19 /03/10
Le mot de la semaine TOURISME ORDINAIRE « De retour de son incroyable périple au Maroc, la famille Pouchard vous invite à sa grande soirée diapo annuelle le samedi 5 septembre 1985. » En tombant dans le grenier sur cette invitation puant le renfermé et l’ennui, vous vous êtes souvenu d’une Brigitte Pouchard fébrile contant avec force détails une négociation de babouches menée au péril de sa vie. La soirée avait été longue, votre hôte vous infligeant une litanie d’anecdotes scrupuleusement recueillies dans son petit carnet de voyage. C’est qu’elle avait fait chauffer la pellicule, Brigitte. Pensez-donc, dix jours à se prendre pour Albert Londres, et à dégainer son Minolta à chaque coin de rue. Rassurez-vous, rien n’a changé. Chaque matin, la France de 2010 voit des bus déverser des millions de lycéens en goguette. A une exception près : c’est à travers leur téléphone portable que ces touristes ordinaires voient le monde, attentifs au moindre détail, obsédés par un souci constant de documentation et de narration de leur quotidien – une « hyper conscience » qui leur impose d’ailleurs un tel recul sur les événements qu’on peut se demander s’ils n’oublient pas parfois de les vivre. Un simple trajet du CDI au cours de SVT est l’occasion d’une réflexion existentielle, qu’il s’agit de partager en temps réel avec ses amis via un Tweet ou un statut Facebook. Face à ces touristes à temps complet, les marques n’ont pas d’autre choix que de se voir en tour opérateurs. « Créateurs d’expériences », comme on dit dans les mauvaises brochures. Créateurs de moments, de parcours dont les consommateurs voudront garder une trace, une image, une histoire à partager avec leurs amis. Le tout sera gentiment organisé sur les réseaux sociaux par des G.O. d’un nouveau genre, qui seront d’autant plus faciles à recruter qu’ils ne porteront pas de casquette ridicule et porteront le titre ronflant de « community managers ». La bonne nouvelle, c’est qu’à la prochaine soirée diapo, il n’y aura pas de Tuc périmés, et que vous pourrez commenter – quitte à ne pas être d’accord. Autant vous dire que chez les Pouchard, ça aurait fait mauvais genre. Guillaume Martin Planeur Stratégique
“On en parle” Les élections régionales en direct sur Google Maps… L.S : « Google s’améliore de plus en plus dans la gestion des grands événements en live. » D.E : « A noter que Google est aussi mauvais en géographie que mon neveu de 9 ans : la mini carte pour sélectionner la Guyane française est centrée sur le Guyana…» B.V : « Belle initiative. Dommage que le fond de carte soit aussi misérable (c’est mon côté cartographe qui prend le dessus). » C.R : « Moi je trouve ça chouette, et s’il y a des bugs, j’ai confiance en Google, il les règlera. » A.D : « Est ce qu’il y a une map de ceux qui n’ont pas été voter ??? » G.P : « Faut-il en déduire que certaines communes ont voté à droite et à gauche... et que d’autres n’ont pas voté du tout ? J’espère en tout cas que les politiques ne se baseront pas sur cette donnée pour remanier la carte électorale :-) » La carte : http://bit.ly/electionscarte
La bonne idée Pathways to Housing : Virtual Homeless Type de communication : Campagne street / réalité virtuelle Le contexte : Les quelques 40.000 sans-abris de la ville de New York sont la preuve flagrante des problèmes d’accès au logement et d’intégration sociale de la ville... qui ne mobilisent pas les citadins. Et si Pathways to Housing propose depuis 1992 une solution efficace pour venir en aide à ces populations, elle requiert la participation des citoyens, qui sont peu nombreux à connaître l’organisation. La problématique : Comment sensibiliser les new-yorkais au sort des sans-abris, leur faire comprendre qu’il n’est pas si difficile de les aider, et les engager à agir avec Pathways to Housing ? L’insight : « Dans la rue je croise beaucoup de sans-abris, mais je détourne le regard car ils reflètent les défaillances de la société. De toute façon il n’y a rien que je puisse faire pour les aider. » L’idée : Attirer l’attention des new-yorkais en mettant en place dans la rue un sans-abri « virtuel » que l’on peut aider en temps réel : l’image d’un homme allongé est projetée sur une façade à l’échelle 1:1. Un message s’affiche au passage des piétons, les invitant à envoyer « HOME » par SMS. Alors une porte virtuelle apparaît et le sans-abri se lève pour l’ouvrir et trouver symboliquement un toit. Le dispositif démontre la simplicité avec laquelle il est possible d’aider un SDF, et va plus loin en engageant le participant, via un SMS, à effectuer instantanément une donation de 5$. L’enchaînement des évènements est fluide, didactique et n’impose en aucun cas une représentation sordide de la condition des sans-abris. Le plus : Une opération simple, sans provocation, qui fait fi de toute la complexité des process de dons pour donner la possibilité d’aider spontanément. La vidéo du dispositif : http://bit.ly/nysdf
