Berthe Morisot (Mme Eugène Manet) 1841-1895

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EUGÈNE MANET) 1841-1895

!&VtVWWj»VïyV AL<'K|: 'e succès très vif des «3ÎS| W fÊÈ expositions qui eurent lieu k %Siï|/fl §|j en ]8qi et en 1896, chez Boussod et chez DurandAL wJa SîSa Mxa WÈ Ruel, et malgré les éloges %KfullliP ^11 presque unanimes de la ' —==< critique, le talent de Berthe Morisot ne fut guère connu et compris, jusqu'au mois d'octobre dernier, que par cette élite parisienne qui fait et défait les réputations et qui dirige le goût. Sans doute des artistes, des amateurs, des gens de lettres, en appréciaient-ils depuis longtemps la délicieuse grâce féminine et française, l'élégance et la distinction, mais le grand public en

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ignorait presque tout, la Femme en toilette de bal, du Musée du Luxembourg, ne pouvant en donner, à elle seule, une idée suffisante. Aussi, l'exposition du Salon d'Automne fut-elle, pour beaucoup, une révélation. Ceux qui se défiaient le plus de l'étiquette impressionniste subirent eux-mêmes le charme de cet art intime et aristocratique. Il séduisit et surprit. L'on s'étonna de découvrir sous une peinture si claire, si fraîche et si délicatement nuancée, un dessin dont la sûreté et la précision accentuaient la vie et le style. C'est que Berthe Morisot ne tomba pas dans l'erreur d'un grand nombre de peintres modernes. Elle n'eut pas recours, comme moyen d'expression, à la couleur seule. En vraie Française, à qui la confusion et l'obscurité ne pouvaient plaire, elle ne se contenta pas de ces indications vagues que rehaussent quelques taches heureuses. Là ne se borna pas pour elle l'art de peindre. Elle ne négligea jamais la forme, qu'elle sut rendre

aussi nette et compréhensible que frémissante

et souple. Qualités de race qui disparurent peu à peu au cours du xix' siècle et qui deviennent de plus en plus rares, mais qui firent jadis la gloire de notre Ecole. Nos artistes du xvn' et du xvin siècle dessinaient, en effet, comme écrivaient et parlaient les lettrés et les honnêtes gens d'alors. Chez les uns et les autres la fantaisie, l'invention et même le lyrisme exalté n'excluaient ni la clarté ni l'exactitude. C'est que tous désiraient d'être 1'

Portrait de Berthe Morisot.

EDOUARD MANET


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Art

et Décoration

Le port de Eécamp.

compris par une société intelligente et cultivée et qu'une tradition vivante et forte les soutenait. Ils bénéficiaient des efforts de leurs prédécesseurs, lis se servaient de l'instrument que ceux-ci avaient lentement forgé et qu'euxmêmes devaient améliorer mais non détruire. Ainsi la langue et leur métier parvinrent presque à la perfection. Chaque individu n'avait pas besoin de tout refaire par lui-même, de rechercher stérilement ce qui, depuis longtemps, était trouvé. La verve créatrice s'appuyant sur des connaissances positives et techniques, sur des principes indiscutables et féconds que l'expérience avait consacrés, pouvait se permettre toutes les audaces. Berthe Morisot reçut par l'intermédiaire de Corot, sous la direction de qui elle travailla tout d'abord, comme un dernier reflet de cette culture supérieure, mais pour la retrouver, elle n'eut, à vrai dire, qu'à se souvenir. Avec une sensibilité très neuve et des plus raffinées, elle se

rattache directement au meilleur de notre passé. Elle appartient à la même famille artistique que les 'Watteau, les Boucher, les Hubert Robert et les Fragonard. On ne trouve dans ses oeuvres nulle trace d'imitation vulgaire, de formules machinalement apprises et transcrites. Son imagination sans cesse en éveil, sa sensation toujours vive et directe, surent donner à chaque trait une signification et du caractère. Cependant rien n'est sacrifié. Tout est admirablement construit et mis en place, mais naturellement, semble-t-il, et avec une aisance souriante. Son art mérite donc le beau nom de classique. 11 enchantera les générations futures comme il nous enchante. 11 n'a pas seulement fixé les apparences les plus gracieuses et les plus fugitives d'une époque. 11 a maintenu et maintiendra dans l'avenir la pureté du goût français. 11 a enrichi et affiné notre vision. Il a rendu à jamais sensibles certaines délicatesses de lumière et certaines harmonies, que l'on ne


