emparent des données numériques dans le but de gouverner leurs territoires dans une dynamique collective, je vois au travers des données une opportunité de donner à chacun des acteurs de la Ville le moyen de mettre ses compétences à profit.

18

Toutes les rencontres réalisées au cours de mon parcours, ont été l’occasion de rebondir et de continuer à avancer sur les problématiques liées à l’objet «données numériques». S’il y a une chose qui a été compliquée au cours de ce parcours, c’est la crainte qui est suscitée dans le cadre de la profession, lorsque l’on parle d’outils numériques. Il n’a jamais été question, dans chacune des recherches et actions menées au cours de ces cinq années d’études, de remplacer l’Homme par la machine. Il m’a souvent été demandé si les données numériques ne condamneraient pas les Villes à se développer selon les directives d’un «algorithme». Cette interrogation est souvent portée par un ton fataliste.

Ce que j’ai cherché à illustrer, et le Projet de Fin d’Études sera certainement l’exemple le pls parlant, est que les données sont des outils, qui ne prennent de la valeur qu’une fois interprétées par celui qui en a les compétences. En tant qu’architectes, nous sommes en mesure d’analyser et de penser un projet en s’intéressant à son contexte urbain, et aux besoins liés à son emplacement géographique. Les données numériques, collectées selon une grille de lecture propre à l’architecte, fournissent des informations qu’il est aujourd’hui extrêmement complexe à recueillir.

L’objet de mon parcours d’étudiant-chercheur est justement d’analyser ces potentiels, afin d’optimiser la fabrication de ces outils, pour que cha-

cun puisse les utiliser.

Le développement de l’outil Baukünst pourrait se poursuivre prochainement, avec comme terrain d’expérimentation la Métropole de Lyon, ses citoyens, des maîtres d’ouvrage et des concepteurs locaux. Un projet de longue haleine, qui a encore du chemin à parcourir, mais qu’il serait intéressant de confronter à la fabrication de la Ville, dans la vie réelle.

19

Les données numériques, outils de fabrication de la Ville Le potentiel des données numériques est-il réellement exploité dans le processus de fabrication de la ville ?

ÉTUD. FAVREAU Corentin UNIT E0932 - MEM - Les données numériques, outils de la fabrication de la Ville

MEM

DE./TUT.

LEQUAY H.

MASTER ARCHI

S09 ALT 18-19 FI

© ENSAL

22

23

24

Descriptif_ mémoire d’initiation à la recherche

Les données numériques, outils au service de la fabrication de la Ville Penser et concevoir la ville avec les données numériques, vers un urbanisme collaboratif

thématique

URBANISME ET NUMÉRIQUE

mots clés URBANISME | GOUVERNANCE | VILLE INTELLIGENTE | DONNÉES OUVERTES

Corentin FAVREAU sous la direction de H. LEQUAY (MAP-ARIA | UMR CNRS-MCC 3495)

année universitaire 2018-2019 École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon

25

Remerciements

Je remercie tout d’abord mon directeur de mémoire, Hervé LEQUAY, pour son suivi et son expérience de chercheur, qui m’a accompagné depuis la troisième année de licence et le rapport d’étude. Trois ans riches en apports théoriques et méthodologiques, m’ayant permis d’acquérir de nombreuses connaissances concernant le domaine de la recherche.

Je remercie également mes amis, ainsi que ma famille, pour leur soutien moral, précieux dans les nombreux moments de doutes qui rythment le parcours de tout étudiant en architecture.

Encore merci à tous ceux qui m’ont conseillé, et avec qui j’ai pu échangé, au cours de la réalisation de ce mémoire, que je citerais comme collaborateurs : Lamia Solh KABRA (ENSAL, MapAria), Carole DUREAU, Florent PERROUD, François DUCHAMP (ENSAL), Mariétou DIAGNE et Benoit Loeillet (TuBa, Lyon), la Métropole de Lyon, la Mairie de Lyon.

26

Résumé Dans un environnement urbain envahi par les données numériques, qui se démultiplient au même rythme que les innovations technologiques qui émergent aujourd’hui, la fabrication de la Ville tend vers une évolution remarquable. Ces données numériques occupent une place de plus en plus importante dans notre quotidien, si bien que les «Villes Intelligentes» ou «Smart Cities», qui se labellisent partout à travers le monde, cherchent à s’en emparer, afin d’optimiser leur gestion, leur planification et leur conception. En tant que futur architecte, on peut s’interroger sur le potentiel de ces données, au service de la fabrication de nos villes. La Ville Intelligente fait naître en son sein la participation de nouveaux acteurs au processus de gestion urbaine, dont l’union et la symbiose sont le fruit d’un développement d’innovations au fort potentiel. Ce mémoire est un état de la question des données numériques comme ressources projectuelles au service de la conception de la Ville, qui puise au coeur de la Ville Intelligente et de ses nouveaux acteurs, les informations pour comprendre comment les villes d’aujourd’hui exploitent le potentiel des données numériques pour renforcer la durabilité de leur fabrication.

Abstract In an urban environment invaded by digital data, which is multiplying at the same rate as the technological innovations that are emerging today, the City’s manufacturing is moving towards a remarkable evolution. These digital data occupy an increasingly important place in our daily lives, so that the «Smart Cities» or «Smart Cities», which are labeled around the world, seek to seize them, to optimize their management, planning and design. As a future architect, we can question the potential of these data, serving the conception of our cities. The Smart City brings into its midst the participation of new actors in the urban management process, whose union and symbiosis are the fruit of a development of innovations with strong potential. This dissertation is a state of the art of digital data as a project resource for the city’s manufacturing, which draws from the heart of the Smart City and its new actors, information to understand how today’s cities are exploiting the potential of digital data to enhance the sustainability of their manufacturing.

27

28

Préface Ce mémoire s’inscrit dans la continuité de mon rapport d’étude, réalisé en troisième année de licence (2016-2017), sous la direction d’Hervé LEQUAY. M’intéressant déjà aux questions liées à l’usage des données numériques au service de la fabrication de la ville, ce mémoire se présente comme un grand pas supplémentaire dans mon parcours au sein de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon.

Après le rapport d’étude, j’ai effectué un stage recherche de deux mois au sein de la PLATAFORMA PLUS (Una arquitetos, Lacaton & Vassal, Frédéric Druot), à São Paulo, au Brésil, où j’ai eu la chance d’avoir été confronté à la manipulation de données urbaines dans une démarche de projet. Fin juin 2019, je souhaite présenter mon Projet de Fin d’Études, dont le processus de conception s’appuierait sur l’outil des données numériques, qui permettraient de mettre en relation l’ensemble des acteurs de la fabrication de la ville.

29

30

Sommaire

Remerciements....................................................................................................................................26 Résumé..................................................................................................................................................27 Abstract.................................................................................................................................................27 Préface...................................................................................................................................................29 Sommaire..............................................................................................................................................31 Introduction..........................................................................................................................................33 1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville...................37 1.1. Les données numériques, omniprésentes dans notre environnement.......................................38 1.2. La visualisation des données numériques : état des lieux..........................................................43 1.3. Les potentiels des données numériques, pour la fabrication de la Ville.....................................47

2. Les données numériques et la Ville Intelligente......................................................................51 2.1. Les objectifs et enjeux des “Villes Intelligentes”.........................................................................52 2.2. Big data et Open Data, forces et faiblesses................................................................................57 2.3. Quelle influence sur la fabrication des villes ?............................................................................64

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon...................................................................69 3.1. “Lyon, Métropole Intelligente”, une démarche prometteuse......................................................70 3.2. L’accès aux outils, un frein à la transition numérique.................................................................75 3.3. Hypothèse : Lyon Métropole Intelligente, vers un urbanisme Open Source ?...........................78

Conclusion............................................................................................................................................83 Retour critique.....................................................................................................................................87 Bibliographie.........................................................................................................................................88 Annexes.................................................................................................................................................95 Entretien 1_ TUBà..............................................................................................................................96 Entretien 2_ Mairie de Lyon................................................................................................................98 Entretien 3_ Métropole de Lyon.......................................................................................................100 Stage recherche_ Plataforma Plus...................................................................................................102 Concours_ COINS GRAND CHALLENGE........................................................................................110 Projet de Fin d’Études......................................................................................................................122

31

32

Introduction

33

Aujourd’hui, les données sont partout. Internet, smartphones, objets connectés, nous en produisons de plus en plus, notamment grâce à l’émergence de nouvelles technologies liées aux progrès exponentiels de l’Ère Numérique. Le concepteur de la ville, qu’il soit urbaniste, designer, architecte ou ingénieur, a toujours su trouver les informations dont il avait besoin pour dessiner son environnement, peu importe son contexte. Cependant, les données numériques offrent aujourd’hui les moyens d’en savoir plus sur des situations précises, jusqu’à pouvoir anticiper et prédire certains usages de l’espace. Certes, la manipulation des données numériques relève aujourd’hui encore du domaine de l’expérimentation, tant les problématiques liées à ces ressources invisibles sont nombreuses.

Quelles sont ces données ? Comment les collecter ? Comment les visualiser ? Comment les utiliser au service de la conception de la ville ? Ces questions persistent depuis cette prise de conscience de l’omniprésence des données numériques dans notre quotidien, et à travers ce mémoire nous en explorerons les réponses.

A l’heure où les métropoles se dirigent vers une transition numérique de ses politiques de planification de la Ville, avec l’émergence de la “Ville Intelligente”, nous tenterons de comprendre comment les données sont réellement utilisées, pour concevoir la Ville. En 2050, près de 70 pour-cent de la population mondiale vivra en ville, ce qui va complètement bouleverser les usages et le rapport à l’urbain. Ainsi, la question de recherche qui dirigera le développement de ce mémoire est la suivante : Le potentiel des données numériques est-il réellement exploité dans le processus de fabrication de la Ville ?

34

Dans un premier temps, nous allons appréhender les différents types de données mobilisées pour fabriquer la Ville, ainsi que leurs méthodes de collecte, d’analyse, de visualisation, et nous verrons en quoi elles représentent un potentiel d’exploitation important, mis en perspective avec la transition numérique opérant dans le cadre de la “Ville Intelligente”. Cette première partie fera office d’état des lieux de ce que les données représentent aujourd’hui dans notre environnement, ainsi que leur utilisation par les spécialistes et les concepteurs de la ville.

Ensuite, nous verrons comment ces “villes intelligentes” mettent en pratique cette transition numérique, ainsi que les difficultés encore rencontrées, du fait de l’intervention de nouveaux acteurs et de la complexité d’adaptation des collectivités. Cependant, les villes se saisissent petit à petit des données numériques, ce que nous allons observer à travers les nouveaux acteurs entrant en jeu dans cette transition collective, et les outils qu’ils développent, que l’on pourrait imaginer servir la fabrication de la Ville.

Enfin, à travers l’exemple de la Métropole de Lyon, nous nous intéresserons à la mise en pratique de l’utilisation des données numériques au service de l’urbanisme, dressant un état des lieux et les regards croisés de chacun des acteurs impliqués, relatant les inconvénients et les avantages d’un outil au potentiel considérable.

Ce travail de recherche s’inscrit dans la continuité de mon rapport d’étude01, effectué en fin de Licence. Dans ce premier écrit, était retranscrit un état de l’art des potentiels liés aux données numériques, ressources projectuelles au service de la conception de l’espace public urbain.

Au cours de ma première année de Master, j’ai effectué un stage recherche au Brésil, au sein de la PLATAFORMA PLUS02, qui m’a permis de manipuler des données, pas seulement numériques, et d’observer les problématiques liées à leur usage. Ce travail nourrira mon développement, dans la première partie, dans laquelle je dresserai un inventaire des données numériques que l’on peut aujourd’hui collecter dans l’espace urbain.

Enfin, dans le cadre de mon Projet de Fin d’Études, que je présenterai à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon en juin 2019, je souhaite travailler sur une idée présentée lors d’un concours international, en avril 2018, qui permettrait à tous les acteurs de la fabrication de la Ville de bénéficier des outils qui leur sont nécessaires, afin de participer collectivement et efficacement à son développement.

L’apport de chacun d’entre eux, citoyens, concepteurs, entreprises, et autorités locales, est primordial, c’est pourquoi la troisième partie de mon développement traitera d’un exemple concret, la Métropole de Lyon, qui sera alimenté par des entretiens (voir ANNEXES) réalisé avec les acteurs directs de la planification urbaine.

L’objectif du développement qui va suivre est d’enrichir des recherches théoriques, issues d’ouvrages, de projets, d’applications et de réglementations, par ces expériences qui ont rythmé tout un parcours universitaire d’étudiant en architecture.

Avec la conscience et la connaissance des problématiques qui freinent aujourd’hui encore l’usage des données numériques, la rédaction de cette restitution, se fera à travers le regard d’un futur architecte, soucieux de la bonne utilisation des nouveaux outils qui pourrait s’avérer décisif dans l’exercice de notre profession.

Les données numériques inquiètent, et leur utilisation pour la gouvernance urbaine s’apparente encore comme un mécanisme algorithmique rigide, dans lequel l’Homme n’aurait plus sa place. Ce mémoire interroge le potentiel des données numériques, au service d’une intelligence collective, dans laquelle chacun des nouveaux acteurs de la fabrication de la Ville disposerait des outils d’interaction dont il a besoin, pour bâtir son environnement proche.

01 FAVREAU C. | Les données pour concevoir l’espace public (2016-2017) (s. d.). https://issuu.com/corentinfavreau/ docs/rapport-_tude 02 PLATAFORMA PLUS, plateforme de recherche dirigée par Una arquitetos, Lacaton & Vassal, et Frédéric Druot architecte, Escola da Cidade, Republica, São Paulo, Brésil

35

1. Les donnĂŠes numĂŠriques, des outils au service de la fabrication de la ville

1

36

1. Les donnĂŠes numĂŠriques, des outils au service de la fabrication de la ville

37

1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville

38

1.1. Les données numériques, omniprésentes dans notre environnement

Les données numériques font désormais partie intégrante de notre environnement. Nous produisons des données lors de chaque action mettant en jeu un outil électronique. Nos réfrigérateurs, fours et autres accessoires qui meublent notre quotidien, sont aujourd’hui capables de collecter des données. C’est ce que révèle le chercheur néo-zélandais, docteur en design informatique et architecte, Daniel Davis, dans un article rédigé pour la revue ARCHITECT Magazine. How Big Data is Transforming Architecture ?01, un titre annonciateur d’un phénomène actuel, en constante évolution. A travers cet article, Daniel Davis évoque l’importance croissante des données numériques au sein de notre environnement, et son lien avec l’architecture. Il expose le fait que les clients souhaitent aujourd’hui que les architectes, à travers l’usage du BIM notamment, fournissent non seulement des dessins mais également des données concernant les installations qui constitueront le projet, afin d’anticiper leur fonctionnement. Les clients s’intéressent ensuite aux données produites par le bâtiment lui-même. En effet, comme évoqué précédemment, chacun des composants électroniques d’un projet est aujourd’hui susceptible d’être connecté à Internet et donc capable de fournir des données d’utilisation. Ces données permettent d’optimiser les usages d’un projet. Cependant, leur utilité intervient principalement une fois le projet construit, afin d’analyser et d’optimiser les performances de ce dernier. Ainsi, l’architecte ou concepteur doit maintenant s’assurer que l’équipement qu’il projette soit capable de fournir ces données.

Seulement, ce qui m’interroge concerne surtout l’utilisation des données en amont du processus de conception, ainsi que toutes les problématiques liées à ce procédé. A travers cette première partie, je souhaite traiter les problématiques de la collecte, du stockage et de l’exploitation des données numériques collectées dans la ville.

La ville, au sens large, est un espace partagé par tous, subdivisé en une multitude de petits espaces, divisés entre publics et privés. En d’autres termes, cet espace parta01 DAVIS D. | How Big Data is Transforming Architecture (2015, avril 23). https://www.architectmagazine.com/ technology/how-big-data-is-transforming-architecture_o

gé de tous s’apparente à l’espace public.

L’espace public est un terme au sens large, omniprésent dans le vocabulaire quotidien de l’architecte. Ces espaces et leur aménagement constituent un enjeu remarquable dans la mesure où ils figurent comme des lieux d’interactions et de flux perpétuels.

Ainsi, les bouleversements occasionnés par l’explosion de l’Ère Numérique font de ces espaces des terrains d’expérimentations de prédilection pour les nouvelles technologies, qui occupent en leur sein des étendues toujours plus considérables.

Dans cette première partie de mon développement, nous allons définir un ensemble de données susceptibles de faire office de ressources projectuelles.

Ces données numériques sont multiples et les outils de collecte évoluent constamment (Figure 01). C’est ce qui rend aujourd’hui leur interprétation compliquée et leur fiabilité discutable. Cette mind-map (Figure 02) retranscrit et catégorise les paramètres potentiellement collectés au sein de l’espace public (données externes, environnementales, usagers, usages). Leur combinaison sous formes de cartes, par exemple, permet de saisir les enjeux de l’espace public étudié. Ainsi, le concepteur, s’il se les approprie, peut utiliser ces outils comme des ressources conceptuelles.

Les outils de collecte des données numériques, une évolution exponentielle

Aujourd’hui, les villes du monde entier prennent conscience de l’émergence du numérique et tendent à devenir ce qu’on qualifie de «Smart Cities». Ces villes sont nombreuses, parmi les plus avancées figurent Singapour, Barcelone, Santander, Songdo, Rio de Janeiro, New York ou encore Lyon.

Elles ont pour objectif de tirer parti des avancées numériques afin d’améliorer considérablement leur fonctionnement sur plusieurs aspects : gestion des réseaux, mobilité, environnement, sécurité ou encore économie.

Ainsi, les nouveaux outils numériques en voie de développement permettent aux autorités locales d’être informées en temps réelle de chacun des dysfonctionnements occasionnés au sein de l’espace public.

Parmi ces outils, figurent les capteurs de données. La ville de Santander, en Espagne, appelée par les spécialistes «La ville

1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville

TCL sho w 20/ 06

SC B

AN

TCL

U

capteur

P

GPS

capteur capteur

GPS

GPS

TIC

TIC

N

GPS

TIC

GPS

GPS

GPS TCL

TIC

PRODUCTION PRODUCTION DE DONNÉES DE DONNÉES

capteurs COLLECTE COLLECTE smartphones réseaux

BIG DATA

TCL

COLLECTE

capteurs martphones réseaux

Etat

STOCKAGE

capteurs smartphones réseaux

STOCKAGE

Bases de données & Cloud

Bases de données & Cloud

?

capteurs smartphones réseaux

Bases de données STOCKAGE STOCKAGE & Cloud

BIG DATA

OPEN DATA ?

GPS

CL

TCL

Etat Citoyen

OPEN DATA ?

Architecte

ACCÈS (?)

?

Citoyen

Architecte

ACCÈS (?)

Figure 01 Les données numériques dans notre environnement, illustration personnelle.

39

Bases de & Clo

1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville

USAGERS

ÉCONOMIE

âge flux

emplois secteurs vité

piétons voitures cyclistes

d’acti-

immobilier

santé

prix du foncier types de biens

démographie

USAGES

DONNÉES TEMPS RÉEL accidents

programmes

piétons

besoins

voitures

activités

cyclistes

transports

nombre de véhicules

bus, métro, tram voiture train vélo

parkings trafic

vitesse des flux congestion

LÉGISLATION

ENVIRONNEMENT

PLU

qualité de l’eau

cadastre

qualité de l’air

projets urbains

énergie électrique météo

précipitations températures ensoleillement

40

Figure 02 Panel de données numériques cartographiques

02 « Datos Abiertos Santander | ». http://datos.santander.es/.

3,5 milliards d’internautes. Ils représentent ainsi une banque de données considérable.

Parmi ces données, celles qui présentent un intérêt remarquable, pour les concepteurs, sont la localisation et depuis peu les “humeurs”. En effet, les utilisateurs ont la possibilité de renseigner leur localisation ainsi que des items concernant leur humeur du moment. Ces informations pourraient permettre d’établir facilement des statistiques pour un emplacement géographique précis, un état des lieux avancé, difficilement réalisable sans l’utilisation de ces données numériques.

L’accès aux données numériques

La collecte des données est une chose. Leur stockage, leur hiérarchisation et leur interprétation en est une autre. En effet, la masse de données collectées est immense et généralement brute. Comment classer ces données et les rendre accessibles aux acteurs de la conception urbaine ? Où peut-on trouver ces données, accessibles librement ou sur demande ? Le travail de classification et de traitement des données numériques collectées au sein de l’espace publique urbain est considérable. Il existe à l’heure actuelle quelques bases de données disponibles sur Internet. Souvent complexe et très volumineuses, ces plateformes font face à des difficultés qui les empêchent de diffuser leur contenu.

Le professeur Michael Batty (University College London), chercheur sur les modèles informatiques des villes, leur visualisation et les méthodes d’analyse spatiale, dit : « de nouvelles sources de données émergent aujourd’hui, tels que les jeux de simulations ou les GIS ».

Les GIS03, ou SIG (Geographic Information System) constituent une première base de données conséquente. National Geographic en donne la définition suivante : système informatique capable de capturer, stocker, vérifier et afficher des données relatives aux positions sur la surface de la Terre.

Les SIG peuvent afficher de nombreux types de données sur une seule carte (Figure 03), tels que les rues, les bâtiments et la végétation. Ils permettent de visualiser, interroger, analyser et interpréter les données pour comprendre les relations entre différentes composantes de notre environnement.

03 NATIONAL GEOGRAPHIC SOCIETY | GIS (Geographic Information System). (s. d.). https://www.nationalgeographic.org/encyclopedia/geographic-information-system-gis/

1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville

aux 20 000 capteurs »02, est dotée d’une multitude de capteurs au sein de ses espaces publics. Ils renseignent sur les différents flux (piétons, routiers, cyclables), les paramètres de luminosité (pour la gestion de l’éclairage public notamment), la qualité de l’air ou encore la pollution sonore. Les données recueillies permettent aux autorités de réagir rapidement à des perturbations occasionnelles. Ces données pourraient permettre aux concepteurs d’anticiper ces perturbations dès le processus de conception de l’espace public.

S’il est vrai qu’aujourd’hui, il existe une quantité incroyable de données générées par des capteurs qui peuvent mesurer et communiquer l’emplacement, les mouvements, les vibrations, la température, l’humidité, le niveau de pollution ou le bruit, nous avons également des antennes wifi, des coordonnées GPS envoyées et reçues, non seulement des véhicules de transport, mais aussi de nos smartphones et de nos appareils photographiques. Selon Robert J. Moore, chercheur en données numériques, avec nos smartphones, nous sommes responsables de cette énorme production de données: «Nous l’avons fait en laissant les données s’épuiser derrière nous», chaque fois que nous tweetons, publions sur Facebook, utilisons nos cartes de crédit... Nous sommes producteurs de données, parfois contre notre gré.

Les smartphones se sont aujourd’hui démocratisés si bien qu’ils nous sont désormais « indispensables » au quotidien. Ils nous accompagnent dans chacun de nos déplacements et représentent un relais d’informations incroyable. Ils fournissent de précieuses données, notamment grâce à leur système de géolocalisation (GPS). Ils permettent aux fournisseurs et à tous les services qui y ont accès de connaître en temps réel la position de leurs utilisateurs. L’utilisateur lui-même peut analyser sa position et ses déplacements dans l’espace. La technologie GPS permet également d’anticiper la durée et la nature d’un trajet, données précieuses qui permettraient aux planificateurs de l’espace publics d’analyser les flux relatifs à ces déplacements.

Les réseaux sociaux sont en plein essor. Je citerais Facebook, Twitter, Instagram, Foursquare ou encore Snapchat, les réseaux les plus pratiqués aujourd’hui. Dans le monde entier, près de 2,4 milliards d’habitants sont actifs sur les réseaux sociaux, pour plus de

41

1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville

OpenStreetMap04 est une plateforme publique, qui propose une cartographie basée sur plusieurs thématiques, à vocation participative. Le projet, international, est fondé en 2004. Il permet d’accéder à des données géographiques sur n’importe quelle zone du monde. Les données sont collectées sur les routes, voies ferrées, les cours d’eau, les espaces verts et les bâtiments. L’intérêt d’un système cartographique comme OpenStreetMap est de pouvoir observer un maximum de paramètres, notamment grâce à son procédé de fabrication collaboratif.

L’affichage des données sous formes de calques ou layers, permet de croiser les différents types de données, afin d’en faire des analyses relativement précises.

A l’heure actuelle, OpenStreetMap est l’outil de cartographie de référence en matière de visualisation de données numériques en temps réel, actualisé toutes les minutes.

L’Open Data, vers une ouverture publique des données

Aujourd’hui, le principal enjeu en matière de données est celui de l’Open Data.

D’après la définition présente dans l’article L’Open Data en collectivité à la lumière des données de mobilité05, l’Open Data consiste à rendre accessible à tous les données numériques collectées, sur des plateformes publiques.

L’ouverture des données est porteuse d’un important potentiel. Au-delà de l’accès à l’information qu’elles offrent, leur usage peut constituer des bases de connaissances et de ressources aux consommateurs, aux collectivités, aux entreprises, et aux contributeurs citoyens de toutes sortes.

D’après cette même étude menée par le CERTU06, il est aujourd’hui extrêmement compliqué pour les collectivités de se lancer dans l’Open Data, pour de nombreuses raisons. La première est liée à la notion de Big Data, dont le volume d’informations recueillies est si important qu’il est presque impossible de hiérarchiser les données, tant leurs formats, poids et compatibilité varient.

En effet, la charge de travail requise afin de classifier et de rendre accessible ces données sur des plateformes publiques est telle 04 OPEN STREET MAP | OpenStreetMap, carte (s. d.). https://www.openstreetmap.org/ 05 CEREMA (2015, mars) L’Open Data en collectivité à la lumière des données de mobilité

42

06 CERTU : Centre d’Études sur les Réseaux, les Transports, l’Urbanisme et les constructions publiques

Figure 03 GIS - superposition des calques de données

que les collectivités sont réticentes à l’entrée dans l’Open Data. Ensuite, les détenteurs des données craignent une perte de l’expertise de la donnée. Ils ne seront en effet plus les uniques détenteurs de ces informations, et encore moins si elles sont rendues publiquement accessibles. Enfin, les agents des collectivités se montrent prudents quant à la qualité et à la fiabilité des données communiquées. Ils redoutent les conséquences sur la qualité des informations publiées. En effet, la publication des données expose ces dernières au jugement des utilisateurs. Si une information s’avère être fausse ou non ajourée, les agents en seront responsables, alors que l’erreur sera certainement liée aux difficultés rencontrées lors du traitement du Big Data, ou aux outils de collecte en voie de développement.

