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2016
https://archive.org/details/hubertrobert173301 nolh
«
HUBERT ROBERT
IL
A ÉTÉ TIRÉ DE CE
El Vit E
HUBERT ROBERT 1733-1808
SO
I
X A A T E - O U AZ E I
E XE M
PL AIR ES
Sur papier des Manufactures impériales du Japon NUMÉROTÉS A
I.A
PRESSE DE
Exemplaire
n°
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PIERRE DE NOLHAG
HUBERT ROBERT 1733-1808
PARIS GOUPIL M AN Z
I
,
.1
0 Y AA T
& C'% ÉDITEURS-IMPRIMEURS 8c
U lB
24,
BOULEVARD DES CAPUCINES
,
éditeurs-imprimeurs,
1910
successeurs
THE GETTY RESEARCH institute library
LES BUCHERONS (A M. Pierre Decourcelle)
\
HUBERT ROBERT ’art français a
donné, au xvn
e
de paysage, Claude Lorrain
noms
et Nicolas
la
nature avec conscience et l’ont traduite
grandeur.
Un
qui parfois
envahit
sa
juste titre; n’est
toile,
de scène historique. De même,
mais
le
site
chez
en tout ce
il
qu’il
est vrai, ce
du
xvm
fond déborde
et
placé
France réclame
e
qu’un
lui
accessoire
siècle ne voient
l’interprétation de la nature qu’un fond sur lequel se
nages. Parfois,
la
être
scrupuleusement étudié,
cependant
les peintres
peut
paysagiste
seul
auprès d’eux, Van der Meulen, que à
Poussin, et ces
sont les plus illustres de l’école. L’un et l’autre
ont étudié
avec
deux grands peintres
siècle,
dans
meuvent des person-
s’impose
touche, est un admirable maître dans
Watteau, magicien
;
le
paysage; Lancret,
Pater ne l’ont point dédaigné; Oudry, Boucher surtout, l’ont traité pour lui-
même,
l’un avec
une émotion sincère
et toute
moderne,
l’autre selon la plus
séduisante fantaisie. Mais, pour trouver de vrais maîtres,
Joseph Vernet, Louis Moreau, Hubert Robert. les
Si leur
il
faut
attendre
contemporain Fragonard
égale souvent en ce genre, ses titres sont d’un ordre différent, et on
regardera toujours
comme un
peintre d’humanité.
le
HUBERT ROBERT
2
Le plus fameux du groupe, Hubert Robert, se rattache directement, après
un
Claude Gelée.
à la tradition magnifique de
siècle,
comme
a,
Il
lorrain, la passion des études dessinées en plein air, le sens des
pittoresques et ce goût de mêler des
des grands
ciels,
comme
œuvre,
»
importantes aux féeries
aux masses contrastées des feuillages
celle
arrangements
et
Son
des eaux.
de Claude, dégage une sorte de poésie qui pénètre Lame
Un
troubler et ouvre à l’imagination l’horizon des grandes rêveries.
sans
la
trait
commun
dément
fabriques
«
maître
le
et
unit encore ces deux caractères. L’Italie les a possédés profon-
marque toute
leur production
de son empreinte
;
non pas
l’Italie
des peintres académiques, dont l’imitation s’imposa pendant trois siècles dans la
formation des artistes, mais celle de
monuments,
nature et des
la
telle
qu’une histoire incomparable semble l’avoir préparée pour l’éducation morale de l’humanité. Sans
ni
l’Italie,
Claude Lorrain,
révélé complètement à lui-même;
ils lui
ni
Hubert Robert n’eût été
doivent, autant que
la
qualité de leur
lumière, les formes propres de leur pensée. Il
isolé, et,
pour parler de
son sens intégral.
II
lui, le
mot de génie
habite une région de
seront jugés assez grands,
s’il
française de son temps,
a réveillé
s’il
se présente dans la plénitude de
l’art
comme Hubert
peintres exquis et spirituels
lité
où ne s’élevèrent jamais
nature, et
s’il
originales dont la valeur décorative n’est pas dépassée.
démontrer davantage,
et
nous serons
des observations précises,
la
satisfaits si
persistante
e
Ce plète,
même
par
les
a laissé des
comme œuvres
Nous ne voulons pas
nous pouvons
justifier,
prédilection que professent
ques-uns d’entre nous pour un maître trop dédaigné oublié
la sensibi-
a contribué à restituer à notre école, la
les
Robert. Les mérites de celui-ci
des forces endormies dans
un genre indépendant, l’interprétation de
xvm
un
n’y a pas à pousser plus loin le parallèle. Claude reste, en son siècle,
à
certaines
par
quel-
époques,
critiques célèbres qui ont fait métier de réhabiliter le
siècle français.
serait
mal connaître Hubert Robert
que de voir en
lui
Cette partie de son œuvre
seulement lui
le
et l’apprécier d’une façon
plus habile des
«
donne cependant un de ses
incom-
peintres de ruines
».
titres les plus sérieux,
HUBERT ROBERT semble
celui qui
d’aujourd’hui
recommander de préférence
le
comme
à
3
des amateurs
à l’attention
ceux d’autrefois. Lui-même acceptait cette désignation, l’Académie Royale, en un temps où
lorsqu’il se faisait agréer à
il
était
d’usage
chez les artistes de se définir d’un mot et de fixer par avance les limites de
son labeur. Dans ce genre où s’exerce avec complaisance il
faut distinguer
deux façons
fort différentes
études
à
onze ans
la
lui
comme
et
l’a
à
fixée sur
l’aquarelle,
ses
la
il
physionomie du monu-
albums dans ses admirables
vaste
formée pendant
collection
dont quarante années d’utilisation n’arrivent pas à épuiser
Dans
l’autre,
il
interprète ces motifs recueillis avec tant
de
de simples éléments de décoration avec lesquels toute liberté
semble permise
mêle
qu’il
sanguine ou
d’Italie et
les richesses. fidélité,
telle
site,
talent de Robert,
de composer. Dans l’une,
rend, avec une exactitude presque documentaire,
ment ou du
le
transporte
;
il
le
les mutile,
les
recompose,
spectateur dans un pays
les
transforme, les entre-
d’antiquité
factice
récréé
,
par une imagination souple, joyeuse et bien française. Ces jeux divers de
la
pensée d’un bel artiste enchantèrent un double public, réuni par ce goût
pour l’antiquité monumentale de Rome, qui ne enthousiaste que dans
la
deuxième moitié du
fut
jamais plus ardent et plus
siècle.
La littérature sous Louis XIV, bien qu’imprégnée d’humanisme, n’avait guère frayé
aux prises
la la
voie aux curiosités archéologiques, et les deux partis que mit
mémorable querelle des Anciens
et des
Modernes témoignaient
d’une culture littéraire à peu près pareille puisée chez les Anciens, et d’une
ignorance non moins semblable à l’égard de leurs monuments.
Si
Charles
Perrault ou ses contradicteurs font intervenir Vitruve dans une discussion, c’est
de manière purement livresque, sans nul sentiment véritable de
de Rome,
ni,
à plus
forte
raison,
de
l’art
devait par étapes acheminer les esprits à
que
la
Grèce.
Le xvm e
comprendre Part antique
siècle ,
ainsi
l’établissent quelques dates qu’il est nécessaire de rappeler. L’érudition
sévère et sûre de
Dom
1719 à 1724,
quinze volumes
figures, les
de
l’art
les
Bernard de Montfaucon donne au monde savant, de de VAntiquité expliquée
qui reparaît en édition nouvelle de 1722 à 1758.
travaux du comte de
Caylus
et
et
représentée en
Dans
l’intervalle,
de son ami Mariette ont précisé
les
HUBERT ROBERT
4
connaissances sur des points importants, en initiant
le
public à une antiquité
plus familière. Le traité de Mariette sur les pierres gravées est de 1750
de Gaylus
suite de planches
romaines
et
Recueil d'antiquités
:
commence
gauloises,
à paraître en
égyptiennes,
la
;
étrusques,
son mémoire sur
1752;
la
peinture à l’encaustique est de 1755; son Recueil de Peintures antiques, de 1757.
grandes découvertes
Les
hasard des travaux d’un villageois, a intacts
par
Charles
III,
la
la ville
ces
à
du Vésuve au
lave
la
une partie de ses trésors gardés
livré
;
dix ans plus tard, on découvre Pompéi, où
les multiplie. Elles restent les
ordonnances royales
amateurs
italiens.
voyageurs pour
A
Cochin, qui visite
les
chez
curiosité
les
attentive et délègue ses
Le président de Brosses étudie doctement
découverte d’Hereulanum, dans un mémoire paru
la
murs de Pompéi, que en 1750, avec
l’Italie
Cependant, l’enthousiasme qu
l’art
qu’elles
elles
fait
distinguée et compte pour
le
les
le
de
à Naples.
Madame de Pompadour,
sans les
,
apprécier
apportent sur
la
pour
assez
vie
Certes
.
,
depuis
la
compagnons, devient
et
de
les
Italie
Renaissance
perfectionnement suprême des artistes si
grand nombre dans
,
le
la
;
mais
péninsule,
vers Naples et ses richesses inconnues. Plusieurs
Baies.
Soufllot
qui a ,
le
il
des Anciens.
poussent jusqu'à Pæstum, qui achève, par un décor mieux conservé,
de Pouzzoles
;
complément nécessaire d’une éducation
Français ne sont venus en
attirés surtout, cette fois,
frère
le
commentent
provoquent généralement appelle en
beaucoup de curieux de toute sorte voyage au delà des Alpes
les savants
en examine plusieurs centaines
Leblanc et l’architecte Soufflot,
renseignements incomparables
lation
malgré
livrées au pillage,
moment, l’Europe devient
dédaigne au point de vue de
jamais
des recherches
facilité
immense
une
excitent
la
commencent
en 1750, dix années après son voyage; d’autres parlent des pein-
tures détachées des
l’abbé
mais
,
ce
devant ses compatriotes à Dijon
longtemps désordonnées,
renseigner.
la
le roi
ensevelie, ont rempli de merveilles sa villa de Portici,
puis le Palais des Études, de Naples. Ces grandes explorations
en 1738
études un
Les fouilles entreprises officiellement par
catastrophe.
dans
ajouté
dans
Ilerculanum, retrouvé
extraordinaire.
intérêt
ont
napolitaines
su
la
révé-
mieux voir que ses
premier champion d’une architecture renouvelée de
HUBERT ROBERT
5
dans l’école du premier Empire.
l’antique, qui trouvera plus tard ses maîtres
Rome
Les jeunes architectes de l’Académie de France à
M. de Marigny lui-même, napolitain.
Dans
à
ne pas quitter
sans avoir parcouru
l’Italie
monde de nos amateurs
le
sont conviés, par
de nos érudits,
et
le
pays
la liste
est
instructive de ceux qui vont s’y instruire, acheter des antiquités, discuter sur les
Randon de Boisset y
découvertes.
suivi par le financier Boutin
1754, le duc
dont l’influence sera énorme,
documente
se
du duc de Lauraguais y paraissent en
fils
de Penthièvre en 1755. L’abbé Barthélemy, à qui
plus tard un livre charsis,
les
;
son premier séjour en 1752, bientôt
fait
à Naples à la
le
de 1755
fin
;
l’on
devra
Voyage du jeune Ana-
La Condamine
et
l’abbé
Gougenot y voyagent en 1756, l’abbé Morellet en 1758, l’abbé de Saint-Non en 1759, Watelet en 1763. Dans toute l’Europe, cependant, les récits et les descriptions se multiplient; nulle part on n’en imprime autant qu’en France;
mais l’Allemagne trace, avec Winckelmann, l’histoire
de
prépare l’appui siècle,
ancien,
l’art
Ainsi
diffusion des ouvrages du grand archéologue
et la
plus solide aux théories qui
le
dans tous
premier tableau d’ensemble de
le
les
domaines de
artistes,
l’époque qui nous intéresse, éprise de l’antiquité
des satisfactions tout à
abondance
inépuisable
qu’elle
fait
a
y goûte
tecture,
du
la
sincérité de
motif sculpté,
précises. parisien,
talent
du monument
nourri
réel
Un
et d’habileté, le
propre initiateur de Robert en
mêmes
Ajoutons que tous
une
toile
seul peintre avait
rappelant leur voyage
de Marius
»
ou
le
de
«
:
le
Rome
le
ou
par
».
d’années
tant
nom d’Hubert
Robert.
du morceau d’archi-
fictif
que construit
Italie, et le
le
même
succès était venu
évolution du goût public.
tenaient à mettre en leur galerie
Colisée, l’Arc de Constantin, les
temple de Vesta
avec une
montré déjà ces qualités de science
voies et grâce à la
les visiteurs
peintres qui
Elles jaillissent
l’exactitude solide
l’étude,
preste pinceau.
à Panini par les
modèlera non seulement
demandé aux
de vie italienne, qui rendit promptement célèbre
On
du
d’avoir rappelé qu’elle s’est fortement
et
l’évoquent
ce
fin
mais l’àme de plusieurs générations. Pour
monumentale
de
qui
nouvelle,
suffit
il
la
l’esprit.
commence une éducation
l’intelligence des jeunes
vont triompher, à
Nos
artistes trouvèrent
«
trophées
honneur
et
HUBERT ROBERT
6
profit à satisfaire cette clientèle toujours les
«
répliques
renouvelée
et qui
ne craignait pas
».
Une longue
Que de
lignée de prédécesseurs semblait les avoir préparés.
maîtres avant eux avaient senti et cherché à rendre
délabrement des monuments romains
!
la
le
doux mystère de
Nativité,
la
pittoresque et glorieux
Sans remonter jusqu’aux précurseurs
Renaissance, qui évoquèrent tant de
de
le
fois,
sous
l’abri
du temple païen,
ou lièrent saint Sébastien martyr au fût
de marbre cannelé surmonté du chapiteau de Corinthe, ne voyait-on pas
la
ruine antique faire le principal motif de maint tableau de paysage du xvi® siècle et surtout
du xvn e
?
Mais
les
Italiens s’amusaient, sans s’émouvoir,
de
décors pour eux trop familiers. Les Septentrionaux, au contraire, qui venaient étudier
dans
les
villes
illustres,
par
frappés
étaient
des
constructions
majestueuses, souvent sans nom, appropriées tant bien que mal aux usages
modernes,
déshonorées
et
méprisées pour
plupart;
la
évoquaient,
elles
pour leurs yeux de barbares, l’image d’un merveilleux passé, qu’ennoblissait encore Il
la
y
a,
lumière de ce pays divin.
dans
l’
Ancienne Pinacothèque de Munich, une
cative de Jan-Batist belle
de
fille
l’Italie,
Weenix. Sous un portique orné
à la
romaine dort une
blonde, tenant sur ses genoux un tambourin; c’est telle
qu’elle enchantait les
Le sentiment qu’a rendu
d’Amsterdam, des centaines de ses contemporains
l’artiste
Quel que
l’ont éprouvé.
figure idéale
la
étrangers par les grâces de
peintres
sa beauté vivante et la splendeur de ses souvenirs.
par ce symbole
bien signifi-
toile
soit le
musée du Nord que
on y trouve
l’on visite,
toujours, réuni à l’écart, un lot de tableaux oubliés où des peintres, médio-
crement doués, ont la
trace maladroite
laissé le
témoignage d’une curiosité un peu confuse
d’une émotion sincère.
On
pourrait dresser
la liste
et
de
ces Flamands, de ces Allemands, de ces Hollandais obscurs, qui ont assis
sur un pan de
ou groupé une
mur
d’appareil antique un chevrier jouant de
halte
de
paysans
dans
un
Campo-Vaccino
sous des arches triomphales enfouies à demi dans s’essayèrent aux
génie
comme
mêmes
motifs; mais alors
la
le
la
cornemuse,
de
fantaisie,
gazon. De plus célèbres
ruine apparaît comprise par
un élément de grandeur et de mystère. Nul n’égale
ici
le
Claude
DÉTAIL D’UN TABLEAU DE RUINES (Musee du Louvre)
HUBERT ROBERT et
Poussin
;
nul ne
rend
avec
autant
de sobriété et de force
de l’architrave aux fines sculptures disjointes dans gisant au bord du fleuve parmi entière
vie,
honoré.
campagne
la
mousse
déserte.
On
les
;
et c’est
et
de
la la
poésie
colonne
donnerait l’œuvre
de Panini, malgré son étonnante virtuosité, pour
de ce grand style
de sa
la
7
une seule page
pour avoir retrouvé, au moins à certaines heures
sources de cette inspiration que Robert mérite encore d’être
FONTAINE ANTIQUE Dessin pour
le
frontispice des
«
Différentes vues
dessinées d’après nature par Messieurs Robert et Fragonard,
peintres du Roi, dans les environs de
Rome
(Musée de Besançon )
et
de Naples.
»
I
LES ÉTUDES A ROME omme plusieurs des peintres fameux du
siècle,
comme
Bouclier, Nattier, Chardin, Hubert Robert est Parisien
de naissance et d’éducation; mais pour
lui,
cepen-
dant, la souche provinciale n’est pas éloignée. Le père était
Lorrain et remplissait, quand venait au
ce premier enfant
marquis de duc de Lorraine auprès du
roi
le
d’affaires
lendemain,
de François Robert,
Stainville, alors
,
né
le
eut pour parrain
du duc de Lorraine,
l’office
de France. Le
Jeanne-Catherine-Charlotte Tibault Sulpice
,
et
fils
de valet de chambre du
envoyé extraordinaire du de Nicolas Robert
et
de
22 mai 1738 et baptisé à Saint-
M. Hubert de Vendières
pour marraine Louise de
secrétaire de la
monde
légation
la
,
chargé
Lane, épouse
de Son Altesse. Ce dernier
HUBERT ROBERT
10
Robert, époux de
marraine, est probablement l’un
la
deux François
des
qui figurent au contrat de mariage du peintre et qui sont, l’un frère, l’autre
cousin
germain
qu’elle
appartient à une bourgeoisie déjà relevée. Mais
de son
père
Les divers actes de
.
il
est surtout inté-
ressant d’observer qu’ils nous conduisent en pleine Lorraine
coïncidence curieuse qui rattache à
la
sera après lui le plus grand peintre
Cette origine
considérable. Ce fut, en
effet,
où
voie
évocateur de
11
»,
il
le
devait
fils
briller
fort
pour
arts
les
dessin
tant
n’avait point rêvé
en vue d’une carrière
mordant
aux humanités,
qui
l’Italie.
du marquis de Stainville, Choiseul
n’ont
pas
de son
fier
au jeune
ouvrit
probablement
leva
et
qui
l’aîné
les
titre
comte,
le
,
du pinceau pour
A
mais
ecclésiastique;
sentait
l’abbé Batteux, un de
;
fait
premier prix.
l’artiste
difficultés
de
«
bour-
de ses deux
fils.
donner, au Collège de Navarre, une éducation littéraire fort
lui avait fait
soignée,
une
destinée de notre artiste une influence
la
opposées à sa vocation. Nicolas Robert, assez geois de Paris
et c’est
de Claude Gelée
patrie
nom de duc de
plus tard célèbre sous le la
;
ou tout au moins ces relations lorraines, qui
été assez remarquées, ont eu sur
homme
témoignent
famille
la
en
s’éveiller
lui
d’irrésistibles
ses maîtres, gardait de lui
au revers d’une composition grecque, qui dix-sept ans,
le
tout en
collégien,
le
lui
goûts
un impor-
avait valu le
séminaire ne plaît point au jeune dessi-
nateur, tenté par les spectacles de
la
appels de son talent.
vie et les
Il
a
obtenu, non sans peine, d’en sortir et de travailler chez Michel-Ange Slodtz, le
bon sculpteur, quand, au mois de septembre 1754,
ville
est
nommé, par
le
Roi,
plein
comte de Stain-
son ambassadeur auprès du Pape. Le grand
seigneur lorrain a connu de tout temps éveillé,
le
la
famille de ce gros garçon, aimable,
de dispositions heureuses, et
lui
il
offre
de réaliser du pre-
mier coup, sans avoir besoin des cours et concours de l’Académie, de tous
les
jeunes artistes d’alors,
L’ambassadeur commence par
le
voyage
solliciter
à
de
le
rêve
Rome. M.
de
Marigny,
directeur
général des Bâtiments, un brevet de pensionnaire du Roi, qui permettrait à
son protégé de profiter des avantages de l’Académie de France à Rome.
M.
de Marigny
refuse
il ;
est
le
gardien
d’une institution
déjà
ancienne
LES ÉTUDES A ROME et
éprouvée, qui a ses règlements
à
et
lui,
même
sans
-bas,
un ans
vingt et et
là
;
doute,
la
les
choses
à
Rome dans
la
suite
de
reste,
jeune
le
s’intéresse
Stainville
s’arrangeront.
jouissant du voyage avec tout l’élan de
arrive
nouvel ambas-
contre un
bonne Madame de
Hubert Robert,
peine,
à
même
Madame de Pompadour. Au
chez
tout de
peintre partira
appartient de veiller à les
lui
il
;
défendre et d’en maintenir l’application, sadeur fort en faveur
où trop de gens peuvent être
stricts,
intéressés à vouloir des bouleversements
11
qu’à
ainsi
C’est
d’une aubaine inespérée
usant
son enthousiasme de jeunesse,
aux premiers jours
l’ambassadeur,
de
novembre 1754. Le comte de Stainville joignait aux curiosités de volontiers à
française se parait
époque,
cette
dont
l’art,
goût plus
le
Il
ne dédaigna pas de se faire à
Rome une
encore de
vif
s’acquérir des amis dans tous les milieux qui pouvaient servir sa
noblesse
la
renommée.
réputation de Mécène
il
;
aidé par sa grande fortune et par les qualités d’intelligente bonté que
envers les artistes sa femme, née Crozat,
lui-même amateur et
et collectionneur
fille
y fut
montra
d’un riche financier parisien,
fameux. On
bientôt l’ambassadeur
vit
l’ambassadrice s’intéresser, plus directement que ne l’exigeait leur fonc-
aux travaux des pensionnaires du Roi
tion,
et
aux projets de cette vive
jeunesse qu’excitaient le séjour d’une ville illustre et les espérances de gloire.
