Collection dirigée par Françoise Allard
Françoise ALLARD Pascale CAPPELLE Françoise PERCY
Parcours pédagogiques 5e/6e Outil pour le professeur, le guide pédagogique offre, pour chacun des deux dossiers de l’élève, plusieurs parcours méthodologiques possibles ainsi que quelques documents de référence. Diversifiés en fonction des publics (enseignement général, technique ou professionnel), ces parcours suivent une logique de progression en mettant en œuvre l’acquisition progressive de compétences. Les parcours sont proposés et ne doivent bien sûr pas empêcher le professeur d’en construire d’autres…
lumen vitae ISBN 978-2-8041-0661-4
RC56GP2
RC56GP2-COVER.indd 1
ISBN 978-2-87324-369-2
Parcours pédagogiques 5e/6e
Conforme au programme de religion catholique, cette collection se veut lieu de confrontation, de rencontre et de dialogue entre questionnement existentiel, culture et foi chrétienne. Elle répond aux grandes problématiques de notre époque. Pour les différents niveaux de l’enseignement secondaire (général, technique et professionnel).
ie intérieure, V spiritualité 'aimer et S construire
Parcours pédagogiques 5e/6e lumen vitae 16/10/09 14:15:31
Table des matières
Présentation générale
5
Propositions méthodologiques
6
Thème 1
S’aimer et construire
7
Thème 2
Vie intérieure, spiritualité
Documents Professeur
49 77
Document 1 : Religion – Secte
77
Document 2 : Saint Paul
82
Document 3 : Monachisme et vie consacrée
85
Document 4 : La spirale de la Gestalt
88
Document 5 : Besoin – désir, pour lire l’existence et les relations
91
Document 6 : La violence conjugale
93
Document 7 : La démarche philosophique
95
Document 8 : Déterminer le champ d’une question
98
Document 9 : Phénoménologie et existentialisme
100
Document 10 : Mythe, langage symbolique, langage religieux
102
Document 11 : Les médiations humaines
104
Document 12 : Qu’est-ce qu’un sacrement ?
108 125
Document 13 : Prendre une décision
110
Document 14 : La nécessité permanente d’œuvrer à l’unité des chrétiens est présente dès le Nouveau Testament 113 Document 15 : L’échange de dons entre les traditions chrétiennes, lettre de Taizé
115
Document 16 : Quelques principes du Confucianisme
116
Document 17 : La beauté et le religieux
117
Bibliographie
126
123
Présentation générale
Parcours pédagogiques 5e / 6e se présente comme un outil permettant de travailler les dossiers élèves de la collection « Regards croisés ». Il s’adresse particulièrement aux professeurs de religion du troisième degré de l’enseignement secondaire belge mais il peut également être utilisé dans des groupes qui souhaitent mener une réflexion sur les thématiques abordées. Ce guide méthodologique permet de mettre en œuvre les dossiers « S’aimer et construire » et « Vie intérieure, spiritualité ». Pour chaque thématique, nous proposons toute une gamme d’activités, de documents visuels, de textes parmi lesquels le professeur puisera pour construire son parcours ainsi que des documents « professeur » enrichissant la réflexion, la recherche et la mise en œuvre concrète des dossiers. Chaque parcours se déroule en plusieurs étapes ou phases (phase d’éveil et d’expression, phase d’élargissement et de documentation, de confrontation, synthèse et phase d’intégration). Les compétences disciplinaires1 qu'il est possible de faire exercer et acquérir au long des apprentissages sont indiquées en début des parcours. Nous n’avons pas voulu – et ce, de façon délibérée – fournir du « clé sur porte ». Chaque professeur se doit de sélectionner l’une ou l’autre tâche dans la gamme des activités et des textes proposés. Chacun veillera à bâtir son parcours selon les classes et selon ses compétences ou ses intérêts. Il se préoccupera de déployer une dynamique progressive mettant en œuvre les compétences terminales définies par le programme. Après avoir déterminé son enracinement existentiel et ses finalités, le professeur sera attentif à formuler et à exprimer clairement une question existentielle, pour l’analyser en croisant les apports des
1. Programme de religion catholique (voir bibliographie). 5
sciences humaines, de la philosophie, des religions et des sagesses aux ressources de la foi chrétienne pour en montrer la pertinence et la spécificité ; il organisera une synthèse porteuse de sens dans la perspective d’une intégration des compétences et des ressources mobilisées.
