L'Aube romantique, 1910

Page 1

PAUL LAFOND

L'Aube romantique Jules de Rességuier CHATEAUBRIAND LAMARTINE A.

H. T.

SOPHIE GAY

EMILE DESCIIAMPS

MAOAMK DE GIRARDIN SOUMET

ses amis

et

VICTOR HLGO

DE LATOUCUE

EUGKNE SUE

SAINTE-BEUVE

ALFHED DE VIGNY

Avec an portrait à l'eau-forte

PAKIS

MERCVRE DE FRANGE SXVI, RVE DE CONDK, XXVI

UCMX

et

AUTRES



ny-vxtt

L'AUBE ROMANTIQUE

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PAUL LAFOND

L'Aube romantique Jules de Rességuier et ses amis CHATEAUBRIAND

— EMILE DESCUAMPS — VICTOR

MADAME DE GIRARDIN LAMARTINE A,

SOUMET

H. T.

DE LATOUCHE

EUGÈNE SUE

SOPHIE GAY

HUGO

SAINTE-BEUVE

ALFRED DE VIGNY

Avec un portrait à l'eau-forte

PARIS

MERGVRE DE FRANCE XXVI, RVE DE CONDIJ, XXVI

HCHX

et

AUTRES


JUSTIFICATION DU TIRAGE

'O \j

Droits

o

de traduotion at dé repr iduclion réservai pour tous pays.


JULES DE RESSÉGUIER



L'HOMME

Jules de Resség-iiier, né à Toulouse, le 28 janvier

1788, descendait d'une ancienne famille du Rouer-

gue qui avait aidé Charles de cette province.

V

à chasser les Ang-lais

Au commencement du

les Resség'uier vinrent se fixer

Languedoc où

l'un d'eux

lement. Depuis lors, et lui

ils

du

ne quittèrent plus cette

ville

fournirent une long-ue suite de magistrats, dont

cureur général au

femme

chemin de

fut,

(i).

moment de

se cacher, sous la Terreur,

tés,

la capitale

occupa une place au Par-

cinq présidents aux enquêtes

sa

dans

xvi^ siècle,

la

Le dernier, ProRévolution, dut

pour éviter l'échafaud;

peu après, contrainte à prendre

l'exil et

le

à la suite de bien des difficul-

des transes et des dangers, gagna l'Espagne

parles Pyrénées centrales. Leurs enfants, Adrien

et

Jules, Adrien, qui fut maire de Toulouse sous

la

Restauration, né en 1786, Jules, né deux ans plus


L AUBK ROMANTIOUE

tard, restèrent auprès de leur grand'mère,la Prési-

dente de Rességuier, qui leur fat à son tour enlevée

pour être incarcérée dans l'ancien couvent de la Visitation, transformé

par leur tante

la

en maison de détention. Recueillis

Présidente d'Aguin, sœur de leur

père, les deux enfants, une fois par jour, à heure fixe,

grâce à des intelligences entretenues avec

geôliers, étaient

de

l'aïeule pût,

de loin. obtint,

Au

la

menés sur

les

bout d'un certain temps, lagrand'mère

enfermés avec

soins, qu'ils fussent

elle.

Le 9 Thermidor

lui rendit la liberté; elle

ses petits-fils le vieil hôtel

épave échappée au désastre. voué, Poitevin-Peitavi les lettres

remparts pour que

fenêtre de sa cellule, les apercevoir

pour leur continuer ses

gna avec

(2),

Un ami

rega-

abandonné, fidèle

et

dé-

ancien professeur de bel-

dans un collège du bas Languedoc, qui

venait lui aussi de sortir de prison, fut alors seil et

les

le

con-

l'appui de l'aïeule et des enfants. Esprit très

littéraire,

Mainteneur à l'Académie des Jeux Flo-

raux depuis rySB, plus tard Secrétaire perpétuel de la

docte compagnie,

il

donna aux deux

frères

une

haute et solide culture intellectuelle.

Après douze années passées en Espagne,

la

com-


1.

ALBC

iXO.MANTIOi;!:

tesse de Rességuier rentra à

dre bientôt après,

6

le

Toulouse pour

mai i8o3, à peine

âg-ée

Le comte de Resség-uier

trente-six ans.

s'étein-

de

réfug-ié

,

depuis longtemps à Paris,y était mort mystérieuse-

ment, le fils,

i*^''

septembre i8oi,à quarante-six ans. Ses

qui l'ignoraient pour ainsi dire et ne l'avaient

pas revu, passèrent leur adolescence dans

demeure

En

la vieille

familiale triste et morose.

[806, aux approches de ses seize ans, Jules

de Rességuier, tinait le titre lui avait été

fidèle à la carrière à laquelle le des-

de chevalier de Malte de minorité qui

donné à sa naissance, enivré par

les

triomphes des armées de Napoléon, entre à l'Ecole militaire

de Fontainebleau, d'où

nant.

fait les

Il

il

sort sous-lieute-

campagnes d'Allemagne

logne de 1807 (3), d'Espagne de 1809. celte dernière, épuisé et et

malade,

il

Au

et

de Po-

retour de

quitte le service

retourne à Toulouse. Cinq ans plus tard, en i8i5,

complètement élevée par

rétabli,

il

épouse M'^^de Mac-Mahon,

M™^ Gampan dans

la

maison d'éducation

fondée par cette femme distine^uée àSaint-Germainen-Laye, sur

le

modèle, autant que

les circonstances,

Cyr, créée

de

le

permettaient

la célèbre institution

de Saint-

parM™^ de Maintenon. Le comte de Res-


LAUBB ROMANTIQUE

10

ség-uier avait été

avait connu la jeune

de son second

fille

serait plus juste

au bivouac — Guiraud

et

commence

(4)-

il

se

,

;

le

lie

à

alors à écrire

Toulouse avec Alexandre

comme il

il

occupe

23 août de la

les

deux Alexandre

nomme Gaspard

les

Le 2G juin 1826,

Jeux-Floraux, où teuil

femme

de dire qu'il avait déjà commencé

Alexandre Soumet,

languedociens

Pons

destinée à devenir la

et

iils,

Jules de Rességuier il

Mac-Mahon

avec M"'' de

lié

est élu

le

de

Mainteneur des

trente-troisième fau-

même

année,

il

prononce

son discours de réception.

L'Académie des Jeux Floraux,

cette noble et res-

pectable institution méridionale, continuation de

la

Très Gaie Compagnie des Sept Troubadours de i323, reconstituée en 1694, ce qui lui donne depuis lors plus de

deux

siècles

d'existence, jouit d'une

très réelle et très légitime importance. le

Son moment

plus brillant, sa phase la plus éclatante, semble

jusqu'à présent

avoir

été le

premier quart du

XIX* siècle. Vers 1820, c'était, pour flatteur

de recevoir

la

un

écrivain, aussi

couronne de Clémence Isaure

que d'être proclamé lauréat par l'Académie française. «

On pouvait se

consoler, » a écrit E.Biré (5),


L

ff

AUBE ROMANTIQUE

I

I

de ne pas ctre vainqueur au palais Mazarin pour

peu que Il

l'on

triomphât à Toulouse.

faut ajouter que,

»

n'imposant pas un sujet,

laissant les concurrents traiter celui qui leur con-

venait

le

mieux,

Jeux Floraux eurent à maintes

les

reprises l'occasion de récompenser des ouvrages

supérieurs aux

de

poèmes couronnés sous

coupole

la

l'Institut.

L'Académie de Clémence Isaure met Jules de Rességuier en rapport avec Victor

Hugo

nom-

et

bre d'écrivains qui devaient former les cohortes

romantiques;

elle décide,

littéraire. Jules

pour

ainsi dire,

de sa vie

de Rességuier servit d'intermédiaire

entre les Jeux Floraux et ses amis partis pour Paris,

qui

le

mirent en

correspondance avec

poètes. Si Millevove, Ghênedollé et

même

d'autres

Alexan-

dre Soumet sont lauréats chez Clémence

avant

qu'il

ne fasse partie de

la

îsaure

maison, Eugène et

Victor Hugo, Alexandre Guiraud, A. de Saint- Valry,

Amédée Pommier, gel,

Evariste Boulaj-Patj, Duran-

Gaspard de Pons, Joseph Rocher, M™® Tastu,

ne triomphent qu'après sa nomination de Mainteneur.

voix

S'il

la

n'augmente par sa présence que d'une

majorité qui

fait

obtenir à ceux-ci les

ama-


1

L At'BK

2

rantes,

églanlines, les

les

d'or et d'arg-ent,

que

c'est

ROMANTIQUE

il

grâce à ses exhortations et à ses conseils

prennent part aux

qu'ils

lousains.

violettes et les soucis

n'en demeure pas moins vrai

Il

lices et

aux concours tou-

célèbre d'ailleurs lui-même ces nouvelles

recrues dans son Eloge de Clémence Isaure, pro-

noncé en pleine Académie, Ils

y sont tous venus

;

ils

le

23 août 1819

y viennent encore

:

!

L'œil fixé sur les fleurs qui brillent dans ta main,

Du beau pays où l'on t'adore Les poètes rêveurs prennent tous

Il

y

glorifie,

en particulier,

jeunes athlètes, celui destiné tinées, Victor Huffo,

le

le

chemin.

plus jeune de ces

aux plus hautes des-

couronné, l'année même, pour

son poëme lyrique du Rétablissement de la statue

d'Henri IV: Il vint, ce jeune Hugo, s'essayer à combattre Sous ton poétique drapeau; Et couvrit d'un laurier la tombe d'Henri-Quatre

Non

II

loin de

son royal berceau.

n'oublie pas M""® Tastu, qui avait remporté

prix de l'ode avec une pièce intitulée

de la lyre

:

:

le

l'Etoile


l'aube romantique

Puis une de

tes

i3

sœurs, en écartant ses voiles,

Courba son jeune front sur ton plus beau laurier; C'est elle qui, la nuit et parmi les étoiles, Avait vu sa lyre

Sollicité

briller.

par ses amis, poussé par ses tendances,

ses goûts, Jules

de Rességuier hésitait cependant

à quitter Toulouse pour aller se fixer à Paris où tout l'attirait et l'appelait,

ainsi dire, lui

en

quand un événement vint pour ,

faire

une obligation. Les années

précédentes,il avait rencontré

de-Bigorre

le

aux eaux de Bagnères-

comte Ch, de Peyronnet,

cette vie qui associe

et «

dans

pour quelque temps des

exis-

tences séparées avant, séparées après, la rencontre

devenue une liaison de tous

était

les jours, la liai-

son, une amitié de toute la vie (6)

Devenu ministre de

la Justice,

».

Peyronnet

offrit

à Jules de Rességuier une place d'Auditeur au Conseil

d'Etat que celui-ci ne put faire autrement que

d'accepter et qui,

bientôt après,

le fit

monter à

la

situation de maître des requêtes.

Dès son arrivée à Paris, à peine

installé, Jules

comme l'a écrit Gh, Nodier à proami commun Emile Deschamps, tint

de Rességuier, pos de leur

dans

le

monde cette

situation qu'on aime à voir bien


romantique

l'aiibb

j4

occupée, de l'homme de lettres et de l'homme du

monde fondus en une

seule personne. Plein d'es-

de goût, de raison sûre

prit,

mondain accompli, il

homme

se

et fine,

d'un atticisme

montra toujours

le g^entil-

d'une élég^ance de manières et d'une cor-

rection de tenue irréprochables. est inutile

Il

avec

les

de dire

qu'il n'eut rien

Jeunes-France célébrés par Th. Gautier.

S'il assista à la

première

d'/Zér/ia/î/, s'il

hautement son admiration pour remarquer

fit

commun

de

ni par l'étrangeté

des apostrophes violentes

l'auteur,

il

ne s'y

du costume, ni par

et déplacées.

d'ailleurs une profonde erreur de croire

partisanset amis de Victor

y témoigna

Ce

serait

que tous

les

Hugo portassent de longs

cheveux, des barbes truculentes

et

des gilets à la

Robespierre, que tous ressemblassent de loin ou

de près à Petrus Borel ou à Jehan Duseigneur. Jules de Rességuier eut à Paris un salon

litté-

raire, qui

précéda de pas mal d'années non seule-

ment

premières réunions de Victor

les

Nolre-Dame-des-Ghamps de les

la place

et

Hugo

rue

par conséquent celles

Royale, qui datent de 1829, mais

même

après-midi de l'Arsenal présidées en 1824 par

Charles Nodier. Le poète languedocien reçut d'à-


L AUBE

ROMANTIQUE

rue Taitbout. Ce

bord, rue du Helder, ensuite,

cénacle de l'aube romantique se tenait

le

samedi.

Si Jules de Resség-uier recevait volontiers,

réunions étaient haut prisées bien accueilli dans les

chez son cousin

il

On

le

n'était

ses

pas moins

parisiens les plus

salons

fermés, les plus exclusifs. soi,

,

si

voyait, ce qui va de

vicomte de Panât (7); chez

le

l'académicien Michaud,

comte

le

de Ségur,

le

comte de Narbonne; chez M™^^ de Raig-ecourt, de Saint-Aulaire, de la

Montcalm on ;

le

rencontrait chez

duchesse de Broglie, salon très mondain, très

élégant où la noblesse et doyaient.

La

fille

teur d'Ourikael

de

littérature

la

duchesse de Duras,

la

d'Edouard,

la

se

cou-

l'au-

duchesse de Rau-

zan, tenait tout particulièrement à saprésence à ses soirées qui, écrit Ed. Leg-ouvé,

ans de souvenirs, servaient

monde.

sortes de

Un

«

dans ses Soixante

de rendez-vous à trois

arrière-ban de

duchesses

douairières, de vieilles marquises donnaient à sa société «

un fond de

g-ravité et

M. de Resség^uier

homme»,

dit

de sérieux.

était le

type du vrai gentil-

M. G.duGabé(8),qui succéda à notre

poète à l'Académie des Jeux Floraux titre et

son

»

nom

;

«

il

portait son

sans raideur et sans morg-ue, avec


i6

L

AUB5 ROMANTIOUE

l'aisance et la simplicité d'un lég-itime possesseur.

Son urbanité Il

avait

était

parfaite, sa politesse exquise.

pour tous une bienveillance sans égale,

quirépandait autour de

dans ses discours

lui,

dans ses actions, un charme indicible; au tre

importune, sa supériorité

tage, tant sentir. »

il

cesse à la pensée

au suprême degré

— ce

quand ;

il

qualificatif revient sans

de

s'agit

lui

il

l'était

quelque peu

fin, l'allure

dédaigneuse, Jules de Rességuier

charmant. Nous en avons pour garants

ceux qui

sans être beau dans l'acception

absolue du mot, élégant, et

lieu d'ê-

aimer davan-

mettait d'application à ne pas la faire

Gentilhomme

hautaine

le faisait

comme

l'ont

connu

s'alliait

au

de

les dires

et aussi ses portraits.

impeccable tenue de dandy

était

Son

laisser-aller

de l'homme de bonne maison. Le front ample large, les tête^ le

yeux doux

et spirituels

un peu à

nez légèrement retroussé,

dessinée aux lèvres rouges,

le

la

et

de

fleur

bouche bien

visage ovale enca-

dré dans une ample chevelure noire relevée sur front et

ramenée en bandeaux ondulés

tempes,

les

sur

le

les

joues ombragées de soyeux favoris

coupés à la hauteur

un aspect des plus

du menton,

aristocratiques.

lui

constituaient


AUBE ROMANTIQUE

L

IJ

Jules deRességuier homme d'esprit par excellence,

moins

véritable petit-neveu deRivarol, « n'avait pas

de verve dans un magasin où

que dans toujours

salon où

le

n'enfonçaient pas.

pour

ses

accepter

il

bienveillant, ses

mots le

ils

achetait ses gants ses vers

Mais

».

piquaient et

réparties

se gardait bien de blesser et,

Il

flatteurs,

fond,

il

lisait

même quand on

n'osait en

plaisaient par leur forme déli-

cate et charmante.

En

veut-on quelques exemples

Un jour,

?

après sa nomination d'Auditeur au Con-

seil d'Etat,

sur l'observation d'un huissier

lui fai-

sant remarquer qu'on ne fume pas dans les salles

de ce tribunal suprême,

non sans une certaine éternelle cigarette

il

se contente de répliquer,

ironie,

aux lèvres

vous voyez bien que

si

et

convenons-en, son en souriant

,mon ami.

représentation de Rui/ Blas,

de

la

sir

à Victor

meuse

lettre

Hugo

les

» il

:

«

Mais

Le lendemain envoie à choi-

variantes que voici à la fa-

de Charles

II

à Marie de

Neubourg

ne fait pas grand vent, le temps est des plus beaux Et nous avons tué deux superbes pourceaux. Il

Le temps est froid et sec, on porte des manchons Et nous avons tué deux énormes cochons.

:


l'aube UOMANnOL'E

l8

Nous n'avons pas chassé Mais nous avons

Tout

les cerfs

tué, chez nous,

du duc d'York un fameux porc.

que plaisanterie sans malice

cela n'est

ni

méchanceté, n'entraînant pas à conséquences.

Ecoutons ce que narre de Jules de Picsséguier,

un journaliste des premières années du Gouvernement de

Juillet qui l'a fréquenté

mœurs, son caractère

Jules de Rességuier avec ses

son coeur de poète,

artiste et

a,

:

comme

dorig-inalité qui frappe d'abord

;

un cachet

sa muse,

je ne sais quelle indi-

de sa personne

vidualité qui fait qu'on

se ressouvient

aussi vivement et aussi

long-temps que de ses vers

Entrez

le

matin chez Jules de Rességuier,vous ne voyez

ni

bureau, ni écritoire; pas un

si

ce n'est

de

tes,

les

la

pas un manuscrit,

livre,

que quelques vers d'amis mais des

statuet-

;

musique, des

fleurs, des aquarelles sur tous

meubles, dont aucun n'est à sa place, dans un dén'était pas

causait de

sordre lyrique.

Il

mille choses

va causer de mille autres avec vous

rit,

il

pétille

;

il

de

du jour, vous

main

et

un

le

ou d'éloquence

saillies

quelqu'un vous succède

seul déjà,

;

il

du

Brésil

dans vingt magasins, pleins de monde; rien ni à

puis

il

personne;

il

Au

il

milieu

guides à la

les

à la bouche

;

vous sortez,

recommencera.

rencontrez en cabriolet,

cigare

;

il

;

il

descend

n'est étranger à

salue, cherche, choisit,

répond;

revient dîner en famille, famillecharmante, raconte


L AUBE ROMANTIQUE

ig

sa journée sans se préparer jamais pour la soirée.

passera peut-être chez lui avec peut-être au spectacle, dans être

au bal, où

il

les; ce sera sans

table ronde

bas... g-uier

Ah 11

de tous

l'élite

une

log'e

Il

la

les talents,

bien peuplée peut;

restera trois minutes et dira trois paro-

doute dans quelque divine intimité de

où Ton pense tout haut, où

Mais quelque part que ce

l'on parle tout

de Ressé-

soit, Jules

aura été brillant, tendre, tout à tous ça!

quand

travaille-t-il?

ne travaille jamais

et

où donc

travaille

fait-il ses

toujours;

vers? ses

fait

il

vers en vous parlant, en conduisant son tilbury, en bouleversant dans les magasins, en reg-ardant

le

ballet

ou

le bal

La Révolution de i83o, qui éclata comme un coup de foudre, surprit et navra Jules de Pvességuier. Sans penser un seul instant à et protecteur, le

lui,

dès qu'il sut son ami

comte Ch. de Pejronnet empri-

sonné au donjon de Vincennes, ser.

Rassuré sur

la vie

du vieux

il

X, qui,

par

s'em-

après de douloureuses péripéties,

barquer avec il

prit le

la famille royale

courut l'embras*

roi Charles finit

pour l'Angleterre,

chemin des Pyrénées, y séjourna quelque

temps, puis revint à Paris où mille raisons pelaient.

De Paris

il

se rendait à

le

rap-

Ham, aussi souvent

que possible, c'est-à-dire toutes les fois

qu'il

en obte-


30

L AUBE ROMANTIQUE

nait l'autorisation, apporter la consolation de

présence aux prisonniers de

la

sombre

sa

forteresse.

un jour,

C'est à la fin d'une de ces visites, faite

renouvelée

le

lendemain, à son cher Peyronnet, que

celui-ci lui

fit

cette

charmante remarque

que, depuis deux jours, je

Avouez

«

:

ne suis guère prison-

nier. »

A

tout propos, dans ses poésies, Jules de Ressé-

guier parle de cet ami

si

tendrement aimé

image

Je lui cachai ces vers taadis que son Etait ainsi

que

lui

Mais aujourd'hui

A

placée au premier rang qu'il est

:

malheureux

;

et plus

grand,

son adversité j'adresse cet hommage.

Il le

recevra pur dans sa noble prison,

Entre ces murs portant

la

voûte étroite et noire.

son regard captif peut manquer d'horizon.

Mais d'où son

Et ailleurs

Oh mon Oh mon

nom

plus beau s'élance vers l'histoire

:

!

cher prisonnier, vive

!

cher grand seigneur, vive l'égalité

la liberté! !

L'égalité d'humeur, dans les plus grandes peines,

La

Il

liberté d'esprit sous les plus lourdes chaînes.

est inutile d'ajouler

que Jules de Rességuier,


L

fidèle

qui

AUBK ROMA.NTIQL'E

aux Bourbons, refusa, malgré

lui

furent faites, de servir

le

ouvertures

les

Gouvernement de

Louis-Philippe. II

continua néanmoins quelques années encore à

habiter Paris; mais

il

n'y fut plus exclusivement

que l'homme du monde

et

maison resta un centre

littéraire.

«

«

M.

et

Mme

(jg

l'homme de

de simples maîtres de maison. Resség-uier

quand on

un jugement

demandait

M. de Lamartine saient que de

il

très

sûr, qui ren-

disait ses vers

que

les disait très bien...

M. Victor Hug-o n'apparais-

et

temps en temps dans ce salon où on leur

offrait affection

et

admiration; mais

déjà l'idolâtrie. J'ai vu,

hommes

et

n'étaient pas

une forme toujours

M. de PLességuier ne

lui

ils

On recherchait dans

dait discrètement ses arrêts sous

ingénieuse.

Sa

Resség^uier », écrit A. de Falloux,

avaient un salon très littéraire et

Mm« de

lettres.

là,

dans

ils

exig-eaient

l'intimité,

quelques

distingués qui étaient de véritables amis

Alexandre Guiraud,que l'Académie peut-être

et

que

le

/es

Macchabées ont porté à

Petit

Savoyard protégera

mieux devant la postérité; Alexandre Sou-

met dont on aura peut-être oublié

quand on

:

se

\di

Jeanne d'Arc

souviendra de la Pauvre Fille ; M. de


L AUBE R(».MANTrnUE

Beauchesne, l'émouvant historien de Louis XVII, et

surtout M. Emile Deschamps, que la

eût

mieux

cieux...

Ma

unique école ség^uier. »

s'en fût

traité, s'il

première

et,

montré plus sou-

je dois

littéraire, fut la

renommée

l'avouer,

mon

maison de M. de Res-

Bien d'autres noms doivent être ajoutés»

à ceux cités par A.deFalloux.Dans la première édition

du second recueil de poésies de Jules de Ressé-

guier, les

Prismes Poétiques, se trouve, au milieu d«

volume, une pièce de vers de quatre pieds,

dans

la

relég-uée

seconde édition en appendice, imprimée

comme presque à regret, en petits caractères, et peutêtre à juste raison, car Jules de Rességuier

gle pas

comme

Victor Hug^o, avec

mètres rares. Dans ce morceau, ((!

excessive, l'auteur

énumère

les

les

ne jon-

mots

et les

d'une longueur

habitués de sa de-

meure, pour un certain nombre d'entre eux,

mêmes que ceux

fréquentaient déjà chez

qui

rue du Helder. Leurs

entrechoquent avec

noms

les

les lui,

s'y rencontrent et s'y

noms de nouveaux venus

dans un pêle-mêle étrange, dans une sorte de promiscuité désordonnée les écrivains les plus célèbres, ;

les plus

grands du xix*

d'hommes de

lettres

siècle,

y paraissent à côté

bien oubliés aujourd'hui et


L AUBE RONtANTIQUE

dont certains

même

ment inconnus

iîJ

sont pour ainsi dire complète-

(9).

Faut-il en faire l'énumération ?

Ce sont Emile

et

Antony Descharaps, Beauchesne, Gh. Nodier, Peyronnet, Lamartine, Sainte-Beuve, Belmontet, SaintFélix,

Gaspard de Pons, Mennecliet, Roger, Bri-

faut, Berryer, Alf.

Nettement, Jules Janin, Eug.

Sue, Saintine, Méry, Delavigne,

du

d'Arlincourt, J. de

Ancelot,

Scribe,

Croze, Walsh,

Fréd. Soulié, Alex. Dumas,

Foug-erais, Toulza, Barbot, Fr.

Lacombe, Saint-André, Nugent, Boulay-Paty, GoûtDesmartres, Méliot, Turquety, Julvécourt, Blaze de Bury, Roger de Beauvoir, Ch. de

la Bouillerie,

Falloux, Ferrière, Aug. Barbier, Brizeux, Alfred de

Vigny, Alex. Guiraud,AIex. Soumet

Gomme

le

et sa

fille.

sagequ'il était, l'éducation de ses trois

enfants, Paul, Albert et Charles,

achevée depuis

même mariés,

peut-être aussi

longtemps,

les aînés

quelque peu désillusionné de prise les

la

tournure qu'avaient

événements politiques

et

de l'altitude de certains de ses amis

de plus

attristé

littéraires, par-

ticulièrement du plus en vue de tous, Jules de Rességuier quitta Paris en iS/js, pour retourner dans

sa province qui avait toujours conservé une grande


l.'AUBE

24

ROMANTIOUK

part dans ses affections. Ainsi qu'Alfred de Vigny, qui s'était enfermé dans sa tour d'ivoire, loin

du profamim vulgus, dans sa

son de Sauveterre, d'où De mon

père en pleurant je reçus

Le château Il

écrit

il

séculaire entra dans

appuyait là-haut, dans

se retira

familiale mai-

:

l'héritajEçe

mon

les flancs

il

;

partage.

du rocher,

Son imprenable base au niveau du clocher Et de ses quatre tours, quand j'ai vu la dernière S'incliner de vieillesse et tomber pierre à pierre, ;

pour bâtir ma nouvelle maison, Ce coteau d'où l'on voit comme un double horizon, L'un étroit, l'autre immense; on admire et l'on prie; On demeure muet en extase ou l'on crie Qu'avec un grand secret de prédilection

J'ai choisi,

!

Dieu partagea ce point de

Dans

la création.

ce château qu'il célèbre à tout instant dans

ses vers, bien

souvent ainsi que Stello

répéter que la solitude est

il

dut se

sainte. Mais cette

soli-

tude ne l'empêcha pas de s'intéresser à ce qui se passait loin de ses montagnes.

pour cela oublier Paris, amis qui venaient il

le

il

Il

n'entendait pas

interrogeait les

surprendre dans sa

rares

retraite

;

écrivait et recevait des réponses qui le tenaient

au courant des questions littéraires toujours passionnantes pour

lui.

Ses correspondants, plus ou moins


l'aube ROMANTIOUK

néanmoins

fréquents,

25

Emile Des-

fidèles, restaient

champs, A. de Saint-Valrj, Gaspard de Pons,

Lamothe-Langon, A. de Falloux,

Père Lacor-

le

Tévêque d'Evreux, Mgr Olivier. Voici une

daire,

adressée par

lettre

lui

à ce prélat,

Révolution de i848, qui

un peu après

dit ses regrets, ses

la

consola-

tions et aussi ses opinions politiques, restées celles

de sa jeunesse. Monseiarneur,

Vous le dites

dites

que

vous oublie

je

:

dites-le

puisque vous

à merveille, mais ne le crevez pas. Je conserve

de vous

de tout votre cœur, de tout votre esprit, de

et

un souvenir

toute votre éloquence,

ineffaçable, et j'ose

déclarer que je mérite en ce genre

un premier prix de

mémoire. Je pense à vous et je ne vous écris pas; je n'aime pas la

campagne

et je l'habite;

j'aime Paris et je n'j vais

plus (ce qu'on veut et ce qu'on ne peut pas, c'est histoire et celle de

gnons

pas.)

beaucoup

Quant à

la

d'autres...,

mon

ne nous plai-

République, oh! franchement

je la déteste, et je décréterais

volontiers la déchéance

de l'Assemblée Nationale pour ne savoir nous donner ni

me

un

roi ni

Un chapeau ou un bonnet ne mon pays, je lui voudrais une

un empereur.

suffisent pas

pour

couronne. Je demande tous

dans

ma

prière,

de

la

les jours,

dignité, de

pour la

la

France,

prospérité,

l'honneur et du bonheur, c'est-à-dire, un despote.

de


L AL'BE UOMANTIQUE

aO

Avec tous ces mécomptes, Monseigneur, avec un estomisérable et un cerveau plus malade encore, je suis, je vous l'avoue, plus heureux que je ne l'ai été de ma vie c'est que ma chère excellente femme est là, contente des contentements qu'elle donne à ce qui l'entoure, bonne pour tous et mille fois meilleure pour moi.

mac

;

C'est la satisfaction de quelques devoirs remplis et J'es-

poir d'obtenir la miséricorde de Dieu par le sacrifice de

quelques-uns de mes

g-oûts.

Les médecins m'ordonnent Big-orre et notre

m'y

appelle.

Il a,

vous ensemble

mante

vieil

je

ami

d'aller

le

que nous parlions de

crois, envie

et je suis très

à Bagnères-de-

vicomte de Gastelbajac

disposé à satisfaire sa char-

deux jours j'y serai remarquez comme je suis mauvais, je voudrais que vous eussiez un petit rhumatisme du petit doig-t de la main gauche, qui vous forçât à venir prendre en même temps les mêmes eaux. elles m'en feraient, Elles me feront du bien, dit-on fantaisie.

Je

pars

dans

;

tout le mois d'août. Je voudrais,

;

bien sûr,

si

vos saintes occupations vous permettaient

de m'y adresser quatre demi-paroles. Je à vous donner tous

ces

n"ai

que

détails, parce

pas hésité

je sais

que

vous êtes plein de bonté, d'indulg-ence et d'amitié pour moi. Vous voyez, Monseigneur, que je ne vous ai pas

du

tout oublié.

Et je suis votre ami, votre serviteur la

plus profonde affection et

le

et votre fils

avec

respect le plus dévoué.

JULES DE RESSÉGUIER.

De son domaine de Sauveterre

placé

comme


l'aube HOMANïiyUE

27

une sorte de sentinelle détachée, en face longue

«

de cette

superbe chaîne des Pyrénées qui forme

et

l'isthme crénelée de la péninsule..., de ces pyrami-

des bleues chargées de

zons

)),

ainsi

que la

son ami Alfred de Vigny,

Jules de Rességuier se rendait

de forêts et de ga-

neig-e,

écrit

fréquemment à Tou-

y passait d'ordinaire les mois les plus où il contribua grandement rigoureux de l'hiver louse

il

alors à répandre et à accroître

^oûtde

la poésie. Il

souvenant

il

était

titulaire

qu'il avait

et

le

occupa de nouveau à l'Aca-

démie de Clémence Isaure ce neur dont

la tradition

fauteuil de Mainte-

depuis trente ans, se

triomphé jadis aux Jeux Flo-

raux à côté de ses compagnons d'armes,

les

de sa belle jeunesse, Victor Hugo, Soumet

amis

et tant

d'autres que nous avons déjà énumérés à plusieurs reprises.

Pour

la

dernière

fois,

en 1862, quelques mois

avant sa mort, à la grande joie de ses confrères,

il

y dit les délicieuses et fines strophes la Nouvelle Maison, un des plus charmants morceaux sortis de :

sa plume, son véritable chant Il

était

devenu non pas

peu sceptique aux bruits

du cygne.

indifférent,

mais quelque

affaiblis qui lui arrivaient


28

l'aube romantique

de Paris où, plus d'un demi-siècle auparavant,

un

avait tenu

il

important, occupé une place

rôle

enviable.

Les relations de ses derniers jours, ce furent ses parents et voisins de campagne résidant à quelques lieues de son château

de Sauveterre

ses

:

neveux

Rességuier, les d'Ag'uilar, de Panât, de Castelbajac,

de Malaret, de Montbel, de Pins,

de Belcastel, de

Voisins de Lavernière, de Limairac, de Tauriac, etc.

Rességuier s'éteignit,

Jules de

le 7

septembre

1862, à l'âge de soixante-treize ans, entouré des siens.

La mort ne

l'accueillit

pagne

en sage

fidèle

de sa

le

et

surprit pas,

la vit venir et

en chrétien. Sa femme, la com-

vie,

et ses douleurs, lui

il

qui avait partagé ses joies

ferma

les

yeux.

Jules de Rességuier repose dans la crypte d'une petite chapelle

érigée à

un bout du

cimetière de

Sauveterre, à quelques mètres au-dessus de l'humble église d'aller

de

prier.

son village, où

il

avait l'habitude

M™^ de Rességuier, qui porta

dignement son nom, a tard, le rejoindre

été,

si

quelques années plus

dans son dernier

asile.


L'ŒUVRE

Jules de Resség-uier

méridionaux nés sur

fait

partie de ce

bords de

les

de ses affluents qui, au début de

la la

groupe de

Garonne ou

Restauration,

vinrent à Paris conquérir de haute main les plus brillantes situations.

Les Guiraudj Soumet, Peyron-

net,

Rémusat, Decazes, Montbel, Castelbajac, en

sont

la

preuve.

Jules de Resség-uier appartient aux temps héroï-

ques du romantisme trois

ans avant

lui,

;

avec

en 1786,

Ulric Guttinguer, né il

est

un des aînés de

cette rénovation littéraire.

Tous deux remplissent alors

le

rôle de précurseurs,

que nombre d'autres ne voient

l'aurore

du xix®

siècle et

le

jour qu'à

que leur chef Victor

Hugo

naît seulement en 1802. Notre lang-uedocien est

de ces

hommes

un

rares, au goût précieux et délicat,

qui ont servi de transition entre l'ancien rég^ime 3.


3o

I.

poétique et

AUBE ROWAN'IIQUE

nouveau. D'autres eurent plus de

le

de puissance, aucun n'eut meilleure

souffle, plus

volonté, plus de droiture et d'honnêteté.

d'emblée trouvé

la

formule nouvelle,

Il

il

n'a pas

l'a

seule-

ment entrevue. Néanmoins, dès tournure moderne,

ses premières le

relief,

des vieux moules émoussés

élégies,

il

a la

sent l'insuffisance

il

qu'il laisse

au rancart,

témoig-nant, malgré tout, d'un peu de laisser-aller et d'indécision.

