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FRANCE MÉTROPOLITAINE, BELGIQUE ET LUXEMBOURG UNIQUEMENT

Vendredi 2 avril 2010 - 66e année - N˚20276 - 1,40 ¤ - France métropolitaine - www.lemonde.fr ---

Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino

Réchauffement climatique: 400 chercheurs contre Allègre t Une pétition demande aux pouvoirs publics de trancher le débat avec les climato-sceptiques

L

es plus hautes instances de la science française ont reçu, mardi 30 mars, un appel de plus de 400 chercheurs, leur demandant de prendre position dans la polémiquequi enfle sur la science climatique. Les signataires, chercheurs en sciences du climat, estiment être l’objet d’« accusations mensongères » de la part de deux personnalités climato-sceptiques très médiatisées : le géochimiste Claude Allègre et l’un de ses proches, le paléomagnéticien Vincent Courtillot. Les pétitionnaires jugent que les interventions des deux géologues constituent une rupture du « pacte moral qui lie chaque scientifique avec la société ». Ils achèvent la rédaction d’un document d’environ 50 pages

recensantselon eux l’ensemble des contrevérités présentes dans deux ouvrages : L’Imposture climatique (Plon, 2010), de M. Allègre, et Nouveau voyage au centre de la Terre (Odile Jacob, 2009), de M. Courtillot, et dans leurs conférences. « L’Académie des sciences, déclare son président, Jean Salençon, a pris la décision d’organiser le débat scientifique approfondi qu’appelle la controverse actuelle. » L’indignation s’étend au-delà des climatologues. Selon l’astrophysicien Hubert Reeves, l’ouvrage de M. Allègre est « humiliant pour la science française ». Un autre appel, ouvert cette fois à l’ensemble des scientifiques français, est en préparation. p Lire page 4

Un bus a été incendié mercredi soir à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), près du lieu où s’est déroulée, lundi, une opération antidrogue de la police. JACQUES DEMARTHON/AFP

KContre-enquête Comment une ville peut-elle tomber sous l’emprise de trafiquants de drogue ? Tremblay-en-France C’était une petite ville prospère. Aujourd’hui, la violence y règne et la police recherche les caïds. La descente aux enfers était-elle évitable? Pages 12-13

«Le Monde des livres» Chine-Europe: le grand écart

Le rendez-vous manqué du G20

UK price £ 1,50

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a ministre française de l’économie, Christine Lagarde, invitée au conseil des ministres allemand. Le symbole est fort et la photo superbe. Bravo ! La satisfaction est d’autant plus grande que ce conseil était consacré à un sujet important : la régulation du secteur financier. Voir l’Allemagne et la France œuvrer de concert pour mieux contrôler les banques : qui dit mieux ? Et pourtant, comment, au-delà des apparences, ne pas être déçu ? Il y a exactement un an, le jeudi 2 avril 2009, les dirigeants du G20 tenaient, à Londres, leur deuxième réunion. Ils s’engageaient à rejeter le protectionnisme, à renforcer les organismes financiers mondiaux et à muscler la supervision, notamment en étendant « la réglementation et la surveillance à tous les instruments, les marchés et les institutions financières

d’importance systémique ». Un an après, où en est-on ? Le protectionnisme a été évité, mais plus personne ne croit à la conclusion imminente de la négociation lancée par l’Organisation mondiale du commerce… en 2001. Le renforcement des organismes financiers mondiaux ? Le Fonds monétaire international

Editorial (FMI) a, de fait, vu son autorité et ses moyens renouvelés. C’est incontestable. Mais reste l’essentiel : la régulation de la finance pour que la crise de septembre 2008 ne puisse plus se reproduire. C’est justement là où la déception est la plus forte. Hormis la mise sous surveillance des paradis fiscaux et l’encadrement – relatif – des bonus des ban-

Le regard de Plantu

quiers, rien n’a abouti. Le patron d’Euronext, la société qui gère notamment la Bourse de Paris, juge même que l’opacité des transactions financières s’est accrue ! Le plan allemand est la parfaite illustration de l’impuissance des dirigeants politiques à éviter une nouvelle crise systémique. Le montant de la taxe sur les banques – un peu plus d’un milliard d’euros – semble avoir été défini avant tout pour frapper les esprits. Nul ne sait comment calculer les risques ni vraiment dresser la liste des banques « too big to fail » – trop grosses pour que l’Etat ne vienne pas à leur aide si elles font faillite. Le gouvernement allemand n’a arrêté aucune des modalités de ladite taxe. Officiellement, la France devrait suivre une démarche comparable, à cette réserve près que les recettes attendues pourraient… alimenter les

caisses de l’Etat au lieu de constituer un fonds d’assurance de la profession. Il s’agirait ni plus ni moins d’un impôt déguisé. Dans les deux pays, le doute subsiste sur la taxation des hedge funds, les fonds spéculatifs. Alors que nul ne sait ce que préparent les Britanniques et que personne ne se risque à prévoir l’issue des débats au Congrès américain sur le plan Volcker, destiné à réguler la finance, le constat est clair : un an après le sommet de Londres, la règle est au chacun pour soi. Le FMI doit présenter ses orientations, mais l’articulation entre les projets nationaux et ce cadrage mondial reste à établir. Il y a pourtant urgence : les difficultés de la Grèce et le nouveau plan de sauvetage des banques irlandaises prouvent, si besoin est, que la crise est très loin d’être finie. p

La somme de l’historien américain Kenneth Pomeranz et plusieurs autres ouvrages récents nous permettent de mieux comprendre les nombreuses « divergences », depuis la fin du XVIIIe siècle, entre l’empire du Milieu et le Vieux Continent : économie, esthétique, histoire politique, spiritualité…

Obamalance laruéeverslegaz etlepétrole

E

n annonçant, mercredi 31 mars, un développement des forages pétroliers et gaziers en haute mer – notammenten Alaska –, le président américain savait qu’il allait mécontenter à la fois les écologistes et la gauche du Parti démocrate. Mais Barack Obama veut élaborer une politique globale qui vise à assurer l’indépendance énergétique des Etats-Unis. « Ces décisions difficiles, a -t-il expliqué, [doivent] accompagner la transition d’une économie basée sur les combustibles fossiles et le pétrole étranger vers une autre qui s’appuie plus sur la production du pays et les énergies propres. » p Lire page 6

Algérie 150 DA, Allemagne 2,00 ¤, Antilles-Guyane 2,00 ¤, Autriche 2,40 ¤, Belgique 1,40 ¤, Cameroun 1 500 F CFA, Canada 4,25 $, Côte d’Ivoire 1 500 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 25 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 500 F CFA, Grande-Bretagne 1,50 £, Grèce 2,20 ¤, Hongrie 700 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,20 ¤, Luxembourg 1,40 ¤, Malte 2,50 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 25 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤, Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 2,00 ¤, Sénégal 1 500 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 30 KRS, Suisse 3,00 CHF, Tunisie 2,00 DT, Turquie 6,00 TL, USA 3,95 $, Afrique CFA autres 1 500 F CFA,


24 heures dans le monde

0123 Vendredi 2 avril 2010

Les gens

Les faits

t Alphan Manas, le repreneur d’Heuliez, netient pas ses promesses

aInternational Promesse de près de 10milliards de dollars pour rebâtir Haïti

ciers, dans la ville de Kizliar au Daghestan, autre république musulmane du Caucase, rongée par l’instabilité. Le président russe, Dmitri Medvedev, et le premier ministre, Vladimir Poutine, ont promis que les terroristes seraient « anéantis ». M. Poutine a sommé les forces de l’ordre de « curer les égouts » pour les débusquer.

L’homme d’affaires turc Alphan Manas, 38 ans, n’a finalement proposé, mercredi, de ne racheter que 15 % du capital de l’équipementier automobile Heuliez, au bord du dépôt de bilan, une offre jugée insuffisante par le ministre de l’industrie, Christian Estrosi, et par les syndicats. Pour ces derniers, l’offre de M. Manas ne peut pas être approuvée en l’état car elle prévoit de faire dessiner en Turquie les nouveaux modèles de véhicules électriques.

A l’issue d’une conférence internationale de bailleurs de fonds, à New York, au siège de l’ONU, les pays donateurs ont promis de verser près de 10 milliards de dollars pour reconstruire Haïti dévasté par un séisme. Le secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, a précisé : « Les Etats membres se sont engagés à verser 5,3 milliards de dollars sur les deux prochaines années, et 9,9 milliards au total pour les trois prochaines années et au-delà. » Ces sommes dépassent largement les espérances des organisateurs. Lire page 6

La Belgique pourrait interdire la burqa dans l’espace public

Lire page 15

t Dilma Rousseff se lance dans la campagne présidentielle au Brésil

Les chiffres

Barack Obama veut étendre l’exploitation pétrolière en mer Le président américain a annoncé, mercredi, l’ouverture de nouvelles zones d’exploration pétrolière et gazière au large des côtes de Virginie et du golfe du Mexique. Barack Obama a affirmé que ce choix « difficile », qui a provoqué de la gêne chez une partie des démocrates et la colère des écologistes, répondait à la nécessité d’assurer l’indépendance énergétique des Etats-Unis. M. Obama a fait du développement d’énergies vertes l’un des points forts de sa politique économique. Il a assorti cette annonce de mesures symboliques, comme le doublement annoncé du nombre de véhicules hybrides et l’usage accru de biocarburants par l’armée. Lire

page 6

Le Pentagone accorde à EADS un délai pour l’appel d’offres sur les avions ravitailleurs

La ministre de Lula, Dilma Rousseff, 63 ans, a démissionné, mercredi, pour pouvoir disputer l’élection présidentielle d’octobre à laquelle le président brésilien ne peut se présenter pour un troisième mandat. Mme Rousseff, qui était ministre de la maison civile – forme de chef de gouvernement – a été choisie par Lula lui-même pour être la candidate du Parti des travailleurs. (PHOTO : PAULO

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aFrance Claude Bartolone (PS) attaque l’Etat pour non-respect de ses engagements financiers

n Sur Lemonde.fr : lire le blog de Corine Lesnes

Le chef des rebelles du Caucase revendique les attentats de Moscou

Le préfet Bernard Fragneau a été placé hors cadre et remplacé

Le groupe européen EADS a obtenu, mercredi 31 mars, que soit retardée de 60 jours la clôture de l’appel d’offres sur la fourniture de 179 avions ravitailleurs, destinés à l’armée américaine. Le groupe espérait obtenir un délai de trois mois supplémentaires pour concourir face à Boeing. Le contrat est estimé à 35 milliards de dollars. L’annonce a été faite parle Pentagone, au lendemain de la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama à Washington. L’appel d’offres pour la fourniture des avions avait été attribué une première fois à Boeing en 2003, puis une deuxième fois à Airbus- EADS et, les deux fois, annulé.

Le préfet du Centre et du Loiret a été placé hors cadre à sa demande et remplacé par Gérard Moiselin, préfet de la région Champagne-Ardenne et préfet de la Marne. M. Fragneau avait été désavoué dans l’affaire de la jeune lycéenne marocaine, expulsée alors qu’elle était allée porter plainte à la gendarmerie de Châteaurenard (Loiret), pour des violences familiales. Alors que le préfet avait pris la défense de ses services, responsables de l’expulsion de la lycéenne, Nicolas Sarkozy avait autorisé la lycéenne à rentrer en France, le jour de la Journée des femmes, le 8 mars.

t Rachida Dati privée de voiture de fonction

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Lire page 9

Le président du conseil général de Seine-Saint-Denis, a déposé, lundi 29 mars, quatre recours devant le Conseil d’Etat pour obtenir le respect des engagements financiers de ce dernier au moment du transfert aux départements, en 2005, de la politique du handicap. Selon Claude Bartolone, il manquerait, pour la seule année 2008, 418 432 euros non transférés au département de Seine-Saint-Denis. En décembre 2009, Arnaud Montebourg, président (PS) du conseil général de Saône-et-Loire, avait fait la même chose à propos des dépenses de protection de l’enfance et obtenu gain de cause. Ce dernier devrait, mardi 6 avril, avec six autres présidents de conseilsgénéraux – dont deux de droite, Christian Namy (Meuse) et Gérard Roche (Haute-Loire) –, engager une procédure pour vérifier les conditions d’application des lois de décentralisation. Lire page 11

WHITAKER/REUTERS)

Le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, a annoncé, mercredi, que plusieurs ministres et ex-ministres, dont Rachida Dati, allaient être privés de leurs voitures et officiers de sécurité ou voir leur « dispositif » allégé. Cette décision concernerait, entre autres, Christian Estrosi, ministre de l’industrie, et Bruno Le Maire (agriculture). Le Canard enchaîné avait fait état du fait que l’ex-garde des sceaux, Mme Dati, qui a quitté le gouvernement à l’été 2009, avait gardé voiture de fonction et protection.

Les députés belges ont voté à l’unanimité, mercredi 31 mars, une proposition de loi interdisant totalement le port du voile intégral dans les lieux publics, y compris dans la rue. Des exceptions seraient admises en période de carnaval. Si ce vote en commissions est confirmé en séance plénière, sans doute le 22 avril, la Belgique deviendra le premier pays d’Europe à prendre une mesure aussi radicale. Les élus ont motivé leur position par les questions de sécurité, de «dignité de la femme » et de « respectdes principes démocratiques fondamentaux ». La proposition de loi prévoit une amende allant de 15 à 25 euros pour toute personne se présentant dans un lieu public « le visage masqué ou dissimulé en tout ou en partie, de manière telle qu’elle ne soit pas identifiable ». Une peine de prison de un à sept jours pourrait être infligée et, dans certains cas, la sanction pourrait être prise directement par les villes ou les communes.

aEconomie Gallimard attaque Google

REUTERS

Dokou Oumarov a revendiqué, mercredi, le double attentat-suicide du métro de Moscou qui a fait 39 morts lundi 29 mars. Dans un message vidéo enregistré lundi, il menace la Russie de nouvelles attaques et explique que les actes terroristes sont une « vengeance par rapport à ce que font les troupes et services spéciaux russes dans le Caucase ». Il évoque notamment le massacre de 22 civils à Archty, un petit village ingouche, situé non loin de la frontière administrative avec la Tchétchénie. Cette revendication a coïncidé avec un attentat qui a fait 12 morts, dont 9 poli-

Le PDG des éditions Gallimard, Antoine Gallimard, a annoncé, mercredi 31 mars, son intention d’attaquer en justice le géant américain, avec d’autres éditeurs français, dont Albin Michel, Flammarion et Eyrolles. Google a déjà numérisé, en six ans, 12 millions d’ouvrages sans l’autorisation des éditeurs et contre l’avis des ayants droit, fait valoir Antoine Gallimard qui évoque « une numérisation sauvage ». Plus d’un million d’ouvrages français seraient concernés.

Crise sévère dans le bâtiment Emplois, mises en chantier, permis de construire : tous les indicateurs sont en berne dans le secteur qui devrait perdre, cette année, 25 000 à 30 000 emplois après les 50 000 disparus en 2009. Seulement 324 000 logements ont été mis en chantier entre mars 2009 et février 2010, soit 17,3 % de moins que dans la même période, un an plus tôt. Ce niveau est proche du point bas historique de 1993. Lire page 16

L’histoire Yves Mamou

Le «business model» des pirates somaliens

L

es Frères de la côte somaliens sont aussi bien organisés que les raiders de Wall Street. Si l’on en croit le rapport du Groupe de contrôle sur la Somalie qui a été remis le 10 mars au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, la répartition des rançons entre les pirates fait l’objet d’un authentique « business model ». Tout d’abord, n’est pas pirate qui veut. Ne participe à un abordage contre un tanker ou l’un de ces porte-conteneurs qui croisent au large de la corne de l’Afrique que les personnes disposant d’un certain capital, en l’occurrence une arme à feu. Chaque propriétaire d’une Kalachnikov ou d’un pistolet se voit octroyer une « action de classe A », laquelle, comme à la Bourse, ouvre droit à un pourcentage de la rançon future. Un lance-roquettes ou une mitrailleuse rend éligible à une deuxième action de classe A. L’audacieux qui prend pied le premier sur le navire attaqué se voit généralement gratifié d’une action A supplémentaire. La concurrence est rude !

Cette équipe d’abordage se compose de 8 à 12 actionnaires et doit se préparer à passer un certain temps en mer à guetter les proies qui voguent aujourd’hui très au large. Les vedettes rapides (deux au moins), le carburant, la nourriture… sont financés par des investisseurs, qui peuvent être des personnes restées à terre ou même des pirates participant à l’action et devenus riches au cours d’opérations antérieures.

30 % du butin plus les frais Cette équipe d’abordage est complétée par une seconde équipe au sol. Ces miliciens (12personnes au moins) ne deviennent opérationnels qu’une fois la proie arraisonnée et conduite au port. Ils montent à bord et ont pour fonction d’assurer la sécurité du navire et de l’équipage pris en otage. Il ne faudrait pas que des flibustiers sans vergogne viennent dépouiller les pirates du fruit de leurs efforts. La confiance entre les deux équipes est souvent tissée par des relations familiales.

L’équipe terrestre prenant moins de risques que l’équipe en mer, elle est rémunérée avec des actions de classe B. Ces titres de propriété sur la rançon future ne donnent pas droit à un pourcentage, mais à une rémunération fixe. Les frais de bouche des miliciens au sol et de leurs otages (nourriture, boisson) mais aussi le blanchissage, certains déplacements… sont avancés par les investisseurs du raid. Quand la rançon finit par être réglée par les armateurs – les valises de billets finissent toujours par arriver –, la clé de répartition est alors la suivante : les investisseurs qui ont financé le raid touchent 30 % du butin plus le remboursement des frais. Les « anciens » qui, au sol, fournissent un ancrage au navire détourné touchent entre 5 % et 10 % de la rançon. Les porteurs d’action B empochent en moyenne 15 000 dollars. Tout le reste est enfin réparti entre les porteurs d’actions A.Nombre de ces raiders sont aujourd’hui multimillionnaires. p

t Economie

144,8 milliards d’euros Le déficit public en 2009 Selon des résultats encore provisoires, publiés mercredi par l’Insee, le déficit public (Etat, comptes sociaux et collectivités locales) affiche pour 2009 un record historique : 7,5 % du PIB (contre 3,3 % en 2008), soit 144,8 milliards d’euros. Il devrait atteindre 8,2 % du PIB en 2010. Le déficit du seul Etat s’est aggravé de plus de 62 milliards d’euros entre 2008 et 2009, pour atteindre 117,6 milliards. Le « trou » des administrations de la Sécurité sociale s’est très fortement creusé – de 900millions en 2008 à 25milliards en 2009, si l’on inclut l’Unedic et les caisses de retraite complémentaire, bénéficiaires jusqu’en 2008. Enfin, meilleures élèves, les collectivités locales affichent un déficit de 5,6 milliards, en amélioration de 3,1 milliards par rapport à 2008. Lire page 11

t Culture

–8%

La baisse de fréquentation du Salon du livre Pour sa 30e édition, la manifestation de la Porte de Versailles a enregistré 190 00 entrées, contre 204 000 en 2009. Cette année, 90 écrivains, dont 30 étrangers, étaient invités et 25 pays étaient représentés. En 2011, le Salon se tiendra une nouvelle fois à la Porte de Versailles et mettra à l’honneur les écrivains scandinaves. Lire page 2 du « Monde des livres ».

t Société

540

médecins agressés en 2009 Les médecins ont déclaré 540 incidents relatifs à leur sécurité en 2009, selon le bilan annuel de l’Observatoire de la sécurité des médecins. Un chiffre relativement stable par rapport à l’année précédente, après le pic de 2007 (837). On constate néanmoins une aggravation des actes constatés, avec des agressions physiques en hausse (16 % en 2009, contre 11 % en 2008). L’agression verbale entre patient et médecin continue d’être l’incident le plus fréquent.

Les scores t Football

Ligue des champions : Arsenal s’accroche à Barcelone Submergés puis miraculés. Mené 0-2 sur son terrain par le FC Barcelone, mercredi soir, en quarts de finale aller de la Ligue des champions, Arsenal a remonté son retard pour obtenir un match nul (2-2) inespéré. De son côté, l’Inter Milan a battu le CSKA Moscou (1-0). Matches retours le 6 avril. Les quarts de finale aller ont rempli les infirmeries : Wayne Rooney à Manchester et William Gallas à Arsenal. Mais ils devraient en sortir assez tôt pour le Mondial.


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Lesinvectives deJean-LucMélenchoncontreun journalistesont révélatrices desrelationstenduesqu’entretiennent laclassepolitiqueetlesmédias

Politiquement insultant

D

es dizaines de milliers d’internautes ont déjà vu la scène de 2 min 15, depuis sa mise en ligne, le 30 mars : le député européen Jean-Luc Mélenchon prend assez violemment à partie Félix Briaud, un étudiant de l’école de journalisme de Sciences Po, à Paris, venu l’interviewer. L’affaire s’envenime au point que M.Mélenchon a interrompu ses vacances pour venir s’expliquer à Paris, jeudi 1er avril. Onvoitl’anciensénateur,interrogé le 19 mars, déplorer que Le Parisienprésenteen«une»undébatsur la réouverture des maisons closes, en cette période d’exceptionnelle abstention. C’est lui qui aborde le sujet. L’étudiant, 26 ans, tente d’argumenter et s’entend répondre : «C’estvosproblèmes,àvous,lerefoulépolitique dela petitebourgeoisie. » « Je n’ai jamais entendu quelqu’un me parler de ça [la prostitution], sinon vous et votre sale corporation

«Tu fermes ta petite bouche, tu me parles de politique, moi je te parle de ton métier pourri» Jean-Luc Mélenchon le 19 mars, à Paris voyeuriste et vendeuse de papier », dit M.Mélenchon. «Avec moi vous parlez de choses sérieuses, Dignitas et gravitas, hein, la maxime romaine (…), vos sujets demerdevousallez lesfaireavec des gens qui veulent répondre à la merde.» Une protestation? « Non, non, non, c’est fini, terminé, teut, teut, teut. » Jean-Luc Mélenchon joint à laparoleungestecomprisdanstoutes les cours de récréation – il faut fermer son clapet. Au jeune journaliste, il précise encore : « Tu fermes ta petite bouche, tu me parles de politique, moi je te parle de ton métier pourri. » Puis il repasse au vouvoiement pour conclure : « Je vous parle du titre du Parisien, petite cervelle. » Interrogé par Le Monde, mercredi 31 mars dans la soirée, M. Mélenchon semble blessé par cette affaire: « Il en restera quelque chose qui m’aura abîmé et atteint. » Puis jure cinq minutes plus tard n’avoir jamais prononcé cette phrase. Il raconte avoir été journaliste – « J’y

aurais passé ma vie si j’avais eu le bonheur d’être embauché », puis fustige une profession qui est « la bienpensancesurpattes». Ildemande à relire ses propos, puis dira qu’il n’en a pas le temps. Il s’insurge contrele fait d’avoir été « montré de façon dégradante », puis argue du fait qu’il était fatigué. Et finit, plein d’amertume et de contradictions, par renvoyer à son blog. Alerté par des proches, de l’émoi causé par ses propos, le député européen a mis en ligne, mercredi 31 mars, un long plaidoyer : « Une certainecastemédiatique sedéchaîne contre moi. J’ai commis le crime de lèse-vache sacrée » « Je me suis fait piéger. Ça me met en colère. » Il tente ensuite de retourner la situation à son profit, dénonçant une «manipulation». Pour la déjouer, il invite à diffuser le plus possible la séquencequi encouragera ceux qui veulent à « se lâcher». Il n’est pas le premier à entretenir des relations tendues avec la presse. Ni le dernier à surfer sur le désamour entre le public et les médias. Et encore moins le seul à s’inquiéter des règles – ou absence de règles – induites par le fonctionnement d’Internet. «Quand il lisait des articles le traitant de monarque et parlant de sa cour, François Mitterrand entrait dans une fureur qui attisait encore son dédain pour la presse », raconte Jacques Attali (C’était François Mitterrand, Fayard, 2005). On se souvient que ce président, grand séducteur de journalistes,les traita de« chiens» à la mort de Pierre Bérégovoy. Et Michel Charasse glissait à ceux dont il voulait éviter les questions : «Je ne parle pas aux chiens. » Plutôt courtois, Lionel Jospin avait dérapé avec une journaliste de l’AFP, Sylvie Maligorne, lors d’un vol Rio-Paris. Mécontent du traitement de l’information durant ce voyage à l’étranger, en avril 2001, le premier ministre l’avait abreuvée de reproches, en tapant du poing sur son fauteuil. « Vous êtes bête ?» « Avez-vous fait des études ? » Les ministres gênés plongèrent le nez dans leur journal, parmi lesquels… Jean-Luc Mélenchon. Roger-GérardSchwartzenberg,présent dans cet avion, pense que «si l’on doit être tout le temps sur le qui-vive désormais à cause d’Internet, tant mieux ». L’ancien ministre ne croit pas que Mendès France ou de Gaulle, égaux à eux-mêmes en public ou en petit comité, seraient gênés. L’histoire récente a retenu

Des dizaines de milliers d’internautes ont déjà visionné la vidéo où Jean-Luc Mélenchon s’en prend à un journaliste. DR/DAILYMOTION Xavier Bertrand, le secrétaire général de l’UMP, étrillant un journaliste de la presse régionale. Et surtout Nicolas Sarkozy, qui marque un agacement mêlé de volonté de domination à l’égard des médias. Lors d’une conférence de presse, le 8 janvier 2008, il avait répondu avec mépris et ironie à une question de Laurent Joffrin, le directeur deLibération,surlepouvoirpersonnel et la monarchie élective. « Cela m’avait consterné que les journalistes aient ri avec le président », observe Jean-Marie Charon. Le sociologue spécialiste des médias travaillait à ce moment-là avec la chaîne franco-allemande Arte : « Les Allemands, eux, étaient sidérés. Cela leur paraissait aller à l’encontredes règleslesplus élémentaires de distance avec le pouvoir ». La relation «très ambivalente » des politiques avec les médias, spécifique à la France, en est responsable, à ses yeux. La période de proximité, derelationscroisées,voiredeconnivence est selon lui terminée. « Les

politiques ont du mal à intégrer la situation nouvelle, dit-il. Ils savent qu’il s’agit pour eux d’une relation essentielle, cruciale, mais portent sur la presse un regard extrême-

ment critique.» A la nostalgie d’une époque où les journalistes étaient supposésmieuxtravailleret répondaient à des codes connus, s’ajoute selonluila tentationd’utiliserl’opi-

niondanslerapportdeforceavecla presse. Un cocktail qui alterne, ditil, « copinage, vacheries, intimidation et mépris». p Béatrice Gurrey

Attaquer un journaliste n’est pas anglais Londres Correspondant

Le ministre du commerce britannique, Peter Mandelson, à l’évidence déteste les journalistes hostiles au Labour. Mais si le numéro deux du gouvernement travailliste ne perd jamais une occasion de le faire savoir aux intéressés, ce sera toujours en privé. Rabrouer un journaliste en public en le traitant de «petite cervelle» serait tout simplement impensable outre-Manche. A Westminster, les politiciens se doivent d’entretenir des rapports courtois avec la presse, y compris avec les journalistes qui écrivent

des horreurs sur eux. « Les représentants de la nation pensent qu’attaquer personnellement un journaliste est contre-productif car cela ne peut que donner du poids à ses allégations. Ils considèrent que les propos désobligeants font partie du métier », explique le chroniqueur Adam Raphael. Ainsi, le correspondant politique d’un grand quotidien londonien raconte comment, après avoir publié un article très désobligeant envers l’actuel premier ministre, ce dernier l’a invité à un déjeuner en petit comité au 10 Downing Street pour discuter de la campagne électorale à venir :

«Au courant de ma diatribe, Gordon Brown était parfaitement plaisant avec moi. Il a fait comme si de rien n’était. » La peur de représailles de la part de titres aux tirages colossaux et la puissance des propriétaires de journaux – en particulier le magnat australo-américain Rupert Murdoch dont les quotidiens contrôlent 40 % de la diffusion nationale –, ainsi que la faiblesse de la commission des plaintes en matière de presse, expliquent le flegme des politiques face à la bourrasque. Un comportement anglais, somme toute. p Marc Roche


4 Planète

0123 Vendredi 2 avril 2010

Accord de dépollution

Cancer du sein et travail

La filiale américaine du chimiste Lyondell consacrera 250 millions de dollars (185 millions d’euros) à la dépollution de neuf sites contaminés par des déchets dangereux et à l’indemnisation de plaignants, au terme d’un accord passé, mardi 30 mars, devant un tribunal de New York.

L’exposition à certains produits chimiques ou polluants sur le lieu de travail avant l’âge de 36 ans triplerait le risque de cancer du sein après la ménopause, selon une étude canadienne publiée, jeudi 1er avril, dans la revue scientifique Occupational and Environmental Medicine.

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Plus de 400 climatologues en appellent à la ministre Saisie par une pétition, Valérie Pécresse demande l’organisation d’un débat sur les accusations de Claude Allègre

L

’initiative est sans précédent : plus de 400 chercheurs en sciences du climat ont adressé aux hautes instances de la science française, mardi 30 mars, un appel à sortir de leur mutisme face à ce que les signataires considèrent comme des « accusations mensongères » publiquement portées contre eux et à ce qu’ils interprètent comme des entorses répétées à l’éthique scientifique. Adressé à Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, aux présidences du CNRS, de l’Académie des sciences et des principaux organismes publics de recherche, le courrier fait explicitement référence aux deux personnalités climatosceptiques les plus médiatisées en France : le géochimiste et ancien ministre de l’éducation nationale Claude Allègre, ainsi qu’un de ses proches, le paléomagnéticien Vincent Courtillot, directeur de l’Institut de physique du globe de Paris, tous deux membres de l’Académie des sciences. La présidence du CNRS n’a pas souhaitéréagir, mercredi 31mars, à ce texte. Pour sa part, Mme Pécresse a exprimé « toute sa confiance aux chercheurs en sciences du climat » et a précisé avoir saisi l’Académie des sciences de « l’organisation d’un débat scientifique serein, arbitré par les pairs » sur la question climatique. « Depuis plusieurs mois, des scientifiques reconnus dans leurs domaines respectifs dénigrent les sciences du climat et l’organisation de l’expertise internationale (c’est-à-dire le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ou GIEC), criant à l’imposture scientifique, comme le fait Claude Allègre dans L’Imposture climatique [Plon, 2010] pointant les prétendues “erreurs du GIEC”, comme le fait Vincent Courtillot dans Nouveau voyage au centre de la Terre [Odile Jacob, 2009] et dans des séminaires académiques », écrivent les signataires du texte. Le dernier ouvrage de M. Allègre soutient la thèse d’une conspira-

tion de chercheurs en sciences climatiques pour faire accroire l’idée de l’origine humaine du changement climatique. Quant à celui de M. Courtillot, beaucoup moins polémique, c’est un ensemble de réflexions sur les géosciences au sens large, du domaine de la « terre interne » à celui des questions climatiques. Les signataires, qui appartiennent à des communautés diverses –physique del’atmosphère, glaciologie, géochimie, géographie, océanographie –estiment que les déclarations publiques des deux géologues ne s’inscrivent pas dans le cadred’un débatscientifique légitime. « [Leurs] accusations ou affirmations péremptoires ne passent pas par le filtre standard des publicationsscientifiques, écriventils.Cesdocuments, publiéssous couvert d’expertise scientifique, ne sont pas relus par les pairs et échappent de ce fait aux vertus du débat contradictoire. » «Leurs auteurs oublient les principes de base de l’éthique scientifique, rompant le pacte moral qui lie chaque scientifique avec la société », ajoutent les quelque 400 pétitionnaires, parmi lesquels l’historien du climat Emmanuel LeroyLadurie, le glaciologue Claude Lorius, médaille d’or du CNRS, ou encore le géophysicien belge André Berger, président honoraire de l’Union européenne des géosciences et membre étranger de l’Académie des sciences française.

« Ulcérés » Le texte devait demeurer confidentiel et n’être adressé que le 6avril à ses destinataires. Une fuite dans la blogosphère, le 30 mars, a précipité le calendrier. « Nous avons été pris de court, mais nous sommes en train de finaliser un document d’une cinquantaine de pages qui sera remis aux destinataires le 6 avril avec la liste définitive des signataires et qui recensera l’ensemble des erreurs contenues dans L’Imposture climatique, Nouveau voyage au centre de la Terre, ainsi que dans les conférences de M. Cour-

Climat

75 pays s’engagent à réduire ou à limiter leurs émissions après 2012 Les Nations unies ont publié, mercredi 31 mars, une liste de 75 pays ayant pris des engagements pour réduire ou limiter leurs émissions de gaz à effet de serre sur la période de 2012 à 2020. Ces engagements – provenant d’une quarantaine de pays industrialisés et d’une trentaine de pays en développement – répondent aux promesses de l’accord passé au terme du sommet de Copenhague, en décembre. « Il est clair que si les engagements (…) représentent un pas en avant important, ils ne suffiront pas à limiter le réchauffement de la température moyenne de la planète à deux degrés», l’objectif négocié à Copenhague, a déclaré Yvo De Boer, secrétaire général de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC). Au total, 111 pays ont déclaré soutenir cet accord, dont la Chine et les Etats-Unis, principaux émetteurs de la planète. Par ailleurs, Ed Miliband, le ministre britannique du réchauffement climatique, s’est déclaré prêt à envisager deux traités : l’un prorogeant le protocole de Kyoto et l’autre incluant les non-signataires de celui-ci. – (AFP.) p

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Les scientifiques sortent blanchis du « Climategate » Le piratage et la divulgation, en novembre 2009, d’un millier de courriels échangés entre les climatologues de l’unité de recherche climatique (CRU) de l’université d’East Anglia (RoyaumeUni) ont alimenté la rumeur mondiale d’une vaste manipulation de données. Mardi 30 mars, la commission parlementaire britannique chargée d’enquêter sur ce « Climategate » a finalement blanchi les scientifiques impliqués, au premier rang desquels Phil Jones, le directeur du CRU. Au cours des auditions, ce dernier a admis avoir rédigé des courriels « horribles » – en particulier en refusant l’accès à ses données pour ne pas voir ses résultats contredits –, mais la commission a estimé que sa « réputation scientifique, ainsi que celle du CRU, est intacte ». La commission d’enquête souhaite cependant que l’université d’East Anglia fasse montre d’une politique de plus grande ouverture dans le partage des données. Deux autres enquêtes sont toujours en cours.

tillot, abondamment diffusées sur Internet, explique l’un des auteurs du texte. Nous sommes véritablement ulcérés de voir la présentation continuelle et réitérée de données fausses, de graphiques faux. C’est pour nous une situation extraordinaire à laquelle nous ne sommes pas préparés. » Plusieurs chercheurs étrangers –

Carl Wunsch (Massachusetts Institute of Technology), Sami Solanki (Institut Max-Planck de recherche sur le système solaire), Gerd Wendler (université d’Alaska) ou Dennis Hartmann (université de Washington) – se sont déjà émus de voir leurs travaux ou leurs idées travestis dans l’ouvrage de M. Allègre. Interrogépar Libération, le paléocli-

matologue suédois Hakan Grudd (université de Stockholm) accuse même l’ancien ministre d’avoir reprisdanssonlivre,enlatruquant, unedesescourbes,publiée en2008 dans la revue Climate Dynamics. La glaciologue britannique Louise Sime (British Antarctic Survey) a également dénoncé une exploitation «incorrecte » de ses travaux.

Claude Allègre avait répondu au quotidien que son ouvrage était « avant tout politique ». « Toutes les courbes [y] sont redessinées, a-t-il ajouté. Il y a donc des inexactitudes ou même des exagérations par rapport aux originaux. C’est un choix éditorial. » Invités à réagir, MM. Allègre et Courtillot n’ont pas répondu aux sollicitations du Monde. Dans Libération, l’ancien ministre affirme que cette pétition est « nulle et stupide ». C’est « une réaction de gens qui voient que mes idées gagnent du terrain et qui s’affolent », poursuit-il. Selon M. Allègre, son dernier ouvrage s’est vendu à plus de 120 000 exemplaires. p Stéphane Foucart

Au Japon, les victimes du mercure obtiennent réparation Cinquante-quatre ans après la pollution de la baie de Minamata, un accord a enfin été trouvé Tokyo Correspondant

L

e long combat des victimes de la maladie de Minamata, symbole des dérives du développement économique du Japon de l’après-guerre, touche à sa fin. 2 123 victimes de ce mal provoqué par la pollution au mercure de la baie de Minamata, ville de la préfecture de Kumamoto, dans l’ouest de l’archipel, ont passé, lundi 29 mars, un accord avec le gouvernement et le géant de la chimie Chisso, responsable de la contamination. La transaction prévoit le versement à chaque victime d’une indemnité de 2,1 millions de yens (16 700 euros) assortie d’une allocation mensuelle d’environ 17 000 yens (135 euros). Cet accord complète une loi, adoptée en juillet 2009, qui prévoit l’octroi de montants équivalents à tous les malades non officiellement reconnus, qui seraient près de 40 000. Compte tenu de la souffrance endurée par les victimes, cela représente un règlement a minima. « Les plaignants l’ont accepté parce qu’ils vieillissent », souligne, dans son éditorial du jeudi 1er avril, le quotidien Asahi.

