L'architecture Art déco et les écoles de la CSDM

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Remerciements

Bibliographie sélective

Nous remercions les personnes suivantes de leur précieuse contribution à la réalisation de cette publication :

Inventaire préliminaire des bâtiments patrimoniaux de la Commission scolaire de Montréal, volets de 1 à 5, Montréal, Université de Montréal et Commission scolaire de Montréal, [réalisé entre 2000 et 2009].

Stephen Tessier, architecte, chargé de projets, Service des ressources matérielles, Commission scolaire de Montréal Robert Ascah, responsable de la Fondation des amis du patrimoine scolaire Alain Beauchamp, archiviste, Commission scolaire de Montréal Jacques Goupil, régisseur, Commission scolaire de Montréal Robert Ledoux, chargé de projets, Services corporatifs, Commission scolaire de Montréal Maïté González, Réviseure linguistique, Secrétariat général, Commission scolaire de Montréal Soraya Bassil Tous les diplômés de la maîtrise en conservation de l’environnement bâti de l’Université de Montréal ayant participé aux recherches sur les écoles depuis 2000

REMERCIEMENTS

Marie-Andrée Thiffault, candidate à la M. Sc. A. aménagement – option conservation de l’environnement bâti

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Allen, Lori D. et al. L’Art déco à Montréal, Montréal, Musée des Beauxarts de Montréal, Service éducatif et culturel, 1991, 47 pages. Bayer, Patricia. Art Deco Architecture; Design, Decoration and Detail From the Twenties and Thirties, New York, Harry N. Abrams Inc. Publishers, 1992, 224 pages. Cohen-Rose, Sandra. Northern Deco: Art Deco Architecture in Montreal, Montréal, Corona Publishers, 1996, 175 pages. Déom, Claudine. L’urbanisme et les bâtiments municipaux de la Ville de Montréal : 1929-1939. Mémoire présenté comme exigence partielle de la maîtrise en études des arts, Université du Québec à Montréal, août 1995, 2 volumes. Desrosiers, L.-A. « Chroniques de la Commission desécoles catholiques de Montréal », L’école canadienne, 100e anniversaire de la Commission des écoles catholiques de Montréal, Montréal, 1946, p. 6-30. Gagnon, Robert. Histoire de la Commission des écoles catholiques de Montréal, Montréal, Boréal, 1996, 401 pages. Johnston, Wendy. La Commission des écoles catholiques de Montréal face à la crise des années 1930, Mémoire de maîtrise présenté à la Faculté des études supérieures en vue de l’obtention du grade de maître ès arts, Université de Montréal, septembre 1984, 291 pages. Lachapelle, Jacques. « Naissance de l’école publique », Continuité, automne 2004, no 102, p. 30-33. Linteau, Paul-André. Histoire de Montréal depuis la Confédération, Montréal, Boréal, 2000, 627 pages.

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

Bruno Marchand, ingénieur, directeur, Service des ressources matérielles, Commission scolaire de Montréal

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Crédits photographiques

Isabelle Bouchard Christine Boucher Jean-Benoît Bourdeau Dinu Bumbaru Samuel Buteau Claudine Déom Sébastien Godard Jacques Goupil Gabriel Malo Caroline Tanguay Marie-Andrée Thiffault Marianne Trottier-Tellier

Mise en pages : Marie-Andrée Thiffault Révision : SOS Coquilles

L’architecture Art déco et les écoles de la Commission scolaire de Montréal

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES

Claudine Déom et Karine Garcia

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ISBN 978-2-9811320-0-0 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2010


Préface La CSDM est fière de s’associer de nouveau à l’Université de Montréal et à la Fondation des amis du patrimoine scolaire dans la publication d’un deuxième document destiné à la mise en valeur et à la sauvegarde du patrimoine immobilier scolaire. Après un outil pratique, le Guide d’interventions architecturales pour les édifices scolaires, voici un ouvrage de nature plus esthétique et historique qui fait ressortir la participation de la CSDM au courant architectural Art déco.

École Christ-Roi 525, rue de Louvain Est arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville 1939, Ludger Venne, architecte

La CSDM est actuellement engagée dans un processus majeur de rénovation de ses immeubles. Ces travaux visent en premier lieu à fournir des milieux de vie agréables et fonctionnels à nos élèves et à notre personnel. Toutefois, en raison du grand nombre de bâtiments patrimoniaux dans son parc immobilier, la conservation du caractère patrimonial des édifices est aussi à l’ordre du jour. L’ensemble du personnel du Service des ressources matérielles, ainsi que les entrepreneurs et architectes externes, ont été sensibilisés à notre préoccupation de préserver les nombreuses perles architecturales que la CSDM possède. Nous espérons que cette brochure permettra à tous de mieux apprécier la richesse de notre patrimoine immobilier et, à leur tour, de sensibiliser leur entourage à l’importance de le protéger. Diane de Courcy, présidente CSDM

PRÉFACE

Depuis sa mise sur pied en 2002, la Fondation des amis du patrimoine scolaire a toujours conservé parmi ses objectifs majeurs celui de mieux faire connaître et apprécier le patrimoine scolaire. Les efforts financiers considérables requis pour la préservation et la restauration du patrimoine architectural scolaire ne seront consentis que si cette connaissance et cette appréciation deviennent largement partagées par les intervenants du milieu scolaire et par la population en général.

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Source : Desrosiers, L-A. Chroniques de la Commission des écoles catholiques de Montréal, 1946.

