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GABRIEL SÉAILLES
Eugène Carrière ^ L'HOMME ET ^ L'ARTISTE
Compositions et croquis de
E. Carrière
GRAVÉS PAR MATHIEU
PARIS EDOUARD PELLETAN, ÉDITEUR 125,
Boulevard Saint-Germain, 125
1901
EUGÈNE CARRIERE l'homme et l'artiste
)
^.
GABRIEL SÉAILLES
Eugène Carrière H^ L'HOMME ET
L'ARTISTE
Compositions et croquis de
E. Carrière
GRAVÉS PAR MATHIEU
PARIS EDOUARD PELLETAN, ÉDITEUR 125, Boulevard Saint-Germain, l'25
1901
-^
——
yvy.'i;:;
i»'i:S;^::g^^g^a
EUGENE CARRIÈRE
^ Nos jeunes gens ont sorte et
ce
de manie
philosophes qu'il
doit
;
goût des manifestes, une
le
législative ils
être,
;
ils
disent ce que
sont esthéticiens l'art n'a
que par eux
ce
écrivent d'abord la préface de leurs plètes.
La méthode ne
reuse.
Il
laisse pas
est à craindre
que
mouvement spontané de voulue ne
la
il
sera
été, ;
ils
œuvres com-
que
d'être dange-
l'analyse vie,
pas
que
soit qu'artifice et contrainte,
n'arrête
le
l'originalité
que
l'ivresse
EUGENE CARRIERE
2
anticipée des cliefs-d'œuvre qu'on n'a point faits
du
n'enlève le courage
lent effort par lequel
s'achemine vers ceux qu'on pourrait
Eugène Carrière
est
un véritable
dépasse sa réflexion.
ne
Il
d'abord dans des formules,
rance de lui-même à se connaître.
Il
:
artiste
s'est il
est entré
sa nature
:
pas emprisonné
a respecté son igno-
en agissant
c'est
on
faire.
dans
qu'il a appris
la vie
avec ce sen-
timent d'horreur sacrée qu'éprouvaient les premiers
hommes
en pénétrant dans
les
inviolées
forêts
qu'habitait la majesté des dieux. C'est dans la vie
même, dans
l'effort
en rien sacrifier,
lui-même,
(c
A
pour
qu'il a
cherché
la révélation
répondais que les montagnes sont »
Nul plus que
lui
faites
tout
à leur aise
complaisance le
;
il
et distraction
;
il
sincérité,
;
ils
l'homme «
Il
avec
dans
l'artiste
la vie
de Carrière
dans ce refus à tout men-
songe, dans cette patiente découverte de cette volonté
été
ont dis-
a poursuivi sans hâte
son œuvre. Le grand intérêt de
dans cette
de grains
les a laissés dire
labeur continu qui peu à peu met
est
leur
je
peut-être n'a
entouré de littérateurs, d'esthéticiens serté
de
camarades ne parlaient
l'école, les
jamais que de soulever des montagnes,
de sable.
sans
la vivre tout entière,
dans
soi,
de ne rien fausser, d'être réellement
qu'il est.
faut
que l'homme consente à
artiste, c'est vivre
avec
le
la vie »
:
être
respect et l'inquiétude
EUGÈNE CARRIÈRE des forces inconnues que
quand
l'heure en
3
seul manifeste,
le travail
est venue. L'art,
pour Carrière, n'est pas un métier qui nourrit ou enrichit son homme, dont on se distrait par le plaisir son art ;
est
mêlé à sa
est le langage
ne s'en pas distinguer;
vie jusqu'à
de ses douleurs
pensée de tous
les
de ses
et
morale
instants, sa
il
joies, sa
sa reli-
et
gion, l'action intime, l'expérience positive qui lui a
révélé tout ce qu'il
divisé qui s'oppose à
un
Carrière n'est pas
sait.
lui-même
acquiescement à sa nature
;
:
être
son travail est un
sa réflexion n'altère pas
ses sentiments, elle en naît, elle les approfondit
;
son vouloir tenace n'est que la claire conscience de sa vraie destinée; son talent ne se distingue pas
de sa vie morale,
œuvre en
il
d'artiste est
même
temps
»,
trompent;
comme
il
pas d'être
«
qu'il
il
n'a
voit et
forme nécessaire; son
point
tant
comme
qu'il est
pas
voit
il
il
«
qu'il
comme
de malice,
pense,
il
se
fait
Ceux qui s'ima-
à les étonner,
ne
« différent »,
ment parce
la
son œuvre d'homme,
qu'elle et par elle.
ginent qu'il cherche
exprès
en est
il
ça il
le »,
fait
se
peint
ne se soucie
est original tout simple-
lui-même.
EUGENE CARRIERE
Il
est des vies
romans amusent
qui ressemblent à des
d'aventures, elles excitent l'attente, elles la curiosité, elles
intéressent par les faits
mêmes
qui en constituent la trame. La vraie vie d'un artiste est sa vie intérieure, elle
nements que dans dont
est
moins dans
pensées,
les
les évé-
sentiments
ont été l'occasion.
ils
La
les
vie d'Eugène
Carrière nous intéresse parce
qu'elle trahit de son esprit et de son caractère, par
ce qui
donner sais pas
nous en
rattache à son art et contribue à
la
Fintelligence.
Regardée du dehors,
je n'en
de plus simple, de plus banale, mais
prend par
là
même
elle
quelque chose de général
et
nous présente l'exemple d'un
homme
qui, sans à coup, sans rien brusquer, entre
en pos-
d'humain
;
elle
session de lui-même
;
elle
enseigne aux gens pressés
ce que donne de courage dans la lutte, de force
pour
la
soutenir, de
sérénité dans les
épreuves
inévitables, la fidélité inviolable à l'idéal supérieur
qui libère ses serviteurs de toutes les autres servitudes.
EUGÈNE CARRIERE
5
Le sixième enfant crune famille qui en compta sept
(*),
dans
le
j'imagine qu'il fut accueilli à son entrée
monde
avec plus de résignation que d'en-
thousiasme, mais
— ce qu'il
dire
ne
il
sait
infinie. Fille
campagne d'Alsace, sa mère ne
qui
—
bien sans doute
dresse des mères est
de nous
s'est point lassé
que
la
ten-
d'un médecin de
femme simple
était la
discute ni le devoir, ni la vie, l'être de
dévouement obstiné qui ne songe qu'aux autres ne regarde Il
lui doit
la
et
tâche qu'après qu'elle est accomplie.
son esprit sérieux,
son sens du
réfléchi,
devoir, son acceptation tranquille de la destinée, le
courage des dures besognes qui s'imposent relève la dignité
dont elles sont
rien d'extraordinaire le sort il
ne
lui
n'accompht
il
dans son berceau,
avait réservé
devait tout attendre de
que
sauvegarde.
la
Carrière ne fut pas un enfant prodige,
et
et,
aucune faveur,
comme comme
sa propre volonté, les
diseurs de bonne aventure n'eurent rien à lui prédire.
Durant
enfance,
il
les
longues
fut l'être obscur,
souvent peint, d'abord s'effare, à
l'abrite
;
le
(*)
;
le
garçon grandi, déjà
se sépare, découvre
Carrière a bien
j'utilise
voulu
première si
animal qui sourit ou
tour étonné, inquiet ou ravi.
que
la
silencieux, qu'il a
le petit
peine détaché du sein qui
puis
reconnaît,
années de
le
nourrit et
fort,
qui se
monde, tour à
Le père, souvent
me donner quelques renseignements
nos conversations ont fourni
le reste.
EUGENE GARllIERE
6
absent, en route pour ses affaires, les heures cou-
lentement auprès de
laient
la
mère dans
maison
la
silencieuse.
Appelé à l'existence
au labeur précoce,
active,
Carrière recevait une instruction
pratique
;
périence, il
ignorait ce qu'est
existât;
il
était
condamné
ou
l'art
lui l'ex-
beauté par
n'était point initié à la
il
poésie,
qu'il
modeste, toute
aucun maître ne devançait pour
même
la
qu'il
à savoir seulement ce
apprendrait lui-même, ce qu'il découvrirait
peu à peu du présent
et
du passé
i^ar
une sorte de
croissance spontanée, en amplifiant sa vie, en reliant
son propre
hommes. lui et
effort
dont
il
partageait les vicissitudes était sa pre-
mière éducation tudes, il
à l'effort antérieur des autres
L'existence dure qu'on menait autour de
:
témoin des soucis, des inquié-
du perpétuel recommencement de
faisait
,
sans y
songer
,
la lutte,
l'apprentissage
de
du courage, des solides vertus sur quelles une vie pose sans chanceler.
patience,
Mais dans l'enfant sérieux, dont
la
les-
l'originalité
ne
se trahissait guère que par la lenteur et la timidité,
sommeillaient les germes du talent qui
de sa destinée. Son grand-père grand-oncle paternel lycée de Douai,
il
faisait
habileté scrupuleuse, pastels,
dont
j'ai
était
allait
décider
était peintre
;
son
professeur de dessin au
correctement,
avec une
des portraits, aquarelles et
vu quelques-uns
jadis,
images
EUGENE CARRIERE aujourd'hui pâlies, venir
C'est
(*).
succès
:
7
mon
de
à demi-effacées
une pauvre pliilosophie que
sou-
celle
du
notre effort peut-être se continuera, s'achè-
vera par un effort plus heureux que nous aurons
rendu possible. De braves gens, par un obscur labeur, préparent le
mécanisme que
mysté-
les lois
rieuses de l'hérédité transmettront à celui qui fera
nom
leur
inoubliable.
les images, éprouvait
petit.
descendre de son cerveau
que ses
et s'attardait à ce jeu
faisaient plus passionnant.
cultés
Carrière aimait
un obscur besoin de les repro-
comme
duire, les sentait
dans ses doigts,
Tout
A
diffi-
douze ans,
il
dessinait déjà tout seul, sans y voir de mystère,
sans y mettre obéir
à
de vanité, pour son
l'instinct
sans
qui,
qu'il
marquait l'orientation de sa pect de la nature, de ses
veut que mais,
le
ne précipite
s'il
la
plus constante.
bourg, qu'il
il
le
rien,
Il
lui,
y avait
dès il
pour
soupçonnât,
vie. Carrière
libres
a
le res-
mouvements,
grain lève et mûrisse
cience d'une tendance en
plaisir,
à
il
son heure,
qu'il a pris
y applique
la
cons-
volonté
une académie à Stras-
en suivit les cours, sans but précis, parce naturellement où
était
on
dessinait.
Élève
assidu, bien doué, travaillant l'ornement, la bosse, le
modèle
passion et (*)
0» me
Couture.
où se trahissaient sa son entêtement, chaque année il rem-
vivant, avec
cite
aussi
un
zèle
une bonne copie du Fauconnier de Th.
EUGENE CARRIERE
8
tous
portait
prix.
les
N'attachant
aucune importance, sa famille
Le père
ne
succès
ses
avait le légitime souci de voir les enfants
se suffire à sible
à
les ignorait.
eux-mêmes
promptement pos-
plus
le
les leçons de dessin et les pastels de famille
;
lui
avaient pas laissé de la profession d'artiste
un souvenir qui enfants,
envier pour l'un de ses
la lui fît
même
n'admettait pas
il
fantaisie, et
grand un métier qui d'ores
homme
:
d'une
l'idée
telle
s'occupait de trouver au garçon déjà
il
nourrit son
déjà
et
moi qui
ce n'est ni Carrière ni
l'en blâ-
merons.
A
dix-neuf ans, Carrière quittait Strasbourg pour
Saint-Quentin, ville manufacturière où, sans doute, il
un métier en rapport avec ses
devait trouver
goûts et ses dispositions naturelles. J'ignore
ce
qu'il
en advint. Son séjour à Saint-Quentin toute-
fois
ne
fut
une
par
servi
point perdu
sûrement vers Il
du
y
volonté la
vie
une sorte
tenace,
qui
le
lent
progrès
conscience de ;
par
conduisait
devait être la sienne.
lequel
lui-même.
A
à
s'élevait
il
Strasbourg
la
avait
il
ses albums montrent avec quelle patience,
avec quel scrupule
il
avait,
d'un crayon bien
parfait ses chefs-d'œuvre
d'écolier;
n'avait pas
soupçonné
ignoré
d'instinct,
une découverte qui marque un moment
fit
dessiné
:
l'art,
il
langage de l'émotion par la ligne,
la
mais
il
effilé,
avait
la peinture, ce
forme,
la
cou-
EUGENE CARRIERE leur;
il
n'avait pas
même
9
su voir dans
l'église Saint-
Pierre les chefs-d'œuvre de iMartin Schongauer, le
maître charmant de Golmar.
A
du musée,
les salles solitaires
Saint-Quentin, dans
trouva l'œuvre de
il
Latour, des pastels achevés, des
a
préparations
y>
plus précieuses encore, par ce qu'elles révélaient
de
la vision
vation,
de
quelles
il
une idée
de
l'artiste,
de
certitude, de
la
ramenait claire.
Il
la
l'acuité
de son obser-
décision avec les-
la
nature complexe et fuyante à
y avait là des philosophes et des
financiers, des grands seigneurs et des danseuses, J.-J.
Rousseau, Maurice de Saxe,
la
Favart et la
Camargo, des inconnus qui bientôt n'étaient plus des étrangers pour Latour,
il
Carrière se mit à l'école de
lui.
donna tous ses
pastels, à l'étude
loisirs à la copie
de cet art
fait
d'analyse et de vie;
apprit de ce maître ardent et
il
tête est définie
construire
la
nomie
n'est
manent
A lui
réfléchi
d'abord par son ossature,
de l'animer, que
avant
de ces
la
qu'une
qu'il faut
physio-
que grimace, isolée du caractère per-
qu'elle modifie.
quelque temps de
donna
là,
un court séjour à Paris
l'occasion de visiter le
Jusqu'à cette heure,
il
musée du Louvre.
avait dessiné sans plan arrêté,
par instinct, parce qu'il y avait en
lui
une sorte de
mécanisme préformé qui liait l'image au mouvement et dont le jeu l'amusait. En sortant du Louvre, il avait fait un pas décisif dans la découverte de
EUGENE CARRIÈRE
40
lui-même,
avait
il
compris
qui!
ce
trouvé ce ciue depuis son enfance
il
pressentait,
cherchait obscu-
rément. C'est devant les toiles de Rubens qu'au
choc d'une émotion soudaine avait résolution d'être peintre
en
jailli
lui la
l'admiration est surprise,
:
étonnement autant que sympathie. Cette décision, à dire vrai, n'était que le terme d'un long travail antérieur
selon la
:
ment mûrie, éclose
de sa nature,
loi
l'idée
lente-
à son heure, s'achevait en
une
volonté que rien ne devait plus ébranler.
En
dépit de l'opposition paternelle,
Quentin il
et vint s'installer
dans
entrait
de
la foule
;
il
fait
n'avait à
quitta Saint-
à Paris. Sans trembler,
la ville redoutable,
grande solitude que
il
il
affrontait la
à l'inconnu l'indifférence
compter sur personne,
n'avait ni argent, ni relations, pas
même
la
sympa-
thie lointaine des siens, dont l'hostilité achevait
abandon. il
Il
hommes
d'eux-mêmes,
la
il
d'action, qui
prévu
bohème, de
la vie
Il
de privations, où
Le problème l'effort il
le
prennent
avait le courage des
avait
ments.
son
ne perdit pas son temps à se plaindre;
ne joua ni au héros, ni au génie méconnu;
tous les
il
était
la
la
misère,
il
l'initiative
commence-
avait horreur
sans dignité, volonté
comme
faite
d'excès et
s'affaiblit et
de vivre et de trouver
le
s'énerve.
temps de
désintéressé qu'exige l'apprentissage de
résolut par le travail.
qu'il avait faites à
Il
de
l'art;
mit à profit les études
l'académie de Strasbourg,
il
était
EUGENE CARRIERE
homme
de ressource,
se
il
fit
dessinatem^,
trouva aucune besogne indigne de ses nuits, il vécut. Tout en gagnant jour,
il
ii
le
lui,
ne
prit sur
pain de chaque
temps de suivre
trouvait le
il
il
cours de
les
l'École des Beaux-Arts.
Sur ces entrefaites, premières défaites,
il
guerre éclata. Après les
la
pour Strasbourg,
partait
il
voulait rejoindre ses parents, prendre sa part des
épreuves communes. Strasbourg déjà par les Prussiens guerre et
rallia
il
;
s'engagea pour
était investie
la
durée de
place écrasée d'obus, bientôt
capitulait et
interné en Saxe, dans la ville de Dresde.
frances de la captivité, quille il
d'homme
temps,
la
souf-
blouse bleue, en sabots,
— et
l'été, », et
il
«
Un
soir,
évoquait ces souvenirs
il
soupe au millet
pierre fendre
Aux
fallait subir.
pour toute nourriture dans
teurs ruraux
était
qui n'aime pas les gestes inutiles,
chez Alphonse Daudet, :
il
opposa son courage tran-
il
se ramassa et subit ce qu'il
lointains
La
garnison de Neuf-Brisach.
la
la
les
;
les
camarades
premiers et lui
en
tout semblables aux fac-
cela
pendant
qu'il gelait à
concluait qu'au fond les prison-
niers n'avaient pas eu à se plaindre des Allemands.
— Alors,
on a été très aimable avec vous,
lui dit
ironiquement une dame qui attendait sans doute des plaintes de cet
— Oh!
homme
qui ne se plaint pas.
madame, on n'est pas aimable avec cinq mille hommes. [Journal de Goncourt.J
vingt-
EUGENE CARRIERE
12
Carrière trouvait là-bas, travailler
a
la
le
temps de
dessin, assez banal d'ail-
une composition centrale entre deux épisodes
leurs,
de
pu voir un
j'ai
:
paraît-il,
guerre de Vendée, qui porte cette suscription
:
Frontispice d'un futur ouvrage d'un futur écrivain
qui partage
hasard
ma
qu'une image, celle de
que
le
deux
Un
de tant de chefs-d'œuvre,
:
Rembrandt que
les
^>
permit de visiter l'admirable musée de
lui
Dresde, mais trop vite
dont
décembre 1870 Q.
captivité,
il
n'emportait
madone de
Saint-Sixte,
l'on
la
génie de Raphaël,
par
sait,
le
balancement de
lignes, enlève d'un si noble élan.
La guerre
avait
passé. Les longs
reculé bien des choses dans
mois de
regagnait Strasbourg,
le
captivité écoulés, Carrière
y recevait bon
accueil
et,
après avoir pris quelque repos auprès des siens, revenait à Paris
mener la dure
vie qu'il avait choisie.
Élève de l'École des Beaux-Arts, l'atelier
il
appartenait à
de Cabanel, qui semble avoir eu
le
rare
mérite d'aimer l'originalité chez les autres et de ne
pas porter atteinte à celle de ses élèves. Carrière (*)
Les vieux papiers ont leur destin.
pauvre garçon, mort à sitions faites
dessins, qui
la peine.
Un
On
vendait l'atelier d'un
encadreur, parmi ses acqui-
un peu au hasard, découvrit tout un lot de projets, de portaient le nom d'Eugène Carrière il le donna à ;
M. Pontremoli, pour lequel il avait encadré des toiles signées de ce nom. J'ai trouvé là des documents précieux, non seulement sur les besognes que Carrière accepta pour vivre, mais sur la souplesse de talent, sur remplir.
la
variété d'aptitudes qui le
rendirent propre à les
EUGENE CARRIERE n'était
pas à FÉcole un révolté, un rapin superbe
trouvant dans
de
en transmettre
hommes
des
une
conscience de son génie
la
dont
officiels,
l'habit verdit,
parfaite
dans
tradition. Élevé
la
dédain
bonne
la
lui
le
respect
boutonnière
fleurit,
se pliait à la discipline avec
il
foi,
il
apportait aux exercices de
du
l'École sa forte volonté et son sentiment «
le
technique et des professeurs chargés de
la
dont
43
devoir.
me paraissait une chose sacrée me mener à un but que je n'apercevais pas, qui me semblait fatalement supérieur. Il
Cette éducation
devant
mais
^>
est tenté de croire aujourd'hui
coup de temps dans corrige par l'aveu
« qu'il
maison
»,
a perdu beau-
jugement
qu'il
que, tant que l'homme n'a pas
ce
pris conscience de
cette
lui-même,
ne peut
il
que
faire
». Maintenons pour le principe bon que l'artiste commence par le commencement, qu'ici ou là il apprenne son métier et devienne le bon compagnon qu'avant tout il doit
des choses neutres
qu'il est
être.
En 1879, Carrière montait en classé le premier
pour l'esquisse
s'arrêtait là, et
quittait l'École
il
loge, ;
et
il
était
mais son succès
comme
il
y était
entré.
La
même
année
sa mère, d'une
sécheresses, des rité
,
il
facture
exposait
un
portrait
de
un peu lourde, avec des
ombres dures, mais d'une
touchante qui montre de
sincé-
quel œil attentif
il
14
EUGENE CARRIERE
regardait la nature, avec quel scrupule
guider par
exprimer de
elle,
et
aussi
ce
la vie intérieure.
il
que déjà
se laissait il
savait
EUGÈNE CARRIÈRE
15
II
Six années s'étaient écoulées,
il
avancé qu'au jour déjà lointain où
audacieusement à Paris il
il
;
comme
ne
débarquait
Il
restait debout, portant
poids de ce double labeur
le
pas peur,
lui faisait
il
aussi inconnu,
alors gagner le pain qui per-
mettait à l'artiste de vivre.
allègrement
était
de relations ni de ressources,
n'avait pas plus lui fallait
il
pas plus
n'était
l'une après l'autre,
il
il
en abordait les
la
;
vie
difficultés
triomphait de l'heure présente
sans s'effrayer de l'avenir
:
à chaque jour
suffit
sa peine.
En
1877, avec la vaillance tranquille de f homme
qui a des réserves de courage, et vie
», il
«
qui consent à la
associait à sa rude destinée la
l'image est
si
intimement mêlée à son
femme, dont art, si
insé-
parable de sa pensée, qu'il semble qu'elle en soit
née ou que,
lui
ayant été accordée par je ne sais
quelle harmonie préétablie, naître
pour
il
n'ait
eu qu'à
la
recon-
la choisir.
Après son mariage, une chimérique espérance
le
ne connaissait personne,
il
conduisit à Londres.
