Bôston Pqbliç Librwy
3c-
ALEXANDRE PIEDAGNEL
MILLET
J.-F.
SOUVEO^I'KS
UN PORTRAIT
et
DE "BA^BIZOU^
NEUF EAUX-FORTES PAR
Maxime Lalanne, Ad. Lalauze, Piguet, Rops, Saint-Raymond et Alfred Taiée
Charles Beauverie, Félicien
Et un fac-simih d'autographe
PARIS V^'^
A.
CADART. ÉDITEUR
Boulevard Haussmann, 56
M DCCC LXXVI
VVvwT QaรงV
Digitized by the Internet Archive in
2010 with funding from University of
Ottawa
http://www.archive.org/details/jfmilletsouvenirOOpied
h
J.-F.
MILLET
r
5'
OUVRAGES DU MÊME AUTEUR
Les Ambulances de Paris pendant le siège, I
vol,
in-i2,
imprimé par
2' édition,
D. Jouaust, en caractères
elzéviriens. Librairie générale, Paris. 1871.
Jules Janin (1804-1874),
i
vol. in-i8, elzévir,
imprimé par
D. Jouaust, sur papier vergé de Hollande; l'eau-forte par
portrait à
Flameng. Librairie des Bibliophiles, Paris,
1874.
SOUS PRESSE Jules Janin, nouvelle édition de luxe, très-augmentée, avec portrait à l'eau-forte in- 16, elzévir (papier
et fac-similé d'autographe,
et Fischbacher, éditeurs, Paris, 1876.
EN PRÉPARATION Avril, poésies,
i
i
vol.
de Hollande et vélin teinté). Sandoz
vol.
Nouvelles et Fantaisies,
i
vol.
.
F.Rops.iav. et soulp
V^A, C a dart,E iiLt.Im.j,Paids.
ALEXANDRE PIEDAGNEL
\J 9
X
IVxlJL^X^l^ X
•
S0UVE7^I%S DE "BA^BIZOUX.
AVEC
UN PORTRAIT
et
NEUF EAUX-FORTES I-AR
Maxime Lalanne, Ad. Lalauze, Piguet, Rops, Saint-Raymond et Alfred Taiée
Charles Beauverie, Félicien
Et
lin
fac-simiU d'autographe
PARIS V^«
A.
CADART, ÉDITEUR
Boulevard Haussrnann^ 56
MDCCCLXXVI
Tire à 500 exemplaires sur papier vergé de Hollande.
— — —
25 15 5
— — —
sur papier de Chine.
sur papier
Whatman.
sur parchemin.
545 exemplaires, numérotés.
NO
TOUS
DROITS
RÉSERVÉS
AUX ADMIRATEURS DU TALENT ET DU CARACTERE
FRANÇOIS MILLET
ai
AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR
sur
'^ETTE étude
l'un
de
r auteur
il
y a
on:{e
ans,
au
retour d'un voyage
à Barhizon.
L'accent de sincérité de ces pages émues, si intéressants qu'elles
paru naguère dans
dans Paris-Journal,
et les détails
contiennent sur l'homme
l'œuvre, nous ont inspiré l'idée de
quelles ont
grands
française a été écrite,
artistes de l'Ecole '*'^i>>>ï?i^^''
des -plus
etc.
— M.
le
les
publier
et
sur
telles
Constitutionnel,
A. Piedagnel
vient
seulement d'ajouter à son travail primitif une notice
qui
complète. Les amateurs
le
tions précises,
maître, pastels
et
et
du
au sujet de
y puiseront
des indica-
l'ensemble des productions
résultat de la vente de ses
dessins, faite après sa.mort.
du
tableaux,
AVERTISSEMENT
viii
Nous
avons
vers d'Antoni
joint
à
Deschamps
et
appendice
utile
cet
des
d'Amédée Rolland, en
l'honneur de François Millet.
Les Souvenirs de Barbizon, que nous offrons aujourd'hui au public,
—
exprès pour ce livre
par
— furent
veurs
enrichis d'eaux-fortes, faites sept
de nos meilleurs gra-
très-favorablement accueillis lors de
leur apparition dans
les
journaux. Qu'il nous
permis, à l'appui de notre dire, de éloquentes
d'un
Feuillet, qui
a
illustre été
de Fontainebleau «
...
soit
citer ici ces lignes
académicien,
M.
Octave
longtemps bibliothécaire du Palais
:
La remarquable étude de M. Alexandre
Piedagnel, sur Millet et sa famille^ très-agréablement les impressions que tées de ce
a renouvelé j'ai
beau pays. Les aspects doux
des grands bois, l'atelier de
l'artiste,
son caractère, son intérieur, avec une émotion et
rappor-
et sévères
son
talent^
tout cela est peint
un charme qui
se
commu-
niquent. »
Un
critique des plus
vient d'émettre
la
autorisés,
même
M.
fuies Levallois,
opinion dans son
excellent
DE L'EDITEUR
volume sur Fontainebleau (Mémoires d'une Forêt), après avoir
dont
il
reproduit
s'agit
divers fragments
travail
dit,
:
«... Écrivain vaillant et consciencieux,
M.
Alex.
Piedagnel a consacré au récit de ses impressions des pages tout à d'intérieur,
peintre
fait
gracieuses.
Dans ce
tableau
très-réussi, la scrupuleuse fidélité
n'empêche
Les chaleureux
ni le
charme
ni l'émotion. »
de juges aussi
éloges
expliqueraient suffisamment,
au
du
compétents
besoin, la réimpression
de ces souvenirs intimes.
Rien
na
été
négligé,
publication sympathique
éminent qui a signé
Paris,
les
d'ailleurs,
pour rendre
aux admirateurs Glaneuses
Décembre 1875.
et
Jiotre
de l'artiste
/'Angélus.
MILLET CHEZ LUI
A.Lalaiize del.et 3cuLp.
yi? A. C a. (iar t j; dit Omp Pa;
J.F.MILLET;,
ILLET ,
CHEZ
LUI
SOUVENIRS DE 'BARBIZON
I
L
y
vais, par
une
un
soir
d'automne,
table hospitalière, entre
plus célèbres artistes de ce temps-ci Millet et
me
a quelques années, je
:
trouassis
à
deux des
MM.
J.-F.
Théodore Rousseau.
Notre conversation
avait capricieusement suivi
MILLET CHEZ LUI
14
cent méandres charmants. Les yeux brillaient, les lèvres
souriaient,
poumons
car chacun respirait
et se sentait
à pleins
heureux de. vivre dans
cette
atmosphère de cordialité exempte d'arrière-pensée. L'auteur du Vanneur m'avait, au dessert, très-
gracieusement promis un croquis. «
Tenez,
mon
cher ami,
je
vous donnerai une
paire de sabots,,.
— Mais^ des sabots authentiques signés — Parfaitement. De vrais sabots rustiques, mollà,
et
lement couchés sur un Ht de envie au maire
de
mon
paille, et
village.
?
qui feraient
Seulement
il
faudra venir les chercher.
— Où cela?
— A Barbizon, parbleu je
n'aime point
rester
sera le
pour
mieux
Et souvenez-vous que
installer
dans
faire pénitence... !
Bon
les apparitions.
vous devrez vous
y
!
mon
gré
mal
gré,
ermitage, et
Le plus longtemps
»
Par malheur, en ce monde, on n'est pas préci-
sément hbre d'exécuter
à jour fixe tous les projets
que l'on forme. L'aimable invitation du grand
.
MILLET CHEZ LUI
me
artiste
Mille et
renouvelée à
fut
un obstacles
me manquait pour paire de
aller lui
rendre à Barbizon, et
cher lecteur,
demander
cependant,
la
j'ai
temps
fameuse pu
me
vais avoir aujourd'hui,
je
plaisir
le
plusieurs reprises.
survinrent. Toujours le
Enfin,
sabots.
1$
mon
de
vous raconter
me
sera permis, n'est-ce
voyage. Mais, par exemple,
il
pas? de m' arrêter quelquefois en chemin^ pour faire l'école
buissonnière dans
des digressions
!
.
le
champ verdoyant
.
II
^A^^ ^=^
environs de Paris (tant vantés!) sont, en
général,
un peu trop
du convenu, des amours bals
«
lards,
sauté.
champêtres de
On
y abuse
frelatées et bruyantes, des
», des refrains banals et égril-
la friture
Le dimanche
près insupportables. rôtis
arrangés.
de goujons et du surtout,, ils
me
«
lapin »
semblent à peu
Les pauvres arbres y sont
avant l'heure et bien vite tout gris de pous-
CHEZ LUI
C\CILLET
sière
:
hélas
!
ils
essayent de vivre à cinq minutes
de chemin de fer du « foyer » de la civiHsation, et ce voisinage,
—
lièrement à leur santé Barbizon,
— plus
!
favorisé, grâce au ciel!
de Fontainebleau.
lisière
de
heure
et quart ces
est
On fait en une
douze kilomètres, dans une voi-
ture jaune citron, assez close,
—
delà de Melun, et sur la
situé à trois lieues au la forêt
— nuit singu-
faut l'avouer,
il
mal suspendue,
assez
mal
mais dont l'automédon, vigoureux gaillard
au teint
fleuri,
à l'œil émérillonné, garde invaria-
blement sa belle humeur.
Ce
compte à peine cent mai-
petit village, qui
sons, est
un
vrai village, d'un
aspect vivant et
pittoresque.
Chaque chaumière,
tapissée de
pampres ou de
glycines au feuillage en éventail, est précédée ou suivie d'un jardinet, entouré d'une haie d'aubé-
pines, et dans lequel la rose
compromettre
chou
—
frisé et à la
Toutes
les
tient
— sans craindre
volontiers
de se
compagnie au
romaine.
physionomies sont avenantes, tous
CHEZ LUI
D^CILLET
cœurs sont épanouis; toutes
les
du dehors par
être ouvertes
nuit aussi bien que le jour,
reux village, nul ne redoute jamais, de
un
seul
A
peuvent
premier venu, car,
la
dans cet heu-
les voleurs,
puisque
mémoire d'homme, on n'y en
a
vu
!
neuf heures, Barbizon
dormi;
les portes
le
—
ly
est
complètement en-
avant quatre heures du matin, tous les
habitants seront sur pied.
faut aller s'occuper
Il
des champs!
Les
«
petites
dames
»
sont inconnues dans ce
même
pays perdu, où l'on ne trouve
pas
un émule
de Figaro!
En
revanche, on y boit du
l'on s'y procure aisément
lait
sans mélange, et
des oeufs
frais et
des
déhcieux.
fruits
Là, tout
le
monde
travaille
;
chacun
sait se
con-
tenter de peu, la politique ne préoccupe personne, et pas
une misère ne vient assombrir
Vous Paris
A
le
voyez,
Barbizon
est
le tableau.
bien
loin
de
!
partir de
Melun,
la
route qui conduit à ce
—
C.CILLET
i8
— paradis
5.^
terrestre
Dammarie
CHEZ LUI
de Cliailly ont un
et
séduit à première vue.
files
de marronniers,
dont
les
Jacque,
le
du chemin,
lasser,
de longues
s'installent à
Barbizon aussitôt
quelques
autres
Théodore Rousseau*
bitude.
l'oeil.
peintre ordinaire de la gent
et
artistes
sincères
retour des hiron-
le
avait la
même
ha-
,
Depuis plus de vingt ans, triote
côtés
de pommiers et d'acacias,
emplumée,
delles.
de
coquet qui
nuances variées réjouissent
M. Ch.
villages
air
Des deux
voyageur contemple, sans se
le
Les
ravissante.
est
François
Millet
avec sa famille, et
il
mon
éminent compa-
y demeure toute l'année ne se rend à Paris que
par aventure, des affaires
si,
appellent impérieu-
l'y
sement.
Pour ce paysan au cœur
*
Mort
à la fin de décembre 1867.
à Barbizon, rien tre,
que cet
consacré un à la
droit,
France
si
ne
faisait
homme beau
et à ses
—
pour cet
Lors de
artiste
mon
séjour
prévoir encore que ce grand pein-
de cœur (auquel
livre) serait, hélas
nombreux amis
!
!
M.
Alfred Sensier a
prématurément enlevé
MILLET CHEZ LUI
original et convaincu, Paris est et malsaine. Il trouve
une
19
ville fatigante
qu'on y respire mal.
A-t-il tort?
Franchement,
je suis
tenté de lui
donner raison.
II
tPRÈs
avoir fait
deux cents pas dans l'unique
rue du village, en arrivant de Chailly, on rencontre sur
la droite
ment couverte d'un de
lierre
et
de
une maisonnette
épais
manteau de
littérale-
clématites,,
La
jasmin de Virginie.
petite
porte, jadis peinte en blanc et sans nul ornem^ent,
ne reste jamais close pour celui qui vient y frapper.
La
façade
de ce logis modeste donne sur
un
vaste jardin tout rempli d'un attrayant désordre.
