Hieronymus Bosch : son art, son influence, ses disciples, 1914

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1



HIERONYMUS BOSCH SON ART, SON INFLUENCE, SES DISCIPLES


Cet otivrage est tiré à

:

ôoo exemplaires sur papier de Hollande à la cuve

van Gelder Zonen, numérotés de i à ôoo 12 exemplaires sur papier de riale

la

Manufacture Impé-

du Japon, numérotés de 1 à Xll. Exemplaire numéro



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H lERONYMUS BOSCH SON ART, SON INFLUENCE, SES DISCIPLES PAR

PAUL LAPON CONSERVATEUR DU MUSÉE DE PAU

BRUXELLES ET PARIS LIBRAIRIE NATIONALE D’ART ET D’HISTOIRE G.

VAN OEST & MCMXIV

Éditeurs


Imprimerie J.-E. Buschmann, Anvers.




CHAPITRE

I

Etat des esprits dans la seconde partie du xv® siècle. — Hieronymus Bosch jugements portés sur son œuvre par les critiques de tous LES TEMPS CE QUE l’ON SAIT AUJOURD’HUI DE SA BIOGRAPHIE ;

;

Au XV®

siècle, alors

que

la sculpture et la

peinture évoluent vers l’indivi-

dualisme, toutes deux arrivent sans transition à un des points culminants de

un rare degré de suavité et de noblesse avec les frères Jean et Hubert van Eyck, Roger van der Weyden, Memling, leurs élèves et imitateurs, elle n’en est pas moins puissamment naturaliste. L’homme du Si

l’art.

Moyen

la

peinture atteint alors à

âge, aussi bien en France que dans les Pays-Bas, allie à l’idéalisme le

plus élevé

un matérialisme des plus

dire

est

qu’il

profondément

foncièrement naturalistes.

Il

grossiers.

siècle est

dans son langage, dans ses

l’est

une des époques

il

les

l’est

;

magie,

goût de l’étrange,

le

la superstition, la fièvre

de

écrits,

dans ses

plus déroutantes de l’humanité

du merveilleux

l’attrait

mieux

en tout.

la barbarie et la civilisation se coudoient, s’entrechoquent,

gent

vaudrait-il

sous des apparences et des formes

spiritualiste,

productions artistiques, dans ses mœurs,

Le XV®

Mais peut-être

sorcellerie,

est

comme

alors

luttent et se mélan-

dans tous

l’a si

;

les esprits, la

bien dit L. Solvay

(i),

brûlent les cerveaux et détraquent les nerfs, la peur de l’Enfer, la crainte du

démon damnent ait

Aussi rien d’étonnant à ce que

la chrétienté tout entière.

l’art

essayé d’interpréter ces inquiétudes des âmes, de les rendre palpables, d’expri-

mer

l’effroi,

croyants

le

;

ments de

désespoir général. Les peuples du

doute n’est pas encore né.

l’Eglise,

la sorcellerie,

Parmi légion,

le

les les

une peur atroce de

enchantements,

(i)

ont une

l’Enfer,

magie, et la fin

le

foi

sont entièrement

siècle

absolue dans

le

les

enseigne-

une confiance aveugle dans sabbat.

du Moyen

âge, et

ils

est l’un des plus personnels, des plus

L. Solvay. Rapport présenté sur .

la

grands peintres de

Hieronymus Bosch

Belgique , içoi

Ils

XV®

mémoire de M. Louis Maeterlinck.

furent cependant

primesau tiers

et,

Bulletin de l'Académie de


en

même

temps, l’un de ceux dont l’œuvre

de son temps

Ce

mieux

le

symbolisme de

l’art

(i).

amateurs

n’est pas d’ailleurs d’aujourd’hui qu’il sollicite la curiosité des

des historiens. Vasari

et

reflète le

(2)

lui

consacre une notice, dans laquelle

il

l’appelle

Lampsonius (3) le célèbre dans une longue pièce de vers latins qu’il accompagne du portrait de l’artiste M. van Waernewijck de Gand (4), cite son nom à différentes reprises Carel van Mander (5), Sanderus (6), Isaac Bullart (7), Joachim Sandrart (8), Houbracken (9), l’anonyme de Morelli (10), Orlando (ii), Zanetti (12) se gardent de l’oublier; le bonhomme Descamps écrit que « c’est bien dommage qu’il n’ait jamais conçu que des idées monstrueuses et «

l’auteur des vrais

cauchemars

»

;

;

;

terribles.

A quels

Ce qui surprend

ajoute-t-il,

»,

prix auraient-ils donc été

s’il

«

c’est

que

ses tableaux ont été fort chers.

avait traité des sujets riants

sont encore les chroniqueurs espagnols qui ont témoigné

le

? »

(i3).

Mais ce

plus d’attrait pour

Hieronymus Bosch, qui l’ont même, quelque étrange que la constatation puisse paraître, le mieux jugé et compris. Francisco de los Santos (14) prétend que Les Délices terrestres, une des principales productions du maître, sont une œuvre

(1)

La

poétesse anversoise

Anna Byns

(1494-1566) écrivit trois recueils de poésies religieuses et

particulièrement dans Jérôme Bosch, dans lesquels elle dit va l’envers, que désordre monde à le règne partout. que le Si notre artiste n’apparde lÔaS Refrain le tenait à une époque quelque peu antérieure, peut-être aurait-il convenu d’établir un parallèle entre lui militantes contre les luthériens, qu’ignora

et elle. (2)

G. Vasari. Vie des peintres, sculpteurs

de Jeanron. 10 (

3)

et architectes.

Traduction de Leclanché, commentaires

vol. In-S®, Just Tissier, Paris, 1839-1842.

Lampsonius. Pictorum aliquot celebrium Germanicae inferioris

effigies.

Anvers, 1672.

Marc van Waernewijck. Troubles en Flandres et dans les Pays-Bas au XVP siècle, i566-i569. Traduction du hollandais par Hermann van Duyse et Paul Bergmans. 2 vol. In-4», G. Van Oest, (4)

Bruxelles, 1905. (

5)

Carel van Mander. Le

2 vol. In-40, Paris, (6)

i

88 i-i 885

Bruxelles,

i

des peintres. Traduction, notes et commentaires de

H. Hymans.

.

Sanderus. Flandria

2 vol. In-folio,

livre

illustrata. 2 vol. In-folio,

652 -i 659

.

Cologne, 1642-1644. Chorégraphia Sacra Brabantia.

Sanderus, né à Anvers en

i 586 ,

mort à l’abbaye d’Afflighem, où

en 1664, entré dans les ordres de bonne heure, devint secrétaire du cardinal de chanoine de la cathédrale d’Ypres et censeur des livres à Bruxelles.

s’était retiré

(7)

illustres..

(8) (9)

In-8°,

Is.\AC

In-folio,

Bullart. Académie des Sciences

Amsterdam,

et

des Arts, contenant les vies

.

di

vol.

dizegno scritta da un anonimo. In-8», Bassano, 1800. antichissiifii

pittori,

scultari

cita di Venezia. Venise, 1773.

Descamps. La vie des peintres flamands. 4 vol. In-8°, Paris, 1753-1763. Francisco de los Santos. Descripcion breve del monasterio de S. Lorenzo del Escorial, unica

maravilla del mundo... In-folio, Madrid, 1667.

2

hommes

Joachim de Sandrart. Academia nobilissimae artis picturae. In-folio, Nuremberg, i 683 Arnold Houbracken. Groote Schouburg der nederl. kunstschilders en schilderessen. 3

(11) Orlandi. Abecedario pittorico, nel quale descritte le vite degli ed architetti ec accrescinti da P. Guarienti. In-40, Venezia, 1753. (12) Ant. Mar. Zanetti. Descrizione di tutte le pubbliche pitture délia

(14)

éloges des

1682.

Amsterdam, 1718. (10) Jacope Morelli. Notizia d’opere

(1 3 )

et

il

Cueva,

la


I-





moralisatrice, qu’on devrait remplir la terre de ses copies.

Ximenes

dans

(i) voit

un sens et une pensée sérieuse et dévote. Le Père Sigüenza (2) entend démontrer que ses productions ne sont pas extravagantes, mais des œuvres de grande philosophie, et que s’il a des choses étranges, c’est notre faute et non la sienne, car, pour le dire une bonne fois, il a voulu peindre les péchés et les vices des hommes. « Je voudrais », ajoute le pieux sa peinture, sous des formes burlesques,

religieux,

que tout

«

chacun en

retirerait

grand

pénétré des éléments de ses tableaux, car

soit

en jetant par cela

fruit

même un

en se rendant compte de son aveuglement.

intérieur,

pense que

dessine des figures étranges,

s’il

admirables.

Une

trouve que

le

de

monde

le

Cean Bermudez

(5)

Philippe

II,

fit

qui

de méditation de ses fantaisies licencieuses, qu’il se garde,

lui,

A son

peintres.

et

c’est

du XIX®

tour, à l’aurore

siècle,

s’exprime sur son compte avec un véritable enthousiasme.

psalmodier

à l’héréditaire mélancolie

la Folle,

qui se retira dans

se

il

(4)

tort

Les descendants de Jeanne Charles-Quint,

que

(3)

des choses

réalité

un

Père Sigüenza honore beaucoup trop Bosch

comme modèles aux

cercueil,

imagine en

il

fort

Felipe de Guevara

des rares exceptions dans ce concert d’éloges est Pacheco

faire des sujets

de proposer

»

regard dans son

fils,

monastère de Yuste où, couché dans un

le

des morts

prières

les

son

;

;

son

petit-fils,

morose

le

qui se cloîtra dans une étroite cellule du couvent de l’Escurial,

trouvèrent dans

les

champ pour

compositions de cet étrange peintre un vaste

imagination maladive

et des idées

sombre détachement des

leur

Leur

qui convenaient à leur état d’esprit.

joies et des allégresses de la vie, leur tristesse insondable,

leur curiosité et leur appétence de l’au delà

y rencontrèrent l’aliment voulu

et

désiré.

reconnaissants à Jérôme Bosch de leur traduire les tourments,

Ils étaient

les peines,

les pleurs,

entendu douleur

les les

douleurs, de démontrer qu’il ne sert à rien de les nier. larmes, les

cris, les

ni les bafouer ni

les

contorsions ont trouvé leur traducteur.

Qui pouvait mieux convenir au caractère espagnol

(1)

El Maestro

Fr. Andres Ximenes.

Il

lui,

n’a

mais témoigner de leur existence. La

glorifier,

pas d’ailleurs l’élément réparateur,

n’est-elle

En

le

moyen de

la

rédemption

?

?

Descripcion del Real

Monasterio de S.

Lorenzo del

Escorial... In-folio, Madrid, 1764. (2)

El Padre

del Monasterio de

Fr. Josef de Sigüenza. Historia de

San Lorenzo

del Escorial. Madrid,

( 3)

D” Felipe de Guevara. Comentarios de

(4)

Francisco Pacheco. Arte de

copiada de

la

primera que dip a

la

la

la

6o 5

vol., J. Ibarra.

Orden de San Geronimo, tome

III.

Descripcion

Pintura, notas de Antonio Ponz. Madrid, 1788.

estampa su autor en Sevilla

Manuel Galiano, Madrid, 1866, Cean Bermudez. Diccionario historico de

Espana. In-i6°, 6

la .

Pintura. Secunda edicion que se hace de este libro fielmente

Villaamil, 2 vol. In-i2°, (5)

i

t.

el

ano de 1649. Dirigela D. G. Cruzada

II, p. 129.

los

mas

ilustres profesores

de

las Bellas Artes

Madrid, i8oo.

3

en


1

D’un

côté absolument opposé,

ne faut pas non plus oublier

il

goût des

le

romans picaresques parus pour ainsi dire tous du milieu du XVP au premier tiers du XVI P siècle. Mendoza (i) n’avait-il pas fait imprimer Lazarillo de Termes, en i553 Mateo Ferez de Léon (3), la Picara Aleman (2), Guzman de Alfarache, en i 5 gg Castillans pour l’ironie des gueux, dont témoignent leurs

;

;

Justina,

en i6o5

;

Vicente Espinel

Le Dr Waagen

(4),

G. Glück

(5),

(9),

Max

E. Baes(i3),

etc.,

dans nombre d’études

se sont occupés

un

Friedlander

de Obregon, en 1618

L. Maeterlinck

(6),

H. Hymans

J.

Marcos

(10),

Dülberg

Fierens-Gevaert

(ii),

(12),

(14) a publié sur lui

documentés, auquel nous aurons souvent

part, après ces savants et subtils critiques, le

(8),

disséminés de côté et d’autre,

et d’articles,

un peu téméraire de notre

recours et ferons maints emprunts. Peut-être est-ce

de venir écrire sur

H. Dollmayr

(7),

de Hieronymus Bosch. M. Maurice Gossart

livre des plus substantiels et des plus

?

surtout après

M. Maurice

Gossart,

maître un nouveau volume où l’on ne trouvera aucune

découverte sensationnelle. Ce que nous tentons, notre profonde admiration pour

l’artiste, c’est

de

c’est

le

d’expliquer les raisons de

remettre dans son milieu, dans

son atmosphère.

(1)

Diego Hurtado de Mendoza, diplomate,

Grenade, mort en (2)

ïS"]S

homme

de guerre, historien, poète, né en

i

5o3 à

à Valladolid.

Mateo Aleman, surintendant mort vers 1620.

et contrôleur des finances

sous Philippe

II,

né vers

le

milieu

du

XVP siècle à Séville, (

3)

Ferez de Léon n’est pas l’auteur de

Francisco Lopez de Ubeda. Si nous (4) (

5)

Traduction (6)

la laissons

Vicente Martinez Espinel, né en

G. Glück.

Zu einem

qui est l’œuvre du médecin tolédan

55 o, tour à tour étudiant, marin, prêtre

Dr Waagen. Manuel de l’histoire de H. Hymans et Petit. Mucquardt,

de

la peinture.

;

mort en 1624.

Ecoles allemande, flamande et hollandaise.

3 vol., In-8°, Bruxelles, 1863-1864.

Sammlung

Bilde von H. Bosch in der Figdorschen

Kôniglich. Preussischen Kunst-Sammlungen, (7)

i

la Picara Justina,

sous son nom, c’est qu’elle est toujours ainsi désignée.

in

Wien. Jahrbuch

der

XXV.

t.

Louis Maeterlinck. Le genre satirique dans

la

peinture flamande. 2® éd. In-8°, G.

Van

Oest,

Bruxelles, 1907. (8)

H. Dollmayr. H. Bosch und

die Darstellung der vier letzten

Dinge

in

den Niederl. Malerei des

XV und XVI, Jahrhunderts. Jahrbücher der Kunsthistorischen Sammlungen des allerhochsten Kaiserhauses.Y'\er).ne,ï?>go. (9) H. Hymans. L’Exposition des tome XXVIII.

(10)

Max J. Friedlander.

primitifs à Bruges. Gazette des Beaux-Arts.

Meisterwerke der niederl. Malerei der

Paris,

III® période,

XV und XVI. Jahr. aufder Ausstellung

zu Brügge. Münich, 1908. (11)

Dr Franz Dülberg.

(12)

Fierens-Gevaert. Les Primitifs flamands, débuts du XVI®

Bosch.. Gd in-40, tome HI, G. (1 3 )

Edgar Baes. La

peinture et du paysage dans

tome XIII,

Van

tradition l’art

siècle, fin

de

l’idéal

gothique. Jérôme

Oest, Bruxelles, 1910.

dans

flamand.

l’art

du Moyen âge. Havermans, Bruxelles, 1902. Histoire de

Annales de la Société royale des Beaux-Arts et de la Littérature de

la

Gand,

1878.

Maurice Gossart. Jérôme Bosch, du Nord, Lille, 1907.

(14)

centrale

Frühhollânder, i45o-i55o. Haarlem, igoS.

le

«

faizeur de diables

»

de Bois-le-Duc.

In-8®,

Imprimerie

4

I

k




est bien certain

Il

que

nom

véritable

le

de Jérôme, Bosch quoique ses

tableaux signés portent Jheronimus Bosch, est Hieronimus van Aken ou Aquen, comme en témoignent les registres de la Confrérie de X Illustre Lieve rouite

V

Broederschap « il

de

(i)

la

Hieronimus Aquen

cathédrale de Bois-le-Duc, où l’on trouve ces mentions

Bosch

als

»

nouveau question plus

sera de

et,

Hieronimus Aquens

«

En

Bos

lui le

Espagne, Felipe de Guevara

désignent sous

et

(4)

le

;

(

;

Vasari

(7) le

Balduc

nomme Bos

Zanetti

;

(9),

di

Ertogen, Bosc

Girolamo Basi

Guicciardini

;

Bolch

et

;

les

noms

Argote de Molina ( 3 ),

(2),

nomment Geronimo Bosco Cean Bermudez Bosch le Flamand Gramaye (6), Hieronymus Bosz

Sigüenza

»

dont

les

plus

le

Père

alias Bosch,

loin.

Les écrivains qui se sont occupés de fantaisistes.

:

Zani

(8),

5 ) l’appelle Bosco, ;

chez les Italiens,

Girolamo Bosco

di

Bos, Boss, Bossius,

(10),

Dubos, Bosco, Bussius, Bus, Buus ou encore Buz Sandrart (ii), Heinecken (12) et Pilkinton (i 3 ) l’appellent Bos, signature que portent diverses gravures d’après ;

H. Cock, dont nous aurons à nous occuper. naissance de Hieronymus Bosch est encore incertaine. Huber

ses compositions burinées par

La date de et

Rost

(14), et

(1)

Het

la

sans doute d’après eux, sans autre investigation. Ch. Blanc

Register der Illustre lieve Vrou-wen Broederschap, propriété delà Société de

provinciaal genootschap van Kunst en (2)

3 ( )

Wetenschap

in

’s

(i 5 ), le

Hertogenbosch.

Noord Brabant.

D" Felipe de Guevara. Ouv. cit. Argote de Molina. Libro de la Monteria que mando

escribir

Don

Alonso, rey de Castilla.

Sevilla, i582, ch. IV, p. 47. (4) (

5)

El Padre

Fr. Josef de Sigüenza. Ouv.

Cean Bermudez. Ouv.

cit.

cit.

(6) J. B. Gramaye. Taxandria. Bruxelles, 1610, réédité à Bruxelles en 1708. Gramaye historien et voyageur flamand, né en Anvers en 1579, inort en i 635 à Lubeck où il fut inhumé dans la cathédrale. Lors d’un voyage sur les côtes de la Sardaigne, pris par les pirates barbaresques, il demeura un certain temps en

captivité en Afrique.

épiscopal d’Upsala.

Plus tard, de retour dans sa patrie,

Gramaye

il

par

fut élevé

le

pape Urbain VIII au siège

entreprit d’écrire l’histoire des diverses localités des Pays-Bas. Ses ouvrages

renferment de précieux renseignements.

en

i

(7)

G. Vasari. Ouv.

(8)

Guicciardini. Descrittione di

566 une seconde en i582 ,

cit.

;

tutti

Paese Bassi... traduit en français à Anvers, une première

également en français, à Amsterdam, en

Ant. Mar. Zanetti. Ouv. cit. (10) D. PiETRO Zani. Enciclopedia metodica critico-ragionata

i

6i3

fois

.

(9)

parte primera,

t.

Parma,

1819,

— inachevé — A. D.

3 vol.

delle belle arti. In-8°,

IV.

(11)

Joachim de Sandrart. Ouv.

(12)

Heinecken. Dictionnaire des

cit.

artistes

dont nous avons des gravures

Leipzig, 1779-1750. (1 3 )

Rev. Pilkinton. Dictionary of Painters.

(14)

Hubert

et

Rost. Manuel des curieux

In-40. et

A new

édition

amateurs de

by H. Fuseli R. A. London,

l’art.

9 vol. P‘

in-8“. Orell,

i8

o5

.

Zurich,

1797-1808. (1 5 )

1848-1875,

t.

Ch. Blanc. Histoire des peintres de toutes

les écoles. 14 vol.

In-40,

Vve

J.

Renouard, Paris,

IV.

5


font naître en 1498

jusqu’en 1460

Immerzeel

;

(i)

Michael Bryan ( 3 )

;

recule cette date jusqu’en 1470 oscille entre

plus prudent, parle seulement du milieu

1460

du XV®

et

1464

;

;

Michiels

Ulrich Thieme

Descamps

siècle.

(2),

5 ( )

et,

(4),

à sa

Dollmayr (7) la placent en 1450, d’accord avec les registres de X Illustre Lieve Vrotiwe Broederschap (8). Cela fait un écart de près de cinquante ans mais, comme on verra par la suite que l’artiste était connu dès 1488, il fallait

suite, Justi (6) et

;

bien qu’il ait déjà, à cette date, donné des témoignages de son talent. Admettons

donc que Jérôme Bosch naquit vers iqSo. Ajoutons que M. Ed. Laloire (9) a retrouvé sur les miniatures du Livre L Heures de Philippe de Clèves, transcrit

aux environs de 1483

Bruxelles, l’inscription que voici

Mais

partie de la collection

et faisant

convient-il de s’y fier

:

du duc d’Arenberg, à

Hieronimi Boscii Belgae Propria manu

«

».

absolument?

Où Hieronymus Bosch

vit-il le

Bois-le-Duc, alors une des cités

jour? Sans aucun doute à ’sHertogenbosch,

du Brabant septentrional. Dr Justi (10), vu ce nom patrony-

plus florissantes

les

Certains écrivains cependant, et parmi eux

le

Acken, Aix-la-Chapelle mique de van Aken, en allemand populaire pensent qu’il a dû naître dans cette dernière ville, se basant sur l’habitude du temps de porter

le

nom

Broederschap

de son lieu d’origine. Dans (ii),

est

il

une première

1435-36 peint un tableau de et

une seconde

fois,

pour

qu’il exécute

les

fois

comptes de X Illustre Lieve Vrouwe

question d’un Jean van Aken, qui en

Maria Egyptiaca pour

la cathédrale

en 1441, à l’occasion de peintures sur

la procession.

Est-ce

le

même

qui dans

la

de Bois-le-Duc,

robe du Roi Mage,

les registres

des Sous

Ecoutètes de Bois-le-Duc, conservés aux archives du royaume de Belgique, où étaient inscrits

chaque année

Immerzeel.

(1)

les

noms

De Levens en Werken

des étrangers qui obtenaient

le

droit de

der Hollandsche en Vlaamsche kunstschilders, beeldhou-

wers, graveurs en bouwmeesters, Amsterdam, 1842.

Histoire de la C'®,

peinture flamande. 4 vol. et un supplément, Bruxelles, 1845 peinture flamande depuis ses débuts jusqu’en 1864. 7 vol. In-80, Lacroix, Verboeckoven et

A. Michiels.

(2)

Histoire de

la

;

Bruxelles, i865-i86g.

Michael Bryan. Dictionary

(3)

of painters

and engravers, new

ed‘ revised

and enlarged by R. E.

Graves, B. A. 2 vol. In-8°, G. Bell, London, 1886.

Ulrich Thieme. Allgemeines Lexikon der Bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenvon E. A. Seemann, Leipzig, Band V, 1912. 5 Descamps. Ouv. cit. ( ) Die Werke des Hieronymus Bosch in Spanien. Jahrhuch der KbnigUch, Preussischen C. Justi. (6) Kunstsammlungen, tome X, Berlin, i88g. (7) Dollmayr. Ouv. cit. (8) Ouv. cit. (4)

wart. Verlag

(9)

— Les Arts

Ed. Laloire. Le

(10) C. Justi.

(11) Voir

6

livre d’heures

de Philippe de Clèves

et

de

la

Marck, seigneur de Ravenstein.

anciens de Flandre, igo6.

:

Ouvr.

cit.

Dr Xavier Smits. De Kathedraal van ’sHertogenbosch,

dissertation doctor, 1907, p. 147-148.


-»)V





nom

de Laurent van Aken, probable-

s’agit

du père de Hieronymus Bosch,

bourgeoisie, figure en 1461, mais sous le

ment d’Aix-la-Chapelle

;

sans doute

il

comme l’ont prouvé les savantes recherches du D"" Smits. On sait fort peu de choses de la vie de Hieronymus des registres de X Illustre Lieve des paiments à lui

faits

dates à Bois-le-Duc.

Il

En

1494,

il

livra

cartons d’un cathédrale

de Philippe

le

différentes

cathédrale les compositions de Salomon

V Histoire

VAdoration

d'Abigàïl,

pour

la

plus belle

des

chapelles

sept

de X Illustre Lieve Vrouwe Broederschap

celle

;

la

trouvait à ces

se

qu’il

des

Rois,

le

Mardochée et Esther (i), sur lesquelles nous reviendrons. aux verriers Hendrick Bueltinck et Wilhem Lombard les

vitrail,

(2)

i5o8 à i5i2,

y peignit pour

honorant sa mère Bethsabée, Siège de Béthulie,

Vroîiwe Broederschap nous apprennent, par

pour des fournitures de peintures ou dessins, de 1493

de 1498 à i5o4, de

à 1494,

Bosch. Les comptes

Beau,

mari de

Jeanne

et père

la Folle

de

latérales

;

en i5o4,

il

la

reçut

de Charles-Quint,

la

commande d’un tableau du Jugement dernier, comme il appert des comptes de Simon Longin, receveur général de ce prince, conservés aux Archives de Lille

Voici d’ailleurs un extrait de ce document

(3).

llamado Bosch, pintor que vive en Bois-le-Duc,

la

«

:

A

Jeronimo van Aeken,

suma de

trenta y seis libras,

en prenda y pago, a buena cuenta de lo que pudiera debersele por un gran cuadro de pintura de nueve pies de alto, por once de largo, donde debe estar el Juicio de paraiso y infierno, que Mon senor habia mandado hacer para su « noble entretenimiento. » Ce qui peut se traduire Jérôme van Aeken, appelé

Bios, a saber

:

:

Bosch, peintre, habitant Bois-le-Duc, la et

somme

paiement, en déduction de ce qui pourrait

A

de trente-six lui être

Paradis

le

:

son noble

En

plaisir.

effet

le

faire

pour

»

par erreur certains écrivains. Cette date de i5i6 se trouve en

Vrouwe Broederschap, auquel il faut sans dans son Nomina Decanorum et prœpositorum i3i8-i638

On y

lit

Les autels sur lesquels

:

étaient ces peintures ont disparu lors

réformés, en 1629. Voir: Dr Xavier Smits. ouv.

commandé

registre de X Illustre Lieve

cesse recourir.

(1)

lui avait

Hieronymus Bosch exécute pour sa ville natale la maquette d’une qui lui est payée XX sols. Il meurt en i5i6 et non pas en 1622

l’ont dit

sur

Jugement de Dieu, à

le

i5i2

Crucijixion,

comme

I Enfer, que Monseigneur

et

comme gage

dû pour un grand tableau

de neuf pieds de haut sur onze de large représentant savoir

livres,

De

du

pillage

de

la cathédrale

par les

Kathedraal van s’Hertogenbosch, dissertation doctor, 1907,

p. 2 o3-2o5.

cit.,

la cathédrale de Bois-le-Duc, voir Dr Xavier Smits. De Kathedraal van ’sHertogenbosch, Hermans. Geschiedenis over den bouw der St. Janskerk, ’sHertogenbosch, La Haye, i 853 Hezenmans. De St. Janskerk te ’sHertogenbosch en hare geschiedenis, 1866. (2)

ouv.

cit.

(

Sur

;

J.

3 ) Registres

.

de

la

Chambre des Comptes de

Lille,

année 1604.

Archives au département du

Nord. Reg. F. 190.

7


«

Obitus fratrum A° i5i6

mention

;

Hieronimus Aquen,

est corroborée par le Register

als

Namen

der

«

qui,

son

à

Hieronimus Aquens,

alias

folio

Sigüenza

(2)

contour d’un

le

comme

espagnols,

et

écusson,

:

».

connu

(i)

et tout

nombreux prétendent que Hieronymus

se basant sans doute sur les

(3),

tableaux du maître qui se trouvent dans

porte

Pères Orlandi

les

ce dernier écrit cependant ne pas l’avoir

dernièrement D" Pedro de Madrazo

Cette

en de wapenen der heere7i

Bosch, seer vermaert schilder, obiit i5i6

D’anciens écrivains italiens et

sous

76,

».

van de Illustre Lieve Vrouwe

be'éedigde broeders zoo geestelijke als wereldlijke

Broederschap,

Bosch, insignis pictor

les Castilles,

Bosch y séjourna de 1495 à i5o5, et que c’est à l’Escurial qu’il prit le goût de la diablerie. Ces historiens oublient d’abord que le sens du merveilleux est bien autrement dans l’esprit des races septentrionales que des races méridioensuite que les Espagnols,

nales,

beaucoup plus que

les autres peuples,

sont

L’on a vu qu’en 1494, 1498, 1604, à Bois-le-Duc, le voyage en Espagne semble par

surtout attirés vers les réalités tangibles. notre artiste travaillait

etc.,

conséquent des plus problématiques, pour ne pas dire impossible. Les légendes,

du temps des Pères Orlandi (4) et Sigüenza (5), passèrent bien souvent pour des réalités on n’y regardait pas alors de très près. La science historique n’était pas née. Le peintre écrivain Jusepe Martinez (6) qui vivait sous Philippe IV, en Aragon, n’a-t-il pas écrit avec sérénité que Jérôme Bosch était né à Tolède ;

et avait surtout travaillé

On

croit

à l’Escurial.

généralement retrouver

les traits

de Hieronymus Bosch dans un

du célèbre Recueil d'Arras (7), portant l’inscription Bos « Jeronimus painctre », où le personnage est représenté en buste, de face, âgé d’une soixantaine

dessin

:

d’années, la tête couverte d’un bonnet des plus bizarres descendant sur les oreilles

d’où s’échappent deux mèches de cheveux bouclés, les yeux sans doute -bleus,

quelque peu bridés, le

visage rasé,

le

nez droit et

maigre,

émacié,

le

bouche grande aux lèvres pincées,

fort,

la

cou

ridé,

aux veines

saillantes,

torse

le

enfermé dans une sorte de justaucorps hermétiquement boutonné.

(1)

(2) (3)

Orlandi. Ouv.

cit.

El Padre Fr. Josef de Sigüenza. Ouv. cit. D" Pedro de Madrazo. Catalogo de los cuadros

Madrid, 1900, p. 209. (4) Orlandi. Ouv.

del

museo

del Prado,

de Madrid.

In-12,

cit.

El Padre Fr Josef de Sigüenza. Ouv. cit. Jusepe Martinez. Discursos praticables del nobilisimo arte de la pintura, publicados par la Real Academia de San Fernando. In-8°. Tello, Madrid, 1866, p. 184. mine de plomb ou à la sanguine, d’après (7) Recueil de portraits historiques, exécuté vers i56o, à la (5)

(6)

des originaux peints, plus

moderne

XVP siècle;

8

la

Le

plupart d’un très beau caractère.

celui de Charles IX.

Nombre de

portraits

:

plus ancien est celui de Philippe de Valois,

275; feuillets 293

provenance. Abbaye de Saint-Waast. Déposé à

la

;

mss. 261

;

gr. in-folio

bibliothèque municipale d’Arras.

;

le

papier


I





Ce dessin, aux yeux de certains critiques, A. Dinaux, entre autres, serait sorti des mains de l’artiste lui-même. Ce qui, jusqu’à un certain point, militerait en faveur de cette hypothèse, c’est que seul de la collection il ne porte pas d’épithète laudative, Hieronymus Bosch ne pouvant se glorifier lui-même. Il est vrai que, d’un autre côté, M. Louis Boca, archiviste du département de la Somme, voudrait y retrouver le faire de Jacques Lebourcq, peintre et généalogiste, mort en iSyS, à qui sont dues nombre d’effigies du recueil. C’est une autre hypothèse, rien de plus.

Continuons

revue des portraits de Hieronymus Bosch

la

Cock, en 1572,

«

docte secrétaire du prince-évêque de Liège célèbre les yeux

le

égarés et la pâleur

du maître hanté par

de

si

lui

»

un second,

Hieronimo Boschio pictori», gravé par Jérôme a paru dans le recueil de Lampsonius (i), suivi de vers latins

avec, au-dessous, l’inscription

dans lesquels

;

et qu’il a

les diables

«

qu’il croit voir voler

habilement représentés que, sans doute,

de l’Enfer, pour pouvoir en peindre ainsi

sombres horreurs

les

«

il

»

;

probablement gravé par S.

portrait de l’artiste, inversé celui-là et

de portraits de H. Hondius

autour

a eu l’accès

un troisième Frisius

(2),

un quatrième, (3) également inversé, gravé par E. de Boulonois (4), accompagné des mots « Hieronimo Bochio pictori », dans le livre de Bullart paru en 1682 un se trouve

dans

la

collection

;

:

;

cinquième toujours inversé, reproduit par l’Admiral

(5)

dans

le

Livre des peintres

de Carel van Mander, édité par Jongh en 1784.

En d’Opmeer (ij

1611

on en rencontre une variante, sur

et Beyerlinck,

Vers

inscrits

sous

imprimé en

161

1

(6)

bois,

dans VOpus chronologicum

pour mémoire,

enfin, citons

;

de Jérôme Bosch dans le recueil de Lampsonius Quid sibi vult, Hieronyme Boschi nie oculus tuus attonitus ? Quid

le portrait

pallor in ore

?

velut lemures

afin

:

si et

spectra Erebi volitantia coram

aspicores

!

Tibi Ditis avari

crediderim patuisse recessus

Tartareasque domus

;

tua quando

quisquid habet sinus imus averni

tum

ilieu

potuit bene pingere dextra

Vries, graveur hollandais, né à

S. Frisius.

(3)

H. Hondius. Hendrick Hond, graveur

(4)

Boulonois.

du

XVH siècle.

(5)

vlander.

Simon de

(2)

:

de, graveur

i58o.

hollandais, né à Duffel en Brabant en iSyS.

probablement d’origine française, qui

Isaac Bullart. Ouv.

travailla à

Anvers vers

le

cit.

L’Admiral, Jan. Graveur hollandais, né à Leyde en 1680, de parents français. Voir: Carel van

Ouv. (6)

Esme

Voir

!

Leeuwarden en

cit.

Pierre van Opmeer, historien hollandais, né à Amsterdam en iSaS, mort à Delft en i5g5,

tudia successivement la médecine, la jurisprudence et la théologie. Son principal ouvrage, l’Opus chronoogicum orbis univers!, a mundo exordio usque ad anno MDCXI, publié à Anvers, fut continué par le hanoine Laurent Beyerlinck.


complet que possible, un dernier portrait de Hieronymus Bosch,

d’être aussi

gravé, en i88i, par Adolphe Varin, qui n’a d’ailleurs aucun intérêt documentaire.

Revenons en arrière. D’accord avec le D’’ Xavier Smits, sans nier l’authenticité du portrait de Jérôme Bosch du Recueil d'Arras faisant seulement des réserves à son égard nous attacherons beaucoup plus d’importance au petit portrait reproduit dans l’édition du Livre des peintres de Carel van Mander

de 1784, représentant l’artiste, également en buste, presque de face, cette la tête couverte d’une coiffure réellement médiévale et avec un vêtement à col

(i)

van KunsUn

10

Ce en

portrait provient sans doute

W

etenschappen in

Noord-Brdbant

de te

la collection

fois (i).

des anciennes gravures du Provinciaal Genootschap

’sHevtogenbosch.




I



CHAPITRE

II

L’art de Hieronymus Bosch; son expression, ses caractéristiques

Jérôme Bosch, quoiqu’en retard sur son temps, et demeuré gothique par ses goûts, ses tendances naturalistes, ennemi instinctif des chemins battus, a défriché un champ de l’art ignoré avant lui et, s’il est jusqu’à un certain point l’inventeur des diableries,

il

des Pays-Bas.

Comme

que

commence par

branle

le

encore et surtout

est

l’a écrit

conquiert promptement

aller

cycle

que

contre

le

à la liberté,

lui,

la première,

intense, est

une

«

le fait capital c’est

qui tout de suite se propage en Hollande...,

du double avenir de la Flamands ». Parti de la tradition

est tout autant la dernière expression

Sa

une protestation contre

le

présent, encore

un

floraison spontanée, conséquence naturelle de ce qui la précède,

fruit franc,

l’attrait

quoiqu’un peu acide.

époque sincère

est d’une et

le

et narquoise,

Il

le

de

la

des

le

produit

qui préfère

le

caractère à la beauté, dont

culte ne viendront qu’à la Renaissance. Il pousse à l’extrême la

comme nous (2)

dont

ne faut pas oublier que notre artiste

recherche de l’expression physionomique, qui dans

Pilate

moins une

peinture, véridique, osée, inattendue, à l’observation

expression railleuse de la mentalité de sa race, de son temps, est

d’un précédent

d’un nouveau. Son œuvre n’est nullement une réaction

passé, pas davantage

barrière contre l’avenir.

(i),

centre anversois et décide

le

il

précurseur de l’école réaliste

M. Louis de Fourcaud

peinture familière chez les Hollandais et chez les

pour

le

nombre de

ses compositions,

Portement de croix de Gand, le Jugement de Princeton University, etc., va jusqu’à la grimace et la contorsion verrons dans

le

traits.

D’accord avec ses contemporains, Jérôme Bosch est un spiritualiste attiré tout entier vers le félicités,

monde

invisible, confiant

mais aussi hanté par

la

dans

l’espoir

d’une vie pleine de

terreur de l’Enfer et essayant d’en

donner

(1) L. DE Fourcaud. Hieronymus van Aken, dit Jérôme Bosch. Revue de l’Art ancien et moderne. Paris, tome XXXI, mars et avril 1912. (2) Allan Marquand. A painting by Hieronymus Bosch in the Princeton Art Muséum, Princeton University Bulletin. Princeton, vol. XIV, march ipoS.


que son imagination ne comprend que sous des particulières qui n’ont rien à voir, malgré la communauté de race et

la sensation par des figurations

formes

très

de pays, avec

celles

Memling. Ce

serait

adoptées par

une profonde erreur de

flamands,

d’écrivains

van Eyck,

les

que

croire,

agissements des

les

espagnols furent pour quelque chose dans

La même

Pays-Bas. l’Europe

Meuse

si

les

mêmes

Roger van der Weyden et les comme l’ont prétendu nombre représentants des

souverains

d’esprit des populations

l’état

préoccupations hantaient

des

de

reste

le

des terres wallonnes et néerlandaises, des bords de

et les habitants

et

magne,

pensée,

les

la

de l’Escaut, n’étaient certes pas plus à plaindre que ceux de l’Alledivisée, et de la France, à peine sortie de l’effroyable crise de la guerre

de Cent ans, qui avait arrêté

Comme

la vie et la civilisation

d’un peuple.

bon Brabançon, proche des régions wallonnes, toujours bercé d’étranges rêves, ainsi que l’a justement fait observer H. Pirenne (i), Jérôme Bosch a le caractère indépendant, mais en même temps il est mystique, d’un mysticisme particulier, porté à des imaginations délirantes et drolatiques que son pinceau cherche à rendre palpables. La ville où il passa sa vie, Bois-le-Duc, n’est pas très tout

éloignée de l’antique forêt de l’Ar-Denn, qui accueillit sortit le chevalier

du Cygne

et

l’exil

Ogier l’Ardennais. Les

de Tristan

vieilles

et d’où

légendes furent

toujours populaires dans ces régions embrumées. Près de trois quarts de siècle

après la mort de Jérôme Bosch, ne voyons-nous pas Peter Breugel dessiner

Combat d’ourson Il

poèmes du Pays-Bas, au XVP

et de Valentin (2), tiré des

convient d’ajouter que dans

les

surtout aux ouvrages traduits du français

Quatre

fils

Aymon ;

Sept Sages de Rome,

Rêveur

en plus de

l’antiquité,

homme

fois,

La Chanson

La

Destriiction de

pêchèrent pas chez eux

la reflètent,

Les monstres,

comme

les

épris

des

peurs, les hallucinations qui [fin

du Moyen âge n’em-

en témoignent maintes

dans son incohérence, avec

les diables, les larves, les

dédoublements de corps,

(1)

H. Pirenne. Histoire de Belgique.

(2)

René van Bastelaer.

vieilles

chansons.

Van

les

la fidélité

d’un miroir.

lémures, les fantômes, les esprits

cercles

démoniaques qui peuplaient

2 vol. In-80, Bruxelles, 1900-1904.

Peter Bruegel l’ancien, son œuvre

des catalogues de son œuvre dessiné et gravé, et peint. In-folio. G.

12

et

expression de cette mentalité, nous la trouvons dans les œuvres de

Jérôme Bosch qui les

Troye, Les

constatation étrange et d’apparence paradoxale

caustique et gouailleur,

volants,

allait

cherche à tout amalgamer, à ne rien laisser en dehors

hantèrent les cerveaux flamands et brabançons à la

La complète

vogue

de Roland, aux

amateur des choses neuves

de son champ d’investigation. Les superstitions,

l’esprit

la

etc.

crédule à la

et

anciennes, notre

aux romans de

;

Charlemagne.

cycle de siècle,

le

et

son temps, étude historique, suivie

par Georges H. de Loo, du catalogue de son œuvre

Oesl, Bruxelles, 1907, p. io 5

.

.


1



populaire n’ont pas

l’imagination

trouvé

plus complet ou

d’interprète

L’homme chez lui est constamment en lutte avec son immonde et puante qui sans trêve ni merci le poursuit

plus

convaincu.

éternel ennemi,

la bête

sous toutes

les

formes, revêtant tous les aspects.

Cet état d’esprit

pas près de prendre

n’était

XVII®

Malebranche

(i),

persuadé que

les véritables sorciers soient très rares,

qui vivait cependant au

fin.

Ne

siècle:

que

lisons-nous pas dans «

le

Encore que

sabbat ne

je sois

qu’un

soit

songe..., je ne doute point qu’il ne puisse y avoir des sorciers, des charmes, des

que

sortilèges, etc.,

le

démon

n’exerce quelquefois sa malice sur les

L’œuvre de Jérôme Bosch échappe à ou du moins

il

en a reculé

qué à son époque, Sont-ce

l’analyse, à la critique

en formes palpables. L’inesthétique n’existe pas pour

l’invisible

les

trouve,

se

visions d’un

dans un accès de fièvre?

Tout l’arsenal de la au grand complet dans

bornes.

les

cerveau délirant,

Non

pas.

pousse jusqu’au génie

Il

les

Sa méthode

disant parti pris de bizarrerie et d’excentricité, volonté.

la

imperturbablement une règle rigoureuse

hommes

faculté

;

elle

dévoile

l’artiste qu’il est,

sorcellerie,

si

compli-

productions

ses

hallucinations d’un

très sûre,

»...

très voulue,

(2).

malade son

soi-

qu’une rare puissance de

n’est

de créer des monstres,

qu’il s’est tracée,

suivant

dans cet idéal baroque

et hétéroclite.

Jamais nous ne pourrons assez appuyer sur l’imprévu de ses conceptions son œuvre, à la fois originale et outrancière, est en même temps profonde, naïve,

;

Son

démoniaque ? Point du tout c’est l’œuvre d’un prédicateur qui voudrait amender les pécheurs en leur montrant les châtiments qui les savante.

art est-il

Jérôme Bosch

attendent.

lisatrice, s’efforçant

répandre

:

et

la dernière

de

la

par

les

propager.

période du

un penseur, préoccupé avant tout de l’idée moramoyens à sa disposition, le crayon et le pinceau, de la

fut

Au

milieu des désordres, des troubles, des guerres de

Moyen

âge, les élans de

foi,

aspirations religieuses

les

élèvent et consolent l’âme, tranquillisent les déshérités, apaisent les malheureux,

psaumes de

réconfortent les opprimés. L’art chantait les

domine

»

Weyden

avec Jérôme Bosch, et

«

l’Hosanna

la

et l’O fidelis

Pénitence et »

les

«

Parce

avec Roger van der

Memling.

Nulle part

le

mysticisme, produit absolument autochtone du

(1)

Malebranche. Recherche de

(2)

Il

est à

remarquer que

avec des ingrédients horrifiques,

la Vérité,

tome

ler,

à

ne fut

les sorciers et sorcières

préparent

livre II, chapitre dernier.

les infernales cuisines, les philtres

les enfants qu’ils rôtissent

sol,

la

que

broche, les

tibias, les

fémurs, les crânes, les

corps entiers qu’ils entassent dans d’infâmes marmites, les diverses scènes du sabbat que l’on rencontre dans maintes compositions d’artistes plus modernes, témoin dans les Caprices de Goya qui datent des toutes dernières années du XVIIR siècle, sont totalement ignorés de Jérôme Bosch.

i3


plus ardent que dans les Flandres, au moins pendant cette époque

avant

siècles

la

Deux

(i).

naissance de Jérôme Bosch, Jean van Ruysbroeck et Geert Groote

ont vécu en Brabant et en Hollande où

ont

ils

Selon Goerres

fait école.

la

(2),

tendance au mysticisme y a été développée par l’institution des Béguines, due à Foulques, évêque de Toulouse, venu en Belgique, chassé de son siège par les Albigeois en 1212

commune

:

«

selon d’autres, par l’établissement des frères et sœurs de la vie

;

Broeders en zusters van den gemeenen leven

Jacques de Vitry

dans

raconte,

(3)

la

».

Vie de Marie d’Oignies, qu’alors

vivaient aux environs de Louvain plusieurs recluses extatiques. Leur exemple, les

nombreux

faits

merveilleux que l’on racontait d’elles ne pouvaient

En

autrement que d’agir sur ceux qui en avaient été témoins.

Le jour de

ples

?

feu,

le

la

Saint Laurent, Sainte Colette

jour de Saint Barthélemy, écorchée

le

;

de

(4)

Bosch, mais qu’importe

était brûlée

la

Jérôme Bosch a beau avoir surgi sur

cette

embrumée où

terre

Sa compréhension des

malgré

êtres et des choses,

tout,

il

suggère

et inspire

emprise dominatrice ouvre

le

libre, carrière

force sur l’imagination», Il

à Malebranche

fois

écrit-il,

le

maître, peut-être

ne faut pas s’étonner

comme

nous nuire

de

la

sont

les sorciers

si

et à laquelle

;

si

«

Le plus étrange

était,

à la

effet

où tous

les

Les mystiques espagnols sont pour i

5i5

de

la

monde

Goerres. La Mystique,

(3)

Jacques de Vitry, prédicateur

5 vol. In-i2°,

contes les plus extravagants

»

et

chroniqueur du XIII® ;

siècle,

Malebranche. Ouv.

cit.,

tome cit.,

i®*",

p. 220-221 et SgS.

tome

i®r,

Paris,

;

Saint Ignace de Loyola

livre II, chapitre dernier.

tome

p. 146-147.

né aux environs de Paris, chanoine

devint cardinal et mourut à

vies de quelques saintes.

Goerres. Ouv.

celui des

chrétien tout entier.

Vve Poussielgue-Rusand,

régulier et curé d’Oignies, dans le diocèse de Liège

5 ( )

la

.

(2)

(4)

Ainsi

en certains pays, où

plupart d’une date plus récente

la

résister...

du Moyen âge, non seulement

fin

Hollande, mais du

naquit en 1491, Sainte Thérèse en

on ne peut

communs

des histoires authentiques...

Cet état d’esprit et

:

«est la crainte déréglée de l’apparition des

créance du sabbat est trop enracinée

sont écoutés

(5)

cerveau des vestiges plus profonds que l’idée d’une puissance

invisible qui ne pense qu’à

(1)

son

n’y a rien de plus terrible, ni qui effraie davantage l’esprit, ou qui

produise dans

Flandres

;

plus juste de dire, à nos divagations.

Recourons encore une

il

à nos pensées, avec

les

reste clair,

du spectateur

esprits...

Il

n’est pas celui des régions ensoleillées.

plus encore qu’elle n’exprime. Elle appelle la collaboration

serait-il

le

mort de Hieronymus

vapeurs d’eau se condensent en sylphes, en valkyries, en ondines, net, sec.

par

!

Le mysticisme des pays du Nord Celui de

des exem-

jour de Saint Pierre, crucifiée.

que Sainte Colette ne vint au monde qu’après

est vrai

Gand

faut-il

faire

Rome

en 1244

",

a écrit

les


i

I


I


I



Hieronymus Bosch

est

naturellement imbu de ces idées,

croit,

y

il

il

en a

peur, et à cause d’elles, tout épris qu’il soit de nouveauté, d’observation méticu-

de méthode

leuse,

stricte,

d’indépendance,

il

n’en reste pas moins nébuleux et

rêveur.

Sa

personnalité, incontestablement complexe, est difficilement explicable.

un compromis entre les esprits des temps ceux des temps nouveaux, encore moins un homme de la Renaissance.