Il
EUGÈNE CARRIERE
16
ignorait la langue à se défendre
sort
la
:
misère
vint, et ;
sans limites,
(c
où
avec l'impuissance
plus seul.
n'était
il
comme
résistance,
la
arrivait là
sourd-muet. C'était tenter
d'un
s'abandonna pas
pour
il
;
toujours
se
il
même, dans
et là
le silence
des foules
Il
le
ne
ramassa
cette ville lui
donnait
un sentiment d'effroi », il fit le miracle de vivre. « Dans sa débine, contait-il à de Goncourt (*), il s'était avisé de faire quelques dessins de femmes et
d'amours
Beaux-Arts
— des réminiscences de l'École des — et les avait portés dans la semaine
qui précédait Noël à un journal illustré. Les dessins avaient plu au directeur qui lui en avait
deux, qu'il
et le
quelques
lendemain, avec les
recevait,
il
de suite à
courait
demandé livres
une taverne
mettre un peu de viande dans son estomac. directeur s'éprenait de
à dîner,
images
et le et
et l'invitait
lui
des bibelots,
Ah
!
des
bien que tout à coup,
si
ses yeux tombant sur la pendule,
—
quelquefois
à regarder
retenait à causer,
Le
vraiment, je vous
il
s'écriait
ai fait rester
:
trop tard,
vous ne trouverez plus d'omnibus. Et
l'Anglais
Palace, près
demeurait
duquel
imperturbablement
— Oh
!
je
gîtait
prendrai un cab à
Journal, IX, 43.
diable
de
Crystal-
:
voitures qui est à côté. (*)
au
Carrière, qui répondait
la
petite place
de
EUGENE CARRIERE Et
revenait à pied et rentrait chez
il
lui,
tant
quatre heures du matin.
c'était loin, à
—
17
Ce qui m'a sauvé,
jette-t-il
en manière de
péroraison, c'est qu'il y avait chez moi, dans
ma
jeunesse, beaucoup d'animalité, de force animale. Carrière a raison, mais de cette le tout est
de
faire
la
»
animale,
force
matière d'une énergie vrai-
ment humaine. Voici en quels termes
Londres
—
résume ses souvenirs de
:
De 1877
(.(
il
Londres
;
à
1878, j'avais passé
sans relations, je m'étais
dépensé une énergie excessive
j'avais
vivant seul, je passais
penser;
il
me
De retour
restait
à Paris,
mon temps
Turner dans à
la vie
et
nions notre cours, l'une dure, Installé
girard,
dans une il
Dans
allusion déjà,
d'affaire
à travailler et à l'esprit. »
moi, nous reprel'autre obstiné
».
jour et bien souvent une
les
j'ai
vieux papiers, auxquels
retrouvé les témoignages
de ce labeur acharné, des vignettes, des tions,
;
toujours
;
maison de banlieue, à Vau-
travaillait tout le
partie de la nuit. j'ai fait
petite
mois à
six
tiré
des réclames pour
le
illustra-
magasin du Printemps,
des menus, des dessins de mobiher ou d'architecture, parfois
une composition ingénieuse
l'enfant apparaît,
A
quelque chose d'original
ceux qui seraient tentés de
répondrait sans doute,
;
dès que
et
d'ému.
le
plaindre. Carrière
comme
Turner, qui avait
EUGÈNE CARRIÈRE
48
connu
les
mêmes
épreuves
:
«
Je ne
un excellent exercice. « dans peintre était son loisir c'était
tableau,
achevé pour
avait
il
:
une Jeune mère
fermé chez
lui,
de de
était
Salon un
le
allaitant son enfant.
sans distraction, sans
Carrière
possible,
travail
n'oubliait pas ce qui d'abord la lui avait
», il
affronter
fait
plains pas,
cette existence
;
forçat
me
Son
y>
amené
En-
modèle
«
»
à voir les choses
passionnantes que tant d'autres ne songent pas à
femme, son enfant, leurs gestes de tendresse, leur émoi charmant, et dans le cercle étroit, où tenait tout ce qu'il aimait, il découvrait un
regarder, sa
mondeque tous croyaient
comme une
tait
connaître et dont
expérience nouvelle. Le
auquel étaient confiées
de
si
Bien des yeux se levèrent vers vit
:
il
était
appor-
tableau,
chères espérances,
dans des hauteurs où
fut relégué
il
il
lui,
était invisible.
personne ne le
placé au-dessus d'un grand portrait qui
d'honneur,
valut à son auteur la médaille partie se perdait dans le
vélum
le vit
enfin en 1883,
il
en diverses
une
et l'autre servait
de tache sobre au coloriste Duran voyagea, on
«
(*). »
villes
Le tableau de France
;
obtenait une médaille de vermeil à
l'Exposition d'Avignon, et
il
était
acheté huit cents
(*) Il semble que quelqu'un ait su voir ce tableau invisible. M. Roger Marx m'écrit « Il y a des œuvres exquises dès le début, et la Jeune mère du Salon de 1879, qui a fait de moi un Carriériste :
impénitent, contient en
admirées.
»
germe
toutes les
«
maternités
»
plus tard
EUGENE CARRIERE
19
musée de cette ville aimable, possède quelques œuvres de premier ordre. francs pour le
Si
était
Carrière ne perdait
soutenu par
c'est qu'il
par l'espèce d'ivresse,
joie,
la
dans
qu'il trouvait
pas courage,
qui
le travail
même,
c'est aussi qu'il
du témoidu progrès
se sentait grandir, que, sans avoir besoin
gnage des autres,
avait conscience
il
continu qui l'approchait lentement lequel, dès l'enfance, avant
compte,
il
Peu à peu
avait tendu.
ce qu'il voulait,
même il
du but vers
de s'en rendre arrivait à savoir
découvrait sa langue dans sa
il
pensée, dans son besoin de l'exprimer sans altération ni surcharge.
En
un chien
d'enfant avec
1884, :
il
exposait un Portrait
son tableau
était
méritait enfin une mention honorable.
vu
et lui
C'était bien
peu, mais son long effort silencieux l'avait préparé
aux œuvres décisives qui et,
résistances,
imposer son
public.
Il
me
allaient forcer l'attention
en dépit des étonnements
des artistes
suffit
nom
désormais
des
et
à l'indifférence d'insister
sur
du
mes
souvenirs, pour évoquer l'image de ces œuvres à la
place
même
quand, dans
où
je les vis
la foule
pour
la
première
fois,
des choses mortes, elles m'ar-
rêtèrent surpris d'abord,
non sans inquiétude, puis
convaincu, pénétré de l'émotion qui les avait créées.
En
1885,
contesté
VEnfant malade, applaudi par par les autres, remarqué,
tous, obtenait
une médaiUe
et,
les uns,
critiqué
non sans
par
difficulté
EUGENE CARRIERE
20
par l'État pour
d'ailleurs, était acquis
la
somme
de
dix-huit cents francs. Carrière était presque joyeux,
mois sur
avait travaillé de longs
il
toile,
mais
tude,
il
sortait enfin
il
avait
eu du succès,
tâches ingrates qui
lui
cruellement
créancier
du
grande
cette
silence et de la soli-
se voyait libéré des
il
volaient son
me
idiot
temps
prit
;
(c
un
somme
la
presque tout entière en paiement d'une dette que j'avais follement contractée
rechargea
Il
et,
comme
l'ajuste
».
bon ouvrier, qui d'un coup de reins au mieux de l'effort, il se remit en marche. le
L'année suivante, jeune
pour un autre
fardeau sur sa vigoureuse épaule,
le
homme,
surait les
donnait, avec un portrait de
il
Premier
le
voile,
vaste toile qui ras-
amis inconnus qu'avait
VEnfani malade,
au peintre
faits
et qui justifiait le style
de
l'artiste
de manière irrécusable, par un chef-d'œuvre. Mais,
pour mener à bien
cette entreprise,
il
avait fallu
du courage encore, des privations pour
tous,
la
patience héroïque de la mère, dont le visage grave et
charmant dans
toile
tableau
le
longues attentes,
la
même,
lassitude
disait assez les
commencée.
Cette
de grande dimension ne pouvait être achetée
que par
l'État
:
un
tel effort valait
bien un encou-
ragement. Ce chef-d'œuvre, après de longues instances, fut
acquis
douze cents francs,
pour
la touclier,
on
pour et lui
la
quand
modeste l'artiste
somme
de
se présenta
apprit ({u'elle lui étaitallouée
EUGENE CARRIERE sur
des secours
la caisse
21
la recevrait
et qu'il
par
fragments de cent cinquante francs tous les trois mois,
a
toucha ces acomptes avec de pauvres
II
venaient chercher leur
vieilles qui
Carrière d'être
homme,
pas
n'était
confondu avec
connaît,
les
il
aime
de leur être
il
a vécu de
les riches,
il
»
rougir
à
d'ailleurs,
pauvres gens
les
;
pour avoir depuis vu
aumône de l'État. il
les
leur vie,
et,
:
n'est pas tenté
infidèle.
Cependant
les faits, qu'avait
posés son énergique
vouloir, amenaient leurs conséquences. Parce qu'il
ne
les avait
pas subies, les
raient à ses desseins
Roger Marx, qui pour
lui
défendu
il
était
plus avancé qu'il ne le
Des amis venaient à ce
croyait lui-même.
1879, qui le
;
des choses conspi-
lois
premier avait cherché
l'artiste
dire sa sympathie et l'avait ;
Maurice Hamel,
l'appui de
;
pour sentir
le
le
Jean Dolent,
Galimard, l'amateur éclairé
apporte à
:
rapport de
la critique,
;
inconnu
publiquement
lettré délicat,
le
son talent ajoutait
amitié fraternelle
solitaire
avait su voir la Jeune mère de
n.
qui à
reconfort d'une
l'amoureux d'art
»
;
Gustave Geffroy, qui,
l'art
à la vie nationale,
avec sa rhétorique ardente,
une sorte de passion politique
;
le
peintre Benjamin
Constant qui, dès l'apparition de VEnfant malade, sans souci des rivalités servîtes, avait pris en main la
cause du nouveau venu avec un enthousiasme,
qui ne témoignait pas
moins sa générosité que son
EUGENE CARRIERE
22
En
intelligence artistique. le
beau
très
consacrait ses
Devillez,
({ui
succès antérieurs et
lui valait
une
seconde médaille. lui restait
Carrière exposait
1887,
du sculpteur
portrait
avait
Il
convaincu les
artistes,
il
à persuader le public.
Je n'ai pas oublié notre première rencontre. Sur
beaucoup par surprise,
l'instance d'un ami,
accepté de faire un Salon. Cormon,
me
veux des Fils de Caïn, il
a une
très
dit
ce
:
tombait, un de ces jours d'avril,
ressemble
à
tant
qu'il est difficile
une
cour, la
aînée gentiment m'indiqua
fille
l'atelier,
cité touchante,
après
;
Hélène, les enfants jouaient
la
mais sa femme
absent,
conduisant à
printemps
le
la lumière apaisée.
tout petit pavillon qu'habitait était
où
Le jour déjà
donnée aux hommes,
fête
une sérénité descendait dans
la
^>
de croire à l'indifférence des choses
J'arrivai à l'impasse
dans
peintre ner-
le
Allez chez Carrière,
étude de nu.
belle
j'avais
ine
me montra
le
famille.
reçut,
le
Carrière et
me
avec une simpli-
tableau déjà dans son cadre,
les études, les esquisses
de son mari. Je venais de
parcourir bien des ateliers, ceux de Montparnasse,
ceux de Neuilly, de l'avenue de
coup
j'avais trouvé la
Villiers
comédie de
luxe fripé de bazar oriental
;
;
dans beau-
la richesse,
nulle part je
un
n'avais
éprouvé l'émotion que j'éprouvais dans cet intérieur
où rien ne mentait. Je comprenais mieux Carrière, le rapport
du personnage à son 1
l'art
de
milieu, ce
EUGENE CARRIERE que
ambiantes gardent de l'àme des
choses
les
23
homnnes. Cette belle femme, que sacrait d'une maternité prochaine, disait résignation,
droiture,
la
la
vertus des simples et des forts.
les
Tout en retournant
les toiles,
nous nous étions mis
à causer; à les regarder ensemble,
confiance
s'était établie
son mari
était
un
entre nous
artiste,
que
une sorte de
je lui disais
;
reconnu un
serait
il
que
un grand danger
c'est
pour un peintre, qu'à coup sur jour,
noblesse
la
mais que nul ne pouvait prédire ce jour,
qu'il
faudrait peut-être longtemps l'attendre. Je n'avais
pas vu Carrière,
ma
formulée, était
gagnée
de
bonne nouvelle. En
la
;
A
désormais son ami.
j'étais
prédiction
se réahsait
sans l'espérer j'avais été
peine
la bataille
;
le
messager
1889, Carrière était proposé
pour une médaille d'honneur
et
décoré
;
expo-
les
du Champ-de-Mars, en isolant ses œuvres, faisaient mieux comprendre les artistes, les
sitions les
;
ceux qui
écrivains,
vivent par
comme un le public,
la
pensée
des leurs
sait
toucher par ce
où malgré tout
qui,
il
»
ceux qui
le
saluaient
elle,
;
d'humanité dans cet après
«
me
Je
une vie
en contact avec les
J'étais trop
lui
vision, se lais-
se reconnaissait.
ma toute jeunesse,
de moi.
pas,
amateurs venaient à
lui-même,
et silencieuse,
dans
pour
et
les
qu'il sentait
trouvai alors, dit-il
loin
;
n'arrivent
un peu déconcerté par sa
art
obscure
«
si
hommes
m'avaient paru à jamais
meurtri par
la
vie,
déjà
EUGENE CARRIÈRE
24
trop avancé en âge et trop spécialement façonné
me
par l'isolement, pour pouvoir
nouveau milieu, mais voir exprimer de la
j'eus
la
fondre dans ce
dont je n'aurais pas osé l'espérer.
Il
s'indigne
que
devant son génie
la société
et qui
maladive
sensibilité
épreuve forte-
sans colère, sans haine.
intact,
n'avait jamais été le petit
(jui
démocrate à
prend
les
Werther
exigences de sa
les
pour un droit aux caresses
pas un instant l'idée ne
;
la
ne s'incline pas d'abord
des sensations délicates que donnent richesse
hommes
»
Carrière sortait de cette longue
ment trempé, mais
me
de
satisfaction
sympathie par des
gentilshommes de
la palette
luxe et la
le
de jouer
lui vint il
;
resta ce qu'il
avait été, l'ouvrier robuste dont l'atelier
ne
dit
que
travail, l'homme que nous voudrions appeler l'homme de demain, l'homme de cœur sain et de le
ferme raison, qui
sait
où
est la vraie noblesse et
qui s'y tient. Les épaules larges. Carrière porte sur
un cou
comme à
demi
lantes,
fort
une
tête
puissante
:
le
front
haut,
martelé, que dominent et parfois recouvrent les le
cheveux rebelles,
les
pommettes
menton ferme modèlent
l'ossature affleure,
comme
le
sail-
visage,
le
roc perce
la
où
terre
;
enfoncés sous l'arcade sourcillière en rehef, abrités par
la
paupière un peu lourde, les yeux petits,
volontiers baissés, ont,
quand
ils
se
fixent,
un
regard d'une insoutenable ardeur, une flamme qui
EUGENE CARRIERE semble entrer en tournant dans pénétrer
;
impatiences
et les
exprime d'abord
dédains de
machine
a la construc-
pour battre
jours passés, malgré tout, la voile à demi tion la transfigure
dont
;
mais rien ne vaut
l'éclairé le sourire
Quand
de
l'obs-
mélancolie des
la
;
Cette tête
l'artiste.
elle
;
faite
jusqu'à ce qu'il tombe
tacle,
les
et
la lèvre
une moue, où se trahissent
la résolution
tion solide d'une
êtres
les
moustaches courtes,
sous les
inférieure avance en les
25
;
l'atten-
lumière
la
l'amitié.
Carrière parle de sa vie passée, c'est sans
homme qui applique son entendement aux clioses mêmes qui le touchent aussi bien, comme tous ceux qui sentent qu'ils ont une amertume, en
;
œuvre
à faire et qui ne sera jamais achevée,
plus occupé de l'avenir que du passé
un instant sur
la route,
du souvenir des
pour
mèneront plus
loin.
Cédant aux
sollicitations d'un ami,
forces qui le
tourne vers sa vie passée, la
s'arrête
s'il
c'est
d'autrefois,
les
cher ami,
est
ce n'est pas pour se fatiguer
fatigues
reprendre
et se
;
il
route parcourue
;
il
s'il
se recueille
conclut
comme
je
:
a
Voilà,
ne voya-
geais pas seul, elle a été dure, mais elle a été ce qu'elle devait être.
Ayant hbrement
résigné au départ, les accidents
choisi, j'étais
du chemin ne m'ont
pas découragé. Les ennuis matériels ne m'ont guère laissé
de
tristes
social blessé
ne
souvenirs, et
me
mon amour-propre
tourmente pas non plus
;
seules
EUGÈNE CARRIERE
26
douleurs sont restées vives, parce qu'elles
les vraies
sont les seules qui aient pu m'atteindre... Ayant
mis
mon
but très loin, je savais
qu'il
me
faudrait
beaucoup de temps pour y parvenir, je trouve tout cela très logique vie
)).
Comment ne
pas associer à cette
qui en fut vraiment la compagne,
celle
la rendit
par sa patience, par son labeur obscur, possible, y mit la grâce et la dignité ? a.
Ma femme
a été belle
et actif, elle fut
ajoute
Il
dévouement
de
qui,
:
passif
un élément de force naturel qui
soutient sans qu'on le sache, correspondant à notre
équilibre
Ce
)).
qui, plus
et lui
donna de
que tout la force
le reste,
pour
sa passion désintéressée pour
soutint Carrière
aller plus loin, ce fut l'art,
chose de supérieur à lui-même,
la
sa
j'ose dire, qu'il
si
l'œuvre impersonnelle qui
de l'humanité,
et sa
travaillait reliait
pensée à
la
à quelque
conscience
obéissait à sa destinée véritable, le
gieux,
foi
son
sentiment
qu'il reli-
à sa façon
à
effort à l'effort
pensée universelle.
L'égoïste pressé de jouir, l'ambitieux qui ne veut <iue la réputation et les
avantages qu'elle apporte,
songe plus à plaire aux autres qu'à se
se diminue pour se mettre à la
lui-même,
il
de tous,
s'allège
il
satisfaire
Pour Carrière,
les
pour se
faire porter
par
mesure le flot.
événements sont des accidents
extérieurs qui n'ont de sens que par leur rapport
au progrès de son
art et
de sa pensée. Son dernier
EUGÈNE CARRIERE mot, quand
revient sur
de succès
parler
comme
regarde ((.
il
mon
esprit se
fit
au milieu de
qui se complétaient
lois
me
je
refusai à
œuvre une chose dont je
entre
mon
donner dans
je n'étais
pas très sûr, je
répugnai à tromper par l'apparence
que
qu'il
une chose à une autre, amenant
découverte de
Toujours
mais de ce
d'argent,
ni
tout cela, ajoutant
elles.
passé, n'est pas pour
les seules acquisitions véritables.
L'évolution de
la
le
27
d'une
force
ne possédais pas véritablement. Je compris
un moment
même
—
chose,
lorsque accusé de faire toujours
—
que changer
que mieux comprendre, ce
la
signifiait grandir, et
serait aussi
comprendre
plus de choses. Je trouvai la correspondance des
formes du paysage avec
la figure,
cipe des formes, j'en eus sentis
ma
conception
du
prin-
un grand bonheur.
s'élargir.
étranger, et en voyant
l'unité
Je
Rien ne m'était plus
une chose, une forme,
je
sentais les autres s'y fondre en la complétant. Cette
idée
me
me fit me
je
me
dirigea et
dirige de plus en plus, elle
voir que tout avait été juste dans sentis plus
ma
vie, et
de forces. Je compris que,
si le
public n'avait pas été prêt, c'est que je ne l'étais
pas non plus, et que les choses fortes et simples veulent être dites fortement, que c'est long, très long, jamais abouti est
une
tard.
;
je sais
maintenant que
la vie
suite d'efforts continués par d'autres plus
Cette
idée
m'encourage, puisqu'elle
laisse 5
EUGENE CARRIERE
28
tout en travail et en action, et que seule la pensée d'arriver à
une
fin est triste. »
homme
arrivé,
dans
bouche des sots
la
ce qu'elle
fut
il
;
ignore
le ;
Carrière n'est pas un
sens que prend ce mot sa vie continuera d'être
son unité intérieure permet d'en
présager l'avenir par
le
passé.
EUGENE CARRIÈRE
29
III
Quand on
parle d'Eugène Carrière,
dis-
faut
il
siper d'abord les malentendus.
De braves gens qu'il fait
les
déclarent d'un ton de supériorité
ne voit point
qu'il
les
comme
choses
formes d'un brouillard qui
les afflige. Je n'ai
dames
sacré de Puvis de Ghavannes
;
pas
qu'égayait le Bois
elles l'accusaient
méchamment
ne pas dessiner, de casser
Il
les peint et
exprès de les contrarier, en enveloppant
oublié les rires des belles
et les
il
de
les bras
jambes des muses.
en est de
la
dessin de Puvis
:
couleur de Carrière l'originahté
comme du
du langage d'un
artiste
se justifie par ce qu'il y sait faire tenir de senti-
ment
et
de pensée.
On
insistera,
on dira que
la
peinture étant un art d'imitation, le peintre est tenu
de rendre l'illusion, et
l'apparence
que
le
des choses, d'en
donner
premier venu est autorisé à se
prononcer au moins sur
le
de savoir
fait
s'il
a
réussi dans cette partie de sa tâche. Il
faut s'entendre. Je reconnais
l'imitation est celle des maîtres
que
de
la
la
théorie de
Renaissance
EUGENE CARIUERE
30
Léonard de Vinci ne se lasse pas d'ad-
italienne.
mirer Fart subtil qui permet à l'homme de rendre le relief
plane
de
la
il
;
dimensions sur une surface
les trois
et
se vante d'avoir trompé le chien et le chat
maison par l'image de leur maître
laient caresser
exalte le peintre
il
;
qu'ils rival
(c
nature, seigneur et maître de l'apparence
de réaliser à son gré tous sa
fantaisie.
même
où
découvre
le
que
que crée
moment
Vinci écrit
l'art
Si
la
la
la
perspective et du clair-
de procédés nouveaux qui
même
le
peinture
l'exacte reproduction
avec
de
il
perfection.
le
Sans
peinture soit imitation, nous ne pou-
vons plus attacher vaincue.
Traité sur la peinture,
le
un degré inconnu de la
capable
les spectacles
obscur, enrichit
nier
la
Mais n'oublions pas qu'au
les secrets
portent à
»,
voude
à
prix
n'était rien
des choses,
elle
difficulté
la
de plus que disparaîtrait
photographie des couleurs, avec
le
procédé
mécanique qui va permettre de rendre l'image des choses dans sa forme et dans sa coloration. Il y a de
la
beauté dans une gravure, dans un dessin de
maître,
il
a pas dans
n'y en
manœuvre
adroit.
subordonne
l'imitation
Léonard
le
de
trompe-l'œil d'un Vinci lui-même
au sentiment,
il
lui
donne
pour objet dernier l'àme, ce qui peut apparaître de l'esprit
dans un^corps,
— pour nous,
la
—
la
pittura
e
cosa mentale,
peinture est avant tout un langage.
Certes ce langage reste
lié
aux
lois
générales de
la
EUGÈNE CARRIÈRE vision,
31
aux lignes, au modelé, aux jeux de
la
lumière
de l'ombre, à l'harmonie des couleurs
et
dans ces éléments multiples
l'artiste
mais
;
peut faire un
choix, s'attacher de préférence à ceux qui, accordés
permettent l'expression
à son émotion, lui en
la
plus directe et la plus contagieuse.