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savait pas distinguer, et qui suffisent à embellir les plus humbles aspects. Les brèves notes qui vont suivre n'ont pas la prétention d'en expliquer scientifiquement la genèse et l'essence. Puissentelles simplement le rendre plus familier et plus cher à ceux qui sont capables de le

sentir. Pour savourer à souhait cette peinture, il faut la voir à la place qui lui convient le

mieux, dans les intérieurs qu'elle égaie et ennoblit. Le jour, généralement uniforme et blafard, des expositions, ne lui est guère favorable. Elle y pâlit légèrement, comme si elle souffrait, dans sa distinction, d'être montrée à la foule indifférente ou hostile. Mais, dans nos clairs appartements modernes, elle retrouve soudain ses plus fraîches couleurs. Retenant et multipliant la lumière, elle donne l'illuPortrait de M'" f. sion d'un jardin baigné de rosée qu'illumine le soleil du malin. Quelle joie pour nos yeux lorsque nous la vîmes pour la première fois resplendir dans un salon ami. La décoration environnante ne pouvait lui nuire. Grâce à la discrète teinte blanche des murs, les plus fines nuances devenaient visibles. Nous étions délicieusement éblouis par ses irisations où se mêlaient les roses, les bleus et les gris d'argent. Dans cette atmosphère que Berthe Morisot avait créée, on avait mis en évidence, sur un chevalet, son portrait par elle-même en train de peindre, de sorte que jusqu'à son regard était présent. Les tableaux, les pastels et les aquarelles que l'on nous montra dans les pièces voisines, les dessins que nous regardâmes un à un dans les cartons où ils étaient entassés, innombrables, nous firent comprendre plus profondément cet art et les causes de l'attrait qu'il exerce. Ce qui le rend incomparable, c'est son naturel exquis. 11 semble spontané

M.

et l'artificiel ne s'y laisse pas voir. Les sujets traités sont des plus simples. Une grande artiste, qui transfigure toutes les choses sur lesquelles elle jette les yeux, n'a que faire du pittoresque. A Paris, où elle avait coutume de peindre chez elle, dans son salon, rangeant sa toile, ses pinceaux et sa palette dans une armoire dès qu'une visite imprévue survenait, et à la campagne où elle passait une partie de l'année, Berthe Morisot travailla souvent d'après les personnes de son entourage. De là, tant de portraits que la tendresse seule et une intimité de chaque jour ont pu rendre si vivants. De là, aussi tant de scènes domestiques ou champêtres : jeunes filles au piano, brodeuses dont les tètes charmantes s'inclinent laborieusement sur l'ouvrage, berceau que surveille une mère attentive, chasse aux papillons, cueillette des cerises et déjeuner sur l'herbe. Aux modèles *4


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La jatte de lait.

qu'elle employait parfois elle ne demandait que des gestes habituels. Cette liberté de maintien lui permettait de surprendre plus facilement la grâce fugitive des mouvements et leur ingénuité. A défaut de figures elle se contentait des moindres objets. Des verres et des tasses sur un coin de table, une pendule et des candélabres se reflétant au marbre et dans la glace d'une cheminée, une perruche en sa cage, une faïence ancienne d'où débordaient des fleurs épanouies, devenaient sous ses doigts de fée d'étincelantes merveilles. Tout d'ailleurs lui était prétexte à dessiner et à peindre. Elle ne partait jamais en promenade sans prendre sa boîte à aquarelle ou

ses crayons de couleurs. Aux abords du lac et dans les allées du Bois combien de fois ne nota-t-elle pas rapidement, mais avec une justesse parfaite et un goût supérieur, les riens dont se compose l'âme d'un paysage et le charme d'une contrée : reflets indécis de la terre et du ciel à la surface de l'eau, fins nuages roses et gris qu'à travers les branches noires et dépouillées l'on voit flotter au-dessus des col-

lines, verts printaniers, teintes rouges et dorées de l'automne, légers brouillards d'hiver qui bleuissent les lointains. Pour apprendre à lire à sa petite fille, elle avait tracé au pinceau, sur de grandes feuilles de papier, des lettres majuscules et tout autour de ravissants cro-