N’allons pas pour cela chercher en anciens et Il

jugé,

Moyen âge

appartient toujours à ce merveilleux

Alfred

rêves.

lui

quand

Michiels il

(i)

écrit qu’il

que

qui a su réaliser ses

dédaigne trop aujourd’hui

l’on

n’avait pas

l’idée

fort

bien

de personnifier des songes,

mais

l’a

pensait revêtir d’une forme plastique des vérités inattaquables.

Hieronymus Bosch

absolument rien de

n’a rien,

Son œuvre

qui n’existait d’ailleurs pas encore. réaction contre le passé

tantisme,

c’est-à-dire

:

la

d’autre chose, compris

rupture des traditions,

Réforme,

qui avaient

fait

la

le

protes-

des

force

âge, puisqu’ici nous n’avons pas à nous occuper

du peuple, de

grandiloquent, noble, majestueux, ;

la

tant s’en faut, une

n’est pas,

tous,

va

être

remplacé par un autre

emprunté à des idées étrangères, mortes depuis des sera bannie

de

de l’humanisme que sera bientôt

elle n’a rien

Moyen

peuples latins. L’art du

l’esprit

si

incompris des masses,

il

Celui-ci sera tout,

siècles.

ce n’est vivant et national.

sera réservé à

une

art,

classe,

La bonhomie en à une aristocratie.

Cette somptuosité qu’il va implanter étonnera plus qu’elle ne charmera, car elle

n’aura plus d’âme.

L’une des caractéristiques de Hieronymus Bosch pour l’expression de

la vie. Il est le

c’est

son goût, son attrait

premier peintre de son pays qui se

d’observer ce qui se passait autour de

d’étudier

lui,

soit avisé

l’homme pour lui-même, de

courir dans ce but les fêtes publiques, les réjouissances populaires qui se renouvelaient à chaque instant, nulle part plus fréquentes

Brabant, par conséquent qu’à Bois-le-Duc ou dans

Devenues, dans ces régions de haute toires, elles se répétaient

dans leurs bonnes

liesse,

que dans

les

Flandres

et le

campagnes environnantes.

les

classiques et pour ainsi dire obliga-

sous des dénominations diverses, aux entrées de princes

villes,

monuments, aux solennités

aux anniversaires religieuses,

politiques,

aux réunions de

planches, au milieu des places, aux carrefours des rues.

Il

aux inaugurations de gildes, célébrées sur les

convient d’y ajouter

les

Fêtes de fous, particulières aux gens attachés à l’Église, aux écoliers, qui n’avaient lieu,

il

est vrai,

qu’une

fois l’an,

disputes et les rixes étaient les

découvrir

(i)

le caractère

à date

fixe.

Dans

ces réjouissances, dont les

inévitables conséquences,

Jérôme Bosch sut

de l’individu qui posait inconsciemment devant

lui, inter-

A. Michiels. Les Peintres brugeois. In-i8, A. Vandale, Bruxelles, 1846.

i5


prêter les physionomies

trouver

le trait saillant et

modèles involontaires, en expressif, voir en eux ce qui marque, ce qui exprime,

rudes

primitives de ses

et

Mais que Ton ne s’y trompe pas — nous y reviendrons — il n’a jamais cherché à être comique ou bouffon, à prêter au rire ou à la moquerie. L’ironie, quelque étrange que la constatation en puisse paraître, l’ironie qui ne suffît qu’aux sceptiques, comme l’a écrit un critique avisé, André Suares, n’a rien à voir avec Jérôme Bosch. Les contemporains du peintre n’ont pas vu davantage ce qui compte.

dans ses compositions des motifs

d’hilarité.

Jérôme Bosch continua, comme l’a justement écrit M. René van Bastelaer (i), à s’inspirer de la tradition du Moyen âge, qui voyait dans la peinture un moyen, non un but. A l’inverse cependant des artistes de son temps, il va franchement vers la nature qu’il étudie et interprète directement, non seulement dans l’allure des personnages qu’il met en scène, mais, plus encore, dans la façon de composer et de comprendre cette scène. Sa composition est une transposition, à peine mitigée, de ce qu’il a vu et observé; par cela même, il rend plus facile à saisir,

autrement perceptible à ses contemporains,

leçon

la

entend leur

qu’il

donner. Aussi, avec cette façon de concevoir et de rendre ses sujets de tableaux, on

a voulu faire de Jérôme Bosch

le

Drôles

père des

Si

(2).

les

des

peintres

Drôles sont ses enfants, ce ne sont tout au plus que des enfants trouvés, pour ne pas dire naturels, qu’il n’aurait jamais reconnus. La recherche du comique, du grivois,

nous ne saurons jamais assez

observation

simple,

répéter,

le

personnelle, incisive,

naïve,

entendus malins des artistes venus après

du but

:

tire-laine,

les

faire

des

sous-

compositions de Jérôme

ce sont les mendiants, les estropiés, les malingreux

des cours des miracles flamandes et hollandaises les

que

qu’il leur avait assigné.

et convulsés qui peuplent les

Bosch sont étudiés sur nature Tentations,

n’avait

Son

fait.

qui ont essayé de faire leurs, ses

lui

créations, en les déformant, en les détournant

Les visages ricanants

pas été son

n’a

éclopés et

les diables et les

coupe-jarrets

les

son pays quelque peu chargés tout au plus,

;

et

moins pour

des

démons de

ses

kermesses

de

exciter

la

frayeur

que pour atteindre au paroxysme de l’expression. Cette recherche de l’énergie dans les physionomies a été d’ailleurs une des caractéristiques de la fin du XV® siècle,

aussi bien dans la docte Italie

que dans

de figures caricaturales de Léonard de Vinci. par Jérôme Bosch,

la race,

hélas

!

n’est pas

en rencontre toujours, aussi bien dans

16

(1)

R. VAN Bastelaer. Ouv.

(2)

Ibid., p. 3.

cit.,

p. 5.

De

les

les

Pays-Bas; témoin,

les cahiers

ces résidus de nature, reproduits

perdue.

Il

en subsiste encore, on

chemins d’un village flamand, un






our de kermesse, que dans par

nterprétés

l’artiste

processions ou romerias des Castilles,

les

Ignacio Zuloaga.

espagnol

Le

ceux-ci

peintre écrivain Jules

gueux des Pardons de Bretagne «déclamant, gémis;ant » il nous raconte « leur démènement et balancement maniaques de monstres lideux, comme des crapauds qui remuent dans la sécheresse du sol, et avec çà et à, sur l’horrible sordidité des loques, quelque chose qui est un ulcère étalé » breton (i) nous décrit les ,

Hieronymus Bosch étonne par

ces imaginations ahurissantes, par l’abon-

iance et la richesse de ses inventions, par les singuliers rapprochements d’idées

évoque, par

^u’il

abord

Drime

par l’expression des pensées qui de

les contrastes qu’il invente,

sembleraient

inassociables

mchevêtre ces disparates physiques

et

et

moraux,

insaisissables.

amalgame

Il

les satisfaits et les désespérés, les

;ages et les fous, les malades et les bien portants, les repus et les affamés. :e

monde

Tout

hétéroclite et bizarre s’agite, grouille, se heurte, se débat, se houspille,

Dans

s’embrasse, s’étreint, dans ses sinistres et drolatiques inventions.

semble

ijui

et

sortie

iu souvenir.

d’un cerveau en délire,

Ce que

l’artiste

invente existe

l’imagination

n’est

cette

qu’une

œuvre forme

sa fantaisie n’est qu’une expression

;

lu réel.

Avec une naïveté

exquise,

Hieronymus Bosch a reproduit

les

paysages

léerlandais et brabançons aux vastes étendues couvertes de bruyères, aux terrains

narécageux, avec leurs humbles masures aux toitures de chaume, aux étroites

aux cheminées d’où s’échappent de minces filets de fumée, isolées au de prairies sans fin, coupées de canaux aux eaux calmes et transparentes.

ènètres, Tiilieu

\joutons

qu’au temps de Jérôme Bosch cette région avait un caractère

'usticité et

de sauvagerie encore plus accentué qu’aujourd’hui.

Le peintre a traduit avec une précision sans lont

il

surcharge ces paysages,

les

rochers,

menus

;ous de

a

le

goût des

ie rivières et

ques,

dans

les

les scarabées,

les

branches d’arbres,

brins d’herbe. Les fonds de ses tableaux sont d’incomparables

/ues de villes ou de [1

pareille les différents objets

les coquillages,

Dapillons, les libellules, les petits oiseaux qu’il cache

de

sites

campagnes

qu’il

rend avec une naïveté et un charme exquis.

panoramiques, des larges perspectives, des plaines traversées

de canaux bordés de routes, meublées de constructions pittores-

animées de

petits

personnages, de promeneurs,

de soldats, de grands

;eigneurs à cheval, de paysans à pied, en charrette, de pêcheurs pêchant dans des •ivières

ou des étangs, de chasseurs à

les lièvres, etc. les

l’affût

poursuivant des perdrix, des

Ses lointains sont parfois occupés par des rochers déchiquetés,

montagnes hérissées de châteaux-forts démantelés, des

(i)

cailles,

Jules Breton. La Vie d’un

artiste. In-i8<> Jésus.

villes

Alph. Lemerre, Paris,

s.

aux architectures

d.

17


fantastiques se détachant,

nous l’avons déjà

dit,

sur des ciels lumineux ou

obscurcis par des fumées d’incendie.

Enfin Hieronymus Bosch est l’inventeur de certaines scènes pittoresques

que

la plupart des artistes des

C’est ainsi, par exemple,

que

Pays-Bas, des siècles suivants,

la

masure abritant

la

lui

Naissance du Sauveur, qui

trouve dans nombre de compositions de peintres venus après

Quentin

dans ses tableaux.

Hemessem lui-même Peseurs d'or

un

de ce côté

intérieur de

pour tant de critiques il

est la plus

disciple de

d' Avares. Il

lui, se

se

voit d’abord

Reymerswale, Jean van redevables

point

de

leurs

ne faudrait pas cependant

que Petrus Christus avait déjà peint son qu’un tableau perdu de Jean van Eyck, de deux figures à mi-corps,

aller trop loin

représentait

sont jusqu’à un certain

lui

de leurs vieux couples

(i),

Saint Éloi et

Marinus van

Metsys,

ont empruntées.

et oublier

Marchand comptant

et d’écrivains, personnifie le génie populaire flamand, dont

haute expression

Jérôme Bosch,

les détails inutiles

son argent. Peter Bruegel, qui,

il

faut bien en convenir

il

est vrai,

ont disparu.

Il

un

disciple affranchi,

lui doit

dans

néanmoins une

souvent que

n’est

le

œuvres duquel

les

partie de son talent,

sa philosophie satirique, son sens moralisateur, son attrait pour les spectacles et les scènes populaires.

Les diableries de Jacques Callot passeraient pour moins productions de Hieronymus Bosch étaient plus connues.

Van Dyck

n’a-t-il

pas emprunté au peintre de Bois-le-Duc certaines figures

casqué

et

bardé de

Christ au roseau

fer,

(2),

qu’il

originales,

:

si les

lui-même

tel le

soudard

a placé dans son Jardin des Oliviers et dans son

du musée du Prado à Madrid

?

Nous devons à M. van Puyvelde, à propos des tableaux de Peseurs d’or, peints au XVI® siècle, une observation des plus curieuses, qu’il dit tenir de M. Hulin, c’est que, dans tous, les personnages portent le costume du XV® siècle. Cela ne militerait-il pas pour la préexistence de la composition de Jean van Eyck (1)

dont

il

ne reste que (2)

igio.

18

98.

la

mention

?

P. Lafond. Les tableaux de

Van Dyck au musée du Prado,

à Madrid, Les Arts, Paris, février





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CHAPITRE

III

Influences subies par Hieronymus Bosch. Du surnaturel et du DIABOLISME DANS SON ART

Les inventions de Hieronymus Bosch ne sont pas

sorties

de son cerveau

telles quelles,

comme Minerve

casquée de celui du Jupiter. Elles appartiennent à

son époque

pendant

grande partie du Moyen âge, jusqu’à

;

la plus

Renais-

la

L’œuvre peinte, l’œuvre sculpturale en témoignent. Les gargouilles, les porches, les

sance, elles remplirent l’imagination de tous. surtout,

du XI P au XV®

siècle,

chapiteaux, les colonnes, les clefs de voûte des églises, les stalles des cathédrales

de figurations

et des chapelles des monastères, les cloîtres des couvents, à côté

montrent des

interprétées d’après X Écriture Sainte,

populaire,

d’ordinaire

satiriques

animaux fabuleux plus étranges «

Que

les

uns que

des

:

«

dans ces

des démons,

diables,

guenons immondes

cloîtres

demi-hommes

?

ces lions féroces

?

ces tigres tachetés

?

des

Bernard à Guillaume, abbé

les frères font la lecture,

monstruosités ridicules, ces beautés difformes ou belles difformités

font là ces

la vie

les autres.

signifient», écrit déjà, vers ii25. Saint

du monastère de Saint-Thierry, ces

bouffons

et

empruntés à

sujets

?

ces centaures

ces soldats qui se battent

?

que

?

monstrueux

?

ces

ces chasseurs qui

Vous voyez sous une tête plusieurs corps et en compensation, sur un corps, plusieurs têtes. Voilà un quadrupède à queue de serpent et un serpent à queue de quadrupède Ici, un cheval finit en chèvre et, là, un animal à sonnent du cor

?

!

en cheval.

cornes,

C’est de toutes parts

étudier de pareilles choses qu’à méditer la

honte de ces inepties, qu’au moins on

quædam

«

in claustris

deformis deformitas

semi homines

uno

Coeterum

capite,

?

?

quid

multa corpora

ait

ibi

et rursus in

quid

uno corpore,

quid

feri

quid milites pugnantes

Ilinc in pisce caput quadrupedis. Ibi bestia proefert

les livres et passer les

de Dieu.

fra tribus,

immundæ simiæ ? ?

loi

étrangeté de formes qu’on

Ah

!

Dieu

!

si

on

jours à n’a pas

honte des pensées qu’elles suggèrent

coram legentibus

quid macülosæ tigrides

telle

marbres que dans

préfère faire la lecture sur les

(i)

une

?

facit ilia ridicula

leones

?

quid monstruosi centauri

capita multa. Cernitur in

»

monstruositas, mira

quid venatores tibicinentes

equum, capram trahens

(i).

?

?

quid

videras sub

quadrupède cauda serpentis. carnutum

rétro dimidiam, hinc


Ce sont

ces sculptures anathématisées par le fondateur de Clairvaux

de pierre, parfois de bois, que Hieronymus Bosch lut

c’est ce livre

tous ses contemporains. Sans doute,

murs

tesques disséminées sur les

il

montrent

extérieurs de la cathédrale de sa ville natale,

dragon

la licorne et le

le lion,

comme

étudia longuement les sculptures gro-

surtout celles renfermées à l’intérieur du temple se

et relut

;

du pourtour du chœur où stalles, terminées dans sa prime celles

;

ses

jeunesse, surmontées d’étranges animaux, aux têtes parfois quasi humaines

mêmes

ces

stalles,

il

retrouva

Léviathan à

le

(i),

;

sur

gueule ouverte. Sans doute,

la

il

chœur de Notre-Dame des Sablons, cette étrange décoration de pierre datée de iqSS, où figure un diable emportant en enfer une pleine hotte de damnés une tête de monstre broyant de ses dents aiguës un prélat et un manant un monstre ailé, etc. Lucifer, le sceptre à la main dans dans

vit à Bruxelles,

le

;

;

;

Saint-Pierre de Louvain, les stalles achevées quelques années avant sa

l’église

présentent des masques grimaçants, des têtes

naissance, dont les miséricordes

de dragon, de porc, de renard, de Breda, personnifiant d’ânes

;

;

les

de canard,

de

l’église

Péchés Capitaux sous l’aspect de moines à

oreilles

d’aigle,

Damme, aux

poutres de l’hôtel de ville de

les

etc. (2),

les stalles

scènes d’une lubricité

sans vergogne. Si le caractère

si

point, lui être suggéré par les il

un

certain

œuvres sculpturales des monuments de sa

patrie,

particulier de ses compositions a pu, jusqu’à

peut en avoir aussi puisé une partie, et non la moindre, dans

tions des Mystères (3), dans les farces grivoises

dès

le

XIV®

Certainement

il

duvelryen

«

mode dans

les

Pays-Bas

et

peintre,

(4).

faiseurs de

pitres,

des gambades

»

non plus négligé

pas

n’a

dislocations des baladins, alors,

à la

au point culminant de leur succès au temps de notre

siècle,

appelées diableries, en flamand

nombreux

si

les représenta-

l’étude

tours,

de

cabrioles

des contorsions

marchands

leurs

d’orviétan,

animaux

et si

dressés aux

exercices les plus étranges.

animal gestat posteriorus.

Tam

multa denique tamque mira diversarum formarum ubique varietas apparet,

quam

in codicibus, totumque diem occupare singula esta mirando, non pudet ineptiarum, cur vel non piget expensarum. » Apologia ad Guillelmen abb. Sto Theodorici. Cap. XII Œuvres de Saint Bernard. 27 (1) J. Destrée. Étude sur la sculpture brabançonne au Moyen âge. In-40. Vromant, Bruxelles,

ut magis legere libeat, in marmoribus,

quam

in lege

Dei meditando. Pro Deo

!

Si

1894, p. 95. (2) J. (3)

Champion,

Destrée.

Ibid., p. 116.

G. Cohen. Histoire de

la

mise en scène dans

le théâtre religieux français

au

Moyen

âge. In-8“.

Paris, 1906.

L. VAN PuYVELDE. L’évolution de

la

conception artistique chez

les

peintres de la renaissance

septentrionale. Les Arts anciens de Flandre, Avril, iqiS. (4)

vaert

»,

20

Témoin

joué en

i

5 oo

:

Le Jeu du Sacrement du Nyeuwerwaert

«

Spel van den Sacramente van der Nyeuwer-

à Breda près de Bois-le-Duc, rempli à moitié de diableries.






I

Peut-être Jérôme Bosch

encore trouvé une partie des motifs de ses

a-t-il

compositions hétéroclites dans

les

feuilletant les bestiaires si appréciés

manuscrits médiévaux, particulièrement en

justement M. Maurice Gossart

dit très

Alexandrie vers

logus, écrit à

le

IP

comme

de son temps. Tous ces bestiaires, (i),

le

procèdent plus ou moins du Physio-

siècle, traitant d’interprétations allégoriques,

Ce genre seconde partie du

religieuses et morales, tirées des règnes animal, végétal et minéral (2).

de littérature eut une importance considérable pendant

Moyen

âge. Certains de ces écrits,

Contempré

le

(3),

De

comme

tels

le

;

un

Grand,

le

;

fils

Trésor, de Brunetto

naturel de Philippe le

bestiaire de Philippe de

le

de Guillaume, clerc de Normandie

bestiaire divin

le

certain point scientifiques; les autres,

pour Raphaël de Mercatel,

bestiaire exécuté

Bon, abbé mitré de Saint-Bavon, à Gand le

De Naturis rermn, de Thomas de

le

Animalibus, d’Albert

Latini, tentent des explications jusqu’à

la

;

le bestiaire

d’

Thaun

Amour

Richard de Fournival, se plaisent à des interprétations purement symboliques

A

côté des

bestiaires

de (4).

Livre des Merveilles du monde

le

de Mandeville, écrit entre 1404 et 1417, pour la bibliothèque des ducs de

dit

Livre des Merveilles dinde, rédigé en 1415 par Jehan Wauquepour un prince de cette famille, Jean de Bourgogne, petit-fils de Philippe

Bourgogne; lin (5) le

convient de placer

il

;

Hardi

le

(6).

Sans doute, dans ces manuscrits, remplis de miniatures

de dessins,

et

d’une imagination et d’une fantaisie sans limites, Jérôme Bosch trouva quelques-

unes de ses figurations d’êtres sans

ou au bas du dos, entre

les

tête,

au visage dans

la poitrine, sur le ventre,

épaules, à une seule jambe,

aux bras

multipliés,

moitié humains, moitié animaux.

Mais

source de ses inspirations,

la principale

sujets similaires,

celle

de Roger van der

Weyden

et

comme

d’ailleurs,

Maurice Gossart. Ouv.

(2) liècle.

Voir

Un :

et i

une

frise extérieure

de

la

Martin. Nouveaux mélanges d’archéologie 53

il

emprunte

le

p. 163-164.

bestiaire a été sculpté sur

Cahier

Oidot, Paris, 1873, p. 3 ( )

cit.,

les

des autres maîtres de son

pays et de son temps, reste X Apocalypse de Saint Jean, auquel

(1)

dans

cathédrale de Strasbourg vers

— Curiosités

XIV^

le

mystérieuses. Gr. in-40.

.

Goerres. Ouv.

p. 393.

cit.,

Emmanuel Walberg. Le

bestiaire de Philippe de Thaun. Paris et Lund (Suède), 1900. (4) Hippeau. Le bestiaire divin, de Guillaume, clerc de Normandie. In-8°. Caen, i852. Hippeau. Le vestiaire d’Amour, de Richard de Fournival, avec la réponse de la dame. In-i2°. Paris, 1860.

Voir

;

(5)

L« hime

Merveilles d’Inde,

(6) les

Un

des Merveilles

du monde, de Guillaume de Mandeville, fut écrit entre 1404 et 1417

;

hes

vers 1415, par Jehan Wauquelin.

manuscrit du Livre

manuscrits français

N° 2810

;

le

des Merveilles se

trouve à

la

Bibliothèque nationale de Paris, catalogue

manuscrit des Merveilles d’Inde,

même

catalogue

75i8.

2l


dragon à et les

la

gueule immense, enflammée

et

puante, entrée de l’Enfer, où

faux prophètes seront tourmentés nuit

et

jour sans

la Bête

fin.

Une fois engagé dans cette voie Hieronymus Bosch ne s’arrête plus, des hommes à tête de porc, de chien, de renard, de rat, de serpent, d’oiseau,

il

crée

imagine des animaux à visage d’homme, des crapauds à d’oiseau, des griffons à jambes de cerf, des corps humains greffés sur des de poisson,

il

d’arbres, des monstres auxquels

une

des pots de grès ou de

munis de jambes

de nez

clarinette sert

;

pattes

troncs

un entonnoir, de

tête;

des ustensiles de cuisine, de bras. Ce sont des ventres pléthoriques qui rampent, piqués d’un coutelas des terre,

;

;

œufs crevés qui roulent, des jambes

et des

pieds sans corps,

des scies, des harpons, des spatules qui déchirent

;

qui marchent

;

des becs crochus, des yeux

ronds, des nageoires qui s’avancent et tous ces êtres sont véritablement vivants.

A cela

il

ajoute d’autres épouvantements, sous les fumées opaques des incendies

surgissent mille apparitions, d’abord indécises, puis bientôt muées en hideuses figures qui harcèlent l’imagination, hantent le cerveau, suscitent l’angoisse. Le soleil

à l’horizon

s’éteint sanglant,

;

en arrière se profilent des potences où

se

balancent des malheureux que déchiquètent des oiseaux de proie. Des nuages

d’animaux fantastiques, peuplés au-dessous, ce sont de noirs étangs aux profondeurs ignorées,

se traînent sous des ciels bas et lourds sillonnés d’esprits aériens

remplis

;

imprécis

d’êtres

:

dragons

venimeux,

serpents

repoussants,

oiseaux

incomplets, araignées monstrueuses.

Ainsi que

les

Merveilles dlinde qui narrent

scorpions, des dragons, des serpents,

porcs qui avaient grans dens

comme

à tête de sanglier et à corps de lion

ou moins fabuleux. Dans le lion,

l’onocentaure,

le

«

»,

les batailles

des guivres, des

des lyons blancs bestes à trois cornes, des

d’un conte, une émeraude au il

ces tableaux

n’a garde de négliger ces

il

montre

front, bêtes

animaux

la girafe, l’éléphant,

plus

la licorne,

poisson volant, la baleine, l’oiseau de paradis, l’onagre,

l’autruche, la salamandre, la sirène, l’aspic, le crocodile, le phénix, le pélican, l’ibis,

l’ichneumon

mais encore aux temps.

Il les

emprunte non seulement au livre de Jehan Wauquelin des autres voyageurs médiévaux et aux bestiaires de son

qu’il

récits

mêle aux animaux connus, à ceux de basse-cour, aux bœufs,

porcs, renards, lapins, canards, à la fourmi,

à

la

au hérisson, au moineau, à

la perdrix,

poule d’eau. Est-il nécessaire d’essayer d’expliquer le sens

bêtes? le

lièvres,

Le

Christ

lion, ;

la licorne,

l’antilope,

la panthère,

le

dragon,

l’onocentaure, l’hyène,

la

mystique de certaines de chèvre figurent

le castor,

la souris,

le

ces

Sauveur,

l’autruche,

la

le

singe, la perdrix, la scie de mer,

la baleine, le crocodile représentent le diable.

Faut-il parler de la couleuvre, de

salamandre,

la fourmi,

22

la sirène,

l’éléphant,

du phénix, du

pélican,

l’aspic,

du moineau, de

la

huppe, de

l’ibis,

de

la poule






richneumon, dont

d’eau, de

adaptations sont variables (i)? Les bestiaires du

les

Moyen âge ne

sont pas toujours d’accord

animal

un symbolisme

défini

certaine latitude dont

il

usa naturellement. Sa symbolique

il

région à laquelle

la

compréhension des gens qui l’entouraient.

venons de

dire

le

à s’en étonner

;

il

appartenait

aux

Moyen

le

chemin, de leur

fidèles le droit

du doigt, l’ignonomie du Le Diable est horrible

vice, la

âge.

Il

à la

2 ),

nous

n’y a pas

son but

les saints,

faire toucher,

fait

pour

ainsi

beauté de la vertu.

repoussant parce

et

(

L’herméneutique animale

a sensiblement varié pendant

une

avait-il

sinon tout à

est,

à sa dernière période, au lieu de magnifier

étant de montrer dire,

un

leur arrive souvent d’attribuer à

Aussi Hieronymus Bosch

différent.

du moins adaptée à

personnelle,

;

grand coupable.

qu’il est le

Ce qui constitue et caractérise la laideur, c’est la désobéissance à la loi. Caïn n’a-t-il pas été marqué au front du signe d’infamie ? Le mal c’est donc le laid f

selon l’enseignement de l’Eglise.

Continuons de parler des êtres disparates et

et étranges,

plus inattendus les uns que les autres, mis en scène par

hybrides composés des

monstres

éléments

les

plus compliqués

Hieronymus Bosch,

opposés,

plus

hommes-bêtes,

hommes-ustensiles qui courent, grouillent, rampent, volent, s’invectivent, s’ens’accouplent,

roulent,

se

disputent,

battent,

se

se

mordent, se déchirent, se

Ce sont d’immondes sauriens visqueux projetant leur venin des dragons aux yeux d’escarboucles, aux immenses gueules ouvertes des scorpions à la carapace blindée des homards à la queue recourbée, dardée en avant des corps sans tête, des têtes sans corps, des jambes isolées que surmonte un œil rond ouvert des poissons aux monstrueuses nageoires aiguës des mammifères à becs crochus qui nagent entre deux eaux tandis que des poissons volent ce sont des myriapodes gélatineux, des araignées velues, des crabes aux pinces qui sont dévorent.

;

;

;

;

;

;

;

des faulx, des faucheux lançant

mille-pattes, des ophidiens, des

des polypes, des larves, des glandes, des bacilles, des infusoires, des

têtards,

embryons

des

ténias,

d’êtres

créations, sans analogies délire.

du venin, des

Dans « un

décrit

:

chien

»,

et

il

innommables,

aussi

Dans

que

sinistres,

dans aucun règne, dans aucune faune, d’un Cuvier en

Cour des Miracles de Notre-Dame de Paris (3), Victor Hugo chien qui ressemblait à un homme, un homme qui ressemblait à un sa

ajoute

:

«

les limites

des races et des espèces semblaient s’effacer

Elles s’effacent encore bien davantage dans les

(1)

stupéfiants

la

Nouvelle Comédie, de Dante,

la

».

œuvres de Jérôme Bosch. Ses

panthère figure

la

sensualité; le lion, l’orgueil; la

louve, l’avarice. (2)

On

(3)

comme le fait remarquer le Smits, dans les murs du côté nord, de la cathédrale de Bois-le-Duc.

en trouve une preuve, entre autres,

grimaçantes, sculptées sur les arcs-boutants des

V. Hugo. Ouv.

cit.,

tome

1er,

livre II, ch.

VI.

figures


monstres ne sont pas sans rapport avec

que

les

des arts chinois

Orient, de la Chine et surtout âge, a des aspirations

pour

japonais

grotesque et

le

celle

le terrible,

Céleste et

bronzes,

du

soleil

les

soieries,

les

en témoigne leur faïence

productions des peuples de l’Extrême-

du Japon dont

opposées à

si

les

la civilisation,

même

de l’Europe, se retrouvent

au Moyen semblable

le

semblable préoccupation de produire

la

des corps biscornus, terrifiants, malgré tout

Les

comme

Ils s’en éprirent d’ailleurs aussitôt,

de Delft. Constatation curieuse, dans

réels,

mais arbitrairement amalgamés.

céramiques,

les

peintures

des

levant montrent des dragons à crâne de requin

monstrueux, aux gueules armées de formidables mâchoires à dents

et

Hollandais devaient plus tard connaître par leurs navigateurs et importer

en Europe.

attrait

les créations

empires

des crabes

;

rang de

triple

des buffles à dos écailleux, à nageoires de poisson, à queue de saurien

;

des crustacés à pattes de mammifère, à ailes d’oiseau ou d’insecte.

Ces

;

êtres

paradoxaux semblent apparentés aux monstres de Hieronymus Bosch. Ceux-ci ne sont pas moins étranges, moins terrifiants, bardés de fer, coiffés de casques mirifiques,

avec leurs armes invraisemblables,

harpons,

crocs,

épées,

lances,

cimeterres se développant en lames de rasoir, en dents de scie, avec lesquelles

s’exterminent

se battent,

luttent,

Ces êtres

irréels

ne sont cependant pas immatériels, tant s’en

pas renoncé à avoir un corps, mais

ils

faut. Ils n’ont

en ont un composé de morceaux disparates.

Tous, nous ne saurions assez y insister, ont une existence propre, absolue difformités, leurs visages avec leurs traits et leurs détails, leur ossature,

leurs

;

muscles concourent à l’expression générale

terme,

est

humains

forme

correcte

;

;

que

leur architecture,

nous

l’on veuille bien

tolérer ce

Chez Jérôme Bosch, des

dans son incorrection.

se greffent sur des crabes bossués,

visages

sur des araignées visqueuses

ignoble suçoir, dans certaines des créations de

et

;

un

sort d’on ne sait où

l’artiste,

des yeux phosphorescents éclatent et fulgurent dans une citrouille pattue

faucheux poilu émergent deux bras

leurs

tous témoignent d’un [sentiment net

,

particulier de la

ils

deux jambes embryonnaires

;

;

;

d’un

des fœtus

volètent lourdement ou se traînent dans d’effrayantes contorsions, sur la terre

boueuse ou sur des pierres coupantes. Les

occupent

édifices qui

les

lieux où

évoluent ces monstres hétéroclites n’offrent pas moins de bizarrerie. Ce des moulins en forme de brocs, dont qui sont des portes de ville

;

les ailes

sont des bras

;

des bouteilles pansues

des citrouilles, des maisons, dont

des yeux et les portes des nez

nombre de compositions de Jérôme Bosch,

24

Voir:

J. -K.

les fenêtres sont

(i).

N’oublions pas ces globes plus ou moins transparents que

(i)

-sont

l’on trouve dans

sortes d’œufs qui renferment des êtres

Huysmans. Certains. Le Monstre. In-12. Tresse

et Stock, Paris, i88g.






la génération,

de

milieu

pour

et parfois s’entr’ouvrent

humains

comme

aussi ces autres boules émergeant de lacs, surgissant

sommet de

pointant au

d’îles,

en becs d’oiseaux, en

sans doute des emblèmes

les laisser sortir,

du

rochers, se terminant en pinces de crabes,

de lances, germant en boutons épineux, s’épanouissant

fers

en fleurs rébarbatives.

M. Fierens-Gevaert

dans son étude sur Hieronymus Bosch, serait

(i),

un rapprochement entre

volontiers disposé à établir

personnages de ses

les

compositions, en tant qu’ils restent exclusivement humains, et les types caricatu-

raux dessinés par Léonard de Vinci.

on ne retrouve

l’autre,

atrophies,

les

du maître Lombard impossible,

douteux que, chez l’un

n’est pas

déformations,

les

mêmes

mêmes rapprochements de l’homme avec

pour admettre que

suffisant

mêmes

les

Il

mêmes

les

Mais

est-ce

connu les cahiers de croquis plus ou moins inspiré ? Après tout, ce n’est pas

M.

l’ajoute

Hieronymus Bosch n’en

l’animal.

chez

peintre néerlandais ait

et s’en soit

comme

et

le

tares,

et

serait

Fierens-Gevaert,

la

portée de

aucunement diminuée, car

l’œuvre de

ce dernier a érigé en

élément essentiel de son art ce qui, chez Vinci, n’était qu’un divertissement.

La

force,

la subtilité

la finesse,

du

peintre de Bois-le-Duc sont excessives.

veut dire. Qu’il y ait des allusions politiques sous ses terribles et grotesques figurations, c’est possible, c’est probable, mais celles-ci sont aujourIl

dit ce qu’il

d’hui indéchiffrables et

nous n’en avons cure,

elles

sont trop lointaines

renferment un enseignement religieux et moral, nous

le

;

qu’elles

savons. Ses tableaux sont

des sermons aux images puissantes et crues, faites pour frapper les esprits frustes et grossiers

de son époque.

Saint Grégoire le

grand point

mots ne la

le

est

Grand, que mieux vaut de dire

les effrayait

pruderie

Les prédicateurs de son temps, persuadés,

moderne

la vérité,

en aucune façon, et

ils

une chose

«

le

plus expressive, plus agréable, plus

mensonge ;

et

que

la violence des

nom, Le symbolisme de Hieronymus

appelaient les choses par leur

pas encore inventée.

n’était

a écrit Saint Augustin,

techniques

scandale que

n’agissaient pas autrement

Bosch frappait encore plus que la parole

Comme

le

comme

les

imaginations naïves

notifiée

et simples.

par allégorie est certainement

imposante que lorsqu’on l’énonce en termes

».

Hieronymus Bosch », soutient fort justement M. Fierens-Gevaert (2), «est un dramaturge moraliste qui secoue de la manière la plus rude, l’âme terrifiée de «

j

ses

contemporains.

turpitudes de son

L’hérésie ne

temps.

»

l’a

Comme

point touché mais

Saint Paul supplie,

(r) Fierens-Gevaert. Les Primitifs Flamands. Jérôme Bosch, p. 177. (2)

Fierens-Gevaert. Ibid., tome

il

III, p. 170.

In-f».

voit clair dans

les

blâme, gourmande.

G. Van Oest, Bruxelles, 1910, tome III.


V

opportunément, importunément dans ses épîtres à Timothée

V

(i),

supplie, blâme

il

gourmande. L’apôtre veut que l’on fasse la guerre aux vices par tous les moyens, écrit Erasme à Darpius ( 2 ). Hieronymus Bosch agit d’après ce principe.

et

Dans

douloureux épisodes de

ses représentations des

différentes scènes de la

mort de

la

Passion du Christ,

victime expiatoire sont rendues avec un natura-

la

lisme cruel qui révolte aujourd’hui. Pour les natures simplistes d’alors,

en fut

qu’il

Le drame a beau

ainsi.

les

être lyrique et pathétique,

s’y

il

il

fallait

mêle une

part de trivialité et de terre à terre. N’est-ce pas la vie?

Hieronymus Bosch a donné aux personnages d’ordinaire chez lui suffisamment noble et

brabançonnes

satiété

;

est le

mal

Ne

?

synthétiques qui, selon

le

Christ excepté,

des allures, des apparences flamandes

nous y revenons à mettre au point voulu pour

pas rendre

fallait-il

ces figurations sensibles et vivantes, les

être comprises de tous, de ces

sacrés

bons bourgeois néerlandais peu enclins aux pensées

Erasme

«

(3),

tandis que les autres

hommes gagnent

en

sagesse avec l’âge, à mesure qu’ils approchent de la vieillesse deviennent de plus

en plus fous la salle

du

»

.

Mise en croix, de X Exposition de Jésus dans de V Arrestation du Sauveur au jardin des Oliviers, qu’il

Les spectateurs de

prétoire,

la

représente les yeux écarquillés, les bouches ouvertes jusqu’aux oreilles, serrées,

bossués,

fronts

débordant en une horrible

l’inférieure

n’étaient

les lèvres

visage grimaçant,

les

que l’image, peut-être encore atténuée, de ceux

qui

lippe,

le

prenaient part aux scènes de carnage, protagonistes des tueries qui se renouvelaient à tout instant à Bois-le-Duc et

dans

les

campagnes environnantes. Aussi

abuse des supplices, des échafauds, des bûchers,

rien d’étonnant à ce qu’il use et

dressant leurs lugubres silhouettes sous des ciels parfois implacablement sereins et limpides.

De

ces supplices

n’en oublie aucun

il

;

la roue, la scie l’estrapade,

l’écrasement sous une meule, la pendaison, l’écorchement, la question de la

suspension par

celui

de son temps

écrit

un de

les

pieds,

la

est le sien.

ses historiens.

Mais

noyade,

Son elle

etc.

Le monde des

atrocités qui est

allégorie morale est dure et impitoyable, a

ne pouvait être autre

;

aimable

et douce, elle

eut été en complète contradiction avec la mentalité de son époque. encore, à la fin le

du XV®

protestantisme.

avoir eu

le

c’est-à-dire

Il

sens de la

siècle,

est

donc

pitié.

injuste de reprocher à

S’il faut

au point de vue des

ignorait

la pitié

Jérôme Bosch de ne pas au point de vue esthétique,

êtres dignes d’être interprétés par sa brosse, de

Saint Paul. Epîtres à Timothée. II-IV-2.

Erasme. Eloge de

la folie, traduit

In-i2°. Librairie des bibliophiles, Paris, 1876.

26

entendre

(1)

3 ) Ibid., p. 68-69.

On

l’humanitarisme, que l’on ne verra poindre qu’avec

(2)

(

l’eau,

par Victor Develay. Lettre apologétique d’Erasme à Darpius,



I


i



l’attention,

fixer

il

au plus haut degré, mais sans

certainement

ressentie

l’a

témoigner, à l’égard des malheureux, des déshérités,

N’oublions pas que

même

cette

voie,

moindre apitoiement.

espagnols, plus d’un siècle plus tard, suivirent

les peintres

que Ribera

le

et surtout le

grand Velâzquez, dans leurs repré-

sentations de nains, de bouffons, de grotesques, de contrefaits et

même

de crétins

phénomènes plus ou moins repoussants, répétèrent à leur façon, mais sans rien changer à la nature, des sujets chers à Hieronymus Bosch. Peut-on en vouloir au maître néerlandais de manquer de cette pitié pour et d’idiots,

les

êtres

misme

comme attiré

à

dont l’absence chez

lui

nous étonne

peut-on

;

lui

reprocher ce pessi-

sarcastique et narquois qui se dégage de ses compositions.

tous ses contemporains de X Ecriture Sainte,

il

Non

pas.

est tout naturel qu’il ait été

par l’idée de rendre les supplices. N’oublions pas que Jéhovah verse

flots,

extermine

les

hommes

Nourri

le

sang

sans trêve ni merci.

Sa compréhension du diable est celle de tous ses contemporains, ses démons sont velus et revêtus de peaux de bêtes tels que les montrent les monuments des XI IP et XIV® siècles (i). Ils sont apparentés aux hommes couverts de poils, sculptés sur les porches des cathédrales espagnoles, aux démons à têtes .de loups, à oreilles de chien, aux visages répétés sur le ventre et les genoux, qui poussent les damnés vers les flammes de l’Enfer, du Jiigement dernier, du vieux Stephan Lochner, au musée de Cologne. Ils n’ont absolument rien à voir .

I

J

'

avec I

le

diable gentilhomme, sorte de Méphistophélès, création de Goethe, dont on

a tant abusé depuis. Quoique

M.

L. Maeterlinck ait retrouvé, dans une miniature

Jour du Jugement, le diable Enginard (2), vêtu d’un surcoût à capuche rouge, aux manches perdues, dites à l’ange, tombant jusqu’à terre, laissant voir, aux avant-bras, les autres manches étroites de son pourpoint, ce personnage qui n’existait pas alors n’est tout au plus que l’ancêtre du diable du manuscrit

i

(

i

le

en frac et en gants blancs, rencontré, à la les

liens

de parenté bien éloignés avec

Hieronymus Bosch, autrement

(1)

du XIX®

Plus d’un siècle plus tard,

», écrira-t-il,

«

les diables

et les

Fr. Pacheco

basilics,

ment sous

est

forme d’un dragon

et

aux longues

Francisco Pacheco. Arte de (2)

représentés par

ne concevra guère autrement

Leur

nus, maigres, noirs,

démons

le diable

:

«

Les

sont habituellement et doivent être peints sous la forme de bêtes et d’animaux cruels,

sous l’apparence de lions... sous la figure de genouilles...

Gand. Rmue

par Félicien Rops,

hirsutes et barbares.

sanguinaires, impurs et dégoûtants; d’aspics, de dragons, de

la

siècle,

rues de Paris et de Bruxelles. Ceux-ci n’ont, l’un et l’autre, que des

dans

démons

fin

la

d’un serpent... oreilles,

Le démon

munis de cornes, de

Pintura, ouv.

cit., t. II,

de corbeaux, de milans... aussi

figuration peinte est

le

plus ordinaire-

encore représenté sous l’aspect d’hommes griffes d’aigles,

de queues de serpent...

p. i85-i86.

L. Maeterlinck. L’Art et les Mystères en Flandre, à propos de deux peintures du musée de de l’Art ancien

et

moderne, Paris,

log, avril 1906.

27

!

»


Disons, en passant, que dans la Vie de Jésus, de Natalis

d’un demi représente

siècle,

est vrai, après la

il

mort de notre

publiée plus

peintre, en iSqS,

diable sous la figure d’un Essénien tentant

le

(i),

une planche Sauveur mais la

le

;

supercherie est facile à découvrir, celui-ci étant suivi de diablotins sautant

et

voletant sur les rochers environnants.

La croyance aux siècle

esprits infernaux

au XVI®.

et aussi

ou surnaturels

Partout et en tout on voyait

générale au XV®

était

malin cherchant

le

à

l’homme en péché pour en faire sa proie. Hieronymus Bosch croit aux monstres que son pinceau crée, il en a peur, se suggestionne lui-même. Certes, induire

il

ignore

Kabbale

sphinx de l’Egypte,

les

mais

;

il

est

les

incantations de la Chaldée, les règles de

fermement convaincu de

lisait la

puissance des sortilèges, des

la

que

maléfices, de la goétie. N’est-il pas étrange

cet adepte

de

la sorcellerie qui

Bible et avait sans doute rencontré des rabbins plongés dans

talmudiques,

nombreux

si

les études

alors dans les provinces bataves, n’ait jamais pensé à

triomphe de l’occultisme canonique,

interpréter le

la

les

d’Egypte

plaies

du

laissons ces questions et revenons à l’humeur sarcastique

?

Mais

maître, plus ou

moins imprégnée de démonisme. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’en traduisant les grimaces du rire, les contorsions de la douleur, les gestes violents, les attitudes colériques, les mouvements spasmodiques, Hieronymus Bosch n’a eu d’autre but que celui d’édifier, d’émouvoir ceux pour qui il exécutait ces horrifiques peintures. N’oublions pas non plus

que

les êtres horribles qu’ils ils

Carel van

Mander

de cette époque n’hésitaient pas à

les peintres

de Macbeth,

pouvaient rencontrer ou imaginer.

étaient d’avis

France, à la

comme une

fin,

en a

que

le

beau

du XV® ainsi que le fin

siècle,

fait la

remarque

dans leurs tableaux

faire figurer

Comme

les Sorcières

est le laid et le laid, le beau. L’on sait

en outre que ce qui constitue une des supériorités des la

(2)

c’est qu’ils

firent les artistes

artistes des

Pays-Bas

ne considèrent jamais

de

la

et de

la forme

Renaissance, en imaginant

un type de beauté conventionnelle. Jérôme Bosch, comme compatriotes, ne chercha jamais à rendre et à exprimer que

la

plupart de

ses

ce qu’il ressentait

et éprouvait. «

s’écrie

Italie

Et que

me

fait

à moi cette Troie où je cours

Achille dans X Iphigénie de Racine.

où leurs

(1)

fils

coururent tous à

l’envi, et

Et que où

28

la

!

cette

leurs qualités

compagnie de Jésus en

i545,

Evangiles des messes de l’année. Ces gravures,

i33, sont l’œuvre

.

planches des Méditations sur (2)

à ces artistes

de Mallerij, Jan Wierx, Adrien Collaert, Antoine et Jérôme Wierx, Martin première édition de cet ouvrage date de 1593 En i863 l’abbé Brispot a reproduit en partie les

au nombre de

La

les

»

perdirent, hélas

Nadal, Jérôme ou Natalis, né à Majorque en i5o7, entré dans

publia une série de gravures, accompagnant des Méditations sur

de Vos.

ils

faisait

?

les

Evangiles de Natalis, dans sa Vie de

Carel van Mander. Ouv.

cit.

N.

S. Jésus-Christ, 2 vol. In-folio.


demi

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*

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1

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jan Wierx. Adrien CoHaert. Antoine et

mvrage date de

,,.v les

Vl',

l’envi, et

taisait

;>

vol.

^ .

,,






du

impunément que

pas

terroir, car ce n’est

l’on renie

de son origine. Qu’on veuille en convenir ou non,

que l’œuvre de Memling, de Gérard David

doux

ces ce

est

et 'autres fut,

et

et les lois

en outre incontestable

comme

un arrêt dans le mouvement van Eyck. Jérôme Bosch entendit-il réagir contre

ment M. R. van Bastelaer des frères

il

son pays, sa race

(i),

le dit très

juste-

naturaliste

parti

les

tendances de

suaves maîtres, cela semblerait assez probable. Cependant, malgré

que nous venons de

figurer l’être

dire,

il

humain, nu, en

faut reconnaître

pied, la

femme

que dans

les

scènes où

fait

il

particulièrement, ce rustre trouve

des élégances et des grâces qui avoisinent de bien

près la beauté.

Hieronymus Bosch de primitif? Non pas s’il faut entendre veut M. Léon Rosenthal ( 2 ), par Primitif, l’artiste chez qui il n’y a pas

Faut-il qualifier

comme

le

parfait équilibre entre

puissance de la pensée et la puissance d’exécution.

la

Tout au contraire Hieronymus Bosch grand peintre, avisé.

il

est

M. Ch. Bernard

de l’individu, témoin celle

en

de

la société,

:

est

même temps un (3)

lui

:

tout cela

nous semble

une

Hieronymus Bosch

il

s’il

un

est

un philosophe passant de

et

la satire

\ Éléphant armé, la Baleine éventrée, la Chevalerie, :

la

Création du monde.

loin des préoccupations qui ont

pu

assaillir l’artiste

Oh !

!

que

Encore

n’a rien à voir avec la mentalité de la Renaissance

appartient en entier à celle

du Moyen

(1)

R. VAN Bastelaer. Ouv.

(a)

Léon Rosenthal. La Gravure. Gr.

( 3)

Mais

Tentations de Saint Antoine, les Délices terrestres, à

de la satire de la société à celle de Dieu, témoin

fois

artiste complet.

profond penseur, un moraliste subtil

voudrait voir en

les

témoin

un

âge.

cit.

in-8“. H. Laurens, Paris, 1909. Ch. Bernard. Pierre Brueghel l’Ancien. Petit in-8». G. Van Oest, Bruxelles, 1908.

29

;


CHAPITRE

LV

Technique et procédés de Hieronymus Bosch. Monogramme énigmatique DE CERTAINS TABLEAUX DE LUI OU DE SES IMITATEURS

A

l’inverse

de

la

plupart des maîtres qui groupent leur composition en une

scène principale, l’équilibrant de façon à former un ensemble, Hieronymus Bosch, d’ordinaire, éparpille la sienne, la disperse de tous côtés,

accumulant

les détails,

multipliant les épisodes, ne laissant aucun coin de sa toile inoccupé, entassant

sans

le

moindre souci de

la

vraisemblance et de

connaît et met en pratique quand

il

le

la perspective,

que cependant

il

veut, des têtes les unes contre les autres,

exhibition étrange de visages bizarres et hétéroclites, tous néanmoins vrais, réels et vivants.

manque

Aussi ses œuvres parfois

par fatiguer l’attention par leur

finissent-elles

d’unité. C’est là le grand, le véritable défaut

de

beaucoup plus

l’artiste,

choquant, sans doute, pour nous que pour ses contemporains, que

les successions

d’épisodes renfermés dans ses tableaux divertissaient et amusaient leur servaient pas d’enseignement et de leçon.