Dans le cadre de ce travail de longue haleine, la Fondation des amis du patrimoine scolaire doit rendre hommage à la Commission scolaire de Montréal et à l’École d’architecture de l’Université de Montréal qui multiplient les efforts, depuis plusieurs années, afin de mettre en valeur le patrimoine du parc immobilier de la CSDM. Le présent document contribuera sûrement à sensibiliser encore plus de personnes à la beauté architecturale et à la valeur historique de plusieurs bâtiments scolaires. Je vous invite non seulement à lire cette publication, mais à la diffuser pour que « patrimoine immobilier » et « scolaire » soient de plus en plus perçus comme des mots allant très bien ensemble… Robert Ascah, responsable Fondation des amis du patrimoine scolaire

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Venne, Louis-Alphonse (Montréal, 1875 – Montréal, 1934). Études chez les Frères des écoles chrétiennes; dessinateur chez Perrault et Mesnard (1896-1903); en pratique privée seul (1903-1911) puis avec Joseph-Dalbé Viau (1911-1934). École Jacques-Marquette (1932, avec Joseph-Dalbé Viau). Les inconnus : Daoust, Joseph E. C. (?, 1881 – ?, 1946), architecte. Écoles SaintBarthélémy (1931) et Saint-Jean-de-la-Lande (1932). Gascon, Donat-Arthur (?, 1890 –?, 19??), architecte. École Notre-Damede-L’Assomption (1931, avec Louis Parant). Latourelle, Edmond, architecte. École Saint-Paul-de-la-Croix (1932). Milne, A.H., Ingénieur. École Sainte-Bibiane (1930). Parant, Louis (?, 1890 – ?, 1958), École Notre-Dame-de-L’Assomption (1931, avec Donat-Arthur Gascon). Simard, Roland, architecte. Centre Marie-Médiatrice (1930) et école Jacques-Viger (1932 – démolie). Venne, Ludger (Montréal?, 1891 –?, 1973), architecte. École Rose-desVents (1930), académie Centennial (1931) et école Christ-Roi (1939).

LES CONCEPTEURS

Une école Art déco disparue :

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École Jacques Viger : Construite en 1932 selon les plans de l’architecte Roland Simard, rue Saint-Philippe dans le quartier Saint-Henri. L’école est achetée par la Ville de Montréal et détruite en 1982 pour l’aménagement de terrains de tennis.

Source : Archives de la CSDM

Remerciements Préface Introduction

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L’Art déco Son origine et ses caractéristiques Un phénomène architectural moderne L’avènement du Streamline L’Art déco à Montréal

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Montréal pendant les années 1920 et 1930

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La Commission scolaire de Montréal à la fin des années 1920 et pendant les années 1930

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L’Art déco et les écoles de la CSDM

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La production scolaire d’Ernest Cormier : entre tradition et modernité

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Conclusion

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Les concepteurs

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Bibliographie sélective Crédits photographiques

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TABLE DES MATIÈRES

Viau, Joseph-Dalbé (Sainte-Anne-de-Bellevue, 1881 – Lachine, 1938). Études chez les Frères des écoles chrétiennes puis à l’Université McGill; en pratique privée de 1906 à 1912; associé à Louis-Alphonse Venne à partir de 1912. École Jacques-Marquette (1932 avec L.-A. Venne).

Table des matières

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Introduction Le contenu de cette publication provient en grande partie du rapport de recherche intitulé La manifestation de l’Art déco au sein des bâtiments de la Commission scolaire de Montréal, rédigé en 2005 par Karine Garcia, alors candidate à la maîtrise en aménagement – option conservation de l’environnement bâti de l’Université de Montréal et supervisé par Claudine Déom, professeure adjointe. Ce rapport avait été produit dans le contexte du partenariat de recherche pour la conservation du patrimoine scolaire qui existe depuis 2000 entre le programme de maîtrise en conservation et le Service des ressources matérielles de la Commission scolaire de Montréal. Ce partenariat a permis la réalisation d’inventaires patrimoniaux du parc immobilier, d’études patrimoniales pour des écoles et du Guide d’interventions architecturales pour les édifices scolaires en 2007.

École Saint-Gabriel-Lalement annexe (école Eugenio-Pacelli)

7375, rue Garnier arrondissement de Villeray-Saint-Michel Parc-Extension 1934, Henri Talbot-Gouin, architecte

INTRODUCTION

En se penchant sur une période précise de l’histoire de l’architecture des écoles – celle des années 1920 et 1930 – cette publication propose une autre façon de faire valoir le patrimoine architectural scolaire. Pourquoi l’Art déco ? Outre le fait qu’il constitue un style encore très apprécié de nos jours pour ses qualités visuelles, l’Art déco est l’un des derniers grands courants stylistiques à se déployer à Montréal – où il fut d’ailleurs très populaire – avant l’arrivée de l’architecture moderne au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Parce qu’il se manifeste au cours des années 1920 et 1930, il constitue un indicateur intéressant pour comprendre les transformations de l’architecture québécoise annonciatrices de la modernité en architecture. Soulignons enfin que les historiens de l’architecture ne se sont pas beaucoup interrogés jusqu’à maintenant sur la contribution des édifices publics gouvernementaux en général (et des écoles en particulier) au cheminement de l’architecture québécoise vers la modernité. Cette modeste publication tente ainsi de combler cette lacune en s’adressant à un public non initié mais néanmoins intéressé par l’architecture scolaire.