Mais qui détient ces données ? De grands groupes tels IBM, EMC Corporation, Sopra, Bouygues, GDF-Suez, Vinci Energie, ou Orange pour n’en citer que quelques-uns.

Les Télécom et notamment l’ITU (International Telecomunication Union) disposent de données précieuses, collectées dès lors que nous envoyons un message depuis notre smartphone, ou que nous ouvrons un onglet Internet. Ridha Loukil, ingénieur Arts & Métiers, couvrant les industries électronique et informatique pour L’Usine Nouvelle depuis avril 2012, suit ainsi les secteurs du cloud computing, du Big Data, le logiciel Open Source ou encore la cybersécurité. Dans un article pour le site l’Usine Digitale, il présente le plan « Nouvelle France Industrielle » sur le Big Data, lancé par le Ministère du Numérique en 2014. Cette initiative consiste à organiser 55 challenges visant à mettre en lien ces grands groupes détenteurs de données avec

1.2. La visualisation des données numériques : état des lieux Recherche et développement : des avancées prometteuses

Les données collectées sont généralement présentées à l’état brut. Autrement dit, elles ne sont pas analysées et ne représentent que des pistes d’informations, sous formes de lignes de codes ou de formats complexes. L’interprétation des données est certainement l’étape clé de l’exploitation de ces ressources. En effet, le Big Data, est à l’origine d’une masse de données considérable. Il est très complexe de sélectionner et de traduire les informations potentiellement exploitables pour l’analyse d’un espace.

Enrico Bertini, professeur à la NYU Tandon School of Engineering et spécialiste en visualisation de données, dit dans l’un de ses podcasts Data Stories07 : «Je pense que le Big Data est très important(...), mais d’une certaine façon, la visualisation est très limitée avec de grandes données et personne n’en parle et dans les cercles académiques, c’est un sujet brûlant.

Je veux dire que vous pouvez régler la visualisation autant que vous le pouvez, mais à la fin, le mieux que vous pouvez faire, c’est de représenter un point de données avec un pixel, ce qui signifie qu’au maximum, vous pouvez visualiser un million de pixels environ, puis interagir avec lui, donc ça va être vraiment compliqué».

De nombreuses agences, laboratoires ou organismes sont spécialisés dans la recherche et dans la retranscription des données collectées au sein de l’espace public.

Ils se saisissent des données brutes, les regroupent par thématiques et les traduisent graphiquement, sous formes de cartes ou de diagrammes. Les données ainsi retranscrites se présentent comme de véritables outils pour les concepteurs, qui disposent d’un éventail de paramètres détaillés pour un lieu donné. Cette retranscription de données, généralement graphique, est appelée « visualisation » par les spécialistes. Ces visualisa07 DATA STORIES. (2016, janvier 7). Episodes. http:// datastori.es/archive/

tions permettent de mettre en évidence des problématiques spatiales et urbaines, auxquelles les concepteurs peuvent répondre.

Le Senseable City Laboratory08, laboratoire installé au Massachussetts Institute of Technology, est l’un des principaux centres de recherche mondiaux sur la ville et les nouvelles technologies. Il est dirigé par Carlo Ratti09, un architecte-ingénieur italien spécialisé dans la recherche liée aux technologies numériques. Ce laboratoire dispose de moyens techniques colossaux et développe ses recherches avec une équipe pluridisciplinaire constituée d’urbanistes, designers, architectes, physiciens, sociologues, ingénieurs et biologistes. Cette approche pluridisciplinaire permet au laboratoire de traiter des axes de recherches variés, qui se complètent et inter-dépendent (Figure 04). Le Senseable City Lab explore ainsi de multiples problématiques et développe, à l’aide des nouvelles technologies, des outils pour mieux comprendre et analyser la ville.

Par exemple, l’équipe a développé en 2014 l’outil DataCollider10, qui permet à tout utilisateur de visualiser ses données et de les traduire graphiquement afin de pouvoir les exploiter facilement. Cette plateforme permet à l’utilisateur, à l’aide d’une interface intuitive, de manipuler et de représenter sans difficultés un important volume de données.

Des plateformes telles que TRADERS, Morphocode ou encore UrbanSensing ont pour vocation de rassembler des projets qui puisent leurs ressources dans la collecte, la visualisation et l’interprétation de données numériques.

Traders11 (Training Art and Design Researchers for Participation in Public Space) est un projet qui regroupe artistes, architectes, designers et chercheurs autour de la question de l’analyse et de la requalification de l’espace public. L’idée est de s’appuyer sur la pluridisciplinarité et la participation active des usagers afin de développer des méthodes de conception optimales. Ces méthodes mettent en jeu les données numériques, en voici trois exemples.

08 mit.edu

1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville

des start-ups ou organismes susceptibles de les exploiter. A long terme, ce plan va permettre de donner un regard nouveau aux grands groupes sur les potentiels de leurs données, et exposer au public l’importance de la considération du Big Data.

MIT SENSEable city lab (s. d.-b). http://senseable.

09 Carlo Ratti, directeur du Senseable Lab. Architecte-Ingénieur Italien, pionnier en matière de recherches liées aux données numériques.

10 MIT Senseable City Laboratory | DATACOLLIDER - MIT Senseable City Laboratory. (s. d.-a). http://datacollider. io/ 11

TRADERS. (s. d.). http://tr-aders.eu/

43

1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville

Le Multiple Performative Mapping12 (Design Academy Eindhoven, Pays-Bas), permet de réaliser des cartes regroupant plusieurs calques thématiques, afin de saisir les enjeux de l’espace ciblé. Le Data-mining (The Royal College of Art/School of Architecture, United Kingdom) consiste à étudier les problèmes conceptuels et méthodologiques concernant la collecte et la gestion de grands ensembles de données qui ne peuvent être calculés manuellement. Enfin, le Modelling in dialogue (Chalmers University of Technology/Department of Architecture, Sweden) propose le développement d’un outil systémique de gestion des données et d’un mode d’analyse, dans des contextes de laboratoire exploratoire. La modélisation permet de visualiser et de communiquer de nouvelles possibilités et utilise à la fois des techniques pratiques et numériques.

Ben Fry est le directeur de Fathom, une société de conseil en conception et en logiciels située à Boston. Il a reçu son doctorat Aesthetics + Computation au MIT Media Laboratory, où ses recherches ont porté sur la combinaison de domaines tels que l’informatique, les statistiques, le graphisme et la visualisation des données comme moyen de compréhension de l’information. Après avoir terminé sa thèse, il a consacré du temps à développer des outils pour la visualisation des données génétiques en tant que post-doctorant avec Eric Lander au MIT et à Harvard. Avec Casey Reas (UCLA), il développe actuellement Processing13, un environnement de programmation open source pour l’enseignement du design informatique et de l’esquisse de logiciels de médias interactifs.

Cet outil permet, grâce à un tutoriel de codage interactif, de développer ses propres outils de visualisation de données. Un logiciel complexe, qui nécessite une certaine connaissance de l’outil informatique et de son langage.

Morphocode14 est une plateforme de visualisation, qui a pour vocation de démocratiser l’usage des données, de simplifier leur compréhension et leur exploitation par les acteurs de la conception urbaine.

La plateforme est dirigée par les architectes Greta Dimitrova et Kiril Mandov. Ils décrivent leur pratique comme architecturale, à l’intersection entre le design et la technologie.

12 TRADERS. Research Projects. (2013, novembre 20). http://tr-aders.eu/research-projects/

44

Morphocode est certainement la plateforme la plus complète en matière de manipulation de données en lien avec le domaine de l’architecture. Les architectes fondateurs présentent des conférences de vulgarisation et interviennent dans le cadre de certains enseignements, à la Staedelschule Architecture Class à Francfort, à l’Université d’Architecture de Sofia ou à l’IUA de Venise. Morphocode milite pour une accessibilité publique des données, afin que n’importe quel intéressé puisse les exploiter.

La Morphocode Academy, une plate-forme de formation en ligne dédiée aux architectes et designers, offrira des cours et des tutoriels. Les sujets de conception informatique, d’informatique urbaine, de cartographie web, de codage créatif, d’informations graphiques et de données scientifiques seront abordés.

Par exemple, avec le projet Urban Layers of Manhattan15 (Figure 05), un exemple intéressant de collecte et d’interprétation de données au cœur de la ville, l’objectif était de créer une carte interactive retraçant le développement de Manhattan dans le temps, depuis la fin du XVIIIe siècle. Urban Layers est basé sur deux ensembles de données : PLUTO et les empreintes de construction de NYC. PLUTO contient diverses informations sur chaque bâtiment situé à New York: année de construction, hauteur, arrondissement, etc.

Ce projet a été diffusé au public en 2013 et est considéré comme une énorme victoire pour la communauté des données ouvertes.

Le Civic Data Design Lab16, au sein du MIT, travaille avec des données pour comprendre les besoins concernant les usages citoyens. Les spécialistes cherchent à développer des pratiques alternatives qui peuvent rendre le travail avec des données et des images plus riches, plus intelligentes, plus pertinentes et plus adaptés aux besoins et aux intérêts des citoyens traditionnellement en marge de l’élaboration de politiques urbaines. Dans cette pratique, ils expérimentent et développent des outils de visualisation et de collecte de données qui permettent de mettre en évidence des phénomènes urbains. Des méthodes qui empruntent aux traditions de la science et du design en utilisant des analyses spatiales pour exposer les modèles et communiquer ces résultats, par la conception, à de nouveaux publics.

13 Processing (s. d.). https://processing.org/

15 MORPHOCODE | Urban Layers. Explore the structure of Manhattan’s urban fabric. (s. d.). http://io.morphocode.com/urban-layers/

14 MORPHOCODE | Data Urbanism. (s. d.). https:// morphocode.com/data-urbanism/

16 MIT Civic Data Lab. Civic Data Design Lab. (s. d.). http://civicdatadesignlab.mit.edu/

1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville

Figure 04 Real Time Rome, Senseable City Lab (MIT) (s. d.). http://senseable.mit.edu/realtimerome/

Figure 05 Urban Layers. Explore the structure of Manhattan’s urban fabric. | MORPHOCODE. (s. d.). http://io.morphocode.com/urban-layers/

45

1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville

UrbanSensing17 est un projet financé par l’Union Européenne, dans le cadre du programme FP7. Organisé en 7 phases, UrbanSensing a pour but de collecter des données numériques à échelle réduite, d’un espace choisi, afin d’en fournir une analyse détaillée et fondée. Plus précisément, le métabolisme rapide de la métropole contemporaine met en évidence le manque d’analyse à l’échelle du quartier, ou même de l’individu. Partant du postulat que la ville est un système complexe, dont la morphologie urbaine est structurée par les réseaux de flux et d’interactions, UrbanSensing affirme que le travail analytique basé sur les réseaux et les données appropriées au sein de l’espace public peut aider à comprendre la ville. Dans les pays occidentaux, les données qui permettent de mesurer la qualité économique de la ville, des infrastructures, de l’environnement, sont de plus en plus facile d’accès.

De plus en plus facile d’accès certes, mais UrbanSensing dénonce le manque d’indicateurs et les imprécisions des analyses. UrbanSensing perçoit les données collectées en temps réel comme de véritables indicateurs des conditions et des tendances urbaines. Ainsi, le projet a plusieurs objectifs.

Tout d’abord, analyser ces données, afin de faciliter l’accès et la couverture des services et infrastructures de l’espace public. Ces données permettront d’améliorer le ciblage et la performance de ces services et enfin d’appliquer ces connaissances à la mise en œuvre de politiques et de programmes d’aménagements urbains.

Visual Complexity18 est une plateforme de ressources, qui regroupe de multiples travaux de visualisation de réseaux complexes, réalisés à partir de données numériques. L’objectif de Visual Complexity est de mettre à disposition un espace de ressources unifiées pour toute personne intéressée par la visualisation de réseaux complexes. L’idée du projet est de tirer parti d’une compréhension critique de différentes méthodes de visualisation, à travers une série de disciplines aussi diverses que la biologie, les mathématiques ou les réseaux sociaux.

Fiabilité des données, et adaptabilité

Aujourd’hui, les données numériques sont intrinsèquement liées à la notion de Big Data. Ainsi, il faut noter le manque de fiabilité des données collectées. Même si les progrès en matière de collecte, d’analyse et d’interprétation tendent à améliorer le degré de fiabilité des données, cette problématique reste aujourd’hui l’un des principaux obstacles à l’utilisation des données pour la fabrication de notre environnement.

Les projets conçus avec l’aide des données numériques questionnent sur la problématique de la durabilité et de l’adaptabilité. En effet, si l’on considère l’évolution exponentielle des technologies de collecte et d’interprétation, on peut s’interroger sur la mutation de ces espaces, susceptibles d’être « rattrapés » par leur outil de conception. Comment faire évoluer un espace public grâce au numérique ? C’est la question que l’organisation University City District (UCD), en partenariat avec l’agence Interface Studio, a tenté de résoudre avec le projet The Porch outside of Philadelphia’s 30th Street Station19. Il s’agit d’un espace public extérieur situé devant une gare de train, s’apparentant à une bande piétonne de 25 mètres de large par 175 mètres de long. Avec un budget de 250 000$, l’organisation University City District (UCD) a installé des tables, des bacs plantés, des arbres et des parasols le long de cette promenade. L’idée de ce projet est de créer un parc par phases. Ainsi, en partenariat avec l’agence Interface Studio, l’UCD a analysé et retranscrit graphiquement plusieurs paramètres liés à la pratique de l’espace public créé (bruits ambiants, localisation des flux, utilisation des smartphones). Les résultats vont permettre à l’organisation de proposer de nouveaux aménagements du Porche, offrant à cet espace public une flexibilité et une adaptabilité remarquable.

Aujpurd’hui, nombreuses sont les plateformes de collecte et de visualisation de données numériques. La plupart militent pour la démocratisation de l’Open Data et proposent des analyses accessibles au public. Mais en quoi ces données sont intéressantes pour le concepteur de l’espace public ?

17 URBAN SENSING (Urban Sensing through User Generated Contents), Final Report Summary. (s. d.). https:// cordis.europa.eu/project/rcn/104744/reporting/en

46

18 VISUAL COMPLEXITY | A visual exploration on mapping complex networks. (s. d.-a). http://www.visualcomplexity.com/vc/

19 The Porch: 5 Years, 5 Lessons. (s. d.). https://issuu.com/universitycity/docs/the_porch_at_5_years/9

Le concept de Smart City : catalyseur de données numériques

Le Big Data est lié à un autre concept émergent, intimement lié à la fabrication de la ville. Il s’agit du concept de «Ville Intelligente». Impulsé par l’explosion du Numérique, ce processus consiste, accompagné par les nouvelles technologies, à repenser entièrement le fonctionnement des villes.

D’après l’organisme Smart City Smart Data (SCSD), qui en 2015 a organisé un workshop à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble visant à explorer les possibles applications de l’usage des «mégadonnées» à la conception urbaine, la notion de ville intelligente trouve ses origines dans les années 1980 avec le concept de «ville câblée», mais c’est avec le développement et la généralisation de l’informatique que le terme «Ville Intelligente» s’impose. « Smart City », un qualificatif qui ne doit pas prévaloir de la qualité a priori de cette ville mais qui renvoie plutôt aux capacités de collecte, de traitement et d’échange d’informations. Ainsi la «Ville Intelligente» se conçoit dans une interaction continue entre des réalités physiques et numériques, construites autour de maillages de capteurs et actionneurs autorisant des pratiques et des usages nouveaux, une supervision urbaine et le développement d’une intelligence collective.

Les principes fondateurs de la Smart City ou Ville Intelligente sont les suivants : inventer de nouveaux modes de concertation et de conception de la ville, valoriser les ressources locales, les identités et la mémoire d’un territoire, construire de nouveaux imaginaires urbains et représentations de la ville, mobiliser habitants, acteurs locaux et maîtrise d’ouvrage autour du projet territorial. La Smart City puise sa réussite potentielle dans la mutualisation des systèmes (économie, sécurité, réseaux, mobilité, environnement et action publique), rendue possible grâce aux nouvelles technologies.

Même si la France s’investit activement dans le domaine de la Ville Intelligente, avec l’exemple de Lyon notamment ou de Paris, le pays est bien en deçà de ses homologues américains ou asiatiques. En effet, malgré le développement de laboratoires d’excellence, dits « Labex », spécialisés dans

Les données numériques, vers une durabilité de la Ville

L’usage des données, comme nous l’avons vu à travers ce développement, est un processus complexe, lent et précis. En effet, il est impératif de connaître la provenance des données utilisées, de comprendre leur analyse et d’être en mesure d’en faire la synthèse afin de pouvoir saisir les enjeux de l’espace ciblé.

Aujourd’hui, il est relativement compliqué de s’appuyer sur des données numériques lorsque l’espace choisit atteint des échelles importantes. Les systèmes d’Open Data peinent à se démocratiser et le volume de données s’inscrivant dans le Big Data est bien trop conséquent pour que nous soyons en mesure de le contrôler dans sa totalité.

La collecte de données soulève à l’heure actuelle des problématiques qui ne sont pas encore résolues. Sécurité et atteinte à la vie privée, fiabilité, durabilité des projets, réglementations et droit d’accès, stockage et interprétation, font partie des questions abordées dans ce mémoire. Cependant, comme nous l’avons vu grâce aux exemples des laboratoires (MIT, Senseable City Lab…) et des plateformes de visualisation (Traders, Morphocode…), la maîtrise de l’utilisation des données s’accroît progressivement, grâce à des travaux de recherche et de développement de plus en plus concrets et accessibles.

Les potentiels offerts par cette maîtrise de la manipulation de données numériques sont considérables. Les conditions fondamentales étant le ciblage précis et l’interprétation fiable des données, ces dernières s’avèrent bénéfiques sur de multiples aspects. Tout d’abord, l’utilisation de données pour concevoir la ville peut permettre d’anticiper l’évolution des usages suivant des paramètres tels que la pollution, les flux de transport, la lumière naturelle et artificielle, ou la qualité des réseaux de communication. Lorsque ces prévisions sont couplées à une conception modulable de l’espace, comme c’est le cas du Porche de Pennsylvanie, les aménagements sont dotés d’une flexibilité précieuse, qui leur confère des qualités d’adaptabilité et de durabilité remarquables.

1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville

1.3. Les potentiels des données numériques, pour la fabrication de la Ville

la recherche dans le domaine du numérique, la majorité des spécialistes se situent dans les universités américaines (MIT, Harvard…).

47

1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville

Les données numériques comme Outils, au service du processus de conception

Au cours d’un stage recherche effectué au Brésil, à São Paulo, nous avons eu l’opportunité de pouvoir travailler sur la question des données, mais pas seulement numériques. La PLATAFORMA PLUS, mise en place par les architectes français LACATON et VASSAL, et l’agence brésilienne UNAarquitetos, est installée dans le Centro de São Paulo, dans les locaux de la Escola da Cidade, et travaille sur un petit périmètre du quartier (ANNEXES_ Stage PLATAFORMA PLUS).

L’objectif de la plateforme de recherche est de recueillir un nombre important de données, de types géographique, démographique, social, architectural, et législatif (Figure 06). Plus précisément, les données géographiques correspondent par exemple à relever chacun des arbres présents dans le quartier. Les données démographiques concernent par exemple l’âge de la population pour chacun des 20 îlots du périmètre, les données sociales sont les catégories professionnelles des habitants. Les données architecturales sont les gabarits de la volumétrie maximale constructive de chacun des bâtiments, ou les caractéristiques programmatiques de chacun des étages des bâtiments. Enfin, les données législatives se concentrent sur le PLU local, ainsi que recensement de chacun des propriétaires des projets bâtis.

A terme, la synthèse de ces données a pour but de mettre au point une réponse architecturale à tous les pignons aveugles recensés dans le quartier, particulièrement nombreux.

Extrêmement enrichissant mis en perspective avec le sujet de ce mémoire, ma démarche de recherche consistait à ré-organiser et hiérarchiser les données déjà collectées, et d’optimiser leur collecte à l’aide des nouveaux outils numériques en accès libre. Par exemple, le travail long et laborieux du recensement des arbres présents dans le quartier, jusqu’à présent effectué grâce à l’outil Google Street View, peut aujourd’hui être réalisé avec l’aide de l’outil Treepedia20, développé par le SenseableLab dirigé par Carlo Ratti.

La stratégie de la plateforme tire sa force et son efficacité de la mise en place des hypothèses architecturales émises concernant l’aménagement des espaces à proximité des

48

20 MIT Senseable City Laboratory | Treepedia (s. d.). http://senseable.mit.edu/treepedia

pignons aveugles du quartier. Ainsi, les données collectées servent la recherche de solutions pour cette situation définie, et chacune d’entre elles a son utilité dans le processus.

Seul bémol, et c’est sur ce point que nous avons travaillé pendant 4 mois, la hiérarchie inexistante des données et les méthodes de collecte, qui seraient aujourd’hui nettement facilitées par les outils numériques.

Autre point observé lors des recherches effectuées au cours de ce stage, qui illustre l’importance de l’ouverture des données. La plupart des données collectées au service des hypothèses de projet sont consultables sur le site GeoSampa21, plateforme en Open Data, géré par la Préfecture de São Paulo. Dans le cadre de l’activité de la PLATAFORMA PLUS, gérée par des architectes et ayant pour objectif le dessin d’un projet pour le quartier de Republica (Centro), il s’agit d’un outil remarquable, facilitant grandement l’analyse qui précède la conception.

Ce qu’il faut retenir de cette expérience, dans le cadre de ce mémoire, est que les données numériques possèdent un très fort potentiel dans le cadre de l’aménagement de la ville, mais uniquement si elles sont collectées en vue de la résolution d’une problématique définie en amont, et qu’elles sont accessibles à tous, car la fabrication de la Ville doit être un acte collectif.

Dans cette première partie de ce mémoire, nous avons vu que les recherches concernant le traitement et la visualisation des données numériques, sont prometteuses et permettent progressivement de figurer comme des ressources au service de la durabilité de nos villes. Mis en perspective avec la volonté naissance d’ouvrir partiellement ces données numériques à tous, en Open Data, je m’interroge sur le potentiel de ces données au service de la fabrication de la Ville. C’est ce que nous allons voir dans la seconde partie de ce développement, à travers la législation européenne, et les premiers pas des autorités françaises. Des «villes intelligentes» émergent, avec Singapour à leur tête, avec de nouveaux enjeux reposant sur l’usage des données numériques.

Mais quels sont les enjeux véritables de ces villes ? Quels en sont les nouveaux acteurs ? Quel est l’impact des données sur leur fabrication ?

21 GEOSAMPA .: Sistema de Consulta do Mapa Digital da Cidade de São Paulo :. (s. d.). http://geosampa. prefeitura.sp.gov.br/PaginasPublicas/_SBC.aspx

1. Les données numériques, des outils au service de la fabrication de la ville

49

Figure 06 PLATAFORMA PLUS : calques de données, ressources projectuelles.

2. Les donnĂŠes numĂŠriques et la Ville Intelligente

2

50

2. Les donnĂŠes numĂŠriques et la Ville Intelligente

51

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

Les données numériques, indéniablement, tendent à occuper une importance croissante et incontestable dans notre quotidien, et principalement dans celui de nos villes et de ses autorités gouvernantes.

Grâce aux nouveaux outils de collecte, de traitement et de visualisations exposés dans la première partie de ce développement, les villes disposent aujourd’hui avec les données numériques de ressources considérables, pour la gestion et la planification urbaine.

Cependant, l’effervescence et l’engouement naissant pour ces nouvelles alternatives de fabrication impliquent également un renouvellement des méthodes et des actions de gouvernance de la part des autorités, ainsi que la participation active de nouveaux acteurs dans ce processus complexe. A travers l’exemple de Singapour, l’une des pionnières mondiales en matière de «ville intelligente», de Paris, et des autorités françaises, utilisant les données numériques afin d’optimiser la gouvernance de leurs infrastructures, nous allons observer l’influence de cette nouvelle ressource sur la fabrication de la Ville.

2.1. Les objectifs et enjeux des “Villes Intelligentes”

La “Ville Intelligente”, ou “Smart City”, est un terme utilisé depuis les années 1990, popularisé par les grandes firmes22, pour désigner les villes envisageant les données numériques comme outils d’optimisation et de gestion des performances de leurs infrastructures urbaines. L’objectif de ces villes est de pouvoir anticiper et de prévoir les problématiques liées aux flux de transports, de piétons, à la consommation énergétique du bâti, etc.

D’après Vinci, l’un des piliers français de domaine de la construction et des énergies renouvelables, la “Ville Intelligente” opère en se basant sur les nouvelles technologies et la collecte de données numériques, autour d’un solide réseau d’utilisateurs et de producteurs de données. L’objectif de ce système est de créer une ville durable ; environnement plus vivable, optimisation des flux, et gestion améliorée des ressources énergétiques.

52

22 BREUX, S., DIAZ, J., & INRS-Urbanisation, culture et société. (2017). La ville intelligente: origine, définitions, forces et limites d’une expression polysémique. http:// epe.lac-bac.gc.ca/100/200/300/inrs-ucs/ville_intelligente/Rapport-LaVilleIntelligente.pdf

Ce nouveau concept de “ville intelligente”, mis en perspective avec les innovations florissantes en matière de technologies de collecte et de visualisation des données, possède de multiples potentiels. Cependant, la transition d’une ville souhaitant intégrer à long terme les données numériques à sa méthode de planification urbaine est un processus complexe, qui implique l’émergence de nouveaux acteurs et de nouvelles compétences.

La transition vers le numérique, en France

La mutation progressive des démarches de gouvernance vers une “numérisation” des méthodes existantes est un projet enclenché et activement soutenu par l’Etat. Dans le rapport Les nouvelles technologies au service de la modernisation des territoires23, rédigé par Jacques Mézard et Philippe Mouiller, enregistré le 19 avril 2017 au Sénat, sont expliqués les préceptes de la mise en application de nouveaux modes de gestion et de gouvernance des villes françaises, ainsi que les recommandations liées à cette transition. Plus précisément, à travers ce rapport, l’objectif du Sénat est de révéler le fonctionnement des nouvelles technologies à travers les villes et communes françaises étant déjà entrées en phase de transition. Une sensibilisation et un encouragement pour l’ensemble des collectivités françaises, qui pourraient voir dans ce rapport des résultats relativement positifs en matière de gouvernance territoriale. Plusieurs thématiques sont abordées, sensiblement liées à celles relevant du concept de “Ville Intelligente” décrit précédemment ; les nouvelles technologies au service de l’accès à l’information et de la couverture numérique des territoires, les nouvelles technologies au service de l’efficacité énergétique, les nouvelles technologies au service de la mobilité durable, les nouvelles technologies au service de la cohésion territoriale et de la simplification administrative, les nouvelles technologies au service de la santé et de l’aide aux personnes âgées, et enfin les nouvelles technologies au service de la sécurité. Chacun de ces objets d’études sont observés grâce à l’exemple d’une ville spécifique ayant concentré le début de sa transition numérique à cette thématique précise.

