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1
HIERONYMUS BOSCH SON ART, SON INFLUENCE, SES DISCIPLES
Cet otivrage est tiré à
:
ôoo exemplaires sur papier de Hollande à la cuve
van Gelder Zonen, numérotés de i à ôoo 12 exemplaires sur papier de riale
la
Manufacture Impé-
du Japon, numérotés de 1 à Xll. Exemplaire numéro
(.
Qi^JiCi vuCt jffe ocufùs
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cfextra.
H lERONYMUS BOSCH SON ART, SON INFLUENCE, SES DISCIPLES PAR
PAUL LAPON CONSERVATEUR DU MUSÉE DE PAU
BRUXELLES ET PARIS LIBRAIRIE NATIONALE D’ART ET D’HISTOIRE G.
VAN OEST & MCMXIV
Éditeurs
Imprimerie J.-E. Buschmann, Anvers.
CHAPITRE
I
Etat des esprits dans la seconde partie du xv® siècle. — Hieronymus Bosch jugements portés sur son œuvre par les critiques de tous LES TEMPS CE QUE l’ON SAIT AUJOURD’HUI DE SA BIOGRAPHIE ;
;
Au XV®
siècle, alors
que
la sculpture et la
peinture évoluent vers l’indivi-
dualisme, toutes deux arrivent sans transition à un des points culminants de
un rare degré de suavité et de noblesse avec les frères Jean et Hubert van Eyck, Roger van der Weyden, Memling, leurs élèves et imitateurs, elle n’en est pas moins puissamment naturaliste. L’homme du Si
l’art.
Moyen
la
peinture atteint alors à
âge, aussi bien en France que dans les Pays-Bas, allie à l’idéalisme le
plus élevé
un matérialisme des plus
dire
est
qu’il
profondément
foncièrement naturalistes.
Il
grossiers.
siècle est
dans son langage, dans ses
l’est
une des époques
il
les
l’est
;
magie,
goût de l’étrange,
le
la superstition, la fièvre
de
écrits,
dans ses
plus déroutantes de l’humanité
du merveilleux
l’attrait
mieux
en tout.
la barbarie et la civilisation se coudoient, s’entrechoquent,
gent
vaudrait-il
sous des apparences et des formes
spiritualiste,
productions artistiques, dans ses mœurs,
Le XV®
Mais peut-être
sorcellerie,
est
comme
alors
luttent et se mélan-
dans tous
l’a si
;
les esprits, la
bien dit L. Solvay
(i),
brûlent les cerveaux et détraquent les nerfs, la peur de l’Enfer, la crainte du
démon damnent ait
Aussi rien d’étonnant à ce que
la chrétienté tout entière.
l’art
essayé d’interpréter ces inquiétudes des âmes, de les rendre palpables, d’expri-
mer
l’effroi,
croyants
le
;
ments de
désespoir général. Les peuples du
doute n’est pas encore né.
l’Eglise,
la sorcellerie,
Parmi légion,
le
les les
une peur atroce de
enchantements,
(i)
ont une
l’Enfer,
magie, et la fin
le
foi
sont entièrement
siècle
absolue dans
le
les
enseigne-
une confiance aveugle dans sabbat.
du Moyen
âge, et
ils
est l’un des plus personnels, des plus
L. Solvay. Rapport présenté sur .
la
grands peintres de
Hieronymus Bosch
Belgique , içoi
Ils
XV®
mémoire de M. Louis Maeterlinck.
furent cependant
primesau tiers
et,
Bulletin de l'Académie de
en
même
temps, l’un de ceux dont l’œuvre
de son temps
Ce
mieux
le
symbolisme de
l’art
(i).
amateurs
n’est pas d’ailleurs d’aujourd’hui qu’il sollicite la curiosité des
des historiens. Vasari
et
reflète le
(2)
lui
consacre une notice, dans laquelle
il
l’appelle
Lampsonius (3) le célèbre dans une longue pièce de vers latins qu’il accompagne du portrait de l’artiste M. van Waernewijck de Gand (4), cite son nom à différentes reprises Carel van Mander (5), Sanderus (6), Isaac Bullart (7), Joachim Sandrart (8), Houbracken (9), l’anonyme de Morelli (10), Orlando (ii), Zanetti (12) se gardent de l’oublier; le bonhomme Descamps écrit que « c’est bien dommage qu’il n’ait jamais conçu que des idées monstrueuses et «
l’auteur des vrais
cauchemars
»
;
;
;
terribles.
A quels
Ce qui surprend
ajoute-t-il,
»,
prix auraient-ils donc été
s’il
«
c’est
que
ses tableaux ont été fort chers.
avait traité des sujets riants
sont encore les chroniqueurs espagnols qui ont témoigné
le
? »
(i3).
Mais ce
plus d’attrait pour
Hieronymus Bosch, qui l’ont même, quelque étrange que la constatation puisse paraître, le mieux jugé et compris. Francisco de los Santos (14) prétend que Les Délices terrestres, une des principales productions du maître, sont une œuvre
(1)
La
poétesse anversoise
Anna Byns
(1494-1566) écrivit trois recueils de poésies religieuses et
—
particulièrement dans Jérôme Bosch, dans lesquels elle dit va l’envers, que désordre monde à le règne partout. que le Si notre artiste n’apparde lÔaS Refrain le tenait à une époque quelque peu antérieure, peut-être aurait-il convenu d’établir un parallèle entre lui militantes contre les luthériens, qu’ignora
—
et elle. (2)
G. Vasari. Vie des peintres, sculpteurs
de Jeanron. 10 (
3)
et architectes.
Traduction de Leclanché, commentaires
vol. In-S®, Just Tissier, Paris, 1839-1842.
Lampsonius. Pictorum aliquot celebrium Germanicae inferioris
effigies.
Anvers, 1672.
Marc van Waernewijck. Troubles en Flandres et dans les Pays-Bas au XVP siècle, i566-i569. Traduction du hollandais par Hermann van Duyse et Paul Bergmans. 2 vol. In-4», G. Van Oest, (4)
Bruxelles, 1905. (
5)
Carel van Mander. Le
2 vol. In-40, Paris, (6)
i
88 i-i 885
Bruxelles,
i
des peintres. Traduction, notes et commentaires de
H. Hymans.
.
Sanderus. Flandria
2 vol. In-folio,
livre
illustrata. 2 vol. In-folio,
652 -i 659
.
Cologne, 1642-1644. Chorégraphia Sacra Brabantia.
Sanderus, né à Anvers en
i 586 ,
mort à l’abbaye d’Afflighem, où
en 1664, entré dans les ordres de bonne heure, devint secrétaire du cardinal de chanoine de la cathédrale d’Ypres et censeur des livres à Bruxelles.
s’était retiré
(7)
illustres..
(8) (9)
In-8°,
Is.\AC
In-folio,
Bullart. Académie des Sciences
Amsterdam,
et
des Arts, contenant les vies
.
di
vol.
dizegno scritta da un anonimo. In-8», Bassano, 1800. antichissiifii
pittori,
scultari
cita di Venezia. Venise, 1773.
Descamps. La vie des peintres flamands. 4 vol. In-8°, Paris, 1753-1763. Francisco de los Santos. Descripcion breve del monasterio de S. Lorenzo del Escorial, unica
maravilla del mundo... In-folio, Madrid, 1667.
2
hommes
Joachim de Sandrart. Academia nobilissimae artis picturae. In-folio, Nuremberg, i 683 Arnold Houbracken. Groote Schouburg der nederl. kunstschilders en schilderessen. 3
(11) Orlandi. Abecedario pittorico, nel quale descritte le vite degli ed architetti ec accrescinti da P. Guarienti. In-40, Venezia, 1753. (12) Ant. Mar. Zanetti. Descrizione di tutte le pubbliche pitture délia
(14)
éloges des
1682.
Amsterdam, 1718. (10) Jacope Morelli. Notizia d’opere
(1 3 )
et
il
Cueva,
la
I-
moralisatrice, qu’on devrait remplir la terre de ses copies.
Ximenes
dans
(i) voit
un sens et une pensée sérieuse et dévote. Le Père Sigüenza (2) entend démontrer que ses productions ne sont pas extravagantes, mais des œuvres de grande philosophie, et que s’il a des choses étranges, c’est notre faute et non la sienne, car, pour le dire une bonne fois, il a voulu peindre les péchés et les vices des hommes. « Je voudrais », ajoute le pieux sa peinture, sous des formes burlesques,
religieux,
que tout
«
chacun en
retirerait
grand
pénétré des éléments de ses tableaux, car
soit
en jetant par cela
fruit
même un
en se rendant compte de son aveuglement.
intérieur,
pense que
dessine des figures étranges,
s’il
admirables.
Une
trouve que
le
de
monde
le
Cean Bermudez
(5)
Philippe
II,
fit
qui
de méditation de ses fantaisies licencieuses, qu’il se garde,
lui,
A son
peintres.
et
c’est
du XIX®
tour, à l’aurore
siècle,
s’exprime sur son compte avec un véritable enthousiasme.
psalmodier
à l’héréditaire mélancolie
la Folle,
qui se retira dans
se
il
(4)
tort
Les descendants de Jeanne Charles-Quint,
que
(3)
des choses
réalité
un
Père Sigüenza honore beaucoup trop Bosch
comme modèles aux
cercueil,
imagine en
il
fort
Felipe de Guevara
des rares exceptions dans ce concert d’éloges est Pacheco
faire des sujets
de proposer
»
regard dans son
fils,
monastère de Yuste où, couché dans un
le
des morts
prières
les
son
;
;
son
petit-fils,
morose
le
qui se cloîtra dans une étroite cellule du couvent de l’Escurial,
trouvèrent dans
les
champ pour
compositions de cet étrange peintre un vaste
imagination maladive
et des idées
sombre détachement des
leur
Leur
qui convenaient à leur état d’esprit.
joies et des allégresses de la vie, leur tristesse insondable,
leur curiosité et leur appétence de l’au delà
y rencontrèrent l’aliment voulu
et
désiré.
reconnaissants à Jérôme Bosch de leur traduire les tourments,
Ils étaient
les peines,
les pleurs,
entendu douleur
les les
douleurs, de démontrer qu’il ne sert à rien de les nier. larmes, les
cris, les
ni les bafouer ni
les
contorsions ont trouvé leur traducteur.
Qui pouvait mieux convenir au caractère espagnol
(1)
El Maestro
Fr. Andres Ximenes.
Il
lui,
n’a
mais témoigner de leur existence. La
glorifier,
pas d’ailleurs l’élément réparateur,
n’est-elle
En
le
moyen de
la
rédemption
?
?
Descripcion del Real
Monasterio de S.
Lorenzo del
Escorial... In-folio, Madrid, 1764. (2)
El Padre
del Monasterio de
Fr. Josef de Sigüenza. Historia de
San Lorenzo
del Escorial. Madrid,
( 3)
D” Felipe de Guevara. Comentarios de
(4)
Francisco Pacheco. Arte de
copiada de
la
primera que dip a
la
la
la
6o 5
vol., J. Ibarra.
Orden de San Geronimo, tome
III.
Descripcion
Pintura, notas de Antonio Ponz. Madrid, 1788.
estampa su autor en Sevilla
Manuel Galiano, Madrid, 1866, Cean Bermudez. Diccionario historico de
Espana. In-i6°, 6
la .
Pintura. Secunda edicion que se hace de este libro fielmente
Villaamil, 2 vol. In-i2°, (5)
i
t.
el
ano de 1649. Dirigela D. G. Cruzada
II, p. 129.
los
mas
ilustres profesores
de
las Bellas Artes
Madrid, i8oo.
3
en
1
D’un
côté absolument opposé,
ne faut pas non plus oublier
il
goût des
le
romans picaresques parus pour ainsi dire tous du milieu du XVP au premier tiers du XVI P siècle. Mendoza (i) n’avait-il pas fait imprimer Lazarillo de Termes, en i553 Mateo Ferez de Léon (3), la Picara Aleman (2), Guzman de Alfarache, en i 5 gg Castillans pour l’ironie des gueux, dont témoignent leurs
;
;
Justina,
en i6o5
;
Vicente Espinel
Le Dr Waagen
(4),
G. Glück
(5),
(9),
Max
E. Baes(i3),
etc.,
dans nombre d’études
se sont occupés
un
Friedlander
de Obregon, en 1618
L. Maeterlinck
(6),
H. Hymans
J.
Marcos
(10),
Dülberg
Fierens-Gevaert
(ii),
(12),
(14) a publié sur lui
documentés, auquel nous aurons souvent
part, après ces savants et subtils critiques, le
(8),
disséminés de côté et d’autre,
et d’articles,
un peu téméraire de notre
recours et ferons maints emprunts. Peut-être est-ce
de venir écrire sur
H. Dollmayr
(7),
de Hieronymus Bosch. M. Maurice Gossart
livre des plus substantiels et des plus
?
surtout après
M. Maurice
Gossart,
maître un nouveau volume où l’on ne trouvera aucune
découverte sensationnelle. Ce que nous tentons, notre profonde admiration pour
l’artiste, c’est
de
c’est
le
d’expliquer les raisons de
remettre dans son milieu, dans
son atmosphère.
(1)
Diego Hurtado de Mendoza, diplomate,
Grenade, mort en (2)
ïS"]S
homme
de guerre, historien, poète, né en
i
5o3 à
à Valladolid.
Mateo Aleman, surintendant mort vers 1620.
et contrôleur des finances
sous Philippe
II,
né vers
le
milieu
du
XVP siècle à Séville, (
3)
Ferez de Léon n’est pas l’auteur de
Francisco Lopez de Ubeda. Si nous (4) (
5)
Traduction (6)
la laissons
Vicente Martinez Espinel, né en
G. Glück.
Zu einem
qui est l’œuvre du médecin tolédan
55 o, tour à tour étudiant, marin, prêtre
Dr Waagen. Manuel de l’histoire de H. Hymans et Petit. Mucquardt,
de
la peinture.
;
mort en 1624.
Ecoles allemande, flamande et hollandaise.
3 vol., In-8°, Bruxelles, 1863-1864.
Sammlung
Bilde von H. Bosch in der Figdorschen
Kôniglich. Preussischen Kunst-Sammlungen, (7)
i
la Picara Justina,
sous son nom, c’est qu’elle est toujours ainsi désignée.
in
Wien. Jahrbuch
der
XXV.
t.
Louis Maeterlinck. Le genre satirique dans
la
peinture flamande. 2® éd. In-8°, G.
Van
Oest,
Bruxelles, 1907. (8)
H. Dollmayr. H. Bosch und
die Darstellung der vier letzten
Dinge
in
den Niederl. Malerei des
XV und XVI, Jahrhunderts. Jahrbücher der Kunsthistorischen Sammlungen des allerhochsten Kaiserhauses.Y'\er).ne,ï?>go. (9) H. Hymans. L’Exposition des tome XXVIII.
(10)
Max J. Friedlander.
primitifs à Bruges. Gazette des Beaux-Arts.
Meisterwerke der niederl. Malerei der
Paris,
III® période,
XV und XVI. Jahr. aufder Ausstellung
zu Brügge. Münich, 1908. (11)
Dr Franz Dülberg.
(12)
Fierens-Gevaert. Les Primitifs flamands, débuts du XVI®
Bosch.. Gd in-40, tome HI, G. (1 3 )
Edgar Baes. La
peinture et du paysage dans
tome XIII,
Van
tradition l’art
siècle, fin
de
l’idéal
gothique. Jérôme
Oest, Bruxelles, 1910.
dans
flamand.
l’art
du Moyen âge. Havermans, Bruxelles, 1902. Histoire de
Annales de la Société royale des Beaux-Arts et de la Littérature de
la
Gand,
1878.
Maurice Gossart. Jérôme Bosch, du Nord, Lille, 1907.
(14)
centrale
Frühhollânder, i45o-i55o. Haarlem, igoS.
le
«
faizeur de diables
»
de Bois-le-Duc.
In-8®,
Imprimerie
4
I
k
est bien certain
Il
que
nom
véritable
le
de Jérôme, Bosch quoique ses
tableaux signés portent Jheronimus Bosch, est Hieronimus van Aken ou Aquen, comme en témoignent les registres de la Confrérie de X Illustre Lieve rouite
V
Broederschap « il
de
(i)
la
Hieronimus Aquen
cathédrale de Bois-le-Duc, où l’on trouve ces mentions
Bosch
als
»
nouveau question plus
sera de
et,
Hieronimus Aquens
«
En
Bos
lui le
Espagne, Felipe de Guevara
désignent sous
et
(4)
le
;
(
;
Vasari
(7) le
Balduc
nomme Bos
Zanetti
;
(9),
di
Ertogen, Bosc
Girolamo Basi
Guicciardini
;
Bolch
et
;
les
noms
Argote de Molina ( 3 ),
(2),
nomment Geronimo Bosco Cean Bermudez Bosch le Flamand Gramaye (6), Hieronymus Bosz
Sigüenza
»
dont
les
plus
le
Père
alias Bosch,
loin.
Les écrivains qui se sont occupés de fantaisistes.
:
Zani
(8),
5 ) l’appelle Bosco, ;
chez les Italiens,
Girolamo Bosco
di
Bos, Boss, Bossius,
(10),
Dubos, Bosco, Bussius, Bus, Buus ou encore Buz Sandrart (ii), Heinecken (12) et Pilkinton (i 3 ) l’appellent Bos, signature que portent diverses gravures d’après ;
H. Cock, dont nous aurons à nous occuper. naissance de Hieronymus Bosch est encore incertaine. Huber
ses compositions burinées par
La date de et
Rost
(14), et
(1)
Het
la
sans doute d’après eux, sans autre investigation. Ch. Blanc
Register der Illustre lieve Vrou-wen Broederschap, propriété delà Société de
provinciaal genootschap van Kunst en (2)
3 ( )
Wetenschap
in
’s
(i 5 ), le
Hertogenbosch.
Noord Brabant.
D" Felipe de Guevara. Ouv. cit. Argote de Molina. Libro de la Monteria que mando
escribir
Don
Alonso, rey de Castilla.
Sevilla, i582, ch. IV, p. 47. (4) (
5)
El Padre
Fr. Josef de Sigüenza. Ouv.
Cean Bermudez. Ouv.
cit.
cit.
(6) J. B. Gramaye. Taxandria. Bruxelles, 1610, réédité à Bruxelles en 1708. Gramaye historien et voyageur flamand, né en Anvers en 1579, inort en i 635 à Lubeck où il fut inhumé dans la cathédrale. Lors d’un voyage sur les côtes de la Sardaigne, pris par les pirates barbaresques, il demeura un certain temps en
captivité en Afrique.
épiscopal d’Upsala.
Plus tard, de retour dans sa patrie,
Gramaye
il
par
fut élevé
le
pape Urbain VIII au siège
entreprit d’écrire l’histoire des diverses localités des Pays-Bas. Ses ouvrages
renferment de précieux renseignements.
en
i
(7)
G. Vasari. Ouv.
(8)
Guicciardini. Descrittione di
566 une seconde en i582 ,
cit.
;
tutti
Paese Bassi... traduit en français à Anvers, une première
également en français, à Amsterdam, en
Ant. Mar. Zanetti. Ouv. cit. (10) D. PiETRO Zani. Enciclopedia metodica critico-ragionata
i
6i3
fois
.
(9)
parte primera,
t.
Parma,
1819,
— inachevé — A. D.
3 vol.
delle belle arti. In-8°,
IV.
(11)
Joachim de Sandrart. Ouv.
(12)
Heinecken. Dictionnaire des
cit.
artistes
dont nous avons des gravures
Leipzig, 1779-1750. (1 3 )
Rev. Pilkinton. Dictionary of Painters.
(14)
Hubert
et
Rost. Manuel des curieux
In-40. et
A new
édition
amateurs de
by H. Fuseli R. A. London,
l’art.
9 vol. P‘
in-8“. Orell,
i8
o5
.
Zurich,
1797-1808. (1 5 )
1848-1875,
t.
Ch. Blanc. Histoire des peintres de toutes
les écoles. 14 vol.
In-40,
Vve
J.
Renouard, Paris,
IV.
5
font naître en 1498
jusqu’en 1460
Immerzeel
;
(i)
Michael Bryan ( 3 )
;
recule cette date jusqu’en 1470 oscille entre
plus prudent, parle seulement du milieu
1460
du XV®
et
1464
;
;
Michiels
Ulrich Thieme
Descamps
siècle.
(2),
5 ( )
et,
(4),
à sa
Dollmayr (7) la placent en 1450, d’accord avec les registres de X Illustre Lieve Vrotiwe Broederschap (8). Cela fait un écart de près de cinquante ans mais, comme on verra par la suite que l’artiste était connu dès 1488, il fallait
suite, Justi (6) et
;
bien qu’il ait déjà, à cette date, donné des témoignages de son talent. Admettons
donc que Jérôme Bosch naquit vers iqSo. Ajoutons que M. Ed. Laloire (9) a retrouvé sur les miniatures du Livre L Heures de Philippe de Clèves, transcrit
aux environs de 1483
Bruxelles, l’inscription que voici
Mais
partie de la collection
et faisant
convient-il de s’y fier
:
du duc d’Arenberg, à
Hieronimi Boscii Belgae Propria manu
«
».
absolument?
Où Hieronymus Bosch
vit-il le
Bois-le-Duc, alors une des cités
jour? Sans aucun doute à ’sHertogenbosch,
du Brabant septentrional. Dr Justi (10), vu ce nom patrony-
plus florissantes
les
Certains écrivains cependant, et parmi eux
le
—
—
Acken, Aix-la-Chapelle mique de van Aken, en allemand populaire pensent qu’il a dû naître dans cette dernière ville, se basant sur l’habitude du temps de porter
le
nom
Broederschap
de son lieu d’origine. Dans (ii),
est
il
une première
1435-36 peint un tableau de et
une seconde
fois,
pour
qu’il exécute
les
fois
comptes de X Illustre Lieve Vrouwe
question d’un Jean van Aken, qui en
Maria Egyptiaca pour
la cathédrale
en 1441, à l’occasion de peintures sur
la procession.
Est-ce
le
même
qui dans
la
de Bois-le-Duc,
robe du Roi Mage,
les registres
des Sous
Ecoutètes de Bois-le-Duc, conservés aux archives du royaume de Belgique, où étaient inscrits
chaque année
Immerzeel.
(1)
les
noms
De Levens en Werken
des étrangers qui obtenaient
le
droit de
der Hollandsche en Vlaamsche kunstschilders, beeldhou-
wers, graveurs en bouwmeesters, Amsterdam, 1842.
Histoire de la C'®,
peinture flamande. 4 vol. et un supplément, Bruxelles, 1845 peinture flamande depuis ses débuts jusqu’en 1864. 7 vol. In-80, Lacroix, Verboeckoven et
A. Michiels.
(2)
Histoire de
la
;
Bruxelles, i865-i86g.
Michael Bryan. Dictionary
(3)
of painters
and engravers, new
ed‘ revised
and enlarged by R. E.
Graves, B. A. 2 vol. In-8°, G. Bell, London, 1886.
Ulrich Thieme. Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenvon E. A. Seemann, Leipzig, Band V, 1912. 5 Descamps. Ouv. cit. ( ) Die Werke des Hieronymus Bosch in Spanien. Jahrhuch der KbnigUch, Preussischen C. Justi. (6) Kunstsammlungen, tome X, Berlin, i88g. (7) Dollmayr. Ouv. cit. (8) Ouv. cit. (4)
wart. Verlag
(9)
— Les Arts
Ed. Laloire. Le
(10) C. Justi.
(11) Voir
6
livre d’heures
de Philippe de Clèves
et
de
la
Marck, seigneur de Ravenstein.
anciens de Flandre, igo6.
:
Ouvr.
cit.
Dr Xavier Smits. De Kathedraal van ’sHertogenbosch,
dissertation doctor, 1907, p. 147-148.
-»)V
nom
de Laurent van Aken, probable-
s’agit
du père de Hieronymus Bosch,
bourgeoisie, figure en 1461, mais sous le
ment d’Aix-la-Chapelle
;
sans doute
il
comme l’ont prouvé les savantes recherches du D"" Smits. On sait fort peu de choses de la vie de Hieronymus des registres de X Illustre Lieve des paiments à lui
faits
dates à Bois-le-Duc.
Il
En
1494,
il
livra
cartons d’un cathédrale
de Philippe
le
différentes
cathédrale les compositions de Salomon
V Histoire
VAdoration
d'Abigàïl,
pour
la
plus belle
des
chapelles
sept
de X Illustre Lieve Vrouwe Broederschap
celle
;
la
trouvait à ces
se
qu’il
des
Rois,
le
Mardochée et Esther (i), sur lesquelles nous reviendrons. aux verriers Hendrick Bueltinck et Wilhem Lombard les
vitrail,
(2)
i5o8 à i5i2,
y peignit pour
honorant sa mère Bethsabée, Siège de Béthulie,
Vroîiwe Broederschap nous apprennent, par
pour des fournitures de peintures ou dessins, de 1493
de 1498 à i5o4, de
à 1494,
Bosch. Les comptes
Beau,
mari de
Jeanne
et père
la Folle
de
latérales
;
en i5o4,
il
la
reçut
de Charles-Quint,
la
commande d’un tableau du Jugement dernier, comme il appert des comptes de Simon Longin, receveur général de ce prince, conservés aux Archives de Lille
Voici d’ailleurs un extrait de ce document
(3).
llamado Bosch, pintor que vive en Bois-le-Duc,
la
«
:
A
Jeronimo van Aeken,
suma de
trenta y seis libras,
en prenda y pago, a buena cuenta de lo que pudiera debersele por un gran cuadro de pintura de nueve pies de alto, por once de largo, donde debe estar el Juicio de paraiso y infierno, que Mon senor habia mandado hacer para su « noble entretenimiento. » Ce qui peut se traduire Jérôme van Aeken, appelé
Bios, a saber
:
:
Bosch, peintre, habitant Bois-le-Duc, la et
somme
paiement, en déduction de ce qui pourrait
A
de trente-six lui être
Paradis
le
:
son noble
En
plaisir.
effet
le
faire
pour
»
par erreur certains écrivains. Cette date de i5i6 se trouve en
Vrouwe Broederschap, auquel il faut sans dans son Nomina Decanorum et prœpositorum i3i8-i638
On y
lit
Les autels sur lesquels
:
étaient ces peintures ont disparu lors
réformés, en 1629. Voir: Dr Xavier Smits. ouv.
commandé
registre de X Illustre Lieve
cesse recourir.
(1)
lui avait
Hieronymus Bosch exécute pour sa ville natale la maquette d’une qui lui est payée XX sols. Il meurt en i5i6 et non pas en 1622
l’ont dit
sur
Jugement de Dieu, à
le
i5i2
Crucijixion,
comme
I Enfer, que Monseigneur
et
comme gage
dû pour un grand tableau
de neuf pieds de haut sur onze de large représentant savoir
livres,
De
du
pillage
de
la cathédrale
par les
Kathedraal van s’Hertogenbosch, dissertation doctor, 1907,
p. 2 o3-2o5.
cit.,
la cathédrale de Bois-le-Duc, voir Dr Xavier Smits. De Kathedraal van ’sHertogenbosch, Hermans. Geschiedenis over den bouw der St. Janskerk, ’sHertogenbosch, La Haye, i 853 Hezenmans. De St. Janskerk te ’sHertogenbosch en hare geschiedenis, 1866. (2)
ouv.
cit.
—
(
Sur
;
J.
3 ) Registres
.
de
la
Chambre des Comptes de
Lille,
année 1604.
—
Archives au département du
Nord. Reg. F. 190.
7
«
Obitus fratrum A° i5i6
mention
;
Hieronimus Aquen,
est corroborée par le Register
als
Namen
der
«
qui,
son
à
Hieronimus Aquens,
alias
folio
Sigüenza
—
(2)
contour d’un
le
comme
espagnols,
et
écusson,
:
».
connu
—
(i)
et tout
nombreux prétendent que Hieronymus
se basant sans doute sur les
(3),
tableaux du maître qui se trouvent dans
porte
Pères Orlandi
les
ce dernier écrit cependant ne pas l’avoir
dernièrement D" Pedro de Madrazo
Cette
en de wapenen der heere7i
Bosch, seer vermaert schilder, obiit i5i6
D’anciens écrivains italiens et
sous
76,
».
van de Illustre Lieve Vrouwe
be'éedigde broeders zoo geestelijke als wereldlijke
Broederschap,
Bosch, insignis pictor
les Castilles,
Bosch y séjourna de 1495 à i5o5, et que c’est à l’Escurial qu’il prit le goût de la diablerie. Ces historiens oublient d’abord que le sens du merveilleux est bien autrement dans l’esprit des races septentrionales que des races méridioensuite que les Espagnols,
nales,
beaucoup plus que
les autres peuples,
sont
L’on a vu qu’en 1494, 1498, 1604, à Bois-le-Duc, le voyage en Espagne semble par
surtout attirés vers les réalités tangibles. notre artiste travaillait
etc.,
conséquent des plus problématiques, pour ne pas dire impossible. Les légendes,
du temps des Pères Orlandi (4) et Sigüenza (5), passèrent bien souvent pour des réalités on n’y regardait pas alors de très près. La science historique n’était pas née. Le peintre écrivain Jusepe Martinez (6) qui vivait sous Philippe IV, en Aragon, n’a-t-il pas écrit avec sérénité que Jérôme Bosch était né à Tolède ;
et avait surtout travaillé
On
croit
à l’Escurial.
généralement retrouver
les traits
de Hieronymus Bosch dans un
du célèbre Recueil d'Arras (7), portant l’inscription Bos « Jeronimus painctre », où le personnage est représenté en buste, de face, âgé d’une soixantaine
dessin
:
d’années, la tête couverte d’un bonnet des plus bizarres descendant sur les oreilles
d’où s’échappent deux mèches de cheveux bouclés, les yeux sans doute -bleus,
quelque peu bridés, le
visage rasé,
le
nez droit et
maigre,
émacié,
le
bouche grande aux lèvres pincées,
fort,
la
cou
ridé,
aux veines
saillantes,
torse
le
enfermé dans une sorte de justaucorps hermétiquement boutonné.
(1)
(2) (3)
Orlandi. Ouv.
cit.
El Padre Fr. Josef de Sigüenza. Ouv. cit. D" Pedro de Madrazo. Catalogo de los cuadros
Madrid, 1900, p. 209. (4) Orlandi. Ouv.
del
museo
del Prado,
de Madrid.
In-12,
cit.
El Padre Fr Josef de Sigüenza. Ouv. cit. Jusepe Martinez. Discursos praticables del nobilisimo arte de la pintura, publicados par la Real Academia de San Fernando. In-8°. Tello, Madrid, 1866, p. 184. mine de plomb ou à la sanguine, d’après (7) Recueil de portraits historiques, exécuté vers i56o, à la (5)
(6)
des originaux peints, plus
moderne
XVP siècle;
8
la
Le
plupart d’un très beau caractère.
celui de Charles IX.
Nombre de
portraits
:
plus ancien est celui de Philippe de Valois,
275; feuillets 293
provenance. Abbaye de Saint-Waast. Déposé à
la
;
mss. 261
;
gr. in-folio
bibliothèque municipale d’Arras.
;
le
papier
I
Ce dessin, aux yeux de certains critiques, A. Dinaux, entre autres, serait sorti des mains de l’artiste lui-même. Ce qui, jusqu’à un certain point, militerait en faveur de cette hypothèse, c’est que seul de la collection il ne porte pas d’épithète laudative, Hieronymus Bosch ne pouvant se glorifier lui-même. Il est vrai que, d’un autre côté, M. Louis Boca, archiviste du département de la Somme, voudrait y retrouver le faire de Jacques Lebourcq, peintre et généalogiste, mort en iSyS, à qui sont dues nombre d’effigies du recueil. C’est une autre hypothèse, rien de plus.
Continuons
revue des portraits de Hieronymus Bosch
la
Cock, en 1572,
«
docte secrétaire du prince-évêque de Liège célèbre les yeux
le
égarés et la pâleur
du maître hanté par
de
si
lui
»
un second,
Hieronimo Boschio pictori», gravé par Jérôme a paru dans le recueil de Lampsonius (i), suivi de vers latins
avec, au-dessous, l’inscription
dans lesquels
;
et qu’il a
les diables
«
qu’il croit voir voler
habilement représentés que, sans doute,
de l’Enfer, pour pouvoir en peindre ainsi
sombres horreurs
les
«
il
»
;
probablement gravé par S.
portrait de l’artiste, inversé celui-là et
de portraits de H. Hondius
autour
a eu l’accès
un troisième Frisius
(2),
un quatrième, (3) également inversé, gravé par E. de Boulonois (4), accompagné des mots « Hieronimo Bochio pictori », dans le livre de Bullart paru en 1682 un se trouve
dans
la
collection
;
:
;
cinquième toujours inversé, reproduit par l’Admiral
(5)
dans
le
Livre des peintres
de Carel van Mander, édité par Jongh en 1784.
En d’Opmeer (ij
1611
on en rencontre une variante, sur
et Beyerlinck,
Vers
inscrits
sous
imprimé en
161
1
(6)
bois,
dans VOpus chronologicum
pour mémoire,
enfin, citons
;
de Jérôme Bosch dans le recueil de Lampsonius Quid sibi vult, Hieronyme Boschi nie oculus tuus attonitus ? Quid
le portrait
pallor in ore
?
velut lemures
afin
:
si et
spectra Erebi volitantia coram
aspicores
!
Tibi Ditis avari
crediderim patuisse recessus
Tartareasque domus
;
tua quando
quisquid habet sinus imus averni
tum
ilieu
potuit bene pingere dextra
Vries, graveur hollandais, né à
S. Frisius.
(3)
H. Hondius. Hendrick Hond, graveur
(4)
Boulonois.
du
XVH siècle.
(5)
vlander.
Simon de
(2)
:
de, graveur
i58o.
hollandais, né à Duffel en Brabant en iSyS.
probablement d’origine française, qui
Isaac Bullart. Ouv.
travailla à
Anvers vers
le
cit.
L’Admiral, Jan. Graveur hollandais, né à Leyde en 1680, de parents français. Voir: Carel van
Ouv. (6)
Esme
Voir
!
Leeuwarden en
cit.
Pierre van Opmeer, historien hollandais, né à Amsterdam en iSaS, mort à Delft en i5g5,
tudia successivement la médecine, la jurisprudence et la théologie. Son principal ouvrage, l’Opus chronoogicum orbis univers!, a mundo exordio usque ad anno MDCXI, publié à Anvers, fut continué par le hanoine Laurent Beyerlinck.
complet que possible, un dernier portrait de Hieronymus Bosch,
d’être aussi
gravé, en i88i, par Adolphe Varin, qui n’a d’ailleurs aucun intérêt documentaire.
Revenons en arrière. D’accord avec le D’’ Xavier Smits, sans nier l’authenticité du portrait de Jérôme Bosch du Recueil d'Arras faisant seulement des réserves à son égard nous attacherons beaucoup plus d’importance au petit portrait reproduit dans l’édition du Livre des peintres de Carel van Mander
—
—
de 1784, représentant l’artiste, également en buste, presque de face, cette la tête couverte d’une coiffure réellement médiévale et avec un vêtement à col
(i)
van KunsUn
10
Ce en
portrait provient sans doute
W
etenschappen in
Noord-Brdbant
de te
la collection
fois (i).
des anciennes gravures du Provinciaal Genootschap
’sHevtogenbosch.
I
CHAPITRE
II
L’art de Hieronymus Bosch; son expression, ses caractéristiques
Jérôme Bosch, quoiqu’en retard sur son temps, et demeuré gothique par ses goûts, ses tendances naturalistes, ennemi instinctif des chemins battus, a défriché un champ de l’art ignoré avant lui et, s’il est jusqu’à un certain point l’inventeur des diableries,
il
des Pays-Bas.
Comme
que
commence par
branle
le
encore et surtout
est
l’a écrit
conquiert promptement
aller
cycle
que
contre
le
à la liberté,
lui,
la première,
intense, est
une
«
le fait capital c’est
qui tout de suite se propage en Hollande...,
du double avenir de la Flamands ». Parti de la tradition
est tout autant la dernière expression
Sa
une protestation contre
le
présent, encore
un
floraison spontanée, conséquence naturelle de ce qui la précède,
fruit franc,
l’attrait
quoiqu’un peu acide.
époque sincère
est d’une et
le
et narquoise,
Il
le
de
la
des
le
produit
qui préfère
le
caractère à la beauté, dont
culte ne viendront qu’à la Renaissance. Il pousse à l’extrême la
comme nous (2)
dont
ne faut pas oublier que notre artiste
recherche de l’expression physionomique, qui dans
Pilate
moins une
peinture, véridique, osée, inattendue, à l’observation
expression railleuse de la mentalité de sa race, de son temps, est
d’un précédent
d’un nouveau. Son œuvre n’est nullement une réaction
passé, pas davantage
barrière contre l’avenir.
(i),
centre anversois et décide
le
il
précurseur de l’école réaliste
M. Louis de Fourcaud
peinture familière chez les Hollandais et chez les
pour
le
nombre de
ses compositions,
Portement de croix de Gand, le Jugement de Princeton University, etc., va jusqu’à la grimace et la contorsion verrons dans
le
traits.
D’accord avec ses contemporains, Jérôme Bosch est un spiritualiste attiré tout entier vers le félicités,
monde
invisible, confiant
mais aussi hanté par
la
dans
l’espoir
d’une vie pleine de
terreur de l’Enfer et essayant d’en
donner
(1) L. DE Fourcaud. Hieronymus van Aken, dit Jérôme Bosch. Revue de l’Art ancien et moderne. Paris, tome XXXI, mars et avril 1912. (2) Allan Marquand. A painting by Hieronymus Bosch in the Princeton Art Muséum, Princeton University Bulletin. Princeton, vol. XIV, march ipoS.
que son imagination ne comprend que sous des particulières qui n’ont rien à voir, malgré la communauté de race et
la sensation par des figurations
formes
très
de pays, avec
celles
Memling. Ce
serait
adoptées par
une profonde erreur de
flamands,
d’écrivains
van Eyck,
les
que
croire,
agissements des
les
espagnols furent pour quelque chose dans
La même
Pays-Bas. l’Europe
Meuse
si
les
mêmes
Roger van der Weyden et les comme l’ont prétendu nombre représentants des
souverains
d’esprit des populations
l’état
préoccupations hantaient
des
de
reste
le
des terres wallonnes et néerlandaises, des bords de
et les habitants
et
magne,
pensée,
les
la
de l’Escaut, n’étaient certes pas plus à plaindre que ceux de l’Alledivisée, et de la France, à peine sortie de l’effroyable crise de la guerre
de Cent ans, qui avait arrêté
Comme
la vie et la civilisation
d’un peuple.
bon Brabançon, proche des régions wallonnes, toujours bercé d’étranges rêves, ainsi que l’a justement fait observer H. Pirenne (i), Jérôme Bosch a le caractère indépendant, mais en même temps il est mystique, d’un mysticisme particulier, porté à des imaginations délirantes et drolatiques que son pinceau cherche à rendre palpables. La ville où il passa sa vie, Bois-le-Duc, n’est pas très tout
éloignée de l’antique forêt de l’Ar-Denn, qui accueillit sortit le chevalier
du Cygne
et
l’exil
Ogier l’Ardennais. Les
de Tristan
vieilles
et d’où
légendes furent
toujours populaires dans ces régions embrumées. Près de trois quarts de siècle
après la mort de Jérôme Bosch, ne voyons-nous pas Peter Breugel dessiner
Combat d’ourson Il
poèmes du Pays-Bas, au XVP
et de Valentin (2), tiré des
convient d’ajouter que dans
les
surtout aux ouvrages traduits du français
Quatre
fils
Aymon ;
Sept Sages de Rome,
Rêveur
en plus de
l’antiquité,
homme
fois,
La Chanson
La
Destriiction de
pêchèrent pas chez eux
—
la reflètent,
Les monstres,
comme
les
épris
des
peurs, les hallucinations qui [fin
du Moyen âge n’em-
en témoignent maintes
dans son incohérence, avec
les diables, les larves, les
dédoublements de corps,
(1)
H. Pirenne. Histoire de Belgique.
(2)
René van Bastelaer.
vieilles
—
chansons.
Van
les
la fidélité
d’un miroir.
lémures, les fantômes, les esprits
cercles
démoniaques qui peuplaient
2 vol. In-80, Bruxelles, 1900-1904.
Peter Bruegel l’ancien, son œuvre
des catalogues de son œuvre dessiné et gravé, et peint. In-folio. G.
12
et
expression de cette mentalité, nous la trouvons dans les œuvres de
Jérôme Bosch qui les
Troye, Les
constatation étrange et d’apparence paradoxale
caustique et gouailleur,
volants,
allait
cherche à tout amalgamer, à ne rien laisser en dehors
hantèrent les cerveaux flamands et brabançons à la
La complète
vogue
de Roland, aux
amateur des choses neuves
de son champ d’investigation. Les superstitions,
l’esprit
la
etc.
crédule à la
et
anciennes, notre
aux romans de
;
Charlemagne.
cycle de siècle,
le
et
son temps, étude historique, suivie
par Georges H. de Loo, du catalogue de son œuvre
Oesl, Bruxelles, 1907, p. io 5
.
.
1
populaire n’ont pas
l’imagination
trouvé
plus complet ou
d’interprète
L’homme chez lui est constamment en lutte avec son immonde et puante qui sans trêve ni merci le poursuit
plus
convaincu.
éternel ennemi,
la bête
sous toutes
les
formes, revêtant tous les aspects.
Cet état d’esprit
pas près de prendre
n’était
XVII®
Malebranche
(i),
persuadé que
les véritables sorciers soient très rares,
qui vivait cependant au
fin.
Ne
siècle:
que
lisons-nous pas dans «
le
Encore que
sabbat ne
je sois
qu’un
soit
songe..., je ne doute point qu’il ne puisse y avoir des sorciers, des charmes, des
que
sortilèges, etc.,
le
démon
n’exerce quelquefois sa malice sur les
L’œuvre de Jérôme Bosch échappe à ou du moins
il
en a reculé
qué à son époque, Sont-ce
l’analyse, à la critique
en formes palpables. L’inesthétique n’existe pas pour
l’invisible
là
les
trouve,
se
visions d’un
dans un accès de fièvre?
Tout l’arsenal de la au grand complet dans
bornes.
les
cerveau délirant,
Non
pas.
pousse jusqu’au génie
Il
les
Sa méthode
disant parti pris de bizarrerie et d’excentricité, volonté.
la
imperturbablement une règle rigoureuse
hommes
faculté
;
elle
dévoile
l’artiste qu’il est,
sorcellerie,
si
compli-
productions
ses
hallucinations d’un
très sûre,
»...
très voulue,
(2).
malade son
soi-
qu’une rare puissance de
n’est
de créer des monstres,
qu’il s’est tracée,
suivant
dans cet idéal baroque
et hétéroclite.
Jamais nous ne pourrons assez appuyer sur l’imprévu de ses conceptions son œuvre, à la fois originale et outrancière, est en même temps profonde, naïve,
;
Son
démoniaque ? Point du tout c’est l’œuvre d’un prédicateur qui voudrait amender les pécheurs en leur montrant les châtiments qui les savante.
art est-il
Jérôme Bosch
attendent.
lisatrice, s’efforçant
répandre
:
et
la dernière
de
la
par
les
propager.
période du
un penseur, préoccupé avant tout de l’idée moramoyens à sa disposition, le crayon et le pinceau, de la
fut
Au
milieu des désordres, des troubles, des guerres de
Moyen
âge, les élans de
foi,
aspirations religieuses
les
élèvent et consolent l’âme, tranquillisent les déshérités, apaisent les malheureux,
psaumes de
réconfortent les opprimés. L’art chantait les
domine
»
Weyden
avec Jérôme Bosch, et
«
l’Hosanna
la
et l’O fidelis
Pénitence et »
les
«
Parce
avec Roger van der
Memling.
Nulle part
le
mysticisme, produit absolument autochtone du
(1)
Malebranche. Recherche de
(2)
Il
est à
remarquer que
avec des ingrédients horrifiques,
la Vérité,
tome
ler,
à
ne fut
les sorciers et sorcières
préparent
livre II, chapitre dernier.
les infernales cuisines, les philtres
les enfants qu’ils rôtissent
sol,
la
que
broche, les
tibias, les
fémurs, les crânes, les
corps entiers qu’ils entassent dans d’infâmes marmites, les diverses scènes du sabbat que l’on rencontre dans maintes compositions d’artistes plus modernes, témoin dans les Caprices de Goya qui datent des toutes dernières années du XVIIR siècle, sont totalement ignorés de Jérôme Bosch.
i3
plus ardent que dans les Flandres, au moins pendant cette époque
avant
siècles
la
Deux
(i).
naissance de Jérôme Bosch, Jean van Ruysbroeck et Geert Groote
ont vécu en Brabant et en Hollande où
ont
ils
Selon Goerres
fait école.
la
(2),
tendance au mysticisme y a été développée par l’institution des Béguines, due à Foulques, évêque de Toulouse, venu en Belgique, chassé de son siège par les Albigeois en 1212
commune
:
«
selon d’autres, par l’établissement des frères et sœurs de la vie
;
Broeders en zusters van den gemeenen leven
Jacques de Vitry
dans
raconte,
(3)
la
».
Vie de Marie d’Oignies, qu’alors
vivaient aux environs de Louvain plusieurs recluses extatiques. Leur exemple, les
nombreux
faits
merveilleux que l’on racontait d’elles ne pouvaient
En
autrement que d’agir sur ceux qui en avaient été témoins.
Le jour de
ples
?
feu,
le
la
Saint Laurent, Sainte Colette
jour de Saint Barthélemy, écorchée
le
;
de
(4)
Bosch, mais qu’importe
était brûlée
la
Jérôme Bosch a beau avoir surgi sur
cette
embrumée où
terre
Sa compréhension des
malgré
êtres et des choses,
tout,
il
suggère
et inspire
emprise dominatrice ouvre
le
libre, carrière
force sur l’imagination», Il
à Malebranche
fois
écrit-il,
le
maître, peut-être
ne faut pas s’étonner
comme
nous nuire
de
la
sont
les sorciers
si
et à laquelle
;
si
«
Le plus étrange
était,
à la
effet
où tous
les
Les mystiques espagnols sont pour i
5i5
de
la
monde
Goerres. La Mystique,
(3)
Jacques de Vitry, prédicateur
5 vol. In-i2°,
contes les plus extravagants
»
et
chroniqueur du XIII® ;
siècle,
Malebranche. Ouv.
cit.,
tome cit.,
i®*",
p. 220-221 et SgS.
tome
i®r,
Paris,
;
Saint Ignace de Loyola
livre II, chapitre dernier.
tome
p. 146-147.
né aux environs de Paris, chanoine
devint cardinal et mourut à
vies de quelques saintes.
Goerres. Ouv.
celui des
chrétien tout entier.
Vve Poussielgue-Rusand,
régulier et curé d’Oignies, dans le diocèse de Liège
5 ( )
la
.
(2)
(4)
Ainsi
en certains pays, où
plupart d’une date plus récente
la
résister...
du Moyen âge, non seulement
fin
Hollande, mais du
naquit en 1491, Sainte Thérèse en
on ne peut
communs
des histoires authentiques...
Cet état d’esprit et
:
«est la crainte déréglée de l’apparition des
créance du sabbat est trop enracinée
sont écoutés
(5)
cerveau des vestiges plus profonds que l’idée d’une puissance
invisible qui ne pense qu’à
(1)
son
n’y a rien de plus terrible, ni qui effraie davantage l’esprit, ou qui
produise dans
Flandres
;
plus juste de dire, à nos divagations.
Recourons encore une
il
à nos pensées, avec
les
reste clair,
du spectateur
esprits...
Il
n’est pas celui des régions ensoleillées.
plus encore qu’elle n’exprime. Elle appelle la collaboration
serait-il
le
mort de Hieronymus
vapeurs d’eau se condensent en sylphes, en valkyries, en ondines, net, sec.
par
!
Le mysticisme des pays du Nord Celui de
des exem-
jour de Saint Pierre, crucifiée.
que Sainte Colette ne vint au monde qu’après
est vrai
Gand
faut-il
faire
Rome
en 1244
",
a écrit
les
i
I
I
I
Hieronymus Bosch
est
naturellement imbu de ces idées,
croit,
y
il
il
en a
peur, et à cause d’elles, tout épris qu’il soit de nouveauté, d’observation méticu-
de méthode
leuse,
stricte,
d’indépendance,
il
n’en reste pas moins nébuleux et
rêveur.
Sa
personnalité, incontestablement complexe, est difficilement explicable.
un compromis entre les esprits des temps ceux des temps nouveaux, encore moins un homme de la Renaissance.