A

Bosch en surchargeant à ce point ses panneaux ment. Cependant cette surcharge est un ordre a-t-il été

simplement

incité

par

le

quand

ne

ils

quel sentiment a obéi Jérôme

?

Nous ne

le

voyons pas

claire-

semble voulue. Peut-être y plus de choses possible il

relatif et

désir d’exprimer le

;

n’en est pas moins arrivé fréquemment par ce procédé à rendre sa pensée

diffuse.

Eugène Fromentin (i), à propos des frères van Eyck et de Memling, se demande « comment se sont formés leurs talents ? Quelle éducation supérieure a pu leur donner tant d’expérience cette attention

un la

émue,

Qui

leur a dit de voir avec cette naïveté

»

Comme Hieronymus

Bosch possède

le

même

technique, la question se résoud plus facilement pour lui

qu’à suivre

la voie tracée

artistes les plus

forte,

cette patience énergique, ce sentiment toujours égal, dans

travail si appliqué...

même

?

par ces maîtres, ce qui

l’a

;

métier,

il

n’a eu

conduit à devenir un des

complets que l’on puisse trouver. Sa peinture ferme, dure,

plate,

infiniment travaillée et conduite, est véritablement superbe et ne saurait jamais être assez louée.

(i)

3o

Eug. Fromentin. Les Maîtres

d’autrefois.



I




Hieronymus Bosch sont ceux, venons-nous de dire, ou pratiqués par les frères van Eyck, trois quarts de siècle plus tôt.

Les procédés de découverts

Jean van Eyck,

Comme l’aide

d’une couleur

une

préparation Carel

il

monochrome

fois fixée,

van Mander

(i)

compositions sur des

établit d’abord

il

son sujet légèrement à

la

détrempe à

ombres

renforcée quelque peu dans les

;

cette

l’achève à l’aide de teintes transparentes, à l’huile.

nous apprend,

d’ailleurs, qu’il avait

panneaux blanchis au

lait

de chaux

et

coutume de de

les

tracer ses

peindre ensuite

du premier coup, d’un pinceau à peine frotté, disons même presque seulement effleuré, ce qui lui permettait une touche fine, spirituelle, sans heurts, mais néanmoins solide et puissante. Il accuse les rouges, les jaunes, les verts, auxquels il laisse toute leur plénitude et dont il tire des harmonies délicates superficiellement

et

subtiles.

relève

recherche les colorations transparentes,

Il

blanches,

rosées,

par endroits de gris, de bleus, de jaunes, de noirs francs.

volontiers»,

écrit

Alfred Michiels

«

(2),

le

cinabre,

«

qu’il

oppose

Il

vert de glaïeul, le brun

le

roux à l’ocre mêlé de nuances bleues ou à des fonds d’un azur verdâtre. pousse plus loin teintes froides et

autre côté

que

ses devanciers le

des teintes ardentes

M. Fierens-Gevaert

(3),

«

»

Il

contraste de l’ombre et de la lumière, des

».

Dans y a

il

certains de ses tableaux, dit d’un «

des transparences de tons,

des

chatoiements d’étoffes, des dégradations lumineuses, des colorations prismatiques, des teintes d’arc-en-ciel

carnaval

le

des visages

«

une sorte de carnaval de couleurs,

plus féerique, le plus lyrique que l’on puisse imaginer

»

.

le

Les chairs

de ses personnages, d’ordinaire largement modelées, sont dans des

quelque peu crues,

tonalités

de s’habituer à plus incisive, arrive à

qui en font

»

sa couleur.

plus acérée,

relevées par de légères ombres. »

«

L’œil a besoin

Chez nul autre on ne rencontre une

plus délicate en

même

temps.

une maîtrise absolue qui ne sera pas dépassée

;

Du

matière

premier coup

il

pas un progrès n’a été

Avec lui la peinture a atteint son summum. Il est non seulement* précurseur de Rembrandt, mais son équivalent. Son harmonie est aussi brillante, son coloris aussi chaud que ceux de l’auteur de la Ronde de Nuit. Malgré qu’on en ait dit, Jérôme Bosch ne semble guère avoir été influencé par Geertgen van Sint Jans, appelé encore Gerrit ou Gerhard (4) van Haarlem,

fait

depuis lors.

le

son compatriote, peut-être

I

van

Mander

(i) (2) I

( I

3)

(4)

(5) celui-ci

(5 )

son cadet, car

mourut en

Carel van Mander. Ouv.

s’il

faut s’en rapporter à Carel

1498, à peine âgé de 28 ans. Qu’il

y

ait

eu

cit.

A. Michiels. Les peintres brugeois, ouv. cit., p. 284. Fierens-Gevaert. Ouv. cit., tome III, p. 176.

Durand-Gréville. La peinture hollandaise au XV«

Saint-Jean. Revue de l’Art ancien j

même

et

siècle.

Albert van Ouwater et Gérard de

moderne, Paris, N°s gi et 92, octobre et

Carel van Mander. Ouv.

novembre

1904.

cit.

3i


des rapports entre leurs deux façons de peindre, d’interpréter c’est incontestable,

époque. Pour

même

sens,

que ce

le

maître de la Virgo inter Virgines

qui

soit lui

influencé,

l’ait

il

de son temps,

qu’il soit

au

immédiatement devenu

de départ des productions naturalistes bataves

que pour

est à signaler

le^

lieu

et

chef

flamandes.

des Pays-Bas de

ainsi dire seul des artistes

eut une sorte de pressentiment de la couleur locale, qui avait déjà,

en France, préoccupé

les

auteurs des Très Riches Heures

depuis longtemps déjà observaient

Dans

dont on a parlé dans

influencé le peintre de Bois-le-Duc.

ait

les artistes

d’école, le point

son époque,

(i)

même

la

tout naturel que, dès l’abord, le maître ait occupé une place prépon-

dérante parmi

Il

en est nécessairement ainsi entre artistes de

il

semblerait que c’est Hieronymus Bosch qui

il

Il est

mais

paysage surtout,

le

témoin

les Italiens,

:

dti

duc de Berry

les Bellini, les

et

que

Carpaccio,

Hieronymus Bosch introduit des monuments plus ou moins grecs ou orientaux, ses Mages — nous le verrons dans. portent de riches et somptueux vêteX Adoration des Rois (2) de l’Escurial ments pseudo-byzantins. Néanmoins, comme le fait remarquer avec infiniment de raison M. René; van Bastelaer (3), il aboutit, dans ce tableau, à une contradiction flagrante, poursuivant deux ordres de réalisme différents, celui qui lui fait remplacer la etc.

ses rues de villes de Judée,

ruine employée jusqu’alors pour servir de lieu de naissance au Sauveur, par une véritable chaumière campinoise

même temps

vêtissant en

aux murs

Mages

ses

«

au

d’argile éboulée,

non plus à

la

toit dépaillé et

comme

bourguignonne,

en lesi

Flamands de son temps, mais en vrais Orientaux ». Les frères van Eyck, les Roger van der Weyden, les Hugues van den Goes, les Memling avaient pris le ciel pour motif de leurs tableaux. Hieronymus] Bosch

est resté

exprimant

Au

lieu

le

sur la terre,

il

est

même

descendu dans

montrant

néant des choses humaines en

de clore un cycle,

comme

l’a écrit

les

ténèbres visibles,

les

horreurs cachées.

M. Ch. Bernard

(4),

de ce

côté,

ouvre un nouveau. Celui-ci comprendra cette suite de peintres auxquels

avons déjà

fait allusion,

nés sur les bords de la

Meuse ou sur

qui ne se contentèrent pas de suivre sa technique, mais qui

les rives lui

outre ses sujets et sa façon de les interpréter. Eug. Fromentin,

(1)

A.

In-8°. 3® éd., (2)

Wauters. Catalogue historique

J.

et descriptif

Van Oest, Bruxelles, 1908. N° SqS, p. 2i3. Voir La Rencontre des Rois et V Adoration des Rois où

nous]

l’Escaut,!

empruntèrent

(5),

en

d’ordinaire

en, sij

des tableaux anciens du musée de Bruxelles.

G.

:

les

Mages

orientaux dans Les Très Riches Heures du duc de Berry, éd. P. Durrieu.

32

de

il

(3)

René van Bastelaer. Ouv.

(4)

Gh. Bernard. Ouv.

(5)

Eug. Fromentin. Ouv.

cit. cit.

cit.,

p. 7.

et leur suite portent des costumes


i

I



I

I



subtil et si perspicace,

avec nombre d’autres critiques et historiens, tombe dans

commune, d’appeler le vieux Bruegel incontestablement appartient à Hieronymus Bosch. Bois-le-Duc qui fut

dont

le

Nous ne voudrions pas talent,

pour

il

la

le

il

convient de

Hieronymus Bosch, qui raison, sont Il

le

Les

lui

et

moins

plus notoire de son

sujets qu’il a interprétés sont,

adaptations

thèmes

des

de

Dès

originales.

œuvres de Jérôme Bosch furent apparition ses Jugement dernier, ses Tenta-

ne faut pas s’étonner après cela reproduites.

le

;

ont servi d’initiation et nécessairement, pour cette

moins caractéristiques

vite imitées et

des

redire,

le

fils,

renommée de Peter Bruegel

plus clair et

doit au peintre de Bois-le-Duc.

plupart,

peintre de

le

».

porter atteinte à la

cependant reconnaître que

faut

il

bien

C’est

du genre qui

père d’une école à naître, mort sans avoir vu ses

«

sont cependant bien à lui

les fils

mais

l’inventeur

trop

l’erreur,

leur

si

les

de Saint Antoine jusqu’à ses tableaux anecdotiques furent copiés de tous

tions

Au nombre de ses imitateurs plus ou moins immédiats, Carel van Mander (i) Frans Verbeeck, de Malines, mort cite Jean Mandyn de Haarlem, né vers i5oo en iSyo. Ajoutons un second Verbeeck Jean, dont on rencontre le nom côtés.

;

J,

Verbeeck

et la date

Mandyn

Jean

;

Henri de Blés ou plutôt H. Met de Blés dont on ignore

date de naissance,

connu sous

I

de i56o sur certains panneaux; Gilles Mostaert, élève de

mais qui vivait dans

le

premier

tiers

du

XVP

siècle, autrefois

désignation du maître à la chouette, qu’il avait choisie

la

la

monogramme, en guise de signature. Cet oiseau nocturne ne

comme

appartient

lui

I

pas d’ailleurs exclusivement.

On

trouve dans les productions d’autres maîtres

le

I

des Pays-Bas,

même

I

dans des œuvres de Jérôme Bosch, témoin

musée de Saint-Germain-en-Laye,

I

|tion

le

dessin de la Fête de

le

Charlatan du

Carnaval de

Mais revenons aux imitateurs du maître. Après H.

Amsterdam en i5o8

encore Peter Aertsen, né à vivait

en 1540

qui peignait

,

avant tout graveur

à la détrempe

;

;

;

Met de

Blés citons

Frans Crabbe d’Espleghem qui

son frère Jean, mort à Malines vers iSyô,

Peter Huys, surtout connu par ses estampes, auteur

cent vingt-cinq compositions à l’eau-forte, illustrant \ Emballement

\immaux, publié à Anvers chez Philippe Galle en iSyS, dans lesquelles Ile

la collec-

Albertine de Vienne.

I

le

:

moral des il

rivalise

verve avec Peter Bruegel et témoigne dans les paysages d’une parenté réelle

vec

Hieronymus Bosch. Nous aurons à reparler de ces

ulièrement de Jean

llus

Mandyn, H. Met de Blés

et Peter

différents artistes, parti-

Huys.

Jusqu’en Espagne, où les productions de Jérôme Bosch étaient peut-être que partout ailleurs appréciées, nous trouvons c’est d’ailleurs assez naturel

(i)

S

Carel van Mander. Ouv.

cit.

33


un contrefacteur de le

Felipe de Guevara

(i)

étaient déjà «

dans

les

On expert,

nous apprend que

nombreux même pendant

cheminées pour a voulu trouver

celui

mill|

château du Pardo, une de ses peintures disparues depuisj

pour

reales, copia,

moyennant

ses ouvrages, Francisco Granelo, qui,

un

copiste

et leur

donner un aspect ancien

ou imitateur de

dont l’œuvre, d’une maîtrise

réelle,

sienne qu’il est facile de la confondre avec

elle,

marqués d’un monogramme rappelant un

M

l’artiste,

le plul

se rapproche tellement de

1

dans l’auteur de divers panneau

gothique. Certains critiques et no

Mandyn; Dollmayr

(3),

Flieronymus Bosch,

certains tableaux attribués à

».

certainement

des moindres ont essayé de dégager cet énigmatique inconnu. Glück voir le peintre de Haarlem, Jean

Bosc'i

sa vie et que ceux-ci plaçaient leurs plagiat!

enfumer

les

de Hieronymus

les contrefacteurs

(2)

a cru

tout en ne niant pas qn

que

tels

les

Châtitnents

c

du comte Harrach, à Vienne, dont nous parlerons pli loin, les Epreuves de Job, du musée de Douai et de la collection de M. Ma de Coninck, dont il va être question par la suite, pourraient être de cet imitateu;

l’Enfer, de la collection

aurait voulu retrouver, dans le peintre à l’indéchiffrable

Mostaert.

Il est

trop s’y arrêter, faut voir

que

vrai

ces

deux

monogramme,

Gilk

critiques ont fini par avouer s’y perdre. Sar

M. Fierens-Gevaert (4)

a pensé à Peter Bruegel.

que des hypothèses, d’autant plus qu’en outre de

la

En

tout cela

il

r

marque énigmatiqui

plusieurs de ces compositions sont encore signées Jheronimus Bosch.

vr

Il est

que la signature du maître a été bien souvent falsifiée, ajoutée après coup, alo que ses ouvrages jouissaient d’une renommée sans pareille. Felipe de Guevara nous a renseigné à cet égard. Une raison de plus de rejeter, semble-t-il, l’opinic

.

(^i

émise, temporairement

par Glück

est vrai,

il

productions absolument authentiques de Jean loin d’avoir la valeur

postérieure,

comme

de

Mandyn

et

(7),

c’est

que

de Gilles Mostaert

1(>

so::

témoignent incontestablement d’une époqü por justement remarquer M. Maurice Gossart (8)

le fait

;

M. Fierens-Gevaert

de l’admettre;

les

(9),

plus spécieuse,

il

nous paraît bien

difficb

tableaux de Peter Bruegel ont quelque chose d’ironique qu

ne trouve jamais dans ceux qui nous occupent.

Dans X Arrestation du Christ du

(1)

D“ Felipe de Guevara. Ouv.

(2)

G. Glück. Ouv.

(

3)

cit.

cit.

H. Dollmayr. Ouv.

cit.

(4)

Fierens-Gevaert, Ouv.

5 ( )

D» Felipe de Guevara. Ouv.

(6)

G. Glück. Ouv.

cit.

cit.

(8)

H. Dollmayr. Ouv. cit. Maurice Gossart. Ouv.

(9)

Fierens-Gevaert. Ouv.

(7)

34

Dollmayr

celles-ci et

l’hypothèse de

l’on

(6) et

cit. cit.

cit.

triptyque

du musée de Valence,

da^î




Jugement dernier de la galerie impériale de Vienne, le monogramme ou soidisant tel, dans le premier de ces tableaux, est gravé sur le couteau à large lame dont saint Pierre frappe Malchus, le serviteur du grand-prêtre dans l’autre, le

;

sur

le

poignard que portent des diables à tête de rats. Peut-être,

M. Van Frimmel (i), Bois-le-Duc, « où on

le

suggère

marque d’un coutelier de Guicciardini (2), « un nombre inesti-

tout simplement de la

s’agirait-il

encore là

fait

comme

écrit

»,

M

A

moins encore que dans cet il ne mable de couteaux de trempe très bonne ». faille voir un B retourné ou placé de travers, ce qui simplifierait tout. Pas encore,

M. L. Maeterlinck (3) qui serait assez disposé à voir dans ce B le monogramme de H. Met de Blés. Il se pourrait encore que, comme plus tard Mazo auprès de Velâzquez, Hieronymus Bosch ait eu à ses cependant, à l’opinion de

côtés

un élève s’étant assimilé son style

aux commandes,

Ne

direction.

peintres

«

l’oublions pas

de Bosch

», il

de Bosch

il

Felipe de Guevara

si

:

(4)

écrit

que nombre de

à l’imiter, peignant des monstres et des horreurs imagi-

se décidèrent

naires et ne craignant

manière, auquel, ne pouvant suffire

reproduire ses compositions devant lui et sous sa

faisait

il

et sa

pas de laisser croire que ce plagiat était vraiment l’œuvre

ajoute cependant

«

:

il

de dire que parmi

est juste

en est un qui fut son élève. Celui-ci par

fidélité

nom

ou pour accréditer ses œuvres, signa ses peintures du

les

imitateurs

envers son maître,

de Bosch et non pas

du sien propre. Bien que ce soient des imitations, ce sont néanmoins des peintures dignes d’attention,

parce que dans ses inventions et moralités

réserve de son maître

fut d’ailleurs plus actif

il

;

que Bosch, sans toutefois abandonner

le coloris

dans

il

a gardé la

le travail et

plus patient

de son maître

Distinguer les œuvres véritablement sorties des mains de de celles qui furent copiées de son est

pour ainsi dire impossible.

qu’une importance relative les

critiques qui s’étant

d’entre elles.

les

authentiques

Délices terrestres, le

Cure de la

folie,

Hieronymus Bosch

temps ou après sa mort d’après ses originaux

Aussi nous voyons-nous obligé

de n’attacher

différentes constatations faites par les écrivains et

occupés de ces productions ont accepté ou rejeté certaines

A part dix ou

certitude, dire

aux

».

douze tableaux au plus, que l’on peut, avec une quasi :

le

Courom^ement

Char de foin, de

Portement de croix, V Adoration des Mages, la

d'épines, le

l’Escurial,

du musée du Prado de Madrid,

la

Tentation de Saint Antoine,

(1) Ch. Van Frimmel. Galerie studien. 3 Folge der Kleinen Galerie studien. Wiener-Gemalde Sammlungen. Meyer, Leipzig, 1898. Kleine Galerie studien. N. F. 2,

Geschichte der liv.

p. 21. 5 liv.

1896-1898. Leipzig. (2)

Guicciardini. Ouv.

(3)

L. Maeterlinck.

d Henri Met de Blés. Rtvue (4)

de.

cit.

Les imitateurs de Hieronymus Bosch, à propos d’une oeuvre inconnue l’Art ancien

et

D» Felipe de Guevara. Ouv.

moderne. Paris, n°

i

3 i, fév.

1908.

cit.

35


du

palais d’Ajuda à Lisbonne, les triptyques de Saint Jérôme, Saint Antoine et

du Martyre de Sainte Julie, du musée impérial de Vienne le Charlatan, du musée de Saint-Germain-en-Laye, X Enfant Prodigue de la collection Figdor de Vienne, le Portement de croix du musée de Gand, dont pour la plupart on connaît les origines, les provenances, les curricula vitae, qu’on nous! permette de nous servir de cette expression un peu osée en la circonstance pour les autres, il est véritablement imprudent de se prononcer. Ce qui est certain pour Saint

Gilles,

;

;

tel

historien est faux pour tel autre, et vice versa

plus aujourd’hui, quitte peut-être à

le

;

ce qui était vrai hier ne

l’est

redevenir demain. Mais cette incertitude

Hieronymus Bosch n’est pas nouvelle; Felipe de Guevara(i) nous a appris qu’elle date du lendemain de sa sur

le

plus ou moins d’authenticité des œuvres de

mort.

Hieronymus Bosch traditionaliste

particulière et

commun si

a-t-il

d’abord suivi dans ses compositions

le

sentiment

à ses confrères, avant d’en arriver à sa compréhension

originale

?

Nous ne

le

croyons guère. Quelle impression a

faite sur

vénérable fresque du Christ en croix entre sa mère et Saint Jean,

lui cette

peinte en 1444,

un peu moins de vingt ans avant

sa naissance, dans la chapelle

Saint Antoine, de la cathédrale de Bois-le-Duc qu’il pouvait contempler tous jours,

si

nous ne

le

savons pas davantage.

ses sujets tels qu’en

a dû naturellement, d’emblée, voir

témoignent ses œuvres venues jusqu’à nous.

aborda simultanément des tableaux

Il

la peinture sacrée et les sujets

religieux et des motifs de

les

Il

paraît qu’il

profanes et que l’alternance

genre, que l’on découvre dans l’ordre

de ses peintures datées, n’est due qu’au hasard des circonstances, des commandes

ou de sa

fantaisie

personnelle.

Il

a certainement,

comme

tous

commencé par des compositions compliquées, pour arriver, peu plus simples. La logique le veut ainsi mais établir des précisions ;

les

maîtres,

à peu, à de est en réalité

quand il s’agit^ de Jérôme Bosch, nous semble tout au moins une imprudence. Le mieux est donc de diviser ses ouvrages en tableaux religieux et |en tableaux de genre parmi ces derniers, un peu arbitrairement, nous ferons entrer les Tentations de impossible. Aussi,

parler de première et de seconde manière,

;j

Saint Antoine.

(i)

36

D“ Felipe de Guevara. Ouv.

cit.

^





I

ÆÂ-.JU


CHAPITRE V

Le triptyque de l’Adoration des Le L’Adoration des Rois L’Adoration des Bergers Mages Couronnement d’épines Le Christ injurié Le Christ au prétoire Le Christ devant Pilate Le triptyque de Valence Le Christ PRÉSENTÉ AU PEUPLE Le PoRTEMENT DE CROIX LeS TRIPTYQUES DES Délices terrestres, du Char de Foin et leurs dérivés Les Mar-

Peintures de Hieronymus Bosch. ;

;

;

;

;

;

;

;

;

;

;

chands CHASSÉS DU TEMPLE DE Job.

Commençons

revue

la

LeS SEPT PÉCHÉS CAPITAUX

;

ouvrages

des

LeS EpREUVES

|

Hieronymus Bosch par

de

Une

tableaux religieux qui en forment d’ailleurs la plus grande partie.

premières

productions

\ Adoration des

développé,

il

Brouckhorst

i“*35

sur o^^yS

Bosschuyse.

seigneur de Backerzeele,

Guillaume d’Orange, placer à l’Escurial

dans

genre

ce

est

probablement

très

le

de ses

de

triptyque

Mages, aujourd’hui au musée du Prado à Madrid. Complètement

mesure et

en

ses

En

pour

;

ses volets portent les armoiries des familles

i568

le

punir de s’être

par Philippe H,

Jean de Casembroot, rangé parmi les défenseurs de

fut confisqué à

il

qui

le

transporter

fit

dans son oratoire particulier où

il

en Espagne

et

resta jusqu’à son transfert

grande galerie nationale espagnole. Sur le panneau central, le peintre a placé au premier plan une humble cabane couverte de chaume et à demi la

ruinée, reçoit

à l’entrée de laquelle la

l’hommage des

manteau qui

le

d orfèvrerie

mozette d’or massif; riches étoffes

déjà entrés

(i)

roi

Rois

;

assise,

Melchior

l’Enfant Jésus sur les

agenouillé,

encore debout

un peu en

à ses côtés,

arrière, le roi

la

masure,

et

sur son

tient

un

monde une

dans

les

bras,

ample pièce

mains une

maure, Balthasar (i), s’avance vêtu de

blanches brodées d’oiseaux fantastiques.

dans

portant

recouvre entièrement, présente au maître du

Gaspar,

;

trois

Vierge

toit, le

On

aperçoit leurs suivants

long des murailles, des curieux

et

Le musée d’Anvers renferme une Adoration des Mages de Joost van der Beke, dit de Cleve, où le inscrit au bas de son manteau le nom de Baltesar. Voir Pol de Mont, Musée royal des

maure porte

:

Beaux-Arts d Anvers. Catalogue descriptif.

I.

Maîtres anciens, éd. française, Jan Boucherij. Anvers, igo5.

4^4> p. 14 et i5.

37


indiscrets bergers qui, à travers les fissures

du chaume, les

En

des pierrailles, essaient de voir ce qui s’y passe.

interstices et les éboulis

au second plan,

arrière,

s’étend une vaste plaine, parcourue par des troupes de cavaliers, traversée par un j

cours deau qu’enjambe un pont, et tout à

étrange

ville,

sans doute Bethléem.

Le

fait

au fond s’étagent

volet de gauche figure, au premier plan,

donateur agenouillé accompagné de son patron Saint Pierre, debout

le

un

d’une

les édifices

;

plus loin,

campagne le volet de droite, au premier plan, la donatrice agenouillée accompagnée de sa patronne Sainte Agnès ou Sainte Barbe, debout, et plus loin un superbe paysage au milieu duquel court une rivière intérieur de monastère et la

De

sinueuse.

maître —

il

Une chœur

le

cette

existe

composition

;

— une des plus importantes et des

i

plus célèbres du

|

au moins cinq copies ou variantes.

première, dans

l’église

d’Anderlecht

(i)

près de Bruxelles, placée dans

à droite. Assez dissemblable du triptyque du

sur son panneau principal, montre \ Adoration des

musée du Prado,

Mages

celle-ci,

inversée, le premier plan

.

plus important, les fonds plus simples, et ne rappelant la composition de Madrid

que dans gauche

ses grandes lignes.

figure,

Ses volets sont absolument différents. Celui de

au premier plan, en avant d’un

mais

riche édifice,

dos, saint Joseph agenouillé, ses outils de menuisier et une

au second plan, un ange

et,

enfant, placé dans le

scène qui se passe sur

de droite

est

même le

occupé par

les ailes éployées,

sens

panneau

;

tournant

marmite devant

faisant sécher les langes

du

central,

malgré

la différence

divin la

de décor. Le volet

Mages déballant les présents apportés quoique dans un paysage d’un autre genre,

les serviteurs

des

dans des attitudes pieuses

et

recueillies.

Malgré son

dégradation assez lamentable, cette peinture témoigne d’une fraîcheur de

d’une fermeté de dessin

le

lui,

tous deux, de profil, semblant participer à

à l’Enfant Dieu, tournés eux aussi, vers la crèche,

lui

,

:

état de

,

coloris,

que nous ne serions pas éloignés d’y voir une œuvre

telles

du maître, contre l’opinion de la plupart des critiques prétendant que ce n’est qu’une copie ou une imitation. Une seconde variante de X Adoration des Mages, en réalité une simple reproduction du tableau du Prado, dont elle ne diffère que dans quelques détails une des fonds et du paysage, fait partie du Ryksmuseum d’Amsterdam troisième se trouve au musée de Saint-Omer, achetée par cette galerie provinciale une quatrième au en 1834, que son catalogue attribue à l’école Memling (2) provinzial Muséum de Bonn une cinquième figure en Angleterre, dans la galerie de Lord Leconfield, à Petworth une sixième, à Nantes, dans celle de M. Eugène originale

;

;

;

;

(1) (2)

Le

G. Hulin. Catalogue critique de l’Exposition de Bruges, p. 79. Ch. Revillion. Catalogue des tableaux du musée communal de Saint-Omer. Saint-Omer,

tableau acheté en 1884 fut payé 7 francs.

38

1898.

j

i

,

|



i

fi

^

T




Boismen Londres

une septième a

enfin,

;

fait

Seymour à

partie de l’ancienne collection

A

(i).

la

vente de la collection Friedrich Lippmann, qui a eu lieu à Berlin

en novembre 1912, une Adoration des Rois, cataloguée, à juste raison, croyons-

nom

nous, sous le

de Hieronymus Bosch

vélum pour remplacer

En

sur les genoux.

un berger des Rois sur

la toiture disparue, la

Vierge, les cheveux épandus sur les

une sorte de banc recouvert de draperies, l’Enfant Jésus nu, sans doute avant du groupe sacré, à gauche, un vieillard

appuyé sur un bâton

agenouillé,

est

à sa droite,

;

le

premier

Mages, Melchior, également agenouillé, sa couronne posée devant

un coussinet de velours,

de perles fines

Par

lui

au nouveau-né une précieuse aiguière ornée

offre

du

à droite s’avancent Gaspar et Balthasar, ce dernier nègre

;

en superbes pièces d’orfè-

plus beau noir, portant leurs présents qui consistent vrerie.

Le

enchères.

les

des anges tendent un

en ruines, au-dessus duquel

cour d’un château fort

épaules, assise sur

a passé par

de hauteur sur o^S 6 de largeur, montre, au milieu de

panneau, mesurant la

(2),

les

ouvertes à travers les .murailles

fenêtres

de

se

forteresse

la

montrent des bergers curieux; sous une voûte servant d’étable se distinguent deux bœufs. Les derniers plans présentent de verdoyantes

nombreuses fabriques

;

au tout premier plan, un

campagnes parsemées de

petit chien blanc, assis

de

face,

tourne le dos à la scène auguste.

A

côté de X Adoration des Rois

il

convient de placer X Adoration des

du musée de Cologne, mesurant environ 0^74 de hauteur sur o"’6o de largeur, donnée à Jérôme Bosch, dont il existe un double à la galerie royale de Bruxelles. La composition montre d’abord dans une crèche, qui forme la base

Bergers,

du tableau, l’Enfant Dieu étendu, que touche presque puis la Vierge, les

mains

jointes, et

dont on ne voit que la tête.

Au

le

mufle d’une vache,

deux bergers, à mi-corps, séparés par un âne

fond, à gauche, se distinguent dans une cour

deux personnages auprès d’un feu, dont l’un enlève ses chausses

;

à droite, les

abords d’un village où haute tour

un autre berger garde des troupeaux, non loin d’une sur laquelle est perché un gros oiseau au-dessus, un ange, les ;

ailes

ouvertes,

plane dans

différencient le tableau

les airs.

Bien peu importants sont

de Cologne de celui de Bruxelles. Dans

les le

détails

qui

panneau de

allemande, la tête du second berger est plus sombre, l’oiseau de la

la galerie

tour plus gros, et c’est à

peu près tout.

Dr Waagen. Ouv. cit. Sammlung des verstorbenen geheimen Regierungsrats und früheren Direktors des kônigl. Kupferstichkabinetts zu Berlin Friedrich Lippmann. November 1912. Rudolph Lepke’s Kunst(1)

(2)

Auctions-Haus, Berlin.

somme de

UAdoration

des Rois

a été adjugée au Métropolitain

Muséum

de New-York, pour

55 000 marks. .

39

la


Il est

douteux que l’une ou

l’autre

de ces peintures soient sorties des mains'

de Jérôme Bosch; tout au plus pourraient-elles être des imitations ou copies d’une de ses œuvres perdues.

Revenons un peu en national de Madrid,

arrière; à côté de \ Adoration des

I

Mages du musée!

Couronnement d'épines, sans doute un des premiers tableaux de Jérôme Bosch, non moins beau, non moins précieux,! non moins typique, non moins incontestable. C’est un panneau rond, parqueté sur un panneau carré, haut de 1^90, large de 2“3o, jadis au monastère de il

convient de placer

le

|

non plus au monastère, mais, néanmoins toujours à l’Escurial, au petit palais, construit au XVIII® siècle, de la Casita de Abajo, où il semble bien dépaysé. Il montre Jésus assis sur un banc de pierre, la couronne d’épines sur la tête, le sceptre de roseau dans la main gauche, recouvert du manteau dérisoire, qu’un soldat cherche à lui arracher. D’autres bourreaux, dont l’un tient un gros gourdin, l’entourent, le pressent, le menacent, l’insultent, crient, grimacent, gesticulent au milieu de ces visages convulsés la divine victime seule garde sa sérénité le fond du panneau est doré dans ses coinsi sont figurés, en couleurs monochromes vert foncé, X Archange Saint Michel'' et la Chute des anges rebelles. Quelques années peut-être avant que Hieronymus Bosch peignit ce aujourd’hui,

l’Escurial,

;

;

tableau, Martin

;

Schoengauer avait exprimé

les

préoccupations dans ses planches de ÏEcce

Sauveur paraît au milieu de soldats tournent en dérision. Dans

et

mêmes

Homo

idées,

et

témoigné des mêmes

du Christ

de gens de toute espèce qui

bafoué,

le

le raillent et le

Couronnement d'épines, Hieronymus Bosch se montre un lyrique de la plus haute envolée. Impossible d’imaginer une figure de Christ; plus élevée, plus noble, plus émaciée et en même temps plus humaine, opposée à

cette tourbe trivialité

le

de bourreaux aux expressions d’une ignominie, d’une bassesse, d’une

dont on ne peut se

On

faire

une

raconte que, sous les traits du Sauveur,

lui-même, voulant témoigner ainsi confrères

idée.

;

de ce

qu’il

le peintre se serait représenté!

eut à souffrir des

nous sommes loin de nous porter garant de

assez peu digne de

foi.

ses;

cette légende qui semble;

convient de rapprocher du Couronnement d'épines

Il

Christ injurié, attribué au maître, du musée d’Anvers coiffé

peintres

(i),

le.

où un gros bourreau,

d’un feutre à larges bords, à travers lesquels est fichée une

flèche,

vêtu d’un

surtout rouge, saisit de la main gauche Jésus recouvert d’un manteau bleu, tenant le

sceptre de roseau, et de la droite lui enfonce la couronne sanglante sur la tête à

l’aide

d’un bâton noueux et recourbé

qui tient

(i)

40

le

gourdin dans

le

PoL DE Mont. Musée

— ce semble d’ailleurs

Coîironnement d'épines

le

— un autre

royal des Beaux-Arts d’Anvers, ouv.

cit.

même

personnage

tortionnaire, à ses

840, p. 84.






I

t



d’une robe rose, à demi cachée sous un manteau vert, s’agenouille

côtés, habillé

ironiquement devant la divine victime nages les

;

au premier plan se voit

le

;

en arrière apparaissent d’autres person-

donateur en surplis, une croix sur

la poitrine,

mains jointes.

de large, qui a fait successivement Ce panneau, haut de o“85 sur des collections H. Gildemeester d’Amsterdam et R. von Kaufmann de

partie

dans

Berlin avant d’entrer

la

grande galerie anversoise,

Bosch ou d’un de ses élèves ou imitateurs,

il

est-il

est bien difficile

de Hieronymus

de se prononcer,

et

une décision à son sujet serait inévitablement sujette à révision. Exposé en 1894 à Utrecht, le tableau était alors désigné comme une production de l’école

puis

XVP

allemande de l’aurore du

siècle.

Le Christ bafoué et insulté par une foule ignoble et lâche a toujours trouvé en Hieronymus Bosch un interprète avisé. Nous l’avons déjà dit, il convient d’y revenir, les scènes violentes avaient un charme sans pareil pour les natures brutales et tout d’une pièce de cette

frustes,

En

époque, qui n’admettait pas

les

un nouveau témoignage dans le Christ an prétoire, dernièrement encore, à Berlin, dans la galerie du conseiller Kaufmann, acquis par cet amateur, aujourd’hui décédé, à Gand, de M. L. Maeterlinck, ayant figuré à l’Exposition des Primitifs flamands de Bruges, en 1902. Le tableau, haut de o “75 sur une largeur de o“6i, divisé en deux parties distinctes et séparées, montre, à l’entrée surélevée d’un édifice rappelant une prison, Jésus en robe atténuations.

serrée à la taille,

voici

la

couronne d’épines sur

manteau de royauté dérisoire sur

les épaules, les

de pharisiens et de prêtres, présenté le

front,

le

les

poignets entravés,

pieds nus, entouré de bourreaux,

au peuple qui d’en bas, au premier plan,

considère haineusement, le hue, ricane et applaudit à sa misère.

bien entendu,

dans une

se passe

le

ville

La

scène,

des Pays-Bas dont les monuments,

canaux et les rues se développent aux derniers plans.

les

Quant aux personnages,

si

ceux qui entourent la divine victime portent des vêtements semi-orientaux

et

bibliques,

çons plus

ceux du premier plan sont de purs flamands, de véritables braban-

ou moins richement vêtus à

que, sur les côtés

du bâtiment où

le

la

mode du temps.

Sauveur

tor

»

et

sur le

«

Crucifige

eum

»

;

au-dessus de la tête de

Ecce Homo ». Le musée Princeton (i), à

mur

:

exposé à

est

sont inscrites, en lettres gothiques, les inscriptions

Il

:

la

«

convient de noter la risée populaire,

Salve nos Christe redemp-

divine victime on

lit

encore

«

New

Jersey, dans les Etats-Unis, renferme

Christ devant Pilate, haut d’environ o“85 sur

i“o5 de large, dont

il

un

a déjà

incidemment été question, qui pourrait fort bien être un original du maître.

(i)

6

Allan Marquand. Ouv.

cit.

41


La

y a une vingtaine d’années chez le marchand de tableaux Colnaghi, à Londres, ne porte pas de signature, à moins que, selon la théorie peinture achetée

chère à

M.

il

Mély

F. de

on ne puisse en découvrir une dans

(i),

des manteaux du Christ et de Pilate se lavant sition rappelle

de croix de

ensemble

Gand

et

le

Couronnement

le

reîtres,

triptyque de Valence dont

il

va

même

le

Portement

Même

question.

être

tourbe de pharisiens,

soudards, bourreaux aux physionomies repoussantes, aux rictus hideux.

Ajoutons que

Sauveur

le

et le soldat

ont de grands rapports avec

son épaule de

chauve

de l’Escurial,

a' épines

;

ornementations

mains, à gauche. La compo-i

les

Christ émacié, triste, douloureux, noble, résigné

les

et

la

la Flagellation,

à sa droite, de

victime divine et

le

profil,

tenant une torche,,

personnage posant

du triptyque de Valence

barbu, en arrière de Pilate, se retrouve dans

le

;

enfin,

que

la

main

sur'

le vieillard,

Martyre de Sainte

Lucie

du musée impérial de Vienne, dont nous aurons à parler plus loin. Au point! de vue purement technique, l’œuvre s’apparente incontestablement aux produc-, tions de Hieronymus Bosch considérées comme d’une authenticité indiscutable. En Espagne, au musée provincial de Valence, provenant de la chapelle, de los Reyes de Santo Domingo, se trouve un triptyque, réunion de panneauxj oblongs représentant sur sa partie centrale, en un médaillon signé Jheronimus Bosch, le Couronnement d'épines de l’Escurial. Nous l’avons déjà décrit. Sur les volets se voient X Arrestation et la Flagellation du Christ. Le volet de gauche,j X Arrestation, montre le Sauveur pressé entre ses ennemis venus pour le saisir,. Judas recevant la cassette où un délégué du grand-prêtre dépose les trente deniers, un soldat brandissant un court cimeterre, un pharisien tenant unq torche allumée, etc. Le volet de droite, la Flagellation, représente le Christ; entouré de ses bourreaux dont l’un

un autre

tient

un

personnages

les

le fustige

à l’aide de verges à tour de bras;

fouet à lanières prêt à l’en frapper, etc. très resserrés sont

vus à mi-corps. Dans

Sur

ces trois panneauxj

les angles,

comme

dans,

Couronnement d'épines, sont figurés, en couleurs monochromes, XArchangt Saint Michel et la Chute des anges rebelles. Sur les volets paraît le fameux le

monogramme M. Pour

J.

D. Passavant, Sir William Stirling-Maxwell, C.

Justi

(2),

l’œuvrt

Pour Dollmayr, Maurice Gossart (3), ce n’est qu’une imitatior peinture originale. M. Maurice Gossart va même jusqu’à donner le nom di

est authentique.

de

la

copiste, Francisco Granelo, qui l’aurait exécutée

Le

F. DE Mély.

(2)

Passavant. Le Peintre graveur, contenant

Beaune.

l’histoire

de

la

gravure sur bois

et sur métal jusqu

W. Stirling. Annals du XVP siècle. 6 vol. in-8°, Weigel, Leipsig, 1860-1864. Spain London, 1848. C. Justi. Ouv. cit. Dollmayr. Ouv. cit. Maurice Gossart. Ouv. cit. 3 H. ( )

la fin

;

realef

Gazette des Beaux-Arts, Paris, janvier et février 1906.

(1)

retable de

en 1609, au prix de mille

of the artists

J

ii

42

i

I

I

D

;




I



en a déjà été parlé

il

pour

la résidence

A

du Pardo.

notre avis, rien de

moins prouvé. Et puis, que savons-nous sur ce Granelo dont la personnalité est, pour ainsi dire, restée ignorée? Il ne peut s’agir de Nicollo Granello, un des

employés par Philippe II pour

artistes

Higuemela, peinte sur

de la

reproduction à l’Escurial de la Bataille

murs de

l'alcazar

de Ségovie.

ans plus tôt que la date fixée pour la soi-disant copie d’après exécutée dans

D’abord,

le

Nicollo Granello mourut à Madrid, en iSçS, seize

est autre et ensuite

prénom

les

la

un caractère tout à

fait différent

de celui de

la

Jérôme Bosch,

peinture murale

d’essence indiscutablement italienne.

On

connaît plusieurs autres répliques ou copies du Couronnement d'épines.

Plus horrifique, plus stupéfiant encore est un Christ présenté au peuple,

M. N. B. Paterson de Londres, dont il existe une variante dans la collection de M. John E. Johnson à Philadelphie, aux Etats-Unis. D’autres, plus ou moins exactes, figurent au Ryksmuseum d’Amsterdam, à l’Académie des Arts de Berlin, au Musée de Berne, dans la collection Camberlyn d’Amougies appartenant à

à

'

Pepinghen en Brabant, chez un amateur de Trêves.

La composition, en galerie Kaufmann en deux sorte d’escalier à

la

parties,

comme

divisée

le

tableau

de l’ancienne

montre, dans sa zone supérieure, sur une

colonnes, dont cependant on ne voit pas les marches,

mains entravées,

maigre, décharné, les

I

largeur,

couronne d’épines sur

le

front,

manteau d’ignominie sur

le

le

Sauveur,

les épaules,

lamentable épave humaine, entouré de ses

juges et bourreaux qui le bafouent et l’injurient, présenté

au peuple, par un long

personnage, placé à sa gauche, des plus richement vêtus, le crâne enserré dans

un pyramidal bonnet terminé en pointe, sans doute Pilate. Au-dessous, dans la

zone inférieure,

armés de lances,

peuple vu à mi-corps

— lève

à l’exception d’un

les

bras en

personnage,

ramassis de soldats bardés de

fer,

de bourgeois des plus étrangement

de piques, d’espadons,

de manants

costumés, trépigne,

le

l’air,

brandit ses armes,

nu-tête,

crie,

hurle,

placé à l’extrême

de

profil,

les

yeux levés vers

I

droite

du tableau qui pose

la

main sur

la poitrine,

le

Christ

I

dans une attitude de douloureuse anxiété.

1

faute

?

Qui

sait

nales de îtions

s’agit-il

pleurant sa

pour ces deux

si

vibrantes peintures d’œuvres origi-

Jérôme Bosch, ne sont-ce que des copies ou des variantes de composi-

du maître disparues, C’est

dans

entrer le célèbre de 2®oo

Pierre

?

Maintenant

I

Serait-ce Saint

cette

il

est

même

absolument impossible de

série

d’œuvres passionnées

se prononcer. qu’il

convient de faire

Portemerit de croix conservé au palais de l’Escurial de près

de haut sur environ l'^So de large, où Jésus s’avance courbé en deux, n’en

pouvant plus, lamentable, portant sur ses épaules endolories, avec l’aide de e

Simon

Cyrénéen, qu’un vieux pharisien essaie d’en dissuader, la lourde croix où l’on

43


va bientôt acérées.

Autour de

lui se

un tronc de

entravés dans

les pieds

le clouer,

bois hérissé de pointes

'

pressent ses implacables ennemis, ses terribles bourreaux |

dont l’un se dispose à

Au

frapper à coups de corde.

le

second plan, en avant d’un

bois d’arbres touffus, la Vierge que soutient saint Jean, l’apôtre bien aimé,

i

s’affaisse. |

Dans

lointain apparaît Jérusalem avec ses tours, ses murailles, ses temples, ses

le

|

De

panneau d’une authenticité inattaquable, il convient de autre Portement de croix, haut de 0^72 sur une largeur de

palais, ses maisons.

rapprocher cet

ce

0^78, à figures seulement en buste, appartenant à la Société des

de Gand, accroché depuis 1902 dans

Amis

seconde salle du Musée de

la

cette ville

même

année de 1902, fait partie de l’Exposition des flamands à Bruges. Dans cette composition non moins étrange que et ayant,

cette

l’Escurial,

frappante dans la stupéfiante série du maître

«

et si juste expression

pour

ainsi dire

de

M. Friedlânder

la tête

(i),

il

et

«

le

:

celle

I

de

pittoresque

son crâne couvert d’emplâtres

»

1

lequel

i

célèbre pour sa

spectateur coiffé d’un étrange

le

(2),

'

ces horrifiques

bourreau dans

un sergent de Haarlem

paradoxal bonnet terminé en forme de queue de comète

bouche en avant grimaçante, hermétiquement close le

si

Primitifs

divine victime semble

Parmi

pressent.

le

convient d’en noter quelques-uns à part

certains critiques voudraient retrouver

laideur et

la

selon la

'

perdue dans l’enchevêtrement des nombreux visages, plus grima-

çants les uns que les autres, qui l’entourent et

personnages,

de

»,

des Arts

et

;

le

pharisien à

au menton bleu en

soudard aviné, au nez écarlate, un énorme casque à visière sur

la

recul

la tête, le

'

;

i

;

bon I

larron blême de peur, qu’assiste

un épouvantable moine

paroxysme de

de risée à d’horribles tortionnaires

la fureur, servant

Femmes, parmi

lesquelles

Sainte Véronique,

cheveux cachés sous de légères

coiffes à reflets

tenant

le

;

le

mauvais larron au ;

les Saintes

voile miraculeux,

changeants, verts, bleus

Voici maintenant un Portement de croix

(

3 ), faisant partie de

'

les

et jaunes.

!

la collec-

Léon Cardon à Bruxelles, qui tout au moins appartient au cycle de Hieronymus Bosch, à qui M. Friedlânder l’attribuerait volontiers. Il figure dans une composition assez dispersée, le Christ succombant sous le poids de son gibet en forme de tau, que Simon le Cyrénéen, sous l’aspect d’un paysan âgé, un panier tion

rempli d’œufs attaché à

la ceinture, vient l’aider

en armure

rouent de coups.

et casque,

le

montante du Golgotha, s’engagent la

les

En

à porter, tandis que deux

et

2 ( )

Gand. Revue (3)

Max J. Friedlânder. Ouv. cit. Carel van Mander. Ouv. cit. L. Maeterlinck.

de l’Art ancien

et

|

A propos

et j

en chemise, sous

conduite d’un garde, précédés de soldats et de gens de toute condition

(1)

;

en

d’une œuvre de Bosch au musée de

moderne. Paris, octobre igo6.

Acheté par son propriétaire à Paris,

il

|

;

reîtres,

avant, sur la route ardue, étroite

deux larrons enchaînés

^

y a quelques années, à M. Kleinberger.

44

I

I






de

arrière

victime sacrée s’avancent d’autres soldats à cheval

la

monuments de Jérusalem.

développent les

palais de l’Escurial se trouve le célèbre triptyque désigné d’ordinaire

Au sous

au fond se

;

V Enfer, connu Luxure — El

des Délices terrestres et du Châtiment des Vices dans

le titre

Espagne sous

surtout en

appellations de la Lujttria

les

— et

la

du tableau de \ Arbousier à raison du rôle que cet arbre y remplit. Dans le panneau central, haut de 2*”20 sur de large, aux premiers plans, une foule innombrable de gens nus évolue dans Trafago

les

Soucis

baignent dans

plus

des flaques d’eau,

ou moins innocents

livrant

autres s’étendent à l’ombre des

les

de l’arbousier, pour se livrer au repos

feuilles

Les uns se

poses les plus diverses et les plus inattendues.

et les

les attitudes

enfin sous celui

aux dislocations

larges

en voici qui jouent à des jeux

;

en voilà qui luttent avec des oiseaux monstrueux, se

;

les plus extraordinaires

transparents dans lesquels

;

de-ci de-là sont placés des globes

on aperçoit des couples d’hommes

et

de femmes

;

des

moules énormes se refermant sur des imprudents qui se sont introduits entre leurs entrebâillées.

coquilles

s’ébattent de

Au

second

nombreuses jeunes

montés sur des chiens,

filles,

des porcs,

autour d’un

plan,

bassin circulaire,

galope une calvacade effrénée de cavaliers

des hyènes,

des léopards,

des

lions,

des

dromadaires, des tigres, des loups, entremêlés de boucs, de renards, de griffons, de dindons, de paons, de licornes, d’autres

Ce sont

les

et

chimériques.

personnifications des Péchés capitaux, l’Orgueil, l’Envie, la Luxure,

Gourmandise,

la Paresse, la

la Colère, l’Avarice.

peuplé de sirènes nageant ou valents, et

animaux étranges

dont

le

de dards projetés

Plus loin s’étend un grand lac

voguant dans des esquifs aux formes sans équi-

milieu et les extrémités sont occupés par des sphères armées

dans tous

les

sens et terminés à leur partie supérieure par

aux branches hérissées. Enfin, au tout dernier plan, s’aperçoivent des coteaux boisés dominés par un ciel obstrué par place de nuées fulgurantes, où des cactus

planent des volatiles,

même

des poissons aux nageoires servant d’ailes, n’appar-

tenant à aucune faune connue.

