Gestion et Technologie Agricoles

Page 1


LA PROMOTION DE L’AGRICULTURE EN MONTÉRÉGIE ET AU CENTRE-DU-QUÉBEC

LA PROMOTION DE L’ A GRICUL TURE EN MONTÉRÉGIE ET AU CENTRE-DU-QUÉBEC

CULTIVER la réussite

CULTIVER la réussite

Jeudi 14 novembre 2024 | Volume 49 | 11

Jeudi 14 novembre 2024 | Volume 44

PRODUCTION AVICOLE

Qui veut produire des œufs, doit (bien) soigner les poules

Aussi dans cette édition

• Nutri-Œuf répond à nos questions p. 3

• Entrevue avec la Fédération des producteurs d’œufs du Québec p. 4 et 5

• Planifier son projet agricole, selon le MAPAQ p. 10

LA PROMOTION DE L’AGRICULTURE

EN MONTÉRÉGIE ET AU CENTRE-DU-QUÉBEC

PRODUCTION AVICOLE

Groupe Nutri produit et traite 2,4 milliards d’œufs annuellement

Si tout le monde connaît et reconnaît bien l’œuf suspendu en bordure de l’autoroute 20 à Saint-Hyacinthe, grand succès de son image de marque depuis des décennies, encore trop peu de personnes sont en mesure de citer les activités de Groupe Nutri (NutriŒuf), une entreprise maskoutaine dont la particularité est d’être la seule entité canadienne appartenant à des producteurs locaux et l’une des plus importantes dans le secteur de la classification et de la transformation d’œufs au pays. Son chef de la direction, Sébastien Léveillé, agronome, MBA, répond à nos questions.

GTA : Quels sont les derniers chiffres en matière de producteurs locaux et d’employés de votre entreprise?

Sébastien Léveillé : Au Québec, on parle actuellement d’environ 160 fermes qui nous fournissent leurs œufs. De ce nombre, environ 25 sont situées en Montérégie. Environ 550 employés canadiens œuvrent à nos opérations quotidiennes, dont environ 225 à Saint-Hyacinthe.

GTA : Selon votre site Internet, annuellement, Groupe Nutri produit, classifie, transforme et met en marché plus de 2,4 milliards d’œufs réguliers, de poules en liberté, biologiques, de spécialité et transformés. Est-ce toujours le cas?

S.L. : Oui, et nous sommes en croissance. L’œuf demeure une source de protéine abordable pour les familles en temps d’inflation.

ÉDITEUR :

Benoit Chartier

RÉDACTEUR EN CHEF : Martin Bourassa

ADJOINTE À LA RÉDACTION : Annie Blanchette

TEXTES ET COORDINATION : Yves Rivard

CONTRÔLEUR :

Monique Laliberté

DIRECTEUR DU TIRAGE : Pierre Charbonneau

DIRECTEUR DE LA PUBLICITÉ : Guillaume Bédard

ADJOINT AU DIRECTEUR

DE LA PUBLICITÉ : Simon Cusson

DIRECTEUR DE LA PRODUCTION : Alex Carrière

PUBLICITAIRES : Louise Beauregard

Manon Brasseur

Luc Desrosiers

Linda Douville

Miriam Houle

Michel Marot

Isabelle St-Sauveur

GTA : Votre bannière inclut, outre Nutri-Œuf (Saint-Hyacinthe, SaintLambert-de-Lauzon), quatre autres entités de production : Star Egg (Saskatchewan), Countryside Farms (Manitoba), Supreme Egg Products (Ontario, Saint-Hyacinthe) et Maritime Pride Eggs (Nouvelle-Écosse). Pourquoi retrouve-t-on Saint-Hyacinthe dans deux entités? Pourquoi conserver ces raisons sociales au lieu de se présenter sous l’appellation Groupe Nutri?

S.L. : Parce que nos opérations de transformation incluent des partenaires qui ne sont pas des propriétés à 100 % de Groupe Nutri. Pour ce qui est des entreprises hors Québec, il s’agit de producteurs locaux qui conservent leur raison sociale, bien qu’opérées par Groupe Nutri. Par exemple, Countryside Farms existe, mais ses produits sont commercialisés sous la bannière Groupe Nutri. Je ne vous dis pas que ça restera toujours comme ça.

Modèle d’affaires et chaîne de valeur

GTA : Quels sont les critères de production propres à Groupe Nutri?

S.L. : Clairement, nos fermiers propriétaires. Les chaînes de distribution canadiennes apprécient la qualité locale et les processus s’en trouvent facilités. Depuis la création de l’entreprise en 1987, c’est encore et toujours notre meilleure carte de visite. Sinon, le fait d’imprimer des informations sur les œufs permet une parfaite traçabilité, ce qui constitue une initiative entièrement québécoise.

GTA : Comment un producteur local peut-il joindre les rangs?

S.L. : Régulièrement, de nouveaux producteurs se joignent à nous. Nous œuvrons en étroite collaboration avec la

PUBLIÉ PAR:

TÉL. : 450 773-6028

TÉLÉCOPIEUR : 450 773-3115

SITE WEB : www.dbc.ca

COURRIEL : admin@dbc.ca

Fédération des producteurs d’œufs du Québec qui, à travers ses différents programmes, établit des contacts avec les classificateurs, question de voir comment il est possible de les intégrer.

GTA : Le modèle d’affaires ayant mené à la création du groupe est-il toujours pertinent?

S.L. : Absolument. L’intelligence collective des producteurs visant à intégrer la chaîne de valeur, de la ferme au consommateur en passant par la transformation, est plus que jamais nécessaire. Le système de gestion de l’offre au Canada est un outil indispensable qui permet aux familles de vivre de leur production, de produire selon de hauts standards de qualité, de réinvestir dans leur entreprise. Notre modèle d’affaires constitue une sorte de police d’assurance pour les producteurs. De plus, il s’agit d’un modèle qui, à l’instar des fermes, se transmet à la génération suivante, qui conseve ainsi cette valeur. La nouvelle génération participe également au conseil d’administration de Groupe Nutri. Notre présidente du CA, Claudia Désilet, fille de Robert Désilet, membre au long cours du conseil, en est un parfait exemple.

Pour résumer : grâce à la vision de producteurs actionnaires ayant décidé de mettre en commun leurs efforts et leurs connaissances du domaine avicole, nous avons su développer un modèle d’affaires unique dans l’industrie des œufs permettant à chaque province d’offrir des œufs frais de leur région d’un bout à l’autre du Canada.

Sébastien Léveillé, chef de la direction de Groupe Nutri. Photo : gracieuseté.