De fait, il a fallu cinquante-quatre années pour obtenir ces compensations. La maladie a été officiellement identifiée le 1er mai 1956. Ce jour-là, des médecins ayant examiné des petites filles souffrant de convulsions et de difficultés motrices informent le bureau de santé publique de l’apparition d’une « épidémie de maladie inconnue du système nerveux central ».

La catastrophe de Minamata est emblématique de l’irresponsabilité de certains industriels En 1959, l’origine du mal est enfin identifié : il s’agit du mercure déversé en quantité dans les eaux de la baie de Minamata par l’usine Chisso,qui produit de l’acétaldéhyde depuis 1932. Ce mercure se retrouve dans les poissons et crustacés, aliments de base de la population locale. Il faut encore dix ans pour que s’ouvre le procès, qui durera de 1969 à 1973. Entre-temps, Chisso

fait tout pour décourager les victimes,allantjusqu’àrecourirauxservices de la pègre pour les menacer ou financer des études l’exonérant de ses responsabilités. Le groupe serait également à l’origine d’une agression du photographe Eugene Smith dont le reportage, publié en 1972 par le magazine américain Life, a attiré l’attention du monde sur la tragédie. En 1973, Chisso est reconnu coupable de négligence, un jugement qui ouvre la voie à l’indemnisation desvictimes. Mais entre la mauvaise volonté du chimiste et celle du gouvernement japonais, qui fixe des critères extrêmement stricts pourpouvoir toucherdesindemnités, les procès se multiplient et le temps passe. A ces difficultés, s’ajoute pour les malades un certain ostracisme social : comme les victimes des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, ils se voient rejetés par leur communauté. Certains choisissent de retourner à l’anonymat et partent refaire leur vie ailleurs. L’accord du 29 mars, comme le jugement de la Cour suprême rendu en 2004, qui reconnaît la responsabilité de l’Etat dans la tragé-

die, leur ont rendu un peu de leur dignité. Aujourd’hui encore, le nombre exact de victimes de cette tragédie reste inconnu, de même que les conséquences à plus long terme de la maladie. Il reste que la lutte engagée, notamment par Hamamoto Tsuginori, dirigeant de l’Association des victimes de la maladie de Minamata, a fait prendre conscience aux Japonais des dangers d’une industrialisation incontrôlée. Elle a incité plusieurs militants de cette cause à s’engager dans d’autres luttes, contre l’énergie nucléaire ou pour la reconnaissance des conséquences de l’utilisation de l’amiante. La catastrophe environnementale de Minamata est emblématique : c’est la première d’une lignée témoignant de l’irresponsabilité de certains industriels, comme celle survenue à Bhopal, en Inde, où l’explosion d’une usine de pesticides avait fait plusieurs milliers de morts, en 1984. Le plus souvent, l’origine de ces drames se trouve dans une quête effrénée du profit. Le dirigeant de l’usine Chisso de Minamata, Eiichi Nishida, l’avait reconnu lors du procès. C’était il y a quarante ans. p Philippe Mesmer


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6 International

0123 Vendredi 2 avril 2010

Barack Obama en quête d’indépendance énergétique Le président des Etats-Unis a donné son feu vert à l’extension des forages pétroliers et gaziers en haute mer New York Correspondant

Les mesures phares sur les zones de forage

R

« Drill, baby, drill » Personne ne peut se dire surpris par cette annonce. Les forages en haute mer avaient été évoqués par le candidat Obama durant sa campagne électorale. Certes, luimême et son colistier aujourd’hui vice-président, Joe Biden, s’étaient opposés au « drill, baby, drill » (« fore, bébé, fore ») que Sarah Palin, la candidate républicaine à la vice-présidence, faisait scander dans ses meetings. Mais l’idée de ce slogan était que les Etats-Unis devaient développer à tout-va l’exploitation de ses ressources pétrolières et gazières nationales partout où c’était possible.

L’élargissement des zones. Les forages pétroliers et gaziers ne concernaient que certaines zones le long des côtes de Louisiane et du Texas, et en Alaska. Certaines seront élargies, en particulier dans le golfe de Cook (Alaska), suscitant déjà la colère des Inuits et des écologistes. Les forages seront autorisés, sur la côte atlantique, du nord de la Floride à l’Etat du Delaware. Un des nouveaux forages devrait être autorisé au large des côtes de la Virginie. Les interdictions. Les forages resteront interdits le long de toute la côte Pacifique ainsi que sur la côte atlantique du New Jersey jusqu’à la frontière canadienne. En Alaska, un sanctuaire est instauré dans la zone de Bristol Bay. Les zones à l’étude. D’éventuels forages dans la mer de Beaufort et la mer de Chukchi en Alaska, à proximité d’une zone très disputée (par les Etats-Unis, le Canada, les Russes, les Européens…), ne seront autorisés qu’après des études ultérieures.

Barack Obama, le mercredi 31 mars, accueilli devant un avion de combat F/A-18 fonctionnant au biofuel. KEVIN LAMARQUE/REUTERS M. Obama, lui, n’excluait pas l’ouverture de nouveaux forages. Mais il entendait l’inclure dans une « politique énergétique globale » qui dessinait déjà celle qu’il met en place progressivement. Le président américain a accompagné son annonce de mesures (comme le doublement de véhicules publics hybrides) destinées à calmer l’ire annoncée des environnementalistes. « Certains manifesteront de forts désaccords, récuseront l’idée même de nouveaux forages », avait-il anticipé. Les critiques n’ont pas attendu. Au sein du Parti démocrate, le président de la commission sur l’indépendance énergétique et le réchauffement climatique de la Chambre des représentants, Ed Markey, a appelé Washington à ne pas allouer de nouvelles autorisations de forage aux compagnies qui n’ont pas épuisé leurs droits existants. Selon lui, les sociétés

pétrolières n’exploitent à ce jour que le quart de leurs 1 844 concessions existantes en haute mer. Présidente de l’Alliance pour la protection climatique, Maggie Fox a dénoncé un programme qui

« maintient notre dépendance envers les combustibles fossiles ». Le Sierra Club, la plus grande association environnementale américaine (1,4 million de membres), s’est dit « très déçu ».

Une extension de forage limité au sud-est des Etats-Unis CANADA

Côte ouest Zones interdites au forage

ÉTATS-UNIS Côte est Zones interdites au forage Golfe du Mexique Forages existant pouvant être élargis

500 km

Alaska Statut non précisé

Baie de Bristol Sanctuaire

CANADA

ompant avec un interdit qui courait depuis plus de deux décennies, Barack Obama a annoncé, mercredi 31 mars, un vaste élargissement des autorisations de forages pétroliers et gaziers en haute mer. Une décision, a-t-il expliqué, qui s’inscrit dans une « stratégie plus large » visant à assurerl’indépendance et la sécurité énergétiques des Etats-Unis. Actuellement, le pétrole, le gaz et leurs dérivés fournissent 62,1 % de la consommation énergétique américaine ; l’ensemble des énergies renouvelables – hydraulique inclus –, 6,7 % seulement. Etant donné le rythme de l’augmentation des besoins du pays (par le seul jeu d’un accroissement démographique annuel de 0,8 %), et aussi le fait que les Etats-Unis entendent réduire la part du charbon (actuellement de 22,4 %), la plus nocive dans le réchauffement climatique, la Maison Blanche est parvenue à la conclusion qu’il était nécessaire d’adopter ces « décisions difficiles », selon les termes de M. Obama. Elles sont nécessaires, a-t-il expliqué, pour « accompagner la transition [des Etats-Unis] d’une économie basée sur les combustibles fossiles et le pétrole étranger vers une autre qui s’appuie plus sur la production du pays et les énergies propres ». Or, « rééquilibrer » l’approvisionnement et les sources énergétiques ainsi que modifier le rapport des Américainsà leur consommation prendra du temps.

MEXIQUE

Golfe du Mexique

OCÉAN PACIFIQUE

Côte est Forages de pétrole et de gaz autorisés OCÉAN ATLANTIQUE

500 km

Phil Radford, directeur général de Greenpeace, a dénoncé une mesure qui « augmentera plus encore l’accoutumance américaine au pétrole », au moment où, selon lui, la Chine et l’Allemagne montrent le chemin pour « gagner la course aux énergies propres ». MaisM. Obama semblepeu soucieux des critiques des écologistes et de la gauche démocrate, déjà exprimées lors de son soutien au financement de la relance du nucléairecivil dans son budgetprévisionnel. Au contraire, requinqué parl’adoption desa réforme de l’assurance-santé, il avance, depuis, ses pions à un rythme accéléré. Et poursuit obstinément le grignotage des résistances républicaines, multipliant les initiatives. Sur les sujets en débat au niveau parlementaire – les nouvelles incitations en faveur de l’emploi et la régulation des acteurs et des marchés financiers –, M. Oba-

ma semble progressivement parvenir à entrouvrir des brèches. Après l’annonce de la reprise de forages,l’American Petroleum Institute, lobby officiel des sociétés pétrolières, s’est félicité d’un plan « positif ». Le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a dû reconnaître « un pas dans la bonne direction ». Son homologue chargé des questions énergétiques, le sénateur Lindsey Graham, a été encore plus laudatif. Représentant de Virginie, le républicain Eric Cantor, un des champions du « non » systématique républicain, s’est dit « encouragé » par une décision favorable à l’emploi dans son Etat. La Maison Blanche espère ainsi que ces annonces préfigurent un Congrès plus disposé à élaborer et soutenir une vaste loi bipartisane sur l’énergie et la lutte contre le réchauffement climatique. p Sylvain Cypel

ACuba, trois grèvesdela faimpour obtenir Les pays donateurs promettent lalibération deprisonniers politiques près de 10milliards de dollars pour Haïti Guillermo Farinas a pris le relais d’un détenu mort après 85 jours de jeûne. Deux autres opposants l’ont suivi

Les dons de la communauté internationale pour la reconstruction du pays ravagé par un séisme le 12janvier dépassent les espérances de l’ONU

L

New York (Nations unies) Correspondant

e dissident Guillermo Farinas n’est plus le seul à Cuba à faire une grève de la faim pour réclamer la libération des prisonniers politiques. Il a été rejoint par deux opposants, dont un se trouve emprisonné à La Havane. C’est ce qu’a annoncé la Commission cubaine pour les droits de l’homme et la réconciliation nationale (non reconnue par les autorités), mardi 30 mars. Ancien combattant du contingent cubain en Angola, psychologue et journaliste indépendant, Guillermo « Coco » Farinas avait pris le relais d’Orlando Zapata, mort dans un hôpital pénitentiaire, le 23 février, après 85 jours de grève de la faim. ALaHavane,les autoritésimprovisent face à la fronde. Les Dames en blanc, l’association des épouses de prisonniers politiques, ont modifié l’itinéraire de leurs défilés silencieux. Longtemps cantonnées à Miramar, quartier huppé desambassades,ellesse sontdéplacées vers le centre de la capitale, où elles ont manifesté tous les jours, du 15 au 21 mars, anniversaire de la répression de 2003. Harcelées et

Darsi Ferrer. ALEJANDRO ERNESTO/EPA malmenées par des partisans du régime et des agents en civil, elles étaient encerclées par la police. Selon la télévision cubaine, la police était là pour les protéger de la réaction « spontanée » de la population. Les téléspectateurs de l’île découvraient pour la première fois l’existence de ce groupe de femmes, devenues le symbole des défenseurs des droits de l’homme à Cuba. En dehors des contre-manifestants mobilisés par le régime,

aucune hostilité ne s’exprimait à leur égard. « Le régime a perdu le contact avec l’opinion cubaine, assure le social-démocrate Manuel Cuesta Morua. On est passé de la méfiance contre les dissidents à l’étonnement, voire à une certaine admiration. » Des opposants et des diplomates ont rendu visite à M. Farinas à Santa Clara (centre du pays), pour lepersuader d’abandonner son jeûne. Hospitalisé, il a rejeté l’asile offert par l’Espagne et demande la libérationdes 26 prisonniers politiques malades. AHolguin (est), l’opposant Franklin Pelegrino est en grève de la faim depuis un mois, pour soutenir M. Farinas. Dans la prison de ValleGrande(LaHavane),Darsi Ferrer imite leur action depuis une dizaine de jours. Ce médecin, connupourses enquêtessur lasanté publique et les droits de l’homme, est en prison depuis le 21 juillet 2009, sans charges ni procès. La réunion ministérielle entre Cuba et l’Union européenne du 6 avril a été suspendue. Officiellement pour une raison d’agenda. p Paulo A. Paranagua

L

es pays donateursont surpassé les attentes des Nations unies, mercredi 31 mars, en clôture de leur conférence internationale, en promettant de consacrer, au cours des prochaines années, près de 10 milliards de dollars (7,4 milliards d’euros) au relèvement d’Haïti, dévasté par un tremblement de terre le 12 janvier. Evoquant un « rendez-vous avec l’histoire », le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a salué la « générosité extraordinaire » de la communauté internationale. Les promesses de dons se sont chiffréesàplusde5milliardsdedollars pour les prochains dix-huit mois, alors que l’ONU avait évalué les besoins à moins de 4 milliards de dollars sur cette période, et ne parvenaitplusà obtenirquela moitié des fonds d’urgence réclamés. L’argentserviranotammentàfabriquer des abris et à fournir des tentes aux dizaines de milliers de réfugiés qui se préparent à affronter la saison des pluies dans des abris de fortune.

L’Union européenne arrive en tête des donateurs (1,6 milliard de dollars, dont 189 millions ont été offerts par la France). Les EtatsUnis se sont, eux, engagés à verser plus de 1,1 milliard de dollars « pour la reconstruction et le soulagement de la dette multilatérale », a expliqué la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton. Le Canada a promis 375 millions de dollars et le Brésil 163 millions.

« Un mouvement du cœur » « C’est un mouvement du cœur, un témoignage qu’Haïti n’est pas seule », a remercié le président haïtien, René Préval, qui a aussi salué les contributions des petits pays, tels le Mali (200 000 dollars) ou le Monténégro (10 000 dollars). Bienquel’Etat haïtien soit notoirement faible et accusé de corruption, de nombreux pays, dont les Etats-Unis, ont insisté pour qu’il soit replacé au cœur des efforts de développement. « La reconstruction sera dirigée par les Haïtiens », de manière « transparente, coordonnée, et guidée par l’exigence de résultats », a assuré Mme Clinton. Une partie des sommes promises

sera portée au budget du gouvernement haïtien, pour payer, par exemple, fonctionnaires et policiers.L’utilisation de l’aide internationale sera surveillée par un « fonds multidonneurs », géré par la Banque mondiale, et par une commission coprésidée par l’exprésident américain Bill Clinton. Le projet de reconstruction soumis par le gouvernement haïtien prévoit notamment le renforcement du secteur agricole, la consolidation de l’Etat, la construction d’infrastructures ou le développementde pôles urbains hors de Portau-Prince, pour soulager la capitale d’une partie de sa population. Les promesses sont « remarquablement généreuses », mais ne doivent pas être constituées « d’argent recyclé pris au détriment d’autres crises humanitaires », a prévenu Philippe Mathieu, un porte-parole d’Oxfam. L’ONG affirme qu’au lendemain de l’ouragan Mitch, qui avait, en 1998, dévasté plusieurs pays d’Amérique centrale, moins d’un tiers des 9 milliards de dollars promis avaient finalement été versés. p Philippe Bolopion


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8 International & Europe

0123 Vendredi 2 avril 2010

L’Autorité palestinienne s’attaque à la mainmise israélienne en Cisjordanie

Washington assure que Pékin est prêt à discuter de sanctions contre Téhéran

L’activisme du premier ministre palestinien, Salam Fayyad, embarrasse Israël

La Chine tient à ménager son important partenaire iranien tout en évitant de s’isoler

Zone A : territoires contrôlés par l’Autorité palestienne

Jénine

Zone B : territoires contrôlés par Israël et l’Autorité palestinienne Zone C : territoires contrôlés par Israël

JORDANIE

U

n vent nouveau de volontarisme souffle dans les couloirs de l’Autorité palestinienne à Ramallah. Enhardi par les éloges de la communauté internationale à l’égard de son projet de jeter les bases d’un Etat palestinien dans les deux ans à venir, le premier ministre palestinien, Salam Fayyad, a décidé de passer à la vitesse supérieure. Son nouvel objectif : les zones palestiniennes contrôlées exclusivement par Israël (zones dites C) et qui couvrent 60 % de la Cisjordanie. Aux pays donateurs, aux organisations non gouvernementales (ONG) internationales comme aux agences de l’ONU, il répète sur le même ton : « Il faut construire en zone C, les limitations imposées par Israël sont archaïques et dépassées. » Produit du découpage des territoires palestiniens institué par les accords d’Oslo II (1995), ces secteurs sont placés sous latutelle exclusive d’Israël, par opposition aux zones A et B où l’Autorité palestinienne peut opérer. Il s’agit de zones rurales, faiblement peuplées, mais riches en ressources naturelles, situées à proximité de colonies juives, de bases militaires et surtout le long de la vallée du Jourdain, une étendue stratégique pour l’Etat juif car contiguë de la Jordanie. La bureaucratie militaire israélienne y règne en maître. Elle ne délivre des permis de construire qu’au compte-gouttes et n’hésite pas à faire raser la moindre cahute dépourvue d’autorisation, si bien que ces terres sont maintenues dans un état de sous-développement souvent alarmant. « Allez construire des écoles ou des cliniques en zone C, a déclaré Jamal Zakout, un conseiller de Salam Fayyad, lors d’une réunion en présence d’ONG internationales. Et si les Israéliens les démolissent, nous montrerons au monde ce qu’ils font. » Le premier ministre palestinien veut montrer l’exemple. Sensible aux critiques de la société civile qui l’accuse de s’adapter à l’occupation israélienne et non de la défier, il a pris soin d’inclure plusieurs villages en zone C dans les mini-projets de construction qu’il inaugure au pas de charge. Dans la plupart des cas, ses déplacements dans ces

Des territoires stratégiques pour Israël

Naplouse Qalqiliya

Colonies israéliennes

Jourdain

Ramallah Envoyé spécial

Localités palestiniennes

Ramallah Jéricho

Jérusalem

« Ligne verte »

ISRAËL

Bethléem

CISJORDANIE Cisjordanie

Mer Morte

Hébron

ISRAËL

SOURCE : OCHA, JUIN 2009

zones sont soigneusement coordonnés avec l’armée israélienne, qui a accordé au préalable le permis requis. Mais pas toujours. Dans la vallée du Jourdain et près de Naplouse, ses services affirment avoir reconstruit des infras-

La bureaucratie militaire israélienne règne en maître sur les zones C et les maintient dansun état de sous-développement souvent alarmant tructures démolies par les bulldozers israéliens. « On ne nous dissuadera plus de travailler en zone C, affirmait Salam Fayyad à la mi-février, lors d’un entretien accordé à un groupe de médias français. Il ne s’agit pas d’un terri-

10 km

toire disputé, mais d’une partie intégrale des territoires occupés en 1967 sur lesquels nous voulons construire notre Etat. » Ce mot d’ordre a été intégré à la direction du Fonds d’investissement palestinien, la holding « souveraine » qui gère le portefeuille du « peuple palestinien ». Eparpillée du temps de Yasser Arafat sur des comptes occultes ou des entreprises étrangères, cette manne a été rapatriée dans les territoires occupés, sur des projets immobiliers dont certains sont situés en zone C. Parmi ceux-ci, la construction de deux cents appartements près de Qalqiliya et, surtout, l’aménagement d’un complexe de luxe sur les rives de la mer Morte, avec balnéothérapie, centre de conférence et palaces cinq étoiles. « Il y a un vrai changement d’attitude chez nos dirigeants, dit un expert palestinien. Dans le domaine économique au moins, ils veulent prendre l’initiative et défier le système d’occupation. Si les Israé-

liens tentent d’entraver leurs efforts, ils sont prêts à se bagarrer. » L’offensive de l’Autorité palestinienne sur les zones C suscite un agacement certain côté israélien. Dans un récent article, Alex Fishman, le correspondant militaire du Yediot Aharonot, rapportait que l’activisme de Salam Fayyad et sa stature grandissante bousculaient la routine des officiers affectés en Cisjordanie. « Il commence à nous ennuyer sérieusement », écrivait-il. Plus diplomatique, Ygal Palmor, le porte-parole du ministère des affaires étrangères israélien, met en garde contre toute «révocation unilatérale » des arrangements d’Oslo qui « ne ferait que semer la confusion ». Du côté des agences des Nations unies et des ONG, la gêne est palpable. La plupart d’entre elles ont pour règle d’avancer en zone C sur la pointe des pieds. Du fait de l’extrême difficulté à obtenir un permis, du flou qui entoure la procédure et du peu de scrupules des autorités israéliennes à envoyer les bulldozers. Selon un rapport des Nations unies, en douze ans, 2 450 structures « illégales » ont été rasées dans ces secteurs : habitations en dur mais aussi tentes, citernes, étals de fruits ou cabanes en tôle. « On comprend le souci politique de Salam Fayyad, dit Martha Myers, la directrice de l’association AIDA qui regroupe une centaine d’ONG présentes dans les territoires occupés. C’est vrai que la population des zones C mérite notre soutien. Mais il n’est pas réaliste d’aller construire des écoles en zone C qui risquent d’être démolies aussitôt finies. » Cette tiédeur pose un vrai dilemme au premier ministre palestinien. A eux seuls, ses miniprojets ne suffiront pas à sortir les zones C du marasme. Sans un regain d’audace des bailleurs de fonds, Salam Fayyad ne parviendrapas à desserrer le carcan de l’occupation. « C’est aux pays donateurs d’agir, dit Sami Khader, patron de l’ONG palestinienne Ma’an. Cela fait plus de dix ans que les zones C auraient dû passer sous le contrôle de l’Autorité palestinienne. Plutôt que de s’inquiéter de leurs contribuables, les pays donateurs devraient aller demander des comptes à Israël. » p Benjamin Barthe

La Cour pénale internationale ouvre une enquête sur des crimes contre l’humanité commis au Kenya Le pouvoir et l’opposition sont impliqués dans les tueries après l’élection présidentielle de 2007 La Haye (Pays-Bas) Correspondance

L

es juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont autorisé, mercredi 31 mars, le procureur Luis Moreno-Ocampo à conduire une enquête sur les responsables des crimes contre l’humanité commis par le pouvoir et l’opposition au Kenya après l’élection présidentielle de décembre 2007. Les violences politicoethniques avaient fait plus de 1 200 morts, 3 500 blessés et 350 000 déplacés. Les pièces présentées par le procureur émanent du rapport de la commission Waki, établie par le négociateur pour le Kenya et ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan. Elles font état de meurtres, violences sexuelles et actes inhumains perpétrés dans six des huit provinces du Kenya, dont dans la vallée du Rift et la région de Nairobi. Le procureur a présenté aux juges une liste confidentielle, et uniquement

indicative, de vingt noms. Mais les cibles sont connues. Les juges identifient « trois catégories d’attaques » conduites par les deux partis qui forment aujourd’hui la coalition au pouvoir. Ils estiment que les premières ont été lancées par « des groupes associés au Mouvement démocratique orange [ODM]», qui formait alors l’opposition conduite par Raila Odinga et qui contestait les élections. Ces attaques étaient initiées « contre les supporteurs du Parti national unifié [PNU] » du président réélu, Mwai Kibaki. Ces derniers auraient alors riposté. Selon M. Ocampo, « les hauts dirigeantsduPNU etde l’ODMpoursuivaient des objectifs politiques consistant à rester ou à accéder au pouvoir. [Ils ont] mis en œuvre leur politique avec le concours d’un certain nombre de fonctionnaires et d’institutions publiques et privées, comme des membres du Parlement, des hauts responsables du gouvernement, les forces de police et les bandes de jeunes ».

Jusqu’à présent, le procureur n’avait ouvert d’enquête qu’après avoir été saisi par un Etat ou par le Conseil de sécurité des Nations unies. Cette fois, Luis MorenoOcampo a agi de sa propre initiative, mais fort du soutien affiché des Nations unies, de l’Union européenne (UE), des Etats-Unis, du médiateur pour le Kenya, ainsi

L’ONU, l’Union européenne, les Etats-Unis et certains Etats de la région craignent une reprise des violences avant les élections de 2012 que de certains Etats de la région, dont l’Ouganda et la Tanzanie, qui craignent une reprise des violences àl’approche des échéances électorales de 2012.

Depuis le dépôt d’une requête du procureur en vue de l’ouverture d’une enquête, le 26 novembre, plusieurs organisations non gouvernementales ont fait état d’intimidations répétées à l’égard de témoins. L’UE, les Etats-Unis et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’en étaient inquiétés. Ils avaientdemandé auKenya d’adopter des mesures de protection. Fin mars, le Parlement kenyan a adopté une loi en ce sens. Les juges de la CPI avaient aussi été invités à rendre une décision rapide afin que les témoins puissent être protégés. Plusieurs sources à la CPI et parmi les ONG, soulignent que les principaux le sont déjà. A Nairobi, l’UE s’est félicitée de la décision de la Cour, mais a affirmé que cela ne « change pas l’urgente nécessité [de créer] un tribunal spécial local pour juger les autres cas». Unprojet puis une proposition de loi sur ce thème ont été repoussés à deux reprises, en février et novembre 2009. p Stéphanie Maupas

Pékin Correspondant

L

a Chine serait désormais prête à « de sérieuses discussions» sur l’imposition de nouvelles sanctions économiques contre l’Iran, accusée de masquer un volet militaired’enrichissementdel’uranium derrière un programme nucléaire civil. L’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies, Susan Rice, a déclaré à la chaîne américaine CNN, mercredi 31 mars, que Pékin va se joindre prochainementaux discussions engagées par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU – France, Chine, Grande-Bretagne, Russie Etats-Unis) et l’Allemagne.

« Solution pacifique » Cette annonce coïncide avec la visite à Pékin du négociateur en chefiraniensur laquestionnucléaire, Saïd Jalili, jeudi 1er avril. L’ambassaded’Iran enChine aconfirmé cette arrivée sans préciser avec quels hauts responsables chinois va s’entretenir M.Jalili. La Chine, qui s’est associée à trois reprises à des sanctions limitées contre l’Iran entre 2006 et 2008, reste opposée à de nouvelles, même si elle ne devrait pas utiliser pas son droit de veto. La stratégie dePékin,qui plaidepourune«solution pacifique », est connue : la Chine défend tout à la fois le principe de non-intervention dans les affaires d’autrui et celui de la nonprolifération nucléaire. Dans le cas de l’Iran, elle estime que les preu-

ves d’un programme militaire nucléaire ne sont pas rassemblées et ne pense pas que le régime de Téhéran puisse arriver à se doter de la bombe atomique à court terme. La position chinoise semble cependant avoir récemment évolué : début mars, elle a appelé la République islamique à « renforcer » sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour « lever les doutes ». L’Iran est le troisième fournisseur de pétrole de la Chine, après l’Arabie saoudite et l’Angola. En 2009, Pékin et Téhéran ont signé des contrats pour développer des champs pétrolifères en Iran. La Chine fournit de grandes quantités de pétrole raffiné à Téhéran, qui ne dispose pas de capacités suffisantes. Pour la Chine, la place occupée par l’Iran sur les franges sud de l’Asiecentrale,nonloindelaprovince troublée du Xinjiang chinois, est en perçue comme non négligeable. Pour toutes ces raisons, la Chine doit ménager son allié iranien tout en évitant de s’aliéner les EtatsUnis et d’éviter un isolement diplomatique. Sur les sanctions, la tactique de Pékin semble consister à accepter la discussion tout en déployant des trésors de rhétorique pour retarder la décision. Surtout, comme le confiait la viceministre des affaires étrangères, Fu Ying, à un expert européen, la Chine fera tout son possible pour «atténuer » le plus possible la portée des sanctions quand ces dernières seront finalement imposées. p Bruno Philip

Egypte

Annulation du prix d’un festival de cinéma franco-égyptien Le festival franco-égyptien de cinéma « Rencontres de l’image » ne remettra pas de prix. Les membres égyptiens du jury ont démissionné pour protester contre la présence d’un film réalisé par une Israélienne dans le cadre de la Femis, la grande école parisienne de cinéma. Le Centre culturel français du Caire, où se tient la manifestation, et l’ambassade de France ont donc décidé, mercredi 31 mars, d’annuler la compétition. Le festival se limitera à un stage pratique de courtmétrage et à la projection de films français. En effet, le Centre national de la cinématographie égyptien a décidé de retirer l’ensemble des films qu’il présentait. L’affaire avait démarré par la démission d’un juré égyptien qui dénonçait la présence du court-métrage Presque normal réalisé par Keren Ben Rafael. Le festival et l’ambassade avaient retiré le film incriminé, avant de le réintégrer, à la demande du Quai d’Orsay. p Nathaniel Herzberg

Belgique

Nouvelles tensions entre francophones et Flamands BRUXELLES. La polémique entre les communautés francophone et flamande a été relancée en Belgique suite à l’annonce officielle par le ministre flamand de l’intérieur, Geert Bourgeois, qu’il ne nommerait pas trois bourgmestres (maires) francophones élus dans la périphérie de Bruxelles. Le ministre, membre du parti indépendantiste Nouvelle alliance flamande (NVA) leur reproche d’avoir fait distribuer des convocations électorales en français, ce qui est interdit même si les électeurs sont francophones. « Ce sont des pratiques dignes de l’Occupation allemande», a estimé Olivier Maingain, président des Fédéralistes démocrates francophones (FDF). Le litige, qui date de 2006, est l’un des principaux points de friction entre les deux communautés. Il illustre les divergences persistantes sur le sort institutionnel de l’arrondissement bilingue de Bruxelles. L’ex-premier ministre Jean-Luc Dehaene doit formuler prochainement des propositions. p Jean-Pierre Stroobants

Soudan

Le retrait d’un candidat menace la crédibilité de l’élection présidentielle Moins de deux semaines avant la tenue des élections générales prévues pour le 11 avril, l’ex-rébellion sudiste, le Mouvement de libération des peuples du Soudan (SPLM) a annoncé mercredi soir 31 mars le retrait de son candidat à l’élection présidentielle, Yasser Arman. Ces élections doivent permettre à 16 millions d’électeurs soudanais d’élire leurs représentants au niveau national, régional et local. Le candidat du parti au pouvoir, le général-président Omar Al-Bachir, poursuivi par la Cour pénale internationale, n’aurait donc aucune peine à se faire réélire mais la validité du scrutin se trouve remise en cause. Le SPLM, qui a justifié sa décision par des problèmes d’organisation préfigurant des fraudes et l’impossibilité de tenir un scrutin dans la région « en guerre » du Darfour, propose de participer aux élections dans le reste du pays pour préserver le référendum d’autodétermination du Sud qui doit avoir lieu en janvier 2011. p Jean-Philippe Rémy


Europe 9

0123 Vendredi 2 avril 2010

La Belgique s’apprête à interdire le port de la burqa dans l’espace public Le Parlement votera à la mi-avril une proposition adoptée à l’unanimité en commission

Dans le quartier de Linkeorever, à Anvers, en avril 2008. JIMMY KETS/REPORTERS-REA

Bruxelles Correspondant

L

es députés belges membres de la commission de l’intérieur de la Chambre ont adopté, mercredi 31 mars, une proposition qui bannit – sans les nommer – la burqa et le niqab de l’espace public. Il prévoit des amendes de 15 à 25 euros et/ou une peine de prison d’un à sept jours pour toutes les personnes qui se présenteraient « le visage masqué ou dissimulé » dans l’espace public. A savoir, les bâtiments des services publics, les trottoirs, les terrains de

sport, les jardins publics, les aires de jeux, les bâtiments à vocation culturelle, etc. Le texte sera voté en séance publique à la mi-avril. Déposé par les cinq partis de la majorité,il a rallié les suffrages de l’opposition, malgré des critiques de l’extrême droite xénophobe flamande et des écologistes francophones. La première réclamait un engagement clair de la ministre de l’intérieur quant à l’application des sanctions prévues, les seconds voulaient consulter leConseil d’Etat pouréviter lesrisques ultérieurs d’invalidation, tant par les juridictions admi-

nistratives que par la Cour constitutionnelle ou la Cour européenne des droits de l’homme. Le parti chrétien-démocrate flamand CD & V du premier ministre Yves Leterme a, quant à lui, obtenu qu’en cas de refus de poursuite par le parquet, les municipalités puissent infliger des amendesadministratives. Officiellement motivé par la nécessitéd’assurerlasécuritépublique et d’empêcher le port de «tout vêtement cachanttotalement ou de manière principale le visage », le texte traduit surtout la volonté des parlementaires de condamner la « radicalisation identitaire ». « Il fautbannir les signesde soumission et d’inégalité », estime Eric Thiébaut (PS). « Bannir la burqa, c’est donner un signal éthique, se montrer solidaire de toutes celles qui sontforcéesdelaporter,fairerespecter la dignité de la femme », explique Bart Somers (libéral flamand). Les références au débat français ont été nombreuses. S’appuyant sur le récent avis du Conseil d’Etat, Zoé Genot, écologiste francophone, a souligné les « fortes incertitudes » quant à la pertinence des mesures à prendre et quant aux véritables risques que représente le port du voile intégral. Denis Ducarme (libéral francophone) évoque, lui, son « grand respect » pour le Conseil d’Etat français mais estime qu’il appartient au monde politique de « prendre ses responsabilités ». M. Ducarme a dès lors évoqué sa « fierté » d’être un élu du « premier pays européen qui ose faire une telle démarche ». Avant le vote, des représentants des cultes avaient tenté de mettre en garde les députés contre toute mesure d’interdiction de signes religieux. Invoquant le respect de « droits fondamentaux », Isabelle Praille, vice-présidente de l’exécutif des musulmans, a parlé d’un « texte liberticide » et de « violence faite aux femmes ». Selon Mme Praille, le port du voile résulte généralement d’un choix et d’éventuels cas de contraintes ne peuvent justifier une interdiction générale. Mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai, s’est demandé quant à lui si l’Etat avait « réellement le droit » de réguler les signes de convictions religieuses.

