LES
ARTISTES CÉLÈBRES
COROT PAR
L.
ROGER-MILÈS
PARIS
LIBRAIRIE DE L'ART 2g,
ciTi':
d'antin, 29
THE GETTY CENTER LIBRARY
COROT
CAMILLE
CHAPITRE PREMIER Les Premières Années
Il
sur
y
le
a plus de
—
Le Commis de M. Delalain. Le Premier Tableau.
l'Enfant et l'Élève.
:
La Vocation.
—
quinze ans que Camille Corot
soir d'une
longue
en pleine gloire
vie,
foule qui Je conduisit à sa dernière
mort;
est
d'homme
demeure donna
et
il
s'est éteint
d'artiste
;
la
à ses funérailles le
caractère d'un deuil national.
Mais on
sait ce
l'homme qui en
que durent
enthousiasmes contemporains
est l'objet s'en est allé, le bruit fait
s'apaise sans lenteur
écho
les
;
:
quand
autour de son
nom
ce qui semblait sa gloire éternelle ne laisse qu'un
chaque jour atténué,
fugitif,
et le temps, remettant toutes choses en place, avec une impassible équité de mesure, amène souvent, sur des souvenirs que l'on jugeait illustres, le lourd effacement de l'oubli.
n'en va pas ainsi de la
Il
temps
pour
suffisant
quinze ans,
nom
le
perdu de son d'honneur,
et l'on
l'homme ou de peut affirmer
de Corot
ne et
encore sur toutes
son éclat sain, conquis
sait
l'artiste
est
quinze ans, le
passé
les lèvres;
car
qu'il eut aussi le
si
Corot eut
le
doit
admirer
génie de
la
lement douée, immense talent doublé d'une vertu immense,
si
Corot eut
à
n'a rien
à force de travail et
le
plus,
de
peinture, on
génie de l'humanité; nature exceptionnel-
eut l'égale mesure de l'esprit et du Certes,
;
il
c'est le
or, après
vraiment, quand on repasse toute cette vie
généreuses, qui l'on ;
;
du présent devenu
cette évolution
éclat, de
d'œuvres fécondes
mémoire de Corot
cœur
combattre longtemps pour
vision d'art qui fut bien la sienne,
il
être rare qui
!
le
triomphe d'une
ne connut pas ces luttes cruelles où
l'homme pauvre dispute aux difficultés de l'existence son pain de chaque jour. La position aisée que lui créa la situation de sa famille a contribué sans doute à fermer son FRANCE.
—
PEINTRES.
cœur aux
jalousies pardonnables, et à l'amerCAMILLE COROT.
—
I
LES ARTISTES CÉLÈBRES
4
tumequi ne pardonne ment, étant donné
le
désintéressé auquel
«
Corot
naquit
grandi,
comme
quité,
si
ardente,
il
dépensa
l'a dit
même
cette
juillet
un
C'était
1795.
employé en que
les
mère
où
fils
du xvm c
siècle,
Directoire avait voulu
le
Rome. » Son père était économe et correcte,
appartenait à cette bourgeoisie,
estampes anciennes nous représentent haut cravatée de blanc. Sa
un magasin
tenait
rue du Bac
M mi
si
cette imitation de l'anti-
M. Bigot, au milieu de
inintelligente souvent,
achalandé de modes
très
quelque cinquante ans, on
«
digne,
si
aisance.
copier Athènes; où l'Empire s'efforça de copier ville, et
nous coûte nulle-
caractère admirable de Corot, et l'usage
28
le
si
pas; et cette constatation ne
encore, sur
lisait
le
Corot, Marchande de modes
rubans,
mur formant
cette enseigne, peinte
du Pont-Royal,
et
et
en
et,
il
y a
coin de
le
la
lettres jaunes
:
».
Le jeune Corot, après de petites études primaires à Paris, fut envoyé à
Rouen où
il fit
humanités
ses
Déjà, pendant cette adolescence, nourrie
1
.
de lettres latines et de mythologie, l'élève se sentait attiré vers l'art vocation murmurait en lui timidement, mais
la
admonesta-
crainte des
la
:
tions paternelles le forçait d'étouffer en son for intérieur toute velléité
d'excursion dans un domaine qu'on n'avait pas rêvé pour lorsqu'il revint de
Rouen, son père
ciants en nouveautés, puis chez
le plaça-t-il
un M.
Delalain,
Aussi,
lui.
chez des amis, négo-
marchand de drap, rue
Saint^Honoré.
Mais
les étoffes, les
songeait
nouveautés ou
jeune Corot,
le
et
il
cation, forcément distraite, le la
le
drap, ce n'était pas à cela que
faut bien avouer que,
fils
de l'excellente
rue du Bac fut un déplorable employé.
les étoffes, 1.
il
avait,
Nous devons
Au
malgré son appli-
marchande de modes de
lieu de se hâter de replier
en accomplissant l'insipide besogne, de longues rêve-
à l'amabilité de M. Bayeux, censeur du lycée de Rouen, aujour-
d'hui lycée Corneille, quelques renseignements sur la situation de
Les
voici
Camille fut
Son père
«
l'élève
»
Corot.
:
nommé
boursier
29 juin 18 ses parents habitaient Paris, le retira le
1
le i5
décembre 1806;
3. Il était
il
il
entra au lycée en avril 1807.
boursier national k demi-pension
eut pour correspondant, k Rouen,
;
et,
comme
un M. Jennegon >
demeurant rue Bcauvoisine, n° 90. La première classe qu'il fit fut la deuxième année de grammaire, correspondant à la cinquième actuelle; il alla jusqu'aux classes des belles-lettres (rhétorique). Son nom ne figure pas une seule fois au palmarès, pas même pour les prix de dessin bosse, académie, paysage), où brille, au contraire, le nom d'un certain Poussin.
PORTRAIT DE COROT. Dessin de A. Gilbert.
LES ARTISTES CÉLÈBRES
6
ries
dans l'ombre du magasin
pour mesurer
le
;
mètre, qu'il était obligé de
coupons, l'amenait invariablement
les
à
manœuvrer
penser à un appui-
main encore enveloppé d'un lointain idéal, et pour peu que sur roses, tonnes la mode du jour eût fait semer des violettes ou des
esprit prenait son vol
une association d'idées qui l'enchantait, son bleu baignant de lumière
le ciel
M.
de joie
pour
campagnes verdoyantes
les
les clients se plaignaient
des étourderies de ce commis-rêveur,
et
et
Corot Delalain, avec une impatience désespérée, écrivait au père de essayer de vais je magasin garçon-là ne sera jamais bon à rien au :
Ce
«
par
aux frondaisons peuplées de nids chanteurs...
les bois
Et
et
les cre-
vite,
:
lui faire faire la place de Paris.
»
jeune Camille allant chez les clients avec un livre d'échanleçon, la leçon de morale à tillons sous le bras. Le patron lui avait fait la consiste des bons vendeurs, morale indépendante s'il en fut, et qui
Et voilà
le
l'usage
conquérir
à
conviction dans
la
le
mensonge. Corot, en route, tandis
qu'il
des lignes de verdures traversait les ponts, s'arrêtait, regardant à l'horizon de cet air qui faiétagées jusqu'au ciel, heureux de gonfler ses poumons somnolents parfums des loin sait frissonner les branches, se sentant vivre,
monotone des des toiles écrues et des draps décatis, loin de l'harmonie par des mousprotégées lainages paquets ficelés en croix, et des piles de selines blanches.
Un
soir, pourtant,
il
revint radieux chez son patron
:
il
olive, couleur qui avait vendu, sans trop de peine, une pièce de drap s'attendait à des félicitations faisait alors fureur auprès des coquettes. Il :
il
fallut
lui
en rabattre
méchante humeur
—
;
M. Delalain
reçut
qu'on s'arrache dans mes magasins.
marchandise démodée ou
la
Avez-vous compris Corot lui des
la
plus
Un
pour vendre
bon
frelatée
le
drap olive
placier doit s'efforcer de.
dont personne ne veut.
?
compris en
avait
nouvelle avec
:
Je n'ai pas besoin de vous, lui dit-il,
caser
la
effet.
Il
avait compris qu'on voulait exiger de
complaisances qui répugnaient
à
s'en ouvrit
son honnêteté,
et
il
dans
le
commerce,
sérieusement à son père. Depuis huit ans
il
était
et
empoigné. Le père constata cela, le génie des affaires ne l'avait pas encore séance non sans regret. Alors il y eut au foyer de la rue du Bac une par le consentie La vocation du jeune homme fut reconnue et solennelle.
père de famille
Camille
ferait
:
de
il
fut
la
admis que, puisque
peinture
:
l'état
le
commerce ne
le tentait pas,
de fortune de ses parents lui permet-
LES ARTISTES CELEBRES
8
passe-temps inutile
».
Corot reçut alors une pension annuelle
de i,5oo livres, pension que
le
brave
ce
tait
«
homme
de père, qui s'accusait tout
bas d'une faiblesse en cédant ainsi aux goûts de son
jura bien haut
fils,
de ne jamais dépasser.
— Et maintenant,
convenu,
c'est
ajouta-t-il,
va
!
de
fais
la
peinture
et
laisse-nous tranquilles!
Camille n'en demandait pas davantage
— Je
vous remercie,
son père, en l'embrassant, tout ému;
dit-il à
i,5oo livres, c'est tout ce qu'il
:
me
vous*me rendrez
faut, et
très heu-
reux.
Et, vite, ne prenant que le temps nécessaire pour se procurer les
instruments de son métier, chevalets, couleurs, panneaux
Corot
alla s'installer
pour son premier tableau, en
brosses,
et
face de la nature, tout
près de la maison paternelle, sur la berge de la Seine, à quelques mètres
du Pont-Royal, la
Cité
et le
regard tourné vers cet admirable paysage que forme
c'est là qu'il
:
non pas son premier pas dans
fit,
son premier essai dans conserva toute sa
Tous ceux qui ont eu
et
ajoute
il
et
dont
il
se
plaisait à
raconter l'histoire, parce qu'elle lui tenait doublement au cœur. cette étude,
il
dit
«
:
Pendant que
je
faisais ça —
ma mère
«
ans
«
de voir M. Camille dans ses nouvelles fonctions
«
magasin pour venir
a
M
«
est restée fille, et
lli
« ici
les
filles
qui travaillaient chez
regarder.
là et
Une
d'elles,
il
y
En nous
a trente-cinq
étaient curieuses
s'échappaient du
et
que nous appellerons
Rose, accourait plus souvent que ses compagnes. Elle vit encore,
la
me
rend
semaine dernière.
«
réflexions
«
jeune, elle
«
M
lle
jeunes
:
accès dans l'atelier de Corot connaissent le
début de son pinceau conservé avec amour,
—
la
Souvenirs intimes de Corot, raconte
les
avec une simplicité charmante cette joie du débutant,
montrant
il
vie.
M. Henry Dumesnil, dans
«
mais
la gloire,
profession, et l'étude qu'il en rapporta,
la
Rose
il
fait
naître
!
donne l'heure et
de temps en temps
visite
O mes ma et
le
elle était
amis, quel changement!
et
encore quelles
peinture n'a pas bougé, elle est toujours le
temps du jour où
moi, que sommes-nous
Malheureusement, tout
;
?
je
l'ai
faite
;
mais
»
monde ne
regardait pas le peintre
du
même œil indulgent que Rose, et toute la famille le considérait un peu comme la cigale au milieu des fourmis. Cette impression ne se dissipa même pas, lorsque le talent, et mieux que le talent, lorsque le génie
CAMILLE COROT tut
Nous devons
venu.
aimés du maître,
Un
le joli
à
souvenir qu'on va
jour, à Barbizon,
—
c'était
met
à table et
Corot, qui
— Oh! blancs
on attaque un poulet.
était l'aîné
de
mes amis
fit
me
ne
;
un honneur de
!
celui-ci avec
roi, et
:
ne
Et cela la part
me
faites
était dit
indifférence,
Damoye
découpée, on
son bon
un morceau de
me
morgue
rire
de gamin
me donnez
roi également.
pas
la
passe à
à
cheveux
pilon.
le
l'aile; c'est
Depuis que
sert toujours le dernier,
Donnez-moi
sans regret
et
vieilli, et,
dans le
ma
je
là
ne
famille,
pilon, je vous
cœur,
:
trop de considération de
qui sait? Corot doit peut-être à cette
que rencontrait sous
cette jeunesse d'esprit et de
le
qu'il
toit familial sa
mission
d'artiste,
conserva jusqu'à sa mort.
Mais n'anticipons pas davantage avec
les
souvenirs. Voilà Corot
avec ses pinceaux en main. Suivons-le dans ses années d'études voyages.
et
On
pas prendre de mauvaise habitude.
sans
des siens l'eût
—
— à déjeuner.
père Corot
L'aile
servez pas le premier et ne
on ne me donne jamais que
en prie
le
1867,
la tablée.
vends plus de drap olive, on et
—
fut l'un des élèves
lire.
vers 1866 ou
quelques autres avaient retenu Corot se
g
M. Emmanuel Damoye, qui
et ses
CHAPITRE Valenciennes et Bertin.
et le
II
-
Les Premiers Maîtres de Corot Michallon Paysage historique. La Première Corot et Aligny. Voyage en Italie (1827). :
—
—
— Premier
Manière; Y Étude du Colisée.
Avant d'accompagner Corot dans
les
études qu'il
fit, il
n'est pas inutile
situation des paysagistes à cette
d'examiner rapidement quelle était la époque, et vers quel idéal convergeaient toutes bien cela nous aidera-t-il peintre, et à
expliquer
à
la
les aspirations.
première manière de
comprendre toute l'étendue de
la
Aussi
l'illustre
révolution qu'il opéra par
seconde manière.
sa
Lors des débuts de Corot, on
était
en plein règne du paysage historique,
pénétré de Poussin ce genre que Valenciennes, paysagiste célèbre, très et
de Claude Lorrain, avait défendu,
le
pinceau
plume
et la
à la
main.
Traité élémentaire de
Dans son ouvrage qui ne manque perspective pratique, Valenciennes, élève de Doyen, avait félicité l'Etat que d'avoir institué un prix de Rome, de paysage historique, prétendant pas d'autorité
ce genre possédait toutes les vertus,
peut rêver un
D'après
paysagiste
le
« «
son génie
orner ses compositions de
nature
même, dans
sa
traits
empruntés de
Un
»
de
en
des études peintes dont
faisait
;
il
il
M.
17),
«
air
de vérité.
passait les jours et
coucher du
»
Il
sa
une partie des nuits
mémoire
et
que l'étude de
se proposait d'enrichir ses
la
composi-
répandre sur leur
à observer l'aurore, le lever, le
soleil et le crépuscule... Attentif
dans
B. Deperthes,
rappelle également Claude Lorrain, qui
soigneux à recueillir tout ce qui le gravait
de
et à
fable,
fleurs, des cailloux, et
tions idéales, et qui ne devaient pas peu concourir à
ensemble un
J.
la
la
rappelait que Poussin apportait
mousse, des plantes, des
atelier
la
l'histoire et
autre écrivain,
Théorie du Paysage (18
dans son
«
borne à reproduire fidèlement
se
absolument nécessaire
était
pittoresque que
porte à retracer une peinture idéale,
le
ou créés par son imagination. de
l'Italie tout le
artiste.
lui,
nature »,ou bien
disait
et
:
fixait
aux moindres accidents...,
particulièrement son attention,
au retour, dans son
atelier,
il
il
s'empressait
de reproduire sur la toile ses réminiscences, qu'il avait l'art d'exprimer
CAMILLE COROT avec tant de vérité
et
de précision, qu'on
elle-même revêtue de tous
Et M.
J.
ses
n
les eût
prises
pour
la
nature
attraits. »
B. Deperthes ajoute:
«
Ainsi, observer avec attention et
retenir avec fidélité, voilà les bases des études
du paysagiste, en suppo-
Peinte par Corot, en 1869. Dessin de A. Robaut.
sant toutefois qu'avant de s'essayer à l'imitation de la nature les principes élémentaires de l'art la
perspective linéaire, et
pour pouvoir
de
la figure,
le
modèle vivant. L'étude de
la
du
dessin lui soient familiers, qu'il connaisse
même
qu'il soit exercé
la tracer
suffisamment à l'étude
avec correction d'après l'antique
et
»
nature ainsi comprise n'est pas
le
moins du monde
LES ARTISTES CÉLÈBRES
12
que
l'étude
se
poursuivie
proposera plus tard Camille Corot; mais une étude ainsi trop entrée dans les mœurs de l'époque, pour que le
était
jeune débutant ne s'y laissât pas aller tout d"abord. C'est que d'ailleurs le paysage historique n'appartenait pas à une simple classification d'ap-
préciation
le
;
précision.
paysage historique répondait
Il
secrets de vertu,
était
une vision
un genre
une absolue
défini avec
on lui prêtait des que l'heure approchante du romantisme justifie relatià
d'art existante;
vement. Ainsi,
B. Deperthes distingue dans son livre
J.
paysage champêtre,
et,
malgré
testations de critique impartial, le
premier:
«
La nature,
le paysage
ses précautions oratoires,
on devine
dit-il, doit être
historique du
malgré ses pro-
préférences dont
les
constamment
il
entoure
l'objet des médita-
tions de l'artiste, quel que soit son penchant à l'imiter, telle qu'elle se
présente à ses yeux, ou bien et le
goût peuvent ajouter
vérité.
reproduire ornée de tout ce que
à la
le
génie
charmes, sans toutefois s'écarter de
ses
à
la
»
Et plus loin
« Le style champêtre est celui qui retrace avec exactitude des points de vue d'après nature, qui présente l'image fidèle de la cam:
pagne dans tous ses
détails, qui
étendue de pays aVec
la
lumière qu'elle reçoit
à l'instant
ressemblance...
On
produit de plus beau
dont l'action,
même où
et
d'après
sites,
de plus grand,
un
soit qu'elle rappelle
pour
la toile, traits
la
le
domine,
traits,
et éclairée
une
par
la
peintre s'occupe à saisir sa
entend par style historique, dans
composer des
sage, l'art de
sur
fixe
portion de ciel qui
genre du pay-
le
un choix de
ce
que
la
nature
d'y introduire des personnages
et
trait
historique, soit qu'elle pré-
sente un sujet idéal, puisse intéresser vivement le spectateur, lui inspirer
de nobles sentiments, ou donner l'essor «...