N’allons pas pour cela chercher en anciens et Il
jugé,
Moyen âge
appartient toujours à ce merveilleux
Alfred
rêves.
lui
quand
Michiels il
(i)
écrit qu’il
que
qui a su réaliser ses
dédaigne trop aujourd’hui
l’on
n’avait pas
l’idée
fort
bien
de personnifier des songes,
mais
l’a
pensait revêtir d’une forme plastique des vérités inattaquables.
Hieronymus Bosch
absolument rien de
n’a rien,
Son œuvre
qui n’existait d’ailleurs pas encore. réaction contre le passé
tantisme,
c’est-à-dire
:
la
d’autre chose, compris
rupture des traditions,
Réforme,
qui avaient
fait
la
le
protes-
des
force
âge, puisqu’ici nous n’avons pas à nous occuper
du peuple, de
grandiloquent, noble, majestueux, ;
la
tant s’en faut, une
n’est pas,
tous,
va
être
remplacé par un autre
emprunté à des idées étrangères, mortes depuis des sera bannie
de
de l’humanisme que sera bientôt
elle n’a rien
Moyen
peuples latins. L’art du
l’esprit
si
incompris des masses,
il
Celui-ci sera tout,
siècles.
ce n’est vivant et national.
sera réservé à
une
art,
classe,
La bonhomie en à une aristocratie.
Cette somptuosité qu’il va implanter étonnera plus qu’elle ne charmera, car elle
n’aura plus d’âme.
L’une des caractéristiques de Hieronymus Bosch pour l’expression de
la vie. Il est le
c’est
son goût, son attrait
premier peintre de son pays qui se
d’observer ce qui se passait autour de
d’étudier
lui,
soit avisé
l’homme pour lui-même, de
courir dans ce but les fêtes publiques, les réjouissances populaires qui se renouvelaient à chaque instant, nulle part plus fréquentes
Brabant, par conséquent qu’à Bois-le-Duc ou dans
Devenues, dans ces régions de haute toires, elles se répétaient
dans leurs bonnes
liesse,
que dans
les
Flandres
et le
campagnes environnantes.
les
classiques et pour ainsi dire obliga-
sous des dénominations diverses, aux entrées de princes
villes,
monuments, aux solennités
aux anniversaires religieuses,
politiques,
aux réunions de
planches, au milieu des places, aux carrefours des rues.
Il
aux inaugurations de gildes, célébrées sur les
convient d’y ajouter
les
Fêtes de fous, particulières aux gens attachés à l’Église, aux écoliers, qui n’avaient lieu,
il
est vrai,
qu’une
fois l’an,
disputes et les rixes étaient les
découvrir
(i)
le caractère
à date
fixe.
Dans
ces réjouissances, dont les
inévitables conséquences,
Jérôme Bosch sut
de l’individu qui posait inconsciemment devant
lui, inter-
A. Michiels. Les Peintres brugeois. In-i8, A. Vandale, Bruxelles, 1846.
i5
prêter les physionomies
trouver
le trait saillant et
modèles involontaires, en expressif, voir en eux ce qui marque, ce qui exprime,
rudes
primitives de ses
et
Mais que Ton ne s’y trompe pas — nous y reviendrons — il n’a jamais cherché à être comique ou bouffon, à prêter au rire ou à la moquerie. L’ironie, quelque étrange que la constatation en puisse paraître, l’ironie qui ne suffît qu’aux sceptiques, comme l’a écrit un critique avisé, André Suares, n’a rien à voir avec Jérôme Bosch. Les contemporains du peintre n’ont pas vu davantage ce qui compte.
dans ses compositions des motifs
d’hilarité.
Jérôme Bosch continua, comme l’a justement écrit M. René van Bastelaer (i), à s’inspirer de la tradition du Moyen âge, qui voyait dans la peinture un moyen, non un but. A l’inverse cependant des artistes de son temps, il va franchement vers la nature qu’il étudie et interprète directement, non seulement dans l’allure des personnages qu’il met en scène, mais, plus encore, dans la façon de composer et de comprendre cette scène. Sa composition est une transposition, à peine mitigée, de ce qu’il a vu et observé; par cela même, il rend plus facile à saisir,
autrement perceptible à ses contemporains,
leçon
la
entend leur
qu’il
donner. Aussi, avec cette façon de concevoir et de rendre ses sujets de tableaux, on
a voulu faire de Jérôme Bosch
le
Drôles
père des
Si
(2).
les
des
peintres
Drôles sont ses enfants, ce ne sont tout au plus que des enfants trouvés, pour ne pas dire naturels, qu’il n’aurait jamais reconnus. La recherche du comique, du grivois,
nous ne saurons jamais assez
observation
simple,
répéter,
le
personnelle, incisive,
naïve,
entendus malins des artistes venus après
du but
:
tire-laine,
les
faire
des
sous-
compositions de Jérôme
ce sont les mendiants, les estropiés, les malingreux
des cours des miracles flamandes et hollandaises les
que
qu’il leur avait assigné.
et convulsés qui peuplent les
Bosch sont étudiés sur nature Tentations,
n’avait
Son
fait.
qui ont essayé de faire leurs, ses
lui
créations, en les déformant, en les détournant
Les visages ricanants
pas été son
n’a
éclopés et
les diables et les
coupe-jarrets
les
son pays quelque peu chargés tout au plus,
;
et
moins pour
des
démons de
ses
kermesses
de
exciter
la
frayeur
que pour atteindre au paroxysme de l’expression. Cette recherche de l’énergie dans les physionomies a été d’ailleurs une des caractéristiques de la fin du XV® siècle,
aussi bien dans la docte Italie
que dans
de figures caricaturales de Léonard de Vinci. par Jérôme Bosch,
la race,
hélas
!
n’est pas
en rencontre toujours, aussi bien dans
16
(1)
R. VAN Bastelaer. Ouv.
(2)
Ibid., p. 3.
cit.,
p. 5.
De
les
les
Pays-Bas; témoin,
les cahiers
ces résidus de nature, reproduits
perdue.
Il
en subsiste encore, on
chemins d’un village flamand, un
our de kermesse, que dans par
nterprétés
l’artiste
processions ou romerias des Castilles,
les
Ignacio Zuloaga.
espagnol
Le
ceux-ci
peintre écrivain Jules
gueux des Pardons de Bretagne «déclamant, gémis;ant » il nous raconte « leur démènement et balancement maniaques de monstres lideux, comme des crapauds qui remuent dans la sécheresse du sol, et avec çà et à, sur l’horrible sordidité des loques, quelque chose qui est un ulcère étalé » breton (i) nous décrit les ,
Hieronymus Bosch étonne par
ces imaginations ahurissantes, par l’abon-
iance et la richesse de ses inventions, par les singuliers rapprochements d’idées
évoque, par
^u’il
abord
Drime
par l’expression des pensées qui de
les contrastes qu’il invente,
sembleraient
inassociables
mchevêtre ces disparates physiques
et
et
moraux,
insaisissables.
amalgame
Il
les satisfaits et les désespérés, les
;ages et les fous, les malades et les bien portants, les repus et les affamés. :e
monde
Tout
hétéroclite et bizarre s’agite, grouille, se heurte, se débat, se houspille,
Dans
s’embrasse, s’étreint, dans ses sinistres et drolatiques inventions.
semble
ijui
et
sortie
iu souvenir.
d’un cerveau en délire,
Ce que
l’artiste
invente existe
l’imagination
n’est
cette
qu’une
œuvre forme
sa fantaisie n’est qu’une expression
;
lu réel.
Avec une naïveté
exquise,
Hieronymus Bosch a reproduit
les
paysages
léerlandais et brabançons aux vastes étendues couvertes de bruyères, aux terrains
narécageux, avec leurs humbles masures aux toitures de chaume, aux étroites
aux cheminées d’où s’échappent de minces filets de fumée, isolées au de prairies sans fin, coupées de canaux aux eaux calmes et transparentes.
ènètres, Tiilieu
\joutons
qu’au temps de Jérôme Bosch cette région avait un caractère
'usticité et
de sauvagerie encore plus accentué qu’aujourd’hui.
Le peintre a traduit avec une précision sans lont
il
surcharge ces paysages,
les
rochers,
menus
;ous de
a
le
goût des
ie rivières et
ques,
dans
les
les scarabées,
les
branches d’arbres,
brins d’herbe. Les fonds de ses tableaux sont d’incomparables
/ues de villes ou de [1
pareille les différents objets
les coquillages,
Dapillons, les libellules, les petits oiseaux qu’il cache
de
sites
campagnes
qu’il
rend avec une naïveté et un charme exquis.
panoramiques, des larges perspectives, des plaines traversées
de canaux bordés de routes, meublées de constructions pittores-
animées de
petits
personnages, de promeneurs,
de soldats, de grands
;eigneurs à cheval, de paysans à pied, en charrette, de pêcheurs pêchant dans des •ivières
ou des étangs, de chasseurs à
les lièvres, etc. les
l’affût
poursuivant des perdrix, des
Ses lointains sont parfois occupés par des rochers déchiquetés,
montagnes hérissées de châteaux-forts démantelés, des
(i)
cailles,
Jules Breton. La Vie d’un
artiste. In-i8<> Jésus.
villes
Alph. Lemerre, Paris,
s.
aux architectures
d.
17
fantastiques se détachant,
nous l’avons déjà
dit,
sur des ciels lumineux ou
obscurcis par des fumées d’incendie.
Enfin Hieronymus Bosch est l’inventeur de certaines scènes pittoresques
que
la plupart des artistes des
C’est ainsi, par exemple,
que
Pays-Bas, des siècles suivants,
la
masure abritant
la
lui
Naissance du Sauveur, qui
trouve dans nombre de compositions de peintres venus après
Quentin
dans ses tableaux.
Hemessem lui-même Peseurs d'or
un
de ce côté
intérieur de
pour tant de critiques il
est la plus
disciple de
d' Avares. Il
lui, se
se
voit d’abord
Reymerswale, Jean van redevables
point
de
leurs
ne faudrait pas cependant
que Petrus Christus avait déjà peint son qu’un tableau perdu de Jean van Eyck, de deux figures à mi-corps,
aller trop loin
représentait
sont jusqu’à un certain
lui
de leurs vieux couples
(i),
Saint Éloi et
Marinus van
Metsys,
ont empruntées.
et oublier
Marchand comptant
et d’écrivains, personnifie le génie populaire flamand, dont
haute expression
Jérôme Bosch,
les détails inutiles
son argent. Peter Bruegel, qui,
il
—
faut bien en convenir
il
est vrai,
ont disparu.
Il
un
disciple affranchi,
lui doit
—
dans
néanmoins une
souvent que
n’est
le
œuvres duquel
les
partie de son talent,
sa philosophie satirique, son sens moralisateur, son attrait pour les spectacles et les scènes populaires.
Les diableries de Jacques Callot passeraient pour moins productions de Hieronymus Bosch étaient plus connues.
Van Dyck
n’a-t-il
pas emprunté au peintre de Bois-le-Duc certaines figures
casqué
et
bardé de
Christ au roseau
fer,
(2),
qu’il
originales,
:
si les
lui-même
tel le
soudard
a placé dans son Jardin des Oliviers et dans son
du musée du Prado à Madrid
?
Nous devons à M. van Puyvelde, à propos des tableaux de Peseurs d’or, peints au XVI® siècle, une observation des plus curieuses, qu’il dit tenir de M. Hulin, c’est que, dans tous, les personnages portent le costume du XV® siècle. Cela ne militerait-il pas pour la préexistence de la composition de Jean van Eyck (1)
dont
il
ne reste que (2)
igio.
18
N°
98.
la
mention
?
P. Lafond. Les tableaux de
Van Dyck au musée du Prado,
à Madrid, Les Arts, Paris, février
i
^
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' '
”
J
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-V*
^
CHAPITRE
III
Influences subies par Hieronymus Bosch. Du surnaturel et du DIABOLISME DANS SON ART
Les inventions de Hieronymus Bosch ne sont pas
sorties
de son cerveau
telles quelles,
comme Minerve
casquée de celui du Jupiter. Elles appartiennent à
son époque
pendant
grande partie du Moyen âge, jusqu’à
;
la plus
Renais-
la
L’œuvre peinte, l’œuvre sculpturale en témoignent. Les gargouilles, les porches, les
sance, elles remplirent l’imagination de tous. surtout,
du XI P au XV®
siècle,
chapiteaux, les colonnes, les clefs de voûte des églises, les stalles des cathédrales
de figurations
et des chapelles des monastères, les cloîtres des couvents, à côté
montrent des
interprétées d’après X Écriture Sainte,
populaire,
d’ordinaire
satiriques
animaux fabuleux plus étranges «
Que
les
uns que
des
:
«
dans ces
des démons,
diables,
guenons immondes
cloîtres
demi-hommes
?
ces lions féroces
?
ces tigres tachetés
?
des
Bernard à Guillaume, abbé
où
les frères font la lecture,
monstruosités ridicules, ces beautés difformes ou belles difformités
font là ces
la vie
les autres.
signifient», écrit déjà, vers ii25. Saint
du monastère de Saint-Thierry, ces
bouffons
et
empruntés à
sujets
?
ces centaures
ces soldats qui se battent
?
que
?
monstrueux
?
ces
ces chasseurs qui
Vous voyez sous une tête plusieurs corps et en compensation, sur un corps, plusieurs têtes. Voilà un quadrupède à queue de serpent et un serpent à queue de quadrupède Ici, un cheval finit en chèvre et, là, un animal à sonnent du cor
?
!
en cheval.
cornes,
C’est de toutes parts
étudier de pareilles choses qu’à méditer la
honte de ces inepties, qu’au moins on
quædam
«
in claustris
deformis deformitas
semi homines
uno
Coeterum
capite,
?
?
quid
multa corpora
ait
ibi
et rursus in
quid
uno corpore,
quid
feri
quid milites pugnantes
Ilinc in pisce caput quadrupedis. Ibi bestia proefert
les livres et passer les
de Dieu.
fra tribus,
immundæ simiæ ? ?
loi
étrangeté de formes qu’on
Ah
!
Dieu
!
si
on
jours à n’a pas
honte des pensées qu’elles suggèrent
coram legentibus
quid macülosæ tigrides
telle
marbres que dans
préfère faire la lecture sur les
(i)
une
?
facit ilia ridicula
leones
?
quid monstruosi centauri
capita multa. Cernitur in
»
monstruositas, mira
quid venatores tibicinentes
equum, capram trahens
(i).
?
?
quid
videras sub
quadrupède cauda serpentis. carnutum
rétro dimidiam, hinc
Ce sont
ces sculptures anathématisées par le fondateur de Clairvaux
de pierre, parfois de bois, que Hieronymus Bosch lut
c’est ce livre
tous ses contemporains. Sans doute,
murs
tesques disséminées sur les
il
montrent
extérieurs de la cathédrale de sa ville natale,
dragon
la licorne et le
le lion,
comme
étudia longuement les sculptures gro-
surtout celles renfermées à l’intérieur du temple se
et relut
;
du pourtour du chœur où stalles, terminées dans sa prime celles
;
ses
jeunesse, surmontées d’étranges animaux, aux têtes parfois quasi humaines
mêmes
ces
stalles,
il
retrouva
Léviathan à
le
(i),
;
sur
gueule ouverte. Sans doute,
la
il
chœur de Notre-Dame des Sablons, cette étrange décoration de pierre datée de iqSS, où figure un diable emportant en enfer une pleine hotte de damnés une tête de monstre broyant de ses dents aiguës un prélat et un manant un monstre ailé, etc. Lucifer, le sceptre à la main dans dans
vit à Bruxelles,
le
;
;
;
Saint-Pierre de Louvain, les stalles achevées quelques années avant sa
l’église
présentent des masques grimaçants, des têtes
naissance, dont les miséricordes
de dragon, de porc, de renard, de Breda, personnifiant d’ânes
;
;
les
de canard,
de
l’église
Péchés Capitaux sous l’aspect de moines à
oreilles
d’aigle,
Damme, aux
poutres de l’hôtel de ville de
les
etc. (2),
les stalles
scènes d’une lubricité
sans vergogne. Si le caractère
si
point, lui être suggéré par les il
un
certain
œuvres sculpturales des monuments de sa
patrie,
particulier de ses compositions a pu, jusqu’à
peut en avoir aussi puisé une partie, et non la moindre, dans
tions des Mystères (3), dans les farces grivoises
dès
le
XIV®
Certainement
il
duvelryen
«
mode dans
les
Pays-Bas
et
peintre,
(4).
faiseurs de
pitres,
des gambades
»
non plus négligé
pas
n’a
dislocations des baladins, alors,
à la
au point culminant de leur succès au temps de notre
siècle,
appelées diableries, en flamand
nombreux
si
les représenta-
l’étude
tours,
de
cabrioles
des contorsions
marchands
leurs
d’orviétan,
animaux
et si
dressés aux
exercices les plus étranges.
animal gestat posteriorus.
Tam
multa denique tamque mira diversarum formarum ubique varietas apparet,
quam
in codicibus, totumque diem occupare singula esta mirando, non pudet ineptiarum, cur vel non piget expensarum. » Apologia ad Guillelmen abb. Sto Theodorici. Cap. XII Œuvres de Saint Bernard. 27 (1) J. Destrée. Étude sur la sculpture brabançonne au Moyen âge. In-40. Vromant, Bruxelles,
ut magis legere libeat, in marmoribus,
quam
in lege
Dei meditando. Pro Deo
!
Si
—
—
1894, p. 95. (2) J. (3)
Champion,
Destrée.
Ibid., p. 116.
G. Cohen. Histoire de
la
mise en scène dans
le théâtre religieux français
au
Moyen
âge. In-8“.
Paris, 1906.
L. VAN PuYVELDE. L’évolution de
la
conception artistique chez
les
peintres de la renaissance
septentrionale. Les Arts anciens de Flandre, Avril, iqiS. (4)
vaert
»,
20
Témoin
joué en
i
5 oo
:
Le Jeu du Sacrement du Nyeuwerwaert
«
Spel van den Sacramente van der Nyeuwer-
à Breda près de Bois-le-Duc, rempli à moitié de diableries.
I
Peut-être Jérôme Bosch
encore trouvé une partie des motifs de ses
a-t-il
compositions hétéroclites dans
les
feuilletant les bestiaires si appréciés
manuscrits médiévaux, particulièrement en
justement M. Maurice Gossart
dit très
Alexandrie vers
logus, écrit à
le
IP
comme
de son temps. Tous ces bestiaires, (i),
le
procèdent plus ou moins du Physio-
siècle, traitant d’interprétations allégoriques,
Ce genre seconde partie du
religieuses et morales, tirées des règnes animal, végétal et minéral (2).
de littérature eut une importance considérable pendant
Moyen
âge. Certains de ces écrits,
Contempré
le
(3),
De
comme
tels
le
;
un
Grand,
le
;
fils
Trésor, de Brunetto
naturel de Philippe le
bestiaire de Philippe de
le
de Guillaume, clerc de Normandie
bestiaire divin
le
certain point scientifiques; les autres,
pour Raphaël de Mercatel,
bestiaire exécuté
Bon, abbé mitré de Saint-Bavon, à Gand le
De Naturis rermn, de Thomas de
le
Animalibus, d’Albert
Latini, tentent des explications jusqu’à
la
;
le bestiaire
d’
Thaun
Amour
Richard de Fournival, se plaisent à des interprétations purement symboliques
A
côté des
bestiaires
de (4).
Livre des Merveilles du monde
le
de Mandeville, écrit entre 1404 et 1417, pour la bibliothèque des ducs de
dit
Livre des Merveilles dinde, rédigé en 1415 par Jehan Wauquepour un prince de cette famille, Jean de Bourgogne, petit-fils de Philippe
Bourgogne; lin (5) le
convient de placer
il
;
Hardi
le
(6).
Sans doute, dans ces manuscrits, remplis de miniatures
de dessins,
et
d’une imagination et d’une fantaisie sans limites, Jérôme Bosch trouva quelques-
unes de ses figurations d’êtres sans
ou au bas du dos, entre
les
tête,
au visage dans
la poitrine, sur le ventre,
épaules, à une seule jambe,
aux bras
multipliés,
moitié humains, moitié animaux.
Mais
source de ses inspirations,
la principale
sujets similaires,
celle
de Roger van der
Weyden
et
comme
d’ailleurs,
Maurice Gossart. Ouv.
(2) liècle.
Voir
Un :
et i
une
frise extérieure
de
la
Martin. Nouveaux mélanges d’archéologie 53
il
emprunte
le
p. 163-164.
bestiaire a été sculpté sur
Cahier
Oidot, Paris, 1873, p. 3 ( )
cit.,
les
des autres maîtres de son
pays et de son temps, reste X Apocalypse de Saint Jean, auquel
(1)
dans
cathédrale de Strasbourg vers
— Curiosités
XIV^
le
mystérieuses. Gr. in-40.
.
Goerres. Ouv.
p. 393.
cit.,
Emmanuel Walberg. Le
bestiaire de Philippe de Thaun. Paris et Lund (Suède), 1900. (4) Hippeau. Le bestiaire divin, de Guillaume, clerc de Normandie. In-8°. Caen, i852. Hippeau. Le vestiaire d’Amour, de Richard de Fournival, avec la réponse de la dame. In-i2°. Paris, 1860.
Voir
;
—
—
(5)
L« hime
Merveilles d’Inde,
(6) les
Un
des Merveilles
du monde, de Guillaume de Mandeville, fut écrit entre 1404 et 1417
;
hes
vers 1415, par Jehan Wauquelin.
manuscrit du Livre
manuscrits français
N° 2810
;
le
des Merveilles se
trouve à
la
Bibliothèque nationale de Paris, catalogue
manuscrit des Merveilles d’Inde,
même
catalogue
N®
75i8.
2l
dragon à et les
la
gueule immense, enflammée
et
puante, entrée de l’Enfer, où
faux prophètes seront tourmentés nuit
et
jour sans
la Bête
fin.
Une fois engagé dans cette voie Hieronymus Bosch ne s’arrête plus, des hommes à tête de porc, de chien, de renard, de rat, de serpent, d’oiseau,
il
crée
imagine des animaux à visage d’homme, des crapauds à d’oiseau, des griffons à jambes de cerf, des corps humains greffés sur des de poisson,
il
d’arbres, des monstres auxquels
une
des pots de grès ou de
munis de jambes
de nez
clarinette sert
;
pattes
troncs
un entonnoir, de
tête;
des ustensiles de cuisine, de bras. Ce sont des ventres pléthoriques qui rampent, piqués d’un coutelas des terre,
;
;
œufs crevés qui roulent, des jambes
et des
pieds sans corps,
des scies, des harpons, des spatules qui déchirent
;
qui marchent
;
des becs crochus, des yeux
ronds, des nageoires qui s’avancent et tous ces êtres sont véritablement vivants.
A cela
il
ajoute d’autres épouvantements, sous les fumées opaques des incendies
surgissent mille apparitions, d’abord indécises, puis bientôt muées en hideuses figures qui harcèlent l’imagination, hantent le cerveau, suscitent l’angoisse. Le soleil
à l’horizon
s’éteint sanglant,
;
en arrière se profilent des potences où
se
balancent des malheureux que déchiquètent des oiseaux de proie. Des nuages
d’animaux fantastiques, peuplés au-dessous, ce sont de noirs étangs aux profondeurs ignorées,
se traînent sous des ciels bas et lourds sillonnés d’esprits aériens
remplis
;
imprécis
d’êtres
:
dragons
venimeux,
serpents
repoussants,
oiseaux
incomplets, araignées monstrueuses.
Ainsi que
les
Merveilles dlinde qui narrent
scorpions, des dragons, des serpents,
porcs qui avaient grans dens
comme
à tête de sanglier et à corps de lion
ou moins fabuleux. Dans le lion,
l’onocentaure,
le
«
»,
les batailles
des guivres, des
des lyons blancs bestes à trois cornes, des
d’un conte, une émeraude au il
ces tableaux
n’a garde de négliger ces
il
montre
front, bêtes
animaux
la girafe, l’éléphant,
plus
la licorne,
poisson volant, la baleine, l’oiseau de paradis, l’onagre,
l’autruche, la salamandre, la sirène, l’aspic, le crocodile, le phénix, le pélican, l’ibis,
l’ichneumon
mais encore aux temps.
Il les
emprunte non seulement au livre de Jehan Wauquelin des autres voyageurs médiévaux et aux bestiaires de son
qu’il
récits
mêle aux animaux connus, à ceux de basse-cour, aux bœufs,
porcs, renards, lapins, canards, à la fourmi,
à
la
au hérisson, au moineau, à
la perdrix,
poule d’eau. Est-il nécessaire d’essayer d’expliquer le sens
bêtes? le
lièvres,
Le
Christ
lion, ;
la licorne,
l’antilope,
la panthère,
le
dragon,
l’onocentaure, l’hyène,
la
mystique de certaines de chèvre figurent
le castor,
la souris,
le
ces
Sauveur,
l’autruche,
la
le
singe, la perdrix, la scie de mer,
la baleine, le crocodile représentent le diable.
Faut-il parler de la couleuvre, de
salamandre,
la fourmi,
22
la sirène,
l’éléphant,
du phénix, du
pélican,
l’aspic,
du moineau, de
la
huppe, de
l’ibis,
de
la poule
richneumon, dont
d’eau, de
adaptations sont variables (i)? Les bestiaires du
les
Moyen âge ne
sont pas toujours d’accord
animal
un symbolisme
défini
certaine latitude dont
il
usa naturellement. Sa symbolique
il
région à laquelle
la
compréhension des gens qui l’entouraient.
venons de
dire
le
à s’en étonner
;
il
appartenait
aux
Moyen
le
chemin, de leur
fidèles le droit
du doigt, l’ignonomie du Le Diable est horrible
vice, la
âge.
Il
à la
2 ),
—
nous
n’y a pas
son but
les saints,
faire toucher,
fait
pour
ainsi
beauté de la vertu.
repoussant parce
et
(
L’herméneutique animale
a sensiblement varié pendant
une
avait-il
sinon tout à
est,
à sa dernière période, au lieu de magnifier
étant de montrer dire,
—
un
leur arrive souvent d’attribuer à
Aussi Hieronymus Bosch
différent.
du moins adaptée à
personnelle,
;
grand coupable.
qu’il est le
Ce qui constitue et caractérise la laideur, c’est la désobéissance à la loi. Caïn n’a-t-il pas été marqué au front du signe d’infamie ? Le mal c’est donc le laid f
selon l’enseignement de l’Eglise.
Continuons de parler des êtres disparates et
et étranges,
plus inattendus les uns que les autres, mis en scène par
hybrides composés des
monstres
éléments
les
plus compliqués
Hieronymus Bosch,
opposés,
plus
hommes-bêtes,
hommes-ustensiles qui courent, grouillent, rampent, volent, s’invectivent, s’ens’accouplent,
roulent,
se
disputent,
battent,
se
se
mordent, se déchirent, se
Ce sont d’immondes sauriens visqueux projetant leur venin des dragons aux yeux d’escarboucles, aux immenses gueules ouvertes des scorpions à la carapace blindée des homards à la queue recourbée, dardée en avant des corps sans tête, des têtes sans corps, des jambes isolées que surmonte un œil rond ouvert des poissons aux monstrueuses nageoires aiguës des mammifères à becs crochus qui nagent entre deux eaux tandis que des poissons volent ce sont des myriapodes gélatineux, des araignées velues, des crabes aux pinces qui sont dévorent.
;
;
;
;
;
;
;
des faulx, des faucheux lançant
mille-pattes, des ophidiens, des
des polypes, des larves, des glandes, des bacilles, des infusoires, des
têtards,
embryons
des
ténias,
d’êtres
créations, sans analogies délire.
du venin, des
Dans « un
décrit
:
chien
»,
et
il
innommables,
aussi
Dans
que
sinistres,
dans aucun règne, dans aucune faune, d’un Cuvier en
Cour des Miracles de Notre-Dame de Paris (3), Victor Hugo chien qui ressemblait à un homme, un homme qui ressemblait à un sa
ajoute
:
«
les limites
des races et des espèces semblaient s’effacer
Elles s’effacent encore bien davantage dans les
(1)
stupéfiants
la
Nouvelle Comédie, de Dante,
la
».
œuvres de Jérôme Bosch. Ses
panthère figure
la
sensualité; le lion, l’orgueil; la
louve, l’avarice. (2)
On
(3)
comme le fait remarquer le Smits, dans les murs du côté nord, de la cathédrale de Bois-le-Duc.
en trouve une preuve, entre autres,
grimaçantes, sculptées sur les arcs-boutants des
V. Hugo. Ouv.
cit.,
tome
1er,
livre II, ch.
VI.
figures
monstres ne sont pas sans rapport avec
que
les
des arts chinois
Orient, de la Chine et surtout âge, a des aspirations
pour
japonais
grotesque et
le
celle
le terrible,
Céleste et
bronzes,
du
soleil
les
soieries,
les
en témoigne leur faïence
productions des peuples de l’Extrême-
du Japon dont
opposées à
si
les
la civilisation,
même
de l’Europe, se retrouvent
au Moyen semblable
le
semblable préoccupation de produire
la
des corps biscornus, terrifiants, malgré tout
Les
comme
Ils s’en éprirent d’ailleurs aussitôt,
de Delft. Constatation curieuse, dans
réels,
mais arbitrairement amalgamés.
céramiques,
les
peintures
des
levant montrent des dragons à crâne de requin
monstrueux, aux gueules armées de formidables mâchoires à dents
et
Hollandais devaient plus tard connaître par leurs navigateurs et importer
en Europe.
attrait
les créations
empires
des crabes
;
rang de
triple
des buffles à dos écailleux, à nageoires de poisson, à queue de saurien
;
des crustacés à pattes de mammifère, à ailes d’oiseau ou d’insecte.
Ces
;
êtres
paradoxaux semblent apparentés aux monstres de Hieronymus Bosch. Ceux-ci ne sont pas moins étranges, moins terrifiants, bardés de fer, coiffés de casques mirifiques,
avec leurs armes invraisemblables,
harpons,
crocs,
épées,
lances,
cimeterres se développant en lames de rasoir, en dents de scie, avec lesquelles
s’exterminent
se battent,
luttent,
Ces êtres
irréels
ne sont cependant pas immatériels, tant s’en
pas renoncé à avoir un corps, mais
ils
faut. Ils n’ont
en ont un composé de morceaux disparates.
Tous, nous ne saurions assez y insister, ont une existence propre, absolue difformités, leurs visages avec leurs traits et leurs détails, leur ossature,
leurs
;
muscles concourent à l’expression générale
terme,
est
humains
forme
correcte
;
;
que
leur architecture,
nous
l’on veuille bien
tolérer ce
Chez Jérôme Bosch, des
dans son incorrection.
se greffent sur des crabes bossués,
visages
sur des araignées visqueuses
ignoble suçoir, dans certaines des créations de
et
;
un
sort d’on ne sait où
l’artiste,
des yeux phosphorescents éclatent et fulgurent dans une citrouille pattue
faucheux poilu émergent deux bras
leurs
tous témoignent d’un [sentiment net
,
particulier de la
ils
deux jambes embryonnaires
;
;
;
d’un
des fœtus
volètent lourdement ou se traînent dans d’effrayantes contorsions, sur la terre
boueuse ou sur des pierres coupantes. Les
occupent
édifices qui
les
lieux où
évoluent ces monstres hétéroclites n’offrent pas moins de bizarrerie. Ce des moulins en forme de brocs, dont qui sont des portes de ville
;
les ailes
sont des bras
;
des bouteilles pansues
des citrouilles, des maisons, dont
des yeux et les portes des nez
nombre de compositions de Jérôme Bosch,
24
Voir:
J. -K.
les fenêtres sont
(i).
N’oublions pas ces globes plus ou moins transparents que
(i)
-sont
l’on trouve dans
sortes d’œufs qui renferment des êtres
Huysmans. Certains. Le Monstre. In-12. Tresse
et Stock, Paris, i88g.
la génération,
de
milieu
pour
et parfois s’entr’ouvrent
humains
comme
aussi ces autres boules émergeant de lacs, surgissant
sommet de
pointant au
d’îles,
en becs d’oiseaux, en
sans doute des emblèmes
les laisser sortir,
du
rochers, se terminant en pinces de crabes,
de lances, germant en boutons épineux, s’épanouissant
fers
en fleurs rébarbatives.
M. Fierens-Gevaert
dans son étude sur Hieronymus Bosch, serait
(i),
un rapprochement entre
volontiers disposé à établir
personnages de ses
les
compositions, en tant qu’ils restent exclusivement humains, et les types caricatu-
raux dessinés par Léonard de Vinci.
on ne retrouve
l’autre,
atrophies,
les
du maître Lombard impossible,
douteux que, chez l’un
n’est pas
déformations,
les
mêmes
mêmes rapprochements de l’homme avec
pour admettre que
suffisant
mêmes
les
Il
mêmes
les
Mais
est-ce
connu les cahiers de croquis plus ou moins inspiré ? Après tout, ce n’est pas
M.
l’ajoute
Hieronymus Bosch n’en
l’animal.
chez
peintre néerlandais ait
et s’en soit
comme
et
le
tares,
et
serait
Fierens-Gevaert,
la
portée de
aucunement diminuée, car
l’œuvre de
ce dernier a érigé en
élément essentiel de son art ce qui, chez Vinci, n’était qu’un divertissement.
La
force,
la subtilité
la finesse,
du
peintre de Bois-le-Duc sont excessives.
veut dire. Qu’il y ait des allusions politiques sous ses terribles et grotesques figurations, c’est possible, c’est probable, mais celles-ci sont aujourIl
dit ce qu’il
d’hui indéchiffrables et
nous n’en avons cure,
elles
sont trop lointaines
renferment un enseignement religieux et moral, nous
le
;
qu’elles
savons. Ses tableaux sont
des sermons aux images puissantes et crues, faites pour frapper les esprits frustes et grossiers
de son époque.
Saint Grégoire le
grand point
mots ne la
le
est
Grand, que mieux vaut de dire
les effrayait
pruderie
Les prédicateurs de son temps, persuadés,
moderne
la vérité,
en aucune façon, et
ils
une chose
«
le
plus expressive, plus agréable, plus
mensonge ;
et
que
la violence des
nom, Le symbolisme de Hieronymus
appelaient les choses par leur
pas encore inventée.
n’était
a écrit Saint Augustin,
techniques
scandale que
n’agissaient pas autrement
Bosch frappait encore plus que la parole
Comme
le
comme
les
imaginations naïves
notifiée
et simples.
par allégorie est certainement
imposante que lorsqu’on l’énonce en termes
».
Hieronymus Bosch », soutient fort justement M. Fierens-Gevaert (2), «est un dramaturge moraliste qui secoue de la manière la plus rude, l’âme terrifiée de «
j
ses
contemporains.
turpitudes de son
L’hérésie ne
temps.
»
l’a
Comme
point touché mais
Saint Paul supplie,
(r) Fierens-Gevaert. Les Primitifs Flamands. Jérôme Bosch, p. 177. (2)
Fierens-Gevaert. Ibid., tome
il
III, p. 170.
In-f».
voit clair dans
les
blâme, gourmande.
G. Van Oest, Bruxelles, 1910, tome III.
V
opportunément, importunément dans ses épîtres à Timothée
V
(i),
supplie, blâme
il
gourmande. L’apôtre veut que l’on fasse la guerre aux vices par tous les moyens, écrit Erasme à Darpius ( 2 ). Hieronymus Bosch agit d’après ce principe.
et
Dans
douloureux épisodes de
ses représentations des
différentes scènes de la
mort de
la
Passion du Christ,
victime expiatoire sont rendues avec un natura-
la
lisme cruel qui révolte aujourd’hui. Pour les natures simplistes d’alors,
en fut
qu’il
Le drame a beau
ainsi.
les
être lyrique et pathétique,
s’y
il
il
fallait
mêle une
part de trivialité et de terre à terre. N’est-ce pas la vie?
Hieronymus Bosch a donné aux personnages d’ordinaire chez lui suffisamment noble et
brabançonnes
—
satiété
;
où
est le
mal
Ne
?
—
synthétiques qui, selon
—
le
Christ excepté,
des allures, des apparences flamandes
—
nous y revenons à mettre au point voulu pour
pas rendre
fallait-il
ces figurations sensibles et vivantes, les
être comprises de tous, de ces
sacrés
bons bourgeois néerlandais peu enclins aux pensées
Erasme
«
(3),
tandis que les autres
hommes gagnent
en
sagesse avec l’âge, à mesure qu’ils approchent de la vieillesse deviennent de plus
en plus fous la salle
du
»
.
Mise en croix, de X Exposition de Jésus dans de V Arrestation du Sauveur au jardin des Oliviers, qu’il
Les spectateurs de
prétoire,
la
représente les yeux écarquillés, les bouches ouvertes jusqu’aux oreilles, serrées,
bossués,
fronts
débordant en une horrible
l’inférieure
n’étaient
les lèvres
visage grimaçant,
les
que l’image, peut-être encore atténuée, de ceux
qui
lippe,
le
prenaient part aux scènes de carnage, protagonistes des tueries qui se renouvelaient à tout instant à Bois-le-Duc et
dans
les
campagnes environnantes. Aussi
abuse des supplices, des échafauds, des bûchers,
rien d’étonnant à ce qu’il use et
dressant leurs lugubres silhouettes sous des ciels parfois implacablement sereins et limpides.
De
ces supplices
n’en oublie aucun
il
;
la roue, la scie l’estrapade,
l’écrasement sous une meule, la pendaison, l’écorchement, la question de la
suspension par
celui
de son temps
écrit
un de
les
pieds,
la
est le sien.
ses historiens.
Mais
noyade,
Son elle
etc.
Le monde des
atrocités qui est
allégorie morale est dure et impitoyable, a
ne pouvait être autre
;
aimable
et douce, elle
eut été en complète contradiction avec la mentalité de son époque. encore, à la fin le
du XV®
protestantisme.
avoir eu
le
c’est-à-dire
Il
sens de la
siècle,
est
donc
pitié.
injuste de reprocher à
S’il faut
au point de vue des
ignorait
la pitié
Jérôme Bosch de ne pas au point de vue esthétique,
êtres dignes d’être interprétés par sa brosse, de
Saint Paul. Epîtres à Timothée. II-IV-2.
Erasme. Eloge de
la folie, traduit
In-i2°. Librairie des bibliophiles, Paris, 1876.
26
entendre
(1)
3 ) Ibid., p. 68-69.
On
l’humanitarisme, que l’on ne verra poindre qu’avec
(2)
(
l’eau,
par Victor Develay. Lettre apologétique d’Erasme à Darpius,
I
i
l’attention,
fixer
il
au plus haut degré, mais sans
certainement
ressentie
l’a
témoigner, à l’égard des malheureux, des déshérités,
N’oublions pas que
même
cette
voie,
moindre apitoiement.
espagnols, plus d’un siècle plus tard, suivirent
les peintres
que Ribera
le
et surtout le
grand Velâzquez, dans leurs repré-
sentations de nains, de bouffons, de grotesques, de contrefaits et
même
de crétins
phénomènes plus ou moins repoussants, répétèrent à leur façon, mais sans rien changer à la nature, des sujets chers à Hieronymus Bosch. Peut-on en vouloir au maître néerlandais de manquer de cette pitié pour et d’idiots,
les
êtres
misme
comme attiré
à
dont l’absence chez
lui
nous étonne
peut-on
;
lui
reprocher ce pessi-
sarcastique et narquois qui se dégage de ses compositions.
tous ses contemporains de X Ecriture Sainte,
il
Non
pas.
est tout naturel qu’il ait été
par l’idée de rendre les supplices. N’oublions pas que Jéhovah verse
flots,
extermine
les
hommes
Nourri
le
sang
sans trêve ni merci.
Sa compréhension du diable est celle de tous ses contemporains, ses démons sont velus et revêtus de peaux de bêtes tels que les montrent les monuments des XI IP et XIV® siècles (i). Ils sont apparentés aux hommes couverts de poils, sculptés sur les porches des cathédrales espagnoles, aux démons à têtes .de loups, à oreilles de chien, aux visages répétés sur le ventre et les genoux, qui poussent les damnés vers les flammes de l’Enfer, du Jiigement dernier, du vieux Stephan Lochner, au musée de Cologne. Ils n’ont absolument rien à voir .
I
J
'
avec I
le
diable gentilhomme, sorte de Méphistophélès, création de Goethe, dont on
a tant abusé depuis. Quoique
M.
L. Maeterlinck ait retrouvé, dans une miniature
Jour du Jugement, le diable Enginard (2), vêtu d’un surcoût à capuche rouge, aux manches perdues, dites à l’ange, tombant jusqu’à terre, laissant voir, aux avant-bras, les autres manches étroites de son pourpoint, ce personnage qui n’existait pas alors n’est tout au plus que l’ancêtre du diable du manuscrit
i
(
i
le
en frac et en gants blancs, rencontré, à la les
liens
de parenté bien éloignés avec
Hieronymus Bosch, autrement
(1)
du XIX®
Plus d’un siècle plus tard,
», écrira-t-il,
«
les diables
et les
Fr. Pacheco
basilics,
ment sous
est
forme d’un dragon
et
aux longues
Francisco Pacheco. Arte de (2)
représentés par
ne concevra guère autrement
Leur
nus, maigres, noirs,
démons
le diable
:
«
Les
sont habituellement et doivent être peints sous la forme de bêtes et d’animaux cruels,
sous l’apparence de lions... sous la figure de genouilles...
Gand. Rmue
par Félicien Rops,
hirsutes et barbares.
sanguinaires, impurs et dégoûtants; d’aspics, de dragons, de
la
siècle,
rues de Paris et de Bruxelles. Ceux-ci n’ont, l’un et l’autre, que des
dans
démons
fin
la
d’un serpent... oreilles,
Le démon
munis de cornes, de
Pintura, ouv.
cit., t. II,
de corbeaux, de milans... aussi
figuration peinte est
le
plus ordinaire-
encore représenté sous l’aspect d’hommes griffes d’aigles,
de queues de serpent...
p. i85-i86.
L. Maeterlinck. L’Art et les Mystères en Flandre, à propos de deux peintures du musée de de l’Art ancien
et
moderne, Paris,
N°
log, avril 1906.
27
!
»
Disons, en passant, que dans la Vie de Jésus, de Natalis
d’un demi représente
siècle,
est vrai, après la
il
mort de notre
publiée plus
peintre, en iSqS,
diable sous la figure d’un Essénien tentant
le
(i),
une planche Sauveur mais la
le
;
supercherie est facile à découvrir, celui-ci étant suivi de diablotins sautant
et
voletant sur les rochers environnants.
La croyance aux siècle
esprits infernaux
au XVI®.
et aussi
ou surnaturels
Partout et en tout on voyait
générale au XV®
était
malin cherchant
le
à
l’homme en péché pour en faire sa proie. Hieronymus Bosch croit aux monstres que son pinceau crée, il en a peur, se suggestionne lui-même. Certes, induire
il
ignore
Kabbale
sphinx de l’Egypte,
les
mais
;
il
est
les
incantations de la Chaldée, les règles de
fermement convaincu de
lisait la
puissance des sortilèges, des
la
que
maléfices, de la goétie. N’est-il pas étrange
cet adepte
de
la sorcellerie qui
Bible et avait sans doute rencontré des rabbins plongés dans
talmudiques,
nombreux
si
les études
alors dans les provinces bataves, n’ait jamais pensé à
triomphe de l’occultisme canonique,
interpréter le
la
les
d’Egypte
plaies
du
laissons ces questions et revenons à l’humeur sarcastique
?
Mais
maître, plus ou
moins imprégnée de démonisme. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’en traduisant les grimaces du rire, les contorsions de la douleur, les gestes violents, les attitudes colériques, les mouvements spasmodiques, Hieronymus Bosch n’a eu d’autre but que celui d’édifier, d’émouvoir ceux pour qui il exécutait ces horrifiques peintures. N’oublions pas non plus
que
les êtres horribles qu’ils ils
Carel van
Mander
de cette époque n’hésitaient pas à
les peintres
de Macbeth,
—
pouvaient rencontrer ou imaginer.
étaient d’avis
France, à la
comme une
fin,
en a
que
le
beau
du XV® ainsi que le fin
siècle,
fait la
remarque
—
dans leurs tableaux
faire figurer
Comme
les Sorcières
est le laid et le laid, le beau. L’on sait
en outre que ce qui constitue une des supériorités des la
(2)
c’est qu’ils
firent les artistes
artistes des
Pays-Bas
ne considèrent jamais
de
la
et de
la forme
Renaissance, en imaginant
un type de beauté conventionnelle. Jérôme Bosch, comme compatriotes, ne chercha jamais à rendre et à exprimer que
la
plupart de
ses
ce qu’il ressentait
et éprouvait. «
s’écrie
Italie
Et que
me
fait
à moi cette Troie où je cours
Achille dans X Iphigénie de Racine.
où leurs
(1)
fils
coururent tous à
l’envi, et
Et que où
28
la
!
cette
leurs qualités
compagnie de Jésus en
i545,
Evangiles des messes de l’année. Ces gravures,
i33, sont l’œuvre
.
planches des Méditations sur (2)
à ces artistes
de Mallerij, Jan Wierx, Adrien Collaert, Antoine et Jérôme Wierx, Martin première édition de cet ouvrage date de 1593 En i863 l’abbé Brispot a reproduit en partie les
au nombre de
La
les
»
perdirent, hélas
Nadal, Jérôme ou Natalis, né à Majorque en i5o7, entré dans
publia une série de gravures, accompagnant des Méditations sur
de Vos.
ils
faisait
?
les
Evangiles de Natalis, dans sa Vie de
Carel van Mander. Ouv.
cit.
N.
S. Jésus-Christ, 2 vol. In-folio.
demi
cl
i'i
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^
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l'CpI
U
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•
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horrifitjues peintpfes^.
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2)
^
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Et q
V-';
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perdirent, hélas
5c;, entré :~uv
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i5y3.
En
Le char de foin Panneau
q
iS'O l’abbé Brispot a reproduit en
rit.
Triptyque.
leurs
central
(Palais de l’Escurial, Espag;ne)
*
Jérôme Wiar*.
de Natalis. dans sa Vie de N. S. Jésus-Christ, 2
Oav.
1
compagnie de Jhmw messes de Vannée. Ce*
jan Wierx. Adrien CoHaert. Antoine et
mvrage date de
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Vl',
l’envi, et
taisait
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vol.
^ .
,,
du
impunément que
pas
terroir, car ce n’est
l’on renie
de son origine. Qu’on veuille en convenir ou non,
que l’œuvre de Memling, de Gérard David
doux
ces ce
est
et 'autres fut,
et
et les lois
en outre incontestable
comme
un arrêt dans le mouvement van Eyck. Jérôme Bosch entendit-il réagir contre
ment M. R. van Bastelaer des frères
il
son pays, sa race
(i),
le dit très
juste-
naturaliste
parti
les
tendances de
suaves maîtres, cela semblerait assez probable. Cependant, malgré
que nous venons de
figurer l’être
dire,
il
humain, nu, en
faut reconnaître
pied, la
femme
que dans
les
scènes où
fait
il
particulièrement, ce rustre trouve
des élégances et des grâces qui avoisinent de bien
près la beauté.
Hieronymus Bosch de primitif? Non pas s’il faut entendre veut M. Léon Rosenthal ( 2 ), par Primitif, l’artiste chez qui il n’y a pas
Faut-il qualifier
comme
le
parfait équilibre entre
puissance de la pensée et la puissance d’exécution.
la
Tout au contraire Hieronymus Bosch grand peintre, avisé.
il
est
M. Ch. Bernard
de l’individu, témoin celle
en
de
la société,
:
est
même temps un (3)
lui
:
tout cela
nous semble
une
Hieronymus Bosch
il
s’il
un
est
un philosophe passant de
et
la satire
\ Éléphant armé, la Baleine éventrée, la Chevalerie, :
la
Création du monde.
loin des préoccupations qui ont
pu
assaillir l’artiste
Oh !
!
que
Encore
n’a rien à voir avec la mentalité de la Renaissance
appartient en entier à celle
du Moyen
(1)
R. VAN Bastelaer. Ouv.
(a)
Léon Rosenthal. La Gravure. Gr.
( 3)
Mais
Tentations de Saint Antoine, les Délices terrestres, à
de la satire de la société à celle de Dieu, témoin
fois
artiste complet.
profond penseur, un moraliste subtil
voudrait voir en
les
témoin
un
âge.
cit.
in-8“. H. Laurens, Paris, 1909. Ch. Bernard. Pierre Brueghel l’Ancien. Petit in-8». G. Van Oest, Bruxelles, 1908.
