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Pour une Pride politique et politisée

La Pride n'est pas un folklore. La Pride n’est pas une fête. Elle n'est pas une excuse pour que les cis-hétéros se mettent des paillettes sur la tête et profitent de concerts gratuits en ville. Et elle n'est surtout pas un prétexte pour qu'iels affichent une position d'allié.e performative à coups de brèves story sur les réseaux sociaux. C'est une révolte. Une lutte pour le droit de vivre, et de survivre, tel.le que l'on est.

Le lendemain de la Pride, un influenceur belge cis-hétéro a subi une vague de harcèlement en ligne après avoir mis des story de la journée. Il fait ensuite une vidéo pour en parler, où il a reçu beaucoup de soutien et de visibilité : "je vivais jusqu'à hier en pensant que le monde était beau, que le monde était rose" , "Je ne savais pas que ça existait, force et soutien à vous" .

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Alors oui, même "en 2022 ??? en Belgique ???" , les discriminations envers la communauté LGBTQIA+ existent. Encore. Les personnes concernées le savent très bien, on leur rappelle tous les jours : à l'école, à l'université, au travail, en famille, dans la rue, dans les espaces de fêtes. Et sur les réseaux sociaux. Car cet harcèlement qu’il a subi, il est quotidien pour les militant.e.s queer, ou de manière générale, pour une majorité de la communauté qui s’exprime publiquement sur le sujet.

Mais au final, c'est peut-être ça le problème de la Pride, de cette Pride là, et de l'arc-en-ciel sur les réseaux sociaux.

.............Tout d'abord, d'oublier ses origines et ses fondements. D'oublier son contexte révolutionnaire et anarchiste, contre les violences policières et l'homophobie structurelle de l'Etat, des Etats. D'en oublier ses figures de proues : racisé.e.s, transgenres, séroposifs.tives, travailleurs.euses du sexe. Les freaks, les renégats, les intouchables.

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On se rend bien compte que tout cela a vite été oublié quand la Belgian Pride autorise la N-VA, parti d’extrême-droite et tout ce qui va avec, à défiler en 2019. Il en va de même pour les autres partis politiques, surtout ceux du centre et de droite, paradant fièrement avec leurs logos en énormes sur leurs banderoles, mais pourtant sourds, aveugles, et méprisants envers les revendications de la communauté le reste de l’année.

Le message est partout le même : « pour la tolérance » ,

« pour l’amour » , ou encore pire, le fameux et indémodable « Love is love » . Mais concrètement quoi ? Qu’est-ce qui se passe vraiment ? Qu’est-ce que ces partis font pour l’accueil des jeunes queer en rupture familiale, pour l’interdiction de la mutilation des enfants intersexes, pour le remboursement des soins de santé pour tous.tes, pour la formation des professionnel.les de santé aux situations queer ? Ces mêmes partis politiques qui s’offusquent quand il s’agit de parler de récits de vie LGBTQI+ à l’école ou d’ouvrir le cours d’éducation sexuelle hors de la norme cis-hétéro, car attention, les enfants pourraient être contaminé.e.s ?

Le problème d'en faire une fête où chacun.e peut profiter de la musique et des jolies couleurs, c'est d'oublier la nécessité de rappeler, encore, ce que les personnes LGBTQIA+ vivent au quotidien, et plus spécialement celles à l'intersection d'autres discriminations liées à certains aspects de leur identité ou de leur situation sociale.

Alors oui, c’est vrai. On a besoin de moment de joie, d'euphorie, de solidarité communautaire, que cette journée a pu prodiguer à nombre de personnes concernées. Mais est-ce vraiment le but de cette journée ? Je m'interroge sur sa dimension politique et militante, face aux récupérations des entreprises et personnalités/partis politiques à des fins électorales, capitalistes,

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et commerciales. Quel réel impact aura cette Pride sur le rapport de force politique concernant l'amélioration des conditions matérielles des personnes LGBTQI+ ?

J’ai réfléchi à tout ça le lendemain de la Pride, notamment après avoir lu les communiqués de Ecolo J et de l’Union Syndicale Etudiante sur ce même sujet. Ce n’est que mon avis personnel, et je suis bien évidemment ouvert à la discussion si vous le souhaitez. Joyeux mois des fiertés, même si j’espère que vous l’êtes toute l’année :)

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