Petit

Son admiration pour

Savoyard y

est bien

l'auteur

du

pour quelque chose.

Poète et créateur, ce n'est qu'un

et

vous

êtes,

Alexandre Guiraud, un de nos grands poètes. écrit-il

naïvement.

Son erreur

est celle

de

la

plupart

de ses con-

temporains. Le çenre troubadour de l'auteur des

Macchabées il

l'a

jusqu'à un certain point conquis

;

n'a pas toujours échappé à son influence, Victor

Hug'O pas davantage d'ailleurs. Si Jules de Resség-uier n'est pas

tante

une

étoile écla-

du firmament romantique, mais une simple

nébuleuse delà voie lactée du

néanmoins de

tenir

un

ciel

rang-

de i83o,

il

mérite

distingué dans la

phalange des poètes de l'époque delà Restauration.


l'aube romantique

Si

son inspiration

est simple, ses conceptions par-

monotones,

son horizon borné, son analyse

fois

sentimentale, utile.

au

du

pierre, fois s'il

seuil

dans

«

a

Il

rôle

à propos de

apporté sa pierre toute

temple et peut-être sur cette

jours à venir, relira-t-on quelque

pas

les

cimes ardues,

ne vole pas d'ordinaire dans

les

régions inex-

plorées,

»

S'il n'atteint

aime à s'abriter à mi-côte sur

s'il

modérées,

cieux.

il

reste toujours

Les siens,

méditation sa

les

son nom.

Sainte-Beuve,

l'a dit :

taillée

un

n'en a pas moins rempli

il

Comme

Joseph Delorme

tes

3i

Muse.

Il

g-ères, tout

la

famille,

relig'ieuse

les

pen-

élégant, pur, gral'étude, l'amitié,

la

circonscrivent l'horizon de

n'emprunte

g'uère

aux sources étran-

au plus quelques motifs au Romancero,

V Iliade àt i83o. Son luth léger, doucement

teinté,

ne laisse entendre d'ordinaire que des chants mollement cadencés Si, l'un

et facilement éclos.

des premiers, Jules de Rességuier a sonné

de l'oliphant de Roland,

c'est à

tres après lui ont repris le cor

lemagne, en enflant de plus Il

les

mezzo-voce; d'au-

du neveu de Char-

joues, et l'ont fait entendre

loin.

ne faudrait pas, cependant, croire

qu'il n'ait


l'aube romantique

32

eu des moments de haute est le poète

La

la pléiade

de

signée

écrit l'ode

strophe

de

noble envolée. Quel

et

qui n'eût été

lui

dont

voici

fier la

d'avoir

dernière

? gloire est à Bouvines ainsi qu'à

Marengo,

Immortalisez-vous par une ode superbe.

nomme

N'importe après cela qu'on se Jean-Baptiste ou Victor

Il

plus

Malherbe

!

que d'ordinaire sa forme

faut convenir voilée, plus

Hugo

vag^ue,

ses

couleurs,

estompées, ses vers d'un rythme trop épris

du sentiment que de

est

pâles

et

Plus

faible.

de

la facture, Jules

Rességuier procède plutôt de Lamartine que de Victor Hugo. Ce dernier n'ayant écrit que

premières odes, quand parut Jules de Rességuier, n'avait

monde

littéraire

par

la

le

ses

premier recueil de

pu encore éblouir

puissance de forme

le

et d'ex-

pression des Nouvelles Odes et des Orientales. Il

faut cependant reconnaître que Victor

Hugo

a trop abusé de l'ambiance de l'atmosphère poéti-

que de son temps. Sa puissante

et

jalouse person-

nalité a dévoré toutes celles qui l'ont immédiate-

ment précédée ou d'hommes,

il

suivie.

trouva

Habile et retors manieur

moyen

d'annihiler ou d'évincer


l'aube komantique

ceux qui, sans

lui

porter réellement ombrage, pou-

vaient détourner à leur profit

de

i83o d'une dizaine d'années, et la

quelques parcelles

Ce magnifique essor lyrique qui précéda

g-loire.

ment

33

fougue

qu'il

en usa fort habile-

il

témoigna ne

fut

jamais chez

qu'un procédé, qu'un moyen. Toujours

lui

tout, fut

le

un

La

mot

n'existait pas

et

encore, Victor

avant

Hugo

arriviste.

voie où se lancèrent les troupes rénovatrices

n'a pas été tracée par lui,

a déblayé

il

le

chemin

qui jusqu'alors n'était qu'un large sentier.

Le

véritable initiateur de la poésie

n'est pas Victor ait fait dire

romantique

Hugo, quoi qu'on en ait dit, quoi

qu'il

de tous côtés; mais bien André Chénier.

Les premières lueurs de ce renouveau, en dehors

du volume de Lamartine, datent de 1819, époque à laquelle H. -T. de La touche édition des Poésies

purs,

de

si

nobles,

l'aridité

de

fils

la

vers, si

versification descriptive sans cou-

cateurs de son école

;

la

de Delille

l'éclat

et

des versifi-

nouveauté de leur coupe,

de leurs peintures,

enjambements,

paraître la première

de l'Hellade, dégoûtèrent à jamais

leur, sans éclat ni vérité,

la diversité

fit

d'André Chénier. Ces

de

la

hardiesse de leurs

leur facture enlevèrent


i/aube romantique

54 la

presque unanimité des

un enthousiasme pour fait

sufFrag-es et surexcitèrent

ainsi dire universel. C'en fut

à jamais des vieux tropes caducs, des antiques

images déformées par

i'usag-e,

par l'imitation cons-

tante et routinière, chères à Berlin, Dorât, Bernis,

au chevaher de Parny, à V Almanach des Muses.

Au moment où l'arène littéraire,

Jules de Rességuier entra dans toute la jeune école, à quelques

exceptions près, était catholique. Oui d'ailleurs

le

fut plus

que Victor Hugo, dont Lamennais

était

alors le confesseur et qui, avec son frère Abel, fai-

de

sait partie

en 1821

?

la

Sociélé des Bonnes Lettres créée

Ch. Loyson, Guéneau de Mussy, Bal-

lanche, Mole, Pasquier,

Ambroise Rendu, Royer-

Collard, ces derniers quelque peu gallicans, pour

ne pas dire jansénistes, Alex. Guiraud, Alex. Soumet, Lamartine, tous témoignent dans leurs œuvres Jules de Rességuier

de leurs sentiments de

foi.

resta toute sa vie fidèle

aux convictions de sa jeu-

nesse. Ses

rapports avec l'abbé Olivier, curé de

Saint-Roch

et plus tard

Dupanloup,

le

évêque d'Evreux, avec

Mgr

P.Lacordaire, Silvio Pellico, Monta-

lembert, A. deFalIoux,le montrent chrétien humble et

convaincu.


l'aube romantique

35

Les premières pièces de vers de Jules de Rességuier parurent dans

recueils

les

1817, on y trouve rier Jîlle le

;

:

les

des Jeux Floraux.

En

Regrets d'un jeune guer-

en 1819, Glorvina et la Mort d'une jeune

de village

Pèlerin

en 1822, la Dernière espérance,

;

et la

Consolation d'une mère.

La plupart de

ces petits

poèmes reparurent à

côté d'autres inédits, à partir de

Muse Française

et les

Annales de

1824,

dans la

la Littérature et

des Arts. Jules de Resség^uier fut un des collaborateurs assidus de ces deux revues, avec Victor

Hug^o, Lamartine, Alfred de Vigny, Alex. Soumet,

Alex.

Emile

Guiraud,

et

Antony

Deschamps,

Ch. Nodier, M™^* Desbordes-Valmore, Tastu,

En

1827,

il

fait

un choix parmi

dans ces recueils

et

ses poésies parues

F Almanach des Dames e\,,aL\ec

l'appoint d'un certain

nombre

d'autres, imprimées

à part, ou conservées en portefeuille,

lume

intitulé

Tableaux Poétiques

quarante pièces,

la

etc.

il

forme un vo-

(10),

comprenant

plupart en vers de douze pieds

;

certaines écrites à l'occasion d'actualités, d'événe-

ments du jour. Toutes sont précédées d'une graphe —

était-il

autrement?

possible à

cette date qu'il

— Ces épig'raphes, vers

épi-

en fût

ou prose, sont


36

l'aUBK HOMANIIQUE

empruntées à Lamartine, Soumet, Guiraud, E. Deschamps, Chateaubriand, Ch. Nodier, H. de Latouche, Pichald, Victor Hug^o, G. de Pons, Ancelot,

Jules Lefèvre,Brifaut, Marchang'y,Millevoie,

Menne-

chet, Alfred de Vig-ny, Forbin, M""-* de Staël, Des-

bordes- Valmore, Krudner, Sophie et Delphine Gay, Genlis et leau,

même

Racine

certaines, qui le croirait, à Boi-

La presse

et Delille.

accueillit

les

Tableaux Poétiques avec une faveur marquée. La Quotidienne, dans son numéro du 6 février 1828, leur consacre

que

la

un

article

des plus élogieux, assurant

plupart des pièces du recueil peuvent sou-

tenir la

comparaison avec

distinguées de l'époque;

les

elle

productions

les

plus

loue leur facture excel-

lente, le pittoresque de ses tours, la plénitude des

rimes, la période harmonique et font

le

le

mouvement

qui

poète, ainsi que la correction grammaticale, et

l'enchaînement logique des pensées qui constituent l'écrivain. et, le

Le Corsaire

5 février 1828,

n'est pas

moins louangeur

se félicite de rencontrer

poète qui, tout romantique qu'il

est,

charme

téresse, sans avoir recours à cette cattologie

un

et in-

mélan-

colique, à cette phraséologie sépulcrale qui ont dis-

crédité la poésie... Le^

Tableaux Poétiques, affirme


l'aube romantique t-il,

«

assurent à M.

Sy

comte de Rességuier une

le

place très honorable sur notre Parnasse

moderne

et les

L'Album national

2.[\

janvier 1829

».

Dé-

bats sont aussi aimables dans leurs appréciations.

L'Echo du Midi siasme

«

ses plus

pour

cette

19 janvier 1829

s'enthou-

charmante production d'un de

aimables compatriotes.

«

Les succès de

M. de Resség-uier auxquels nous applaudissons avec tant de plaisir», écrit ce journal toulousain

,

«

ne

sauraient nous laisser indifFérents... Sa çloire sera aussi la nôtre, l'Académie des Jeux Floraux s'associera à ses triomphes, glorieuse d'avoir la première,

par ses récompenses, signalé jeune poète.

Le succès du volume suivante, en 1829, et

que

les

le

mérite naissant du

»

il

en

fut réel, puisque

était à sa

l'année

quatrième édition

journaux continuaient leur concert

d'é-

loges.

Les Tableaux Poétiques ont précédé d'un an Orientales ;

ils

ne peuvent donc

— nous

le

les

répétons

— être une imitation de l'œuvre du chef de

l'école

romantique. Les morceaux qui composent ce vo-

lume témoignent d'une note personnelle coUque, pleine de jeunesse

et

mélan-

et

de fraîcheur;

ils

4

sont


l'aUBS nOMANTIQUE

38

Sa

bien l'expression des sentiments de l'auteur. versification

peu trop abandonnée, presque jours

elle

même un

aisée, parfois

est facile,

y

mais tou-

nég-lig^ée,

coule de source, source au mince

filet,

clair et ténu.

Citons une des meilleures pièces

du

recueil

LA PROMENADE DU SOIK.

Quand la nuit, dans les airs, laissait tomber ses Nous allions, au lever des premières étoiles.

voiles.

Confier des secrets que nous taisions au jour:

Comme

on cache

A ces astres

le

crime

il

faut cacher l'amour

I

pour nous inaccessibles,

brillants,

Nous demandions des biens

ici-bas impossibles

;

Et nos cœurs s'élançaient, d'un mouvement égal,

Du monde

des objets, dans un

La lune qui montait,

faible encore et

ma

Attirait les regards de

mon amour, pour

Et

Par l'image du

Quand

de

idéal.

charmante,

timide amante

elle, était

ciel et

les esprits

monde

;

représenté,

de l'immensité.

l'air

Je cherchais le plus beau,

parcouraient leur royaume le

plus léger fantôme

Je lui donnais ses traits, je lui donnais son

Je la voyais courir sur les lys du vallon

On

A

eût dit sa jeune

ombre errant dans

;

nom,

;

l'Elysée,

travers ses cheveux, tombant dans la rosée.

De

ses moindres regards, j'implorais les faveurs

Et je la contemplais

;

et

sur ses traits rêveurs.

;

:


l'aube romantique

Aux doux rayons du Je voyais de son

soir qui blanchissaient la terre,

cœur

Des larmes, dans

Sg

le

trouble et

le

mystère

;

main essuyait, mien s'appuyait.

ses yeux, que sa

Et son bras, en marchant, sur

Deux ans après

les

Tableaux Poétiques, Jules

de Resség"uier, en i838,

volume de vers,

les

le

fait

paraître

un second

Prismes Poétiques

(ii), pré-

cédés d'une douzaine de lignes, en guise d'introduction. a J'ai

nommé mon

premier

Tableaux Poétiques;

de

la

couleur ou de

la

nomme

je

Prismes. Chacun de ces

de poésies

livre

celui-ci

titres rappelle

:

les

:

les effets

lumière; et cette sorte de

fraternité indique les rapports qui existent entre

deux ouvrages.

les «

La poésie

éclaire d'un jour

nouveau

les objets

qui sont autour de nous et les sentiments qui sont

en nous-mêmes. Elle colore tout ce qu'elle voit

;

son œil est un prisme. Qu'elle soit faible ou forte? ce privilège lui appartient; et les prismes peuvent être des

Ce

diamants ou des morceaux de verre.

second

recueil

pièces, à mètres variés,

comprend

»

soixante-douze

mais dans lesquelles ceux

de douze pieds dominent

;

un

certain

nombre sont


l'aubk romantique

4o

précédées de dédicaces, mais non plus d'épigraphes.

Ces dédicaces portent

les

noms de

A.

S.

I\.

Made-

moiselle, de M™^^ de Resség-uier et de Girardin

;

du

baron de Sèze, de Victor Hugo, Lamartine, Reboul, E. Deschamps, Peyronnet, Beauchesne, du prince

Elim Mestcherski,

etc.

Les Prismes sont en progrès sur

les

Tableaux

Poétiques. Lïmitation n'a plus rien à y voira part peut-être la pièce intitulée

Peppa, qui

l'Andalouse d'Alfred de Musset,

se ressent de

quelques rémi-

et

niscences du Romancero et des ballades allemandes. Jules de Rességuier dans les

Tableaux Poétiques

cherchait encore sa voie jusqu'à

dans

les

Prismes,

il

l'a

trouvée

un

et,

certain point

;

en pleine posses-

sion de lui-même, connaît ses forces et sait les

em-

ployer. Ily exprime de nobles pensées, de généreux

sentiments légères

cache

sème à profusion dans des pièces

ou plutôt familières où sous l'enjouement

la tendresse, et

Est-il

castel

qu'il

y mêle un charme pénétrant.

rien de gracieux

comme

ce salut

de Sauveterre? Adieu, ma petile maison, Près des rochers qui m'ont vu naître.

il

j'aimais tant à voir paraître

à

son


l'aUBK nOMAXTIOUE

/( I

Le soleil d'or à ma fenêtre, La neige blanche à l'horizon. Adieu

ma

L'éclat luit

joli

maison,

Bohême

comme un diadème

tout est prestige, où l'on

A la Quel

petite

de mes vitres de

folie

;

aime

avec raison.

début que celui de la Soirée

:

est des soirs du monde où la vie est bénie. Des soirs où tout est fleurs, poésie, harmonie. Quelques soirs dans l'hiver, vaporeux et si doux. Qu'un matin de printemps en deviendrait jaloux. Il

Ce sonnet

A

mes enfants

n'est-il

pas exquis

?

Mes enfants, votre tête a dépassé ma tête Pour voir vos fronts il faut que je lève les yeux. Mes enfants, mes amours, mon orgueil et ma fête, Voyez, vous grandissez, et moi je deviens vieux. ;

Je descends

;

vous montez quand vous serez au ;

faîte,

D'en bas j'écouterai vos chants mélodieux, Je suis l'arbre d'hiver ployé par la tempête

Vous,

la fleur

du

soleil ijui

regardez

;

les cieux.

Vos vers sont pour mon cœur la voix de votre mère Vous ne recherchez pas une gloire éphémère ;

Je triomphe à vous voir tous les jours triomphants

Et quand de l'urne d'or

Me Je

verse

me

la

la fraîche

poésie

jeunesse avec son ambroisie.

crois votre frère, alors, ô

mes

enfants

!

;

;


l'aube romantiqu»

I\i

Entre temps, chez Allardin, son éditeur ordinaire, Jules de Rességuier

Almaria

dont

(12),

le

fit

paraître

un roman,

succès fut immédiat

et indé-

coup

niable, puisque l'ouvrage eut trois éditions

sur coup, sans parler d'une contrefaçon parue la

même

année à Bruxelles. Les Prismes, précédés

des Tableaux Poétiques, avaient eu d'ailleurs

même

le

sort.

Almaria,sœnT C3ideiie des Aventures du Dernier Abencerage,

est écrit avec le soin

que

les

mettent à leur prose qui est encore de

la poésie.

Le roman est précédé d'une préface dans l'auteur

explique que

« si

laquelle

les personnag"es

passions sont réelles

d'invention, leurs

poètes

».

sont

Nous

croyons, pour notre part, que c'est justement

passion qui y manque

le

la

plus et avec elle la cou-

leur locale, qu'ainsi que tous les écrivains de son

époque Jules de Rességuier a cru y L'Espagne

à' Almaria n'a

faire entrer.

absolument rien d'espa-

gnol, pas plus que son Afrique n'a rien d'africain.

Analysons ce

maria dont précédé de

le

livre,

nom

l'article

bien oublié aujourd'hui. Al-

n'est autre

arabe,

que

al, est le

celui

de Maria,

dernier enfant

d'un grandseigneur castillan, leducd'Hermandarez,


romantique

l'aubiî

qui, désespéré

enfants mâles

de

la

perte de deux

43 fils,

ses seuls

— projette, pourne pas voir s'éteindre

sa lig-née, d'unir la

parents éloignés,

fille

le

qui lui reste avec

un de

ses

jeune Fernand. Tout semble

d'abord marcher en faveur de cette union

:

la belle

Almaria témoigne une tendre sympathie à son cousin, mais,

par suile

dans un

même d'un vœu en

cloître.

temps, déclare à ses parents que, secret, elle doit aller s'ensevelir

Le duc

et la

duchesse d'Herman-

darez essaient par tous les moyens possibles de la faire revenir

sur cette décision, mais en vain.

g-uerre lasse,

ils

obtiennent de leur

fille

De

qu'elle se

rendra auprès d'un saint ermite qui pourra peutêtre, espèrent-ils, vaincre ses scrupules et la relever

de son

vœu

:

du vénérable

Un

navire transporte Almaria auprès

solitaire

dans un coin écarté des

non sans

peine, la jeune

époux, mais

le

dont îles

la

retraite se

trouve

Baléares. Celui-ci décide,

fille

à accepter Fernand pour

navire qui la ramène, assailli par une

tempête, disparaît dans les voir perdu sa fiancée,

flots.

De

désespoir d'a-

Fernand entre dans l'ordre de

Malte. Almaria, sauvée contre toute espérance, par

une felouque barbaresque, débarque à Tunis où, vendue au Bey,

elle

devient sa favorite et en a un


l'aube romantique

44

Le duc d'Herraandarez

jBls.

et le

nouveau chevalier

de Malte finissent par apprendre son existence le

la

lieu

de sa résidence. Ce dernier

ramène en Espagne où

elle

délivre

la

et et

entre définitivement

dans un couvent, tandis que son libérateur prend la

mer pour regagner

mettre à

la disposition

Le reproche a

le

siège de son ordre

de ses supérieurs.

faire à ce

roman, c'est de manquer

de fermeté et de naturel dans l'étude et

pement des

et se

le

caractères. Celui d'AImaria,

dévelopil

faut en

convenir, semble étrange et peu naturel.

L'Entracte, dans son article consacré à A /mar/a,

— 3o août

i835

article

des plus louangeurs, clôt

son appréciation par cette réflexion qui ne manque pas de justesse a

II

est

:

fâcheux que l'auteur n'ait pas donné à

l'héroïne de

son

pour forcer

sympathie du lecteur; car son roman,

la

simple dans sa art,

livre

les qualités

indispensables

marche, bien que développé avec

ne manque pas d'un certain intérêt;

constamment à

plume exercée

et

la

hauteur du

et le style,

sujet, révèle

une imagination poétique.

une

»

Le meilleur de l'œuvre de Jules de Rességuier est peut-être encore le

volume de

ses poésies pos-


l'aube romantique

45

thumes, publié après sa mort par sa veuve et ses enfants, en i864, à Toulouse, sous le titre de

nières Poésies (i3), dans lequel,

justement E. Biré (i4).

«

comme

Der-

l'a écrit si

célèbre les joies et les

il

douleurs du foyer domestique dans des compositions exquises de sentiment et de

Les pièces contenues dans ce

forme

».

recueil,

au nom-

bre de cinquante-huit, diffèrent grandement entre elles.

Les unes, extraites des anciens cahiers de

l'auteur, datent de l'époque romantique, les autres,

plus

récentes, montrent

un sentiment beaucoup

plus intime et plus personnel.

Comme

le

préface du livre, due sans doute à son

Albert de Resség'uier(i5), la retraite

«

dit

fils

la

aîné

l'éloignement de Paris,

au sein des jouissances

et des devoirs

du

foyer domestique, l'âge lui-même n'ont amoindri ni les

sentiments du poète, nila délicatesse de

ni le tact de

l'homme du monde. Les

l'artiste,

qualités ori-

ginales et caractéristiques de son talent se sont, au contraire, développées et affermies, en s'imprégnant

de plus en plus de

la

couleur religieuse et de

lément chrétien, qui n'ont

fait

compositions de sa jeunesse

Aux

pièces

l'é-

défaut à aucune des

».

romantiques de ce dernier recueil 4.


l'aube romantique

46

faisons quelques

emprunts

mières strophes de

la

d'abord

la ballade

Avez-vous, quand Et blanchit

:

la

:

les

Une

deux prede roi

fille

:

lune monte

tour du beffroi,

Avez-vous ouï, serf ou comte,

Ce qu'une chronique raconte Touchant une fille de roi ? Avez-vous cru voir dans

la brise

Son vieux père aux jeunes élan<=. Dont l'âme était de gloire éprise Et dont

Au

la

barbe devint grise

milieu des combats sang-lants ?

Puis ces stances intitulées:

Oh De De

!

que

j'ai

vu de

Une femme au

fleurs sur les balcons

tiges se croisant en

balcon.

moresques,

minces arabesques,

roses retombant sur des vases d'émail.

Et de jasmins montant aux treillis du sérail! Que j'ai vu d'ananas, d'oranges et de pêches

!

Mais jamais fruitc plus beaux et jamais fleurs plus fraîches Que cette jeune femme, au corps souple et penché,

Oui garde à sa fenêtre un

lévrier couché.

Lui parle d'une voix dont

le

son nous

attire.

Et qui tient dans sa main un livre ouvert.., sans

lire.

Mais laissons ces morceaux quelque peu malijré tout

ment par

;

ses

nous l'avons

dit, c'est

pièces intimes que

vieillis

particulièreles

dernières


l'aube romantique

4?

poésies de Jules de Rességuîer se distinguent, par ses

morceaux

mour, par

la

inspirés par la terre natale, par

tendresse, par

le

Ecoutez ces vers adressés A

Au

bruit de

mon

Que vous avez

Ah

!

Entre amis

souvenir.

une

retour prochain, on

comme

ma bonne

!

servante

vieille

me

:

confie

battu des mains, bonne Sophie

vous avez raison,

l'a-

;

et c'est devoir,

nous, d'applaudir

le

revoir.

Vous mettrez mon couvert sur votre nappe blanche; Quel jour

? Je

ne sais pas, ça doit être un dimanche,

Un jour où la forêt d'un plus beau vert se peint, Où l'on va tous ensemble à l'église, un jour saint Nous ne changeons pas, nous, comme de certains êtres !

Nous Il

;

servons, vous et moi, fidèlement nos maîtres;

nous en reviendra de grands

profits,

ou

rien,

Mais quelque chose au cœur, nous dit tout bas: « C'est bien! »

Nous pourrions

ment de

parler beaucoup plus

longue-

Jules de Rességuier, citer bien d'autres

vers de lui; à

romantiques

quoi qui

bon? Les curieux des temps

voudront

le

mieux connaître

n'auront qu'à feuilleter ses trois volumes de vers, à relire son Almaria, à

disséminés dans les revues,

les

Recueils des Jeux Floraux,

keepsakes, et albums romantiques qui

renferment aussi de prose.

rechercher ses poèmes

lui

de nombreuses pages de



LETTRES



/.

— D' Alexandre Soumet

(i6).

mon

cher Jules, combien deux charmantes créatures. J'étais arrêté ce matin sur la place SaintEtienne (17) avec un de mes amis; M™^ de Rességuier est passée enveloppée d'un grand voile et Paul de ses beaux cheveux blonds. Le tableau était Il

faut que je vous dise,

votre

femme

et votre fils sont

ravissant. J'ai suivi

pour

lui dire

:

Mon

un moment

fant vous sied bien, mais tagnes et je n'ai pu

M"^^ de Rességuier

madame, que

votre en-

c'était la gazelle

des mon-

Dieu,

la joindre, elle

est, je

crois,

entrée chez M. de Panât (18).

Je suis passé chez vous et vous étiez sorti. s[oumet].

//.

— De

31'^''

J'ai été si souffrante

eaux, monsieur, qu'il

de

Rémusai

à la fin de

m'a

écrire et de vous remercier

(19).

mon

voyage aux

été impossible de

comme je l'aurais

vous voulu

de votre discours (20) et de votre souvenir. J'apprends que vous êtes à Toulouse, venez donc un


l'aube romantique

52

peu

me voir,

lecture

afin que je vous dise à quel point cette m'a charmée; ce discours vous ressemble

parfaitement

et cette

ressemblance

car elle lui donne de la grâce, de

lui sied si bien,

la finesse et

un

certain accent vrai et naturel qui n'est pas ordinaire

au ton académique. J'espère que j'aurai l'honneur de vous voir; nous causerons bien de tout cela ; j'aimerais

beaucoup à vous entretenir du

que vous m'avez

plaisir

fait.

VIRG. RÉMUSAT.

///.

— De M'^^

de Rémusat.

Je suis bien touchée, monsieur, de votre aimable intérêt et j'y crois d'autant plus volontiers

que

j'y

mets un grand prix, je vous avouerai avec ce naturel qui, de toutes vos louanges est la seule que je me trouve quelques droits d'accepter, que j'aime qiion m'aime.

Il

est très

vrai qu'il a été question

de nous transporter du midi au nord (21), que ma sœur et mes amis l'ont désiré fortement et ont agi dans ce désir presque sans nous consulter à cause du retard qu'eût apporté à leurs démarches la

longue distance qui nous sépare. Mais je ne

pas cependant que leurs soins aient aucun succès ; le Roi paraît satisfait de la conduite de

crois

M. de Rémusat dans ce pays, et il a daigné le dire à ma sœur et nous le faire écrire de la manière


l'aube UO.MANIiyUE la

plus honorable

presque

j'ajouterais

;

53 la

plus

consolante. Je pense que les ministres voudront

un homme qu'ils estiment et qu'ils jug-ent dans un poste difficile, où la ferme modéra-

laisser utile,

tion de son caractère a

d'un danger.

On

prévenu peut-être déjà plus

m'assure que

choix désig-né de

le

quelques successeurs qu'on nous donnait semblait porter vos concitoyens

à nous reg-retter.

J'ai le

sentiment intime que M. de Rémusat mérite d'être regretté pour lui-même et je ne doute pas qu'on n'en convienne

ici

quelque jour; en attendant,

faut se soumettre à son sort,

l'appuyer de

la

conscience et de l'équité du jug-e-

ment royal. Quant à moi, que vous

dirai-je,

malade, isolée d'alFection,

les soins

monsieur,

souvent

me fusse rapprochée mon enfant, j'aurais

doute je

sœur, de

amis dont j'avais une regrets dans une

n'ai, je crois,

le

moindre

l'égard de personne.

reconnaissance;

séguier et

dront

la vôtre,

si

ma

douce habitude,

ville

à

un bien

petit

où cependant

me

je

reprocher à

Vous voulez bien m'assurer

la

;

veuillez agréer toute

bienveillance de

quelle que soit

ma

M™«de Res-

destinée, tien-

toujours une grande place dans

doux souvenirs.

sans

volontiers de

tort

que vous ne m'oublierez pas

ma

faible,

agitée,

retrouvé avec joie

surtout avec l'idée que je laisserais

nombre de

il

suivre son devoir et

mes plus


l'aube romantique

54

Je

me

me

porte un peu mieux et

moments auprès de ble

j'ai

bien envie de

trouver assez forte pour aller passer quelques

Nina

la

chaise longue de votre aima-

(22).

VIRG. RÉMUSAT,

IV.

— D'Alexandre Soumet.

Lundi.

Je ne sais où vous êtes, Jules, et je ne sais où j'en suis avec vous

:

êtes-vous fâché,

mon ami? ou

êtes-vous assez heureux pour n'avoir rien à m'écrire; j'attendais des nouvelles de la santé de Paul,

que vous êtes passé chez moi à Toulouse. une consolation, mais elle est déjà bien éloignée. Je vous ai écrit à Druidas (aS), chez ]\|me votre sœur, n'avez-vous pas reçu ma lettre? ou n'y a-t-il que votre amitié pour moi de perdue? La dernière fois que vous m'avez écrit, vous avez

je sais

C'est

accusé notre liaison d'être nouvelle; je ne pas, Jules, qui vous

l'a

dit ? J'aimerais

comme

vous ayez parlé de notre amitié Je connais

Zulma dont.

.

.

le

savais

mieux que de

Zulma

:

(24).

Ecrivez-moi bien vite et de vos deux mains,

si

vous pardonne vos paroles

et

vous voulez que

je

votre silence.

Nous avons

ici

d'Açuilar (26) avec qui nous par-


l'aube romantique

Ions de vous;

55

est très souffrant,

plus aimable. Adieu, Jules, adieu,

mon

mais encore cher ami, je

vous dire de mon installation ici. Nous sommes toujours dans l'eau, c'est le sort des poissons, mais nous n'avons pas encore été pris. Je ne n'ai rien à

parlerais pas ainsi

teau de

si

notre rivière baignait

châ-

le

M™® de Rességuier.

Adieu, je ne serai pas de retour à Toulouse avant

la fin

de mai, ainsi

mon

installation sera

retardée; je suis hors d'état de faire

un discours de

réception (26) et presque d'écrire une prose d'Aca-

démie, vous en jugerez à

mon

indéchiffrable lettre.

SOUMET.

V.

— D'Alexandre Soumet.

Paris, samedi.

Vous aurez de

peut-être appris,

mon voyage

qu'elle

ami,

la

cause

m'a forcé de quitter Toulouse sans cher-

cher à dire adieu à mes amis ici

mon

à Paris, elle était bien triste puis-

;

mais

j'ai

retrouvé

votre souvenir; vous faites presque partie de no-

V E loge de C lémence Isaure (27) et vous avez gardé fleur pour vous plus d'une de sa corbeille. J'ai entre cercle poétique,

a révélé partout

le

troubadour

tendu des vers ravissants d'un jeune homme, monsieur de Vigny, c'est

une

élégie, intitulée la

Sam-


l'aube romantique

56

nambule

(28) et inspirée par la

nier; je la

admirations soient aussi dire

Muse d'André Chéafin que mes

demanderai pour vous,

les vôtres.

beaucoup de mal de Lamartine

a osé

me

et je l'ai

dé-

On

fendu avec votre sufFrage autant qu'avec

On

le

mien.

l'appelle le poète des prosateurs et l'on ne se

doute pas de l'éloge que renferme ce jug-ement. Le

jeune

Hugo

(29) vous adresse mille expressions de

sa reconnaissance

;

je lui ai

promis de vous

les faire

parvenir. Cet enfant a une tète bien remarquable,

une véritable étude de Lavater. Je à quoi

il

se destinait et

si

lui ai

son intention

demandé

était

de sui-

vre uniquement la carrière des lettres; il m'a répondu qu'il espérait devenir un jour pair de

France

et

il

le sera.

Avant de quitter Toulouse, mon ami, je laissai pour vous quelques brouillons de poésies: si vous voulez les demander vous-même à mon père, il vous les remettra et vous m'en direz votre pensée, mais ne les montrez à personne. Etes-vous heureux, votre château magique s'élèvet-il toujours aussi rapidement? Comme a^ous y serez bien pour le bonheur de Nina et pour vos enfants et pour

vous.

n'allez pas

aux

orangers

renfermez,

et

Ne

comme

espérances dans un cercle sacrifices

faites

pas de voyage,

rives lointaines, restez

au génie du

florace, de longues

étroit.

lieu;

sous vos

Horace

offrait

des

vous avez aussi votre


L'AUBE ROMANTIQUE

5"]

bon génie à adorer; adieu, embrassez pour moi et faites agréer mes plus respectueux hommages à M"^ de Rességuier.

vos beaux enfants

SOUMET. Si VOUS pouviez de suite ou dans peu de jours m'envoyer une lettre de recommandation de M. de

pour M. de Serre (3i), ministre de la Justice, vous me feriez plaisir je chercherai peutêtre à entrer au Conseil d'Etat (82) ou dans quelqu'administration; il faudrait que cette lettre fût Villèle (3o)

;

pressante et à peu près écrite sous votre dictée; j'attends ce service de votre amitié. Si

M. de

Vil-

me recommander au Conseil des miou au ministre de l'Intérieur ou auministre Maison du Roi, sa lettre me serait également

lèle préférait

nistres

de

la

utile.

Rue Saint-Honoré,

n" 34 1, hôtel de la Grande-

Rretagne. Guiraud (33) est de moitié dans tous

mes souvenirs.

VI.

