Fédération international
T RIMEST RIEL
Autonome de Ju No Michi
n˚ 32 2009
magazine trimestriel de diffusion interne à la fédération internationale Autonome de Ju No Michi - fondé par S. Bourgeon
L’être humain doit nécessairement avoir un «Kokorozashi»
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La vie des Clubs
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Sommaire
Editorial
Parcours de lecture de la revue KODOKAN 7
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Le junomichi et l’eau …
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L’être humain doit nécessairement avoir un «Kokorozashi» :
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NAGE NO KATA : IPPON SEOI NAGE
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Samouraï Magicien Dessinateur
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Les titres
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Notre stage pour Pierrot
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Stage au dojo de Pelleport à Paris
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Agenda
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V
éditorial
otre revue JU NO MICHI Magazine revêt un nouveau «Judogi» pour continuer à être un lien fort et agréable entre nous tous, pratiquants. Merci à Claude et Kevin pour leur contribution «graphique». A l’instar des évolutions au sein de notre fédération, l’équipe du JU NO MICHI Magazine est renouvelée, animée maintenant par Christian ARNAUD, Matthieu GUYOMARD, Romain GAUTHIER et Cédric BONVILLAIN. Nous profitons de cette passation pour saluer le travail de Michel LUGUERN, Didier TRAHMEL, Matthieu GUYOMARD, Philippe CHANCLOU, et le fondateur de la revue Sébastien BOURGEON. L’occasion est trop belle pour rappeler que le renouvellement d’équipe ne change pas l’essentiel : vous restez les acteurs de cette revue par les articles que vous nous proposez. Sans votre passion, pas de revue possible ! Une réflexion sur le mode de diffusion de notre revue est en cours. Nous cherchons à la rendre plus efficace et moins lourde, c’est pourquoi nous envisageons de la mettre en ligne gratuitement sur le site de la fédération www.fiaj. fr. Ainsi vous aurez une autre bonne raison de visiter notre site internet. Pour les irréductibles du papier, elle sera disponible aux stages nationaux et payante, pour couvrir les frais d’impression couleur. Le prix reste encore à déterminer. Ce numéro de reprise est largement consacré aux pensées et écrits de Monsieur Kano, aux fondements même de notre pratique : tout un symbole … Avant de vous laisser apprécier ce nouveau numéro, harmonieux dans son fond et sa forme, nous souhaitons avoir une grande pensée pour notre caricaturiste Monsieur GIRAUD qui nous a quitté cet été. Nous ne manquerons pas de nous rappeler à son joyeux souvenir en faisant revivre, au fil de nos prochains numéros, son trait toujours perspicace et amusé. Bonne lecture !
M
La rédaction
axime de JIGORO
«
KANO :
De la subtilité dans la technique, de la finesse dans l’esthétique sont utiles pour l’efficacité de l’art, mais échappent à toute description.
»
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>Chateauvillain : Lesprit à l’initiative
clubs
La vie des Clubs
Une fois sortis des grands froids et de l’hibernation (malgré de très bons anti-gel …), les Junomichikas de l’Est comptent rapidement réchauffer l’atmosphère printanière. À l’initiative de David Lesprit (Gakusei), professeur de Junomichi à Chateauvillain (52) et Veuxhalles (21), trois stages club sont prévus. Le premier en janvier animé par Rudolf di Stefano, puis en avril, animé par Mathias Leroux et enfin en juin animé par Romain Gauthier. Au cours de ces week-end les élèves de tous âges de Chateauvillain, Veuxhalles se «frotteront» à d’autres enseignants de Junomichi. Les clubs de Villers-les-Nancy et d’Auxerre seront de la partie, sans compter les toujours bienvenus « pigeons voyageurs du Junomichi». Un certain Jacky Legoux a depuis quelques années, ouvert la voie et pris ses quartiers chez David en animant à chaque période de congés scolaires un stage club ouvert aux adultes et aux enfants, en mettant l’accent sur le Ju-Jitsu. Une sympathique dynamique, à suivre …
>Lamidé Président Ne le cherchez pas sur vos derniers bulletins de vote, ce président-là se la joue «local», et pour être plus précis à Gasny (27). Le président Miserey a passé le relais de la présidence du club de Gasny à Stéphane Lamidé, (Gakusei). Avec ce nouveau président, on s’attend à «travailler plus pour se marrer plus». En tout cas, l’osmose est garantie avec Jacques Merrant (Hondeshi), professeur de Junomichi à Gasny … à se demander si ce dernier ne s’est pas fait tailler un président sur mesure. Loin de se contenter de ce titre, Stéphane a également pris la succession de Roland Nomé au Club d’Ecos (27) pour poursuivre l’aventure, Roland Nomé s’étant «exilé» en Suisse … Normande. La bonne humeur sera au rendez-vous, à n’en pas douter !