M.
et
Madame de
Stainville
veillantes relations avec leur directeur Natoire
;
de bien-
dès l’arrivée,
entretinrent,
on
les
vit,
dès
la
le
premier
Carnaval, rouvrir pendant huit jours les magnifiques salons qui occupaient le
qui
premier étage du palais Mancini, au-dessous du logis de l’Académie, demeurait à
la
disposition de l’ambassadeur
de ce
décor de Gobelins, de tapis de
toutes
sortes,
la
des
tradition
Polignac offrait autrefois à
la
la
réceptions
;
ils
Savonnerie fastueuses
reprirent, et
et
au milieu
d’œuvres d’art de
que
le
cardinal
de
société romaine. Cet usage pris par l’ambassa-
deur de France de recevoir au Palais Mancini venait de ce que son palais d’habitation n’était pas
Carnaval, et et
il
sur
le
en résultait, à ce
plus cordiaux entre
le
Corso,
où avaient
moment de
lieu les
réjouissances du
l’année, des rapports plus étroits
représentant du Roi et l’Académie, au bénéfice
HUBERT ROBERT
12
évident de
seconde. Natoire recourait à l’ambassadeur toutes les fois qu’il
la
avait des difficultés à résoudre avec Versailles ou quelque sollicitation par-
ticulièrement délicate à adresser à son chef,
M. de Marigny
En échange,
.
M. de Stainville pouvait exiger quelques égards pour ses protégés,
et
même
faveur un peu exorbitante d’en loger un, sans nul titre, parmi les pen-
la
sionnaires couronnés à Paris aux concours de l’Académie et munis du brevet
Le premier pour lequel
royal.
Hubert Robert. Le
nom
soumet
sadeur de France protège un l’architecture.
Il
me
prononcé dans
n’est pas
1754, par laquelle Natoire
dit,
réclama cet avantage fut précisément
il
prix,
;
mais vous
lui
homme
jeune
différentes
propos là-dessus, pourvu
lui
eût
la
Marigny, ayant bien défendu et
je
ferais
ce
afin le
que
fusse en
je
placer,
si
je ferai
à
me
dit
auprès
de
Il
règle
vous m’approuvez, qu’en
pour
le
est installé à l’Académie,
mieux.
»
aisément à
où
il
M. de
Rome
obtiendra plus
faveur accordée au protégé de M. de Stain-
la
pied que les douze pensionnaires, admis aux
mêmes
avantages et à
l’usage des précieux modèles antiques réunis dans les ateliers.
appliqué, toujours de bon exemple dans
compagnon,
il
jugerait
qu’il
devint, au contraire, le Benjamin de l’Académie, fut traité sur le
Il
imposé
permis en
l’avez
nommé.
Personne ne protesta contre
même
comme vous
les principes à Paris, transige
Hubert Robert
tard d’être régulièrement
,
voudrait présente-
Il
bonté de vous en parler.
dérangeant quelques pensionnaires; mais
faits,
pu être pen-
permission de loger dans l’Aca-
répondu que
ai
qu’il
la
cuisinier
vous en écrirait incessamment,
sur les
aurait
l’intention qu’il
seulement
vous, Monsieur; je ne pourrai guère
ville.
du goût pour peindre
a
répondîtes, Monsieur, que, n’ayant point gagné de
artiste eût
occasions. Je
M. l’Ambas-
«
:
ces jours passés, qu’il vous en avait parlé peu de
démie, en payant sa pension au
qu’il
qui
cela dérangeait tout l’ordre de cet établissement.
ment que ce jeune
du 26 novembre
lettre
cas à M. de Marigny
le
temps avant son départ de Paris, dans sionnaire
la
à
ses
le
mieux entraîné aux jeux
camarades dès
les
le travail
et
et,
Il
avec cela,
était zélé, le
aux exercices du corps.
premiers jours, grâce
risqua sa vie pour six cahiers de papier gris.
Il
à
plus gai Il
s’était
un pari fameux où
s’agissait
de se hisser à
LES ETUDES A ROME du Colisée, par
l’étage supérieur
extérieures de
les saillies
La montée se
redescendre après avoir planté une croix. l’étourdi
plus
pouvant tomber à chaque coup de reins
difficile.
lancer dans
Un
pareil
On
dut
Je
ne
puis
met un
de grimper jusqu’au
est restée, et
gaillard
hors de pair
et
que votre adresse
Rome.
répandre dans
les
hasardeuse
une
de
qu’on voyait chaque
travail,
romains, pour dessiner,
les palais
Son choix
vite le plus ardent.
avait
ce qui, en Italie,
Le dernier Salon
avait vu au
qu’il
impressions sont assez vives parfois
les
direction de toute
une
carrière,
mis en présence
l’avait
d’une des plus importantes expositions de Joseph Vernet. Le peintre
gnonais avait subi plus qu’aucun autre tous
La mer d’abord, dont rocheux que
baigne
il
fluide
les
enchantements de
ingénieux et sans
fut le révélateur
une
lumière,
grave
la
rival,
il
peine de quitter pour se fixer
à Paris.
,
Le jeune Robert
documents de tout genre
dant beaucoup moins que
les siens
?
reçut-il,
conseils expérimentés du peintre? Qu’il
l’ait
Joseph Vernet devint dès lors pour
le
rière
les rivages
Vernet connaissait
le
à
rencontra- 1- il
le
avant son départ? vint-il feuilleter, dans l’atelier de l’artiste, riches en
l’Italie.
vécut de longues années et qu’il venait à
fond les secrets d’un pays où
si
avi-
majesté des palais,
charme d’une ruine de château sur une montagne
de croquis
La
croix.
au reste, que cette croix
dire,
d’art et
églises et
Louvre, celui de 1753, à l’âge où la
Colisée:
le
»
voulait dire aussi peintre d’architecture.
pour déterminer
vu
l’idée
voulait être peintre de paysage,
il
:
renommée.
sa
fait
courage sont devenus historiques,
et votre
modeler ou peindre, Robert se montra été fait dès le début
pour se
du monument.
plaisir d’y planter
Je dois vous
Parmi cette belle jeunesse, éprise se
lui
pu vous venir
a
il
grand’peine,
s’y attacha
il
;
à
l’intérieur
pour l’unique
croire.
car on en parle encore à
matin
saisit
fit
rentrer dans
comment
faite
le
à
qu’il
pierre, et d'en
descente fut encore
la
;
la
écrira à Robert, en 1789, après avoir
concevoir
raison se refuse à
une corde
et parvint
l’espace,
exploit
jeter
lui
Madame Vigée-Le Brun «
13
lui
,
et
qui
albums
seront cepen-
le
pour son séjour projeté,
connu ou non
maitre idéal,
admirée donne à l’étudiant enthousiaste
ces
le
désir
à cette époque,
celui
d’en
les
dont
la
car-
poursuivre une
HUBERT ROBERT
14
semblable
et
révèle l’usage
lui
dispositions donnèrent leur fruit,
marins, où
il
peut tirer de ses propres dons. Ces
qu’il et
sauf pour les effets
est arrivé que,
il
demeure incomparable, Vernet
a
vu son œuvre italienne mer-
veilleusement reprise et presque toujours dépassée par Hubert Robert.
Celui-ci trouvait à
ne
manquèrent
lui
Rome un
point,
autre maître, de qui les conseils réguliers
Giovanni - Paolo Panini.
Né
à Plaisance en
Panini faisait déjà figure d’un vieux peintre comblé d’honneurs, à qui
1691, la
for-
tune, sous toutes ses formes, n’avait guère cessé de sourire. Dans le genre
des tableaux d’architecture, qui prospérait naturellement à plus incontesté des virtuoses.
rait le
de marbre sur des socles moussus,
Il
savait mêler aux ruines les statues
L’étranger riche était heureux d’em-
porter dans ses coffres un Panini représentant Saint-Pierre, le Colisée, ou
où
l’on
vo)
T
ait,
la
la
façade du Panthéon
les
deux grandes
d’autant
accueil
enrichie
nirs le liaient à la
italiens,
royale
l
Farnèse
n’avait
nul élève qui
lui
lui
Mgr
place
le
le
Dauphin
avait reçu avec faveur,
et
rencontré fit
par Natoire, jusqu’à
et
du
;
présent,
il
avait dirigé,
pinceau les réjouissances faites à il
et peint
un
honneur. De bons souve-
France; familier du cardinal de Polignac,
naissance de
la
accueillait la jeunesse avec bienveillance,
sur ses ordres, puis immortalisé par la
,
rapportées en France
des statues de l’Hercule
plus chaleureux qu’il
parmi ses imitateurs
pour
toiles
au petit peintre français, présenté à
fit-il
Navone
place
Colonne Trajane voisiner avec l’Arc de Titus,
Marc-Aurèle du Capitole. Panini et peut-être
la
mieux encore, ces groupements de monuments
comme dans
par M. de Vandières,
demeu-
il
animait de petites scènes populaires
et
portiques de palais.
ses cours et ses
Rome,
avait séjourné à Paris,
Rome
où l’Académie
des aspects de notre capitale, dont
une bonne vue du quai du Louvre. M. de Stainville ne pouvait manquer, d’autre part, de le faire travailler.
par
le
Deux
grand collectionneur M. Groult
toiles signées, qui ont été recueillies et
dont Robert a possédé lui-même
des répétitions, en gardent un curieux témoignage; l’ambassadeur s’était
fait
représenter par Panini, au milieu des galeries d’un palais où sont accrochés
des tableaux nombreux, qui réunissent toutes
les
vues de Rome. Une des
LES ETUDES A ROME
15
collections est entièrement consacrée aux ruines antiques, l’autre aux
Stainville montrait autant d’intérêt aux uns qu’aux
ments modernes. M. de autres, et
il
est impossible
de grouper plus ingénieusement
parmi plusieurs artistes qui accompagnent l’ambassadeur
En
le
ainsi
eut souvent l’occasion de
qu’il
de Giovanni-Paolo Panini, Robert n’exprima que 11
exemple
apprit de son
d’architecture ne peut les
le
tableau des
le
faire,
jeune Hubert Robert.
se proclamant,
reconnaissance.
1756, et,
et feuillettent avec
des albums ou des cartons, on reconnaît aisément (dans
vues anciennes)
souvenirs les
les
Les tableaux sont datés de
plus complets d’un studieux séjour.
lui
monu-
manquer
et
élève
sentiments d’une juste
les
de ses conseils qu’un bon peintre
d’être un décorateur expert, préparé à toutes
besognes du métier, capable d’improviser un trompe-l’œil en perspective,
de dresser
la
maquette d’un théâtre ou
le
plan d’un jardin,
d’inventer le
décor complet d’une fête de cour. La peinture de chevalet n’est, pour un tel
artiste,
qu’un amusement;
doit y préférer les grandes surfaces, colla-
il
borer à l’achèvement d’un salon ou d’une galerie, ouvrir dans les murailles
de profondes percées sur un paysage imaginaire.
aucune lumière ne surpasse vaut les majestueuses
«
celle
fabriques
du
ciel italien
;
Pour égayer ce paysage, pour
que deux grandes
»
le
meubler, lien ne
mul-
civilisations ont
tipliées sur cette terre et qui ennoblissent à jamais ses horizons.
Comme
Hubert Robert
les a
ou mutilés de l’Antiquité et de
aimés dès la
le
premier jour, ces édifices intacts
Renaissance, ces fontaines monumentales,
ces degrés et ces colonnades, ces arches d’aqueducs qui fuient sans la
campagne remplie de tombeaux
!
Il
a
vu ce que
fin
dans
talent très sage d’un
le
Panini avait su tirer de cette richesse de motifs pittoresques et compris ce qu’il était possible d’y joindre,
coup d’esprit de
Paris. Ses premiers tableaux
peinture du moins ne porte à
avec un peu de rêverie septentrionale et beau-
la
date de cette époque.
ne point se risquer à composer
rougirait de signer trop jeune. qu’il
peut mener dans
tique sur les originaux
la
romains sont perdus; aucune
la
grande
toile,
Il
et
est,
du
reste, d’âge
d’un siècle où l’on
Nous savons, par des témoignages,
Rome de Clément XIV.
du Vatican, sur
les
Il
plâtres
dessine,
il
la
vie
étudie l’an-
du Palais Maneini.
Il
HUBERT ROBERT
16
accompagne
camarades
ses
mesurer
qui vont
architectes ,
essayer d’hypothétiques restaurations.
de
Il
un des modèles
les plus saisissants
des observatoires
l’un
nombreuses ruines.
les curiosités
15 octobre 1755, que ses élèves
de
saison
;
«
de
guère,
fait
règles
et
Charles'
où
,
coup de choses
,
parmi
Rome
,
aux précisions de leur
art.
toits,
ils
;
ils
sont
ont fouillé dans
comme on
le
voit
les
le
Adrienne,
,
en se jouant, aux
Moreau
à l’évoquer avec
et les
Thermes de Dioclétien, qu’occupent
de tous
« Ils
:
ont consulté les auteurs
les indices qu’ils ont trouvés sur
entrés dans les
la terre... »
une grande niche vide,
souterrains,
entièrement cet
ont grimpé sur les
Voilà des parties qui tentent Robert, et il
plante son chevalet sur un
dans ses tableaux,
jambes pendantes,
nuit, remplissant le carton d’études s’est lié
s’initie
et
pendant que ses camarades vont aux mesures,
Il
la villa
se sont trouvés en état de rétablir presque
édifice
pan de mur,
Natoire écrit,
dont l’abbé Barthélemy, qui
Chartreux, et aux Thermes de Caracalla
lieux,
selon
Robert, qui ne les quitte
».
On aime
décrit les travaux aux
et, profitant
»,
disent avoir remarqué beau-
ils
son profit de leurs observations
à l’œuvre,
y trouve
Il
de profiter de l’arrière-
afin
,
pour leurs études
De Wailly, ces ardents garçons
immense
s’installe au besoin
et le
dans
crayon court jusqu’à
nombreuses.
avec Pajou, un ancien de l’Académie, qui modèle des satyres
des nymphes,
et
l’aide
à s’enthousiasmer
pour
le
marbre antique. presque
innombrables bas- reliefs
qu’utiliseront
morceaux
va voir travailler Doyen, qui copie
à
Paix et
sont tout répandus actuellement à faire
les antiquités
très propres
qui les ont précédés,
et
la
découvrir
d’Adrien.
Villa
la
«
quelques architectes ont été lever des plans dans
près de Tivoli
voit
construction romaine.
la
mêmes compagnons,
des études en différents endroits de
la
Temple de
mieux placés pour embrasser d’un coup d’œil de
le
va, avec les
Il
un mot de Marigny,
les
le
un peu plus complète qu’aujourd’hui, leur donne, au bout du Forum,
qui,
les
édifices,
escalade avec eux les grands cintres
basilique de Constantin, qu’on appelle alors
la
les
qu’il a notés.
11
ses
toiles
sont
le
tous
Les des
Dominiquin
Saint-Louis et Pierre de Cortone au Palais Barberini, et l’ami De Wailly,
qui relève
le
plafond du Bacicio en l’église du Gesii.
11
est
l’inséparable de
LE GAMP0-VACG1N0 ET LE COLISÉE, A ROME (A
Madame
Lefebvre
LES ETUDES A ROME La Traverse, ce borgne de directeur assure
bon
«
l’architecture, ayant
un
et se
»,
talent,
le
peignant fort bien en détrempe
du génie,
et
mêlant quelquefois de
de
et
des vers.
faire
On conservera de des études à
,
de cette époque, violemment teintées de bistre, où où
mœurs
les
esquive
s’il
il
tenus de fournir à date
son instruction
détails
il
veut travailler d’après
de compositions peintes
devant
réfléchit
des-Monts,
les
aussi
et
mais sachant prendre
,
du reste, l’intéresse
dans qu’il
dans
,
saura utiliser.
vertes fresques
Il
l’initient à
voit, la
dans
ensuite
la
et sa
paysage.
le
l’y
lui
le
qu’on
popolino de
la
madones,
les
parmi
les
les
la vie.
la
Lorsque il
le
garde
invite, et
Eternelle
montrant
lui
Mais
le petit
les spectacles
laisseront
ruine.
appar-
qui
réalité,
après
homme
jeune
souvenir des
le
la
noblesse
la
beauté de Rome,
xvm
Parisien du
amusants que
dans son
lui
e
siècle
a offerts
œuvre des traces
mendiants entassés en groupes sordides aux degrés
Transtévérins jouant de
les pâtres
les buffles sur le
l’y
Ville
nombreuses. Ce sont des églises,
la
puissante mélancolie.
apprennent pas à regarder
n’a pas besoin
les palais,
poésie de
ont précédé, pour interpréter
Les maîtres qui forment son style, en ne
dans
des
de Guaspre Dughet à Saint-Mari in-
campagne romaine,
grands peintres de France qui de ses lignes
églises,
les
devant ses véridiques études de nature,
de convention accumulée dans
va peindre
d’histoire,
maîtres, pour son plaisir
les
tiennent au prince Corsini et semblent une révélation de tant
et le tente;
peintres
tous
galeries
les
des Poussin, des Lorrain qui l’émeuvent et Il
plume
la
grandes figures de composition, puis leurs
recueille
Il
.
ce fou-
nature est prise sur
la
plus sensé
,
pensionnaires,
fixe leurs
copies d’œuvres célèbres, et
des
lourde tâche
la
fin
trouve. Tout de son art,
le
pas
italiennes sont fortement observées, et qui ne laissent
pas d’impressionner un Robert plus
son bien où
lecture plus que
la
gueux élève de Boucher, qui n’aura jamais de nom
le vif,
compagnie, que son
bel esprit de la
à différentes choses,
du goût
17
la
zampogno devant
la
niche des
au feutre pointu, enveloppés de leur grande cape, gardant
Forum,
les rustiques pèlerins agenouillés
marbres étincelants,
et se pressant
pour baiser
dans Saint-Pierre, le
pied de bronze.
HUBERT ROBERT
18
Ce sont des femmes au port majestueux, qui gravissent, sur
la tête,
le
cortile
«
large escalier tournant des palais
le
monumental parmi des
»
cruche de cuivre
la
d’autres qui dansent dans
;
guitaristes et des chanteurs
;
et celles qui
lavent leur pauvre linge en d’immenses vasques de marbre faites, semble-t-il,
pour
bain des déesses, mettent leurs guenilles à sécher
le
long des arches
le
triomphales qui virent défiler les légions victorieuses. Ces contrastes rempliront les compositions d’Hubert Robert d’éléments pittoresques
autre ville n’eût fournis.
Au bout de
du plein
silence
s’étend
air,
enceinte. Souvent fait le
le
même, dans
la
des
Rome
animée par
rue,
la
de ce temps,
vie bruyante
la
dans
encloses
solitudes
qu’aucune
grande
la
monument de
le
gloire
décor de l’existence familière. Le théâtre de Marcellus abrite, sous
les
voûtes profondes de ses vomitoires, les plus misérables échoppes; l’édifice qui
de
sert
Douane de
«
bâtisse toute
moderne,
nombrables églises précéda sur
les ville
la
terre
même
façade, engagée
en
noble colonnade de
utilisent
le
présente
»
la
Basilique d’Antonin; d’in-
des fragments antiques arrachés au temple qui
sol
;
les
plus
fins
la
antique soutiennent encore les riches architectures du Portique d’Oc-
de l’immonde ghetto,
dans ce coin grouillant
où se tient
marché aux poissons.
Robert va
le
quant des personnages tableaux
;
et,
et
par exemple, cette Pescheria
l’enjoliver,
reviendra
Il
,
aujourd’hui détruite,
velle et
cesse
à
les plus singuliers
ce
de
d’artiste
est
mélange de simplicité de
indiquée dans un passage de
la
Natoire, où le style paraît moins terne qu’à l’ordinaire écrit-il
dans
l’été
:
s’y
la
le tra-
Rome. vie
nou-
révélait pour
correspondance de «
Je viens de faire,
de 1755, une petite opération d’arrangement pour l’étude.
y avait une quantité de
morceaux de
dus dans l’endroit où l’on voir les placer
n’aura presque
la vieille
de majesté des anciens débris. La curiosité qui
yeux
il
fournira
lui
nous conservera exactement, sans
un des coins
sans
cro-
des groupes qu’on retrouvera plus tard dans ses
à transposer de la réalité et
vestir ni
crasseux
et
observant,
partout,
une des plus heureuses de ses compositions véridiques, où
des
de
chapiteaux corinthiens
tavie, au seuil
rien
dans une
mieux
fait
la
la
colonne Trajane qui étaient confon-
provision pour
les avait fait
Il
abandonner.
le J’ai
bois;
la difficulté
cherché
les
de pou-
plus conser-
LE PORTIQUE D’OCTAVIE, A ROME, SERVANT DE MARCHÉ AUX POISSONS (Musée du Louvre) Photographie Braun, Clément
&
C*°
LES ÉTUDES A ROME vés,
que
le reste,
mettre en évidence dans quelques endroits de l’Académie,
j’ai fait
qui est fort mutilé, je
eu par hasard et que sous un arc antique et
1 !)
j’ai
acheté pour moi. Je les
on en jouira
;
apporter à un petit jardinet que
l’ai fait
on pourra
et
les
j’ai
placer et arranger
fait
ai
et,
dessiner
l’on veut,
si
peut servir d’entrepôt à tous ces plâtras qui devenaient à rien. Cet endroit,
tout petit qu’il est, tiges antiques.
fait
morceaux
voir des
Camjm-Vaccino
est situé derrière
Il
très pittoresques par tous ces ves;
temps en
cela fera, de
temps, un petit délassement en y allant dessiner quelque point de vue, car tout ce quartier en est rempli.
Ce court
»
peut s’illustrer par plusieurs croquis de Robert et par un
récit
dessin de Natoire lui-même, qui montre, en qualifié par lui d’ «
et le voisinage
le fouillis
de ce jardin,
Ermitage du directeur de l’Académie de France
admirablement
droit était
1760,
dans
choisi,
la partie
plus sauvage de
la
L’en-
».
la
ville
des plus belles ruines. Les jeunes gens, en allant déjeuner
au jardin de l’Académie, s’arrêtaient à les contempler, déchiffraient, sur arcs
impériaux,
inscriptions
les
orné qui, par hasard, affleurait région déserte de l’ancienne
du jour, craignant vaches paissantes,
les
presque
à
la
hauteur
des
du temple de Saturne, déterraient un
escaladaient les colonnes
aucun de leurs secrets,
alors
le
sol.