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La plupart des écoles présentées dans cette brochure ont été sélectionnées dans l’actuel parc immobilier de la Commission scolaire de Montréal à partir des informations consignées dans l’inventaire et les études patrimoniales produits à ce jour, de même que dans des ouvrages sur l’histoire de l’architecture Art déco. Le choix s’est basé sur la reproduction de certaines des caractéristiques distinctives de ce style dans leur architecture. Afin de mieux situer cette production dans son époque, des informations relatives à l’histoire de Montréal ainsi qu’à celles de la Commission scolaire et de l’architecture sont également présentées. Claudine Déom Professeure adjointe École d’architecture, Université de Montréal

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Les concepteurs David, Charles (Montréal, 1890 – Montréal, 1962). Études au collège Mont-Saint-Louis, à l’École Polytechnique de Montréal (B.A.A. 1914) et à l’université de la Pennsylvanie (1916) ; travaille chez Ross and Macdonald en 1916, puis chez Thomas W. Lamb à New York en 1916-1917; en pratique privée à Montréal à partir de 1918; membre de l’AAPQ* (1939) et de l’IRAC* (1936); doctorat honoris causa en sciences appliquées de l’Université de Montréal (1948). Ancienne école Charles-Bruneau (1930).

Centre Marie-Médiatrice

(école Marie-Médiatrice, école Saint-GabrielLalement) 6200, rue des Écores arrondissement de Rosemont La Petite-Patrie 1930, Roland Simard, architecte

Larue, J. Albert (Québec, 1891 – ?, 19??). Études classiques au Vieux Séminaire de Québec puis à l’université Harvard; professeur à l’École Polytechnique de Montréal (1917), puis à l’École des beaux-arts de Montréal (1923); membre de l’AAPQ (1917), de l’Association des architectes de l’Ontario et de l’IRAC. École Notre-Dame-de-Grâce (1931, avec Henri Talbot-Gouin).

LES CONCEPTEURS

Larose, Eugène (Montréal, 1900 –?, 1972). Études au collège SaintLaurent puis à l’École Polytechnique de Montréal (diplômé en 1921); travaille chez Raoul Gariépy et chez Viau et Venne; en pratique privée avec Roland Simard en 1927 pendant un an puis seul; associé à Gilles-L. Larose en 1952, puis au sein de l’agence Larose Laliberté Petrucci à partir de 1957; président de l’AAPQ (?) et Fellow de l’IRAC. Écoles Saint-FrançoisSolano (1930), Espace-Jeunesse (1931) et Notre-Dame-de-la-Défense (1932).

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Perrault, Jean-Julien (Montréal, 1893 – Montréal, 1970). Études au collège Mont-Saint-Louis, à l’Université McGill (baccalauréat en architecture en 1915), à l’université Columbia et au New York Institute of Design; dessinateur chez Warren et Wetmore en 1916; en pratique privée avec Roméo Gadbois (?, 1890 – ?, 1959) de 1923 à 1932. Membre de l’AAPQ et de l’IRAC (1915). École Le Plateau (1930-1931, avec Roméo Gadbois).

Source : Desrosiers, L-A. Chroniques de la Commission des écoles catholiques de Montréal, 1946

Talbot-Gouin, Henri (Québec, 1905 – ?, ?). Études à l’École technique de Québec (1923), à l’Institut Thomas et à l’École des beaux-arts de Québec. Membre de l’AAPQ (1929) et de l’IRAC. Écoles Notre-Dame-de-Grâce (1931, avec J. Albert Larue) et Saint-Gabriel-Lalemant Annexe (1934). * AAPQ : Association des architectes de la Province de Québec ; IRAC : Institut royal d’architecture du Canada

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L’ART DÉCO : SON ORIGINE ET SES CARACTÉRISTIQUES

L’Art déco : son origine et ses caractéristiques

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L’Art déco est un mouvement en art et en design qui voit le jour en Europe au cours des années 1920. Il prend son envol définitif lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels de Paris en 1925. Par la multitude de ses manifestations en matière de textiles, papiers peints, meubles et bijoux, ce mouvement traverse rapidement l’Atlantique pour atteindre les ÉtatsUnis. En architecture, il s’exprime dans les façades et les intérieurs des édifices. Ornementation L’Art déco est un style architectural qui se distingue des autres styles du XIXe siècle et de la première moitié du XXe en ce qu’il vise à réduire l’ornementation des bâtiments à sa plus simple expression. Les éléments du vocabulaire

Tramways Building, Montréal, Ross and McDonald, 1929-30

ornemental hérité de l’histoire, tels que les colonnes, frontons et portiques de l’architecture classique, par exemple, disparaissent au profit de surfaces sobres où les éléments décoratifs se limitent à des bas-reliefs aux formes stylisées et géométriques. Un tel type d’ornementation, considéré comme novateur à l’époque, cherche à rompre avec les rappels des différentes périodes du passé de l’architecture. Verticalité Les constructions Art Déco se caractérisent aussi par l’impression de verticalité se dégageant de leurs façades. La présence de pilastres continus en saillie contribue à la création de cet effet d’allongement, une impression rehaussée par la prolongation des éléments ornementaux au-delà de la ligne faîtière. Cet élan vertical est également créé par des volumes disposés en retraits successifs, ce qui procure aux édifices Art déco une silhouette en ziggourat (pyramide à degrés), une forme que l’on retrouve d’ailleurs souvent parmi les figures décoratives de ce style. On comprend facilement la popularité des gratte-ciel Art déco, cette typologie architecturale se prêtant très bien à l’effet de verticalité recherché. Le Chrysler Building et le Rockefeller Center de New York, tous deux

École La-Petite-Patrie, pavillon Notre-Dame-de-la-Défense (école Notre-Dame-de-la-Défense)

6841, avenue Henri-Julien arrondissement de Rosemont La Petite-Patrie 1932, Eugène Larose, architecte

Source : Desrosiers, L-A. Chroniques de la Commission des écoles catholiques de Montréal, 1946

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Conclusion On ne peut nier l’influence du courant Art déco dans la construction des écoles de la Commission scolaire de Montréal. Sa présence, bien que discrète, atteste de la participation de l’architecture scolaire dans l’évolution globale de l’architecture montréalaise vers la modernité. Cela est d’autant plus vrai que l’Art déco se manifeste dans l’architecture des écoles en même temps que dans d’autres productions telles que l’architecture commerciale et résidentielle.

