DEBOUTCIV N°13 (Page 23)

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SOS COTE D’IVOIRE Dérive écologique:

importe qu’il soit gardé dans une villa ou dans une cave, c’est le principe même de sa mise en résidence surveillée qui pose problème […]. il s’agit d’une violation de la procédure légale”.

La Côte D’ivoire pourrait bien perDre Le norD La Côte d’ivoire est face à l’imminence d’une dérive écologique dont les manifestations et les effets sont loin d’être connus ». C’est la grave révélation qu’a faite le directeur du département biodiversité et sécurité alimentaire du centre suisse de recherche scientifique en côte d’ivoire, lors d’une conférence qu’il a animée, ce 28 juillet, sur le thème : « peut-on encore éviter la dérive écologique en Côte d’ivoire ? » Considéré à l’échelle planétaire comme un « point chaud » de biodiversité, la Côte d’ivoire compte à elle seule 4700 espèces de plantes vasculaires sur les 9000 de la Haute Guinée (soit 52 %) ; 232 espèces de mammifères sur les 320 de la Haute Guinée (soit 73%) et 756 espèces d’oiseaux sur les 785 de la Haute Guinée (soit 96 %). aujourd’hui, pourtant, le pays d’Houphouëtboigny caracole en tête des records mondiaux de déforestation avec la perte de 67% de son couvert forestier initial estimé en 1960 à plus de 5 millions d’hectares. Simple calcul pour savoir ce qu’il en reste. et que dire du « syndrome de la forêt vide » qui guette la Côte d’ivoire, puisque l’appauvrissement de la faune sauvage n’est plus qu’un secret de polichinelle quand chacun sait les tonnes de gibier qui sortent des forêts en direction des marmites, grills et autres cocottes-minutes ? C’est tout simplement un euphémisme que de parler de « déclin » des populations animales. La pléthore d’institutions en charge de la nature ivoirienne n’est pas là pour arranger les choses : les conflits de compétences sont légions, chaque ministère, office ou autre structure cherchant à justifier son existence sur les lignes budgétaires de l’etat. Car oui, il faut faire du chiffre ! ainsi, pendant que le ministère de l’environnement s’échine à protéger le peu de forêt qui veut bien exister, son homologue de l’agriculture travaille à étendre les aires arables, en encourageant les paysans à étendre leurs exploitations en puisant dans le même réservoir forestier… Mais le Dr inza Koné réussit tout de même l’exploit de rester optimiste : « il n’est pas (encore) trop tard, même si l’on distingue déjà bien la falaise depuis le navire nature ivoirien ». on peut encore en rectifier la trajectoire, estime-til, pour peu que soient immédiatement mises en application les propositions suivantes: imposer la conservation de la nature au cœur des plans de développement ; développer et/ou renforcer les synergies entre l’etat et ses partenaires intérieurs et extérieurs ; et enfin ajuster les lois en vigueur en vue de déterminer de manière efficace les champs d’action de chaque entité institutionnelle en charge de l’environnement. ▉Ghislaine atta

SiLenCe raDio à KorHoGo 30 juillet 2011. plus de trois mois après le transfèrement de l’ex-président ivoirien dans le nord de la Côte d’ivoire, peu d’informations circulent sur ses conditions de détention. et pour cause : rencontrer le reclus de Korhogo est un vrai parcours du combattant. près de quatre mois après son arrestation, le 11 avril dernier, par les Forces républicaines de Côte d’ivoire (FrCi) d’alassane ouattara, le président ivoirien élu lors de la dernière élection présidentielle, rien ou presque ne filtre sur le sort de Laurent

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Silence radio à Korhogo

Gbagbo. Depuis son transfèrement à Korhogo (dans le nord de la Côte d’ivoire), deux jours après sa chute, dans une villa construite par le père de l’indépendance ivoirienne Félix Houphouëtboigny, tout juste sait-on que le président déchu aurait à sa disposition deux chaînes d’information en continu et qu’il lirait la bible tous les jours. Laurent Gbagbo est gardé en résidence surveillée dans “une villa qui ne lui est pas étrangère, confirme un journaliste ivoirien. il séjournait souvent dans la résidence où il est détenu aujourd’hui, c’est d’ailleurs lui qui l’a réhabilitée lorsqu’il était au pouvoir.” pour le reste, il est actuellement très difficile d’en savoir plus sur les conditions de détention de l’ex-chef de l’État. Seul un cercle très restreint de personnalités ont pu avoir accès à lui ces derniers mois, tels les membres du groupe dit the elders, en mai dernier, ou le représentant du secrétaire général de l’onu en Côte d’ivoire, Choi Young-jin, au début du mois de juillet.