GTA : Il y a quelques jours, un de vos exprésidents, Serge Lefebvre, a été intronisé au Temple de la renommée de l’agriculture du Québec. Quelques mots à ce sujet?

Publié 12 fois par année par DBC Communications inc. 655, avenue Sainte-Anne, Saint-Hyacinthe, Québec J2S 5G4 Imprimé par Imprimerie Transcontinental SENC division Transmag, 10807, rue Mirabeau, Ville d’Anjou Québec H1J 1T7. Dépôt légal Bibliothèque nationale du Canada Copyright® Tous droits réservés sur les textes et les photos. Les articles sont la responsabilité exclusive des auteurs. Prix d’abonnement : 1 an (taxes incluses)...............40 00$ Poste publication - convention : PP40051633

S.L. : Groupe Nutri en est très fier! Serge est un bâtisseur. Avec sa famille, il a fondé une entreprise fantastique. Il est d’ailleurs toujours à l’œuvre en tant qu’administrateur de l’entreprise et président du CA de notre entité de transformation, Supreme Egg Products. Nous avons donc la chance de travailler encore avec lui régulièrement. Et pour longtemps encore, on l’espère.

27 000 exemplaires distribués dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe et par Postes Canada aux producteurs agricoles dans les régions suivantes : Montérégie-Est Montérégie-Ouest Centre-du-Québec

édition 12 décembre 2024 Spécial transformation alimentaire et oiseaux fermiers

Yves Rivard

700 000 pondeuses de plus depuis janvier

La Fédération des producteurs d’œufs du Québec (FPOQ) représente plus de 200 producteurs d’œufs répartis sur l’ensemble du territoire québécois. S’élevant à plus de 6 millions de poules pondeuses, la production annuelle totalise plus de 1,8 milliard d’œufs. L’objectif de cette production : répondre à la demande des consommateurs d’ici. L’objectif de cette entrevue : faire le point sur l’industrie avec Sylvain Lapierre, président de la FPOQ.

GTA : Fin 2024, à combien se chiffre l’allocation d’unités de quota? Quels sont les pronostics pour les prochaines années?

Sylvain Lapierre : Présentement, l’allocation provinciale est de 6 402 403 unités. Le secteur a connu de belles hausses au cours des deux dernières années. La croissance observée de 2014 à 2019 a, bien sûr, connu une certaine stagnation pendant les années de pandémie. Mais il n’y a pas eu de recul, il y a eu des réajustements, et les activités ont repris à pleine capacité. En janvier 2023, l’industrie a connu une hausse de 136 000 pon-

deuses. En janvier 2024, 287 000 de plus et, en septembre 2024, 277 000 autres ont été ajoutées. Tout ça est très positif pour la filière. Lorsqu’une nouvelle allocation est annoncée, on parle d’environ 18 mois avant que la production en tant que telle débute. En ce qui a trait aux pronostics, bien que le taux de consommation soit bon, un léger ralentissement dans les allocations est possiblement à prévoir vu la mise en production des récents ajouts de quotas. Il faut toujours rester vigilant et éviter la surproduction.

GTA :Y a-t-il du nouveau du côté de la lutte face à la grippe aviaire? Quelles sont les dernières nouvelles à ce sujet?

S.L. : Actuellement, le Québec ne recense aucun cas. À l’échelle canadienne, six cas sont actifs en Colombie-Britannique et un autre en Saskatchewan. On en compte plusieurs aux États-Unis. Tout le monde demeure vigilant. Aux États-Unis, le principal effet lié à la baisse drastique de production est celui qui affecte directement le prix à la consommation.

GTA : Comment se déroule le processus ayant trait au prolongement volontaire du cycle de ponte?

Sylvain Lapierre, président de Fédération des producteurs d’œufs du Québec (FPOQ). Photo : gracieuseté.
Yves Rivard GTA

2023, selon Sylvain Lapierre, de la FPOQ

S.L. : Ça va bien. On note environ 50 % des producteurs qui s’orientent vers des lots de 12 mois. La Fédération accompagne ces derniers en leur rappelant que ce prolongement ne doit pas se faire au détriment de la qualité des œufs. Des tests de qualité sont menés à la fois à la ferme et dans les postes de classement au moyen d’une machine spécialement dédiée au calcul de la force de la coquille et à l’analyse de la qualité interne. Il faut mentionner que la plupart des producteurs sont en mesure de passer en formule 13, 14 ou 15 mois. Il faut simplement y aller par étapes, question de bien stimuler la ponte par les meilleures méthodes possibles..

GTA : Qu’en est-il des prolongements de lots des éleveurs de poulettes?

S.L. : Eux ne bénéficient pas de prolongement puisque les poulettes commenceront la ponte au terme de 19 semaines, mais le prolongement du cycle effectué par les producteurs d’œufs vient chambouler un peu la stabilité des producteurs de poulettes. Lorsque ce dernier, qui produit habituellement deux lots par année, est associé à un producteur d’œufs, c’est moins compliqué, mais quand il collabore avec

un producteur d’œufs au cycle de 12 mois et avec un autre au cycle de 13 mois, il devient difficile de poursuivre après un ou deux ans. Il doit donc trouver un autre producteur. La Fédération offre une plateforme de maillage pour répondre à ce besoin de même que des intervenants sur le terrain qui aideront à mettre les intéressés en relation.

Politique(s) et marchés

GTA : Quel est le constat au sujet du projet de loi C-282 à l’étude par le Sénat canadien? Il y a quelques jours, le Bloc québécois était d’avis que des sénateurs bloquaient l’adoption de son projet de loi C-282 visant à protéger la gestion de l’offre. La possibilité d’une élection fédérale prochaine a-t-elle une incidence sur son cheminement?

S.L. : Oui, cela aura une incidence. On sait que certains sénateurs ne voient pas ce projet de loi d’un bon œil. Un projet qui a pourtant reçu l’aval de tous les chefs de partis, qui a été accueilli par 80 % des députés et qui a été présenté deux fois en chambre. Comment ces sénateurs pourraient-ils le refuser? On croit qu’ils vont tenter de proposer ñdes amendements. Le comité sénatorial se réunira le 6 novembre [l’entrevue a été réalisée le 4

novembre, NDLR] pour décider de la marche à suivre. S’il y a des amendements, tout devra repasser par le processus du vote des députés et tout, ce qui nécessite beaucoup de temps. Et comme une élection se tiendra probablement au printemps, obtenir la sanction royale pourrait être long. Il s’agit d’une première historique : jamais le Sénat n’a refusé un projet de loi ayant fait consensus.

GTA : Comment se portent la relève et le programme d’aide au démarrage de producteurs dédiés à la vente directe?