Même si parfois les villes se heurtent à des 23 MÉZARD J., MOUILLER P. | Sénat | Rapport d’informations. (2017, avril 19). Les nouvelles technologies au service de la modernisation des territoires. (s. d.). http:// www.senat.fr/rap/r16-509/r16-5091.pdf

Dans un autre rapport soumis au gouvernement, œuvre du député de Maineet-Loire Luc Belot, De la Smart City au territoire d’intelligence(s)24, publié en avril 2017 également, l’engouement politique pour la transition numérique au service de la gouvernance des villes s’apparente à une véritable nécessité. Exposant dans un premier temps l’importance et les potentialités économiques pour les entreprises de prendre part aux applications de la «Ville Intelligente», le député conclut le résumé de son rapport par la phrase suivante : “L’essentiel cependant dépasse ces recommandations techniques. Il s’agit d’abord de replacer l’usager au cœur de la stratégie publique, de chercher à répondre à ses besoins, et de concentrer les efforts à la mise en place d’une « expérience utilisateur » riche, positive et inclusive. En remettant l’habitant, le citoyen, au cœur de la démarche publique et en acceptant de construire cette démarche avec l’ensemble des acteurs volontaires, la ville deviendra alors plus intelligente.”

Se pose alors deux questions : quel est véritablement le rôle du citoyen dans cette nouvelle intelligence collective de la ville ? Quel est l’impact de la transition numérique sur les méthodes de gouvernance de la ville de demain ?

Dans ces deux rapports du gouvernement, sont évoquées les différentes problématiques liées à la complexité des données, de la collecte à leur usage, en passant par leur traitement. De nouvelles compétences techniques et humaines sont requises, et de nouveaux acteurs vont devoir prendre part à cette transition numérique. Ces acteurs font 24 BELOT L. (2017, avril). De la Smart City au territoire d’intelligence(s).pdf. (s. d.). https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2017/04/rapport_smart_city_luc_belot_avril_2017_definitif.pdf_Gouverner et innover dans la ville numérique réelle : compétences et métiers. (s. d.). https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/atelier/gouverner-et-innover-dans-la-ville-numerique-reelle-competences

parti du secteur privé, mais également des secteurs éducatif et public. L’objectif premier des villes est de donner les outils à ces acteurs, pour leur permettre, telle une symbiose, d’échanger leurs services afin d’innover et de dynamiser la fabrication de l’espace urbain.

Dans le rapport de l’ADEME25, intitulé Outils numériques d’aide à la décision pour la planification territoriale stratégique, l’urbanisme et l’aménagement opérationnel26 (2016, décembre), sont exposés les besoins et les enjeux liés à cette transition numérique, regroupant les thématiques de la collecte, du traitement des données, ainsi que des stratégies de planification et de gouvernance.

Premièrement, il est question pour les collectivités de développer et partager la connaissance du territoire et mesurer l’impact des évolutions territoriales, mais également de développer la connaissance des données existantes. Dans un second temps, les collectivités vont devoir traiter la complexité des enjeux en transversalité, avec tous les nouveaux acteurs qui vont contribuer à l’élaboration de cette transition numérique, afin de définir les objectifs et les questions qui vont permettre de planifier une stratégie. Pour ce qui est du plan d’action, les enjeux sont d’objectiver, quantifier et territorialiser les effets des actions envisagées, et de définir des indicateurs ou données pertinents, besoin saillant dans un contexte où le volume de données croît constamment. Enfin, afin de mener à bien cette stratégie ou plan d’action, il est nécessaire pour les collectivités de développer la collaboration entre les acteurs du territoire à différentes échelles autour d’un projet, ainsi qu’avec les détenteurs de données à l’échelle territoriale.

A travers ce rapport, la complexité de cette transition, progressive mais brutale, est illustrée à travers des problématiques variées, mais particulièrement celle de la transversalité entre les acteurs. Il est capital pour les collectivités de créer des liens avec les acteurs locaux, connaisseurs et fournisseurs des données numériques, afin de mener à bien leur stratégie de gouvernance et de renforcer sa durabilité dans le temps.

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

problématiques liées à la complexité de traitement de la masse de données, les résultats exposés dans ce rapport sont encourageants, et aboutissent à un certain nombre de recommandations pour les collectivités ; garantir la couverture numérique de tous les territoires, accompagner les populations dans la transition numérique, protéger les données personnelles, soutenir les start-ups innovantes, concevoir des projets collaboratifs, expérimenter à différentes échelles territoriales, prévoir la compatibilité, à l’échelle nationale, des systèmes développés dans les territoires, et encourager les services publics dans la transition numérique.

Si les données numériques repré-

25 L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie 26 ADEME. (2016, décembre) Outils numériques d’aide à la décision pour la planification territoriale stratégique, l’urbanisme et l’aménagement opérationnel. https:// www.ademe.fr/outils-numeriques-daide-a-decision-planification-territoriale-strategique-lurbanisme-lamenagement-operationnel.

53

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

sentent un enjeu capital pour les villes aujourd’hui, afin d’appréhender au mieux la transition numérique progressive et la globalisation de l’économie mondiale, il est important de souligner leurs limites. Saskia Sassen, sociologue émérite, enseignant à l’université de Columbia, est à l’origine du concept de “Ville Globale”27, exposé dans le recueil Global Cities (1991). Cette notion désigne les métropoles se situant au niveau supérieur de la hiérarchie urbaine à l’échelle mondiale.

Capables de commander l’économie mondiale, elles sont les lieux où se concentrent les pouvoirs centraux des entreprises et de l’économie mondiale. Leur émergence résulte d’une double et paradoxale dynamique de dispersion (délocalisations-relocalisations des activités de productions de biens), et de centralisation des fonctions de coordination, de prévision et de gestion mondialisées. Ainsi, plus l’économie s’internationalise et plus les fonctions de contrôle des grandes firmes s’agglomèrent dans un petit nombre de sites.

Dans une conférence TEDx28 et une autre donnée pour l’organisme Urban Age29, Saskia Sassen évoque les limites du numérique, favorisant la systématisation et “l’emprisonnement” de la fabrication de nos villes, qui pourraient se retrouver totalement paralysées par leur éventuelle obsolescence.

Elle émet l’hypothèse que si les villes fonctionnent suivant une intelligence numérique unique, agissant mécaniquement tel un algorithme, et que cette intelligence devient obsolète, nos villes mourront. Enfin, elle évoque un point extrêmement important et pertinent, mis en perspective avec l’ouverture des données numériques, à travers l’Open Data : “A first step for me in this notion of urbanizing technology, and here I just want to confine myself to one type of system which is to a large extent and also a kind of an urban system, which are interactive technical domains. And it seems to me that it is quite foundational, I think, to engage in this question of urbanizing technology, to recognize that these interactive digital domains deliver their utility through a larger ecology that includes non technical aspects. So there is a built in capacity in that sense in these technologies to include key aspects of cities, of the social, of the interactive.

And sort of a short proposition here is that these systems get 27 GÉOCONFLUENCES Villes globales, villes mondiales — . (s. d.). [Terme]. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/ glossaire/globales-mondiales-villes 28 SASKIA SASSEN | TED Archive (s. d.), (2017, août 25). https://www.youtube.com/watch?v=vHuX79hgtCY.

54

29 SASKIA SASSEN | UrbanAge (s. d.), (2013, janvier 15). Urban Age Electric City: Urbanising technology. https://www.youtube.com/watch?v=fyS1H_Zs4po&feature=youtu.be

used in ways that, if you want, hack the engineer’s design.

The engineer may have thought they get used in one way, but the actual users bring to these systems a lot of other elements. And I think that it is in that divergence that lies this project of urbanizing technology. The divergence between how users actually alter the original design—a kind of open source mechanism, if you want—and that logic of the engineer, if you want. And therein, if you think of the city as a kind of open source system that goes way beyond a particular technology, then I think we’re beginning to address this question of urbanizing technology.

So one image that I like is the city as hacker. Of spaces, of technologies, of individual self interest. I have quite a few little projects that show how even in the space of the city, even if you have a bunch of rather selfish people engaging in certain practices, there can be an outcome that produces a public good. One might say they have sort of solved the prisoner’s dilemma.”

Pour résumer cette citation, la sociologue soutient que la digitalisation des pratiques de gestion et de fabrication de la Ville deviendrait pertinente si son ouverture, avec notamment l’Open Data, permettrait à tout un chacun de “pirater” les directives algorithmiques rigides du système, pour concevoir à travers un processus collectif et le plus personnalisé possible. En d’autres termes, cela consisterait à qualifier la ville numérique de Ville Intelligente, dans le cas où elle permettrait à ses usagers d’avoir un pouvoir décisionnel et une possibilité d’interaction dans le processus de fabrication.

Les nouveaux acteurs de la Ville Intelligente

Dans l’étude De la ville au territoire intelligent : la donnée au cœur de la transformation (2017, Ernst & Young et Associés), sont évoquées les mutations des jeux d’acteurs dans la fabrication de la ville.

Avec l’ouverture des données publiques, la ville change de visage. D’un lieu de vie, elle devient un territoire d’expérimentation et d’innovation. L’accès à certains types d’informations issus de bassins de vie entiers créé en effet une base de travail commune et accessible à tous. Utilisée par les entrepreneurs, salariés et investisseurs, elle redéfinit le rôle et l’étendue des services urbains et brouille les frontières entre administrateurs et administrés en faisant des usagers, entreprises, start-up et associations, les potentiels innovateurs et co-constructeurs de ces nouveaux services. De plus en plus d’incubateurs viennent ainsi accompagner les grandes entreprises publiques et privées désireuses de

pour les gouvernants de savoir organiser la cohabitation entre les politiques publiques et les initiatives privées. La mise en place de partenariats public/privé permettrait de doter les villes d’infrastructures, d’installations communautaires et de services connexes dont elles pourraient ne pas être en mesure d’assumer le coût à elles seules grâce à des solutions novatrices en matière de conception, de construction, de financement, d’exploitation et d’entretien des installations publiques. Cette capacité à assurer une gouvernance transversale, permettant une collaboration de l’ensemble des services, sera un atout majeur pour rendre les villes plus prospères, plus attractives et plus durables.

Véritable laboratoire d’innovations, catalysant l’émergence de nouveaux acteurs, la “Ville Intelligente” a cependant besoin de s’appuyer sur les compétences des principaux acteurs juridiques et de la construction de nos villes actuelles. Dans un article sur le site de la CRE (Commission de Régulation de l’Électricité), intitulé Les difficultés pour faire émerger une ville intelligente30, sont exposées les relations entre les nouveaux acteurs et les acteurs historiques de la “Ville Intelligente”. “Dans la mise en œuvre des Smart cities, de nombreux acteurs interagissent.

Outre les acteurs traditionnels des villes (institutionnels, architectes et urbanistes, fournisseurs de services, opérateurs des réseaux de transport, gestionnaires des réseaux d’énergie, etc.), de nouveaux acteurs apparaissent et prennent une place importante dans la construction de la ville intelligente de demain, les spécialistes des NTIC31 par exemple.” Le concept de “Smart City” ne remet pas en cause les fonctions des “concepteurs” et “décideurs” de la ville, il aspire seulement à la collaboration de ces derniers avec les acteurs émergents, fournisseurs des données propices à la transition numérique dans laquelle elles souhaitent s’inscrire. L’article illustre la nécessité de repenser la gouvernance et les modes de fonctionnement actuels, afin d’améliorer la coopération de tous les acteurs de la ville mais, également, leur coopération avec les autres organisations – institutions locales, régionales et nationales.

En outre, avec le renforcement des politiques européennes dans le domaine du développement durable (mobilité, habitat, énergie, etc.), l’articulation avec l’échelon européen est, également, fondamentale.

Par ailleurs, l’enjeu le plus complexe s’agira

Les acteurs de la fabrication de la ville numérique sont donc les mêmes que ceux de la ville actuelle : concepteurs, entreprises, et autorités locales. Il s’agit seulement de la manière d’agir ensemble qui évolue, les données numériques permettant à chacun d’interagir avec les autres, dans une relation d’interdépendance. Seulement, il y a un acteur qui actuellement n’a de pouvoir qu’à travers des manifestations citoyennes associatives, qui pourrait aujourd’hui intervenir dans cette boucle avec une aisance renforcée par l’usage démocratisé des nouvelles technologies. Il s’agit du citoyen.

En effet, la plupart des adeptes du concept de “Ville Intelligente” le revendiquent, le nouvel acteur de la fabrication de la ville au cœur de la ville numérique doit être le citoyen.

“Faire la ville ensemble”, “une ville au plus proche de la volonté citoyenne”, telles sont généralement les ambitions annoncées par les autorités ou les entreprises. La numérisation des services doit permettre l’émergence de nouvelles applications, ludiques et simple d’accès, pour permettre à l’usager d’interagir avec son environnement proche. Les outils explicités dans la première partie de ce mémoire, tels que les smartphones, sont des ressources à exploiter par les développeurs et les services de la ville, car la “Ville Intelligente” n’est rien d’autre qu’un réseau de partage des informations entre chacun des acteurs, qui deviennent interdépendants des uns et des autres.

Encore une fois, l’article évoque le cadre juridique extrêmement “rigide” et la compartimentation des services actuels comme des freins pour la transition numérique. Si l’on se penche au cas par cas sur le rôle de chacun des différents acteurs dans le processus de transition numérique en cours, des questions sont soulevées.

30 CRE | Smart Grids | Les Smart cities / Les difficultés pour faire émerger une ville intelligente. (s. d.). http:// www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=smartcities-difficultes 31 NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

développer des relations avec des start-ups dans une logique d’innovation ouverte. Ces territoires nouvellement organisés, conçus comme des réservoirs d’innovation, sont porteurs d’initiatives qui contribuent à exposer le dynamisme et l’attractivité de la ville aux yeux de tous. L’irruption de la donnée sur un territoire suscite également la création de nouveaux métiers touchant à l’ensemble des secteurs économiques et sociaux. « Data analysts » et « community managers » deviennent des profils indispensables, tandis que les gestionnaires urbains sont confrontés à une exigence croissante de réactivité, de fiabilité et de souplesse dans un contexte de profonde mutation du monde du travail.

55

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

ENTREPRISESENTREPRISES PRIVÉES PRIVÉES start-up start-up PME PME grands groupes grands groupes presse presse

ENTREPRISESENTREPRISES PRIVÉES PRIVÉES start-up start-up PME PME grands groupes grands groupes presse presse

Open DataOpen Data

Open DataOpen Data

“CITOYENS AVERTIS” “CITOYENS AVERTIS” associations associations usagers usagers développeurs développeurs INSTITUTIONS INSTITUTIONS PUBLIQUES PUBLIQUES laboratoires laboratoires universités universités administrations administrations

INSTITUTIONS INSTITUTIONS PUBLIQUES PUBLIQUES laboratoires laboratoires universités universités administrations administrations

Figure 07 Open data - au service d’une Intelligence Collective

Les villes désireuses d’optimiser leurs services de gouvernance urbaine commencent progressivement à ouvrir les données qu’elles disposent, par des partenariats avec des entreprises privées principalement (RATP, SNCF, JCDecaux, etc.). Ces données, libres d’accès sur des portails en ligne, sont classées par thématique, et fournies dans un format que seuls des initiés seraient aptes à manipuler. Tous ces dispositifs, mis en perspective avec les objectifs de la “Ville Intelligente” revendiqués et portés par les villes françaises, qui évoquent presque tout le temps la participation citoyenne, pour la fabrication d’une ville “pour le citoyen”, et une ville “mieux conçue”, pose un sérieux problème.

Quel est le rôle des concepteurs de la ville, urbanistes, architectes, designers, ingénieurs ? Quel est celui des citoyens ?

Malgré cette complexité d’usage des données, il existe, comme nous l’avons vu pour l’interface collaborative Open Street Map, des innovations qui tendent à rendre la ville “intelligemment citoyenne”. C’est le cas de l’application City Lity32, créée par une entreprise lyonnaise en 2016, qui propose une interface mobile permettant aux usagers de participer activement à la vie de leur quartier, et plus largement de leur ville. Comme l’outil Open Street Map, les usagers signalent des dysfonctionnements, localisent des services, et interagissent entre eux, à travers une interface fonctionnant sur le modèle d’un réseau social. La différence avec Open Street Map ; les actions des usagers sont directement

56

“CITOYENS AVERTIS” “CITOYENS AVER associations associations usagers usagers développeurs développeurs

32 CITYLITY • Solution pour gestionnaires immobiliers : syndics promoteurs services généraux. (s. d.). Consulté 15 janvier 2019, à l’adresse https://www.citylity.com/

envoyées à la copropriété de l’immeuble, et même aux gestionnaires de la Ville, ayant opté pour l’utilisation de cet outil.

Malheureusement, les citoyens manquent aujourd’hui d’outils d’interaction avec ces acteurs de la fabrication de la ville, et voient les données numériques comme un moyen d’espionnage pour les autorités et les entreprises locales. Ils ne parviennent pas à contrôler ces données, et ceux qui ont conscience qu’il en produisent ne savent pas à quoi elles servent.

Actuellement, on pourrait supposer que les concepteurs de la ville parviennent à utiliser les données fournies par les autorités gouvernantes des collectivités. Parviennent-ils réellement à employer ces données, s’il elles leur parviennent aussi brutes qu’elles le sont sur les portails Open Data des villes ?

Les moyens mis en oeuvre par les Villes Intelligentes La ville de Singapour, en Asie, s’impose aujourd’hui comme un exemple mondial de “Ville Intelligente”. Elle occupe la première place de la plupart des classements publiés, organisés selon des critères variés mais généralement identiques : transport et mobilité, développement durable, gouvernement, économie de l’innovation et connectivité. Il est donc intéressant de comprendre pourquoi cette nation est si souvent citée lorsqu’il s’agit de recourir au concept de “Smart City”, à travers son programme intitulé Smart Nation Singapore : Transforming Singapore through Techno-

Forte de l’initiative issue de la volonté des autorités locales, la ville de Singapour permet et facilite la participation de tous au bon fonctionnement de la ville et à ses décisions.

Sur le site internet décrivant le programme Smart Nation Singapore, trois piliers : Digital Economy, Digital Government, Digital Society. Pour cela, le programme se concentre sur des thématiques allant de la santé à l’économie, en passant par la gouvernance et l’urbanisme.

Aujourd’hui, plus de 100 000 capteurs placés dans le mobilier urbain prennent le pouls de la ville et alimentent une plateforme en Open Data, accessible aux entreprises comme aux citoyens. Les développeurs habilités possèdent également leur plateforme, véritable outil de production d’applications. Différentes initiatives sont lancées, afin d’équiper la population en ordinateurs ou objets connectés, de sensibiliser les “seniors” (suivant le programme, les plus de 50 ans) à l’utilisation de ces nouveaux outils numériques, et également afin d’encourager et accompagner les startups ou entreprises désirant utiliser les ressources numériques mises à disposition pour développer leurs projets.

La diversité des outils mis à disposition par les autorités sont nombreux : cartes interactives sur l’usage des terrains pour les concepteurs34 (urbanistes, architectes, designers…), plateformes Open Data pour les citoyens35, et également des données à destination des entreprises36.

L’objectif de la ville est de créer une véritable 33 Smart Nation Singapore. (s. d.). https://www. smartnation.sg 34

maps/

New OneMap. (s. d.). https://onemap.sg/main/v2/ URA SPACE v2. (s. d.). https://www.ura.gov.sg/

35 Data.gov.sg. (s. d.). https://data.gov.sg/ 36 Monetary Authority of Singapore. (s. d.). https:// secure.mas.gov.sg/api/Search.aspx

NDI {api}. (s. d.). https://www.ndi-api.gov.sg/

Homepage | SingStat Table Builder. (s. d.). http:// www.tablebuilder.singstat.gov.sg/publicfacing/mainMenu. action

dynamique collective, un désir de participation et d’innovation de la part des citoyens comme des entreprises.

2.2. Big data et Open Data, forces et faiblesses Les limites de l’usage des données numériques Le processus de la collecte des données numériques pose la question des limites en termes d’atteinte à la vie privée (Figure 08). Les données recueillies via les smartphones ou les réseaux sociaux, par exemple, touchent nécessairement à la vie privée des sujets ciblés. Qui a accès à ces données, quelle utilisation ? Cette question concerne tout d’abord les autorités détentrices des données, mais également, dans la perspective de mes recherches, les concepteurs qui mobilisent ces informations.

En France, les données sont protégées par les droits de propriété intellectuelle. Afin de publier les données collectées, leurs détenteurs sont tenus de posséder les droits de chacune d’entre elles. Cette règle figure comme une première limite à la collecte des

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

logy33.

L’initiative a été officiellement lancée par le premier ministre Lee Hsien Loong, le 24 novembre 2014. La ministre responsable, Vivian Balakrishnan, estime que les différentes plateformes donneront aux citoyens les moyens d’agir, en leur permettant d’utiliser les informations dont ils disposent et leurs solutions, et de pouvoir compter sur le gouvernement pour les accompagner et fournir des réponses à leurs problématiques.

Figure 08 PERSONAL DATA ?

données et à leur publication. Ensuite, certaines données sont classées comme étant à caractère personnel. Ces données sont régies par une loi de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). Se pose alors pour le fournisseur de données la question de la responsabilité et de la charge de l’anonymisation de ces informations.

Comme nous l’avons vu dans cette première partie de développement, les données que nous sommes aujourd’hui en mesure de collecter représentent un volume de plus en plus conséquent et mettent en jeu des technologies à usage privé. En effet, les données

57

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

collectées à l’aide des smartphones, des technologies GPS ou encore des réseaux sociaux relèvent de la vie privée de chacun des utilisateurs, qui contre leur gré deviennent fournisseurs de données. L’utilisation de données par le concepteur de l’espace public pose ainsi des questions éthiques.

Le concepteur, s’il a accès à ces données, est capable de savoir tout ce qu’il se passe en temps réel au sein de l’espace public.

Il se trouverait alors dans une position délicate. La consultation et l’appréhension de ces données doit impérativement s’accompagner d’une prise de conscience de la part du concepteur, pour le respect des valeurs éthiques propres à notre société.

William J. Mitchell, professeur au MIT, décédé en 2010, disait : « Qui devrait avoir le droit de nous suivre par voie électronique ? Quand et où ? Dans quelles circonstances, quels contrôles et à quelles fins ? Qui devrait avoir accès aux bases de données résultantes ? Et dans quelles mesures ? En particulier, nous devons nous préoccuper des niveaux d’agrégation des données - un problème technique, mais aussi social et politiquement crucial.»

Les données numériques sont donc des outils à utiliser avec précautions, car aujourd’hui elles sont régies à des lois de protection, qu’une utilisation illégale pénaliserait.

Le Big Data, un volume de données à la croissance exponentielle

Le “Big Data”, un mot “magique” utilisé aujourd’hui dans bien des domaines. Les entreprises, les autorités, et même les initiés emploient ce terme pour qualifier les données numériques. Plus précisément, le Big Data est un concept assez vaste, qui réunit l’exponentiel volume de données brutes produites sur Terre. Mais à quoi correspond ce volume de données et comment se caractérise t-il ?

58

Le Big Data est un concept apparu à la fin des années 1990. Il survient dans la continuité de l’explosion quantitative des données numériques, nécessitant de nouvelles méthodes de stockage, d’analyse et d’exploitation. Aucune définition précise ou universelle ne peut être donnée du Big Data. Étant un objet complexe polymorphe, sa définition varie selon les approches, en tant qu’usager ou fournisseur de services. Une approche transdisciplinaire permet d’appréhender le comportement des différents acteurs : les concepteurs et fournisseurs d’outils (les informaticiens) et les catégories d’utilisateurs (gestionnaires, responsables d’entreprises,

décideurs politiques, chercheurs et les usagers). Le Big Data se présente comme une solution dessinée pour permettre à tout le monde d’accéder en temps réel à des bases de données géantes. Selon Gartner Inc., une entreprise de conseil et de recherche dans le domaine des techniques avancées, ce concept regroupe une famille d’outils qui répondent à une triple problématique dite règle des 3V. Il s’agit d’un Volume de données considérable à traiter, une grande Variété d’informations (venant de diverses sources, non-structurées, organisées, ouvertes…), et un certain niveau de Vélocité à atteindre, autrement dit de fréquence de création, collecte et partage de ces données. Ce volume de donnée double actuellement tous les trois ans.

La production de ce volume de données considérable est étroitement lié aux innovations technologiques qui aujourd’hui rythme notre quotidien. Ces données en tout genre sont tellement conséquentes qu’il faut aujourd’hui des ressources techniques révolutionnaires pour les analyser, tels que des algorithmes surpuissants.

Si l’on se réfère aux grandes entreprises pionnières dans l’usage et le traitement de données, comme Orange37 ou IBM38, le Big Data est la masse de données croissante générée par chacune des interactions numériques se déroulant dans le temps. Il se définit selon le schéma des trois “V” : volume, vélocité, variété. Les spécialistes parlent d’un volume tellement complexe, que son analyse et son traitement nécessitent des compétences techniques multiples, aujourd’hui trop peu maîtrisées.

L’ouverture des données, vers une transition complexe en Europe...

Dans l’article de Dann Goncalves et Samuel Rufat, intitulé Open data et droit de la donnée : les collectivités à l’épreuve des réglementations européennes39, les deux scientifiques dressent l’inventaire des problématiques liées à l’émergence de l’ “Open Data”, face aux réglementations européennes. Ils évoquent 37 ORANGE. Le big data - 60 secondes pour comprendre. (2017, septembre 13)YouTube, https://www.youtube. com/watch?v=aq38ZLLi5Rg. 38 IBMFrance. Big Data : définition par Patrice Poiraud, (Directeur de l’initiative Big Data Analytics - IBM France). (2013, juin 20) YouTube, https://www.youtube.com/ watch?v=wyW4Vnvnvpw.