Dernière organisation en date à avoir pu rencontrer, à la mi-juillet, Laurent Gbagbo, le Comité international de la Croix-rouge (CiCr) y est parvenu après avoir mené de longues tractations avec le nouveau pouvoir ivoirien. porte-parole de cette organisation en Côte d’ivoire, Kelnor panglungtshang assure que la visite du CiCr a pu avoir lieu sans restriction. “nous avons pu accéder à tous les lieux de détention de Laurent Gbagbo : la chambre, la cuisine, le salon, les sanitaires… nous avons même pu nous entretenir avec lui sans témoin”, explique celui-ci, joint au téléphone par France24. Mais de conclure : “nous ne pouvons pas en dire plus”… un devoir de réserve que l’institution de Genève observe traditionnellement pour pouvoir revenir régulièrement voir les personnes dont elle surveille les conditions détention. Contacté pour comprendre les raisons qui poussent les autorités ivoiriennes à maintenir Laurent Gbagbo dans un tel isolement, le ministère ivoirien de la Justice et des Droits de l’homme n’a, de son côté, pas voulu donner suite aux sollicitations de France24. Le 22 juillet, la justice ivoirienne a annoncé que le gel des avoirs de 31 des 200 personnalités visées par une telle mesure dans le cadre de l’enquête sur le régime déchu de Laurent Gbagbo avait été levé. Mais sur le sort réservé à l’ex-chef de l’etat, elle est, en revanche, une nouvelle fois, restée muette. ▉Source : France24.com

pas facile de rendre visite à Laurent Gbagbo Les organisations ivoiriennes de défense des droits de l’Homme ne sont en revanche pas parvenues à avoir des autorisations officielles pour accéder à sa résidence. “nous avons envoyé un courrier en bonne et due forme au ministère compétent il y a trois semaines, mais aucun droit de visite ne nous a été délivré“, affirme à France24 Hokou Légré rené, le président de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (Lidho). “C’est le black-out total”, résume-t-il. au quotidien, même les fonctionnaires du bureau des droits de l’Homme de l’opération des nations unies en Côte d’ivoire (onuci) doivent obtenir une “autorisation préalable” des autorités ivoiriennes s’ils veulent rencontrer Laurent Gbagbo. un paradoxe, quand on sait que les casques bleus de l’onuci sont chargés d’assurer sa protection. une situation qui, d’ailleurs, agace au plus haut point Hamadoun touré, le porte-parole de l’onuci, qui n’a pas manqué de le faire savoir lors de l’un de ses derniers points de presse : “L’onuci n’a pas besoin d’une autorisation pour effectuer son travail de monitoring [vérification des conditions de détention des personnes arrêtées à la suite de la chute de Laurent Gbagbo, nDLr] dans les lieux de détention”, a-t-il affirmé. plus grave encore : même les avocats de l’ancien chef de l’État disent avoir le plus grand mal à lui rendre visite. en trois mois, ceux-ci affirment n’avoir pu se rendre à la résidence de leur client qu’à deux reprises. « Les demandes d’autorisation sollicitées auprès des ministères ivoiriens de la Justice et de l’intérieur n’ont pas toutes reçues de suites favorables”, déclare ainsi Me Hervé Gouaméné, l’un des avocats de Laurent Gbagbo, joint au téléphone par France 24. Cette situation est d’autant plus scandaleuse qu’ »aucune charge et aucune assignation à résidence n’ont été notifiées à ce jour à notre client, comme l’exige le décret du 9 février 1963 [le texte qui règlemente l’assignation à résidence en Côte d’ivoire, nDLr]« , s’exclame encore Me Gouaméné, avant de poursuivre : “peu

proFeSSion Menteur ! Alassane Ouattara affirme ne rien savoir des massacres en Côte d'Ivoire WaSHinGton (ap) — en visite officielle aux etats-unis, le président ivoirien alassane ouattara réaffirme que le processus de réconciliation nationale est en cours. Dans un entretien à l’associated press, le président ivoirien assure ne rien savoir des exactions contre des partisans de Laurent Gbagbo dont amnesty international et d’autres onG accusent ses forces. plus de deux mois après son investiture, M. ouattara assure que tous ceux qui seront reconnus coupables d’atrocités seront punis, quels qu’ils soient. « Je suis contre l’impunité », déclare-t-il dans cet entretien accordé vendredi soir. un rapport d’amnesty international publié cette semaine accuse pourtant les Forces républicaines de Côte d’ivoire (FrCi) de ouattara, aidées par une milice composées de Dozos (chasseurs traditionnels), de continuer à s’en prendre à des populations supposées favorables à l’ancien président Laurent Gbagbo, du fait de leurs ethnies. Selon l’onG, plus d’un demi-million de personnes déplacées qui font partie de ces mêmes groupes ethniques n’osent pas rentrer chez elles. un rapport d’une autre onG, Human rights Watch (HrW), daté de juin, accusait pour sa part les forces du président d’avoir tué 149 partisans présumés de Gbagbo depuis son arrestation, le 11 avril. Le document pointe notamment le rôle de Chérif ousmane, chef de guerre dans la région de bouaké (nord) et ancien pilier de la rébellion ivoirienne, qui aurait ordonné l’exécution de 29 personnes. « Ca ne peut pas être vrai (…) Chérif ousmane est l’un de nos meilleurs soldats », répond alas


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