Revue JUNOMICHI n33

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Fédération international

T RIMEST RIEL

Autonome de Ju No Michi

n˚ 33 2009

magazine trimestriel de diffusion interne à la fédération internationale Autonome de Ju No Michi - fondé par S. Bourgeon

Le Junomichika et le plaisir !


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La lettre du Président

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Sommaire

Editorial

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La vie des Clubs

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Les 15 à Compains

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Aperçu de lecture KODOKAN mars 54

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Le Junomichika et le plaisir !

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JUDO NO SHICHI-JU NEN

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NAGE NO KATA : kata guruma

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Le Kata

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Stage international de jujitsunomichi

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Au clair de la Lune mon ami Pierrot

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Agenda

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éditorial "C’

est l’histoire d’un mec " … une histoire à partager.

Dès son retour du stage de Compains animé par Werner Knoll, durant les fêtes de Pâques, Eric Ferron (professeur du Club de Tiercé) nous a communiqué un article. Lorsque nous lui avons fait part de notre agréable surprise, à la lecture de son texte, il nous a simplement répondu : « j’étais inspiré ». La revue n’existe que par votre écriture et nous nous réjouissons car vous aimez partager vos pensées sur le Junomichi. Tant mieux pour nous tous. Après un stage, sur le chemin du retour, seul ou en covoiturage, nous retournons dans nos clubs chargés d’une formidable énergie et de convictions stimulantes pour notre pratiques : outre les considérations techniques, les lecteurs apprécient beaucoup, dans un article, vos témoignages. Certes, décrire le déroulement d’un stage et la progression d’un stage constituent en soi une source d’information, mais faites nous part de votre ressenti ; questionnez-vous sur ce qui vous enflamme dans la pratique, fouillez vos sensations de Junomichi, « grattez » la substance qui vous émeut, cherchez à comprendre et continuez à « gratter » encore et toujours, vous nous livrerez une pépite, à n’en pas douter. Pour les plus timides de la plume, n’hésitez pas à vous rapprocher de l’un des membres de l’équipe de rédaction (Christian, Matthieu, Romain ou Cédric) afin qu’ils vous « prêtent la main » pour coucher vos sensations et votre sensibilité de Junomichika sur la papier. La passion qui nous lie sur les tatamis est capable de transpirer au travers des mots écrits avec le cœur. Bonne lecture !

M

La rédaction

axime d' Igor

«

CORREA :

La chute, dans une projection, apporte quelque chose : la connaissance de la projection par le corps. Pas par la pensée, pas par l’intelligence, par la sensation du corps.

»

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le mot

>

Le mot du président

Notre pratique du Junomichi est le cœur de l’organisation de notre Fédération ! Nos Directeurs Techniques Nationaux sont notre référence, ils ont le droit de Véto sur les décisions Ethiques et stratégiques ! Les tâches administratives sont au service de notre pratique !

Ce que nous avons vécu depuis le départ de M. CORREA et plus intensément ces 2 dernières années montre que nous partageons tous ces affirmations, même si nous avons chacun nos façons de nous exprimer, nos façons de communiquer .

Nos personnalités sont fortes, indépendantes, différentes, pourquoi alors, nous sommes nous réunis autour de M. CORREA ? Certainement pour des raisons personnelles différentes, mais incontestablement le Junomichi et ses Principes venaient nourrir en nous des Valeurs Fondamentales et c’est cela l’essentiel. M. CORREA a cru en nous réunissant dans la Commission Technique en l’union de nos qualités. Alors additionnons nos potentiels, additionnons nos valeurs. Le Junomichi a besoin de chacun et de tous, il n’y a pas de personnes dignes de promouvoir le Junomichi et d’autres non dignes ou moins dignes ! Toute personne pratiquant le Junomichi est porteuse des valeurs et du développement de notre pratique dans le sens où M. CORREA l’a voulu. Le Comité Supérieur d’Ethique par nos Directeurs Technique Nationaux Christian et Werner dans notre Fédération sont garants de l’Ethique, de l’esprit et de la voie. Récemment beaucoup de choses ont changé, les plus jeunes s’investissent dans la Fédération et viennent soutenir les plus anciens, les rôles sont étendus, redéfinis et, je sens une dynamique positive et empreinte d’envie et d’enthousiasme. Je prends la Présidence pour animer l’organisation de la FIAJ, j’en assumerai toute la responsabilité avec vous tous et je souhaite que nous soyons, pour ces prochaines années, ouverts, créatifs et pratiquants assidus du Junomichi .