39 GONCALVES, D., & RUFAT, S. (2016). Open data et droit de la donnée : les collectivités à l’épreuve des réglementations européennes. Cybergeo : European Journal of Geography. https://doi.org/10.4000/cybergeo.27750

Depuis 2010, l’Union Européenne s’attache et suit sa “Stratégie numérique pour l’Europe”. Pour la Commission Européenne, en plus des principes de partage, de circulation de l’information et de transparence, l’objec-

Big Data

Open Data

Figure 09 Le Big Data et l’Open Data

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

notamment le retard et la lenteur relative du processus de démocratisation de l’usage des données, à travers cet article faisant l’hypothèse que le choix de la thématique environnementale correspondait à une stratégie de mobilisation des acteurs sur une dimension porteuse pour les citoyens européens, mais que ce choix n’était pas le plus adapté pour les collectivités territoriales.

ENTREPRISES PRIVÉES start-up PME grands groupes presse

ENTREPRISES PRIVÉES start-up PME grands groupes presse

Big Data Open data

CITOYENS associations usagers développeurs

Big Data Open data

INSTITUTIONS PUBLIQUES laboratoires universités administrations

“CITOYENS AVERTIS” associations usagers développeurs

cheminement des données

Figure 10 Le Big Data et l’Open Data

tif de cette transition commune aux pays de l’Union Européenne est d’améliorer les compétences des organismes publics, avec une coordination renforcée entre les producteurs de données géographiques et les utilisateurs. A terme, le but de ce processus serait de favoriser une meilleure circulation et “un usage plus aisé des informations et des connaissances, avec l’espoir de transformer les données publiques en or” (IP/11/1524).

A travers cet article et l’enquête auprès de plusieurs villes françaises, ressort un constat : même lorsqu’il existe une infrastructure commune d’accès aux données numériques, subsistent des cloisonnements entre les services (urbanisme, environnement, transport…). Cela semble repousser l’horizon de

partage à l’extérieur des collectivités, et de réutilisation des données géographiques par les entreprises comme par le public.

Malgré quelques projets mis en avant, comme par exemple le Geoportail de l’urbanisme, ou le Geoportail des transports en Île-deFrance, cette transition numérique collective se heurte encore à des obstacles de taille. A terme, le Geoportail de l’urbanisme devrait permettre de rassembler les informations et les règlements en vigueur pour chaque parcelle, et celui des transports devrait croiser les données fournies par la RATP, la SNCF, le Transilien, Vélib’/JCDecaux et d’autres entreprises, afin de réaliser un service d’information multimodal.

Encourageant, mais la diffusion des données reste très complexe, la faute au manque d’in-

59

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

frastructures performantes, ainsi que la difficulté d’interprétation des normes, liée à la complexité du droit de la donnée en Europe.

“Pourquoi l’Union Européenne met-elle en avant le concept d’ “Infrastructure de Données Géographiques” (IDG), au lieu de s’inscrire directement dans l’Open Data ?”

Les conclusions dressées par les deux scientifiques sont les suivantes : les réglementations européennes en matière de données freinent considérablement la progression et la mutualisation de la transition numérique des services de gouvernances des collectivités.

Ainsi, à travers ces articles faisant appel à des enquêtes et des études de terrain, on distingue que trois problèmes majeurs ralentissent aujourd’hui la transition vers le numérique de la gouvernance de nos villes.

Dans un premier temps, la réglementation et les normes européennes relatives à l’ouverture des données numériques peinent à être appliquées au sein de toutes les collectivités locales. N’émettant aucune pénalité, l’utilisation et l’ouverture des données est le fruit de l’unique volonté des autorités locales, qui souvent prennent peur devant l’ampleur de cette transition numérique. De nouveaux acteurs, un manque d’infrastructure de diffusion et de visualisation accessible à tous ou encore la complexité de l’établissement de relations collaboratives entre acteurs publics et acteurs privés, sont autant de paramètres qui freinent le déroulement de cette ample évolution vers le numérique. Grâce à certains projets mis en avant, on constate cependant l’extrême richesse que représentent ces données numériques en matière de planification urbaine, mis en perspective avec les innovations technologiques qui fleurissent en cette Ère Numérique qui caractérise notre société actuelle.

Comme nous l’avons évoqué dans la première partie de ce développement, les données numériques collectées dans la Ville posent une question récurrente, concernant la confidentialité. En effet, les citoyens s’opposant à cette ouverture des données argumentent leur propos en s’appuyant sur la volonté de tout savoir des autorités locales. Dans un article issu du média en ligne “Grozeille”40, critique de l’actualité, est dénoncé cette démarche de contrôle absolu lié

60

40 GROZEILLE (2018, janvier 14), Contre les plans de la « ville intelligente », dessiner nos chemins. (2018, janvier 14). Consulté 7 décembre 2018, à l’adresse https:// grozeille.co/contre-plans-de-ville-intelligente-dessiner-noschemins/

à la collecte de données, à travers notamment l’image du frigo connecté, qui fait nos courses à notre place. L’Homme ne serait alors qu’un acteur involontaire des décisions de planification urbaine, sans aucun moyen d’action ni de contrôle. …Mais extrêmement prometteuse

Malgré les inconvénients et les “freins” qui aujourd’hui ralentissent la transition numérique qui progressivement s’effectue dans les collectivités françaises, l’utilisation des données issues du Big Data et plus précisément de l’Open Data présente de nombreux potentiels. En effet, une fois ciblées, sous la responsabilité des autorités locales, les données pourraient être fournies par les entreprises ou les citoyens initiés, puis traitées afin de produire des visualisations accessibles et utilisables par tous. Les données existent déjà, seules les réglementations et les infrastructures de diffusion empêchent leur utilisation et leur réutilisation sous la forme de plateformes en Open Data.

Dans la première partie de ce mémoire, nous avons vu qu’aujourd’hui de nombreux organismes, plateformes, laboratoires de recherches ou encore agences, consacrent leurs travaux à la collecte et à la visualisation des données numériques en milieu urbain.

Un bon exemple français serait la plateforme DataFrance41, qui regroupe les données de près de 200 organismes privés, et permet leur visualisation recoupée et suivant des thématiques variées et similaires à celles rencontrées sur les plateformes de villes françaises. Transport, services, logement, éducation, environnement, économie et emploi, politique et des indices tels que sports et loisirs, santé ou commerces, sont visualisables très facilement par quiconque possède une connexion Internet. Il y a quelques années encore, il était presque impossible de collecter ces données et encore plus de les visualiser, afin de les valoriser dans le cadre d’un usage ultérieur.

Aujourd’hui, ces différents organismes sont capables de fournir des interfaces interactives particulièrement ludiques, accessibles depuis n’importe quel ordinateur ou objet connecté équipé d’internet. Imaginons l’État, pour illustrer cet exemple, faisant appel à plusieurs de ces organismes, afin de 41 DATAFRANCE. (s. d.). DataFrance | Plateforme de visualisation de données ouvertes. http://map.datafrance. info

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

Figure 11 Orus - services. http://app.orus-group.com/#app.

61

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

mettre au point une plateforme ouverte de visualisation de données numériques pour tous. Les entreprises privées ou citoyens participent à l’envoi de données. De nouveaux postes se créent, car les données numériques ne se traduisent pas seules, visuellement, et les autorités, les concepteurs, et les citoyens disposent chacun de moyen d’interaction.

Des initiatives privées florissantes

Les nouveaux acteurs entrant en jeu dans le processus de transition numérique des villes mettent au point de nouveaux outils, très intéressants pour les autorités locales mais également pour les concepteurs.

De plus en plus nombreuses sont les entreprises qui puisent dans les données numériques les potentiels pour mettre au point des solutions innovantes et extrêmement pertinentes pour optimiser la fabrication de la ville.

C’est le cas de la plateforme Orus42, qui a vu le jour en 2015, et qui aujourd’hui présente une interface relativement complète et facile d’accès. Son fonctionnement est similaire à la méthode de recherche des données développée au sein de la PLATAFORMA PLUS, expérimentée au cours de mon stage recherche. L’utilisateur choisit une parcelle sur laquelle il souhaite construire, et y retrouve les données suivantes : informations urba-

Figure 12 Les données numériques pour une modélisation 3D enrichie.

62

informations foncières liées au terrain, ainsi qu’un outil qui permet d’étudier le droit à bâtir en 3D sur la parcelle (Figure 11).

Autrement dit, Orus permettrait aux concepteurs de la ville d’avoir un outil d’aide à la conception optimisé, un modèle en 3 dimensions enrichi (Figure 12), lui permettant de gagner du temps et de concevoir des projets respectant directement les réglementations en vigueur. Les autorités locales auraient accès à tous les projets en cours, et pourraient fournir et actualiser les réglementations en vigueur, effectives directement sur la plateforme.

Outil à but lucratif, une plateforme comme Orus gagnerait en efficacité si elle bénéficiait d’un appui des autorités locales qui leur fournirait les données en Open Data. Les cartographies seraient ainsi enrichies des données liées aux flux, aux usages, à la pollution, et d’autres paramètres urbains.

Enfin, comme l’a dit Saskia Sassen dans la conférence citée précédemment, lorsqu’elle évoque la possibilité de «hacker» l’algorithme numérique, l’accès à des utilisateurs citoyens non initiés à l’interface permettrait à ces derniers de suggérer des souhaits ou de réagir à des décisions d’aménagement, interagissant directement avec les acteurs de la construction de la ville.

Dans le même genre d’interface, un autre outil, cette fois uniquement de visualisation, a été développé par la plateforme immobilière Bien’ici43, avec l’aide des services de l’agence de modélisation cartographique 3D, F4map44. Outil de communication offrant aux agences immobilières bien connues de mettre en avant leurs annonces sur une carte interactive en 3D (Figure 13), recensant jusqu’aux chantiers en cours. L’avantage de cet outil est qu’il permet d’apporter des informations supplémentaires à une carte immobilière classique. L’utilisateur peut jouer avec l’ensoleillement en temps réel de la ville, afin d’évaluer les potentiels lumineux de son bien. L’interface cartographique permet également d’afficher des données bien précises sous forme de calques, basé sur la construction des GIS, décrite dans la première partie de ce développement. L’utilisateur, en quelques clics, visualise les commerces, services, infrastructures et transports à proximi-

nistiques liées à la réglementation (PLU, cadastre) et au marché de la construction, les

43 BIEN’ICI. « Bien’ici - map location ». Bien’ici. https://www.bienici.com/recherche/location/france.

42 ORUS, « Orus App ». http://app.orus-group. com/#app.

44 F4. « F4map - Applications et solutions cartographiques 2D et 3D ». F4map - Applications et solutions cartographiques 2D et 3D. https://www.f4map.com.

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

1. Interface principale, annonces, transports, équipements.

2. Affichage des calques GIS, sélection d’une annonce détaillée.

2. Outil de variation de l’ensoleillement, selon la date et l’heure.

Figure 13 Bien’ici - services. Bien’ici. https://www.bienici.com/recherche/location/france.

63

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

té de son bien immobilier (Figure 13).

Comme pour Orus, cet exemple permet d’illustrer les potentiels de l’usage des données numériques par les «Villes Intelligentes» et leurs nouveaux partenaires, à condition bien sur de trouver un équilibre bénéfique à tous.

Une interface telle que celle de Bien’ici permettrait tout comme celle d’Orus d’apporter aux autorités gouvernantes une vue d’ensemble des projets en cours sur leurs territoires, et aux architectes de gagner un temps considérable concernant les études de site et les besoins d’un quartier, grâce à des visualisations de données numériques toujours plus évoluées.

2.3. Quelle influence sur la fabrication des villes ?

L’urbanisme à l’heure du numérique

Les premiers résultats présentés au coeur d’une ville comme Singapour sont généralement très positifs. Les entreprises y voient un réel potentiel de développement, et travaillent en partenariat avec les autorités, qui mettent à leur disposition des ressources bénéfiques. Les plateformes de données ouvertes sont nombreuses et accessibles, et permettent aux utilisateurs d’accéder un un large panel d’informations.

64

En France, les exemples de villes cités précédemment, malgré leur relative avance sur les collectivités plus petites, ne parviennent pas encore à se saisir du potentiel des données numériques au service de la fabrication de la Ville. En effet, la complexité de la transition vers des outils numériques et des interfaces faciles d’accès est une véritable barrière pour les autorités et les différents acteurs émergents de la “ville intelligente”. Les concepteurs, architectes, urbanistes, designers ou ingénieurs, ne disposent pas d’interfaces dédiées, sur lesquelles ils auraient accès à la plupart des données nécessaires à la planification de la ville. Les autorités, bien qu’elles mettent à disposition des plateformes en open data, peinent à rendre accessibles leurs données, à des utilisateurs non initiés, tels que les citoyens ou les entreprises privées ne bénéficiant pas encore des compétences requises pour leur maniement.

Imaginons une plateforme, peutêtre développée par une entreprise privée, co-financée par les autorités locales, et approvisionnée par les données actuellement disponibles sur l’interface Open Data. Cette plateforme permettrait d’offrir des visualisations simplifiées et optimisées, similaires à celles que nous avons vu dans la première partie de ce développement. Chacun pourrait intervenir sur cette intervenir sur cette interface, et l’utilisateur non initié, pourrait suggérer des ses besoins ou attentes. Les autorités locales posséderaient une vision globale des volontés citoyennes, et les concepteurs de la ville également.

Les données existent, elles sont déjà accessibles par tous sur les plateformes Open Data, mais bien trop complexes à exploiter pour quelqu’un ne possédant aucune compétence. Les spécialistes du traitement de ces données et de visualisation sont de plus en plus nombreux, et les initiatives de recherche comme celles menées par le SenseableLab (MIT) commencent à aboutir à des résultats de plus en plus réalistes. Les “Villes Intelligentes” les plus avancées commencent à encourager les innovations guidées par les entreprises privées, et dotent les concepteurs de la Ville d’outils relativement performant, comme les cartes interactives de la “Smart Nation Singapour”.

Ces applications et leur utilisation doivent être un outil d’interaction entre chacun des acteurs de la ville, autorités locales, citoyens, concepteurs, et entreprises. La «Ville Intelligente» puise sa véritable intelligence dans sa capacité à mettre en relation chacun des acteurs, pour fabriquer des villes durables. Le terme de plateforme renvoie à un support favorisant une intelligence collective, c’est ce que les villes labellisées «Villes Intelligentes» cherchent à mettre en avant lorsqu’elle évoquent la mise à disposition d’outils de planification tournés vers le citoyen, employant les compétences des entreprises et des innovations des organismes spécialisés.

Dans son ouvrage intitulé L’urbanisme à l’heure du numérique45, Nicolas Douay, chercheur émérite et enseignant à la Sorbonne, explore les impacts du numérique sur les systèmes urbanistiques de nos villes actuelles. Dans 45 DOUAY, N. (2018). L’urbanisme à l’heure du numérique. ISTE Editions.

L’Urbanisme ubérisé

Il s’agit d’un urbanisme caractérisé par l’émergence de nouveaux acteurs, qui envahissent les métropoles. Il s’agit des

L’Urbanisme algorithmique

Dans la première hypothèse, il fait état de ce qu’il nomme l’Urbanisme Algorithmique. Cet urbanisme, qui reprend les critères de ce que décrit Saskia Sassen dans la conférence TEDx citée précedemment. En 2000, Dominique Boullier, dans son ouvrage intitulé L’urbanité numérique47, il établit un nouveau rapport entre le numérique et le territoire, avec l’émergence des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Les données collectées par ces technologies représente pour les grandes entreprises un enjeu économique, qui risquent de s’accaparer ces données et d’en faire un objet de contrôle total. IBM, a notamment pris d’assaut la ville de Rio de Janeiro, au Brésil, avec son centre d’opérations géant, depuis lequel les ingénieurs décryptent en temps réel les informations présente sur près de 200 écrans.

Avec ce dispositif, qui consiste à collecter et analyser les données, par un petit groupe de spécialistes, on peut se demander quelle est la place des nouveaux acteurs et des institutions de la ville, notamment du citoyen.

Ce modèle d’urbanisme et ses objectifs sont centrés sur les enjeux de développement économique, sans proposer de réelles perspectives d’émancipation citoyenne. Malheureusement, son manque d’accessibilité, et la privatisation de ses données numériques profitent uniquement aux mêmes acteurs, ceux qui les détiennent. C’est d’ailleurs pour cela qu’en France, la ville de Montpellier, qui avait confié ses données numériques à IBM, a finalement finit par rompre son contrat, afin de reprendre le contrôle de ses données.

Comme l’évoquait Saskia Sassen, ont assiste au retour de «l’ingénieur», qui ne fait qu’interagir mécaniquement avec l’algorithme de recherche, cherchant à l’optimiser. Ce nouveau statut de l’urbaniste remet en question l’ancien. Comment l’urbaniste interagit avec ces outils, qui ne laissent aucune marge de manœuvre à ses utilisateurs ?

46

GAFA : Google, Apple, Facebook, Amazon

47 BOULLIER, D. (1999). L’URBANITE NUMERIQUE: Essai sur la troisième ville en 2100. Editions L’Harmattan.

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

ce livre, il évoque 4 hypothèses de fonctionnement des villes intelligentes, selon les principes évoqués notamment par les grandes firmes (IBM, GAFA46...). Un regard critique, car il insiste qu’aucun de ces modèle n’est voué à la réussite.

Figure 14 Opérateurs actuels

NATU48. A l’aide de nouveaux dispositifs technologiques, dont les usages vont s’imposer progressivement, et bouleverser les équilibres économiques, sociaux, et même territoriaux. Certains les envisagent comme l’extension du domaine capitaliste. En effet, ces nouveaux acteurs privés se saisissent du potentiel des données numériques afin d’explorer de nouveaux marchés. Ces applications numériques mettent en place un nouveau modèle : l’économie de partage.

Cependant, la création de valeur considérable induite par ces dispositifs est très mal répartie, au dépourvu des institutions publiques. Il y a donc dans cette hypothèse une réelle nécessité de régulation et de réglementation de la part des autorités locales, pour lesquelles ce nouvel urbanisme implique un important manque à gagner.

D’un point de vue de l’aménagement urbain, il s’agit d’un défi à la légitimité des autorités locales en charge de la fabrication de la ville.

Un point positif, certains exemples montrent qu’il existe une complémentarité entre ces plateformes et les services publics. A Hong Kong, Uber complète l’offre des transports publics de la ville, très efficaces, lors des périodes creuses. Le citoyen utilise Uber pour rejoindre des zones qui ne sont plus desservies par les transports, après être allé le plus loin possible.

Cette émergence des NATU et leur influence sur l’urbanisme n’est pas forcément avantageuse. En effet, on constate aujourd’hui de 48

NATU : Netflix, Airbnb, Tesla, Uber

65

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

nombreuses inégalités territoriales, entre les zones d’activité des NATU. Pour ce qui est de la place du concepteur de la ville, elle est remise en question. Son apport, basé sur la détention des informations concernant l’espace, et son expertise, est bouleversé par ces nouveaux acteurs.

La possession des données n’étant plus de son ressort, il perd sa capacité d’expertise, lorsque les entreprises ne facilitent pas l’accès à leurs données numériques.

Avec cette hypothèse, on pourrait prévoir un véritable contournement des autorités locales, si ce n‘est un dépassement.

Le Wiki-urbanisme

Encore une fois, la transition numérique qui s’opère dans les villes favorise l’émergence de nouveaux acteurs de la fabrication de la ville. Après les entreprises privées,les citoyens se saisissent aujourd’hui des données numériques, qui renforcent considérablement leurs capacités d’action.

Internet est un outil qui permet leur mise en relation, et un rassemblement important d’informations. Ainsi, il regroupe aujourd’hui un nombre record d’utilisateurs, et s’apparente à un «espace public virtuel».

Avec l’émergence du mouvement Open Data, un nouveau mode d’action voit le jour : il s’agit des CivicTech49. Ces plateformes, se développant dans le monde entier, permettent de placer le citoyen comme un «hacker», comme l’évoquait Saskia Sassen.

OpenStreetMap est un des outils les plus utilisés aujourd’hui, et appartient à ces outils.

Il s’agit d’une plateforme collaborative, de production citoyenne, au service de l’appropriation et de la transformation de l’espace.

Le Wiki-urbanisme tirerait sa force de la coopération public-privé, dont l’un des catalyseur serait la fin du secret de l’algorithme des plateforme, qui placerait les citoyens dans une position de dépendance du dispositif.

Se dirige t-on vers une pratique collaborative, plus durable de l’urbanisme ?

Ces mouvements sont aujourd’hui un moyen de pression efficace auprès des autorités locales, comme par exemple en Chine.

En France, à Marseille notamment, de nom-

66

49 Quand la Civic Tech réinvente la démocratie | Welcome to the Jungle. (s. d.). https://www.welcometothejungle. co/articles/civic-tech-reinventer-democratie-politique

breuses manifestations ont eu lieu sur Internet, et particulièrement sur les réseaux sociaux, avec le groupe Facebook «Marseille à la loupe»50. Pétitions, contestations, propositions de projets, autant d’actions ayant réuni plusieurs centaines de personnes, aboutissant sur une réussite à plusieurs reprises.

Une application aujourd’hui bien connue, Carticipe, permet progressivement aux citoyens d’interagir avec les autorités locales.

Les enjeux sont multiples pour les institutions, notamment l’ergonomie de ces plateformes d’échange, qui doivent favriser les échanges constructifs.

Dans cette hypothèse, la place du concepteur est remise en question, car il est bousculé par le citoyen «hacker», qui agit pour proposer une forme d’urbanisme alternatif.

L’Urbanisme Open Source

Cette quatrième hypothèse se base sur les technologies, comme nouveaux référentiels. Depuis les années 1970, de nombreuses lois ont été votées, en faveur d’une volonté de concertation avec les citoyens (1983 : loi Bouchardeau, 1995 : loi Barnier, 2002 : loi Vaillant, 2016 : loi pour une république numérique). A partir des années 1990, avec l’émergence des «villes intelligentes», la transition numérique permet la mise en place de nouveaux dispositifs, reposant sur l’ouverture des données au public.

Les critiques des spécialistes concernant cette hypothèse d’urbanisme portent sur la sécurité et l’origine de ces données. Plus précisément, ils mettent en garde sur le fait que l’ouverture des données numériques, après avoir été retravaillées par les institutions, s’il elles pouvaient donner du pouvoir au citoyens, doit interroger sur l’appropriation de ces informations.

L’enjeu pour les institutions est de rendre accessible ces données aux citoyens, afin qu’ils parviennent à se les approprier. Cela nécessite bien entendu une volonté politique forte, un soutien institutionnel et technique, et bien sur la possibilité d’appropriation par les citoyens.

Avec l’organisation de nombreux évène-

50 MARSEILLE À LA LOUPE - Accueil. (s. d.). https://www.facebook.com/marseillealaloupe/

Wiki Urbanisme

Urbanisme Open Source

Acteurs noninstitutionnels

Acteurs institutionnels

Urbanisme Ubérisé

Urbanisme Algorithmique

2. Les données numériques et la Ville Intelligente

Plateforme Ouverte

Plateforme Fermée

Figure 15 «Boussole de l’urbanisme numérique», N. Douay, in L’urbanisme à l’heure du numérique, 2018

ments intitulés «Hackatons»51, les institutions désireuses de se saisir des données numériques pour fabriquer la ville permettent la création de nouveaux dispositifs ou plateformes de participation citoyenne.

Ces plateformes instaurent une nouvelle hiérarchie pour les autorités locales. Elles ne sont plus au sommet, mais se placent au centre des nouveaux acteurs qui interagissent au sein de la «ville intelligente».

Mais qu’en est-il, à Lyon, de la véritable utilisation des données numériques au sein de la Métropole Intelligente ? Les potentiels des données sont-ils exploités au service d’une fabrication collective de la Ville, où chacun des acteurs dispose des outils nécessaires à ses actions ?

L’usage de ces plateformes collaboratives offre une opportunité aux nouvelles institutions de développer de nouvelles formes de légitimité, en tissant de nouveaux liens avec les citoyens et la société civile.

Cependant, il est fondamental pour le fonctionnement de cette hypothèse de parvenir à trouver un public et de rendre accessibles à tous les données numériques.

Le concepteur de la ville se place ainsi comme un «médiateur numérique», qui aide les utilisateurs, privés et publics, à appréhender ces nouveaux outils de concertation.

51 MINISTÈRE DE LA COHÉSION DES TERRITOIRES ET DES RELATIONS AVEC LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES. (2017, janvier 10). #HackUrba, premier hackathon dédié à l’urbanisme durable, récompense Tetricité (s. d.). http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/hackurba-premier-hackathon-dedie-a-l-urbanisme-durable-recompense-tetricite-3409?fbclid=IwAR37DaAmSWiDtNT5qytSZvjtV6xEj8U8QGjk_oDjUZ-SSMJ22cxl6wWxDgc

67

3. L’exemple urbanistique de la MÊtropole de Lyon

3

68

3. L’exemple urbanistique de la MÊtropole de Lyon

69

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon

3.1. “Lyon, Métropole Intelligente”, une démarche prometteuse

“Lyon Métropole intelligente c’est une nouvelle façon de concevoir la ville que nous partageons avec vous !

A Lyon, nous misons sur la force du collectif en déployant une démarche d’innovation construite sur le mode du «faire ensemble» : des méthodes d’innovation ouverte pour construire avec les usagers les nouveaux services urbains ; une démarche agile qui intègre et anticipe les évolutions numériques ; de fortes co-productions publics-privé-citoyens, qui permettent l’innovation et l’expérimentation ; une grande proximité avec les citoyens via l’activation de nouvelles formes de citoyenneté ; une démarche et des actions décloisonnées et partagées avec les partenaires du territoire.” (plaquette de présentation de la démarche Lyon Métropole Intelligente, 201752) Il s’agit de la citation qui introduit la démarche “Lyon Métropole Intelligente”, sur la plaquette de présentation du projet. Alléchante, on peut supposer que la transition numérique au sein de la ville lyonnaise est prometteuse et annonce de nettes améliorations de la gouvernance de la ville, à la manière de Singapour, en Asie.

Qu’en est-il de cette démarche ? Comment fonctionne ce projet ambitieux ?