Rome, où
étaient
Ils
les trésors
où de rares promeneurs
mauvaises rencontres
comme
au
les
chapiteau
ensevelis n’avaient livré se risquaient
au
milieu
n’y trouvant jamais que des
et
pâturage étrange, semé de débris sans nom, se dressait et
yeux,
maîtres dans cette
temps de Claude Lorrain
de l’Amphithéâtre Flavien. Architectes
les
Au
.
fond de ce
masse puissante
la
peintres s’y rendaient volontiers
pour travailler ensemble, quelques-uns par un sentiment de piété. On s’agenouillait
devant
l’ermite
en
s’amusait
les
chajielles,
robe de bure,
aussi,
à
certaines
le
loin «
sur
de toute
Cortile del
la
mémoire des martyrs. On Le plus ancien
surveillance.
Heremita
Colosseo »,
del
et
scènes piquantes, que gravera Janinet, sur cet ermitage rustique
ménagé dans l’artiste,
qui veillait
l’occasion,
dessin d’Hubert représente
on se mêlait aux pèlerins réunis autour de
le
les
sombres
galeries, ra|>pelleront. plus tard,
souvenir de scs escapades de jeunesse.
dans l’œuvre de
HUBERT ROBERT
20
Quelques autres coins préférés peuvent se retrouver dans cette œuvre,
Rome
dessinée ou peinte, où tales,
fréquentes et
si
d’un
joyeux
si
maintes
des croquis pris
rappellent
tient tant de place.
comme
qu’on appelle encore,
Medica
semblent
»,
que tout
ainsi
de son temps,
en marbre,
décor qui
le
même
comme
au
moment
et
sous
de
des illuminations de fêtes. Les voûtes
montent
lesquelles
vivement éclairée,
en
il
de
larges
puisé
a
degrés
ses
de
laissé
du
à cheval
ses
et
place du
la
de curieuses études nocturnes
place Saint-Pierre,
la
l’Es-
reparaître
aussi
fait
Il
de
à
temple de Minerve
«
avec
l’entoure,
constructions d’après Michel-Ange; l’artiste a Capitole,
le
l’édifice
Marc - Aurèle
le
Robert,
Neptune de Trevi,
le
l’avoir particulièrement frappé.
souvent, quelquefois transformé Capitole
devant
fois
tableaux de
les
Les formes singulières de
l’Acqua Paola, à l’Acqua Felice. quilin,
dans
effet
monumen-
Les fontaines
aboutissant
escaliers,
l’inspiration
prolonge à
qu’il
une baie
à
de
l’entrée
à
l’infini,
de
église
1
Sainte- Agnès-hors-les-murs, et c’est dans les Catacombes voisines qu'il faut placer l’anecdote
si
On
son chemin.
connue de
se
rappelle
la
dangereuse promenade
les
détails de
cire éteinte,
la
où
solitaire
de
la
perdit
il
marche
au hasard, de l’angoisse mortelle subie pendant des heures dans le labyrinthe souterrain. L’ami Delille en a tiré plus tard tout un récit poétique, où son
imagination
Robert Paris,
lui
a
dû sans doute beaucoup broder,
-même, pour mieux
faire frissonner
peut
l’on
et
son récit
à
que
croire
dames de
les
ne se privait point d’ajouter plus d’un détail terrifiant à une mince
aventure de sa jeunesse.
Le comte de Stainville quitta bassadrice au
lendemain de Pâques,
bon abbé Barthélemy, si
efficacement
«
Avec beaucoup
femme
aimable,
les
de
Robert, loin,
si
M. de
comme
mois de janvier
laissant
«
familier,
qui
jeunes
artistes,
écrivait
d’esprit elle
au
leur
a
et le
toutes
»
Stainville,
ministre
les
Une
les
telle
beau
voyait
à
Caylus
à
qui et
la
sur
son
à
Le
amie
:
peuvent rendre une justesse
du goût
protection eût beaucoup
étrangères,
».
Rome encourager
devenu duc de Ghoiseul
des Affaires
1757 et l’am-
beaucoup de regrets
qualités
sentiment du
plus décidée que je connaisse. a
Rome
,
n’eût
veiller
sur
la
manqué continué sa
des-
LES ETUDES A ROME tinée.
11
1
même
entretenait
à
du 29 mars 1759. Au et
les
de
la
reste,
dépens, dans
ses
comme
accordée au Palais de l’Académie,
en
la
chambre qui une
fait foi
de Marigny
lettre
homme, devenu l’exemple de l’Académie
progrès du jeune
était
lui
que des éloges sur l’application
avait
n’y
il
21
J’ai
«
:
peine, écrivait Natoire, à faire aller certains particuliers; je voudrais
que tous de M.
des progrès aussi sensibles que
fissent
duc de Choiseul
le
ardeur infinie;
pour exemple,
dans
est
il
y en
il
.
.
le
l
imitent.
être agréable aux Choiseul
leure façon, sachant
de grands éloges du sieur Robert.
côtés
un
faire
petit tableau à
rable,
du Directeur général des Bâtiments
«
me
Il
faites
de
«
:
celui-ci
en a pour
quand
ambassadeur de l’Ordre de Malte,
déjà
quelque
«
chose
les
»
(pii
que
l’Académie,
Robert
En
».
il
;
me
part de 12.
Si
le faisant.
»
fort sen-
soin
;
il
fera
possible,
il
ont autant d’amour pour doit bien servir
de Breteuil,
le bailli
vient de faire
une commande de M. de Choiseul
l’artiste
le
exemple
ajoute
11
arts, fréquente
du sieur
ils
Ccl
sien.
le
d’émulation parmi nos pensionnaires.
montre du goût pour
ma
demander un tableau
lui
est fort agréable de conduire des sujets,
que
meil-
la
revient de tous
Le sieur Robert est
de son mieux à mériter vos bontés en y prenant tout
leurs talents
le citer
commande, infiniment hono-
Natoire accusait réception de cette
lui
beau
n’aura pas perdu son temps en
il
avril,
l’honneur que vous
:
Ordonnez-lui de
Le 25
sible à
j’ai
de 20 ou 25 pouces sur 10 ou
sa fantaisie,
content de ce tableau,
je suis
;
Marigny répondait de
»
une
qui travaille avec
sujet,
genre de Jean-Paul Panini
peu qui
a
un bon
C’est
.
protégé
sieur Robert,
le
son entrée
Rome,
achats
et
a
temps, parvient
à
fait
même
des
à
l’exécute avec soin, et
le
tableau part avec celui de M. de Marigny. Le ministre, ne perdant pas de
vue
les intérêts
de son protégé, a l’ingénieuse pensée d’en
Directeur général, qui s’en déclare
comme Il
ravi
:
«
On pense
même accompagner
d’une lettre certaines
A J ai
présent au
sur son
ici
compte
nous, écrit-il à Natoire, qu’il peut faire un jour un grand sujet.
daigne
avais
faire
reçu,
demandé
Monsieur, et
de M.
le
duc de Choiseul,
que vous m’aviez annoncé par votre
«
réflexions
»
»
de Coehin
:
Versailles, le 29 août 1759.
non seulement lettre,
mais
le
tableau que je
même
celui
vous
que vous
lui
HUBERT ROBERT
22
aviez destiné, le
ce
que
vous en témoigne
je
donné
lieu
fait
ma
sentiments de
les
la
galanterie pour que j’eusse
pour moi. Recevez-en mes remerciements en attendant reconnaissance.
—
Vos deux tableaux ont
Paris aux réflexions dont je vous envoie ci-joint copie.
à
Je vous exhorte à en
que vos heureuses dispositions font désirer aux connaisseurs
faire l'usage
Vous pourrez aisément par ces moyens
même
voulu m’en faire
ministre ayant absolument
pendant de celui que vous aviez
temps, que
vos avantages,
et
remplir leur attente
que
M.
si
et
mienne
la
aux amateurs. compter, en
et
de contribuer à tous
lorsqu'elles se présenteront,
saisirai les occasions,
je
et
duc de Choiseul veut que vous soyez admis au nombre des
le
pensionnaires de l’Académie, je vous y donnerai volontiers une place en témoignage de la satisfaction que j’ai des heureuses dispositions que vous montrez dès aujourd’hui, et qu’il
dépendra de vous de perfectionner avec de avec de l’étude
la
docilité
aux avis qui vous seront donnés
de l’application.
et
Le mahquis de Maiugny.
Je suis, Monsieur, tout à vous.
Ces tableaux, tifiés
si
importants clans
la
carrière de l’artiste, peuvent être iden-
par l’inventaire des collections de Marigny. L’un est
cavaliers
statue de
;
l’autre
vue perspective
la
d’une galerie artistique, avec une statue de porphyre sur sieurs
devant et plu-
le
représente un temple circulaire où l’on voit une
femme en porphyre
et plusieurs
personnages. Les experts Basan et
Joullain en décriront la touche spirituelle et le coloris vigoureux «
réflexions
»
de Cochin, dont l’original est conservé dans
Marigny, fournissent une analyse page, qu’il faut tirer de par
papiers
de
Cette
une des bonnes critiques composées
ait inspirée.
loue d’abord
Il
«
les
heureuses dispositions que
artiste fait paraître cpiant à la valeur et surtout l’intelligence
des effets que produisent ses
de
la
réflexion
puis
»,
«
reflets, partie rare
longtemps en usage reuse et fondée sur
et la
vérité avec laquelle
la
jeune
lumière et
peinture, qui est
traite
les
il
»,
enfin
«
le
devants de si
hardiesse heu-
la
ose employer les obscurités les
modérément enfoncées dans
les
tableaux
».
prenne garde aux mauvais conseils de ceux qui travaillent de
routine, sans consulter est à désirer
prenne sur
il
la
de
le
sans ces mauvais repoussoirs
ressource des ignorants
plus profondes dans les masses qu’il
dans
l’entente avec laquelle
ses tableaux lumineux, sans trous de noir,
Mais
les
complète d’un talent déjà formé. est
l’oubli,
les
mais
;
secrétaire perpétuel de l’Académie, la meilleure peut-être que l’art de
le
Robert
fait
et
la
que ce jeune
lui,
nature, sous prétexte d’augmenter les effets artiste,
pendant tout
le
:
« Il
né pour accéder aux plus grandes beautés,
temps
qu’il
pourra rester
à
Home, de ne
X CJ
r>
V
LES ETUDES A ROME
23
point se contenter d’aller rapiner les vues et ensuite les peindre chez soi
malheureuse façon d’étudier a perdu presque tous
cette
employée
»
doctrine
la
couleurs relativement à
lumière
directe
de
reste
les
formes de
la
nature qu'il faut connaître à fond, ce sont
on ne
;
les
Quelque
vie.
ce sont les
qu
à l’étude,
temps dont
y ait à se placer peindre et achever entièrement ses tableaux d’après nature, néanmoins la
le
la
gloire la surmontera
les tableaux
qu’il
;
fera d’après nature
grès qu’il fera par cette méthode nature belle
il
le
assurer
et,
tant
que
l’on
«
la
il
se
Le second défaut
avec génie et avec goût
neraient de la rondeur et
que de
la
semblent n’être que
donc de se
fortifier
pro-
les
Surtout qu’en faisant
d’après
à
imiter;
il
faut
commencer par
bien
la
;
et
Robert n’est point assez
démontrée géométriquement
manière dont on voit
les objets à
vue
»
»
;
;
il
or,
perspective régu-
colonnade fuyante, dont
le critique détaille
la
tient aux figures
mais elles
»,
:
qu’il veut peindre, fausse la
Cela est fort apparent dans
les erreurs. «
«
met trop près des objets
lière.
que
et
dans
infinie
étudie, la suivre avec la plus parfaite obéissance.
perspective linéale
parait ne faire usage
ardent pour
l'artiste
corriger ou l'embellir, elle est toujours aussi
la
difficile
Deux défauts surtout sont signalés par Cochin sévère pour
bon emploi
le
apercevra une supériorité
qu’il
surprendront lui-même.
ce n’est que trop
et
la
de bien
et
commodément pour
il
sur ceux qu’il pourrait faire de génie,
renonce à toute envie de prétendre
par elle-même
connaître
difficulté
même
on peut
qu’y produit
effets
devine point et l’on n’y peut parvenir qu’en peignant tout
temps qu’on consacre
le
;
important d’imiter avec justesse
est infiniment
qu’il
d’après nature, surtout pendant
sur
une hauteur d’expression digne de
distance où sont les objets
la
reflétée,
et
graver dans sa mémoire
influe
à
:
Ce ne sont pas simplement les
les peintres qui l’ont
ici
et le critique s’élève
;
«
;
elles sont traitées,
manquent des ombres qui
il
est vrai,
leur don-
de plus ces ombres ne sont pas rompues de couleur
même
le
ton qui seulement a plus de vigueur. Afin
dans cette partie, M. Robert
modèle pour acquérir de
fera bien
de suivre l’étude du
correction et de peindre de temps à autre des
la
figures habillées d’après nature, plus grandes
que celles
qu’il
emploie ordinai-
rement dans ses tableaux. C’est sans doute exiger beaucoup que de demander toutes
ces
M. Robert, Il
choses; il
ne
mais,
lui est
lorsqu’un
artiste
est
au
degré
où
est
arrivé
plus permis de se contenter d’une bonne médiocrité.
doit tendre à la plus haute perfection et ne rien épargner
bout de
;
pour arriver au
la carrière. »
Robert n’est pas
homme
à
dédaigner
les conseils
de ses anciens. Rien que
HUBERT ROBERT
24
ces défauts, nettement précisés par
le critique,
doivent rester toujours plus
ou moins inséparables de sa manière, on peut être sûr son mieux
perspective et
la
fait
poser de grands modèles habillés.
dernier point, des croquis coloriés à l’aquarelle, pris en et qui remplissent effort méritoire.
pense
:
de larges
nommé
est
il
pensionnaire du
nouvelle contribue à
et cette
comme on
transport au cerveau
qui a
»
manqué
l’a
vu,
aux
mois de
au
Roi,
guérir d’une grave maladie.
le
L’excès de travail était pour quelque chose dans cette «
d’après nature
Italie
Dès ce moment, sa bonne volonté reçoit une haute récom-
de Choiseul,
septembre 1759,
Sur ce
nos yeux, témoignent d’un
feuilles passées sous
par une décision spéciale de Marigny, due,
instances
de
a travaillé
qu’il
d’être mortelle
«
:
avec
fièvre-tierce, est, écrivait
Il
son
directeur, d’une complexion forte et robuste et en abuse pour vouloir trop
forcer ses études, et c’est par sa faute qu’il a des rechutes. travers,
que Natoire eût voulu rencontrer chez
avait
souvent à
si
d’insubordination
se et
plaindre
de
de violence dont
un beau
les autres élèves, alors qu’il
paresse,
leur
C’était
»
et
même
de leur esprit
ne savait pas toujours se rendre
il
maître.
L’heureux caractère de Robert,
gardera
qu’il
toute
sa vie
et
le
fera
toujours aimer, sa nature serviable, exubérante, débordante de tous les dons
de sympathie, empêchaient que ses succès précoces ne
même
Ses camarades supportaient
nuellement en exemple. tendre,
fortifiée
venait de
Un nouveau de 1759;
le
par des goûts
apporter
lui
était
11
bienfait
le
qu’un directeur maladroit
le
citât
conti-
de tous, mais une liaison solide
l’ami
communs
et
suprême de
une la
Provençal Ils
et
le
Parisien avaient le
se mirent à courir
la
ville
tic
pagne, ne se lassant pas de découvrir ensemble dessiner côte à côte.
et faire
fissent jalouser.
même
et
ardeur au travail,
parfaite amitié de jeunesse.
peintre, Fragonard, était arrivé à l’Académie aux derniers jours
promptement.
les
le
Il
est curieux
de
les voir
même
âge et s’entendirent
compagnie, les sites
et aussi la
cam-
pittoresques et de
débaucher
le
vieux Natoire
de leur directeur, bon gré, mal gré, un tardif paysagiste. Le peintre
d’histoire et de mythologie,
un peu fatigué par son grand plafond de Saint-
Louis-tles-Francais, va se reposer au plein air avec ses deux élèves préférés,
ÉTUDE DANS UNE VILLA ROMAINE (Bibliothèque Albertine, à Vienne )
.
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V
fn>-v 3m,
A?
LES ÉTUDES A ROME et
il
en écrit l’aveu en ces termes
:
«
J’ai
dans
fait
sieurs dessins d’après des vues aux environs de
25
les derniers
Home,
temps plu-
me donnent
qui
envie,
par leur singularité, d’en peindre quelqu’une... Je regarde cette partie fort nécessaire dans l’étude de nos jeunes élèves
prêchant d’exemple.
négliger en
»
A
la
;
je les
encourage à ne pas
l’exemple vient
vérité,
de qui les rapports directoriaux parlent sans
Robert,
la
d’Hubert
cesse.
C’est à Frascati surtout qu’il entraîne la petite troupe. Les villas y offrent
en toute saison d’admirables points de vue et des détails qui composent d’avance
Aldobrandini,
la
On
choix entre
le
cascade des jardins Conti,
le
tableau.
le
a
le
tueux pins parasols des villas Falconieri
et
théâtre d’eau
«
»
de
villa
la
belvédère Pamphili, les majes-
Mondragone. Les contadins
et les
jardiniers animent aisément les allées profondes, les degrés décorés de vases et
de bustes antiques.
époque et
;
Il
y
a,
des trois artistes, des sanguines datées de cette
crayon de Natoire seul est un peu faible
le
quant
;
à celles
de Fragonard, on pourrait presque les confondre, quand
manque, tant
composition,
la
la
vision,
même, en
l’accent
la
de Robert
signature y
sont semblables.
Leurs qualités ne peuvent manquer de s’échanger dans ce commerce quotidien
;
la
édifices,
science de Robert apprend à Frago à bien établir l’exacte
jonction
des
membres d’une
peintres interprètent à contre-sens
;
architecture,
et la virtuosité
de
stabilité
la
que
tant
des
de
celui-ci n’anime-t-elle
pas les groupes de Robert, n allège-t-elle pas une composition surchargée, n’illumine-t-elle pas de
sa grâce toute la scène
dans un paysage de Robert, a
mis au premier plan
peut-être
En
à
son
ami,
qui
en
avec tout son esprit a
peint
parfois
tout cas, les deux portefeuilles se rapprochent par
exquis des motifs,
la
;
mais
de fort le
choix
noble interprétation des architectures et cette précision
un peu appuyée des feuillages observés avec justesse sous L’arrivée à
on croit deviner,
Parfois,
quelques touches de Frago plus expert, qui
les petites figures dessinées
est-ce faire tort
semblables.
?
Rome de
l’abbé de Saint-Non
le ciel
romain.
donna aux deux jeunes gens un
protecteur nouveau. Les rares qualités de ce charmant Mécène, son enthou-
siasme pour
l’Italie,
son goût très vivement montré pour leur talent, son âge
enfin qui se rapprochait du leur, firent de lui le
compagnon
le
plus parfait
HUBERT ROBERT
26
eussent rêvé.
qu'ils
avait
Il
voyagé avec
nouveau pensionnaire peintre
le
Taraval, élève de Boucher, et dès les premiers jours fut un familier du Palais
sympathie déclarée pour Robert
Sa
Mancini.
Fragonard ne l’empêcha
et
point d’être aimable pour tous, et de distribuer généreusement ces petites
commandes
qui
encouragent
débutants.
les
Honnête,
libéral
et
presque
magnifique, ce jeune abbé, qui n’avait d’ecclésiastique que l’habit, quoiqu’au
Comme
l’Italie.
à
mœurs douces
de
reste
décentes, était né pour jouir profondément de
et
sa joie ne s’achevait qu’autant qu’il pouvait la faire partager
des artistes et l’enrichir de leurs causeries, son goût très sûr discerna les
deux talents
à soutenir et vite,
ceux dont
il
devait faire les
demandait
à
Fragonard
née.
au
Il
les mettait parfois
même
lavées qui maîtres.
les ruines lui
Il
et
la
troupe juvénile de ses compatriotes,
compagnons de
en concurrence pour
les
Il
palais,
Chaque
ses promenades.
Hubert Robert un souvenir du
endroit les deux amis.
de Robert
le
même
site et
savait cependant qu’il valait
de Fragonard
il
de
fois,
il
la jour-
sujet, faisant asseoir
les esquisses
mieux
tenir
rapidement
rappelleraient un jour les tableaux fameux et les fresques des
se réservait plus tard d’interpréter ces lavis par le
gravure dont lui
et à
dans
se disait l’inventeur.
Quant
à la partie
procédé de
de ses portefeuilles que
constituait Robert, on la retrouve assez aisément en feuilletant les eaux-
fortes dont l’exécution prolongea
pour î’abbé, à son retour,
même
du séjour romain. Elles nous révèlent, en
promenades. Ce sont, de laquelle une
manqua
les
à l’intérieur
vieille
écraser;
la
sentent travaillant dans
cyprès et
le
de Rome,
la villa
villas
enchantements
l’itinéraire
de leurs
Mattéi, dans le voisinage
masure s’écroula un jour sur nos dessinateurs villa la
loggia;
casino du Guerchin
;
la
Ludovisi, qu’honoraient ses hauts
villa
Farnèse, qui s’étageaient en ter-
les jardins
Empereurs
Albani, Pamphili, Borghese, Sacchetti,
;
Madama,
hors des portes, d’autres encore,
où, parmi des parterres peuplés de statues, se dressaient les colonnades de
Renaissance
et
xvm
a
e
siècle
et
Medici, où tant de peintres d’alors se repré-
rasses sur les voûtes croulantes du Palais des les
temps,
les
Ce noble décor de
du seicento berninesque. presque entièrement péri
demeures somptueuses créées par
;
bien
l’orgueil
peu
la
la
Rome du
sont intactes
de ces
des maisons princières ou
la
O
w a
LES ÉTUDES A ROME
27
munificence des cardinaux. Elles s’harmonisaient à merveille avec
les ruines
de l’antiquité, dont elles faisaient revivre, dans un art à peine différent,
la
grande pensée décorative.
