LA CLASSE FLEXIBLE EXPÉRIMENTATION JANVIER 2020 PREMIER RETOUR D’EXPÉRIENCE
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Nous avons tous entendu parler de classe flexible, ce concept venu d’Amérique du Nord et importé en Europe il y a quelques années. Il a fait ses preuves et a su s’inscrire dans le patrimoine éducatif de la Scandinavie, mais en France qu’en est-il ? Il suffit de lire les (trop) rares retours d’expérience pour comprendre le potentiel de ce nouveau concept. Des retours tous enrichissants, tous positifs et pourtant avec le même regret, le manque d’informations pour se lancer, quelques fois le manque d’investissement (pas uniquement financier) des institutions encadrantes et ce fossé entre les enthousiastes et les réfractaires. Tous les arguments sont bons à entendre, et surtout ceux autour de la pédagogie, du programme scolaire, de l’éducation de nos enfants. Peu importe si l’on y est favorable ou pas, la classe flexible a le mérite de questionner l’environnement propice à l’apprentissage et de le personnaliser en fonction des besoins de chaque enfant. Certains arguments résonnent encore… Certes terre à terre, les arguments d’ordre financier et la reluctance des institutions de budgétiser certaines dépenses pourtant visant à améliorer le confort des élèves nous ont laissés tout de même perplexes. Nous qui pensions nous heurter au « dédale de l’Education Nationale », nous avons vite réalisé qu’en fait l’Education Nationale et notamment les enseignants sur le terrain, sont favorables à une telle évolution de l’environnement d’apprentissage. Dans certains départements, les enseignants ont même accès à des formations « Classe Flexible ». On notera tout de même de grandes disparités sur le territoire. Après s’être documentés, après avoir rencontré des enseignants, des parents, des enfants ; il nous est apparu évident que si nous nous lancions dans un tel projet, nous devions partager notre quotidien, nos succès, nos échecs, nos aprioris, nos découvertes ; bref, un retour sans filtre, simple, modeste et véritable. C’est ce que nous allons faire cette année, mois après mois, nous partagerons avec vous notre quotidien, de la création du projet à sa réalisation, des jours noirs, des jours roses, des frustrations, des espoirs et surtout des découvertes, des étonnements et de beaux progrès.
La naissance du projet Pour nous toutes, le projet avait déjà bien pris forme dans nos têtes. Nous avions entendu parler de la classe flexible, par notre travail et parce que le sujet nous intriguait. Le projet avait déjà bien muri mais individuellement, nous ne nous connaissions pas. C’est au travers d’une visite d’école et notamment la visite de la classe du dispositif ULIS qu’il m’est apparu évident que nous pouvions faire bouger les choses et commencer à expérimenter ce modèle. Trois enseignantes de l’Ecole Joliot Curie ont tout de suite accepté de rejoindre le projet, avec beaucoup d’enthousiasme, beaucoup de connaissances et avec la même envie d’essayer et d’aller au-delà de la classe traditionnelle. Nous avons donc décidé de lancer le projet ensemble, avec l’accord du chef d’établissement. Nous avons commencé par lister le mobilier qui nous semblait important d’avoir pour débuter l’expérimentation à petite échelle. Nous débutons avec les assises, parmi les trois grandes familles, nous avons opté pour les suivantes :
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Assises détente Les poufs avec assise individuelle style pouf poire ou encore pouf étudiant rond. Nous avons également proposé aux enfants le pouf géant, pouvant accueillir un enfant en position assise ou deux enfants en coussin au sol. C’est finalement cette seconde option qui a été la plus plébiscitée par les enfants. Assises au sol Nous avons opté pour des assises collectives et individuelles. En assises collectives, au choix un tapis de sol rembourré ou encore un pouf géant pouvant accueillir deux enfants. En assises individuelles, des coussins de sol façon galettes et des coussins de lecture individuels (avec dossier). Assises dynamiques Nous avons voulu tester deux tabourets, le Moov et le tabouret OneLeg®. Les assises dynamiques sont idéales pour les ateliers en groupe et favorisent l’échange et la créativité. Malheureusement nous n’avons pas à ce jour eu l’occasion de les déballer de leur carton et de les proposer aux enfants. Il nous faut au préalable l’accord de la collectivité locale. Au-delà des assises… En ce qui concerne le reste du mobilier, nous avons décidé d’établir une liste au fur et à mesure de l’expérience, ainsi cela nous permettra de tester comment l’espace est utilisé, quels sont les besoins, comment modifier l’agencement en fonction des ateliers et besoins de chaque élève. Nous avons cependant installé une nouvelle table, sa forme originale et non rectangulaire, est plus propice pour les ateliers de groupe. Elle est actuellement utilisée dans l’ULIS. Nous vous ferons un retour très prochainement. Afin de nous y retrouver dans toutes les assises disponibles et essayer de comprendre quelles assises privilégier par type d’activités (dans un premier temps pour accompagner les enfants) nous avons élaborer un petit guide. Vous pouvez le télécharger ici.