S.L. : Le programme va bien. Il doit être bien évalué, selon différents aspects. Oui, l’été, c’est plus facile de vendre ses œufs, l’hiver, souvent moins. La meilleure entrée est peut-être de débuter avec un peu moins de poules, mais de vendre tous ses œufs. La surproduction, surtout d’un produit périssable comme l’œuf, peut jouer de mauvais tours. Il est préférable de créer une certaine rareté, de se créer un marché et de conserver son prix. Selon plusieurs producteurs, l’engouement pour la vente directe, qui a connu un sommet pendant la pandémie, serait un peu retombé. Cela dit, la plupart des producteurs qui désiraient démarrer la production ont pu le faire.

GTA : On le sait, la plupart des vaccins contre la grippe et le vaccin antigrippal en vaporisateur nasal sont fabriqués à partir d’œufs. Ce marché est-il en croissance?

S.L. : Présentement, le marché vaccinal n’est plus en croissance. Depuis la fin de la pandémie, on observe que les gens en ont assez de se faire vacciner, et qu’il en résulte donc une baisse de la demande. De plus, la technologie aidant, les pharmaceutiques sont en mesure de produire davantage à partir d’un seul œuf qu’avant. Il y a 33 % moins de pondeuses dédiées à l’industrie vaccinale en 2024. On parle de décroissance.

GTA : Le bien-être animal est au cœur du code de pratique publié en 2017. Depuis cette date, quels sont les changements survenus et ceux prévus pour 2025?

S.L. : Le code est en vigueur, tous nos producteurs le respectent et tous ont migré ou sont en processus de migration vers la formule volière et liberté. Le Québec mène à l’échelle canadienne en ce sens. Par exemple, la nouvelle norme de mangeoire, récemment passée de 2,66 pouces carrés à 2,88 pouces carrés par pondeuse, a été rapidement respectée. La FPOQ accompagne ses membres et s’assure de la diffusion de l’information.

L’innovation dans le traitement des planchers de volailles

Agronome, conseiller en production avicole, Agri-Marché

Geneviève Gauthier

T.P. , directrice des ventes laitières, Lactech

Historiquement, au Québec, les éleveurs de volaille ont principalement opté pour des constructions de poulaillers à deux ou trois étages, principalement pour des raisons d’économie de construction et d’espace. Toutefois, l’un des inconvénients de ces économies est qu’il existe une certaine obsolescence programmée; les contreplaqués utilisés pour les planchers des étages ont une durée de vie limitée.

La durabilité du contreplaqué a diminué au fil des ans, et son prix fluctue considérablement. Remplacer le plancher d’un bâtiment de deux étages mesurant 40’ par 200’ peut aujourd’hui coûter une dizaine de milliers de dollars. À mesure que le plancher vieillit, il devient poreux et se fendille, ce qui permet à la matière organique, souvent chargée de bactéries, de s’y loger. Cela complique le nettoyage et la désinfection, rendant ces tâches moins efficaces. Pour l’éleveur, maîtriser la charge

bactérienne est crucial afin de prévenir les maladies.

Certaines alternatives, comme les panneaux composites en plastique, sont déjà disponibles sur le marché et ont été adoptées par certains producteurs de volaille. Ces matériaux offrent une meilleure étanchéité et une durée de vie supérieure à celle du contreplaqué. Cependant, le coût d’acquisition et d’installation reste élevé, et le retour sur investissement n’est pas garanti. C’est pourquoi certaines entreprises commencent à proposer des solutions comme les scellants pour planchers, notamment l’époxy.

L’application d’un revêtement en époxy crée une barrière protectrice qui facilite le nettoyage. Ce produit, à l’origine conçu pour le béton, présente une surface lisse et non poreuse qui limite l’accumulation de matières organiques. Cette approche non seulement améliore l’efficacité des opérations de désinfection, mais accroît également la durabilité des installations, pouvant aller jusqu’à garantir leur remplacement.

L’un des principaux avantages du traitement à l’époxy est sa capacité à être appliqué même sur des planchers usagés, tant qu’ils ne présentent pas de dommages excessifs. La longévité d’un plancher dépend non seulement de son

polymère ne se limitent pas aux poulaillers. D’autres secteurs, comme les productions porcines et laitières, peuvent également en tirer profit. Par exemple, dans les porcheries, le fumier liquide ne pose généralement pas de problèmes pour les planchers en béton. Toutefois, les mangeoires peuvent être affectées par les acides présents dans les aliments, et dans ces cas, un traitement polymère peut constituer une solution pertinente.

Pour l’industrie laitière, l’utilisation de polymère antidérapant est recommandée, surtout dans les zones où les planchers subissent une forte exposition aux produits chimiques de nettoyage. Le styrène-butadiène, qui peut être appliqué sur des surfaces humides, est idéal pour les environnements de lavage, permettant de protéger les installations tout en garantissant la sécurité des animaux. Pour finir, l’idée d’utiliser les polymères provient d’André Turcotte, un représentant chez JNB, qui s’est donné pour mission d’être constamment à l’affût d’innovations adaptées aux défis concrets auxquels sont confrontés les producteurs. Nous sommes fiers de pouvoir vous partager celle-ci par l’entremise de cette tribune. L’innovation est à la portée de tous, à vous de repérer les prochaines solutions qui feront progresser nos productions!

Faire de son kiosque un succès au marché de Noël!

Katherine Ducharme

B.A.A.,

Conseillère en agrotourisme et en commercialisation, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).

Conseiller en agrotourisme et en commercialisation, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ.

Noël approche à grands pas et la course contre la montre est sur le point de commencer. La quête du cadeau idéal va débuter, entraînant les acheteurs à déferler dans les boutiques et à vider les rayons pour trouver le présent parfait pour chaque personne. Pour y arriver, nombreux seront ceux qui se rendront aux marchés de Noël de la Montérégie. Il vous reviendra, en tant que producteur, de séduire ces clients potentiels et de leur offrir la perle rare. Comment y parvenir? L’une des clés du succès réside dans le marchandisage et la présentation de votre kiosque.

Le marchandisage consiste à rendre disponible le bon produit au bon endroit, au bon moment, en bonne quantité, au bon prix, avec la bonne présentation et dans la bonne ambiance. Son objectif principal est d’augmenter la rentabilité de votre kiosque. En effet, pour maximiser vos ventes, il est crucial que le client passe à l’action et réalise un achat. Vous devez donc capter son attention, éveiller ses désirs et lui démontrer l’importance du produit. Comment faire? Grâce à des techniques et astuces de marchandisage efficaces! Voici quelques astuces de marchandisage.