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Eiltette au panier.

quis propres à frapper et à séduire une imagination naïve. Elle ne cessait du reste de travailler d'après cette enfant. On eut dit que les soins les plus assidus et les plus affec-

tueux ne pouvaient suffire à contenter sa passion maternelle qui toujours cherchait des occasions nouvelles, de s'épancher. Ce sentiment profond et intarissable nous a valu des


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Cache-cache.

oeuvres très belles et des plus émouvantes.

Autour d'une tête si chère l'art d'une mère sut répandre à profusion la poésie et la clarté. Des jeux de l'enfance et des passe-temps de l'adolescence, lecture, musique, dessin, patinage, qu'elle suivait d'un long regard attendri, elle nous a laissé ainsi de délicieux tableaux. Elle fit également dans les régions très variées où elle voyagea de nombreux paysages d'après nature. On se souvient de la fluidité et de la transparence de ses marines mais il est remarquable qu'en Bretagne, qu'en Normandie, qu'à Jersey, que dans l'île de Whigt, qu'à Tours et qu'à Nice même, elle s'intéressa avant tout, et peut-être à son insu, aux effets de lumière qui se rapprochaient le plus de ceux de notre Ile-de-France. C'est que Paris et ses environs immédiats furent sa véritable patrie. Personne n'a su rendre avec autant de délicatesse la beauté changeante de nos ciels, l'élégance

de nos coteaux légèrement voilés de brume et jusqu'aux plus fines nuances de notre atmosphère. Un grand artiste, quelle que soit son originalité, ne tire pas tout de lui-même, comme on le crut trop longtemps sur la foi des romantiques. 11 subit de profondes et multiples influences, depuis celles de ses plus lointains ancêtres jusqu'à celles de son milieu et de son époque. L'éducation bonne ou mauvaise qu'il reçoit favorise ou retarde l'épanouissement de ses dons naturels et il en garde presque toujours la marque. On ne saurait donc trop rechercher ses origines, se renseigner sur ses débuts et sur ses maîtres. C'est ce que nous allons essayer de faire pour Berthe Morisot. Elle appartenait à une famille d'ancienne bourgeoisie. Son grand-père avait été architecte. Son père fut préfet du second Empire, puis conseiller référendaire à la Cour des


Berthe Morisot

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Comptes. 11 aimait la peinture et parlait souvent aux siens, avec

enthousiasme, d'un

voyage qu'il avait fait en Italie. Berthe Morisot et sa soeur Edma, qui devint dans la suite M"" Pontillon, résolurent, d'accord avec leur

mère, d'apprendre à peindre pour lui ménager une surprise, le jour de sa fête. Le peintre Guichard se chargea de leur enseigner les premiers éléments. Ce Guichard, dans sa jeunesse, avait

quitté brusquement l'atelier d'Ingres pour aller chez Delacroix. Il ne manquait pas de talent. On peut s'en rendre compte à SaintGermain-l'Auxerroisoù il peignit une descente de croix gigantesque, encore en place dans le transept de droite. En bon Lyonnais, il affectionnait les couleurs un peu sombres mais riches. On voit que Berthe Morisot, si elle profita de ses leçons, ne l'imita guère. Il conseilla aux deux jeunes filles de travailler de mémoire. Berthe Morisot fit un petit paysage verdoyant où broutaient des moutons et son maître daigna la féliciter de l'heureuse dispoLe cerisier. sition de taches. Vers la même époque, elle apprenait à modeler chez le sculpteur Aimé Millet. Ce dernier apprentissage, qui dura six mois à peine, la rendit cependant assez habile

pour lui permettre d'exécuter beaucoup plus tard un buste de sa fille dont il existe une terre cuite unique et un charmant petit bas-


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Intérieur.

