Le Digital Post n°73

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14 /10/11


Le mot de la semaine Depuis la mort du gourou d’Apple le 6 octobre dernier, rien ne va plus. Steve Jobs met-il en pratique un plan marketing machiavélique depuis le iCloud pour déstabiliser l’ensemble de l’écosystème digital ? Avec les évènements de ces derniers jours, la question se pose. Samsung décide de décaler l’annonce de la sortie de son nouveau smartphone, jugeant le contexte inapproprié. Le réseau Google+ lancé sur invitation en juin 2011 voit son trafic chuter de façon dramatique depuis son ouverture au public début octobre. Prévisible, même les équipes dirigeantes du géant de Mountain View n’utilisent pas le produit. Cette raison a été reprise par Steve Yegge, jusqu’ici ingénieur chez Google (et peut-être bientôt sans emploi) lorsqu’il a expliqué cette semaine avec véhémence pourquoi Google+ ne sera jamais un concurrent sérieux de Facebook. Au départ, ce billet* n’était destiné qu’à l’interne, mais par erreur Steve l’a énvoyé à tout son réseau. *oups* Blackberry subit depuis quelques jours une panne de serveur mondiale, privant des millions d’utilisateurs de mails et de BBM. Avec une part de marché globale passée de 19% à 12% en moins d’un an, cet épisode pourrait bien marquer de façon irréversible la désaffection des utilisateurs pour la marque. Et pendant ce temps là, tout va bien chez Apple… L’annonce du lancement de l’iPhone 4S au lieu de l’iPhone 5 n’a été qu’une déception éclair puisque les chiffres actuels pulvérisent le record précédent : un million d’iPhone 4S précommandés en 24h contre 600 000 iPhone 4 en 2010. Good job Steve ! * pour les curieux, le long post de Steve Yegge est lisible ici : http://bit.ly/steve-yegge Alison Chamussy, Digital University


“on en parle” Internet, nouvelle arme du racisme NDLR : Pour la LICRA (Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme), le web est devenu un accélérateur du phénomène de banalisation de l’acte raciste, en l’absence de régularisation suffisante et d’harmonisation des législations au niveau mondial. C’est pourquoi l’association diffusera sur le web et en TV ‘La Nouvelle Arme’, une vidéo mettant en scène un mouvement extrémiste accordant autant d’importance à Internet qu’aux Kalashnikovs. La signature ‘Ne laissons pas Internet devenir l’arme du racisme’ en appelle à la responsabilisation individuelle et collective. L’an passé, l’association aurait été confrontée à une hausse de 74% des sollicitations d’internautes. Un chiffre qu’il convient de nuancer. Si les FAI ont connu une augmentation des alertes, la part de propos réellement répréhensibles par la justice aurait légèrement diminué sur cette même période. B.V. ‘Ce qui me gène dans le film, c’est l’association entre racisme et groupuscules extrémistes. En ligne, on est plus souvent confronté à des individus utilisant le web comme l’exécutoire de leurs sentiments haineux, que face à des mouvements organisés.’ E.J. ‘Le pouvoir législatif est dépassé dès lors qu’il s’agit d’appliquer le droit français aux problématiques online. Soit leurs mesures sont disproportionnées, comme pour la lutte contre le piratage et Hadopi, soit ils font preuve d’une passivité inquiétante, comme c’est le cas ici.’ M.A. ‘Je ne crois pas que cibler les comportements en ligne règle le problème. Internet n’est que le reflet du malaise de notre société. Les actions menées devraient être globales.’ Voir la vidéo : http://bit.ly/nouvelle-arme