Ces prises de position confirment les difficultés que rencontreront les élus pour légiférer sur le port du foulard islamique, comme le réclament des associations et des syndicats. Des parlementaires entendent désormais aborder cette question qui empoisonne depuis plusieurs années le débat public. Des problèmes récurrents se posent notamment dans les écoles où, faute d’une législation claire, les directions se trouvent contraintes de réagir au coup par coup. Certaines prohibent le port de tout signe religieux, d’autres les

«Il faut bannir les signes de soumission et d’inégalité»

Eric Thiébaut député socialiste

tolèrent. Divisés, y compris en leur sein, les principaux partis politiques tardent à prendre position. La polémique a été relancée récemment par un arrêt de la cour d’appel de Mons, qui a autorisé une enseignante du réseau public à porter le voile durant ses cours, dans un établissement de Charleroi. Le conseil municipal a réagi, lundi 29 mars, en adoptant un règlement qui interdit le port du voile à tout enseignant. La séance a été perturbée par la présence, dans l’assemblée, d’une femme vêtue d’une… burqa. p Jean-Pierre Stroobants

Les cambriolages préventifs des policiers d’Exeter

C

omment convaincre les gens de se barricader chez eux pour éviter les voleurs et autres personnages dangereux? Rien de plus simple. La police du Devon et de Cornouailles a eu une idée lumineuse : transformer ses officiers en cambrioleurs d’un jour. Et démontrer ainsi par A plus B aux inconscients qui laissent leurs fenêtres ouvertes ou leur porte déverrouillée qu’ils sont à la merci des délinquants. C’est dans le quartier étudiant de Saint James à Exeter (Devon) que les forces de l’ordre ont décidé de mener à bien leur expérience. Dans cette zone, justement, les vols ont augmenté ces derniers temps. Seize policiers – en uniforme pour ne pas effrayer leur victime au cas où celle-ci viendrait à les surprendre en flagrant délit – se sont donc tout bonnement introduits dans une cinquantaine de logements. Ils ont ramassé tout ce qu’ils pouvaient (ordinateurs, téléphones mobiles, lecteurs MP3…) dans des sacs, qui portaient l’inscription « swag bag », pour « sac à butin». Avant de les laisser en évidence au milieu de la pièce, accompagnés d’une notice sur les mesures de prévention à prendre pour éviter que des indélicats s’introduisent chez eux. Ce n’est pas la première fois que la police britannique – organisée à l’échelon régional – cherche à rappeler ses concitoyens à la vigilance. Mais jusqu’alors, elle avait utilisé des méthodes plus orthodoxes. Comme toquer brutalement contre des vitres ouvertes. Ou ouvrir des portes qui

n’avaient pas été fermées à clé et crier pour prévenir le résident de sa légèreté, quitte à le réveiller. A Exeter, elle a voulu, selon ses propres termes, « innover ». Mais tout le monde n’a pas apprécié l’opération. Un avocat du cabinet Foot Anstey Sollicitors a d’ailleurs fait savoir que l’affaire pourrait être portée en justice. Il s’agit d’« une intrusion chez quelqu’un sans autorisation », a expliqué Neil Scott. Avant de poursuivre : « Et si un policier s’était fait attaquer ? En théorie, tout le monde a le droit de se défendre en cas d’agression. Et que va-t-il se passer si [l’un de ceux qui s’est fait faussement cambrioler par la police] déclare qu’il lui manque quelque chose ? »

L’argent des contribuables La Taxpayers’Alliance, qui veille sur l’argent des contribuables, s’en est mêlée. « Les contribuables veulent que la police dépense leur argent en se battant contre de vrais criminels. Mais pas en entrant chez des gens respectueux des lois pour leur dire ce qu’ils doivent faire », a réagi son président, Matthew Eliott. « Cette initiative partait d’un bon sentiment, a commenté un porte-parole de la police du Devon et de Cornouailles. Nous reconnaissons que nos interventions ont pu sembler illégales. » Pour l’heure, aucune plainte n’a été déposée. Et les forces de l’ordre ont promis de ne pas recommencer. On ne les reprendra pas la main dans le sac. p Virginie Malingre (Londres, correspondante)

Plusieurs pays sont tentés de légiférer sous la pression de la droite populiste Au Danemark, après six mois de

débat, le gouvernement a décidé, le 28 janvier, de limiter l’usage de la burqa et du niqab dans les lieux publics. S’il ne les interdit pas pour ne pas enfreindre la Constitution, il encourage vivement les institutions publiques à tout faire pour en limiter l’utilisation et à appliquer strictement les règles existantes, qui devraient suffire, selon lui. Le gouvernement a aussi annoncé qu’il préparait un projet de loi punissant jusqu’à quatre ans de prison les personnes jugées coupables d’imposer le port de la burqa et du niqab. Trois femmes porteraient la burqa au Danemark et entre 150 et 200 le niqab, dont un tiers de Danoises converties à l’islam. Tout le débat sur la burqa a été qualifié de « farce» par l’opposition social-démocrate. Le gouvernement libéral-conservateur danois est minoritaire et ne demeure en place, depuis 2001, que grâce au soutien parlementaire de l’extrême droite. Aux Pays-Bas, où un débat difficile sur la place de l’islam est en cours depuis des années, le gouvernement de centre gauche s’est prononcé, en 2008, contre une interdiction générale, estimant qu’elle

contreviendrait au principe de la liberté religieuse et à des conventions internationales. En 2005, la deuxième chambre avait approuvé un texte du député populiste Geert Wilders visant à une interdiction généralisée. La proposition est restée sans suite. Un texte visant à une interdiction à l’école et dans la fonction publique a ensuite été élaboré. On estimait, en 2008, que 150 femmes portaient le voile intégral dans le pays. L’initiative belge va sans doute relancer les discussions alors que le Parti pour la liberté de M. Wilders a bien l’intention de placer la question de l’islam au cœur de la campagne électorale qui s’ouvre, avant les élections législatives du 9 juin. Celui qui est désormais son principal rival, Job Cohen, chef du Parti travailliste et ancien maire d’Amsterdam, a, de son côté, exprimé son « aversion » pour le voile intégral mais estimé que son interdiction était difficile à envisager. M. Cohen avait toutefois proposé, dans sa ville, la suppression des indemnités de chômage pour les femmes voilées qui refuseraient un emploi au nom de leurs convictions. M. Wilders a, lui, parlé d’une taxe pour toutes les musulmanes portant le voile,

intégral ou non, dans l’espace public. En Italie, une loi datant de 1975, soit des « années de plomb » de la lutte contre le terrorisme, interdit de se couvrir le visage en public. C’est sur ce texte que des maires de la Ligue du Nord se sont appuyés, ces dernières années, pour promulguer des arrêtés visant les femmes portant la burqa ou le niqab. En octobre2009, le débat a été relancé par une proposition de loi de la Ligue du Nord et du Peuple de la liberté (PDL), le parti de Silvio Berlusconi, pour introduire dans le texte de 1975 une référence explicite au voile intégral : « Tous ceux qui, pour des raisons liées à leur appartenance religieuse, rendent difficile ou impossible leur identification», deviendraient passibles d’une peine de prison de deux ans et de 2 000 euros d’amende. L’opposition de gauche, elle, a déposé une proposition de loi afin que l’interdiction du voile ne soit pas valable en cas de « motivation religieuse » et lorsque la personne couverte est disposée à se laisser identifier. Selon un récent sondage, 71 % des Italiens sont favorables à l’interdiction du voile. p De nos correspondants en Europe

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0123 Vendredi 2 avril 2010

Nicolas Sarkozy exclut tout changement de politique Le président de la République veut instaurer un rendez- vous mensuel avec les parlementaires de l’UMP

F

in de la séquence post-régionales. Mercredi 31 mars, en fin d’après-midi, les députés de l’UMP se sont rendus à l’Elysée. Après trois séances successives de «psychothérapie de groupe», d’expression de leur malaise et de leur besoin d’écoute, ils ont été traités par Nicolas Sarkozy, qui s’est chargé de doucher leurs ardeurs. « Nous ne changerons pas de politique économique », leur a dit d’emblée le chef de l’Etat, s’adressant tout particulièrement aux partisans d’une « suspension » ou d’un « aménagement » du bouclier fiscal. « N’y touchez pas ! », leur a-t-il lancé, tout en n’excluant pas qu’un « petit effort » puisse être demandé au moment de la réforme des retraites. Comprenne qui pourra. M. Sarkozy a brièvement évoqué l’autre sujet d’actualité qui accapare les députés de l’UMP : la question du voile intégral. « On va légiférer sur la burka », a-t-il répété, sans entrer dans le détail des modalités. « Mais ce n’est pas ce qui va permettre aux gens de retrouver du travail », a-t-il ajouté, comme pour signifier que ce n’était peutêtre pas, non plus, la priorité des priorités. Sagement, les députés de l’UMP ont écouté le long préambule – vingt minutes – du président de la République, qui prendra encore tout son temps pour répondre au peu de questions – six – qui lui seront adressées. En tout, sur l’heure et demie qu’aura duré l’« échange », une heure et vingt minutes de discours présidentiel. Au côté du chef de l’Etat, un premier ministre, François Fillon, muet, réduit à opiner du chef lorsque M. Sarkozy évacue d’une phrase la malveillance de la presse au sujet de leurs rapports : « J’ai une totale confiance en lui. Ce ne sont pas les journalistes qui nous

sèchement : « Je ne suis pas là pour être aimé ou mal aimé ; je suis là pour faire. » Pour finir, avant d’inviter les députés à prendre le buffet d’assaut, il leur dit tout le « plaisir » qu’il aurait à les revoir tous les mois, « si Jean-François [Copé] en est d’accord ». Là, c’est le chef du parti UMP qui reprend la main. Supportant mal d’entendre les députés s’épancher de leurs infortunes et n’accordant qu’une confiance modérée au chef du gouvernement et aux présidents de

« Je ne suis pas là pour être aimé ou mal aimé ; je suis là pour faire »

Nicolas Sarkozy

brouilleront. » Applaudissements retenus afin de ne pas froisser un président de la République qui n’a toujours pas digéré la « standing ovation » réservée par les députés, une semaine plus tôt, au premier ministre. La séance élyséenne n’avait pas pour fonction de « câliner » les parlementaires mais, d’abord, d’endiguer leurs états d’âme en leur montrant un président de la République déterminé à « ne rien lâcher sur le fond », ainsi que l’analyse un des responsables de la majorité. « Les Français ont besoin

Une réflexion est ouverte au sujet du bouclier fiscal « Ne changez rien au bouclier fiscal », a redit mercredi 31 mars le chef de l’Etat aux élus de la majorité. Alors que le PS s’apprête à déposer une proposition de loi visant à le supprimer, Nicolas Sarkozy ne veut pas assumer une reculade sur ce sujet symbolique. Derrière l’intransigeance, une réflexion est néanmoins ouverte : si le gouvernement devait, dans le cadre de la réforme des retraites, demander un effort supplémentaire aux Français, il pourrait faire en sorte que les bénéficiaires du bouclier fiscal n’en soient

pas exonérés. « Je me réserve le droit de demander un petit effort aux Français, on verra au moment des retraites», a dit Nicolas Sarkozy en précisant encore « si on touchait au bouclier fiscal, je choisirais moimême le terrain, le moment et l’enjeu ». Cela rejoint la préoccupation de nombre d’élus UMP. Gilles Carrez, rapporteur budget de l’Assemblée nationale, suggère que le supplément de CSG qui pourait être demandé ne soit pas pris en compte dans le bouclier fiscal.

Un cycle de rencontres Freud et la psychanalyse Qu’est-ce que la psychanalyse ? Rencontre avec Jean-Pierre Chartier et Pierre Pellegrin

Fnac Bordeaux - 3 avril à 16h Des mots pour le dire Rencontre avec Claude Halmos et Jacques André

Fnac Saint-Lazare / Paris - 6 avril à 17h30 Pourquoi Freud ? Rencontre avec Elisabeth Roudinesco et Thomas Wieder

de stabilité, de repères et de solidité. Nous sommes dans une période où il ne faut ni autisme ni sur-réaction », a expliqué M. Sarkozy. Pas question, par conséquent, de «donner le sentiment qu’on change de cap ». « Ce serait une folie, a-t-il insisté. La politique du gouvernement, ce n’est pas celle du bouchon de liège dans la tempête. » Aux parlementaires en proie aux doutes, il intime la recommandation de se « calmer ». Pour lui, le résultat des élections régionales ne constitue pas une surprise. Cela correspond aux difficultés classi-

ques auxquelles est confronté le pouvoir dans des « élections de mid-term », analyse-t-il, comparant sa situation à celle de Barack Obama, avec qui il vient de s’entretenir. Il consent cependant à prendre sa « part de responsabilité », tout en demandant aussitôt aux députés de s’interroger sur la leur. « Je ne suis pas du genre à me cacher, poursuit-il, dans ce style qui lui est propre. Quand on est dans la difficulté, les Français regardent si on bosse et si on est courageux. » La leçon, c’est de se remettre au

travail sans tarder et d’en finir avec les critiques qui s’étaient exprimées, après les régionales, sur la stratégie électorale dictée par l’Elysée. Pour beaucoup d’élus, les listes d’« union » n’avait pas de réalité sur le terrain. «Pas de fermeture, pas de bunkérisation, pas de règlements de comptes », prévientil. A Jacqueline Irles, députée des Pyrénées-Orientales, qui, timidement, osait évoquer le « désamour » dont serait l’objet le président de la République de la part des Français, ce dernier répond

groupe pour les tenir en main, il préfère les avoir en direct. Cependant, tout semble repartir comme avant. Mardi, faute de mobilisation de la majorité, l’UMP a frôlé l’accident industriel – un « Hadopi bis » – avec le projet de loi sur les jeux d’argent en ligne. Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer et le président du groupe UMP, M. Copé, après la « trêve » des régionales, recommencent à se glisser allègrement des peaux de banane. Les députés « sarkozystes », ou ce qu’il en reste, tentent de s’organiser sous la férule du ministre de l’industrie, Christian Estrosi. Mais Thierry Mariani, « sarkozyste historique », claque la porte, furieux de ne pas être entré au gouvernement, disant en avoir assez d’être « pris pour un con ». « C’est comme dans le film La Haine, observe un des plus hauts dignitaires du « sarkoland ». Jusque-là, tout va bien… » p Patrick Roger

La reprise en main de la majorité, priorité du chef de l’Etat Eclairage AU PLUS BAS dans l’opinion, contesté par les parlementaires, Nicolas Sarkozy tente de renouer directement le fil avec sa majorité. Désormais, députés et sénateurs seront conviés une fois par mois à l’Elysée. Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, et le premier ministre ne géreront plus seuls le moral des troupes. Son prédécesseur Jacques Chirac avait toujours su flatter l’encolure de ses parlementaires. Le chef de l’Etat qui a filé la métaphore marine à l’Elysée, mercredi, a compris qu’il fallait colmater les digues. A trop rabrouer les élus, le capitaine a fait naître un vent de grogne et un doute sur sa capacité à mener les parlementaires à la victoire en 2012. La reconquête tient de l’équilibrisme: M. Sarkozy doit envoyer des signesà l’opinion et à sa majori-

té sans donner l’impression de renier ses engagements.Le risque, pense-t-il, serait grand de se couper avec le cœur de son électorat, resté fidèle, en particulier celui du monde de l’entreprise. La taxe carbone qu’il avait présentée comme une «révolution » comparable à l’abolition de la peine de mort ? Rejetée par l’opinion, la mesure a été conditionnée à une harmonisation des législations européennes, pour ne pas pénaliser la compétitivité des entreprises françaises.Mais l’Elysée assure qu’elle sera bien instaurée. Le bouclier fiscal, mesure emblématique du début du quinquennat? M. Sarkozy affirme qu’il ne «cédera» pas aux demandes d’abandon, mais il entrouvre la porte d’une inflexion, peut-être à l’occasion de la réforme des retraites. L’ouverture à gauche, si décriée par les électeurs de droite? M. Sarkozy défend sa stratégie au nom du refus du sectarisme, tout

en la suspendant.Aucune nouvelle personnalité de gauche n’a été appelée au gouvernement lors du remaniement, pas même pour remplacer le sortant Martin Hirsch.

« Pas contre nous » Cela étant, le président de la République refuse de «payer la facture» de la défaite alors que, souligne-t- il, il n’a pu s’impliquer pleinement dans la campagne, laissant son premier ministre en première ligne. Pour relativiser la sanction des urnes, M. Sarkozy évoque encore l’exemple de Silvio Berlusconi, guère mieux dans l’opinion, mais épargné par un scrutin à un seul tour.Le vrai message des régionales, ce n’est pas, selon lui, un désaveu de son action: «C’est la crise » qui inquiète les Français. « 53% des Français n’ont pas voté, ils ne sont pas contre nous », a t-il tenté de rassurer les parlementaires.

Face aux sondages qui ne le créditent plus que de 28% de confiance (baromètre TNS Sofres pour Le Figaro Magazine), M. Sarkozy promet « stabilité », « repères », «solidité». Le rendez-vous mensuel des parlementaires à l’Elysée n’est pas une bonne nouvelle pour François Fillon.Même si le chef de l'Etat assure travailler dans « une totale confiance» avec lui, le premier ministre devra désormais partager ses prérogatives de chef de la majorité. « C’est une nouvelle étape de la présidentialisation du régime », analyse un responsable de l’UMP. Dans un entretien à L’Express, Jean-Pierre Raffarin s’inquiétait de «l’impasse institutionnelle » créée par «l’hyperprésidence » de M. Sarkozy.L’ancien premier ministre préconisait soit un retour à l’esprit de la Ve République, soit une évolution vers un régime présidentiel, avec suppression de la fonction de premier ministre. p Sophie Landrin

Fnac Ternes / Paris - 9 avril à 17h30 Psychanalyse et religions Rencontre avec Julia Kristeva

M. de Villepin veut «apporter des choses aux gens qui souffrent»

Fnac Montparnasse / Paris - 10 avril à 16h Lire Freud Rencontre avec Jean-Michel Quinodoz

Fnac Lyon Bellecour - 16 avril à 17h30 Psychanalyse et démocratie Rencontre avec Roland Gori

Fnac Italie 2 / Paris - 23 avril à 17h30 Peut-on traduire Freud sans le trahir ? Fnac Saint-Lazare / Paris - 26 avril à 17h30 La représentation de Freud et de la psychanalyse au cinéma Rencontre avec Elisabeth Roudinesco, Benoit Jacquot et Jean-Luc Douin

Fnac Forum / Paris - 28 avril à 17h Psychanalyse et création Rencontre avec Philippe Grimbert et François Gantheret

Fnac Montparnasse / Paris - 29 avril à 17h30 Peut-on construire une société sans croyances ? Rencontre avec Daniel Friedmann, Henri Rey-Flaud et Roland Gori

Fnac Montpellier - 30 avril à 17h30

Conception graphique © 2009 Editions Montparnasse – Design Marg’o – Photo © DR.

Rencontre François Robert et Jean-Claude Capèle

P

ull marin et cheveux frisés, Aziza Naji lève les yeux au ciel. A quelques mètres, Dominique de Villepin, voix posée, exprime dans un micro son désir d’« apporter des choses à des gens qui souffrent, qui désespèrent de la politique ». En dépit du cadre chaleureux qu’offre le Café de la place, dans le 18e arrondissement, la trentenaire regrette d’être venue. « On dirait une conférence de presse ! Il y a plus de journalistes que de gens pour le débat. Il fait son show. Et puis il n’y a même pas d’échange. » C’est Azdine Ouis, son ami conseiller municipal de

Corbeil-Essonnes, qui l’a invitée à cette rencontre entre l’ancien premier ministre, les élus et des membres d’associations de banlieue. L’élu sans étiquette, « 100 % Villepiniste » depuis le discours anti-guerre en Irak de 2003 à l’ONU, s’est vu confier avec Sidi Elhaimer, adjoint au maire de Mantes-la-Jolie (Yvelines), la tâche de prendre des initiatives dans les quartiers. « M. de Villepin est un ennemi de Sarkozy, et dans les quartiers, on ne veut plus entendre parler du président », assure le jeune homme, qui promet que la prochaine rencontre se déroulera à la cité des Tarterêts

(Corbeil-Essonnes). Une cinquantaine de personnes, serrées sur la banquette ou debout à l’entrée du bistrot, désespèrent d’apercevoir l’ancien premier ministre derrière le parterre de caméras.

Elle saisit sa main De son côté, M. de Villepin ne ménage pas ses efforts pour montrer qu’il se préoccupe des banlieues. Parmi ses propositions aux allures de programme de campagne, figurent notamment la création d’un Pôle emploi adapté aux banlieues ou l’accueil d’activités économiques dans les rezde-chaussée des immeubles. L’an-

cien premier ministre a aussi dénoncé le débat sur l’identité nationale « qui donne le sentiment d’une République à deux vitesses (…) équivoque et incertaine ». Avant de tenter de capitaliser sur la fronde de la majorité face au bouclier fiscal. « A un moment où on demande plus d’efforts à chacun, les Français sont en droit d’avoir une juste répartition des efforts. » Fin du débat. Pas rancunière, Aziza Naji court se faire prendre en photo au côté de l’orateur. Pour cet instant, elle saisit sa main, et installe un sourire. p Léa Giret


France 11

0123 Vendredi 2 avril 2010

Elections étudiantes

Le contentieux financier s’alourdit entre l’Etat et les départements

L’UNEF arrive en tête avec 67 sièges, malgré une baisse de son score

Accusant l’Etat de ne pas tenir ses engagements, des présidents de conseils généraux de gauche etde droite vont poser auprès du juge administratif la «question prioritaire de constitutionnalité»

L

es différends s’aggravent entre l’Etat et les départements. Le président (PS) du conseil général de Seine-SaintDenis, Claude Bartolone, a engagé une procédure devant le Conseil d’Etat pour obtenir le respect des engagements de transferts financiers et de personnels inscrits dans la loi du 11 février 2005 lors de la création des Maisons départementales du handicap. Dans une série de quatre recours déposéslundi29 mars, l’élu réclame à l’Etat la somme de 418 232 euros pour l’année 2008. Mais, selon lui, c’est l’équivalent de 700000 euros qui manquent chaque année pour traiter un peu plus de 30 000 dossiers.Alorsqueleservicefonctionne avec 56 personnes, l’Etat ne garantit que l’équivalent de 30 postes. Ce déficit persistant dans la politique du handicap n’est pas le seul

grief formulé par M. Bartolone. A quelquesjours de l’examen du budget du département, le 8 avril, il chiffre à 640 millions d’euros la « dette » de l’Etat accumulée depuis 2003 à l’égard d’un département qui additionne les difficultés sociales. Alors que les recettes fournies par les droits de mutations fondent, les dépenses sociales, notamment du RMI et du RSA, explosent : 312 millions d’euros. « Nous allons être contraints de réduire les services publics et les dépenses non obligatoires », dit le président du conseil général qui cible,en premier lieu, l’action culturelle. Le cas de la Seine-Saint-Denis est loin d’être isolé. Selon l’Association des départements de France (ADF), une trentaine de conseils générauxseraient en situationdélicate. « Les départements sont les

seules collectivités à être chargées de la gestion d’allocations contraintes et normée selon l’âge et la condition des personnes », relève Pierre Jamet, directeur général des services du conseil général du Rhône. Chargé d’une mission d’évaluation par le premier ministre François Fillon, son rapport est attendu vers le 15 avril.

Pas de marge Qu’il s’agisse du revenu minimumd’insertion(RMI)etdurevenu de solidarité active (RSA), de la prestation de compensation du handicap (PCH) ou de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), les départementsn’ont de marge ni sur le montant de ces allocations ni sur le nombre de bénéficiaires. « Lors de la création de l’APA en 2003, le nombre de bénéficiaires était évalué à 800000àl’échéancede2010.Laréa-

L’impact de la crise sur les finances publiques A SUR LE BESOIN DE FINANCEMENT DE L’ÉTAT en milliards d’euros 2007

– 39,7

2008

A SUR LA DETTE PUBLIQUE (au sens de Maastricht) en milliards d’euros

1 489

2009

1 315,1

– 55,5 1 208,9 – 117,6

A SUR LE BESOIN DE FINANCEMENT DE LA PROTECTION SOCIALE, en milliards d’euros 2007

2008

– 0,2

– 0,9

2009

2007

2008

A SUR LES TAUX DE PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES 43,2

2008

– 8,7

41,3

2009

– 5,6

2007

2008

2009

SOURCE : INSEE CONJONCTURE, 31 MARS 2010

La forte dégradation des comptes sociaux LE BESOIN de financement des administrations de Sécurité sociale (y compris Unedic et caisses de retraite complémentaire) est passé de – 900 millions d’euros fin 2008 à – 25 milliards fin 2009. Cette dégradation spectaculaire est largement due à la récession qui

a fait fondre les recettes tirées des impôts et des cotisations, tandis que les dépenses explosaient. Les régimes ont tous basculé dans le rouge en 2009. En un an, la dette publique au sens de Maastricht s’est accrue de 10 points, passant de 67,5 % à 77,6 % du PIB. p

Pierre Moscovici est décidé à «clarifier» certaines positions du PS sur l’économie Le député préside la première convention sur le projet socialiste

P

assée l’allégresse de la victoire, le Parti socialiste (PS) s’apprête à mettre en chantier la rénovation de son mode de fonctionnement mais aussi de son corps de doctrine. Chargé de présider la convention consacrée à la définition d’un « nouveau modèle de développement », Pierre Moscovici va essuyer les plâtres de cette vaste entreprise qui doit constituer «le socle » du projet socialiste mais risque aussi de mettre à l’épreuve la belle unanimité post-élections régionales qui règne au PS. Devant le bureau national du 6 avril, M. Moscovici présentera les travaux des treize ateliers constitués en décembre 2009. Le député duDoubs, quise dit «intéressé »par une participation aux primaires socialistes, veut imprimer sa marqueet menerlesdébats–quis’achèveront le 29 mai – à sa manière. Décidé à « ne pas évacuer un certain nombre de clarifications », l’ancien ministre de Lionel Jospin prévient qu’il refusera « d’endosser une synthèse molle ». Selon lui, « les socialistes sont d’accord à 85 % » sur le contenu à donner aux trois thèmes abordés par la

Les agences régionales de santé font leur apparition Les agences régionales de santé (ARS) ont été officiellement créées, jeudi 1er avril, après la nomination des directeurs généraux en conseil des ministres la veille, parmi lesquels l’ancien ministre socialiste Claude Evin pour l’Ile-de-France. Ces nouvelles entités émanent de la loi Hôpital, patients, santé et territoires votée en 2009. Elles ont pour mission d’améliorer le pilotage du système de santé, en chapeautant tous ses acteurs (hôpital, médecine de ville, maison de retraite, caisses d’assurance-maladie, directions des affaires sanitaires et sociales), afin de casser les barrières existantes. Elles auront ainsi un rôle-clé dans la réorganisation des flux entre l’hôpital et les soins de ville, et le dossier délicat de la restructuration hospitalière.

Immigration Evacuation d’un immeuble parisien occupé par des travailleurs sans papiers Un immeuble du 6e arrondissement de Paris, occupé depuis décembre 2009 par quelque 250 travailleurs sans papiers en grève pour leur régularisation, a été évacué jeudi 1er avril « dans le calme » par les forces de l’ordre. Les occupants, majoritairement des Africains, travaillent pour la plupart dans le secteur du bâtiment. – (AFP.)

Violences Le vigile d’un magasin retrouvé mort dans un canal à Bobigny Le vigile d’un magasin, porté disparu mardi 30 mars après une altercation avec des clients, a été retrouvé mort mercredi 31 dans le canal de l’Ourcq, à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Six personnes âgées de 19 à 27 ans sont placés en garde à vue depuis mardi soir. Une autopsie du corps de la victime doit être pratiquée, jeudi 1er avril, pour déterminer avec précision les circonstances de la mort. – (AFP.)

42,9

A SUR LE BESOIN DE FINANCEMENT DES COLLECTIVITÉS LOCALES, en milliards d’euros 2007

Santé

en % du PIB

– 25

– 7,6

2009

lité dépasse 1 100 000 personnes », reconnaît M.Jamet. Endécembre2009,ArnaudMontebourg, le président (PS) du conseil généraldeSaône-et-Loireavaitobtenu gain de cause auprès du Conseil d’Etat à propos de la prise en charge des dépenses de protection de l’enfance. La haute juridiction administrative avait donné quatre mois à l’Etat pour créer le fonds destiné à couvrir les dépenses transférées aux départements. M. Montebourg s’apprête à récidiver. A la tête d’un groupe de travail de l’ADF incluant quatre autres présidents de conseils généraux de gauche – Côte-d’Armor, Meurtheet-Moselle,Territoirede Belfort,Valde-Marne –et deux UMP – la HauteLoire et la Meuse –, il envisage de soulever la « question prioritaire de constitutionnalité». L’engagement de cette nouvelle procédure auprès d’un juge administratif, qui devrait être annoncée mardi 6 avril, vise à vérifier que « l’autonomie des collectivités locales», selon l’article 61-1 de la Constitution, est bien respectée dans l’application des lois de décentralisation et des moyens correspondants. Alors que le gouvernement a confirmé sa volonté de poursuivre la réforme des collectivités territoriales, l’éclairagedes hautes juridictions du Conseild’Etat oude la Cour de cassation devrait être fort utile dans le rapport de force qui oppose l’Etat aux élus.p Michel Delberghe

L’Union nationale des étudiants de France (UNEF, gauche) a remporté les élections, organisées entre le 22 et le 30 mars, des représentants des étudiants aux conseils d’administration des centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous). Avec 67 sièges sur 196, l’UNEF précède les « divers » (48) et la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE, 40). Mais elle fait bien moins qu’en 2008 (81 sièges) tandis que la FAGE double quasiment la mise (22 sièges en 2008). Par ailleurs, la droite universitaire n’a pas réussi son pari : la transformation en janvier de l’Union nationale interuniversitaire (UNI) en Mouvement des étudiants (MET) s’est traduit par une perte de la moitié des sièges (6 contre 13 en 2008). L’abstention, enfin, reste très élevée : le taux de participation aux principales élections étudiantes est de 7,80 %, stable depuis 2002. p Benoît Floc’h

convention (« un nouveau modèle d’éco-développement », « relancer le progrès social » et « réhabiliter l’intervention publique »). Plutôtque de voir s’opposerplusieurs textes, M. Moscovici souhaite isoler les points de divergence que les militants auront à trancher. D’après lui, ceux-ci portent sur l’appréciation des contraintes budgétaires imposées par la crise, le périmètre du secteur public (notamment la gestion de l’eau par les communes), le libre-échange et l’Europe. De leur côté, les représentants de la gauche du parti (motion Hamon-Emmanuelli), présents dans les groupes de réflexion consacrés à la politique fiscale et auxservicespublics,ont déjàélaboré des textes concurrents, afin de marquer leur désaccord.

Programme chargé et animé En coulisses, certains critiquent M. Moscovici et évoquent « une prochaine reprise en main » de la convention par la première secrétaire. « Le cahier des charges ne consistait pas à étaler nos divergences mais à les dépasser », s’inquiète un dirigeant. « On reproduit les cli-

vages anciens sans introduire de problématique nouvelle », déplore un député socialiste. Autre sujet de friction : le député du Doubs souhaite que les rapports des groupes de travail soient intégralement mis en ligne sur le site Internet du parti, même si ces textes n’engagent pas, à ce stade, le PS. A ses détracteurs, M. Moscovici répond qu’il « travaille en bonne intelligence avec Martine Aubry », et assure de sa volonté de tenir le cap du « réformisme assumé ». « Méfions-nous de l’argument du “ne nous divisons pas” : il risque de congeler les débats », prévient l’exministre des affaires européennes, qui présentera le 20 avril un projet de texte devant le bureau national. La semaine précédente, la commission de la rénovation présidée par Arnaud Montebourg se sera prononcée sur les très controversées questions de l’organisation des primaires ouvertes, du déroulement des congrès, des règles éthiques et du non-cumul des mandats. Pour les socialistes, le programme s’annonce chargé et, probablement aussi, animé. p Jean-Michel Normand

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Contre-enquête France

0123 Vendredi 2 avril 2010

Le quartier du Grand Ensemble, à Tremblay-en-France. HERVÉ LEQUEUX POUR « LE MONDE »

K Commentlestraficsdedrogue empoisonnent-ilslavied’unecité? K Pourquoi la situation s’est-elle dégradée si vite à Tremblay-en-France? K La politique sécuritaire a-t-elle failli? Décodage VA L- D’O I S E

Tremblayen-France

Sevran

Saint-Denis

S E I N E- SA I N T- D E N I S

HAUTS-DE-SEINE

Bobigny Le Raincy

Paris

VA L- D E- M A R N E 4 km

SEINE-ET-MARNE

Aéroport RoissyCharles De Gaulle

C

’est l’histoire d’une ville riche et paisible qui connaît une lente descente aux enfers. Tremblayen-France, 35 000 habitants, au nord de la Seine-Saint-Denis, a toujours étéconsidéréecomme uneville calme, forte des immenses ressources fiscales procurées par l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. Mais, depuis un an, le quartier populaire de la ville, où vivent 8 000 habitants, subit une dégradation exceptionnelle de son environnement. Trafic de stupéfiants, émeutes, voitures brûlées, violences dans lescollèges et règlementsde comptes : la dérive dépasse largement lesimages spectaculaires surla drogue diffusées lundi 29 mars par TF1 dans le cadre de l’émission « Haute définition ». Car l’évolution récente de ce quartier de Tremblay, que

Le Monde observe depuis près d’un an, témoigne des dégâts causés par les trafics en tout genre et illustre l’irruption de phénomènes de violence urbaine dans des territoires auparavant peu touchés. Des adolescents en rupture. La ville était jusque-là restée dans l’anonymat, à l’ombre de ses grandes sœurs du « 9-3 », comme Sevran, Stains ou La Courneuve. Le reportage diffusé dans l’émission a évidemment provoqué un choc : le documentaire montre le quotidien d’habitants confrontés à des trafics de stupéfiants dans leurs immeubles. On y voit des dealers, parfois cagoulés, attendre les clients, alors que les « guetteurs » filtrent les entrées – une situation courante dans des centaines de sites en Ile-de-France. Le documentaire a été réalisé avec l’accord des dealers, avertis de la présence de la caméra. Des « grands frères » du quartier ont

en effet servi d’intermédiaires, sans toucher de rémunération. Leur idée, explique l’un d’eux au Monde, était de « montrer la gravité de la situation des adolescents en rupture ». Avec la volonté de mettre en avant le point de vue du quartier sur la drogue, pas seulement celui de la police, comme dans la plupart des reportages. La police a refusé de répondre aux questions des journalistes dans le documentaire tourné en décembre 2009. Mais un haut responsable de la police judiciaire (PJ) a accepté de les commenter sur le plateau. La police a ainsi pu visionner le reportage plusieurs jours avant sa diffusion au moment de l’enregistrement. Et découvrir, à l’avance, que le reportage donnait une vision très critique sur la réalité de la lutte contre la drogue. Le ministère de l’intérieur a-t-il voulu désamorcer cette bombe médiatique ? Ou les policiers ont-ils

craint que le documentaire nuise à leurs enquêtes sur Tremblay, lancées en octobre 2009 ? Descente de police. Toujours estil que, lundi 29 mars, une douzaine d’heures avant l’émission, la police est intervenue, interpellant quatre personnes et saisissant 980 000 euros, des stupéfiants et des armes. Un résultat exceptionnel mais totalement inattendu : quelques jours plus tôt, un responsable de la PJ assurait au Monde que Tremblay constituait une cible secondaire. L’enquête initiale avait d’ailleurs été confiée au commissariat local – et non à la PJ, qui se réserve généralement les dossiers les plus importants. Ce que les Français ont découvert sur les écrans, les habitants de Tremblay le dénonçaient, sans succès, depuis de longs mois : eux connaissent parfaitement les adresses des principaux points de vente de drogue.


Contre-enquête France

0123 Vendredi 2 avril 2010

Le mauvais bilan du tout-répressif Analyse

L

e terme avait provoqué une violente polémique. En promettant, à la Courneuve, le 20 juin 2005, de nettoyer certaines cités au « Kärcher », le ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, avait suscité de vives critiques. Il avait récidivé, quelques mois plus tard, promettant, sur la dalle d’Argenteuil, le 6 novembre, de débarrasser les habitants des « racailles ». Avec une promesse, répétée, maintes et maintes fois, en tant que ministre, puis comme président de la République : « Aucune rue, aucune cave, aucune cage d’escalier ne doit être abandonnée aux voyous. » Cinq ans plus tard, au-delà des critiques sur la forme, le bilan de la mise en œuvre de cette promesse politique apparaît médiocre. Le gouvernement continue certes de présenter, de façon favorable, les statistiques globales de la lutte contre l’insécurité, en établissant une comparaison avec les résultats du gouvernement Jospin entre 1997 et 2002. Mais l’analyse détaillée des statistiques officielles, notamment en ce qui concerne les quartiers sensibles, livre un bilan nettement moins favorable. D’abord, parce que ces territoires sont toujours plus touchés par les violences sur les personnes, la partie de la délinquance la plus problématique. Ensuite, et surtout, parce que les pouvoirs publics butent toujours sur les trafics de stupéfiants, le point noir de la criminalité dans les cités sensibles. Notamment le trafic de canna-

« Aucune rue, aucune cave, aucune cage d’escalier ne doit êtreabandonnée aux voyous »

Nicolas Sarkozy, le 28 mai 2009

tés plus faibles. Des équipes autonomes qui compliquent le démantèlement des plus gros réseaux. Certaines cités ont aussi en place des organisations complexes avec guetteurs, vendeurs cagoulés et « nourrices » – des habitants inconnus des services de police, donc plus difficiles à identifier –, chargées de stocker la drogue. Le dernier rapport de l’Observatoire national de la délinquance pointe ainsi l’émergence de groupes « de plus en plus structurés et professionnalisés ».