relief dont on nous a montré une épreuve en étain. Avant de partir pour Lyon, Guichard confia ses élèves à l'un de ses camarades, nommé Oudinot, qui engagea vivement Berthe Morisot et sa soeur à se rendre chez Corot. La bonté du père Corot était alors légendaire. 11 recevait tout le monde avec une bonhomie charmante et ne se lassait pas de causer, de conseiller, de livrer ses secrets. Déjà célèbre, il continuait cependant à donner ses oeuvres en échange soit pour venir en aide à des confrères malheureux, soit pour encourager des débutants dont les qualités lui senblai ent précieuses. C'estainsique M""Pontillon possède de lui une délicieuse étude. Berthe Morisot ne partagea pas cet honneur. En revanche, Corot lui permit d'emporter chez elle plusieurs de ses tableaux pour qu'elle les copiât et entre autres un paysage de Tivoli, qui a toujours été considéré par les connais-

seurs comme un chef-d'oeuvre. De splendides cyprès noirs s'y élèvent au-dessus d'oliviers argentés et se détachent sur un fond de collines aux lignes très douces, d'une netteté et d'une noblesse admirables. Berthe Morisot sut interpréter cette merveille sans la défigurer. Corot fut son véritable maître, celui qui le premier lui révéla le grand art. C'est de lui qu'elle tient ce dessin à la fois souple et ferme, précis et élégant, dont le naturel touche presque à la naïveté et qui pourtant ne manque jamais de style, dessin plein d'expression et de vérité, qui ennoblit sans déformer, qui fixe les traits essentiels et met tout en place avec une merveilleuse aisance, en un mot vrai dessin français. C'est Corot qui lui apprit également à baigner d'air ses paysages, ses figures et ses natures mortes et qui lui enseigna la science difficile des valeurs. Grâce à ses conseils elle fit de rapides progrès et c'est


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sous cette bienfaisante influence qu'elle commença à dégager sa personnalité. Telle est en effet la loi qui préside à toute création artistique. Les maîtres sont des ini-

tiateurs, ils introduisent dans un monde nouveau. C'est à travers leurs oeuvres que l'on voit d'abord la nature mais on ne la voit jamais de la même façon qu'eux quand on a quelque chose à dire. Les tableaux que Berthe Morisot exécuta à cette époque font sans doute songer à Corot mais sous les ressemblances superficielles se distinguent déjà les qualités très rares qui lui ap-

partiennent en

Portrait de -Wle J, G. propre, une grâce féminine j u squ'alors inconnue, une élégance et une distinction auxquelles depuis longtemps l'on n'était plus habitué. Parmi les peintres qui la conseillèrent, il ne faut pas négliger de citer un cousin de Delacroix, Riesener, très injustement méconnu aujourd'hui et dont le Musée de Rouen possède une peinture excellente. C'est en fréquentant le Louvre que Berthe Morisot acheva son éducation artistique. Elle y copia les anciens maîtres, Rubens et Véronèse entre autres, sans prétendre toutefois à une exactitude rigoureuse et sans se préoccuper exclusivement de la technique. Elle ne retenait que ce qui l'avait le plus vivement frappée, encore le transformait-elle souvent.

Elle nous a laissé ainsi des interprétations audacieuses et charmantes assez semblables à ces belles gravures de jadis qui, très différentes des oeuvres qu'elles reproduisent, en donnent cependant une idée très suffisante et des plus avantageuses. Pour elle, copier au Louvre c'était avant tout vivre dans la familiarité des chefs-d'oeuvre, les contempler à souhait, s'imprégner de leur esprit et découvrir à la longue le secret de leur style. A vrai dire, elle ne cessa jamais d'étudier les maîtres et de s'inspirer d'eux. En pleine maturité elle copiait encore au Musée de Tours, Mantegnaet Boucher. Au Louvre, elle fit la connaissance d'Edouard Manet, qui devait devenir son beau-


