Etude sur la gravure sur bois et la lithographie, 1897

Page 1


‘



*


Digitized by the Internet Archive in

2015

https://archive.org/details/etudesurlagravurOObrac



BRACQUEMOND

ÉTUDE

LA GRAVURE SUR ROIS ET

LA LITHOGRAPHIE

PARIS IMPRIMÉ POUR HENRI RERALDI







TROIS LIVRES


TIRAGE A CENT TRENTE-HUIT EXEMPLAIRES NUMÉROTÉS


BRACQUEMOND

ÉTUDE

LA GRAVURE SUR ROIS LA LITHOGRAPHIE

A

PARIS IMPRIMÉ POUR HENRI BERALD1 1897


«


La présente étude a paru dans des Arts sous le titre

:

le

Journal

Trois Livres.

Mais l’analyse critique des illustrations

de

trois

livres

déterminés n’y intervient

que pour l’exemple,

et d’une façon

secon-

daire.

Le but

essentiel,

c’est

l’examen de

situation funeste faite à l’estampe ral (à la

la

en géné-

gravure sur bois en particulier)

par l’abandon des principes qui devraient la diriger,

par son déraillement dans cette


VI

idée fixe

:

de rendre ce qu’elle

pour exprimer.

faite

Nous visons donc, en

fait,

dans nos dix

paragraphes, les points suivants

I.

n’est pas

Un

bois doit être

un

:

bois et

non une

imitation de taille-douce ou de photographie.

II.

La lithographie n’a pas de technique

spéciale.

III.

la

totalité

L’encombrement, par

les

teintes,

de

des blancs du papier, est

la plaie

de

l’estampe actuelle.

IV.

Technique du bois

Comment

irait.

le

:

le

dégagement du

dessin doit être posé sur le

bois.

V.

Examen

critique de quelques bois pris

pour exemples.

VL

de faire

VIL

Suite.

le «

Nécessité, pour

morceau

Rôle

le

dessinateur,

».

possible

de l’amateur

confection du livre illustré.

dans

la


VII

VIH.

Rôle décisif de l’éditeur. La néfaste

chimère du bois IX.

-

« d’interprétation ».

L’unité de matière dans la page impri-

mée. Intrusion funeste de X.

la teinte.

— Conclusion. Retour au vrai

bois.



TROIS LIVRES

Un

écrivain bibliophile, qui pousse l’amour des

livres illustrés

lui

jusqu’à en faire faire exprès pour

à surveiller

et

dans tous leurs

détails

les

phases de cette fabrication, vient de mettre au jour trois volumes ornés de gravures sur bois. (Entre temps, et je veux l’en blâmer ouverte-

ment,

il

pagné patron

a produit

un quatrième ouvrage accom-

d’illustrations ,

c’est-à-dire

gillotages

coloriés

au

au moyen d'un des funestes

procédés découlant de

priment

en

la

photographie, qui sup-

les métiers d’art et

tendent à tuer

l’art

lui-même. Cet ouvrage (Paris qui consomme), je n’en parle que pour mémoire, car

procédés

si les

photographiques sont défendables par le libraire,

au point de vue commercial,

et

par

au point de vue économique,

le

bibliophile qui

les

admet

trahit le

nom

le

qu’il porte....) 1

public,


Donc noire bibliophile s’occupe de fabriquer des livres. Je dis fabriquer parce que, bien qu’il soit

lui-mème un écrivain de valeur

la sollicitude

d’un auteur pour l’impression

décoration de ses œuvres), l’exécution

du

matérielle

confié la partie littéraire à

d’après

(et l’on sait

un

à

après en

écrivain

un plan préalablement

« illustration »

participé qu’à

n’a

il

livre,

et la

avoir

comme

lui,

arrêté, et la partie

des peintres, dessinateurs et

graveurs qui ont travaillé sur ses propres indications,

sur les données qu’il possède relative-

ment aux diverses manières de procéder. C’est

donc bien à un éditeur que nous avons

affaire, éditeur original

qui diffère des autres en

ce sens qu’au lieu de travailler en vue fice

d’argent,

il

travaille

pour

la

marqué de l’empreinte de son goût chose à

la

fois

si

concrète et

si

du béné-

gloire

d’avoir

raffiné cette

complexe

:

un

livre.

Cet éditeur in partibus est M. Henri Beraldi, et les trois livres 1°

portent les titres suivants

Paysages parisiens, heures

:

et saisons,

par

Emile Goudeau pour

la

partie littéraire, et par

Auguste Lepère pour

le

dessin et la gravure sur

bois.


Paris au hasard, écrit par Georges Montor-

gueil et illustré de gravures sur bois par le

même

Auguste Lepère. 5° Les

Zouaves

duc d’Aumale.

et les

Chasseurs à pied, par le

Illustrations de Charles Morel, gra-

vées sur bois par Cl. Bellenger, Léveillé, Noël,

Volume exécuté pour

Paillard.

Société des

Amis des

compte de

le

la

Livres.

Ces trois volumes nous fournissent une occasion très heureuse d’étudier la gravure sur bois.

J’ai

et

a

grand

plaisir à féliciter

ami Lepère sur si

mon

les originales

merveilleusement gravées

jeune confrère

compositions qu’il

et

répandues à pro-

fusion dans les deux volumes dont le bibliophile lui a confié l’exécution.

Car

faut mettre ceci en vedette

il

pas seulement

un graveur

apporter dans son travail

que provoque

En

papier.

le

:

Lepère n’est

plein de talent, sachant la vibration

lumineuse

noir d’impression sur le blanc du

gravant, Lepère peint et dessine.

peut dire qu’il voit en peintre

et

traduit

On en

graveur.

Avec

la

pointe

de

son burin

il

sait

trouver

l’équivalent de la tache colorée et aussi, ce qui


est

encore plus précieux, la valeur établissant

modelé,

l’effet

le

de son dessin.

Ses compositions, où semble dominer la fantaisie,

sont strictement exactes. Et cependant, pour

reconnaître l’effet

«

la

vue

»

qu’elles reproduisent,

Parisien

C’est

!

il

que Lepère ne

seulement de montrer

représentent,

qu’elles

telle

faut

œil de

contente pas

se

rue,

un

tel

quai, telle

veut y ajouter la couleur de chacune des heures du jour et de la nuit, du moment où il a bâtisse,

saisi

il

son sujet, qui aurait pu chaque

ner un tableau, mais dont

il

fait

une

est rare

été

conçue

à

vision de peintre. Cette faculté de voir

parmi ceux du

« bois », et cela n’a rien

d’étonnant, car elle est peu peintres

don-

simplement une

gravure d’autant meilleure qu’elle a travers

fois lui

eux-mêmes.

commune

chez les


1

toujours été amateur de « bois »

J’ai

que

loin

nirs, je

je puisse

me

Tout enfant,

me

reporter dans

muni d’une

vois j’ai

débuté par

;

aussi

mes souve-

collection d’images. les

images d’Épinal,

qui, en ce temps-là (vers 1845), étaient gravées

sur bois; puis, en grandissant, je les dédaignai

pour des lithographies au Charivari’, des

pris

:

des Gavarni, Daumier,

Raffet, dont la

provenance

m’échappe aujourd’hui. Je possède encore belles pièces,

pour

elles, se

l’expérience,

et

mon

affection,

mon

ces

admiration

sont accrues en raison directe de

du discernement

permis d’apprécier

d’art,

qui m’ont

les qualités diverses

mais tou-

jours exquises de leurs auteurs. Je ne sais plus fit

entrer dans

si

c’est leur influence

l’atelier

qui

me

d’un lithographe pour

apprendre un métier, mais quand, plus tard,

le


G

peintre

Joseph Guichard, grand amateur d’es-

tampes,

lui aussi,

les

fit

copier en

me les vit dans les mains, il me même temps qu’il me donnait des

leçons de dessin d’après la bosse.

Ce fut

de son côté,

lui qui,

me montra

mières estampes gravées sur bois que splendeurs

superbes

italiennes d’IIolbein

assaillirent

mon

xvi

les

la

:

estampes

Dürer! Quelles

miennes,

cerveau à

vues

j’aie

siècle,

d’Albert

et

furent

admirations

du

e

pre-

les

quels

rêves

contemplation de

ces merveilles faites de force et de délicatesse

!

Mais, aussi, de quelle intransigeance d’opinions et

de jugement je

mon

pus comparer

avec

esprit

la

ne

fut-il

pas

lorsque

simplicité noble de ces œuvres

banalité précieuse et molle

la

saisi

du métier de

lithographe dans lequel j’étais claquemuré!... Je

m’en échappais bien de temps en temps par une eau-forte ou

un

dessin, mais j’y devais fatalement

retomber. Depuis, tout le bois,

tives

la

s’est classé; j’ai

compris que pour

pierre ou le métal, matières produc-

d’estampes, un seul principe, celui de

distribution

logique des ombres et

des

la

lumières

,

actionne tous les procédés dans les divers métiers des arts.

Ce

principe,

les

estampes

maîtresses

du


xvi

e

que

siècle le

montrent à

l’état

de pureté, quelle

ou

soit la matière, cuivre, fer

bois,

dont elles

procèdent. Aussi, les images de cette époque sontelles

pour

tampe

mon

un

et possèdent-elles

sur toutes

les

« antiques » de l’es-

esprit les

droit de préséance

productions similaires,

comme

les

antiquités grecques en ont un sur tout l’ensemble

des arts. Mais, ceci posé dire aussi que

comme

mes

point de repère, je dois

répulsions,

mes dédains de

jeunesse, ont disparu, et pourvu qu’une estampe porte en elle le signe de sa nature, la dissimulée

jour,

du métier qui a

c’est-à-dire qu’une

servi

marque non

à la mettre au

lithographie

soit

bien

UNE LITHOGRAPHIE, QU’UN BOIS SOIT BIEN UN BOIS ET TAILLE-DOUCE OU

Un faux

semblant de crayonnage quelconque, ou

même un

NON UNE IMITATION DE

faux semblant de simili,

car à présent la gra-

vure sur bois vise à imiter la simili

!

cette

estampe, montrant son métier originel, a droit à toute

Je

mon

attention.

demande donc au

bois qu’il soit franche-

ment COUPÉ PAR DE BELLES TAILLES BLANCHES LAISSANT

leur réserve bien noire. Ainsi en situation d’exprimer

l'art

traité, le bois est

qui lui

est

propre,

le


dessin qui lui est naturel. Dans ce cas, le moindre fleuron, la plus l’attention. Et

manuelle,

lion

minime

si,

en outre des qualités d’exécu-

le

dessin que représente ce bois

formé par des ombres

est

quant des contrastes

ment

distribués,

et des

clairs

la

production de tous

taire soit-elle,

Dans

mes

d'un bon modelé

,

malgré l’abondance temps;

les

on ne saurait trop

si

rudimen-

méditer.

la

cet état d’esprit, résultant sans doute de

perquisitions à travers tous les métiers des

arts,

me

lumières provo-

obscurs logique-

et

c’est-à-dire

c’est l’œuvre toujours rare,

de

ornée doit fixer

lettre

aucune manifestation où

laisse

l’art

apparaît ne

indifférent, et, sans vouloir

des œuvres incomparables entre elles,

comparer j’ai

cru

parfois retrouver dans des productions courantes

d’aujourd’hui, dans des gravures sur bois dont

usent et abusent nos libraires et nos journaux illustrés, la

même

d’expression que

essence d’art, celle

dont

possédaient

le

crayon avec

la simplicité

les

la

même

loyauté

anciens maîtres

secret et qui s’échappait de leur

de l’eau coulant d’une

source limpide el abondante.

En remontant xvi

e

si

loin

siècle et l’antiquité, j’ai

et

si

haut dans

suffisamment

dit

le

que


•J

je

ne voulais ni établir de comparaison entre nos

artistes et les anciens, ni tracer

de programme de

métier immuable; mais, par contre, je

donné

la liberté d’allure sur

un ferme

me

suis

terrain de

discussion, en m’abritant derrière ces deux élé-

ments inséparables dans une œuvre, quoique ciles à disjoindre

:

le

saurait abuser

du dessin; un principe ne

peut s’exagérer; on l’affirme; on 11e

principe d’art

franchise d’exécution (le métier).

(le dessin) et la

On ne

dans l’examen

fa-

le

dégage; on

peut que l’appliquer dans toute sa rigueur;

mais

il

y a des excès de métier, de fausses inter-

prétations de procédés (trop d’habileté nuit), des

erreurs dans la proportion des moyens, dans la

proportion des

effets

Donc, règle immuable

la

:

mesure de

la

valeur

d’un dessin, d’une lithographie, d’un bois, est la quantité de modelé qu’il contient. Avec ce crité-

rium, on peut aborder

le

jugement des œuvres

d’art.

Libéré de toute comparaison avec les maîtres antérieurs, et, d’autre part, croyant connaître la

nature des moyens de

la

gravure sur bois

et

son

expression propre, je n’éprouve aucune hésitation à dire ce

que

je

pense de ce métier spécial.


— beaux

plus

Les

mon

viennent, à

Il)

temps pro-

de noire

bois

avis, des dessins

de Daumier, de

Gavarni, de Gigoux, de Tony Joiiannot, avec, pour ce dernier, cetle réserve

j’entends désigner

ici

que

:

gravures que

les

sont celles dont

dessins au renouveau de

donna

il

les

gravure sur bois en

la

France, vers 1850, c’est-à-dire quelques vignettes

de publications romantiques, quelques

journaux, et

fadeurs du

les

de

la

car

c’est tout; joli,

Edmond Morin,

pour lesquelles

neuse dont

il

si

du

le

commerce

grande tendresse.

lui aussi, sut faire

aspects sommaires

de

tomba ensuite dans

il

librairie éprouve une

litres

exprimer aux

bois la composition lumi-

éclairait ses tableaux et ses délicates

aquarelles. Tous

les bois

de fantaisie brillante.

Morin

de

En

sont des modèles

élevant à

un degré qui

n’a pas été dépassé le genre dont son originalité était faite,

il

fut le créateur d’un type de gravure

sur bois. Chez la teinte

était

ce n’était plus le trait isolé ni

lui,

absolue; mais,

si

bien souvent

massé par des touches de

lavis, sa

le

dessin

plume ou

son crayon indiquait toujours sur celle teinte sens de

la

taille.

Bref, Morin modelait

un

le

effet

avec une économie savante, économie qui, de son vrai

nom,

s’appelle

un grand

C’est encore à l’aide

talent.

d’une extrême simplicité

'


11

de moyens, simplicité établissant néanmoins

plus parfait dans

modelé

le

tableau,

comme pour chacun

ou chose

l’effet

le

général du

des détails

être

représentés, que Charles Keene, col-

laborateur du Punch, a dessiné les bois qui

com-

posent son œuvre considérable. Les dessins de Keene, habituellement exécutés à la

plume, obligeaient

graveurs à des travaux

les

identiques à ceux des anciens bois, ce qui ne leur retire

en rien leur allure essentiellement mo-

derne, car

l’artiste anglais

ne

se

rapproche des

anciens que par les éminentes qualités de son

modelé.