Un ami
peu moins âgé que
particulier d’Hubert Robert, un
lui, l’architecte
Adrien Paris, a parlé de Rome, dans ses notes intimes, avec un d’enthousiasme
une observation
et
si
accent
tel
juste qu’on ne risque guère de se trom-
per en y cherchant l’expression des propres sentiments de notre peintre et une
commentaire sentimental de ses tableaux.
sorte de il
eût écrit à peu près ce qu’on va lire
L'inégalité des sites de
Rome
Si
Robert avait su écrire,
:
produit dans ses jardins les effets les plus variés. Le climat,
y donnent à la végétation une vigueur extraordinaire. Tous nos arbres y acquièrent un développement étonnant les platanes, les hêtres, les chênes, les châtaigniers y deviennent énormes. Ces jardins possèdent en outre ces arbres toujours verts qui, au moins pour l’œil, per-
le
sol
:
pétuent
printemps
le
jusqu’aux nues,
Le vert de
ces majestueux
:
ces arbres est
cyprès, ces pins dont
bien avec
et contraste si
moins
clair,
la
la
tête
vaste et aplatie s'élève
forme des premiers, ces chênes verts, ces
moins gai que
lauriers...
celui des nôtres; mais les effets de lumière y
sont plus piquants et la différence de leur couleur y produit une plus grande richesse de tons. Là, partout, vous voyez sourdre les plus belles eaux, tantôt s’élançant vers le ciel, tantôt tombant en
cascades, formant autour de vastes coupes de nappes transparentes
pour
ainsi dire tous les sens, par
un murmure dont
la
chaleur
une multitude de vases, de bas-reliefs, de statues antiques, telle
que, malgré
pas dans
le
pays
la :
la
auteurs,
s’offre
;
elles
trouver
charment le
le
et
:
elle est
nombre n’en diminue
semblent une production de sous-sol, chaque jour, chaque
Non seulement
l’oreille,
bruit délicieux. Là,
partout à vos regards
quantité qui en a été exportée dans toute l'Europe,
elles
duisant de nouvelles.
encore
fait
ces objets sont une richesse pour l’œil, mais
l
fouille en
pro-
érudit y trouve
solution de quelque problème historique, l'explication de quelque passage obscur des
tandis que l’artiste y admire ces belles formes
si
rares de
la
Là ces grandes
nature.
ruines, ce Colisée, ces arcs, ces colonnes triomphales, ces obélisques, ces aqueducs, ces tours, ces dômes, vous font admirer ce peuple dominateur qui, après avoir soumis le
armes,
le retient
composent, avec
encore sous les
le
joug de
la
religion
!
Tous ces monuments de
beaux arbres de ces jardins, des tableaux admirables que
monde par
ses
différents siècles
ne peut trouver
l'on
ailleurs. Il
ler
Rome qui ne puissent, dans vos promenades, vous rappemême temps qu’ils attirent vos regards sur leur belle disposition, les
n’y a presque pas de jardins dans
de pareils souvenirs, en
combinaisons ingénieuses des plus belles formes, de belles fontaines, de charmantes cascades...
Souvent un groupe d’arbres, un arbre Tel est
le
beau groupe de
la Villa
seul,
laisse
la
mémoire, des traces ineffaçables.
Negroni qui couronne une statue de Minerve
unique du jardin Colonna, que l’on aperçoit de tous
admirablement avec tout ce qui, de près ou de
de
dans
les quartiers
loin, se lie
avec
de
Rome
et
;
tel est
qui
ce pin
compose
si
lui.
Ce qui ajoute encore un grand charme aux jardins romains, c’est cette impression respectable main du temps. Créés dans les siècles d'opulence, avec la disposition et toutes les formes
la
HUBERT ROBERT
28
régulières de
l’art,
les
changements survenus dans
Ses conquêtes sur
fortunes, ou toutes autres causes aussi
les
nature y est rentrée dans une partie de ses droits. mélange de leurs effets, y produisent les scènes les plus pittoresques.
naturelles, en ont fait négliger l’entretien l’art, le
la
;
y composent des tableaux admi-
Cette négligence, cette vétusté, cette végétation fougueuse, rables.
Rome
ne renferme pas toute l’antiquité romaine
retrouver celle-ci dans les
monuments de
sol,
un culte fervent
elle
semble conserver son prestige
et lui rendre, sur notre
va la chercher aussi dans les parties de
il
;
Provence
la
Hubert Robert saura
;
où
l’Italie
plus rare et le plus vivant. Naples et
le
ses environs sont faits pour compléter l’éducation romaine d’un jeune Français
plupart des pensionnaires peintres et architectes demandent l’autorisa-
la
;
que cette faveur
tion de s’y rendre avant de quitter l’Italie, et l’on ne voit pas
jamais refusée aux bons sujets. L’abbé de Saint-Non a proposé à Robert
soit
de
prendre avec
le
M. de Marigny, l’artiste
rien,
:
Outre
«
pour
lui
s’y
et Natoire, la
rendre
dans sa
;
Cochin a transmis
du 19 mars 1760,
lettre
douceur du voyage pour
trouvera de quoi faire des études qui
il
est sensiblement obligé
Le départ
a
lieu le
dès
le 4 juin,
pays-là
me
je
viens
de donner sur
il
font grand plaisir.
Ils
Natoire annonce
de très grands
Cette
«
fruits
promenade
»
le
fruit. »
retour
faites
Non
a
dans ce
;
ce pensionnaire ne peut que
de cette promenade.
»
avait été bien courte, mais
extrêmement fructueuse.
pendant ces semaines fécondes
et
profit.
enchantées que l’abbé de Saint-
conçu, aux côtés de son compagnon, l’idée du grand ouvrage qui fera
connaître
le
royaume de Naples
à
la
société cultivée du
confection duquel Robert prendra lui-même tant de part. les
:
Le
sieur Robert.
le
Jamais Hubert Robert n’avait autant travaillé et étudié avec plus de C’est aussi
vous
ont parcouru tous les environs et n’ont rien
négligé pour mettre à profit leurs fatigues tirer
il
;
espère retirer du
études qu’il a
les
de
dit la joie
seront avantageuses
lui
M. l’abbé de Saint -Non vient d’arriver de Naples avec
coup d’œil que
permission de
puisqu’il ne lui en coûtera
lui,
de cette permission, dont
17 avril, et,
la
temps
On
et
dans
la
retrouve parmi
planches de cet ouvrage, dont beaucoup sont signées par eux, tous les
sites
qui ont frappé les deux voyageurs
dans l’œuvre peinte de Robert. On devine
et
dont quelques-uns reparaissent
à quel point
il
a
achevé de
s
im-
LES CHANTEURS AMBULANTS (Musée du Louvre) Photographie Braun, Clément
&
C‘*
.
'
.
LES ETUDES A ROME prégner de l’antique, en visitant Palais de Naples
;
il
les collections
29
du Muséum de
Portici et du
y a dessiné des journées entières, et c’est de
que pro-
là
viennent presque entièrement les dix-neuf feuilles de ses croquis, gravées par
composées de
Saint-Non et
répondre la
un autre vœu de son ami
à
vases,
bas-reliefs,
trépieds,
reproduit en pochade brillante
qu’il
vaste composition dont Luca Giordano a couvert
de
paroi
la
extérieure de Saint-Philippe-de-Néri, Jésus chassant les vendeurs et
ce
bref contact avec l’école napolitaine,
Fragonard
indifférent,
de Robert et Mais
façade
la
Temple;
dit
qui ne laissera pas non
assurément point inutile pour
n’est
pour
C’est
etc.
plus
clarifier le coloris
l’inviter à alléger sa palette.
surtout
c’est
dons. Nulle part
la
le
pays
même
émeut
qui
l’artiste
ruine ne s’enchâsse mieux dans
la
développe ses
et
monde
nature, et le
ancien semble n’avoir vécu que pour enrichir de ses débris pittoresques
le
spectacle que donnent aux yeux ces beaux rivages. Les dessins napolitains
d’Hubert Robert sont peut-être son œuvre; C’est
ils
gardent
souvenir des excursions admirables
le
de toute
les plus alertes et les plus ensoleillés
une vue du cratère du Vésuve,
qu’il
qu’il a
dramatisera plus tard
faites.
rajeu-
et
nira à l’occasion de l’éruption de 1779; c’est Pouzzoles, avec ses temples de
Vénus
et
de Sérapis, et les sveltes colonnes isolées qui se retrouveront
souvent dans ses tableaux; c’est Baies, avec ses avec ses terrasses, Herculanum, visiter les fouilles royales
;
c’est le
en otage, tandis que
de France
;
le
Bains de Néron
Portici,
»,
où nos voyageurs favorisés sont admis château Saint-Elmc, où Robert s’est
emprisonner pour avoir dessiné sans permission, à rester
«
et
où Saint-Non
ce sont les portes de Naples,
longue côte du Pausilippe, dont
Virgile,
aimé des
qui va de la
montagne
se croisent et
fidèle,
couples à la
la
avec leur encombrement tumul-
végétation,
rustiques,
marine, où
dans l’obscurité. Robert
comme
il
a
fait
fait
peintre courait au secours chez l’ambassadeur
partout des murs antiques descendant jusqu’à la
de
à
prêté
s’est
tueux, qui mêle nos artistes délicats à la foule pouilleuse des lazzaroni la
si
a
les
près
de
riche à
mer la
;
l’excès,
c’est
fameuse
le «
;
c’est
couvre
tombeau grotte
»
chars retentissants et les clameurs
tout vu, tout noté, d’un crayon
des grands temples dressés dans
la
amusé
solitude de
HUBERT ROBERT
30
Pæstum, qui confuse
ont donné, pendant une trop courte journée,
lui
d’un
pur
plus
art
plus
et
puissant
que
ce
la
révélation
a
rencontré
qu’il
jusqu’alors.
Rome,
Aussitôt revenu à
l’abbé de Saint-Non chercha pour l’été une rési-
dence, et obtint de l’envoyé de Modène l’usage de s’y
établit dès la
ne tarda pas à
première quinzaine de
Il
avec Fragonard, et Robert
Quelle place tient
rejoindre.
les
juillet,
d’Este, à Tivoli.
la villa
dans l’œuvre du
Tivoli
paysagiste, des centaines de dessins et de tableaux l’attestent, où reparaissent,
arrangées et présentées sous toutes les formes,
de
la
de
l’Italie,
a
colonnade ronde du temple
ensemble de
Sibylle et les célèbres cascatelles. Cet
plus pittoresques
la
un des
singularités,
de tout temps inspiré
peintres et
les
Personne ne s’en est plus servi qu’Hubert Robert,
intéresse encore.
innombrables cascades rustiques, dont
il
a
les
et les
rempli ses tableaux, proviennent
toutes des études et des souvenirs rapportés par
des chutes rocheuses de
lui
l’Anio, infiniment capricieuses et variées, s’échappant de tous les côtés de la
montagne où
s’assied
leur poétique vérité,
Mais on préférera sans doute pour
l’antique Tibur. ses puissantes
sanguines de
souvent aux côtés de l’ami Frago, en luttant avec d’un groupe de cyprès,
le
qu’une saignée arrachée à dont
les
les
le
génie facile des artistes de
d’eaux, qui
donnant
amusantes de
ne
l’idée
Rometta
la
ramènent Robert
à cette
maîtres,
d’Este. L’idée n’est point de
lui,
Panthéon, l’Arc de Constantin,
l’on sait l’abus
que
qui supportent
le
le
»,
qui n’est
,
munificence des cardi-
Renaissance il
les
a multiplié
n’est
pas
mêlées de statues
antiquité
qu’il
de réunir arbitrairement plusieurs motifs,
pour l’agrément de leurs
le
la
la
nôtres les motifs dignes de leurs crayons, et
petites fabriques
nappe
«
grâce
la
mystère d’une grotte d’architecture,
rivière, le
herbes folles ont envahi les rocailles. Par
naux d’Este,
pour rendre
lui
poudroiement de l’énorme la
d’Este, dessinées
villa
la
architectes
aime
comme
pour
jusqu’à ces et
de jeux en
tant,
lui
le tentèrent,
paysagistes de
la
villa
mais de Pirro Ligorio, de mettre ensemble les
mausolées d’Auguste
et
d’Adrien, et
peintre en doit faire. Les hautes maçonneries étagées
palais et font descendre jusqu’à
la
plaine les
murs de
soutè-
LE TEMPLE DE LA SIBYLLE, A TIVOLI (A
Madame
Lefebvre)
.
LES ETUDES A ROME nement des
nous
jardins,
retrouverons encore dans maint tableau peint
les
comme
au retour en France,
31
aussi cette longue
«
ou des
allée des fontaines »,
centaines de sculptures symétriquement alignées prolongent, devant les yeux,
un décor qui paraît sans Frago fait
fin.
Rome
avant de partir de
geait point à s’arracher à
l’
amateurs de tableaux lui était
et
d’avril 1761, ayant
son excursion napolitaine. Mais Robert ne son-
Italie
;
sa pension n’était pas épuisée, et
Au
tout ce qu’il pouvait apprendre encore.
surtout
mois
quittait son ami, avec le délicieux abbé, au
reste,
il
sentait
gagnait déjà, à fournir les
de dessins, de l’argent et de
demandé, particulièrement
il
réputation. Le dessin
la
rehaussées de cou-
les aquarelles
dont Watelet, dès 1760, puis Mariette achetaient chacun deux pendants.
leur,
Ces morceaux émerveillaient Marigny, fort épris des dessins d’architecture, et il
en écrivait à Natoire
:
juillet
des
dessins colorés
M.
«
1761,
Redoublez tous vos soins pour
honneur
belle plante, qui fera
Le 8
«
»
J. -P.
Panini
;
direction
de Panini et de Robert
son amour pour
ne s’en tiendra pas
Mariette
coup de ces vues
aux arts de France.
»
:
«
Mariette
à
un pour
s’en trouvera
Il
content des études de ce peintre, qui suit le travail
nouvel envoi à l’amateur parisien
suivante,
et
si
de l’Académie envoie encore
directeur
le
Soufflot... Je suis toujours
traces de
à votre
culture d’une
la
là
d’Italie qu’il
;
le fera aller loin. »
de six dessins,
sa collection
puis
s’enrichira encore
aime particulièrement,
et
les
L’année île
huit.
de beau-
quand son cabi-
net sera vendu, en 1775, on cataloguera, à côté des trente-quatre dessins de
Panini,
vingt
et
un dessins de son
émule français, tous de
qualité
la
meilleure.
Un
autre amateur,
traduire Virgile, sa pension
ment que
lui
le bailli
rendit
le
de Breteuil, avec qui
à
Robert de
toucha au terme, en novembre 1762. M. de Choiseul obtint aisépeintre ne fût point aussitôt rappelé en France, et
le
visiter la Sicile, et
dessins d’un le
arrivait
service de prolonger son séjour en Italie, lorsque
Florence rejoindre l’ambassadeur de
Marigny
il
Malte.
nous eussions gagné
caractère tout
nouveau
et
Il
caressa
à la réalisation
alors
il
le
put aller à projet
de
de ce rêve quelques
des paysages bien précieux. M. de
pensait ainsi, et l’on peut feuilleter des
lettres
où ce sujet est
HUBERT ROBERT
32
abordé avec Florence
Le
intérêt.
5 janvier
compte du voyage
17b3, Natoire rend
à
:
Ee sieur Robert m’a belles choses
qu
écrit de Florence, et, après m’avoir fait l’éloge
voit,
il
me communique un
de cette belle
ville et
des
projet qui se présente, lequel lui serait avanta-
y geux pour ses études. M. de Breteuil, gentilhomme ordinaire de il
la
Chambre, voyageant par
l’Italie,
étant actuellement à Naples, a proposé au sieur Robert de l’accompagner en Sicile pour visiter et
dessiner les beaux morceaux antiques qui sont dans ces cantons-là. Ce jeune artiste sent F avantage que cela
procurerait pour
lui
de vous
demander
la
et
de son talent
le l>ien
rien avant de recevoir votre permission,
mais,
;
me marque, dans
il
d attendre votre volonté
comme même
la
il
ne peut point s’engager à
lettre, qu’il a pris la liberté
votre agrément sur ce
et
point,
se faisant
toujours un devoir d’être soumis à vos ordres. Nous attendons de jour en jour M. l’ambassadeur
de Malte. Robert aurait voulu
quelques dessins
et
le
nombre de ceux
Marigny répondait directement
et à
à Robert, dès le
menter
et
;
je
votre empressement d’y aller rejoindre M.
Le plan que vous vous
je
déjà beaucoup accumulés.
qu'il a
reçu votre lettre du 10 (décembre), Monsieur
J’ai
Florence
même
faites
pour en
à Florence, afin de pouvoir faire
un plus long séjour
qu’il eût fait
augmenter
l
8r
janvier
:
ne puis qu’applaudir à votre voyage de le bailli
de Breteuil.
me fait connaître votre émulation me plaît beaucoup. De
désir pour aug-
avantage
tirer
perfectionner vos talents. Cette
manière dont
la
m’explique sur ce premier voyage, vous pouvez juger combien j’approuve votre projet de par-
courir
la Sicile et
d’y tenir la conduite que vous vous proposez
je
;
présume qu’en voyageant avec
de semblables vues, vous rapporterez en France des portefeuilles d’études
curieux
intéressants
et
M. Natoire que paraissent
si
je
;
donne
j’aurai le
grand
à
plaisir
consentement
le
les
voir.
de dessins infiniment courrier,
j’écris
parfait à l’exécution de vos projets
plus
;
à
me
ils
bien conçus (pie je suis persuadé qu’ils vous conduiront à beaucoup de célébrité, et
ce serait pour moi une vraie satisfaction que d'avoir occasion, en
même temps
et
même
Par ce
pour vous. Continuez
utile
à mériter et
Le peintre dut renoncer à ces beaux projets,
dans sa réponse
de
la faisant valoir,
rendre en
la
vous me trouverez disposé à vous obliger. et la raison
en est donnée
:
Le
2 février 1763.
Monsieur,
laquelle vous
mon retour de Florence, la me permettez de voyager en
vous prenez
à
J’ai reçu, à
ce
mettre en exécution
gnons de voyage
projet, ;
on
lettre
que vous m’avez
Sicile. Je
fait
l’honneur de m'écrire, par
vous suis infiniment obligé de
écrit
que
la
ne désespère cependant pas de partir dans
si
des nouvelles plus heureuses de ce pays que je brûle d’envie de parcourir. Je n
ai
tion dans
l
je
ent reprise de ce beau
voyage que
avez de mes faibles talents, dont je ne devrai
dont et
je
que le
peste est du côté de Catania, ce qui a déconcerté mes compasaison,
;
l’intérêt
mais des lettres reçues dernièrement de Messine empêcheront de
celle 1
de
m
la belle
instruire et répondre à
accroissement qu’à vos bontés
vous prie de continuer à m’honorer, faisant
mon
possible pour
vous donner des preuves du profond respect avec lequel
la
et
1
nous recevons d’autre ambiidée
que vous
à la protection
mériter de plus en plus
je suis, etc.
Robe ht.
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H
H S O £ K P W P PS w PU
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^sagafe
â&#x20AC;&#x201D; -aait-;^^ ^
a *-Vfrv ftt. -w
:
LES ETUDES A ROME Pendant
les
deux années que Robert resta encore en
plus l’occasion de passer en Sicile.
dut
Il
pleines de goût,
comme
associé amateur.
eu du moins
poème de
beaux-arts et son
les
»
réflexions
et avait
avaient
manier
savait
Il
que des amis, grâce
à
naient au qui,
magnifique,
«
ne
suivi
,
l’Académie royale de pinceau
et
ne comptait chez
le
sien
».
burin,
le
la quittait
auprès d’un
et
jamais
homme
gens de
constamment
étapes, séjournant dans toutes les villes
fait à petites
hommages
à tenir
les
Watelet complétait ses études
Madame Marguerite Le Comte,
passage des
dit-on,
Il
une politesse attentive
«
l’amour-propre d’autrui en paix avec
importantes avec
le
peindre
mérite de se familiariser avec les procédés manuels
le
par un voyage d’Italie,
l’Art de
élire à
fait
des arts, avant de se risquer à en disserter. lettres
dans ce
quelle place tient,
sait
la fin
curieux du xvni siècle, l’académicien instruit et charmant que ses
connaissances dans
peinture
ne retrouva
il
e
monde des
«
Italie,
plus intéressant épisode de
le
On
de son séjour au voyage de Watelet.
de
33
à qui les
Académies décer-
des diplômes. Le mari de cette dame,
»,
bon,
s’accommodait de cette pérégrination riche
conciliant,
et
qui sauvait les
situations délicates par les façons les plus parfaites. L’Italie entière applaudissait à ce voyage,
dont
Rome
vit
naturellement l’apothéose.
La compagnie de M. Watelet y arriva toutes les recommandations souhaitables l’amateur
fit
le
18 décembre 1763, précédée de
et
du bruit de sa renommée. Mais
aussitôt son choix de société et,
tout en rendant à chacun son
Venu
dû, montra fort clairement qu’il préférait les artistes aux ambassadeurs.
pour étudier prit le
les arts
pour guide
le
dans leur capitale
jeune peintre
le
et voir à loisir toutes les antiquités,
mieux au courant des choses romaines
il
et
plus ancien des pensionnaires du Roi. Hubert Robert fut, cet hiver-là, aux
ordres de Watelet et de Marguerite Le Comte, liant, au cours de leurs excursions, Il
une amitié profitable pour l’avenir
reste de ce séjour,
et
fort
coupé par un court voyage
agréable pour à
le
présent.
Naples, un témoignage
bien curieux dans le recueil d’eaux-fortes que grava Hubert Robert et qui porte en titre
:
Les soirées
de
Home, dédiées à
Académies de Saint-Luc de Home, des sciences rence.
et
Madame Le
Comte,
arts de Bologne
et
des
Flo-
La plupart de ces petits sujets fixent quelques souvenirs des prome5
HUBERT ROBERT
34
neurs
on
;
les voit
groupés en manteau
sarcophage, au voisinage de enterré de Campo-Vaccino
pyramide de Cestius, tantôt auprès d’un arc
la
on
;
croit les reconnaître parcourant
pied de colonnes qui soutiennent un
une arche ouverte
qui
mur de brique envahi
apercevoir un
laisse
une
villa,
au
énorme masque antique, ou contemplant
en connaisseurs une statue adossée à un et
romaine, tantôt devant un haut
à la
par les herbes
bout d’aqueduc. Plusieurs
planches ne rappellent que des scènes populaires, observées en passant
un
:
ermite dans des ruines reçoit l’aumône d’une femme; une fdle tire de l’eau d’un
un magnilique sarcophage
puits couvert dont le bassin est
à figures, partout
des gens sont étendus ou dorment sur les degrés au soleil,
nonchalance romaine qui frappait toujours de
compagnie,
la
le
pendant ce séjour qu’il
et
jeune fermier général Savalette de Buchelay, mourut fournit à Robert
grava pour ses amis
compagnons décidèrent que Robert et
de
la
Rome,
fit
Un des voyageurs
étrangers.
les
de
spectacle
représente
elle
;
dans
d’élever,
d’une nouvelle
l’occasion
eau-forte
tombeau que Watelet
le
l’église
de
la
ses
et
Trinité-des-Monts, et
exécuter après leur départ. Les inscriptions du marbre tombal
gravure sont de ce
latin
épigraphique, émouvant et pompeux, dont
tous les coins de rue ou de chapelle, fournit des modèles incom-
à
parables.