Je remercie Sigismond Wrona du travail qu’il a effectué durant ces dernières années. Je voudrais souligner plus fortement ses qualités humaines, sa capacité d’écoute et sa grande humilité. On peut le remercier Merci à tous ! Christian ARNAUD

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régional de Juno-michi à Villers-lès-Nancy, > Stage du 30 janvier au 1er février 2009

clubs

La vie des Clubs

Ce stage rassemblait des judokas venus de la région Est, ainsi que de la Normandie, d’Angers et de Paris. Parmi les nancéens, l’on trouvait les fidèles Junomichikas villarois, accompagnés de quelques Judokas des clubs voisins. Nous avons démarré par un entraînement vendredi soir, dirigé par Romain. Xavier a repris le cours le samedi matin, puis Cédric l’après midi, et enfin Samuel dimanche matin. Ces changements nous ont permis d’apprécier les subtilités d’entraînements différents, certes, mais complémentaires. Ce stage fut bien entendu accompagné d’apéritifs et repas gastronomiques : un pot chez Jacqueline vendredi soir, un repas au restaurant Le Villarois samedi midi, un autre au restaurant Côté Scène tenu par un Jonumichikas (Roland) samedi soir, et enfin un pot de départ dimanche midi. Tout ceci s’est déroulé dans une ambiance amicale et chaleureuse, tant sur les tatamis qu’à côté, pour le plus grand bonheur de tous. Vincent

> Un Paris osé

La dynamique « bande » du Dojo de Montreuil et du Judo Club du Marais est connue pour son implication dans la vie Fédérale : deux élèves du Dojo de Montreuil, Sole et Jack (Gakusei) ont ouvert un cours destiné aux enfants, dans un salle de Montreuil louée par leurs soins. Devant le succès que rencontre notre tandem auprès des enfants, il est question que la Mairie de Montreuil mette à disposition un Dojo municipal pour leur permettre de développer l’enseignement du Junomichi. Dans cette municipalité Verte, Sole et Jack commencent à voir la vie en rose.

> Quand le pays du soleil levant s’invite au pays du soleil couchant … cela peut donner naissance à une belle création. Serge Knoepffler (Honrenshi) aidé de Laurence Massa-Hirbec (pas encore de grade connu en Junomichi) et de Monique Anceau sont à pied d’œuvre avec la commune de Limerzel (56) pour faire naître un dojo. L’association de nos deux junomichikas et d’une « haute gradée de l’urbanisme » (Laurence) rendra bientôt possible leur projet visant à accueillir dans un même bâtiment l’art et la culture japonaise ainsi que la pratique des arts martiaux ; pas une « supérette à sushi », mais un lieu avec une âme, une vie et une pratique respectueuse des principes des arts martiaux : en un mot, un vrai dojo comme Monsieur Corréa les appréciait.

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clubs

>Oudon ? Juste à coté du Maine et Loire, bien sûr !

Samuel Guyomard (Hondeshi), appuyé par Joël Lemale (Honrenshi) et Christian Arnaud (Kyoshi - président de la FIAJ), ont défendu leur projet de création d’un club de Junomichi à Oudon (44). La municipalité a fortement apprécié l’engagement de Samuel et le sérieux du projet. Sam, avec ses « petits bras musclés » a rapatrié plusieurs dizaines de mètres carrés de tatamis mis à sa disposition par le Club d’Evreux (27). Le Club compte déjà une dizaine d’adultes, initiés par Samuel, qui se réunissent les mardi soir (20h-21h30). À peine né, ce jeune club, visiblement plein d’ambitions, organisera un stage régional en octobre 2009, animé par notre ami Michel Luguern. Soyez au rendez-vous, quelque chose me dit que l’on y sabrera le champagne pour fêter cette belle naissance. Bravo Sam et bons vents au Club de Oudon !

>Bretagne / Pays de Loire : même combat !

Comme chaque année, le critérium régional réunissant les enfants de Bretagne et des Pays de Loire s’est tenu le dimanche 26 avril 2009. Les rencontres se déroulent le dimanche matin. À l’issue de la rencontre, un stage animé par les hauts gradés permet aux petits comme aux grands de pratiquer ensemble. Même si l’on ne sait toujours pas si Nantes est en Bretagne, il est certain qu’il existe une passerelle entre ces deux accueillantes régions.