la bonne idée Durex - Digital Love, last night I had a dream about you... Contexte : En moins de 20 ans, Durex s’est imposé dans le monde occidental comme le contraceptif de référence, synonyme de fiabilité et de durabilité. Leader mondial, la marque reste méconnue dans certaines parties orientales du globe où son produit phare, le préservatif, n’est pas rentré dans les mœurs. Si la parole se libère dans le monde arabe, montrer la sexualité reste tabou. Pour conquérir ces marchés quasi-vierges (sans mauvais jeu de mots), Durex doit donc décomplexer le consommateur, sans pour autant le choquer. Problématique : Comment engager, sans exhibition, un dialogue sur le ‘safe sex’ avec les jeunes digital natives du Moyen-Orient? Insight : ‘Les rapports avant le mariage restent pour moi un sujet controversé. Pourtant, natif du digital, j’ai grandit avec la banalisation de la pornographie sur Internet.’ L’idée : Et s’il devenait possible d’avoir des rapports protégés par le biais d’un ordinateur ? C’est la promesse du Docteur Erika Stevens, grâce à une technologie de capteurs sensoriels. Il suffirait de poser ses doigts sur l’écran et de penser au plaisir sexuel pour le partager avec un partenaire. ‘Virtual sex, real pleasure’. Suit une série de vidéos testimoniales, plus ou moins convaincantes, vantant les mérites du procédé. Dans ces pays où la question de la chasteté reste ambigu, l’invention apparaît comme le parfait échappatoire. Une fois l’expérience lancée, le partenaire s’interrompt après quelques secondes de gémissements. ‘Vous y avez vraiment cru ?’ Le dispositif, bien que très suggestif, ne montre rien d’ostensiblement sexuel. La marque réussit ainsi à toucher la génération YouPorn de façon décomplexée par une attribution simple : il n’y a pas plus ‘safe’ que Durex… A part le virtuel. Le site : http://digital-love.org


la moins bonne idée Audi A6 - ‘The world’s first interactive YouTube driving video’ Face aux modèles concurrents de Mercedes et BMW, l’Audi A6 veut faire la course en tête. Pour promouvoir sa berline de luxe en Amérique du Nord, le constructeur allemand annonce lancer la ‘toute première expérience de conduite interactive sur YouTube’. Dans cette vidéo, un pilote est au volant d’une A6 sur un circuit de ‘drive-test’ automobile. En interagissant avec les différentes touches de son clavier numérique, l’internaute découvre le véhicule dans diverses situations de conduite (accélération, slalom, dérapage…). Audi se positionne sur la différenciation par l’innovation et l’avant-garde. Les campagnes américaines pour l’A6 nous montrent en quoi la sophistication technologique rime avec simplicité et authenticité. Or si l’Audi A6 s’adapte à toutes les routes et tous les conducteurs, étonnant que l’expérience proposée veuille nous mettre dans la peau d’un pilote professionnel, sur un test drive. Mais la démonstration ne met surtout aucunement en valeur ‘L’avancée par la technologie’ dans la conduite du véhicule. L’interactivité ne sert aucunement le produit, le digital devient une fin en soi. Un comble pour un modèle qui se positionne sur l’apport d’une technique utile et discrète, au service du plaisir de la conduite. Outre la réalisation et l’expérience utilisateur plus que moyennes, on reste donc très dubitatif sur le cohérence du dispositif avec la stratégie de la marque. Voir la vidéo : http://petitlien.fr/audi


à découvrir YouTube, vers l’infini et au-delà Nombreux sont les enfants dans le monde à partager le rêve de devenir pompier, Président de la République, réalisateur de blockbusters ou cosmonaute… Puis vient le passage à l’âge adulte, rimant avec abandon des vocations et le désenchantement. Et si les marques venaient au secours de l’enfant prêt à dévorer un avenir empli de promesses héroïques? YouTube et IBM Lenovo, en partenariat avec la NASA et les agences spatiales européennes et japonaises, veulent donner la chance à la chimère spatiale de perdurer. YouTube Space Lab est une chaîne YouTube invitant les élèves et étudiants du monde entier à soumettre leur projet d’expérience scientifique spatial. Dans un format imposé (2 minutes) ces derniers doivent convaincre la communauté YouTube ainsi qu’un jury de spécialistes (scientifiques, astronautes et experts dont le professeur Stephen Hawking) de l’intérêt de leur concept pour les sciences physiques ou biologiques, tout en faisant preuve d’originalité et de créativité. Soixante, puis au final six idées seront retenues. En mars 2012, YouTube désignera deux gagnants qui verront leur projet être expérimenté sur la Station Spatiale Internationale et retransmis en direct depuis l’espace sur la chaîne YouTube. D’autres récompenses sont prévues pour les participants, comme des vols en apesanteur, des voyages au Japon pour visiter le centre de lancement spatial de Tanegashima ou des entraînements d’astronaute à la célèbre cité des Etoiles en Russie. Mais l’initiative illustre surtout la volonté de YouTube de s’affirmer comme un vecteur éducatif, au delà de son positionnement naturel dans le divertissement. A terme, le Space Lab devrait devenir une base de données vidéo dans le domaine des sciences et de l’espace. L’occasion pour les Sheldon Cooper et autres George Lucas en herbe de se rapprocher un peu plus de leur enfance… et des étoiles. Le channel YouTube : www.youtube.com/spacelab