Le sentiment unanime de vant,
le
10 avril 1764
:
chemin de Venise. On
commerce ment
;
Watelet n’est point Peut-être et
aussi
l’a-t-il
le
Rome
M. de Watelet part demain de
«
le
s’éloigner de
voit
monde,
plaît à tout le
lui-même
et
société romaine est exprimé par Natoire écri-
la
et surtout à
et
prend
le
Son
cette ville
avec peine...
ceux qui
voient particulière-
le
est sensible à l’accueil distingué qu’il a reçu en ce pays-ci. parti sans laisser à
emmené
Caprarola
avec
lui
farnésien
Robert
la
commande de deux
jusqu’à Viterbe, pour voir étudié,
cette
année
la
même,
»
tableaux.
villa
Lante,
par
notre
artiste.
Quinze mois plus tard, à
M. de Marigny. Cette
dont
il
le
fois,
semblait inséparable
24 juillet 1765, Natoire annonce un autre départ c’est le peintre qui quitte, à :
«
Voilà enfin
retourner en France, et part cette nuit avec
le
M. Robert
son tour,
la
ville
déterminé
à
s’en
courrier; son premier soin, en
DÉTAIL D’UN TABLEAU DE RUINES (Musée du Louvre)
LES ÉTUDES A ROME arrivant, sera, Monsieur,
Comme
bontés.
suis persuadé
grand
c’est
de vous rendre ses respects
un
sujet dont
les talents
que vous voudrez bien
vous remercier de vos
vous sont déjà connus,
le fruit
je
témoin de son
pour acquérir du mérite par
d’études qu’il a faites. Je souhaite fort qu’il en tire
qu’il est sorti
et
les lui continuer. Je suis
travail et des soins qu’il a pris
qu’il ait l’approbation
35
quantité
la
présentement
et
des connaisseurs. M. l’ambassadeur de Malte, depuis
de l’Académie,
l’a
accueilli chez lui avec des bontés infinies, ce
qui n’a pas peu contribué à l’arrêter de plus dans cette capitale. Cet événe-
ment peine.
est »
bien flatteur pour
lui
et
Hubert Robert avait passé
part de sa jeunesse. les ressources
Il
ses à
connaissances
Rome
rentrait en France
qu’il voulait faire
homme
de son
voient partir avec
dix ans et demi,
de son métier, riche de souvenirs
exactement l’usage
le
fait, artiste
la
maître de toutes
et d’inspirations,
talent.
meilleure
et
sachant
L’ALLÉE ROYALE OU LE TAPIS VERT, A VERSAILLES REPLANTATION DES JARDINS DE VERSAILLES EN 1775 (Musée de Versailles)
%
II
LES SUCCÈS A PARIS e
*26 juillet
1766, l’Académie royale de Peinture et de
Sculpture, réunie, à son ordinaire, dans les salles du
Nouveau -Louvre, sous
premier peintre du Roi
faveur d’agréer sa présentation et de
le
même
jour,
dent
;
il
gratifier
«
parmi ses membres.
sans tirer à conséquence
assurément de quelque
était
l’ami
Fragonard,
qui,
»,
«
agréé
c’est-à-dire
l’année
n’ayant point pris le loisir de remplir
candidature.
Robert,
au
contraire,
» et «
sans
académicien
créer
précédente,
académicien,
avait
les
apporté grand
le recevoir,
Cet avantage de
prix, et l’on n’avait point
agréé
Boucher,
accordait à Hubert Robert
,
la
devenir, d’un seul coup, s’obtenait
présidence de M.
la
ne
»
de précé-
songé fut
obligations
à
en
jamais
de sa
nombre de
ses
HUBERT ROBERT
.38
études
d’Italie
quelques
et
parmi lesquelles on
peintures
choix,
le
fit
,
séance tenante,
du tableau de réception. Ce
gement assez ingénieux Ripetta
sur
retrouve
Tibre, et la toile, qui
le
aujourd’hui
inspiré
,
resta
le
Rome
Port de par
arran-
,
port
petit
le
de
propriété de l’Académie, se
la
Beaux-Arts. Parmi
l’Ecole des
à
académique figurent, pour
registre
romains
d’édifices
fut
signatures du
les
cette délibération, les protecteurs d’Hubert
Robert, Mariette et Watelet, qui durent soutenir avec ardeur les titres du
jeune peintre
même moment
Presque au
commande
Joseph Vernet
et
;
royale.
résidence dont
la
On
patronna.
le
M
,
Marigny
de
.
lui
donnait une première
distribuait les travaux des appartements de Bellevue,
décoration
,
créée par Boucher sous
Madame de Pom-
padour, exigeait d’être renouvelée pour l’habitation de Mesdames de France.
Tous
emplacements étaient déjà réservés
les
figures
comment admettre en
;
qui ne les traitait point
«
leur
des
à
voisinage
un peintre
d’architecture,
au-dessus de quatre à cinq pouces
»
bien les dessus de porte du salon de musique, mais Cochin
Chardin, pour écrivait-il à
de
et
petite
un dessus de porte de 800
Robert y plaça, en 1767,
le
mieux
ration devant
par
.
le
«
livres à
les ruines
L’artiste et
pièce.
préféré,
J’ai
qui d’ail-
On
»
trouva
une anti-
caser dans
d’un arc de triomphe
songeait
alors
à
et
marier,
se
de bonne espérance, que cette
royale; au reste, avec l’estime qui l’en-
d’un médecin-major de Fienne-Cavalerie
fille
alors
;
assorti
du monde.
Femme
fit
le
élégante, musicienne, en admi-
un mari, qui aimait autant qu’elle est
Soos,
elle avait
que l’époux en comptait trente-quatre, ce qui
Madame Hubert Robert nous et
«
donnait à
6 juillet 1767, à l’église Saint-Eustache, Anne-Gabrielle
vingt-deux ans, le
:
les
y avait
Il
Robert n’avait pas d’inquiétude à concevoir sur son avenir.
orpheline de père,
couple
»
commande pour une maison
épousa,
excellait
destination de cette
un présent de noces honorable,
tourait déjà, Il
la
quelques autres monuments
et ce fut
il
?
Marigny, d’employer des talents sûrs et connus, et
même
chambre, de
trophées d’instruments où
plus de rapport à
leurs ont
tout
ces
grandes
de
peintres
les plaisirs
de
la
société,
connue par d’aimables crayons du peintre
témoignage sympathique des contemporains. Elle
sut élever
fort
PORTIQUE AVEC LA STATUE DE MARC-AURÈLE (Musée du Louvre Photographie Braun, Clément
&
C‘”
LES SUCCES A PARIS bien
quatre
ses
agréables de
enfants
Paris.
de
et faire
,
la
maison du peintre
qui ne prouve pas grand’chose et ne vise
une
des plus
mot grincheux de Diderot,
n’y a contre elle qu’un
Il
39
même
prouver qu’un peu
à rien
ménage
trop de jeunesse, bien joyeuse et bien française, chez un courageux
de chez nous.
même
La
année, ce fut
première épreuve devant
la
grand public,
le
première apparition des oeuvres de Robert au Salon du production antérieure,
abondante,
si
il
n’eut
talent sous ses divers aspects et dans toute
Louvre.
scènes familières observées
place à des
pas
devaient «
des moins appréciées,
être
écurie et magasin à foin
En
tête de ,
»
la
;
cour d’un
«
pour donner de
leurs
position sans
portique
»
dans
»
qu’une
venaient son morceau
de réception
il
et
sa
;
fraîcheur aux galeries
personnages
une
«
vue de
;
la
un
«
qui
l’environnent
grand escalier qui conduit
Vigne-Madame
l’Italie
arrangements habituels
à son
grandes cha-
les
à
Rome
»
;
,
com-
un ancien
Sabine
où
lumineux, son
Ce haut pont de
s’affirment déjà pleinement. la
à
»
d’autres encore,
»,
tombant entre deux terrasses au milieu d’une colonnade
le
une
goût des campagnes
le
romain qu’on inonde dans
sous lequel on voit les campagnes de
«
ne
qui ,
antique; mais
édifice
grand paysage dans
«
palais
la
habile interprétation de bois
une
fait
cuisine »,
«
goûts de construction idéale, son expérience des effets
ses
on
avait
Il
.
décor romain
le
telles
plusieurs petites
«
de huit pieds sur sept; une «grande galerie antique éclairée du
d’Italie »,
fond
Rome
au livret
liste
savant ordonnateur d’architectures vraies ou
envoi,
puis un
de Rellevue
toile
son
à
Sa
richesse.
sa
aménagés sous un
»,
comme un
s’affirmait surtout fictives.
nature
sa
qu’à choisir pour révéler son
ne compte pas moins de treize tableaux, sans parler de esquisses et dessins coloriés d’après
Dans
la
cette »
,
ce
«
cascade des
sont
imagination et auxquels, sous diverses formes,
verra sans cesse retourner.
La
critique
Jamais débutant
comme
il
traite
ce
nouveau
ne recueille plus
arrive, ce
venu avec une faveur exceptionnelle. de
suffrages,
et
les
plus
divers
;
et,
triomphe se produit aux dépens d’un confrère en vogue,
auquel on s’empresse de l’opposer. Ce confrère est De Machy, jusqu’à présent
HUBERT ROBERT
40
de
maître
première place
la
expérience toute spéciale s’écrie Diderot
peintes
et
;
mais on a
;
nous
celui-ci
a fait
comme Bachaumont,
M. Le Prince pour passer M. Robert;
c’est
le
la
comment
voir
n’hésitent pas
pas
Le prédécesseur
.
du Palais-Royal
,
qui
sont
lui
morceaux d’architec-
les
Cour du palais romain
la «
«
qu’on inonde dans les grandes chaleurs pour donner de
«
galeries qui l’environnent
Vous passez
En général,
relief...
tableaux sont imposants par bien rendus.
Il
me
sonne
la
main que Panini
même
-même
lui
monuments
orné de vieux tions de son
génie qui
des mieux méritées. Il
pages
Diderot
lui
succèdent
Il
veillance goguenarde,
le
ce
qui
Grand
Les
«
:
lui
le
manque,
artiste
.
»
quelques morceaux
tous ses
;
a choisis et
On
à
Le Mercure de
»
Robert pour
de M.
talents
les
vu quantité de tableaux de sa
a
On
désavoués.
l’Académie,
représentant
d’architecture,
et
surtout
distingue
différentes
Rome
de
port
le
autres produc-
annoncent une réputation des plus brillantes
On
mettre
le
la
morceau
et
discute
les
couronne sur
plus belle
plus étendu de
le
aux pages pour louer
faire.
sait
si
et
»
réserve
lui
Il
qu’il
plus français.
fini,
n’aurait pas
Diderot de
appartient à
du débutant. les
cloche
morceau de réception
son
comme
semble, en ce genre, avoir une bien plus grande manière
ne peuvent être assez loués.
ruines
fraîcheur aux
majestueux
est
magnificence des édifices
la
la
à travers ces colonnes
auteur
cet
que son modèle, plus recherché, plus
France
Je quitte
«
:
plus étonnants du Salon,
les
perspective et les effets de lumière, que
tout était en
de
plus favo-
le
Robert
et
de Vernet en marines. Rien de plus beau...
l’est
».
main de Robert,
la
»
à lui égaler
un des hommes
exige une
qui
ruines devaient être
les
peignait
les
de M. De Machy pour
rival
peinture
De Machy par
tué
Les nouvellistes
à
comme Loutherbourg
pour
de
même, des vues du Louvre
diverses démolitions de Paris.
ture,
<x
comment De Machy ne
expose, cette année
rables,
un genre
dans
analyser
,
faiblesses
de
et
son
avec
front
Salon
«
décrire
l’artiste
le
,
»
;
comme
une bien-
renvoie courtoisement étudier Vernet pour gagner
conclut doit
:
«
feuilleter
significatifs,
Excellent cette
puisqu’elle
peintre
longue
marque
de
ruines
critique et à
la
fois
antiques.
en donner
comment
s’im-
COLONNADE D’UN TEMPLE RUINÉ (Musée du Louvre ) Photographie Braun, Clément
&
C'"
Mb
Ppfl'
LES SUCCES A PARIS pose
peintre et ce qu’on attend de
le
de triomphe l’un
dont
minutieusement décrits,
l’autre
et
du temps
Nous attachons nos regards sur
d’une pyramide, d’un temple, d’un palais,
ravages du temps,
nous habitons.
A
poussière
beau
travail...;
ce buste
est
Agrandissez
...Le
morceau dont la
ruine,
la
!
les
et
;
!
de ces colonnes
!
la
nation qui
Comme elle Comme ces
!
je
du
ici,
ajouteront à
solitude
la
qu’il
faut et
ne songe pas
vole...
les
ciel
s’affaiblit,
Un
pieds
les
et
vicis-
1
ail
riche
soit
et
est le plus beau... L'air
à
moelleux,
on admire,
l’art,
\
que des ténèbres
si
même temps
et
voûte
cette
A
!
que j’aperçois à cette ouverture
quelle
Qu on me
Avec quel étonnement,
si
sur
1
de
c est
!
le
jour de
Apprenez de
les
;
trois
seul
à la
lui
quelle prodigieuse
L’étonnante dégra-
homme,
l’entrée et
homme. Vous
la le
longueur du
jour
excellerez, vous
à dessiner, à peindre, à
rendre
peinture des ruines, sachez que ce
rherchez-Ia...
quarts?
légèreté,
dise à qui
quelle surprise je
en descendant du haut de cette voûte, sur
puisque vous êtes voué
en effacer
la
du plus
soit
parmi des ronces,
doux,
si
en
et
ténèbres sont pressées par
au silence.
loi
donne pas une idée commune
pinceau
Quelle fermeté
!
genre a sa poétique. Vous l’ignorez absolument trop de figures
une
nature...
la
excellez dans votre genre, mais étudiez Vernet. et
en
n'est plus.
d’un
masses surimposées à
portion
intéressantes,
jambes
les
terre,
la
ne se lasse point de regarder... Vous êtes un habile
vos figures
que
qu’il
lieux frais et des corpuscules
On
sans effort.
que
les
tout
vieux ce
est
du plus grand goût de dessin. Qui
et
quel effet! quelle grandeur! quelle noblesse!
regarde cette voûte brisée,
il
des ruines, c’est une forte image de
puis cela est
accorde à
ces ruines appartiennent, afin
périt,
tout
faible tissu de fibres et de chair à
partie subsistante ne
vapeur des
sublimes ruines
de pinceau
nous restons seuls
;
tombeaux tomber
des
(Grande Galerie éclairée du fond)
la
belles, les
dation de lumière
un
marbre
le
demi enfoncé dans
à
la
l'on
distance est renvoyée
l’effet
elle la
même que
sûreté, facilité
On
avec
s’agit ici
il
mêmes que
poétique des ruines...
la
personnage fameux. Que votre architecture
que
;
et
lumière, chargée de
nous y font discerner
l’admiration
fond!
j’envie
vois
partie supérieure d’une statue,
la
C'est un effet merveilleux produit
Oh
dans une douce
temps qui dure. Qu
n'y a que le
Je
et
!
l’image d’un
soit
tout.
visibles
sensibilité
la
!...
poudreux que vous me montrez
épais;
régnent autour de nous
première ligne de
base soient du plus beau ciseau
la
ornements en soient purs
les
»,
débris d'un arc de triomphe, d’un portique,
vous conservez un fragment de bas-relief,
si
vous brisez
si
un grand caractère,
du
bronze
le
Peintres de ruines,
qui en resteront sur
que
Il
autre chose qui ajouterait encore à
situde...
poétique
«
moi sont grandes. Tout s’anéantit,
reste.
deux éternités
entre
générale qui s’exécute sur
Une
qui
ne veux pas mourir
et je
;
monde
le
marche
Je
!
»,
nous revenons sur nous-mêmes. Nous anticipons
et voilà la
;
ruines éveillent en
les
n’y a que
II
et
les
l’instant, la solitude et le silence
Les idées que
monde
indique sa propre
notre imagination disperse sur la terre les édifices
et
de loule une nation qui n’est plus
passe.
galerie éclairée par le fond
«
de ces compositions, lionnes ou mauvaises, c’est de nous laisser
L’effet
sur
il
l’arc
«
:
mélancolie.
les
la
moins quelques idées révélatrices de
extraire au
faut
il
Et d’abord, à propos de
lui.
peint pour Bellevue, et de
»,
41
Il
Ne sentez-vous pas
n’en faut réserver (pie
qui aurait
erré
dans ces
qu’il ('elles
y
a
qui
ténèbres, les
HUBERT ROBERT
42
mains sur
la
poitrine et
penchée, m’aurait affecté davantage... Je n’aurais jamais pu
la tête
défendre d’aller rêver sous cette voûte, de m’asseoir tableau. Mais
y a trop d’importuns, je m’arrête, je regarde, j’admire
il
Diderot
leur première
tant
surprenant
accessoires, explique-t-il, sont sans intérêt; il
ne trouve pas
guère,
il
demande
pas économe
peu... »
«
Monsieur Robert, votre talent
perfection des figures;
la
est assez rare
quand vous
et,
mais
coûtent
lui
grand
le
Ses
«
lieu,
le
ne
figures
»
effet
en
pour que
saurez dessiner
les
des figures pour faire des figures, vous
vous ne ferez plus
facilement...,
bien
ne voit pas combien
il
;
ses
mot
arrache un
lui
prépare
il
Comme
sujet de la scène.
n’en est
vous y ajoutiez
ferez
le
contras-
beaucoup d’imagination.
n’a pas, je crois,
Dès
Robert.
l’invention anecdotique
de l’invention architecturale,
homme
Cet
«
:
l’indigence dans
rencontre,
l’exubérance
avec
passe.
et je
souvent sur l’insuffisance des figures de
insistera
me
entre ces colonnes, d’entrer dans votre
des figures pour rendre des actions et des incidents. Vernet distribue
dans ses compositions
aussi des figures
qui les exigeait
emploie.
»
Il
et
de
place
la
remarquable
est
,
donne
leur
qu’il
au reste
indépendamment
mais,
;
comme
voyez
,
que, pour les tableaux
,
de
l’art
les
il
ne
qui
sont point des compositions de ruines, notre peintre cesse de justifier ces
reproches nard.
Sa
;
«
que
dès
cuisine
la
vie
italienne
l’admirer sous cet aspect la
et
de louer,
tendues
générale (pie
la
plus rares
avec
la
et,
son ami
même
Frago-
l’occasion
de
distribution savoureuse
de
lui -
personnages
intérieur
et
des accessoires.
Il
rustique des considérations inat«
:
II
est
une observation qui
rare qu’un
artiste
guère
moins
n’est
première, c’est que les plus belles compositions des peintres,
morceaux des
statuaires,
du plus beau caractère, de
sincère,
Diderot
sur l’inspiration des grands modèles
sans avoir vu l’Italie;
excelle
sinés,
humble
des
rapproche de
se
il
fournit à
»
lumière, l’heureux agencement
va jusqu’à tirer de cet
les
l’émeut,
ont été
faits
à
Rome
ou
quelques-uns, que c’est l’influence
la
plus
les
couleur
au
la
simples,
les
mieux des-
plus vigoureuse et
retour de
d’un plus beau
la
Rome. Prétendre, soleil,
plus
avec
d’une plus belle
lumière, d’une plus belle nature, c’est oublier que ce que je dis, c’est en général,
sans en
excepter les bambochades
,
des
tableaux de nuit et des
H O Oh
§ «o
oc
O
& W > •—
i
< ^ ^ ^ K .O
U3
*?
J £ o O
LES SUCCES A PARIS temps de brouillards d’ailleurs sur
et d’orages. »
est piquant
Il
43
que l’observation, appuyée
de bons exemples, vienne à propos d’un des sujets
les
moins
ambitieux qu’ait traités Hubert Robert.
Joseph Vernet avait présenté Robert de bon cœur de ses succès
sait
oubliât les rangs Il
souffrir
fait
:
«
comme
reux
mais ses amis ne voulaient pas qu’on
;
tout ce qu’il approche et rien
repos, le jour et
dans
avec un art
sait,
les
la
ténèbres,
:
Machy
«
les ruines
n’est
m’en imposent
moelleux, doux, avec
facile,
goût
,
été
Machy
.
dur
est
chaleur
et
ne
qui
sec
,
vois
Je
.
de ses colonnes
fenêtre et n’a gardé que
jour au
teurs affluaient
l’art
;
Robert pinceau
son
lendemain, chez
On
lui.
des plus importants,
le
M. Hennin, résident de Carpentier,
moyens
à
nature.
que par
»
la
monotone
,
Machy a jeté
.
vu
règle
à
;
est
Robert main,
la
tous ces instruments-là
Ce mot,
»
Robert
;
qu’il a
la
,
magni-
de
et
expressif et
si
Hubert Robert se trouvait célèbre, devinerait rien qu’à
le
toiles,
son grand protecteur de toujours
pu
la
valent
lire
architecte
faire
;
aussitôt
puis,
si
Roi
figurer d’autres
dix louis pièce
»
,
M. de
;
la
commandes, et
ces
«
le
;
le
ama-
du Salon
livret
comme
duc de Choiseul,
le
après,
comte de Saint-Florentin
France à Genève;
du
le
les
et
grand nombre sont indiquées
appartenant à des particuliers. Voici, au premier rang,
aurait
est vigou-
souple et spontané de notre peintre.
de 1769, où, parmi ses quinze
et
et
toute cette critique par une des meilleures définitions qui aient
clôt
données de
Du
comme dans
nuit,
harmonieux. Machy copie bien ce
verve
tirant les cannelures
juste,
Tout
bruit...
celui-là,
mouvement
le
temps, conservent un caractère de grandeur
ficence qui
la
C’est
de Machy sont modernes; celles de Robert, à travers leurs débris le
par
entremêler
peintres
les
blesse.
le
qu’un bon peintre, Robert en est un excellent. Toutes
rongés par
copie
infini,
rien ne se
nature, et
ne
silence et le
le
En revanche, on peut dédaigner
mode
se réjouis-
il
Le redoutable voisin que ce Vernet! écrivait Diderot.