Ai-je besoin d’expliquer

ici

j’entends ce que plus haut position

j’ai

nommé

la «

com-

lumineuse » du tableau? La technique

des arts est encore

tissement ne Ici,

que, par « modelé »,

me

si

mal expliquée que

cet aver-

paraît pas superflu.

une parenthèse, sur un

sujet

un peu ardu,

peut-être, mais qui a besoin d’être traité à satiété

pour qu’on arrive enfin à s’en pénétrer. La composition lumineuse d’une œuvre, de toute

œuvre

d’art, est,

au point de vue technique, bien

autrement importante que composition théâtrale,

la

la

matière

littéraire, la

mise en scène du sujet.


La tou le

composition

lumineuse

œuvre

est la vraie,

d’art,

d’une

œuvre,

de

au point de vue

technique. La composition littéraire, théâtrale,

dans

sujet doit être classé

que

les arts

les

le

tendances abstraites

mettent en mouvement

et

qui font

partie de leur bagage métaphysique.

La composition lumineuse, alimente le «

les arts. Il

n’est

c’est

1

e principe qui

que temps de remettre

principe » en avant. Grâce à lui seul on peut

débrouiller l’art dans ses complications extrêmes,

dans l’incohérence des idées

et le désarroi

des

faits.

Après avoir distingué

l’art et le sujet,

on distin-

guera

l’art et le

vent,

par son métier, habile jusqu’au

l’œil,

par l’adresse, par

métier. Pas toujours facile! Sou-

le

trompe-

tour de main, par

la

savante routine, une œuvre donne le change sur l’ignorance des principes sans lesquels

il

n’y a

pas d’art, mais simple exercice machinal d’un

métier Je ne m’occupe qu’il

serait

lois

nue de gravure. Sans

intéressant

œuvres peintes ignoré les

ici

dont

les

d’examiner auteurs

ont

cela,

certaines

toujours

naturelles qui régissent la distribu-

tion des lumières et des

ombres,

les

valeurs

!


Et ces œuvres peintes montrent souvent une exécution ouvrière supérieure

!

Notez bien que je suis loin d’avoir pour métier aucun dédain. et Ingres,

Il

est

hautement estimable,

dont on ne saurait trop répéter

sur les arts, disait

:

le

les

mots

Quand même vous auriez pour

cent mille francs de métier, achetez-en encore

pour

deux sous.

On demande seulement que tienne à sa place, avec lui est

le

métier se main-

degré d’importance qui

le

légitimement dû, ni moins ni plus, dans

l’ensemble des éléments qui constituent l’œuvre d’art.

Ce degré d’importance relative des divers élé-

ments qui constituent l’œuvre littéraire qui

s’est,

d’art,

la critique

donné mission de juger

l’art

V ignore absolument. Elle s’enferre sur ce qui dans l’art est le côté

trompe-l’œil, et se débat dans le

vide, sans parvenir à expliquer,

même

à discerner

ce que parfois elle ressent vivement.

On

pourrait faire

à l’appui.

une

belle récolte d’exemples

Un seulement,

cueilli

d’hier dans

le

Figaro. M. de Vogüé y assimile la peinture de Burne-Jones à l’œuvre de Léonard de Vinci....

Comparer

à

la

légère la

manifestation

d’un


instinct

fantomatique

et

d’un sentimentalisme

très distingué, étayé de réminiscences italiennes

s’accordant au petit bonheur, avec

plus vaste et

la

plus profonde dans l’expression

du principe fondamental des Revenons

science la

la

arts!

Oh

!

à la gravure.

La belle conception

d’effet,

obtenue par des

travaux indépendants de toute imitation servile avec

Keene

lesquels Morin et

leurs

écrivaient

dessins sur le bois, peut sembler m’avoir entraîné

bien loin de

mon

sujet.

pousser une pointe dans

comment

ture, car

nique de

la

Il

n’en est rien.

le

domaine de

parler de

l’art et

gravure sans parler de

la

de

J’ai

la

pein-

la

tech-

peinture, qui

possède en elle l’entière expression du dessin,

modelé

et la couleur, et

qui fournit à

la

(directement, pour le dessinateur qui

lui-même; indirectement, pour

le

le

gravure

se

grave

graveur-traduc-

teur) toutes les formules de distribution de lumière

possibles? Et, encore c'est

une

fois, la distribution

toutl C’est le principe.

chose. Cette distinction

lumineuse,

Le métier

du principe des

est autre arts et

de

leurs métiers, voilà la chose aride et mystérieuse.

La critique y perd son encre.


Il

Il

la

me

faut

maintenant examiner

gravure sur bois

et étudier

prend possession du dessin pour par

le

moyen de

la

Concurremment de

la

gravure sur

la

technique de

comment

ce métier

transmettre

le

presse typographique. je

veux comparer

le

métier

bois avec celui de la litho-

graphie.

Très dissemblables entre eux, ces procédés, par leurs différences et certaines analogies, peuvent

mettre en évidence des points qui intéressent la pratique des métiers producteurs d’estampes dans leurs rapports avec l’art lui-même.

La technique lithographique elle s’offre

est facile et légère;

d’elle-même à quiconque

sait tenir

un

crayon, tandis que celle de la gravure sur bois,

d’un

apprentissage laborieux,

est

d’application


une œuvre

délicate, lorsqu’il s’agit d’en extraire

d’art méritant ce nom.

La lithographie n’a pas de métier

le

:

qui s’exerce sur une pierre spéciale avec

passant

un crayon

savonneux ou qui éclabousse celte pierre d’une encre de

même

nature

une lithographie dont

fait

la valeur d’art est égale au dessin qu’il exécute-

rait

sur du papier.

On

moindre

effort l'intérêt

que méritait l’œuvre de ce passant

lorsqu’il s’ap-

donc sans

saisira

le

Prud’hon, Ingres,

pelait

aujourd’hui quand

il

Delacroix,

nomme

se

Barye... et

Fantin-

Degas,

Latour.

On

pourrait étendre

presque tous l’art

la

les artistes

nomenclature

dont

les

de notre temps; car, malgré

le

illustrent

peu de durée

aucun procédé producteur

de sa pratique,

tampes n’a

noms

et citer

été aussi

d’es-

généralement exercé que

la

nom

de

lithographie.

A

côté des artistes désignés

passants,

il

appliquer le fois,

en

est d’autres

sous

Chéret....

Mais

catégorie d’artistes

le

auxquels on pourrait

qualificatif àe permanents-,

Daumier, Gavarni,

d’hui,

ici

tels,

autre-

Raffet, Devéria, et, aujour-

comme

ne sont

et

l’une

et

l’autre

ne peuvent être

actionnées, dans leurs pratiques éventuelles ou


— constantes, que par

pour aboutir à illusions de

sous

A

un ce

la

la

17

un

seul et

même

principe,

représentation des formes, aux

lumière, elles doivent être réunies

seul vocable, celui de dessinateurs. titre,

œuvres ni

la

et sans

comparer entre

personnalité

elles ni les

on doit

des auteurs,

hautement affirmer que Ingres, Delacroix, Daumier, sont de grands dessinateurs. parce que savants, savants par

apportent dans

la

Ils

sont grands

rigueur qu’ils des

les applications diverses

lois

naturelles de la lumière; applications volontaires

donnant à

la

distribution des valeurs,

contrastes provenant de

expression

des

formes

dominant de toute l’observation

la

la ;

comme

aux

la

suprême

applications

logiques

couleur,

puissance d’un principe

momentanée

et

empirique appelée

par les artistes « étude d’après nature ».

Placé incidemment dans cette direction d’idées, je ferai traire

remarquer que

si

mon

langage est con-

aux usages bénévolement admis,

jusqu’ici, la critique des arts, en

un

c’est que,

sens, n’existe

pas.

La

raison

en

est

que

arts ont complètement

les

professionnels

des

négligé d'en formuler la

technique. 2


18

Comment

voulez-vous vraiment que des écri-

vains, aussi clairvoyants qu’ils puissent être,

qui, placés devant

mais

une bosse, ignorent complète-

ment de quelle façon

s’opposent,

se classent et

s’enchaînent les valeurs claires et sombres qu’ils ont sous les yeux,

— eomment-voulez-vous

qu’ils

puissent concevoir et ensuite expliquer aux autres la loi

qui établit les plans et l’ordre des idées qui jeu des lumières et des ombres pour

conduisent

le

parvenir à

la

construction et à

des formes

et

des effets lumineux?...

Cette insuffisance d’éducation les littérateurs est d’autant

représentation

la

technique chez

plus évidente que les

peintres, les graveurs et les architectes, qui

sem-

blent être les dépositaires naturels de ce mystère,

rien parlent jamais entre eux. Et,

sous

si

par hasard

ils

en écrivent, ce n’est que

une forme énigmatique, en

rébus,

par

cette

raison

manière

qu’eux-mêmes

de

n’ont

jamais entendu parler simplement et avec clarté de leur technique, et surtout n’ont jamais vu les pratiques spéciales de leurs métiers dégagées de toute la métaphysique dont l’Art est obstrué.

Car

là est le

point précis, délicat à l’extrême à

discerner, où toute entreprise de critique concer-

nant l’Art et ses métiers dévie de sa voie ou,


— comme on ment,

dit

en architecture,

abandonne

et

19

jeter sur le côté

que

littéraire

un décroche-

technique pour se

côté

le

fait

les

calligraphies

spéciales appelées « les Arts » mettent en

ment comme éléments Confondre

mignon Il

le

péché

de tous les praticiens des arts.

donc

est

gens de

très excusable,

on peut dire, que

qui ont inventé

lettres

commentateur des

— ne

d’expression.

but et les moyens est

le

mouve-

arts,

à

la

les

profession de

compter de Diderot,

fassent ni ne puissent faire autrement

que

les

maîtres peintres ou sculpteurs qui ont écrit

sur

les

mêmes

C’est tout ce

matières.

que

je voulais constater

stant; mais, à l’appui de

me

faire

pardonner

qui précèdent, je

la

me

mon

pour

l’in-

affirmation et pour

durée des considérations

permets de raconter l’anec-

dote suivante.

Dans

ma

jeunesse, j’allais fréquemment dîner

chez Daubigny, où se réunissaient, dans l’intimité, des artistes dont

ment du

conversation sautait brusque-

torse antique

amarrés devant jou).

la

la

aux bateaux de pommes

maison (cela se passait quai d’An-

Les aperçus pleins de verve sur «

l’Étude


— nature

d’après siccatif

ou

»

de Harlem

20

— comparés du

mérites

les

de l’huile grasse étaient sou-

et

vent interrompus par une joyeuseté venant à l’esprit de l’un des convives, lesquels n’étaient autres

que Corot, Daumier, Geoffroy Dechaume, Débutant un peu timide,

honoré de

me

trouver en

j’étais fort

belle et

si

si

etc

heureux

et

noble com-

pagnie.

A

tout propos et hors de propos,

Ingres était tistes,

le

nom

de

évoqué dans cette chambrée d’ar-

son œuvre, du reste, étant de ceux qui ne

laissent

personne indifférent

restriction, ou

il

:

on l’admire sans

gêne celui qui ne comprend pas.

Que de sarcasmes à son adresse tendus dans ce milieu dont souvenir

j’ai

n’ai-je pas

gardé un

si

en-

bon

!...

Un jour, Daumier contre l’œuvre

son entrain à

s’était

singulièrement acharné

du grand maître moderne; avec

la fois

menait rondement

bonhomme la

fanfare

d’anathèmes qui accablait Ai-je besoin d’ajouter que

et

goguenard,

il

d’irrévérences et

l’objet

de

mon

la critique de

culte.

Daumier

ne s’attaquait qu’aux parties purement sentimeninjustement à

tales

de l’œuvre qu’il attaquait

mon

sens. C’étaient l’esprit rétrospectif et le côté

si


le

littéraire,

de cet œuvre qu’il blâmait.

sujet

Cetle soi-disant épuration de la nature, la Beauté,

qui offre l’apparence du but suprême des arts,

une

était

mais

cible

amas de

cet

n’étayait

il

de ses

toujours criblée

d’aucun raisonnement technique, puissant dessinateur aurait

ments à ce

sujet.

En

métaphysique pourtant

et

soient

Daumier,

cela,

les arts (à

ici,

moi-même; mais

rageais en

misères des arguments polis.

vant tenir, je

Daumier

à

mon

fis

tête

tour

et

lui dis-je, vous,

du maître

1

}...

En

de

défense aux

la fin,

j’attaquai

n’y pou-

bravement

:

— Comment osez-vous Daumier,

A

ma

la

soit, j’en-

l’autorité

l’âge,

contradicteurs, réduisaient

tarti-

simplement

façon d’agir des artistes). Quoi qu’il en

mes

suivait

moins que ce ne

imitent tout

ceux-ci qui

le

pu trouver des argu-

l’exemple des gens de lettres lorsqu’ils «

nent » un article sur

traits;

le

parler ainsi, monsieur

un

imitateur,

critiquant, en le

un

copiste

blâmant

comme vous le faites, vous vous vilipendez vousmême; car votre modelé et le sien sout identiques, et comme vous ne pouvez prétendre le lui avoir enseigné, je suis fondé à croire que vous lui avez pris sa

manière de distribuer

les

ombres

et les


lumières.

Comme

vous obtenez

lui

formes par des masses

sombres et

et

non par des

et limitez vos

des lignes claires ou

et

traits;

comme

lui

encore,

non davantage, malgré vos pointes acérées sur

sa couleur, vous avez le respect absolu et logique

de

valeur locale, élément d’effet qui donne au

la

dessin en blanc

noir

et

la

puissance colorée, sans

introduire aucune confusion dans les plans lors-

que,

comme

sède

le

de

même

la

c’est votre cas à tous

deux, on pos-

mystère du modelé. Tous deux vous êtes école

et,

comme

preuve de ce que

j’avance, placez à côté l’une de l’autre

la

graphie <pie Sudre a copiée d’après

Chapelle

Sixtine et celle que vous avez faite

qui s’appelle:

le

terez entre ces

signale

et

deux pièces

un

et

les

analogies que

je

qui font de vous, Daumier, un plagiaire

la

vil

même

de son génie!

meute des convives, bondissante

aboyante, de s’écrier C'est

vous-même

Ventre législatif, et vous consta-

de Ingres dans l’essence Alors,

la

litho-

:

Pas de

flatteur;

faiblesse,

et

Daumier!

ne vous y trompe z pas;

achevez, achevez son idole!...