Les quantités saisies de cannabis en tonnes

108 100 80 60

40 20 0 1996 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 SOURCE : OCRTIS

La chaîne de distribution du cannabis en France

Les « semi-grossistes » entre 600 et 1 500

Les « revendeurs » de premier niveau entre 6 000 et 13 000

Les « revendeurs » de second niveau entre 60 000 et 125 000

Profit brut * annuel : de 250 000 à 550 000 euros

Profit brut * annuel : de 35 000 à 77 000 euros

Profit brut * annuel : de 4 500 à 10 000 euros

* Avant partage entre participants, coûts de stockage et de distribution SOURCE : LE TRAFIC DE CANNABIS EN FRANCE, C. BEN LAKHDAR, OFDT, NOVEMBRE 2007

Interpellations pour usage de stupéfiants 150

147 927 133 160

120 Total dont cannabis

bis, le plus courant, qui gangrène la vie de certains quartiers. En 2004, les forces de l’ordre avaient réussi à saisir le chiffre record de 110 tonnes. Cinq ans plus tard, alors que la consommation n’a pas faibli, les stocks saisis sont presque deux fois plus faibles : à peine 60 tonnes en 2009, soit le niveau des années Jospin. La police explique que les méthodes des trafiquants ont évolué. Des volumes transpor-

90

60

30

0 1995 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 SOURCE : OCRTIS

Chaque réseau démantelé est immédiatement remplacé par un réseau concurrent Le problème de fond, pour la police, est la conjonction d’une demande de cannabis toujours aussi importante (1,2 million de consommateurs réguliers) et d’une offre pléthorique. Dans un contexte de crise sociale, où plus de 40 % des hommes de moins de 25 ans issus des zones urbaines sensibles sont au chômage, chaque réseau démantelé est immédiatement remplacé par un réseau concurrent. Car, de l’avis de nombreux élus, le cannabis représente une manne financière essentielle dans la survie économique des quartiers les plus fragiles. Non pas tant pour les patrons des trafics – peu nombreux mais qui gagnent des sommes colossales –, que pour les « petites mains » – très nombreuses mais qui ne gagnent que des sommes limitées. Au total, selon la dernière étude publiée par l’Observatoire français des drogues et de la toxicomanie (OFDT), le marché du cannabis représenterait 800 millions d’euros annuels, dont une bonne partie irrigue les quartiers. Reste enfin la question des « violences urbaines » pour laquelle le bilan n’est pas plus favorable. Le nombre d’incendies de véhicules est resté globalement au même niveau qu’en 2005, l’année des émeutes, pourtant considérée comme exceptionnelle. Même chose pour les affrontements avec la police : 2005 s’était caractérisée par une poussée de tensions inédite. Mais depuis cette date les violences ne sont jamais redescendues, avec 12 000 atteintes physiques et verbales par an. p L. Br.

13

A Sevran, le maire se dit favorable à la dépénalisation du cannabis Stéphane Gatignon s’interroge sur «l’efficacité de la politique de prohibition»

Zoom

D

épénaliser le cannabis pour réduire les trafics ? C’est la thèse que défend un élu local en première ligne sur le sujet, le maire de Sevran, Stéphane Gatignon, qui a récemment quitté le Parti communiste pour devenir tête de liste Europe Ecologie dans le département pour les élections régionales. Il appelle à un débat sur « l’efficacité de la politique de prohibition ». « Il faut qu’on ose aborder le sujet parce qu’on est aujourd’hui dans l’hypocrisie complète », résume-t-il. Sa commune de 51 000 habitants, située en Seine-Saint-Denis, fait face à des trafics extrêmement bien organisés, considérés comme des plaques tournantes de la vente de cannabis en Ile-de-France et même au-delà puisque des trafiquants d’autres régions viennent régulièrement s’y approvisionner. Les dégâts humains liés aux trafics sont considérables. « Nous sommes dans le chaos et la violence urbaine », dénonce M. Gatignon, après un nouveau règlement de comptes entre deux cités rivales de la ville, en guerre ouverte depuis plusieurs années pour le contrôle du marché des stupéfiants. La cité Basse, d’un côté, et le quartier des Beaudottes, de l’autre, sont tous deux impliqués dans la distribution de cannabis. Mercredi 24 mars, deux hommes à scooter ont ouvert le feu, avec un fusil à pompe, sur les occupants d’une voiture, blessant légèrement l’un d’entre eux. Rattrapé par les occupants du véhicule, le passager du scooter a été roué de coups. « Un véritable lynchage », selon M. Gatignon. Grièvement blessée à la tête, la victime, âgée de 38 ans, est décédée mercredi 31 mars, laissant désormais craindre des représailles en sens inverse. Une menace qui a conduit la mairie à lancer un appel au calme : « La vengeance ne ferait qu’appeler à plus de violence encore, plus de victimes, plus de deuils et de chagrins. » Deux des agresseurs ont été mis en examen et écroués. Cet homicide n’est qu’un épisode supplémentaire dans la

guerre entre les deux quartiers. Après le démantèlement d’un réseau important à la cité Basse, en 2007, une guerre de territoire avait déjà fait un mort, décédé après avoir été roué de coups et abandonné dans une rue de Bondy (Seine-Saint-Denis), ainsi que plusieurs blessés. Une salle de classe avait même été traversée par une balle perdue. Des leaders des Beaudottes tentaient alors de récupérer les « terrains » laissés en jachère à la cité Basse après les interventions policières. Le maire de Sevran en tire un décompte morbide : « Si on ajoute les deux femmes et les trois enfants décédés dans un incendie lié à la drogue l’été dernier, ça fait sept morts dans la ville ces trois dernières années à cause des stupéfiants. » Et il s’interroge : « Jusqu’où cela va-t-il aller ? Ça m’est insupportable d’imaginer qu’une, deux ou trois familles de Sevran puissent à nouveau être endeuillées par cette violence. »

«Il faut qu’on ose aborder le sujet, parce qu’on est aujourd’hui dansl’hypocrisie complète»

Stéphane Gatignon maire de Sevran

Face à ce contexte tendu, le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, s’est rendu à Sevran, trois jours après le dernier règlement de comptes, pour rappeler sa volonté de s’attaquer aux bandes et aux trafics. Il a promis l’embauche, d’ici à 2011, de 1 500 adjoints de sécurité supplémentaires, chargés d’assister les policiers sur la voie publique. Mais les annonces du ministre n’ont pas convaincu les élus. « Le passage pour le moins rapide de M. Hortefeux semble bien dérisoire », a réagi M. Gatignon. Depuis plusieurs années, le maire de Sevran réclame la création d’un commissariat sans être entendu. « Les pouvoirs publics sont dans l’incompréhension totale de ce qui se passe. Ils ne perçoivent pas l’état de ghettoïsation avancée », conclut-il. p L. Br.

w Le maire apostrophé. Fin janvier,

face à la colère des habitants, les élus municipaux avaient organisé une réunion d’urgence devant 250 personnes ulcérées. La rencontre à la mairie a été houleuse. « On va tous finirpar déménager si çacontinue ! », s’était écrié un père de famille. « Il y a des enfants dehors à 1 heure du matin, et les parents ne font rien. C’est anormal. Là où j’habite, les jeunes me regardent de travers. Ils jettent leurs ordures devant chez moi et m’insultent », avait raconté un adulte. Vivement interpellé, le maire, François Asensi (PCF), avait pointé la responsabilité de l’Etat. Dans la foulée, il avait écrit, le 1er février, une lettre alarmiste au procureur de la République dénonçant des violences « d’une extrême gravité » menaçant sa ville. Avec un constat terrible : « Des réseaux mafieux contrôlent et terrorisent la population. »

La crise de Tremblay dépasse l’aspect sécuritaire. Le quartier, quin’a jamais été classé zone urbaine sensible et ne bénéficie pas de la rénovation urbaine, accueille des populations toujours plus fragiles. « On ajoute de la pauvreté à la pauvreté. On se demande si on ne sert pas de variable d’ajustement », interroge le maire. Les indicateurs témoignent de cette précarité croissante: 20 % de famillesmonoparentales dans le quartier, 40 % de non-diplômés, 35 % des habitants âgés de moins de 20 ans… Paupérisation et communautarisation. Lors des élections euro-

péennes de juin 2009, marquées parune abstention record, le candidat « antisioniste », Dieudonné, est arrivé en tête dans un bureau de vote au cœur du quartier. Les tensions identitaires ont resurgi en novembre 2009, lors de la qualification de l’équipe algérienne de football pour la Coupe du monde

2010. La jeunesse de la cité a pris la rue pour fêter la victoire. Bilan : une quinzaine de voituresbrûlées. Unépisode qui a provoqué une profonde colère dans la population à l’encontre de ces jeunes complètement perdus entre leur nationalité française et leurs

« On se demande si on ne sert pas de variable d’ajustement »

François Asensi maire (PCF) de Tremblay-en-France

origines maghrébines. La réplique s’est d’ailleurs fait sentir dans les quartiers pavillonnaires, où le candidat Front national a atteint 19 % aux régionales. Avec 15,7 % des suffrages sur l’ensemble de la ville, le FN obtient là un de ses meilleurs scores du département.

La quête de l’argent facile. Les

jeunes en rupture sont pourtant en nombre limité. Une vingtaine d’adolescents au total. Cramés par le cannabis et l’ennui. Attirés par l’argent facile. En avril 2009, trois gamins, dont le plus jeune avait 14ans,ont tentédebraquerunfourgon de la Brink’s. Pour se payer des «fringues » et des « vacances », ontils expliqué aux enquêteurs, abasourdis. Leur braquage aurait pu se terminer de façon dramatique : les convoyeurs ont tiré avec leurs armes, blessant sérieusement deux des « baby braqueurs ». Ces adolescents sont en rejet complet des institutions, incarnées à leurs yeux par les policiers. En juin2009,plusieursdizainesdejeunes ont joué « à la guerre », tirant une centaine de fusées d’artifice sur les forces de l’ordre, dépassées. Surunevidéotournéeparlesémeutiers, on entend un jeune homme s’écrier: «C’est Bagdad, ici!»

La mairie se trouve dans une situation ambiguë. Coincée entre sa dénonciation publique des caïds et le recours parfois hasardeux à des « grands frères » censés amener la paix sociale. Elle a multiplié les dispositifs et les équipements publics – dont certains de grande qualité –, mais elle peine à toucher la frange la plus dure. Les tensions actuelles révèlent la difficulté à reprendre le contrôle du territoire. A Tremblay, comme dans les villes les plus difficiles, coexistent un pouvoir officiel – le maire et son équipe – et des « grands frères », sortes de chefs de village qui arbitrent les conflits et supervisent la vie sociale. Une des figures du quartier a ainsi exercé en parallèle des fonctions de médiateur pour la mairie, de « chef de village » aux yeux de la cité et de responsable de la sécurité du discount local.

Question d’honneur et de territoire. Un « cumul des mandats »

efficace mais à risque : fin janvier, cet homme a été grièvement blessé alors qu’il tentait de régler un différend entre deux jeunes. Un autre « chef de clan » était venu parlementer, accompagné par un des jeunes impliqués. La discussion s’est terminée en fusillade, blessant quatre personnes. Depuis, le quartier bruisse de rumeurs sur les risques de représailles. Ce qu’un autre « grand frère » résumait, fataliste, le lendemain dela fusillade,la poitrine protégée par un gilet pare-balles : « Il va y avoir des règlements de comptes, c’est obligé. » Une question d’honneur, de territoire et de « business ». Mercredi 31 mars, un bus a été incendié par plusieursdizaines de jeunes. La ville de Tremblay-en-France n’en a pas fini avec la violence. p Luc Bronner


14 France

0123 Vendredi 2 avril 2010

Les anciens combattants des colonies attendent toujours une retraite décente

Ledirecteurgénéralde lapolicenationaledéfend leprincipedelagardeàvue

Le secrétaire d’Etat aux anciens combattants a annoncé, le 30mars, la remise d’un «diplôme A la barre du tribunal, Frédéric Péchenard d’honneur» à ces vétérans, dont les pensions restent inférieures à celles touchées par les Français a répondu aux arguments du barreau de Paris

A

l’occasion du 70e anniversaire de la seconde guerre mondiale, le secrétaire d’Etat aux anciens combattants, Hubert Falco, a voulu rendre hommage aux anciens combattants : il leur a promis, mardi 30 mars, que leur serait décerné par les maires ou les consuls de France, à une date de leur choix (cérémonies du 8-Mai, du 14-Juillet ou du 11-Novembre) un « diplôme d’honneur » en reconnaissance du devoir accompli « aux heures terribles de l’Histoire ». Pour les vétérans issus des anciennes colonies, toujours en vie, ce diplôme n’est qu’un piètre lot de consolation, eux qui, depuis 1959, ont toujours vu leurs retraites « cristallisées », autrement dit gelées. Le rapport annuel 2010 de la Cour des comptes, dont un chapitre leur est consacré – le sujet tenait à cœur son président défunt Philippe Séguin –, est sans équivoque : « l’égalité de traitement » et la « légitime reconnaissance » envers ces anciens combattants n’ont que « trop tardé ». Il a fallu attendre les années 2000 pour que l’Etat commence à se saisir de cette question. En 2001, le Conseil d’Etat a condamné et jugé contraire à la Convention européenne des droits de l’homme, la différence de traitement entre d’anciens agents publics de la France, selon qu’ils sont français

ou ressortissants d’Etats devenus indépendants. Une décision qui a contraint le gouvernement Jospin à envisager pour la première fois sérieusement une « décristallisation ». Mais, devant le coût d’un alignement complet, évalué à l’époque à 1,83 milliard d’euros, l’administration a renoncé et n’a proposé qu’une revalorisation en fonction du coût de la vie dans le pays de résidence.

Un régime « non justifié » La mesure, mise en œuvre en 2002 par le gouvernement Raffarin, assure une parité de pouvoir d’achat dans les différents pays concernés, mais non une véritable égalité, maintenant des « différences significatives selon la nationalité », relève la Cour des comptes. En 2006, le film du réalisateur

Rachid Bouchareb Indigènes contribuera à nouveau à faire bouger les lignes. La loi de finances pour 2007 revalorisera les « prestations de feu », c’est-à-dire la retraite des combattants et les pensions d’invalidité, en mettant à égalité les anciens combattants quelle que soit leur nationalité. Mais concernant les retraites des militaires de carrière, « des disparités très importantes » persistent encore aujourd’hui, selon qu’ils sont français ou étrangers, constate la Cour des comptes. La situation des pensionnés issus des anciennes colonies relève ainsi « toujours d’un régime dérogatoire au droit commun des pensions », un régime « non justifié », insiste-t-elle. « Aujourd’hui, on préfère leur donner en France une allocation pour personne âgée, plutôt que de

Une grande disparité des montants versés Nombre d’anciens combattants Sur 500 000 personnes bénéficiant d’une retraite militaire, 12 000 vétérans issus des anciennes colonies et 20 000 veuves et descendants perçoivent une retraite ou une pension de réversion. Montant des pensions Fin 2008, le montant de la retraite d’un ancien combattant français s’élevait en moyenne à 19 971 euros

annuels, tandis que celle d’un ancien combattant issu des anciennes colonies ne dépassait pas 1 276 euros annuels. Ce montant moyen masque des différences allant de un à dix, selon le pays. Ainsi, à grade équivalent, un sergent français perçoit-il 7 512 euros annuels, contre 3 279 euros pour un Djiboutien, 2 681 euros pour un Sénégalais, 643 euros pour un Marocain.

leur verser une retraite décente chez eux. On s’obstine à leur verser ici ce qu’on pourrait leur verser au pays. C’est d’autant plus absurde que leur verser une retraite est une forme d’aide au développement », relève le député et président PS de la région Aquitaine, Alain Rousset, auteur d’une proposition de loi de décristallisation complète despensions et retraites des anciens combattants issus de l’empire colonial. La Cour des comptes recommande, elle aussi, « un alignement automatique et intégral du régime de tous les pensionnés, quels que soient leur lieu de résidence et leur nationalité, sur le régime appliqués aux Français ». Le coût d’une décristallisation intégrale s’élèverait à 152 millions d’euros. La Cour met cependant en garde contre le « risque contentieux croissant », notamment au regard du droit européen, que fait peser le maintien d’un régime dérogatoire. Depuis 2008, de fait, les contentieux se multiplient et, notamment, des ressortissants maghrébins ont obtenu des tribunaux administratifs une décristallisation intégrale de leurs pensions. Naïma Charaï, conseillère régionale en Aquitaine et présidente d’une association qui porte leur nom Les Oubliés de la République, ne décolère pas : « Va-t-on attendre la mort du dernier indigène pour se décider, la larme à l’œil, à agir ? » p Laetitia Van Eeckhout

Hamou Ouachi et LndelloBaldé, «oubliés de la République»

L

a garde à vue, il connaît. « Je suis policier depuis trente ans etjesuispassédanstouslesservices de police, a souri le directeur général de la police nationale. Pendant vingt-quatre ans, en tant que commissaire ou directeur dans diversservicesjudiciaires,j’aiordonné ou exécuté des actes de police avecunnombreincalculabledegardes à vue. » Frédéric Péchenard, 53 ans, est venu déposer, mercredi 31 mars, devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, « pour faire entendre la voix de la police », dans leprocèsquiopposel’ordredesavocats de Paris à Synergie officiers. Le syndicat avait accusé, en décembre2009, les avocats de vouloir être présents en garde à vue pour des raisons bassement financières, et le barreau a fait défiler, lundi, une brassée de confrères européens pour montrer combien la procédure française était en retard sur ce point (Le Monde du 31 mars). Pendant une heure et demie, le « premier flic » de France a tenu la barre sans ciller, sous les assauts du bâtonnier Charrière-Bournazel, de Me Yves Baudelot ou d’Henri Leclerc, l’ancien président de la Ligue des droits de l’homme, impatients d’en découdre. M. Péchenard ne fuit pas le débat, au contraire, il adore ça. Mais il «aurait aimé qu’il se déroule dans une autre enceinte que celle d’une salle d’audience». Pourquoi y a-t-il davantage de gardes à vue aujourd’hui ? « C’est la loi, relève-t-il. Avant la garde à vue c’était une mesure de contrainte, aujourd’hui c’est devenu un espace

Des juges de Nanterre annulent une garde à vue

Hamou Ouachi (à gauche) et Lndello Baldé, tous deux anciens soldats des colonies. YVES SAMUEL POUR « LE MONDE »

Témoignages HAMOU OUACHI, 90 ans, n’a rien perdu de sa fierté ni de sa volonté. Il y a un an, cet homme voûté, marchant cahin-caha, aidé d’une béquille, a laissé femme, enfants et petits-enfants au Maroc. Il a pris le car, direction la France. Pour faire valoir ses droits d’ancien combattant, « tout simplement » parce qu’il avait « honte de toucher une aussi petite pension ». Hamou Ouachi est un de ces « oubliés de la République ». Oubliés parce qu’après avoir été enrôlés, comme zouaves, tabors, tirailleurs, spahis, goumiers, dans l’armée française quand leurs pays faisaient encore partie de l’empire colonial, ils n’ont jamais eu une retraite équivalente à celle de leurs frères d’armes français. Hamou Ouachi a servi la France pendant quinze ans. Il s’est engagé en 1941. Il avait 21 ans. L’année suivante, il participe à la campagne d’Italie et, début 1944, il fait partie du bataillon qui prendra aux Allemands le mont Cassin, ouvrant la voie vers Rome aux troupes alliées. Après l’armistice et deux ans de pause en caserne au Maroc, le soldat Ouachi est envoyé en Indochi-

ne… « Pourquoi ils me jettent. J’ai servi la France ! », lâche Hamou Ouachi en arabe, langue dans laquelle il s’est toujours exprimé, même dans l’armée française, avec ses supérieurs qui n’ont jamais cherché à lui apprendre le français. Le visage de cet homme s’éclaire derrière sa barbe blanche lorsqu’il se souvient. Chef de groupe de fusiliers voltigeurs, il a toujours été en première ligne et a vu nombre de ses compagnons tomber au combat. Il raconte ces batailles interminables, l’affrontement, « beaucoup plus dur contre les Allemands » que contre le Vietminh. Et tend fièrement un papier jauni et froissé – l’attestation de la croix de guerre que la France lui a attribuée en 1954 pour le « courage » et le « calme » dont il a fait preuve lors d’un combat au sud du Tonkin : grâce à ses « tirs précis », Hamou Ouachi avait réussi « à forcer l’adversaire à abandonner une position ». Sénégalais, Lndello Baldé s’est lui aussi retrouvé paradoxalement à défendre l’empire français. Il a fait partie du dernier régiment de l’armée française présent au Sénégal. Lndello Baldé a échappé à l’Indochine in extremis : le

cessez-le-feu a été déclaré juste avant que son détachement ne parte… Plus jeune qu’Hamou Ouachi, incorporé en mars 1954 à l’âge de 19 ans – « engagé volontaire », tient-il à préciser –, il a défendu les couleurs du drapeau français en Afrique, et, notamment, en Algérie. Une fois leur pays décolonisé, Hamou Ouachi et Lndello Baldé ont été rendus à la vie civile.

Hamou Ouachi tend l’attestation de la croix de guerre que la France lui a attribuée en 1954 pour son «courage» Hamou Ouachi est devenu paysan. Pour faire vivre sa famille, il n’avait pas d’autre choix. La maigre pension militaire de retraite que l’armée lui a attribuée était engloutie au souk dès le début de chaque mois avec l’achat de sucre, de céréales et autres produits de base. « Le premier mardi, c’était fini ! », dit-il. Encore aujourd’hui, il ne perçoit guère plus de 50 euros mensuels. Sa pension a été légère-

ment réévaluée, une seule fois en 2002, mais elle est loin encore d’atteindre les quelque 600 euros que touchent ses anciens frères d’armes français à grade équivalent. Démobilisé, Lndello Baldé s’est reconverti, lui, en chauffeur de taxi – « on se débrouillait »… – jusqu’en 2000, année où il a décidé de venir en France. Sénégalais, il bénéficie d’une retraite un peu supérieure à celle d’Hamou Ouachi. Au début des années 1980, à la faveur d’une dévaluation du franc CFA, de 145 euros elle est passée à 222 euros. Une disposition de la loi Pasqua de 1986 accorde de droit aux soldats des anciennes colonies une carte de résident de dix ans en France. Depuis les années 1990, beaucoup, comme Lndello Baldé et Hamou Ouachi, ont rejoint l’Hexagone. Là, ils peuvent avoir accès au minimum vieillesse, une ressource inespérée. Isolés, ils vivent pour la plupart en foyers, où ils tuent le temps, et, souvent, se racontent leurs souvenirs… n’attendant qu’une chose : rentrer au pays. «Je suis vieux, fatigué…, dit M. Ouachi. Que l’on me verse ma retraite au Maroc, et je repartirai là-bas. » p L.V.E

Le tribunal correctionnel de Nanterre a annulé, dans la nuit de lundi 29 au mardi 30 mars, la garde à vue d’un prévenu en comparution immédiate, jugeant que l’impossibilité pour un avocat d’assister son client au cours des interrogatoires de garde à vue n’était pas conforme à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Le tribunal a annulé la procédure et remis en liberté le prévenu. Les deux avocats du barreau des Hauts-de-Seine qui plaidaient l’affaire ont obtenu du tribunal qu’il transmette une question de constitutionnalité à la Cour de cassation sur la légalité de la garde à vue, avant une éventuelle saisine du Conseil constitutionnel. Le parquet de Nanterre va faire appel de ce jugement.

de droit. » Matthieu Aron, rédacteur en chef à France-Info et auteur de Gardés à vue (Les Arènes), était venu expliquer qu’on comptait près de 300 000 gardes à vue en 2001, 580 000 officiellement en 2008, et qu’il fallait en ajouter 40 000 autres dans les DOM et autour de 270 000 pour les délits routiers : soit, au total, près de 900000 par an. Ces nouveaux gardés à vue sont pour l’essentiel des étrangers en situation irrégulière, des usagers de stupéfiants, des voleurs à l’étalage ou des gens poursuivis pour outrage et rébellion dont le nombre a été multiplié par trois depuis les années 1980. « Des délits de petite gravité qui sont résolus quand ils sontconstatés,aexpliquéle journaliste, et viennent grossir les chiffres de la garde à vue. »

« Des paroles un peu fortes » M. Péchenard le reconnaît, il y a trop de gardes à vue et il espère «que la discussion actuelle permettra de revenir à l’audition libre » pour les délits mineurs: la chancellerie envisage de créer une retenue de quatre heures, distincte des contraintes légales de la garde à vue.«Honnêtement,sionpeuttrouver un moyen de mettre moins de gens en garde à vue, j’en serai ravi, insiste le directeur, nous sommes les premiers demandeurs. Pour nous, c’est une contrainte. » Il sait que les locaux sont souvent dans un état lamentable et qu’il se produit parfois « des incidents, des erreurs avec des policiers quifontmalleurmétier».Fils d’avocat, il assure avoir un grand respect pour le barreau, mais, sans les défendre,il«comprendquedespoliciers tiennent parfois des propos excessifs », comme ceux de Synergie. « Face aux agressions dont ils sont souvent victimes – il y a eu 13 policiers morts en exercice en 2009 –, les syndicats ont parfois des paroles un peu fortes », les policiers n’ont pas d’autres voix pour se faire entendre, et « dans une société démocratique, on ne peut les empêcher de s’exprimer. » M.Aron avait rappelé qu’un des indicateurs de l’activité de la police étaitprécisémentlenombrede gardes à vue. « Le ratio nombre de gardes à vue par officier de police judiciaire (OPJ) figure dans les critères d’attribution des primes », avait indiqué le journaliste. M. Péchenardabalayél’argument :«Lenombre de gardes à vue est pour moi un indice d’activité, mais pas un indice de résultat. Et un bon OPJ, c’est celui qui solutionne les affaires. » p Yves Bordenave et Franck Johannès

Sur France Info au micro de

Jean Leymarie

Plantu dévoile son dessin du jour vendredi à 11h40 avec


Economie 15

0123 Vendredi 2 avril 2010

En hausse Les repas hors domicile

En baisse La chaîne BSkyB

Leur nombre a progressé de 4,49 %, en 2009, pour atteindre 10,5 milliards. En revanche, la dépense moyenne des Français pour leurs repas hors domicile a baissé de 2 %, selon Gira Conseil.

Le régulateur britannique des télécommunications va obliger le bouquet satellitaire BSkyB à baisser les tarifs appliqués à ses concurrents pour diffuser ses chaînes sportives.

milliards d’euros.C’est la perte enregistrée par la banque irlandaise Anglo Irish Bank, nationalisée début2009, sur l’ensemble de l’exercice bouclé fin décembre2009. Il s’agit d’unmontant record dans l’histoire des entreprises irlandaises.

12,7

NouvellecoursecontrelamontrepoursauverHeuliez Les dirigeants du fabricant de véhicules électriques discutent avec un fonds américain et un groupe allemand

L

es jours d’Heuliez semblent de nouveau comptés. L’homme d’affaires turc Alphan Manas, propriétaire du fonds Brightwell Holdings, qui avait signé un accord de principe le 16 mars pour reprendre l’industriel de l’automobile basé à Cerizay (DeuxSèvres),n’offrefinalementderacheter que 15 % du capital. Un investissement de 10 millions d’euros. Ladirectiond’Heuliezetleministère de l’industrie ont jugé l’offre « inacceptable ». « Insuffisante », ajoute Emile Bregeon, délégué syndical CFDT. «Insatisfaisante », pour Jean-Emmanuel Vallade, délégué syndical CFE-CGC. L’offre de M.Manas prévoit de faire dessiner en Turquie les nouveaux modèles de véhicules électriques. Rien n’assure donc que les emplois seront maintenus en France. L’offre ne fait aucun cas des autres activités de Heuliez (emboutissage, ferrage…). «Notreentreprise estune etindivisible,souligneM. Vallade.Tous leséléments sont interdépendants. Si M.Manasnes’intéressequ’auxvéhicules électriques, il n’y aura pas assezde travailpourles600 personnes employées chez Heuliez. » Depuisplusieurssemaines,Emilio Galluccio, président délégué, et Didier Picot, vice-président, ne se faisaient plus d’illusions sur les intentions de l’homme d’affaires turc et ont repris les contacts. «Une nouvelle piste pourrait se concrétiser rapidement, affirme M. Galluccio. Elle pourrait déboucher vers le 20 avril. » Selon nos informations, un fonds d’investissement américain pourrait prendre une participation majoritaire dans le capital d’Heuliez. Un autre investisseur, allemand cette fois, prendrait une part minoritaire aux côtés de la région Poitou-Charentes et du Fonds stratégique d’investissement(FSI).« Ilfaut trouverun investisseur qui prenne la majorité du capital», martèle M.Galluccio. Tout le problème est de savoir si cette solution pourra se concrétiser très rapidement. La trésorerie d’Heuliez fond dangereusement, et elle va être mise sous tension : chaqueannée en avril, le personnel perçoit une partie de son treizième

Plus de deux ans d’attente Octobre 2007 Ouverture d’une procédure de sauvegarde. Septembre 2008 La crise financière fait échouer la reprise d’Heuliez par l’indien Argentum. Mars 2009 Le FSI promet 10 millions d’euros. Avril Placement en redressement judiciaire. Mai La région Poitou-Charentes promet 5 millions d’euros. Juillet Le tribunal de commerce de Niort accepte le plan de reprise de Bernard Krief Consulting. Décembre Pacte d’actionnaires entre l’Etat, la région et BKC. Mars 2010 BKC se désiste en faveur du turc Alphan Manas.

Les 600 salariés du site de Cerizay (Deux-Sèvres) sont inquiets après l’offre de rachat d’Alphan Manas. C. PAQUET POUR « LE MONDE » mois, explique M. Vallade. « Les salaires de mars seront payés, dit un proche du dossier. Mais après, rien n’est sûr. Un redressement judiciaire serait sans doute fatal à l’entreprise. »

Argent public Eminemment politique, le dossier Heuliez suscite de plus en plus d’interrogations: faut-il investir de l’argent public dans cette entreprise ? « Il faut nous sauver ! », s’étrangle M. Galluccio, même s’il reconnaît que les difficultés d’Heuliez ne sont pas liées à celles de l’industrie automobile, conséquence de la crise économique et financière. Si les équipes d’Heuliez sont compétentes et l’outil industriel de bonne qualité, l’ancien PDG, Gérard Quéveau, a commis des erreurs.Legroupes’esttropconcentré sur les métiers de l’automobile et n’a pas cherché assez tôt à se diversifier. Or, sur ses métiers de base – emboutissage et assemblage –, Heuliez s’est trouvé confronté à la volonté des constructeurs automobiles de délocaliser leur produc-

tion dans des pays à bas coûts et de mieux utiliser leur outil industriel en France en rapatriant sur leurs chaînes de production des véhicules de petite série. C’est ce qu’a fait le groupe PSA en retirant à Heuliez l’assemblage de la Citroën Xantia ou celui de sa Peugeot 206CC. Heuliez a aussi dû faire face à l’arrêt, en juillet 2009, de la production de son principal véhicule, l’Opel Tigra Twin Top. Sur l’activité pièces de rechange, l’activité est limitée, même si M. Galluccio assure avoir «repris des commandes chez Audi, Lamborghini » et affirme qu’il va «en prendre chez BMW ». «Il y a un an, l’activité de carrossier et d’emboutissage n’était pas viable. Aujourd’hui, cela ne doit pas être mieux », assure un proche du dossier. M.Galluccio reconnaît que c’est un cercle vicieux : « Les clients ne reviendront nous voir que s’ils sont sûrs que les commandes seront assurées». En dix ans, le chiffre d’affaires d’Heuliez n’a cessé de chuter : de 600 millions d’euros en2000, il est passé à 170 millions en 2008 et

devrait être inférieur à 100 millions en 2010. Sous le sceau de l’anonymat, un expert qui connaît bien Heuliez confie que l’industriel de Cerizay avait, il y a encore un an, «un temps

« Pas des magiciens » Leur méthode : renflouer la société, la désendetter, épauler voire remplacer une direction en perdition et bien souvent, mettre en place les plans de licenciements nécessaires. « Notre métier, c’est d’apporter les fonds propres à des entreprises fragilisées pour les sauver, explique Jean-Louis Grevet, président de Perceva Capital. On doit convaincre les actionnaires, les salariés et les syndicats qu’on est capables de le faire. » Une fois cette étape passée, « les partenaires sociaux sont très constructifs », assure-t-il. « C’est un métier où l’on ne peut pas toujours réussir, indique le patron d’un grand fonds, mais nous ne sommes pas la cause des problèmes. On cherche à les résou-

dre en étroite relation avec les partenaires sociaux. » Ces acteurs assurent n’être ni des « vautours spéculateurs » ni des « chasseurs de primes ». Contre toute attente, la crise n’a pas été une aubaine pour la profession. Si elle a eu pour conséquence de faire affluer les dossiers d’entreprises en difficultés, « cela n’a pas été forcément une bonne chose », confirme Walter Butler, à la tête du fonds Butler Capital. Car ces fonds ne se lancent pas s’ils n’ont aucune chance de parvenir à leurs fins. En 2009, les fonds de retournement ont même été moins actifs que les autres années. Selon l’Association française des investisseurs en capital (AFIC), ils ont placé 74 millions d’euros dans des sociétés en difficultés, contre 107 millions d’euros un an plus tôt. « Notre métier est un métier à risques. Il faut pouvoir les évaluer et en 2009, c’était chose impossible », explique M. Butler. « Nous ne sommes pas des magiciens », reconnaît Vincent Fahmy, associé chez Verdoso. p Claire Gatinois

ENTRE UN PIANISTE ET UNE ŒUVRE

RACHMANINOV RACHMANINOV MENDELSSOHN GRIEG SCHUMANN

DÈS LE 2 AVRIL, LE DOUBLE CDLIVRET N° 13 « Le Monde du piano », la discothèque idéale du piano sélectionnée par notre spécialiste Alain Lompech. Chaque semaine avec Le Monde, vibrez avec les plus belles interprétations des maîtres du piano en 20 doubles CD. Ce week-end, Sergeï Rachmaninov interprète ses œuvres : le Concerto pour piano et orchestre n°2, les Préludes, la Rhapsodie et les Pièces pour piano ; et également la Sonate pour violon de Grieg et le Carnaval de Schumann. Photo : Eric Bottero

acteurs ne sont pas philanthropes. L’argent qu’ils gèrent est celui que leur ont confié des investisseurs. A ces derniers, ils doivent offrir un rendement élevé, de plus de 15 % l’an. Ils ont entre cinq et six ans pour faire en sorte que l’entreprise dans laquelle ils ont investi soit redressée.

mentpublics.Maisleretardpris risqued’êtrepréjudiciableàl’entreprise, voire d’hypothéquer ses chances de redressement. p Bertrand Bissuel et Nathalie Brafman

L’ACCORD PARFAIT

Les fonds de retournement, repreneurs d’entreprises en déroute UN PATRON en déroute ? Une entreprise au bord de la faillite ? Une société étranglée par ses créanciers ? Ils sont là. « Ils », ce sont les fonds de restructuration, ou « de retournement ». Butler Capital, Perceva Capital, Verdoso ou Caravelle, en France : tous sont des fonds d’investissement qui se sont spécialisés dans le redressement d’entreprises en difficultés. Ces « Bernard Tapie » d’un nouveau genre scrutent le paysage économique, patientent parfois devant les tribunaux de commerce pour flairer les… mauvaises affaires. Celles qui seront susceptibles d’être transformées, si ce n’est en pépites, du moins en une société viable et rentable. A leur actif : la remise sur pieds du spécialiste des spiritueux Rémy-Cointreau, du Groupe Flo, de la coopérative France Champignon ou encore le soutien au traiteur Dalloyeau et à une kyrielle de petites ou moyennes entreprises (PME) inconnues du grand public. Pourtant, aucun d’eux ne s’est attelé au sauvetage de l’équipementier Heuliez. Le dossier seraitil trop délicat ? Sans doute. Car ces

d’avance » sur les autres constructeurs au niveau des véhicules électriques. Avec ses produits « très bien pensés pour les flottes d’entreprises», Heuliez pouvait espérer les vendreàde grandsgroupes,notam-

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16 Economie

0123 Vendredi 2 avril 2010

Total autorisé à forer des puits en France pour extraire du gaz non conventionnel

Le bâtiment ne va pas bien et cela ne s’améliorera pas dans les prochains mois

Le groupe espère produire des «gaz de schistes» dans le Sud-Est et en Aquitaine

Les pertes d’emplois dans le secteur pourraient se chiffrer en dizaines de milliers en 2010

naturel liquéfié (Yémen, Australie, Russie…) ; les trois autres axes de développement stratégiques du groupe avec ces gaz non conventionnels. Les dirigeants de Total restent prudents sur le potentiel de ce « bloc ». « Si les premiers travaux de géologie sont encourageants, il est envisagé de forer des puits d’exploration de façon à évaluer ce potentiel », a prévenu Yves-Louis Darricarrère, directeur général exploration-production. « Montélimar restera plus célèbre pour son nougat que pour son pétrole», plaisantait Christophe de Margerie, directeur général, lors de l’assemblée générale du groupe en mai 2009, pour signifier aux actionnaires qu’ils ne devaient pas s’attendre à un nouvel eldorado.