Monsieur Robert, qui le
l’Académie royale;
à
un autre ministre marquis de Séran
;
marquis de Langeac; M. Le
Ferté
,
intendant des
que ces
«
quatre plus petits
à
telles
Menus.
quatre huit
Il
ovales louis »,
HUBERT ROBERT
44
que
paie, cette
lui
les
paysages en hauteur
six
même temps
année même, Madame Geoffrin. Du
Randon de Boisset
où
,
le
en 1777, à
la
,
des personnages de son goût et qu’on
vieux Boucher,
par
ajouter
fait
datent
cite,
vente de ce riche amateur. L’aisance entrait chez
le peintre,
qui trouvait
productions de tout genre et de tout format
commençait
Il
.
facilement à placer ses
si
pour
satis-
,
une certaine
faire
vues
des
clientèle,
parisiennes.
La première apparaît
Bachaumont
critique lui reste favorable. «
étonnant orne aujourd’hui
tableaux.
Ici,
possibles;
là,
où
la :
nombre considérable de
d’un
des ruines effrayantes attestent
temps
,
trop bien les injures et les
Coulent
destructeur.
Partout une grande vérité ,
1769,
perdu de son enthousiasme
n’a rien
Salon
le
des
ensuite
eaux
transpa-
plus loin, s’ouvre une grotte profonde...
rentes, dont l’œil perce le cristal;
reliefs
émules,
ses
ce sont de magnifiques édifices enrichis de tous les détails
du
dégradations
de
Salon
ce
à
et
du fameux Machy, mais M. Robert nous en console. Cet
Je ne vois rien
artiste
comme De Machy
peindre,
à
une entente admirable
des lointains à perte de vue
perspective,
la
Le critique de Y Année
»
.
de
des
littéraire
remplace cette littérature par des observations techniques qui témoignent d’une juste appréciation de qui font
comme
celui
qui représente
quai
Pelletier,
moins de paysage.
Il
qu’il a
grandes
décidée. les
bord de
au
Il
ombres,
y
embrassé,
On et a
la
et
on
a
lieu
rivière »,
et
ceux où
On
croit qu’il
de
la
serait
à
perspective
il
y a
le
autant son
soit
de douter, à sa touche,
sévèrement aux règles
plus
plus éloignés. plus
dessous du quai de Gesvres, à Paris, vu
d’arbres d’après nature.
s’assujettît
genre
le
«
tableaux de sa façon
pu placer de grandes ombres,
a
il
Les
«
:
ne paraît pas que cette dernière partie
genre que l’architecture,
beaucoup
de Robert
plus d’effet sont ceux où
le
du bas du
l’art
qu’il ait fait
souhaiter qu’il essentielle
et particulièrement qu’il prit ses points
au
de distance
pourrait désirer encore que ses masses d’ombre fussent
distinguées
des
masses
de lumière
quelquefois des demi-teintes
et qui font
qui
d’une manière plus
ont autant de force
tache placées à côté des lumières vives.
Diderot manifeste aussi quelques réserves intéressantes qui
le
que
»
montrent
CD
â&#x20AC;&#x201D;
.
rZ
O Z H fC O H CD
X X
CD td
LES SUCCES A PARIS moins
dans
excessif
On peut
admiration.
son
45
une partie de son
citer
morceau, qui fournit une énumération presque complète des sujets exposés par
peintre
le
toutes les
revue
cet
à
compositions de
ceaux sentent
la
détrempe
Robert,
et,
Négligez,
en général, s’il
Il
faisais
n’en finirais
je fait
il
vous
je
trop
leur mérite principal
;
vue et des fabriques antiques. sont lourds
Si
«
:
assurément que ce Robert, mais
peintre
leur.
Salon
important
passer
en
C’est
un
pas.
mor-
facilement, ses
est d’offrir des points de
n’excelle pas pour la
Ses arbres
figure.
choix de ses accessoires pourrait être meil-
le
son Port
vous conduit,
orné d'architecture
quoiqu'il
,
appartienne à un ministre qui peut se procurer de belles choses sans pauvrir
Passez devant
duc de Choiseul).
(le
son
des
imitation
s’ap-
Portiques,
galeries et jardins, tels qu'on en voit autour de Rome, parce que ce
appartient à un autre ministre qui ne mérite pas mieux que cela
tableau
comte
(le
de Saint-Florentin); devant sa Cascade du belvédère Pamphile, à Frascati, parce que les
je
la
Restes d’un
Pièce
d'eau
Mattéi;
trouve froidement touchée escalier
environnée
de galeries
temples et autres édifices antiques verve
la
et
Diderot, une de celles c’est
faut
qu’il
doués,
la
quisses
.
lui
restent
rappeler aux
nécessité Il
qui
de
finir
;
ma
justes et
œuvres
arrive de reprocher à
foi
d'un temple;
,
la
plupart des
surtout
dirai-je
nous
plaisent
autant
Messieurs les croqueurs,
à
tout
coloriés et
comme
il
est vrai;
si
sont-elles grandes et
ses contemporains
que des tableaux gardez vos
constante,
bien
de montrer
:
«
plus
les
Eh,
trop
mo-
mes amis,
dessins et croquis bistrés, et qu’ils
finis...
?
»
11
n'y
a
guère
à
ne
Vos pro-
jour, décèlent quantité de vos idées,
sublimes
à
de ne pas se contenter d’es-
vous plaira, dans vos portefeuilles,
promptement mises au
l’effet,
aux artistes trop
paraissent à nos yeux qu’en tableaux bien rendus et bien génitures,
de
chères
d’une application
et
et
plus
idées les
volontiers ces dessins, dont nous nous arrachons aujourd’hui
destes et qui
la
autres,
de paysages, de jardins,
Une des
»
artistes,
leurs
attention
modernes de Rome, ont de
et
précieux.
sont très
avec
Maison de campagne du prince
la
;
parce qu’ils sont beaux. Les dessins coloriés
de
mais regardez
antique; les Ruines du vestibule
Paysage avec des monuments
le
;
il
douter que
HUBERT ROBERT
46
cette
ne
sortie
comme
exposé,
dessins
son ordinaire,
à
partie
nommément, avec quelques
saveur
:
sa
Si cet
«
donc quand
vieillira
il
est fastueux, sa
prise
femme
une élégante,
est
Monsieur Robert
,
libertines.
tableau qu’une esquisse.
ébauche jeune
11
faut
il
reste médiocre.
les
à Frascati
attaché à terminer
point
morceaux
agréables.
fort
ces
?
édifiées
sur
la
»
ne dit
Il
rien
faire
et
le
est
peindre
plus
des
principaux
de
Pidansat Diderot
a
Mayrobert
,
«
et
mais
,
difficile
pierres
finale
Rome,
édifices de
,
Naples,
et
dont
il
Pont de Tivoli
d’après des dessins, et les colorier.
Malgré cette restriction
Ils
de des
et
l’auteur aurait
il
ne
pu
point
soit
faire
des
Monuments
éclairer
Robert démontre
M.
«
:
paysage
le
dans
colonnes
d’après
son
cabinet,
à
cet
Incendie dans
toute et
la
salle
»,
celui d’Hubert Robert.
le
la
peintre a voulu donner qui
est,
les
plume
combat contre notre
décoratif,
»
effet, écrivait
dès
;
à
de
artiste.
faciles
de contrôler tous ces jugements d’autrefois,
de vue purement
et
formule d’autres réserves
peindre
quelque éloge
tique cherche autre chose que ce que le
se
ne vouloir que
dont l’embrasement, d’un grand
semble
Fontaine
ne sont cependant pas sans mérite.
changé de camp, cette année,
retrouver, permettent
un
Jar-
les
la
Dans ces compositions, toujours très nobles, dont quelques-unes,
d’accepter
l’aurez
faire
d’Italie,
des grands tableaux, composés de
Forêt de Caprarole
que de
Monsieur
un mérite d’expédier sans se soucier com-
moderne
il
vues
trois
donc cette manie de
et
visiblement combien
nature
tableaux
trois
Rome ancienne
de
il
;
mais on perd
;
quand vous
regrette que
Je
«
:
Quelle est
croquer du paysage, de se
ment
matinée
pas plus pour
Montagnes de Sara entre Rome
des Jardins Pamphili,
fera-t-il
Finissez,
et
finir;
»
La critique de l’écrivain portait surtout sur dins Barberini,
que
;
la
faire vite
vous en coûtera
ne
il
,
perdra l’habitude de
il
Monsieur Robert,
finir,
pris à
est
11
de
lot
le
méchants qui ne sont pas sans
veut gagner ses dix louis dans
II
prenez l’habitude de
;
détails
né pour être grand, on
son talent et,
Robert
?
ne vise
et
au Salon de 1771.
continue à esquisser,
artiste
main deviendront
tête et sa
Hubert Robert
contre
dirigée
soit
le
il
à
cri-
refuse
présent,
CxC
D ry T â&#x20AC;&#x201D; -W
Oh
S O
H 3 G S H
LES SUCCES A TARIS
47
Pour apprécier équitablement ses grandes œuvres, qui parfois
mêmes semblent un peu le
pour lequel
milieu
paraître
peintes
peintures du
à
creuses, les
il
a
de l’ensemble de décoration tons argentins,
pouvoir
les
Quand
Diderot
leur
qu’il
c’est
plus empâtées,
Salon,
faudrait
faites.
détrempe,
la
il
les
reproche
compte
plus solides, et ne tient pas
Leurs
dont elles font nécessairement partie.
tement choisis pour s’harmoniser avec
claire
la
de
autres
les
remarqués des contemporains, sont d’ordinaire
si
dans
replacer
parmi
juge
nous-
à
fort exac-
ornementation des appar-
tements d’alors. La légèreté de leur touche convient aux perspectives bien
du peintre,
établies
de lumière;
plis
bonnes
profondeur de ses
à la
toiles y jouent
quatre murs d’un salon
aux
encastrées
aime vastes
qu’il
ciels,
avec franchise
du
rem-
et
temps,
ses
de fenêtres idéales
et gaieté leur rôle
mot de
ouvertes
sur
l’époque,
doivent
mêmes
fortune en les présentant dans un salon tendu d’étoffes sombres
et
la
nature
la
Ces
.
tableaux de
«
donc être vus
comme
surchargé de dorures,
à
leur
place
place
;
»
suivant
,
nous en
en les exilant dans
le
musée, où
le
nous-
trahissons
la
pein-
ture qui les environne détruit leur échelle et semble les écraser.
Un de
siècle aussi curieux d’art
et tant
plus
de confiance.
s’est
On
aussi
expert en toutes
grands
,
que
va de partout l’appeler à orner les habitations les
financiers,
leurs
commandes
les
hôtels
occupés et
leurs
à
lui
arrivent des
construire
châteaux.
ou
L’art
à
droites familières au peintre, et préférés, se trouvent d’accord
triompher dans l’architecture
et
la
grands
fois,
d'Hubert
et
Robert et
des
le
goût
du
et
celui
de
même
que reproduisent sans cesse
même ou
seigneurs
rénover dans
Gabriel semblent faits pour se compléter l’un l’autre,
faite
les parties
pas trompé en accordant à Robert tant d’estime
fameuses, et c’est par quatre ou cinq panneaux à
davantage
jour
ne
décoration,
la
raffiné,
les
ses
avec les formes à l’antique qui ont
lignes édifices fini
par
l’ameublement. C’est cette concordance par-
entre l’éducation de l’artiste et les
goûts de ses
contemporains qui
explique et justifie pleinement scs succès rapides.
Parmi
les
personnages importants qui
le
soutiennent,
il
en est un qui a
longtemps donné tection précieuse
le
ton et qui garde depuis sa jeunesse, à l’artiste, une pro-
c’est
;
duc de Choiseul, qui
le
venir à Chanteloup.
le fait
D’élégantes sanguines, représentant les beaux ombrages où gracié
promène
ses
amertumes,
a présentées au public
en Touraine château,
il
vues de
les
du Salon parmi ses études, témoignent de son séjour
de l’accueil tout à
et
d’Amboise, que Robert
ville
la
ministre dis-
le
cordial qu’il y
fait
Familier du
reçoit.
Rome,
y peint quatre tableaux importants de vues de
ces
somp-
tueux palais, ces ruines infiniment nobles, qui rappellent à l’ancien ambassa-
deur
débuts de sa brillante carrière, aujourd’hui brisée. Le peintre reste
les
fort attaché à ces
dont
il
souvenirs romains, qui sont les meilleurs de sa jeunesse
aime s’entretenir avec
composition satirique,
qu’il
la
bonne duchesse
consacrera à
l’abbé Barthélemy.
et
Madame Du
chute de
la
et
Une
Barry, tant
détestée par les Choiseul, montre qu’il ne partage pas avec moins d’ardeur les
passions présentes et les rancunes de
une
fois,
y manque,
de Chanteloup,
Une
Madame
l’illustre coterie
symboles y gardent
et si les
la
;
si
verdeur des conversations
reconnaissance en font l’excuse.
l’affection et la
autre maison où Robert est reçu sur le pied de l’amitié est celle de Geoffrin. La vieille amie des Encyclopédistes le
travailler à plusieurs toiles
Saint-Honoré,
Madame
s’est
trouvée installée dans
pour
lui
six mille livres, le
double de ce qu’elle les
exécute en
el
Robert de
1772, au
paysages
Madame
salon de
»,
prix de
qu’il
a
le
la
rue
sort de
beaux Carie Vanloo, ceux
de sa chambre à coucher, dont l’impératrice de Russie
et
moment,
permettre de payer des dettes
criardes; elle s’est décidée à vendre ses trois plus
fabriques
le
Geoffrin a eu besoin d’argent pour assurer
sa nouvelle protégée, et tout d’abord
1771
à ce
fait,
dont l’origine est assez curieuse. Au moment où
Mademoiselle de Lespinassc
île
bon goût, pour
le
lui
a
offert trente-
payés. Pour les remplacer, Robert
2,7G0 livres,
«
trois
est facile de reconnaître
grands tableaux
parmi
les
Hubert
Geoffrin aujourd’hui conservés au château de Raray. Ces
trois
morceaux sont assez
pris
l’habitude de s’exercer;
différents il
y a
pour représenter le
les divers
genres où
il
a
morceau d’architecture antique, une une fontaine, au
niche avec une statue de Jupiter, au pied de laquelle
jaillit
milieu d’une vaste plaine à lointain italien;
morceau d’architecture
il
y a
le
y J 1
-<
J w Q W O Z w Q U •a Q <
C/D
H ffi
O Ô
moderne, une arche faisant communiquer deux parties d’une
villa
romaine,
avec des escaliers variés, une fontaine encore et d’ingénieux effets de déla-
brement
enfin
;
un sous-bois, au fond duquel passe une
pur paysage,
le
Tous ces tableaux sont animés de personnages, de groupes rustiques
chasse.
de femmes
et d’enfants, qui leur
donnent beaucoup de gaieté.
commandées presque
Trois autres compositions,
aussitôt
par
Madame
Geoffrin, sont encore plus intéressantes, car elles nous conservent des scènes
de
du temps. On
vie
la
beaucoup de religion
;
convenances établies plus
suffit
de recevoir son curé,
et prit l’habitude
«
l’on les la
les
les
d’esprit
»,
et
ne
lui
de faire l’autre
la
princesse de Beauvau, son amie,
un couvent délicieux,
C’était
si
tableaux où Robert a représenté pour elle les jardins et
délassements des religieuses. Sous lecture de piété,
homme
il
de suivre des retraites régulières dans un couvent
dames de l’abbaye Saint-Antoine.
en juge par
de ses amis les
préoccupa plus sérieusement de
se
elle
qui était
de Paris. Elle avait loué l’appartement de chez
faire respecter
pas
n’avait
conformer aux usages. L’âge venant,
et à se
;
bonne dame philosophe
la
cependant, à
elle tenait,
correctement ses Pâques
monde,
que
sait
l’abri
d’une tonnelle de roses, on
tandis qu'une novice arrose les fleurs
et
qu’une
fait
vieille
sœur, appuyée sur sa canne, donne à manger aux cygnes du bassin. Une allée
de feuillages sert
promène avec
à
promenade,
la
les religieuses,
se dirigent vers
Madame
Geoffrin, en robe grise, s’y
au bras de l’abbesse,
un groupe où
de charmilles hautes,
et
taillées
se trouve
en
Madame de Beauvau
Madame de
ici
portique, l’étrangère est assise
toute remplie de détails amusants
fichu de sa maîtresse,
main, et enfin
le
le
;
on reconnaît
fidèle Valentin qui
prend
elles
Mailly. Ailleurs, au pied
pieuses compagnes et partage leur déjeuner sur une table est
;
la
île
avec
ses
pierre; la toile
soubrette, tenant
les ordres,
une
le
lettre à la
peintre lui-même, assis par terre et dessinant la scène, son
carton sur les genoux, tandis que deux jeunes postulantes, en voile blanc, se
penchent curieusement sur son
même
de
Madame
alors qu’elle qu’elle
travail.
Geoffrin, la lecture de
prend son chocolat,
la
D’autres toiles donnent l’intérieur la
gazette faite par un domestique,
présentation sur un chevalet d’un tableau
examine en connaisseuse. Robert avait projeté de
la
peindre encore
50
HUBERT ROBERT
assise à sa table à écrire, et
nous avons son dessin. Tout l’ensemble de cette
petite
série
l’artiste
n’ait
est
savoureuse intimité
d'une
pas été appelé
peut
l’on
et
;
nous rendre plus souvent
à
regretter
la vie
que
familière de
son époque.
Ce rôle d’historiographe des mœurs nous intéresse tant chez
œuvres que
de
le talent
ne
l’artiste
son grand paysage décoratif,
il
suffirait
pas à faire survivre. Hubert Robert
l’intérêt, et,
à
l’histoire.
tableau représentant le feu d’artifice tiré sur
en
il
;
fait
On
spécialiser à l’excès.
Il
le voit,
Il
la
l’esquisse,
qui se rattachent à cette fête, suivie d’une
de donner suite à son projet.
sans abandonner ses ruines et
aborde par moments
par tant de côtés, touche
du mariage du Dauphin
sauve de l’oubli bien des
les peintres secondaires,
semble ne pas en avoir méconnu
qui,
des événements contemporains, qui
et
affirme,
si
le
genre anecdotique
projeté
a
Place Louis
mais
les
l’exécution d’un
XV
à
l’occasion
mauvais souvenirs
terrible catastrophe, l’empêchent
du moins,
l’intention de ne pas se
par exemple, rechercher dans Paris les coins
pittoresques et étudier les ruines faites à l’Hôtel-Dieu par l’incendie de 1772.
Le Salon de 1773 présente sa belle Il
y envoie des vues de Rome, que
activité selon les aspects les plus variés.
le
comte Stroganoff
souvenir de Florence, qui est au baron de Besenval, l’ancien
palais
restitution
lui a
«
commandées, un
Vue d’une
ducs de Toscane», c’est-à-dire du Palais
des
Pitti,
une
du palais de Titus, du cabinet de Watelet, une nouvelle vue de
ce casino Mattéi qu’il
a
si
souvent pris plaisir à peindre, enfin,
pièce d’eau et les bosquets des jardins Conti, à Frascati. Dans critique
partie de
du temps
lui a
française
le
la
grande
tableau, un
reproché d’avoir arbitrairement introduit des
treil-
ce détail, joint aux dimensions concordantes, l’identifie
lages à
la
avec
délicieux paysage de 1773, animé par des scènes de jardinage, qu’on
a
le
;
vu à l’Exposition de
l’art
français à Berlin
;
comme
ils
sont près de Frago-
nard, de ses jaunes et de ses roses, ces groupes colorés et vivants, cette
jeune
femme
qui cueille des oranges, ces paysannes qui jouent
enfants, parmi les graves statues de
du souvenir
d’Italie
!
marbre donnant
avec leurs
à la composition l’accent
LA CHAMBRE A COUCHER DE MADAME GEOFFRIN (A M.
le
comte de la Bédoyère
Photographie Moreau frères
.
mminié «
y
MK«i!fc^g^^wf^*y ÿffîl'-ïï i
mâ
4T
Ml VH
iSisæsi
LES SUCCES A PARIS dans
C’est encore
quoi
51
goût de Frago, plus que dans celui de
le
que devaient être
qu’en dise Pidansat
traités
Lépicié,
deux intérieurs fami-
,
même
liaux exposés au
Salon
Nous n’avons que
devant sa mère
titres
les
de Paris, en son grand voyage, et
loin
nous manque sur des sujets sance
qu’il
petite
avec naïveté». Robert, tout
il
manqué
guère sur ces
comme Fragonard
pour modèles
avait pris
pour ce qui
s’en assurer,
Madame
de
était
Daudet de Jossan qui mentionne «
—
L’Abbé. Voyez-vous,
près de ce tableau,
—
Monsieur l’abbé. ces
paysages
le
Eh
L’Abbé.
bien,
morceaux
regarde, très agréable
un
charmant
si
paysage
?
—
;
L’Abbé.
Il
a-t-il
—
?
ma
;
pu
foi
la
la
le
Famille royale.
On
avait
placer
perpétua
le
attiré
très
vous
femme, peint
—
examinez...
Le paysage qu’elle
vilaine
beaucoup admiré
la
dans
figure
M.
y retrouver sa place. le
comte de
la
On
la
1775, dans le grand tableau
cérémonie mémorable pour
,
la
XV
et
à
de
circulation des environs
la fête,
dont M. de Trudaine
ce tableau à Robert.
main
»
hardiesse des arches construites
y distingue, dans
Marche, donnant
ce
ce moment-là.