Mais Daumier, calmé tout à coup et sa curiosité

ironiquement

— cela....

Vous

éveillée,

croyez?...

Il

me

répondit

:

faudra que je voie


23 Ainsi,

un groupe

métiers des arts

avec

d’artistes,

pratiquant

les

une supériorité reconnue

par leurs confrères, semblait ignorer, par oubli

de

la

technique

,

non pas un maître, non pas

une œuvre, mais l’élément sans lequel d’art!

il

essentiel, le principe

ne peut y avoir

ni art ni métier


lit

Le

mène

nom

Sudre que

je viens d’écrire

à la lithographie avec

d’artistes

ment

(le

:

me

une troisième

ra-

série

ceux-ci se vouant plus particulière-

à la reproduction professionnelle des

œuvres

d’autrui plutôt qu’a la création d’œuvres personnelles. C’étaient Sudre, le

premier en date, Aubry-

Lecomte, Moui lleron, Eug. Leroux des survivants, a

il

vu s’effondrer

faut

la

nommer

A

la

tête

Jules Laurens, qui

lithographie,

que

l’on pouvait

croire pleine de santé et de vie.

Si la

lithographie possédait

indépendant,

comme

un métier complet,

en possèdent l’eau-forte,

taille-douce et le bois;

si

elle avait

un

la

outillage

spécial, des formules particulières, des écoles dif-

férentes, tout cela résultant de son travail

du fameux

même,

grain dont la régularité, la finesse et


25

velouté semblent être le suprême but de ceux

le

qui s’intitulent « lithographes », ce serait naturel-

lement dans

les travaux

que nous trouverions

les

de cette troisième série plus beaux exemples de

lithographies.

Or,

il

n’en est rien. Malgré

la

qualité d’art

des pièces qu’on pourrait citer dans l’œuvre des « lithographes »

graphique

de traduction,

la

est plus franche, plus

crayonnages lithographiques dont pas dissimulé par

le « grain ».

matière litho-

pure dans le

Même

tracé n’est

dans

d’un croquis de celui qui ne s’attaque à « qu’en passant », est

et

de greneur, dont

que ne frappe

la

le jet

pierre

cette matière lithographique

encore plus nette

travail

les

plus pure que dans la

un

minutie frappe avant

la représentation

de l’objet!

Je ne fais qu’énoncer cette opinion sans l’analyser

en

vation,

détail.

Mais j’en veux déduire une obser-

absolument

notre sujet

capitale, et qui est la clef de

:

La lithographie, par entraîne

le

praticien

toutes les valeurs

obliger celui qui

que

la facilité

de son procédé,

à Yimitation complète

de

lui offre la peinture, sans

exécute

la

copie à

l’effort

de

décision et de choix, à la transposition des valeurs,


26

laquelle transposition amenait les anciennes gra-

vures classiques à exprimer la lumière, en laissant

immaculé

le

blanc du papier.

C’est-à-dire

de

la

que

crayonnage abondant et

le

lithographie pousse

le

traducteur à vouloir

tout dire, tout exprimer, jusqu’à la

variation de nuance. Et il

en rajoute! Et

des teintes, sans la surface

C’est en

il

il

facile

en met,

et

plus légère il

se trouve entraîné à

en met,

aucune réserve de blanc, sur

du papier occupée par

le

toute

dessin.

grande partie pour commenter ce

déplorant, que je

me

et

V extension

en

le

la

présente étude, et vous voyez que je n’y

fait,

livre à la rédaction

de

fais

rien de paradoxal ou de forcé en passant par la

lithographie pour arriver à expliquer les manières d’être et d’agir de la gravure sur bois.

Ces deux procédés, égards,

commun dire,

ont

entre

si

eux,

dissemblables

maintenant,

à

ce

tous point

de se diminuer, de s’évaporer pour ainsi

dans

les facilités

de leur virtuosité technique,

virtuosité particulièrement manifestée

vahissement des teintes sur toute

la

par

surface des

œuvres dessinées spéciales, qui portent générique

d’ «

estampes

».

l'en-

le

nom


27

L’encombrement de la totalité des blancs

du

PAPIER EST UN DES SYMPTOMES DE l’ÉTAT MALADIF DE l’art moderne, état maladif dont le diagnostic est ceci

confusion entre

:

lumière elle-même et

la

couleur de cette lumière; autrement des plans en faveur de

la

dit,

la

oubli

couleur, laquelle couleur

impropre à représenter autre chose

est d’ailleurs

qu’elle-même!

formule paraît obscure au lecteur,

cette

Si

et le laisse hésitant,

d’un exemple Voici

il

serait facile

:

un producteur d’estampes, par un procédé

quelconque.

Il

veut reproduire

couvert de vieux vernis. façons 1°

de l’appuyer

un vieux

tableau,

peut agir de deux

Il

:

Suivant l’ancienne tradition de la gravure,

en transposant toutes

les valeurs

de sa copie de

façon à réserver, dans la conduite de ses travaux, le

blanc pur du papier pour les lumières de

En

l’estampe.

agissant ainsi

teur du tableau,

lumineuse 2°

En

fait à

il

aura,

comme

l’au-

son tour une composition

;

imitant, au

hasard de

la

calligraphie

spéciale à son métier, losange, grain, surcoupe,

ou autre, en imitant,

dis-je, toutes les

nuances


colorées qu’il aperçoit sur (Il

en met,

couvrir

en met!) Et

il

le

tableau à reproduire. arrive, petit à petit, à

il

surface entière de son papier par l’imi-

la

tation puérile et néfaste de la valeur et de la cou-

leur des vernis

vrent

le

tableau

vieillis, roussis et

comme un

salis

qui cou-

voile.

C’est ce voile qu’a reproduit le praticien;

oublié

moelle de l’œuvre,

la

confusion entre

le

peindre

et n’a peint

bref,

il

détruit et

main

que

le

;

il

sion

:

le

a

a fait

il

a cru

brouillard;

pour des lanternes

a pris des vessies

l’équilibre entre

la

modelé;

et

deux termes théoriques

pratiques concourant à l’élablissement

estampe

blanc du papier et

le

d’une

noir d’impres-

!

À et

le soleil

gant et

le

il

de

l’encontre de l’opinion de certains amateurs la

plupart des artistes, je prétends que ce

n’est pas le noir, le beau nouâr, dont l’admiration

leur emplit

la

bouche, qui constitue l’élément fon-

damental de l’estampe.

Ceux qui pensent

ainsi

sont pervertis par l’encre d’impression.

Le noir, représentant de disposition complète la

main;

il

l’obscurité,

du graveur;

celui-ci

est à l’a

la

dans

en augmente ou diminue l’intensité;

il


29 le

manie,

façonne et

le

le

pruntant

collaboration

la

obtenir ce noir, en

distribue à sa volonté;

même,

quelquefois, trop souvent

façonnages auxquels

l’imprimeur pour

de

un mot,

graveur em-

le

matière obscure est sou-

la

mise parle graveur, sans qu’elle oppose

ne tendent qu’à un but

résistance,

pour ainsi

celui-ci représentant la

Comme

papier,

le

:

la le

moindre mélange

élément inerte, non ma-

et l’accord avec l’autre

niable, négatif

Tous ces

le fait.

il

dire, le blanc

lumière

du papier,

son activité.

lumière de

la

échappe en apparence à

et

l’action

l’estampe

du graveur, qui

jamais n’y touche, qui jamais n’intervient dans sa préparation

;

on en arrive

ainsi à croire

que

la

matière-papier est chose secondaire et presque négligeable pour

Eh bien métiers

!

de

semble tenir tion

le

graveur!

à travers toutes les manipulations des

l’estampe, le

lesquelles

le

noir

premier rang, l’unique préoccupa-

du graveur

est dirigée

valeurs que le blanc

L’élément

dans

par

la

composition des

du papier met en évidence.

fondamental de l’estampe, c’est le

BLANC DU PAPIER.

C’est lui,

en

elfet,

qui, dans

une estampe,

à


— de

l'imitation

50

lumière

la

l’élément sensible et agissant. réserves,

les

tailles,

représente,

qu’il Il

est

scintille à travers

hachures,

griffonnis

des

grains de toutes les gravures. Sa faculté agissante, il

la

démontre en nuançant de valeurs diverses de blancs laissées par

les réserves

sur

les

les praticiens

plans lumineux, chacune de ces réserves

donnant

l’illusion

d’une teinte différente, plus

lumineuse, luisant davantage que sa voisine, bien

que toutes soient restées intactes d’un

travail

quelconque de gravure ou de crayonnage, aussi intactes

que

les

marges de l’estampe.

Telle estampe semble offrir toute

de blancs variés; et cependant

une gamme

c’est

le

même

blanc, le blanc intact du papier, mais qui joue

différemment, par contraste avec

Mais comment, par quel

le

artifice,

noir!

quelle recette,

quel « tour de main », s’obtiennent cette variété et cette délicatesse d’effet qui

provoque

le

contraste

entre elles de toutes les valeurs des plans lumi-

neux, sans y toucher pour ainsi dire? Ce n’est pas par un tour de main, ce n’est pas

par une

recette

qu’on

fait

parler le blanc de

papier; ce résultat n’est obtenu que par l’élément

qui forme

la

base de toutes les actions des arts,


51

— par

le

modelé,

distribution logique des

la

valeurs claires et obscures, agissant en conformité

de

qui règle

la loi

les faits et gestes

de

la

lumière

naturelle.

A pas

de

considérer les œuvres, ce

un mystère pour la

par

le

fait n’était certes

les anciens. Faites le calcul

part occupée, dans les estampes anciennes,

blanc pur du papier!

C’est

primer

donc une bien grave

affaire

que de sup-

simple en apparence,

cette chose si

présence du blanc dans

la

la

composition des valeurs

d’une estampe! C’est

méconnaître

lumière

la

même

dans

la

représentation des formes, dans la composition

des

effets. C’est

remplacer l’élément

sidérable des arts par

une

le

plus con-

virtuosité manuelle.

Combien de noms, combien de pièces tionnelles

j’avance,

tradi-

pourrais-je citer à l’appui de ce et

même

pour commenter

que

certaines

exceptions très recommandables Abstenons-nous !

les

exceptions

aujourd’hui

beaucoup.

confirment

la tradition

la

semble

règle, lettre

dit-on,

;

et

morte pour


52 Il

y a

longtemps que

je la fais, cette

guerre à

l’emploi systématique des teintes couvrant toute la

surface

du papier des estampes; mais

sont vaines. Je suis curieux de voir

pourra avoir une action plus efficace!

si

les paroles la

plume


IV

du

Je passe à la technique

miner

bois, et je vais exa-

:

Comment, d’une

part, est posé sur le bois le

un

dessin que, d’autre part,

praticien spécial (le

coupeur de bois de Philibert Delorme) mettra en état d’être J’ai dit

Au avec

imprimé par

praticien,

la

je n’ai

presse typographique.

pas dit graveur.

point de vue technique absolu,

le bois,

métier actif de graveur

passif de praticien, n’ayant

tomber

les

parties inutiles

:

il

n’y a pas,

il

y a

métier

uniquement quà faire

du

bois, les parties

non

couvertes par le dessin. C’est, à

d’épargne,

dans

le

proprement parler,

dénommée

et

la

gravure en

taille

pratiquée par les orfèvres

façonnage des émaux, bien avant l’im-

primerie. Mais elle n’a pas cédé son

nom 3

à la


nouvelle venue, lorsque celle-ci

forme de Depuis,

est

apparue sous

la

caractères-lettres et d’imagerie de livres.

la

gravure sur Dois » est restée mal

«

nommée, prenant son nom de non de

travaille et

la

matière qu’elle

l’essence de sa pratique.

dira-t-on? Ces petits

Petit détail,

détails suf-

fisent quelquefois à tout perturber.

Comment

le

dessin est-il mis sur

le

bois?

C’est bien simple.

Primitivement,

vieux jeu (qui est encore

le

meilleur au point de vue de le

dessinateur,

à

l’art) consistait,

exécuter sur

la

dressée d’un bois, à l’aide d’une pointe d’un crayon,

un

de traits qui, disposés

sujet

le

pour

surface bien

plume ou de

la

uniquement composé

au hasard de

la

verve

ma-

nuelle de l’auteur ou systématiquement rangés en

hachures, à

la

façon des tailles-douces, suffisaient

amplement

à

représenter les formes, les effets

lumineux qu’on attendait de

la

gravure sur bois.

Celte manière de faire a longtemps suffi à créer les

chefs-d'œuvre d'art

gravure sur

qu

elle est

un

lois se

et

même

de métier dont la

prévaut quand

elle

soutient

art.

Ainsi couvert de son dessin,

aux soins du praticien, dont

la

le

bois était confié

mission consistait


oo

à enlever (champlever) autour de chacun des traits ,

formant

le dessin, toutes les parties

c’est-à-dire

bois,

plume ou

le

celles

par

la

crayon du dessinateur.

comporte une habi-

Certes, ce genre de travail leté

blanches du

laissées intactes

extrême, une dextérité de main exigeant un

entraînement savamment réglé, mais cette habileté se

résume, pour

le

graveur, à ne jamais per-

mettre à son outil d’entamer celles

du dessin

qu’il

la

moindre des par-

chargé de mettre en

est

relief.

Le graveur sur bois ne

fait

pas le noir,

il

le

de creuser

la

réserve. Le noir, c’est la taille qu’il épargne.

Le métier du vrai graveur, taille.

Or, le praticien

taille, il la

du

c’est

bois ne creuse pas la

dégage.

Loin de moi

la

pensée de diminuer l’impor-

tance de la gravure sur bois et le talent de nos praticiens

:

certes je

ne

les

veux point chagriner;

mais nous parlons technique

pour

les

considérations

de

;

il

n’y a pas place

sentiment

exposer avec rigueur l’appoint apporté à le

:

j’ai

l’art

par

métier du graveur sur bois. Cet appoint est, d’ailleurs, considérable.


Par son essence,

métal) est un timbre Si l’on

gravure en relief (bois ou

la :

rien autre.

veut lui faire chanter les fioritures ordi-

naires de la lithographie ou de la manière noire,

on risque fatalement d 'imprimer de

la

confusion,

de l’incohérence, de l'obscurité.

Non pas que

l’encre devienne plus obscure

que

pour une autre gravure, mais par absence de logique dans

modelé,

le

la

lumière se dérobe

:

elle est absente.

Car l’accumulation des teintes et leur dégradation ne

remplacent que

imparfaitement

très

modelé, qui, de sa nature, n’est pas «

graduer des teintes l’ombre », ainsi que

depuis l’écrit

et,

pour

de

lumière jusqu’à

la

M. Jules Breton, mais

qui est, pour les sculpteurs, plans,

l’art

le

les peintres,

la construction des

la distribution des

valeurs.