— De

Monsieur

Vous m'avez suis fier,

le

et

Victor

Hugo.

cher confrère,

premier donné ce

f titre

dont je

permettez-moi donc d'en user. Si vous

voulez bien

me

considérer

comme

digne de

le

por-


l'aubs romantique

58

ter ce sera, entre tous les remerciements que je vous dois, un remerciement de plus à vous faire.

y a déjà longtemps en reconnaissance du excellent Soumet m'a cours, marqué au coin

Il

que j'aurais dû vous écrire, charmant cadeau que notre faiten votre

nom. Votre

dis-

de cette imagination brillante

empreinte sur toutes vos compositions, m'a connaître parfaitement

le

respectable

M.

fait

Poitevin-

Peitavi et c'est à vous

que je dois d'avoir à estimer en même temps un homme vertueux et un bon ouvrage de plus. J'ai fait dire quelques mots de votre charmant discours (34) dans ro

du Conservateur Littéraire

le

dernier

(35). Je

numé-

compte en

parler plus au long dans la livraison suivante. Votre

prose élégante ne dérogera pas en entrant dans un recueil

que vos

jolis

êtes sans doute, en ce

vers ont déjà enrichi.

Vous

moment, occupé au concours.

Permettez à un vieux combattant réformé de vous

recommander des

athlètes,

en présence desquels

il

n'aurait sans doute pas vaincu. J'appellerai votre

attention sur l'élégie de Sineta, d'un jeune poète

dont Soumet vous a sans doute parlé, de notre ami Alfred de Vigny sur celle du Convoi de l' Emigré ;

relative aux Rocher sur le Troubles de l'Europe, par M. (36) poème de la Naissance d'Henri IV, sur le discours relatif aux Œuvres romantiques et classiques, de M. Gaspard de Pons (07).

par M.

de

Saint-Valry;

sur l'ode

;


l'aube romantique

Sg

Je ne veux ni ne dois vous donner mon avis sur chacun de ces ouvrages en particulier; je me contenterai de vous dire que leurs différents auteurs ont, selon moi, des talents fort inég-aux.Je me borne à remplir

un devoir

d'amitié, en

appelant votre

attention spéciale sur ceux d'entre eux qui peuvent

mériter des couronnes et en invoquant pour les autres cette indulg-ence dont vous m'avez donné tant de preuves.

indulgence de l'Académie que je

C'est de cette

serai éternellement reconnaissant.

J'ai

tâché de

le

pour l'une de ses séances publiques, une ode sur Ouiberon (38), que j'aurai incessamment l'honneur d'envoyer à cet excellent lui

prouver en

lui faisant,

M. Pinaud

(Sg), qui

place dans

mes

Je

l'ai faite

aura toujours une bien grande

affections.

de

mon

mieux.

hommes dont le mieux mais j'espère qu'elle aura

Je regrette d'être de ces est loin d'être le bien;

un prix aux yeux de l'Académie, sinon par le talent,du moins par les efforts de l'auteur. Alexandre Soumet vous dit les choses les plus tendres.

Il fait ici

des vers admirables et se porte

mal. Apollon n'est

ceux auxquels

il

le

dieu de la santé que pour

n'est pas le dieu des vers.

Veuillez bien continuer, monsieur et cher confrère, à

nous envoyer des vers charmants

lentes proses et

et d'excel-

recevez l'expression de la haute


6o

l'aube romantique

considération, de la profonde estime avec laquelle j'ai

l'honneur d'être votre très dévoué et très indi-

gne confrère

et serviteur.

VICTOR M. HUGO.

2

1

P. S.

mars 182 1,

Mon

Paris.

adresse est rue de Mézières, n" 10,

faubourg- Saint-Germain (4o). Celle de

Saint-Valrj, qui est

me

M. A. de

prie de vous la transmettre,

également à Paris, rue des Fossés-Monsieur-le-

Prince, n° 22, faubourg Saint-Germain.

VII,

— De

Monsieur

Une douloureuse le

sein de

nouvelle, en forçant la capitale

sa famille,

écrire plus tôt pour

Hugo.

et cher confrère.

de quitter brusquement

dans

Victor

et

M. Rocher

de retourner

m'a empêché de vous

vous marquer sa réponse

et

vous

remercier de votre charmante mais beaucoup trop flatteuse lettre. J'ai

été,

s'il

faut l'avouer, surpris

donné tant de preuves d'indulgence. Je croyais que M. Rocher obtiendrait un prix. Pour lui, avec toute la modestie du talent, il s'est montré satisfait de la décision. Il

de la sévérité de l'Académie qui m'avait

m'a chargé d'accepter en son

nom

la distinction


LAUBE ROMANTIQUE

que

6l

décerne TAcadémie, espérant, m'a-t-il

lui

mériter peut-être, l'an prochain,

en redescendant dans

éclatant,

dit,

un

suffrage plus

la

même

arène.

J'espère avec lui et je ne doutepas que vous ne partagiez la

même

Pour

confiance.

cette année,

contentera d'avoir une pièce imprimée dans cueil et

il

il

se

le re-

consent à ce qu'elle porte son nom, ne

croyant pas convenable de répudier aucune des distinctions accordées par l'Académie. Il

me

tarde,

élégie, pleine

trée

M.

le

comte, d'en venir à votre

de charme

et

de

ijràcc,

que m'a mon-

Soumet.

J'ai

reconnu dans

la

Consolation d'une mère (4i)

ce talent enchanteur qui vous dislingue, de joindre

l'élégance au naturel et la simplicité à la finesse

;

péché des anges, quand on a fait ce vers, il est permis d'être ange soi-même, du moins par le côté du péché. Cette jolie pièce était destinée au Conservateur Littéraire, à ce que m'a dit Alexandre (42), mais comme le Conservateur s'est réuni aux Annales, l'orgueil est

le

ces dernières en hériteront et en

ma

du Conservateur,

je

cien rédacteur

qualité d'ansuis

un peu

jaloux des Annales. Cette réunion des deux recueils m'a fait plaisir,

en

me

débarrassant d'un travail permanent qui

fatiguait

depuis

n'aurai plus

longtemps; d'un autre côté,

un journal

à la

disposition de 5

me je

mes


L'AUDE nOMANT/QUE

62

amis, tion

comme

l'était le

compensera de

Conservateur

,

et cette priva-

reste, le plaisir.

y a trois semaines, à M. Pinaud, mon Ode de Ouiberon par une occasion qui s'est J'ai

envoyé,

offerte;

gnore

il

n'ayant pas encore reçu de réponse,

si le

commissionnaire a été

bon. pour vous en

est parvenue. Seriez-vous assez

informer auprès de M. Pinaud et

même temps lettres,

à qui

à vous,

le

j'i-

fidèle et si elle

me

rappeler en

au souvenir de ce respectable ami des j'ai,

sans

le

connaître, voué,

comme

plus profond et le plus inaltérable atta-

chement. Adieu, monsieur

et

cher confrère, pardonnez à

cette illisible écriture et permettez- moi d'achever ce

que vous avez commencé, brasser

comme

c'est-à-dire

Alexandre,

me

de votre ancien ami, comme de

de vous em-

glissant à la faveur

le roitelet,

sous

l'aile

l'aig-le.

J'ai l'honneur d'être, avec

dération, votre très

humble

la

plus haute consi-

et très obéissant ser-

viteur.

VICTOR M. HUGO. 17 avril 1821.

VIIL

— D'Alexandre Soumet.

Auteuil. Il

me semble que

votre charmante Nina,

mon


l'aubk romantique

63

cher Jules, n'a pas voulu compromettre sa char-

mante

écriture; la rusée a fort bien choisi; l'encre

aux doigts de rose lorsqu'elle sert à retraque ceux de Glorvina (43). Le Conservateur Littéraire vous dira ce que nous en pensons. J'en dispose comme de mon bien, me le pardonnerez-vous ? Me pardonnerez-vous de trouver vos vers délicieux et d'avoir pour vous des sentiments de prédilection poétique que je veux que le public partage. Je vous écris entre deux sollicisied bien

cer d'aussi jolis vers

tations. Je n'ai

que

le

temps de vous embrasser. SOUMET.

La Mort qu'elle

d'une jeune

fille{l\!\)

est à refaire quoi-

renferme une foule de vers charmants. En

général, les imitations portent malheur. Tout ce

que j'ai cherché à imiter a été trouvé mauvais par nos grands amis. Livrez-vous à votre inspiration :

Glorvina est une élégie fort remarquable. Je vous écrirai

avec plus de détails en vous envoyant

du Conservateur où votre

élégie sera

le

imprimée.

Mille tendres sentiments respectueux à votre Nina et

des caresses pour vos jolis enfants (/p).

IX.

D'Alexandre Soumet.

Autcuilj rue de la Boëtie, n" 16.

Je vous avais promis une

Somnambule,

mon


l'aUBK nOMANTIQUE

64

moi-même devenu, à force de malheur. Vous avez sans

cher Jules, et je

le suis

de contrariétés

et

doute voulu que je fusse consolé puisque votre

douce de

lettre est

ma

venue me surprendre au milieu de

mes chagrins

solitude et de

cherchez chez Talma

ne

me

chez

et

cherchez pas sous

Boileau (47), où

j'ai

été

(46).

Vous me

vous grandsmarronniers de poussé par l'orag-e de ma les ministres et

les

destinée et où je retrouve les orag-es et la pluie froide

de

l'hiver. Je suis

absent de mes amis, absent de

moi-même, absent de votre beau

deux

ciel et

la

Muse que vous gardez sous

que vous

allez

me

renvoyer avec

belles élégies et votre épître. Je les réciterai

devant

le

nêtre et

il

buste de Boileau placé en face de

ma

fe-

se repentira de ce qu'il a écrit contre les

femmes, en écoutant de vos

écrits, écrits

sans doute

sous l'inspiration des goûts charmants de Nina. Je les attends, je les désire, je les

demande; je vous pro-

que vous exigez de votre ami. Je répondrai par des injures au gracieux mets d'avance toute

la férocité

bienfait de votre souvenir. Vous

dans

mon

vous croirez encore

Saint-Etienne (48) et vous verrez que l'ours blanc n'a quitté ni sa fourrure grenier de

ni ses ong-les

en s'approchant des neiges du nord.

J'approuve beaucoup votre épître sur l'Esprit de parti. C'est une espèce d'aliénation mentale, justiciable à la fois dePinel et de Juvénal; c'est une fièvre,

une peste qui nous dévorera toug;

j'ai quitté


65

l'aUBB nOMANTIQUE

Paris pour ne plus y entendre de choses qui faisaient frémir. Je crains

sujet que

dans ce

traité ce

de plaisant

de ridi-

en prose

;

et

que nous en pensons.

charmé de savoir quel

J'aurais été traité

que vous n'ayez

qu'il offre

cule; je vous dirai ce

me

sujet vous avez

quelques passages de votre Eloge

de Poitevin restés dans ma mémoire et récités à ma grande amie lui eussent donné la plus heureuse idée de votre talent dans ce genre de composition.

Continuez d'écrire,

mon

cher Jules, continuez

un peu malgré ma négligence trois ouvrages que vous m'annon

aussi de m'aimer

envoyez-moi

les

cez à Auteuil,rue Boileau,

n*'

;

6.

Emile (49) vous remercie de votre souvenir, sa femme a été malade comme Nina et nous attendons qu'elle se rétablisse,

comme

tendrement vos

enfants et j'aurais oublié la

jolis

elle.

J'embrasse bien

Feuille de rose et la Première fleur, venir

ne

esta vous

me ;

le

si

leur sou-

rappelait. Cette feuille de rose

tout ce qui a de la grâce et de la fraî-

cheur, tout ce qui ressemble à Nina et à vos enfants est à vous.

Adieu, cher ami, mille tendresses res-

pectueuses à Mm* de Rességuier.

SOUMET.

Rien de nouveau pour

mandé aux

part. J'ai été

recom-

ministres par l'Académie française

j'attends. C'est velles

ma

pitoyable.

de notre cher Paulin.

et

Donnez-moi des nou-


l'aubk romantique

66

— D'Alexandre

X.

Soumet.

charmé des deux dernières cher Jules il est venu ma nouvelle dans demeure de Passy hier me voir et nous avons ensemble lu votre lettre devant le joli Pégase que vous m'avez donné et qui me suit dans toutes mes courses. Victor est flatté de votre suffrage et heureux de votre amitié, et moi, je n'ose plus vous parler de la mienne après avoir été

Vous avez

été ravi,

odes de Victor (5o),

si

;

négligent à vous répondre et à vous remercier.

Votre

mais la

mon

il

lettre à

M. de Peyronnet (5i) est parfaite, demander une audience pour

faut sortir,

remettre et ce sont des choses que j'abhorre,

ma

qui dérangent

paresse

;

je le

ferai

pourtant

de ne pas être tout à fait ingrat envers vous. Je vous dois quelques explications sur votre jolie pièce du Pèlerin (62). Le prote n'est pas demeuré afin

neutre dans cette petite affaire et la légère faute qui s'est glissée dans l'impression m'a

fait beauvoyage de Paris, pour obtenir d'Ancelot (53), l'auteur du Louis IX et l'un des rédacteurs des Annales, un petit article sur cette

coup de peine je ;

fis le

syllabe superflue et j'espère qu'il se sera acquitté

de sa promesse.

Nous avions

lu vos vers

ensemble quelques jours


l'aude komantiouè

auparavant

il

;

les

avait trouvés

67

charmants

ne

et

pensait pas qu'on dût se permettre d'autres corrections

que

effacé

de

prote,

retranchement du oui

le

ma

main,

croyant ne pas retrouver

substitua

un

m-Ot de

ne put échapper à

fatal;

entièrement effacé

même la

la

;

il

fut

mais

mesure,

le

lui

quantité et votre vers

prédestination des treize

syllabes. C'est sur cette faute d'impression

qu'An-

m'a promis de revenir. Nous n'approuvons pas votre nouvel arrangement de Sapho. C'était bien, très bien dans la première version et le vers que vous me prescrivez de changer, qui vient après avoir chassé le cerf, est d'une naïveté charmante que ne détruit pas son

celot

léger défaut de césure.

Je crois avoir devancé vos intentions, en envoyant aux Annales votre imitation de la Gaule

Poétique (54).

mot

Marchangy, ques

J'ai

cru devoir effacer seulement

imitation, personne ne se souvient de

et

le

M. de

ses réquisitoires ont effacé ses poéti-

vos vers l'imitent sans

lui

ressembler.

Je marche dans la nuit, fais-moi voir la lumière,

que devrait dire

voilà ce

changy

et ce vers

la

prose de M. de Mar-

peut servir d'épigraphe à toutes

vos imitations. Je voulais vous envo3'^er quelque chose, mais je n'ai pas,

comme

vous, les dix plus jolis doigts du


68

l'aube koma.ntique

monde au service de ma main. J'avais copié pour M™^ de Rességuier la déclaration d'amour de David à Michal qui commence par ce vers :

Le Dieu qui C'était

jour ne défend pas d'aimer (55).

une loque au crayon,

effacée; je éternelle

fit le

n'ai point cette

que

je

vous

ai

et elle s'est à moitié

crainte

pour

l'amitié

vouée.

SOUMET.

XI.

— n Alexandre Soumet.

Paris, mercredi.

Toujours des pardons nouveaux pour mes ingratitudes

nouvelles,

mon

cher

Jules, Victor Hug'o

vient de me montrer votre dernière lettre et je suis confus de l'extrême douceur avec laquelle vous vous plaignez de moi, dont vous avez tant à vous

plaindre.

Mon

premier tort a été de retrancher un

seul vers de votre élégie de Gloruina; mais

il

m'a

fallu céder aux exigences de tous vos amis de Paris

qui chérissent votre talent et que l'aigle de votre

charmante Ecossaise avait un peu blessé. Ils ont eu l'extrême sévérité de prendre une feuille devers pour une torche, c'était le seul défaut de votre élégie et avec ce léger

changement,

prodigieux succès. Je ne veux

elle

a obtenu

un

pas vous dire ce


l'aube romantique

69

que nous pensons de votre Eloge de M. Poitevin, mais relisez le journal que vous m'avez envoyé. Nous voulions tous que le feuilleton qui interprète votre nouvelle élégie, supérieure à celle de Glorle dernier n'' du Conservateur Le Conservateur Littéraire avait son dernier n» pris. Nous la ferons insérer dans les Annales. Nous voulons que votre femme, que M™« de Resség-uier, l'y rencontre.

vina, eût passé par Littéraire.

Adieu,

mon

cher ami,

reuse, j'ai des

maux

ma

vie n'est point heu-

de nerfs

m'empêchent

qui

d'écrire quatre lignes de suite.

demeure

Je

vis-à-vis la grille

du Luxembourg-,

27 (56). Je vois de ma fenêtre jouer de beaux enfants qui me rappellent les vôtres et de

rue d'Enfer,

n''

beaux cygnes qui ressemblent à vos n'ose

me

avant

la fin

mon

livrer

de l'année;

s'il

à Paris

en est ainsi, ce sera

premier bonheur. Adieu, adieu. A.

XH.

enfants. Je

à l'espoir de vous revoir

— D' Alexandre Soumet à

il/""

s[0UMEt].

de Rességuier.

Madame, Le sauvage de

la

rue d'Enfer ressemble singu-

lièrement au sauvage tous

du

deux sont demeurés

cloître Saint-Etienne fidèles

à leurs amis

;

;


L AUBE ROMANTIQUE

70

mais tous deux ont besoin de l'indulgence qui par-

donne

de

et

la g-énérosité

qui oublie.

Une

sorte

aux commissions que l'on me donne et cependant, j'ai demandé les volumes de Jules à toute la terre, j'en ai obtenu qu'ils seraient remis à M. le Premier Président lavant-veille de son départ de Paris ; mais la Justice elle-même a je me suis présenté au bureau des été trompée

de

fatalité s'attache

;

me

Annales, je

suis plaint

tout dernièrement à

M. Abel Hugo ciés,

je

(67) de l'inexorabilité de ses assomenacé du courroux de toute une

l'ai

Académie et la Muse est devenue Euménide les trois volumes seront envoyés. J'envoie aujourd'hui à Jules C'est

ses jolies stances. traite déjà

en immortel

mon

un peu

et,

tard; mais je

veut se

moquer de moi

de conseils

et

;

le

entre poètes, nous jouis-

moins de

de Jules, je croirais

l'amitié

enfin

sentiment sur

sons du temps sans mesure. Si j'avais confiance dans

;

qu'il

son talent n'a pas besoin

ne réclame que l'admiration. Jules

beaucoup plus qu'il ne fait. Tous nous a envoyés sont délicieux et c'est

doit croire en lui les vers qu'il le

jugement qu'en a porté tout notre comité poéti-

que. L'autre jour sous la présidence de

Léonidas

(58),

Victor

Hugo nous

l'auteur de

a lu une ode

ravissante qu'il avait eu la bonté de m'adresser; en voici

une strophe

:


L AUBE ROMANTÏC^UE

Oue

n'es -tu

né sur

les

7I

rivages

Des champs heureux de Cosroës, Né sous un ciel sans nuages Parmi les berceaux d'aloèsl Là, sourd aux maux que tu déplores, Le poète voit ses aurores Se le^'er sans trouble et sans pleurs, Et la colombe, chère aux sages. Porte aux vierges les doux messages Où l'Amour parle avec des fleurs (59)

moi une pareille messagère, macolombe d'Anacréon, c'est elle que je

Si j'avais

dame,

la

cliarg-erais

!

à

de vous rapporter

et elle croirait n'avoir

les

vers de votre mari

pas changé de destination.

Jules est trop heureux d'avoir pour copier ses

vers une écriture

Muse

comme

la

vôtre

qui écrit sous la dictée et

;

si

on dirait d'une jamais le rossi-

gnol s'avise de faire noter un chant, je suis bien sûr

que

c'est votre

main

qu'il

empruntera.

Agréez, madame, l'expression de mes tendres et respectueux hommages et embrassez pour nous vos superbes enfants.

SOUMET.

XIII.

— D*Alexandre Soametà M"^^ de Rességuier.

Madame, Que m'apprenez-vous de m'attendais à

ne pensais à

le

lui

ce pauvre Jules ? Je

voir arriver d'un jour à l'autre, je

que pour

le

croire

heureux de sa


L AUBE ROMANTIQUE

72 retraite,

de ses

loisirs et

d'une

la possibilité

si

de sa charmante famille;

cruelle maladie ne s'était pas

présentée une seule fois à sa souffrance. Mais

pour

il

l'autre

;

vous avez été bien

malheureuse, car, dans un cœur tous

les

tourments, toutes

dent aux souffrances de

voulu

me

me donner

je vous

vous trouve toujours dévouée

comme pour

l'un

mes souvenirs et

son bonheur bien plus que de

croyais occupée de

les

comme

vôtre,

le

inquiétudes répon-

ce qu'on aime. Jules a

de ses nouvelles par vous, c'est

rendre cette marque d'attachement deux fois

plus chère; mais j'aurais préféré que la première lettre

que je reçois de votre main

douce. C'est vous aussi,

me

madame, qui

plus

fût

direz à ce

cher ami combien je suis affligé de son cruel C'est aujourd'hui le dites-lui bien

que

état.

renouvellement de Tannée

je n'ai de

vœux que pour

Gabrielle (60), dont vous avez la bonté de

désirs

me

voire lettre est de moitié dans tous

parler dans

mes

et

lui.

;

mais

elle

veut g-arder pour

elle

seule

l'embrassade de Paul. Vous ne vous doutez pas portrait, c'est une tête charmante de Chloé qui rappelle les yeux de Paul comme laClémence Isaure de M. de Lacroix rap-

qu'elle possède son

y a des physionomies qui se rencontrent de ressemblance avec tout ce qui est aimable et gracieux. Jules à son premier voyage

pelait celle de Jules.

en sera surpris.

Il


l'aube Ivo^rANTIQUB 11

me

me

tarde beaucoup

que

ma

pitoyable santé

permette d'aller vous demander une place sous de vos serres chaudes. Je rêve sans

les orang^ers

cesse à celte habitation venue en la

yS

baguette de Jules

;

un moment sous

je lui crois toute la grâce et

d'André Ghénier. J'aurais parlé de son enchantement, madame, si je n'avais craint que vous n'eussiez trop de part dans toute la fraîcheur d'une idylle

cette louange.

Agréez, madame, mes hommages empressés et respectueux. ALEX. SOUMET.

XIV.

— U Alexandre Soumet.

J'arrive de la

campagne,

mon

cher Jules,

j'ai

trouvé votre dernière lettre et je vais courir au bu-

reau des Annales pour rattraper,

s'il

est possible,

quelques coquilles de noire Pèlerin.

Le plus heureux mortel a toujours quelque chose à demander au ciel et cependant, si j'avais été instruit lui

de

la

maladie de

aurais rien

M'°*^

demandé qui

de Rességuier, je ne fût

doux de n'avoir que d'heureuses

pour moi;

m'est

il

félicitations à

vous

adresser.

Vous m'annonciez des chansons dans votre du mois de novembre; sont-elles devenues

lettre

6


l'aL'HE ROAIANTIOIE

74 lég-ères la

jusqu'à révaporation elles a-t-on prises ù

poste pour des chansons de Béranj^er

Le vous

recueil de le ferai

Vigny

?

(6i) vient de paraître et je

envoyer. Ge sont les couleurs d'André

Chénier (62), avec une pensée plus sévère et plus profonde. L'émotion moderne s'y revêt de tout l'éclat

des couleurs antiques;

de mélancolie; ce contraste

il

et

en résulte beaucoup

sapoésieressemblent

souvent à ce bas-relief d'Herculanum où l'on voit des chœurs de jeunes

conduire des dames Nina se trouvera tout de

filles

autour d'un tombeau suite

en pays de connaissance en lisant de pareils

vers.

Rien de nouveau pour moi, mon cher Jules. Saûl (63) a obtenu dans les lectures de salon beaucoup de succès, trop de succès peut-être; le public est le grand justicier de ces jugements prématurés. Le Rêve de Sylla arrête toutes les autres représentations. Je ne vois

pour

le

pas qu'une

Garde des Sceaux me

lettre

de vous

fût utile.

Mille tendres souvenirs. A.

XV.

De

Victor

Hugo

SOUMET.

(64).

17 février 1822.

Monsieur 11

le

comte

et bien

y a deux mois environ que

cher confrère, je

vous

écrivis et


VOUS envoyai

la collection entière

du Conservateur

Littéraire par une occasion que notre ami Alex.

Soumet m'avait lettre

ofiPerte.

Je

me

justifiais

dans celte

d'un long silence, auquel mes affaires et mes

chagrins m'avaient, bien maloré moi, condamné. J'ignore

si

vous l'avez reçue

et je

m'empresse de

un moment de calme et de loisir pour m'informer, non de cet envoi, qui ne vaut pas la saisir enfin

peine de nous occuper plus longtemps,

mais de

votre santé et de votre amitié, deux choses bien

précieuses pour moi, et dont je ne sais/ en vérité,

vous me le demandiez je ne pourrais que répondre comme cet enfant je les aime le mieux tous les deux. Alexandre qui est toujours malade ou paresseux laquelle m'est la plus chère. Si

:

a cependant terminé son Saut, que je préfère à sa

Clytemnestre (65), que je préfère à tout ce qui a paru sur notre scène depuis un demi-siècle. J'attends avec bien de l'impatience la représentation de l'une

ou de l'autre de ces belles tragédies qui est fixée au mois de mars au plus tard. Je désirerais vivement que Saûl fût joué le premier cet ouvrage, ;

entièrement original, sévère

que

et

intéressant

comme une

pièce grec-

comme un drame germanique,

du premier coup toute la hauteur de Soumet le jour du triomphe d'Alexandre sera pour moi un bien beau jour.

révélerait ;

J'enverrai peut-être

cette

année à l'Académie,


L

AUBE

HO-MAr^TIOL'E

pour Tune de ses séances publiques, une ode sur le Dévouement dans la peste (66) au moins ne renfermera-t-elle aucun sentiment politique. Et vous, mon cher confrère, que faites-vous au ;

pays des troubadours? Soumet m'a montré des vers charmants que vous lui avez envoyés dernièrement.

En ouvrant l'Almanach des Dames,

j'ai été

agréablement surpris d'y rencontrer votre élég-ie si touchante et si gracieuse, la Consolation d'une de Soumet, m'a mauvais choix des

mère, ce qui, avec quelques vers fait

pardonner à

autres

Me

l'éditeur

morceaux du

le

recueil.

permettez-vous de vous adresser quelques

poètes qui désirent concourir aux Jeux Floraux et

Un

n'ont pas de correspondant ?

M.

Durand

jeune

homme,

Jeune poète mourant et envers lequel je crois que l'Académie a au moins beaucoup de sévérité à réparer, m'a fait parvenir une ode pleine de talents le Détachement de la F.

(67), auteur du.

:

terre, qui, après

quelques corrections, sera, selon

moi, très digne d'une couronne. jugerez, car

j'ai pris la liberté

de

Au lui

reste vous en

donner votre

adresse à Toulouse, en attendant que vous A'oyiez

me

Fen-

d'une manière plus précise. Grondez-moi,

j'ai été indiscret,

si

mais aimez-moi beaucoup, je vous

aime encore plus. Votre ami dévoué

et

indigne confrère et serviteur.

VICTOR M. HUGO.


L

Paris,

le

AUBE IIOMAKTI

77

17 janvier 1822.

Veuillez présenter,

madame

pectueux à

Jî;E

v. p.,

s.

la

mes hommag'es

met, qui est souffrant en ce moment,

de mille amitiés si

vous

]M.

le

et

voyez,

Pinaud;

je

me

charge

souvenirs pour vous. Veuillez,

me

rappeler au bon souvenir de

compte

XVI.

res-

comtesse. Alexandre Sou-

lui écrire

— De

Victor

incessamment.

Hugo.

23 février 1822.

Mon

bien cher et bien aimable ami,

Je m'empresse de répondre à votre lettre, parce

que je ne dois pas recevoir de vous d'aussi grands plaisirs sans qu'un peu de la reconnaissance que j'en éprouve ne vienne jusqu'à vous. Et puis,

moment que vous voulez bien tion à

mon

estime pour

le talent

plein d'espérances

de Durand, je ne dois pas oublier que est ouvert et

du

attacher quelqu'atten-

le

concours

qu'une voix amie peut quelquefois

contribuer un peu, au milieu de

la foule, au triomphe d'un athlète. C'est sans doute son ode sur le Détachement de la terre qu'il a envoyée au concours et je ne doute pas que vous n'y ayez remar-

qué

et

mêmes

que vous ne soyez disposé à y couronner beautés que moi.

les


l'aube romantique

78 Si

mon nom

lui

porte bonheur, ce sera en rappe-

lant à l'Académie qu'elle a eu quelquefois autant

d'indulgence dans ses jugements qu'elle a jusqu'ici

montré de

sévérité à

Durand. Je

suis

heureux que

vous en ayez parlé à M. Pinaud.

Vous m'avez

un

fait

véritable et vif plaisir en

m'envoyant ce fragment de lettre; c'est un bonheur pour moi que d'inspirer quelqu'amitié à ceux que j'estime et que j'aime; le souvenir de Durand m'a touché, car il y a longtemps qu'il ne m'a écrit, et je craignais qu'il n'eût pris

ma

négligence apparente

pour de l'oubli. J'espère qu'il obtiendra le triomphe qu'il mérite et qu'il désire, deux raisons pour moi de le souhaiter ardemment. L'Institut livré aux médiocres laisse entière à l'Académie des Jeux Floraux, la noble tâche d'encourager les jeu* et forcée

nés talents

comme le

sien.

Permettez-moi, cher ami, de vous reparler maintenant du plaisir que m'ont lecture

fait

vos

lettres,

à la

desquelles je reviendrai souvent, je vous

assure, toutes

les

fois

que je sentirai

le

besoin

d'entendre une voix de consolation et d'amitié. J'ai

comme

peine à croire,

vous, que nous nous ne

soyons jamais vus; deux âmes se parlent de loin; d'ailleurs on peut aimer un ami comme on aime les choses du

qu'on adore

ciel,

et

que nos yeux ne

connaissent pas.

Nous avons

partagé, Alexandre et moi,

toute


L

ALBE UOMA.NTKU E

79

votre peine et toute votre joie à la nouvelle de la et du rétablissement de M™« de Resséçuier. Ce sont deux événements qui ont bien fait de nous

maladie

ensemble.

arriver

Soumet me

charg-e

adresser avec toutes ses amitiés, tous ses

vous

de

homma-

ges pour votre chère convalescente; permettez-moi

mes plus respectueuses

d'y ajouter les miens et félicitations.

Alexandre m'a montré votre chaTmant Pèlerin... plus heureux- mortel a toujours quelque chose

le

à

demander au

ciel...

moi, je

lui

demanderai de

lire

et

de recevoir souvent de pareils vers; j'espère que

ce

vœu que j'adresse au

ciel

sera entendu d'un ami.

Adieu, je vous remercie de toutes vos commissions,

seront d'ag-réables occupations

qui

qu'elles viennent

de vous

;

puis-

vous entendez que je

vous remercie? Je suis tout confus de

mon

et

mérite,

l'amitié paie l'amitié.

si

éloge, que je ne

mé-

bien heureux de votre amitié, que je

rite pas,

Dans l'échange qui

a lieu entre nous, vous gagnez en quantité ce que

vous perdez en qualité. Pardon pour toutes mes trivialités

et

de tout

mon

griffonnage. Je vous

mon

ode quand vous voudrez; mais, de grâce, accablez-nous devers, de prose, de commissions. Je vous aime comme j'aime Soumet, comme enverrai

Soumet vous aime. VICTOR [hugo].


l'aube nOMANxrguE

8o

Avez- VOUS reçu toute la collection du Conservateur en décembre ou novembre dernier ? Soyez assez bon pour me rappeler au souvenir de

Littéraire

M. Pinaud,

cet excellent juge auquel je dois tout.

N'oubliez pas

XVIL—

^

La vous

Durand près de

Victor

l'ai

;

Hugo

(68).

ou déjà. Maintenant elle le titre qu'il vous

voici enfin,

appartient

plaira, je

De

lui.

donnez-lui

intitulée

:

Barcelone,

soit réellement ce

de

afin

rattacher aux événements récents quoique

le

la

sujet

type moral et par conséquent

Dévouement pendant la peste (69). Mille excuses pour tous les embarras que je vous

lyrique

le

:

donne. J'apprends avec une joie extrême que Durand est

couronné,

qu'il

l'a

il

me

corrigée,

tarde

de voir son ode

je lui en

m'en avoir plus reparlé; mais puisqu'il

triomphe.

Saint-Valry

poète est fait

de

grand

Vous,

(70) a

ma

Un

telle

veux un peu de ne je lui pardonne tout

autre

ouvrage de M. de

également été couronné;

le

connaissance et son succès m'a

plaisir.

mon

bien cher ami, vous ne m'envoyez

jamais de vers, vous ne m'écrivez plus; mais je


l'aube romantique

suis sûr

8i

que vous m'aimez toujours un peu, moi,

qui vous aime tant

!

Adieu. VICTOR [hugo].

3 avril 1822.

mettre à la poste pour vous un paquet un autre pour M. Pinaud, auquel je vous prie de rappeler mon souvenir. J'ai changé de demeure, mon adresse est maintenant rue du Drag-on, n" 3o, faubourg Saint-Germain (71). Mille pardons pour J'ai fait

et

:

tout ce griffonnage.

XVIII.

— De

Victor

Hugo.

Parîs, 19 avril 1822.

Mon

cher ami,

Quoique, depuis neuf mois, je sois brouillé avec Annales, je

les

me

commission avec

suis

empressé de remplir votre

que j'éprouve toujours

le plaisir

à faire quelque chose pour vous. C'est

que vous m'avez rendu

et

un

ea vous priant d'envisager toujours ainsi ses

service

dont je vous remercie, les diver-

commissions dont vous pourriez avoir à

me

charger à l'avenir.

Pour ce qui regarde

les

votre réclamation dans ait

passé par

mon

le

Annales, je compte voir prochain

n°, quoiqu'elle

canal. 6.


l'aube romantique

Si

Je suis heureux de l'indulçence avec laquelle

vous avez jugé mes odes,

elle vient

de votre amitié;

mais je suis confus de l'embarras que vous donne vous êtes bien le Dévouement dans la peste ; aimable, bien bon et

;

mais aussi, bien sincèrement

bien tendrement aimé de moi du moins, parmi

tant d'autres.

Je suis enchanté que vous ayez bien voulu être le

parrain de cette ode

vous quoi,

lui

;

avez donné un

mon

je l'aime titre

mieux depuis que

de votre choix

pour-

;

ami, n'avez-vous touché qu'au titre? Je

beaucoup en ce moment. Tous ces perfides amis se sont mis dans la tête qu'il fallait que je publiasse un volume d'odes (72) et je leur obéis

travaille

cruellement.

Je corrig-e,

et

quand

j'ai fini,

il

n'y

a plus qu'à corriger les corrections. Je ne sais rien

comme

d'insipide J'ai relu

nouveau

ce genre de travail.

votre Pèlerin dans les Annales avec

plaisir et c'est

ne connaissais pas cette

un

une charmante élégie. Je ballade de Walter Scott.

Je suis charmé que la connaissance se soit faite par vous.