Sur entre

volet de gauche,

le

Adam

où Dieu

assis sur le sol et

où se passe la scène,

ombragé

une

femme,

le

Eve à demi agenouillée

Très Haut ;

le

est

debout

Paradis Terrestre

d’arbres exotiques, peuplé de girafes, d’éléphants,

de chevaux, de cerfs, de renards,

dun

crée la

d’animaux de toutes

sortes,

montre, au milieu

émerge une végétation étrange et colossale, aux branchages en forme de pinces de homard qui semble faite de coquillages lac,

petite île d’où

rouges translucides.

Sur

On y voit une foule de réprouvés tourmentés par des monstres et des diables, écrasés par de lourdes pierres, des hommes

le

volet de droite, c’est X Enfer

déchiquetés, des

femmes subissant

les caresses

de pourceaux, un énorme

45


démon

sur une chaise percée, avalant des malheureux

rend sous son siège

qu’il

qui tombent dans un puits; des instruments de musique, guitares,

tambours, où sont suspendus des damnés

au milieu d’un

;

lac

et

vielles, harpes,

aux eaux

noires,

un bateau d’où s’élève un tronc d’arbre portant suspendu sur ses branches le corps d’une énorme oie déplumée, dont la tête, de forme paradoxale, retombe sur un second bateau placé à côté du premier dans l’intérieur du corps de l’oie, ouvert sur le flanc, se distinguent des gens attablés, un évêque roulant un ;

tonneau

;

au-dessus surgit une

tête

cornue d’où s’échappe un singe

;

lit

d’un chapeau dont

l’anneau d’une clef

pieusement son

livre

;

de

et

dont

le

les

fond est une

à ses côtés, un gigantesque crâne de cheval

sans muscle ni peau est chevauché

teurs,

coiffée

promenoir à des monstres variés

-larges bords servent de

damné dans

d’homme

par

une

sorcière

en train de pendre un

au-dessous. Saint Antoine, entouré de tentaprière, assis sur

gauche, surgissent des épisodes ahurissants

et

une femme nue.

épouvantables à

A

droite, à

la fois

:

un

diable agitant des cloches auxquelles des pêcheurs servent de battants, plus loin c’est

une double

oreille séparée et percée

étranglant des joueurs ou les

d’une

assommant à coups de

massacres, des noyades, des incendies. Enfin,

démons

flèche, puis ce sont des

dés,

au dernier plan, des

les portes extérieures

peintes en grisailles, sont consacrées à la Création

du inonde par

du

:

triptyque,

Père Eternel

le

:

qui apparaît dans l’angle de gauche.

Des Délices

terrestres

du

triptyque,

une, entre autres, dans la

collection

ou pour mieux

dire

du panneau

central

'

il

ou

existe diverses copies

répétitions

;

Léon Cardon à Bruxelles une seconde se trouve à Paris, chez un marchand de tableaux, M. Lucas Moreno. Le Musée du Prado, à Madrid, possède des reproductions des deux volets des Délices terrestres ; celle du volet de gauche, fragment d’une copie aujourd’hui démembrée et perdue, se trouvait jadis dans la salle à manger de Philippe IV à l’Escurial celle du volet de droite particulièrement étourdissante, ;

;

j

I

;

fort modifiée et

large, est

sur

le

considérablement agrandie, mesurant o”"29 de haut sur o“25 de

connue sous

panneau,

et

la

désignation de Vision de Tondale,

titre inscrit d’ailleurs

montre, dans son angle inférieur de droite, Tondale accompagné |

de l’ange qui

le

conduit dans sa visite aux lieux infernaux.

est le récit fait par

un moine

celte

du voyage

La Vision

de Tondale j

d’un guerrier irlandais, Tungdal, à

travers les divers cycles de l’Enfer, sous la sauvegarde d’un ange

(i).

Les deux

Jérôme Bosch a-t-il connu la Divine Comédie ? C’est probable, quoique nous n’en ayons aucun témoignage. Les supplices de l’Enfer imaginés par le poète toscan diffèrent sensiblement de ceux mis en scène par le peintre brabançon. Chez le Dante, les gourmands croupissent dans un marais de vase épaisse où tombe une pluie glacée, mêlée de neige les avares et les prodigues, la tête rasée, hurlent et poussent en dans une avant, de la poitrine et des mains, d’énormes fardeaux, en s’entrechoquant les uns les autres (i)

;

;

46

!








voyageurs entrent d’abord dans une vallée profonde au milieu de laquelle les homicides bouillonnent et se liquéfient dans une chaudière placée sur un brasier. arrivent ensuite

Ils

par un lac de glace,

:

au pied d’une montagne abrupte, bordée à de

et,

d’un côté,

la base,

par un lac de feu, où sont tour à tour plongés

l’autre,

les

un abîme insondable d’où s’élève une épaisse fumée à odeur de soufre, traversé par un pont d’une étroitesse extrême sur lequel s’engagent les orgueilleux qui tombent tous dans le vide puis Tungdal et son guide parviennent à une immense plaine au bout de laquelle se tient un monstre parjures

,

plus loin, c’est

;

;

colossal qui engloutit

dans sa bouche, d’où sortent des flammes,

entendent les cris

passent ensuite devant

les

avares dont

ils

I

traversé par clous,

ils

;

un pont plus

étroit

un marais aux exhalaisons encore que celui qu’ils ont déjà vu et

où sont obligés de s’aventurer

continuant leur terrible voyage, dépecés les luxurieux et

gourmands

les

;

bêtes venimeuses

et d’autres

s’arrêtent devant

ils

hérissé de

voleurs qui s’abîment dans ses eaux

les

de serpents

croupissantes peuplées de crapauds,

délétères,

;

une grande bâtisse où sont

après cet épouvantable abattoir

ils

un dernier monstre étendu sur un étang glacé qui se nourrit de prêtres et de religieux infidèles à leurs vœux, les vomit ensuite et alors ces malheureux donnent naissance à des serpents de feu qui se retournent contre eux aperçoivent

immense

dévorent. Voilà enfin nos pèlerins en vue d’une

et les

forge,

où sur des

passés au laminoir les pécheurs endurcis et impénitents.

enclumes sont martelés

et

Le voyage de l’ange

et

de son compagnon s’achève par une vue du Purgatoire et

un coup d’œil sur

Paradis

en

1

149

le

immédiatement

;

(i).

elle

La Vision de Tondale

devint populaire

passe pour avoir été écrite

des copies en furent répandues de

;

dès les premiers temps

tous côtés, des traductions faites

dans toutes

de l’imprimerie en 1484, elle fut

mise sous presse à Bois-le-Duc, sous

nue bosselée de tombes, 'les épicuriens

plaine

brûlés par des jets

de feu

;

les

des harpies

les

langues

et les hérésiarques, entassés

de flammes qui s’en échappent

;

les

;

le titre

de

par secte, dans chaque tombe, sont

tyrans et les meurtriers sont entraînés dans

un

fleuve

colériques et les violents, enlacés dans les branches d’arbres d’un bois affreux, sont broutés par les

;

trompeurs

mi-corps, sont dévorés

par derrière,

et les

entremetteurs sont flagellés

par un feu qui court à

marchent à reculons

;

la surface

les prévaricateurs

hypocrites cheminent à pas lents accablés sous le poids

du

;

sol

les trafiquants ;

des choses saintes, enterrés à

les sorciers et les devins, la tête

sont précipités dans

un

lac

d’énormes chapes dorées à

retournée

de poix bouillante

l’extérieur,

;

les

mais intérieu-

rement de plomb; les voleurs courent en tous sens pour échapper aux morsures de serpents qui les joignent et les

enlacent

;

les

schismatiques dégoûtant de sang sont déchiquetés

;

les alchimistes

deviennent

la

proie

j

jdune lèpre hideuse (i)

I

li^itry

et fétide

sont enfermés dans

la glace.

D’après des croyances répandues et propagées par les récits de Vincent de Beauvais, Jean de

et autres écrivains,

ivarent surtout été

lamand porte

le

Purgatoire avait une entrée par une

prendre leur source dans

nerveilleuses vues par

5t.

;

les traîtres

le titre

le

île

du

lac

de Derg en Irlande. Ces idées

Voyage de Saint Patrice au Purgatoire, récit des choses

un chevalier dans la grotte de Saint Patrice à l’île d’Ultan, dont une version en «Van den Vaghevure dat Sente Patricius vertoghet was». Voir; H. Jones.

:

Patrick’s Purgatory. 1647.

47


Tondalus Vysioen (i), chez Gérard Leempt de Nimègue, en un volume in-40. Cest cette version que connurent sans doute Hieronymus Bosch, ses copistes et ses imitateurs.

Le

du palais de TEscurial, que nous avons décrit plus haut, ainsi que sa variante du musée de Prado à Madrid, désignée sous le titre de la Vision de Tondale, ne sont que des paraphrases du récit du moine celte. Le panneau de la grande galerie espagnole présente en plus des principaux épisodes disséminés dans le premier, à la base du tableau, à droite, un jeune homme nu, agenouillé, à qui son ange gardien montre les supplices attendant, dans l’autre vie, le pécheur impénitent que nous retrouverons d’ailleurs volet de droite des Délices terrestres,

dans d’autres compositions

A

similaires.

côté des Délices terrestres, le monastère de l’Escurial possède

un second triptyque non moins connu, non moins important, non moins remarquable qui lui fait

pour

ainsi dire

pendant

:

Omnis caro Foemtm. Fermé,

le il

Char de

foin,

désigné aussi sous

de

le titre

représente en grisailles, au premier plan, au

milieu d’un sentier, non loin d’une ville que l’on aperçoit à l’horizon, au delà

d’une campagne vallonnée, un Vagabond, à l’aspect minable, un long gourdin

dans

les

mains,

le

panier d’osier avec la cuiller accoutumée des chemineaux sur

le

un voyageur qu’ils viennent d’attacher à un arbre, tandis qu’au même plan, en avant, un ménétrier, au pied d’un second arbre, au son de son instrument, fait danser un couple de paysans. Ce Vagabond, comme pose, comme aspect, comme allure, est tout au moins le frère jumeau de \ Enfant prodigue de la collection Figdor de Vienne, dos, fuyant à la vue de voleurs, qui en arrière dépouillent

dont

sera parlé plus loin.

il

Ouvert, supplices, tel

le

que

volet de droite la Visioit

du triptyque

de Tondale pouvait

figure X Enfer et ses effroyables le faire interpréter.

Parmi

ceux-ci

signalons celui où les âmes des coupables sont employées en guise de matériaux

pour construire des locaux destinés à servir de geôle à d’autres damnés. Le volet de gauche représente, en partant du haut, d’abord. Dieu dans

sa ,^

puis

gloire,

la

Chute des Anges

superposés se passant dans

femme^

la

le

rebelles

précipités

du

et,

ciel,

en épisodes

Paradis Terrestre, la Création de r homme et de

Tentation al Eve par

le serpent, et

la

Adam et Eve après la faute fustigés'

par l’ange à l’épée flamboyante.

Le

(i)

sujet

du panneau

Une première

central,

1

haut de V^t. sur

édition de la Vision de Tondale, sous le titre de

i^'oS

:

de large, environ.

Dat Boeck van Tondalus

Vysioen,

parut en flamand, à Anvers, en 1482 une seconde, c’est celle dont il vient d’être question ; une troisième, sous le même titre que celle d’Anvers, à Delft, en 1494. M. Octave Delepierre a fait paraître une Vision de Tondalus à la Société des bibliophiles belges, chez Hoyois, à Mons, en 1837. Voir Brunet, éd. de 1842, ;

tome IV,

48

2e partie, p. 492.

:

Éd. de 1864, tome V, colonne 882.

I






du foin et » consiste en un grand chariot toute gloire rempli de foin sur lequel sont juchés les plaisirs terrestres, figurés par une jeune fille chantant qu’un jeune homme assis à ses pieds accompagne sur la

du prophète Isaïe comme l’herbe des champs

paraphrase les versets

Toute chair

;

des

animaux des plus

l’ambition,

de

la

bestialité,

de

la

la

luxure,

des Rois jusqu’aux

les

prolongement

le

de

l’orgueil,

de

l’avarice,

uns à cheval,

les autres

à pied, les

hiérarchies et dignités humaines, depuis des

hommes

s’efforcent d’atteindre le

les

de

tyrannie, sont attelés à cet étrange véhicule

derrière lequel se pressent et se hâtent, les

représentants de toutes

que

Renommée,

la

disparates, des lions, des loups, des chiens,

symboles de

des poissons,

des oies,

Tous

est

Gloire sonnant d’une longue trompette, qui n’est autre

de son nez

et

«

Auprès d’eux se tiennent des personnages emblématiques,

guitare. la

(i)

Papes

plus humbles et des plus basses conditions.

sommet du

char, ne reculant devant

aucun crime

pour réussir à l’escalader et à jouir des plaisirs qu’il offre.

Au assis

premier plan se déroulent plusieurs scènes épisodiques

:

un gros moine

devant une table, un verre en main, est entouré de religieuses qui s’empres-

un charlatan prépare son tréteau de marchand d’orviétan une femme est assise à terre deux autres debout se tiennent par les mains une sorte de mendiant coiffé d’un inénarrable chapeau haut, sans doute un aveugle, s’avance sous la conduite d’un enfant. Les fonds montrent une rivière sinueuse coulant paresseusement entre des plaines ombragées et des coteaux verdoyants dans le ciel, au milieu des nuées, apparaît le Christ les bras ouverts aux pécheurs que sent de le servir;

;

;

;

;

touchera

A royale

le

repentir.

l’Exposition de la Toison d’or, ouverte à

(2), la

Maison

d’Espagne avait envoyé une restitution de ce triptyque consistant en

d’anciennes copies de l’œuvre;

du palais d’Aranjuez

le

les volets,

;

panneau

central,

extérieurement,

le

Char de foin provenant

le

Vagabond, intérieurement,

du monastère de l’Escurial le volet de gauche, le Paradis, du musée du Prado, jadis à la Casa del Campo. Ces deux compositions des Délices terrestres et du Char de foin sont du nombre de celles où Hieronymus Bosch a témoigné' de plus d’inattendu et d’originalité, autant au moins que dans les Tentations de Saint Antoine, dont nous parlerons longuement, où il n’a point fait preuve d’une imagination plus le

i

Bruges en 1907

volet de droite, X Enfer,

;

ahurissante et plus déréglée. facti sunt sicut foenum agri, et (1) Habitores earum breviata manu contremuerunt, et confusi sunt gramen pascuae, et herba tectorum quae exaruit antequam maturesceret. Cap. XXXVII. Ver. 27 Vox dicentis Clama. Et dixi Quid clamabo ? Omnis foenum, et omnis gloria ejus quasi flos agri. Cap.

;

:

XL. Ver. 6 (2)

Prophetia Isaiae. Biblia Sacra. Exposition de la Toison d’or à Bruges, juin-octobre 1907. Catalogue. Petit in-8°. G.

Bruxelles, 1907.

7

:

Van

Oest,

217, p. 61-62.

49


Signalons un Christ chassant

les

marchands du

temple, de 0^76 de haut

sur o'"6o de large, faisant partie, en Angleterre, de la collection de Sir Claude Philipps, et ayant figuré à l’Exposition des Primitifs flamands de Bruges en

Ce panneau

1902.

précieux, car

s’il

van Mander,

il

intéressant à tous les points de vue est

l’œuvre originale du maître disparue,

n’est pas

en

au moins une

est tout

temple de Jérusalem vu de à

surélevé

Dans

l’intérieur

de

surmonté de deux de

les tables

fort

ancienne copie

un dôme

soutiennent

(i).

des

par Carel

citée

montre

Il

l’extérieur, offrant, à sa partie centrale,

colonnes qui

hautes

particulièrement

un

plus

le

péristyle

étranges.

sans portes, en avant probablement du tabernacle,

l’édifice,

statuettes, peut-être celles

de Melchisédech et d’Aaron portant

coups de verges, chasse

la loi, le Christ, à

les trafiquants qui fuient

de tous côtés. Les uns sont tombés en avant du temple, d’autres s’échappent à droite, par une porte latérale un marchand, à gauche, par une autre porte ;

son âne qui va tomber sur une femme en train de procéder à

latérale, fait sauter

d’un nouveau-né, tandis qu’à ses côtés un opérateur arrache une

la toilette

à une patiente.

murs

et

Aux

derniers plans s’étendent des champs,

défenses d’une ville

les

se distinguent

lesj

des coteaux modérés ferment!

plus loin,

et,

dentj

l’horizon.

Dans

nombre de détails et d’épisodes, empruntés à des tableaux connus du maître. Le temple est couronné d’un décoré pyramidal qui n’est autre que la plante surgissant au milieu du lac du volet de; composition On retrouve

cette

gauche des Délices terrestres ; on la rencontre aussi dans d’autres de ses| ouvrages à gauche, au second plan, reparaît le casque à visière grillée du petit| ;

Jugement dernier du musée de Vienne chevalerie

dans

le

à droite,

;

le fût

de

et

la

gravure de

la Satire de

de colonne en forme de bouteille que nous

verrons)

triptyque de Saint Jérôme, Saint Antoine et Saint Gilles, supportant

un étrange groupe marchant à quatre

consistant

pattes sur

en un diable porté par quatre

une plate-forme

;

enfin, la ville

que

la\

hommes

ici|

nus|

l’on entrevoit|

à l’horizon rappelle singulièrement celle des lointains de la Tentation de

Saint.

nou^

Antoine de

la

collection

l’étudierons tout à l’heure

du comte Durrieu

;

il

est

vrai

que

celle-ci

peinte par Peter Huys, n’est qu’une imitation

de!

Jérôme Bosch. Philippe II l’Escurial,

Jérôme Bosch,

elle

les

avait fait

placer dans sa chambre,

se trouve encore,

une œuvre

Sept Péchés Capitaux.

C’est

fort

une

ou plutôt sa

cellule,

2

importante, attribuée

2

suite

de panneaux haub

de i“20 sur i“3o de largeur, réunis en carré, désignés d’ordinaire sous la tabla

(i)

5o

la table

malheureusement

Carel van Mander. Ouv.

cit.

le

nom

de

fort détériorés, destinés, soit à être vu‘

!

|

^

!




Hns^' PP.W^

1



CHAPITRE

VI

Suite des peintures de Hieronymus Bosch.

Le triptyque du Jugement

DERNIER et SES DÉRIVÉS; LES TRIPTYQUES DE SaINT JÉRÔME, SaINT Antoine et Saint Gilles, du martyre de Sainte Lucie; Saint Jean A Pathmos.

En

i5o4,

Hieronymus Bosch

reçut

du mari de Jeanne

la Folle,

Philippe

le

Beau, duc de Bourgogne, qui devait mourir presque subitement moins de deux

i

années après, à Burgos, à l’âge de vingt-huit ans, la dernier dont

il

a déjà été incidemment question.

connaît trois exemplaires dont

commande d’un Jugement

De

ce

Jugement dernier on

aucun ne semble l’œuvre en question, mais qui

en sont, sans aucun doute, des réductions, des variantes ou des copies.

Le premier,

le

plus important,

un

triptyque, faisant partie de la galerie

de l’Académie des Beaux-Arts de Vienne, de dimensions certainement inférieures à celles

du tableau disparu commandé par Philippe

le

Beau, montre fermé, sur

en pied, à gauche. Saint Bavon, patron des Flandres, par conséquent de Philippe le Beau, tel qu’il est d’ailleurs représenté

ses volets,

peints en

grisailles,

du musée de Toulouse, en vêtements faucon au poing, une escarcelle dans la main droite,

dans ses statues de l’église de Verneuil et d’élégant

gentilhomme,

le

à l’entrée de son palais, entouré de

l’aumône articulé,

;

sur

mendiants

et

de miséreux auxquels

il

fait

auprès d’un de ces quémandeurs, se voit un pied humain

le sol,

témoignage, sans doute, des simulacres dont se servaient ces malingreux

pour apitoyer la

charité

publique

;

à

droite,

Saint Jacques de

Compostelle,

cheminant dans la campagne, son chapeau décoré de la coquille du pèlerin sur

I

l’épaule, le

courbé sous

dos, à l’aide d’un

le

poids du lourd manteau qu’il porte péniblement sur

long bâton

;

celui-ci figuré

comme

patron de l’Espagne

et

I

par conséquent de

Jeanne la Folle, reine de Castille et de Léon. Au-dessous des deux Saints, à des arcatures gothiques, sont suspendus de biais, à la façon allemande, deux écus d’armes dont le champ ne porte ni pièces ni figures,

I

1

Ouverts, les volets de ce splendide triptyque représentent, celui de gauche, j

1

les

mêmes

sujets, les trois derniers inversés,

que

le

volet

du même

côté

du Char

55


de foin,

successivement

Création

d'Adam

X Arbre du du mal, Adam et Eve chassés du Paradis terrestre et, au-dessus, la Chute des Anges rebelles précipités du ciel, enfin le Christ assis, la main droite levée, le globe du monde dans la gauche, apparaissant dans sa gloire, au c’est-à-dire,

:

la

et d'Eve,

bien et

milieu des nuages

celui

;

de droite, X Enfer,

avec ses plus horrifiques

et

ses

Comme

dans ses autres figurations des mêmes scènes, le peintre y témoigne de son inimaginable verve, de ses sinistres inventions que les rêves et les cauchemars ne pourraient même atteindre. plus épouvantables châtiments.

Le panneau

Jugement dernier. Nous l’avons déjà dit d’ailleurs, « dès les premières années du XIII® siècle, les figurations du terrible dénouement de la tragédie chrétienne apparaissent en sculpture. La plus ancienne, datée de 1146, se trouve à la cathédrale d’Autun, en Bourgogne d’autres suivent sur le tympan de la cathédrale de Léon, en Espagne (i), sur les portails central représente le

;

des basiliques de Charlres,

Bourges, de

Belgique

;

l’église

Saint-Urbain de Troyes, en France; sur nombre

d’églises de

Van Eyck, Petrus Christus, Jean Prévôt, Jean Mandyn Roger van der Weyden ont interprété le grand drame final nous

en peinture,

et surtout

de Paris, de Reims, d’Amiens, de Bordeaux, de

les

;

laissons de côté les fresques

beaucoup plus anciennes de

l’église

Saint-Mexme de

nombre de miniatures de manuscrits. Comme il fallait s’y attendre, dans ce sujet, Hieronymus Bosch n’a vu que matière à épouvantements, où les damnés subissent les pires supplices. Il y a Chinon en Touraine

et

paraphrasé, à sa manière, lui

comme

il

l’a

toujours

fait, la

Vision de Tondale qui

a plus ou moins servi d’Evangile et de guide, tout en donnant libre cours à

sa fantaisie.

Il

a

fait

également, dans

la

réglementation des supplices infernaux,

maints emprunts aux représentations du Théâtre de étaient données,

de son temps, dans

M. Gustave Cohen

(3) l’a écrit,

«

i

les

la Passion,

telles qu’elles

Pays-Bas. M. Emile Mâle

(2) l’a dit,

Les Mystères ont toujours connu ces images

au nez épaté, aux yeux ronds et car dans toutes ces interprétations des supplices des damnés il y a

affreuses, ces lèvres sabrées à travers le visage,

moqueurs », une part d’ironie et d’irrévérence. Souvenons-nous que les primitifs italiens Giotto et Orcagna n’ont pas autrement compris et rendu l’Enfer. Chez eux les démons scient, dépècent et mangent même les damnés. Les prédicateurs d’au delà des Alpes avaient à cette époque la même conception des châtiments. Jacomino de Vérone ne décrit pas d’autre façon les punitions des pécheurs. « Satan », écrit-il,

(1)

P. Lafond.

La Sculpture

espagnole. Bibliothèque de l’enseignement des Beaux-Arts,

;

1

:

in-4° [

anglais. A. Picard, Paris. (2)

E. Male. L’Art religieux de

(3)

G. Cohen. Ouv.

la fin

du Moyen âge en France,

in-4“.

Armand

Colin, Paris, 1908. j

56

cit.

,


i


I


f



comme un

plus probablement, à être placés à plat de façon à ce

plafond, soit,

que l’on puisse en faire

composé des

cercle

tombeau Ira,

Invidia, Avaritia.

du tableau, au milieu d’un grand

du

soleil,

Christ

le

lève de son

se

comme

Zqs allégories,

de son temps.

juatre cercles,

X Enfer

les

Luxure,

Aux

quatre

s’y attendre

quatre angles de

de l’homme

fins

cette dernière figuration

;

Dans

le

Gourmandise, l’Avarice avec

haut du panneau, entre

:

le

Mort,

la

se déve-

et l’Envie.

le

représentées, dans

Juge^nent,

est

presque entièrement

les

médaillons de

une banderole porte l’inscription que voici

:

maître, sont des scènes de

tabla sont

la

mots

Péchés capitaux,

figurations des

les

la Paresse, la

fallait

il

les

Autour des rayons lumineux

en s’élargissant à leurs bases,

'Orgueil, la Colère, la

'entier,

centre

au-dessous du Sauveur se lisent en caractères gothiques

;

loppent,

t

Au

fulgurantes

lueurs

Superbia, Gula,

a vie

le tour.

la

le

Paradis

effacée.

Mort

et

du Jugement

:

Deuteron, ch. XXXII,

v*®

28 et 2g.

Gens absque consilio est et sine prudentia Utinam sapèrent et intelligerent ac novissima providerent.

Dans

bas, entre les médaillons de X Enfer et

le

mderole, on

lit

:

Abscondam faciem meam ab Certains Dssart (3),

du Paradis, sur une autre

considerabo novissima eorum

nombre desquels Dollmayr

au

critiques,

eis et

n’admettent pas que

les

surtout sur

et

M. Maurice

Sept Péchés Capitaux soient sortis des mains

Jérôme Bosch. M. Maurice Gossart, pour en dénier se

(2)

(i).

un passage de Felipe de Guevara

(4)

la paternité le

au maître, se

chroniqueur espagnol

Jérôme Bosch une table sur [uelle on voit dessinés les Sept Péchés Capitaux rendus en figures et en mples. C’est possible mais ce n’est pas certain, tout au plus est-ce une que Philippe II possède d’un imitateur de

;

îsomption.

La

collection

Haro

(5),

aujourd’hui

dispersée,

renfermait un

curieux

(1) Comme l’indique l’en-tête de l’inscription du haut du tableau, il s’agit de versets de la Bible, du Deuteronome, chapitre XXXII, Cantique de Motse, et prédications du prophète au peuple juif, infidèle à

Dieu.

En

voici d’ailleurs la traduction.

Première inscription, versets 28 qu

l’ont-ils la

Seconde inscription, verset 20 (2) (3)

(4)

29

:

C’est

un peuple qui

:

Je leur cacherai

H. Dollmayr. Ouv. cit. Maurice Gossart. Ouv. cit. D" Felipe de Guevaiuv. Ouv.

mon

5)

n’a point de sens et de prudence,

visage et je verrai quelle sera leur

fin.

cit.

Catalogue des tableaux anciens... de la collection de Drouot les 12 et i 3 décembre 1911. N°s ii5 et 116. (

l’h( 1

et

sagesse et l’intelligence pour prévoir la fin.

M. Henri Haro dont

la

vente aura lieu à


sur une largeur de o™54, propriété aujourd’hui, à Paris,

panneau haut de

de M. Demogé, dû à quelque imitateur de Jérôme Bosch, où le Christ dans un nimbe de lumière apparaît devant un groupe de suppliants, au milieu de démons acharnés sur

Est-ce \ Enfer, le Purgatoire ?

coupables.

les

Peut-être l’un

;

et |

De

l’autre.

cette

composition

existe

il

une variante de proportions agrandies, |

M.

chez un autre amateur parisien,

Ollivier.

une œuvre inspirée par Hieronymus Bosch, mais non pas une reproduction d’une de ses œuvres perdues, que cette composition de o“35 de hauteur sur 0^78 de largeur, recueillie par le Musée du Prado, montrant C’est indubitablement

une

Ame

conduite

cette

figurés,

fois,

par tm ange

qui lui

(i)

fait

voir les tourments de l’Enfer,

par des montagnes de flammes où grillent

tourmentent des monstres

et

des démons.

Le panneau porte

les

i

damnés que

1

H.

les initiales P.

i

Peut-être faudrait-il y voir la main du peintre graveur Peter Huys, dont Paul Mantz (2) a retrouvé la signature, avec la date de iSqy, sur une Tentation de\

I

Saint Antoine de

peu plus

du comte Paul Durrieu dont nous parlerons

la collection

uni

loin.

Après

la

composition d’une

mentionner un panneau faisant

Ame

partie, à

conduite

par un

Madrid, de

ange,

la galerie

de

il

D"^

convient

dej

José Lazare,!

provenant, paraît-il, de la collection de Cean Bermudez, curieux amalgame

de]

morceaux disparates empruntés à diverses compositions de Jérôme Bosch et de ses imitateurs, où l’on retrouve le masque monstrueux de la Descente du Christ aux Enfers, du musée de Vienne, l’ange de la Vision de Tondale, des scènes d’incendie, de carnage et de supplices.

Revenons à Peter Huys Eantaisie grotesque de

o"^86

;

!

ce qui est bien de lui sans conteste,

de haut sur o"^82

de large,

c’est la

rapportant aux

se

musée du Prado à Madrid. Au premiei plan sont représentés des épisodes aussi étranges que ceux interprétés par Jérôm( Bosch une troupe d’êtres paradoxaux armés de pied en cap, sortant d’un( grotte des hommes nus assis ou debout autour d’une table d’autres monté: sur de grands volatiles luttant à la lance des pendus déchiquetés par des diables à têtes d’animaux des malheureux roulés dans des tonneaux plus loin, dan: une mêlée furibonde, les anges et les démons se disputent les pauvres humains ceux que les suppôts de Satan peuvent emporter sont au dernier plan précipité dans une tour d’où s’échappent des flammes et des fumées incandescentes. L tableau provient de la chapelle de l’infirmerie du monastère de l’Escurial e tourments de l’Enfer que renferme

le

;

;

;

;

;

passait

52

pour

être

;

l’œuvre de Peter Bruegel. Signalons encore, au musée

(1)

D" Pedro de Madrazo. Ouv.

(2)

E. Gonse. Les chefs-d’œuvre des musées de province, in

cit.

di

1182, p. 21 1. folio.

May,

Paris, 1900, p. Ii 6 -ii 7

>








Prado, provenant également de l’Escurial,

un autre panneau de

sur o“ô4 de largeur, catalogué sous la désignation

hauteur

o^4.g de

de style de Peter

Huys

(i),

un Paysage fantastique, peuplé de diables, de spectres et d’apparitions. Dans Peter Huys, dont on ne connaît pas grand’chose, en dehors des tableaux dont il vient d’être question et de ses gravures, tout au plus qu’il représentant

marchand d’estampes Jérôme Cock, certains critiques voudraient retrouver l’auteur du tableau du musée de Douai, Les Epreuves de Job. La peinture, provenant du couvent des Trinitaires de cette ville, large de 1^41 sur une hauteur de 0^67, fut

de

condisciple

le

montre

Bruegel

Peter

(2)

chez

le

peintre

graveur

patriarche, sous l’aspect d’un long vieillard maigre,

le

la tête

nimbée,

I

monnaie dans la main gauche, assis sur un tas de fumier, auprès de sa demeure livrée aux flammes, sa femme, mégère aux traits anguleux, secouant ses clefs suspendues à sa ceinture, à ses côtés. Le saint homme se tourne à demi d’une

coiffée

j

en arrière vers ses en lui

de

toque

amis

velours

une

d’hermine,

l’aide

de

pièce

venus contempler sa misère

et voisins

donnant un charivari à

Au nombre

bordée

et le

narguer

d’instruments de musique des plus variés.

des exécutants on distingue un être sans

nom dans

règne animal

le

couché à terre, qui fait sa partie dans la sérénade sur une guitare dont avec les pieds.

Dans

les

lieu

les

chameaux.

donner à Peter Huys, d’autres critiques seraient d’avis

Ne

Epreuves de Job à Jean Mandyn ou à H. Met de Blés. pas plus simple et plus naturel de les restituer à Hieronymus Bosch

d’attribuer serait-il

les

même? Comme, parties

de

joue

fonds se déroulent diverses scènes épisodiques où figurent

des bœufs, des cochons, jusqu’à des singes et des

Au

il

à juste raison,

de la composition,

figure mi-renversée

le

le fait

remarquer M. Maurice Gossart

malheureux patriarche,

«

maigre

qu’on voit à gauche, à l’arrière-plan,

la

et

(3),

certaines

décharné

tête

lui-

»,

la

du sonneur

du concert charivarique, rappellent certains personnages du Portement de croix du musée de Gand, tandis que les chameaux des derniers plans ont le même caractère que ceux des tableaux du maître du musée du Prado ou du monastère de l’Escurial. Il est vrai qu’un disciple ou imitateur de Jérôme Bosch aurait pu lui emprunter ces différentes figures. Des Epreuves de Job M. Max de Coninck, à Dieghem lez-Bruxelles,

grotesque de trompette,

possède une très intéressante variante. sur o“97 de hauteur, I

composition du

(1)

(2) (3)

dont

la

Le panneau qui mesure 1^24 de largeur

disposition générale est identique à celle de la

musée de Douai,

Dn Pedro DE Madrazo. Ouv. cit. N° René van Bastelaer. Ouv. cit. Maurice Gossart. Ouv. cit.

offre

néanmoins de nombreux épisodes

1402, Fantaisie grotesque ;

et

1403, Paysage fantastique; p. zSo.

53


en avant d’une sorte de hangar en ruines, soutenu par des troncs d’arbres, que dévorent les flammes. Au premier détails tout autres

à gauche,

plan,

;

la

scène se passe, cette

un gros bonhomme, sans doute Satan,

marécageux, en vêtements

sombre sur

les

fois,

à dessins d’écailles de poisson, une pèlerine épaules, montrant de la main gauche, armée d’une lance, sur clairs

de cette pèlerine, un écu d’armes timbré d’un 3

le côté

surgit d’un terrain

et présentant

de

la

main

une charte dont on ne peut déchiffrer l’inscription, munie d’un sceau rouge. En avant du patriarche, sur une cuve renversée, se lit le monogramme B et la date de i5i4 derrière lui s’alignent les donneurs de sérénade, très différents

droite

;

de ceux du tableau du musée de Douai, tous plus ou moins éclopés, richement vêtus,

les autres

différents, présentent*,

les

uns

en haillons ou à moitié nus. Les fonds, également

très

à gauche, en avant d’un temple à

inscription cabalistique et de ruines, des diables et des

une

rivière,

Si le tableau il

Bosch,

si

;

à droite, un pont, ciel

ailés.

du musée de Douai

est probable, sortent le

démons

des groupes d’arbres et des coteaux, se détachant sur un

évoluent des monstres

comme

surmontée d’une

la porte

monogramme

de

la

et celui

même

de

la collection

Max

main, c’est-à-dire de

et la date sont bien authentiques

de Coninck,

celle

dans

de Jérôme

le dernier, et

Epreuves de Job prendraient une importance considérable dans son œuvre. Tout au moins la version appartenant à M. Max de Coninck, datée de deux ans avant la mort du maître, serait alors nous n’avons guère de raisons d’en douter,

une de

54.

ses dernières productions.

les



I

I

I


I




*}


ordonnait qu’on

«

fît

rôtir les

coupables

comme un

porc fiché dans un grand pieu

fer. »

de

Chaque supplice avait son tortionnaire

attitré,

représentant du

que

chargé d’infliger les châtiments et de les rendre aussi cruels i

démons sont connus Mammon, etc. Le premier

noms de

ces

Astaroth,

;

de la roue

les

coupables,

ce sont Léviathan,

Les

possible.

Belzébuth, Baalbéritz,

supplice réservé aux orgueilleux était celui

sur de grandes

attachés

Léviathan, tournaient sans trêve ni merci jaloux, consistait, après avoir été

Diable,

;

le

roues

par

actionnées

second, celui des envieux et des

plongés dans un fleuve glacé, à en être enlevés

par Belzébuth qui les précipitait alors

dans un

lac de feu

;

les

colériques étaient

enfermés dans une cave obscure où Baalbérith, aidé d’autres diables, les coupait en morceaux,

démons qui

sur l’enclume et

forgeait

les

lançait

tronçons

ces

martelaient et les réduisaient en masses informes

les

;

les

à d’autres paresseux,

dans de noirs cachots, y étaient mordus par des serpents et dévorés par AiStaroth les avares étaient précipités dans des cuves remplies de métal en fusion

jetés

;

Mammon

gourmands,

ne cessait de

les

lûurrissaient

gloutons et

piquer

les

et

de

les

harceler avec une broche de fer

;

les

intempérants, attablés au bord d’un cours d’eau, se

de leur propre substance, se dévorant

les

bras et les jambes, ou

malgré eux des bêtes immondes que Belphégor leur entrait de force dans

ivalaient

bouche

a

les

;

luxurieux étaient au fond d’un puits humide et boueux, dévorés par

les

lézards et des crapauds.

les

D’autres supplices non moins atroces étaient encore employés envers les oupables.

L’artiste

n’avait

que l’embarras du choix. Ailleurs

les

luxurieux

^commençons par eux que nous quittons à peine ne sont pas seulement la roie des lézards et des crapauds, mais sont en outre déchiquetés par des poignards entelés,

des lames acérées, des crochets ébréchés; les gourmands, enfilés à de

)ngues broches barbelées et rôtis sur des feux ardents

;

les

ivrognes couchés sous

tonneaux, obligés de boire sans arrêt; les orgueilleux et les orgueilleuses,

SS

nues, accouplées à

‘lles-ci

des reptiles vêtus de

mmettre aux volontés de ces bêtes venimeuses; ''lourdes meules; d’autres CS

gelés,

pourpre,

les

damnés, précipités dans

contraintes

de se

paresseux sont broyés sous l’huile bouillante,

dans des

suspendus au-dessus de brasiers incandescents, martelés sous des

«dûmes, écrasés sous de lourds chariots aux roues hérissées de clous; enfin, ‘1

i ces 1

flammes d’une fournaise. Mais nous avons déjà épisodes représentés par Jérôme Bosch, ainsi que les deux suivants, dans

dernier plan, surgissent les

volet de droite

un

c

asse avec

2

sans doute

I

autier

des Délices terrestres, l’un figurant

homme nu siècle,

un

lièvre

suspendu à sa pique en guise de

emprunté à une miniature représentant

du XIII®

:

de

la

le

revenant de la

gibier,

même

que

l’artiste

sujet d’un petit

Bibliothèque de Bourgogne, à Bruxelles

;

l’autre,

I

8

57


un monstrueux diable

une chaise percée, dévorant gloutonnement des malheureux qui retombent ensuite sous son siège spécial, sous la forme d’excréments. Il ne faut pas chercher la délicatesse chez Hieronymus Bosch, elle est absente de son œuvre ni

de son pays,

assis sur

en

;

la patrie

serait-il

autrement

qu’il

des farces grasses, chez

lui,

Au-dessus de ces mirifiques inventions, dans d’un ample manteau qui

lui laisse la poitrine

de lance reçu au Golgotha,

échapper l’épée de à sa gauche,

des ressuscités

;

les

restées terribles.

nuages,

branche de lys dans une main,

la

par groupes de

six,

Christ couvert

le

découverte, percée au côté du coup l’autre laissant

emblématique

justice, est assis sur l’arc-en-ciel

les apôtres,

ne serait ni de son temps

à sa droite

;

et

implorent sa miséricorde en faveur

plus haut se voient la Vierge et

le

Père Eternel

plus haut

;

encore, les quatre anges, en robe blanche, sonnant de la trompette.

Le second Jugement dernier qui a

fait

partie de la collection

Pacculy

dispersée assez dernièrement au feu des enchères à l’hôtel Drouot, à Paris, trouvait antérieurement à Madrid, dans la galerie de l’Infant

Don

se

Sébastien de

Bourbon (i). Malgré la signature très nette de Jheronimus Bosch, trop nette même, il semble être une répétition d’une œuvre du maître exécutée sans doute peu de temps après sa mort par un de ses élèves ou imitateurs directs et immédiats

;

il

impossible de

est

le

donner à Peter Huys, dont

la

manière

libre,

émancipée des formules mêmes de Hieronymus Bosch,

large, déjà fortement

est

très différente.

Les divers supplices des damnés y sont représentés, toujours d’après les mêmes principes, agrémentés cependant d’épisodes nouveaux et particuliers.

Le haut de

composition

la

comme dans

figure,

Jérôme Bosch, comme dans tous ceux de

autres

les

ses contemporains,

ouvrages de

Roger van

der

Weyden, Petrus Christus, Thierry Bouts, dans sa partie centrale le Christ nimbé de rayons lumineux, assis sur l’arc-en-ciel symbolique, enveloppé d’un ample manteau qui lui tombe jusqu’aux pieds, laissant cependant les épaules, la :

poitrine et la plaie

de lys rigide

;

de

du

la

côté découvertes.

gauche,

il

A

robes blanches, les ailes

main la

du souverain

émergent au milieu des nuées,

d’être miséricordieux.

la

montre à sa portée

jusqu’alors restée inutilisée. Au-dessus les bustes

De

droite

il

tient

une branche

formidable épée de

justice,

juge, les douze apôtres, dont|

six d’un côté, six

de

l’autre, le supplient:

gauche de Jésus, quatre anges, en longuesi éployées, sonnent de la trompette pour éveiller les morts. droite et à

Cette interprétation est absolument d’accord avec les idées de tous

les

Tentations de Breughel (Infernal) asile de l’ancien St Antoine, B, h. o®7o, 1 i®o 5 dans le Catalogue des tableaux exposés dans les salons de in-12, Petit Pau, appartenant aux héritiers de feu Mgr l’Infant Don Sébastien de Bourbon et Bragance. Véronèse, Pau, 1876.

(i)

Ce Jugement .

58

dernier est inscrit ,

comme

suit

:

N° 374





I

i

]




peintres de la fin

du Moyen

imaginée autrement dans son célèbre

La

partie inférieure

Roger van der Weyden qui ne triptyque de l’hôpital de Beaune (i).

âge, témoin

du tableau

offre

d’abord à

la

l’a

pas

vue une sorte de ronde

du tombeau essayant en vain d’échapper aux démons qui cherchent à les saisir. Chaque vice a, comme nous savons, son tortionnaire spécial. Ici, une femme impudique est saisie par un âne à trompe là, une autre essaie de se garantir des embrassements d’un vieux moine plus loin, un saurien visqueux mord un pécheur tout proche, un engin à roues à pointes en écrase un autre. Au premier plan, des femmes, à la sortie d’une tente dressée sur un lac, sont torturées par d’horribles rats qui s’en emparent Adam et Eve, dans des accoutrements bizarres, traînent une énorme pomme entrouverte montée sur roues et renfermant un enfant, poussée par des monstres, dont l’un, assis au sommet de l’étrange véhicule, sonne une fanfare triomphante, à l’aide d’une longue trompette recourbée. Sous une machine de guerre, portant une d’autres damnés rôtissent au feu activé par d’innomables tour-chaudière, furibonde, les morts réveillés de l’engourdissement

;

;

;

;

démons

sous

;

l’horrible

engin,

des

déchiquetés par des corbeaux, sont écrasés plans,

comme

pieds dépassent,

par un laminoir

;

aux seconds

gourmands sont punis par des châtiments appropriés à leur vice pécheurs sont coupés en morceaux plus ou moins menus, par des sabres, ;

des épées, des coutelas,

déchirés par des scies, précipités de ponts étroits dans des

fangeux, brûlés au milieu de fulgurants incendies à la main, défendent l’entrée

l’épée

les

les

d’autres

lacs

dont

malheureux,

du Paradis

;

au fond à droite, des anges,

;

au milieu s’étend

la

mer où vogue

un vaisseau.

La troisième version du Jugement dernier que l’on connaisse, due vraisemblablement à un peintre de l’école ou de l’entourage du vieux Cranach, fait partie du Kaiser Friedrich Muséum de Berlin et semble un amalgame des peintures de l’artiste

de

la galerie impériale

de Vienne

et

de l’ancienne collection

Pacculy.

)ien iujet

Le musée de Bruxelles renfermée un Jugement dernier (2) rappelant par des côtés ceux dont nous venons de nous occuper, tout au moins comme ;

mais son exécution dure et sèche, sa coloration sombre n’a rien de

issez qu’il

commun

avec Jérôme Bosch

rop d’invraisemblance, être attribué à

;

il

et

uniforme disent

pourrait peut-être, sans

Jean Mandyn. Signalons aussi

les

deux

du nom du maître, représentant sur leur panneau Jtigement dernier et, sur leurs volets, le Paradis et \ Enfer, donnés

riptyques signés faussement jentral

le

(i)

P. Lafond. Roger van der

(3)

A.

J.

Wauters. Ouv.

cit.

Weyden.

Petit in-8°. G.

Van

— Fierens-Gevaert. Ouv.

Oest, Bruxelles, igi2.

cit., t.

IV, p. 275-276.

59


M.

H. Met de Blés, l’un faisant partie de la collection de ce critique, l’autre appartenant au musée de Bruges (2). Quoique ni l’un ni l’autre ne soient des copies de Jérôme Bosch, on y retrouve maints et maints par

L. Maeterlinck

épisodes bien à

Une

(i)

à

lui.

dernière version du

Jugement dernier, longtemps attribuée à Roger recueillie par le musée de Douai. Celle-ci figure sur un

van der Weyden, a été des côtés d’un panneau de o^qi de hauteur sur 0^74 de largeur, la Vierge assise sur un siège à haut dossier gothique, vêtue d’une riche robe de drap d’or

ample manteau soutenu par des anges, sous

recQuverte d’un

lequel,

scion la

vision de Saint Bernard, elle abrite des religieux et des religieuses de l’ordre de

Cîteaux. Sur l’autre côté se voit

données ordinairement suivies

Jugement dernier traité conformément aux par Hieronymus Bosch. En haut, le Christ est assis le

sur l’arc-en-ciel de rigueur; à ses côtés, quatre anges sonnent de la trompette; à sa droite

se

Apôtres

;

trouvent la Vierge et saint plus bas, les ressuscités.

Jean l’Évangéliste

Au

premier

de

plan

à sa gauche,

;

la

composition,

les la

donatrice Isabelle de Malefiance, boursière en i5o6 de l’abbaye cistercienne de près de Douai, d’où provient

Flines,

élus, assistée

de son ange gardien

royale sur la tête. «

Dame

Sur

le

et

le

tableau, est agenouillée non loin des

de sa patronne. Sainte Elisabeth,

bord intérieur du cadre on

Isabel de Malefiance

»

le

;

sur les quatre côtés du panneau.

monogramme M.

lit

de Jésus

en et

couronne

la

lettres gothiques

de Marie

Lafenestre rattache l’œuvre à

:

se répète

l’école

de

Roger van der Weyden M. L. de Fourcaud admettrait qu’elle ait été peinte par un artiste de la région; M. Wauters la donnerait à Jean Prévôt; M. Henry Hymans voudrait que ce fut une production originale de Hieronymus Bosch. Il ;

nous semble bien de ces opinions

difficile

dissemblables.

si

façon de penser de Il

de nous prononcer dans

M.

Nous

l’état

de

la question

au milieu

partagerions cependant assez volontiers

la

Lafenestre.

convient de s’arrêter maintenant devant les Châtiments de

VEnfer,

cités

plus haut, faisant partie à Vienne de la collection du comte Harrach.