le digital est partout Blue Brain - Listen to the light Bluebrain est un groupe expérimental. Non pas parce qu’il tente de mélanger hardrock norvégien et vuvuzelas, mais parce qu’il explore de nouveaux supports digitaux. L’année dernière, ce duo avait sorti le premier concept-album basé sur la géolocalisation. Diffusé sur l’iTunes store, l’application musicale lançait les différents tracks à proximité de certains monuments et musées de la ville de Washington. Pour son second opus, la démarche du groupe prend une toute autre dimension. Audible uniquement dans Central Park, l’application intègre plus de 3 heures de mélodies évoluant au rythme d’une promenade dans le célèbre parc de Manhattan, segmenté pour l’occasion en 264 zones musicales. Et si le badaud veut se sédentariser pour admirer le paysage, la musique se met naturellement en boucle, proposant ainsi une plage musicale continue. Une démarche qui change profondément le travail de conception d’un album. Aucun itinéraire ne vous est imposé, à vous d’emprunter votre propre chemin pour une expérience musicale unique. En guise d’inspiration, Hays et Ryan Holladay font d’ailleurs référence aux ‘Livres dont vous êtes le Héros’ auxquels ils jouaient ensemble dans leur jeunesse. Les albums interactifs, nouveau modèle économique pour l’industrie musicale ? L’application est donc téléchargeable gratuitement sur l’iTunes store. Et si elle connaît un énorme succès auprès des technophiles new-yorkais (Wired, Endgadget ou Fast Company en font la promotion active), les frères Holladay souhaitent que leur travail soit porté aux oreilles du grand public. Voir le documentaire : http://vimeo.com/bluebrain/music-for-landscapes L’application : http://petitlien.fr/bluebrain


Les marques agissent Heinz - Get well ! Les nez rougissent, les fronts tiédissent et les congés maladie fleurissent. Comment réconforter ses proches, parfois éloignés, en ces difficiles temps automnaux ? Enfant, l’attention de votre maman consistait en un bonne soupe chaude faite maison. Sauf que vous, coupez des légumes, c’est pas trop votre truc. Vous aimeriez bien reproduire le schéma maternel avec vos amis, mais vous les aimez trop pour les rendre cobaye de vos expériences culinaires ratées. La soupe chaude en hiver, c’est donc toute une symbolique : un univers sensoriel, émotionnel, chaud et réconfortant. Heinz ne produit que des soupes en conserve. Pas vraiment le même effet qu’une soupe maison. Or la marque lance en cette saison l’application Facebook ‘Get Well’. Sans quitter le réseau social, à vous de choisir une variété de soupe et d’indiquer le nom de votre ami. Pour 2$ ou quelques Facebook Credits, votre ami recevra chez lui une conserve Heinz arborant le message ‘Get well’ suivi de son prénom. Le produit devient ainsi porteur du message et des valeurs de la marque, au sens propre. Heinz n’aurait pu proposer ce service par le biais des medias traditionnels, le digital lui permet à la fois de se rendre utile auprès d’une cible jeune et de concrétiser son positionnement. L’application Facebook : http://petitlien.fr/heinz


le www. de la semaine Plink

Plink est un jeu musical en HTML5, pour le navigateur Chrome, où vous déplacez une boule lumineuse à la souris pour générer des sons. A l’image du dispositif mis au point par Google pour la dernière campagne Toyota (cf. DP 71), cette expérience interactive est jouable en réseau. Chaque joueur se voit attribué un instrument créant des sonorités différentes. Il vous faudra donc faire preuve de coordination, d’esprit d’équipe (et d’une bonne connexion internet) pour co-créer des mélodies suscitant votre enthousiasme et celui de vos partenaires. Une sorte de jam virtuel avec de parfaits inconnus de l’autre bout du monde, où la musique devient le seul mode de communication et de communion. Les premières Chrome Experiences furent des clips interactifs pour les groupes Arcade Fire ou plus récemment Ok Go. Plink est donc la rencontre entre cette première source d’inspiration, l’univers musical, et de la tendance actuelle de Google, le gaming. L’expérience interactive : http://labs.dinahmoe.com/plink/


