12 /03/10
Le mot de la semaine TOUT LE MONDE S’Y MET Ma mère, qui fêtera son 63ème anniversaire cette année, a longtemps résisté à l’appel du web. Très longtemps. Pourtant, maman n’a jamais été réfractaire à la technologie, bien au contraire : sa parfaite maîtrise du magnétoscope nous permit de dupliquer à domicile l’intégralité du vidéo-club de la ville dès 84. L’abandon de la VHS pour le CD fut vécu comme une révolution à la maison et le minitel resta longtemps le meilleur ami de la famille, après notre chienne Liouba. Mais jusqu’à l’année dernière, Internet, c’était « trop » pour maman : tout d’abord trop cher de s’équiper, puis trop difficile de s’abonner, trop compliquer de naviguer et même trop dangereux, il y avait des pirates, des bugs, des spams… Internet, c’était « trop ». Toutes les statistiques sur le taux d’équipement des seniors n’y faisaient rien, toutes les promesses de forums dédiés à Kevin Costner ou au bridge non plus. Maman était persuadée qu’elle n’avait pas sa place sur le web. Il fallu finalement un sacré concours de circonstances pour qu’elle change d’avis : l’impossibilité de quitter son domicile, la possibilité de s’équiper d’un portable pour moins de 300 euros et l’explication des bases par son petit-fils de 9 ans... Maman était enfin connectée ! A partir de là, tout s’est accéléré : d’abord ce fut le mail, puis les courses en ligne sur Ooshop, ses romans historiques favoris sur Amazon, des balades en Australie via Google Earth, et même une visite sur Meetic une fois (mais « c’était pour une copine »). Maman est devenue « digital addict » ! Parfois, au détour d’une conversation, il arrive encore trop souvent qu’un client me dise « Internet ? Bien sûr qu’on ira mais on attendra de vouloir toucher les 15-25 ans. » J’aime bien alors lui parler de maman et de tous ceux qui, comme elle, n’envisagent plus leur quotidien sans être connectés. En 2009, 30% des internautes français avaient plus de 50 ans. Soit 9 millions d’individus qui passent en moyenne 10 heures par semaine sur Internet, une heure de plus que la moyenne européenne. Julie Régis Directrice Associée
“On en parle” La société secrète Marmite N.B. : Marmite a regroupé ses 30 plus grands fans au sein d’une « société secrète », les Marmarati, pour les mettre à contribution. Ce sont eux qui, en s’appuyant sur les médias sociaux et en partageant leur aventure avec leurs « amis », ont décidé du goût du nouveau produit Marmite XO. Via un concours où les internautes devaient prouver leur amour pour la Marque, le cercle « d’initiés » s’est élargi à près de 300 personnes et chaque membre s’est vu récompensé par une édition spéciale, faite main, de Marmite XO. Des images ont filtré et les fans n’avaient plus qu’une chose en tête : « Il m’en faut absolument ! » J.A : « Lord Marmarati, une fuite d’informations est avérée, dois-je défendre notre secret ? » T.M : « C’est tout simplement la meilleure Marmite que j’ai jamais goûtée… Ah ! J’oubliais, vous ne pourrez la déguster que dans quelques semaines. Ahahaha » A.H : « Je suis un de vos plus grands fans et je ne suis même pas Marmarati ? Je vais vous démontrer que le meilleur fan n’est pas parmi vous... » O.G : « J’ai vu une vidéo où un Marmarati déballait le colis Marmite XO comme on déballe un appareil high tech… C’était vraiment beau… »
La bonne idée French Connection : Man / Woman Type de communication : Campagne intégrée Le contexte : Après une année 2009 décevante tant au niveau du chiffre d’affaire que de la collection (dixit les consommateurs), French Connection, marque très présente en Angleterre, doit trouver un nouveau territoire pour émerger à nouveau et se distinguer d’une concurrence qui généralement capitalise sur les phénomènes de mode. La problématique : Comment re-créer de l’intérêt autour de la francité, valeur centrale de la marque mais assez galvaudée, et renouveler son territoire de communication sans perdre son public ? L’insight : « Les français, ils ont un côté ridicule, snob, souvent ils énervent… Mais il faut bien admettre que la référence en matière d’élégance et de séduction, c’est eux. » L’idée : Définir l’archétype de l’Homme et la Femme selon French Connection, ce qui les caractérise et les distingue l’un de l’autre, avec humour, exagération et en jouant avec tact sur certains clichés français. Pour donner corps à cette idée, French Connection a produit six courts films Web savamment réalisés qui mettent en scène soit l’homme, soit la femme dans des situations caricaturales, parfois rétro, mais fines. Et pour développer ce « french way of life », la Marque investit les médias sociaux (facebook et twitter), nourissant ainsi de nombreuses conversations entre internautes ; opportuniste, elle crée aussi l’événement en mettant au défi hommes et femmes de réussir à séduire sur chatroulette. Le plus : Un dispositif simple qui tire sa force des médias sociaux et qui, en ne cherchant à centraliser ni la communauté, ni le message, reflète bien l’esprit anticonformiste de la Marque. Le site : http://www.frenchconnection.com/
La moins bonne idée Qui suis-je ?
