Le Courrier d'affaires - Hors série

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Le constat de Saint-Hyacinthe Technopole Une économie et des entreprises résilientes

SE

RÉINVENTER EN TEMPS

HORS SÉRIE

DE CRISE

JEUDI 8 OCTOBRE 2020


Ensemble

on fait la différence Olymel s’est engagée à redonner cette année l’équivalent de 1,5 M$ aux Banques alimentaires du Québec, soit plus de 7 millions de portions de charcuterie, de porc et de volaille.

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HORS SÉRIE

Cahier des 200 plus grandes entreprises de la MRC des Maskoutains / hors série Publié par :

Président, directeur général : Benoit Chartier 655, avenue Sainte-Anne, Saint-Hyacinthe (Québec) J2S 5G4 Tél.: 450 773-6028 Téléc.: 450 773-3115 Éditeur: Benoit Chartier Rédacteur en chef et éditorialiste: Martin Bourassa Adjointe à la rédaction : Annie Blanchette Photographe François Larivière Robert Gosselin Contrôleur : Monique Laliberté Directeur du tirage : Pierre Charbonneau Directeur de la publicité et de la production : Guillaume Bédard Secrétaires de la publicité : Linda Douville Marlène Laurence Imprimé par Imprimerie Transcontinental SENC, division Transmag, 10807, rue Mira­beau Ville d’Anjou (Québec) H1J 1T7. Copyright Tous les droits réservés sur les textes, les photos les annonces. Dépôt légal: Bibliothèque nationale du Québec (c) 239771 Envoi de publication - Enregistrement no. 0671479

Sommaire L’analyse de l’emploi............................4 Se réinventer......................................15 Initiatives..........................................24 Bilan..................................................50

L’art de réinventer... un cahier! (Se) Réinventer : donner une nouvelle dimension à quelque chose qui existe déjà, le découvrir de nouveau, renouveler. Ce verbe a pris tout son sens en 2020 au point de devenir le mantra de nombreuses entreprises qui ont été prises de court et bousculées par la pandémie de la COVID-19. Pour passer au travers, leurs dirigeants ont dû apprendre à conjuguer le verbe réinventer au présent et même à revoir complètement, dans certains cas, leur modèle d’affaires. C’est dans cet état d’esprit que nous avons élaboré le contenu de cette 26 e édition du cahier économique des 200 plus grandes entreprises de la MRC des Maskoutains. Il s’agit d’un numéro portant l’étiquette hors série. Conscients que le modèle précédent n’avait sans doute pas sa raison d’être en 2020, nous avons donc laissé de côté l’ancienne recette à succès de ce cahier pour concocter quelque chose qui se veut pertinent et nutritif à souhait. À tout le moins représentatif de l’état des lieux et de notre économie en mode COVID-19. Ainsi, nous avons pris la décision de faire l’impasse sur nos classements et tableaux habituels où les entreprises étaient départagées et classées par ordre d’importance en fonction du nombre d’employés. Il faut comprendre que cet exercice annuel demande beaucoup de temps et d’énergie et qu’il suppose l’entière et étroite collaboration des entreprises de la MRC des Maskoutains. Ces dernières sont habituellement contactées au printemps, en vue d’une parution à l’automne. Ce délai nous donne le temps nécessaire pour effectuer les rappels, les classements et toutes les analyses comparatives qui en découlent. Conscients des défis qui se posaient en avril et en mai à l’égard de la pandémie, nous avons considéré que le moment était bien mal choisi pour accabler les entreprises avec de la paperasse supplémentaire. Elles avaient sans doute beaucoup mieux à faire que de remplir un questionnaire de plus. Et dans la mesure où elles l’auraient fait, il était loin d’être acquis que le

portrait de l’employabilité du printemps 2020 aurait été à l’image de celui à l’automne. Le jeu des comparaisons de l’année en cours avec l’état des forces 2019 devenait lui aussi peu pertinent dans le contexte exceptionnel de la pandémie. Il a donc été décidé de laisser de côté tout l’aspect classement pour une année, le temps, espérons-le, de retrouver nos repères, ainsi que tous nos tableaux, l’an prochain. C’est le bonheur que l’on se souhaite!

Saint-Hyacinthe Technopole s’en mêle

Si l’idée de publier un cahier des 200 traditionnel a été exclue, il a été décidé de concevoir un cahier à saveur économique malgré tout. Un cahier porteur d’espoir qui pourrait démontrer l’extraordinaire capacité d’adaptation et de débrouillardise de nos entrepreneurs. C’est ainsi qu’a germé cette idée remplie de potentiel. Ne restait qu’à lui donner vie. Nous avons donc tendu une perche du côté de Saint-Hyacinthe Technopole, le bras économique de la Ville de Saint-Hyacinthe. La crise actuelle, les gens de Saint-Hyacinthe Technopole l’ont vécue de près en étant aux premières loges sur le terrain pour aider les entreprises à braver la tempête. Ils nous présentent donc un tour d’horizon économique de la situation actuelle, dressé à partir de leurs observations et échanges des dernières semaines. Force est de constater que la situation, bien que complexe et critique dans certains secteurs, n’est pas si catastrophique dans l’ensemble. Plusieurs indicateurs sont aux couleurs de la résilience! Enfin, avec l’appui de Saint-Hyacinthe Technopole et de Développement économique de la MRC des Maskoutains, nous avons aussi eu l’idée de dresser et rassembler des portraits d’entreprises de chez nous qui se sont démarquées positivement par leur capacité d’innovation depuis le printemps dernier, en saisissant de nouvelles opportunités d’affaires. Voilà ce que vous réserve ce cahier des 200 inspirant et réinventé par la force des choses. Comme le dit si bien le proverbe : à quelque chose malheur est bon!

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L’ANALYSE DE L’EMPLOI

Le secteur industriel tient les rênes de l’économie Historiquement, la contribution du secteur manufacturier à l’économie globale de Saint-Hyacinthe et de sa région a toujours été considérable. Cela est d’autant plus exact depuis le début de la pandémie alors qu’une large part des industries maskoutaines ont intensifié leurs opérations en raison du caractère essentiel de leurs produits. D’ailleurs, ce secteur a vite rebondi et est en voie de reprendre son niveau d’activités d’avant crise. « Plus de la moitié des industries maskoutaines est liée d’une manière ou d’une autre à la filière agroalimentaire. Cela inclut toutes les entreprises de produits et de services qui permettent aux transformateurs alimentaires d’éviter la rupture de production comme les entreprises de mécanique et maintenance industrielle, de logistique de transport et d’entreposage, etc. », précise Karine Guilbault, directrice du développement industriel de Saint-Hyacinthe Technopole. Ainsi, même en plein confinement, au moins 60 % des industries du territoire de la ville de SaintHyacinthe ont maintenu leurs opérations presque normalement. En

septembre, à peine quelques semaines après la reprise permise de l’ensemble des activités, les entreprises locales consultées par Saint-Hyacinthe Technopole affichaient des perspectives de croissance encourageantes. « Les données recueillies auprès de la quasi-totalité de nos industriels locaux sont fort rassurantes. À peine 3 % d’entre eux se sont dit être pessimistes quant à la croissance de leur entreprise à moyen terme, ce qui ne représente qu’une hausse minime de ce pourcentage par rapport à ce que nous avons enregistré avant l’apparition des risques liés à la pandémie », ajoute Mme Guilbault.

Contre toutes attentes, près de 70 % des industries ont déclaré ne pas prévoir d’effets négatifs de la pandémie sur leur chiffre d’affaires qui devrait, selon eux, se maintenir au niveau de 2019 ou même être en hausse pour 43 % des entreprises. Dans la même veine, les prévisions d’investissement des industries déclarées en septembre pour 2020 dépassent d’un peu plus de 25 % celles qu’elles avaient estimées en janvier, ce qui fait dire à SaintHyacinthe Technopole que les risques de devoir de nouveau opérer à personnel réduit poussent les entreprises à investir stratégiquement dans leur parc d’équipements et soutenir ainsi leur productivité.

Une base solide avant la pandémie

La relance du secteur manufacturier s’appuie sur des bases solides alors que l’année 2019 avait permis la réalisation d’investissements globaux de 172,5 M$ dans les industries maskoutaines. Il s’agissait d’une augmentation de 8,5 % par rapport à l’année précédente. Cet indicateur surpassait également de 6 % la moyenne des résultats des 10 dernières années.

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Il faut dire que tout allait rondement pour le secteur manufacturier avant le début de la pandémie. Le bilan manufacturier, que présente SaintHyacinthe Technopole annuellement, démontrait une croissance impressionnante de l’activité des industries pour 2019, avec des investissements à la hausse et une augmentation record de l’emploi dans nos industries locales. La dernière année a permis la réalisation de quelque 126 projets d’expansion industriels et de sept démarrages qui ont généré des investissements globaux de 172,5 M$ dans notre économie. Il s’agit d’une quatrième hausse consécutive du total annuel des investissements industriels et d’une augmentation de 8,5 % par rapport à l’année précédente. Cet indicateur surpasse

également de 6 % la moyenne des résultats des dix dernières années. Sans surprise, c’est la filière agroalimentaire qui domine l’activité économique du territoire maskoutain. Ainsi, l’ensemble des entreprises de celle-ci, qui inclut les activités liées à la transformation des aliments, au vétérinaire et aux biotechnologies, a investi tout près de 130 M$, soit quelque 57 % des investissements industriels totaux. Malgré ces bonnes nouvelles, Saint-Hyacinthe Technopole ne tient pas la reprise pour acquise. « Si de façon générale le secteur manufacturier se relève bien, il y a tout de même plusieurs entreprises qui sont fortement affectées par le ralentissement économique et les effets de la pandémie. Nous souhaitons être en mesure d’accompagner ces entreprises et d’intervenir auprès d’elles par le biais des différents programmes d’aide qui peuvent leur être offerts », a conclu Mme Guilbault.

Karine Guilbault, directrice du développement industriel de Saint-Hyacinthe Technopole. Photo François Larivière | Le Courrier ©


L’ANALYSE DE L’EMPLOI

L’emploi manufacturier complète sa remontée Le nombre d’emplois actifs dans les industries de Saint-Hyacinthe est en voie de revenir à son niveau prépandémie. C’est ce qui ressort d’un rapport sur la situation de l’économie maskoutaine qu’a achevé récemment l’équipe de Saint-Hyacinthe Technopole. Selon l’organisme, le secteur manufacturier maskoutain avait déjà récupéré, en septembre, 97,24 % du total des emplois perdus depuis le début de la pandémie. Une performance encourageante qui dépasse celle enregistrée sur l’ensemble du Québec qui s’établissait à 95,3 % au même moment. Ainsi, les données fournies directement par les industriels du territoire établissent à 9846 le nombre d’emplois dans l’ensemble des industries de Saint-Hyacinthe, comparativement à 10 126 en

janvier. Une perte de 280 emplois qui devrait rapidement être récupérée, selon André Barnabé, directeur général de Saint-Hyacinthe Technopole. « Seulement 2,8 % des entreprises qui ont fait des mises à pied depuis mars estiment qu’un certain nombre d’entre elles pourraient être permanentes. Des pertes qui pourraient rapidement être absorbées par les nombreuses industries qui ont toujours des postes à pourvoir, notamment au sein des entreprises agroalimentaires qui demeurent en croissance pour la plupart », affirme-t-il. D’ailleurs, la majorité des entreprises prévoit rappeler leurs employés toujours en arrêt de travail d’ici la fin de l’année ou, du moins, le plus rapidement possible lorsque la demande, les marchés d’exportation et les réseaux d’approvisionnement se seront stabilisés.

Saint-Hyacinthe Technopole estime qu’au plus fort de la crise, soit quelque part en avril dernier, l’emploi dans les industries avait atteint un recul de 10 % par rapport à son niveau de janvier. Il s’agit d’un niveau nettement moins marqué que la moyenne nationale qui s’établissait plutôt à 15,8 % pour le secteur de la fabrication.

André Barnabé, directeur général de Saint-Hyacinthe Technopole. Photo François Larivière | Le Courrier ©

En septembre, le marché du travail en industrie était remonté à un peu plus de 97 % par rapport à son niveau de janvier. Un important rattrapage qui devrait être complété avant la fin de l’année, selon Saint-Hyacinthe Technopole.

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L’ANALYSE DE L’EMPLOI

Les commerces se tournent vers la vente en ligne Le nombre de commerces maskoutains ayant des activités de vente en ligne a connu une hausse importante au cours des derniers mois. À ce jour, c’est environ 55 % des établissements de vente au détail de Saint-Hyacinthe qui confirment

avoir désormais des activités de vente en ligne par le biais de leur propre site transactionnel ou de plateformes partagées. Une montée de plus de 20 points de pourcentage comparativement aux données enregistrées en 2019. Une statistique qui réjouit Sylvain Gervais de Saint-Hyacinthe

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Technopole. « Il y a quelques années déjà que le commerce en ligne est une tendance lourde dans le secteur de la vente au détail, mais localement, les commerces étaient peu nombreux à avoir de telles activités, laissant ce marché en croissance libre aux grands joueurs mondiaux ou aux plateformes des grandes chaînes. » C’est bien sûr la récente période de confinement et la fermeture « physique » des commerces qui l’a accompagnée qui ont poussé les commerçants vers une présence plus soutenue sur le web. Une façon pour eux de pouvoir maintenir un certain niveau de vente malgré la situation. D’ailleurs, face aux risques d’une nouvelle période de confinement, 16 % des établissements qui n’ont toujours pas de présence en ligne indiquent qu’ils souhaitent se doter d’un tel outil de vente avant la fin de l’année. « L’achat en ligne est désormais profondément ancré dans les habitudes des consommateurs. Depuis le début de l’année, la valeur des

ventes électroniques a doublé au pays, ce qui laisse croire que cette pratique a fait de nouveaux adeptes », précise M. Gervais. Selon lui, il reste encore un effort à faire pour faire grimper les activités transactionnelles électroniques du noyau commercial local. Saint-Hyacinthe Technopole vise d’ailleurs à atteindre un niveau de 70 % des détaillants ayant des revenus de vente en ligne. « Ce qui représente à peu près le maximum que ce que l’on peut espérer étant donné que certains ont un modèle d’affaires qui ne s’adapte tout simplement pas à la vente en ligne. » Le nerf de la guerre est maintenant de faire connaître les commerces locaux qui offrent leurs produits sur le web à la population. C’est pourquoi Saint-Hyacinthe Technopole a mis beaucoup d’énergie à répertorier ces sites depuis le début de la pandémie et en a fait un élément central de la vaste campagne de promotion de l’achat local qu’elle a mise en branle avec différents partenaires, dont la MRC des Maskoutains.