École Saint-François-Solano 3580, rue Dandurand arrondissement de Rosemont La Petite-Patrie 1930, Eugène Larose, architecte

La conservation de ce témoignage passe par une attention particulière portée aux moindres détails de l’architecture de ces édifices. D’ores et déjà, on sait que l’architecture scolaire s’apprécie justement pour la qualité de ces détails. Des jeux de briques de l’enveloppe, aux volumes intérieurs, en passant par les dimensions des ouvertures, le caractère vernaculaire de l’architecture scolaire, toutes époques confondues, attire l’attention sur ces fragments qui apparaissent parfois insignifiants au premier regard. À ce titre, les écoles Art déco ne font pas exception. Cependant, le fait que la plupart d’entre elles aient subi peu d’interventions majeures depuis leur construction originale rend la conservation de leurs attributs particuliers davantage envisageable.

CONCLUSION

Des interventions récentes sur certaines d’entre elles – nous pensons notamment à la restauration des portes des écoles Le Plateau et NotreDame-de-la-Défense et à la réparation du crépi de l’école Saint-Jean-dela-Lande ainsi qu’à la réinstallation de ses croix métalliques ouvragées – font oublier (presque!) les pertes fâcheuses que d’autres ont subies dans le passé, telles que la disparition des lettres identifiant l’ancienne école Cherrier (aujourd’hui l’école Espace-Jeunesse) ou encore le couronnement en gradins du centre Marie-Médiatrice et de l’école Saint-François-Solano.

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Source : CSDM, Services des ressources matérielles

Tel que le veut un leitmotiv du domaine de la conservation de l’architecture, « Connaître pour reconnaître », espérons que cette publication aura permis de susciter chez l’un ou de confirmer chez l’autre l’intérêt de l’architecture scolaire en général et celui des écoles Art déco en particulier.

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École Saint-Jean-de-la-Lande (école Ludger-Duvernay)

L’ART DÉCO : SON ORIGINE ET SES CARACTÉRISTIQUES

érigés pendant les années 1930, sont des exemples classiques de gratte-ciel Art Déco en Amérique.

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Rockfeller Center, New York, Raymond Hood et Wallace K. Harrison, 1932-1940

3120, avenue Laurier Est arrondissement de Rosemont La Petite- Patrie 1932, J. E.C Daoust, architecte

Matériaux Finalement, l’architecture Art déco se reconnaît par ses matériaux. Ceux-ci demeurent en grande partie traditionnels : maçonnerie de pierre (marbre ou granit), verre et métaux ou alliages de métaux (cuivre, laiton et bronze). Leur traitement et leur agencement proposent néanmoins un caractère novateur. Pour atteindre le dépouillement souhaité, les maçonneries arborent souvent un fini lisse et poli. De plus, les surfaces de pierre sont juxtaposées en mosaïques colorées afin de créer certains des motifs géométriques évoqués précédemment. Les métaux, quant à eux, sont insérés en tant qu’éléments décoratifs.

Détail du hall, Empire State Building, New York, Shreve, Lamb and Harmon, 1931-1932

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École Sainte-Bibiane

LA PRODUCTION SCOLAIRE D’ ERNEST CORMIER

Ernest Cormier aurait conçu quatre écoles pour la CECM, soit l’école Saint-Arsène en 1923 (agrandie en 1931), l’ancienne école Saint-PhilippeBénizi (aussi connue sous le nom de Sainte-Julienne-Falconieri et NotreDame-de-la-Défense Annexe) en 1924-1925, l’école Saint-Henri (avec A. Gravel – aujourd’hui démolie) en 1926-1927 et l’école Saint-Ambroise Annexe (Anthelme-Verreau) en 1929-1931. L’architecture de chacune présente des caractéristiques modernes. Malgré le parement de brique, l’emploi du béton pour la charpente – bien que déjà répandu dans la construction des écoles au cours des années 1920 – se détecte par le rythme régulier des ouvertures des façades de même que par l’agencement des volumes. Aussi, Ernest Cormier s’éloigne du classicisme des écoles de ce temps en concevant des façades qui se veulent plus dépouillées de toute ornementation, laissant la fonction de l’édifice se lire plus facilement.

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(Drummond School de la Commission scolaire protestante de Montréal) 5755, 13e avenue arrondissement de Rosemont La Petite- Patrie 1930, A.H. Milne, ingénieur

École Saint-Henri construite en 19261927 Source : Archives CSDM

École Saint-Ambroise Annexe (Anthelme-Verreau), construite en 1929-1931

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L’Art déco : un phénomène architectural moderne

L’ART DÉCO : UN PHÉNOMÈNE ARCHITURAL MODERNE

L’Art déco est un style architectural annonciateur de la modernité architecturale. Cette modernité s’affirme déjà en Europe au tournant du XXe siècle par la construction de projets issus de certains mouvements artistiques tels que l’École du Bauhaus et De Stijl et par l’entremise

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rendre l’architecture fonctionnelle, c’est-à-dire dont les formes obéissent à sa fonction. Il en résulte des projets audacieux qui rompent de façon radicale avec les façons de faire admises à l’époque, qui demeurent fortement imprégnées de l’histoire. En effet, l’historicisme