Ces soubresauts dans les définitions sont fré-

quentes dans

la

technologie des arts.

sont pièges

Ils

même

pour

à erreur

pour

praticiens de

les

la

tous

critique, et les

métiers

d’art.

L’Art qu’il

ou,

si

vous préférez,

va faire appel à

la

l’artiste

gravure sur

bois

,

lors-

pour


57

qu’elle devienne son « appareil de transmission »,

de reproduction, a, envers

comme Il

il

une

elle,

obligation,

l’aurait envers tout autre métier.

pour

lui doit de savoir, de discerner

elle le

dessin quelle est capable d’exprimer (en d’autres

termes, de connaître sa technique)

demander que

bois, et,

de ne lui

ce qu’elle est capable d’exprimer.

Ce discernement, je

suppose possédé par tous

le

qui dessinent pour

les peintres

et

nous l’avons vu

:

le

graveur sur

« tant vaut le dessin,

tant vaut la gravure ». Discerner le dessin doit être chose naturelle c’est la

pour

le

dessinateur, puisque

pratique de son métier....

Mais...

il

longtemps déjà,

y a et

un

mais

énorme!

depuis

par un concours de circon-

stances multiples et différentes, la manière dont le

dessin « vient sur le

en comble, nateur peut

à

bois » a changé de fond

ce point qu’aujourd’hui

même

ne pas savoir que

un

dessi-

le dessin

qu’il exécute sera gravé sur bois.

La mode désormais charge

la

photographie de

transporter le dessin sur bois.

D’où vient-elle, cette mode? Quelle leur d’art de ceux qui l’ont imposée?...

est la va-


En changeant

les

vure sur bois, cette éditeurs, grands

58

formules du métier de

mode

la

gra-

a introduit chez certains

consommateurs de

vignettes, des

exigences particulières. Ces dispensateurs du goût n’apprécient plus la qualité de la gravure dont

qu’à

la

ils

ornent leurs livres

quantité de teintes que ces gravures dépo-

sent sur

le

papier,

et

ne considèrent plus

les

comme

des

lumières, les blancs d’un dessin que videsl Ils pensent qu’il

manque quelque chose

un dessin qui présente du blanc absolu, nuent en conséquence

le

et ils

à

dimi-

prix de leur gravurel

— Et Gustave Doré, pourra m’objecter un vieux graveur sur bois, oubliez-vous l’influence qu’il a exercée sur

la

gravure de

gouache

bois à la

et à l’encre

les dessiner à la pointe

11 si

est inutile

teinte,

en peignant ses

de Chine, au lieu de

delà plume ou du crayon?

de faire intervenir

la

personnalité

extraordinaire de Gustave Doré à propos des

pratiques actuelles de avait,

en

effet,

la

généralisé

gravure sur bois. Doré la

pratique des teintes;

mais, en dessinant ou peignant lui-même scs bois, il

usait

fournit

largement des contrastes lumineux que le

blanc du papier et très fréquemment

il


indiquait

le

sens de la taille par sa

plume ou sou

crayon.

Mais, aujourd’hui, la photographie, déchargeant le

dessinateur du soin de dessiner, le photographe

apporte, sur le hois, les formes, les valeurs que

dessinateur aurait dû y mettre, et qu’il s’est contenté d’indiquer largement au lavis, à l’huile le

ou au fusain sur une Mieux encore,

mème En

a saisi

toile

elle y

ou un papier.

place le cliché qu’elle-

sur nature.

tout cas, elle apporte toujours avec elle la

lourdeur molle des

teintes, floues et

graduées à

l’extrême, dont elle est composée.

Quelle contenance voulez-vous que puisse avoir la

fameuse interprétation de nos coupeurs de hois

devant

l’infinité

des

gradations contenues

l’impérieuse formule de modelé de

moderne

», la

dans

merveille

Photographie?

La mise en mouvement de la

la «

la

photographie dans

matière Art a particulièrement troublé tout ce

qui se rapporte à

l’art et

aux métiers de

la

gra-

vure. Troublé n’est pas assez dire, puisque cette merveille, encore inappréciable dans la portée de

son action, va jusqu’à supprimer tiers

de ladite gravure.

l’art et

les

mé-


ni

Je

déjà dit el je le répéterai à toutes les

l’ai

oecasions pour parer,

s’il

est possible,

au désastre

de eelte suppression avant qu’elle ne

sommée dans

la

il

:

faut reconnaître

logique des

que

faits el gestes

le

soit

con-

discernement

des dessinateurs

graveurs sur bois a été fortement ébranlé

et des

par l’intrusion de

photographie.

la

Les dessinateurs ont été par elle désintéressés de

la

nature

guider

les

même

de

la

gravure dont

moindres actions par

dessin est exécuté sur

la

ils

devraient

façon dont

le

le bois.

Les graveurs sur bois se croient affranchis du dessinateur, et se

livrent alors à

des tours de

force de gradations de teintes où le métier par-

vient à des limites imprévues de perfection

perfection est de mettre large

ténues et

la

dans un millimètre de

un nombre de plus en plus grand de

est plus

(si

invisibles) mais où

le dessin, le

tailles

modelé,

que négligé.

L’idéal

du

graveur » sur bois, actuellement,

«

est d’arriver à ce

que

sa

« gravure », vue à l’œil

nu, soit prise pour un cliché d’après une photographie. Quel idéal!

Et, toujours, je reviens à

à la technique

:

la

mon

mission de

la

point de départ,

gravure n’est pas


41

interpréter le dessin qui se trouve sur le bois,

il’

mais de conserver cette chose.

conserve

les

Comment

la ténuité, la

linéaments qui établissent voulez-vous que

gravure

la

densité d’une teinte photo-

graphique?... Elle la coupe

au

L’outil passe

!

tra-

vers sans prévoir qu’il modifie la représentation,

propriété de ces teintes qu’il déplace

la il

s’égare dans les valeurs

beaucoup trop

et égales entre elles. Les unes, et les appauvrit;

les autres,

il

il

;

il

erre,

délicates

les éclaire trop

les alourdit

en

les

laissant trop obscures

C’est

donc bien à

la

photographie qu’il faut

attribuer l’état d’énervement

que

la

gravure sur

bois actuelle nous laisse deviner, tout en le dissi-

mulant sous

le

nom pompeux

de gravure d’inter-

prétation.

La conclusion qui doit résulter des observations sur les techniques respectives de et

de

la

gravure sur bois que

j’ai

lithographie

la

présentées plus

haut, mélangées aux considérations que provoque l’emploi de

la

nateur dans

la

Le dessin

photographie remplaçant

mise sur bois du dessin,

direct sur le bois à l'aide

ou d’un crayon,

,

est

l'essence de

la

le dessi-

est celle-ci

:

d’une plume

gravure sur


— bois; celle

42

manière de procéder,

même

lorsqu’elle

introduit des teintes dans sa facture, sous la ré-

que ces

serve

du dessin (on

teintes voit

ne couvrent pas

que

les

lumières

je suis coulant), cette pra-

tique est la raison de l’originalité, de l’individualité

qu’un graveur apporte à son

travail, tout

en

respectant celui de dessinateur. Il

faut y revenir

si

tonie, de l’uniformité

l’on veut sortir de la

qu’impose

la

mono-

photographie

à toute la gravure sur hois.

Or, les trois livres que je vise

nus. Voilà pourquoi point.

ils

ici

y sont reve-

m’intéressent à

un

si

haut


V

Paysages

Zouaves

et

parisiens, les

au

Paris

Chasseurs à pied,

hasard.

me

Les

présentent

des illustrations voulues dans les conditions né\

cessaires à la

cément à

bonne exécution

qui

amène

sa suite l’originalité typique

for-

— de

la

gravure sur bois.

Dans et les

la lutte

entre les procédés photographiques

divers procédés de gravure,

le bibliophile-

éditeur s’est jeté, avec goût, avec discernement de la

matière-art, avec la volonté de travailler pour

sa part à faire

triompher de nouveau

inhérente au bois.

Il

la qualité

a pris parti résolument, et

tout d’un bond. Je l’en félicite.

Le goût,

lorsqu’il

et d’acquérir,

ne se contente plus d’admirer

de collectionner, et qu’il entre à

son tour en ligne pour produire, est bien près du


montre

savoir qui

du mouvement.

chemin

le

C’est

et

prend

une puissante

la

direction

que

critique

celle qui s’exprime par des faits!

Dès la

le

début, avec

le

main sur

la

main heureuse,

unique en son genre

l’artiste

le

dessinateur qui se grave lui-même sur

bois. Naturellement,

du joug pho-

est affranchi

il

tographique et de l’interprétation par à l’aiguille », qui pèsent

graveurs par suite de

née des dessinateurs

la

le

si

mode

illustré,

d'après nature intéressé.

Lepère avant

images de feu

du 14

et portant la

par

Le cas

dans

Juillet

mention

gravé

:

Lepère, m’avaient vivement

pour qu’on y reproduit dans ces images

était assez rare

attention; l’effet

mou-

montrait, dans les idées de leur auteur, du

vement

et

les

à présent affection-

(aient de

d’artifice publiées à l'occasion

fit

lourdement sur

connaître lui-même. Des

Monde

le « travail

et des éditeurs.

J’avais élé attiré par le

le

Lepère,

graveur qui n’attend son dessin de personne;

Lepère,

de

mis

a

il

:

de l’imprévu. J’entends

techniques, celles qui, guidées par

ici

les idées

par

l’art,

mise en action des valeurs, constituent général d’un dessin

et

s’expriment par

tiques d’un métier. L’influence

la

l’effet

les

pra-

d’Edmond Morin


s’y

faisait

bien

recommandait si

un peu le

débutant à

mon

j’y trouvais des « teintes »

ment employées, étaient

faites

la variété

observation,

trop systématique-

rompre

monotonie qui immobilise, lorsqu’elle ne l’initiative

fait,

et

des travaux dont elles

dénotait la volonté de

prime pas tout à

même

mais cela

sentir,

laissée

la

la

sup-

au gra-

veur sur bois. Depuis

lors, j’ai suivi les

essais, ses tentatives

travaux de Lepère, ses

pour se débarrasser des pre-

mières habitudes, des formules apprises dont

il

sentait l’entrave. J’ai applaudi à la réussite de ses

vues de Paris,

si

pleines de fantaisie

lumineuse

dans leur exactitude linéaire.

Bref, je le vis entreprendre et

volume

intitulé

:

mener

Paysages parisiens

un grand succès auprès des quelques

,

à bien le

qui obtint raffinés ap-

pelés à l’admirer. Ce bel ouvrage est, en

d’une grande rareté;

a été publié à

il

nombre d’exemplaires, sèdent ne sont pas de

un

effet,

très petit

et les privilégiés qui le posl’avis

de Grolier, dont

Pour moi

l’ex-

mes amis;

ils

gardent leurs trésors pour eux seuls. Quand

il

libris portait la devise

passe

:

un Paysages parisiens en

et

vente, c’est géné-

ralement, hélas! qu’un bibliophile est mort!


Quant

moi,

à

je pouvais faiblir dans

si

idée sur l’emploi de

ce volume qui

me

la

mon

gravure de « teinte», c’est

convertirait, par la virtuosité

avec laquelle Lepère a su mélanger les teintes avec

la

gravure en fac-similé que j’appelle gravure

de trait.

Toutefois, je fais

une

restriction, car

si

quel-

ques erreurs, ou plutôt quelques oublis se sont glissés

dans

dessins dont

dessus sur

le

Je prends

s’agit,

c’est « la

l’art.

un exemple

planche que je vais citer semble, au point que, ton pour

l’exécution

valeurs qui

la

typique. Le dessin de est parfait

si elle

la

dans son en-

devait servir de car-

d’un tableau, aucune des

composent ne

serait à modifier ni à

changer de place. L’honneur ie

il

qui en est cause, c’est-à-dire le métier

teinte »

prenant

les

donc sauf

poul-

dessinateur, mais l’outil a fourché dans la

main

est

du graveur. Cette planche se trouve à la page 7 cl repré-

sente

le

Carreau

tache. L’effet

des Halles, pointe Saint-Eus-

d’ensemble en

est des plus logiques

dans sa double composition lumineuse tique qui

montre

temps parisien

et

à la fois

et

anecdo-

une matinée du prin-

un marché de légumes. Mais


— deux plans de

les

47

cet

ensemble sont exécutés

d’après des formules différentes; le premier est fait

de travaux libres

et ouverts,

franches du papier. Sur voit

une

teinte uniforme,

par

les

lumières

fond, au contraire, on

le

un

aucun pas-

à-plat;

sage intermédiaire ni de travail ni de valeur ne

deux manières de pro-

vient relier entre elles ces

céder

si

Au mant

contraires l’une à l’autre.

lieu de continuer à l’allure des

formes

couper des

comme

les terrains, les arbres, les

il

traits expri-

l’avait fait

pour

amas de légumes,

la

cohue des figurines qui peuplent son premier plan par leurs contrastes clairs qu’il a

entamé

la

et obscurs, l’outil, lors-

Pointe Saint-Eustache, a machi-

nalement coupé une

monotone

teinte

Mon ami Lepère me pardonnera il

et plate.

cette critique;

a dû, d’ailleurs, se la faire à lui-même. Mais

j’ai

voulu préciser

piège toujours tendu aux

le

métiers par les conventions, les formules machinales;

elles se présentent avec

plantent sans grand

recherches

effort,

et l’initiative;

on

bonhomie, s’im-

puis absorbent les finit

par s’en servir

sans y songer.

Tournons

le feuillet,

et,

page 11, nous pour-

rons louer sans restriction une vue de

/’

Estocade.


48

des masses, des lignes lumineuses et

Ici,

som-

des valeurs opposées les unes aux autres,

bres,

mais pas de

comptées

c’est-à-dire

teintes,

pas de

symétriquement rangées

et

un papier

à

sinées par

un crayon

tailles

comme

sur

musique. Ces masses sont-elles desalerte, sachant ce qu’il fait,

ou bien sont-elles mordues par planche de cuivre, car

l’acide

dans une

montrent des

elles

diffé-

rences de valeurs semblables à celles que donnent les différentes c’est

profondeurs de l’eau-forte?... Non,

bien un bois que nous avons sous les yeux,

mais un bois qui unit une gravure de virtuosité sans égale au dessin d’un observateur très perspicace des

mouvements de

Tournons encore

même

sujet

et

lumineux que

chatoyante

et opaline

printemps,

le

lumière.

la

voyons

les

il

C’est le

celui de la page 7

d’une

clarté

ce dessin

dire la messe à Notre-Dame.

modelé;

page 13.

