29 /10/10
Le mot de la semaine Kaléidoscope J’aime Facebook. Il multiplie les occasions de contact, à l’infini : la vie sociale s’enrichit de mille nuances, de mille possibilités d’interaction. Je l’utilise beaucoup, souvent, tout le temps, peut-être trop. Dans les études, j’appartiens à la catégorie des ‘heavy users’. A ce titre, je me considère comme un cobaye, j’essaie d’être attentive aux éventuels changements que cet outil pourrait générer dans ma vie. Et depuis quelques semaines, j’ai l’impression qu’il m’arrive un truc bizarre. Alors voilà : la dernière fois, j’ai constaté (c’est idiot) qu’un de mes ‘amis’ a partagé le même lien que moi, un lien que j’avais publié la veille. Comprenez-moi bien : s’il partage un lien, un ‘vieux’ lien, à partir de mon profil, ça veut dire qu’il le consulte, peut-être souvent - qu’il me ‘stalke’ comme on dit, donc que j’éveille son intérêt, d’une façon ou d’une autre. Et s’il maîtrise bien Facebook, partager ce ‘vieux’ lien, c’est peut-être même pour lui l’opportunité de m’envoyer un signal. Tout cela n’existe pas, évidemment. Il n’y a rien de concret, rien de vrai, rien de solide, rien de palpable, et encore moins d’ambigu, dans le fait de partager un lien. Ça ne devrait pas être un événement. Or dans mon imaginaire, ça l’est devenu. Il y a une slide qu’on utilise souvent dans nos présentations, c’est celle qui dit que ‘le digital, c’est la vie’. Cette slide vient démontrer que les nouvelles technologies ne changent finalement pas grand chose à ce que sont les individus, parce que réel et virtuel se répondent forcément et symétriquement. En fait, je crois que ce n’est pas vrai. Je crois que Facebook ne peut pas s’appréhender seulement dans ce cadre à deux dimensions. Je crois que Facebook fait naître de nouveaux usages et qu’à leur tour, ces usages engendrent autre chose. On devrait rester maître de cet outil mais c’est l’inverse qui se produit. L’outil invite à de nouvelles pratiques, qui sont, parole de cobaye, étroitement connectées à l’imagination. Suggère d’accorder de l’importance à un fait anodin, en fabriquant par exemple la trace d’un lien partagé, conférant (du coup) une sorte de réalité à des relations sans réalité. Voilà précisément le truc bizarre : cet outil n’est pas seulement l’extension virtuelle de la vie réelle. Mais aussi une extension de l’imaginaire, kaléidoscopique, exaltante, nourrie par tous ces événements qui n’en sont pas, peuplée de relations potentielles qui s’incarnent presque, là, sous nos yeux. Mais presque. Ça existait un peu dans la vraie vie, mais ça ne laissait pas de trace.
Marie Nossereau, planneur stratégique, DDB° Paris
“on en parle” Quand la recherche d’informations devient (aussi) une expérience NDLR : Depuis qu’il a gagné le TechCrunch Disrupt, qui réunit en Californie les entrepreneurs du web parmi les plus innovants, le site de recherche Qwiki (encore en version Alpha) fait beaucoup parler de lui. Qwiki transforme en expérience la recherche d’informations. Concrètement : en agrégeant des sources diverses (Wikipedia, Flickr, YouTube, etc.), Qwiki construit une vidéo et met en scène votre recherche. Certains voient dans Qwiki le moteur de recherche de demain et d’autres le trouvent décevant. Et vous ? ‘Pour moi, c’est Wikipedia avec des images, quel intérêt ?’ ‘La vidéo prend tellement d’importance sur Internet qu’il me semble particulièrement pertinent d’animer de la sorte la recherche d’informations, aujourd’hui bien triste quand même, avec tout le respect que je dois à Google.’ ‘C’est curieux mais il me semble que Qwiki pose un filtre supplémentaire entre moi et les infos que je recherche. L’impression que cet algorithme trie les informations à ma place et me fait rater des choses, par conséquent.’ Découvrir Qwiki : http://www.qwiki.com/