>Sous les tatamis, la plage

Mathias Leroux (Hondeshi) lance, pour la première année, une initiative tournée vers les enfants et les adolescents : un stage de Junomichi de 3 jours à la Plaine sur Mer (44), début juillet 2009. C’est l’occasion rêvée de rencontrer d’autres pratiquants de Junomichi dans un cadre idéal et, quelque part, un retour aux sources : les stages de Saint Brévin, bourgade voisine, animés par M. Corréa, ont laissé de bons souvenirs chez pas mal de Junomichikas. À n’en pas douter les grandes suées et les petits plaisirs seront au rendez-vous. Pour tout renseignement n’hésitez pas à contacter Mathias Leroux, c’est lui le G.O. (Gentil Organisateur) de ce nouveau concept : le Club Mad (NDLR : le club fou …).

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article

les 15 à Compains !

Non, ce n’est pas le « quinze de France » ! En ce début de stage, Werner nous propose un rugby, en effet, nous sommes « quinze ». Mais très vite je comprends qu’il s’agit plutôt de vélo ! Le moyeu, l’axe central, avec les rayons qui représentent toutes les directions possibles et imaginables et croyez moi, avec Werner, des directions, il y en a !!! Cela dépasse même ce que nous propose la rose des vents. Et pour couronner le tout nous avons même fini par satelliser notre partenaire autour de notre axe (le fameux moyeu). Je me doutais bien que Werner était un champion du vélo ! Trêve de plaisanterie ! Comme vous l’aurez compris, le stage de Pâques à Compains avait pour thème les différentes directions d’attaques et également « l’attaque en cercle » (qui est aussi une direction). Avec des appuis, pas trop forts, à la fois sur le pied avant et la main… Tout l’art étant évidemment (ne nous l’a-t-on pas dit 1000 fois ?) de doser subtilement et en un seul temps toute cette énergie… et dans la bonne direction… sans oublier de se hisser à l’infini… en restant droit… sans se presser… Haraï goshi, O uchi gari, Taï otoshi, Ippon seoï nage, ou encore Uchi mata, c’est la même chose… Ou presque… Mais pour les détails, vous n’aviez qu’à être là ! Encore merci à Werner qui continue à nous faire avancer dans la voie.

Eric Ferron

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À la lecture d’un article de Maître SAMURA 10e DAN du KODOKAN et en observant nos élèves, je me suis aperçu à maintes reprises que les gens saisissent le JUDOGI entre le pouce et l’index (ce qu’on appelle vulgairement la pince). Je rappelle que l’on doit saisir le JUDOGI main droit au revers gauche, main gauche à la manche droite et les bras suspendus à la veste sous leur propre poids. Les paumes des deux mains sont tournées vers le tatami comme pour la tenue du sabre. Les doigts principaux qui tiennent la veste sont l’auriculaire, l’annulaire et la majeur. La direction du déséquilibre en est mieux assurée vers l’extérieur en cercle. Citation de Maître SAMURA : « On a souvent parlé de l’utilisation des petits doigts des mains en pratique debout (pour saisir le judogi), ainsi que des petits doigts des pieds lorsque l’on évolue en JUDO. De même pour saisir le col du partenaire pour appliquer un technique d’étranglement.

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article

Aperçu de lecture KODOKAN mars 54

Quand on empoigne un bâton, si l’on serre nos doigts de toutes nos forces, cela voudra dire que nous tenons fortement le bâton, rien de plus. Mais si l’on veut utiliser ce bâton librement et efficacement, il faut l’empoigner légèrement dans la main. Le doigt qui doit avoir le plus de force est le petit doigt, puis un peu moins de force dans le suivant et ainsi de suite. C’est aussi de cette façon qu’un mineur tient sa pioche, un menuisier sa scie ou son marteau, un escrimeur son sabre et un cavalier ses rennes. Tout repose sur le même principe. » Christian DEMARRE


Le Junomichika est un guerrier pacifique : Son corps est son arme puissante, Ses mouvements des éclairs de simplicité, Toujours sur une courbe orientée. Il lance sa force dans un déséquilibre-équilibré. C’est Uké qui l’empêche de tomber ! Et dans un éclat de joie il recommence Car ce n'est jamais deux fois pareil Comme la « Beauté multiple du réel ». Chacun a son style propre, Suivant sa morphologie et ses sensations. Personne ne peut reproduire à l’identique La courbe d’un mouvement bien précis, Mais chacun peut s’approcher de la courbe idéale Et petit à petit, suivant le labeur accompli, Devenir de temps en temps « UN » avec Uké Et vivre le temps unique : quel plaisir ! …

pensée

Le Junomichika et le plaisir !