«
Chacun,
écrit
Pidansat de Mayrobert, aime à parcourir en détail cette multitude de têtes à
:
est là-bas
belle
qui eut lieu en présence de Louis
commandant
portrait
l'artiste qui a
femme dans
une foule considérable à
souvenir en
Oui,
que
cette
par Perronnet, et l’importance de ce pont pour
de Paris avait
comme un
peintre qui avait devant ses yeux
n’aura pas regardé sa
capitale,
Les curieux pouvaient
très belle.
!
représentant Le décintrement du pont de Neuilly
de
naissance du premier
femme de
L’anecdote devient historique au Salon de
les habitants
s’était laissé
grande dame qui
Mylord.
c’est la
mais comment
modèle,
fille.
d’architecture
Mylord. Approchons-nous un peu
la
époque,
Robert, grâce à une brochure de
belle
cette
102
n°
et sa
son appréciation
idées simples exécutées
cc
même
à la
Diderot était
»
d’analyser avec complai-
premier tableau
le
Mylord,
sous
ces
et
femme
sa
récitant une leçon
déjeuner.
fait
engager aux charmes d’une famille complétée par enfant,
fille
dommage que
est
il
n’eût pas
les autres critiques n’insistent
;
Une
«
:
une enfant que sa bonne
«
»,
de retrouver pour
ressources que ce souple talent aurait pu mettre en
connaître toutes les
œuvre.
et qu’il serait si intéressant
le
groupe principal,
Madame
la
le
et
Roi,
comtesse Du Barry,
HUBERT ROBERT
52
le
chancelier avec sa simarre, ornement
si
étrange à de pareils spectacles,
l’abbé Terray, le duc de la Vrillière, le duc d’Aiguillon, M. de Boines, tous
du feu Roi, tombés dans
les ministres
peintre
choisi
a
moment
le
le
la
disgrâce et
redoutables alors... Le
si
plus intéressant du spectacle, celui où les
cintres ont tombé. L’effet de cette chute dans la rivière est rendu avec
grande magie de couleurs
on
;
on voit
l’écume de l’eau
les ondulations,
surtout l’attention générale des regardants portés vers
saisit
le
une mais
;
même
objet et qui forment cette unité précieuse dans les ouvrages de tout genre.
Diderot est moins obligeant
du pont de Neuilly
Vous destinez
là
est pauvre,
;
Ah
«
elle est
;
!
Monsieur Robert, que ce Dècintrement
mal colorié, sans
un beau cadeau
pieds de large est perdu
Carnavalet
:
effet
Les mauvaises figures
!
M. de Trudaine
à
»
!
!
Ce tableau de sept
»
nous n’en connaissons que l’esquisse, au musée
d’une légèreté, d’un coloris, d’un
effet
charmants, et
il
semble impossible que toutes ces qualités se soient perdues à l’exécution définitive.
Le grand critique
apostrophe continue peu meilleurs
;
j’en
:
Vos Bestiaux qui passent
«
excepte cependant
d’œuvre. Mais, Robert,
il
y a
si
fini ?
Frouville, ainsi qu’un Portique d'une
au duc de Nivernois étaient ;
qui ne sont pas des chefsfaites des
ébauches
;
Ce tableau appartenait à M. de
maison de campagne près de Florence;
grands tableaux, en hauteur, de ruines
une partie des Jardins Albani dans
vêque de Rouen, une dernière toile,
trois
»
son
de Chavigny, une colonnade dorique au haut d’un
au marquis
escalier, avec
les figures,
et
entre des ruines sont un
longtemps que vous
ne pourriez-vous faire un tableau
romaines
d’humeur méchante,
d’ailleurs,
était,
«
le
fond
;
enfin, à
M. l’arche-
vue du château de Gaillon en Normandie
de dimensions inusitées,
était
la
».
Cette
première des grandes vues
de Normandie, qui furent commandées alors et ont décoré jusqu’à nos jours le salon ville
de l’archevêché. Robert y ajouta aussitôt une vue du port et de
de Rouen, qui
étude
qu’il a faite
le
cède à peine en intérêt topographique à
du château des archevêques, élevé
à
Gaillon par
la
la
curieuse
le
cardinal
d’Amboise.
Au même Salon de
1775, où paraissaient pour
extraordinaire abondance les travaux
italiens
la
première
fois
avec une
de Houcl, qui rappelaient les
MADAME GEOFFRIN
SE PROMENANT DANS LE JARDIN DE L’ABBAYE SAINT-ANTOINE (A M.
le
comte de la Bédoyère )
Photographie Moreau frères
LES SUCCES A PARIS débuts de Robert,
53
public put connaître les traits du peintre célèbre, qui
le
suscitait déjà des imitateurs. Hall, le miniaturiste suédois agréé à l’Académie,
exposait un portrait de Robert au pastel, en
de Saint- Non
;
morceau
le
goûté
fut
avec
parlent
rains
de
graphie
portrait de
»
le
Robert,
Nous n’avons pas ce
même dont
que
nature, d’une manière large,
portrait, dont tous les
éloge et qui compléterait pour
les
pièces
Madame Vigée-Le Brun,
sont
essentielles
comtempo-
nous
l’
icono-
présent
jusqu’à
le
tableau de Marguerite Gérard,
petit
le
de l'abbé
celui
d’une ressemblance éton-
est
Il
comme
nante, écrivait Diderot, superbe, grand
d'une couleur vraie.
«
:
même temps
qui représente l’artiste assis dans un paysage, et
buste de Pajou, qu’on
le
trouve aujourd’hui à l’Ecole des Beaux-Arts. Par l’œuvre de Hall, nous connaîtrions la personne physique de Robert dans tout l’éclat de son exubérante
moment de
jeunesse, au
ses travaux les plus parfaits et de ses succès les plus
retentissants.
Hubert Robert
époque
était destiné à participer
et à représenter les goûts
à toutes
les initiatives
de son
changeants de cette société, qui se hâtait
fiévreusement d’épuiser les joies et les curiosités de
Les années qui
la vie.
précèdent et suivent l’avènement de Louis XVI marquent, par exemple, dans l’art
les
des jardins, un changement célèbre et souvent raconté. Prédisposés par
attendrissements de Rousseau
enthousiasmés par nature et
»,
les
les vertus
et
que prêtait
philosophie à
la
abriter
leurs
rêveries;
méandres sont dignes d’arroser
«
le
Ce sont des beautés
jardins à la française.
leur faut rassembler autour de leurs maisons
doivent
Nouvelle Héloïse
la
contemporains se sont fatigués de vivre dans
pompeux des
qui
de
les descriptions
;
seules,
leurs parcs
;
l’homme de
«
naïves
ruine, par
le
des et,
rivières
s’il
s’agit
aux
fictif
et
la
le
espace
plus grand
qu'il
capricieux
de rappeler les
colonnade brisée,
la
nombre d’éléments pittoresques
et,
soit la
mélancolie
ou encore l’Anti-
temple dédié aux divinités galantes. On réunit dans
quité par le
tombeau
»
ce sont des bosquets rustiques
simplicité du village, par une laiterie et un toit de chaume, ou la
la
décor rectiligne
sentiments de l’humanité dans ces jardins renouvelés, on veut que ce
de
,
si le
lieu
le
plus petit
ne se prête
HUBERT ROBERT
54
pas à varier les sites ou à dresser des monuments, on émeut l’imagination à force
d inscriptions
noms reviennent taisie
de
qu
à
la
pensée pour
de l’âme française
Madame de illustrent
de devises sur
et
Madame
et
louange
des
de M. Boutin,
Tivoli
le
contemporains
C’est le triomphe de ce parc anglais,
anecdotes
le
modèles
les plus copiés.
imité de la liberté de la nature,
Anglais ont eux-mêmes emprunté à
mode
la
xvm
des
jardins
davantage du style de ces faut
e
de ce goût chinois
siècle.
un instant de trouver Hubert Robert parmi
est surpris
songer que
que
et
des principaux théo-
et c’est la dernière victoire
qui a régné, sous diverses formes, à travers le
propagateurs
Un
Chine.
la
qui
nouvelle, Watelet, dans son Essai sur les jardins, paru
en 1774, affirme cette origine;
On
des
nouveau Bagatelle
remplace l’autorité glorieuse de Le Nôtre par celle du jardinier Kent
riciens de
lieux
jeune Beine, Montreuil,
la
Paris, les
d’autres
tant
mille
les
et
Elisabeth suit son exemple, bientôt après
du comte d’Artois, deviennent, autour de
les
Que de
de cette charmante fan-
fixer l’histoire
mémoires. Le Petit-Trianon, que métamorphose où
les rochers.
Ermenonville, Morfontaine, Maupertuis, et l’Auteuil
!
Boufflers,
la
arbres et
les
anglo-chinois
«
villas
rocher et
le
d’Italie qui
ruine,
la
».
ne
Rien
les plus fervents
semble
s’éloigner
ont enchanté sa jeunesse. Mais
il
motifs presque indispensables des
jardins partout projetés, sont des plus familiers au pinceau de l’artiste.
Il
est
tout indiqué pour en donner des dessins variés aux architectes-paysagers qui l’interrogent, et
pour mettre
les
ressources de son imagination au service des
grands personnages férus de nouveautés jardinières, qui leurs intérieurs.
l’abbé Del
i
N’est-il pas
aussi
qui va chanter, en un
lie ,
du jardin français
nouveaux ou
Ne peut-on
?
même
première occasion «
culbute
à l’anglaise les
»
de Watelet
poème fameux,
croire
qu’il
et
lui
les
dans
les
est offerte.
conditions les
la
et
le
déjà décorer
compagnon de
transformation élégante
plaît
lui
d’être appelé à les faire naître
C’est à Versailles,
déjà
l’ami
lui font
de peindre des
sites
?
plus
Batteuses,
que cette
Sous l’influence de Marie-Antoinette, qui
parterres et les potagers de Trianon, on rêve de mettre
bosquets du parc de Louis XIV.
On prétend que
sont vieux, à moitié morts, et qu’il est nécessaire de les abattre
;
les
arbres
mais depuis
LE ROI LOUIS XVI ET LA REINE MARIE-ANTOINETTE, A L’ENTRÉE DU TAPIS VERT, DANS LES JARDINS DE VERSAILLES Détail d’un tableau peint en 1775 (Musée de Versailles
LES SUCCES A PARIS longtemps
si
s’accumulent contre
critiques
les
mêmes
croire à des arrière-pensées. Les
goût du jour
le
château du Grand Roi, au prix d’effroyables sacrifices, hésitent
le
20 novembre 1774,
ments, a
fait
qu’on peut
architectes qui veulent rajeunir au
moins encore devant l’œuvre de Le Nôtre, Dès
l’illustre jardin
annoncer
décoration et des
la
taillis
le
et c’est
par
là qu’ils
ont commencé.
comte d’Angiviller, directeur général des Bâti-
vente de
«
tous les bois de futaies, de ligne et de
en massifs des jardins de Versailles et de Trianon
».
L’année 1775 voit s’accomplir ce grand désastre, et Robert en profite pour
composer deux tableaux, commandés
d’ailleurs
l’année suivante, au prix de 5,000 livres.
du Roi
le service
les arbres...
de vue de l’un est pris au haut du Tapis-Vert, à gauche, entre
Puget
et le
groupe de Castor
Pollux
et
;
et livrés
représentent, dit le mémoire de
« Ils
de Versailles lorsqu’on en abattait
le jardin
l’artiste,
pour
on voit
Canal dans
le
le
Le point Milon de
le lointain.
point de vue de l’autre est pris des Bains d’Apollon, dont on voit sur
devant du tableau, à droite, un des groupes de chevaux le
fond,
On
vue.
que d’autres accessoires qu’on
ainsi
précieuses toiles de renseignements
plaisir les
à rendre
villas
bas-reliefs,
»
Le peintre
de tous
il
;
genres.
des groupes importants déplacés aujourd’hui
dorés du Bosquet des le
Dômes
reconnaît, à côté de le roi
minent sans apparat dans
rement avec
la
eu
a
Il
;
quelque
comme dans
fait
il
Colonnade
apparaître,
et les
pavillons
mêle à ces scènes de destruction, où
des groupes élégants
de gens de cour,
balançoire improvisée par des enfants sur
Louis
XVI
les allées
promeneurs.
les
il
;
dernier mot,
tronc d’arbre coupé,
rempli pour nous
a
marque l’emplacement des grands vases décorés de
à travers les taillis ébranchés, les arceaux de la
l’on
dans
pu découvrir de ce point de
longs alignements de statues, s’étageant
les
romaines
bûcherons ont
est
le
dans ces deux tableaux beaucoup de personnages analogues
a placé
au lieu où ces tableaux ont été exécutés. ces
a
Château
le
;
Le
Il
et la reine Marie-Antoinette,
encombrées
existe,
dans
les
les et
un
qui che-
et s’entretiennent familiè-
collections
impériales de
Russie, des répétitions de ces tableaux, avec des variantes assez nombreuses,
où
les
toiles
personnages envoyées
à
l
royaux ne figurent point
;
ce
sont
apparemment
les
impératrice Catherine, qui valurent à l’artiste des ollres
HUBERT ROBERT
5t;
morceaux originaux
flatteuses de s’établir à Saint-Pétersbourg. Les
de 1777,
Salon
tableaux
la
de son exposition, avec
plus intéressante partie
Ermenonville
d’après nature à
faits
firent, «
au
deux
Les autres appartenaient au
».
marquis de Ségur, au marquis de Séran, à l’abbé Terray, aux marquis de
charme de leur
ajoutaient au
curieux
Ceux du Roi surtout furent remarqués, car
de Poyanne.
Bouthillier et
sur
les
gris argentin
ce
transformations
de renseigner les
l’intérêt
»
ils
de Versailles.
Robert, à cette heure, y prenait une part active. Désigné par ses derniers travaux, présenté peut-être à
des leçons de dessin, faire
précisément dans
fut
demandée
et
Madame
Elisabeth, à qui
grand massif des jardins où
le
destruction des anciens
Reine par
«
Bains d’Apollon
».
il
l’origine
l’aquarelle qui lui
qui servit de point de départ au projet nouveau.
d’Apollon servi par les Nymphes, que Girardon à
pour
la
«
donnait
avait représenté la
Nous avons
rocher fut construit en forme de grotte pour abriter
tées
il
consulté pour l’aménagement qu’on projetait de
était
il
la
Grotte de Théthys
s’abritèrent sur d’autres points
et
»
le
du rocher, d’où
vaste
groupe de figures
Regnaudin avaient sculples
;
Un
«
Chevaux du
l’eau jaillit en
dante dans un bassin creusé au milieu d’une pelouse
;
et
Soleil »
nappe abon-
des arbres furent
plantés en grand nombre, qui devaient encadrer un jour de majestueux feuillages ce décor où se mêlaient, de façon inattendue, les graves compositions
de
louisquatorzien et
l’art
prépondérante lettres
[irise
adressée
est
l’Arsenal
»
l’une du
M.
à
«
1
er
Robert,
juin 1777, l’autre
de
peintre
de
concert
les
avec
Bains d’Apollon
vous
d’aller en avant. Je ne
par
l’exécution.
a
tout
ce
1
er
l’Académie
Comme
le
sieur
les réflexions <pie
<(ue
service du Roi.
j’ai
le
et
dont Sa Majesté a pris
sieur
Boucher,
la
sculpteur, je
je
vous avais
peine de voir viens
le
mars 1778. royale,
à
chargé de vous
modèle exécuté
de charger M.
pouvais confier cet objet important en de meilleures mains
ne peut en cire douteux au
les avis et
du
:
Le Roi ayant agréé, Monsieur, l'exécution du projet que former pour
Marie-Antoinette. La part
en ce travail par Hubert Robert est attestée par deux
de M. d’Angiviller,
Celle-ci
caprice agréable de
le
moyen de
la
surveillance que je vous
Boucher réside
à Versailles,
vous suggéreront vos
il
demande dans
et le
Thévenin le
succès
cours de
pourra suivre journellement d’après
visites successives. Je
m’en remets là-dessus
droit d’attendre de vos connaissances, de votre goût et de votre zèle pour le
Tu
19 :
\
n
î/MBr
.4
,7
SBHD
/
LES SUCCES A PARIS
57
L’architecte Thévenin s’étant mis à l’œuvre sans retard, les figures furent
placées sur
rocher par les soins de Boucher au mois de septembre 1780.
le
Sur l’ordre de M. d’Angiviller,
avec Pajou pour assister à cette mise en place,
sailles
Robert n’y manqua point.
que
Premier Peintre Pierre se rendit
le
l’opinion,
et
les
ouvrage
Cet
lui
honneur dans
grand
fit
contemporains surent apprécier, devant
Ver-
peut croire
l’on
et
à
décor un peu
le
sec qu’ils eurent sous les yeux, ce que l’artiste avait préparé pour l’avenir «
Ainsi
formé, écrit Del
s’est
i 1
le
,
superbe rocher de Versailles, dont
ce
l’effet
ne peut être deviné que par l’imagination, qui
coiffé
de beaux arbres
vraisemblance
et
et
orné de ce que
de beauté.
»
le
titre
de
lui fut
temps
le
Hubert Robert
outre ses honoraires de 6,000 livres, par
du Louvre, qui
accordé dès 1778.
Ce
».
même temps
titre le
le
plaisir
longtemps
le
serviteur, et de créer autour
sol
avait été
natal,
rare d’asservir à
et ce peintre
;
ses rêves
de
la
lui,
nature sur son
beauté vivante des jardins.
la
Quand on parcourt près d’Etampes, Méréville,
de prendre
désignait à toute
de paysages put se donner il
récompensé,
fut officiellement
une riche clientèle désireuse de suivre l’exemple du souverain
dont
donner de
seul peut lui
obtint en
Il
voir d’avance
fait
le
don d’un logement aux Galeries
le
dessinateur des jardins du Roi
«
:
trouve à chaque pas
on
les
traces
les
de l’immense parc de
restes
d’une des œuvres les plus
importantes d’Hubert Robert, qui collabora, pour transformer ce coin de
Reauce,
avec l’un
Laborde.
Homme
des plus honnêtes financiers du temps,
la
Jean-Joseph de
de goût autant que de caractère, M. de Laborde, après
avoir réussi dans Paris de grandes entreprises de construction et vendu au
duc de Bourbon son château de La Ferté-Vidame, où réception magnifique l’empereur Joseph Méréville
le
modèle
le
II,
décidé
s’était
un
à
honoré d’une
du parc de
faire
aménagement de
Juinne, qui
et
de ponts. Vernet y fut convié à donner des avis
le traversait,
idées
avait
plus accompli du jardin nouveau. La petite rivière de
la
part des
il
se prêtait à
qu’il professait
facile
lui-même sur
ajouta au décor naturel les ruines d’usage,
le
et
lacs, d’iles
Robert y réalisa
plu-
la
pittoresque du paysage
la laiterie,
le
;
il
temple rond entouré 8
HUBERT ROBERT
58
d’une
colonnade,
quelques autres édifices que
valoir
firent
d’arbres agréablement disposés. Le plus curieux fut
bouquets
les
tombeau de Cook
le «
»,
formé d’un dôme supporté par quatre colonnes tronquées suivant l’ordre de
Pæstum,
et qui rappelait, avec la popularité
des deux
fils
du grand navigateur,
du châtelain, compagnons de La Pérouse dans son voyage autour
du monde. Robert peignit, pour
les
appartements de Méréville, des tableaux
de ruines et de grandes vues du parc, qui ont été conservées dans de Laborde
et
pour centre
le
dont
exécuta aussi des réductions. Dans
il
pont rustique,
le site est
paître leurs troupeaux au pied
de
filet
mémoire
la
la rivière.
compagnies sur
sauvage
du temple,
bordé de peupliers
le lac
une colonne rostrale à l’antique,
et,
et
rocheux
paysage qui a
des bergers font
;
des pêcheurs tirent leur grand
et
Dans un autre tableau, des
et
le
famille
la
bateliers conduisent d’élégantes
de saules pleureurs, dominé par
au delà du pont chinois,
château
le
dresse ses tours et ses tourelles, ce qui faisait alors un mélange fort goûté
de souvenirs de tous temps et de tous pays.
comme
Robert prend-il part,
le
veut une
à la création
tradition,
des
Folies-Mousseaux, ce jardin dessiné par Carmontelle, qui est devenu dans Paris le Parc
Monceau
ment que par
les six
comte d’Artois
et
lui-même en 1784
?
Contribue-t-il à l’embellissement de Bagatelle, autre-
panneaux des bains, qui
dont l’un porte ?
commandés par
sont
lui
date des restaurations qu’y
la
Beaucoup de jardins se réclament de
fait le
l’artiste
le
peintre
en vogue,
qui n’est pas avare de ses conseils et renseigne volontiers les connaisseurs.
Mais, en ce genre, sa grande celui
du château de Betz, où
œuvre authentique princesse de
la
est,
avec
Monaco
rêveries tendres, à convenable distance de Chantilly et
On
y retrouve encore debout
écrit
la
le
est
parc de Méréville,
venue abriter ses
du prince de Condé.
plupart des fabriques de Robert, et
le
poème
en 1785 par Cérutti sur Les jardins de Betz en explique abondamment
la signification et les
symboles. Une
jolie rivière
du Valois,
la
Grivette, avait
été utilisée pour former des îles, refléter un kiosque et un pont chinois. Près
d’un temple druidique,
qui a disparu, se dresse une tour féodale, dont
ruine factice fut soigneusement préparée, à l’intérieur
pour amuser
les
yeux
et
récréer
1
imagination.
Une
comme
la
à l’extérieur,
petite pyramide, sur
un
/
LES SUCCES A PARIS
59
socle élevé, portait en lettres d’or une inscription rappelant l’indépendance
de l’Amérique, «
une avenue de cyprès, de mélèzes, de pins, de sapins,
et
toute la famille des arbres mélancoliques
conduisait à deux faux sépulcres
»,
revêtus d’épitaphes gothiques, qui donnaient son
beaux
».
Après
cascade, les bains rustiques,
la
par un véritable ermite,
les rochers, habité
tecture
du
délicate
Temple de
«
l’Amitié
le ».
la
nom
à la
chapelle et l’ermitage dans
promeneur rencontrait
Pigalle, l Amour et
;
l’intérieur contenait
VAmitié ;
et partout des inscriptions
de
en vers expliquaient
sentiment.