Le tableau montre, au premier plan, un long Christ émacié à peu près nu, une mince croix dans la main gauche, s’avançant sur un étrange pont-levis, en avant de la porte d’un château fort, gardée par un vieillard, des hommes et des femmes nus au-dessus de cette porte, dans une niche, un personnage marchant à quatre pattes, une couronne royale sur le milieu du dos, joue de la trompette ;

(1)

L. Maeterlinck.

d’Henri Met de Blés. Revue (2)

Les Imitateurs de Hieronymus Bosch, à propos d’une œuvre inconnue

de l’Art ancien et moderne. Paris.

Ce dernier Jugement

Toison d’or à Bruges en 1907; il musée de Bruges. Voir Exposition de de

la

:

60

i 3 i,

février igo8.

appartenant alors à M. Seligmann, à Paris, a figuré à l’Exposition don au fut acquis par le ministre d’Etat Belge M. Beernaert qui en fit

dernier,

la

Toison d’or à Bruges, ouv.

cit.,

218, p. 62.


.tH-W..




J i

1

0

I




d'une façon absolument malséante

une foule de démons.

Aux

;

plus haut, les murailles sont occupées par

seconds plans se voient un lac boueux que franchissent bouteille, des édifices en flammes, des

une haute tour en forme de

des ponts,

rochers hérissés, éclairés par les lueurs des incendies

ou obscurcis par des fumées

L’œuvre

opaques. Partout des diables martyrisent des damnés.

Hieronymus Bosch quoiqu’elle porte

pas de

avoir longtemps

certainement à tort

galerie impériale de

été attribuée à Peter Bruegel,

non des moins importantes de l’Escurial et la

Tentatioii de Saint

va être question plus

il

Dans

la

Descente

dtL

les

damnés,

tête

ensuite l’épisode

coiffée

parties

et

Antoine du palais d’Ajuda de Lisbonne,

loin.

Christ aux Enfers de Vienne, entre autres épisodes,

mains aident à ouvrir

les

certaines

identiques, dans les Délices terrestres

signalons d’abord celui de la tête monstrueuse,

dont

la

une Descente du Christ aux

recueilli

— absolument

on

Est-ce définitif?

incontestablement du maître, dont on retrouve

enfers,

dont

Vienne a

doute

monogramme M. Après

troublant

Mandyn.

pense généralement aujourd’hui de Jean

La

le

n’est sans

la

aux bras remplaçant

les oreilles,

formidable bouche dans laquelle s’engouffrent

d’une tente où évoluent de nombreux personnages

du Christ entrant dans

le

séjour des

;

damnés par une porte de

frappe et abat à l’aide de sa croix, malgré la résistance que lui opposent

fer qu’il

démons de cette porte, Peter Bruegel se souviendra à l’occasion. Le palais royal de Hampton Court près de Londres renferme aussi une Descente du Christ aux Enfers (i), aux scènes aussi multipliées que peu coordonnées; mais n’en est-il pas très souvent ainsi avec Hieronymus Bosch ? Dans ce panneau, qui rappelle par bien des côtés la Descente du Christ aux Enfers du musée de Vienne, se retrouvent divers groupes et de nombreuses figures empruntés aux Délices Terrestres et aussi à d’autres compositions du maître. Le tableau porte au revers le chiffre du roi Charles P'' avec cette inscription This Picture painted by Jheronimus Boss was given to the King by the Earle of Arundell, Earle Marshalle and Embassador to the Emperor abroad » et la date de i636 les

;

:

;

qu’une ancienne copie d’une composition dont une autre variante appar-

ce n’est tient

au Rudolfinum de Prague.

Le musée d’Anvers ville

a

(

2 ) renferme

un tableau

de i“i5 sur i^yS, donné sans preuves et

notre

artiste,

représentant

— propriété des hospices de

même

la

sans réelles probabilités

dans sa partie supérieure

le

Jugement dernier

Dr Waagen. Treasures of art in Great Britain. 3 vol. in-8°. London, 1854, t. II. Dr Alfred Wurzbach. Niederlândisches Künstler Lexicon Halm et Goldmann. Leipzig und Wien, 1904-1906. Voir: Pol de Mont. Musée royal des Beaux-Arts d’Anvers. Catalogue descriptif. I. Maîtres anciens. lmp. Boucherij. Anvers, igo5. N° 680, p. 33. (1)

(2)

61


avec

le

Christ

assis

sur

éployées, sonnant de la trompette, côtés implorant

la

Pierre ouvrant la

accompagné de deux anges,

l’arc-en-ciel,

miséricorde

la

Vierge

pécheurs et à gauche Saint porte du Paradis aux élus, tandis qu’à droite les réprouvés

sont précipités dans les enfers

divine

les

du tableau,

la partie inférieure

;

zones de sept compartiments chacun, montre, dans

les

ments de

la

la

première zone et

les trois

de Miséricorde auxquelles préside

ments de

la

première zone et

le

premiers de

Sauveur

Hieronymus Bosch dans

et,

le

quatre premiers comparti-

les trois derniers

Œuvres

comparti-

seconde, les Sept Péchés

la

von Wurzbach

Le

Diable.

divisée en deux

seconde, les Sept

dans

quatre derniers de

les

capitaux, dans chacun desquels se montre

de

ailes

Saint Jean agenouillés à ses

et

pour

les

retrouve

y voient Mostaert. Le catalogue galerie anversoise, à notre avis mieux inspiré, croit que l’œuvre, vu la forme

la

cette peinture, d’autres

des chaussures des personnages, appartient à un peintre travaillant aux environs

de 1480. Ce qui

que

est certain, c’est

si

la

partie

supérieure du panneau

rapproche incontestablement du style de Jérôme Bosch,

se

scènes des deux

les

autres n’ont rien de son caractère.

A côté du Jugernent dernier Sept

Œuvres

de Miséricorde,

Bosch un panneau de

le

musée d’Anvers

de

l'^iS

accompagné des Sept Péchés largeur

synoptiquement, dans un ordre des plus Passion. L’action

commence en

inscrit

o“y3

sur

relatifs,

sous

le

capitatix et des

nom

de hauteur,

les Différents

de Jérôme

représentant

Episodes de

la

haut, à gauche, par l’Entrée de Jésus à Jérusalem

monté sur une ânesse, suivi de ses disciples elle chassés du temple puis au-dessous, toujours à ;

;

se poursuit par les droite,

par

la

Marchands

Cène,

Jésus en

au Jardin des Oliviers tandis que ses trois disciples Pierre, Jacques et Jean sont endormis, l’Arrestation du Sauveur au milieu du tableau l’on voit Jésus amené à Pilate Jésus dans le prétoire attaché à la colonne et fustigé par les prière

,

;

'

;

bourreaux, Jésus en proie aux dernières péripéties

du drame

:

railleries

des soldats

;

à droite se développent

Sainte Véronique essuyant

le

les

visage du Sauveur,

Christ à porter sa croix, les deux larrons entravés montant calvaire précédés de soldats, le Crucifiement, la Descente de croix,

le

Cyrénéen aidant

le

chemin du

la

Mise au tombeau,

le

la Résurrection, l’Apparition

de Jésus à

la

!

Madeleine.

Hieronymus Bosch qu’elle catalogue du musée d’Anvers,

Cette peinture n’a absolument rien à voir avec

ne rappelle guère.

Comme

le dit très

justement

le

démesurément longues et maigres qui le meublent feraient songer à Henri de Clève mais alors pourquoi laisser l’attribution du tableau à Jérôme Bosch ?

les figures

;

Dans du même

62

ces différents

sujet peintes

Jugement dernier, comme dans

de son temps,

le

toutes les figurations

Christ préside la terrible scène,

assis

;

1








un

sur

emprunté à des règles pour

arc-en-ciel

ainsi dire hiératiques et observées

depuis longtemps.

Une titre

:

d’un manuscrit de la biliothèque de Saint-Omer portant pour

Incipiunt libri Salomonis id est Parabolae ejus

«

XIIP

du

lettrine

siècle,

montre

déjà,

dans sa partie haute,

entouré de saints figurant le Paradis,

et,

»,

tome

II,

Christ sur

le

datant de la

un

fin

arc-en-ciel,

en bas, des anges triant des âmes

à la

;

damnés sont portés dans cette brouette dont Hieronymus Bosch fera un si fréquent emploi une brouette — par un diable éclopé, au son d’une musette dont joue un autre diable, attelé en flèche. N’est-ce le côté humoristique, c’est l’ordonnance du fameux polyptyque de Roger van der Weyden de l’hôpital de Beaune (i). Il est cependant une règle, observée de leur temps et plus tard encore, dont Roger van der Weyden et Hieronymus Bosch n’ont pas tenu compte et sembleraient même, les premiers, du Sauveur,

droite

les élus

sont nus

;

avoir transgressée. Jusqu’alors, l’entrée

à sa gauche, les

de l’Enfer

dragon ouverte, où des diables précipitaient des damnés l’Apocalypse, à la gueule feu,

la

Bête et

les

pas encore aux

leonis

» ?

Messes des morts, à

Cette gueule ne se trouve

une interprétation

(2). Il s’agit

du dragon de

baignée de soufre

et puante,

faux prophètes seront tourmentés jour et nuit sans

lit-on

Ce qui

immense, enflammée

par une gueule de

était figurée

l’Offertoire

«

:

que passagèrement chez

provenant du nord ou du

fin.

Ne

Libéra eos de ore

ces peintres. Est-elle

nous n’en savons

midi,

de

et

rien.

que nous en rencontrons encore un exemple dans les dernières années du XVI® siècle, dans le tableau de Greco Le Songe de Philippe //{3) avoisinant les panneaux de Hieronymus Bosch à l’Escurial. Déjà cette figuration de l’Enfer était est certain c’est

qu’elle

était

pour

ainsi dire générale et

employée au XII® au British

siècle.

Dans un rouleau manuscrit de

Muséum, à Londres

cette

époque, conservé

où sont figurées des scènes se rapportant aux Tentations de Saint Gulhac, ermite de Cowland, on retrouve cette même gueule ouverte, où des démons, couverts de peaux de bêtes, précipitent des damnés. Les Jugement dernier sculptés, de l’église Saint-Urbain de Troyes du XIII® siècle, de la cathédrale de Bourges du XIV®, que nous avons déjà signalés, montrent des diables étranges, sarcastiques et

I

grotesques.

diables,

de la cathédrale de Bourges spécialement, certains bizarrement construits, de parties disparates, semblent des ancêtres de

[ceux créés par

(1)

Dans

Harleienne

collection

celui

Hieronymus Bosch, témoin

P. Lafond. Ouv.

(4)

:

«

le

diable au mufle de fauve,

cit.

convient cependant de remarquer que, dans Les Très Riches Heures du duc de Berry, se trouve une représentation de l’Enfer, toute autre Les Très Riches Heures du duc de Berry, et des plus originale. Voir éd. P. Durrieu, ouv. cit., pl. XLII. (2) Il

:

(3) (4) I

Maurice Barrés et Paul Lafond. Le Greco. H. Floury, Paris, 1910, p. i3o-i32. Huysmans. La Cathédrale. In-12. P.-V. Stock, Paris, igo3, p. 459-460.

J. -K.

63


dont

le

ventre bedonnant est une trogne

qui se débat, en grinçant des dents et

»

qui

lui

l’extrémité s’ouvre en mâchoire de serpent tétines en pendeloques,

soudées à

frappe

mord »

les

le

empoignant

»,

«

I

jambes avec sa queue dont

cet autre

;

crâne d’un malheureux

i

à la face camuse, aux

«

au bas ventre occupé par un masque d’homme, aux

chute des reins

la

«

à pleins bras un religieux

i

ailes

,

'

et le

première dans un chaudron qui bout sur une gueule renversée de dragon dont deux valets de Satan attisent, avec des soufflets, les «

précipitant

flammes

»

la tête la

».

La Chute Duchâtel,

du musée du Louvre, provenant de

des réprouvés

don du duc de

Trémoïlle

la

triptyque des dernières années du passé,

un

Bosch

(i).

XV®

incontestablement

siècle

la collection

volet d’un

le

certain temps, auprès de divers critiques

pour

être

Malgré son exécution véritablement supérieure,

«

pas

les

bêtes monssi parfaite-

aiguisées et expressives en leurs détails étranges», ce n’est certainement

une œuvre du maître.

noble qui n’est le

a

de Hieronymus

trueuses, fantastiques, à la fois horrifiquement réelles et inventées, et

ment

ou des premières du XVI®

voudrait

M.

On

y trouve un je ne sais quoi d’idéaliste et de pas dans sa manière et sa compréhension. Faut-il y voir, comme

M. Jean

C. Benoit ( 2 ), une production de Thierry Bouts, ou, selon

une composition, sinon de l’auteur du Jugement dernier de l’église Notre-Dame à Dantzig, tout au moins de quelqu’un tout proche de ce dernier.

Guiffrey

(3),

Nous avouons à

être incapable

de nous prononcer.

Le musée impérial de Vienne a recueilli deux triptyques du maître consacrés Hieronymus Bosch présente Saint légende des Saints. Le premier signé

la

:

Jérôme, Saint Antoine qui a

commandé

même

qui en

et

Saint Gilles. Ces trois saints ont-ils été imposés par

tableau, c’est probable, à

le

ait choisi le motif.

Que

ce ne soit le peintre

Saint Antoine y tienne la première

rien alors de plus naturel, de plus explicable,

prétation des épisodes de la vie

moins que

vu

celui

l’attrait

de

du pieux anachorète, dont

il

l’artiste

pour

s’était fait

lui-

place, l’inter-

une

sorte

Saint Jérôme y aurait ensuite trouvé place en sa qualité de patron de l’artiste, mais la présence de Saint Gilles né à Athènes, dans le

de spécialité

VI®

siècle,

venu en Provence, où

il

s’attacha à Saint Césaire, évêque d’Arles,

et

mort en Languedoc dans un couvent créé par lui qui porta son nom, serait beaucoup moins aisée à expliquer, si, d’après une légende accréditée dans les

(1)

palais de la

M“e

No

la

17,

64

Catalogue supplémentaire des ouvrages de Peinture exposés au profit des Alsaciens-Lorrains, au 'présidence du Corps Législatif, le 22 juin 1874. N» 7 i 5 Jérôme Bosch. UEnfer. Collection de .

comtesse Duchâtel. (2)

C. Benoit. Chronique des Arts et de

(3)

J.

Guiffrey.

août 1898.

'

;

Un

la Curiosité,

tableau récemment donné au

Paris, 5 avril 1899.

musée du Louvre. Revue

de l'Art ancien

et

moderne.

,

;




«fvVr.VITL



CHAPITRE

VII

Les Tentations de Saint Antoine et leurs dérivés la Cure de la folie l’Enfant prola Barque digue LE Charlatan Saint Jacques et le Magicien NAVIGUANT LA SiRÊNE A SA TOILETTE.

Suite des peintures de

Hieronymus Bosch, ;

;

;

;

;

;

Arrivons aux Tentations de Saint Antoine

Hieronymus Bosch. De

l’œuvre de

ces sujets,

si

nombreuses

il

ne semble cependant pas

et si variées

dans l’in-

La première Tentation de Saint Antoine que nous connaissions est due à Martin Schongauer, né quelques années avant Hieronymus Bosch, et paraît, comme l’ajustement écrit M. Louis Réau (i), «une sorte di Assomption où les anges seraient remplacés par des démons », puis celles d’Israël von

venteur.

Meckenen, de Lucas Cranach, de Mathias Grünewald, contemporains de notre convient de faire une mention spéciale de celle de Mathias Grünewald

peintre. Il

faisant

partie

Colmar où les

au musée de

sur

d’hippopotames, de lions fabuleux, l’accablent de vociférations,

proie, et le

aujourd’hui

un des volets, moins pour la peinture représentant du malheureux ermite où de massifs démons à têtes d’oiseaux de

elle figure

tribulations

provenant d’Isenheim,

d’un retable

rouent de coups

— que

pour

la statue

en bois du pieux anachorète, placée

au milieu de l’édicule d’un caractère tout différent de celui sous lequel

Bosch et la plupart de ses contemporains l’ont compris. large siège

dans

le

et

Le

Saint,

Hieronymus assis sur un

ornementé, sous un dais de fleurs et de feuillages égayé d’oiseaux,

caractère de

réguliers

le terrassent

période gothique, la barbe longue,

la dernière

expressifs,

un

sous la main gauche,

livre

un

traits

les

sceptre ou

plutôt

une crosse terminée en tau, dans la droite, son cochon familier à ses pieds, à

(i)

mien

et

Louis Réau.

Le Retable dTsenheim de Mathias Grünewald au Musée de Colmar,

moderne, Paris, octobre 1911.

demi

Revue de l’Art

Voir E. Galichon. Martin Schongauer, Gazette des Beaux-Arts, iSSg Van WuRZBACH. Martin Schongauer, in-8°, Wien, 1880; Léon Rosenthal. La Gravure, H, Laurens, ans, 1909. Gaston Varenne, Martin Schongauer. Revue de l’Art ancien et moderne, Paris, décembre 1911. :

;

|L

67


caché dans

de sa robe, est une des plus nobles

les plis

et

des plus pures figures ;

que

germanique

la sculpture

Mais revenons aux statue,

l’ont

s’ils

ait

jamais produite.

peintres de cette

jamais connue,

et

époque qui n’ont eu cure de

cette

modèles de

leurs

ont incontestablement pris

les

Tentations de Saint Antoine dans celles de Saint Gutlac, cénobite anglo-saxon

dont

les épreuves,

XI P

siècle,

bien faites pour frapper l’imagination populaire, ont

Muséum Comment

dès

un curieux manuscrit conservé à Londres,

interprétées dans

British

été,

le

au

(i).

et

à quelle époque s’établit en Occident

le

culte

du

vieil

hôte

des tombeaux des bords du Nil, que rien ne semblait destiner à tant retenir

Ce fut, ainsi que gentilhomme dauphinois,

l’attention des chrétiens latins?

qu’en

après

un

io5o

Constantinople, dans son pays,

IX

Constantin

et

qu’il

le

M. E. Mâle

(2),

rapporté

de

eût

Joscelin,

corps du Saint qu’il avait obtenu de l’Empereur

déposé dans

l’eût

raconte

le

Antoine en Viennois. Ce qui aida à

depuis

l’église,

de

la divulgation

la

de

célèbre,

renommée de

Saintl’ascète,

que quarante ans après, en lOçS, un seigneur de la région, ayant par son intercession été guéri de cette étrange maladie, connue depuis sous le nom de Feu'

c’est

de Saint Antoine, fonda l’ordre des Antonins, qui se consacrèrent aux malheureux!

mal

atteints de ce terrible

et se

Hieronymus Bosch du

le

genre de maladie pour lequel

désert est imploré en est sans doute la cause

sorcellerie, la vie

— mêle, malgré

lui,

une part

de)

donne

de|

qu’il

légende grecque

invisibles

sont

:

semble

il

;

«

les

éternelles

lutta

etj

s’être dit

cénobite,

que

les choses

celles-ci

le

temps

qu’il

et

entend peindre.

du démon, son vainqueur, sous l’humble

bure à capuchon d’un de ces moines antonins dont bâton dans une main, un chapelet dans

M. E. Mâle

n’a cure)

cependant avec cet autre

Aussi est-ce

(3).

i

Hieronymus Bosch

choses visibles passent avec

»

voit et représente l’ennemi

parle encore

il

pendant plus de vingt années.

d’ailleurs tous ses contemporains,

Saint Macaire, que

le

vénérable Pèrei

de l’habitant des hypogées abandonnés avoisinant Héraclée, où

Comme la

le

de démonisme, de fantasmagorie, aux interprétations

se colleta avec le diable,

de

répandirent de tous côtés.

(4),

que

le

l’autre,

il

froc

Il

de

vient d’être question, un

accompagné de

ce porc, dont|

couvent de Saint-Antoine en Viennois

availj

singulier privilège de laisser errer dans les rues de la ville.

Rien ne subsiste du véritable caractère du vieux cénobite, dans

(1)

Maunde Thompson. The

Paul, London, part VII, (

2)

s.

l’interpré-

grotesque and the humorous in the middle âges. Bibliographica, Kegai

d.

Emile MâLE. Ouv.

cit.

(3)

Saint Macaire, solitaire de la

(4)

Emile MâLE. Ouv.

Haute Egypte,

vivait

au IV®

siècle.

cit.

I

68

i


5

i

1 i

i

i



Flandres,

le

doux ermite

venu en Brabant

n’était

d’Anderlecht, près de Bruxelles,

est encore

il

nous savons, une variante de X Adoration des

Le panneau

honoré

Mages du

et

comme

qui renferme,

maître.

haut de 0^84 sur o“6i de large, figure un désert

au milieu occupé par un haut rocher rébarbatif que baigne une

étrange,

dont

central,

n’y avait fondé l’église

et

les lointains

consistent en

rivière,

aux vallonnements boisés, d’autres animaux. En avant du rocher. Saint

une profonde

peuplée de cerfs, de cigognes et

vallée,

Jérôme sans barbe, maigre, décharné, recouvert d’un long manteau qui tombe sur ses pieds nus, prie, pieusement agenouillé devant un crucifix placé sur une sorte circulaire

d’autel

!

en pierre,

d’Holopherne

Judith tranchant la tête

I

;

lesquels

on distingue

derrière le Saint, d’un étrange piédestal en

en forme de bouteille, où est représenté un personnage en adoration,

pierre,

1

orné de bas-reliefs parmi

s’écroule

une statuette de faux dieu s’abreuve dans la rivière

l’Eglise

et des pierrailles,

deux horribles

;

;

plus loin,

le lion

emblématique du Père de

tout à fait au premier plan, dans des éboulis petits sauriens se déchirent, tandis

qu’un autre

monstre minuscule s’enfuit.

Sur

mesurant naturellement

les volets,

la

même

hauteur que

le

panneau

I

central, soit le

volet de

0^84 sur seulement une largeur de o“36 se voient Saint Antoine sur ,

gauche

et

Saint Gilles sur

le

volet de droite.

Saint Antoine, vêtu de bure, une petite cruche à la main, vient puiser de

dans un lac sombre où l’attendent ses tentateurs ordinaires y compris la femme nue, appuyée contre un tronc d’arbre, à demi cachée par une draperie l’eau

suspendue à une de ses branches et que soulève un singe une foule d’êtres fantastiques appartenant à tous

les

;

au premier plan

s’agite

règnes connus et inconnus

;

consume une église proche d’un pont sur lequel courent des démons éclairés par la lueur du brasier. Saint Gilles, le bas du visage et le haut du crâne rasés, en robe d^ religieux, prie les mains jointes, au fond d’une grotte, une flèche lui perçant la poitrine, une biche à ses pieds, conformément à la Vie des Saints qui nous apprend que le Saint étant retiré dans une cabane avec une biche apprivoisée, un chasseur ayant tiré sur l’anima], la flèche, manquant son but, blessa le solitaire. Le second triptyque du musée impérial de Vienne, dans lequel on retrouve nombre de figures empruntées au Couronnement d'épines de l’Escurial, célèbre le Martyre de Sainte Jtüie, mise à mort à Syracuse en 804 il est également signé. Le panneau du milieu, cintré, de i“oo de hauteur sur un peu plus au dernier, un incendie

;

j

'

de o“6o de largeur, représente le supplice de la Sainte, vêtue de riches atours, attachée sur la croix, les ‘

épaules.

sement

9

;

A

la

sa gauche,

couronne en

tête,

ses longs

cheveux

lui

tombant sur

des Juifs l’invectivent ou la considèrent dédaigneu-

à sa droite, des fidèles gémissent et essaient de relever son

compa-

65


gnon Eusebius qui gît à terre sans connaissance. Le fond consiste en une superbe campagne verdoyante au milieu de laquelle serpente une rivière baignant les murailles

d’une

que

ville,

à l’horizon, une chaîne de coteaux modérés.

clôt,

Les volets du triptyque, bien entendu de même hauteur, mais larges seulement de o“25 à peu près, figurent, celui de gauche il faut bien sans cesse y revenir Saint Antoine, une cruche à la main, au premier plan, en face d’un diablotin

en armure,

le

casque sur

à la porte d’un château

la tête,

fort,

avec l’accompa-

gnement des scènes terribles et burlesques habituelles celui de droite le Port de Capo Corso, représenté par une ville aux édifices semi-orientaux, baignée par un large fleuve sur lequel navigue un vaisseau à la fantastique mâture qui, en avant, s’étale sur des rivages parsemés de rochers où un guerrier et un moine se fraient un chemin. Les deux tableaux de Saint Jérôme, Saint Antoine tt Saint Gilles et du Martyre de Sainte Lucie sont sans doute ceux que le chroniqueur Zanetti (i) a vus, en 1780, dans la salle du Conseil des Dix, à Venise, et qu’il :

;

désigne sous les

mêmes

titres.

Le musée de Berlin possède un tableau à double ses élèves

ou imitateurs

autrefois en Angleterre,

Saint Jean à Pathmos

Sur d’un jeune

le

panneau

homme

ouvert sur

la collection

de

au visage

les

l’autre,

en

de

cette dernière hypothèse

Fuller Maitland, montrant, d’un

Passion du Christ

grisailles, la

côté,

(2).

campagne. Saint Jean, sous l’aspect tête de profil, les cheveux longs bouclés,

principal, en pleine inspiré, la

plis cassés sur les épaules,

genoux, une plume à

un ange vêtu de

lui dicter

nous pencherions pour

dans et,

un ample manteau aux livre

du maître ou d’un

face

blanc,

la

main,

aux quadruples

retombant jusqu’à

écrit X Apocalypse

ailes

terre,

un

que semble

de papillon, debout sur une

éminence conique, à gauche, au second plan. Aux pieds de l’apôtre, à droite, se tient un môme hybride, à tête d’homme encapuchonnée, des besicles sur le nez, au corps d’araignée méditatif.

et

murailles d’une

(1) (2)

66

;

en avant, tout au premier plan, un corbeau

Les fonds sont occupés par un superbe paysage où

riches prairies boisées,

médaillon

de scorpion

la

ville.

une large

Dans

le

et

sinueuse rivière baignant dans

haut du

ciel,

cit.

le lointain les

à gauche, apparaît dans une sorte de

Vierge, l’Enfant Jésus dans les bras.

Ant. Mar. Zanetti. Ouv. Dr Waagen. Ouv. cit.

court, entre de




i

i



De

ce curieux

Saint Antoine

panneau

{}) faisant partie

il

de

convient de rapprocher une autre Tentation de

Uccle près de Bruxelles,

la collection Cels, à

aux épisodes également paradoxaux et ahurissants, où, au milieu d’une rivière, une autre sirène à tête d’animal, à nue, qu’une vieille,

pour

aux

dans

trois quarts

sert

projetée.

tentative

épisodes des tableaux

cette dernière

diables

;

renard pèlerin,

le

:

au mât d’une embarcation

démons

M. R. van

le croirait

et

L’œuvre

la ville incendiée, etc.

Mandyn comme

ou de Jean

l’inutilité

de

composition se retrouvent différents

gueule largement ouverte servant d’entrée aux les

rivage, son cochon à ses

le

connus de Hieronymus Bosch flèche, attachée

la tentatrice

main, endoctrine

la

de son chêne habituel, semble prévenir de

Dans

humaine percée d’une que traversent

de chambrière à

un fuseau à

l’eau,

conduire au pauvre ermite qui de loin, sur

la

pieds, assis sur les racines la

museau pointu,

;

la tête à la

aux damnés ?

;

Nous

pont

le

de Peter

est-elle

Bastelaer

l’oreille

Huys

n’oserions

en décider.

Notons une autre Tentation de Saint Antoine faisant encore partie de

même

la

Au en

collection Cels. Celle-ci

bas de l’angle de droite haut,

mesure o^ço de hauteur sur i™i5 de largeur.

du panneau

au milieu des nuages, apparaît

en bas, au premier plan, en grandes

le

T

un grand

se trouve

posé sur un support

Père Éternel,

proportions

bras ouverts

les

relativement s’entend

;

;

Saint Antoine, la tête entourée d’une large auréole lumineuse, est assis, en prière,

un

joignant les mains; tout proche de lui, le

Père court une banderole portant

:

Dominum

:

tetur cor

tuum

et sustine

sur une seconde,

on

insurgunt adversum

lit

«

:

me

:

Psalmo

II

supportant

le

les

:

XXVI

»

(

2)

;

Auprès de Dieu

viriliter

âge

et confor-

autour de l’anachorète,

me

multiplicati sunt qui tribulant

(3).

»

nombre d’épisodes déjà connus

encore

Dominum

Expecta

«

Domine quid Psalmo

crucifix est posé à terre.

Dans

cette

composition l’on retrouve

barques qui portent

corps d’une oie colossale avec la tête

multi

d’homme

troncs d’arbres

les

coiffée

du chapeau

aux bords servant de promenoir terminé en cornue; la tête de cheval dépouillée de sa peau d’autres

;

les

cloches aux battants formés par les

damnés tombent dans

le

fangeux

lac

;

les édifices

employés par Jérôme Bosch, sans oublier

motifs

guitares, vielles, harpes, flûtes,

damnés

les

;

le

incendiés

pont d’où ;

tous les

instruments de musique,

servant aux évolutions de diables et de pécheurs

que nous avons déjà rencontrés dans

le

volet de droite des Délices terrestres.

I

(1)

A

figuré à l’Exposition des Primitifs

Flamands à Bruges en 1902

le

tableau

est

peint

,:ur toile.

(2)

Attends

le

ieigneur. Sainte Bible.

Seigneur, agis avec courage, que ton cœur demeure fort et sois ferme dans l’attente du

Livre des Psaumes. Ch.

XXVI.

Ver. 14.

Seigneur, pourquoi le nombre de ceux qui me persécutent s’est-il multiplié ? Une multitude élance contre moi. Sainte Bible. Livre des Psaumes. Ch. III et non pas II comme porte à tort la bandelole. Ver. 2. (

3)

71


Nous n’avons

pas à revenir sur

Tentations de Saint Antoine traitées sur les volets des triptyques de Saint Jérôme, Saint Antoine et Samt Gittes et du les

Martyre de Sainte Julie, du musée impérial de Vienne il en a été précédemment question. Pour une autre Tentatio7t de Saint Antoine qui se trouve encore dans le grand musée autrichien, elle semble devoir être attribuée avec grandes probabilités à Jean Mandyn, vu les rapports et similitudes qu’elle offre avec la ;

Samt A7itome

de

Te7itatio7i

Corsini à Florence, la seule production

la galerie

absolument authentique de ce peintre dont

deux

elle

porte d’ailleurs la signature. Ces

d’une conception bien inférieure à celles de Jérôme Bosch; l’on y rencontre des figures et des épisodes qui lui sont manifestement si empruntés, d’autres parties de ces compositions, lourdes, communes, dénuées de Te7itatio7is sont

caractère, n’ont rien des qualités

du maître. Ce qui

prouver qu’elles sont sorties de

même

main,

d’un autre

paraît,

côté, bien

que dans l’une et l’autre on retrouve des personnages et des accessoires exactement semblables, tout au plus changés de place. Signalons aussi, au musée impérial de Vienne, une Tentation

Samt

de

celles

elle

c’est

A7itome, qui pourrait être de l’œuvre de H.

Te7itatio7t

de

la

de

Samt A ntome

de

la galerie

Met de

Blés.

Pour

la

Colonna, à Rome, toujours une imitation

de Hieronymus Bosch, très inférieure aux précédentes, à

tort

ou à

raison,

passe pour être de Lucas Cranach ou de son école.

Les

Tentations de Saint A7itome dont

il

vient d’être question jusqu’à

présent ont entre elles de grands points de contact, se ressemblant plus ou moins;

qui a facilité leurs imitations ou reproductions.

c’est d’ailleurs ce

cependant plusieurs autres C’est

fort différentes.

d’abord une Tentation de

Arrivons à

Samt

le

capuchon rabattu sur

rencontré à diverses reprises,

le

marqué sur

la pèlerine

s’élève

A droite,

au delà d’une

une chaumière,

nue agenouillée enveloppé de

;

du

du

rivière

72

nombre de

et

où navigue une barque à

est

les

déjà

coudes

appuyée

sa

la voile rapiécée,

grande ouverte, laissant apercevoir une jeune fille de paille surgit une grosse tête de vieille femme, le visage

blanches qui se rejoignent sous

le

dimensions colossales, on distingue un coin de village côté

religieux, le

que nous avons

pomme

guise de chapeau, d’une tourelle à toit délabré. Derrière

derrière la chaumière,

T

Brunner.

la porte

toit

coiffes

M. Ch.

chapelet à la ceinture, les mains jointes,

posés sur une sorte de plate-forme où se trouve une béquille.

sur une

A7itome, haute de

pieux anachorète, à mi-corps, en vêtements

la tête,

s’en trouve

celles-ci.

largeur de o“8o, propriété d’un marchand de tableaux de Paris, Elle figure, à gauche,

Il

menton, surmontée, en le

Saint, qui semble de

et

une

église en feu;

une plantureuse campagne brabançonne. Nous

détails épisodiques.

laissons de


I t


I

1

I

i

I




Hieronymus Bosch, qui dut emprunter une

tation qu’en fait ses

partie des motifs de

tableaux aux scènes de la légende, interprétées par les Confrères de la Passion

sur leur théâtre populaire,

adaptées à

Le

que

spectateurs.

côté de la chair,

le

la

mentalité rude et fervente de leurs

peintre tente de mettre en avant, d’accord

Quand

avec ses contemporains, et en cela aussi avec les nôtres, n’a jamais existé. le

exemple Thaïs

M. Albert Gayet

et lui

Saint, vivant ses jours

dans

aussi étrangers

:

et

en extases,

et indifférents

la pécheresse,

usant

que

l’un à l’autre

:

le

les siens

ne se

s’ils

(i).

La plus remarquable, la plus importante des Tentations de Saint Antoine, Jérôme Bosch (2), un de ses incontestables chefs-d’œuvre, portant d’ailleurs sa ou

signature, se trouve, à

ayant dépouillé toute humanité

parfaits,

en méditations

jamais rencontrés»

fussent

de

repentir

le

avec une très juste perception des choses

l’a écrit

deux chrétiens

étaient

«

des pécheresses, des courtisanes. Thaïs par

convertissait

religieux prêchait,

Lisbonne.

un

C’est

se trouvait encore tout dernièrement,

Le panneau

triptyque.

au palais d’Ajuda,

dans

principal montre,

château fort en ruines, l’anachorète agenouillé, en prière,

intérieure d’un

monstres, démons,

par les tentateurs de tout genre,

en avant

;

et

assailli

musiciens à têtes d’ani-

maux, hommes, femmes, resté insensible à leurs objurgations s’avancent à droite

cour

la

;

d’autres

démons

à gauche s’étend un lac sombre et vaseux où

voguent d’extravagantes embarcations et où pataugent et s’abreuvent des êtres fantastiques et

le

;

fond consiste en masures incendiées d’où s’élèvent des flammes

des fumées qui se perdent dans

Le

de parties d’oiseaux.

de mets

couvrent célèbre

trompette recourbée

espéré ;

sur lequel

un

de mur,

est

il

livre

soulève, en face

(2)

«

le

le

impossible d’appuyer; plus loin,

de

Saint, assis sur

L. Conard, Paris, 1910,

et

100.000

Poittevin. Milan,

un pan

p. 87.

i

3

francs

un

avec pour

m’a

penser

fait

autre gaillard que moi.

acheter

ce

tableau.

mars 1845. Œuvres de G. Flaubert,

»

5 vol.

p. 162.

t.

Tentation de Saint Antoine

du

palais

Doria, à Gênes, dont parle

première de son célèbre roman, ainsi que

Dumenil, n’est pas de Bruegel,

de Jérôme Bosch. Voir

,

la Tentation de Saint Antoine qui

théâtre la Tentation de Saint Antoine, mais cela demanderait

Le

Antoine

le

une tenture appendue à un tronc d’arbre creux d’où

lui,

Gustave Flaubert à Alfred

l’idée

sans bras et

tête,

ouvert dans les mains, médite, tandis qu’une sorte de crapaud

Lettre de

donné

aux sons d’une

ventre, percé d’une flèche, forme le visage

du Moniteur

lui a

un monstre sans

vu un tableau de Breugel représentant

J’ai

pour

La

,

dont

Je donnerais bien toute la collection

in-8°,

Saint Antoine,

sur la vertu de

que

dont l’un

des diables nus,

A. Gayet. Coins d’Egypte ignorés, in-i2°, Plon-Nourrit, Paris, igo 5

(1)

à arrangtr

sillonné d’appareils d’aviation formés

indescriptibles

tout proche se voit

sans épaules, assis à terre, et

ciel

volet de droite figure, au premier plan, une table

de boissons

et

triomphe

le

un

:

le

rapportent

la lettre

de G. Flaubert qui

d’ailleurs

Ernest Renan

mais une copie ou variante d’une des nombreuses Ernest Renan. Feuilles détachées, in-8°, Calmann-Lévy, 1892. Tentations

et

de Saint

1

1

69


une femme

aux derniers plans apparaissent successivement des terrains vallonnés, un étang, un château fort, dont les murailles sont couvertes dans le ciel, un homme obèse chevauche un de guerriers, puis une ville sort

nue

;

;

gros poisson. Le volet de gauche montre.

Saint Antoine évanoui, porté par deux moines, et un troisième personnage, traversant un pont rustique sous lequel

un

vieillard à grosse tête,

un papier dans

mains, accompagné de deux gros rats; une sorte de nain, à bec d’oiseau de proie, s’approche de ce groupe est assis

étrange

;

au delà du pont, une troupe

les

d’êtres fantastiques à têtes d’animaux

s’avance vers un monstre à genoux, nu à partir du milieu du corps s’étend

un grand

démons de

lac encerclé

de montagnes

;

dans

les airs,

toutes sortes, de toutes espèces, ont enlevé

le

;

plus loin

des diables

et des

cénobite qu’ils battent

et

fustigent.

Extérieurement, ces volets représentent en

grisailles,

celui

de gauche,

une Arrestation du Christ des plus mouvementées, accompagnée de divers épisodes, dont l’un, au premier plan, figure Saint Pierre tranchant l’oreille au

du grand prêtre Malchus celui de droite, un Portement de croix — où Jésus succombant sous son fardeau est en proie aux insultes d’une foule en délire agrémenté d’autres scènes détachées, aussi étrangest qu’inattendues. Au-dessous de chacun de ces sujets, une sorte de cartel semble attendre une inscription. De ce superbe triptyque il existe nombre de reproductions, répliques ou imitations, plus ou moins fidèles, plus ou moins complètes, plus ou moins réussies. Nous ne parlerons que des principales aux musées de Bruxelles, d’Amsterdam, d’Anvers, de Bonn, etc. La réplique du musée de Bruxelles, pour ainsi dire identique au tableau de Lisbonne, montre comme lui extérieurement, en grisailles, X Arrestation du Christ et le Portement de croix ; la répétition serviteur

;

d’Amsterdam est des plus exactes celle d’Anvers l’est également. Il en est d’autres Mayer une à Bruxelles, chez M. Léon Cardon, une autre à Anvers, chez van den Bergh. Cette dernière pourrait bien avoir été peinte par Peter Huys. Nous avons déjà dit deux mots d’une autre Tentation de Saint Antoine, appartenant au comte Paul Durrieu à Paris, signée de Peter Huys et datée de ;

;

1647, dont les fonds occupés par d’étranges édifices, d’hétéroclites châteaux forts, ainsi que par un pont étroit où passent des chars curieusement attelés, rappellent

Jugement dernier du musée de Gand, attribué avec assez de probabilité à H. Met de Blés, malgré la signature manifestement ajoutée de Jheronimus Bosch. Dans cette Tentationy au premier plan, entourée de diables et de démons, se livrant aux contorsions et aux gestes les plus extrale

dernier plan du

vagants, se tient une sirène que de vieilles entremetteuses amènent au pauvre anachorète, pieusement agenouillé au pied d’un chêne aux ombreuses frondaisons.

70


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I



L’œuvre

de

est-elle sortie

la

main du maître? Malgré

des plus

la signature,

Jheronimus Bosch, nous nous garderons de nous prononcer. De cette composition il convient de rapprocher une autre, de proportions à peu près identiques, mesurant o™63 de hauteur sur o^g 3 de largeur, ayant fait partie de la collection Haro (i), passée en vente à l’ Hôtel Drouot à Paris, en apparentes, de

novembre 1911.

Le cénobite y

la

même

représenté

chapelet dans les mains, au

le

naviguent des monstres bizarres, tout près d’une

bord d’un cours d’eau où

chaumière

est

que dans

d’ailleurs

le

ermitage, dans l’embrasure de la porte de laquelle se tapit Ici

encore,

toit

le

de

la

le ciel,

sans doute son

une

tentatrice nue.

chaumière se termine en une énorme

A gauche,

d’une autre construction.

coiffée

tableau précédent

tête

de femme

flamboient des lueurs d’incendie

un diable chevauche un poisson ailé. Au musée du Prado, à Madrid, provenant de

l’Escurial, se voit

comme

plantureuse les

campagne cochon

marqué d’un T,

assis

dans

le

couché dans l’herbe, à ses pieds. Le

fidèle

dans sa méditation, les

yeux bien ouverts

fixés droits

devant

creux d’un tronc

absorbé

solitaire,

lui, voit-il

c’est

— émergeant

du ruisseau qui coule à deux pas, le diablotin casqué, grimaçante, essayant de lui décocher une flèche ? Pas plus, sans doute,

douteux à tête ][u’à

montre, dans une

et

hollandaise, parsemée de hauts arbres, l’anachorète, sur

épaules le capuchon toujours

de saule, son

que nous

authentique.

mesure 0^42 de hauteur sur o“5i de largeur

Elle

dans

une dernière

Tentation de Saint Antoine, traitée d’une manière également différente,

avons toute raison d’admettre

;

côtés

ses

et

derrière lui

champs, se

des

plus

i’arbres ;

autres suppôts de

l’Enfer,

dans une sorte de moulin à épices, s’apprête sournoisement à

l’abri

un coup de maillet sur son compagnon

isséner nilieu

n’aperçoit trois

qui cherchent à lui jouer quelque mauvais tour, dont l’un

les plus hétéroclites,

nême, à

il

distinguent

des chaumières

s’espacent d’autres

loin

familier.

frondaisons

Au

second plan, au

ombragées de bouquets et

au-dessus

dressent

se

leux clochers et les murailles d’un château fort. C’est surtout

dans ses

Tentations que Hieronymus Bosch se livre aux

Comme

jlérèglements de son imagination délirante et positive à la fois.

duysmans, magine

«

il

associe

:

«

les

des êtres dont

légumes,

le

les ustensiles

de cuisine, au corps humain

crâne est une boîte à

sel

ou un entonnoir,

narchent sur des pieds en forme de soufflets ou de lèchefrites. le

compositions,

(i)

taro et

des grenouilles se pâment, se délacent

le

»

Dans

la

et

qui

ventre et lâchent des

M. Henri

vente par suite de son décès aura lieu à Paris, hôtel Drouot, les mardi 12 et mercredi

116, école

»,

ces sortes

Catalogue des tableaux anciens et des tableaux modernes composant la collection de

dont

écembre 1911.

10

«

l’a écrit

de Jérôme Bosch.

73

i

3


œufs

;

d’impassibles mammifères avancent des gueules de brochets

gigue sur des

et

dansent

la

emmanchés dans des

pastèques, des sangliers courent sur des jambes en navet et remuent des queues tissées par des radicelles et des tiges des tibias

;

humaines, sans corps, roulent au bout d’une patte de homard qui

faces

de bras

des oiseaux dont

;

bec s’ouvre en coquilles de moule

des brouettes

»

et

dont

l’arrière-

deux mains, la tête en bas, courant Les brouettes tiennent une place importante dans ces

une queue de congre

train est

comme

le

leur sert

.

sautillent sur

scènes et reparaissent à chaque instant sous les aspects les plus variés

et les plus

inattendus. Elles ne sont pas, d’ailleurs, de l’invention de Jérôme Bosch. Dans

un manuscrit de

la

bibliothèque de Cambrai

une miniature

(i),

représente un

renard brouettant un escargot.

Ces logogriphes, ces rébus, dans leur cocasserie, ont néanmoins quelque chose de mystérieux et de terrifiant; ces monstrueuses absurdités donnent le

provoquent

vertige,

laisser entendre,

délire.

que

ses

comme

admettre, ait

certains ont voulu

œuvres aient des dessous

faudrait découvrir?

qu’il

On

a voulu commenter

qu’a-t-on découvert, prouvé, expliqué? Rien. Ce qui

à comprendre, c’est comment, dans la pensée de leur auteur, de

difficile

tentations pouvaient troubler l’est

peut-être jamais

le

malheureux Saint Antoine

demandé

le

enfermé son idée sous des apparences

refuserions malgré tout à l’admettre.

expliquer Rabelais;

ne se

Faut-il

que Hieronymus Bosch

plutôt grotesques,

Nous nous

le

et n’en avait

et

est

telles

Hieronymus Bosch

?

sans doute cure; son but

était

tout autre.

Le côté burlesque, de plaisanterie grasse que renferme ses tableaux, Hieronymus Bosch le tient de son temps, de sa race, nous l’avons déjà dit. Cette humeur quelque peu lourde et grossière constitue une des caractéristiques des populations des Pays-Bas, sans arrière-pensées ni complications de sentiments,

que

les

Aventures de Thijl Uylespiegel

(i),

si

populaires dès leur apparition,

justement à l’époque de notre peintre, expriment

et

rendent

si

crûment.

Faut-il

voir encore, dans ces compositions, une sorte de sadisme tragique, de mystère religieux, satiété

une secousse des sens? Nous ne

que Hieronymus Bosch

spécial et particulier, qui

(1)

est

montre

un

le

peintre et

les vices

croyons pas. Nous répéterons

un moraliste

mais un

;

à

moraliste

dans toute leur laideur pour en mieux

Bréviaire à l’usage de l’église Saint-Sépulcre

— XIII®

siècle

— manuscrit.

2® vol. Bibliothèque

municipale de Cambrai. (2)

Les aventures de

Thijl

Uylespiegel parurent probablement pour

la

première

fois

en bas

fut C’est cette version qui

allemand en 1483; elles furent ensuite imprimées en haut allemand en i 5 ig. Les aventures de Til Voir reproduite avec des notes et éclaircissements de Lappenberg en 1854. Marpon Uylespiègle, traduction précédée d’une notice et suivie de notes, par Pierre Jannet, petit in-8®.

et

Flammarion, Paris,

s.

:

d.

74

I






inspirer la répulsion,

a toujours été une des préoccupations

dirait aujourd’hui,

l’on

témoin

le

comme du Moyen âge,

L’enseignement par l’image,

mentalité de son temps.

la

caractère et

en donner l’horreur. Ce sentiment est d’ailleurs dans

sculptures de ses vieilles cathédrales.

les

Alors que la peinture ne traitait presque exclusivement que des sujets religieux,

compositions à la vie

ses

réelle,

populaire,

rattachés à cette série

iâtons-nous de

hierre

La de

le dire,

;

:hez les

connue également sous

le titre

là.

Ces

tableaux

trois

de X Opération de la

Charlatan.

et le

la folie, restituée à

départ de tous les

être

connaître sous ce nouvel aspect où,

le faire

ne se montre pas inférieur, loin de

f Enfant prodigue

La Cure de le

il

Ctire de la folie, tète

moins qui peuvent

— incontestablement de sa main — sont arrivés jusqu’à nous.

Test peu, néanmoins suffisant pour

:

certain

sont disparues, n’existent plus. Trois tableaux au

celles-ci

5ont

nombre de motifs de populacière même. La plupart de

un des premiers, a emprunté un

maître,

le

Jérôme Bosch par M. H. Hymans

Arracheurs de dents

de Marchands d'orviétan

et

si

(i),

point

communs

Madrid, au musée du Prado, cata-

peintres des Pays-Bas, se trouve à

XV®

inconnus de l’Ecole hollandaise du

oguée dans

les

[uinta des

ducs d’Arcos. Peinte sur un panneau, de forme ovale de 0^49 de

Meester

en

snijt die

Myne name

js

Elle provient de la

un autre plus grand,

auteur sur o^^Sq de largeur, parqueté sur aut et en bas, sur fond noir, l’inscription

siècle.

lettres

elle

présente en

gothiques dorées que voici

:

keye ras

bibbert

Das

(2).

La composition, par extraordinaire, des plus simples, des plus condensées - sans doute de la jeunesse du peintre figure, au milieu d’une large plaine rabançonne, un chirurgien de village, coiffé d’un entonnoir sur le sommet du

se préparant,

•âne,

à l’aide d’un formidable bistouri,

à inciser la tête d’un

lalheureux vieillard, les traits contractés par la terreur, assis devant lui auprès

une sorte de guéridon :être

(1)

(

une

vieille

les

et

de l’opérateur se tiennent un vieux

mains un pot

femme appuyée sur

un

d’étain renfermant sans doute

la table ronde, le

codex du médecin posé

sa coiffe.

