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Plaidoyer d’Avenir Suisse pour une politique climatique libérale
Plaidoyer pour une politique climatique libérale
Avenir Suisse vient de sortir une publication qui recense les mesures efficaces pour lutter contre le changement climatique et celles qui relèvent plutôt d’une vision symbolique.
La pandémie de coronavirus a relégué à l’arrière-plan la problématique du réchauffement climatique. La votation récente sur la loi sur le CO2 l’a ramenée sous les feux de l’actualité. Hasard du calendrier, c’est dans ce contexte que le think tank libéral Avenir Suisse vient de publier un ouvrage très fouillé de 230 pages, « Une politique climatique efficace ». Ce livre, destiné aux responsables de politique environnementale et à ceux de l’économie, montre où il est nécessaire d’agir, mais aussi où des dérives réglementaires sont en cours. « La loi sur le CO2 contenait de bonnes mesures, comme les taxes sur le CO2, et d’autres qui l’étaient moins, comme le Fonds du climat, avance Jérôme Cosandey », directeur romand d’Avenir Suisse. Les auteurs proposent une grille de lecture de tous les instruments de la politique climatique pour faire bouger les choses.
Deux axes sont privilégiés : établir la vérité des coûts ou l’application du principe du pollueur-payeur, et la neutralité technologique, soit l’adoption des mesures qui fonctionnent le mieux et le plus efficacement. Ce sont les clés d’une politique climatique libérale. « Je pense que même le fonctionnaire le mieux intentionné n’a pas la possibilité de voir ce qui va se passer dans vingt ans du point de vue technologique », assure Jérôme Cosandey. « Nos recommandations sortent certes d’un laboratoire d’idées libéral, mais je pense que l’état des lieux, tant au niveau atmosphérique que celui des instruments à disposition, est neutre et large. » Pour lui, tant les militants pour l’environnement que les climatosceptiques y trouveront matière à confronter leurs convictions et à clarifier leurs positions. Il se félicite au passage d’un récent Tweet du climatologue de l’EPFZ, Reto Knutti, qui a salué la grande qualité de l’ouvrage. Le message central du livre? Des instruments qui reposent sur les mécanismes du marché ont plus d’effet que des interdictions et des réglementations relevant d’une économie étatique « verte ». Le directeur romand d’Avenir Suisse est clair : « Il faut viser l’efficacité, l’ampleur du problème ne nous permet pas de disperser nos ressources pour des raisons de protectionnisme et de clientélisme. Si l’on achetait des certificats d’émission européens à 40 euros la tonne de CO2, avec 2 milliards on pourrait compenser notre carbone. Il faut maximiser l’impact par franc investi, sachant qu’en Suisse, économiser une tonne de CO2 reste très cher. » Notre pays a signé des accords de compensation avec le Ghana et le Pérou, cela va dans ce sens. L’Accord de Paris permet explicitement aux pays participants de réduire leurs émissions à l’étranger. « C’est bien plus pertinent pour le climat futur que d’ajouter une couche d’isolation à une maison qui est déjà Minergie », argumente Jérôme Cosandey.
C’est une évidence pour lui: notre pays ne peut pas faire cavalier seul dans le domaine de la politique climatique. Le réchauffement de la planète demeure un problème mondial. Il reste que l’Accord de Paris, signé par 197 pays et ratifié par plus de 190, n’est pas contraignant. A côté de ce modèle, le directeur romand d’Avenir Suisse voit d’un bon œil celui d’un club pour le climat, une idée qui émerge au sein de l’Union européenne. Le principe ? Sa participation n’est pas obligatoire, mais l’Etat qui n’est pas membre doit payer une petite taxe d’entrée lorsqu’il exporte dans un pays appartenant au club. «Cela encourage les membres du club à faire quelque chose pour le climat, alors que ceux qui ne participent pas à cet effort collectif doivent s’acquitter d’une taxe », note Jérôme Cosandey. « Cela reste libéral, car on a le choix de participer ou pas. On peut renforcer la dynamique de l’Accord de Paris de cette manière. » L’abandon graduel et inéluctable des énergies fossiles – et, accessoirement, du nucléaire - pose la question de l’essor futur de la mobilité électrique. Pour répondre à ce besoin croissant, on ne pourra guère accroître la part de l’hydraulique, alors que l’éolien peine à se développer. Dans ce contexte, le directeur déplore l’abandon de l’accord-cadre par la Suisse : « Ce renoncement est problématique, car on met au placard un accord sur l’électricité avec l’Union européenne. On empêche ainsi l’harmonisation de l’approvisionnement avec les autres acteurs du continent et la stabilisation du réseau. »
En conclusion, Jérôme Cosandey juge la thématique du climat trop importante pour qu’on pratique la politique des symboles. « Il faut se demander comment on peut être efficace dans cette lutte. Il faut se rapprocher de la vérité des coûts, garder cette neutralité technologique et puis sortir de cette focale helvético-suisse selon laquelle il faut tout faire ici alors que c’est plus cher. »
« Une politique climatique efficace », téléchargeable à l’adresse : m www.avenir-suisse.ch/fr/
Jérôme Cosandey, directeur romand d’Avenir Suisse.