L’École du Bauhaus, Dessau, Walter Gropius, 1925-1926

de certains concepteurs tels que Le Corbusier et Mies van der Rohe. La modernité architecturale prône l’utilisation de nouveaux matériaux comme l’acier, de nouveaux systèmes constructifs, et l’absence de toute référence formelle à l’histoire de l’architecture. Elle vise aussi à

Neue National galerie, Berlin, Mies van der Rohe, 1965-1968

École Notre-Dame-de-l’Assomption (école Louis-Joliet)

2430, rue Darling arrondissement de Mercier Hochelaga-Maisonneuve 1931, Gascon et Parant, architectes

constitue la conception dominante de l’architecture depuis le XIXe siècle. Il se caractérise par la reprise du vocabulaire formel de l’architecture classique de l’Antiquité grécoromaine d’abord, puis des différentes périodes de l’histoire. Ainsi, tout au long de ce siècle se

manifestent différentes évocations de l’architecture ancienne adaptées au goût du jour, les « néo » – néogothique, néoroman, néorenaissance – au gré des modes, des inspirations des architectes et de leurs clients et des catalogues de modèles disponibles. À la fin du XIXe siècle, l’historicisme atteint son paroxysme : les projets superposent sur une même façade des formes, des agencements et des couleurs empruntés à différentes époques. À cet éclectisme succède le style BeauxArts au début des années 1900.

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LA PRODUCTION SCOLAIRE D’ ERNEST CORMIER 34

La production scolaire d’Ernest Cormier : entre tradition et modernité

Ancienne école Charles-Bruneau

Si l’Art déco est un style annonciateur de la modernité en architecture, les écoles influencées par ce style ne sont cependant pas les seules du parc immobilier de la Commission scolaire de Montréal à contribuer à l’avènement de la modernité dans l’architecture scolaire. Les écoles conçues par l’architecte montréalais Ernest Cormier méritent que l’on s’y attarde en dépit du fait qu’elles ne présentent pas d’éléments de ce style. Certes, le nom de cet architecte est parfois lié à l’Art déco, notamment en raison des formes du pavillon principal de l’Université de Montréal érigé entre 1924 et 1943 – plus particulièrement son hall d’honneur et son auditorium – et la maison qu’il a conçue en tant que résidence personnelle, avenue des Pins à Montréal (1930-1931). L’intérêt architectural des écoles de Cormier est cependant attribuable à leur caractère fonctionnel, une caractéristique particulière à l’architecture moderne. Ces écoles sont également représentatives de la production de cet architecte, qui a grandement contribué à l’avènement de l’architecture moderne au Québec.

5927, rue Boyer arrondissement de Rosemont La Petite-Patrie 1930, Charles David, architecte

(école Saint-Étienne, aujourd’hui immeuble locatif)

École Saint-Arsène, 1923

L’ancienne école Saint-Philippe-Bénizi, construite en 1924-1925 (aujourd’hui les bureaux du mouvement ActionChômage de Montréal)

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Ancienne école Jacques-Marquette

L’ART DÉCO : UN PHÉNOMÈNE ARCHITURAL MODERNE

Bien que sa sobriété contraste avec les compositions parfois bigarrées du siècle précédent, le style BeauxArts puise lui aussi dans le passé en proposant un retour au vocabulaire architectural et à des agencements classiques. Sa popularité demeure incontestable en Amérique du Nord jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

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L’Art déco s’identifie à la fois à l’une et à l’autre de ces conceptions contrastées de l’architecture. D’une part, il apparaît aux architectes comme une occasion de rompre avec le passé, de s’en distinguer et de souligner les transformations sociales, économiques et artistiques de leur époque. C’est ce qu’on doit comprendre de ce dépouillement

Un immeuble d’architecture Art déco : L’ancien Bain Hogan, Montréal, David Jerome Spence, 1932

Un immeuble d’architecture Beaux-Arts : le bain Morgan, Montréal, attribué à Marius Dufresne et Wilfrid L. Vandal, 1918

des façades et de l’ornementation nouvelle caractérisée notamment par des figures géométriques. Cependant, l’Art déco permet à ces mêmes concepteurs d’œuvrer selon certains paramètres respectés par la profession. En effet, l’aspect innovateur de l’Art déco se limite aux façades et aux intérieurs des bâtiments. Rares sont ceux qui innovent sur le plan des systèmes constructifs ou des solutions programmatiques. D’autre part, l’agencement symétrique des éléments décoratifs et la présence même d’ornementation font continuellement référence à une conception traditionnelle de l’architecture.

(école supérieure Saint-Stanislas, fermée en 1978 , de nos jours, un immeuble résidentiel) 1200, rue Laurier Est arrondissement du Plateau Mont-Royal 1932, J.-Dalbé Viau et Louis-Alphonse Venne,

Source : Archives CSDM

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École Rose-des-Vents

L’ART DÉCO ET LES ÉCOLES DE LA CSDM

l’architecture à l’histoire a possiblement fait en sorte de retarder, voire de diminuer la maîtrise de ce nouveau langage architectural chez certains architectes de l’époque. Enfin, il est vraisemblable que le contexte économique ait eu une influence sur le travail des concepteurs. Le choix de la brique et de la pierre artificielle

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au détriment de matériaux plus luxueux de même que le dépouillement des façades ont permis de diminuer les coûts de construction, un exercice prévisible compte tenu des budgets limités consacrés à la construction des écoles, et ce, encore plus pendant la crise économique.

(école Marie-Rollet)

4315, rue Beaubien Est arrondissement de Rosemont La Petite- Patrie 1930, Ludger Venne, architecte

Un exemple d’une école de style Beaux-Arts de la CSDM : école Saint-Pierre-Claver, Bernard et Despatie, 1924

Notes

1

Anthony Sutcliffe. « Montréal, une métropole », in France Vanlaethem et Isabelle Gournay (dir.), Montréal métropole 1880-1930, Montréal, Boréal et Centre canadien d’architecture, 1998, p. 21.