La moins bonne idée Domino’s fait le tour de ses pizzas
S’étant aperçu en écoutant les conversations sur les réseaux sociaux que nombre de ses clients étaient insatisfaits de la qualité de ses pizzas, Dominos a décidé de revoir toutes ses recettes. Parce que l’entreprise ne plaisante pas dès lors qu’il s’agit de ses produits, elle organisé des groupes consommateurs pour identifier les sources d’insatisfaction, les leviers éventuels pour y circonvenir, avant de briefer ses chefs cuisiniers. Le résultat : de nouvelles recettes et un site dédié retraçant le processus. Si la démarche est plus que louable – il n’est jamais facile d’affronter la critique, et encore moins d’en prendre acte – le dispositif digital mis en place n’en est pas moins incomplet et peu engageant. Car quand une marque veut prouver qu’elle prend en compte les desideratas de ses consommateurs, il est aujourd’hui indispensable de les faire participer à l’émergence de la solution. Or, dans le cas présent, Domino’s s’exprime et s’auto-congratule sans prendre la peine de créer un vrai dialogue. En outre la Marque met en avant un documentaire qui se veut ‘cool’ mais qui s’apparente surtout à une profession de foi, et qui malheureusement manque de naturel et tombe dans le piège de la démonstration forcée. D’autant plus que la Marque fait dans la récupération en n’hésitant pas à signer l’opération « Oh Yes We Did ». Dans l’esprit ‘we take it seriously’, on regrettera l’humour de « Jack in the box ». Le site : http://www.pizzaturnaround.com/ Une publicité « Jack in the box » : http://bit.ly/jackvisit
À découvrir La plus grande photo du monde
Assistons-nous à l’émergence d’une nouvelle tendance, celle de photos ‘géantes’, à la résolution exceptionnelle ? C’est en tout cas ce que laisse présager le nouveau record de « la plus grande photo du monde » détenu par Arnaud Frich et Martin Loyer pour une photo hors norme de Paris. Ils ont réalisé une image de plus de 26 gigapixels (résolution de 354159 x 75570 pixels) en associant 2346 photos, prises lors d’un shooting de six heures… Colossal. Il est possible de ‘naviguer’ dans la photo, de zoomer pour faire apparaître des détails parfois étonnants : les concepteurs du projet y ont en effet ajouté quelques éléments insolites, et c’est déjà la chasse aux détails ‘étranges’ sur le Net. Pour se faire une idée, si la photo devait être imprimée, elle recouvrirait une surface équivalente à deux terrains de football. Arnaud Frich relativise : « Ce n’est pas une photo révolutionnaire d’un point de vue artistique mais elle a le mérite d’offrir un beau Paris aux étrangers. » Cette initiative n’est pas la première du genre : de la même manière on peut (re) découvrir la ville de Dresde, pénétrer dans le parc naturel de Yosemite (Sierra Nevada), admirer les montagnes proches de Megève ou encore découvrir en zoomant ce que faisait Georges W. Bush pendant l’investiture de Barack Obama (20 janvier 2009). À quand l’intégration de ces réalisations dans Google Earth ? Paris 26 gigapixels : http://bit.ly/photoparis Dresde : http://bit.ly/photodresde Yosemite : http://bit.ly/photoyosemite Megève : http://bit.ly/photomegeve Investiture de Barack Obama : http://bit.ly/photoinvestiture
Le digital est partout Waze : social GPS navigation
