3 minute read

Notre mission allait bien au-delà d’un « simple » conseil

Pandémie oblige, la permanence de notre Service juridique (SJ) a connu l’an dernier une hausse des demandes de renseignements de près de 50 %. Le délai de réponse n’a pas excédé 24 heures dans l’immense majorité des cas. Retour sur une année hors norme avec Mathieu Piguet, responsable du SJ.

Pour le Service juridique de la CVCI, 2020 aura été l’année de tous les records. Sa permanence a donné 3981 renseignements à 853 entreprises, soit une augmentation de près de 50 % par rapport aux années précédentes. Mathieu Piguet, qui dirige le SJ, revient sur ces douze mois pour le moins mouvementés.

Quel a été le défi le plus urgent ?

Contrairement au virus, c’est la première vague qui a le plus impacté notre service. En mars, presque du jour au lendemain, il nous a fallu nous réorganiser complètement. Les quatre juristes de la CVCI ont tout lâché pour se focaliser à 100 % sur les conséquences juridiques de la situation sanitaire pour nos entreprises membres : droit ou non de poursuivre certaines activités économiques, application des soutiens décidés par les pouvoirs publics (RHT , APG, etc.), conséquences des fermetures d’écoles et de garderies pour les employés et leurs employeurs, télétravail, etc. Même s’il y a eu quelques périodes de répit au gré de l’évolution de la pandémie, 2020 a été sans grande surprise dictée par les questions autour des mesures prises pour lutter contre le Covid et leurs conséquences sur les activités professionnelles de tout un chacun. La deuxième vague d’automne a été plus calme pour le SJ, la plupart des mesures prises ayant déjà été expérimentées par les entreprises et employeurs au printemps.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Outre l’urgence de la situation, le caractère inédit et en constante évolution de cette crise – un jour oui, un jour non, un jour peut-être et ça change la semaine d’après… – a rendu les conseils particulièrement difficiles et incertains. Le juriste est certes habitué à l’incertitude – le droit est science humaine et donc inexacte –, mais de là à changer du tout au tout d’une semaine à l’autre… Une des principales difficultés a été de suivre l’évolution des décisions, tout en devant faire face à l’avalanche de questions.

Avez-vous pu faire face aux demandes dans des délais raisonnables ?

Dans ces circonstances difficiles pour nos membres, il était primordial pour nous de maintenir le service de permanence à flot et d’être en mesure de répondre dans les meilleurs délais, d’autant plus que les entreprises devaient faire face à des services publics débordés. Je crois que nous y sommes parvenus, avec un délai de réponse n’excédant pas 24 heures dans l’immense majorité des cas.

Quel était l’état d’esprit des clients? A la permanence, nous avons l’habitude des questions qui sortent du cadre strictement juridique. Le client éprouve parfois le besoin de « vider son sac » ou de chercher simplement une écoute et la confirmation d’un point de vue. Mais là, ça allait bien au-delà : nous avions affaire à des personnes parfois paniquées ou très inquiètes, pour ne pas dire désemparées. La mission du juriste allait dès lors bien au-delà d’un « simple » conseil : il fallait faire preuve d’écoute et d’empathie.

Quels points positifs avez-vous retenu de cette année véritablement exceptionnelle?

La reconnaissance témoignée par les clients du service a été encore plus marquée que d’habitude. Ils ont fait preuve de compréhension et de patience par rapport à des réponses qui, par la force de règlementations évoluant très rapidement, n’étaient pas toujours très précises. Avec mon équipe, nous avons eu le sentiment d’être utiles. C’était très gratifiant et cela permet aussi de « tenir le choc ». Il y eu une grande solidarité au sein du SJ et l’esprit d’équipe s’en est trouvé renforcé.

Deux mots sur le télétravail ?

Travailler à distance les uns des autres pour une assez longue durée, tout en maintenant une productivité très élevée au vu du nombre de renseignements traités, a constitué une expérience inédite. Malgré quelques cafouillages logistiques inévitables au début, le test des outils de travail digitaux et de la coordination du travail à distance s’avère plus que réussi. Nous avons aussi pris conscience de la simplicité d’utilisation de certains outils (« Zoomattitude ») qui nous ont permis de développer de nouveaux services comme les webinaires. Nous espérons pouvoir garder – et construire sur – ces éléments positifs et tourner la page au plus vite de cette pandémie qui n’en finit pas de peser sur le moral de tout le monde.

PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-FRANÇOIS KRÄHENBÜHL JEAN-FRANCOIS.KRAHENBUHL@CVCI.CH PHOTO ZUZANNA ADAMCZEWSKA-BOLLE

This article is from: