Hubert Robert [1733-1808] vol.1, 1910

Page 1


-

.

I

'

.

I

'



\S*.f

.


Digitized by the Internet Archive in

2016

https://archive.org/details/hubertrobert173301 nolh


«




HUBERT ROBERT


IL

A ÉTÉ TIRÉ DE CE

El Vit E

HUBERT ROBERT 1733-1808

SO

I

X A A T E - O U AZ E I

E XE M

PL AIR ES

Sur papier des Manufactures impériales du Japon NUMÉROTÉS A

I.A

PRESSE DE

Exemplaire

fouo

ND !)

5A

?P\Z~

DW r.l

rTTVCENTER OBR/'.fiY

I

A

LXXY


»



H




II#

f fw

J

«pf

B

1 /fl


PIERRE DE NOLHAG

HUBERT ROBERT 1733-1808

PARIS GOUPIL M AN Z

I

,

.1

0 Y AA T

& C'% ÉDITEURS-IMPRIMEURS 8c

U lB

24,

BOULEVARD DES CAPUCINES

,

éditeurs-imprimeurs,

1910

successeurs


THE GETTY RESEARCH institute library


LES BUCHERONS (A M. Pierre Decourcelle)






\


HUBERT ROBERT ’art français a

donné, au xvn

e

de paysage, Claude Lorrain

noms

et Nicolas

la

nature avec conscience et l’ont traduite

grandeur.

Un

qui parfois

envahit

sa

juste titre; n’est

toile,

de scène historique. De même,

mais

le

site

chez

en tout ce

il

qu’il

est vrai, ce

du

xvm

fond déborde

et

placé

France réclame

e

qu’un

lui

accessoire

siècle ne voient

l’interprétation de la nature qu’un fond sur lequel se

nages. Parfois,

la

être

scrupuleusement étudié,

cependant

les peintres

peut

paysagiste

seul

auprès d’eux, Van der Meulen, que à

Poussin, et ces

sont les plus illustres de l’école. L’un et l’autre

ont étudié

avec

deux grands peintres

siècle,

dans

meuvent des person-

s’impose

touche, est un admirable maître dans

Watteau, magicien

;

le

paysage; Lancret,

Pater ne l’ont point dédaigné; Oudry, Boucher surtout, l’ont traité pour lui-

même,

l’un avec

une émotion sincère

et toute

moderne,

l’autre selon la plus

séduisante fantaisie. Mais, pour trouver de vrais maîtres,

Joseph Vernet, Louis Moreau, Hubert Robert. les

Si leur

il

faut

attendre

contemporain Fragonard

égale souvent en ce genre, ses titres sont d’un ordre différent, et on

regardera toujours

comme un

peintre d’humanité.

le


HUBERT ROBERT

2

Le plus fameux du groupe, Hubert Robert, se rattache directement, après

un

Claude Gelée.

à la tradition magnifique de

siècle,

comme

a,

Il

lorrain, la passion des études dessinées en plein air, le sens des

pittoresques et ce goût de mêler des

des grands

ciels,

comme

œuvre,

»

importantes aux féeries

aux masses contrastées des feuillages

celle

arrangements

et

Son

des eaux.

de Claude, dégage une sorte de poésie qui pénètre Lame

Un

troubler et ouvre à l’imagination l’horizon des grandes rêveries.

sans

la

trait

commun

dément

fabriques

«

maître

le

et

unit encore ces deux caractères. L’Italie les a possédés profon-

marque toute

leur production

de son empreinte

;

non pas

l’Italie

des peintres académiques, dont l’imitation s’imposa pendant trois siècles dans la

formation des artistes, mais celle de

monuments,

nature et des

la

telle

qu’une histoire incomparable semble l’avoir préparée pour l’éducation morale de l’humanité. Sans

ni

l’Italie,

Claude Lorrain,

révélé complètement à lui-même;

ils lui

ni

Hubert Robert n’eût été

doivent, autant que

la

qualité de leur

lumière, les formes propres de leur pensée. Il

isolé, et,

pour parler de

son sens intégral.

II

lui, le

mot de génie

habite une région de

seront jugés assez grands,

s’il

française de son temps,

a réveillé

s’il

se présente dans la plénitude de

l’art

comme Hubert

peintres exquis et spirituels

lité

où ne s’élevèrent jamais

nature, et

s’il

originales dont la valeur décorative n’est pas dépassée.

démontrer davantage,

et

nous serons

des observations précises,

la

satisfaits si

persistante

e

Ce plète,

même

par

les

a laissé des

comme œuvres

Nous ne voulons pas

nous pouvons

justifier,

prédilection que professent

ques-uns d’entre nous pour un maître trop dédaigné oublié

la sensibi-

a contribué à restituer à notre école, la

les

Robert. Les mérites de celui-ci

des forces endormies dans

un genre indépendant, l’interprétation de

xvm

un

n’y a pas à pousser plus loin le parallèle. Claude reste, en son siècle,

à

certaines

par

quel-

époques,

critiques célèbres qui ont fait métier de réhabiliter le

siècle français.

serait

mal connaître Hubert Robert

que de voir en

lui

Cette partie de son œuvre

seulement lui

le

et l’apprécier d’une façon

plus habile des

«

donne cependant un de ses

incom-

peintres de ruines

».

titres les plus sérieux,


HUBERT ROBERT semble

celui qui

d’aujourd’hui

recommander de préférence

le

comme

à

3

des amateurs

à l’attention

ceux d’autrefois. Lui-même acceptait cette désignation, l’Académie Royale, en un temps où

lorsqu’il se faisait agréer à

il

était

d’usage

chez les artistes de se définir d’un mot et de fixer par avance les limites de

son labeur. Dans ce genre où s’exerce avec complaisance il

faut distinguer

deux façons

fort différentes

études

à

onze ans

la

lui

comme

et

l’a

à

fixée sur

l’aquarelle,

ses

la

il

physionomie du monu-

albums dans ses admirables

vaste

formée pendant

collection

dont quarante années d’utilisation n’arrivent pas à épuiser

Dans

l’autre,

il

interprète ces motifs recueillis avec tant

de

de simples éléments de décoration avec lesquels toute liberté

semble permise

mêle

qu’il

sanguine ou

d’Italie et

les richesses. fidélité,

telle

site,

talent de Robert,

de composer. Dans l’une,

rend, avec une exactitude presque documentaire,

ment ou du

le

transporte

;

il

le

les mutile,

les

recompose,

spectateur dans un pays

les

transforme, les entre-

d’antiquité

factice

récréé

,

par une imagination souple, joyeuse et bien française. Ces jeux divers de

la

pensée d’un bel artiste enchantèrent un double public, réuni par ce goût

pour l’antiquité monumentale de Rome, qui ne enthousiaste que dans

la

deuxième moitié du

fut

jamais plus ardent et plus

siècle.

La littérature sous Louis XIV, bien qu’imprégnée d’humanisme, n’avait guère frayé

aux prises

la la

voie aux curiosités archéologiques, et les deux partis que mit

mémorable querelle des Anciens

et des

Modernes témoignaient

d’une culture littéraire à peu près pareille puisée chez les Anciens, et d’une

ignorance non moins semblable à l’égard de leurs monuments.

Si

Charles

Perrault ou ses contradicteurs font intervenir Vitruve dans une discussion, c’est

de manière purement livresque, sans nul sentiment véritable de

de Rome,

ni,

à plus

forte

raison,

de

l’art

devait par étapes acheminer les esprits à

que

la

Grèce.

Le xvm e

comprendre Part antique

siècle ,

ainsi

l’établissent quelques dates qu’il est nécessaire de rappeler. L’érudition

sévère et sûre de

Dom

1719 à 1724,

quinze volumes

figures, les

de

l’art

les

Bernard de Montfaucon donne au monde savant, de de VAntiquité expliquée

qui reparaît en édition nouvelle de 1722 à 1758.

travaux du comte de

Caylus

et

et

représentée en

Dans

l’intervalle,

de son ami Mariette ont précisé

les


HUBERT ROBERT

4

connaissances sur des points importants, en initiant

le

public à une antiquité

plus familière. Le traité de Mariette sur les pierres gravées est de 1750

de Gaylus

suite de planches

romaines

et

Recueil d'antiquités

:

commence

gauloises,

à paraître en

égyptiennes,

la

;

étrusques,

son mémoire sur

1752;

la

peinture à l’encaustique est de 1755; son Recueil de Peintures antiques, de 1757.

grandes découvertes

Les

hasard des travaux d’un villageois, a intacts

par

Charles

III,

la

la ville

ces

à

du Vésuve au

lave

la

une partie de ses trésors gardés

livré

;

dix ans plus tard, on découvre Pompéi, où

les multiplie. Elles restent les

ordonnances royales

amateurs

italiens.

voyageurs pour

A

Cochin, qui visite

les

chez

curiosité

les

attentive et délègue ses

Le président de Brosses étudie doctement

découverte d’Hereulanum, dans un mémoire paru

la

murs de Pompéi, que en 1750, avec

l’Italie

Cependant, l’enthousiasme qu

l’art

qu’elles

elles

fait

distinguée et compte pour

le

les

le

de

à Naples.

Madame de Pompadour,

sans les

,

apprécier

apportent sur

la

pour

assez

vie

Certes

.

,

depuis

la

compagnons, devient

et

de

les

Italie

Renaissance

perfectionnement suprême des artistes si

grand nombre dans

,

le

la

;

mais

péninsule,

vers Naples et ses richesses inconnues. Plusieurs

Baies.

Soufllot

qui a ,

le

il

des Anciens.

poussent jusqu'à Pæstum, qui achève, par un décor mieux conservé,

de Pouzzoles

;

complément nécessaire d’une éducation

Français ne sont venus en

attirés surtout, cette fois,

frère

le

commentent

provoquent généralement appelle en

beaucoup de curieux de toute sorte voyage au delà des Alpes

les savants

en examine plusieurs centaines

Leblanc et l’architecte Soufflot,

renseignements incomparables

lation

malgré

livrées au pillage,

moment, l’Europe devient

dédaigne au point de vue de

jamais

des recherches

facilité

immense

une

excitent

la

commencent

en 1750, dix années après son voyage; d’autres parlent des pein-

tures détachées des

l’abbé

mais

,

ce

devant ses compatriotes à Dijon

longtemps désordonnées,

renseigner.

la

le roi

ensevelie, ont rempli de merveilles sa villa de Portici,

puis le Palais des Études, de Naples. Ces grandes explorations

en 1738

études un

Les fouilles entreprises officiellement par

catastrophe.

dans

ajouté

dans

Ilerculanum, retrouvé

extraordinaire.

intérêt

ont

napolitaines

su

la

révé-

mieux voir que ses

premier champion d’une architecture renouvelée de


HUBERT ROBERT

5

dans l’école du premier Empire.

l’antique, qui trouvera plus tard ses maîtres

Rome

Les jeunes architectes de l’Académie de France à

M. de Marigny lui-même, napolitain.

Dans

à

ne pas quitter

sans avoir parcouru

l’Italie

monde de nos amateurs

le

sont conviés, par

de nos érudits,

et

le

pays

la liste

est

instructive de ceux qui vont s’y instruire, acheter des antiquités, discuter sur les

Randon de Boisset y

découvertes.

suivi par le financier Boutin

1754, le duc

dont l’influence sera énorme,

documente

se

du duc de Lauraguais y paraissent en

fils

de Penthièvre en 1755. L’abbé Barthélemy, à qui

plus tard un livre charsis,

les

;

son premier séjour en 1752, bientôt

fait

à Naples à la

le

de 1755

fin

;

l’on

devra

Voyage du jeune Ana-

La Condamine

et

l’abbé

Gougenot y voyagent en 1756, l’abbé Morellet en 1758, l’abbé de Saint-Non en 1759, Watelet en 1763. Dans toute l’Europe, cependant, les récits et les descriptions se multiplient; nulle part on n’en imprime autant qu’en France;

mais l’Allemagne trace, avec Winckelmann, l’histoire

de

prépare l’appui siècle,

ancien,

l’art

Ainsi

diffusion des ouvrages du grand archéologue

et la

plus solide aux théories qui

le

dans tous

premier tableau d’ensemble de

le

les

domaines de

artistes,

l’époque qui nous intéresse, éprise de l’antiquité

des satisfactions tout à

abondance

inépuisable

qu’elle

fait

a

y goûte

tecture,

du

la

sincérité de

motif sculpté,

précises. parisien,

talent

du monument

nourri

réel

Un

et d’habileté, le

propre initiateur de Robert en

mêmes

Ajoutons que tous

une

toile

seul peintre avait

rappelant leur voyage

de Marius

»

ou

le

de

«

:

le

Rome

le

ou

par

».

d’années

tant

nom d’Hubert

Robert.

du morceau d’archi-

fictif

que construit

Italie, et le

le

même

succès était venu

évolution du goût public.

tenaient à mettre en leur galerie

Colisée, l’Arc de Constantin, les

temple de Vesta

avec une

montré déjà ces qualités de science

voies et grâce à la

les visiteurs

peintres qui

Elles jaillissent

l’exactitude solide

l’étude,

preste pinceau.

à Panini par les

modèlera non seulement

demandé aux

de vie italienne, qui rendit promptement célèbre

On

du

d’avoir rappelé qu’elle s’est fortement

et

l’évoquent

ce

fin

mais l’àme de plusieurs générations. Pour

monumentale

de

qui

nouvelle,

suffit

il

la

l’esprit.

commence une éducation

l’intelligence des jeunes

vont triompher, à

Nos

artistes trouvèrent

«

trophées

honneur

et


HUBERT ROBERT

6

profit à satisfaire cette clientèle toujours les

«

répliques

renouvelée

et qui

ne craignait pas

».

Une longue

Que de

lignée de prédécesseurs semblait les avoir préparés.

maîtres avant eux avaient senti et cherché à rendre

délabrement des monuments romains

!

la

le

doux mystère de

Nativité,

la

pittoresque et glorieux

Sans remonter jusqu’aux précurseurs

Renaissance, qui évoquèrent tant de

de

le

fois,

sous

l’abri

du temple païen,

ou lièrent saint Sébastien martyr au fût

de marbre cannelé surmonté du chapiteau de Corinthe, ne voyait-on pas

la

ruine antique faire le principal motif de maint tableau de paysage du xvi® siècle et surtout

du xvn e

?

Mais

les

Italiens s’amusaient, sans s’émouvoir,

de

décors pour eux trop familiers. Les Septentrionaux, au contraire, qui venaient étudier

dans

les

villes

illustres,

par

frappés

étaient

des

constructions

majestueuses, souvent sans nom, appropriées tant bien que mal aux usages

modernes,

déshonorées

et

méprisées pour

plupart;

la

évoquaient,

elles

pour leurs yeux de barbares, l’image d’un merveilleux passé, qu’ennoblissait encore Il

la

y

a,

lumière de ce pays divin.

dans

l’

Ancienne Pinacothèque de Munich, une

cative de Jan-Batist belle

de

fille

l’Italie,

Weenix. Sous un portique orné

à la

romaine dort une

blonde, tenant sur ses genoux un tambourin; c’est telle

qu’elle enchantait les

Le sentiment qu’a rendu

d’Amsterdam, des centaines de ses contemporains

l’artiste

Quel que

l’ont éprouvé.

figure idéale

la

étrangers par les grâces de

peintres

sa beauté vivante et la splendeur de ses souvenirs.

par ce symbole

bien signifi-

toile

soit le

musée du Nord que

on y trouve

l’on visite,

toujours, réuni à l’écart, un lot de tableaux oubliés où des peintres, médio-

crement doués, ont la

trace maladroite

laissé le

témoignage d’une curiosité un peu confuse

d’une émotion sincère.

On

pourrait dresser

la liste

et

de

ces Flamands, de ces Allemands, de ces Hollandais obscurs, qui ont assis

sur un pan de

ou groupé une

mur

d’appareil antique un chevrier jouant de

halte

de

paysans

dans

un

Campo-Vaccino

sous des arches triomphales enfouies à demi dans s’essayèrent aux

génie

comme

mêmes

motifs; mais alors

la

le

la

cornemuse,

de

fantaisie,

gazon. De plus célèbres

ruine apparaît comprise par

un élément de grandeur et de mystère. Nul n’égale

ici

le

Claude


DÉTAIL D’UN TABLEAU DE RUINES (Musee du Louvre)







HUBERT ROBERT et

Poussin

;

nul ne

rend

avec

autant

de sobriété et de force

de l’architrave aux fines sculptures disjointes dans gisant au bord du fleuve parmi entière

vie,

honoré.

campagne

la

mousse

déserte.

On

les

;

et c’est

et

de

la la

poésie

colonne

donnerait l’œuvre

de Panini, malgré son étonnante virtuosité, pour

de ce grand style

de sa

la

7

une seule page

pour avoir retrouvé, au moins à certaines heures

sources de cette inspiration que Robert mérite encore d’être



FONTAINE ANTIQUE Dessin pour

le

frontispice des

«

Différentes vues

dessinées d’après nature par Messieurs Robert et Fragonard,

peintres du Roi, dans les environs de

Rome

(Musée de Besançon )

et

de Naples.

»







I

LES ÉTUDES A ROME omme plusieurs des peintres fameux du

siècle,

comme

Bouclier, Nattier, Chardin, Hubert Robert est Parisien

de naissance et d’éducation; mais pour

lui,

cepen-

dant, la souche provinciale n’est pas éloignée. Le père était

Lorrain et remplissait, quand venait au

ce premier enfant

marquis de duc de Lorraine auprès du

roi

le

d’affaires

lendemain,

de François Robert,

Stainville, alors

,

le

eut pour parrain

du duc de Lorraine,

l’office

de France. Le

Jeanne-Catherine-Charlotte Tibault Sulpice

,

et

fils

de valet de chambre du

envoyé extraordinaire du de Nicolas Robert

et

de

22 mai 1738 et baptisé à Saint-

M. Hubert de Vendières

pour marraine Louise de

secrétaire de la

monde

légation

la

,

chargé

Lane, épouse

de Son Altesse. Ce dernier


HUBERT ROBERT

10

Robert, époux de

marraine, est probablement l’un

la

deux François

des

qui figurent au contrat de mariage du peintre et qui sont, l’un frère, l’autre

cousin

germain

qu’elle

appartient à une bourgeoisie déjà relevée. Mais

de son

père

Les divers actes de

.

il

est surtout inté-

ressant d’observer qu’ils nous conduisent en pleine Lorraine

coïncidence curieuse qui rattache à

la

sera après lui le plus grand peintre

Cette origine

considérable. Ce fut, en

effet,

voie

évocateur de

11

»,

il

le

devait

fils

briller

fort

pour

arts

les

dessin

tant

n’avait point rêvé

en vue d’une carrière

mordant

aux humanités,

qui

l’Italie.

du marquis de Stainville, Choiseul

n’ont

pas

de son

fier

au jeune

ouvrit

probablement

leva

et

qui

l’aîné

les

titre

comte,

le

,

du pinceau pour

A

mais

ecclésiastique;

sentait

l’abbé Batteux, un de

;

fait

premier prix.

l’artiste

difficultés

de

«

bour-

de ses deux

fils.

donner, au Collège de Navarre, une éducation littéraire fort

lui avait fait

soignée,

une

destinée de notre artiste une influence

la

opposées à sa vocation. Nicolas Robert, assez geois de Paris

et c’est

de Claude Gelée

patrie

nom de duc de

plus tard célèbre sous le la

;

ou tout au moins ces relations lorraines, qui

été assez remarquées, ont eu sur

homme

témoignent

famille

la

en

s’éveiller

lui

d’irrésistibles

ses maîtres, gardait de lui

au revers d’une composition grecque, qui dix-sept ans,

le

tout en

collégien,

le

lui

goûts

un impor-

avait valu le

séminaire ne plaît point au jeune dessi-

nateur, tenté par les spectacles de

la

appels de son talent.

vie et les

Il

a

obtenu, non sans peine, d’en sortir et de travailler chez Michel-Ange Slodtz, le

bon sculpteur, quand, au mois de septembre 1754,

ville

est

nommé, par

le

Roi,

plein

comte de Stain-

son ambassadeur auprès du Pape. Le grand

seigneur lorrain a connu de tout temps éveillé,

le

la

famille de ce gros garçon, aimable,

de dispositions heureuses, et

lui

il

offre

de réaliser du pre-

mier coup, sans avoir besoin des cours et concours de l’Académie, de tous

les

jeunes artistes d’alors,

L’ambassadeur commence par

le

voyage

solliciter

à

de

le

rêve

Rome. M.

de

Marigny,

directeur

général des Bâtiments, un brevet de pensionnaire du Roi, qui permettrait à

son protégé de profiter des avantages de l’Académie de France à Rome.

M.

de Marigny

refuse

il ;

est

le

gardien

d’une institution

déjà

ancienne


LES ÉTUDES A ROME et

éprouvée, qui a ses règlements

à

et

lui,

même

sans

-bas,

un ans

vingt et et

;

doute,

la

les

choses

à

Rome dans

la

suite

de

reste,

jeune

le

s’intéresse

Stainville

s’arrangeront.

jouissant du voyage avec tout l’élan de

arrive

nouvel ambas-

contre un

bonne Madame de

Hubert Robert,

peine,

à

même

Madame de Pompadour. Au

chez

tout de

peintre partira

appartient de veiller à les

lui

il

;

défendre et d’en maintenir l’application, sadeur fort en faveur

où trop de gens peuvent être

stricts,

intéressés à vouloir des bouleversements

11

qu’à

ainsi

C’est

d’une aubaine inespérée

usant

son enthousiasme de jeunesse,

aux premiers jours

l’ambassadeur,

de

novembre 1754. Le comte de Stainville joignait aux curiosités de volontiers à

française se parait

époque,

cette

dont

l’art,

goût plus

le

Il

ne dédaigna pas de se faire à

Rome une

encore de

vif

s’acquérir des amis dans tous les milieux qui pouvaient servir sa

noblesse

la

renommée.

réputation de Mécène

il

;

aidé par sa grande fortune et par les qualités d’intelligente bonté que

envers les artistes sa femme, née Crozat,

lui-même amateur et

et collectionneur

fille

y fut

montra

d’un riche financier parisien,

fameux. On

bientôt l’ambassadeur

vit

l’ambassadrice s’intéresser, plus directement que ne l’exigeait leur fonc-

aux travaux des pensionnaires du Roi

tion,

et

aux projets de cette vive

jeunesse qu’excitaient le séjour d’une ville illustre et les espérances de gloire.

M.

et

Madame de

Stainville

veillantes relations avec leur directeur Natoire

;

de bien-

dès l’arrivée,

entretinrent,

on

les

vit,

dès

la

le

premier

Carnaval, rouvrir pendant huit jours les magnifiques salons qui occupaient le

qui

premier étage du palais Mancini, au-dessous du logis de l’Académie, demeurait à

la

disposition de l’ambassadeur

de ce

décor de Gobelins, de tapis de

toutes

sortes,

la

des

tradition

Polignac offrait autrefois à

la

la

réceptions

;

ils

Savonnerie fastueuses

reprirent, et

et

au milieu

d’œuvres d’art de

que

le

cardinal

de

société romaine. Cet usage pris par l’ambassa-

deur de France de recevoir au Palais Mancini venait de ce que son palais d’habitation n’était pas

Carnaval, et et

il

sur

le

en résultait, à ce

plus cordiaux entre

le

Corso,

où avaient

moment de

lieu les

réjouissances du

l’année, des rapports plus étroits

représentant du Roi et l’Académie, au bénéfice


HUBERT ROBERT

12

évident de

seconde. Natoire recourait à l’ambassadeur toutes les fois qu’il

la

avait des difficultés à résoudre avec Versailles ou quelque sollicitation par-

ticulièrement délicate à adresser à son chef,

M. de Marigny

En échange,

.

M. de Stainville pouvait exiger quelques égards pour ses protégés,

et

même

faveur un peu exorbitante d’en loger un, sans nul titre, parmi les pen-

la

sionnaires couronnés à Paris aux concours de l’Académie et munis du brevet

Le premier pour lequel

royal.

Hubert Robert. Le

nom

soumet

sadeur de France protège un l’architecture.

Il

me

prononcé dans

n’est pas

1754, par laquelle Natoire

dit,

réclama cet avantage fut précisément

il

prix,

;

mais vous

lui

homme

jeune

différentes

propos là-dessus, pourvu

lui

eût

la

Marigny, ayant bien défendu et

je

ferais

ce

afin le

que

fusse en

je

placer,

si

je ferai

à

me

dit

auprès

de

Il

règle

vous m’approuvez, qu’en

pour

le

est installé à l’Académie,

mieux.

»

aisément à

il

M. de

Rome

obtiendra plus

faveur accordée au protégé de M. de Stain-

la

pied que les douze pensionnaires, admis aux

mêmes

avantages et à

l’usage des précieux modèles antiques réunis dans les ateliers.

appliqué, toujours de bon exemple dans

compagnon,

il

jugerait

qu’il

devint, au contraire, le Benjamin de l’Académie, fut traité sur le

Il

imposé

permis en

l’avez

nommé.

Personne ne protesta contre

même

comme vous

les principes à Paris, transige

Hubert Robert

tard d’être régulièrement

,

voudrait présente-

Il

bonté de vous en parler.

dérangeant quelques pensionnaires; mais

faits,

pu être pen-

permission de loger dans l’Aca-

répondu que

ai

qu’il

la

cuisinier

vous en écrirait incessamment,

sur les

aurait

l’intention qu’il

seulement

vous, Monsieur; je ne pourrai guère

ville.

du goût pour peindre

a

répondîtes, Monsieur, que, n’ayant point gagné de

artiste eût

occasions. Je

M. l’Ambas-

«

:

ces jours passés, qu’il vous en avait parlé peu de

démie, en payant sa pension au

qu’il

qui

cela dérangeait tout l’ordre de cet établissement.

ment que ce jeune

du 26 novembre

lettre

cas à M. de Marigny

le

temps avant son départ de Paris, dans sionnaire

la

à

ses

le

mieux entraîné aux jeux

camarades dès

les

le travail

et

et,

Il

avec cela,

était zélé, le

aux exercices du corps.

premiers jours, grâce

risqua sa vie pour six cahiers de papier gris.

Il

à

plus gai Il

s’était

un pari fameux où

s’agissait

de se hisser à


LES ETUDES A ROME du Colisée, par

l’étage supérieur

extérieures de

les saillies

La montée se

redescendre après avoir planté une croix. l’étourdi

plus

pouvant tomber à chaque coup de reins

difficile.

lancer dans

Un

pareil

On

dut

Je

ne

puis

met un

de grimper jusqu’au

est restée, et

gaillard

hors de pair

et

que votre adresse

Rome.

répandre dans

les

hasardeuse

une

de

qu’on voyait chaque

travail,

romains, pour dessiner,

les palais

Son choix

vite le plus ardent.

avait

ce qui, en Italie,

Le dernier Salon

avait vu au

qu’il

impressions sont assez vives parfois

les

direction de toute

une

carrière,

mis en présence

l’avait

d’une des plus importantes expositions de Joseph Vernet. Le peintre

gnonais avait subi plus qu’aucun autre tous

La mer d’abord, dont rocheux que

baigne

il

fluide

les

enchantements de

ingénieux et sans

fut le révélateur

une

lumière,

grave

la

rival,

il

peine de quitter pour se fixer

à Paris.

,

Le jeune Robert

documents de tout genre

dant beaucoup moins que

les siens

?

reçut-il,

conseils expérimentés du peintre? Qu’il

l’ait

Joseph Vernet devint dès lors pour

le

rière

les rivages

Vernet connaissait

le

à

rencontra- 1- il

le

avant son départ? vint-il feuilleter, dans l’atelier de l’artiste, riches en

l’Italie.

vécut de longues années et qu’il venait à

fond les secrets d’un pays où

si

avi-

majesté des palais,

charme d’une ruine de château sur une montagne

de croquis

La

croix.

au reste, que cette croix

dire,

d’art et

églises et

Louvre, celui de 1753, à l’âge où la

Colisée:

le

»

voulait dire aussi peintre d’architecture.

pour déterminer

vu

l’idée

voulait être peintre de paysage,

il

:

renommée.

sa

fait

courage sont devenus historiques,

et votre

modeler ou peindre, Robert se montra été fait dès le début

pour se

du monument.

plaisir d’y planter

Je dois vous

Parmi cette belle jeunesse, éprise se

lui

pu vous venir

a

il

grand’peine,

s’y attacha

il

;

à

l’intérieur

pour l’unique

croire.

car on en parle encore à

matin

saisit

fit

rentrer dans

comment

faite

le

à

qu’il

pierre, et d'en

descente fut encore

la

;

la

écrira à Robert, en 1789, après avoir

concevoir

raison se refuse à

une corde

et parvint

l’espace,

exploit

jeter

lui

Madame Vigée-Le Brun «

13

lui

,

et

qui

albums

seront cepen-

le

pour son séjour projeté,

connu ou non

maitre idéal,

admirée donne à l’étudiant enthousiaste

ces

le

désir

à cette époque,

celui

d’en

les

dont

la

car-

poursuivre une


HUBERT ROBERT

14

semblable

et

révèle l’usage

lui

dispositions donnèrent leur fruit,

marins, où

il

peut tirer de ses propres dons. Ces

qu’il et

sauf pour les effets

est arrivé que,

il

demeure incomparable, Vernet

a

vu son œuvre italienne mer-

veilleusement reprise et presque toujours dépassée par Hubert Robert.

Celui-ci trouvait à

ne

manquèrent

lui

Rome un

point,

autre maître, de qui les conseils réguliers

Giovanni - Paolo Panini.

à Plaisance en

Panini faisait déjà figure d’un vieux peintre comblé d’honneurs, à qui

1691, la

for-

tune, sous toutes ses formes, n’avait guère cessé de sourire. Dans le genre

des tableaux d’architecture, qui prospérait naturellement à plus incontesté des virtuoses.

rait le

de marbre sur des socles moussus,

Il

savait mêler aux ruines les statues

L’étranger riche était heureux d’em-

porter dans ses coffres un Panini représentant Saint-Pierre, le Colisée, ou

l’on

vo)

T

ait,

la

la

façade du Panthéon

les

deux grandes

d’autant

accueil

enrichie

nirs le liaient à la

italiens,

royale

l

Farnèse

n’avait

nul élève qui

lui

lui

Mgr

place

le

le

Dauphin

avait reçu avec faveur,

et

rencontré fit

par Natoire, jusqu’à

et

du

;

présent,

il

avait dirigé,

pinceau les réjouissances faites à il

et peint

un

honneur. De bons souve-

France; familier du cardinal de Polignac,

naissance de

la

accueillait la jeunesse avec bienveillance,

sur ses ordres, puis immortalisé par la

,

rapportées en France

des statues de l’Hercule

plus chaleureux qu’il

parmi ses imitateurs

pour

toiles

au petit peintre français, présenté à

fit-il

Navone

place

Colonne Trajane voisiner avec l’Arc de Titus,

Marc-Aurèle du Capitole. Panini et peut-être

la

mieux encore, ces groupements de monuments

comme dans

par M. de Vandières,

demeu-

il

animait de petites scènes populaires

et

portiques de palais.

ses cours et ses

Rome,

avait séjourné à Paris,

Rome

où l’Académie

des aspects de notre capitale, dont

une bonne vue du quai du Louvre. M. de Stainville ne pouvait manquer, d’autre part, de le faire travailler.

par

le

Deux

grand collectionneur M. Groult

toiles signées, qui ont été recueillies et

dont Robert a possédé lui-même

des répétitions, en gardent un curieux témoignage; l’ambassadeur s’était

fait

représenter par Panini, au milieu des galeries d’un palais où sont accrochés

des tableaux nombreux, qui réunissent toutes

les

vues de Rome. Une des


LES ETUDES A ROME

15

collections est entièrement consacrée aux ruines antiques, l’autre aux

Stainville montrait autant d’intérêt aux uns qu’aux

ments modernes. M. de autres, et

il

est impossible

de grouper plus ingénieusement

parmi plusieurs artistes qui accompagnent l’ambassadeur

En

le

ainsi

eut souvent l’occasion de

qu’il

de Giovanni-Paolo Panini, Robert n’exprima que 11

exemple

apprit de son

d’architecture ne peut les

le

tableau des

le

faire,

jeune Hubert Robert.

se proclamant,

reconnaissance.

1756, et,

et feuillettent avec

des albums ou des cartons, on reconnaît aisément (dans

vues anciennes)

souvenirs les

les

Les tableaux sont datés de

plus complets d’un studieux séjour.

lui

monu-

manquer

et

élève

sentiments d’une juste

les

de ses conseils qu’un bon peintre

d’être un décorateur expert, préparé à toutes

besognes du métier, capable d’improviser un trompe-l’œil en perspective,

de dresser

la

maquette d’un théâtre ou

le

plan d’un jardin,

d’inventer le

décor complet d’une fête de cour. La peinture de chevalet n’est, pour un tel

artiste,

qu’un amusement;

doit y préférer les grandes surfaces, colla-

il

borer à l’achèvement d’un salon ou d’une galerie, ouvrir dans les murailles

de profondes percées sur un paysage imaginaire.

aucune lumière ne surpasse vaut les majestueuses

«

celle

fabriques

du

ciel italien

;

Pour égayer ce paysage, pour

que deux grandes

»

le

meubler, lien ne

mul-

civilisations ont

tipliées sur cette terre et qui ennoblissent à jamais ses horizons.

Comme

Hubert Robert

les a

ou mutilés de l’Antiquité et de

aimés dès la

le

premier jour, ces édifices intacts

Renaissance, ces fontaines monumentales,

ces degrés et ces colonnades, ces arches d’aqueducs qui fuient sans la

campagne remplie de tombeaux

!

Il

a

vu ce que

fin

dans

talent très sage d’un

le

Panini avait su tirer de cette richesse de motifs pittoresques et compris ce qu’il était possible d’y joindre,

coup d’esprit de

Paris. Ses premiers tableaux

peinture du moins ne porte à

avec un peu de rêverie septentrionale et beau-

la

date de cette époque.

ne point se risquer à composer

rougirait de signer trop jeune. qu’il

peut mener dans

tique sur les originaux

la

romains sont perdus; aucune

la

grande

toile,

Il

et

est,

du

reste, d’âge

d’un siècle où l’on

Nous savons, par des témoignages,

Rome de Clément XIV.

du Vatican, sur

les

Il

plâtres

dessine,

il

la

vie

étudie l’an-

du Palais Maneini.

Il


HUBERT ROBERT

16

accompagne

camarades

ses

mesurer

qui vont

architectes ,

essayer d’hypothétiques restaurations.

de

Il

un des modèles

les plus saisissants

des observatoires

l’un

nombreuses ruines.

les curiosités

15 octobre 1755, que ses élèves

de

saison

;

«

de

guère,

fait

règles

et

Charles'

,

coup de choses

,

parmi

Rome

,

aux précisions de leur

art.

toits,

ils

;

ils

sont

ont fouillé dans

comme on

le

voit

les

le

Adrienne,

,

en se jouant, aux

Moreau

à l’évoquer avec

et les

Thermes de Dioclétien, qu’occupent

de tous

« Ils

:

ont consulté les auteurs

les indices qu’ils ont trouvés sur

entrés dans les

la terre... »

une grande niche vide,

souterrains,

entièrement cet

ont grimpé sur les

Voilà des parties qui tentent Robert, et il

plante son chevalet sur un

dans ses tableaux,

jambes pendantes,

nuit, remplissant le carton d’études s’est lié

s’initie

et

pendant que ses camarades vont aux mesures,

Il

la villa

se sont trouvés en état de rétablir presque

édifice

pan de mur,

Natoire écrit,

dont l’abbé Barthélemy, qui

Chartreux, et aux Thermes de Caracalla

lieux,

selon

Robert, qui ne les quitte

».

On aime

décrit les travaux aux

et, profitant

»,

disent avoir remarqué beau-

ils

son profit de leurs observations

à l’œuvre,

y trouve

Il

de profiter de l’arrière-

afin

,

pour leurs études

De Wailly, ces ardents garçons

immense

s’installe au besoin

et le

dans

crayon court jusqu’à

nombreuses.

avec Pajou, un ancien de l’Académie, qui modèle des satyres

des nymphes,

et

l’aide

à s’enthousiasmer

pour

le

marbre antique. presque

innombrables bas- reliefs

qu’utiliseront

morceaux

va voir travailler Doyen, qui copie

à

Paix et

sont tout répandus actuellement à faire

les antiquités

très propres

qui les ont précédés,

et

la

découvrir

d’Adrien.

Villa

la

«

quelques architectes ont été lever des plans dans

près de Tivoli

voit

construction romaine.

la

mêmes compagnons,

des études en différents endroits de

la

Temple de

mieux placés pour embrasser d’un coup d’œil de

le

va, avec les

Il

un mot de Marigny,

les

le

un peu plus complète qu’aujourd’hui, leur donne, au bout du Forum,

qui,

les

édifices,

escalade avec eux les grands cintres

basilique de Constantin, qu’on appelle alors

la

les

qu’il a notés.

11

ses

toiles

sont

le

tous

Les des

Dominiquin

Saint-Louis et Pierre de Cortone au Palais Barberini, et l’ami De Wailly,

qui relève

le

plafond du Bacicio en l’église du Gesii.

11

est

l’inséparable de


LE GAMP0-VACG1N0 ET LE COLISÉE, A ROME (A

Madame

Lefebvre









LES ETUDES A ROME La Traverse, ce borgne de directeur assure

bon

«

l’architecture, ayant

un

et se

»,

talent,

le

peignant fort bien en détrempe

du génie,

et

mêlant quelquefois de

de

et

des vers.

faire

On conservera de des études à

,

de cette époque, violemment teintées de bistre, où où

mœurs

les

esquive

s’il

il

tenus de fournir à date

son instruction

détails

il

veut travailler d’après

de compositions peintes

devant

réfléchit

des-Monts,

les

aussi

et

mais sachant prendre

,

du reste, l’intéresse

dans qu’il

dans

,

saura utiliser.

vertes fresques

Il

l’initient à

voit, la

dans

ensuite

la

et sa

paysage.

le

l’y

lui

le

qu’on

popolino de

la

madones,

les

parmi

les

les

la vie.

la

Lorsque il

le

garde

invite, et

Eternelle

montrant

lui

Mais

le petit

les spectacles

laisseront

ruine.

appar-

qui

réalité,

après

homme

jeune

souvenir des

le

la

noblesse

la

beauté de Rome,

xvm

Parisien du

amusants que

dans son

lui

e

siècle

a offerts

œuvre des traces

mendiants entassés en groupes sordides aux degrés

Transtévérins jouant de

les pâtres

les buffles sur le

l’y

Ville

nombreuses. Ce sont des églises,

la

puissante mélancolie.

apprennent pas à regarder

n’a pas besoin

les palais,

poésie de

ont précédé, pour interpréter

Les maîtres qui forment son style, en ne

dans

des

de Guaspre Dughet à Saint-Mari in-

campagne romaine,

grands peintres de France qui de ses lignes

églises,

les

devant ses véridiques études de nature,

de convention accumulée dans

va peindre

d’histoire,

maîtres, pour son plaisir

les

tiennent au prince Corsini et semblent une révélation de tant

et le tente;

peintres

tous

galeries

les

des Poussin, des Lorrain qui l’émeuvent et Il

plume

la

grandes figures de composition, puis leurs

recueille

Il

.

ce fou-

nature est prise sur

la

plus sensé

,

pensionnaires,

fixe leurs

copies d’œuvres célèbres, et

des

lourde tâche

la

fin

trouve. Tout de son art,

le

pas

italiennes sont fortement observées, et qui ne laissent

pas d’impressionner un Robert plus

son bien où

lecture plus que

la

gueux élève de Boucher, qui n’aura jamais de nom

le vif,

compagnie, que son

bel esprit de la

à différentes choses,

du goût

17

la

zampogno devant

la

niche des

au feutre pointu, enveloppés de leur grande cape, gardant

Forum,

les rustiques pèlerins agenouillés

marbres étincelants,

et se pressant

pour baiser

dans Saint-Pierre, le

pied de bronze.


HUBERT ROBERT

18

Ce sont des femmes au port majestueux, qui gravissent, sur

la tête,

le

cortile

«

large escalier tournant des palais

le

monumental parmi des

»

cruche de cuivre

la

d’autres qui dansent dans

;

guitaristes et des chanteurs

;

et celles qui

lavent leur pauvre linge en d’immenses vasques de marbre faites, semble-t-il,

pour

bain des déesses, mettent leurs guenilles à sécher

le

long des arches

le

triomphales qui virent défiler les légions victorieuses. Ces contrastes rempliront les compositions d’Hubert Robert d’éléments pittoresques

autre ville n’eût fournis.

Au bout de

du plein

silence

s’étend

air,

enceinte. Souvent fait le

le

même, dans

la

des

Rome

animée par

rue,

la

de ce temps,

vie bruyante

la

dans

encloses

solitudes

qu’aucune

grande

la

monument de

le

gloire

décor de l’existence familière. Le théâtre de Marcellus abrite, sous

les

voûtes profondes de ses vomitoires, les plus misérables échoppes; l’édifice qui

de

sert

Douane de

«

bâtisse toute

moderne,

nombrables églises précéda sur

les ville

la

terre

même

façade, engagée

en

noble colonnade de

utilisent

le

présente

»

la

Basilique d’Antonin; d’in-

des fragments antiques arrachés au temple qui

sol

;

les

plus

fins

la

antique soutiennent encore les riches architectures du Portique d’Oc-

de l’immonde ghetto,

dans ce coin grouillant

où se tient

marché aux poissons.

Robert va

le

quant des personnages tableaux

;

et,

et

par exemple, cette Pescheria

l’enjoliver,

reviendra

Il

,

aujourd’hui détruite,

velle et

cesse

à

les plus singuliers

ce

de

d’artiste

est

mélange de simplicité de

indiquée dans un passage de

la

Natoire, où le style paraît moins terne qu’à l’ordinaire écrit-il

dans

l’été

:

s’y

la

le tra-

Rome. vie

nou-

révélait pour

correspondance de «

Je viens de faire,

de 1755, une petite opération d’arrangement pour l’étude.

y avait une quantité de

morceaux de

dus dans l’endroit où l’on voir les placer

n’aura presque

la vieille

de majesté des anciens débris. La curiosité qui

yeux

il

fournira

lui

nous conservera exactement, sans

un des coins

sans

cro-

des groupes qu’on retrouvera plus tard dans ses

à transposer de la réalité et

vestir ni

crasseux

et

observant,

partout,

une des plus heureuses de ses compositions véridiques, où

des

de

chapiteaux corinthiens

tavie, au seuil

rien

dans une

mieux

fait

la

la

colonne Trajane qui étaient confon-

provision pour

les avait fait

Il

abandonner.

le J’ai

bois;

la difficulté

cherché

les

de pou-

plus conser-


LE PORTIQUE D’OCTAVIE, A ROME, SERVANT DE MARCHÉ AUX POISSONS (Musée du Louvre) Photographie Braun, Clément

&

C*°









LES ÉTUDES A ROME vés,

que

le reste,

mettre en évidence dans quelques endroits de l’Académie,

j’ai fait

qui est fort mutilé, je

eu par hasard et que sous un arc antique et

1 !)

j’ai

acheté pour moi. Je les

on en jouira

;

apporter à un petit jardinet que

l’ai fait

on pourra

et

les

j’ai

placer et arranger

fait

ai

et,

dessiner

l’on veut,

si

peut servir d’entrepôt à tous ces plâtras qui devenaient à rien. Cet endroit,

tout petit qu’il est, tiges antiques.

fait

morceaux

voir des

Camjm-Vaccino

est situé derrière

Il

très pittoresques par tous ces ves;

temps en

cela fera, de

temps, un petit délassement en y allant dessiner quelque point de vue, car tout ce quartier en est rempli.

Ce court

»

peut s’illustrer par plusieurs croquis de Robert et par un

récit

dessin de Natoire lui-même, qui montre, en qualifié par lui d’ «

et le voisinage

le fouillis

de ce jardin,

Ermitage du directeur de l’Académie de France

admirablement

droit était

1760,

dans

choisi,

la partie

plus sauvage de

la

L’en-

».

la

ville

des plus belles ruines. Les jeunes gens, en allant déjeuner

au jardin de l’Académie, s’arrêtaient à les contempler, déchiffraient, sur arcs

impériaux,

inscriptions

les

orné qui, par hasard, affleurait région déserte de l’ancienne

du jour, craignant vaches paissantes,

les

presque

à

la

hauteur

des

du temple de Saturne, déterraient un

escaladaient les colonnes

aucun de leurs secrets,

alors

le

sol.

Rome, où

étaient

Ils

les trésors

où de rares promeneurs

mauvaises rencontres

comme

au

les

chapiteau

ensevelis n’avaient livré se risquaient

au

milieu

n’y trouvant jamais que des

et

pâturage étrange, semé de débris sans nom, se dressait et

yeux,

maîtres dans cette

temps de Claude Lorrain

de l’Amphithéâtre Flavien. Architectes

les

Au

.

fond de ce

masse puissante

la

peintres s’y rendaient volontiers

pour travailler ensemble, quelques-uns par un sentiment de piété. On s’agenouillait

devant

l’ermite

en

s’amusait

les

chajielles,

robe de bure,

aussi,

à

certaines

le

loin «

sur

de toute

Cortile del

la

mémoire des martyrs. On Le plus ancien

surveillance.

Heremita

Colosseo »,

del

et

scènes piquantes, que gravera Janinet, sur cet ermitage rustique

ménagé dans l’artiste,

qui veillait

l’occasion,

dessin d’Hubert représente

on se mêlait aux pèlerins réunis autour de

le

les

sombres

galeries, ra|>pelleront. plus tard,

souvenir de scs escapades de jeunesse.

dans l’œuvre de


HUBERT ROBERT

20

Quelques autres coins préférés peuvent se retrouver dans cette œuvre,

Rome

dessinée ou peinte, où tales,

fréquentes et

si

d’un

joyeux

si

maintes

des croquis pris

rappellent

tient tant de place.

comme

qu’on appelle encore,

Medica

semblent

»,

que tout

ainsi

de son temps,

en marbre,

décor qui

le

même

comme

au

moment

et

sous

de

des illuminations de fêtes. Les voûtes

montent

lesquelles

vivement éclairée,

en

il

de

larges

puisé

a

degrés

ses

de

laissé

du

à cheval

ses

et

place du

la

de curieuses études nocturnes

place Saint-Pierre,

la

l’Es-

reparaître

aussi

fait

Il

de

à

temple de Minerve

«

avec

l’entoure,

constructions d’après Michel-Ange; l’artiste a Capitole,

le

l’édifice

Marc - Aurèle

le

Robert,

Neptune de Trevi,

le

l’avoir particulièrement frappé.

souvent, quelquefois transformé Capitole

devant

fois

tableaux de

les

Les formes singulières de

l’Acqua Paola, à l’Acqua Felice. quilin,

dans

effet

monumen-

Les fontaines

aboutissant

escaliers,

l’inspiration

prolonge à

qu’il

une baie

à

de

l’entrée

à

l’infini,

de

église

1

Sainte- Agnès-hors-les-murs, et c’est dans les Catacombes voisines qu'il faut placer l’anecdote

si

On

son chemin.

connue de

se

rappelle

la

dangereuse promenade

les

détails de

cire éteinte,

la

solitaire

de

la

perdit

il

marche

au hasard, de l’angoisse mortelle subie pendant des heures dans le labyrinthe souterrain. L’ami Delille en a tiré plus tard tout un récit poétique, où son

imagination

Robert Paris,

lui

a

dû sans doute beaucoup broder,

-même, pour mieux

faire frissonner

peut

l’on

et

son récit

à

que

croire

dames de

les

ne se privait point d’ajouter plus d’un détail terrifiant à une mince

aventure de sa jeunesse.

Le comte de Stainville quitta bassadrice au

lendemain de Pâques,

bon abbé Barthélemy, si

efficacement

«

Avec beaucoup

femme

aimable,

les

de

Robert, loin,

si

M. de

comme

mois de janvier

laissant

«

familier,

qui

jeunes

artistes,

écrivait

d’esprit elle

au

leur

a

et le

toutes

»

Stainville,

ministre

les

Une

les

telle

beau

voyait

à

Caylus

à

qui et

la

sur

son

à

Le

amie

:

peuvent rendre une justesse

du goût

protection eût beaucoup

étrangères,

».

Rome encourager

devenu duc de Ghoiseul

des Affaires

1757 et l’am-

beaucoup de regrets

qualités

sentiment du

plus décidée que je connaisse. a

Rome

,

n’eût

veiller

sur

la

manqué continué sa

des-


LES ETUDES A ROME tinée.

11

1

même

entretenait

à

du 29 mars 1759. Au et

les

de

la

reste,

dépens, dans

ses

comme

accordée au Palais de l’Académie,

en

la

chambre qui une

fait foi

de Marigny

lettre

homme, devenu l’exemple de l’Académie

progrès du jeune

était

lui

que des éloges sur l’application

avait

n’y

il

21

J’ai

«

:

peine, écrivait Natoire, à faire aller certains particuliers; je voudrais

que tous de M.

des progrès aussi sensibles que

fissent

duc de Choiseul

le

ardeur infinie;

pour exemple,

dans

est

il

y en

il

.

.

le

l

imitent.

être agréable aux Choiseul

leure façon, sachant

de grands éloges du sieur Robert.

côtés

un

faire

petit tableau à

rable,

du Directeur général des Bâtiments

«

me

Il

faites

de

«

:

celui-ci

en a pour

quand

ambassadeur de l’Ordre de Malte,

déjà

quelque

«

chose

les

»

(pii

que

l’Académie,

Robert

En

».

il

;

me

part de 12.

Si

le faisant.

»

fort sen-

soin

;

il

fera

possible,

il

ont autant d’amour pour doit bien servir

de Breteuil,

le bailli

vient de faire

une commande de M. de Choiseul

l’artiste

le

exemple

ajoute

11

arts, fréquente

du sieur

ils

Ccl

sien.

le

d’émulation parmi nos pensionnaires.

montre du goût pour

ma

demander un tableau

lui

est fort agréable de conduire des sujets,

que

meil-

la

revient de tous

Le sieur Robert est

de son mieux à mériter vos bontés en y prenant tout

leurs talents

le citer

commande, infiniment hono-

Natoire accusait réception de cette

lui

beau

n’aura pas perdu son temps en

il

avril,

l’honneur que vous

:

Ordonnez-lui de

Le 25

sible à

j’ai

de 20 ou 25 pouces sur 10 ou

sa fantaisie,

content de ce tableau,

je suis

;

Marigny répondait de

»

une

qui travaille avec

sujet,

genre de Jean-Paul Panini

peu qui

a

un bon

C’est

.

protégé

sieur Robert,

le

son entrée

Rome,

achats

et

a

temps, parvient

à

fait

même

des

à

l’exécute avec soin, et

le

tableau part avec celui de M. de Marigny. Le ministre, ne perdant pas de

vue

les intérêts

de son protégé, a l’ingénieuse pensée d’en

Directeur général, qui s’en déclare

comme Il

ravi

:

«

On pense

même accompagner

d’une lettre certaines

A J ai

présent au

sur son

ici

compte

nous, écrit-il à Natoire, qu’il peut faire un jour un grand sujet.

daigne

avais

faire

reçu,

demandé

Monsieur, et

de M.

le

duc de Choiseul,

que vous m’aviez annoncé par votre

«

réflexions

»

»

de Coehin

:

Versailles, le 29 août 1759.

non seulement lettre,

mais

le

tableau que je

même

celui

vous

que vous

lui


HUBERT ROBERT

22

aviez destiné, le

ce

que

vous en témoigne

je

donné

lieu

fait

ma

sentiments de

les

la

galanterie pour que j’eusse

pour moi. Recevez-en mes remerciements en attendant reconnaissance.

Vos deux tableaux ont

Paris aux réflexions dont je vous envoie ci-joint copie.

à

Je vous exhorte à en

que vos heureuses dispositions font désirer aux connaisseurs

faire l'usage

Vous pourrez aisément par ces moyens

même

voulu m’en faire

ministre ayant absolument

pendant de celui que vous aviez

temps, que

vos avantages,

et

remplir leur attente

que

M.

si

et

mienne

la

aux amateurs. compter, en

et

de contribuer à tous

lorsqu'elles se présenteront,

saisirai les occasions,

je

et

duc de Choiseul veut que vous soyez admis au nombre des

le

pensionnaires de l’Académie, je vous y donnerai volontiers une place en témoignage de la satisfaction que j’ai des heureuses dispositions que vous montrez dès aujourd’hui, et qu’il

dépendra de vous de perfectionner avec de avec de l’étude

la

docilité

aux avis qui vous seront donnés

de l’application.

et

Le mahquis de Maiugny.

Je suis, Monsieur, tout à vous.

Ces tableaux, tifiés

si

importants clans

la

carrière de l’artiste, peuvent être iden-

par l’inventaire des collections de Marigny. L’un est

cavaliers

statue de

;

l’autre

vue perspective

la

d’une galerie artistique, avec une statue de porphyre sur sieurs

devant et plu-

le

représente un temple circulaire où l’on voit une

femme en porphyre

et plusieurs

personnages. Les experts Basan et

Joullain en décriront la touche spirituelle et le coloris vigoureux «

réflexions

»

de Cochin, dont l’original est conservé dans

Marigny, fournissent une analyse page, qu’il faut tirer de par

papiers

de

Cette

une des bonnes critiques composées

ait inspirée.

loue d’abord

Il

«

les

heureuses dispositions que

artiste fait paraître cpiant à la valeur et surtout l’intelligence

des effets que produisent ses

de

la

réflexion

puis

»,

«

reflets, partie rare

longtemps en usage reuse et fondée sur

et la

vérité avec laquelle

la

jeune

lumière et

peinture, qui est

traite

les

il

»,

enfin

«

le

devants de si

hardiesse heu-

la

ose employer les obscurités les

modérément enfoncées dans

les

tableaux

».

prenne garde aux mauvais conseils de ceux qui travaillent de

routine, sans consulter est à désirer

prenne sur

il

la

de

le

sans ces mauvais repoussoirs

ressource des ignorants

plus profondes dans les masses qu’il

dans

l’entente avec laquelle

ses tableaux lumineux, sans trous de noir,

Mais

les

complète d’un talent déjà formé. est

l’oubli,

les

mais

;

secrétaire perpétuel de l’Académie, la meilleure peut-être que l’art de

le

Robert

fait

et

la

que ce jeune

lui,

nature, sous prétexte d’augmenter les effets artiste,

pendant tout

le

:

« Il

né pour accéder aux plus grandes beautés,

temps

qu’il

pourra rester

à

Home, de ne


X CJ

r>


V








LES ETUDES A ROME

23

point se contenter d’aller rapiner les vues et ensuite les peindre chez soi

malheureuse façon d’étudier a perdu presque tous

cette

employée

»

doctrine

la

couleurs relativement à

lumière

directe

de

reste

les

formes de

la

nature qu'il faut connaître à fond, ce sont

on ne

;

les

Quelque

vie.

ce sont les

qu

à l’étude,

temps dont

y ait à se placer peindre et achever entièrement ses tableaux d’après nature, néanmoins la

le

la

gloire la surmontera

les tableaux

qu’il

;

fera d’après nature

grès qu’il fera par cette méthode nature belle

il

le

assurer

et,

tant

que

l’on

«

la

il

se

Le second défaut

avec génie et avec goût

neraient de la rondeur et

que de

la

semblent n’être que

donc de se

fortifier

pro-

les

Surtout qu’en faisant

d’après

à

imiter;

il

faut

commencer par

bien

la

;

et

Robert n’est point assez

démontrée géométriquement

manière dont on voit

les objets à

vue

»

»

;

;

il

or,

perspective régu-

colonnade fuyante, dont

le critique détaille

la

tient aux figures

mais elles

»,

:

qu’il veut peindre, fausse la

Cela est fort apparent dans

les erreurs. «

«

met trop près des objets

lière.

que

et

dans

infinie

étudie, la suivre avec la plus parfaite obéissance.

perspective linéale

parait ne faire usage

ardent pour

l'artiste

corriger ou l'embellir, elle est toujours aussi

la

difficile

Deux défauts surtout sont signalés par Cochin sévère pour

bon emploi

le

apercevra une supériorité

qu’il

surprendront lui-même.

ce n’est que trop

et

la

de bien

et

commodément pour

il

sur ceux qu’il pourrait faire de génie,

renonce à toute envie de prétendre

par elle-même

connaître

difficulté

même

on peut

qu’y produit

effets

devine point et l’on n’y peut parvenir qu’en peignant tout

temps qu’on consacre

le

;

important d’imiter avec justesse

est infiniment

qu’il

d’après nature, surtout pendant

sur

une hauteur d’expression digne de

distance où sont les objets

la

reflétée,

et

graver dans sa mémoire

influe

à

:

Ce ne sont pas simplement les

les peintres qui l’ont

ici

et le critique s’élève

;

«

;

elles sont traitées,

manquent des ombres qui

il

est vrai,

leur don-

de plus ces ombres ne sont pas rompues de couleur

même

le

ton qui seulement a plus de vigueur. Afin

dans cette partie, M. Robert

modèle pour acquérir de

fera bien

de suivre l’étude du

correction et de peindre de temps à autre des

la

figures habillées d’après nature, plus grandes

que celles

qu’il

emploie ordinai-

rement dans ses tableaux. C’est sans doute exiger beaucoup que de demander toutes

ces

M. Robert, Il

choses; il

ne

mais,

lui est

lorsqu’un

artiste

est

au

degré

est

arrivé

plus permis de se contenter d’une bonne médiocrité.

doit tendre à la plus haute perfection et ne rien épargner

bout de

;

pour arriver au

la carrière. »

Robert n’est pas

homme

à

dédaigner

les conseils

de ses anciens. Rien que


HUBERT ROBERT

24

ces défauts, nettement précisés par

le critique,

doivent rester toujours plus

ou moins inséparables de sa manière, on peut être sûr son mieux

perspective et

la

fait

poser de grands modèles habillés.

dernier point, des croquis coloriés à l’aquarelle, pris en et qui remplissent effort méritoire.

pense

:

de larges

nommé

est

il

pensionnaire du

nouvelle contribue à

et cette

comme on

transport au cerveau

qui a

»

manqué

l’a

vu,

aux

mois de

au

Roi,

guérir d’une grave maladie.

le

L’excès de travail était pour quelque chose dans cette «

d’après nature

Italie

Dès ce moment, sa bonne volonté reçoit une haute récom-

de Choiseul,

septembre 1759,

Sur ce

nos yeux, témoignent d’un

feuilles passées sous

par une décision spéciale de Marigny, due,

instances

de

a travaillé

qu’il

d’être mortelle

«

:

avec

fièvre-tierce, est, écrivait

Il

son

directeur, d’une complexion forte et robuste et en abuse pour vouloir trop

forcer ses études, et c’est par sa faute qu’il a des rechutes. travers,

que Natoire eût voulu rencontrer chez

avait

souvent à

si

d’insubordination

se et

plaindre

de

de violence dont

un beau

les autres élèves, alors qu’il

paresse,

leur

C’était

»

et

même

de leur esprit

ne savait pas toujours se rendre

il

maître.

L’heureux caractère de Robert,

gardera

qu’il

toute

sa vie

et

le

fera

toujours aimer, sa nature serviable, exubérante, débordante de tous les dons

de sympathie, empêchaient que ses succès précoces ne

même

Ses camarades supportaient

nuellement en exemple. tendre,

fortifiée

venait de

Un nouveau de 1759;

le

par des goûts

apporter

lui

était

11

bienfait

le

qu’un directeur maladroit

le

citât

conti-

de tous, mais une liaison solide

l’ami

communs

et

suprême de

une la

Provençal Ils

et

le

Parisien avaient le

se mirent à courir

la

ville

tic

pagne, ne se lassant pas de découvrir ensemble dessiner côte à côte.

et faire

fissent jalouser.

même

et

ardeur au travail,

parfaite amitié de jeunesse.

peintre, Fragonard, était arrivé à l’Académie aux derniers jours

promptement.

les

le

Il

est curieux

de

les voir

même

âge et s’entendirent

compagnie, les sites

et aussi la

cam-

pittoresques et de

débaucher

le

vieux Natoire

de leur directeur, bon gré, mal gré, un tardif paysagiste. Le peintre

d’histoire et de mythologie,

un peu fatigué par son grand plafond de Saint-

Louis-tles-Francais, va se reposer au plein air avec ses deux élèves préférés,


ÉTUDE DANS UNE VILLA ROMAINE (Bibliothèque Albertine, à Vienne )


.

'

.






J

.

'

..

l:

r '.?{y

i

0

&]«&•?

V

fn>-v 3m,

A?



LES ÉTUDES A ROME et

il

en écrit l’aveu en ces termes

:

«

J’ai

dans

fait

sieurs dessins d’après des vues aux environs de

25

les derniers

Home,

temps plu-

me donnent

qui

envie,

par leur singularité, d’en peindre quelqu’une... Je regarde cette partie fort nécessaire dans l’étude de nos jeunes élèves

prêchant d’exemple.

négliger en

»

A

la

;

je les

encourage à ne pas

l’exemple vient

vérité,

de qui les rapports directoriaux parlent sans

Robert,

la

d’Hubert

cesse.

C’est à Frascati surtout qu’il entraîne la petite troupe. Les villas y offrent

en toute saison d’admirables points de vue et des détails qui composent d’avance

Aldobrandini,

la

On

choix entre

le

cascade des jardins Conti,

le

tableau.

le

a

le

tueux pins parasols des villas Falconieri

et

théâtre d’eau

«

»

de

villa

la

belvédère Pamphili, les majes-

Mondragone. Les contadins

et les

jardiniers animent aisément les allées profondes, les degrés décorés de vases et

de bustes antiques.

époque et

;

Il

y

a,

des trois artistes, des sanguines datées de cette

crayon de Natoire seul est un peu faible

le

quant

;

à celles

de Fragonard, on pourrait presque les confondre, quand

manque, tant

composition,

la

la

vision,

même, en

l’accent

la

de Robert

signature y

sont semblables.

Leurs qualités ne peuvent manquer de s’échanger dans ce commerce quotidien

;

la

édifices,

science de Robert apprend à Frago à bien établir l’exacte

jonction

des

membres d’une

peintres interprètent à contre-sens

;

architecture,

et la virtuosité

de

stabilité

la

que

tant

des

de

celui-ci n’anime-t-elle

pas les groupes de Robert, n allège-t-elle pas une composition surchargée, n’illumine-t-elle pas de

sa grâce toute la scène

dans un paysage de Robert, a

mis au premier plan

peut-être

En

à

son

ami,

qui

en

avec tout son esprit a

peint

parfois

tout cas, les deux portefeuilles se rapprochent par

exquis des motifs,

la

;

mais

de fort le

choix

noble interprétation des architectures et cette précision

un peu appuyée des feuillages observés avec justesse sous L’arrivée à

on croit deviner,

Parfois,

quelques touches de Frago plus expert, qui

les petites figures dessinées

est-ce faire tort

semblables.

?

Rome de

l’abbé de Saint-Non

le ciel

romain.

donna aux deux jeunes gens un

protecteur nouveau. Les rares qualités de ce charmant Mécène, son enthou-

siasme pour

l’Italie,

son goût très vivement montré pour leur talent, son âge

enfin qui se rapprochait du leur, firent de lui le

compagnon

le

plus parfait


HUBERT ROBERT

26

eussent rêvé.

qu'ils

avait

Il

voyagé avec

nouveau pensionnaire peintre

le

Taraval, élève de Boucher, et dès les premiers jours fut un familier du Palais

sympathie déclarée pour Robert

Sa

Mancini.

Fragonard ne l’empêcha

et

point d’être aimable pour tous, et de distribuer généreusement ces petites

commandes

qui

encouragent

débutants.

les

Honnête,

libéral

et

presque

magnifique, ce jeune abbé, qui n’avait d’ecclésiastique que l’habit, quoiqu’au

Comme

l’Italie.

à

mœurs douces

de

reste

décentes, était né pour jouir profondément de

et

sa joie ne s’achevait qu’autant qu’il pouvait la faire partager

des artistes et l’enrichir de leurs causeries, son goût très sûr discerna les

deux talents

à soutenir et vite,

ceux dont

il

devait faire les

demandait

à

Fragonard

née.

au

Il

les mettait parfois

même

lavées qui maîtres.

les ruines lui

Il

et

la

troupe juvénile de ses compatriotes,

compagnons de

en concurrence pour

les

Il

palais,

Chaque

ses promenades.

Hubert Robert un souvenir du

endroit les deux amis.

de Robert

le

même

site et

savait cependant qu’il valait

de Fragonard

il

de

fois,

il

la jour-

sujet, faisant asseoir

les esquisses

mieux

tenir

rapidement

rappelleraient un jour les tableaux fameux et les fresques des

se réservait plus tard d’interpréter ces lavis par le

gravure dont lui

et à

dans

se disait l’inventeur.

Quant

à la partie

procédé de

de ses portefeuilles que

constituait Robert, on la retrouve assez aisément en feuilletant les eaux-

fortes dont l’exécution prolongea

pour î’abbé, à son retour,

même

du séjour romain. Elles nous révèlent, en

promenades. Ce sont, de laquelle une

manqua

les

à l’intérieur

vieille

écraser;

la

sentent travaillant dans

cyprès et

le

de Rome,

la villa

villas

enchantements

l’itinéraire

de leurs

Mattéi, dans le voisinage

masure s’écroula un jour sur nos dessinateurs villa la

loggia;

casino du Guerchin

;

la

Ludovisi, qu’honoraient ses hauts

villa

Farnèse, qui s’étageaient en ter-

les jardins

Empereurs

Albani, Pamphili, Borghese, Sacchetti,

;

Madama,

hors des portes, d’autres encore,

où, parmi des parterres peuplés de statues, se dressaient les colonnades de

Renaissance

et

xvm

a

e

siècle

et

Medici, où tant de peintres d’alors se repré-

rasses sur les voûtes croulantes du Palais des les

temps,

les

Ce noble décor de

du seicento berninesque. presque entièrement péri

demeures somptueuses créées par

;

bien

l’orgueil

peu

la

la

Rome du

sont intactes

de ces

des maisons princières ou

la


O

w a









LES ÉTUDES A ROME

27

munificence des cardinaux. Elles s’harmonisaient à merveille avec

les ruines

de l’antiquité, dont elles faisaient revivre, dans un art à peine différent,

la

grande pensée décorative.

Un ami

peu moins âgé que

particulier d’Hubert Robert, un

lui, l’architecte

Adrien Paris, a parlé de Rome, dans ses notes intimes, avec un d’enthousiasme

une observation

et

si

accent

tel

juste qu’on ne risque guère de se trom-

per en y cherchant l’expression des propres sentiments de notre peintre et une

commentaire sentimental de ses tableaux.

sorte de il

eût écrit à peu près ce qu’on va lire

L'inégalité des sites de

Rome

Si

Robert avait su écrire,

:

produit dans ses jardins les effets les plus variés. Le climat,

y donnent à la végétation une vigueur extraordinaire. Tous nos arbres y acquièrent un développement étonnant les platanes, les hêtres, les chênes, les châtaigniers y deviennent énormes. Ces jardins possèdent en outre ces arbres toujours verts qui, au moins pour l’œil, per-

le

sol

:

pétuent

printemps

le

jusqu’aux nues,

Le vert de

ces majestueux

:

ces arbres est

cyprès, ces pins dont

bien avec

et contraste si

moins

clair,

la

la

tête

vaste et aplatie s'élève

forme des premiers, ces chênes verts, ces

moins gai que

lauriers...

celui des nôtres; mais les effets de lumière y

sont plus piquants et la différence de leur couleur y produit une plus grande richesse de tons. Là, partout, vous voyez sourdre les plus belles eaux, tantôt s’élançant vers le ciel, tantôt tombant en

cascades, formant autour de vastes coupes de nappes transparentes

pour

ainsi dire tous les sens, par

un murmure dont

la

chaleur

une multitude de vases, de bas-reliefs, de statues antiques, telle

que, malgré

pas dans

le

pays

la :

la

auteurs,

s’offre

;

elles

trouver

charment le

le

et

:

elle est

nombre n’en diminue

semblent une production de sous-sol, chaque jour, chaque

Non seulement

l’oreille,

bruit délicieux. Là,

partout à vos regards

quantité qui en a été exportée dans toute l'Europe,

elles

duisant de nouvelles.

encore

fait

ces objets sont une richesse pour l’œil, mais

l

fouille en

pro-

érudit y trouve

solution de quelque problème historique, l'explication de quelque passage obscur des

tandis que l’artiste y admire ces belles formes

si

rares de

la

Là ces grandes

nature.

ruines, ce Colisée, ces arcs, ces colonnes triomphales, ces obélisques, ces aqueducs, ces tours, ces dômes, vous font admirer ce peuple dominateur qui, après avoir soumis le

armes,

le retient

composent, avec

encore sous les

le

joug de

la

religion

!

Tous ces monuments de

beaux arbres de ces jardins, des tableaux admirables que

monde par

ses

différents siècles

ne peut trouver

l'on

ailleurs. Il

ler

Rome qui ne puissent, dans vos promenades, vous rappemême temps qu’ils attirent vos regards sur leur belle disposition, les

n’y a presque pas de jardins dans

de pareils souvenirs, en

combinaisons ingénieuses des plus belles formes, de belles fontaines, de charmantes cascades...

Souvent un groupe d’arbres, un arbre Tel est

le

beau groupe de

la Villa

seul,

laisse

la

mémoire, des traces ineffaçables.

Negroni qui couronne une statue de Minerve

unique du jardin Colonna, que l’on aperçoit de tous

admirablement avec tout ce qui, de près ou de

de

dans

les quartiers

loin, se lie

avec

de

Rome

et

;

tel est

qui

ce pin

compose

si

lui.

Ce qui ajoute encore un grand charme aux jardins romains, c’est cette impression respectable main du temps. Créés dans les siècles d'opulence, avec la disposition et toutes les formes

la


HUBERT ROBERT

28

régulières de

l’art,

les

changements survenus dans

Ses conquêtes sur

fortunes, ou toutes autres causes aussi

les

nature y est rentrée dans une partie de ses droits. mélange de leurs effets, y produisent les scènes les plus pittoresques.

naturelles, en ont fait négliger l’entretien l’art, le

la

;

y composent des tableaux admi-

Cette négligence, cette vétusté, cette végétation fougueuse, rables.

Rome

ne renferme pas toute l’antiquité romaine

retrouver celle-ci dans les

monuments de

sol,

un culte fervent

elle

semble conserver son prestige

et lui rendre, sur notre

va la chercher aussi dans les parties de

il

;

Provence

la

Hubert Robert saura

;

l’Italie

plus rare et le plus vivant. Naples et

le

ses environs sont faits pour compléter l’éducation romaine d’un jeune Français

plupart des pensionnaires peintres et architectes demandent l’autorisa-

la

;

que cette faveur

tion de s’y rendre avant de quitter l’Italie, et l’on ne voit pas

jamais refusée aux bons sujets. L’abbé de Saint-Non a proposé à Robert

soit

de

prendre avec

le

M. de Marigny, l’artiste

rien,

:

Outre

«

pour

lui

s’y

et Natoire, la

rendre

dans sa

;

Cochin a transmis

du 19 mars 1760,

lettre

douceur du voyage pour

trouvera de quoi faire des études qui

il

est sensiblement obligé

Le départ

a

lieu le

dès

le 4 juin,

pays-là

me

je

viens

de donner sur

il

font grand plaisir.

Ils

Natoire annonce

de très grands

Cette

«

fruits

promenade

»

le

fruit. »

retour

faites

Non

a

dans ce

;

ce pensionnaire ne peut que

de cette promenade.

»

avait été bien courte, mais

extrêmement fructueuse.

pendant ces semaines fécondes

et

profit.

enchantées que l’abbé de Saint-

conçu, aux côtés de son compagnon, l’idée du grand ouvrage qui fera

connaître

le

royaume de Naples

à

la

société cultivée du

confection duquel Robert prendra lui-même tant de part. les

:

Le

sieur Robert.

le

Jamais Hubert Robert n’avait autant travaillé et étudié avec plus de C’est aussi

vous

ont parcouru tous les environs et n’ont rien

négligé pour mettre à profit leurs fatigues tirer

il

;

espère retirer du

études qu’il a

les

de

dit la joie

seront avantageuses

lui

M. l’abbé de Saint -Non vient d’arriver de Naples avec

coup d’œil que

permission de

puisqu’il ne lui en coûtera

lui,

de cette permission, dont

17 avril, et,

la

temps

On

et

dans

la

retrouve parmi

planches de cet ouvrage, dont beaucoup sont signées par eux, tous les

sites

qui ont frappé les deux voyageurs

dans l’œuvre peinte de Robert. On devine

et

dont quelques-uns reparaissent

à quel point

il

a

achevé de

s

im-


LES CHANTEURS AMBULANTS (Musée du Louvre) Photographie Braun, Clément

&

C‘*


.





'

.




LES ETUDES A ROME prégner de l’antique, en visitant Palais de Naples

;

il

les collections

29

du Muséum de

Portici et du

y a dessiné des journées entières, et c’est de

que pro-

viennent presque entièrement les dix-neuf feuilles de ses croquis, gravées par

composées de

Saint-Non et

répondre la

un autre vœu de son ami

à

vases,

bas-reliefs,

trépieds,

reproduit en pochade brillante

qu’il

vaste composition dont Luca Giordano a couvert

de

paroi

la

extérieure de Saint-Philippe-de-Néri, Jésus chassant les vendeurs et

ce

bref contact avec l’école napolitaine,

Fragonard

indifférent,

de Robert et Mais

façade

la

Temple;

dit

qui ne laissera pas non

assurément point inutile pour

n’est

pour

C’est

etc.

plus

clarifier le coloris

l’inviter à alléger sa palette.

surtout

c’est

dons. Nulle part

la

le

pays

même

émeut

qui

l’artiste

ruine ne s’enchâsse mieux dans

la

développe ses

et

monde

nature, et le

ancien semble n’avoir vécu que pour enrichir de ses débris pittoresques

le

spectacle que donnent aux yeux ces beaux rivages. Les dessins napolitains

d’Hubert Robert sont peut-être son œuvre; C’est

ils

gardent

souvenir des excursions admirables

le

de toute

les plus alertes et les plus ensoleillés

une vue du cratère du Vésuve,

qu’il

qu’il a

dramatisera plus tard

faites.

rajeu-

et

nira à l’occasion de l’éruption de 1779; c’est Pouzzoles, avec ses temples de

Vénus

et

de Sérapis, et les sveltes colonnes isolées qui se retrouveront

souvent dans ses tableaux; c’est Baies, avec ses avec ses terrasses, Herculanum, visiter les fouilles royales

;

c’est le

en otage, tandis que

de France

;

le

Bains de Néron

Portici,

»,

où nos voyageurs favorisés sont admis château Saint-Elmc, où Robert s’est

emprisonner pour avoir dessiné sans permission, à rester

«

et

où Saint-Non

ce sont les portes de Naples,

longue côte du Pausilippe, dont

Virgile,

aimé des

qui va de la

montagne

se croisent et

fidèle,

couples à la

la

avec leur encombrement tumul-

végétation,

rustiques,

marine, où

dans l’obscurité. Robert

comme

il

a

fait

fait

peintre courait au secours chez l’ambassadeur

partout des murs antiques descendant jusqu’à la

de

à

prêté

s’est

tueux, qui mêle nos artistes délicats à la foule pouilleuse des lazzaroni la

si

a

les

près

de

riche à

mer la

;

l’excès,

c’est

fameuse

le «

;

c’est

couvre

tombeau grotte

»

chars retentissants et les clameurs

tout vu, tout noté, d’un crayon

des grands temples dressés dans

la

amusé

solitude de


HUBERT ROBERT

30

Pæstum, qui confuse

ont donné, pendant une trop courte journée,

lui

d’un

pur

plus

art

plus

et

puissant

que

ce

la

révélation

a

rencontré

qu’il

jusqu’alors.

Rome,

Aussitôt revenu à

l’abbé de Saint-Non chercha pour l’été une rési-

dence, et obtint de l’envoyé de Modène l’usage de s’y

établit dès la

ne tarda pas à

première quinzaine de

Il

avec Fragonard, et Robert

Quelle place tient

rejoindre.

les

juillet,

d’Este, à Tivoli.

la villa

dans l’œuvre du

Tivoli

paysagiste, des centaines de dessins et de tableaux l’attestent, où reparaissent,

arrangées et présentées sous toutes les formes,

de

la

de

l’Italie,

a

colonnade ronde du temple

ensemble de

Sibylle et les célèbres cascatelles. Cet

plus pittoresques

la

un des

singularités,

de tout temps inspiré

peintres et

les

Personne ne s’en est plus servi qu’Hubert Robert,

intéresse encore.

innombrables cascades rustiques, dont

il

a

les

et les

rempli ses tableaux, proviennent

toutes des études et des souvenirs rapportés par

des chutes rocheuses de

lui

l’Anio, infiniment capricieuses et variées, s’échappant de tous les côtés de la

montagne où

s’assied

leur poétique vérité,

Mais on préférera sans doute pour

l’antique Tibur. ses puissantes

sanguines de

souvent aux côtés de l’ami Frago, en luttant avec d’un groupe de cyprès,

le

qu’une saignée arrachée à dont

les

les

le

génie facile des artistes de

d’eaux, qui

donnant

amusantes de

ne

l’idée

Rometta

la

ramènent Robert

à cette

maîtres,

d’Este. L’idée n’est point de

lui,

Panthéon, l’Arc de Constantin,

l’on sait l’abus

que

qui supportent

le

le

»,

qui n’est

,

munificence des cardi-

Renaissance il

les

a multiplié

n’est

pas

mêlées de statues

antiquité

qu’il

de réunir arbitrairement plusieurs motifs,

pour l’agrément de leurs

le

la

la

nôtres les motifs dignes de leurs crayons, et

petites fabriques

nappe

«

grâce

la

mystère d’une grotte d’architecture,

rivière, le

herbes folles ont envahi les rocailles. Par

naux d’Este,

pour rendre

lui

poudroiement de l’énorme la

d’Este, dessinées

villa

la

architectes

aime

comme

pour

jusqu’à ces et

de jeux en

tant,

lui

le tentèrent,

paysagistes de

la

villa

mais de Pirro Ligorio, de mettre ensemble les

mausolées d’Auguste

et

d’Adrien, et

peintre en doit faire. Les hautes maçonneries étagées

palais et font descendre jusqu’à

la

plaine les

murs de

soutè-


LE TEMPLE DE LA SIBYLLE, A TIVOLI (A

Madame

Lefebvre)






.




LES ETUDES A ROME nement des

nous

jardins,

retrouverons encore dans maint tableau peint

les

comme

au retour en France,

31

aussi cette longue

«

ou des

allée des fontaines »,

centaines de sculptures symétriquement alignées prolongent, devant les yeux,

un décor qui paraît sans Frago fait

fin.

Rome

avant de partir de

geait point à s’arracher à

l’

amateurs de tableaux lui était

et

d’avril 1761, ayant

son excursion napolitaine. Mais Robert ne son-

Italie

;

sa pension n’était pas épuisée, et

Au

tout ce qu’il pouvait apprendre encore.

surtout

mois

quittait son ami, avec le délicieux abbé, au

reste,

il

sentait

gagnait déjà, à fournir les

de dessins, de l’argent et de

demandé, particulièrement

il

réputation. Le dessin

la

rehaussées de cou-

les aquarelles

dont Watelet, dès 1760, puis Mariette achetaient chacun deux pendants.

leur,

Ces morceaux émerveillaient Marigny, fort épris des dessins d’architecture, et il

en écrivait à Natoire

:

juillet

des

dessins colorés

M.

«

1761,

Redoublez tous vos soins pour

honneur

belle plante, qui fera

Le 8

«

»

J. -P.

Panini

;

direction

de Panini et de Robert

son amour pour

ne s’en tiendra pas

Mariette

coup de ces vues

aux arts de France.

»

:

«

Mariette

à

un pour

s’en trouvera

Il

content des études de ce peintre, qui suit le travail

nouvel envoi à l’amateur parisien

suivante,

et

si

de l’Académie envoie encore

directeur

le

Soufflot... Je suis toujours

traces de

à votre

culture d’une

la

d’Italie qu’il

;

le fera aller loin. »

de six dessins,

sa collection

puis

s’enrichira encore

aime particulièrement,

et

les

L’année île

huit.

de beau-

quand son cabi-

net sera vendu, en 1775, on cataloguera, à côté des trente-quatre dessins de

Panini,

vingt

et

un dessins de son

émule français, tous de

qualité

la

meilleure.

Un

autre amateur,

traduire Virgile, sa pension

ment que

lui

le bailli

rendit

le

de Breteuil, avec qui

à

Robert de

toucha au terme, en novembre 1762. M. de Choiseul obtint aisépeintre ne fût point aussitôt rappelé en France, et

le

visiter la Sicile, et

dessins d’un le

arrivait

service de prolonger son séjour en Italie, lorsque

Florence rejoindre l’ambassadeur de

Marigny

il

Malte.

nous eussions gagné

caractère tout

nouveau

et

Il

caressa

à la réalisation

alors

il

le

put aller à projet

de

de ce rêve quelques

des paysages bien précieux. M. de

pensait ainsi, et l’on peut feuilleter des

lettres

où ce sujet est


HUBERT ROBERT

32

abordé avec Florence

Le

intérêt.

5 janvier

compte du voyage

17b3, Natoire rend

à

:

Ee sieur Robert m’a belles choses

qu

écrit de Florence, et, après m’avoir fait l’éloge

voit,

il

me communique un

de cette belle

ville et

des

projet qui se présente, lequel lui serait avanta-

y geux pour ses études. M. de Breteuil, gentilhomme ordinaire de il

la

Chambre, voyageant par

l’Italie,

étant actuellement à Naples, a proposé au sieur Robert de l’accompagner en Sicile pour visiter et

dessiner les beaux morceaux antiques qui sont dans ces cantons-là. Ce jeune artiste sent F avantage que cela

procurerait pour

lui

de vous

demander

la

et

de son talent

le l>ien

rien avant de recevoir votre permission,

mais,

;

me marque, dans

il

d attendre votre volonté

comme même

la

il

ne peut point s’engager à

lettre, qu’il a pris la liberté

votre agrément sur ce

et

point,

se faisant

toujours un devoir d’être soumis à vos ordres. Nous attendons de jour en jour M. l’ambassadeur

de Malte. Robert aurait voulu

quelques dessins

et

le

nombre de ceux

Marigny répondait directement

et à

à Robert, dès le

menter

et

;

je

votre empressement d’y aller rejoindre M.

Le plan que vous vous

je

déjà beaucoup accumulés.

qu'il a

reçu votre lettre du 10 (décembre), Monsieur

J’ai

Florence

même

faites

pour en

à Florence, afin de pouvoir faire

un plus long séjour

qu’il eût fait

augmenter

l

8r

janvier

:

ne puis qu’applaudir à votre voyage de le bailli

de Breteuil.

me fait connaître votre émulation me plaît beaucoup. De

désir pour aug-

avantage

tirer

perfectionner vos talents. Cette

manière dont

la

m’explique sur ce premier voyage, vous pouvez juger combien j’approuve votre projet de par-

courir

la Sicile et

d’y tenir la conduite que vous vous proposez

je

;

présume qu’en voyageant avec

de semblables vues, vous rapporterez en France des portefeuilles d’études

curieux

intéressants

et

M. Natoire que paraissent

si

je

;

donne

j’aurai le

grand

à

plaisir

consentement

le

les

voir.

de dessins infiniment courrier,

j’écris

parfait à l’exécution de vos projets

plus

;

à

me

ils

bien conçus (pie je suis persuadé qu’ils vous conduiront à beaucoup de célébrité, et

ce serait pour moi une vraie satisfaction que d'avoir occasion, en

même temps

et

même

Par ce

pour vous. Continuez

utile

à mériter et

Le peintre dut renoncer à ces beaux projets,

dans sa réponse

de

la faisant valoir,

rendre en

la

vous me trouverez disposé à vous obliger. et la raison

en est donnée

:

Le

2 février 1763.

Monsieur,

laquelle vous

mon retour de Florence, la me permettez de voyager en

vous prenez

à

J’ai reçu, à

ce

mettre en exécution

gnons de voyage

projet, ;

on

lettre

que vous m’avez

Sicile. Je

fait

l’honneur de m'écrire, par

vous suis infiniment obligé de

écrit

que

la

ne désespère cependant pas de partir dans

si

des nouvelles plus heureuses de ce pays que je brûle d’envie de parcourir. Je n

ai

tion dans

l

je

ent reprise de ce beau

voyage que

avez de mes faibles talents, dont je ne devrai

dont et

je

que le

peste est du côté de Catania, ce qui a déconcerté mes compasaison,

;

l’intérêt

mais des lettres reçues dernièrement de Messine empêcheront de

celle 1

de

m

la belle

instruire et répondre à

accroissement qu’à vos bontés

vous prie de continuer à m’honorer, faisant

mon

possible pour

vous donner des preuves du profond respect avec lequel

la

et

1

nous recevons d’autre ambiidée

que vous

à la protection

mériter de plus en plus

je suis, etc.

Robe ht.


w es

H

H S O £ K P W P PS w PU

H

<© 0.

<

« Q H N £ O R es .

W Q

'U

£ 'C

W P

R

<

*C

H C/3

co

K Q P P P

-U

J H Z < > W O C/3

Z

'P

H

« J 'W Oh

C/3

W J

<3





^sagafe

— -aait-;^^ ^

a *-Vfrv ftt. -w

:





LES ETUDES A ROME Pendant

les

deux années que Robert resta encore en

plus l’occasion de passer en Sicile.

dut

Il

pleines de goût,

comme

associé amateur.

eu du moins

poème de

beaux-arts et son

les

»

réflexions

et avait

avaient

manier

savait

Il

que des amis, grâce

à

naient au qui,

magnifique,

«

ne

suivi

,

l’Académie royale de pinceau

et

ne comptait chez

le

sien

».

burin,

le

la quittait

auprès d’un

et

jamais

homme

gens de

constamment

étapes, séjournant dans toutes les villes

fait à petites

hommages

à tenir

les

Watelet complétait ses études

Madame Marguerite Le Comte,

passage des

dit-on,

Il

une politesse attentive

«

l’amour-propre d’autrui en paix avec

importantes avec

le

peindre

mérite de se familiariser avec les procédés manuels

le

par un voyage d’Italie,

l’Art de

élire à

fait

des arts, avant de se risquer à en disserter. lettres

dans ce

quelle place tient,

sait

la fin

curieux du xvni siècle, l’académicien instruit et charmant que ses

connaissances dans

peinture

ne retrouva

il

e

monde des

«

Italie,

plus intéressant épisode de

le

On

de son séjour au voyage de Watelet.

de

33

à qui les

Académies décer-

des diplômes. Le mari de cette dame,

»,

bon,

s’accommodait de cette pérégrination riche

conciliant,

et

qui sauvait les

situations délicates par les façons les plus parfaites. L’Italie entière applaudissait à ce voyage,

dont

Rome

vit

naturellement l’apothéose.

La compagnie de M. Watelet y arriva toutes les recommandations souhaitables l’amateur

fit

le

18 décembre 1763, précédée de

et

du bruit de sa renommée. Mais

aussitôt son choix de société et,

tout en rendant à chacun son

Venu

dû, montra fort clairement qu’il préférait les artistes aux ambassadeurs.

pour étudier prit le

les arts

pour guide

le

dans leur capitale

jeune peintre

le

et voir à loisir toutes les antiquités,

mieux au courant des choses romaines

il

et

plus ancien des pensionnaires du Roi. Hubert Robert fut, cet hiver-là, aux

ordres de Watelet et de Marguerite Le Comte, liant, au cours de leurs excursions, Il

une amitié profitable pour l’avenir

reste de ce séjour,

et

fort

coupé par un court voyage

agréable pour à

le

présent.

Naples, un témoignage

bien curieux dans le recueil d’eaux-fortes que grava Hubert Robert et qui porte en titre

:

Les soirées

de

Home, dédiées à

Académies de Saint-Luc de Home, des sciences rence.

et

Madame Le

Comte,

arts de Bologne

et

des

Flo-

La plupart de ces petits sujets fixent quelques souvenirs des prome5


HUBERT ROBERT

34

neurs

on

;

les voit

groupés en manteau

sarcophage, au voisinage de enterré de Campo-Vaccino

pyramide de Cestius, tantôt auprès d’un arc

la

on

;

croit les reconnaître parcourant

pied de colonnes qui soutiennent un

une arche ouverte

qui

mur de brique envahi

apercevoir un

laisse

une

villa,

au

énorme masque antique, ou contemplant

en connaisseurs une statue adossée à un et

romaine, tantôt devant un haut

à la

par les herbes

bout d’aqueduc. Plusieurs

planches ne rappellent que des scènes populaires, observées en passant

un

:

ermite dans des ruines reçoit l’aumône d’une femme; une fdle tire de l’eau d’un

un magnilique sarcophage

puits couvert dont le bassin est

à figures, partout

des gens sont étendus ou dorment sur les degrés au soleil,

nonchalance romaine qui frappait toujours de

compagnie,

la

le

pendant ce séjour qu’il

et

jeune fermier général Savalette de Buchelay, mourut fournit à Robert

grava pour ses amis

compagnons décidèrent que Robert et

de

la

Rome,

fit

Un des voyageurs

étrangers.

les

de

spectacle

représente

elle

;

dans

d’élever,

d’une nouvelle

l’occasion

eau-forte

tombeau que Watelet

le

l’église

de

la

ses

et

Trinité-des-Monts, et

exécuter après leur départ. Les inscriptions du marbre tombal

gravure sont de ce

latin

épigraphique, émouvant et pompeux, dont

tous les coins de rue ou de chapelle, fournit des modèles incom-

à

parables.

Le sentiment unanime de vant,

le

10 avril 1764

:

chemin de Venise. On

commerce ment

;

Watelet n’est point Peut-être et

aussi

l’a-t-il

le

Rome

M. de Watelet part demain de

«

le

s’éloigner de

voit

monde,

plaît à tout le

lui-même

et

société romaine est exprimé par Natoire écri-

la

et surtout à

et

prend

le

Son

cette ville

avec peine...

ceux qui

voient particulière-

le

est sensible à l’accueil distingué qu’il a reçu en ce pays-ci. parti sans laisser à

emmené

Caprarola

avec

lui

farnésien

Robert

la

commande de deux

jusqu’à Viterbe, pour voir étudié,

cette

année

la

même,

»

tableaux.

villa

Lante,

par

notre

artiste.

Quinze mois plus tard, à

M. de Marigny. Cette

dont

il

le

fois,

semblait inséparable

24 juillet 1765, Natoire annonce un autre départ c’est le peintre qui quitte, à :

«

Voilà enfin

retourner en France, et part cette nuit avec

le

M. Robert

son tour,

la

ville

déterminé

à

s’en

courrier; son premier soin, en


DÉTAIL D’UN TABLEAU DE RUINES (Musée du Louvre)







LES ÉTUDES A ROME arrivant, sera, Monsieur,

Comme

bontés.

suis persuadé

grand

c’est

de vous rendre ses respects

un

sujet dont

les talents

que vous voudrez bien

vous remercier de vos

vous sont déjà connus,

le fruit

je

témoin de son

pour acquérir du mérite par

d’études qu’il a faites. Je souhaite fort qu’il en tire

qu’il est sorti

et

les lui continuer. Je suis

travail et des soins qu’il a pris

qu’il ait l’approbation

35

quantité

la

présentement

et

des connaisseurs. M. l’ambassadeur de Malte, depuis

de l’Académie,

l’a

accueilli chez lui avec des bontés infinies, ce

qui n’a pas peu contribué à l’arrêter de plus dans cette capitale. Cet événe-

ment peine.

est »

bien flatteur pour

lui

et

Hubert Robert avait passé

part de sa jeunesse. les ressources

Il

ses à

connaissances

Rome

rentrait en France

qu’il voulait faire

homme

de son

voient partir avec

dix ans et demi,

de son métier, riche de souvenirs

exactement l’usage

le

fait, artiste

la

maître de toutes

et d’inspirations,

talent.

meilleure

et

sachant



L’ALLÉE ROYALE OU LE TAPIS VERT, A VERSAILLES REPLANTATION DES JARDINS DE VERSAILLES EN 1775 (Musée de Versailles)





%



II

LES SUCCÈS A PARIS e

*26 juillet

1766, l’Académie royale de Peinture et de

Sculpture, réunie, à son ordinaire, dans les salles du

Nouveau -Louvre, sous

premier peintre du Roi

faveur d’agréer sa présentation et de

le

même

jour,

dent

;

il

gratifier

«

parmi ses membres.

sans tirer à conséquence

assurément de quelque

était

l’ami

Fragonard,

qui,

»,

«

agréé

c’est-à-dire

l’année

n’ayant point pris le loisir de remplir

candidature.

Robert,

au

contraire,

» et «

sans

académicien

créer

précédente,

académicien,

avait

les

apporté grand

le recevoir,

Cet avantage de

prix, et l’on n’avait point

agréé

Boucher,

accordait à Hubert Robert

,

la

devenir, d’un seul coup, s’obtenait

présidence de M.

la

ne

»

de précé-

songé fut

obligations

à

en

jamais

de sa

nombre de

ses


HUBERT ROBERT

.38

études

d’Italie

quelques

et

parmi lesquelles on

peintures

choix,

le

fit

,

séance tenante,

du tableau de réception. Ce

gement assez ingénieux Ripetta

sur

retrouve

Tibre, et la toile, qui

le

aujourd’hui

inspiré

,

resta

le

Rome

Port de par

arran-

,

port

petit

le

de

propriété de l’Académie, se

la

Beaux-Arts. Parmi

l’Ecole des

à

académique figurent, pour

registre

romains

d’édifices

fut

signatures du

les

cette délibération, les protecteurs d’Hubert

Robert, Mariette et Watelet, qui durent soutenir avec ardeur les titres du

jeune peintre

même moment

Presque au

commande

Joseph Vernet

et

;

royale.

résidence dont

la

On

patronna.

le

M

,

Marigny

de

.

lui

donnait une première

distribuait les travaux des appartements de Bellevue,

décoration

,

créée par Boucher sous

Madame de Pom-

padour, exigeait d’être renouvelée pour l’habitation de Mesdames de France.

Tous

emplacements étaient déjà réservés

les

figures

comment admettre en

;

qui ne les traitait point

«

leur

des

à

voisinage

un peintre

d’architecture,

au-dessus de quatre à cinq pouces

»

bien les dessus de porte du salon de musique, mais Cochin

Chardin, pour écrivait-il à

de

et

petite

un dessus de porte de 800

Robert y plaça, en 1767,

le

mieux

ration devant

par

.

le

«

livres à

les ruines

L’artiste et

pièce.

préféré,

J’ai

qui d’ail-

On

»

trouva

une anti-

caser dans

d’un arc de triomphe

songeait

alors

à

et

marier,

se

de bonne espérance, que cette

royale; au reste, avec l’estime qui l’en-

d’un médecin-major de Fienne-Cavalerie

fille

alors

;

assorti

du monde.

Femme

fit

le

élégante, musicienne, en admi-

un mari, qui aimait autant qu’elle est

Soos,

elle avait

que l’époux en comptait trente-quatre, ce qui

Madame Hubert Robert nous et

«

donnait à

6 juillet 1767, à l’église Saint-Eustache, Anne-Gabrielle

vingt-deux ans, le

:

les

y avait

Il

Robert n’avait pas d’inquiétude à concevoir sur son avenir.

orpheline de père,

couple

»

commande pour une maison

épousa,

excellait

destination de cette

un présent de noces honorable,

tourait déjà, Il

la

quelques autres monuments

et ce fut

il

?

Marigny, d’employer des talents sûrs et connus, et

même

chambre, de

trophées d’instruments où

plus de rapport à

leurs ont

tout

ces

grandes

de

peintres

les plaisirs

de

la

société,

connue par d’aimables crayons du peintre

témoignage sympathique des contemporains. Elle

sut élever

fort


PORTIQUE AVEC LA STATUE DE MARC-AURÈLE (Musée du Louvre Photographie Braun, Clément

&

C‘”









LES SUCCES A PARIS bien

quatre

ses

agréables de

enfants

Paris.

de

et faire

,

la

maison du peintre

qui ne prouve pas grand’chose et ne vise

une

des plus

mot grincheux de Diderot,

n’y a contre elle qu’un

Il

39

même

prouver qu’un peu

à rien

ménage

trop de jeunesse, bien joyeuse et bien française, chez un courageux

de chez nous.

même

La

année, ce fut

première épreuve devant

la

grand public,

le

première apparition des oeuvres de Robert au Salon du production antérieure,

abondante,

si

il

n’eut

talent sous ses divers aspects et dans toute

Louvre.

scènes familières observées

place à des

pas

devaient «

des moins appréciées,

être

écurie et magasin à foin

En

tête de ,

»

la

;

cour d’un

«

pour donner de

leurs

position sans

portique

»

dans

»

qu’une

venaient son morceau

de réception

il

et

sa

;

fraîcheur aux galeries

personnages

une

«

vue de

;

la

un

«

qui

l’environnent

grand escalier qui conduit

Vigne-Madame

l’Italie

arrangements habituels

à son

grandes cha-

les

à

Rome

»

;

,

com-

un ancien

Sabine

lumineux, son

Ce haut pont de

s’affirment déjà pleinement. la

à

»

d’autres encore,

»,

tombant entre deux terrasses au milieu d’une colonnade

le

une

goût des campagnes

le

romain qu’on inonde dans

sous lequel on voit les campagnes de

«

ne

qui ,

antique; mais

édifice

grand paysage dans

«

palais

la

habile interprétation de bois

une

fait

cuisine »,

«

goûts de construction idéale, son expérience des effets

ses

on

avait

Il

.

décor romain

le

telles

plusieurs petites

«

de huit pieds sur sept; une «grande galerie antique éclairée du

d’Italie »,

fond

Rome

au livret

liste

savant ordonnateur d’architectures vraies ou

envoi,

puis un

de Rellevue

toile

son

à

Sa

richesse.

sa

aménagés sous un

»,

comme un

s’affirmait surtout fictives.

nature

sa

qu’à choisir pour révéler son

ne compte pas moins de treize tableaux, sans parler de esquisses et dessins coloriés d’après

Dans

la

cette »

,

ce

«

cascade des

sont

imagination et auxquels, sous diverses formes,

verra sans cesse retourner.

La

critique

Jamais débutant

comme

il

traite

ce

nouveau

ne recueille plus

arrive, ce

venu avec une faveur exceptionnelle. de

suffrages,

et

les

plus

divers

;

et,

triomphe se produit aux dépens d’un confrère en vogue,

auquel on s’empresse de l’opposer. Ce confrère est De Machy, jusqu’à présent


HUBERT ROBERT

40

de

maître

première place

la

expérience toute spéciale s’écrie Diderot

peintes

et

;

mais on a

;

nous

celui-ci

a fait

comme Bachaumont,

M. Le Prince pour passer M. Robert;

c’est

le

la

comment

voir

n’hésitent pas

pas

Le prédécesseur

.

du Palais-Royal

,

qui

sont

lui

morceaux d’architec-

les

Cour du palais romain

la «

«

qu’on inonde dans les grandes chaleurs pour donner de

«

galeries qui l’environnent

Vous passez

En général,

relief...

tableaux sont imposants par bien rendus.

Il

me

sonne

la

main que Panini

même

-même

lui

monuments

orné de vieux tions de son

génie qui

des mieux méritées. Il

pages

Diderot

lui

succèdent

Il

veillance goguenarde,

le

ce

qui

Grand

Les

«

:

lui

le

manque,

artiste

.

»

quelques morceaux

tous ses

;

a choisis et

On

à

Le Mercure de

»

Robert pour

de M.

talents

les

vu quantité de tableaux de sa

a

On

désavoués.

l’Académie,

représentant

d’architecture,

et

surtout

distingue

différentes

Rome

de

port

le

autres produc-

annoncent une réputation des plus brillantes

On

mettre

le

la

morceau

et

discute

les

couronne sur

plus belle

plus étendu de

le

aux pages pour louer

faire.

sait

si

et

»

réserve

lui

Il

qu’il

plus français.

fini,

n’aurait pas

Diderot de

appartient à

du débutant. les

cloche

morceau de réception

son

comme

semble, en ce genre, avoir une bien plus grande manière

ne peuvent être assez loués.

ruines

fraîcheur aux

majestueux

est

magnificence des édifices

la

la

à travers ces colonnes

auteur

cet

que son modèle, plus recherché, plus

France

Je quitte

«

:

plus étonnants du Salon,

les

perspective et les effets de lumière, que

tout était en

de

plus favo-

le

Robert

et

de Vernet en marines. Rien de plus beau...

l’est

».

main de Robert,

la

»

à lui égaler

un des hommes

exige une

qui

ruines devaient être

les

peignait

les

de M. De Machy pour

rival

peinture

De Machy par

tué

Les nouvellistes

à

comme Loutherbourg

pour

de

même, des vues du Louvre

diverses démolitions de Paris.

ture,

<x

comment De Machy ne

expose, cette année

rables,

un genre

dans

analyser

,

faiblesses

de

et

son

avec

front

Salon

«

décrire

l’artiste

le

,

»

;

comme

une bien-

renvoie courtoisement étudier Vernet pour gagner

conclut doit

:

«

feuilleter

significatifs,

Excellent cette

puisqu’elle

peintre

longue

marque

de

ruines

critique et à

la

fois

antiques.

en donner

comment

s’im-


COLONNADE D’UN TEMPLE RUINÉ (Musée du Louvre ) Photographie Braun, Clément

&

C'"





Mb



Ppfl'



LES SUCCES A PARIS pose

peintre et ce qu’on attend de

le

de triomphe l’un

dont

minutieusement décrits,

l’autre

et

du temps

Nous attachons nos regards sur

d’une pyramide, d’un temple, d’un palais,

ravages du temps,

nous habitons.

A

poussière

beau

travail...;

ce buste

est

Agrandissez

...Le

morceau dont la

ruine,

la

!

les

et

;

!

de ces colonnes

!

la

nation qui

Comme elle Comme ces

!

je

du

ici,

ajouteront à

solitude

la

qu’il

faut et

ne songe pas

vole...

les

ciel

s’affaiblit,

Un

pieds

les

et

vicis-

1

ail

riche

soit

et

est le plus beau... L'air

à

moelleux,

on admire,

l’art,

\

que des ténèbres

si

même temps

et

voûte

cette

A

!

que j’aperçois à cette ouverture

quelle

Qu on me

Avec quel étonnement,

si

sur

1

de

c est

!

le

jour de

Apprenez de

les

;

trois

seul

à la

lui

quelle prodigieuse

L’étonnante dégra-

homme,

l’entrée et

homme. Vous

la le

longueur du

jour

excellerez, vous

à dessiner, à peindre, à

rendre

peinture des ruines, sachez que ce

rherchez-Ia...

quarts?

légèreté,

dise à qui

quelle surprise je

en descendant du haut de cette voûte, sur

puisque vous êtes voué

en effacer

la

du plus

soit

parmi des ronces,

doux,

si

en

et

ténèbres sont pressées par

au silence.

loi

donne pas une idée commune

pinceau

Quelle fermeté

!

genre a sa poétique. Vous l’ignorez absolument trop de figures

une

nature...

la

excellez dans votre genre, mais étudiez Vernet. et

en

n'est plus.

d’un

masses surimposées à

portion

intéressantes,

jambes

les

terre,

la

ne se lasse point de regarder... Vous êtes un habile

vos figures

que

qu’il

lieux frais et des corpuscules

On

sans effort.

que

les

tout

vieux ce

est

du plus grand goût de dessin. Qui

et

quel effet! quelle grandeur! quelle noblesse!

regarde cette voûte brisée,

il

des ruines, c’est une forte image de

puis cela est

accorde à

ces ruines appartiennent, afin

périt,

tout

faible tissu de fibres et de chair à

partie subsistante ne

vapeur des

sublimes ruines

de pinceau

nous restons seuls

;

tombeaux tomber

des

(Grande Galerie éclairée du fond)

la

belles, les

dation de lumière

un

marbre

le

demi enfoncé dans

à

la

l'on

distance est renvoyée

l’effet

elle la

même que

sûreté, facilité

On

avec

s’agit ici

il

mêmes que

poétique des ruines...

la

personnage fameux. Que votre architecture

que

;

et

lumière, chargée de

nous y font discerner

l’admiration

fond!

j’envie

vois

partie supérieure d’une statue,

la

C'est un effet merveilleux produit

Oh

dans une douce

temps qui dure. Qu

n'y a que le

Je

et

!

l’image d’un

soit

tout.

visibles

sensibilité

la

!...

poudreux que vous me montrez

épais;

régnent autour de nous

première ligne de

base soient du plus beau ciseau

la

ornements en soient purs

les

»,

débris d'un arc de triomphe, d’un portique,

vous conservez un fragment de bas-relief,

si

vous brisez

si

un grand caractère,

du

bronze

le

Peintres de ruines,

qui en resteront sur

que

Il

autre chose qui ajouterait encore à

situde...

poétique

«

moi sont grandes. Tout s’anéantit,

reste.

deux éternités

entre

générale qui s’exécute sur

Une

qui

ne veux pas mourir

et je

;

monde

le

marche

Je

!

»,

nous revenons sur nous-mêmes. Nous anticipons

et voilà la

;

ruines éveillent en

les

n’y a que

II

et

les

l’instant, la solitude et le silence

Les idées que

monde

indique sa propre

notre imagination disperse sur la terre les édifices

et

de loule une nation qui n’est plus

passe.

galerie éclairée par le fond

«

de ces compositions, lionnes ou mauvaises, c’est de nous laisser

L’effet

sur

il

l’arc

«

:

mélancolie.

les

la

moins quelques idées révélatrices de

extraire au

faut

il

Et d’abord, à propos de

lui.

peint pour Bellevue, et de

»,

41

Il

Ne sentez-vous pas

n’en faut réserver (pie

qui aurait

erré

dans ces

qu’il ('elles

y

a

qui

ténèbres, les


HUBERT ROBERT

42

mains sur

la

poitrine et

penchée, m’aurait affecté davantage... Je n’aurais jamais pu

la tête

défendre d’aller rêver sous cette voûte, de m’asseoir tableau. Mais

y a trop d’importuns, je m’arrête, je regarde, j’admire

il

Diderot

leur première

tant

surprenant

accessoires, explique-t-il, sont sans intérêt; il

ne trouve pas

guère,

il

demande

pas économe

peu... »

«

Monsieur Robert, votre talent

perfection des figures;

la

est assez rare

quand vous

et,

mais

coûtent

lui

grand

le

Ses

«

lieu,

le

ne

figures

»

effet

en

pour que

saurez dessiner

les

des figures pour faire des figures, vous

vous ne ferez plus

facilement...,

bien

ne voit pas combien

il

;

ses

mot

arrache un

lui

prépare

il

Comme

sujet de la scène.

n’en est

vous y ajoutiez

ferez

le

contras-

beaucoup d’imagination.

n’a pas, je crois,

Dès

Robert.

l’invention anecdotique

de l’invention architecturale,

homme

Cet

«

:

l’indigence dans

rencontre,

l’exubérance

avec

passe.

et je

souvent sur l’insuffisance des figures de

insistera

me

entre ces colonnes, d’entrer dans votre

des figures pour rendre des actions et des incidents. Vernet distribue

dans ses compositions

aussi des figures

qui les exigeait

emploie.

»

Il

et

de

place

la

remarquable

est

,

donne

leur

qu’il

au reste

indépendamment

mais,

;

comme

voyez

,

que, pour les tableaux

,

de

l’art

les

il

ne

qui

sont point des compositions de ruines, notre peintre cesse de justifier ces

reproches nard.

Sa

;

«

que

dès

cuisine

la

vie

italienne

l’admirer sous cet aspect la

et

de louer,

tendues

générale (pie

la

plus rares

avec

la

et,

son ami

même

Frago-

l’occasion

de

distribution savoureuse

de

lui -

personnages

intérieur

et

des accessoires.

Il

rustique des considérations inat«

:

II

est

une observation qui

rare qu’un

artiste

guère

moins

n’est

première, c’est que les plus belles compositions des peintres,

morceaux des

statuaires,

du plus beau caractère, de

sincère,

Diderot

sur l’inspiration des grands modèles

sans avoir vu l’Italie;

excelle

sinés,

humble

des

rapproche de

se

il

fournit à

»

lumière, l’heureux agencement

va jusqu’à tirer de cet

les

l’émeut,

ont été

faits

à

Rome

ou

quelques-uns, que c’est l’influence

la

plus

les

couleur

au

la

simples,

les

mieux des-

plus vigoureuse et

retour de

d’un plus beau

la

Rome. Prétendre, soleil,

plus

avec

d’une plus belle

lumière, d’une plus belle nature, c’est oublier que ce que je dis, c’est en général,

sans en

excepter les bambochades

,

des

tableaux de nuit et des


H O Oh

§ «o

oc

O

& W > •—

i

< ^ ^ ^ K .O

U3

*?

J £ o O









LES SUCCES A PARIS temps de brouillards d’ailleurs sur

et d’orages. »

est piquant

Il

43

que l’observation, appuyée

de bons exemples, vienne à propos d’un des sujets

les

moins

ambitieux qu’ait traités Hubert Robert.

Joseph Vernet avait présenté Robert de bon cœur de ses succès

sait

oubliât les rangs Il

souffrir

fait

:

«

comme

reux

mais ses amis ne voulaient pas qu’on

;

tout ce qu’il approche et rien

repos, le jour et

dans

avec un art

sait,

les

la

ténèbres,

:

Machy

«

les ruines

n’est

m’en imposent

moelleux, doux, avec

facile,

goût

,

été

Machy

.

dur

est

chaleur

et

ne

qui

sec

,

vois

Je

.

de ses colonnes

fenêtre et n’a gardé que

jour au

teurs affluaient

l’art

;

Robert pinceau

son

lendemain, chez

On

lui.

des plus importants,

le

M. Hennin, résident de Carpentier,

moyens

à

nature.

que par

»

la

monotone

,

Machy a jeté

.

vu

règle

à

;

est

Robert main,

la

tous ces instruments-là

Ce mot,

»

Robert

;

qu’il a

la

,

magni-

de

et

expressif et

si

Hubert Robert se trouvait célèbre, devinerait rien qu’à

le

toiles,

son grand protecteur de toujours

pu

la

valent

lire

architecte

faire

;

aussitôt

puis,

si

Roi

figurer d’autres

dix louis pièce

»

,

M. de

;

la

commandes, et

ces

«

le

;

le

ama-

du Salon

livret

comme

duc de Choiseul,

le

après,

comte de Saint-Florentin

France à Genève;

du

le

les

et

grand nombre sont indiquées

appartenant à des particuliers. Voici, au premier rang,

aurait

est vigou-

souple et spontané de notre peintre.

de 1769, où, parmi ses quinze

et

et

toute cette critique par une des meilleures définitions qui aient

clôt

données de

Du

comme dans

nuit,

harmonieux. Machy copie bien ce

verve

tirant les cannelures

juste,

Tout

bruit...

celui-là,

mouvement

le

temps, conservent un caractère de grandeur

ficence qui

la

C’est

de Machy sont modernes; celles de Robert, à travers leurs débris le

par

entremêler

peintres

les

blesse.

le

qu’un bon peintre, Robert en est un excellent. Toutes

rongés par

copie

infini,

rien ne se

nature, et

ne

silence et le

le

En revanche, on peut dédaigner

mode

se réjouis-

il

Le redoutable voisin que ce Vernet! écrivait Diderot.