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L’ANALYSE DE L’EMPLOI

Les commerçants maskoutains font preuve de résilience Il ne fait aucun doute, la pandémie et les mesures sanitaires appliquées à différents degrés depuis mars dernier ont pesé lourd sur le secteur commercial. Les établissements de vente au détail et de restauration ont été fortement secoués par un peu plus de deux mois de fermeture forcée et une période d’instabilité qui se prolonge. « La situation qui perdure depuis six mois est une épreuve d’endurance pour les commerçants. Même rouverts, ceux-ci doivent faire face à une baisse marquée de leur clientèle, à des coûts supplémentaires liés aux mesures sanitaires et, surtout, à beaucoup d’incertitude sur ce qui pourrait se passer dans les semaines à venir », soutient Sylvain Gervais, directeur du développement commercial de Saint-Hyacinthe Technopole. Selon ce dernier, la reprise a tout de même été relativement bonne

pour une bonne part des commerces. Bien que les habitudes de consommation aient changé, les clients n’ont pas été si réticents à retourner faire leurs achats directement dans les établissements, principalement depuis le port obligatoire du masque. « Les clients sont moins nombreux, mais se déplacent lorsque leurs achats sont nécessaires et en sachant ce qu’ils veulent », précise-t-il. Cela a même amené certains domaines à enregistrer une hausse importante de leurs ventes, comme dans l’alimentation, les soins personnels, la quincaillerie et le bricolage ou les articles de sport. D’ailleurs, près du tiers des commerces de vente au détail prévoient une hausse de leur chiffre d’affaires cette année. Mais la relance ne profite pas à tous. Notamment, la réalité est tout autre pour le secteur de la restauration qui doit quant à lui faire face à une réduction im-

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portante de leur capacité d’accueil afin de se conformer aux nouvelles règles de distanciation sociale. « Des places en salles à manger et des revenus coupés en deux ainsi que des frais fixes qui, eux, ne peuvent pas être diminués », s’inquiète M. Gervais. Ce qui explique que les restaurateurs sont, quant à eux, plus de 80 % à prévoir des revenus en baisse pour l’année. La majorité des établissements fonctionne toujours à personnel réduit sans être en mesure d’indiquer le moment où ils pourront réintégrer tous leurs employés.

Des commerces qui s’adaptent

Malgré cette épreuve, Sylvain Gervais se dit impressionné par la capacité d’adaptation dont ont fait preuve les commerçants maskoutains. Ceux-ci, croit-il, ont réagi rapidement en modifiant leurs opérations, la gestion de leurs inventaires et leur offre de pro-

Sylvain Gervais, directeur du développement commercial de Saint-Hyacinthe Technopole. Photo François Larivière | Le Courrier ©

duits. Ils ont mis en place de nouveaux services de livraison, de ramassage des commandes et de vente en ligne en plus d’être les premiers au front dans l’éducation de la population de l’application des habitudes sanitaires. « En plus de tout ce fardeau, plusieurs ont travaillé sur des projets leur permettant de se réinventer et d’adapter leur modèle d’affaires aux nouvelles réalités et tendances irréversibles imposées par la pandémie », ajoute-t-il.


L’ANALYSE DE L’EMPLOI

C’est ainsi qu’il a vu, depuis quelques semaines, apparaître un bon nombre de projets de commerçants qui souhaitent intégrer de nouveaux concepts à leur établissement. Par exemple, des restaurants proposent de produire des plats cuisinés prêts à apporter qui pourraient être vendus sur place, mais aussi distribués dans d’autres points de vente. Ou encore, des boutiques qui souhaitent installer

un atelier à même leur commerce pour la fabrication de certains produits artisanaux et même des changements dans les proportions entre la surface de vente et l’arrière-boutique afin de s’adapter aux besoins logistiques de la vente en ligne. « Il s’agit principalement de moyens visant à regrouper différentes sources de revenus à partir d’un seul établissement. Ce sera

important de démontrer une ouverture à ce genre de projets qui pourrait avoir un impact déterminant dans la survie de plusieurs commerces », prévient M. Gervais. Pour le moment, bien que le pire ait été évité, ce dernier a dénombré 17 ouvertures de nouvelles places d’affaires contre 21 fermetures depuis le début de l’année, dont un certain nombre qui n’est pas lié directement à la pandémie. Cela représente tout de même l’équivalent de ce qui est normalement enregistré en une année , mais d’autres fermetures pourraient encore survenir. « Ça donne toujours un pincement au cœur de voir un commerçant qui s’est investi dans son entreprise devoir mettre la clé dans la porte, conclut-il. C’est ce que nous voulons éviter à tout prix en demeurant ouverts aux propositions des commerçants et en les accompagnant le mieux possible dans la relance. »

Bilan 2019 : 14,3 M$ en investissements commerciaux

L’avant COVID a été marqué par trois années de développement record pour le secteur commercial maskoutain, provoquées par l’effervescence du secteur autoroutier avec l’installation du nouveau Centre de congrès. En 2019, le niveau d’investissement commercial était revenu à son niveau moyen avec 14,3 M$ et 291 nouveaux projets d’immobilisations commerciales. Ainsi, à la fin de l’année, SaintHyacinthe comptait 1514 places d’affaires commerciales, dont 1088 commerces de vente au détail et 426 bureaux et établissements de services professionnels. Les espaces à vocation commerciale disponibles sur le territoire atteignaient une superficie de 6,6 millions de pieds carrés et étaient occupés à près de 92 %.

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L’ANALYSE DE L’EMPLOI

Malgré la pandémie

Une vingtaine de nouveaux commerces ouverts à Saint-Hyacinthe Bien que le contexte actuel soit marqué par l’instabilité et l’incertitude économique, la ville de Saint-Hyacinthe a vu apparaître une vingtaine de nouveaux commerces sur son territoire depuis le début de l’année. Le centre-ville tire bien son épingle du jeu alors que 11 nouvelles entreprises y ont pignon sur rue depuis les dernières semaines. Elles sont, pour la plupart, des boutiques de détail comme Tite Frette Bières et compagnie, Meubles la Vieille Palette, Rosa Blanca, Ann+Sofia, Pur Bonheur et Verger La Perle rouge, pour ne

nommer que celles-là, mais aussi des entreprises de service ou de restauration comme pour Dame Tartine qui est de retour plus d’un an après l’incendie qui avait causé sa fermeture. Le Programme d’aide à l’implantation de commerce au centreville, lancé en début d’année par la Ville de Saint-Hyacinthe et SaintHyacinthe Technopole, semble avoir un effet déterminant pour l’attraction de nouvelles places d’affaires dans cette zone. Pas moins de cinq des nouveaux établissements enregistrés ont ouvert leurs portes avec l’appui du programme et ce nombre est appelé à augmenter au cours

des prochaines semaines si on en croit Sylvain Ger vais, de Saint-Hyacinthe Technopole, qui confirme qu’une dizaine d’autres demandes sont actuellement en analyse. « On sent de façon très marquée la hausse de l’intérêt pour le centre-ville. Le programme a visé juste en attirant l’attention de promoteurs de l’extérieur de la ville sur ce pôle et son cachet unique, en plus de donner une certaine marge de manœuvre financière aux entrepreneurs d’ici pour leur projet de démarrage », lance-t-il. Selon ce dernier, l’aide offerte, qui couvre l’équivalent du montant de la première année du loyer

(jusqu’à concurrence de 12 $ du pied carré ou 30 000 $), a fait la différence entre un projet d’affaires qui se réalise ou non dans plusieurs cas. Les autres secteurs de la ville se partagent la dizaine d’autres commerces ouverts, comme la chaîne Hart, maintenant installée dans le secteur Douville, la boutique Non Non Oui, Pavillon Service-traiteur ou encore la parfumerie Dans un Jardin qui vient de faire son retour aux Galeries St-Hyacinthe. En plus des projets toujours sur les planches à dessin, d’autres ont déjà été annoncés et devraient faire l’objet d’une ouverture sous peu. C’est le cas notamment de la Rôtisserie Benny & Co., dont le début des opérations est prévu en novembre. On se dirige donc malgré tout vers une bonne année en ce qui concerne le nombre d’ouvertures de commerces. Rappelons qu’en 2019, le bilan économique annuel de Saint-Hyacinthe Technopole faisait état de l’ouverture de 27 nouveaux commerces.

Une vingtaine de commerces ont déjà ouvert leurs portes depuis le début de l’année à Saint-Hyacinthe. Parmi eux, la boutique verger La Perle rouge qui a bénéficié de l’appui du Programme d’aide à l’implantation de commerce au centre-ville. Ici, Sylvain Gervais en compagnie de Joëlle Benoit, copropriétaire de La Perle rouge.

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L’ANALYSE DE L’EMPLOI

Le télétravail : toujours une réalité à Saint-Hyacinthe Un peu plus de trois mois après le déconfinement et la reprise complète des activités économiques, 40 % des entreprises maskoutaines comptent toujours une part de leurs employés en télétravail.

Les données recueillies en septembre par Saint-Hyacinthe Technopole indiquent qu’environ 2500 travailleurs sont toujours maintenus en télétravail par les employeurs du territoire. Un nombre qui a fondu considérablement si on les compare aux estimations faites

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par l’organisme pendant les mois de confinement. « Bien que nous n’ayons pas les données nous permettant de l’évaluer de façon précise, le nombre de travailleurs des entreprises maskoutaines en mode télétravail s’est probablement situé quelque part entre 7000 et 10 000 personnes en mars et avril dernier », explique le directeur général de Saint-Hyacinthe Technopole, André Barnabé. Sans surprise, ce sont les bureaux et services professionnels de même que les industries qui, à ce jour, sont les plus nombreux à maintenir ce mode de travail. Respectivement, ce sont 35 % et 41 % des entreprises de ces secteurs qui ont toujours des employés travaillant de la maison. Dans le cas des bureaux, la situation pourrait se prolonger alors qu’à peine le tiers de ce nombre prévoit mettre fin à cette pratique d’ici la fin de l’année. C’est tout de même le quart des entreprises maskoutaines qui n’ont pas encore statué sur un retour en installations de leurs employés en

télétravail. Près de 10 % sont quant à elle déjà en mesure d’affirmer que le télétravail est là pour rester, du moins pour un certain nombre de leurs employés. « Il est difficile de se prononcer sur le niveau auquel se maintiendra cette pratique une fois la pandémie passée, mais chose certaine, le télétravail s’est avéré une expérience positive pour la grande majorité des entreprises. Celles-ci pourraient être tentées de maintenir ce mode de travail. Pour l’avenir, cela pourrait avoir des conséquences importantes sur le secteur commercial et sur le marché immobilier », estime M. Barnabé. Bien que les récentes consultations tenues par Saint-Hyacinthe Technopole auprès des entreprises locales ne permettent pas de conclure qu’un recours massif au télétravail se dessine, les bureaux et les entreprises de services professionnels sont tout de même près d’une sur dix à envisager une diminution de leurs besoins en espace. Il s’agit donc d’un enjeu que l’organisme suit de près.


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L’ANALYSE DE L’EMPLOI

Le secteur touristique en attente de la relance L’année 2019 a été marquante à Saint-Hyacinthe en matière touristique, principalement en ce qui concerne la tenue de congrès et d’événements d’affaires d’envergure. Avec des résultats qui ont rejoint ceux des années précédant la fermeture de l’ancien complexe de l’Hôtel des Seigneurs, il est possible d’affirmer que l’opération de relance du tourisme d’affaires amorcée il y a cinq ans a été complétée et réussie. Au cours de la dernière année, Saint-Hyacinthe aura donc accueilli 123 congrès et événements d’importance, une hausse de 42 % par rapport à 2018. L’augmentation substantielle de ces événements a poussé à la hausse le montant total des dépenses directes générées par le secteur du tourisme

d’affaires qui atteint maintenant 7,3 M$. « En redevenant la plus grande destination en tourisme d’affaires en région au Québec, SaintHyacinthe reprenait sa place dans cet important marché et profitait des retombées économiques majeures qu’il représente », souligne

Nancy Lambert, directrice tourisme et congrès de Saint-Hyacinthe Technopole. Or, comme bien d’autres secteurs, le tourisme est durement ébranlé par la crise de la COVID-19. Le récent confinement et les limites imposées en matière de rassemblement rendent difficile la reprise des congrès et autres événements d’affaires à un point tel que les pertes en dépenses directes des visiteurs dépassent déjà les 6 M$. D’ailleurs, le taux d’occupation moyen des établissements hôteliers maskoutains n’a pas dépassé la barre des 30 % depuis le printemps, alors qu’il avait grimpé jusqu’à 70 % pour la même période l’an dernier. « On ne pourra évidemment pas récupérer les pertes accumulées depuis le début de l’année, mais la bonne nouvelle, c’est que les organisateurs de congrès qui avaient des activités prévues chez nous cette année ont, pour plus de 60 % d’entre eux, choisi de maintenir leur événement à Saint-Hyacinthe et ont déjà réservé des dates pour 2021 ou 2022 », précise Mme Lambert.

Le tourisme de proximité a la cote

En ce qui concerne le tourisme d’agrément, la saison estivale a évidemment souffert de l’annulation d’un bon nombre d’événements, de fêtes et de festivals. Cela a affecté de façon importante le nombre de visiteurs de l’extérieur qui s’élevait à quelque 300 000 personnes à l’été 2019. Fort heureusement, le tourisme de proximité a eu la cote cet été et la

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Nancy Lambert, directrice tourisme et congrès de Saint-Hyacinthe Technopole. population locale a choisi de profiter des attraits et des activités de la région. Cela a permis à près de la moitié des sites touristiques de la grande région de Saint-Hyacinthe de maintenir leur niveau d’achalandage. Ce sont principalement les entreprises agrotouristiques, comme les sites d’autocueillette, les kiosques à la ferme et les boutiques gourmandes, qui ont profité de cette tendance. La grande majorité d’entre eux ont connu des hausses d’achalandage au cours de l’été, notamment de la clientèle locale qui a représenté, en moyenne, plus de 75 % de leurs visiteurs. « Du point de vue touristique, la pandémie aura au moins eu de positif d’inciter les Maskoutains à redécouvrir leur région et ses différents attraits. Espérons tout de même qu’une pleine relance soit possible rapidement afin que le retour des visiteurs de l’extérieur puisse se faire dès la saison 2021 ». Rappelons qu’en 2019, l’industrie touristique représentait des retombées économiques directes de près de 52 M$ pour la région maskoutaine.