Ce genre
une grande
à
son imagination...
une imagination
exige avant tout
vive,
un goût épuré,
sensibilité dans les organes, et l'habitude de la méditation;
mais une instruction solide
est le
complément de
toutes ces qualités
;
elle
seule peut les faire briller dans tout leur éclat et préparer au paysagiste
des succès qui
le fassent
parvenir
Et pour que nul ne puisse qu'il attache
ceau
les
à
se
une grande
»
tromper sur l'importance particulière
au paysagiste historique,
grandes épopées grecques
de Théocrite, notre auteur marque historique du tableau d'histoire,
célébrité.
et la
si
propre
à
traduire avec le pin-
romaines, tout
comme
les
idylles
différence qui sépare le paysage
i
LES ARTISTES CÉLÈBRES
4 «
Ces deux genres,
de captiver
sa pensée, se servent de
subordonne tous sonnages dont
donnent toute
les
comme
sage que
se
proposant
mêmes
les
fins, celles
d'émouvoir son âme ou d'agrandir
et
inverses
pour parvenir
à leur but
l'un
;
objets qui entrent dans ses compositions aux per-
dimensions, rapprochées de celles de
les la
moyens
nature,
la
latitude nécessaire au développement des passions
exprimer;
qu'ils doivent
quoique
du speciateur,
sens
le
dit-il,
n'introduit des figures dans le pay-
et l'autre
au
accessoires
site
dont
il
reproduit l'aspect; mais
accessoires tellement obligés, que ce sont eux qui déterminent spéciale-
ment
genre de
le
la
composition
et
qui contribuent à renforcer cette
élévation de style qui sert à le caractériser...
son talent,
sujets sur lesquels le peintre d'histoire exerce
peut également
les traiter, alors qu'ils
censée se passer en plein
naturellement
air,
le véritable lieu
donnent
lieu à
de manière que de
la
scène
;
la
mais
il
à mettre les traits historiques
dimension des figures doit clairement.
être telle,
que
paysagiste
le
est
campagne doive être n'est pas
en action
;
moins hors
paysage, dans
le
dominer
le sujet
les
une action qui
de doute que, pour ne pas sortir dés limites du genre, tout ce qui constitue l'ensemble d'un site, doit
concourent
que tous
est certain
Il
qui
les figures
cependant
et
la
puisse se développer
»
Enfin, poussant jusqu'à l'excès ses tendresses à l'égard du paysage historique,
J.
B. Deperthes déclare, sans rire, que
fectionnement de l'instruction générale, publique
c'est
à
l'affermissement de
la
morale
!
nous avons donné
cette
étendue
à
l'examen du paysage historique,
que, tout en s'affranchissant petit à petit des servitudes dont
du jour peut
paysage historique
paysage champêtre cette supériorité qu'il peut contribuer au per-
a sur le
Si
le
avait fait des lois,
même
Corot en subit quand
même
le
l'influence
dire qu'il s'attacha à conserver cette influence
:
goût ;
on
nous verrons
plus tard dans quelle mesure.
Telle était donc l'école triomphante du paysage au
de 1822,
à l'instant
peinture sous et
les conseils
qui revenait de
Rome
le
où Corot, délivré du drap
la villa
commencement
olive, débutait
d'un de ses camarades, né
comme
lui
Médicis, ayant justement remporté
dans
la
en 1796,
le
prix de
prix de paysage historique. Les deux jeunes gens étaient liés
d'une franche amitié; Corot, timide, admirant fort Michallon, que succès guettait d'un œil indulgent; Michallon, hardi,
âme
le
ardente, ét
LES ARTISTES CÉLÈBRES
i6
qui eût senti la nature avec toute sa puissante poésie,
conventions
les
si
du paysage historique, enseignées par Valenciennes, n'avaient atténué ses dispositions naturelles.
Quoi
en
qu'il
dépourvus de devant
la
campagne,
recommandait de yeux
les
et
Michallon donnait
soit,
vérité et d'indépendance
de
;
maître recommandait à Corot
comme
au pittoresque de
la
du spectacle
se pénétrer attentivement
copier fidèlement,
le
les sites visités
le
son élève des conseils non
à
quand tous deux
le
il
l'Italie qu'il
se trouvaient
naïveté
voyait. Puis
il
et
Sorrente;
de Castellamare,
et
Romagne
venait de quitter
et,
retrouexaltait
il
aller, lui aussi,
émerveillé, à rêver
toute ensoleillée, toute emmoissonnée, d'une Calabre aux
cette
comme
de Salvator Rosa.
celle
habitude de rêve, qui
les
escortait en leurs excursions
d'étude, Michallon ouvrait devant son élève les horizons encore
més du paysage romantique
;
car,
pendant une grande partie de
été,
sous
Corot, tandis qu'il dessinait les arbres du parc de
sauvages désolations,
Et dans
lui
s'enthousiasmait au souvenir des vues d'Amalfi et
il
Neuilly ou de Saint-Cloud, se laissait d'une
il
comparait
vant en lui cette sève académique dont on l'avait nourri,
Naples
;
qu'il avait
embru-
n'y a pas à s'y tromper, Corot a
il
sa carrière,
un romantique
à l'inspira-
tion sentimentale et haute, tout entier tourné vers l'idéal, et pliant la
nature à la traduction de cet idéal. Et, dans un temps rapide, Corot fut loin
du
débutant du Pont-Royal; mais un deuil vint
petit
Michallon mourut infaillible la
étude
mémoire du cœur,
en 1824
disait
;
et,
frapper;
le
en 1870, Corot, qui eut
en montrant chez lui une lointaine
:
— Celle-ci, mort
à vingt-six ans,
si
C'était
c'est
avec Michallon que
jeune, à vingt-six ans, au
un
Après
talent qui serait
j'étais
moment où
devenu
très
je
fameux!
quand
à travailler;
jamais, modestie de
bon
la
peinture.
Corot aurait pu conti-
mais avec cette modestie dont
aloi,
l'ai faite; lui,
»
cette perte, qu'il ressentit cruellement,
nuer tout seul
je
commençais
il
ne se départit
sans prétention aucune, sachant ce qui est
bien, et se jugeant à sa propre valeur, sans toutefois trouver jamais cette
valeur suffisante, lier
il
pensa
qu'il avait besoin
de Victor Bertin, qui partageait alors
même pour
la
d'un guide,
et s'en fut à l'ate-
vogue avec Watelet,
celui-là
qui un certain critique encore inconnu, M. Thiers, entonnait
des louanges immodérées dans les colonnes du Constitutionnel.
Mais Victor Bertin,
c'était l'art classique, c'était la
symétrie en guise
FRANCE
—
PEINTRES
CAMILLE COROT.
—
3
LES ARTISTES CELEBRES
!8
d'harmonie,
froideur servie par une inflexible précision
la
c'était
chez tout autre élève que Corot,' un
tel
maître eût
dans
contraire, acquit à ses leçons plus de correction
souci de solidité dans
œuvres,
composition, dans
la
peut dire que son passage à
et l'on
marqué par des progrès
réels,
dans
le
ver à
Rome un
Édouard
en
fois
même
de ses
de Victor Bertin fut
l'atelier
sens que nous avons indiqué.
passage fut d'ailleurs de courte durée, puisque, en décembre
accompagna une première
plus de
le dessin,
charpente
la
et,
;
Corot, au
été fatal.
Victor Bertin,
Italie
groupe de jeunes peintres français
1
Ce
825, Corot
et alla
retrou-
Léopold Robert,
:
Bertin, Dupré, Bodinier, Schnetz et Aligny, qui s'attacha parti-
culièrement au jeune paysagiste, nous verrons plus loin dans quelles circonstances, et l'Allemand Reinart. Bertin,
D'ailleurs, V.
grandes
de
avait
M. Ch. Blanc hommes-là
la
qualités.
pu
a
dire,
ses collègues était
Il
du paysage historique,
consciencieux
non sans une judicieuse malice, que
ne montraient que leurs tableaux
ils
leurs études.
»
lui qui décida
au pays
à le suivre
A Rome,
boucla sa valise
où
ils
et
latin, et
l'Italie; c'est
comme
cette
!
Lui,
son élève
gaie, spirituelle et jeune;
modeste, au milieu de ces rifier
artistes qui
eux-mêmes. Et puis Corot
cité des
était
garçon au
arrivèrent en 1826, Pierre Guérin étant directeur de les paysagistes, et
le Parisien, gai, jeune et spirituel, se trouvait
compagnie
donc
franchit les Alpes.
l'Académie de France, Corot ne fraya guère qu'avec encore
grande à
Michallon, eût un goût
aussi écolier avec ses maîtres, qu'il resta toute sa vie petit il
ces
cachaient pudi-
'
foyer familial,
et
de mauvais
fidélité si
par excellence, pour
la terre classique
Corot
comme
faire et
Rien d'étonnant qu'avec une
tradition de Valenciennes, Bertin,
prononcé pour
studieux,
et
se préparaient par de belles études à
«
tableaux. Mais
quement
comme
cœurs simples
— qui
était
ne
il
gêné dans
se sentait tout petit, lui, le
se faisaient pas faute de se glo-
un peu rustique;
sont les cœurs forts,
il
—
avait la simpliet
il
fallait
une
très exagération de gaieté pour qu'il se montrât dans sa vraie nature, l'ami vivant et très bruyant. Cette rusticité, M. Henri Dumesnil, qui fut
de Corot, écrit
:
comme la
«
l'a
peut-être expliquée dans ses Souvenirs intimes, lorsqu'il
Corot avait
le teint
chaud
et coloré,
une mine rouginaude,
disent les paysans, qui lui donnait l'apparence d'un vigneron de
Bourgogne.
est originaire
Il
en
était
un peu
de celte province,
:
et
sa famille, par la
son grand-père
branché paternelle,
était le fils
d'un culti-
LES ARTISTES CÉLÈBRES
2G
de Semur, dans la vateur de Mussy-la-Fosse, village situé aux environs retrouvé la trace de son Côte-d'Or. Il n'y a pas très longtemps qu'il avait restés dans le pays. Il est origine et celle de parents éloignés qui étaient de ce voyage visiter vers 1860, et nous disait, à propos :
allé les «
— La
nom
portent le même contrée est remplie de bons travailleurs qui « Hé! Corot! » on ils s'appellent dans les champs:
que moi;
n'entend que semblait que
Ce tance
Je
ça.
croyais toujours qu'on
j'étais là
comme
en famille.
me
demandait,
et
il
me
»
imporqu'un détail en passant, mais un détail qui a son lieu de le croire, ne les anthropologistes, comme il y a tout
n'est là
;
et si
à la loi d'hérédité, et le se trompent pas, Corot n'a pas dû se soustraire ce je ne sais quoi de Parisien devait être mâtiné de Bourguignon de là au premier revenons rustique qu'il portait dans la physionomie. Mais ;
séjour en Italie.
Dès l'aimait
l'abord,
pour
on ne
prit pas
Corot au sérieux
comme
peintre; on
bonhomie, son humeur [toujours sereine, ses chansons plaît, qu'il pleine voix, une belle voix de ténor, s'il vous
sa
qu'il lançait à
maniait fort agréablement,
souvent aussi on
et
le raillait,
portait gaiement la raillerie,
pour laquelle Aligny tout il
il
le
se trouvait
avait
un
premier,
tantinet de fierté et
si
;
Corot sup-
désarmé pour y répondre.
C'est qu'il était alors tout entier à la nature
;
le reste, les
hommes
ne
l'âube, sa boîte de couleurs lui étaient rien. Il s'en allait tout seul, dès aux lèvres, il s'en allait cherchant les
sous
un couplet sentimental
le bras,
coins déserts où, parmi des ruines,
Une
coin trouvé,
fois le
dessin précis, d'architecte
;
un dessin
il
la
végétation fût luxuriante
s'installait
;
architectural, et
et
féconde.
les ruines exigeaient de lui il
les dessinait avec
puis la nature sollicitait le peintre, et
un
une sûreté
dans l'étude achevée
disparues baignées on découvrait toute la mélancolie des civilisations au milieu des grimpants, d'ombre et de parfum sous le baiser de lierres frissonnements. buissons fleuris, où la bise qui passe met ses mystérieux d'attention séance une Et c'était tous les jours ainsi; c'était tous les jours celle du Coliil y a des études, comme travail laborieux
—
assidue et de
sée, aujourd'hui
cinq séances
—
de vingtau Louvre, sur lesquelles Corot dépensa plus apportant à l'artiste et au poète des joies nouvelles,
d'une inexprimable saveur. C'est et lui
fit
même
cette étude
du Colisée qui rapprocha Aligny de Corot,
cesser toute raillerie contre celui dont
il
allait faire
son meilleur
LES ARTISTES CÉLÈBRES
22
Un
ami.
jour que Corot
s'était installé
dins de Gésar, Aligny l'aperçut, vint et
ruines
les
vivant d'air et de lumière, le ciel
œuvre
cette
admirons d'avoir
où
enfin
le
mont
Palatin, dans les jar-
regarda l'étude déjà avancée,
méconnu
analysait,
Il
bien comprises, le paysage
enveloppant dans sa profondeur
si
un maître
se révélait
jeune
le
si
—
et
si
claire,
qu'aujourd'hui nous
chef-d'œuvre. Et Aligny, qui se sentait coupable
comme un
l'éloge, si bien
le
à lui,
ne put contenir ni son admiration ni son étonnement.
en des paroles flatteuses,
si
sur
homme,
en arrivait à dépasser
la
que Corot, peu habitué aux compliments,
mesure dans se
demandait
cet importun promeneur ne lui décochait pas une de ses ironies dans
mode majeur. Mais Aligny
— Si cela vous ensemble
j'ai
:
le
détrompa bien
Monsieur
plaît,
vite en lui disant
:
Corot, nous travaillerons quelquefois
peut-être quelque chose à vous apprendre, et j'aurai cer-
tainement à gagner, moi aussi, dans votre fréquentation.
pour rassurer pleinement Corot;
C'était plus qu'il n'en fallait
une nouvelle preuve de
la
sincérité d'Aligny, lorsque
après les autres au restaurant du Lèpre,
camarades, et
et
il
fut
de ce jour, considéré par tous
le
il
complimenté par tous
comme un
eut
soir, arrivant
ses
artiste d'avenir
de valeur. Ce qu'il dut en premier lieu à Aligny, ce fut donc
la
con-
fiance en lui-même, cette confiance sans laquelle nul talent ne peut se
développer, nul génie,
si
mûr
soit-il,
ne peut éclore. Aussi, Corot
pour Aligny une affection mêlée de gratitude; descendance mêlée de respect; jamais, tout seul,
par ses conseils
ne
fermeté
et
fût laissé
pensait que sans l'affirmation d'Aligny,
imposé; plus encore que Bertin, Aligny
se serait
poussa à soigner
a
exactitude;
le
dessin d'après nature;
il
lui insi-
il
au hasard ou
lui
recommandait une exécution
à la fantaisie, et l'on n'est pas
serrée,
où rien ne
peu surpris, quand
bien examiné les peintures de Corot, de trouver dans ses dessins les
contours arrêtés d'un
ments
et les
trait
d'encre solide et net, par-dessus les tâtonne-
recherches du crayon.
gny sur Corot ne ses
il
eut-il
une con-
la préoccupation de rendre ce qui frappait ses yeux, avec justesse,
nua
on
le
il
il
l'écoutait avec
A
ce point de vue, l'ascendant d'Ali-
fut pas inutile, et laissa
longtemps des marques dans
œuvres. a
style
Pendant quinze ans par
le
et plus, dit
M. Ch. Blanc, Corot rechercha
dessin, par de grandes lignes résolument écrites, par
sobriété voulue dans les détails
;
il
le
une
choisissait des arbres bien venus, peu
tourmentés, des rochers simples aux cassures continuées
;
il
opposait aux
CAMILLE COROT
23
troncs dépouillés, des bouquets gracieusement arrondis,
minces, des frondaisons touffues. droits et lisses et
grimpantes,
comme les
Il faisait
contraster
et
aux feuillages des pins
la rigidité
des colonnes, avec les courbes des plantes souples
contours planes ou tranquilles qui assoient l'horizon
avec des premiers plans cahotés et ravinés. Toutefois, ce qui était rude,
solennel et
un peu emphatique dans
les dessins
peintures mâles, austères, hardiment, mais présentait
par lui
la
chez Corot moins
abrupte,
chaleur de la vie, non pas de
imprime son mouvement,
transpire nature,
ses allures,
mystérieusement sous
quand
la
la vie
les
«
et
dans ses
sommairement modelées,
se
développé, plus pénétré
plus
qui circule en chaque plante et
mais de
larges
lumière l'anime, l'embrasse,
Et M. Ch. Blanc ajoute, pour terminer
d'Aligny
la vie universelle,
colorations de et la
féconde.
cette maîtresse
Corot avait quelque chose de plus qu'Aligny
et
qui
grande
la
»
page de critique
Victor Bertin
:
:
c'était
LES ARTISTES CÉLÈBRES
24
l'amour. Dans son
âme émue,
humides, attendris, voyaient
tout se peignait avec harmonie, ses yeux
cissant l'âpreté des sites les plus sauvages,
humanisait du regard.
les
il
Voilà bien la genèse du talent, du génie de Corot. voir
la
nature,
il
l'a sentie, il
immense
œuvre
l'a
même
Ce qui
doigté.
aimée,
»
que
son pinceau, ces deux
à
vision,
même
on peut
dire d'un
déterminées, c'est la force de l'influence
a
les
même
n'a pas
Il
fait
bien qu'on puisse dans son
et,
marquer deux manières
manières sont bien issues d'une
Adou-
accidents noyés dans Pensemble.
les
ambiante, cette influence qui,
commencée par Michallon, Bertin
Ali-
et
gny, aura besoin de près de vingt ans pour s'effacer complètement.
Un
dernier
mot encore,
propos d'Aligny, un mot qui montrera à
à
quel point Corot avait l'amitié
fidèle.
Lorsqu'en 1874, c'est-à-dire cin-
quante ans après l'amitié scellée devant les ruines du Colisée, on procéda à l'inhumation d'Aligny dans un tombeau définitif au cimetière
Montparnasse, Corot, malgré son grand âge, voulut
à
peine jour,
la terre
;
et la
le ciel était
cérémonie. de s'en
blafard et lugubre
même
jour,
il
atelier, et
«
meilleur à
«
un
devoir,
plus délicate
mémoire
et
M me Aligny,
aller,
à huit
mais
il
comme
tout contribuait à
voyant Corot qui
la
un rayon de
il
faisait
la tristesse
Nous venions perçait la brume
détails.
soleil
dette sacrée.
»
;
il
de
y la
grelottait, vint à lui et le pria
tantôt de ce
le
de quitter ensemble :
«
présent que ce matin, au cimetière, mais
et
;
scène qu'il éclairait
augmenter
ne voulut pas y consentir. Dans
m'a raconté ces
une
heures
neige tombait pour fondre aussitôt qu'elle avait touché
peu de monde
avait
son
M. Dumesnil, le matin,
C'était en hiver, écrit
«
s'y rendre.
Ah
!
dit-il, il fait
c'était
pour moi
Pouvait-il exprimer mieux, d'une façon
plus simple, qu'un demi-siècle écoulé lui laissait une
fidèle, et n'avait
pas affaibli sa reconnaissance pour
reçu aux jardins de César?
»
le suffrage
CHAPITRE
III
—
Premiers Envois au Salon (1827) Campagne de Rome, Vue prise à Narm, etc. Second Voyage en Italie. La Révolution dans le Paysage (1 835) Cabat, Rousseau :
—
et Jules
En
Dupré.
—
:
Dernier Voyage en
Italie (1843).
1827, dès qu'il fut de retour en France, Corot envoya au Salon
annuel deux tableaux, une Vue prise à Narni
Nous remarquerons
Campagne de Rome.
et la
tout de suite que, tant qu'il vécut,
grand
le
parut à tous les Salons, sans interruption aucune. Pour
artiste
un
[lui, c'était
où
l'école classique lui
infligea plus d'une fois des horions, puisqu'il se vit
souvent refuser des
devoir d'affronter chaque année
tableaux. et c'est
le
la lutte,
A ces époques-là, le nombre
une
des envois n'était pas limite à deux,
pourtant ce nombre deux qu'on
jury n'ayant pas fonctionné,
il
lutte
imposa jusqu'en 1848,
lui
011,
eut la joie de trouver ses neuf envois
accrochés au mur.