Concevoir un kiosque attrayant Il est essentiel d’attirer l’œil sur le contenu de votre kiosque. Soyez stratégique en mettant de l’avant vos produits phares : ceux qui sont innovants, qui vous distinguent des autres kiosques ou qui offrent de plus grandes marges bénéficiaires. N’hésitez pas à jouer avec les couleurs en les variant et en les alternant, tout en veillant à leur cohérence et à leur harmonie. Cela créera un rythme visuel agréable. Toutefois, les décorations festives ne doivent pas éclipser les produits eux-mêmes et il est important de préserver l’image de marque de l’entreprise. Le choix des couleurs est également crucial. Bien que le rouge soit tentant pendant les fêtes, faites attention : les étiquettes de prix rouges peuvent être perçues par les

consommateurs comme des offres spéciales ou de bonnes affaires.

Créer un kiosque vendeur

Plus c’est vu, plus c’est vendu! Votre kiosque doit dégager une impression d’abondance et de choix. Évitez les espaces vides et assurez-vous que chaque recoin est bien utilisé. Offrez des solutions variées, comme des paniers cadeaux adaptés à tous les budgets et à tous les goûts.

Optimiser l’éclairage

Choisir un éclairage approprié peut être plus complexe dans un marché de Noël. Cependant, n’hésitez pas à ajouter votre propre éclairage en complément de celui qui est prévu pour rehausser la qualité visuelle de votre kiosque, notamment lors des marchés extérieurs. L’éclairage doit mettre en valeur vos produits et contribuer à l’ambiance que vous souhaitez créer.

Proposer une dégustation des produits

Il est bien connu que offrir des dégustations incite les consommateurs à acheter davantage. En effet, goûter vos produits les encourage non seulement à passer plus de temps devant votre kiosque, mais aussi à explorer les autres articles que vous proposez. Profitez de cette occasion pour leur faire découvrir une gamme

plus large de vos produits. Assurez-vous toutefois d’avoir les permis nécessaires pour organiser des dégustations et de disposer des installations sanitaires requises à proximité. N’oubliez pas de vérifier au préalable les aménagements à votre disposition auprès des gestionnaires du marché de Noël.

Offrir une expérience client

Finalement, avoir un kiosque attrayant ne suffit pas si le personnel ne l’est pas également! L’avant du kiosque n’est pas réservé uniquement aux consommateurs. Sortez de votre espace pour engager la conversation avec les visiteurs et leur présenter vos produits. Beaucoup seront intéressés par votre histoire, vos créations et votre entreprise. En leur faisant part de ces informations, vous les séduirez peutêtre davantage et augmenterez ainsi vos chances de vendre vos produits.

Pour obtenir plus de renseignements sur le marchandisage et découvrir comment appliquer concrètement ces techniques dans un lieu de vente, la consultation d’un spécialiste reste une excellente option.

À ce sujet, vous pouvez visiter le site Web des réseaux Agriconseils à l’adresse suivante : www.agriconseils.qc.ca. En attendant, passez de joyeuses fêtes et, surtout, réalisez de belles ventes dans les marchés de Noël de la Montérégie!

Crédit : Tourisme Montérégie.

L’affaire est dans le sac… de semences fourragères!

Paméla

Magnan-Baril

Agronome et biologiste, conseillère en grandes cultures et en santé des sols, Direction régionale du Centre-duQuébec, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ). productions animales, Direction régionale de la Montérégie, MAPAQ.

L’automne, c’est le moment de l’année où il faut commencer à penser aux semis du printemps prochain. Comme pour les autres cultures, il est important de ne pas trop attendre pour avoir du choix dans les semences fourragères offertes chez les détaillants. Choisissez vos mélanges en fonction des espèces qui répondent aux besoins de votre entreprise. Il faut aussi acheter des semences certifiées pour vous assurer d’une meilleure implantation ainsi que d’une qualité fourragère et d’un rendement supérieur. Dès la fin de l’été, la majorité des guides de semences fourragères pour l’année suivante sont publiés et peuvent vous guider dans vos choix.

Choix des espèces fourragères pérennes

Vos superficies ensemencées servirontelles de foin de commerce, de fourrages cultivés pour vos vaches laitières ou de pâturages pour vos ruminants? Le type d’utilisation, l’objectif (rendement ou valeur nutritive), la durée de vie recherchée et les caractéristiques du sol (type, profondeur, drainage, fertilité et pH) détermineront la composition botanique de vos prairies.

La sélection du mélange fourrager doit également tenir compte des caractéristiques spécifiques des espèces et des cultivars : vitesse de croissance, stade idéal pour la fauche, appétibilité, potentiel de rendement, persistance et résistance à l’hiver. Cela permettra d’obtenir une certaine synchronicité de la maturité des plantes, de maximiser le rendement et d’assurer une bonne valeur nutritive du fourrage.

Les mélanges fourragers contenant des légumineuses permettront d’accroître la teneur en protéines; ils réduiront aussi les besoins en azote et assureront un rendement lors des périodes chaudes de l’été. Quant aux graminées pérennes, elles augmenteront la longévité de votre prairie. La proportion de légumineuses a tendance à diminuer au fil des ans, laissant plus de place aux graminées, qui rivalise-

ront avec les mauvaises herbes. Le type d’utilisation de vos prairies peut ainsi évoluer à travers les années. Le choix des graminées fourragères est donc aussi important que le choix des légumineuses.

Combien d’espèces dois-je avoir dans mon mélange?

Les mélanges comprenant de deux à trois espèces ciblent généralement le rendement et la valeur nutritive. Les mélanges plus diversifiés, quant à eux, ciblent la résilience, la persistance, la stabilité dans les rendements et les services écosystémiques : biodiversité, séquestration du carbone, structure du sol, etc. Dans un mélange de trois espèces, il est suggéré de choisir une légumineuse et deux graminées. Dans un mélange de quatre à six espèces, on vise aussi à avoir de 30 % à 50 % de légumineuses. Comme il est mentionné plus haut, la proportion des espèces aura tendance à évoluer avec les années en fonction des conditions du sol, de sa fertilité, du cycle de vie des espèces, de la gestion des coupes ainsi que des perturbations climatiques et biotiques. Il faut également éviter d’avoir une rivalité trop élevée dans le mélange puisque certaines espèces auront de la difficulté à s’implanter et à persister. Par exemple, une espèce lente à s’établir comme le lotier ne doit pas être mélangée à des espèces très compétitives dans leur établissement comme la fétuque ou le dactyle. Si un tel mélange est utilisé, il faut établir des stratégies comme diminuer la dose de semis des espèces les plus compétitives.