29
;
CHAPITRE
LV
—
Technique et procédés de Hieronymus Bosch. Monogramme énigmatique DE CERTAINS TABLEAUX DE LUI OU DE SES IMITATEURS
A
l’inverse
de
la
plupart des maîtres qui groupent leur composition en une
scène principale, l’équilibrant de façon à former un ensemble, Hieronymus Bosch, d’ordinaire, éparpille la sienne, la disperse de tous côtés,
accumulant
les détails,
multipliant les épisodes, ne laissant aucun coin de sa toile inoccupé, entassant
sans
le
moindre souci de
la
vraisemblance et de
connaît et met en pratique quand
il
le
la perspective,
que cependant
il
veut, des têtes les unes contre les autres,
exhibition étrange de visages bizarres et hétéroclites, tous néanmoins vrais, réels et vivants.
manque
Aussi ses œuvres parfois
par fatiguer l’attention par leur
finissent-elles
d’unité. C’est là le grand, le véritable défaut
de
beaucoup plus
l’artiste,
choquant, sans doute, pour nous que pour ses contemporains, que
les successions
d’épisodes renfermés dans ses tableaux divertissaient et amusaient leur servaient pas d’enseignement et de leçon.
A
Bosch en surchargeant à ce point ses panneaux ment. Cependant cette surcharge est un ordre a-t-il été
simplement
incité
par
le
quand
ne
ils
quel sentiment a obéi Jérôme
?
Nous ne
le
voyons pas
claire-
semble voulue. Peut-être y plus de choses possible il
relatif et
désir d’exprimer le
;
n’en est pas moins arrivé fréquemment par ce procédé à rendre sa pensée
diffuse.
Eugène Fromentin (i), à propos des frères van Eyck et de Memling, se demande « comment se sont formés leurs talents ? Quelle éducation supérieure a pu leur donner tant d’expérience cette attention
un la
émue,
Qui
leur a dit de voir avec cette naïveté
»
Comme Hieronymus
Bosch possède
le
même
technique, la question se résoud plus facilement pour lui
qu’à suivre
la voie tracée
artistes les plus
forte,
cette patience énergique, ce sentiment toujours égal, dans
travail si appliqué...
même
?
par ces maîtres, ce qui
l’a
;
métier,
il
n’a eu
conduit à devenir un des
complets que l’on puisse trouver. Sa peinture ferme, dure,
plate,
infiniment travaillée et conduite, est véritablement superbe et ne saurait jamais être assez louée.
(i)
3o
Eug. Fromentin. Les Maîtres
d’autrefois.
I
Hieronymus Bosch sont ceux, venons-nous de dire, ou pratiqués par les frères van Eyck, trois quarts de siècle plus tôt.
Les procédés de découverts
Jean van Eyck,
Comme l’aide
d’une couleur
une
préparation Carel
il
monochrome
fois fixée,
van Mander
(i)
compositions sur des
établit d’abord
il
son sujet légèrement à
la
détrempe à
ombres
renforcée quelque peu dans les
;
cette
l’achève à l’aide de teintes transparentes, à l’huile.
nous apprend,
d’ailleurs, qu’il avait
panneaux blanchis au
lait
de chaux
et
coutume de de
les
tracer ses
peindre ensuite
du premier coup, d’un pinceau à peine frotté, disons même presque seulement effleuré, ce qui lui permettait une touche fine, spirituelle, sans heurts, mais néanmoins solide et puissante. Il accuse les rouges, les jaunes, les verts, auxquels il laisse toute leur plénitude et dont il tire des harmonies délicates superficiellement
et
subtiles.
relève
recherche les colorations transparentes,
Il
blanches,
rosées,
par endroits de gris, de bleus, de jaunes, de noirs francs.
volontiers»,
écrit
Alfred Michiels
«
(2),
le
cinabre,
«
qu’il
oppose
Il
vert de glaïeul, le brun
le
roux à l’ocre mêlé de nuances bleues ou à des fonds d’un azur verdâtre. pousse plus loin teintes froides et
autre côté
que
ses devanciers le
des teintes ardentes
M. Fierens-Gevaert
(3),
«
»
Il
contraste de l’ombre et de la lumière, des
».
Dans y a
il
certains de ses tableaux, dit d’un «
des transparences de tons,
des
chatoiements d’étoffes, des dégradations lumineuses, des colorations prismatiques, des teintes d’arc-en-ciel
carnaval
le
des visages
«
une sorte de carnaval de couleurs,
plus féerique, le plus lyrique que l’on puisse imaginer
»
.
le
Les chairs
de ses personnages, d’ordinaire largement modelées, sont dans des
quelque peu crues,
tonalités
de s’habituer à plus incisive, arrive à
qui en font
»
sa couleur.
plus acérée,
relevées par de légères ombres. »
«
L’œil a besoin
Chez nul autre on ne rencontre une
plus délicate en
même
temps.
une maîtrise absolue qui ne sera pas dépassée
;
Du
matière
premier coup
il
pas un progrès n’a été
Avec lui la peinture a atteint son summum. Il est non seulement* précurseur de Rembrandt, mais son équivalent. Son harmonie est aussi brillante, son coloris aussi chaud que ceux de l’auteur de la Ronde de Nuit. Malgré qu’on en ait dit, Jérôme Bosch ne semble guère avoir été influencé par Geertgen van Sint Jans, appelé encore Gerrit ou Gerhard (4) van Haarlem,
fait
depuis lors.
le
son compatriote, peut-être
I
van
Mander
(i) (2) I
( I
3)
(4)
(5) celui-ci
(5 )
son cadet, car
mourut en
Carel van Mander. Ouv.
s’il
faut s’en rapporter à Carel
1498, à peine âgé de 28 ans. Qu’il
y
ait
eu
cit.
A. Michiels. Les peintres brugeois, ouv. cit., p. 284. Fierens-Gevaert. Ouv. cit., tome III, p. 176.
Durand-Gréville. La peinture hollandaise au XV«
Saint-Jean. Revue de l’Art ancien j
même
et
siècle.
Albert van Ouwater et Gérard de
moderne, Paris, N°s gi et 92, octobre et
Carel van Mander. Ouv.
novembre
1904.
cit.
3i
des rapports entre leurs deux façons de peindre, d’interpréter c’est incontestable,
époque. Pour
même
sens,
que ce
le
maître de la Virgo inter Virgines
qui
soit lui
influencé,
l’ait
il
de son temps,
qu’il soit
au
immédiatement devenu
de départ des productions naturalistes bataves
que pour
est à signaler
le^
lieu
et
chef
flamandes.
des Pays-Bas de
ainsi dire seul des artistes
eut une sorte de pressentiment de la couleur locale, qui avait déjà,
en France, préoccupé
les
auteurs des Très Riches Heures
depuis longtemps déjà observaient
Dans
dont on a parlé dans
influencé le peintre de Bois-le-Duc.
ait
les artistes
d’école, le point
son époque,
(i)
même
la
tout naturel que, dès l’abord, le maître ait occupé une place prépon-
dérante parmi
Il
en est nécessairement ainsi entre artistes de
il
semblerait que c’est Hieronymus Bosch qui
il
Il est
mais
paysage surtout,
le
témoin
les Italiens,
:
dti
duc de Berry
les Bellini, les
et
que
Carpaccio,
Hieronymus Bosch introduit des monuments plus ou moins grecs ou orientaux, ses Mages — nous le verrons dans. portent de riches et somptueux vêteX Adoration des Rois (2) de l’Escurial ments pseudo-byzantins. Néanmoins, comme le fait remarquer avec infiniment de raison M. René; van Bastelaer (3), il aboutit, dans ce tableau, à une contradiction flagrante, poursuivant deux ordres de réalisme différents, celui qui lui fait remplacer la etc.
ses rues de villes de Judée,
—
ruine employée jusqu’alors pour servir de lieu de naissance au Sauveur, par une véritable chaumière campinoise
même temps
vêtissant en
aux murs
Mages
ses
«
au
d’argile éboulée,
non plus à
la
toit dépaillé et
comme
bourguignonne,
en lesi
Flamands de son temps, mais en vrais Orientaux ». Les frères van Eyck, les Roger van der Weyden, les Hugues van den Goes, les Memling avaient pris le ciel pour motif de leurs tableaux. Hieronymus] Bosch
est resté
exprimant
Au
lieu
le
sur la terre,
il
est
même
descendu dans
montrant
néant des choses humaines en
de clore un cycle,
comme
l’a écrit
les
ténèbres visibles,
les
horreurs cachées.
M. Ch. Bernard
(4),
de ce
côté,
ouvre un nouveau. Celui-ci comprendra cette suite de peintres auxquels
avons déjà
fait allusion,
nés sur les bords de la
Meuse ou sur
qui ne se contentèrent pas de suivre sa technique, mais qui
les rives lui
outre ses sujets et sa façon de les interpréter. Eug. Fromentin,
(1)
A.
In-8°. 3® éd., (2)
Wauters. Catalogue historique
J.
et descriptif
Van Oest, Bruxelles, 1908. N° SqS, p. 2i3. Voir La Rencontre des Rois et V Adoration des Rois où
nous]
l’Escaut,!
empruntèrent
(5),
en
d’ordinaire
en, sij
des tableaux anciens du musée de Bruxelles.
G.
:
les
Mages
orientaux dans Les Très Riches Heures du duc de Berry, éd. P. Durrieu.
32
de
il
(3)
René van Bastelaer. Ouv.
(4)
Gh. Bernard. Ouv.
(5)
Eug. Fromentin. Ouv.
cit. cit.
cit.,
p. 7.
et leur suite portent des costumes
i
I
I
I
subtil et si perspicace,
avec nombre d’autres critiques et historiens, tombe dans
commune, d’appeler le vieux Bruegel incontestablement appartient à Hieronymus Bosch. Bois-le-Duc qui fut
dont
le
Nous ne voudrions pas talent,
pour
il
la
le
il
convient de
Hieronymus Bosch, qui raison, sont Il
le
Les
lui
et
moins
plus notoire de son
sujets qu’il a interprétés sont,
adaptations
thèmes
des
de
Dès
originales.
œuvres de Jérôme Bosch furent apparition ses Jugement dernier, ses Tenta-
ne faut pas s’étonner après cela reproduites.
le
;
ont servi d’initiation et nécessairement, pour cette
moins caractéristiques
vite imitées et
des
redire,
le
fils,
renommée de Peter Bruegel
plus clair et
doit au peintre de Bois-le-Duc.
plupart,
peintre de
le
».
porter atteinte à la
cependant reconnaître que
faut
il
bien
C’est
du genre qui
père d’une école à naître, mort sans avoir vu ses
«
sont cependant bien à lui
les fils
mais
l’inventeur
trop
l’erreur,
leur
si
les
de Saint Antoine jusqu’à ses tableaux anecdotiques furent copiés de tous
tions
Au nombre de ses imitateurs plus ou moins immédiats, Carel van Mander (i) Frans Verbeeck, de Malines, mort cite Jean Mandyn de Haarlem, né vers i5oo en iSyo. Ajoutons un second Verbeeck Jean, dont on rencontre le nom côtés.
;
J,
Verbeeck
et la date
Mandyn
Jean
;
Henri de Blés ou plutôt H. Met de Blés dont on ignore
date de naissance,
connu sous
I
de i56o sur certains panneaux; Gilles Mostaert, élève de
mais qui vivait dans
le
premier
tiers
du
XVP
siècle, autrefois
désignation du maître à la chouette, qu’il avait choisie
la
la
monogramme, en guise de signature. Cet oiseau nocturne ne
comme
appartient
lui
I
pas d’ailleurs exclusivement.
On
trouve dans les productions d’autres maîtres
le
I
des Pays-Bas,
même
I
dans des œuvres de Jérôme Bosch, témoin
musée de Saint-Germain-en-Laye,
I
|tion
le
dessin de la Fête de
le
Charlatan du
Carnaval de
Mais revenons aux imitateurs du maître. Après H.
Amsterdam en i5o8
encore Peter Aertsen, né à vivait
en 1540
qui peignait
,
avant tout graveur
à la détrempe
;
;
;
Met de
Blés citons
Frans Crabbe d’Espleghem qui
son frère Jean, mort à Malines vers iSyô,
Peter Huys, surtout connu par ses estampes, auteur
cent vingt-cinq compositions à l’eau-forte, illustrant \ Emballement
\immaux, publié à Anvers chez Philippe Galle en iSyS, dans lesquelles Ile
la collec-
Albertine de Vienne.
I
le
:
moral des il
rivalise
verve avec Peter Bruegel et témoigne dans les paysages d’une parenté réelle
vec
Hieronymus Bosch. Nous aurons à reparler de ces
ulièrement de Jean
llus
Mandyn, H. Met de Blés
et Peter
différents artistes, parti-
Huys.
Jusqu’en Espagne, où les productions de Jérôme Bosch étaient peut-être que partout ailleurs appréciées, nous trouvons c’est d’ailleurs assez naturel
—
(i)
S
Carel van Mander. Ouv.
cit.
33
—
un contrefacteur de le
Felipe de Guevara
(i)
étaient déjà «
dans
les
On expert,
nous apprend que
nombreux même pendant
cheminées pour a voulu trouver
celui
mill|
château du Pardo, une de ses peintures disparues depuisj
pour
reales, copia,
moyennant
ses ouvrages, Francisco Granelo, qui,
un
copiste
et leur
donner un aspect ancien
ou imitateur de
dont l’œuvre, d’une maîtrise
réelle,
sienne qu’il est facile de la confondre avec
elle,
marqués d’un monogramme rappelant un
M
l’artiste,
le plul
se rapproche tellement de
1
dans l’auteur de divers panneau
gothique. Certains critiques et no
Mandyn; Dollmayr
(3),
Flieronymus Bosch,
certains tableaux attribués à
».
certainement
des moindres ont essayé de dégager cet énigmatique inconnu. Glück voir le peintre de Haarlem, Jean
Bosc'i
sa vie et que ceux-ci plaçaient leurs plagiat!
enfumer
les
de Hieronymus
les contrefacteurs
(2)
a cru
tout en ne niant pas qn
que
tels
les
Châtitnents
c
du comte Harrach, à Vienne, dont nous parlerons pli loin, les Epreuves de Job, du musée de Douai et de la collection de M. Ma de Coninck, dont il va être question par la suite, pourraient être de cet imitateu;
l’Enfer, de la collection
aurait voulu retrouver, dans le peintre à l’indéchiffrable
Mostaert.
Il est
trop s’y arrêter, faut voir
que
vrai
ces
deux
monogramme,
Gilk
critiques ont fini par avouer s’y perdre. Sar
M. Fierens-Gevaert (4)
a pensé à Peter Bruegel.
que des hypothèses, d’autant plus qu’en outre de
la
En
tout cela
il
r
marque énigmatiqui
plusieurs de ces compositions sont encore signées Jheronimus Bosch.
vr
Il est
que la signature du maître a été bien souvent falsifiée, ajoutée après coup, alo que ses ouvrages jouissaient d’une renommée sans pareille. Felipe de Guevara nous a renseigné à cet égard. Une raison de plus de rejeter, semble-t-il, l’opinic
.
(^i
émise, temporairement
par Glück
est vrai,
il
productions absolument authentiques de Jean loin d’avoir la valeur
postérieure,
comme
de
Mandyn
et
(7),
c’est
que
de Gilles Mostaert
1(>
so::
témoignent incontestablement d’une époqü por justement remarquer M. Maurice Gossart (8)
le fait
;
M. Fierens-Gevaert
de l’admettre;
les
(9),
plus spécieuse,
il
nous paraît bien
difficb
tableaux de Peter Bruegel ont quelque chose d’ironique qu
ne trouve jamais dans ceux qui nous occupent.
Dans X Arrestation du Christ du
(1)
D“ Felipe de Guevara. Ouv.
(2)
G. Glück. Ouv.
(
3)
cit.
cit.
H. Dollmayr. Ouv.
cit.
(4)
Fierens-Gevaert, Ouv.
5 ( )
D» Felipe de Guevara. Ouv.
(6)
G. Glück. Ouv.
cit.
cit.
(8)
H. Dollmayr. Ouv. cit. Maurice Gossart. Ouv.
(9)
Fierens-Gevaert. Ouv.
(7)
34
Dollmayr
celles-ci et
l’hypothèse de
l’on
(6) et
cit. cit.
cit.
triptyque
du musée de Valence,
da^î
Jugement dernier de la galerie impériale de Vienne, le monogramme ou soidisant tel, dans le premier de ces tableaux, est gravé sur le couteau à large lame dont saint Pierre frappe Malchus, le serviteur du grand-prêtre dans l’autre, le
;
sur
le
poignard que portent des diables à tête de rats. Peut-être,
M. Van Frimmel (i), Bois-le-Duc, « où on
le
suggère
marque d’un coutelier de Guicciardini (2), « un nombre inesti-
tout simplement de la
s’agirait-il
encore là
fait
comme
écrit
»,
M
A
moins encore que dans cet il ne mable de couteaux de trempe très bonne ». faille voir un B retourné ou placé de travers, ce qui simplifierait tout. Pas encore,
M. L. Maeterlinck (3) qui serait assez disposé à voir dans ce B le monogramme de H. Met de Blés. Il se pourrait encore que, comme plus tard Mazo auprès de Velâzquez, Hieronymus Bosch ait eu à ses cependant, à l’opinion de
côtés
un élève s’étant assimilé son style
aux commandes,
Ne
direction.
peintres
«
l’oublions pas
de Bosch
», il
de Bosch
il
Felipe de Guevara
si
:
(4)
écrit
que nombre de
à l’imiter, peignant des monstres et des horreurs imagi-
se décidèrent
naires et ne craignant
manière, auquel, ne pouvant suffire
reproduire ses compositions devant lui et sous sa
faisait
il
et sa
pas de laisser croire que ce plagiat était vraiment l’œuvre
ajoute cependant
«
:
il
de dire que parmi
est juste
en est un qui fut son élève. Celui-ci par
fidélité
nom
ou pour accréditer ses œuvres, signa ses peintures du
les
imitateurs
envers son maître,
de Bosch et non pas
du sien propre. Bien que ce soient des imitations, ce sont néanmoins des peintures dignes d’attention,
parce que dans ses inventions et moralités
réserve de son maître
fut d’ailleurs plus actif
il
;
que Bosch, sans toutefois abandonner
le coloris
dans
il
a gardé la
le travail et
plus patient
de son maître
Distinguer les œuvres véritablement sorties des mains de de celles qui furent copiées de son est
pour ainsi dire impossible.
qu’une importance relative les
critiques qui s’étant
d’entre elles.
les
authentiques
Délices terrestres, le
Cure de la
folie,
Hieronymus Bosch
temps ou après sa mort d’après ses originaux
Aussi nous voyons-nous obligé
de n’attacher
différentes constatations faites par les écrivains et
occupés de ces productions ont accepté ou rejeté certaines
A part dix ou
certitude, dire
aux
».
douze tableaux au plus, que l’on peut, avec une quasi :
le
Courom^ement
Char de foin, de
Portement de croix, V Adoration des Mages, la
d'épines, le
l’Escurial,
du musée du Prado de Madrid,
la
Tentation de Saint Antoine,
(1) Ch. Van Frimmel. Galerie studien. 3 Folge der Kleinen Galerie studien. Wiener-Gemalde Sammlungen. Meyer, Leipzig, 1898. Kleine Galerie studien. N. F. 2,
Geschichte der liv.
p. 21. 5 liv.
1896-1898. Leipzig. (2)
Guicciardini. Ouv.
(3)
L. Maeterlinck.
d Henri Met de Blés. Rtvue (4)
de.
cit.
Les imitateurs de Hieronymus Bosch, à propos d’une oeuvre inconnue l’Art ancien
et
D» Felipe de Guevara. Ouv.
moderne. Paris, n°
i
3 i, fév.
1908.
cit.
35
du
palais d’Ajuda à Lisbonne, les triptyques de Saint Jérôme, Saint Antoine et
du Martyre de Sainte Julie, du musée impérial de Vienne le Charlatan, du musée de Saint-Germain-en-Laye, X Enfant Prodigue de la collection Figdor de Vienne, le Portement de croix du musée de Gand, dont pour la plupart on connaît les origines, les provenances, les curricula vitae, qu’on nous! permette de nous servir de cette expression un peu osée en la circonstance pour les autres, il est véritablement imprudent de se prononcer. Ce qui est certain pour Saint
Gilles,
;
;
tel
historien est faux pour tel autre, et vice versa
plus aujourd’hui, quitte peut-être à
le
;
ce qui était vrai hier ne
l’est
redevenir demain. Mais cette incertitude
Hieronymus Bosch n’est pas nouvelle; Felipe de Guevara(i) nous a appris qu’elle date du lendemain de sa sur
le
plus ou moins d’authenticité des œuvres de
mort.
Hieronymus Bosch traditionaliste
particulière et
commun si
a-t-il
d’abord suivi dans ses compositions
le
sentiment
à ses confrères, avant d’en arriver à sa compréhension
originale
?
Nous ne
le
croyons guère. Quelle impression a
faite sur
vénérable fresque du Christ en croix entre sa mère et Saint Jean,
lui cette
peinte en 1444,
un peu moins de vingt ans avant
sa naissance, dans la chapelle
Saint Antoine, de la cathédrale de Bois-le-Duc qu’il pouvait contempler tous jours,
si
nous ne
le
savons pas davantage.
ses sujets tels qu’en
a dû naturellement, d’emblée, voir
témoignent ses œuvres venues jusqu’à nous.
aborda simultanément des tableaux
Il
la peinture sacrée et les sujets
religieux et des motifs de
les
Il
paraît qu’il
profanes et que l’alternance
genre, que l’on découvre dans l’ordre
de ses peintures datées, n’est due qu’au hasard des circonstances, des commandes
ou de sa
fantaisie
personnelle.
Il
a certainement,
comme
tous
commencé par des compositions compliquées, pour arriver, peu plus simples. La logique le veut ainsi mais établir des précisions ;
les
maîtres,
à peu, à de est en réalité
quand il s’agit^ de Jérôme Bosch, nous semble tout au moins une imprudence. Le mieux est donc de diviser ses ouvrages en tableaux religieux et |en tableaux de genre parmi ces derniers, un peu arbitrairement, nous ferons entrer les Tentations de impossible. Aussi,
parler de première et de seconde manière,
;j
Saint Antoine.
(i)
36
D“ Felipe de Guevara. Ouv.
cit.
^
I
ÆÂ-.JU
CHAPITRE V
—
Le triptyque de l’Adoration des Le L’Adoration des Rois L’Adoration des Bergers Mages Couronnement d’épines Le Christ injurié Le Christ au prétoire Le Christ devant Pilate Le triptyque de Valence Le Christ PRÉSENTÉ AU PEUPLE Le PoRTEMENT DE CROIX LeS TRIPTYQUES DES Délices terrestres, du Char de Foin et leurs dérivés Les Mar-
Peintures de Hieronymus Bosch. ;
;
;
;
;
;
;
;
;
;
;
chands CHASSÉS DU TEMPLE DE Job.
Commençons
revue
la
LeS SEPT PÉCHÉS CAPITAUX
;
ouvrages
des
LeS EpREUVES
|
Hieronymus Bosch par
de
Une
tableaux religieux qui en forment d’ailleurs la plus grande partie.
premières
productions
\ Adoration des
développé,
il
Brouckhorst
i“*35
sur o^^yS
Bosschuyse.
seigneur de Backerzeele,
Guillaume d’Orange, placer à l’Escurial
dans
genre
ce
est
probablement
très
le
de ses
de
triptyque
Mages, aujourd’hui au musée du Prado à Madrid. Complètement
mesure et
en
ses
En
pour
;
ses volets portent les armoiries des familles
i568
le
punir de s’être
par Philippe H,
Jean de Casembroot, rangé parmi les défenseurs de
fut confisqué à
il
qui
le
transporter
fit
dans son oratoire particulier où
il
en Espagne
et
resta jusqu’à son transfert
grande galerie nationale espagnole. Sur le panneau central, le peintre a placé au premier plan une humble cabane couverte de chaume et à demi la
ruinée, reçoit
à l’entrée de laquelle la
l’hommage des
manteau qui
le
d orfèvrerie
mozette d’or massif; riches étoffes
déjà entrés
(i)
roi
Rois
;
assise,
Melchior
l’Enfant Jésus sur les
agenouillé,
encore debout
un peu en
à ses côtés,
arrière, le roi
la
masure,
et
sur son
tient
un
monde une
dans
les
bras,
ample pièce
mains une
maure, Balthasar (i), s’avance vêtu de
blanches brodées d’oiseaux fantastiques.
dans
portant
recouvre entièrement, présente au maître du
Gaspar,
;
trois
Vierge
toit, le
On
aperçoit leurs suivants
long des murailles, des curieux
et
Le musée d’Anvers renferme une Adoration des Mages de Joost van der Beke, dit de Cleve, où le inscrit au bas de son manteau le nom de Baltesar. Voir Pol de Mont, Musée royal des
maure porte
:
Beaux-Arts d Anvers. Catalogue descriptif.
I.
Maîtres anciens, éd. française, Jan Boucherij. Anvers, igo5.
4^4> p. 14 et i5.
37
indiscrets bergers qui, à travers les fissures
du chaume, les
En
des pierrailles, essaient de voir ce qui s’y passe.
interstices et les éboulis
au second plan,
arrière,
s’étend une vaste plaine, parcourue par des troupes de cavaliers, traversée par un j
cours deau qu’enjambe un pont, et tout à
étrange
ville,
sans doute Bethléem.
Le
fait
au fond s’étagent
volet de gauche figure, au premier plan,
donateur agenouillé accompagné de son patron Saint Pierre, debout
le
un
d’une
les édifices
;
plus loin,
campagne le volet de droite, au premier plan, la donatrice agenouillée accompagnée de sa patronne Sainte Agnès ou Sainte Barbe, debout, et plus loin un superbe paysage au milieu duquel court une rivière intérieur de monastère et la
De
sinueuse.
maître —
il
Une chœur
le
cette
existe
composition
;
— une des plus importantes et des
i
plus célèbres du
|
au moins cinq copies ou variantes.
première, dans
l’église
d’Anderlecht
(i)
près de Bruxelles, placée dans
à droite. Assez dissemblable du triptyque du
sur son panneau principal, montre \ Adoration des
musée du Prado,
Mages
celle-ci,
inversée, le premier plan
.
plus important, les fonds plus simples, et ne rappelant la composition de Madrid
que dans gauche
ses grandes lignes.
figure,
Ses volets sont absolument différents. Celui de
au premier plan, en avant d’un
mais
riche édifice,
dos, saint Joseph agenouillé, ses outils de menuisier et une
au second plan, un ange
et,
enfant, placé dans le
scène qui se passe sur
de droite
est
même le
occupé par
les ailes éployées,
sens
panneau
;
tournant
marmite devant
faisant sécher les langes
du
central,
malgré
la différence
divin la
de décor. Le volet
Mages déballant les présents apportés quoique dans un paysage d’un autre genre,
les serviteurs
des
dans des attitudes pieuses
et
recueillies.
Malgré son
dégradation assez lamentable, cette peinture témoigne d’une fraîcheur de
d’une fermeté de dessin
le
lui,
tous deux, de profil, semblant participer à
à l’Enfant Dieu, tournés eux aussi, vers la crèche,
lui
,
:
état de
,
coloris,
que nous ne serions pas éloignés d’y voir une œuvre
telles
du maître, contre l’opinion de la plupart des critiques prétendant que ce n’est qu’une copie ou une imitation. Une seconde variante de X Adoration des Mages, en réalité une simple reproduction du tableau du Prado, dont elle ne diffère que dans quelques détails une des fonds et du paysage, fait partie du Ryksmuseum d’Amsterdam troisième se trouve au musée de Saint-Omer, achetée par cette galerie provinciale une quatrième au en 1834, que son catalogue attribue à l’école Memling (2) provinzial Muséum de Bonn une cinquième figure en Angleterre, dans la galerie de Lord Leconfield, à Petworth une sixième, à Nantes, dans celle de M. Eugène originale
;
;
;
;
(1) (2)
Le
G. Hulin. Catalogue critique de l’Exposition de Bruges, p. 79. Ch. Revillion. Catalogue des tableaux du musée communal de Saint-Omer. Saint-Omer,
tableau acheté en 1884 fut payé 7 francs.
38
1898.
j
i
,
|
i
fi
^
T
Boismen Londres
une septième a
enfin,
;
fait
Seymour à
partie de l’ancienne collection
A
(i).
la
vente de la collection Friedrich Lippmann, qui a eu lieu à Berlin
en novembre 1912, une Adoration des Rois, cataloguée, à juste raison, croyons-
nom
nous, sous le
de Hieronymus Bosch
vélum pour remplacer
En
sur les genoux.
—
un berger des Rois sur
la toiture disparue, la
Vierge, les cheveux épandus sur les
une sorte de banc recouvert de draperies, l’Enfant Jésus nu, sans doute avant du groupe sacré, à gauche, un vieillard
—
appuyé sur un bâton
agenouillé,
est
à sa droite,
;
le
premier
Mages, Melchior, également agenouillé, sa couronne posée devant
un coussinet de velours,
de perles fines
Par
lui
au nouveau-né une précieuse aiguière ornée
offre
du
à droite s’avancent Gaspar et Balthasar, ce dernier nègre
;
en superbes pièces d’orfè-
plus beau noir, portant leurs présents qui consistent vrerie.
Le
enchères.
les
des anges tendent un
en ruines, au-dessus duquel
cour d’un château fort
épaules, assise sur
a passé par
de hauteur sur o^S 6 de largeur, montre, au milieu de
panneau, mesurant la
(2),
les
ouvertes à travers les .murailles
fenêtres
de
se
forteresse
la
montrent des bergers curieux; sous une voûte servant d’étable se distinguent deux bœufs. Les derniers plans présentent de verdoyantes
nombreuses fabriques
;
au tout premier plan, un
campagnes parsemées de
petit chien blanc, assis
de
face,
tourne le dos à la scène auguste.
A
côté de X Adoration des Rois
il
convient de placer X Adoration des
du musée de Cologne, mesurant environ 0^74 de hauteur sur o"’6o de largeur, donnée à Jérôme Bosch, dont il existe un double à la galerie royale de Bruxelles. La composition montre d’abord dans une crèche, qui forme la base
Bergers,
du tableau, l’Enfant Dieu étendu, que touche presque puis la Vierge, les
mains
jointes, et
dont on ne voit que la tête.
Au
le
mufle d’une vache,
deux bergers, à mi-corps, séparés par un âne
fond, à gauche, se distinguent dans une cour
deux personnages auprès d’un feu, dont l’un enlève ses chausses
;
à droite, les
abords d’un village où haute tour
un autre berger garde des troupeaux, non loin d’une sur laquelle est perché un gros oiseau au-dessus, un ange, les ;
ailes
ouvertes,
plane dans
différencient le tableau
les airs.
Bien peu importants sont
de Cologne de celui de Bruxelles. Dans
les le
détails
qui
panneau de
allemande, la tête du second berger est plus sombre, l’oiseau de la
la galerie
tour plus gros, et c’est à
peu près tout.
Dr Waagen. Ouv. cit. Sammlung des verstorbenen geheimen Regierungsrats und früheren Direktors des kônigl. Kupferstichkabinetts zu Berlin Friedrich Lippmann. November 1912. Rudolph Lepke’s Kunst(1)
(2)
—
Auctions-Haus, Berlin.
somme de
UAdoration
des Rois
a été adjugée au Métropolitain
—
Muséum
de New-York, pour
55 000 marks. .
39
la
Il est
douteux que l’une ou
l’autre
de ces peintures soient sorties des mains'
de Jérôme Bosch; tout au plus pourraient-elles être des imitations ou copies d’une de ses œuvres perdues.
Revenons un peu en national de Madrid,
arrière; à côté de \ Adoration des
I
Mages du musée!
Couronnement d'épines, sans doute un des premiers tableaux de Jérôme Bosch, non moins beau, non moins précieux,! non moins typique, non moins incontestable. C’est un panneau rond, parqueté sur un panneau carré, haut de 1^90, large de 2“3o, jadis au monastère de il
convient de placer
le
|
non plus au monastère, mais, néanmoins toujours à l’Escurial, au petit palais, construit au XVIII® siècle, de la Casita de Abajo, où il semble bien dépaysé. Il montre Jésus assis sur un banc de pierre, la couronne d’épines sur la tête, le sceptre de roseau dans la main gauche, recouvert du manteau dérisoire, qu’un soldat cherche à lui arracher. D’autres bourreaux, dont l’un tient un gros gourdin, l’entourent, le pressent, le menacent, l’insultent, crient, grimacent, gesticulent au milieu de ces visages convulsés la divine victime seule garde sa sérénité le fond du panneau est doré dans ses coinsi sont figurés, en couleurs monochromes vert foncé, X Archange Saint Michel'' et la Chute des anges rebelles. Quelques années peut-être avant que Hieronymus Bosch peignit ce aujourd’hui,
l’Escurial,
;
;
tableau, Martin
;
Schoengauer avait exprimé
les
préoccupations dans ses planches de ÏEcce
Sauveur paraît au milieu de soldats tournent en dérision. Dans
et
mêmes
Homo
idées,
et
témoigné des mêmes
du Christ
de gens de toute espèce qui
bafoué,
où
le
le raillent et le
Couronnement d'épines, Hieronymus Bosch se montre un lyrique de la plus haute envolée. Impossible d’imaginer une figure de Christ; plus élevée, plus noble, plus émaciée et en même temps plus humaine, opposée à
cette tourbe trivialité
le
de bourreaux aux expressions d’une ignominie, d’une bassesse, d’une
dont on ne peut se
On
faire
une
raconte que, sous les traits du Sauveur,
lui-même, voulant témoigner ainsi confrères
idée.
;
de ce
qu’il
le peintre se serait représenté!
eut à souffrir des
nous sommes loin de nous porter garant de
assez peu digne de
foi.
ses;
cette légende qui semble;
convient de rapprocher du Couronnement d'épines
Il
Christ injurié, attribué au maître, du musée d’Anvers coiffé
peintres
(i),
le.
où un gros bourreau,
d’un feutre à larges bords, à travers lesquels est fichée une
flèche,
vêtu d’un
surtout rouge, saisit de la main gauche Jésus recouvert d’un manteau bleu, tenant le
sceptre de roseau, et de la droite lui enfonce la couronne sanglante sur la tête à
l’aide
d’un bâton noueux et recourbé
qui tient
(i)
40
le
gourdin dans
le
PoL DE Mont. Musée
— ce semble d’ailleurs
Coîironnement d'épines
le
— un autre
royal des Beaux-Arts d’Anvers, ouv.
cit.
N»
même
personnage
tortionnaire, à ses
840, p. 84.
I
t
d’une robe rose, à demi cachée sous un manteau vert, s’agenouille
côtés, habillé
ironiquement devant la divine victime nages les
;
au premier plan se voit
le
;
en arrière apparaissent d’autres person-
donateur en surplis, une croix sur
la poitrine,
mains jointes.
de large, qui a fait successivement Ce panneau, haut de o“85 sur des collections H. Gildemeester d’Amsterdam et R. von Kaufmann de
partie
dans
Berlin avant d’entrer
la
grande galerie anversoise,
Bosch ou d’un de ses élèves ou imitateurs,
il
est-il
est bien difficile
de Hieronymus
de se prononcer,
et
une décision à son sujet serait inévitablement sujette à révision. Exposé en 1894 à Utrecht, le tableau était alors désigné comme une production de l’école
puis
XVP
allemande de l’aurore du
siècle.
Le Christ bafoué et insulté par une foule ignoble et lâche a toujours trouvé en Hieronymus Bosch un interprète avisé. Nous l’avons déjà dit, il convient d’y revenir, les scènes violentes avaient un charme sans pareil pour les natures brutales et tout d’une pièce de cette
frustes,
En
époque, qui n’admettait pas
les
un nouveau témoignage dans le Christ an prétoire, dernièrement encore, à Berlin, dans la galerie du conseiller Kaufmann, acquis par cet amateur, aujourd’hui décédé, à Gand, de M. L. Maeterlinck, ayant figuré à l’Exposition des Primitifs flamands de Bruges, en 1902. Le tableau, haut de o “75 sur une largeur de o“6i, divisé en deux parties distinctes et séparées, montre, à l’entrée surélevée d’un édifice rappelant une prison, Jésus en robe atténuations.
serrée à la taille,
voici
la
couronne d’épines sur
manteau de royauté dérisoire sur
les épaules, les
de pharisiens et de prêtres, présenté le
front,
le
les
poignets entravés,
pieds nus, entouré de bourreaux,
au peuple qui d’en bas, au premier plan,
considère haineusement, le hue, ricane et applaudit à sa misère.
bien entendu,
dans une
se passe
le
ville
La
scène,
des Pays-Bas dont les monuments,
canaux et les rues se développent aux derniers plans.
les
Quant aux personnages,
si
ceux qui entourent la divine victime portent des vêtements semi-orientaux
et
bibliques,
çons plus
ceux du premier plan sont de purs flamands, de véritables braban-
ou moins richement vêtus à
que, sur les côtés
du bâtiment où
le
la
mode du temps.
Sauveur
tor
»
et
sur le
«
Crucifige
eum
»
;
au-dessus de la tête de
Ecce Homo ». Le musée Princeton (i), à
mur
:
exposé à
est
sont inscrites, en lettres gothiques, les inscriptions
Il
:
la
«
convient de noter la risée populaire,
Salve nos Christe redemp-
divine victime on
lit
encore
«
New
Jersey, dans les Etats-Unis, renferme
Christ devant Pilate, haut d’environ o“85 sur
i“o5 de large, dont
il
un
a déjà
incidemment été question, qui pourrait fort bien être un original du maître.
(i)
6
Allan Marquand. Ouv.
cit.
41
La
y a une vingtaine d’années chez le marchand de tableaux Colnaghi, à Londres, ne porte pas de signature, à moins que, selon la théorie peinture achetée
chère à
M.
il
Mély
F. de
on ne puisse en découvrir une dans
(i),
des manteaux du Christ et de Pilate se lavant sition rappelle
de croix de
ensemble
Gand
et
le
Couronnement
le
reîtres,
triptyque de Valence dont
il
va
même
le
Portement
Même
question.
être
tourbe de pharisiens,
soudards, bourreaux aux physionomies repoussantes, aux rictus hideux.
Ajoutons que
Sauveur
le
et le soldat
ont de grands rapports avec
son épaule de
chauve
de l’Escurial,
a' épines
;
ornementations
mains, à gauche. La compo-i
les
Christ émacié, triste, douloureux, noble, résigné
les
et
la
la Flagellation,
à sa droite, de
victime divine et
le
profil,
tenant une torche,,
personnage posant
du triptyque de Valence
barbu, en arrière de Pilate, se retrouve dans
le
;
enfin,
que
la
main
sur'
le vieillard,
Martyre de Sainte
Lucie
du musée impérial de Vienne, dont nous aurons à parler plus loin. Au point! de vue purement technique, l’œuvre s’apparente incontestablement aux produc-, tions de Hieronymus Bosch considérées comme d’une authenticité indiscutable. En Espagne, au musée provincial de Valence, provenant de la chapelle, de los Reyes de Santo Domingo, se trouve un triptyque, réunion de panneauxj oblongs représentant sur sa partie centrale, en un médaillon signé Jheronimus Bosch, le Couronnement d'épines de l’Escurial. Nous l’avons déjà décrit. Sur les volets se voient X Arrestation et la Flagellation du Christ. Le volet de gauche,j X Arrestation, montre le Sauveur pressé entre ses ennemis venus pour le saisir,. Judas recevant la cassette où un délégué du grand-prêtre dépose les trente deniers, un soldat brandissant un court cimeterre, un pharisien tenant unq torche allumée, etc. Le volet de droite, la Flagellation, représente le Christ; entouré de ses bourreaux dont l’un
un autre
tient
un
personnages
les
le fustige
à l’aide de verges à tour de bras;
fouet à lanières prêt à l’en frapper, etc. très resserrés sont
vus à mi-corps. Dans
Sur
ces trois panneauxj
les angles,
comme
dans,
Couronnement d'épines, sont figurés, en couleurs monochromes, XArchangt Saint Michel et la Chute des anges rebelles. Sur les volets paraît le fameux le
monogramme M. Pour
J.
D. Passavant, Sir William Stirling-Maxwell, C.
Justi
(2),
l’œuvrt
Pour Dollmayr, Maurice Gossart (3), ce n’est qu’une imitatior peinture originale. M. Maurice Gossart va même jusqu’à donner le nom di
est authentique.
de
la
copiste, Francisco Granelo, qui l’aurait exécutée
Le
F. DE Mély.
(2)
Passavant. Le Peintre graveur, contenant
Beaune.
l’histoire
de
—
la
gravure sur bois
et sur métal jusqu
W. Stirling. Annals du XVP siècle. 6 vol. in-8°, Weigel, Leipsig, 1860-1864. Spain London, 1848. C. Justi. Ouv. cit. Dollmayr. Ouv. cit. Maurice Gossart. Ouv. cit. 3 H. ( )
la fin
;
realef
Gazette des Beaux-Arts, Paris, janvier et février 1906.
(1)
retable de
en 1609, au prix de mille
of the artists
J
ii
—
—
42
i
I
I
D
;
I
en a déjà été parlé
il
—
pour
la résidence
A
du Pardo.
notre avis, rien de
moins prouvé. Et puis, que savons-nous sur ce Granelo dont la personnalité est, pour ainsi dire, restée ignorée? Il ne peut s’agir de Nicollo Granello, un des
employés par Philippe II pour
artistes
Higuemela, peinte sur
de la
reproduction à l’Escurial de la Bataille
murs de
l'alcazar
de Ségovie.
ans plus tôt que la date fixée pour la soi-disant copie d’après exécutée dans
D’abord,
le
Nicollo Granello mourut à Madrid, en iSçS, seize
est autre et ensuite
prénom
les
la
un caractère tout à
fait différent
de celui de
la
Jérôme Bosch,
peinture murale
d’essence indiscutablement italienne.
On
connaît plusieurs autres répliques ou copies du Couronnement d'épines.
Plus horrifique, plus stupéfiant encore est un Christ présenté au peuple,
M. N. B. Paterson de Londres, dont il existe une variante dans la collection de M. John E. Johnson à Philadelphie, aux Etats-Unis. D’autres, plus ou moins exactes, figurent au Ryksmuseum d’Amsterdam, à l’Académie des Arts de Berlin, au Musée de Berne, dans la collection Camberlyn d’Amougies appartenant à
à
'
Pepinghen en Brabant, chez un amateur de Trêves.
La composition, en galerie Kaufmann en deux sorte d’escalier à
la
parties,
comme
divisée
le
tableau
de l’ancienne
montre, dans sa zone supérieure, sur une
colonnes, dont cependant on ne voit pas les marches,
mains entravées,
maigre, décharné, les
I
largeur,
couronne d’épines sur
le
front,
manteau d’ignominie sur
le
le
Sauveur,
les épaules,
lamentable épave humaine, entouré de ses
juges et bourreaux qui le bafouent et l’injurient, présenté
au peuple, par un long
personnage, placé à sa gauche, des plus richement vêtus, le crâne enserré dans
un pyramidal bonnet terminé en pointe, sans doute Pilate. Au-dessous, dans la
zone inférieure,
armés de lances,
—
peuple vu à mi-corps
— lève
à l’exception d’un
les
bras en
personnage,
ramassis de soldats bardés de
fer,
de bourgeois des plus étrangement
de piques, d’espadons,
de manants
costumés, trépigne,
le
l’air,
brandit ses armes,
nu-tête,
crie,
hurle,
placé à l’extrême
de
profil,
les
yeux levés vers
I
droite
du tableau qui pose
la
main sur
la poitrine,
le
Christ
I
dans une attitude de douloureuse anxiété.
1
faute
?
Qui
sait
nales de îtions
s’agit-il
pleurant sa
pour ces deux
si
vibrantes peintures d’œuvres origi-
Jérôme Bosch, ne sont-ce que des copies ou des variantes de composi-
du maître disparues, C’est
dans
entrer le célèbre de 2®oo
Pierre
?
Maintenant
I
Serait-ce Saint
cette
il
est
même
absolument impossible de
série
d’œuvres passionnées
se prononcer. qu’il
convient de faire
Portemerit de croix conservé au palais de l’Escurial de près
de haut sur environ l'^So de large, où Jésus s’avance courbé en deux, n’en
pouvant plus, lamentable, portant sur ses épaules endolories, avec l’aide de e
Simon
Cyrénéen, qu’un vieux pharisien essaie d’en dissuader, la lourde croix où l’on
43
va bientôt acérées.
Autour de
lui se
un tronc de
entravés dans
les pieds
le clouer,
bois hérissé de pointes
'
pressent ses implacables ennemis, ses terribles bourreaux |
dont l’un se dispose à
Au
frapper à coups de corde.
le
second plan, en avant d’un
bois d’arbres touffus, la Vierge que soutient saint Jean, l’apôtre bien aimé,
i
s’affaisse. |
Dans
lointain apparaît Jérusalem avec ses tours, ses murailles, ses temples, ses
le
|
De
panneau d’une authenticité inattaquable, il convient de autre Portement de croix, haut de 0^72 sur une largeur de
palais, ses maisons.
rapprocher cet
ce
0^78, à figures seulement en buste, appartenant à la Société des
de Gand, accroché depuis 1902 dans
Amis
seconde salle du Musée de
la
cette ville
même
année de 1902, fait partie de l’Exposition des flamands à Bruges. Dans cette composition non moins étrange que et ayant,
cette
l’Escurial,
frappante dans la stupéfiante série du maître
«
et si juste expression
pour
ainsi dire
de
M. Friedlânder
la tête
(i),
il
et
«
le
:
celle
I
de
pittoresque
son crâne couvert d’emplâtres
»
1
lequel
i
célèbre pour sa
spectateur coiffé d’un étrange
le
(2),
'
ces horrifiques
bourreau dans
un sergent de Haarlem
paradoxal bonnet terminé en forme de queue de comète
bouche en avant grimaçante, hermétiquement close le
si
Primitifs
divine victime semble
Parmi
pressent.
le
convient d’en noter quelques-uns à part
certains critiques voudraient retrouver
laideur et
la
selon la
'
perdue dans l’enchevêtrement des nombreux visages, plus grima-
çants les uns que les autres, qui l’entourent et
personnages,
de
»,
des Arts
et
;
le
pharisien à
au menton bleu en
soudard aviné, au nez écarlate, un énorme casque à visière sur
la
recul
la tête, le
'
;
i
;
bon I
larron blême de peur, qu’assiste
un épouvantable moine
paroxysme de
de risée à d’horribles tortionnaires
la fureur, servant
Femmes, parmi
lesquelles
Sainte Véronique,
cheveux cachés sous de légères
coiffes à reflets
tenant
le
;
le
mauvais larron au ;
les Saintes
voile miraculeux,
changeants, verts, bleus
Voici maintenant un Portement de croix
(
3 ), faisant partie de
'
les
et jaunes.
!
la collec-
Léon Cardon à Bruxelles, qui tout au moins appartient au cycle de Hieronymus Bosch, à qui M. Friedlânder l’attribuerait volontiers. Il figure dans une composition assez dispersée, le Christ succombant sous le poids de son gibet en forme de tau, que Simon le Cyrénéen, sous l’aspect d’un paysan âgé, un panier tion
rempli d’œufs attaché à
la ceinture, vient l’aider
en armure
rouent de coups.
et casque,
le
montante du Golgotha, s’engagent la
les
En
à porter, tandis que deux
et
2 ( )
Gand. Revue (3)
Max J. Friedlânder. Ouv. cit. Carel van Mander. Ouv. cit. L. Maeterlinck.
—
de l’Art ancien
et
|
A propos
et j
en chemise, sous
conduite d’un garde, précédés de soldats et de gens de toute condition
(1)
;
en
d’une œuvre de Bosch au musée de
moderne. Paris, octobre igo6.
Acheté par son propriétaire à Paris,
il
|
;
reîtres,
avant, sur la route ardue, étroite
deux larrons enchaînés
^
y a quelques années, à M. Kleinberger.