Daniel-Yves BIERI

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By Sanzo MARUYAMA (8th Dan)

> LA PERIODE DE FUJIMI-CHO

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JUDO NO SHICHI-JU NEN

En 1886, une compétition grandiose de Judo se tint a Tokyo, au siège de la police métropolitaine. La victoire du Kodokan dans cette compétition eut pour résultat la nomination de M. Yamashita et M. Matsuyama comme conseillers techniques de la Police. Et depuis l’époque ou M. Mishima devint super-intendant général, le judo a été considérablement encouragé. Le dojo de Maître Kano se trouvait alors à FujimiCho. Pour tout dire, le Jiujitsu à cette époque était à peine pratiqué, excepté par les policiers ; c’est pourquoi nous pouvons dire que le petit dojo de Kano avec ses 40 tatami était très prospère, puisque 50 à 100 personnes s’y entrainaient ardemment chaque jour . Maitre Kano, un jeune homme de 25 ans, débordant de vigoureuse jeunesse était en même temps un gentleman de haute moralité, et d’une grande largesse d’esprit. Bien que très occupé par sa vie officielle, il apparaissait cependant dans son dojo pour guider théoriquement et pratiquement ses élèves. L’instruction qu’il leur prodiguait était complète. Tous les dimanches, il donnait une série de conférences sur trois sujets: Comment gagner un combat, comment améliorer sa santé et sa force, et comment cultiver son esprit. Jusqu’alors, il était d’usage général que les Maîtres de Jiujitsu enseignent les secrets de leur art au moyen de la méthode dite « télépathique », méthode qui exigeait des élèves un esprit prompt. Au contraire M. Kano utilisait la méthode scientifique par laquelle il démontrait les fonctions de chaque technique de judo, clairement et théoriquement. Il insistait sur l’importance spéciale du Tsukuri et Kake lorsqu’il expliquait le Tachi-Waza (debout). « Un développement harmonieux de toutes les parties du corps » était une des devises favorites de M. Kano. Pour atteindre ce but il recommandait à ses élèves d’apprendre des techniques de judo correctes par des méthodes correctes. D’après lui, la victoire dans le combat n’était pas d’une importance absolue. Se déplacer dans la bonne et logique voie devait être le premier objectif. Plus tard, ce principe donna naissance à d’autres devises telles que « le meilleur emploi de l’énergie » et « encouragement de la culture physique dans tout le Japon ». Pour M. Kano, l’idéal le plus élevé en judo était d’atteindre la perfection de sa propre individualité. Générosité, politesse, ordre, attention, étaient quelques unes des vertus qui devaient être cultivées par la pratique du judo. Il expliquait à ses élèves pourquoi les principes du judo sont en eux-mêmes d’excellentes règles de conduite dans la vie et pourquoi le judo devrait apporter « la prospérité mutuelle » du genre humain. Durant cette période, lorsque le Kodokan était situé à Fujimi-Cho, quelques uns

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des plus vieux élèves demeuraient dans les environs. Ils se pavanaient d’un bout à l’autre de la rue dans une sorte d’uniforme dessiné par Kano: Un vêtement avec cinq ornements de la forme suivante: une circonférence qui enfermait une barre horizontale et un Hakama (sorte de jupe plissée) à rayures. Cet ornement voulait dire « la volonté de fer contenue dans la bourre de soie » et qui représentait très bien l’esprit du judo: « être fort intérieurement mais doux extérieurement ».

>Le Judo à l’Académie Navale

Comme la popularité du judo allait en augmentant, quelques unes des institutions éducatrices commencèrent à s’y intéresser. L’Académie Navale était l'une d’entre elles. À peu près à la même époque où l’Académie se déplaça de Tsukiji (à Tokyo) pour Etajima (à Hiroshima), M. Arichi, Président de l’Académie vint à Tokyo et consulta M. Kano sur la possibilité d’adopter le judo comme l’une des matières d’enseignement à l’École. Ce dernier fut immédiatement d’accord sur cette idée et promit son appui total. Peu de temps après, un dojo fut construit dans l’Académie Navale, et M. Sato et M. Yamashita y furent envoyés comme premiers instructeurs. Par la suite des judokas fameux tels que Yokoyama, Kimotsuke et Yoshino s’y succédèrent, assurant l’enseignement.