Pourquoi acheter des semences certifiées?

Lorsque vient le temps de commander des semences, il est tentant d’acheter les semences ordinaires (ou communes), car celles-ci sont moins chères. Mais estce réellement une économie? Avec les semences ordinaires, le pourcentage de germination n’est pas garanti et elles peuvent être contaminées par des graines de mauvaises herbes ou d’autres plantes cultivées. Certains semenciers classent eux-mêmes leurs semences de type ordinaire et les vendent sous leur propre marque de commerce. Cela ne garantit pas le même niveau de contrôle de qualité que la certification émise par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Ne sachant pas exactement ce que contient le sac, vous jouez à un jeu de hasard lors du semis. Il est plutôt recommandé de choisir les semences de fourrages certifiées. Cela ne date pas d’hier que les conseillers recommandent l’achat de ce type de semences.

MM. Réal Michaud et Lucius Belzile, agronomes et pionniers dans le domaine des plantes fourragères au Québec, ont publié un article sur le sujet dans Le Bulletin des agriculteurs en février 1983. Ils mentionnaient que « la

supériorité des semences pédigrées ne fait aucun doute… Un investissement additionnel au moment de l’achat des semences peut rapporter gros lorsque viendra le temps de récolter ». Les étiquettes bleues apposées sur les sacs sont bien méritées. Avant d’arriver chez votre fournisseur, ces semences ont été l’objet d’environ 15 ans de recherche, de développement et de sélection pour ensuite passer des tests stricts d’un tiers autorisé par l’ACIA. La certification des semences garantit : - la pureté variétale, - le taux de germination, - l’absence d’impuretés (graines de mauvaises herbes et autres espèces), - une meilleure résistance aux maladies, aux insectes et à l’hiver, - l’uniformité des lots de semences et de la maturité.

S’ils ne conviennent pas à vos besoins, pourquoi ne pas créer votre propre mélange? Comme l’ont dit les agronomes Réal Michaud et Lucius Belzile en 1983, « l’affaire est dans le sac »!

Semence certifiée Semence commune

Source : Adapté de Michaud et Belzie (1983)

Figure 1. Rendement annuel moyen de prairies ensemencées avec de la semence certifiée ou de la semence commune de trèfle rouge (tiré du Guide de production – Plantes fourragères, 2022).

Lors d’essais, MM. Michaud et Belzile ont observé un rendement supérieur de 30 % avec l’utilisation de semences certifiées de trèfle rouge en comparaison avec l’utilisation de semences ordinaires de la même espèce (figure 1). De plus, la garantie d’un taux de germination permet d’avoir un meilleur recouvrement du sol. Cela réduit la présence de mauvaises herbes, qui n’attendent qu’un espace libre pour pousser. Compte tenu de la durée de vie de votre prairie, le coût des semences certifiées lors de son établissement est un petit investissement : il augmente le taux de réussite de vos implantations en plus d’offrir la certitude quant à sa productivité et à la qualité des fourrages. Alors, pourquoi ne pas accorder autant d’importance au choix de ses semences fourragères qu’au choix de ses cultivars de maïs?

Dans les guides de semences, plusieurs mélanges sont proposés. Analysezles et discutez-en avec vos conseillers.

RÉFÉRENCES

ASSOCIATION CANADIENNE DES PRODUCTEURS DE SEMENCES (ACPS). Qu’est-ce qu’une semence canadienne certifiée?, s. d. [https://seedgrowers.ca/fr/je-suis-un-producteur-de-semences/quest-ce-quune-semencecanadienne-certifiee/]

POMERLEAU-LACASSE, F. Fiche 6 : Caractéristiques variétales et persistance des luzernières, Coordination services-conseils, 2022. [https://coordination-sc.org/wp-content/uploads/2024/04/fiche-6_luzerniere_finale.pdf]

ONTARIO. MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, DE L’ALIMENTATION ET DES AFFAIRES RURALES. Guide de production fourragère, Publication 30, 2022, 290 p. [https://www.ontario.ca/files/202210/omafra-guide-to-forage-production-fr-202210-19.pdf]

BÉLANGER, Gilles, et autres. Guide de production – Plantes fourragères, 2e édition, volume 1, Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec, 2022, 273 p.

TURCOTTE, F. Les caractéristiques et l’adaptation des espèces de graminées et légumineuses pérennes utilisées comme plantes fourragères au Québec, MAPAQ, 2021. [https://www.mapaq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/Regions/Monteregie-Ouest/Formations/Tableaux_graminees_legumineuses_Fern andTurcotte.pdf]

Photo : MAPAQ.
Cultivar 1 Cultivar 2 Lot 1 Lot 2
Rendement de trèfle rouge (tMS/ha)

Cultiver sur un paillis de seigle roulé : des avantages et des défis!

LAURENCE

JOCHEMSTANGUAY

Professionnelle de recherche en entomologie maraîchère.

MAXIME LEFEBVRE Chercheur en entomologie maraîchère.

La culture sur paillis de seigle roulécrêpé est une technique de conservation des sols qui suscite de plus en plus d’intérêt. Cette méthode consiste à semer du seigle d’automne qui sera roulé en paillis au printemps suivant, pour ensuite y implanter une culture. Les producteurs conventionnels utilisent du glyphosate pour maximiser la mortalité du seigle, alors que les producteurs en régie biologique doivent synchroniser le roulage avec la floraison du seigle. Cette technique offre de nombreux avantages, mais présente également certains défis, surtout pour les producteurs biologiques.

Protection des sols, réduction des maladies, des mauvaises herbes et des insectes ravageurs!

La culture sur paillis de seigle roulécrêpé offre de nombreux avantages : réduction de l’érosion des sols, rétention des nutriments et compétition aux mauvaises herbes. En effet, le seigle libère dans le sol des composés allélopathiques et agit comme barrière physique. Le paillis facilite l’accès aux champs et aide à la récolte en conditions humides à l’automne.

Plusieurs études ont montré que le paillis contribue à maintenir les cultures plus propres et exemptes de maladies en limitant le contact avec le sol. Par exemple, dans les cucurbitacées, il permet de limiter la dispersion de Phytophthora et de Pseudomonas

La présence du seigle dans les champs, avant le roulage et une fois au sol sous forme de paillis, crée un environnement plus diversifié, influençant les populations d’insectes et d’autres arthropodes. Des études récentes au Québec soutiennent ses bénéfices pour la gestion des ravageurs. En 2024, notre équipe de l’IRDA et le laboratoire de lutte biologique de l’Université du Qué-

tement la présence de la chrysomèle rayée du concombre et l’incidence du flétrissement bactérien dans la culture de courge spaghetti. En 2021, des scientifiques d’Agriculture et Agroalimentaire Canada ont également observé que la laitue cultivée sur paillis de seigle était moins colonisée par les pucerons, et que cette technique offrait la possibilité de recruter plus d’ennemis naturels.

