Mise à jour : 1er janvier 2010
A à Selon Grevisse, on répète à, de et en, devant chaque terme, sauf dans les cas suivants : – les termes coordonnées constituent une locution toute faite (condamner aux frais et dépens) ; – les termes représentent un même être et objet (mon ami et collègue Pierre) ; – les termes concernent des êtres ou objets étroitement associés (aux officiers, sous-officiers et soldats). Cela dit, quand une énumération est vraiment très longue, il peut être justifié de faire sauter ces prépositions. abandon scolaire Voir drop-out. abattre Au Québec, abattre a conservé le sens « de blesser ou tuer quelqu’un avec une arme à feu », comme en témoigne l’usage fréquent que font les médias de ce verbe. Mais cet usage crée une ambiguïté : la personne atteinte par balle est-elle encore vivante ? Les dictionnaires français sont beaucoup plus clairs : abattre quelqu’un, c’est lui porter un coup mortel. abord (à prime) L’expression à prime abord est incorrecte. On dira plutôt de prime abord ou au premier abord. aborigène Voir Amérindien. abréviation La question du pluriel des abréviations est assez compliquée. Réglons d’abord le cas de celles qui sont des symboles : km (kilomètre), h (heure), kW (kilowatt), etc. Elles restent invariables. • Il a parcouru 100 km. Réglons aussi le cas des abréviations qui forment un sigle. Ils ne prennent pas la marque du pluriel. • Menace de grève dans les CPE. Les abréviations réduites à l’initiale redoublent souvent au pluriel. Le p. de page, par exemple, devient pp. et le M. de Monsieur devient MM. En revanche, quand l’abréviation conserve la dernière lettre du mot, le pluriel se marque comme s’il s’agissait d’un mot entier. Mme (Madame) devient Mmes. Mlle (Mademoiselle) devient Mlles. On écrit 1er, 1ers, 1re, 1res, 2e, 2es, etc. Quand une abréviation ne garde pas la dernière lettre du mot, mais se termine par un point, l’abréviation reste invariable. Ex. (exemple), Exc. (Excellence), Etc. (et cetera). Quand l’abréviation ne garde pas la dernière lettre, mais forme un mot tronqué (ex. bio, grano, décontract, etc.), le mot peut rester invariable. Cela dit, l’usage est assez flottant. • Des produits bio, des produits bios.
abreuvoir Ce mot désigne un « lieu aménagé pour faire boire les animaux ». Pour les humains, on emploiera plutôt fontaine. abrier Le verbe abrier vient de l’ancien français. Selon Gérard Dagenais, il signifiait « mettre à l’abri, particulièrement du froid et de la pluie ». Vraisemblablement sous l’influence de habiller, on écrit parfois abriller. Abrier est sorti de l’usage en France, mais il est resté vivant au Québec dans la langue populaire. Son sens s’est d’ailleurs étendu. Il ne fait plus seulement concurrence à couvrir. Il est également synonyme de cacher, dissimuler, masquer, protéger, recouvrir, s’habiller chaudement. Et c’est sans compter défendre, excuser, justifier. Ce sont ces verbes qu’il convient d’employer en français soutenu. • Il faut se couvrir pour bien dormir. • Il faut s’habiller chaudement aujourd’hui. • Il a recouvert ses semences. • Il protège ses arbres pour l’hiver. • Il cherche à masquer ses écarts. • Personne ne pourra justifier ses mensonges. abriller Voir abrier. absence (en l') La locution en l'absence de est relative aux individus. • La réunion du Conseil a eu lieu en l'absence du ministre des Affaires étrangères. Sous l'influence de in the absence of, on l'emploie aussi abusivement pour les choses. Dans ce cas, on emploiera plutôt faute de. • Faute de preuves, il a été relâché. abus physique Cette expression est un calque de physical abuse. On la rendra en français par mauvais traitements, sévices ou violence corporelle. • Hausse du nombre de sévices signalés à la DPJ. • Ce garçon a subi de mauvais traitements. abus sexuel L’usage tend à considérer comme synonymes les locutions abus sexuel et agression sexuelle. C’est d’ailleurs ce que fait la dernière édition du Multidictionnaire, tout en soulignant, il est vrai, qu’abus sexuel demeure critiqué. On retrouve également abus sexuel dans le Robert, mais le Larousse résiste encore. Quant à la presse, au Québec comme en France, elle hésite de plus en plus entre les deux expressions. Alors ? Abus sexuel est un calque de sexual abuse ; il faut donc se demander si cet emprunt à l’anglais est vraiment utile. Certains auteurs établissent une distinction entre l’agression sexuelle, qui serait accompagnée de violence, et l’abus sexuel, qui relèverait plutôt de l’abus d’autorité. Abus sexuel devient ainsi un euphémisme qui tend à diminuer la gravité du geste. Exemple éloquent de cette tendance, des membres du clergé préfèrent parler d’abus sexuels plutôt que d’agressions sexuelles dans le scandale des prêtres pédophiles. Pour ma part, je continue à conseiller l’emploi d’agression sexuelle.
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