Pendant une quinzaine de jours, nombre de journalistes et blogueurs recevaient quotidiennement un flyer avec un décompte et un énigmatique « je suis… ». Il n’en fallait pas plus pour attiser la curiosité des internautes qui y avaient reconnu le jaune de Nikon, et les spéculations sont allées bon train quant à l’annonce prochaine d’un appareil photo numérique (APN) « peu habituel » qui bousculerait le marché. Que nenni, il s’agit en réalité d’une campagne intégrée pour l’actuelle gamme Coolpix. C’est la débandade chez les internautes qui avaient suivi le teasing. Et si le message « Je suis un Nikon » reflète une réalité – les photos illustrent ce que je suis – on regrettera la ressemblance avec celui de Microsoft Windows 7 : « Je suis PC et Windows 7 c’était mon idée ». À une époque où les gens n’ont pas envie qu’on s’exprime à leur place, ce message peut apparaître comme une fausse note, et la participation de Robbie Williams à cette campagne (« Je suis passionné ») n’y change rien. La Marque a également lancé à cette occasion un site résolument communautaire qui propose une plateforme de stockage et de partage de photos en haute résolution (à la manière de flickr) ainsi que des challenges photographiques (sans grande originalité). Mais en le pratiquant, on ne peut qu’être supris de constater que le dispositif est déconnecté des médias sociaux, qu’il ne permet aucune conversation, qu’il ne propose aucun outil de partage, aucune mise à contribution pour illustrer le « Je suis... ». Finalement avec le « Je suis » de Nikon, chacun « est », mais dans son coin, et la Marque se prive d’une bonne occasion de donner une autre dimension à son message. Le site : http://www.jesuisnikon.fr
À découvrir Le livre dont vous êtes le coauteur
Nous avons tous connu au moins une fois un de ces romans d’aventure « dont vous êtes le héros » : une histoire qui dépendait de nos choix – très encadrés – voire de la fatalité d’un dé. Sans entrer dans le débat de la qualité et de l’intérêt de telles œuvres, le digital promet de nouvelles approches littéraires, comme en témoigne le premier livre interactif sur iPhone Le chemin qui menait vers vous, de William Réjault et Laurent Lattore. Après avoir posé l’intrigue, qui n’est pas sans rappeler Ravage de Barjavel, les auteurs se sont rapprochés des internautes pour les inciter à participer à l’évolution de l’histoire par le biais d’un site dédié, d’un compte facebook et twitter. En prenant en compte les commentaires, conseils et recommandations de la communauté grandissante, c’est un véritable roman feuilleton qui, au rythme de deux chapitres par semaine, s’écrit à de nombreuses mains... Les deux auteurs conservent malgré tout la main pour la rédaction finale et les pieds sur terre pour la distribution du livre: si les cinq premiers chapitres étaient gratuits, il faudra dorénavant compter 0,79€ pour chaque nouvelle publication. Fort du succès de l’expérience, le duo fondateur envisage même de porter l’application sur iPad, Blackberry et Android. Assistons-nous à l’émergence d’un nouveau genre ? Le site : http://www.lecheminquimenaitversvous.fr/ L’application : http://bit.ly/applivre
Le digital est partout Sur votre packet de crackers comme sur le toit des immeubles
Doritos Brésil n’en est pas à sa première utilisation de la réalité augmentée (RA) : déjà en mai 2009, les internautes pouvaient mettre leur paquet de crackers devant leur webcam et ainsi voir apparaître puis libérer un petit monstre affamé, appelé « Doritos Lover » et modélisé en 3D. Chaque paquet ‘contenant’ un monstre différent (18 trillions de possibilités !), l’idée était de créer une relation d’amitié avec son ‘propriétaire’ : il était possible de montrer sa créature à ses amis via Orkut (réseau social équivalent à facebook au Brésil), de lui créer un certificat de naissance, de se prendre en photo avec et d’éventuellement proposer à quelqu’un de l’adopter… Votre nouveau compagnon à l’appétit dévorant était même capable d’interagir tout seul avec les « Doritos Lovers » de vos amis. Manifestement l’amour pour les animaux virtuels type Tamagotchi n’a pas faibli au fil des ans : la Marque a enregistré quelques 250.000 ‘Lovers’ sur sa plateforme. Pour continuer sur sa lancée et entretenir le dispositif, Doritos a récemment réalisé la plus grande opération de réalité augmentée au monde, en plaçant un code RA de 5x5 mètres sur le toit d’un immeuble. En prenant les airs, la Marque a dévoilé ce qui se cachait derrière ledit code : un gigantesque ‘Lover’ qui a la manière de King Kong défie un hélicoptère lui tournant autour. Immense et résolument viral. La vidéo de l’événement 2010 : http://bit.ly/doritoslover La vidéo illustrant les Doritos Lovers de 2009 : http://bit.ly/doritoslover2009 La vidéo de démonstration du dispositif : http://bit.ly/Doritosloverdemo