Et les défis… on y travaille ! Le paillis aide à contrôler les populations des mauvaises herbes surtout en début de saison. Cependant, il n’est pas rare qu’il ne suffise pas pour empêcher leur présence tout au long de la période critique de croissance des cultures, et que

certaines finissent par s’implanter et Sans glyphosate, le seigle peut survivre à l’opération de roulage au printemps. Il repoussera s’il est roulé trop tôt ou se ressèmera si roulé à un stade trop avancé, compétitionnant ainsi avec la culture principale.

Afin de trouver des alternatives aux herbicides chimiques pour détruire le seigle et gérer les mauvaises herbes s’implantant tardivement dans le paillis, un projet de recherche a été mis sur pied à l’IRDA pour étudier les bénéfices d’un taux de semis de seigle supérieur et le potentiel de méthodes de lutte thermique et d’un bioherbicide. Évidemment, il est important de garder une vision holistique du système, et de vérifier si ces techniques novatrices pourraient nuire au travail de nos communautés d’insectes bénéfiques!

Photo IRDA: Opération de roulage du seigle au printemps.

Centre de développement du porc du Québec : une expertise qui s’étend aussi au bœuf et à la volaille

misme de l’ensemble de la filière porcine québécoise.

S’il est connu dans le milieu que le Centre de développement du porc du Québec (CDPQ) est une corporation sans but lucratif fondée en 1992, ses activités et ses champs d’expertise, toujours plus larges, méritent certainement d’être rappelés, d’être soulignés. Jacques Faucher, directeur général, s’en charge à travers l’entrevue qui suit.

GTA : Débutons par une présentation succincte du CDPQ.

Jacques Faucher : Il s’agit d’une création du MAPAQ, qui a décidé un jour de le rendre plus autonome il y a 32 ans. Il avait été créé pour réaliser la gestion des programmes liés à la génétique, à la santé, à l’analyse de troupeaux ainsi qu’aux épreuves d’évaluation de porcs commerciaux. Le CDPQ est aujourd’hui un centre d’expertise multidisciplinaire de type OBNL qui, par ses services, ses activités de transfert de connaissances et son implication dans plusieurs projets de recherche et de développement, contribue au dyna-

Par l’entremise des divers comités qu’il gère et de ses multiples collaborateurs et partenaires d’affaires, le CDPQ joue également un rôle de concertation ou de coordination auprès d’un grand nombre d’acteurs de l’industrie. Le CDPQ est un organisme parapublic qui a un chiffre d’affaires annuel variant entre 7 M$ et 8 M$. Notre budget de fonctionnement provient du MAPAQ à 25 %, d’une prime de 10 cents pour chaque porc abattu, soit 600 000 $ par année provenant des Éleveurs de porcs du Québec, et un 100 000 $ additionnel d’autres sources. Le reste provient de projets de recherche, qui constituent la base des activités du Centre, qui compte sept secteurs d’activités, dont la santé et la biosécurité, les bâtiments et la régie d’élevage, l’alimentation et la nutrition, la génétique, la qualité des viandes, l’économie et la gestion ainsi que l’analyse et la valorisation des données. À noter que, depuis quelques années, le CDPQ a développé une expertise multiespèces, plus particuliè-

rement en génétique bovine, avec les Producteurs de bovins du Québec. Selon une entente avec le MAPAQ, une somme est perçue pour chaque bœuf abattu, somme réorientée vers le CDPQ pour permettre un levier financier afin d’obtenir des subventions pour des projets de recherche.

Autre exemple, notre équipe vient aussi supporter celle du Centre d’expertise en production ovine du Québec (CEPOQ) au niveau des services génétiques.

GTA : L’expertise développée dans l’industrie porcine vous permet donc d’intervenir dans plusieurs autres créneaux, dans des contextes spécifiques?

J.F. : Absolument. Par exemple, au chapitre des conditions d’ambiance pour les bâtiments d’élevages porcins, nous possédons une expertise étoffée en ventilation. Nos responsables contribuent régulièrement au transfert de savoir vers de grands réseaux privés d’élevage de volaille. , dans des contextes spécifiques?C’est également le cas pour la qualité des viandes et la génétique, secteurs

pour lesquels l’expertise développée en production porcine est également appliquée pour d’autres productions anima-les, comme en production de bovins de boucherie et en production ovine. Il y a quatre ans, le Centre a construit une maternité de recherche et de formation à Armagh (région de Bellechasse), infrastructure financée à 90 % par le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec. Le troupeau compte 675 truies productives conduites en bande toutes les quatre semaines. Des projets de recherche et développement novateurs (publics et privés) y sont réalisés et les principaux objectifs sont de minimiser l’impact sur l’environnement en optimisant l’utilisation des ressources (énergie, eau, aliments, etc.); favoriser le bien-être des animaux et des éleveurs; optimiser le coût de production afin de favoriser la compétitivité des entreprises de la filière; développer et/ou valider des techniques, technologies et connaissances novatrices; et développer et/ou valider des solutions face à la pénurie de main-d’œuvre.

Yves Rivard
GTA

GTA : Un projet de construction et d’amélioration de la station de recherche de Deschambault est aussi en cours, exact?

J.F. : Oui, la construction de cette installation de recherche, au coût de 7 M$, est rendue possible grâce à l’appui financier à 90 % du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, dans le cadre du programme de soutien aux organismes de recherche et d’innovation, volet 4 (PSOV4). Il faut savoir que la station actuelle, propriété du CDPQ, a été construite en 1994 et qu’il s’agit au départ d’une pouponnière-engraissement de 360 places en gestion tout-plein, tout-vide. L’amélioration de la Station permettra de loger 192 porcelets et 684 porcs en engraissement.

Plusieurs équipements et installations seront ajoutés, notamment des systèmes d’alimentation de précision, des salles d’élevage permettant le suivi des conditions d’ambiance et un ostéodensitomètre permettant le suivi de la composition corporelle sur un porc vivant. Ces nouvelles installations modernes permettront des collaborations encore plus fructueuses avec les universités (McGill, Laval, UdeM), qui utilisent nos installations pour différents projets menés par leurs étudiants à la maîtrise et au doctorat, les partenaires privés et autres joueurs de l’industrie. On parle davantage de recherche appliquée, de projets dont les résultats peuvent être rapidement utilisés à la ferme.