Le langage pittoresque de chose d'abstrait, de la
couleur dans
la
à le prendre d'un
partial,
Carrière a quelque
en ce sens
diversité de ses
nuances
essentielles de la vision
par
respect des lois
le
humaine, par
de l'élément primordial que
les
que
lumière
veux dire
l'œil l'objet
la
:
l'intelligence
couleurs ne font et ses
dégra-
gamme
des valeurs qui construit
dans son
relief et qui a elle aussi
dations, toute cette
pour
mais,
;
autre biais, nul n'est plus con-
cret, plus strictement réel
varier, je
qu'il néglige
ses accords délicats et charmants. L'œil de Carrière est
vraiment
ici
d'une subtilité merveilleuse
tous les maîtres,
de ses
lois.
il
domine
la
;
comme
nature par l'intuition
Ceux qui s'imaginent
langage original, qui mêle
de
la
qu'il
a choisi ce
tendresse et
la gravité,
pour ne pas ressembler aux autres,
parti pris,
pour étonner
dérouter les bourgeois, montrent
et
une singulière naïveté jointe à une rare ignorance de ce qu'est
de
le travail
reur du procédé,
comme
songe, pour en savoir n'est pas
l'art
pour
l'artiste. il
le
l'art
Carrière a l'hor-
a l'horreur de tout
néant et
men-
la vanité. «
qui est à craindre,
Ce
me
EUGÈNE CARRIÈRE
32
ud jour,
disait-il
c'est
Détaché du sentiment qui rien
:
métier pour
le
procédé n'est
le crée, le
les plagiaires sont les voleurs volés. L'art est
quelque chose d'intérieur, de personnel vaille
métier.
le
pour donner
dépend de
le
l'œil, l'œil
meilleur de
dépend de
:
on
tra-
La vision
soi.
l'esprit.
Un
pro-
cédé est stérile, une vision est féconde. Sans doute de
la vision
l'artiste
a une unité qui tient à son
même
tempérament, mais par cela de
la
qu'elle
dépend
nature de l'homme, qu'elle en est l'expres-
sion sincère, elle n'est pas arrêtée, figée, elle obéit
aux progrès de
la vie, elle
de chaque œuvre
fait
une occasion d'approfondir sa propre pensée en en découvrant quelque aspect nouveau. » Là est le vrai. Carrière n'a
son inteUigence
qui, liée à
comme
originale
d'abord tudes,
d'inertie,
son
et à
il
a une vision
sa sensibilité, est
nous surprend
esprit. Si elle
exerce quelque violence sur nos habi-
et
au
pas un procédé,
de nous y refuser par une sorte acceptons-la, nous ne tarderons pas à lieu
découvrir ce qu'elle garde d'universel et d'humain
dans ce qu'elle a d'individuel
et
de
différent, et,
mieux en mieux, nous comprendrons ce de
vrai,
de
réel,
de
littéral
même,
de
qu'elle a
tout en nous
sentant de plus en plus pénétrés par sa beauté sensible et par sa puissance expressive. ((
L'œil
dépend de
l'esprit. »
Eugène Carrière
est
avant tout un observateur attentif et réfléchi. Tous
EUGÈNE CARRIERE ceux qui
mules
abordé ont été frappés de ses for-
l'ont
de ses mots hardis, des
vives, originales,
images simples rise
33
et fortes,
par lesquelles
caracté-
il
un homme, résume une théorie, impose ses
jugements au souvenir. Sa conversation d'abord a quelque chose d'hésitant, d'embarrassé, les interrogations, les
pour
mais
réfléchir,
coup
et tout à
«
n'est-ce pas ?
», il
en une formule lumi-
neuse qui sortant du fond obscur tout à
rayonne
et l'éclairé.
suggestifs,
où
réflexion, son sens tion.
du
réel,
la
profondeur de sa
son esprit d'observa-
la
pensée d'abord
modèle en une forme nette sous une
clarté vive.
n'entre en possession de son idée que la voit,
elle
que quand
prend corps.
la franchise
est
comme
peu à peu se précise, se distingue, se
diffuse qui
Il
en
Le brouillard intelhgent de sa peinture devient
dans sa conversation
il
la fois
abonde en mots imprévus,
Il
marque, avec
se
s'arrête
intérieur se poursuit
le travail
l'idée jaillit
multiplie
il
et la
une pensée
elle est
quand
devenue l'image où
Sa pensée, où
se
retrouvent
spontanéité de l'esprit populaire
artiste
;
elle
ne décompose pas
idées,
elle
ne va pas de l'une à
ment,
elle
est
tique,
où
une divination,
les
l'autre logique-
l'intuition
synthé-
les observations antérieures et les pres-
sentiments obscurs s'organisent et vivent. Il
est bien
difflcile
de détacher ces mots des
entretiens qui les amènent, de les isoler de l'accent.
EUGÈNE CARRIÈRE
34
du
du geste
sourire,
et
de donner à qui
les
lit
ainsi
épingles l'espèce de secousse intellectuelle qui se
communique
parle de l'art japonais, de son influence
nisme, c'est très intéressant, au Japon
hommes
ce sont des
On
à qui en reçoit le choc soudain.
japo-
« le
:
après tout
;
qui se sont arrêtés, j'aime les
enfants, mais pas les vieux enfants, et puis je m'in-
mon
téresse plus à l'histoire de celle
du grand Turc. Changer
homme
un
nier
il
se
(^c
II
fantassin
fait
que
».
ou tard
tôt
Il
remarque qu'en
toujours à faire ce il
art
pourquoi
il
trahit sa vraie nature
a couru après une loge de concierge
y a des gens
qui
Ueutenant est tué, cantiniers.
gens
le
commandent lendemain
compare
Il
y>
:
les
que
parce
ils
dilettante
»
;
«
:
il
redeviennent
naturahstes
au métier fourneau,
:
—
ce
dit
a
à des
d'un démocrate sceptique et
dans son journal
parents pauvres
»
c'est
après
;
il
sort
avec ses
d'un peintre qui réduit
un
cuisinier,
tout,
c'est
la figure
l'art
son autel est un aussi
carré
s'égaie « de notre jeunesse littéraire qui porte
vie
;
le
qui jetteraient de l'engrais et se croiraient
jardiniers
la
;
y a plus d'un ministre qui toute sa vie, sans
le savoir, il
n'est pas progresser
ne progresse pas parce que de carabi-
l'homme en vient était fait,
grand-père qu'à
d'un petit débitant dont
le
«.
Il
dans
com-
merce ne va pas », de l'instantanéité du plagiat « qui fait que les découvertes n'ont pas l'air d'être
EUGENE CARRIERE
comme monôme (*) faites
autrefois par un
35
mais par un
seul,
y>.
Carrière n'est pas seulement un observateur, qui excelle à surprendre un ridicule, à saisir le trait
caractéristique d'un être original,
;
un
en qui survit dans
métaphorique de l'homme
esprit singulièrement
la réflexion
que nul n'applique
n'est individuel, en ce sens
lui
Tinvention
Nul plus que
primitif.
plus naïvement, plus directement sa pensée à la vie,
mais nul aussi n'est plus convaincu
qu'il y a dans choses une logique profonde à laquelle on ne
les
impunément.
se soustrait pas
cherche
qu'il
l'inédit,
qu'il
Ceux qui croient
peint autrement qu'il
ne voit, se trompent lourdement. d'être
«.
différent
Son
>>.
n'a pas la
Il
originalité
n'est
manie
que sa
volonté de ne rien exprimer qui n'ait passé par
son esprit et par son cœur. En étant lui-même,
homme
a l'ambition d'être
il
de répéter
mêmes
les
prétend
il
dans I*)
que
les
raisons
commune, en
vérité et
(c
la
la
ne se lasse pas
choses sont toujours belles par Il
^^.
croit
à l'universel, à
langue qui est
la sienne.
Non
qu'il se
pique
Edmond
de Con-
(jLielques-uns de ces mots ont été relevés par ;
c'est à
Concourt
sant les grossièretés du naturalisme
cisme
:
«
é....
au.ic
un jour, oppomièvreries du néo-mysti-
qu'il disait
Est-ce que vous n'avez pas en vous
sespérance dans ce
dans
la
une
laquelle les esprits s'unissent,
découvrir à sa manière, l'exprimer
court dans son journal
un
il
;
le
sentiment de
monde de maintenant dont
main,
et les
autres un cierge
'
»
les
la
dé-
uns portent
36
EUGENE CARRIERE
de philosophie,
qu'il disserte
se flatte
qu'il il
de peindre
Winckelmann
ignore
de regarder,
lieu
monde des
le
ne
et
au
fait
idées
à Platon. Son rationalisme n'a rien d'abstrait,
quelque chose de naïf servation
sous nos yeux
il
a
à l'ob-
lié
l'intelligence et l'interpré-
du monde. Pour com-
spectacle
le
la réalité,
il
ne s'en éloigne pas,
Son
profondément.
plus
intimement
images dont se compose incessamment
tation des
prendre
;
que
n'est
il
;
est
il
;
pas dire de sottises
art
à
l'unit
il
y entre nature
la
;
à force d'épier la vie, ce qu'en révèle un geste, une attitude,
un mouvement,
langage
le
des formes,
jen
il
comme
vient les
à
entendre
vieux saints
légendaires entendaient le langage des bêtes lui,
pour
rien n'est silencieux, tout est signe et symbole,
en peintre,
c'est
c'est
pensée vivante
la
;
avec les yeux
qu'il
voit
qu'à
des
degrés
divers
me
disait
un jour
E. Carrière,
tout
manifeste. (.(
les les
Dans
la
nature,
formes sont sympathiques, d'une expressions d'une
s'affirme et se précise.
même Il
même
famille,
idée qui peu à peu
y a quelque temps, je
revenais de Saint-Maur, je regardais par les vitres courir
le
paysage,
et j'admirais
collines, à laquelle se mariait la
lages
;
je
me
une femme à et
l'ondulation des
courbe des
retourne, et en face de la
bouche d'un dessin
dans cette bouche
comme
feuil-
moi
je vois
fier
et pur,
répété clairement tout
EUGÈNE CARRIÈRE
37
ce que je venais de voir et d'admirer.
y a ainsi
Il
une hiérarchie des formes qui s'expliquent l'autre
;
que tout
dans
la
nature, rien n'est dépaysé, parce
est parent, la colline et la plaine, l'arbre,
l'homme paysage apparaisse une terre
la
l'une
et
que dans un beau
aussi,
;
belle
femme, vous ne voyez
plus qu'elle, mais en elle vous revoyez tout Carrière se plaît à une sorte qu'il illustre
le reste. »
de transformisme,
de dessins étranges, où des formes de
du fruit, par degrés on s'élève à celle de cet la femme. Ici encore sa pensée se fait image retrouve qu'il découvre, homme, qui ne sait que ce à sa façon Darwin qu'il ignore. Mais, par ces symboles, qui ne doivent pas l'égarer, loin de ramener la fleur,
;
la
vie
au mécanisme
sérieuse
exprime
monies cachées qui
et
au hasard, sa fantaisie
sentiment profond des har-
le
lui
révèlent l'universelle pré-
sence d'un esprit également épris de logique et de beauté.
par
la
Spiritualisme de peintre et de poète, qui
perpétuelle attention aux signes expressifs
du sentiment, par aux formes
l'accord de ses propres émotions
par
visibles,
découvre de plus en plus lumière et de l'ombre, à la face de vie, la
la le
et qui
pratique de son art,
sens des lignes, de
de
l'homme, suivant
reconnaît,
la
de
la terre
chaîne d'or de la
sous les mille métamorphoses qui
déguisent aux yeux distraits,
obéissant aux
la face
la
mêmes
lois.
la
même
pensée
EUGENE CARRIÈRE
38
comme
La sensibilité de Carrière, est, si j'ose dire, réaliste
dans ce qui
le
son intelligence,
trouve son aliment
elle
;
touche directement,
elle se
d'abord aux êtres qui l'entourent, à ceux vivre et souffrir duelle,
;
par
enfermée dans
qu'il voit
semble tout
elle
là
prend indivi-
cercle étroit de la famille
le
;
mais, en s'approfondissant, elle s'étend, s'universalise,
devient
la
sympathie à laquelle toute vie
révèle son mystère. Carrière n'a pas le goût de la
ignore la mythologie
fiction,
il
Faust,
redemander avec violence
la
forme divine d'Hélène
;
besoin du recul du passé, qu'il a
et le elle
sous les yeux, à
témoin
;
(.<.
aux mères
son imagination n'a pas
aux objets
elle s'attache la vie
dont
il
est l'auteur
loin
du
réel, elle est la réflexion
dans laquelle son émotion se continue
et tout
en
d'intellectuel.
Il
ne fausse pas
le
prend quelque chose
répugne au sentimentalisme
;
il
sentiment en exagérant son expression la
poésie par
à son
compte
la
vérité.
la belle
connaît, plus on aime.
soi,
le
»
sang-froid de
et les réfléchit
Volontiers
il
parole du Vinci
pas de lui-même, elles
de
»
sa rêverie a quelque chose de concret,
ne l'emporte pas
s'exaltant
connue
n'ira pas,
il
;
il
;
atteint
reprendrait :
«.
Plus on
Ses émotions ne l'aliènent lui laissent
la
l'homme qui
possession les
domine
sans les amoindrir. Lié à ses senti-
ments,
fait
art est
une sorte de méditation de
d'observation discrète et profonde, son la vie.
Les ana-
EUGENE CARRIERE logies
39
formes ne
croit saisir entre toutes les
({Li'il
sont que les divinations d'une sympathie de plus
en plus clairvoyante qui peu à peu de ceux l'entourent l'unit à
tout
ce
qui
C'est
est.
([ui
pour
avoir observé le langage visible des corps, pour en
avoir pénétré le symbolisme
caché,
qu'il
devine
geste d'un sentiment dans l'ondulation de la col-
le
line,
dans
de
Heur.
la
forme de
la
En quelques
l'arbre,
dans
le
frisson
lignes obscures à force de concision,
mais d'une véritable beauté. Carrière a résumé tout ce que je ne fais que développer et qu'éclaircir ((
de
Dans la
sur
la
le
court espace qui sépare
route à parcourir, et à peine
Dans ce temps
nos douleurs tiennent
;
;
si
est
a-t-il
apparaît.
hmité, nous avons nos joies,
et
elles
nous apparles
ne ressemblent qu'à nous-mêmes...
Je vois les autres
hommes en moi et je me me passionne leur est cher.
L'amour des formes extérieures de le
pris cons-
menace fmale
que du moins
retrouve en eux, ce qui ((
naissance
la
que nos manifestations en soient
témoignages *.c
:
mort, l'homme peut à peine faire son choix
cience de lui-même que la «
ici{*)
moyen de compréhension que
la la
nature
nature
m'impose. «.
(*) ;'t
Je ne sais pas
si la réalité
se soustrait à l'esprit,
Catalogue de l'exposition des œuvres d'Eugène Carrière,
l'Art
nouveau
(avril
1896k
faite
EUGENE CARRIERE
40
un geste étant une volonté
visible
!
Je les ai toujours
sentis unis. (c
L'émouvante surprise de
qui s'ouvrent
la
nature aux yeux
sous l'enapire d'une pensée enfin
voyante, l'instant et
le
passé confondus dans nos
souvenirs et notre présence... tout cela est et
mon «
ma
joie
inquiétude.
mon
Sa mystérieuse logique s'impose à
esprit,
une sensation résume tant de forces concentrées. «
Les formes qui ne sont pas par elles-mêmes
mais par leurs multiples rapports, lointain recul,
tout est et
mon
nous
rejoint par de subtils passages
une confidence qui répond travail est
En ce temps de et surajouté,
dans un
tout,
de
foi et
:
mes aveux,
à
d'admiration.
dispersion, de talent
»
mécanique
où chacun plus ou moins bien joue
plusieurs personnages, cette vie fortement unifiée
a quelque chose de saisissant. Carrière est un bon
ouvrier qui aime son œuvre, qui
avec respect, la
qui
la fait
met en
se
peinture est sa manière d'être
de penser
son métier,
et il
d'agir
;
elle
avec gravité, tout
homme, de
entier
;
sentir,
son art n'est pas seulement
est sa science et sa morale, sa philo-
sophie et sa rehgion
;
il
est
le
principe de son
accord avec lui-même, de sa sympathie avec les autres
hommes, de
sa
communion avec
universel, dont la toute présence le la
valeur de son propre
effort.
A
fesprit
rassure sur
ceux qui seraient
EUGENE CARRIERE
41
tentés de juger ce point de vue bien étroit, bien
naïve cette prétention de trouver dans les
un
art tou>
éléments d'une vie pleinement humaine,
affirmer que cette illusion,
si elle
n'est plus
je puis
de notre
temps, a été celle des Léonard de Vinci, des Michel-
Anse
et
des Albert Durer.
EUGENE CARRIÈRE
42
IV
Le métier de Carrière présent à ce qu'il
de ce
fait,
n'est
même
esprit
est Texpression sensible
il
qu'il a d'original et
que son
de passionné, de logique
et d'universel.
Quelques critiques, pressés de juger
que Carrière ne dessine
leur compétence, affirment
pas
:
il
et d'établir
enfume ses tableaux de
parti pris,
il
noie
ses figures dans un brouillard flottant, où les lignes oscillent,
s'irradient,
où
les
formes se dissipent
et s'évanouissent. Voilà qui est bientôt dit
il
:
est
plus facile de se débarrasser d'un artiste que de
comprendre.
Il
sur ce qu'est
le dessin.
le
importe avant tout de s'entendre
Le dessin
est chose
moins
simple que beaucoup d'honnêtes gens ne l'imaginent. Volontiers on le définit par qui
contour, par
suggère l'image d'un corps en
sa silhouette.
aux
le
lois
de
Que fait
ligne
reproduisant
ce dessin existe, qu'il réponde
la vision,
du peintre ne
la
il
n'y a pas à le nier
qu'imiter,
:
que suivre le
la main mouve-
ment de l'œil qui, pour s'emparer de la forme, la résume dans les lignes qui la limitent. Mais, en
EUGENE CARRIERE
43
art,
de ce dessin ce qui nous intéresse, ce n'est
pas
la calligraphie déliée,
encore un instrument indifférent
dans l'ondulation de
sement de
c'est
bonnet
frémis-
pemtre qui silhouette un
Tel
l'esprit.
la ligne le
en commençant par
grenadier,
banal.
passif,
et
justesse ce que l'artiste sait mettre d'expres-
la
sion, c'est
le
l'exac-
mathématique que donnerait bien mieux
titude
dans
même
ce n'est pas
ou par
botte
la
à poil,
ne sera jamais qu'un illustrateur
Que ceux
qui parlent de la ligne prennent
la
peine d'observer avec quelle délicatesse Raphaël
la
balance, l'équilibre, la plie aux exigences de son
génie
;
avec quelle violence Michel-Ange l'allonge,
tourmente
la
de l'inquiétude des âmes
et l'agite
héroïques. Le contour n'est pas
une
entité
sacro-sainte
;
est
il
de
lois
la
vision
;
dessin en soi,
un procédé empi-
mesure où
rique, qui se justifie dans la
aux
le
il
répond
sa légitimité, sa valeur artis-
tique reconnue, j'ajoute qu'il a quelque chose d'abstrait
:
il
est
un résumé, un schéma,
à la vision intégrale un de ses la surface, à l'objet Il
donné sa
est des artistes qui,
au
il
substitue
moments, au volume
limite.
lieu
de traduire
la
forme
par une ligne qui n'en est que l'indication
résumé, l'abordent directement qu'elle
leur
apparaît.
et la
rendent
et
le
telle
Leur dessin plus concret,
plus rapproché de la vision réelle, plus complexe, est
une construction de
l'objet,
un
effort
pour
l'éta-
EUGENE CARRIERE
44 blir
d'ensemble, en marquant les
et les reliefs.
Ils
du corps
creux
qui n'est,
trait
y arrivent comme modèlent ils ne défi-
à l'isoler, qu'une abstraction, à la limite
saillies, les
ne partent pas du
qu'ils
ils
;
nissent pas avec plus ou moins de justesse une certaine quantité d'espace pour le remplir de son
vont du centre à
contenu,
ils
dégagent
et précisent la
les lumières,
en
ports. Les élèves
forme par
les
ombres
de David croyaient imiter
tuaire antique par leurs silhouettes linéaires,
cédaient, à dire vrai, à l'inverse voit la
parties
forme toute à
la fois,
par un travail
beauté de
la ligne
Pour comprendre avoir regardé ses
albums
ces feuilles volantes
pectus
—
tons, ces
«
pensers
loisirs
et
pro-
du sculpteur qui et
ne réalise
à couverture grise,
sur
de
la
la
faire part,
table de
il
faut
manié pros-
l'atelier,
s'accumulent dans les car-
comme
»,
ils
l'équilibre des masses.
lettres
les tiroirs,
pensers du matin
de
—
qui traînent
encombrent
la sta-
dessin de Carrière,
le
et
en ordonne les diverses
simultané
que par
ils
émerger de leurs rap-
faisant
la
périphérie,
la
du
studieux, où
soir, il
eût dit Watteau, ces
de toutes les heures
prépare les œuvres qui
prolongent sa vie dans les images qu'elle crée. Ces
innombrables croquis au crayon noir, à
la
sanguine
sont les notes rapides où se traduit sa passion
d'observateur infatigable. Carrière sait voir ce que
nous ne voyons plus
à force
de
le voir,
il
garde
EUGENE CARRIERE
45
l'étonnement de l'enfant qui rajeunit
le
du monde
lui
;
n'est jamais
vie
la
chose de banal,
pour
quelque
quelque chose
elle reste
d'effacé,
spectacle
d'inconnu, d'inédit, l'objet d'une perpétuelle surprise
;
en aime tous les gestes,
il
l'épie
il
en ces
instants où, livrée à son propre entraînement, elle
se révèle dans et
de toute
et
conime
saisit il
la
sa vérité, où, libre de tout artifice
contrainte, elle reprend
d'un œil sûr ces aspects
les fixe
fraîcheur
la
nouveauté des choses éternelles. fugitifs
de
Il
l'être,
d'une main prompte et passionnée. Ces
croquis ne sont que des émotions et des mouve-
ments, une suite de visions rapides où brusque-
ment s'évoquent
très
les
images
simples
dont
compose une existence humaine. Vous mouvements qui, d'abord instinctifs, accordent la mère et l'enfant jusqu'à en faire un seul être en deux personnes, puis peu à peu les rapprochent par un amour où déjà entrent la conscience et la volonté la
suite
y trouverez dans leur franchise tous ces
:
une
tête
dans un élan de tendresse,
se penche
deux visages se rencontrent dans un fant s'est
nels
;
endormi dans
autour de
lampe, se presse
la le
de
la
la joie,
de
la
l'en-
berceau des bras matertable,
sous l'orbe de
cercle de famille
quelques accents, tous
ceux de
le
grande
baiser,
les gestes
douleur,
de
;
la
résumés en
la vie
sont
là,
de l'inquiétude,
vague rêverie, ceux des humbles occupations
EUGÈNE CARRIÈRE
46
domestiques,
ceux aussi des objets familiers qui
et
ont leur langage, parce qu'ils ont leur esprit.
Des mains sans nombre couvrent ces vivantes, expressives; et
(c
feuillets,
ces mains, qu'il a délimitées
modelées en quelques coups de crayon, on peut
les placer
auprès des mains les plus célèbres racon-
tées par les croquis les plus impeccables. Carrière les voit
vraiment douées d'une existence spéciale
révélatrices de caractères.
Il
dit
et les mollesses, les énergies
dons hautains des gnés.
Il
et
par elles les volontés
de
aban-
l'action, les
indifférents, les défaites des rési-
en voit de gracieuses, de nobles, d'infiniment
touchantes...
Il
caresse de toute sa délicatesse des
mains potelées d'enfant, des mains fmes et rêveuses de femmes. Il est saisi d'un respect attendri devant des mains de veillesse au repos d'un long Rappelez-vous, dans
émouvant de à la
mère,
la
bouche dont
L'homme
comme
le
d'autres,
compriment
après
seront torturés et brûlés pour (*)
Gustave Gelfroy.
des mains, ah,
la
tant de choses en lui
brassées,
—
et
La
main !