le cas Adidas Original danse avec les pieds Le contexte : Adidas Original est à Adidas ce que Nike Sportswear est à Nike, c’est-à-dire la marque de prêt-à-porter ‘urbain’. Donc une cible jeune, exigeante, connaisseuse et branchée, qui aime le fun et la valorisation de soi. Il s’agit précisément de communiquer sur deux nouvelles collections de baskets. La problématique : Comment créer du trafic (créer l’événement) en point de vente, alors que la cible passe beaucoup de temps sur Internet à chasser les dernières tendances ? L’idée : Le Tofomatic. Un photomaton itinérant et 2.0 qui, une fois vos nouvelles baskets aux pieds, vous fait prendre la pose sur le point de vente. Puis qui, rassemblant l’ensemble des sujets photographiés et l’ensemble de leurs poses, génère une danse collective. La démo en vidéo : http://bit.ly/TofoDemoVideo Le site : http://www.tofomatic.com/
la fausse bonne idée Desigual lance une campagne sociale... sur des blogs Avec sa dernière campagne, baptisée ‘Happy Hunters’, la marque espagnole de prêt-à-porter Desigual a pris une drôle de décision. L’idée est astucieuse : inonder le web de messages joyeux. Les règles du jeu sont simples : les candidats doivent poster joie et bonheur sur les blogs désignés par la marque. Les 100 premiers commentaires à recevoir une réponse des blogueurs ‘visés’ gagnent leur vêtement Desigual préféré. Parfait pour créer une complicité entre la marque et les blogueurs, censés être émerveillés par le trafic et les commentaires générés sur leur blog grâce à la prescription de Desigual. Oui, mais deux objections : d’abord, on connaît la susceptibilité des blogueurs (la mésaventure de NES nous l’a rappelée, voir le Digital Post n°31), qui risquent de ne pas voir d’un très bon œil ce trafic ‘artificiel’ et ces commentaires joyeux déconnectés de leur contenu et postés là juste pour gagner quelque chose. Deuxième objection : il est étonnant que Desigual ne structure pas entièrement cette campagne autour des carrefours d’audience Facebook et Twitter (la marque propose à peine un Facebook Connect pour s’inscrire et de légers relais entre la plate-forme sociale et son site ad hoc). Une campagne sociale qui se déroule principalement sur un site et sur des blogs verra de fait son potentiel de propagation largement réduit, malgré la fraîcheur de l’idée. Peut-être dans une seconde phase ? Le site de la campagne : http://www.desigualhappyhunters.com/
à découvrir La viralité peut être dangereuse pour la santé des marques Publié sur le blog de la fameuse Harvard Business Review, cet article va déniaiser les amoureux du ‘buzz’. L’auteur, directeur d’Havas Media Lab, y explique pourquoi la viralité tient plus d’Ebola (ce virus foudroyant qui sévit dans la jungle africaine) que d’une véritable démarche marketing, intelligente et forcément de longue haleine. Pour lui, attirer l’attention, émerger, ne peut être une fin en soi : on peut toujours le faire, les recettes pour y parvenir sont éprouvées, mais à quel prix ? Que disent ces vidéos virales des marques qui les émettent ? L’attention générée est-elle une attention de qualité, propre à fabriquer un lien d’une nature autre qu’opportuniste, entre une marque et ses consommateurs ? Avant toute chose (avant de libérer l’enthousiasme, de générer du bonheur), explique l’auteur, il faut utiliser les médias sociaux pour construire une relation de confiance et d’engagement partagés avec les utilisateurs. Pour faire de vraies propositions de valeur ajoutée, qui, elles, feront entrer la marque dans une nouvelle dimension. Lire l’article (en anglais) : http://bit.ly/larticleenquestion
le digital est partout ... même sur les murs du salon ‘Paint your life’ est un site Internet qui propose à tous ceux qui le veulent de transformer n’importe quelle photo de leur choix en tableau. Le principe est simple : vous envoyez la photo (de vous, de votre chien, votre cheval, votre maison, votre Rembrandt préféré, de ce que vous voulez), choisissez la taille, le châssis, l’encadrement et en moins d’une semaine, vous recevez par la poste le fameux tableau, anonymement exécuté. Deux remarques amusantes sur cette proposition : d’abord, l’incroyable puissance de cette ‘machine à peindre le monde’ à reproduire sans faillir non plus la réalité, non plus une réalité, mais chaque réalité de chaque individu. Si vous jetez un œil aux pages suivantes, vous comprendrez que la démarche de YouTube, qui demande aux internautes de se filmer pour reconstituer le récit d’une journée sur la Terre, n’est pas si différente. Seconde remarque : l’étrange fascination que continue de susciter la peinture, le portrait, toujours synonymes de mémoire et aussi un peu de statut social. Le site : http://www.paintyourlife.com/