44
I
I
de
arrière
victime sacrée s’avancent d’autres soldats à cheval
la
monuments de Jérusalem.
développent les
palais de l’Escurial se trouve le célèbre triptyque désigné d’ordinaire
Au sous
au fond se
;
V Enfer, connu Luxure — El
des Délices terrestres et du Châtiment des Vices dans
le titre
Espagne sous
surtout en
—
appellations de la Lujttria
les
— et
—
la
du tableau de \ Arbousier à raison du rôle que cet arbre y remplit. Dans le panneau central, haut de 2*”20 sur de large, aux premiers plans, une foule innombrable de gens nus évolue dans Trafago
les
Soucis
baignent dans
plus
des flaques d’eau,
ou moins innocents
livrant
autres s’étendent à l’ombre des
les
de l’arbousier, pour se livrer au repos
feuilles
Les uns se
poses les plus diverses et les plus inattendues.
et les
les attitudes
enfin sous celui
aux dislocations
larges
en voici qui jouent à des jeux
;
en voilà qui luttent avec des oiseaux monstrueux, se
;
les plus extraordinaires
transparents dans lesquels
;
de-ci de-là sont placés des globes
on aperçoit des couples d’hommes
et
de femmes
;
des
moules énormes se refermant sur des imprudents qui se sont introduits entre leurs entrebâillées.
coquilles
s’ébattent de
Au
second
nombreuses jeunes
montés sur des chiens,
filles,
des porcs,
autour d’un
plan,
où
bassin circulaire,
galope une calvacade effrénée de cavaliers
des hyènes,
des léopards,
des
lions,
des
dromadaires, des tigres, des loups, entremêlés de boucs, de renards, de griffons, de dindons, de paons, de licornes, d’autres
Ce sont
les
et
chimériques.
personnifications des Péchés capitaux, l’Orgueil, l’Envie, la Luxure,
Gourmandise,
la Paresse, la
la Colère, l’Avarice.
peuplé de sirènes nageant ou valents, et
animaux étranges
dont
le
de dards projetés
Plus loin s’étend un grand lac
voguant dans des esquifs aux formes sans équi-
milieu et les extrémités sont occupés par des sphères armées
dans tous
les
sens et terminés à leur partie supérieure par
aux branches hérissées. Enfin, au tout dernier plan, s’aperçoivent des coteaux boisés dominés par un ciel obstrué par place de nuées fulgurantes, où des cactus
planent des volatiles,
même
des poissons aux nageoires servant d’ailes, n’appar-
tenant à aucune faune connue.
Sur entre
volet de gauche,
le
Adam
où Dieu
assis sur le sol et
où se passe la scène,
ombragé
une
femme,
le
Eve à demi agenouillée
Très Haut ;
le
est
debout
Paradis Terrestre
d’arbres exotiques, peuplé de girafes, d’éléphants,
de chevaux, de cerfs, de renards,
dun
crée la
d’animaux de toutes
sortes,
montre, au milieu
émerge une végétation étrange et colossale, aux branchages en forme de pinces de homard qui semble faite de coquillages lac,
petite île d’où
rouges translucides.
Sur
On y voit une foule de réprouvés tourmentés par des monstres et des diables, écrasés par de lourdes pierres, des hommes
le
volet de droite, c’est X Enfer
déchiquetés, des
femmes subissant
les caresses
de pourceaux, un énorme
45
démon
sur une chaise percée, avalant des malheureux
rend sous son siège
qu’il
qui tombent dans un puits; des instruments de musique, guitares,
tambours, où sont suspendus des damnés
au milieu d’un
;
lac
et
vielles, harpes,
aux eaux
noires,
un bateau d’où s’élève un tronc d’arbre portant suspendu sur ses branches le corps d’une énorme oie déplumée, dont la tête, de forme paradoxale, retombe sur un second bateau placé à côté du premier dans l’intérieur du corps de l’oie, ouvert sur le flanc, se distinguent des gens attablés, un évêque roulant un ;
tonneau
;
au-dessus surgit une
tête
cornue d’où s’échappe un singe
;
lit
d’un chapeau dont
l’anneau d’une clef
pieusement son
livre
;
de
et
dont
le
les
fond est une
à ses côtés, un gigantesque crâne de cheval
sans muscle ni peau est chevauché
teurs,
coiffée
promenoir à des monstres variés
-larges bords servent de
damné dans
d’homme
par
une
sorcière
en train de pendre un
au-dessous. Saint Antoine, entouré de tentaprière, assis sur
gauche, surgissent des épisodes ahurissants
et
une femme nue.
épouvantables à
A
droite, à
la fois
:
là
un
diable agitant des cloches auxquelles des pêcheurs servent de battants, plus loin c’est
une double
oreille séparée et percée
étranglant des joueurs ou les
d’une
assommant à coups de
massacres, des noyades, des incendies. Enfin,
démons
flèche, puis ce sont des
dés,
au dernier plan, des
les portes extérieures
peintes en grisailles, sont consacrées à la Création
du inonde par
du
:
triptyque,
Père Eternel
le
:
qui apparaît dans l’angle de gauche.
Des Délices
terrestres
du
triptyque,
une, entre autres, dans la
collection
ou pour mieux
dire
du panneau
central
'
il
ou
existe diverses copies
répétitions
;
Léon Cardon à Bruxelles une seconde se trouve à Paris, chez un marchand de tableaux, M. Lucas Moreno. Le Musée du Prado, à Madrid, possède des reproductions des deux volets des Délices terrestres ; celle du volet de gauche, fragment d’une copie aujourd’hui démembrée et perdue, se trouvait jadis dans la salle à manger de Philippe IV à l’Escurial celle du volet de droite particulièrement étourdissante, ;
;
j
I
;
fort modifiée et
large, est
sur
le
considérablement agrandie, mesurant o”"29 de haut sur o“25 de
connue sous
panneau,
et
la
désignation de Vision de Tondale,
titre inscrit d’ailleurs
montre, dans son angle inférieur de droite, Tondale accompagné |
de l’ange qui
le
conduit dans sa visite aux lieux infernaux.
est le récit fait par
un moine
celte
du voyage
La Vision
de Tondale j
d’un guerrier irlandais, Tungdal, à
travers les divers cycles de l’Enfer, sous la sauvegarde d’un ange
(i).
Les deux
Jérôme Bosch a-t-il connu la Divine Comédie ? C’est probable, quoique nous n’en ayons aucun témoignage. Les supplices de l’Enfer imaginés par le poète toscan diffèrent sensiblement de ceux mis en scène par le peintre brabançon. Chez le Dante, les gourmands croupissent dans un marais de vase épaisse où tombe une pluie glacée, mêlée de neige les avares et les prodigues, la tête rasée, hurlent et poussent en dans une avant, de la poitrine et des mains, d’énormes fardeaux, en s’entrechoquant les uns les autres (i)
;
;
46
!
voyageurs entrent d’abord dans une vallée profonde au milieu de laquelle les homicides bouillonnent et se liquéfient dans une chaudière placée sur un brasier. arrivent ensuite
Ils
par un lac de glace,
:
au pied d’une montagne abrupte, bordée à de
et,
d’un côté,
la base,
par un lac de feu, où sont tour à tour plongés
l’autre,
les
un abîme insondable d’où s’élève une épaisse fumée à odeur de soufre, traversé par un pont d’une étroitesse extrême sur lequel s’engagent les orgueilleux qui tombent tous dans le vide puis Tungdal et son guide parviennent à une immense plaine au bout de laquelle se tient un monstre parjures
,
plus loin, c’est
;
;
colossal qui engloutit
dans sa bouche, d’où sortent des flammes,
entendent les cris
passent ensuite devant
les
avares dont
ils
I
traversé par clous,
ils
;
un pont plus
étroit
un marais aux exhalaisons encore que celui qu’ils ont déjà vu et
où sont obligés de s’aventurer
continuant leur terrible voyage, dépecés les luxurieux et
gourmands
les
;
bêtes venimeuses
et d’autres
s’arrêtent devant
ils
hérissé de
voleurs qui s’abîment dans ses eaux
les
de serpents
croupissantes peuplées de crapauds,
délétères,
;
une grande bâtisse où sont
après cet épouvantable abattoir
ils
un dernier monstre étendu sur un étang glacé qui se nourrit de prêtres et de religieux infidèles à leurs vœux, les vomit ensuite et alors ces malheureux donnent naissance à des serpents de feu qui se retournent contre eux aperçoivent
immense
dévorent. Voilà enfin nos pèlerins en vue d’une
et les
forge,
où sur des
passés au laminoir les pécheurs endurcis et impénitents.
enclumes sont martelés
et
Le voyage de l’ange
et
de son compagnon s’achève par une vue du Purgatoire et
un coup d’œil sur
Paradis
en
1
149
le
immédiatement
;
(i).
elle
La Vision de Tondale
devint populaire
passe pour avoir été écrite
des copies en furent répandues de
;
dès les premiers temps
tous côtés, des traductions faites
dans toutes
de l’imprimerie en 1484, elle fut
mise sous presse à Bois-le-Duc, sous
nue bosselée de tombes, 'les épicuriens
plaine
brûlés par des jets
de feu
;
les
des harpies
les
langues
et les hérésiarques, entassés
de flammes qui s’en échappent
;
les
;
le titre
de
par secte, dans chaque tombe, sont
tyrans et les meurtriers sont entraînés dans
un
fleuve
colériques et les violents, enlacés dans les branches d’arbres d’un bois affreux, sont broutés par les
;
trompeurs
mi-corps, sont dévorés
par derrière,
et les
entremetteurs sont flagellés
par un feu qui court à
marchent à reculons
;
la surface
les prévaricateurs
hypocrites cheminent à pas lents accablés sous le poids
du
;
sol
les trafiquants ;
des choses saintes, enterrés à
les sorciers et les devins, la tête
sont précipités dans
un
lac
d’énormes chapes dorées à
retournée
de poix bouillante
l’extérieur,
;
les
mais intérieu-
rement de plomb; les voleurs courent en tous sens pour échapper aux morsures de serpents qui les joignent et les
enlacent
;
les
schismatiques dégoûtant de sang sont déchiquetés
;
les alchimistes
deviennent
la
proie
j
jdune lèpre hideuse (i)
I
li^itry
et fétide
sont enfermés dans
la glace.
D’après des croyances répandues et propagées par les récits de Vincent de Beauvais, Jean de
et autres écrivains,
ivarent surtout été
lamand porte
le
Purgatoire avait une entrée par une
prendre leur source dans
nerveilleuses vues par
5t.
;
les traîtres
le titre
le
île
du
lac
de Derg en Irlande. Ces idées
Voyage de Saint Patrice au Purgatoire, récit des choses
un chevalier dans la grotte de Saint Patrice à l’île d’Ultan, dont une version en «Van den Vaghevure dat Sente Patricius vertoghet was». Voir; H. Jones.
:
—
Patrick’s Purgatory. 1647.
47
Tondalus Vysioen (i), chez Gérard Leempt de Nimègue, en un volume in-40. Cest cette version que connurent sans doute Hieronymus Bosch, ses copistes et ses imitateurs.
Le
du palais de TEscurial, que nous avons décrit plus haut, ainsi que sa variante du musée de Prado à Madrid, désignée sous le titre de la Vision de Tondale, ne sont que des paraphrases du récit du moine celte. Le panneau de la grande galerie espagnole présente en plus des principaux épisodes disséminés dans le premier, à la base du tableau, à droite, un jeune homme nu, agenouillé, à qui son ange gardien montre les supplices attendant, dans l’autre vie, le pécheur impénitent que nous retrouverons d’ailleurs volet de droite des Délices terrestres,
dans d’autres compositions
A
similaires.
côté des Délices terrestres, le monastère de l’Escurial possède
un second triptyque non moins connu, non moins important, non moins remarquable qui lui fait
pour
ainsi dire
pendant
:
Omnis caro Foemtm. Fermé,
le il
Char de
foin,
désigné aussi sous
de
le titre
représente en grisailles, au premier plan, au
milieu d’un sentier, non loin d’une ville que l’on aperçoit à l’horizon, au delà
d’une campagne vallonnée, un Vagabond, à l’aspect minable, un long gourdin
dans
les
mains,
le
panier d’osier avec la cuiller accoutumée des chemineaux sur
le
un voyageur qu’ils viennent d’attacher à un arbre, tandis qu’au même plan, en avant, un ménétrier, au pied d’un second arbre, au son de son instrument, fait danser un couple de paysans. Ce Vagabond, comme pose, comme aspect, comme allure, est tout au moins le frère jumeau de \ Enfant prodigue de la collection Figdor de Vienne, dos, fuyant à la vue de voleurs, qui en arrière dépouillent
dont
sera parlé plus loin.
il
Ouvert, supplices, tel
le
que
volet de droite la Visioit
du triptyque
de Tondale pouvait
figure X Enfer et ses effroyables le faire interpréter.
Parmi
ceux-ci
signalons celui où les âmes des coupables sont employées en guise de matériaux
pour construire des locaux destinés à servir de geôle à d’autres damnés. Le volet de gauche représente, en partant du haut, d’abord. Dieu dans
sa ,^
puis
gloire,
la
Chute des Anges
superposés se passant dans
femme^
la
le
rebelles
précipités
du
et,
ciel,
en épisodes
Paradis Terrestre, la Création de r homme et de
Tentation al Eve par
le serpent, et
la
Adam et Eve après la faute fustigés'
par l’ange à l’épée flamboyante.
Le
(i)
sujet
du panneau
Une première
central,
1
haut de V^t. sur
édition de la Vision de Tondale, sous le titre de
i^'oS
:
de large, environ.
Dat Boeck van Tondalus
Vysioen,
parut en flamand, à Anvers, en 1482 une seconde, c’est celle dont il vient d’être question ; une troisième, sous le même titre que celle d’Anvers, à Delft, en 1494. M. Octave Delepierre a fait paraître une Vision de Tondalus à la Société des bibliophiles belges, chez Hoyois, à Mons, en 1837. Voir Brunet, éd. de 1842, ;
—
tome IV,
48
2e partie, p. 492.
:
Éd. de 1864, tome V, colonne 882.
I
—
du foin et » consiste en un grand chariot toute gloire rempli de foin sur lequel sont juchés les plaisirs terrestres, figurés par une jeune fille chantant qu’un jeune homme assis à ses pieds accompagne sur la
du prophète Isaïe comme l’herbe des champs
paraphrase les versets
Toute chair
;
des
animaux des plus
l’ambition,
de
la
bestialité,
de
la
la
luxure,
des Rois jusqu’aux
les
prolongement
le
de
l’orgueil,
de
l’avarice,
uns à cheval,
les autres
à pied, les
hiérarchies et dignités humaines, depuis des
hommes
s’efforcent d’atteindre le
les
de
tyrannie, sont attelés à cet étrange véhicule
derrière lequel se pressent et se hâtent, les
représentants de toutes
que
Renommée,
la
disparates, des lions, des loups, des chiens,
symboles de
des poissons,
des oies,
Tous
est
—
Gloire sonnant d’une longue trompette, qui n’est autre
de son nez
et
«
Auprès d’eux se tiennent des personnages emblématiques,
guitare. la
(i)
Papes
plus humbles et des plus basses conditions.
sommet du
char, ne reculant devant
aucun crime
pour réussir à l’escalader et à jouir des plaisirs qu’il offre.
Au assis
premier plan se déroulent plusieurs scènes épisodiques
:
un gros moine
devant une table, un verre en main, est entouré de religieuses qui s’empres-
un charlatan prépare son tréteau de marchand d’orviétan une femme est assise à terre deux autres debout se tiennent par les mains une sorte de mendiant coiffé d’un inénarrable chapeau haut, sans doute un aveugle, s’avance sous la conduite d’un enfant. Les fonds montrent une rivière sinueuse coulant paresseusement entre des plaines ombragées et des coteaux verdoyants dans le ciel, au milieu des nuées, apparaît le Christ les bras ouverts aux pécheurs que sent de le servir;
;
;
;
;
touchera
A royale
le
repentir.
l’Exposition de la Toison d’or, ouverte à
(2), la
Maison
d’Espagne avait envoyé une restitution de ce triptyque consistant en
d’anciennes copies de l’œuvre;
du palais d’Aranjuez
le
les volets,
;
panneau
central,
extérieurement,
le
Char de foin provenant
le
Vagabond, intérieurement,
du monastère de l’Escurial le volet de gauche, le Paradis, du musée du Prado, jadis à la Casa del Campo. Ces deux compositions des Délices terrestres et du Char de foin sont du nombre de celles où Hieronymus Bosch a témoigné' de plus d’inattendu et d’originalité, autant au moins que dans les Tentations de Saint Antoine, dont nous parlerons longuement, où il n’a point fait preuve d’une imagination plus le
i
Bruges en 1907
volet de droite, X Enfer,
;
ahurissante et plus déréglée. facti sunt sicut foenum agri, et (1) Habitores earum breviata manu contremuerunt, et confusi sunt gramen pascuae, et herba tectorum quae exaruit antequam maturesceret. Cap. XXXVII. Ver. 27 Vox dicentis Clama. Et dixi Quid clamabo ? Omnis foenum, et omnis gloria ejus quasi flos agri. Cap.
—
;
:
XL. Ver. 6 (2)
—
Prophetia Isaiae. Biblia Sacra. Exposition de la Toison d’or à Bruges, juin-octobre 1907. Catalogue. Petit in-8°. G.
Bruxelles, 1907.
7
:
N°
Van
Oest,
217, p. 61-62.
49
Signalons un Christ chassant
les
marchands du
temple, de 0^76 de haut
sur o'"6o de large, faisant partie, en Angleterre, de la collection de Sir Claude Philipps, et ayant figuré à l’Exposition des Primitifs flamands de Bruges en
Ce panneau
1902.
précieux, car
s’il
van Mander,
il
intéressant à tous les points de vue est
l’œuvre originale du maître disparue,
n’est pas
en
au moins une
est tout
temple de Jérusalem vu de à
surélevé
Dans
l’intérieur
de
surmonté de deux de
les tables
fort
ancienne copie
un dôme
soutiennent
(i).
des
par Carel
citée
montre
Il
l’extérieur, offrant, à sa partie centrale,
colonnes qui
hautes
particulièrement
un
plus
le
péristyle
étranges.
sans portes, en avant probablement du tabernacle,
l’édifice,
statuettes, peut-être celles
de Melchisédech et d’Aaron portant
coups de verges, chasse
la loi, le Christ, à
les trafiquants qui fuient
de tous côtés. Les uns sont tombés en avant du temple, d’autres s’échappent à droite, par une porte latérale un marchand, à gauche, par une autre porte ;
son âne qui va tomber sur une femme en train de procéder à
latérale, fait sauter
d’un nouveau-né, tandis qu’à ses côtés un opérateur arrache une
la toilette
à une patiente.
murs
et
Aux
derniers plans s’étendent des champs,
défenses d’une ville
les
se distinguent
lesj
des coteaux modérés ferment!
plus loin,
et,
dentj
l’horizon.
Dans
nombre de détails et d’épisodes, empruntés à des tableaux connus du maître. Le temple est couronné d’un décoré pyramidal qui n’est autre que la plante surgissant au milieu du lac du volet de; composition On retrouve
cette
gauche des Délices terrestres ; on la rencontre aussi dans d’autres de ses| ouvrages à gauche, au second plan, reparaît le casque à visière grillée du petit| ;
Jugement dernier du musée de Vienne chevalerie
dans
le
à droite,
;
le fût
de
et
la
gravure de
la Satire de
de colonne en forme de bouteille que nous
verrons)
triptyque de Saint Jérôme, Saint Antoine et Saint Gilles, supportant
un étrange groupe marchant à quatre
consistant
pattes sur
en un diable porté par quatre
une plate-forme
;
enfin, la ville
que
la\
hommes
ici|
nus|
l’on entrevoit|
à l’horizon rappelle singulièrement celle des lointains de la Tentation de
Saint.
—
nou^
Antoine de
la
collection
l’étudierons tout à l’heure
du comte Durrieu
—
;
il
est
vrai
que
celle-ci
peinte par Peter Huys, n’est qu’une imitation
de!
Jérôme Bosch. Philippe II l’Escurial,
où
Jérôme Bosch,
elle
les
avait fait
placer dans sa chambre,
se trouve encore,
une œuvre
Sept Péchés Capitaux.
C’est
fort
une
ou plutôt sa
cellule,
2
importante, attribuée
2
suite
de panneaux haub
de i“20 sur i“3o de largeur, réunis en carré, désignés d’ordinaire sous la tabla
(i)
5o
—
la table
—
malheureusement
Carel van Mander. Ouv.
cit.
le
nom
de
fort détériorés, destinés, soit à être vu‘
!
|
^
!
Hns^' PP.W^
1
CHAPITRE
VI
—
Suite des peintures de Hieronymus Bosch.
Le triptyque du Jugement
DERNIER et SES DÉRIVÉS; LES TRIPTYQUES DE SaINT JÉRÔME, SaINT Antoine et Saint Gilles, du martyre de Sainte Lucie; Saint Jean A Pathmos.
En
i5o4,
Hieronymus Bosch
reçut
du mari de Jeanne
la Folle,
Philippe
le
Beau, duc de Bourgogne, qui devait mourir presque subitement moins de deux
i
années après, à Burgos, à l’âge de vingt-huit ans, la dernier dont
il
a déjà été incidemment question.
connaît trois exemplaires dont
commande d’un Jugement
De
ce
Jugement dernier on
aucun ne semble l’œuvre en question, mais qui
en sont, sans aucun doute, des réductions, des variantes ou des copies.
Le premier,
le
plus important,
un
triptyque, faisant partie de la galerie
de l’Académie des Beaux-Arts de Vienne, de dimensions certainement inférieures à celles
du tableau disparu commandé par Philippe
le
Beau, montre fermé, sur
en pied, à gauche. Saint Bavon, patron des Flandres, par conséquent de Philippe le Beau, tel qu’il est d’ailleurs représenté
ses volets,
peints en
grisailles,
du musée de Toulouse, en vêtements faucon au poing, une escarcelle dans la main droite,
dans ses statues de l’église de Verneuil et d’élégant
gentilhomme,
le
à l’entrée de son palais, entouré de
l’aumône articulé,
;
sur
mendiants
et
de miséreux auxquels
il
fait
auprès d’un de ces quémandeurs, se voit un pied humain
le sol,
témoignage, sans doute, des simulacres dont se servaient ces malingreux
pour apitoyer la
charité
publique
;
à
droite,
Saint Jacques de
Compostelle,
cheminant dans la campagne, son chapeau décoré de la coquille du pèlerin sur
I
l’épaule, le
courbé sous
dos, à l’aide d’un
le
poids du lourd manteau qu’il porte péniblement sur
long bâton
;
celui-ci figuré
comme
patron de l’Espagne
et
I
par conséquent de
Jeanne la Folle, reine de Castille et de Léon. Au-dessous des deux Saints, à des arcatures gothiques, sont suspendus de biais, à la façon allemande, deux écus d’armes dont le champ ne porte ni pièces ni figures,
I
1
Ouverts, les volets de ce splendide triptyque représentent, celui de gauche, j
1
les
mêmes
sujets, les trois derniers inversés,
que
le
volet
du même
côté
du Char
55
de foin,
successivement
Création
d'Adam
X Arbre du du mal, Adam et Eve chassés du Paradis terrestre et, au-dessus, la Chute des Anges rebelles précipités du ciel, enfin le Christ assis, la main droite levée, le globe du monde dans la gauche, apparaissant dans sa gloire, au c’est-à-dire,
:
la
et d'Eve,
bien et
milieu des nuages
celui
;
de droite, X Enfer,
avec ses plus horrifiques
et
ses
Comme
dans ses autres figurations des mêmes scènes, le peintre y témoigne de son inimaginable verve, de ses sinistres inventions que les rêves et les cauchemars ne pourraient même atteindre. plus épouvantables châtiments.
Le panneau
Jugement dernier. Nous l’avons déjà dit d’ailleurs, « dès les premières années du XIII® siècle, les figurations du terrible dénouement de la tragédie chrétienne apparaissent en sculpture. La plus ancienne, datée de 1146, se trouve à la cathédrale d’Autun, en Bourgogne d’autres suivent sur le tympan de la cathédrale de Léon, en Espagne (i), sur les portails central représente le
;
des basiliques de Charlres,
Bourges, de
Belgique
;
l’église
Saint-Urbain de Troyes, en France; sur nombre
d’églises de
Van Eyck, Petrus Christus, Jean Prévôt, Jean Mandyn Roger van der Weyden ont interprété le grand drame final nous
en peinture,
et surtout
de Paris, de Reims, d’Amiens, de Bordeaux, de
les
;
laissons de côté les fresques
beaucoup plus anciennes de
l’église
Saint-Mexme de
nombre de miniatures de manuscrits. Comme il fallait s’y attendre, dans ce sujet, Hieronymus Bosch n’a vu que matière à épouvantements, où les damnés subissent les pires supplices. Il y a Chinon en Touraine
et
paraphrasé, à sa manière, lui
comme
il
l’a
toujours
fait, la
Vision de Tondale qui
a plus ou moins servi d’Evangile et de guide, tout en donnant libre cours à
sa fantaisie.
Il
a
fait
également, dans
la
réglementation des supplices infernaux,
maints emprunts aux représentations du Théâtre de étaient données,
de son temps, dans
M. Gustave Cohen
(3) l’a écrit,
«
i
les
la Passion,
telles qu’elles
Pays-Bas. M. Emile Mâle
(2) l’a dit,
Les Mystères ont toujours connu ces images
au nez épaté, aux yeux ronds et car dans toutes ces interprétations des supplices des damnés il y a
affreuses, ces lèvres sabrées à travers le visage,
moqueurs », une part d’ironie et d’irrévérence. Souvenons-nous que les primitifs italiens Giotto et Orcagna n’ont pas autrement compris et rendu l’Enfer. Chez eux les démons scient, dépècent et mangent même les damnés. Les prédicateurs d’au delà des Alpes avaient à cette époque la même conception des châtiments. Jacomino de Vérone ne décrit pas d’autre façon les punitions des pécheurs. « Satan », écrit-il,
(1)
P. Lafond.
La Sculpture
espagnole. Bibliothèque de l’enseignement des Beaux-Arts,
;
1
:
in-4° [
anglais. A. Picard, Paris. (2)
E. Male. L’Art religieux de
(3)
G. Cohen. Ouv.
la fin
du Moyen âge en France,
in-4“.
Armand
Colin, Paris, 1908. j
56
cit.
,
i
I
f
comme un
plus probablement, à être placés à plat de façon à ce
plafond, soit,
que l’on puisse en faire
composé des
cercle
tombeau Ira,
Invidia, Avaritia.
du tableau, au milieu d’un grand
du
soleil,
Christ
le
lève de son
se
comme
Zqs allégories,
de son temps.
juatre cercles,
X Enfer
les
Luxure,
Aux
quatre
s’y attendre
quatre angles de
de l’homme
fins
cette dernière figuration
;
Dans
le
Gourmandise, l’Avarice avec
haut du panneau, entre
:
le
Mort,
la
se déve-
et l’Envie.
le
représentées, dans
Juge^nent,
est
presque entièrement
les
médaillons de
une banderole porte l’inscription que voici
:
maître, sont des scènes de
tabla sont
la
mots
Péchés capitaux,
figurations des
les
la Paresse, la
fallait
il
les
Autour des rayons lumineux
en s’élargissant à leurs bases,
'Orgueil, la Colère, la
'entier,
centre
au-dessous du Sauveur se lisent en caractères gothiques
;
loppent,
t
Au
fulgurantes
lueurs
Superbia, Gula,
a vie
le tour.
la
le
Paradis
effacée.
Mort
et
du Jugement
:
Deuteron, ch. XXXII,
v*®
28 et 2g.
Gens absque consilio est et sine prudentia Utinam sapèrent et intelligerent ac novissima providerent.
Dans
bas, entre les médaillons de X Enfer et
le
mderole, on
lit
:
Abscondam faciem meam ab Certains Dssart (3),
du Paradis, sur une autre
considerabo novissima eorum
nombre desquels Dollmayr
au
critiques,
eis et
n’admettent pas que
les
surtout sur
et
M. Maurice
Sept Péchés Capitaux soient sortis des mains
Jérôme Bosch. M. Maurice Gossart, pour en dénier se
(2)
(i).
un passage de Felipe de Guevara
(4)
où
la paternité le
au maître, se
chroniqueur espagnol
Jérôme Bosch une table sur [uelle on voit dessinés les Sept Péchés Capitaux rendus en figures et en mples. C’est possible mais ce n’est pas certain, tout au plus est-ce une que Philippe II possède d’un imitateur de
;
îsomption.
La
collection
Haro
(5),
aujourd’hui
dispersée,
renfermait un
curieux
(1) Comme l’indique l’en-tête de l’inscription du haut du tableau, il s’agit de versets de la Bible, du Deuteronome, chapitre XXXII, Cantique de Motse, et prédications du prophète au peuple juif, infidèle à
Dieu.
En
voici d’ailleurs la traduction.
Première inscription, versets 28 qu
l’ont-ils la
Seconde inscription, verset 20 (2) (3)
(4)
29
:
C’est
un peuple qui
:
Je leur cacherai
H. Dollmayr. Ouv. cit. Maurice Gossart. Ouv. cit. D" Felipe de Guevaiuv. Ouv.
mon
5)
n’a point de sens et de prudence,
visage et je verrai quelle sera leur
fin.
cit.
Catalogue des tableaux anciens... de la collection de Drouot les 12 et i 3 décembre 1911. N°s ii5 et 116. (
l’h( 1
et
sagesse et l’intelligence pour prévoir la fin.
M. Henri Haro dont
la
vente aura lieu à
sur une largeur de o™54, propriété aujourd’hui, à Paris,
panneau haut de
de M. Demogé, dû à quelque imitateur de Jérôme Bosch, où le Christ dans un nimbe de lumière apparaît devant un groupe de suppliants, au milieu de démons acharnés sur
Est-ce \ Enfer, le Purgatoire ?
coupables.
les
Peut-être l’un
;
et |
De
l’autre.
cette
composition
existe
il
une variante de proportions agrandies, |
M.
chez un autre amateur parisien,
Ollivier.
une œuvre inspirée par Hieronymus Bosch, mais non pas une reproduction d’une de ses œuvres perdues, que cette composition de o“35 de hauteur sur 0^78 de largeur, recueillie par le Musée du Prado, montrant C’est indubitablement
une
Ame
conduite
cette
figurés,
fois,
par tm ange
qui lui
(i)
fait
voir les tourments de l’Enfer,
par des montagnes de flammes où grillent
tourmentent des monstres
et
des démons.
Le panneau porte
les
i
damnés que
1
H.
les initiales P.
i
Peut-être faudrait-il y voir la main du peintre graveur Peter Huys, dont Paul Mantz (2) a retrouvé la signature, avec la date de iSqy, sur une Tentation de\
I
Saint Antoine de
peu plus
du comte Paul Durrieu dont nous parlerons
la collection
uni
loin.
Après
la
composition d’une
mentionner un panneau faisant
Ame
partie, à
conduite
par un
Madrid, de
ange,
la galerie
de
il
D"^
convient
dej
José Lazare,!
provenant, paraît-il, de la collection de Cean Bermudez, curieux amalgame
de]
morceaux disparates empruntés à diverses compositions de Jérôme Bosch et de ses imitateurs, où l’on retrouve le masque monstrueux de la Descente du Christ aux Enfers, du musée de Vienne, l’ange de la Vision de Tondale, des scènes d’incendie, de carnage et de supplices.
Revenons à Peter Huys Eantaisie grotesque de
o"^86
;
!
ce qui est bien de lui sans conteste,
de haut sur o"^82
de large,
c’est la
rapportant aux
se
musée du Prado à Madrid. Au premiei plan sont représentés des épisodes aussi étranges que ceux interprétés par Jérôm( Bosch une troupe d’êtres paradoxaux armés de pied en cap, sortant d’un( grotte des hommes nus assis ou debout autour d’une table d’autres monté: sur de grands volatiles luttant à la lance des pendus déchiquetés par des diables à têtes d’animaux des malheureux roulés dans des tonneaux plus loin, dan: une mêlée furibonde, les anges et les démons se disputent les pauvres humains ceux que les suppôts de Satan peuvent emporter sont au dernier plan précipité dans une tour d’où s’échappent des flammes et des fumées incandescentes. L tableau provient de la chapelle de l’infirmerie du monastère de l’Escurial e tourments de l’Enfer que renferme
le
;
;
;
;
;
passait
52
pour
être
;
l’œuvre de Peter Bruegel. Signalons encore, au musée
(1)
D" Pedro de Madrazo. Ouv.
(2)
E. Gonse. Les chefs-d’œuvre des musées de province, in
cit.
N°
di
1182, p. 21 1. folio.
May,
Paris, 1900, p. Ii 6 -ii 7
>
Prado, provenant également de l’Escurial,
un autre panneau de
sur o“ô4 de largeur, catalogué sous la désignation
hauteur
o^4.g de
de style de Peter
Huys
(i),
un Paysage fantastique, peuplé de diables, de spectres et d’apparitions. Dans Peter Huys, dont on ne connaît pas grand’chose, en dehors des tableaux dont il vient d’être question et de ses gravures, tout au plus qu’il représentant
marchand d’estampes Jérôme Cock, certains critiques voudraient retrouver l’auteur du tableau du musée de Douai, Les Epreuves de Job. La peinture, provenant du couvent des Trinitaires de cette ville, large de 1^41 sur une hauteur de 0^67, fut
de
condisciple
le
montre
Bruegel
Peter
(2)
chez
le
peintre
graveur
patriarche, sous l’aspect d’un long vieillard maigre,
le
la tête
nimbée,
I
monnaie dans la main gauche, assis sur un tas de fumier, auprès de sa demeure livrée aux flammes, sa femme, mégère aux traits anguleux, secouant ses clefs suspendues à sa ceinture, à ses côtés. Le saint homme se tourne à demi d’une
coiffée
j
en arrière vers ses en lui
de
toque
amis
velours
une
d’hermine,
l’aide
de
pièce
venus contempler sa misère
et voisins
donnant un charivari à
Au nombre
bordée
et le
narguer
d’instruments de musique des plus variés.
des exécutants on distingue un être sans
nom dans
règne animal
le
couché à terre, qui fait sa partie dans la sérénade sur une guitare dont avec les pieds.
Dans
les
lieu
les
chameaux.
donner à Peter Huys, d’autres critiques seraient d’avis
Ne
Epreuves de Job à Jean Mandyn ou à H. Met de Blés. pas plus simple et plus naturel de les restituer à Hieronymus Bosch
d’attribuer serait-il
les
même? Comme, parties
de
joue
fonds se déroulent diverses scènes épisodiques où figurent
des bœufs, des cochons, jusqu’à des singes et des
Au
il
à juste raison,
de la composition,
figure mi-renversée
le
le fait
remarquer M. Maurice Gossart
malheureux patriarche,
«
maigre
qu’on voit à gauche, à l’arrière-plan,
la
et
(3),
certaines
décharné
tête
lui-
»,
la
du sonneur
du concert charivarique, rappellent certains personnages du Portement de croix du musée de Gand, tandis que les chameaux des derniers plans ont le même caractère que ceux des tableaux du maître du musée du Prado ou du monastère de l’Escurial. Il est vrai qu’un disciple ou imitateur de Jérôme Bosch aurait pu lui emprunter ces différentes figures. Des Epreuves de Job M. Max de Coninck, à Dieghem lez-Bruxelles,
grotesque de trompette,
possède une très intéressante variante. sur o“97 de hauteur, I
composition du
(1)
(2) (3)
dont
la
Le panneau qui mesure 1^24 de largeur
disposition générale est identique à celle de la
musée de Douai,
Dn Pedro DE Madrazo. Ouv. cit. N° René van Bastelaer. Ouv. cit. Maurice Gossart. Ouv. cit.
offre
néanmoins de nombreux épisodes
1402, Fantaisie grotesque ;
N°
et
1403, Paysage fantastique; p. zSo.
53
en avant d’une sorte de hangar en ruines, soutenu par des troncs d’arbres, que dévorent les flammes. Au premier détails tout autres
à gauche,
plan,
;
la
scène se passe, cette
un gros bonhomme, sans doute Satan,
marécageux, en vêtements
sombre sur
les
fois,
à dessins d’écailles de poisson, une pèlerine épaules, montrant de la main gauche, armée d’une lance, sur clairs
de cette pèlerine, un écu d’armes timbré d’un 3
le côté
surgit d’un terrain
et présentant
de
la
main
une charte dont on ne peut déchiffrer l’inscription, munie d’un sceau rouge. En avant du patriarche, sur une cuve renversée, se lit le monogramme B et la date de i5i4 derrière lui s’alignent les donneurs de sérénade, très différents
droite
;
de ceux du tableau du musée de Douai, tous plus ou moins éclopés, richement vêtus,
les autres
différents, présentent*,
les
uns
en haillons ou à moitié nus. Les fonds, également
très
à gauche, en avant d’un temple à
inscription cabalistique et de ruines, des diables et des
une
rivière,
Si le tableau il
Bosch,
si
;
à droite, un pont, ciel
où
ailés.
du musée de Douai
est probable, sortent le
démons
des groupes d’arbres et des coteaux, se détachant sur un
évoluent des monstres
comme
surmontée d’une
la porte
monogramme
de
la
et celui
même
de
la collection
Max
main, c’est-à-dire de
et la date sont bien authentiques
de Coninck,
celle
dans
de Jérôme
le dernier, et
Epreuves de Job prendraient une importance considérable dans son œuvre. Tout au moins la version appartenant à M. Max de Coninck, datée de deux ans avant la mort du maître, serait alors nous n’avons guère de raisons d’en douter,
une de
54.
ses dernières productions.
les
I
I
I
I
*}
ordonnait qu’on
«
fît
rôtir les
coupables
comme un
porc fiché dans un grand pieu
fer. »
de
Chaque supplice avait son tortionnaire
attitré,
représentant du
que
chargé d’infliger les châtiments et de les rendre aussi cruels i
démons sont connus Mammon, etc. Le premier
noms de
ces
Astaroth,
;
où
de la roue
les
coupables,
ce sont Léviathan,
Les
possible.
Belzébuth, Baalbéritz,
supplice réservé aux orgueilleux était celui
sur de grandes
attachés
Léviathan, tournaient sans trêve ni merci jaloux, consistait, après avoir été
Diable,
;
le
roues
par
actionnées
second, celui des envieux et des
plongés dans un fleuve glacé, à en être enlevés
par Belzébuth qui les précipitait alors
dans un
lac de feu
;
les
colériques étaient
enfermés dans une cave obscure où Baalbérith, aidé d’autres diables, les coupait en morceaux,
démons qui
sur l’enclume et
forgeait
les
lançait
tronçons
ces
martelaient et les réduisaient en masses informes
les
;
les
à d’autres paresseux,
dans de noirs cachots, y étaient mordus par des serpents et dévorés par AiStaroth les avares étaient précipités dans des cuves remplies de métal en fusion
jetés
;
Mammon
pù
gourmands,
ne cessait de
les
lûurrissaient
gloutons et
piquer
les
et
de
les
harceler avec une broche de fer
;
les
intempérants, attablés au bord d’un cours d’eau, se
de leur propre substance, se dévorant
les
bras et les jambes, ou
malgré eux des bêtes immondes que Belphégor leur entrait de force dans
ivalaient
bouche
a
les
;
luxurieux étaient au fond d’un puits humide et boueux, dévorés par
les
lézards et des crapauds.
les
D’autres supplices non moins atroces étaient encore employés envers les oupables.
L’artiste
n’avait
que l’embarras du choix. Ailleurs
les
luxurieux
—
—
^commençons par eux que nous quittons à peine ne sont pas seulement la roie des lézards et des crapauds, mais sont en outre déchiquetés par des poignards entelés,
des lames acérées, des crochets ébréchés; les gourmands, enfilés à de
)ngues broches barbelées et rôtis sur des feux ardents
;
les
ivrognes couchés sous
tonneaux, obligés de boire sans arrêt; les orgueilleux et les orgueilleuses,
SS
nues, accouplées à
‘lles-ci
des reptiles vêtus de
mmettre aux volontés de ces bêtes venimeuses; ''lourdes meules; d’autres CS
gelés,
pourpre,
les
damnés, précipités dans
contraintes
de se
paresseux sont broyés sous l’huile bouillante,
dans des
suspendus au-dessus de brasiers incandescents, martelés sous des
«dûmes, écrasés sous de lourds chariots aux roues hérissées de clous; enfin, ‘1
i ces 1
flammes d’une fournaise. Mais nous avons déjà épisodes représentés par Jérôme Bosch, ainsi que les deux suivants, dans
dernier plan, surgissent les
volet de droite
un
c
asse avec
2
sans doute
I
autier
des Délices terrestres, l’un figurant
homme nu siècle,
un
lièvre
suspendu à sa pique en guise de
emprunté à une miniature représentant
du XIII®
:
de
la
le
revenant de la
gibier,
même
que
l’artiste
sujet d’un petit
Bibliothèque de Bourgogne, à Bruxelles
;
l’autre,
I
8
57
un monstrueux diable
une chaise percée, dévorant gloutonnement des malheureux qui retombent ensuite sous son siège spécial, sous la forme d’excréments. Il ne faut pas chercher la délicatesse chez Hieronymus Bosch, elle est absente de son œuvre ni
de son pays,
assis sur
en
;
la patrie
serait-il
autrement
qu’il
des farces grasses, chez
lui,
Au-dessus de ces mirifiques inventions, dans d’un ample manteau qui
lui laisse la poitrine
de lance reçu au Golgotha,
échapper l’épée de à sa gauche,
des ressuscités
;
les
restées terribles.
nuages,
branche de lys dans une main,
la
par groupes de
six,
Christ couvert
le
découverte, percée au côté du coup l’autre laissant
emblématique
justice, est assis sur l’arc-en-ciel
les apôtres,
ne serait ni de son temps
à sa droite
;
et
implorent sa miséricorde en faveur
plus haut se voient la Vierge et
le
Père Eternel
plus haut
;
encore, les quatre anges, en robe blanche, sonnant de la trompette.
Le second Jugement dernier qui a
fait
partie de la collection
Pacculy
dispersée assez dernièrement au feu des enchères à l’hôtel Drouot, à Paris, trouvait antérieurement à Madrid, dans la galerie de l’Infant
Don
se
Sébastien de
Bourbon (i). Malgré la signature très nette de Jheronimus Bosch, trop nette même, il semble être une répétition d’une œuvre du maître exécutée sans doute peu de temps après sa mort par un de ses élèves ou imitateurs directs et immédiats
;
il
impossible de
est
le
donner à Peter Huys, dont
la
manière
libre,
émancipée des formules mêmes de Hieronymus Bosch,
large, déjà fortement
est
très différente.
Les divers supplices des damnés y sont représentés, toujours d’après les mêmes principes, agrémentés cependant d’épisodes nouveaux et particuliers.
Le haut de
composition
la
comme dans
figure,
Jérôme Bosch, comme dans tous ceux de
autres
les
ses contemporains,
ouvrages de
Roger van
der
Weyden, Petrus Christus, Thierry Bouts, dans sa partie centrale le Christ nimbé de rayons lumineux, assis sur l’arc-en-ciel symbolique, enveloppé d’un ample manteau qui lui tombe jusqu’aux pieds, laissant cependant les épaules, la :
poitrine et la plaie
de lys rigide
;
de
du
la
côté découvertes.
gauche,
il
A
robes blanches, les ailes
main la
du souverain
émergent au milieu des nuées,
d’être miséricordieux.
la
montre à sa portée
jusqu’alors restée inutilisée. Au-dessus les bustes
De
droite
il
tient
une branche
formidable épée de
justice,
juge, les douze apôtres, dont|
six d’un côté, six
de
l’autre, le supplient:
gauche de Jésus, quatre anges, en longuesi éployées, sonnent de la trompette pour éveiller les morts. droite et à
Cette interprétation est absolument d’accord avec les idées de tous
—
—
les
Tentations de Breughel (Infernal) asile de l’ancien St Antoine, B, h. o®7o, 1 i®o 5 dans le Catalogue des tableaux exposés dans les salons de in-12, Petit Pau, appartenant aux héritiers de feu Mgr l’Infant Don Sébastien de Bourbon et Bragance. Véronèse, Pau, 1876.
(i)
Ce Jugement .
58
dernier est inscrit ,
comme
suit
:
N° 374
I
i
]
peintres de la fin
du Moyen
imaginée autrement dans son célèbre
La
partie inférieure
Roger van der Weyden qui ne triptyque de l’hôpital de Beaune (i).
âge, témoin
du tableau
offre
d’abord à
la
l’a
pas
vue une sorte de ronde
du tombeau essayant en vain d’échapper aux démons qui cherchent à les saisir. Chaque vice a, comme nous savons, son tortionnaire spécial. Ici, une femme impudique est saisie par un âne à trompe là, une autre essaie de se garantir des embrassements d’un vieux moine plus loin, un saurien visqueux mord un pécheur tout proche, un engin à roues à pointes en écrase un autre. Au premier plan, des femmes, à la sortie d’une tente dressée sur un lac, sont torturées par d’horribles rats qui s’en emparent Adam et Eve, dans des accoutrements bizarres, traînent une énorme pomme entrouverte montée sur roues et renfermant un enfant, poussée par des monstres, dont l’un, assis au sommet de l’étrange véhicule, sonne une fanfare triomphante, à l’aide d’une longue trompette recourbée. Sous une machine de guerre, portant une d’autres damnés rôtissent au feu activé par d’innomables tour-chaudière, furibonde, les morts réveillés de l’engourdissement
;
;
;
;
démons
sous
;
l’horrible
engin,
des
déchiquetés par des corbeaux, sont écrasés plans,
comme
pieds dépassent,
par un laminoir
;
aux seconds
gourmands sont punis par des châtiments appropriés à leur vice pécheurs sont coupés en morceaux plus ou moins menus, par des sabres, ;
des épées, des coutelas,
déchirés par des scies, précipités de ponts étroits dans des
fangeux, brûlés au milieu de fulgurants incendies à la main, défendent l’entrée
l’épée
les
les
d’autres
lacs
dont
malheureux,
du Paradis
;
au fond à droite, des anges,
;
au milieu s’étend
la
mer où vogue
un vaisseau.
La troisième version du Jugement dernier que l’on connaisse, due vraisemblablement à un peintre de l’école ou de l’entourage du vieux Cranach, fait partie du Kaiser Friedrich Muséum de Berlin et semble un amalgame des peintures de l’artiste
de
la galerie impériale
de Vienne
et
de l’ancienne collection
Pacculy.
)ien iujet
Le musée de Bruxelles renfermée un Jugement dernier (2) rappelant par des côtés ceux dont nous venons de nous occuper, tout au moins comme ;
mais son exécution dure et sèche, sa coloration sombre n’a rien de
issez qu’il
commun
avec Jérôme Bosch
rop d’invraisemblance, être attribué à
;
il
et
uniforme disent
pourrait peut-être, sans
Jean Mandyn. Signalons aussi
les
deux
du nom du maître, représentant sur leur panneau Jtigement dernier et, sur leurs volets, le Paradis et \ Enfer, donnés
riptyques signés faussement jentral
le
(i)
P. Lafond. Roger van der
(3)
A.
J.
Wauters. Ouv.
cit.
Weyden.
Petit in-8°. G.
Van
— Fierens-Gevaert. Ouv.
Oest, Bruxelles, igi2.
cit., t.
IV, p. 275-276.
59
M.
H. Met de Blés, l’un faisant partie de la collection de ce critique, l’autre appartenant au musée de Bruges (2). Quoique ni l’un ni l’autre ne soient des copies de Jérôme Bosch, on y retrouve maints et maints par
L. Maeterlinck
épisodes bien à
Une
(i)
à
lui.
dernière version du
Jugement dernier, longtemps attribuée à Roger recueillie par le musée de Douai. Celle-ci figure sur un
van der Weyden, a été des côtés d’un panneau de o^qi de hauteur sur 0^74 de largeur, la Vierge assise sur un siège à haut dossier gothique, vêtue d’une riche robe de drap d’or
ample manteau soutenu par des anges, sous
recQuverte d’un
lequel,
scion la
vision de Saint Bernard, elle abrite des religieux et des religieuses de l’ordre de
Cîteaux. Sur l’autre côté se voit
données ordinairement suivies
Jugement dernier traité conformément aux par Hieronymus Bosch. En haut, le Christ est assis le
sur l’arc-en-ciel de rigueur; à ses côtés, quatre anges sonnent de la trompette; à sa droite
se
Apôtres
;
trouvent la Vierge et saint plus bas, les ressuscités.
Jean l’Évangéliste
Au
premier
de
plan
à sa gauche,
;
la
composition,
les la
donatrice Isabelle de Malefiance, boursière en i5o6 de l’abbaye cistercienne de près de Douai, d’où provient
Flines,
élus, assistée
de son ange gardien
royale sur la tête. «
Dame
Sur
le
et
le
tableau, est agenouillée non loin des
de sa patronne. Sainte Elisabeth,
bord intérieur du cadre on
Isabel de Malefiance
»
le
;
sur les quatre côtés du panneau.
monogramme M.
lit
de Jésus
en et
couronne
la
lettres gothiques
de Marie
Lafenestre rattache l’œuvre à
:
se répète
l’école
de
Roger van der Weyden M. L. de Fourcaud admettrait qu’elle ait été peinte par un artiste de la région; M. Wauters la donnerait à Jean Prévôt; M. Henry Hymans voudrait que ce fut une production originale de Hieronymus Bosch. Il ;
nous semble bien de ces opinions
difficile
dissemblables.
si
façon de penser de Il
de nous prononcer dans
M.
Nous
l’état
de
la question
au milieu
partagerions cependant assez volontiers
la
Lafenestre.
convient de s’arrêter maintenant devant les Châtiments de
VEnfer,
cités
plus haut, faisant partie à Vienne de la collection du comte Harrach.