!
comme
est
et
il
sanglot.
convient,
en son nom,
même
le
morceau de
des mains,
toujours en
mimique. Car Carrière
lui
le
crime
:
sur
Vie Artistique, ire série, p. 33. « Ali
ce
la
))
mains pâles portées
juste a été crucifié,
tant
(*).
Christ en croix, le geste les
elles
travail
il
l'être,
y en a
là,
!
qui dit et raconte
dans
les tiroirs,
des
surprise de toute leur éloquente
un dessinateur passionné de
comme l'ont été Watteau et Gavarni. » de La Vie Artistique, Ire série, p. 12.)
(E. de
la
main,
Goncourt. Préface
EUGENE CARRIERE le
fond,
le
ciel,
dont
ténèbres
les
terre,
la
confondent avec
se
monuments des hommes,
les
corps du crucitié pesant sur
le
47
les
mains que
les
clous déchirent, se construit d'une pâle lumière
s'éclaire,
dit
sottise
la
et
de
sérénité
la
de
la croix
basse qui en
hauteur laisse
celui
juste
le
Auprès
qu'elles.
fort
dressant de toute sa
le
au niveau des hommes,
mère, debout, dans ses vêtements noirs, porte
à son visage ses mains croisées par se
sachant
qui,
méchanceté, a choisi de mourir
la
pour ce qui doit être plus
la
;
visage noyé dans l'ombre, mais dont le front
le
marquent
stupeur et
la
un geste où
désolation de celle
la
qui ne veut rien savoir que l'immense douleur qui l'accable.
Dans
le
tient le meilleur
rapprochement de ces deux êtres
de l'humanité
la
:
nue, s'achève par la pensée, la l'instinctif
dévouement par
le
nature se conti-
mère par
le fils,
sacrifice volontaire.
Là-dessus, n'imaginez pas la calligraphie nette et patiente d'un professeur de pensionnat, un contour sec, sans déviation
;
la
ligne mobile frémit,
se jette dans la direction du sorte d'emportement
leusement observée,
;
la
remue,
mouvement avec une
forme n'est pas scrupu-
elle est pliée à toutes les exi-
gences du sentiment, réduite parfois à n'être que le
thème
expressif, l'arabesque
vérité idéale porte la nature
La forme de
l'arbre
émouvante, dont
la
au delà d'elle-même.
dépend des
souffles
qui
l'agi-
EUGENE GAKRIERE
48
tent
de
selon qu'il ondule sous
elle varie,
;
la brise,
dans
feuillage,
qu'il oscille
du vent qui
sens
le
la
en tous sens aux chocs contrariés d'un
tempête
mente
forme humaine battue de tous
de
l'esprit
(*).
en ces croquis, se tour-
ainsi,
;
Ces notes, prises par
montrent sa curiosité
le jour,
son observation, l'ardeur
forme de
la
comme
regard
son émotion
la vie.
non
et
il
:
ne construit
il
l'embrasse d'un
courbe d'un dessin ornemental
en présence d'une
grappe
raccordés,
traits la
de
sûreté de sa main,
Carrière n'a pas l'œil analytique
pas
au jour
infatigable, l'acuité
et la
nature et devant
la
les vents
l'artiste
ce qu'a de passionné et de réfléchi
devant
et
frappe, ou
le
souffle de la
caresse
courbe tout entier, tronc
se
qu'il
grappe
de
raisins,
les grains, le tout
il
;
voit la
avant les accidents
qui en précisent la vision d'ensemble.
S'il
titude d'un enfant, qui,
endormi sur
la table, la tête
l'image,
une
il
fleur
;
comprend
(*)
«
de
il
s'est
comme un
toute à la fois
découvre d'abord
la
le
reste;
il
va de
la ligne
la
note
il
fruit,
générale qui l'établit et
y main, saisie dans
forme, aux doigts qui l'achèvent;
Insistez sur les traits
dominants du modèle,
lui-même, exprimez-les fortement, ])oussez-les, la caricature, je dis
tance d'un principe
caricature afin de si
juste.
»
l'at-
ne décompose pas
toutes les autres lignes,
subordonne la loi
soir,
dans ses bras,
la voit il
le
mieux
s'il
faire
disait
le faut,
s'il
Ingres jiisqu'à
sentir Tinipor-
EUGENE CARRIERE
49
regarde une mère allaitant son enfant,
ne distin-
il
gue pas deux êtres qu'un hasard rapproche,
aper-
de l'arabesque qui, de ces deux êtres,
çoit l'unité
que traverse un
même
sentiment, pour un instant
compose une forme unique
comme
et
Rien n'est plus propre à montrer ce l'esprit
il
naturelle.
qu'il
y a dans
de Carrière d'original, d'individuel, d'incom-
municable parfois, que ces synthèses hardies où forme, simplifiée par le
signe expressif
vous trouverez l'essentiel, le (jui
domine
Si ces
mêmes, les
;
le
le
mais, jusque dans ces audaces, souci de la
goût de
la vérité
loi, la
recherche de
profonde, l'intelUgence
à force de la comprendre.
la réalité
croquis ont parfois leur intérêt en euxils
ne sont que des notes, des documents,
éléments patiemment amassés de l'œuvre qui
en donnera
le
sens véritable. Carrière n'est ni un
nerveux, ni un agité
ment
rassis, plein
;
il
souveraine que
la
robuste, de tempéra-
est
de sens
est convaincu qu'il y a
;
dans
il
aime l'universel
les
même amour
sa propre
qui
passer dans ses croquis
fait
les palpitations
que
de
loi.
Le
que
le
la vie, l'attache
les accidents dissimulent
est vrai
la
de
il
la vérité
frémissement
aux
et
lois réelles
sans s'y soustraire.
forme, à parler strictement,
n'existe pas, qu'instrument de la vie, toujours difié
;
choses une logique
pensée doit accepter librement
comme
S'il
la
sentiment, n'en est plus que
par les mouvements de
la
mo-
passion et de la
EUGENE CARRIERE
50
volonté, elle se d'aspects,
n'est pas
il
nombre
présente sous un
moins
infini
vrai que, sous tous ces
aspects, elle se retrouve et se reconnaît. Si variées
que soient
les attitudes
que
corps est une machine,
dont
le
nombre,
nissent avec
la
lui
impose
il
le
a ses pièces articulées,
il
structure et les rapports défi-
une inexorable rigueur
entre lesquelles
l'esprit,
les
limites
peut être transformé par l'action.
Carrière est trop
sincère et trop réfléchi pour
s'en tenir à l'apparence,
pour peindre d'un corps
ce qu'en saisit d'abord un œil superficiel et proin|)t; il
est préoccupé avant tout de ce qui explique ce
qu'on
de ce qui détermine
voit,
les plans, les
creux
et les reliefs,
des masses solides, des substructions
osseuses
corps sans poids ni profondeur n'est
;
le
plus qu'un fantôme incapable de vie.
qué chez Vélasquez,
peut-être chez le Vinci, que les traits
yeux,
le nez, la
les entoure, les
« J'ai
me disait-il un jour,
remar-
plus encore
du
visage, les
bouche sont préparés par ce qui
par l'arcade sourcilière, les pommettes,
mâchoires
;
ils
ne seraient pas
mène
sens, n'étant pas attendus
on
comme un sommet,
devinerait. Ces traits sont
y arrive par ce qui y
là,
;
isolés, ils
comme
Les imbéciles qui se jettent sur
les
les
on
perdent leur
dans yeux,
la
nature.
le nez, la
bouche, sont des gens qui veulent ouvrir les fenêtres avant d'avoir élevé le
mur.
de ces architectes chimériques
))
:
Carrière n'est pas il
établit
d'abord
EUGÈNE CARRIERE les
dessous solides,
la
51
charpente osseuse
;
il
dresse
derrière lequel se passent tant de choses,
le front,
sculpte son relief et ses bosses sourcilière, les
mâchoires
pommettes,
;
il
construit l'arcade
l'arête
du nez,
l'os
des
sur ces fortes assises, lentement édifiées
;
par les ancêtres et qui trahissent du caractère ce qui ne change pas, toute émotion les ailes
du
tend les muscles mobiles que
il
met en
jeu, les paupières, les joues,
nez, les lèvres, toutes ces parties fré-
missantes au moindre choc, qui disent tout à fois le
sentiment momentané
la
par leurs contrac-
tions passagères et la destinée parleurs habitudes. C'est surtout dans ces préparations au bran,
dans
modeler de son
libre
les portraits qu'il se plaît à
pinceau avec l'ombre
et la lumière,
que Carrière
masque en
révèle son art de faire sentir, dans le
rehef, les dessous résistants, de relier la construc-
tion savante à l'expression morale. Étudiez encore les lithographies
mes
où
il
a représenté quelques
célèbres de ce temps. Pâle, émergeant
sans violence,
la tête
doxale, où
sement
;
le
une
sa forme heureuse;
clarté dorée, étale sa face para-
l'homme
et la bête se
crâne chauve,
serré aux tempes et
du fond
d'Alphonse Daudet garde dans
sa mélancolie l'élégance de Verlaine, dans
hom-
mêlent
le front très
comme soudé
si
curieu-
haut mais
trop vide, la fente
des yeux bridés, sans paupières, que l'orbite écrase, le
nez camus,
la
pommette
saillante
que l'ombre
EUGÈNE CARRIERE
52
souligne, la
bouche devinée sous
tache aux poils jaunis l'inachevé de l'enfance,
de symétrie,
la
;
et,
construction forte garde
par son
manque
poète tour à tour ou
et
au repentir.
parallèlement
ce
La lithographie d'Henri Pvochefort aussi simple
mentée,
d'ordre,
trahit l'âme trouble, multiple, qui livra
le
facture
grosse mous-
la
comme
à l'erreur
n'est pas d'une
tour-
inquiète,
l'exécution,
;
))
discordante, se plie au caractère peint
du modèle. Carrière l'homme de combat,
qui,
miheu démocratique,
les
a
le
pamphlétaire,
adapte
d'instinct,
des
traditions
au
grands
seigneurs qui tenaient campagne contre les gens
du
roi et faisaient les routes
Tout autre est la
la belle
peu sûres.
image du sculpteur Rodin;
construction savante distingue et relie les plans du
visage
;
l'arcade sourcilière puissante, d'où se déta-
du nez recourbé, continue les bosses du front, se prolonge par les pommettes un pli dédaigneux avance la lèvre inférieure la barbe descend che
l'arête
;
;
en ondes qui se perdent dans l'ombre. On sculpté par la main la tête
de Michel- Ange, dans
d'un faune sérieux où l'àme de
dirait
le roc,
la
nature
arrive à la conscience d'elle-même, et le souvenir s'éveille
des groupes où
l'artiste
a modelé,
dans
ses marbres frémissants, les ivresses, les angoisses,
du mystérieux amour qui recherche du bonheur.
les terreurs
pour
la
se prend
EUGENE CARRIERE
53
ou un corps
Ainsi Carrière ne voit pas une tète
comme
des surfaces,
scrupuleusement unité,
dans
la loi
:
il
n'en copie pas l'apparence
il
d'ensemble, dans leur
les voit
de leur structure,
et
il
subordonne
tous les détails au plan supérieur qui les domine.
Le
même
esprit de synthèse qui
ne laisse de la
lui
fait
la
forme que ce qu'elle a d'expressif,
rétablir
dans tous ses droits, quand
est
vraiment lui-même,
deux éléments savante
;
qui agite le
:
il
Dans ses tableaux, où
arrive à l'œuvre définitive. il
dans ses croquis
le
dessin est
fait
de ces
justesse expressive, construction
vous y retrouverez ses esquisses,
le
la
fougue intérieure
mouvement passionné,
geste où tout l'être se projette, mais l'action est
contenue dans rêtant, ajoutent
les limites
voudrait franchir. nise ces
ardente
de
la
à l'impression
Le
talent
forme de
la
qui, en l'ar-
force qui les
de Carrière harmo-
dons en apparence contraires et intelligence lucide,
passion
élans soudains et volonté tenace.
:
sensibilité et logique,
EUGENE CARRIERE
54
Sa couleur témoigne
penchant à subordonner le matériel
même le
même
la
vision,
le
même
procédé au sentiment,
le
du langage à ce
esprit de synthèse, la
qu'il
a d'expressif; le
même
originahté dans
respect des lois nécessaires.
D'aucuns trouveront paradoxal de parler de couleur à propos de Carrière
mais
;
bon de s'entendre. Prenez un
ici
encore
il
la
est
coloriste de génie, le
prince des Vénitiens, Paul Véronèse. La diversité
des couleurs, dont chacune a sa qualité propre et ses nuances, la richesse visible qu'il prodigue, la
rencontre de tout ce que
la
de doux, de radieux dans
nature met d'éclatant,
les
pierres précieuses,
les fleurs, les soleils couchants, certes contribuent
à l'enchantement de son œuvre, mais sensible est
moins dans
nombre, dans leur
que dans
combine, dans l'harmonie qui dent, s'accordent, et l'unité
d'une vision
charme
éléments, dans leur
les
intensité,
le
l'art
fait qu'ils
qui les
se répon-
que tous enfin conspirent à
comme
simultanée.
Disposée
par une main maladroite, cette foule d'éléments ne
EUGÈNE CARRIERE serait plus
55
qu'an tumulte douloureux ou
le silence
inattendu de couleurs bruyantes qui s'éteindraient Ainsi ce qui
l'une l'autre.
fait
beauté du coloris, ce n'est ni
des tons isolés,
c'est leur
la variété, ni la
harmonie,
monie dépend elle-même de lumière, de
la
la
la
richesse
et cette har-
distribution de la
justesse avec laquelle ses gradations
sont observées et rendues.
comme
tons seraient
dans un tableau
Un
tableau,
où tous
les
échantillonnés, pourrait don-
ner beaucoup moins l'impression de
la
qu'une gravure où
notées par
les valeurs seraient
couleur
un œil délicat. Vélasquez jamais peut-être ne s'est montré coloriste plus rare, plus raffiné que dans le tableau fameux des Ménines, où n'entrent comme éléments que
le
noir des vêtements opposé à la
clarté des visages et des mains.
contre la
Newton que
combinaison de
vrai,
la
du moins, que
lumière les
sont des accidents de
intimement
liées,
Gœthe prétendait
toutes les couleurs résultent de
la
et
de l'ombre;
est
couleurs et leurs nuances lumière, qu'elles
qu'elles
lui
participent à ses
Supposez que d'un tableau de Vélasquez
Véronèse vous
il
effaciez les tons
sont lois.
ou de
en ne gardant que
leur intensité lumineuse, de ces valeurs accordées
se composera une harmonie dont le
charme sensible
atténuera l'impression première de l'œuvre sans
la
détruire.
De
la
couleur, Carrière ne retient que
la
lumière
EUGÈNE CARRIÈRE
56
et
mais son
l'ombre,
œil
merveilleusement
est
sensible à leurs gradations et à leurs accords.
de regretter ce
est légitime
sage d'apprécier ce
n'observe
cju'il
un
il
sensuel
((
-»
ne
la trahit pas.
de
l'œil,
plus de subtilité que lignes,
un
aux jouissances
homme
vision des choses.
pour
est faite
qui perçoit avec les rapports
qu'il sait
des
goûter dans
disait
délectation. »
la
il
et qui fait participer
La peinture,
«
;
Tout vrai peintre est
des tons ou des valeurs,
les autres
nul
lois essentielles
vulgaire
le
est plus
plus attentif,
œil
n'obéit plus strictement à ses l'interprète,
il
garde et d'en jouir. Nul
d'un
nature
la
qu'il néglige,
S'il
la
Le Poussin,
Les tableaux de
Carrière ne sont pas faits seulement pour plaire à la
ou pour émouvoir
raison
langage caresses,
ils
le
cœur,
mais qui a ses
simplifié,
donnent à
la
ils
parlent
un
douceurs, ses
pensée un accompagne-
ment de sensations qui ont leur prix en elles-mêmes. Harmoniste
délicat,
réalité visible,
il
charme pénétrant.
éléments
des''
garde de
Mais pourquoi
sacrifie-t-il les
couleurs, pourquoi ne peint-il pas les choses
nous
les
comme
voyons? il
les
— Peut-être parce peut-être
voit,
la
composer des œuvres d'un
sait
—
qu'il
comme
qu'il les peint
aussi parce qu'il a
humbles appartements des Batignolles et palais de Venise à coup sûr, parce que ce
habité les
non
les
;
langage convient à l'expression de ce qu'il veut dire,
parce que d'instinct
il
le
juge approprié à l'intimité
EUGENE CARRIERE
57
de ses émotions, à ce qu'elles ont tout à
la fois
d'ardent, de profond et de réfléchi, parce que sa simplicité
goût de
même lui
l'unité,
plaît,
parce qu'elle répond à son
son esprit de synthèse, à sa
à
concentration volontaire de
Vous de
et
du sentiment.
l'effet et
retrouverez cette pénétration de l'intelUgence
la
ce besoin d'unité, ce sens
sensibilité,
caractéristique et ce souci de l'universel dans
avec lequel
ordonne ses groupes,
l'artiste
l'un à l'autre,
du
l'art
les relie
de leur ensemble construit un tableau.
La composition de Carrière, comme son dessin, est un mélange heureux de puissance expressive et de construction savante- Ses croquis ne révèlent pas
seulement un rare sentiment du mouvement dans ce qu'il a pour ainsi dire de spirituel, le
ils
montrent
peintre attentif à tous ces accidents de la vie qui
rapprochent deux ou plusieurs êtres, enveloppent leurs formes distinctes dans l'unité d'une action qui les
accorde l'une à
la plaine
l'autre.
Un
cavalier galopant par
évoquait dans l'imagination plastique des
vieux Hellènes
la figure
du Centaure
;
à tout instant,
sous nos yeux, de plusieurs corps se crée
un corps plus complexe, dont leur harmonie dans l'acte
existence éphémère
:
les
même
comme
hgnes trouvent
qui lui
les sculpteurs
donne une
ne l'ignorent
pas. Carrière excelle à saisir ces lignes, leur direction et leur convergence
;
il
ne
fait
pas un groupe
de personnages juxtaposés, qui restent séparés
les
EUGÈNE CARRIÈRE
58
uns des autres
comme un mère
les
il
;
ordonne comme un ensemble,
tout qui a sa forme et sa vie propre.
La
de l'enfant qui repose en
n'est pas détachée
ses bras, qui se suspend à son sein ou qui, plus
grand, s'unit à elle par
une
même
la caresse,
La
vie les anime.
par
famille est
baiser
le
;
comme un
aux formes multiples mais orga-
être réel, concret,
nisées, dont l'unité mobile est dans les émotions
communes
spontanément
groupent
en
qui
les
membres. Carrière n'est pas seulement préoccupé de voir le
groupe
comme un
de synthèse
œuvre
;
il
tout,
il
apporte
composition
à la
le
même esprit
générale
de
son
n'y a pas pour lui de lignes ni de contours
masses,
distincts des
morceaux successifs
;
il
il
ignore la mosaïque des
son tableau
voit d'abord
tout à la fois, de loin, dans son effet général. Sur
un croquis, pour donner fortes, puis établit les
de ce
l'idée
délimite par quelques traits
les
qu'il fera,
avec de l'ancre ou du fusain étalés
ombres, çà
et là, les rappels
de
les passages, et c'est cette vision générale
à
peu
un
il
tout
;
il
façon de
il
se crée
l'être
progressif. Aussi
d'accessoires
;
il
comme
vivant, par
n'y a pas
il
clarté,
que peu
le principe, est
d'abord défini dans
est
construction, la
Son tableau, dès
précisera^
il
les plus
clartés
la
loi
de sa
simultanément, à
un enrichissement pour
son œuvre ne se
fait
lui
de
détails,
pas de pièces
EUGENE CARRIÈRE rapportées
;
les
groupes dans leur unité, les masses
dans leur équilibre,
lumières et les ombres
les
dans leurs rapports nécessaires, la
59
vision d'ensemble dont
il
lui
donnent d'abord à s'emparer
lui reste
par un travail successif.
Le Premier
Voile est l'une des
œuvres maîtresses
de Carrière, celle peut-être qui, par l'exécution
comme
par
le
sentiment, provoque
moins de
le
Sa puissance expressive y est tout son art de construire les groupes, de les
résistance.
entière
;
par l'atmosphère,
relier
dans son ensemble par et
de
l'ombre
de composer
le
tableau
rapports de
la
lumière
les
révèle
s'y
sans
parti
pris,
sans
manière. Les personnages ont été surpris dans leur attitude vraie
chacun tère. la
;
sous
le
trahit sa nature,
coup de
la
même
émotion,
son expérience, son carac-
La lumière d'une matinée de mai entre dans
pièce demi-close, la remplit de ses vibrations,
tour à tour elle s'apaise ou s'exalte, reculant les
fonds, mettant les choses à leur plan,
donnanr
d'une pensée vivante, dont les
à la scène l'unité
images précises s'accompagnent
sourdement de
sentiments obscurs, de souvenirs confus. Debout, vêtue de la tête,
la
robe blanche,
cherche
voile, se tient la
mais qui déjà
ciel, affronte
le
plein de certitude
la fillette,
;
derrière
elle,
de
la vie
profil, lève
d'un regard
attachant le premier
mère, jeune, charmante encore,
sait
ce qu'il reste des fleurs d'un
EUGÈNE CARRIÈRE
eo
A
printemps. à
sa robe, le dernier-né, qui se traîne
peine, s'accroche
demi-caché, jette un
et,
grande sœur
effaré sur la
œil
ne reconnaît plus.
qu'il
où se voit le livre de messe, le mouchoir, un bouquet dans un vase, trois enfants Près de
la table,
regardent; fermant
le
tableau, les grands-parents
qui viennent d'entrer et que
aboiement joyeux
:
le
chien salue d'un
le
grand-père un peu embar-
rassé dans sa redingote,
un
libre
penseur qui
sait à
quoi s'en tenir, la main à la barbe, s'étonne de se sentir
ému
tranquille, gardant la
;
lassitude
des
jours vécus, la grand'mère éprouve vaguement la
ressemblance des jours de l'autre côté, assise près
de
fête
aux jours de deuil
de
la fenêtre, caressée
par une clarté douce, une jeune
de coudre
les dernières roses
fille
de
la
;
blonde achève couronne,
et
par l'arabesque des lignes, qui se continue sans se
rompre, par les
les
accords du milieu lumineux qui
baigne, tous ces êtres conspirent dans un être
unanime, dont l'àme
même
est la
communion dans un
sentiment.
Quand on
du métier d'un
il
ne faut
point oublier que ce métier est son esprit
même,
qu'il n'est
parle
artiste,
pas quelque chose de donné,
quelque chose qui se
fait.
qu'il est
Cette évolution a sa logi-
que sans doute, mais une logique vivante, dont travail seul
dégage
peut-être, liée
la loi,
le
une logique contingente
à certaines
décisions, à
certaines
EUGENE CARRIÈRE crises de la volonté.
ne regardent
où son nom ils
les
œuvres d'un peintre qu'au moment
déclarent quil
Carrière a
ne manque pas de gens qui
Il
dans toutes
est
01
les
bouches
toujours la
fait
beaucoup
travaillé.
volontiers
:
même
Ceux qui
chose. s'imagi-
nent qu'on imite les procédés d'un artiste ne savent pas au prix de quel labeur, de quelle discipline se conquièrent les libertés qu'ils se flattent d'obtenir
d'emblée par
le
plagiat.