>Le Commandant Hirose

Le nom du Commandant Hirose est cher au coeur du peuple japonais comme un héros de la guerre russo-japonaise. Il était étudiant à l’Académie Navale lorsqu’il était à Tokyo. Un hiver, poussé par un brûlant désir de connaître à fond le judo, il obtint des autorités de son École une permission spéciale pour assister au Kangeiko, ou l’entraînement d’hiver au Kodokan. Tous les matins, il se levait à trois heures, et marchait de Tsukiji à Fujimicho. Une nuit, la neige tombant à flocons serrés, il atteignait la route de Kudan, en haut de la colline, lorsque la courroie de ses geta (galoches japonaises en bois) se cassa, et il n’avait aucun moyen pour la réparer. Il jeta ses galoches dans un fossé voisin et pieds nus, continua son chemin avec une grande volonté. Après l’exercice il s’en retourna aussi nu-pieds. Ceci peut vous paraître presque ridicule, mais vous donnera quelque idée de la «Vigueur que les jeunes judokas de cette époque possédaient. Cet épisode fut pris pour une des scènes du film « Sugata Sanshiro ».

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> Poupée modèle L’université Impériale de Tokio construisit également son dojo à peu près à la même époque. On demanda à M. Kano d’envoyer quelques instructeurs. Shiro Saigo et quelques autres y allèrent. Ce fut à cette époque que Kano fabriqua une poupée devant servir de modèle, d’environ 25 cm. de haut, chaque articulation de cette poupée était articulée, et c’est en la faisant fonctionner, que Kano expliquait à ses élèves comment travailler chaque partie du corps humain, et leur faisait comprendre clairement Tsukuri et Kake.

> Établissement du Kata

C’était vers 1877. Le nombre des élèves s’accroissait régulièrement, et les techniques du judo s’amélioraient constamment. Kano réalisa la nécessité de fixer les Katas - formes standard du judo aussi importantes que les Randori – exercices libres. En premier lieu, il sélectionna cinq Katas essentiels selon les lois de la nature. Alors il songea à 10 Katas (et par la suite 15) de Ju (qui signifie « souple »). Les Katas de Go (qui signifie « Fort ») , ceux composés de Ju et de Go, et finalement les Katas de Koshiki (des vieilles écoles) furent ajoutés. S’il insistait spécialement sur le Kata, c’était dans le but de clarifier les principes du judo à la fois théoriquement et méthodiquement. Sanzo MARUYAMA

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UKE UKE attaque TORI lorsqu’il se présente devant lui

TORI TORI esquive en distance et en s’orientant

En fin de 2ème pas, TORI chasse la main gauche de UKE près de son poignet pour faire lâcher le judogi.

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Technique

NAGE NO KATA : kata guruma

UKE UKE reste bien droit pour contrôler.

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TORI La main gauche de TORI reste en haut pendant que son corps descend en restant pratiquement face à UKE.

La main gauche de TORI est toujours en haut, le corps s’est fléchi sur les jambes avant de se pencher pour récupérer la jambe de UKE. La jambe gauche revient légèrement.

Les deux jambes poussent UKE, il y a GAKE.

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A l’une des commissions techniques je discutais avec notre ami Roland COCHET de la pratique des KATAS en général et je lui exposais ma compréhension de cet exercice du Junomichi. Quand j’eus terminé mon exposé il me dit : « mais tu devrais écrire un article sur ce que tu viens de m’expliquer, je suis sûr que ça intéresserait les pratiquants ». Ceci m’a décidé et n’ayant pas la prétention de vous apprendre quoi que ce soit concernant l’exécution des katas, d’autres le feraient beaucoup mieux que moi, ayant d’avantage creusé et pratiqué ces exercices, je vais simplement vous parler du parallèle qui existe, selon moi, entre la pratique du KATA et le jeu des acteurs dans une pièce de théâtre. En premier il y a un lien direct entre la pratique des KATAS et l’art du théâtre. C’est une convention qui exprime l’idée que l’action qui va se dérouler est convenue d’avance, chacun des interprètes connaissant parfaitement son rôle mais en plus avec la volonté d’être le plus vrai et le plus naturel possible. Dans les deux cas le scénario est connu d’avance et chacun interprète un rôle. Comme dans le Kata ou l’interdépendance entre TORI et UKE est un élément essentiel, la plus ou moins bonne exécution de l’un ayant une influence sur la prestation de l’autre, une même relation existe, me semble t-il, dans le jeu du théâtre dans la mesure ou si l’un des acteurs est faux dans son jeu cela rejaillit sur le jeu de son ou de ses partenaires. A ce sujet j’ai entendu des acteurs expliquer combien ils trouvaient extraordinaire de se sentir portés quand ils jouaient avec des grands. Dans le même ordre d’idée le fait d’apprendre le kata avec un partenaire qui le connaît bien et surtout le pratique avec authenticité, nous tire vers le haut, nous fait faire mieux, l’inverse aussi est vrai parfois.