>Loïc l’alchimiste La région Loire Atlantique bouge et cogite ; en voici une nouvelle illustration. Depuis le début de la saison 2007-2008, Loïc le Hanneur (Kyoshi) professeur au Dojo d’Anjou (49), a mis en place un cours enfant - parents. Une idée simple qui décloisonne, pour le meilleur, les relations familiales. Partager, chercher les principes du Junomichi, sans se préoccuper, le temps d’un cours (et sûrement un peu plus au fur et à mesure de la pratique), des «conflits» classiques entre parents et enfants, le rapport d’âge, de génération.
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A n’en pas douter Loïc doit avoir un laboratoire personnel très riche … Pour en savoir plus, rapprochez-vous de Loïc qui se fera une joie de vous expliquer comment transformer le plomb des années qui séparent en or de la découverte entre générations.
>Quand Jacky Legoux reprend le chemin de l’école … Pas de cartable en cuir, de culottes courtes ni de blouses grises, non, il les a remisés depuis quelques temps et préfère de loin le judogi et les tatamis. À tel point qu’il réitère pour la 6e saisons consécutive, en partenariat avec l’école primaire d’Ivry-laBataille (27), l’initiation au Junomichi pour les classes allant du CE2 au CM2. Jacky (Renshi), président du club d’Ivry-la-Bataille, devient prof à la place du prof (pour le plus grand bonheur de l’enseignant alors en phase de récupération …), durant 45 minutes, deux samedi matin par mois. Une belle ouverture donnée aux plus jeunes, fascinés de découvrir un lieu et un esprit nouveau, différent de celui de l’école : le Dojo. Félicitation à Jacky (et à ses assistants : Juan, Frédérique et les autres) pour cette initiative pérenne, vitrine de notre discipline.
>La Somme mais sans la soustraction Paul Pérez (Renshi), élève de M. Corréa, s’est mis au vert depuis maintenant deux bonnes années, quittant son logement de Montreuil pour se faire rat des champs au milieu des Hortillonnages, dans la région d’Amiens (80). Dans ces terres fertiles de Betteravland (ndlr : ne cherchez pas sur une carte, ça n’existe pas !) Paul a fait germer un nouveau club de Junomichi avec le concours matériel du club d’Ivry-la-Bataille (27) qui a fourni les tatamis. Néanmoins, Paulo, soucieux de ne pas se soustraire à ses amis parisiens, continue à enseigner au Dojo de Pipcus, à Paris et à fréquenter le Dojo de Montreuil (93), chez Rudolf Di Stéfano (Renshi). Paulo, fidèle à sa réputation de voyageur continue d’avaler les kilomètres, juché sur son infatigable bicyclette (que du recyclé …) ou en train. Paulo, bravo pour ton endurance !
>Caen les amis débarquent … Marc Dujardin, professeur au club de Junomichi de Bavent (14), a passé le relais à Hervé Fleury (Renshi), élève de Christian Demarre (Honkyoshi, DTN de la Fédération de Junomichi), il y a de cela quatre ans. Rompant provisoirement avec le traditionnel entraînement collectif avec les Clubs
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d’Evreux et du Marais, avant les fêtes de Noël, Christian Demarre a été convié pour le deuxième fois afin de diriger un entraînement au Club de Bavent, le 19 décembre 2008. Une belle occasion de faire plus ample connaissance avec nos amis du club de Junomichi du Calavados, histoire de prendre quelques «bûches» entre amis, un peu avant l’heure, et de revisiter, en kimono, le fameux «trou normand», secret d’une technique de Junomichi réussie.
>Hervé Fleury refait parler de lui … Discret dans son club de Bavent (14) où il enseigne le Junomichi, Hervé Fleury préparait pourtant bien son coup … d’éclat. C’est au cours du stage national de Villers les Nancy (57) qu’il a achevé son examen de grade pour devenir Renshi de Junomichi en remontant la ligne et en y apposant un point final. Rayonnant et généreux, Hervé nous a offert un beau soleil sur kataguruma. Félicitation au nouveau promu !