Monsieur Robert, qui le

l’Académie royale;

à

un autre ministre marquis de Séran

;

marquis de Langeac; M. Le

Ferté

,

intendant des

que ces

«

quatre plus petits

à

telles

Menus.

quatre huit

Il

ovales louis »,


HUBERT ROBERT

44

que

paie, cette

lui

les

paysages en hauteur

six

même temps

année même, Madame Geoffrin. Du

Randon de Boisset

,

le

en 1777, à

la

,

des personnages de son goût et qu’on

vieux Boucher,

par

ajouter

fait

datent

cite,

vente de ce riche amateur. L’aisance entrait chez

le peintre,

qui trouvait

productions de tout genre et de tout format

commençait

Il

.

facilement à placer ses

si

pour

satis-

,

une certaine

faire

vues

des

clientèle,

parisiennes.

La première apparaît

Bachaumont

critique lui reste favorable. «

étonnant orne aujourd’hui

tableaux.

Ici,

possibles;

là,

la :

nombre considérable de

d’un

des ruines effrayantes attestent

temps

,

trop bien les injures et les

Coulent

destructeur.

Partout une grande vérité ,

1769,

perdu de son enthousiasme

n’a rien

Salon

le

des

ensuite

eaux

transpa-

plus loin, s’ouvre une grotte profonde...

rentes, dont l’œil perce le cristal;

reliefs

émules,

ses

ce sont de magnifiques édifices enrichis de tous les détails

du

dégradations

de

Salon

ce

à

et

du fameux Machy, mais M. Robert nous en console. Cet

Je ne vois rien

artiste

comme De Machy

peindre,

à

une entente admirable

des lointains à perte de vue

perspective,

la

Le critique de Y Année

»

.

de

des

littéraire

remplace cette littérature par des observations techniques qui témoignent d’une juste appréciation de qui font

comme

celui

qui représente

quai

Pelletier,

moins de paysage.

Il

qu’il a

grandes

décidée. les

bord de

au

Il

ombres,

y

embrassé,

On et a

la

et

on

a

lieu

rivière »,

et

ceux où

On

croit qu’il

de

la

serait

à

perspective

il

y a

le

autant son

soit

de douter, à sa touche,

sévèrement aux règles

plus

plus éloignés. plus

dessous du quai de Gesvres, à Paris, vu

d’arbres d’après nature.

s’assujettît

genre

le

«

tableaux de sa façon

pu placer de grandes ombres,

a

il

Les

«

:

ne paraît pas que cette dernière partie

genre que l’architecture,

beaucoup

de Robert

plus d’effet sont ceux où

le

du bas du

l’art

qu’il ait fait

souhaiter qu’il essentielle

et particulièrement qu’il prit ses points

au

de distance

pourrait désirer encore que ses masses d’ombre fussent

distinguées

des

masses

de lumière

quelquefois des demi-teintes

et qui font

qui

d’une manière plus

ont autant de force

tache placées à côté des lumières vives.

Diderot manifeste aussi quelques réserves intéressantes qui

le

que

»

montrent


CD

—

.

rZ

O Z H fC O H CD

X X

CD td









LES SUCCES A PARIS moins

dans

excessif

On peut

admiration.

son

45

une partie de son

citer

morceau, qui fournit une énumération presque complète des sujets exposés par

peintre

le

toutes les

revue

cet

à

compositions de

ceaux sentent

la

détrempe

Robert,

et,

Négligez,

en général, s’il

Il

faisais

n’en finirais

je fait

il

vous

je

trop

leur mérite principal

;

vue et des fabriques antiques. sont lourds

Si

«

:

assurément que ce Robert, mais

peintre

leur.

Salon

important

passer

en

C’est

un

pas.

mor-

facilement, ses

est d’offrir des points de

n’excelle pas pour la

Ses arbres

figure.

choix de ses accessoires pourrait être meil-

le

son Port

vous conduit,

orné d'architecture

quoiqu'il

,

appartienne à un ministre qui peut se procurer de belles choses sans pauvrir

Passez devant

duc de Choiseul).

(le

son

des

imitation

s’ap-

Portiques,

galeries et jardins, tels qu'on en voit autour de Rome, parce que ce

appartient à un autre ministre qui ne mérite pas mieux que cela

tableau

comte

(le

de Saint-Florentin); devant sa Cascade du belvédère Pamphile, à Frascati, parce que les

je

la

Restes d’un

Pièce

d'eau

Mattéi;

trouve froidement touchée escalier

environnée

de galeries

temples et autres édifices antiques verve

la

et

Diderot, une de celles c’est

faut

qu’il

doués,

la

quisses

.

lui

restent

rappeler aux

nécessité Il

qui

de

finir

;

ma

justes et

œuvres

arrive de reprocher à

foi

d'un temple;

,

la

plupart des

surtout

dirai-je

nous

plaisent

autant

Messieurs les croqueurs,

à

tout

coloriés et

comme

il

est vrai;

si

sont-elles grandes et

ses contemporains

que des tableaux gardez vos

constante,

bien

de montrer

:

«

plus

les

Eh,

trop

mo-

mes amis,

dessins et croquis bistrés, et qu’ils

finis...

?

»

11

n'y

a

guère

à

ne

Vos pro-

jour, décèlent quantité de vos idées,

sublimes

à

de ne pas se contenter d’es-

vous plaira, dans vos portefeuilles,

promptement mises au

l’effet,

aux artistes trop

paraissent à nos yeux qu’en tableaux bien rendus et bien génitures,

de

chères

d’une application

et

et

plus

idées les

volontiers ces dessins, dont nous nous arrachons aujourd’hui

destes et qui

la

autres,

de paysages, de jardins,

Une des

»

artistes,

leurs

attention

modernes de Rome, ont de

et

précieux.

sont très

avec

Maison de campagne du prince

la

;

parce qu’ils sont beaux. Les dessins coloriés

de

mais regardez

antique; les Ruines du vestibule

Paysage avec des monuments

le

;

il

douter que


HUBERT ROBERT

46

cette

ne

sortie

comme

exposé,

dessins

son ordinaire,

à

partie

nommément, avec quelques

saveur

:

sa

Si cet

«

donc quand

vieillira

il

est fastueux, sa

prise

femme

une élégante,

est

Monsieur Robert

,

libertines.

tableau qu’une esquisse.

ébauche jeune

11

faut

il

reste médiocre.

les

à Frascati

attaché à terminer

point

morceaux

agréables.

fort

ces

?

édifiées

sur

la

»

ne dit

Il

rien

faire

et

le

est

peindre

plus

des

principaux

de

Pidansat Diderot

a

Mayrobert

,

«

et

mais

,

difficile

pierres

finale

Rome,

édifices de

,

Naples,

et

dont

il

Pont de Tivoli

d’après des dessins, et les colorier.

Malgré cette restriction

Ils

de des

et

l’auteur aurait

il

ne

pu

point

soit

faire

des

Monuments

éclairer

Robert démontre

M.

«

:

paysage

le

dans

colonnes

d’après

son

cabinet,

à

cet

Incendie dans

toute et

la

salle

»,

celui d’Hubert Robert.

le

la

peintre a voulu donner qui

est,

les

plume

combat contre notre

décoratif,

»

effet, écrivait

dès

;

à

de

artiste.

faciles

de contrôler tous ces jugements d’autrefois,

de vue purement

et

formule d’autres réserves

peindre

quelque éloge

tique cherche autre chose que ce que le

se

ne vouloir que

dont l’embrasement, d’un grand

semble

Fontaine

ne sont cependant pas sans mérite.

changé de camp, cette année,

retrouver, permettent

un

Jar-

les

la

Dans ces compositions, toujours très nobles, dont quelques-unes,

d’accepter

l’aurez

faire

d’Italie,

des grands tableaux, composés de

Forêt de Caprarole

que de

Monsieur

un mérite d’expédier sans se soucier com-

moderne

il

vues

trois

donc cette manie de

et

visiblement combien

nature

tableaux

trois

Rome ancienne

de

il

;

mais on perd

;

quand vous

regrette que

Je

«

:

Quelle est

croquer du paysage, de se

ment

matinée

pas plus pour

Montagnes de Sara entre Rome

des Jardins Pamphili,

fera-t-il

Finissez,

et

finir;

»

La critique de l’écrivain portait surtout sur dins Barberini,

que

;

la

faire vite

vous en coûtera

ne

il

,

perdra l’habitude de

il

Monsieur Robert,

finir,

pris à

est

11

de

lot

le

méchants qui ne sont pas sans

veut gagner ses dix louis dans

II

prenez l’habitude de

;

détails

né pour être grand, on

son talent et,

Robert

?

ne vise

et

au Salon de 1771.

continue à esquisser,

artiste

main deviendront

tête et sa

Hubert Robert

contre

dirigée

soit

le

il

à

cri-

refuse

présent,


CxC

D ry T — -W

Oh

S O

H 3 G S H









LES SUCCES A TARIS

47

Pour apprécier équitablement ses grandes œuvres, qui parfois

mêmes semblent un peu le

pour lequel

milieu

paraître

peintes

peintures du

à

creuses, les

il

a

de l’ensemble de décoration tons argentins,

pouvoir

les

Quand

Diderot

leur

qu’il

c’est

plus empâtées,

Salon,

faudrait

faites.

détrempe,

la

il

les

reproche

compte

plus solides, et ne tient pas

Leurs

dont elles font nécessairement partie.

tement choisis pour s’harmoniser avec

claire

la

de

autres

les

remarqués des contemporains, sont d’ordinaire

si

dans

replacer

parmi

juge

nous-

à

fort exac-

ornementation des appar-

tements d’alors. La légèreté de leur touche convient aux perspectives bien

du peintre,

établies

de lumière;

plis

bonnes

profondeur de ses

à la

toiles y jouent

quatre murs d’un salon

aux

encastrées

aime vastes

qu’il

ciels,

avec franchise

du

rem-

et

temps,

ses

de fenêtres idéales

et gaieté leur rôle

mot de

ouvertes

sur

l’époque,

doivent

mêmes

fortune en les présentant dans un salon tendu d’étoffes sombres

et

la

nature

la

Ces

.

tableaux de

«

donc être vus

comme

surchargé de dorures,

à

leur

place

place

;

»

suivant

,

nous en

en les exilant dans

le

musée, où

le

nous-

trahissons

la

pein-

ture qui les environne détruit leur échelle et semble les écraser.

Un de

siècle aussi curieux d’art

et tant

plus

de confiance.

s’est

On

aussi

expert en toutes

grands

,

que

va de partout l’appeler à orner les habitations les

financiers,

leurs

commandes

les

hôtels

occupés et

leurs

à

lui

arrivent des

construire

châteaux.

ou

L’art

à

droites familières au peintre, et préférés, se trouvent d’accord

triompher dans l’architecture

et

la

grands

fois,

d'Hubert

et

Robert et

des

le

goût

du

et

celui

de

même

que reproduisent sans cesse

même ou

seigneurs

rénover dans

Gabriel semblent faits pour se compléter l’un l’autre,

faite

les parties

pas trompé en accordant à Robert tant d’estime

fameuses, et c’est par quatre ou cinq panneaux à

davantage

jour

ne

décoration,

la

raffiné,

les

ses

avec les formes à l’antique qui ont

lignes édifices fini

par

l’ameublement. C’est cette concordance par-

entre l’éducation de l’artiste et les

goûts de ses

contemporains qui

explique et justifie pleinement scs succès rapides.

Parmi

les

personnages importants qui

le

soutiennent,

il

en est un qui a


longtemps donné tection précieuse

le

ton et qui garde depuis sa jeunesse, à l’artiste, une pro-

c’est

;

duc de Choiseul, qui

le

venir à Chanteloup.

le fait

D’élégantes sanguines, représentant les beaux ombrages où gracié

promène

ses

amertumes,

a présentées au public

en Touraine château,

il

vues de

les

du Salon parmi ses études, témoignent de son séjour

de l’accueil tout à

et

d’Amboise, que Robert

ville

la

ministre dis-

le

cordial qu’il y

fait

Familier du

reçoit.

Rome,

y peint quatre tableaux importants de vues de

ces

somp-

tueux palais, ces ruines infiniment nobles, qui rappellent à l’ancien ambassa-

deur

débuts de sa brillante carrière, aujourd’hui brisée. Le peintre reste

les

fort attaché à ces

dont

il

souvenirs romains, qui sont les meilleurs de sa jeunesse

aime s’entretenir avec

composition satirique,

qu’il

la

bonne duchesse

consacrera à

l’abbé Barthélemy.

et

Madame Du

chute de

la

et

Une

Barry, tant

détestée par les Choiseul, montre qu’il ne partage pas avec moins d’ardeur les

passions présentes et les rancunes de

une

fois,

y manque,

de Chanteloup,

Une

Madame

l’illustre coterie

symboles y gardent

et si les

la

;

si

verdeur des conversations

reconnaissance en font l’excuse.

l’affection et la

autre maison où Robert est reçu sur le pied de l’amitié est celle de Geoffrin. La vieille amie des Encyclopédistes le

travailler à plusieurs toiles

Saint-Honoré,

Madame

s’est

trouvée installée dans

pour

lui

six mille livres, le

double de ce qu’elle les

exécute en

el

Robert de

1772, au

paysages

Madame

salon de

»,

prix de

qu’il

a

le

la

rue

sort de

beaux Carie Vanloo, ceux

de sa chambre à coucher, dont l’impératrice de Russie

et

moment,

permettre de payer des dettes

criardes; elle s’est décidée à vendre ses trois plus

fabriques

le

Geoffrin a eu besoin d’argent pour assurer

sa nouvelle protégée, et tout d’abord

1771

à ce

fait,

dont l’origine est assez curieuse. Au moment où

Mademoiselle de Lespinassc

île

bon goût, pour

le

lui

a

offert trente-

payés. Pour les remplacer, Robert

2,7G0 livres,

«

trois

est facile de reconnaître

grands tableaux

parmi

les

Hubert

Geoffrin aujourd’hui conservés au château de Raray. Ces

trois

morceaux sont assez

pris

l’habitude de s’exercer;

différents il

y a

pour représenter le

les divers

genres où

il

a

morceau d’architecture antique, une une fontaine, au

niche avec une statue de Jupiter, au pied de laquelle

jaillit

milieu d’une vaste plaine à lointain italien;

morceau d’architecture

il

y a

le


y J 1

-<

J w Q W O Z w Q U •a Q <

C/D

H ffi

O Ô









moderne, une arche faisant communiquer deux parties d’une

villa

romaine,

avec des escaliers variés, une fontaine encore et d’ingénieux effets de déla-

brement

enfin

;

un sous-bois, au fond duquel passe une

pur paysage,

le

Tous ces tableaux sont animés de personnages, de groupes rustiques

chasse.

de femmes

et d’enfants, qui leur

donnent beaucoup de gaieté.

commandées presque

Trois autres compositions,

aussitôt

par

Madame

Geoffrin, sont encore plus intéressantes, car elles nous conservent des scènes

de

du temps. On

vie

la

beaucoup de religion

;

convenances établies plus

suffit

de recevoir son curé,

et prit l’habitude

«

l’on les la

les

les

d’esprit

»,

et

ne

lui

de faire l’autre

la

princesse de Beauvau, son amie,

un couvent délicieux,

C’était

si

tableaux où Robert a représenté pour elle les jardins et

délassements des religieuses. Sous lecture de piété,

homme

il

de suivre des retraites régulières dans un couvent

dames de l’abbaye Saint-Antoine.

en juge par

de ses amis les

préoccupa plus sérieusement de

se

elle

qui était

de Paris. Elle avait loué l’appartement de chez

faire respecter

pas

n’avait

conformer aux usages. L’âge venant,

et à se

;

bonne dame philosophe

la

cependant, à

elle tenait,

correctement ses Pâques

monde,

que

sait

l’abri

d’une tonnelle de roses, on

tandis qu'une novice arrose les fleurs

et

qu’une

fait

vieille

sœur, appuyée sur sa canne, donne à manger aux cygnes du bassin. Une allée

de feuillages sert

promène avec

à

promenade,

la

les religieuses,

se dirigent vers

Madame

Geoffrin, en robe grise, s’y

au bras de l’abbesse,

un groupe où

de charmilles hautes,

et

taillées

se trouve

en

Madame de Beauvau

Madame de

ici

portique, l’étrangère est assise

toute remplie de détails amusants

fichu de sa maîtresse,

main, et enfin

le

le

;

on reconnaît

fidèle Valentin qui

prend

elles

Mailly. Ailleurs, au pied

pieuses compagnes et partage leur déjeuner sur une table est

;

la

île

avec

ses

pierre; la toile

soubrette, tenant

les ordres,

une

le

lettre à la

peintre lui-même, assis par terre et dessinant la scène, son

carton sur les genoux, tandis que deux jeunes postulantes, en voile blanc, se

penchent curieusement sur son

même

de

Madame

alors qu’elle qu’elle

travail.

Geoffrin, la lecture de

prend son chocolat,

la

D’autres toiles donnent l’intérieur la

gazette faite par un domestique,

présentation sur un chevalet d’un tableau

examine en connaisseuse. Robert avait projeté de

la

peindre encore


50

HUBERT ROBERT

assise à sa table à écrire, et

nous avons son dessin. Tout l’ensemble de cette

petite

série

l’artiste

n’ait

est

savoureuse intimité

d'une

pas été appelé

peut

l’on

et

;

nous rendre plus souvent

à

regretter

la vie

que

familière de

son époque.

Ce rôle d’historiographe des mœurs nous intéresse tant chez

œuvres que

de

le talent

ne

l’artiste

son grand paysage décoratif,

il

suffirait

pas à faire survivre. Hubert Robert

l’intérêt, et,

à

l’histoire.

tableau représentant le feu d’artifice tiré sur

en

il

;

fait

On

spécialiser à l’excès.

Il

le voit,

Il

la

l’esquisse,

qui se rattachent à cette fête, suivie d’une

de donner suite à son projet.

sans abandonner ses ruines et

aborde par moments

par tant de côtés, touche

du mariage du Dauphin

sauve de l’oubli bien des

les peintres secondaires,

semble ne pas en avoir méconnu

qui,

des événements contemporains, qui

et

affirme,

si

le

genre anecdotique

projeté

a

Place Louis

mais

les

l’exécution d’un

XV

à

l’occasion

mauvais souvenirs

terrible catastrophe, l’empêchent

du moins,

l’intention de ne pas se

par exemple, rechercher dans Paris les coins

pittoresques et étudier les ruines faites à l’Hôtel-Dieu par l’incendie de 1772.

Le Salon de 1773 présente sa belle Il

y envoie des vues de Rome, que

activité selon les aspects les plus variés.

le

comte Stroganoff

souvenir de Florence, qui est au baron de Besenval, l’ancien

palais

restitution

lui a

«

commandées, un

Vue d’une

ducs de Toscane», c’est-à-dire du Palais

des

Pitti,

une

du palais de Titus, du cabinet de Watelet, une nouvelle vue de

ce casino Mattéi qu’il

a

si

souvent pris plaisir à peindre, enfin,

pièce d’eau et les bosquets des jardins Conti, à Frascati. Dans critique

partie de

du temps

lui a

française

le

la

grande

tableau, un

reproché d’avoir arbitrairement introduit des

treil-

ce détail, joint aux dimensions concordantes, l’identifie

lages à

la

avec

délicieux paysage de 1773, animé par des scènes de jardinage, qu’on

a

le

;

vu à l’Exposition de

l’art

français à Berlin

;

comme

ils

sont près de Frago-

nard, de ses jaunes et de ses roses, ces groupes colorés et vivants, cette

jeune

femme

qui cueille des oranges, ces paysannes qui jouent

enfants, parmi les graves statues de

du souvenir

d’Italie

!

marbre donnant

avec leurs

à la composition l’accent


LA CHAMBRE A COUCHER DE MADAME GEOFFRIN (A M.

le

comte de la Bédoyère

Photographie Moreau frères


.




mminié «

y

MK«i!fc^g^^wf^*y ÿffîl'-ïï i

4T

Ml VH



iSisæsi



LES SUCCES A PARIS dans

C’est encore

quoi

51

goût de Frago, plus que dans celui de

le

que devaient être

qu’en dise Pidansat

traités

Lépicié,

deux intérieurs fami-

,

même

liaux exposés au

Salon

Nous n’avons que

devant sa mère

titres

les

de Paris, en son grand voyage, et

loin

nous manque sur des sujets sance

qu’il

petite

avec naïveté». Robert, tout

il

manqué

guère sur ces

comme Fragonard

pour modèles

avait pris

pour ce qui

s’en assurer,

Madame

de

était

Daudet de Jossan qui mentionne «

L’Abbé. Voyez-vous,

près de ce tableau,

Monsieur l’abbé. ces

paysages

le

Eh

L’Abbé.

bien,

morceaux

regarde, très agréable

un

charmant

si

paysage

?

;

L’Abbé.

Il

a-t-il

?

ma

;

pu

foi

la

la

le

Famille royale.

On

avait

placer

perpétua

le

attiré

très

vous

femme, peint

examinez...

Le paysage qu’elle

vilaine

beaucoup admiré

la

dans

figure

M.

y retrouver sa place. le

comte de

la

On

la

1775, dans le grand tableau

cérémonie mémorable pour

,

la

XV

et

à

de

circulation des environs

la fête,

dont M. de Trudaine

ce tableau à Robert.

main

»

hardiesse des arches construites

y distingue, dans

Marche, donnant

ce

ce moment-là.