article

LE KATA

Quand nous assistons à une pièce ou un film et que le jeu des acteurs est si vrai que l’on est soi même au cœur de l’intrigue au point d’en oublier qui nous sommes et ou l’on se trouve, nous constatons être véritablement projetés dans l’histoire et dans la peau des personnages ( souvent le héros d’ailleurs, jamais le méchant !!! ).On occulte complètement le fait que c’est une fiction et que ce sont des comédiens, nous pouvons dire qu’ils ont parfaitement joué leur rôle tant ils ont été vrais. C’est pour cette raison qu’ils ne sont pas nombreux à être connus, reconnus devrais-je dire. Mais combien d’heures de travail il a fallu pour ça, de répétitions, d’échecs et de découragements que l’on ne connaît pas parce que l’on ne voit que le résultat ? Et puis, il faut bien le dire aussi, certains sont plus doués que d’autres et dans notre pratique, c’est la même chose et c’est normal parce que c’est comme ça dans la vie. Dans l’exécution d’un KATA, quel qu’il soit, il y a bien cette même recherche de l’authenticité, de la vérité de l’action. Il n’y a pas de parole, certes, mais il y a le lien par le judogi avec l’autre et ça ce n’est pas plus facile. Je ne veux pas spécialement critiquer ce que d’autres font ailleurs et je n’affirme pas que c’est toujours comme ça mais, à chaque fois que j’ai eu l’occasion de voir exécuter le NAGE NO KATA ( surtout celui là ) par ceux qui le présentaient pour un examen, étant donné que c’est un passage obligé, et qu’on le fait parce que il faut le faire avec l’idée que ça ne sert à rien, j’ai toujours eu cette sensation que c’était une espèce de caricature que je voyais, alors qu’avec M. CORREA il fallait toujours travailler pour se rapprocher de ce qui est juste et vrai et il expliquait pourquoi ça devait être comme ça, car tout a une raison d’être. Il disait également que la plupart du temps les gens faisaient des gestes au lieu de faire des actions avec le corps. L’on voit bien qu’il en est ainsi en progressant dans la pratique, peut-être même y a

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t-il un certain nombre de choses que l’on se doit de découvrir soi-même ? L’avis des plus anciens et des plus avancés dans notre pratique JUNOMICHI serait intéressant à connaître et pourrait être l’occasion d’une réponse dans un article de la revue. En allant même un peu plus loin, j’ajouterais qu’il est possible qu’une certaine partie de ce que l’on peut y découvrir est de l’ordre de ce qui ne peut pas être expliqué mais simplement ressenti, tant ces aspects sont subtils. Quoi qu’il en soit, les progrès dans la compréhension et donc, nécessairement, dans l’exécution des KATAS doit rejaillir dans une amélioration de la pratique et l’exécution des techniques elles mêmes. Chacun des exercices proposés ayant une influence sur les autres. L’ensemble formant alors une unité qui pourrait être une synthèse et serait le retour à ce que KANO avait peut être comme idée première quand il disait « existe-t-il un principe d’une absolue généralité qui puisse rendre l’esprit et le corps de mon élève sain et fort ? Oui et j’ai décidé de donner à ce principe, le nom de JUDO «. Je voudrais dire aussi que j’exprime ici ma propre compréhension de la pratique et du but des katas mais je n’ai pas la prétention de dire qu’il s’agit de la vérité. Cette approche est peut être une vérité mais en tout cas c’est la mienne. Je crois qu’un KATA correctement exécuté devant quelqu’un qui ne connaît rien aux arts martiaux en général devrait malgré tout, parce qu’il est vrai, éveiller chez cette personne une idée, suggérer quelque chose et pourquoi pas créer une émotion. Le même exercice exécuté comme une caricature qui n’évoque rien et ne se résume qu’en une suite de gestes n’ayant ni vie ni âme, une coquille vide en quelque sorte qui n’est plus que l’ombre du KATA et ne fait que révéler la méconnaissance de sa finalité et de l’utilité d’un tel exercice. Il révèle l’incurie et l’incompétence de ceux qui l’ont enseigné ou qui l’examinent et montre combien ils n’ont rien compris eux-mêmes