Adieu, cher

et

je pourrai voir

que que je

ment par

la

me

main

aimable ami, croyez que

si

suis fait et

le

jour où

vous ressemblez à l'image physide vous, vous serrer

réelle-

vous embrasser autrement que

la poste, ce jour-là, je serai très

heureux.

VICTOR [hugo].


85

l/At'DE ROMANTIOUt;

Mes hommag-es pli votre

à M"^*^ de Rességuier; j'ai remdouce commission auprès de notre ijon

pour M. Pinaud, pas de peur de l'importuner dans

Soumet; recevez-en une auquel je n'écris

pareille

un moment où le concours Pensez à moi le jour de

XIX.

— De

Fête des Fleurs (7 3).

Victor

à la campag-ne,

J'étais

doit tant l'occuper. la

mon

Hugo. cher Jules, quand

votre aimable lettre et votre ode charmante (74) sont arrivées chez moi. J'ai lu avec un vif sentiment

de plaisir

et

de reconnaissance cette petite pièce

remplie de grâce et de douceur, dans laquelle je n'ai

trouvé qu'une stance ou pour mieux dire qu'un

mot de

trop.

Cette stance, cependant, m'est bien

précieuse, parce qu'elle

mon souvemême au sein

m'a prouvé que

nir était quelquefois près

de vous,

de l'inspiration poétique. J'ai

remis, d'après votre invitation, cette ode à

Soumet et je lui ai montré votre lettre et, certes, c'était un excellent titre pour obtenir les vers que vous

me demandez.

Je vous les enverrai avec tra

sous peu de jours

passeport.

et

mon

recueil qui paraî-

auquel

Vous trouverez dans

vieille petite

ils

serviront de

une ode adressée à l'Académie des Jeux ce

recueil


84

l'aube uomantioue

Floraux qui vous

offrira

quelques

rencontre m'a

traits affaiblis

de

Clémence Isaiire. Cette et m'a donné bonne opi-

ressemblance avec votre fait plaisir

nion de ces vers.

Adieu,

mon

bien cher ami,

ment un mot de vous dans Martinière,

lettre

remerciez-le bien

ode tout ce que je puis

de M. de

la

pour son doit aucune

j'ai fait

;

ne

il

;

reçu dernière-

j'ai

la

me

reconnaissance, j'ai fait comme pour vous. Adieu. Je vous remercie encore une fois de vos vers, je les

aime,

qu'à

mon

ils

me

font croire bien plus à votre amitié

talent.

VICTOR M. HUGO. 26 mai, Paris.

Je n'ai

pas encore reçu

le

Recueil des Jeux

Floraux. Si vous trouvez occasion de

au souvenir de M.

temps que j'attends encore

recueil chez

de l'Académie à Toulouse chez ;

Soumet qui m'a donné vous

rappeler

même

le recueil s. v. p. J'en-

mon

verrai des exemplaires de libraire

me

Pinaud, mandez-lui en

ce conseil,

M

M

,

,

c'est

qu'en pensez-

?

XX.

— De Victor Hugo

(76).

Paris, 6 septembre 1822.

Qu'est-ce que

Durand

(76)

m'écrit

donc,

mon


LALBK ROMANTIQUE

cher ami

? Faut-il croire

85

à ce bonheur?

Vous

allez

venir à Paris et je n'en sais rien encore par vous

Heureusement

j'ai

!

à Marseille un ami pour m'in-

former de ce que fait un autre ami à Toulouse écrivez-moi du moins, Jules, pour me confirmer ;

cette

bonne nouvelle, je

comme certaine; me fait plaisir.

j'ai

déjà donnée à

l'ai

de

la crédulité

Soumet

pour ce qui

Cependant, je ne crois pas à toute votre aimable lettre

vu avec joie

j'ai

;

qu'elle

était pleine

de

louanges parce que toute cette louange est de l'ami-

y a dans cette lettre un épanchement qui m'a bien touché vous m'y parlez d'un ange que notre Alexandre m'avait déjà fait connaître, d'un ange tié. Il

;

qui vous aime et que j'aime de vous aimer. J'ai

envoyé votre

lettre à

Guiraud,qui

pour Limoux quand

reparti

point osé joindre à un

si

je

l'ai

était

déjà

reçue. Je n'ai

agréable envoi une lettre

de moi.

Soumet va être joué presque à la fois aux deux théâva obtenir deux triomphes, il a fait à son chef-d'œuvre, Saill, de très beaux changements. Vous verrez, je vous promets que vous serez aussi heureuxde la beauté de l'ouvrage que de la gloire de l'auteur. Saûl et Clytemnestre sont à mes yeux les deux plus belles tragédies de l'épotres, c'est-à-dire, qu'il

que

et

ne

le

cèdent en rien aux chefs-d'œuvre de

notre scène, en rien (77).


8G

l'aube romantique

Adieu, cher

et excellent

de votre mot.

Au

ami, Soumet a été charmé

il va vous écrire et vous beaucoup mieux que moi. Moi je ne que vous dire combien je vous aime et com-

reste,

dira tout cela sais

bien je A'ous embrasse. Présentez mes respects à

madame de

Resség'uier;

plus vous trouver là-bas

si

cette lettre pouvait

ne

!

VICTOR [hUQO]. Je ne reçois point de nouvelles de M. Pinaud, rappelez-moi, je vous prie, à son souvenir, auquel je tiens vivement.

XXL

— n Alexandre Soumet.

Dimanche L'air des

ami

;

montagnes vous

comment

est

rien de ce qui fait

contraire»

mal

peut-il

mon vous

atteindre entre vos deux anges gardiens? Si quel-

que chose peut porter bonheur dans la vie, c'est assurément l'innocence de Paul et le regard de sa mère; je souhaiterais un semblable regard à ma Muse; mais peut-être qu'alors ce ne sont plus des inspirations que je lui demanderais, de me mettre à ses pieds ou à ses genoux, si elle le permettait.... Guiraud me dit de bien belles choses de vous ; moi je vous en dis de bien tendres pour vous, votre


l'aube romantique

femme

Vous

et votre fils.

de nos montagnes

et

allez crier

bondir

comme

comme la

un peu jalouse

Gabrielle est

Paul...

87 l'aiçle

chèvre de

de

cette

chèvre; moi, Jules, je ne suis jaloux que de votre

bonheur

et

de celui de tout ce que vous aimez. A. s[ouMaT].

XXI[.

— D' Alexandre

Soumet.

Passy, dimanche.

Victor Hugo, mon cher Jules, m'o montré avanthier votre dernière lettre et elle a renouvelé tous

y montrez toujours et vous avez dans votre cœur ou dans celui de Nina une tendresse pour chacune de mes ingratitudes. Nous vous attendons donc avec la plus vive impatience (78) tout notre cercle littéraire vous désire et vous aime.

mes remords

pour moi

la

d'amitié, vous

même

indulgence

;

M"* Delphine Gay espère vous trouver

ici

(79) parcourt la Suisse et à son retour ; le succès de sa

pièce de concours a été prodigeux et depuis que les

Muses descendent elles-mêmAes dans l'arène, nous ne savons plus à qui demander des inspirations. Tout le monde se pressait en foule à l'Académie française pour la voir, et le prix de poésie n'est

pas

le

seul qu'elle ait

J'en parle avec

un peu

obtenu dans

cette séance.

d'orgueil, parce qu'elle est


L

un peu mon

AUBK ROMANTIQUE

élève; vous serez ravi de la voir et

de l'entendre. C'est

la

poésie avec des airs de séra-

phin.

Vous avez dû

être bien content de la lecture des

Macchabées (80); mais qu'une bien

faible idée

spectacle, cette

elle

n'a

pu vous donner pompe du

de l'ouvrage. La

mère à qui

l'on fait sept fois l'opé-

ration césarienne, ce martyre mis, pour ainsi dire,

en variations pendant cela

demande

le

cours de cinq actes, tout

à être vu au théâtre et ne peut se

juger qu'au grand jour de

la

représentation.

Ma

moins heureuse que celle de Guiraud. Les injustices dont la faction libérale du Théâtre français m'ont rendu victime sont sans carrière dramatique a été

exemple.

Tant de dégoûts et de lenteurs m'ont obligé de donner à Joanny (81) le rôle de Saûl, ce rôle de Saûl dont toutes les syllabes étaient moulées sur les inflexions de Talma. Le mois de septembre ne se passera pas sans que Clytemnestre soit jouée au Français et Saûl à l'Odéon. Votre présence me portera bonheur et rompra ce charme de fatalité qui me poursuit depuis deux ans venez donc à Paris, mon cher Jules, vous nous consolerez de la chute des feuilles et nous recueillerons avec le plus grand soin ;

toutes les vôtres. Mille tendresses à vos enfants,

hommages

res-


L

pectueux

AUBE nOMANTIyUE

b.J

empressés à M'"* deRességaier

et

vous, une amilié tendre

pour

et,

et à tout jamais.

SOUMET. P. S. J'ai remis dans

le

même jour, au Garde

des

Sceaux, votre aimable lettre; son obligeance a été parfaite

mis de

;

il

me

m'a

fait

des offres de service et m'a pro-

servir avec chaleur; mais

il

aurait fallu

le revoir.

XXin. Essonne

—De (83)^

N. A. de

S a luàndy

{S2).

ce jeudi.

J'ai été, monsieur, ou plutôt je suis bien malheureux du changement de vos projets. Ce n'est qu'à Paris, en j arrivant avec l'espoir de vous entendre, mardi soir, que je trouvai votre attentif

petit

mot,

et cette fois, j'eus le regret

Demain je ne pourrai

profiter

rive des visites qui ne

me

de vous

lire.

du nouveau rendezvous que vous voulez bien me donner. Il nous arpermettent pas de m'éloi-

gner. Laissez-moi espérer, monsieur, que vous

jugerez digne, une autre les

fois,

me

de ne pas attendre

longueurs des mises en scène pour jouir de vos

ouvrages. Mais je ne retrouverai pas la bonne for-

tune que vous m'aviez assurée près de M""®

la

mar-

quise Le Voyer. Veuillez mettre à ses pieds tous


go

L

mes

AUDE ROMANTinUE

respects. Ceux-là seront bien exprimés et bien

compris puisqu'ils vous auront pour interprète.

Ceux qui s'adressent à vous n'ont pas aussi bonne Je compte cependant que vous voudrez

chance. bien

me

rendre la justice de ne pas

les

révoqueren

doute. Le talent peut bien ne pas avoir la conscience

de lui-même mais ;

n'est, à ce litre,

le

succès j supplée et personne

tenu plus que vous à attendre une

bien sincère admiration.

Permettez-moi, monsieur, de vous

mon bien

offrir

aussi

sincère dévouement. N. A.

XX/V.

De

DE SALVANDY.

L. Vatout (84).

Aimable poète,nous attendons votre Pe/erme (85) avec la plus vive impatience. L'avez-vous déjà portée chez l'imprimeur ou ne l'avez-vous pas encore transcrite? Vous savez combien je l'aime que d'attendre ce qu'on aime. Tibi.

et ce

J.

que

c'est

VATOUT.

Mardi matin.

XXV. — D' Alexandre Soumet. Je suis bien malade,

mon

cher Jules,

che de gloire m'a tué (86); mais

ma

la feuille

débau-

de Tou-


I.

louse tout

me

ressuscite

AUBE ROMANTIQUE

un peu et j'aime l'article de... de à Nina j'ai fait copier quel-

le plaisir qu'il fait

;

ques vers, voulez-vous venir

les

chercher?

SOUMET.

XXVL —De Victor Hugo. J'arrive avec Saint-Valry, de Montfort (87),cher

ami, et je reçois votre charmante lettre, c'est trop

pour

si

peu. Mais je vois que vous m'aimez et sur-

tout, je le sens.

A mon

silence,

vous avez dû

me

croire

mort;

que de l'absence. Cela se ressemmaisj'irai vous voir d'ici et me mettre

point, ce n'était

ble

un peu

;

aux pieds de M™^ Jules. En attendant, pardonnez-moi de vous écrire sur un papier si exigu. Je n'ai trouvé, en rentrant chez moi, qu'une demi-feuille sur mon bureau et je la partag-e entre Emile et vous, cher Jules. C'est presque comme mon amitié. VICTOR [hUGO].

XXVII. Vous

êtes

un

— n Alexandre Soumet. insolent,

mon

répondre par des vers cent

cher ami, de

me

que

les

fois plus jolis


L AUBE nOMANTIOUE

92

miens...

si

je n'étais ravi, je serais

dans une vérita-

ble colère. J'ai appris hier soir par la joie de nos

amis que Nina venait d'obtenir de nouvelles faveurs du Roi et je mets à ses pieds toutes mes félicitations

pour vous, cher Jules; comme il est impossible que vous deveniez jamais plus aimable, plus gracieux et plus spirituel, je ne veux pas croire à votre avancement et je n'y croirai que lorsqu'il sera venu dans le Conseil d'Etat, une fée pour opérer le prodige.

s[0UMETj.

XXVIIT.

D'Alphonse de Lamartine à Ch. Gosselin (88).

Màcon, il

avril 1824.

Si je ne connaissais pas, monsieur, vos excellentes

intentions, je vous reprocherais d'avoir imprimécette

bagatelle à

M. Delavigne. Mais M. de Parseval

me dit pourquoi

et

(89)

comment vous l'avez fait. Cepen-

dant j'en suis fâché

et

honteux. Je ne l'avais écrite

lui, je ne sais comment elle lui a Ne trouvez donc pas mauvais que j'écrive

qu'à lui et pour

échappé.

aujourd'hui dans l'Etoile pour

me

laver de toute

participation de cette indiscrète publicité

à une

vez

donnée

chose trop familière, et ce devoir rempli, rece-

mes remerciements du

zèle

que vous avez mis


l'aube romantique

à

me

décemment aux yeux d'un

présenter plus

public mal disposé. Puisque

du moins copistes.

93

le

mal

est fait,

il

faut

le diminuer en corrigeant les fautes des

Les voici

;

si

vous en

faites usage,

envoyez-

les-moi. J'ai été enchanté d'apprendre que vous vous étiez tiré d'affaire

avec mes Méditations qI que vous

en prépariez une autre édition. Vous avez eu un tort

pour vous

et

pour moi;

celui de n'avoir pas

mis nouvelle édition, à chaque l'air

plus couru et

vous à l'avenir, Je voudrais

si

se

mille, le livre aurait

vendrait mieux. Corrigez-

vous m'en croyez.

dans quelques années contribuer

encore à votre fortune par de meilleurs ouvrages. Je ne chercherais ni ne trouverais nulle part plus

de délicatesse, de loyauté ai

et

d'honneur que je n'en

rencontré en vous.

Recevez mes remerciements en

la

forme d'une

inviolable estime.

LAMARTINE.

XXIX. Pau, 10

— D'Alfred de

Vigny

(90).

juillet i82i.

Je vous écris pour une très sérieuse affaire, sur le manteau de notre Muse, mon cher Jules; je veux commencer par vous en parler, pour ne plus y revenir. La ville d'Henri IV n'a pas mieux conservé


^4

l'aITBB;

nOMANTIOLE

pureté de ses opinions que

la

ditions historiques et nous

le

respect de ses tra-

sommes moins étonnés

la chambre de Jeanne d'AIque nous sommes témoins des scènes

de voir sans honneurs bret, depuis

que tolère

l'autorité

dans

la capitale

Quelques jeunes gens, ameutés

un

certain

M. Poque

(92),

du Béarn

(91).

dirigés par

et

garde du corps chassé

de sa compagnie, font de temps en temps,

ici,

des

scènes de citoyens semblables à celles de 182 1 dans Paris;

ils

ne négligent rien pour manifester leurs

opinions, ni la coiffure de Benjamin Constant, ni la

négligence de l'allure républicaine. Tout cela

n'était

que ridicule à nos yeux jusqu'à ce

soient avisss de faire dans l'église (gS)

publique aux

officiers

supérieurs de

qu'ils se

une insulte

mon

régiment

après avoir forcé violemment la consigne des sentinelles

on la

posées à la porte pour établir l'ordre

comme

Notre-Dame même. Ils ont dû la vie à modération du colonel (94) qui a contenu ses le fait

à

soldats et arrêté encore ses officiers; mais

il

est à

craindre que leurs insolences journalières, qui vont

jusqu'à attaquer

le

corps entier dans

le

journal de

leur ville, ne lasse la patience militaire aisée à détruire.

Le comte de Fontanges, après avoir fait son la Guerre, en a adressé un à Mgr le Garde

rapport à

des Sceaux; vous

le

verrez sans doute; nous vous

prions de vouloir arrêter sur cet événement l'attention

du ministre;

il

connaît

le

colonel qui compte


l'au3e ro.maniioue

connu de fermeté pour

sur son caractère

réprimer violente,

90

faire

excès que la force armée, toujours trop ne peut punir elle-même dans sa propre

les

cause. Peut-être serait-il

bon

qu'il

écrivît sur ce

point au Procureur du Pioi qui est fort décidé à sévir par

moments, mais ;quelquefois découragé par

mollesse craintive des autorités civiles.

la

A par

le

passé et pour tout l'avenir, que rien ne m'a

été aussi

fâcheux que de recevoir l'invitation d'une

soirée chez vous

au moment de mettre

voiture et je crois que vous le

mon comme

présent que je vous parle un peu selon

cœur, sachez donc que je vous suis attaché

le fîtes

pour

le

pied en

me rendre

départ plus cruel. Je vis au milieu de mes

tagnes

me

comme un

mon-

de leurs ours. Notre pauvre Muse

console et quelquefois aussi la mienne.

Que

j'aime

rcueuse...

J'ai

Ah

:

!

la Jeune Anna non pas...

encore trouvé à qui

jours passés dans

la lire

et

fOn me

croit

pendant quelques

un vieux château.

Oloron.

J'achève

ma Pau

ma

lettre

dans mes montagnes qui sont

résidence, mais d'où je pars plus souvent pour

et les environs. Dites, je vous prie, à Emile, que j'admire autant son ouvrage romantique en prose que sa grâce en vers et je vois par les amen-


l'aube romantique

qG

déments de l'Etoile que notre rigueur

quand nous savons en Ecrivez-moi

les

effraie

avoir.

vous prie, sur cette sotte afau cœur de mon cher colonel et

vite, je

faire qui tient fort

au mien par contre-coup. Dites-moi de vos nouvelles aussi de celles des deux ang-es entre lesquels vous vivez. Ne les amènerez-vous pas dans ce pays desoleil où il pleut toujours? Gela ne m'empêcherait

comme

pas de vous aller voir à Toulouse tous

les

jours

Guiraud ne viendra-t-il pas? Que seul Adieu, tout à vous et à eux.

me

trouve

et

je

;

!

ALFRED DE VIGNY.

XXX. — D' Alfred de

Vigny.

Pau, 10 août 1824.

il

Puisque la montagne ne vient pas trouver Mahomet que Mahomet aille trouver la montagne. Je

faut

ne

sais

pourquoi vous ne

me répondez pas, mon cher

Jules, mais je me suis aperçu que vous aviez reçu ma lettre. Les autorités judiciaires sont sorties de

leur calme plat et je sais d'où venait

le

vent invisi-

Gependant je déplore ici, en moi-même, comme nous le fîmes quelquefois ensemble, cette malheureuse direction des choses en France qui fait que

ble.

les

moyens

les plus

propres au bien ne produisent


L

que

AUBK IIOMANTIOUK

97

mal, étant employés par de faibles et mala-

le

droits instrumeuts.

Accoutumée

la pusillanimité

à

mauvaise partie de rité

la ville,

des autorités, la

qui est en grande majo-

sur l'autre, a résolu de venger son héros que

l'on avait mis dix heures en prison, prison joyeuse

l'on n'osait

pas empêcher

des frères et amis, et

que

le

vôtre

le

les visites continuelles

punch

— et des chants

moins gracieux

des cris de forcenés.

et

Quelques jours après, des hommes inconnus paraissent à Pau. Soulevés, excités par des meneurs d'une classe plus élevée, ils prennent pour prétexte une querelle de cabaret qui av^ait eu lieu la veille; armés de cailloux, de bâtons, de couteaux de boucher,

ils

attaquent et assassinent nos soldats dis-

persés dans les

rues ou logés chez les habitants,

faute de caserne. Les officiers supérieurs sont frap-

pés sur

le

pont

et

presque tous blessés;

nant-colonel renversé sur

le

parapet en voulant

disperser et presque jeté dans incroyable, criait

:

il

le

Gave

!

le

même Cour

juger (qB).

sont désignés

au Procureur du Roi,

mais

qu'arrivera-t-il de tout cela ? Je ne crois pas

Mgr rien.

le

les

chose

des huissiers et jusqu'à des

avocats déguisés, appartenant à celte

Ils

et,

distingue dans la foule forcenée qui

Vive Poque

chargée de

le lieute-

Garde des Sceaux

lui-même

y

que

puisse


l'aube romantique

gS

Voilà donc les choses qui se passent dans

plus

le

royaliste des ministères, que pouvait-on espérer des

autres et que n'avons-nous pas à craindre ?

que Grenoble

J'ai ouï dire

était aussi açité.

souhaite que cela n'y soit pas aussi grave à peine rétablie.

la tranquillité est

Je

qu'ici, car

Comme

ne

ce

sont pas des cœurs à être touchés d'une noble conduite, tait

ils

ont osé blesser

M. de Fontanges qui

furieux, après avoir défendu

dre par

s'é-

les bras croisés au milieu de cinq cents

avancé

aux soldats de répon-

armes, ce qu'ils n'ont point

leurs

fait

;

aussi avons-nous beaucoup de ces braves g-ens blessés;

il

est possible

que cela recommence. passe son temps, loin de

Voici à quoi Alfred

vous tous le

de nos douces Muses.

et

me

temps de

je m'assieds

Que ne

réjouir

peu sur

à

mien.

comme

le

reste. Je

pleure plus après.

Comme

lui

Il

est le dieu auquel j'offre ce

Pichalot est beau dans tout ceci!

faut donner à l'autre la couronne lui la

du théâtre

et

couronne des martyrs.

J'ai écrit à

me

pense à

je suis tenté de pleurer notre musette et je ne

sacrifice. Il

peine eu

Soumet, tant

donc Cléopatre (96)? Je on m'en parle, de ne pas la quand

savoir par cœur,

la

J'ai à

fauteuil de

m'envoie-t-il

rougis pour lui

quand

le

du

dira bien

mon si

Emile qui

me répondra

lui,

il

vous m'aimez encore un peu, ce que


L

je

commence

ayez

AUBE RÛMAiNTlQUE

QQ

à ne plus croire, quoi que vous

m'en

dit.

Adieu,

et,

quand même.

tout à vous,

ALFRED DE VIGNY.

XXXI Ce samedi

Mon

D'Emile Deschamps.

soir.

cher Jules, pardonnez-moi d'avance et

fai-

tes-moi pardonner par tout ce qui vous entoure et

vous aime; mais il faut absolument que vous quittiez lundi matin la campagne pour quelques heures,car

nous sommes aux champs ici; vous, Alexandre moi, il nous faut porter le coup de grâce à

et

la

3Iuse (97)5 chez Tardieu, à 9 heures du matin, lundi, non, le n° paraîtra et nous sommes tous compro-

si

mis. Je n'ai ni le temps, ni l'espace de vous expli-

quer notre danger,

il

imminent; ces messieurs, pour continuer la

est

je le sais, seront rassemblés là,

Muse, arrivons tous

trois

pour

la

tuer et elle est

morte. Ainsi soyez assez bon pour partir lundi, avant

de vous coucher,

si

vous

être à 8 heures à Passy,

que à

je viens

ma

porte.

le pouvez, de manière à pour prendre Soumet que

de faire prévenir. Vous serez à 8 h. 1/2

Nous serons

tous

trois à

9 heures

chez Tardieu. Mais tout cela ne peut se faire que réunis; une voix se perd étouffée sous celles de nos


lOO

L

AUBK ROMANTIQUE

adversaires. Mais en nous tenant bien,

il

me

sem-

ble impossible que l'on continue sous le titre de la

Muse un ouvrage

veut plus

qui est

le

nôtre

et

qui

ne

l'être.

Pardon de vous arracher à tout ce qu'il y a de beau et bon, pour vous jeter dans nos vilaines expéditions; mais, il le faut, pour vous, pour nous, pour lui et pour elles toutes. J'ose donc compter sur votre exactitude et votre amitié.

Adieu, je

je n'ai

plus

la

place de vous dire combien

vous aime. EMILE [dBSCHAMPS].

Madame la baronne Dudon et madame de guier veulent-elles bien agréer

Ressé-

mes plus respec-

tueux hommages?

XXXII.

— n Emile Deschamps.

Ce mardi.

Cher ami, vous dites que vous êtes heureux et que vous nous remerciez que dirons-nous, nous? Vous pouvez tout pour nous, malheureusement les dou;

leurs d'entrailles sont exceptées dans tout et c'est ce que nous voudrions surtout vous prendre. Voyez

comme

les

j'aurais

mal au ventre. Je m'abandonnerais pour

choses s'arrangeraient bien. Aglaé (98) vous remercierait, M^ie Anna serait heureuse et moi

ma


L

AURE nOMANIIQUK

vie à ce partage, à condition

lOl

que vous trouviez

le

vôtre dans ce bonheur et dans ces remerciements; à condition aussi queM'"« Caroline (99), M™«Nina et M. Dudon (100) sauraient toute notre joie et toute

notre reconnaissance. Vous

avons

été

me dites encore que nous

charmants. La vérité,

de vous ôter, en nous

les

c'est

un

fait

donnant, tous

exprès,

les

plus

mots de la lang-ue qui ne conviennent qu'aux habitants du Marais (loi). Avez-vous bien remarqué, vous, comme vous êtes aimable et comme, en étant bon pour vous, nous voudrions ne pas avoir la moindre mémoire nous en aurons encore une excellente pour cette excellente journée; si vous nous avez dit bonjour, un peu trop près du soir, nous avons dit bonjour à Albert presque au milieu de la nuit. Dites-lui que j'avais envie d'applaudir mes vers quand il les disait. Dites-lui qu'au lieu de

jolis

;

ce vilain cratère, dit en latin,

sent

il

pourra mettre à pré-

:

Que Bacchus

s'en éloig-ne et d'un flot lourd et noir

N'y ternisse jamais

Dites-lui

applaudis,

Vous

la

que son père

même quand

faites les vers

il

est

fait

des vers vivifiants et

Albert ne

les récite pas...

que vous voulez

six mois, vous voulez

quand

fraîcheur solitaire.

charmant,

faire.

Depuis

comme Lamartine comme Soumet, et toujours

les faire


L AUBE ROMANTIQUE

102

VOUS

les faites

qui les

fait

en y ajoutant quelque chose de Jules

aimer encore davantage.

Je ne vous envie plus, pourquoi me parler de vous

aux deux

Je veux cependant écrire en-

oreilles...

core ce que M'"*

Anna me

dit à présent

j'avais laissé despapiers surla

même

:

si

cheminée de M.Jules,

je le prierais d'en faire des papillotes; j'y ai laissé

despapillotes, est-ce qu'il n'en fera pas des papiers ?

Adieu, cher ami, ne souffrez plus, je vous en prie,

nous vous en prions tous et tâchez de nous de faire ag^réer nos plus tendres homma-

voir et

ges autour de vous.

de vos amours,

Mon

comme

père (102) est tout

s'il

était

une

jolie

fier

femme

EMILE [dESGHAMPS].

XXXIII.

— D'Alexandre Soumet.

Toulouse, jeudi.

Vous VOUS

êtes

souvenu de

la

momie de

Saint-

Etienne (io3), aimable et bon Jules, vous n'avez

donc pas peur des morts, comme Lénore? Il est vrai que ma course n'est pas rapide et que je n'ai pas de cheval noir si j'en avais un, c'est près de vous qu'il me porterait, près de Nina que je ne veux ;

plus appeler

de

si

je lui

un ange, puisque

les

anges n'ont pas

beaux enfants. Demandez-lui envoie

mon

si elle

veut que

épisode de l'enfant ressuscité ?


l'aube romantiquk

io3

C'est un miracle de l'amour maternel et je composer pour elle. La scène se passe dans

Sainte-Euverte, à Orléans (io4) Guidez-moi,

Dans un

l'ai

cru

l'église

:

son autel aimé,

dit la vierge, à

un cierge parfumé

cercueil où brûle

On y

portait alors, la dépouille récente

D'un

petit entant

mort, depuis l'aube naissante.

Humble était le cortège, il ne se composait Que d'une femme en deuil qu'un prêtre conduisait. Des mauves d'un bleu pâle

et de fleurs de murailles ornaient ces funérailles.

De leur guirlande

triste

Car

si fier,

printemps,

le

Dans

ces

murs

au loin de ses couleurs

assiégés, n'avait pas d'autres fleurs (405).

Je serais bien heureux

ce début inspire à

si

Resség^uier l'envie de connaître le serai plus

heureux encore

si,

M™* de

reste; mais je

en faisant parler une

mère, je puis insérer dans mes vers quelques lignes de sa douce prose.

Aucun

obstacle ne

cher Jules,

si

due; ilmesemble que

que je

Ah

me

ce n'est

retient loin de vous,

une santé tout à

les

!

plutôt la

mon per-

bains m'ontfaitmal depuis

les ai quittés, tout ce

Que

fait

qu'on quitte

fait

mal.

mort dévorante flamme expirante,

ces longs jours,

Toujours prèle à s'évanouir.

L'on

me

donne, pour prolonger

d'herbes, d'une

amertume

la

affreuse

jeune, de boire à pareille coupe et

il

mienne, des jus ;

c'est cruel,

me prend

si

quel-


l'aubb romantique

Io4

quefois l'envie de je viens à

détourner

la

tête;

songer que mes amis, que

qui méritent de

mais quand

les

personnes

heureuses destinées ont aussi

si

leur part de souffrance, je m'apaise et je fais des

vœux pour Vous est

elles,

du plus profond de mon cœur.

souffrez, Jules, et cependant votre lettre

remplie d'aimables sentiments et de

riantes

images.

Adieu,

mon

ami, donnez à vos enfants de

ma

part des baisers que je rendrai de la vôtre à Gabrielle flige

;

.

Ce que vous

me

dites

de M""® Amélie m'af-

mais on ne peut espérer pour

biens que la fatigue et

la

elle

douleur, et

beaucoup de temps pour user la sienne. Adieu. Le mot d'Aben Hamet (io6) mant. Adieu Aben Hamet.

il

d'autres

faudra

est char-

s[oumet].

Vous voyez, mon

ami,,

à

quel point

ma mau-

plumes mais vous êtes le premier pour qui je m'en suis servi. Que votre douleur ne vous rende pas sauvage

vaise

écriture

profane vos

jolies

;

;

l'égoïste est triste

pour

les autres.

et

il

faut

le

fuir,

n'est-ce pas,


L AUIÎt:

.Y-YA7r.

100

D' Alexandre Soumet.

cher

espéré,

J'avais

ROMANTIQUE

moi-même ma réponse

Jules,

aller

vous porter

si doux, si voyage prolongé à SaintCloucl(i07) m'en a empêché. Les Enfants de France sont au Château, je ne sais si l'on a trahi le secret

aimable et

mon

de

si

bon.

à votre billet

Mon

érudition. Mais je ne suis encore que le

bibliothécaire de l'innocence. Si vos jolis enfants

n'avaient pas de

un

si

beaux yeux,

charmant,

je

le

garde pour eux, lorsqu'ils

dront visiter Saint-Cloud et

le

je leur enverrais

ouvrage destiné aux aveugles qui m'a paru

petit

:

le

vien-

Livre des Colombes

Hemopligose d'Alibert; quant à vous, cher

ami, nous vous aurions déjà envoyé notre premier désertions que

nous avons subies l'un de nos rédacteurs en chef, Lamartine, part pour aller faire le tour du monde. C'est une grande sans

les

perte, sans doute; mais,

pas lés,

comme Rachel

comme nous

;

ne sommes

que nous voulons être consonous mettrons, si vous y consentez, votre nom

à la place

du

sien.

et

Nous devons avoir une réunion

vous instruirai du résultat. Nous nous adresserons à Nina pour être bien assurés de votre

mardi

;

je

constance tion de à

mon

et

de [votrel ministère, après

Lamartine; car,

si

la

déser-

vous manquiez jamais

amitié, je n'essayerais pas de vous rempla-

cer. Mille tendresses.

SOUMET.


io6

L

XXXV.

AUBE ROMANTIOUK

D'Alexandre Soumet.

ne suis rentré qu'à minuit, cher ami

Je

;

le

manuscrit de Jeanne (io8) m'a été rendu enfin par la

censure, mais tout sillonné de blessures

un vétéran de Waterloo

et

ma

comme

réception est ren-

voyée à lundi à cause des changements exigés.

Nous

allons tous chez B..., qui vous voudrait; je

vous

ai

mis

le

premier avec Emile, Guiraud

et

France, pour les orchestres, quatre réservées. Mille

hommages respectueux

à Nina.

s[oumet].

Si j'ai

un moment dans

vu Dumas

la

journée, après avoir

(109), je pense vous voir.

XXXVI.

— De

L. Vatout.

Monsieur, Je regrette beaucoup de ne point m'être trouvé

chez moi lorsque vous avez pris la peine de vous y présenter ; mais j'ai reçu votre aimable imposture. J'appelle ainsi votre lettre qui les

ose démentir les

plus honorables tcmoig-nages; oui, toutes les

personnes qui ont entendu votre Isabeaii de Bavière

(no) m'en ont

fait le

plus brillant éloge et je


L ALBE nOMANTIQUE la relirais le plaisir

que

avec reconnaissance. Malheureusement,

de

la

publier sera un peu retardé parce

lithographe avait

le

pierre et que nous faisons

Mais tience

j'ai

IO7

employé une mauvaise recommencer le tableau.

songé qu'un moyen de consoler l'impa-

publique serait de faire un nouveau mor-

ceau. Ce serait le

Pêcheur napolitain improvisant au bord de la mer, tableau charmant de Léopold Robert. Celui-là serait pour le i*"" septembre et si les vers m'étaient remis vers le i5 août, la bonne fortune serait complète.

Emile Deschamps ne m'a point envoyé son Page

Soumet

sa Défense de

Bonne Aventure

;

;

Guiraud,

son Prêtre. Cependant je l'avais vu chez M"* de Maillé, à Louviers, et

il

me

l'avait

bien promis.

J'espère en votre bienveillance pour

qui s'honorera de renfermer votre

un

ouvrag^e

nom parmi ceux

qui illustreront notre Parnasse et je vous prie d'a-

gréer l'hommage du plus sincère remerciement et

de mes sentiments

les plus distingués. J.

Neuilly,

VATOUT.

5 août 1825.

XXXVII.

— De

L.