Les enjeux de la démarche

L’objectif principal du projet pour la métropole est le suivant : faire collaborer tous les acteurs de la ville pour produire des services innovants. Plus précisément, ses enjeux sont de valoriser le potentiel économique des données qui sont au cœur de l’innovation numérique. En mettant à disposition leurs données, le Grand Lyon et ses partenaires aspirent à accélérer l’expérimentation, le développement et la création de services sur le territoire avec un but : améliorer la vie quotidienne des habitants.

Ensuite, il s’agit d’encourager la co-construction, la participation citoyenne et une plus grande interaction entre les acteurs publics et privés. La diffusion des données répondrait à un souhait de transparence et de meilleure compréhension de l’action publique au profit des citoyens.

Enfin, la ville aimerait faciliter l’échange de

70

52 GRAND LYON | Lyon Métropole Intelligente_Plaquette Inventons ensemble une métropole co-intelligente. (s. d.). http://www.economie.grandlyon.com/fileadmin/user_ upload/fichiers/site_eco/20161117_gl_lyon_smart_city_metropole_intelligente_plaquette_fr.pdf

données entre les acteurs de son territoire, renforçant son attractivité économique et la production de nouveaux dispositifs d’échanges.

En chiffre, actuellement, la démarche “Lyon Métropole Intelligente” c’est 104 projets d’expérimentation, 289 partenaires multiples, dont 13 villes européennes, 33 500 emplois dans la conception et la recherche, et 50 700 emplois dans le numérique et les industries créatives. Sa place de première agglomération industrielle de France en fait un terrain d’expérimentation de choix, propice aux innovations et à la participation active des entreprises. En effet, avec l’initiative Lyon French Tech (écosystème labellisé French Tech), la métropole compte sur 7 000 entreprises, dont 300 à fort potentiel de croissance, avec près de 42 000 emplois, et qui organisent plus de 600 événements numériques par an. On peut y voir un réel potentiel d’action et de dynamisme, mis en perspective avec la transition numérique entamée par les autorités de la métropole.

Le projet «Lyon Métropole Intelligente se base sur quatre piliers. Une approche globale, qui envisage tous les domaines : énergie, mobilité, nouveaux services, développement économique, environnement, urbanisme. Un développement basé sur le citoyen, avec les habitants au cœur de la stratégie, avec la mise en place de projets concrets et de bénéfices directs. Un projet collaboratif impliquant les différents acteurs du territoire (Figure 16) : entreprises, citoyens, partenaires académiques et institutionnel. Et enfin, des expérimentations à différentes échelles allant jusqu’au quartier complet pour tester des solutions innovantes et vérifier leur fiabilité technologique.

Les outils à disposition de cette démarche

En pratique, afin d’appliquer cette transition, la ville compte sur une plateforme en Open Data richement alimentée, avec le soutien d’acteurs partenaires, tels que les Aéroports de Lyon, Air Rhône-Alpes, EFFIA, Indigo ou JCDecaux, pour n’en citer que quelques un. La plateforme Open Data est un outil au service des partenaires de la Métropole de Lyon et des communes, qui leur permet de disposer d’informations fiables pour concevoir, mettre en œuvre et évaluer leurs actions sur le territoire.

Comme dans l’étude Open data et droit de la donnée : les collectivités à l’épreuve des réglementations eu-

start-up

TUBà

PME grands groupes

JCDecaux EFFIA Indigo

presse

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon

ENTREPRISES

INSTITUTIONS laboratoires universités

LABEXS

Université de Lyon

administrations Métropole Grand Lyon Mairie de Lyon

CITOYENS usagers associations

Collectif Mazagran

développeurs

Figure 16 Cartographie des acteurs de «Lyon Métropole Intelligente»

71

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon

72

ropéennes (Dann Goncalves et Samuel Rufat, 2016), analysée dans la seconde partie de ce mémoire, la plateforme segmente malheureusement chacune des données et leur secteur d’intervention (urbanisme, transports, environnement, économie…). Comme pour la plupart des portails en Open Data des villes françaises, tels que ceux de Paris ou de Rennes, exemples en la matière, les données sont classées selon les thématiques suivantes : transport, imagerie, citoyenneté, éducation, services, culture, localisation, limites administratives, et environnement.

Lorsque l’on décortique les données, certes très intéressantes, on s’aperçoit qu’elles sont généralement disponibles au téléchargement dans des formats de cartographie inconnus, inaccessibles pour les non-initiés.

barrière au lancement) tout en évitant les situations monopolistiques préjudiciables à la dynamique territoriale (redevance élevée dès le franchissement de seuils relatifs aux parts de marchés).

On découvre ensuite qu’il y deux interfaces sur la plateforme, une pour les “débutants” et une pour les “développeurs”. Ces deux interfaces sont régulées par des licences d’utilisation assez complexes, qui rappellent les difficultés décrites par -- dans le rapport -- sur la transition numérique au sein des collectivités françaises. En fonction du type de données, les conditions de mise à disposition se déclinent en trois types de licences.

Une première licence conditionnant une utilisation des données libre, gratuite – open data – autorisant la reproduction, la redistribution, l’adaptation et l’exploitation commerciale des données. Cette licence ouverte (open licence) concerne la majorité des données.

Une seconde assure une mise à disposition des données avec authentification préalable des utilisateurs. L’objectif est de garantir des réutilisations compatibles avec les politiques publiques et l’intérêt général, cohérentes avec les services pilotés par la Métropole de Lyon ou les acteurs assurant un service public sur le territoire.

Enfin, une troisième garanti une mise à disposition des données avec authentification et possibilité de redevance visant à garantir un écosystème concurrentiel équitable, en assurant un égal accès au marché quel que soit l’acteur économique. La tarification des données à forte valeur ajoutée (données en temps réel notamment) est dans ce cas conçue comme un instrument de soutien à l’innovation au profit de structures et projets au modèle économique en devenir. Le système de redevance est bâti afin de permettre aux acteurs privés de construire des services novateurs sans coût initial lié à la donnée (aucun frais fixe afin d’éviter toute

Comme évoqué précédemment, l’émergence du numérique dans le processus de fabrication de la ville implique la participation de nouveaux acteurs (Figure 16).

Parmi les “acteurs” de la Métropole de Lyon et sa transition numérique, on compte tout d’abord des institutions publiques, comprenant des laboratoires, les universités de la ville, ainsi que les administrations locales.

Ensuite, il y a les entreprises privées, très importantes, comme les start-up, les PME, les grands groupes (JCDecaux, TCL…), ainsi que la presse. Enfin, il a ce que la plaquette de présentation du projet “Lyon Métropole Intelligente” qualifie de “citoyens avertis”, comptant les associations, les divers usagers ainsi que les développeurs, plus spécialistes.

Quels sont les rôles de chacun dans l’organisation de la “Smart City” et sa planification urbaine ?

L’accès aux données est donc assez limité par ces réglementations et la complexité de leur exploitation liée à leurs formats. Mais qui sont les acteurs fournisseurs de données et ceux qui les exploitent ? Les citoyens ont-ils vraiment un rôle à jouer dans la fabrication de leur ville, comme l’atteste la citation qui présente le projet “Lyon Métropole Intelligente” ?

Les acteurs

A Lyon, le système universitaire est particulièrement efficace et favorise l’innovation, au service de la ville. Les institutions possèdent des partenariats, et organisent régulièrement des évènement similaires aux «hackatons». Centrale Lyon, par exemple, a organisé le hackaton Mobil’innov, qui a eu lieu les 2 et 3 mars 2018. Financé par des entreprises privées et soutenu par l’Université de Lyon, ce type d’initiative est un catalyseur d’innovations, qui permet de faire émerger de nouvelles applications d’interaction.

Du 27 décembre au 5 décembre 2018, l’Université de Lyon organisait la deuxième édition du Pop’Sciences Forum. Deux fois par année, le Pop’Sciences Forum propose des rencontres thématiques pour tous, autour de grands enjeux de société. Dans une lo-

Citoyens «Avertis» Entreprises

Open Data Métropole

Concepteur

Universités

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon

Chemin des données

TUBà Métropole Grand Lyon

Citoyens Entreprises

Concepteur

Open Data Métropole TUBà

Universités Métropole Grand Lyon

Figure 17 Diagramme de fonctionnement et d’utilisation de la plateforme Open Data du Grand Lyon

73

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon

gique d’ouverture et de dialogue, il s’agit pour l’Université de Lyon de faire rencontrer chercheurs, citoyens, artistes, associations et entreprises, pour partager et échanger, construire les savoirs de demain, enrichir et diffuser les connaissances. Une initiative soutenue par la Métropole de Lyon, car cette édition traitait des problématiques de la place du citoyen dans la «Smart City». Cette édition du Pop’Sciences Forum s’intéressait à ces nouveaux phénomènes de transformation de la ville et de la citoyenneté, encouragés par le développement du numérique, sollicitant des expertises en urbanisme, en sociologie, en architecture, en informatique ou encore en sciences politiques, pour découvrir, débattre et imaginer la place que les citoyens peuvent avoir dans cette ville de demain. L’événement s’est organisé autour de 4 journées de débats et 4 chantiers éphémères de réflexions et de débat à propos de l’avenir des lieux de la cité, des formes d’habitabilité, de la mobilité, du big data, ou encore de la nuit.

A travers ces évènements, rassemblant généralement un nombre important d’étudiants et spécialistes, sensibilise et éduque les futurs actifs de demain aux enjeux de la «ville intelligente», et favorise l’émergence de nouvelles applications au service de la fabrication de la ville.

Les entreprises privées, tout comme les institutions, disposent de nombreux moyens, pour développer des projets innovants à partir des données numériques.

L’organisme TuBa, par exemple, rassemble un incubateur et des services de recherche et médiation, afin d’encadrer les entreprises, en relation avec les autorités de la Métropole.

L’objectif de la ville, à travers ce genre d’encadrement et de soutien, est de faire germer de nouveaux modes de fabrication de la ville.

Pour ce faire, la Métropole compte sur le soutien de grandes entreprises locales, telles que JCDecaux, Q-Park France, EFFIA, Aéroports de Lyon, ou Indigo. Ces géants, qui agissent principalement dans les secteurs des transports et des énergies, font office de fournisseurs de données, pour la plateforme Open Data de la Métropole notamment.

D’autres partenaires économiques, tels que Lyon Frenchtech ou Lyon StartUp, sont contractés afin de développer des services innovants et créateurs de valeur.

74

Comme nous l’avons vu précédemment, la participation citoyenne, revendiquée

par la Métropole dans sa présentation, n’est pas encore opérationnelle (Figure 17).

En effet, les utilisateurs pouvant se saisir des données numériques en ligne sont rares, car ils doivent posséder des compétences spécifiques. Malheureusement, la Métropole ne possède aucun outil de concertation avec les habitants, pour tenter d’optimiser l’aménagement urbain. Ainsi, les seules acteurs qui participent du processus de fabrication, sont aujourd’hui les collectifs et les associations de quartier.

Il y a par exemple le collectif Habitons Mazagran, qui regroupe une centaines d’habitants et de riverains du quartier de la Guillotière, dans le septième arrondissement.

Ce collectif, qui a vu le jour il y a deux ans, s’efforce de contester un projet qui devrait surgir sur l’îlot Mazagran, derrière l’ancien garage Citroën. Les échanges avec les autorités se font sur Facebook, sur la page du collectif, et en deux ans les acteurs se sont rassemblés seulement deux fois, au cours de réunions publiques. Il y a peu, les habitants ont envoyé une lettre à la Mairie de Lyon, qui a été relayée par la presse locale et a fait beaucoup parler. Malheureusement, la lutte citoyenne intervient tard dans ce projet d’aménagement, et son seul moyen d’action est la distribution de tracts et d’affiches...

Qu’en aurait-il été si la Métropole mettait à jour une carte recensant les projet en cours, sur lesquelles les habitants de la ville pourraient s’exprimer avec les concepteurs et les autorités locales, comme le Collectif Mazagran le fait péniblement sur son groupe Facebook ?

Enfin, il y les concepteurs de la Ville, responsables de l’aménagement urbain.

Les urbanistes, ingénieurs, architectes de la Métropole. Lors d’un cours entretien avec le Service d’Urbanisme Appliqué de la Mairie de Lyon, Olivier Loquin, chef du service, me dit qu’ils saisissent uniquement les plans masses des permis de construire, afin de les cartographier, pour les mettre à disposition de la plateforme Open Data. Ils n’ont pas recours à l’utilisation des données de la plateforme, et malheureusement, les projets qu’ils cartographient sont déjà validés par leur service. Mis en perspective avec l’usage citoyen, que nous avons vu à travers le collectif Mazagran, ces informations, s’ils parviennent à les visualiser, apparaissent trop tard. Pourquoi ne pas cartographier toutes les demandes de permis de construire, au moins concernant les projets d’ERP, avant leur validation, afin de permettre aux asso-

Ainsi, comme nous l’avons vu à travers ce développement, la collaboration entre ces différents acteurs permet la production de nouveaux services innovants à partir des données collectées. Cependant, il est fondamental pour les institutions, telle que la Métropole, de véritablement inclure les citoyens dans ses démarches d’aménagement. Sans cela, ces derniers ne peuvent signifier leurs besoins qu’après l’acceptation publique d’un permis de construire, et le dialogue s’apparente à un bras de fer sans fin entre tous les acteurs.

Les potentiels : des projets innovants

Les efforts et les promesses de la Métropole, malgré tout, sont en bonne voie, et présentent un important potentiel.

En effet, les moyens mis en oeuvre par la Métropole sont considérables. Lorsque l’on s’intéresse aux évènements, conférences ou challenges étudiants organisés, on ne peut que constater la volonté des autorités locales. Une première approche économique, car la stratégie de la ville est pour le moment très axée sur les entreprises et les start-ups.

D’après les recherches de N. Douay, présentées précédemment, on peut émettre des doutes concernant le contrôle des autorités sur le développement de ces services privés.

Le risque est que la Métropole bascule dans un urbanisme ubérisé, et perde en légitimité au profit de ces nouvelles initiatives privées.

Si la plateforme parvient à simplifier les visualisations et l’accès à ses données, permettant aux citoyens de se les approprier, ainsi que les concepteurs de l’espace, alors elle s’approchera plus d’un urbanisme Open source, où chacun dispose de moyens d’action, et le concepteur retrouve son rôle de médiateur planificateur.

Grâce à un réseau d’acteurs considérablement élargi, la démarche «Lyon Métropole Intelligente» compte un nombre importants de projets à long terme, visant à améliorer la fabrication de la ville. Après l’ouverture des données, on retrouve des projets tels que le MesInfos, qui vise à sensibiliser les citoyens au SelfData et au contrôle de ses données personnelles ou le projet Lyon Smart Community, à Confluence, visant à expérimenter le fonctionnement des bâtiments à énergies

renouvelables en réseau.

Le projet Lyon Living Lab, lauréat à l’appel à projets de l’État, «démonstrateur industriel pour la ville durable», a pour but d’optimiser les énergies renouvelables de la ville, dans une démarche multi-partenariale.

Hublo, a pour but d’optimiser la gestion de l’eau, à l’aide de capteurs, de modélisation et de monitoring, et dessert aujourd’hui près de 1,3 millions d’habitants.

Avec le projet Optimod’Lyon, le Grand Lyon a rassemblé l’ensemble des données mobilités du territoire pour développer quatre services clés : le premier GPS multimodal sur smartphone, un site web, le premier au monde, qui rassemble toutes les offres de mobilité, un navigateur de fret urbain et un outil d’optimisation des tournées de livraison. Optimod’Lyon est première en Europe pour la prévision du trafic à 1 heure.

Avec le projet Pascaline, la Métropole vise à développer un ensemble de services innovants en santé pour améliorer le parcours des usagers et faciliter les échanges entre les professionnels des secteurs médical, sanitaire et social, et ce, dans les conditions de sécurité et de confidentialité optimales.

L’objectif final est d’améliorer la capacité de l’usager à être acteur de sa santé.

Enfin, le Grand Lyon souhaite encourager la créativité de ses usagers, avec le projet des Remix. La démarche du Remix porte sur un lieu, ses contextes (sociaux, urbains, usagers), et ses contraintes. Elle ne répond pas à une commande, mais s’inscrit dans la réappropriation, la créativité et la co-création.

L’immersion dans le lieu réel sur un temps très court (de 2 à 3 jours) favorise le croisement des compétences via la collaboration accrue entre les différentes communautés d’usagers, d’experts, de créatifs, etc.

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon

ciations citoyennes de pouvoir suggérer des modifications ou soumettre des constatations ?

3.2. L’accès aux outils, un frein à la transition numérique

Comme l’étaient évoqués dans les rapport du Sénat, cités dans la seconde partie de ce développement, la Métropole rencontre encore les difficultés auxquelles sont confrontées les «villes intelligentes» françaises.

Les réglementations, la relation entre les acteurs, mais également l’accès aux infrastructures de visualisation des données numériques. Un urbanisme Open source, comme celui décrit par Nicolas Douay, implique un

75

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon

accès des citoyens aux données, et la possibilité d’une interaction entre les acteurs.

Open Data, un dispositif encore complexe

L’accès aux données de la plateforme Open Data du Grand Lyon, qui doit permettre de «renforcer les capacités d’innovation des acteurs de son territoire et pour inventer les services et usages de la ville de demain», reste extrêmement complexe pour les utilisateurs non avertis. Lorsque l’on accède à la plateforme, en plus des difficultés de compréhension des formats des données, et les différentes interfaces liées aux licences utilisateurs, on remarque que les contributions sont extrêmement faibles. La plateforme recense à ce jour 7 membres, 41 abonnés, et seulement une réappropriation. On peut donc s’interroger sur la véritable utilité de l’ouverture de ces données actuellement, dans le cadre de l’aménagement urbain.

La plateforme Open Data, s’apparente aujourd’hui à un catalogue de données qui ne font sens et ne peuvent être utilisées que par une cinquantaine de personnes, qui ne créé aucun moyen d’action pour les citoyens, et donc aucune utilisation pour les concepteurs de l’espace urbain.

Problématique, lorsque le slogan de la Métropole est de rapprocher la fabrication de la ville le plus possible de son principal usager, le citoyen.

La plateforme Open data et les nombreuses initiatives des organismes et associations comme le tuba sont certes particulièrement prometteuses, mais l’on constate malgré tout un réel problème en ce qui de l’accès aux données. Au cours d’un entretien mené au Tuba avec M. Diagne, chargée de projets au sein de l’incubateur, a été abordé cette question de l’accès aux données. Ce qu’il en ressort est que ce n’est pas l’accès aux données qui importe, mais les outils mis à disposition pour les utiliser. Et c’est sur ce point qu’aujourd’hui l’accès aux données reste complexe. Les laboratoires comme le Tuba effectuent de nombreuses recherches sur le sujet, qui sont loin d’être achevée et relèvent encore de l’expérimentation.

76

Régulièrement, comme avec le projet visant à requalifier l’espace public pour éviter le clivage des seniors, le Tuba sensibilise les usagers aux données numériques qui les

concerne directement, notamment les données collectées à partir des smartphones.

On peut donc espérer une démocratisation progressive de l’usage des données, et un rapport consolidé entre chacun des acteurs, sur le long terme.

Des concertations publiques, mais «format papier»

Parmi les actions attestant de la bonne volonté des autorités de la Métropole visant à donner des moyens d’interaction aux citoyens, il y a les concertations. De nombreuses concertations sont proposées par les autorités, et particulièrement concernant les projets de grande envergure, comme celui du quartier de la Part Dieu53. Entre juin et octobre 2013, le Grand Lyon et ses partenaires maîtres d’ouvrage, SNCF Gare et Connexions et SNCF Réseau, organisent une concertation préalable au sujet du projet majeur d’agrandissement de la gare, du pôle d’échanges multimodal et de la création d’une douzième voie en gare. L’ensemble des avis exprimés a validé les grands principes d’intervention et les éléments de programme présentés. En 2015, la création de la Zone d’Aménagement Concerté marque véritablement le départ opérationnel du projet de réinvention du quartier. Réunions publiques, temps d’échanges, journées Portes Ouvertes, cafés du projet : sur les 10 mois de la concertation, plus de 3 600 personnes ont découvert plus amplement le projet. 472 avis apportés, sur des thématiques telles que l’opportunité du projet, les déplacements, les qualités d’un quartier à vivre et l’attractivité économique.

De février à juillet 2016, une série d’ateliers a été organisée avec tous les usagers du quartier, sur la conception des futurs espaces publics de la Part-Dieu. Dans l’optique d’enrichir le programme des maîtres d’œuvre, chaque atelier s’est déroulé en 2 séquences : une séance de diagnostic et d’écoute des usagers, et une séance de restitution, sous forme d’atelier pratique, avec un travail « cartes sur table » autour des propositions.

Aujourd’hui, afin d’associer l’ensemble des usagers du quartier à l’élaboration du projet urbain, la SPL Lyon Part-Dieu a mis en place une instance qui permet l’information permanente des acteurs de la société civile du quartier et des associations concernées par les thématiques du projet (vélos, piétons, ac53 SPL | Concertation - Part-Dieu. (s. d.). https://www. lyon-partdieu.com/participer/concertation-2/

Cependant, les concertations s’effectuent uniquement au cours de réunions publiques, ou d’ateliers collectifs. Certes cela permet aux acteurs présents d’échanger et de faire évoluer le projet. Mais combien de personnes désirant participer au projet ne peuvent se rendre à ces temps d’échanges publics, qui ont lieu près de trois fois par an ? Pourquoi ne pas créer une plateforme de dialogue préalable, hébergée sur le site de la SPL et reposant sur la carte interactive du projet54, recensant les éléments programmatiques de chacun des aménagements de la ZAC ? Cela permettrait aux usagers du quartier, équipés d’une connexion Internet, certainement bien plus nombreux que les 1000 participants actuels, de soumettre leurs revendications en amont des concertations. Les concepteurs et les autorités pourraient les consulter, et sélectionner les hypothèses ayant suscité le plus de votes, afin de faciliter et de focaliser les échanges ayant lieu au cours des ateliers de concertation.

Une initiative intéressante, à retenir car elle répond en partie à cette hypothèse, serait la plateforme Civocracy55, dans le cadre du projet de réhabilitation du Clos Jouve, dans le quatrième arrondissement. Il s’agit d’un espace de consultation en ligne, qui a regroupé près de 150 participants. Exactement comme dans l’hypothèse précédente, le citoyen se cadastre et propose un ou plusieurs aménagements, comme par exemple «espace de jeux», ou «halle couverte». Le responsable de cette initiative est Loïc Graber, responsable de la Démocratie participative à la mairie de Lyon, qui est également engagé dans le projet de l’îlot Mazagran. De plus, cette concertation numérique précède une réunion publique, où les idées ayant obtenu le plus de votes ont été présentées, le 7 avril 2017.

54 SPL | Opérations. (s. d.). https://www.lyon-partdieu.com/operations/ 55 CIVOCRACY. ClosJouveRéinventé (s. d.). https:// www.civocracy.org/discussions/182/act

Le partage public-privé, un équilibre encore instable

Face à la transition numérique, les différents acteurs doivent faire face à des outils qu’ils ne maîtrisent pas encore. De nouvelles compétences sont requises, ce qui favorise la création de nouveaux acteurs, mais réduit les moyens d’action des plus anciens. Ces nouvelles compétences s’avèrent être un frein pour les autorités, qui ont tendance à se faire dépasser par les grandes entreprises, toujours plus compétitives, qui investissent de plus en plus dans les données numériques. De plus, l’émergence de ces nouvelles entreprises accroît la concurrence avec les acteurs historiques, ce qui complique les initiatives de partage et de collaboration entre les acteurs, le principal pilier de la «ville intelligente».

Dans le cadre du projet Lyon Living Lab, cette concurrence entre les acteurs des énergies renouvelables est identifié par les autorités de la Métropole comme un frein potentiel au bon déroulement des étapes du projet.

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon

cessibilité, patrimoine…). C’est aussi le lieu des remontées et des questionnements des acteurs locaux et de réflexion, d’échanges et de propositions sur des questions de communication et de concertation. Il se réunit deux à trois fois par an à la Maison du Projet.

Selon la SPL, ce sont près de 1000 personnes qui participent au déroulement du projet.

Lorsque Karine Dognin-Sauze, vice-présidente du Grand Lyon en charge de l’innovation et des nouvelles technologies, est interrogée sur la mise en ligne de nombreuses données payantes, elle répond qu’il s’agit d’une protection, afin de garder le contrôle des données, et éviter la captation massive de données par les grands groupes56.

Il fait référence à un certain nombre de jeux de données payants, que les grandes entreprises, notamment de transports, mettent à disposition.

Comme l’évoque Nicolas Douay, l’ouverture des données d’une ville est opérationnelle et profitable pour tous à condition qu’un équilibre soit trouvé entre chacun des acteurs, publics et privés.

D’après Olivier Loquin, les services d’urbanismes ont accès à certaines données issues des entreprises privées, sans forcément passer par la plateforme Open Data. Cette dernière n’est ainsi que très peu utile pour ces derniers.

La «Métropole Intelligente» rencontre des difficultés pour répondre aux enjeux qu’elle souhaite atteindre. L’accessibilité à ses données, encore complexe, nécessiterait une 56 DELIGIA, F. (2013, mai 30). Le Grand Lyon lance enfin sa plateforme d’Open Data. https://www.lyoncapitale. fr/technologies/Le-Grand-Lyon-lance-enfin-sa-plateforme-dOpen-Data/

77

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon

78

simplification, pour réellement créer un lien entre ses acteurs, notamment les citoyens.

Enfin, et c’est le cas pour la plupart des «villes intelligentes» françaises, l’équilibre entre les acteurs privés et les institutions sont ralentis par la concurrence accrue, liée aux innovations, qui renforcent la compétitivité de chacun d’entre eux.