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quand ils reprennent les candidats avec des observations du genre : « tel pied n’étant pas là ou il devrait être ou tel bras ne faisant pas tel geste ». On se rend compte qu’ils jugent sur la forme alors que ce qui devrait compter c’est le fond, la compréhension qu’ont les candidats de la bonne exécution de cette succession de déplacements avec les mouvements qui y sont associés. Mais est-ce bien étonnant quand on sait l’intérêt qu’ils donnent eux-mêmes à ces exercices. Pour ce qui nous concerne nous et pour prendre un exemple concret, quand UKE attaque pour frapper TORI sur la tête dans le 1er mouvement de la 2ème série du NAGE NO, nous savons combien il faut travailler la sincérité de cette frappe pour que ça ressemble à quelque chose, que ce soit vraiment une attaque et non pas une parodie. Si à ce moment on était capable de se mettre dans la peau de quelqu’un qui veut « massacrer » l’autre, on n’aurait pas besoin de répéter l’action, l’adrénaline de la violence serait suffisante pour que l’action soit vraie. Mais il nous faut apprendre à reproduire cette réalité alors que nous n’avons rien contre l’autre et c’est toute la difficulté. En plus quand il s’agit de présenter le kata pour un grade, s’ajoute le stress (positif celui-là) de l’examen que nous pourrions comparer au trac des acteurs avant d’entrer en scène. Là encore la similitude entre Kata et Théâtre est frappante et si ma petite dissertation sur le sujet peut aider nos jeunes pratiquants à mieux appréhender et mieux pratiquer ces exercices qui, rappelons le sont « la grammaire du judo » et étaient considérés par le créateur du JUDO et le fondateur du JUNOMICHI comme des exercices aussi importants que la pratique du randori, des uchikomis et du shiai. Sigismond WRONA Avec l’aimable collaboration de Jean-pierre DUBOSC pour ses corrections


article

STAGE INTERNATIONAL - Tiercé, Région Pays de Loire de jujitsunomichi - 13 et 14 décembre 2008 Animé par Eric FERRON et Christian ARNAUD (Avec la participation de Francisco INACIO de SOUSA)

Le conseil supérieur d’éthique a décidé, à la demande de Christian Demarre, de confier la responsabilité du jujitsunomichi, à Christian Arnaud et Eric Ferron. Lourde tâche à assumer derrière Christian Demarre qui a su nous transmettre les principes appliqués au jujitsunomichi, nous poursuivrons dans le voie qu’il nous a ouverte. La pratique du jujitsunomichi est indissociable de la pratique du junomichi et sur ce point nous sommes tous d’accord. L’art est tellement vaste, les combinaisons sont nombreuses, les situations d’attaque, de combat, très diverses, qu’on ne peut pratiquer avec l’idée de venir chercher une « recette » pour apprendre à se défendre ; cela n’existe pas ! C’est l’attitude, la verticalité, qu’il faut travailler ! Christian Arnaud et moi-même veillerons à ne pas nous éloigner des principes essentiels (Non-opposition, esquive, mobilité, contrôle, décision). « Les principes », c’est ce qui unit le junomichi et le jujitsunomichi et même au-delà, l’ensemble des arts martiaux. La pratique des armes en cela est complémentaire et peut nous faire avancer dans la voie (michi). Les pratiquants de junomichi devraient participer aux stages de jujitsunomichi et inversement. Certains le font et c’est tant mieux. Francisco INACIO de SOUSA nous apporte son « expérience de terrain » acquise professionnellement dans la garde rapprochée et a été confronté à des situations réelles. Le souci de l’efficacité est donc partagé par l’ensemble des intervenants en jujitsunomichi. Ce 5ème stage national de jujitsunomichi à Tiercé a donc été l’occasion pour nous de transmettre notre vision du jujitsu avec notre sensibilité emprunte d’aïkijutsu, de kenjutsu… Nous avons mis en œuvre les techniques de défenses sur les saisies, les atémis mais également le maniement du bâton court et du boken, pour terminer par du iaïdo de l’école Kashima. Nous espérons que ce stage vous aura donné soif…de pratique bien sûr, à bientôt donc pour de nouvelles attaques/défenses… Sans oublier les PRINCIPES. Eric Ferron

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Tu as fermé ta porte. Nous ne nous reverrons pas de sitôt.