Immenses réserves La décision du quatrième groupe pétrolier mondial confirme néanmoins son intérêt pour ces gaz en passe de modifier la donne énergétique mondiale. Total a annoncé, début 2010, l’acquisition de 25 % de l’américain Chesapeake Energy, un des leaders mondiaux du secteur, qui exploite d’importantes réserves dans le bassin de Barnett (Texas). Il se dit prêt à y investir 1,6milliard d’euros sur six ans. Elle permettra à ses ingénieurs d’apprendre le métier. « Nous sommesàlarecherche detouteopportunité de développement en Europe et ailleurs dans le monde », indiquait récemment M. Darricarrère au Bulletin de l’industrie pétrolière. Les réserves mondiales de gaz non conventionnels sont immen-

Une zone de 4 327 km2 Valence Privas ARDÈCHE

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Montélimar DRÔME

Permis de Montélimar Orange GA R D Nîmes HÉRAU LT

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n va de nouveau prospecter, forer et peut-être produire du gaz en France, où l’extraction, en net déclin, est concentrée dans le bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques). Leministère de l’écologie et de l’énergie a en effet publié au Journal officiel des 30 et 31 mars une série d’arrêtés accordant aux compagnies pétrolières – notamment Total – des « permis exclusifs de recherche » dans le Sud-Est et en Aquitaine pour des durées de trois à cinq ans. Le groupe Total, qui a obtenu 4 327 km2 dans une région s’étendant du sud de Valence (Drôme) au norddeMontpellier(Hérault), espère découvrir des « gaz de schistes » emprisonnés dans des formations argileuses. Des hydrocarbures désormais exploitables grâce aux progrès des techniques d’extraction développées à grande échelle aux EtatsUnis. Après le forage d’un puits vertical, les techniciens creusent des puits horizontaux, puis injectent de l’eau à haute pression pour fragmenter la roche et récupérer le gaz qui y est emprisonné. Ce qui va déclencherl’oppositiondesmouvements de défense de l’environnement, inquiets pour les nappes phréatiques et la stabilité des sols. Total s’est engagé à investir 37,8 millions d’euros dans le « permis de Montélimar ». Une somme modesteauregarddesesinvestissements qui se chiffrent en milliards d’euros pour les autres projets repoussantles«frontièresdupétrole », comme l’offshore ultra-profond(plusde3 000mètres),leshuiles lourdes du Venezuela ou le gaz

ôn

e VAUC LUS E Avignon

Arles BOUCHES-DU-RHÔNE

Montpellier

25 km

Marseille

SOURCE : TOTAL 3

ses : 921 000 milliards de m , soit cinq fois au moins les réserves conventionnelles, selon les estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Tous les grands groupes, comme ExxonMobil, Shell, BP, Statoil, PetroChina, se développent dans ce segment. L’Australie est une terre prometteuse. La Chine s’est associée à des grands pétroliers (Shell, Total…) pour en extraire dans le Sichuan ou en Mongolie intérieure.Cequi,àterme,pourraitcompromettre l’exportation de gaz russe vers l’empire du Milieu. Des forages sont effectués jusque sur le Vieux Continent, notamment en

Pologne(gazde houille),enAllemagne et en Hongrie. Pour des raisons environnementales, l’exploitation de ces gaz est plus facile aux Etats-Unis qu’en Europe, où l’utilisation de l’espace est plus contrainte et les associations écologistes plus mobilisées. Mais aussi pour des raisons patrimoniales : outre-Atlantique, un propriétaire possède à la fois le sol et le sous-sol, y compris ses richesses minérales. Au Texas, on fore jusque dans les jardins, les compagnies louant des parcelles aux habitants et leur versant des royalties pour chaque m3 de gaz. Jean-Michel Bezat

Une décision du tribunal fédéral de NewYork remet en cause la brevetabilité des gènes humains

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aFédérationfrançaisedubâtiment(FFB)aannoncé,mercredi 31 mars, un recul du chiffre d’affaires de ses adhérents de 7,8 % en 2009. Certes, il ne s’agit pas d’un effondrement, mais l’année 2010 ne s’annonce guère meilleure : la profession envisage un nouveau retrait de 3 %. « Les entrepreneurs refusent de seséparer de leurs salariés, qu’ilsont tant de mal à trouver et former, mais leur trésorerie est tendue et nous redoutons des difficultés à venir, même pour les entreprises les plusstructurées»,alerteDidierRidoret, président de la FFB. Si le secteur du bâtiment n’a perduque50400emplois,suruneffectif de 1,2 million de salariés à fin 2009, une nouvelle saignée, de 25000à 30 000 emplois, est attendue cette année. La déception vient surtout de la faiblesse de la construction de logements, qui représente, d’ordinaire, 35 % de l’activité du bâtiment. Or, selon les chiffres communiqués, mardi 30 mars, par le ministère du logement, 324 000 logements ont été mis en chantier de mars2009 à février 2010, soit 17,3 % de moins qu’un an plus tôt, à un niveau prochedupoint bashistorique de1993.

Permis de construire en berne Plus préoccupantes encore sont lesstatistiquessur lesdemandesde permis de construire, un indicateur plus avancé que les mises en chantier, qui accusent une baisse de 18,6 %, sur un an. Les promoteurs ont pourtant annoncé de bons chiffres de ventes, en 2009, avec 105 000 logements réservés (contre 79 500, en 2008, et 127 000, en2007)qui leurontpermis dedéstocker les opérations en cours, pas d’en relancer de nouvelles. « Les promoteurs nous ont

annoncé une amélioration pour 2010, puis pour la mi-2010 et, désormais, pour la fin 2010 », s’impatiente M. Ridoret. Seuls les bailleurs sociaux ont accru leur production, avec80 000 logementsmis en route en 2009, et 90 000 prévus en 2010. Pour les bureaux et les bâtiments non résidentiels (15 % de l’activité des entreprises de bâtiment), la chute est sévère, avec 18,5 millions de mètres carrés seulement livrés en 2009, contre 25 millions en rythme annuel de croisière. Les entrepreneurs misaient aussi sur les suites du Grenelle de l’environnementetlestravauxderénovation (50 % du chiffre d’affaires), maisl’activités’estrévéléedécevante,enregistrantunreculde2,9 %, au lieu du 1,6% prévu. Lueursd’espoir:les100000écoprêts à taux zéro, accordés, à fin mars 2010, à des particuliers afin qu’ils améliorent les performances énergétiques de leurs logements, vont entraîner 2,5 milliards d’euros de commandes de travaux, et les organismes HLM se lancent dans la rénovation de leurs 35 000 logementsconsidéréscommedes«passoires thermiques ». Au-delà des entreprises de bâtiment, toute la filière immobilière est affectée. Les notaires, qui ont enregistré 590 000 ventes en 2009, contre 800 000 les bonnes années, ont dû se séparer de près de 10 000 collaborateurs (20 % de leurs effectifs), et 17 % des agences immobilières ont fermé, se séparant de 25% à 30 % de leurs personnels. Le secteur du logement (achats, travaux, charges, aides) est pourtant essentiel à l’économie nationale, puisqu’il représente, en 2008, 22,5 % du produit intérieur brut, contre 19,2 %, en 1984. p Isabelle Rey-Lefebvre

L’affaire Myriad Genetics pourrait bouleverser l’économie du secteur des biotechnologies

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ardi 30 mars, le juge Robert Sweet, du tribunal fédéral du district sud de New York, a invalidé sept des vingttrois brevets déposés par le laboratoire de biotechnologie Myriad Genetics et la Fondation pour la recherche de l’université de l’Utah sur BRCA1 et BRCA2, deux gènes dont les mutations sont associées à la présence d’un certain type de cancer du sein et des ovaires. Ces deux gènes sont désormais partiellement libres de droits. Si ce vide juridique est confirmé en appel – ce que les plaignants n’osent croire –, le modèle économique de la recherche pharmaceutique s’en trouverait bouleversé. La procédure a été engagée le 12 mai 2009 par la puissante Organisation américaine de défense des libertés publiques (ACLU) et la Public Patent Foundation, une association de juristes à laquelle s’étaient jointes des associations de patients et bon nombre de syndicats de médecins. Etaient poursuivis l’Office américain des brevets ainsi que les deux propriétaires des brevets. Les plaignants affirmaient que les brevets en question violaient le premier amendement de la Constitution américaine dans la mesure où ils sont des « produits de la nature » et ne peuvent donc être déposés. L’ACLU et ses avocats ont plaidé que la brevetabilité du génome « empêchait quiconque d’étudier, expérimenter, voire même observer un gène, ce qui a pour effet global de ralentir la recherche, de la limiter, voire de la bloquer en raison du droit de propriété ». En d’autres termes, ce sont les droits exclusifs de Myriad à commercialiser untest comme BRACAnalysis, qui sont contestés : ces

ou l’air que l’on respire. » Rappelons que l’Office des brevets des Etats-Unis a accordé des milliers de brevets sur les gènes humains, au point que 20 % du génome sont aujourd’hui propriété privée.

tests sont capables de détecter un cancer héréditaire du sein et un cancer héréditaire des ovaires avec un taux de certitude de 82 % dans le premier cas et de 44 % dans le second. Les femmes qui auraient souhaité un test moins cher (BRACAnalysis coûte 2 000 euros environ) ou un contre-examen au moyen

d’un test différent n’ont pas de liberté de choix, a plaidé l’ACLU. Quant aux chercheurs, ils doivent demander l’autorisation de Myriad pour explorer plus avant ces deux gènes. Chris Hansen, avocat de l’ACLU, a donc plaidé l’inconstitutionnalité des brevets de Myriad Genetics : « C’est comme si on voulait breveter E = mc2, le sang

Propriété intellectuelle Myriad Genetics, de son côté, avait demandé à la cour fédérale de débouter les plaideurs, affirmant que le savoir-faire et les efforts humains et financiers qui avaient été mobilisés pour isoler l’ADN dans l’organisme justifiaient l’octroi d’un brevet. Depuis trente ans, ont-ils fait valoir, la Cour suprême a confirmé la possibilité pour des sociétés privées ou publiques de détenir des droits de protection de la propriété intellectuelle sur des organismes vivants. Myriad a « regretté » la décision du juge Sweet et annoncé qu’elle ferait appel. Peter Meldrum, son PDG, s’est dit convaincu que la cour d’appel fédérale annulerait le jugement initial, et même que ce dernier n’aurait aucun impact sur les affaires du groupe. Le titre Myriad a toutefois perdu presque 5 % dans la journée de mardi, même s’il a refait une partie du chemin mercredi. Les avocats de Myriad ajoutent que seize brevets sur les vingt-trois déposés sur BRCA1 et BRCA2 demeurent valides, ainsi que les seize brevets protégeant le test BRACAnalysis. La plupart des experts estiment que le jugement sera cassé en appel. Philippe Pouletty, directeur général de Truffle Capital, une société d’investissement spécialisée dans les biotechnologies, se dit lui aussi convaincu que cette décision est un événement qui demeurera sans conséquence. p Yves Mamou

Nouvelle jeunesse pour les préfabriqués du soviétisme

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ors du Marché international de l’immobilier (Mipim) à Cannes, en mars 2010, l’architecte catalan, Ricardo Bofill, 70 ans, et le vice-président d’Inteco, Oleg Soloschansky, campent derrière les maquettes de deux forêts d’immeubles, blocs de vingt étages tous identiques qu’on croirait sortis des banlieues soviétiques ou françaises des années 1960. Mais ce sont bien des projets de nouveaux quartiers qu’Inteco expose là, « une ville dans la ville, avec tout ce qui est nécessaire aux résidents, écoles, hôpitaux, transports, commerces… symboles de la nouvelle Russie», promet la brochure sur papier glacé qui vante, en russe, le nouveau quartier West Gate (dans le texte). Il comptera 5 000 logements dans la ville caucasienne de Rostov-sur-le-Don. Est aussi planifiée la construction, de 2012 à 2020, de 11600 de ces logements au nord-est de Moscou. M. Bofill est chargé d’établir des plans. Inteco, société de promotion et de construction, propriété d’Elena Baturina, épouse du maire de Moscou et femme la plus riche de Russie, souhaite produire des millions de logements vendus à prix modeste aux citoyens russes, grâce à son procédé de construction industrielle. Ce dernier a été acheté à KKPD (Kombinat KrupnoPanelnogo Domostroenia) et l’usine de Rostov-sur-le-Don, qui va ainsi produire en grande série des panneaux de béton préfabriqués pour composer les façades et murs de ces immeubles, a été rénovée pour l’occasion. Le marché est énorme, car il faut

bien remplacer ce que les Russes surnomment les « Khrouchtchevki», constructions en préfabriqué des années 1960, aujourd’hui vouées à la démolition. En 1956, à peine arrivé au pouvoir, Nikita Khrouchtchev décide de mettre fin au système des appartements communautaires et de lancer la construction de millions de logements en préfabriqué.

« Mauvaise image » La standardisation était alors poussée à l’extrême, avec des murs extérieurs de 8 centimètres d’épaisseur et des cloisons intérieures de 4cm, si bien que l’isolation thermique et acoustique était désastreuse. Inteco revendique cet héritage soviétique et, sur son stand, au Mipim, défilent les images des actualités de l’époque, montrant Khrouchtchev inaugurant l’usine, «mais notre production n’a plus rien à voir avec celle des années 1960, qui avait une mauvaise image», promet M. Soloschansky. Aujourd’hui, la chaîne de production, entièrement robotisée, fabrique à la demande des modules de dimensions variées, autorisant ainsi une plus grande diversité d’appartements. Les logements seront plus spacieux avec trois mètres de hauteur sous plafond. «Le préfabriqué est la seule solution pour construire vite, à prix raisonnable et par des températures de –30˚C», justifie M. Bofill. Les Russes, au pouvoir d’achat laminé par la crise, achèteront-ils ces logements? Le pari est loin d’être gagné. p I. R.-L.


Economie 17

0123 Vendredi 2 avril 2010

L’affaire du hacker auvergnat révèle la fragilité de Twitter Un jeune pirate informatique français a réussi à s’introduire dans les comptes du site de messages grâce à une méthode facilement imitable

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uatre ans après sa naissance, le réseau social américain Twitter commence à s’implanter réellement dans l’Hexagone – plutôt chez les adultes branchés que chez les ados, qui restent fidèles à Facebook. Grâce à la France, le monde a aussi découvert que Twitter n’est pas aussi sécurisé qu’il le prétend. Le premier pirate informatique ayant fait savoir qu’il avait pénétré ses serveurs est un Français, le célèbre « Hacker Croll ». Son acte remonte à avril 2009, et il n’a été arrêté qu’en mars 2010, après une enquête menée conjointement par la police française et le FBI. Dans la vraie vie, « Hacker Croll » s’appelle François Cousteix, c’est un chômeur de 24 ans qui habite chez ses parents dans la banlieue de Clermont-Ferrand. Le mythe en prend un coup, mais l’exploit reste remarquable. Hacker Croll a réussi à voler des masses de documents appartenant à la société Twitter, et les a transmis à des webmagazines français et américains, qui en ont publié des extraits. La liste est impressionnante : comptes rendus de réunions, documents financiers, contrats confidentiels, négociations secrètes avec d’autres entreprises… Il a aussi trouvé des listes d’employés de Twitter, avec leurs préférences alimentaires, leurs salaires, leurs coordonnées bancaires. Le plus inquiétant est la façon dont il s’y est pris. Hacker Croll n’est pas un programmeur surdoué capable d’inventer des logiciels d’attaque ultrasophistiqués. Il a plutôt agi comme un enquêteur traditionnel, opiniâtre et astucieux. Tout d’abord, il a repéré que plusieurs techniciens chargés d’administrer Twitter possé-

daient par ailleurs des sites personnels. En consultant les registres officiels d’Internet, il obtient leurs adresses e-mails privées, puis se connecte sur le compte Yahoo!Mail de l’un d’entre eux. Se faisant passer pour lui, il déclare avoir perdu son mot de passe. Or pour en choisir un nouveau, il suffit de répondre à une « question

Le Clermontois est parvenu à répondre à la question secrète des utilisateurs et il a changé leur mot de passe secrète » (du type « Dans quelle ville êtes-vous né ? »). En lisant attentivement le blog de sa victime, Hacker Croll y trouve une masse d’informations : âge, code postal, ville de naissance, loisirs, etc. Par déduction, il parvient à répondre à la question secrète, change le mot de passe et s’empare du compte. Il lance alors une recherchedanslesarchivesetrécolte des mots de passe plus stratégiques, permettant de prendre les commandes des serveurs Twitter. De proche en proche, il s’introduit dans d’autres comptes, y compris celui d’Evan Williams, directeur général de l’entreprise, et de son épouse… Il parvient même à prendre le contrôle du nom de domaine « twitter.com » : s’il l’avait voulu, il aurait pu détourner le trafic Twitter vers un autre site Web. Unefois dans laplace, ilen profite pour visiter les profils de différentes célébrités américaines présentes sur Twitter comme l’acteur Ashton Kutcher, la chanteuse Britney Spears et le président Barack

Obama. Il n’a rien vandalisé, n’a pas publié de faux messages, car il se considère comme un hacker « éthique ». Reste que pour un débutant motivé, sa méthode est assez facile à imiter. En théorie, il y a encore plus fort. Sur Twitter, on peut pirater quelqu’un qui n’y est même pas inscrit, carn’importequipeutcréerunprofil en empruntant le nom d’autrui. Pour plus de crédibilité, l’usurpateur affichera sur le profil une photo de sa victime, prise à la sauvette ou trouvée sur Internet. Il pourra alors publier à volonté des messages stupides, scandaleux ou ignobles et les signer du nom de sa victime, pour détruire sa réputation ou luiattirer des ennuisavec lajustice. Si elle possède une certaine notoriété, les internautes trouveront très facilement ses messages Twitter. Il suffira de taper son nom sur Google, qui indexe désormais

François Cousteix, qui vit chez ses parents à Beaumont (Puy-de-Dôme), sera jugé en juin. Il risque deux ans de prison et 30 000 euros d’amende. PASSEAMRD/CLP/SIPA les profils Twitter et leur contenu. Les célébrités peuvent échapper à ce piège, car Twitter leur propose un service payant d’authentification : une pastille bleue collée sur le profil à côté de la photo, signe magique indiquant aux usa-

gers ordinaires qu’ils arrivent sur une vraie page de star. Pour les autres, il existe une mesure préventive, mais elle est fatigante : il faut s’inscrire sous son vrai nom – avant qu’un autre ne le fasse –, et publier des masses

de messages méritant d’être lus. On va ainsi établir sa réputation en ligne, se créer une « marque personnelle » durable. La surexposition, seul remède au détournement. p Yves Eudes

Restaurer, reconstruire : les églises russes, un patrimoine architectural en questions

Matières premières

La sidérurgie européenne dénonce les prix abusifs des groupes miniers

Église de la Transfiguration (1781), Turchasovo, région Arkhangelsk, Russie © Richard Davies, 2008.

L’association professionnelle des sidérurgistes européens Eurofer a annoncé, mercredi 31 mars, qu’elle avait demandé à la Commission européenne d’ouvrir une enquête sur « les pratiques anti-compétitives et l’abus de position dominante » des trois groupes miniers mondiaux, Vale, Rio Tinto et BHP Billiton. Eurofer réagit à la hausse des prix du minerai de fer que ces groupes réclament et qui varie entre 80 % et 100 %, ainsi qu’à leur volonté d’imposer des contrats trimestriels au lieu des contrats annuels qui avaient cours. Roger Agnelli, président du brésilien Vale, lui a répondu sur son site Internet que « le temps où la production des pays en développement subventionnait le bien-être [des nations riches] était terminé ». p Alain Faujas

Pharmacie

Peu de médicaments ont bénéficié d’une évaluation positive en 2009 La Commission de la transparence qui, au sein de la Haute autorité de santé, est chargée d’évaluer l’intérêt clinique des nouveaux médicaments (SMR) et l’amélioration qu’ils apportent par rapport à l’arsenal thérapeutique existant (ASMR), a rendu public, jeudi 1er avril, son classement 2009. Cinq ASMR I (progrès thérapeutique majeur) ont été attribuées en 2009 (contre deux en 2008), mais quatre vaccins en ont bénéficié. Comme en 2008, cinq ASMR II (progrès important) ont été attribués en 2009. Huit ASMR III (progrès modéré) ont été octroyés contre 3 en 2008 et 20 ASMR IV (progrès mineur) ont été distribués contre 17 en 2008. Au total, 36,2 % des médicaments ont bénéficié d’une ASMR allant de I à IV en 2009 contre 35,4 % en 2008. Ce pourcentage doit être évalué en tenant compte du fait que le nombre de produits soumis à évaluation en 2009 était plus important qu’en 2008. p Yves Mamou

Assurance Les tarifs auto et habitation augmentent Des assureurs ont révisé les prix annuels de leurs contrats début janvier, d’autres le font traditionnellement au 1er avril. Dans les deux cas, la tendance est à la hausse. Les tarifs automobiles progressent en moyenne entre 1 % et 3 % (contre une fluctuation comprise entre – 1 % et 1 % en 2009). Pour la multirisque habitation, la hausse est analogue à celle de 2009 entre 4 % et 6 %.

Salaires Nouvelle baisse pour les patrons américains En 2009, pour la première fois depuis vingt ans, les revenus des grands patrons américains ont baissé une seconde année consécutive, selon une étude effectuée par le cabinet Hay Group pour le Wall Street Journal. Le revenu médian (salaire, primes, stock-options, etc.) des PDG de 200 plus grandes sociétés américaines a reculé de 0,9 % (– 3,4 % en 2008) et s’établit désormais à 6,95 millions de dollars (4,45 millions d’euros).

Journée-débat « Musée-musées » Mercredi 7 avril de 10 h à 18 h, à l’auditorium Le patrimoine religieux russe est aujourd’hui partagé entre l’État et le clergé. Comment le préserver ? Cette journée débat réunit historiens, sociologues et spécialistes de la restauration. Avec Alexandre Musin, Nikolaï Mitrokhine, Kathy Rousselet, Alexei Shchenkov, Mikhaïl Miltchik, Irina Chunikhina et Michel Rutschkowsky. Débats modérés par Jan Krauze et Henri Tincq. En collaboration avec

Information 01 40 20 55 55 www.louvre.fr Réservations 01 40 20 55 00 Manifestation organisée dans le cadre de l’Année France-Russie 2010. www.francerussie2010.fr En lien avec l’exposition « Sainte Russie. L’art russe, des origines à Pierre le Grand », jusqu’au 24 mai 2010.


18 Economie

0123 Vendredi 2 avril 2010

Le point de vue des chroniqueurs de l’agence économique

Reuters Breakingviews La productivité américaine donne des signes de faiblesse inquiétants

L

es crises d’origine financière sont trop souvent suivies de convalescences lentes et laborieuses. C’est bien ce qui pourrait se produire aux Etats-Unis si la productivité chute, car la capacité d’innovation laisse à désirer. Tout cela laisse présager un avenir bien sombre. C’est au gouvernement d’agir. Il doit bien sûr s’attacher à réduire les déficits, mais il doit aussi veiller à stimuler la croissance. Les économistes aiment à dire que la productivité n’est pas forcément l’indicateur le plus vital. Pourtant, sur le long terme, c’est une variable décisive pour l’évolution du produit intérieur brut (PIB). A la base, la croissance réelle est bien le résultat direct du travail fourni par la population active. Elle dépend donc à la fois du nombre de travailleurs et de leur productivité. Si l’on en croit Robert Gordon, l’économiste de la Northwestern University, éminent spécialiste du sujet, la productivité américaine est sur le point de faiblir. M.Gordon souligne que le bond de productivité observé dans les années 1990 a surtout été induit par le développement d’Internet, et que la tendance s’est ensuite prolongée parce que les entreprises ont procédé à des réductions de coût drastiques au début des années 2000. Selon lui, la rentabilité économique des nouvelles technologies va bientôt diminuer: si la plupart des nouveaux produits lancés depuis l’an 2000 comme l’iPod ou la télévision 3D ont fait la joie des consommateurs, ils n’ont en rien profité à la productivité. Si les réflexions de M. Gordon ne suffisent pas à convaincre qu’il y a urgence, peut-être que celles de deux autres économistes distingués y parviendront. Carmen Rein-

hart et Kenneth Rogoff ont étudié de près les conséquences que les crises financières ont pu avoir sur la croissance, un peu partout dans le monde. Leur conclusion est que la croissance est pénalisée dès lors que la dette de l’Etat devient supérieure à 90 % du PIB. Selon le Bureau du budget du Congrès américain (Congressional Budget Office), les Etats-Unis devraient avoir atteint ce seuil fatidique en 2020.

L’innovation en question M. Gordon annonce qu’après avoir été d’un peu plus de 2 % de 1996 à 2007, la croissance annuelle de la productivité du travail va tomber à 1,7 %. L’écart peut paraître mince, mais comme la population active va par ailleurs augmenter moins vite, la croissance du PIB va au total passer de 3,1 % à seulement 2,4 %. Si Mme Reinhart et M. Rogoff n’ont pas avancé de modèle de prévision, on peut s’attendre à ce que les dégâts causés par la crise financière fassent encore baisser ce chiffre. Le président Barack Obama vient de nommer une commission pour réfléchir à la question de la dette. Il devrait peut-être aussi songer à en créer une qui soit chargée de se pencher sur la problématique de l’innovation, et suivre attentivement ses recommandations. Elle pourrait, par exemple, préconiser d’accroître les investissements dans la recherche fondamentale et d’adopter une politique fiscale qui favorise l’investissement plutôt que la consommation. La relance de la productivité ne suffira probablement pas à soulager tous les maux dont souffre l’Amérique, mais, si rien n’est fait, ils ne pourront que sérieusement s’aggraver. p James Pethotoukis (Traduction Christine Lahuec)

L’économie de la Malaisie pourrait aller encore mieux

L

e gouvernement malaisien devrait cesser de s’immiscer dans l’économie de son pays. Le rapport du Conseil national consultatif économique de Malaisie, publié mardi 30 mars, met en évidence le relatif glissement économique du pays depuis la crise asiatique, et accuse, à juste titre, les interventions gouvernementales et les relations de copinage. Le premier ministre, Najib Razak, dans son discours accompagnant la publication du rapport, a promis d’y remédier. Mais sa position de faiblesse politique permettrait à l’opposition, farouche, d’entraver les réformes tant attendues. Jusqu’à la crise asiatique de 1997-1998, la Malaisie enregistrait les meilleurs taux de croissance en Asie. Toutefois, à la suite de cette crise, le gouvernement avait imposé un contrôle des capitaux – à contresens de l’avis international – et était intervenu de manière accrue dans l’économie. En conséquence, l’attrait de la Malaisie pour les investisseurs étrangers a diminué: alors que le pays concentrait la moitié des investissements directs étrangers de l’Asie du Sudest dans les années 1990, il n’en reçoit aujourd’hui qu’un tiers. La politique malaisienne en faveur de la majorité ethnique des Malais, en place depuis 1971, a également imposé des coûts économiques. Et comme en Afrique du Sud ou dans d’autres pays qui connaissent de fortes politiques de discri-

MARCHÉ LIBRE DE L’OR

Lingot................... 26 200 € Napoléon............ 152,10 € 20 $...................... 950,50 € Aux Monnaies de la Bourse TRANSACTIONS Tél. : 01 42 60 16 17

mination positive, cela a abouti à la recherche de rentes et de copinage par les membres aisés du groupe favorisé, sans alléger pour autant la pauvreté de ses membres laissés à l’écart.

Privatisations M.Razak a mis en avant ces problèmes lors de son discours et a promis des solutions. Ainsi, la politique sera modifiée pour se concentrer sur « les besoins et le mérite », plutôt que simplement l’identité ethnique. De plus, un vaste programme de privatisation est annoncé, et des assurances ont été données sur la hausse de l’investissement dans l’éducation et la mise en place de règles du jeu plus équitables pour les investisseurs privés. Néanmoins, la majorité parlementaire du premier ministre est fragile, compte tenu des critères malaisiens, et les groupes ethniques malais protestent déjà. Avec une balance des paiements très largement excédentaire, une faible inflation, un déficit budgétaire modéré et une bonne croissance, même au cours de la dernière décennie, la situation économique de la Malaisie reste enviable par rapport aux autres pays. Et la proposition d’une plus grande ouverture économique faite par le Conseil consultatif économique aurait pour effet d’améliorer encore cette situation. En revanche, le scepticisme relatif à l’ampleur du changement semble bien justifié. p Martin Hutchinson

Le site Lipton reste bloqué par une grève sur les salaires L’usine Fralib (Unilever) basée à Gémenos (Bouches-du-Rhône), seul site à fabriquer les thés et infusions Lipton et Elephant, reste bloquée après quatre semaines de grève et neuf réunions de négociations dont la dernière, mercredi 31 mars, n’a abouti à aucune avancée. Selon Olivier Leberquier, délégué CGT, la discussion bute sur l’augmentation des salaires. La direction propose 16 euros d’augmentation générale, les syndicats récla-

La vie des entreprises Finance La Deutsche Bank devant un tribunal belge Le parquet de Bruxelles a décidé, mercredi 31 mars, de renvoyer la filiale belge de la banque allemande Deutsche Bank devant le tribunal correctionnel, à la suite de « la distribution de deux produits émis et garantis par la banque Lehman Brothers ». Selon la presse belge, près de 3 800 clients sont potentiellement concernés. La faillite de Lehman Brothers avait été en septembre 2008 l’élément déclencheur de la crise financière mondiale. Un procès contre Citibank s’est aussi ouvert en décembre 2009 à Bruxelles. – (AFP.)

50 millions d’euros de prime pour le directeur général de Crédit suisse Crédit suisse a annoncé, mercredi 31 mars, que son directeur général, Brady Dougan, allait gagner, fin avril, 71 millions de francs suisses (50 millions d’euros) de prime supplémentaire, selon Les Echos du jeudi 1er avril. Le groupe bancaire helvétique révélait déjà, le 25 mars, que Brady Dougan avait empoché 19,2 millions de francs suisses, dont 17,9 millions de bonus au titre de 2009, soit six fois le montant global qu’il avait gagné au titre de 2008.

Justice Mise en liquidation de deux sociétés du groupe Bernard Krief Consulting Deux sociétés du groupe Bernard Krief Consulting (BKC), l’entreprise textile SAIC-Velcorex Concord (ancienne filiale de DMC) et les meubles Authentika, ont été placées, mercredi 31 mars, en liquidation judiciaire, entraînant la suppression de 210 emplois. – (AFP.)

Pharmacie Sanofi-Aventis fermera son site de Romainville d’ici à 2014 Le groupe pharmaceutique SanofiAventis a annoncé, mercredi 31 mars, la fermeture, d’ici à 2014,

Automobile

sentent 80 % des droits de vote, ainsi que le soutien de la fondatrice de la société, l’ex-journaliste de mode française Nathalie Massenet. – (AFP.)

PSA supprime l’équipe de nuit à l’usine de Mulhouse Mi-mai, l’usine PSA Peugeot Citroën de Mulhouse (Haut-Rhin) arrêtera l’équipe de nuit qui était opérationnelle depuis juin 2009. Les contrats des 480 intérimaires recrutés ne seront donc pas reconduits. La constitution de cette équipe avait été motivée par le succès de la 206 +, grâce à l’instauration de primes à la casse dans différents pays d’Europe. Mais la fin de ces programmes, comme en Allemagne, ou la baisse, comme en France, laisse penser que la demande va être beaucoup moins importante et le constructeur veut éviter à tout prix d’augmenter ses stocks. L’usine fabrique aussi la 308 et la Citroën C4. Mais cette dernière est en fin de vie, un nouveau modèle étant prévu pour fin 2010. L’usine de Mulhouse connaîtra dix jours d’arrêt partiel de production en avril et en mai. Ces jours-là, la Citroën C4 ne sera pas fabriquée, les chaînes des 308 et des 206 +seront arrêtées durant deux jours. En revanche, la direction de l’usine Peugeot de Sochaux (Doubs) a annoncé, mercredi 31 mars, lors d’un comité d’entreprise, la prolongation de son équipe de nuit jusqu’aux congés d’été. Toutefois, Jean-Philippe Jombart, directeur du site, n’exclut pas de recourir au chômage technique sur la ligne qui produit la Peugeot 308 par « solidarité » avec l’usine-sœur de Mulhouse. « Cela lui permettra de récupérer la production de la 308 pour compenser la baisse de la C4 et de la 206 + », explique M. Jombart. p Nathalie Brafman de son site de Romainville (SeineSaint-Denis), où travaillent environ 250 personnes, dans le cadre d’une restructuration de sa branche chimie. Le plan prévoit aussi l’abandon des activités chimie à Neuville-sur-Saône (Rhône). La branche chimie de Sanofi-Aventis, qui emploie 4 250 salariés sur huit sites en France, annonce 150 millions d’euros d’investissements afin de poursuivre sa mutation vers les biotechnologies. – (AFP.)

Presse « Le Parisien » renonce à son plan de départs volontaires La direction du quotidien Le Parisien/Aujourd’hui en France a renoncé au plan de départs volontaires qu’elle avait envisagé, considérant que ce projet n’était plus justifié, selon une dépêche de l’AFP, mercredi 31mars. En novembre 2009, la direction prévoyait le départ volontaire de 35 personnes, dont 25 à la rédaction nationale et 10 chez les cadres et

Défense EADS souhaite un engagement des Etats sur son programme de drones Le groupe de sécurité et de défense EADS demande un « engagement » de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne pour poursuivre au-delà de l’été son programme de drones de surveillance Talarion, a déclaré, mercredi 31 mars, Stefan Zoller, responsable de la branche de défense et sécurité. En 2007, ces trois pays avaient demandé au groupe franco-allemand une étude pour un avion sans pilote. L’industriel a continué le développement à ses frais.

Communication Citroën lance la première publicité vidéo dans la presse

employés. « L’installation d’une nouvelle direction de la rédaction, la rénovation de la maquette et le développement de notre site Internet ont créé une dynamique nouvelle au sein de la rédaction », explique la direction, qui souligne qu’à ce contexte s’ajoute « un environnement concurrentiel renforcé », faisant référence à la relance de France-Soir. – (AFP.)

Citroën est le premier annonceur en France à lancer la publicité vidéo dans la presse – le numéro d’Enjeux-Les Echos, qui sort vendredi 2 avril. Un écran miniaturisé, glissé dans 10 000 exemplaires du mensuel, permet de visualiser les spots publicitaires du constructeur automobile. Cette opération a été menée par Havas Media et l’agence publicitaire H.

Luxe Richemont propose 400 millions d’euros pour racheter Net-a-porter

Cinéma MGM obtient un délai pour payer ses dettes

Le groupe suisse Richemont, spécialiste du luxe, a annoncé, mercredi 31 mars, avoir lancé une offre publique d’achat de 350 millions de livres (395 millions d’euros) sur l’enseigne Internet britannique Net-a-porter. Richemont, qui détient déjà 33 % de cette société spécialisée dans la vente en ligne de vêtements haut de gamme, a précisé avoir reçu le feu vert pour cette opération de la part des actionnaires, qui repré-

Le studio de cinéma américain MGM, en difficultés, a obtenu, mercredi 31 mars, de ses créanciers d’étendre jusqu’au 14 mai le délai pour le remboursement de sa dette d’environ 3,7 milliards de dollars (2,7 milliards d’euros). Ses emprunts arrivent à échéance le 31 mars et le 8 avril. MGM avait admis, le 23 mars, avoir reçu plusieurs propositions de rachat dans le cadre de sa recherche de financement. – (AFP.)