Toutes les fiches techniques des produits testés sont disponibles ici. Page | 3
Le jour J Le mobilier est arrivé mi-décembre. Nous avons voulu le mettre rapidement en service. Notre premier retour vous donne donc un aperçu du premier mois d’utilisation. Il a fallu transformer les classes et trouver un rangement astucieux lorsque l’enseignement d’une matière ne permet l’utilisation de ces assises alternatives. La classe avant :
Le système D de rangement :
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Ca y’est c’est parti ! Ce projet est lancé simultanément dans 2 classes, une classe de ce1 et en ULIS. Le mobilier proposé est quasiment identique à l’exception de quelques produits plus spécialisés pour l’ULIS (poufs sensoriels, coussins émotions…). Dans les différents retours d’expérience que nous avions étudiés, il était recommandé de proposer le matériel par étape et d’accompagner les enfants dans son usage si l’espace était restreint et ne permettait pas de proposer les assises tout au long de la journée. Par conséquent, les assises détente étant souvent plébiscitées pour la lecture, nous avons commencé à les proposer lors d’un premier atelier lecture en décembre. Le premier contact fut engageant et est devenu quotidien, comme le souligne, Adeline, l’enseignante. « Dans la classe de ce1 qui comprend 24 élèves, les enfants s'installent où ils le souhaitent dans la classe sur les poufs et tapis tous les jours à 13h45 au retour de la pause méridienne pour le quart d'heure de lecture quotidien. Les enfants ont immédiatement investi les différentes assises et disent s'y sentir très à l'aise. Ils enlèvent leurs chaussures s'ils le souhaitent et sont assis ou même parfois couchés sur les tapis à plat ventre. »
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Il y a un grand espace au fond de la classe, mais certains vont se mettre à l'opposé dans des endroits plus isolés ou derrière le bureau de la maîtresse. Ils adorent ce moment et disent que cela leur permet de se calmer après la cour et de se remettre au travail plus facilement après.
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Adeline a identifié trois autres temps clés où les enfants investissent ces poufs et tapis. « 1 - lors des Activités Pédagogiques Complémentaires (sorte de soutien) en petit groupe où nous travaillons la lecture, les enfants se sentent décontractés et participent plus facilement. Ça me permet d'être assise à leur niveau et à ce moment mon rôle d'enseignante est moins formel. 2- lorsque des enfants ont fini leur travail rapidement, ils ont un temps libre avec des activités en autonomie : lecture, puzzle, jeux pédagogiques 3- lors d'une aide spécifique d'un élève en grande difficulté avec lequel je travaille seule à différents moments de la journée. Il s'installe sur le tapis et peut par exemple ranger les lettres plastifiées de l'alphabet dans l'ordre. Sur sa table il n'aurait pas la place, et cela ne perturbe pas la classe, je peux faire des allers retours pour aller l'aider. Lui ne se sent pas "gêné" par le regard des autres. Ce premier bilan est très largement positif à tous les niveaux, les enfants sont très autonomes avec ce matériel, ils s'en servent et le rangent de façon autonome. »
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Dans l’ULIS, Pauline, l’enseignante coordinatrice, a opté pour une approche un peu différente, laissant libre choix aux élèves dès le premier jour. La superficie de la classe accueillant le dispositif ULIS étant plus importante, toutes les assises ont pu être mis à disposition des élèves sans réagencement ni système-D de rangement après utilisation. Un plus réel, car, comme elle le souligne, certains élèves les utilisent dès leur arrivée le matin. « Les élèves de l’Ulis ont adoré les nouvelles assises de la classe : ils étaient ravis de voir toutes ces possibilités. La première semaine chaque élève a testé comme il le souhaitait les assises notamment dans le coin calme ou pour des temps calmes et posés. Puis certains ont commencé à les utiliser dès leur arrivée le matin. Ils échangeaient leur chaise contre un pouf. Maintenant certains ont pour habitude de ne travailler que sur les poufs ou sur les tapis, les galettes.» Les premiers résultats sont très encourageants, Pauline note que les élèves sont concentrés plus longtemps sur leur lecture et paraissent davantage motivés.