«

Chacun,

écrit

Pidansat de Mayrobert, aime à parcourir en détail cette multitude de têtes à

:

est là-bas

belle

qui eut lieu en présence de Louis

commandant

portrait

l'artiste qui a

femme dans

une foule considérable à

souvenir en

Oui,

que

cette

par Perronnet, et l’importance de ce pont pour

de Paris avait

comme un

peintre qui avait devant ses yeux

n’aura pas regardé sa

capitale,

Les curieux pouvaient

très belle.

!

représentant Le décintrement du pont de Neuilly

de

naissance du premier

femme de

L’anecdote devient historique au Salon de

les habitants

s’était laissé

grande dame qui

Mylord.

c’est la

mais comment

modèle,

fille.

d’architecture

Mylord. Approchons-nous un peu

la

époque,

Robert, grâce à une brochure de

belle

cette

102

et sa

son appréciation

idées simples exécutées

cc

même

à la

Diderot était

»

d’analyser avec complai-

premier tableau

le

Mylord,

sous

ces

et

femme

sa

récitant une leçon

déjeuner.

fait

engager aux charmes d’une famille complétée par enfant,

fille

dommage que

est

il

n’eût pas

les autres critiques n’insistent

;

Une

«

:

une enfant que sa bonne

«

»,

de retrouver pour

ressources que ce souple talent aurait pu mettre en

connaître toutes les

œuvre.

et qu’il serait si intéressant

le

groupe principal,

Madame

la

le

et

Roi,

comtesse Du Barry,


HUBERT ROBERT

52

le

chancelier avec sa simarre, ornement

si

étrange à de pareils spectacles,

l’abbé Terray, le duc de la Vrillière, le duc d’Aiguillon, M. de Boines, tous

du feu Roi, tombés dans

les ministres

peintre

choisi

a

moment

le

le

la

disgrâce et

redoutables alors... Le

si

plus intéressant du spectacle, celui où les

cintres ont tombé. L’effet de cette chute dans la rivière est rendu avec

grande magie de couleurs

on

;

on voit

l’écume de l’eau

les ondulations,

surtout l’attention générale des regardants portés vers

saisit

le

une mais

;

même

objet et qui forment cette unité précieuse dans les ouvrages de tout genre.

Diderot est moins obligeant

du pont de Neuilly

Vous destinez

est pauvre,

;

Ah

«

elle est

;

!

Monsieur Robert, que ce Dècintrement

mal colorié, sans

un beau cadeau

pieds de large est perdu

Carnavalet

:

effet

Les mauvaises figures

!

M. de Trudaine

à

»

!

!

Ce tableau de sept

»

nous n’en connaissons que l’esquisse, au musée

d’une légèreté, d’un coloris, d’un

effet

charmants, et

il

semble impossible que toutes ces qualités se soient perdues à l’exécution définitive.

Le grand critique

apostrophe continue peu meilleurs

;

j’en

:

Vos Bestiaux qui passent

«

excepte cependant

d’œuvre. Mais, Robert,

il

y a

si

fini ?

Frouville, ainsi qu’un Portique d'une

au duc de Nivernois étaient ;

qui ne sont pas des chefsfaites des

ébauches

;

Ce tableau appartenait à M. de

maison de campagne près de Florence;

grands tableaux, en hauteur, de ruines

une partie des Jardins Albani dans

vêque de Rouen, une dernière toile,

trois

»

son

de Chavigny, une colonnade dorique au haut d’un

au marquis

escalier, avec

les figures,

et

entre des ruines sont un

longtemps que vous

ne pourriez-vous faire un tableau

romaines

d’humeur méchante,

d’ailleurs,

était,

«

le

fond

;

enfin, à

M. l’arche-

vue du château de Gaillon en Normandie

de dimensions inusitées,

était

la

».

Cette

première des grandes vues

de Normandie, qui furent commandées alors et ont décoré jusqu’à nos jours le salon ville

de l’archevêché. Robert y ajouta aussitôt une vue du port et de

de Rouen, qui

étude

qu’il a faite

le

cède à peine en intérêt topographique à

du château des archevêques, élevé

à

Gaillon par

la

la

curieuse

le

cardinal

d’Amboise.

Au même Salon de

1775, où paraissaient pour

extraordinaire abondance les travaux

italiens

la

première

fois

avec une

de Houcl, qui rappelaient les


MADAME GEOFFRIN

SE PROMENANT DANS LE JARDIN DE L’ABBAYE SAINT-ANTOINE (A M.

le

comte de la Bédoyère )

Photographie Moreau frères









LES SUCCES A PARIS débuts de Robert,

53

public put connaître les traits du peintre célèbre, qui

le

suscitait déjà des imitateurs. Hall, le miniaturiste suédois agréé à l’Académie,

exposait un portrait de Robert au pastel, en

de Saint- Non

;

morceau

le

goûté

fut

avec

parlent

rains

de

graphie

portrait de

»

le

Robert,

Nous n’avons pas ce

même dont

que

nature, d’une manière large,

portrait, dont tous les

éloge et qui compléterait pour

les

pièces

Madame Vigée-Le Brun,

sont

essentielles

comtempo-

nous

l’

icono-

présent

jusqu’à

le

tableau de Marguerite Gérard,

petit

le

de l'abbé

celui

d’une ressemblance éton-

est

Il

comme

nante, écrivait Diderot, superbe, grand

d'une couleur vraie.

«

:

même temps

qui représente l’artiste assis dans un paysage, et

buste de Pajou, qu’on

le

trouve aujourd’hui à l’Ecole des Beaux-Arts. Par l’œuvre de Hall, nous connaîtrions la personne physique de Robert dans tout l’éclat de son exubérante

moment de

jeunesse, au

ses travaux les plus parfaits et de ses succès les plus

retentissants.

Hubert Robert

époque

était destiné à participer

et à représenter les goûts

à toutes

les initiatives

de son

changeants de cette société, qui se hâtait

fiévreusement d’épuiser les joies et les curiosités de

Les années qui

la vie.

précèdent et suivent l’avènement de Louis XVI marquent, par exemple, dans l’art

les

des jardins, un changement célèbre et souvent raconté. Prédisposés par

attendrissements de Rousseau

enthousiasmés par nature et

»,

les

les vertus

et

que prêtait

philosophie à

la

abriter

leurs

rêveries;

méandres sont dignes d’arroser

«

le

Ce sont des beautés

jardins à la française.

leur faut rassembler autour de leurs maisons

doivent

Nouvelle Héloïse

la

contemporains se sont fatigués de vivre dans

pompeux des

qui

de

les descriptions

;

seules,

leurs parcs

;

l’homme de

«

naïves

ruine, par

le

des et,

rivières

s’il

s’agit

aux

fictif

et

la

le

espace

plus grand

qu'il

capricieux

de rappeler les

colonnade brisée,

la

nombre d’éléments pittoresques

et,

soit la

mélancolie

ou encore l’Anti-

temple dédié aux divinités galantes. On réunit dans

quité par le

tombeau

»

ce sont des bosquets rustiques

simplicité du village, par une laiterie et un toit de chaume, ou la

la

décor rectiligne

sentiments de l’humanité dans ces jardins renouvelés, on veut que ce

de

,

si le

lieu

le

plus petit

ne se prête


HUBERT ROBERT

54

pas à varier les sites ou à dresser des monuments, on émeut l’imagination à force

d inscriptions

noms reviennent taisie

de

qu

à

la

pensée pour

de l’âme française

Madame de illustrent

de devises sur

et

Madame

et

louange

des

de M. Boutin,

Tivoli

le

contemporains

C’est le triomphe de ce parc anglais,

anecdotes

le

modèles

les plus copiés.

imité de la liberté de la nature,

Anglais ont eux-mêmes emprunté à

mode

la

xvm

des

jardins

davantage du style de ces faut

e

de ce goût chinois

siècle.

un instant de trouver Hubert Robert parmi

est surpris

songer que

que

et

des principaux théo-

et c’est la dernière victoire

qui a régné, sous diverses formes, à travers le

propagateurs

Un

Chine.

la

qui

nouvelle, Watelet, dans son Essai sur les jardins, paru

en 1774, affirme cette origine;

On

des

nouveau Bagatelle

remplace l’autorité glorieuse de Le Nôtre par celle du jardinier Kent

riciens de

lieux

jeune Beine, Montreuil,

la

Paris, les

d’autres

tant

mille

les

et

Elisabeth suit son exemple, bientôt après

du comte d’Artois, deviennent, autour de

les

Que de

de cette charmante fan-

fixer l’histoire

mémoires. Le Petit-Trianon, que métamorphose où

les rochers.

Ermenonville, Morfontaine, Maupertuis, et l’Auteuil

!

Boufflers,

la

arbres et

les

anglo-chinois

«

villas

rocher et

le

d’Italie qui

ruine,

la

».

ne

Rien

les plus fervents

semble

s’éloigner

ont enchanté sa jeunesse. Mais

il

motifs presque indispensables des

jardins partout projetés, sont des plus familiers au pinceau de l’artiste.

Il

est

tout indiqué pour en donner des dessins variés aux architectes-paysagers qui l’interrogent, et

pour mettre

les

ressources de son imagination au service des

grands personnages férus de nouveautés jardinières, qui leurs intérieurs.

l’abbé Del

i

N’est-il pas

aussi

qui va chanter, en un

lie ,

du jardin français

nouveaux ou

Ne peut-on

?

même

première occasion «

culbute

à l’anglaise les

»

de Watelet

poème fameux,

croire

qu’il

et

lui

les

dans

les

est offerte.

conditions les

la

et

le

déjà décorer

compagnon de

transformation élégante

plaît

lui

d’être appelé à les faire naître

C’est à Versailles,

déjà

l’ami

lui font

de peindre des

sites

?

plus

Batteuses,

que cette

Sous l’influence de Marie-Antoinette, qui

parterres et les potagers de Trianon, on rêve de mettre

bosquets du parc de Louis XIV.

On prétend que

sont vieux, à moitié morts, et qu’il est nécessaire de les abattre

;

les

arbres

mais depuis


LE ROI LOUIS XVI ET LA REINE MARIE-ANTOINETTE, A L’ENTRÉE DU TAPIS VERT, DANS LES JARDINS DE VERSAILLES Détail d’un tableau peint en 1775 (Musée de Versailles









LES SUCCES A PARIS longtemps

si

s’accumulent contre

critiques

les

mêmes

croire à des arrière-pensées. Les

goût du jour

le

château du Grand Roi, au prix d’effroyables sacrifices, hésitent

le

20 novembre 1774,

ments, a

fait

qu’on peut

architectes qui veulent rajeunir au

moins encore devant l’œuvre de Le Nôtre, Dès

l’illustre jardin

annoncer

décoration et des

la

taillis

le

et c’est

par

là qu’ils

ont commencé.

comte d’Angiviller, directeur général des Bâti-

vente de

«

tous les bois de futaies, de ligne et de

en massifs des jardins de Versailles et de Trianon

».

L’année 1775 voit s’accomplir ce grand désastre, et Robert en profite pour

composer deux tableaux, commandés

d’ailleurs

l’année suivante, au prix de 5,000 livres.

du Roi

le service

les arbres...

de vue de l’un est pris au haut du Tapis-Vert, à gauche, entre

Puget

et le

groupe de Castor

Pollux

et

;

et livrés

représentent, dit le mémoire de

« Ils

de Versailles lorsqu’on en abattait

le jardin

l’artiste,

pour

on voit

Canal dans

le

le

Le point Milon de

le lointain.

point de vue de l’autre est pris des Bains d’Apollon, dont on voit sur

devant du tableau, à droite, un des groupes de chevaux le

fond,

On

vue.

que d’autres accessoires qu’on

ainsi

précieuses toiles de renseignements

plaisir les

à rendre

villas

bas-reliefs,

»

Le peintre

de tous

il

;

genres.

des groupes importants déplacés aujourd’hui

dorés du Bosquet des le

Dômes

reconnaît, à côté de le roi

minent sans apparat dans

rement avec

la

eu

a

Il

;

quelque

comme dans

fait

il

Colonnade

apparaître,

et les

pavillons

mêle à ces scènes de destruction, où

des groupes élégants

de gens de cour,

balançoire improvisée par des enfants sur

Louis

XVI

les allées

promeneurs.

les

il

;

dernier mot,

tronc d’arbre coupé,

rempli pour nous

a

marque l’emplacement des grands vases décorés de

à travers les taillis ébranchés, les arceaux de la

l’on

dans

pu découvrir de ce point de

longs alignements de statues, s’étageant

les

romaines

bûcherons ont

est

le

dans ces deux tableaux beaucoup de personnages analogues

a placé

au lieu où ces tableaux ont été exécutés. ces

a

Château

le

;

Le

Il

et la reine Marie-Antoinette,

encombrées

existe,

dans

les

les et

un

qui che-

et s’entretiennent familiè-

collections

impériales de

Russie, des répétitions de ces tableaux, avec des variantes assez nombreuses,

les

toiles

personnages envoyées

à

l

royaux ne figurent point

;

ce

sont

apparemment

les

impératrice Catherine, qui valurent à l’artiste des ollres


HUBERT ROBERT

5t;

morceaux originaux

flatteuses de s’établir à Saint-Pétersbourg. Les

de 1777,

Salon

tableaux

la

de son exposition, avec

plus intéressante partie

Ermenonville

d’après nature à

faits

firent, «

au

deux

Les autres appartenaient au

».

marquis de Ségur, au marquis de Séran, à l’abbé Terray, aux marquis de

charme de leur

ajoutaient au

curieux

Ceux du Roi surtout furent remarqués, car

de Poyanne.

Bouthillier et

sur

les

gris argentin

ce

transformations

de renseigner les

l’intérêt

»

ils

de Versailles.

Robert, à cette heure, y prenait une part active. Désigné par ses derniers travaux, présenté peut-être à

des leçons de dessin, faire

précisément dans

fut

demandée

et

Madame

Elisabeth, à qui

grand massif des jardins où

le

destruction des anciens

Reine par

«

Bains d’Apollon

».

il

l’origine

l’aquarelle qui lui

qui servit de point de départ au projet nouveau.

d’Apollon servi par les Nymphes, que Girardon à

pour

la

«

donnait

avait représenté la

Nous avons

rocher fut construit en forme de grotte pour abriter

tées

il

consulté pour l’aménagement qu’on projetait de

était

il

la

Grotte de Théthys

s’abritèrent sur d’autres points

et

»

le

du rocher, d’où

vaste

groupe de figures

Regnaudin avaient sculples

;

Un

«

Chevaux du

l’eau jaillit en

dante dans un bassin creusé au milieu d’une pelouse

;

et

Soleil »

nappe abon-

des arbres furent

plantés en grand nombre, qui devaient encadrer un jour de majestueux feuillages ce décor où se mêlaient, de façon inattendue, les graves compositions

de

louisquatorzien et

l’art

prépondérante lettres

[irise

adressée

est

l’Arsenal

»

l’une du

M.

à

«

1

er

Robert,

juin 1777, l’autre

de

peintre

de

concert

les

avec

Bains d’Apollon

vous

d’aller en avant. Je ne

par

l’exécution.

a

tout

ce

1

er

l’Académie

Comme

le

sieur

les réflexions <pie

<(ue

service du Roi.

j’ai

le

et

dont Sa Majesté a pris

sieur

Boucher,

la

sculpteur, je

je

vous avais

peine de voir viens

le

mars 1778. royale,

à

chargé de vous

modèle exécuté

de charger M.

pouvais confier cet objet important en de meilleures mains

ne peut en cire douteux au

les avis et

du

:

Le Roi ayant agréé, Monsieur, l'exécution du projet que former pour

Marie-Antoinette. La part

en ce travail par Hubert Robert est attestée par deux

de M. d’Angiviller,

Celle-ci

caprice agréable de

le

moyen de

la

surveillance que je vous

Boucher réside

à Versailles,

vous suggéreront vos

il

demande dans

et le

Thévenin le

succès

cours de

pourra suivre journellement d’après

visites successives. Je

m’en remets là-dessus

droit d’attendre de vos connaissances, de votre goût et de votre zèle pour le


Tu





19 :

\

n

î/MBr

.4

,7

SBHD


/




LES SUCCES A PARIS

57

L’architecte Thévenin s’étant mis à l’œuvre sans retard, les figures furent

placées sur

rocher par les soins de Boucher au mois de septembre 1780.

le

Sur l’ordre de M. d’Angiviller,

avec Pajou pour assister à cette mise en place,

sailles

Robert n’y manqua point.

que

Premier Peintre Pierre se rendit

le

l’opinion,

et

les

ouvrage

Cet

lui

honneur dans

grand

fit

contemporains surent apprécier, devant

Ver-

peut croire

l’on

et

à

décor un peu

le

sec qu’ils eurent sous les yeux, ce que l’artiste avait préparé pour l’avenir «

Ainsi

formé, écrit Del

s’est

i 1

le

,

superbe rocher de Versailles, dont

ce

l’effet

ne peut être deviné que par l’imagination, qui

coiffé

de beaux arbres

vraisemblance

et

et

orné de ce que

de beauté.

»

le

titre

de

lui fut

temps

le

Hubert Robert

outre ses honoraires de 6,000 livres, par

du Louvre, qui

accordé dès 1778.

Ce

».

même temps

titre le

le

plaisir

longtemps

le

serviteur, et de créer autour

sol

avait été

natal,

rare d’asservir à

et ce peintre

;

ses rêves

de

la

lui,

nature sur son

beauté vivante des jardins.

la

Quand on parcourt près d’Etampes, Méréville,

de prendre

désignait à toute

de paysages put se donner il

récompensé,

fut officiellement

une riche clientèle désireuse de suivre l’exemple du souverain

dont

donner de

seul peut lui

obtint en

Il

voir d’avance

fait

le

don d’un logement aux Galeries

le

dessinateur des jardins du Roi

«

:

trouve à chaque pas

on

les

traces

les

de l’immense parc de

restes

d’une des œuvres les plus

importantes d’Hubert Robert, qui collabora, pour transformer ce coin de

Reauce,

avec l’un

Laborde.

Homme

des plus honnêtes financiers du temps,

la

Jean-Joseph de

de goût autant que de caractère, M. de Laborde, après

avoir réussi dans Paris de grandes entreprises de construction et vendu au

duc de Bourbon son château de La Ferté-Vidame, où réception magnifique l’empereur Joseph Méréville

le

modèle

le

II,

décidé

s’était

un

à

honoré d’une

du parc de

faire

aménagement de

Juinne, qui

et

de ponts. Vernet y fut convié à donner des avis

le traversait,

idées

avait

plus accompli du jardin nouveau. La petite rivière de

la

part des

il

se prêtait à

qu’il professait

facile

lui-même sur

ajouta au décor naturel les ruines d’usage,

le

et

lacs, d’iles

Robert y réalisa

plu-

la

pittoresque du paysage

la laiterie,

le

;

il

temple rond entouré 8


HUBERT ROBERT

58

d’une

colonnade,

quelques autres édifices que

valoir

firent

d’arbres agréablement disposés. Le plus curieux fut

bouquets

les

tombeau de Cook

le «

»,

formé d’un dôme supporté par quatre colonnes tronquées suivant l’ordre de

Pæstum,

et qui rappelait, avec la popularité

des deux

fils

du grand navigateur,

du châtelain, compagnons de La Pérouse dans son voyage autour

du monde. Robert peignit, pour

les

appartements de Méréville, des tableaux

de ruines et de grandes vues du parc, qui ont été conservées dans de Laborde

et

pour centre

le

dont

exécuta aussi des réductions. Dans

il

pont rustique,

le site est

paître leurs troupeaux au pied

de

filet

mémoire

la

la rivière.

compagnies sur

sauvage

du temple,

bordé de peupliers

le lac

une colonne rostrale à l’antique,

et,

et

rocheux

paysage qui a

des bergers font

;

des pêcheurs tirent leur grand

et

Dans un autre tableau, des

et

le

famille

la

bateliers conduisent d’élégantes

de saules pleureurs, dominé par

au delà du pont chinois,

château

le

dresse ses tours et ses tourelles, ce qui faisait alors un mélange fort goûté

de souvenirs de tous temps et de tous pays.

comme

Robert prend-il part,

le

veut une

à la création

tradition,

des

Folies-Mousseaux, ce jardin dessiné par Carmontelle, qui est devenu dans Paris le Parc

Monceau

ment que par

les six

comte d’Artois

et

lui-même en 1784

?

Contribue-t-il à l’embellissement de Bagatelle, autre-

panneaux des bains, qui

dont l’un porte ?

commandés par

sont

lui

date des restaurations qu’y

la

Beaucoup de jardins se réclament de

fait le

l’artiste

le

peintre

en vogue,

qui n’est pas avare de ses conseils et renseigne volontiers les connaisseurs.

Mais, en ce genre, sa grande celui

du château de Betz, où

œuvre authentique princesse de

la

est,

avec

Monaco

rêveries tendres, à convenable distance de Chantilly et

On

y retrouve encore debout

écrit

la

le

est

parc de Méréville,

venue abriter ses

du prince de Condé.

plupart des fabriques de Robert, et

le

poème

en 1785 par Cérutti sur Les jardins de Betz en explique abondamment

la signification et les

symboles. Une

jolie rivière

du Valois,

la

Grivette, avait

été utilisée pour former des îles, refléter un kiosque et un pont chinois. Près

d’un temple druidique,

qui a disparu, se dresse une tour féodale, dont

ruine factice fut soigneusement préparée, à l’intérieur

pour amuser

les

yeux

et

récréer

1

imagination.

Une

comme

la

à l’extérieur,

petite pyramide, sur

un





/






LES SUCCES A PARIS

59

socle élevé, portait en lettres d’or une inscription rappelant l’indépendance

de l’Amérique, «

une avenue de cyprès, de mélèzes, de pins, de sapins,

et

toute la famille des arbres mélancoliques

conduisait à deux faux sépulcres

»,

revêtus d’épitaphes gothiques, qui donnaient son

beaux

».

Après

cascade, les bains rustiques,

la

par un véritable ermite,

les rochers, habité

tecture

du

délicate

Temple de

«

l’Amitié

le ».

la

nom

à la

chapelle et l’ermitage dans

promeneur rencontrait

Pigalle, l Amour et

;

l’intérieur contenait

VAmitié ;

et partout des inscriptions

de

en vers expliquaient

sentiment.