Le tableau montre, au premier plan, un long Christ émacié à peu près nu, une mince croix dans la main gauche, s’avançant sur un étrange pont-levis, en avant de la porte d’un château fort, gardée par un vieillard, des hommes et des femmes nus au-dessus de cette porte, dans une niche, un personnage marchant à quatre pattes, une couronne royale sur le milieu du dos, joue de la trompette ;
(1)
L. Maeterlinck.
d’Henri Met de Blés. Revue (2)
Les Imitateurs de Hieronymus Bosch, à propos d’une œuvre inconnue
de l’Art ancien et moderne. Paris.
Ce dernier Jugement
Toison d’or à Bruges en 1907; il musée de Bruges. Voir Exposition de de
la
:
60
N°
i 3 i,
février igo8.
appartenant alors à M. Seligmann, à Paris, a figuré à l’Exposition don au fut acquis par le ministre d’Etat Belge M. Beernaert qui en fit
dernier,
la
Toison d’or à Bruges, ouv.
cit.,
N°
218, p. 62.
.tH-W..
J i
1
0
I
d'une façon absolument malséante
une foule de démons.
Aux
;
plus haut, les murailles sont occupées par
seconds plans se voient un lac boueux que franchissent bouteille, des édifices en flammes, des
une haute tour en forme de
des ponts,
rochers hérissés, éclairés par les lueurs des incendies
ou obscurcis par des fumées
L’œuvre
opaques. Partout des diables martyrisent des damnés.
Hieronymus Bosch quoiqu’elle porte
pas de
avoir longtemps
—
certainement à tort
—
galerie impériale de
été attribuée à Peter Bruegel,
non des moins importantes de l’Escurial et la
Tentatioii de Saint
va être question plus
il
Dans
la
Descente
dtL
les
damnés,
tête
ensuite l’épisode
coiffée
parties
—
et
Antoine du palais d’Ajuda de Lisbonne,
loin.
Christ aux Enfers de Vienne, entre autres épisodes,
mains aident à ouvrir
les
certaines
identiques, dans les Délices terrestres
signalons d’abord celui de la tête monstrueuse,
dont
la
une Descente du Christ aux
recueilli
— absolument
on
Est-ce définitif?
incontestablement du maître, dont on retrouve
enfers,
dont
Vienne a
doute
monogramme M. Après
troublant
Mandyn.
pense généralement aujourd’hui de Jean
La
le
n’est sans
la
aux bras remplaçant
les oreilles,
formidable bouche dans laquelle s’engouffrent
d’une tente où évoluent de nombreux personnages
du Christ entrant dans
le
séjour des
;
damnés par une porte de
frappe et abat à l’aide de sa croix, malgré la résistance que lui opposent
fer qu’il
démons de cette porte, Peter Bruegel se souviendra à l’occasion. Le palais royal de Hampton Court près de Londres renferme aussi une Descente du Christ aux Enfers (i), aux scènes aussi multipliées que peu coordonnées; mais n’en est-il pas très souvent ainsi avec Hieronymus Bosch ? Dans ce panneau, qui rappelle par bien des côtés la Descente du Christ aux Enfers du musée de Vienne, se retrouvent divers groupes et de nombreuses figures empruntés aux Délices Terrestres et aussi à d’autres compositions du maître. Le tableau porte au revers le chiffre du roi Charles P'' avec cette inscription This Picture painted by Jheronimus Boss was given to the King by the Earle of Arundell, Earle Marshalle and Embassador to the Emperor abroad » et la date de i636 les
;
:
;
qu’une ancienne copie d’une composition dont une autre variante appar-
ce n’est tient
au Rudolfinum de Prague.
Le musée d’Anvers ville
a
—
(
2 ) renferme
un tableau
de i“i5 sur i^yS, donné sans preuves et
notre
artiste,
représentant
— propriété des hospices de
même
la
sans réelles probabilités
dans sa partie supérieure
le
Jugement dernier
Dr Waagen. Treasures of art in Great Britain. 3 vol. in-8°. London, 1854, t. II. Dr Alfred Wurzbach. Niederlândisches Künstler Lexicon Halm et Goldmann. Leipzig und Wien, 1904-1906. Voir: Pol de Mont. Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers. Catalogue descriptif. I. Maîtres anciens. lmp. Boucherij. Anvers, igo5. N° 680, p. 33. (1)
(2)
—
61
avec
le
Christ
assis
sur
éployées, sonnant de la trompette, côtés implorant
la
Pierre ouvrant la
accompagné de deux anges,
l’arc-en-ciel,
miséricorde
la
Vierge
pécheurs et à gauche Saint porte du Paradis aux élus, tandis qu’à droite les réprouvés
sont précipités dans les enfers
divine
les
du tableau,
la partie inférieure
;
zones de sept compartiments chacun, montre, dans
les
ments de
la
la
première zone et
les trois
de Miséricorde auxquelles préside
ments de
la
première zone et
le
premiers de
Sauveur
Hieronymus Bosch dans
et,
le
quatre premiers comparti-
les trois derniers
Œuvres
comparti-
seconde, les Sept Péchés
la
von Wurzbach
Le
Diable.
divisée en deux
seconde, les Sept
dans
quatre derniers de
les
capitaux, dans chacun desquels se montre
de
ailes
Saint Jean agenouillés à ses
et
pour
les
retrouve
y voient Mostaert. Le catalogue galerie anversoise, à notre avis mieux inspiré, croit que l’œuvre, vu la forme
la
cette peinture, d’autres
des chaussures des personnages, appartient à un peintre travaillant aux environs
de 1480. Ce qui
que
est certain, c’est
si
la
partie
supérieure du panneau
rapproche incontestablement du style de Jérôme Bosch,
se
scènes des deux
les
autres n’ont rien de son caractère.
A côté du Jugernent dernier Sept
Œuvres
de Miséricorde,
Bosch un panneau de
le
musée d’Anvers
de
l'^iS
accompagné des Sept Péchés largeur
synoptiquement, dans un ordre des plus Passion. L’action
commence en
inscrit
o“y3
sur
relatifs,
sous
le
capitatix et des
nom
de hauteur,
les Différents
de Jérôme
représentant
Episodes de
la
haut, à gauche, par l’Entrée de Jésus à Jérusalem
monté sur une ânesse, suivi de ses disciples elle chassés du temple puis au-dessous, toujours à ;
;
se poursuit par les droite,
par
la
Marchands
Cène,
Jésus en
au Jardin des Oliviers tandis que ses trois disciples Pierre, Jacques et Jean sont endormis, l’Arrestation du Sauveur au milieu du tableau l’on voit Jésus amené à Pilate Jésus dans le prétoire attaché à la colonne et fustigé par les prière
,
;
'
;
bourreaux, Jésus en proie aux dernières péripéties
du drame
:
railleries
des soldats
;
à droite se développent
Sainte Véronique essuyant
le
les
visage du Sauveur,
Christ à porter sa croix, les deux larrons entravés montant calvaire précédés de soldats, le Crucifiement, la Descente de croix,
le
Cyrénéen aidant
le
chemin du
la
Mise au tombeau,
le
la Résurrection, l’Apparition
de Jésus à
la
!
Madeleine.
Hieronymus Bosch qu’elle catalogue du musée d’Anvers,
Cette peinture n’a absolument rien à voir avec
ne rappelle guère.
Comme
le dit très
justement
le
démesurément longues et maigres qui le meublent feraient songer à Henri de Clève mais alors pourquoi laisser l’attribution du tableau à Jérôme Bosch ?
les figures
;
Dans du même
62
ces différents
sujet peintes
Jugement dernier, comme dans
de son temps,
le
toutes les figurations
Christ préside la terrible scène,
assis
;
‘
1
un
sur
emprunté à des règles pour
arc-en-ciel
ainsi dire hiératiques et observées
depuis longtemps.
Une titre
:
d’un manuscrit de la biliothèque de Saint-Omer portant pour
Incipiunt libri Salomonis id est Parabolae ejus
«
XIIP
du
lettrine
siècle,
montre
déjà,
dans sa partie haute,
entouré de saints figurant le Paradis,
et,
»,
tome
II,
Christ sur
le
datant de la
un
fin
arc-en-ciel,
en bas, des anges triant des âmes
à la
;
damnés sont portés dans cette brouette dont Hieronymus Bosch fera un si fréquent emploi une brouette — par un diable éclopé, au son d’une musette dont joue un autre diable, attelé en flèche. N’est-ce le côté humoristique, c’est l’ordonnance du fameux polyptyque de Roger van der Weyden de l’hôpital de Beaune (i). Il est cependant une règle, observée de leur temps et plus tard encore, dont Roger van der Weyden et Hieronymus Bosch n’ont pas tenu compte et sembleraient même, les premiers, du Sauveur,
droite
les élus
sont nus
—
;
avoir transgressée. Jusqu’alors, l’entrée
à sa gauche, les
de l’Enfer
dragon ouverte, où des diables précipitaient des damnés l’Apocalypse, à la gueule feu,
où
la
Bête et
les
pas encore aux
leonis
» ?
Messes des morts, à
Cette gueule ne se trouve
une interprétation
(2). Il s’agit
du dragon de
baignée de soufre
et puante,
faux prophètes seront tourmentés jour et nuit sans
lit-on
Ce qui
immense, enflammée
par une gueule de
était figurée
l’Offertoire
«
:
que passagèrement chez
provenant du nord ou du
fin.
Ne
Libéra eos de ore
ces peintres. Est-elle
nous n’en savons
midi,
de
et
rien.
que nous en rencontrons encore un exemple dans les dernières années du XVI® siècle, dans le tableau de Greco Le Songe de Philippe //{3) avoisinant les panneaux de Hieronymus Bosch à l’Escurial. Déjà cette figuration de l’Enfer était est certain c’est
qu’elle
était
pour
ainsi dire générale et
—
—
employée au XII® au British
siècle.
Dans un rouleau manuscrit de
Muséum, à Londres
—
cette
époque, conservé
—
où sont figurées des scènes se rapportant aux Tentations de Saint Gulhac, ermite de Cowland, on retrouve cette même gueule ouverte, où des démons, couverts de peaux de bêtes, précipitent des damnés. Les Jugement dernier sculptés, de l’église Saint-Urbain de Troyes du XIII® siècle, de la cathédrale de Bourges du XIV®, que nous avons déjà signalés, montrent des diables étranges, sarcastiques et
I
grotesques.
diables,
de la cathédrale de Bourges spécialement, certains bizarrement construits, de parties disparates, semblent des ancêtres de
[ceux créés par
(1)
Dans
Harleienne
collection
celui
Hieronymus Bosch, témoin
P. Lafond. Ouv.
(4)
:
«
le
diable au mufle de fauve,
cit.
convient cependant de remarquer que, dans Les Très Riches Heures du duc de Berry, se trouve une représentation de l’Enfer, toute autre Les Très Riches Heures du duc de Berry, et des plus originale. Voir éd. P. Durrieu, ouv. cit., pl. XLII. (2) Il
:
(3) (4) I
Maurice Barrés et Paul Lafond. Le Greco. H. Floury, Paris, 1910, p. i3o-i32. Huysmans. La Cathédrale. In-12. P.-V. Stock, Paris, igo3, p. 459-460.
J. -K.
63
dont
le
ventre bedonnant est une trogne
qui se débat, en grinçant des dents et
»
qui
lui
l’extrémité s’ouvre en mâchoire de serpent tétines en pendeloques,
soudées à
frappe
mord »
les
le
empoignant
»,
«
I
jambes avec sa queue dont
cet autre
;
crâne d’un malheureux
i
à la face camuse, aux
«
au bas ventre occupé par un masque d’homme, aux
chute des reins
la
«
à pleins bras un religieux
i
ailes
,
'
et le
première dans un chaudron qui bout sur une gueule renversée de dragon dont deux valets de Satan attisent, avec des soufflets, les «
précipitant
flammes
»
la tête la
».
La Chute Duchâtel,
du musée du Louvre, provenant de
des réprouvés
don du duc de
Trémoïlle
la
triptyque des dernières années du passé,
un
Bosch
(i).
XV®
—
incontestablement
siècle
la collection
volet d’un
le
certain temps, auprès de divers critiques
pour
être
Malgré son exécution véritablement supérieure,
«
pas
les
bêtes monssi parfaite-
aiguisées et expressives en leurs détails étranges», ce n’est certainement
là
une œuvre du maître.
noble qui n’est le
a
de Hieronymus
trueuses, fantastiques, à la fois horrifiquement réelles et inventées, et
ment
—
ou des premières du XVI®
voudrait
M.
On
y trouve un je ne sais quoi d’idéaliste et de pas dans sa manière et sa compréhension. Faut-il y voir, comme
M. Jean
C. Benoit ( 2 ), une production de Thierry Bouts, ou, selon
une composition, sinon de l’auteur du Jugement dernier de l’église Notre-Dame à Dantzig, tout au moins de quelqu’un tout proche de ce dernier.
Guiffrey
(3),
Nous avouons à
être incapable
de nous prononcer.
Le musée impérial de Vienne a recueilli deux triptyques du maître consacrés Hieronymus Bosch présente Saint légende des Saints. Le premier signé
la
:
Jérôme, Saint Antoine qui a
commandé
même
qui en
et
Saint Gilles. Ces trois saints ont-ils été imposés par
tableau, c’est probable, à
le
ait choisi le motif.
Que
ce ne soit le peintre
Saint Antoine y tienne la première
rien alors de plus naturel, de plus explicable,
prétation des épisodes de la vie
moins que
vu
celui
l’attrait
de
du pieux anachorète, dont
il
l’artiste
pour
s’était fait
lui-
place, l’inter-
une
sorte
Saint Jérôme y aurait ensuite trouvé place en sa qualité de patron de l’artiste, mais la présence de Saint Gilles né à Athènes, dans le
de spécialité
VI®
siècle,
venu en Provence, où
il
s’attacha à Saint Césaire, évêque d’Arles,
et
mort en Languedoc dans un couvent créé par lui qui porta son nom, serait beaucoup moins aisée à expliquer, si, d’après une légende accréditée dans les
(1)
palais de la
M“e
No
la
17,
64
Catalogue supplémentaire des ouvrages de Peinture exposés au profit des Alsaciens-Lorrains, au 'présidence du Corps Législatif, le 22 juin 1874. N» 7 i 5 Jérôme Bosch. UEnfer. Collection de .
comtesse Duchâtel. (2)
C. Benoit. Chronique des Arts et de
(3)
J.
Guiffrey.
août 1898.
'
;
Un
la Curiosité,
tableau récemment donné au
Paris, 5 avril 1899.
musée du Louvre. Revue
de l'Art ancien
et
moderne.
,
;
«fvVr.VITL
CHAPITRE
VII
—
Les Tentations de Saint Antoine et leurs dérivés la Cure de la folie l’Enfant prola Barque digue LE Charlatan Saint Jacques et le Magicien NAVIGUANT LA SiRÊNE A SA TOILETTE.
Suite des peintures de
Hieronymus Bosch, ;
;
;
;
;
;
Arrivons aux Tentations de Saint Antoine
Hieronymus Bosch. De
l’œuvre de
ces sujets,
si
nombreuses
il
ne semble cependant pas
et si variées
dans l’in-
La première Tentation de Saint Antoine que nous connaissions est due à Martin Schongauer, né quelques années avant Hieronymus Bosch, et paraît, comme l’ajustement écrit M. Louis Réau (i), «une sorte di Assomption où les anges seraient remplacés par des démons », puis celles d’Israël von
venteur.
Meckenen, de Lucas Cranach, de Mathias Grünewald, contemporains de notre convient de faire une mention spéciale de celle de Mathias Grünewald
peintre. Il
faisant
partie
Colmar où les
au musée de
—
sur
d’hippopotames, de lions fabuleux, l’accablent de vociférations,
proie, et le
aujourd’hui
un des volets, moins pour la peinture représentant du malheureux ermite où de massifs démons à têtes d’oiseaux de
elle figure
tribulations
provenant d’Isenheim,
d’un retable
rouent de coups
— que
pour
la statue
en bois du pieux anachorète, placée
au milieu de l’édicule d’un caractère tout différent de celui sous lequel
Bosch et la plupart de ses contemporains l’ont compris. large siège
dans
le
et
Le
Saint,
Hieronymus assis sur un
ornementé, sous un dais de fleurs et de feuillages égayé d’oiseaux,
caractère de
réguliers
le terrassent
période gothique, la barbe longue,
la dernière
expressifs,
un
sous la main gauche,
livre
un
traits
les
sceptre ou
plutôt
une crosse terminée en tau, dans la droite, son cochon familier à ses pieds, à
(i)
mien
et
Louis Réau.
Le Retable dTsenheim de Mathias Grünewald au Musée de Colmar,
moderne, Paris, octobre 1911.
—
demi
Revue de l’Art
Voir E. Galichon. Martin Schongauer, Gazette des Beaux-Arts, iSSg Van WuRZBACH. Martin Schongauer, in-8°, Wien, 1880; Léon Rosenthal. La Gravure, H, Laurens, ans, 1909. Gaston Varenne, Martin Schongauer. Revue de l’Art ancien et moderne, Paris, décembre 1911. :
;
|L
67
caché dans
de sa robe, est une des plus nobles
les plis
et
des plus pures figures ;
que
germanique
la sculpture
Mais revenons aux statue,
l’ont
s’ils
ait
jamais produite.
peintres de cette
jamais connue,
et
époque qui n’ont eu cure de
cette
modèles de
leurs
ont incontestablement pris
les
Tentations de Saint Antoine dans celles de Saint Gutlac, cénobite anglo-saxon
dont
les épreuves,
XI P
siècle,
bien faites pour frapper l’imagination populaire, ont
Muséum Comment
dès
un curieux manuscrit conservé à Londres,
interprétées dans
British
été,
le
au
(i).
et
à quelle époque s’établit en Occident
le
culte
du
vieil
hôte
des tombeaux des bords du Nil, que rien ne semblait destiner à tant retenir
Ce fut, ainsi que gentilhomme dauphinois,
l’attention des chrétiens latins?
qu’en
après
un
io5o
Constantinople, dans son pays,
IX
Constantin
et
qu’il
le
M. E. Mâle
(2),
rapporté
de
eût
Joscelin,
corps du Saint qu’il avait obtenu de l’Empereur
déposé dans
l’eût
raconte
le
Antoine en Viennois. Ce qui aida à
depuis
l’église,
de
la divulgation
la
de
célèbre,
renommée de
Saintl’ascète,
que quarante ans après, en lOçS, un seigneur de la région, ayant par son intercession été guéri de cette étrange maladie, connue depuis sous le nom de Feu'
’
c’est
de Saint Antoine, fonda l’ordre des Antonins, qui se consacrèrent aux malheureux!
mal
atteints de ce terrible
et se
—
Hieronymus Bosch du
le
genre de maladie pour lequel
désert est imploré en est sans doute la cause
sorcellerie, la vie
— mêle, malgré
lui,
une part
de)
donne
de|
qu’il
légende grecque
invisibles
sont
:
semble
il
;
«
les
éternelles
lutta
etj
s’être dit
cénobite,
que
les choses
celles-ci
le
temps
qu’il
et
entend peindre.
du démon, son vainqueur, sous l’humble
bure à capuchon d’un de ces moines antonins dont bâton dans une main, un chapelet dans
M. E. Mâle
n’a cure)
cependant avec cet autre
Aussi est-ce
(3).
i
Hieronymus Bosch
choses visibles passent avec
»
voit et représente l’ennemi
parle encore
il
pendant plus de vingt années.
d’ailleurs tous ses contemporains,
Saint Macaire, que
le
vénérable Pèrei
de l’habitant des hypogées abandonnés avoisinant Héraclée, où
Comme la
le
de démonisme, de fantasmagorie, aux interprétations
se colleta avec le diable,
de
répandirent de tous côtés.
(4),
que
le
l’autre,
il
froc
Il
de
vient d’être question, un
accompagné de
ce porc, dont|
couvent de Saint-Antoine en Viennois
availj
singulier privilège de laisser errer dans les rues de la ville.
Rien ne subsiste du véritable caractère du vieux cénobite, dans
(1)
Maunde Thompson. The
Paul, London, part VII, (
2)
s.
l’interpré-
grotesque and the humorous in the middle âges. Bibliographica, Kegai
d.
Emile MâLE. Ouv.
cit.
(3)
Saint Macaire, solitaire de la
(4)
Emile MâLE. Ouv.
Haute Egypte,
vivait
au IV®
siècle.
cit.
I
68
i
5
i
1 i
i
i
Flandres,
le
doux ermite
venu en Brabant
n’était
où
d’Anderlecht, près de Bruxelles,
est encore
il
nous savons, une variante de X Adoration des
Le panneau
honoré
Mages du
et
comme
qui renferme,
maître.
haut de 0^84 sur o“6i de large, figure un désert
au milieu occupé par un haut rocher rébarbatif que baigne une
étrange,
dont
central,
n’y avait fondé l’église
et
les lointains
consistent en
rivière,
aux vallonnements boisés, d’autres animaux. En avant du rocher. Saint
une profonde
peuplée de cerfs, de cigognes et
vallée,
Jérôme sans barbe, maigre, décharné, recouvert d’un long manteau qui tombe sur ses pieds nus, prie, pieusement agenouillé devant un crucifix placé sur une sorte circulaire
d’autel
!
en pierre,
d’Holopherne
Judith tranchant la tête
I
;
lesquels
on distingue
derrière le Saint, d’un étrange piédestal en
en forme de bouteille, où est représenté un personnage en adoration,
pierre,
1
orné de bas-reliefs parmi
s’écroule
une statuette de faux dieu s’abreuve dans la rivière
l’Eglise
et des pierrailles,
deux horribles
;
;
plus loin,
le lion
emblématique du Père de
tout à fait au premier plan, dans des éboulis petits sauriens se déchirent, tandis
qu’un autre
monstre minuscule s’enfuit.
Sur
mesurant naturellement
les volets,
la
même
hauteur que
le
panneau
I
central, soit le
volet de
0^84 sur seulement une largeur de o“36 se voient Saint Antoine sur ,
gauche
et
Saint Gilles sur
le
volet de droite.
Saint Antoine, vêtu de bure, une petite cruche à la main, vient puiser de
dans un lac sombre où l’attendent ses tentateurs ordinaires y compris la femme nue, appuyée contre un tronc d’arbre, à demi cachée par une draperie l’eau
suspendue à une de ses branches et que soulève un singe une foule d’êtres fantastiques appartenant à tous
les
;
au premier plan
s’agite
règnes connus et inconnus
;
consume une église proche d’un pont sur lequel courent des démons éclairés par la lueur du brasier. Saint Gilles, le bas du visage et le haut du crâne rasés, en robe d^ religieux, prie les mains jointes, au fond d’une grotte, une flèche lui perçant la poitrine, une biche à ses pieds, conformément à la Vie des Saints qui nous apprend que le Saint étant retiré dans une cabane avec une biche apprivoisée, un chasseur ayant tiré sur l’anima], la flèche, manquant son but, blessa le solitaire. Le second triptyque du musée impérial de Vienne, dans lequel on retrouve nombre de figures empruntées au Couronnement d'épines de l’Escurial, célèbre le Martyre de Sainte Jtüie, mise à mort à Syracuse en 804 il est également signé. Le panneau du milieu, cintré, de i“oo de hauteur sur un peu plus au dernier, un incendie
;
j
'
de o“6o de largeur, représente le supplice de la Sainte, vêtue de riches atours, attachée sur la croix, les ‘
épaules.
sement
9
;
A
la
sa gauche,
couronne en
tête,
ses longs
cheveux
lui
tombant sur
des Juifs l’invectivent ou la considèrent dédaigneu-
à sa droite, des fidèles gémissent et essaient de relever son
compa-
65
gnon Eusebius qui gît à terre sans connaissance. Le fond consiste en une superbe campagne verdoyante au milieu de laquelle serpente une rivière baignant les murailles
d’une
que
ville,
à l’horizon, une chaîne de coteaux modérés.
clôt,
Les volets du triptyque, bien entendu de même hauteur, mais larges seulement de o“25 à peu près, figurent, celui de gauche il faut bien sans cesse y revenir Saint Antoine, une cruche à la main, au premier plan, en face d’un diablotin
—
—
en armure,
le
casque sur
à la porte d’un château
la tête,
fort,
avec l’accompa-
gnement des scènes terribles et burlesques habituelles celui de droite le Port de Capo Corso, représenté par une ville aux édifices semi-orientaux, baignée par un large fleuve sur lequel navigue un vaisseau à la fantastique mâture qui, en avant, s’étale sur des rivages parsemés de rochers où un guerrier et un moine se fraient un chemin. Les deux tableaux de Saint Jérôme, Saint Antoine tt Saint Gilles et du Martyre de Sainte Lucie sont sans doute ceux que le chroniqueur Zanetti (i) a vus, en 1780, dans la salle du Conseil des Dix, à Venise, et qu’il :
;
désigne sous les
mêmes
titres.
Le musée de Berlin possède un tableau à double ses élèves
ou imitateurs
autrefois en Angleterre,
Saint Jean à Pathmos
Sur d’un jeune
le
panneau
homme
ouvert sur
la collection
de
au visage
les
l’autre,
en
de
cette dernière hypothèse
—
Fuller Maitland, montrant, d’un
Passion du Christ
grisailles, la
côté,
(2).
campagne. Saint Jean, sous l’aspect tête de profil, les cheveux longs bouclés,
principal, en pleine inspiré, la
plis cassés sur les épaules,
genoux, une plume à
un ange vêtu de
lui dicter
nous pencherions pour
dans et,
un ample manteau aux livre
—
du maître ou d’un
face
blanc,
la
main,
aux quadruples
retombant jusqu’à
écrit X Apocalypse
ailes
terre,
un
que semble
de papillon, debout sur une
éminence conique, à gauche, au second plan. Aux pieds de l’apôtre, à droite, se tient un môme hybride, à tête d’homme encapuchonnée, des besicles sur le nez, au corps d’araignée méditatif.
et
murailles d’une
(1) (2)
66
;
en avant, tout au premier plan, un corbeau
Les fonds sont occupés par un superbe paysage où
riches prairies boisées,
médaillon
de scorpion
la
ville.
une large
Dans
le
et
sinueuse rivière baignant dans
haut du
ciel,
cit.
le lointain les
à gauche, apparaît dans une sorte de
Vierge, l’Enfant Jésus dans les bras.
Ant. Mar. Zanetti. Ouv. Dr Waagen. Ouv. cit.
court, entre de
i
i
De
ce curieux
Saint Antoine
panneau
{}) faisant partie
il
de
convient de rapprocher une autre Tentation de
Uccle près de Bruxelles,
la collection Cels, à
aux épisodes également paradoxaux et ahurissants, où, au milieu d’une rivière, une autre sirène à tête d’animal, à nue, qu’une vieille,
pour
aux
dans
trois quarts
sert
projetée.
tentative
épisodes des tableaux
cette dernière
diables
;
renard pèlerin,
le
:
au mât d’une embarcation
démons
M. R. van
le croirait
et
L’œuvre
la ville incendiée, etc.
Mandyn comme
ou de Jean
l’inutilité
de
composition se retrouvent différents
gueule largement ouverte servant d’entrée aux les
rivage, son cochon à ses
le
connus de Hieronymus Bosch flèche, attachée
la tentatrice
main, endoctrine
la
de son chêne habituel, semble prévenir de
Dans
humaine percée d’une que traversent
de chambrière à
un fuseau à
l’eau,
conduire au pauvre ermite qui de loin, sur
la
pieds, assis sur les racines la
museau pointu,
;
la tête à la
aux damnés ?
;
Nous
pont
le
de Peter
est-elle
Bastelaer
l’oreille
Huys
n’oserions
en décider.
Notons une autre Tentation de Saint Antoine faisant encore partie de
même
la
Au en
collection Cels. Celle-ci
bas de l’angle de droite haut,
mesure o^ço de hauteur sur i™i5 de largeur.
du panneau
au milieu des nuages, apparaît
en bas, au premier plan, en grandes
le
T
un grand
se trouve
posé sur un support
Père Éternel,
proportions
—
bras ouverts
les
relativement s’entend
;
;
—
Saint Antoine, la tête entourée d’une large auréole lumineuse, est assis, en prière,
un
joignant les mains; tout proche de lui, le
Père court une banderole portant
:
Dominum
:
tetur cor
tuum
et sustine
sur une seconde,
on
insurgunt adversum
lit
«
:
me
:
Psalmo
II
supportant
le
les
:
XXVI
»
(
2)
;
Auprès de Dieu
viriliter
âge
et confor-
autour de l’anachorète,
me
multiplicati sunt qui tribulant
(3).
»
nombre d’épisodes déjà connus
encore
Dominum
Expecta
«
Domine quid Psalmo
crucifix est posé à terre.
Dans
cette
composition l’on retrouve
barques qui portent
corps d’une oie colossale avec la tête
multi
d’homme
troncs d’arbres
les
coiffée
du chapeau
aux bords servant de promenoir terminé en cornue; la tête de cheval dépouillée de sa peau d’autres
;
les
cloches aux battants formés par les
damnés tombent dans
le
fangeux
lac
;
les édifices
employés par Jérôme Bosch, sans oublier
motifs
guitares, vielles, harpes, flûtes,
damnés
les
;
le
incendiés
pont d’où ;
tous les
instruments de musique,
servant aux évolutions de diables et de pécheurs
que nous avons déjà rencontrés dans
le
volet de droite des Délices terrestres.
I
(1)
A
figuré à l’Exposition des Primitifs
Flamands à Bruges en 1902
—
le
tableau
est
peint
,:ur toile.
(2)
Attends
le
ieigneur. Sainte Bible.
Seigneur, agis avec courage, que ton cœur demeure fort et sois ferme dans l’attente du
Livre des Psaumes. Ch.
XXVI.
Ver. 14.
Seigneur, pourquoi le nombre de ceux qui me persécutent s’est-il multiplié ? Une multitude élance contre moi. Sainte Bible. Livre des Psaumes. Ch. III et non pas II comme porte à tort la bandelole. Ver. 2. (
3)
71
Nous n’avons
pas à revenir sur
Tentations de Saint Antoine traitées sur les volets des triptyques de Saint Jérôme, Saint Antoine et Samt Gittes et du les
Martyre de Sainte Julie, du musée impérial de Vienne il en a été précédemment question. Pour une autre Tentatio7t de Saint Antoine qui se trouve encore dans le grand musée autrichien, elle semble devoir être attribuée avec grandes probabilités à Jean Mandyn, vu les rapports et similitudes qu’elle offre avec la ;
Samt A7itome
de
Te7itatio7i
Corsini à Florence, la seule production
la galerie
absolument authentique de ce peintre dont
deux
elle
porte d’ailleurs la signature. Ces
d’une conception bien inférieure à celles de Jérôme Bosch; l’on y rencontre des figures et des épisodes qui lui sont manifestement si empruntés, d’autres parties de ces compositions, lourdes, communes, dénuées de Te7itatio7is sont
caractère, n’ont rien des qualités
du maître. Ce qui
prouver qu’elles sont sorties de
même
main,
d’un autre
paraît,
côté, bien
que dans l’une et l’autre on retrouve des personnages et des accessoires exactement semblables, tout au plus changés de place. Signalons aussi, au musée impérial de Vienne, une Tentation
Samt
de
celles
elle
c’est
A7itome, qui pourrait être de l’œuvre de H.
Te7itatio7t
de
la
de
Samt A ntome
de
la galerie
Met de
Blés.
Pour
la
Colonna, à Rome, toujours une imitation
de Hieronymus Bosch, très inférieure aux précédentes, à
tort
ou à
raison,
passe pour être de Lucas Cranach ou de son école.
Les
Tentations de Saint A7itome dont
il
vient d’être question jusqu’à
présent ont entre elles de grands points de contact, se ressemblant plus ou moins;
qui a facilité leurs imitations ou reproductions.
c’est d’ailleurs ce
cependant plusieurs autres C’est
fort différentes.
d’abord une Tentation de
Arrivons à
Samt
le
capuchon rabattu sur
rencontré à diverses reprises,
le
marqué sur
la pèlerine
s’élève
A droite,
au delà d’une
une chaumière,
nue agenouillée enveloppé de
;
du
du
rivière
72
nombre de
et
où
où navigue une barque à
est
les
déjà
coudes
appuyée
sa
la voile rapiécée,
grande ouverte, laissant apercevoir une jeune fille de paille surgit une grosse tête de vieille femme, le visage
blanches qui se rejoignent sous
le
dimensions colossales, on distingue un coin de village côté
religieux, le
que nous avons
pomme
guise de chapeau, d’une tourelle à toit délabré. Derrière
derrière la chaumière,
T
Brunner.
la porte
toit
coiffes
M. Ch.
chapelet à la ceinture, les mains jointes,
posés sur une sorte de plate-forme où se trouve une béquille.
sur une
A7itome, haute de
pieux anachorète, à mi-corps, en vêtements
la tête,
s’en trouve
celles-ci.
largeur de o“8o, propriété d’un marchand de tableaux de Paris, Elle figure, à gauche,
Il
menton, surmontée, en le
Saint, qui semble de
et
une
église en feu;
une plantureuse campagne brabançonne. Nous
détails épisodiques.
laissons de
I t
I
1
I
i
I
Hieronymus Bosch, qui dut emprunter une
tation qu’en fait ses
partie des motifs de
tableaux aux scènes de la légende, interprétées par les Confrères de la Passion
sur leur théâtre populaire,
adaptées à
Le
que
spectateurs.
côté de la chair,
le
la
mentalité rude et fervente de leurs
peintre tente de mettre en avant, d’accord
Quand
avec ses contemporains, et en cela aussi avec les nôtres, n’a jamais existé. le
exemple Thaïs
—
M. Albert Gayet
et lui
Saint, vivant ses jours
dans
aussi étrangers
:
et
en extases,
et indifférents
la pécheresse,
usant
que
l’un à l’autre
—
:
le
les siens
ne se
s’ils
(i).
La plus remarquable, la plus importante des Tentations de Saint Antoine, Jérôme Bosch (2), un de ses incontestables chefs-d’œuvre, portant d’ailleurs sa ou
signature, se trouve, à
ayant dépouillé toute humanité
parfaits,
en méditations
jamais rencontrés»
fussent
de
repentir
le
avec une très juste perception des choses
l’a écrit
deux chrétiens
étaient
«
des pécheresses, des courtisanes. Thaïs par
convertissait
religieux prêchait,
Lisbonne.
un
C’est
se trouvait encore tout dernièrement,
Le panneau
triptyque.
au palais d’Ajuda,
dans
principal montre,
château fort en ruines, l’anachorète agenouillé, en prière,
intérieure d’un
monstres, démons,
par les tentateurs de tout genre,
en avant
;
et
assailli
musiciens à têtes d’ani-
maux, hommes, femmes, resté insensible à leurs objurgations s’avancent à droite
cour
la
;
d’autres
démons
à gauche s’étend un lac sombre et vaseux où
voguent d’extravagantes embarcations et où pataugent et s’abreuvent des êtres fantastiques et
le
;
fond consiste en masures incendiées d’où s’élèvent des flammes
des fumées qui se perdent dans
Le
de parties d’oiseaux.
de mets
couvrent célèbre
trompette recourbée
espéré ;
sur lequel
un
de mur,
est
il
livre
soulève, en face
(2)
«
le
le
impossible d’appuyer; plus loin,
de
Saint, assis sur
L. Conard, Paris, 1910,
et
100.000
Poittevin. Milan,
un pan
p. 87.
i
3
francs
un
avec pour
m’a
penser
fait
autre gaillard que moi.
acheter
ce
tableau.
mars 1845. Œuvres de G. Flaubert,
»
5 vol.
p. 162.
t.
Tentation de Saint Antoine
du
palais
Doria, à Gênes, dont parle
première de son célèbre roman, ainsi que
Dumenil, n’est pas de Bruegel,
de Jérôme Bosch. Voir
,
la Tentation de Saint Antoine qui
théâtre la Tentation de Saint Antoine, mais cela demanderait
Le
Antoine
le
une tenture appendue à un tronc d’arbre creux d’où
lui,
Gustave Flaubert à Alfred
l’idée
sans bras et
tête,
ouvert dans les mains, médite, tandis qu’une sorte de crapaud
Lettre de
donné
aux sons d’une
ventre, percé d’une flèche, forme le visage
du Moniteur
lui a
un monstre sans
vu un tableau de Breugel représentant
J’ai
pour
La
,
dont
Je donnerais bien toute la collection
in-8°,
Saint Antoine,
sur la vertu de
que
dont l’un
des diables nus,
A. Gayet. Coins d’Egypte ignorés, in-i2°, Plon-Nourrit, Paris, igo 5
(1)
à arrangtr
sillonné d’appareils d’aviation formés
indescriptibles
tout proche se voit
sans épaules, assis à terre, et
ciel
volet de droite figure, au premier plan, une table
de boissons
et
triomphe
le
un
:
le
rapportent
la lettre
de G. Flaubert qui
d’ailleurs
Ernest Renan
mais une copie ou variante d’une des nombreuses Ernest Renan. Feuilles détachées, in-8°, Calmann-Lévy, 1892. Tentations
et
de Saint
1
1
69
une femme
aux derniers plans apparaissent successivement des terrains vallonnés, un étang, un château fort, dont les murailles sont couvertes dans le ciel, un homme obèse chevauche un de guerriers, puis une ville sort
nue
;
;
gros poisson. Le volet de gauche montre.
Saint Antoine évanoui, porté par deux moines, et un troisième personnage, traversant un pont rustique sous lequel
un
vieillard à grosse tête,
un papier dans
mains, accompagné de deux gros rats; une sorte de nain, à bec d’oiseau de proie, s’approche de ce groupe est assis
étrange
;
au delà du pont, une troupe
les
d’êtres fantastiques à têtes d’animaux
s’avance vers un monstre à genoux, nu à partir du milieu du corps s’étend
un grand
démons de
lac encerclé
de montagnes
;
dans
les airs,
toutes sortes, de toutes espèces, ont enlevé
le
;
plus loin
des diables
et des
cénobite qu’ils battent
et
fustigent.
Extérieurement, ces volets représentent en
grisailles,
celui
de gauche,
une Arrestation du Christ des plus mouvementées, accompagnée de divers épisodes, dont l’un, au premier plan, figure Saint Pierre tranchant l’oreille au
du grand prêtre Malchus celui de droite, un Portement de croix — où Jésus succombant sous son fardeau est en proie aux insultes d’une foule en délire agrémenté d’autres scènes détachées, aussi étrangest qu’inattendues. Au-dessous de chacun de ces sujets, une sorte de cartel semble attendre une inscription. De ce superbe triptyque il existe nombre de reproductions, répliques ou imitations, plus ou moins fidèles, plus ou moins complètes, plus ou moins réussies. Nous ne parlerons que des principales aux musées de Bruxelles, d’Amsterdam, d’Anvers, de Bonn, etc. La réplique du musée de Bruxelles, pour ainsi dire identique au tableau de Lisbonne, montre comme lui extérieurement, en grisailles, X Arrestation du Christ et le Portement de croix ; la répétition serviteur
;
—
d’Amsterdam est des plus exactes celle d’Anvers l’est également. Il en est d’autres Mayer une à Bruxelles, chez M. Léon Cardon, une autre à Anvers, chez van den Bergh. Cette dernière pourrait bien avoir été peinte par Peter Huys. Nous avons déjà dit deux mots d’une autre Tentation de Saint Antoine, appartenant au comte Paul Durrieu à Paris, signée de Peter Huys et datée de ;
;
1647, dont les fonds occupés par d’étranges édifices, d’hétéroclites châteaux forts, ainsi que par un pont étroit où passent des chars curieusement attelés, rappellent
Jugement dernier du musée de Gand, attribué avec assez de probabilité à H. Met de Blés, malgré la signature manifestement ajoutée de Jheronimus Bosch. Dans cette Tentationy au premier plan, entourée de diables et de démons, se livrant aux contorsions et aux gestes les plus extrale
dernier plan du
vagants, se tient une sirène que de vieilles entremetteuses amènent au pauvre anachorète, pieusement agenouillé au pied d’un chêne aux ombreuses frondaisons.
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•s.
«^:
I
L’œuvre
de
est-elle sortie
la
main du maître? Malgré
des plus
la signature,
Jheronimus Bosch, nous nous garderons de nous prononcer. De cette composition il convient de rapprocher une autre, de proportions à peu près identiques, mesurant o™63 de hauteur sur o^g 3 de largeur, ayant fait partie de la collection Haro (i), passée en vente à l’ Hôtel Drouot à Paris, en apparentes, de
novembre 1911.
Le cénobite y
—
la
même
représenté
chapelet dans les mains, au
le
naviguent des monstres bizarres, tout près d’une
bord d’un cours d’eau où
chaumière
est
que dans
d’ailleurs
le
ermitage, dans l’embrasure de la porte de laquelle se tapit Ici
encore,
toit
le
de
la
le ciel,
sans doute son
une
tentatrice nue.
chaumière se termine en une énorme
A gauche,
d’une autre construction.
coiffée
—
tableau précédent
tête
de femme
flamboient des lueurs d’incendie
un diable chevauche un poisson ailé. Au musée du Prado, à Madrid, provenant de
l’Escurial, se voit
comme
plantureuse les
campagne cochon
marqué d’un T,
assis
dans
le
couché dans l’herbe, à ses pieds. Le
fidèle
dans sa méditation, les
yeux bien ouverts
fixés droits
devant
creux d’un tronc
absorbé
solitaire,
—
lui, voit-il
c’est
— émergeant
du ruisseau qui coule à deux pas, le diablotin casqué, grimaçante, essayant de lui décocher une flèche ? Pas plus, sans doute,
douteux à tête ][u’à
montre, dans une
et
hollandaise, parsemée de hauts arbres, l’anachorète, sur
épaules le capuchon toujours
de saule, son
que nous
authentique.
mesure 0^42 de hauteur sur o“5i de largeur
Elle
dans
une dernière
Tentation de Saint Antoine, traitée d’une manière également différente,
avons toute raison d’admettre
;
côtés
ses
et
derrière lui
champs, se
des
plus
i’arbres ;
autres suppôts de
l’Enfer,
dans une sorte de moulin à épices, s’apprête sournoisement à
l’abri
un coup de maillet sur son compagnon
isséner nilieu
n’aperçoit trois
qui cherchent à lui jouer quelque mauvais tour, dont l’un
les plus hétéroclites,
nême, à
il
distinguent
des chaumières
s’espacent d’autres
loin
familier.
frondaisons
Au
second plan, au
ombragées de bouquets et
au-dessus
dressent
se
leux clochers et les murailles d’un château fort. C’est surtout
dans ses
Tentations que Hieronymus Bosch se livre aux
Comme
jlérèglements de son imagination délirante et positive à la fois.
duysmans, magine
«
il
associe
:
«
les
des êtres dont
légumes,
le
les ustensiles
de cuisine, au corps humain
crâne est une boîte à
sel
ou un entonnoir,
narchent sur des pieds en forme de soufflets ou de lèchefrites. le
compositions,
(i)
taro et
des grenouilles se pâment, se délacent
le
»
Dans
la
et
qui
ventre et lâchent des
M. Henri
vente par suite de son décès aura lieu à Paris, hôtel Drouot, les mardi 12 et mercredi
N°
116, école
»,
ces sortes
Catalogue des tableaux anciens et des tableaux modernes composant la collection de
dont
écembre 1911.
10
«
l’a écrit
de Jérôme Bosch.
73
i
3
œufs
;
d’impassibles mammifères avancent des gueules de brochets
gigue sur des
et
dansent
la
emmanchés dans des
pastèques, des sangliers courent sur des jambes en navet et remuent des queues tissées par des radicelles et des tiges des tibias
;
humaines, sans corps, roulent au bout d’une patte de homard qui
faces
de bras
des oiseaux dont
;
bec s’ouvre en coquilles de moule
des brouettes
»
et
dont
l’arrière-
deux mains, la tête en bas, courant Les brouettes tiennent une place importante dans ces
une queue de congre
train est
comme
le
leur sert
.
sautillent sur
scènes et reparaissent à chaque instant sous les aspects les plus variés
et les plus
inattendus. Elles ne sont pas, d’ailleurs, de l’invention de Jérôme Bosch. Dans
un manuscrit de
la
bibliothèque de Cambrai
une miniature
(i),
représente un
renard brouettant un escargot.
Ces logogriphes, ces rébus, dans leur cocasserie, ont néanmoins quelque chose de mystérieux et de terrifiant; ces monstrueuses absurdités donnent le
provoquent
vertige,
laisser entendre,
délire.
que
ses
comme
admettre, ait
certains ont voulu
œuvres aient des dessous
faudrait découvrir?
qu’il
On
a voulu commenter
qu’a-t-on découvert, prouvé, expliqué? Rien. Ce qui
à comprendre, c’est comment, dans la pensée de leur auteur, de
difficile
tentations pouvaient troubler l’est
peut-être jamais
le
malheureux Saint Antoine
demandé
le
enfermé son idée sous des apparences
refuserions malgré tout à l’admettre.
expliquer Rabelais;
ne se
Faut-il
que Hieronymus Bosch
plutôt grotesques,
Nous nous
le
et n’en avait
et
est
telles
Hieronymus Bosch
?
sans doute cure; son but
était
tout autre.
Le côté burlesque, de plaisanterie grasse que renferme ses tableaux, Hieronymus Bosch le tient de son temps, de sa race, nous l’avons déjà dit. Cette humeur quelque peu lourde et grossière constitue une des caractéristiques des populations des Pays-Bas, sans arrière-pensées ni complications de sentiments,
que
les
Aventures de Thijl Uylespiegel
(i),
si
populaires dès leur apparition,
justement à l’époque de notre peintre, expriment
et
rendent
si
crûment.
Faut-il
voir encore, dans ces compositions, une sorte de sadisme tragique, de mystère religieux, satiété
une secousse des sens? Nous ne
que Hieronymus Bosch
spécial et particulier, qui
(1)
est
montre
un
le
peintre et
les vices
croyons pas. Nous répéterons
un moraliste
mais un
;
à
moraliste
dans toute leur laideur pour en mieux
Bréviaire à l’usage de l’église Saint-Sépulcre
— XIII®
siècle
— manuscrit.
2® vol. Bibliothèque
municipale de Cambrai. (2)
Les aventures de
Thijl
Uylespiegel parurent probablement pour
la
première
fois
en bas
fut C’est cette version qui
allemand en 1483; elles furent ensuite imprimées en haut allemand en i 5 ig. Les aventures de Til Voir reproduite avec des notes et éclaircissements de Lappenberg en 1854. Marpon Uylespiègle, traduction précédée d’une notice et suivie de notes, par Pierre Jannet, petit in-8®.
—
et
Flammarion, Paris,
s.
:
d.
74
I
inspirer la répulsion,
a toujours été une des préoccupations
dirait aujourd’hui,
l’on
témoin
le
comme du Moyen âge,
L’enseignement par l’image,
mentalité de son temps.
la
caractère et
en donner l’horreur. Ce sentiment est d’ailleurs dans
sculptures de ses vieilles cathédrales.
les
Alors que la peinture ne traitait presque exclusivement que des sujets religieux,
compositions à la vie
ses
réelle,
populaire,
rattachés à cette série
iâtons-nous de
hierre
La de
le dire,
;
:hez les
connue également sous
le titre
là.
Ces
tableaux
trois
de X Opération de la
Charlatan.
et le
la folie, restituée à
départ de tous les
être
connaître sous ce nouvel aspect où,
le faire
ne se montre pas inférieur, loin de
f Enfant prodigue
La Cure de le
il
Ctire de la folie, tète
moins qui peuvent
— incontestablement de sa main — sont arrivés jusqu’à nous.
Test peu, néanmoins suffisant pour
:
certain
sont disparues, n’existent plus. Trois tableaux au
celles-ci
5ont
nombre de motifs de populacière même. La plupart de
un des premiers, a emprunté un
maître,
le
Jérôme Bosch par M. H. Hymans
Arracheurs de dents
de Marchands d'orviétan
et
si
(i),
point
communs
Madrid, au musée du Prado, cata-
peintres des Pays-Bas, se trouve à
XV®
inconnus de l’Ecole hollandaise du
oguée dans
les
[uinta des
ducs d’Arcos. Peinte sur un panneau, de forme ovale de 0^49 de
Meester
en
snijt die
Myne name
js
Elle provient de la
un autre plus grand,
auteur sur o^^Sq de largeur, parqueté sur aut et en bas, sur fond noir, l’inscription
siècle.
lettres
elle
présente en
gothiques dorées que voici
:
keye ras
bibbert
Das
(2).
La composition, par extraordinaire, des plus simples, des plus condensées - sans doute de la jeunesse du peintre figure, au milieu d’une large plaine rabançonne, un chirurgien de village, coiffé d’un entonnoir sur le sommet du
—
se préparant,
•âne,
à l’aide d’un formidable bistouri,
à inciser la tête d’un
lalheureux vieillard, les traits contractés par la terreur, assis devant lui auprès
une sorte de guéridon :être
(1)
(
une
vieille
les
et
de l’opérateur se tiennent un vieux
mains un pot
femme appuyée sur
un
d’étain renfermant sans doute
la table ronde, le
codex du médecin posé
sa coiffe.