Les
fleurs, les
légumes,
les fruits
y croissent
sans nul souci de la symétrie, et paraissent vivre et multiplier en parfaite intelligence. sier blanc,
curieux et sournois,
Un
grand ro-
semble vouloir
escalader les fenêtres, et une haie d'églantiers et de
D\CILLET
CHEZ LUI
enguirlandée de
sureaux,
commencement du
annonce
liserons,
où
jardin,
le
trouve, sur la
se
gauche, et au rez-de-chaussée, l'ateHer du maître.
A la
suite de l'enclos
embaumé,
bruyante et riante. Puis
le
la
basse-cour,
verger. Puis
un
petit
bois touffu, et, tout à côté, à dix minutes de la
maison, forêt de
de
forêt
la
Dénecourt
et
d'Obermann, verdoyante,
ombreuse, pleine de bruits vagues
ou d'éloquents
l'immense
Fontainebleau,
et
harmonieux
silences.
La forêt, avec ses
mille aspects, tous admirables
;
avec ses éclaircies souriantes, ses perspectives inattendues, sesfrémissements, ses tapis demoussesoyeuse^
odeur si pénétrante, ses rochers
ses genévriers d'une
gigantesques bronzés par ses profondeurs
les siècles; la forêt,
infinies,
ses
trables, sa majesté sereine,
La forêt tout temps les
rayons,
si
!
mystères
immuable,
le clair
impénééternelle.
belle, si splendide, à toute heure,
Le matin, au
filtrant à travers les
de lune
;
du
lever
soleil,
en
quand
branches, font des
taches lumineuses sur la mousse
par
avec
;
la nuit,
argentée
dès avril, avec son feuillage
si
OEILLET CHEZ LUI
tendre et
bondissements joyeux de ses hôtes
les
;
en automne, avec ses masses imposantes de verdure variée, aux teintes inimitables lorsque
siffle la
bise,
;
l'hiver enfin^
sombre, dépouillée_, couverte
de neige éblouissante ou d'un givre scintillant
et
remplie de gémissements lugubres... Dois-je l'avouer?
je n'ai
jamais parcouru la forêt
me
surprendre à sourire de
de Fontainebleau sans
bon cœur des prétentions du bois de Boulogne, cette forêt
en miniature, èmaillée de biches
et
de
gandins, ce bois joujou, coquet, arrosé,
ahgné_,
soigneusement
comme
sablé, peigné
et rasé
de
frais
un nouveau marié.
IV ^ .ERTAiN jour,
ans, visite
à
M-
—
—
y
il
a de cela sept
un chroniqueur
parisien
ou
huit
fit
une
J.-F. Millet.
La semaine
suivante
il
racontait, sans
mauvaise
intention, ses « impressions de voyage, » et, décrivant la maisonnette
du célèbre
artiste,
il
l'appe-
MILLET CHEZ LUI
fait
une
villa,
étonnement chaumière
M.
Millet l'apprit par hasard, et son
fut grand. «
une
est
Une
villa!
Bon Dieu ma !
compte, mes
villa? Mais, à ce
sabots en noyer sont des bottines de chez
mon
nerieux, et
marque
illustre
:
Pinaud
quelle étrange idée Et,
en
mon
chapeau porte, à
!...
et
Amour
!
.
.
Thoninsu, la
Une
.
villa ?
»
effet, je l'atteste, le logis hospitalier
peintre des Glaneuses ne mérite point
du
un semblable
affront.
Ce
sement
tapissé de verdure et de fleurs, doré par le
nid, blotti dans le feuillage,
soleil, plein
les
chez un sincère ami de
viennent manger dans
ment une chaumière,
Le
est
qu'ils
la
—
main,
—
où
se trouvent
vaste,
est bien réelle-
plus enviable, à coup villas et
toit s'égayQ et rit
—
sûr_,
de palais!
!
très-vaste,
n'ayant pas beaucoup d'apparence,
nombreuse.
et
la nature, s'apprivoisent et
que bon nombre de luxueuses
famille est
—
de parfums et de chansons,
corbeaux mêmes, devinant
La maison
amoureu-
—
quoique mais
la
MILLET CHEZ LUI
23
bénit les grandes familles, dit le proverbe.
Dieu
M. François
Millet a toujours été de cet avis.
père avait neuf enfants
il
;
Son
en a neuf à son tour,
tous vigoureux, tous aimables, tous adorés.
Dès
l'aube, ce petit
monde, heureux
et
insou-
gazouille à l'envi, faisant ainsi
cieux, babille et
concurrence aux oiseaux du voisinage.
Dans fond du des
et
la
journée, les jeunes
petit bois,
lilas
du
filles travaillent
au
ou bien à l'ombre des sureaux
jardin.
La
charmille est, sans cesse,
pleine de rires argentins et frais qui épanouissent
l'âme et font aimer
la vie.
Le père entend, de son
atelier, ces bruits
charmants.
et
Ils
sont,
pour
lui,
une force
et
une espérance.
L'artiste interrompt parfois l'ébauche et
confus
,
souriant doucement,
deux pas de
il
songe
!
Il
commencée songe qu'à
sa retraite cette famille aimée, qui tra-
vaille et qui chante, est
et l'inspiration
heureuse parce
aussitôt
lui
qu'il est là,
arrive plus
brillante
encore qu'auparavant. Si,
de loin en loin, un peu de lassitude, un léger
MILLET CHEZ LUI
24
découragement l'assombrissent,
ouvre
il
toute grande
et court à ses enfants. Il
l'un,
avec l'autre.
jase
il
pénombre, sa femme qui
Il
la
porte
embrasse dans
entrevoit,
la
travaille, elle aussi, alerte
et rieuse, et bientôt après, ayant repris sa palette,
réconforté, rajeuni, plein de foi ardente et d'en-
thousiasme,
Toute
la
signe une belle page de plus.
il
respecte
famille
méditations du père.
La
études
les
et
les
porte de son atelier n'est
presque jamais close; mais personne ne voudrait
y pénétrer sans autorisation. Bien qu'aucune recommandation spéciale
comme
les plus
de leurs pas
et
n'ait
été faite
,
les plus petits
grands modèrent soudain
le bruit
de leurs voix, en passant à côté de
ce sanctuaire de l'inspiration et
entendu, moi qui vous
parle;, la
du
rêve, et
j'ai
brune Jeanne, qui
n'a pas sept ans, dire
en mettant son doigt mignon
sur sa bouche rose
«
:
Chut! papa
travaille
!
»
MILLET CHEZ LUI
2$
V François Millet, qui est né à Gréville,
T^Scj?:
^J^J::-
non
loin de Cherbourg, doit avoir à pré-
sent environ cinquante ans. L'excellent artiste a
gardé religieusement le souvenir de son village agreste, dont les chaumières
au bord de
pillées
la
moussues sont épar-
mer.
Le choc réguUer et majestueux des vagues les
rochers granitiques de la plage,
contre
murmure
le
solennel du flux et du reflux, les gémissements du
vent dans
les
pommiers
et les chênes, furent les
premiers bruits qui frappèrent son oreille. Ces
magnifiques spectacles, en quelque sorte éternels, lui
ont
table.
une impression profonde
laissé
La
vie des
champs
lui a
et profi-
toujours semblé la
seule véritablement normale et digne d'être enviée.
M.
Millet est à la fois
un philosophe
et
un
poëte, doublés d'un père de famille qui adore la belle
figure
humeur
,
la
sympathique
franchise et et
la
bien éclairée
simpUcité. Sa fait
deviner de
,
CHEZ LUI
O^CILLET
26
une
suite
cordialité sans le
du Danube,
artiste
moindre apprêt. Cet
cheveux
aux
barbe grisonnante, possède une
moire
une érudition de bon
et
bouclés, à
étonnante
la
mé-
aloi qui perce à
son
insu.
Ses livres favoris sont
même
Théocrite, qu'il préfère et
celles de
Victor
oeuvres de
la Bible, les
à son cher Virgile,
Shakespeare, de Chateaubriand, de
Hugo
de Bernardin de Saint-Pierre.
et
Il
admire beaucoup aussi Lamartine. Balzac, dont
il
apprécie néanmoins les puissantes qualités d'ima-
gination et d'observation diffus et
Je
,
lui paraît
en
somme
malsain.
me
proposais de raconter
causeries matinales, en forêt,
mûre
rosée; mais, après craindrais
trop
de
Ennemi
ici
l'une de nos
les pieds
dans
la
réflexion, j'y renonce. Je
défigurer
langage élevé et concis de
mon
maladroitement
le
interlocuteur.
juré de la phraséologie, Millet estime
qu'en général les
,
les
meilleures.
plus
Ses
courtes
descriptions sont
expressions
sont
empreintes d'une originalité pénétrante
toujours :
le pitto-
MILLET CHEZ LUI resque et l'imprévu
le
convenu
le
une antipathie insurmontable.
quemment de
Aimant
séduisent.
avant tout^ par-dessus tout,
27
On
l'a
la
nature, dont
merveille les
lui inspire
accusé fré-
réalisme exagéré et de parti pris.
n'est cependant point systématique, et
pour
le vrai,
il
splendeurs
comprend ,
et
son amour explique à
assurément
est
Il
bien
sincère.
VI .EU soucieux de la
mode du
jour, le peintre
du
lEL
^^ Paysan
à la houe et de la Tondeuse de moutons
ne prodigue point à toute heure titre
d'ami.
En
et à tout
venant
le
revanche, pour ceux qu'il a choisis,
son dévouement demeure inaltérable.
avec
Il fuit
soin ces fâcheux maudits, ces parasites fatigants, à la tête vide, au
cœur
qui pullulent à la
Victorien
Sardou
sec, à l'estomac d'autruche,
campagne a
et à la ville,
flagellés si
et
que
vigoureusement
dans sa spirituelle comédie des Intimes. Vous vous souvenez, lecteurs, de cette
satire
éloquente
:
On
«
«
CHEZ LUI
f?^(ILLET
2S
Mon
se voit
cher
une
fois
Monsieur
«
fois
» trois
!
:
Siamois qui tomberait sur
nous prendrait au mot, diction
se dirait
!
démanche!
je te serrerais le
tendre ami
chose
!
Un
et qui
,
Quelle béné-
Mon
!
.
.
.
»
Et des poignées
!
...
je
cou
Il est
!
C'est le
!
moyen
ami
!
bon
secoue, et
te
main
et je te serre la
de boue et d'argent volé
secouer
»
!
:
«
! . . .
de main, devant, derrière... et je te
:
fois
ces Parisiens sont tous unis par les liens
!
cher ami
!
vieux
boulevard
le
d'une affection indissoluble
ami
Mon
«
:
deux
»
!
!
— comme
vrai qu'elle est pleine
Raison de plus pour qu'il
la
en tombe quelque
»
VII .'est
surtout
du souper,
à sept
heures,
au
moment
que
révèlent
les
charmes
se
paisibles de l'intérieur patriarcal
Autour de
la table
de famille
servie, les enfants sont assis, riants.
A côté
du maître. ,
abondamment
ébouriffés et sou-
des plus grands, sont placés les petits,
SVCILLET
CHEZ LUI
29
dont on s'occupe avec une touchante sollicitude. préside gaiement, ayant en face de lui
Le père la
mère
attentive et infatigable. J'ai
pendant ces repas, une faire
fillette
de six ans à peine pas encore,
sa sœur, qui ne parle
manger
vu souvent,
avec une grâce et un sérieux vraiment adorables. quelle
Les égoïstes ignoreront toujours
magie exercent sur
les
cœurs ces
douce
blondes ou brunes, malicieuses et heureuses les trois plus
Le souper terminé,
— de belles jeunes
filles
têtes
petites !
grandes sœurs
de quinze à dix-huit ans,
reprennent allègrement un déhcat travail de gerie
ou une tapisserie
du Semeur
genoux
«
et
attrayante, tandis
du Repos
au pas, au
fait
trot,
la
,
rieuse
lin-
que l'auteur
sauter à loisir sur ses
au galop
!
nant une rustique chanson normande, Jeannette
—
» la
en fredon-
mignonne
Marianne ou Georges
le
turbulent.
D'autres
bien
yeux
il
fois, il fait la lecture à
haute voix, ou
raconte de fantastiques histoires, et tous les alors,
fixés
sur
le
narrateur,
successivement l'anxieuse curiosité et
expriment
la joie naïve,
ÏMILLET CHEZ LUI
30
au fur et à mesure que
péripéties
les
du
récit
deviennent palpitantes ou joyeuses.
Quand la soirée
est belle,
une courte excursion, en côté du
Chêm du
forêt, voisin
de
Roi,
la
on entreprend souvent
jasant
et
ou dans un
chantant, du
petit coin
de
la
maison, très-pittoresque, planté
de pins, parsemé d'énormes rochers couverts de
gramens, la
et
que
la famille
M.
Millet a
nommé
de son aspect sauvage,
Forêt-Noire, à cause
sombre
de
et grandiose.
VIIÎ
tVANT
de conquérir
et méritée
critiques
Millet
a,
amères
dont et
la
il
réputation
"jouit,
injustes
,
— —
brillante
en dépit des
M.