SE RÉINVENTER

Olymel évite l’os dans l’engrenage Par Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier

C’est bien malgré lui que le transformateur alimentaire Olymel est devenu un modèle en matière de respect des consignes de distanciation sociale dans l’industrie. D’abord pris de cours par une explosion des cas de coronavirus à son usine de Yamachiche, le géant a réussi, en moins de deux semaines, à réorganiser massivement ses manufactures et à se hisser au rang d’exemple à suivre à travers le pays. « Encore aujourd’hui, nous demandons à nos équipes d’agir en ce mois de septembre 2020 de la même façon dont elles agissaient en mars 2020. Il en sera ainsi tant que la santé publique n’aura pas atténué les consignes sanitaires », fait valoir Louis Banville, vice-président aux ressources humaines d’Olymel. Le ton est sans appel. Le transformateur de viande, dont le siège social est situé à Saint-Hyacinthe, ne prend aucun risque en lien avec la santé et à la sécurité de ses 15 000 travailleurs dispersés dans ses installations canadiennes. « Malgré cette crise sans précédent, nous avons été capables de maintenir tous nos employés à l’emploi. À l’exception de Yamachiche, Olymel n’a arrêté ses opérations d’aucune façon », soutient le viceprésident aux ressources humaines. L’entreprise a d’ailleurs été reconnue comme un « modèle canadien à suivre dans la gestion de la crise » par le directeur de la santé publique, le Dr Horacio Arruda, précise M. Banville.

30 M$ en mesures sanitaires

Depuis les sept derniers mois, Olymel a investi près de 30 M$ en protocoles de santé divers afin de se prémunir contre la COVID-19. L’entreprise a d’abord sollicité les services d’un médecin pour l’accompagner dans sa réorganisation sanitaire et limiter l’improvisation. « Il s’agit d’une collaboration de tous les instants avec les services de santé publique », souligne M. Banville. Sans tarder, une série de mesures strictes ont été appliquées dans les 35 usines canadiennes d’Olymel. Chaque matin, les employés doivent défiler dans un corridor sanitaire avant de rejoindre leur poste de travail. Ce « triage » permet d’identifier les personnes qui présenteraient des symptômes de la maladie et de les placer en isolement. En plus du lavage des mains et du port du masque, la distanciation de deux mètres entre chaque employé est obligatoire, que ce soit en usine ou dans les aires communes. Des plexiglas ou des écrans séparateurs ont été installés dans tous les lieux où il est impossible de se distancier de son collègue. Des unités mobiles ont aussi été ajoutées à l’extérieur pour disperser les travailleurs à l’heure du dîner. La direction a repensé les horaires de travail afin d’éviter les contacts lors des changements de quarts de travail. Elle a également choisi d’étaler les pauses repas sur plusieurs heures. Évidemment, la désinfection des poignées de por te, des rampes, des salles de toilette, des aires communes et de l’équipe-

ment figure parmi les actions prioritaires de l’entreprise. « Si nous avons été capables de passer à travers, c’est grâce à notre versatilité et à notre agilité opérationnelle. Nous avons revu le type et la composition de nos produits en plus de jongler avec nos programmes de production », détaille M. Banville.

Saint-Hyacinthe épargnée, drame à Yamachiche

À ce jour, à peine une quinzaine de cas de coronavirus ont été recensés dans les cinq établissements d’Olymel présents dans le territoire maskoutain. L’usine la plus touchée de la région a été celle d’abattage de volailles à SainteRosalie où 9 employés sur 487 ont été touchés. En Mauricie, les travailleurs n’ont pas eu cette chance. Très tôt durant la pandémie, la multinationale a été frappée durement par une éclosion d’infections à la COVID-19 au sein de son usine de Yamachiche. Sur les 1000 employés de l’abattoir, 129 ont contracté la maladie. Voyant le drame épidémiologique se profiler, la haute direction d’Olymel n’a pas hésité; elle a fermé l’usine pour 14 jours à la fin mars. « Nous avons été happés de plein fouet par un choc rapide. [...] C’était l’inconnu, l’incertain pour nous. Nous n’avions pas de possibilité de recul à ce moment-là, d’autant plus qu’en tant que transformateur alimentaire, nous travaillons avec

des produits vivants qui se devaient d’être écoulés », se remémore M. Banville. Déterminée à éviter une catastrophe sanitaire, l’entreprise a profité de la fermeture de son usine pour réaménager de façon sécuritaire ses installations et instaurer des protocoles sévères. Ces mesures de prévention ont largement servi de guide aux autres joueurs de l’industrie alimentaire. « En moins de deux semaines, nous avons su repositionner adéquatement l’ensemble de nos installations à travers le Canada. Nous sommes parvenus à maîtriser la situation autant d’un point de vue scientifique que sanitaire », souligne M. Banville.

Louis Banville, vice-président aux ressources humaines chez Olymel.

Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 15


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3B Hockey et Vêtements SP

Des uniformes sportifs aux uniformes médicaux Par Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier

Les opérations des usines textiles 3B Hockey, à Saint-Hyacinthe, et Vêtements SP, à Granby, sont loin d’être tombées sur la glace durant le confinement. À défaut de pouvoir poursuivre la confection des uniformes de la Ligue nationale de hockey (LNH), le dirigeant des manufactures, Steve Bérard, a mis ses machines à coudre au profit de la collectivité en produisant massivement des blouses médicales ainsi que des couvre-visages. À ce jour, M. Bérard estime avoir cousu près de 150 000 jaquettes de contagion destinées aux milieux hospitaliers du Québec ainsi que 60 000 couvre-visages non médicaux pour l’usage du personnel administratif. « Nous continuons à en produire, mais moins qu’au printemps. C’est un bien pour un mal puisqu’à partir de juin, les commandes pour les uniformes de la LNH ont commencé à revenir étant donné que les entreprises jugées non essentielles ont pu reprendre leurs opérations », explique le président de 3B Hockey et Vêtements SP. De 12 000 blouses par semaine, la production est tombée à seulement 1000 unités hebdomadaires depuis le début de l’été. Malgré cette baisse de la demande, les machines à coudre des 150 employés de l’usine maskoutaine continuent de s’activer avec frénésie. « Avec la pandémie, nous avions pris du retard sur nos commandes régulières. Mes besoins de produc-

tion sont à 100 % depuis l’été et c’est ce qui m’a permis de réembaucher tous mes employés », relate M. Bérard. Habiles à manier le fil et l’aiguille, les équipes de 3B Hockey et de Vêtements SP n’ont pas eu trop de difficulté à délaisser les uniformes sportifs pour se concentrer sur les uniformes médicaux. Elles tricotent elles-mêmes le polyester qui constitue les couvre-visages et taillent avec précision le polycoton hydrofuge des blouses. M. Bérard reconnaît toutefois que la rentabilité de cette nouvelle vocation est loin d’équivaloir à celle de ses opérations régulières. « Nous avons dû investir de façon importante dans la machinerie et les coûts d’acquisition de la matière première, auprès d’un fournisseur local, sont élevés. Par contre, c’est ce qui nous a permis de ne pas nous endetter durant la crise. »

Lundi noir

Oeuvrant dans le domaine du sport professionnel, les manufactures de Saint-Hyacinthe et Granby ont été touchées très tôt par les impacts du coronavirus. « Avant même le confinement », précise le dirigeant qui a vu ses demandes de production chuter ou être annulées dès la fin du mois de février. Alors que le gouvernement n’avait pas encore annoncé la fer-

meture des entreprises en mars, Steve Bérard et son associée, Manon Bourget, avaient déjà pris la décision de mettre la clé sous la porte temporairement. « Le lendemain de notre annonce aux employés, le premier ministre Legault décrétait la fermeture de toutes les entreprises », se remémore péniblement M. Bérard. Or, plutôt que de se laisser abattre, les copropriétaires avaient commencé à contacter diverses instances politiques et entrepreneuriales en parallèle afin d’offrir leur expertise dans le domaine du textile en ces temps de crise. Une réponse favorable leur est parvenue sans tarder. Sur les centaines d’employés, 60 d’entre eux ont d’abord été rappelés au boulot, la production des jaquettes nécessitant l’entrée en poste de moins de quarts de métier que celle des vêtements sportifs. « Nos opérations ont été en arrêt une seule semaine finale-

Le président des usines textiles 3B Hockey et Vêtements SP, Steve Bérard, n’a pas hésité à transformer ses manufactures d’uniformes sportifs en centres de production de matériel médical. Photo gracieuseté

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ment. Ça a été un gros challenge au niveau des ressources humaines durant les premières semaines, mais nos employés étaient tellement heureux de contribuer à aider la société. Nous avions tous un sentiment de fierté incroyable de participer à cela », partage M. Bérard. Son incursion dans l’univers du textile médical l’a d’ailleurs fait grandement réfléchir sur les difficultés d’approvisionnement des matières premières ainsi que sur la pénurie de matériel médical qui a frappé le Québec. Il profite de sa tribune pour lancer un message au premier ministre québécois en ce sens. « Durant la pandémie, le gouvernement a fait savoir qu’il comptait favoriser l’approvisionnement local en matière de textile. Or, il a recommencé à s’approvisionner du côté de l’Asie. Si au moins 50 % des textiles médicaux pouvaient désormais être achetés localement, ce serait génial », avance-t-il.


Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 17


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Distillerie Noroi : du gin au gel

Par Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier

Plutôt que de changer le vin en eau, la distillerie maskoutaine Noroi a transformé le gin en gel désinfectant durant la pandémie. Le Sanitagel, produit en collaboration avec le Groupe Jefo, connaît un vif succès à travers la province depuis son lancement à la fin mars. « Le gel est rendu aussi gros que la distillerie », lance d’emblée le président de Noroi, Jonathan Robin. En effet, celui qui fabrique des spiritueux locaux depuis un an et demi a embouteillé entre 50 000 et 60 000 litres de gel désinfectant par semaine au plus gros de la crise sanitaire. Des poids lourds du domaine institutionnel tel qu’Hydro-Québec, les commissions scolaires ou les hôpitaux ainsi que diverses entreprises du milieu corporatif se retrouvent sur sa longue liste de clients. Si les volumes de production ont quelque peu ralenti dernièrement, la demande demeure constante,

affirme l’entrepreneur natif de Saint-Hyacinthe. « Jamais je n’aurais pensé que le Sanitagel finirait par être distribué partout. Au départ, c’était seulement un projet qui me permettait de renflouer les coffres », reconnaît-il. Comme beaucoup d’entreprises frappées de plein fouet par les mesures de confinement, M. Robin a été forcé de mettre à pied temporairement 80 % des membres de son équipe au printemps. « Au début, les ventes de spiritueux ne tournaient pas fort parce que les gens faisaient davantage des provisions de produits pas chers. Puis, Santé Canada a émis un avis pour les entreprises intéressées à fabriquer des gels désinfectants pour les mains. Je devais survivre et faire entrer des liquidités dans la machine, alors je me suis lancé », explique le président de Noroi. L’entrepreneur a donc rallumé ses alambics et dérivé l’usage de l’alcool de grade alimentaire utilisé dans son gin pour démarrer la production du Sanitagel. Le désinfectant à mains contient un taux d’alcool à 70 %.

18 • AFFAIRES | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | Jeudi 8 octobre 2020

Alliance inattendue L’idée de fabriquer un gel antibactérien trottait également dans la tête d’un autre entrepreneur maskoutain, Jean-François Fontaine, vice-président du Groupe Jefo. Or, il manquait à cette entreprise spécialisée dans les additifs alimentaires non médicamenteux pour animaux de ferme un ingrédient crucial afin de démarrer sa propre production de gel : l’alcool. « Jean-François m’a contacté pour savoir si je pouvais lui en fournir. Finalement, nous avons décidé d’unir nos forces pour fabriquer ensemble le gel. Je fournis l’alcool et Jefo offre son expertise, c’est-àdire ses laboratoires, ses recettes ainsi que ses équipements », raconte Jonathan Robin. En plus d’être distribué à travers la province, le Sanitagel a permis à M. Robin de réembaucher l’ensemble de ses employés et d’engager, en partenariat avec le Groupe Jefo, 15 personnes supplémentaires dédiées à la production du gel désinfectant.

Jonathan Robin Photo gracieuseté

À savoir si les alambics continueront leur double mission de distillation pour toujours, M. Robin se montre hésitant. « Chaque semaine, on se questionne à savoir si nous devons poursuivre la production du Sanitagel. Tant que la demande sera au rendez-vous, nous continuerons à le faire, évidemment. Mais, le gel, ce n’est pas mon core business. Ce n’est pas ce qui me fait vibrer. Par contre, je dois reconnaître que cette aventure m’a apporté un sentiment incroyable, celui de savoir que notre gel permettait d’aider et de faire avancer la société en temps de crise », détaille-t-il avec fierté.


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Des stations de lavage des mains en inox maskoutaines Par Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier

« Lavez-vous les mains, ça sauve des vies! » Ce message martelé par la santé publique depuis le début de la pandémie a résonné fort chez le dirigeant de l’entreprise maskoutaine DM INOX. Lorsque ses opérations sont tombées à plat à la mi-mars, il s’est lancé dans la fabrication de stations de lavage des mains destinées aux chantiers de construction. « Nous avons remarqué que d’autres entreprises commençaient à fabriquer des stations de lavage, alors nous avons décidé de développer notre propre modèle », explique Dany Malenfant, propriétaire de DM INOX. Les lave-mains créés par son équipe et lui sont entièrement faits d’acier inoxydable, une matière que l’entreprise maskoutaine manie au quotidien dans le cadre de ses opérations régulières. « Le fait que ce soit tout en inox, c’est ce qui nous a permis de nous démarquer »,

affirme le dirigeant de la compagnie située dans le parc industriel OlivierChalifoux, à Saint-Hyacinthe. C’est sans doute ce qui a séduit les responsables du Groupe LouTec, une bannière spécialisée dans la location d’équipement de construction et de rénovation. « C’est mon partenaire d’affaires qui a approché les gens de Lou-Tec avec notre concept de lave-mains et ils ont accepté de le distribuer. Une fois le go obtenu de leur part, nous avons démarré la production », raconte M. Malenfant, qui est également copropriétaire de l’entreprise Pliage Maska avec Frédérik Loiselle. Ce sont près de 250 stations qui ont été vendues depuis avril dernier par l’entremise du Groupe Lou-Tec. Soucieux de limiter la propagation des germes en période de crise sanitaire, le dessinateurconcepteur a élaboré des stations sans contact disponibles en deux versions. La première permet d’accommoder les sites de constructions où l’accès à l’eau est impossible grâce à unréservoir placé dans la station. Pour actionner le

lavabo, les travailleurs n’ont qu’à presser une pompe à pied. La seconde version est dotée d’une entrée d’eau courante et même d’un chauffe-eau afin de rendre le lavage des mains encore plus agréable. Si la conception du lave-mains n’a pas posé un défi à M. Malenfant et son équipe, l’approvisionnement auprès des fournisseurs de pièces s’est révélé ardu. « Nous aurions aimé produire davantage de stations, mais il y avait des composantes telles que les lavabos ou les pompes à pied qui étaient très difficiles à dénicher en contexte de pandémie. »

Le propriétaire demeure toutefois ouvert à l’idée de relancer la machine si la demande revenait au rendez-vous dans le futur. Ce projet né dans le contexte chaotique amené par la COVID-19 aura tout de même permis de garder les 18 employés de DM INOX à l’emploi durant la crise. « Sinon, il y aurait eu des mises à pied, c’est certain », reconnaît le dirigeant.