Propositions méthodologiques Avertissement : Les propositions ci-dessous doivent faire l’objet d’un choix, il n’est pas nécessaire de tout utiliser tel quel ! Le professeur veillera à équilibrer son parcours en variant les tâches et en veillant à ce que toutes les parties du programme y figurent. 6
Thème 1 S’aimer et construire Thématique : Vivre en relation Entrée : Les relations de couple Enracinement existentiel : La découverte de l’amour et les premiers balbutiements de la construction de leur couple est au centre des préoccupations des élèves du troisième degré. Finalités : Donner des outils de réflexion et des pistes tant au niveau des apports de la culture que des ressources de la foi chrétienne qui puissent aider les élèves à grandir dans leur vie relationnelle. Chaque professeur précisera plus concrètement les finalités de son parcours, son sens et sa signification pour les élèves. Séquences d’apprentissage Phase d’éveil et d’expression
Phase d’élargissement, de documentation et de confrontation : apports culturels et ressources de la foi chrétienne.
Intégration, synthèse et communication : réalisation d’une tâche personnelle ou collective d’intégration à partir des grilles d’analyse proposées dans les phases précédentes.
Phase d’éveil – motivation Phase de documentation – exploration : discerner les enjeux de la question à partir des apports culturels. Phase de confrontation – interpellation avec les ressources de la foi chrétienne. Phase d’intériorisation – intégration : réalisation d’une tâche personnelle ou collective d’intégration à partir des grilles d’analyse proposées dans les phases précédentes. Phase d’évaluation – synthèse. 7
Compétences Humanités générales et technologiques, 3e degré Niveaux de maîtrise des compétences, y compris l’entretien des compétences des 1er et 2e degrés
Documents élèves et professeur, ressources et tâches.
1. Formuler une question d’existence Dégager les enjeux d’une question existentielle personnelle selon les contextes où elle se pose.
Rédaction personnelle autour du verbe « aimer ». Mise en commun, échange.
Situer dans leur contexte des personnages et des faits, relire le passé afin de mieux comprendre le présent.
La vocation de saint Paul dans le contexte du judaïsme sous tutelle romaine (doc. professeur 2), le couple aux différentes époques (doc. 19).
Recherche de vocabulaire et approfondissement du concept de l’amour par le travail d’un réseau conceptuel (doc. professeur 7).
2. Élargir à la culture Pratiquer l’analyse historique.
8
Interroger et se laisser interroger par les sciences et les sciences humaines.
Utiliser les concepts, des outils, des distinctions issus des sciences humaines en les appliquant à la question travaillée. En faire ressortir les enjeux culturels, sociaux, philosophiques et/ou théologiques.
Chap. IV. Outils et grilles d’analyse : la pyramide des besoins, les notions de besoin et désir, les types d’amour et d’amitié, les étapes de la vie de couple, les langages de l’amour, la sexualité, la violence conjugale.
Pratiquer le questionnement philosophique.
Développer une problématique philosophique. Décrypter le rôle structurant et constructif de l’ouverture à l’altérité et à la transcendance.
La relation à l’autre comme conflit (Sartre), comme visage (Levinas), comme réciprocité (Buber).
Lire et travailler des documents issus du champ de la philosophie.
Doc. professeur 9.
Distinguer le langage factuel et le langage symbolique ; repérer la dimension symbolique du langage religieux.
Les mythes, textes bibliques, trinité.
Distinguer les ordres de vérité relatifs aux différents registres de langage.
Le récit de la création.
Discerner les registres de réalité et de langage.
9
Explorer et décrypter différentes formes d’expression littéraire et artistique.
Analyser récits, œuvres artistiques selon des méthodes, grilles et démarches appropriées pour en dégager le sens.
Chap. II Choix d’une œuvre en début de parcours qui servira de fil rouge (voir parcours, doc. 5).
Identifier les questions existentielles, philosophiques, éthiques, religieuses, présentes dans une œuvre littéraire et artistique. Discerner et analyser la dimension sociale de la vie humaine.
Cerner la dimension collective d’un acte ou d’un comportement personnel.
L’éthique. Le mariage.
3. Comprendre le christianisme dans ses trois axes Lire et analyser un texte biblique.
Pratiquer l’analyse selon différentes méthodes.
