ATMOSPHÈRE X DASEIN PROJET Proposé par
Dali Wu
Qiao Wan
Aujourd'hui nous nous ancrons tous dans un environnement qui est complètement transformé par la technologie. Alors, pourquoi ne pas s’interroger sur le moyen à prendre pour percevoir, nous entendre et créer des liens affectifs? Les images thermiques qu'on utilise proviennent du camera Flir.
L’ « Atmosphère » a plusieurs significations, il peut indiquer l’air indispensable à la vie que les créatures respirent, il fait référence aussi aux circonstances qui entourent chaque être particulier. En fait, on peut dire qu’entre chaque expiration et inspiration, « l’atmosphère » caractérise le Dasein qui peut signifier l’humain en tant qu'un être unique et éphémère. Les êtres existent, ils sont
là.
Aristote nous a démontré qu’autant il y a d'espèces de l'Un, c'est autant qu'il y a d'espèces de l'Être. Sous un autre angle, autant il y a de façons de parler, autant il y a de quantité de gens. Comme le principe de superposition quantique nous décrit la Réalité qui n’est pas dichotomique ou dualiste, si vous ne m’observez pas, je peux être omniprésent et universel, une fois que vous me mesurez, essayez de m’attraper avec vos concepts et vos outils fabriqués de votre conscience, je ne pourrai donc jamais vous croiser, par contre je resterai figer devant vous au sens opposé.
Les images thermiques qu'on utilise proviennent du camera Flir.
Par conséquent, je pourrais présenter l'existence universelle au plus haut niveau, aussi éthéré que l'air, ou être l’image rémanente qui conserve un moment et une température, avec des couleurs et des formes spécifiques, détenue vis-à-vis dans votre horizon. Cela tout dépend de vous, c'est-à-dire selon votre conscience, et la manière que vous percevez, les outils de votre conscience. Nous pouvons constater qu’autant il y a de questionnements, autant il y a de questionneurs.
Parlons de l’environnement. Indique-t-il les conditions de vie ou bien l'Être qui englobe tous les vivants? La forme du mot « atmosphère » ne change quasiment pas dans toutes les langues, elle ressemble à la chose qu'il désigne : inclusive, phénoménale; quant à « Dasein », ce mot allemand qui brille par l'esprit philosophique est trop particulier pour traduire dans d'autres langues. Cela veut dire, apparemment, l’étant (das Seiende) est défini par l’environnement, mais s'il n’y a pas de moment où l'intention de mettre en cause éclaire le questionneur, l’Atmosphère ne se forme non plus. L’environnement ne peut pas être prédit ou même être vu complètement, il ne peut qu’être perçu. On est donc comme des myopes qui fouillent dans un tas de différentes lentilles colorées, afin d'apercevoir par des instruments de mesure variés, par des langues et concepts multiples. On assemble les failles entre ma lentille et ta lentille, entre chaque individu, à travers chaque débris de « Dasein ».
Les images thermiques qu'on utilise proviennent du camera Flir.
X est la lettre attribuée à une inconnue, mais aussi le symbole de multiplication, ou l’icône de l'intersection et du carrefour, autrement dit, le choix. Dali Wu et Qiao Wan, l’une vit à Montréal, une ville francophone, l’autre vit à Munich en Allemagne. Ce sont deux individus ayant d’histoires de vie différente. Toutefois, elles ont également des signes vitaux, elles respirent sous la même atmosphère, et elles s’immergent également dans un environnement de hautes technologies en pleine croissance. Leur âme ne s’entrecroise pas auparavant, néanmoins, à travers les nouvelles technologiques et le cyberespace, les six heures de décalage d’horaire et six mille kilomètres de distance s’évanouissent, elles se partagent des sentiments, leur anxiété et leur désir, comme beaucoup de gens qui ne sont jamais rencontrés physiquement, mais qui se connaissent indirectement. Nous sommes donc similaires aux trains et aux piétons passagers dans le vaste réseau de transport, nous nous rendons compte de l'existence des autres au moment d'arrêt ou de croisement, mais nous sommes trop pressés pour reconnaître l’autre, parce que nous sommes amenés à la hâte par nos tâches. Les images thermiques qu'on utilise proviennent du camera Flir.