Appelé à disparaître

Malheureusement, ce nouveau produit ne risque pas d’intégrer la production régulière de DM INOX. « Déjà, il n’y a plus de demande pour les stations, laisse tomber M. Malenfant. C’est comme si tout le monde s’était procuré ce dont il avait besoin. Sur les chantiers, il y a beaucoup d’endroits qui n’ont même pas de stations de lavage des mains. Le Purell a pris le dessus. »

Dany Malenfant (à droite) et son partenaire d’affaires, Frédérik Loiselle, ont développé des stations de lavage des mains entièrement en inox durant la pandémie. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 19


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DCL Nutrition

Essentielle, la désinfection des mains Par Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier

La pandémie a incité DCL Nutrition à dépoussiérer un projet « tabletté » depuis les dernières années; produire son propre gel sanitaire pour les mains. Lorsque la crise a frappé, l’entreprise y a vu l’occasion idéale pour sortir des cartons son idée et s’est lancée dans la fabrication de Pure Net, un désinfectant composé à 80 % d’alcool et d’huiles essentielles. D’après le président, Martin Grégoire, son entreprise est l’une des seules à produire un gel contenant un pourcentage d’alcool aussi élevé, les autres antiseptiques établissant plutôt leur taux à 70 % d’alcool. « C’est possible grâce aux huiles essentielles que nous ajoutons dans la recette du produit. Elles donnent un parfum agréable au gel et ne dessèchent pas les mains », explique-t-il. Les huiles essentielles ont d’ailleurs joué un rôle clé quant à la capacité de DCL Nutrition, spécialisée dans la fabrication et la distribution d’additifs non médicamenteux pour animaux, à percer le marché des désinfectants pour les mains en moins d’un mois, en avril dernier. « Pour produire les gels, nous avons utilisé la même ligne de production que celle de nos huiles essentielles destinées à prévenir certaines maladies ou à diminuer le stress chez les animaux. Nous nous étions équipés il y a trois ans pour ce projet. Nous possédons égale-

ment nos propres laboratoires pour développer nos recettes », confirme M. Grégoire. Sans commander une réorganisation de l’usine, le projet de gel désinfectant a néanmoins nécessité un investissement frôlant les 35 000 $ afin d’acquérir diverses pièces d’équipement telles que des embouteilleuses ou des étiqueteuses. Le jeu en aura valu la chandelle puisque M. Grégoire et son équipe embouteillent près de 1000 contenants de 500 millilitres de gel à l’heure depuis le début de l’aventure, il y a six mois. À elles seules, les recettes des ventes de l’antiseptique permettront à DCL Nutrition de dégager un chiffre d’affaires de 2 M$ d’ici la fin de l’année. Une somme que la direction projette de quintupler dans un avenir rapproché. Ce nouveau secteur d’activité a aussi permis de grossir les rangs d’un employé et de maintenir en poste les 19 autres membres de l’équipe durant la tempête du printemps. « Il n’y a eu aucun arrêt de nos opérations durant la pandémie. Même qu’au contraire, nous avons connu une certaine croissance », note M. Grégoire, qui a été fortement épaulé par ses beauxfils, Miguel et Gabriel Delisle, respectivement agronome et directeur

de production chez DCL Nutrition, durant le processus de fabrication du gel Pure Net. Si le président reconnaît que la compétition dans le domaine des antiseptiques est féroce depuis l’éclatement de la crise sanitaire, il ne s’inquiète pas outre mesure. « Oui, il y a beaucoup de produits moins chers et plus cheap, mais Pure Net est là pour rester. Les gens ont pris l’habitude de se désinfecter les mains », fait-il valoir avec confiance. Histoire que son gel ne passe pas sous le radar, M. Grégoire a misé sur un emballage coloré et éclaté qui distingue sa bouteille de celle des compétiteurs. « Je voulais que ce soit attrayant. Pour le bien de la santé publique, il ne faut pas que les gens passent à côté du lavage des mains. »

Avec l’aide de ses beaux-fils, Miguel et Gabriel Delisle, le président de DCL Nutrition, Martin Grégoire (à droite), a mis sur le marché un gel désinfectant pour les mains avec huiles essentielles. Photo gracieuseté

20 • AFFAIRES | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | Jeudi 8 octobre 2020

Pas la première fois

Ce n’est pas la première fois que DCL Nutrition fait une incursion dans l’univers des gels désinfectants pour les mains. Également spécialisée dans la désinfection des surfaces pour bâtiments agricoles, l’entreprise était sollicitée par ses clients afin d’ajouter les gels pour les mains dans sa ligne de produits dédiés aux producteurs de bétails. Pour répondre à la demande croissante, DCL Nutrition a importé d’Europe un gel antiseptique de 1996 à 2005. « L’importation d’outremer coûtait très cher. Alors, ça faisait longtemps que nous songions à fabriquer notre propre gel désinfectant. Jusqu’à la pandémie, disons que c’était un projet qui demeurait sur la tablette », relate en riant Martin Grégoire.


Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 21


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Talaria : impression 3D des pieds à la tête Par Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier

Tous les moyens sont bons pour lutter contre le coronavirus. Du côté du laboratoire d’orthèses plantaires Talaria, la direction a mis sa technologie d’impression 3D à la disposition de la santé publique en produisant une quantité massive de portevisières pour les hôpitaux. L’équipe de Talaria est passée spécialiste des pieds à la tête grâce à une initiative collective émanant de diverses entreprises en possession d’imprimantes 3D. « Nous sommes plusieurs à posséder le même type d’équipement, alors nous nous sommes regroupés dans le but d’offrir une solution au gouvernement canadien pour aider durant la crise », détaille Jonathan Jutras, directeur général de Talaria. La réponse a rapidement été au rendez-vous; en avril, le laboratoire s’est vu octroyer un contrat de production de 40 000 porte-visières réutilisables à livrer d’ici le mois d’octobre. Ceux-ci servent à protéger le personnel soignant dans les divers milieux hospitaliers de la province. À cette tâche colossale s’ajoute un contrat d’emballage des portevisières et des visières au profit de Santé Canada. Chaque boîte contient 100 attaches ainsi que 300 boucliers de plastique, précise M. Jutras, copropriétaire de l’entreprise avec les podiatres Keven Lambert et Jean-François Rivard. « Cette opportunité nous a permis de garder toute notre équipe à l’emploi, se réjouit l’orthésisteprothésiste. La réalité, c’est que

Talaria commençait à être vraiment bien positionnée, nos opérations augmentaient et boum, la pandémie est arrivée. Puis, il y a eu ce contrat et nous avons sauté sur l’occasion afin de ne pas nous retrouver dans une situation désagréable. » En effet, lorsque la crise sanitaire s’est déclarée, les opérations du laboratoire Talaria sont tombées au point mort. « Nous concevons des orthèses plantaires pour les cliniques podiatriques du Québec. Donc, lorsqu’elles ont cessé leurs activités en mars, nous avons été obligés de faire pareil », raconte M. Jutras. Le moment était d’autant plus mal choisi puisque Talaria avait entrepris des démarches d’acquisition de nouveau matériel et d’amélioration de son usine.

22 • AFFAIRES | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | Jeudi 8 octobre 2020

« Finalement, grâce au contrat avec Santé Canada, nous avons réussi à combler en partie les pertes engendrées par l’arrêt de la production des orthèses plantaires et même à amasser des fonds pour nos investissements à venir », s’enthousiasme le directeur général.

La magie du 3D

Bien qu’il ne possède qu’une seule imprimante 3D, le laboratoire logé dans le parc industriel ThéoPhénix, à Saint-Hyacinthe, parvient à imprimer 400 porte-visières par jour. « Notre machine offre un excellent rendement, en plus d’être très précise et rapide », fait savoir M. Jutras. Imprimer une orthèse plantaire ou imprimer un porte-visière relève sensiblement du même procédé, à l’exception du moulage numérique

du produit à réaliser au départ. « Ensuite, la machine fait sa magie! », simplifie en riant l’orthésiste-prothésiste. Les porte-visières sont d’ailleurs composés de la même matière première que les orthèses, soit de la poussière de plastique fondu. Fondé il y a cinq ans par le podiatre Jean-François Rivard, le laboratoire Talaria s’est lancé dans l’impression 3D d’orthèses depuis un an seulement. Au départ, le Dr Rivard concevait des orthèses plantaires de façon traditionnelle avant de migrer vers des solutions numériques et technologiques il y a deux ans. Selon M. Jutras, l’imprimante 3D leur permet de produit entre 400 et 500 paires d’orthèses plantaires par semaine. Malgré les turbulences du printemps dernier, les actionnaires planifient de dépasser leurs prédictions financières pour l’année en cours. « Le contrat des porte-visières nous a apporté un amalgame d’opportunités et d’expérience qui pourraient nous permettre de devenir des leaders en impression 3D. Je dois reconnaître que ç’a été une chance pour nous, même si j’emploie ce mot avec beaucoup de retenue en raison du contexte triste et éprouvant qui entoure la crise », conclut M. Jutras.

L’imprimante 3D du laboratoire d’orthèses plantaires Talaria permettra de produire 40 000 porte-visières réutilisables d’ici octobre. Sur la photo: Jonathan Jutras, orthésiste-prothésiste et directeur général de l’entreprise maskoutaine. Photo François Larivière | Le Courrier ©


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Lettrage SG Design

Bienvenue dans l’ère du plexiglas Par Jennifer Blanchette | Initiative de journalisme local | Le Courrier

Nombreuses sont les entreprises maskoutaines ayant pénétré dans l’ère du plexiglas grâce à l’équipe de Lettrage SG Design. Depuis le printemps, elle produit sans relâche des écrans protecteurs en acrylique afin de limiter les contacts entre les employés et la clientèle. L’idée de concevoir des panneaux de protection autoportants en acrylique plié a germé dans la tête de Serge et Alexandre Girouard, président et vice-président de SG Design, à la suite de l’annonce des mesures de distanciation sociale par le gouvernement. Cette réorientation temporaire a d’ailleurs permis à cette entreprise spécialisée dans le lettrage et l’impression grand format d’éviter le naufrage durant la pandémie. « Notre achalandage était en chute libre. Tous nos clients étaient soit fermés, soit en réorganisation. Nos services devenaient donc secondaires. La seule raison pourquoi nous n’avons pas fermé nos portes à ce moment-là, c’est parce que nous desservions aussi le réseau de la santé », raconte Alexandre Girouard. Habitué à manier l’acrylique, le duo père-fils a développé un concept d’écran protecteur et l’a fait parvenir à quelques-uns de ses clients dans le but de sonder leur intérêt envers ce nouveau produit. « La demande est rapidement arrivée. C’était plutôt calme durant les premières semaines, puis les

entreprises ont commencé à se réorganiser en vue de leur réouverture et ça n’a pas arrêté », témoigne le vice-président. En effet, le carnet de commandes de SG Design ne se désemplit pas. « Nous sommes rendus en septembre et la demande est loin de s’essouffler. Nous n’aurions jamais pensé que ça durerait aussi longtemps », poursuit-il. Alexandre Girouard se félicite d’ailleurs d’avoir augmenté sans tarder ses inventaires de matières premières lors du déclenchement de la pandémie. Une sage décision puisqu’au plus fort de la crise, il a été obligé de faire cavalier seul, ses cinq autres collègues étant sous le coup du confinement. « C’était beaucoup d’adaptation et d’incon-

nu. J’essayais de tout prévoir; les matériaux et les délais de livraison. Oui, j’étais seul, mais ça allait bien », exprime-t-il avec le recul. Sans pouvoir chiffrer le nombre de panneaux protecteurs livrés depuis mars, le vice-président affirme en produire « quelques-uns à tous les jours ». Diverses municipalités, écoles, chaînes de restaurants ou institutions hospitalières ont opté pour les écrans sanitaires fabriqués par SG Design. De deux modèles de panneaux autoportants, l’entreprise située dans le quartier Saint-Thomasd’Aquin est rapidement passée à une conception sur mesure. « Les besoins sont tellement variés que nous avons dû élargir notre offre. Je ne sais même plus combien de

grandeurs de panneaux nous fabriquons maintenant », explique M. Girouard. Même si les activités régulières de l’entreprise ont repris, près de la moitié de sa production continue d’être dédiée aux produits en lien avec les mesures de distanciation sociale. En plus des écrans protecteurs, SG Design a imprimé près de 25 000 pastilles autocollantes de signalisation ou d’identification des consignes sanitaires à apposer à l’intérieur et à l’extérieur des commerces. « Au lieu d’imprimer des rabais ou des annonces comme auparavant, nous imprimons maintenant des messages en lien avec le respect des consignes sanitaires », illustre le vice-président. Comme pour beaucoup d’entreprises, la pandémie a chamboulé les projets à venir de SG Design. Peu avant la crise, la boîte de graphisme et d’impression venait d’acquérir un nouveau local dans le but d’accroître sa production et d’embaucher de la main-d’œuvre supplémentaire. Or, la crise sanitaire a forcé l’arrêt des travaux de rénovation sur le bâtiment et retardé le déménagement initialement prévu en avril. SG Design devrait établir ses pénates dans ses nouvelles installations d’ici la fin de l’automne.

Le printemps n’a pas été de tout repos pour Alexandre Girouard, vice-président de SG Design, qui s’est lancé dans la fabrication massive d’écrans protecteurs en acrylique et de pastilles autocollantes. Photo gracieuseté

Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 23


INITIATIVES

Campagne d’achat local

Plus de 200 entreprises maskoutaines sous les projecteurs Saint-Hyacinthe Technopole et la MRC des Maskoutains vous proposent une série de textes sur le travail et les initiatives qui ont été réalisées jusqu’ici par des entreprises d’ici pendant la période de bouleversements liés à la COVID-19. Depuis le printemps dernier, SaintHyacinthe Technopole et la MRC des Maskoutains ont opéré une vaste campagne promotionnelle visant à appuyer les entreprises et les commerces de la région et à encourager les Maskoutaines et les Maskoutains à favoriser l’achat local. En pleine période de confinement, cette campagne aura permis de mettre sous les projecteurs quelque 200 entreprises d’ici à travers 25 reportages, 32 entrevues filmées, 98 espaces dans des

publicités imprimées, 200 chroniques et occasions publicitaires à la radio et plus de 250 publications sur les réseaux sociaux et les plateformes numériques de différents partenaires. Cela a été rendu possible grâce à une contribution exceptionnelle de tous les médias maskoutains qui ont accepté de prendre part à cette campagne et de diffuser du contenu promotionnel sur nos entreprises locales, dont L e Courrier de Saint-Hyacinthe qui a mis à notre disposition des espaces dans ses pages et sur ses plateformes numériques à des tarifs purement symboliques tout en étant luimême affecté par la crise. Cet effort, il n’aura pas été vain si on en croit les nombreux commentaires et remerciements reçus des commerçants, restaurateurs, industriels et entrepreneurs qui en ont

24 • AFFAIRES | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | Jeudi 8 octobre 2020

bénéficié. D’ailleurs, bien qu’il n’ait pas été possible de faire mention des quelque 2000 places d’affaires de la grande région de SaintHyacinthe, une place dans cette campagne a été faite à quasiment toutes les entreprises qui y ont manifesté de l’intérêt.