(Publicité)

SICAV ET FCP SÉLECTION publiée sous la responsabilité de l'émetteur Dernier cours connu le 1/4 à 9h Valeur

Cours en euro

date valeur

(Traduit par Séverine Gautron)

n Sur Breakingviews. com Plus de commentaires sur l’actualité économique et financière.

ment 200 euros. « La production est quasiment à l’arrêt », souligne-t-il, estimant à une quinzaine de salariés, sur 183, le nombre de non-grévistes, tandis que la direction parle de « 25% du personnel, soit une quarantaine de salariés ». Unilever fait appel à d’autres sous-traitants pour assurer la production de sachets Lipton ou Elephant. Une étude sur la « situation de l’usine et de ses salariés » a été lancée. – (AFP.) PHOTO : YANN HANNING/REA

Fonds communs de placements ECUREUIL BENEFICESRESPONSABLES 39,57 30/3

ECUREUIL ACTIONS EUROPEENNES C 15,91 ECUREUIL CAPIPREMIERE C 2906,87 ECUREUIL OBLI CAPI C 61,57 ECUREUIL PROFIL 90 D 34,36 ECUREUIL PROFIL 75 D 38,98 ECUREUIL EURIBOR 1256,60 ECUREUIL EXPANSION C 18427,59 ECUREUIL INVESTISSEMENT D 45,94 ECUREUIL MONEPREMIERE C 2385,22 ECUREUIL SECURIPREMIERE C 2607,26 ECUREUIL SENSIPREMIERE C 3704,49 ECUREUIL TRESORERIE C 66,88 ECUREUIL OBLI REVENUS D 272,59 ECUREUIL MONEPREM.INSTC 117348,76

30/3 30/3 30/3 30/3 30/3 30/3 31/3 30/3 30/3 30/3 30/3 30/3 30/3 31/3

CM-CIC MID FRANCE

29,25 30/3

Multi-promoteurs CM-CIC EUROPE

23,39 30/3

Fonds communs de placements CM-CIC EURO ACTS C CM-CIC SELECT.PEA CM-CIC MID EUROPE CM-CIC TEMPERE C CM-CIC DYN.EUROPE CM-CIC FRANCE C CM-CIC EQUILIBRE C CM-CIC DYN.INTERN. CM-CIC OBLI C.T.D

20,16 7,51 19,26 169,08 33,21 32,78 70,20 26,13 137,84

30/3 30/3 30/3 30/3 30/3 30/3 30/3 30/3 31/3

Fonds communs de placements CM-CIC DYN.INTERN. CM-CIC OBLI C.T.D CM-CIC OBLIGATIOND CM-CIC MID FRANCE CM-CIC PLANBOURSEC CM-CIC TEMPERE C CM-CIC EURO ACTS C CM-CIC FRANCE C

26,13 137,84 26,34 29,25 18,18 169,08 20,16 32,78

30/3 31/3 31/3 30/3 30/3 30/3 30/3 30/3


Enquête Décryptages 19

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Postes de travail d’un centre d’appels de France Télécom. Photographies fournies par SUD Grand Est.

Devenu le symbole du stress au travail, l’opérateur de télécommunications tente de combattre le phénomène. Mais, pour de nombreux salariés, rien n’a changé. Et l’entreprise compte presque un cas de suicide par semaine depuis janvier Cécile Ducourtieux

D

anielle Rochet a un petit sourire fatigué. La déléguée syndicale SUD y avait « cru » quand les dirigeants de France Télécom lui avaient expliqué, il y a six mois, que « les choses allaient changer ». Le « 1016 », le centre d’appels consacré aux PME d’Annecy-le-Vieux (HauteSavoie) où elle travaille comme conseiller client, était endeuillé par le suicide d’un collègue, Jean-Paul Rouanet. Un lundi matin, fin septembre, au lieu de rejoindre son travail, il s’est jeté du haut d’un viaduc. Au début, après le drame, Danielle Rochet avait voulu le croire quand on lui avait dit : « Plus jamais ça ! » Mais six mois plus tard, elle se dit qu’elle a été « naïve ». Depuis, la « crise des suicides » a éclaté au grand jour, la direction de l’opérateur de télécommunications a reconnu le nombre des drames (32 entre début 2008 et novembre 2009) et accepté d’ouvrir un débat sur le stress au travail. Elle a organisé des « assises de la refondation », mandaté un cabinet externe, Technologia, et rendu publique son enquête, édifiante, sur le mal-être de son personnel. Le PDG, Didier Lombard, et le directeur pour la France, Louis-Pierre Wenes, ont été écartés. Stéphane Richard, le nouvel homme fort, a multiplié les déclarations d’ouverture. Signé deux accords importants avec les syndicats, dont un actant la fin des « mobilités forcées » mises en pla-

FranceTélécom

Bluestoujours ce pour pousser le plus de monde possible vers la porte, notamment les fonctionnaires (deux tiers de l’effectif) et les plus de 50 ans. Il a aussi promis un « plan de refondation » avant l’été. Mais rien n’y fait, des salariés de France Télécom continuent de se suicider : on compte presque un cas par semaine depuis début 2010. Et à Annecy, Nancy ou Paris, les témoignages se recoupent : le moral reste bas. Au mieux, on s’impatiente, au pire on broie du noir. Certes, des choses ont changé. Des fermetures de sites ont été annulées, comme à Cahors ou à Marmande. Des projets de mutations forcées enterrés, comme à Donges. Et des chantiers ouverts. A Annecy, le recrutement d’un « soutien métier », pour assister les téléopérateurs perdus dans le maquis des nouvelles offres commerciales, est en cours. Une formation pour les « appels difficiles » (les clients qui rouspètent) a également été dispensée. « Cela n’existait pas avant, ça a été utile », précise Sonia Aouafa, une collègue de Mme Rochet. « Les nouveaux arrivants sont mieux accompagnés, surtout s’ils viennent des fonctions techniques. On ne les lâche pas tout de suite dans le grand bain », ajoute Gaétan Prou, élu au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Pour le médecin du travail, Monique Fraysse, « la pression est bien tombée. Avant, les managers avaient les yeux rivés sur leurs compteurs. A Grenoble, dans les boutiques Orange, ils ont cessé d’afficher tous les jours les résultats individuels des vendeurs ». « Et quand des salariés craquent, nos chefs essayent de trouver une solution, assure Jean-Marc Lassoutanie, délégué CGT des boutiques Orange à Paris. Avant, ils n’auraient jamais accepté. Aujourd’hui, ils ont peur des suicides, que leur responsabilité soit engagée. » Il y a surtout eu « une libération de la parole », selon Mme Fraysse. « On se remet à parler du travail. Les salariés osent dire qu’ils ne sont pas contents, qu’ils en ont assez de maltraiter les clients, parfois de leur forcer la main pour parvenir à leurs objectifs de vente. » Le problème, c’est que ces prises de parole ont suscité un énorme espoir. Puis une grosse déception

chez ceux qui attendaient un véritable électrochoc, et qui ne l’ont pas ressenti. « On a été écoutés, mais on ne sait pas si on a été entendus », résume Danielle Rochet. Beaucoup trouvent les mesures de la direction trop « cosmétiques ». Les responsables du « 1016 » d’Annecy-le-Vieux ont proposé de placer au centre du plateau une vitrine pour accueillir les « œuvres » des téléopérateurs (dessins, etc.) : « Certains l’ont pris pour une provocation », selon Mme Rochet. Elle aurait préféré une vraie réflexion sur les conditions de travail : « On ne demande pas la semaine de 20 heures ! Juste un plateau insonorisé, des bureaux plus conviviaux où l’on puisse se voir entre collègues. Nos chefs ont à portée de main des choses pour changer mais ils ne s’en saisissent pas, c’est moche », s’enflamme-t-elle. Il y a aussi eu l’instauration des déjeuners d’équipe, pour recréer du lien entre des salariés hyper-individualisés. Sur le site Orange distribution (service logistique de l’offre mobile) de Bagneux (Hautsde-Seine) où travaille Margaret Corvington-Guerlais, déléguée CGT, « on se remet à fêter les anniversaires, une fois par mois. Mais ce ne sont pas des choses qui se décrètent. Cela devrait venir naturellement ! »

M

ême incrédulité chez JeanClaude (il n’a pas souhaité donner son nom de famille), vendeur dans une boutique Orange à Nancy : « Un matin, on a eu droit aux croissants et au jus d’orange. On n’avait rien à se dire ; normal cela fait des années qu’on ne se parle plus. » « Ce qui a changé ? Pas grandchose… Ah si ! Maintenant, on se dit bonjour. Avant, c’était considéré comme une perte de temps», témoigne une jeune femme de l’unité de facturation et de recouvrement de Villers-lès-Nancy, où toutes les factures du groupe sont imprimées. L’endroit a été baptisé « l’hôpital » : c’est là qu’échouent tous ceux qui ont été trop « cassés » par le système, par exemple ceux qui ne sont plus capables de tenir sur un centre d’appels. En réalité, pour Philippe Dillier, de SUD, en poste à l’agence entreprises Grand Est, « on en est juste revenu à une situation légale ou antérieure. Au respect

par exemple des instances représentatives du personnel. Ou au principe des rapprochements entre conjoints : autrefois, cela existait et marchait plutôt bien. Mais ça avait disparu, avec la privatisation de la société [au milieu des années 1990]. » Certains déplorent la survie de pratiques antérieures : « On fonctionne encore par challenges [des concours entre salariés] sur le plateau. Pour des sommes ridicules, 150 euros à se partager à douze personnes », regrette Danielle Rochet. Parfois même, elle trouve que c’est pire qu’avant : « La direction a mis en place des objectifs collectifs inatteignables. Du coup, comme certains vendeurs ont perdu jusqu’à 40 % de leur part variable, ceux qui ont des difficultés pour vendre culpabilisent car ils se sentent responsables vis-à-vis de leurs collègues. » Et, çà et là, les réorganisations continuent. « Nous avons appris au début de

«Ce qui a changé? Pas grand chose… Ah si! Maintenant, on se dit bonjour»

Une salariée de l’unité de facturation de Villers-lès-Nancy

l’année que la hot line de la branche Orange distribution devait être externalisée à un prestataire de services, à Tarbes, s’insurge Margaret Corvington-Guerlais. Il y a vingt salariés basés à Boulogne, qui se sont vu proposer un avenant à leur contrat de travail. Ils peuvent rester sur place, mais à condition d’accepter une réduction de salaire pouvant aller jusqu’à 15 % : c’est illégal ! » « C’est complètement faux », réagit cependant Jacques Moulin, directeur France des ressources humaines (DRH) du groupe. Des plateaux « 118 712 » (renseignements téléphoniques) vont aussi être supprimés à Mâcon et à Sochaux. Mais les personnels seront maintenus sur place, précise la direction. Quant aux « espaces développement », chargés de réorienter des salariés ou de les pousser vers la sortie, ils existent toujours. « C’est encore la menace si on ne tient pas nos objectifs »,

assure Jean-Claude, à Nancy. Seul changement, « ils n’envoient plus de courriels, ils téléphonent », selon Margaret Corvington-Guerlais. Le problème, poursuit Mme CorvingtonGuerlais, c’est que « ce sont nos “N + 1” [responsables hiérarchiques directs] qui ont organisé les assises de la refondation. D’un seul coup, ils nous disent qu’ils sont devenus gentils, alors qu’ils nous ont piétinés pendant des années, et il faudrait les croire ? » « Il n’y a plus d’esprit d’équipe, de collectif, il a été méthodiquement cassé, avec les réorganisations perpétuelles. Cela ne pourra pas revenir en quelques semaines, renchérit Patricia Villemin, de l’agence entreprises Grand Est, à Nancy. Quant à nos managers, ils avaient tous les droits. On ne peut pas leur demander d’un seul coup de devenir des démocrates ! » Pour un vrai changement, il faudrait revoir complètement l’organisation du groupe, soulignent les salariés de France Télécom. « C’est un fonctionnement militaire : les ordres viennent d’en haut, et cela descend en cascade », regrette M. Lassoutanie. « L’idée est de décliner les accords nationaux au niveau local. Mais localement, quand il s’agit d’embaucher, on vous dit : il faut voir avec le national. Et au national, on vous dit que c’est au local de négocier. Au final, personne n’est responsable de rien », déplore Pierre Joseph, vendeur dans une boutique parisienne et délégué CGT. La direction de France Télécom a accepté de débattre de l’organisation du travail. Jacques Moulin, le DRH France, « souhaite que ce chantier soit terminé avant l’été. Il est très lourd, mais nous avons vraiment la volonté d’aboutir. Quelle autre entreprise que nous met autant d’ardeur à changer ? » « La direction ne refuse pas la discussion sur le fond, reconnaît Philippe Méric, du syndicat SUD, mais cela avance très lentement. Et on ne sait pas à quel accord on aboutira au final. » « C’est vrai qu’il y a un sentiment d’urgence chez beaucoup de salariés. Mais des négociations sont en cours, il faut laisser les choses se dérouler jusqu’au bout », tempère Monique Fraysse, médecin du travail, l’une des rares à rester résolument optimiste. p


20 Décryptages Analyses

0123 Vendredi 2 avril 2010

Entre l’Amérique et Israël, quelques gros nuages International Alain Frachon

C

e ne serait donc qu’une mauvaise passe. Ces tout derniers jours, Jérusalem et Washington échangent mots doux et propos apaisants. La relation israélo-américaine est ce qu’elle a toujours été, jure-t-on : suffisamment forte pour essuyer quelques tempêtes. Les Etats-Unis viennent de porter en place publique un gros différend avec Israël. Ils s’opposent au projet du gouvernement de Benyamin Nétanyahou de construire une série de logements dans la partie arabe de Jérusalem. Ils réclameraient un moratoire de quatre mois pour permettre une reprise du dialogue israélo-palestinien.

L’affaire a plombé l’ambiance lors de la visite en Israël du viceprésident américain, Joseph Biden, début mars ; elle a gâché le séjour de « Bibi » Nétanyahou à Washington à la fin du mois. Aujourd’hui, le discours officiel se veut rassurant, de part et d’autre : un sérieux coup de froid, mais rien de définitif. Le différend n’aurait pas ébranlé une relation profonde, qui a survécu à pas mal de conflits. On peut avoir une lecture différente de cette brouille. Et dire, au contraire, qu’elle n’a sans doute rien de passager. Elle est un moment-clé pour les deux pays. Elle peut se transformer en affrontement politique majeur. Elle met

face à face deux hommes, que rien ne rapproche, et deux politiques, difficilement conciliables. Barack Obama veut l’apaisement avec le mondearabo-musulman; cela passe par des progrès dans le dialogue israélo-palestinien. Et l’arrêt des implantations. Le chef du Likoud, quel que soit son pragmatisme, dirige un gouvernement de droite qui veut la poursuite desimplantations. Il explosera à la moindre avancée dans la négociation avec les Palestiniens. Un peu d’histoire. Comme la bande de Gaza et la Cisjordanie, la partie orientale de Jérusalem a été conquise durant les combats de la guerre israélo-arabe de juin 1967.

Mais alors qu’Israël a laissé ouvert le statut des premiers, il a très vite «annexé » Jérusalem-Est. Les EtatsUnis n’ont jamais reconnu cette annexion, tout comme ils ont toujours dénoncé les constructions israéliennes en territoire palestinien : une politique du fait accompli qui met à mal la possibilité d’un règlement sérieux. Israëlentend que Jérusalem réunifiée soit sa capitale ; les Palestiniens revendiquent d’installer la leur dans la partie est de la ville. Mais les protestations américaines n’étaient, jusqu’à ce jour, pas destinées à être autre chose que des paroles verbales. La preuve : plus de quarante ans après la guerre de 1967, 300 000 Israéliens résident en Cisjordanie et quelque 200 000 autres dans la partie orientale de Jérusalem. Washington a laissé faire. Il y a à cela une raison majeure : dans le partenariat noué avec Israël, le différend sur les territoires est resté marginal. L’alliance que les deux pays concluent implicitement, à la fin des années 1960,est d’abordstratégique : durant la guerre froide, Israël offre aux Etats-Unis un point d’appui inestimable au Proche-Orient. L’Egypte, la Syrie, l’Irak ont longtemps été dans le camp de Moscou, et maintenu l’état de guerre avec Israël. Politiques, mili-

taires, culturels, les liens entre Américains et Israéliens se resserrent au fil des ans. La guerre froide enterrée, la lutte contre l’islamisme leur fournit un nouveau carburant. Seulement, le paysage stratégique change. Il rapproche de la collision les politiques d’Obama et de Nétanyahou. L’Américain a une vision globale du Proche-Orient. Il veut une coalition arabe pour enrayer les ambitions nucléaires de l’Iran. L’impérialisme de Téhéran donne des cauchemars à la plupart des dirigeants arabes. Ils colle-

En pleine brouille sur Jérusalem, la popularité d’Israël aux Etats-Unis atteint le taux record de 63% ront d’autant plus aux Etats-Unis que ceux-ci feront avancer les revendications palestiniennes. Et notamment celle-là : pas d’implantations en Cisjordanie, pas de faits accomplis à Jérusalem-Est. L’Amérique est engagée dans le monde arabo-musulman, rappelait le général David Petraeus le 17 mars. Chef du commandement central, il est chargé de l’Afghanistan et de l’Irak. A la commission des forces armées du Sénat, il dit son inquiétude : sur ces théâtreslà, l’Amérique est assimilée à Israël et pâtit du comportement de son allié – à tort ou à raison. Le message s’adresse à « Bibi » : relayés par la machine médiatique globale, vos projets à Jérusalem concernent nos soldats sur le terrain… Rarement pareille divergence d’intérêts stratégiques entre les deux alliés aura été aussi ouvertement mise sur la table à Washington. On se rassure à Jérusalem en

invoquant un autre aspect de la relation israélo-américaine. Elle n’est pas que stratégique, loin de là. Elle est affective, sentimentale. Les Américains aiment Israël. Plus que les Européens, ils éprouvent une sympathie naturelle pour ce qu’Israël représente. Pas besoin d’un lobby – juif ou autre – pour cela ; c’est plus complexe et plus profond. Il faut chercher dans les replis de l’âme des deux pays. Est-ce parce que l’Etat hébreu est la seule démocratie au ProcheOrient ? Parce que juifs et protestants ont la même familiarité avec le texte biblique ? Parce qu’un certain esprit pionnier touche une corde sensible en Amérique ? Tout cela à la fois ? Fin mars, en pleine brouille sur Jérusalem, le dernier sondage Gallup citait un taux de popularité record pour Israël aux Etats-Unis : 63 %. Mais ce chiffre masque une évolution dans cette histoire d’amour partagé. Et qui pourrait la malmener. Les élites américaines prennentleurs distancesavec legouvernement israélien. Le réservoir de sympathie inconditionnelle se trouve aujourd’hui non plus dans le camp démocrate, comme ce fut longtemps le cas, mais chez les républicains. La vague des protestants évangéliques fournit les bataillons les plus enthousiastes. Pour les plus illuminés d’entre eux, les implantations en Cisjordanie et à Jérusalem relèvent de l’injonction biblique. Comme base de soutien moral et politique pour Israël, on peut rêver plus solide. Nétanyahou était revenu torse bombé de sa première visite à l’administration Obama : il croyait l’avoir fait caler sur les implantations. Fin mars, il est rentré l’air sombre. Comme s’il entrevoyait de gros nuages à l’horizon. p Courriel : frachon@lemonde.fr

THÉÂTRE DU ROND-POINT

Le livre du jour

Politiques,

réagissez, les Français ne vous suivent plus ! Avec

Florence Aubenas, journaliste et écrivain Martin Hirsch, ancien Haut-Commissaire

aux Solidarités Actives et à la Jeunesse Manuel Valls, député et maire PS d’Evry Jean-Paul Delevoye, médiateur de la République et d’autres intervenants... Un débat animé par Eric Fottorino, directeur du Monde

Oscar Wilde

Le lundi 12 avril à 19 h 30 Réservations : Théâtre du Rond-Point 2 bis, avenue Franklin-D.-Roosevelt, 75008 Paris . Tél. : 01 44 95 98 21 Tarif : 15 € / Réduit* : 12 €. Moins de 30 ans : 8,50 €. www.theatredurondpoint.fr Informations : www.lemonde.fr/debats *SDL, abonnés du Monde, du Monde « Dossiers et Documents », du Monde.fr & du Théâtre du Rond-Point, sur présentation d’un justificatif. Dans la limite des places disponibles.

Pompiers pour le Sud UNE PARTIE dumonde en développement, que l’on appelle « le Sud », est un danger public. Si encore la Somalie et ses pirates, le Nigeria et ses preneurs d’otages, l’Afghanistan et ses poseurs de bombes se contentaient de sévir à domicile ! Mais non, leurs pathologies contaminent peu à peu leurs voisins et poussent les pays riches à des dépenses militaires dispendieu-

Notre maison brûle au Sud Serge Michailof et Alexis Bonnel Fayard, 368 p., 23 ¤ ses : depuis 2002, les opérations en Afghanistan ont mobilisé 240 milliards de dollars. Et ce n’est pas fini, si les frustrations arment les populations misérables sous le nez desquelles la télévision et Internet agitent l’opulence occidentale ! L’un des pays les plus pauvres de la planète, le Niger, passera en moins d’un siècle, prédisent les démographes, de 7 à 58 millions d’habitants vers 2050. Ceux-ci mourront-ils sans réagir sous les soleils du Sahel ? Mais Serge Michailof, qui signe avec Alexis Bonnel une somme appuyée sur quarante ans d’expériences à la Banque mondiale et à l’Agence française de développement (AFD), voit un autre danger pointer au Sud : les pays qui ont tiré profit des aides dispensées par les pays industrialisés prétendent désormais au niveau de vie du Nord.Normal. Certes, steaks, voitureset climatiseurs y émettrontproportionnellement moins de gaz à effet de serre que chez nous, mais le climat y résistera-t-il ? Il est donc temps de revoir notre façon d’aider le Sud, dit Serge Michailof. Il y a cinquante ans, elle était une façon d’endiguer le communisme. L’enrichissement de la Corée du Sud ou de Singapour prouve la pertinence de cette realpolitik. Il y a trente ans, l’aide a tenté de corriger les dégâts sociaux com-

mispar les programmesd’assainissement à la hussarde, par les soutiens aux dictateurs type Mobutu etpar les politiquesd’industrialisations idiotes. La lutte contre la pauvreté est devenue l’alpha et l’oméga que la communauté internationale a tenté d’appliquer avec les Objectifs du millénaire et avec les promesses de dons aux pays pauvres jamais tenues. Créer une sorte de RMI mondial pour les plus déshérités est irréaliste tant qu’un gouvernement mondial n’instituera pas une fiscalité redistributive à l’échelle de la planète. Freinagetrop lent de la croissance démographique, impasse environnementale, exaspérations des tensions sociales et politiques préparent trente prochaines années périlleuses. L’aide est donc plus que jamais nécessaire, même si seule la croissance peut espérer résorber la pauvreté. Mais elle doit

Ne plaquons plus sur ces pays des recettes politiques concoctées à Washington ou Paris être plus intelligente et se soucier de la construction ou de la reconstruction d’Etats faillis. Ne plaquons plus sur ces pays des recettes politiques concoctées à Washington ou à Paris. C’est peut-être moins glorieux d’aider à bâtir une administration à Kaboul que d’y organiser des élections, mais c’est assurément plus porteur de paix et d’avenir. « L’aide publique au développement, conclut Serge Michailof, n’est plus une œuvre de charité. C’est l’un des rares instruments disponibles pour tenter de prévenir les crises qui mijotent dans de dangereux chaudrons au Sud. En termes très égoïstes de sécurité nationale, elle sera certainement moins coûteuse et plus efficace qu’un escadron de Rafale. » p Alain Faujas


Débats Décryptages 21

0123 Vendredi 2 avril 2010

Je persiste et signe: l’humour a ses frontières Pas d’attaques «au faciès»!

Il faut suspendre le bouclier fiscal pour redonner du sens à la politique Un appel lancé par treize députés de l’UMP

J

N

’ai patiemment attendu que la poussière retombe dans le bac à sable, histoire de voir jusqu’où l’élégance et l’humour pouvaient cohabiter dans les années 2010. Je n’ai pas été déçu. Il me faut donc revenir sur un épisode de notre vie publique. C’est vrai : c’est un épisode qui ne relève pas de l’anecdote, et peut-être même pas de l’humour. A moins que l’humour soit devenu le cachesexe du vide cérébral, ce que je me refuse à croire. Le 22 mars, un humoriste dressait à l’antenne de France Inter le portrait d’Eric Besson. Il décrivait notamment « les yeux de fouine d’Eric Besson, et son menton fuyant ». Faut-il s’excuser d’être profondément choqué de ce qu’on entend sur une station dont on est responsable ? Oui. J’ai présenté des excuses publiques. Me voilà donc, en bonne logique, traité de « liberticide ». Rien que cela ! Ainsi va l’analyse, dans sa profondeur et son honnêteté. Pour tout dire, l’affaire me paraîtsérieuse. Il ne s’agit pas de moi. Je pratique le journalisme depuis quarante ans, avec diverses fortunes, et je crois avoir montré mon penchant profond pour la liberté, notamment sur les antennes du service public. Des gens comme Guy Bedos (au hasard) peuvent en témoigner. S’il me faut revenir sur le sujet qui nous occupe réellement, c’est que la polémique, qu’on peut après tout regarder avec légèreté, met en cause, si on me permet un peu d’emphase, des principes fondamentaux pour la République et la démocratie. Rien n’est plus important, pour un républicain, pour un démocrate, que l’atta-

Par nature, je ne ris pas au coup de sifflet, et encore moins au coup de fouet» chement à la liberté d’opinion et d’expression. C’est la vertu cardinale, sur laquelle repose tout notre système politique. J’aimerais citer ici l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Nous sommes donc tous d’accord : les libertésd’opinion, d’expression, d’association, de manifestation sont les piliers de notre socle démocratique. Comme citoyen, je suis l’héritier, fier de l’être, de cette tradition démocratique française. Comme responsable d’un grand média, je suis dépositaire du devoir impérieux de la mettre en œuvre en permanence. C’est mon honneur, et c’est ma conviction. Et puis, il y a l’humour. L’humour a tous les droits, et d’abord ceux de l’outrance, de la caricature et même de la méchanceté. Il se trouve que l’humoriste n’a que deux limites : celle de l’acceptabilité des citoyens (dont il est le premier juge). Et puis celle des grandes valeurs morales qui scellent le pacte républicain. C’est là que le bât blesse. Face à un principe fondamental, il faut aussi savoir défendre les limites de ce principe. Les seules limites sont précisément celles de l’autre, de l’autre individu, qui, lui aussi, a droit à la protection de sa liber-

Jean Luc Hees Président de Radio France té. Enfin, il y a la limite du pacte républicain, qui unit tous les citoyens. Or, à cet égard, nous avons une histoire. Qui nous enseigne que l’attaque personnelle, fondée sur le physique de la personne, fait partie de ces valeurs infranchissables. Les années sombres, les référencestellement amusantes aux yeux de fouine, au nez et aux doigts crochus, sont là pour nous le rappeler. Là, la plaisanterie doit s’arrêter. L’humour a ses frontières qui sont celles de la morale républicaine. Il n’est pas interdit, même à un humoriste, de s’interroger sur sa responsabilité morale, citoyenne. Osons le mot : sur sa responsabilité politique, au sens noble du mot. L’attaque sur les aspects physiques d’une personne est intolérable. Le simple bon sens encourage à penser que s’élever contre les attaques « au faciès » ne constitue ni une posture de droite ni une posture de gauche. Je suis président d’un média de service public. Et si ce qui précède ne suffisait pas, cela me confère tout particulièrement un rôle de vigilance sur les principes que je rappelle. Qu’on relise les phrases de notre « humoriste » à propos du ministre Besson. Qu’on relise ces impayables vannes sur l’apparence physique de Martine Aubry… J’ai présenté des excuses. Figurezvous qu’il m’arrive dans la vie de présenter des excuses lorsque j’estime nécessaire de le faire. J’en conseille vivement la pratique dans une société qui se réclame de la tolérance, du progrès, voire de la justice. Et j’invite à y réfléchir ceux qui osent parler d’atteinte à la liberté. De qui se moque-t-on ? Qui ne dit mot consent. C’est vrai, il est plus confortable de se boucher les oreilles, les yeux, voire les narines, que d’exprimer, tranquillement, ses convictions lorsqu’on se trouve dans le champ de la vie publique. On devient alors « malin ». J’ai entendu un certain nombre de « malins » ces derniers jours. Je ne compte pas, pour ma part, entamer une carrière de « malin ». Je ne suis pas censeur. Quelle sottise ! Mais, j’ai toujours préféré la violence d’un Lenny Bruce ou d’un Desproges (que l’on met aujourd’hui, hélas ! à toutes les sauces) à la tranquille certitude d’autres amuseurs. C’est mon droit. Continuons donc à rigoler, même si, par nature, je ne ris pas au coup de sifflet, et encore moins au coup de fouet. Un mot encore : ce n’est pas la peine de crier avant d’avoir mal. L’escalade délibérée est puérile, et je n’emploie pas le mot tout à fait au hasard. France Inter, et cette séquence le prouve à l’envi, est chimiquement pure sur le chapitre des libertés. Sauf à considérer qu’en s’autoproclamant génial et intouchable, on s’assure un droit inaliénable de propriété d’un bien public, alors que tant d’autres doivent, chaque jour que Dieu fait, montrer la preuve de leur talent. Veillons donc jalousement à la liberté. Cela dit, j’essaye toujours de comprendre pourquoi, président de Radio France, je n’ai pas le droit de ne pas rire aux injonctions d’un membre du personnel. Pour le coup, je me marre.p

ous l’observons depuis des mois : la déconnexion entre les annonces de la politique nationale et ce que vivent nos concitoyens n’a cessé de s’accentuer. Les résultats des dernières élections régionales comme leur taux d’abstention massif l’attestent. La déception est d’autant plus forte qu’elle a succédé à beaucoup d’espoir (peut-être trop) suscité par la campagne présidentielle. Le risque de découragement est aujourd’hui si grand qu’il nous semble urgent de répondre à une triple exigence : D’abord, rappeler la vérité. La dette est énorme, et tout le monde sait qu’il faudra la rembourser. La question des retraites est liée à l’allongement de la durée de la vie, et tout le monde sait qu’il faudra cotiser plus longtemps. La santé et la présence médicale ont un coût, et tout le monde sait qu’il faudra trouver des financements. Sur ces sujets majeurs, comme sur la réforme territoriale, les Français sont bien plus lucides qu’on ne le dit généralement. Ils n’attendent des hommes politiques ni mesures magiques ni miracles. En revanche, ce qu’ils expriment, de façon parfois même désespérée, c’est un manque cruel de perspectives communes, sur tous ces sujets, qui permettent de dépasser les intérêts et les réponses catégorielles en faisant appel à l’intérêt général. Proposer un effort collectif. Dans un monde en plein bouleversement, le ris-

que de décrochage pour notre pays est réel. La dette atteint près de 1 500 milliards d’euros et il faudra des années pour redresser notre situation financière. La maîtrise de la dépense publique – nécessaire – n’y suffira pas. Et nous sommes convaincus qu’il faudra également augmenter les recettes fiscales. Double effort donc, qui demande que l’on hiérarchise les réformes, que l’on fixe des priorités, qu’on y consacre le temps du dialogue et de l’explication.

La maîtrise de la dépense publique ne suffira pas pour redresser notre situation financière. Il faudra également augmenter les recettes fiscales » Assurer un plus juste partage de l’effort demandé. Avec la crise, le bouclier fis-

cal va apparaître comme une injustice de plus en plus grande. Où trouve-t-on les ressources pour maintenir une couverture santé dans laquelle la dépendance pèse de plus en plus lourd ? Si l’on doit faire appel à la CSG, il serait inconcevable que ceux qui bénéficient du bouclier fiscal ne participent pas à cet effort. De même, la réforme des retraites, parfaitement diagnostiquée, réclame non seulement notre courage mais aussi des

signes d’équité. L’effort promis et tenu sur le minimum retraite (+25 % sur cinq ans) n’empêche pas certaines « retraites chapeau » d’apparaître comme de véritables provocations. Même si, globalement, cela ne représente pas des sommes à la hauteur des enjeux, ce sont des signes inacceptables, comme sont inacceptables certains écarts de rémunération proprement insensés récemment affichés. Redisons que, de ce point de vue, la fiscalité peut être un outil d’équité. C’est pourquoi nous demandons la suspension du bouclier fiscal et déposerons à cet effet une proposition de loi. Voilà longtemps que notre pays entretient un rapport particulier à la politique en lui demandant du sens. Aujourd’hui, trop de Français ne perçoivent plus ce sens qui appelle à vivre ensemble, à construire un avenir commun. Dans une société qui s’émiette et se fragilise dangereusement, donnons des signes pour redonner du sens. p Jean-Paul Anciaux, député de Saône-et-Loire ; Loïc Bouvard, député d’Indre-et-Loire ; Marc Bernier, député de Mayenne ; Pierre Cardo, député des Yvelines ; René Couanau, député d’Ille-etVilaine ; Jean-Yves Cousin, député du Calvados ; Jean-Pierre Decool, député du Nord ; Jean-Pierre Giran, député du Var ; Jean Grenet, député des Pyrénées-Atlantiques ; Marie-Anne Montchamp, député du Val-de-Marne ; Michel Piron, député de Maine-et-Loire ; Michel Raison, député de Haute-Saône ; Jean-Marie Rolland, député de l’Yonne.

Brice Hortefeux: «Le bouclier fiscal est un outil de justice et de compétitivité» LES QUESTIONS DU MERCREDI France Inter « Le Monde » avec Dailymotion b

Brice Hortefeux Ministre de l’intérieur, de l’outre-mer et des collectivités territoriales La remontée du Front national aux élections régionales ne signe-t-elle pas l’échec de votre politique ?

On ne peut pas dire que le Front national a progressé : en nombre de voix, de sièges, en pourcentages et en capacité de triangulaires, il a perdu par rapport aux élections régionales de 2004. Mais, c’est vrai, il existe toujours. Nous devons en tirer des leçons et adresser des messages, non pas au Front national, mais à ses électeurs. Une des grandes raisons de la difficulté électorale que nous subissons provient de la double crise économique et agricole. Le premier message doit s’adresser au monde rural, le deuxième à ceux qui sont touchés par la désindustrialisation et le troisième à tous nos compatriotes qui sont préoccupés par les questions d’immigration et de sécurité. Nicolas Sarkozy veut une loi contre la burqa généralisée à tout l’espace public. Le Conseil d’Etat dit que ce n’est pas possible. Que va faire le gouvernement ?

Il faut tenir compte d’un certain nombre

de choses, notamment des remarques du Conseil d’Etat, qui pointe deux obstacles juridiques: les normes européennes et les réticences potentielles du Conseil constitutionnel. Nous sommes décidés à aller le plus loin possible dans l’interdiction, mais en tenant compte des règles juridiques. Quand le projet de loi sera-t-il présenté au Parlement ?

Je souhaite que cela se fasse dans des délais raisonnables, mais le calendrier parlementaire est extraordinairement chargé. En matière de sécurité, qu’allez-vous faire pour endiguer la violence dans et aux abords des stades ?

Je veux que les interdictions de stade se multiplient. En février nous en étions à 311. Aujourd’hui, nous en sommes à 747. Nous avons augmenté les interpellations, de 20 % par rapport au mois dernier. Et nous allons aller plus loin grâce à la loi antigang qui a été promulguée début mars. Ça ne veut pas dire que tout est réglé, mais sur les six matches sensibles de cette semaine, tous se sont déroulés dans le calme. Je les ai fait jouer, dans certains cas, à huis clos. S’il faut faire jouer des matches devant des tribunes vides, je le déciderai après discussion avec les présidents de ligue, et concernant les clubs de supporteurs, s’il faut interdire, notamment par un amendement législatif, leur possibilité de se déplacer, je n’hésiterai pas à le faire.

L’ancien premier ministre Alain Juppé joint sa voix à celle des centristes pour demander la remise en cause du bouclier fiscal. Allez vous le remettre en cause ?

A quoi sert le bouclier fiscal ? A ce que personne dans notre pays ne paie plus de la moitié de ses revenus en impôts. Contrairement à ce qui est dit, c’est une mesure de justice et ça permet d’être compétitif fiscalement. Si on perd la bataille de la compétitivité, on est mort. Je comprends bien la caricature. Bouclier fiscal égale protection pour les riches. La réalité, ce n’est pas ça. 60 % des bénéficiaires ont des revenus modestes et, en tout cas, ne sont pas assujettis à l’impôt sur la fortune. Les centristes craignent qu’en cas d’augmentation de la CSG, les plus riches soient exonérés de l’effort…

Nous sommes attentifs à ce qui est dit. Le débat n’est pas malsain. Ne faut-il pas sortir la CSG du bouclier ?

