GhANA ET EThIOPIE, NOUvEAUx«LIONS» DE LA CROISSANCE

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INTERNATIONAL Les Chinois déjà présents Si l’Occident a du mal à imaginer qu’on puisse faire du business dans un pays ayant connu une si grave famine, les Chinois ne font pas autant de précautions: «La Chine est actuellement la principale destination des exportations éthiopiennes, position à laquelle elle a supplanté l’Allemagne. C’est également la première source d’importations pour l’Éthiopie, alors que c’était auparavant l’Arabie saoudite», indique le rapport. Les échanges (importations et exportations) entre les deux pays ont été multipliés par dix en moins de huit ans, passant de 100 millions de dollars en 2002 à plus de 700 millions en 2006 (les exportations éthiopiennes dépassant alors les 120 millions), et à plus d'un milliard de dollars en 2009/2010. A Addis Abeba, la «ChinAfrique» est désormais une réalité, et tant pis pour les Occidentaux trop frileux. Les Chinois sont présents dans de nombreux secteurs, du bâtiment aux routes, mais aussi dans les télécommunications et

la production d’électricité. Ce dernier secteur est stratégique pour permettre à un pays de décoller économiquement, et la pénurie d’électricité, en Afrique, constitue un des principaux freins à la croissance. «Actuellement, les entreprises chinoises prennent part à la quasi-totalité des projets de production électrique» en Ethiopie, souligne le rapport. Mais le barrage Gibe III, le deuxième plus important barrage hydroélectrique du continent, financé par les Chinois, est très critiqué par les organisations de la société civile et les écologistes ainsi que par les Etats voisins, qui craignent qu’Addis Abeba s’approprie des eaux bien utiles chez eux. Un parti unique de facto Cette percée chinoise dans un pays allié des Etats-Unis, notamment dans la lutte contre le terrorisme dans la Corne de l’Afrique, est regardée avec attention à Washington.

29 Sur le plan des libertés, l’Ethiopie n’est pas le Ghana. Le Premier ministre Meles Zenawi est au pouvoir depuis 1991 et laisse peu de place à ses opposants: le Parlement est dominé à 99% par le parti au pouvoir —un score à la soviétique qui laisse songeur sur les progrès restant encore à accomplir. Mais, si vingt ans après le vent de démocratisation qui a soufflé sur l’Afrique et six mois après les printemps arabes, Addis Abeba vit toujours sous la férule d’un parti unique de facto, ce ne sont pas ses nouveaux partenaires chinois qui lui en feront le reproche. Et aux Etats-Unis comme en Europe, les pressions sont modérées: la stabilité avant tout. Les ex-rebelles ayant renversé en 1991 le régime militaro-marxiste de Mengistu sont toujours solidement accrochés au pouvoir. Et pour l’instant, le modèle chinois (croissance économique et parti unique) leur convient très bien. █ Adrien Hart: SLATE AFRICA

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