François
naturellement, supporté de pénibles
et
longues épreuves. L'amour du foyer et l'amour de
l'art
l'ont
soutenu;
il
doit à ces
puissants d'avoir gagné la bataille Il
faut, tout
auxiliaires
!
d'abord, au penseur, au poëte, à
MILLET CHEZ LUI
l'artiste
convaincu qui cherche à se
de l'énergie
,
de
la
il
est sauvé.
On
femme
!
On
a
des
la foi
l'aime et
On
est là,
com-
le
pauvre?
est
obstacles à vaincre, des
déceptions à subir? qu'importe encore!
femme
S'il
!
accomplirait des miracles
dans ces conditions d'existence. qu'importe
un nom,
faire
persévérance et de
est marié, et si sa vaillante
prend,
31
la
jeune
courageuse et riante, sans cesse sur
la brèche, veillant à toutes choses,
prenant sa part
des chagrins du travailleur acharné, applaudissant à ses efforts, le conseillant, l'inspirant, le réconfortant à l'aide d'un regard les
douces émotions
que de
fois le
ou d'un sourire
les saintes
,
! . . .
Ah
récompenses
!
!
et
succès arrive, radieux et triomphant,
après ces luttes opiniâtres,
—
lorsque l'ange du
foyer est resté fidèle, jusqu'au bout, à sa mission si
noble d'abnégation et de dévouement
vaut, pour l'ouvrier de la pensée, cet et vrai qui réchauffe
compagne de
son âme
sa vie est
et
Rien ne
amour profond
et qui l'enivre
son ange gardien
Laissez-moi vous citer Marie de
jeune
!
!
La
!
la Villéon, la
charmante femme d'un admirable poëte
MILLET CHEZ LUI
32
breton, Hippolyte qu'elle écrivait à
de
Morvonnais. Voici ce
la
son mari dans
de leur union, en mars 1833 «
Tu me
tes projets
;
premiers temps
les
:
parleras souvent de ce
tu
me
liras
que tu
fais,
de
toutes tes poésies. Je rêverai
avec toi à l'avenir qui semble s'éclaircir; nous nous
promènerons sur nos notre
joli petit bois,
fleur
nous
loin.
Nous
arrête;
côtes,
où
sur nos grèves, dans
chant d'un oiseau, une
le
nous parlerons de ceux qui sont
redirons ensemble ce qu'ils nous ont
confié de charmant^
de
si
doux
à notre
souve-
nir... »
Croyez-moi, nais qui, tuelle,
c'est à
coup sûr M""" de
en s'associant de cœur à
la
Morvon-
la vie intellec-
aux études poétiques de son mari,
lui
a
inspiré les plus délicieuses pages de sa Thébaïde des
Grèves,
un chef-d'œuvre
— pour
ainsi dire, hélas
!
inconnu aujourd'hui.
me
souviens
entendu, certain
soir,
un dialogue touchant dans un jeune ménage
pari-
Je
sien.
Le mari, qui
épineuse des
'd''avoir
débutait alors dans la carrière
lettres, est à
présent l'un de nos plus
MILLET CHEZ LUI célèbres écrivains,
déjà
-7-
— depuis longtemps
aux applaudissements chaleureux.
Mon
«
accoutumé
j^
***,
ami, disait M""^
décidément, nous
avons besoin de grands rideaux pour
la
salle
à
manger.
—
Tu
Le luxe
crois?...
en
est
nécessité!
dont
la
c'est très-possible.
une impérieuse
train de devenir
bon
faut,
Il
courant...
le
Après tout,
Eh
bien!
malgré,
gré,
suivre
écoute. Si notre pièce,
première représentation doit avoir lieu
demain, obtient quelque succès, nous achèterons des rideaux, de beaux rideaux, perse
bleue,
champs.
avec
bien amples^ en
bouquets
des
de fleurs
des
»
L'aimable femme
battit
des mains et sauta au cou
de son mari.
La fine
!)
pièce
—
c'était
— resta pendant
une comédie (une perle
trois
mois sur
l'affiche
d'un
théâtre de genre.
Les rideaux ornent toujours Je sir
le parierais^ ils
ont
fait
la salle à
manger.
cent fois plus de plai-
à M'"® *** que les plus précieuses dentelles n'en
MILLET CHEZ LUI auraient causé à certaines
femmes coquettes
cœur vide, qui morcelleraient
au
volontiers la dot de
se faire habiller chez le couturier
pour
leurs enfants
,
en renom.
IX EVENONS
à
moment
Termite de
de
ma
visite
grand paysage normand,
neaux
— destinés à l'un
—
de Paris,
étaient
—
Au
Millet,
un
Barbizon.
chez M.
et trois
immenses pan-
des plus brillants hôtels
en cours d^exécution. Parlons
d'abord du paysage, qui m'a semblé une véritable merveille.
Il
reproduit
un
site
pittoresque
des
environs de Gréville.
Au fond, un
splendide rideau d'arbres
des chaumières; vers la gauche,
un
;
plus près,
sentier ourlé
de murs bas, en pierres sèches, et qui monte, serpente et se perd dans sante.
De chaque
doyant,
le lointain
côté du chemin,
rempH d'une herbe
pareille à
d'une façon ravis-
du velours.
un pré ver-
épaisse,
luisante,,
MILLET CHEZ LUI Le
soleil
^;
inonde diverses parties du paysage^
et
produit çà et là des effets d'une vérité qui frapperait
même
les indifférents
en matière
d'art.
Sur le
premier plan, des canards barbotent dans un ruis-
deux ou
seau, et
bœufs ruminent
trois
à l'ombre
d'une haie d'aubépines. Il
de rien rêver de plus reposé^
est impossible
de plus vrai et pourtant de plus poétique que ce paysage, traité avec beaucoup de vigueur et de sentiment. Après quelques minutes de contemplation,
on
se trouve transporté dans le joli sentier
dont
j'ai
parlé, et,
en dépit de
bordure du
la
bleau, l'horizon paraît s'étendre à
ta-
l'infini.
j£ cède vite au désir de commettre également
une indiscrétion à l'égard des
trois
panneaux, qui
étaient presque terminés lorsque je les ai admirés. Ils
représentent
:
le
Printemps, VEté et V Hiver.
Le
plafond n'était pas encore commencé.
Daphnis
et
personnifient
amour,
Chloé, si
— ont
figurer la
bien
—
le
ces candides enfants qui
chaste et délicieux premier
été choisis par l'illustre artiste
douce saison du renouveau,
le
pour
temps
MILLET CHEZ LUI
36
heureux des rossignols, des lilas et
Au
parfumées, du
fraises
des roses.
loin,
on
entrevoit, à gauche, la
Dans
et bleue.
le ciel
mer calme
un nuage ora-
azuré, pas
geux. Daphnis, assis sur un banc de mousse, au pied d'un
autel
rustique,
au miUeu des
élevé
arbres,
en l'honneur du vieux Pan,
ment
Chloé un nid
à
bois voisin.
qu'il vient
La blonde
offre timide-
de dérober dans
Chloé, à genoux
et vermeille
devant l'adolescent, caresse de
le
la
voix les petits
oiseaux tout effarés, et ses lèvres s'arrondissent
gracieusement, tandis qu'elle adorable
naïveté,
confiance.
afin
de
les
les
cajole avec
encourager à
Les deux pauvres enfants ne
rien encore de la vie, et le génie
une
du peintre
la
savent se ré-
vèle surtout dans l'expression charmante qu'il a su
donner à ces chers ignorants.
VEîé nous montre soleil d'août. elle est
Son
Cérès, au teint hâlé par
front est
couronné
merveilleusement campée,
main, vigoureuse Derrière
elle,
et pleine
dans
le
le
d'épis dorés; la
faucille
en
de majesté tranquille.
lointain,
on aperçoit des
U: PRIHTEMP','1
r/ij^zrt. Fidzt.lnuj PtirLs
.
f.hll&cin!4?7z-
GérariL.
MILLET CHEZ LUI paysans sciant gerbes,
et,
37
tandis que d'autres font des
le blé,
plus près, l'œil s'arrête sur des moisson-
neurs endormis, qui, certainement, ont succombé au sommeil à cause de l'excessive chaleur.
Aux
pieds de cette rustique Gérés se trouvent des sacs
de son, et des pains entassés dans une corbeille d'osier.
En
regardant
le
panneau de VHivery on
—
prendrait volontiers à grelotter,
se sur-
La neige cou-
vre la terre, L'Amour, glacé, frissonnant, erre à
un
l'aventure, cherchant
peut-être
la
Hélas!
Oh! non,
va mourir?
Une femme
abri.
humble
;
elle a
l'entoure de
dans
les plis
Le
vieil
lui aussi;
sauvé
il
l'appelle,
il
belle,
—
l'âtre...
mais
le
de froid,
le réchauffer...
lierre,
l'encourage-...
flambe dans
et
va l'envelopper
de son vêtement pour
échappé !
elle
Anacréon, couronné de
et pétillant
l'aura
bras,
ses
ouvert
logis hospitalier. Elle se
penche vers l'enfant-roi, pâle d'anxiété elle
pauvret
rassurez-vous.
a entendu ses plaintes
porte de son
le
Un
accourt,
feu clair
Allons, l'Amour
malin dieu sera
CXCILLET
38
CHEZ LUI
Je ne vous dis rien des ébauches vigoureuses et variées,
des
ni
marines
splendides
peintes
par
François Millet, d'après des souvenirs de son cher village. Je
n'en
d'énumérer
ici
finirais pas, si je
voulais essayer
toutes les richesses artistiques que
renferme sa maison.
X W>\^
^4 fidèle
quatrième jour de
mon
bizon^ j'accompagnai
ami
et voisin, l'auteur
pèlerinage à Bar-
mon de
hôte chez son
l'Allée de Châtai-
gniers.
Nous trouvâmes atelier, situé
paysagiste
dans son
au premier étage, et dont
la fenêtre,
l'habile
encadrée d'une épaisse guirlande de
main
moyenne, pleine de
Au
milieu,
munal. Sur
à
une
soleil et
un buis énorme le
donne
Théodore Rousseau
sur un déhcieux point de vue. mettait la dernière
lierre,
toile
de dimension
de calme heureux... abrite
un four com-
premier plan, des bruyères, des
MILLET CHEZ LUI
mousses d'un charmant.
Au
fini
d'exécution
fond,
^ç
irréprochable et
tout au fond,
à droite,
le
clocher du village; à gauche, une chaumière dont la
porte est ouverte... Partout une douce lumière.
On
devine aisément que
béni connaissent
le
les habitants
bonheur
de ce pays
paisible^ et qu'ils sont'
dignes de l'avoir pour hôte assidu.
Le grand peintre nous d'obligeance,
fit
beaucoup
voir, avec
diverses ébauches vraiment
belles
représentant des sites de la forêt de Fontainebleau.
Le Dormoir, entre
autres,
nous parut d'un mer-
veilleux aspect.
Mon
attention_,
je
le
confesse,
fut
plusieurs reprises,, et voici pourquoi
Une
comme en
ravissante jeune celui des
même
fille,
la
au regard limpide
temps que nous, dans
se trouvait,
l'atelier
le bras
de Théo-
de son père,
blonde visiteuse contemplait, radieuse
quille,
le
tableau placé sur le chevalet,
instants, l'artiste
à
:
madones du Sanzio,
dore Rousseau. Appuyée sur
distraite
et tranet,
par
charmé oubUait son œuvre pour
admirer cette éblouissante et candide jeunesse.
MILLET CHEZ LUI
40
qui lui apparaissait
du printemps en
comme une
vision souriante
fleur.
Debout auprès d'eux^
mère,
la
mère, l'âme pleine de quiétude
— une heursusc et
de
gardait tour à tour le tableau... et sa
— re-
foi!
fille.
XI (^=^IVERS
motifs
(^^ ma rentrée Deux ou
trois
à Paris, dans
fois
instances, j'avais
réclamaient
un
impérieusement assez bref délai.
cédant à de cordiales
déjà,
prolongé
mon
séjour.
Il
fallait
cependant se décider à dire adieu au village ses
aimables habitants. Millet,
s'écriait
Hélas
!
«
—
Non,
mais au revoir!
pas
et à
adieu,
»
lorsqu'on s'en va, sait-on jamais
si
l'on
pourra revenir?
La
veille
départ, en
du jour définitivement
un
petit quart d'heure,
fermé dans son
fameuse paire
fixé
pour
mon hôte,
atelier, avait dessiné à la
en-
plume
de sabots qui m'était promise.
le
la
MILLET CHEZ LUI Ce
croquis
de
réelle
révèle
l'artiste.
la
l'originalité
me
le
rend plus précieux en-
*.
core
Le lendemain, dès emportant
charmante d'hui... et
Mon
hospitalité
mes
ami,
M. François
bruit,
n'aime point
travail
pide, reflet exact de
un peu
gauloise,
si
de cette
rare
aujour-
chers sabots rustiques!
du
il
l'aube, je quittais Barbizon,
souvenir ineffaçable
le
partisan
être
puissance,
Au. bas du dessin se trouve une
dédicace sincère qui
en
41
et
de
Millet, est, avant tout, la
simplicité. Il fuit le
la foule,
mes
et cette
étude ra-
impressions, gênera peut-
sa modestie de
bon
aloi.