J’entends cette idée, mais je dis que le bouclier fiscal est un outil de justice et de compétitivité. Que pensez-vous du retour de Dominique de Villepin ?

La politique sert à construire, pas à détruire. C’est le seul commentaire que j’ai à faire. p Propos recueillis par Jean-François Achilli et Françoise Fressoz

Avec Le Monde du vendredi 2 avril daté samedi 3 avril

Spécial immobilier Les quartiers d’avenir des principales villes françaises

SUPPLÉMENT MENSUEL DE 12 PAGES


22 Culture

0123 Vendredi 2 avril 2010

ÂŤTreemonishaÂť, espoir et dĂŠsespoir de Scott Joplin Le Châtelet prĂŠsente, jusqu’au 9avril, cet opĂŠra de 1911, qui mĂŞle gospel, ragtime et influences europĂŠennes OpĂŠra

ÂŤ Premier opĂŠra amĂŠricain Âť, vraiment ?

L

eurs titres vous disent peutêtrequelquechose, leurmusique à coup sÝr : le two-step syncopÊ The Entertainer et le ragtime Maple Leaf Rag sont deux compositions pour piano qui ont valu à Scott Joplin (1867-1917), leur auteur, une renommÊe planÊtaire mais tardive: ils ne furent redÊcouverts et publiÊs qu’au dÊbut des annÊes 1970 mais l’emploi de The Entertainer, dans le film L’Arnaque (1973), de George Roy Hill, avec Paul Newman et Robert Redford, en fit une immÊmoriale rengaine. On les a longtemps pris pour de la musique de saloon, alors que

En affirmant sur ses affiches que Treemonisha est ÂŤ le premier opĂŠra amĂŠricain Âť, le ThÊâtre du Châtelet fait de la publicitĂŠ mensongère. Non, l’œuvre de Scott Joplin n’est pas le premier opĂŠra du pays (ce statut revient probablement Ă Alfred, de William Smith, crĂŠĂŠ Ă Philadelphie en 1757), pas mĂŞme le premier Ă faire figurer des Noirs parmi ses personnages (c’Êtait dĂŠjĂ le cas dans The Forest Rose, de John Davies, en 1825) non plus le premier ouvrage ĂŠcrit par un Afro-AmĂŠricain (en 1910, le Metropolitan Opera de New York commande et crĂŠe Iolan or the Pipe of Desire, de Frederick Converse). Mais ces partitions empruntaient un langage foncièrement europĂŠen alors que, pour certains, dont Antonin Dvorak, la ÂŤ vraie Âť musique amĂŠricaine ĂŠtait celle des Indiens natifs et, plus encore, celle des ÂŤ Nègres Âť. Aussi Joplin, en fondant Treemonisha sur le ragtime, a-t-il livrĂŠ le premier opĂŠra intrinsèquement amĂŠricain. En ce sens, le Châtelet ne ment donc pas tout Ă fait‌

Joplin travailla inlassablement Ă la promotion et Ă l’orchestration de son Ĺ“uvre jusqu’à ses derniers jours Scott Joplin, musicien afro-amĂŠricain qui gagna longtemps sa vie en jouant du piano dans les bordels et les bars du sud de l’AmĂŠrique, les considĂŠrait comme de la musique classique et leur apportait le soin d’une ĂŠducation musicale raffinĂŠe. Ses valses ont un parfum très europĂŠenetne dissimulentpasleurcousinage avec la musique de Chopin. Mais ces pièces de piano cachent l’œuvre maĂŽtresse de Scott Joplin, l’opĂŠra en trois actes Treemonisha, que son auteur tentera, vainement, de faire reprĂŠsenter et qui ne verra sa vĂŠritable crĂŠation qu’en 1972, Ă Atlanta, en version de concert, puis, en 1975, Ă l’OpĂŠra de Houston. Treemonisha est prĂŠsentĂŠ au ThÊâtre du Châtelet, Ă Paris, jusqu’au 9 avril. Scott Joplin, qui ne roulait pas sur l’or, devait, en 1911, faire publier Ă ses frais la rĂŠduction pour chant et piano de son opĂŠra, en financer une exĂŠcution privĂŠe dans un thÊâtre de Harlem (destinĂŠe Ă convaincre des producteurs et sĂŠduire la presse) et travailler

Stephen Salters, Willard White et Grace Bumbry lors de la rĂŠpĂŠtition gĂŠnĂŠrale, le 29 mars. BERTRAND RINDOFF PETROFF/AGENCE ANGELI inlassablement Ă sa promotion et Ă son orchestration jusqu’à ses derniers jours. Mais ses efforts ne lui feront rĂŠcolter qu’une dĂŠpression que n’attĂŠnuaient en rien une situation matĂŠrielle prĂŠcaire et une syphilis qui devait le plonger bientĂ´t dans la dĂŠmence. Si la partition complète a ĂŠtĂŠ orchestrĂŠe, elle a ĂŠtĂŠ perdue, de sorte que Treemonisha, quand il est jouĂŠ, l’est dans l’instrumentation de Gunther Schuller (musicien savant liĂŠ aux mouvements d’avant-garde du jazz), qui a enregistrĂŠ l’ouvrage pour Deutsche Grammophon, dans la foulĂŠe des reprĂŠsentations texanes de 1975. Pourquoi cette musique n’a-t-elle donc pas intĂŠressĂŠ grand

monde Ă son ĂŠpoque ? On pourrait suspecter le racisme des cercles musicaux mais il y eut pourtant, avant Treemonisha, d’autres cas d’opĂŠra prĂŠsentant des Noirs ou ĂŠcrits par des Noirs. Il est plus probable que, au milieu des annĂŠes 1910, le ragtime, aux carrures rĂŠgulières et marquĂŠes, ĂŠtait dĂŠjĂ en perte de vitesse devant le jazz naissant et la comĂŠdie musicale. Par ailleurs, Treemonisha n’Êtait pas plus une comĂŠdie musicale qu’elle n’Êtait un opĂŠra de type europĂŠen. Enfin, Joplin est mort avant que la vogue du negro chic, comme on l’appelait, n’attire les ÂŤ libĂŠraux Ă Limousine Âť, ces blancs ÂŤ progressistes Âť et fortunĂŠs qui vinrent se mĂŞler aux Noirs d’Harlem au cours des annĂŠes 1920 et 1930. Dix ans plus tard, Treemonisha aurait peutĂŞtre gagnĂŠ le statut d’œuvre culte remportĂŠ par Four Saints in Three Acts (1927-1928, crĂŠĂŠ en 1934), l’opĂŠra d’avant-garde qu’Êcrivit, Ă Paris,

le compositeur Virgil Thomson sur un livret de l’Êcrivain Gertrude Stein pour une troupe intĂŠgralement noire. Treemonisha est bien davantage qu’un ÂŤ opĂŠra ragtime Âť, comme on le prĂŠsente souvent. Les figures syncopĂŠes (brève-longuebrève) y sont frĂŠquentes, mais c’est un melting-pot qui mĂŞle les chants d’esclave et le gospel autant que la musique de salon, l’opĂŠrette ou l’opĂŠra europĂŠens. A vrai dire, en sa majoritĂŠ, Treemonisha est europĂŠen de culture. Il le deviendrait tout Ă fait si l’on s’amusait Ă le ÂŤ dĂŠjazzifier Âť en procĂŠdant Ă l’inverse de la ÂŤ jazzification Âť opĂŠrĂŠe par Wiener et Doucet, les pianistes du BĹ“uf sur le toit, sur la musique de Wagner et de Chopin. Alors les pages orchestrales et vocales de Joplin ressembleraient plus encore Ă celles de Gilbert et Sullivan, Franz Lehar ou Carl Maria von Weber et les chĹ“urs de Treemonisha Ă des piè-

ces chorales pour voix d’homme de Schubert‌ L’histoire a pour cadre une plantation de l’Arkansas oĂš travaille une communautĂŠ d’anciens esclaves, affranchis depuis une vingtaine d’annĂŠes, en proie aux visites de sorciers qui les manipulent et les terrorisent. Ned, qui dirige la plantation, et sa femme, Monisha, trouvent un jour un bĂŠbĂŠ au pied d’un arbre (tree) et nomment la petite fille Treemonisha. Devenue grande, elle combat la superstition et est nommĂŠe Ă la tĂŞte de sa communautĂŠ. Le propos fĂŠministe donne de la noblesse Ă une histoire qui, il faut l’avouer, manque un peu de substance et de passion – ce dont se ressent la musique parfois lĂŠnifiante du troisième acte. AppelĂŠs tardivement Ă la rescousse en remplacement de l’Êquipe originellement annoncĂŠe, la chorĂŠgraphe Blanca Li – qui a rĂŠussi avec talent et humour Ă intro-

duire le hip-hop – et le peintre Roland Roure – qui rĂŠalise un dĂŠcor Ă mi-chemin entre Julie Taymor et David Hockney – ne sont certes pas parvenus Ă un grand spectacle. Mais l’on ne s’ennuie pas Ă voir dispenser avec gĂŠnĂŠrositĂŠ la bonne humeur d’une troupe oĂš les plus applaudis ne le sont pas forcĂŠment pour leurs mĂŠrites vocaux (ÂŤ la vĂŠtĂŠran Âť Grace Bumbry en Monisha),mais oĂšl’esprit d’Êquipe domine, une gageure au vu des circonstances dĂŠcrites plus haut. p Renaud Machart Treemonisha, de Scott Joplin. Par Addina Aaron, Grace Bumbry, Willard White, Stanley Jackson, Stephen Salters, Janinah Burnett, LoĂŻc FĂŠlix, Ensemble orchestral de Paris, ChĹ“ur du Châtelet, Kazem Abduhllah (direction). Le 31 mars. ThÊâtre du Châtelet, Place du Châtelet, Paris 1er. Mo Châtelet. Jusqu’au 9 avril, Ă 20 heures. TĂŠl. : 01-40-28-28-40. De 5 ¤ Ă 89 ¤.

ÂŤLe fonds photo de “France-Soirâ€? est comme mortÂť Les photographes Jacques Boissay et AndrĂŠ Grassart vont alerter le maire de Paris Entretien

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es photographes Jacques Boissay, 72 ans, et AndrĂŠ Grassart, 74 ans, ont ĂŠtĂŠ des figures de France-Soir, Ă la grande ĂŠpoque du quotidien, de 1960 Ă 1976. Ils ont appris, dans Le Monde du 16 mars, que l’avenir du fonds d’archives photo du journal, conservĂŠes, depuis 1988, Ă la Bibliothèque historique de la Ville de Paris (BHVP), ĂŠtait incertain : une partie seulement du fonds est classĂŠe, il n’est pas consultable, il est entassĂŠ dans un coin de la bibliothèque, et il est menacĂŠ d’être dĂŠmĂŠnagĂŠ. Ils parlent d’une seule voix. Comment avez-vous rĂŠagi en apprenant que l’avenir du fonds photographique de ÂŤ FranceSoir Âť ĂŠtait menacĂŠ ?

Nous sommes meurtris. Une grande partie de notre travail se trouve à la BHVP et il est comme niÊ. Il n’y a pas que nous. C’est l’histoire de ce grand journal, de tout ce que les photographes ont apportÊ, qui est niÊ. Nous sommes tombÊs des nues, aussi‌ Pourquoi ?

Nous ĂŠtions soulagĂŠs quand nous avons appris, en 1988, que France-Soir donnait ses archives

photo Ă la BHVP. On se disait que le fonds ĂŠtait dans de bonnes mains. C’est quand mĂŞme une grande bibliothèque ! Et puis nous apprenons que très peu a ĂŠtĂŠ fait. Le fonds n’est quasiment pas classĂŠ, il est mĂŞme oubliĂŠ, comme mort. C’est proprement scandaleux. Il est inadmissible qu’une ville comme Paris accepte un don et ensuite n’arrive pas Ă en assurer la pĂŠrennitĂŠ. La ville semble ignorer que ce fonds est extraordinaire. Pourquoi ÂŤ France-Soir Âť s’en est-il dĂŠbarrassĂŠ en 1988 ?

France-Soir allait dÊjà mal. Il n’avait plus les moyens de l’entretenir et de le faire vivre. Or nous savons d’expÊrience qu’un fonds d’agence de presse ou de journal, s’il n’est pas pris en main par une personne qui connaÎt la photographie et la presse, qui saura classer et lÊgender, eh bien, il est mort. Des archives sans archiviste ne servent à rien. En quoi ce fonds est-il bon ?

Ona beaucoupvantÊ les milliers d’images des annÊes 1930 prises par des photographes rÊputÊs, comme Robert Capa. On sait aussi larichessedu fonds pourla pÊriode de l’Occupation. Il y a encore des

documents exceptionnels, comme l’assassinat du roi de Yougoslavie Alexandre Ier, à Marseille, en 1934. On sait moins que ce fonds constitue un tÊmoignage fondamental sur la France et le monde des annÊes 1950 et 1960. Autant pour les grands ÊvÊnements que la vie quotidienne. La France est alors la capitale mondiale de la photo de presse. On n’imagine pas la puissance de France-Soir, avec Pierre Lazareff à sa tête. La photo occupait les deux tiers du journal. Nous avions 23 photographes salariÊs à la fin des annÊes 1960. La photo jouait le rôle de la tÊlÊ ou d’Internet aujourd’hui. Les gens descendaient dans la rue pour acheter une des six Êditions de la journÊe afin de suivre l’actualitÊ heure par heure. Lors d’une Êtape du Tour de France, nous sortions une nouvelle Êdition à chaque col franchi par les coureurs. Nous Êtions partout, jour et nuit. Pourquoi un tel dÊsintÊrêt ?

Par manque d’argent, dit-on. Nous pensons plutĂ´t que, dans une bibliothèque, l’Êcrit domine. Il n’y a pas de rĂŠelle culture de l’image. Plus largement, peu de gens se prĂŠoccupent de la mĂŠmoire photographique de notre pays.

Un tel fonds fait peur par la masse de nÊgatifs. On est dÊsemparÊ devant un monstre inconnu. Mais, en même temps, un photographe comme Izis, qui Êtait notre ami, et qui travaillait pour Paris Match, fait actuellement l’objet d’une exposition triomphale à l’Hôtel de Ville de Paris (jusqu’au 29 mai), ce qui prouve que le public est friand d’images faites dans la rue. Et c’est pourtant la même Ville de Paris qui ignore le fonds France-Soir‌ Que comptez-vous faire ?

Nous sommes en train de mobiliser les photographes qui ont travaillĂŠ Ă France-Soir. Nous allons aussi alerter la municipalitĂŠ et le maire, Bertrand DelanoĂŤ. Envisagez-vous de rĂŠcupĂŠrer vos photos ?

Ce n’est pas une prioritÊ. Nous voulons seulement que la BHVP fasse son travail. Que cette archive reste à Paris, qu’elle ne soit pas dispersÊe, qu’elle soit classÊe, consultable, ouverte aux historiens. Si par la suite la BHVP commercialise nos photos, il faudra Êtudier la question des droits d’auteur. Mais nous n’en sommes pas là ‌ p Propos recueillis par Michel Guerrin


Culture 23

0123 Vendredi 2 avril 2010

L’engagementthéâtraldeClausPeymann Décevante«Iolanta» Depuis1966,lemetteurenscèneaconsacréplusdelamoitiédesontravailauxauteurscontemporains à Toulouse Portrait

La première scénique française de l’opéra de Tchaïkovski sauvée par l’orchestre et son chef

Berlin Envoyée spéciale

Opéra

S

amedi matin, 27 mars, à Berlin, Claus Peymann se sent « plein de joie ». Le directeur du Berliner Ensemble, troupe fondée par Brecht en 1949, s’apprête à retrouver Paris, à l’invitation du Théâtre de la Ville, qui présente deux spectacles du « BE », comme on l’appelle : l’exceptionnel Opéra de quat’sous, de Bertolt Brecht et Kurt Weill, mis en scène par Robert Wilson, qui affiche complet jusqu’au 4 avril, et Richard II, de Shakespeare, à découvrir du 8 au 11, dans la mise en scène de Peymann. « Pour le Berliner Ensemble, ditil, c’est magnifique, parce que c’est au Théâtre de la Ville, qui s’appelait alors le Sarah-Bernhardt, que Brecht a joué pour la première fois en France, en 1954. A ce moment-là, lesautorités de la Républiquedémocratique allemande considéraient Brecht de haut et envisageaient de mettre fin au BE. Leur attitude a changéquand ellesont vu qu’il remportait un tel succès à l’étranger. » Cinq ans plus tard, Brecht et sa troupe s’installaient dans le Theater am Schiffbauerdamm, un théâtre à l’italienne de toute beauté, qui, depuis la réunification de Berlin en 1989, se trouve au centre de la ville. Peymann y est arrivé en 1999. Il avait 61 ans, et une longue carrière, souvent polémique, qui en fait une des figures du théâtre allemand. En France, il est méconnu. Une seule de ses mises en scène a été invitée : La Bataille d’Arminius, d’Heinrich von Kleist, présentée à l’Odéon en 1983. Son histoire, passionnante, épouse celle des scènes et des batailles de la seconde moitié du XXe siècle. Claus Peymann garde un souvenir douloureux de son enfance, à Brême, où il est né le 7 juin 1937. « Mon père était professeur, et nazi, mais un “bon nazi”, dit-il, avec cet humour redoutable qui est sa marque de fabrique. Il a protégé ses élèves juifs, ce qui lui a valu de ne pas être inquiété à la fin de la seconde guerre mondiale. » Il quitte sa famille pour aller étudier à Ham-

Toulouse Envoyée spéciale

C

MONIKA RITTERSHAUS

bourg. Il aime passionnément la littérature, mais se rend compte qu’il n’est pas fait pour rester seul dans une chambre, à écrire. Il deviendra donc metteur en scène, pour faire entendre les auteurs. A 29 ans, il signe son premier coup d’éclat, à Francfort : Outrage au public, de Peter Handke, en 1966. « C’était au moment de la révolte étudiante. On me disait : “Il ne faut pas monter des pièces comme ça. Il faut protester.” » Protester, Peymann sait le faire. En 1976, lors du procès des membres de la Fraction armée rouge, organisation terroriste d’extrême gauche, il monte Les Justes, de Camus, en commençant par un film : un tram traverse Stuttgart et s’arrête devant la prison de Stammheim, où sont emprisonnés les leaders du mouvement, Andreas Baader, Ulrike Meinhoff, Jan-Karl Raspe et Gudrun Enslin. « Ça a fait scandale. La mère de Gudrun Enslin m’a écrit pour me demander de l’argent pour soigner les dents de sa fille. Je lui en ai envoyé. Les journaux ont titré : “Claus Peymann, financier et dramaturge de la FAR”. J’ai dû quitter Francfort.»Toute la carrière de Pey-

mann est ainsi portée par un double mouvement : l’engagement et les auteurs. AprèsFrancfort,il participe brièvement à la fondation de la Schaubühne de Berlin, puis rejoint Bochum, en 1979, et Vienne, où il est nommé à la direction du prestigieux Burgtheater, en 1986. Parce qu’il croit que « le théâtre peut changer la société, dans un sens

Son histoire épouse celle des scènes et des batailles de la seconde moitié du XXe siècle moral », il va au combat : le Burg incarne la résistance au conservatisme dans Vienne, où fait rage le débat sur le comportement de l’Autriche pendant le nazisme. En 1988, pour l’anniversaire de l’Anschluss (l’annexion de l’Autriche à l’Allemagne nazie), il met le feu aux poudres en montant Place des Héros, de Thomas Bernhard (1931-1989), dont il a créé toutes les pièces (sauf deux). Cette amitié de vingt ans avec Bernhard signe une des plus belles pages de l’histoire

de Claus Peymann, qui est toujours resté fidèle à ses auteurs, Elfriede Jelinek, Peter Handke, Franz-Xaver Kroetz ou Christoph Ransmayr. Il a consacré plus de la moitié de ses 120 mises en scène à des créations contemporaines. De la même façon, il est resté fidèle à sa génération : « Je comprends le tragique du terrorisme », dit l’homme de 72 ans qui occupe la place de Brecht au BE et peste contre « le goût du sarcasme et le peu d’intérêt du théâtre actuel pour le respect des grands textes. On dit, poursuit-il, que le Berliner est un musée parce qu’il se dédie à cette tâche. Mais, parfois, ce sont les musées qui conservent les grandes vérités et les grandes utopies». p Brigitte Salino Richard II, de Shakespeare. Mise en scène : Claus Peymann. En allemand surtitré. Du 8 au 10 avril, à 20 h 30 ; le 11, à 15 h 30. L’Opéra de quat’sous, de Kurt Weill et Bertolt Brecht. Mise en scène : Robert Wilson. Complet Théâtre de la Ville, 2, place du Châtelet, Paris 4e. Mo Châtelet. Tél. : 01-42-74-22-77. De 23 ¤ à 30 ¤. Theatredelaville-paris.com

Au Louvre, l’art contemporain est dans l’escalier François Morellet a fait installer des vitraux qui éclairent un lieu de passage d’un jour nouveau Exposition

plus sombre que l’autre, avec lesquels l’artiste a joué. Un effort particulier a porté sur l’éclairage : l’escalier de Lefuel est en effet très enclavé et seuls les petits côtés de la cage bénéficient d’un jour direct. « Nous avons donc unifié l’ensemble en installant des caissons derrière chaque fenêtre, où sont disposées des lampes LED qui procurent une lumière égale », explique Marie-Laure Bernadac, la conservatrice à l’origine du projet.

A

u Louvre, dans chacun des médaillons sculptés en basrelief sous les fenêtres de l’escalier conçu par Hector Lefuel au XIXe siècle, il y a une figure hilare. Ce qui met en joie ces visages de pierre, plongés dans la pénombre depuis des décennies ? Les vitraux qu’on vientde leur installer au-dessus de la tête, et qui les éclairent d’une lumière nouvelle. Ils sont l’œuvre de François Morellet(né en1926), seconde commandepublique – si on omet leplafond peint par Georges Braque en 1953 – proposée par le musée parisien à un artiste contemporain. La précédente, due à l’artiste allemand Anselm Kiefer, est installée depuis 2007 dans l’escalier nord de la Cour carrée du Louvre.

Bizarre sentiment de vertige L’intervention de François Morellet, qui porte sur sept baies, est au premier abord imperceptible pour qui ne connaît pas l’état antérieur de ce lieu de passage, paradoxalement fort peu fréquenté, qui relie le département des sculptures à celui des peintures des écoles du Nord et à celui des objetsd’art. Tout au plus est-on saisi d’un bizarre sentiment de vertige. Et pour cause, Morellet fait littéralement danser ses fenêtres. Il s’appuie pour cela sur une contrainte : l’obligation de conserver les barlotières, ces montants

Les études et la fabrication des vitraux ont nécessité trois années, de 2006 à 2009. 2009 MUSÉE DU LOUVRE/MARCEL PERRIN ET ADAGP en fer plat d’origine qui supportaient les vitres. Or, la technique du vitrail, où les morceaux de verre sont sertis dans une résille de plomb, lui permet, en désaxant ces derniers, de les mettre en déséquilibre par rapport aux barlotières. « Des plombs pas d’aplomb » fut d’ailleurs le titre un temps envisagé pour l’installation, finale-

ment baptisée, avec la malice qui caractérise Morellet, « L’esprit de l’escalier ». Rien d’espiègle, en revanche, dans leur réalisation, confiée aux ateliers Loire, maîtres verriers à Chartres. Les études et la fabrication des vitraux ont nécessité trois années, de 2006 à 2009. Le verre a été trempé, pour des raisons de sécurité, puis dépoli à l’acide, en deux tons, l’un légèrement

« Eviter tout côté sérieux » Elle publie aussi, dans le catalogue qui accompagne le projet, cette jolie déclaration d’intention que l’artiste a rédigée, manuscrite d’une écriture aussi tremblée que ses fenêtres, et qui ajoute ses propres contraintes à celles d’un monument historique : « J’ai cherché à éviter tout côté sérieux ou dramatique et à rechercher plutôt la légèreté et l’ironie, à paraître discret, peu visible, pour le “grand public”, mais sembler étonnant, amusant, absurde, pour le “petit public” où j’ai déjà des complices quim’attendent au tournant.» Rassurons-le, le virage a été bien pris, et Morellet tient bon la rampe. p Harry Bellet François Morellet : « L’esprit de l’escalier ». Musée du Louvre, aile Richelieu, escalier Lefuel. Mo Louvre. Tél. : 01-40-20-53-17. De 9 heures à 18 heures. Fermé le mardi. Catalogue, éditions du Regard/Musée du Louvre, 64 p., 29 ¤.

’est dans la rêche acoustique de la Halle aux grains que le Théâtre du Capitole, fermé pour travaux de mise aux normes de sécurité, a présenté, vendredi 26 mars, ce qui semble bien être la première scénique française de Iolanta,deTchaïkovski(1840-1893). Entre conte fantastique (La Belle au bois dormant, de Perrault) et drame symboliste (Pelléas et Mélisande, de Maeterlinck),ledernierdes dixopéras de l’auteur du ballet Casse-Noisette émane d’une commande des Théâtresimpériaux deRussie.Opéra et ballet seront créés au cours de la même soirée, le 6 décembre 1892, auThéâtreMariinskideSaint-Pétersbourg.

Connotation mystique Cette production pionnière ne restera dans les mémoires que par la qualité de l’Orchestre national du Capitole, animée par la direction puissante et toujours sensible de Tugan Sokhiev. D’abord, parce que la partition, qui connaît certes bien des beautés, n’atteint pas la plénitude d’Eugène Onéguine ou de La Dame de pique. Ensuite, parce que le livret tiré du drame lyrique danois d’Henrik Herz (1798-1870) par Modest Tchaïkovski, frère du compositeur, est empreint d’une forte connota-

tion mystique qui l’apparente plus à un oratorio qu’à un opéra. Ainsi Iolanta, belle et pure fille du roi René de Provence, aveugle de naissance et l’ignorant, recouvre la vue grâce à l’amour d’un comte chevalier prêt à se sacrifier pour elle. Enfin, parce que la mise en scènede Jacques Osinski est d’unerare indigence. Le pire étant le décor : une serre remplie de pots de fleurs sur tréteaux, censée représenter «l’univers mental» de la jeune fille. Si l’on ajoute à cela une tournette qui dérobe ou révèle la pauvrette, un peu à la manière d’un système d’arrosage, on atteint au summum de la sophistication. Reste les beaux costumes des dames, des lumières assez poétiques et quelques mouvements de foule obligés, la configuration de la salle ne permettant pas d’autre dégagement que le passage par la salle et le public. A quoi s’ajoute la qualité d’une distribution honorable et majoritairement russophone, ne serait le comte Vaudémont d’Akhmed Agadi (le sauveur de la jeune fille), hélas ! un peu court de projection dans l’aigu. p Marie-Aude Roux Iolanta, de Tchaïkovski. Jacques Osinski (mise en scène), Orchestre national du Capitole, Tugan Sokhiev (direction). Halle aux grains, Toulouse. Le 26 mars. Prochaines représentations : le 2 avril, à 20 heures ; le 4, à 15 heures. Tél. : 05-61-63-13-13. De 10 ¤ à 100 ¤. theatre-du-capitole.org

Institutions Le Théatre national de Chaillot restera dévolu à la danse Le ministre de la culture et de la communication, Frédéric Mitterrand, a confirmé, dans un communiqué diffusé mercredi 31 mars, que le Théatre national de Chaillot « restera dévolu à la danse » après le départ de la directrice, Dominique Hervieu, prévu le 1er janvier 2012.

Architecture L’agence japonaise Sanaa choisie pour réaménager La Samaritaine Le groupe LVMH a choisi, mercredi 31 mars, l’agence d’architecture japonaise Sanaa (Sejima and Nishizawa and Associates) pour réaménager le grand magasin La Samaritaine, fermé depuis 2005. Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa ont reçu, dimanche 28mars, le prestigieux prix Pritzker.


24 & Vous

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Précieux objets domestiques En devenant chercheuse d’« objets premiers », Nathalie Guignabaudet s’est rapprochée de son rêve : être archéologue. Elle expose, à Paris, des objets usuels rapportés du Maroc, qui servent à cuisiner, à parfumer ou à écrire… Plats en argile blanche, mortiers en châtaignier pour écraser sel gemme et épices à coques, cuillères en citronnier, ciseaux en fer forgé trouvés dans la ville d’Ouezzane, pelles à brûler le parfum, tabourets en eucalyptus rouge, en paille de feuille de palmier tressée, gargoulettes en terre pour l’eau fraîche. Vendus sur les marchés ou échangés dans les souks, ils sont façonnés, taillés ou tissés par les femmes. L’hiver, les hommes, bergers et paysans de l’Atlas et du Rif, participent à leur confection. Ces pièces émeuvent par la beauté brute des matières, la simplicité des formes et la douceur des couleurs. Ces objets premiers ont trouvé un écrin dans la boutique de Marianne Oudin. p Mélina Gazsi (PHOTOS RACHEL JACQUARD)

Boutique CMO, Marianne Oudin, 5, rue Chabanais, 75002 Paris.Tél. : 01-40-20-45-98. Jusqu’au 27 avril. Site Internet : Cmoparis.com

Le nouveau permis encourage les candidats à conduire à l’économie L’éco-conduite fait son apparition parmi les aptitudes évaluées lors de l’examen

Roue libre Jean-Michel Normand

La Spark, Chevrolet de poche

U

Pratique

P

lus fort que le baccalauréat. Avec plus de 1,5 million d’épreuves chaque année, le permis de conduire est le premier examen de France. Sa réforme, lancée en janvier 2009, entre progressivement en application jusqu’au 3 mai. Le 6 avril, l’Ile-de-France, l’Auvergne, le Nord - Pas-de-Calais et la Franche-Comté viendront s’ajouter aux onze régions où elle a déjà été mise en place depuis mars. La principale nouveauté concerne l’évaluation fondée sur un « bilan de compétences » où le candidat devra obtenir 20 points minimum sur 30. Les fautes les plus graves, comme griller un feu rouge, restent malgré tout éliminatoires. Parmi ces critères de compétences, l’éco-conduite fait son apparition, sous la forme de 1 point supplémentaire. « Le présenter comme un bonus, cela reste prudent », déplore Bertrand-Olivier Ducreux, ingénieur au service transports et mobilité de l’Agence de développement et de maîtrise de l’énergie (Ademe). Surtout par rapport à des pays comme la Suisse où l’éco-conduite fait déjà partie intégrante de l’examen. Toutefois, pour M. Ducreux, l’introduction de l’éco-conduite à l’examen a « un grand mérite : on va en parler ». Lors des trente-cinq minutes d’épreuve pratique, dont cinq « en autonomie », il s’agit de vérifier quele futur conducteur « a démon-

tré sa capacité à adapter sa conduite de manière à économiser la consommation de carburant et à limiter les rejets degaz à effet de serre, tout en maintenant de bonnes conditions de sécurité », selon l’arrêté du 19 février qui fixe les critères de la conduite économe.

Les auto-écoles craignent que des élèves soient recalés pour une conduite jugée trop « molle » En résumé, le candidat doit adopter « une conduite apaisée », explique Christian Grolier, secrétaire général du syndicat national FO des inspecteurs, cadres et administratifs du permis de conduire.

Pour le vice-président du Conseil national des professions de l’automobile (CNPA), Michel Schipman, il règne cependant « un flou » lié à la formation des inspecteurs. M. Schipman indique que les auto-écoles craignent que des élèves, à qui on aurait enseigné l’éco-conduite, soient recalés pour une conduite jugée trop « molle ». Or, « ce qui est exigé à l’examen, c’est le dynamisme », précise-t-il. Un rond-point abordé trop lentement pourrait être ainsi éliminatoire pour un examinateur qui n’aurait pas encore reçu la formation complémentaire prévue avec la réforme. Michèle Merli, déléguée interministérielle à la Sécurité routière, précise que la formation s’effectue par « vagues successives » et que « tout doit fonctionner en mai ».

Réviser son code sur son téléphone ou sa console de jeu Passer plusieurs heures devant un écran où les questions défilent en rafales et appuyer au fur et à mesure sur un boîtier pour fournir les réponses peut être usant à la longue. Réviser le code de la route chez soi, à son rythme, sur son propre ordinateur : c’est beaucoup plus agréable et bien plus ludique. Il faut compter entre 20 et 40 euros, selon l’offre et le nombre de tests proposés, pour disposer d’un package avec CD, DVD et manuel du code de la route. Les utilisateurs d’iPhone et

d’iPod Touch apprécieront de pouvoir réviser leurs leçons grâce à l’application « Code de la route Deluxe » (6,99 euros). Aux questions et aux examens blancs s’ajoutent 18 fiches pratiques et 93 vidéos. Un autre logiciel au coût moindre (2,39 euros), « Silver Edition », propose aux amateurs d’iPhone un programme de révision simplifié. Reste la solution console de jeu. Bigben Interactive a lancé, par exemple, son « Code de la route » (environ 20 euros) pour la Wii et la DS.

« Le point-clé de l’éco-conduite, c’est d’anticiper sur la situation de conduite, par exemple surveiller les feux au loin », explique BertrandOlivier Ducreux. Le « M. Ecoconduite » de l’Ademe tord le cou à une idée reçue: « Non, l’éco-conduite, ce n’est pas forcément rouler moins vite, c’est rouler mieux. » Démarrer doucement, maintenir autant que possible une allure constante, bien utiliser sa boîte de vitesses, prévoir les ralentissements en utilisant le frein moteur et couper le moteur pour un arrêt de plus de vingt secondes en font partie. Sans oublier l’entretien du véhicule. Les premiers résultats semblent probants.ALa Poste,où 60000personnes ont été formées à l’écoconduite depuis 2005, la consommation de carburant a diminué en moyenne de 6 % et le nombre de sinistres de 10 %. Tout en étant «favorables » à l’éco-conduite, MM. Grolier et Schipman regrettent qu’elle ne soit pas enseignée en « post-permis » plutôt qu’à l’examen initial. « L’éco-conduite devrait être l’adaptation de la conduite plutôt que la conduite de base ellemême », précise M. Schipman. Car, souligne M. Grolier, « il faut de l’expérience pour la maîtriser». Un avis que ne partage pas Michèle Merli : « Apprendre à conduire, c’est apprendre à se conduire, à respecter les autres usagers.Cela s’apprend dès le permis, et non pas après. » p Laurent Genin

ne toute petite voiture portant le logo Chevrolet : l’effet de contraste joue à plein. La Spark s’inscrit aux antipodes de l’imaginaire d’une marque américaine qui, spontanément, évoque davantage l’athlétique Corvette, les grands espaces ou les imposants sport utility des séries télé made in USA qu’un modèle urbain long de seulement 3,64 mètres. Ainsi va la globalisation de l’industrie automobile, qui malmène nos clichés. Chevrolet a été chargé par General Motors (GM) de devenir un constructeur généraliste plus seulement à l’échelle américaine mais mondiale. Dans le nouveau Meccano de GM, Opel couvre l’Europe, alors que les autres marques, rescapées de la restructuration engagée à la hache par le groupe, visent le marché des trucks (GMC), des nouveaux riches chinois (Buick), et du haut de gamme traditionnel (Cadillac). Pour mener à bien sa vaste mission, Chevrolet a absorbé, en 2005, Daewoo, le constructeur coréen grandi trop vite dont les modèles n’avaient rien de transcendant, mais qui disposait d’usines flambant neuves. La Spark, qui succède à la Daewoo Matiz, a donc été conçue et produite en Corée, ce qui lui permet de proposer des tarifs plutôt compétitifs (à partir de 8 690 euros) quoiqu’en progression notable par rapport à sa devancière. L’objectif est de convaincre le consommateur qu’il n’achète pas seulement une petite voiture à prix cassé, mais aussi un produit inédit et, pourquoi pas, valorisant. Pour faire sérieuses et plus grandes qu’elles ne sont en réalité, les petites voitures modernes arborent des faces avant faussement renfrognées et des postérieurs rebondis. Ici, la recette a été appliquée avec un zèle particulier. La silhouette grassouillette de cette

Chevrolet de poche est rassurante et, finalement, assez réjouissante. L’intérieur, de bonne facture, consent de louables efforts en matière de qualité de fabrication et d’originalité (instrumentation de bord inspirée de l’univers motocycliste, multiples rangements et prises pour lecteurs de musique) sans pouvoir tout à fait biaiser avec les strictes contraintes de coût. Les plastiques du tableau de bord sont un tantinet cheap , les sièges moyennement confortables, et l’insonorisation parfois défaillante. La Spark, une quatre-portes qui veut soigner la clientèle des jeunes mères de famille, dispose, contrairement à ses concurren-

La Spark s’avère unepetitevoiture amusante à conduire en ville. Sur route et autoroute, c’est une autre affaire tes, de trois places à l’arrière. Hormis s’il s’agit d’enfants en bas âge, les occupants devront se serrer sur la banquette, mais l’accès y est facile et la hauteur sous plafond paraît suffisante. En revanche, le volume du coffre a été sacrifié. Pas moins confortable que ses rivales, la Spark s’avère amusante à conduire en ville. Sur route et autoroute, c’est une autre affaire. Le quatre-cylindres de 1 litre (68 ch) manque dramatiquement de reprise et impose de solliciter plus souvent qu’à son tour la boîte de vitesses, par ailleurs pourvue d’une commande assez rêche. « C’est une Chevrolet », rappelle fièrement la publicité. Raison de plus pour offrir à la Spark une motorisation d’entrée de gamme moins anémique. p

Une quatre-portes avec trois places à l’arrière, qui veut séduire la clientèle des jeunes mères de famille. GM CORP


Carnet 25

0123 Vendredi 2 avril 2010

Décès

0123

cette semai e

Le Carnet

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Développeme t durable au Pérou

Marie-Alice Belcour, son épouse, Mathilde et Laurent Cordelier, Matthieu Belcour et Servane, Cyprien Belcour et Delphine, ses enfants, Martial, Dalva, Evrard, Tazio et Mitsu, ses petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de

Portfolio Jérusalem, terre sai te

Reportage

&

Australie : Torquay, ville de la « culture surf »

01 57 28 28 28

AU CARNET DU «MONDE»

Naissances

Collectio s -------------------------------------------------------

Jules, son grand frère se réjouit d’annoncer l’arrivée de

professeur d’Université, survenu le 29 mars 2010, à l’âge de soixante-neuf ans. L’inhumation, précédée d’une cérémonie d’adieu, aura lieu le 3 avril, à 15 h 30, en l’église d’Orniac (Lot). Ni leurs, ni couronnes, mais des dons peuvent être versés à l’AFARM SaintJean.

le 22 mars 2010, dans les familles Le Gal et Glaymann.