>Un clin d’œil de Pierre inscrit dans le marbre Une chaleureuse pensée pour notre ami Pierre Garcia (Kyoshi de Junomichi) que nous avons salué une dernière fois, en juin 2007. Son rire tonitruant, ses coups de gueule, sa générosité et sa passion nous manquent. Le «trou dans l’eau» après le passage d’un tel Homme ne se referme pas comme ça ! Sur sa sépulture, sachez simplement qu’un bel Uchi Mata a été gravé dans le marbre, technique qu’il affectionnait particulièrement, Christian Demarre s’en souvient certainement … Au delà de la technique, Pierrot a marqué ceux qui l’ont croisé et qui ont pris le temps de s’asseoir à ses cotés, pour mieux le connaître. Merci à toi Pierrot pour ces moments et, suivant ton exemple, nous perpétuerons le secret de ta joie de vivre : un litre de sueur … et autant de bon vin. Salut Samouraï.
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article
Parcours de lecture de la revue KODOKAN
15 mars 1952
Suivant Maître KANO, le Judo “art d’élégance, culture mentale, arme efficace” est insaisissable. Plus on cherchera à l’enfermer dans une convention, plus il nous échappera. Il n’épanouira que ceux qui pratiqueront avec sincérité, l’esprit libre pour la voie. Le Judo a été conçu pour la culture de l’individu. Maître Kano disait “ J’aimerais obtenir un esprit indomptable et naturel, renforcé d’une morale équilibrée grâce au Judo dans les DOJO.” Le but est ainsi d’obtenir un esprit clair et une morale saine en utilisant l’énergie mentale et physique. C’est le moyen le plus rapide pour compléter notre personnalité. Ceci est tout l’aspect philosophique du DO ou du MICHI qui est ainsi une voie de vérité, de confiance et participe ainsi à l’achèvement de la formation du caractère. Maître Corréa a su à temps différencier le JU NO MICHI du JUDO moderne. On l’a expliqué déjà de nombreuses fois. Cela s’appuie sur ce qu’avait projeté de réaliser Maître Kano et cela a été dit il y a de nombreuses années dans les revues du KODOKAN qui me serve de parcours de lecture. Même si l’on se répète, il faut le faire pour les nouvelles personnes et les nouvelles ceintures noires qui arrivent au JU NO MICHI. Tout notre savoir et ce que nous enseignons repose ainsi sur des bases solides. Certaines personnes étrangères à notre discipline disent que nous pratiquons un judo “light” pour comparer à des boissons légères et non sucrées mais qui ne sont pas si agréable que cela à boire. Loin d’être “light”, notre pratique est intense et intelligente. On peut lire dans la revue KODOKAN de 1952 : “Les dissensions sur les championnats, les catégories de poids et les jeux Olympiques sont loin de s’apaiser (en effet). Nous sommes actuellement dans une position fausse, plus grave que nous le pensons et qui risque de déprécier le JUDO dans l’opinion publique. Ce qui amènera la disparition du JUDO comme disparut en son temps le JU JITSU.” Le JUDO a été conçu pour la culture de l’individu. Le championnat va donc à l’encontre de la Voie DO ou MICHI qui est une voie de vérité. Maître KANO développe ainsi le principe de l’utilisation maximum de l’énergie jusqu’à l’énergie mentale. Énergie signifie la, à la fois la force mentale et physique. Le Judo a donc une signification morale et éducative, contribuant à l’achèvement de la formation du caractère. Maître KANO disait : ”J’aimerais obtenir un esprit indomptable et naturel, renforcé d’une morale équilibrée grâce au JUDO dans les DOJO.” Notre but final en JU NO MICHI est d’obtenir un esprit clair et une morale saine en utilisant l’énergie mentale et physique. C’est le moyen le plus rapide pour compléter notre personnalité. Christian DEMARRE
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pensée
Le junomichi et l’eau …
Après la lecture de certains livres quelque chose a vue une relation entre les mouvements vivants de l’eau et … le junomichi !