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frère et l'influencer très heureusment, et de société choisie où l'intelligence, le talent et la Fantin-Latour. Manet, lui aussi, aimait passion- finesse du goût tenaient lieu de noblesse. Dans nément la peinture ancienne. 11 fut même le une telle atmosphère le pédantisme bruyant plus cultivé et le plus raffiné des peintres et vulgaire, qui triomphe partout aujourd'hui, modernes, n'en déplaise à ceux qui voudraient n'aurait pas osé se montrer, sûr de n'avoir le faire passer pour un barbare. Ses copies aucun succès. Berthe Morisot occupe une place unique sont célèbres. Qui ne se souvient de celle de la "Vierge au lapin du Titien et de celle de ces dans l'histoire de l'art. Avant elle les femmes gentilshommes espagnols, qui furent longtemps ne s'étaient guère distinguées que dans certains considérés comme étant de Velasquez, mais genres littéraires. Quelques-unes, grandes que de très savantes personnes attribuent dames du temps jadis, avaient écrit soit des aujourd'hui à nous ne savons plus quel inconnu. romans, où l'on admirera toujours l'analyse Le goût naturel de Berthe Morisot, son sobre et pénétrante des passions et des caracenthousiasme réfléchi pour le grand art et l'en- tères, soit des lettres où l'on retrouve la vivaseignement qu'elle avait reçu de ses premiers cité et la fraîcheur des plus séduisantes eaumaîtres, lui permirent de se mêler sans danger causeries. Mais celles qui s'étaient mêlées de au mouvement impressionniste. Elle tira parti sculpter ou de peindre n'avaient pas su dégaavec intelligence et mesure de tout ce que ger leur personnalité ni utiliser leurs plus celui-ci apportait de vraiment nouveau, cou- beaux dons de nature. Elles s'étaient bornées leurs fraîches et claires, multiplication de la à imiter, sans invention et avec plus ou moins lumière par les reflets innombrables, recherche d'adresse, les artistes à la mode. Berthe des plus délicates nuances mais elle ne sacrifia Morisot seule parvint à conserver dans ses rien de ce qu'on lui avait appris et qu'elle peintures toute la grâce souriante, toute la avait perfectionné d'elle-même ni son dessin délicatesse exquise du génie féminin. Elle délicieux, ni la justesse des valeurs et de la n'emprunta aux maîtres anciens et modernes, mise en place. Lorsque fut fondé le Salon des que ce qui pouvait lui servir et resta toujours Refusés elle y exposa avec la véritable élite elle-même. des peintres d'alors, Degas, Monet, Renoir, Presque toutes ses oeuvres, peintures, sculpWhistler, Cézanne. Presque tous ces grands tures, aquarelles, pastels, dessins, crayons de artistes devinrent ses amis. Elle aimait les couleurs, miniatures et pointes-sèches, apparrecevoir chez elle dans son salon blanc que tiennent à sa famille. On en voit cependant de décoraient des oeuvres d'Edouard Manet. Sté- délicieuses chez des artistes et des collectionphane Mallarmé faisait également partie de ce neurs et notamment chez Degas, Monet, petit groupe et y introduisait, de temps à Renoir, Henry Lerolle, M"" la marquise de autre, des jeunes écrivains et des jeunes poètes. Ganay et M"" Chausson. Les Musées de Pau, C'est devant cet auditoire restreint qu'il lut, de Toulouse, de Montpellier, de Lyon et pour la première fois à Paris, en février 1890, celui de la Ville de Paris, au Petit Palais, possèdent chacun un tableau d'elle. Le Musée du sa conférence sur Villiers de l'Isle-Adam. Tous ceux qui assistèrent aux soirées de Luxembourg a acquis en 1892, après l'expoBerthe Morisot en gardèrent un souvenir sition qui eut lieu chez Boussod, la Femme ineffaçable. A la fin du xix' siècle, dans un décor en toilette de bal. Enfin, une peinture la des plus modernes, mais harmonieux et enchan- Chasse aux papillons et une aquarelle Sur teur, ils retrouvaient tout ce qui faisait le la falaise, actuellement au Musée des Arts charme des salons de l'ancienne France:une Décoratifs, entreront bientôt au Louvre avec maîtresse de maison dont la distinction supé- l'ensemble de la collection Moreau-Nélaton. Louis ROUART. rieure n'excluait pas la bienveillance, une


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