La
t
en face du patient
bedonnant avec dans
irdial et ir
;
ae X.
peinture,
ferme
et délicate
à la
H. Hymans. Le Musée de Madrid. Ouv.
— Pedro
de Madrazo. Catalogo de
N° 1860, D. (2) Ce qui peut
V. cit,
p. 332
los
fois,
cit.,
d’un modelé précis
Gazette
des
Beaux-Arts,
et fin,
est
Paris, III® période,
cuadros del Museo del Prado de Madrid, Madrid, 1900.
.
—
se traduire Maître, opérez-moi prestement du caillou. Mon nom est bibbert Das. Cérer quelqu’un du caillou signifiait du temps de Jérôme Bosch: mettre quelqu’un à la raison. Bibbert 1
^
s
ne serait-ce pas
le
:
Grimbert Das
LLEMs. Reinaert de Vos.
Gand,
(le
i 836
,
Blaireau)
—
Voir du Reinaert de Vos, le roman du Renard ? et note communiquées par M. van Puyvelde.
— Traduction
:
J.
75
F.
exquise de tous points;
ici,
comme
dans ses autres productions,
maître a
le
dit
tout ce qu’il avait à dire.
Une variante de la Cure de la Folie, également de forme circulaire, portant le monogramme B, différant assez sensiblement du tableau de Madrid, appartient au Ryksmuseum d’Amsterdam la scène, toujours en plein air, se passe en avant ;
d’une tour dans un trou de laquelle niche
montre de
profil, les assistants
nombre de
six
Une
tiques.
dans
;
le
hibou symbolique
en
grisailles, se
médecin
trouvent des figurations
seconde variante, malheureusement retouchée, a été
se
fantas-
recueillie par
le
attribuée par le catalogue de cette galerie
Celle-ci,
(i).
le
qui ne s’occupent qu’en partie du patient sont au
les angles,
musée de Saint-Omer
;
du panneau du Prado. En plus ou moins modifié, elle montre un ainsi que son opérateur qui, malgré qu’il
provinciale à Peter Bruegel, est encore plus éloignée
outre du groupe qui constitue celui-ci,
second patient, tombé avec son fauteuil, l’ait
suivi
un
entre deux gardiens,
l’un,
une
dans sa chute, continue à
religieuse C’était
pierres, dites
;
lui inciser le front
autre,
que
l’on porte,
la scène, cette fois, se passe
alors
de
une opération
folie.
malheureux qui en
Une
loupe
commune que
fort
suffisait
étaient affligés
dans un
que
si
;
un
puis d’autres patients
;
troisième, soigné par
intérieur.
de
l’extraction des
aux charlatans pour
faire croire aux
celle
cette excroissance ne leur était pas
enlevée, elle les mènerait à la perte de la raison. Aussi ces opérations se renouvelaient à tout instant, sur les places publiques, les jours de kermesse, précédées et suivies
des boniments d’usage.
Ces extractions de Pays-Bas. Faut-il
la pierre
citer Cornelis
de
folie
ont inspiré nombre de peintres des
Metsys, Peter Huys, Peter Bruegel
(2), etc. ?
Au
musée du Prado, à Madrid, se trouve un panneau de Jean Sanders Hemessen 3 représentant un chirurgien de village qui, à l’aide d’un couteau, enlève une excroissance du front d’un soldat dont la mère se trouve mal à la vue de la blessure de son fils. Mais de ce genre de compositions, la plus connue, la plus célèbre, (
)
qui peut en quelque sorte servir de prototype, est celle gravée par Peter Bruegel, désignée par M. R. van Bastelaer sous la désignation du Doyen de Renaix.
Cure de la folie de Madrid, mesurant o”^63 de diamètre, également parqueté sur un panneau octogonal, fait partie à Vienne de la collection Figdor (4) le tableau a été acheté à Paris. \d Enfant prodigiie,
tableau rond
comme
la
;
lyHoniont, Catalogue des tableaux du musée communal de Saint-Omer. H. ouv. cit. Saint-Omer, 1898, p. 8. Pierre Bruegel, N° 18, Opération de la pierre de tête, b. h. 77“ !• 107®- Acheté en 1881, Bastelaer La composition de Peter Bruegel est reproduite dans l’ouvrage de MM. René van (1)
Ch. Revillion.
(2)
et
Georges H. de Loo sur
le peintre,
ouv.
cit.,
p. 92.
cit. N 189 Pedro de Madrazo. Catalogo de los cuadros del museo del Prado de Madrid. Ouv. et suivan es. IV, 289 p. t. Fierens-Gevaert. Les Primitifs Flamands. Ouv. cit. Jean van Hemessen, (4) G. Gluck. Ouv. cit., p. 174.
,
3 ( )
p. 248.
76
—
I
Près d’une pauvre masure à est lutinée
de chaume délabré, où une grosse servante
toit
par un rustre, tandis qu’un autre rustre s’arrête sans vergogne contre
un besoin naturel et qu’une vieille regarde dehors, par une fenêtre à l’auvent déjeté, le malheureux gardeur de pourceaux — maigre et dépenaillé, son panier d’osier, où est suspendue sa cuiller, sur le dos, un gourdin à la main, devenu, au dire de M, Fierens-Gevaert (i), un « chemineau la
muraille pour satisfaire
suspect auquel les molosses des fermes
montrent
les
dents
»
— se
décide à aban-
donner ses animaux, à franchir la barrière de l’humble ferme et à aller se jeter dans
bras de son père.
les
Nous avons
déjà
fait
remarquer combien
Vagabond
le
peint en grisailles,
sur les volets extérieurs des Délices terrestres de l’Escurial, rappelait la figure
de X Enfant prodigtie dont
Le tableau de mince
sèche
et
il
en
n’est
qu’une variante
peu modifiée.
fort
Figdor, d’une exécution délicate, quoiqu’un peu
la collection
comme
réalité
d’ordinaire chez le maître, est d’un sentiment exquis, d’une
1
d’un naturel particuliers à son auteur.
vérité et
A côté de X Enfant prodigue
il
faut faire
une place à un panneau de
o"^53
musée de Saint-Germain-enlégué par un M. Ducastel. Dans ce tableau, un
de hauteur sur o“65 de largeur, qui se trouve au Laye, en France, auquel
a été
il
Charlatan, sur une place publique de village, entouré de naïfs et de badauds, exerce son habileté
ouverte se
»,
écrit
à
son adresse.
et
M.
Tous,
«
les
yeux écarquillés
d’aspect vénérable et le nez
surpris le geste
bouche
L. Maeterlinck ( 2 ), «suivent les avatars de la muscade, sans
douter d’un autre escamotage qu’opère dans leurs poches
d’une vieille dame.
et la
»
Il
en
l’air
un rusé compère,
chaussé de lunettes, qui enlève la bourse
convient cependant d’en excepter un jeune
du larron
et le
homme
montre du doigt à sa voisine, une jeune
qui a fille.
Impossible d’imaginer des physionomies d’une plus grande intensité d’expression, d’une
bonhomie narquoise plus
souffert des
malheureusement
la
peinture a beaucoup
qui, le premier, l’a signalée à l’attention des
amateurs d’art
y sont traitées avec beaucoup plus de soin que l’ensemble des personnages; on voit, à son avis, « dans leur exécution, que le peintre est accoutumé à la technique de la détrempe ». Ce n’est peut-être pas tout à fait exact.
écrit '
;
ravages du temps.
M. H. Hymans que
sentie
Il
les têtes
existe
une variante de ce tableau, à Milan, dans
la galerie Crespi (3).
Dans
Fierens-Gevaert. Les Primitifs Flamands. Ouv. cit. Jérôme Bosch, t. III, p. 169 et suivantes. Schmidt-Degener. he Une œuvre inconnue de Jérôme Bosch. Ouv. cit. Jongleur àe ]éromQ Bosch du musée de Saint-Germain-en-Laye, Gazette des Beaux-Arts, Paris, 1906. H. Hymans. Les musées de Madrid. Ouv. cit. L. Gonse. Les chefs-d’œuvre des musées de province. Ouv. cit. Salomon Reinach. Apollo. (i)
I
'
(2)
—
L. Maeterlinck.
—
—
(
3 ) Frizzoni.
Le jongleur de Jérôme Bosch de
de la Curiosité, zS avril 1906.
2 vol. E.
la collection
—
Crespi de Milan. Chronique des Arts et et de la Renaissance.
— Salomon Reinach. Répertoire de peinture du Moyen âge
Leroux, Paris, 1907,
t.
pr, p. 663
.
77
de dimensions plus grandes,
cette variante,
absolument
digitation,
la
même
pour montrer, au milieu de
dans
les
mur
le
qui ferme la scène de
deux versions,
est
supprimé en
presti-
partie,
composition, au second plan, une place publique de ville flamande, qu’occupe une foule compacte, contemplant un patient attaché sur
un haut
pilori
à droite, trois personnages, l’un
puis,
;
la
coiffé
d’une mitre
d’évêque, attablés devant une maison dont la fenêtre grillée laisse apercevoir à l’intérieur, entre autres êtres étranges, un chat déchiffrant un cahier de musique
ouvert devant
lui. Il est
probable que
le
de Saint-Germain-en-Laye. Sans doute,
tableau de Milan a été peint avant
comme
il
arrive d’ordinaire, dans
maître a voulu élaguer de sa composition tout ce qui
le
devenue
laisser à la scène principale,
ainsi la seule, son
semblait
lui
maximum
celui
celui-ci,
inutile,
pour
de caractère
et
d’intensité.
Une
musée de Valenciennes (i), possède un curieux tableau, longtemps attribué à « Brueghel de Velours », donné depuis, notamment par Clément de Ris, à Hieronymus Bosch, qui pourrait bien être seulement de son imitateur Peter Huys. Le panneau est à double face. La première, consacrée à Saint Jacques triofnphant du Magicien, (2), est une interprétation fantaisiste de la légende de l’apôtre confondant le faux prophète Simon, tirée de l’Evangile apocryphe collection municipale française, le
d’Abdias, laquelle jouit d’une grande popularité pendant
Moyen âge
et
que plus tard Peter Bruegel
compositions, mais,
faut bien le reconnaître,
il
reprit
seconde moitié du
la
comme
motil d’une de ses
dans un sentiment
et
un
caractère
tout différents.
Le tableau du musée de Valenciennes montre, en haut, à gauche, au second plan, sur une éminence abrupte, un ermitage; au-dessous, un sentier, bordé d’arbres, que descend le disciple du Christ, nimbé, précédé d’un ange en longue robe blanche,
animaux
fantastiques.
vêtu, est assis sur
un
les ailes
hommes
et
droite,
R. VAN Bastelaer. Ouv.
(2)
Abdias.
du
Christ.
78
aux pieds du devin; un être innomable un second fume une longue pipe assis sur les
De
;
cit.,
tient
p. 236.
historia certaminis apostolici, libri
decem. Livre
I®r,
p. 12.
Imprimé à Bâle pour
la
le Christ, il se donne comme l’un des soixante-douze accompagné en Perse Saint Simon et Saint Jude. Or, ce contemporain des Apôtres cite dans un passage du V® livre du Commentaire d’Hegesype qui n’a paru que i3o ans après l’Ascension
fois
histoire
Magicien, luxueusement
qu’il
(1)
en i55i. Abdias prétend avoir vu
se vante d’avoir
son
le
sorte de trône abrité d’un dais et tient sur les genoux
volète au-dessus de sa tête
première
entre l’apôtre et l’ange rampent divers
sous un portique,
costume de moine se
diable en
;
explique à trois extraordinaires personnages, mi-partie animaux, couverts d’armures dont rien ne peut donner une idée; un
ouvert,
livre
une
A
éployées
disciples,
marches du trône
un
;
troisième, tout à fait à droite, au premier plan, cherche à
d’une coquille d’œuf tout en serrant dans une de ses pinces une bulle
sortir
munie de cachets. L’autre face du panneau figure, à la porte d’un couvent, des mendiants et des malingreux qui se houspillent et se battent; un estropié reçoit une lit
aumône qu’un
religieux lui tend par
une
fenêtre, tandis
son bréviaire assis auprès de la porte du monastère
;
qu’un autre religieux fonds sont occupés
les
par de hautes montagnes.
Chez
baron de Pontalba, à Senlis, se trouve, sous
le
allégorique,
une composition des plus
M. Salomon Reinach coloration, l’aspect,
de
est-elle
lui
(i),
difficiles
à définir,
qui, le premier, s’en est occupé.
l’œuvre rappelle
les
le
titre
ainsi
Par
le
de Concert
désignée par caractère,
productions de Hieronymus Bosch
ou d’un de ses élèves ou imitateurs
?
Qui pourrait
le
;
démontrer
la
mais ?
Le panneau montre un groupe de six personnages, hommes et femmes assis en plein champ, et chantant, gosier déployé, sous la direction d’un moine, l’œil fixé sur un livre à musique que tient ouvert devant lui un de ses compagnons. Tout à fait au premier plan se voient un joueur de guitare, de proportions réduites, assis sur un objet difficile à définir, quatre gallinacés, deux poulets et deux pintades probablement, puis un gros fruit au bout d’une branche. Le sol sur lequel la scène se passe affecte la forme et la couleur d’un œuf. L’œuf joue d’ailleurs un rôle important dans l’œuvre de Jérôme Bosch, servant d’ordinaire d’embarcations à des personnages naviguant dans ce peu confortable esquif
;
nous y reviendrons. Du tableau de la collection du baron de Pontalba il existe, au musée de Lille, une imitation à l’huile assez lointaine, cataloguée sous le titre
de l'Œuf.
M. Camille Benoit, à
un panneau en hauteur, peut-être un volet de triptyque, qui figure une barque voguant sur l’eau, pleine de passagers, incontestablement un souvenir de la Nef des fous de Sébastien Brandt (2), dont nous avons déjà parlé. D’un arrangement des plus curieux, la composition montre, contre
Paris, possède
une planchette chargée d’un gobelet
qui semble se quereller avec
(1)
un joueur de guitare placé en
face de lui
—
;
tout proche
—
cit.
Sébastien Brandt, né à Strasbourg en 1458, mort en
revint ensuite dignité de
la
Salomon Reinach. Tableaux inédits ou peu connus tirés de collections françaises, Levy et fils, Répertoire de peinture du Moyen âge et de la Renaissance, ouv. cit., p. 320. R. van
Bastelaer. Ouv. (2)
de cerises qui occupe
de l’embarcation, d’abord assis à droite, un long moine maigre,
partie centrale
Paris igo6.
et d’un plat
dans sa
ville
comte Palatin.
succès considérable
;
i
520 professa ,
natale remplir l’emploi de secrétaire de la ville
La Nef des
fous,
;
le droit
à Bâle en 148g;
l’empereur Maximilien l’éleva à
Narrenschiff, qu’il publia à Bâle en I4g4, eut immédiatement
elle fut traduite aussitôt
dans toutes
les langues,
notamment en
la
un
français, par Rivière,
en i4g7.
79
personnages vocifèrent
plus loin, derrière un tonneau, un autre personnage vomit dans l’eau, se retenant à un arbre planté dans la barque, tandis d’eux,
trois
;
grimpé sur une branche de cet arbre, absorbe gloutonnement le contenu d’une tasse un homme, monté à la cime d’un autre arbre surgissant du milieu de la barque, essaie avec un couteau de couper un fruit au premier plan, deux
qu’un
fou,
;
;
nageurs s’approchent,
premier s’accrochant aux flancs de l’embarcation,
le
le
second tendant une écuelle à bras tendus.
Maintenant ce panneau
ou imitateurs lui,
il
?
Nous ne
est-il
de Hieronymus Bosch ou d’un de
saurions rien affirmer
toujours
;
est-il
que
ses élèves
n’est pas de
s’il
a certainement été peint d’après une de ses œuvres perdues.
Revenons au musée de Douai qui renferme les Epreuves de Job et un Jugement dernier dont nous avons déjà parlé, et où se voit encore un panneau rond de o“'20 environ de diamètre, figurant une Sirène à sa toilette, portant au cou un collier auquel est suspendue une médaille elle tient un peigne d’ivoire de la main droite et un miroir convexe de la main gauche les fonds laissent apercevoir les tours et les diverses constructions d’une ville. Ce minuscule tableau, provenant de Escallier, est attribué par le catalogue de cette galerie à la collection du Cranach le Vieux, attribution des plus risquées aux yeux de MM. H. Hymans, Lafenestre, L. de Fourcaud et Wauters ce dernier voudrait donner la paternité ;
;
;
de l’œuvre à Marmion
M. Leroux,
;
professeur d’ Histoire de
académiques de Douai, ne verrait aucun inconvénient à
Hieronymus Bosch. Ce dernier
Nous avons
déjà, à
a-t-il
raison
maintes
et
le
l’art
aux
écoles
rattacher à l’école de
?
maintes reprises,
parlé des principaux
Hieronymus Bosch, plus ou moins exactement, plus ou moins fidèlement, par Jean Mandyn, Gilles Mostaert, Peter Huys, Cornelis Metsys, Jean Prévôt, H. Met de Blés, Frans et Jean Verbeeck, Frans Crabbe d’Fspleghem, Pier Aertsen, surnommé Pier de Lange (Pierre le tableaux copiés,
Long). sible
Il
de
reproduits d’après
imités,
en existe beaucoup d’autres disséminés de côté et d’autre
les
énumérer, de
les étudier
;
ce serait d’ailleurs
(i).
tomber dans
Impos-
d’inutiles
et fastidieuses redites.
que nous laissons de côté un certain nombre de tableaux plus ou moins un fragment de attribués à Hieronymus Bosch, tels: une Tentation de Saint Antoine, an musée d’Utrecht Jugement dernier, au musée germanique de Nüremberg; une Adoration des Mages, au musée de Turin; une Voir Maurice Gossart. Sainte Famille avec Sainte Catherine et Sainte Barbe, au musée de Naples, etc. (i)
C’est volontairement
;
—
Ouv. ayant
ment
80
cit.,
p. 46, — Pour
fait partie
de
Louis Janez van der Bosch, l’auteur du Verre
la collection
rien à voir avec
de
J.
avec des fleurs, peint à la détrempe,
C. de Bucker d’Einchorven, vendu â
Hieronymus Bosch.
:
la
Haye en
1662,
il
na
absolu-
l«iW«!M.i>üK
Tmsm
CHAPITRE
VIII
—
La Fuite Peintures de Hieronymus Bosch disparues ou détruites. Le Christ aux Limbes Le Portement de croix un EN Egypte ;
;
;
Moine discutant avec un hérétique un Prodige peintures a LA CATHÉDRALE DE BOIS-LE-DUC TABLEAUX A AnVERS, A BRUXELLES, EN Espagne autres tableaux. Les Drôles. ;
;
;
;
Nous savons que Hieronymus Bosch a
De
malheureusement depuis longtemps. gravures
idée par les il
nous reste
les
signalons d’abord ceux vus et
Amsterdam
:
une
nombre de tableaux disparus pouvons .nous
certains nous
reproduisant, dont
les titres et parfois
peint
il
une
sera question plus loin. D’autres
une succincte description.
Au nombre
énumérés par Carel van Mander
Fiiite en Egypte,
faire
où Marie, montée sur
(i)
;
de ceux-ci d’abord, à
l’âne, porte
l’
Enfant-
que Saint Joseph demande un renseignement à des qu’au second plan des bateleurs font danser un ours devant une
Jésus dans les bras, tandis
paysans et
auberge
;
un Christ délivrant
de l’Evangile apocryphe de
les patriarches
Nicomède
(3),
enfermés dans
dans lequel
le
les
limbes ( 2 ), inspiré
peintre avait représenté
Judas essayant de s’échapper et retenu par des diables à l’aide d’un lacet qui
un Portement de croix très noblement interprété, fait observer l’historien ensuite, à Haarlem, chez un amateur du nom de Jean Dietringh, un Moine discutant avec un hérétique et faisant précipiter au feu les livres de ce l’étrangle
;
;
(1)
Carel van Mander. Ouv.
(2)
De
cit.
cette composition, peut-être conviendrait-il
de rapprocher
le
dessin de la Descente de Jésus aux
plume par Peter Bruegel, en i56i, en vue de la gravure burinée par Pierre van der Heyden, éditée par Jérôme Cock, où figure le casque empanaché dont nous trouvons de nombreux croquis dans un dessin du maître récemment retrouvé au musée du Louvre dont nous parlerons plus loin et aussi le portrait de Jérôme Bosch gravé par H. Hondius dont les fonds reproduisent des détails du dessin de Peter Bruegel. Voir R. van Bastelaer. Ouv. cit., p. 235-236. (3) On a, sous le nom de Nicomède, un Evangile apocryphe composé probablement au V® siècle. Il limbes,
exécuté à la
—
renferme de le :
la
le récit
de
la
:
Descente du Christ aux Enfers, duquel
est tiré le tableau
de Jérôme Bosch. L’auteur
préface de l’Evangile, qui en est sans doute l’auteur, prétend l’avoir traduit, sous le régné de
Théodore
Grand, du texte hébreu attribué à Nicodème.
Il
Si
dernier et
le sien,
qu’une intervention divine
tation à! Un prodige
où un
roi et d’autres
rejette
du
brasier
;
puis la représen-
personnages tombent à terre de
frayeur,
à son apparition. J. B. Gramaye (i) écrit avoir vu dans la cathédrale de Bois-leDuc la Création du monde, X Histoire d'Ahigdil prosternée devant le roi David :
pour rendre hommage à sa 7nère Bethsabée, dans la chapelle de X Illustre Lieve Vrouwe Broederschap X Adoration des Rois, sur l’autel de la Vierge le Siège de Béthulie, le Meurtre dHolopherne, la Fuite des Assyriens, Mardochée et Esther et le Triomphe du peuple juif sur l’autel de
et
Salomon
se levant de son trône
:
;
Saint Michel.
Un
triptyque provenant de cette
même
son panneau central, X Entrée du Christ à Jérusalem et la Résurrection, en était disparu bien avant la
cathédrale, montrant, sur
et,
sur ses volets,
visite
de
J.
Nativité
\2l
B. Gramaye à
Bois-le-Duc, puisqu’il figurait dès i585 dans la cathédrale de Bonn,
comme
en
un inventaire de cette basilique dressé en iSSq par le chanoine Gerhard de Haen. Parmi les tableaux détruits à Gand, lors des troubles religieux sur-
fait foi
venus dans
dans
cette ville en i556, se trouvait,
Portement de Croix de Hieronymus Bosch l’archiduc Ernest
(3),
de Sainte-Pharaïlde, un
Les comptes de
(2).
la
Maison de
établis à Bruxelles par son secrétaire intime Biaise Hütter,
de i5g3 à i5g5, publiés par
un Crucifix avec
l’église
le D’^
Coremans, énumèrent deux tableaux du
maître,
Limbe des Patriarches, au-dessous, acquis le 14 décembre Sicîit erat in diebus Noe, le 1594, pour 106 florins 40, et un second intitulé 28 janvier iSçS, pour 53 florins 20. Le premier de ces deux tableaux semble celui que Carel van Mander (4) vit à Anvers, à moins que ce n’en fût qu’une le
:
Les Archives allemandes de Bruxelles notent également
répétition.
peintures
et,
en plus, une troisième figurant des Chirurgiens et médecins extrayant
tme pierre de par
le
maître.
d'un malade, sujet fréquemment
la tète
Dans
que
thèque
82
testes,
un Banquet de noces
cette dernière n’est pas
Dans
le
cabinet
«
de
lui,
Gramaye. Ouv.
Marc van Waernewijk. Ouv.
(3)
On
»,
»
et
et
ce qui veut dire
mais simplement une imitation de sa manière. dispersé en i794> figuraient
cit.
trouve en outre dans les archives allemandes à Bruxelles, en deux inventaires de
du cabinet de
l’archiduc, les mentions suivantes
3o. Crucifix sur sa base.
(4)
Carel van Mander. Ouv.
(5)
PiNCHART. Messager
:
Chirurgiens et médecins extrayant une pierre de .
(5) se rencon-
cit.
N° N° N°
29
nous savons,
des grandes figures faisant des grimazes
du chanoine Wauters de Bruxelles,
(2)
g.
Rubens
à la façon de Jeronimus Bos
(1)
et
comme
Hieronymus Bosch, une Tentation de Saint Antoine
deux peintures estant de
aussi
traité,
l’inventaire des objets d’art laissé par
trent trois peintures de «
ces deux
Sic erat in diebus Noe, de
Jérôme Bosch
Le Limbe des
la tête
;
patriarches,
du même.
cit.
des Sciences
d’un malade de H. Grosch
de Gand, i858, p. i65.
;
la Biblio-
i
deux Tentatio 7is de Saint A^iioine sous le nom du peintre de Bois-le-Duc. Enfin l’Anonyme de Morelli (i), dans son Jozirnal de voyage, écrit avoir vu en i52i, au
Grimani à Venise, un Enfer, des Diableries
palais
Forhme
désignation
dans
les
de
disparues
de productions
la
notre
à côté d’autres,
peintre,
ou au musée du Prado. Ce sont d’abord des
M.
Aveugles chassafit tme truie que, d’après
L. Maeterlinck
de rapprocher d’une des trois tapisseries de la
y aurait lieu Couronne d’Espagne dont nous
hommes d’armes
essayant de barrer
luttant avec
un
il
(3),
parlerons plus loin, reproduisant des Episodes de la vie de Saint
terre,
que
documents d’archives d’Espagne que nous trouvons
encore aujourd’hui à l’Escurial
voit des
ainsi
(2)
Baleine engloutissant Jonas, dues au pinceau de Hieronymus Bosch.
et
C’est surtout la
Visions
et
Antome, où
l’on
mendiants couchés par
sanglier, et des
chemin à Saint Martin passant à cheval, motif d’une
le
du maître, assez différente, d’ailleurs puis Detix Avetigles, se soutenant l’un l’autre, avec une femme également aveugle (4); une Da^tse à la mode de Ela^idre et une Sorcière « débarbouillant un personnage » qui, avec la
autre composition
Cure de
la folie et le
sion de Felipe
au
;
Char de
foin, avaient été acquis
comme
de Guevara,
en témoigne
l’acte d’achat fait
à la veuve et
de ce gentilhomme, daté du 16 janvier iSyo, conservé aux archives de
fils
Simancas
(5).
de X Eléphant
Viennent ensuite un Voyage
armé qui
dressé le i5 avril
de
la
de 1614,
d’abord
dît
Christ aux Enfers
et
furent envoyés à l’Escurial, nous apprend
même
année.
chapitre des gravures d’après le
De
XEléphaitt
armé
il
une esquisse
un inventaire
sera question au
Les inventaires du palais du Pardo
maître.
i653 et 1701 mentionnent huit autres peintures également disparues
un triptyque de
la
Tentation
vanneau central, l’anachorète tenant un es
par Philippe II de la succes-
volets.
Saint
Antome à
Antoine une cloche à la Fête de carnaval; est-ce
de Saint Antoine livre,
:
montrant, sur son
l’Enfant Jésus à ses côtés
sur
;
accompagné du divin enfant, et Saint main ; ensuite une copie des Délices terrestres ; une celle dont parle Vasari ? (6). un Mariage et une Orgie genotix,
Jacope Morelli. Ouv. cit. Sous ces désignations il conviendrait probablement de voir les tableaux de Hieronymus Bosch ujourd’hui au musée impérial de Vienne. (3) Louis Maeterlinck. Le genre satirique dans la peinture flamande. Ouv. cit. (4) Dans l’inventaire des meubles de la maison de Granvelle de Besançon, dressé en 1667, publié lar Aug. Castan, dans les Mémoires d’archéologie, à la réunion des Sociétés Savantes des Départements, à la 'Orbonne en 1866, on lit « Deux aveugles qui se meinent l’un l’aultre de Breughel, d’haulteur d’un pié et douze poulces et emy, large de deux pieds quattre polces, moulure noire ». (1)
(2)
:
Ne e
s’agirait-il
pas du tableau dont
Dn Felipe de Guevara en 1576
et
il
indiqué
est question ci-dessus, acheté
comme
suit
:
Dos
par Philippe II à
ciegos que guia el
uno
el
otro
la
succession
y detras una
Deux aveugles guidés l’un par l’autre et suivis d’une femme également aveugle. Vente consentie par Dona Beatriz de Haro viuda de Guevara et Don Ladron de Guevara, Don Felipe de Guevara, commandeur de Santiago. (6) Vasari. Ouv. cit.
lujer ciega. (5)
e
83
fils
avec des figures ridicules, Retire,
dans
les
«
dernières
écrit
Cean Bermudez
XVIIP
années du
(i),
qui a vu
siècle
;
tableau au Buen
le
X Homme sur la glace,
un des inventaires en question, un homme qui avance sur la glace une Tète de cheval mort décharnée » un Enfant monstrueux que sa mère enveloppe dans un manteau, portrait, d’après Argote de Molina (2), d’un phénomène né en Allemagne qui paraissait à sa naissance avoir l’âge de sept ans. représentant, dit ;
;
N’est-il pas étrange, cet attrait des souverains espagnols
de nature Philippe tion,
En
?
IV
deux
pour
ces résidus
plus des figurations des nains et des idiots brossées par Velâzquez,
avait fait placer, toujours au
toiles qu’il avait
commandées à
Buen
Retiro, sa résidence de prédilec-
Carrefio
(3),
portraiturant, la première,
revêtue d’un costume des plus riches, agrémenté de ganses et de galons
répugnante
fillette,
sorte de géante; la seconde, le
même
être,
d’or,
une
complètement
nu,
avec son ventre proéminent, ses bras trop courts, ses énormes cuisses boudinées, ses
jambes arquées
et ses pieds
en dehors.
Revenons à Hieronymus Bosch après X Enfant monstrueux vient un Gros souffleur : des Aveugles, ou plutôt un vieil aveugle conduit par un autre aveugle qui lui tient la robe, et le Tribunal suprême, « grande toile peinte à l’huile où la Justice amène un homme arrêté et où la femme du bourreau paraît à cheval ». Il est difficile d’admettre que ce dernier tableau soit de Hieronymus Bosch ce serait ;
;
exemple d’une peinture de
peut-être le seul
lui
sur
toile.
Il
est vrai
que
divers
écrivains veulent qu’il ait aussi bien peint sur toile que sur bois et que
plus de fragilité de la toile qui
le
soit arrivée jusqu’à nous.
Dans un
fait
Ce semble
qu’aucune de ses œuvres exécutée
difficile
ainsi ne
à admettre.
dernier inventaire de l’Alcazar de Madrid, dressé sous Philippe III
de i636, on trouve mentionnés cinq derniers tableaux de notre
et daté
c’est
artiste,
un Saint Christophe traversant une rivière avec différentes figures un Incendie ; un second Saint Christophe « vêtu d’une robe jaune et d’un manteau rouge et, derrière lui. Saint Antoine avec un bâton, une couronne de roses et une lanterne », et plus loin, au dernier plan, un château en flammes dont
ne reste plus trace
il
:
;
;
une Tentation de Saint Antoine, taire,
«
?
Enfin,
un Sorcier
et
une
au-dessus, une tête d’animal mort
Que (1) (2)
»
seraient-ce pas les volets
Maison avec une
vieille
sur
la porte
»
(4).
sont devenus ces tableaux ainsi qu’un Saint Martin entouré dune
Cean Bermudez. Ouv. cit. Argote de Molina. Ouv. cit.
U
3)
Au musée
Intérieur
«
Ne
cet inven-
Artiste. Janvier 1894. P. Lafond. Carrefio portraitiste. un tableau de Brascassat inspiré par la même idée, intitulé de Toulouse se trouve (4) surde sorcière, montrant dans une sorte de cuisine une vieille femme assise devant une chemmee (
montée d’un crâne de cheval sans peau
84
de nuit, faisant, toujours d’après
penser au Saint Christophe traversant la rivière.
d’un triptyque et,
effet
.
ni muscles.
du même sujet et la composition de Caresine et Charnage, mentionnés dans d’autres inventaires ? Il est à croire qu’ils ont été brûlés lors de l’incendie du Palais royal de Madrid. Que sont également devenues les compositions du Jouetir de Cornemuse dont le JoueiLv deux
multitude de pauvres,
de Cornemuse mlé,
i
esquisses
Huys, du musée de
de Pierre
Stettin,
Joueur de
et le
femme, du même Peter Huys, du musée de Bruxelles, ne sont que des réminiscences, du Christ mené au Calvaire, gravé dans l’officine de Cock, du Jîigement dernier, gravé par Alart du Hameel ? Notons encore, dans un inventaire des biens laissés à sa mort par l’évêque de Siguenza, D” Juan Manuel, en iSqS, dressé par le peintre Gregorio Martinez en qualité d’expert, un tableau de Jérôme Bosch, représentant un Marchand de Cornemuse
(i).
soufflets
:
et sa
En
Hieronymus Bosch, des anciennes
ces différentes peintures perdues de
résidences royales d’Espagne,
dans
ayant appartenu à l’évêque de Siguenza,
celle
dans d’autres que nous ne pouvons signaler que par la seule mention de leurs
nous aurons l’occasion de
grâce à leurs interprétations gravées,
dont,
titres,
nous occuper un peu plus l’œuvre de
Peter Bruegel
on trouve
loin,
Tant
(2).
pis
genèse d’une grande partie de
la
celui-ci
si
nombre de tableaux dus au pinceau de Bruegel
Hieronymus Bosch
y perd.
ont
que
vrai
est
Il
en compensation,
été,
du musée de Bruxelles (3), dont la signature a été récemment retrouvée le Triomphe de la mort, du musée du Prado (4), la Sorcière arrivant att sabbat du musée de Rouen (5), ce dernier, sinon de lui, tout au moins brossé d’après sa gravure attribués à
témoin
;
:
la
Chute des anges
rebelles ;
Ira.
Mais ce qui
plus ou moins
tableaux,
Comme où
il
le
est hors
de contestation,
c’est
que
les sujets
de ces différents
modifiés, sont empruntés au maître de Bois-le-Duc.
notre Molière, n’en déplaise à ses panégyristes, Bruegel prenait son bien trouvait. Il est vrai qu’alors ces
mendiants
et les autres
emprunts
étaient admis.
personnages faméliques des peintures
et
Les miséreux,
des gravures de
Bruegel appartiennent au moins autant à
Hieronymus Bosch qui avait tracé C’est
«
(1) el
otro
En
»
Ses
c’est
Tentations de Saint Antoine
lienços del follero con susmarcos,
el
uno de Pedro de
Don Juan Manuel.
— Voir
:
J. s.
frissa
y
Marti y Monso. Estudios
historico-artisticos relativos princi-
d. p.
Oest, 1908, No 7g, p. 26. P- de Madrazo. Catalogo de los cuadros del
museo del Prado de Madrid, ouv. E. Lebel. Musée de Rouen. Catalogue des ouvrages de peinture, dessin,... 1890, No 56 p. 8. Arrivée d’une sorcière au sabbat, catalogué sous le nom de Jérôme Bosch. (4)
I
—
;
A.
(3)
I
premier
lui
R. VAN Bastelaer. Ouv. cit., p. 34, 68 et 70. J. Wauters. Catalogue historique et descriptif des tableaux anciens du musée de Bruxelles,
(2)
Van
Hieronymus Bosch qu’à chemin où il s’est engagé.
Inventaire dressé par le peintre Gregorio Martinez des biens laissés par l’évêque
palmente a Valladolid. Valladolid, Minon,
3 e éd..
le
Dos
Vallid, 2 Agosto, iSgS.
de g“o Bosque...
de Siguenza,
I
Hieronymus Bosch,
le
les
(5)
cit.
N“
1221, p. 217.
Lecerf, J.
Rouen,
,
85
en font
de
—
nous ne saurions assez y insister qui a, dans les manifestations donné une place à ces monstres, à ces malheureux rencontrés alors de
foi,
l’art,
tous côtés dans les Flandres et les provinces néerlandaises, que d’infâmes exploiteurs, à l’aide d’opérations chirurgicales, arrivaient à rendre hideusement diffor-
mes, dans
le
but d’exciter
la
compassion publique. Ces boiteux, ces bancals,
culs-de-jatte, ces aveugles étaient légion
maniaques,
les
les possédés,
;
non moins nombreux
les hystériques,
les névrosés,
les
les
ces
hallucinés,
épileptiques. Ces
Hieronymus Bosch les a étudiés avec une pénétrante sagacité. a rendu à merveille les mouvements incohérents des uns, les poses rigides des
résidus humains, Il
autres
en ce genre, ces interprétations sont d’une précision scrupuleuse
;
premier peintre qui
Il est le
ait
des miracles n’a aucun secret. les
malingreux,
songé à ces malades mystérieux pour qui
Il
connaît à merveille les capons,
les orphelins, les
mercandiers, les callots,
les
courtauds, les polissons,
les
Ce
époque.
serait
Hieronymus Bosch que Victor Hugo a rencontré «
faux soldat défaisant
préparant avec du sang de
dégonflant»,
le
Les drôles,
pu
croire,
le
l’art
à croire que
ces sujets
du
roi
»,
le
d’Egypte: «
prenant
une
leçon
d’épilepsie»,
«
ne surgissent pas,
de Merlin Coccaie
(3),
»
se
«vieux
le
(i).
comme on
à Lyon, séjour de Rabelais, ni à Strasbourg, où
le
malingreux
jambe du lendemain, l’hydropique
Renouvier ( 2 ),
la patrie
chez
c’est
aurait
écrit Sébastien
mais à Bois-le-Duc
».
Hieronymus Bosch a tracé la voie suivie après lui par les maîtres flamands et hollandais, non seulement par Bruegel, mais encore
ces figurations
petits
par
les
Ostade, Deniers, Craesbeeck, Jean Steen,
peintres
etc.
Au
delà des Pyrénées,
espagnols Ribera, Velâzquez, Alonso Cano, Carreno
avant tout de
réalité,
reproduire des
idiots,
XV«
sa
les francs-mitoux,
d’écumer en mâchant un morceau de savon
écrit Jules
Brandt, ni à Mantoue,
En
hubin
«jeune
sabouleux enseignant
bœuf
Cour
les riffaudés, les hubins,
bandages de sa fausse blessure
les
la
narquois, toute cette hiérarchie de
les
drilles,
pullulaient à son
malfaiteurs qui
et avertie.
se
firent
et autres,
les
épris
eux aussi une sorte de point d’honneur de
des contrefaits, des grotesques et des nains.
(1)
V. Hugo. Notre-Dame de Paris, ouv.
(2)
Renouvier. Histoire de
cit.,
tome
pr, livre II, ch. IV.
l’origine et des progrès
—
de
la
gravure aux Pays-Bas jusqu’à
la fin
du
Des types et des manières des maîtres graveurs, Montpellier, 1854. Théophile Folengo, moine bénédictin, né à Mantoue en 1491, mort en 1544, mena une vie assez dissolue. Sous le pseudonyme de Merlin Coccaio, il a publié une Histoire macaronique où il mêle le latin, l’italien et divers patois; cet ouvrage, qui jouit longtemps d’une grande célébrité, a été traduit en français siècle, Bruxelles, 1860.
3 ( )
quelques années après son apparition, à Venise, en iSiy.
86
r
s
CHAPITRE
IX
—
Croquis de mendiants une Fête de Carnaval; Croquis divers; la Barque naviguant; autres Croquis; LA Vierge et Saint Jean au pied de la croix la Tentation de Saint Antoine la Danse de paysans Dessins faussement attribués au maître; Cartons pour les tentures des Délices terrestres, de la Vie de Saint Antoine; Sculptures de la cathédrale de Bois-le-Duc.
Dessins de Hieronymus Bosch.
;
;
;
Comme
il
;
fallait s’y attendre,
plus rares, presque tous traités à la est difficile,
pour ne pas dire plus.
trois dessins,
les
Hieronymus Bosch sont des
dessins de
plume. Décider de leur parfaite authenticité
A Vienne,
la
Bibliothèque Albertine renferme
à la plume, qui semblent bien être de
lui,
une
feuille
de Croquis de
mendiants, d’infirmes, de malingreux, d’écloppés, de béquillards, de culs-de-jatte et
de drôles, dans toutes les postures, toutes les attitudes, sous tous les aspects
;
une Fête de Carnaval où, dans une cuisine brabançonne, des paysans et des paysannes se divertissent vaste
:
une
vieille
femme
fait
cuire des crêpes au feu d’une
cheminée surmontée de l’image du hibou voyageur
est assis
à ses côtés
;
d’autres personnages exécutent
;
un gros bonhomme
une sorte de charivari auquel
un gros bonhomme apparaît à une fenêtre ouverte, soufflant dans une espèce de flageolet pointu à grosse embouchure ronde deux autres musiciens s’escriment, l’un avec un soufflet, l’autre, une vieille femme, avec des pincettes qu’elle frappe sur un gril à droite, une autre femme, à l’extravagante coiffure, rase un paysan assis sur un panier renversé au tout premier plan, un petit chien, le bonnet de fou sur les oreilles, danse en se tenant sur les pattes de derrière. Ce dessin, véritable genèse de la plupart des compositions des petits maîtres flamands et hollandais, a été signé après coup du nom concourt
un
guitariste
;
;
;
;
de Bruegel qui
assez
l’a
d’ailleurs pillé.
Le troisième dessin de la Bibliothèque Albertine représente d’une façon sommaire ce n’est qu’un croquis hâtif Deux femmes, l’une agenouillée.
—
—
87
frappant à tour de bras, à l’aide de battoirs, un être ou un objet informe placé au-dessous d’elle l’autre portant, semble-t-il, un paquet sur l’épaule droite. ;
A
l’Académie des Beaux-Arts se voit un dessin à
plume, attribué à
la
Jérôme Bosch, représentant une Barque occupée par de nombreux passagers, exactement dix. L’un a la tête passée dans le mât, un autre y monte, un autre est pendu à l’avant, trois autres, à gauche, apparaissent dans des flammes, etc. A Paris on trouve, au musée du Louvre, quatre dessins, à la plume, donnés au maître. Le premier, exécuté sans doute en vue d’une
menus croquis où
Antoine, est une réunion de
diables, des personnages fantastiques, des
Tentation de Saint
l’on voit le vieil anachorète, des
animaux,
etc.
Des
trois autres, le plus
beaucoup figure une nouvelle Barque pleine de passagers (i), reproduction identique au tableau de la collection Camille Benoit que nous avons
important de
Au
décrit plus haut.
que
lieu
du
ce dessin ait été la première idée
tableau,
il
semblerait plutôt qu’il ait été exécuté d’après lui et très probablement, dans ce cas,
ne serait pas du maître. Les deux autres, récemment retrouvés par M. Demont,
Conservateur à
grande galerie française, qui a bien voulu nous
la
connaître, se trouvent au recto et au verso de la
un Charlatajî exécutant
ses tours d’escamotage devant
qu’à sa gauche une jeune est
couché à ses pieds
;
même
femme debout
l’autre,
un public
un chien en
tient
fait
un chariot
Ces deux dessins n’ont beau
et
sa partie avec
un
A Femme autre
Londres,
ils
n’en sont pas
soufflet
que de simples croquis
le
British
moins d’un
Muséum
(2)
;
se montrant à
une
variées.
pris en
utilisées
et les
vue de
pour des
faire précis et serré.
possède un dessin, à
à l’aide de pincettes sur un gril
fenêtre,
vieille,
haut
le
la
plume, de
rasant un paysan assis sur un panier renversé avec, à sa
femme frappant
l’un,
qu’un singe
de nombreux casques à visières
être
:
faire
émerveillé, tandis
laisse et
compositions futures, des notations rapides destinées à être tableaux en projet,
montrent
une sorte de Concert charivarique où une
déjà vue dans la Fête de Carnaval, côtés en sont occupés par
feuille et
les
et,
droite,
à sa gauche,
le
la
cette
paysan
dans une sorte de flageolet recourbé à
soufflant
grosse embouchure, épisode de la Fête de Carnaval de l’Albertine de Vienne.
Dans
Murray, appartenant aujourd’hui à la galerie Pierpont Morgan, se trouve une Réunion de dix figures sur une même feuille
C. Fairfax
l’ancienne collection
signée
:
«
Bosch
»
;
à l’Université d’Oxford,
trente-six croquis, exécutés à la
feuilles
renfermant
plume, de Personnages grotesques, de miséreux,
de bancals, d’estropiés, d’êtres fantastiques, de des pattes d’oiseaux, sur des
deux
membres
d’insectes,
têtes fichées sur des jambes, sur
d’animaux plus ou moins
réels.
seconde vente du marquis de Valori effectuée par l’expert Loys Delteil en février igo8. Elle était cataloguée sous le nom de Langel ? (2) Dr Waagen. Galleries and Cabinets of Art in Great Britain. London, iSSy, t. IV, p. 40. (1)
88
Cette feuille de dessins provient de
la
il.
i.
/;
iAjj'f
J
1
I
Le Cabinet des Estampes de Dresde a recueilli trois dessins attribués à Hieronymus Bosch, deux à la plume une Vierge et Saint Jean au pied de la croix et Deux Jigures fantastiques ; l’une, à gauche, consiste en une tête barbue l’autre, en couverte d’un voile, juchée sur une patte de lion et une patte d’oiseau :
;
d’homme montée
un corps de volatile que chevauche une sorte de belette à bras humains; enfin, un croquis au crayon àç. Deux personnages féminins La Pinacothèque de Munich affrontés, certainement une esquisse de vitrail. une
tête
sur
possède une Vierge en vêtements de religieuse, longue figure émaciée appuyée sur
du côté opposé, probablement vers la croix, car ces deux figures semblent avoir été dessinées en vue d’une Crticifixion. Au Cabinet des Estampes de Berlin, provenant de la collection Suermont, figurent, à la plume, une Tentation de Samt Antoine où, au milieu de la feuille, dont le haut est occupé par un village enfoui dans la verdure, le vieil anachorète est assis et bénit de la main droite, entouré de ses tourmenteurs ordinaires, et une Danse de Paysans(i) signée Jer. Bosch. Ce dernier dessin est d’une vérité d’expression et d’un naturel saisissants. La scène a été rendue telle que son auteur l’a vue, un jour de fête, dans un village des environs de Bois-le-Duc, avec ses villageois et villageoises dansant devant leurs chaumières au son de la cornemuse et du tambourin d’autres paysans se pressent à la porte d’un cabaret ou sont assis sur des futailles contre ses murs un couple devise au pied d’un chêne deux femmes aident à marcher un ivrogne aux pas chancelants une autre femme soutient par le dos un second ivrogne, qu’une nécessité pressante a forcé à s’arrêter contre un arbre. Le paysage, avec ses fermes, le clocher de son église à droite, un canal à gauche, est gai, reposant, chose rare dans l’œuvre du maître comme la Fête de Carnaval, ce dessin a tracé la voie aux Ostade, à Deniers, à Jean Steen, etc. (2). D’autres dessins, en assez grand nombre, sont attribués à Hieronymus Saint Jean, assis au-dessus d’elle, regardant
;
;
;
;
;
Bosch
mais
;
la plupart
de ces derniers sortent
très
probablement de
l’atelier
de
Bruegel ou de l’officine de Jérôme Cock.
Arrivons à une suite de tapisseries faisant partie de
la collection
Couronne d’Espagne, conservée au Palais royal de Madrid, dont au moins, appartiennent à
(1) boiteux
de Jérôme lui,
ni
A
convient de rapprocher ce dessin des Danses de paysans gravées par
même
Pour Alart du
l’Institut Jovellanos, à Gijon,
Bosch
une Femme
avec
que
la
contrefaçon.
—Voir
:
Beham
et
des Danses de
R. van Bastelaer. Ouv.
cit.,
en Espagne, se trouvent deux dessins catalogués sous
un enfant dans
les
bras et
un
Saint Paul
ermite
;
mais ni l’un ni
l’autre
le
p. i6.
nom
ne sont
de son école.
le
soi-disant portrait à!Alart du Hameel portant l’inscription
:
«
Ætatis 55, anno i5o4, Meester
il y a quelques années, au Heeswyck, près de Bois-le-Duc, propriété du baron van den Bogaede van ter Brugge, il
Hameel landmeester van der Bosch. Jeronimus Bosch fecit
vieux château de est
:
tout
les sujets,
Jérôme Bosch.
peintes par Cornelis Metsys qui n’en sont (2 )
de
Il
de la
»,
retrouvé, paraît-il,
manifestement faux.
12
89
Ces tentures sont au nombre de quatre.