Si la truite utilise un vortex ascendant pour remonter la cascade (SCHAUBERGER), il y a dans un mouvement junomichi une hélice d’aspiration vers le bas en même temps qu’une force hélicoïdale conique vers l’extérieur : un vortex ! «Si on part d’un diamètre 1, la force centripète est multipliée par 4»* ce qui explique le non-poids d’UKE pris dans ce «tourbillon naturel» ! L’axe du cône d’action ne doit pas se briser … On comprend bien en posant un crayon sur le cahier et on lui faisant faire un cône ! À vos crayons ! Et merci aux truites ! …
Daniel-Yves BIERI
PS : Le rouleau de la vague est un beau vortex… * citation
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article
L’être humain doit nécessairement avoir un «Kokorozashi» : Traduction d’un chapitre du premier livre de Jigoro Kano sur l’éducation (page 142):
Tous les hommes sont prêts à accomplir quelque chose. C’est ce qu’on appelle le «Kokorozashi» de l’être humain. Mais, en temps normal, le mot «Kokorozashi» désigne-t-il la poursuite d’un but durant sa vie entière ou bien la résolution d’ordonner peu à peu les éléments épars de sa vie. La vie entrecoupée du quotidien est aussi bien une possibilité d’organiser sa vie qu’une possibilité de fuite mais ceci n’est pas ce qu’on appelle le «Kokorozashi». Jusqu’à maintenant, l’être humain louait les grandes choses réalisées avec le «Kokorozashi». Mais, les grandes choses réalisées avec le «Kokorozashi» ne se limitent pas toujours à de bonnes choses. Si ce n’est pas un vrai «Kokorozashi» avec lequel on ne peut réaliser des choses, c’est parce que la force utilisée pour accomplir ces choses est gaspillée et parce que ce faux «Kokorozashi» est différent du principe : «Un minimum d’énergie pour un maximum d’efficacité». Le «Kokorozashi» est vénérable lorsqu’il respecte ce principe et se limite lorsqu’on ne peut rien réaliser. Mais, même en réalisant des choses, cela peut nuire aux êtres humains. Quelque soit la grandeur de son «Kokorozashi», si on apporte des calamités sur le monde; On ne peut pas appeler cela un bon «Kokorozashi». Lorsqu’on regarde leurs exploits, les soi-disant héros assassinent les êtres humains en grand nombre, détruisent leurs biens matériels et perturbent la marche du monde. Nul doute que le «Kokorozashi» de ce type de personne était grand mais on ne peut pas dire que les résultats obtenus apportent un quelconque profit aux individus ou à la société. Un «Kokorozashi» abject qui s’est fourvoyé est quelque chose de très courant. C’est pour cela que le «Kokorozashi» doit correspondre au principe : «Entraide et prospérité mutuelle». Lorsqu’on regarde de cette façon-là, le «Kokorozashi» doit nécessairement être la grande chose qui doit permettre à chacun d’avoir le bonheur comme but à atteindre en liaison avec ses capacités. Si on y réfléchit de cette façon, le fait que l’être humain possède un «Kokorozashi» lui permettant de rencontrer les autres êtres humains un à un, n’est pas une chose difficile car c’est quelque chose qu’il possède naturellement. Lorsqu’on dit : «Est-ce que je possède un «Kokorozashi» ? ; c’est que les hommes ordinaires pensent aux êtres humains qui disent soit : «J’ai l’intention de réaliser des choses inaccessibles aux hommes du commun» soit : «Je concentre ma volonté et mes forces pour réaliser de grandes choses». Mais, cela ne marche jamais de cette façon-là. Il n’y a aucune différence entre l’animal le moins évolué et l’être humain si, en tant qu’être humain, l’homme naît et vit vainement dans ce monde et s’il meurt sans faire aucun effort pour l’humanité. Dans ce cas, l’être humain ne
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peut pas être appelé la créature la plus évoluée entre toute. Comme l’être humain possède une intelligence et une morale, il faut qu’il mène une vie basée sur des valeurs. Lorsqu’on dit : « Quelle type de vie est basée sur des valeurs ?» ; on pense entre autres aux caractéristiques des individus, à leurs compétences, à leur milieu et à leur condition sociale. On décide du moment ou on aspire à accomplir quelque chose même si ce n’est pas le but de la vie. Il est bon de concentrer toute son énergie sur ce but là. Le but de la vie est décidé à l’origine et il faut donc que les efforts faits chaque jour par l’individu soient le moyen d’accomplir le but de toute une vie. Mais, comme les êtres humains ne savent pas déterminer clairement le but de leur vie, on peut laisser à chacun un degré de décision et de pensée liée aux circonstances du moment et faire chaque jour des efforts limités tout en ne connaissant pas le but de sa vie. Si on a constamment l’intention de faire chaque jour des efforts limités, même le cœur de l’homme devient tranquille de cette façon là et même une chose hors du commun peut être réalisée en concentrant sa volonté. On arrive à un age avancé et on a déjà fait un travail parmi des hommes qui rendaient service à la société. Certains regardent passer les jours sans but avec une attitude qu’ils considèrent comme bonne appelée : «Avoir vécu en paix jusqu’à sa mort». Je pense qu’il faut que ces gens là aient également un «Kokorozashi». Le développement pour un