ValQuL

Je remercie de nouveau monsieur le comte de

Rességuier de ses brillants, excellents et remarquables vers sur Isabeau.


io8

L AUBE ROilANïIQ-JE

Pourquoi m'adressez-vous une impossibilité? ne voit pas Neuiliy quand réside.

Il

la

famille

On

du prince y

y a quelque temps, la chose était facile. si une autre fois vous mettez mon

J'espère que

heureux pour

oblig^eance à l'épreuve, je serai assez

répondre à vos vœux. Votre obligé, heureux de

l'être, J.

VATOUT.

Neuiliy, 12 octobre 1825.

— D'Emile Deschamps.

XXXVIII. Que vous

mon

êtes joli imprimé,

vais faire des lectures en ville

;

on

cher Jules, je

se m'arrache à

à' Un samedi au Louvre {m) et nos femmes n'auront plus d'autres livres que

cause

article. tait

le

sang

tournée n'est pas

finie.

Je crois que je cracherais

pas votre prose que je

Adieu, car le roi et le

ma

si

jolies

votre

ce n'é-

lisais.

chevalier de la fin font

un

effet

Le gars, merveil-

leux.

EMILE [deschamps].

XXXIX.

De

Victor

Hugo.

Ce vendredi, septembre 1826.

Nous apprenons avec une bien

vive joie,

mon


L AUBE ROMANTIQUE

I

OQ

cher Jules, Theureuse délivrance de M""» de Ressé-

Garçon ou fille, l'enfant qu'elle veut bien donner à vos amis devait être reçu par eux avec

guier.

le

même

plaisir.

Elle ne pouvait

nous donner qu'un Jules ou qu'une

Nina.

Pardon, cher ami, de prendre ainsi une part dans votre paternité. Vous n'en avez pas moins le monopole des beaux enfants et des beaux vers.

que nous serons délivrés à notre tour, nous courrons rue du Helder. Si tôt

Je vous embrasse,

ma femme em.brasse la vôtre. et mon futur, votre nou-

Dydine embrasse Albert

veau (112). Mille respects à votre chère et charmante accouchée. VR. [VIGTOR HUGO].

XL.

de

— De

Victor

Hugo,

Ma soirée de demain est prise, mon ami, jugez ma contrariété si je puis m'échapper un instant, ;

j'irai serrer

pieds de

Votre

votre

madame

bonne main

et

me

mettre aux

Nina.

frère,

VICTOR [hUGO].


LAUBB ROMANTIOUE

XLI.

Mon

ami,

— D'Emile Deschamps.

mon

ang-e Ag-laé devait aller visiter

votre ang-e Nina, mais tant qu'ils sont sur la terre, les ang-es

sont soumis aux infirmités des

hommes

;

car voilà quatre jours qu' Aglaé souffre de douleurs horribles d'entrailles

vous

le dis

elle est

;

bien vite; mais

elle

mieux ce matin

et je

attend son médecin,

elle

veut que j'y sois

J'ai

bien peur que la maladie ne revienne avec

docteur,

et je

le

ne pourriez-vous pas, pour neutraliser

cette vilaine visite, lui tes,

ne puis pas m'absenter.

en faire une de trois minu-

après la messe? Ce n'est plus

mon

plaisir, c'est

Nous avons tant à vous dire que nous vous aimons. Je vous ai écrit mardi dernier, vous ne m'avez pas répondu; vous avez dû trouver mon nom chez sa santé que je vous demande.

votre portier et je ne vous ai trouvé nulle part. C'est trop que le silence et l'absence se le

mot contre moi.

savoir

où vous

grins et tous

donnent

J'aurais pourtant bien besoin de

êtes.

Moi, je vous dis tous mes cha-

mes bonheurs;

je voudrais bien cau-

ser des vôtres avec vous.

Vous viendrez un

instant, n'est-ce

pouvoir passer une heure, ce

nous en parlerons.

soir,

pas? J'espère

chez M*"" Dudon,


L

J'ai reçu

AUBE ROMANTIQUE

1

I

I

une invitation à dîner pour mercredi; comme de tout ce qui m'anive

je vous en remercie, d'ag-réable.

Soumet, Guiraud, Pichald et votre douce et aimante Anna étaient hier soir, par hasard, chez Aglaé. Il y a aussi de bons hasards pour ce matin; mais pour cela il faut que vous fassiez exprès de venir à vos malades de la rue Saint-Florentin. Adien, cher ami, nous ne parlons que de vous; il est temps que nous vous voyions pour parler d'autre chose.

EMILE [dBSCHAMPS].

Nos plus tendres hommages à madame Nina; nos plus douces caresses au plus beau des enfants. Ce dimanche matin.

XLII.

— D'Emile Deschamps.

Je vous assure, cher ami, que nous n'avons pas

M™® Dudon mal hier au soir; je vous assure que nous en avons été ravis. J'ig-nore si elle s'était fait une santé, comme vous le dites en tout cas, trouvé

;

sa santé était très bien faite et lui ressemblait pro-

digieusement. J'aurais bien voulu aller vous dire cela au n" 20 en sortant du n» 19, mais Aglaé était très pressée parce que nous allions très loin.


112

L

Voici

Globe;

le

vous que

j*ai

deviné presque aussitôt que pas de moi, c'est sans

n'était

l'article

doute parce

AUBE ROMANTIQUE

qu'il est

de Charles Rémusat

(i i3).

Voici aussi une lettre de Charles Nodier qui croyait que vous l'aviez depuis quinze jours. C'est

de sa

la faute

son

de

tiroir

qui a été

fille

toilette qui,

me

la

chercher dans

depuis deux dimanches,

oublie toujours de la donner àSouIié (ii4)» à Victor

ou à moi, quand nous revenons de chez

elle à

Paris. Nodier est aussi furieux de cet oubli qu'il

charmé de vos Tableaux Poétiques qui n'ont rien de commun avec l'oubli; il est doublement est

enrag-é.

me

II

charge de ses excuses, de ses admi-

rations et de ses tendresses pour vous.

Je crois.

Pour un Hercule,

vous vous rappelez là, j'avais

c'est ridicule (ii5),

Je voudrais bien être à ce temps-

!

beaucoup de chagrins de moins

pour-

et

tant j'en avais bien assez. J'ai A'u

chez Nodier un M. Gallois (ii6), qui est

de Genève

et

qui sait par

cœur Isabeau

et le

Bal.

Je n'ai pas besoin de vous dire que c'est un jeune

homme lui,

véritablement supérieur.

que vous devez

faire

Il

prétend aussi,

un poème sévère

votre talent est plus libre et plus vrai plus

dans

les

régions de

l'art; ce

il

sont ses paroles

et

que

s'élève et,

qui

est plus, sa pensée.

Je vous parlerais beaucoup de tout cela; mais je voudrais bien

que Soumet en parlât un peu à


Michaud ; Soiilié n'attend qu'un mot pour me lâcher mes cinq colonnes. Adieu, cher ami, n'ayez pas aujourd'hui votre

madame ma joie comme

accès de fièvre,je vous en prie,;et rassurez

de Rességuier, à

la

première, je crois, à

mes douleurs. EMILE [dKSCHAMPS]. Lundi matin.

XL/II. — D'Emile .Deschamps. Voici, cher Jules,

aurez-vous la

pour

la

Gazette de France;

complaisance de faireporteraM.de

Genoude (117) mon

horrible paquet, avec vos char-

mants Tableaux. Je vous envoie cela tout fermé, vousy verriez que je vous aime etquejevousadmire; c'est absolument inutile. Vous écrirez à Guiraud et à Saint-Valrj, n'est-ce pas? Et vous enverrez à ce dernier les Annales Romantiques. Tâchez d'y penser. Moi, j'oublie même en vous l'écrivant. Donnez-moi des nouvelles de M"^"' Dudon et de M""^ de Rességuier; j'espère qu'elles ne sont pas trop mauvaises; je suis sûr qu'elles ne seront jamais assez bonnes.

Anna, Aglaé de votre soirée

et moi, si

nous

intime,

si

rafTolions,

en revenant

chantante,

si

aimable;


ii4

l'aubb romantique

nous disions que rien

charmant que

n'est plus

Mil" de....

Un jour

bientôt,

grande

et belle Cécile,

faudra donc autrement vous nommer. Tâchezj du moins, de prendre un nom facile. Mais faudra-t-il autrement vous aimer?

Il

Jamais, adieu.

EMILE [dESGHAMPS]. Mardi 8

h.

du matin.

Si VOUS alliez voir Soulié

pour quelque

(ii8)

chose, cela pousserait, j'en suis sûr, notre article

de la Quotidienne.

XLIV.

— De

i!i»«

Delphine Gay.

Un rhume nous retient ce vous n'avez rien de mieux à

soir

au coin du

faire,

feu;

si

vous seriez bien

aimable de venir nous donner de vos nouvelles et parler un peu des Jeux Floraux. Je voudrais bien aussi savoir

où en

est la

Femme

à la mode.

DELPHINE GAY. Ce lundi.

XL V.

— DeAf^" Sophie Gay

(ii^).

Rome, décembre 1829.

D'après ce que je

lis

dans

les

journaux,

il

me


l'aub!î

romantique

ii5

semble que nous avons un compliment de plus à vous faire et nous vous l'adressons du fond du cœur. Sachez bien que tout ce qui vous arrive d'heureux (120) retentit jusqu'aux rives du Tibre et qu'il y a dans cette vieille Rome deux pèlerines qui

ne voient rien de beau, de saint, de poétique, sans penser à leur aimable troubadour (121). Hier, en recevant des vers admirables de M. de Lamartine,

nous nous sommes écriées « Ah! si le cher Emile et son ami étaient là, qu'ils seraient enchantés de :

cette confidence

J'avais

!

»

mandé à M. de Lamartine

Tivoli, la disparition de ces belles l'on croyait devoir

durer autant que

le

désastre de

cascades que les

Odes d'Ho-

race; cette inondation, ce jeu barbare de la nature devait inspirer le génie de

modulé sur ce

sa

mélancolie

;

il

a

une espèce d'harmonie dont je voudrais pouvoir vous faire parvenir les sublimes accords, mais ce serait trahir la confiance dont nous sommes si fière ; jugez-en seulement par ces vers épars

Ah

I

triste sujet

:

faut-il s'étonner

que

les

empires tombent,

Que de nos faibles mains les ouvrages succombent, Quand ce que la nature avait fait éternel S'altère par degrés, et meurt comme un mortel; Quand un fleuve écumant qu'ont vu couler les âges Disparait tout à coup, laisse à nu ses rivages? Italie

!

Italie

!

ah

!

pleure tes collines,


ii6

l'aube romantique l'histoire

du monde

est écrite

en ruines

;

Sur tes monts glorieux, chaque arbre qui périt, Chaque rocher miné, chaque urne qui tarit, Chaque fleur que le soc brise sur une tombe. De tes sacrés débris, chaque pierre qui tombe.

Au cœur des nations retentissent longtemps. Comme un coup plus hardi, de l'audace du temps, Quel que

soit le destin

que couvre

l'avenir,

Rome, enveloppe-toi de ton ^rand souvenir Que t'importe où s'en vont l'empire et la victoire? Il n'est point d'avenir égal à ta mémoire (122) !

!

Je vous connais; je sais que vous

me

saurez

bon gré de ces citations mais ce n'est pas tout il faut m'en récompenser en nous envoyant bien vite, bien vite, les beaux vers que Delphine a eu le bonheur d'inspirer ;

;

:

Homère en

la

voyant, Homère... (123).

de vous les rendre pour en obteune meilleure copie, c'est ma complaisance que nous déplorons tous les jours, car on n'a jamais rien fait de plus gracieux, de plus flatteur et nous serions très fières de nous parer ici de ce poétique hommage si vous pouvez l'accompagner de quelque autre chant de notre charmant troubadour, J'ai fait la faute

nir

;

nous serions trop heureuses en remettant tout cela à M. Lourgeat, au ministère des Affaires étrangègères, il nous le ferait parvenir par M. le duc de ;

Laval (i24),qui est parfait pour nous.


l'aube romantique

Mon

pompes

!

Car pour

de raoûts

Nous de

il

tels

Rome moderne, excepté comme une reste n'est qu'une suite

qu'on en voit partout.

n'y a pas

soir, ce

ciel, le

étions venues

soleil,

la

sacerdotales, qui en font

espèce de Cour du

ler,

7

Dieu que nous vous regrettons dans ces rui-

nes parlantes les

I I

ici

moyen

on va

;

dans dès

se perdre

de travail-

l'espoir

un rayon

qu'il fait

dans

ruines

les

;

sont des dîners, des concerts, des bals;

lendemain, des cérémonies religieuses

phine n'a trouvé que taine de vers

pour

les

le

moment de

;

le

le

enfin, Del-

une tren-

faire

prisonniers rendus par nous

au Pape (126). Il est vrai qu'ils nous ont valu l'honneur de lui être présentées et d'entendre Sa Sainteté adresser à l'auteur de Mag^deleine (126) les

plus saints encouragements.

Je vous assure que c'était quelque chose d'intéressant à voir que cette jeune

demi cachée sous un long

Muse

chrétienne à

devant

le

comme

la

voile, prosternée

royal pontife et recevant sa bénédiction

récompense de sa pureté et comme les promesses des bontés du ciel tout cela dans le plus beau temple du monde. C'était un spectacle digne de ;

vos regards poétiques. Mais, au milieu de tant d'intérêts différents, nous sommes toujours occupées de notre chère France et des amis que nous y avons laissés. Nous

espérons leur souvenir, nous

en réclamons des 8.


Il8

u'A'unK

UOHAMIOUIJ

preuves. Dites, je vous prie, à l'auteur de Cinq(127) que son ouvrage obtient ici le même succès qu'à Paris auprès du peu de lecteurs qui

Mars

peuvent se

le

procurer, car les livres sont

ici

beau-

coup plus rares que les diamants. On n'y vit que du passé, c'est la seule nourriture qu'on y permette à l'esprit. Notre cœur s'arrange fort bien de ce régime, mais l'imagination en maigrit visiblement. Vous nous aimez toujours n'est-ce pas ? Vous parlez quelquefois de nous avec Emile, Alfred, les deux Alexandre (128) et cette bonne M™^ Duchambge (129), dont les romances font fureur dans nos petits cercles, chez la duchesse deSaint-Leu (i3o). Delphine prétend qu'on croit chercher des inspirations, des comparaisons dans ces contrées si riches de souvenirs; mais qu'on ne se sert bien de tout cela qu'auprès de vous et que le plaisir d'être écoutée, sentie,

donne tout

le

courage de rimer ce qu'on

rêve. si

non

nous

re-

Cette vérité nous ramènera ce printemps,

en France, au moins sur

la frontière

;

viendrons nous reposer dans quelque chalet de Suisse et

là,

vous revoir tous. C'est un voyage cile

à faire!

la

nous vivrons encore de l'espérance de

Il

si

beau (i3i),

me semble que

tesse Jules, xelle de son

la

si

prompt,

si fa-

santé de la com.-

charmant Albert,

la vôtre,

doivent vous rendre cette promenade indispensa-


LAUBE RO.MANTIOUE ble.

Avec

pèlerines

IIQ

quelle joie vous seriez reçus par les !

Adieu, en voilà

deux

bien assez long pour

vous prouver toute notre amitié. s.

XLVI.

— D'Alexandre

Soumet.

Je ne suis instruit de vos nouveaux

que par

la

renommée, cher ami

nal que j'ai lu depuis

nom

et je suis

six

GAY.

;

le

honneurs

premier jour-

mois m'a

offert votre

heureux de vous savoir Maître des

requêtes parce que la place exige la résidence. Je vous avais parlé, l'autre jour, de

avec la

Maison du Roi

et je

mon

suis sûr

procès

que votre

nomination n'est qu'une ruse de l'amitié qui

est

chargée du rapport. J'irai

vous

féliciter aussitôt

que Paris sera navi-

gable.

SOUMET. Lundi, janvier 1827.

— De M^' Sophie

XLVIL La jeune Muse

(i32) supplie son cher troubadour

yeux sur

ces

deux pièces de vers pour quelques palmes

de jeter

les

voir

les croit dignes d'obtenir

s'il

Gay.

des Jeux Floraux

(i 33),

car après avoir trouvé tant


I,

nOVANTKUE

AUDi:

de nobles encouragements à notre Académie, elle ne voudraitpas échouer à la vôtre. Voilàlesoin qu'elle

bonne

remet à votre

charge de l'envoi, de n'en faut-il pas

Vous avez

amitié, c'est la

vous qu'elle

petite intrigue

;

car où

?

été malade, je

voir pas répondu à

mon

vous pardonne de n'a-

éternelle lettre

;

aussi, je

ne vous dis que ce mot pour ne pas vous effrayer ; mais, je prie le charmant Albert de nous y répondre pour nous rassurer sur votre santé et votre souvenir le nôtre est tout à notre cher trouba;

dour. s.

Rome, 2

g[ay].

février 1825.

XLVIII, Manquer deux

— De M"^^

Sophie Gay.

bonheur de vous recevoir, et puis, vous savoir encore souffrant. Les médecins sont donc des imbéciles Et tenez, Esculape n'est pas même un bâtard d'Apollon, puisqu'ils ne peuvent rien pour le poète qui fait les plus jolis vers du monde. Delphine, qui aime encore mieux la poésie que la c'est

être trop

fois le

malheureuse

!

gloire, regrette

charmants

;

presque d'être l'occasion de ces vers

car elle les dirait sans cesse. Jamais

la flatterie n'a

employé de plus doux accents pour


L AUBE nOMANTinUS

121

séduire. C'est bien l'harmonie la plus céleste et la

plus dang-ereuse.

Oh

!

ce plaisir d'être ainsi chan-

tée doit consoler de bien des peines

!

Donnez-nous de vos nouvelles et venez chercher nos remerciements, sans compter des amitiés fort tendres.

SOPHIE GAY. IJ avril.

XLIX.

— De Belmontet{iZk).

Château de Douais par Bousquet, 9 mai 1827.

Ce que

n'est pas par oubli, dig^ne chevalier des je

n'ai point été

vous dire adieu;

Muses,

mon

cher

poète, on ne vous oublie jamais, ni vous, ni vos

vers charmants. Pressé d'occupations sans nombre, à peine m'est-il resté le

Et certes, voir pas

si

temps de

par

faire

me fâche, vous mon séjour à

quelque chose

mes paquets. c'est

de n'a-

pour en emporter une image plus riante. Vous êtes si

aimable,

fini

si

Paris,

bon, qu'il est impossible de n'être pas

content quand on vous voit et plein de

quand on vous quitte. J'espère du moins que votre

reg^rets,

riante et gracieuse

poésie viendra nous consoler de votre éloignement.

Votre beau

élégant recueil nous est

promis vous êtes sommé par nos nobles châtelaines, de et

;


122

L

AUBE HOMANilQUE

promesse au plus

tenir votre

vite.

Vous

les

avez

si

bien séduites par votre poésie enchanteresse qu'elles neparlent que d'entendre vos vers. Elles font chorus avec tous ceux qui vous ont entendu. Je regrette

de ne pas connaîre

le

plan de votre grand

poème

et

voudrais en demander quelques fragments à votre

complaisance. C'est un sujet où vous écrirez avec

âme

votre

que vous achèverez d'ilbeau nom. Le fonds, le merveilleux delà

inspirée, c'est là

lustrer votre fatalité, la

grandeur de

la

chute, le touchant

du dra-

me, tout est majestueux, tout vous convient parfaitement; faites don à la France d'une noble composition qui lui reste. Vous le pouvez, vous avez un

grand

talent,

de

la poésie

d'images, la chaleur du

midi, l'enthousiasme du beau.

La

veille

de

mon

une lecture de Lefèvre (i36).

la Il

départ,

mon

noble ami,

j'ai fait

Fête sous Néron (i35), chez

y avait Emile, Pichald, Victor, ils m'ont fait

Alfred; je ne sais ce qu'ils en pensent;

des observations, les unes bonnes, diiîérentes, à

mon

hautes raisons

avis. Mais,

les

autres toutes

dans tout

cela,

pas de

motivées. Quelques réflexions

de

goût, mais toujours des opinions systématiques,

chacun selon son point de vue ; quelques plaisanteries que mes auditeursjetaient de temps en temps, des allusions aux affaires du jour, les ont empêchés d'avoir ce calme grave qui doit bien écouter pour bien juger.

Mon

cinquième acte a eu

l'effet

tout


L A V D i; K Cl '

contraire qu'il eut à

ser?

A

difficile

tant

ma

.\!

.'.

>

I

!

jU

123

::;

première lecture. Que pen-

travers ce conflit de jugements,

de reconnaître

il

est bien

des émotions résul-

la vérité

du drame.

Vous,

mon

ami, qui êtes franc, loyal et vrai, dites-

moi ce qu'on en défauts qu'on

dit,

me

sans réserve, quels sont les

reproche, quels conseils dois-je

suivre ? Soyez assez

bon pour ne me

Ne

me

craig-nez

bonne

pas de

et saine sévérité fait toujours

moment de

rien cacher.

Je crois que la

blesser.

remettre l'ouvrage sur

le

du

bien.

Au

métier, éclai-

rez-moi, je vous prie, sur les défauts réels, pour les corriger

avant

Comédie française*

la lecture à la

Soumet, Guiraud et les autres s'expliqueront mieux loin de moi, puisqu'ils n'auront pas peur de

me

désobliger.

Je compte sur votre affection, comme vous devez compter sur la mienne, si jamais vous en avez besoin. Je serai toujours prêt l'intérêt

Faites

vienne

à

tout faire

pour

recueil

qu'il

de ce qui vous regarde.

donc imprimer votre •

me donner du plaisir pour

et

longtemps.

Adieu, cher ami, personne ne vous aime plus que moi. Rendez-m'en un peu, s'il vous plaît; mes respectueux

hommages

à M™^ de Rességuier.

Tout à vous, L.

BELMONTBT.


134

l'aLBF.

L.

roman; !0UIC

— U Emile Deschamps.

Mennechet (137), une chose qui s'explique,

J'avais oublié C'est

Mais de tout le reste il échet Qu'on nous mène à la Piépublique ; J'ai lu de vous huit charmants vers. Près de huit députés moroses... Faut-il croire

Quand on

aux sombres hivers,

voit sourire les roses!!!

EMILE [deschamps].

LI. Je sors

cher Jules;

D' Alexandre Soumet.

de chez M. de Larochefoucauld (i38), il

était allé placer la

vocation de Notre-Dame,

France sous

comme nous

l'in-

avons placé

votre adorable ouvrage sous l'invocation de sainte

Nina.

Ce sont deux puissants patrons qui nous sauvela République des lettres et de celle des

ront de

la demande de votre libraire M. deL..., en le priant de lui dire venu porter la lettre moi-même et que

poignards. J'ai laissé à un secrétaire de

que je

j'étais

reviendrai chercher la réponse. Mille amitiés bien

tendres.

SOUMET. Je vais retourner chez Michaud (iSg).


L

AUBE I\<lMANTIOUE

— D'Alfred de Vigny. — cher voulu vous LU.

J'ai

pu

parler,

faire,

jeune

Jules,

— vous parler d'un

et gentil

qu'il est, ss

et je

ne

l'ai

de mes amis qui, tout désespère et dépérit

pour ne savoir quelles sont, à son égard, les intentions véritables de Mgr le Garde des Sceaux. C'est M, Ernest de Fredy, recommandé dès longtemps au ministre par M. de Semanville et beaucoup d'autres personnages qui voudraient faire de lui un Auditeur au Conseil d'Etat. Il a toutes les conditions requises

veillance

mettre

;

mais

M. de Pejronnet,

et

personnellement,

lui

il

qu'il

connaît

a témoigné beaucoup de bien-

ne

sait

si

elle

ira

jusqu'à

le

au nombre des sept élus de ce mois. Si

vous voulez, par un mot, sonder

le

cœur de votre

tout puissant ami, vous toucheriez beaucoup le cœur d'un autre ami ce cœur est le mien et ne renferme que dévouement et amitié pour vous, Jules, ;

qu'il

me

tarde d'embrasser.

ALFRED [de VIGNy]. 17 août 1827.

LUI.

— DeCh. Brifaut (i4o).

Je n'ai jamais

été,

monsieur,

si

charmé

et

si


126

L AUBE ROHANTIOUE

désolé qu'en recevant votre billet aimable

vos vers

et séduisant

comme

La bonté qne vous avez de penser

me

faire partager

plaisir

le

comme

votre caractère. à moi pour

de vos auditeurs

me

pénètre de reconnaissance; mais l'impossibilité où

me

je

trouve d'en profiter

mon

fait

désespoir. Je

dîne demain chez la princesse Charlotte de

la soirée est toute

de

me

dégager

Grillon se serait

me

Je sir

arrangée.

et je

Il

n'y a pas

Rohan moyen

ne sais plus que devenir.

pendu pour une

victoire

manquée.

pendrais bien plus volontiers pour un plai-

perdu,

s'il

devait l'être tout à fait; mais je ne

le

n'y a personne qui ne veuille

que vous entendre, monsieur. Vous allez être accablé de demandes de lecture; vous serez obligé d'y

crois

accéder

différé.

;

m'écrirez

alors,

Il

comme vous

êtes charmant, vous

un mot.

J'irai, je

me

glisserai

dans

la

première réunion

où vous paraîtrez, votre pièce à la main. Je serai heureux, dédommagé," reconnaissant et j'oublierai presque mon cruel désappointement d'aujourd'hui. Mettez-moi, je vous prie, monsieur, sur la liste de vos auditeurs très prochains^ il y a longtemps que je me suis placé moi-même sur celle de vos admirateurs. BRIFAUT.


L AUBE HOMANTIQUE

LIV.

12'J

— De Sainte-Beuve.

Monsieur, J'ai reçu avec beaucoup de reconnaissance l'aimable recueil que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser. C'eût été pour moi un bien vif plaisir de pouvoir rendre hommage dans le Globe (i4i)

à un talent poétique aussi plein de grâce, d'élé-

gance

me

et

comme il d'en parler entièrement comme

de mélodie qu'est

serait impossible

le

vôtre.

Mais

j'aimerais à le faire, je dois m'interdire le plaisir

qui serait gâté pour

moi de trop de

contrariétés. Les

opinions du Globe, quoique romantiques en général, ne le

sont pas autant qu'on pourrait

en poésie,

il

ya

même

le

entre ses opinions et celles de l'ancienne

raison principale, c'est

penser;

dissidence assez prononcée

Muse. La

qu'aucun des rédacteurs

du Globe ne s'est occupé de vers. Pour moi, qui suis à peu près le seul d'entre eux qui aie quelquefois ce bonheur ou ce malheur, je ne puis que regretter ces dispositions profanes, sans espérer de les vaincre; tout récemment encore, malgré

Hugo

l'amitié bien étroite qui m'unit à

et peut-être à cause

ne m'a pas été permis de proclamer tion

M. Victor

de cette amité même,

mon

il

admira-

pour son Cromwell. Vous voudrez bien, mon-


128

i.'ai;be

kom antique

entrer dans ces excuses, et recevoir, avec

sieur,

mes

l'expression de

ments

et

ma

de

regrets, celle de

mes remercie-

profonde estime pour votre talent

distingué.

Votre très humble serviteur, SAINTE-BEUVE. Le 31 décembre 4827.

LV.

D'H. T. de Laiouche

{il\2).

Monsieur, J'ai lu

vos vers avec enchantement; vous êtes de

cette famille

de Clémence Isaure (i43) où

la

lyre

dispose toujours des plus sonores et des plus doux accents. J'aime

Troubles,

le

surtout

Bal,

le

le

Convoi d'Isabeau,

Schall

et

la

les

Harpe de

Gloruina (i44)J'espère qu'il

me

sera permis d'exprimer publi-

quement ma pensée sur

En

ces charmants ouvrages.

attendant, je suis toujours occupé

du procès

vu Cormenin(i45) aujourd'hui même et j'ai tâché de lui faire convenir que les lacs où M. Albert voudrait nous envelopper sont de ces pauvres amis.

comme

J'ai

ces tissus

... que Barèges Colore dans ses fleurs et blanchit dans ses neiges (446).

Je vous envoie Mainvieile pour voue

prier de


I.

me donner

A!

BE ROMANTinUK

ce soir dix

129

minutes d'audience,

si

vous

pouvez disposer d'un de ces moments que vous passez entre la rime et les cigares.

Fodor (147) pendant la miset je vous promets de sion de retrancher de Timportunité de ma visite un temps égal à celui que vous retiendra le mari. Je fais la cour à

M'^-^

mon ambassadeur

Agréez, monsieur, l'assurance de

ma

considéra-

lion la plus distinguée. H.

DE LATOUCHÉ.

3 janvier.

IVI.

— De M^^ A.

Tastu (i48).

Je vous dois, monsieur, de triples remerciements

pour l'envoi que vous m'avez fait de votre charmant le plaisir que j'ai eu à le lire, et pourle souvenir que vous avez bien voulu attacher à mon

volume, pour

nom

donnant une place dans vos vers (i49)Je n'ose cependant, à cause de cela même, vous dire tout ce que j'en pense. J'aurais peur que vous ne vissiez dans mes louanges que l'élan d'une vanité satisfaite. Je garderai donc pour moi l'impresen

lui

sion que

j'ai

reçue de ces inspirations gracieuses et

idéales et dont la mélodie rêveuse ne saurait être définie.

On

pourrait l'appeler fugitive,

n'avait

été

souvent employé à caractériser des

si

ce

mot


l'aube nOMAXTIQUE

l30

poésies bien différentes. Ainsi tous

mots de

les

notre langue perdent peu à peu leur valeur primi-

dans la circulation, comme une vieille pièce de monnaie dont l'empreinte s'efface en passant de main en main. C'est aux bons écrivains qu'il tive

appartient de s'emparer de ce métal banal et de

redonner un nouveau cours en

lui

le

frappant d'un

coin nouveau. C'est, monsieur, ce que vous savez

mieux que personne et qui vaudra à votre poésie un succès auquel personne n'applaudira plus que moi. faire

Veuillez, monsieur, agréer cette assurance et la

sincère expression de

mes sentiments

les plus dis-

tingués.

AMABLE TASTU. Samedi, 5 janvier 1828.

LVII.

— De Chateaubriand.

Paris, ce 10 janvier 1828,

J'aurais voulu vous remercier plutôt, monsieur le

comte, du beau présent (i5o) que vous avez bien

voulu la

me

faire,

j'ai

déjà parcouru, mais trop à

hâte, quelques-uns de vos Tableaux

paru animés du les

hommes

qui,

;

souffle qui fait le poète;

comme

ils

m'ont

heureux

vous, monsieur, nous con-

solent par leurs talents des ennuis de la politique.


l3l

l'aube nOMANriQlJB

Agréez, monsieur le comte, je vous prie, mes remerciements empressés et l'assurance de ma considération très distinguée.

CHATEAUBRIAND.

LVIU. Ce c'est

— UAlfred de

Vigny.

n'est pas un livre que je reçois là, cher Jules, une cassolette et une corbeille tour à tour et

Il y a des rubis, des topazes, des ail'or delà cassolette; elle est pleine marines sur guës

tout à la fois.

d'aloès, de

myrrhe et de cinnamomepour vos amies, aussi pour vos amis,

quelques grains d'encens nous.

Eh! quoi! pour moi-même un petit grain, le dernier, le plus pur; que j'en suis fier! Il y a des roses et beaucoup de pensées dans la corbeille et surtout des gouttes de rosée ou des larmes comme les grands peintres aiment à en jeter sur les fleurs. Votre Odalisque {i^i) est certainement celle de Ingres, je l'ai reconnue à la pureté de ses formes. Tout cela est poétique et mondain. C'est charmant, cela et

vous va à ravir et ne va qu'à vous au monde,

parce que cela vient de vous,

qui ne

me

soit

précieux

comme

il

ne s'y trouve rien

votre amitié.

ALFRED DE VIGNY. 18 janvier 1828.


l3s

l'aube nOMANTIOUE

LIX.

Vigny.

D'Alfred de

]yjme

jg Vigny me charge de vous dire, mon cher que M™^ de Soubise vous attendra chez elle demain et tous les mercredis de l'hiver, entre SouJules,

met, Emile, Antony (i52), Victor

Mars

et le petit

(i53) brodé qui m'est venu de

moins

brillant,

cher à

mon cœur que

moins aimable

Cinq-

chez vous,

surtout moins

et

celui qui l'envoya vers moi.

Votre ALFRED DE VIGNY.

LX.

Châteauneuf

D'A. de Saint-Valry (15-4),

ce 25 janvier 1828.

Vos Tableaux Poétiques voyage,

les

compagnes de

et leurs

Annales, nous sont enfin arrivés,

cher Jules, et je

me

mon

hâte de vous en faire tous nos

remerciements et compliments. Elisa en est enchantée, elle n'a jamais tant aimé le bal que depuis

que vous en avez moi,

mon

dit tant

ami, je vous

lis

parfois que je vous écoute

volume de

si

;

de mal et et relis, il

si

me

bien

y a dans ce charmant

belles rimes à des vers si

vous rend présent

comme

si

Pour

!

persuadant

vous

étiez

doux là.

qu'il

Votre


l'aube romantique

livre c'est

vous

et voilà

i33

pourquoi

l'aime. Je

je

ne

qui ne

déplaisant que ces vers

trouve rien de si ressemblent à rien, justement parce que leur auteur ressemble à tout

monde.

le

Mais votre poésie, à vous, a un cachet qui n'est qu'à elle et vos défauts mêmes sont à vous seul; on

y sent à chaque instant cette fleur de bon goût,

les

beaux

ciels

du midi, à masse

toutefois suivant la

mœurs d'un monde d'élite. mon avis, un mérite bien rare

et suivant les

C'est, à

aujour-

semble que nous fassions fi de la délicatesse à voir comme nous en mettons peu dans nos d'hui

il

;

et dans nos écrits et l'on dirait que, linous en coûte d'être polis et délicats. Je ne connais pourtant pas d'ouvrage de littérature qui

manières

bres,

il

puisse se passer de délicatesse jusqu'à point.

Que

quand

le

a,

un

vernis leur

manque

?

La

différence qu'il

c'est que nous autres nous ne mettons pas,

les peintres,

certain

disent à l'œil les plus beaux tableaux

y

comme

notre vernis sur l'ouvrage après qu'il

peut dire que Parmi vos compositions qui sont proprement dites des Tableaux Poétiques: Ondine, l'Odalisque, la Harpe deGlorvina est fait,

mais durant

qu'il se fait et l'on

vous n'avez pas ménagé

et surtout votre

la dose.

Isabeau,

me

paraissent d'un effet

d'un autre genre, j'aime surtout la Fête, puis votre première et votre derravissant.

nière.