Nous oublions probablement que la rencontre relie à l'origine à l’existence, au « Dasein ». Si nous pouvons nous rencontrer au for intérieur de nous, même brièvement et de façon hasardeuse, cette rencontre profonde arrive toujours à fondre l'esprit froid et brusque, alors elle est digne des attentes éternelles. Dasein est traduit littéralement « là-bas », qui signifie paradoxalement dans la tradition philosophique « être présent ». Notre existence est la présence existentielle du monde où nous vivons réellement, et les gens que nous avons rencontrés ont créés notre présent. Ainsi, chaque rencontre a sa valeur et son importance. Le respect de la vie, c’est de donner à chaque regard une chaleur. Si l’on avait souvent la compassion envers le monde, nous trouverions que nous ne sommes pas si solitaires. Les images thermiques qu'on utilise proviennent du camera Flir.
Comme la vie humaine exige une certaine température afin de maintenir son fonctionnement normal, on trouve aussi la température émotionnelle dans les interactions entre les gens.
Ainsi, nous serons dans ces deux villes qui ne se croiseront jamais dans l'espace-temps physique, aux points d'intersection de différents réseaux ferroviaires, souterrains, en utilisant momentanément les caméras thermiques infrarouges pour capter les différentes scènes d'où la chaleur se dégage chez les individus. On enregistre, on synchronise des contacts avec les piétons dans leur direction respective. Pour l'exposition, on présentera parallèlement les séquences figées. Nous essayerons d'utiliser les outils pour récupérer la perception de l'espace/temps/matière, à l'idée de rappeler le sens des températures et du cœur.
Les images thermiques qu'on utilise proviennent du camera Flir.
La solitude n'est pas permise à l'ère d'Internet hyperactive et hyperconnectée. Quand on est incapable à accorder aux gens autour, on projette souvent le désir de communication vers les relations platoniques lointaines. Le lointain est une évasion attirée par la voix des sirènes. Maintenant, le lointain devient les écrans ternes clignotantes, ni trop grands ni trop petits, devant nos yeux. Existe-t-il réellement la communication sans corps? La chair éprouvée non consciemment est à l’origine d’un corps conscientisé puis d’un individu capable de comprendre le monde, cela explique probablement pourquoi on a besoin de se contacter corporellement quand la communication sans corps affecte ses rêveries. Cependant, une fois que le contact intime se réalise, la chaleur des corps persécute chacun à fuir de nouveau en conduisant leurs fantasmes fragiles. Le « Dasein » est enfin pour nous, étrange.
Le réel est aussi étrange. Comme nous sommes tous très attachés à notre horizon respectif, notamment aux instruments qui traduisent le monde.
TEMPÉRATURE
Ce projet « Atmosphère x Dasein » appuie sur l'importance de la température et de la matière, non pas tant par le désir d’embrassement que par la réaction instinctive de la non-présence du corps depuis longtemps.
Les images thermiques qu'on utilise proviennent du camera Flir.
Il y a une histoire derrière ce projet. Un jour Qiao était dans un train, une petite fille du vis-à-vis a dit coucou à elle en s'agissant sa main. Qiao la vagabonde, elle a été touchée par ce geste amical et chaleureux, alors elle a donc eu envie de partager ce sentiment à moi via internet, puis on a décidé de le partager à tout le monde. Cette image se fait par la caméra infrarouge thermique, le centre du viseur affiche le degré Celsius actuel.
On observe la variabilitĂŠ des sentiments humains Ă travers les points d'intersection de deux trains en vis-Ă -vis.
La carte du rĂŠseau de transport en Munich. La punaise rouge pique le lieu de la rencontre entre Qiao et la petite fille, ainsi le dĂŠpart de ce projet.
La carte du rĂŠseau de transport Ă MontrĂŠal. Les quatre cercles jaunes indiques les points d'intersection importants et turbulents de cette ville.
Sketch de l’installation
Le sol du couloir au centre est fait par les vidéos projecteurs au sol, ils projettent les images thermiques des spectateurs qui rampent le long du couloir.
Schéma de l’installation à la place de l’exposition Au milieu, les vidéos thermiques séquentielles sont générées et capturées par les capteurs thermiques en temps réel.
Nous essayons de simuler l'effet des fenêtres en vis-à-vis des deux trains dans des directions opposées par cette installation. Le couloir étroit permet un seul spectateur d’accéder en rampant, afin de regarder les vidéos thermiques séquentiels pris par deux artistes des différentes places. Nous allons filmer de chaque 6 heures dans les points d’intersection des réseaux du transport, comme il y a 6 heures de décalage horaire entre Munich et Montréal. Enfin pour l’installation, les câbles électroniques éparpillés font partie de l’oeuvre.