Mais revenons
à
date
la
de
Sa première exposition passa
1827.
inaperçue. Seules, les personnes qui avaient visité
comprendre
charme, encore que
le
parenté évidente avec
le
paysage historique. Corot
l'influence directe de Bertin et
De 1828 a
1
83o,
envois, dont une tique,
il
Aligny pour
n'y eut pas de Salon.
il
Vue de Furia
et
ment
:
c'étaient Jules
En
et
suivis, à
83
était
encore trop sous
en fût autrement. 1 ,
lui,
où Corot les
avait quatre
bords de l'Adria-
mais ayant une autre
public accepta plus rapide-
le
Dupré, Th. Rousseau, de Marilhat, auxquels, au 1
833
,
se joignirent
Cabat
quelques années près, de F. Millet, Daubigny, Diaz
Français, tous ces illustres qui ont
paysage au xix e
1
comme que
Salon suivant, c'est-à-dire au Salon de
Troyon,
qu'il
un Couvent sur
se trouva avec des débutants
manière, plus facile à comprendre,
pouvaient en
l'Italie
deux tableaux eussent une
les
siècle,
fait
et et
glorieuse l'école française du
tous ceux-là que Corot aimait
que leurs formules aient eu de l'influence sur
et
la sienne,
admirait, sans
qui resta toute
d'inspiration.
Nous avons
cité
une date: i833;
elle est
Corot par une page d'une exquise saveur
:
marquée dans l'œuvre de une étude de
la
Forêt de
,
LES ARTISTES CÉLÈBRES
i6
Fontainebleau,
mier qui
lui valut
sur 2 m. 43 letée et
seul tableau de lui reçu d'ailleurs à ce Salon, et le pre-
le
une médaille. C'est une
Au
c.
importante de
toile
i
m. y5
c.
premier plan, une gracieuse figure, largement décol-
couchée, absorbée par une lecture attachante,
frémissement des insectes sur
la
mare prochaine,
et
bercée par le
le
frémissement aussi des
la
droite. Puis, par delà l'eau
stagnante où le jour calme met un
reflet, ce
sont d'autres arbres poussés
au hasard d'une nature sauvage,
dans
occupe
nids, dans le massif d'arbres qui
et,
de l'ho-
le lointain, c'est la ligne
rizon qui s'éclaire sur des collines formées de roches abruptes. Certes,
œuvre, où l'impression de nature
cette
déjà
du genre du paysage historique
;
est si saisissante, si vraie, sort
la figure délicieuse placée à
gauche
nous promet l'immense poésie dont s'envelopperont dans l'avenir les nymphes de Corot, ces nymphes que Courbet ne sut jamais comprendre,
— Courbet,
ce faubourien de la couleur et
du génie;
Burty nous semble marcher un peu vite quand
œuvre magistrale tique.
en quelque sorte son passé
clôt
C'est, sans nul doute,
»
et
il
— mais
M. Ph.
affirme que
cette
«
ouvre son ère roman-
une page maîtresse dans l'œuvre de Corot,
mais, par certaines précisions, par certains accents, elle est bien de la
première manière.
Avant d'arriver
l'apogée de cette première manière, nous avons
à
encore quelques années à attendre; nous trouverons
moins complets que stationnement dans était
retourné en
celui
même
dont nous venons de parler,
des tableaux
et cette
sorte de
progrès s'explique par cela que Corot, en
le
Italie, et
que
l'Italie
83 5
1
ne convenait pas absolument
à
son
il
a le
génie, à son inspiration.
En
1
835
,
en
effet,
suivant en cela l'exemple de ses camarades,
besoin pressant de revoir l'Italie
du nord.
Il
n'y
fit
des Apennins,
la terre
et le voilà
qu'un séjour d'une année. Une
père, que cet éloignement attristait,
parti
lettre
pour
de son
vint le rappeler à Venise, où
il
se
trouvait avec Léopold Robert. Sur le conseil de ce dernier, qui lui dit «
Rentrez
à Paris, si
leur faites pas de chagrin
Rome,
rejoindrait pas à
et Agar dans Rome; Hiver
le
de Corot dans
( 1
»,
Corot n'hésita pas, prévint Bertin
et rentra
désert 836).
le
(1
Dès
la
Vue prise à Ripa (Tyrol
835), Diane surprise au bain lors,
monde de
qu'il
ne
le
en France.
époque que datent
C'est de cette
:
vous voulez m'en croire, vos parents sont vieux, ne
on commence
la critique et
et
à s'occuper
des arts;
on
italien)
Campagne de sérieusement
s'arrête
devant ses
CAMILLE COROT œuvres
;
aux Salons, on
les
Ch. Lenormant, l'un des pre-
d'avant-garde vont jusqu'à l'applaudir.
miers qui se soient inquiéte's du peintre, «
M. Corot
de nos bois
27
discute, et quelques personnes à l'esprit
écrit,
en
1
83 5
,
à
propos àHAgar
:
a quitté, de guerre lasse, les chemins creux et les clairières j
il
a
revu
l'Italie;
il
a retrouvé ces vastes
horizons dont
il
LA CHAUMIÈRE. Dessin de Ed. Daliphard, d'après
rend
le
tableau de Corot.
bien la limpide reculée, et son talent, tant soit peu fourvoyé,
si
lui est
fidèlement revenu.
On
verra, par la suite,
supérieur,
il
Wolff est de comprit
et
ne devint cet avis
le
»
que
le critique
:
«
:
fut
— M. Albert — que dans cette terre de France dont
plus grand paysagiste du siècle
également
aima par-dessus tout
mant continue
en cela se trompa Corot ne
M. Corot
il
la
mélancolie
et le
pittoresque. Ch. Lenor-
aussi, sous quelques
rapports, ne parle la
langue du paysage qu'en bégayant. (Rappelons-nous que ces lignes sont
LES ARTISTES CÉLÈBRES
28
écrites en le
835.)
1
charme de
Sa touche
lourde
est
la
manifeste avec éclat
un
lui faut
il
sujet
année, une Agar abandonnée dans
Pour que son
comme
talent se
celui qu'il a choisi cette
désert. Ici l'aspect général ne sau-
paysage de M. Corot a
le
;
rendu compte
se soit
C'est là le mérite propre au paysage historique, c'est-à-dire
sujet.
l'harmonie du
pour
le
la souplesse, l'humidité,
(!!).
cœur avant même qu'on
quelque chose qui serre le
placer.
mate;
trop uniforme, ni trop désolé
rait être ni
du
et
nature lui sont étrangers
site
avec
la
passion ou
la
souffrance que
(On voit que Ch. Lenormant ne dissimule pas rien de bon hors
lui,
peintre veut y
le
ses préférences
paysage historique.) C'est
le
:
comme un
orchestre dramatiquement instrumenté sous des chants expressifs. Si,
comme
arrive souvent dans l'école allemande, l'orchestre a plus d'im-
il
portance que
du paysage
chant,
le
un opéra
historique. (C'était là
ainsi
conçu
est la contre-partie exacte
une attaque directe contre
les aspira-
On passe comme on excuse
tions nouvelles de Cabat, de Th. Rousseau, et aussi de Corot.) à
un homme
dans
tel
que Corot
la faiblesse
de ses figures,
Fidelio de Beethoven la brièveté des mélodies
le
;
seulement,
il
faut que les figures du paysagiste soient à leur place et qu'elles disent
bien ce que
le
peintre a voulu leur faire dire. Sous ce rapport,
est irréprochable
;
je
M. Corot
trouve une simplicité non cherchée, une naïveté
véritable dans la manière dont
il
fait
planer en
l'air,
comme un
oiseau,
l'Ange que Dieu envoie au secours d'Agar. La scène, belle de caractère, bien entendue de perspective
et
de dégradation, se termine par d'admi-
rables plans de montagnes que surmonte un
deviné l'analogie de certaines parties de les paysages orientaux; les détails
de
la
la
a suivi l'exemple
il
campagne de Rome dans
lui apportait de l'Asie. Mais tout ce mérite, l'eût
ombres
chléaria.
même
portées, à
Maremme
de Toscane avec savait fondre
les lignes des croquis je
dois en convenir, s'il
ne
a
s'était
qu'on
M. Corot
pas obstiné
ton que les rochers, à épaissir outre mesure
donner
à tous ces arbres
un
feuillage
de co-
»
Nous avons gions l'éloge ni
cité cette les
abandonnée dans était le
du
lumineux. M. Corot
du Poussin qui
démontré bien plus clairement au public
à faire les terrains les
ciel
page de Ch. Lenormant, non que nous parta-
reproches que ce critique adresse de le désert,
goût général en
1
mais parce qu'elle
835, et nous
fait
ci
de
là à
Y Agar
nous montre bien quel
prévoir les obstacles que Corot
devra vaincre pour s'imposer. Alfred de Musset
n'a-t-il
pas écrit simple-
LES ARTISTES CÉLÈBRES
3o
ment
sèchement en
et
grands admirateurs.
1
836
:
«
ardeur de
la
époque de
835
1
défenseurs du paysage
condamnée par avance
la
les
études de nature ne servent que de cadre
De
de Jules le
s'affiche,
l'autre côté,
quels marche
il
et
y a un clan de révolutionnaires,
à la tête des-
le
paysage à
la
ration de ces maîtres, Ruysdael,
qui ont peint leur patrie
Poussin
et leurs
plus récente, aux Constable
sincère. Alors voici Cabat, et
murmure
rude écorce, crevassée
le soleil, ce
Hobbema,
;
c'est
demander à
aux Bonington,
Rousseau
et
de leur émotion
le secret
Dupré,
l'école anglaise
plus tard, Daubi-
et,
des bois
et
ils
cherchent à fixer ce mur-
et
des sensibilités de bête humaine,
des tristesses; les ondes, des larmes
et
des
des lamentations ou des chansons douces, suivant que
puissant chef d'orchestre, conduit ses rayons sur les masses
cache dans
la
ne demandant plus éclater
der Velde,
foyers avec toute la naïveté de leur
et fendillée, a
ont des gaietés
sourires; le ciel,
les
siècle, l'inspi-
leurs toiles; sous leur pinceau, les grands arbres s'animent,
les feuillages
ou
Hollandais du xyn e
Français, qui nous transportent en pleins champs;
s'attendrissent au
mure dans la
et
est
paysage historique,
le
une chose à détruire; ce
Van Cuyp, Van
génie, et qui y ont conquis de la gloire
ils
où
de cadre très
de Th. Rousseau. Pour ceux-là,
paysage composé,
gny, Chintreuil
à l'oubli, des toiles
à l'action, et
qu'il faut, c'est suivre l'inspiration des
si
a les derniers
jeune peintre de dix-sept ans, Cabat, bientôt soutenu
un
Dupré
y
il
historique, qui livrent leur bataille avec des toiles
où
effacé.
surprendre, en pleine
et
de Gorot. D'un côté,
la lutte, la situation
convention
de
a
»
faut bien pénétrer cette
Il
Campagne de Rome,
Corot, dans
profondeur des nuées. C'est à
l'homme
le jeu
la
revanche de
la
nature
aveugle de ses passions, pour faire
aux yeux de tous son inépuisable poésie.
C'est entre ces deux écoles que se trouvait Corot;
il
dévie et de vibration que l'école nouvelle mettait dans
sentait l'intensité
le
paysage, mais
il
ne pouvait renoncer au charme de cette mythologie figurée, qui relevait ses maîtres du si bien des mœurs de son temps et auquel l'avaient façonné
paysage historique. Si donc leurs chauds partisans et
leurs adversaires avoués,
manière de Corot, qui semblait voilée, pâle, petit
aussi,
nouveaux avaient chacun
les anciens et les
nombre, capables de s'émouvoir pour ces favorisés, quelle
joie
à
de
grise,
si
il
ne restait pour
la
que des délicats en
pures délicatesses. Mais
qu'une œuvre de Corot!
Si le peintre atténue ses effets de nature^
longuement, sérieusement
LES ARTISTES CÉLÈBRES
32
étudiés, c'est qu'au lieu d'y placer des paysans dans leur banale
moder-
nité, il y évoquait les légendes de la Bible ou les pastorales des romanciers grecs et des poètes latins; en i835, nous l'avons vu, c'est l'histoire
sert de
d'Agar abandonnée qui Tyrol
italien;
à
d'Ischia,
le
aux brusqueries volcaniques;
querons quel spectacle
il
suffisait qu'il vît
que dans son cœur un autre spectacle
désert, étudié dans le
un coin
solitude, de
Jérôme entouré de
836, l'idée de saint
1
de méditation, lui vient devant
tristesse, l'île
en
thème
panorama sévère et,
par
désolé de
nous remar-
suite,
la
et
passer sous son regard pour
s'éveillât, celui
d'une dryade endor-
mie près d'un ruisseau, d'un faune sautillant parmi les bruyères, d'un Amour espiègle envolé sur un arbre, ou des Grâces unies au chœur des
nymphes, ou des rondes ...
Cabatet
chastes,
Junctaeque nymphis gratise décentes
camarades avaient
ses
dit
«
:
Soyons
!
vrais
:
la
nature se char-
gera d'être belle, sans avoir besoin de naïades ni de héros! songeait que la nature a été
que pour ceux qui grandeur
que
et
ne croyait pas pouvoir
qu'il
sensible de la vie, qui est à ce
faite
contemplent;
la
humain
l'esprit
Fable, ces figures,
a
la
Corot,
lui,
justement
il
en percevait
la
priver de l'expression
si
la
la
plus
humaine. Et ces figures empruntées
figure
connu ou créé de plus beau,
comme un
les inscrivait
il
»
belle pour ceux qui l'habitent autant
ou
à la Bible
à la
délicieux point d'orgue
dans l'immense symphonie des choses.
Ce
fut
même,
et la part la meilleure qu'il se
génie de Corot, la
dès ses premières compositions,
révolution du paysage, que de pouvoir harmoniser
Le paysage historique
sage.
L'école nouvelle répondait accessoire inutile.
mais
j'y
»
:
disait «
:
«
Le paysage me
Corot pensa
:
«
sut,
en
effet,
mener
à
au pay-
suffit, la
figure n'est
»
qu'un
Je ferai le paysage pour lui-même,
mettrai des figures, et elles seront
Et Corot
la figure
Je fais le paysage pour la figure.
si
intimement
de l'œuvre, qu'on ne saurait plus se représenter .
un des mérites du
chargea d'accomplir dans
le
liées à la poésie
paysage sans
bien cette union, cette
elles. »
communion du
paysage et de la figure. Certes, dans ses figures, Corot ne fut pas toujours
exempt de gaucherie;
modelé, encore deurs
un
;
dans
qu'il
les uns,
idéaliste tel
ne il
les traits parfois
manquent de
soit pas défectueux, présente
finesse, et le
de visibles lour-
se laisse aller à des vulgarités, curieuses
que lui»; mais qu'est-ce que
cela, qu'est-ce
«
chez
que ces
fai-
FRANCE.
—
PEINTRES.
CAMILLE COROT.
—
3
LES ARTISTES CÉLÈBRES
34
côté
blesses infimes, à
comme
dit
paysage
et
«
de l'harmonie à
ni les pasteurs de
et
morale
»,
cœur
devinait par son
il
que Daphnis
Corot, dès
soit,
nouvelle, ou mieux,
prend sans peine,
Il
cœur,
savait par
se doutait bien, sans l'avoir lu
loin de Mitylène.
Quoi qu'il en
part,
dans
les livres,
dans une
île
1
pourquoi,
à percer, et
la
835, appartient certainement à l'école
choses étant ainsi expliquées, pourquoi
les
de
»
com-
constitue à lui tout seul une école, et l'on
il
il
géographie du sentiment que
cette
Chloé avaient dû s'aimer quelque
et
mer Égée, non
mal
il
le
dans une contrée virgilienne,
Théocrite dans les États de l'Église.
l'on n'enseigne point, et
tant de
optique
Charles Blanc; l'accord n'en est pas moins admirable entre les figures qui l'animent. « Jamais, ajoute Charles Blanc,
n'aurait placé les personnages de la Bible
ou plutôt
fois
la
lui,
qui avait été
élevé dans
eut
il
l'école
académique, eut besoin de près de quinze années pour arriver définitivement à sa seconde manière. Il est vrai que ceux-là même qui semblaient,
par leur goût
et
leur théorie, devoir aider Corot à sortir de
l'ombre, ne perçurent pas tout d'abord quelle évolution accomplirait son pinceau,
montra
et ralentirent
fort
:
«
Je voudrais que
solitaire, trouvât
Gustave Planche, en 1837,
se
termina cependant
sa
Saint Jérôme
sévère pour le
critique en s'écriant
opinion
cette évolution.
1
mon
la
nature. Je ne
il
des échos de plus en plus nombreux,
vertît à l'idéal tous les esprits qui s'obstinent
de
;
opinion, qui n'est pas une
demande
à
mon
Qu'est-ce donc que l'œuvre
et
con-
dans l'imitation prosaïque
pays qu'un retour à
l'idéal. »
de Corot, sinon une majestueuse
et
superbe envolée vers l'idéal?
De 1837 à apparition un pour les uns,
leur 1843, les envois de Corot se succèdent, recueillant à (i838), Silène Le large tribut de louanges et de critiques.
comme
Frédéric Mercey, marque un progrès chez
l'artiste:
on y salue cette naïveté qui restera l'une des notes dominantes de son audace génie. Pour d'autres, Un Soir (i83q) est une audace, mais une qui doit échapper à la foule;
Fuite en Égyyie
et le
Soleil couchant de 1840, ainsi que la
le
Démocrite
et les
Abdéritains de 1841 sèment des
étonnements; on constate, par exemple, dans
le
premier, Soleil couchant,
l'ensemble harmonieux que forment les terrains, les arbres, le ciel et le ne- pas suppetit pâtre, admirablement placé mais on lui reproche de ;
porter une vue rapprochée, t.
Ce tableau
fut
à cause des
mollesses laissées dans
donne en 1849, par Corot,
à l'église de Ville-d'Avray.
le
tronc,
LES ARTISTES CÉLÈBRES
36
branches
les
pâtre
aspect délicieux et cause
On
antique.» sant,
cause du dessin insuffisant de
la figure
du
Toutefois, n'hésite pas à dire G. Planche, ce paysage est d'un
«
:
et le feuillage, à
que
plaisir
Planche, qui
voit,
le
même
le
un
alors
était
d'une belle idylle
la lecture
critique tout-puis-
jugements précé-
à apprécier Corot, et revient sur ses
commence
dents.