Petit-Trianon, la légende se trompe entièrement qui veut reconnaître
l’œuvre d’Hubert Robert dans les charmantes créations de
par
était
retouchée par Dejoux, du groupe célèbre
plâtre,
les allégories et sollicitaient le
Au
l’archi-
Le fronton triangulaire
soutenu par quatre colonnes ioniques formant portique
une reproduction en
Tom-
Vallée des
«
la fantaisie
du
ses idées pour le
même
temps. Le
«
1785, l’avant-projet de
et
des plus diverses
il ;
;
il
de 1,200
liv res,
»
donné la
a fait à Versailles, en
nouvelle salle de comédie, improvisée dans
la
a
a été appelé à
velle aile de Gabriel et a surveillé les travaux de peinture et
mais, à Trianon,
Reine, inspirées
dessinateur des jardins du Roi
remaniement de ceux de Compïègne
Cour pour bien des besognes
la
la
nou-
l’aménagement
;
semble n’avoir été mandé que pour y peindre. Un mémoire fourni par lui à M. d’Angiviller, décrit un tableau de dix il
pieds dix pouces de haut, sur deux pieds quatre pouces de long, placé au petit château,
dans l’appartement de
Reine
la
et qui représente «
une illumi-
nation donnée dans les jardins du Nouveau-Trianon au jour d’une fête s’agit sans
doute de
son frère Joseph
nocturne de 1781, offerte par Marie-Antoinette
la fête
II,
et
».
qui eut
pour centre
le
est prise
On
du point où
le
si
goûté et
Temple peut
voit circuler, à travers les allées
rivières,
les
si
il
célébré des assistants. La scène
se refléter entièrement dans les eaux.
du jardin anglais
groupes brillants d’invités
à
Temple de l’Amour. Une
esquisse du peintre nous permet, à défaut du tableau, de savoir quel parti avait su tirer de ce spectacle
Il
;
on retrouve
et
les
sur les berges des détails des descrip-
tions contemporaines, l’éclairage discret produit sur les massifs d’arbustes et
de fleurs par
les terrines
«
cachées par des planches peintes en vert
»,
et
HUBERT ROBERT
60
cette clarté resplendissante jetée sur la blanche
de fagots enflammés dans
le
colonnade par
les centaines
L’étroite planchette où l’artiste a rendu,
fossé.
en quelques touches hâtives, l’opposition de l’ombre des bosquets et des feux
allumés de tous côtés, du mouvement de la
de
foule et du calme poétique de
donne une preuve nouvelle de son habileté
nuit, la
la
de sa charmante vision
et
contemporaine.
vie
M. d’Angiviller, qui estimait Robert à son mérite
et mettait
si
souvent à
l’épreuve sa bonne volonté et son savoir-faire, l’associa vers cette époque à
une tentative importante qui devait, dans sa pensée tout le public instruit, le
donner au règne de Louis XVI
règne précédent avait
brillé.
C’était la
comme
dans celle de
l’éclat artistique
création de
dont
Muséum
ce fameux
royal du Louvre, destiné à réunir, dans la longue galerie unissant ce palais
aux Tuileries,
temps de Louis ture du
même
riche collection des tableaux
la
XV
Muséum du
;
du
Roi. L’idée remontait au
divers écrivains l’avaient suggérée, surtout après l’ouver-
Vatican en 1773; l’abbé Terray, contrôleur général, avait
mis à l’étude un projet précis. L’opinion éclairée se réjouissait de voir
présenter
l’étude des
à
artistes et
à
curiosité
la
des amateurs un cabinet
magnifique, dont les éléments restaient disséminés dans les maisons de Sa
quelques morceaux seulement étaient,
Majesté; au
au
public
palais
du Luxembourg.
1777, car les principales gazettes du
L'Année
littéraire
du Louvre Musée,
le
est
,
Le projet
temps
le
prit
corps au cours de
mentionnent
par exemple, annonce dans son
«
Salon
»
à cette
que
époque.
« la
galerie
destinée à former un cabinet de peinture et que ce superbe
plus beau de l’Europe,
France
produits dans tous les genres
Du Pont de Nemours
la
renseigne
margrave régnante de Bade sur cette grande
a
hommes
sera décoré par des statues des
célèbres que la
montrés
certains jouis,
à
».
galerie,
«
où l’on
veut rassembler un jour l’immense quantité de tableaux qui existent, ignorés,
dans
les
garde-meubles des diverses maisons royales
nécessaires à
la
décoration de ces maisons
cratc, fait faire, tous les ans,
«
».
et
Le Roi, ajoute
qui
ne sont pas
l’écrivain physio-
quatre grands tableaux d’histoire qui doivent
entrer aussi dans ce vaste Muséum,... genre de travail que
la
grandeur des
CANAL DANS UN PARC FRANÃ&#x2021;AIS (
Collection Camille Groult)
LES SUCCES A PARIS que
palais d’Italie a fait naître,
modernes
fices
par an que M.
le
comte d’Angiviller le
grand genre
le conseil
dont
les arts
il
sage de consacrer à
Le feu Roi
est le ministre.
de mauvais
bâtiments
»
Tout ce mouvement dans velles, est
mande
Muséum
de Français
illustres
les
statues
du grand dessein, avril
qui annonce l'essor de pensées nou-
les arts,
soutenu par l’idée du
historiques, M. d’Angiviller
l
donné
a
C’est environ 24,000 francs
davantage en dessus-de-porte pour des
dépensait
ur
construction un peu mesquine de nos édi-
avait fait négliger et dégénérer.
encourager dans
goût.
la
61
1778,
et
il
nomme un
royal. les
et
En même temps toiles
qu’il
moraux ou
sujets
à
comité chargé de préparer l’exécution
y intéresse tout d’abord Hubert Robert.
au Premier Peintre Pierre
Monsieur, vous ayant instruit de
mon
com-
:
«
écrit,
Il
le
Mes conférences avec vous,
plan de comité pour un examen appro-
fondi et définitif de Rétablissement de
la
Galerie du Louvre en dépôt des
tableaux du Roi, je vous informe aujourd’hui que je viens d’écrire à Messieurs
Intendants généraux pour leur annoncer mes intentions. Je leur marque
les
que
je
vous
ai
nommé
pour former ce comité avec eux, MM. Robert
que vous y inviterez de Bâtiments), qui, déjà elles seront je
ma
part, et
MM.
et Pajou,
Ileurtier et Brébion (architectes des
prévenus par moi, se rendront aux assemblées quand
convenues entre vous
et
MM.
les Intendants. Je leur ai
adressé et
vous remets également une notice des objets capitaux qui doivent
base des réflexions du comité, qui pourra, d’ailleurs, et que j’invite s’étendre sur toutes les autres vues qui
spéculations d’un
monument
lui
et
la
même
à
paraîtront devoir entrer dans les
qui est une affaire nationale...
Le comité, dans lequel Pierre
faire
Robert représentaient
»
les peintres leurs
confrères, étudia toutes les questions d’aménagement, d’éclairage, de sauve-
garde contre l’incendie, qui furent soumises à ses délibérations devis de travaux de réfection et d’appropriation de
notamment de
galerie,
la
l'éclairage le plus favorable à la peinture,
il
;
que
les
établit les
et s’occupa
uns voulaient
obtenir par les fenêtres existantes, les autres par des vitrages dans fond.
L’Académie de peinture consultée opina, sur
l’avis
l’éclairage par le haut, qui se trouva décidé à la veille de
la
le
pla-
de Robert, pour Révolution. Afin
HUBERT ROBERT-
02
d’assurer l’installation des collections et l’enrichissement méthodique prévu
«
du public,
l’avantage
à
gardes du
Muséum
»,
avait paru nécessaire
il
dont
le titre et les
conservateurs de musée. Le premier le
brevet suivant
travaux équivalaient à ceux de nos
garde
«
nommé
»
Roi étant à Versailles, voulant
le
Robert, peintre de son Académie de peinture et de sculpture,
elle
ordonne d
ordres du Directeur
établir en son château
retenu et
l'a
du Louvre, pour
Ordonnateur de ses Bâtiments,
et
traiter favorablement
sieur
le
en qualité
le retient
destinés à la formation et décoration du
d'un de ses gardes de tableaux, statues, vases, etc.,
Muséum qu
encore Robert, par
fut
:
Aujourd'hui, 24 juin 1784,
les
de choisir sans retard des
exercer cette place sous
lui
sous
etc., et
direction du
la
Premier
Peintre du Roi, aux gages et appointements qui seront fixés et portés sur les états de dépenses
des Bâtiments.
Mande
ordonne Sa Majesté au sieur Charles-Claude de Flahault de
et
derie d'Angiviller, Conseiller du Roi en
ses Conseils..., de faire jouir
ledit
la Billar-
sieur Robert du
contenu au présent brevet, que, pour assurance de sa volonté, Sa Majesté a signé de sa main fait
contresigner par moi, Conseiller secrétaire d État,
et
et
de ses commandements et finances.
Louis. Amelot.
Pour ces fonctions de confiance, qui chargeaient fort surveillée
par
public,
le
lègue, le peintre Jollain,
qu’en 1787 et fixés
à
le
traitement de Robert et
nommé
quelques mois après
la
celui
de son col-
ne furent établis
lui,
1,500 livres; mais, dès 1784, une correspondance relative
aux acquisitions est établie entre M. d’Angiviller surprise que
d’une mission
l’artiste
première proposition
faite
et
Robert,
et
on y voit sans
par celui-ci s’applique à un tableau
de son maître Panini, important morceau provenant du duc de Choiseul qui est
acheté au prix de 6,000
peintures proposées à
livres.
du Roi, par
l’acquisition
vents, les marchands, par exemple
Robert est chargé d’expertiser
lot
le
particuliers,
les
de tableaux que
le
sieur
les
et les
cou-
Lebrun
a
rapportés de son voyage en Hollande. C’est toute une partie de l’activité de notre peintre, que nous ne pouvons songer pièces nombreuses qui
des choses de tout
les
l’art,
intérêts
la
révèlent
;
elles
impartial dans
dont
il
a
la
et
mêmes
connaître
montrent en
ses verdicts,
charge
service du Roi, sont les intérêts
à. faire
qui, sous
de
la
lui
nation.
malgré
les
un juge compétent
attentif à le
ici,
nom
soutenir avant traditionnel
de
JET D’EAU DANS UN PARC FRANÇAIS ( Collection
Camille Groult)
LES SUCCÈS A PARIS
63
La carrière de peintre d’Hubert Robert, avec sa production abondante
et
jusqu’à la Révolution
variée qui dure sans défaillance
ne se trouve point
,
desservie par les occupations accessoires d’un esprit réglé, laborieux, et dont l’admirable souplesse
Pour en juger,
suffit à tout.
recherches de
les
ment avec
l’art
de l’Académie.
terrompt notre examen des démiciens semble ne plus
du Louvre,
«
suffire à notre artiste
asile
et
qui
comte d’Artois
la
seul
à
,
Robert
qui vaut à
» qu’il
rendez-vous des aca-
même temps
en
;
le
mettra, les années
qu’au Salon
où
des oeuvres
suivantes, des ruines et
public admire trois toiles
même
s’in-
débuter avec une vue de l’entrée
voit
commandées par
couvert d’un
canal
brouillard
»,
avec des femmes jouant à
d’Italie »,
du Capitole
partie de la cour
ambulants. Des tableaux du au marquis de Véri
le
dans des jardins
Une
«
le
Salons
moment où
1779,
Correspondance,
la
Une pêche sur un
«
:
jet d’eau
main-chaude;
riche,
il
Au Louvre,
d’Italie.
Un grand
des critiques,
livrets et
de l’Orangerie de Versailles;
le
partir de l’année
expose au petit Salon de
il
moindres trouvent
des vues
A
«
confond alors presque entière-
qui se
français,
l’art
aux
tous les deux ans, s’affirment les efforts
faut revenir, à ces expositions où, et
c’est
»,
avec des musiciens
genre, appartenant au comte de Brionne,
M. de Thésigny
complètent une exposition
,
les éloges ordinaires.
fort
Le Journal de Paris revient
sur les réserves déjà formulées, et que les rivaux cherchent assez vai-
nement
à
répandre pour lutter contre l’engouement général
:
«
Il
ne paraît
pas être au pouvoir de l’artiste de porter ses ouvrages à un certain degré
de
en
fini,
brillent
sorte
qu’ils
ont tous
une couleur aimable
et
l’air
de grandes esquisses avancées, où
un bon
effet;
s’il
plus les détails et soigner davantage les figures,
de mérite. Robert
»
Par contre,
de Vernet.
exposés ensemble et
il
est vrai
en pendant,...
:
Il
«
Du Pont de Nemours
compare
deux
«
ses tableaux doubleraient
n’hésite
brouillards
plus à »
qui
rapprocher se
trouvent
C’est le plus grand éloge qu’on puisse faire de Robert,
que ce tableau la
les
pouvait rendre un peu
est son chef-d’œuvre.
couleur en est trop argentée
;
Le Jet d’eau qu
vous préférerez sa Cascade,
qu’on peut encore mettre immédiatement après Vernet, et son Colisée est aussi
de
la
plus grande beauté.
»
offre
il
,
qui
Ce témoignage, parmi d’autres qu’on
HUBERT ROBERT
64
pourrait
montre que
citer,
ne l'égalèrent jamais tout à
meilleurs jours, Diderot, qui
contemporains de
les
fait
ses adieux à
italiens,
mais crus de couleur, avec des sécheresses que
œuvres principales du peintre rappellent,
du 8 juin
nuit
mais cet
Diderot,
figures sont tage...
d’une
effet
dur
est
mal dessinées. L’intérieur de à
son point de vue trop au milieu de oppositions
nous
lui
a laissé,
trouvées
eût
qu’il
Nous
scène.
comme
de ceux qu’on
lui
arrangement plus
sur les
»
,
le
tiré
style,
de
Ses
«
ruines de Carthage
»,
et
de Grenelle, qui va devenir duc de
de
titres
littéraires
Ruines
ruines de
Rome
».
Rome,
comte de Yaudreuil
Brissac,
On
le
un
«.
la
et
monument
des
Il
.
«
noter
faut
Marins assis rue
la
prêchant
au
»,
intentions bien
fleurs
ses
statue de Marc-Aurèle
voulant cueillir des (leurs eu haut d’un
doivent
verra bientôt revêtir ses œuvres
Une Marchande de bouquets vendant
beau de Titus, au pied de
à
éclairé par le
Capucin
«
fait
traités pai* l’ar-
sujets
les
abondants qui soulignent des contrastes :
ne
Choiseul-Gouffier,
dans
à
temple bâti
d’un
comte de Cossé, l’amateur de
au
qu’il
petits
montre encore tout
L’Arc de Titus à
du cabinet du
la
de Marly. Mais
les jardins
le
«
comte de
du cabinet du
tirées
peuple dans les
pris
de
habile
vendu, par exemple, au comte de Toulongeon un
a
Il
du Louvre, d’avoir
devait déjà, en dessins et en pein-
l’introduction plus fréquente de l’anecdote tiste.
davan-
plaît
Le Salon de 1783 présenta deux
aux sujets d’antiquité romaine.
couchant
me
les
et
savons gré, pour notre compte, du document parisien
guère différer, par soleil
écrit
l’effet,
assez d’air,
la
en feu et de s’être privé des
l’édifice
l’ensemble de son envoi, qui est important,
»,
deux
les
;
qui avait peint son tableau
l’artiste,
tableaux de Robert, peints d’après nature dans
Athènes
de
fait
salle incendiée
la
dans un
tures, sur l’incendie de l’IIôtel-Dieu.
fidèle
»
un événement tout
n’y a pas
il
l’Académie de peinture, place
de
croisée
n’aime pas
je
cette année-là,
sec;
et
On reprocha généralement
»
«
L’éruption de l’incendie de l’Opéra
«
:
de 1781, y retrouve très agréables, dit-il,
de l’Opéra, installé au Palais-Royal, qui a brûlé dans
l’incendie
récent,
ses
critique au Salon
la
paysages
Robert avec ses ruines et ses
en
Joseph Vernet.
à
fait
même
Robert,
«
ruiné,
sur
le
tom-
Un jeune homme, se précipite dans
X
a
a x
<
LES SUCCES A PARIS un tombeau antique
etc.
»,
du public
Salons
des
les livrets
qui s’emparent
ment aux goûts
comme
La rédaction de ces lignes,
dans
celles qui y ressemblent
65
correspond assuré-
,
formes de l’imagi-
à certaines
et
de toutes
nation du temps.
Hubert Robert
a
une partie de
visité
Provence
la
du Languedoc, pour
et
en peindre les sites et les monuments. C’est en l’année 1783 que se place cet intéressant voyage, qui le
tunément en contact avec
la
munit de motifs nouveaux nature. Les tableaux et
de 1785, pour lequel
critiques sur le Salon
il
la
dessins datés, et les
n’existe pas de livret,
mettraient sans doute de constituer son itinéraire.
région privilégiée de
ceux
qu’ils
ont
Il
il
vrai,
est
qu’à
sont
Italie;
il
inspiration dont
1
pour cette peinture de ruines qu’on ne cesse de
réussit,
n’y
en
laissés
part afin de les étudier, voulant rafraîchir en leur présence a besoin
que, dans une
sait
Il
per-
France, des édifices du temps des Romains
conservés, d’une importance égale à
il
remet oppor-
et le
demander.
lui
demi. L’un des grands tableaux, que
le
comte du Nord emporte en Russie, groupe, dans une juxtaposition singules plus célèbres
lière,
Nîmes, les
la
Maison Carrée,
Mémoires
bizarrerie
monuments antiques de Pont du Gard,
révoltante pour le spectateur
péchait-il pas plus
du Tibre,
par
le
chez
,
gravement, quand
palais
du Capitole,
un incendie
à
le
lequel
idéal,
remarquent
supposer trop
c’est
bon goût
encadrait
il
ou dressait
Pierre dans un affreux paysage de rochers
incriminée représente
Arènes de
:
rempli de ressources dans son
inventif,
pèche souvent contre
vouloir être original,
assemblage
«
les
France
qui n’ont jamais existé ensemble,
d’édifices disparates
secrets,
d’ignorance; M. Robert,
Ne
le
la
?
Rome
,
le la
et
le
;
elle s’éclaire
compromet invraisemblablement, de
la
deux
vérité toiles
sont le
la
basilique de
Le pendant de
la
aperçu à travers
la
Portique d’Octavie (Poissonnerie de la
Saint-
composition la
colonnade le
tableau
voûte et qui
solidité de l’édifice.
destinées au marquis de Montesquiou, et
».
Panthéon, au bord
par un trou percé dans
dit-on,
pour
bon sens
d’une galerie. C’est encore une galerie, mais ruinée, que montre
du comte d’Adhémar
art,
Plus près
Rome), une des
vue du Temple de
HUBERT ROBERT
GO
Diane, à Nîmes,
qu’animent des figures à l’antique
moins l’étude attentive
par
faite
le
prouvent du
qui
et
monuments récemment passés
peintre des
sous ses yeux.
Les connaisseurs goûtèrent
surtout
parmi
cette année-là,
,
les
tableaux
de Robert, de petits paysages appartenant à l’archevêque de Narbonne, qui présentaient fidèlement deux des la
Fontaine de
avec
nature
la
peintres, et naître
si
;
Vaucluse et
sites
exactement
mêmes
et
,
l’ensemble des pierres vitrescibles et primitives
de Vaucluse, non pas de
site
rocheux qui l’histoire la
de
précède
;
elles
fait
pendant à
l’archevêque de
château de Pétrarque
rusé
candeur des bons
la
Soulavie
de recon-
,
dans
,
roches d’Olion,
les
Robert a
».
les
fait
deux vues
fontaine, à vrai dire, mais du vallon
la
sont également sûres
»
la
gorge d’Olion
Narbonne
,
et
Salon de 1785 reproduisent sans
communs,
tains clairs et légers
le
et
,
intéressantes pour
qui est
construction
la
ne se profile pas sur
fond de montagne rocheuse qui ferme
leur sont
ici
d’une de nos merveilles aujourd’hui défigurée par l’industrie. Dans
toile qui
celle
la
Provence,
calcaire de Vaucluse,
pierre
la
la
n’avait point
rendre avec
la
coupes particulières à ces sortes de pierres
du
On
s’étonnaient, avec
caractère de
le
«
célèbres de
Roches d'Olion.
les
on n’avait cherché qu’à
les naturalistes
plus
les
le
médiévale
«
le
deux tableaux du
éléments pittoresques qui
les
dur voisinage des eaux
dite
mais sur l’admirable
ravin. Les
l’étroit
monotonie
ciel,
conséquent
par
et
de
la
pierre et les loin-
du pays provençal.
Les quatre grands tableaux, qui sont au Louvre, gardent quelque chose de ces qualités.
Ils
commandés en
furent
appartements de Fontainebleau exposa au Salon de 1787.
Les
et
1786,
pour
la
décoration des
payés douze mille livres.
deux premiers représentent
les
L’artiste
monuments
de Nîmes, l’intérieur du Temple de Diane et un groupement de Carrée, des Arènes et de fice
qui n’est pas
la
Tour Magne
;
le
;
la
Maison
troisième réunit, par un arti-
sans charme, l’Arc de Triomphe et
au Mausolée et au Petit Arc de Saint-Remy
les
le
le
Théâtre d’Orange
quatrième est consacré au
Pont du Gard, qu’un rocher, placé ingénieusement, empêche de voir dans sa trop
grande longueur. Sur toutes ces
toiles
joue
la
limpide lumière de
*
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LA
SOURCE
Détail d’un paysage (Musée du Louvre
)
LES SUCCES A PARIS notre Midi, qui suffirait à les animer;
de nombreux
mais un peu nière, la
personnages
vêtus
factices, errent
à
parmi
le
67
peintre les a pourtant
l’antique, les débris
dont
les
enrichies
groupes soignés,
d’architecture.
Dans
la
der-
des scènes rustiques, justement observées, ajoutent plus d’intérêt à
présentation du célébré aqueduc.
tableaux, est
ici
Le
ciel,
presque pur dans
parcouru de nuages pourprés, qui jettent sur
vénérables des arches romaines leur ombre
menaçante
.
les autres
les
pierres
Ces contrastes de
sentiment, ces raffinements de composition, servis par un métier très sûr, font peut-être de cette série le chef-d’œuvre d’Hubert Robert.
en tout cas, de
le tenir
prètes sincères de
la
Elle permet,
en bonne place parmi nos paysagistes et
beauté de
la
France.
les
inter-
'
1