La

t

en face du patient

bedonnant avec dans

irdial et ir

;

ae X.

peinture,

ferme

et délicate

à la

H. Hymans. Le Musée de Madrid. Ouv.

— Pedro

de Madrazo. Catalogo de

N° 1860, D. (2) Ce qui peut

V. cit,

p. 332

los

fois,

cit.,

d’un modelé précis

Gazette

des

Beaux-Arts,

et fin,

est

Paris, III® période,

cuadros del Museo del Prado de Madrid, Madrid, 1900.

.

se traduire Maître, opérez-moi prestement du caillou. Mon nom est bibbert Das. Cérer quelqu’un du caillou signifiait du temps de Jérôme Bosch: mettre quelqu’un à la raison. Bibbert 1

^

s

ne serait-ce pas

le

:

Grimbert Das

LLEMs. Reinaert de Vos.

Gand,

(le

i 836

,

Blaireau)

Voir du Reinaert de Vos, le roman du Renard ? et note communiquées par M. van Puyvelde.

— Traduction

:

J.

75

F.


exquise de tous points;

ici,

comme

dans ses autres productions,

maître a

le

dit

tout ce qu’il avait à dire.

Une variante de la Cure de la Folie, également de forme circulaire, portant le monogramme B, différant assez sensiblement du tableau de Madrid, appartient au Ryksmuseum d’Amsterdam la scène, toujours en plein air, se passe en avant ;

d’une tour dans un trou de laquelle niche

montre de

profil, les assistants

nombre de

six

Une

tiques.

dans

;

le

hibou symbolique

en

grisailles, se

médecin

trouvent des figurations

seconde variante, malheureusement retouchée, a été

se

fantas-

recueillie par

le

attribuée par le catalogue de cette galerie

Celle-ci,

(i).

le

qui ne s’occupent qu’en partie du patient sont au

les angles,

musée de Saint-Omer

;

du panneau du Prado. En plus ou moins modifié, elle montre un ainsi que son opérateur qui, malgré qu’il

provinciale à Peter Bruegel, est encore plus éloignée

outre du groupe qui constitue celui-ci,

second patient, tombé avec son fauteuil, l’ait

suivi

un

entre deux gardiens,

l’un,

une

dans sa chute, continue à

religieuse C’était

pierres, dites

;

lui inciser le front

autre,

que

l’on porte,

la scène, cette fois, se passe

alors

de

une opération

folie.

malheureux qui en

Une

loupe

commune que

fort

suffisait

étaient affligés

dans un

que

si

;

un

puis d’autres patients

;

troisième, soigné par

intérieur.

de

l’extraction des

aux charlatans pour

faire croire aux

celle

cette excroissance ne leur était pas

enlevée, elle les mènerait à la perte de la raison. Aussi ces opérations se renouvelaient à tout instant, sur les places publiques, les jours de kermesse, précédées et suivies

des boniments d’usage.

Ces extractions de Pays-Bas. Faut-il

la pierre

citer Cornelis

de

folie

ont inspiré nombre de peintres des

Metsys, Peter Huys, Peter Bruegel

(2), etc. ?

Au

musée du Prado, à Madrid, se trouve un panneau de Jean Sanders Hemessen 3 représentant un chirurgien de village qui, à l’aide d’un couteau, enlève une excroissance du front d’un soldat dont la mère se trouve mal à la vue de la blessure de son fils. Mais de ce genre de compositions, la plus connue, la plus célèbre, (

)

qui peut en quelque sorte servir de prototype, est celle gravée par Peter Bruegel, désignée par M. R. van Bastelaer sous la désignation du Doyen de Renaix.

Cure de la folie de Madrid, mesurant o”^63 de diamètre, également parqueté sur un panneau octogonal, fait partie à Vienne de la collection Figdor (4) le tableau a été acheté à Paris. \d Enfant prodigiie,

tableau rond

comme

la

;

lyHoniont, Catalogue des tableaux du musée communal de Saint-Omer. H. ouv. cit. Saint-Omer, 1898, p. 8. Pierre Bruegel, N° 18, Opération de la pierre de tête, b. h. 77“ !• 107®- Acheté en 1881, Bastelaer La composition de Peter Bruegel est reproduite dans l’ouvrage de MM. René van (1)

Ch. Revillion.

(2)

et

Georges H. de Loo sur

le peintre,

ouv.

cit.,

p. 92.

cit. N 189 Pedro de Madrazo. Catalogo de los cuadros del museo del Prado de Madrid. Ouv. et suivan es. IV, 289 p. t. Fierens-Gevaert. Les Primitifs Flamands. Ouv. cit. Jean van Hemessen, (4) G. Gluck. Ouv. cit., p. 174.

,

3 ( )

p. 248.

76






I



Près d’une pauvre masure à est lutinée

de chaume délabré, où une grosse servante

toit

par un rustre, tandis qu’un autre rustre s’arrête sans vergogne contre

un besoin naturel et qu’une vieille regarde dehors, par une fenêtre à l’auvent déjeté, le malheureux gardeur de pourceaux — maigre et dépenaillé, son panier d’osier, où est suspendue sa cuiller, sur le dos, un gourdin à la main, devenu, au dire de M, Fierens-Gevaert (i), un « chemineau la

muraille pour satisfaire

suspect auquel les molosses des fermes

montrent

les

dents

»

— se

décide à aban-

donner ses animaux, à franchir la barrière de l’humble ferme et à aller se jeter dans

bras de son père.

les

Nous avons

déjà

fait

remarquer combien

Vagabond

le

peint en grisailles,

sur les volets extérieurs des Délices terrestres de l’Escurial, rappelait la figure

de X Enfant prodigtie dont

Le tableau de mince

sèche

et

il

en

n’est

qu’une variante

peu modifiée.

fort

Figdor, d’une exécution délicate, quoiqu’un peu

la collection

comme

réalité

d’ordinaire chez le maître, est d’un sentiment exquis, d’une

1

d’un naturel particuliers à son auteur.

vérité et

A côté de X Enfant prodigue

il

faut faire

une place à un panneau de

o"^53

musée de Saint-Germain-enlégué par un M. Ducastel. Dans ce tableau, un

de hauteur sur o“65 de largeur, qui se trouve au Laye, en France, auquel

a été

il

Charlatan, sur une place publique de village, entouré de naïfs et de badauds, exerce son habileté

ouverte se

»,

écrit

à

son adresse.

et

M.

Tous,

«

les

yeux écarquillés

d’aspect vénérable et le nez

surpris le geste

bouche

L. Maeterlinck ( 2 ), «suivent les avatars de la muscade, sans

douter d’un autre escamotage qu’opère dans leurs poches

d’une vieille dame.

et la

»

Il

en

l’air

un rusé compère,

chaussé de lunettes, qui enlève la bourse

convient cependant d’en excepter un jeune

du larron

et le

homme

montre du doigt à sa voisine, une jeune

qui a fille.

Impossible d’imaginer des physionomies d’une plus grande intensité d’expression, d’une

bonhomie narquoise plus

souffert des

malheureusement

la

peinture a beaucoup

qui, le premier, l’a signalée à l’attention des

amateurs d’art

y sont traitées avec beaucoup plus de soin que l’ensemble des personnages; on voit, à son avis, « dans leur exécution, que le peintre est accoutumé à la technique de la détrempe ». Ce n’est peut-être pas tout à fait exact.

écrit '

;

ravages du temps.

M. H. Hymans que

sentie

Il

les têtes

existe

une variante de ce tableau, à Milan, dans

la galerie Crespi (3).

Dans

Fierens-Gevaert. Les Primitifs Flamands. Ouv. cit. Jérôme Bosch, t. III, p. 169 et suivantes. Schmidt-Degener. he Une œuvre inconnue de Jérôme Bosch. Ouv. cit. Jongleur àe ]éromQ Bosch du musée de Saint-Germain-en-Laye, Gazette des Beaux-Arts, Paris, 1906. H. Hymans. Les musées de Madrid. Ouv. cit. L. Gonse. Les chefs-d’œuvre des musées de province. Ouv. cit. Salomon Reinach. Apollo. (i)

I

'

(2)

L. Maeterlinck.

(

3 ) Frizzoni.

Le jongleur de Jérôme Bosch de

de la Curiosité, zS avril 1906.

2 vol. E.

la collection

Crespi de Milan. Chronique des Arts et et de la Renaissance.

— Salomon Reinach. Répertoire de peinture du Moyen âge

Leroux, Paris, 1907,

t.

pr, p. 663

.

77


de dimensions plus grandes,

cette variante,

absolument

digitation,

la

même

pour montrer, au milieu de

dans

les

mur

le

qui ferme la scène de

deux versions,

est

supprimé en

presti-

partie,

composition, au second plan, une place publique de ville flamande, qu’occupe une foule compacte, contemplant un patient attaché sur

un haut

pilori

à droite, trois personnages, l’un

puis,

;

la

coiffé

d’une mitre

d’évêque, attablés devant une maison dont la fenêtre grillée laisse apercevoir à l’intérieur, entre autres êtres étranges, un chat déchiffrant un cahier de musique

ouvert devant

lui. Il est

probable que

le

de Saint-Germain-en-Laye. Sans doute,

tableau de Milan a été peint avant

comme

il

arrive d’ordinaire, dans

maître a voulu élaguer de sa composition tout ce qui

le

devenue

laisser à la scène principale,

ainsi la seule, son

semblait

lui

maximum

celui

celui-ci,

inutile,

pour

de caractère

et

d’intensité.

Une

musée de Valenciennes (i), possède un curieux tableau, longtemps attribué à « Brueghel de Velours », donné depuis, notamment par Clément de Ris, à Hieronymus Bosch, qui pourrait bien être seulement de son imitateur Peter Huys. Le panneau est à double face. La première, consacrée à Saint Jacques triofnphant du Magicien, (2), est une interprétation fantaisiste de la légende de l’apôtre confondant le faux prophète Simon, tirée de l’Evangile apocryphe collection municipale française, le

d’Abdias, laquelle jouit d’une grande popularité pendant

Moyen âge

et

que plus tard Peter Bruegel

compositions, mais,

faut bien le reconnaître,

il

reprit

seconde moitié du

la

comme

motil d’une de ses

dans un sentiment

et

un

caractère

tout différents.

Le tableau du musée de Valenciennes montre, en haut, à gauche, au second plan, sur une éminence abrupte, un ermitage; au-dessous, un sentier, bordé d’arbres, que descend le disciple du Christ, nimbé, précédé d’un ange en longue robe blanche,

animaux

fantastiques.

vêtu, est assis sur

un

les ailes

hommes

et

droite,

R. VAN Bastelaer. Ouv.

(2)

Abdias.

du

Christ.

78

aux pieds du devin; un être innomable un second fume une longue pipe assis sur les

De

;

cit.,

tient

p. 236.

historia certaminis apostolici, libri

decem. Livre

I®r,

p. 12.

Imprimé à Bâle pour

la

le Christ, il se donne comme l’un des soixante-douze accompagné en Perse Saint Simon et Saint Jude. Or, ce contemporain des Apôtres cite dans un passage du V® livre du Commentaire d’Hegesype qui n’a paru que i3o ans après l’Ascension

fois

histoire

Magicien, luxueusement

qu’il

(1)

en i55i. Abdias prétend avoir vu

se vante d’avoir

son

le

sorte de trône abrité d’un dais et tient sur les genoux

volète au-dessus de sa tête

première

entre l’apôtre et l’ange rampent divers

sous un portique,

costume de moine se

diable en

;

explique à trois extraordinaires personnages, mi-partie animaux, couverts d’armures dont rien ne peut donner une idée; un

ouvert,

livre

une

A

éployées

disciples,






marches du trône

un

;

troisième, tout à fait à droite, au premier plan, cherche à

d’une coquille d’œuf tout en serrant dans une de ses pinces une bulle

sortir

munie de cachets. L’autre face du panneau figure, à la porte d’un couvent, des mendiants et des malingreux qui se houspillent et se battent; un estropié reçoit une lit

aumône qu’un

religieux lui tend par

une

fenêtre, tandis

son bréviaire assis auprès de la porte du monastère

;

qu’un autre religieux fonds sont occupés

les

par de hautes montagnes.

Chez

baron de Pontalba, à Senlis, se trouve, sous

le

allégorique,

une composition des plus

M. Salomon Reinach coloration, l’aspect,

de

est-elle

lui

(i),

difficiles

à définir,

qui, le premier, s’en est occupé.

l’œuvre rappelle

les

le

titre

ainsi

Par

le

de Concert

désignée par caractère,

productions de Hieronymus Bosch

ou d’un de ses élèves ou imitateurs

?

Qui pourrait

le

;

démontrer

la

mais ?

Le panneau montre un groupe de six personnages, hommes et femmes assis en plein champ, et chantant, gosier déployé, sous la direction d’un moine, l’œil fixé sur un livre à musique que tient ouvert devant lui un de ses compagnons. Tout à fait au premier plan se voient un joueur de guitare, de proportions réduites, assis sur un objet difficile à définir, quatre gallinacés, deux poulets et deux pintades probablement, puis un gros fruit au bout d’une branche. Le sol sur lequel la scène se passe affecte la forme et la couleur d’un œuf. L’œuf joue d’ailleurs un rôle important dans l’œuvre de Jérôme Bosch, servant d’ordinaire d’embarcations à des personnages naviguant dans ce peu confortable esquif

;

nous y reviendrons. Du tableau de la collection du baron de Pontalba il existe, au musée de Lille, une imitation à l’huile assez lointaine, cataloguée sous le titre

de l'Œuf.

M. Camille Benoit, à

un panneau en hauteur, peut-être un volet de triptyque, qui figure une barque voguant sur l’eau, pleine de passagers, incontestablement un souvenir de la Nef des fous de Sébastien Brandt (2), dont nous avons déjà parlé. D’un arrangement des plus curieux, la composition montre, contre

Paris, possède

une planchette chargée d’un gobelet

qui semble se quereller avec

(1)

un joueur de guitare placé en

face de lui

;

tout proche

cit.

Sébastien Brandt, né à Strasbourg en 1458, mort en

revint ensuite dignité de

la

Salomon Reinach. Tableaux inédits ou peu connus tirés de collections françaises, Levy et fils, Répertoire de peinture du Moyen âge et de la Renaissance, ouv. cit., p. 320. R. van

Bastelaer. Ouv. (2)

de cerises qui occupe

de l’embarcation, d’abord assis à droite, un long moine maigre,

partie centrale

Paris igo6.

et d’un plat

dans sa

ville

comte Palatin.

succès considérable

;

i

520 professa ,

natale remplir l’emploi de secrétaire de la ville

La Nef des

fous,

;

le droit

à Bâle en 148g;

l’empereur Maximilien l’éleva à

Narrenschiff, qu’il publia à Bâle en I4g4, eut immédiatement

elle fut traduite aussitôt

dans toutes

les langues,

notamment en

la

un

français, par Rivière,

en i4g7.

79


personnages vocifèrent

plus loin, derrière un tonneau, un autre personnage vomit dans l’eau, se retenant à un arbre planté dans la barque, tandis d’eux,

trois

;

grimpé sur une branche de cet arbre, absorbe gloutonnement le contenu d’une tasse un homme, monté à la cime d’un autre arbre surgissant du milieu de la barque, essaie avec un couteau de couper un fruit au premier plan, deux

qu’un

fou,

;

;

nageurs s’approchent,

premier s’accrochant aux flancs de l’embarcation,

le

le

second tendant une écuelle à bras tendus.

Maintenant ce panneau

ou imitateurs lui,

il

?

Nous ne

est-il

de Hieronymus Bosch ou d’un de

saurions rien affirmer

toujours

;

est-il

que

ses élèves

n’est pas de

s’il

a certainement été peint d’après une de ses œuvres perdues.

Revenons au musée de Douai qui renferme les Epreuves de Job et un Jugement dernier dont nous avons déjà parlé, et où se voit encore un panneau rond de o“'20 environ de diamètre, figurant une Sirène à sa toilette, portant au cou un collier auquel est suspendue une médaille elle tient un peigne d’ivoire de la main droite et un miroir convexe de la main gauche les fonds laissent apercevoir les tours et les diverses constructions d’une ville. Ce minuscule tableau, provenant de Escallier, est attribué par le catalogue de cette galerie à la collection du Cranach le Vieux, attribution des plus risquées aux yeux de MM. H. Hymans, Lafenestre, L. de Fourcaud et Wauters ce dernier voudrait donner la paternité ;

;

;

de l’œuvre à Marmion

M. Leroux,

;

professeur d’ Histoire de

académiques de Douai, ne verrait aucun inconvénient à

Hieronymus Bosch. Ce dernier

Nous avons

déjà, à

a-t-il

raison

maintes

et

le

l’art

aux

écoles

rattacher à l’école de

?

maintes reprises,

parlé des principaux

Hieronymus Bosch, plus ou moins exactement, plus ou moins fidèlement, par Jean Mandyn, Gilles Mostaert, Peter Huys, Cornelis Metsys, Jean Prévôt, H. Met de Blés, Frans et Jean Verbeeck, Frans Crabbe d’Fspleghem, Pier Aertsen, surnommé Pier de Lange (Pierre le tableaux copiés,

Long). sible

Il

de

reproduits d’après

imités,

en existe beaucoup d’autres disséminés de côté et d’autre

les

énumérer, de

les étudier

;

ce serait d’ailleurs

(i).

tomber dans

Impos-

d’inutiles

et fastidieuses redites.

que nous laissons de côté un certain nombre de tableaux plus ou moins un fragment de attribués à Hieronymus Bosch, tels: une Tentation de Saint Antoine, an musée d’Utrecht Jugement dernier, au musée germanique de Nüremberg; une Adoration des Mages, au musée de Turin; une Voir Maurice Gossart. Sainte Famille avec Sainte Catherine et Sainte Barbe, au musée de Naples, etc. (i)

C’est volontairement

;

Ouv. ayant

ment

80

cit.,

p. 46, — Pour

fait partie

de

Louis Janez van der Bosch, l’auteur du Verre

la collection

rien à voir avec

de

J.

avec des fleurs, peint à la détrempe,

C. de Bucker d’Einchorven, vendu â

Hieronymus Bosch.

:

la

Haye en

1662,

il

na

absolu-


l«iW«!M.i>üK


Tmsm




CHAPITRE

VIII

La Fuite Peintures de Hieronymus Bosch disparues ou détruites. Le Christ aux Limbes Le Portement de croix un EN Egypte ;

;

;

Moine discutant avec un hérétique un Prodige peintures a LA CATHÉDRALE DE BOIS-LE-DUC TABLEAUX A AnVERS, A BRUXELLES, EN Espagne autres tableaux. Les Drôles. ;

;

;

;

Nous savons que Hieronymus Bosch a

De

malheureusement depuis longtemps. gravures

idée par les il

nous reste

les

signalons d’abord ceux vus et

Amsterdam

:

une

nombre de tableaux disparus pouvons .nous

certains nous

reproduisant, dont

les titres et parfois

peint

il

une

sera question plus loin. D’autres

une succincte description.

Au nombre

énumérés par Carel van Mander

Fiiite en Egypte,

faire

où Marie, montée sur

(i)

;

de ceux-ci d’abord, à

l’âne, porte

l’

Enfant-

que Saint Joseph demande un renseignement à des qu’au second plan des bateleurs font danser un ours devant une

Jésus dans les bras, tandis

paysans et

auberge

;

un Christ délivrant

de l’Evangile apocryphe de

les patriarches

Nicomède

(3),

enfermés dans

dans lequel

le

les

limbes ( 2 ), inspiré

peintre avait représenté

Judas essayant de s’échapper et retenu par des diables à l’aide d’un lacet qui

un Portement de croix très noblement interprété, fait observer l’historien ensuite, à Haarlem, chez un amateur du nom de Jean Dietringh, un Moine discutant avec un hérétique et faisant précipiter au feu les livres de ce l’étrangle

;

;

(1)

Carel van Mander. Ouv.

(2)

De

cit.

cette composition, peut-être conviendrait-il

de rapprocher

le

dessin de la Descente de Jésus aux

plume par Peter Bruegel, en i56i, en vue de la gravure burinée par Pierre van der Heyden, éditée par Jérôme Cock, où figure le casque empanaché dont nous trouvons de nombreux croquis dans un dessin du maître récemment retrouvé au musée du Louvre dont nous parlerons plus loin et aussi le portrait de Jérôme Bosch gravé par H. Hondius dont les fonds reproduisent des détails du dessin de Peter Bruegel. Voir R. van Bastelaer. Ouv. cit., p. 235-236. (3) On a, sous le nom de Nicomède, un Evangile apocryphe composé probablement au V® siècle. Il limbes,

exécuté à la

renferme de le :

la

le récit

de

la

:

Descente du Christ aux Enfers, duquel

est tiré le tableau

de Jérôme Bosch. L’auteur

préface de l’Evangile, qui en est sans doute l’auteur, prétend l’avoir traduit, sous le régné de

Théodore

Grand, du texte hébreu attribué à Nicodème.

Il

Si


dernier et

le sien,

qu’une intervention divine

tation à! Un prodige

où un

roi et d’autres

rejette

du

brasier

;

puis la représen-

personnages tombent à terre de

frayeur,

à son apparition. J. B. Gramaye (i) écrit avoir vu dans la cathédrale de Bois-leDuc la Création du monde, X Histoire d'Ahigdil prosternée devant le roi David :

pour rendre hommage à sa 7nère Bethsabée, dans la chapelle de X Illustre Lieve Vrouwe Broederschap X Adoration des Rois, sur l’autel de la Vierge le Siège de Béthulie, le Meurtre dHolopherne, la Fuite des Assyriens, Mardochée et Esther et le Triomphe du peuple juif sur l’autel de

et

Salomon

se levant de son trône

:

;

Saint Michel.

Un

triptyque provenant de cette

même

son panneau central, X Entrée du Christ à Jérusalem et la Résurrection, en était disparu bien avant la

cathédrale, montrant, sur

et,

sur ses volets,

visite

de

J.

Nativité

\2l

B. Gramaye à

Bois-le-Duc, puisqu’il figurait dès i585 dans la cathédrale de Bonn,

comme

en

un inventaire de cette basilique dressé en iSSq par le chanoine Gerhard de Haen. Parmi les tableaux détruits à Gand, lors des troubles religieux sur-

fait foi

venus dans

dans

cette ville en i556, se trouvait,

Portement de Croix de Hieronymus Bosch l’archiduc Ernest

(3),

de Sainte-Pharaïlde, un

Les comptes de

(2).

la

Maison de

établis à Bruxelles par son secrétaire intime Biaise Hütter,

de i5g3 à i5g5, publiés par

un Crucifix avec

l’église

le D’^

Coremans, énumèrent deux tableaux du

maître,

Limbe des Patriarches, au-dessous, acquis le 14 décembre Sicîit erat in diebus Noe, le 1594, pour 106 florins 40, et un second intitulé 28 janvier iSçS, pour 53 florins 20. Le premier de ces deux tableaux semble celui que Carel van Mander (4) vit à Anvers, à moins que ce n’en fût qu’une le

:

Les Archives allemandes de Bruxelles notent également

répétition.

peintures

et,

en plus, une troisième figurant des Chirurgiens et médecins extrayant

tme pierre de par

le

maître.

d'un malade, sujet fréquemment

la tète

Dans

que

thèque

82

testes,

un Banquet de noces

cette dernière n’est pas

Dans

le

cabinet

«

de

lui,

Gramaye. Ouv.

Marc van Waernewijk. Ouv.

(3)

On

»,

»

et

et

ce qui veut dire

mais simplement une imitation de sa manière. dispersé en i794> figuraient

cit.

trouve en outre dans les archives allemandes à Bruxelles, en deux inventaires de

du cabinet de

l’archiduc, les mentions suivantes

3o. Crucifix sur sa base.

(4)

Carel van Mander. Ouv.

(5)

PiNCHART. Messager

:

Chirurgiens et médecins extrayant une pierre de .

(5) se rencon-

cit.

N° N° N°

29

nous savons,

des grandes figures faisant des grimazes

du chanoine Wauters de Bruxelles,

(2)

g.

Rubens

à la façon de Jeronimus Bos

(1)

et

comme

Hieronymus Bosch, une Tentation de Saint Antoine

deux peintures estant de

aussi

traité,

l’inventaire des objets d’art laissé par

trent trois peintures de «

ces deux

Sic erat in diebus Noe, de

Jérôme Bosch

Le Limbe des

la tête

;

patriarches,

du même.

cit.

des Sciences

d’un malade de H. Grosch

de Gand, i858, p. i65.

;

la Biblio-


i





deux Tentatio 7is de Saint A^iioine sous le nom du peintre de Bois-le-Duc. Enfin l’Anonyme de Morelli (i), dans son Jozirnal de voyage, écrit avoir vu en i52i, au

Grimani à Venise, un Enfer, des Diableries

palais

Forhme

désignation

dans

les

de

disparues

de productions

la

notre

à côté d’autres,

peintre,

ou au musée du Prado. Ce sont d’abord des

M.

Aveugles chassafit tme truie que, d’après

L. Maeterlinck

de rapprocher d’une des trois tapisseries de la

y aurait lieu Couronne d’Espagne dont nous

hommes d’armes

essayant de barrer

luttant avec

un

il

(3),

parlerons plus loin, reproduisant des Episodes de la vie de Saint

terre,

que

documents d’archives d’Espagne que nous trouvons

encore aujourd’hui à l’Escurial

voit des

ainsi

(2)

Baleine engloutissant Jonas, dues au pinceau de Hieronymus Bosch.

et

C’est surtout la

Visions

et

Antome, où

l’on

mendiants couchés par

sanglier, et des

chemin à Saint Martin passant à cheval, motif d’une

le

du maître, assez différente, d’ailleurs puis Detix Avetigles, se soutenant l’un l’autre, avec une femme également aveugle (4); une Da^tse à la mode de Ela^idre et une Sorcière « débarbouillant un personnage » qui, avec la

autre composition

Cure de

la folie et le

sion de Felipe

au

;

Char de

foin, avaient été acquis

comme

de Guevara,

en témoigne

l’acte d’achat fait

à la veuve et

de ce gentilhomme, daté du 16 janvier iSyo, conservé aux archives de

fils

Simancas

(5).

de X Eléphant

Viennent ensuite un Voyage

armé qui

dressé le i5 avril

de

la

de 1614,

d’abord

dît

Christ aux Enfers

et

furent envoyés à l’Escurial, nous apprend

même

année.

chapitre des gravures d’après le

De

XEléphaitt

armé

il

une esquisse

un inventaire

sera question au

Les inventaires du palais du Pardo

maître.

i653 et 1701 mentionnent huit autres peintures également disparues

un triptyque de

la

Tentation

vanneau central, l’anachorète tenant un es

par Philippe II de la succes-

volets.

Saint

Antome à

Antoine une cloche à la Fête de carnaval; est-ce

de Saint Antoine livre,

:

montrant, sur son

l’Enfant Jésus à ses côtés

sur

;

accompagné du divin enfant, et Saint main ; ensuite une copie des Délices terrestres ; une celle dont parle Vasari ? (6). un Mariage et une Orgie genotix,

Jacope Morelli. Ouv. cit. Sous ces désignations il conviendrait probablement de voir les tableaux de Hieronymus Bosch ujourd’hui au musée impérial de Vienne. (3) Louis Maeterlinck. Le genre satirique dans la peinture flamande. Ouv. cit. (4) Dans l’inventaire des meubles de la maison de Granvelle de Besançon, dressé en 1667, publié lar Aug. Castan, dans les Mémoires d’archéologie, à la réunion des Sociétés Savantes des Départements, à la 'Orbonne en 1866, on lit « Deux aveugles qui se meinent l’un l’aultre de Breughel, d’haulteur d’un pié et douze poulces et emy, large de deux pieds quattre polces, moulure noire ». (1)

(2)

:

Ne e

s’agirait-il

pas du tableau dont

Dn Felipe de Guevara en 1576

et

il

indiqué

est question ci-dessus, acheté

comme

suit

:

Dos

par Philippe II à

ciegos que guia el

uno

el

otro

la

succession

y detras una

Deux aveugles guidés l’un par l’autre et suivis d’une femme également aveugle. Vente consentie par Dona Beatriz de Haro viuda de Guevara et Don Ladron de Guevara, Don Felipe de Guevara, commandeur de Santiago. (6) Vasari. Ouv. cit.

lujer ciega. (5)

e

83

fils


avec des figures ridicules, Retire,

dans

les

«

dernières

écrit

Cean Bermudez

XVIIP

années du

(i),

qui a vu

siècle

;

tableau au Buen

le

X Homme sur la glace,

un des inventaires en question, un homme qui avance sur la glace une Tète de cheval mort décharnée » un Enfant monstrueux que sa mère enveloppe dans un manteau, portrait, d’après Argote de Molina (2), d’un phénomène né en Allemagne qui paraissait à sa naissance avoir l’âge de sept ans. représentant, dit ;

;

N’est-il pas étrange, cet attrait des souverains espagnols

de nature Philippe tion,

En

?

IV

deux

pour

ces résidus

plus des figurations des nains et des idiots brossées par Velâzquez,

avait fait placer, toujours au

toiles qu’il avait

commandées à

Buen

Retiro, sa résidence de prédilec-

Carrefio

(3),

portraiturant, la première,

revêtue d’un costume des plus riches, agrémenté de ganses et de galons

répugnante

fillette,

sorte de géante; la seconde, le

même

être,

d’or,

une

complètement

nu,

avec son ventre proéminent, ses bras trop courts, ses énormes cuisses boudinées, ses

jambes arquées

et ses pieds

en dehors.

Revenons à Hieronymus Bosch après X Enfant monstrueux vient un Gros souffleur : des Aveugles, ou plutôt un vieil aveugle conduit par un autre aveugle qui lui tient la robe, et le Tribunal suprême, « grande toile peinte à l’huile où la Justice amène un homme arrêté et où la femme du bourreau paraît à cheval ». Il est difficile d’admettre que ce dernier tableau soit de Hieronymus Bosch ce serait ;

;

exemple d’une peinture de

peut-être le seul

lui

sur

toile.

Il

est vrai

que

divers

écrivains veulent qu’il ait aussi bien peint sur toile que sur bois et que

plus de fragilité de la toile qui

le

soit arrivée jusqu’à nous.

Dans un

fait

Ce semble

qu’aucune de ses œuvres exécutée

difficile

ainsi ne

à admettre.

dernier inventaire de l’Alcazar de Madrid, dressé sous Philippe III

de i636, on trouve mentionnés cinq derniers tableaux de notre

et daté

c’est

artiste,

un Saint Christophe traversant une rivière avec différentes figures un Incendie ; un second Saint Christophe « vêtu d’une robe jaune et d’un manteau rouge et, derrière lui. Saint Antoine avec un bâton, une couronne de roses et une lanterne », et plus loin, au dernier plan, un château en flammes dont

ne reste plus trace

il

:

;

;

une Tentation de Saint Antoine, taire,

«

?

Enfin,

un Sorcier

et

une

au-dessus, une tête d’animal mort

Que (1) (2)

»

seraient-ce pas les volets

Maison avec une

vieille

sur

la porte

»

(4).

sont devenus ces tableaux ainsi qu’un Saint Martin entouré dune

Cean Bermudez. Ouv. cit. Argote de Molina. Ouv. cit.

U

3)

Au musée

Intérieur

«

Ne

cet inven-

Artiste. Janvier 1894. P. Lafond. Carrefio portraitiste. un tableau de Brascassat inspiré par la même idée, intitulé de Toulouse se trouve (4) surde sorcière, montrant dans une sorte de cuisine une vieille femme assise devant une chemmee (

montée d’un crâne de cheval sans peau

84

de nuit, faisant, toujours d’après

penser au Saint Christophe traversant la rivière.

d’un triptyque et,

effet

.

ni muscles.






du même sujet et la composition de Caresine et Charnage, mentionnés dans d’autres inventaires ? Il est à croire qu’ils ont été brûlés lors de l’incendie du Palais royal de Madrid. Que sont également devenues les compositions du Jouetir de Cornemuse dont le JoueiLv deux

multitude de pauvres,

de Cornemuse mlé,

i

esquisses

Huys, du musée de

de Pierre

Stettin,

Joueur de

et le

femme, du même Peter Huys, du musée de Bruxelles, ne sont que des réminiscences, du Christ mené au Calvaire, gravé dans l’officine de Cock, du Jîigement dernier, gravé par Alart du Hameel ? Notons encore, dans un inventaire des biens laissés à sa mort par l’évêque de Siguenza, D” Juan Manuel, en iSqS, dressé par le peintre Gregorio Martinez en qualité d’expert, un tableau de Jérôme Bosch, représentant un Marchand de Cornemuse

(i).

soufflets

:

et sa

En

Hieronymus Bosch, des anciennes

ces différentes peintures perdues de

résidences royales d’Espagne,

dans

ayant appartenu à l’évêque de Siguenza,

celle

dans d’autres que nous ne pouvons signaler que par la seule mention de leurs

nous aurons l’occasion de

grâce à leurs interprétations gravées,

dont,

titres,

nous occuper un peu plus l’œuvre de

Peter Bruegel

on trouve

loin,

Tant

(2).

pis

genèse d’une grande partie de

la

celui-ci

si

nombre de tableaux dus au pinceau de Bruegel

Hieronymus Bosch

y perd.

ont

que

vrai

est

Il

en compensation,

été,

du musée de Bruxelles (3), dont la signature a été récemment retrouvée le Triomphe de la mort, du musée du Prado (4), la Sorcière arrivant att sabbat du musée de Rouen (5), ce dernier, sinon de lui, tout au moins brossé d’après sa gravure attribués à

témoin

;

:

la

Chute des anges

rebelles ;

Ira.

Mais ce qui

plus ou moins

tableaux,

Comme où

il

le

est hors

de contestation,

c’est

que

les sujets

de ces différents

modifiés, sont empruntés au maître de Bois-le-Duc.

notre Molière, n’en déplaise à ses panégyristes, Bruegel prenait son bien trouvait. Il est vrai qu’alors ces

mendiants

et les autres

emprunts

étaient admis.

personnages faméliques des peintures

et

Les miséreux,

des gravures de

Bruegel appartiennent au moins autant à

Hieronymus Bosch qui avait tracé C’est

«

(1) el

otro

En

»

Ses

c’est

Tentations de Saint Antoine

lienços del follero con susmarcos,

el

uno de Pedro de

Don Juan Manuel.

— Voir

:

J. s.

frissa

y

Marti y Monso. Estudios

historico-artisticos relativos princi-

d. p.

Oest, 1908, No 7g, p. 26. P- de Madrazo. Catalogo de los cuadros del

museo del Prado de Madrid, ouv. E. Lebel. Musée de Rouen. Catalogue des ouvrages de peinture, dessin,... 1890, No 56 p. 8. Arrivée d’une sorcière au sabbat, catalogué sous le nom de Jérôme Bosch. (4)

I

;

A.

(3)

I

premier

lui

R. VAN Bastelaer. Ouv. cit., p. 34, 68 et 70. J. Wauters. Catalogue historique et descriptif des tableaux anciens du musée de Bruxelles,

(2)

Van

Hieronymus Bosch qu’à chemin où il s’est engagé.

Inventaire dressé par le peintre Gregorio Martinez des biens laissés par l’évêque

palmente a Valladolid. Valladolid, Minon,

3 e éd..

le

Dos

Vallid, 2 Agosto, iSgS.

de g“o Bosque...

de Siguenza,

I

Hieronymus Bosch,

le

les

(5)

cit.

N“

1221, p. 217.

Lecerf, J.

Rouen,

,

85


en font

de

nous ne saurions assez y insister qui a, dans les manifestations donné une place à ces monstres, à ces malheureux rencontrés alors de

foi,

l’art,

tous côtés dans les Flandres et les provinces néerlandaises, que d’infâmes exploiteurs, à l’aide d’opérations chirurgicales, arrivaient à rendre hideusement diffor-

mes, dans

le

but d’exciter

la

compassion publique. Ces boiteux, ces bancals,

culs-de-jatte, ces aveugles étaient légion

maniaques,

les

les possédés,

;

non moins nombreux

les hystériques,

les névrosés,

les

les

ces

hallucinés,

épileptiques. Ces

Hieronymus Bosch les a étudiés avec une pénétrante sagacité. a rendu à merveille les mouvements incohérents des uns, les poses rigides des

résidus humains, Il

autres

en ce genre, ces interprétations sont d’une précision scrupuleuse

;

premier peintre qui

Il est le

ait

des miracles n’a aucun secret. les

malingreux,

songé à ces malades mystérieux pour qui

Il

connaît à merveille les capons,

les orphelins, les

mercandiers, les callots,

les

courtauds, les polissons,

les

Ce

époque.

serait

Hieronymus Bosch que Victor Hugo a rencontré «

faux soldat défaisant

préparant avec du sang de

dégonflant»,

le

Les drôles,

pu

croire,

le

l’art

à croire que

ces sujets

du

roi

»,

le

d’Egypte: «

prenant

une

leçon

d’épilepsie»,

«

ne surgissent pas,

de Merlin Coccaie

(3),

»

se

«vieux

le

(i).

comme on

à Lyon, séjour de Rabelais, ni à Strasbourg, où

le

malingreux

jambe du lendemain, l’hydropique

Renouvier ( 2 ),

la patrie

chez

c’est

aurait

écrit Sébastien

mais à Bois-le-Duc

».

Hieronymus Bosch a tracé la voie suivie après lui par les maîtres flamands et hollandais, non seulement par Bruegel, mais encore

ces figurations

petits

par

les

Ostade, Deniers, Craesbeeck, Jean Steen,

peintres

etc.

Au

delà des Pyrénées,

espagnols Ribera, Velâzquez, Alonso Cano, Carreno

avant tout de

réalité,

reproduire des

idiots,

XV«

sa

les francs-mitoux,

d’écumer en mâchant un morceau de savon

écrit Jules

Brandt, ni à Mantoue,

En

hubin

«jeune

sabouleux enseignant

bœuf

Cour

les riffaudés, les hubins,

bandages de sa fausse blessure

les

la

narquois, toute cette hiérarchie de

les

drilles,

pullulaient à son

malfaiteurs qui

et avertie.

se

firent

et autres,

les

épris

eux aussi une sorte de point d’honneur de

des contrefaits, des grotesques et des nains.

(1)

V. Hugo. Notre-Dame de Paris, ouv.

(2)

Renouvier. Histoire de

cit.,

tome

pr, livre II, ch. IV.

l’origine et des progrès

de

la

gravure aux Pays-Bas jusqu’à

la fin

du

Des types et des manières des maîtres graveurs, Montpellier, 1854. Théophile Folengo, moine bénédictin, né à Mantoue en 1491, mort en 1544, mena une vie assez dissolue. Sous le pseudonyme de Merlin Coccaio, il a publié une Histoire macaronique où il mêle le latin, l’italien et divers patois; cet ouvrage, qui jouit longtemps d’une grande célébrité, a été traduit en français siècle, Bruxelles, 1860.

3 ( )

quelques années après son apparition, à Venise, en iSiy.

86



r

s




CHAPITRE

IX

Croquis de mendiants une Fête de Carnaval; Croquis divers; la Barque naviguant; autres Croquis; LA Vierge et Saint Jean au pied de la croix la Tentation de Saint Antoine la Danse de paysans Dessins faussement attribués au maître; Cartons pour les tentures des Délices terrestres, de la Vie de Saint Antoine; Sculptures de la cathédrale de Bois-le-Duc.

Dessins de Hieronymus Bosch.

;

;

;

Comme

il

;

fallait s’y attendre,

plus rares, presque tous traités à la est difficile,

pour ne pas dire plus.

trois dessins,

les

Hieronymus Bosch sont des

dessins de

plume. Décider de leur parfaite authenticité

A Vienne,

la

Bibliothèque Albertine renferme

à la plume, qui semblent bien être de

lui,

une

feuille

de Croquis de

mendiants, d’infirmes, de malingreux, d’écloppés, de béquillards, de culs-de-jatte et

de drôles, dans toutes les postures, toutes les attitudes, sous tous les aspects

;

une Fête de Carnaval où, dans une cuisine brabançonne, des paysans et des paysannes se divertissent vaste

:

une

vieille

femme

fait

cuire des crêpes au feu d’une

cheminée surmontée de l’image du hibou voyageur

est assis

à ses côtés

;

d’autres personnages exécutent

;

un gros bonhomme

une sorte de charivari auquel

un gros bonhomme apparaît à une fenêtre ouverte, soufflant dans une espèce de flageolet pointu à grosse embouchure ronde deux autres musiciens s’escriment, l’un avec un soufflet, l’autre, une vieille femme, avec des pincettes qu’elle frappe sur un gril à droite, une autre femme, à l’extravagante coiffure, rase un paysan assis sur un panier renversé au tout premier plan, un petit chien, le bonnet de fou sur les oreilles, danse en se tenant sur les pattes de derrière. Ce dessin, véritable genèse de la plupart des compositions des petits maîtres flamands et hollandais, a été signé après coup du nom concourt

un

guitariste

;

;

;

;

de Bruegel qui

assez

l’a

d’ailleurs pillé.

Le troisième dessin de la Bibliothèque Albertine représente d’une façon sommaire ce n’est qu’un croquis hâtif Deux femmes, l’une agenouillée.

87


frappant à tour de bras, à l’aide de battoirs, un être ou un objet informe placé au-dessous d’elle l’autre portant, semble-t-il, un paquet sur l’épaule droite. ;

A

l’Académie des Beaux-Arts se voit un dessin à

plume, attribué à

la

Jérôme Bosch, représentant une Barque occupée par de nombreux passagers, exactement dix. L’un a la tête passée dans le mât, un autre y monte, un autre est pendu à l’avant, trois autres, à gauche, apparaissent dans des flammes, etc. A Paris on trouve, au musée du Louvre, quatre dessins, à la plume, donnés au maître. Le premier, exécuté sans doute en vue d’une

menus croquis où

Antoine, est une réunion de

diables, des personnages fantastiques, des

Tentation de Saint

l’on voit le vieil anachorète, des

animaux,

etc.

Des

trois autres, le plus

beaucoup figure une nouvelle Barque pleine de passagers (i), reproduction identique au tableau de la collection Camille Benoit que nous avons

important de

Au

décrit plus haut.

que

lieu

du

ce dessin ait été la première idée

tableau,

il

semblerait plutôt qu’il ait été exécuté d’après lui et très probablement, dans ce cas,

ne serait pas du maître. Les deux autres, récemment retrouvés par M. Demont,

Conservateur à

grande galerie française, qui a bien voulu nous

la

connaître, se trouvent au recto et au verso de la

un Charlatajî exécutant

ses tours d’escamotage devant

qu’à sa gauche une jeune est

couché à ses pieds

;

même

femme debout

l’autre,

un public

un chien en

tient

fait

un chariot

Ces deux dessins n’ont beau

et

sa partie avec

un

A Femme autre

Londres,

ils

n’en sont pas

soufflet

que de simples croquis

le

British

moins d’un

Muséum

(2)

;

se montrant à

une

variées.

pris en

utilisées

et les

vue de

pour des

faire précis et serré.

possède un dessin, à

à l’aide de pincettes sur un gril

fenêtre,

vieille,

haut

le

la

plume, de

rasant un paysan assis sur un panier renversé avec, à sa

femme frappant

l’un,

qu’un singe

de nombreux casques à visières

être

:

faire

émerveillé, tandis

laisse et

compositions futures, des notations rapides destinées à être tableaux en projet,

montrent

une sorte de Concert charivarique où une

déjà vue dans la Fête de Carnaval, côtés en sont occupés par

feuille et

les

et,

droite,

à sa gauche,

le

la

cette

paysan

dans une sorte de flageolet recourbé à

soufflant

grosse embouchure, épisode de la Fête de Carnaval de l’Albertine de Vienne.

Dans

Murray, appartenant aujourd’hui à la galerie Pierpont Morgan, se trouve une Réunion de dix figures sur une même feuille

C. Fairfax

l’ancienne collection

signée

:

«

Bosch

»

;

à l’Université d’Oxford,

trente-six croquis, exécutés à la

feuilles

renfermant

plume, de Personnages grotesques, de miséreux,

de bancals, d’estropiés, d’êtres fantastiques, de des pattes d’oiseaux, sur des

deux

membres

d’insectes,

têtes fichées sur des jambes, sur

d’animaux plus ou moins

réels.

seconde vente du marquis de Valori effectuée par l’expert Loys Delteil en février igo8. Elle était cataloguée sous le nom de Langel ? (2) Dr Waagen. Galleries and Cabinets of Art in Great Britain. London, iSSy, t. IV, p. 40. (1)

88

Cette feuille de dessins provient de

la



il.

i.

/;

iAjj'f



J

1

I


Le Cabinet des Estampes de Dresde a recueilli trois dessins attribués à Hieronymus Bosch, deux à la plume une Vierge et Saint Jean au pied de la croix et Deux Jigures fantastiques ; l’une, à gauche, consiste en une tête barbue l’autre, en couverte d’un voile, juchée sur une patte de lion et une patte d’oiseau :

;

d’homme montée

un corps de volatile que chevauche une sorte de belette à bras humains; enfin, un croquis au crayon àç. Deux personnages féminins La Pinacothèque de Munich affrontés, certainement une esquisse de vitrail. une

tête

sur

possède une Vierge en vêtements de religieuse, longue figure émaciée appuyée sur

du côté opposé, probablement vers la croix, car ces deux figures semblent avoir été dessinées en vue d’une Crticifixion. Au Cabinet des Estampes de Berlin, provenant de la collection Suermont, figurent, à la plume, une Tentation de Samt Antoine où, au milieu de la feuille, dont le haut est occupé par un village enfoui dans la verdure, le vieil anachorète est assis et bénit de la main droite, entouré de ses tourmenteurs ordinaires, et une Danse de Paysans(i) signée Jer. Bosch. Ce dernier dessin est d’une vérité d’expression et d’un naturel saisissants. La scène a été rendue telle que son auteur l’a vue, un jour de fête, dans un village des environs de Bois-le-Duc, avec ses villageois et villageoises dansant devant leurs chaumières au son de la cornemuse et du tambourin d’autres paysans se pressent à la porte d’un cabaret ou sont assis sur des futailles contre ses murs un couple devise au pied d’un chêne deux femmes aident à marcher un ivrogne aux pas chancelants une autre femme soutient par le dos un second ivrogne, qu’une nécessité pressante a forcé à s’arrêter contre un arbre. Le paysage, avec ses fermes, le clocher de son église à droite, un canal à gauche, est gai, reposant, chose rare dans l’œuvre du maître comme la Fête de Carnaval, ce dessin a tracé la voie aux Ostade, à Deniers, à Jean Steen, etc. (2). D’autres dessins, en assez grand nombre, sont attribués à Hieronymus Saint Jean, assis au-dessus d’elle, regardant

;

;

;

;

;

Bosch

mais

;

la plupart

de ces derniers sortent

très

probablement de

l’atelier

de

Bruegel ou de l’officine de Jérôme Cock.

Arrivons à une suite de tapisseries faisant partie de

la collection

Couronne d’Espagne, conservée au Palais royal de Madrid, dont au moins, appartiennent à

(1) boiteux

de Jérôme lui,

ni

A

convient de rapprocher ce dessin des Danses de paysans gravées par

même

Pour Alart du

l’Institut Jovellanos, à Gijon,

Bosch

une Femme

avec

que

la

contrefaçon.

—Voir

:

Beham

et

des Danses de

R. van Bastelaer. Ouv.

cit.,

en Espagne, se trouvent deux dessins catalogués sous

un enfant dans

les

bras et

un

Saint Paul

ermite

;

mais ni l’un ni

l’autre

le

p. i6.

nom

ne sont

de son école.

le

soi-disant portrait à!Alart du Hameel portant l’inscription

:

«

Ætatis 55, anno i5o4, Meester

il y a quelques années, au Heeswyck, près de Bois-le-Duc, propriété du baron van den Bogaede van ter Brugge, il

Hameel landmeester van der Bosch. Jeronimus Bosch fecit

vieux château de est

:

tout

les sujets,

Jérôme Bosch.

peintes par Cornelis Metsys qui n’en sont (2 )

de

Il

de la

»,

retrouvé, paraît-il,

manifestement faux.

12

89


Ces tentures sont au nombre de quatre.