Mais
critique se sentait entraînée vers l'art délicat de Corot,
si la
n'en allait pas de
même
des
membres du
du Salon,
jury
il
qui, en 1842,
n'acceptaient de lui qu'une toile, Site d'Italie, et en refusaient quatre,
du Baptême du Christ, pour
dont une étude
dont nous parlerons bientôt;
subir les caprices d'un jury imbécile la porte, tels
gnie de talents laissés à
:
il
grande composition
que Corot
est vrai
il
la
pas seul à
n'était
en bonne compa-
se trouvait
que Paul Huet, Isabey, Français,
Gresy, Legentile, Fiers, Boulanger, Couture, E. Devéria, Flandrin,
Barye
et Préault, et d'autres
times de
même
la jalousie et
Italie.
s'arrêta à
était
Gênes, où
leux pendant à c'était le
On
la
il
peignit une
cependant que
de l'incompétence. C'est peut-être
du
Vue générale, qui
un troisième
il
est
six
mois.
un merveil-
nous l'avons déjà
Colisée. Mais,
1
dit,
à son pinceau; pen-
envoya au Salon des
Souvenirs du lac Némi —
les
longue de ces vic-
est
la terre française qu'il fallait
dant quelques années encore, sait
liste
en 1843. Son absence ne dépassa pas
belle étude
pittoresque de
la
déplaisant qui l'incita à faire
cet état de choses
voyage en 11
de
la partialité,
encore, car
sites d'Italie
(on
865 — furent peints
à
commencé par porter une impression très vive ressentie à Ville-d'Avray). « De retour en France, a dit très judicieusement M. Albert Wolff, Corot sentait son âme s'épanouir devant les Paris, sur
aspects les
du
une
toile qui avait
Dans
sol natal.
souvenirs frais
pénétrants du jeune âge
et
milieu de cette campagne dans laquelle
de son esprit
et
de tout son être que
conscience de sa vocation véritable.
Après ce troisième voyage, en lie;
il
avait alors près de cinquante
retentissant élite
pour
lui,
qui l'aimait déjà
il
il
retrouvait
respirait
mieux au
ses excursions autour de Paris,
était
il
il
était né, et
l'Italie, et
qui était plus près
d'où lui était venue la
»
effet,
Corot ne retourna pas en
ans, et si le
néanmoins
et l'admirait.
;
Ita-
succès n'était pas encore
discret et sûr
auprès d'une
CHAPITRE Le Baptême du
C'est
IV
le Matin et le Soir; à Ville-d'Avray. La Seconde Manière (1848).
Christ (1843);
son retour d'Italie que Corot exe'cuta, selon toute vraisem-
à
blance, la grande peinture décorative qui orne
le
côté gauche de la cha-
pelle des fonts baptismaux, dans l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, et
représente
voyage, et
le
comme
Baptême du
Christ.
y
Il
second
avait songé après son
en témoignent des esquisses de figures
s'y
rapportant
datées de 1841 à 1842; mais ce n'est certainement qu'après son troi-
sième voyage, en 1843, Cette œuvre est
Corot;
elle se rattache
d'Aligny
qu'il s'y
appliqua tout entier.
plus grande, par ses dimensions, qu'accomplit
la
au premier enseignement
nous ne dirons pas que
;
mais plutôt un adieu,
et
c'est
un superbe
qu'il reçut
de Bertin
un retour au paysage
adieu.
Ouvrant
le
et
historique,
paysage, de grands
arbres au feuillage mobile ont de tremblantes inclinaisons vers une rivière
au
lointaine
flot
rapide.
Dans
fond, à gauche, se déroule là perspective
le
monumentale d'une
et
sonnages demi-grandeur naturelle, ange, dans
l'infini
scène est occupée par neuf per-
ville; la
très
au-dessus desquels plane un
bleu du ciel; les attitudes sont
si
étudiées, les
mouve-
ments sont indiqués avec tant de précision, que certains ont pensé que ces figures avaient dû
un
être exécutées par
cialement peintre d'histoire.
Le doute
n'est
puisque, ainsi que l'affirme M. H. Dumesnil, se rapportant à cette
neau
est signé
en toutes
On demeure y avait
si
composition ont lettres
surpris,
amplement
:
collaborateur, plus spé-
plus permis aujourd'hui, «
des esquisses de figures
été retrouvées à l'atelier, et le pan-
C. Corot, sans date.
quand on regarde
cette
»
œuvre, que Corot, qui
réussi, ne se soit pas plus souvent essayé dans ce
genre de grande peinture. Peut-être doit-on voir dans cette renonciation la
marque
toute spéciale de sa vocation pour
être doit-on
un
art
plus intime
chercher dans des causes extra-esthétiques
le
;
motif qui
peutlui
entreprendre cette vaste décoration. Sur ce point, ceux qui ont connu maître ne peuvent donner aucune explication. Croire à une
fit
le
commande
LES ARTISTES CÉLÈBRES
38
imprudent,
officielle, cela serait
empressés croit
la Ville et l'État
Corot; ce
à faire travailler
M. Dumesnil, un don
ne s'étant pas montrés
un don,
serait plutôt
par Corot à
si
l'on en
en souvenir de son grand-père, paroissien de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, ce grand-père, fait
le
Bourguignon de Mussy-la-B'osse, qui
de
la
le
Figaro de Beaumarchais. Il
place Maubert, où
maniait
il
s'établir à Paris, près
remarquer que,
grande peinture décorative, on trouve dans
de ses toiles mythologiques ou bibliques composition,
venu
le rasoir et le fer à friser,
n'est pourtant pas sans intérêt de
livra pas à la
était
l'église,
longue
Egypte, Démocrite, l'Incendie de Sodome,
se
série
rend compte par ce Baptême de ce qu'eussent
et l'on se
Aux Salons de
Corot ne
si
la
comme
de ce qu'est une pareille
le souci
en de plus vastes proportions, certaines de ses pages,
.
tout
comme
la
été*,
Fuite en
etc., etc.
1843 à 1848, Corot s'affirme de plus en plus dans une
Baptême du
voie toute autre que celle du
Il nous montre bien une première Destruction de Sodome, une Campagne de Rome (1844), une idylle, Daphnis et Chloê, et un Homère (1845), un Berger jouant
Christ.
avec sa chèvre (1847), 4 u ^ait songer à quelque bucolique de Virgile; mais, en dépit des figures, c'est le paysagiste profondément épris de la i
nature, de la seule nature, qui apparaît; le paysagiste pour qui chaque saison, chaque heure
pleine de révélations
du
et
jour, avec la variété de ses jeux de lumière, est
de sensations nouvelles
;
le
matin
et le soir
surtout
fournissent au peintre, qui passe vraiment sa vie assis à son chevalet, d'infinies séductions
nies; et ce n'est pas
su rendre les
effets qu'il se
qu'il le^voulait.
généralement
que son pinceau rendra avec des séductions
infi-
un des moindres mérites de Corot d'avoir toujours proposait de traduire avec autant d'émotion
Son exécution
à cette idée
est
inachevée, dans
d'achèvement;
le
sens qu'on prête
se contenteparfois de simples
il
indications, et invariablement cette exécution inachevée et ces simples
indications suffisent à tout enfermer dans la toile et ouvrent la pensée
du spectateur
à
l'immensité du rêve.
Un
jour, Corot disait à
Daubigny
:
— Je ne suis pas content manque de métier. — Comment, tu manques de métier? répliqua Daubigny. Tu ne mets je
:
rien sur ta toile, et tout :
y
est
!
Et Daubigny avait raison. Dans
Corot fournissait autant tions.
Son procédé
était
que
la
simplicité
d'autres
avec
même
de son procédé,
leurs vaines
complica-
un tour de main remarquable, non sans
LAC
DE
N
dans une Robaut, d'après une peinture mural* de Corot,
salle
de bains, Ă Mantes, chez M. Robert.
LES ARTISTES CÉLÈBRES
4°
— on
recherche,
sait
que Corot
—
beaucoup, mais capable de synthèse parfaite de ses sensations, de sa vision, qui ne frappait jamais son regard sans avoir eu un retentissement dans son cœur. N'est-ce pas là le fait d'un véritable artiste ? Corot, il le disait lui-même, a peint « sentiment sur sentiment », et ce qui fait que ses inachèvements, qui seraient des défauts chez d'autres, ont chez lui une sorte d'enchantement, c'est que le sentiment dans ses œuvres l'emporte sur la main; il est un sublime évocateur donner, avec une
travaillait
apparente,
facilité
la
de
poésie, et la
en
magie de son pinceau
a fait
mieux que copier
la
nature, elle
a écrit l'inépuisable féerie.
Là où
vulgaire se promène, ne voyant que des arbres et de la veren voit partout, Corot a pénétré dans l'intimité des de variations exquises n'a-t-il pas exécutées à Ville-d'Avray,
le
dure
comme on
sites.
Que
ce petit pays où des bourgeois de Paris vont tromper leur appétit de campagne, au milieu de gens qu'ils coudoient sur le boulevard ce petit pays où Corot, dès l'enfance, s'était accoutumé à voir, lui, 'la vraie nature, la grande nature! ;
A
chaque renouveau
que son père
d'avril,
il
s'en allait à la
maison de Ville-d'Avray,
avait achetée en 1817, et qu'il conserva jusqu'à
sa mort^ avec sa sœur. L'habitation était située près d'un étang' qui aujourd'hui n'existe plus Corot Rapprit la
en
commun
campagne
;
et la rêverie'.
Souvent, écrit M. Dumesnil, alors que tous dormaient, dans sa chambre pendant une partie de la nuit, appuyé à ouverte, absorbé dans la contemplation du ciel, de l'eau «
et
La solitude
était
coteau solitaire
doute
la
;
complète il
;
nul bruit ne venait troubler
le
restait
il
la
fenêtre
des arbres.
rêveur sur ce
passait ainsi de longues heures, l'œil emporté, et sans
pensée, dans cette atmosphère chargée d'humidité, imprégnée faite des vapeurs transparentes et légères
d'une sorte de moiteur visible,
qui s'élevaient au-dessus de l'eau.
»
C'est là que Corot allait se recueillir, chaque année, dès le printemps,
quelque temps
qu'il
fît.
En
1870,
comme
blaient vouloir le retenrr à la ville vais là
pour
me
reposer...
trentaine d'années à vivre, ça passe
si
vite
ont été rapides
!
:
«
la
Ça ne
froidure
en travaillant. Songez,
- encore en
mettant
en voilà soixante-dix d'envolées,
comme
les
faut pas gaspiller le reste,
les
et la
pluie sem-
rien, disait Corot, je
fait
je
n'ai
plus qu'une
quatre au cent,
- et
me semble qu'elles voyages qu'on accomplit dans un rêve. Il ne qui filera encore plus promptement. » et
il
ÉTUDE D'APRÈS NATURE PAR COROT, pour son tableau ta Bacchante.
—
Dessin
d'Alfred
Robaut.
LES ARTISTES CÉLÈBRES
42
soit passée à Ville? Et pourtant, bien qu'une partie de sa vie se ce titre sous un de ses d'Avray, ce n'est qu'en 1848 que nous trouvons que cette année-là il n'y eut tableaux du Salon. Hâtons-nous d'ajouter neuf Salon, et que Corot, pour la première fois, vit ses
pas de jury au
n'emprunta-t-il pas œuvres exposées; mais combien de motifs cependant parisienne, à à son coin le plus cher de la banlieue
Soir, exposé en 1843, et Paysage, en 1845
Le Salon de 1848
fut décisif
commencer par Un
!
pour Corot;
ses
neuf envois affirmaient
qu'affecterait désoravec une admirable ténacité la forme d'inspiration effets de pinceau il s'y trouvait deux effets de soir et trois
mais son
;
matin sans autre prétention que et
si
celle
de représenter
le soir et le
matin;
de quelques critiques reconnaissaient loyalement l'indépendance
celui qu'on pouvait déjà considérer
comme un maître,
s'ils
étaient séduits
vibrait d'une incompapar cette décoration incomplète qui, à distance, bornaient à remarquer, se rable harmonie, il en était d'autres qui
—
peut-être avec
un
vait de la nature
regret
que
pour l'ancienne école,
comme
— que Corot ne
se ser-
d'un motif à certaines variations poétiques,
élevé. d'un style ou sévère ou gracieux, mais toujours
Nous
voici arrivés à l'instant
tradition classique;
il
où Corot
s'est affranchi,
a
complètement dépouillé
après quinze années d'efforts,
la
d'un
historique. Il souvenir qui le retenait encore aux formules du paysage et d'originalité, et, dans les est désormais en pleine maturité de génie
vingt-cinq années qu'il vivra encore,
le
succès, bientôt
monté
à l'enthou-
incessante, dont siasme, exigera de son pinceau fécond une production certains
morceaux atteignent
pas connue en tous les siècles.
à
une splendeur d'inspiration que
l'art n'a
CHAPITRE V Le Christ au Jardin des
Oliviers (1849).
du port de La Rochelle
Macbeth
(1857);
du Paysage dans
Surprendre
«
(i852).
—
(i85g), etc., etc.
Manière
— Exposition universelle
de
pour
et,
à
propos
mouvement
des
borner aux accents décisifs; insister sur ceux-là,
cela, se
sacrifier le reste, n'est-ce pas et
tique
— Un Concert 1867. — Importance
nature dans sa vie, a écrit M. Jean Rousseau
de Corot, l'exprimer au vol, au milieu de l'éternel choses,
Vue
Soleil couchant;
:
contemporain.
l'art
la
— Deuxième
Exposition universelle de i855.
ne sera-ce pas désormais toute son esthé-
»
?
C'est là la synthèse à peu près exacte de la deuxième manière de
Corot; en 1849,
le
succès de son Salon fut retentissant.
Vue prise à Volterra, une Vue prise à
Un
à Rome,
Site du Limousin,
et
aujourd'hui au musée de Langres,
le
Il
exposait une
Y Étude du Colisée
Ville- d'Avray,
surtout une grande composition,
Christ au Jardin des Oliviers.
Les quatre premiers tableaux étaient des impressions de nature aux-
-
quelles le
public commençait à se
faire;
le
Christ était une œuvre
hardie, qui plaçait Corot au premier plan parmi ses contemporains. n'était
Ce
pas un tableau d'histoire, ce n'était pas non plus un paysage his-
torique; c'était quelque chose qui tenait de l'épopée, par la saisissante inspiration dépensée dans la conception et l'exécution.
Ce
«
n'est pas la science
nevais, mais, en place, fois
naïve
profonde de
et
consommée de Poussin,
a dit
M. de Lage-
une inspiration mélancolique, une entente la
nature, dont le
commerce
à la
exclusif a sauvé
l'individualité de l'artiste, au milieu de la lutte des systèmes et de la con-
fusion des souvenirs.
La conception de
plus naturelle, et pour cette raison
qu'une idée simple Il
ait
ce sujet tant de fois répété est la
même
chance d'être admise.
la
plus neuve.
Il
est si rare
»
a certainement fallu
cet effet
au peintre une réelle audace pour nous montrer de nuit pleine, du Christ au Jardin des Oliviers. Pourtant une
étoile brille
mier plan,
au
le
ciel
où commence
à vaciller le réveil de l'aube.
Christ est tombé épuisé de tristesse
et
Au
d'angoisse;
il
presait
son heure venue, l'heure du supplice, l'heure des trahisons. Dans l'obs-
LES ARTISTES CÉLÈBRES
44
profonde du chemin, on voit venir
curité
soldats dont les armes
les
reluisent à la lueur des fanaux. Les bouquets d'oliviers aux frondaisons
assombries se profilent sur
calme sérénité du
la
du drame qui va
silencieux, témoins
se jouer.
comme
ciel,
des géants
semble que l'on entend
Il
monter du frisson des branches une plainte des choses, pour celui qui demain sera cloué au gibet des infâmes Tout, en un mot, concourt à !
exprimer
la
poignante mélancolie
résignation divine du Christ.
et la
une
Peut-être pourrait-on reprocher au peintre de n'avoir pas justifié, par
ambiance assez mesurée,
la
lumière trop vive qui baigne
du Christ? Mais qu'importe, lorsque cette parfaite sensibilité, la
la
est arrivé à rendre, avec
l'artiste
poésie indécise des nuits de printemps, où
nuit en de vagues transparences se souvient encore le réveil
prévient
On
du jour qui va
vingt années de travail, puisque en
parlé dans terra,
il
un souvenir
d'Italie,
un cours d'eau
chit était
dôme
belle légèreté,
Christ au Jardin
Colisée, dont nous avons
et la
de Volterra;
le
Vue de
Vol-
soleil,
Site du Limousin,
avec une voûte d'ombre que
un peu métalliques, comme
à reflets
formé d'ardoises,
Étude du
le
un paysage accidenté baigné de chaud et le
et
chemin parcouru par Corot en
chapitre. Les trois autres études, la
avec des maisons à droite
un coin de bois d'une
le
même temps que
exposait cette fameuse
un précédent
du jour envolé,
paraître!
pouvait voir, au Salon de 1849,
des Oliviers,
vêtements
les
si le
rafraî-
fond en
Vue de Ville-d'Avray, d'une naïveté qu'on
oserait presque taxer d'inexpérience, ces trois études donnaient, sous ses effets «
d'énorme Cet
variété, la
artiste, dit
formule
d'art
de Corot.
encore M. de Lagenevais,
est varié
comme
la
nature,
qu'il paraît étudier continuellement, sans préoccupations de manière,
sans formules arrêtées d'avance. Le trait distinctif de M. Corot, c'est l'absence de facture. choisit
le
plus simple est toujours celui qu'il
pour rendre son impression sans cesse
source du beau à
Le mode
et
du
rafraîchie à l'éternelle
vrai. Interprète à la fois naïf et intelligent,
une distinction constante,
à
un choix toujours heureux des
ne sais quel tour poétique qui donne un charme intime
moindre bouquet «
d'arbres, à
un ruisseau coulant
Les paysages de M. Corot parlent à l'âme
M. Rousseau ne excellence,
se
parlent qu'aux yeux
trouve,
lui,
M. Corot, toujours candide
joint
lignes, je
pénétrant au
à travers les saules. et font
M. Rousseau,
infiniment plus éloigné de et vrai
et
il
rêver; ceux de le réaliste
nature
la
dans son interprétation,
»
par
que
LES ARTISTES CÉLÈBRES
46
A
partir de cette date, d'ailleurs, le public accepte
peintre de la nature; juste de
M. Charles
a
il
Bigot,
compris que Corot « la
sérénité dans l'art
».
Corot
comme
suivant le
est,
Il
mot
le
très
ne peindra pas
les
cieux effondrés par la tempête, l'orage furieux rayant l'espace de ses stries miroitantes, les nuages alourdis et drainant de la suie, déchirés par le
zigzag de l'éclair; ce qu'il préfère, c'est peindre une à une les heures
d'un beau jour, les noter en des impressions exquises, de matin ou de soir,
de midi éclatant ou de crépuscule enveloppé d'ombre,
s'ébattre,
dans
et
y faire
de vivre, ces rêves d'humanité qui ont peuplé
la joie
fable de la coquette et chaste nudité des
la
nymphes.
Ainsi, les envois au Salon de i85o, le Soleil couchant et Matinée,
présentaient l'antithèse habituelle des tableaux du maître, mieux peut-être
que
deux autres, Site du Tyrol
les
premier, dont
d'arbres, le centre était
italien et
Lever de
sur le devant, était garnie par
la droite,
occupé par un
soleil.