La première
une interprétation d’une exactitude à peu près absolue du triptyque des Délices terrestres du monastère de l’Escurial avec ses deux volets de
la
Création de
Les
est
r homme
et de la
de \ Enfer.
et
Episodes de la vie de Saint Antoine. Départ de Saint Antoine pour la retraite, montre
trois suivantes représentent des
La seconde au milieu de de franchir
la
tapisserie, le
composition l’anachorète à cheval, sortant d’une
la porte, assailli
et essayant
dont
ville
vient
il
par une foule d’estropiés, de bancals, de béquillards,
de gueux de toutes espèces qui
l’aumône
femme
rampent à
crient, gesticulent,
de l’empêcher de passer, ce dont
il
terre, lui
demandant
ne semble guère
.
s’in-
que plus loin, au second plan, à gauche, dans une sorte d’arène, des hommes armés luttent contre un sanglier colossal attaché par une corde à une
quiéter, tandis
aux applaudissements des
patte, qui les culbute,
d’un château, des gens attablés font
salle
A
spectateurs.
ripaille,
droite,
i
l’extérieur,
foule essaie d’entrer de force.
La quoique
par
troisième tapisserie. Saint Antoine tenté
le
les
démons, ainsi désignée
cénobite n’y semble pas figurer, rappelle jusqu’à
Char de foin de est
la
boivent, mangent, d’autres
défoncent des tonneaux, roulent à terre, se battent, tandis que, de
une
dans
l’Escurial.
On
occupé par de répugnants
certain point
y voit une voiture chargée de foin dont
et d’horribles êtres qui n’ont rien
de deux chevaux, l’un monté par son conducteur.
De
nombreux épisodes
char
des religieux avoisinent
:
un
le
le
le
sommet
d’humain,
attelée
tous côtés se déroulent de des
;
à cheval
rois
(i)
s’avancent à la tête d’une armée; un prêtre tient un calice qu’une multitude
vénère
des voleurs pillent des marchands
;
;
I
i
des estropiés courent s’aidant de leurs j
béquilles; la
mort perce d’une
un malheureux à
flèche
terre, etc.
trouvent circonscrites dans une sorte d’écran en forme de cercle
une figuration du monde de laquelle volètent sentant la
(2)
—
trois anges,
dont
le
Ces scènes
—
|
sans doute
manche, consistant en une croix autour
occupe l’angle supérieur droit d’un carré
mer ou l’embouchure d’un
se
fleuve et
un bout de
ciel.
De
repré-
cette eau
surgissent des poissons fantastiques. L’un de ceux-ci, de sa gueule ouverte, lance,
au milieu de flammes, une nuée d’oiseaux
;
en bas du cercle
un monstre marin, aux yeux phosphorescents,
Derrière les
(1)
de
la
rois,
un écuyer également à cheval
tire
tient
Maison de Bourgogne, ce qui donnerait à supposer que
par
les
terrestre, à droite,
jambes un gros
un fanion timbré de
la tenture a été tissée
l’aigle
bour-
à deux
têtes
pour un membre de
cette famille. (2)
traverser
le
Il
convient de rapprocher cette pièce du tableau de l’école de Joachim Patenier
monde, faisant partie de la galerie le
en
parvenu à
sort, à droite,
du prince de Salm-Salm,
globe du monde, surmonté de
Albert Durer, où
l’âge
:
Comment
doit-on
dont les figures sont empruntées a gauche, par un jeune homme, qui
la croix, est traversé, à
mur.
90
D
i
I
î
I
I
-,
geois
endormi
;
à gauche, des diables saisissent et emportent dans une barque, qui
un moine,
contient déjà
La quatrième agenouillé,
d’autres malheureux.
au milieu de de
tandis qu’autour
au mont
Colzin,
yeux levés vers
le ciel,
tenture représente Saint Antoine en prière la scène, les
mains
jointes, les
en des proportions réduites, s’agitent, grouillent, gesti-
lui,
sans qu’il s’en émeuve
culent et se contorsionnent,
le
moins du monde,
ses
femmes nues, démons, animaux, monstres hybrides, etc. Au second plan coule une rivière bordée de prairies, de rochers abrupts, que dans cette rivière, des femmes se baignent sur ses rives, franchit un pont tortionnaires ordinaires
:
;
;
des gens sont paresseusement couchés, auprès d’une table chargée de victuailles
un moine lutine une commère; sur
Au
le
;
des gens portent des fardeaux et
pont,
campagne plantée d’arbres et parsemée de chaumières. Notons que le vêtement du Saint est marqué sur l’épaule du T énigmatique (i) que nous avons déjà signalé sur le capuchon du Saint Antoine de la Tentation du musée du Prado, à Madrid, sur celui de cette se battent, etc.
dernier plan s’étend une riche
propriété, à Paris,
autre Tentation,
Les motifs de ces tapisseries tablement à Jérôme Bosch.
La
triptyque des Délices terrestres. vie de
de M. Ch. Brunner, sur d’autres encore.
— nous l’avons dit — appartiennent incontes-
première, inutile d’y revenir, est identique au
Les
trois autres, consacrées
à des Episodes de la
Saint Antoine, sont-elles des reproductions d’œuvres perdues du maître ou
seulement des imitations ou des adaptations de son style et de sa manière serait peut-être
imprudent de se prononcer.
même, nous
Il
Si nous nous en rapportions à la
de rendu du triptyque et jugions que
fidélité
?
les
autres aient été exécutées de
Remarquons, en passant, que celles-ci ont été inversées et qu’il n’en a pas été de même pour les Délices terrestres. Dans cette tapisserie, l’ouvrier ne s’est pas donné la peine de mettre son ne
pourrions guère en douter.
ouvrage à l’envers sur modèle,
tel qu’il lui
métier, mais s’est contenté de reproduire directement son
le
avait été remis, ce qui fait
que
les
de la main gauche, les actions qu’ils exécutent de la
Rien de semblable dans
Ces pièces dont
la
moyenne de 3“8o, à part sur la j
1
même
les
personnages accomplissent,
main
droite dans le tableau.
Episodes de la vie de Saint Antoine.
hauteur moyenne est de 2“8o sur une largeur également celle
des Délices terrestres qui mesure 4”^8o de largeur
hauteur, sont encadrées dans une riche bordure en forme de portique
dont l’entablement est agrémenté de fleurs et de fruits et dont les deux colonnes à chapiteaux
d’angle,
(i)
les
En
Hébreux,
bords du
ce
les
Gange
T
faut-il voir
Chaldéens, ?
les
corinthiens
et
à fûts carrés,
une figuration du Tau,
le
montrent également des
signe de l’absolution et de la rédemption chez
Grecs, que l’on retrouve sur les hiéroglyphes égyptiens, jusque sur les
guirlandes de fleurs et de fruits reposant sur une base classique.
Disons encore que
colonnes, d’autres feuillages ont été placés. la
des Délices terrestres présente, en plus,
pièce
cannelées, séparant la partie centrale
d’un atelier bruxellois de architectonique en
la
fait foi.
seconde moitié du
Le
tapissier, fidèle
le
delà des
portique de
deux colonnes cylindriques
du triptyque de
Ces tentures sortent incontestablement d’un
Au
ses volets.
flamand, probablement
atelier
XVP siècle,
comme
leur décoration
observateur des règles de son
art,
qui demande, en plus d’une ornementation toujours riche et brillante, de ne point laisser vide
un
seul coin de la tenture, toutes les fois qu’il en a trouvé l’occasion,
a diapré de couleurs variées et éclatantes
les plantes et les fleurs qu’il
y a semées
à profusion, enjolivé de broderies et de fioritures les étoffes qui s’y rencontrent. Il conviendrait maintenant de dire quelques mots des sculptures de
la
cathédrale de la ville natale de Jérôme Bosch, dont on pense assez généralement qu’il fut l’initiateur.
La
cathédrale de Bois-le-Duc, construite sur l’emplacement d’une église
collégiale plus ancienne, a été
commencée en
des Pays-Bas méridionaux étaient achevées
1418, alors
que
la plupart des églises
(i).
Quoiqu’elle n’ait pas de façade principale, que son clocher dressé en 1629
un peu plus de soixante ans plus tard, en 1584, détruit par un incendie, elle n’en reste pas moins un des plus beaux édifices gothiques de la Hollande. Elle présente cinq nefs, dont celle du milieu est beaucoup plus élevée que les autres. Son chœur, des plus vastes, est entouré de chapelles rayonnantes (2). ait été,
Les travaux d’achèvement de ce superbe monument battaient leur
Nous savons
l’époque de Jérôme Bosch.
—
peintre.
On
dans
sculptures qui la décorent.
les
veut, en outre
nous venons de
le dire
qu’il n’a rien à
revendiquer dans
prime jeunesse, quand
il
à sa décoration
le terrain,
du chœur, achevées au moment de sa encore qu’un enfant. Sur ces boiseries sont
les stalles
n’était
:
nombre desquelles Pierre,
celles
de la Vierge, l’Enfant Jésus dans
Saint Jacques, Saint Jean
l'
Evangéliste,
(1)
1629, tut, le
les bras,
Saint IVillebrord,
d’Utrecht, Sainte Hélène, Sainte Agnès, Sainte Barbe,
etc.
;
puis,
92
l’apôtre
cathédrale de Bois-le-Duc, pillée et ravagée par les Réformés en i566, occupée par eux en prirent 8 décembre 1810, mise par Napoléon Rr à la disposition des Jansénistes qui en
La
Dr Xavier Smits. De Kathedraal van ’s Hertogenbosch, ouv. cit., Janskerk te ’s Hertogenbosch en hare geschiedenis, ouv. cit., p. 62-1 15. (2)
de Saint
dans des enrou-
possession.
St.
de constater
à leur sommet, à mi-hauteur sur des chapiteaux de colonnettes, à leur sous des arcatures, des statuettes d’apôtres, de saints et de saintes, au
placées
De
comme
— découvrir son influence
convient d’abord et avant tout, pour déblayer
Il
base,
la part qu’il prit
plein à
p. 2o3-2o5.
—
Hezenmans.
s
lements de volutes, sont représentés, d’un ciseau neuf et savant à la épisodes tirés de X Apocalypse et de X Ancien et
d’Ephèse ressuscité, entrant au Ciel
Calice empoisonné,
le
et
les
damnés
fois,
du Noiiveatt Testament
le
:
Jugement dernier avec
divers
Mort
la
élus
les
dans l’Enfer, X Ivresse de Noé,
précipités
la
Confession et la Rémission des péchés, etc. Ces stalles, au lieu d’avoir été inspirées
par Jérôme Bosch, ont dû, tout au contraire, l’avoir plus ou
moins fortement
influencé.
A en haut
l’extérieur
du monument,
les
gargouilles de sa galerie tréflée, les figures,
placées à l’extrémité de ses arcs-boutants, représentant des person-
relief,
nages étranges, dont un
homme
Lorraine, taillés tout au
moins à l’époque où Alart du Hameel
étaient
«
maîtres des oeuvres de la cathédrale
pourraient
Bosch.
sauvage, des chevaliers, l’un portant l’écu de
—
à la rigueur
en est de
Il
même
—
prophètes du linteau de la double porte
Il
semble,
comme
c’est-à-dire à la fin
du XV®
siècle,
avoir été exécutées d’après des dessins de Jérôme
de X Ante-Christ à
scènes de la Vie de Saint
»,
Jean Heyns
et
Jean
et
du
tête d’ours et
des attributs des faux
côté sud de l’église, représentant des
des épisodes du Jugement dernier
l’écrit le D’'
(i).
X. Smits, que ces sculptures répondent,
les
unes, à la description des jeux et des cortèges qui eurent lieu à Bois-le-Duc, le
mai 1481, à l’occasion du Chapitre de la Toison d’or, les autres, à des drames religieux se rapportant aux deux grands cycles liturgiques de l’année la Nativité i8
;
et la
Passion du Christ.
Pour
baptismaux, en cuivre jaune, fondus en 1492, par Aert de Maestricht, d’après des modèles de Alart du Hameel, ils consistent en une cuve à couvercle, à
les fonts
surmontée d’une pyramide ajourée, agrémentée de figurines, accrochée
un support également en
chapelle
montre
où
le
ils
se trouvent,
évidés,
attenant
au mur de
Le sommet de
reposant sur un pied.
la
le
entre
Saint Jean
Père,
assis sur
un
trône,
V Evangéliste
et
la
Vierge,
une
F Enjant Jésus dans
Saint Laurent
Les quatre E.vangélistes sont figurés sur
fond est soutenu par
pyramide
le
;
plus bas,
le
les
:
bras,
Baptême du
couvercle de la cuve dont
le
accompagnée de colonnettes, présentant, de personnages qui s’appuient sur un bâton. S’agit-il
solide colonne,
entre elles, des statuettes
des malades, des lépreux et des estropiés de la fontaine de Bethsaïda (2) l’avis
la
pélican symbolique, puis successivement, sous des arcades superposées
Dieu
Christ.
métal à décors
de M. van Puyvelde, aller chercher
le
symbolisme un peu
?
C’est, à
loin.
—
Dr Xavier Smits. De Kathedraal van ’s Hertogenbosch, ouv. cit. Note relative à l’ico(1) Voir nographie sculpturale de la cathédrale de Bois-le-Duc. Annales du XX’’ Congrès de la Fédération archéologique et :
historique de Belgique.
(2) i5
Voir
février 1905.
:
Gand, 1907. J. Destrée.
Exposition de dinanderie à Dinant (igo 3 ). L’Art flamand et hollandais, oude kerkelijke kunst te ’s-Hertogenbosch. Juni-
— Catalogua der nat. Tentoonstelling van
September igiS. Druk en uitgave van C. N. Tenlings, ’s-Hertogenbosch.
93
Il
comme
— qui était alors qu’il ne quitta guère sans doute — ait plus ou
n’y aurait pas d’impossibilité à ce que
nous savons à Bois-le-Duc,
Jérôme Bosch
moins collaboré à cet ouvrage néanmoins, jusqu’à présent nous n’en avons aucune preuve. Il ne faut pas oublier, aussi bien pour les sculptures des arcs;
boutants
et
des linteaux des portes que pour
différents ouvrages ont certains
peuvent les
très
œuvres
bien les tenir,
d’art d’une
si
même
même
cycle,
baptismaux, que
si
rapports avec les compositions du maître,
l’on peut s’exprimer ainsi,
de
l’air
94
ils
ambiant. Toutes
de caractère communs. Elles appar-
font partie d’un ensemble
;
ces rapports s’accentuent
encore quand leurs auteurs ont eu entre eux des relations de camaraderie d’amitié.
ces
époque, quel que soit leur genre, ont inévitablement
et fatalement des rapports d’expression et
tiennent au
les fonts
et
EXCV
COCK
CHAPITRE X Gravures exécutées d’après les œuvres de Hieronymus Bosch, par Alart du Hameel; gravures exécutées d’après ses œuvres ou DANS SA MANIÈRE, PAR J. CocK C. F. VAN Thienen C. Danckertz P. Firens; J. Wierck; Corn. Galle; etc. ;
;
;
La question des gravures des œuvres de Hieronymus Bosch Longtemps, M. Maurice Gossart
aujourd’hui. justesse,
maître a surtout été connu
le
aujourd’hui vier (2),
comme
surabondamment prouvé, après
Pinchart ( 3 ) et Firmin-Didot
(4), qu’il
les
(i)
l’a
écrit
graveur.
est résolue
avec infiniment de
semble cependant
Il
savantes recherches de Renou-
n’a jamais tenu la pointe et le burin.
Huber
Les estampes qui, au dire de Bartsch, Duchesne, Passavant, Heenecken, Rost, Leblanc, les
à
premières,
demi
plus d’un
Danckertz
C.
Nager
(
5 ) et autres, seraient sorties de sa
Bois-le-Duc,
siècle après
(6),
par Alart
sa mort,
du
Hameel,
main ont
par Jérôme Cock,
été burinées,
autres
les
et
Anvers,
à
Corn, van Thienen,
retouchées et reprises à l’occasion par Peter Bruegel.
Une
dernière suite, signée de Petrus Firens, J. Wierck, Corn, et Jean Galle (7), de
nouveau de Jérôme Cock, représente bien des sujets familiers à Hieronymus Bosch
et
;
mais ce ne sont probablement que des imitations de ses œuvres.
(1)
Maurice Gossart. Ouv.
(2)
Renouvier. Des types
cit.
et
des manières des maîtres graveurs, ouv.
dès progrès de la gravure aux Pays-Bas, ouv. (
3)
(4)
bois, Paris,
cit.
863
de l’origine
cit.
Pinchart. Bulletin de l’Académie royale de Belgique. Ambroise Firmin-Didot. Essai typographique et bibliographique sur i
— Histoire
l’histoire
de
la
gravure sur
.
—
Duchesne 5 Adam Bartsch. Le Peintre graveur, 21 vol. in-8°, ( ) J. V. Degen, Wien, i8o3-i82i. Huber Voyage d’un iconophile, Paris, 1884. cit. Heinecken. Ouv. Passavant. Ouv. cit. Rost. Ouv. cit. Nagler. Neues allgemeines Leblanc. Manuel de l’amateur d’estampes, Paris, 1884.
—
AÎNÉ. et
—
—
Künstler. Lexicon,
Munich,
—
—
i
835
.
(6)
Cornelis Danckertz ou Dankertz, graveur hollandais, né à
(7)
Petrus Firens, graveur d’origine française, qui vivait dans
Amsterdam en i 56 i,
vivait encore
en 1634.
Jean Wierix ou Wierck, graveur, né à né à Anvers en 1576, mort en
i
65 g
;
Amsterdam ou
la
première partie du
XVI R
siècle;
Cornelis Galle, graveur flamand, à Anvers, en 1849 Jean Galle, neveu du précédent, né à Anvers en 1660, mort en 1676. ;
Ces gravures sont des plus
Hameel.
Il
surtout celles burinées par Alart du
rares,
ne faudrait cependant pas croire,
comme
certains l’ont pensé, qu’elles
aient été pourchassées par l’Inquisition, inquiète des allusions qu’elles renferment
membres du
sur les et
ne
clergé et les ordres religieux.
Tout
pas à conséquence. C’est leur fragilité qui
tirait
Le grand
les
cela n’était
a
que
peccadilles
fait disparaître.
de ces différentes planches, leur importance, réside surtout en ce qu’elles font connaître des compositions de l’artiste que nous ignorerions sans
attrait
Alart du Hameel, l’auteur des plus remarquables de ces estampes,
elles.
un ami de Hieronymus Bosch. Sculpteur, né à Bois-le-Duc, on ne sait au juste à Vrouwe Broederschap. Il avait épousé une morte en 1484, dont aujourd’hui
la pierre
tombale,
dans
l’église
enchâssée
architecte, graveur, Alart
fut
du Hameel,
quelle date, fut reçu à X Ilhistre Lieve certaine Maragarethe
écrit
M. Maurice Gossart avec
Saint-Jean,
son
van Auweninge, (i),
«
est encore
médaillon
son
et
Pour Alart du Hameel, il mourut à Louvain aux environs de i5io. Alart du Hameel reproduisit au burin huit compositions de Hieronymus
épitaphe
Bosch
(2).
»
:
Le Serpent d'airain; Le Jugement dernier ; Saint Christophe; Constantin
le
Grand, à la
tète
de son armée, contemplant h apparition de
la croix ;
Héraclius entrant à Jérusalem avec Eléphant assiégé;
le bois
de la croix
;
L
Un
couple de musiciens atiprès d'une fontaine;
Le jeune homme aux guirlandes ; La gravure du Serpent d'airain,
on ne connaît qu’une seule épreuve bibliothèque Albertine de Vienne, mesure o“20 sur o“i8 et figure
conservée à la
àoxdi
à gauche, au sommet d’un rocher, un serpent sur une perche, tandis qu’à droite les Israélites, au nombre de huit hommes et de deux femmes, se prosternent les bras levés en coiffure
au premier plan, un autre
Israélite,
à genoux, enlève sa
à droite, quatre malheureux cherchent à se garantir des morsures du
en haut de l’estampe, encadrée dans des décorations gothiques, se trouve signature ou le monogramme « Bosche » (3), accompagné de la majuscule A.
reptile la
;
l’air;
;
(1)
Maurice Gossart. Ouv.
(2 )
Cette épitaphe a été reproduite par le
cit.
Kathedraal van ’s Hertogenbosch, p. 32, togenbosch, p. 3i5. (3)
Bois-le-duc,
96
A
moins que dans
comme
le
le
et
Xavier Smits, dans son ouvrage si souvent cité De dans son autre ouvrage Grafzerken der St. Janskerk van ’sHer-
mot Bosche
pense M. Maurice Gossart.
:
:
il
ne
faille
voir
une abréviation de
s'
Hertogen Bosche,
t
â&#x20AC;¢Y
I
Le Jugement dernier, qui «
Bosche
»,
de la gauche une épée nue
et
trompette
;
près d’eux,
gravure précédente,
du monde, tenant de
surgi te, mortui
;
main
la
: «
Hec
venite ad judicium
démons
des anges conduisent
traînent les
quam
est dies
à droite;
»,
enfers
flammes d’où des diables pourchassent en volcans
terrains convulsés éclatant
monstres se livrant aux contorsions o"" 34
sur
o'” 24
existe en
,
Saint Christophe,
comme
imploré
barbe
habitants
les
et la
pécheurs
;
et des
à gauche, ce sont des
;
premiers plans sont occupés par des
La
plus étranges.
les
cette
,
les
la
à droite se dresse un bâtiment en
;
les
;
lit
dominus » à gauche, au-dessus, du même côté, fecit
gravure, mesurant
le
solide géant,
si
populaire depuis
le
XIV®
Saint Roch et Saint Sébastien contre la peste, dont
et les
un
trois états.
encore d’avoir vu une image figuré la
assis
droite
au séjour des bienheureux,
élus
les
damnés aux
mot
à ses côtés sont deux anges sonnant de
;
Vierge et les Apôtres, agenouillés sur des nuages, prient pour au-dessous,
le
Sauveur
le
sur des banderoles, en lettres gothiques, on
de X Apocalypse
inscription tirée «
la
reproduit en haut de la composition, au milieu,
sur l’arc-en-ciel, les pieds sur le globe lys,
comme
porte,
matin pour ne pas mourir dans
le
cheveux longs, un foulard enroulé autour du
du monde dans s’appuie sur un tronc
main
sur ses épaules l’Enfant Jésus, le globe
la
un fleuve ou un bras de mer
d’arbre,
et
la
siècle,
suffisait
il
journée, est
front, portant
droite;
il
traverse
mordu au mollet
Au
premier plan, à gauche, un ermite descendu d’un ermitage placé au sommet d’un escarpement tient une lanterne allumée à droite, par un
énorme homard.
;
un
homme
dans
les
étendu sur un bout de
fonds apparaît un château fort
barques chargées s’exterminant.
En
de guerriers, de
;
de
manu
virtutis subtilitate la lettre
A
;
eaux du fleuve sont couvertes de
les
monstres,
d’êtres
fantastiques,
luttant
et
haut de l’estampe, qui mesure o^^iq sur o“33, une longue
banderole contournée à replis multipliés porte tate qui
par de nombreux nains
terrain est assailli
videt tepore ridet
qui de
mane
»,
:
«
Cristafore ste Virtutes
ou selon Passavant
ici,
le
mot
«
:
«
Cristafore Ste
Le mot Bosche et Bosche » inscrit sur un
videt nocturno tempore ridet
se retrouvent naturellement
(i)
sît tibi
».
étendard à droite. Les épreuves de cette planche sont plus rares que celles de la précédente.
La gravure de Constantin
le
Grand regardant
l’apparition de la croix,
Pape Sylvestre, également montés, le souverain soulevant son chapeau, à la vue de la croix, que lui présente un ange dans les airs derrière l’Empereur chevauche une troupe d’hommes d’armes pormontre, à cheval, entre un de ses officiers et
le
;
tant des lances et des
(i)
i3
Passavant. Ouv.
pennons
;
devant
lui,
deux
soldats, toujours à cheval,
dont
cit.
97
un trompette, vus de dos
au dernier plan, derrière des vallonnements, se dresse Ville Eternelle entourée de murailles et de tours, à laquelle on accède par un
la
pont
;
au tout premier plan
;
mesurant
comme
o”^2Ô sur
chaque
un chien couvert d’une armure. La planche,
se voit
en haut
côté, est signée
Bosche
«
»,
avec
A,
l’initiale
précédentes.
les
Héraclius entrant à Jértisalem avec la croix figure deux scènes différentes à gauche, l’Empereur, en armure, la couronne en tête, monté sur un cheval richement harnaché, suivi d’un nombreux cortège de cavaliers, est arrêté devant :
une porte ogivale murée, donnant accès dans Jérusalem, par un ange placé sur un balcon qui la surmonte et lui interdit l’entrée de la Ville Sainte avec ces paroles « C’est en marchant à sa Passion sans pourpre royale, monté sur une humble ânesse, que le roi des cieux vous a donné, à vous, son serviteur, un modèle :
d’humilité
»
;
à droite, Héraclius, cette
en chemise, nu-pieds, portant
fois,
la croix,
suivi pieusement de quatre serviteurs, se présente devant la porte de Jérusalem
que rien ne l’empêchera plus de porte toujours la
même
signature et la
même
Eléphant assiégé rentre dans maître.
Un
hommes d’armes
A.
des inventions drolatiques du
munis des engins
vaincus gisent à
les
est
plus hétéroclites. Certains de ces
sous de bizarres et extravagantes
terre, écrasés
que châteaux
forts et tours,
que
luttes
combats, auxquels prennent part non seulement des hommes, mais aussi des
et
cerfs,
des lions, des taureaux, des ours,
etc.
cette planche, l’une à la Hof-bibliothek
Muséum, dans «
lettre
série
la
ce ne sont, de côté et d’autre,
;
planche, haute de o“2Ô sur o™i8,
éléphant bizarrement caparaçonné, portant une tour sur son dos,
assiégé par des soldats
machines
La
franchir.
Bosche
», et,
la collection
à droite, celui de
dans V Eléphant assiégé détruire le pouvoir
Le côtés
Peart
les
effets
;
elle
porte en haut, à gauche,
le
la robe,
de
la
un
demi
de
Peut-être,
mais ce
un jeune homme jouant de
n’est pas certain.
aux
la guitare,
auprès d’une fontaine hexagonale surmontée d’une
sommet
est
occupé par un
petit
il
Mannekenpis nu
soulève légèrement
assis à terre, satisfait ses besoins naturels
;
le
;
au bas
en arrière
scène se dresse une vigne aux lourdes grappes de raisin, sur les sarments de
laquelle perche lettre
fou, à
nom
Hameel » précédé de l’initiale A. Faut-il voir du peuple oppressé, essayant d’abattre et de
pied de la fontaine, en avant de la jeune femme, dont
de
le
«
couple de Mtisiciens, c’est
colonne en spirale dont
ne connaît que deux épreuves de
de Vienne, l’autre à Londres, au British
du maître, du seigneur?
d’une jeune femme,
On
A
mesure
un corbeau au bec
entr’ouvert.
se trouve inscrit à gauche, o"^24 sur
chaque
côté.
On
au
tiers
de
Le mot la
«
Bosche
hauteur de
»
la
suivi de la
planche qui
ne connaît qu’une unique épreuve au British
Muséum. Le Jeune homme aux guirlandes, comme son
98
titre l’indique,
montre un
^
IN\
^09
S
gentilhomme, vêtu à
élégant
amoureuses. Seule de
tions
nom
ne porte pas le
de
celui
Hameel
«
Le
Bosch.
la
mode du temps,
entouré de banderoles à inscrip-
la série, cette planche,
haute de o'^09
de Bosche, mais seulement à sa base, en
».
que
lettres
de o^j,
gothiques,
Hieronymus en sache appartient au Cabinet des Estampes
Elle semble, néanmoins,
seul exemplaire
et large
l’on
bien appartenir à
de Dresde.
Les gravures d’Alart du Hameel, des plus rares
comme nous venons
ont sans aucun doute été burinées d’après des dessins à l’encre exécutés à
voir,
cet effet
par Hieronymus Bosch li^i-même et incontestablement sous sa direction.
minutieuses
Sortes de calligraphies
d’un faire très exercé et très
exactes,
et
d’une netteté qui n’exclut pas la souplesse, elles rendent clairement les
fidèle,
compositions
si
compliquées
du maître. Aucun de
et si dispersées
brables épisodes n’est négligé ni, de leurs détails, oublié. voit la satisfaction les varier,
dont
de
le
noirs,
leurs
innom-
Ces planches, où se
naïve de leur auteur à conduire les lignes, à
les
combiner, à
sont traitées d’une pointe acérée, d’ordinaire à tailles très peu croisées,
plus ou
moins de rapprochement,
nous n’osons dire
valeurs
les
;
elles
le
plus ou moins d’épaisseur forme les
prouvent néanmoins une maîtrise éton-
nante pour l’époque. Notons, en passant, qu’elles offrent, entre elles, de sensibles différences
Les gravures du
de procédés d’exécution.
Jugement
de
dernier,
du Cotiple de musiciens auprès d’une fontaine sont d’un faire beaucoup plus mince que celui du Saint Christophe. Ce dernier rappelle quelque peu les anciens bois allemands. Pour les planches de Constantin le Grand regardant l’apparition de la croix et d'Héraclms entrant à Jérusalem, elles témoignent d’une habileté de métier incontestablement supérieure. Qu’en déduire, qu’Alart du Hameel a eu plusieurs manières ? Ces traductions variées de la pensée de l'Eléphant armé,
Jérôme Bosch sont-elles sorties de Ce qui
est
indiscutable,
l’aurore
du
XVP
siècle.
c’est
la
même
main, nous n’oserions
qu’elles appartiennent
unes
les
l’affirmer.
et les autres
N’oublions pas qu’Alart du Hameel est mort en
Le maître aux banderoles dont l’œuvre est mentée, date sa première production de
si
primitive,
1464.
Il
si
incertaine,
est vrai
si
i
à
5 io.
inexpéri-
que deux ans après
Jésus au bain du maître E. S. et que Martin Schongauer (i) beau Martin va bientôt préluder, par ses planches de la Mort de la Vierge
apparaît X Enfant
—
le
—
du Portement de croix, à ses chefs-d’œuvre, parmi lesquels premier rang sa Tentation de Saint Antoine.
et
A côté des planches d’une époque
cit.
faut mettre au
d’Alart du Hameel, d’autres, burinées par des graveurs
moins reculée qui
(i) E. Galichon. Ouv. Gaston Varenne. Ouv. cit.
il
;
n’étaient plus les contemporains de l’artiste, repro-
— A. van
Wurzbach. Ouv,
cit.
;
—
Léon Rosenthal. Ouv.
cit.
;
99
—
nombre de
duisent plus ou moins fidèlement un certain
Bosch, également disparues.
peintures de
Hieronymus
Gelles-ci consistent en vingt et une planches qui
ne nous font en réalité connaître que vingt nouvelles compositions du maître, puisque l’une d’elles n’est qu’une variante de \ Eléphant assiégé, déjà interprété par Alart du Hameel.
Commençons
la
petite d’entre elles, qui
revue de ces gravures par
les
Epreuves de Job,
ne mesure pas plus de o“io de hauteur sur
mot « Bos monogramme. Dans le
surmonté d’un couteau qui pourrait
»,
planche qui a
cette
tableaux consacrés au
même
sujet
être
plus
de largeur.
Traitée jusqu’à un certain point dans la manière d’Alart du Hameel,
en bas,
la
elle
une
d’incontestables rapports
porte,
sorte de
avec
ou inspirés par Jérôme Bosch,
peints
les le
patriarche est représenté à peu près nu, couvert d’ulcêres, assis sur son fumier,
aux tourments que lui infligent des démons placés derrière lui qu’au concert que lui donnent trois musiciens lui faisant face, l’un jouant d’une trompe à grosse embouchure un second, de la harpe un troisième, de la insensible aussi bien
;
;
flûte
dans
;
le
apparaît un château en flammes, sans doute la
fond, à droite,
demeure de Job.
Baptême dît Christ dont nous ne connaissons pas d’épreuve, avec la signature « Bos » Le Christ mené au Calvaire, autrement dit le Portement de croix, composition d’une quarantaine de figures, portant « Hieronymus Bos invenit ainsi que les vers latins que voici L. Lombard restituit et H. Cock excudit » C’est ensuite le
;
:
:
:
;
Vincitur insano patrum plebisqz tumultu
agnum
Pontius. atqz lupus
Cumqz
datus saevis ad
Militibus
chlamydem
dat prpeses iniquus
poenam sanctus
abiret
rubri sub tegmine cocci
Vestitur vilem. species ut cuncta cruentae
Mortis imago foret, spinis circumdedit almum
Nexa corotia caput. quoniam Omnia nostrorum susceperat
Le Jugement le
verset (2)
(1)
:
«
spineta benignus
malorum
ille
dernier, en forme de triptyque, porte sur le volet de gauche
lustorum animae
in
manu Dei
sunt nec attiget
Voici la traduction de ces distiques, des plus incorrects
insensées des anciens
et
(i).
du peuple
;
tel
un loup,
:
Ponce
illos cruciatus
(Pilate) cède
l’indigne gouverneur livre l’agneau.
»
;
aux imprécations
Comme
la sainte
victime marchait douloureuse, au supplice, elle fut revêtue, par les soldats, d’un mauvais manteau écarlate et afin que son visage présentât toutes les souffrances d’une mort horrible, on entoura sa blanche tête d’une couronne d’épines. (Le Christ) ne s’était-il pas chargé, lui si bon, de toutes les épines de nos péchés ?
Ces inscriptions sont tirées de la Bible, les deux premières, du Liber Sapientiae. Ch. III. Ver. mais toutes trois sont considérablement troisième, du Liber Psalmorum. Ch. XXIII. Ver. 7 et 9
(2) I
et 2
;
la
altérées.
100
;
t
7 rr
sur
le
volet de droite
defecerunt fores
%
«
:
et sur le
Impii multabuntiir pro cogitationibus suis ut qui a
panneau central
sempiternae ut ingredietur rex
volet de
gauche
«
ille
Tollite ô portae capita vestra, Attolimus
Gloriosus
Hieronymus Bos, inventer
«
:
:
Due
»,
».
Cette planche, signée sur
et
sur
le
le
panneau du milieu
:
Hieronymus Cock excude », n’est qu’une interprétation libre et d’un caractère beaucoup moins incisif, considérablement affaibli, du tableau du musée impérial «
de Vienne.
Jérôme Cock, né à Anvers en i5io, l’année même où s’éteignit, à Bois-leDuc, Alart du Hameel, mort dans sa ville natale en iSyo, est une curieuse figure. Après avoir fait le voyage d’Italie où, en i534, il grava une suite de Rtiines et de Paysages d’après son
commandait
il
Admis à
revint dans sa patrie.
la
abandonna bientôt après les pinceaux pour se livrer gravure et au commerce des tableaux et des estampes. « Il
Gilde de Saint-Luc en i545,
exclusivement à la
Matthys Cock,
frère
et achetait
il
des peintures à l’huile et en détrempe, des gravures au
Mander (i), qui ajoute qu’ « il devint un homme riche achetant maison sur maison ». Sa boutique, à l’enseigne des Qtiatre Vents, était fort achalandée et servait, comme l’a écrit M. Ch. Bernard (2), de
burin et à l’eau-forte
»,
rapporte Carel van
rendez-vous à tous les amateurs d’Anvers et d 'Académie, de lieu de réunion
pour
les
même
beaux
Cock d’après Hieronymus Bosch sont parmi
de l’étranger. C’était une sorte
Les planches de Jérôme
esprits.
de sa pointe
les principales sorties
savante et spirituelle. Ainsi que celles de ses collaborateurs Cornelis van Thienen,
beaucoup plus
Cornelis Danckertz, etc., elles sont
mentées que
les
productions
d’ Alart
;
mais,
n’ont plus leur naïveté, leur saveur, leur imprévu.
il
La
toute autre
faut le reconnaître,
science, hélas
!
elles
ne remplace
sentiment.
le
Vient ensuite tribulationes «
beaucoup plus expéri-
du Hameel, témoignent d’une
adresse à conduire les tailles, à les croiser
pas
habiles,
la
Tentation de Saint Antoine portant l’inscription
justorum de omnibus
iis
liberabit eos
Dominus
Hieronymus Bos inv H. Cock. excud. i565 » (3). Le sujet assez différent des représentations du
»,
et la
:
«
Multae
signature
:
;
même
motif par
le
maître,
avec l’édifice en ruines qui occupe le milieu de la composition, les tribulations cénobite figurées en divers épisodes sembleraient prouver
que
le
graveur ne
du
s’est
pas montré d’une fidélité absolue dans son interprétation.
Arrivons à Saint Martin (1)
(2)
Carel van Mander. Ouv. Ch. Bernard. Ouv. cit.
(4)
dans une barque, sur une
rivière
baignant
les
cit.
de la Bible, Liber Psalmorum, Ch. XXXIII. Ver. 20. partageant son manteau avec un pauvre avait été interprété dans les mêmes données par le graveur E. S. en 1466, et par le graveur W. A. en 1480. Voir R. van Bastelaer. Ouv. (
3 ) Cette inscription est tirée
(4)
Saint Martin
:
murailles d’une
ville
donne
la moitié
entre ces
assailli
malingreux dont l’un grimpe sur sa monture
d’estropiés et de il
à côté de son cheval,
fortifiée,
;
le
par une foule
:
geste par lequel
I
de son manteau à un misérable cause une bataille furibonde
gueux qui rampent,
sautillent sur le rivage,
ou nagent
mieux mieux; plus
l’eau, s’injuriant et se houspillant à qui
et clapotent
loin, d’autres
»
dans
^
embar-
i
cations s’éparpillent, bondées de passagers à en être submergées, dont les unes [
semblent assister à des joutes nautiques
La exc
»,
planche, en plus de la
marque
porte le quatrain que voici
De goede
y prendre part. Hieronymus Bosch invcntor
et les autres «
Sinte Martens
vechte
dont M. Maeterlinck Le bon
Au Il
(i)
om
hier gestelt
is
ainsi la traduction
Saint Martin est
ici
ils
dans
!
:
représenté ;
Bastelaer
se battent entre eux pour l’aubaine, cette
(2),
d’accord avec
nombre
méchante espèce.
d’autres critiques, est d’avis
première idée de la composition de Jérôme Bosch qui a servi de modèle à
gravure de ces régates burlesques,
la
quaet gedruys.
leur partage son manteau, au lieu d’argent
M. R. van la
dit
gelt;
milieu de toute cette engeance sale et pauvre
Et maintenant
que
de proeye
donne
H. Cock
:
Onder al dit grue vuyl arm gespuys, Haer deylende synen mantele, in de stede van
Nou
et
comme
il
s’en célèbre encore
kermesses flamandes, a été suggérée à
les
l’artiste
de nos jours
par un
Mystère en
l’honneur de Saint Martin, représenté de son temps, où l’acteur chargé du rôle
du
Saint, sans doute par suite d’une péripétie
pour chercher à échapper à quer à cheval
;
mais que
la
les
du
scénario, devait quitter le rivage
horde de mendiants qui
le
malingreux ne l’abandonnant pas pour cela se
ou usaient de tonneaux, de paniers, de rejoindre Saint Martin et monter sur sa barque.
jetaient à la nage,
La
barque bleue
—
harcelaient et s’embar-
vieilles
Die blauwe Scuyte, ou Die blau Scuyte
marmites pour
—
figure dans
une embarcation qui glisse au fil de l’eau un gros bonhomme réjoui, étendu tout de son long, deux hommes et deux femmes assis à ses côtés, chantant et discourant; à l’arrière, debout, le batelier, maigre et piteux, sur la tête une cruche entourée de sarments que viennent becqueter des oiseaux, sur le dos une lyre dont les cordes semblent faites de toiles d’araignée, tient d’une main sa rame et, de l’autre, une branche de fruits; au premier plan, sur le rivage, à gauche, un
102
(1)
L. Maeterlinck. Le genre satirique dans
(2)
R. VAN Bastelaer. Ouv.
cit.
la
peinture flamande, ouv.
cit.,
p. aSo.
1
i
)
j l
l
i
4
J
J % -f
y
'1
J
/ i
i
M.
canard; à droite, un corbeau.
L, Maeterlinck (i) y verrait volontiers une bourgeois riche et jouisseur et le poète pauvre
allusion établie par l’artiste entre le et rêveur.
loin le
Cette gravure porte les marques:
monogramme
«
Hieronymus Bosi nventor
Cock excudebat
et
avec les deux distiques que voici
iSSç,
d’abord ce premier
;
cum
plus
»,
gratia et privilegio
»,
:
Daer Platbroeck speelman is en stierman in de bane Daer sien hem de voghelen voer eenen huyben ane. et ensuite ce
second
:
En
al tiert
Het
syn gheselscap dat se moghen sweten
sullen de sanghers in de blau schuyte heeten (2).
Saint Martin à cheval dans une barque pas des souvenirs plus ou
Brandt, dont
dont
les
moins
Barqtie bleue ne seraient-ils
et la
lointains de la
Nef
des Fous,
de Sébastien
a déjà été question, qui eut à son apparition un succès immédiat et
il
gravures figurant des fous sur des barques devinrent vite populaires?
Les deux Aveugles montrent dans un paysage flamand borné à gauche par une ferme couverte de chaume, à droite par des troncs d’arbres, deux vieillards, d’une main
bourdon de
main posée sur l’épaule de son compagnon qui porte une vielle, tombant dans un fossé plein d’eau, paraphrase du verset XIV du chapitre XV de l’Evangile de Saint Mathieu « Si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tombent tous deux dans le fossé ». L’estampe porte l’inscription « H. Bos inventor. H. Cock excud», avec, au-dessus, l’un tenant
le
pèlerin, l’autre
:
le
monogramme
suivants
:
Coecus ducem se praebet alteri coeco Quod saepe nunc usuvenire lugendum est. Quid restât autem? nisi ut viae ignari, Qua destinatum consequi scopum detur. ;
Tandem Traduits
comme
suit
in
patentem uterque corruant fossam.
sur une épreuve de cette planche conservée à la
Bibliothèque royale de Bruxelles
(1)
L. Maeterlinck.
Bastelaer. Ouv. (2)
cit.,
Le genre
:
satirique dans la peinture flamande, ouv.
Sa compagnie a beau hurler jusqu’à en transpirer on les considère toujours comme les chanteurs de Platbroeck, dans le langage populaire
comme un
Barque bleue M. van Puyvelde.
inintelligent.
—
R. van
:
Là, où Platbroeck est le ménétrier et en même temps là, les oiseaux le prennent pour un hibou.
par
p. 284.
p. i3.
Voici l’interprétation de ces deux distiques
hibou, considéré
cit.,
la
le
conducteur,
barque bleue.
néerlandais, signifie lâche, peureux et aussi eunuque.
Le
oiseau qui fuit la lumière, s’applique, en la circonstance, à l’homme borné,
est l’équivalent
de conte bleu, en français
— Traduction
et note
communiquées
Voyez comment le pauvre aveugle enfin se porte, Qui sur un autre aveugle ignoramment se fie Il va mal assuré, quyque fort il s’appuie Et se tienne à son homme. Ainsi par male sorte ;
Tombent dans
Ce
sujet des
fossé et luy et son escorte.
le
Aveugles devint
vite populaire,
il
sans doute déjà.
l’était
Il fut
Remarque curieuse faite nombre des aveugles ne fit
imité entre autres par Cornelis Metsys et Peter Bruegel.
par
M. R. van
Bastelaer
De deux
qu’augmenter.
montent à quatre dans
La
(i)
:
avec
le
temps,
le
qui figurent dans la composition de Jérôme Bosch,
celle
de Peter Bruegel. composition au
Baleine éventrée est cette célèbre
figurant l’énorme cétacé échoué sur
formidable coutelas à dents de
le
un homme, à
rivage, dont
ouvre
scie,
motif principal
d’un
l’aide
d’où s’échappent, ainsi que
les flancs
de sa gueule ouverte, une multitude de poissons qui se mangent entre eux
—
premier plan, dans une barque, sont assis deux pêcheurs le
mot
«
Vois,
Ecce
«
mon
petits ».
fils,
Sur
Il
depuis longtemps,
je le sais
au-dessous
Cock excu. iSSy
piscibus esca
comme
plus âgé dit à l’autre,
le
»,
le
monogramme
sur
puis, au-dessous, la phrase
«
;
le
au
entre eux se trouve
porte une inscription
à gauche
lit,
et
le
;
gros poissons mangent
les
coin inférieur de la planche on
le
Bos inventor «
— dont
»
ils
:
«
:
les
Hieronymus
coin inférieur, à droite
Grandibus exigui sunt
:
pisces
».
existe à l’Albertine de
Vienne un dessin daté de i55o
et signé
de Bruegel,
qui représente, à quelque chose près, la composition inversée de Hieronymus Bosch.
Viennent ensuite deux Fêtes de Carnaval. d’une chambre, au-dessus d’une cheminée, sous
un hibou en
pèlerin, est l’inscription
«
;
Une première où,
la
excudebat iSôy
»,
et
dans
de Vienne la
marge
Masquers
;
Hiero. Bos inventor
au bas de
la
»,
littérale,
planche on
entrez, laisses ce gras grouleur
Bien soies venu a nostre ducasse
bon cœur
nous faict les gauffres assez bien grasse buvons de ces te malvoisi garbe ce pendant quau sot on faict la barbe
Pypt nou vry oppe en speelt van hertten fier backt wafelen en struyven om wel te smeeren tis non al keremisse syt nou vrolyck hier dus brengt nialcanderen eens van den Rynschen Cleeren en wylt nou wt ghenuchten de sot wel scheeren. ;
(i)
104
R. VAN Bastelaer. Ouv.
cit.
et
variante ou plutôt
:
chantes, jouez, la vielle de
l’intérieur
gravure représentant un coq
reproduction, plus poussée, plus achevée, mais néanmoins la bibliothèque Albertine
dans
lit
du dessin de « H. Cock
:
Une «
seconde, dans laquelle se trouve
Hier. Bos. inve. Corn.
Van Tienen excud
un buste de Saint Jacques, porte
Les planches des Mendiants, infirmes et malingreux, ne sont, que
:
».
elles aussi,
reproduction du dessin de mendiants, d’infirmes, de malingreux de la
la
bibliothèque Albertine.
Sur vents
»
,
la
première se trouve l’inscription
avec la légende
:
«
Jer.
Aux
Bosche invent.
Quatre
:
Aidât op den blauwen trughel sack ghecne leeft Gaet meest al Cruepele op beyde syden Daerom den Cruepelen Bisschop, veel dienaers heeft Die om een vette proue den rechten ghanck myden (i).
dont voici
la
M. Maeterlinck
traduction empruntée à
:
Celui qui tient à vivre de la besace
Boite presque toujours des deux côtés C’est pour cela que l’évêque boiteux a un nombreux entourage, Qui pour une grasse prébende évite de marcher droit. ;
La seconde porte
«
:
Dese leronimus bosch hoe elck synen stryt
«
Aux Quatre
Jeron Bosch, invent.
Siet
vents
»,
puis
:
drollen, lang geprophiteert
hier
den
sin gheeft
Soo ongheschickt, nu oock tsweerelts stryt verabuyseerd Alsoo dat elck vat, geeft wt sulcks hy in heeft.
La
troisième,
«
Jeronimus Boss invent. Antwpia. A.
fe.
iSqq», et la légende
:
Wel gaender
om
Die
Nous avons
creupele op bey de syden een vette proye, den rechten ganck-myden.
un Saint Christophe dans la série des gravures données à Alart du Hameel en voici un autre, portant dans la marge «J. Kock, déjà décrit
:
;
G. Dankertz ex.
»
et la
légende
:
sacro curvatus pondéré pinu incertum per fréta caeca pedem Littore noctivago praetendit lumina mundo Non bene canities, sed mage grata Deo. Scilicet et pinu fidei, verigz Lucerna Pictum Littora, caelestem tendimus in patriam (2).
Aspicis ut Sulciat
Ce second Saint Christophe, fort différent du premier, composé dans un tout autre sentiment, gravé dans un esprit également différent, montre le Saint traversant les flots tumultueux d’une rivière appuyé sur un long bâton, les
L. Maeterlinck. Le genre satirique dans la peinture flamande, ouv. cit., p. 225 Ces vers semblent pouvoir se traduire ainsi Regarde comme ployant sous son poids sacré, le (2) aux cheveux blancs, guide avec son bâton, son pied incertain, à travers les sombres eaux. Il tourne
(1)
.
:
vieillard
ses regards vers le rivage
qu’appuyé sur
14
le
plongé dans
bâton de
la foi,
la nuit, se confiant
nous tendons vers
les
plus en la faveur divine qu’au
radieux rivages de
monde.