La première

une interprétation d’une exactitude à peu près absolue du triptyque des Délices terrestres du monastère de l’Escurial avec ses deux volets de

la

Création de

Les

est

r homme

et de la

de \ Enfer.

et

Episodes de la vie de Saint Antoine. Départ de Saint Antoine pour la retraite, montre

trois suivantes représentent des

La seconde au milieu de de franchir

la

tapisserie, le

composition l’anachorète à cheval, sortant d’une

la porte, assailli

et essayant

dont

ville

vient

il

par une foule d’estropiés, de bancals, de béquillards,

de gueux de toutes espèces qui

l’aumône

femme

rampent à

crient, gesticulent,

de l’empêcher de passer, ce dont

il

terre, lui

demandant

ne semble guère

.

s’in-

que plus loin, au second plan, à gauche, dans une sorte d’arène, des hommes armés luttent contre un sanglier colossal attaché par une corde à une

quiéter, tandis

aux applaudissements des

patte, qui les culbute,

d’un château, des gens attablés font

salle

A

spectateurs.

ripaille,

droite,

i

l’extérieur,

foule essaie d’entrer de force.

La quoique

par

troisième tapisserie. Saint Antoine tenté

le

les

démons, ainsi désignée

cénobite n’y semble pas figurer, rappelle jusqu’à

Char de foin de est

la

boivent, mangent, d’autres

défoncent des tonneaux, roulent à terre, se battent, tandis que, de

une

dans

l’Escurial.

On

occupé par de répugnants

certain point

y voit une voiture chargée de foin dont

et d’horribles êtres qui n’ont rien

de deux chevaux, l’un monté par son conducteur.

De

nombreux épisodes

char

des religieux avoisinent

:

un

le

le

le

sommet

d’humain,

attelée

tous côtés se déroulent de des

;

à cheval

rois

(i)

s’avancent à la tête d’une armée; un prêtre tient un calice qu’une multitude

vénère

des voleurs pillent des marchands

;

;

I

i

des estropiés courent s’aidant de leurs j

béquilles; la

mort perce d’une

un malheureux à

flèche

terre, etc.

trouvent circonscrites dans une sorte d’écran en forme de cercle

une figuration du monde de laquelle volètent sentant la

(2)

trois anges,

dont

le

Ces scènes

|

sans doute

manche, consistant en une croix autour

occupe l’angle supérieur droit d’un carré

mer ou l’embouchure d’un

se

fleuve et

un bout de

ciel.

De

repré-

cette eau

surgissent des poissons fantastiques. L’un de ceux-ci, de sa gueule ouverte, lance,

au milieu de flammes, une nuée d’oiseaux

;

en bas du cercle

un monstre marin, aux yeux phosphorescents,

Derrière les

(1)

de

la

rois,

un écuyer également à cheval

tire

tient

Maison de Bourgogne, ce qui donnerait à supposer que

par

les

terrestre, à droite,

jambes un gros

un fanion timbré de

la tenture a été tissée

l’aigle

bour-

à deux

têtes

pour un membre de

cette famille. (2)

traverser

le

Il

convient de rapprocher cette pièce du tableau de l’école de Joachim Patenier

monde, faisant partie de la galerie le

en

parvenu à

sort, à droite,

du prince de Salm-Salm,

globe du monde, surmonté de

Albert Durer, où

l’âge

:

Comment

doit-on

dont les figures sont empruntées a gauche, par un jeune homme, qui

la croix, est traversé, à

mur.

90

D





i

I

î

I

I

-,


geois

endormi

;

à gauche, des diables saisissent et emportent dans une barque, qui

un moine,

contient déjà

La quatrième agenouillé,

d’autres malheureux.

au milieu de de

tandis qu’autour

au mont

Colzin,

yeux levés vers

le ciel,

tenture représente Saint Antoine en prière la scène, les

mains

jointes, les

en des proportions réduites, s’agitent, grouillent, gesti-

lui,

sans qu’il s’en émeuve

culent et se contorsionnent,

le

moins du monde,

ses

femmes nues, démons, animaux, monstres hybrides, etc. Au second plan coule une rivière bordée de prairies, de rochers abrupts, que dans cette rivière, des femmes se baignent sur ses rives, franchit un pont tortionnaires ordinaires

:

;

;

des gens sont paresseusement couchés, auprès d’une table chargée de victuailles

un moine lutine une commère; sur

Au

le

;

des gens portent des fardeaux et

pont,

campagne plantée d’arbres et parsemée de chaumières. Notons que le vêtement du Saint est marqué sur l’épaule du T énigmatique (i) que nous avons déjà signalé sur le capuchon du Saint Antoine de la Tentation du musée du Prado, à Madrid, sur celui de cette se battent, etc.

dernier plan s’étend une riche

propriété, à Paris,

autre Tentation,

Les motifs de ces tapisseries tablement à Jérôme Bosch.

La

triptyque des Délices terrestres. vie de

de M. Ch. Brunner, sur d’autres encore.

— nous l’avons dit — appartiennent incontes-

première, inutile d’y revenir, est identique au

Les

trois autres, consacrées

à des Episodes de la

Saint Antoine, sont-elles des reproductions d’œuvres perdues du maître ou

seulement des imitations ou des adaptations de son style et de sa manière serait peut-être

imprudent de se prononcer.

même, nous

Il

Si nous nous en rapportions à la

de rendu du triptyque et jugions que

fidélité

?

les

autres aient été exécutées de

Remarquons, en passant, que celles-ci ont été inversées et qu’il n’en a pas été de même pour les Délices terrestres. Dans cette tapisserie, l’ouvrier ne s’est pas donné la peine de mettre son ne

pourrions guère en douter.

ouvrage à l’envers sur modèle,

tel qu’il lui

métier, mais s’est contenté de reproduire directement son

le

avait été remis, ce qui fait

que

les

de la main gauche, les actions qu’ils exécutent de la

Rien de semblable dans

Ces pièces dont

la

moyenne de 3“8o, à part sur la j

1

même

les

personnages accomplissent,

main

droite dans le tableau.

Episodes de la vie de Saint Antoine.

hauteur moyenne est de 2“8o sur une largeur également celle

des Délices terrestres qui mesure 4”^8o de largeur

hauteur, sont encadrées dans une riche bordure en forme de portique

dont l’entablement est agrémenté de fleurs et de fruits et dont les deux colonnes à chapiteaux

d’angle,

(i)

les

En

Hébreux,

bords du

ce

les

Gange

T

faut-il voir

Chaldéens, ?

les

corinthiens

et

à fûts carrés,

une figuration du Tau,

le

montrent également des

signe de l’absolution et de la rédemption chez

Grecs, que l’on retrouve sur les hiéroglyphes égyptiens, jusque sur les


guirlandes de fleurs et de fruits reposant sur une base classique.

Disons encore que

colonnes, d’autres feuillages ont été placés. la

des Délices terrestres présente, en plus,

pièce

cannelées, séparant la partie centrale

d’un atelier bruxellois de architectonique en

la

fait foi.

seconde moitié du

Le

tapissier, fidèle

le

delà des

portique de

deux colonnes cylindriques

du triptyque de

Ces tentures sortent incontestablement d’un

Au

ses volets.

flamand, probablement

atelier

XVP siècle,

comme

leur décoration

observateur des règles de son

art,

qui demande, en plus d’une ornementation toujours riche et brillante, de ne point laisser vide

un

seul coin de la tenture, toutes les fois qu’il en a trouvé l’occasion,

a diapré de couleurs variées et éclatantes

les plantes et les fleurs qu’il

y a semées

à profusion, enjolivé de broderies et de fioritures les étoffes qui s’y rencontrent. Il conviendrait maintenant de dire quelques mots des sculptures de

la

cathédrale de la ville natale de Jérôme Bosch, dont on pense assez généralement qu’il fut l’initiateur.

La

cathédrale de Bois-le-Duc, construite sur l’emplacement d’une église

collégiale plus ancienne, a été

commencée en

des Pays-Bas méridionaux étaient achevées

1418, alors

que

la plupart des églises

(i).

Quoiqu’elle n’ait pas de façade principale, que son clocher dressé en 1629

un peu plus de soixante ans plus tard, en 1584, détruit par un incendie, elle n’en reste pas moins un des plus beaux édifices gothiques de la Hollande. Elle présente cinq nefs, dont celle du milieu est beaucoup plus élevée que les autres. Son chœur, des plus vastes, est entouré de chapelles rayonnantes (2). ait été,

Les travaux d’achèvement de ce superbe monument battaient leur

Nous savons

l’époque de Jérôme Bosch.

peintre.

On

dans

sculptures qui la décorent.

les

veut, en outre

nous venons de

le dire

qu’il n’a rien à

revendiquer dans

prime jeunesse, quand

il

à sa décoration

le terrain,

du chœur, achevées au moment de sa encore qu’un enfant. Sur ces boiseries sont

les stalles

n’était

:

nombre desquelles Pierre,

celles

de la Vierge, l’Enfant Jésus dans

Saint Jacques, Saint Jean

l'

Evangéliste,

(1)

1629, tut, le

les bras,

Saint IVillebrord,

d’Utrecht, Sainte Hélène, Sainte Agnès, Sainte Barbe,

etc.

;

puis,

92

l’apôtre

cathédrale de Bois-le-Duc, pillée et ravagée par les Réformés en i566, occupée par eux en prirent 8 décembre 1810, mise par Napoléon Rr à la disposition des Jansénistes qui en

La

Dr Xavier Smits. De Kathedraal van ’s Hertogenbosch, ouv. cit., Janskerk te ’s Hertogenbosch en hare geschiedenis, ouv. cit., p. 62-1 15. (2)

de Saint

dans des enrou-

possession.

St.

de constater

à leur sommet, à mi-hauteur sur des chapiteaux de colonnettes, à leur sous des arcatures, des statuettes d’apôtres, de saints et de saintes, au

placées

De

comme

— découvrir son influence

convient d’abord et avant tout, pour déblayer

Il

base,

la part qu’il prit

plein à

p. 2o3-2o5.

Hezenmans.





s


lements de volutes, sont représentés, d’un ciseau neuf et savant à la épisodes tirés de X Apocalypse et de X Ancien et

d’Ephèse ressuscité, entrant au Ciel

Calice empoisonné,

le

et

les

damnés

fois,

du Noiiveatt Testament

le

:

Jugement dernier avec

divers

Mort

la

élus

les

dans l’Enfer, X Ivresse de Noé,

précipités

la

Confession et la Rémission des péchés, etc. Ces stalles, au lieu d’avoir été inspirées

par Jérôme Bosch, ont dû, tout au contraire, l’avoir plus ou

moins fortement

influencé.

A en haut

l’extérieur

du monument,

les

gargouilles de sa galerie tréflée, les figures,

placées à l’extrémité de ses arcs-boutants, représentant des person-

relief,

nages étranges, dont un

homme

Lorraine, taillés tout au

moins à l’époque où Alart du Hameel

étaient

«

maîtres des oeuvres de la cathédrale

pourraient

Bosch.

sauvage, des chevaliers, l’un portant l’écu de

à la rigueur

en est de

Il

même

prophètes du linteau de la double porte

Il

semble,

comme

c’est-à-dire à la fin

du XV®

siècle,

avoir été exécutées d’après des dessins de Jérôme

de X Ante-Christ à

scènes de la Vie de Saint

»,

Jean Heyns

et

Jean

et

du

tête d’ours et

des attributs des faux

côté sud de l’église, représentant des

des épisodes du Jugement dernier

l’écrit le D’'

(i).

X. Smits, que ces sculptures répondent,

les

unes, à la description des jeux et des cortèges qui eurent lieu à Bois-le-Duc, le

mai 1481, à l’occasion du Chapitre de la Toison d’or, les autres, à des drames religieux se rapportant aux deux grands cycles liturgiques de l’année la Nativité i8

;

et la

Passion du Christ.

Pour

baptismaux, en cuivre jaune, fondus en 1492, par Aert de Maestricht, d’après des modèles de Alart du Hameel, ils consistent en une cuve à couvercle, à

les fonts

surmontée d’une pyramide ajourée, agrémentée de figurines, accrochée

un support également en

chapelle

montre

le

ils

se trouvent,

évidés,

attenant

au mur de

Le sommet de

reposant sur un pied.

la

le

entre

Saint Jean

Père,

assis sur

un

trône,

V Evangéliste

et

la

Vierge,

une

F Enjant Jésus dans

Saint Laurent

Les quatre E.vangélistes sont figurés sur

fond est soutenu par

pyramide

le

;

plus bas,

le

les

:

bras,

Baptême du

couvercle de la cuve dont

le

accompagnée de colonnettes, présentant, de personnages qui s’appuient sur un bâton. S’agit-il

solide colonne,

entre elles, des statuettes

des malades, des lépreux et des estropiés de la fontaine de Bethsaïda (2) l’avis

la

pélican symbolique, puis successivement, sous des arcades superposées

Dieu

Christ.

métal à décors

de M. van Puyvelde, aller chercher

le

symbolisme un peu

?

C’est, à

loin.

Dr Xavier Smits. De Kathedraal van ’s Hertogenbosch, ouv. cit. Note relative à l’ico(1) Voir nographie sculpturale de la cathédrale de Bois-le-Duc. Annales du XX’’ Congrès de la Fédération archéologique et :

historique de Belgique.

(2) i5

Voir

février 1905.

:

Gand, 1907. J. Destrée.

Exposition de dinanderie à Dinant (igo 3 ). L’Art flamand et hollandais, oude kerkelijke kunst te ’s-Hertogenbosch. Juni-

— Catalogua der nat. Tentoonstelling van

September igiS. Druk en uitgave van C. N. Tenlings, ’s-Hertogenbosch.

93


Il

comme

— qui était alors qu’il ne quitta guère sans doute — ait plus ou

n’y aurait pas d’impossibilité à ce que

nous savons à Bois-le-Duc,

Jérôme Bosch

moins collaboré à cet ouvrage néanmoins, jusqu’à présent nous n’en avons aucune preuve. Il ne faut pas oublier, aussi bien pour les sculptures des arcs;

boutants

et

des linteaux des portes que pour

différents ouvrages ont certains

peuvent les

très

œuvres

bien les tenir,

d’art d’une

si

même

même

cycle,

baptismaux, que

si

rapports avec les compositions du maître,

l’on peut s’exprimer ainsi,

de

l’air

94

ils

ambiant. Toutes

de caractère communs. Elles appar-

font partie d’un ensemble

;

ces rapports s’accentuent

encore quand leurs auteurs ont eu entre eux des relations de camaraderie d’amitié.

ces

époque, quel que soit leur genre, ont inévitablement

et fatalement des rapports d’expression et

tiennent au

les fonts

et




EXCV

COCK



CHAPITRE X Gravures exécutées d’après les œuvres de Hieronymus Bosch, par Alart du Hameel; gravures exécutées d’après ses œuvres ou DANS SA MANIÈRE, PAR J. CocK C. F. VAN Thienen C. Danckertz P. Firens; J. Wierck; Corn. Galle; etc. ;

;

;

La question des gravures des œuvres de Hieronymus Bosch Longtemps, M. Maurice Gossart

aujourd’hui. justesse,

maître a surtout été connu

le

aujourd’hui vier (2),

comme

surabondamment prouvé, après

Pinchart ( 3 ) et Firmin-Didot

(4), qu’il

les

(i)

l’a

écrit

graveur.

est résolue

avec infiniment de

semble cependant

Il

savantes recherches de Renou-

n’a jamais tenu la pointe et le burin.

Huber

Les estampes qui, au dire de Bartsch, Duchesne, Passavant, Heenecken, Rost, Leblanc, les

à

premières,

demi

plus d’un

Danckertz

C.

Nager

(

5 ) et autres, seraient sorties de sa

Bois-le-Duc,

siècle après

(6),

par Alart

sa mort,

du

Hameel,

main ont

par Jérôme Cock,

été burinées,

autres

les

et

Anvers,

à

Corn, van Thienen,

retouchées et reprises à l’occasion par Peter Bruegel.

Une

dernière suite, signée de Petrus Firens, J. Wierck, Corn, et Jean Galle (7), de

nouveau de Jérôme Cock, représente bien des sujets familiers à Hieronymus Bosch

et

;

mais ce ne sont probablement que des imitations de ses œuvres.

(1)

Maurice Gossart. Ouv.

(2)

Renouvier. Des types

cit.

et

des manières des maîtres graveurs, ouv.

dès progrès de la gravure aux Pays-Bas, ouv. (

3)

(4)

bois, Paris,

cit.

863

de l’origine

cit.

Pinchart. Bulletin de l’Académie royale de Belgique. Ambroise Firmin-Didot. Essai typographique et bibliographique sur i

— Histoire

l’histoire

de

la

gravure sur

.

Duchesne 5 Adam Bartsch. Le Peintre graveur, 21 vol. in-8°, ( ) J. V. Degen, Wien, i8o3-i82i. Huber Voyage d’un iconophile, Paris, 1884. cit. Heinecken. Ouv. Passavant. Ouv. cit. Rost. Ouv. cit. Nagler. Neues allgemeines Leblanc. Manuel de l’amateur d’estampes, Paris, 1884.

AÎNÉ. et

Künstler. Lexicon,

Munich,

i

835

.

(6)

Cornelis Danckertz ou Dankertz, graveur hollandais, né à

(7)

Petrus Firens, graveur d’origine française, qui vivait dans

Amsterdam en i 56 i,

vivait encore

en 1634.

Jean Wierix ou Wierck, graveur, né à né à Anvers en 1576, mort en

i

65 g

;

Amsterdam ou

la

première partie du

XVI R

siècle;

Cornelis Galle, graveur flamand, à Anvers, en 1849 Jean Galle, neveu du précédent, né à Anvers en 1660, mort en 1676. ;


Ces gravures sont des plus

Hameel.

Il

surtout celles burinées par Alart du

rares,

ne faudrait cependant pas croire,

comme

certains l’ont pensé, qu’elles

aient été pourchassées par l’Inquisition, inquiète des allusions qu’elles renferment

membres du

sur les et

ne

clergé et les ordres religieux.

Tout

pas à conséquence. C’est leur fragilité qui

tirait

Le grand

les

cela n’était

a

que

peccadilles

fait disparaître.

de ces différentes planches, leur importance, réside surtout en ce qu’elles font connaître des compositions de l’artiste que nous ignorerions sans

attrait

Alart du Hameel, l’auteur des plus remarquables de ces estampes,

elles.

un ami de Hieronymus Bosch. Sculpteur, né à Bois-le-Duc, on ne sait au juste à Vrouwe Broederschap. Il avait épousé une morte en 1484, dont aujourd’hui

la pierre

tombale,

dans

l’église

enchâssée

architecte, graveur, Alart

fut

du Hameel,

quelle date, fut reçu à X Ilhistre Lieve certaine Maragarethe

écrit

M. Maurice Gossart avec

Saint-Jean,

son

van Auweninge, (i),

«

est encore

médaillon

son

et

Pour Alart du Hameel, il mourut à Louvain aux environs de i5io. Alart du Hameel reproduisit au burin huit compositions de Hieronymus

épitaphe

Bosch

(2).

»

:

Le Serpent d'airain; Le Jugement dernier ; Saint Christophe; Constantin

le

Grand, à la

tète

de son armée, contemplant h apparition de

la croix ;

Héraclius entrant à Jérusalem avec Eléphant assiégé;

le bois

de la croix

;

L

Un

couple de musiciens atiprès d'une fontaine;

Le jeune homme aux guirlandes ; La gravure du Serpent d'airain,

on ne connaît qu’une seule épreuve bibliothèque Albertine de Vienne, mesure o“20 sur o“i8 et figure

conservée à la

àoxdi

à gauche, au sommet d’un rocher, un serpent sur une perche, tandis qu’à droite les Israélites, au nombre de huit hommes et de deux femmes, se prosternent les bras levés en coiffure

au premier plan, un autre

Israélite,

à genoux, enlève sa

à droite, quatre malheureux cherchent à se garantir des morsures du

en haut de l’estampe, encadrée dans des décorations gothiques, se trouve signature ou le monogramme « Bosche » (3), accompagné de la majuscule A.

reptile la

;

l’air;

;

(1)

Maurice Gossart. Ouv.

(2 )

Cette épitaphe a été reproduite par le

cit.

Kathedraal van ’s Hertogenbosch, p. 32, togenbosch, p. 3i5. (3)

Bois-le-duc,

96

A

moins que dans

comme

le

le

et

Xavier Smits, dans son ouvrage si souvent cité De dans son autre ouvrage Grafzerken der St. Janskerk van ’sHer-

mot Bosche

pense M. Maurice Gossart.

:

:

il

ne

faille

voir

une abréviation de

s'

Hertogen Bosche,



t

•Y


I



Le Jugement dernier, qui «

Bosche

»,

de la gauche une épée nue

et

trompette

;

près d’eux,

gravure précédente,

du monde, tenant de

surgi te, mortui

;

main

la

: «

Hec

venite ad judicium

démons

des anges conduisent

traînent les

quam

est dies

à droite;

»,

enfers

flammes d’où des diables pourchassent en volcans

terrains convulsés éclatant

monstres se livrant aux contorsions o"" 34

sur

o'” 24

existe en

,

Saint Christophe,

comme

imploré

barbe

habitants

les

et la

pécheurs

;

et des

à gauche, ce sont des

;

premiers plans sont occupés par des

La

plus étranges.

les

cette

,

les

la

à droite se dresse un bâtiment en

;

les

;

lit

dominus » à gauche, au-dessus, du même côté, fecit

gravure, mesurant

le

solide géant,

si

populaire depuis

le

XIV®

Saint Roch et Saint Sébastien contre la peste, dont

et les

un

trois états.

encore d’avoir vu une image figuré la

assis

droite

au séjour des bienheureux,

élus

les

damnés aux

mot

à ses côtés sont deux anges sonnant de

;

Vierge et les Apôtres, agenouillés sur des nuages, prient pour au-dessous,

le

Sauveur

le

sur des banderoles, en lettres gothiques, on

de X Apocalypse

inscription tirée «

la

reproduit en haut de la composition, au milieu,

sur l’arc-en-ciel, les pieds sur le globe lys,

comme

porte,

matin pour ne pas mourir dans

le

cheveux longs, un foulard enroulé autour du

du monde dans s’appuie sur un tronc

main

sur ses épaules l’Enfant Jésus, le globe

la

un fleuve ou un bras de mer

d’arbre,

et

la

siècle,

suffisait

il

journée, est

front, portant

droite;

il

traverse

mordu au mollet

Au

premier plan, à gauche, un ermite descendu d’un ermitage placé au sommet d’un escarpement tient une lanterne allumée à droite, par un

énorme homard.

;

un

homme

dans

les

étendu sur un bout de

fonds apparaît un château fort

barques chargées s’exterminant.

En

de guerriers, de

;

de

manu

virtutis subtilitate la lettre

A

;

eaux du fleuve sont couvertes de

les

monstres,

d’êtres

fantastiques,

luttant

et

haut de l’estampe, qui mesure o^^iq sur o“33, une longue

banderole contournée à replis multipliés porte tate qui

par de nombreux nains

terrain est assailli

videt tepore ridet

qui de

mane

»,

:

«

Cristafore ste Virtutes

ou selon Passavant

ici,

le

mot

«

:

«

Cristafore Ste

Le mot Bosche et Bosche » inscrit sur un

videt nocturno tempore ridet

se retrouvent naturellement

(i)

sît tibi

».

étendard à droite. Les épreuves de cette planche sont plus rares que celles de la précédente.

La gravure de Constantin

le

Grand regardant

l’apparition de la croix,

Pape Sylvestre, également montés, le souverain soulevant son chapeau, à la vue de la croix, que lui présente un ange dans les airs derrière l’Empereur chevauche une troupe d’hommes d’armes pormontre, à cheval, entre un de ses officiers et

le

;

tant des lances et des

(i)

i3

Passavant. Ouv.

pennons

;

devant

lui,

deux

soldats, toujours à cheval,

dont

cit.

97


un trompette, vus de dos

au dernier plan, derrière des vallonnements, se dresse Ville Eternelle entourée de murailles et de tours, à laquelle on accède par un

la

pont

;

au tout premier plan

;

mesurant

comme

o”^2Ô sur

chaque

un chien couvert d’une armure. La planche,

se voit

en haut

côté, est signée

Bosche

«

»,

avec

A,

l’initiale

précédentes.

les

Héraclius entrant à Jértisalem avec la croix figure deux scènes différentes à gauche, l’Empereur, en armure, la couronne en tête, monté sur un cheval richement harnaché, suivi d’un nombreux cortège de cavaliers, est arrêté devant :

une porte ogivale murée, donnant accès dans Jérusalem, par un ange placé sur un balcon qui la surmonte et lui interdit l’entrée de la Ville Sainte avec ces paroles « C’est en marchant à sa Passion sans pourpre royale, monté sur une humble ânesse, que le roi des cieux vous a donné, à vous, son serviteur, un modèle :

d’humilité

»

;

à droite, Héraclius, cette

en chemise, nu-pieds, portant

fois,

la croix,

suivi pieusement de quatre serviteurs, se présente devant la porte de Jérusalem

que rien ne l’empêchera plus de porte toujours la

même

signature et la

même

Eléphant assiégé rentre dans maître.

Un

hommes d’armes

A.

des inventions drolatiques du

munis des engins

vaincus gisent à

les

est

plus hétéroclites. Certains de ces

sous de bizarres et extravagantes

terre, écrasés

que châteaux

forts et tours,

que

luttes

combats, auxquels prennent part non seulement des hommes, mais aussi des

et

cerfs,

des lions, des taureaux, des ours,

etc.

cette planche, l’une à la Hof-bibliothek

Muséum, dans «

lettre

série

la

ce ne sont, de côté et d’autre,

;

planche, haute de o“2Ô sur o™i8,

éléphant bizarrement caparaçonné, portant une tour sur son dos,

assiégé par des soldats

machines

La

franchir.

Bosche

», et,

la collection

à droite, celui de

dans V Eléphant assiégé détruire le pouvoir

Le côtés

Peart

les

effets

;

elle

porte en haut, à gauche,

le

la robe,

de

la

un

demi

de

Peut-être,

mais ce

un jeune homme jouant de

n’est pas certain.

aux

la guitare,

auprès d’une fontaine hexagonale surmontée d’une

sommet

est

occupé par un

petit

il

Mannekenpis nu

soulève légèrement

assis à terre, satisfait ses besoins naturels

;

le

;

au bas

en arrière

scène se dresse une vigne aux lourdes grappes de raisin, sur les sarments de

laquelle perche lettre

fou, à

nom

Hameel » précédé de l’initiale A. Faut-il voir du peuple oppressé, essayant d’abattre et de

pied de la fontaine, en avant de la jeune femme, dont

de

le

«

couple de Mtisiciens, c’est

colonne en spirale dont

ne connaît que deux épreuves de

de Vienne, l’autre à Londres, au British

du maître, du seigneur?

d’une jeune femme,

On

A

mesure

un corbeau au bec

entr’ouvert.

se trouve inscrit à gauche, o"^24 sur

chaque

côté.

On

au

tiers

de

Le mot la

«

Bosche

hauteur de

»

la

suivi de la

planche qui

ne connaît qu’une unique épreuve au British

Muséum. Le Jeune homme aux guirlandes, comme son

98

titre l’indique,

montre un




^

IN\

^09

S



gentilhomme, vêtu à

élégant

amoureuses. Seule de

tions

nom

ne porte pas le

de

celui

Hameel

«

Le

Bosch.

la

mode du temps,

entouré de banderoles à inscrip-

la série, cette planche,

haute de o'^09

de Bosche, mais seulement à sa base, en

».

que

lettres

de o^j,

gothiques,

Hieronymus en sache appartient au Cabinet des Estampes

Elle semble, néanmoins,

seul exemplaire

et large

l’on

bien appartenir à

de Dresde.

Les gravures d’Alart du Hameel, des plus rares

comme nous venons

ont sans aucun doute été burinées d’après des dessins à l’encre exécutés à

voir,

cet effet

par Hieronymus Bosch li^i-même et incontestablement sous sa direction.

minutieuses

Sortes de calligraphies

d’un faire très exercé et très

exactes,

et

d’une netteté qui n’exclut pas la souplesse, elles rendent clairement les

fidèle,

compositions

si

compliquées

du maître. Aucun de

et si dispersées

brables épisodes n’est négligé ni, de leurs détails, oublié. voit la satisfaction les varier,

dont

de

le

noirs,

leurs

innom-

Ces planches, où se

naïve de leur auteur à conduire les lignes, à

les

combiner, à

sont traitées d’une pointe acérée, d’ordinaire à tailles très peu croisées,

plus ou

moins de rapprochement,

nous n’osons dire

valeurs

les

;

elles

le

plus ou moins d’épaisseur forme les

prouvent néanmoins une maîtrise éton-

nante pour l’époque. Notons, en passant, qu’elles offrent, entre elles, de sensibles différences

Les gravures du

de procédés d’exécution.

Jugement

de

dernier,

du Cotiple de musiciens auprès d’une fontaine sont d’un faire beaucoup plus mince que celui du Saint Christophe. Ce dernier rappelle quelque peu les anciens bois allemands. Pour les planches de Constantin le Grand regardant l’apparition de la croix et d'Héraclms entrant à Jérusalem, elles témoignent d’une habileté de métier incontestablement supérieure. Qu’en déduire, qu’Alart du Hameel a eu plusieurs manières ? Ces traductions variées de la pensée de l'Eléphant armé,

Jérôme Bosch sont-elles sorties de Ce qui

est

indiscutable,

l’aurore

du

XVP

siècle.

c’est

la

même

main, nous n’oserions

qu’elles appartiennent

unes

les

l’affirmer.

et les autres

N’oublions pas qu’Alart du Hameel est mort en

Le maître aux banderoles dont l’œuvre est mentée, date sa première production de

si

primitive,

1464.

Il

si

incertaine,

est vrai

si

i

à

5 io.

inexpéri-

que deux ans après

Jésus au bain du maître E. S. et que Martin Schongauer (i) beau Martin va bientôt préluder, par ses planches de la Mort de la Vierge

apparaît X Enfant

le

du Portement de croix, à ses chefs-d’œuvre, parmi lesquels premier rang sa Tentation de Saint Antoine.

et

A côté des planches d’une époque

cit.

faut mettre au

d’Alart du Hameel, d’autres, burinées par des graveurs

moins reculée qui

(i) E. Galichon. Ouv. Gaston Varenne. Ouv. cit.

il

;

n’étaient plus les contemporains de l’artiste, repro-

— A. van

Wurzbach. Ouv,

cit.

;

Léon Rosenthal. Ouv.

cit.

;

99


nombre de

duisent plus ou moins fidèlement un certain

Bosch, également disparues.

peintures de

Hieronymus

Gelles-ci consistent en vingt et une planches qui

ne nous font en réalité connaître que vingt nouvelles compositions du maître, puisque l’une d’elles n’est qu’une variante de \ Eléphant assiégé, déjà interprété par Alart du Hameel.

Commençons

la

petite d’entre elles, qui

revue de ces gravures par

les

Epreuves de Job,

ne mesure pas plus de o“io de hauteur sur

mot « Bos monogramme. Dans le

surmonté d’un couteau qui pourrait

»,

planche qui a

cette

tableaux consacrés au

même

sujet

être

plus

de largeur.

Traitée jusqu’à un certain point dans la manière d’Alart du Hameel,

en bas,

la

elle

une

d’incontestables rapports

porte,

sorte de

avec

ou inspirés par Jérôme Bosch,

peints

les le

patriarche est représenté à peu près nu, couvert d’ulcêres, assis sur son fumier,

aux tourments que lui infligent des démons placés derrière lui qu’au concert que lui donnent trois musiciens lui faisant face, l’un jouant d’une trompe à grosse embouchure un second, de la harpe un troisième, de la insensible aussi bien

;

;

flûte

dans

;

le

apparaît un château en flammes, sans doute la

fond, à droite,

demeure de Job.

Baptême dît Christ dont nous ne connaissons pas d’épreuve, avec la signature « Bos » Le Christ mené au Calvaire, autrement dit le Portement de croix, composition d’une quarantaine de figures, portant « Hieronymus Bos invenit ainsi que les vers latins que voici L. Lombard restituit et H. Cock excudit » C’est ensuite le

;

:

:

:

;

Vincitur insano patrum plebisqz tumultu

agnum

Pontius. atqz lupus

Cumqz

datus saevis ad

Militibus

chlamydem

dat prpeses iniquus

poenam sanctus

abiret

rubri sub tegmine cocci

Vestitur vilem. species ut cuncta cruentae

Mortis imago foret, spinis circumdedit almum

Nexa corotia caput. quoniam Omnia nostrorum susceperat

Le Jugement le

verset (2)

(1)

:

«

spineta benignus

malorum

ille

dernier, en forme de triptyque, porte sur le volet de gauche

lustorum animae

in

manu Dei

sunt nec attiget

Voici la traduction de ces distiques, des plus incorrects

insensées des anciens

et

(i).

du peuple

;

tel

un loup,

:

Ponce

illos cruciatus

(Pilate) cède

l’indigne gouverneur livre l’agneau.

»

;

aux imprécations

Comme

la sainte

victime marchait douloureuse, au supplice, elle fut revêtue, par les soldats, d’un mauvais manteau écarlate et afin que son visage présentât toutes les souffrances d’une mort horrible, on entoura sa blanche tête d’une couronne d’épines. (Le Christ) ne s’était-il pas chargé, lui si bon, de toutes les épines de nos péchés ?

Ces inscriptions sont tirées de la Bible, les deux premières, du Liber Sapientiae. Ch. III. Ver. mais toutes trois sont considérablement troisième, du Liber Psalmorum. Ch. XXIII. Ver. 7 et 9

(2) I

et 2

;

la

altérées.

100

;


t

7 rr



sur

le

volet de droite

defecerunt fores

%

«

:

et sur le

Impii multabuntiir pro cogitationibus suis ut qui a

panneau central

sempiternae ut ingredietur rex

volet de

gauche

«

ille

Tollite ô portae capita vestra, Attolimus

Gloriosus

Hieronymus Bos, inventer

«

:

:

Due

»,

».

Cette planche, signée sur

et

sur

le

le

panneau du milieu

:

Hieronymus Cock excude », n’est qu’une interprétation libre et d’un caractère beaucoup moins incisif, considérablement affaibli, du tableau du musée impérial «

de Vienne.

Jérôme Cock, né à Anvers en i5io, l’année même où s’éteignit, à Bois-leDuc, Alart du Hameel, mort dans sa ville natale en iSyo, est une curieuse figure. Après avoir fait le voyage d’Italie où, en i534, il grava une suite de Rtiines et de Paysages d’après son

commandait

il

Admis à

revint dans sa patrie.

la

abandonna bientôt après les pinceaux pour se livrer gravure et au commerce des tableaux et des estampes. « Il

Gilde de Saint-Luc en i545,

exclusivement à la

Matthys Cock,

frère

et achetait

il

des peintures à l’huile et en détrempe, des gravures au

Mander (i), qui ajoute qu’ « il devint un homme riche achetant maison sur maison ». Sa boutique, à l’enseigne des Qtiatre Vents, était fort achalandée et servait, comme l’a écrit M. Ch. Bernard (2), de

burin et à l’eau-forte

»,

rapporte Carel van

rendez-vous à tous les amateurs d’Anvers et d 'Académie, de lieu de réunion

pour

les

même

beaux

Cock d’après Hieronymus Bosch sont parmi

de l’étranger. C’était une sorte

Les planches de Jérôme

esprits.

de sa pointe

les principales sorties

savante et spirituelle. Ainsi que celles de ses collaborateurs Cornelis van Thienen,

beaucoup plus

Cornelis Danckertz, etc., elles sont

mentées que

les

productions

d’ Alart

;

mais,

n’ont plus leur naïveté, leur saveur, leur imprévu.

il

La

toute autre

faut le reconnaître,

science, hélas

!

elles

ne remplace

sentiment.

le

Vient ensuite tribulationes «

beaucoup plus expéri-

du Hameel, témoignent d’une

adresse à conduire les tailles, à les croiser

pas

habiles,

la

Tentation de Saint Antoine portant l’inscription

justorum de omnibus

iis

liberabit eos

Dominus

Hieronymus Bos inv H. Cock. excud. i565 » (3). Le sujet assez différent des représentations du

»,

et la

:

«

Multae

signature

:

;

même

motif par

le

maître,

avec l’édifice en ruines qui occupe le milieu de la composition, les tribulations cénobite figurées en divers épisodes sembleraient prouver

que

le

graveur ne

du

s’est

pas montré d’une fidélité absolue dans son interprétation.

Arrivons à Saint Martin (1)

(2)

Carel van Mander. Ouv. Ch. Bernard. Ouv. cit.

(4)

dans une barque, sur une

rivière

baignant

les

cit.

de la Bible, Liber Psalmorum, Ch. XXXIII. Ver. 20. partageant son manteau avec un pauvre avait été interprété dans les mêmes données par le graveur E. S. en 1466, et par le graveur W. A. en 1480. Voir R. van Bastelaer. Ouv. (

3 ) Cette inscription est tirée

(4)

Saint Martin

:


murailles d’une

ville

donne

la moitié

entre ces

assailli

malingreux dont l’un grimpe sur sa monture

d’estropiés et de il

à côté de son cheval,

fortifiée,

;

le

par une foule

:

geste par lequel

I

de son manteau à un misérable cause une bataille furibonde

gueux qui rampent,

sautillent sur le rivage,

ou nagent

mieux mieux; plus

l’eau, s’injuriant et se houspillant à qui

et clapotent

loin, d’autres

»

dans

^

embar-

i

cations s’éparpillent, bondées de passagers à en être submergées, dont les unes [

semblent assister à des joutes nautiques

La exc

»,

planche, en plus de la

marque

porte le quatrain que voici

De goede

y prendre part. Hieronymus Bosch invcntor

et les autres «

Sinte Martens

vechte

dont M. Maeterlinck Le bon

Au Il

(i)

om

hier gestelt

is

ainsi la traduction

Saint Martin est

ici

ils

dans

!

:

représenté ;

Bastelaer

se battent entre eux pour l’aubaine, cette

(2),

d’accord avec

nombre

méchante espèce.

d’autres critiques, est d’avis

première idée de la composition de Jérôme Bosch qui a servi de modèle à

gravure de ces régates burlesques,

la

quaet gedruys.

leur partage son manteau, au lieu d’argent

M. R. van la

dit

gelt;

milieu de toute cette engeance sale et pauvre

Et maintenant

que

de proeye

donne

H. Cock

:

Onder al dit grue vuyl arm gespuys, Haer deylende synen mantele, in de stede van

Nou

et

comme

il

s’en célèbre encore

kermesses flamandes, a été suggérée à

les

l’artiste

de nos jours

par un

Mystère en

l’honneur de Saint Martin, représenté de son temps, où l’acteur chargé du rôle

du

Saint, sans doute par suite d’une péripétie

pour chercher à échapper à quer à cheval

;

mais que

la

les

du

scénario, devait quitter le rivage

horde de mendiants qui

le

malingreux ne l’abandonnant pas pour cela se

ou usaient de tonneaux, de paniers, de rejoindre Saint Martin et monter sur sa barque.

jetaient à la nage,

La

barque bleue

harcelaient et s’embar-

vieilles

Die blauwe Scuyte, ou Die blau Scuyte

marmites pour

figure dans

une embarcation qui glisse au fil de l’eau un gros bonhomme réjoui, étendu tout de son long, deux hommes et deux femmes assis à ses côtés, chantant et discourant; à l’arrière, debout, le batelier, maigre et piteux, sur la tête une cruche entourée de sarments que viennent becqueter des oiseaux, sur le dos une lyre dont les cordes semblent faites de toiles d’araignée, tient d’une main sa rame et, de l’autre, une branche de fruits; au premier plan, sur le rivage, à gauche, un

102

(1)

L. Maeterlinck. Le genre satirique dans

(2)

R. VAN Bastelaer. Ouv.

cit.

la

peinture flamande, ouv.

cit.,

p. aSo.



1

i

)

j l

l

i

4

J

J % -f

y

'1

J

/ i

i


M.

canard; à droite, un corbeau.

L, Maeterlinck (i) y verrait volontiers une bourgeois riche et jouisseur et le poète pauvre

allusion établie par l’artiste entre le et rêveur.

loin le

Cette gravure porte les marques:

monogramme

«

Hieronymus Bosi nventor

Cock excudebat

et

avec les deux distiques que voici

iSSç,

d’abord ce premier

;

cum

plus

»,

gratia et privilegio

»,

:

Daer Platbroeck speelman is en stierman in de bane Daer sien hem de voghelen voer eenen huyben ane. et ensuite ce

second

:

En

al tiert

Het

syn gheselscap dat se moghen sweten

sullen de sanghers in de blau schuyte heeten (2).

Saint Martin à cheval dans une barque pas des souvenirs plus ou

Brandt, dont

dont

les

moins

Barqtie bleue ne seraient-ils

et la

lointains de la

Nef

des Fous,

de Sébastien

a déjà été question, qui eut à son apparition un succès immédiat et

il

gravures figurant des fous sur des barques devinrent vite populaires?

Les deux Aveugles montrent dans un paysage flamand borné à gauche par une ferme couverte de chaume, à droite par des troncs d’arbres, deux vieillards, d’une main

bourdon de

main posée sur l’épaule de son compagnon qui porte une vielle, tombant dans un fossé plein d’eau, paraphrase du verset XIV du chapitre XV de l’Evangile de Saint Mathieu « Si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tombent tous deux dans le fossé ». L’estampe porte l’inscription « H. Bos inventor. H. Cock excud», avec, au-dessus, l’un tenant

le

pèlerin, l’autre

:

le

monogramme

suivants

:

Coecus ducem se praebet alteri coeco Quod saepe nunc usuvenire lugendum est. Quid restât autem? nisi ut viae ignari, Qua destinatum consequi scopum detur. ;

Tandem Traduits

comme

suit

in

patentem uterque corruant fossam.

sur une épreuve de cette planche conservée à la

Bibliothèque royale de Bruxelles

(1)

L. Maeterlinck.

Bastelaer. Ouv. (2)

cit.,

Le genre

:

satirique dans la peinture flamande, ouv.

Sa compagnie a beau hurler jusqu’à en transpirer on les considère toujours comme les chanteurs de Platbroeck, dans le langage populaire

comme un

Barque bleue M. van Puyvelde.

inintelligent.

R. van

:

Là, où Platbroeck est le ménétrier et en même temps là, les oiseaux le prennent pour un hibou.

par

p. 284.

p. i3.

Voici l’interprétation de ces deux distiques

hibou, considéré

cit.,

la

le

conducteur,

barque bleue.

néerlandais, signifie lâche, peureux et aussi eunuque.

Le

oiseau qui fuit la lumière, s’applique, en la circonstance, à l’homme borné,

est l’équivalent

de conte bleu, en français

— Traduction

et note

communiquées


Voyez comment le pauvre aveugle enfin se porte, Qui sur un autre aveugle ignoramment se fie Il va mal assuré, quyque fort il s’appuie Et se tienne à son homme. Ainsi par male sorte ;

Tombent dans

Ce

sujet des

fossé et luy et son escorte.

le

Aveugles devint

vite populaire,

il

sans doute déjà.

l’était

Il fut

Remarque curieuse faite nombre des aveugles ne fit

imité entre autres par Cornelis Metsys et Peter Bruegel.

par

M. R. van

Bastelaer

De deux

qu’augmenter.

montent à quatre dans

La

(i)

:

avec

le

temps,

le

qui figurent dans la composition de Jérôme Bosch,

celle

de Peter Bruegel. composition au

Baleine éventrée est cette célèbre

figurant l’énorme cétacé échoué sur

formidable coutelas à dents de

le

un homme, à

rivage, dont

ouvre

scie,

motif principal

d’un

l’aide

d’où s’échappent, ainsi que

les flancs

de sa gueule ouverte, une multitude de poissons qui se mangent entre eux

premier plan, dans une barque, sont assis deux pêcheurs le

mot

«

Vois,

Ecce

«

mon

petits ».

fils,

Sur

Il

depuis longtemps,

je le sais

au-dessous

Cock excu. iSSy

piscibus esca

comme

plus âgé dit à l’autre,

le

»,

le

monogramme

sur

puis, au-dessous, la phrase

«

;

le

au

entre eux se trouve

porte une inscription

à gauche

lit,

et

le

;

gros poissons mangent

les

coin inférieur de la planche on

le

Bos inventor «

— dont

»

ils

:

«

:

les

Hieronymus

coin inférieur, à droite

Grandibus exigui sunt

:

pisces

».

existe à l’Albertine de

Vienne un dessin daté de i55o

et signé

de Bruegel,

qui représente, à quelque chose près, la composition inversée de Hieronymus Bosch.

Viennent ensuite deux Fêtes de Carnaval. d’une chambre, au-dessus d’une cheminée, sous

un hibou en

pèlerin, est l’inscription

«

;

Une première où,

la

excudebat iSôy

»,

et

dans

de Vienne la

marge

Masquers

;

Hiero. Bos inventor

au bas de

la

»,

littérale,

planche on

entrez, laisses ce gras grouleur

Bien soies venu a nostre ducasse

bon cœur

nous faict les gauffres assez bien grasse buvons de ces te malvoisi garbe ce pendant quau sot on faict la barbe

Pypt nou vry oppe en speelt van hertten fier backt wafelen en struyven om wel te smeeren tis non al keremisse syt nou vrolyck hier dus brengt nialcanderen eens van den Rynschen Cleeren en wylt nou wt ghenuchten de sot wel scheeren. ;

(i)

104

R. VAN Bastelaer. Ouv.

cit.

et

variante ou plutôt

:

chantes, jouez, la vielle de

l’intérieur

gravure représentant un coq

reproduction, plus poussée, plus achevée, mais néanmoins la bibliothèque Albertine

dans

lit

du dessin de « H. Cock

:




Une «

seconde, dans laquelle se trouve

Hier. Bos. inve. Corn.

Van Tienen excud

un buste de Saint Jacques, porte

Les planches des Mendiants, infirmes et malingreux, ne sont, que

:

».

elles aussi,

reproduction du dessin de mendiants, d’infirmes, de malingreux de la

la

bibliothèque Albertine.

Sur vents

»

,

la

première se trouve l’inscription

avec la légende

:

«

Jer.

Aux

Bosche invent.

Quatre

:

Aidât op den blauwen trughel sack ghecne leeft Gaet meest al Cruepele op beyde syden Daerom den Cruepelen Bisschop, veel dienaers heeft Die om een vette proue den rechten ghanck myden (i).

dont voici

la

M. Maeterlinck

traduction empruntée à

:

Celui qui tient à vivre de la besace

Boite presque toujours des deux côtés C’est pour cela que l’évêque boiteux a un nombreux entourage, Qui pour une grasse prébende évite de marcher droit. ;

La seconde porte

«

:

Dese leronimus bosch hoe elck synen stryt

«

Aux Quatre

Jeron Bosch, invent.

Siet

vents

»,

puis

:

drollen, lang geprophiteert

hier

den

sin gheeft

Soo ongheschickt, nu oock tsweerelts stryt verabuyseerd Alsoo dat elck vat, geeft wt sulcks hy in heeft.

La

troisième,

«

Jeronimus Boss invent. Antwpia. A.

fe.

iSqq», et la légende

:

Wel gaender

om

Die

Nous avons

creupele op bey de syden een vette proye, den rechten ganck-myden.

un Saint Christophe dans la série des gravures données à Alart du Hameel en voici un autre, portant dans la marge «J. Kock, déjà décrit

:

;

G. Dankertz ex.

»

et la

légende

:

sacro curvatus pondéré pinu incertum per fréta caeca pedem Littore noctivago praetendit lumina mundo Non bene canities, sed mage grata Deo. Scilicet et pinu fidei, verigz Lucerna Pictum Littora, caelestem tendimus in patriam (2).

Aspicis ut Sulciat

Ce second Saint Christophe, fort différent du premier, composé dans un tout autre sentiment, gravé dans un esprit également différent, montre le Saint traversant les flots tumultueux d’une rivière appuyé sur un long bâton, les

L. Maeterlinck. Le genre satirique dans la peinture flamande, ouv. cit., p. 225 Ces vers semblent pouvoir se traduire ainsi Regarde comme ployant sous son poids sacré, le (2) aux cheveux blancs, guide avec son bâton, son pied incertain, à travers les sombres eaux. Il tourne

(1)

.

:

vieillard

ses regards vers le rivage

qu’appuyé sur

14

le

plongé dans

bâton de

la foi,

la nuit, se confiant

nous tendons vers

les

plus en la faveur divine qu’au

radieux rivages de

monde.