Docs. 23, 26 et 27.
Lire et comprendre un texte à la lumière de l’Alliance.
10
Décoder le mode de relation au religieux.
Identifier la spécificité biblique d’un Dieu d’amour qui s’offre en alliance. Analyser la corrélation entre image de Dieu, conception de l’humain et organisation de la vie en société.
Doc. 23.
Expliciter le sens des symboles et des rites.
Analyser le « matériel rituel ». (gestes, symboles, paroles) pour entrer dans l’intelligence d’une célébration.
Documents mariage.
Trinité / couple fécond.
concernant
le
Construire une argumentation éthique.
Justifier un choix éthique par des arguments et le travail d’une conscience éclairée.
Dimensions de la morale et notion de conscience morale. (docs. 29-30) Étude de cas concrets, doc. professeur 13.
Pratiquer le dialogue œcuménique, interreligieux et interconvictionnel.
Restituer avec justesse des éléments d’autres traditions.
Chapitre V, docs. professeur 14 à 16.
Entrer en dialogue.
Travail en ateliers.
4. Organiser une synthèse porteuse de sens Rassembler et exploiter les informations qui permettent de donner des éléments de réponse à la question posée.
Tâches intermédiaires d’intégration.
Rendre compte du travail d’appropriation accompli dans le cadre d’une production appropriée.
Tâche d’intégration finale.
5. Communiquer
11
> Compétence disciplinaire : pratiquer l’analyse historique
Document 2 : Saint Paul 1. Petite biographie d’un disciple hors du commun Paul (Sh’aul) est né à Tarse, en Asie Mineure14, vers l'année 8 de notre ère. Il est donc plus jeune que Jésus de Nazareth d’au moins 10 ans. Paul n’a pas connus Jésus de son vivant, par contre il a connu certains de ses disciples, et en tout cas Pierre. Paul est un juif de la diaspora. Il grandit dans un monde dominé politiquement par Rome. La famille de Paul a acquis la citoyenneté romaine et en est fière. Paul reçoit une éducation hellénistique et fait ses études rabbiniques à Jérusalem où il se rendit tristement célèbre par son hostilité envers les chrétiens. Il exerce le métier de fabricant de tentes. Pharisien, Paul argumente et raisonne comme les docteurs de la Loi. Il vit donc sa foi de manière fondamentale : il faut suivre la Loi de façon stricte ! L’interprétation de la Loi par les chrétiens est donc intolérable pour Paul qui les perçoit comme des « traîtres à la Loi ». Il est donc juste de les persécuter. Par contre, après sa conversion sur le chemin de Damas, Paul vivra sa foi juive dans la perspective chrétienne du Salut de l’homme par la foi et non par les actes. Paul ne renie pas le judaïsme de ses pères, mais rebondit sur les Écritures pour construire sa pensée. En ce sens, Paul est un créateur, un chercheur qui va innover en construisant l’ouverture du christianisme naissant tant aux judéo-chrétiens qu’aux pagano-chrétiens. Paul écrit en Grec, ce qui n’est pas neuf, mais il écrit sur quelque chose de neuf : la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité. Il travaille à l’expansion missionnaire. Il cristallise le passage et l’ouverture de l’Évangile du Christ au monde non-juif, l’ouverture radicale de la tradition juive aux païens. Sur le chemin de Damas, Paul a fait l’expérience bouleversante de la rencontre avec le Christ ressuscité. Il ne peut garder cela pour lui et prend donc son bâton de missionnaire pour transmettre la bonne nouvelle au plus grand nombre.
14. La Turquie d’aujourd’hui. 82
Le « nouveau disciple du Christ » voyage beaucoup. C’est un homme de relation. Il crée des liens partout où il passe. Ses voyages le conduisent en Arabie, à Jérusalem, en Syrie, Cilicie, Chypre, Pamphylie, Galacie du nord et en Grèce où se créent et se consolident de nouvelles communautés de chrétiens tantôt tolérés, tantôt persécutés. L’activité missionnaire de Paul se situe dans les années 40 et 50, sous le règne des empereurs romains Claude et Néron. Citoyen romain, Paul peut circuler librement dans le bassin méditerranéen. Il est arrêté à Jérusalem, ce qui met fin à sa liberté d’action. Le livre des Actes se termine par le voyage de la captivité qui conduit Paul à Rome vers l’an 70. On perd ensuite sa trace mais selon certaines sources il fut condamné à mort et exécuté à Rome.