C’est ainsi
la céleste patrie.
lOD
épaules ployant sous la charge d’un énorme globe du l’Enfant Jésus
;
monde
sur lequel est assis
à gauche, se voient des grèves, des tours, des montagnes
;
à droite,
un bout de terrain, au pied d’un tronc d’arbre dont les branches enserrent une chaumière, un ermite éclaire le passeur à l’aide d’une lanterne.
sur
Cette gravure mesure o”"3i de largeur sur 0^24. de hauteur.
colonne de son martyre, mesurant o“ii de montre, pour toute signature, la lettre B et le
Sain/ Sébastien attaché à hauteur sur o'"o8 de largeur,
la
couteau que nous avons rencontrés sur
les
Epreuves de Job.
un second Eléphant assiégé, déjà gravé avec autrement de caractère, par Alart du Hameel, ce qui nous dispense de le décrire haut de o'"4o sur « Hieronymus Bos inve. H. Cock excud. » avec ces o“ 54 de large, il porte « Temeritatis lignes dans la marge de l’estampe subiti ut vehementes sunt Voici
;
;
:
impulsus
;
quorum
hominum mentes
ictibus
concussae, nec sua pericula respicere,
nec aliéna facta justa aestimatione prose quivalent
».
Ecaille voguant sur feau, haute de o""28 sur o'^iqde largeur, porte au bas
de
la
planche, à droite, dans une sorte de cartouche
H. Cock
ex. i5ô2
».
Elle figure, dans une écaille de
«
:
Hieronimus Bos
inve.
moule entrouverte, des gens
musique sur des instruments en partie grotesques, s’embrassant à pleine bouche, mangeant, rendant par-dessus bord le superflu de leur ripaille à travers l’écaille supérieure, du fond de l’esquif, passe un arbre sur les branches faisant de la
;
duquel sont perchés un hibou
une
et
un autre
suspendues une cruche
oiseau,
et
jatte.
Une
La
autre planche,
Sobriété des Moines, inutile d’insister sur le sujet,
Hieronimus Bos
H. Cock. Exc. 1662 ». Puis vient un Charlatan faisant rendre une souris à un malade, portant la mention Bosch inventer. B. S. fecit ». Sur la bordure du « Jheronymus porte les mots
:
«
inv. et
:
vêtement de l’opérateur on
lit
:
«
D. Marcolenus R. V.
».
comme
Finissons cette revue par la Satire de la Chevalerie traitée
les
Epreuves de Job, dans le caractère maigre et sec des gravures de Alart du Hameel, figurant au milieu de la composition un rustre enfumant un homme caché sous une cloche, sur lequel des arbalétriers déchargent leurs arcs
un énorme casque, dont
le
au bout d’un bâton,
sert
une longue trompette
;
arrose
cette
le
cimier consiste en un paysan tenant un pot de bière
au dernier plan, entre autres épisodes, une
embroché
fer, si
et rôtissant
original, figuré
dans
vieille
femme
sur un brasier.
cette gravure,
se rencontre
maintes oeuvres de Jérôme Bosch, qui semble avoir eu pour
coiffure guerrière
croquis dans
106
et
à gauche,
dp prison à divers personnages dont l’un souffle dans
un chevalier bardé de Le casque à l’emploi
dans maintes
;
un goût tout
particulier.
On
dessin dernièrement identifié au Louvre
en trouve jusqu’à sept ;
un autre
figure dans la
Descente du Christ
aux
limbes, plus
ou moins empruntée au maître de Bois-le-Duc
par Peter Bruegel.
Mais revenons à
M.
L. Maeterlinck
semblent
revanche rêvée par
la
sauvage, deviennent, à leur tour,
révolte
leur
(i),
Satire de la Chevalerie, dont les divers motifs, selon
la
les
dans
les prolétaires qui,
bourreaux de leurs anciens
persécuteurs.
Bien d’autres gravures passent pour avoir été burinées d’après Hieronymus
Bosch
certifier l’authenticité
;
Ce qui
de doute,
est hors
étant tout au
De
de ces planches serait certainement
que nombre d’entre
c’est
moins exécutées dans sa manière
et
aller trop loin.
elles rappellent
son
signalons à part \ Eglise triomphante
maître,
le
style.
mesurant 0^09 sur chaque côté, dont une épreuve appartient au Cabinet des Estampes de Paris elle est figurée par une femme debout, drapée, aux longues ailes éployées, brandissant celles-ci
(2),
;
une épée de
la
main gauche
de trancher; autour
tête qu’elle vient
Citons ensuite
:
la
croix,
Saint Antoine,
de
Tentations
Femme
cheveux, dans
démons
des
cellule,
la
main
sorti
X Ivresse et la Gourmandise,
par
Un
toutes signées
du burin de Cornelis Galle
gravée
l’une
une
droite,
fuient de tous côtés.
Graisse et randouille, une Vision,
un Portement de
;
les
d’elle,
X Avare dans sa
fou rase tin autre fou,
H. Cock
tenant par
et
Petrus Firens,
;
l’autre
deux par
genoux d'un homme et une Famille de fous, provenant de l’officine. Aux Quatre vents une Société à table; une Bataille ; Jésus entre Marie et Saint Jean ; Saint Michel terrassant les démons ; Saint Antoine au milieu des diables ; Jés^ts mort sur les genoux de sa mère et soutenu par Saint Jean et Saint Jean à Pathmos. J.
Wierck
;
une
assise sur les
;
Ces différentes planches ont été burinées par portent les signatures, employés par
les
divers graveurs dont elles
Jérôme Cock, sous sa
direction, à ses dépens;
certaines par lui-même.
Pour souci
—
la
gravure connue sous
le
de Cornelis Galle, quoique
Jérôme Bosch,
il
n’est pas
Signalons,
enfin,
de
les
lui,
nom
de Sorgheloos Leven
le sujet
en
ait été,
—
La
vie sans
d’ordinaire, attribué à
mais bien de Jean Verbeeck, de Malines.
trois
gravures sur bois de
la
Tentation de Saint
Pathmos et de Saint Antoine au désert, de l’Histoire de Carel van Mander — édition de Jongh — qui passent pour avoir
Antoine, de Saint Jeaji à des peintres
été exécutées d’après
(1) (2)
doute
la
des dessins de Jérôme Bosch.
Le genre satirique dans la peinture flamande, ouv. cit. La gravure cataloguée par Renouvier, sous le titre de Saint Michel terrassant L. Maeterlinck.
même
que
celle
de VÉglise
les
démons, est sans
triomphante.
107
CATALOGUE DE L’ŒUVRE DE HIERONYMUS BOSCH
PEINTURES DE HIERONYMUS BOSCH, DE SON ÉCOLE ET DE SES IMITATEURS LES PLUS PROCHES I
L’Adoration des Mages.
— Triptyque.
Panneau
central.
H. i.33;
1.
0.71.
Le donateur et Saint Pierre. Volet de gauche. La donatrice et Sainte Agnès (?). Volet de droite. Musée Variantes
Prado, Madrid.
:
—
Eglise d’Anderlecht-lez-Bruxelles.
Provinzial
dît,
Muséum, Bonn.
Eugène Boismen, Nantes.
—
Rijksmuseum, Amsterdam.
Galerie de lord Lesconfield,
— Anciennement
2
L’Adoration des Rois. H. 0.72
3
L’Adoration des Bergers. H. 0.74
;
o. 56
1.
coll.
Musée de Saint-Omer.
—
—
Collection
Seymours, Londres.
.
Metropolitan 1.
;
—
Petworth, Angleterre.
Muséum,
New-Y ork, Etats-Unis.
0.60.
Musée de Cologne. Variante
Musée de
4
:
Bruxelles.
Le Couronnement Dans
—
d’épines.
les angles.
H.
i.65
1.
;
Saint Michel
et la
Chute des anges rebelles.
i.gS.
Casita de Abajo, Escurial. 5
Le Couronnement
—
Saint Michel et Triptyque. Panneau central.
d’épines.
—
la
Chute des anges rebelles.
Dans les angles. L’Arrestation du Christ. Volet de gauche. La Flagellation du Christ. Volet de droite.
Musée provincial. Valence, Espagne. Variante du Couronnement
6
Le Christ
d'épines
de l’Escurial et du Christ
injurié. H. o .85
;
1
.
injurié
du Musée d’Anvers.
0.6g.
Musée d’Anvers. 7
Le Christ au
prétoire. H. 0.75
;
1
.
0.61.
Ane* 8
Le Christ devant
Pilate. H. o.85
;
1.
Coll.
Kaujmann, Berlin.
i.o5.
Princeton
Art Muséum,
Etats-Unis.
Le Christ présenté au peuple.
9
N. B.
Coll.
Variantes
Paterson, Londres.
:
—
—
Rijksmuseum, Amsterdam. Académie des John G. Johnson, Philadelphie, Etats-Unis. Arts, Berlin. Musée de Bonn. Coll. Camberlyn d’Amougies, Pepinghem, Belgique. Coll, particulière. Trêves. Certaines de ces variantes rappellent également le Couronnement crépines de l’Escurial, le Christ injurié du Musée d’Anvers et le Christ devant Pilate àxa Princeton Art Muséum,
Coll.
—
—
—
—
Etats-Unis
10
Le Portement de
croix. H. 1.94
11
Le Portement de
croix. H. 0.72
12
Le Portement de
croix.
;
1.
i.
5 o.
Monastère de l'Escurial. ;
0.78.
1.
Musée de Gand. Coll. Ch.-Léon
— Triptyque. Panneau central.
Les Délices terrestres. Le Paradis terrestre. Volet de gauche.
i3
L’Enfer. Volet de
H. 2.20
;
1.
Cardon, Bruxelles. i.gS.
droite.
Monastère de VEscurial. Variantes
:
Panneau central, Coll. Ch.-Léon Cardon, Musée du Prado, Madrid.
—
Bruxelles.
Le Char de foin. Triptyque. — Panneau central. H. 1.62 La Chute des anges rebelles et le Paradis terrestre.
14
Lucas Moreno,
Coll.
1.
;
i.o 5
Paris.
—
Volets
:
.
Volet de gauche.
L’Enfer. Volet de droite. Vagabond. Volets extérieurs.
Un
Monastère de VEscurial. Variantes
Panneau
:
Espagne.
central, palais d’Aranjuez,
Volet de droite, Monastère de l’Escurial.
Le Christ chassant
15
—
Volet de gauche. Musée du Prado. Madrid.
— Musée du Prado,
Madrid
les marchands du temple. H. 0.76
;
1.
Les Sept Péchés capitaux. Panneau en carré. LE Paradis et l’Enfer aux angles. H. 1.20
— ;
1.
[Vision de Tondalé).
0.60.
Coll.
16
—
Claude Philipps, Londres.
La Mort, le Jugement dernier, i. 5 o.
Monastère de VEscurial.
L’Enfer ou
17
le
Purgatoire. H. 0.57
;
1
.
0.54. Coll.
Variante
Demogé, Paris.
:
Coll. Ollivier, Paris.
18
Une Ame conduite par un ange
19
Fantaisie morale.
(Signé P. H.
— Peter Huys).
H. o. 35 1 0.78. Musée du Prado, Madrid. ;
.
Coll. José Lazaro,
112
Madrid.
20
Fantaisie grotesque (Signé Peter Huys). H. o.86
21
Paysage fantastique
22
Les Epreuves de Job, H. 0,67
1
;
0.82.
.
Musée du Prado, Madrid.
H. 0.49
(Style de Peter Huys).
;
1
.
0.64.
Musée du Prado, Madrid. ;
1
.
1.41.
Musée de Douai. Variante Coll.
Max
:
de Coninck, Dieghem lez-Bruxelles,
Le Jugement dernier. — Triptyque. Panneau central. La Chute des anges rebelles et le Paradis terrestre.
23
Volet de gauche.
L’Enfer. Volet de droite. Saint Bavon. Volet extérieur de gauche. Saint Jacques. Volet extérieur de droite. Académie des Beaux-Arts, Vienne.
Variantes
:
Kaiser Friedrich être de Jean
Muséum
—
Mandyn).
Maeterlinck (pourrait être sur l’autre face,
La
(de l’école de
Cranach
le Vieux), Berlin.
Musée de Bruges, triptyque de H. Met de Blés), Gand.
Vierge abritant sous son manteau
24
Le Jugement dernier. H.
25
Les Châtiments de l’Enfer.
26
La Descente du Christ aux Enfers.
27
La Descente du Christ aux Enfers.
28
Le Jugement dernier.
0.70
;
1.
—
Musée de Bruxelles (pourrait H. Met de Blés). Coll.
—
(pourrait être de
—
Musée de Douai (panneau à deux
faces
;
religieux de l'ordre de Citeaux).
les
i.o 5 .
Ane*
Coll. Pacculy, Paris.
Harrach, Vienne.
Coll.
Musée Impérial de Vienne.
capitaux (Imitation
Palais royal de Hampton Court, Angleterre. Les sept Péchés Les sept Œuvres de Miséricorde. 1 parties). H. 1.12 de Bosch en certaines 1.74,
—
—
;
,
M usée d'A nvers. 29
Les différents épisodes de la Passion (Ecole de Henri de
3o
Saint Jérôme, Saint Antoine et Saint Gilles. central. H. 0.84 1 0.61. Saint Antoine. Volet de gauche. H. 0.84; 1 o. 36 Saint Gilles. Volet de driote. H. 0.84 1. o. 36 ;
H. 1.12 1 1.74. Musée d’Anvers. Triptyque. Saint Jérôme. Panneau
—
Clève).
;
.
.
.
.
.
;
Musée Impérial de Vienne.
Le Martyre de Sainte
3i
Julie.
— Triptyque,
Saint Antoine. Volet de gauche. H. i.oo
Le Port de Capo Corso. 32
33
;
1.
Panneau
central.
H.
i.oo
;
0.60.
1.
0.25.
Volet de droite. H. i.oo
:
1
.
0.25.
Musée Impérial de Vienne. Saint Jean a Pathmos. Revers du panneau. La PASsioN du Christ. Kaiser Friedrich Muséum, Berlin. La Tentation de Saint Antoine. Triptyque. Panneau central. H. i. 3 i 1 1.18.
—
Saint Antoine évanoui. Volet de gauche. Autre Tentation de Saint Antoine. Volet de
i5
;
.
droite.
ii3
L’Arrestation du Christ. Volet
Le Portement de
extérieur de gauche.
croix. Volet extérieur de droite. Palais de Necessidades, Lisbonne.
Variantes
:
— Monastère de l’Escurial. — Rijksmuseum, Amsterdam. — Musée — Musée de Bonn. — Musée Impérial de Vienne. — Coll, du duc d’Anhalt, Woerlitz, Allemagne. — Coll. Cels, Bruxelles. — Coll. Blundell, Liverpool. — Coll. Mayer van den Bergh (pourrait être de Peter Huys), Anvers. — Coll. Durrieu (de Peter Huys), Paris. — Galerie Corsini (de Jean Mandyn), Florence. — Galerie Colonna, Rome. — Galerie Doria, Gênes. Musée de
Bruxelles, triptyque.
d’Anvers.
La Tentation de Saint Antoine. H.
o.5g
;
1.
o.8o. Coll. Ch.
Variante Ane*
coll.
Brunner, Paris.
:
Haro, Paris.
La Tentation de Saint Antoine. H.
0.4g
;
1.
o.5i.
Musée du Prado, Madrid.
La Cure de la
folie. H. 0.4g
;
1.
o.3g.
Musée du Prado, Madrid. Variantes Rijksmuseum, Amsterdam. :
—
Musée de Saint-Omer.
L’Enfant prodigue. Panneau rond
;
diamètre o.63. Coll. Figdor, Vienne.
Le Charlatan.
H., 0.60
;
1.
0.72.
Musée de Saint-Germain-en-Laye, France. Variante
:
Galerie Crespi, Milan.
Saint Jacques triomphant du Magicien. Revers du panneau. Mendiants a la porte d’un couvent. Musée de Valenciennes.
Concert allégorique. Coll. Pontalba, Senlis.
Concert dans une barque (La Nef des
Fous). H. o.5g
;
1.
o.33. Coll. C. Benoit, Paris.
La Sirène a
sa toilette. Panneau rond
;
diamètre 0.20.
Musée de Douai.
PEINTURES PERDUES DE HIERONYMUS BOSCH La Fuite en Egypte. Cité par Carel van Mander.
Le
Christ délivrant les Patriarches dans les limbes. Cité par Carel van Mander.
Le Portement de Croix. Cité par Carel van Mander.
46
Le Portement de Croix.
47
Un Moine
48
Un
49
La Création du Monde.
5o
Abigaïl prosterné devant le roi David.
5i
L’Adoration des Rois.
52
Le Siège de Bethulie.
53
Le Meurtre d’Holopherne.
54
La Fuite des Assyriens.
55
Mardochée et Esther.
56
Triomphe du peuple
Église Sainte-Pharaïlde, de Gand.
discutant avec un hérétique. Cité
par Carel van Mander.
Cité
par Carel van Mander.
Prodige.
Cathédrale de Bois-le-Duc. Cathédrale de Bois-le-Duc. Cathédrale de Bois-le-Duc.
Cathédrale de Bois-le-Duc. Cathédrale de Bois-le-Duc. Cathédrale de Bois-le-Duc.
Cathédrale de Bois-le-Duc. juif.
Cathédrale de Bois-le-Duc.
'
5;
L’Entrée du Christ a Jérusalem.
— Triptyque.
58
La Nativité et la Résurrection.
Volets.
5g
Le Christ en croix
6o
SiCUT ERAT IN DIEBUS NoÉ.
6i
Chirurgiens extrayant la pierre de folie.
62
La Tentation de Saint Antoine.
63
Têtes.
64
Têtes.
65
Banquet de noce
66
La Tentation de Saint Antoine.
67
La Tentation de Saint Antoine.
Panneau
central.
Cathédrales de Bois-le-Duc
avec
le
et
de Bonn.
Limbe des patriarches. Coll, de l’archiduc Ernest. Coll, de l'archiduc Ernest.
Coll, de l’archiduc Ernest.
Inventaire de la succession de Rubens. Inventaire de la succession de Rubens.
Inventaire de la succession de Rubens. (à la
façon de Jérôme Bosch). Inventaire de la succession de Rubens.
Wauters, Bruxelles. Chanoine Wauters, Bruxelles.
Cabinet du Chanoine Cabinet
68
dxi
La Fortune. Palais Grimani, Venise.
69
Diableries et visions.
70
La Baleine engloutissant
Palais Grimani, Venise.
Jonas. Palais Grimani, Venise.
71
Aveugles chassant une truie. Coll, de Philippe II, roi d'Espagne.
72
Danse a la mode de Flandre. *
73
Coll, de Philippe II, roi d’Espagne.
Sorcière débarbouillant un personnage. Coll, de Philippe II, roi d’Espagne.
74
L’Éléphant armé. Coll, de Philippe II, roi d’Espagne.
ii5
Le Voyage du Christ aux Enfers.
75
Coll, de Philippe II, roi d’Espagne.
—
La Tentation de Saint Antoine.
76
Panneau
Triptyque. Saint
Antoine un livre a la main.
central.
77
Saint Antoine a genoux
78
Une Fête de Carnaval.
79
Un
80
Une
81
L’Homme sur la
82
Tête de Cheval mort décharnée.
83
Un Enfant
84
Un
et
Saint Antoine une cloche a la main. Volets. Inventaires des palais royaux d'Espagne. Inventaires des palais royaux d’Espagne.
Mariage. Inventaires des palais royaux d'Espagne.
Orgie. Cité par
Cean Bermudez.
glace. Inventaires des palais royaux d'Espagne.
Inventaires des palais royaux d'Espagne.
monstrueux. Inventaires des palais royaux d’Espagne.
gros souffleur. Inventaires des palais royaux d'Espagne.
85 ^
Un aveugle
conduisant un autre aveugle.
— Peinture à
Inventaires des palais royaux d'Espagne.
86
Le Tribunal Suprême.
87
Saint Christophe traversant une rivière.
88
Saint Christophe et Saint Antoine.
89
La Tentation de Saint Antoine.
90
Un
91
Une Maison avec une
92
Saint Martin entouré de pauvres.
l’huile.
Inventaires des palais royaux d'Espagne.
Inventaires des palais royaux d'Espagne.
— Effet de
Inventaires des palais royaux d’Espagne. nuit.
Inventaires des palais royaux d’Espagne.
Sorcier. Inventaires des palais royaux d’Espagne.
vieille sur la porte. Inventaires des palais royaux d’Espagne. Inventaires des palais royaux d’Espagne.
94
— Esquisse. Inventaires des palais royaux d’Espagne. Saint Martin entouré de pauvres. — Esquisse,
95
Caresme et Charnage.
96
Le Marchand de soufflets.
97
Le Joueur de Cornemuse. Le Christ mené au calvaire. Le Jugement dernier (gravé par
93
Saint Martin entouré de pauvres,
Inventaires des palais royaux d’Espagne.
Inventaires des palais royaux d’Espagne.
A ne. 98
99
Coll, de l’évêque de Siguenza
Alart du Hameel),
Etc., etc.
PRINCIPALES PEINTURES ATTRIBUÉES A HIERONYMUS BOSCH PASSÉES EN VENTE PUBLIQUE 100
Le Jugement dernier.
101
Saint Roch.
Vente Férol, Paris, iSay. Vente Simons, Paris, iSqy.
116
102
Le Jugement dernier.
io3
Sujet allégorique.
104
La Nativité
io5
L’Adoration des Bergers.
106
L’Adoration des Mages.
107
Le Christ en
108
La Vierge et l’Enfant
109
L’Adoration des Mages.
IIO
L’Adoration des Mages.
III
Le Jugement dernier.
112
Le Jugement dernier.
ii3
Le Riche et la Mort.
114
L’Enfer. Volets de triptyque.
ii5
La Tentation de Saint Antoine.
Vente Standisch, i853.
Vente du roi Louis-Philippe, Londres, i853.
Vente Baynton, i853. Vente Baynton, i853.
Vente Weyer, Cologne, 1862
.
Vente Lopez Cepero, 1868
.
Croix. Jésus. Vente Quenisson, i 86ç. Vente Wolsey, i 86g.
Vente R. Sabatier, Paris, i883. Vente Nieuwenhuys, i883. Vente Odiot, Paris, i 8ço. Vente Grignon-Dumoulin, Paris, içoo. Vente Desping, Paris, igoo.
Triptyque. Vente Guimbail, Amsterdam, igoS.
DESSINS DE HIERONYMUS BOSCH OU DE SON ÉCOLE I
Croquis pour une Tentation de Saint Antoine.
2
Concert dans une barque
3
Un Charlatan.
Musée du Louvre, Paris. (la
nef des fous).
Musée du Louvre, Paris. le
—
Concert charivarique. Sur une même
feuille, le
premier au recto,
second au verso.
Musée du Louvre, 4
Croquis de mendiants, d’infirmes,
Paris.
etc.
Bibliothèque Albertine, Vienne. 5
Une Fête de Carnaval. Bibliothèque Albertine, Vienne.
6
Croquis de deux Femmes. Bibliothèque Albertine, Vienne.
7
Scène dans une barque. Académie des Beaux-Arts, Vienne.
8
La Vierge et Saint Jean au pied de la
9
Deux Figures de Femmes affrontées.
Croix. Cabinet des Estampes, Dresde.
Cabinet des Estampes, Dresde.
10
Deux Figures fantastiques. Cabinet des Estampes, Dresde.
117
La Tentation de Saint Antoine.
II
Cabinet des Estampes, Berlin.
12
Danse de Paysans.
13
La Vierge appuyée sur Saint
14
Femme rasant un Paysan.
15
Croquis de Personnages grotesques.
16
Croquis de Personnages grotesques.
Cabinet des Estampes, Berlin.
Jean. Pinacothèque, Munich. British
Muséum, Londres.
University Galleries, Oxford. University Galleries, Oxford.
Réunion de dix Figures.
17
Coll. Pierpont
TAPISSERIES
Morgan, Londres.
DONT LES CARTONS SONT ATTRIBUÉS A HIERONYMUS BOSCH
1
Les délices terrestres.
2
Le Départ de Saint Antoine pour la retraite.
3
Saint Antoine tenté par les démons.
4
Saint Antoine en prière au mont Colzin.
Palais royal, Madrid. Palais royal, Madrid.
Palais royal, Madrid. Palais royal, Madrid.
GRAVURES EXÉCUTÉES PAR ALART DU HAMEEL, H. COCK ET AUTRES, D’APRÈS HIERONYMUS BOSCH 1
Le Serpent
2
Le Jugement dernier.
d’airain. Alart du Hameel.
H. 0.26;
1
0.19.
.
Bibliothèque Alhertine, Vienne.
Alart du Hameel. H. 0.24;
1
.
o. 35 .
Palais des Beaux-Arts de la Ville (Coll. Dutuit), Paris.
Amsterdam.
—
British
Bibliothèque Albertine
—
et
Muséum, Londres.
—
Hof-Bibliothek, Vienne.
Cabinet des Estampes, Dresde.
—
—
Cabinet des Estampes,
University Galleries, Oxford.
— Cabinet des Estampes, Berlin.
Cabinet des Estampes, Erancfort.
Saint Christophe portant l’Enfant Jésus. Alart du Hameel. H. 0.20;
3
Cabinet des Estampes, Amsterdam.
—
—
University Galleries, Oxford.
1
,
0.34.
—
Bibliothèque
Ambroisienne, Vienne.
Constantin le Grand, a la tête de son armée, contemplant l’apparition de la VRAIE CROIX. Alart du Hameel. H. 0.24; 1 0.20.
4
.
British
Muséum, Londres.
— University Galleries,
Oxford.
— Coll. Rothschild,
Paris.
Héraclius ENTRANT a Jérusalem avec le bois de la croix. Alart du Hameel. H. 0.20
5
1.
Palais des Beaux-Arts de la Ville (Coll. Dutuit), Paris.
— 118
;
o.ig.
Hof-Bibliothek, Vienne.
— British Muséum,
Londres.
6
L’Eléphant assiégé.
H, 0.20; 1. o.33. British Muséum, Londres.
Alart du Hameel.
7
Un couple de
8
Le Jeune homme aux guirlandes.
9
Les Epreuves de Job. H. o.io;
—
HoJ-Bibliothek, Vienne.
musiciens auprès d’une fontaine. Alart du Hameel. H. 0.24
;
1.
0.12.
British Mtiseum, Londres.
Alart du Hameel. H. 0.0g
;
1.
0.07.
Cabinet des Estampes, Dresde. 1
0.09.
.
University Galleries, Oxford.
10
Le Baptême du
II
Le Portement de Croix.
Christ. L.
Lombard
et
H. Cock. Coll. Ollivier, Paris.
12
Le Jugement dernier.
Triptyque. H. Cock. Panneau central. H. 0.32
La Chute des anges rebelles H. 0.32;
1.
le Paradis terrestre. H. Cock. Volet de gauche.
et
0.12.
L’Enfer. H. Cock. Volet de
droite.
H.
0.32
;
1.
0.12.
Cabinet des Estampes, Paris. — Cabinet des Estampes, Bruxelles. — i3
La Tentation de Saint Antoine. H.
Cock. H. 0.32
;
1.
Cabinet des Estampes, Brtixelles.
Saint Martin dans une barque assailli par des mendiants. H. o.33; Cabinet des Estampes, Paris.
i5
La Barque bleue. H.
Cock. H. 0.23
;
1.
Les deux Aveugles. H. Cock. H. 0.19
;
La Baleine éventrée. H. Cock. H.
1.
Une Fête de Carnaval. H.
Ollivier, Paris.
0.21;
Cock. H. 0.20
—
Coll. Speltinckx,
Gand.
0.25.
— Cabinet des Estampes, Bruxelles.
o.3o.
1.
— Cabinet des Estampe'^, Bruxelles.
Cabinet des Estampes, Paris.
i8
0.42.
0.29.
Cabinet des Estampes, Paris. 17
1.
— Cabinet des Estampes, Bruxelles. — Coll. Cabinet des Estampes, Paris.
i6
Coll. Ollivier, Paris.
0.42.
—
Cabinet des Estampes, Paris.
14
0.23.
1.
;
;
1.
0.28.
— Cabinet des Estampes, Amsterdam.
Cabinet des Estampes, Paris.
19
Une Fête de Carnaval.
20
Mendiants, infirmes et malingreux. Aux Quatre
C. van Tienen. vents.
Cabinet des Estampes, Brîixelles.
Même sujet. Aux Quatre vents. et malingreux. Même sujet. Antwpia. A. fe.
21
Mendiants, infirmes et malingreux.
22
Mendiants, infirmes
Cabinet des Estampes, Paris.
23
Saint Christophe traversant une rivière.
24
Saint Sébastien attaché a une colonne. B. H. o.ii
25
L’Éléphant assiégé. H. Cock. H.
J.
Cock, C. Dankertz. H. 0.24
;
1.
0.19.
Cabinet des Estampes, Paris. ;
1.
0.08.
University Galleries, Oxford.
0.40
;
1.
0.54.
Cabinet des Estampes, Paris.
— Cabinet des Estampes,
Amsterdam.
119
L’Écaille voguant sur l’eau. H. 0.20
2.6
;
1.
0.29.
Cabinet des Estampes, Paris.
— Cabinet des Estampes, Amsterdam.
La Sobriété des moines, H. Cock. Le Charlatan faisant rendre une souris a un malade. La Satire de la Chevalerie.
27 28
29
B. S.
Cabinet des Estampes, Bruxelles.
GRAVURES EXÉCUTÉES PAR H. COCK ET AUTRES DONT LA COMPOSITION EST ATTRIBUÉE A HIERONYMUS BOSCH L’Eglise triomphante. H. 0.09
30
1/2
;
1
.
0.09.
—
Coll. Ollivier, Paris.
— Cabinet des
Estampes, Bruxelles.
Cabinet des Estampes, Paris.
L’Avare dans sa cellule. H. Cock. H.
31
0.21
;
1
.
0.29.
Cabinet des Estampes, Paris.
32
L’Ivresse et la Gourmandise. H. Cock.
33
Un Fou
rase un autee Fou. H. Cock. La Graisse et l’Andouille. H. Cock. Une Vision. H. Cock.
34 35
Le portement de Croix. Corn. Galle. La Tentation de Saint Antoine. Petr. Firens. La Tentation de Saint Antoine. J. Wiercx.
36 37
38
Saint Antoine au milieu de diables. Une Femme assise sur les genoux d’un Homme. Aux Quatre vents. La Famille des Fous. Aux Quatre vents. La Société a Table. Une Bataille. H. 0.29 1 0.42. JÉSUS entre Marie et Saint Jean. H. o.33 1. 0.24.
3g
40 41
42 43
.
;
44
;
Ane.
Coll. Delbecq.
JÉSUS mort sur les genoux de sa mère soutenu par Saint Jean. Six autres sujets dans les fonds. Ane. Coll. Delbeeq.
45
GRAVURES SUR BOIS DONT LA COMPOSITION EST ATTRIBUÉE, SANS PREUVES, A HIERONYMUS COCK La Tentation de Saint Antoine. H. 0.26 Saint Antoine au désert. Saint Jean a Pathmos. H. 0.27 1. 0.34.
46 47 48
;
120
;
1.
o.38.
TABLE DES PLANCHES PEINTURES 1.
Portrait de
Hieronymus Bosch, d’après
gravure du recueil de
la
Lamp-
sonius
en frontispice
.
2.
Portrait de Hieronymus Bosch, d’après
3.
L’Adoration des Mages, triptyque, avec ses volets
dessin du recueil d’Arras.
le
:
.
en regard page
i
Saint Pierre et le
donateur Sainte Agnès ? et la donatrice (Musée du Prado, Madrid). ;
»
»
2
4.
L’Adoration des Mages, triptyque, panneau central (Musée du Prado, Madrid).
»
»
2
5.
L’Adoration des Mages, triptyque, avec ses volets
»
»
4
(Église d’Anderlecht, Bruxelles). 6.
L’Adoration des Mages (Rijksmuseum, Amsterdam).
»
»
6
7.
L’Adoration des Rois (Metropolitan Muséum, New-York).
»
»
6
8.
L’Adoration des Bergers (Musée de Cologne).
»
»
8
9.
Le Couronnement
«
»
8
10.
Le Couronnement
»
10
»
”
10
»
«
12
»
»
14
”
”
14
»
»
16
»
”
16
”
”
18
d’épines
(Casita de Abajo, Escurial, Espagne).
d’épines, triptyque, avec ses volets
:
l’Arrestation et
du Christ (Musée de Valence, Espagne).
la Flagellation
11.
Le Couronnement
12.
Le
d’épines, triptyque,
panneau central
(Musée de Valence, Espagne). Christ injurié
(Musée d’Anvers). 13.
Le
Christ au prétoire (Ane. Coll. Kaufmann, Berlin).
14.
Le
Christ devant Pilate (Princeton Art
15.
Le
Muséum, New-Jersey,
Etats-Unis).
Christ présenté au peuple (Coll.
John G. Johnson, Philadelphie, Etats-Unis).
16.
Le Portement de
17.
Le Portement de
croix
(Palais de l’Escurial, Espagne).
croix
(Musée de Gand).
16
121
18.
Le Portement de Les Délices
19.
croix
en regard page
i8
Ch. -Léon Cardon, Bruxelles).
(Coll.
terrestres, triptyque,
panneau central
»
»
20
»
»
20
»
»
22
»
»
22
>'
»
24
»
»
24
»
»
26
»
»
26
»
»
28
»
»
28
»
»
28
»
»
3o
»
»
3o
»
»
32
»
»
32
»
»
34
(Palais de l’Escurial, Espagne).
20.
Les Délices
médiane du panneau central
terrestres, triptyque, partie
.
(Palais de l’Escurial, Espagne).
21.
Les Délices
terrestres, triptyque, fragment de
gauche du panneau central
(Palais de l’Escurial, Espagne).
22.
Les Délices
terrestres, triptyque, volets
:
Le Paradis terrestre
et l’Enfer
(Palais de l’Escurial, Espagne).
23.
Les Délices
terrestres, triptyque,
...
fragment du volet de l’Enfer
(Palais de l’Escurial, Espagne).
24.
La
25.
Le Char de
Vision de Tondale (Musée du Prado, Madrid). foin, triptyque, volets extérieurs
....
Le Vagabond
:
(Palais de l’Escurial, Espagne).
26.
Le Char de
foin, triptyque,
avec ses volets
:
Le Paradis
terrestre et
l’Enfer (Palais de l’Escurial, Espagne).
27.
Le Char de
foin, triptyque,
panneau central
(Palais de l’Escurial, Espagne).
Les Marchands chassés du temple
28.
(Coll.
Claude Philipps, Londres).
Les Sept Péchés capitaux, avec les médaillons de du Jugement dernier et du Paradis
29.
la
Mort, de l’Enfer,
(Palais de l’Escurial, Espagne).
30. Fantaisie
morale
(Coll. José Lazaro,
31. Peter
Madrid).
Huys. Fantaisie grotesque (Musée du Prado, Madrid).
Les Epreuves de Job
32.
(Musée de Douai). 33.
Les Epreuves de Job (Coll.
Le Jugement
34.
Max
de Coninck, Dieghem-lez-Bruxelles).
dernier, triptyque, volets extérieurs
:
Saint
Bavon
et Saint
Jacques de Compostelle (Académie des Beaux-Arts, Vienne). 35.
Le Jugement
dernier, triptyque, avec ses volets
:
Le Paradis
terrestre
et l’Enfer
»
36
”
36
(Académie des Beaux-Arts, Vienne). 36.
Le Jugement
dernier, triptyque,
panneau central
(Académie des Beaux-Arts, Vienne). 37.
Le Jugement
”
dernier
38
(Ane. Coll. Pacculy, Paris). 38.
H. Met de
Blés.
Le Jugement
dernier, triptyque, avec ses volets
I22
Le ”
Paradis et l’Enfer (Coll. L. Maeterlinck,
:
Gand).
38
/
3 g.
Le Jugement
dernier et la Vierge abritant sous son manteau l’ordre de
Cîteaux, panneau à deux faces
en regard page
40
(Musée de Douai). 40. y^ean
Mandyn
Les châtiments de l’Enfer
?
41.
La Descente du
42.
Le Jugement
Christ aux Enfers (Musée Impérial de Vienne). dernier, les Sept
Péchés capitaux
et les
»
40
»
»
40
»
»
42
»
»
42
»
»
44
»
»
44
»
»
46
»
»
46
»
»
46
»
»
48
»
»
48
»
»
5o
Sept Œuvres de
Miséricorde (Musée d’Anvers). 43.
»
Harrach, Vienne).
(Coll.
Henri de Clève
Les
?
différents
Episodes de
la
Passion
(Musée d’Anvers). 44. Saint Jérôme, Saint Antoine et Saint Gilles, triptyque, avec ses volets
:
Saint Antoine et Saint Gilles
(Musée Impérial de Vienne). 45. Saint
46.
Jérôme, Saint Antoine et Saint Gilles, triptyque, panneau central. (Musée Impérial de Vienne).
Le Martyre de et le
47.
Sainte Julie, triptyque, avec ses volets
:
Saint Antoine
Port de Capo Corso (Musée Impérial de Vienne).
Le Martyre de
Sainte Julie, triptyque, panneau central
(Musée Impérial de Vienne). 48. Saint
Jean à Pathmos (Kaiser Friedrich
49.
La Tentation de
Muséum,
Berlin).
Saint Antoine, triptyque, avec ses volets
(Palais de Necessidades, Lisbonne).
5 0.
La
5 1.
La Tentation de
....
Tentation de Saint Antoine, triptyque, panneau central (Palais de Necessidades, Lisbonne).
tion
du
Saint Antoine, triptyque, volets extérieurs
Christ, le
:
L’Arresta-
Portement de croix
(Musée de Bruxelles). 52
.
La Tentation de
»
»
5o
53
.
La
Tentation de Saint Antoine (Rijksmuseum, Amsterdam).
»
”
52
54.
La
Tentation de Saint Antoine (Musée d’Anvers).
”
»
52
55
La Tentation de
”
”
52
»
”
54
»
«
54
”
”
^4
”
”
56
.
Saint Antoine, triptyque, avec ses volets (Musée de Bruxelles).
(Coll.
56
.
La
Saint Antoine
Ch. -Léon Cardon, Bruxelles).
Tentation de Saint Antoine (Coll. P. Durrieu, Paris).
57. Peter
Huys
o\x
Jean Mandyn?
La Tentation de
Saint Antoine
....
(Coll. Cels, Uccle-lez-Bruxelles).
58
.
La Tentation de
Saint Antoine
(Coll. Cels, Uccle-lez-Bruxelles).
5 g.
H. Met
La
Tentation de Saint Antoine (Musée Impérial de Vienne).
de Blés.
123
60. École de
Lucas Cranach.
La Tentation de
(Galerie Colonna,
61.
La
Saint Antoine
en regard page
Tentation de Saint Antoine (Coll.
56
Rome). »
»
56
»
»
58
»
»
58
»
»
58
»
»
60
»
»
60
»
»
60
»
»
62
»
»
62
»
»
62
»
»
64
»
»
66
»
»
66
»
»
68
«
»
68
«
»
7^
»
»
70
«
»
72
»
®
72
plume
»
»
74
plume
»
»
74
Ch. Brunner, Paris).
62.
La Tentation de
63.
La Cure de
Saint Antoine (Musée du Prado, Madrid). la folie
'
(Musée du Prado, Madrid). 64.
La Cure de
la folie
(Rijksmuseum, Amsterdam). 65.
L’Enfant prodigue (Coll. Figdor, Vienne).
Le Charlatan
66.
(Musée de Saint-Germain-en-Laye).
Le Charlatan
67.
.
(Galerie Crespi, Milan).
68. Peter
Huys
?
Saint Jacques triomphant du Magicien et Mendiants à la
porte d’un couvent, panneau à deux faces (Musée de Valenciennes).
Concert allégorique
69.
(Coll. Pontalba, Senlis).
Concert dans une barque
70.
(Coll. C. Benoit, Paris).
La
71.
Sirène à sa toilette (Musée de Douai).
DESSINS 72.
Croquis de mendiants, d’infirmes, de malingreux,
73.
Fête de Carnaval, dessin à
etc.,
dessin à la plume
(Bibliothèque Albertine, Vienne). la
plume
(Bibliothèque Albertine, Vienne).
Croquis de deux femmes, dessin à la plume
74.
(Bibliothèque Albertine, Vienne). 75.
Croquis pour une Tentation de Saint Antoine, dessin à (Musée du Louvre, Paris).
76.
Concert dans une barque, dessin à (Musée du Louvre, Paris).
la
la
plume
...
plume
....
77. Feuillet
de croquis. 1° Le Charlatan, dessin à la plume, recto (Musée du Louvre, Paris).
78. Feuillet
de croquis. IP Concert charivarique, dessin à la plume, verso (Musée du Louvre, Paris).
Femme
79.
rasant un paysan, dessin à la plume (British
Muséum, Londres).
Croquis de personnages grotesques, dessin à
80.
.
la
(University Galleries, [Oxford, Angleterre). 81.
Croquis de personnages grotesques, dessin à
la
(University Galleries, Oxford, Angleterre).
124
82.
La
Vierge appuyée sur Saint Jean, dessin à la plume
.
.
en regard page
76
(Pinacothèque de Munich).
83
.
Croquis pour une Tentation de Saint Antoine, dessin à
plume
la
...
»
»
76
»
»
76
»
»
78
»
»
78
w
»
80
»
»
80
(Cabinet des Estampes, Berlin). 84.
Danse de paysans, dessin
à la
plume
(Cabinet des Estampes, Berlin).
TAPISSERIES 85
.
Les Délices
terrestres, avec le Paradis terrestre et l’Enfer, tapisserie,
d’après le triptyque de (Coll,
86.
de
la
Hieronymus Bosch
Couronne d’Espagne, Palais
royal, Madrid).
Saint Antoine partant pour la retraite, tapisserie, d’après une composition
présumée de Hieronymus Bosch (Coll,
87. Saint
la
Couronne d’Espagne, Palais
Antoine tenté par les démons
tion
?
royal, Madrid).
tapisserie, d’après
une composi-
présumée de Hieronymus Bosch (Coll,
88. Saint
de
de
la
Couronne d’Espagne, Palais
royal, Madrid).
Antoine en prière au mont Colzin, tapisserie, d’après une compoprésumée de Hieronymus Bosch (Coll, de la Couronne d’Espagne, Palais royal, Madrid).
sition
GRAVURES 89.
Le Jugement sition de
dernier,
gravure d’Alart du Hameel, d’après une compo-
Hieronymus Bosch
go. Saint Christophe,
de Hieronymus Bosch 91. Constantin le
de
la croix,
Grand, à
la tête
92. Héraclius entrant à
Jérusalem avec
le
Un
Hieronymus Bosch
couple de musiciens auprès d’une fontaine,
»
84
»
»
86
....
»
»
86
»
»
88
»
»
88
»
»
90
»
»
9°
”
”
92
Les Épreuves de Job, gravure d’après une composition de Hieronymus
Le Jugement
dernier, gravure de
Jérôme Cock, d’après
le
triptyque de
Le
Jugement dernier, gravure de Jérôme Cock, d’après le triptyque de
Hieronymus Bosch, g8.
84
gravure d’Alart du
Hieron}^mus Bosch, panneau central 97.
»
...
Bosch g6.
»
bois de la croix, gravure d’Alart
Hameel, d’après une composition de Hieronymus Bosch .
82
L’Eléphant assiégé, gravure d’Alart du Hameel, d’après une composition de
g5
»
de son armée, contemplant l’apparition
du Hameel, d’après une composition de Hieronymus Bosch
94.
»
gravure d’Alart du Hameel, d’après une composition de
Hieronymus Bosch
93.
82
»
gravure d’Alart du Hameel, d’après une composition
La Tentation de
volets
du Paradis terrestre
et
de l’Enfer
...
Saint Antoine, gravure de Jérôme Cock, d’après une
composition de Hieronymus Bosch 99. Saint
Martin dans une barque, gravure de Jérôme Cock, d’après une
composition de Hieronymus Bosch
125
loo.
La barque
bleue, gravure de
Jérôme Cock, d’après une composition
de Hieronymus Bosch 101.
102.
en regard page
Les deux Aveugles, gravure de Jérôme Cock, d’après une composition de Hieronymus Bosch
La
»
»
»
.
»
»
»
96
.
»
»
96
Cock et de Cornelis Danckertz, une composition de Hieronymus Bosch
»
»
98
»
»
98
»
»
100
»
»
102
»
>»
104
Fête de Carnaval, gravure de Jérôme Cock, d’après une composition de Hieronymus Bosch
104. Mendiants, infirmes et malingreux, gravure de l’officine de
Jérôme
Cock, Aux Quatre vents, d’après un dessin de Hieronymus Bosch 10 5
.
Saint Christophe, gravure de Jérôme d’après
106.
94
Baleine éventrée, gravure de Jérôme Cock, d’après une composition
de Hieronymus Bosch 10 3
92
L’Eléphant assiégé, gravure de Jérôme Cock, d’après une composition de Hieronymus Bosch
107. L’Écaille voguant sur l’eau, gravure de Jérôme Cock, d’après une
composition de Hieronymus Bosch 108.
La
Satire de la chevalerie, gravure d’après une composition de Hiei’O-
nymus Bosch 109. L’Église triomphante, gravure d’après
une composition présumée de
Hieronymus Bosch
w»"
126
TABLE DES MATIÈRES Chapitre I. — Etat des esprits dans la seconde partie du XV^ siècle. — Hieronymus Bosch jugements portés sur son œuvre par les critiques de tous les temps ce que ;
;
l’on sait aujourd’hui
—
Chapitre
II.
Chapitre
III.
L’art de
—
de sa biographie
i
Hieronymus Bosch
;
son expression, ses caractéristiques
Hieronymus Bosch.
Influences subies par
—
Du
.
.
— Technique
IV.
et
ig
procédés de Hieronymus Bosch.
— Monogramme énigma-
tique de certains tableaux de lui ou de ses successeurs
Chapitre V. Mages
—
d’épines
le
;
—
Peintures de Hieronymus Bosch.
Rois
l’Adoration des
;
Christ injurié
triptyque de Valence
;
le
;
;
Le
Chapitre VI.
;
triptyque de l’Adoration des
Christ au prétoire
Péchés capitaux
les sept
;
les
le
;
Christ présenté au peuple
le
3o
des Bergers
l’Adoration
triptyques des Délices terrestres, du Char de foin et
chassés du temple
ii
surnaturel et du
diabolisme dans son art
Chapitre
Pages
;
Le Couronnement
Christ devant Pilate
;
le
Portement de croix les leurs dérivés les Marchands ;
le
;
;
Epreuves de Job
3y
— Suite des Peintures de Hieronymus Bosch. — Le triptyque du Jugement
dernier et ses dérivés
;
triptyques de Saint Jérôme, Saint Antoine et Saint
les
du Martyre de Sainte
Gilles et
Julie
— Suite des Peintures
Chapitre VII.
Antoine et leurs dérivés
;
la
;
Saint Jean à Pathmos
de Hieronymus Bosch.
55
— Les
Tentations de Saint
l’Enfant prodigue le Charlatan Cure de la folie la Barque naviguant la Sirène à sa toilette ;
;
;
...
67
Hieronymus Bosch disparues ou détruites. La Fuite en Egypte le Christ aux limbes le Portement de croix un Moine discutant avec un hérétique un Prodige peintures à la cathédrale de Bois-le-Duc tableaux à Anvers, à Bruxelles, en Espagne autres tableaux. Les Drôles
81
Saint Jacques et le Magicien
;
;
— Peintures de
Chapitre VIH.
—
;
;
;
;
;
;
;
Chapitre IX.
— Dessins
Carnaval
de Hieronymus Bosch.
Croquis divers
;
;
la
Barque naviguant
Saint Jean au pied de la Croix
Paysans
;
— Croquis
;
la
autres Croquis
;
Tentation de Saint Antoine
Dessins faussement attribués au maître
Délices terrestres et de la Vie de Saint Antoine
Bois-le-Duc
de mendiants
;
;
;
;
;
une Fête de la
Vierge et
la
Danse de
cartons pour les tentures des sculptures de la cathédrale de
87
127
Chapitre X. Alart du
—
les œuvres de Hieronymus Bosch, par gravures exécutées d’après ses œuvres ou dans sa manière par
Gravures exécutées d’après
Hameel
;
Cock, C.-F. van Thienen, C. Danckertz, P. Firens,
Wierck, Corn. Galle,
etc.
g5
Peintures de Hieronymus Bosch, de son école et de ses imitateurs les plus proches.
iii
Peintures perdues de Hieronymus Bosch
114
J.
Catalogue de l’œuvre de Hieronymus Bosch
Principales peintures attribuées à
J.
:
Hieronymus Bosch passées en vente publique.
.
116
Dessins de Hieronymus Bosch ou de son école
117
Tapisseries dont les cartons sont attribués à Hieronymus Bosch
118
Gravures exécutées par Alart du Hameel, H. Cock
et autres, d’après
Hieronymus
Bosch Gravures exécutées par H. Cock et autres dont
'
118 la
composition est attribuée à
Hieronymus Bosch
120
Gravures sur bois dont la composition est attribuée, sans preuves, à Hieronymus Cock
120
Table des planches
128
Pages
121