Et maintenant?

Bien que cette campagne, du moins dans sa formule actuelle, soit terminée et que la majorité des entreprises locales a repris ses activités, l’achat local doit continuer d’être une préoccupation de tous les instants. Les efforts des entreprises pour se conformer aux exigences sanitaires et rendre l’accès à leur établissement sécuritaire pour leurs clients et employés causeront inévitablement certains irritants pour les consommateurs.

Cela ne doit pas devenir un prétexte pour délaisser nos marchands locaux qui, disons-le, font face à cette nouvelle réalité bien malgré eux. Demeurons solidaires en n’oubliant pas qu’au bout d’une courte file d’attente, il y a le sourire d’un entrepreneur d’ici qui emploie des gens d’ici et contribue à l’économie d’ici. Pour le reste, ayons confiance en la créativité des commerçants maskoutains qui ont déjà profité de la pause que nous a imposée la COVID-19 pour mettre de l’avant de nouvelles voies et de nouveaux concepts pour mieux servir leurs clients en magasin ou encore pour leur offrir une alternative à l’achat en ligne auprès de grandes sociétés étrangères. Bon succès! Donovan St-Hilaire Saint-Hyacinthe Technopole


Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 25


INITIATIVES

Les Collations JUST BITE

Des collations délicieuses pour tous! Donovan St-Hilaire Saint-Hyacinthe Technopole

Bien qu’installée à SaintHyacinthe depuis moins de deux ans, l’entreprise Les Collations JUST BITE a déjà fait beaucoup parler d’elle dans le milieu maskoutain. L’implantation de cette nouvelle PME, spécialisée dans la préparation et la livraison de boîtes de collations santé et bios, a été fortement soulignée par les médias locaux et sur les réseaux sociaux, et sa présidente, Mélanie Grenier, a multiplié les récompenses en regard de son parcours entrepreneurial. Depuis le début de la pandémie, ses efforts marketing pour surmonter la crise en ont certainement fait l’une des entreprises les plus visibles dans la région. « Étrangement, au départ, nos produits ont connu un grand succès dans le grand

Montréal, mais beaucoup moins dans la région de Saint-Hyacinthe. La pandémie et le resserrement qu’elle impose vers nos propres milieux représentaient donc un bon moment pour travailler à augmenter notre notoriété ici même et de se faire mieux connaître des Maskoutains, explique Mélanie Grenier. Et ces derniers ont très bien réagi et ont manifesté rapidement beaucoup d’intérêt pour nos produits. » Entièrement préparés dans ses locaux maskoutains, ses produits comptent un assortiment de 240 collations dont les nutriments sont calibrés en fonction de différents besoins recherchés par les consommateurs, qu’ils soient des sportifs recherchant la performance ou des professionnels pressés et soucieux de leur alimentation. Celles-ci peuvent être achetées à la carte ou dans le cadre d’un abonnement hebdomadaire et

26 • AFFAIRES | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | Jeudi 8 octobre 2020

sont livrées directement à domicile ou collectées sur place. Afin de s’adapter à la réalité des consommateurs confinés et pour satisfaire la curiosité de ses nouveaux clients, son équipe a développé durant le confinement une boîte découverte contenant différentes collations à essayer, mais aussi une trousse de cuisine ludique permettant de cuisiner ses délicieuses collations à la maison avec les enfants. Ces différentes initiatives ont connu un grand succès et ont permis à Collations JUST BITE de maintenir le rythme de ses activités malgré le ralentissement économique des derniers mois. En effet, bien qu’une large part de son chiffre d’affaires soit liée à la vente au particulier par le biais de son site Internet, l’entreprise a été affectée par une baisse de ses commandes destinées au marché corporatif.

« Dès la première semaine du confinement, nous avons enregistré une baisse de 35 % de nos revenus. Celle-ci est liée principalement à l’arrêt des activités de nos entreprises clientes, notamment les centres de conditionnement physique, mais aussi celles qui rendaient nos collations disponibles pour leurs employés sur leur lieu de travail », précise Mme Grenier. Ainsi, grâce à l’inventivité de la dizaine de membres de son équipe, Les collations JUST BITE ont réussi à renflouer ces pertes et à retrouver un niveau de livraison qui avoisine les 3000 collations par semaine. Et puisqu’il faut toujours tenter de trouver du positif dans les moments difficiles, la crise de la COVID-19 a offert de nouvelles opportunités d’affaires à l’entreprise. « La sensibilité à l’achat local, qui atteint sans doute un degré inégalé avec cette crise, nous a ouvert de


INITIATIVES Mélanie Grenier, présidente des Collations JUST BITE.

nouvelles portes. Dans une volonté d’aider d’autres entreprises locales, des dirigeants de commerces maskoutains nous ont contactés afin d’ajouter nos produits sur leurs tablettes », confirme Mélanie Grenier. C’est le cas notamment des IGA Famille Jodoin qui présentent maintenant un étalage complet de collations JUST BITE dans ses installations des secteurs Douville et La Providence. Même chose au comptoir santé La Vie La Vie du centreville qui en propose maintenant une variété à ses clients. Une solidarité qui a beaucoup touché Mme Grenier, qui avoue elle-même déployer encore plus d’effort au quotidien pour acheter local, même si cela coûte parfois un peu plus cher. C’est dans cet esprit de solidarité qu’elle s’est dite ouverte à développer de nouveaux partenariats avec d’autres entreprises locales et même de mettre sa plateforme et sa logistique de vente en ligne à la dis-

position d’autres entrepreneurs de la région. C’est sur cette même plateforme, à l’adresse www.justbite.ca,

qu’il est possible de commander les collations JUST BITE. Avis aux intéressés, le code promotionnel

MASKOUTAIN50 permet, aux Maskoutains uniquement, d’obtenir les produits pour la moitié du prix.

Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 27


INITIATIVES

ElCargo

Une blouse de protection médicale réutilisable développée à Saint-Hyacinthe Donovan St-Hilaire Saint-Hyacinthe Technopole

L’entreprise maskoutaine ElCargo, spécialisée en fabrication de systèmes de toiles étanches mécanisés pour camions et remorques, est sans contredit l’un des chefs de file nord-américain dans son secteur d’activité. À ce titre, elle joue un rôle important dans la chaîne de transport de marchandises et de logistique au pays, ce qui lui a valu la désignation d’entreprise essentielle dès le début de la crise de la COVID-19. Ainsi, bien qu’opérant à personnel réduit afin de permettre le respect des consignes de distanciation physique et d’assurer la sécurité de ses employés, elle a continué à desservir sa clientèle même en période de confinement. « La demande est demeurée grande pour nos produits et nos services, de sorte que nous avons dû opérer en priorisant nos clients liés au transport de produits alimentaires ou de marchandises jugées essentielles », souligne le président de l’entreprise, Kendrick Martin. Même durant cette période qui fut fort occupée, les dirigeants de ElCargo et les membres de son équipe ont souhaité apporter un apport positif à la lutte contre la COVID-19 en mettant leur expertise en assemblage de toiles étanches

au service des travailleurs de la ligne de front. C’est ainsi qu’ils ont eu l’idée de créer et produire des blouses de protection réutilisables pouvant être utilisées par le personnel médical, mais aussi par tout autre type de travailleur nécessitant une protection. « En discutant avec un de nos fournisseurs de toiles, je me suis rendu compte que nous partagions cette même volonté de nous rendre encore plus utiles, d’autant plus que nous avions nous-même des membres de notre famille travaillant dans le milieu médical. Il nous a donc offert sa collaboration dans ce projet », raconte M. Martin. En à peine quelques jours, l’équipe maskoutaine de ElCargo a donc développé le Defender 1000, une blouse protectrice robuste enduite de PVC. Grâce aux équipements de haute qualité de l’entreprise, cette blouse est soudée à haute fréquence, de sorte qu’elle n’a aucune couture pouvant compromettre son étanchéité. Afin de s’assurer de la qualité et de l’efficacité de cette blouse, ElCargo l’a soumise à l’expertise du Groupe CTT de Saint-Hyacinthe, le plus important centre de recherche sur le textile au pays. Les tests et analyses auxquels elle y a été soumise ont démontré sa grande résistance et son étanchéité. L’entreprise est également en attente d’une licence de Santé Canada qui lui permettra de la

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rendre disponible dans les établissements de soins de santé. « Nous avons déjà beaucoup d’établissements médicaux, ici et dans d’autres provinces, qui sont en entente de cette licence pour confirmer leurs commandes. C’est sans compter la forte demande des entreprises et des institutions hors du réseau de la santé qui souhaitent protéger leur personnel et à qui nous pouvons déjà distribuer ce produit », précise Kendrick Martin. L’intérêt est d’autant plus grand que la blouse développée par ElCargo est une alternative fort intéressante aux blouses jetables. Les tests de lavage et d’usage menés par l’entreprise démontrent déjà que son nombre d’utilisations

possible la rende aussi abordable que les autres solutions offertes sur le marché. Avec ce projet et les perspectives qu’il représente, ElCargo souhaite donc être prête à répondre à la demande et à mettre ainsi ses activités manufacturières au service de la cause. Pour se faire et de façon à poursuivre également ses opérations courantes, elle recherche donc de nouveaux membres pour son équipe. « Nos portes sont ouvertes pour les personnes motivées, habiles manuellement et ayant un fort esprit d’équipe », a conclu M. Martin. Étienne Brunet, ingénieur chez ElCargo, et Kendrick Martin, président.


Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 29


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Une belle reprise chez Meubles Bernard Tanguay Denyse Bégin MRC des Maskoutains

À la mi-mai, tous les employés de Meubles Bernard Tanguay étaient de retour au travail, une grande satisfaction pour William Tanguay, qui fait partie de la 3e génération à œuvrer au sein de l’entreprise familiale située à Saint-Dominique. Son père Mario est le fils de Bernard, celui qui a ouvert le commerce il y a 45 ans. Alors que l’achat local est de plus en plus populaire auprès des consommateurs, William Tanguay se réjouit de voir la philosophie même du commerce familial rayonner. « C’est notre marque de commerce, les meubles faits au Québec ou au Canada. En fait, ça représente 94 % du mobilier que nous vendons », mentionne M. Tanguay. Le commerce a dû fermer ses portes à cause de la pandémie,

mais le département de services a continué de répondre aux besoins des clients par téléphone ou par courriel. Pendant le ralentissement des activités, le site Internet a été amélioré et la sœur de William, Charlène, a ouvert un compte Instagram au nom du commerce familial. Elle y propose des photos de décoration inspirantes. Le magasin a rouvert ses portes le 2 mai et William Tanguay était très enthousiaste. « Nous avons mis en place des mesures d’hygiène et les gens ont recommencé à venir nous visiter. Les chaises, fauteuils, matelas et autres sont recouverts de plastique, alors au besoin, ils peuvent même les essayer. » Bien situé, à mi-chemin entre Granby et Saint-Hyacinthe, le commerce connaît un très bon achalandage, même s’il est situé en milieu rural.

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« Pour chaque dollar investi dans l’achat local, 90 % revient à l’écono-

Charlène, Mario et William Tanguay.

mie du Québec. C’est majeur », souligne William Tanguay.


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Boulangerie Ménard

Toujours à la même place, toujours le même bon goût Denyse Bégin MRC des Maskoutains

Boulangerie Ménard existe depuis 1911, à Saint-Dominique. La famille Ménard en est propriétaire depuis 1926. Il y a eu successivement Gilbert, Marcel et Gérald aux commandes, et actuellement, ce sont Stéphane et son fils Étienne qui dirigent. Ils utilisent le même four à bois qu’au tout début et bon nombre des recettes originales (pain et fèves au lard notamment) qui ont fait la renommée de l’entreprise. « C’est un four en brique, chauffé au bois. Tout est cuit à la chaleur. Ça donne un goût unique aux produits. Nous avons des clients qui viennent d’un peu partout, dont Montréal, la Rive-Nord ou l’Estrie pour s’approvisionner », raconte Étienne Ménard, de la 5e génération. Le commerce est demeuré ouvert malgré la pandémie, mais il

y a eu des pertes et de nombreux ajustements. « Nous avons un service traiteur. Par exemple, nous faisions des méchouis pour des groupes allant de 10 à 200 ou 300 personnes. Tout ça s’est arrêté brusquement. Nous fournissions des restaurants et cabanes à sucre en pain, fèves au lard et tartes. Les réservations de mars, avril et mai ont été annulées les unes après les autres », indique Étienne Ménard. Au comptoir, heureusement, ça n’a pas dérougi et depuis quelques temps, Boulangerie Ménard propose à ses clients une boîte méchoui familiale et les commandes rentrent. La famille a aussi réussi à garder tous ses employés, bien que le nombre d’heures de travail ait diminué pour certains. L’accès au magasin est limité, les contrôles serrés, mais les clients passent leur commande et on les sert avec diligence.

Au plus fort de la crise, la boulangerie offrait un service de livraison afin de dépanner les personnes âgées qui devaient rester chez elles. « Elles recommencent tranquillement à venir sur place. Les mesures adoptées chez nous rassurent la clientèle », mentionne le jeune homme d’affaires. Et à propos de l’importance d’acheter local, il rappelle un élément qu’on néglige parfois : souvent

sollicitées, les entreprises locales commanditent des activités et/ou équipes locales. « C’est de l’argent qui reste dans la région et nous donnons du travail aux gens d’ici. L’argent redistribué dans la communauté et les taxes perçues, c’est le gage de meilleures installations ou de meilleurs services pour la population de la région maskoutaine », indique-t-il avec ferveur. Et on ne peut qu’être d’accord avec lui!

Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 31


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« Ça a bien été! » pour Bleu.eco Donovan St-Hilaire Saint-Hyacinthe Technopole

En début d’année, SaintHyacinthe Technopole confirmait la réalisation d’un investissement de près de 2 M$ du fabricant de matelas Bleu.eco pour l’expansion de ses nouvelles installations de la rue Martineau. À ce jour, l’entreprise a maintenant complété son déménagement dans ce nouvel environnement, de même que plusieurs travaux de rénovation, alors même que s’amorce la relance « post-confinement ». « Les derniers mois ont été une période de grande angoisse pour à peu près tous les entrepreneurs, confie Justin Lapointe, vice-président de Bleu.eco. Heureusement pour nous, notre modèle d’affaires, basé sur un approvisionnement local, les stratégies numériques et la vente en ligne, nous a permis d’être bien positionnés pour affronter la crise. » En effet, cette jeune entreprise familiale basée à Saint-Hyacinthe confectionne des matelas de mousses écologiques, des oreillers, des sommiers en pin, des lits articulés et de la literie qu’elle commercialise en ligne, ce qui lui a évité de devoir interrompre la vente de ses produits. Une stratégie de commercialisation audacieuse qui s’est avérée salutaire pour l’entreprise tout au long de la crise de la COVID-19, d’autant plus qu’elle opère son propre service de livraison. Cela lui a permis de garder le contrôle sur ses expéditions et de permettre à ses clients de recevoir rapidement le contenu de leurs commandes.

Justin Lapointe, vice-président de Bleu.eco.

Les activités de production de Bleu.eco ont également été maintenues tout au long de la période de confinement puisque l’entreprise opère une division médicale qui approvisionne le réseau de la santé. Dès le début de la crise, l’entreprise a d’ailleurs dû mobiliser ses équipes de production afin de répondre en toute urgence à la demande des hôpitaux et des centres de soins de longue durée. Les derniers mois n’ont donc pas été de tout repos pour Bleu.eco, qui a d’ailleurs dû procéder à des embauches afin de permettre à son équipe de suivre le rythme. Il faut dire que les consommateurs aussi étaient au rendez-vous. « Le message sur l’importance de l’achat local véhiculé de façon intense depuis le début de la crise a été compris et porté par le

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consommateur qui est plus solidaire dans ses choix. Comme nos produits sont fabriqués ici et que nos fournisseurs sont presque tous québécois, nous avons bénéficié de cet engouement », précise M. Lapointe. Même si leur entreprise s’est bien sortie de la crise, les dirigeants de Bleu.eco ont démontré beaucoup de compassion pour les entrepreneurs plus touchés. Notamment, ils n’ont pas hésité à offrir leur propre service de livraison à d’autres entreprises. Ils ont également eu l’initiative d’offrir en prime à leurs clients un « Ensemble COVID » composé de différents produits de protection personnelle achetés auprès de fabricants locaux. Cette volonté de s’impliquer et d’assurer une présence dynamique

dans son milieu se reflète aussi dans le plan d’affaires et de développement de Bleu.eco. « Contrairement à la plupart des manufacturiers, nous ne visons pas l’expansion de notre marché vers de nouvelles zones géographiques ou à l’international, mais plutôt de faire mieux localement et régionalement », explique M. Lapointe. Les Maskoutains seront d’ailleurs heureux d’apprendre que pour chaque matelas qu’elle livre, l’entreprise plante trois arbres, au Québec, mais la plupart du temps dans la région de Saint-Hyacinthe. Pour connaître ou commander les produits de Bleu.eco, il suffit de visiter son site Internet à l’adresse bleu.eco. De façon temporaire, sa salle de montre demeure disponible sur rendez-vous seulement.


Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 33


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Le Centre du rasoir

De retour au service de sa clientèle Donovan St-Hilaire Saint-Hyacinthe Technopole

Avec la réouverture des Galeries St-Hyacinthe en juin, de nombreux commerces maskoutains sont redevenus accessibles. C’est le cas de la boutique le Centre du rasoir où Robin Tanguay et son équipe accueillent leur clientèle avec sourire. En opération depuis maintenant 36 ans, ce commerce a en effet développé une clientèle fidèle qui vient s’y procurer rasoirs, couteaux, petits électroménagers pour la cuisine et la salle de bain, en plus de se prévaloir des services d’entretien et de réparation offerts pour ces appareils et leurs accessoires. « Nous avons connu une excellente première semaine en juin, confirme M. Tanguay. Après deux mois de fermeture, plusieurs clients n’attendaient que notre retour pour se procurer certains de nos produits, mais aussi

pour remettre en fonctionnement leurs appareils utiles pour la maison qui ont pu briser pendant le confinement. » Bien qu’inaccessible physiquement au public, le commerce n’a toutefois pas arrêté complètement ses opérations pendant le confinement. Son équipe a en effet continué de répondre aux demandes de ses clients par téléphone ou par le biais de la messagerie électronique. Ainsi, elle s’est efforcée de répondre à toutes les commandes qui, pour la plupart, ont été livrées à domicile le jour même. Un nouveau service d’aiguisage de couteaux à domicile a également été mis en place. « Ces services ont été très appréciés par nos clients au cours des derniers mois. Cela nous a aussi permis de maintenir des ventes pendant cette période difficile en plus de permettre une alternative d’achat plus locale aux clients que l’achat en ligne

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auprès de grandes entreprises étrangères », affirme M. Tanguay. Ce dernier croit d’ailleurs que le maintien des activités des magasins à grande surface, sous prétexte qu’ils vendent aussi des produits alimentaires, a porté un coup dur aux petits commerçants indépendants. Quoi qu’il en soit, le Centre du rasoir compte maintenir en place ces différents services offerts à domicile. Une façon d’être prêt à toute éventualité dans le cas où de nouvelles mesures de confinement pourraient être décrétées, mais surtout afin de garder ce contact plus personnel et privilégié qu’il a avec sa clientèle. Un service personnalisé que d’ailleurs seules les petites entreprises locales sont en mesure d’offrir. Il y a donc des possibilités de supporter ce commerce pour les clients qui hésitent encore à se rendre en magasin. Pour ceux qui viennent sur place, tout a été amé-

Robin Tanguay du Centre du rasoir. nagé pour que cela se fasse de façon sécuritaire. Un client à la fois est servi à la boutique, mais l’accueil tourne rondement de sorte que ceux-ci continuent de recevoir le service de qualité auquel ils étaient habitués sans avoir trop à attendre.


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La Rabouillère

Une demande en hausse malgré le contexte Denyse Bégin MRC des Maskoutains

Un des hôtes de la Table champêtre La Rabouillère, Jérémie Pilon, cuisinier diplômé de l’ITHQ.

La Rabouillère, c’est une belle petite ferme familiale située à Saint-Valérien-de-Milton dédiée à l’agrotourisme. On y trouve une véritable ferme d’élevage, une collection animale sans pareille, une Table champêtre et un hébergement à la ferme des plus accueillants. L’endroit est réputé pour la réalisation de fêtes familiales, de mariages ou de réunions d’affaires et sa boutique attire de nombreux fins gourmets pour la variété et la qualité des produits qu’on y propose. Les hôtes sont Pierre Pilon, médecin vétérinaire, Jérémie Pilon, cuisinier diplômé de l’ITHQ, ainsi que la conjointe de Jérémie, Marie-Claude Bouchard, diplômée en service de table et en sommellerie. La pandémie a forcé l’entreprise à annuler tous les événements prévus dans la salle à manger à court

et moyen terme, un volet qui représente normalement 70 % de son chiffre d’affaires. Elle a également dû annuler tous les contrats de mini-ferme de Pâques, ce printemps.

Seule la vente de produits boutique et la vente d’animaux se sont poursuivis. La production d’animaux de boucherie a continué, car la demande boutique était en hausse.

« Nous avons rapidement mis sur pied un service de livraison pour nos produits boutique. Nous livrons gratuitement dans un large périmètre (de Granby à Laval). Nous avons développé un nouveau bon de commande en ligne qui nous facilite la tâche. La réponse de la clientèle est très bonne et nous en sommes heureux », mentionne Jérémie Pilon. « En soutenant les petites entreprises de la région, c’est toute l’économie régionale qui en sort gagnante », dit-il en conclusion. La Table champêtre La Rabouillère est maintenant rouverte au public depuis plus d’un mois, avec une capacité réduite, bien évidemment. La mini-ferme est aussi de nouveau accessible au public.

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NON NON OUI

Une nouvelle boutique de tissus ouvre à Saint-Hyacinthe… et défie la COVID Donovan St-Hilaire Saint-Hyacinthe Technopole

Noémie Zicat se souviendra sans doute longtemps des premières semaines de son parcours d’entrepreneure. Le 10 mars, elle ouvrait les portes de NON NON OUI, sa nouvelle boutique de tissus et accessoires de couture située sur la rue Dessaulles, à l’angle du boulevard Choquette. La suite fait désormais partie de l’histoire : à peine quelques jours plus tard, la fermeture temporaire des commerces était décrétée. Mais les activités de ce nouveau commerce n’ont pas été mises sur pause pour autant. Fort heureusement pour elle, son plan d’affaires incluait des activités de vente en ligne, de sorte qu’un site Internet transactionnel a été mis en ligne en même temps que le début de ses activités. « Tout notre inventaire est disponible pour des commandes en ligne qui peuvent ensuite être livrées rapidement à domicile ou collectées directement au magasin », souligne Noémie Zicat. Le site offre plus de 400 tissus et produits pour les amateurs de couture. Une variété qui a permis à la jeune entreprise de se monter une banque de clients qui va au-delà de la région maskoutaine et même au-delà du Québec avec plusieurs commandes qui ont été placées par des clients d’autres provinces.

Il faut dire que la boutique a la particularité d’offrir des tissus aux motifs « à la mode », mais qui sont aussi, pour la plupart, écologiques et biologiques. Certains font même l’objet de la certification Gots, pour les textiles issus de l’agriculture biologique, ou Oeko-Tex, ce qui confirme qu’ils sont exempts de substances nocives. Cette dernière est particulièrement recherchée pour la confection de vêtements pour enfants

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ou pour personnes ayant la peau sensible. « Ma philosophie d’affaires est basée sur le fait que plus un tissu est de qualité, plus les produits qu’il aura servi à confectionner dureront longtemps. C’est pourquoi il m’est si important d’offrir le plus possible de tissus biologiques et/ ou certifiés. C’est une façon de contribuer à l’écologie et à l’économie circulaire », précise Mme Zicat. C’est d’ailleurs cette façon de voir les choses et son amour

de la couture qui ont poussé cette dernière vers l’ouverture de son commerce. Un projet qui l’a menée à compléter le programme Lancement d’une entreprise offert aux futurs entrepreneurs par l’École professionnelle de SaintHyacinthe. Mais le nom de la boutique, d’où vient-il? Celui-ci ne manque pas d’intriguer les clients. « NON NON OUI, ça représente un processus décisionnel. Le mien, tout le temps, et celui de bien des gens. Je suis lente à prendre des décisions, importantes ou pas. Alors quand vient le temps de coudre quelque chose, je mets des tissus ensemble, je change d’idée, j’essaye autre chose, etc. Ça donne non, non, oui! Mais il y a aussi le sens de mettre l’importance sur nos choix, parce qu’acheter, c’est voter! Quand les gens choisissent des tissus biologiques ou certifiés, ils votent pour des produits sans substances nocives », conclut Mme Zicat. Les clients peuvent désormais visiter la boutique du mardi au vendredi. Également, une visite sur le site www.nonnonoui.com demeure la meilleure façon de faire ses achats auprès de cette nouvelle boutique maskoutaine.

Noémie Zicat, propriétaire de NON NON OUI.


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La librairie L’Intrigue optimiste malgré la crise Donovan St-Hilaire Saint-Hyacinthe Technopole

Si on en croit les données officielles, l’industrie du livre est l’une de celles qui ont été le plus affectées par la crise de la COVID-19. En plus de la fermeture physique des librairies, ce secteur d’activité a souffert de l’arrêt des activités d’impression et d’édition de livres et, par le fait même, du report des dates de parution de la plupart des nouveautés attendues sur les tablettes. Un constat qui fait sursauter Nadia Collard, copropriétaire de La Librairie L’Intrigue, qui considère quant à elle que son commerce fait partie de ceux qui ont été chanceux dans les circonstances. « Si on se compare avec d’autres secteurs de la culture ou du commerce de détail, nous pouvons dire que nous avons été relativement épargnés. Bien sûr nous sommes affectés, mais la consommation de la littérature n’a

pas été arrêtée comme dans le cas des spectacles par exemple », précise Mme Collard. Bien que fermée au public pendant le confinement, cette librairie indépendante du centre-ville de Saint-Hyacinthe a poursuivi ses ventes par le biais de son site Internet transactionnel. Ses clients ont donc pu continuer à choisir leurs bouquins livrés directement à la maison. Une possibilité qui a connu un succès certain alors que, dès le début de la crise, les commandes en ligne quotidiennes dépassaient largement le nombre de celles reçues habituellement en une semaine. « Retenus à la maison, la lecture a certainement pris une place plus importante dans les habitudes des gens, et aussi, les bibliothèques étaient fermées. L’achat de livres en ligne devenait donc l’unique option disponible », précise Mme Collard. Nadia Collard a également constaté un changement dans les habitudes de lecture de ses

clients pendant le confinement. Sans surprise, les volumes sur le jardinage et les autres loisirs à la maison avaient la cote et se vendaient dans une plus grande proportion. Le retour des grands lancements littéraires devrait ramener les habitudes un peu plus à la normale. Mais le commerce du livre, lui, va-t-il reprendre normalement? « Sûrement, mais avec quelques transformations, croit Mme Collard. D’abord. La réouverture récente des bibliothèques municipales, dont plusieurs s’approvisionnent à la librairie L’Intrigue, donne un gros coup de main. » Car lorsqu’elles ont ouvert la librairie en octobre 2016, Mme Collard et ses associées, Louise Desautels et Diane Marquis, voulaient créer un environnement chaleureux et convivial où il serait possible de tenir certains événements, comme des lancements, des visites d’auteurs, un club de lecture ou des expositions d’art en lien avec l’univers de la lecture.

Une programmation suspendue pour le moment. Il est toujours possible de commander vos bouquins dans le confort de votre foyer sur le site www.lintrigue.leslibraires.ca, et même par téléphone. « C’est ça être une librairie indépendante. Nous trouvons toujours une solution pour nos clients », conclut Mme Collard.

Nadia Collard, copropriétaire de La Librairie L’Intrigue.

Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 37


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Le Pavillon de l’érable

L’art de se retourner sur un 10 cents Denyse Bégin MRC des Maskoutains

Un commerce qui voit le jour en pleine pandémie, c’est ce qui est arrivé avec le tout nouveau Pavillon Service Traiteur! Il y a trois ans, les propriétaires du Pavillon de l’érable ont fait l’acquisition de la bâtisse où logeait l’ancien Ti-Père, rue Dessaulles. L’objectif était d’y offrir des plats prêts-à-manger. Ce projet était resté sur la glace, faute de temps et aussi faute de personnel qualifié. Toutefois, la cuisine qui s’y trouve roulait à plein régime pour la préparation de banquets de mariage ou d’autres événements en tous genres des clients du Pavillon de l’érable, dont l’Expo agricole ou Expo-champs. La pandémie a forcé les gestionnaires du Pavillon de l’érable à se réinventer, mais ils savaient que le travail accompli depuis plus de 30 ans et leur excellente réputation les aideraient à remonter la pente. « Notre calendrier pour les mois à venir était bien rempli début mars, raconte Lorraine Bousquet. Le temps des sucres approchait, des mariages étaient réservés, plusieurs événements se préparaient

pour la belle saison et nos restos roulaient à plein régime. Tout ça est tombé à l’eau lors de l’annonce fatidique de la fermeture obligée des entreprises et commerces. Nous en étions à la troisième journée "cabane à sucre". Nous avons tout fermé pendant une semaine, le temps d’établir notre stratégie », indique-t-elle. La cantine a été rouverte à Saint-Jude et les produits de l’érable ont pu être vendus en utilisant un de leur camion de rue. Une fois le temps des sucres passé, l’entreprise a poursuivi avec le volet prêt-à-manger et un service de livraison à Saint-Jude et dans les municipalités rurales environnantes. Puis, les quatre propriétaires se sont dit qu’il était temps d’aller de l’avant avec l’ouverture du Pavillon Service Traiteur qui a eu lieu le 6 mai dans l’effervescence puisque, dès la première journée, les commandes affluaient. Il est possible de commander sur place ou par téléphone. Un service de livraison est également offert. L’histoire du Pavillon de l’érable se poursuit avec ce nouveau pied-à-terre à Saint-Hyacinthe, là où tout a commencé puisque ceux qui l’ont mis sur pied, il y a trois décennies, sont des anciens de l’Hôtel des Seigneurs.

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Sylvain Pelletier, Lorraine Bousquet et Michel Hénault.


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Déjeuners et dîners

Dame Tartine : la renaissance Donovan St-Hilaire Saint-Hyacinthe Technopole

Le parcours entrepreneurial est la plupart du temps un chemin sinueux marqué de défis à relever. Parlez-en à Anne Jodoin, propriétaire du restaurant Dame Tartine, qui, en un peu plus d’un an, a dû se relever d’un incendie et affronter la crise du coronavirus qui affecte durement son secteur d’activité. Mais celle-ci voit dans ces épreuves des opportunités d’apprendre et de réinventer son commerce et son modèle d’affaires. « Quand la vie te donne des citrons, fais-en de la limonade », lance-t-elle, reprenant la célèbre expression à son compte. D’ailleurs, si les mois qui ont suivi l’incendie qui a détruit le restaurant en février 2019 ont été difficiles, Mme Jodoin concède que cela aura endurci son ADN d’entrepreneure. « Cela a été pour moi un grand moment de questionnement. J’ai envisagé tous les scénarios, y compris celui de ne pas rouvrir. Mais les messages d’appui reçus des employés et des clients m’ont convaincue de continuer », avouet-elle. Ainsi, avec son conjoint devenu partenaire dans l’entreprise, elle reprend les opérations de Dame Tartine dans de nouveaux locaux du centre-ville de Saint-Hyacinthe, à deux pas de ses anciens locaux. Une ouverture qui était très attendue. Dès les premiers jours, les clients étaient de retour de sorte

qu’il a fallu doubler les effectifs en personnel à certains moments. Un retour qui n’aura finalement duré qu’un mois, jusqu’à la fermeture des commerces imposée par les efforts de lutte à la COVID-19. « Quand nous avons vu que cela allait durer un bon moment, nous avons fait notre petite étude de marché pour voir de quelle façon nous pouvions continuer à opérer. Guidés par nos partenaires, dont Saint-Hyacinthe Technopole et l’Association Restauration Québec, et surtout appuyés par nos clients les plus fidèles, nous avons décidé d’offrir nos principaux plats pour emporter », confirme Mme Jodoin. Dame Tartine a donc offert à ses clients, pour cette période, un menu spécial qu’il était possible de commander par téléphone et de venir récupérer directement au restaurant. Le menu, qui était disponible sur la page Facebook Dame Tartine St-Hyacinthe, était composé de certains de ses plats les plus populaires. « La réponse à ce nouveau service a été exceptionnelle. Cela nous a permis de revoir nos clients le temps de revenir à une situation plus normale », confie celle qui a justement choisi d’œuvrer dans la restauration par amour des gens, après une carrière de plus de 20 ans dans le réseau de la santé. Ouvert officiellement en juillet 2011, le restaurant Dame Tartine de Saint-Hyacinthe entame donc sa 10e année d’existence en renaissant pour une deuxième fois. Dame Tartine a rouvert sa salle à manger le 15 juin dernier.

Éric Taylor, Anne Jodoin et Sylvain Gervais (SaintHyacinthe Technopole.

Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 39


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L’esprit de famille de Canard du Village Denyse Bégin MRC des Maskoutains

La spécialité de la ferme Canard du Village, c’est l’élevage de canards de Barbarie non gavés et sans antibiotiques, nourris de grains entiers enrichis de graines de lin. Grâce à ce mélange unique, développé sur place, les canards sont reconnus pour la qualité de leur

chair, leur goût savoureux et leur apport en oméga 3. Cette ferme de Saint-Pie est désormais exploitée par la 5e génération de la famille Ravenelle, soit Élise et Gabriel, les enfants de Jocelyne Ravenelle, et la conjointe de Gabriel, Alice De Guise. À cause de la pandémie, la boutique a été fermée. Il était toutefois possible d’appeler pour passer une commande et venir la

chercher. Les produits offerts sont variés : cuisses confites ou nature, saucisses, saucissons, pâtés ou rillettes, cassoulet, effiloché de canard confit, poitrines ou gras de canard. Après la fermeture forcée, les exploitants se sont vite retroussé les manches et mis en mode solution. Avec l’aide d’un ami spécialiste du marketing, ils ont proposé à leurs clients la possibilité de passer des commandes par Facebook, téléphone ou courriel et le concept de boîte de produits aux couleurs de la dynamique petite entreprise a reçu un accueil plus que favorable auprès de la clientèle, ce qui leur a permis d’écouler le stock en inventaire. Canard du Village assurait la livraison des produits chez le client. La formule sera peut-être reprise cet automne, après la saison des marchés publics. « Avant la crise, 90 % de nos produits étaient destinés aux restaurants et seulement 10 % en circuits courts. Nous avons rejoint différentes plateformes de vente

Alice De Guise et Élise Beauchemin.

40 • AFFAIRES | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | Jeudi 8 octobre 2020

en ligne, dont Maturin, Viandes de la ferme et #achatsolidaire. Nous fournissons également les Fermes Lufa. Nous avons dû revoir complètement notre modèle d’affaires, nos rôles au sein de l’entreprise et notre gestion des ventes directes », raconte Alice De Guise. Les Fermes Lufa ont eu un impact considérable sur la gestion des ventes récemment. La demande a littéralement explosé. « Il faut reconnaître que nous avons un beau produit à offrir. Nous sommes pratiquement les seuls à proposer du canard non gavé, ce qui est de plus en plus recherché par la clientèle », souligne Mme De Guise. Une belle croissance, même en ces temps difficiles, mais la famille Ravenelle tient à demeurer une entreprise à échelle humaine où la qualité de vie et l’éthique sont primordiales. Et elle adore le contact avec les gens de la région, sa première clientèle, celle qui a permis à l’entreprise de grandir et celle qu’elle priorise.


INITIATIVES

Ferme Brovin

Un client de plus, ça peut faire toute une différence! Denyse Bégin MRC des Maskoutains

Caroline Brodeur est une personne enthousiaste et optimiste, travaillante et passionnée. Ça se sent, même au bout du fil. La petite entreprise qu’elle gère avec son conjoint Vincent Deslauriers, c’est la Ferme Brovin, située à Saint-Hyacinthe. En ouvrant leur boutique à la ferme, à l’automne 2019, ils souhaitaient favoriser les échanges avec leurs clients. Le contact humain est primordial pour eux et c’est encore ce qu’ils favorisent, même en temps de pandémie. « La livraison, c’est moins nous, avoue d’emblée la jeune productrice. Actuellement, des mesures d’hygiène ont été mises en place et, idéalement, les commandes sont préparées et déposées à l’extérieur. Nous voulons continuer de voir nos clients, même si c’est de loin, et nous les desservons le plus adéquatement possible, en toute sécurité. » Les Brodeur-Deslauriers produisent du veau de grain et du bœuf Galloway pur-sang, nourri à l’herbe. Ils ont aussi un poulailler où les poules sont élevées en liberté. Le bien-être animal figure bien haut dans leurs priorités et il détermine leurs façons de faire. Cette année, et c’est nouveau, ils développeront une petite section maraîchère sur leur terre afin d’offrir une variété de légumes frais à leurs clients. Au printemps, la ferme devait commencer à approvisionner certains restaurateurs locaux et d’autres spécialisés en haute gas-

tronomie. Ce projet a brutalement été mis sur la glace à cause de la pandémie. C’est en partie ce qui a incité Caroline et son conjoint à mettre les bouchées doubles avec la boutique. Pandémie oblige, la ferme a proposé à sa clientèle trois types de paniers remplis de leurs produits : « Découverte », « Barbecue » ou « Mijote-moi ». Ils sont composés de différentes viandes et coupes et on y trouve des recettes. « Les paniers sont tous offerts à un coût moindre de leur valeur réelle. Nous sommes conscients que bien des gens ont perdu leur emploi ou vivent des moments plus difficiles financièrement. C’est notre contribution. La réponse à cette première vente du genre a été excellente. Tout a été écoulé rapidement », mentionne la jeune femme.

Les produits de la Ferme Brovin sont congelés sous-vide. « Avoir de bonnes choses à manger sur la table, c’est réconfortant, poursuitelle, et c’est ce que nous offrons à notre clientèle. L’achat local est populaire ces jours-ci et nous le constatons. J’espère que ça va durer. Chaque nouveau client peut faire toute une différence pour une

petite entreprise comme la nôtre. Un restaurateur avec qui nous devions faire affaire cet été nous a avoué avoir jeté l’éponge. Si nous n’encourageons pas les producteurs-transformateurs et les autres entreprises locales, ça peut se traduire par une fermeture et c’est triste. Nous, on veut un milieu de vie dynamique où le contact humain prime. »

Caroline Brodeur avec un assortiment de produits de la Ferme Brovin.

Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 41


INITIATIVES

Cactus fleuri veut accentuer la promotion de son caractère unique et singulier Denyse Bégin MRC des Maskoutains

Après une pause imposée qui a fait mal, les activités de vente ont repris le 13 avril chez Cactus fleuri, une entreprise unique en son genre au Québec, située à Sainte-Madeleine.

Au printemps, les activités ont pu reprendre au rythme habituel et André Mousseau, propriétaire, a décidé d’accentuer l’offre de plantes comestibles, encore méconnues ici, mais populaires au Mexique notamment. Il cite en exemple l’opuntia, dont certaines

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espèces produisent des fruits comme la figue de Barbarie. Certains ensembles de plantes comestibles ont été livrés chez des clients de Cactus fleuri qui espère créer ainsi un engouement pour ces variétés de cactus. À la lumière des derniers événements, Cactus fleuri planifie l’avenir et l’entreprise souhaite aussi développer la vente en ligne. Elle prévoit aussi bâtir une nouvelle campagne promotionnelle qui misera sur son caractère unique et singulier dans le secteur ornemental. André Mousseau est de toutes les tribunes quand vient le temps de faire connaître la qualité du tra-

vail des producteurs agricoles du Québec. Il tient à rappeler, en ces temps difficiles où il est plus que jamais important de se serrer les coudes, l’importance d’encourager les producteurs-transformateurs de la grande région de SaintHyacinthe. « Derrière ces produits, il y a des gens et ça, il ne faut jamais l’oublier. Soyez ouverts, regardez autour de vous et allez à la rencontre des gens afin de profiter des produits exceptionnels que la région vous offre », dit-il.

André Mousseau de Cactus fleuri.


INITIATIVES

Ferme Le Bonheur est dans le pré

Craquez pour la différence! Denyse Bégin MRC des Maskoutains

La ferme Le Bonheur est dans le pré est située à Saint-Jude. Depuis plus de 15 ans maintenant, on y élève des cailles, des canes et des oies afin decommercialiser les œufs. Anolise Brault, lauréate d’une Bourse agricole de la MRC des Maskoutains en 2015, y travaille principalement avec sa mère, Lise Gagnon Brault. Elles sont fières d’offrir des œufs issus d’élevages respectueux tant pour l’animal que pour l’environnement. Les volailles sont élevées en liberté et elles profitent d’une lumière naturelle à l’année. Manipulés avec soin, les œufs sont offerts frais, marinés ou cuits

et écalés. Ces œufs sont de plus en plus populaires et appréciés pour leurs valeurs nutritives. Le site Internet de l’entreprise s’est refait une cure de jouvence et, maintenant, la liste des points de vente s’y trouve et des mises à jour seront faites régulièrement. Depuis quelques mois, les deux productrices travaillent à développer de nouveaux marchés, notamment ceux de la restauration et de l’hôtellerie, un projet mis sur la glace pour l’instant, mais qui demeure une priorité quand le retour à la normale sera arrivé. « Les animaux continuent de pondre, même en temps de pandémie… alors l’agriculteur n’a pas le

choix de continuer et de toujours se réinventer. J’ai toujours cru en l’autosuffisance alimentaire pour une société et je continue d’y croire vraiment! C’est l’avenir! », mentionne Anolise Brault. À Saint-Hyacinthe, on trouve les produits de la ferme Le Bonheur

est dans le pré au IGA Benoit (Galeries St-Hyacinthe), au Marché Lacroix et à la boutique Les Passions de Manon. Il est également possible de commander et d’aller chercher les produits à la ferme. On peut contacter Anolise au 450 278-0600.

Lise Gagnon Brault et Anolise Brault.