jeune homme «lambda» d’un «Kokorozashi» dans son cœur est peut être une chose difficile à espérer mais un «ancien» doit posséder un «Kokorozashi convenant à un «ancien». Elever ses petits enfants pour en faire des gens capables est aussi une forme de «Kokorozashi». Les «anciens» possèdent un «Kokorozashi» convenant à des «anciens». Ils doivent réfléchir et décider les actions du moment selon les buts à atteindre. De plus, le moment d’aspirer à quelque chose de cette façon là n’est pas unique. Comme nous ne comptons plus les bons moments pour le faire, si nous allions vers nos buts en agissant seulement d’une seule et unique façon, notre esprit serait alors aussi naturellement en tension. Cela exercerait aussi une bonne influence sur notre santé et les résultats de notre travail en seraient même améliorés. J’aimerai tout spécialement aujourd’hui inviter les hommes de la rue à réfléchir à ce sujet. Si on résume cela en quelques mots, le principe : «Entraide et prospérité mutuelle» rendra service aussi bien aux «anciens» qu’aux enfants quel que soit leur milieu. Il faut que tous les êtres humains le mettent en pratique. En mettant ce principe en pratique, on arrive à utiliser son énergie au mieux pour arriver à un maximum d’efficacité. Jigoro Kano
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Technique
NAGE NO KATA : IPPON SEOI NAGE (2ème mouvement à droite)
UKE UKE attaque en élevant son bras au dessus de la tête au moyen des muscles de ses épaules, ceci en menaçant TORI, puis redescend son poing solidement fermé sur la tête de TORI
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TORI TORI esquive avec son corps et sa tête en faisant une amorce de rotation avec le pieds droit, et avec son bras gauche, s’empare du bras droit de UKE en le maintenant à la même hauteur
UKE UKE contrôle en durcissant le ventre, son poids est en avant sur ses deux jambes, le pied gauche (arrière) touche encore le tatami.
TORI TORI se sert de son poing d’appui de la main gauche pour tourner ses hanches en reculant son pied gauche plus loin que son pied droit.
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UKE UKE contrôle
TORI TORI se sert de ses deux appuis de ses mains pour descendre, donc le bras de UKE est toujours pratiquement horizontal.
3)
UKE UKE est dans un vide.
TORI Les épaules de TORI tirent ses mains en cercle vers la gauche, les hanches continuent de tourner, la hanche droite étant plus basse que la hanche gauche. Fin du mouvement, TORI fini sa projection en cercle, en remontant légèrement.
4)
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article
Samouraï Magicien Dessinateur
Parmi tous les bienfaits que peut procurer cette revue, il y a, en dernière page, le «Dojo en folie» de M. GIRAUD Jean. Chacun peut y trouver la méditation qu’il veut dans sa pratique avec humours. M. CORREA tenait beaucoup au soutient de son illustre ami. M. GIRAUD nous avait apporté plein de conseils à la création de notre magazine. Il n’en restait pas moins insaisissable et invisible. M. CORREA m’a dit de le solliciter sans cesse, de faire attention à ne pas m’approcher trop prêt de ce samouraï tant son ami était farceur, de son grand talent de dessinateur et son application à un judo efficace. C’est ensuite M. COCHET Rolland qui m’a parlé de lui comme un professeur de judo exceptionnel. Sans tarir d’éloges et d’éclats de rire en souvenir des farces subies ou organisées, M. COCHET m’a impressionné à propos d’un cours de M. GIRAUD avec pour seule explication de ce dernier à ses élèves : «Le judo c’est de la magie ! Le judoka fait disparaître son adversaire !»
Il prenait un partenaire et d’un seul coup, par une technique parfaite, ce dernier était par terre. Au téléphone aussi, avec M. POGNANT Marcel, les mises en boîte et mises dans le vent le rendent incontrôlable tant il sait avoir un temps d’avance sur la prochaine blague à venir. Comme dans ses bandes dessinées, cela prête à méditer. Il nous faudrait peutêtre rechercher notre propre invisibilité (?) Pas besoin de nuage de fumée magique. Au plus, pourrions nous dire le nom des prises à faire en guise de formule magique. Cette notion, cette sensation de disparition, d’illusion de s’être volatilisé, d’avoir trouvé la place, le trou, le vide est présente dans notre junomichi pour que notre efficacité ne passe par aucune force ou lourdeur. Et puis, on ne sait pas toujours où est un magicien, comment il fait avec quelle poudre de perlimpimpin. «C’est magique et c’est tout !» Notre pratique devrait peut-être aussi inciter à «C’est le junomichi et c’est tout !» J’ai néanmoins pu rencontrer l’illustre et célèbre dessinateur, bien rond et bien rieur, en habit de judo … et c’est un grand plaisir de le retrouver en dernière page. Sébastien BOURGEON
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article
Les titres
Porter un titre implique avant tout des devoirs. Les intervalles de temps après lesquels il est possible d’être présenté à une évaluation pour changer de niveau et de titre, sont des durées minimums qui prennent en compte un avancement exemplaire, produit d’une pratique intense et de compétences particulières.