Parmi

celles

Soumet ouvre

la

marche

et

votre Nina la


l'aubb romantique

i34

La pensée la plus chère Vos vig-nettes sont de

termine, c'est à inerveiile.

doit toujours être à la fin.

charmantes traductions qui feront beaucoup d'honneur à M. de Sennones,

un peu dur,

et

Godefroy, ordinairement

a sing-ulièrement adouci cette fois son

burin. Tout est donc pour

pas

que

les

comme

poésie

a

fait le

mieux

le

journaux ne

et je

burin du graveur, et que

Cerbère des Débats lui-même ne finisse louer

comme vous

la part

le

en

cela

le

par vous

Vous savez d'avance

méritez.

que je prends à votre succès

trouve

ne doute

s'adoucissent à votre

l'ami se

et

avec

parfaitement d'accord

le

poète.

Et M"'* Dudon, comment

va-t-elle^ je

vous prie?

Ecrivez-moi deux lignes quand vous aurez

m'a

Dites à Emile que sa lettre plaisir

;

dites-lui,

de

qu'on

plus,

M""* de Martignac (i55) en

fait

ma

tre et d'en

moment de

intéressé

bon Emile,

M. Ba-

et qu'enfin

circonvenir

obtenir ce que l'on veut.

dire aussi son mot, le

a

temps.

sensible

faveur, que

rataud doit parler pour moi au mari c'est peut-être le

le

un

le

S'il

minisvoulait

j'en serais bien

reconnaissant. Personne de vous ne

me donne

des

nouvelles de Gaspard de Pons et pourtant j'en ai

demandé est

plusieurs fois.

mort ou

rait Emile,

Adieu,

Ne

saurai-je pas enfin

s'il

vivant, peut-être ni l'un ni l'autre, di-

mais enfin, dites toujours.

mon

cher Jules,

Elisa désire vivement


l'avbë koma:.ïioue

vous connaître

et

i35

vous remercie de votre aimable

souvenir.

Rappelez-moi, en revanche, à celui de votre douce

compagne etcroyez-moi, pour toujours, votre meilleur ami. A. SAINT-VALRY.

p. s. cres.

Ah

— Les Annales m'ont paru !

pourtant un

homme

de leur composition. Mais

assez médio-

d'esprit a été chargé

ressemblent au

elles

Salon d'Exposition, dont l'entrée est ouverte par trop

de complaisance aux peintres du plus bas

étage.

J'apprends à l'instant

la

mort de Pichald(i56) et m'a

quoiqu'il fallût s'y attendre, cette triste nouvelle

tout interdit, eh

!

quoi,

si

grand,

si

fort, si coloré,

y a si peu de temps et maintenant, mort. Que sommes-nous, mon Dieu!

il

30 janvier 1828.

LX!.

— De la Princesse de Chimay

(107).

Madame Duchambge, monsieur le comte, m'a donné une nouvelle preuve de son amitié, en rappelant à votre souvenir la promesse que vous aviez bien voulu me faire. En lisant vos charmantes poésies, j'ai apprécié tout ce

que je dois à

mon


amie

et à vous,

monsieur

vivement encore

le

le

comte,

et

j'éprouve plus

regret de ne pas avoir eu

vantage de vous connaître plus tôt

l'a-

et plus long-

temps.

Recevez, monsieur

le

comte, avec mes

vifs

etbien

sincères remerciements, l'assurance de toute la con-

humble

sidération avec laquelle je suis votre très

servante. C.

PRINCESSE DE CHIMAY.

Bruxelles, 15 février 1828.

LXII.

De Fr. Roger

(i58).

Vous prenez, monsieur, un bien mauvais moyen de démentir les éloges que vous ont donnés les journaux. Je n'ai encore lu que soixante-dix de vos

charmants Tableaux et si je n'en connaissais l'aimable peintre, je briguerais de toutes mes forces le bonheur de le connaître. J'espère que demain j'aurai lu tout le volume. Je n'en serai que plus fier de l'amitié que vous voulez bien me témoigner. Agréez, monsieur, mes remerciements et l'hom-

mage de mon dévouement bien tendre

et

bien sin-

cère.

ROGER. Paris, le 16 février [ISîS].


li^

L'AUaS rvOMANTIQUK

LXriI.

Monsieur

D'Andrieux

le

(iBg).

comte,

Je suis fort reconnaissant de la bonté que vous

avez eue de m'adresser un exemplaire de vos Ta-

bleaux Poétiques

je

;

ne doute pas du plaisir que

j'aurai à lire cet excellent recueil

je vous félicite

;

du succès brillant qu'il a obtenu et je joindrai avec empressement mon sufFrag-e à ceux des hommes éclairés qui ont déjà applaudi à vos talents.

Je ne puis souscrire aux éloges votre politesse

;

vous

me

parlez

que me donne de ma comédie

immortelle et de mes beaux vers... ah ces expressions

vous avez

eu l'intention

obligeantes

homme

ne sont pas

et

faites

me

de

aimables; vous

de bonne compagnie

!

monsieur,

pour moi

;

mais

dire des choses

m'avez parlé en

vous en remercie ; mais je vous prie de croire que je sais mettre mes faibles opuscules à leur place et ne pas me faire illusion sur leur

;

je

peu de valeur. ANDRIEUX.

Ce 16

février 4828.

LXIV.

— D'H.

T. de Latouche.

Monsieur, Si je n'étais pas

malade de corps

et surtout d'es9*


l'aL'BE llOMANTIOUii

l38

prit et de cœur, à cause de la plus vive affliction

qui puisse saisir un

homme, j'aurais

cherché l'occa-

sion de vous voir pour joindre quelques renseigne-

Rapporteur de Fodor, au Conseil. Mais le malheur

ments à ceux que possède déjà l'affaire

de

M''^^

ne dispense pas d'obliger

et la

le

peine qu'on a de cher-

cher à adoucir celle des autres; c'est pourquoi je

vous

écris.

Demandez le

à Mainvielle(iGo)de vous représenter

contrat passé entre deux particuliers dont l'un ne

même

prend pas et où

Arts

il

contestation

la qualité

de Chargé des Beaux-

est spécialement stipulé le

droit

commun

qu'en cas de

sera invoqué.

Prenez la peine de relire la lettre de l'honorable duc de Doudeauville (i6i), alors ministre et refusant de reconnaître l'arrêté de son

Enfin pesez dans votre sagesse

M. delà

fils.

rétroactif

l'erTet

donner nous sommes en cause et en captivité, depuis près de deux ans Est-ce pour de tels débats que le Conseil serait institué ? M. de Larochefoucauld n'a-t-il pas honte qu'il plairait à

Bouillerie (162) de

à son adhésion, après que

!

laver son linge sale par les con-

de vouloir faire

Couronne ? Je vous épargne le fond des choses car, pour la première fois de votre vie, vous comprendriez ce que c'est que le savoir-vivre seillers

de

la

;

de l'antichambre

dor demandant

et la probité des cavernes. M'"»

la réalisation

Fo-

de son marché, neut


l'ai

sz i\OM^>riot!E

39

jours après son premier début, est un modèle de

Sosthènes (i63)

désintéressement;

rompre

et refusant les

les jug-es,

ner.

Il

embarrasse sur

était,

le

nom

qu'il faut lui

sans partage, l'homme

plus ridicule de France,

de

refusant

arbitres et fuyant devant

il

le

don-

plus sot et

le

aspire à en être le plus

beaucoup d'ambition, mais il y arrivera. Vous ne sauriez croire, pour obtenir ce double monopole, tout ce qu'a fait ce g-entilhomme. Renvoyez-nous, monsieur, devant les magistrats ordinaires, c'est notre unique vœu. Le sort de mes déloyal. C'est

amis se confie en toute

vous devez aimer aussi de la poésie

sécurité à vos lumières

la justice et ;

le

c'est la poésie

H.

LXV. Monsieur

— D'H.

;

bien faire, c'est

de

la raison.

DE LATOUCHE,

T. de Laiouche.

Rapporteur,

j'ai l'honneur de vous de M™^Fodor la prière d'examiner son engagement. Vous verrez que les

adresser

le

— avec

la lettre

congés ne sont pas accordés par chaque année,

mais

qu'il

en est seulement donné deux durant

cours de cinq ans, ce qui réduit à 69.000

fr.

le

des

appointements que vous aviez évalués à 93.000. Est-il utile de vous rappeler que, dans la demande de résiliation de l'engagement, aux conditions du


l'aubk rom\ntioue

l4o

payement jusqu'au jour de jamais

fait entrer la

ment pour rêt

congés et

les

Mon cher

poète,

de vos vers

la

rupture, nous n'avons

prétention d'un les

représentations?

de nouveau agi dans

j'ai

surtout dans

et

lecteurs (i64)- C'est ce mois-ci

l'intérêt

l'inté-

de nos

que nous aurons un

crois que vous serez plutôt jugé que

article, et je

Mme Fodor,

dédommage-

ce sont

deux causes d'équité

et d'har-

monie.

Revenez -nous à des sentiments libéraux, voyez

Que votre

Maillard (i65).

ramène aux jour

et

des arts et nous bénirons

intérêts

l'ange des beaux vers

après avoir

vous voyons

mobilité poétique vous

si,

fait

revenir

en vous éclairant chaque

tour de la cause, nous au point d'où vous êtes le

parti.

Mes respectueux hommages à M. le Rapporteur, mes affectueux souvenirs à l'auteur de Glorvina. H.

LXVI.

De

DE LATOUCflE.

M"^^ Fodor-Mainvieille.

Monsieur le comte. Les médecins veulent me chasser de Paris, àAix, disent-ils, que je trouverai ma guérison; avocat

me

affaire. »

dit

:

«

Restez, votre départ gâte

c'est

mon votre

Ainsi donc la durée de ce malheureux pro-

cès causera la durée de

mon

mal,

si

vous, monsieur


l'aube KOMANTIOfli

1^1

comte, ne mettez pas d'accord Cujas et Gallien. Repoussez le conflit, et la transaction, que dans votre équité vous conseillez aux deux parties, le

aura

lieu à l'instant et je

vous devrai guérison

et

repos. Ag-réez,

monsieur

le

comte,

les salutations

em-

pressées de votre servante.

MAIN VIELLE-FODOR 6 août.

LXVIL

Monsieur

UH. le

T. de Latouche.

comte Jules.

Je pense qu'il convient de vous informer que

vous trouverez au Conseil deux défenseurs de plus

du

droit

commun

conflits: ce sont

contre l'énorme absurdité des

M. Favardde Langlade (i66)et de

Courceilhes (167). Sachez confidentiellement que

premier

qualifie,

comme

le

nous, de délirant, l'arrêté

soutenu par M. de la Bouillerie et que

le

second a

ter-

miné par dire « Si le Rapporteur vous est le moins du monde favorable, il insistera sur l'article essentiel du contrat qui dégage M"® Fodor de la juridiction de la liste civile. Car elle a ainsi stipulé. » J'insiste sur l'opinion de M. de Courceilhes parce qu'il a reçu nos amis à la Chancellerie même, avec une politesse, une bonne grâce remarquables, :


l'aube RUMANÏIOUE

1^2

Garde des Sceaux pour les recevoir que son opinion doit avoir un peu des couleurs

qu'il quittait le et

de celle du ministre. Allons, déguichardisez- vous ce qu'il vaut res; soutenez,

comme vous

la voix la plus juste. Je

et

entretiens, si plus je vous lis et

(i

plus vous

me

les

ne sais

fatig^ue

;

pour

fournitu-

bien, la cause

le dites si si

plus je vous

mais plus je vous

charmez. H.

P.-S.

68), appréciez

un décret impérial sur

DE LATOUCHE.

— Le secret sur nos protecteurs. LXVIII.

— D'H.

T. deLatouche.

J'apprends avecchagrin que vous êtes malade, le talent

ne préserve donc pas de tout

bien que

baume

de

quand

le

?

Je voudrais

Journal d'Etienne (169) versât un peu Mon rapport est fait;

sur votre blessure.

passera-t-il ?

J'irai

vous voir incessamment pour vous parler

de recevoir Goubaud, jeudi au lieu de samedi. Il ne

moins que la nature des nouvelles lenallons subir pour faire changer ma que nous teurs colère en intérêt pour le malade et en vœux pour lui qui se brûle de lancer au public mon quo usque

fallait rien

tandem Larochefoucauld abatere paient ia nostra!


BE nOMANTIOUE

l'ai

1^3

Qu'il est odieux d'être éternellement

Caïphe à Guichard

et

de

renvoyé de

Pilate à Albert

I

Tout à vous. H.

LXIX,

— un.

DE LATOUCHE.

T. de Latouche,

Emile a trop de probité dans l'esprit, trop de bienveillance dans l'âme, pour ne pas vous avoir dit

que je ne croyais pas un mot des singuliers faits. Les secrets du Conseil

rapports qu'on voua a

pourraient être, à la

nature

même

la

vérité, bien

compromis par

de cette mystérieuse justice. Les

conseillers ont des

fils,

des neveux, quelquefois des

comme au conclave, tout se sait. Nos bourreaux même comptent jusqu'à des auteurs maîtresses; voilà,

d'opéras comiques

!

vaient donner à M"^'

Vingt officieux à

Fodor

et

la fois

pou-

aux journaux des

renseignements contradictoires. Mais de prêter reille

à des bruits, d'en sourire avec

a-t-il

pas une distance énorme à

le

l'o-

un ami, n'y

croire?

j'aurais trop de regrets d'avoir rencontré

Non

;

un adver-

saire à notre cause, à la cause de Maillard,

de Cor-

menin, deGérando (170), là où j'espérais trouver un appui. Je nepouvais subjuger votre conscience de juge; mais laissez-moi être

fier

d'avoir conquis votre

bienveillance de poète. J'irai vous voir avant peu


l'aube romantique

ï44

pour vous répéter que nos relations commencent au lieu de finir et, le Constitutionnel à la main, faire profession de mes sentiments pour vous. H.

LXX. Quels

maux

DE LATOUCHE.

D'H. T. de Latouche.

n'apaisent pas les

doux sons de

la lyre (17d) ?

Ceux que nous souffrons à cause de nos amis, si chancelante de M'"*Fodor, son impatiente irritation contre les lenteurs qui la tuent ont le droit, vous le voyez, de me poursui-

monsieur, oui, la santé

vre au milieu des plus enivrantes lectures.

bonne idée du rendez-vous de la rue des Victoires? Que NotreDame vous soit en aide pour l'exécution d'un tel projet! Faut-il vous aller voir, vous prendre, ou me résigner à importuner seul M. Maillard ? Pardonnez-moi tant de sollicitations en faveur la liberté de votre de beaucoup de sollicitude captive est un bienfait que l'Italie vous devra l'IEst-ce que vous avez renoncé à la

:

:

talie,

Qui, parmi ces discordes, entendra soupirer qui nous ravit et qui nous fait pleurer (472).

La voix

H.

DE LATOUCHE.


l'aube ROMANTinUÉ

LXXI.

UH.

I

4^

T. de Latoiiche.

Jeudi

On

n'en apas jugé

comme

nous,

mon

cher ami

premier

article paraît suffisant, peut-être

mirable

:

« Il est

même

:

le

ad-

tard, ce serait revenir sur ce qui

démarche désobligeante pour l'auteur, a donnez-nous autre chose. » Il est vrai, lorsque Avenel (lyS) me parla de ce devoir à remplir, nous été fait,

ig^norions qu'un docteur l'eût déjà tourné en tice, style

lapidaire

— c'est-à- dire, de pierre. — Je

no-

ne

on dit que les ronces croissent sur les chemins qu'on ne fréquente plus; je pense qu'il en a poussé pour nous sur le sentier des journaux; ou mieux, comme la grande route est, las un chemin de ronces, il faut croire que nous avons usé nos bottes et, comme Werther, je ne puis plus m'emberlificoter les jambes. 11 ne me reste donc que le regret de n'avoir pu découvrir cette bonne intention si ce sentiment méritait sa récompense, j'aurais songé à retenir les vers que vous m'avez envoyés ils sont jolis et gracieux comme je suppose l'auteur mais ne suis-je pas payé? Je les sais par cœur. sais

;

!

;

;

;

Amitiés (174)H.

DE L\T0UCIIE. 10

1


l'aube romantique

i4G

LXXIL—

De M"e George

(175).

Monsieur,

M.Etienne m'informe delà part du baron deLanglade que mon procès a été gagné hier soir. Quoiqu'on ne puisse pas remercierun

homme juste

d'une

chose juste, je ne résiste pas au besoin de vous ex-

primer tout ce que j'éprouve. Jamais je n'oublierai que vous m'avez fait, vos procédés si rares

l'accueil et

vos aimables attentions.

me

pré-

senter chez vous, pour vous offrir de nouveau

mes

Avant deux jours

j'aurai l'honneur de

nouveaux hommages empressés

et

respectueux.

GEORGE. Samedi.

Rue

Corneille, n° 5.

LXXIII.

— De

V. J.

E. de Jouy

(176).

Je fais tous mes remercîments à monsieur le comte de Rességuier de ses beaux vers, je viens de les placer

moi-même

sur les rayons de

la bibliothè-

que du Louvre ils seront dans toutes les bibliothèques du Roi, honneur qu'ils méritent par le charme ;


i47

l'aube romantique

et la noblesse

du

nie

des sentiments et

grâce et l'harnio-

langag'e.

Je prie monsieur

mon

comte de Resség^uier d'a-

le

ma

gréer l'assurance de

de

ia

parfaite considération et

sincère dévouement.

JOUY. Ce 25.

LXXIV.

De Charles Nodier

(i

']']).

Monsieur, Il

que

est impossible

celui

lance.

Il

de recevoir un plus

dont je suis est

joli

cadeau

redevable à votre bienveil-

impossible d'en jouir plus vivement

que moi. Je quitte un moment votre charmant volume pour vous remercier, je vous quitte pour le relire.

Agréez, monsieur, avec l'expression de connaissance, l'assurance de

mon

ma

admiration

et

re-

de

mon dévouement. J'ai

l'honneur d'être votre très humble et très

affectionné serviteur.

CHARLES NODIER.

LXXV.— D'Eugène Sue Comment vous admirable ouvrage

(178).

remercier, monsieur,

— poésie

pour prose

de votre

— votre


i4y

l'aube komantioue

élég-ance

— en même

pour

vérité,

que ce

le grossier langage de mes matelots monsieur, ce n'est pas juste, je dirais

n'est pas généreux, parce

que je ne

pourrai jamais m'acquitter envers vous.

Votre précieux

livre,

monsieur, est placé sur un

rayon bien fréquemment visité, entre deux poètes que vous avez si bien chantés, M"^ Delphine Gay et Lamartine. Aussi, combien je suis fier, monsieur, de vous devoir cette augmentation de mon trésor littéraire

!

Je suis aussi tout heureux de votre suffrage,

monsieur, mais je vous en supplie, ne dez pas avec

mon

livre,

comme on

me

confon-

a toujours la

cruelle habitude de le faire; je ne saurais d'ailleurs choisir

un meilleur avocat que l'auteur des ravis-

sants vers sur la femme, pour foi

me

défendre de toute

aux paradoxes émis par mes personnages sur

elle.

Encore mille remerciements, monsieur,

et mille

amitiés respectueuses.

EUGÈNE SUE.

LXXVI.

— D'Emile Deschamps.

Jeudi matin.

Cher Jules, Lamartine vient nous voir samedi s'il vous voyait, cela ferait bien mieux pour

soir et, lui et

pour nous.


l'aube romantique

i49

Est-ce que vous ne pourriez pas ce soir-là, venir

passer deux heures à Paris? Lamartine repart lundi pour

de venir

la

Bourg-ogne

Tableaux{\'jO)), et faites tout

je

;

un g-rand

faire

il

pour

vous

prie,

plaisir;

en grâce, adore vos

il

faut qu'il aime le poète. lui et

Voyez

un peu pour nous. EMILE [deschamps].

LXXVII.

D'Emile Deschamps.

si j'ai eu un chag-rin dans ma vie, j'en deux à présent. J'étais allé ce matin chezAlfred qui était au bain, je voulais le consulter une dernière fois nous nous sommes croisés; pendant ce temps votre homme est venu. Voilà ce qui expli(|ue tout ce grand retard

Cher ami,

ai

;

dans

ma

réponse; puis Alfred, à qui j'avais laissé

un mot, me répond je suis

A

au désespoir

ceci;

il

a raison au fond, mais

qu'il ait raison.

tous les autres motifs de férocité s'en joint

un autre ici. Quand on

une tragédie de soi, faite dans la l'a composée et écrite plus ou moins bien, on la juge plus ou moins bien aussi ; mais enfin, l'auteur vient et doit consulter les lit

manière française, on

salons et les

œuvre.

hommes

d'esprit et de goût sur son


l'aube romantique

i5o

une question d'amour-propre, d'un côté; ce n'est donc rien et c'est en même temps une consulC'est

tation toujours utile.

Mais nous abordons brutalement un système si éloigné du nôtre, nous qui mêlons le

dramatique

comique au tragique, et le poétique à la plus simple réalité, nous qui ne pouvons rien que par Shakespeare; vous concevez qu'il ne s'agit pas du plus ou moins de talent que vous avez déployé, mais qu'il s'agit du système en lui-même. Malheureusement, les gens du monde qui ont le plus d'esprit et de connaissances arrivent armés contre le système

et

bien persuadés, quelque indulg-ence qu'ils

aient d'ailleurs pour

le

poète, que l'ouvrage est

inadmissible au théâtre français; faute d'études suffisantes et précisément à cause de leur

goût parfait

et

de leurs justes admirations de nos chefs-d'œuvre,

ils

sont persuadés au fond du cœur que Shakespeare

est

un barbare, souvent un cochon

et

qu'on ne peut

y prendre que quelques perles dans un fumier, tandis que ce sont des fleurs dans un magnifique jardin qu'on y trouve. Cette disposition préventive frappe de mort, non

pas

le talent

du traducteur, mais

le

destin

même

de l'ouvrage qui arrive aux comédiens chargés de mille doutes.

La manière dont on a accueilli dans le monde Cromwell (i8o), de Victor Hugo, a été pour nous un


L AUBE ROMANïiyUE

flambeau

main du

terrible.

lOI

Notre ouvrage est un cousin gerabsolument que la manifesta-

sien et n'est

où l'on a tant critiqué l'idée du mélange du comique mêlé au tragique sur la scène. Nous avons craint avec raison le même sort; nous

tion de sa préface

affrontons deux mille personnes, parce qu'il faut

bien faire

la

grande épreuve; mais nous avons trop

peur des dites personnes, à moins que ce fût tous l'art comme chez Alfred, comme chez

des gens de

moi,

serait

la foule ou quelques poètes ensuite ce absolument chez vous, comme chez nous, la

même condition, c'est pourquoi beaucoup d'Alfred ce qu'il m'écrit me pasensé et la sagesse ne m'a jamais autant fait de

même

sensation, la

j'espérais raît

;

mal.

EMILE [deschamps].

LXXVIII.

— De Victor Hugo.

Cher Jules, vous avez

fait

un

livre

charmant,

vous auriez été bien embarrassé d'en faire un autre. C'est

un bonheur pour moi d'avoir trouvé un si poème dans votre livre et un si excellent

ravissant

ami dans votre

lettre.

Je vous remercie et je vous aime.

VICTOR [hugo].


i5a

l'aubb romantique

— D^ Alexandre Soumet.

LXXIX.

Mon çaise,

manuscrit est demeuré à

cher ami, et moi,

dames, je suis privé

la

Comédie Fran-

l'humble captif de ces

j'en suis

presque charmé parce que

n'est pas

un

ma

comédie

spectacle de demoiselles et que d'ail-

leurs elle est entièrement consacrée à et à

au Marais;

d'aller aujourd'lmi

Nina; dites-leur bien de que mon Alice est

et ajoutez

ront oblig-ées de faire cause

ma si

M™^ Dudon

part, cher Jules, jolie

qu'elles se-

commune

avec

elle.

SOUMET. Dimanche.

LXXX.

D'Alexandre Soumet.

Je reçois, cher ami, une lettre de M. de Montbel (i8i) qui m'apprend que la pension de M. Barbé est maintenue à deux mille francs et pour tempérer un peu la joie de cette nouvelle, il m'annonce pour moi, la même faveur. Je suis dans un très grand embarras, car il m'est, en vérité, impossible de consentir à user de son crédit dans une

si

faible occasion.

Mille amitiés et dites-moi ce que vous faites.

SOUMET.


l'aubb romantique

LXXXI

.

i53

— D'Alexandre Soumet.

Nous parlons quelquefois de destinée humaine,

mon

beau tableau de l'exception du... l'abîme de réflexion. Si quelque chose pouvait me ramener dans le monde cher Jules,

me

et le

plonge dans

des idées prosaïques et vulgaires, ce serait récit le

de M""' de GenHs. Pline avait élevé à

monument,

plus beau

de l'homme puisse

que

lui élever, et cette

voré son grand-prêtre la terre le terrible

peut-être,

;

elle a

nature

la faiblesse

nature a dé-

préparé au centre de

incendie où Pline devait périr.

Robespierre est resté étendu mourant, vingt-quatre heures, sur il

le froid

la

la table

pendant de proscription où et

avait signé tant d'arrêts. Si Pline aussi a été

cette terre

dont

il

couché avant d'expirer sur

avait

divinisé

les

merveilles,

qu'est-il arrivé ?

La mort de Pline

est

devenue

si

grande

a pour ainsi dire servi d'ère au volcan

qu'elle

que le un souvenir à donner à la disparition de Pompéia et d'Herculanum, n'a cessé de s'entretenir du cap de Pline. Adieu, Jules.

monde, qui

et

n'avait pas

s[oumet].

10.


l'aube romantique

l54

— UAhel

LXXXIL

monsieur, vous

J'ai voulu,

remercier, je

vers par

mon

Il

;

lire,

avant de vous

maintenant beaucoup de vos

sais

cœur

avis.

Villemain (182).

voilà le

me semble

moment de vous en

qu'ils sont pleins

d'harmonie. Ces pièces

de sentiment

et

et si variées

forment

comme

même

si

courtes

autant de nuances

musicales qui retentissent dans l'âme. est la poésie

dire

de grâce,

et la vôtre est

en

La mélodie

même temps

toute pénétrée d'émotion.

Le temps

actuel, monsieur, est

un peu âpre, mais

tous les amis des lettres et des vers aimeront à

vous

lire.

Milton dit quelque part que

la voix

douce

des Muses délasse du bruit rauque des disputes politiques.

Agréez, monsieur, avec tous mes remerciements, l'assurance de

ma

considération distinguée. A. VILLEMAIN.

LXXXIIÏ.

D'Abel Villemain.

Monsieur, j'ai bien peu de journaux sont bien absorbés par la mais je dois tout essayer pour vous,

Je suis bien solitaire (i83), crédit

et

polémique

les ;


L AUBE ROMANTIQUE

[55

ne fût-ce que par reconnaissance pour le charme de vos vers. C'est une espèce d'enchantement que cette poésie à la fois toute vraie et toute idéale. Je

trompe, vous n'avez rien exag'éré mais vos expressions ont une grâce si neuve qu'on a peine

me

;

à croire qu'elles ne sont qu'une copie de la vérité ; cela pourra-t-il se placer an milieu de tant de controverses? Je

éprouvât

le

voudrais pour que tout

le plaisir

Veuillez

le

monde

que m'ont monsieur, l'assurance de

fait ces vers inspirés.

agréer,

considération la plus distinguée

votre très

;

ma

hum-

ble et très dévoué serviteur. A.

LXXXIV.

VILLEMAIN.

— De M™" Amelott^\%k)-

Mercredi.

Mille remerciements, monsieur le comte,

pour charmant volume que vous avez eu la bonté de m'envoyer (i85) et pour tout le plaisir que j'ai

le

trouvé à relis.

le lire.

Tout y

est

Je ne puis si

le

g'racieux,

quitter si

;

je le

lis et

poétique que

les

plume y prennent un aspect nouveau des plus délicieux. Votre Ondine objets qui passent sous votre

s'est tellement embellie

que

mon

premier essai

me

semble maintenant ne plus rendre du tout cette charmante idée et j'ai cherché à me rapprocher un


l'acbe romantique

i56

peu de

la

çrâce de votre peinture en commençant

un nouveau tableau

(i86) ce matin, que je sou-

mettrai à vos avis, lorsque j'aurai l'honneur de

une tentative téméraire que d'essayer de rendre vos idées, mais, sans approcher du modèle, je ne puis que gagner à chercher à vous

voir. C'est

l'imiter.

Veuillez

madame les lui

la

offrir

mes respectueux hommages à

comtesse

;

j'espère avoir l'honneur de

présenter moi-même. Veuillez aussi vous

souvenir quelquefois de VIRGINIE ANGELOT.

LXXXV. Paris, le 6

— Dem'^ Elisa Mer cœur (187). novembre 1828.

Monsieur, J'allais, quoique

bien inconnue, vous adresser mon

pauvre volume (188), en témoignage de l'admiration due à votre talent; je ne croyais pas, monsieur, qu'un sentiment de reconnaissance

allait se

joindre

au motif de ce trop faible hommage; vous avez daigné vous occuper de moi votre signature sur la pétition que m'a remise M. Soumet en est la preuve. Puisse mon léger envoi être, pour le brillant ;

auteur des Tableaux Poétiques, qu'inspire son beau talent

;

celle

de l'estime

que sa main armée du


komantioue

l'al'be

i57

pinceau qu'elle trempe dans des couleurs

si

vives

ne dédaigne pas celle qui, jusqu'à présent, n'a pu qu'en tremblant saisir un modeste crayon, qui,

dans ses doigts inhabiles, n'a encore tracé que quelques lignes imparfaites, tandis que la poésie a trouvé son Raphaël dans celui dont j'ose la très

humble

me

dire,

et très obligée servante.

ÉLISA

LXXXVL —De N.

MERCŒUR

(189).

A, de Saluandy.

Chantemerle,14 janvier 1829.

Je ne veux pas attendre,

mon

cher collègue, les

du j eudi ( 1 90) pour vous dire les vraies jouissances quej 'ai trouvées dans la nouvelle lecture de vos Tableaux Poétiques, ie. les ai lus de

rencontres

la

façon

la

officielles

,

plus propice à les bien faire apprécier;

un auditoire de femmes; il n'en estpasde plus digne de vous, c'est ramener vos inspirations à leurs sources nous avons été tous également heureux de faire ou de renouveler connaissance tout haut et devant

;

avec votre talent grâce, en

si

plein de naturel, d'esprit,

un mot, de charme.

je plains, des heures passées

cussions stériles. les

hommes

Gomment

d'affaires

C'est bien vous

de que

dans l'ennui des dis-

faites-vous pour écouter

quand on a un

si

doux com-


l'aube romantique

i58

merce avec

les

jusqu'à elles et Je suis

Muses

bien

qu'on

et

les faire

sait si bien

monter

descendre jusqu'à vous?

heureux d'avoir reçu de vous

droit de vous parler de

mon

le

admiration bien sin-

cère et de joindre des sentiments de reconnaissance

à ceux de

la

plus haute considération. N. A.

— D'H.

LXXXVII.

Mon cher comte,

DE SALVANDY.

T. de Latouche.

recevez ceci avec bienveillance,

jugez-le sans sévérité et croyez que c'estbien moins

un ouvrage (191) que fin et si

sûr qu'un

talent et surtout

je

soumets à votre goût

hommage que

si

je rends à votre

un souvenir que

je sollicite de

votre amitié.

H

.

DE LATOUCHE.

Jeudi, 14 mai 1829.

LXXXVIII.

— D'Alfred de

Vigny.

Mille fois, aimable ami, vous avez parlé d'avance

de ce que ailes

j'allais

en vous,

vous porter; mais tout a des

l'amitié, la poésie, l'esprit

:

je croyais

que l'amour seul allait aussi vite. On ne peut vous devancer ni vous atteindre en rien; pardonnez-moi d'avoir été en ceci pareil à tout le monde; mais en


L AUBE ROMANTIQUE

un attachement durable

lÔQ

pour lequel il ne faut qu'être à jamais dévoué, je vous défie de me surpasser. Je vous le prouverai toujours. Je vous vole ce voleur, car c'est double plaisir de tromper un trompeur. Vous m'avez procuré cette satisfacet inviolable

tion. J'irai

vous

embrasser pour cela sur

deux

les

joues.

Votre

ALFRED DE VIGNY. 20 mai 1829.

LXXXIX. Du

bronze pour

Non

Si celui Il

vous

— ly Emile

les traits

le plâtre, j'essaie;

que

voilà,

Deschamps.

d'un être aussi fragile! est plus ressemblant,

il

cher Jule, était parlant, ou de Virgile,

dirait des vers de Jule

vous dirait aussi que ce vieillard agile, Ce pâle et funèbre vainqueur Dont la faux, chez les hommes rode, Ce temps qui ronge tout, durcit l'or, l'émeraude, La perle... et Tamitié, cette perle du cœur.

Il

EMILE [DESGIIAMPs]. Vendredi

soir.

Je vais porter votre Globe à Alfred qui vous en remerciera. Si

j'ai

une heure

libre,

s'il

ne

me retient

pas pour quelques préparatifs LV0ihe!h{iLj2),

j'irai


l'aube romantique

i6o

bouts rimés avec Albert; mais des ressemdifficile. J'ai vu Sou-

faire des

blances, avec vous, c'est trop

met,

il

de partager votre petite loge n° 4j

est ravi

côté droit

du

cintre.

XC— D'Alfred de

Vigny.

Vous me ferez grand plaisir, cher Jules, si vous pouvez savoir de votre ami, qui m'a très gracieusement reçu ,ce que sont devenus ses bonnes intentions et mes manuscrits que l'on conserve par trop précieusement au ministère; souvenez-vous de cette

ma

bagatelle et de

vive amitié.

ALFRED DE VIGNY. 23 juin 1830.

— D'Emile Deschamps.

XCI.

Paris, 26 juin 1830.

Je suis presque aussi heureux, cher Jules, de

vous savoir tous arrivés bien portants tés à

Toulouse, que

sortir de Paris. et je n'ai

pas

trois lignes

tune de

Paul

le

j'étais

et

et bien por-

chagrin de vous voir

Albert vont vous rejoindre

courage de ne pas leur donner

pour vous. Les facteurs feront

la lettre.

la for-


l'aube uomantioue

Ma

i6i

plus douce occupation d'esprit est de songer

dame

à celle de cette

si

élégante et

si

poétique dont

vous m'avez parlé en vers, le jour Lamartine. Si vous étiez bien bon, bien aimable, bien Jules, vous m'enverriez cette élégie que j'adore.