J'ai
vu chez Carrière un
album rempli de dessins d'architecture, d'ornements divers, de
semblent
Après
fleurs,
qui par leur précision, leur
les cinq
années de
travail
sans trêve dans
maison de Vaugirard, auxquelles
la petite
fini
les préparations d'un graveur.
il
faut
joindre les longues années d'école, dès qu'il entre en
possession de son talent,
avec des défauts, dont
il
il
est
lui-même
;
il
montre
—
se débarrassera
une
certaine sécheresse, quelque chose de timide et de
contraint et les
— ses qualités
de sincérité, d'expression,
grands partis pris qui caractérisent sa manière
de voir
et
de sentir
diversité des tons
la
nature
(*).
Déjà
néglige la
il
pour s'attacher aux valeurs,
peint avec la lumière et l'ombre, mais heurts, des duretés, délicates qui
(*)
petite
Portrait de sa fille
(1882j.
il
seront
ne réussit pas
a
il
des
harmonies
charme sensible de ses
le
mère (1876)
les
il
;
portrait
de son
père
avec une
EUGÈNE CARRIÈPxE
62
œuvres
délinitives.
Un peu
maître de sa technique, affiné,
plus tard, vraiment
main assouplie,
la
Toeil
peint des œuvres, où se trahit Fintluence
il
sans que
de Vélasquez,
son
Sur un fond neutre, assombri,
atteinte.
en
originalité
soit
détache
il
la
femme, avec une
blancheur nacrée d'un corps de
grâce qui ferait songer à quelque maître du xviiie siècle, si la
mêle
gravité qui se
à
caresse du
la
pinceau n'éloignait cette comparaison avec de
la
Il
peint
lumière toute pure, atténuée, mais sans
une ombre, des s'éclairent
(*).
de
tètes d'enfants,
la
flamme de
dont
la
vie
les
yeux bleus
(**).
touches libres, hardies, qui laissent voir
Il
a des
comme
le
jeu de la main de l'artiste en verve. L'Enfant aux (jéraniums (1886) est un morceau de facture brillante, une des rares œuvres où Carrière semble faire montre de virtuosité. D'un pot de géraniums placé devant lui un enfant a pris des fleurs, que de ses deux petites mains riant de tout cœur.
11
il
porte à ses oreilles en
est à mi-corps, vêtu de noir la
pénombre
comme
les yeux,
avec une large collerette blanche, que apaise, et, sur le
comme
la
fond sombre,
bouche, les tons argentins
mains encore potelées,
(*)
Éludes de nu appartenant
Manzi, (**)
rient
à
du
visage, des
d'un rire auquel se
MM.
Galimard, Pontremoli,
etc.
Tête d'enfant. Portraits d'enfants appartenant à M. Galimard.
EUGENE CARRIERE mêlent
les éclats
63
des deux fleurs aux tous
vils
d'un
rouge orangé. Mais, sans qu'il y
de passage brusque, de
ait ici
date précise à marquer, avec des retours à son pre-
mier procédé. Carrière, en obéissant esprit,
son goût
à
renonce à fond à
pour
la
qui s'en détache.
il
Au les
lieu unit,
d'opposer il
même
participer d'une
sur
Il
le
fond
mêle,
les
il
blancheurs
;
forme
la
et les
person-
les fait
comme
plus ses nus
vie. Il n'enlève
des fonds sombres pour en s'apaise,
faire
le
valoir les
s'enveloppe dans
comme
l'atmosphère qui pénètre ses contours
en reçoit
le
y a sans doute
dans ce dualisme quelque chose encore
d'artificiel.
nages,
de plus en plus
l'unité,
méthode des contrastes qui oppose
la figure
lui
pour
de son
à la loi
elle
rayonnement. Le fond n'est plus quelque
chose de neutre, d'indifférent, d'étranger aux per-
sonnages qui en sortent on ne
un des éléments
sait
rant à son -équilibre,
il
;
conspire à
a son sens,
.sa
valeur morale,
son rapport à
la
scène
il
pourquoi
essentiels de l'œuvre
qu'il
il
il
est
l'expression,
conçu dans
est
enveloppe
;
en concou-
;
ce ne sont
plus seulement les lignes, les formes, les groupes, c'est le tableau tout entier qui est
d'une
vi.sion
dont
conçu dans l'unité
tous les termes
sont insépa-
rables.
Le Théâtre de
montre ce principe poussé à ses conséquences dernières. La tentative a pu Belleville
EUGENE CARRIÈRE
64
être contestée
est curieuse
elle
;
entendre les préoccupations de
et
nous aide à Le tableau
l'artiste.
ne se découpe pas en groupes définis qui se subordonnent,
un
il
est
vu tout à
être collectif,
—
la
la fois
le
personnage est
même spectacle. Nous
émotion, les yeux remplis du
embrassons du regard deux
galeries superposées
qui dominent la scène invisible
femme, appuyée à
;
foule — palpitant de la même
;
près de nous, une
voûte basse, se penche avec
la
un vieil du travail du jour, s'absorbe dans l'intérêt du drame qui se joue. Là-bas, une femme allaite un nourrisson çà et là, de toutes parts, dans l'élégance d'une cariatide svelte et vivante;
ouvrier, fatigué
;
l'ombre dorée, s'indiquent des gestes qui varient l'expression de la
même
curiosité passionnée.
attention,
de
n'ont de sens
coup
l'une par l'autre, elles sont saisies d'un elles se
mêlent au milieu, à
en sortent
;
fait
la
que
d'œil,
buée qui monte,
théâtre
c'est le
qui pour un instant
même
Les figures ne sont pas étu-
diées chacune pour soi, elles
elles
la
même
corps avec
la
qui
vit,
foule qui
l'anime.
La pensée s'est
l'œil
du
l'unité voulue,
ne
n'a pas paru assez formulée
spectateur, en raison
même
pas senti assez dirigé,
son centre dans cette vaste
de il
;
n'a pas su trouver
toile;
mais cette œuvre,
bon de revoir, n'est pas, comme quelquesl'auteur a uns l'imaginent, une grande esquisse
qu'il sera
;
EUGENE CARRIERE effacé plus d'un
a
employé
65
de ces détails qu'on regrette,
à cette
réflexions et d'efforts.
simplification
et
il
des années de
EUGÈNE CARRIÈRE
66
VI
Pas plus que
métier d'E. Carrière, ses œuvres
le
ne sont détacliées de son tournés vers à la
mode,
ou des
le
ils
un
ce qui l'émeut, sent.
Il
est des artistes
Il
peignent selon les temps, des grecs
des déesses ou des maritornes
rustres,
Carrière est
esprit.
dehors, qui demandent leurs sujets
un
réfléciii,
intérieur,
ne peut exprimer que ce
il
est d'abord
naïvement ce qui
le le
peintre de la famille,
passionne
;
;
ne voit que
il
qu'il
dit
il
ses toiles réflé-
chissent les objets qui occupent sa pensée et son
cœur
:
^ Il
trouve,
imagination et
espace restreint,
monde
dit
Gelfroy, la poésie de
l'aliment il
de son
voyage à
à travers
l'infini
la
un le
qui tient dans la lumière et l'ombre d'une
chambre, sous l'orbe d'or d'une lampe.
que
son
dans
talent
sphère de
sa pensée
«
A mesure
s'agrandit,
({ue
sa
sympathie plus clairvoyante multiplie ses rapports d'intimité
avec
les
êtres
,
de
nouvelles
répondent à ses émotions nouvelles, rare portraitiste que l'on sait,
il
il
visions
devient le
met dans ses nus,
dans ses figures décoratives d'un grand caractère
EUGENE CARRIERE de ce
l'inquiétude
temps,
son Christ il
évoque
il
humbles dans son Théâtre de
paysages
sienne.
par
le
de l'homme juste, synthétiques
qu'il
montre
présence d'une pensée, sœur de
la
la
ne se laisse pas enfermer dans un genre
Il
succès
désintéressé,
;
son droit au progrès.
il
est libre
tendresse
et
la
la
il
;
réserve
phe son langage
Il
resque à des exigences nouvelles,
dans sa simplicité la
dans
dit
il
ose, cette correspondance des formes qui lui
en tout
des
vie
la
Belleville,
le sacrifice volontaire
cherche dans les
67
comme
grâce,
le
il
sait
il
grandeur
pitto-
trouver
y a trouvé
il
par tout
justifie
ce qu'il sait lui faire exprimer de la nature et de l'àme.
Peintre de la famille. Carrière ne tombe ni dans l'anecdote ni dans le
roman
de petites marionnettes n'exagère,
il
fait sortir la
la
ne fausse,
il
;
il
ne
fait
pas jouer à
comédie enfantine ne
))
;
il
la
n'est pas
sionné; il
comme
générahse;
que toute Nul
il
poésie de la vérité, l'éloquence de
justesse expressive. Mais cet observateur, ce
hste
;
souligne rien
il
seulement un lyrique
et
tous les grands artistes, fixe,
il
il
«
réa-
un paschoisit,
arrête les gestes primordiaux
vie rajeunit et renouvelle.
n'a parlé,
nul plus que
lui
comme ne
l'a
lui,
de
l'enfant,
pris au sérieux,
parce que
ne
l'a
res-
pecté. Ses enfants ne se défendent pas de lui,
ils
ne se sentent pas épiés, surveillés par un pédalo
EUGÈNE CARRIERE
68
gogue qui prend des notes; rapides où
résume ces visions passagères. Car-
il
ne veut pas
dans sa
vie
nature
vierge
mouvement
bébé qui
s'éveille
les peindre,
jouent les cheveux bouclés
indique un visage où
le
et fins,
front
le
qui
bombe,
il
les
ce
l'impression Il
y).
aime
les
;
il
ses effrois de blottit
dans
le
évite les con-
blond,
d'un
où
frottis léger,
sourire des yeux se marie
au sourire des lèvres roses un fond de lumière,
qui trahit
Sur un fond
trastes, les oppositions.
la
à la vie, ses sur-
animal farouche qui soudain se
Pour
veut
de Fêtre qui n'est
maladresse et sa grâce
sein maternel.
il
d'instinct
dans sa vérité profonde,
tout petits, le
il
en attitude,
des choses (Maurice Hamel)
prises, sa petit
la vie tigée
liberté, le geste franc
point observé, le la
ils
devant leur père, sans souci des croquis
vivent
rière
ne posent pas,
ils
;
sans une ombre, sur
modèle en tons argentins joues rondes,
arête au lobe charnu qui retrousse, la
le
nez sans
bouche en-
tr'ouverte, des têtes qu'on sent inachevées, en train
de se construire, mais où déjà se devine la
forme future Il
le
plan de
(*).
suit l'enfant qui grandit,
à l'éveil de sa pensée,
il
il
assiste à ses jeux,
note ses attitudes, celle de
l'étonnement, celle de l'attention et celle de la rêverie
fj
vague qui est sa manière de
Éludes appartenant
à
M. Dolent,
à
réfléchir.
M. Galimard.
Les deux
EUGENE CARRIERE
69
bras recourbés en berceau, les yeux fixés sur sa
poupée,
la
fillette
s'exerce aux gestes maternels
;
auprès d'un bouquet de pâles chrysantiièmes, une petite
fille
un
est assise,
livre
devant
est ouvert
mais ses yeux levés sont à d'autres spectacles
elle,
penchée sur une table que recouvre une le
cette autre écrit avec
une attention qui
corps
ses doigts sur
et crispe
toile cirée
fond son clair et pur
blanche, détachant sur
la
du
plissés, la
plume
couler léger
le
le
le
même
front,
le
rit
les
tille,
à la vie
seul plaisir d'être et de sentir
sang jeune qui met à ses joues
du printemps en sa première
Avec
caressé
;
jeune
la toute
bouche entr'ouverte,
sans savoir, pour
son
visage, s'apaise sur le cou
en une ombre transparente,
yeux
profil,
raidit
par une lumière douce, qui se pose sur s'adoucit sur le bas
art fait
rose
le
fleur.
de sentiment ingénu
et
symbole. Carrière dégage
et
mentaires de
Il
maternité.
toutes ses fonctions
pure, vie
qu
velles
virginale, elle vient
où
je
;
il
émue
de
du
rétlexion, qui élève l'observation à la généralité
la
;
note les gestes éléa peint
la
mère dans
Ta montrée, au premier né, et
comme
surprise de
la
de donner, dans ces attitudes nou-
ne sais quel embarras se mêle aux
certitudes de l'instinct. Déshabillé, demi-nu, Tenfant est sur ses genoux, la
main son
il
s'est
endormi en caressant de
visage, et elle s'attarde avec
pure à cette caresse lente que
le
une
sommeil
joie
inter-
EUGÈNE CARRIÈRE
70
rompt et prolonge (le Coucher) assise auprès d'une table où brille une assiette d'étain, elle enveloppe ;
de ses deux bras
chambre grise, collé contre fiévreux
;
elle,
(Amour
cette souffrance
L'amour
est l'âme qui
pu
menaces du
(f Allaitement
noté tous
—
les
dont
vie,
démêlent que
penche sur
des
Mère
invisibles :
nombreuses
toiles et
où s'exprime
berceau,
à l'élan
les
Sous
le
Enfant),
la
de
l'unité
racines
il
ne
a la
se
baiser brusque de la
mère qui
caresse frémissante,
les lèvres s'avancent,
saisit le visage, l'approche,
entier se plie
mère
sentie.
lentement savouré de
le
presque tragique, où
main
de
la
vie,
la
vaguement
lentement
l'enfant, le baiser
se
les
montré
a
porte
Baiser —
gestes
à l'œil attentif.
mêmes
dans
le
mort,
dans ses joies
l'inquiétude d'une absence divers,
Il
fragilité
la
destin, qui
titres
trahit
l'ignorer.
qui sait
douloureuse,
la
des déchirements que
mouvement désormais
double
que
n'est pas toujours plus fort
Carrière n'a pas
souffre
maternel).
les séparations brutales font
des
dort d'un sommeil
immobile, les yeux clos, pressant de ses
lèvres la tête brûlante, elle
tout
dans sa robe de
le tout petit qui,
où
le
où
la
corps tout
d'une prise de possession
impérieuse.
De
la
maternité
gestes humains, la fécondité
il
il
n'a
pas fixé seulement les
a évoqué ce qui reste en elle de
des forces élémentaires, de
la loi
mys-
EUGENE CARRIERE
monter le lait dans la poitrine de femme, comme la sève dans le cœur et jusqu'à cime des chênes. Le Sommeil a surpris la mère
térieuse qui la la
71
fait
sombre
tandis qu'elle allaitait l'enfant. Sur le fond
que rompent
du
blancheurs froides des draps, de
que réveillent
l'oreiller,
et
les
dorés de l'épaule
les tons
sein gonflé, le groupe détache fièrement sa
forme sculpturale. Dans un geste de lassitude
et
de
protection, la tête posée sur le bras gauche, abritant
sous son bras droit
de son sang,
la
mère
inachevé qui se
l'être
endormie
s'est
:
fait
modelé
à
grands plans, émargeant de l'ombre transparente
dans laquelle
femme
il
est
a la gravité
conscience n'atteint paisible le
et
rude
comme
visage de la
le
taillé,
des instincts profonds où la pas.
Puissante et
accablée,
douloureuse, cette grande figure, dans
de transmettre
labeur
tragique des
forces
naturelles
la
vie,
mêle
l'héroïsme
à
le
hu-
main.
Le
de
cercle
famille s'étend,
sont devenus les grands, les aînés
de
la
le
chœur
familial
correspondances secrètes qui,
même
commune.
même tude
;
tout
petits
groupés autour
mère, partageant sa tendresse, frères
déroulent
d'un
les
et
sœurs
où se trahissent
comme
les
les
rameaux
tronc, les relient dans l'unité d'une vie
Carrière a multiphé ces
scènes, où
le
sentiment, joie, tendresse {Famille)^ inquié{l'Enfant
malade), attente solennelle en un
CARRIERE
EUGI":NE
72
jour de fête
{le
Premier
varient ses nuances,
voile),
de plusieurs êtres compose
groupe vivant qui a
le
son âme, sa forme individuelle.
Une mère
<.c
bébé qui embrasse
penche, soutient d'un bras
le
sa grande sœur
à genoux, résignée
;
la fillette
du corps, se
souriante, les bras au long
un abandon de tendresse petites mains, à
cette
se
livre
et
avec
à la prise tâtonnante des
douce violence de caresse.
Ainsi rassemblées dans une intime cohésion, les se
figures
composent d'elles-mêmes suivant de
souples inflexions, avec l'harmonieuse beauté des
où
gestes d'instinct
qui sait voir et choisir
l'artiste
trouve une grâce supérieure aux arabesques préméditées.
Une lumière
descend sur
paisible
de ses effluves
et l'enveloppe
de fines valeurs
le
carnations laiteuses de l'enfant, la fillette et
le
ses cheveux blonds
dégradations, elle glisse sur circule en transparences
groupe
elle difterencie
:
ambré de
teint
le
mère,
les
rose tendre de
par d'insensibles
:
plein
le
la
par
légères
des formes,
dans
l'intérieur
Un charme
où s'indiquent
les
profond
de tendresse confiante enveloppe
et vrai
objets
familiers.
cette toile d'évidente Intimité.
Carrière a
donné comme
^>
la
scènes de famille dans sa belle
Luxembourg, de
la
amour
mère,
qu'il intitule la
inquiet.
:
(Maurice Hamel). synthèse toile
de ces
du Musée du
Maternité. C'est le baiser
caresse où passe l'ardeur de son
Jamais
il
n'a
poussé plus
loin
la
EUGÈNE CARRIERE puissance expressive du geste,
73
de composer
l'art
un tableau dans son ensemble sans affectation de symétrie, de dominer la réalité, en ne paraissant que
reproduire. Les êtres et
la
milieu ne se
le
sent point séparer, participent de la
lumière entre dans
pièce close,
la
vibrations, l'approfondit
;
elle se
même
lais-
vie.
La
l'anime de ses
perd, se retrouve,
mais, dans son apparent caprice, elle obéit aux lois
de
pénétrant l'ombre
meubles, petite
ce qu'elle ne fixe pas
vision qui atténue
la
même,
accrochés au mur, recule
les tableaux
qui s'éloigne
lille
;
;
deviner les
laisse
elle
la
puis, se ramassant sur ce
qui doit être vu, elle enveloppe et détache le groupe
autour duquel tout s'ordonne argentins
la
pour soutenir passionné de
main
le tout petit
la
mère qui
pose ses lèvres sur
les
elle
;
modèle en tons
mobile, qui s'allonge
vivante,
profil
le
;
douloureux,
se penche, avance la tête,
joues du gros garçon aux
boucles blondes qu'elle
attire
d'un
mouvement de
possession jalouse. Cet
art, qui
nature,
semljle à quelques-uns
dit ses joies, ses
amours endormi
femme
cette
:
est l'enfant
au
réveil,
est
né à
l'égaiera
la
la
et
l'intensité
Carrière
ce
bébé
maison qui tout à
de son sourire ou
d'une
la
tendresses, ses
sienne,
troublera de ses cris. La poésie n'est justesse
de
loin
en un sens est un art réahste.
dans ses œuvres
l'heure,
si
ici
observation
que
que
la la
le
EUGÈNE CARRIÈRE
74
concentre
sentiment
sur
La forme
l'expressif.
émouvante que parce
n'est à ce point
qu'elle est
un œil attentif et prompt dans la du mouvement spontané la lumière qui
surprise par sincérité
;
tour à tour la construit,
la recule,
point une lumière inventée certes
de son rêve, nie voilée,
mais
s'affine )\
observée dans les petits intérieurs
parisiens, à l'heure c'est
milieu
« c'est le
ne s'évapore, où tout
rien
l'artiste l'a
où tout s'assoupit
d'éléments vrais
idéale,
;
choix de son esprit, cette harmo-
le
où
l'enveloppe, n'est
émanée du
a créé cette ambiance
qu'il
<x
où
réel,
et s'apaise, et
nature se transpose
la
dans tous ses logiques rapports.
»
(Maurice Hamel).
Carrière ne vise ni le symbole, ni l'idéal abstrait il
regarde en
lui et
autour de
se passe sous ses yeux
imagine,
il
;
d'universel
:
et
parce qu'il
de justesse dans
famihères
la
les
la
y a quelque chose est pleinement lui-même, il
Sans
chercher, à
la
notation singulière,
la suite
il
qui
où se
force
généralise,
du
ne ;
laissaient
Carrière,
la
Vinci, volontiers trans-
légende chrétienne dans des
l'amour humain primitifs
qu'il
sous l'accident. Les maîtres de
la loi
Renaissance, à
posèrent
;
ce qui
sait voir
ne s'émeut pas de ce
profonde,
Carrière est humain.
montre
il
imagine ce qui l'émeut. Mais dans toute
émotion sincère
il
il
lui,
que
pour
trahit l'instinct
le
scènes
miracle
de
fixer les gestes
des mères,
scènes famihères jusqu'au symbolisme
élève reli-
EUGENE CARRIERE gieiix.
nous
de divin le
la
fait
sentir ce (\na
transmission de
la
don conscient de soi-même
75
de mystérieux et vie qu'achève le
dans
sacrifice volon-
taire.
11
EUGENE CARRIERE
76
VII
Une
Carrière aux tableaux où la vie familiale.
pures
portraits de
insensible transition relie les
déroule les attitudes de
il
Ses compositions ne sont pas de
nous montrent librement
fictions, elles
prétés les visages qu'il connaît et qu'il aime
coup de ses œuvres, sans
;
inter-
beau-
bien défini, sont
titre
dépures études d'expression. Les cheveux dénoués, de chaque côté du visage, se répandent en noires ondulations,
sombres sous
Un peu et elle
fixé le dernier
l'enfant qui déjà n'est plus
femme
s'est
la
ne
je
regard des
qu'une chose.
accoudée dans un
penche soutenue de
s'abandonne à
ouverts,
lumineux, troublés de
semble
lasse, la
fauteuil, sa tête
lointain
yeux grands
les
le front
sais quel délire,
mères sur
dans
et
la
main gauche,
vague rêverie où dans
passent les images d'autrefois
;
elle
le
est
jeune encore, les douleurs anciennes se sont assoupies
;
les
yeux calmes
et
l'àme vaillante et résignée
profonds s'ouvrent sur ;
la
bouche aux lèvres
pleines est sérieuse mais prête à sourire encore, lui reste
l'amour,
le
dévouement,
la joie
il
des autres.
EUGÈNE CARRIÈRE
77
L'œuvre
est peinte avec la sûreté
tête et la
main sont modelées dans une pâte argentée, harmonie de sensations simples dégage
et
cette
quelque chose de consolant
et
de
des maîtres,
fort
la
Le por-
(*).
pas pour Carrière un genre à part, il est impossible de dire strictement où il commence, où trait n'est
il
finit.
Ceux qui croient que celui qui copie le plus
trompent
plus grand peintre est
le
exactement son modèle se
à la ressemblance machinale
;
mécanique
suffit.
œuvre, ajoute à
Tout grand la
réalité
un procédé
artiste est
dans son
l'interprétation qui en
renouvelle en nous l'intelligence et
le sentiment. scènes d'intimité, auxquelles Carrière se plaît, sont, en un sens, des portraits expressifs quand
Si les
;
est en
il
peindre
le
présence d'un modèle,
même
la vie intérieure.
française
offre
esprit, la
une suite
observés, spirituels tout
l'homme
social,
;
mais
à
de
apporte à
le
préoccupation de
Latour, notre école portraits
finement
nous montrent surl'homme qui, sous les yeux
des autres, se surveille
De
même
De Clouet
il
ils
et tient à faire
bonne
figure.
même
qu'en ses scènes de famille. Carrière, en ses portraits, voudrait surprendre la vie dans ce qu'elle a de
libre,
attend que
modèle s'oubhe, retrouve
(*)
le
de profond, de spontané
Études appartenant à M. Pontremoli, à M. G.