Qu'il
me
pardonne, cependant. J'ai
*
cédé, tout naturellement, au désir d'esquis-
Une
réduction, par la photogravure, du croquis dont
s'agit a été placée
en
tête
de ces Souvenirs.
il
MILLET CHEZ LUI
42
ser le profil d'un vĂŠritable paisible est
Une exemple
si
bien remplie
pareille et
artiste,,
!
vie doit ĂŞtre
pour beaucoup un
un encouragement.
PariS; septeiiihre 1S64.
dont l'existence
POÉSIES
PAYSAN
LE
^ Après avoir
ALEXANDRE TIEDAGNEL lu son
Étude sur (mili.et
le
peintre François
O^XILLET
chez lui)
'wS (^^EPUis
Calpurnius, Virgile
et
Théocrite
Jusqu'à l'Ecossais Burns, dans nulle langue Poète
na jamais peint avec
Cet être lourd, stupide
et
vérité
cependant fûté,
Cet étrange animal, jait de peur
et
de ruse.
écrite,
LE PAYSAN
Oui
ne croit qu'à l'argent,
qu'un notaire abuse
et
Oui rarement
sait lire et qui se trouve adroit
Quand
côtoyer les lisières
il faut
;
du Droit ;
Egoïste naïf
— qui
Dixfois plus
que sa femme,
Dans
d'un vieux bas, vingt fois rapetassé,
le fond
Un pécule
regrette sa vache et
qui chaque hiver cache
chétifà grand' peine amassé;
Serf, qui
prend à plaisir une attitude
— Mais
narquoise,
Et que
— devant
ces trois seuls
mots
:
les
Voici
vile,
messieurs de la ville. le
procureur !
Emplissent tout à coup d'une folle terreur;
Et pourtant
processif! qui chaque jour chicane
Son
voisin,
Qui
tondrait sur
à propos de son
chien, de son âne;
un œuf par un
huissier tondu ;
Lâche au point de pleurer pour un oison perdu ;
Mais qui
devient héros, s'enrôle, se dévoue,
Se bat avec la faux,
le
bâton
Alors que l'étranger en armes
Sur
le sol
paternel,
le sol,
et
la houe,
est entré
le sol
sacré!
C'est que Calpurnius, Théocrite et Virgile,
Ces délicats amants des Muses de
Sicile,
LE PAYSAN
Et
c'est
Ont
que Burns, malgré son plus viril accent,
dit le
paysage
Ce sauvage en
et
non
le
Il faut bien là-dessus en
Le verbe
est
le
paysan.
sabots qui déconcerte, étonne,
Poëte ou prosateur, qui
Sand
47
peindra?
— Personne!
prendre son parti;
rame
impuissant, quoique
ait senti.
en vain l'essaya dans sa magique prose
Son braconnier
;
pensif, sa moissonneuse rose,
Ses amoureux tremblants s'égar,ant sous
les bois,
Ses charbonniers épris des luttes de la voix,
Tous
ces
— Mais jamais Ne nous
la langue choisie,
romans divins dont villageoise,
—
une poésie,
montrent toujours que paysans trumeaux.
Son paysan causant de V idéal
Balzac,
est
—
et s'il
est
faux.
vivait, monseigneur Bonnechose,
Tonnerait au Sénat pour proscrire sa prose,
Puisque jamais savant, d'une plus sûre main.
N'a
si profondément fouillé le
cœur humain, —-
Balzac, en y portant sa ferveur d'analyste.
Crut faire un paysan ressemblant,
réaliste;
.
LE PAYSAN
48
// ne vit
qu'un
Il en fit
un voleur
Un
seul
du
côté
malsain,
type, le
presque un assassin.
et
a jusqu'ici, d'une façon biblique,
Dessiné largement
cet être famélique,
Lamentable, odieux, intéressant Cet homme, cest Seul,
il
un
a découvert
peintre, le secret
laid
et
:
François Millet
et c'est
de cette âme.
lia, son paysan, l'intérieure flamme ;
Car, à quoi
Comme
les
cette
Et que
Du
ses
temps
monde
est
il
deviendra
proche où lui,
social, criera
Aime-t-il?
Luxes
gros yeux? Se dit-il que, peut-être,
grasse plaine le
dans l'horizon.
yeux du bœuf gorgé de fenaison.
Se plongent
De
rêve-t-il lorsque,
:
le
le
maître ? dernier-né
Je suis l'aîné!
— Oh — L'amour — Au temps où ! ?tenni'
et
son délice,
la génisse,
civilisés/
Sous un ombrage épais regarde indolemment Lequel des deux taureaux deviendra son amant,
A
l'heure où
le
pinson mignotîe sapînsonne,
Oui, son sang plus actif, dans Il cherche, implore, veut
;
ses veines bouillonne.
V animal
est
dompté
;
LE PAYSAN
aux
// obéit
lois
Mais quand
les
49
de la Fécondité.
fruits
aux fleurs
succèdent sur la terre.
Quand
l'immortelle Isis a fini son mystère,
Quctnd
le
Pour eux
taureau rumine,
et
seuls maintenant dégoisent leurs chansons,
plus autour d'une demeure,
Il ne soupire
Il se reprocherait de gaspiller
Peut-être rêve-t-il
Que
le
lorsque les pinsons
aux
vrai laboureur
Peut-être la voit-il,
une heure!
duretés est
du
Sort,
après tout la
par sa
Mort?
terreur accrue,
Poussant, en ricanant, son horrible charrue,
Et labourant
Ont pourri
ce sol,
où, depuis des mille ans,
tour à tour ses pères paysans
;
Peut-être aperçoit-il sa tombe qu'elle creuse,
Et
l'aiguillon échappe
Mais, ami,
c'est
à sa main plus fiévreuse ;
en vain que je cherche à trouver.
Peut-être rêve-t-il seulement
Demandons Qu'on nia
A
cette
le secret
pour
rêver.
au peintre de génie,
trop longtemps, que personne ne nie
heure, et dont l'œuvre, en sa simplicilé.
S'en ira pure
et
grande à
la postérité.
LE PAYSAN
50
C'est pourquoi,
comme
vous, je
Ce rustique penseur , jeune
et
h
déjà
voudrais connaître
grand maître,
Qui
n'a pas dans
Que
celui qui termine en vous disant
le
monde un
dévot plus zélé
Amédée
Paris,
Dans
Vale
!
%OLLJND.
19 juin 1868.
cette pièce énergique, écrite par
avant sa mort,
:
le
paysan
est jugé
cependant cru opportun de
Amédée RoUaud quelques semaines
d'une façon
la publier
,
un peu
sévère
!
Nous avons
à cause de son mérite littéraire et
chaleureux éloge de Millet qu'elle contient. (Note
lie
rÈcliieiir).
du
A M. ALEXANDRE PIEDAGNEL ,A propos
^ AR
votre pur
hommage au peintre des Glaneuses,
Vous m'avez rappelé
De
dé sa Visite à Barbizon
les
cimes lumineuses
la belle oasis, de la vieille forêt
Où j'eus,
dans mes douleurs, un heureux temps d'arrêt,
Où
Corot, l'un des fils chéris de la peinture,
Un
éternel
amant
Devant un chêne
Comme
le
de la grande Nature,
assis,
sur
le
grec Phidias devant
bord du chemin,
un
corps
humain.
M'expliquait, à l'abri de l'ombre tutélaire,
La
vie et la beauté de l'arbre séculaire
Car, pour
lui, la
Et
qu'un vivant ^ mérite
qui,
tel
Nature
est
un
être
;
animé
d'être
aimé.
.
A
52
M.
ALEXANDRE PIEDAGNEL
C'est ainsi que Poussin, Ruisdacl,
Dont l'âme ne
s'est
main ferme une palette ,
Comprenaient l'Univers
Et
revenaient, joyeux,
Votre Visite
monde envolée
ce
Millet, quelques élus encor
(Puisque Corot, Tiennent, d'une
pas de
Claude Gelée,
Est charmante en
loin des pensers moroses,
du commerce
au peintre,
d'or),
des choses !
hôte de Barbizon,
tout point, et vous
avez raison
Mais vous me demandez mon
sentiment sincère
Et mon
opinion touchant
matière;
Eh
!
bien
je ne
veux pas
cette
ici
vous
;
h celer,
Poëte, c'est en vers que vous deviez parler
Jintoni
Passy, 4 août i86S.
DESCEAMPS.
NOTICE SUR
J.-F.
MILLET
,
.
F.Rops.sc-ulp
LAFILEUSE CnUeeUon, de.M''Becht
^I^A.Cadart.Edil.lmp.ParU
NOTICE
ÏLLET
A
vie de Millet
souiiait
se trouve
résumée à
dans ses œuvres. Peu d'évé-
nements en
deliors de
son
atelier.
Les
années sont remplies par
la lutte opiniâtre, la foi
robuste, le travail assidu.
L'amour de
l'amour de
la
la famille et
nature ont toujours soutenu ce vail-
lant artiste, ce paysan loyal, patient et convaincu.
"hlOTlCE
)ô
Au
pied des falaises de Gréville, à l'extrémité de
ce pays perdu,
si
(dansla Manche), fils
sauvage, qui
et si
Hague^ naquit au hameau de Gruchy
s'appelle la
Millet,
pittoresque
le
4 octobre 18 14, Jean-François
de Jean-Louis-Nicolas Millet et de Ai-
mée-Henriette-Adélaïde Henry. Ses parents, pour nourrir leur nombreuse famille, cultivaient la terre
—
avec acharnement, et non sans quelque profit^
quoique
le sol,
par exception^
ait
toujours été peu
Nor-
productif dans ce coin de la plantureuse
mandie.
La
vieille
oncle,
grand'mère de François Millet
un digne abbé qui
était
venu
et
son
se réfugier à
Gréville pendant les terribles orages révolutionnaires, s'occupèrent tout spécialement de l'éduca-
tion du futur auteur de Y Angélus
;
et,
jusqu'à sa
dernière heure, l'éminent artiste se souvint avec
reconnaissance de ces premiers amis de son
âme
de poëte et de penseur.
Sa vocation s'étant révélée dès son enfance,
forma
le
projet de quitter la charrue
et
il
de se
rendre à Cherbourg, pour y travailler sérieuse-
SU%
MILLET
J.-F.
ment. Plein d'ardeur,
il
y
arrive^
;;
en 1834, malgré
les
observations de sa famille, inquiète des hasards
de
la vie d'artiste, et
glois,
entre aussitôt chez
M. Lan-
qui jouissait alors d'une certaine
peintre
réputation dans
le
pays. Ses progrès sont surpre-
nants, et le conseil municipal se décide à accorder
au jeune Millet une pension
— trop modeste — !
afin qu'il puisse continuer ses études à Paris. Il
part radieux, en janvier 1837
devient son maître, et
dans
la
grande
cité^
Dupré et Diaz. Mais, fois,
il
nous
il
a
Paul Delaroche
;
promptement pour amis,
Corot, Théodore Rousseau,
hélas
!
que de luttes Plus d'une !
a raconté, avec
un
sourire attendri,
pendant nos excursions dans sa splendide
forêt
de Fontainebleau, cette longue série de cruelles épreuves nir,
:
—
le froid, la faim_, le
souci de l'ave-
courageusement subis! Grâce à sa jeunesse
à sa vigoureuse santé, le peintre
pha des privations
et
normand triom-
et des inquiétudes.
Ses déjeu-
ners de cinq minutes, composés presque invaria-
blement d'un
petit pain et
d'un verre d'eau, et ses
dîners, souvent problématiques, ne lui enlevèrent
n.OTICE
S8
jamais l'énergie. L'estomac souffrait peut-être un
peu, mais
la tête et le
cœur débordaient
sans cesse
Un
d'espérance et de nobles aspirations.
instant
de méditation dans sa mansarde, une rêverie pro-
menée aux
alentours de Paris, une idée de tableau
poëme entrevu, —
un
et le voilà réconforté
Les grands paysagistes,
«
Blanc, sont ceux qui ont vu
imprimé
tion et lui ont
personnel. ;.M. cette
le
a la
dit
:
!
M. Charles
nature avec
émo-
cachet de leur caractère
»
Edouard
de
opinion
d'un
avec raison
excellent
rappelant
juge*,
ajoutait
Le Lorrain, génie calme
«
:
en
Chapelle,
la
et
su-
blime, donna au paysage une sorte de grandeur à la fois tranquille et
pérament
fier,
s'imposa à
la
majestueuse;
ennemi du joug
le
Guaspre, tem-
et de
la
règle,
nature, voulut la soumettre au ca-
price de son pinceau; les tableaux de Corot sont
comme un
*
reflet
Dans une
Cherbourg,
le
de cette
intéressante
âme noble
conférence
22 février 1875.
et
douce, où
sur Millet,
faite
à
;
SU%
J.-F.