Dans
lac paisible, à la surface claire,
des blocs de rochers se miraient, tandis que, vers
le
le
un ample bouquet fond
et à perte
où de
vue, une chaîne de collines fuyait toute empourprée des feux du soleil
couchant. Sur
le ciel brillant et
évoluaient lentement, l'autre tableau,
par
la
comme
Matinée,
la
diaphane, des nuages aux flancs rosés
suspendus à des traînées de lumière. Dans
composition
était aussi originale, marquant, buée transparente qui plane sur l'œuvre, l'heure précise où la
scène se présente. Et des
nymphes animaient
ces bois et ces vallons,
toutes charmantes de leurs gaucheries paysannes. Certains ennemis de la
mythologie auraient préféré à ces figures des vaches paissant ou un cheminant sur sa bête par les sentiers; pour nous, nous ne pou-
cavalier
vons nous imaginer, pipeaux antiques à
la
même
dans
la
silhouette d'un pâtre jouant des
façon des pâtres de
autant de
Virgile,
poésie
que dans ces gracieuses jeunesses pleines de simplicité, de grâce
et
d'abandon.
En
i852, avec le Repos,
un paysage aux troublantes accalmies, Corot
expose un Soleil couchant tout exquis de fraîcheur et de pénombre, avec de hauts miroitements, des frondaisons palpitantes à la surface d'un étang où glisse une barque, et une étude remarquable du Port de La Rochelle avec ses constructions de place forte, entre sont creusés les bassins; dans
rampe sur la
la
le
façade des maisons,
symétrie de ses cordages.
De
fond, et la
le
la
muraille desquelles
quai s'éclaire; un pâle soleil
mâture des
i853 à 1857,
les
voiliers trace sur elles
envois sont intéressants,
PANNEAU DÉCORATIF PEINT CHEZ DAUBIQNY, Dessin d'Alfred Robaut.
i
A
AUVERS, PAR COROT.
LES ARTISTES CÉLÈBRES
4»
mais
autour d'eux
n'attirent pas
sition universelle de
liens Soir,
1
855
.
Une Source
et
du maître, mais où
la foule enthousiaste,
Le Saint Sébastien
en dépit de l'Expo-
(i853), le
Souvenir d'Ita-
(i855), sont des toiles pleines des qualités
ou du moins ce qui semble
ses défauts,
ses défauts,
sont accentués librement.
comme
vrai qu'à cette époque,
Il est
gny en
Decamps, Corot s'amusait
et
un
tirât
profit pécuniaire,
amis. Ainsi de
sir à ses
retouche
et
achève
de Rosny,
l'église
les et
l'avait fait
il
chez son ami M. Robert, notaire à Mantes,
comme
1
85 5 à
1
856
il
il
exécute,
et
1842
chez Daubi-
à des travaux de décoration,
quatorze compositions
de
en 1840
le fera
mais simplement parce que cela
85 2 au 20 mai 1859,
1
il
non
qu'il
faisait plai-
ou du moins
il
d'un chemin de croix pour
1
peint des tableaux dans l'église de
Ville-d'Avray.
Et puis n'était-ce pas pour lui un
moyen
de se débarrasser des sou-
venirs d'autrefois' qui venaient l'assaillir, souvenirs de l'école d'antan, l'école
du paysage historique?
s'était
élancé de toute la force, de toute la
Corot
ait
voulu,
semble que dans
Il
la
voie nouvelle où
marquer par un signe extérieur
à certaines dates,
il
nouveauté de son génie, sa
gratitude envers ses vieux maîtres; c'est alors qu'il exécutait, à larges
coups de brosses, des peintures décoratives d'un style un peu différent de ses tableaux de chevalet.
Si l'Exposition universelle de
mériter un effort exceptionnel, à certains
1
85 5 n'avait pas semblé au
Salon de 1857
reproches un peu aigres de
l'
maître
pour répondre
une occasion dont
lui,
il
sept tableaux dont
comme des morceaux hors pair dans son Nymphe jouant avec un amour, Un Con-
quelques-uns nous demeurent î
lui offrit,
la critique,
Sept tableaux y furent envoyés par
profita.
œuvre
le
Incendie de Sodome,
cert, Ville-d Avray, etc. 1
On
connaît cette seconde interprétation par Corot du drame biblique
Loth, entraîné par ses
chemin de pente douce peut-être celle
cœur déchiré, Sa tête à
filles, ;
ils
où dorment et
s'éloigne à grands pas de la ville, par
viennent de dépasser les
:
un
la dernière construction,
cendrés des aïeux. Mais Loth sent son
tout dans son attitude, ses mains qui se laissent prendre,
longue barbe inclinée sur sa poitrine, ses yeux où perlent
les
larmes, tout exprime la douleur et l'abattement; sa femme, contraire-
ment t.
à l'avis
du Seigneur,
s'est
Ces compositions mesurent
1
retournée dans ta.
la fuite, et,
42 cent; sur 64 centimètres.
sur le chemin,
PANNEAU PEINT PAR COROT CHEZ DEC A M PS. Dessin d'Alfred Robaut.
FRANCE.
—
PEINTRES.
CAMILLE COHOT.
LES ARTISTES CÉLÈBRES
5o la
mouvement même de
voilà immobilisée, dans le
plus qu'une statue de
elle n'est
descendent
impure Corot
et
sa désobéissance
:
sur l'horizon, de grandes flammes
sel; et,
y remontent, accomplissant, sur la ville maudite, l'œuvre de la justice divine et de la purificaiion.
du
puis
ciel,
scène avec une émotion qui se
a traité cette
choses elles-mêmes
les
:
communique aux
deux arbres du second plan,
ne
droite,
à
semblent-ils pas se tordre dans l'appréhension d'une prochaine et dou-
loureuse agonie la
n'est pas sans défaut pourtant.
L'œuvre
?
première figure
gauche des inexactitudes de dessin
à
et
Il
y
a
dans
des lourdeurs
dans l'arrangement des draperies, mais néanmoins comme cette figure s'harmonise bien avec l'ensemble, comme la main tendue en avant indique bien toute l'allure de
dans cette
toile,
dans
scène,
la
comme
admirable ébauche,
cette
on sent l'inspiration
laquelle la foule, par
à
plume des critiques, reprochait seulement de n'être pas assez poussée Gustave Planche, lui-même, au milieu d'une désagréables, ne peut s'empêcher de s'écrier ligence,
plus
une délicatesse de goût qui
éminents,
Il
y
a
chez
parmi
lui
une
intel-
les peintres les
c'est
il
se
grand dommage, car personne ne comprend
le
»
éloge s'adressent également, dans
la
pensée du
cri-
Nymphe jouant avec un amour. Là encore,
le
peintre,
tout
Ce reproche
et cet
entier à la poésie qu'éveillait en lui le paysage,
mémoire
de remarques
infinité
le placeraient
paysage d'une manière plus poétique.
tique, à la
«
connaissait toutes les lois de la langue dont
s'il
Vraiment
sert
:
la
!
les vers
de nature claire
a
entendu chanter en
sa
de Tibulle ou de Théocrite. Quant au Concert, ce coin
et ensoleillée,
au milieu duquel des figures de femmes
coquettement drapées semblent radieuses des harmonies envolées d'instruments
à
tions pas
un
pour
qu'il
cordes,
il
instant.
ne nous
pour que nous ne nous y arrêavec trop de complaisance du sujet,
a été trop critiqué
On
s'est raillé
soit pas
permis de voir, dans
parti pris défavorable contre
cette raillerie
même, un
Corot, qui malgré ses œuvres nombreuses,
voyait lentement, péniblement s'accroître la petite armée de ses admirateurs.
Et pourtant, pour
tableau
Un Concert
que Corot adorait
les
n'était
la
contemporains du peintre, l'explication du
pas
musique;
difficile à il
avait
rencontrer.
Tout
le
monde
une voix de ténor assez
savait
jolie, et
chantait volontiers; mais il aimait surtout la musique symphonique les concerts populaires, et l'Opéra et l'Opéra-Comique le comptaient parmi :
leurs auditeurs les plus assidus.
Quoi d'étonnant
alors qu'il ait voulu
CAMILLE COROT
5i
symboliser dans une œuvre ses deux tendresses qu'il ait
voulu
:
la
nature
et la
musique
;
confondre dans une sorte de communion de son inspi-
les
paysage; effet de matin. Lithographie de Français d'après Corot.
ration, qu'il ait
monies de sons
âme
un jour !
Il
senti, à côté des
semble
même
harmonies de couleurs, des har-
que Corot
jamais mieux écrit son
n'ait
sur la toile, que dans cette page toute d'émotion naïve, que
n'avait pas assez de
naïveté pour
Planche, n'a pas
droit de
le
se
comprendre. plaindre.
Il
«
M. Corot,
le
public
écrivait
possède l'estime
et
la
LES ARflSTËS CÉLÈËRËS
bi
sympathie des l'être. Il n'a
nom;
métier;
pas travaillé pour
tout s'est passé
Quoi de
hommes du
en
qu'il
soit,
prendra que, dans
la foule, et la
comme on
pouvait
ne devait pas
foule connaît à peine son
prévoir.
le
et
»
pendant dix ans, jusqu'en 1867, Corot exposa
chefs-d'œuvre que
tels
pas populaire
n'est
il
On com-
foule fut forcée d'aller à lui.
la
les limites restreintes
qui nous sont imposées, nous ne
puissions nous arrêter à toutes ses toiles, à mesure qu'il les présente au spectateur; mais
en
il
est
pourtant que nous ne pouvons passer sous
silence.
Dante
C'est
et Virgile (1859), d'une expression saisissante et d'un
beau mouvement, rencontrant
des tournants de
à l'un
mystérieuse
la forêt
animaux symboliques, aux gueules hurlantes, tandis qu'au-dessus
les trois
des deux poètes, les grands arbres désolés encadrent de deuil et de fatalité l'aspect sinistre
Macbeth
C'est
du bois
de
la scène.
(1859),
une vision vraiment shakespearienne: sortant
deux cavaliers sont
épais, les
arrêtés par l'apparition
du
trio des
sorcières; leurs trois silhouettes se dressent menaçantes, sur le fond clair
On
de l'horizon.
éprouve
comme une
des figures devenues lugubres, dans
vague terreur en regardant
drame de
le
l'effet
ce paysage tout enve-
loppé d'ombre. C'est encore la celle-là soleil
!
Danse des Nymphes
Autour d'un
On
ne
1).
Ah
le saurait dire:
se balancent
de ne
le
de faire
jamais
faire.
le portrait
presque des riens,
et
ou
s'inclinent.
d'un arbre;
?
il
Qu'importe se piquait,
!
où
le
Quels
Corot ne
au contraire,
Et cependant, personne n'a mieux su que
prendre l'arbre dans son expression de
pris
l'adorable chose que
des trembles, des peupliers, des aunes,
des bouleaux aux feuilles pâles, au tronc blanc se piquait pas
!
lac tout ruisselant de lumière, les arbres
met un semis de poussière d'or
arbres?
(186
Quelques
vie.
teintes vagues,
tout s'y trouve. Et tout autour, les nymphes,
dans de souples draperies, s'entraînent par
la
lui sur-
le
corps
main en une ronde
joyeuse, toutes à l'ébattement de leur jeunesse et de leur beauté.
En
1861,
M me
P.
Viardot venait d'obtenir un de ses plus beaux
triomphes dans Y Orphée de Gluck. Corot avait ressenti trop d'admiration pour le génie
du musicien
s'en inspirer:
un Orphée
il fit
et le talent
de
la cantatrice
pour ne pas
appelant, à l'entrée d'un bois sacré, aux
accents de sa lyre désolée, l'ombre d'Eurydice que la cruauté des dieux a
séparée de
lui.
Dans
la figure
d'Orphée,
il
était aisé
de reconnaître les
D
ÉMOCRITE.
Lithographie de Français d'après Corot.
LES ARTISTES CÉLÈBRES
54
M me Viardot;
de
traits
le
mouvement, debout,
les bras leve's, était
d'une
belle expression lyrique.
Le Souvenir du
Ce
maître.
mier
conduite à Paris il
865)
marque parmi
un motif de Ville-d'Avray,
A
crut que
quelque temps de
celle qu'il avait faite
du
où, certain soir, étant
où
là,
cette toile fut roulée,
il
mieux avec un souvenir
s'arrangerait
l'effet et,
en
fit
vu au Salon de
ce qu'on a
peinture ferme, en rapport avec le sujet
silhouettes
dans son pre-
«
finalement oubliée pendant cinq ans. Lorsqu'il la
et
qui lui revint alors,
accueillit ce lac
chefs-d'œuvre du
les
maître fut frappé par une impression vive qu'il avait
le
traduite dès le lendemain.
retrouva,
1
M. Henri Dumesnil nous raconte que
c'était
état,
dans son salon,
(
pourtant pas un souvenir d'Italie qu'il devait exprimer
n'était
tout d'abord, et
Némi
lac
dans ce pays.
se réfléchissait
sait
un coteau
quel succès retentissant
sommet, des
dentelé, à son
que d'un autre
village, tandis
l'ombre d'un épais
côté, à
bouquet d'arbres, une naïade suspendue aux frondaisons telle
une
fleur vivante et ailée qui se serait
C'est dans cette
Matin
( 1
865) et le
Soir
universelle de 1867. lard, le jour, qui clairière, tandis
même ( 1
se balançait,
envolée des roseaux
!
période de dix ans que se trouvent exposés 866) deux chefs-d'œuvre réunis
Dans
pli
à
,
l'un, à travers les
commence
qu'un
une
,
d'une exécution analogue à
et
On
»
d'Italie
865
1
à
le
l'Exposition
vapeurs humides du brouil-
poindre, met de diaphanes pâleurs sur
de terrain à droite reste dans l'ombre,
et
la
que
les arbres
semblent des géants encore endormis, après
étoiles
sur le bord d'un petit lac, sous le berceau des branches croisées,
;
et
une jeune
fille
tête coiffée le
d'un bonnet, tient un jeune enfant par
plaine est déjà plongée dans la nuit;
nouit sur une pente douce ;
ramène
les
mythologie. La
à sa chère
dernières ardeurs le
d'arbres s'épa-
du
un jeune faune
et
la
lui était
Pan,
campagne
envi-
protection de son large sourire.
Ces deux œuvres sont des morceaux de tout premier ordre, n'a jamais
cou-
des cor-
à l'offrande d'un dieu
épandant, du haut de son terme de pierre, sur toute la
soleil
roseau émerge de l'eau tachetée
de nénuphars, des nymphes, portant des guirlandes de fleurs beilles de fruits, entraînent
la
mains. Dans l'autre,
un superbe groupe
et reçoit les
côtoyant les bords d'un étang où
ronnante,
des
accroupie, les épaules couvertes d'un fichu rougeâtre,
Soir, l'inspiration du peintre nous
chant
la lente veillée
donné plus d'émotion
et
de génie.
Il a fait
et
Corot
aussi bien, mais
impossible de prétendre à plus de sérénité dans
la
il
poésie, à plus
LES ARTISTES CÉLÈBRES
56
de puissance
et
trouva-t-il des
chef d'école;
de séduction dans
hommes
ils
assez sincères
Aussi, à l'Exposition de 1867, se
pour déclarer que Corot
était
un
avaient mis trente ans à s'en apercevoir.
n'est peut-être pas inutile de
Il
l'art.
paysage occupait dans
remarquer qu'à
cette date
de 1S67
le
une place considérable. La révolution amenée par Corot, J ules Dupré, Daubigny, Th. Rousseau, F. Millet, Chintreuil et
un grand
Français,
l'art
dont
artiste
cette révolution était
un
fait
le rôle fut aussi
un
rôle de
mières pages de cette étude
chercher, un peu en dehors des données exclusives de produite.
s'était
premier plan,
Nous avons indiqué dans les precomme elle avait commencé; on a voulu
accompli.
M. Maxime du Camp, dès
l'art,
pourquoi
elle
1864, l'expliquait par cinq
causes qu'il est intéressant de relever sans pour cela y souscrire. Il remarque que l'école des paysagistes est prospère, et il attribue ce fait à la lassitude, aux déceptions qui ramènent l'homme à la solitude et le
forcent de réclamer d'elle une paix qu'il ne trouve plus en lui.
nous la «
suit
dans cette voie douloureuse,
partout, dans l'arbre
L'art
comme
plante?» D'autre part,
pas appris aux artistes que Dieu, est
n'a-t-il
dans l'homme, dans l'animal
la rapidité
et
la facilité
comme
vertes scientifiques
que
la
modernes venaient également en
«
les
décou-
aide à la peinture,
photographie enseignait aux peintres l'anatomie des arbres,
qu'ils ignoraient jadis.
»
Enfin,
«
la figure étant la pierre
d'achoppement
de beaucoup de peintres, ceux-ci, voyant, après d'inutiles
efforts, qu'ils
n'arriveraient jamais à exécuter d'une façon suffisante celui qui est
l'image de Dieu, l'homme, se rabattent sur facile à traiter, plus
sont
là
le
fait à
paysage, toujours plus
obscur, moins défini; en un mot, se sentant impuis-
sants à rendre l'expression,
Ce
dans
des communications
n'ont pas été non plus étrangères à ce mouvement, tandis que
et
«
peintres obéissant à
tendance générale deviennent presque tous paysagistes. » Ensuite l'espèce de panthéisme vague et consolant que les écoles socialistes
modernes ont promulgué
la
dit-il, et les
ils se
contentent de traduire l'impression.
»
des explications tout au moins bizarres,
et nous ne les avons rappelées que parce que, sous l'obscurité de la langue, on y sent poindre quelques idées justes, et que ces idées étaient bien celles de
M. Maxime du Camp les émettait. rôle du paysage dans l'art moderne
l'époque où
Mais
le
important que ne
dans
le
voulait avouer
cette évolution des artistes les
était
certainement plus
M. Maxime du Camp. mieux doués, vers
la
Il
se trouvait
nature,
un
prin-
LA BACCHANTE. Tableau de Corot, exposé au Salon de i865.
LES ARTISTES CÉLÈBRES
58
cipe autrement élevé,
venons de
de
citer, la facilité
rente, n'entrait
qu'une
quoi qu'en dise l'éminent écrivain que nous
et,
pour
du paysage,
l'art
on peut
rien,
facilité
qui n'est qu'appa-
l'affirmer sans crainte, dans le choix
de ce genre de peinture.
élite d'artistes avait fait
Ernest Chesneau, rapporteur du jury de l'Exposition universelle de 1867, nous paraît avoir beaucoup mieux compris
énorme acquise par
place
nos paysagistes,
Si
«
duction,
à la
paysage dans
le
l'art
moderne
raisons de la
:
uniquement bornés
s'étaient
dit-il,
les
à la repro-
traduction textuelles des formes spéciales et des colorations,
qu'a revêtues notre planète, le paysage, quelle que fût l'habileté de nos
rang
peintres, n'aurait pas pris et gardé le
désormais dans
que
voulût ou non,
l'artiste, qu'il le
à ses joies
;
qu'il s'y est réfugié
dévorante activité, de
la
définivement
Voilà
la vérité
a
élevé qui lui est acquis c'est
associé la nature à ses douleurs et
dans un lieu
permanente des
cités
d'asile, à l'écart ;
de
c'est qu'il l'a prise
intime confident de ses regrets, de ses désirs
et
»
mouvement commencé en i83o, et arrivé ne fallait pas manquer d'un certain courage
sur ce grand
en 1867 à tout son
pour l'exprimer
si
grandeur de ce genre,
fait la
comme
la fièvre
comme un
de ses aspirations.