;
il
la franchise
S.
EUGENE CARRIERE
78
de
la solitude. «
Avez-vous remarqué que l'homme
qui se croit seul, qui ne sait pas qu'il est vu, tou-
jours est émouvant, dramatique observé,
redevient
il
Son ambition être
y>
;
qu'il a à
artificiel, social,
temps
ainsi
qu'il peint,
c'est ce
;
il
la )>.
du sculpteur,
à la façon
masque en rehef
un repoussé,
Derrière réel,
la
charpente
anime.
qu'il
est repoussé à
il
reste,
le «.
mon
la
et
L'homme,
fhomme
grands coups
».
sculpteur Devillez a
monies à
et
en établit les
il
supporte
Carrière a quelques portraits célèbres, celui
été le revoir,
le
Pour atteindre
selon ses fortes paroles, n'est pas une fonte, est
pensée
selon son principe,
;
en étudie
et les plans, ce qui
frappés du dedans
».
ne se contente pas de copier
il
la construit,
il
l'ossature
a
il
l'homme
cherche
il
d'une tête un aspect superficiel
dessous
«
qui décide la destinée.
Tinvisible,
d'abord
dissimule
il
rendre des formes habitées
l'homme apparent caractère
qu'il se sent
de fixer un peu du moral d'un
est «
tout le
Dès
?
commencé
sa réputation.
du J'ai
attente a été dépassée. Les har-
fois
délicates
de
et
fortes, l'équilibre
au milieu
savant des masses,
le
qui l'enveloppe,
sous l'insistance du regard, les
et,
lien
détails heureux, les réussites
la
figure
du peintre en verve,
en font une œuvre qui peut affronter toutes les
comparaisons.
On y
sent dans la maîtrise déjà la
générosité de l'artiste jeune encore qui
donne sans
EUGENE CARRIERE compter
et
répand librement sa richesse intérieure.
— La séance s'achève
an centre de
;
sculpteur est debout
le
;
le
le
regard vers
barbe rousse, où
le travail
de
tude,
il
sur
le geste,
vivantes, habituées
encore
une inquié-
visage,
le
glaise
la
un doute qui ne se dissipe pas, évoque
d'un Hamlet qui rêve
où
pensée se continue,
la
délicats, pétrissent
humide. Dans
monte,
encadrée d'une
fine,
tandis que les mains souples,
aux touchers
vaste toile,
noir, s'allonge,
tête
la
la
corps mince, serré dans
un jersey aux tons de velours porte
79
la
l'artiste
la
l'idée
moment même
beauté au
veut créer. Tout aux images qui l'occupent,
ne sent pas
le
beau
lévrier qui,
ramassé,
prêt à bondir, le pousse de la tête, et sollicite une caresse. rière
A
gauche, sur
un verre de
nymphe dont
cristal,
torse
le
du sculpteur, derun groupe de plâtre, une
la selle
se
renverse, une de ces
natures mortes, dont Carrière a
sens exquis de
la
secret,
le
lumière transfigure
adroite, dans la pénombre,
le
que
le
et spiritualise
;
modèle se prépare à
se rhabiller, le bras tendu, le corps penché en avant,
un corps savamment modelé, dont
les tons
ambrés
se pénètrent de clartés douces, et dont l'œil jouit
sans presque y songer, tant
il
demeure
subordonné dans sa beauté l'œuvre
qu'il
même
à son plan
à l'unité
;
de
achève.
Carrière varie ses procédés selon ses intentions et le caractère
de son modèle
:
il
peint dans
la
EUGÈNE CARRIÈRE
80
lumière les portraits de Roger Marx, de Galimard, d'une tonalité blonde, argentine
une ombre presque tragique élève A. Berton,
où se
sculpte
il
;
dans
masque de son
le
trahit l'attention inquiète
de
dans
de
l'homme condamné
à la solitude
ses semblables
construit la tête solide de son
;
il
ami Geffroy par plans en
relief, les
le
lière,
nets, le front
la société
dur
et puissant
yeux enfoncés dans l'arcade sourci-
regard direct, une tête où se marque
la
tension d'une volonté forte qui contient l'ardeur du
sentiment. Volontiers
il
assied des enfants autour
d'une table, devant un livre d'images, les frères et les soeurs,
du tout
petit
yeux de pervenche, à
au visage de lumière, aux l'aîné
dont
traits déjà
les
s'accentuent et se précisent (portraits des enfants
de Galimard, de Frantz-Jourdain) la
mère ou
Gaplain, de
Madame
fant
avec
fille
;
associe l'en-
il
l'aïeule (portraits
G. S.);
il
de
Madame
groupe un père
et sa
dans une attitude de tendresse, faisant res-
sortir l'expression
par
le
contraste, éclairant d'un
jour inattendu cette vie qui se dédouble, se prolonge et
refleurit
a peint,
en une vie nouvelle. C'est ainsi
qu'il
avec des nuances qui les distinguent, les
beaux portraits de Jean Dolent, d'Alphonse Daudet, de G.
Le
S.
portrait de
Dolent encadre les personnages
dans un milieu vivant où
l'air
circule,
où
la
lumière
baigne les figures et les objets familiers, les enve-
EUGÈNE CARRIÈRE
81
loppe et les accorde, les noirs saturés de
la
redin-
gote, les blancs et les roses dont est vêtue la
fillette,
ambré des
l'éclat
la faïence
de
visages, l'or
cheminée,
la
de bronze, un
tuette
atténué des cadres,
les fleurs pâles, la sta-
monde de choses visibles,
petit
qui toutes à leur plan se fondent dans l'unité qui les
harmonise. La scène répond à l'intimité du
milieu sier
Dolent assis,
;
de
qui montent
comme une
le
pendant du dos-
a vécu et aux souvenirs
il
près delui,
;
lafillette,
toute lumière,
main gauche sur le genou qui tient une fleur, aguiche
apparition, la
de son père, de le griffon
;
fine
visage se voile d'une mélancolie
le
sans amertume
sur
songe
la chaise,
main
la
la droite,
aux longs poils qui, joueur, se renverse
dos
et la regarde.
Jean Dolent se présente ainsi dans
le
rayonne-
ment apaisé des images qui se mêlent incessamment à sa pensée. Je garde le souvenir du dimanche ensoleillé où, ayant gravi la colline de Belleville,
pour
la
pitalier.
première
j'ai,
pénétré dans l'ermitage hos-
fois,
La maison, une maison de banheue, oubliée
avec quelques autres dans ce coin de Paris, est au
On
fond d'un petit jardin.
entre
;
le
corridor étroit,
sur ses deux faces, est couvert d'études choisies la salle
dont
le
du
portrait
de Verlaine par Carrière,
l'escalier tournant, étroit,
long du
;
rez-de-chaussée est ceinte de tableaux,
mur sombre
;
dans
des dessins grimpent
dans
les
le
chambres, pas de
EUGÈNE CARRIÈRE
82
meubles, mais partout accrochés, retournés, sans
comme
cadre,
en
liberté,
des
toiles, le
Saint Gérome
de Delacroix, un des plus beaux portraits d'homme qu'ait signés
œuvres
des notes
Mirevelt,
rares, et
de prix,
—
curieuses,
des
tout cela à l'abandon,
dans un désordre à demi-voulu, pour retrouver peut-être la surprise de la découverte dans la possession. Et le
de
c'est,
prodigieux, qui
Paris
avec
couronnement de
la
tantôt
s'étend,
le
l'amoureux d'art
gris bleu,
tantôt
poudroiement d'or des
soleils
s'est
Daudet
vérité est qu'il en existe deux.
eût achevé le la famille
appelé à bon
est
célèbre
Avant que
le
:
la
peintre
premier, sa beauté tragique effrayait
qui ne pouvait consentir à cette effigie
douloureuse. Des deux,
le
premier reste
et le
comment
Carrière
dessine dans ses
n'ont qu'à étudier ce visage émacié,
le
front dans la lumière, l'enchâssement la
le
plus
plus beau. Ceux qui veulent voir
émouvant
de
droit
».
portrait d'Alphonse
saillie
ondule,
s'allonge,
noyé dans une brume d'un
couchants. Jean Dolent
Le
soudaine d'un
respiration sourde d'une bête monstrueuse,
frémissant dans
ce
musée,
cet étrange
la petite terrasse, la vision
pommette,
l'arête
du
nez.
bons jours
modelé du de
l'œil,
la
La justesse
avec laquelle les plans sont établis, donne à cette
masque moulé. Daudet, en veston est à demi étendu sur un sofa, sa
tête le relief d'un
de velours noir,
EUGENE CARRIERE
83
main longue, amaigrie pose sur un coussin, bouche porte
le pli et
comme
la
la
torsion des souf-
frances qui trop souvent l'ont contractée
;
sa tête pâle, et de ses yeux un peu
troubles de
myope regarde dans se détache fillette
brune, dont
Comme
le vide.
du tronc
tige vivace
demi-séché qui penche,
à
tient la
il
une
détourne
il
main dans
la
sienne,
la
debout, monte vers la lumière et la vie. Le visage, modelé avec une sorte d'acuité par la maladie,
deviner
laisse
beauté d'autrefois, les cheveux
la
bouclés, la barbe soyeuse,
cœur sans
ce
;
charmant où passent de destin,
lui est fait,
mais
il
haine, cet esprit
claires images, s'étonne
du
ne se révolte pas contre
le
douleur est une étrangère,
la
Taccepte pas,
nez aux ailes frémis-
grands ouverts aux parfums, au
santes, les sens
son, à la lumière
mal qui
le
subit
la
il
comme
ne
il
quelque chose
d'absurde et d'humiliant.
Dans Carrière
le
second
seul, livré à il
s'observe,
plus
Alphonse Daudet
sapensée, il
comme me
portrait,
lui-même,
il
est
se défend et la douleur ne s'exprime
que par
il
plus
en présence des autres,
l'effort
même
pour
en
l'expression. L'écrivain n'est plus dans
du matin,
disait
le
n'est
se
redresse,
assure son regard, et
il
le
contenir le
monocle à
négligé l'œil,
se tourne vers la petite
il
fille
qui, d'un geste càhn, s'inchne et s'appuie contre sa poitrine. Ces
deux
portraits, si différents et si vrais, 12
EUGENE CARRIERE
84
nous apprennent ce qu'est
un
ne
artiste, qu'il
la
la
ressemblance pour
copie pas, qu'il la discerne et
la choisit, que, selon l'émotion qu'il reçoit
de son
modèle, sa composition tout entière, dans ses lignes, dans son ordonnance, se modifie, se transpose. Les portraits de femmes de Carrière achèvent de
montrer ce
y a de souplesse, de ressources, de variété dans cet art, que son originalité a fait qu'il
accuser d'être uniforme.
du recueillement,
il
Ici
encore
il
garde
se plaît à surprendre l'être
dans sa vie intime, loin des regards curieux sans sortir du langage simplifié qui est
y mettre des accents inattendus,
sait
grâce, la
la
fierté,
goût
le
mille
l'élégance,
le
la
;
mais,
sien,
il
tendresse,
nuances du
charme féminin.
Une jeune femme en robe de
bal est à
demi
étendue sur un divan dans une pose légère, à peine appuyée, où se trahit une vague inquiétude
main sin
;
fuselée,
aux doigts
fins, s'allonge
;
la
sur un cous-
des fleurs aux teintes pâles meurent sur un
guéridon
;
la
bouche mêle à son demi-sourire une
ancienne de
habitude
tristesse.
Un
long boa de
fourrure noire court autour du corps, en accom-
pagne
les
ondulations; les blancs satinés de la robe
lamée d'argent se marient aux roses pâles des rubans qui, çà la jupe,
sur
le
et là, s'égrènent sur le corsage,
coussin, et de
cette
sur
richesse des
choses se compose une harmonie discrète,
comme
EUGENE CARRIERE si elle
d'une
ne nous
àme
arrivait qu'à
85
travers la mélancolie
Sans couleurs
avec
brillantes,
des
atténuées, Carrière sait rendre de
grâce heureuse, involontaire, dont
appeler
M^e
qui en sait le néant (Portrait de
l'éclat
des tons joyeux.
sensations
femme
la
la
G.).
semble
fleur
dans
Peint
la
des
tonalités grises, de parti pris éteintes, le portrait de
madame Arthur Fontaine montre comment
trouver dans son langage les nuances délicates,
sait
les
l'artiste
harmonies caressantes qui
lient
l'œuvre à celui du modèle. Debout,
émerge de
le
la
charme de
jeune
femme
pénombre qui de bas en haut s'allège,
la
se pénètre de clarté, réveille les tons vert pâle de la
robe, baigne dans une lumière
dont
les
yeux
et la
douce
bouche vont sourire
des manches boufTantes,
les
;
visage
le
pris dans
bras nus s'arrondis-
sent pour attacher un bouquet à la ceinture, tête
aux cheveux légers, vers laquelle
monte avec
la
le
et la
regard
lumière, posée sur le col fm, est la
fleur rare qui accomplit la
forme du vase aux lignes
fragiles et pures.
Dans ses
portraits,
comme
dans ses tableaux.
Carrière volontiers rapproche la
donne au groupe une
structure,
femme de
une forme où se
de cette vie qui se multiplie sans
symbolise
l'unité
se perdre.
Dans son admirable Famille,
enfants à la
eux
il
l'enfant,
il
mère une couronne, une parure
la glorifie
;
des
fait ;
en
toutes les lignes dans leur ara-
EUGENE CARRIERE
86
besque savante partent
y ramènent,
d'elle,
celui qu'elle serre encore contre fille
au
son sein à
visage, c'est sa vie qui
fin
c'est l'image
et
la
de
jeune
recommence,
d'elle-même qui se répète, ce sont ses
sentiments qui refleurissent au printemps de ces
âmes allumées à la sienne. Il détache l'enfant de la mère comme le rameau du tronc, et de la grâce fait naître le charme ingénu près de la grand'mère ;
assise, lasse d'avoir vécu,
évoquent fille
dont
les deuils anciens,
au visage
clair,
aux yeux
les
vêtements noirs
met debout
il
la petite
riants, à la curiosité
confiante, qui ne sait pas tout ce qu'elle pourrait
apprendre d'elle-même
et
de son propre destin,
rien qu'à se retourner vers le visage tendre et grave
de
l'aïeule (Portraits
de Mme g.
Ceux qui ont vu Carrière
S.,
de Mme c^y qui de
travailler,
la
conception à l'achèvement ont suivi quelques-uns
de ses tableaux, de ses portraits, assisté à leur lent
douloureux enfantement, savent ce
et
qu'il
faut
penser des critiques naïfs qui regrettent parfois
que ces plus
au
«
esquisses
»
magistrales n'aient pas été
poussées. Carrière ne va
tout,
il
pas de
ne peint pas par morceaux,
la
il
partie
n'avance
pas sagement, prudemment du front aux yeux pour continuer par
le
nez ou les pommettes
du sculpteur,
il
construit son tableau d'ensemble,
il
en équilibre
peu à peu
il
les
masses,
dégage
il
la figure
en
;
à la façon
établit les plans,
des fonds,
il
enlève
EUGENE CARRIERE
comme
les voiles successifs qui
la
87
cachent
et lui
dérobent sa pensée. Dans ce travail simultané n'est jamais sûr
en question elle
il
;
;
de rien,
son œuvre
l'idée
en
lui
et
attente,
jamais ne dit
d'abord l'impression
qu'il
espère
la
pour
la
voir
;
qu'il
en attend, ce qu'elle doit
dire, ce qu'elle doit révéler d'un caractère,
de
vit
il
son travail est un effort, un appel au génie mystérieux qui tout son secret. De son œuvre il sait
se créer son expression
une
remet tout sans cesse
vit
cherche son procédé dans son sentiment,
en insistant sur
c'est
il
il
exprimer
réahté invisible, et c'est ainsi qu'il va vers
ces visages, pénétrés de vie intérieure, que, ses assises fortement établies,
il
peint un regard et ces
bouches étonnantes, ces bouches mobiles, frémissantes,
sourient et qui
qui
d'efforts, qui
Après tant
ne seront pas soupçonnés, quand
est arrivé à
son but,
précisions
superficielles
morale
parlent.
qu'il a tant
il
s'arrête, sans se soucier
qui
cherchée.
limiteraient
la
il
des vie
EUGÈNE CARRIERE
VIII
Carrière ne pouvait rester indifférent à la beauté
de
la
forme humaine. La
cliair,
comme
marbre,
le
se pénètre de lumière, elle se modèle, elle se construit
par les oppositions, par les passages délicats
de l'ombre à
la clarté.
Dans ses études de nu, son
sens subtil des valeurs, ses harmonies discrètes, ses fonds qui
reculent la figure, la détachent et
l'enveloppent,
son émotion
grave devant
mêlent aux caresses de son pinceau aspect de
Même
à peindre «
yeux
il
alors,
il
cruels,
!
il
la
grâce
et autant
qu'aux
ne veut pas
femme avec des yeux
indifférents
de ceux qui se plaisent à
n'est pas
«
Un modèle
un mot qui rend banal,
devrait être
sais quel
Il
souligner ce qui l'humilie.
absurde
y>,
parle à l'esprit et au cœur. la
vie
n'oublie point qu'il a
une forme habitée
qu'on regarde
ou
ne
beauté morale qui spiritualise
la
des corps.
je
la
sacré.
!
Quel mot
vulgaire, ce qui
L'autre jour je disais à
mes
élèves qu'ils devraient dessiner à genoux, religieu-
sement. Quand
le
modèle ouvre
c'est la nature qui entre
:
la
porte de
l'atelier,
en face d'un beau paysage,
EUGENE CARRIERE ils
s'exclameraient, et
femme
ironique cette
sa
de modèle abaisse
les
la
vie
accueillent d'un regard
qui se dévêt devant eux, leur
de
dévoile
ils
beauté.
choses
:
Ce mot imbécile on ne regarde pas
ou on regarde à peine ce modèle,
même
académie, la
89
cette
semaine précédente, au
et l'on fait
semaine que
lieu d'observer
une
de
celle
chaque
la
fois
avec des yeux curieux, avides, cette forme dans
son caractère Carrière,
et
au
dans sa nouveauté. début, a
peint
»
avec
de
pure
la
lumière sur des fonds sombres de petites figures
nues
d'une délicatesse incomparable.
vraiment les maîtres qui ont su
aux yeux
le
relevé ce
charme sensible par
l'intimité,
devant
la vie
le
il
a
recueillement, par
qui est la poésie de son œuvre. Dans
vaporeuse,
un vase de
d'argent,
et,
blancheurs froides
relie
mieux donner
par l'espèce de surprise et d'admiration
objets de toilette,
les
égalé
contact caressant de la chair, mais
une ombre transparente,
un bassin
le
a
Il
au fond, dont
elle
noie
il
les
une psyché,
fleurs,
par ces accents qu'appuient
du
et bleuissantes
émerge radieuse,
que modèlent des clartés argentines
:
linge,
il
la figure
une nuque
que n'eût pas désavouée Watteau, un corps dans l'abandon du sommeil, un dos nacré que caresse,
penchée,
une jeune femme assise sur son la poitrine
nesse, le bras
la
lumière
lit,
la tête
soulevée d'un souffle de jeu-
tout entier perdu dans la longue
EUGENE CARRIERE
90
chevelure noire qu'elle peigne,
cherche
n'exprimant que
le sourire,
dont on
le visage,
mélancolie
la
de sa vaine beauté.
La
belle étude qu'il exposa en 1888 fait sortir
contraste un effet puissant
répandus sur lette
sur
;
:
les épaules, la
de dos,
femme
à
sa toi-
fond, dont les tons chauds rappeUent
le
d'un vieux bronze,
la patine
cheveux
les
est
du
ficence la chair
avec magni-
éclate
où s'indiquent
les
une coulée de lumière qu'agitent
modelés
larges,
les palpitations
de
un corps riche, aux formes pleines, d'une
la vie,
belle matière dont l'argent s'avive et s'échauffe de
tons fauves.
Plus tard,
n'oppose plus avec cette franchise
il
pour
figure au fond
plus
dans
l'effet
le
l'en
détacher,
contraste,
il
belle pâte, à la matière fluide,
regrettent
;
ne cherche
semble moins préoc-
cupé du charme sensible, direct
—
il
la
renonce à
la
— quelques-uns
le
;
il
son langage, pour répondre à des
pensers nouveaux, se modifie, devient plus spirituel et plus abstrait.
fond
;
au
en naît
;
lieu
et,
figure ne
tranche plus sur
le
y plonge, elle forme vivante où la lumière se
de s'en séparer,
elle est la
concentre, précise
La
comme
elle
cristaUisant ses fluidités,
en une apparition distincte.
se
L'harmonie
n'est plus faite d'éléments contrastés; plus
complexe,
plus vivante, elle repose sur des rapports subtils
moins
intense, plus
variée dans ses nuances,
;
la
EUGENE CARRIERE sensation est toute pénétrée rien souligner,
91
Sans
d'intelligence.
une lumière douce, enveloppante,
poésie du silence et de l'intimité, modèle un dos
de
la
nuque aux
tations
de
caressée
(*).
la
de toutes les palpi-
reins, et agite
vie,
Le changement dans
le
amoureusement
forme
la
procédé ne
fait
que
ému
duire la manière nouvelle dont l'artiste est
devant
la
nature. Carrière obéit loyalement au pro-
grès de sa pensée,
il
ne consent pas à se mécaniser,
à reproduire ce qu'il
ne sent plus. Ses premiers
nus ont un charme de jeunesse, le
ils
disent surtout
de regarder une belle forme
plaisir
rayonnement de sibilité
tra-
lumière
la
;
moins prompte, plus
mêle
l'idée
dans
la
aux images,
Il
exprimer de simple d'une
sent
le
à la
liée
l'artiste
forme humaine
plus haute.
femme
et
trouve
symbolisme d'une l'anime
qui se voile
il
:
le
le
le
geste
tragique
d'une âme. Les figures nues, par lesquelles personnifié les
dans
Sciences,
sa
vie
corps peut
dans
met
le
la sen-
réflexion,
cherche
mieux tout ce que
l'esprit qui
dans
à mesure que
décoration
il
a
de
l'Hôtel de Ville, d'une facture large, simple, forte-
ment de
unifiée, n'ont pas
chitecture
(*)
seulement
le
rare mérite
se situer dans leur milieu, de s'accorder à l'ar;
par
Etude appartenant
leurs
à
gestes graves,
par
leurs
M. G. S. 13
EUGÈNE CARRIERE
92
inquiètes,
attitudes
par leurs courbes sinueuses,
elles disent les angoisses, les
lassitudes «
et les élans
tourments, les grandes
aussi de l'àme moderne,
du
toutes les curiosités et toutes les tristesses
savoir
».
Depuis quelques années, Carrière a été tenté par le
paysage.
même
a cru découvrir que tout parle le
Il
langage, que les transparences
fluidité
des eaux,
la
du
structure de la terre, les ondu-
lations des collines, l'élan des arbres, les formes, par
même
la
et traduire.