SxCILLET
S9
l'on sent l'idéal; Millet, esprit vrai, peignit la nature,
mais
la
nature sans convention, empreinte
d'une mâle grandeur *.
»
Les leçons de Delaroche eurent, en somme, une heureuse influence sur Elles le sauvèrent de
le talent
l'excès,
du jeune
de
artiste.
la fantaisie
—
quelquefois charmante, à coup sûr^ mais le plus
souvent dangereuse.
II
^IVRÉ
à
m. (5--,
lui-même, François
d'abord entre
le
genre
pose, en 1844, ^^ Laitière et
en
Œdipe
1845,
détaché
les Juifs
à Babylone.
s'attarde
pas
dans
Mais, cette
remarque son Vanneur. viril,
* «
A
et l'histoire. la
de
Millet
hésita Il
ex-
Leçon d'équitation l'arhre;
en
Dieu merci voie.
En
ce type
!
1848, il
1848,
ne
on
sincèrement
succède un Semeur (1849); une Paysanne
La terre,
n'y meurt
! »
s'écriait parfois Millet, // n'y
a que
la terre, rien
'K.OTICE
6o
(1850); des Moissonneursj des Tondeurs de
assise
moutons,
un Berger (1853); une
arbre (1855),
Glaneuses, «
Ce
une
Paysan
le
belle page; et,
en 1857,
commande
qui
toile
greffant
comme une
nonce
calme là-dedans^ couleur
sans
un
de
Tout
est
dessin est sans tache et la
le
la
air
presque qu'il s'an-
peinture religieuse.
Le
éclat.
vigoureusement
dirais
les
l'attention.
tableau vous attire de loin par
grandeur et de sérénité. Je
un
toile,
d'août
soleil
chauffe
mais vous n'y surpren-
drez pas de ces rayons capricieux qui s'ébattent
dans
les
tableaux de
vacances
en
hommes
Au
et
soleil
de
les.
blés,
des écoliers
Millet est
qui
fait
un
astre
suer
les
qui ne perd pas de temps à badi-
»
salon de 1859,
paître sa vache.
gère
le
mûrit
qui
sérieux
ner. *
:
M. Diaz comme
et
Que
il
expose une Femme faisant
de critiques amères
son troupeau furent aussi,
!... h-â.
en 1864,
Ber-
l'objet
de discussions violentes, d'accusations passionnées,
*
Edmond About.
Salon de iS^j.
-
>
SU% et les
MILLET
6i
Paysans rapportant à leur habitation un
né dans
veaii,
champs n'échappèrent point, eux non
les
plus, la
même
routine.
La
assez
J.-F.
année, aux récriminations de
de tricot (1869) fut également
Lcço7i
Certes,
maltraitée.
la
tableaux
ces quatre
si
ne sont pas absolument des chefs-d'œuvre, du
moins
reconnaître
leur
faut
il
des
qualités
éminentes, qui prouvent avec quelle conscience, avec
quel ardent
les a
composés
amour de son
annuels de 1853
lui
et
furent décernées aux Salons
1864.
A l'Exposition universelle
de 1867,
médaille de première classe, et
fut
(qu'il
donnée
le
tait
de
la
la croix
il
reçut une
de
la
Légion
ne songea jamais à solHciter)
lui
15 août 1868.
Millet (ainsi que
moment
peintre
et exécutés.
Des médailles
d'honneur
art le
bien dit le Figaro^ au
l'a fort
mort de
l'illustre
paysagiste) n'émet-
en aucune circonstance une opinion sur ses
travaux
;
il
attendait celle des autres, et ne s'aven-
turait à parler
de lui-même que fort rarement et
avec beaucoup de réserve
;
ce
n'était
point par
'MÔTICE
62
fausse modestie, mais par
—
véritable
Dans
et assez rare,
qu'en 1873^ à
grand
le
ses compositions
Mentionnons, par exemple,
vente Faure,
la
Gréville, peint
était
faut Tavouer.
pu voir plusieurs de
atteindre des prix élevés.
A la vente
il
années de sa vie,
les dernières
peintre a
un sentiment de pudeur
Un
Bout du village de
en 1865, se payait 20,300 francs.
Laurent-Richard,
la
Femme à
la
lampe
adjugée au prix de 38,500 francs.
En
outre des
œuvres très-remarquables que
nous avons indiquées
au cours de
déjà^,
Notice (destinée à compléter notre premier
cette
travail
:
Millet chei lui), on doit signaler un Moïse (Musée
de Cherbourg); moutons, la
de
les Botteîeurs ÇiS')^); ïa Tondeuse
Femme
V Attente (1861);
le
laine,
des
la
Récolte
faisant
Repos, la
pommes
appuyé sur sa houe* (1863); Bûcheron, la Gardeuse
*
Plusieurs critiques, et
d'oies,
manger son
Femme de
la
le
Paysan
Mort
et
V Angélus (1867J;
notamment M.
remarqué avec raison que 'ce
cardant de la
terre,
Tobie,
enfant,
tableau,
le
la
Jules Claretie. ont
d'un
caractère
si
SU% Femme
battant
MILLET
J.-F.
6s
du beurre; Novembre, souvenir de
Gruchy, son pays natal (1870). N'oublions pas
non plus
Printemps, l'Eté, et X Hiver (panneaux
le
:
qu'un plafond, en 1864),
peints, ainsi
Planteur,
\t
la
Femme portant deux
le
Retour du travail, les Faneurs, la Baratteuse, la
seaux, le Bûcheron, la Veillée,
Lessiveuse, le Givre, VEglise de Gréville,
VAne dans
une lande, les Tueurs de cochons, les Meules,
Mère
des
chaumière normande
grave et
si
vigoureux,
Bruyère, sur de l'Homme
le
il
est»né;
a
deux
siècles),
dans
le chapitre
:
brûlés
du
répandus par soleil,
la
campagne,
attachés à la terre qu'ils fouillent et qu'ils
voix articulée, et quand
une
face
et des
noirs, livides et tout
remuent avec une opiniâtreté invincible ils
humaine,
et
;
;
ils
ont
comme une
se lèvent sur leurs pieds,
en
effet ils
retirent la nuit dans des tanières
noir, d'eau et de racines la
la cueilleuse
L'on voit certains animaux farouches, des mâles
femelles,
se
a placé l'humble
songer aux lignes écrites par La
y
(il
le peintre
où
fait
paysan
particulièrement
tableau
haricots,
dans lequel
intéressant;,
trent
Jeune
berçant son enfant, le Berger dans la plaine, et la
Cueillette
«
la
ils
sont des
où
ils
ils
mon-
hommes.
Ils
vivent de pain
épargnent aux autres
hommes
peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre,
n^OTICE
64
sa
est
mère elle-même,
—
Il
a fait
aussi
des
Marines merveilleusement réussies.
MM.
*
Gavet
Sensier possèdent
et
de magnifiques dessins
et pastels
beaucoup
de Millet, repré-
sentant pour la plupart des scènes de la vie des
champs. M.
Charles Yriarte
(dans
l'excellente
revue VArt) a parlé â ravir de ces trésors
artisti-
ques. Voici le passage de son étude auquel nous faisons allusion «
De
:
tout temps
a été
il
reconnu que
les des-
sins de Millet avaient
pour eux une grande
cette tournure large
et
et méritent ainsi de
semé. "
Hgne générale qui
ne pas manquer de ce pain
qu'ils
ont
B
M. Emile Gavet Petit,
cis
cette
allure,
a généreusement exposé, chez
au profit de
la
famille
Millet,
M. Fran-
digne,
si
à tous
égards, d'une vive sympathie, la moitié de sa riche collection (46 dessins,
du 6
avril
au 6 mai 1875). Quatre mille per-
sonnes ont visité cette exposition des plus remarquables. C'est bien peu, sans doute, mais le crayon et le pinceau de Millet
n'ont rien de banal
:
ils
ne sauraient plaire à
Les 95 dessins, formant
M. Gavet lui,
(les
la série
la foule
!
complète appartenant à
premiers datent de 1863), ont été vendus par
à l'Hôtel Drouot, les 11 et 12 juin 1875 {Voir, page 83
et suivantes, les
détails relatifs à cette vente).
SU%
MILLET
J.-F.
6$
font qu'avant de considérer le rendu, saisi
on
est déjà
d'une impression immédiate. Ces premiers
dessins au crayon noir sont très-nombreux, mais l'artiste,
en
se tenant dans cette
gamme
unique, se
privait d'effets plus séduisants et s'interdisait tout
un
vaste
champ. Peu
M. Gavet, les
dit-on),
il
à
peu (sous
mêla
le pastel
l'influence de
au crayon noir,
combina de manière à colorer légèrement
teintes, et,
peu à peu, n'employant plus que
ses le
crayon de couleur, composa des scènes de grande dimension,
importantes
dans l'œuvre
et
très-
nombreuses, puisqu'on en connaît plus de cent... « Si
un
jour,
comme nous
ces dessins et pastels dans
l'espérons,,
on réunit
une exposition
spéciale
des travaux de François Millet, nous ne craignons pas de dire qu'il y aura le
monde
une
véritable
émotion dans
de ceux qui ont au cœur l'amour profond
des choses de
l'art.
Ce
sont ces dessins importants
qui arrêtaient dès longtemps
le
regard d'Hippolyte
Flandrin, qu'on aurait cru réfractaire à l'admiration des qualités de Millet. »
66
'RJOTICE
III
^>^A ^=^
première
peindre;
le
pas
n'est
n'a cessé
de
considérable
bleaux environ). Cela
tient
lentement,
artiste
travaillait
temps
médité chacun de ses
d'ailleurs,
de
œuvre.
son
faisait
poser
saient, de la tails
arrivait
il
le
dessiner
nombre des productions de
fort
de
la
ou
de
en dehors de ses dessins
pourtant^
et,
et études,
il
l'auteur
Donc, depuis plus
de 1844.
Feillée date
de trente ans,
de
exposition
Millet
(quatre-vingts à
ta-
ce que le grand avoir
après sujets.
long-
Rarement,
à être entièrement satisfait
Ajoutons
modèle
:
que
jamais
il
ne
ses souvenirs lui fournis-
façon la plus précise, les moindres dé-
de l'attitude de ses chers paysans et de l'aspect
de ses paysages
.
Don
admirable, qui implique une
observation persévérante, continue, et
amour de
un profond
la nature.
Théophile Gautier a jugé François Millet avec son
tact
accoutumé
:
SU%
MILLET
qui sous
iaid^
prétexte de réalisme substituent le hideux au
vraij
il
cherche et atteint
le style
tation des types et des scènes de
y mettre une grandeur qu'il n'atténue Il
6-j
Bien différent des maniéristes en
«
un
J.-F.
comprend
les
la
et
dans
la
représen-
campagne ;
une noblesse
rusticité.
poésie intime des champs, et
il
la
moisson,
tions saintes
la greffe
héros
On peut
dire
que Delacroix a « Il a
Le
se-
sont-ils pas des ac-
ayant leur bonté et leur grandeur?
Pourquoi des paysans
comme les
ne
aime
dans leurs figures
résignées exprime sa sympathie pour eux.
mage,
sait
rares^ bien
en aucune manière leur
paysans qu'il représente,
il
?
n'auraient-ils pas
du
style
»
du
« patriarche »
dit
de Gros
élevé des sujets
de Barbizon ce
:
modernes jusqu'à l'idéal.»
Et M. Ernest Chesneau, à qui nous empruntons cette réflexion si juste, conclut ainsi « L'art
de Millet est
tion; mais le naturel
* Gazette des
Beaux-Arts.
y
fait
est
* :
de naturel et d'éléva-
sombre
et l'élévation
n^OTICE
68
d'une
telle austérité^ si grave,
l'intensité
du tragique en
ses
pathétique,
si
œuvres
(la
Mort
que ei le
Bûcheron) trouble, inquiète et parfois éloigne ceux
qu'appellent l'admirable naïveté et la science infinie et
pour longtemps
—
rare alliance
de son procédé.
11
!
—
reste dès lors
Quelques-
livré à la discussion.
uns pénètrent son génie, en restent passionnés la
masse
œuvre
le
au seuil de son
le subit. Il faut écrire
mot de
V Imitation
:
;
Renoncez aux choses
frivoles. Relinque curiosa. »
N'oubHons pas de lentes de «
La
citer aussi
M. Théophile
ces lignes excel-
Silvestre
:
visée d'un grand peintre n'est pas de s'en-
voler vers la lune et les étoiles; c'est de marcher
d'un pas ferme, d'un cœur ému, dans qu'il
s'est
même, «
hommes, envers
Cette visée. Millet Tavait;
l'a fait
sentier
toujours sincère envers
choisi,
envers les
le
incomparable
et
immortel.
la
nature.
et c'est »
lui-
ce
qui
SU%
].-F.