Conserver un niveau pendant ces durées statuaires ne signifie pas pour autant que le niveau suivant nous est systématiquement accessible. Un niveau ne peut être conféré qu’en fonction de 3 critères : Conscience, compétence et connaissance.
Conscience :
Il est nécessaire que le candidat prenne conscience au fur et à mesure de son avancement dans les différents niveaux de ses devoirs vis à vis de son attitude et de son comportement.
Compétence : Les professeurs ou le jury engagent leur responsabilité quand à la compétence du niveau décerné, permettant ainsi au candidat d’être digne des obligations dues à son titre.
Connaissance : Le candidat désigné par le professeur doit maîtriser totalement le savoir relatif au contenu des évaluations. Un niveau n’est en aucun cas un «droit» ou un «du». Pour le candidat dès lors qu’il est présenté à une évaluation, cela ne doit pas être pour lui une démarche aléatoire, «pour voir» ou «pour tenter sa chance».
Christian DEMARRE
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Texte prononcé lors du stage de Paris, le 23 juin 2007 au junomichi pelleport
hommage à Pierre Garcia
hommage
Notre stage pour Pierrot
Ce stage n’est pas tout à fait un stage comme les autres. C’est un stage que nous avons décidé de dédier à Pierre Garcia. Pierrot est un ami pour ceux qui l’ont connu durant toutes ces années de pratique, mais aussi un ami, je pense, pour ceux qui ne l’ont pas connu. C’est une personne qui compte pour ce qui nous réuni sur les tatami aujourd’hui. Pierrot est décédé il y a une semaine et pourtant il est parmi nous d’une façon très particulière. Lors de la préparation de ce stage nous nous posions la question de savoir si en fin de journée nous allions voir, revoir des images d’Hirano Tokio. Le film tourné dans les années soixante où Hirano démontre des techniques de judo avec tant de liberté, de spontanéité. Nous voulions le faire sans trop savoir pourquoi et pourtant maintenant, après la nouvelle, les choses paraissent évidentes.
La dernière fois que j’ai vu Pierrot c’était à l’hôpital, quelques jours avant sa mort. Nous nous étions proposés de revoir ensemble, sur la petite télévision qui surplombait son lit, les images d’Hirano. Pourquoi ces images sont-elles si importantes ? Pierrot a été, pour moi qui n‘est pas connu Hirano, la personne qui m’a fait comprendre, sentir, ce que Hirano apporte à notre pratique, la raison pour laquelle il est une part importante du junomichi. Pierrot me l’a fait comprendre, et me le fait comprendre encore mieux maintenant, parce que lui-même, avait cette dimension si essentielle, si indispensable au junomichi.
Pierrot avait la Joie, cette joie que l’on voit si clairement dans la pratique d’Hirano. La rencontre d’Hirano pour lui avait été comme une révélation. Le bonheur, comme il disait, d’avoir envie de se jeter dans le vide qu’Hirano créait. Découvrir que dans les mains d’Hirano son poids n’existait plus. C’était extraordinaire ! Lorsqu’il en parlait son regard s’illuminait, et m’animait en me faisant comprendre pourquoi je pratique le junomichi, ce qui m’y tient. Tous les mots d’Hirano me viennent de Pierrot. Par exemple pour décrire la douceur du kumikata «Pas casser le kimono» ou «pince à linge». Et la consigne, «d’abord doucement, après un peu vite, mais toujours exactement». À chaque fois que je retrouvais Pierrot dans un stage je lui demandais de ma reparler d’Hirano, de me décrire sa rencontre et tout le reste. Je savais que ce n’était
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pas tant Hirano que je voulais entendre dans sa bouche, mais bien lui, la façon qu’il avait de faire exister cette joie. Cet évènement se reproduisait à chaque fois au présent. À chaque fois une fois. Toujours pratiquement les mêmes mots, mais toujours nouveaux. Quel bonheur de l’entendre. J’ai toujours pensé que Pierrot était comme une sorte de modèle de junomichika. Sa droiture, Son franc parlé, sa constance, sa passion, sa simplicité, font de Pierrot une personne qu’on ne peut pas oublier lorsque l’on monte sur les tatami. Il incarnait ce que M. Corréa entendait par la décision dans le temp : pratiquer dans la joie avec satisfaction de s’améliorer. Ses explications, ces échanges en kimono, sa façon de dire «oui» lorsqu’il