La
que toutes
des analogies plus ou moins loin-
taines, se lient à la
sives de
ciel et la
forme humaine, sont expres-
pensée que
terre,
sans
l'artiste doit
entendre
son vêtement colorié
d'herbes ondoyantes, sans sa parure de fleurs, les arbres sans le
ciel
et
le
les
couronnement des verts
feuillages,
eaux sans Fazur qui en
est la joie
visible. Carrière ose cette simplification.
nature avec
la
aux valeurs, à
lumière la
et ses gradations,
Il il
peint la s'attache
forme, à ce qu'elle a de décoratif
et d'expressif, et la
surprise que
ces synthèses hardies souvent
causent d'abord s'achève
en
révélation inattendue de la beauté des choses.
Goyen,
le peintre délicat
Hollande, a laissé
du
ciel et
une
Van
des eaux de
la
quelques études au brun, des
préparations peut-être, qu'il n'a pas cru pouvoir dépasser. Le
où
la
musée du Louvre
a
un rare tableau
couleur indiquée des eaux se marie très heu-
EUGENE CARRIERE reusement aux bruns de rive
de
du
la
la colline
basse qui suit
large fleuve. Parce qu'il est
lumière,
gravure ou
93
fait
de
poésie
la
paysage de Corot reproduit par
le
la
la
photographie garde une grande partie
la
de son charme pour
l'œil et l'esprit.
Carrière a su évoquer dans la lande bretonne les
arbres tordus par
vent de mer,
le
—
ses constructions cyclopéennes,
ques aspects de
la
trop hardie répond à
des sentiments trop personnels
ne se reconstitue plus dans concrète.
et
dans
Il
;
l'évocation voulue
l'esprit
en une image
peint des nocturnes
a
brumes parisiennes d'un
les
puscule d'hiver
résumer quel-
nature en images expressives.
Parfois aussi l'interprétation
curieux,
surtout, dans
montagne, avec ses masses solides,
les Pyrénées, la
distincte
—
cré-
des formes devinées, quelques
:
lumières, une voiture entrevue, l'apparition d'un cheval blanc l'a
il
;
aime
la vision
souvent observé de
ami Dolent à perdu dans
nuées qui
fumées qui montent
et
de pensées soHtaires qui dépassent
la petite
la
tel
quïl
terrasse de son
prolongé jusqu'à l'horizon,
Belleville, les
de Paris,
le
couvrent, dans les
d'où sortent,
comme
et durables, les
foule
grouillante
autant
monuments des maisons
anonymes. de Paris
C'est cette vision
sa
décoration
de
Sorbonne.
la
s'étend, se prolonge
qu'il a choisie
;
La
ville
pour
géante
les toits se suivent, se près-
EUGÈNE CARRIÈRE
94
comme
sent
des vagues sans
fin
çà et
;
là,
rochers
de cet océan, émergent dans l'ombre les dômes, les clochers, quelque masse puissante dont la
forme fait
pas
n'est
de vapeurs, de fumées, de
hommes
traîne
vantes que
la
A
blêmissante.
le ciel
sous
la
:
la
femmes dominent
plus âgée est assise,
grande lassitude d'avoir vécu
elle-même
voit
qu'elle
elle
détourne
des
tempêtes subies
de
grande
la
ses
et
souvenirs
d'elle,
debout, soulevée, grandie par
l'espérance, se dresse la Jeunesse
mains à sa
d'extase, elle porte les
sa
contemplation
l'ivresse
est
tience de savoir et d'agir,
bras levés se
livre
dans
En
à
comme l'élan
la fascination
et le
;
:
dont
l'image s'avivent
mais près le
désir et
dans un geste
tête et regarde
va
de
;
de vivre, l'impacorps tendu, les
l'emporter
et
elle
l'abattre
la fournaise.
étudiant l'œuvre d'Eugène Carrière,
montrer comment
c'est
;
des ailes prêtes à l'essor, qui
la
elle
ville
sa rêverie évoque
la tête,
douleur des blessures reçues
la
mou-
pierres
orageux, colore d'une clarté
gauche, deux
vision redoutable plie
des
la respiration
mer de
sur cette
un nuage
;
lueur pâle d'une aurore, qui s'ouvre
un chemin dans
en
par l'espace
abolie
elle
tient à
son
j'ai
esprit,
voulu à
sa
EUGÈNE CARRIÈRE manière propre d'éprouver
comment aussi elle ment elle respecte resque, J'ai
si elle
conté
95
nature et la vie, et
la
rentre dans la tradition,
logique du
la
langage
compitto-
en trouve des applications nouvelles.
de Carrière,
la vie
elle
de
méritait
de l'homme chez lui ne se l'artiste. En prenant l'initiative de sa destinée, il a été dans la voie où le portait sa nature, mais Têtre
il
sépare
:
pas
a appliqué sa réflexion à son instinct et
rien laissé de
lui-même
volonté.
fait
Il
a
qu'il
sa tâche en
bon ouvrier
indépendance n'est que sa subordination à supérieur auquel
il
s'est
ne
voit, qu'il se plaît à
Ils
voir,
l'art
de
est
l'idéal
étonner par une sin-
pour
être remar-
mensonge
est stérile, qu'il
la vie. Il faut être
ému pour émou-
ignorent que
est la négation
son
:
peint autrement
qu'il
gularité voulue, qu'il se déguise
qué.
la
dévoué.
Quelques-uns s'imaginent qu'il
n'a
il
achevé par
n'ait
le
sincérité.
Fait
d'observation,
de
logique, de sentiment, le métier de Carrière n'est
que son
esprit
dans son langage. Ses procédés ne
s'entendent que par les lois de son imagination et
de sa sensibiUté. Mais le
vain orgueil d'être
«
la vraie originalité n'est
différent », la fantaisie sans
règles qui isole l'individu des autres est le privilège
pas
hommes
:
elle
d'éprouver dans leur fraîcheur, de
renouveler par une sorte d'ingénuité les sentiments éternels.
Quiconque descend assez profondément en
EUGENE CARRIÈRE
96
lui-même y retrouve l'humanité. Le grand
artiste
chose de nous-mêmes,
nous possédions sans dait
cœur de nous apprend quelque
l'intelligence et le
ne nous donne que ce que
il
le savoir,
que ce
des qualités qui sont de tous les temps, sentiment et
le
du
dépen-
qu'il
de nous d'acquérir. L'art de Carrière vaut par vaut par
par l'arabesque émouvante
la raison,
dessin, par le
il
modelé des formes, par
la
cons-
truction des groupes, par le sens délicat des valeurs,
par leur combinaison en harmonies expressives, par l'unité de l'œuvre vivante dont toutes les parties s'appellent et conspirent,
jours belles par les
Les choses sont tou-
a.
mêmes
raisons
».
Quelques-uns, sans doute, refuseront de se laisser convaincre
;
ils
s'obstineront à
leur est pas donné, la variété
ils
demander ce qui ne
regretteront la joie des tons,
des couleurs
;
ils
remarqueront que
le
peintre renonce de plus en plus à la belle matière,
à la pâte lumineuse qu'il aimait à ses débuts
trouveront ce langage ront à
l'artiste
qu'il
triste, abstrait
laisse trop
;
ils
ils
;
objecte-
à interpréter, à
deviner, que ce n'est pas à l'imagination
du spec-
tateur de finir ses tableaux, que, sous prétexte de
mouvement
rendre
le
vie,
n'arrête
il
hmites
assez
pensée quand
et
précises, il
comme
pas toujours qu'il
la
la
fluidité
indique
devrait l'affirmer. Les
cherchent avec bonne
foi
de
la
forme dans des parfois
sa
hommes
qui
sont exposés à se trom-
EUGENE CARRIERE per
;
il
faut
œuvres d'un
97
quelques siècles pour que toutes les artiste
deviennent des chefs-d'œuvre
:
mais à ces critiques générales, toutes négatives, Carrière a répondu,
comme
suré ceux qui pouvaient le justifient.
il
l'être
convient
d'aller
il
a ras-
par des œuvres qui
Son désintéressement, sa
résolution entêtée
;
sans
sincérité, sa
précipitation
jus-
qu'au terme de ce qu'il peut faire rendent les conseils superflus
avec
la
:
laissons-le poursuivre son travail
confiance qu'il a mérité de nous inspirer.
V S?
TABLE DES GRAVURES
Frontispice
Portrait d'Ewjène Carrière.
:
d'après une toile du peintre.
Avant-Propos. Pages
EN-TÈTE
:
Maternité,
GUL-DE-LAMPE
tirage en bistre
Mains
:
Chapitre
Fragment de décoration dissement,
jjour la mairie
Chapitre tirage
3
du
XII<^
arron14
II
en sanguine
Chapitre
...
I
tirage en sanguine
Scène maternelle,
Etude de
1
d'eîî/a/lf, tirage en sanguine
28
III
fillette, tirage en sanguine
14
Chapitre IV Page d'album,
tirage en sanguine
53
TABLE DES GRAVURES
102
Chapitre V
Amour
maternel,
tirage en sanguine
g5
Chapitre VI TĂŞtes d'enfants,
tirage en sanguine
75
Chapitre VII Mains maternelles,
tirage en sanguine
87
Chapitre VIII Gestes et altitudes de
femmes,
tirage en sanguine
....
97
EUGENE CARRIERE, Séailles,
a
été
par Gabriel
d'imprimer
achevé
le
30 Mai 1901, aa nombre de six cent trente exemplaires
chine
—
par
—
la Société
de Châteaudun, pour
Edouard
dont trente sur
les
Typographique Editions d'art
Pelletan.
Les compositions
d'Eugène Carrière
ont été gravées par Mathieu.
EDITIONS D'ART
EDOVARD PELLETaN 125
BovIevard
51 Germain
PARIS
Catalogue 1901
D'àRT
éotlfonS
€Dou^iRD
Le
véritable
PeKeT^n
luxe
d'un livre doit
s'entendre de la supériorité de l'œuvre écrite,
de
la
beauté de V illustration,
de l'appropriation de la typographie, de
la perfection
du papier
et
exemplaires.
du
tirage, de la qualité
du nombre
limité des
Paru en 1896
ALFRED DE MUSSET
LES NUITS ET
SOUVExNIR Illustrations de A.
Gérardin
GRAVÉES PAR FLORIAN
Un volume
in-i et in-8 raisin, imprimé par Laliure. tiraoe U presse a bras, limité d 500 exemplaires
la
numérotés.
IN-4,
Un «emplaire
-
N«
TEXTE RÉIMPOSÉ
:
-
sur satin, avec une double suite d épreuves signées, sur japon et sur chine Un exemplaire - X« 2 sur whatman, contenant tous les dessins originaux avec une double suite d'épreuves Preuves a d'ar! artiste signées, sur japon et sur chine. 23 exemplaires de 3 à 25. sur japon ancien à la forme contenant une aquarelle originale et une double u te "«"*-^^^' ^"'- J'-»!'"" '' -^ '^hine.l: 1
-
-
-
t^™:^"""'^
500 fr. IN-8
25
exemplaires
-
RAISIN
:
-
de 20 à 50, sur japon des manufactures impériales, avec un tirage à part de toutes les grav-e sur japon ancien et sur chine, au prix net de Vo^ ù 50 exemplaires, de 51 à 100, sur chine fort, avec un tirage à ch[ne au cnine, lu'nrK "^^r^'"'"'^^' prix ne; de .
.
.
^"'-
^^P^"
ancien et^sur o/,n
*•
100 exemplaires, de 101 à 200, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (filigrane KTHIVIA EZ AEI), avec un
tSe
a part sur japon ancien,
au prix de ioq f" 300 exemplaires de 201 à 500, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (filigrane KTHIVIA EZ AEI), au^pnx 50
.—
1
—
fr.
Paru en 1896
HÉGÉSIPPE MOREAU
PETITS CONTES MA SŒUR • 63 illustrations
de
L.
Dunki
GRAVÉES PAR CLÉMENT BELLENGER In-'t et in-S,
imprimé par Laluire, tirage d la presse à bras, limité à 350 exemplaires numérotés. IX-1,
TEXTE RÉIMPOSÉ
Un exemplaire
unique, sur satin, avec six aquarelles peintes sur l'exemplaire, et une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. Un exemplaire N° 1 sur whatman, contenant tous les dessins originaux avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon ancien et sur chine. Un exemplaire N" 2 — sur wliatman, contenant sur chacun des faux-titres un dessin original (soit 6), et une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon ancien et sur chine. 2G exemplaircs.de 3 à 28, sur Japon ancien à la forme, contenant une aquarelle ou un dessin original, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine, au prix nef de 600 fr. 2 exemplaires, de 29 à 30, sur vélin blanc à la forme, des papeteries du Marais, contenant une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon ancien et sur chine.
—
—
—
RAISIN
IN-8
25 exemplaires, in-8 raisin, de 31 à 55, sur
japon des manu-
factures impériales, avecuntirageàpartdetoutes les gravures, sur japon ancien et surchine.auprix/icfde 250 fr. 50 exemplaires, de 56 à 105, sur chine fort, avec un tirage à part de toutes les gravures sur japon ancien et sur chine, au prix net de 225 fr. 100 exemplaires, de 106 à 205, sur vélin à la cuve, des papeteries
du Marais
(filigrane
KTHMA EZ
AEI),
avec un tirage
à part sur japon ancien ou sur chine 150 fr. 145 exemplaires, de 206 à 350. sur vélin à la cuve, des papeteries du Marais (filigrane KTHMA EZ AEI) COfr. .
—
2
—
.
.
Paru en 1896
FRANÇOIS VILLON
Ces ï^allabcs 70 illustrations de A.
Gérardin
GRAVÉES PAR JULIEN TINAYRE /n-4
et
1/1-5,
imprimé par Lahure,
tirage d la presse à bras,
limité à 350 exemplaires
IN-4.
Un Un
numérotés
TEXTE RÉIMPOSÉ
—
—
—
—
exemplaire N° 1 sur whatman, contenant tous les originaux, avec une double suite dépreuves d'artiste signées, sur japon ancien et sur chine. exemplaire X- 2 sur whatman, contenant les maquettes et croquis de l'illustrateur, avec un motif à l'aquarelle sur chacun des faux-titres (soit 33) et une double suite d épreuves d'artiste signées, sur japon ancien et sur
chine. 25 exemplaires, de 3 à 27, sur japon ancien, contenant une aquarelle originale et une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon mince et sur chine, an prix net
de
600
fr.
3 exemplaires, de
2cS à 30, sur vélin du Marais à la forme, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon ancien et sur chine.
IN-8 P..\ISIX
25 exemplaires, de 31 à 55, sur japon des manufactures impériales, avec un tirage à part de toutes les gravures, sur japon mince et sur chine, au prix /lef de 250 fr. 50 exemplaires, de 50 à 105. sur chine fort, avec un tirage à part de toutes les gravures, sur japon mince et sur chine, au prix net de 250 fr. 100 exemplaires, de 106 à 205, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais Hiligrané KTHMA E2 AEI), avec un tirage à part sur japon ancien ou sur chine de toutes les gravures 150 fr. 145 exemplaires, de 106 à 350, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais ( tiligrané KTHMA EZ AEI). 75 fr. .
.
.
.
Paru en 1896
THÉOCRITE
L'OARISTYS Texte grec, et traduction nouvelle de M. A. Bellessort PRECÉUHE
D'UNE LETTRE DE SICILE Par M. Anatole l'Académie
lie
FRANCE
Fraïiçaise
• Illustrations de
Geohges Bellengeu
GRAVÉES PAR In-i
et in-S,
E.
imprimé par Lahure,
FROMENT tirage à
la
presse à bras,
limité d 350 exemplaires numérotés.
IN-4,
Un exemplaire
TEXTE KÉIMPOSÉ
— X" —
sur whatman, contenant tous les dessins originaux, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. Un exemplaire N° 2 contenant une aquarelle originale sur chacun des faux-titres, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. 25 exemplaires, de 3 à 27, sur japon ancien à la forme, contenant une aquarelle originale, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine, au prix net de 300 fr. 3 exemplaires, de 28 a 30, sur vélin du Marais à la forme, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. 1
—
—
IX-S RAISIX 50 exemplaires, de 31 à 80, sur japon des manufactures impériales, avec un tirage à part de toutes les gravures, sur japon et sur chine, au prix net de 150 fr. 100 exemplaires, de 81 à 180, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (fdigrané KTHKIA EZ AEI), avec un tirage à part sur chine fort de toutes les gravures 75 fr. 170 exemplaires, de 181 à 350, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (filigrane KTHMA El AEI). 30 fr. .
.
.
.
Vient de paraître
:
THÉOCRITE
LES SYRACUSA[NES Texte grec, et traduction nouvelle de M. A. Bellessort Illustrations de
Marcel Pille
GRAVÉES PAR FROMENT FILS
In-i
et iii-S,
imprimé par Laluire, tirage à la presse d bras, limité à 350 exemplaires numérotés.
TEXTE RÉIMPOSÉ
IN-4,
- NM -
Un exemplaire
sur whatnian, contenant tous les dessins originaux, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. Un exemplaire N" 2 contenant une aquarelle originale sur chacun des faux-titres, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. 10 exemplaires, de 3 à 27, sur japon ancien à la forme contenant une aquarelle originale avec une suite d'épreuves d'artiste signées, sur chine, au prix net
-
-
,
U ,o
*^®
,.••,••
300
;
fr.
exemplaires, de 28 a 30, sur grand vélin du Marais à la forme, avec une suite d'épreuves d'artiste signées sur chine, au prix ;i(>^ de 300 fr I.\-8
RAISIN
50 exemplaires, de 31 à 80, sur japon des manufactures impériales, avec un tirage à part de toutes les gravures
sur chine, au prix
100 exemplaires, ries
de
du Marais
Jief
de
81 à 180, (filigrane
160
sur vélin à
KTHMA EX
la
a part sur chine de toutes les gravures
avec un tirage
170 exemplaires, de 181 à 350, sur vélin à la cuve des teries du Marais (tiligrané KTHMA ES AEI)
5
—
fr'
cuve des papete-
AEI),
80 fr
pape35 fr
Paru en 1897
LES AVENTURES
DERNIER ABENCERAGE CHATEAUBRIAND -*-
44
illustrations
de
Vierge
Daniel
GRAVÉES PAR FLORIAN In-'f et in-S Jésus,
imprimé par Laliure.iiraged
presse d bras,
In
limité à 350 exemplaires numérotés.
IN-4,
Un exemplaire
TEXTE RÉIMPOSÉ
— N° —
sur whatnian, contenant tous les originaux avec une double suite d'épreuves japon et sur chine. exemplaire sur whatnian, avec un dessin N" 2 original sur chacun des faux-titres et une double suite d'épreuves d'artiste signées sur japon et sur 1
dessins
d'artiste signées, sur
Un
—
—
,
chine. 15 exemplaires, de 3 à 17.
sur japon ancien à la forme, contenant une aquarelle originale, une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine, au prix net de 600 fr. 13 exemplaires, de 18 à 30, sur vélin du Marais à la forme, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur
japon
et
sur chine. lN-8 JÉSUS
15 exemplaires,
de
31
impériales, avec
a
45,
manufactures
sur japon des
un
tirage à part de toutes les gravures sur japon ou sur chine, au prix ne/ de 300 fr. 55 exemplaires, de 46 à 100, sur chine fort, avec un tirage à part de toutes les gravures, sur chine, au prix nef de. 250 fr. 100 exemplaires, de 101 à 200, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (filigrane KTHMA ES AEI)avec un tirage à part sur chine de toutes les gravures, au prix de 150 fr. 150 exemplaires de 201 à 350 sur vélin à la cuve des .
,
papeteries
de
.
.
.
,
du Marais (fdigrané KTHMA E2
AEI) au prix 75 fr.
Paru en 1897
ALFRED DE VIGNY
SERVITUDE ET GRANDEUR MILITAIRES I
SOUVENIRS DE
SERVITUDE MILITAIRE 84
illustrations
de
Dunki
GRAVÉES PAR CLÉMENT BELLENGER
In-i
Un Un
et in-S,
imprimé par Lahiirc, tirage d la presse d bras, limité d 350 exemplaires numérotés.
IN'-4, TEXTE RÉIMPOSÉ exemplaire N° 1 sur whatman, contenant tous les dessins originaux avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. exemplaire N" 2 sur whatman, contenant sur chacun des faux-titres un dessin original, et une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur
—
—
—
—
chine.
exemplaires, de 3 à 17, sur japon ancien, contenant un dessin original, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine, au prix nef de 600fr. 13 exemplaires, de 18 à 30, sur vélin blanc à la forme des papeteries du Marais, contenant une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. 15
ix-8 JÉSUS
de
sur japon des manufactures impéavec un tirage à part de toutes les gravures, sur japon ou sur chine, au prix /lef de 250 fr. 55 exemplaires, de 4G à 100, sur chine fort, avec un tirage à part de toutes les gravuressurchine,auprixne/de 225 fr. 100 exemplaires, de 101 à 2Ù0, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (filigrane KTHMA EZ AEI), avec un tirage à part sur chine fort 150 fr. 150 exemplaires, de 201 à 350, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (filigrane KTHMA EZ AEI). GOfr. 15 exemplaires,
31 à 45,
riales,
.
.
Paru en 1898
ALFRED DE VIGNY
SERVITUDE ET GRANDEUR MILITAIRES II
SOUVENIRS DE
GRANDEUR MILITAIRE 51 illustrations
de
Dlnki
GRAVÉES PAR CLÉMENT BELLENCIR
In-i
et
in-S,
imprimé par Lahure,
tirage d la presse d bras,
limité a 350 exemplaii'es numérotés.
IN-4,
Un exemplaire
TEXTE RÉIMPOSÉ
— N" —
sur whatman, contenant tous les dessins originaux, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. Un exemplaire X''2 sur wliatman, contenant sur chacun des faux-titres un dessin original et une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. 15 exemplaires, de 3 à 17, sur japon ancien, contenant un dessin original, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine, au prix net de 600 fr. 13 exemplaires, de 18 à 30, sur vélin blanc à la forme une double des papeteries du Marais, contenant suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. ix-8 JÉSUS 1
—
—
15 exemplaires, de 31 à 45, sur japon des manufactures impériales, avec un tirage à part de toutes les gravures, 250 fr. sur japon ou sur chine, au prix net de. 55 exemplaires, de 46 à 105, sur chine fort, avec un tirage à part de toutes les gravures sur chine, auprixnerde 225 fr. 100 exemplaires, de 106 à 205, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (filigrane KTHMA EZ AEI), avec un tirage 150 fr. à part sur chine fort 150 exemplaires, de 206 à 350, sur vélin à la cuve des pape60 fr. teries du Marais (filigrane KTHMA EZ AEI) .
.
.
...
8
—
Paru en 1898
SULLY PRUDHOMME
iLFRED DE VIGNY SONNET
ILLUSTRATIONS Georges Bellenger
DuNKi
,
Bellery-Desfontaines, Florian
et
GRAVÉES PAR FLORIAN
Plaquette in-i et in-S Jésus, imprimée par Lahure, tirage à la presse d bras, limité d 150 exemplaires numérotés en chiffres arabes, plus 50 exemplaires de présent numérotés en chiffres romains, dont iO pour l'Académie française :
Exemplaire unique, sur whatman, contenant le manuscrit du poète avec les dessins originaux et les fumés du graveur. in-4 sur japon d'épreuves d'artiste signées.
12 exemplaires
ancien
une
avec
suite
3 exemplaires in-8 Jésus sur japon des manufactures impériales avec une suite d'épreuves d'artiste signées, au 50 fr. prix de 140 exemplaires in-8 Jésus sur vélin à la cuve des papeteries 25 fr. du Marais (filigrane KTHMA EZ AEI)à. .
Il
Dont
a été
10 sur
tiré
.
.