En

retour, je

vous enverrais peut-être Soumet, qui souffre toujours de temps en temps, mais qui est incertain

comme

notre été. Je

le

vois beaucoup; mais

vous voit guère dans ce moment vous Il

il

ne

pense que

et je

manquez bien plus qu'il ne le laisse voir. de même d'Anna qui vous appelle et qui

lui

en est

n'a plus d'appartement, sans doute parce que vous

ne venez plus J'attends

Vous me

la voir.

des nouvelles des élections du Midi.

dites

que vous ne reviendrez pas député

et j'attends toujours.

Je ne mets pas à

la loterie et

numéros avec anxiété. Enfln, vous ne pouvez pas m'empêcher d'espérer? Si vous me répondez un mot, ce que je désire vivement, donnez-moi deux pages de détails sur la santé de M™^ de Rességuier, sur les bouts rimes et les tragédies d'Albert, sur la joie de votre Nina et

je

regarde

les

de votre belle-sœur

et

sur

la

poésie que les Pyré-

nées vont vous inspirer ou que vous allez inspirer

aux Pyrénées. Moi, je à

mon

2

Cm'is

Macbel II

(iqS), j'en suis

ce matin

384® vers; c'est monstrueux de toute façon.

Des vers

et

de

la prose,

cher

Jules,

je vous en


l'aube ROMANÏIOUE

102

prie, j'en ai g^rand besoin.

Moi qui

vigoureux, vous vous rappelez, six semaines,

étais si fort, si

eli

bien

depuis

!

depuis je ne sais quelle petite mala-

die, je

ne respire pas bien,

ma

j'allais

n'avoir maintenant

qu'une santé doulou-

santé se §"âte;

reuse et rien de plus, je serais une fière dupe

Mais ne restez pas cinq mois là-bas

ils

;

si

!

seraient

beaucoup plus longs qu'ici. Revenez-nous bien plutôt; demain, si vous pouvez et pas trop tard, nous nous couchons de bonne heure. Adieu, cher Jules, Agiaé vous embrasse, vous, Nina et vos trois anges, bien tendrement. J'en fais autant et si je pouvais, j'irais le faire où vous êtes. Adieu, des vers, des vers, songez que j'ai fini Lamartine. Votre ami à toujours. EMILE [dESGIIAMPS].

XCII.

— D'Emile Deschamps.

Paris, samedi 31 juillet.

Vous

savez,

mon

cher Jules (i94)> tout ce qui se

passe. Après trois jours de combats, fuite et le

dans

la

en

aux Tuileries

et

reçu votre charmante réponse à

ma

drapeau tricolore

est

moitié de la France.

Quand pauvre

Roi

est

le

j'ai

lettre, j'étais

bien loin de penser à ce qui


l'aube romantique

était si

lt)3

près de nous; mais, dans tout ceci, je ne

cesse de penser

Arnouville, car

à la

vous. Aglaé et

Anna

garde royale a chassé

ple dans notre quartier

sont à le

peu-

comme dans tout Paris. mon uniforme de

Certes, je ne croyais pas que

garde national (igS) se trouvât jamais à pareille fêle.

Maintenant que Dieu s'en mêle. Mais j'avais

besoin de vous dire que nous ne

sommes pas

loin

de vous supplier de ne pas vous faire tuer dans votre Midi.

Quand

les

troupes royales et

ont mis bas les armes, l'ignorance

il

la

Maison du Roi dans

serait affreux que,

de ce qui se passe, de plus affreux

malheurs arrivassent à nos amis. Il

faut rendre justice au peuple,

jusqu'à

il

a été brave

l'héroïsme, et généreux jusqu'à

la

poli-

tesse. Ce n'est plus du tout l'ancien peuple mais combien j'attends de vos nouvelles avec impatience J'ai passé quatre fois rue du Helder il n'y apersonne dans l'hôtel; mais je sais qu'on se porte bien et de combien d'anxiété générale et personnelle on est ému. Voilà tout jusqu'à présent ; on tarde bien de vous ouvrir les bras et de se jeter dans les vôtres. Dites tout ce qu'il y a de plus tendre et de plus joli à madame Nina et embrassez Paul, Albert et Charles, beaucoup. ;

!

;

EMILE [dESGHAMPS].


LAUBE KOMANTiyUE

IÔ4

Le duc d'Orléans du royaume.

XCIII.

est

nommé

lieutenant-général

D'Emile Deschamps.

C'est moi, cher Jules,

qui vous remercie mille

de votre réponse, vous avez été une de mes deux premières pensées au milieu de tout cela. J'avais un pied sur les Pyrénées et un autre sur

fois

les

Alpes

cœurécartelé; cela tenait du colosse.

et le

Mes inquiétudes et mes peines sales

comme

étaient en

efl'et

colos-

événements etles courages. Je suis

les

frappé dans tous mes amis; quanta moi, je n'étais rien avant, je ne serai rien après; je n'ai pas été

un héros pendant

et,

pour être votre poète, j'aime

encore mieux rester un de vos dix mille lecteurs,

même quand

vous ne

faites

pas quatre vers alexan-

drins que je relis trente-sept fois de suite pour en faire cent quarante-huit.

C'est encore,

héros fort

et

un coup, le peuple qui

généreux, lion terrible

a été et

le

héros,

doux;

les

renards vont profiter maintenant de tout ce qu'il a semé; c'est une affaire d'intrigue et d'ambition; on va faire la course aux places; les autres ont fait la course aux balles. Qu'importe La chose !

était

nécessaire

et

la

grande

majorité

de

la

France, non employée, sera gouvernée selon sa volonté,

voilà

le

principal; je regarde tout ceci


l'aube KOilANTlOUE

comme une

mon

révolution faite par et au profit des

et tout

idées

l65

sera dit pour longtemps.

Voilà

opinion sur l'ensemble de l'événement.

Maintenant,

si

nous entrons dans

le

détail

des

faits, je

n'y vois que ruines et perturbations pour

les trois

quarts des g-ens que j'aime et surtout que

j'aime

le plus.

Cependant, j'espère qu'après cette

première bousculade on choisira beaucoup des mêmes hommes, parce qu'en effet il y a beaucoup

d'hommes de choix dans l'ancienne administration. Le Conseil d'Etat paraît devoir être soumis à une révolution aussi. Vous avez vu que M. Benjamin Constant est nommé président du comité du contentieux, lequel a chang-é de dit-on, et

nom; mais

il

s'agit,

d'un grand remue-ménage dans ce comité

dans

chose du

la

Cour des

monde

conflits.

Quoique ce

qui m'intéresse

rien savoir de positif;

comme

le

soit la

pu une sorte

plus, je n'ai

je crois à

de tranquillité après les premiers moments d'effervescence, je vous voudrais mille fois à Paris, afin de vous voir prendre part au nouvel état de choses de vous voir tout simplement.

et puis aussi afin

Est-ce que vous ne nous reviendrez pas avec gle, l'ours et la gazelle?

Soumet

Que vous

l'ai-

êtes gentil avec

que je voudrais être auprès beaucoup d'argent, je ferais beaucoup de chemin. Dites à Soumet que nous avons vu ce matin Gabrielle qui est courageuse

notre cher

de vous deux

!

et

Si j'avais


l66

l'aube ROMANTIl^UE

comme Peau d'Ane et spirituelle et douce comme une demoiselle et supérieure, comme elle-même. Tout le monde se porte bien chez lui. Aglaé vous embrasse ainsi que Nina. Elle a eu bien peur, surtout quand je n'étais pas là mais elle avait bien plus peur d'être oubliée auprès de vous votre charmante lettre nous rassure tout à fait. Anna est à Arnouville depuis dix jours vous avez maintenant une grande lettre d'elle qui nous prouvera si vous êtes un ingrat. Votre souvenir, daté ;

;

;

du 28, l'a ravie et votre petite fleur a été cueillie quand on ne trouvait chez les bouquetières que des cartouches. Dieu nous sauve des Mandrins à présent

!

Quant

à moi, j'ai fait des vers tous les jours. Les

barricades et les coups de feu ne vous auront préservé de rien. est fini;

mais

Mon Macbeth il

en quatre mille vers

est loin d'être ce

que je voudrais.

Adieu, cher ami, aimez-moi beaucoup encore

;

rien ne peut

me

me

faire plus

et

puis

de bonheur que

y a quelque chose que je préfère beaucoup, venez le savoir. Vous ne me dites rien de Paul, d'Albert et de Charles, de madame Amélie, enfin de tout ce qui m'occupe ici; parlez aussi un peu de moi à ceux qui le permetvos lettres

;

je

trompe,

il

tront et permettez-moi de parler toujours de vous à tout le

monde. EMILE [dESCIIAMPS]*


l'aube romantique J'ai il

167

reçu une lettre deGuiraud et

était fort

De

Ah

question de vous

;

répondu;

lui ai

aimable.

elle était fort

tout ceci la morale.

c'est qu'un gouvernement Qui n'a pas décidément !

L'effusion générale,

S'en retourne par degrés Au pays des émigrés.

Certes, je ne croyais pas

ans

et j'ai

si

bien dire,

une peur affreuse quand

il

y a trois

je pense à cette

chanson qui a été vite mise en action. Mais aussi, ce n'est qu'une révolution politique et non une révolution sociale

P. S.

!

Voilà ce qui la rend innocente.

— Une chose me désolerait tout à

fait

:

c'est

vous abandonniez Paris. N'est-ce pas que cela n'est pas? Dites-le-moi bien. si

Paris, 17 août 1830.

XCIV.

— D' Alexandre Soumet.

Cauterets, août 1830. Samedi.

Que devenez-vous, cher à vos rendez-vous

prorog^ation

Jules

comme un

royale ?

?

Etes-vous infidèle

électeur des 221 à la

Je suis venu vous attendre

dans ces vilaines montag^nes, qui pèsent sur moi comme un cauchemar, et je n'ai dans la têle que le bruit éternel

du Gave, beaucoup moins doux que

vos beaux vers.


l'aube romantique

i68

N'arrivez-vous pas,cherami,et repartirai-je sans

vous voir, moi qui vous lieues plus aisément

fais

une

que dans

la

visite à

deux cents

rue du Helder? Si

événements vous appellent à Paris, soyez assez bon pour me l'écrire, car votre détermination déci-

les

derait aussi la mienne.

Les eaux lui faisant

me

font peu de bien; dites à Nina, en

part de

mes respectueuses tendresses, que

les sien nés étaient bien meilleures, bien plus douces.

Adieu, bien cher ami, je vous aime

et

vous attends.

A. S [oUMEt].

Embrassez pour moi vos enfants, mille hommag-es

à M. et à

M"® de Rességuier.

XCV.

— D'Emile Deschamps.

Paris, 23 août 1830.

Vous avez

vu,

mon

cher Jules, la composition

nouvelle du Conseil d'Etat, vous avez vu, par conséquent, ces choix épouvantables et vous savez ce

que je regrette et qui je regrette du fond du cœur. Personne n'est plus frappé que moi dans ses affections,

de tous côtés.

J'ai été

fort content de ce

qu'on a renversé d'abord, je crois à un bel

et

grand

avenir pour la France, mais les places, l'adminis-


l'aube romantique

i6g

de toutcela me semblent monsbonnes exceptions près. C'est là trueux à quelques ma profession de foi et le premier jour comme à tration, le personnel

présent.

Vous

au moins,

verrai-je bientôt

et

pour-

rons-nous parler à cœur ouvert de tout ce qu'on ne peut écrire

pense à bien des choses et à bien

? Je

des personnes;

pense à vous surtout

allez, je

et

à

Donnez-moi de vos nouvous êtes encore aux eaux. Je

tout ce qui vous touche. velles, je

sais

ne sais

si

que Soumet revient.

affaires et à ses intérêts.

11

faudra

Pourvu

pense à ses

qu'il

qu'il

ne vende pas

A propos d'ours, j avait des gens à moyens extraordinaires, qui parlaient de lâcher les bêtes delà ménagerie Martin, parce que des troupes étaient campées sur le boulevard ; je leur ai dit que l'idée était excellente mais qu'avant tout il fallait s'assurer de l'opinion de ces animaux et que le tigre royal la

peau de

le

28

l'ours, faute d'ours

juillet,

!

il

;

surtout fait

me

paraissait fort suspect.

Ma

harangue a

renoncer au projet de défense ou d'attaque.

J'ai

rencontré avant-hier M.

de

Fleurieu qui

arrive de la Martinique et qui ne savait rien, mais il me charge de ne paraîtra pas parmi

ne paraît pas étonne de tout cela mille amitiés les

pour vous,

cela

;

miennes.

Voulez-vous dire à M""* Nina tout ce que vous savez dire de tendre, c'est Agiaé et Emile qui le penseront.

Anna

se porte à ravir, elle

est assez


L AUBK ROMANTIQUE

lyO

grasse maintenant

mais

;

elle

supporte très bien

son embonpoint. EMILE [deschamps].

Adieu, cher ami, je vous aime beaucoup qu'hier et

plus

un peu moins que demain. Ecrivez-moi.

XCVI.

D'Alexandre Soumet.

Tours, ce 4 septembre 1830.

J'arrive à

Tours avec

ville

;

rues de cette au bruit des hurlements ce peuple, il jette les pendules

est.

dans

les

je trace ces zig-zags

du peuple-roi dans

cher Jules, et la

la fièvre,

fièvre populaire bouillonne

la

On

rue

et

et

n'en saura pas mieux l'heure qu'il

m'assure que

passager

;

le

mouvement ne

sera que

mais j'aurais été rempli de terreur

n'avais pas appris à

Bordeaux que

ce

qui

intéresse à quitté Tours. Je viens de faire le Dante une voiture publique dans un des

freux voyage. Pourquoi

fer ?

Quel séjour

!

n'a-t-il

si

je

vous

un

af-

pas mis

cercles de l'En-

Lorsqu'on quitte

la

douce so-

ciété de Nina! Je vous écrirai sitôt mon arrivée à Paris, si j'y arrive jamais. Les routes sont toutes parsemées, toutes tachées de voyageurs. Le char

en pataches je me posséder une, car depuis heureux d'en trouverais

de

la Pv.évolution s'est converti

;


L AUDK UOMANTIQUE

lyi

Poitiers je voyage à pas de tortue, et encore vais,

comme

ma maison

la tortue,

moi, mais je suis seul

et

ou

si j'a-

la vôtre

avec

toujours mes heures se par-

tagent entre Gabrielle et votre vénérable famille.

Adieu, bien cher Jules, je vous aime plus que je ne puis

le dire,

adieu.

s[oumet]. J'ai écrit

à M"'* de Rességuier, votre belle-sœur.

J'apprends que quarante-un voyageurs sont inscrits

pour Paris

;

je pars

Vendôme, dans une

XC VIL

dans deux heures pour

voiture que je viens de louer.

D'Emile Deschamps,

Paris, 2 septembre 1830.

Je ne vous dis pas, je ne vous écris pas partout,

mon cher

combien j'ai de tristesse et de chace que vous ave2, je plains les mêmes infortunes, et je ne vois plus de fautes là où je Jules,

grin. J'ai

reconnais tant de malheur. Cependant, je conserve

un immense

espoir

:

la législation

va changer et

changer bien vite, précisément à cause de cela. Partagez cette espérance

et

reconnaissons qu'il y

aura eu, au moins, humanité et modération après la victoire; car je craindrais

qui ont

condamné

à

mort

fort ceux-là le

mêmes

maréchal Ney. Je

vous tiendrai au courant des moindres choses qui


L

ly»

sont

si

grandes

AUBE ROMANTIQUE

et si

importantes, et vous, tenez-

moi aussi au courant de vous tous. Que faites-vous, que ferez-vous, où pourrai-je vous serrer la main, où faut-il étendre mon bras ? J'ai quitté avant-hier Anna dans son Arnouville, elle attendait une lettre de vous, je suis sûr qu'elle ne l'attend plus, parce que vous savez tout

le

bien

que vous lui ferez. Alexandre est je crois en route pour revenir

;

tant mieux, sa présence est nécessaire à ses inté-

Mon

rêts.

;

je ne

Dieu,

comme

tout ce que j'aime est frois-

m'en consolerais pas quand

être fait Auditeur au Conseil

Secrétaire général qui vient

d'Etat d'être

!!!

devrais

je Il

y a un

nommé

et

qui

s'appelle Emile Deschamps.

Je vous préviens que ce n'est pas moi il y a un Emile Deschamps qui vous aimera toujours et vous applaudira comme il vous aime, cette fois, c'est ;

bien moi. Parlez de moi frère

un peu autour de vous

que Toulouse a perdu

comme

et

à votre

son premier

magistrat et à votre belle-sœur qui ne perd rien à tout cela puisque vous restez près ]yjme

d'elle.

Nina que nous ne faisons que penser à

Dites à elle et

fait-il encore de grands beaux vers ? Envoyez-m'en ; mais surtout ditesmoi quelque chose. Victor, dans une très belle ode, au sujet de tout

à ses beaux enfants. Albert et


l'aube romantique

17-5

deux strophes sur Charles X qui font pleurer, vous les savez, elles commenceîit ceci, a fait

:

Oh

laissez-moi pleurer sur celte race morte

!

Que rapporte

l'exil et

et elles finissent

que

l'exil

remporte,

:

Qui ne posera pas

la

couronne d'épine

Quelamaindumalheurmetsur des cheveux blancs

Pardon du couplet d'une rappelé l'autre jour

vieille

(196)

I

chanson que je

vous savez bien qu'on

vous

ai

ne

chante plus qu'à vous. Je ne suis pas de ceux

le

;

qui font des caricatures sur des cadavres. L'Ecole

Romantique des paroles tandis que

s'est

distinguée

par son silence ou

comme Victor, dans

les

cette circonstance,

fournisseurs du Théâtre de

nous donnent tous

les

soirs

Madame

des ordures contre

elle et sa famille. Ils

sont classiques ou libéraux

libéral à

ma

!

Moi je

suis plus

manière.

Adieu, je pleure avec vous et je ne puis que vous voir glorifier avec moi; j'ai tous vos chagrins et

vous n'avez pas mes élans d'enthousiasme, et je nous étions à portée de la voix,

le conçois, et si

nous nous entendrions merveilleusement en parlant chacun notre langue. Adieu, mille tendresses de nous tous, à vous tous.

KMILE [dESGHAMPS]. 11.


l'aube rouantique

174

XCVIIL—

D'Alexandre Soumet.

Jeudi, septembre 1830.

C'est sans doute, cher Jules, parce qu'il est main-

tenant

si

loin de

vous que Paris

est

un séjour qui

me rend tous mes maux même auprès de Gabrielle, me voilà de nouveau plus malade que jamais les ;

;

eaux de Cauterets sont comme l'amour qui ne veut pas d'absence et leur bienfait ne

s'est

pas étendu

pour moi plus loin que la côte du Limaçon (197), tout juste quand j'ai cessé de vous voir. J'ai voulu avoir des nouvelles du voyag-ede Hollande; ne pouvant pas sortir moi-même, j'ai envoyé rue du Helder l'intelligente Thérèse on l'a prise d'abord non pour sa patronne, et ce n'est qu'après l'avoir bien reconnue que le domestique, qui a fait lui-même le ;

voyage, lui adonné J'ai

trouvé

comme

ici

les détails les plus satisfaisants.

tous nos amis hors d'eux-mêmes

de l'ancienne charte, on parle

ici

de

;

la féro-

X comme

on parlerait du succès des Tableaux Poétiques, du charme de Nina ou de

cité

la

de Charles

grâce, de la câlinerie de vos enfants; j'excepte

notre charmant Emile, car vous savez que

les

révo-

lutions ne vont pas jusqu'à son cœur.

Adieu, bien cher ami, revenez-nous aussi

que nous

le

vite

désirons, ou, plutôt, ne revenez pas.


l'aubk romantiouf,

I'^5

ne revenez plus, arrangiez l'affaire deCadours (198) malgré cet abominable propriétaire, et nous irons vous rejoindre. L'air de Paris me fait mal et Gabrielle a toujours peur de l'orage. Si Nina n'a pas peur de toute ma tendresse, dites-lui qu'elle est extrême pour elle et

pour vous tous. s[oumet].

Je passerai demain chez Berryer (199) et je voudrais que vous passiez à Auch chez M. Cologne; je viens de lui écrire

62,000 francs déchiré

que

je lui offrais

de Cadours

et 3, 000 francs d'épingles;

la lettre

pour vous

XCIX.

laisser maître

— De AP^' A.

mais

j'ai

de tout.

Tas tu.

Je ne suis pas républicaine (200) non plus,

mon-

ma qualité de femme me dispense par bonheur m'enrôler dans un parti. J'ai même la mauvaise

sieur,

de

habitude d'estimer

les

opinions selon les

hommes,

au lieu d'estimer les hommes selon les opinions. Mais je suis l'ennemie de toutes les ingratitudes, j'ai été frappée de l'oubli des partis pour un homme dont

ils

se sont tous servis et de la

ple, des ouvriers qui étaient

mémoire du peu-

venus de

loin, se join-

dre à leurs camarades des fabriques de Ghoiçy et

aux amis, peu nombreux, du défunt.


l'aubr romantique

176 J'ai dit à ce

qne je croyais en bien mauvais vers, mais je dirai comme le

ce que j'avais éprouvé,

brave Duguesclin à

mence

à n'avoir plus

puisque

les

poètes

commauvaise opinion de moi

princesse de Galles

la

si

me

:

ie

traitent bien.

Merci, monsieur, du plaisir que vous m'avez

en devinant tout

le

fait,

prix que j'attachais à une mar-

que d'approbation de votre part.

AMABLÉ TASTU. Paris, lundi.

C — De Un

yl/°"

Sophie Gay.

m'attendait au retour de cette douce passée dans votre famille, cher

deuil cruel

journée

si

Jules, plaig-nez-moi.

Je vous rappelle

que

mon imprimeur

Mille tendres

la

promesse de vos

jolis vers

attend.

amitiés

(201). J'oublie toujours

votre nouvelle adresse.

SOPHIE [gay]. Samedi.

CI. Il

fallait

— De M""" Sophie Gay.

tous

mes chagrins

et

notre deuil, cher

pour nous empêcher d'aller vous remercier de votre bon souvenir et d'offrir tous nos vœux à

Jules,


LAUBE ROMANTIOUB ]VJme (jg

I77

Resséçuier pour cette année;

du malheur

si elle

il y aura bien ne vaut pas mieux que l'autre.

Si vous n'avez rien à faire ce soir, venez entendre

une nouvelle que M. de Balzac (202) doit nous au coin du feu.

lire

Mille et mille tendresses. g[ay].

s.

Mercredi, 5 janvier [1831],

Cil.

—De

M"""

Sophie

G aij.

Puisque vous ne venez pas recevoir nos remerciements, nos admirations,

il

faut bien

écrire; mais non, cela prendrait trop de

nous aimons mieux

le

passer à vous

vous

les

temps

et

Si le

relire.

succès pouvait consoler des chagrins du cœur (208),

pour vos amis et nous vous connaissons assez bête pour ne trouver aucune ressource dans votre esprit con-

je ne vous plaindrais pas, mais vous souffrez

tre le

malheur.

Venez nous en parler, à nous qui vivons ment aussi et qui vous aimons beaucoup.

triste-

SOPHIE GAY. 12 janvier [1831].

cm. — D\A Iphonse C'est en vers

qu'il

de Lamartine.

faut répondre à de pareils


l'aubb romantiock

iy8

vers(2o4)

;

mais je suis dans une de ces douloureu-

ses circonstances de la vie où les vers

dans

le

mère

cœur même. Je

et je suis

pose une

viens de perdre

absorbé dans

telle

se taisent

ma

les tristes soins

belle-

qu'im-

circonstance. Je n'ai donc que la

force de vous remercier en prose et de vous dire

que

je n'ai

jamais reçu une

si

belle et si flatteuse

épître, trop flatteuse,car j'en rougirais; je sens trop

combien le poète que votre imagination a fait passer devant vous, pendant que l'on vous dictait vos vers admirables, est différent du poète que vous appelez Lamartine N'importe, je les accepte avec reconnaissance et enthousiasme aussi, on aime que son buste soit plus beau que soi et qu'une belle image de vous aille à la postérité, fût-elle un peu menteuse. Vous 1

avez

mon

fait

J'irai à

buste dans

ce charmant morceau.

Paris incessamment vous en remercier mieux

qu'aujourd'hui. Je vais en Angleterre pour six se-

maines,

les affaires

de

ma femme

reviendrai à Paris cet été et

si la

m'}' appellent. Je

France

est

un peu

nous n'avons rien à craindre d'immédiat pour nos amis et nos parents, je pars pour un long et poétique voyage dans tout l'Orient (2o5). La politique (206) du jour n'éteint pas en moi toute poésie, non plus qu'en vous, car ce que la nature a allumé ne s'éteint pas sous la main des hommes; mais ils peuvent au moins l'étouffer pour un peu de temps. Je voudrais leur échapper

calme,

si


L

pour

mon

faire

AUBE ROMANTIQUE

sacrifice sur les

179

hauts lieux

comme

Moïse. J'ai besoin de vivre un an ou deux dans

poudre des vieux

siècles, j'aime

mieux

cette

la

pous-

que notre boue, mais adieu.

sière

moment au

Je n'ai qu'un

milieu de la douleur et

des embarras pour vous dire que vous transformez

en une véritable je

me

et

chère amitié la sympathie que

suis toujours sentie d'abord

et puis,

pour vos poésies

pour vous. LAMARTINE.

Màcon, 8 mars 1831.

CIV.

D'Emile Deschamps,

Mercredi, 7 heures du soir.

Cher Jules, nous sommes, Aglaé

et

moi, surmenés

comme

des loups et pas assez heureux pour que vous puissez venir hurler avec nous. Il fallait cette

coqueluche pour que je n'aie pas été auprès de Nina,

de Gertrude, de Walter Scott et de vous. Voilà

pourquoi

je ne

vous

ai

pas porté iVo^r(?-Z)ame (207),

hier.

Je vous renvoie

le

premier volume,

les

derniers

chapitres m'ont tellement ravi que je les ai relus trois fois, mais,

vement

On

le

pour

cela,

il

commencement,

faut relire très attentitout se tient et se

crie à l'absurde et à la barbarie

;

lie.

puis à la poésie


L AUBE ROMANTIQUE

lOO et

au sublime

et

au vrai comique

et à la

grâce et à

l'érudition et à la rustique vig^ueur et à la fraîcheur

de quinze ans. J'entreprends le deuxième volume, où tout est dramatique, intéressant et terrible; ce n'est pas un roman si l'on ne veut pas, aussi cela ne s'appelle-t-il pas roman sur le titre mais c'est un livre étonnant, et son auteur, un homme qui a autant de science que d'imagination et qui a tous ;

les styles, toutes les couleurs, tous les tons

n'est

au hasard dans

cet

ouvrage

plaire à quelques-uns est encore

;

un

;

rien

ce qui peut détalent d'artiste.

Mais je m'arrête, car j'ai l'air de faire un article et, si on le lisait, on se moquerait de moi, j'y suis accoutumé au reste mais c'est une bien mauvaise habitude; je sais que, d'année en année, on rend ;

des justices qu'on refusait d'abord ; mais c'est toujours à recommencer à chaque ouvrage et une vérité nouvelle a toujours

l'air

d'une monstruosité.

a dix ans, des esprits fort disting-ués, des

Il

y

hommes

pleins de talent, auraient trouvé impossible et bizarre

votre charmante et belle tragédie et ainsi toujours de tout.

il

est et sera

En grâce, travaillez pour un beau nom sous l'œuvre

nous et pour vous, il y a que vous faites et je suis charmé de voir

comme

votre talent, votre pensée, votre facture deviennent

mâles, fermes, nouveaux et francs, après avoir été sensibles,

que

le

gracieux, passionnés et colorés.

poète

fait

C'est

tout ce qu'il veut et que vous êtes


l'aube romantique le

poète

le

plus pur et

i8i

plus mobile en

le

même

temps. Les cordes de votre lyre sont élastiques et ne se brisent pas plus qu'elles ne se faussent.

A quand la lecture de vos cinq actes (208), à quand votre santé complète?

Un mot

de tout cela et plai-

gnez-nous d'être auprès de notre

feu, aussi loin

lagor^een Aglaé souffre beaucoup

du

vôtre. J'ai la tète, la poitrine et

feu, sans

compter le

f)lus

reste, et

que

moi.

Adieu, cher ami, adieu, faites-moi donc

taire.

EMILE [deschamps]. P. S.

— Je vous donnerai

que vous m'aurez rendu

le

le

deuxième volume dès

premier, afin que je

le

fasse courir encore.

CV.

—De M^' Sophie Gai/.

y aura demain un an que, par cette même la personne la plus aimable est venue me compléter par sa présence le bonheur de jeunes Il

pluie,

mariés (209) qui ont la bonhomie de s'aimer aujourd'hui comme ce jour-là.

Ne

viendra-t-elle pas aussi leur dire qu'il

ridicule de dépasser ainsi les

est

mois de miel ?Ce serait

une grande joie pour la famille de prendre le thé, demain soir de bonne heure, avec cette charmante 12


l82

L AUBE nOMANTIOUE

fée qui porte tant de

bonheur à ceux

qu'elle affec-

tionne. Et puis, nous voudrions Paul et Albert, et aussi Charles, car Amelata lui ferait les honneurs

du baba. Quant à l'ingrat Jules, à qui je gardais deux gros volumes, je lui promets de ne pas l'en assommer s'il nous garde quelques moments.

Ma ment

triste

convalescence a été chercher dernière-

toute cette aimable famille et pourtant, je vais

bientôt partir pour

mes champs

que son souvenir

des regrets, car nous l'aimons

et

plus

et je n'aurai

tendrement. SOPHIE GAY. Jeudi, 31

mai

[1832].

CVI.

— D'Emile Deschamps.

Paris, 6 septembre 1832.

Eh bien

!

mon

cher Jules, vous avez couru

montagnes, pour

la

pour vous, ce sont, qu'il

vous faut.

santé de tous les autres

je l'espère, les

Comment

eaux de

la

;

les

car

Seine

se trouvent votre belle-

sœur, votre frère, leurs enfants

et

Nina? Les Monts

d'Or ont-ils continué cette année leur miracle de l'année dernière? Et vos trois fils?

Voyez que de

choses et combien nous avons à penser

;

en revan-

sans que Sinon, vous désirer, vous demander, vous

che,

nous

vous

?

n'avons plus rien à faire;

faire


l'aube nOMANTinUE

appeler

est vrai

Il

!

que

l83

une occupation de

c'est ià

moments.

tous les

Vous m'avez

laissé sur des vers ravissants, c'est

une coquetterie par trop agaçante; répondez-moi

donc par mencer

de

le reste

la pièce.

L'élégie allait

com-

:

Mais vous ne savez pas ce que, pour être heureux, II suffit

mon âme

à

Les choses ne peuvent pas rester longtemps ainsi,

ce n'est plus tenable et puis vous en avez

bien d'autres, sans doute.

fait

C'est

voyages

comme et

cela que vous avez profilé de vos nous aussi qu'il nous tarde de voir sor-

ces nouvelles rimes

tir

curieuses,

chantants et tantôt parlés plaisir.

ces vers tantôt

toujours colorés à

et

Tenez, je voudrais que vous fussiez là

d'abord vous seriez

;

et

;

nous causerions poésie,

de notre poésie surtout.

Soumet a

un peu

été

souffrant et

un peu

piègne; fort bien revenu de tout cela, les

vœux pour voys

plus tendres

un vide énorme dans celle

de tout

le

monde

sa vie, ;

il

est

l'on aurait bien

reine voyageuse.

tous.

vous

le

à

Com-

vous envoie

Vous faites

faites

dans

n'y a pas de philosophe

cartésien qui eut plus horreur

Guiraud (aïo)

il

du vide que moi.

en voyage, chez M™^ de Croze,

voulu recevoir Nina

comme une

Nous voyons souvent Anna, parce


i84

l'aube romantiolk

ne voit personne,

qu'elle

la

pauvre enfant

ne veut prendre g"OÛt à rien.

M'"*'

et qu'elle

Le Voyer

est

de

retour depuis quelquesjours etpour quelques jours.

Une

fois elle était sortie

quand je me

suis présenté

une mig^raine affreuse. Je voulais pourtant parler de vous avec elle, ce

chez

avait

elle, et hier, elle

sont deux grands bonheurs. Ag-laé est

deux jours;

dans son

lit,

c'est, je crois,

fort souffrante depuis

du rhumatisme dans

poitrine; c'est, j'en suis sûr forte.

Son

mon

amitié,

forte encore et elle

de

Jules,

la

est

la

douleur bien

beaucoup plus

vous envoie toutes ses ten-

dresses pour vous et Nina et vous tous. Le temps est bien

beau; mais

il

est surtout bien long-.

Voilà

une grande vérité qu'elle dit là. Me répondrez-vous une phrase charmante, en m'envoyant des vers charmants? Oui, n'est-ce pas? Et me direz-vous que vous les suivez de bien près, oh oui, je l'espère. Moi, je vais tâcher, d'ici-là, de donner à Ladvocat (211) un nouveau chapitre qu'il me demande tous les matins. Après avoir été aux Invalides, je

ce qu'elle dit, c'est

!

voulais aller à l'Académie, gradation naturelle

non, je vais faire tout autre chose; mais jours bien ennuyeux. Le dernier

et-Un contient un net sur

Ham,

;

mais

c'est tou-

numéro des Centde M. de Peyronmot et il y a ici un

excellent article

excellent, c'est le

^rand succès. Pourquoi ne

revient-il

pour voir son

i


l'aube ROMANTIQUK

procès? Le n"

finit

l85

parde magnifiques vers de Victor

Hug-osur A^«/>o/<?'on//(2i2). Victor est inépuisable. Si vous saviez tout ce qu'il a fait et tout ce qu'il fait

encore

D'abord,

!

il

va demeurer à

la

place

Royale.

La

troisième

édition

de Slello (21 3) va son livre décidément, et

un bien beau

train; c'est

Lamartine a fait de bien belles réponses dMX Adieux de Waller Scott, quoi qu'on en ait dit et quoique je l'aie dit (214).

Ce ne sont pas

là nos plus petits poètes. Mais vous, cher Jules, qui êtes poète aussi

et

grand poète et grand prosateur, quand donc ferez vous l'aumône d'un chef-d'œuvre aux Cent et Un (2 15)? Je vois que vous nous reviendrez sans armée. Adieu, tout

mon cœur

à vous.

EMILE [deschamps].

C VIL

— De Jules de Saint-Félix (216).

Monsieur,

Vous avez et je

me

été

pour moi d'une grande obligeance

hâte de vous en remercier. Emile Des-

champs m'a conté avec quelle g-râce et quelle bonté vous avez voulu que mes vers fussent imprimés dans le livre dédié à Madame (217).

En

vérité,

poétique

monsieur, je suis très

patronage.