7, rue Louise-Thuliez, 75019 Paris. Naila Kettaneh-Kunigk, Nabil et Nayla Kettaneh, Tania, veuve de Charles Kettaneh Jr., Isabel et Stephen Waddell et famille, Emmanuelle et Robert Oates et famille, Maximilian Kunigk, Michael Kettaneh, June et Rachid Nakhlé, Charles Kettaneh Jr., Rae Kettaneh, ses petits-enfants, Mary Francis Kettaneh et famille (USA), Nadia Désiré Kettaneh et famille, ses belles-sœurs, La famille de

La famille de Blanche LORETAN (†),

Claire Le Gal-Glaymann, Pierre-François Glaymann, 3, avenue du Rocher-d’Enfer, 44000 Nantes.

Liz a un petit frère !

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Ian, Laté, Pierre, Salomon. Il est né le 13 mars 2010, à Bruxelles (Uccle). Valérie GEORGES et Vincent LAWSON. Fabien LANI et Karine LELIEVRE ont l’immense bonheur d’annoncer la naissance de

Octave LANI, le vendredi 26 mars 2010, à Paris.

Anniversaire de naissance

Claire Achou Ainsi que les familles Kettaneh, Kunigk, Kassatly, Damiani, Achou, Blanchard, Hochar, Misk, Matar et alliés ont la douleur de faire part du décès de leur bien-aimée mère, grand-mère, arrièregrand-mère, belle-mère, belle-sœur, tante, cousine et alliée,

Aimée-Charles KETTANEH, née ACHOU, médaille d’or du Mérite Libanais, Commander of the British Empire, Commendatore della Repubblica italiana, chevalier de la Légion d’honneur, chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres, oficier dans l’ordre de Léopold 2, rappelée à Dieu, mercredi 31 mars 2010.

Bon anniversaire et bon envol !

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Marie, Eiko et Bernard.

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7, rue Louis-Casimir-Ranson, 87000 Limoges. La Société de mathématiques appliquées et industrielles (SMAI), au nom de la communauté des mathématiciens appliqués français, rend hommage à la mémoire de

Patrick LASCAUX,

ont la tristesse de faire part du décès de

Yvonne et Roger Mercou, ses parents, Thomas, Charlotte, Eléonore, ses enfants et leurs conjoints, Hugo, Capucine, Balthazar, Octavie, Nina, Paul, ses petits-enfants, ont la tristesse de faire part du décès de

Marie-Claire MERLIN, née MERCOU, survenu le 29 mars 2010, à l’âge de soixante-deux ans. Une cérémonie aura lieu le mercredi 7 avril, en la salle de la Coupole du PèreLachaise, Paris 20e, à 10 h 15. Thomas Merlin, 47, rue des Francs-Bourgeois, 75004 Paris. Le prieur provincial des Dominicains de la province de France, Les frères du couvent de l’Annonciation à Paris, Tous ses amis d’Argentan, font part du décès du

survenu le 31 mars 2010, à l’âge de quatre-ving-six ans, soixante-six ans de profession et soixante ans de sacerdoce. Ses obsèques seront célébrées, le mardi 6 avril, à 14 h 30, en l’église de SaintMartin-des-Champs (près d’Argentan).

remercie pour leur témoignage ses amis, ses collègues, ses élèves qui gardent vivant le souvenir de l’homme, de son œuvre psychanalytique et de ses créations picturales.

Anniversaires En cette année 2010,

le professeur Jean LEVY, ancien chef de service à l’hôpital Foch de Suresnes,

José VIDAL BENEYTO, professeur de l’université Complutense de Madrid, directeur du Collège des hautes études européennes Miguel Servet, Paris, président de la fondation AMELA, chevalier de la Légion d’honneur, oficier des Palmes académiques, Encomienda de Isabel la Católica, grand croix de l’ordre du Mérite, Portugal, doctor honoris causa de l’université de Valencia, Prix Méditerranée de la Communauté des Universités de la Méditerranée, Prix José Couso Liberté de la Presse, médaille de l’ordre du Mérite Constitutionnel, Espagne, à titre posthume, survenu à Paris, le 16 mars 2010, dans sa quatre-vingt-troisième année.

décédé à Boussy, le 28 mars 2010. Vice-président de la SMAI, chargé des relations industrielles, Patrick a animé avec efficacité et enthousiasme et aussi chaleur et humour, de nombreuses initiatives visant à renforcer les liens entre le monde académique et le monde industriel. En particulier, les journées pluriannuelles mathématiques-industrie portent la marque de son dynamisme, de son expérience acquise à des postes de responsabilité au CEA et de sa passion pour les sciences.

Michelle Luquet, son épouse,

Les obsèques ont eu lieu à ValenciaCarcaixent, le 20 mars, où il a été inhumé. Ils remercient les médecins et le personnel du service réanimationpneumologie de La Pitié-Salpêtrière, qui l’ont soigné avec la plus haute compétence et une grande délicatesse. Un hommage lui sera rendu en avril à Madrid, en mai à Paris. 9, rue Jean-Ferrandi, 75006 Paris. Le conseil d’administration, Le comité de parrainage, Les universités espagnoles, italiennes, portugaises et les universités et grandes écoles françaises membres actifs du Collège, L’équipe de direction et le personnel, Les enseignants, Les étudiants et anciens élèves du Collège des hautes études européennes Miguel Servet, Ses amis, Edgard Morin, Edmond Lisle, Mario Borillo, Gérard Nailyan, Jacques Lennhardt, ont la tristesse de faire part du décès de

José VIDAL BENEYTO, professeur de l’université Complutense de Madrid, directeur du Collège des hautes études européennes Miguel Servet, Paris, président de la fondation AMELA, chevalier de la Légion d’honneur, oficier des Palmes académiques, Encomienda de Isabel la Católica, grand croix de l’ordre du Mérite, Portugal, doctor honoris causa de l’université de Valencia, Prix Méditerranée de la Communauté des Universités de la Méditerranée, médaille de l’ordre du Mérite Constitutionnel, Espagne, à titre posthume. Les obsèques ont eu lieu à ValenciaCarcaixent, le 20 mars, où il a été inhumé. Un hommage lui sera rendu en avril à Madrid, en mai à Paris. Collège des hautes études européennes, 6, rue Jean-Calvin, 75005 Paris. (Le Monde du 1er avril.)

et sa femme,

Clémence LEVY, auraient eu cent ans.

Avis de messe Les amis et anciens collègues de

Gilbert MOUILLON, ancien directeur à la SCET, directeur général adjoint de la SAEM Tête-Défense, directeur général de G3A, chevalier de la Légion d’honneur, décédé le 6 février 2010, se réuniront le 7 avril, à 17 h 30, en l’église Notre-Dame de la Pentecôte, à Paris La Défense (près du CNIT), pour lui rendre hommage. Ils invitent ceux qui l’ont connu à se joindre à eux.

Signature A l’occasion de la sortie du livre : Denis Tillinac et la beauté des Vietnamiennes à bicyclette, éditions Publibook, Michel Frontère dédicacera son livre le jeudi 8 avril 2010, à partir de 17 h 30, à la librairie Teissier, à Nîmes.

Communications diverses AJHL - Association pour un judaïsme humaniste et laïque www.ajhl.org Colloque du XXe anniversaire LES JUIFS ET LA MODERNITÉ Ecole normale supérieure, 10 et 11 avril 2010 Programme Thèmes : De Maïmonide à Spinoza et au marranisme. Du communisme, du sionisme, du Bund. De Buber à Levinas en passant par Benjamin et Arendt. Les juifs en terre d’I slam. Des historiens aux écrivains et poètes juifs, les passeurs de mémoire. Les Juifs en France. Intermèdes musicaux. Intervenants : Izio Rosenman, Myriam Revault d’Allonnes, Pierre Bouretz, Ariane Bendavid, Nathan Wachtel, Jean-Charles Szurek, Denis Charbit, Henri Minczeles, Marlène Samoun, Anny Dayan Rosenman, Rachel Ertel, Michèle Tauber, Elisabeth de Fontenay, Michaël Löwy, Martine Leibovici, Delphine Horvilleur, Michel Abitbol, Sylvie-Anne Goldberg, Dominique Schnapper, Jean-François Zygel et Martine Bailly, Gérard Bensussan, Edwige Encaoua, Alain Moutot. Renseignements au 06 07 23 78 61 ou 06 25 58 77 25 (PAF). Admission sur inscription préalable à WWW.AJHL.ORG Le Prix Danica Seleskovitch 2009 a été remis le 20 mars dernier à Miriam Shlesinger, de l’université Bar Ilan, Israël, pour sa contribution à l’interprétation de conférence et à la traductologie. www.prix-danica-seleskovitch.org

« Identités et Universalités » Avec la participation de la Grande Loge de France de la Grande Loge Traditionnelle Symbolique Opéra de la Grande Loge Féminine de France des Grandes Loges Unies d’Europe

Samedi 10 avril 2010 Palais de la Mutualité - Paris 5e

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K Boutique du Mo

Cet avis tient lieu de faire-part.

Ses petits-enfants, Ses beau-frère et belles-sœurs, Michèle, Parents et alliés, Amis et collègues,

Pierre LUQUET.

Colloque ouvert au public

Lecteurs

K L’actualité da

La cérémonie religieuse sera célébrée le vendredi 2 avril, à 9 h 30, en l’église Sainte-Jeanne d’Arc, 50, rue d’Isle, à Limoges.

Maria-José Vidal Ragout et Michel André, Miguel Vidal Ragout (†) et Yolanda Varela, Javier Vidal Ragout et Cristina Abos, Jordi Vidal Ragout et Mathilde Hugrel, Vera Vidal Rougier, ses enfants,

Anniversaire de décès Il y a dix ans, disparaissait

La Grande Loge de France

Nos services -------------------------------------------------------------K Abo

survenu le 31 mars 2010, à Limoges, dans sa quatre-vingt-neuvième année.

Mme Cécile Vidal-Beneyto, née Rougier Canaux, son épouse,

Père Michel ROUSEE, o.p. L’absoute sera donnée aujourd’hui, jeudi 1er avril, à 15 heures, en la cathédrale Saint-Louis, centre-ville Beyrouth.

Adrien Tsutomu, vingt ans déjà !

chevalier de la Légion d’honneur, oficier des Palmes académiques, Juste parmi les Nations,

Cet avis tient lieu de faire-part.

Alfred KETTANEH (†),

Gaspard,

ont la tristesse de faire part du décès de

Maurice LAGARDE, Léon BELCOUR,

Un justificatif d’identité sera demandé.

Vous pouvez nous transmettre vos annonces la veille pour le lendemain : • du lundi au jeudi jusqu’à 19 h ; • le vendredi jusqu’à 17 h ; • le samedi et jours fériés jusqu’à 16 h.

Ernestine Lagarde, son épouse, Jacqueline et Jean Bourdier, Mireille et Antoine Bariaud, Mavi et Jean-Louis Lagarde, ses enfants, Florence, Aude, Pierre, Hélène et Philippe Peyrou, Aurélie et Mathieu Benoist, Hadrien, Maria, Alicia, Inès, ses petits-enfants, Benjamin, Emma et Camille, ses arrière-petits-enfants,

els tes

Pour nous faire parvenir vos textes* : Tél. : 01 57 28 28 28 Fax : 01 57 28 21 36 E-mail : carnet@mondepub.fr voir conditions générales de vente 2009

*

et avec, entre autres, la participation de : Antoine Sfeir, Journaliste, Directeur des « Cahiers de l’Orient » Dounia Bouzar, Anthropologue du fait religieux Jean-Claude Barreau, Essayiste, ancien Président de l’Office des migrations internationales et de l’INED André Azoulay, Politologue, Conseiller des Souverains marocains Mohammed VI et Hassan II Cheikh Bentounes, Chef spirituel de la confrérie soufie Alawiya François Boespflug, Dominicain, professeur d’histoire des religions à l’Université de Strasbourg Patrick Amoyel, Psychanalyste, spécialiste du judaïsme, Directeur de recherches Université de Nice

ENTRÉE GRATUITE Nombre de places limité Réservation obligatoire sur www.gldf.org


26 Météo & Jeux < -10°

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Vendredi 2 avril Passage pluvieux

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Une perturbation traversera la France et arrosera les régions situées entre l'Aquitaine et les frontières du nord-est l'après-midi. Une traîne active prendra le relais sur le nord-ouest, sous forme d'averses orageuses dans une ambiance venteuse. Le ciel se couvrira près des reliefs de l'est, alors que les éclaircies résisteront près de la Méditerranée. La fraîcheur restera de mise.

Jérusalem Le Caire

Québec Soleil et grande douceur (22 degrés à Montréal) Ajaccio

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Dans le monde

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New Delhi New York Pékin Pretoria Rabat Rio de Janeiro Séoul Singapour Sydney Téhéran Tokyo Tunis Washington Wellington

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Cayenne Fort-de-Fr. Nouméa Papeete Pte-à-Pitre St-Denis

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Outremer

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Météorologue en direct au 0899 700 703 1,34 € l’appel + 0,34 € la minute 7 jours/7 de 6h30-18h

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Classe Premium Voyageur, plus d’espace. Hong Kong 1518 € TTC A/R air france.fr Achetez jusqu’au 30/04 et voyagez jusqu’au 24/06/10. Tarif hors frais de service, soumis à conditions, au départ de Paris.

Les jeux Sudoku n˚10-079

Solution du n˚10-078

u’il avait l’air heureux, notre président, l’autre soir à la Maison Blanche! Drôle, presque détendu. Rien à voir avec le Sarkozy agité et cassant dont on a l’habitude de ce côté-ci de l’Atlantique. Il est vrai qu’on était loin des tracasseries habituelles de la France. Pas de fronde des députés UMP, pas de débat sur le bouclier fiscal, pas de leçons à tirer des régionales, non, rien que des dossiers importants, l’Iran, le Proche-Orient, les relations franco-américaines, du lourd, du solide. Le président américain, auréolé de son succès sur la réforme du système de santé, jouait le jeu de l’entente cordiale retrouvée. C’est un grand classique des présidents de la Ve République: quand ça va mal au pays, on va à l’étranger essayer de se refaire une santé politique. Après une brève conférence de presse, ce fut « the » dîner dans les appartements « privés» du couple Obama. Black-out total, pas de photos. Même le menu est resté secret. Un seul détail cependant, révélé par l’Elysée : les Sarkozy devaient offrir aux filles du président des Etats-Unis des albums d’Astérix. Un choix évidemment sympathique mais contestable. Espérons que le chef de l’Etat n’aura choisi ni Le Combat des chefs, ni La Zizanie, ni Le Cadeau de César. D’une manière générale, on peut se demander si les aventures de «ces irréductibles Gaulois qui résistent encore et toujours à l’envahisseur » seront du goût de Malia et Sasha (11 et 8 ans). N’y avait-il pas d’autres ouvrages à leur proposer qui évoquent le génie français ? Du même Goscinny, homonymie mise à part, Le Petit Nicolas aurait

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Jeudi1er avril TF 1

Retrouvez nos grilles sur www.lemonde.fr

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Du côté de chez Barack Q

été peut-être plus judicieux… Si d’aventure, dans les années qui viennent, les Sarkozy devaient retourner à la Maison Blanche, ils pourraient penser à A la recherche du temps perdu. En introduction à la belle édition de Du côté de chez Swann que publie GF-Flammarion (2009, 692 p., 7,30 euros), l’écrivain américain Daniel Mendelsohn explique pourquoi il aime tant Proust. «J’avais 20 ans et j’étais en deuxième année de lettres classiques à l’université de Virginie», se souvient l’auteur des Disparus

Siles Sarkozydevaient retourner àla Maison Blanche,ils pourraient penserà Proust (prix Médicis étranger 2007). Avec Jenny, une de ses amies helléniste, il a décidé, à raison de quelques pages chaque jour, de lire à haute voix Du côté de chez Swann. «Le coup de foudre s’est produit dès les premières lignes, ajoute Mendelsohn. Dès que Jenny a commencé à lire, j’ai été frappé par le sentiment d’une reconnaissance, et j’ai eu la certitude que ce livre m’accompagnerait toute ma vie.» Dans l’intéressant dossier « Proust retrouvé» du dernier numéro du Magazine littéraire, Antoine Compagnon écrit ceci : «Il faut lire Proust – vite, mais aussi lentement, en riant mais aussi parfois en pleurant, cum grano salis, mais aussi avec le plus grand sérieux (…). Lire la Recherche – mais aussi d’autres romans – aide à devenir l’auteur de sa vie.» On devrait tous lire (ou relire) la Recherche. p

Les soirées télé

Mots croisés n˚10-079 1

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Chronique Franck Nouchi

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Difficile

Compl´ etez toute la grille avec des chiffres allant de 1 ` a 9. 9 4 Chaque chiffre ne doit ˆ etre utilis´ e qu’une 2 6 3 seule fois par ligne, par colonne et par 3 5 8 carr´ e de neuf cases. http://yangeorget.blogspot.com/2009/12/sudokus.html

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I. Dépôt porteur d’avenir. II. Mieux vaut avoir la dent dure avec elle. Dans les comptes de l’entreprise. III. Chef-lieu de région. Coquin quand il s’attaque à la vigne. Personnel. IV. Tranche historique. Devra être rendue. On en tombe facilement. V. A besoin de posséder pour jouir. VI. Prêt pour la pose. Romains. Dans nos habitudes. Belle nippone. VII. Convient parfaitement. Cadeau du ciel. VIII. S’est refait une santé en régions. Appréciation sur la copie. Fait voir ses côtes sur les rideaux. IX. Frappas. Piégée. X. Très choquantes.

1. Réparent une partie du mal. 2. Bien sombre. Foncer en plein centre. 3. Vous ou moi. Prit parti. 4. Encore moi. Sa lampe est en voie de disparition. 5. Au bout du rouleau. Au cœur du précédent. 6. Dans le lit. En ascension sur les planches. Gros fumeur. 7. Degré. Populaire en juillet. 8. Poitevin protégé. Hallucinogène démodé. Personnel. 9. N’a plus belle allure. Pour une belle alliance. 10. Travaillées au tour. 11. Paquets de bits. Risque de soulever le cœur. 12. Risquent de vous soulever le cœur. Philippe Dupuis

Solution du n° 10 - 078 Horizontalement

Verticalement

I. Paraphraseur. II. Ataxie. Canne. III. Rosi. Ramures. IV. Mutons. Eve. V. Etamées. Anes. VI. Feu. Argent. VII. Tua. Racée. Va. VIII. Rhô. Harpon. IX. Etienne. Iolt (îlot). X. Respectueuse.

1. Parmentier. 2. Atout. Té. 3. Rastafaris. 4. Axiome. Hep. 5. Pi. Neurone. 6. Herse. Nc. 7. Sachet. 8. Acmé. Réa. 9. Sauvagerie. 10. Enrêne. Pou. 11. Une. Envols. 12. Résistante.

Résultats du tirage du mercredi 31 mars.

21, 28, 39, 46, 49 ; numéro chance : 1. Rapports :

5 bons numéros et numéro chance : 7 000 000,00 ¤ ; 5 bons numéros : 299 712,60 ¤ ; 4 bons numéros : 1 411,70 ¤ ; 3 bons numéros : 13,00 ¤ ; 2 bons numéros : 5,90 ¤. Numéro chance : grilles à 2 ¤ remboursées. Joker : 2 761 095.

Les résultats du Loto sont publiés dans nos éditions datées dimanche-lundi, mardi, mercredi et vendredi. Tous les jours Mots croisés et sudoku ; Samedi daté dimanche-lundi Echecs

TF 1

20.45 R.I.S. Police scientifique.

20.45 Koh-Lanta, le choc des héros.

Série. Pressing. Dernier voyage (S5, 9 et 10, inédit) ; A fleur de peau (saison 4, 1/16) V. 23.35 Ça va s’Cauet (135 min).

Episode 2. Télé-réalité. 22.20 La Ferme célébrités en Afrique. Télé-réalité (105 min).

FRANCE 2 20.35 Envoyé spécial. Les Seniors sur la touche ; Humanitaires en Afghanistan ; Patrimoine de l’Etat : à vendre. 22.45 Infrarouge. Et Dieu dans tout ça ? Documentaire (Fr., 2010). 23.45 Georges le cathodique (parts de Marchais). Documentaire. Yves Jeuland (France, 2007). 1.00 Journal, Météo (20 min) U.

FRANCE 3 20.35 La Fleur du mal pp Film Claude Chabrol. Avec Nathalie Baye, Benoît Magimel, Suzanne Flon (France, 2002). 22.20 et 22.55 Ce soir (ou jamais !). 22.30 Soir 3. 0.10 Des bêtes et des hommes. 1.00 Pièces à conviction. Grippe A : la pandémie de la peur (45 min).

CANAL +

FRANCE 2 20.35 Notre-Dame des Barjots. Téléfilm. Arnaud Sélignac. Avec Zabou Breitman, Catherine Jacob, Aladin Reibel (Fr., 2010) U. 22.05 Central nuit. Série. Histoire de famille (saison 7, 1, 2009). 22.55 Vous aurez le dernier mot. 0.20 Journal de la nuit, Météo. 0.35 Mon Taratata à moi (105 min).

FRANCE 3 20.35 Thalassa. L’Expédition : sur la route des Indes. Magazine.

22.25 Soir 3. 22.55 Vie privée, vie publique,

l’hebdo. Invités : Pal Sarkozy, Henri Tisot... 0.05 Toute la musique qu’ils aiment... Soirée sicilienne avec Roberto Alagna (50 min).

CANAL +

20.45 Desperate Housewives.

20.50 Madagascar 2 p

Série. Le Mariage de ma meilleure ennemie. Mec : mode d’emploi (saison 6, 1 et 2, inédit) U. 22.10 Nurse Jackie. Série (saison 1, 1 et 2/12, inédit) U. 23.10 Le Casse du siècle Film Michael Radford. Avec Demi Moore (2007). 0.55 35 rhums pp Film Claire Denis. Avec Alex Descas (90 min).

Film Eric Darnell et Jeff McGrath (EU, 2008). 22.15 Spécial investigation. Affaire Viguier : dans l’intimité de l’accusé. 23.10 Mensomadaire. Magazine. 23.40 Je te mangerais p Film Sophie Laloy. Avec Judith Davis (100 min) U

ARTE 20.35 Avril pp

Rédaction : 80, boulevard Auguste-Blanqui,75707 Paris Cedex 13 Tél. : 01-57-28-20-00 ; télex : 202806F ; télécopieur : 01-57-28-21-21 Courrier des lecteurs : par télécopie : 01-57-28-21-74 ; Par courrier électronique : courrier-des-lecteurs@lemonde.fr Médiatrice : mediateur@lemonde.fr Abonnements : par téléphone : de France 0-825-000-778 (0,15 TTC/min) ; de l’étranger : (33) 3-44-31-80-48. Sur Internet : www.lemonde.fr/abojournal/ Changement d’adresse et suspension : 0-825-022-021 (0,15 TTC/min) Tarif 1 an : France métropolitaine : 394 ¤ Internet : site d’information: www.lemonde.fr finances : http://finance.lemonde.fr Emploi : www.talents.fr/ Immobilier: http ://immo.lemonde.fr Documentation : http ://archives.lemonde.fr Collection : Le Monde sur CD-ROM : CEDROM-SNI 01-44-82-66-40 Le Monde sur microfilms : 03-88-04-28-60

Vendredi 2 avril

Film Gérard Hustache-Mathieu. Avec Sophie Quinton, Nicolas Duvauchelle (France, 2006). 22.05 Pop culture - Sneakers. Le Culte des baskets. Documentaire. 23.00 One Shot Not. 23.55 Tracks. Magazine (55 min).

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ARTE 20.35 Ce n’étaient pas tous des assassins. Téléfilm. Jo Baier. Avec Nadja Uhl (All., 2006). 22.10 Le Secret des nuages. Documentaire. Lars Oxfeldt Mortensen (2008). 23.00 Thema - Les Martyrs. 23.05 Ossements saints. Documentaire. 0.05 Le Retour des martyrs. Documentaire. 1.05 Le Chemin du guerrier (50 min).

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20.40 Nikita p

20.40 NCIS : Los Angeles.

Film Luc Besson. Avec Anne Parillaud, Tchéky Karyo, Jean-Hugues Anglade (France, 1990) U. 22.45 Bones. Série. Super héros V. Un meurtrier parmi nous. Retour vers le futur (S3, 5 à 7/15, 135 min) U.

Série. L’Appât du gain. Personnel et confidentiel (saison 1, 6 et 7/24) U. Avec Chris O’Donnell. 22.20 NCIS/Enquêtes spéciales. Série. Cheval de Troie. Révélations (S4, 23-24/24) U. 23.55 Scrubs. Série (S6, 4 à 7/22, 110 min).


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Vendredi 2 avril 2010

8h34,letrains’arrête àPark-Koultoury Lettre de Russie Marie Jégo

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acha Antonova, 16 ans, et Valia Eguiazorian, 17 ans, étaient inséparables. Voisines, les deux jeunes Moscovites fréquentaient le même lycée. Pour y aller, elles prenaient le métro ensemble, un trajet de 45 minutes avec deux changements. Lundi 29 mars, elles étaient en retard. Pour ne pas rater la correspondance, à la station Park-Koultoury, Dacha et Valia ont pressé le pas. Pas question de manquer ce train-là. Les rames sont à quai, les portes sont grandes ouvertes, elles se précipitent. Au même moment, une bombe explose. La jeune kamikaze à l’intérieur de la rame vient d’activer la charge qu’elle portait autour de la taille. Dacha meurt sur le coup. Valia succombera un peu plus tard à l’hôpital Gradski. Il est 8 h 36 à la station

Park-Koultoury. L’attentat-suicide est intervenu 40 minutes après celui de la station Loubianka, située sur la même ligne qui traverse Moscou d’ouest en est. Le site www.life.ru s’est empressé de publier les photos des deux bombes humaines, probablement obtenues moyennant finance auprès de l’identité judiciaire. Leurs corps ont été déchiquetés mais leurs visages sont presque intacts. Celle de la Loubianka est une jeune fille de 17 ans à peine, l’autre a la trentaine. Toutes les deux sont décrites comme originaires du Caucase. Le double attentat replonge la Russie dans l’atmosphère tragique des années 1999 à 2004, quand la guerre, qui faisait rage en Tchétchénie (nord du Caucase) entre les séparatistes et l’armée, distillait

son cortège d’horreurs (attentats, prises d’otages, explosion de plusieurs immeubles avec leurs habitants). La population est en état de choc. Trente-neuf personnes ont perdu la vie, dont Dacha et Valia, les deux lycéennes. Leur histoire a fait le tour de la blogosphère. Tout le monde veut savoir. Chacun a quelque chose à raconter. Le 29 mars, la fréquentation du «Jivoi’s journal» (Jivoi.livejournal.com), le média social parmi les plus populaires de Russie, a doublé, avec 250 000 visiteurs à l’heure. D’autant que les trois chaînes fédérales sont restées jusqu’à 9heures dans l’ignorance de la tragédie, plongées dans les émissions matinales sur la santé (l’urino-thérapie) et la cuisine. Le Net et les portables ont servi de relais. Le réseau de téléphonie mobile a saturé sous le poids des appels et des SMS lapidaires – « Peur !», «Vivante !», «Où es-tu? » – qui ont été envoyés en masse après les attaques. Les opérateurs de téléphonie ont décrété la gratuité des SMS pour toute la journée du lundi. Toute la journée et toute la nuit, les blogueurs étaient en alerte. Récits, supputations diverses et accès de spleen ont envahi la Toile. «Sur l’asphalte, un homme assis, les vêtements déchirés, criait. Les gens passaient devant lui mais personne ne s’est porté à son secours. Moi non plus. J’ai honte…», écrit le blogueur au pseudonyme Ray domkrat. «A la station Chabolovskaïa, un homme est entré, le teint basané, pas rasé, avec des piercings. Les femmes autour de lui étaient épouvantées. Elles sont allées

s’installer dans la rame voisine, moi aussi», raconte Natalyushko. Yarina s’est sentie tout à coup proche d’une vendeuse de cigarettes « de type oriental avec un accent», désireuse de parler des attentats. « J’ai compris que nous avions peur toutes les deux. La veille, j’avais eu une dispute avec mon mari sur les immigrés. Il est xénophobe. Ça me fait horreur. En voyant la vendeuse, je me suis dit que son accent n’avait pas d’importance. » Nombreux sont les intervenants qui déplorent les «regards soupçonneux» que se lancent désormais les usagers du métro. Le témoignage le plus incroyable est celui de Tatiana (http://karpusha.livejour-

Toute la journée et toute la nuit qui ont suivi les attentats, les blogueurs étaient en alerte. Récits, supputations et accès de spleen ont envahi la Toile nal.com) qui se trouvait dans la rame où l’explosion s’est produite, à Park-Koultoury. « 8h 34, le train arrive. Des gens sont massés sur le quai, les policiers les dispersent. Le train s’arrête, les portes s’ouvrent, une partie des passagers quitte la rame. Une annonce se fait entendre : “Quittez le compartiment immédiatement!” » Elle poursuit: «Je réalise alors que le message nous est destiné. Les gens se dirigent vers les

portes. Il y a trop de monde autour de celle du milieu, je prends la sortie voisine, moins encombrée, et là, j’entends une explosion. » Tatiana a survécu. Dacha et Valia ont péri. Sans doute n’ont-elles pas entendu l’appel du machiniste. Prévenu qu’un attentat venait de se produire trois stations plus haut, il avait reçu l’ordre de ramener le train au dépôt. Il a invité les voyageurs à descendre. C’est à ce momentlà que la kamikaze prise au dépourvu a actionné sa bombe. Comme la plupart des passagers étaient sortis, l’explosion a été deux fois moins meurtrière qu’à la station Loubianka, survenue alors que les portes du train venaient de se refermer. La rumeur dit que la porteuse de bombe de Park-Koultoury voulait se rendre à la Loubianka. Sa mission était de faire exploser la deuxième bombe 45 minutes après la première attaque, alors que les pompiers et les médecins étaient occupés à sauver des vies. La station, située sous le siège des services de sécurité russe (FSB), est un symbole du pouvoir de Vladimir Poutine qui est issu du FSB. Mercredi 31 mars à Kizliar (Daghestan, dans le nord du Caucase), c’est la tactique qui a été utilisée par deux autres kamikazes, dans un attentat qui a fait 12 morts. L’un a lancé son véhicule piégé sur le commissariat. Arrivé vingt minutes après, le second, déguisé en policier, s’est fait exploser au même endroit, au milieu d’un groupe d’enquêteurs. p Courriel : jego@lemonde.fr

Billet Robert Solé

SIFFLANT la fin de la récréation, Nicolas Sarkozy a réuni mercredi les députés UMP à l’Elysée. Quelques-uns n’ont pas répondu à son invitation. Parmi eux, Thierry Mariani (Vaucluse), qui a fait cette déclaration étonnante : « Quand on est pris pour un con, il faut savoir terminer les choses. » La première partie de la phrase est assez claire. C’est M. Mariani, sarkozyste pur sucre, qui a été pris pour ce que vous savez. Pris par qui ? Probablement par qui vous savez. Le poste ministériel qu’on lui avait fait miroiter a été confié à un villepiniste. La seconde partie de la phrase est plus obscure. Quelles sont ces « choses » auxquelles le député du Vaucluse entend mettre fin ? En 1936, Maurice Thorez disait : « Il faut savoir terminer une grève. » M. Mariani, lui, a l’air de vouloir la commencer, au risque d’être licencié. L’UMP gardera-t-elle un c… dans son comité directeur ? Thierry Mariani perdra peut-être ce strapontin, mais il s’en fiche bien : il regardera désormais « les choses » du haut de son fauteuil de président du groupe d’amitié France-Kazakhstan. Et vlan ! Tel est pris (pour un c…) qui croyait prendre.p

Le courrier du jour Elections régionales Maintenir le cap

Le sarkaïsme

Non, Monsieur le Président, il ne faut pas de pause dans les réformes. Et il ne faut pas non plus les édulcorer pour plaire à Pierre ou Paul (ou plutôt à Martine Aubry, à Nicolas Hulot, etc.). Vous venez de subir un revers qui vous aura rappelé cette règle d’or : « Un gouvernant ne gagne jamais rien à faire la politique de ses adversaires ; il n’en convaincra pas un seul mais il éloignera ses propres partisans. » N’appliquez pas mal à propos la devise de Louis XII : « Le roi de France ignore les injures faites au duc d’Orléans. » Cette devise aurait certes dû vous engager à vous réconcilier avec les différentes composantes de la droite, à pardonner les offenses qui ont pu vous être faites, à manifester une indulgence aux personnalités de l’opposition qui ont agi contre vous, mais non à faire leur politique. C’est pour appliquer la politique que vous avez annoncée avant votre élection que vous avez été élu . Ne l’oubliez plus. Car « quand les peuples cessent d’estimer, ils cessent d’obéir ». Anne Merlin-Chazelas, Saint-Zacharie (Var)

Dans un film publicitaire, on voit un cadre supérieur agité qui traverse en courant les trottoirs et les jardins publics. Il court. C’est pour un déodorant antitranspirant. Mettez-y notre président. Il est parfait. Ce que les Français ont sanctionné, tant par l’abstention que par le score contre l’UMP, c’est l’agitation, la précipitation, l’absence de substance. Tenez, prenez la taxe carbone, aux oubliettes en 48heures! Pauvre taxe, bouc émissaire de l’angoisse des Français, la taxe carbone, pourquoi elle? alors qu’un des rares axes de modernité du sarkozysme, c’est le Grenelle de l’environnement. Tout ça pour un peu de lotion apaisante sur la joue des élus UMP qui ont pris une claque. Ça va être dur d’abandonner le déodorant, et courir dans tous les sens en reculant. Le cadre agité qui se mêle de tout, en temps de crise, ça ne passe vraiment pas. Le sarkozysme, fondé sur la course, risque, en reculant, le sarkaïsme. Hubert Lauth Paris

« Le Monde Magazine » Claude Guéant, le

«vice-président » ; humoristes et audiovisuel « Le Monde Argent » Spécial immobilier er

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Une soirée exceptionnelle réservée à nos lecteurs Lundi 12 avril 2010, de 19 heures à 22 h 30 K Conférence animée par Pierre Gonneau, professeur des universités, et par Thomas Ferenczi du Monde

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