Le TUBà, médiateur numérique entre la Métropole et les acteurs

Le TUBà, est un incubateur et un laboratoire expérimental missionné par la Métropole, pour sensibiliser les citoyens à l’usage des données numériques dans l’aménagement de la ville, et pour accompagner les start-ups dans leurs initiatives innovantes. A l’aide de différents projets, cet incubateur tente de se saisir de données numériques pour répondre à des problématiques diverses. Au cours d’un entretien avec Benoit Loeillet (voir ANNEXES), chef de projet Open innovation, ce dernier insiste sur le fait que les données sont des outils, qui servent une démarche avec un objectif bien précis, défini en amont. La démarche du TUBà, même si cet organisme soutient des entreprises privées dans un but de développement, est intéressante dans le sens ou ils agissent en partenariat avec la Métropole de Lyon directement. Ainsi, ils apparaissent comme un médiateur, qui permettraient aux entreprises et aux institutions publiques de collaborer. Dans un futur proche, peut être qu’ils parviendraient, au cours de leurs évènements «cartes sur table» publics, à faire naître un projet unissant les efforts des entreprises privées, des autorités de la Métropole, à travers son équipe d’urbanistes, et des citoyens participants. Peut-être que cet organisme pourrait contribuer à instaurer cet équilibre entre les acteurs privés ou publics de la Métropole Intelligente, qui aujourd’hui fait défaut à la démarche.

mence à faire naître des interactions entre les acteurs de la fabrication de la ville. Comme nous l’avons vu à Marseille, à travers la page «Marseille à la loupe», qui permet de rassembler un grand nombre de citoyens autour de sondages visant à choisir la réalisation de projets dans la ville, Lyon a également recours à cet outil. Le collectif Habitons Mazagran utilise en effet son groupe Facebook pour dialoguer avec l’élu Loic Graber, très actif sur la page. 250 riverains du quartier, qui échangent et partagent les informations concernant l’avancement des projets en cours dans le quartier de la Guillotière. Un potentiel remarquable, qu’il faut voir comme un nouvel outil d’action pour les citoyens, mais également pour les élus. Cependant, l’usage de Facebook peut vite se transformer en un ramassis de réclamations peu productives, et à la surenchère. Il est également impossible pour la Métropole de contrôler toutes les concertations, sans un espace dédié.

La démocratie, à travers les siècles, a prouvé ses avantages. Cependant, il est impossible de satisfaire tout le monde, les élections présidentielles en sont l’exemple. Mais grâce à un sondage, on peut contenter une majorité de votants. C’est pour cela que les réseaux sociaux, grâce aux ressources humaines considérables qu’ils rassemblent aujourd’hui, et les nouveaux usages qu’ils créent, devraient inspirer des applications de concertation et de décision qu’il serait intéressant d’intégrer au processus de fabrication de nos villes, et particulièrement à Lyon. Au cours d’un entretien avec N. Vernus-Prost, Chief Data Officer à la Métropole de Lyon (voir ANNEXES), a été évoqué le souhait de mettre en place de nouveaux moyens d’interaction avec les citoyens, et notamment la création d’un réseau dédié à la Métropole.

Comment utiliser le modèle du réseau social pour créer un espace de concertation accessible à tous, et bénéfique à la fabrication démocratique de la ville ?

3.3. Hypothèse : Lyon Métropole Intelligente, vers un urbanisme Open Source ?

Une plateforme accessible à tous : vers un urbanisme Open Source

Les réseaux sociaux comme lien entre les acteurs

Nous l’avons vu, la démarche «Lyon Métropole Intelligente» met en oeuvre des ressources économiques, humaines et techniques qui lui confèrent un véritable potentiel en matière de gouvernance et de fabrication de la ville.

Aujourd’hui, l’usage des réseaux sociaux se démocratise, si bien qu’il com-

Parmi ces outils figurent dans un premier temps la plateforme Open Data, qui recense près de 1000 jeux de données, facilement cartographiables. L’ouverture des données de la ville, comme nous l’avons vu précédemment, est un enjeu majeur pour la «Métropole Intelligente», car elle permet aux nouveaux acteurs de s’en emparer et de se les approprier, tout en permettant à la ville de contrôler son contenu. Ensuite, il y a les activités liées aux entreprises privées, ainsi que les institutions publiques. Essentiel tout comme l’ouverture des données, leur participation, que ce soit à la production de nouvelles applications, ou à l’approvisionnement de la plateforme en données nouvelles, fait parti de l’équilibre complexe du nouveau processus de fabrication de la ville. Enfin, il y la participation citoyenne, qui à Lyon dispose de ressources humaines considérables, comme nous l’avons vu dans le cadre des grands projets urbain comme celui de la Part Dieu, ou de la Guillotière.

Aujourd’hui, nous l’avons vu, chacun de ces acteurs ne dispose pas des outils dont il nécessite pour interagir avec ses homologues, ou du moins de leur pleines capacités opérationnelles.

L’enjeu pour la ville est de parvenir à rendre accessible ses données numériques, sur une seule et unique carte interactive. Comme les interfaces GIS, qui fonctionnent sous forme de calques, les utilisateurs pourraient afficher les données relatives à leur besoins, et en croiser les résultats. N. Vernus-Prost, confirme que fin 2019, si tout va bien, va ouvrir une nouvelle version de la plateforme Open Data de la Métropole, accessible sous la forme d’une carte interactive, où chacun

des jeux de données serait représenté par calques. La Métropole est également bien consciente de l’importance des apports des données numériques, comme outils de compréhension de l’espace pour les concepteurs de la Ville, et insiste sur la nécessité de suggérer, de la part de ces derniers, la publication de nouveaux jeux de données. La Métropole travaille également sur l’enrichissement de ses données numériques en 3 dimensions, un outil encore plus pertinent et accessible à tous. Ainsi, une interface similaire à celle proposée par l’application Orus, permettant de calculer les droits à bâtir des parcelles vides sur la base des normes PLU et des réglementations de la ville, offrirait aux concepteurs un important gain de temps et aux autorités de contrôler les guidelines urbaines propres à chaque quartier. Dans une perspective de développement durable, la Métropole pourrait par exemple insérer dans ses directives urbaines de nouvelles normes écologiques ou de performance énergétiques, relatives à chacun des quartiers de la ville, à respecter par les concepteurs.

Les autorités pourraient y insérer progressivement les projets en cours de validation, avec les informations les concernant. Ils posséderaient une vision globale de la ville, de ses besoins et de ses aménagements.

Les citoyens pourraient, sur le modèle du réseau social, voter pour les projets qu’ils souhaiteraient construire dans leur quartier, et soumettre des suggestions. Les concertations publiques, qui se font aujourd’hui sur site, pourraient bénéficier d’une phase d’anticipation, sur lesquels les citoyens voteraient pour les sujets qu’ils souhaiteraient discuter lors de la rencontre. Un plus pour la ville et les concepteurs, qui auraient la possibilité d’anticiper leurs réponses en terme d’aménagements, au plus proche des besoins citoyens.

Les entreprises et les institutions publiques continueraient à fournir à la plateforme les données actualisées et nécessaires à son développement, tout en pouvant utiliser les nouvelles données mises à disposition par les citoyens à travers leurs revendications, pour proposer de nouveaux services innovants.

Enfin, le Tuba, grâce à ses compétences et à son rôle d’accompagnateur de développement d’outils utilisant les données numériques, ferait office de médiateur entre la plateforme et les acteurs privés, leur permettant de mettre à disposition leurs applications, et à les rendre accessible à tous.

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon

Cependant, les difficultés d’accessibilité de sa plateforme Open Data, les concertations rares et se déroulant dans un lieu physique, et les difficultés à concilier l’ensemble des acteurs publics et privés, ralentissent son efficacité opérationnelle. De plus, la place du citoyen dans cette collaboration des acteurs est clairement contestable.

Ce mémoire, a travers son développement, a montré quelles étaient les potentiels des données numériques au service de la fabrication de la ville, à travers les outils, les acteurs et les applications qu’elles font émerger.

La Métropole de Lyon fait naître en son sein chacune des pièces nécessaire à la mise en pratique d’un urbanisme Open Source, ou chacun des acteurs possède des moyens d’interaction et d’action qui lui sont propres.

79

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon

La réalisation d’une telle plateforme, unique, permettrait à la Métropole de Lyon de mutualiser les efforts de ses acteurs, qui bénéficieraient chacun des outils d’action dont ils ont besoin pour fabriquer la ville (Figure 20).

Il est cependant impératif que l’implication citoyenne occupe une place équivalente à celle des acteurs privés, afin que ces derniers ne prennent pas le contrôle absolu sur ce nouvel outil.

La difficulté principale est de rassembler sur cette plateforme une communauté citoyenne importante, et cela passe par la simplification du design de l‘interface utilisateur. Elle pourrait se présenter sous la forme d’un réseau social, qui permettrait à la Métropole de construire véritablement une ville centrée sur le citoyen, dynamique et durable.

Le concepteur de la ville, médiateur numérique-réalité

Dans ce nouveau système, les enjeux d’accessibilité de cet outil, pour le concepteur de la ville, sont les mêmes que pour les citoyens. En effet, pour éviter qu’il se retrouve en deçà des entreprises privées, comme c’est le cas dans le cadre de ce que décrit N. Douay comme un Urbanisme ubérisé, ou par des citoyens «hackers», dans le cadre d’un Wiki-urbanisme, le concepteur doit pouvoir se saisir des données numériques. Ainsi, l’accès à cette carte interactive organisées sous forme de calques lui permettrait de conserver le format habituel de lecture de l’espace.

La plateforme et ses données numériques, comme nous avons tenté de le réaliser au cours du stage recherche effectué au sein de la PLATAFORMA PLUS (voir ANNEXES), n’est qu’une carte améliorée et interactive de celle qu’un architecte ou un urbaniste utiliserait avant de concevoir son projet. Les données numériques ne sont qu’un outil, lui offrant rapidement l’accès à des informations relatives à la morphologie, à la législation, et aux besoins de la population, qu’il peut afficher et croiser pour en tirer ses propres interprétations. Les compétences dont il dispose aujourd’hui ne sont pas remises en question, car sa manière de concevoir l’espace ne change pas. Elle est seulement facilitée et augmentée par les données numériques, qui enrichissent sa vision de l’espace par les nouvelles informations qu’elles véhiculent, et leur visualisation optimisée sur un unique support qu’il maîtrise naturellement, par les compétences propres à sa profession.

80

Dans ce nouveau mode de fabriquer la ville, le concepteur et ses compétences sont les mêmes que celles qu’il exerce depuis toujours. Seulement, il intervient comme un médiateur entre la plateforme numérique et la pratique, sur site. Il utilise l’outil offert par les données numériques comme une base de données enrichie, les analyse et dessine son projet. Puis, comme sur un réseau social, il peut organiser un évènement, ou une concertation, afin de confronter son projet aux citoyens et aux autorités locales.

Cette hypothèse est une vision découlant d’une analyse basée sur l’ensemble de la méthodologie suivie dans ce mémoire.

Le recensement des données numériques et des organismes qui travaillent sur leur visualisation permet de construire un panel d’informations qu’il est aujourd’hui facile de cartographier, sur une interface unique, et interactive. Ces interfaces existent, et comme nous l’avons vu avec l’exemple de Singapour, et les initiatives menées par les grandes villes françaises, de nombreux moyens sont mis à disposition des nouveaux acteurs participants à la fabrication de la ville.

Cela ne remet pas en question la place du concepteur de la ville, et n’est bien évidemment qu’un outil, qui en aucun cas ne peut remplacer les compétence de ce dernier, au risque de créer un Urbanisme algorithmique, contrôlé par les GAFA et les détenteurs de nos données personnelles.

Cette hypothèse de plateforme a pour vocation d’interroger les enjeux énoncés par la Métropole, cités eu début de cette troisième partie, visant à «concevoir la ville misant sur la force du collectif en déployant une démarche d’innovation construite sur le mode du «faire ensemble»».

Dans cette troisième partie, nous avons vu à travers l’exemple de la Métropole de Lyon, et sa démarche «Lyon Métropole Intelligente», comment s’opère la transition numérique, dans le processus de fabrication de la Ville. Les outils issus des technologies et des données numériques décrits dans la première partie de ce développement, ainsi que les nouveaux acteurs émergeant, existent et tendent à se démocratiser. Cependant, alors que les autorités locales revendiquent l’inclusion du citoyen dans le cycle de fabrication de la Ville, on s’aperçoit qu’il est aujourd’hui complexe pour ces derniers de s’approprier les données numériques, mises en ligne via la plateforme Open Data notamment. De plus, malgré des initiatives prometteuses et

rités locales, aux entreprises privées, et bien sur aux concepteurs, les outils nécessaires à leur collaboration dans la fabrication de la Ville, interroge sur l’utilisation des applications dont dispose la Métropole de Lyon, et leur appropriation par tous.

3. L’exemple urbanistique de la Métropole de Lyon

l’implication des institutions publiques et privées, la mutualisation des ressources et des compétences de chacun est aujourd’hui freinée par des difficultés d’ordre économique et technique. Cependant, la Métropole de Lyon a bien conscience du potentiel de ces données numériques, et l’accessibilité à ses données numériques est une priorité. Dans les mois à venir, la plateforme Open Data du Grand Lyon va certainement présenter des améliorations considérables (voir entretien ANNEXES), qui vont s’avérer décisives dans sa future utilisation. L’hypothèse d’une évolution vers un Urbanisme Open Source (N. Douay, 2018), offrant aux citoyens, aux auto-

Citoyen

suggestions revendications réseau social

Concepteur médiateur virtuel/réel

PLATEFORME Open Data

carte interactive, sous forme de calques Métropole Grand Lyon contrôle du développement, législation

TUBà médiateur public/privé enrichissement de la plateforme, nouvelles applications

Institutions publiques

enrichissement de la plateforme, nouvelles applications

Entreprises

Figure 18 Hypothèse : mutualisation des compétences de acteurs, la fabrication de la Ville, un processus collaboratif

81

82

Conclusion

83

Il est aujourd’hui indéniable, les données numériques occupent une place grandissante dans notre quotidien. De plus, les villes, les entreprises, et les citoyens, commencent à appréhender les données, au même rythme que les innovations technologiques continuent à émerger.

Les données numériques font aujourd’hui l’objet d’étude de multiples professions et acteurs, qui cherchent à donner sens et à extraire des outils de ce volume considérable de données qu’est le Big Data. Des progrès considérables sont observables dans les domaines de la visualisation des données numériques, à travers des cartes reposant sur les principes des GIS, interactives, et des interfaces en 3D. Les initiés, citoyens ou entreprises, qui mettent au point ces visualisations de plus en plus intuitives et interactives des données urbaines de notre environnement, font émerger de nouveaux moyens d’observations et d’interactions, appréhendables par les citoyens et les concepteurs.

Les «Villes Intelligentes» se saisissent progressivement de ces nouveaux outils, et ouvrent des plateformes de données en Open Data, accessibles à tous. Ces données sont variées, morphologiques, législatives, démographiques, sociales, économiques, mais rarement de l’ordre du sensible, propre à l’Individu et ses besoins. L’objectif de ces villes est de réunir chacun des acteurs de la ville, entreprises, citoyens, autorités et concepteurs, afin de mobiliser les compétences de chacun, pour fabriquer une ville tournées vers le citoyen. Certaines villes, comme Singapour, en Asie, avec son programme Smart Nation, commencent à voir émerger de nouvelles initiatives bénéfiques par tous, grâce à l’ouverture de ses données numériques au public. Les entreprises disposent d’outils et d’infrastructures favorisant le développement de services pour la fabrication de la Ville, et les citoyens sont sensibilisés à l’usage des outils technologiques, afin d’interagir également dans cette boucle participative.

84

Cependant, les villes françaises peinent encore à se saisir pleinement de ces outils. Les réglementations européennes, très strictes en matière d’accès à la donnée et à son exploitation, ne favorise pas encore leur manipulation par les collectivités. La complexité des infrastructures numériques, encore en développement, freinent les collectivités, qui ne parviennent pas à trouver d’interface de partage accessible à tous. A travers l’exemple de Lyon, l’une des villes pionnières en matière de «Ville Intelligente» en France, on peut voir que cette volonté de fabriquer collectivement la ville n’est pas encore opérationnelle.

Comme le souligne Saskia Sassen, les systèmes de la «Ville Intelligente» ne sont intelligents que si tous les usagers peuvent interagir avec cet algorithme, comme des «hackers». Or, même si la Métropole de Lyon compte parmi ses équipes d’acteurs des organismes tel que le Tuba, qui cherchent à mettre au point des outils de visualisation et de planification basés sur les données numériques, et à sensibiliser les usagers à ces outils, l’intelligence collective ne l’est pas complètement.

Les données mises à disposition sur la plateforme en Open Data

de la Métropole de Lyon sont variées, mais il est impossible pour des utilisateurs non initiés de les exploiter.

A travers l’exemple de la Métropole de Lyon, l’une des «villes intelligentes» françaises les plus avancées, nous pouvons vérifier ces difficultés à rendre ces données accessibles à tous, et notamment aux citoyens.

L’équilibre et la collaboration entre les acteurs privés et publics est particulièrement complexe, ce qui freine l’efficacité des démarches en cours.

Malgré de innovations remarquables, des applications de partage et de collaboration de plus en plus nombreuses, la nécessité de simplifier l’accès aux données et d’offrir aux acteurs une interface collaborative, régulée par la Métropole, est plus que jamais une nécessité. Les outils offerts par les données existent, et leur maîtrise s’accroît progressivement, ce qui pourrait permettre d’appliquer une mutualisation des services aujourd’hui morcelés, au sein de la Métropole Intelligente, bien consciente de la valeur de ses données numériques et de leur potentiel.

L’hypothèse sur laquelle se base ce mémoire est que les données numériques nécessaires à la fabrication de la ville représentent un potentiel de l’urbain. Un potentiel, dans la mesure où elles permettent à chacun des nouveaux acteurs de la ville d’interagir entre eux et leur environnement, dans une intelligence collective.

Les données numériques sont des Outils, qui en aucun cas ne doivent se substituer à l’Homme, mais enrichir sa participation à la fabrication de son environnement. La mise en relation de chacun des acteurs est essentielle à l’émergence d’une Intelligence Collective, valeur fondamentale de ce que l’on qualifie de Ville Intelligente.

Les outils existent, les innovations sont de plus en plus nombreuses, les villes prennent conscience de l’enjeu que représentent les données.

L’objectif est aujourd’hui de renforcer la relation autorités-entreprises-citoyens, équilibre catalyseur au service de la fabrication d’une ville durable, écologique, et respectueuse des besoins de chacun.

On peut à présent s’interroger : quelle sera l’appropriation, de la part de chacun des acteurs, publics, privés, mais également de la part des citoyens et des concepteurs, d’une interface numérique d’aide à la fabrication de la Ville ?

85

86

Retour critique

A travers ce mémoire, j’ai souhaité explorer la thématique du numérique dans la ville. Depuis le travail de rapport d’études, effectué en Licence, j’ai continué à m’interroger sur l’usage des données numériques, dans le domaine de l’urbanisme et de l’architecture, et en 3 ans les évolutions sont considérables.

Le sujet que j’ai traité et les questions de recherches qui en ressortent sont sans cesse remises en question, ou enrichies, ou renouvelées. Ce mémoire, complémentaire de mon rapport d’étude, m’a permis de saisir un peu plus encore les enjeux liés à l’usage des données numériques par les concepteurs de la ville, et chacun des nouveaux acteurs.

J’aurais aimé réussir à approfondir mon étude de cas de la Métropole de Lyon, afin de pouvoir en décrypter plus précisément certains aspects, notamment celui de la place du citoyen dans la démarche Lyon Métropole Intelligente.

Je pense que ce travail mériterait d’être poursuivi, dans le cadre d’une mention recherche, au service du Projet de Fin d’Études.

87

Bibliographie Données numériques _ DAVIS D. | How Big Data is Transforming Architecture (2015, avril 23). https://www.architectmagazine. com/technology/how-big-data-is-transforming-architecture_o _ FAVREAU C. | Les données pour concevoir l’espace public (2016-2017) (s. d.). https://issuu.com/ corentinfavreau/docs/rapport-_tude _ OPEN STREET MAP | OpenStreetMap, carte (s. d.). https://www.openstreetmap.org/ _ NATIONAL GEOGRAPHIC SOCIETY | GIS (Geographic Information System). (s. d.). https://www. nationalgeographic.org/encyclopedia/geographic-information-system-gis/ _ CIVIC DATA DESIGN LAB. (s. d.-b). http://civicdatadesignlab.mit.edu/ _ MORPHOCODE | Data Urbanism. (s. d.). https://morphocode.com/data-urbanism/ _ MORPHOCODE | Urban Layers. Explore the structure of Manhattan’s urban fabric. (s. d.). http://io.morphocode.com/urban-layers/ _ DATAVEYES | Human Data Interactions (s. d.). http://dataveyes.com _ Processing.org. (s. d.-b). https://processing.org/ _Episodes. (2016, janvier 7). http://datastori.es/archive/ _ Final Report Summary | URBAN SENSING (Urban Sensing through User Generated Contents). (s. d.). https://cordis.europa.eu/project/rcn/104744/reporting/en _ About | Interface Studio (s. d.). http://interface-studio.com/about _ MIT Senseable City Laboratory (s. d.-b). http://senseable.mit.edu _ MIT Senseable City Laboratory | Real Time Rome. (s. d.). http://senseable.mit.edu/realtimerome/ _ MIT Senseable City Laboratory | wikicity rome. (s. d.). http://senseable.mit.edu/wikicity/rome/ _ MIT Senseable City Laboratory | Treepedia (s. d.). http://senseable.mit.edu/treepedia _ MIT Senseable City Laboratory | DATACOLLIDER - MIT Senseable City Laboratory. (s. d.-a). http://datacollider.io/ _ MIT Senseable City Laboratory | Currentcity. (s. d.). http://senseable.mit.edu/currentcity/ _ MIT Department of Urban Studies and Planning We Are Here Now | (s. d.). http://dusp.mit. edu/cdd/project/we-are-here-now _ Multiple Performative Mapping: a Way to Challenge Spatial Configurations | performativemapping. (s. d.). http://performativemapping.com/traders-end-conference-mediations-art-design-agency-and-participation-in-public-space/ _ The Data Explosion: RJMetrics CEO talks Big Data at TEDxPhilly - The Data Point. (2010, décembre 29) (s. d.). https://blog.rjmetrics.com/2010/12/29/the-data-explosion-rjmetricsceo-talks-big-data-at-tedxphilly/ _ URBAN SENSING | The Project (s. d.). http://urban-sensing.eu/?page_id=5 _ TRADERS. (s. d.). http://tr-aders.eu/

88

_ VISUAL COMPLEXITY | A visual exploration on mapping complex networks. (s. d.-a). http://www. visualcomplexity.com/vc/ Big Data

_ UNIVERSITÉ DE NANTES. Qu’est-ce que le Big Data ? (2015, octobre 7) YouTube, https://www. youtube.com/watch?v=an86433PT8Q. _ IBMFrance. Big Data : définition par Patrice Poiraud, (Directeur de l’initiative Big Data Analytics IBM France). (2013, juin 20) YouTube, https://www.youtube.com/watch?v=wyW4Vnvnvpw. _ ORANGE. Le big data - 60 secondes pour comprendre. (2017, septembre 13)YouTube, https://www. youtube.com/watch?v=aq38ZLLi5Rg. Données ouvertes _ DOUAY, N. (2018). L’urbanisme à l’heure du numérique. ISTE Editions. _ LECLERCQ, O., Architecte, Associatif, R., & France, C. (2017, juin 7). L’urbanisme collaboratif n’est pas une option mais une nécessité. http://www.universites-architecture.org/lurbanisme-collaboratif-nest-option-necessite/ _ LAZARD Jean Marc | TEDx Talks | TEDxUTCompiègne. L’Open Data, Avenir des Big Data (s. d.).