Une expertise recherchée

GTA : Quels sont vos effectifs?

J.F. : Au CDPQ, il y a environ 50 employés permanents auxquels s’ajoutent, au besoin, des spécialistes pour des projets spécifiques.

Par ailleurs, il faut spécifier que le CDPQ est également propriétaire à 99 % du Centre d’insémination porcine du Québec (CIPQ) depuis 2021, jadis une propriété d’Investissement Québec, qui avait pour mission première de générer des profits. Le CDPQ et la filière porcine ont fait l’acquisition du CIPQ. Cette action s’inscrivait dans une volonté de conserver la propriété, l’expertise et les emplois au Québec, d’être compétitif, d’assurer un approvisionnement de semence porcine de qualité à l’ensemble des membres de la filière québécoise, partout sur le territoire et de garantir l’achalandage des « hébergés » actuels pour les années à venir.

J’agis en tant que directeur général du CIPQ depuis 2022. Je n’avais jamais pensé à quel point l’expertise du CDPQ serait reconnue à une si grande échelle après cette transaction. Mais, c’est bel et bien le cas.

GTA : Le succès de vos activités de recherche et de développement garantit une optimisation pour la filière, de la construction à l’élevage en passant par l’insémination, exact?

J.F. : Oui. Par exemple, l’objectif du CIPQ est de produire une dose de qualité, au meilleur prix, dose qui sera ensuite distribuée à l’ensemble des maternités du Québec. Pour ce faire, nos responsables du CDPQ ont revu les conditions d’ambiance des bâtiments, ce qui a contribué à une meilleure qualité de semence et à augmenter les délais de préservation des doses, passant de trois à quatre jours, comme officialisé le 1er novembre. Nos activités de recherche permettent donc de développer de nouvelles méthodes et pratiques de production.

Aussi, la valorisation des données est très importante au CDPQ, car elle permet une meilleure information et une meilleure gestion des opérations d’insémination. On investit aussi beaucoup dans la gestion de nos bâtiments et de la qualité d’ambiance pour les élevages du CIPQ. Par exemple, il nous a été possible de garder la température ambiante à 21 degrés Celsius dans nos trois sites en période estivale. Tous les réseaux de l’industrie ont constaté une hausse de qualité dans la semence prélevée en adoptant les méthodes issues de nos recherches et initiatives.

GTA : Un producteur vous contacte pour vous faire part d’un projet. Quel est le processus?

J.F. : Cela dépend du type de projet. Il nous est toujours possible d’avoir une discussion avec un producteur et d’analyser la faisabilité de son projet. Notre site Internet détaille bien nos expertises selon le besoin du projet. Il y trouvera les coordonnées de nos responsables des différents secteurs d’activités et pourra ainsi établir un contact. Il est possible de déterminer dans quel type de programme le projet risque d’obtenir des fonds, toujours en tenant compte de l’efficience de ce dernier en matière de temps et d’argent. Dans certains cas, le CDPQ utilise ses installations pour mener à bien les projets, dans d’autres cas, il arrive que le projet soit réalisé directement dans les installations du producteur.

Jacques Faucher, directeur général du CDPQ et du CPIQ. Photo : CDPQ.

Planifier son projet agricole : pas si bête que ça!

Kim Després

Conseillère en relève et en démarrage, Direction régionale de la Mauricie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)

Marika Savoie

Conseillère en productions animales, Direction régionale du Centredu-Québec, MAPAQ

Le démarrage d’une production animale est un exercice complexe qui requiert une planification méticuleuse et une attention particulière à plusieurs aspects cruciaux. Que vous soyez un agriculteur débutant ou que vous envisagiez d’ajouter une branche animale à votre exploitation existante, vous devez prendre en compte certains éléments fondamentaux. Voici quelques points clés pour assurer le succès à long terme de votre projet.

Développement des connaissances Maîtrisez-vous la production que vous souhaitez démarrer? Chaque secteur possède ses propres particularités qu’il convient de connaître et de comprendre. S’il y a lieu, assurez-vous que votre projet respecte les modalités du plan conjoint (réglementation en lien avec la mise en marché collective). Pour parfaire vos connaissances, plusieurs formations sont offertes tant sur le volet technique qu’administratif, notamment par Les Collectifs régionaux en formation agricole1 et sur la plateforme U+2 La participation à des stages en milieu de travail est recommandée afin d’augmenter vos chances de succès. Cela vous permettra aussi de développer votre réseau de contacts et d’être mieux informé des ressources et organismes du secteur et de la région.

Site d’élevage

Avant de faire l’acquisition d’un site d’élevage, il est important de vérifier le zonage et les exigences réglementaires municipales et provinciales qui pourraient s’appliquer. Le démarrage de certaines productions, notamment l’élevage porcin, peut être limité dans certaines municipalités.

Vous souhaitez aménager une nouvelle infrastructure sur le site? Selon l’emplacement visé, le nombre d’unités animales, le type de fumier et les cours d’eau ou bâtiments à proximité, des distances séparatrices pourraient limiter vos options. En plus de ces limitations, certaines caractéristiques du site (zones de glissement de terrain, milieux humi-

site possède un droit de produire (avis de projet, déclaration de conformité ou certificat d’autorisation) auprès du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). Vérifiez également que le projet respecte le Règlement sur les exploitations agricoles 3, notamment dans l’optique où un plan agroenvironnemental de fertilisation et/ou un bilan de phosphore devront être réalisés.

En outre, il est essentiel de vous informer sur les services municipaux disponibles. Est-ce que le site possède un approvisionnement municipal en eau? Si oui, les limites de prélèvements établies par le MELCCFP devraient être vérifiées selon l’ampleur du projet. À l’inverse, un site sans accès à l’eau pourrait exiger des investissements supplémentaires pour répondre aux besoins du projet (abreuvement, nettoyage, etc.). Faites aussi des vérifications au sujet de l’accès au réseau électrique. Que ce soit pour des abreuvoirs chauffants, des clôtures électrifiées ou la ventilation de bâtiments, cet accès simplifie les choses. Dans le cas contraire, le branchement au réseau est une dépense non négligeable qui devra être prise en compte.

La superficie et la qualité des sols devraient aussi être évaluées en fonction des exigences du projet. Comblerontelles les besoins nutritionnels (pâturage ou culture) selon le nombre d’animaux visé? Dans la négative, vous devez prendre en compte des coûts supplémentaires d’alimentation dans la planification financière du projet.