Source: Desrosiers, L-A. Chroniques de la Commission des écoles catholiques de Montréal, 1946

2

Gagnon, Robert. Histoire de la Commission des écoles catholiques de Montréal, Montréal, Boréal, 1996, p. 188.

3 Desrosiers, L.-A. « Chroniques de la Commission des écoles catholiques de Montréal », L’école canadienne, 100e anniversaire de la Commission des écoles catholiques de Montréal, Montréal, 1946, p. 26. 4

Ibid. p. 22.

5 Johnston, Wendy. La Commission des écoles catholiques de Montréal face à la crise des années 1930, Mémoire de maîtrise présenté à la Faculté des études supérieures en vue de l’obtention du grade de maître ès arts, Université de Montréal, septembre 1984, p. 71-72.

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L’ART DÉCO SE TRANSFORME : L’AVÈNEMENT DU STREAMLINE 16

L’Art déco se transforme : l’avènement du Streamline

École Saint-Paul-de-la-Croix

Le terme Streamline fait réLe Streamline ne connaît qu’une férence au courant Art déco tarbrève durée de vie, sa popularité dif – la seconde moitié des ans’estompant au point de disparaître nées 1930 – qui se manifeste avec l’arrivée des années 1950. exclusivement dans le contexte nord-américain. Sous l’influence des formes aérodynamiques des nouvelles technologies dans le domaine du transport, l’Art déco introduit une nouvelle conception des façades caractérisée cette fois par des lignes horizonCasa d’Italia, Montréal, Patsy Colangelo, 1937 tales continues et des angles arrondis

10495, avenue Georges-Baril arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville 1932, Edmond Latourelle, architecte

tentant de traduire l’idée du mouvement. Le Streamline franchit un pas de plus vers la modernité: l’ornementation stylisée et abstraite de l’Art déco des années 1920 disparaît au profit de surfaces dépouillées. Il en est de même pour la polychromie, exprimée par les assemblages de granit ou de marbre. Les lignes pures des ouvertures (fenêtres en bandeau) ou encore de certains détails architecturaux (tels que les mains courantes et les garde-fous) rehaussent l’impression de mouvement. Apparaissent enfin de nouveaux matériaux, comme les blocs de verre et l’acier inoxydable poli, dans la conception des façades et des intérieurs.

Détail d’une conciergerie, Montréal

Détail d’une conciergerie, Montréal

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École Le Plateau

L’ART DÉCO ET LES ÉCOLES DE LA CSDM

l’Assomption (p. 33). Les éléments qui subsistent réussissent à créer une légère impression d’élévation. Le fait que ces pilastres soient couronnés d’une ornementation dépassant parfois la ligne faîtière de l’édifice ne fait que renforcer ce caractère.

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On peut surtout parler d’architecture scolaire Art déco en raison de l’ornementation particulière que l’on retrouve sur les façades extérieures. Les motifs stylisés floraux (école Rose-des-Vents, p. 13; école Saint-Paul-de-la-Croix, p. 29; académie Centennial, p. 27) sont les plus récurrents. L’école Le Plateau se distingue une fois de plus de la mêlée par ses motifs illustrant des fontaines, une figure ornementale emblématique de l’Art déco. Les bas-reliefs, les lettres identifiant l’école et les pilastres évoqués précédemment sont autant d’occasions pour que cette ornementation se manifeste. Les éléments décoratifs se concentrent habituellement sur la partie supérieure des façades (souvent la façade principale), au centre des élévations ou autour des ouvertures. Les intérieurs des écoles sont toutefois plus simples quant à leur expression du style. Exceptions faites de quelques détails tels que les rampes des escaliers ou encore certains éléments de quincaillerie (poignées de portes ou luminaires pour l’éclairage),

l’aménagement est plutôt fonctionnel. La seule exception à cela parmi les écoles recensées : l’auditorium de l’école Le Plateau, dont la décoration murale florale stylisée rappelle l’influence de ce courant stylistique.

(école primaire supérieure Le Plateau) 3700, rue Calixa-Lavallée arrondissement du Plateau Mont-Royal 1930-1931, Jean-Julien Perrault et Roméo Gadbois, architectes

Détail, école Le Plateau

Source: Desrosiers, L-A. Chroniques de la Commission des écoles catholiques de Montréal, 1946

Détail, école Le Plateau

La manifestation discrète de ce courant est difficile à expliquer. Le fait que le style Beaux-Arts ait largement dominé l’architecture des institutions publiques jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale explique en partie le faible pourcentage d’écoles Art déco, soit une vingtaine sur une soixantaine d’écoles construites pendant la seconde moitié des années 1920 et la première moitié des années 1930. L’attachement profond de

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Académie Centennial

L’Art déco à Montréal L’Art déco fait son apparition à Montréal à la fin des années 1920. Comme dans l’ensemble du continent nord-américain, il gagne petit à petit la faveur des architectes et de leurs clients, si bien que de nombreux projets résidentiels, commerciaux et institutionnels seront influencés par ce style. Cependant, seules quelques constructions Art déco montréalaises sont de style pur, à l’image des grandes réalisations états-uniennes. L’édifice Aldred de la place d’Armes (Barott and Blackader, 1929), le restaurant au 9e étage de l’ancien magasin Eaton,