(2015, février 3) https://www.youtube.com/watch?v=MUI6Rwn4Qq0 _ GRAND LYON | Catalogue du Grand Lyon. (s. d.). https://download.data.grandlyon.com/catalogue/srv/fre/catalog.search#/search?facet.q=category%2Foccupationdusol _ GONCALVES, D., & RUFAT, S. (2016). Open data et droit de la donnée : les collectivités à l’épreuve des réglementations européennes. Cybergeo : European Journal of Geography. https://doi.org/10.4000/ cybergeo.27750 _ DATAFRANCE. (s. d.). DataFrance | Plateforme de visualisation de données ouvertes. http://map.datafrance.info _ OPEN DATA PARIS — Explore. (s. d.). https://opendata.paris.fr/explore/?sort=modified _ OPEN DATA RENNES — Explore. (s. d.). https://data.rennesmetropole.fr/explore/?sort=modified _ PARIS-SACLAY OPEN DATA — Accueil. (s. d.). https://opendata.paris-saclay.com/pages/ accueil/ _ SNCF OPEN DATA — Explore. (s. d.). https://data.sncf.com/explore/?sort=modified _ GEOSAMPA .: Sistema de Consulta do Mapa Digital da Cidade de São Paulo :. (s. d.). http://geosampa. prefeitura.sp.gov.br/PaginasPublicas/_SBC.aspx Gouvernance _ BELOT L. (2017, avril). De la Smart City au territoire d’intelligence(s).pdf. (s. d.). https://www.gouvernement.fr/sites/default/files/document/document/2017/04/rapport_smart_city_luc_belot_avril_2017_definitif.pdf_Gouverner et innover dans la ville numérique réelle : compétences et métiers. (s. d.). https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/atelier/gouverner-et-innover-dans-la-ville-numerique-reelle-competences _ MINISTÈRE DE LA COHÉSION DES TERRITOIRES ET DES RELATIONS AVEC LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES. (2017, janvier 10). #HackUrba, premier hackathon dédié à l’urbanisme durable, récompense Tetricité (s. d.). http://www.cohesion-territoires.gouv.fr/hackurba-premier-hackathon-dedie-a-l-urbanisme-durable-recompense-tetricite-3409?fbclid=IwAR37DaAmSWiDtNT5qytSZvjtV6xEj8U8QGjk_oDjUZ-SSMJ22cxl6wWxDgc

89

_ KHEDIRA, H., & MOLHO, J. (s. d.). La ville intelligente : Les impacts du numérique sur le développement urbain et la gouvernance des villes du Sud. _ GERNET J-B. (2016, décembre 14) Les collectivités face au numérique et aux données. (s. d.). https:// www.lafabriquedelacite.com/publications/les-collectivites-face-au-numerique-et-auxdonnees/ _ MÉZARD J., MOUILLER P. | Sénat | Rapport d’informations. (2017, avril 19). Les nouvelles technologies au service de la modernisation des territoires. (s. d.). http://www.senat.fr/rap/r16-509/r165091.pdf _ FORMICHELLI Jennifer | MIT | Institute for Data, Systems, and Society (2016, juin 1). Making cities smarter. (s. d.). http://news.mit.edu/2016/making-cities-smarter-0601 _ MARQUET S. | ADEME | (2016, décembre). Outils numériques d’aide à la décision pour la planification territoriale stratégique, l’urbanisme et l’aménagement opérationnel (s. d.). https://www.ademe.fr/sites/ default/files/assets/documents/aide-choix-outils-numeriques-planification-territoriale-urbaine-2016-synthese.pdf _ IDDRI. (2017, octobre 10). Promesses et réalités des outils numériques pour la gouvernance dans les villes en développement. (s. d.). https://www.iddri.org/fr/publications-et-evenements/conference/promesses-et-realites-des-outils-numeriques-pour-la _ IDDRI. (2017, décembre 1). Ville numérique : disruptions et nouvelle gouvernance. (s. d.). https://www. iddri.org/fr/publications-et-evenements/billet-de-blog/ville-numerique-disruptions-et-nouvelle-gouvernance _ STAROPOLI, C., & THIRION, B. (s. d.). Quelles relations public-privé pour rendre la ville plus intelligente ? _ WORLD CITIES Report 2016. Urbanization and Development: Emerging Futures. (s. d.). https://issuu. com/rodrigovelasquezangel/docs/wcr-_full-report-2016 Ville Intelligente _ Smart Nation: Singapore’s vision to connect « everyone to everything, everywhere, all the time » - YouTube. (s. d.). https://www.youtube.com/watch?v=1Vz94D9EXzo _ Singapour, modèle de Smart City ? (2018, septembre 20). https://leonard.vinci.com/singapour-modele-de-smart-city/ _ Smart Nation Singapore. (s. d.). https://www.smartnation.sg _ Computerworld. (s. d.). Smart Cities: Singapore. https://www.youtube.com/watch?v=XNtdnPjRpzI _ Data.gov.sg. (s. d.). https://data.gov.sg/ _ DataMall. (s. d.). https://www.mytransport.sg/content/mytransport/home/dataMall.html _ Monetary Authority of Singapore. (s. d.). https://secure.mas.gov.sg/api/Search.aspx _ NDI {api}. (s. d.). https://www.ndi-api.gov.sg/ _ New OneMap. (s. d.). https://onemap.sg/main/v2/ _ Homepage | SingStat Table Builder. (s. d.). http://www.tablebuilder.singstat.gov.sg/publicfacing/ mainMenu.action _ Datos Abiertos Santander |. (s. d.). http://datos.santander.es/

90

_ DESSUS, D., & architectes, Pour une Ville - vraiment ! - intelligente (2017, mai 24). http://www.universites-architecture.org/ville-vraiment-intelligente/

Pour une Ville - vraiment ! - intelligente: la suite. http://www.universites-architecture.org/ville-vraiment-intelligente-suite/ _ EY. De la ville au territoire intelligent, La donnée au cœur de la transformation des Smart Cities (2017) (s. d.). https://www.ey.com/Publication/vwLUAssets/ey-de-la-ville-au-territoire-intelligent-ladonnee-au-coeur-de-la-transformation/%24FILE/ey-de-la-ville-au-territoire-intelligent-ladonnee-au-coeur-de-la-transformation.pdf _ BREUX, S., DIAZ, J., & INRS-Urbanisation, culture et société. (2017). La ville intelligente: origine, définitions, forces et limites d’une expression polysémique. http://epe.lac-bac.gc.ca/100/200/300/inrs-ucs/ ville_intelligente/Rapport-LaVilleIntelligente.pdf _ MÉZARD J. (2017, octobre 13). Les laissés-pour-compte au passage du tout numérique (2018, juin). (s. d.). https://www.cget.gouv.fr/sites/cget.gouv.fr/files/atoms/files/2018_avis_les_laisses_ pour_compte_du_passage_au_tout_numerique.pdf _ Annuaire des projets en France / Carte de France. (s. d.). http://www.smartgrids-cre.fr/index. php?p=france _ BOULLIER, D. (1999). L’URBANITE NUMERIQUE: Essai sur la troisième ville en 2100. Editions L’Harmattan. _ LE MONITEUR. (2018, juin 28). Comment les promoteurs peuvent devenir acteurs de la smart city. (2018). https://www.lemoniteur.fr/article/comment-les-promoteurs-peuvent-devenir-acteurs-de-lasmart-city.1979694 _ CRE | Smart Grids | Les Smart cities / Les difficultés pour faire émerger une ville intelligente. (s. d.). http:// www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=smartcities-difficultes _ VENTURI R. (2017, juin 8). Metropolises of the Future. (s. d.). https://www.strategie.gouv.fr/english-articles/metropolises-future _ ORANGE. (s. d.). Smart City - 60 secondes pour comprendre. https://www.youtube.com/watch?v=itOe4WjVe4 _ VINCI Énergies. (s. d.). What is a smart city ? https://www.youtube.com/watch?v=Br5aJa6MkBc _ BOUYGUES Energies & Services. (s. d.). Fonctionnement de la Smart City. https://www.youtube. com/watch?v=UCJeZTyct5g _ ARCHDAILY | Smart Cities | Tag. (s. d.). https://www.archdaily.com/tag/smart-cities _ MAREUGE C. (2017, octobre 24). Smart Cities : « il faut partir des besoins et des usages des citoyens ». (s. d.). http://www.strategie.gouv.fr/actualites/smart-cities-faut-partir-besoins-usages-citoyens _ MAREUGE C. (2018, mai 22). Smart cities, Smart territoires. (s. d.). https://www.strategie.gouv.fr/ debats/smart-cities-smart-territoires _ SASKIA SASSEN | TED Archive (s. d.), (2017, août 25). Building smart cities. https://www.youtube.com/watch?v=vHuX79hgtCY _ SASKIA SASSEN | UrbanAge (s. d.), (2013, janvier 15). Urban Age Electric City: Urbanising technology. https://www.youtube.com/watch?v=fyS1H_Zs4po&feature=youtu.be _ GÉOCONFLUENCES Villes globales, villes mondiales — . (s. d.). [Terme]. http://geoconfluences. ens-lyon.fr/glossaire/globales-mondiales-villes

91

Lyon Métropole Intelligente _ GRAND LYON | Smart City Lyon : démarche « Lyon Métropole Intelligente » - Grand Lyon économie. (s. d.). http://www.economie.grandlyon.com/smart-city-lyon-metropole-intelligente-47.html _ GRAND LYON | Lyon Métropole Intelligente_Plaquette Inventons ensemble une métropole co-intelligente. (s. d.). http://www.economie.grandlyon.com/fileadmin/user_upload/fichiers/site_ eco/20161117_gl_lyon_smart_city_metropole_intelligente_plaquette_fr.pdf _ GRAND LYON TV. (s. d.-a). Grand Lyon : c’est quoi la Métropole intelligente ? https://www.youtube. com/watch?v=1Vh_a2JX_eQ _ GRAND LYON TV. (s. d.-b). Grand Lyon Data. https://www.youtube.com/watch?v=qFgYFIz5adM#action=share _ Le TUBA fiche technique. (s. d.). http://aventuriers-actionpublique.la27eregion. fr/2016/11/14/le-tuba-fiche-technique/ _ CIVOCRACY. ClosJouveRéinventé (s. d.). https://www.civocracy.org/discussions/182/act _ SPL | Concertation - Part-Dieu. (s. d.). https://www.lyon-partdieu.com/participer/concertation-2/ _ SPL | Opérations. (s. d.). https://www.lyon-partdieu.com/operations/ _ DELIGIA, F. (2013, mai 30). Le Grand Lyon lance enfin sa plateforme d’Open Data. https://www.lyoncapitale.fr/technologies/Le-Grand-Lyon-lance-enfin-sa-plateforme-d-Open-Data/ _ Démocratie et participation : un duo indissociable (archives) : Millenaire 3, Modes d’action. (s. d.). https:// www.millenaire3.com/dossiers/democratie-et-participation-un-duo-indissociable-archives _ GOURGAND, B. (s. d.). Maquette numérique de la métropole de Lyon _ La modélisation urbaine : Millenaire 3, Transformation urbaine. (s. d.). https://www.millenaire3. com/dossiers/la-modelisation-urbaine _ La ville intelligente, déjà opérationnelle : Millenaire 3, La ville intelligente (archives). (s. d.). https:// www.millenaire3.com/dossiers/la-ville-intelligente-archives/la-ville-intelligente-deja-operationnelle _ Les Data, carburant de la ville intelligente : Millenaire 3, La ville intelligente (archives). (s. d.). https://www.millenaire3.com/dossiers/la-ville-intelligente-archives/les-data-carburant-de-la-ville-intelligente _ Les relations entre les acteurs de la ville intelligente : Millenaire 3, La ville intelligente (archives). (s. d.). https://www.millenaire3.com/dossiers/la-ville-intelligente-archives/les-relations-entre-lesacteurs-de-la-ville-intelligente _ Lyon, G. (s. d.). Ressources de la prospective territoriale et économique du Grand Lyon | Millenaire 3. https:// www.millenaire3.com/publications/la-concertation-dans-la-conduite-de-projet-guide-methodologique

92

93

94

Annexes

95

ANNEXES

Entretien 1_ TUBà

Benoit LOEILLET Chef de projet Open innovation au TUBà

Plateforme d’innovation et de création de services à partir des données, laboratoire urbain ayant pour objectif de faire émerger les services de demain par les entreprises du territoire et pour ses habitants.

Présentation

les jours. Communauté internationale de 10 millions d’utilisateurs, extrêmement actifs. exemple du cyclone Asie

Je m’appelle Benoit Loeillet, je suis chef de projet Open innovation au TUBà.

Il y a plusieurs entrées pour les données. Les données numériques restent un outil au service du développement et de l’émergence de services urbain mais c’est uniquement un outil. ça peut être une porte d’entrée, néanmoins, si l’on ne sait pas où on veut arriver et la question que l’on veut poser on ne sait pas quelles données utiliser et comment les utiliser. Le tuba est une association 1901, qui travaille sur tous les thème de la Smart City.

Comment répondre à ces nouvelles problématiques en mettant autour de la table toutes les parties prenantes. Capter les attentes de chacun pour formuler et faire émerger des réponses locales à ces problématiques. Inventer des formats d’interaction, sciences humaines et sociales et design. Également une mission de médiation, avec l’idée d’explorer des thématiques avec des regards croisés (autorités, chercheurs, citoyens), afin de créer du débat et de la réflexion.

96

Innovation, comment ça marche ? Les données numériques peuvent être un outil et s’avérer avoir un apport conséquent, sur la réponse à des problèmes d’aménagement, de mobilités, d’organisation des flux ou d’anticipation.

Les acteurs de la ville utilisent aujourd’hui les données dans une démarche d’aménagement (ForCity, PME du territoire faisant de la modélisation, locale ou globale, en intégrant de nombreuses données pour mesurer l’impact sur un lieu donné : démarche statique).

D’autres acteurs ont plutôt une démarche dynamique, basée sur l’instant présent, sur le temps réel. Ces acteurs sont des acteurs privés. Basés sur les SIG, données produites par la métropole, notamment sur la plateforme d’open data. Données géographiques, données d’implantation (arbres, essences d’arbres…). D’autres acteurs fournissent des données, de manière collaborative, à travers une démarche volontaire et engagée comme Openstreetmap. Données de bien meilleure qualité que google maps, car actualisé tous

CF Le site d’Open Street Map est-il assez simple d’utilisation ?

B. L.

C’était pas évident jusqu’à très récemment. outils complexes et difficilement appréhendables si l’on ne connaît pas les outils. Ils ont aujourd’hui développé une application, StreetComplete (sur android). Ce qui est intéressant est que l’on va retrouver la cartographie et une interface de questions, sous forme d’hypothèses, auxquelles l’on doit répondre. Ca fonctionne un peu comme pokémon Go. ca permet de vérifier ces informations et à chacun de contribuer. Il y a plein d’autres moyens de contribuer. Il y a des communautés actives, notamment ici à Lyon, qui se réunit au Tuba une fois par mois, pour parler démarche et projet. Il est question de données cartographiques et bien d’autres. Tu peux trouver des données allant des bouches incendies jusqu’à chacun des lampadaires. OSM est aussi un fournisseur de données.

Il y a aussi les fournisseurs de données privées, comme les opérateurs réseau. Il vendent les données anonymes sous forme de “package” statistiques de flux principalement. Les données réseau permettent de localiser des flux, par traçage. même chose pour les compagnies de transports (keolis, sncf…), qui possède également des données démographiques. même si certaines possède des plateformes en open data, comme la SNCF. Mais ce n’est pas parce que ces données sont disponibles que tout le monde les utilise, ces packages sont souvent chers, et encore une fois, il faut utiliser les données à bon escient, en suivant une stratégie.

CF Avez-vous déjà expérimenté les données numériques en terme d’aménagement urbain ?

B. L.

ANNEXES

Nous ce qu’on explore c’est plutôt l’usage potentiel des données numériques, dans les métiers et les pratiques quotidiennes.

CF Pour les services d’urbanisme, ont-ils recours à l’usage des données, comme un outil d’aide à la planification ?

B. L.

Ça se fait de plus en plus, et depuis un moment déjà. Il y a les services de cartographie, les SIG, qui s’occupent de représenter le territoire, aussi bien la carto physique d’aménagement que le suivi du patrimoine, la texturisation des bâtiments… la démarche d’open data aide beaucoup cette transition, pas seulement géographiques. Il y a une démarche de conception et d’aménagement, néanmoins, toutes les données ne sont pas intégrées. Projet en cours avec la Metropole, “air challenge”, innovation visant à savoir comment intégrer les données sur le trafic dans la conception et la gestion de la ville. C’est encore le début du projet, mais les recherches sont en bonne voie.

CF Dans le cadre du tuba, quels sont les avantages des données numériques pour vous ? vers une participation citoyenne ?

B. L.

Les données donnent un état des lieux d’une situation urbaine à un instant t.

Néanmoins, il faut toujours rester prudent concernant l’utilisation de ces données ; on doit savoir à quel moment elles ont été prises et comment. Ce ne sont pas les données qui participent à l’implication citoyenne mais les outils que l’on développe afin de les exploiter. Elles sont complémentaires d’une démarche physique, de concertation. L’une ne peut pas fonctionner sans l’autre. Exemple de Velov ou tcl, qui permet de se repérer dans le temps et l’espace en direct.

Encore une fois les données sont uniquement un outil, pouvant être utilisées de manière pertinente et intéressante. très intéressant dans des démarches d’anticipation et

de prévision que la ville utilise beaucoup.

Aujourd’hui il y a beaucoup de travaux sur cette thématique, mais ce ne sont que des recherches, pas toujours pertinentes et concluantes.

CF

Quels en sont les inconvénients ?

B. L.

Les données sont une photographie d’un instant T, et pas forcément d’un instant T+1, il faut bien garder ça en tête.

Je reprends ce que je disais avant. Il ne faut pas utiliser les données telles qu’elle, mais il faut avoir un regard et un objectif. Il faut contextualiser ces données, après avoir trouvé la question initiale que l’on souhaite résoudre avec ces données. C’est l’outil de traitement qui fait la différence.

C’est comme une photo de presse ; si le contexte n’est pas posé, vous pouvez raconter ce que vous voulez sur cette photo.

C’est la où se trouve la valeur ajoutée ; la réutilisation et la création de valeur à partir de ces données numériques.

Un des enjeux actuels ; la gouvernance qu’il y a derrière la donnée, le croisement de la donnée privée et public. L’objectif est de mettre en corrélation ces facteurs, pour les rendre plus accessibles. Il y a aussi la nécessité d’accéder à ces données pour tout le monde.

CF Est-il facile pour les acteurs de la fabrication de la ville de s’approprier ces outils ?

B. L.

aujourd’hui il a de plus en plus acteurs, nouveaux, qui développe des outils open source, notamment dans le domaine des SIG, facilitant la réappropriation des données (oslandia, acteur privé ?). Il y a néanmoins de nombreux acteurs privés qui vendent des solutions toutes faites, parfois très intéressantes. La manipulation des données nécessite des outils, qu’il est impératif de savoir maîtriser aujourd’hui si l’on veut les utiliser à bon escient…

97

ANNEXES

Entretien 2_ Mairie de Lyon

Services d’Urbanisme Appliqué

Présentation Je suis Olivier Loquin, chef de projet Dématérialisation des ADS, technicien en urbanisme, au sein des Services d’Urbanisme Appliqué de la Mairie de Lyon.

CF Avez-vous déjà expérimenté les données numériques en terme d’aménagement urbain ?

M. L.

Non, et en ce moment nous ne travaillons pas avec les données numériques issues de la plateforme Open Data.

La plupart du temps, nous contactons directement la Métropole de Lyon, qui nous envoie directement les jeux de données dont nous avons besoin.

CF Produisez-vous des données à destination de la plateforme Open Data ?

M.L.

Pas vraiment, les seules données que nous produisons sont issues des permis de construire. Nous repérons sur le plan de la Ville les plans masse des permis de construire. Cette carte est disponible sur la plateforme Open Data du Grand Lyon.

CF Et ces plans masse sont-ils issus de permis de construire accordés ou aussi des permis de construire en cours d’étude ?

M.L.

Ils sont uniquement issus des permis de construire déjà attribués.

98

Olivier LOQUIN

ANNEXES

99

ANNEXES

Entretien 3_ Métropole de Lyon

Administrateur général des données - Chief Data Officer - Métropole de Lyon

Présentation L’enjeu de la plateforme est la création d’un socle pour développer la démarche Lyon Métropole Intelligente : accélérer le développement économico-social, les données étant un vrai actif pour développer notre territoire.

La mise en œuvre de la démarche date de 2010, c’est une posture avant-gardiste en terme de ville intelligente. Un axe majeur est l’accès à la donnée, qu’elle soit privée ou publique. Dans ce cadre, a été créé le poste de chef de la donnée en avril 2015, celui que j’occupe actuellement, et qui a deux objectifs : développer l’accès aux données du territoire, et identifier des axes de création de valeur au travers de ces données (nouveaux services numériques, alimentation de travaux de recherches, amélioration des services de gouvernance et des autorités locales...). La «vulgarisation» de ces données et la simlification de leur accès est notre priorité.

CF Comment sont collectées les données disponibles sur la plateforme Open Data de la Métropole du Grand Lyon ?

N. V-P.

Il y a 15 partenaires qui assurent le développement de la plateforme, avec la Métropole en tête de file. Nous faisons en sorte d’aller récupérer la donnée «brute», pour ensuite la structurer pour faciliter son accès et sa réutilisation. Pour les données en temps réel, par exemple, il faut faire attention à ce que l’unité de temps soit universelle. Nous devons également rendre cette donnée conforme aux normes européennes.

Cette mise en qualité de la donnée se fait en interne, en partenariat notamment avec les communes de la Métropole, afin que ces dernières structurent leurs données selon un même modèle. Avec les privés, soit nous allons récupérer les données sur les serveurs directement, soit nous allons chercher un API, en général nous nous adaptons à chacun de nos partenaires pour en faciliter l’exploitation.

100

Nathalie VERNUS-PROST

CF Qui a recours à la réutilisation des données issues de la plateforme Open Data ?

N. V-P.

Nous avons la chance à Lyon d’avoir une posture atypique en France : 99% de nos données sont sous licence Open Data.

Ce qui signifie que nous ne connaissons pas tous les réutilisateurs de nos données. En revanche, Nous avons mis en place une licence qui nous permet de connaître certains réutilisateurs. Seule condition pour ces utilisateurs, qui concerne une dizaine de jeux de données, est que leur utilisation soit cohérente avec les stratégies mises en oeuvre par la Métropole. Ces données sont les données en temps réel (parking, flux...), extrêmement précieuses car elles alimentent un certains nombre de services locaux, nationaux, et même internationaux. On a un certain nombre de citoyen qui vont tester ces données, pour développer des applications. Ils sont donc très importants pour nous et notre démarche. Notre deuxième cible sont les étudiants et les chercheurs, futurs acteurs de la fabrication de la ville. Leur retour sont très enrichissants pour nous. Actuellement, notre cible prioritaire sont les start-ups et les entreprises privées. Avec le projet Optimod’Lyon, une application visant à optimiser les transports au sein de la Métropole, nous avons réussi à faire concilier les entreprises privées avec la stratégie de la Métopole et ses données ouvertes. D’autres applications ont suivi, comme Naftruck (Renault), Sherpa (Handisco) ou encore City Mapper. Et bien sur, s’ajoutent à ces acteurs ceux que nous ne connaissons pas. Cela a deux impacts sur la Métrople : ils développent de nouveaux services, utiles à tous, et créent un nombre important d’emplois.

CF Pensez-vous que cette plateforme est un outil pour les concepteurs et l’aménagement urbain de la Métropole ?

N. V-P.

Je vais vous répondre d’emblée que oui. Un journaliste de Rue89 a mis au point il y a quelques années avec les données ou-

ANNEXES

vertes, les bâtiments construits et détruits depuis quelques années sur le territoire de la Métrople. Ces données sont les plus facilement accessibles sur la plateforme. Ce qui est très intéressant pour les concepteurs sont les données 3D, qui font partie des plus élaborées en France, disponibles sur notre plateforme. Pour nous, il est primordial de receuillir vos avis et vos besoins en matière de données, pour vous donner les outils nécessaires à votre pratique. Nous sommes très sensibles à ces données urbaines, car nous savons qu’elles sont pour vous et pour la Métropole un outil à fort potentiel. Nous constatons de jour en jour l’utilité de ces données en 3D, et nous sommes en train de travailler à l’enrichissement de la plateforme pour publier de nouvelles données.

CF Je m’interroge, afin de simplifier l’accès à vos données, avez-vous déjà pensé à publier vos données sur une carte interactive, mutualisant toutes les données sous forme de calques ?

N. V-P.

Excellente proposition, la cartographie est une évidence, qui simplifie la bonnne compréhension des données. Votre voeu va être exaucé. Nous travaillons actuellement sur la publication d’une nouvelle version de la plateforme, basée sur une interface cartographique, basée sur des jeux de calques.

D’ici la fin de l’année 2019, nous allons mettre à disposition cette carte interactive, qui permettra à tous de générer des cartes croisant les informations de votre choix. Cela serait une avancée majeure pour la Métropole et sa démarche, et notre Data Scientist, dans nos services depuis 2 ans, trvaille sur cette nouvelle interface. Ce qui est complexe est d’améliorer et de simplifier au maximun l’ergonomie de cette carte. Comme vous l’avez constaté sur la plateforme actuelle, les recherches de données à travers le moteur dédié sont très imprécises et compliquées, aboutissant à des résultats autres.

CF Dans le cadre de mon mémoire, j’émets l’hypothèse de la création d’un outil,

sur la plateforme, d’un moyen d’interaction avec les citoyens, basé sur le fonctionnement d’un réseau social. Avez-vous pensé à cette éventualité ?

N. V-P.

Sincèrement, votre hypothèse me fait très plaisir. Nous avons eu des ateliers utilisateurs, donc nous sommes sensibles à cette proposition. Votre suggestion sera prise en compte, car bientôt, pour chaque jeu de données, sera proposé un outil d’interaction entre les utilisateurs. L’objectif est de créer des communautés autour de chaque jeu de données. Nous avons actuellement une boîte (data@grandlyon.com), sur laquelle nous recevons déjà un grand nombre de suggestion de publications de données.

On s’interroge actuellement sur la création d’un outil d’interaction simplifié, qui permettrait d’interagir plus facilement. Nous recevons beaucoup de demande concernant la difficulté d’accessibilité des données, mais aussi concernant des propositions. Nous comptons beaucoup sur la relation entre ces communautés, car elles vont faire émerger des demandes, et des suggestions d’amélioration pour une certaine donnée.

Par exemple, nous avons publié les maisons de la Métropole de Lyon, où travaillent notamment des assistants sociaux, et aujourd’hui nous avons réussi à améliorer ce jeux de données, avec des contacts, des services et des applications, qui ont eux aussi permis la création et l’amélioration d’autres jeux de données. Nous allons réorienter les suggestions des citoyens, afin de parvenir à répondre plus facilement et plus rapidement à chacun des besoins.

Les réseaux sociaux sont déjà un moyen d’interaction, mais l’objectif serait de créer un réseau dédia uniquement à la Métropole, sur la thématique des données.

Datagouv. vient également récupérer nos données, et propose un service d’interaction, qui nous permet aussi d’interagir avec les suggestion citoyennes. Nous travaillons aussi avec Datactivistes, une association qui milite sur l’ouverture des données. Nous sommes vice-président de DataFrance, et nous cherchons sans cesse des moyens de simplifier l’accès à la donnée.

101

ANNEXES

Stage recherche_ Plataforma Plus

Le secteur d’étude, Centro de São Paulo

102

L’îlot 11, l’îlot type

Stage recherche effectué entre le janvier 2018 et juillet 2018.

Recherche d’une méthode de collecte et d’analyse de données, en vue d’un projet urbain dans le Centre de São Paulo

ANNEXES

La PLATAFORMA PLUS est une plateforme de recherche, développée par 3 agences d’architecture : LACATON & VASSAL, Frédéric DRUOT architecte et Una arquitetos. Cette plateforme est installée dans les locaux de la Escola da Cidade, dans le centre de São Paulo, depuis fin 2015. L’objectif des recherches de la plateforme est de collecter un maximum de données concernant le quartier de Republica, dans un périmètre regroupant 31 ilots. A terme, l’enjeu est de soumettre des hypothèses de densification du quartier, basé sur l’aménagement des nombreux murs aveugles qui surplombent le périmètre.

La PLATAFORMA PLUS regroupe près de 5 étudiants à temps plein, qui poursuivent les recherches liées au quartier, et bénéficie des travaux des étudiants dans le cadre d’un enseignement réalisé dans le cadre de la Escola da Cidade. Au cours de ce stage recherche, j’ai pu confronter les hypothèses sur lesquelles je travaille dans le cadre de mon mémoire à la pratique. Le travail réalisé consistait à répertorier l’ensemble des données collectées depuis près de 3 ans au sein de la plateforme, pour pouvoir en faire une classification. L’objectif était de réaliser cette classification par thème (législatif, morphologique, sensible), puis par outils de collecte (Google Street View, Open Street Map, site web de la préfecture de São Paulo, interviews...). Suite à ce premier travail, nous souhaitions appliquer cette méthodologie de classification et de collecte pour un ilot type, qui servirait de modèle pour les 30 autres ilots du périmètre de recherches.

Une des forces - mais qui est également une faiblesse - de la plateforme, est que chaque étudiant est libre d’intégrer un thème de recherche existant, ou d’en suggérer un nouveau. Cela permet d’atteindre un large panel de données, mais cela a pour conséquence des difficultés d’organisation et de hiérarchie dans la base de données de la plateforme. La définition de ce développement méthodologique a été choisi par mon groupe de recherches, suite au constat concernant le manque d’organisation des recherches déjà effectuées, soit 3 années de travail. Notre idée était donc de mettre au point un modèle type, basé sur un ilot, qui suivrait un protocole de collecte bien précis, avec des données définies et classées par thème. Ainsi, chacun des nouveaux «chercheurs» saurait ce qui a déjà été fait pour chaque ilot, et pourrait continuer à compléter les travaux en cours.