recevait une technique qui était réussie, le récit de ses débuts en judo dans le dojo mythique de M. Beaujean, qu’il avait rencontré au détour d’une rue de Pigalle. Tout cela reste présent, avec la même intensité que lorsqu’il était là. En sortant de sa chambre d’hôpital, je me réjouissais à l’idée de le revoir et de partager avec lui, encore une fois, cette joie que je sentais, malgré sa grande fatigue, si présente en lui. Ce ne fût pas possible, il me l’avait un peu prédit. Mais pour autant cette joie reste bien vivante, il a su si particulièrement la faire exister, et nous la transmettre, comme ça, tout simplement. Cette joie qui est si difficile à expliquer, mais qui soutient notre pratique, ce sentiment qui comme le disait Hirano nous donne la possibilité d’enjamber des bulding. Cette joie qui, quand nous l’éprouvons, fait que nous ne mesurons pas notre taille mais sommes aussi grand que ce que notre regard embrasse. Tout ça c’est Pierrot qui me l’a fait comprendre. Sa joie est communicative. Pierrot est cette joie, cet ami, l’ami du junomichi. Rudolf DI STEFANO
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stage
Stage au dojo de Pelleport à Paris
J’avais trente ans quand j’ai commencé à pratiquer le junomichi. J’en ai aujourd’hui trente-cinq. C’était bien sûr à la suite d’une rencontre, celle de Rudolf Di stefano, sur d’autres terrains que celui des tatami. Et suite surtout à la lecture de l’ouvrage l’Origine du judo, où se déploie la parole de M. Correa, que je n’ai jamais rencontré. À l’époque, je n’étais pas a priori très versé dans les pratiques du corps. Je me représentais ces pratiques, dans leur ensemble, comme relevant de trois catégories : Pratique de loisir, recherche de bien-être, et je suis étranger à ces notions. Pratique compétitive, et il y avait déjà longtemps que je ne voyais pas d’intérêt à me vouloir champion, de quoi que ce soit. Pratique mystique, où recherche de la vérité par l’énergie contenue dans mon petit doigt (je caricature), découverte de la voie de la sagesse, etc, toutes choses auxquelles je suis franchement hostile. Sur ces trois points, la parole de M. Correa déplace les perspectives : Pas question de loisir, mais de rigueur et d’engagement. Pas question de compétition, mais de travail. Pas question non plus de révélation mystique, mais d’un moyen de recherche, et de méthode. Je me retrouvai donc sur les tatami. Je me suis arrêté après un an de pratique, parce que j’ai été saisi, une fois mon corps un peu formé, par l’ampleur du travail à accomplir, et surtout par l’engagement demandé. C’est la question de l’enseignement long. Par mes études, autrefois, j’ai été conditionné à considérer qu’on étudie pour quelque chose : obtenir un savoir, répondre à des questions. Que le chemin de l’étude est linéaire : partir d’un point, progresser, aller à un autre. Mais ici, pour moi, la question est ailleurs. Le corps se forme, bien sûr, on progresse, bien sûr, mais je n’envisage pas que l’on puisse acquérir quelque chose. C’est-à-dire qu’on part d’un point (une technique par exemple) mais jamais on ne l’acquiert. On progresse à envisager cette technique différemment, à creuser des sensations autour d’elle, mais on ne la possède pas. C’est à son dépassement que nos efforts tendent. La pratique du junomichi me semble de plus en plus n’être que recherche. Apprendre à chercher, chercher encore. Essayer. Rater. Rater mieux. Rater différemment aussi, parce que cette recherche s’effectue par le corps, et que celui-ci change, vieillit. Le travail consiste ainsi, pour moi, à se donner quelque chose que l’on a pas, à se donner à quelque chose que l’on est. Nous n’avons pas un corps à forger, nous sommes ce corps, et le junomichi est bon à l’éprouver. J’ai repris les entraînements auprès de Rudolf, et j’ai depuis pu découvrir aussi l’importance des stages. L’importance de rencontrer d’autres corps, bien sûr, à l’occasion des stages qui regroupent des pratiquants d’autres lieux. Mais surtout l’importance d’être dirigé par un autre professeur, d’entendre d’autres mots, d’envisager la recherche par d’autres moyens. Et d’être placé dans une autre relation au temps : un stage est un moment coupé, homogène, différent donc de la pratique régulière. Le pratiquant est obligé d’y déplacer son rapport au junomichi. Le dernier auquel j’ai assisté, avec ma ceinture verte, fut dirigé à Paris par