Les marques agissent Horror Advertainment
En terme d’horreur interactive, la barre a été fixée très haut depuis que Doritos a réalisé Hotel 626, et plus récemment Asylum 626, des sites accessibles seulement entre 18h et 6h du matin, plongeant l’internaute au cœur d’univers terrifiants de réalisme et dont la violence (psychologique) n’est plus à démontrer. Parce que les salles de cinéma offrent une atmosphère propice à l’émotion, 13ème Rue Allemagne a choisi d’investir ce média pour promouvoir sa chaîne d’action / thriller et proposer un frisson d’un nouveau type. La chaîne a ainsi mis sur pied l’opération Last Call, qui a fait vivre aux spectateurs de films d’horreur ou d’action une expérience interactive unique en son genre en les plongeant au cœur de l’intrigue et en les rendant responsables du déroulement du scénario... et de la vie des acteurs à l’écran ! A l’entrée de la salle, chacun pouvait laisser son numéro de portable, pour se rendre compte, une fois le film commencé, que les personnages pouvaient les appeler, en pleine action, et leur demander leur aide dans l’espoir d’échapper à un tueur en série… Sursauts, stress et sueurs froides garanties ! L’immersion est totale et 13ème Rue a réussi à transformer des spectateurs habituellement passifs en véritables acteurs de l’histoire, à susciter l’étonnement des appelés de voir leurs propos reconnus, et l’incrédulité des autres d’entendre un véritable dialogue s’instaurer avec la future victime. La numérisation des salles et du matériel de projection a rendu possible cette interaction spectaculaire avec le film, en direct et sans coupure. Et avec la base de donnée ainsi constituée, il ne serait pas étonnant d’apprendre un jour que certains ex-spectateurs aient reçu un coup de fil du tueur en série pour prolonger l’expérience... La vidéo de l’expérience : http://bit.ly/cinemahorror Les opérations Doritos : http://www.asylum626.com/ et http://www.hotel626.com/hotel.html
le www. de la semaine DIOR LADY ROUGE
Dior n’a pas fini de nous divertir avec ses sacs à main. Après le film Lady Noir réalisé par Olivier Dahan il y a quelques mois et les photos d’Annie Leibovitz mettant en scène Marion Cotillard et son Lady Rouge, les fans attendaient la suite de l’opération avec impatience. Leur attente est récompensée : Dior a choisi de réunir l’actrice et le groupe de rock Franz Ferdinand autour d’une chanson inédite et de nous offrir un clip digne d’une ‘superproduction’. Si ni le concept, ni le dispositif Web ne sont révolutionnaires, cette opération est une nouvelle illustration d’une tendance de fond, qui voit de nombreuses marques (et pas seulement dans l’univers du luxe) s’adjoindre des grands noms pour créer et produire des contenus forts, exclusifs, et surtout très qualitatifs, certains ayant même pour ambition d’exister comme œuvres artistiques à part entière autant que comme objets de communication. Avec son clip Lady Rouge mixant de façon très opportune musique, cinéma, mode et star system, Dior a réussi à faire parler d’elle au-delà de son cœur de cible et à générer du bouche à oreille. Mais la Marque ne compte pas s’arrêter là et laisse déjà entendre que le réalisateur de son prochain court métrage ne serait autre que David Lynch… Le site : http://www.ladydior.com/
la vidéo culte OK Go : This Too Shall Pass