à
moderne. Ce qui
l'art
éclat, et
ainsi, alors
il
que
les peintres
de figures cherchaient encore
empêcher de passer au premier rang des maîtres comme Corot, Huet,
Daubigny, Rousseau, Millet plètement
l'hostilité qu'il
des critiques parfois «
Au
Français. Chesneau sent
combat,
qu'il
un peu sévères
mêle
Théodore Rousseau,
est le dernier interprète
lui seul a
pu donner un
étroites et les
reste
si
com-
à l'éloge qu'il fait
de Corot
au principe de
la réalité
dit-il,
s'ajoute
un troisième principe,
du paysage composé. Son plus célèbre représentant
Corot
même
:
principe poétique de Paul Huet,
choisie, formulé par celui
et
est
M. Corot.
vraiment supérieur du paysage historique;
de vie à cet
art qu'avaient tué les routines
pauvres imitations qui s'étaient transmises dans l'école
française, sous l'empire de l'admiration légitime inspirée par les grandes
œuvres de Nicolas Poussin l'étroit,
cependant,
tainement cet
le
artiste a
principe
Ne prenons pas trop à que nous avons attribué à M. Corot. Cer-
de Claude Lorrain.
un penchant
mais on ne songera pas les
et
à
demander
instinctif vers le
à ses
ouvrages
fermes assises du paysage français du xvn e
romaine
et les
nymphes mythologiques,
paysage composé,
les
grandes lignes
siècle. Il voit la
à travers les
et
campagne
brumes des étangs
CAMILLE COROT
5g
de Ville-d'Avray. La volonté de composition est évidente. Mais, au et
qui domine surtout dans
au prendre, ce
c'est l'impression,
chée par d'effets
les
une impression toujours
mêmes
que nous
les
fait
paysages de M. Corot,
mais toujours cher-
délicate,
conditions de lumière. Dans l'inépuisable variété
offre le spectacle
de
la
nature, au cours des saisons et
des heures, M. Corot n'est guère sensible qu'aux clartés voilées des aubes printanières et des crépuscules attiédis. Cette impression de réveil, des fraîcheurs matinales, et celle des heures indécises lutte contre l'obscurité naissante,
finesse de sensibilité exquises.
les a traduites
la
lumière entre en
avec une grâce
la vérité sur
presque toute
muler
sa critique d'un seul
n'avons pas les
mêmes
et
une
»
faut bien reconnaître que, dans ces lignes très étudiées,
Il
a dit
il
où
mot
et
Corot; accuser
il
le
Chesneau
n'a pas osé cependant for-
maître de monotonie.
Nous
scrupules. Oui, pour les gens qui passent devant
des toiles sans s'y arrêter, qui les voient sans les regarder, l'œuvre de
Corot doit sembler monotone; mais pour ceux qui sur cette
fixent leur attention
œuvre, pour ceux qui longuement l'examinent, quelle
quel enchantement se cache sous ces brouillards,
et
comme
ces effets de
matinales transparences savent nous retenir à leur attendrissement leur contemplation
!
joie,
et à
CHAPITRE
VI
—
La dernière Période (1867-1875). Production rapide (lSj3). Le Salon de 1874 et la Médaille d'honneur. Mort de Corot.
—
—
forcée.
et
—
—
La Pastorale
La Danse antique
Si le jury de l'Exposition universelle de 1867 ne crut devoir à
qu'une seconde médaille,
envoyant
gouvernement répara
le
Corot
cette injustice en lui
croix d'officier de la Légion d'honneur, après vingt
la
(1875).
et
un
ans de grade de chevalier; en recevant cette distinction, qui arrivait à point pour le consoler du mécompte de l'Exposition, Corot ne put s'empêcher de dire, avec sa bonhomie habituelle :
—
faut tâcher de faire de
Il
bons tableaux,
afin
de montrer qu'on n'a
pas volé ça.
Et de
fait,
Corot
fit
beaucoup de tableaux pendant
cette période; à
peine les ébauches étaient-elles indiquées, que les marchands
Les Corot, sans atteindre
lui enlevaient.
tard, étaient enfin de vente
seulement on
le sollicitait
;
le
maître était
à l'affût les
connurent plus
de demandes; non
assailli
d'envoyer aux Expositions de province, mais
encore figurer à l'étranger,
lui fallait
les prix qu'ils
à
Munich,
à
Lausanne,
à
il
Londres,
partout. Il est
venu
même
à lui,
probable, qu'après
lenteur dont
il
avait
la
lenteur avec laquelle
beaucoup
souffert
le
succès était
moralement, Corot ne
voyait pas et n'acceptait pas tout ce mouvement sans plaisir; cette occupation débordante, cette activité de tous les instants n'étaient pas pour l'effrayer; c'était
un ardent au
travail,
repos, sa plus chère distraction.
trouvant dans
Même
le
le travail
même
son
premier jour de l'année, on
le
trouvait à son atelier, assis devant son chevalet, et fixant d'un pinceau alerte, sur la toile,
promenades Manier
les
pensable de sa
— Si faire
mes
je
un des
à travers « le
sites
innombrables
qu'il avait retenus
beau pays de France
pinceaux, d'ailleurs,
c'était
la
de ses
».
grande
joie,
la joie indis-
vie.
ne pouvais plus peindre,
petites branchettes
dans
disait-il
le ciel,
un jour
avec de
l'air
à
M. Dumesnil,
pour laisser passer
CAMILLE COROT. Réduction de l'eau-forte originale d'Et.-Gabr. Bocourt.
LES ARTISTES CELEBRES
62 les hirondelles,
C'est ce que
il
me semble
je disais
arbres au feuillage ça à la folie,
pour
vaille
jadis à
le'ger
et je lui
que, sous peu,
un amateur qui me
dans un tableau qui
promis de
le
priait de mettre des
lui était destiné;
contenter
:
il
soyez tranquille,
aimait je tra-
les oiseaux. »
Mais, au milieu de ce labeur incessant, parer les toiles qu'il destinait au Salon, lésait,
tomberais raide mort.
je
et,
il
n'oubliait jamais de pré-
jusqu'à la dernière année,
on
y figura sans faiblesse. Le pittoresque de Ville-d'Avray, où tant
il
de souvenirs émus l'attachaient, y revient en des œuvres d'une délicieuse inspiration, que la mythologie n'hésite pas à égayer de ses ébats.
En
1873, c'est une Pastorale.
Dans un vallon où chante un
ruisselet,
des nymphes, sortant d'un sous bois, dansent aux tintements d'un tam-
bour de basque. Déjà l'une à
d'elles,
détachée du cortège, semble inviter
son ivresse chorégraphique quelque Corydon languide
assis
occupe d'un
mélancolique,
le
milieu de l'œuvre se dessine superbe
et fleuri
sur les limpidités
ciel printanier.
Une
autre fois, c'est la
Toilette.
duquel une jeune femme confie
une autre
fois encore, c'est le
amours viennent secouer que
et
au revers d'un talus buissonneux. Le massif de grands arbres qui
le
le
Un
coin de bois à
charme de
la discrétion
sa beauté et de sa jeunesse;
Sommeil de Diane, sommeil sur lequel des
leurs ailes d'où
tombent
les
doux
rêves, tandis
zéphyr, qui balance les grands arbres, chante dans les frondaisons
d'inépuisables berceuses.
En
c'est
1875,
une Danse antique.
nymphes,
Des
cheveux
les
épaules émergeant du désordre des draperies, unissent leurs
dénoués,
les
mains
dansent, leurs pieds foulant à peine les fleurs qui tapissent le
et
sol, et le front
protecteurs.
baigné de l'ombre qui descend d'un massif aux larges bras
On
sait
que ce tableau, l'un des
trois qui formaient le der-
nier Salon de Corot, fut signé par lui dans son
lit,
alors
que son
état
de
santé ne lui permettait plus d'aller à son atelier.
Depuis
le
auprès de qui
mois d'octobre 1874, il
c'est-à-dire depuis la
avait toujours vécu, Corot, en effet, avait senti
pérament robuste
faiblir; le
grand chagrin que
éprouver avait eu son retentissement fois,
il
mort de
fatal
sa
sœur,
son tem-
cette perte lui avait fait
sur lui,
et,
pour
la
première
s'aperçut qu'il était âgé.
Être âgé, pour Corot qui avait l'éternelle jeunesse du cœur et du génie, c'était être averti;
il
le
comprit
et s'attrista.
C'est à cette
époque
&
2
M
2
LES ARTISTES CÉLÈBRES
64
cependant que se place un incident qui causa
Corot une des émo-
à
tions les plus profondes qu'il ait ressenties de sa vie.
Son Salon de 1874 Souvenir d'Arleux,
le
avait
Soir
très
e'té
et
le
mais d'un charme égal
d'aspect,
remarqué;
Il
y eut un autre
il
Chacun
et saisissant.
médaille d'honneur lui serait décernée.
breux tours de scrutin,
avait trois tableaux:
il
Clair de lune, trois œuvres différentes pensait que
la
n'en fut rien. Après de
nom-
Des amis, dans une
lettre
élu.
du 29 mai 1874, protestèrent auprès du maître; ces amis, dont les noms sont intéressants à retenir, sont MM. Chenavard, P. de Musset, FranMatout, Leroy, A. Millet, Landelle, Busson, Hanoteau, Carolus-
çais,
Duran, A. Viollet-le-Duc
beaucoup
MM.
d'autres
Dumesnil. Mais une
et
ou
amis
et
M. Marcotte
et
Dumesnil; un groupe
Chenavard, Français
présidence de
lettre
partageaient
artistes
décida qu'on
souscription publique fut ouverte
et
suffisait pas;
sentiment
se
forma sous
de la
une médaille d'or
offrirait
au grand paysagiste, en témoignage d'amitié, d'estime
Une
ne
le
et
d'admiration.
quelques mois après,
le
29 dé-
cembre 1874, quelques centaines de personnes étaient réunies au GrandHôtel, pour offrir à Corot cet hommage bien rare pour un contemporain.
A
neuf heures, Corot,
très
changé, très
parut au
affaibli,
bras
de
M. Marcotte. On applaudit et on pleura. Quand chacun fut à sa place, M. Marcotte, remettant à Corot l'écrin contenant la médaille d'or, prononça ces simples paroles
—
Messieurs,
l'homme
et
il
:
n'y aura pas de discours
;
faudrait trop dire sur
il
sur l'artiste; cette médaille parlera pour nous
Cette médaille, œuvre de timètres
de diamètre;
peinture,
une
!
M. Geoffroy de Chaume, mesurait neuf cen-
elle
portait,
à
son revers,
les
attributs de
la
palette et des pinceaux enguirlandés de lauriers; et, sur le
côté face, le profil de Corot, avec cette inscription
:
A COROT SES CONFRÈRES ET SES ADMIRATEURS
JUIN 1874
Et Corot, à
son côté
— On
les
yeux baignés de larmes,
dit tout bas à
M. Marcotte,
assis
:
est
Malgré
bien heureux de se sentir aimé
les efforts qu'il
fit,
ce soir-là,
comme
ça.
pour retrouver un peu de son
FRANCE,
— PEINTRES.
CAMILLE COROT.
—
5
LES ARTISTES CÉLÈBRES
66
exubérante gaieté, Corot ne put tromper ses amis sur bien
état. C'était
affaire
fini
pour
dénouement
lui; le
de son
la gravité
plus qu'une
fatal n'était
de quelques semaines.
Le mal
des progrès rapides
fit
dès
et,
le
1
1
une ponction
février,
fut
jugée nécessaire pour ralentir l'envahissement de l'hydropisie. Français, son compagnon de toute la vie et son élève favori, craignant un jour de le fatiguer,
me
voulut se
fais plaisir, tu
mon
retirer. « Reste,
me
du bien.
fais
»
Et après quelques instants de silence, voyait venir l'heure qui devait l'emporter, arrivé à la résignation, mais
Pourtant
travaille.
pas
ce n'est
pas
je n'ai
me
à
enfant, lui répondit Corot, tu
où il
comme
ajouta
dans un rêve,
Me
«
:
plaindre de
mon
voilà presque
longtemps que
facile, et voilà
il
j'y
bien au con-
sort,
traire; j'ai eu la santé pendant soixante-dix-huit ans, l'amour de la nature, de la peinture et du travail; ma famille se composait de braves gens, j'ai eu de bons amis et crois n'avoir fait de mal à personne mon ;
lot
dans
la vie a
été excellent, et, loin d'adresser
destinée, je ne puis que la remercier.
Il
aucun reproche
faut partir, je le sais, et ne
à la
veux
pas y croire; malgré moi je conserve encore un peu d'espérance. En parlant ainsi, ce que Corot voulait, c'était surtout donner un peu »
d'espérance à Français, dont
attachement, effet,
et
il
connaissait et appréciait l'inébranlable
qui ne devait plus
Corot, se sentant plus épuisé,
qu'il connaissait et avec qui
simplement,
ainsi, dit-il
Le 23
février
1875,
la
fièvre:
sa
s'y refusait
«
:
:
comme mon
faire
il
le «
curé de Coubron,
Mon
père.
tenait ses doigts placés
bonne voulait Aujourd'hui,
!
et
»
prendre quelques aliments,
lui faire fit-il
Il
père Corot déjeune là-haut
mourut en
effet ce
même
et qu'il
avec cette philosophie des consciences
robustes et cette intuition de la dernière palpitation de d'hui, le
père est mort »
murmurait d'une voix saccadée, «Vois-tu comme c'est beau! Je n'ai jamais vu
d'aussi admirables paysages
Comme
demander M.
parut plus agité;
autour de pinceaux imaginaires,
hachée par
fit
Quelques jours après, en
désirait s'entretenir
il
veux
je il
le revoir.
!
la vie,
aujour-
»
jour, à
r
onze heures du
a P.
soir.
.
\\°r
CHAPITRE Le Père Corot.
- Les
-
Obsèques.
VII «
Un Homme
Jusqu'à présent nous n'avons étudié que
un
homme
qui eut autant de
cœur que
de bière
mais
le peintre,
l'artiste
»
il
eut de génie,
et,
y
a à côté
avant de
parler des obsèques qui furent faites à Corot, nous voulons rappeler quelques-uns des mille traits où s'affirma sa générosité. Tout noter serait impossible, et irait peut-être chagriner dans la tombe ce cœur droit qui eut autant de discrétion et de modestie dans son inépuisable charité, qu'il eut de ténacité et d'audace pour la défense de sa vision esthétique.
Ce qu'on peut
dire, c'est que le récit jour par jour de sa vie formerait éphémérides de l'homme de bien, qui se puissent rêver. Un mot de lui, d'ailleurs, nous éclaire sur la hauteur de sa pensée et sur le profond sentiment d'humanité où s'absorbait les plus belles
sa rêverie.
qu'il était allé faire
une étude en plaine avec
Emm. Damoye,
le
Un
jour
paysage
qui se déroulait devant eux avait une telle splendeur, sous les feux irisés
d'un soleil couchant, que
— Oui,
c'est
beau
le
Damoye
paysage,
mais saint Vincent de Paul
est
fit
beau
ne put retenir un
d'admiration.
cri
Corot après un instant de réflexion aussi, très beau, très
beau
;
!
Le « père Corot » est tout entier dans ces paroles les préoccupations de toute sa vie se sont partagées entre les tâches qu'il s'était proposées: faire de l'art et faire du bien, et, ma foi, l'on ne peut se lasser de l'admirer en songeant qu'il a fait l'un et l'autre, dans une mesure que nul génie et nul désintéressement n'ont dépassée. Aussi Jules Dupré eut-il raison ;
quand
il
s'écria,
au lendemain de
difficilement le peintre;
Avec une latéraux
»,
la mort de son ami « On remplacera on ne remplacera jamais l'homme. » :
délicatesse bien rare,
comme
il
Corot voulut qu'après lui « ses colappelait ses neveux suivant la formule des notaires,
trouvassent intact le patrimoine qu'il tenait de sa famille. était plus libre pour donner, donner toujours,
donner
ouvertes, et ouvert aussi le tiroir
où
il
Et l'on peut dire que ce besoin d'argent
rangeait ses le força à la
«
De
les
la sorte,
il
deux mains
petites affaires
».
production hâtive
des dernières années, autant que le plaisir qu'il pouvait ressentir à rencontrer des acheteurs, lui qui si longtemps avait ignoré qu'il
en
existât.
LES ARTISTES CÉLÈBRES
68 « 11
lui fallait
pour
d'argent,
de l'argent,
les
dit
judicieusement M. Albert Wolff, beaucoup
œuvres de bienfaisance qui
passion de sa magnifique vieillesse. Tout
son
art,
Un
donnait sans compter,
le
il
matin,
apprend que
il
le
et
sommes
artiste
aveugle, va être expulsé faute de paiement
un
les titres
buut de papier sur lequel Cette
«
fois, je défie
il
qui
de
le
petite
la
De et
bien ton propriétaire de
te
«
Tu
répondit par cette phrase qui
lui
es le seul
il
qu'il
part pour
sans marchander
la porte.
mettre à
les
Corot.
»
honore tous deux
:
que j'estime assez pour pouvoir en accepter
homme
quelque chose sans rougir.
»
vint le trouver matin, un Italien, qui avait posé dans les ateliers, voulait deux panneaux où s'étalaient d'informes paysages, et
Un il
maison
suite
écrit:
«
Et Daumier
»
mettaient en possession, avec
simplement
avait
grande
Honoré Daumier, devenu
Valmondois, depuis de longues années. Valmondois, achète la propriété, la paie comptant en envoie à Daumier
la
très importantes.
habitait à
et
devenues
ce qu'il gagnait maintenant avec
des
grand
étaient
;
portait
les
vendre, afin de payer
à sa
Qu'est-ce qu'il te faut •
— Mille
dit
je
l'Italien fut parti
:
en désignant les deux pan-
il
remplaça
les
deux
«
infamies doublées
suivant son expression, par deux choses exquises.
rendrai à son retour, ajouta-t-il.
les lui
Puis malignement
:
— Pourvu qu'il les reconnaisse On
Italie.
ne puis laisser cela ainsi.
vite, saisissant sa palette, »,
quand
c'est trop laid, fit-il,
neaux du quémandeur,
— Je
retour en
Corot.
les mille trancs, et
— Non, vraiment, d'horreur
le
francs.
Corot donna
Et
?
femme, malade,
!
que cette façon ne peut rien imaginer vraiment de plus délicat
d'être généreux.
Encore un
un
fait
petit tableau
qui nous revient en mémoire.
qui
était
signé de
matin
lui.
— Ça, ce n'est pas un Corot arrêter, s'écria — Eh bien vais — Qui? interrompit Corot, inquiet. !
fit-il,
!
On lui apporta un
je
le faire
Mais celui qui me
l'a
vendu,
le
le faussaire.
porteur du tableau.
LES ARTISTES CÉLÈBRES
7o
— Arrêter mais — Qu'importe, — Oh justice ?
il
a des enfants,
c'est
!
la
Corot. Tenez
un
est
marié,
misère pour eux
c'est la
!
faussaire; la justice...
faut si
Il
!
il
peu de chose pour que ce
soit
un
vrai
!
Et prenant
maître
le petit tableau, le
fit,
de
la
contrefaçon, un Corot
dont l'heureux propriétaire pouvait garantir deux
fois l'authenticité.