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Huguette Knoll, les 21 et 22 avril 2007. Ce qui fut envisagé sur ces deux jours fut la possibilité d’inscrire dans notre pratique la notion de direction. Debout, selon les mots d’Huguette, la direction envisagée est celle d’un ample coup de sabre, que tori donnerait de haut en bas, de l’attache du cou et de l’épaule de uke à son centre de gravité. Cette direction est celle par laquelle tori fendrait uke, le traverserait, après l’avoir esquivé tout en restant le plus possible face à lui. Cette direction s’emprunte vers l’avant, et vers l’arrière. Esquivant uke, tori ouvre le chemin de cette droite, qui devient direction, à parcourir dans les deux sens, devant et derrière lui. Huguette Knoll nous a donc invité à arpenter cette direction, deux jours durant, avec cette incroyable faculté qu’elle a à utiliser un minimum de mots, d’une absolue clarté. Inscrites dans cette direction, des techniques (ko uchi gari, o uchi gari, de ashi barai, harai goshi, tai otoshi). La qualité de l’enseignement d’Huguette tenait à ce que ces techniques étaient travaillées pour elles, pour trouver en elles leurs sensations propres, mais que ces sensations étaient à rattacher à cette question de direction. C’est une chose étonnante en soi : la qualité d’une sensation d’un mouvement ne se suffit pas à elle-même, elle s’inscrit et se comprend aussi par quelque chose d’extérieur à elle, qui est la direction que se donnent tori et uke. Cette chose, vraie debout, l’est aussi au sol. Nous avons travaillé les sorties de kata gatame et de kuzure kata gatame. Esquiver le partenaire au plus près de la direction de son contrôle, ne pas le contraindre à en changer, ne pas lui donner le sentiment de dévier. L’amener un peu plus loin. Cela, toujours, nous l’avons cherché dans les premiers mouvements du junokata. Mes mots sont pauvres à transcrire ces sensations... D’entre les choses marquantes de ce stage, un moment. La fin d’après-midi de la première journée. Fatigue, baisse de concentration. L’atmosphère se dissipait, les recommandations n’étaient plus suivies. Un moment de flottement, donc. Plutôt que de chercher à nous distraire, à nous faire multiplier les partenaires pour retrouver notre concentration et revenir à l’objet du stage, cette direction, Huguette n’a pas défait nos couples, mais a enchaîné les exercices, pour qu’avec notre partenaire du moment, celui-là même avec lequel nous nous dissipions l’instant d’avant, nous retrouvions cet objet. Et ça a marché. Julien
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agenda 2009
lieu
date
commentaire
Évreux
03 et 04 janvier 2009
hommage à M. Corréa
St Sylvain d’Anjou
28 et 29 mars 2009
examen de Grade
Perros-Guirec
06 et 07 juin 2009
examen de Grade
Valloire
18 au 25 avril 2009 (pâques)
examen de Grade
Valloire
04 au 11 juil. 2009 (été)
Compains
10 au 12 avril 2009 (pâques)
Compains
26 au 31 juil. 2009 (été)
(région Normandie) (région Pays de Loire) (région Bretagne) (région Savoie) (région Savoie) (région Auvergne) (région Auvergne)
Compains
(région Auvergne)
02 au 07 aout 2009 (été)
direction technique de C. demarre
examen de Grade
direction technique de C. demarre
examen de Grade
direction technique de W. KNOLL
examen de Grade
direction technique de W. KNOLL
examen de Grade
direction technique de W. KNOLL
Pour tous renseignements : Siège social FIAJ (Fédération International Autonome de Ju No Michi)
tél. : 02 32 38 48 92 Site Internet : http://www.fiaj.fr
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Fédération
international
Autonome de Ju No Michi
58 190 TANNAY Trimestriel
Dans notre prochain numéro :
Le kata (suite)
Rédaction : Christian Arnaud, Cédric BONVILLAIN, Romain GAUTHIER Matthieu GUYOMARD Assistant graphique: Claude TOUCHAIS Ont collaboré à ce numéro :
Parcours de lecture du Kodokan – mars 54 Judo No Shichi-Ju Nen Réflexion de lecture sur l’ouvrage Jigoro Kano, Père du judo. La vie du fondateur du judo
Christian DEMARRE Daniel-Yves BIERI Loïc Lehanneur Sébastien bourgeon Christian DEMARRE Rudolf Di Stéfano Julien
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