MILLET
IV
^N
décembre 1867^ Théodore Rousseau,
voisin et l'intime
ami du peintre de V attente,
succombait après plusie-
i"s
mois de souffrances.
Cette mort frappa cruellement Millet, et
malade à son tour. Depuis vrer
le
lors^
il
une santé complète, malgré
il
devint
ne put recoules
soins tou-
chants et constants qui lui furent prodigués.
Le 20 rait,
janvier 1875, le vaillant chercheur
mou-
âgé de soixante ans (dans ce riant village de
Barbizon, où
il
avait passé plus de vingt années),
entouré des siens, laissant à cette famille désespérée, à
défaut de
glorieux d'un artiste
éminent
fortune,
homme
le
au cœur
nom
loyal et
M. Charles
d'un
*.
Jean-François Millet repose, dans
*
justement
Tillot,
un parent
et
le
modeste
ami dévoué du maître,
a raconté, avec émotion, que Millet disait souvent dans sa dernière maladie, en montrant
un tableau du
Greco, accroché
'KOTICE
SU%
J.-F.
V^CILLET
Théodore
cimetière de Chaili}^, tout à côté de
Rousseau,
Le
fils
qu'il estimait et admirait tant
aîné de
paternelles
!
Millet saura suivre les
Nous avons vu de
lui
notamment, des Moissonneurs)
(et,
!
traces
quelques
toiles
<\m, déjà, prou-
vent de sérieuses qualités d'observation et d'exécution.
On peut l'affirmer,
et
nous aimons à
avant longtemps ce jeune
artiste,
encore ignoré,
signera des œuvres dignes du grand D'ailleurs,
porte. sincère,
honneur
ce
nom
et travail,
le prédire,
nom
qui signifie
:
ne saurait périr
qu'il
talent !
A. P. Passy, novembre iSy^.
auprès de son l'auteur
qui
me
est
lit
«
.
Voilà une peinture qui
à peine connu.
Eh Ken!
touchent, je ne dirai pas davantage,
avoir bien du cœur pour faire une œuvre
M.
Tillot a eu raison d'ajouter
Millet tout entier
dans son œuvre.
«
:
«
Comme
le
est
je connais
peu appréciée,
peu de tableaux
mais autant ;
comme
il
fallait
celle-là. »
que ce dernier mot peint Greco,
il
a
mis son cœur
'5\»i!\iP|jlY»t|
^ill
J|)]
DEUX LETTRES
MILLET
J.-F.
lOMME
écrivain, Millet
ne
s'est
guère
révélé qu'à quelques intimes, dans des lettres rapides et
de franchise
et
coup,
raison,
compris
avec
la vraie
pondance,
que
On
de simpUcité.
peintre
le
campagne l'on
lettres
qui
réunir
grand
— même
admire beaua
si
bien
paysan ; sa corres-
et le
devrait
ferait apprécier à la fois le
de cœur. Ces
charmantes, pleines
et
publier,
artiste et
l'homme
les plus famiHères,
DEUX LETTRES
72
—
abondent en pensées originales
exprimées
d'une
façon
croyons donc que
sympathiquement
et
élevées,
très-pittoresque.
Nous
fragments suivants seront
les
accueillis.
Voici, d'abord, une superbe page, empruntée à l'intéressant recueil V Autographe:
}o mai 1863.
'Barbi:(07i,
Il en est qui
campagne; d'infinies
me
j'y
disent que je nie les
trouve
dont
petites fleurs
le
plus que des charmes,
bien
splendeurs. J'y
charmes de la
vois,
tout
Christ disait
:
comme
eux,
les
« Je vous assure
que Salomon même, dans toute sa gloire, n'a jamais été
vêtu
comme
l'une d'elles. » Je vois très-bien les
auréoles des pissenlits, bien loin
par delà
les
et
le
soleil
qui étale là-bas,
pays, sa gloire dans
les
nuages.
Je n'en voispas moins dans la plaine, toutjumants,
les
chevaux qui labourent, puis dans un endroit rocheux
un homme depuis
pour
le
tout
erréné, dont on
matin, qui tâche de
souffler.
Le drame
est
a entendu
se redresser
un
les
han
instant
enveloppé de splendeurs,
DE
pas de mon invention,
cela n'est
que
MILLET
J.-F.
expression «
cette
le
et
Cri de la
73
il
y a longtemps
terre
Mes. critiques sont des gens instruits j'imagine, mais je ne peux et
comme
je n'ai
jamais de
les
chctmps, je tâche de dire
vu
et
me
»
est
et
trouvée.
de
goût,
mettre dans leur peau,
ma vie vu comme
je
éprouvé quand j'y travaillais.
dront faire mieux ont certes la part
autre chose que
peux
ce
que j'ai
Ceux qui voubelle.
MILLET.
J.-F.
Dans l'Autographe également, parmi des croquis pensée du
d'un beau caractère, se trouve cette maître,
si
juste
et si
vigoureuse
:
Il faut pouvoir faire servir le trivial
du sublime,
Pour
c'est
offrir
l'expression
là la vraie force.
de
l'inédit^ citons
ques passages d'une des
Voir, page loi,
maintenant quel-
lettres cordiales qui
ont été adressées par notre
*
à
le fac-similé
illustre
nous
compatriote
d'une partie de cette
* :
lettre.
DEUX LETTRES
74
"Sarhi-oii,
Mon
24 novembre iS6j.
cher Tiedagnel,
Je vous prie bien fort de
me pardonner
longtemps sans vous dire combien j'ai
si
d'être resté
été touché de
votre histoire d'une paire de sabots*, et aussi delà lettre
que vous m'avez
Quand
je vous
qui ont
les choses
mon
en rien tre
écrite.
dirais
pu
je
autrefois
me :
affaire. Je
m'avoue coupable du
rappelle que
Mon
:
remet-
la bonne intention pourtant.
ma
grand'mère
pauvre François,
bonnes intentions. S'il en
à devenir un
toutes
aider ce retard, je n'avancerais
au lendemain. J'avais
Mais
pour m'en excuser
est
l'enfer est
ainsi je
des pavés dudit lieu.
me
me
Ne me
disait
pavé de
vois destiné laissez donc
pas, faute de pardon, je vous en prie encore, arriver à
une
*
est
telle
destination
!
L'étude réimprimée au celle
commencement du présent volume
dont Millet parle avec tant d'aimable indulgence.
Elle parut, pour la première fois, en ce titre
:
Barbi:(on.
novembre 1867, sous
Histoire d'une paire de sabots, Souvenirs de
DE
J.-F.
MILLET
75
...Je suis en étrange position pour vous parler de votre travail sur les sabots et le sabotier. Si je dis que c'est bien,
ah
! c'est
qu'il
y
est
un peu
question de lui
Si, pour faire de la modestie, j'allais dire que
mal, nête.
cela
I
c'est
ne semblerait à personne ni vrai ni hon-
Pris de la
sorte, je
formulerai ainsi
Cela me paraît plein de cœur
ma
pensée
:
!
Receue^, je vous en prie,
le
bonjour de toute
la
famille.
De moi
particulièrement, recevex_ une bonne poignée
de main.
J.-F.
MILLET.
.
LA LESSIVEUSE, Z^A
CtiAarf. EdiLJmp.Paris
r.^/U.r/-j-รปn. >1^
MrAionJ-h
VENTES %
DES Å&#x2019;UVRES
DE
J.-F.
MILLET
VENTE DE
SALLES
ET
8
9
Les Lundi lo
Me
J.-F-
et
MILLET
DE l'hÔTEL DROUOT Mardi ii mai i8j^.
Charles Pillet, commissaire-priseur
;
M. Durand-Ruel, expert.
TABLEAUX ET ÉTUDES PEINTES
—
La Famille du Pêcheur,
2
—
Baigneuses
5
—
1
*
dans
Carriers.
.
—
— 810 1.500
—
2,700
fr.
fr.
fr.
Tableaux, études peintes, aquarelles, pastels, dessins l'atelier
de Millet, au
moment de
de ces travaux sont inachevés.
sa
et
croquis, trouvés
mort (20 janvier 1875). La plupart
T^'BLE^UX
VE'U.TE "DES
8o
— lo.ooo — Mère avec ses enfants — 7.050 —
4 5
6 7
8
— — ™ — —
9 10 11
12
— —
Petite Bergère assise.
Bergère (L'hiver).
—
3.300
Cardeuse de
—
2.000
Une
laine.
rue de Gréville.
Le bord de
la
—
fr.
fr.
fr.
fr.
1.650
fr.
mer, à Gréville.
—
—
fr.
Falaises de Gréville.
1.500
Falaises et Rochers (Gréville).
2.100
—
fr.
3.900
fr.
Puits de la maison de Millet, à Gréville.
—
2.300
francs.
13
—
vue sur
mer.
—
6.400
—
La Maison de
15
—
Laitière accoudée contre
Millet, à Gréville.
18
— — —
Récolte de
19
—
L'Enfant malade.
20
—
La Récolte
21
—
17
600 22 23
24 25
26
Village de Gréville.
Femme
de Gruchy-Gré ville, avec
fr.
14
16
—
Une Maison du hameau la
—
un
pommes.
des
—
arbre.
3.100
étendant du linge.
—
~ 1.700 2.600
pommes
— 4.000 —
fr.
7.600
fr.
fr.
4.200
fr.
fr.
fr.
de terre.
— 4.000
fr.
Lapins dans les Gorges d'Apremont. (Soleil levant).
fr.
— Cardeuses. — 4.600 — Femme portant deux seaux. — 5.150 — Femme trayant une vache. — 6.800 — Femme revenant du bois. — i.ooo — Les Tondeurs de moutons. — 7,100 fr.
fr.
fr.
fr.
fr.
T>E J.-F.
27
—
Rochers
et
Pommiers, près Barbizon.
29
— Fendeur de — Paysage. —
30
—
28
MILLET
bois.
— 10.100
— 4.000
fr.
i.2iofr.
—
Les Bêcheurs,
1.080
fr,
La Fin de
33
— — —
34
—
Nature morte,
—
3 5
—
Jeune Bergère
assise sur
36
—
Etude pour
—
Bergère gardant son troupeau dans
31
32
Nuit
la
étoilée,
fr.
Journée.
—
—
fr.
3.150
7.300
— 24.000
Les Tueurs de Cochons, 1.500
les Falaises
fr.
fr,
fr.
—
13.000
de Gréville (non
présentée
une roche.
fr.
àk
vente).
37
—
4.700 38
— —
—
3.500 39
—
6,300
40 41
42
— — —
les rochers,
fr.
Pêcheurs remorquant leur
Calme
barque.
plat.
fr,
Barque
de
Pêcheurs
en mer.
de
Effet
soleil.
fr.
— 5.110 — 4.600 rappelant ses vaches. —
La Famille du Paysan. Falaises de Gréville.
Vacher
fr.
fr.
— Chasse-Marée en mer, — 44 — Tête de femme. — 800
43
1.520
4.000
fr,
fr.
fr.
—
45
—
Coup de Vent,
46
—
Jeune Mère
5.800
—
10.900
berçant
fr,
son
enfant
dans ses bras.
fr.
— 2.480 Tour du Moulin à vent, — r.175
47
—
Bergère et son troupeau.
48
—
La
fr
fr..
6
.
82
VE-HTE T>ES T^i'BLE^JJX T>E
J.-F.
D^ilLLET
— Le Soir. — 6.050 — Église de Gréville. — 12.200 50 51 — Laitière- normande, à Gréville. — 5.000 52 — Ane dans une lande. — 6.950 53 — Chasse aux Flambeaux. — 5.000 54 — Bergère rentrant avec son troupeau, (Soleil couchant). — 11,000 55 — Leçon de couture,— 1.850 56 — La mer vue des Pâturages' de Gréville. — 14.200 49
fr.
fr.
fr.
fr.
fr,
fr.
fr.
fr.
Les aquarelles le 107,
et pastels se sont fort bien
112, Petite Bergère tricotant, 2.500
En
résumé,
la seconde,
la
44,799
niaître),
sitions sont destinées
fr.,
fr.,
ce qui
et le
fr.
première vacation a produit 276,235
donne un
La Direction des Beaux-Arts a acheté manière du
vendus aussi
Chevrière auvergnate, a été adjugé 2.935
total
fr,
de 321.034
:
fr.
à cette vente les Baigneuses (première
VEglise de Gréville, et seize dessins. Ces diverses acqui-
au Musée du Luxembourg.
VENTE 95 DESSINS DE MILLET Composant
la collection de
M.
GAVET
HÔTEL DROUOT, SALLES 8 ET Les
Par
le
Vendredi
ministère de
M. Durand-Ruel,
Vente
1
—
11
et
M= Charles
Samedi
Pillet,
2
—
Juin
18 j^
commissaire-priseur, assisté de
expert, avec le concours de
M. Francis Petit.
du Vendredi ii Juin i8yj
Parc à moutons. Clair de lune. Haut
10.600
12
9
,
—
12.100
fr.