;

la

matinée de

chevet d’une église. La table des

illustrations appelle

le

la

est parfait;

:

Les prêtres vont

Examinons-en d’abord

les

lumières soutenant

ombres, logiquement réparties, luisent douce-

ment comme des bois évoque le

tons d’argent

mal

et neuf.

Ce

souvenir des plus fines lithogra-

phies de Bonnington.

Mais quelle situation

me

fait cet

éloge?...

Le


— bois dont

je

teintes!...

parle

49

est

Elles sont,

entièrement couvert

de

traversées

de

est vrai,

il

franches coupées blanches..., telles les lumières

du grand arbre, les

rayons

les

sur

la

cathédrale,

lueurs reliant entre elles les clartés du der-

nier plan et l’éclatante lumière

du pont de

chevêché, qui elle-même passe sur

la

l’Ar-

marge de

la

page.... Ici je

ne critique pas; en combinant lui-même de

ses effets

dessin

et

de gravure, Lepère est

maître de faire ce qu’il veut; nous autres n’avons qu’à compter les coups!...

De ce volume des Paysages parisiens,

il

faudrait

étudier toutes les planches l’une après l’autre, tant elles présentent d’intérêt la

gravure sur bois

men

;

mais je

au point de vue de

me

bornerai à l’exa-

de deux dessins, l’un en raison de

la qualité

des blancs, due au modelé, au contraste des valeurs entre elles, l’autre en raison de la qualité

des noirs, due également au modelé et non à

la

collaboration de l’imprimeur et de l’artiste.

Le premier de ces dessins (page 67) tulé

près

:

Rue du

blanc du

de la Lune, heure

trait

ciel

carré,

qui va

est inti-

du goûter; en haut,

on remarquera d’abord se

le

rapprochant des deux 4


— maisons de

50

rue éclairées par

la

puis les

le soleil,

deux blancs spéciaux aux lumières de ces maisons

milieu de l’estampe, le

mot

«

au-dessous

ensuite,

ensoleillées;

mères

le

blanc sur lequel

et

les

commence

du vêtement d’un cocher.

Tous ces blancs sont d’aspects vant les uns sur

au

au-dessous de ce blanc,

», et enfin,

ceux du chapeau

droite,

à

variés,

s’enle-

autres par des valeurs diffé-

rentes, quoique dans la localité qu’ils occupent

aucun d’eux

n’ait

conservé

le

moindre

trait

en

relief.

Après le

les blancs,

voyons

noir; car lorsqu’il n’y en a qu’un,

paraisse,

s’agit

11

titre

du

il

:

comme une

brasier de charbon

la Râpée.

Il

est

incandescent. le

seul

Ce foyer, blanc de

entouré de valeurs sombres, indi-

sommaires d’une humanité loqueteuse

de terrains, berges de

la

Seine, cours

luisant dans la nuit, puis

Dans

le

Le centre

écumoire, qui contient

auréolé de lumière, constitue

Dame,

qu’il

occupé par un immense seau de fer

sujet est

cations

beau

d’une gravure (page 165) qui porte

Feux de nuit au quai de

l’estampe.

si

court grand risque d’être mauvais.

percé de trous

un

ne dis pas

les noirs. Je

du

et

fleuve

un pont, puis Notre-

et enfin l’horizon se perdant dans le ciel.

cette

orchestration de valeurs sombres,


— c’est

parmi

51

loqueteux grouillant et se chauffant

les

nous allons trouver

autour du brasier que

valeurs les plus obscures,

ne

sais si

mais

les

noirs du tableau. Je

les

nos amateurs diront qu’ils sont

je reconnais qu’ils sont variés et

d’eux apporte son concours à

l’effet

«

beaux

»,

que chacun

général. C’est

d’abord une grande ombre s’interposant entre le spectateur et l’éclat lumineux

cache une partie

cette

:

des figurines qui

comme

première vue tableau;

il

se

du brasier dont

ombre

silhouette

chauffent; la

valeur

la

elle

elle

l’une

apparaît à

plus sombre du

n’en est rien cependant; elle doit son

effet à sa situation devant la lumière, à l’étendue

de sa localité qui prend plus de place qu’aucune des valeurs dont elle est entourée.

Remarquons que

cette

ombre,

si

obscure qu’elle

paraisse, est atténuée par de petites

points

blancs

derme du une

bois, tailles et points qui lui ont enlevé

partie de son intensité, la fleur

peut

dire,

forte

que

des

tailles,

imperceptibles coupés dans l’épi-

ne

lui

les noirs

il

cantonnés par

du

du noir on ,

qu’une valeur moins le

graveur au-

brasier,

dans l’ombre, où

est impossible

aux rayons de pé-

tour de l’auréole

logiquement

laissant

nétrer. Ici, l’outil

du graveur

a fait l’office

de l’irradia-


lion lumineuse,

phénomène démonstratif de la

loi

qui régit le modelé.

Lepère

s’est

autant qu’on

souvenu qu’une valeur, sombre

puisse la supposer, perd

son

de

obscurité en raison directe de son rapprochement vers

une

intensité lumineuse.

Après ces remarques techniques, je veux encore citer,

parmi

du volume Paysages pari-

les bois

siens , des compositions qui

valeur de tableaux

Bourse.

— Page 25,

— Page

— Page 55,

59,

tribunes de Longchamps,

le

les

Lepère devrait entreprendre dessin

Place de la

Page 51, Vue de la Seine prise du

viaduc du Point-du-Jour. la Concorde.

paraissent avoir la

Page 19, Giboulée de mars;

colonnade du Louvre.

me

Mont courses, la

la

Place de

Valérien,

les

la foule....

peinture de

ce

Mais, on le voit,

il

faudrait tout citer,

analyse, cela deviendrait monotone.

et,

sans


VI

En regardant

les

Paysages parisiens, on pour-

rait croire le talent

de Lepère caractérisé désor-

mais par par

forte, et

formule

cette

définitive

:

aspect d’eau-

mélange savamment combiné de

le

traits

de teintes. Il

n’en est rien.

Esprit actif, inquiet, ayant le désir l’habile

dessinateur-coupeur

de

bois

du mieux, va

nous

montrer une évolution nouvelle dans son nouveau volume, Paris au hasard', évolution accomplie chez lui par

mon

le

dessinateur au profit du graveur.

est l’intérêt vers lequel je voudrais attirer

lecteur

:

une seule

individualité de dessina-

teur et de graveur sur bois, nous permettant d’assister

aux phases que traverse un métier pour se

diriger vers l’art.


Observons ceci dès

début

le

:

chez

la direction,

Lepère, est l’inverse de celle qu’a généralement suivie la gravure sur bois; celle-ci est allée

mar-

chant du simple au compliqué, alors que Lepère,

en avançant, se dirige du compliqué au simple. évolution,

Cette

qu’il

faut

spécifier,

consiste à

supprimer avec une rigueur absolue de

la

compo-

sition

lumineuse d’un dessin toute valeur secon-

daire

ou

pour ne retenir que

transitoire,

éléments essentiellement constitutifs de le

— de

modelé

les

l’efiet

ce dessin.

Je dis valeurs secondaires, par la raison qu'elles

ne font qu’avoisiner sentés.

Je

les êtres et les

pourrais aussi

détails atmosphériques

bien

inutiles

choses repré-

les

dénommer

au dessin,

pour

expliquer qu’elles chargent de pesanteurs néfastes les objets qu’elles

entourent.

Cette atmosphère,

naissons TEINTE

La

:

pour

la

on devine que nous gravure sur bois,

la

con-

c’est

la

!

teinte, fille

bâtarde de

photographie et

la

d’un métier par lui-même peu dessinateur, faisant disparaître, dans son travail mécanique, nerf, l’accent, la nature cas,

même du

bois, et,

son certificat d’origine, qui lui

le

en tout

venait

du

dessin, par le choix, le caractère spécial, indivi-


55

duel, de l’armature inventée par

l’art

et qui se

croquis,

d’étude,

d’esquisse jetée à la diable, affectée par

un grand

nomme

le trait.

rudimentaire

L’aspect

de

nombre des gravures de Paris au hasard, le

frontispice

l’Escalier

de

à

du

vis;

livre,

de

que

page 85, Champs-Elysées;

la

page 4, l’Electeur va faire œuvre civique;

la

page

182,

(une perle);

la Bièvre

Montagne Sainte-Geneviève..., semblent

faire

la

que

croire

ramener vers ce que que

tels

dessin de la page 6,

le

fut

le

et

page

299,

tant d’autres,

Lepère

veut

nous

bois primitif, alors

gravure sur bois fournissait à l’imprimerie

son caractère d’impression,

la lettre.

Le dessinateur-graveur voudrait-il donc résumer désormais son dessin à

l’aide

d’un plein

et

d’un

délié constitués par la taille d’épargne, le noir celle-ci entourant et faisant contraste avec le

qui remplit le rôle de l’œil

du

la

lumière et qui

:

blanc

est le vide,

caractère?... Ce serait réduire à la sim-

d’un timbre

les vignettes

qui ornent les

Le programme, tout ambitieux

qu’il soit, n’est

plicité livres.

pas pour

que

la

me déplaire.

Du

reste,

il

est bien

entendu

modification apportée à la matière gravure,


— ne diminue en rien

56

— général du

l’effet

Lepère nous en donne

la

la

page 106, Sortie des théâtres

et

macadam page ;

page 149,

les

dessin.

preuve dans ses bois de ;

page 112, Boue

126, Traversée des boulevards;

Bicyclettes

Armée; page 219, Bal

à V avenue de la Grandedes quat'-z-arts

Je n’ai pas h rappeler la virtuosité technique de

Lepère; mais, en s’estompant

comme

surcoupes de

et

le

la

voyant dédaigner les teintes velours, et toutes les coupes

gravure, qu’il possède à

degré suprême, pour adopter une gravure «

d’almanach à

un tête

Mathieu-Lænsberg,

de

clou

ma

curiosité fut vivement excitée et avec raison,

»

car je le répète, modeler

la

un

effet

par ces procédés

est obéir à un ambitieux programme. Par quels

moyens Lepère

parvient-il à en remplir les condi-

tions?

De toute évidence, d’abord,

l’observation de la

distribution logique des valeurs est respectée par lui.

Quand taches

rien autre

que

papier blanc ou les

d’encre n’assemble les formes mises en

œuvre pour représenter effet,

le

comment

le

à la fois

une scène

et

un

graveur parvient-il à résoudre

ce problème, la tenue de son effet?


57

Les dessins des pages 21,

le

Mail; 105, Dé-

part

des

Russes;

125,

144,

Aux

courses,

V arrivée; 188, l'Entrée d'un

Serpentins

troupeau de moutons à lette,

nous en montrent

la les

confetti,

et

barrière de

la

Vil-

exemples.

Ces dessins tirent particulièrement leurs effets des proportions, de l’étendue de chacune des localités

aux

assignées

lignes,

aux masses des

êtres et

des choses qu’ils mettent en œuvre. La logique

de l’élément perspective

est

ordre ces compositions. Dans visages, des

coloration,

tohu-bohu des

le

chapeaux du dessin de

dans l’ornement, de

la

comme dans

la

page 80,

page 204, d’une les dessins cités

permet au graveur

cette 'logique

met en

celle qui

si

belle

plus haut,

les fantaisies

de

facture les plus imprévues, les plus beaux contrastes

de noir

et

de blanc.

Les bois du volume Paysages parisiens étaient

presque tous

un

ou pourraient

inscrits,

trait carré. Je dis

:

pourraient

l’être,

l'être,

dans

par

la

raison que toutes ces vignettes concentrent entre leurs contours extérieurs

un

effet

comparable à

celui d’un tableau. Cette présentation de ses bois, Lepère ne

l’a

pas

tout à fait abandonnée, malgré les modifications


— faire ses

s’est

dans sa manière de dessiner

qu’il a apportées

de

58

gravures de Paris au hasard

il

;

et

ne

pas contenté d’évoluer, rien que pour les

même

croquis nageant, pour ainsi dire, à

du papier,

le

bloc

qu’il a prodigués

trouvons aussi

dans ce livre; nous y des compositions qu’on pourrait

croire copiées d’après des tableaux ou qui sont

susceptibles de servir de cartons pour en faire, ces compositions, d’ailleurs, participant des nouvelles

formules d’abréviation employées par

graveur, sans que leur représentation perde

atome de leur

le

un

effet.

Tel, à la page 5, le Cabinet de météorologie de la

Tour Saint-Jacques. Je voudrais voir ce dessin

peint dans la pâte fine huileuse et transparente

des Hollandais.

Page 64, Vedettes de feu des celui-là serait de la peinture

cafés-concerts;

moderne avec

ses

valeurs plaquées en mosaïque sans recherche de

transparence.

Page 153,

le

Chalet du Cycle n’est-il pas un

tableau actuel bien complet? et

matelas de la page tableau entier?...

1

7 1 est-il

En

le

Cardeur de

un fragment ou un

tous cas, les valeurs de

composition n’attendent que

les colorations

pâte émaillée pour prendre rang dans

la

la

d’une

peinture.


— La vignette de

une porte

la

59

page 177

Café au

:

lait sous

nous montre un tableau tout

,

Et cette porte cochère de

la

des personnages attendant que

fait

page 508, avec

la

pluie cesse? Et

page 255, ce groupe de jeunes et jolies femmes, tenant en laisse des petits chiens et qui s’exposent

elles-mêmes en exposant leurs toutous, n’est-ce

un

pas un beau premier plan pour

L’ordonnance du groupe de

l’effet

la

et la

tableau à faire?

composition de

vignette représentant

V escalier du Préfet à V Hôtel de

le

Ville

Palier de (p.

261)

permettent de constater une distribution lumi-

neuse en foule

même

temps qu’une combinaison de

mieux ordonnées que certains tableaux qui

décorent l’intérieur de ce palais.

C’est

que Lepère

est

un

peintre de race qui,

son métier en main, coupant des vignettes pour les livres et des placards

toujours acheminé vers

pour la

les

journaux,

peinture.

nateur-graveur y parviendra-t-il? Je rien

;

je

me

tion vers

le

s’est

Le dessin’en

sais

borne à constater l’aptitude, l’aspiramétier supérieur,

chies, la peine, les travaux

il

fran-

accumulés

Je dis métier supérieur et

peinture, car en réalité

les limites

non pas art de

la

n’y a qu’un art plas-


-

60 tique

le dessin. Toutes les pratiques servant à

:

mettre en œuvre cette expression de sont des métiers. La Sculpture,

Gravure,

la

la

lumière,

Peinture,

la

sont des métiers supé-

l’Architecture,

rieurs alimentant à leur tour, soutenant de leur

principe, de leur exemple, les métiers secondaires.

par l’action

Supérieurs

complet entre exécute

la

l’accord

qui conçoit et la main qui

transformation des matières spéciales

la

au métier.

l’esprit

simultanée,

— Secondaires

et

même

inférieurs par

quantité de mélanges et d’alliages des éléments

étrangers à

l’art,

que nécessitent

industrielles

tions

comme aux

concourant

à

les

manipula-

l’assemblage

façonnages des matières mises en

œuvre.