Les marques agissent Procter échange des clics contre de l’eau potable Si vous êtes un lecteur assidu du Digital Post, vous vous souvenez du dernier article de Michael Gladwell dans le New Yorker, dans lequel l’auteur du best-seller The Tipping Point (Le Point de Bascule) explique que les médias sociaux favorisent l’implication en réduisant mécaniquement la motivation nécessaire à cette implication. En voici un exemple concret : Procter & Gamble va bientôt proposer (à partir du 1er novembre) aux blogueurs d’embarquer sur leurs blogs un widget astucieux : c’est un compteur de clics charitables. Pour chaque clic enregistré, P&G s’engage à donner une journée d’eau potable (deux litres environ) à une personne dans le besoin. La campagne mettra gentiment les blogueurs en compétition, à celui qui récoltera le plus de clics. Une façon simple, visible et efficace d’engager largement ses publics et de partager cet engagement. Voir (et bientôt embed) le widget : http://bit.ly/LeWidget
le www. de la semaine Un jour sur la Terre
Une fois n’est pas coutume : le site de la semaine est… une chaîne YouTube. Les premières vidéos de l’opération Life in a Day, lancée par YouTube, LG et mastérisée par Kevin MacDonald et Ridley Scott, sont en ligne. Objectif : faire le récit d’une journée sur la Terre dans un long-métrage réalisé à partir des vidéos des internautes. Un bel exemple de crowd-sourcing sous contrôle et donc réussi. Découvrir la galerie des vidéos : http://www.youtube.com/user/lifeinaday (cliquez sur ‘explorer’)
la vidéo culte Kanye West, génie ou raté ? 35 minutes, c’est la durée de Runaway, le dernier morceau/clip/œuvre audio-visuelle/objet créatif nonidentifié de Kanye West. Hors du commun, l’affaire déchaîne les passions : ‘du vide qui fait Pschiiit !’ pour les uns, ‘un format complet et dense qui fait Boom !’ pour les autres. En tout cas, un vrai succès (pour une vidéo de 35 minutes, là où les internautes butinent habituellement ‘on-the-go’) : plus de 7 millions de vues en quelques heures. Voir la vidéo : http://bit.ly/KanyeWestLong
incroyable
6,4%
C’est la part de Google dans le trafic web mondial, tous terminaux et tous services confondus. Selon le cabinet Arbor Networks, auteur de l’étude, la progression de Google en termes de trafic est plus rapide que celle du web tout entier.
news du monde digital _Fibre lituanienne_
La Lituanie arrive en tête des pays européens en terme de pénétration de la fibre optique dans les foyers, et la Roumanie a fait une entrée remarquée dans le club, selon une étude de l’Idate (Institut de l’audiovisuel et des télécoms en Europe). Les grandes économies européennes se classent plutôt mal, l’Italie (1,56%) et la France (1,46%) se classant respectivement quatorzième et quinzième. En France, une taxe pourrait être mise en place pour financer les infrastructures capables de fournir du très haut débit.
_Shopping sur Facebook_
PayPal, la filiale d’eBay de paiement en ligne, a annoncé cette semaine que cette fonctionnalité serait bientôt disponible sur Facebook, permettant ainsi l’achat de biens virtuels ou numériques (musique, films, textes…) sans quitter la plate-forme.
_Paul le Poulpe est mort_
Célèbre lors du dernier Mondial de football pour ses pronostics lors des matches, Paul le Poulpe s’est éteint cette semaine à l’âge de deux ans et demi. Il était devenu un véritable phénomène mondial, médiatique et ‘digital’ en quelques jours.
_L’iPad favorise la consommation_
Presse et musique sont les contenus les plus consommés par les possesseurs d’iPad. Deux tiers des utilisateurs d’iPad ont déjà payé pour des contenus sur leur tablette numérique. Majoritairement pour des jeux (62%), mais aussi des livres (54%), de la musique (50%) et à 45% pour des informations et 41% des magazines.