Si nous connaissons presque tous maintenant le GPS (Global Positioning System), nous savons aussi que le système est loin d’être parfait : sa précision de géolocalisation est parfois hasardeuse (il faut avoir accès à au moins trois satellites pour un fonctionnement correct) et surtout, les cartes ne tiennent pas compte des évolutions en temps réel du trafic, des travaux en cours… À quoi bon savoir où nous sommes si les informations communiquées par le GPS ne nous donnent pas un itinéraire viable ? C’est le problème auquel s’attaque Waze en lançant une application mobile gratuite qui met à contribution la communauté de « Wazers » du monde entier pour améliorer la précision des cartes et renseigner les utilisateurs en temps réels sur les divers événements qui surviennent sur la route. Fort de ce système évolué de crowdsourcing, l’application encourage la participation en offrant des points aux plus actifs. Ces points peuvent ensuite être convertis en marchandises « réelles », notamment grâce à un partenariat contracté avec Amazon France. Des « surprises » (des bons d’achat) sont également cachées sur certains trajets et il suffit de passer « virtuellement » dessus pour les récolter. L’ergonomie n’est pas en reste : reconnaissance vocale, cartes en 2D et 3D et système de chat avec les Wazers proches de vous. Si vous vous sentez la fibre participative, n’attendez plus pour rejoindre le mouvement... Le site : http://world.waze.com/ Suivez Waze sur twitter : http://twitter.com/waze
Les marques agissent Kraft iFood Assistant
L’offre de conseils culinaires a littéralement envahi le digital : le nombre de chaînes Youtube et de sites dédiés à la cuisine ne se compte plus, il existe aussi des « jeux » culinaires pour Nintendo DS, et on trouve même des appareils portatifs à utiliser dans sa cuisine… Quant aux internautes, leur première motivation de visite des sites de marques alimentaires est la recherche de recettes (Benchmark Group 2009). Fort de ce constat, Kraft Foods a lancé fin 2008 une application iPhone comprenant plus de 7.000 fiches recettes, toutes avec photos. Des vidéos explicatives agrémentées de discrètes publicités pour les produits de la Marque viennent également expliquer comment réaliser les plats. L’application est aussi « connectée » aux autres services de la Marque (achat en ligne, catalogue produit etc.), permettant ainsi de développer l’ensemble de l’écosystème digital de Kraft Foods. iFood Assistant a rencontré un franc succès du fait de sa richesse et de son ergonomie ultra intuitive : elle fait partie des applications payantes les plus téléchargées et les plus utilisées (60% des utilisateurs se servent encore de iFood Assistant six mois après l’installation, contre seulement 5% en moyenne). De plus, 90% des utilisateurs de l’application sont de nouveaux clients de Kraft. Un tel succès ne s’explique pas seulement par la qualité de l’offre, mais aussi par plusieurs campagnes de publicité sur les mobiles et par une médiatisation sur tous les canaux de communication de la Marque. Non seulement Kraft a créé une application qui lie fortement le consommateur à la Marque, mais il faut compter 0,99$ pour l’acquérir ! Le directeur de l’innovation Kraft Foods résume bien la démarche gagnante de la Marque : « la chose la plus importante est que nous avons placé l’utilité au-dessus de la présence de la Marque. » Le site : http://bit.ly/kraftapp
le www. de la semaine Bank Run Web + iPhone
Pour faire la promotion de son studio de création digitale, Silk Tricky a mis sur pied une excellente expérience interactive sur deux niveaux : Web et iPhone. Le premier chapitre, sur Internet, se présente sous la forme d’un court-métrage interactif, Bank Run (« panique bancaire ») qui vous propose d’aider Evan, un analyste financier, à sortir d’une machination rocambolesque. Au moyen d’un système de QTE (Quick Time Event), vous devrez effectuer des actions / faire des choix à des moments précis pour déterminer la suite de l’histoire. La rapidité de l’action, un humour Willissien, et la qualité de la réalisation en full screen permettent une immersion qui fera passer les 15 minutes d’actions en un clin d’œil. Le climax arrivé, l’aventure s’arrête et vous êtes incité à prolonger l’expérience sur iPhone… Pour 1,59€ l’application mobile est en fait un jeu vidéo oscillant entre FPS (First Person Shooter, jeu de tir) et « beat’em all » (jeu de castagne sauvage). La qualité est aussi au rendez-vous, et, si l’on aime un tant soit peu ce genre de jeu, on ne regrettera pas la dépense. Un bien bel exemple de stratégie cross-media. Le site Bank Run : http://www.bankrungame.com/
la vidéo culte Heineken parasite les fans de foot