Petit-Trianon, la légende se trompe entièrement qui veut reconnaître

l’œuvre d’Hubert Robert dans les charmantes créations de

par

était

retouchée par Dejoux, du groupe célèbre

plâtre,

les allégories et sollicitaient le

Au

l’archi-

Le fronton triangulaire

soutenu par quatre colonnes ioniques formant portique

une reproduction en

Tom-

Vallée des

«

la fantaisie

du

ses idées pour le

même

temps. Le

«

1785, l’avant-projet de

et

des plus diverses

il ;

;

il

de 1,200

liv res,

»

donné la

a fait à Versailles, en

nouvelle salle de comédie, improvisée dans

la

a

a été appelé à

velle aile de Gabriel et a surveillé les travaux de peinture et

mais, à Trianon,

Reine, inspirées

dessinateur des jardins du Roi

remaniement de ceux de Compïègne

Cour pour bien des besognes

la

la

nou-

l’aménagement

;

semble n’avoir été mandé que pour y peindre. Un mémoire fourni par lui à M. d’Angiviller, décrit un tableau de dix il

pieds dix pouces de haut, sur deux pieds quatre pouces de long, placé au petit château,

dans l’appartement de

Reine

la

et qui représente «

une illumi-

nation donnée dans les jardins du Nouveau-Trianon au jour d’une fête s’agit sans

doute de

son frère Joseph

nocturne de 1781, offerte par Marie-Antoinette

la fête

II,

et

».

qui eut

pour centre

le

est prise

On

du point où

le

si

goûté et

Temple peut

voit circuler, à travers les allées

rivières,

les

si

il

célébré des assistants. La scène

se refléter entièrement dans les eaux.

du jardin anglais

groupes brillants d’invités

à

Temple de l’Amour. Une

esquisse du peintre nous permet, à défaut du tableau, de savoir quel parti avait su tirer de ce spectacle

Il

;

on retrouve

et

les

sur les berges des détails des descrip-

tions contemporaines, l’éclairage discret produit sur les massifs d’arbustes et

de fleurs par

les terrines

«

cachées par des planches peintes en vert

»,

et


HUBERT ROBERT

60

cette clarté resplendissante jetée sur la blanche

de fagots enflammés dans

le

colonnade par

les centaines

L’étroite planchette où l’artiste a rendu,

fossé.

en quelques touches hâtives, l’opposition de l’ombre des bosquets et des feux

allumés de tous côtés, du mouvement de la

de

foule et du calme poétique de

donne une preuve nouvelle de son habileté

nuit, la

la

de sa charmante vision

et

contemporaine.

vie

M. d’Angiviller, qui estimait Robert à son mérite

et mettait

si

souvent à

l’épreuve sa bonne volonté et son savoir-faire, l’associa vers cette époque à

une tentative importante qui devait, dans sa pensée tout le public instruit, le

donner au règne de Louis XVI

règne précédent avait

brillé.

C’était la

comme

dans celle de

l’éclat artistique

création de

dont

Muséum

ce fameux

royal du Louvre, destiné à réunir, dans la longue galerie unissant ce palais

aux Tuileries,

temps de Louis ture du

même

riche collection des tableaux

la

XV

Muséum du

;

du

Roi. L’idée remontait au

divers écrivains l’avaient suggérée, surtout après l’ouver-

Vatican en 1773; l’abbé Terray, contrôleur général, avait

mis à l’étude un projet précis. L’opinion éclairée se réjouissait de voir

présenter

l’étude des

à

artistes et

à

curiosité

la

des amateurs un cabinet

magnifique, dont les éléments restaient disséminés dans les maisons de Sa

quelques morceaux seulement étaient,

Majesté; au

au

public

palais

du Luxembourg.

1777, car les principales gazettes du

L'Année

littéraire

du Louvre Musée,

le

est

,

Le projet

temps

le

prit

corps au cours de

mentionnent

par exemple, annonce dans son

«

Salon

»

à cette

que

époque.

« la

galerie

destinée à former un cabinet de peinture et que ce superbe

plus beau de l’Europe,

France

produits dans tous les genres

Du Pont de Nemours

la

renseigne

margrave régnante de Bade sur cette grande

a

hommes

sera décoré par des statues des

célèbres que la

montrés

certains jouis,

à

».

galerie,

«

où l’on

veut rassembler un jour l’immense quantité de tableaux qui existent, ignorés,

dans

les

garde-meubles des diverses maisons royales

nécessaires à

la

décoration de ces maisons

cratc, fait faire, tous les ans,

«

».

et

Le Roi, ajoute

qui

ne sont pas

l’écrivain physio-

quatre grands tableaux d’histoire qui doivent

entrer aussi dans ce vaste Muséum,... genre de travail que

la

grandeur des


CANAL DANS UN PARC FRANÇAIS (

Collection Camille Groult)









LES SUCCES A PARIS que

palais d’Italie a fait naître,

modernes

fices

par an que M.

le

comte d’Angiviller le

grand genre

le conseil

dont

les arts

il

sage de consacrer à

Le feu Roi

est le ministre.

de mauvais

bâtiments

»

Tout ce mouvement dans velles, est

mande

Muséum

de Français

illustres

les

statues

du grand dessein, avril

qui annonce l'essor de pensées nou-

les arts,

soutenu par l’idée du

historiques, M. d’Angiviller

l

donné

a

C’est environ 24,000 francs

davantage en dessus-de-porte pour des

dépensait

ur

construction un peu mesquine de nos édi-

avait fait négliger et dégénérer.

encourager dans

goût.

la

61

1778,

et

il

nomme un

royal. les

et

En même temps toiles

qu’il

moraux ou

sujets

à

comité chargé de préparer l’exécution

y intéresse tout d’abord Hubert Robert.

au Premier Peintre Pierre

Monsieur, vous ayant instruit de

mon

com-

:

«

écrit,

Il

le

Mes conférences avec vous,

plan de comité pour un examen appro-

fondi et définitif de Rétablissement de

la

Galerie du Louvre en dépôt des

tableaux du Roi, je vous informe aujourd’hui que je viens d’écrire à Messieurs

Intendants généraux pour leur annoncer mes intentions. Je leur marque

les

que

je

vous

ai

nommé

pour former ce comité avec eux, MM. Robert

que vous y inviterez de Bâtiments), qui, déjà elles seront je

ma

part, et

MM.

et Pajou,

Ileurtier et Brébion (architectes des

prévenus par moi, se rendront aux assemblées quand

convenues entre vous

et

MM.

les Intendants. Je leur ai

adressé et

vous remets également une notice des objets capitaux qui doivent

base des réflexions du comité, qui pourra, d’ailleurs, et que j’invite s’étendre sur toutes les autres vues qui

spéculations d’un

monument

lui

et

la

même

à

paraîtront devoir entrer dans les

qui est une affaire nationale...

Le comité, dans lequel Pierre

faire

Robert représentaient

»

les peintres leurs

confrères, étudia toutes les questions d’aménagement, d’éclairage, de sauve-

garde contre l’incendie, qui furent soumises à ses délibérations devis de travaux de réfection et d’appropriation de

notamment de

galerie,

la

l'éclairage le plus favorable à la peinture,

il

;

que

les

établit les

et s’occupa

uns voulaient

obtenir par les fenêtres existantes, les autres par des vitrages dans fond.

L’Académie de peinture consultée opina, sur

l’avis

l’éclairage par le haut, qui se trouva décidé à la veille de

la

le

pla-

de Robert, pour Révolution. Afin


HUBERT ROBERT-

02

d’assurer l’installation des collections et l’enrichissement méthodique prévu

«

du public,

l’avantage

à

gardes du

Muséum

»,

avait paru nécessaire

il

dont

le titre et les

conservateurs de musée. Le premier le

brevet suivant

travaux équivalaient à ceux de nos

garde

«

nommé

»

Roi étant à Versailles, voulant

le

Robert, peintre de son Académie de peinture et de sculpture,

elle

ordonne d

ordres du Directeur

établir en son château

retenu et

l'a

du Louvre, pour

Ordonnateur de ses Bâtiments,

et

traiter favorablement

sieur

le

en qualité

le retient

destinés à la formation et décoration du

d'un de ses gardes de tableaux, statues, vases, etc.,

Muséum qu

encore Robert, par

fut

:

Aujourd'hui, 24 juin 1784,

les

de choisir sans retard des

exercer cette place sous

lui

sous

etc., et

direction du

la

Premier

Peintre du Roi, aux gages et appointements qui seront fixés et portés sur les états de dépenses

des Bâtiments.

Mande

ordonne Sa Majesté au sieur Charles-Claude de Flahault de

et

derie d'Angiviller, Conseiller du Roi en

ses Conseils..., de faire jouir

ledit

la Billar-

sieur Robert du

contenu au présent brevet, que, pour assurance de sa volonté, Sa Majesté a signé de sa main fait

contresigner par moi, Conseiller secrétaire d État,

et

et

de ses commandements et finances.

Louis. Amelot.

Pour ces fonctions de confiance, qui chargeaient fort surveillée

par

public,

le

lègue, le peintre Jollain,

qu’en 1787 et fixés

à

le

traitement de Robert et

nommé

quelques mois après

la

celui

de son col-

ne furent établis

lui,

1,500 livres; mais, dès 1784, une correspondance relative

aux acquisitions est établie entre M. d’Angiviller surprise que

d’une mission

l’artiste

première proposition

faite

et

Robert,

et

on y voit sans

par celui-ci s’applique à un tableau

de son maître Panini, important morceau provenant du duc de Choiseul qui est

acheté au prix de 6,000

peintures proposées à

livres.

du Roi, par

l’acquisition

vents, les marchands, par exemple

Robert est chargé d’expertiser

lot

le

particuliers,

les

de tableaux que

le

sieur

les

et les

cou-

Lebrun

a

rapportés de son voyage en Hollande. C’est toute une partie de l’activité de notre peintre, que nous ne pouvons songer pièces nombreuses qui

des choses de tout

les

l’art,

intérêts

la

révèlent

;

elles

impartial dans

dont

il

a

la

et

mêmes

connaître

montrent en

ses verdicts,

charge

service du Roi, sont les intérêts

à. faire

qui, sous

de

la

lui

nation.

malgré

les

un juge compétent

attentif à le

ici,

nom

soutenir avant traditionnel

de


JET D’EAU DANS UN PARC FRANÇAIS ( Collection

Camille Groult)









LES SUCCÈS A PARIS

63

La carrière de peintre d’Hubert Robert, avec sa production abondante

et

jusqu’à la Révolution

variée qui dure sans défaillance

ne se trouve point

,

desservie par les occupations accessoires d’un esprit réglé, laborieux, et dont l’admirable souplesse

Pour en juger,

suffit à tout.

recherches de

les

ment avec

l’art

de l’Académie.

terrompt notre examen des démiciens semble ne plus

du Louvre,

«

suffire à notre artiste

asile

et

qui

comte d’Artois

la

seul

à

,

Robert

qui vaut à

» qu’il

rendez-vous des aca-

même temps

en

;

le

mettra, les années

qu’au Salon

des oeuvres

suivantes, des ruines et

public admire trois toiles

même

s’in-

débuter avec une vue de l’entrée

voit

commandées par

couvert d’un

canal

brouillard

»,

avec des femmes jouant à

d’Italie »,

du Capitole

partie de la cour

ambulants. Des tableaux du au marquis de Véri

le

dans des jardins

Une

«

le

Salons

moment où

1779,

Correspondance,

la

Une pêche sur un

«

:

jet d’eau

main-chaude;

riche,

il

Au Louvre,

d’Italie.

Un grand

des critiques,

livrets et

de l’Orangerie de Versailles;

le

partir de l’année

expose au petit Salon de

il

moindres trouvent

des vues

A

«

confond alors presque entière-

qui se

français,

l’art

aux

tous les deux ans, s’affirment les efforts

faut revenir, à ces expositions où, et

c’est

»,

avec des musiciens

genre, appartenant au comte de Brionne,

M. de Thésigny

complètent une exposition

,

les éloges ordinaires.

fort

Le Journal de Paris revient

sur les réserves déjà formulées, et que les rivaux cherchent assez vai-

nement

à

répandre pour lutter contre l’engouement général

:

«

Il

ne paraît

pas être au pouvoir de l’artiste de porter ses ouvrages à un certain degré

de

en

fini,

brillent

sorte

qu’ils

ont tous

une couleur aimable

et

l’air

de grandes esquisses avancées, où

un bon

effet;

s’il

plus les détails et soigner davantage les figures,

de mérite. Robert

»

Par contre,

de Vernet.

exposés ensemble et

il

est vrai

en pendant,...

:

Il

«

Du Pont de Nemours

compare

deux

«

ses tableaux doubleraient

n’hésite

brouillards

plus à »

qui

rapprocher se

trouvent

C’est le plus grand éloge qu’on puisse faire de Robert,

que ce tableau la

les

pouvait rendre un peu

est son chef-d’œuvre.

couleur en est trop argentée

;

Le Jet d’eau qu

vous préférerez sa Cascade,

qu’on peut encore mettre immédiatement après Vernet, et son Colisée est aussi

de

la

plus grande beauté.

»

offre

il

,

qui

Ce témoignage, parmi d’autres qu’on


HUBERT ROBERT

64

pourrait

montre que

citer,

ne l'égalèrent jamais tout à

meilleurs jours, Diderot, qui

contemporains de

les

fait

ses adieux à

italiens,

mais crus de couleur, avec des sécheresses que

œuvres principales du peintre rappellent,

du 8 juin

nuit

mais cet

Diderot,

figures sont tage...

d’une

effet

dur

est

mal dessinées. L’intérieur de à

son point de vue trop au milieu de oppositions

nous

lui

a laissé,

trouvées

eût

qu’il

Nous

scène.

comme

de ceux qu’on

lui

arrangement plus

sur les

»

,

le

tiré

style,

de

Ses

«

ruines de Carthage

»,

et

de Grenelle, qui va devenir duc de

de

titres

littéraires

Ruines

ruines de

Rome

».

Rome,

comte de Yaudreuil

Brissac,

On

le

un

«.

la

et

monument

des

Il

.

«

noter

faut

Marins assis rue

la

prêchant

au

»,

intentions bien

fleurs

ses

statue de Marc-Aurèle

voulant cueillir des (leurs eu haut d’un

doivent

verra bientôt revêtir ses œuvres

Une Marchande de bouquets vendant

beau de Titus, au pied de

à

éclairé par le

Capucin

«

fait

traités pai* l’ar-

sujets

les

abondants qui soulignent des contrastes :

ne

Choiseul-Gouffier,

dans

à

temple bâti

d’un

comte de Cossé, l’amateur de

au

qu’il

petits

montre encore tout

L’Arc de Titus à

du cabinet du

la

de Marly. Mais

les jardins

le

«

comte de

du cabinet du

tirées

peuple dans les

pris

de

habile

vendu, par exemple, au comte de Toulongeon un

a

Il

du Louvre, d’avoir

devait déjà, en dessins et en pein-

l’introduction plus fréquente de l’anecdote tiste.

davan-

plaît

Le Salon de 1783 présenta deux

aux sujets d’antiquité romaine.

couchant

me

les

et

savons gré, pour notre compte, du document parisien

guère différer, par soleil

écrit

l’effet,

assez d’air,

la

en feu et de s’être privé des

l’édifice

l’ensemble de son envoi, qui est important,

»,

deux

les

;

qui avait peint son tableau

l’artiste,

tableaux de Robert, peints d’après nature dans

Athènes

de

fait

salle incendiée

la

dans un

tures, sur l’incendie de l’IIôtel-Dieu.

fidèle

»

un événement tout

n’y a pas

il

l’Académie de peinture, place

de

croisée

n’aime pas

je

cette année-là,

sec;

et

On reprocha généralement

»

«

L’éruption de l’incendie de l’Opéra

«

:

de 1781, y retrouve très agréables, dit-il,

de l’Opéra, installé au Palais-Royal, qui a brûlé dans

l’incendie

récent,

ses

critique au Salon

la

paysages

Robert avec ses ruines et ses

en

Joseph Vernet.

à

fait

même

Robert,

«

ruiné,

sur

le

tom-

Un jeune homme, se précipite dans


X

a

a x





<





LES SUCCES A PARIS un tombeau antique

etc.

»,

du public

Salons

des

les livrets

qui s’emparent

ment aux goûts

comme

La rédaction de ces lignes,

dans

celles qui y ressemblent

65

correspond assuré-

,

formes de l’imagi-

à certaines

et

de toutes

nation du temps.

Hubert Robert

a

une partie de

visité

Provence

la

du Languedoc, pour

et

en peindre les sites et les monuments. C’est en l’année 1783 que se place cet intéressant voyage, qui le

tunément en contact avec

la

munit de motifs nouveaux nature. Les tableaux et

de 1785, pour lequel

critiques sur le Salon

il

la

dessins datés, et les

n’existe pas de livret,

mettraient sans doute de constituer son itinéraire.

région privilégiée de

ceux

qu’ils

ont

Il

il

vrai,

est

qu’à

sont

Italie;

il

inspiration dont

1

pour cette peinture de ruines qu’on ne cesse de

réussit,

n’y

en

laissés

part afin de les étudier, voulant rafraîchir en leur présence a besoin

que, dans une

sait

Il

per-

France, des édifices du temps des Romains

conservés, d’une importance égale à

il

remet oppor-

et le

demander.

lui

demi. L’un des grands tableaux, que

le

comte du Nord emporte en Russie, groupe, dans une juxtaposition singules plus célèbres

lière,

Nîmes, les

la

Maison Carrée,

Mémoires

bizarrerie

monuments antiques de Pont du Gard,

révoltante pour le spectateur

péchait-il pas plus

du Tibre,

par

le

chez

,

gravement, quand

palais

du Capitole,

un incendie

à

le

lequel

idéal,

remarquent

supposer trop

c’est

bon goût

encadrait

il

ou dressait

Pierre dans un affreux paysage de rochers

incriminée représente

Arènes de

:

rempli de ressources dans son

inventif,

pèche souvent contre

vouloir être original,

assemblage

«

les

France

qui n’ont jamais existé ensemble,

d’édifices disparates

secrets,

d’ignorance; M. Robert,

Ne

le

la

?

Rome

,

le la

et

le

;

elle s’éclaire

compromet invraisemblablement, de

la

deux

vérité toiles

sont le

la

basilique de

Le pendant de

la

aperçu à travers

la

Portique d’Octavie (Poissonnerie de la

Saint-

composition la

colonnade le

tableau

voûte et qui

solidité de l’édifice.

destinées au marquis de Montesquiou, et

».

Panthéon, au bord

par un trou percé dans

dit-on,

pour

bon sens

d’une galerie. C’est encore une galerie, mais ruinée, que montre

du comte d’Adhémar

art,

Plus près

Rome), une des

vue du Temple de


HUBERT ROBERT

GO

Diane, à Nîmes,

qu’animent des figures à l’antique

moins l’étude attentive

par

faite

le

prouvent du

qui

et

monuments récemment passés

peintre des

sous ses yeux.

Les connaisseurs goûtèrent

surtout

parmi

cette année-là,

,

les

tableaux

de Robert, de petits paysages appartenant à l’archevêque de Narbonne, qui présentaient fidèlement deux des la

Fontaine de

avec

nature

la

peintres, et naître

si

;

Vaucluse et

sites

exactement

mêmes

et

,

l’ensemble des pierres vitrescibles et primitives

de Vaucluse, non pas de

site

rocheux qui l’histoire la

de

précède

;

elles

fait

pendant à

l’archevêque de

château de Pétrarque

rusé

candeur des bons

la

Soulavie

de recon-

,

dans

,

roches d’Olion,

les

Robert a

».

les

fait

deux vues

fontaine, à vrai dire, mais du vallon

la

sont également sûres

»

la

gorge d’Olion

Narbonne

,

et

Salon de 1785 reproduisent sans

communs,

tains clairs et légers

le

et

,

intéressantes pour

qui est

construction

la

ne se profile pas sur

fond de montagne rocheuse qui ferme

leur sont

ici

d’une de nos merveilles aujourd’hui défigurée par l’industrie. Dans

toile qui

celle

la

Provence,

calcaire de Vaucluse,

pierre

la

la

n’avait point

rendre avec

la

coupes particulières à ces sortes de pierres

du

On

s’étonnaient, avec

caractère de

le

«

célèbres de

Roches d'Olion.

les

on n’avait cherché qu’à

les naturalistes

plus

les

le

médiévale

«

le

deux tableaux du

éléments pittoresques qui

les

dur voisinage des eaux

dite

mais sur l’admirable

ravin. Les

l’étroit

monotonie

ciel,

conséquent

par

et

de

la

pierre et les loin-

du pays provençal.

Les quatre grands tableaux, qui sont au Louvre, gardent quelque chose de ces qualités.

Ils

commandés en

furent

appartements de Fontainebleau exposa au Salon de 1787.

Les

et

1786,

pour

la

décoration des

payés douze mille livres.

deux premiers représentent

les

L’artiste

monuments

de Nîmes, l’intérieur du Temple de Diane et un groupement de Carrée, des Arènes et de fice

qui n’est pas

la

Tour Magne

;

le

;

la

Maison

troisième réunit, par un arti-

sans charme, l’Arc de Triomphe et

au Mausolée et au Petit Arc de Saint-Remy

les

le

le

Théâtre d’Orange

quatrième est consacré au

Pont du Gard, qu’un rocher, placé ingénieusement, empêche de voir dans sa trop

grande longueur. Sur toutes ces

toiles

joue

la

limpide lumière de


*

a o Q H

P O Z < P

'6

=3

a

3 ÂŤ

ÂŤ

O

O

| 2c. a

c b*

O P P P

ti

o o -c a,









LA

SOURCE

Détail d’un paysage (Musée du Louvre

)







LES SUCCES A PARIS notre Midi, qui suffirait à les animer;

de nombreux

mais un peu nière, la

personnages

vêtus

factices, errent

à

parmi

le

67

peintre les a pourtant

l’antique, les débris

dont

les

enrichies

groupes soignés,

d’architecture.

Dans

la

der-

des scènes rustiques, justement observées, ajoutent plus d’intérêt à

présentation du célébré aqueduc.

tableaux, est

ici

Le

ciel,

presque pur dans

parcouru de nuages pourprés, qui jettent sur

vénérables des arches romaines leur ombre

menaçante

.

les autres

les

pierres

Ces contrastes de

sentiment, ces raffinements de composition, servis par un métier très sûr, font peut-être de cette série le chef-d’œuvre d’Hubert Robert.

en tout cas, de

le tenir

prètes sincères de

la

Elle permet,

en bonne place parmi nos paysagistes et

beauté de

la

France.

les

inter-






'

1






Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.