Réaction en chaine réussie pour la dernière création du groupe de Rock américain Ok Go, qui s’est fait un nom grâce à des clips totalement loufoques, notamment celui de 2006 « Here It Goes Again » qui a été vu plus de 50 millions de fois… Faisant de la notoriété de leurs vidéos une priorité pour faire connaître leur musique, ils ont cette fois-ci fait appels aux ingénieurs de Syyn Labs pour créer une impressionnante machine qu’ils ont nommé RGM en hommage à Rube Goldberg (1883-1970), créateur de machines complexes, sans queue ni tête et indescriptibles. Le résultat est un long plan séquence de presque 4 minutes, dont la préparation a mobilisé 60 personnes et duré plus d’un mois. S’il n’est pas possible de détailler ici le fonctionnement (ou l’utilité) d’une telle machine, le clip montrant RGM en action est diaboliquement viral (déjà plus de 7 millions de vues) et démontre qu’à l’ère du tout digital, le « home made », s’il est fait de manière spectaculaire, peut susciter bien plus de fascination que des réalisations virtuelles ultra HighTech. C’est probablement en se fondant sur ce constat que Wieden+Kennedy avait imaginé pour Honda, en 2003, une publicité depuis devenue culte, dont l’expérience très similaire démontrait la fiabilité de la Honda Accord et se terminait par cette question simple: « Isn’t it nice when things… just work ? ». Le clip du moment : http://bit.ly/okgoclip « Here it goes again » : http://bit.ly/okgoclip2 La publicité The Cog de Honda : http://bit.ly/hondapub
incroyable
25.000.000
C’est le nombre de français se revendiquant acheteurs en ligne, soit 76% des internautes en France en 2009. À titre de comparaison, on comptait en 2006 quelques
17.000.000 de cyberacheteurs (61% des internautes).
news du monde digital _Un cap franchi pour la publicité online_ Selon une étude du cabinet Outsell, les budgets alloués à la publicité en ligne aux Etats-Unis vont dépasser ceux de la presse cette année. Ils devraient représenter près de 120 milliards de dollars contre « seulement » 111 milliards pour la presse. Si le symbole est fort et témoigne de la volonté des entreprises américaines de tirer parti des opportunités du Web, il met aussi en exergue les difficultés du monde de la presse.
_ Orange et Netvibes se rapprochent_
Parce que la bataille des applications mobiles ne cesse de s’accentuer, Orange essaie de monter en puissance en s’associant à Netvibes pour porter sur mobile les quelques 200.000 widgets de ce dernier. Ce système, déjà bien installé sur les ordinateurs, permet de gagner en spontanéité et en facilité d’accès là ou des plateformes comme celle d’Apple requièrent une authentification et une recherche parfois longues et hasardeuses.
_Kodak Kiosk_
Avec plus de 3 milliards de photos mises chaque mois sur facebook, Kodak a la bonne idée de proposer dès cet été dans chacun de ses centres des bornes de développement photo connectées audit réseau social. Depuis la borne, l’utilisateur pourra télécharger les photos de ses albums facebook mais aussi celles stockées sur Picasa (le site de Google dédié à la photographie) ou sur l’espace photo du site Kodak.
_facebook et le e-commerce_
Si la base de données que facebook a constitué est hors du commun et éventuellement commercialisable, son business model ne faisait pas encore l’unanimité… Avant que des entreprises comme P&G ne fassent la démonstration de l’efficacité du réseau social en terme de e-commerce : il est désormais possible de mettre en place une boutique virtuelle directement intégrée au réseau social pour permettre aux utilisateurs de faire leurs courses « sans avoir à se déplacer », le paiement privilégié étant PayPal, un système de transaction sécurisé et populaire sur la Toile. P&G Pampers a par exemple réussi à vendre pas moins de 1.000 packs de couches pour bébés moins d’une heure après l’annonce d’une promotion exclusive.
_Les news Google de la semaine_
Après avoir racheté l’été dernier la régie publicitaire mobile AdMod pour 750 millions de dollars, la firme de Mountain View vient de breveter son système de publicité géolocalisée qui lui permettra, en plus de cibler spatialement un consommateur, de facturer son utilisation à ses clients. Parallèlement, Google vient d’acquérir DocVerse un service de partage de documents Microsoft Office; désormais tous les utilisateurs d’Office pourront mettre directement en ligne leurs documents... et se retrouver ainsi au sein de l’écosystème Google.