Bâtiments et infrastructures

Que vous envisagiez de construire de nouveaux bâtiments ou de réaménager ceux déjà existants, cette étape doit être bien planifiée. Les dépenses associées à votre projet peuvent rapidement s’accumuler et représenter un investissement

gences des assureurs) ou l’état du système de ventilation. Examinez aussi les possibilités qui s’offrent à vous pour la gestion des fumiers en fonction de la production et du mode d’élevage. Selon le mode de gestion du fumier choisi, l’étanchéité de la fosse pourrait être à vérifier.

Un autre élément à considérer est la densité animale potentielle des bâtiments. Est-ce que la surface ou l’espace de la mangeoire est suffisant pour répondre aux besoins du troupeau? Est-ce que l’aménagement est fonctionnel et permet facilement d’effectuer toutes les tâches?

Selon la production ciblée, plusieurs ouvrages de référence vous permettront d’obtenir des recommandations. De plus, pour vous inspirer, il est suggéré d’aller visiter des sites d’élevage afin de profiter des bons coups d’autres producteurs. Dans tous les cas, la municipalité devra être consultée pour toutes normes relatives aux bâtiments, à leur implantation et à l’obligation d’un permis.

Animaux

Afin de maximiser les chances de succès, achetez des animaux sains et productifs pour démarrer votre projet. Idéalement, choisissez un éleveur reconnu ayant une bonne gestion et réputation. Dans le cas contraire, cela pourrait amener des répercussions économiques importantes à long terme et mettre en péril votre réussite.

Mise en marché

Votre projet comporte un volet agrotouristique ou un volet de transformation alimentaire? En fonction des activités que vous prévoyez, il est possible qu’une autorisation de la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ)4 soit nécessaire. Le Règlement sur l’autorisation d’aliénation ou d’utilisation d’un lot sans l’autorisation de la CPTAQ spécifie les situations où il n’est pas nécessaire d’obtenir une autorisation. Par exemple, si vous

souhaitez faire la mise en marché par l’entremise d’un kiosque à la ferme, sachez qu’au moins 25 % des produits offerts doivent provenir directement de l’exploitation. Bien que certaines activités soient permises sans l’autorisation de la CPTAQ, elles demeurent soumises aux règlements d’urbanisme de votre municipalité et pourraient requérir l’obtention d’un permis ou d’un certificat. Contactez toujours votre municipalité et votre MRC avant d’entreprendre de telles activités. Pour la transformation et la commercialisation de vos produits, plusieurs exigences doivent être respectées. Une formation sur les normes d’hygiène et de salubrité doit habituellement être suivie et un permis délivré par le MAPAQ5 pourrait être requis selon le type de produits et la mise en marché ciblée.

Prêt à vous lancer?

Si le démarrage d’un projet en production animale vous semble complexe, sachez que plusieurs intervenants peuvent vous aider dans sa mise en œuvre. Parmi ceux-ci, les conseillers du MAPAQ vous accompagnent dans la planification de votre projet et vous offrent des conseils éclairés. N’hésitez pas à contacter votre direction régionale6 pour obtenir de l’accompagnement.

1 www.upa.qc.ca/producteur/formations/accompagnement-en-formation

2 www.upa.qc.ca/producteur/formations/catalogue-des-formations

3 www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/rc/Q-2,%20r.%2026%20

4 www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/rc/P-41.1,%20r.%201.1%20/

5 www.mapaq.gouv.qc.ca/fr/md/Permis/Pages/Permis.aspx

6 www.quebec.ca/gouvernement/ministere/agriculture-pecheries-alimentation/coordonnees-du-ministere/bureaux-re gionaux

Photo : MAPAQ.

COLLECTIF

Des formations qui gagnent à être connues

Bonne nouvelle! Les Éleveurs de volailles du Québec (EVQ) ont annoncé par communiqué « qu’au cours des 12 derniers mois, 25 agriculteurs provenant de secteurs variés tels que les grandes cultures, la production laitière ainsi que la production porcine se sont lancés dans l’élevage du poulet. » Parmi ceux-ci, 11 ont acquis du quota de poulet pour la première fois lors de la dernière séance de vente tenue le 21 octobre 2024. On peut constater que même si l’élevage de poulet est régi par gestion de l’offre, il est possible d’acquérir du quota pour se lancer dans cette production.

Afin de guider les producteurs qui se lancent dans la production de volailles, l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec offre des formations pour ce secteur. Les 1er et 5 novembre derniers avaient lieu respectivement les cours

« Compostage de volailles à la ferme » et « Produire des œufs de consommation 2 ».

Elles ont pour objectif d’informer les participants sur le compostage des carcasses de volailles tout en respectant la réglementation en vigueur ainsi que d’approfondir des notions sur la gestion d’un élevage de poulettes et de poules pondeuses afin d’optimiser la production d’œufs de consommation. Bien que les dates de ces formations soient passées, il est toujours possible de s’inscrire sur la liste d’attente sur le site Internet de l’ITAQ pour être informé des prochaines séances.

Par ailleurs, la formation « Produire des œufs de consommation 1 » qui permet aux producteurs de connaître comment fonctionne la mise en marché des œufs, les installations de production qui sont requises et les enjeux de production aura lieu prochainement, donc, n’hésitez pas à vous inscrire sur la liste d’attente pour démontrer votre intérêt.

De plus, pour ceux qui optent pour l’élevage de volailles, la formation en ligne « Connaître les découpes de volaille –Théorique » permet d’arriver à mieux communiquer avec les bouchers en leur fournissant des directives précises sur les coupes souhaitées, et ainsi optimiser le

rendement de la volaille en comprenant les différentes coupes et leur valeur commerciale. Elle aura lieu le 5 décembre prochain, et est organisée par la formation continue du Chemin-du-Roy. Pour les producteurs de porc, il est possible de former leurs employés sur l’administration d’injection en toute sécurité chez les porcs à l’aide d’une courte capsule gratuite qui se trouve sur notre site Internet. Elle est aussi offerte en espagnol pour les travailleurs étrangers temporaires. Par ailleurs, la formation « Devenez un As de la détection en production porcine » offerte en tout et

d’une durée de deux heures permet aux participants d’apprendre à détecter les problèmes par l’observation. Enfin, une formation sur l’adaptation aux changements climatiques et la réduction des GES en production porcine est disponible en tout temps sur la plate-forme Cible d’Agricarrières. Pour avoir plus d’information sur l’offre variée en formations agricoles en Montérégie, consultez le catalogue des formations U+ sur le site www.upa.qc.ca/ producteur/formations ou Valérie Plante au 450 454-5115 au poste 6286 ou par courriel : vplante@upa.qc.ca.

Photo : Freepik
Valérie Plante, agente en formation agricole

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.