La technique oblige à ces distinctions;

elle

ignore l’égalité.

Allez,

mon

cher Lepère, allez de l’avant!

point où vous êtes parvenu,

mieux que

doit

la constatation

ma

vieille amitié

la banalité d’éloges répétés,

Au

vous

que

d’une maîtrise acquise sans aucun

secours d’école, à force d’intelligente volonté. Ce

que

je

fiant

de

vous dois, c’est non pas un conseil spéci-

une des pratiques du dessin ou des métiers

la

gravure, mais

un

conseil sur l’orientation


61

des idées et des

plement,

le

faits

qui parviennent

plus clairement à l’expression, à la

mise en ordre de

la

matière Art.

Je ne vous parlerai pas de elle,

vous

plus sim-

le

le savez

comme

Nature ». Sans

la «

moi, sans son concours

directement obtenu ou sans ses

rigoureusement appliquées,

n’y a,

il

connues

lois

et

ne peut y

il

avoir qu’erreur, incohérence, présomption, cabo-

tinage et imposture;

Mais

la

vague,

le

il

n’y a pas d’art.

Nature ou du moins son nom, ,

le

non-formulé, «

est aussi

blague » par où

la

fuit et s’évapore la rhétorique en détresse de nos

critiques,

de nos professeurs

de

sectateurs

la

Beauté. D’autre part, le signe matériel,

le fait

acquis en matière d’art, c’est la science

du

du

savoir

« mor-

ceau ». C’est-à-dire

qu’un

figure humaine,

un

fragment

et

un

fragment

quelconque

seul fragment

comportant

la

ment en un seul mot visage, un pied, un

:

— j’entends

combinaison

plans, la composition lumineuse,

de

qui se

des résu-

modelé (par exemple

:

doigt et son attache),

ce fragment, dis-je, doit suffire pour donner

un

un

renseignement auteur.

très significatif sur la valeur

On pourra

savoir par lui,

non

si

de son

cet auteur


62

a exécuté de grands ouvrages (peinture ou sculpture), mais

s'il est

en

état de les exécuter.

Votre métier de graveur sur bois, vous l’avez traversé de part en part; vous en avez fait le tour;

vous en possédez toutes

les pratiques, toutes les

rubriques. Dans votre main,

vure sur bois, l’onglette,

le

les outils

de

la

gra-

burin, l’échoppe, sont

des crayons ou des pinceaux qui se prêtent avec

une ou

docilité d’amis à la représentation de

d’effet désirée

Pour vous, ou en

forme

par votre esprit.

la taille, qu’elle soit

« teinte »,

en « fac-similé »

ne peut désormais rien vous

apprendre, ne peut rien ajouter à l’imprévu de votre fantaisie.

Les gravures que vous avez semées en prodigue

dans vos deux volumes sont l’inventaire de vos travaux, le bilan de vos recherches.

blant pêle-mêle le croquis

fait

En

y

rassem-

de « chic

», à la

diable, en manière de schéma, de note crayonnée

pour

à la hâte effet,

fixer le souvenir

et l’étude

d’un geste, d’un

appliquée retenant du modelé

tout ce qu’en ont vu votre

éducation

spéciale,

votre intelligence, votre fantaisie, vous accordez et

mettez en œuvre ces éléments divers, d’origines

différentes, par vous considérés également

matériaux

d’art.

comme


.

Eh

bien,

mon

65

— mon

cher Lepère, à

sens, vous

vous dépensez trop en tentatives, en recherches

de métier. La facture absorbe trop votre attention.

Avant de mettre en œuvre

schéma

le

tracé de

souvenir, aussi bien que l’étude appliquée faite d’après nature,

que

loi

la

il

au tamis de

faut les passer

la

lumière elle-même s’efforce de nous

démontrer. Les exemples à suivre que je pourrais vous présenter, vos deux volumes C’est en mettant de l’ordre, de

vos

les contiennent.

la

méthode, dans

que vous vous résumerez

acquisitions,

et

pourrez prendre un parti. Il

faut faire le « morceau ».

Chaque pour

partie,

le tableau,

préparé

pour

et étudié

lui-même

par suite,

rang, dus.

détails

accumulés

vignette futurs, doit être

la

comme

si

ce «

morceau

» devait

être l’objet définitif.

C’est par le « et,

chacun des

morceau

»,

que vos ensembles,

voire personnalité,

l’autorité,

qui

prendront

légitimement

leur

le

sont


Vil

Lorsque M. Beraldi

me mit

entre les mains les

épreuves de Paris au hasard, je fus frappé des différences celles de littéraire,

peut-être

que présentaient

vignettes

ses

Paysages parisiens. Les

avec

sujets, le côté

en étaient peut-être moins aimables,

même

moins franchement «parisiens

mais l’exécution,

le côté

métier

était

»,

plus éner-

gique, plus savoureux.

Je suis curieux, lui dis-je, de savoir l’accueil

qui sera

fait à

cette nouveauté, après le succès

sans mélange du premier volume, car entre nous,

on

sait

à tout faire,

que l’amateur, en général, brusque changement dans

et qu’il a besoin

est réfractaire

les

manières de

d’un certain temps pour

apprécier une évolution quelconque.

Cela m’est absolument égal,

me

répondit


65 bibliophile,

le

l’entend

sa gravure

:

Lepère agir

je laisse

me

comme

il

plaît toujours davantage,

à moi.

donc en accord

L’artiste et l’amateur étaient

parfait;

faut admirer leur belle vaillance.

il

Mes rapports avec M. Henri Beraldi datent du temps où

il

me

fit

l’honneur de

volume de son grand ouvrage e

XIX

en

siècle. Je lui

gardé

ai

me

consacrer un

les

Graveurs du

:

plus vive grati-

la

tude.

A

cette

que peu

xvm e

il

e

mais

,

en

la

lui faisant

modernes,

ne collectionnait

œuvres modernes

siècle retenaient

attention;

XIX

époque,

les

les lui

fit

;

les

encore

estampes du

presque exclusivement son

préparation des Graveurs du

observer les productions plus aprécier et lui en inculqua le

goût. La chose n’était pas facile, car toutes les belles estampes

sous les les

yeux;

du xvme

il

siècle lui étaient passées

même

possédait

les

plus rares,

plus estimées, les plus célèbres d’entre elles.

C’est lui qui

vignettes

me montra

de Moreau pour

Borde, cette vingtaine

chacune

les

premiers états des

les

Chansons de La

de petites images, grandes

comme une main

d’enfant, et qui sont 5


fifi

une des merveilles d’un pays a possédé

teur,

le

art disparu dont notre

le secret!

pour

L’affection

les « états » est,

signe de

l’affinité,

chez un ama-

point de contact

le

entre son esprit et celui du graveur dans son travail.

chez

du

Cet attrait

un étranger au métier, témoigne, de collectionneur,

témoigne de de

la

l’ébauche d’une gravure,

vers

plus

que

de

compréhension de

la

la

la

part

curiosité,

matière Art,

la

volonté de saisir la conception dans sa saveur

première.

L'amateur

plus artiste

est

valeur d'art d'un « état

»,

en discernant la

que

le

professionnel

qui termine sa gravure sans l'avoir en quelque

pour

sorte commencée',

besogne;

il

celui-ci, la

gravure est une

débite « son ouvrage »

machine frappe des boulons, ne rencontrera pas dans

les

comme une

à l’aveuglette.

On

estampes de ce gra-

veur l’observation du précepte suivant de Diderot, qui sans doute

le

tenait

de Cochin

:

« Si vous

attachez vos yeux sur une gravure faite avec intelligence, vous y discernerez la taille de l'ébauche

dominante sur

On ne

les

saurait

travaux du

mieux

portance d’un premier

fini. »

spécifier le rôle et l’imétat,

ses travaux d’arma-

ture devant toujours rester apparents dans leur


G7

fonction de mise en ordre et de

soutien de

la

composition lumineuse.

A xvii

c

la

fréquentation journalière des estampes des

et xviii

Graveurs la

vue,

6

siècles et

de leurs

états, l’auteur

peut-on dire, acquis

avait,

de discerner, à travers

la faculté

cherches, les minuties, les rudesses, d’expérience et

même

la

le

des

sens de

le

les re-

manque

négligence dans

la di-

versité des travaux de la gravure, la qualité et la

pureté de

matière Art.

la

Ai-je besoin de rappeler qu’outre les principes

communs struction

à tous les arts qui régissent la

de

composition

leur

cherché à établir qu’un la

fait

lumineuse,

conj’ai

matériel résultant de

doctrine la plus élevée du dessin était pour

graveur

réserve

la

du papier blanc

dans

le

les

lumières d’une estampe.

Le maniement habituel des œuvres gravées pendant cipe

le

xvme

siècle,

est observé

avec

nomie, avait placé la « vision »

dans lesquelles ce prinla

plus intelligente éco-

cette notion

fondamentale dans

de notre bibliophile

Sans raisonner

les

et

amateur.

impressions qu’elle ressent,

notre vue s’exerce, prend des habitudes et

firme ou se fausse.

s’af-


68

Au début de

son dictionnaire, on ne

chez l’écrivain, pour légère. lui

d’abord

présentant

sentait

lithographie, qu’une estime

la

que l’ordre alphabétique, en ne

est vrai

Il

Hippolyte Bellangé, ou

que

même

Adam ou

Victor

Aubry-Lecomte,

le

servait mal. Il

un amateur de l’ancienne gravure,

y a, pour

un pas scabreux derne

c’est la

:

à franchir dans l’estampe

mo-

lithographie de reproduction. La

grisaille

de son grain uniforme et plat s’étend sur

l’esprit

comme un

brouillard

empêche de

et

passer outre.

Mais travail

le

hasard de l’alphabétisme, qui réglait

de l’auteur des Graveurs du

e

XIX

le

siècle, le

mit bientôt en présence de Bonington, qui semble,

non pas crayonner, mais illuminer son papier; puis, coup sur coup, de Chéret, avec tout le

pim-

pant de sa couleur; de Daumier, de Delacroix, maîtres dessinateurs,

les

les

maîtres coloristes du

blanc et du noir; des portraits de Devéria, qui

accusent

si

du modèle

franchement deux personnalités, et

celle de leur

auteur

celle

Ces pre-

mières lithographies montrèrent à l’amateur de l’antique gravure

graphie I

:

un

ce qu’en

réalité est la litho-

dessin sans métier, sans autre for-


69

mule graphique que

celle

de

personnalité qui

la

la pratique.

La taille-douce,

l’eau-forte, n’avaient pas accou-

tumé notre amateur

à

une simplicité de moyens

aussi grande, mais cette simplicité justement

conquête de l’admirateur de

la

siècles tions,

il

la

Sans abandonner

antérieurs.

fit

gravure des ses

affec-

ouvrit son cceur et ses cartons à la litho-

graphie; puis, à ses yeux habitués à

la fleur

œuvres anciennes,

vignette de

le bois,

la petite

Johannot, de Gigoux, de Gavarni,

fit

des

son appari-

tion.

Le xvin e

siècle n’a pas gravé sur bois,

que, chez

lui, cette

contraire,

pour notre

ou

si

quantité est négligeable. siècle, cette

peu

Au

gravure est un

appoint considérable de l’estampe.

La gravure sur bois a donc le goût,

l’instinct,

bois

fait

partie

le

savoir

intégrante

éveillé

du

du

et

excité

bibliophile. Le

livre,

et tout ce

qui se rapporte à celui-ci prend dans l’esprit de cet

amateur

pation; tout,

le

dessus sur toute autre préoccu-

chez

lui,

nous

qu’il

met

le

démontre bien

clairement.

En même temps dans

la fabrication

la

main

à la pâte

des livres, pendant qu’il sur-


— dirige,

veille,

détail

70

donne tous

au moindre

ses soins

de leur exécution, M. Henri Beraldi écrit de la Reliure du

l’histoire

curieux de savoir

pour

lui

Je suis

siècle.

nous dira ce

s’il

à la reliure actuelle

e

XIX

qu’il faudrait

rendre tout à

ce

fait

qu’elle a possédé et qu’elle n’atteint peut-être pas

encore,

malgré l’extraordinaire

malgré

habileté,

praticiens reliures

:

talent

le

merveilleuse

et

considérable de

ses

l’accent, l’autorité d’art de certaines

anciennes. Autorité que nulle

habileté

manuelle, qu’elle vienne du relieur-doreur ou de tout autre des métiers tributaires des

saurait rétablir. Elle est ailleurs,

ne

arts,

plus

loin

et

plus haut.

Mais,

continuons

Paris,

:

la

Modernité,

le

Livre, sont les trois termes variés de l’idée capitale

qui alimente l’activité saine et robuste de

notre écrivain-éditeur. N’inaugure-t-il pas

exemple,

un

genre

là,

par

de

production

n’est pas le

premier qui

particulier

« bibliophilique »?

Je

l’ai

déjà constaté

entreprenne

la

:

il

confection d’un

plaisir et celui de

volume pour son

quelques amis. Mais, dans sa

manière de procéder,

il

me

semble avoir trouvé

la

formule permettant à un amateur de prendre


parti

— comme

cate fonction

:

arbitre libéral

la direction

cette déli-

des arts. C’est-à-dire

mise en action productive de qui concourent à

— dans

l’art et

la fabrication

la

des métiers

des livres, et cela

par désintéressement, en évitant l’obligation des combinaisons,

des compromissions,

dans lesquels

la

entraîne forcément

la

librairie

calculs

du gain

professionnelle.

Cette formule, est

:

du

en deux parties

livre et divisé

des

poursuite nécessaire

tirage véritablement restreint :

la

première

réservée pour le bibliophile qui en use à sa guise; la

seconde mise en circulation commerciale pour

l’amortissement d’une partie des frais d’édition.

Ici, à

mon

sens, réside la bravoure et l’origi-

nalité de l’entreprise tion, le bibliophile le

:

par cette seconde disposi-

prend contact avec l’inconnu,

grand public, ainsi que

artiste

ou artisan de

Vous savez?

le fait tout

l’art et

les

producteur,

de ses métiers.

Paysages parisiens

ont

« fait », à la vente X..., quatre cents francs!

— Quel — n’en

est l’acquéreur?...

Je

sais rien.