la vidéo culte Dior - Games Le succès musical de La Roux n’est pas celui de n’importe quelle anglaise lookée. C’est celui d’une chanteuse androgyne, à la coupe japonisante et de leurs tubes pop dansants rappellant les sonorités de Super Mario. La Roux prônée par les wannabee hipsters, c’est aussi la culture vintage gaming revendiquée par toute une nouvelle génération girly. Dior semble avoir parfaitement appréhendé le phénomène. Le gaming est devenu sexy, à tel point que le luxe souhaite s’y associer. Dans un film web de 2 min, au son de La Roux, Dior se réapproprie les symboles des jeux vidéos 80’s. Les produits de beauté de la marque deviennent tour à tour des briques de Tetris, des balles de Pong ou le PacMan en personne. Ces items de luxe, ordinairement inaccessibles, font ainsi l’objet de personnifications inspirées d’un imaginaire des plus populaires et accessibles. Quitte à casser les codes du secteur pour attirer une nouvelle génération de consommateurs, autant le faire de façon (vidéo)ludique. Voir la vidéo : http://petitlien.fr/diorgames


incroyable

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C’est le nombre moyen d’iPhone 4S vendus chaque seconde, dans les premières 24h qui suivirent sa mise en vente

Source : Apple


news du monde digital _ Lancement d’une version française du Huffington Post _

Lancé en 2005, le Huffington Post est devenu en quelques années le plus influent des sites d’actualité américain, plus lu que la version web du NY Times. D’ici novembre, une mouture française du media sera lancée, soit la première déclinaison non-anglophone après les versions canadiennes et britanniques. Le Huffington Post Media Group (filiale d’AOL), le groupe Le Monde et Les Editions Indépendantes sont à l’origine du projet. Si certains articles américains ayant une dimension internationale pourront être traduits, il ne s’agira pas d’une simple adaptation. Une équipe de huit journalistes destinée à créer du contenu original a été formée. La ligne éditoriale reprendra néanmoins les éléments qui ont fait le succès du Huffington Post : actualités politiques et culturelles, ‘lifestyle’ mais aussi agrégation de billets de blogs.

_ L’iPhone 4S, déjà un succès _

Si le dernier smartphone d’Apple annoncé lors du récent Keynote a déçu de nombreux fanatiques de la marque à la pomme, le succès semble cependant plus que jamais au rendez-vous. L’iPhone 4S a battu tout les records avec un million de pré-commandes en l’espace de 24h. C’est près de deux fois plus que la génération précédente. Le scandale ‘Antenagate’, défaut d’antenne qui concernait les premières sorties d’usine de l’iPhone 4, n’a pas découragé les early-adopters qui ont envoyé

un fort signe de confiance. Effet Steve Jobs ou pas, aucun appareil Apple n’avait connu un tel succès avant même son lancement.

_ Le nouvel album de Bjork sort sous forme d’applications iPhone et iPad _

Biophilia est le huitième album studio de Bjork. Parallèlement à la sortie du CD, l’artiste islandaise a développé un projet entre musique et expérimentations visuelles, afin de proposer une nouvelle façon d’écouter ses chansons. Chacun des neufs morceaux de l’album est également une application payante, téléchargeable sur l’iTunes Store. L’application gratuite Cosmogeny fait office ‘d’application-mère’. Elle regroupe les différents morceaux afin de proposer une expérience globale. Présentées dans une galaxie en 3D, chaque chanson sera ainsi accompagnée de jeux, de paroles, d’interviews, textes et photos. Mais l’expérience prend aussi corps dans le réel : la tournée Biophilia est un spectacle prévu dans huit villes, pendant trois ans. La chanteuse prendra ses quartiers 6 semaines dans chaque cité afin proposer des activités. Des ateliers d’éveil musical seront notamment mis en place afin d’éduquer les plus jeunes à la musique.


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