71 cent.; larg., 95 cent.
Berger gardant son troupeau. Effet d'automne.
-
fr.
Haut., 72 cent.; larg,, 96 cent.
VElsiTE 'DES
84
3
—
TiESSl'lsLS
L'Hiver, plaine de Chailly.
—
8.100
fr.
Haut., 71 cent.; larg., 94 cent.
4
—
La Fin de
—
la journée.
10.400
fr.
Haut., 71 cent. 5
—
Femmes
Fontainebleau.
—
revenant de
5.450
faire
—
4.450
du bois dans
la forêt
de
93 cent.
larg.,
;
Bergère tricotant en conduisant son troupeau.
—
fr.
Haut., 70 cent.
7
91 cent.
larg.,
fr.
Haut., 72 cent.
6
;
—
Le
;
larg.,
—
Village de Chailly, près Barbizon.
94 cent.
4.600
fr.-
Haut., 70 cent.; larg., 85 cent.
8
—
Batteuse de beurre.
—
5.500
fr.
Haut., 95 cent.
9
—
Chevrière d'Auvergne
filant.
—
;
larg.,
3.150
59 cent.
fr.
Haut., 92 cent.; larg., 57 cent.
10
—
Un
poulailler. Effet de neige.
— 4.600
fr.
Haut., 70 cent.; larg., 88 cent.
11
—
Vosges.
Animaux
—
3.900
sur
la
d'une forêt
lisière
de
sapins,
fr.
Haut., 68 cent.; larg., 93 cent.
12
—
fenêtre.
Bouquet de marguerites sauvages sur
—
3-i5o
l'appui d'une
fr.
Haut., 68 cent.; larg., 80 cent.
13
—
La
—
Veillée.
12.000
fr.
Haut., 43 cent.; larg., s; cent.
14
—
Le Semeur.
15
—
Bûcheron
— 4.300
fr.
Haut., 34 cent.; larg., 41 cent.
3.400
et sa
femme dans
la forêt.
L'Hiver.
—
fr.
Haut., 48 cent.; larg., 33 cent.
COLLECTION
16
—
T>E
Le Repos au milieu du
M. G^VET
jour.
—
85
5.350
fr.
Haut., 42 cent.; larg., 51 cent.
17
—
Orage en
—
plaine.
5.000
fr.
Haut., 42 cent.
18
—
5.050
L'Enu-ée de
la forêt à
larg.,
;
S3 cent.
—
Barbizon. Effet de neige.
fr.
Haut., SI cent.; larg., 40 cent.
19
—
—
La Chute
6.000
des feuilles; berger gardant son troupeau.
fr.
Haut., 37 cent.
20
—
Paysan menant boire ses chevaux,
le
21
22
—
Falaise à Gréville. — 4.900
23
—
La Mer vue 'du haut de
le travail.
larg.,
;
— 4.500
Le Départ pour
la falaise
—
Jeunes
filles
Haut., 46 cent.
26
—
Les Petites Maraudeuses. 2.900
larg.,
;
éo cent.
—
;
— —
;
42 cent.
laïg.,
34 cent.
fr.
Le Retour du marché,
Haut., S4 cent. le soir.
—
;
La Nuée de corbeaux.
;
,
37 cent.
40 cent.
fr.
larg.,
34 cent.
— 3.150
Effet d'hiver.
Haut
larg.,
7.000
Haut., 50 cent.
—
larg.,
fr.
Bouvier rappelant son troupeau dans la montagne.
'
28
—
fr.
4.100
27
$4 cent.
regardant un vol d'oies sauvages.
Haut., 47 cent.
—
larg.,
de Gréville.
Haut., 57 cent.
25
38 cent.
fr. '
4.800
larg.,
fr.
Haut., 44 cent.;
24
47 cent.
fr.
Haut., 44 cent.;
3.850
43 cent.
soir.— 4.000 fr.
Haut., 37 cent.
—
larg.,
;
;
fr.
larg., 48 cent.
VE'NJTE T)ES DESSI'K.S
86
29
—
Paysanne pourchassant des
oies.
—
3.050
fr.
Haut., 46 cent.; larg., 55 cent.
50
—
—
3.200
Paysan rentrant avec son âne. Effet de crépuscule. fr.
Haut., 42 cent.; larg., 51 cent.
31
—
La Leçon de
— 2.050
tricot.
fr.
Haut., 36 cent,
32
—
La Leçon de
lecture.
— 2.300
;
larg., 25 cent.
fr.
Haut., 33 cent.; larg., 26 cent.
33
3.100
—
Petite
—
gardant des oies près d'une métairie.
fille
fr.
Haut., 42 cent.; larg., si cent.
34
—
— 3-350
Fendeur de bois à
l'entrée de la forêt, à Barbizon.
fr.
Haut., 43 cent.
35
—
nuit.
—
36
—
Pêcheurs de homards jetant leurs 1.850
;
larg., 37 cent.
Effet de
claies.
fr.
Haut., 32 cent.
;
larg.,
Bergère et son troupeau sous des arbres.
48 cent.
— 3.i5ofr.
(Les dimensions n'ont pas été indiquées sur le Catalogue officiel.)
37
2.550
—
Paysanne trayant sa vache, environs de Vichy.
—
fr.
Haut., 45 cent.; larg., 50 cent.
38
2.400
—
Deux
bergères causant en gardant leur troupeau.
—
fr.
Haut., 36 cent.; larg., 45 cent.
39
—
Paysanne
faisant paître
deux vaches. Haut., 29 cent.
40
—
;
Bouleau mort, carrefour de l'Épine,
tainebleau.
—
3.900
—
3.350
larg.,
fr.
46 cent.
forêt de
Fon-
fr.
Haut., $0 cent.
;
larg.,
62 cent.
G^VET
COLLECTIO'hL T>E M.
41
—
de neige.
Paysan prenant des oiseaux au trébuchet. Temps
—
3.350
fr.
Haut., 56 cent.;
42 2.800
—
87
Paysanne d'Auvergne
larg.,
46 cent.
en gardant ses chèvres.
filant
fr.
Haut., $7 cent.; larg,, 45 cent.
43
2.500
—
Paysanne
et
dans
chèvres
ses
—
montagne.
la
fr.
Haut., 45 cent.; larg., 62 cent.
44
—
Femmes
portant des herbes.
—
1.050
fr.
Haut., 40 cent,; larg.,
45
—
—
Pâturage d'Auvergne.
1.850
27 cent.
fr.
Haut., 42 cent.; larg., 51 cent.
46
—
Chemin montant
un
à
village.
—
2.300
Haut., 42 cent,;
47
—
Coucous,
fleurs de printemps.
— 2.000
Haut,, 40 cent,
Vente
48
—
fr.
larg.,
cent.
fr.
larg,,
;
53
48 cent.
du Samedi 12 Juin iSjs
Cour de ferme. La
nuit.
—
14.000
fr.
Haut,, 71 cent.
49
—
Les Laboureurs.
50
—
La
—
lo.ioo
;
larg.,
87 cent.
larg.,
94 cent.
fr.
Haut., 70 cent.
;
Plaine de Barbizon. Effet de neige.
— 9.100
fr.
Haut., 70 cent; larg., 94 cent.
51
—
Paysan menant boire
Effet de soir.
—
7.800
ses vaches, bords de l'AlUer.
fr.
Haut., 70 cent.
;
larg.,
94 cent.
VE'KJE 'DES
—
Le Battage
du
TiESSI'^lS
—
Basse -Normandie.
sarrasin,
D fr.
,
Haut., 73 cent.
— ;on.
Meules
et
— 7-300
larg., 95
;
troupeau de moutons dans
cent.
la plaine
de
fr.
Haut., 71 cent.; larg., 95 cent.
54
—
Vigneron au repos.
—
6.000
fr.
Haut., 71 cent.
55
4.050
—
56
84 cent.
larg.,
Cheval de paysan attendant son chargement de
foin.
fr.
Haut., 69 cent.
—
;
—
3.950
;
larg.,
94 cent.
Bergère dormant à l'ombre d'un buisson de chênes. fr.
Haut., 69 cent.; larg., 94 cent.
57
—
Faucheurs dans
la plaine.
— 4 250
fr.
Haut., 94 cent.;
58
3.650
—
Pâturage
dans
les
montagnes
3,620
Vosges.
—
fr.
Haut.,
59
68 cent.
larg.,
des
—
Moulin
à eau
70 cent.;
larg., 95 cent.
au pied d'une montagne,
Allier.
—
fr.
Haut., 70 cent.; larg., 83 cent.
60
—
La Méridienne
des moissonneurs. 6.450
fr.
Haut., 29 cent.; larg., 42 cent.
61
—
—
Berger ramenant son troupeau.
6.050
ir.
Haut., 39 cent.; larg., 51 cent.
62
—
Jardin de paysan.
—
6.000
fr.
Haut., 41
65
—
Cerf sortant de
la forêt. Effet
Haut., 51
64
—
cent.;
larg.,
de lune.
cent.; larg.,
Bergère et son troupeau. Soleil couchant. Haut., 36
cent.;
54 cent.
— 3.100
fr.
34 cent.
— 5.70ofr.
larg.,
44 cent.
.
'
COLLECTIO'K. T)E M.
65
—
Anes dans une
G^VET
plaine par la pluie.
—
89
3.600
fr.
Haut., 45 cent.; larg., 55 cent.
66
—
L'Agneau nouveau-né.
—
6.500
fr.
Haut., 40 cent,
67 5.900
—
La
Plaine
soleil
:
larg.,
;
couchant annonçant
6.220
—
larg.,
;
—
éo cent.
Bergère tricotant en conduisant son troupeau.
—
fr.
Haut., 36 cent.
69
la pluie.
fr.
Haut., 49 cent.
68
46 cent.
—
L'Orage pendant
la
coupe des
larg.,
;
foins.
49 cent.
— 4-i5o
fr.
Haut., 46 cent.; larg., 56 cent.
70
—
Lapins sortant de leur
l'aube..— 4.150
terrier, à
fr.
Haut., 49 cent.; larg., 59 cent.
71
—
Ménagère balayant
sa maison.
— 3.000
Haut., 54 cent.
72
4.500
—
Paysanne
d'Auvergne
gardant
—
fr.
—
;
Jeune bergère assise sur une barrière. Haut., 42 cent.;
74
42 cent.
chèvres.
ses
Haut., 50 cent.
73
fr.
larg.,
;
—
Coucher de
soleil
sur une plaine.
42 cent.
larg.,
—
4.100
larg.,
— 4.850
35
fr.
cent,
fr.
Haut., 41 cent.; larg., 55 cent.
75
4.500
—
Petits enfants conduisant des oies à
une mare.
—
fr.
Haut., 36 cent.; larg., 50 cent.
76
—
Paysan
et sa
femme ramant
des pois.
Haut., 29 cent.;
77
2.250
—
Femme
donnant
la bouillie à
— 2.000 larg., 41
fr.
cent.
son jeune enfant.
—
fr.
"Haut., 58 cent.; larg., 31 cent.
VE'K.TE T)ES T>ESSI11S
90
78
—
— 4.500
L'Enfant malade.
fr.
Haut., 38 cent.; larg., 31 cent.
79
2,800
—
Moutons broutant
les
Haut., 37 cent.
^
—
jeunes pousses d'un bois.
fr.
80
—
81
—
Les Premiers pas de
Haut., 29 cent.
Parc à moutons.
larg., 43
;
— 4.000
l'enfant.
;
cent.
fr.
larg., 35
Clair de lune. — 2.400
cent.
fr.
Haut., 33 cent.; larg., 23 cent.
82
—
L'Hiver, plaine de Chailly.
— 3.050
fr.
Haut., 37 cent.
83
—
Paysanne
couchant.
—
3.750
faisant
boire sa vache.
;
—
Effet de
—
soleil
larg., 43 cent.
Bergères à l'ombre, à l'entrée d'un bois.— 2.470 Haut., 30 cent.;
85
44 cent.
fr.
Haut., 37 cent.;
84
larg.,
Le Chargement des gerbes de
blé.
larg.,
—
fr.
39 cent.
2.620
fr.
Haut., 31 cent.; larg., 47 cent.
86
—
Sentier dans les blés. Effet de midi.
—
Haut., 40 cent.;
87
—
— 4.000
Paysanne
faisant boire ses
-
—
1.975
vaches. Effet de soir.
Le Puy-de-Dôme.
cent.
89
;
larg.,
46 cent.
Effet de soleil dans les nuages.
fr.
Haut., 47 cent.;
—
fr.
cent.
fr.
Haut., 31
88
3.700
larg., 51
Chemin creux dans
la
larg.,
61 cent.
montagne, Allier.— 2.025
fr-
Haut., 38 cent.; larg., 50 cent.
90 en
—
fleurs.
La Fin de
—
2.650
l'ondée. Effet d'arc-en-ciel sur les arbres fr.
Haut., 43 cent.;
larg.,
55
cent.