2. Les grandes étapes de la vie de Paul Avant 10
Vers 34-35
Vers 48-49
Vers 57/58
Après 60
36/37
Naissance de Saul à Tarse
Martyre d’Étienne
2. Appelé sur le chemin de Damas
3. Le grand missionnaire autonome et l’écrivain éloquent
4. Dernière étape : le prisonnier de l’Évangile Mort Voie d’Ostie ?
1. Juif pratiquant et fervent
3. La conversion de Paul au christianisme et les grands thèmes de la pensée paulinienne Sur le chemin de Damas, Paul n’a pas hérité d’une théologie toute faite. Ses écrits sont des écrits de circonstance. Paul répond à des questions précises qui lui sont posées par les différentes communautés chrétiennes qu’il a fondées ou visitées Son vocabulaire, son style, ses idées témoignent d’une expérience novatrice. Paul crée du nouveau et sait parler aux gens simples. Une seule chose compte pour lui : annoncer le Christ ressuscité qu’il a rencontré sur le chemin de Damas. 83
« Dans son enseignement, Paul exprime de façon nouvelle les rapports de l’homme à Dieu. Il rappelle que, par fanatisme religieux, il a commencé par persécuter les chrétiens. Or, malgré sa faute, par pure grâce, Jésus s’est révélé à lui. Il est désormais convaincu que ce qui sauve l’homme, ce ne sont pas les œuvres dont on pourrait se prévaloir mais la foi en Jésus-Christ. C’est par la foi que le croyant pénètre dans l’univers du pardon de Dieu et de son amour incommensurable. Paul a longuement médité l’œuvre, si paradoxale, du Seigneur. Celle-ci contredit toute la conception que l’homme se fait de la réussite et de l’efficacité. C’est par la croix que le Christ a manifesté l’amour de Dieu et montré le vrai sens de la vie. C’est par l’échec apparent et l’humiliation qu’Il a fait éclater la gloire divine. La pensée de l’apôtre est donc centrée sur la méditation du mystère de la mort et de la résurrection de Jésus. C’est Jésus qui s’est révélé à Paul, mais à travers lui l’apôtre a soudain découvert Dieu comme Père aimant. Il s’est trouvé saisi par l’Esprit. Il est donc l’annonciateur du Dieu Père, Fils et Esprit. « Pourquoi me persécutes-tu ? », a demandé Jésus à Paul sur le chemin de Damas. L’apôtre a alors compris qu’un lien mystérieux unissait le Seigneur aux siens. Il traduit cela en disant que Jésus est la « tête » du « corps » qui est l’Église. L’homme ne se sauve pas tout seul mais en devenant membre de l’humanité renouvelée et ressourcée par le Christ. Toutes ces idées de Paul s’unifient progressivement dans la découverte de ce qu’il appelle le « mystère » divin. Le mystère, c’est le dessein que Dieu a poursuivi tout au long de l’histoire, celui de recréer une relation d’amour avec l’humanité. Il s’agit d’une réalité spirituelle qui fait vraiment jaillir un être nouveau. Désormais, à travers l’homme justifié, toute la Création se trouve ressaisie dans le dynamisme de Dieu. Jusqu’à sa conversion, Paul avait vécu dans l’obsession de l’observance de la Loi. Comme tous les Juifs de son temps, il voyait en celle-ci une exigence à laquelle il fallait satisfaire pour être juste. Devenu chrétien, il comprend que la source de la « justification » est autre. La perfection morale à laquelle il appelle les croyants n’est pas moins grande que celle que poursuivait le juif fanatique mais elle prend un autre sens. Elle est le fruit de la liberté de l’Esprit, le signe de l’action de grâce rendue à Dieu qui aime gratuitement l’homme.15 » Cette idée de la justification du croyant par la foi et non par les actes ne signifie bien évidement pas que les actes importent peu. Paul de Tarse est aussi un grand moraliste. La foi se doit d’être mise en acte car elle transforme la vie du croyant. Elle doit être vivante. Là est la liberté de l’homme.
15. Extrait des notes de cours donné par Guy Vanhoomissen dans le cadre de la formation du CDER à Lumen Vitae : « Introduction au Nouveau Testament, Paul de Tarse », année scolaire 2008-2009. 84