25 collections d'épreuves d'artistes signées
Japon ancien
20 15
à
Et 15 sur Chine, à
9
—
fr. fr.
Paru en 1898
ALFRED DE VIGNY
LES DESTINÉES Précédées de
moïse • 46 illustrations de Georges Bellenger
GRAVÉES PAR FROMENT
Un volume
imprimé par Lahure,
in-U et in-S raisin,
tirage à la
presse d bras, limité d 350 exemplaires numérotés.
IN-4
—
RÉIMPOSÉ
—
sur whatman, contenant tous les dessins originaux, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur cliine. sur whatman, contenant une N° 2 Un exemplaire aquarelle originale sur chacun des faux-titres, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. de 3 à 17 — sur japon ancien à la forme, 15 exemplaires contenant un dessin original avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine, au prix
Un exemplaire
—
N°
1
—
—
,
600fr. de sur vélin du Marais à la forme, 13 exemplaires de 18 à 30 avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine.
net
—
—
IX-8 R.MSIN
—
—
sur japon des manufactures de 31 à 45 impériales, avec un tirage à part de toutes les gravures, 250 fr. sur japon ou sur chine, au prix net de. 55 exemplaires — de 46 à 100 — sur chine fort, avec un tirage à part de toutes les gravures sur chine, au prix ne/ de 225 fr. 100 exemplaires — de 101 à 200 — sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (filigrane KTHMA El AEI) avec un tirage 150 fr. à part sur chine fort de toutes les gravures. sur vélin à la cuve des pape150 exemplaires de201à350 60 fr. teries du Marais (filigrane KTHMA EJ AEI ) 15
exemplaires
.
.
.
.
—
—
.
—
10
-
.
Paru en 1899
JEAN LORRAIN
la Pantopr^ 33 illustrations de
Marcel Pille
GRAVÉES PAR
DELOCHE,
E.
FLORIAN, LES DEUX FROMENT ET JULIEN TINAYRE
In-i' et in-8,
imprimé en couleurs par Lahure, bras, limité
Deux exemplaires grand
à 150 exemplaires
in-4° sur
tirage d la presse à :
Whatman, contenant: l'un tous les
dessins originaux et aquarelles, l'autre une aquarelle sur chacun des faux-titres, soit trois plus une double suite d'artiste ;
signées sur Chine et sur 15 exemplaires in-4° sur
une double
Japon mince des gravures.
Japon ancien contenant une aquarelle et au prix net de 350 fr.
suite d'épreuves d'artiste,
6 exemplaires in-4° sur vélin
une double
de cuve des Papeteries d'Arches, avec
suite d'épreuves d'artiste.
20 exemplaires in-8° sur Chine fort, avec les
un
tirage à part de toutes
gravures, au prix nef de
175
110 exemplaires sur vélin à la cuve des filigrane
Il
KTH MA EZ
AEI,
a été tiré en outre
Papeteries
au prix de
fr.
du Marais, 100
fr.
:
12 collections sur Chine d'épreuves
monochromes,
d'épreuves d'artiste dont 6 sur Japon ancien
et 16 collections
et 10
sur Chine.
Paru en 1900
ERNEST RENAN
PRIÈRE SUR
L'
AGROPO LE
Illustrations de
Bellery-Desfontaines
GRAVÉES PAR FROMENT
Grand
et petit in-i,
imprimé en couleurs par I.ahure,
tirage d la
presse d bras, limité d iOO exemplaires
GRAND
Un Un
IN-4,
TEXTE RÉIMPOSÉ
— X°l — surwhatman,
contenanltous les dessins originaux, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon ancien et sur chine exemplaire sur whatman, contenant une aquaN° 2 relle sur chacun des faux-titres, avec une double suite sur japon et sur chine. d'épreuves d'artiste signées
exemplaire
—
—
,
25 exemplaires, de 3 à 27, sur japon ancien à la forme, contenant une aquarelle originale, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées sur japon mince et sur chine, au prix net de 400 fr. 25 exemplaires, de 28 à 52, sur grand vélin blanc à la forme des papeteries d'Arches, contenant une aquarelle originale avec une double suite d'épreuves d'artiste signées sur Japon mince et sur chine, au prix ne/ de. 400fr. ,
.
PETIT IN-4 45 exemplaires, de 53 à 97, sur chine fort, avec un tirage à part de toutes les gravures sur chine, au prix net de 225 fr. 100 exemplaires, de 98 à 197, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (filigrane KTHIVIA El AEI), avec un tirage
à part sur chine de toutes les gravures. 203 exemplaires, de 198 à 400, sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (filigrane KTHIVIA EZ AEI).
NOTA
Les quelques exemplaires restant de ces deux dernières catégories sont portés à 150 fr. et à 100 fr. :
—
12
—
Vient de paraître
:
CHARLES NODIER
HISTOIRE DU CHIEN OE BRISgUET PRÉCÉDÉE
D'UNE LETTRE A JEANNE Par M. Anatolk I^e
FRANCE
l'Académie Française
25 compositions de Steinlen dont 5 hors texte en couleurs
GRAVÉES PAR DELOCHE, FROMENT, ERNEST & FRÉDÉRIC FLORIAN
Un volume
in-'f,
tirage limité d 127 exemplaires
numérotés
Etabli spécialement pour l'Exposition Universelle de 1900
—
Un exemplaire
—
N» l sur whatman, contenant tous les dessins originaux, avec une double suite dépreuves sur japon mince et sur chine.
d'artiste signées,
Un exemplaire
— N° 2 — sur
original sur
chacun des
d épreuves
d'artiste
chine. 25 exemplaires
whatman, contenant un dessin une double suite mince et sur
faux-titres avec
signées, sur japon
—
—
X»- 3 à 27 sur grand vélin à la cuve des papeteries du Marais, filigrane KTHMA EZ AEI, contenant un dessin original de Steinlen et une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon ancien et sur chine au prix ne* de 350 fr.'
—
N" 28 à 127 - sur grand vélin à la cuvé des papeteries du Marais, filigrane KTHIVIA EZ AEI au
100 exemplaires Pri'^ fie
125 Il
15 collections
a été
en outre dépreuves d'artiste tiré,
fr.
:
signées,
vures, dont 5 sur japon ancien, au prix nef 10 sur chine, au prix nef de
de toutes
de
.
.
.
les ° <Jra.
125 fr 100 fr!
Plus 10 collections polycliromes sur chine; Plus 10 collections, sur chine, des gravures non utilisées dans 1
édition.
—
13
Vient de paraître
ANATOLE FRANCE DE l'académie française
(Butenberg
ZS^an
TRAITTÉ DES PHANTOSMES DE NICOLE LAXGELIER • de G. Bellenger, Bellery-Desfontaines, Steinlen et Frédéric Florian
Illustrations
GRAVÉES PAR DELOCHE, LES DEUX FROMENT, ERNEST & FBÉDÉRIC FLORIAN
Grand
et petit in-'t, tirage
d
la presse
d bras,
limité à 113 exemplaires.
— N" 1 —
sur peau de vélin, contenant tous une double suite d'épreuves ancien et sur chine, plus une collection d'épreuves de toutes les gravures sur par-
Un exemplaire
les dessins originaux, avec d'artiste signées sur japon
chemin.
Un
—
sur peau de vélin, avec une double exemplaire — N° 2 suite d'épreuves d'artiste signées sur japon ancien et sur chine, plus une collection d'épreuves de toutes les gravures sur parchemin.
—
—
6 exemplaires N" 3 à 8 sur Japon ancien, contenant une double suite d'épreuves d'artiste signées sur japon ancien 175 fr. et sur chine, au prix net de 5
—
—
sur grand vélin à la cuve des N" 9 à 13 papeteries du Marais, filigrane KTHMA El AEI, contenant une double suite d'épreuves d'artiste signées sur japon 175 fr. ancien et sur chine, au prix net de
exemplaires
—
100 exemplaires N" 14 à 113 teries du Marais, filigrane Il
— sur vélin à la cuve des papeKTHMA El AEI auprixde.
COfr.
a été tiré, en outre, 17 collections d'épreuves de toutes les gravures, dont 1 sur parchemin, G sur japon ancien et 10 sur chine.
14
—
ALMANACH OU BIBLIOPHILE Publication annuelle illustrée
SOMMAIRE DE
LA PI\EMIÈRE AXNÉE (1898) 28 illustrations de Bellery-Desfontaines :
GRAVÉES PAR FROMENT
Première partie
:
—
JANVIER La Vie FEVRIER Du Poème
d Paris, par M. Jules Claretie. dans le drame lyrique, par M. Catulle Mexdks: Xoiweaii théâtre, par M. Emile Bergerat. MARS La Reliure en 1897, par dEylac (M. le baron de Claye). AVRIL L'Impressionnisme, par M. Gabriel Séailles. —MAI Les Snobs, par M. Jules Lemaitre, JUIN Les Sociétés de Bibliophiles, par M. Pierre Dauze. JUILLET Vues générales sur le mouvement poétique en France, par M. Sully-PruDHOM.ME. AOUT L'ancienne Bibliothèque Sainte-Geneviève par M. Georges Lamouroux. SEPTEMBRE Antisémitisme' par M. Anatole France. OCTOBRE Les Editions de bibliophiles en 1S97, par yi. Clément-Jaxix. NOVEMBRE Conte pour les bibliophiles, par M. Octave Mirbeau Les Ventes de livres en 1S97, par M. Georges Vicaire. DECEMBRE Le duc d'Aumale, Henri Meilhac et Alphonse Daudet, par M. Gustave Larroumet. \otules nécrologiques, par M. Fernand Drujox. Le Centenaire de A. de Vigny, par M. Melchior de Vogué. :
:
—
:
—
:
— —
:
:
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:
:
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:
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:
—
—
Deuxième p.^rtie Listes et adresses des et d l'étranger :
France
— — :
:
:
membres des Sociétés de Bibliophiles en La Société des Bibliophiles francois.
— La Société des Amis des Livres. — Les Cent — Les XX. — Les Bibliophiles Bretons. — Les Bibliophiles. Bibliophiles de Guyenne. — Les Bibliophiles Lyonnais. — La Société des Bibliophiles Normands. — La Société Normande du Livre illustré. — La Société Rouennaise de Bibliophiles. — The Bibliographical Societv de Londres. — Grolier club de New-
York.
Troisième partie L'Année théâtrale et bibliographique. Tirage en noir et rouge, à 1.200 exempl. numérotés, dont 100 exemplaires sur chine fort, texte réimposé (50 avec un tirage à partàki pres.se, des 28 gravures, sans la lettre, à 50 fr., et 50 exemplaires sans suite, à 30 fr.). :
:
Pour unifier la justification de cette première année les années suivantes, cinquante exemplaires sur chine ont été détruits. En conséquence la justification définitive est la suivante •25 ex. avec suite, au prix net de 80 fr. et à 25 ex. sans suite, au prix net de 40 fr. 1.100 exemplaires sur beau papier, à 10 fr. avec
:
—
15
-
ALMANACH DU BIBLIOPHILE POUR LAN NÉE (2'
18 99
année) •*
Trente-huit compositions dessinées et gravées par florian
Première Partie
:
JANVIER. Anatole France Les Bouquinistes et les Quais. — FÉVRIER. J.-K. HuYSMANs .Le quartier Notre-Dame.— MARS. Georges Lamouroux La Bibliothèque Mazarine. — AVRIL. Gustave Larroumet L'ancienne Sorbonne et le vieux quartier Souvenirs d'un Bibliophile Latin. — MAI Jules Claretie :
:
:
:
:
:
—
la Librairie nouvelle.
JL'IX. Georges Vicaire
:
La Biblio-
— JUILLET. Fernand Drujon La Les Société des Amis des Livres. — AOUT. Ci.ément-Janin Editions de Bibliophiles. — SEPTEMBRE. D'Eylac (Le Baron DE Claye) La Reliure de 1S79 à 1S99. — OCTOBRE. Pierre thèque d'Eugène Paillet.
:
:
:
Dauze Le marché du Livre en iSOS. — NOVEMBRE. Les Disparus.— DÉCEMBRE. Gabriel Séailles Puvis de Chavannes. :
:
Deuxième Partie
:
membres des Sociétés de Bibliophiles en d l'étranger : La Société des Bibliophiles françois. La Société des Amis des Livres. Les Cent Bibliophiles. Les XX. TheBibliographical Society de Londres. Grolier club de Nevi'-York. Liste et adresse des
France
et
—
—
Troisième Partie L'Année théâtrale;
—
— —
:
— L'Année bibliograpliique.
Tirage en noir et rouge, à 1,000 exenipl. numérotés, dont 50 exemplaires sur Chine fort, te.vte réimposé, (25 avec un tirage à part d la presse, des 38 gravures, sans la lettre, à 60 fr. net, et 25 exemplaires sans suite, à 35 fr. net). Les derniers exemplaires sur chine de l'année 1899 sont portés respectivement à 80 fr. net et à 40 fr. net. 950 exemplaires sur beau papier, à 10 fr. :
16
Pour paraître
5 Juin
le
:
ALMANACH DU BIBLIOPHILE POUR L'ANNÉE (3"
1900
ANNÉE)
• 31
compositions de Steinlen
gravées par les deux froment
Première Partie
:
—
Le Travail, par Sully Prudhomme. JANVIER. Anatole France Le Petit Palais. FÉVRIER. Maurice Hamel Le Grand Palais. MARS. Edouard Pelletan Le Pont Ale.vandre lU. AVRIL. Jules Claretie La rue des Nations et la rue de Paris. MAI. Henri Beraldi La Reliure à l'Exposition de 1900. JUIN. Clément -Janin Les Rétrospectives du Livre à l'Exposition. lUILLET. André Hall.ays: L'Exposition de l'JOO. AOUT. Gustave Laruoumet Anatole France, poète. SEPTEMBRE. Georges Vicaire La Société des Bibliophiles françois. OCTOBRE. d'Eylac (Baron de Claye) La Bibliothèque Guijot de ViHeneuue. NOVEMBRE. Pierre Dauze Le Marché du Livre. DÉCEMBRE. Clément-
—
;
— — — — —
—
:
:
:
:
—
:
:
:
—
—
:
—
:
Janin
:
Les Editions de Bibliophiles.
Deuxième Partie
:
Listes et adresses des membres des Sociétés de Bibliophiles en France et à l'étranger : La Société des Bibliophiles françois. La Société des Ainis des Livres. Les Cent lîibliophiles.
— —
—
— Les Biijliophiles Bretons. — Les Bibliophiles de — Les Bibliophiles Lyonnais. — La Société des Normands. — La Société Normande du Livre illustré. — La Société Rouennaise de Bibliophiles. — The Bibliophical Society de Londres. — Early English Text Society. — Type Facsimile Society.— Grolier club de New-York. — Les Bibliophiles de l'Empire allemand. Les XX.
Guyenne.
Bibliophiles
Tirage en noir
et rouge, à 1,000 exenipl.
numérotés, dont
:
50 exemplaires sur chine fort, texte réimposé (25 avec tirage à part à la presse des 31 gravures, sans la lettre, à 80 fr. net et 25 exemplaires sans suite, à 40 fr. net).
950 exemplaires sur
beau papier, à 12
fr.
PIERRE LAFFITTE Professeur au Collège de France.
€e ^aii^i be (Bœtî?e ILLUSTRATIONS de
Bellery-Desfontaines
Un volume
in-8 cavalier, sur
H. Vogel
et
GRAVÉES PAR FROMENT
FILS
beau papier, tirage noir
rouge Il
4
30 exemplaires sur chine
a été tiré de toutes les gravures, au prix net de
fort,
fr.
et
50
avec tirage à part 30
fr.
L'INVINCIBLE RACE NOUVELLES Par
Un volume
in-lS, couverture et titres décorés rjravés
Il
TOLA DORIAN
par Froment
...
par Bellery-Desfontaines, 3
fr.
50
a été tiré, en outre, 27 exemplaires — texte réimposé —
dont
7
sur chine fort à 30 fr. net, épuisés, et 20 sur vélin de cuve des Papeteries d'Arches, avec un tirage à part, sur chine, des gravures, au prix net de 25 fr.
—
18
—
Pour paraître
le
30 Mai prochain
:
GABRIEL SÉAILLES
EUGENE CARRIERE L'HOMME ET L'ARTISTE Compositions et Croquis d'Eugène Carrière Gravées par Mathieu
Un volume et Il
in-8 cavalier, sur
beau papier,
tiré
en noir, bistre
sanguine
4 fr. 50
a été tiré 30 exemplaires sur chine fort, avec tirage à part
de toutes de
les
gravures, sur Japon ancien, au prix net 35 fr.
En préparation
ANATOLE FRANGE de l'Académie française
POMPEÏ ÉDITION ORIGINALE Compositions
et
décorations en couleurs de
H. Bellery-Desfontaixes.
19
—
Pour paraître
30 Mai prochain.
le
MAURICE DE GUÉRIN
POÈMES EN PROSE (LE CENTAURE
Compositions
et
-
LA
BACCHANTE)
décorations en couleurs de
H. Bellery-Desfontaines Gravées par
Iii-'t et
in-8,
E.
Florian
imprimé en 6 coiilews pavLaluire,
tirage à lapresse
à bras, limité à 167 exemplaires numérotés.
IN-4,
Exemplaire
—
N"
—
1
TEXTE RÉIMPOSÉ sur
dessins originaux, avec
whatman, contenant tous une
les
suite d'épreuves d'artiste
signées, sur chine.
— N"
—
sur whatman, contenant une aquasur chacun des faux-titres, avec une suite d'épreuves d'artiste signées sur chine.
Exemplaire
2
relle originale
23 exemplaires
— N- 3 à
25
— sur japon ancien ou
sur grand
vélin des papeteries du Marais, contenant une suite d'épreuves d'artiste signées sur chine, plus une collection
monochrome
et
polychrome
sur chine, au prix 325
de
net fr.
IN-8
— sur chine, au prix de 200 fr. — sur vélin à la cuve des pape— à 167 33 N" 135 exemplaires
10 exemplaires
teries
—
N"
26 à 35
.
du Marais, filigrane KTHMA EZ AEI,au prix de
20
100 fr.
Pour paraître
le
1"
Juillet
ANATOLE FRANCE DE l'académie française
L'AFFAIRE
CRAINQUEBILLE EDITION ORIGINALE 55 compositions de Steinlen Gravées par Deloche, Ernest et Frédéric Florian, les deux Froment, GuzMAN, Mathieu et Perrichon
In-i
Jésus, tirage en rouge et noir sur les presses d bras de Lahure, limité d exemplaires numérotés.
et iti-S
MO
IN-4,
Un exemplaire
— N"
Un exemplaire
—
TEXTE RÉIMPOSÉ
:
—
sur whatman, contenant tous les dessins originaux, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées sur japon et sur chine. 1
—
N° 2 sur whatman, avec un dessin origichacun des faux-titres, soit 10, plus une double suite d'épreuves d'artistes signées sur japon et sur chine.
ginal sur
•25
—
—
exemplaires N°' 3 à 32 sur japon ancien ou sur grand vélin, contenant un dessin original de Steinlen, plus une collection d'épreuves d'artiste signées sur chine, au prix net de 600 fr. ix-8,
JÉSUS
:
— N°' 33 à 72 — sur chine, au prix de 300 fr. 28 exemplaires — N" 73 à 100 — sur vélin à la cuve des pape-
40 exemplaires
teries
du Marais
.
KTHMA EZ
(filigrane
AEI),
avec un tirage à
part de toutes les gravures sur chine, au prix de. .300
exemplaires— N" teries
101 à 400
du Marais(liligrané KTH MA EZ AEI) au prix de.
—
175 fr.
— sur vélin à la cuve des pape-
21
—
75
fr.
Pour paraître en Décembre prochain
:
BEAUMARCHAIS
LE BARBIER DE SÉVILLE Illustrations de Daniel
Vierge
GRAVÉES PAR FROMENT
In-i
et in-S raisin,
à
la
imprimé par Lahiire,
tirage en noir et rouge
presse à bras, limité à 350 exemplaires numérotés.
IN-4,
Un exemplaire
—
Un exemplaire
—
TEXTE RÉIMPOSÉ
—
N° 1 sur whatinan. contenant tous les dessins originaux, avec une double suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et sur chine. N" 2
—
un dessin une double
sur whatman, avec
original sur chacun des suite d'épreuves d'artiste chine.
faux-titres et signées, sur
japon
et
sur
25 exemplaires, de 3 à 27, sur japon ancien à la forme et sur grand vélin, contenant une aquarelle originale et nue suite d'épreuves d'artiste signées, sur chine, au prix net de 600 fr. IX-8 RAISIN
55
exemplaires, de 28 à
30
exemplaires, de 83 à 112 sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (filigrane KTHIVIA El AEI) avec un tirage à part sur chine de toutes les gravures, au prix
82,
sur chine
fort,
au prix de
250
fr.
.
de 232 exemplaires
175 fr.
de 113 à 350 sur vélin à la cuve des papeteries du Marais (filigrane KTHIVIA El AEI) au prix de 75 fr. .
,
—
22
-
En préparation
JEAN RICHEPIN
LA
CHANSON DES GUEUX ÉDITION INTÉGRALE
* 240 compositions de Steinlen
EN TROIS PARTIES
:
Première Partie
GUEUX DES CHAMPS 80 illustrations.
Deuxième Partie
GUEUX DES VILLES 87 illustrations.
Troisième Partie
NOUS AUTRES GUEUX 73 illustrations.
—
23
—
En préparation
ANATOLE FRANGE de l'Académie française
LA ROTISSERIE
LA
REINE PÉDAUQUE 83 compositions de Daniel Vierge
HENRI HEINE
Illustrations de
Bellery-Desfontaines
24
—
Pour paraître
le
1" Décembre 1901
:
ANATOLE FRANGE De l'Académie Française
LES NOCES
CORINTHIENNES Compositions de Georges Bellenger Gravées par Ernest Florian
In-i
et in-S,
imprimé par Lahure,
tirage à la presse d bras,
limité à 200 exemplaires numérotés.
IN-4,
Exemplaire
—
Exemplaire
—
TEXTE RÉIMPOSÉ
—
N" 1 sur whatman, contenant tous les dessins originaux, avec une double suite d'épreuves d"artiste signées, sur japon et sur chine.
relle sur
double
X- 2
—
sur
whatman, contenant une aqua-
chacun des
faux-titres (soit cinq), avec une suite d'épreuves d'artiste signées, sur japon et
sur chine.
—
—
X" 3 à 22 sur japon ancien ou sur grand vélin des papeteries du Marais, contenant une aquarelle originale de l'illustrateur, plus une suite d'épreuves d'artiste, signées, sur chine, au prix net de. 500 fr.
23 exemplaires
.
.
IN-8
30 exemplaires
—
X-
23 à 54
—
sur chine
de
de Il
au prix net 200
145 exemplaires
papeteries
fort,
—
du
X"
fr.
—
55 à 200 sur vélin à la cuve des Marais, filigrane KTHMA EZ AEI au prix
50
fr.
a été tiré 20 collections sur chine de toutes les gravures au prix de 60 fr.
En préparation
:
MAURICE HAMEL
MATKRNITÉ 35 compositions d'Eugène Carrière
Gravées par Mathieu
Tirage en noir, rouge et bistre.
LOUIS BERTRAND
GASPARD DE LA NUIT Edition des 6 peintres et des 6 graveurs.
GŒTHE
5ûU5t TRADUCTION NOUVELLE Compositions de H. Bellery-Desfontaines.
— 26 —
000 599 176
University of California
SOUTHERN REGIONAL LIBRARY
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