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La boutique Ûzage a trouvé la bonne recette Donovan St-Hilaire Saint-Hyacinthe Technopole

La fermeture temporaire des entreprises aura obligé un grand nombre de commerces, particulièrement les indépendants, à revoir leurs pratiques d’affaires et à faire preuve d’ingéniosité afin de maintenir un certain niveau de vente pour traverser la crise. La boutique Ûzage, qui a pignon sur rue au centre-ville de Saint-Hyacinthe depuis maintenant trois ans, n’a pas fait exception. L’entreprise, qui ne comptait pas de plateforme transactionnelle totalement opérationnelle ni de service de livraison, a dû rapidement se réajuster. « En deux jours, nous avons dû revoir notre site Internet afin de permettre le paiement en ligne, mais aussi y rendre disponible la grande majorité de nos produits avec des photos. Nous en avons profité pour implanter un système qui permet de lier notre site avec nos inventaires », explique la propriétaire de la boutique, Kizis Plamondon. Ce site est désormais pleinement opérationnel et on peut y retrouver une variété étonnante de produits ménagers et cosmétiques écologiques, d’accessoires pour la maison, de bijoux, et même des items pour aider à passer à travers

la pandémie comme des gels antibactériens et des masques en tissu. Bien sûr, tous ces produits sont liés à la mission même de la boutique, à savoir accompagner ses clients dans leur objectif de consommer de façon responsable et de réduire leur empreinte écologique. « Ûzage encourage un mode de vie sain et consciencieux de notre environnement. C’est pourquoi nos produits sont principalement fait au Québec et que plusieurs d’entre eux sont offerts en vrac ou soutiennent un mode de vie plus écolo », ajoute la dirigeante de la boutique. Tous ces produits peuvent donc maintenant être livrés à domicile. Pour ce faire, l’entreprise a bénéficié du service de livraison groupé mis en place par Saint-Hyacinthe Technopole et pourra continuer de le faire, grâce au système instauré par la SDC centre-ville et la Ville de Saint-Hyacinthe. La boutique a déjà dépassé la moyenne d’une dizaine d’expéditions quotidiennes. Ainsi, depuis la mi-mars, le travail est exigeant pour Mme Plamondon qui affirme toutefois avoir reçu des messages très stimulants de la part de ses clients. « Pour moi, la grande surprise de cette crise a été de constater l’attachement que portent les clients à notre commerce. Plusieurs ont communiqué avec moi

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inquiets que l’on puisse devoir fermer définitivement nos portes. Cette affection pour notre entreprise, mais aussi la solidarité que la population a manifesté envers les commerçants locaux a été un bon "boost" pour continuer », a-t-elle souligné. www.uzage.ca

Kizis Plamondon


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Industrie gastronomique Cascajares

Se réinventer pour traverser la crise Donovan St-Hilaire Saint-Hyacinthe Technopole

Implantée à Saint-Hyacinthe depuis un peu plus de 10 ans, Industrie Gastronomique Cascajares se spécialise dans la fabrication de produits carnés cuits sous vide. Sa marque « Le Chef et moi » est bien connue du grand public, mais une variété de ses recettes de la gamme « Chef Brigade » est aussi distribuée dans le secteur institutionnel au Québec et ailleurs au pays. « Nous avons une trentaine de produits fabriqués ici à notre usine de Saint-Hyacinthe, dont une large part est destinée à nos clients du marché de l’hôtellerie et de la restauration, mais aussi à celui du catering aérien, soit pour les repas servis à bord de grandes compagnies aériennes. Bien sûr, il s’agit de secteurs qui ont été frappés de plein fouet par l’arrêt des activités lié à la pandémie », explique Isabelle Eysseric, directrice générale de l’entreprise. Selon cette dernière, cela s’est traduit par une baisse importante des activités de production à l’usine qui, à certains moments, n’a opéré qu’à 30 % de sa capacité. Les employés ont alors accepté de travailler en temps partagé, ce qui a permis d’éviter des mises à pied temporaires. Afin de faire face à une diminution importante du volume de ses commandes, l’équipe de Cascajares a dû réagir rapidement et se réinventer. Afin d’être en

mesure d’écouler ses inventaires, elle a d’abord maintenu son opération saisonnière de vente à l’usine, mais selon une formule de commande à distance. Elle a également travaillé avec ses distributeurs pour être en mesure d’offrir des « boîtes gastronomiques » regroupant différents produits et destinées à la vente aux particuliers. De plus, elle s’est associée à deux autres entreprises locales, Distribution Le Perco et la Charcuterie Aux Trois cochons gourmands, pour rendre possible la vente de certains de ses produits. « C’est un bel exemple de solidarité quand des entrepreneurs acceptent de partager leurs ressources pour en supporter d’autres. Dans ce casci, l’un partage avec nous sa plateforme de vente en ligne et l’autre

son service de livraison », a souligné Mme Eysseric. Les produits d’Industrie Gastronomique Cascajares, dont ses boîtes de polpettes de porc et de boulettes de porc sauce marinara, sont également disponibles dans les supermarchés IGA. Surveillez

bien les emballages, vous y verrez peut-être apparaître le logo « Fièrement mijoté à SaintHyacinthe » qu’elle a développé pour souligner son appartenance au milieu qui lui a permis de devenir une des belles entreprises à succès du paysage alimentaire québécois.

Isabelle Eysseric, directrice générale de Cascajares.

Jeudi 8 octobre 2020 | Le Courrier de Saint-Hyacinthe | AFFAIRES • 45


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Bio Biscuit

Nourrir nos animaux de compagnie est aussi essentiel! Donovan St-Hilaire Saint-Hyacinthe Technopole

Depuis le début de la pandémie, les usines de transformation des aliments de Saint-Hyacinthe et du reste du pays, jugées essentielles, ont été en mesure de poursuivre leurs opérations et parfois même d’augmenter leur cadence de production. Puisque nos animaux de compagnie doivent eux aussi se nourrir, cela a été également le cas pour Bio Biscuit, fabricant maskoutain de nourriture pour chats et chiens, dont la marque Oven-Baked Tradition est connue dans le monde entier. Ainsi, les quelque 175 employés que compte l’entreprise ont été maintenus en poste depuis le début de la crise. Du personnel a même dû être embauché afin de

répondre à une hausse de la demande, a confirmé le président de l’entreprise, Pierre Lemieux. « Depuis le mois de mars, notre marché a connu une hausse. Nous sentons un impact réel de la volonté de la population d’acheter des produits faits ici, mais en même temps, nos clients consolident leurs inventaires de sorte que nos ventes à l’étranger sont aussi en hausse », a-t-il précisé. C’est bien sûr tout un défi de maintenir sa cadence de production dans un contexte où les règles sanitaires et de distanciation physique sont aussi serrées. Mais Bio Biscuit a mis plusieurs mesures en place dans son usine afin d’assurer la sécurité de ses employés et la salubrité de ses produits : prise de température des employés, masque couvrevisage, séparation physique, etc. À

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cela s’ajoutent les mesures d’hygiène déjà très stricte exigées pour les usines de production alimentaire et qui sont suivies à la lettre par l’entreprise afin de maintenir le haut niveau de qualité qui a fait sa réputation et celle de ses produits. Il faut dire qu’en plus de 20 ans d’existence, Bio Biscuit s’est mérité la position de chef de file à l’international en alimentation pour petits animaux, notamment en ce qui concerne ses procédés de cuisson au four. Cela lui a permis de maintenir une croissance importante qui fait en sorte que les 45 millions de livres de produits qu’elle fabrique annuellement sont aujourd’hui vendus dans plus de 25 pays. La technologie de cuisson au four utilisée par Bio Biscuit permet d’ailleurs aux produits d’avoir une meilleure saveur et de conserver

ses principaux nutriments. En choisissant la marque Oven-Baked Tradition, disponible dans toutes les bonnes animaleries, on offre ainsi la meilleure qualité à son fidèle compagnon.


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De plus, on supporte ainsi non seulement la seule entreprise canadienne à offrir ce type de nourriture, mais aussi une entreprise purement maskoutaine qui a connu ici toutes les étapes de sa croissance. « Au départ, notre usine de la rue Trudeau comptait à peine 10 000 pieds carrés. Aujourd’hui, elle a une superficie de plus de 200 000 pieds carrés et opère presque à plein rendement », souligne fièrement M. Lemieux. C’est d’ailleurs pour redonner à la communauté qui l’a vu croître que Bio Biscuit a remis un don important de ses produits à La Moisson Maskoutaine. « La pandémie a placé plusieurs personnes dans une situation de précarité qui n’était pas prévue. Lorsque c’est le cas, ceux-ci doivent pouvoir continuer de nourrir aussi leurs animaux de compagnie. Nous espérons que notre don à cet organisme d’aide alimentaire aura aidé ces personnes », conclut M. Lemieux.

Le président de Bio Biscuit, Pierre Lemieux.

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Parc industriel Olivier-Chalifoux

La pandémie donne des ailes à TalThi Jean-Luc Lorry Le Courrier de Saint-Hyacinthe

Installée depuis six mois dans le parc industriel Olivier-Chalifoux, TalThi, une entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication d’emballages alimentaires, réussit à tirer son épingle du jeu dans le contexte de la crise sanitaire. La direction de cette entreprise a vu son chiffre d’affaires bondir de 20 à 30 % depuis le début de la pandémie. Une augmentation substantielle qu’elle attribue à une demande croissante de contenants destinés aux plats à emporter ou à la livraison à domicile. Ce fabricant a dû s’ajuster en embauchant six nouveaux employés. « Nous sommes rendus 16 personnes dans l’entreprise. Nous recherchons encore deux employés pour la production et deux autres pour l’administration », indique avec enthousiasme Steven Thibeault, président-directeur général de TalThi.

Sur la photo, Steven Thibeault, président-directeur général de TalThi, une entreprise spécialisée dans la conception et la fabrication d’emballages alimentaires, accompagné de sa conjointe Chantal Lemery, copropriétaire. Photo François Larivière | Le Courrier ©

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TalThi commercialise des emballages rigides par dizaine de millions. Avant de se lancer dans la fabrication, l’entreprise était principalement distributrice de produits danois fabriqués par le manufacturier Plus Pack, un partenariat d’affaires qui se poursuit. « Maintenant, nous dessinons les modèles et fabriquons les moules. Nos départements de R&D et d’ingénierie ont permis d’accélérer la cadence. Nous vendons nos produits à travers le Canada. Nous avons aussi quelques clients aux États-Unis », précise M. Thibeault. Plusieurs bannières alimentaires au Québec comme Metro, IGA, Avril et Adonis utilisent les contenants conçus par l’entreprise maskoutaine. « Tous nos produits sont 100 % recyclables. Nous pensons que le marché des matières plastiques est en évolution constante. Les produits recyclés prennent de plus en plus de place. Cela nous permet de mieux nous positionner. »

Investissement de 3,5 M$

Pour permettre un investissement de l’ordre de 3,5 M$ regroupant l’achat de la bâtisse en novembre 2019 à Barbet Immobilier et divers équipements, l’entreprise a obtenu du financement de la Banque de développement du Canada (BDC), de Desjardins et d’Exportation et développement Canada (EDC). TalThi a obtenu également une contribution remboursable de 750 000 $ de Développement Économique Canada (DEC) pour l’acquisition et l’installation d’équipements de production.

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BILAN

Saint-Hyacinthe Technopole déploie ses mesures économiques Donovan St-Hilaire Saint-Hyacinthe Technopole

À Saint-Hyacinthe Technopole, les derniers mois ont été consacrés aux interventions d’urgence auprès des entreprises maskoutaines affectées par la crise de la COVID-19. Cela n’a pas empêché son équipe de plancher sur différentes mesures visant à soutenir la relance de l’activité économique locale. « Nous avons recueilli les commentaires de près de 500 entreprises du territoire, qu’elles soient industrielles, commerciales ou touristiques, afin d’orienter nos actions en faveur de la relance. Celles-ci nous ont fait part de leurs principaux enjeux de développement, mais aussi des actions que nous ou les autorités publiques pouvions mener pour faciliter leur reprise », a précisé le directeur général de Saint-Hyacinthe Technopole, André Barnabé. Cette opération a permis à Saint-Hyacinthe Technopole de définir cinq grands axes sur lesquels elle base son plan d’action pour la relance, à savoir l’accompagnement des entreprises, l’attraction et l’adaptation de la maind’œuvre, la promotion de l’offre commerciale

et touristique, l’adaptation de l’environnement d’affaires, de même que le soutien et l’allègement financier. Pour l’organisme, les services d’accompagnement offerts aux entreprises sont la clé qui pourra faire toute la différence au cours des prochains mois quant à la survie et la pérennité de certaines d’entre elles. C’est pourquoi elle a mis en place un groupe stratégique d’accompagnement dont le seul mandat est d’analyser le cas précis d’une entreprise et de proposer des solutions concrètes aux problèmes qu’elle rencontre. « Les statistiques démontrent hors de tout l’importance et le succès de l’accompagnement. Les entrepreneurs sont souvent démunis face à la multitude des ressources et des programmes d’aide qui peuvent s’adresser à eux. Ils doivent avoir accès rapidement à des conseillers qui peuvent les orienter à travers tout cela. Il faut être en mesure de dédier le plus de ressources possibles à cette tâche », souligne M. Barnabé. Quant aux autres axes identifiés, SaintHyacinthe Technopole travaille déjà sur un grand nombre de projets ou de mesures, notamment des initiatives de formation de nouveaux

Le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil, à réuni les principaux partenaires du développement économique local afin de dresser l’état de la situation. Photo gracieuseté

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employés, des activités de promotion visant l’augmentation de la clientèle pour le secteur commercial ou encore une vaste campagne de recrutement de main-d’œuvre. Ce dernier enjeu est d’ailleurs le plus mentionné par les entrepreneurs locaux qui sont plus de la moitié à éprouver des problèmes de recrutement en raison de la rareté de la main-d’œuvre ou du maintien de programmes de prestation salariale d’urgence. En tout, le plan d’action pour la relance mis en place par l’organisme comprend plus d’une vingtaine d’actions concrètes en support aux entreprises. « C’est sans compter les mesures développées, ou en voie de l’être, par les différents paliers de gouvernement, mais aussi par d’autres organisations ou instances du milieu. Car, faut-il le rappeler, la reprise ne passera pas seulement par l’appui aux secteurs industriel, commercial et touristique. Je pense entre autres au secteur culturel qui est durement affecté et dont les activités ont des retombées importantes sur l’économie locale », croit-il. D’ailleurs, ce dernier a salué l’initiative du maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil, qui a réuni le mois dernier les principaux partenaires du développement économique local afin de dresser l’état de la situation, de faire le point sur les besoins de chacun des secteurs d’activité et de coordonner les efforts des différents acteurs en place. « Beaucoup d’idées ont été échangées lors de cette rencontre. Nous allons prendre le temps de les analyser et je compte bien réunir à nouveau ces différents partenaires pour poursuivre le travail, tout comme nous échangeons fréquemment avec ceux des secteurs communautaire et institutionnel pour ne nommer que ceux-là », avait signifié le maire à la suite de ces échanges. « Je suis persuadé que cette collaboration propre à notre milieu peut faire la différence afin de traverser la pandémie et d’en sortir plus forts pour préparer la relance qui suivra ».


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