Notre mission a été particulièrement complexe, car il fallait se réapproprier et classer près de 20 types de données urbaines. Un travail particulièrement enrichissant, réalisé en concertation avec les différents acteurs de la PLATAFORMA, qui nous a permis de définir un inventaire exhaustif de données essentielles à la conception d’un projet urbain, dans une mégalopole, ainsi que l’ensemble des outils nécessaires à leur collecte. Nous avons finalement réalisé un carnet de synthèse de l’ilot type, qui figurera de modèle pour la poursuite des recherches de la PLATAFORMA PLUS.

Déroulement du stage : - définition de la méthodologie de recherche et de collecte des données actuelle - classification des données, et synthèse des outils de collecte - choix et application de la nouvelle méthodologie pour UN îlot-type - production d’un carnet de synthèse, exposant la nouvelle méthodologie de recherche, de classification, et les nouveaux outils de collecte

103

ANNEXES

METODOLOGI DE PESQUISA

CATEGORIA

> COLOCAR O TITULO DOS DADOS DESEJADOS

1

TOPOGRAFIA

OBJETIVA

WEB BANCO DE DADOS

PLANTAS CIDADE

OBJETIVA

WEB BANCO DE DADOS

HELIODON

OBJETIVA

WEB BANCO DE DADOS

LEVENTAMENTOS PRAÇAS

OBJETIVA

LEV. FISICOS

GABARITOS REAIS

OBJETIVA

LEV. FISICOS

WEB

USOS TERREOS

OBJETIVA

INSTITUÇOES CULTURAIS + ASSOCIAÇOES

OBJETIVA

MASSA ARBOREA

OBJETIVA

MOBILIDADE (MÊTRO/ONIBUS/CICLOVIAS/ FLUXOS PEDESTRES)

OBJETIVA

EMPREENDIMENTOS LOCAIS/GERAIS

OBJETIVA

> ESCOLHER UMA/VARIAS WEB DE PESQU METODOLIGIA(S) WEB LEV. FISICOS BANCO DE DADOS WEB LEV. FISICOS ITW ITW

2

LIGAÇOES TELTEL LIGAÇOES WEB LEV. FISICOS WEB > ESCOLHER UMA DAS 3 GRANDES CATEGORIAS OBJETIVA LEGISLATIVA SUBJETIVA

WEB ITW WEB

PLANO DIRETOR

LEGISLATIVA

ZONEAMENTO (ZEU/ZEM/ZM/ZC/ZEI)

LEGISLATIVA

OPERAÇAO URBANA

LEGISLATIVA

IMOVEIS TOMBADOS (CONPRESP/ CONDEPHAAT/IPHAN)

LEGISLATIVA

GABARITOS MAX.

LEGISLATIVA SENSIVEL / SUBJETIVA

WEB

PROJETOS

ENTREVISTAS

SENSIVEL / SUBJETIVA

ITW

WEB

WEB WEB WEB

NATURE DES SOLS

DONNÉES SOCIOS

104

DENSITÉ DE POP

ANNEXES

IA A

FONTE > GEOSAMPA > DWG ESCOLA

O

> GEOSAMPA > DWG ESCOLA

O

> GEOSAMPA > DWG ESCOLA > STREETVIEW

NO

> STREETVIEW > GOOGLE MAPS

UISA

NO

> STREETVIEW > SITIO MESMO

NO

> STREETVIEW > GOOGLE MAPS > SITE MESMO

NO

> GOOGLE MAPS > CONVERSAS

3

TIPO DE DOCUMENTO

> SITE PREFEITURA > SITIO MESMO > SITE PREFEITURA > CONVERSAS

> GOOGLE MAPS > SITE IMMOBILIARIOS

> SITE PREFEITURA

4

DOC. GRAFICOS MAP MAP

MAP / LOCALIZAÇAO TEXTOS DE INFORMAÇAO

NO

MAP / LOCALIZAÇAO

O

> COLOCAR AS FONTES EXACTAS DAS INFORMAÇOES /PRECISAR SE E O O NAO FONTE OFICIAL

O O

MAP TEXTOS

O

MAP TEXTOS

O

MAP TEXTOS

> SITE PREFEITURA

O NO NO

> PRECISAR O TIPO DE DOCUMENTO ENVOLVIDO

MAP DOC. GRAFICOS FOTOS / TEXTOS DADOS DE PROJETO MAP DOCIMENTOS OFFICIAIS

> SITE PREFEITURA

> CONVERSAS

MAP

NO

> SITE PREFEITURA

> SITE PREFEITURA > SITIO MESMO

MAP

5

MAP DOC. GRAFICOS FOTOS / TEXTOS DADOS DE PROJETO DOC. GRAFICOS FOTOS / TEXTOS GRAVAÇOES AUDIO/VIDEO

105

ANNEXES

diagrama ferramentos de pesquisa

DADOS OBJETIVOS

TOPOGRAFIA

PLANTAS CIDADE

HELIODON

PROPRIEDADE

USOS TERREOS GABARITOS REAIS

LEVENTAMENTOS PRAÇAS

INSTITUÇOES CULTURAIS + ASSOCIAÇOES

MASSA ARBOREA

> GEOSAMPA

DADOS SOCIOLOGICAS

> GEOSAMPA > STREETVIEW > GOOGLE MAPS

> DWG ESCOLA > SITIO MESMO > SITE IMMOBILIARIOS

Diagramme des outils de collecte des données

METODOLOGIA DE PESQUISA

CATEGORIA

FONTE

funcionamento : exemplo HELIODON TOPOGRAFIA

OBJETIVA

WEB BANCO DE DADOS

PLANTAS CIDADE

OBJETIVA

WEB BANCO DE DADOS

HELIODON

LEVENTAMENTOS PRAÇAS

OBJETIVA

LEV. FISICOS

GABARITOS REAIS

OBJETIVA

LEV. FISICOS

OBJETIVA

INSTITUÇOES CULTURAIS + ASSOCIAÇOES

OBJETIVA

MASSA ARBOREA

OBJETIVA

streetview

MOBILIDADE (MÊTRO/ONIBUS/CICLOVIAS/ FLUXOS PEDESTRES)

OBJETIVA

EMPREENDIMENTOS LOCAIS/GERAIS

OBJETIVA

LEGISLATIVA

PLANO DIRETOR ZONEAMENTO (ZEU/ZEM/ZM/ZC/ZEI)

LEGISLATIVA

OPERAÇAO URBANA

LEGISLATIVA

IMOVEIS TOMBADOS (CONPRESP/ HELIODON PROPRIEDADE CONDEPHAAT/IPHAN)

PLANTAS CIDADE

WEB

dwg escola

LEGISLATIVA

USOS TERREOS GABARITOS REAIS

LEVENTAMENTOS PRAÇAS

MASSA ARBOREA

DADOS SOCIOLOGICAS

> GEOSAMPA > STREETVIEW

GABARITOS MAX.

SENSIVEL / SUBJETIVA

PROJETOS

NO

> STREETVIEW > GOOGLE MAPS > SITE MESMO

NO

> GOOGLE MAPS > CONVERSAS

> SITE PREFEITURA > SITIO MESMO > SITE PREFEITURA > CONVERSAS

WEB WEB

> SITE PREFEITURA

WEB

> SITE PREFEITURA

WEB

> SITE PREFEITURA

DENSIDADE

WEB WEB

NO

MAP / LOCALIZAÇAO TEXTOS DE INFORMAÇAO

NO

MAP / LOCALIZAÇAO

> SITE IMMOBILIARIOS SENSIVEL / SUBJETIVA

NATURE DES SOLS

106

Fonctionnement du diagramme des outils DONNÉES SOCIOS

DENSITÉ DE POP

ITW

MAP

O

DOC. GRAFICOS FOTOS / TEXTOS DADOS DE PROJETO MAP DOCIMENTOS OFFICIAIS

O

MAP TEXTOS

O

MAP TEXTOS

O

> SITE PREFEITURA SOLO CONTAMINADO

MOBILIDADE ZONEAMENTO (MÊTRO/ONIBUS/CICLOVIAS/ (ZEU/ZEM/ZM/ZC/ZEI) FLUXOS PEDESTRES)

OPERAÇAO URBANA

> SITE PREFEITURA > SITIO MESMO

O

IMOVEIS TOMBADOS GABARITOS MAX. (CONPRESP/CONDEPHAAT/IPHAN)

O

> SITE PREFEITURA

NO

> SITIO MESMO

ENTREVISTAS

MAP

O

> GOOGLE MAPS > SITE IMMOBILIARIOS

LEGISLATIVA > GOOGLE MAPS

> DWG ESCOLA

> STREETVIEW > SITIO MESMO

WEB ITW

WEB INSTITUÇOES CULTURAIS + ASSOCIAÇOES

> GEOSAMPA

MAP

NO

HELIODON

WEB ITW LIGAÇOES TEL WEB geosampa LEV. FISICOS

DOC. GRAFICOS

NO

> STREETVIEW > GOOGLE MAPS

LEV. FISICOS

MAP

O

> GEOSAMPA > DWG ESCOLA > STREETVIEW

WEB

MAP

O

> GEOSAMPA > DWG ESCOLA

BANCO DE DADOS

OBJETIVA

USOS TERREOS

TOPOGRAFIA

> GEOSAMPA > DWG ESCOLA

TIPO DE DOCUMENTO

> CONVERSAS

NO

MAP TEXTOS

PLANO DIRETOR

EMPREENDIMENTOS LOCAIS/GERAIS

PROJETOS ANTERIORES PARA REGIAO

MAP DOC. GRAFICOS FOTOS / TEXTOS DADOS DE PROJETO DOC. GRAFICOS FOTOS / TEXTOS > CONVERSAS GRAVAÇOES AUDIO/VIDEO

ENTREVISTAS

DENSIDADE

SOLO CONTAMI

ANNEXES

O INADO

DADOS LEGISLATIVOS

MOBILIDADE ZONEAMENTO (MÊTRO/ONIBUS/CICLOVIAS/ (ZEU/ZEM/ZM/ZC/ZEI) FLUXOS PEDESTRES)

OPERAÇAO URBANA

IMOVEIS TOMBADOS GABARITOS MAX. (CONPRESP/CONDEPHAAT/IPHAN)

DADOS SUBJETIVOS

PLANO DIRETOR

EMPREENDIMENTOS LOCAIS/GERAIS

PROJETOS ANTERIORES PARA REGIAO

ENTREVISTAS

> SITE PREFEITURA

> CONVERSAS

Ces outils de classification (tableau et diagramme des outils) permettent de classer les données sous forme de calques, sur la méthode des GIS. On pourrait ainsi afficher, sur une même base, 2D ou 3D, toutes les données classées par thème dans le tableau.

De plus, le diagramme des outils permet de repérer quels outils de collecte utiliser pour une donnée précise.

L’objectif est de créer une seule et unique carte, qui comprend un panel de données varié, et de pouvoir la consulter dans un but d’aide à la conception (voir scénarios), tout en continuant à compléter cet éventail de données.

Les données représentées, morphologiques, législatives et sensibles, sont des outils visant à assister les concepteurs. Elles ne sont rien de plus que les données fondamentales qu’un architecte ou un urbaniste va chercher sur son site de projet, avant la phase de conception.

107

ANNEXES

reunião com prefeito dória

Maloca Jaceguay . Julho de 2017

l’îlot 11, dans son contexte urbain existant

Les différents scénarios sur lesquels travaillent les acteurs de la plateforme puisent dans les données collectées les informations nécessaires à leur bon déroulement (propriétaires, gabarits de volumétrie max, opérations urbaines de la Préfecture de São Paulo, opérations de promotion immobilière, programmes existants, usages, flux, transports, végétation, pleins/vides...)

78

108

ANNEXES

projeto das torres do grupo silvio santos

235

Maloca Jaceguay . Julho de 2017

la da cidade frederic druot architecture | e s c oscénario |de l’îlot 11, et son densification, après analyse des données collectéesc e n á r i o s |

plataforma plus sp

lotes lindeiros

79

109

ANNEXES

Concours_ COINS GRAND CHALLENGE Avec F. DUCHAMP 2e Place

Fondation COINS, San Antonio, Texas, Etats-Unis Concours d’innovation dans le domaine de la construction

BAUKÜNST

UNE PLATEFORME ONLINE FOURNISSANT AUX ACTEURS DE LA VILLE L’INTERFACE ET LES DONNÉES NÉCÉSSAIRES À LA PRODUCTION COLLECTIVE D’UNE VILLE PLUS INTELLIGENTE, DURABLE ET DÉMOCRATIQUE

CITOYENS S’IMPLIQUENT DANS LE PROCESSUS DE DÉVELLOPEMENT DES VILLES

BAUKÜNST ARCHITECTES

POUVOIRS PUBLICS

GARANTISSENT LE CONTÔLE DE LA QUALITÉ ARCHITECTURALE ET ACCÈDENT FACILEMENT À LA COMMANDE

GAGNENT EN COMPRÉHENSION DE LEURS TERRITOIRES ET DE LEURS ADMINISTRÉS

MAÎTRES D’OUVRAGES GAGNENT TEMPS ET VOLUMES D’AFFAIRES

110

ANNEXES

Baukünst, c’est une plateforme collaborative en ligne, qui offre à chacun des acteurs de la ville les outils dont il a besoin pour participer à sa fabrication.

Près de 70% de la population mondiale vivra en ville d’ici 2050. Un chiffre considérable, qui va profondément impacter la manière dont nous allons penser nos villes. Le Nouvel Agenda Urbain de l’Onu (Quito, 2017) insiste notamment sur la nécessité absolue de “rendre les villes et les établissements humains, sûrs, inclusifs, résilients et durables.” Les innovations technologiques et numériques représentent des ressources évidentes dont les acteurs de la Ville commencent à s’emparer, afin de créer de nouveaux moyens d’action.

forme.

Aujourd’hui, Baukünst est en phase de recherche et développement de son interface en ligne. À quelques mois de l’obtention de notre diplôme d’architecte, nous travaillons avec l’aide d’urbanistes, d’architectes et d’ingénieurs, à la définition des besoins utilisateurs, ainsi que du fonctionnement et de l’ergonomie de la plateforme

Baukünst, en proposant d’utiliser les données urbaines aujourd’hui de plus en plus accessibles, propose à chacun des acteurs de la Ville (architectes, citoyens, autorités locales, investisseurs, aménageurs,...), l’interface dont il a besoin.

L’architecte dispose d’une vision améliorée et augmentée de la Ville, lui permettant de mettre son expertise au service du territoire.

Le citoyen peut jouir d’une cartographie augmentée de sa ville, grâce à une interface simple et ludique. Il a la possibilité de passer en revue les propositions de projets des architectes, ainsi que celle d’indiquer des lieux susceptible d’être améliorés. Baukünst sera alors en mesure de les analyser et de fournir une base de travail aux concepteurs.

Les autorités locales fournissent les objectifs de développement urbains à long terme grâce au cadre législatif (documents d’urbanismes,...) et aux leviers d’action politiques .

Elles bénéficient d’une vision globale du développement de leur aire urbaine, enrichie par les retours et les besoins de ses citoyens.

Enfin, les investisseurs disposent d’un outil référençant les opérations potentielles les plus pertinentes et créatives, du retour des riverains sur celles-ci, ainsi que de toutes les données nécessaires fournies par la plate-

111

ANNEXES

112

ANNEXES

113

ANNEXES

114

ANNEXES

115

ANNEXES

116

ANNEXES

117

ANNEXES

118

ANNEXES

119

ANNEXES

120

ANNEXES

121

ANNEXES

Projet de Fin d’Études

Simulation du fonctionnement de l’outil Baukünst, à travers la réalisation de 4 projets architecturaux dans le quartier de la Guillotière (7e arrondissement de Lyon)

Guillotière X Baukünst Avec F. DUCHAMP

NOLI

ARBRES

PLU

Public Public restreint

ZONE UB ZONE UC ZONE UCp ZONE USP ZONE UI réservation pour programme de logements

Privé accessible

vers Charpennes

vers IUT Feyssine

vers Vénissieux

re t

vers Vaise

pe

De

Grande rue de la Guillotière

n

gra

za

Ma

re

ne

hô

uR

M Saxe-Gambetta

M Guillotière

ed

T1

cin

Cours Gambetta

ce

Pla

ua

Sq

MB

Pis

Quai Claude Bernard

Privé

MD

V V

V

T

Guillottière

V

Saint-André

T

Saint-André

Saint-André

Rue de l’Université

T

Avenue Jean Jaurès

V

V

Rue de Marseille

vers Debourg

ën

ro

Cit

n

ra

ge

M T B V

Métro Tram Bus Vélo

m

TIO ITA

BIL

+4 _R

HA

+4

_R

10

m

10

RE _R

+4

m

_R

N

m

10 25

DC

_R

+4 _R 4 + _R

4m

m

+8

m

10

10

19m

ag

ra

az

Ga

TRANSPORTS

+6

_R

10m

+4

_R

+4 _R m R+4 10 _ m +4 10 _R m 10

m _R

+4

m

10

_R

+4 _R 4 + _R

+4 _R m R+4 10 _ +4 m 10 _R +4 m 10 _R 4 m + 10 _R m 10

m

10

m

10

10

t

t

en

em

en

ag

em

én

ag

am

én

+4

am

122

tM

Ilo

VOIRIE

HAUTEURS MAX - PLU

B

vers Oullins

B

zones constructibles places publiques

VOLUMES MAX - PLU

USAGES

Enseignement Logement Mixte Culte Equipement public

Statut appartements 1 pièce 2 pièces 3 pièces 4 pièces 5 pièces

25% 30% 20% 10% 5%

ANNEXES

Près de 70% de la population mondiale vivra en ville en 2050. La manière dont nous allons concevoir nos villes dans les prochaines années sera donc déterminante. Les problématiques de durabilité, de qualité de vie, et d’implication citoyenne nécessiteront de nouveaux outils de fabrication des villes, aujourd’hui encore trop peu opérationnels.

BAUKÜNST est un projet de plateforme en ligne rassemblant les acteurs de la ville (citoyens, maîtres d’ouvrages, architectes et pouvoirs publics) autour d’une interface novatrice (données, cartographies, systèmes de communication, etc.) leur permettant de travailler ensemble à la construction de villes plus intelligentes, durables et démocratiques. Le quartier de la Guillotière à Lyon est le terrain d’expérimentation de cette méthode, une simulation grandeur nature de ce que pourrait permettre un tel outil pour les architectes de demain. Plusieurs parcelles du quartier feront l’objet d’une analyse via cet outil innovant, aboutissant à différentes hypothèses architecturales.

des données numériques au service de la conception de la Ville.

Le Projet de Fin d’Etudes est donc un point crucial de notre cheminement, une étape importante dans l’évolution de ce projet. En effet, en tant que futurs architectes, nous avons souhaité simuler le fonctionnement de cet outil au service de notre pratique. C’est donc dans le quartier de la Guillotière, dans le 7e arrondissement de Lyon, que la simulation de ce processus de conception alternatif se tient.

Baukünst est le fruit d’une réflexion commune, de deux futurs architectes s’interrogeant sur la manière dont les Villes sont fabriquées aujourd’hui, et de leur légitimité dans le fonctionnement ce long processus.

A la croisée des champs disciplinaires, entre l’usage des nouvelles technologies de cartographie et de communication, la gouvernance urbaine, jusqu’à l’économie de la construction, l’interface Baukünst a pour volonté de proposer un nouvel outil de fabrication de la Ville.

Un outil à disposition de tous les acteurs de la Ville, pour le citoyen, le concepteur, le maître d’ouvrage et enfin les autorités publiques.

Aujourd’hui, après la soumission de ce projet dans le cadre d’un concours organisé par COINS (COINS GRAND CHALLENGE), la réflexion s’est enrichi des apports théoriques de deux mémoires. L’un questionnant la place de l’architecte dans notre société actuelle, à l’Ère de l’émergence du numérique, et le second, faisant l’objet d’une “mention recherche”, traitant de la question de l’usage

123

5e

9e

2e

4e

1er

7e

6e

3e

8e 25 000

100 000

20 000

75 000

15 000

50 000

10 000

25 000

5 000

DENSITÉ (HAB/KM²)

POPULATION (HAB)

125 000

1er arr.

2e arr.

3e arr.

4e arr.

5e arr.

6e arr.

7e arr.

8e arr.

9e arr.

population : 29 575 hab

population : 30 435 hab

population : 101 992 hab

population : 36 080 hab

population : 48 929 hab

population : 51 416 hab

population : 82 045 hab

population : 84 517 hab

population : 50 706 hab

densité : 19 586 hab/km²

densité : 8 925 hab/km²

densité : 16 062 hab/km²

densité : 12 314 hab/km²

densité : 7 854 hab/km²

densité : 13 638 hab/km²

densité : 8 415 hab/km²

densité : 12 671 hab/km²

densité : 6 994 hab/km²

11

9,3

12

10,9

14,8

6,7

14,5

29,1

31,1

10,5

8,3

2,3

7,3

6,4

9,6

8,6

7,9

11,3

INDICE SPORTS (SUR 10)

3

4

1

4

4

3

4

5

7

INDICE COMMERCES (SUR 10)

9

10

7

7

4

9

6

4

6

INDICE SERVICES (SUR 10)

8

10

7

5

5

8

7

1

7

HLM (%)

LOGEMENTS VACANTS (%)

124

125

ANNEXES

6

5

8 7

4

1

9

3 2

11 10 12

16

21

17

22 20

23

13

15

14

18

19

24

1

2

3

4

5

6

7-1 Rue d'Aguesseau linéaire commercial REHABILITATION hauteur max : 4m (RDC)

14bis Rue d'Aguesseau toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

21-13 Rue Montesquieu toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

28 Rue d'Aguesseau toitures sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 25m (R+8)

7 Rue des 3 Rois toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

2-6 Rue Bonnefoi parking Bonnefoi REHABILITATION hauteur max : 20m

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UCp

PLU : zone UB

7

8

9

10

11

12

9 Rue Chalopin ateliers/garages en RDC SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

32 Rue Saint-Michel toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

12 Rue Jean-Marie Chavant toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 19m (R+6)

37 Rue Saint-Michel toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

46 Rue Saint-Michel toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

51 Rue Saint-Michel toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

13

14

15

16

17

18

90 Rue Montesquieu toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

37-25 Rue d'Anvers garages RDC SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

26 Rue d'Anvers parking RDC SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

13 Rue de la Thibaudière toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

36 Rue Chalopin toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

57 Rue Salomon Reinach toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

19

20

21

22

23

24

72 Rue Sébastien Gryphe toiture sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

42 Rue Salomon Reinach cour sur pignons aveugles SURRELEVATION hauteur max : 10m (R+4)

20 Rue Capitaine Robert Cluzan parking Jangot AMENAGEMENT hauteur max : ---

30-32 Rue Salomon Reinach parking rue Salomon Reinach AMENAGEMENT hauteur max : ---

40-50 Rue de Marseille place vide AMENAGEMENT hauteur max : ---

66 Rue Pasteur square Deperet AMENAGEMENT hauteur max : ---

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

PLU : zone UB

126

ANNEXES

2 Piscine des Berges

1

Place Mazagran

Garage Citroën

Université Lyon 3

4

3

1

2

3

4

7-1 Rue d'Aguesseau linéaire commercial REHABILITATION hauteur max : 4m (RDC) aire : 165,8 m²

9 Rue Chalopin ateliers/garages en RDC SURRELEVATION hauteur max : 22m (R+6) aire : 508,2 m²

26 Rue d'Anvers parking RDC SURRELEVATION hauteur max : 22m (R+6) aire : 246,4 m²

30-32 Rue Salomon Reinach parking rue Salomon Reinach AMENAGEMENT hauteur max : 25m (R+7) aire : 1024,5 m²

PLU-H : zone UB

PLU-H : zone UB

PLU-H : zone UB

PLU-H : zone UB

127

ANNEXES

128

ANNEXES

129

ANNEXES

130

ANNEXES

131

ANNEXES

132

ANNEXES

133

134

Résumé Dans un environnement urbain envahi par les données numériques, qui se démultiplient au même rythme que les innovations technologiques qui émergent aujourd’hui, la fabrication de la Ville tend vers une évolution remarquable. Ces données numériques occupent une place de plus en plus importante dans notre quotidien, si bien que les «Villes Intelligentes» ou «Smart Cities», qui se labellisent partout à travers le monde, cherchent à s’en emparer, afin d’optimiser leur gestion, leur planification et leur conception.

En tant que futur architecte, on peut s’interroger sur le potentiel de ces données, au service de la fabrication de nos villes. La Ville Intelligente fait naître en son sein la participation de nouveaux acteurs au processus de gestion urbaine, dont l’union et la symbiose sont le fruit d’un développement d’innovations au fort potentiel.

Ce mémoire est un état de la question des données numériques comme ressources projectuelles au service de la conception de la Ville, qui puise au coeur de la Ville Intelligente et de ses nouveaux acteurs, les informations pour comprendre comment les villes d’aujourd’hui exploitent le potentiel des données numériques pour renforcer la durabilité de leur fabrication.

Abstract In an urban environment invaded by digital data, which is multiplying at the same rate as the technological innovations that are emerging today, the City’s manufacturing is moving towards a remarkable evolution. These digital data occupy an increasingly important place in our daily lives, so that the «Smart Cities» or «Smart Cities», which are labeled around the world, seek to seize them, to optimize their management, planning and design. As a future architect, we can question the potential of these data, serving the conception of our cities. The Smart City brings into its midst the participation of new actors in the urban management process, whose union and symbiosis are the fruit of a development of innovations with strong potential. This dissertation is a state of the art of digital data as a project resource for the city’s manufacturing, which draws from the heart of the Smart City and its new actors, information to understand how today’s cities are exploiting the potential of digital data to enhance the sustainability of their manufacturing.

Thématique

URBANISME ET NUMÉRIQUE

Mots

URBANISME GOUVERNANCE VILLE INTELLIGENTE DONNÉES OUVERTES

clés

Topic

URBANISM AND DIGITAL

Keywords

URBANISM GOVERNANCE SMART CITY OPEN DATA

École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon année universitaire 2018-2019

Corentin FAVREAU sous la direction de H. LEQUAY (MAP-ARIA | UMR CNRS-MCC 3495)