pensée

Au clair de la Lune mon ami Pierrot

Nous en avons fait des kilomètres ensemble pour le Judo. Il est vrai qu’il y avait toujours en même temps à la clé un petit resto ou même un petit caveau. Pour la voie de la souplesse, tu as fait des efforts énormes toi qui avais tant de forces à libérer. L’autre jour, chez moi, j’ai craqué au moment d’allumer le gril dans la cheminée de la petite maison au fond du jardin car le jeudi midi, après notre entrainement du matin, c’est toi qui fonçait pour aller chercher le petit bois et être le premier à allumer le feu. Maintenant, la petite maison est refaite et tu ne la verras pas. Il y en aurait des pages à écrire rien que pour toutes les farces que je t’ai fait subir. Mais je ne regrette pas car tu les prenais avec un tel plaisir que cela était une joie de recommencer la fois suivante. Nous avions le même amour du voyage, la même passion pour le JU NO MICHI et nous aimions la même musique. Nous nous racontions les concerts du jour de l’an. Nous chantions à tue-tête dans le mini-bus les plus beaux airs d’opéra en essayant pâlement d’imiter Luciano. Je ne parlerai pas de notre répertoire de restaurants pour les retours du dimanche matin. Chaque circuit était jalonné et certains restos méritaient même un petit détour. Pour les idées, les discussions étaient souvent âpres. Mais tu étais tellement têtu que souvent, je laissais tomber. Pour le Judo, tu avais tes idées. Tu as eu du mal mais tu y arrivais petit à petit. Je suis allé te voir trois fois à l’hôpital à Paris. À chaque fois, je me débrouillais pour être le dernier à sortir et sur un petit signe de la main pour te quitter, des larmes énormes coulaient de tes yeux. La dernière fois que je t’ai vu, j’avais décidé avec l’accord de Werner de te remettre le 6e Dan. Je n’avais pas du tout envie de le remettre à titre posthume. Nous sommes entrés dans la chambre. Tu étais très fatigué. J’étais accompagné de ma femme et des Lelait. Je t’ai demandé de respirer un grand coup et j’ai voulu savoir si tu étais capable d’encaisser une grosse émotion. Ensuite, je me suis lancé en t’annonçant que nous avions décidé de te remettre le 6e Dan et je t’ai donné ma ceinture rouge et blanche. Là, tu es resté silencieux un long moment, la tête baissée et complètement oppressé. Alors, je t’ai engueulé pour te faire réagir. Tu as mis un certain temps et puis tu as levé la tête : « Oh mon Dieu! Qu’est ce que vous faites ..... » Après, l’émotion passée, j’ai compris que tu étais très heureux, mais moi, j’ai eu très peur pendant ces instants qui ont paru une éternité. J’ai eu peur que l’émotion soit trop forte pour ton coeur. Nous t’avons remis la ceinture par dessus ton pyjama et nous t’avons couché car tu n’avais plus de forces. Je pense que tu avais encore l’espoir de t’en sortir puisqu’à la fin tu m’as dit : « Pourquoi tu ne me la remets pas au club. » Je pense que je vous devais ces quelques lignes pour vous raconter la fin de notre Pierrot national. Il est parti en kimono avec ma ceinture autour du ventre mais pour moi, il est toujours autour de nous à traîner sur les tatamis. Il a fermé sa porte l’ami Pierrot. En toute amitié. Christian Demarre PS : Je te promets de te marquer Ippon en durant plus longtemps que tes 73 ans.

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agenda 2009

lieu

date

commentaire

Perros-Guirec

06 et 07 juin 2009

examen de Grade

Valloire

04 au 11 juil. 2009 (été)

direction technique de C. demarre

Compains

26 au 31 juil. 2009 (été)

direction technique de W. KNOLL

(région Bretagne) (région Savoie) (région Auvergne)

examen de Grade examen de Grade

Compains

02 au 07 aout 2009 (été)

direction technique de W. KNOLL

Boën

28 au 30 août 2009 (été)

séminaire des professeurs et assistants

(région Auvergne) (Rhône-Alpes / France)

examen de Grade

Pour tous renseignements : Siège social FIAJ (Fédération InternationalE Autonome de Ju No Michi)

tél. : 02 32 38 48 92 Site Internet : http://www.fiaj.fr

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Fédération

international

Autonome de Ju No Michi

58 190 TANNAY Trimestriel

Dans notre prochain numéro :

Le kata (suite)

Rédaction : Christian Arnaud, Cédric BONVILLAIN, Romain GAUTHIER Matthieu GUYOMARD Assistant graphique : Claude TOUCHAIS Ont collaboré à ce numéro :

Réflexion de lecture sur l’ouvrage Jigoro Kano, Père du judo. La vie du fondateur du judo

Christian Demarre Daniel-Yves Bieri Eric Ferron Sigismond Wrona Christian Arnaud

Entretien avec Huguette Knoll à Compains sur le thème de la chute Fédération international Autonome de Ju No Michi

Hommage à mon ami Jean-Marie Giraud

12 Faubourg de Villiers 58 190 TANNAY e-mail : junomichi-mag@voila.fr

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