(école Daniel-O’Donnell) rue Sainte-Catherine (Jacques Carlu, 1931) ou l’ancien Tramways Building de la rue Saint-Antoine (Ross and Macdonald, 1929-1931) en sont certainement de bons exemples que l’on peut admirer encore de nos jours. L’architecture Art

3641, avenue Prud’Homme arrondissement de Côte-des-Neiges Notre-Damede-Grâce 1932, Ludger Venne, architecte

L’ART DÉCO À MONTRÉAL

Salle à manger de l’ancien magasin Eaton, Montréal, Jacques Carlu, 1930-1931 Source : JRAIC, mai 1931

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Édifice Aldred, Montréal, Barott and Blackader, 1929-1930

déco construite à Montréal tend à s’adapter aux particularités du contexte montréalais comme le climat et la disponibilité des matériaux. C’est ce qui explique que la pierre calcaire grise, matériau connu des architectes et des entrepreneurs pour sa résistance aux rigueurs hivernales et sa disponibilité, est souvent utilisée en tant que substitut aux essences de pierres plus luxueuses. Aussi, pour certaines

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L’ART DÉCO ET LES ÉCOLES DE LA CSDM

L’Art déco et les écoles de la CSDM

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Peut-on vraiment parler d’écoles Art des édifices scolaires au fil des déco dans le parc immobilier de la décennies. La seule exception est Commission scolaire ? Oui, mais il l’école Saint-Jean-de-la-Lande (voir faut qualifier de discrète la manifes- p. 35) avec son revêtement en crétation de ce courant architectural. pi. L’architecture de cet établisseDes écoles considérées comme ment s’apparente davantage au Art déco, peu ont un style pur et style Streamline. La pureté du style achevé. L’école Espace-Jeunesse Art déco est également entachée (ancienne école Cherrier, voir p. 19) ou encore l’école Le Plateau (p. 15) sont certainement les spécimens qui proposent des caractéristiques formelles plus facilement identifiables à ce courant d’architecture. Pour les autres, on peut parler d’une modeste évocation, les éléments distinctifs propres à ce École Espace-Jeunesse style ayant souvent été par la quasi-absence d’effets de compromis. En effet, l’apparence verticalité de la composition. Cette lisse de l’enveloppe extérieure est caractéristique de l’Art déco, védiminuée par l’emploi de la maritablement adaptée aux consçonnerie de brique, le matériau de tructions en hauteur, ne peut prédilection pour la construction s’exprimer avec éloquence sur les volumes de faible densité (deux ou trois étages) et isolés tels que ceux des écoles. Il est néanmoins intéressant de remarquer la présence de pilastres continus s’élevant sur l’ensemble ou sur une partie des façades de certains édifices de la CSDM, dont l’école Espace-JeuDétail, école Saint-Jean-de-la-Lande nesse et l’école Notre-Dame-de-

École Saint-Barthélemy, pavillon des Érables (école Saint-Barthélemy)

7081, avenue des Érables arrondissement de Villeray Saint-Michel Parc-Extension 1931, J.-E.-C. Daoust, architecte

Source : Desrosiers, L-A. Chroniques de la Commission des écoles catholiques de Montréal, 1946

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École Anne-Hébert réalisations plus modestes telles que des immeubles d’appartements ou certains édifices municipaux (casernes de pompiers, halles de marchés publics et autres), on remarque l’emploi de la pierre artificielle. Composée d’un amalgame de ciment et d’agrégats (de quartz, notamment), cette pierre est utilisée pour les insertions aux motifs ornementaux stylisés.

L’ART DÉCO À MONTRÉAL

Tramways Building, Montréal, Ross and MacDonald, 1929-1930

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Montréal comporte également de beaux exemples d’édifices Streamline. Ceux-ci apparaissent dans le paysage urbain de la ville au cours de la seconde moitié des années 1930. L’immeuble principal du magasin Holt Renfrew (Ross and Macdonald, 1937), rue Sherbrooke Ouest, en comporte certaines caractéristiques telles que ses angles arrondis ou les lignes horizontales créées par les assemblages de sa maçonnerie. L’édifice démontre aussi des éléments de l’architecture Art déco, notamment par les bas-reliefs des portes en bronze. La Casa Italia (Patsy Colangelo, 1937) rue Jean-Talon, en est très certainement un autre exemple. Le Streamline a aussi servi d’inspiration à de nombreuses petites conciergeries construites au cours des années 1940 dans le quartier Côte-des-Neiges, dont certaines attributs architecturaux perdurent encore de nos jours.

Magasin Holt Renfrew, Montréal, Ross and MacDonald, 1937

Détail du Holt Renfrew

(école Rosedale)

4575, avenue Mariette arrondissement de Côte-des-Neiges Notre-Damede-Grâce 1931, architecte inconnu

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La Commission scolaire de Montréal à la fin des années 1920 et pendant les années 1930

École Espace-Jeunesse

C’est en 1998 que la Commission scolaire de Montréal (CSDM) succède à la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM), qui regroupait les écoles publiques catholiques du territoire de la ville de Montréal depuis 1846, année de sa fondation. Autrefois confessionnelle, la commission scolaire fonctionne maintenant selon un principe linguistique.

3655, rue Saint-Hubert arrondissement du Plateau Mont-Royal 1931, Eugène Larose, architecte

(école Cherrier)

LA COMMISSION SCOLAIRE DE MONTRÉAL

À l’image des transformations physiques que connaît Montréal au cours des premières décennies du XXe siècle, la CECM vit des changements importants. La centralisation des pouvoirs décisionnels, un débat qui a cours depuis les années 1910 au sein des séances des commissaires, s’effectue enfin. À partir de 1928, la CECM devient une seule grande organisation avec 24 commissaires et un directeur général, remplaçant ainsi les anciennes commissions des districts Nord, Sud, Est et Ouest. Victor Doré en est le premier président et directeur général jusqu’en 1937. Les années qui suivent la centralisation sont marquées par la création de nouveaux services administratifs et par un accroissement du personnel. À titre d’exemple, la CECM organise un bureau de la statistique qui permet de créer un dossier pour chaque élève. Des contrôleurs pour les absences des élèves sont engagés pour visiter les écoles et les domiciles 2.