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Si certaines assises étaient initialement prévues pour des assises individuelles au sol, telles que les galettes, les enfants se les sont rapidement appropriées au point de les utiliser sur des assises traditionnelles. Ingénieux et en même temps plein de sens. L’élève choisi la posture et le mobilier qui lui convient le mieux. Visiblement dans ce cas, pour l’écriture, la posture traditionnelle est privilégiée mais la galette rappelle le confort de l’assise détente qui permet de canaliser les émotions en réduisant les facteurs environnementaux, ainsi l’enfant est plus concentré.
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Au-delà des ateliers de lecture et d’écriture, ces nouvelles assises ont été adoptées par les élèves sur des matières où curieusement nous ne nous projetions pas d’emblée. Les mathématiques par exemple.
Le temps de concentration est plus grand, Pauline souligne également qu’il y a moins d’agitation de la part de certains élèves. Cela lui permet d’augmenter le temps de travail et varier les modalités de travail avec des assises différentes plus fréquemment (par exemple : travail écrit sur une chaise avec galette puis lecture sur pouf). « Les galettes permettent à chaque élève d’être assis quand on fait un temps d’écoute/ de travail collectif à l’oral/ d’activités manuelles (jardin, plantation) et de rester dans le groupe sur une durée importante ». Chaque assise est facilement transportable par l’élève (d’une salle à une autre), favorisant ainsi l’autonomie. La gamme sensorielle que nous avons décidé de proposer uniquement dans l’Ulis a su rassurer beaucoup d’élèves comme nous l’explique Pauline.
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Pour certains, elle offre également une posture confortable pour se reposer. « Cela permet d’avoir des moments réellement calmes et reposants pour les élèves car ils sont confortablement installés », comme le mentionne Pauline. C’est un élément clé et particulièrement pour les élèves accueillis dans ce dispositif. A noter cependant que certaines assises ont dues être retirées, notamment les galettes émotions : les élèves ne les percevaient pas comme une assise mais comme un jouet/ un personnage à part entière engendrant trop d’agitation, d’imaginaire. Nous avons également dû remballer le pouf fourrure : nous appréhendions le bruit au contact du revêtement en polyester des poufs chez certains élèves, et finalement ils l’ont tous accepté, mais en prévention nous avions prévu une alternative, un pouf plus doux, façon fausse fourrure. Mais nous avions sous-estimé l’aspect hygiénique (salivation…) et ne l’avons finalement pas proposé aux élèves. Au-delà de ces petites anecdotes, le premier retour est très positif en Ulis également. « Au bout d’un mois toutes les assises intègrent entièrement le mobilier de la classe et les élèves remarquent rapidement l’absence d’un pouf ou d’un grand coussin. Ils ont déjà leurs habitudes et sont enchantés de pouvoir s’installer comme ils le souhaitent dans l’Ulis. C’est un réel apaisement pour certains. » Page | 11
Résumé de notre premier mois Ce premier mois a été enrichissant pour nous tous, de découverte en découverte, des essais, des réactions inattendues et surtout beaucoup de plaisir à voir les classes et les élèves évoluer ensemble. A petite échelle, c’est une première ébauche de design thinking et en tout cas une belle aventure humaine. Le mois prochain, nous essayerons d’intégrer les assises dynamiques et la table atelier. Nous listerons également le mobilier nécessaire pour fluidifier la circulation dans la classe et rendre les élèves encore plus autonomes. Merci d’avoir pris le temps de nous lire ! Vous aussi vous êtes en pleine expérimentation ? Ou le sujet de la classe flexible vous passionne ? N’hésitez pas à nous contacter et à partager vos premières expériences. A très bientôt,
Pauline, Adeline et Dorothée
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