Ceci, c’est le succès, le

passant....

jugement anonyme du


J’applaudis des deux mains à cette entreprise de bibliophile,

non seulement

à cause des qualités

d’ensemble apportées dans l’exécution des

au

de leur fabrication, au choix des carac-

détail

tères, à celui des proportions,

marges, à

et des

livres,

la

de

la justification

mise en pages des

bois,

comme

aussi à l’unité du papier des volumes, qui sup-

prime

les

chinoiseries de

librairie,

la

sous prétexte de papiers différents leur ou

comme

laquelle,

comme

qualité, n’offre en réalité

cou-

que des

appâts de vente aux gogos bibliophiles.

une

Si j’ai à faire

critique sur ces livres, c’est

justement au sujet du papier; mais

moins

à leur

elle s’adresse

metteur en œuvre qu’aux fabricants

de papier eux-mêmes. Yoilà quarante ans que je

La

rabâche sur ce motif.

papeterie ne fabrique

plus de beau ni de bon papier pour V impression des estampes et des livres. Force est servir de ce qu’elle veut bien le

papier adopté pour

un papier hasard

est

les

et

de

la

bon

nous fournir. Aussi

Paysages parisiens

est-il

sec et dur, tandis que celui de Paris

mou

et plat.

Qu’on ne

pour ce dernier papier, on et

donc de se

tenue en

lui

le faisant «

me

au

dise pas que,

donnera du corps

encoller ». Le beau

papier ancien sortait de

la

cuve avec


73

toutes ses qualités superfînes, par la raison qu’il était fait

uniquement avec des

chiffons de

fil.

Le

coton était alors inconnu et aussi toutes les pailles, alfa

ou autres, dont on fabrique

Mais, assez sur ce sujet.

(Il

le

papier actuel.

pourra, d’ailleurs,

être repris.)

Au

total,

les

publications que j’examine

ici

pour y trouver des exemples de gravure sur bois me donnent donc de l’espérance; j’y vois un soutien,

une sauvegarde, par

les suites qu’elles

pourraient avoir, pour ce qui nous reste de goût,

de discernement, dans les qualités d’art de tout ce qui se rapporte à l’estampe ou au livre.

Car,

il

n’y a pas à se le dissimuler, la camelote

photographique,

gillotage

vure photographique en

(procédé Gillot, gra-

relief) et

goupillage (pro-

cédé Goupil, gravure photographique en creux),

nous envahit de plus en plus,

complètement supprimer gravure.

et à

bref délai va

les divers

systèmes de


i-

VIII

Soyez bien

matière

convaincus

ceci

de fabrication de livre

quelqu’un qui joue tal, et

de

c’est

:

illustré,

qu’en il

y a

le principal rôle, le rôle capi-

que ce quelqu’un

n’est ni l’écrivain qui a

écrit le livre, ni le dessinateur qui l’illustre, ni le

ou

les

graveurs, ni l’imprimeur, mais bien l’édi-

teur.

C’est de l’éditeur

consistance que

dans

la

que dépendent

le livre

aura par

l’aspect et la

la suite. Il

y a,

formation du plan, dans ce premier acte

de toute direction, il y a à mettre une cohésion entre toutes les parties qui concourront à l’œuvre

commune. L’éditeur est l’architecte livre soit

mis par

terminé dans son

lui

sur

esprit.

du le

livre.

Avant que

chantier,

il

le

doit être


75

Peu commode! Avoir une opinion, prendre parti

dans

choses complexes des arts et des

les

métiers; essayer, non pas tant de trouver « du

nouveau

nouveau, on peut toujours en trou-

» (du

ver, quitte à l’accepter mauvais),

mais de se main-

hauteur des œuvres du passé reconnues

tenir à la

bien faites!

Un hon ordonnateur de

.

un emploi judicieux

la

met en

valeur, par

même

des élé-

tandis qu’au contraire,

main d’un mauvais

« maître de l’œuvre »,

ments de second ordre dans

livre

et bien dirigé, ;

des matériaux de premier ordre,

même

incompa-

rables, sont gaspillés et perdent de leur qualité.

un

Or, c’était

livre périlleux entre tous à

en train, que celui dont

la Société

des

mettre

Amis des

Livres avait, en dernier lieu, décidé la publication,

comme hommage au duc d’Aumale, d’honneur

Zouaves

et les

Le seul les et

une

:

édition illustrée

du

livre

les

Chasseurs à pied.

fait qu’il s’agit

reproductions par

en général

son président

le

d’un

livre d’art écartait

goupillage, le gillotage,

les héliogravures et « procédés

»

quelconques.

D’un autre de 1855.

Il

côté, le livre

vise l’ancienne

du duc d’Aumale date armée,

et principale-


76

ment l’armée

amené dire

à

un

d’Afrique.

On

donner un pendant

frère,

— au

donc

trouvait

se

nous pourrions

célèbre volume des Portes de

Fer, du duc d’Orléans (rédigé sur ses notes par

nombreux

Charles Nodier), et illustré de très

par Dauzats, Decamps dent est

et RafFet.

Un

bois

pareil précé-

pour émouvoir!

Mais, grande difficulté, en donnant aux Portes

de Fer

un pendant,

pastiche, ni

une pâle

Le maniement de espèce empêche

la

n’en

il

fallait

copie.

« la belle épreuve » de toute

myopie des idées;

gea l’amateur d’estampes chargé

du

livre

non dans

ment aimée des 11

fallait

la

dans

voilà

de l’exécution

dans

formule du

éditeurs.

ensuite trouver

pour

la vraie

:

formule du bois habituelle-

taire connaissant bien

enga-

elle

dans un plan nettement formulé

l’illustration sur bois,

bois, et

donner ni un

le

un dessinateur

la vieille

sujet,

mili-

armée française

et ceci est plus rare,

d’un talent et d’une compréhension assez souples

pour

se discipliner

à un travail

tel qu’il doit être

exécuté en vue d’un beau relief typographique.

Quant aux graveurs, on

était

inutile de s’en préoccuper,

sûr d’en trouver. Le vrai graveur sur bois


— aime

le bois

en fac-similé, sachant bien que cette

formule de gravure

montre avec

77

le

est celle

sa personnalité se

plus d'avantage!

Tandis qu’un illustrateur ayant l’habitude de dessiner sur le bois, c’est aujourd’hui plus que l’oiseau rare, c’est le

M. Charles Morel, lité

merle blanc

!

qui a été demandée la tota-

à

des cent vingt dessins du volume, n’osa pas

affronter

cette

chose,

simple en

si

apparence,

mais qui, néanmoins, demande une certaine pratique

:

le dessin direct sur le bois.

Il

exécuta sa

composition en grand format sur papier tographie les reporta en

Mais à la

les bois

plume par

claire-voie, les

les réduisant

des tailles

c’est-à-dire qu'ils se terminaient le

papier;

de

la

par for-

en

du papier)

composition.

acceptant ce programme, M. Charles Morel

joignait,

toutes ses la

les parties

ils

les pages,

laissant pénétrer la lumière (le blanc

y

le bois.

les dessins étaient à

;

maient arabesque, ornement, dans

En

sur

pho-

n’en étaient pas moins dessinés

bords en se perdant dans

dans toutes

la

;

comme

qualité

illustrations

personnelle,

indépendamment de

connaissance exacte du soldat,

les contrastes des valeurs.

dans

la

couleur

,


78

Couleur que ses graveurs, MM. Clément Bellenger, Léveillé, Noël et Paillard ont non seule-

ment conservée, mais parfois dégagée par des nuânces d’exécution que

et

j’ai le

confirmée

plus grand

regret de ne pouvoir signaler en détail pour cha-

cun d’eux. Mais ce que je veux signaler

ici,

comme

téristique, c’est la joie sincère, profonde,

carac-

que ces

graveurs ont eue à graver des bois de fac-similé. «

Nous allons donc graver du

leur cri

unanime en recevant

Et de plus, sur

Zouaves

et

vrai bois! » Ce fut le travail.

les illustrations militaires

Chasseurs

,

plane,

si

l’on

des

peut dire,

la

collaboration d’influence et de maîtrise de Raffet.

Je ne veux pas insinuer se

soit inspiré

Raffet a su

ici

que M. Charles Morel

des œuvres de Raffet, non! Mais

imprimer

h tout ce qui, dans les arts,

touche aux choses de l’armée moderne, une

ordonnance, qu’il

est

telle

presque impossible aujour-

d’hui de représenter les soldats, surtout les troupiers de la conquête de l’Algérie, sans passer par ses formules!

Quant à l’architecture même, livre,

les

Zouaves

et

à la

cohésion du

Chasseurs sont d’une cnn-


.

79

d’une meilleure « fabri-

slj’uction plus rigoureuse,

cation » que

Ah!

les

Portes de Fer

je le sais, je

un

Portes de Ferl

livre

camp

Le plaisant

lui-même;

il

j’en ai l’air;

bibliophile

:

les

dont on ne doit approcher

qu’avec recueillement, dont qu’avec respect

. . .

blasphème ou

clameurs partent du

les

on

ne doit parler

!

est

que

proteste,

il

M. Beraldi

je scandalise

saute au plafond

:

«

Non

!

non! Les Portes de Ferl Y pensez-vous? Dauzats!

Decamps

et Raffet!

Raffetü RafTetü! »

Un peu de calme, «

fabrication

je vous prie.

Nous parlons

de livre », nous ne parlons pas

« Ralfet ».

Raffet? Mais qui

Ou

donc l’admire plus que moi?

plutôt qui l’admire

moi, non pour

le sujet,

mieux? car mais pour

je l’admire, la

conception

des lignes, des masses claires et obscures de ses

dessins lithographiques, où les ensembles de ses « compositions lumineuses » s'égalent les

aux œuvres

plus considérables de la peinture d'effetl Je

l’admire non parce que Napoléon, non parce que

l’armée française, gloire, victoire, guerriers, lauriers; je l’admire parce sition des

que prestigieuse compo-

ensembles. Je l’admire

comme un

grand


— —

80

maître, et de la qualité la plus singulière. C’est

un maître «

morceau

qui, dans

Une

».

main, un visage de Fer et

— pour ne pas

fait

pas

le

de Raffet, une

figure isolée

les portraits équestres

:

ne

détail ,

le

quitter

les

Portes

des ducs d’Orléans

de Nemours, du maréchal Yalée, du lieutenant

général Galbois,

un morceau Rubens

— ne peuvent

aller de pair avec

de Titien, de

similaire d’Holbein,

Et voici que, dans l’émission de Y en-

semble de ses compositions,

il

devient maître de

premier ordre, admirable, héroïque

Quand pas

:

pour

je dis « héroïque »,

qu’on ne

s’y

trompe

ce n’est pas les sujets représentés que je vise, si

héroïques qu’ils soient. C’est Y invention ,

Y ordonnance qui préside

à

toutes les parties de

certaines compositions de Raffet, invention réglée

par l’observation des valeurs de proportion rigou-

reusement soumises elles-mêmes aux valeurs d’intensités

lumineuses, qui font, des ensembles des

tableaux dont j’entends parler, des morceaux de

premier ordre. C’est le principe

dans

Raffet.

vienne, de

même

Quand

la

la littérature

ner dans les œuvres tier, et qu’elle

des arts que j’admire critique

ou des

(d’où

arts)

la partie art

pourra s’étendre

qu’elle

saura discer-

des parties mé-

et

commenter,

à


81

d’une bonne technique formellement éta-

l’aide blie,

chacune de ces spécialités autrement que par

l’unique et sempiternelle description du sujet, Raffet sera

pour

elle

un thème inépuisable de

dis-

sertation.

Comment, en série

effet,

par quel ordre, par quelle

de pensées, pouvait-il concevoir avec autant

de logique et d’ampleur

que

alors

le

le

modelé des ensembles,

modelé du morceau

lui

échappait?

Lorsque ce mystère sera

éclairci,

dans lesquelles Raffet a

dramatiquement repré-

senté

si

Journées de

les

la

les

aquarelles

Révolution prendront

place, malgré l’exiguïté de leur format, sur

même

rang que la Peste de Jaffa ce chef-d’œuvre ,

de Gros,

le

maître de Raffet

La question de pour à

le

mon

admiration

cette affirmation

La gravure sur

bois

Chasseurs à pied

sans réserve

:

du volume

est,

meilleure technique que célèbre

!

génie de Raffet une fois réglée, je persiste

retomber dans

les

le

les

Zouaves

et

dans l’ensemble, d’une la

gravure sur

bois

du

volume des Portes de Fer.

On ne peut cependant

pas attribuer l’infériorité 6


— dernière à

<le celle

82

— de Dauzats, Decamps,

l’art (l’art

Raffet).

Donc

il

faut l’attribuer à la partie matérielle de

aux erreurs où

l’exécution,

du

entraîne l’abus

MÉTIER.

11

y a dans les Portes de

L’une

« fabrication ».

est

Fer deux erreurs de

de l’éditeur, l’autre est

de Raffet, ou plutôt non, celle-ci est encore de l’éditeur.

L’éditeur des Portes de Fer est tombé dans l’er-

reur

commune, depuis 1840

pas encore

(elle n’a

cessé), à l’ensemble de la librairie et des éditeurs.

Les

éditeurs,

comme moyen pas

;

ils

n’y

vers

d’illustration,

ont

méprisent un peu,

emploient

1840,

mais

ils

comme un

bois

n’y croient

même

pas confiance,

les livres d’étrennes.

le

ils

le

procédé bon pour

Pour eux,

l’idéal,

c’est

la

vignette sur acier, la « magnifique » vignette sur acier, la

comme

ils

l’annoncent sur

les titres.

Hélas!

vignette sur acier fut le produit de la taille-

douce de notre

siècle, tandis

que

la

gravure du xvni® siècle avait donné de la Borde

Quand bois, de

formule de

les

Chansons

!

les éditeurs

ont rempli de bois, de jolis

bois superbes, le texte d’un

volume,

ils


estiment que rien n’est

amuser

les enfants!

publie mûr,

comment

ne contient pas de

Les bois, c’est pour

fait.

Mais les « connaisseurs », leur présenter le livre

œuvres d’art

« vraies

le s’il

», des

« vignettes sur acier » ?

Et, régulièrement, l’éditeur

de son

gâche l’ordonnance

en y introduisant des éléments hors

livre

texte et parasites.

Plus fort encore! Si

comme

dans

les

Portes de Fer, la gravure sur

eh bien! l’éditeur, sans en mettre, en met-

acier,

tra tout

de

même,

tant

puissance du bois dans Il

plan du livre exclut,

le

il

convaincu de l’im-

est

le texte.

fera faire, par les graveurs

du

bois, des

gra-

vures sur acier sur bois, des gravures sur bois

jouant

le

Du

simili-acier.

bois

gées, première, seconde, etc.