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Les années 1920 et 1930 sont également marquées par des efforts soutenus de la CECM d’améliorer l’enseignement offert. Le cursus de l’enseigement élémentaire est étalé sur une période de six ans (autrefois quatre), puis prolongé jusqu’en 7e année. Un cours complémentaire, d’une durée de deux ans, est offert de même que l’enseignement supérieur (qui correspond aux 10e, 11e et 12e années) dès 1939. Des cours spécialisés sont créés pour les enfants ayant des difficultés d’apprentissage ou un handicap physique3 . Ces transformations aux programmes éducatifs jumelées à une importante augmentation de la population scolaire entraînent un grand besoin de salles de classes. Au cours des années 1920, un nombre considérable d’édifices scolaires sont agrandis et d’autres sont construits. De 80 en 1917, le nombre d’écoles de la CECM passe à 194 en 19254. Au cours des années 1930, les constructions se poursuivent, mais au ralenti. Les difficultés financières de la CECM sont à ce point sérieuses que celle-ci doit interrompre la construction d’écoles à partir de 1934. Des classes temporaires sont aménagées à différents endroits tels que des sous-sols d’églises. Ce n’est qu’en 1938 que la construction de nouveaux établissements scolaires reprend5.

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Arrondissement d’AhuntsicCartierville 1. Christ-Roi (p. 41) 2. Saint-Paul-de-la-Croix (p. 29) Arrondissement de Côte-des-Neiges Notre-Dame-de-Grâce 3. Académie Centennial (p. 27) 4. Anne-Hébert (p. 25) 5. Notre-Dame-de-Grâce (p. 21) Arrondissement MercierHochelaga-Maisonneuve 6. Notre-Dame-de-l’Assomption (p. 33)

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Arrondissement du Plateau Mont-Royal 7. Espace-Jeunessse (p. 19) 8. Ancienne école JacquesMarquette (p. 31) 9. Le Plateau (p. 15)

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Arrondissement de Rosemont La Petite-Patrie 10. Centre Marie-Médiatrice (p. 5) 11. Rose-des-vents (p. 13) 12. Sainte-Bibiane (p. 9) 13. Saint-Jean-de-la-Lande (p. 35) 14. Saint-François-Solano (p. 7) 15. ancienne école CharlesBruneau (p. 11) 16. La Petite-Patrie, pavillon Notre-Dame-de-la-Défense (p. 37) Arrondissement de Villeray Saint-Michel Parc-Extension 17. Saint-Barthélémy, pavillon des Érables (p. 17) 18. Saint-Gabriel-Lalement, annexe (p. 39)

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Montréal pendant les années 1920 et 1930

MONTRÉAL PENDANT LES ANNÉES 1920 ET 1930

Montréal se transforme à un rythme accéléré au début du XXe siècle. Sa population, qui se chiffre à 48 207 habitants en 1850, atteint un million en 19311. Cette croissance est redevable à plusieurs facteurs tels que l’annexion, entre 1874 et 1918, de plusieurs petites municipalités qui deviennent des quartiers de Montréal, l’immigration venant des milieux ruraux québécois, du reste du Canada ou de l’étranger, de même qu’une augmentation des naissances. Le développement des nouveaux quartiers de Montréal, qui incluent Villeray, Rosemont, Côte-des-Neiges et NotreDame-de-Grâce, est grandement favorisé par la prolifération des tramways électriques. Afin de répondre aux besoins de cette population, les services municipaux, religieux et scolaires ainsi que les commerces s’y installent.

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École Notre-Dame-de-Grâce 5435, avenue Notre-Dame-de-Grâce arrondissement de Côte-des-Neiges Notre-Damede-Grâce 1931, J.-Albert Larue et Henri Talbot-Gouin, architectes

Sur le plan économique, Montréal demeure la plaque tournante du Canada pendant les années 1920, et ce, tant au chapitre de la production industrielle que pour son rôle essentiel dans le domaine des transports. En effet, la ville demeure le lieu privilégié de transit des marchandises entre les provinces canadiennes et le marché international. Au cours des trois premières décennies du XXe siècle, Montréal accroît de façon considérable ses échanges commerciaux avec les États-Unis. Les liens économiques qu’entretient la ville avec ses voisins du Sud se répercutent sur la vie culturelle. Tout en demeurant attentifs aux nouveautés européennes, les grands projets architecturaux montréalais s’imprègnent des façons de faire américaines. L’engouement manifesté là-bas pour l’architecture Art déco influence l’apparence des édifices montréalais. À l’instar des grandes villes américaines, dont New York, Montréal cherche à exprimer sa modernité à travers son architecture. Les modèles Art déco servent bien de telles tendances. L’effervescence économique montréalaise s’effondre avec le krach boursier de 1929. La Grande Dépression des années 1930 ralentit les activités montréalaises dans toutes les sphères d’activités. Elle décourage d’abord l’immigration puis la natalité. Contrairement à la décennie précédente, les quartiers cessent leur développement et la construction ralentit, voire cesse complètement. Seuls les projets conçus par les gouvernements pour contrer le chômage voient le jour. Comme on le sait, la Crise se termine avec l’avènement de la Seconde Guerre mondiale en 1939.

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