G^VET
COLLECTIO'hi T>E M.
—
91
Jeune femme au
de Millet.
— 4.400
Cour de
puits.
—
maison natale
la
fr.
Haut., 45 cent.
92
91
Moulin à eau. Environs de Vichy.
;
—
larg.,
33 cent.
3.450
fr.
Haut., 33 cent.; larg., 50 cent.
—
93 1.920
Sommets
fr.
Haut., 45 cent.
94
—
Les
Pissenlits.
—
4.000
—
Fleurs du printemps.
—
La première vacation a produit 206.400 si
remarquable
imposante de 431.050 Il
sont
fr.,
s'est
fr.,
donc élevée,
non compris
larg.,
54 cent.
;
larg., 50 cent.
;
larg., 50 cent.
i.ooofr. Haut., 40 cent.
Cette vente
;
fr.
Haut., 40 cent.
95
—
Vue d'Auvergne.
montagnes.
des
et
en
la
deuxième, 224.650
totalité, à la
les cinq pour cent
somme
fr.
très-
en sus des enchères.
n'y a pas eu, pour les 95 dessins, plus de 20 acquéreurs. Les principaux :
MM. Camando,
Carlin, Martin Leroy, Monjean,
Chaptal, Rœderer, du Havre, et un seul étranger,
directeur
M. Brummer.
du collège
CATALOGUE DES
EAUX-FORTES DE
J.-F.
RR.
I.
—
MILLET''
La Cardeuse de
laine.
Elle est assise, tournée vers la droite; au fond, des ba-
lances posées sur
une maie. Haut., 260 millim.; larg,, 170 millim.
*
Nous devons,
à propos de cette
liste,
auteur des illustrations de l'Oiseau et de comelli, qui
de vifs remerciements VInsecte,
au célèbre
de Michelet, M. H. Gia-
nous a communiqué, avec une charmante obligeance,
tion d'eaux-fortes gravées par Mill_et,
sa collec-
en nous fournissant des détails précis
sur ces admirables raretés artistiques.
A. P.
94
CATALOGUE DES EAUX-FORTES
n. RRR.
—
La Veillée.
Deux paysannes,
dans une chaumière, cousent à
assises
la
lueur d'une lampe antique. Il
une plaque de
cette planche, gravée sur
n'a été tiré de
ques épreuves
zinc,
que quel-
d'essai.
Haut., i5omilUm.; larg., iio millim,
in. RRR.
—
La Tricoteuse.
Elle est appuyée à gauche, contre
Pointe sèche, gravée sur neur.
un
tertre
;
à droite,
— Nous
le
revers d'une planche portant la
marque du
—
Deux
pla-
n'en connaissons qu'une épreuve.
Haut., iio millim.; larg., 75
IV.
on
un troupeau.
distingue
millim.
Les Terrassiers. paysans, tournés
vers la
gauche, labourent à
la
bêche. 1er élat
2e état
à droite, dans le haut de la planche, la signature J.-F. Millet.
:
:
à droite, dans le terrain
:
Paris,
imp. par Aug. Deldtre, rue Saint-
Jacqu£s, 171.
Haut., 230 millim.; larg., 330 millim.
V.
—
Les Glaneuses.
Trois paysannes, courbées sur
gauche. Dans
le
le
sol, se dirigent vers la
fond, les travailleurs bottèlent les gerbes
et élèvent des meules.
A
droite, à l'horizon, les bâtiments
d'une ferme. Haut, 190 millim.;
VI. Il
—
larg.,
250 millim.
L'Homme a la brouette.
se dirige vers la gauche, et pousse sous la porte d'un
verger une brouette chargée de fumier.
Au
bas, h
droite
:
J.-F. Millet.
Haut., lé; millim.; larg., 135 millim.
.
DE
—
YII.
La Femme
gauche
la
95
bat le beurre.
q.ui
Elle est tournée vers gouttelettes de
MILLET
J.-F.
un
;
chat
crème qui s'échappent de
,
guettant les frôle
la baratte, se
au bas de sa robe. Haut., 180 millim.; larg., 120 millim.
—
Vin.
La Couseuse.
Tournée vers
auprès d'une fenêtre
la droite, elle est assise
à petits carreaux en losange. 100 millim.; larg., 70 millim.
Haut.',
—
IX.
La Femme faisant manger son enfant.
Tournée vers souffle sur
une
la
gauche, son enfant sur
Epreuve
d'essai, avec des croquis
ter état
avant la signature.
2e élat
:
:
les
genoux,
elle
cuillerée de soupe.
retouche à
la
dans
marges du cuivre.
les
pointe sèche dans
cou de
le
la
mère, et
le
nom
de
J.-F. Milkt, 1S61.
Publié dans
la Gazette des
Beaux-Arts Haut., 220 millim.; larg., 160 millim.
X.
R.
Un lui,
—
L'Arrivée aux champs.
paysan, la fourche sur l'épaule
marche
femme, qu'un
sa jeune
tête, abrite contre les
Quelques épreuves de
rayons du
à gauche, auprès de
;
large panier, posé sur sa
soleil levant.
cette belle planche ont
été
tirées
sur vélin et sur
papier de Chine volant.
Haut., 385 millim.; larg., 300 millim.
XI. rr.
—
Bergère tricotant.
Tournée vers
la
mante à capuchon,
monté de jeunes
gauche, elle est
arbres.
les
épaules
couvertes
d'une
debout au pied d'un massif sur-
Un
chien
surveille
le
troupeau
dispersé dans la plaine.
Au
bas, à gauche, dans le terrain
:
J.-F. Millet.
Haut., 310 millim.; larg., 225 millim.
CATALOGUE DES EAUX-FORTES
96
GaRDEUSE
XII. RRR.
Debout au bord d'une gauche contre un arbre Croquis à
pointe sèche,
la
;
nou
d'oies.
main
s'appuie de la
rivière, elle
au fond,
les toits
d'un village.
signé.
Haut., 140 millim.; larg., 120 millim.
Xni. Elle
—
Gardeuse de chèvres.
marche
vers la droite, en filant à la quenouille. Site
d'Auvergne. Au
bas, à droite
Gravé pour
:
le bel
J.-F. Millet.
ouvrage intitulé
:
Sonnets
Eaux-fortes. Alp. Lemerre,
et
éditeur. Paris, 1869.
Epreuves de remarque
:
cinq traits à la pointe, dans le
ciel,
à gauche.
Haut., 200 millim.; larg., 130 millim.
XIV. 11
—
RR.
Mouton
marche vers
la
paissant.
gauche. Dans
le
fond de
la plaine,
un
berger appuyé sur son bâton. Haut., 47 millim.; larg., 120 millim. Essai de pointe sèche
;
à gauche, dans
le
ciel, le
nom
de
Cli.
Jacque.
Cette planche, gravée vers 1850, est de la main de Millet.
La
fausse signature qu'elle porte n'y a peut-être été mise
que dans
but d'en facihter la vente,
le
les éditeurs d'alors
n'acceptant guère que des œuvres signées d'un
nom connu
déjà et apprécié
du
Subercaze,
portant la signature de Ch. Jacque, sont
etc.,
public.
Des
eaux-fortes de Jeanron,
de
encore aujourd'hui faussement attribuées à ce maître, qui, d'ailleurs,
graver
se souvient à merveille d'avoir
l'essai
de pointe sèche dont
il
s'agit.-
vu
J.-F.
Millet
DE
OEILLET
J:-F.
97
.
GRAVURES SUR BOIS
La Bergère. Elle est assise sur tient
Au
dans
la
main
un
droite
tertre,
tournée vers
la
gauche, et
un long bâton.
bas, la signature J.-F. Millet. Kiiut.,
La Femme versant de Debout auprès d'un verse le contenu
270 millim.;
larg.,
2io millim.
l'eau.
puits et tournée vers la gauche, elle
d'un seau dans des vases placés devant
elle.
Au
bas, à droite
:
J-F.
Mille!.
Haut., 145 millim.; larg., 95 millim.
Ces deux planches, gravées directement par Jean-Baptiste Millet, sur les dessins de son frère, dans la et
large
des tailleurs
d'images du xvi^
manière simple
siècle,
nous ont
semblé dignes d'être comprises dans l'œuvre originale du maître.
Nous en compléterons
la
série,
malheureusement
trop peu nombreuse, en signalant deux lithographies, dessi-
nées sur pierre par J.-F. Millet, pour servir de
titres
à des
romances.
La
première,
grande
rareté.
un
Portrait de Chateaubriand, est de la plus
Nous empruntons
à l'excellente étude publiée par
la description
M. Ph.
de
la
seconde
Burt}', sur les
eaux7
CATALOGUEDES EAUX-FORTES DE J. -F. MILLET
^8
fortes de Millet, dans le
Arts
ne volume
de
la Galette
des
Beaux-
:
OÙ DONC
EST-IL?
*
Ces mots semblent soupires par une jeune femme en
«
vêtements noirs, accoudée à
la balustrade
qui presse contre elle ses deux enfants.
et
de nombreuses reproductions des compositions
existe
Il
d'une terrasse,
»
de Millet. Nous n'en désignerons que quelques-unes, choisies
parmi
remarquables
les plus
Mort
la
et
Bûcheron
le
des haricots**,
;
:
Œdipe
VAngehs, gravé par Waltner détaché de l'arbre
planches gravées par
vaux rustiques ;
les
;
Edm. Hédouin
Quatre heures du jour
:
;
la Cueillette les
;
Tra-
quatorze pièces
gravées sur bois par Adrien Lavielle.
Citons
MM.
encore,
Mouilleron
pour
finir,
les
belles
lithographies
par Millet, pour la grande édition des Fables de
"
La
Fontaine,
D. Jouaust.
publiée par
*
La musique de
cette
romance
est
de Frédéric Lebel.
Cette composition, publiée dans VArt, a été aussi reproduite
graphie
par Emile Vernier. (Etrennes
(eut exemplaires
de
et Vernier, et le Berger et la mer, dessiné
.
rares, dix
magnifiques
ilfme Lejeune, éditeur, Paris, lSy2.j
en litho-
planches tirées à
FAC-SIMILE
N
La
lettre
originale se compose de quatre pages, pleines d'une
attrayante cordialité.
intimes
:
le
premier
Nous en reproduisons et le
deuxième alinéa,
les passages les et les
moins
dernières lignes.
^«,
t/^e*^ pt.*^ 6»t-iM
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4/4. -W*-»»»
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«u^J-' ^«./a. ^*^to-
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e^«?w^ *u>,«V*V
A- «t*»^
^2^^
TABLES
.
TABLE DES MATIERES Pages
v
Dédicace
vn
Avertissement de l'Éditeur
Millet chez
Le Paysan,
lui. Souvenirs de Barbiion
ii
^'Amédée Rolland
45
poésie
Vers d'Anton: Deschamps
51
Notice
53
Deux lettres de
J.-F.
Millet
71
Résultats de la Vente des tableaux, etc.
Vente des
95 dessins, Collection de
Catalogue des Eaux-Fortes Fac-Simile
M. Emile
.
Gavet
.
77 83 93 loi
,
EAUX-FORTES
Pages
Frontispice, composé
Portrait de D'après
tine
et gravé par
J.-F. Millet, gravé par
La Chute des ,
.
feltilles;
J.-F.
.
.
Titre
Ai. Lalauze.
13
appartenant à
M.
MILLE!
Berger gardant son trouAlfred TaIÉE
gravé par
Dessin, provenant de la Collection de
M.
Gavet
(No ip du
.
26
Catalogtu),
Monjean.
Le Printemps Panneau, provenant de
La
Rops.
Félicien
.
photographie d'Elknne Carjat.
ŒUVRES DE
peau
.
.
R. Piguet. l'hôtel
de
M.
Pileuse
Tableau. Collection de
Soleil.
Collection de
M.
Félicien
M.
Hecht.
36
F. Gérard.
Rops.
55
1
EAUX-FORTES
io8
Paysans rapportant a leur habitation un veau NÉ dans les champs .... Maxime Lalanne .
Tableau. Collection de
M.
Derrière la maison de Millet, a Barbizon M. H.
Croquis. Collection de
Berger
M.
gardant
70
Ed. Saint-Raymond.
76
Monjean.
son troupeau.
Effet d'Automne,
Ch. Dessin. Collection de
M.
appartenant à
M.
Beauverie.
83
R. Piguet.
92
Gavet [No 2 du Catalogue).
Jardin de paysan Dessin, provenant de
....
Alfred Taiée. Giacomelli.
La Lessiveuse Tableau. Collection de
6
Saucède.
la Collection de
Monjean.
M.
Gavet
(Wo 62 du
Catalogue),
IMPRESSION DU TEXTE
PAR SERINGE FRÈRES 2,
Place du Caire, à Paris
TIRAGE DES EAUX-FORTES
PAR 56,
V^e A.
CADART
Boulevard Haussmann, à Paris
BOSTON PUBLIC LIBRARY
3 9999 05038 854 3