Et

le

par

tailles

ran-

!

coupeur de bois sautera avec orgueil sur

cette

mauvaise besogne. Toujours

de

chimère de ne pas être un coupeur de bois,

et

la

d’échapper aux

il

a été obsédé

lois naturelles, à l’aspect

logique

de l’image qu’il doit produire. Le coupeur de bois veut être « graveur » Bervic,

il

;

il

veut être Edelinck ou

ne veut pas graver des vignettes pour

des livres, mais bien reproduire des peintures;

veut « interpréter » la Ronde de nuit ou

les

il

Noces


84 de

Cana.

paraît

ne veut point dégager la

Il

que

humiliant;

c’est

c’est-à-dire suivre, en

il

taille

;

il

veut interpréter,

les imitant,

de procéder d’autres métiers que

manières

les

le sien, et faire

d’incroyables dépenses d’adresse, de patience, de tours de force dans l’exécution, pour arriver à pro-

duire une œuvre contre nature. violon sur

Il

veut jouer du

contrebasse.

la

Par suite de cette fameuse orientation d’idées, les bois

dans

le texte,

surtout les « grands bois »

hors texte des Portes de Fer, reproduisent à

méprendre

douce,

et la

losange des tailles et contretailles

le

par première

s’y

seconde habituelles à

et

moire des entretailles,

la

taille-

et le griffonnis

des paysages.

Première cause d’infériorité imputable tation par les

gravure

à l’imi-

coupeurs de bois des pratiques de

la

officielle.

Autre cause en ce qui concerne Raffet ou,

si

vous voulez, l’éditeur, qui n’a pas su demander à Raffel ce qu’il fallait, et rien

que ce

qu’il fallait.

Ralfet a ceci de très particulier et de très remar-

quable

d’avoir

pu

se

classer

parmi

peintres sans pratiquer la peinture,

un moyen

et

d’expression subalterne,

les

grands

rien qu’avec la

lithogra-


85

un

phie. Raffet est

crayon menu, à la

lithographe, crayonnant, d’un

abondant, tantôt des pièces

facile,

mode de son temps,

et plutôt indifférentes

Adieux de la garnison, Vous

les

jeune homme, sition

du

fort

Mulgrave,

la

:

nous avons conduit

boucher

du

c’est

Raffet était

les

le

la

:

et

etc., etc.

cela

Prise

Ce ne

dépasse

la

bas-relief!

un lithographe. Vous

dit

bien long,

Dernière charge des lanciers

Marche sur Constantine,

que des lithographies,

peinture

elle

êtes

des pièces d’une compo-

d’ensemble à jamais admirable

rouges, la

sont

etc., tantôt

:

de

la

savez ce

que

technique lithographique

:

dessinateur à en mettre trop, à

blancs du papier.

Entraîné parles habitudes du lithographe, par la

mode,

et

par une modestie qui nous confond

aujourd’hui que nous connaissons son génie, le

rendaient coulant sur

la qualité et la

et

qui

tenue des

bois; cédant par bonté aux graveurs sur bois tou-

jours talonnés par et qui lui

la

tendance à pasticher

demandaient l’occasion de

le

faire

burin,

montre

de leur habileté de coupe, Raffet en a Irop mis. Voyez, sur tant de bois, cette teinte lourde, plombée, agaçante de monotonie, mais veloutée, que la taille-douce obtient à l’aide

las!

Velours de

l’image

de

de

la

machine Col-

sainteté

de

la

rue


— Saint-Sulpiee,

même,

86

velours de

la

solennelle gra-

vure académique! Je ne crains pas d’émettre cet axiome irréfutable

:

Un

buis,

qui donne la sen-

fût-il de Raffet,

sation d’une gravure faite à la machine Collas , est

un mauvais

bois.

Un exemple,

mais, certes, décisif

:

juste le portrait équestre, tiré hors texte, royal,

du duc d’Orléans!

un

C’est

c’est tout

du prince

« bois »

nable. Et le portrait également équestre

abomiet

bois

texte de Changarnier.

Ne restons pas sur une Yoyons vignette

vite,

du

comme

titre,

Et encore, pour la

telle citation.

opposition,

gravée par

me

page, et le texte

comme

célèbre Lavoignat.

comme

la

page 86, aussi gra-

elle tient bien

elle est liée et

dans

la

harmonique avec

sans faire tache carrée et lourde!

D’une façon générale, voyez gnat. Celui-ci était il

vrai bois, la

borner à un seul exemple,

remarquable vignette de

vée par Lavoignat;

le

un

un

professait des opinions

moment. Ses œuvres

les bois

de Lavoi-

vrai et lin graveur de bois;

que

je

défends

ici

en ce

offrent le double caractère


de travail

Ah!

si

et d’effet

87

que

je

réclame pour

le bois.

l’ordonnateur du volume de 1844 avait

ma-

consulté Lavoignat, son œuvre aurait l’allure

manque, malgré de nombreux

et

supérieurs éléments d'art. Mais, dans ce volume,

le

gistrale qui lui

métier domine

mement au

l’art

pur; l’éditeur n’était pas fer-

courant de ce que c’est qu’un livre;

les illustrateurs pas davantage.

celui-là

n’eût

eu

l’idée

de

Autrement jamais

demander, jamais

ceux-ci n’eussent consenti, premièrement, à exé-

cuter du bois singeant

la

taille-douce; seconde-

ment, à placer ces bois hors texte; troisièmement, à les placer hors texte est la faute

en travers du

livre, ce la

plus

le côté, la

base

de goût, l’erreur d’architecture

irrémissible

:

la

maison bâtie sur

qui

perpendiculaire au sol!...

Lavoignat eût pu donner de bons avis; mais un gros légume de la librairie n’aurait jamais consenti à suivre

une direction donnée par un simple cou-

peur de bois!


IX

Plan\ mot

capital dans la technique des arts.

Ses acceptions diverses, nombreuses, sans relation entre

elles

en apparence, ont toujours un

intérêt primordial.

En parlant du modelé, ici il il

est surface, là

il

il

est

élément principal,

limite les espaces, ailleurs

semble disparaître, quoiqu’il

mais dissimulé sous devient le dessin,

reste

mot râleur.

le

le tracé, et

même

présent,

— Puis

le

il

papier où

sont fixées les combinaisons de l’architecte

Je

pourrais pousser plus loin.

Dans

le sujet

la disposition

qui m’occupe,

générale,

le

plan

le parti pris

est le projet,

sur toutes les

choses qui concourent à l’exécution d’un

livre.


— Par

89

rigueur du plan, accompli sans aucune

la

déviation,

les

Zouaves

et les

Chasseurs à pied se

placent au premier rang des livres illustrés.

Du

bois de fac-similé. Pas de bois hors texte.

A

plus forte raison, pas de bois en travers du livre.

Le bois toujours souligné par en d’autres termes,

Abandon de

le bois

le texte qu’il

anime

;

placé juste au passage.

en faveur,

Yliabillage actuellement

qui emprisonne le bois en épousant ses contours, lui

enlève

l’air.

Retour à l’habillage ancien, dans

de larges blancs carrés. Ne pas forcer sion des figures.

Reprendre

la

dimen-

la

Etc. J’omets encore des détails.

formule du bois primitif,

mettre en circulation

;

marcher contre

la

la re-

mode

proscrire les « teintes » qui semblaient être

conquête moderne de

la

gravure sur bois;

et

une en

apparence, perdre du terrain, marcher en arrière;

en

réalité, rentrer

d’art et

dans

du métier de

la

la tradition

du principe

gravure en

relief, a été

une audace de goût, une preuve non équivoque de

la

juste

appréciation de

vignette placée à

même

le texte

la

fonction

d’un

d’une

livre.

L’équilibre d’aspect, l'harmonie entre ces deux

éléments, texte et image, qui forment l’ensemble

de

la

matière typographique, est

la

condition essen-


— tielle

de

la qualité

90

de l’ornementation d’un

livre.

Texte et vignettes doivent faire tableau sans interruption de matière. Je m’explique.

La vignette doit se la

couleur,

lier

matière de

la

un élément de

au

texte sans

la

page. Elle apporte

description précis et concentré se

en un instant, tandis que «

lisant

la lettre » n’avait

que longuement et successivement dépeint Mais

sujet.

liaison intime,

la

changer

la

le

même

fusion des deux

descriptions, texte et image, doivent se continuer, se soutenir l’une l’autre par

Y unité de matière.

ne doit pas être interrompue par

Cette unité

un corps étranger

la

matière typographique.

L’unité d'effet, la tenue, l'ensemble du livre

à

comme la lettre est l’objet composé, comme la lettre est la

cette condition,

dont

le livre est

est

et

matière typographique par excellence, elle com-

mande dans son domaine; la

formule,

elle-même

La

les

le

dessin doit suivre

proportions qu’elle indique et dont

est la

mesure.

teinte, quelle

que

soit sa

provenance, ap-

porte avec elle une matière étrangère, un œil de blanc,

un corps étranger

Quant

ii

la

à celui de la lettre.

matière lithographique, malgré plu-

sieurs tentatives qui pourtant mettaient en

œuvre


91

des bons dessins, elle n’a pu, lourde et compacte,

composée de grains

pu

de teintes,

et

jamais

elle n’a

s’acclimater dans l’ornementation

du

livre.

M. Charles Morel n’a probablement pas songé en exécutant ses des-

à ces diverses considérations

sins;

il

lui a suffi d’établir

franchement

valeur

la

des uniformes de chacun des soldats qu’il mettait

en action, de chercher

vérité des silhouettes

la

que présente un corps de troupe, pour montrer ses qualités de compositeur et de coloriste dans

de blanc

les contrastes

de noir,

et

franchise dans l’émission de

la

(Ce terme de valeur locale réflexion le

que

loin. Je

l’oublier.

Le

En nous assommant elle s’affuble, et

modelé dont locale,

par

elle a

le

une

développement

;

avec

ici le

sommaire

mot

la nature

:

le

le

oublier la

trouble dans le loi,

l’énorme importance qui

accordée vers les arts

voici

en jetant

fait

à faire

m’entraînerait trop

veux pourtant en donner

pour ne pas

dont

m’amène

il

grande

sens, étant la

valeur locale.

je vais émettre sans

sujet en est trop gros,

la très

mon

originalité de sa technique, à

la

lui

valeur a été

milieu de notre siècle, a lancé

dans des théories subversives dont

sont pas près de se débarrasser.)

ils

ne


maintenant à M. Charles Morel,

Je m’adresse lui

demande

et

ce qu’il pense aujourd’hui de la gra-

vure sur bois comparée aux gillolages?

Après l’expérience

qu’il vient

de faire sur

l’in-

qu’une gravure exécutée avec tout

térêt d’art

le

soin et le talent qu’elle comporte peut ajouter h

un

Charles Morel a pu

dessin, M.

compte exact de

un

entre

la

un

se rendre

différence d’elfe t

dessin bien mis en relief sur

qui existe

un

bois et

l’apparente vigueur de fac-similé que promettent les

procédés de gravure photographique, en disant

« c’est le dessin

lui-même

».

Ce qu’un graveur ajoute à un dessin par bon

beau métier,

c’est

d’abord de lui rendre

de

le

le

papier), des négligences,

dégager de toutes

:

et

le service

les taches (invisibles

sur

des retouches, des

réparations amenées par l’improvisation du dessin et inhérentes à son exécution

du

travail

sans

du dessinateur, que

même

dans

le

:

légères scories

graveur enlève

avoir à s’en préoccuper et que je suis

l’obligation

compte, par

la

de

faire

entrer en

ligne

raison que la photographie

de

em-

ployée par les gilloteurs les révèle, les exagère et

les

met en

relief avec

la

même

qu’elle apporte à la reproduction

inconscience

du dessin. Tout


que de

ceci n’est

propreté, dira-t-on. Mais cette

la

propreté n’est nullement négligeable

fient

pour

elle devient,

tière;

l'effet

altérer,

en

les procédés,

ma-

la

qui modi-

des dessins et ne servent qu’à

les

une pierre d’achoppement.

Je reviens à la collaboration réelle

veur apporte au dessinateur. Par la netteté

du

trait

auquel

la

la

que

le

gra-

précision et

gravure sur bois retire

toute espèce de confusion, par les accents, la fer-

meté, qui soutiennent et donnent de l’ampleur à

du

l’effet

valeurs et le

nuance

dessin, le graveur accuse,

les

met en harmonie, en unité de matière,

dessin et le texte.

Ces diverses qualités dont dispose la gravure sur bois et que le graveur applique selon son tem-

pérament personnel

selon

et

les

nécessités

du

dessin qu’il grave, tout en respectant fidèlement les

linéaments dont

Zouaves

et

il

est

Chasseurs

formé,

les vignettes

des

accumulent dans tout

les

l’ensemble du volume. Voyez l’en-tête de

même

graveur,

les

la

préface, de M. Noël, et

du

Tirailleurs indigènes page 69, ,

page 127,

et la

Revue aux

seurs

au camp de Fontainebleau, page 161. Ces

vignettes

Tuileries,

pourraient,

à

elles

et les

seules,

Chas-

servir

de


,

,

thème pour des exemples sur ce que Mais je puis en citer bien d’autres

avancé.

j’ai

:

Les Tambours des Zouaves page 17, la Revue du

Grand-Duc. Constantin, page 105,

Inkermann, page 119,

le

les

Zouaves à

Défilé des Tirailleurs,

page 165, gravés par M. Paillard. Le dessin de

la

Revue du Grand-Duc Constantin, notamment, me paraît avoir l’importance d’un tableau.

De M.

Léveillé, je ne citerai

Caporal

vignette,

elle réunit

à

un

en

mais

elle tout ce

qu’on peut demander

bois.

Quant

à M. Bellenger, je louerai sa belle façon

de couper

le bois,

coloration

qu’il

transparence,

la

donne

regarde ces vignettes

page 55, et

qu'une minuscule

des Tirailleurs, page 146,

et les

:

Rouges

à le

la

vigoureuse

gravure

sa

:

qu’on

Capitaine Cavaignac,

d' Abd-el-Kader

encore Officiers supérieurs plaçant

page 58, les

postes,

page 81.

Encore une ainsi

que tous

je prierai

les

artistes qui

dessins pour les gillotages, de

comanie plesse,

est

la

en

M. Charles Morel

fois,

état

de fournir

finesse de

taille,

ont exécuté des

me la

dire

tenue,

de couleur

qui est toute naturelle au bois!

si

la la

zin-

sou-

et d’effet


Voilà pourquoi je terminerai en résumant

les

neuf chapitres qui précèdent en un dixième, qui, celui-ci,

aura

le

mérite d’être court et clair.

Quand on voudra de beaux livres, ornés de beaux DESSINS EN ACCORD TYPOGRAPHIQUE AVEC LE TEXTE, IL

FAUDRA LES DEMANDER, ENCORE ET ENCORE, A LA GRA-

VURE SUR

BOIS, A LA VRAIE

GRAVURE SUR

BOIS.


33422.

IMPRIMERIE GÉNÉRALE LAHURE 9,

Rue de Fleurus, 9








institute

1548



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.