Selon Heineken, et beaucoup soutiendront certainement ce point de vue, regarder un match de football avec ses amis est pour l’homme un moment qui s’apparente au sacré : il ne faut en aucun cas y porter atteinte ! Pourtant ces instants privilégiés sont souvent menacés : demande de votre conjointe, requêtes professionnelles, obligations en tout genre… Il est rare qu’il soit possible de s’y abandonner sans confrontation, et la Marque a décidé d’en faire la démonstration lors du match Milan AC / Real Madrid. En Italie, Heineken s’est rapprochée de professeurs d’université, collègues de travail, journalistes et surtout de conjointes ou « petites amies », afin de monter un piège destiné à tous ceux qui se damneraient pour un match de foot. Leur rôle était de les convaincre d’assister à un concert de musique classique également incontournable, ayant malheuresement lieu le soir même de la rencontre. La mort dans l’âme mais soucieux de faire plaisir à leurs amies ou patrons, plus de 1.000 fans du Milan AC ont ainsi abandonné leur passion. Mais quinze minutes seulement après le début de la représentation, tous ont découvert la supercherie orchestrée par Heineken et ont pu finalement voir le match… dans des conditions vraiment exceptionnelles. Le film : http://bit.ly/heinekenfoot
incroyable
1 er
En drainant 7,07% du trafic Web américain entre le 7 et 13 mars dernier, facebook est passé devant Google (désormais détrônable) en nombre de visites. Et si le classement Hitwise ne tient pas compte des services Google (gmail, Youtube, Google Maps…), on comprend mieux le lancement de Google Buzz pour concurrencer les divers sites communautaires.
news du monde digital _ Le dot com a 25 ans_
Le 15 mars 1985 était déposé le premier nom de domaine, pour Symbolics.com, une société commercialisant des ordinateurs… Qui depuis a disparu. Il a fallu attendre presque dix ans pour que les noms de domaine connaissent une certaine popularité, et même les entreprises avant-gardistes de l’époque tardaient à déposer le leur (Microsoft l’a fait en 1991 par exemple). À titre de comparaison, 192 millions de noms de domaines ont été déposés en 2009.
_L’iPad en précommande aux ÉU_
Si le premier jour des commandes d’iPad Apple a écoulé quelques 120.000 unités (un record pour un produit que 99% des acheteurs n’ont jamais touché ou vu), les ventes se sont effondrées dans le courant de la semaine. Si l’on en croit les analystes, la Marque devrait tout de même réussir à atteindre le symbolique million d’iPad vendus dès mi-avril. Apple a aussi annoncé que si un appareil devait rencontrer un problème de batterie, elle ne la remplacerait pas, mais échangerait l’iPad contre un nouveau, moyennant 99$.
_Yahoo! achète Citizen Sports_
Citizen Sports, société spécialisée dans les applications sportives digitales, qui fonctionnent sur des plateformes comme facebook, l’iPhone ou encore Android, permettra à Yahoo! de compléter son offre dédiée à l’univers sportif.
_Twitter s’ouvre davantage _
Pour développer la convergence de son service, twitter a annoncé le lancement du système « @ anywhere », qui devra permettre à des plateformes tierces d’intégrer les fonctionnalités du site de micro-blogging. Il sera ainsi possible pour un site ayant adopté la fonctionnalité d’associer un compte twitter à sa plateforme pour être reconnu et suivi (« follow ») sans avoir à passer par twitter.com. Twitter tisse en parallèle de multiples partenariats, entre autres avec Amazon, Bing, eBay, Youtube… Pour des fonctionnalités encore secrètes.
_Faille de sécurité et fausse explosion_
Heureusement le tout reste virtuel pour le moment, mais la SNCF a eu une semaine difficile sur la Toile. Après avoir publié par mégarde sur le site une ‘fausse’ nouvelle qui indiquait qu’un TGV avait explosé et fait 102 morts (une simulation d’accident qui a dégénéré), on vient d’apprendre qu’un hacker avait alerté la SNCF de failles de sécurité sur leur site quant aux fichiers clients (toutes les coordonnées, sauf bancaires, seraient accessibles). On comprendra donc que leurs équipes informatiques soient occupées à boucher les trous.
_Regardez les étoiles depuis Bing_
Bing Maps vient d’introduire « WorldWide Telescope », un service permettant d’observer virtuellement le ciel étoilé depuis la Terre. Dorénavant vous pourrez facilement reconnaître la ceinture d’Orion et l’amas du Crabe…