Aussi quand on retrouve, dans ses portraits, dans celui de Bocourt, par exemple, sa figure expressive, sa bouche fine qui pince
yeux
pipette », ses
à la lueur éveillée et franche, ses
«
dame
cheveux blancs en
broussailles, toute cette robustesse saine et forte, qui eut des naïvetés et
des admirations d'enfant saluer avec
une
épuisé
mais
;
y
il
profonde émotion
très
Le chapitre de
des tendresses d'apôtre, on ne peut que
et
et
le
une inaltérable gratitude.
ses bienfaits, est-il besoin
de
ne saurait être
le répéter,
a pourtant quelques anecdotes
que
l'on ne peut passer
sous silence, parce qu'elles sont pour ainsi dire classiques dans
du
la vie
peintre.
Une
«
citer,
M. Albert Wolff, que nous nous
autre fois, raconte
un peintre de
ses
amis vint
lui
demander cinq mille
mauvaise humeur ce jour-là, répond parti, l'artiste réfléchit;
il
— Pardonné-moi,
je
Peu de temps avant
Quand
chand. de dix «
billets
ceci,
les ateliers,
menti,
sa mort,
de mille francs
— Gardez
j'ai
compta
celui-ci
quand
et dit je
dans
Et la
c'est ainsi
Il
la
Mais une
ne
court chez l'ami
et la
preuve
une grande
c'est
que
au marchand
et lui dit
:
les voici
!
»
avec un mar-
affaire
son argent, Corot
fameuse
tantôt que je
je t'ai dit
prit
une
liasse
:
n'y serai plus, vous donnerez pendant dix la
veuve de
femme d'un
mon ami
Millet.
autre grandissime artiste, mort
à la
mémoire d'un génie malheureux.
se passait pas
jamais
:
il
»
de jours où des religieuses ne vinssent frapper à
ne les
laissa partir les
mains vides,
saintes filles se confondaient en protestations de gratitude disait-il
fois l'ami
misère celui-là, touche depuis dix ans cette pension offerte par
un génie heureux sa porte
que
il fit
à l'artiste
ans une pension de mille francs à a
a pas.
ne suis qu'une canaille,
n'avais pas cinq mille francs ; «
ne les
qu'il
fois,
francs. Corot, de
quitte sa blouse, dépose sa pipe, sa
devenue légendaire dans
pipette «
plaisons à
parce qu'il a beaucoup connu, beaucoup aimé Corot, une autre
de sa voix
remercier.
»
la
plus douce,
c'est
comme
et :
«
les
Mais non,
moi, moi seul qui dois vous
LES ARTISTES CÉLÈBRES
73
Dans un de campagne,
il fit
en plein
trait
ses
voyages près d'Arras, dont
un jour une étude d'après une où
air,
il
et saine.
son étude
lui porter
montrant
lui
le portrait.
Il
y
était tout
il
a
ne permettant a
une
fin à cette
fille
ému
à
personne de
demandé, ou demande
la
;
il
voir
image où
revivait l'enfant
— car
et,
;
par une disposition testamentaire,
vit peut-être
il
n'en finirait pas de rapporter tous les
— que
encore
dorme avec faits
lui
le
dans
la
souve-
tombe.
de ce genre, que l'on
connaissait, malgré le soin que Corot mettait à les tenir secrets.
Corot, d'ailleurs,
le
citoyen
et
l'homme. Tout ce qui pouvait avait
le
patriote ne le cédaient
attrister le
pays ou
1848, pendant
il
disait à des
a
donc? Mais
On
la
satisfaction.
«
:
de
la
»
guerre de 1870 qu'il se sentit éprouvé.
avait alors soixante-quatorze ans.
Dès que commença
le siège,
acheta
même un
fusil, se
promettant,
le cas
il
Il
rentra à
communes.
Paris, voulant être présent et prendre sa part des souffrances Il
les rues,
Qu'est-ce qu'il y
donc pas content du gouvernement?
c'est à l'instant
en rien à
Révolution, alors qu'on se battait dans
amis avec un étonnement douloureux n'est
Chez
lui porter préjudice
un retentissement dans son cœur, empli de naïve
En
en
lui dit-il
»,
douloureuse de
voué un culte d'égoï ste tendresse,
lui a
nir de Corot soit placé sur son cœur, et
On
revenue la joie
de
anecdote. Le paysan n'a jamais voulu prêter
pour une exposition
cette oeuvre
il
il
plus noir. Corot alla immédia-
Voilà votre
«
:
Et
le
l'infortuné paysan, couvrant de baisers cette
envolée.
L'année suivante, quand"
apprit que la pauvre petite s'était noyée accidentellement, et
que son père était en proie au chagrin tement
la
un por-
l'enfant était saisie en pleine activité de la vie, en
pleine expansion de joliesse robuste revint,
bien compris
a si
il
petite paysanne,
échéant, de faire
le
coup
de feu contre l'ennemi.
Pendant toute
la
durée du siège,
il
s'absorba dans
la
peinture, pas assez
cependant pour ne pas donner une large part de son temps lance, qui dut
signée
la paix,
beaucoup
mairie
son obole
« :
«
».
Comme
on
Presque rien, ce que
lui
à
personne,
demandait ce
j'avais
sous
la
Quand
affecté, lorsque, l'idée
reprendre ses fonds.
alla
fut
l'in-
déposer
à la
qu'il avait versé,
il
main, dix mille francs.
Je voudrais tant qu'ils fussent déjà loin, ces gredins-là
à
une ambu-
on parla d'une souscription nationale pour solder
demnité de guerre. Corot, sans en rien dire
répondit
à
à ses deniers toujours inépuisables.
!
»
Et
il
fut très
de souscription ayant été abandonnée, on l'obligea
LES ARTISTES CÉLÈBRES
74
donc bien
Il était
« le
père Corot
n'avaient voulu que rendre
», et
hommage
ceux qui l'avaient baptisé ainsi
à l'excellence de son
cœur
et à la
sérénité bienfaisante de sa vie.
Les obsèques eurent lieu n'y eut
ni
honneurs
énorme, qui peut le
le
militaires,
25 février, à l'église Saint-Eugène. ni appareil
se chiffrer par
des
milliers
de
une
Il
foule
personnes, lui
fit
plus beau cortège qui soit. C'est au milieu d'une haie compacte,
où
se
lisaient le respect et l'émotion,
vert de fleurs ficier
de
la
sur
;
ment de
cette
que
le cercueil passa, tout
un coussin de velours, on
Légion d'honneur
Une
mois auparavant.
et la
justifiée,
Corot deux
la
voix du curé de Saint-Eugène, qui, au lieu à la
paroisse auraient
monta en chaire pour adresser au public une admonestation la
dégradation des âmes. Cela n'avait rien à faire dans
Corot
pareil jour:
pendant toute jour
à
seule note discordante vint troubler le recueille-
cérémonie,
déplacée sur
fort
cou-
avait posé la croix d'of-
médaille d'or, offerte
d'une oraison funèbre, que les largesses de Corot
un
mais
officiel,
mort en chrétien
était
;
mais ce
qu'il avait fait
sa vie, en spiritualiste qu'il était, c'était d'adresser
sa prière
devant l'œuvre de Dieu,
comme
l'a
chaque
justement dit un
de ses biographes.
Après
la
messe, où Faure chanta
sur l'andante de la
Corot,
le
pagné de
symphonie en
Requiem, prosodié par M. Elwart de Beethoven, selon
le
désir de
char funèbre fut conduit au cimetière de l'Est, toujours accomla foule.
et
Daubigny, sont partis aussi
:
M. de Chennevières, quentes paroles
;
MM.
Les cordons du poêle étaient tenus par
Dupré, Oudinot, Lavieille
Corot
le la,
Karl Daubigny. Tous, excepté
ainsi va de la vie
Jules
M. Karl
!
alors directeur des Beaux-Arts,
prononça
d'élo-
mais, mieux qu'en des discours, l'oraison funèbre de
femme du peuple. C'était sur le chemin de la maison du Faubourg-Poissonnière à l'église Saint-Laurent. Comme fut faite
par une
quelqu'un demandait qui l'on enterrait, une
— Je ne sais pas son nom, mais Un homme et la vie de
de bien
Corot
!
!
c'est
femme
répondit
un homme de
:
bien.
quelle meilleure parole pour résumer l'œuvre
CHAPITRE
VIII
La Gloire de Corot.
M. de Chennevières Corot
«...
sable.
son
fut,
Nul ne
art.
*.
a dit
comme
tous les vrais génies, d'une abondance inépui-
n'aima mieux son travail
fut plus laborieux et fécond, et
Nul ne
respecta davantage les sources divines
Ce
étrangère aux soucis vulgaires de la foule.
et
l'impartialité
et
peintre pastoral,
harmo-
nieux, vif et doux, nous a exprimé l'âme de la nature, plutôt que le
menu
de ses réalités;
les voix, les
pour
il
adorait les champs, mais c'était pour en entendre
bruits et les chansons, les
saisir les légers brouillards
tives des crépuscules.
Dans
»
la feuille, et
lueurs fugi-
et les
monotonie apparente, pas
variée, plus adorable et plus complète.
Hier, Corot était encore dans tardif,
nymphes
ce sens, et sous sa
un n'aura fourni une œuvre plus triomphe, triomphe
frémissements de
chers aux
ou plutôt dans
obstinée,
la lutte
mais éclatant. Demain
la justice
le
impérissable,
commencera pour son nom. Aujourd'hui, messieurs, dans cet où son cercueil est encore sous nos yeux, et le souvenir de l'homme dans notre mémoire à tous, nous devons, autant que l'arla gloire
instant funèbre,
tiste,
honorer l'homme de nos regrets. Sa longue
sa sérénité, et
son cœur
fut
bonne âme, toujours gaie instants et intarissable...
Au mois
de
juillet
et
un cœur
vie fut
heureuse dans
Jamais l'envie n'effleura sa
d'or.
toujours riante,
et sa
charité fut de tous les
»
1875, des admirateurs de Corot organisèrent à
l'Ecole des Beaux-Arts une Exposition où furent réunies quelques centaines d'œuvres de lui
;
à l'Exposition universelle
ses dernières toiles furent placées
années,
le
27 mai 1880, un
en vedette
monument
;
de
1878, plusieurs de
enfin,
il
y
a
Ville-d'Avray, au bord de l'étang, tout près de la maison que habitait.
Ce monument, dont
le
médaillon
et les
au ciseau du sculpteur Geoffroy-Dechaume, en marbre blanc, en forme de cénotaphe l.
Discours prononcé sur la tombe de Corot,
;
quelques
fut élevé par souscription à
lui
se
le
peintre
ornements sont dus
compose d'une fontaine
devant cette fontaine, parmi le
zb février 187D.
LES ARTISTES CÉLÈBRES
76
de
la
verdure, tandis qu'au milieu de
nymphe
gosier ses trilles perlés, la
Coppée,
la frise
un rossignol
de Corot, par
son immortel souvenir au grand
a dit
la
artiste
jette à
plein
voix du poète
:
Le bon Corot m'aimait, je suis l'une de celles, Alors que l'aube emplit de vagues étincelles L'horizon frileux du matin,
Que
—
l'artiste
c'e'tait
Voyait passer, avec
Au C'est
son heure favorite
les
—
yeux de The'ocrite,
fond du brouillard argentin.
moi
qu'il a montre'e, assise
Essayant de noter sur
au pied d'un hêtre,
champêtre
la flûte
Quelque musique de berger au chœur de mes sveltes compagnes, faisait, dans la paix sereine des campagnes, Tourner sur un rythme léger. ;
C'est moi, mêle'e
Qu'il
Je le connaissais bien, le vieux
Et quand
il
bonhomme
en blouse,
préparait sur un coin de pelouse
Son chevalet et ses pinceaux, Pour embellir encor ses extases secrètes, J'étais là, j'exaltais l'odeur des violettes,
J'excitais le
Mais vous nous
Un doux
le
chant des oiseaux.
rendez, voici notre poète!
rossignol chante au-dessus de sa tête.
C'est lui! C'est bien son
nous le reconnaissons! bon visage! Il regarde,
Oiseaux! fleurs! désormais vous v
le
il
respire
Dans vos parfums, dans vos chansons
Et près de Portant
la
fontaine où
comme
vit sa
!
verrez sourire, ;
chère image,
aujourd'hui quelque odorant
hommage.
Je reviendrai souvent m'asseoir
Au moment qui berçait si mollement son rêve, Quand l'étang s'assombrit, et quand au ciel se lève, La divine
Mais tout de Corot
a
verselle de
étoile
cela, ce n'était
du
soir
!
encore que des promesses de gloire. La gloire
éclaté, superbe, impérissable,
unanime,
à l'Exposition uni-
1889, dans cette magnifique galerie où des mains habiles
avaient réuni les chefs-d'œuvre de la peinture française, nés de
1789
à 1889.
Ah
!
les
quarante toiles de Corot à
la
Centennale
!
quelle admirable
LES ARTISTES CÉLÈBRES
78
manifestation de ce puissant génie lant,
défendant avec toute
son âme,
Comme
!
était
il
là,
vibrant
de son pinceau, toute
la richesse
cette inspiration qui lui valut tant
de
et vail-
poésie de
la
manière
railleries, cette
personnelle qui lui avait suscité tant d'adversaires!
On sait,
a enfin
compris que, dans ces arbres,
y
il
avait
un
faisant frissonner les feuilles, et berçant les nids
qu'aux bords de ces
lacs,
de ces étangs dont
souffle qui pas-
on
;
compris
a
surface s'irise autour des
la
pointes émergées des roseaux, ce doit être toute une étrange harmonie
qui chante
voix des oiseaux
et vibre, les
et les
voix de l'espace, l'hymne
colossal et tendre qui s'échappe des êtres et des choses, et se mêle à l'in-
time
et irrésistible
créatrice, et divine
Wolff «
fort bien
l'a
palpitation de la vie, pour saluer la force infinie et
Le génie de Corot
!
démontré
des heures,
Il est
est là tout entier, et
M.
Albert
:
où
dit-il,
pensée de ce poète prend son vol
la
vers le mystère, et alors, dans des sites d'une incomparable grandeur
dans leur réalisme,
il
traduit le bruissement des feuillages par les appa-
ritions surnaturelles des
entendre arbres.
les
nymphes
voix des esprits dans
le
comme
des faunes,
murmure du
le
poète croit
vent qui parcourt les
Mais que ce soient des nymphes ou un simple pêcheur, ces
figures sont toujours le
complément du paysage, l'incarnation de l'émo-
tion que l'artiste a subie, tant et
et
que toute
sa valeur est
il
dans
est vrai
que dans
la sensation qu'il
l'art le sujet n'est
communique.
rien
»
Qu'il s'agisse en effet d'un paysage où le soleil printanier met des regards blonds, ou bien d'une scène dramatique que l'ombre épaisse des bois enveloppe de mystère, de ces matins où l'aurore paresseuse s'attarde dans le ciel, derrière l'écran
lards mouillés,
ou bien de
vaguement diaphane des
l'horizon, toute la féerie des incendies sur
du firmament empourpré; accorte,
montant par
qu'il s'agisse
le sentier
la
profondeur miroitante
de la figure d'une paysanne
ou traversant
les hautes herbes,
de l'évocation des nymphes, sautant autour d'un dieu de pierre,
pour l'enchantement des yeux, dans a toujours attire et
l'éternel
et cette
ou bien
et écloses,
printemps de
chez Corot une sensation d'harmonie
vous émeut,
brouil-
ces soirs qui mettent au lointain, par delà
et
la fable, il y de poésie qui vous
sensation sera désormais d'autant plus vive,
d'autant plus tenace, qu'elle a mis plus d'années à s'insinuer au cerveau
des foules, à s'imposer, non pas à une mode, mais au goût discuté, battu et enfin éclairé, de tous
et
de chacun.
com-
CAMILLE COROT
A
7g
l'Exposition de 1889, on avait emprunté des toiles aux différentes
époques de
la vie
de
ainsi dire dans leur
l'artiste,
et toutes
remises à leur date, remises pour
mouvement contemporain,
toutes sont sorties victo-
rieuses de l'épreuve, n'ayant rien perdu de leur audace, de leur simpli-
j& tt^^Ve^y] 'ZZCD *^<s^f
*^%c^
AUTOGRAPHE DE COROT.
cité,
de leur naïveté, de leur jeunesse.
délicats qui les allèrent admirer,
Ce ne
mais aussi
furent pas seulement les
les
gens du
commun, pour
qui ce spectacle fut une révélation. D'ailleurs, depuis lors, la gloire de
qui,
pour
être
Corot
moins indépendante, n'en
avons vu, dans
les
est
s'est
affirmée d'une façon
que plus
significative
;
nous
enchères publiques, des œuvres de lui atteindre des
LES ARTISTES CÉLÈBRES
8o
prix qui leur étaient inconnus
1
;
sous ce rapport tout spécial,
marche
la
cette
augmentation de valeur
voici arrivé au terme de notre travail;
on ne peut étudier un
a été ascendante,
et
peu probable que
est
il
vénale subisse d'arrêt, avant longtemps,
Nous
homme comme Corot, sans apporter à cette étude toute la passion qu'éveille un
pareil génie servi par
un
tel
cœur;
et
quand on
son œuvre, sa vie également calme, sereine
et
bien remplie, on ne peut
— qu'importe que ce soit passion qui parle expression — comme l'un des plus grands paysagistes de
s'empêcher de l'apprécier et
exagère son
tous les siècles, i
le
.
revoit rapidement tout
comme
le
la
plus grand peut-être
!
Voici quelques-uns des prix atteints dans les ventes publiques
4 juin 1890 (Galerie Georges
12,000
fr.; le
21,000
fr.;
Cabaret, 15,700
Gênes, 7,100
fr.;
Petit)
fr.;
:
la
Femme du
Dunkerquc, 6,000
Saintry, 12,000
fr.;
pécheur, i3.ooo fr.; le
:
Vente
fr.;
La
E. May,
Rochelle,
Pont Saint-Ange, à Rome,
Lac de Genève, 10,000
fr.;
Port de
Bordeaux, 10,000 fr.; Grand Canal, à Venise, 10,200 fr.; l'Entrée du village, i6,5oofr.; Marine, 20,000 fr., etc. Vente Crabbe, 12 juin 1890 (Galerie Sedclmeyer) le Matin, :
60,000
1
fr.;
le
Soir, 63,ooo
fr., etc.
ICONOGRAPHIE, BIBLIOGRAPHIE, CATALOGUE
ICONOGRAPHIE Il
nombreux
existe de
portraits de Corot. Les principaux sont
PEINTURES
A
l'
:
HUILE
Grandeur naturelle à mi-corps, vu de face, par Belly, 1 853. Par M. Be'ne'dict Masson. Par M. Decan Corot est en train de peindre. (Salon de 1875.) :
DESSINS Mine de plomb, 1840, par Français. Les cheveux sont courts. Mine de plomb, profil, par Aime' Millet, et vu de face, par le même.
GRAVURES Tous
journaux
les
ont
illustrés
Corot; mais ceux qui s'imposent,
Une gravure sur
publié,
comme
à
diverses
ressemblance
époques, des portraits de
et valeur,
sont
:
cuivre de Dien.
Le portrait gravé de B. Masson, 1840. (Les cheveux courts.) Celui de A. Villot, gravé par Al. Leroy, 1875.