C’est ainsi

la céleste patrie.

lOD


épaules ployant sous la charge d’un énorme globe du l’Enfant Jésus

;

monde

sur lequel est assis

à gauche, se voient des grèves, des tours, des montagnes

;

à droite,

un bout de terrain, au pied d’un tronc d’arbre dont les branches enserrent une chaumière, un ermite éclaire le passeur à l’aide d’une lanterne.

sur

Cette gravure mesure o”"3i de largeur sur 0^24. de hauteur.

colonne de son martyre, mesurant o“ii de montre, pour toute signature, la lettre B et le

Sain/ Sébastien attaché à hauteur sur o'"o8 de largeur,

la

couteau que nous avons rencontrés sur

les

Epreuves de Job.

un second Eléphant assiégé, déjà gravé avec autrement de caractère, par Alart du Hameel, ce qui nous dispense de le décrire haut de o'"4o sur « Hieronymus Bos inve. H. Cock excud. » avec ces o“ 54 de large, il porte « Temeritatis lignes dans la marge de l’estampe subiti ut vehementes sunt Voici

;

;

:

impulsus

;

quorum

hominum mentes

ictibus

concussae, nec sua pericula respicere,

nec aliéna facta justa aestimatione prose quivalent

».

Ecaille voguant sur feau, haute de o""28 sur o'^iqde largeur, porte au bas

de

la

planche, à droite, dans une sorte de cartouche

H. Cock

ex. i5ô2

».

Elle figure, dans une écaille de

«

:

Hieronimus Bos

inve.

moule entrouverte, des gens

musique sur des instruments en partie grotesques, s’embrassant à pleine bouche, mangeant, rendant par-dessus bord le superflu de leur ripaille à travers l’écaille supérieure, du fond de l’esquif, passe un arbre sur les branches faisant de la

;

duquel sont perchés un hibou

une

et

un autre

suspendues une cruche

oiseau,

et

jatte.

Une

La

autre planche,

Sobriété des Moines, inutile d’insister sur le sujet,

Hieronimus Bos

H. Cock. Exc. 1662 ». Puis vient un Charlatan faisant rendre une souris à un malade, portant la mention Bosch inventer. B. S. fecit ». Sur la bordure du « Jheronymus porte les mots

:

«

inv. et

:

vêtement de l’opérateur on

lit

:

«

D. Marcolenus R. V.

».

comme

Finissons cette revue par la Satire de la Chevalerie traitée

les

Epreuves de Job, dans le caractère maigre et sec des gravures de Alart du Hameel, figurant au milieu de la composition un rustre enfumant un homme caché sous une cloche, sur lequel des arbalétriers déchargent leurs arcs

un énorme casque, dont

le

au bout d’un bâton,

sert

une longue trompette

;

arrose

cette

le

cimier consiste en un paysan tenant un pot de bière

au dernier plan, entre autres épisodes, une

embroché

fer, si

et rôtissant

original, figuré

dans

vieille

femme

sur un brasier.

cette gravure,

se rencontre

maintes oeuvres de Jérôme Bosch, qui semble avoir eu pour

coiffure guerrière

croquis dans

106

et

à gauche,

dp prison à divers personnages dont l’un souffle dans

un chevalier bardé de Le casque à l’emploi

dans maintes

;

un goût tout

particulier.

On

dessin dernièrement identifié au Louvre

en trouve jusqu’à sept ;

un autre

figure dans la


Descente du Christ

aux

limbes, plus

ou moins empruntée au maître de Bois-le-Duc

par Peter Bruegel.

Mais revenons à

M.

L. Maeterlinck

semblent

revanche rêvée par

la

sauvage, deviennent, à leur tour,

révolte

leur

(i),

Satire de la Chevalerie, dont les divers motifs, selon

la

les

dans

les prolétaires qui,

bourreaux de leurs anciens

persécuteurs.

Bien d’autres gravures passent pour avoir été burinées d’après Hieronymus

Bosch

certifier l’authenticité

;

Ce qui

de doute,

est hors

étant tout au

De

de ces planches serait certainement

que nombre d’entre

c’est

moins exécutées dans sa manière

et

aller trop loin.

elles rappellent

son

signalons à part \ Eglise triomphante

maître,

le

style.

mesurant 0^09 sur chaque côté, dont une épreuve appartient au Cabinet des Estampes de Paris elle est figurée par une femme debout, drapée, aux longues ailes éployées, brandissant celles-ci

(2),

;

une épée de

la

main gauche

de trancher; autour

tête qu’elle vient

Citons ensuite

:

la

croix,

Saint Antoine,

de

Tentations

Femme

cheveux, dans

démons

des

cellule,

la

main

sorti

X Ivresse et la Gourmandise,

par

Un

toutes signées

du burin de Cornelis Galle

gravée

l’une

une

droite,

fuient de tous côtés.

Graisse et randouille, une Vision,

un Portement de

;

les

d’elle,

X Avare dans sa

fou rase tin autre fou,

H. Cock

tenant par

et

Petrus Firens,

;

l’autre

deux par

genoux d'un homme et une Famille de fous, provenant de l’officine. Aux Quatre vents une Société à table; une Bataille ; Jésus entre Marie et Saint Jean ; Saint Michel terrassant les démons ; Saint Antoine au milieu des diables ; Jés^ts mort sur les genoux de sa mère et soutenu par Saint Jean et Saint Jean à Pathmos. J.

Wierck

;

une

assise sur les

;

Ces différentes planches ont été burinées par portent les signatures, employés par

les

divers graveurs dont elles

Jérôme Cock, sous sa

direction, à ses dépens;

certaines par lui-même.

Pour souci

la

gravure connue sous

le

de Cornelis Galle, quoique

Jérôme Bosch,

il

n’est pas

Signalons,

enfin,

de

les

lui,

nom

de Sorgheloos Leven

le sujet

en

ait été,

La

vie sans

d’ordinaire, attribué à

mais bien de Jean Verbeeck, de Malines.

trois

gravures sur bois de

la

Tentation de Saint

Pathmos et de Saint Antoine au désert, de l’Histoire de Carel van Mander — édition de Jongh — qui passent pour avoir

Antoine, de Saint Jeaji à des peintres

été exécutées d’après

(1) (2)

doute

la

des dessins de Jérôme Bosch.

Le genre satirique dans la peinture flamande, ouv. cit. La gravure cataloguée par Renouvier, sous le titre de Saint Michel terrassant L. Maeterlinck.

même

que

celle

de VÉglise

les

démons, est sans

triomphante.

107



CATALOGUE DE L’ŒUVRE DE HIERONYMUS BOSCH



PEINTURES DE HIERONYMUS BOSCH, DE SON ÉCOLE ET DE SES IMITATEURS LES PLUS PROCHES I

L’Adoration des Mages.

— Triptyque.

Panneau

central.

H. i.33;

1.

0.71.

Le donateur et Saint Pierre. Volet de gauche. La donatrice et Sainte Agnès (?). Volet de droite. Musée Variantes

Prado, Madrid.

:

Eglise d’Anderlecht-lez-Bruxelles.

Provinzial

dît,

Muséum, Bonn.

Eugène Boismen, Nantes.

Rijksmuseum, Amsterdam.

Galerie de lord Lesconfield,

— Anciennement

2

L’Adoration des Rois. H. 0.72

3

L’Adoration des Bergers. H. 0.74

;

o. 56

1.

coll.

Musée de Saint-Omer.

Collection

Seymours, Londres.

.

Metropolitan 1.

;

Petworth, Angleterre.

Muséum,

New-Y ork, Etats-Unis.

0.60.

Musée de Cologne. Variante

Musée de

4

:

Bruxelles.

Le Couronnement Dans

d’épines.

les angles.

H.

i.65

1.

;

Saint Michel

et la

Chute des anges rebelles.

i.gS.

Casita de Abajo, Escurial. 5

Le Couronnement

Saint Michel et Triptyque. Panneau central.

d’épines.

la

Chute des anges rebelles.

Dans les angles. L’Arrestation du Christ. Volet de gauche. La Flagellation du Christ. Volet de droite.

Musée provincial. Valence, Espagne. Variante du Couronnement

6

Le Christ

d'épines

de l’Escurial et du Christ

injurié. H. o .85

;

1

.

injurié

du Musée d’Anvers.

0.6g.

Musée d’Anvers. 7

Le Christ au

prétoire. H. 0.75

;

1

.

0.61.

Ane* 8

Le Christ devant

Pilate. H. o.85

;

1.

Coll.

Kaujmann, Berlin.

i.o5.

Princeton

Art Muséum,

Etats-Unis.


Le Christ présenté au peuple.

9

N. B.

Coll.

Variantes

Paterson, Londres.

:

Rijksmuseum, Amsterdam. Académie des John G. Johnson, Philadelphie, Etats-Unis. Arts, Berlin. Musée de Bonn. Coll. Camberlyn d’Amougies, Pepinghem, Belgique. Coll, particulière. Trêves. Certaines de ces variantes rappellent également le Couronnement crépines de l’Escurial, le Christ injurié du Musée d’Anvers et le Christ devant Pilate àxa Princeton Art Muséum,

Coll.

Etats-Unis

10

Le Portement de

croix. H. 1.94

11

Le Portement de

croix. H. 0.72

12

Le Portement de

croix.

;

1.

i.

5 o.

Monastère de l'Escurial. ;

0.78.

1.

Musée de Gand. Coll. Ch.-Léon

— Triptyque. Panneau central.

Les Délices terrestres. Le Paradis terrestre. Volet de gauche.

i3

L’Enfer. Volet de

H. 2.20

;

1.

Cardon, Bruxelles. i.gS.

droite.

Monastère de VEscurial. Variantes

:

Panneau central, Coll. Ch.-Léon Cardon, Musée du Prado, Madrid.

Bruxelles.

Le Char de foin. Triptyque. — Panneau central. H. 1.62 La Chute des anges rebelles et le Paradis terrestre.

14

Lucas Moreno,

Coll.

1.

;

i.o 5

Paris.

Volets

:

.

Volet de gauche.

L’Enfer. Volet de droite. Vagabond. Volets extérieurs.

Un

Monastère de VEscurial. Variantes

Panneau

:

Espagne.

central, palais d’Aranjuez,

Volet de droite, Monastère de l’Escurial.

Le Christ chassant

15

Volet de gauche. Musée du Prado. Madrid.

— Musée du Prado,

Madrid

les marchands du temple. H. 0.76

;

1.

Les Sept Péchés capitaux. Panneau en carré. LE Paradis et l’Enfer aux angles. H. 1.20

— ;

1.

[Vision de Tondalé).

0.60.

Coll.

16

Claude Philipps, Londres.

La Mort, le Jugement dernier, i. 5 o.

Monastère de VEscurial.

L’Enfer ou

17

le

Purgatoire. H. 0.57

;

1

.

0.54. Coll.

Variante

Demogé, Paris.

:

Coll. Ollivier, Paris.

18

Une Ame conduite par un ange

19

Fantaisie morale.

(Signé P. H.

— Peter Huys).

H. o. 35 1 0.78. Musée du Prado, Madrid. ;

.

Coll. José Lazaro,

112

Madrid.


20

Fantaisie grotesque (Signé Peter Huys). H. o.86

21

Paysage fantastique

22

Les Epreuves de Job, H. 0,67

1

;

0.82.

.

Musée du Prado, Madrid.

H. 0.49

(Style de Peter Huys).

;

1

.

0.64.

Musée du Prado, Madrid. ;

1

.

1.41.

Musée de Douai. Variante Coll.

Max

:

de Coninck, Dieghem lez-Bruxelles,

Le Jugement dernier. — Triptyque. Panneau central. La Chute des anges rebelles et le Paradis terrestre.

23

Volet de gauche.

L’Enfer. Volet de droite. Saint Bavon. Volet extérieur de gauche. Saint Jacques. Volet extérieur de droite. Académie des Beaux-Arts, Vienne.

Variantes

:

Kaiser Friedrich être de Jean

Muséum

Mandyn).

Maeterlinck (pourrait être sur l’autre face,

La

(de l’école de

Cranach

le Vieux), Berlin.

Musée de Bruges, triptyque de H. Met de Blés), Gand.

Vierge abritant sous son manteau

24

Le Jugement dernier. H.

25

Les Châtiments de l’Enfer.

26

La Descente du Christ aux Enfers.

27

La Descente du Christ aux Enfers.

28

Le Jugement dernier.

0.70

;

1.

Musée de Bruxelles (pourrait H. Met de Blés). Coll.

(pourrait être de

Musée de Douai (panneau à deux

faces

;

religieux de l'ordre de Citeaux).

les

i.o 5 .

Ane*

Coll. Pacculy, Paris.

Harrach, Vienne.

Coll.

Musée Impérial de Vienne.

capitaux (Imitation

Palais royal de Hampton Court, Angleterre. Les sept Péchés Les sept Œuvres de Miséricorde. 1 parties). H. 1.12 de Bosch en certaines 1.74,

;

,

M usée d'A nvers. 29

Les différents épisodes de la Passion (Ecole de Henri de

3o

Saint Jérôme, Saint Antoine et Saint Gilles. central. H. 0.84 1 0.61. Saint Antoine. Volet de gauche. H. 0.84; 1 o. 36 Saint Gilles. Volet de driote. H. 0.84 1. o. 36 ;

H. 1.12 1 1.74. Musée d’Anvers. Triptyque. Saint Jérôme. Panneau

Clève).

;

.

.

.

.

.

;

Musée Impérial de Vienne.

Le Martyre de Sainte

3i

Julie.

— Triptyque,

Saint Antoine. Volet de gauche. H. i.oo

Le Port de Capo Corso. 32

33

;

1.

Panneau

central.

H.

i.oo

;

0.60.

1.

0.25.

Volet de droite. H. i.oo

:

1

.

0.25.

Musée Impérial de Vienne. Saint Jean a Pathmos. Revers du panneau. La PASsioN du Christ. Kaiser Friedrich Muséum, Berlin. La Tentation de Saint Antoine. Triptyque. Panneau central. H. i. 3 i 1 1.18.

Saint Antoine évanoui. Volet de gauche. Autre Tentation de Saint Antoine. Volet de

i5

;

.

droite.

ii3


L’Arrestation du Christ. Volet

Le Portement de

extérieur de gauche.

croix. Volet extérieur de droite. Palais de Necessidades, Lisbonne.

Variantes

:

— Monastère de l’Escurial. — Rijksmuseum, Amsterdam. — Musée — Musée de Bonn. — Musée Impérial de Vienne. — Coll, du duc d’Anhalt, Woerlitz, Allemagne. — Coll. Cels, Bruxelles. — Coll. Blundell, Liverpool. — Coll. Mayer van den Bergh (pourrait être de Peter Huys), Anvers. — Coll. Durrieu (de Peter Huys), Paris. — Galerie Corsini (de Jean Mandyn), Florence. — Galerie Colonna, Rome. — Galerie Doria, Gênes. Musée de

Bruxelles, triptyque.

d’Anvers.

La Tentation de Saint Antoine. H.

o.5g

;

1.

o.8o. Coll. Ch.

Variante Ane*

coll.

Brunner, Paris.

:

Haro, Paris.

La Tentation de Saint Antoine. H.

0.4g

;

1.

o.5i.

Musée du Prado, Madrid.

La Cure de la

folie. H. 0.4g

;

1.

o.3g.

Musée du Prado, Madrid. Variantes Rijksmuseum, Amsterdam. :

Musée de Saint-Omer.

L’Enfant prodigue. Panneau rond

;

diamètre o.63. Coll. Figdor, Vienne.

Le Charlatan.

H., 0.60

;

1.

0.72.

Musée de Saint-Germain-en-Laye, France. Variante

:

Galerie Crespi, Milan.

Saint Jacques triomphant du Magicien. Revers du panneau. Mendiants a la porte d’un couvent. Musée de Valenciennes.

Concert allégorique. Coll. Pontalba, Senlis.

Concert dans une barque (La Nef des

Fous). H. o.5g

;

1.

o.33. Coll. C. Benoit, Paris.

La Sirène a

sa toilette. Panneau rond

;

diamètre 0.20.

Musée de Douai.

PEINTURES PERDUES DE HIERONYMUS BOSCH La Fuite en Egypte. Cité par Carel van Mander.

Le

Christ délivrant les Patriarches dans les limbes. Cité par Carel van Mander.

Le Portement de Croix. Cité par Carel van Mander.


46

Le Portement de Croix.

47

Un Moine

48

Un

49

La Création du Monde.

5o

Abigaïl prosterné devant le roi David.

5i

L’Adoration des Rois.

52

Le Siège de Bethulie.

53

Le Meurtre d’Holopherne.

54

La Fuite des Assyriens.

55

Mardochée et Esther.

56

Triomphe du peuple

Église Sainte-Pharaïlde, de Gand.

discutant avec un hérétique. Cité

par Carel van Mander.

Cité

par Carel van Mander.

Prodige.

Cathédrale de Bois-le-Duc. Cathédrale de Bois-le-Duc. Cathédrale de Bois-le-Duc.

Cathédrale de Bois-le-Duc. Cathédrale de Bois-le-Duc. Cathédrale de Bois-le-Duc.

Cathédrale de Bois-le-Duc. juif.

Cathédrale de Bois-le-Duc.

'

5;

L’Entrée du Christ a Jérusalem.

— Triptyque.

58

La Nativité et la Résurrection.

Volets.

5g

Le Christ en croix

6o

SiCUT ERAT IN DIEBUS NoÉ.

6i

Chirurgiens extrayant la pierre de folie.

62

La Tentation de Saint Antoine.

63

Têtes.

64

Têtes.

65

Banquet de noce

66

La Tentation de Saint Antoine.

67

La Tentation de Saint Antoine.

Panneau

central.

Cathédrales de Bois-le-Duc

avec

le

et

de Bonn.

Limbe des patriarches. Coll, de l’archiduc Ernest. Coll, de l'archiduc Ernest.

Coll, de l’archiduc Ernest.

Inventaire de la succession de Rubens. Inventaire de la succession de Rubens.

Inventaire de la succession de Rubens. (à la

façon de Jérôme Bosch). Inventaire de la succession de Rubens.

Wauters, Bruxelles. Chanoine Wauters, Bruxelles.

Cabinet du Chanoine Cabinet

68

dxi

La Fortune. Palais Grimani, Venise.

69

Diableries et visions.

70

La Baleine engloutissant

Palais Grimani, Venise.

Jonas. Palais Grimani, Venise.

71

Aveugles chassant une truie. Coll, de Philippe II, roi d'Espagne.

72

Danse a la mode de Flandre. *

73

Coll, de Philippe II, roi d’Espagne.

Sorcière débarbouillant un personnage. Coll, de Philippe II, roi d’Espagne.

74

L’Éléphant armé. Coll, de Philippe II, roi d’Espagne.

ii5


Le Voyage du Christ aux Enfers.

75

Coll, de Philippe II, roi d’Espagne.

La Tentation de Saint Antoine.

76

Panneau

Triptyque. Saint

Antoine un livre a la main.

central.

77

Saint Antoine a genoux

78

Une Fête de Carnaval.

79

Un

80

Une

81

L’Homme sur la

82

Tête de Cheval mort décharnée.

83

Un Enfant

84

Un

et

Saint Antoine une cloche a la main. Volets. Inventaires des palais royaux d'Espagne. Inventaires des palais royaux d’Espagne.

Mariage. Inventaires des palais royaux d'Espagne.

Orgie. Cité par

Cean Bermudez.

glace. Inventaires des palais royaux d'Espagne.

Inventaires des palais royaux d'Espagne.

monstrueux. Inventaires des palais royaux d’Espagne.

gros souffleur. Inventaires des palais royaux d'Espagne.

85 ^

Un aveugle

conduisant un autre aveugle.

— Peinture à

Inventaires des palais royaux d'Espagne.

86

Le Tribunal Suprême.

87

Saint Christophe traversant une rivière.

88

Saint Christophe et Saint Antoine.

89

La Tentation de Saint Antoine.

90

Un

91

Une Maison avec une

92

Saint Martin entouré de pauvres.

l’huile.

Inventaires des palais royaux d'Espagne.

Inventaires des palais royaux d'Espagne.

— Effet de

Inventaires des palais royaux d’Espagne. nuit.

Inventaires des palais royaux d’Espagne.

Sorcier. Inventaires des palais royaux d’Espagne.

vieille sur la porte. Inventaires des palais royaux d’Espagne. Inventaires des palais royaux d’Espagne.

94

— Esquisse. Inventaires des palais royaux d’Espagne. Saint Martin entouré de pauvres. — Esquisse,

95

Caresme et Charnage.

96

Le Marchand de soufflets.

97

Le Joueur de Cornemuse. Le Christ mené au calvaire. Le Jugement dernier (gravé par

93

Saint Martin entouré de pauvres,

Inventaires des palais royaux d’Espagne.

Inventaires des palais royaux d’Espagne.

A ne. 98

99

Coll, de l’évêque de Siguenza

Alart du Hameel),

Etc., etc.

PRINCIPALES PEINTURES ATTRIBUÉES A HIERONYMUS BOSCH PASSÉES EN VENTE PUBLIQUE 100

Le Jugement dernier.

101

Saint Roch.

Vente Férol, Paris, iSay. Vente Simons, Paris, iSqy.

116


102

Le Jugement dernier.

io3

Sujet allégorique.

104

La Nativité

io5

L’Adoration des Bergers.

106

L’Adoration des Mages.

107

Le Christ en

108

La Vierge et l’Enfant

109

L’Adoration des Mages.

IIO

L’Adoration des Mages.

III

Le Jugement dernier.

112

Le Jugement dernier.

ii3

Le Riche et la Mort.

114

L’Enfer. Volets de triptyque.

ii5

La Tentation de Saint Antoine.

Vente Standisch, i853.

Vente du roi Louis-Philippe, Londres, i853.

Vente Baynton, i853. Vente Baynton, i853.

Vente Weyer, Cologne, 1862

.

Vente Lopez Cepero, 1868

.

Croix. Jésus. Vente Quenisson, i 86ç. Vente Wolsey, i 86g.

Vente R. Sabatier, Paris, i883. Vente Nieuwenhuys, i883. Vente Odiot, Paris, i 8ço. Vente Grignon-Dumoulin, Paris, içoo. Vente Desping, Paris, igoo.

Triptyque. Vente Guimbail, Amsterdam, igoS.

DESSINS DE HIERONYMUS BOSCH OU DE SON ÉCOLE I

Croquis pour une Tentation de Saint Antoine.

2

Concert dans une barque

3

Un Charlatan.

Musée du Louvre, Paris. (la

nef des fous).

Musée du Louvre, Paris. le

Concert charivarique. Sur une même

feuille, le

premier au recto,

second au verso.

Musée du Louvre, 4

Croquis de mendiants, d’infirmes,

Paris.

etc.

Bibliothèque Albertine, Vienne. 5

Une Fête de Carnaval. Bibliothèque Albertine, Vienne.

6

Croquis de deux Femmes. Bibliothèque Albertine, Vienne.

7

Scène dans une barque. Académie des Beaux-Arts, Vienne.

8

La Vierge et Saint Jean au pied de la

9

Deux Figures de Femmes affrontées.

Croix. Cabinet des Estampes, Dresde.

Cabinet des Estampes, Dresde.

10

Deux Figures fantastiques. Cabinet des Estampes, Dresde.

117


La Tentation de Saint Antoine.

II

Cabinet des Estampes, Berlin.

12

Danse de Paysans.

13

La Vierge appuyée sur Saint

14

Femme rasant un Paysan.

15

Croquis de Personnages grotesques.

16

Croquis de Personnages grotesques.

Cabinet des Estampes, Berlin.

Jean. Pinacothèque, Munich. British

Muséum, Londres.

University Galleries, Oxford. University Galleries, Oxford.

Réunion de dix Figures.

17

Coll. Pierpont

TAPISSERIES

Morgan, Londres.

DONT LES CARTONS SONT ATTRIBUÉS A HIERONYMUS BOSCH

1

Les délices terrestres.

2

Le Départ de Saint Antoine pour la retraite.

3

Saint Antoine tenté par les démons.

4

Saint Antoine en prière au mont Colzin.

Palais royal, Madrid. Palais royal, Madrid.

Palais royal, Madrid. Palais royal, Madrid.

GRAVURES EXÉCUTÉES PAR ALART DU HAMEEL, H. COCK ET AUTRES, D’APRÈS HIERONYMUS BOSCH 1

Le Serpent

2

Le Jugement dernier.

d’airain. Alart du Hameel.

H. 0.26;

1

0.19.

.

Bibliothèque Alhertine, Vienne.

Alart du Hameel. H. 0.24;

1

.

o. 35 .

Palais des Beaux-Arts de la Ville (Coll. Dutuit), Paris.

Amsterdam.

British

Bibliothèque Albertine

et

Muséum, Londres.

Hof-Bibliothek, Vienne.

Cabinet des Estampes, Dresde.

Cabinet des Estampes,

University Galleries, Oxford.

— Cabinet des Estampes, Berlin.

Cabinet des Estampes, Erancfort.

Saint Christophe portant l’Enfant Jésus. Alart du Hameel. H. 0.20;

3

Cabinet des Estampes, Amsterdam.

University Galleries, Oxford.

1

,

0.34.

Bibliothèque

Ambroisienne, Vienne.

Constantin le Grand, a la tête de son armée, contemplant l’apparition de la VRAIE CROIX. Alart du Hameel. H. 0.24; 1 0.20.

4

.

British

Muséum, Londres.

— University Galleries,

Oxford.

— Coll. Rothschild,

Paris.

Héraclius ENTRANT a Jérusalem avec le bois de la croix. Alart du Hameel. H. 0.20

5

1.

Palais des Beaux-Arts de la Ville (Coll. Dutuit), Paris.

— 118

;

o.ig.

Hof-Bibliothek, Vienne.

— British Muséum,

Londres.


6

L’Eléphant assiégé.

H, 0.20; 1. o.33. British Muséum, Londres.

Alart du Hameel.

7

Un couple de

8

Le Jeune homme aux guirlandes.

9

Les Epreuves de Job. H. o.io;

HoJ-Bibliothek, Vienne.

musiciens auprès d’une fontaine. Alart du Hameel. H. 0.24

;

1.

0.12.

British Mtiseum, Londres.

Alart du Hameel. H. 0.0g

;

1.

0.07.

Cabinet des Estampes, Dresde. 1

0.09.

.

University Galleries, Oxford.

10

Le Baptême du

II

Le Portement de Croix.

Christ. L.

Lombard

et

H. Cock. Coll. Ollivier, Paris.

12

Le Jugement dernier.

Triptyque. H. Cock. Panneau central. H. 0.32

La Chute des anges rebelles H. 0.32;

1.

le Paradis terrestre. H. Cock. Volet de gauche.

et

0.12.

L’Enfer. H. Cock. Volet de

droite.

H.

0.32

;

1.

0.12.

Cabinet des Estampes, Paris. — Cabinet des Estampes, Bruxelles. — i3

La Tentation de Saint Antoine. H.

Cock. H. 0.32

;

1.

Cabinet des Estampes, Brtixelles.

Saint Martin dans une barque assailli par des mendiants. H. o.33; Cabinet des Estampes, Paris.

i5

La Barque bleue. H.

Cock. H. 0.23

;

1.

Les deux Aveugles. H. Cock. H. 0.19

;

La Baleine éventrée. H. Cock. H.

1.

Une Fête de Carnaval. H.

Ollivier, Paris.

0.21;

Cock. H. 0.20

Coll. Speltinckx,

Gand.

0.25.

— Cabinet des Estampes, Bruxelles.

o.3o.

1.

— Cabinet des Estampe'^, Bruxelles.

Cabinet des Estampes, Paris.

i8

0.42.

0.29.

Cabinet des Estampes, Paris. 17

1.

— Cabinet des Estampes, Bruxelles. — Coll. Cabinet des Estampes, Paris.

i6

Coll. Ollivier, Paris.

0.42.

Cabinet des Estampes, Paris.

14

0.23.

1.

;

;

1.

0.28.

— Cabinet des Estampes, Amsterdam.

Cabinet des Estampes, Paris.

19

Une Fête de Carnaval.

20

Mendiants, infirmes et malingreux. Aux Quatre

C. van Tienen. vents.

Cabinet des Estampes, Brîixelles.

Même sujet. Aux Quatre vents. et malingreux. Même sujet. Antwpia. A. fe.

21

Mendiants, infirmes et malingreux.

22

Mendiants, infirmes

Cabinet des Estampes, Paris.

23

Saint Christophe traversant une rivière.

24

Saint Sébastien attaché a une colonne. B. H. o.ii

25

L’Éléphant assiégé. H. Cock. H.

J.

Cock, C. Dankertz. H. 0.24

;

1.

0.19.

Cabinet des Estampes, Paris. ;

1.

0.08.

University Galleries, Oxford.

0.40

;

1.

0.54.

Cabinet des Estampes, Paris.

— Cabinet des Estampes,

Amsterdam.

119


L’Écaille voguant sur l’eau. H. 0.20

2.6

;

1.

0.29.

Cabinet des Estampes, Paris.

— Cabinet des Estampes, Amsterdam.

La Sobriété des moines, H. Cock. Le Charlatan faisant rendre une souris a un malade. La Satire de la Chevalerie.

27 28

29

B. S.

Cabinet des Estampes, Bruxelles.

GRAVURES EXÉCUTÉES PAR H. COCK ET AUTRES DONT LA COMPOSITION EST ATTRIBUÉE A HIERONYMUS BOSCH L’Eglise triomphante. H. 0.09

30

1/2

;

1

.

0.09.

Coll. Ollivier, Paris.

— Cabinet des

Estampes, Bruxelles.

Cabinet des Estampes, Paris.

L’Avare dans sa cellule. H. Cock. H.

31

0.21

;

1

.

0.29.

Cabinet des Estampes, Paris.

32

L’Ivresse et la Gourmandise. H. Cock.

33

Un Fou

rase un autee Fou. H. Cock. La Graisse et l’Andouille. H. Cock. Une Vision. H. Cock.

34 35

Le portement de Croix. Corn. Galle. La Tentation de Saint Antoine. Petr. Firens. La Tentation de Saint Antoine. J. Wiercx.

36 37

38

Saint Antoine au milieu de diables. Une Femme assise sur les genoux d’un Homme. Aux Quatre vents. La Famille des Fous. Aux Quatre vents. La Société a Table. Une Bataille. H. 0.29 1 0.42. JÉSUS entre Marie et Saint Jean. H. o.33 1. 0.24.

3g

40 41

42 43

.

;

44

;

Ane.

Coll. Delbecq.

JÉSUS mort sur les genoux de sa mère soutenu par Saint Jean. Six autres sujets dans les fonds. Ane. Coll. Delbeeq.

45

GRAVURES SUR BOIS DONT LA COMPOSITION EST ATTRIBUÉE, SANS PREUVES, A HIERONYMUS COCK La Tentation de Saint Antoine. H. 0.26 Saint Antoine au désert. Saint Jean a Pathmos. H. 0.27 1. 0.34.

46 47 48

;

120

;

1.

o.38.


TABLE DES PLANCHES PEINTURES 1.

Portrait de

Hieronymus Bosch, d’après

gravure du recueil de

la

Lamp-

sonius

en frontispice

.

2.

Portrait de Hieronymus Bosch, d’après

3.

L’Adoration des Mages, triptyque, avec ses volets

dessin du recueil d’Arras.

le

:

.

en regard page

i

Saint Pierre et le

donateur Sainte Agnès ? et la donatrice (Musée du Prado, Madrid). ;

»

»

2

4.

L’Adoration des Mages, triptyque, panneau central (Musée du Prado, Madrid).

»

»

2

5.

L’Adoration des Mages, triptyque, avec ses volets

»

»

4

(Église d’Anderlecht, Bruxelles). 6.

L’Adoration des Mages (Rijksmuseum, Amsterdam).

»

»

6

7.

L’Adoration des Rois (Metropolitan Muséum, New-York).

»

»

6

8.

L’Adoration des Bergers (Musée de Cologne).

»

»

8

9.

Le Couronnement

«

»

8

10.

Le Couronnement

»

10

»

10

»

«

12

»

»

14

14

»

»

16

»

16

18

d’épines

(Casita de Abajo, Escurial, Espagne).

d’épines, triptyque, avec ses volets

:

l’Arrestation et

du Christ (Musée de Valence, Espagne).

la Flagellation

11.

Le Couronnement

12.

Le

d’épines, triptyque,

panneau central

(Musée de Valence, Espagne). Christ injurié

(Musée d’Anvers). 13.

Le

Christ au prétoire (Ane. Coll. Kaufmann, Berlin).

14.

Le

Christ devant Pilate (Princeton Art

15.

Le

Muséum, New-Jersey,

Etats-Unis).

Christ présenté au peuple (Coll.

John G. Johnson, Philadelphie, Etats-Unis).

16.

Le Portement de

17.

Le Portement de

croix

(Palais de l’Escurial, Espagne).

croix

(Musée de Gand).

16

121


18.

Le Portement de Les Délices

19.

croix

en regard page

i8

Ch. -Léon Cardon, Bruxelles).

(Coll.

terrestres, triptyque,

panneau central

»

»

20

»

»

20

»

»

22

»

»

22

>'

»

24

»

»

24

»

»

26

»

»

26

»

»

28

»

»

28

»

»

28

»

»

3o

»

»

3o

»

»

32

»

»

32

»

»

34

(Palais de l’Escurial, Espagne).

20.

Les Délices

médiane du panneau central

terrestres, triptyque, partie

.

(Palais de l’Escurial, Espagne).

21.

Les Délices

terrestres, triptyque, fragment de

gauche du panneau central

(Palais de l’Escurial, Espagne).

22.

Les Délices

terrestres, triptyque, volets

:

Le Paradis terrestre

et l’Enfer

(Palais de l’Escurial, Espagne).

23.

Les Délices

terrestres, triptyque,

...

fragment du volet de l’Enfer

(Palais de l’Escurial, Espagne).

24.

La

25.

Le Char de

Vision de Tondale (Musée du Prado, Madrid). foin, triptyque, volets extérieurs

....

Le Vagabond

:

(Palais de l’Escurial, Espagne).

26.

Le Char de

foin, triptyque,

avec ses volets

:

Le Paradis

terrestre et

l’Enfer (Palais de l’Escurial, Espagne).

27.

Le Char de

foin, triptyque,

panneau central

(Palais de l’Escurial, Espagne).

Les Marchands chassés du temple

28.

(Coll.

Claude Philipps, Londres).

Les Sept Péchés capitaux, avec les médaillons de du Jugement dernier et du Paradis

29.

la

Mort, de l’Enfer,

(Palais de l’Escurial, Espagne).

30. Fantaisie

morale

(Coll. José Lazaro,

31. Peter

Madrid).

Huys. Fantaisie grotesque (Musée du Prado, Madrid).

Les Epreuves de Job

32.

(Musée de Douai). 33.

Les Epreuves de Job (Coll.

Le Jugement

34.

Max

de Coninck, Dieghem-lez-Bruxelles).

dernier, triptyque, volets extérieurs

:

Saint

Bavon

et Saint

Jacques de Compostelle (Académie des Beaux-Arts, Vienne). 35.

Le Jugement

dernier, triptyque, avec ses volets

:

Le Paradis

terrestre

et l’Enfer

»

36

36

(Académie des Beaux-Arts, Vienne). 36.

Le Jugement

dernier, triptyque,

panneau central

(Académie des Beaux-Arts, Vienne). 37.

Le Jugement

dernier

38

(Ane. Coll. Pacculy, Paris). 38.

H. Met de

Blés.

Le Jugement

dernier, triptyque, avec ses volets

I22

Le ”

Paradis et l’Enfer (Coll. L. Maeterlinck,

:

Gand).

38


/

3 g.

Le Jugement

dernier et la Vierge abritant sous son manteau l’ordre de

Cîteaux, panneau à deux faces

en regard page

40

(Musée de Douai). 40. y^ean

Mandyn

Les châtiments de l’Enfer

?

41.

La Descente du

42.

Le Jugement

Christ aux Enfers (Musée Impérial de Vienne). dernier, les Sept

Péchés capitaux

et les

»

40

»

»

40

»

»

42

»

»

42

»

»

44

»

»

44

»

»

46

»

»

46

»

»

46

»

»

48

»

»

48

»

»

5o

Sept Œuvres de

Miséricorde (Musée d’Anvers). 43.

»

Harrach, Vienne).

(Coll.

Henri de Clève

Les

?

différents

Episodes de

la

Passion

(Musée d’Anvers). 44. Saint Jérôme, Saint Antoine et Saint Gilles, triptyque, avec ses volets

:

Saint Antoine et Saint Gilles

(Musée Impérial de Vienne). 45. Saint

46.

Jérôme, Saint Antoine et Saint Gilles, triptyque, panneau central. (Musée Impérial de Vienne).

Le Martyre de et le

47.

Sainte Julie, triptyque, avec ses volets

:

Saint Antoine

Port de Capo Corso (Musée Impérial de Vienne).

Le Martyre de

Sainte Julie, triptyque, panneau central

(Musée Impérial de Vienne). 48. Saint

Jean à Pathmos (Kaiser Friedrich

49.

La Tentation de

Muséum,

Berlin).

Saint Antoine, triptyque, avec ses volets

(Palais de Necessidades, Lisbonne).

5 0.

La

5 1.

La Tentation de

....

Tentation de Saint Antoine, triptyque, panneau central (Palais de Necessidades, Lisbonne).

tion

du

Saint Antoine, triptyque, volets extérieurs

Christ, le

:

L’Arresta-

Portement de croix

(Musée de Bruxelles). 52

.

La Tentation de

»

»

5o

53

.

La

Tentation de Saint Antoine (Rijksmuseum, Amsterdam).

»

52

54.

La

Tentation de Saint Antoine (Musée d’Anvers).

»

52

55

La Tentation de

52

»

54

»

«

54

^4

56

.

Saint Antoine, triptyque, avec ses volets (Musée de Bruxelles).

(Coll.

56

.

La

Saint Antoine

Ch. -Léon Cardon, Bruxelles).

Tentation de Saint Antoine (Coll. P. Durrieu, Paris).

57. Peter

Huys

o\x

Jean Mandyn?

La Tentation de

Saint Antoine

....

(Coll. Cels, Uccle-lez-Bruxelles).

58

.

La Tentation de

Saint Antoine

(Coll. Cels, Uccle-lez-Bruxelles).

5 g.

H. Met

La

Tentation de Saint Antoine (Musée Impérial de Vienne).

de Blés.

123


60. École de

Lucas Cranach.

La Tentation de

(Galerie Colonna,

61.

La

Saint Antoine

en regard page

Tentation de Saint Antoine (Coll.

56

Rome). »

»

56

»

»

58

»

»

58

»

»

58

»

»

60

»

»

60

»

»

60

»

»

62

»

»

62

»

»

62

»

»

64

»

»

66

»

»

66

»

»

68

«

»

68

«

»

7^

»

»

70

«

»

72

»

®

72

plume

»

»

74

plume

»

»

74

Ch. Brunner, Paris).

62.

La Tentation de

63.

La Cure de

Saint Antoine (Musée du Prado, Madrid). la folie

'

(Musée du Prado, Madrid). 64.

La Cure de

la folie

(Rijksmuseum, Amsterdam). 65.

L’Enfant prodigue (Coll. Figdor, Vienne).

Le Charlatan

66.

(Musée de Saint-Germain-en-Laye).

Le Charlatan

67.

.

(Galerie Crespi, Milan).

68. Peter

Huys

?

Saint Jacques triomphant du Magicien et Mendiants à la

porte d’un couvent, panneau à deux faces (Musée de Valenciennes).

Concert allégorique

69.

(Coll. Pontalba, Senlis).

Concert dans une barque

70.

(Coll. C. Benoit, Paris).

La

71.

Sirène à sa toilette (Musée de Douai).

DESSINS 72.

Croquis de mendiants, d’infirmes, de malingreux,

73.

Fête de Carnaval, dessin à

etc.,

dessin à la plume

(Bibliothèque Albertine, Vienne). la

plume

(Bibliothèque Albertine, Vienne).

Croquis de deux femmes, dessin à la plume

74.

(Bibliothèque Albertine, Vienne). 75.

Croquis pour une Tentation de Saint Antoine, dessin à (Musée du Louvre, Paris).

76.

Concert dans une barque, dessin à (Musée du Louvre, Paris).

la

la

plume

...

plume

....

77. Feuillet

de croquis. 1° Le Charlatan, dessin à la plume, recto (Musée du Louvre, Paris).

78. Feuillet

de croquis. IP Concert charivarique, dessin à la plume, verso (Musée du Louvre, Paris).

Femme

79.

rasant un paysan, dessin à la plume (British

Muséum, Londres).

Croquis de personnages grotesques, dessin à

80.

.

la

(University Galleries, [Oxford, Angleterre). 81.

Croquis de personnages grotesques, dessin à

la

(University Galleries, Oxford, Angleterre).

124


82.

La

Vierge appuyée sur Saint Jean, dessin à la plume

.

.

en regard page

76

(Pinacothèque de Munich).

83

.

Croquis pour une Tentation de Saint Antoine, dessin à

plume

la

...

»

»

76

»

»

76

»

»

78

»

»

78

w

»

80

»

»

80

(Cabinet des Estampes, Berlin). 84.

Danse de paysans, dessin

à la

plume

(Cabinet des Estampes, Berlin).

TAPISSERIES 85

.

Les Délices

terrestres, avec le Paradis terrestre et l’Enfer, tapisserie,

d’après le triptyque de (Coll,

86.

de

la

Hieronymus Bosch

Couronne d’Espagne, Palais

royal, Madrid).

Saint Antoine partant pour la retraite, tapisserie, d’après une composition

présumée de Hieronymus Bosch (Coll,

87. Saint

la

Couronne d’Espagne, Palais

Antoine tenté par les démons

tion

?

royal, Madrid).

tapisserie, d’après

une composi-

présumée de Hieronymus Bosch (Coll,

88. Saint

de

de

la

Couronne d’Espagne, Palais

royal, Madrid).

Antoine en prière au mont Colzin, tapisserie, d’après une compoprésumée de Hieronymus Bosch (Coll, de la Couronne d’Espagne, Palais royal, Madrid).

sition

GRAVURES 89.

Le Jugement sition de

dernier,

gravure d’Alart du Hameel, d’après une compo-

Hieronymus Bosch

go. Saint Christophe,

de Hieronymus Bosch 91. Constantin le

de

la croix,

Grand, à

la tête

92. Héraclius entrant à

Jérusalem avec

le

Un

Hieronymus Bosch

couple de musiciens auprès d’une fontaine,

»

84

»

»

86

....

»

»

86

»

»

88

»

»

88

»

»

90

»

»

92

Les Épreuves de Job, gravure d’après une composition de Hieronymus

Le Jugement

dernier, gravure de

Jérôme Cock, d’après

le

triptyque de

Le

Jugement dernier, gravure de Jérôme Cock, d’après le triptyque de

Hieronymus Bosch, g8.

84

gravure d’Alart du

Hieron}^mus Bosch, panneau central 97.

»

...

Bosch g6.

»

bois de la croix, gravure d’Alart

Hameel, d’après une composition de Hieronymus Bosch .

82

L’Eléphant assiégé, gravure d’Alart du Hameel, d’après une composition de

g5

»

de son armée, contemplant l’apparition

du Hameel, d’après une composition de Hieronymus Bosch

94.

»

gravure d’Alart du Hameel, d’après une composition de

Hieronymus Bosch

93.

82

»

gravure d’Alart du Hameel, d’après une composition

La Tentation de

volets

du Paradis terrestre

et

de l’Enfer

...

Saint Antoine, gravure de Jérôme Cock, d’après une

composition de Hieronymus Bosch 99. Saint

Martin dans une barque, gravure de Jérôme Cock, d’après une

composition de Hieronymus Bosch

125


loo.

La barque

bleue, gravure de

Jérôme Cock, d’après une composition

de Hieronymus Bosch 101.

102.

en regard page

Les deux Aveugles, gravure de Jérôme Cock, d’après une composition de Hieronymus Bosch

La

»

»

»

.

»

»

»

96

.

»

»

96

Cock et de Cornelis Danckertz, une composition de Hieronymus Bosch

»

»

98

»

»

98

»

»

100

»

»

102

»

>»

104

Fête de Carnaval, gravure de Jérôme Cock, d’après une composition de Hieronymus Bosch

104. Mendiants, infirmes et malingreux, gravure de l’officine de

Jérôme

Cock, Aux Quatre vents, d’après un dessin de Hieronymus Bosch 10 5

.

Saint Christophe, gravure de Jérôme d’après

106.

94

Baleine éventrée, gravure de Jérôme Cock, d’après une composition

de Hieronymus Bosch 10 3

92

L’Eléphant assiégé, gravure de Jérôme Cock, d’après une composition de Hieronymus Bosch

107. L’Écaille voguant sur l’eau, gravure de Jérôme Cock, d’après une

composition de Hieronymus Bosch 108.

La

Satire de la chevalerie, gravure d’après une composition de Hiei’O-

nymus Bosch 109. L’Église triomphante, gravure d’après

une composition présumée de

Hieronymus Bosch

w»"

126


TABLE DES MATIÈRES Chapitre I. — Etat des esprits dans la seconde partie du XV^ siècle. — Hieronymus Bosch jugements portés sur son œuvre par les critiques de tous les temps ce que ;

;

l’on sait aujourd’hui

Chapitre

II.

Chapitre

III.

L’art de

de sa biographie

i

Hieronymus Bosch

;

son expression, ses caractéristiques

Hieronymus Bosch.

Influences subies par

Du

.

.

— Technique

IV.

et

ig

procédés de Hieronymus Bosch.

— Monogramme énigma-

tique de certains tableaux de lui ou de ses successeurs

Chapitre V. Mages

d’épines

le

;

Peintures de Hieronymus Bosch.

Rois

l’Adoration des

;

Christ injurié

triptyque de Valence

;

le

;

;

Le

Chapitre VI.

;

triptyque de l’Adoration des

Christ au prétoire

Péchés capitaux

les sept

;

les

le

;

Christ présenté au peuple

le

3o

des Bergers

l’Adoration

triptyques des Délices terrestres, du Char de foin et

chassés du temple

ii

surnaturel et du

diabolisme dans son art

Chapitre

Pages

;

Le Couronnement

Christ devant Pilate

;

le

Portement de croix les leurs dérivés les Marchands ;

le

;

;

Epreuves de Job

3y

— Suite des Peintures de Hieronymus Bosch. — Le triptyque du Jugement

dernier et ses dérivés

;

triptyques de Saint Jérôme, Saint Antoine et Saint

les

du Martyre de Sainte

Gilles et

Julie

— Suite des Peintures

Chapitre VII.

Antoine et leurs dérivés

;

la

;

Saint Jean à Pathmos

de Hieronymus Bosch.

55

— Les

Tentations de Saint

l’Enfant prodigue le Charlatan Cure de la folie la Barque naviguant la Sirène à sa toilette ;

;

;

...

67

Hieronymus Bosch disparues ou détruites. La Fuite en Egypte le Christ aux limbes le Portement de croix un Moine discutant avec un hérétique un Prodige peintures à la cathédrale de Bois-le-Duc tableaux à Anvers, à Bruxelles, en Espagne autres tableaux. Les Drôles

81

Saint Jacques et le Magicien

;

;

— Peintures de

Chapitre VIH.

;

;

;

;

;

;

;

Chapitre IX.

— Dessins

Carnaval

de Hieronymus Bosch.

Croquis divers

;

;

la

Barque naviguant

Saint Jean au pied de la Croix

Paysans

;

— Croquis

;

la

autres Croquis

;

Tentation de Saint Antoine

Dessins faussement attribués au maître

Délices terrestres et de la Vie de Saint Antoine

Bois-le-Duc

de mendiants

;

;

;

;

;

une Fête de la

Vierge et

la

Danse de

cartons pour les tentures des sculptures de la cathédrale de

87

127


Chapitre X. Alart du

les œuvres de Hieronymus Bosch, par gravures exécutées d’après ses œuvres ou dans sa manière par

Gravures exécutées d’après

Hameel

;

Cock, C.-F. van Thienen, C. Danckertz, P. Firens,

Wierck, Corn. Galle,

etc.

g5

Peintures de Hieronymus Bosch, de son école et de ses imitateurs les plus proches.

iii

Peintures perdues de Hieronymus Bosch

114

J.

Catalogue de l’œuvre de Hieronymus Bosch

Principales peintures attribuées à

J.

:

Hieronymus Bosch passées en vente publique.

.

116

Dessins de Hieronymus Bosch ou de son école

117

Tapisseries dont les cartons sont attribués à Hieronymus Bosch

118

Gravures exécutées par Alart du Hameel, H. Cock

et autres, d’après

Hieronymus

Bosch Gravures exécutées par H. Cock et autres dont

'

118 la

composition est attribuée à

Hieronymus Bosch

120

Gravures sur bois dont la composition est attribuée, sans preuves, à Hieronymus Cock

120

Table des planches

128

Pages

121






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