Corot à l'eau-forte
pipe; cheveux blancs embroussaillés, par Gabriel Bocourt. (Gravé à
la
pour
l'Art.
Corot, par A. Gilbert, gravé par Perrichon.
SCULPTURES Médaille d'or offerte à Corot. Profil, par M. Geoffroy de d'or appartient aujourd'hui à
M ma
M., petite-nièce
La même, en grande dimension,
Chaume.
Cette médaille
du peintre.
plâtre, fut placée à l'Exposition des
œuvres de
Corot, à l'Ecole des Beaux-Arts.
La même, en grande dimension,
constitue le médaillon
du monument de
Ville-
d'Avray.
PHOTOGRAPH IES Nous indiquerons comme mémoire celles de MM. Carjat, Nadar, Desavary-Dutillaux, Mulnier, Dallemagne, Lavaud, Bacard, Pierre Petit, etc.
BIBLIOGRAPHIE On
a écrit
peu relativement sur Corot, en dehors de
FRANCE.
—
PEINTRES.
la
prose rapide des comptes
CAMILLE COROT.
—
6
LES ARTISTES CÉLÈBRES
82
On
rendus d'exposition. suivants
peut cependant consulter avec fruit les livres
et les fascicules
:
Corot, souvenirs intimes, par Henri Dumesnil, un vol., 1875. Rapilly, e'diteur. Peintres contemporains, par Charles Bigot, un vol., 1888. Hachette, éditeur.
Les Artistes de mon temps, par Charles Blanc, un
Firmîn Didot,
vol., 1876.
e'di
teur.
Voyage à
Edmond
travers l'Exposition des Beaux-Arts, par
About, un
vol.,
1
855,
Hachette, éditeur.
Camille Corot, par gravures.
Un volume
Rousseau, suivi d'un appendice, par Alfred Robaut, avec et documenté. 1884. Librairie de l'Art.
J.
précieux
Galerie Durand-Ruel,
Armand Silvestre, avec 28 gravures à l'eau-forte, MM. Delaunay, Boilvin, Bracquemond, Laguil-
par
d'après des tableaux de Corot, par
lermie, Brunet, Hédouin, Flameng, Mangin, H. Lefort, Waltner, Gaucherel, Deblois,
Cantry,
La
etc.
Capitale de l'Art, par Albert Wolff, un vol., 1886. Paris, Havard, éditeur.
Et des études diverses dans
l'Art,
études accompagnées de dessins et d'eaux-
fortes.
CATALOGUE On
ne saurait
On
Corot.
sait
que
établir le
sur des bases certaines la classification de l'œuvre de
maître a beaucoup produit.
On
sait aussi qu'il a
gardé à
l'ate-
nombre de toiles, avant de les soumettre à l'appréciation publique dans les expositions. Nous n'avons pas la prétention de donner le catalogue complet de ce qu'il a lier
Mais
fait.
il
n'est peut-être
pas sans intérêt de donner
différentes expositions, avec les
ici
la
liste
de ses envois aux
numéros correspondants du catalogue de
ces
exposi-
tions.
Nous commençons par
les Salons.
SALONS 1827.
—
Corot
demeurait
au
3g
de
la
rue Neuve-des-Petits-Champs.
année 1827 est la seule où il y ait eu un Salon sous Charles X. Nanti. — 222. Campagne de Rome. Il 1
—
221.
Cette
Vue prise à
n'y a pas eu de Salon en 1828, 1829, iS3o.
83
1
.
—
397.
Vue de Furia
sur les bords de l'Adriatique.
—
{Ile d'Ischia,
399.
royaume de Naples}.
—
La Cervara ; campagne de Rome.
3g8. Couvent
—
400. Vue
prise dans la forât de Fontainebleau.
Pas de Salon en i832. 1833.
— 468.
Vue de
la forêt
de Fontainebleau.
— 371. Une Foret. — 372. * Une Marine. — Site d'Italie. — Corot habite au i5 du quai Voltaire. — 440. Agar dans le désert; 83 paysage. — 441. Vue prise à Ripa (Tyrol italien.) 836. — 40.3. Diane surprise au bain. — 404. Campagne de Rome, en hiver. 1834. 1
3
.
1
1837.
—
388.
royaume de Napl
Saint s.
Jérôme
— 390.
;
paysage.
Paysage
;
—
389.
Vue prise dans
soleil couchant.
File
d'Ischia;
CAMILLE COROT
83
— Silène. — 342. Vue prise à Volterra; Toscxne. — 403. Site d'Italie. — 404. Un Soir paysage. 1840. — 007. Paysage; la Fuite en Egypte. — 3o8. Paysage; soleil couchant. — 838.
1
3_|.r.
183g.
;
Un Moine.
3og.
—
1841.
Démocrite
397.
Abdéritains
et les
paysage. {La Fontaine, Fables.)
;
—
3g8. Site des environs de Naples.
—
1842.
423. Site d'Italie.
— 424.
Paysage;
effet
du matin. {Commandé par
le
ministre de l'Intérieur.)
—
1843.
n'y eut
11
cette
—
année que i5g7 ouvrages reçus.
Un
274.
Soir.
—
275. Jeunes Filles au bain.
—
1844.
de
Destruction de Sodome.
3(19-
—
1845.
Homère
364.
et
400.
Paysage avec
Bergers; paysage.
les
—
sage. {André Chénier, l'Aveugle.)
— 422.
1846.
— 1848. —
1847.
—
matin.
—
—
figures.
401.
Vue
—
on
Paysage
nomma
3 >5.
Daphnis
Chloé
et
;
pay-
Berger jouant avec sa chèvre.
;
au scrutin une commission de i5
—
980. Intérieur de bois.
—
Une Matinée. (,33. Crépuscule. Un Matin. 987. Un Soir.
membres
—
084.
Un
981.
Soir.
—
Vue de
Ville-
985. Effet du
—
Le jury
Cognict tenait
—
Un Paysage.
forât de Fontainebleau.
—
979. Site d'Italie.
9S2.
—
la
404.
366.
ouvrages. Corot fut élu neuvième commissaire, avec 353 voix sur
les
9.86.
1849.
—
n'y eut pas de jury;
11
votants.
d'Avray.
Vue prise dans Paysage.
403.
pour placer 801
—
campagne de Rome.
la
Corot
est rétabli, et
la tète
de
la liste
est élu
avec 5o8,
dixième avec 217 voix sur 646 votants.
et Picot, la fin,
avec
venu habiter au 3q de la rue Ncuvc-des-Pctits-Champs. jardin des Oliviers. 43q. Vue prise à Volterra (Toscane.)
2
—
1
o voix.
—
alors
—
438.
— Corot était Le
Christ au
LimouEtude du Cotisée, à Rome. Corot est membre du jury le onzième par 33o voix sur 6i5 votants. 1850. voix, et Abel de Pujol à la fin avec 209. Corot Cognict arrivait en tête avec 5 642. Lever du soleil. habite 10, rue des Beaux-Arts. 643. Une Matinée. 645. Études à Ville-D' Avray 644. Soleil couchant {site du Tyrol italien).
sin.
—
441. Vue prise à Ville-d 'Avray.
—
440. Site du
442.
—
1
1
—
—
—
—
Pas de Salon en 1
le
852.
—
Corot
1
85
jury se composait de
—
l'administration.
1
est juré
supplémentaire avec 5q voix sur 33o votants. Cette année, et de quinze jurés désignés par
cinq jurés titulaires élus,
—
281. Soleil couchant; paysage.
2S2.
Le Repos
;
paysage.
—
Vue du port de La Rochelle.
283. 1
S53
.
au 58 de
— la
Corot
Coucher de
288.
L'Exposition
est juré
supplémentaire par 63 voix sur 262 votants. Corot habite
du Faubourg-Poissonnière.-— 287. Saint-Sébastien; paysage.
rue
soleil.
—
annuelle des Beaux-Aits de
l'Exposition universelle. (Article
—
1
85 5
1
856.
—
1857.
—
.
i^as
85
et
réunie à
3 .
membres de l'Académie des Beaux-Arts. — — 594. Nymphe jouant avec l'Amour. — 5g5. Un Concouchant. — 597. Un Soir. — 598. Souvenir de Ville-d' Avray —
Sodome.
—
Une Matinée; souvenir de
5g6. Soleil
85g.
1
de Salon.
5gg.
1
1854 est retardée à i855
du décret du 24 décembre
Le jury est composé des
cert.
858.
II
Exposition Universelle. (Voir plus loin.)
5g3. L'Incendie de
1
—
289. Matinée.
— Pas de Salon. — 688. Dante
et
Ville-d' Avray
Virgile; paysage.
—
689.
Macbeth; paysage.
—
LES ARTISTES CÉLÈBRES
84 690. Idylle.
— 691.
— 694.
italien.
Paysage avec figures. Étude à Ville-d Avray
— 632.
Souvenir du Limousin.
— 693.
Tyrol
— Pas de Salon. — 6g3. Danse de Nymphes. — 694. Soleil levant. — 6g5. Orphée. — 696. Le Lac. — 697. Souvenir d'Italie. — 698. Le Repos. 1862. — Pas de Salon. 863. — 459. Soleil levant. — 460. — Étude à Ville d'Avray. — 461. Étude à 1860.
1861.
1
Mery, près La Ferté-sousJouarre. 1864.
—
Le
Coup de
443.
865.
1
Salon
est
rétabli
Mort efont aine.
—
Souvenir des environs du lac de Némi.
—
Vigen (Limousin).
—
—
annuel.
Souvenir de
442.
vent.
—
Le Matin.
5o6.
—
507.
3265. Souvenir d'Italie ; eau-forte. 1866. 3
1 1
—
452.
Le
Soir.
—
1867. 1868.
La
Solitude; souvenir de
— 378. — 587.
1869
—
1870.
—
la
Société des Aquafortistes).
—
Vue de Marisselle, près de Beauvais. 379. Coup de vent. Un Matin, à Ville -d'Avray — 588. Le Soir. 549. Souvenir de Ville-d Avray 55o. Une Liseuse. Le jury est élu tout entier. Corot est élu deuxième; il donne sa démis.
.
sion ainsi que Daubigny, élu
Paysage avec figures.
648.
453.
Environs de Rouen; eau-forte. (Publication de
6.
—
le
premier;
ils
—
sont remplacés par Chaplin et Vollon.
619. Ville-d' Avray.
— Pas de Salon. — 389. Souvenir de Ville-dAvray — 390. Près Arras. 1873. — 35g. Pastorale. — 36o. Le Passeur. 1874. — 458. Souvenir d'Arleux du Nord. (Appartient à M. Robaut.) — 459. Le Soir. — 460. Clair de lune. 1875. — Après la mort de Corot. — 519. Les Bûcherons. — 520. Les Plaisirs du soir danse antique. — 52 Biblis. 1S71
.
1872.
.
r.
;
EXPOSITIONS UNIVERSELLES i855.
—
Corot
E
1 •
partie des trente-quatre jurés
fait
79 ffe t de neige. temps. 2794. Soir. 2
—
—
DE PARIS
nommés
par Napoléon
2792. Souvenir de Marconsey, près Montlhéry.
—
—
—
Ilf.
—
2793. Prin-
2795. Souvenir d'Italie. 2796. Une Soirée. 1867.— 161. Saint-Sébastien ; paysage. 162. La Toilette; paysage avec figures. i63. Macbeth; les Sorcières. (Salon de i85g.) 164. Souvenir des environs du lac de Némi. (Salon de i855.) Appartient à M. L. 65. Un Matin. (Appartient à M. H.)
—
—
—
—
— 166.
Un
Soir. (Appartient à M. H.)
1
—
167. Les Ruines du château de Pierrefonds. Les Plaisirs du soir; danse antique. 202. Saint Sébastien secouru par les saintes femmes. 2o3. Le Lac de Garde. 204. La Rive verte. 2o5. Le Parc des Lions, à Port-Marly. 206. Un Bateau; clair de lune. 207. A Ville-d' Avray ; chemin près de l'étang. 208. Les Petits Dénicheurs. 209. Le Beffroi de Douai.
1878.
—
200. Biblis.
—
—
201.
—
—
—
1889.— Etude de
— La
Femme
sage;
le bac.
— —
— —
à
chênes, à Fontainebleau. (i83o.) Appartient à
la perle. (Appartient à
M. Dolfus.)
— Joueuse
— — Pay-
M. Français.
de mandoline.
— Paysage; gardeuse de vaches. — Ronde de Nymphes. (Appartient — Paysage; vue de Mantes. — Vue de La Rochelle. (Appartient
M. Barbedienne.)
à à
CAMILLE COROT
85
M. Robaut.) — Vue du pont et du château Saint- Ange. —Intérieur de cuisine, à Mantes; étude. (Appartient à M. Cheramy.) — Terrasse du palais Doria, à Gênes. — Jeune Fille en promenade. (Appartient à M. Lutz.) — Ile San Bartolom eo. — La Pastorale (Appartient à M. Forbus-White) — Chemin creux avec un cavalier. — L'Atelier. — La Charrette. — Chemin montant. — Gen\ano, près du lac Némi. — Le Concert (1857). — Souvenir de Martigues; paysage avec figures. — Plage au Tréport. (Appartient à M. comte Doria.) — Ville et lac de Corne. — Eurydice blessée. — La Forêt de Fontainebleau. — Le Bain de Diane. (Musée de Bordeaux.) — Fèmme assise. — Le PasFerry.) — La Toilette. sage du gué. — L'Étang. — La Sablière. (Appartient à M. Paysage. — Le Lac; Italie. — Le Lac de Garde. — Paysage d'Artois. — Le Matin. — Le Soir. — Danse de Nymphes. — Nymphes Faunes. — Les Baigneuses. — Vue du Cotisée. — Vue de Naples; femme assise. — Biblis. (Appartient à M. Oblet.) — le
J.
et
Femme en
rouge, jouant de la guitare.
Le catalogae de
la
vente de Corot ne comprenait pas moins de 600 numéros,
tableaux terminés, esquisses
et
dessins du maître;
cataloguées, on peut se rendre compte
général
et
— Faneuse.
du
complet des œuvres originales
de notre cadre.
et
l'on y ajoute les œuvres déjà auquel atteindrait un inventaire
si
chiffre élevé
gravées; mais un
tel
inventaire sortirait
TABLE DES GRAVURES Portrait de Corot. Dessin de A. Gilbert
En
Picardie. Dessin
d'Edmond Yon,
5
d'après
le
tableau de Corot
Etude de femme. Peinte par Corot, en 1869. Dessin de A. Robaut Le Port de Saint-Ange, à Rome. Dessin d'Edmond Yon, d'après
7
n le
tableau de
Corot
j
Une Tempe
Dessin d'Edmond Yon, d'après le tableau de Corot. Souvenir de Coubron. Dessin d'Edmond Yon, d'après le tableau de Corot. ... à Ville-d'Avray.
Le Gros arbre,
à
Gournay (Normandie). Dessin d'Edmond Yon, d'après
le
17
tableau
de Corot
La Seine
3
i5
jg
Chatou. Dessin d'Edmond Yon, d'après le tableau de Corot Souvenirs de Normandie. Dessin d'Alfred Robaut, d'après le tableau de Corot La Chaumière. Dessin de Ed. Daliphard, d'après le tableau de Corot La Dune. Dessin de Ed. Daliphard, d'après le tableau de Corot Le Lac. Dessin de Ed. Daliphard, d'après le tableau de Corot à
21 .
27
29 3i
L'Arbre penché. Dessin de Ed. Daliphard, d'après le tableau de Corot Le Port de Marseille. Dessin de Ludovic Letrône, d'après le tableau de Corot. Lac de Némi. Dessin de A. Robaut, d'après une peinture murale de Corot, dans .
une salle de bains, à Mantes, chez M. Robert Etude d'après nature par Corot, pour son tableau Robaut
23
33 35
3g
Bacchante. Dessin d'Alfred
la
Panneau décoratif peint chez Daubigny, à Auvers, par Corot. Dessin Robaut Panneau décoratif peint chez Daubigny, à Auvers, par Corot. Dessin Robaut Panneau peint par Corot chez Decamps. Dessin d'Alfred Robaut
d'Alfred .
.„
47 4g
Paysage;
effet de matin. Lithographie de Fiançais d'après Corot Démocrite. Lithographie de Français d'après Corot Soleil couchant. Réduction de l'eau-forte de Th. Chauve], d'après Corot
La Bacchante. Tableau de Corot, exposé au Salon de
1
r
4^ d'Alfred
bi
53 le
tableau de 55
865
57
Camille Corot. Réduction de l'eau-forte originale d'Ét.-Gabr. Bocourt Danse antique. Réduction d'une lithographie de Pirodon, d'après Corot Le Bouquet d'arbres. Réduction de l'eau-forte de G. Greux d'après le tableau de Corot
61
_
,
Le
Soir.
Gorot
A
Réduction de •
•
•
la
lithographie d'Auguste Anastasi d'après
le
gt,
tableau de
69
•
Fontainebleau. Réduction
de
la
lithographie d'Auguste Anastasi d'après
le
lithographie de L. Français d'après
le
tableau de Corot
^
Danse de Nymphes. Réduction de
la
tableau de Corot. Soleil couchant.
63
l
,-,3
Réduction de
la lithographie de L.
Français d'après
de Corot
le
tableau
77
Autographe de Corot
^ FIN
DE LA TABLE DES GRAVURES
TABLE DES MATIÈRES CHAPITRE PREMIER Les Premières Années
— Le
Vocation.
:
—
l'Enfant et l'Elève.
Le commis de M. Delalain
Michallon
—
et
La 3
CHAPITRE Valenciennes
—
Premier Tableau
Paysage historique.
le
et Bertin.
—
—
II
Les Premiers Maîtres de Corct
Premier Voyage en
Italie (1827).
—
Corot
:
et Aligny.
La Première Manière; YEtude du Colisce
CHAPITRE
10
III
Premiers Envois au Salon (1827) Campagne de Rome, Vue prise à Narm, etc. Second Voyage en Italie. La Re'volution dans le Paysage ( 835) Cabat, :
—
—
Rousseau
Dupré.
et Jules
—
1
Dernier Voyage en
CHAPITRE Le Baptême du
Christ (1843);
Matin
le
:
25
Italie (1843)
IV Ville-d'Avray.
et le Soir, à
Manière (1848)
— La
Seconde 37
-
CHAPITRE V Oliviers (1840). — Deuxième manière Soleil couchant; Vue du port de La Rochelle 852). Exposition universelle de 85 5 Un Concert (1857); Macbeth (i85q), etc., etc. Exposition universelle de 186;. Importance du Paysage dans l'art contemporain
Le Christ au Jardin des
:
(
—
1
1
.
—
—
—
CHAPITRE La dernière Période (1873).
—
(1875,.
—
(
1
867- 8y5). 1
Le Salon de 1874 Mort de Corot
Le Père Corot.
—
Les
—
et
VI
Production rapide la
43
— La Pastorale La Danse antique
et forcée.
Médaille d'honneur.
—
60
CHAPITRE VII Obsèques. — Un Homme de «
CHAPITRE
bien.
»
67
VIII
La Gloire de Corot
75
Iconographie, Bibliographie et Catalogue
81
fin de
Paris.
—
Imp. de
la table des matieres
l'Art. E.
Mé.vard
et
C
ie ,
41, rue de la Victoire.
GETTY CENTER LIBRARY
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