J'arrive

de

fier

ma

de votre province,


l'aube romantique

i86

modeste pèlerin,

et

vous m'ouvrez un palais magni-

vous puissant qui ne

me

connaissez pas.

Voilà une hospitalité tout à

fait

chevaleresque et

fique,

qui va merveilleusement à la cause dont vous êtes

un des

fidèles et brillants défenseurs.

trez vous,

Me

permet-

monsieur, d'aller un jour vous dire de

vive voix tout ce que m'inspirent vos sentiments et votre poésie ? J'en serais bien g-lorieux.

Des bruits de Paris sont arrivés jusqu'à moi, au fond de mon Languedoc, l'hiver dernier; j'ai applaudissements avaient

appris avec quels

été

Mademoiselle et dès que je pus me les procurer, je criai bien haut mon bravo de trop loin ; la poésie est une aussi ; mais, hélas musique aérienne qui trouve des échos d'un bout du monde à l'autre et la votre, monsieur, en a un recueillis les vers à

!

bien sonore dans

Emile

est

mon âme.

chargé de cette

lettre,

Emile est

mon

intermédiaire charmant que nous aimons tous deux et que nous admirons. C'est une bonne pensée à

moi de

ciements

les

le choisir

pour vous

offrir

mes remer-

plus sincères.

Veuillez, monsieur,

recevoir aussi l'expression

des sentiments les plus distingués avec lesquels j'ai l'honneur d'être votre très humble et très obéissant serviteur.

JULES DE SAINT-FÉLIX [d'aMOREUX]. Château d'AUevert, par Brioude, i5 octobre i83a.


l'aubk romantique

187

Je sais, monsieur, que vous connaissez M™'' la marquise de Le Voyer, seriez-vous assez bon pour

me

rappeler à son bon souvenir.

CVIII.

— De Jules de Saint-Félix.

Ami, comte

et poète, mille

remerciements de

la

que je garderai toujours. Vous avez bien raison, nous jouons à lettre

charmante, reçue de vous

et

cache-cache et je perds plus que vous.

Il

faut

que

mauvaise étoile et que je me fasse annoncer chez vous à sept heures du matin peut-

je conjure cette

;

y serez- vous. C'est l'heure de votre travail poétique et de votre fumerie orientale. être

Le Rénovateur vous

lui dites

est bien reconnaissant

de moi.

Il

parler de vous, cette fois ce sera

un

feuilletons. J'ai

apporté.

Il

de ce que

attend votre livre pour nous

très bel

y a des choses

le

meilleur de ses

album que Paul m'a si

ravissantes que je

n'ose m'inscrire à la suite. Je vais pourtant ouvrir

mon bagage

et

y chercher

l'étoffe la

plus digne de

M»« de G. Adieu, et au

mot

ma

revoir, j'écris

d'avance ce petit

étant presque sûr de ne pas vous trouver selon

destinée. Mille et mille tendresses.

JULES DE SAINT-FÉLIX. Mardi matin.


l'aube romantique

i88

Vous avez

mis en prison! Cela manquait à votre vie de poète. Je vous en félicite et je m'en réjouis nous aurons sur votre captivité une ravisété

;

sante composition poétique.

Mettez-moi aux pieds de M'"^de Rességuier.

— De

il/me

Delphine Gay de Girardin.

Emile devait

aller

chez vous, ce matin, chercher

C/X

votre ravissant article pour la lui

Mode

(218); mais

il

a été impossible de sortir. Avez-vous été assez

bon pour penser à

ce

mot pour

la

Quotidienne? Je

suis bien ennuyeuse, n'est-ce pas, mais vos flatteries sont si

douces

qu'il est

permis de

les

deman-

der. L'importunité cette fois est pardonnable.

A

bientôt et à jeudi

;

je vous prie de

me

rappe-

ler au souvenir de M""* de Rességuier et de dire pour moi mille tendresses au petit poète en herbes qui confond déjà ses rêves avec la vie.

D. G.

ex.

De

il/™«

DE g[iRARDIN].

Sophie Gay.

Cher troubadour. Faites-nous donner de vos nouvelles et venez

nous en donner vous-même ce soir, si le froid ne vous fait pas peur. Vous nous trouverez seules, au


l'aube romantique

coin

du

feu,

i8g

cherchant à nous rappeler vos vers

d'autrefois et brûlant de vous entendre

nous

les

redire.

Mille sincères tendresses. G.

CXI.

De

Voulez-vous encore paroles

?

M"^" Pauline

Duchambge.

me prouver que vous m'aimez me dit que vous avez fait des

Delphine

ravissantes

susceptibles d'être

musique. Elle ajoute «

donnez

lui.

»

même

qu'elle

mises en

vous a

dit

:

Si vous m'aimez, envoyez-les-moi.

Je vous jure de vous les renvoyer

ne puis

G [ay].

à l'instant, si je

mettre sous mes chants.

les

Je vais voir

si

je suis encore

dans

le

souvenir de

votre cœur.

PAULINE [dUCHAMBGk].

CXII.

De

la

comtesse d'Agoult (219).

Croissy (220) par Lagny, lundi.

un album une aussi longue absence, aura beaucoup vu et surtout beaucoup retenu je serais bien heureuse que vous ou monsieur votre fils, vous ayez la bonne idée de me le rapporter à J'envoie chercher chez vous, monsieur,

(a-îijqui j'espère, après

;

12.


l'aube ROMA^TIQUE

IQO

Croissy; mais, en cette occasioii,je Vous dirais bien

un vers du

Tasse...

Je connais votre antipathie pour les clairs ruis-

seaux

et

les frais

ombrag-es

et je

me

résigne au

chagrin de ne vous rappeler qu'à distance mes sentiments

plus disting-ués.

les

COMTESSE d'aGOULT. Veuillez

me

rappeler

au souvenir de M"*^ de

Rességuier.

CXIII. M.

D'Emile Deschamps.

Emile Deschamps auront l'honneur

et M™"^

de se rendre

le

de monsieur

vendredi 21 décembre à l'invitation

le

comte

et

de

madame

la

comtesse

de Resség-uier. Paris, 16

décembre 4832.

Et puis, cher Jules, je trouve toujours des mots charmants quand vous ne me trouvez pas. Je suis

charmé que

les lecteurs indifférents

sachent com-

bien j'aime l'homme et combien j'admire

De

là,

le

poète.

ces pauvres vers à vous.

Changer l'Aigle, je devine pourquoi, c'est ce que L... voudra et merci encore pour lui. Quant au titre, c'est vrai, à la fin, trop de chiffres et de dates, n'est-ce pas ?

Si l'on mettait

:

les

Deux


l'aUBIÎ

Epoques, ou bien

HOMANTIQOE

Berceaux

:

comme cela,

IQI

et

Prisons,

etc.,

Naples et Blaye, que sais-je Voyez encore cela, vous qui savez et pouvez tout. Mais surtout, mettez donc votre portrait à Citadelles, je vous dis que c'est noble, beau quelque chose

liein?

'?

et

charmant. Avez-vous vu aussi, dans

les

Annales Romanti-

ques, page 255, six vers délicieux? Il

ils

que c'est sur une épigraphe de vous sont d'un M. Mathieu, qui a eu un bon jour est vrai

et qui,

;

d'ailleurs,

a

du

talent.

A

vendredi donc,

cher ami. M™'' de Groze est ravie, adieu, adieu.

Votre ami. EMILE [deschamps].

CXIV. Il

faut,

mon

D'Emile Deschamps.

cher Jules, que je vous dise que je

suis fou, entièrement fou des vers dits ce

matin

Beau, beau;

Deux

:

et

que

que vous m'avez

Citadelles répondront (222)

je

:

vous remercie pour V Aigle

que je vous remercie énormément

déjà fêté,

et

de votre

délicieux vendredi; Ag'laé

se

soig-rtera

bien, et ne sortira que pour aller d'avance embrasser Nina.

Et puis, j'ai remis à Anna les Annales Romantiques qu'on m'a prêtées et que j'aime cette année


L AUBE ROMANTIQUE

192

puisqu'on y voit j'ai

mon nom au-dessous du vôtre, est ravi comme moi des vers de

vu Joanny qui

Paul. Dites-lui bien, à ce cher poète, soleil qui se lève dans son midi, tout de suite.

Merci donc de toutes ces choses; je verrai ce charmante Nina; encore de la reconnaissance. soir M'^e de Croze, avec votre

Mes

amitiés toujours et partout.

ÉMILB [deschamps]. 16 déc. 1832.

CXV.

— De M'"^ Delphine Gay de Girard

Horace Vernet viendra ce avec nous.

Il

zeppa (228)

soir

brûle de remercier

in.

prendre des glaces le

chantre de iMa-

nous vous attendons à n'importe quelle heure pour vous dire adieu, car nous partons bientôt pour la campagne. et

Mille amitiés poétiques.

DELPHINE [de GIRARDIn]. Mardi

CXVI.

1. J. [1833].

De

M-^e Delphine

Gay de Girardin.

Je quitte à regret Dalilah i22li)-pour vous remercier

de

me

l'avoir envoyée.

après m'a voir

fait lire

Mais ce n'est pas tout;

l'ouvrage,

il

faut

me

faire


l'aUBK romantique

connaître l'auteur et

si

I()3

monsieur de Saint-Félix n'a

point d'eng'agement pour demain soir, amenez-le

sans façon; on n'en serai charmée

de

lui

fait

point entre poètes et je

adresser

moi-même mes remer-

ciements. Mille vieilles amitiés, cher troubadour, à demain. D. G.

DE g[iRARDIn].

Ce dimanche.

CXVII.

— De Ch.

de Saint-Valry.

Chateauneuf, ce 21 mars 1833.

Je ne sais,

mon

cher Jules, vous exprimer

je l'aurais voulu chez M"*^ sir

que m'a

fait

de Falloux, tout

comme le plai-

votre Isabelle (225), c'est vraiment

un bel ouvrage, plein d intérêt et de poésie et qui m'a rappelé bien souvent la touche large et harmonieuse de Soumet. Je ne doute pas que vous n'obteniez au théâtre

vais attendre

un succès d'enthousiasme

cette

et je

représentation avec bien

de

l'impatience. Votre succès sera d'autant plus grand

que

le

offre et

public sera plus las des horreurs qu'on lui

dont on

le

gorge.

Vous ouvrirez

la réaction

du bon goût, c'est une gloire dont vous êtes digne. Parlons un peu des fragments de poésies, quoique ce soit moins amusant. Je me suis adressé à M. Brian et l'annonce a paru immédiatement dans


l'aube romantique

194

la Quotidienne. Je ne vois pas paraître celle de la

Gazette; M. Roger m'a-t-il oublié? Savez-vous

Revenant

si

Rénovateur ont été plus diligents et plus aimables pour nous? Je pense que le volume paraîtra vendredi ou samedi; envoyez, je vous prie, chez Dentu, un male

lin,

et le

pour savoir

s'il

a

paru

en main un exemplaire,

et

dès que vous en aurez

porter tout de que je puisse, à mon retour, l'expédier à Blaye. Le docteur Dubois, que je connais beaucoup, me rendra le service de le faites-le

suite chez votre relieur, afin

remettre à

Madame.

Je m'en rapporte donc à votre obligeance pour ce soin. J'attends pour revenir que vous m'ayez

annoncé

la publication et je

être bien long. Adieu,

votre Nina,

mon

mes amitiés

pense que cela ne peut ami, mes

hommages

à

à vos charmants enfants.

Tout à vous, de cœur. A. SAINT-VALRY.

CXVIII.

De A. de

Vous me prendrez

Custine (226).

toujours, monsieur, à tous

que vous voudrez bien me tendre ; les hommes qui nous raccommodent avec notre temps sont trop rares pour qu'on refuse les occasions de les pièges

se rapprocher d'eux. J'ai déjà

beaucoup entendu


l'aubk romantique

ig6

parler de la tragédie (227) que vous voulez bien

me

à vous prédire

me promets un grand plaisir un succès dont votre bonté pour moi

me donnera

droit de m'enorg'ueillir.

faire connaître et je

le

A.

CXIX. Vous m'avez que

j'ai

—De

A. de Custine.

tant agité l'autre jour, monsieur,

Gay et de mardi prochain chez moi, à

oublié de vous dire que M™^^

Girardin

venaient

huit heures, pour entendre

sur

DE GUSTINE.

un Espag;nol fameux

la guitare.

Je serais bien heureux que cela vous tentât. Je

même temps] moi-même tout dû à un ouvrage où la poésie ne nuit jamais à l'intérêt et, certes, c'est un problème pourrais vous dire [en

le plaisir

que

j'ai

que vous avez résolu. J'espère que vous ajouterez mardi à la reconnais-

sance que je vous dois déjà et à laquelle vous voyez

que

je

m'accoutume. A.

Paris, dimanche.

DE CUSTINE.


l'aube HOMANIIQUK

ig6

CXX. Samedi

— D'Emile Deschamps.

soir, 1833.

J'ai répondu bien mal à ce charmant billet. Mais, quand je suis rentré, j'ai trouvé dans la Votre groom allongeant sa face colossale.

salle.

Et, plus loin, Ladvocat chantait et babillait... Je n'avais donc à moi, ni le temps ni le calme Qu'il faut... Ah! j'aurais eu l'Eternité sans fin,

Pour chanter après vous, Mais, à vous l'auréole et

mon

il

le

faut

un séraphin

1

sceptre et la palme

!

doone à tous les sanhédrins Pour s'expliquer comment, dans quatre alexandrins

Mais

esprit se

(Par quel art merveilleux, quel divin stratagème,)

Vous englobez ce que j'adore et ce que j'aime René Paul... Paul RenéCi^S), puis cent choses encor ;

Plus douces qu'un soupir de la harpe ou du cor. Plus flatteuses qu'un chat, ou qu'un peintre de roi Eh! bien, vous l'affirmez le mensonge... et j'y crois; Je voudrais croire aussi, que dimanche, demain. Du temple de Nina, nous prendrons le chemin, Mais j'ai peur... ah du moins et j'ai raison de craindre Demain mais nous serons à nous deux pour vous plaindre. ;

!

;

EMILE [deschamps].

CXXI.

— D'Eugène

Je n'ai pas oublié, monsieur

avez bien voulu

Salamandre

me

(229).

j'ose réclamer pour

le

Sue. comte, que vous

permettre de vous envoyez la le roman, monsieur, et un peu de cette gracieuse

Voici lui


l'aUBK UOMANTIOUE

I97

\

indulgence que vous avez eue pour mes autres

ouvrages

;

car vous m'avez tellement gàlé, enm'ac-

suffrag-e, que je ne puis plus m'en passer maintenant reste à savoir seulement si ce livre en sera digne?

cordant votre précieux

;

\ euillez

mon

de

agréer, monsieur le comte, l'assurance

entier

dévouement.

EUGÈNE SUE.

CXXII.

— De

A. de Beauchesne {iZo).

Votre délicieux bonjour m'arrive au moment ou j'allais

vous envoyer, ou plutôt vous porter

Derniers Bretons,

me rend heureux fond de l'âme

me

;

mon

et fier,

les

Jules aimé; votre amitié

vos vers

me

ravissent au

mais vos compliments vraiment

font roug'ir, car je sens combien j'en suis peu

digne.

Bonjour, flatteur chéri, malgré votre seul défaut,

personne au monde ne vous aime

et

ne vous

admire plus que moi. A.

DE BEAUCHESNE.

Mardi matin.

CXXIIL — De

iî/ii«

Gabrielle Soumet.

Voici ce que je vous conjure de dire à M""' de


igS

l'aUDE UOilANTIQUE

demain à huit heures du matin, dans de Sèvres, on dira pour Gaune messe bien grande et Gabrielle espère prière de M""^de Rességuier sera demain un

Resség"uier

:

les brouillards si froids

brielle

que la peu plus long-ne

;

elle ira

bien vite la remercier et

l'embrasser de bonne heure dans son beau château.

Mais

vous veniez vous, à huit heures du

si

rue Saint-Florentin, avec Albert

et

soir,

Paul, Alexan-

dre vous dirait combien je serais heureuse de vous voir

GABRIELLE [sOUMEt]. Mercredi.

CXX/V. J'ai fait

comme

Jules, j'ai oublié

le

D'Alexandre Soumet.

mon

Géant de l'Arioste,

que j'étais mort

et

me

cher

voilà cou-

rant la poste après Gabrielle de Vergi que je n'ai

abandonnée qu'aux premières ruches de Xarbonne. Il n'est pas de miel plus doux que le son de sa voix; mais votre amitié m'est plus douce encore

honteux de mes

ing-ratitudes

et je suis

en relisant votre der-

nier billet.

aux pieds de M°* de Rességuier que réclamer le pardon de mes torts. C'est

s[oumet].

Envoyez-moi

la lettre d'Emile.

j'irai


l'aube romantique

— D'Eugène

CXXV. Mon Arrivé de

cher

la

199

de Pradel (28 1).

honorable compatriote,

et

campagne

ce matin, je trouve votre

gracieuse invitation. Ce n'est point assez de m'avoir obligé

bon,

si

si

noblement, de vous être montré

bienveillant

un de mes vœux

pour moi, vous avez

plus chers, en m'offrant l'oc-

les

En

casion d'être entendu par M'"^ de Rességuier. vérité,

vous voulez

quoiqu'on puisse

si

accueilli

me

faire,

rendre insolvable; mais,

mon cœur

ne

sera ja-

le

mais.

Savez-vous que votre

ma

nom

seul

réveillait

sans doute effacés de

jeune alors

!

Mais, je

la

me

votre

;

dans

doux

et

car vous étiez

si

pensée des souvenirs d'enfance bien

vois encore, dans le jar-

din de votre hôtel, rue des Nobles, et précédem-

ment dans plaisirs,

la

rue Nino (282)...

Que de

fois,

nos

nos voix enfantines, nos jeux bruyants se

sont confondus

!

Jules, Adrien,

Eugène

retentissaient

alors

et

souvent et mille circonstances de ces jours d'innocence et de joie sont

mes

yeux...

Bon

là,

fraîches encore

et espiègle

Jules,

devant

combien alors

nous vous aimions!... Les orages révolutionnaires, le

temps

si

pesant sur

les affections tendres, tout


aOO

L AUBK KOMANTIQUE

nous a séparés... mais, encore

vous retrouve meilleur grandi par l'âg-e, moins que par le

et

je

Grâces vous soiont rendues; vos paroles

talent...

ont été de l'encourag-ement, vos regards, de Tindulg-ence

et

vos chants poétiques, du bonheur!

Merci de nouveau

et

merci surtout, quand la main

de l'amitié m'aura placé sous c'est là,

vous en offrez

ver des inspirations.

A

les ailes

d'un ange...

preuve, qu'on doit trou-

la

ce soir et à vous.

KUGÈNE DE VRADEL.

— D'Eugène

CXXVL Paris, le 13

de Pradel.

mai 1835.

Monsieur le comte et très honorable compatriote, Voilà ce que c'est d'avoir des bontés pour les gens, Je viens donc abuser ils en usent et en abusent. des vôtres le grand mot est lâché. ;

Il

s'agit

d'un

petit, très petit

journal, bleu, mi-

joli, que je viens vous recommanou plutôt, c'est le directeur, mon ami, M. de Magneval, fils de l'ancien député, fidèle à notre vieille monarchie, c'est lui, lui, que moi chétif,

gnon, féminin, der,

j'ose placer sous

en est digne sous tous

C itateiir féminin

de votre bienveillance

l'aile

est

les

une

rapports. Dites que

feuille bien écrite

vous croira ; dites qu'il y a beaucoup

;

il

le

et l'on

d'esprit, et l'on


L

AUBE ROMANTIQUE

un plaisir immense, M. de Mag-neval. ne vous prie pas de vous

s'abonnera et vous m'aurez

un

car je porte

fait

très vif intérêt à

Remarquez bien que je abonner, mais de recommander ce galant recueil, de le prôner, de le protéger. Vous voyez qu'il y a habileté dans

mon

zèle;

votre souscription serait

une, votre bonne recommandation produira douze.

des remerciements sans nombre, une reconnaissance impuissante... à quoi puis-je jamais vous être utile ? Quoi qu'il en soit, je m'offre à vous, comme je

Et moi, je vous devrai

suis et avec

tout ce que je puis, en vous suppliant

de mettre aux pieds de

madame

Rességuier l'hommag-e de mes

la

comtesse de

civilités

respectueu-

ses et en

vous assurant des sentiments d'estime et de dévouement avec lesquels, j'aime à me dire,

monsieur

le

comte, votre compatriote

et

sincère

serviteur.

EUGÈNE DE PRADEL.

CXXVIL.

De

M""'"

Gabrielle Soumet-Dalten-

heim. Voici, monsieur,

vous

le

élégie

désiriez, c'est l'Enfant

mis à

;

j'ai

ôté

comme

du tombeau; mais à M. Victor, c'est

la place, un vers volé une faute plus grande que la première; demande votre indulgence pour toutes les deux

j'ai

peut-être je

mon


202

AlBE ROMANTIQUE

L

et je

vous remercie d'avance de

la belle fleur

que

vous demandez pour moi. GABRIELLE [sOUMEt].

CXXVIII.

— D'Alfred Nettement (233).

Monsieur

le

comte,

Voici bien des siècles que je vous

ai vu; vous moi toute l'année retiré dans mon travail. J'espère cependant que vous avez bien voulu garder un léger souvenir d'une connaissance qui a commencé parun service que je vous demandais pour Vert et Blanc et je recours à votre bienveillance, déjà éprouvée, pour un service du même genre, que j'ai à vous demander au nom àxiNouveau Conservateur. Voulez-vous et pouvez-vous détacher quelques pages du roman tant parfumé d'élégance et de grâce que vous soumettez au public? Ce sera un diamant que nous nous empresserons d'enchâsser dans notre partie

êtes tout l'été à la campag-ne et

,

littéraire et qui

attendent l'écrin suivez

fera prendre patience à ceux qui

tout entier. Je

traire, le faire

pense que vous

Nouveau Conservateur dans le cas conveuillez bien me dire comment je puis vous

le

:

parvenir au Marais, où vous êtes

mainte-

nant, j'imagine. Veuillez agréez, monsieur, en

même temps

que


l'aube romantique

mes meilleurs compliments,

les

vous dois pour l'indiscrétion de

comme

journalistes sont

toujours, seulement

un

2o3

excuses que je

ma demande. Les

Bélisaire,

quand

il

ils

demandent

de vous,

s'agit

c'est

million au lieu d'une obole.

Votre tout dévoué,

ALFRED NETTEMENT. Lundi.

— D'Alfred Nettement.

CXXIX. Quand on de mieux à

a lu

Almaria, monsieur, ce qu'on a

faire, c'est

de

la relire; ainsi ferai-je,

tout content de la voir arriver ce matin

un bon augure pour toute et

la

comme

journée. Compliments

remerciements.

ALFRED NETTEMENT.

CXXX.

— De M""" Delphine Gay

J'ai lu

Almaria,

votre

vous ressemble, qu'elle et

comme

philosophisme

;

siècle,

comme vous

d'un temps de

différent de notre siècle de

et d'ennui.

retrouvé

gands (234)

si

l'aime parce qu'elle

est élégante

vous d'un autre

chevalerie, d'amour,

J'ai

je

de Girardin.

avec plaisir mes

vers

de

bri-

maisje ne comprendspas qu'on puisse


2o4

l'aube romantiole

tirer

une

balle sur des brigands

si

bons poètes

;

à

place de Fernand, je les aurais respectés et j'au-

la

rais

voulu faire partie de cette société de gens de

que

lettres

vous voulez bien

nommer bande de

voleurs. Mille remerciements, cher troubadour, ne venez-

vous donc jamais à Paris qu'on ne vous voit pas DELPHINE G. DE G[lRARDIIf]. Le 26 août

[18351.

CXXXI.

De M^^ Sophie

Voici bien du temps passé nouvelles,

mon

cher Jules;

si

Gatj.

sans avoir de vos je n'étais

ennuis d'une nouvelle publication, cher

j'irais

dans

les

en cher-

moi-même et vous remercier encore de vos Vous en aurez incessamment l'épreuve

jolis vers. ils

?

;

sont pour

après

le

prochain n° qui paraîtra trois jours

premier, à cause des débauches du carna-

le

val; les ouvriers

Comment va

imprimeurs en sont encore toute cette charmante et

si

ivres.

chère

famille ?

Moi,

j'ai

toujours l'âme et la tète bien malades. s.

Samedi matin.

g[ay].


l'auue romantique

C XXXII.

— De

205

Delphine Gay de Girardin.

ilZ-^e

Je ne suis qu'un monstre affreux qu'on ne peut

mais on peut maintenant approcher sans danger. Venez donc me voir, cher voir sans horreur

;

troubadour, vous et Je ne peux ni

me

les vôtres.

défend de travailler;

pour me trouver

faut

j'y

bon pour moi, que

pitié.

;

!

on

vois juste ce qu'il

laide. Situation

dont vous aurez, j'espère, très

Je m'ennuie tant

ni écrire, je suis aveugle

lire,

charmante

Que vous avez

été

je vous remercie.

DELPHINE [de GIRARDIn]. Jeudi.

C XXXIII. —De

yl/^^e

Delphine Gay de Girardin.

Si vous êtes à Paris, mercredi soir, venez

voir

;

j'ai

promis de

lire

Bucklcr-Maskard qui arrive de Berlin

pour très

les

Etats-Unis.

aimable

Vous

me

quelques vers au prince

le

et

qui part

verrez, c'est un

et fantastique et puis, je

homme

vous verrai,

moi.

DELPHINE [de GIRARDIN].

CXXXIV.

— De

M^^ Delphine Gay de Girardin.

Monsieur de Lamartine sera chez moi mercredi 13


l'aube romantique

2o6 soir

;

peut-être dira-t-il quelques vers parce qu'il

n'y aura point de

que je ne vous

ai

monde, venez; vu et Albert?

il

y a des

siècles

!

DELPHINE [de GIRARDIn].

CXXXV. C'est

— De M^^

Sophie Gay.

demain que Balzac nous

lit,

ne l'oubliez

pas, cher ami, et faites-en part aux aimables per-

sonnes de votre famille que cela peut amuser.

J'es-

père pouvoir aller moi-même engager M'"«d'Yaqueliiies,

car

mais vous seriez bien aimable de

la prévenir,

mes malades me prennent tous mes moments. s.

g[ay].

Jeudi 6.

CXXXVI.

— De M^' Delphine Gay de Girardin.

Si vous et sortir ce

madame de Rességuieravez le projet de me voir un instant;

malin, venez donc

vous entendrez Labarre (235) qui vient jouer delà harpe et je ne puis entendre le barde sans regretter le

troubadour.

Et puis, enfin, ce sera une petite occasion de

vous voir.

Le rendez-vous

est à trois heures.

DELPHINE [de GIRARDIn]. Ce

jeudi.


L AUBB ROMANTIQUE

CXXX VIL De

207

M^' Delphine Gay de Girardin.

Henri Monnier doit nous dire ce soir un de ses nous

proverbes, vrais tableaux de Téniers (236)

;

serons avec M, de Lamartine, en tout petit comité et

vous seriez bien aimable ainsi que M™^ de Res-

séguier

si

vous veniez vous amuser sans façon de

cette folie.

Mille amitiés au cher troubadour.

DELPHINE [de GIRARDIN]. Ce juillet.

CXXXVIII. Vous avez eu

De N. A. de Salvandy.

raison, monsieur, de croire

ferais ce que je pourrais, votre

que je recommandation

étant toute puissante auprès de moi, partout. Elle l'est ici

davantage; ce que

le

ailleurs (287), le poète l'est

Recevez

la

sidération et

pair et

nouvelle assurance de

de mon

vieil

le

député sont

ici.

ma

haute con-

attachement.

SALVANDY.

c XXXIX.— De N.A.

de Salvandy.

Paris, ce samedi.

Je vous

ai

adressé hier

un mot de

la

Chambre,


3o8

l'aubk romantiouk

mon

cher et illustre poète in utroque jure. Ma\s jt

ne puis

me

souvenir

l'ai jeté à la boîte. Au mon empressement à vous

je

si

besoin ce mot vous redira obéir et aussi à vous

lire. J'ai

vu, entrevu plutôt,

charmant volume.

ce

J'aime déjà votre

Almaria

(288). Je n'en avais

pas besoin pour admirer l'auteur.

aux champs demain, vous aurez unheureux,je vous aurai lu lundi; j'essaierai de prendre ma revanche en disant au public mes penSi je puis aller

fait

sées. Quelques lig-nes seulement, vous comprenez l'encombrement des journaux, plus serait sûrement

refusé. Je ne crois pas

du

reste qu'on m'apporte

que vous pressentiez. J'écris bien rarement; mais si cela était, je n'écrirais jamais. l'objection

A

ce sujet,

si

les articles

de M. de Peyronnet

aux Débats f son parrain,

sont

je le serais avec

bonheur. Je vous écris bien à sentiments,

en

la

hâte

.

Acceptez tous mes

un mot, admiration

et

dévoue-

ment. N. A.

CXL. Il

pour

DE SALVANDY.

— De M'^" Marie Nodier-Mennessier (289).

me faut un grand courag"e, monsieur le comte, me résoudre à vous importuner; il m'en fau-

drait

un plus grand encore, pour renoncer à

obte-


l'aube romantique

que je viens

nir de vous la grâce ces deux embarras, le

moindre

me

Je

il

est

et celui qui

est ce

que

solliciter; entre

naturel que je choisisse

me

suis charg-é de

nom, qui

209

j'ai

recueil poétique qui doit

servira le mieux. donner mes soins et mon de mieux à donner, à un paraître dans les premiers

jours de décembre. Je ne sais trop entrepris une tâche bien

difficile,

si

je n'ai pas

car nos poètes ne

font plus que de la prose, à commencer par vous, monsieur le comte, et votre A/marm, heureusement pour nous, n'est pas inédite. Il

me

reste l'espoir que,

feuille oublié

dans un coin de porte

de vous, on trouverait encore quelques-

uns de ces vers, frères de ceux que j'ai tant lus et musique fût de moi, et alors

tant chantés, quoique la

vous

me

permettrez peut-être de

humblement pour l'humble

mon

les

demander

livre qui s'est

mis sous

patronage.

Voilà ce qui

me

rendrait bien reconnaissante et

me ferait moins regretter l'ennui que je vous cause; ce sont des choses qu'on réserve d'ordinaire à ses amis. Veuillez recevoir, monsieur

des sentiments

les

le

comte, l'assurance

plus disting-ués de votre très

humble servante. 3IAHFE NODIER-MENNESSIER.

<3,


L AUBE HOHANTIQUE

CXLI.

— De

Après

la lecture

jH/"*

Marie Nodier-Mennessier.

à!Almaria.

C'est bien là le parfum de tes fleurs d'oranger, Espagne du poète et c'est bien là ta rive !

Fraîche sous

le soleil,

qu'en sa douleur plaintive

Fernand d'Hermandarez

allait

interroger.

où tout nous fait songer. du fandango qui de loin nous arrive, une sainte histoire où brille une foi vive,

C'est l'Espagne rêveuse C'est l'air C'est

L'histoire d'un

amour qui ne

sait

pas changer

poète merci Deux cents ans sont passés... De nous avoir montré ce pays calme ainsi

Sans pressentir au

ciel la

Penchés sur votre

livre et

tempête

;

!

civile,

remplis de souci.

Pour suivre Almaria, nous oublions aussi Les moines égorgés qu'on traîne par la ville.

MARIE NODIER-MENNESSIER 26

juillet.

CXLII. Combien

j'ai

— De M^'

à vous remercier, cher et aimable

Jules, de faire passer sous

gracieux

Sophie Gay.

et poétiques,

mes yeux

tant de tableaux

me

supporter

pour

spectacle des souffrances de

faire

ma pauvre

le

Elisa (240)

quiest depuis un mois dans les horribles souffrances

d'une névralgie.

Il

ne

fallait

pas moins que votre


L AUBE ROMANTIQUE

talent délicieux et

encore pour

me

SIt

votre souvenir plus agréable

distraire des ennuis

de tous genres

temps où nous vivons rend difficile à égayer. A peine s'il permet de se livrer au travail. J'espère que vous le braverez pourtant et que vous nous donnerez bientôt un frère à'Almaria. Je ne sais pas juger ce qui me vient de ceux que j'aime, aussi ne ferai-je pas la m'accablent et que

qui

pédante sur l'ouvrage

que je porte à à retrouver

dans un

le

;

je

le vilain

l'ai

lu avec tout Tintérêt

l'auteur, avec tout le plaisir qu'on a

cœur,

l'esprit et l'élégance

d'un ami,

livre.

Mille tendresses à toute cette famille poétique et

charmante. SOPHIE GAY. 27 Août.

CXLHI. Cher lui

— De A.

de Beauchesne.

Jules, je suis passé chez

parler de

M. Nettement pour

mon Zamalacarregwj (^40?

^^

"^

m'a parlé que de votre Almaria. Jamais conversam'a paru plus juste et ne m'a plu davantage, et lorsqu'il m'a proposé de faire un article

tion ne

sur la ravissante castillane, je

dans

mon amour

et

me

suis senti flatté

bien empressé à

véritables remerciements.

lui offrir

de


L AUBE ROMANTIQUE

912

Vous pouvez, vous

devez, je crois, lui adresser

les vôtres.

A

vous, cher ami, cher poète, à vous toujours,

toujours. A.

DE BEAUGHESNE.

31 août [18]35.

CXLIV.

— De Chateaubriand. Paris, 2 septembre 1835.

Si je jug-e, monsieur, de votre prose, par vos

vers, je trouverai

un grand charme à

lire

Alma-

ria (242). Je ne crois point, monsieur, aux hommages du monde; mais, je croisa votre beau talent

pour moi. Agréez, monsieur, je vous prie, mes remerciements empressés et l'assurance de ma considéraet à votre bienveillance

tion la plus distinguée.

CHATEAUBRIAND.

CXLV.

— De Roger de Beauvoir (243).

Je tiens infiniment monsieur, à ne pas être accusé ,

Revue de Paris apporte à l'analyse de votre livre; la charmante A /marm se ressent de l'anarchie littéraire qui sépare en ce momentci les deux revues. Il y a des affaires d'intérieur et

du retard que

la


l'aube romantioue

ai3

des arrangements qui retardent, sans doute, un article donn**

depuis quinze jours à

m'écrit en ce

moment,

la

Revue. Buloz

qu'il le fera paraître

che prochain. Je suis malade, au

lit,

sans quoi, j'eusse préféré prendre

avec la

diman-

la fièvre,

poste pour

vous expliquer moi-même, sous vos gais ombrages, les tristesses

de

ma

plume, toujours disposée à

rendre service, surtout quand

que reconnaissance

le

service n'est

ici

et devoir.

Almariaesi une charmante page échappée à cet abîme que M. de Chateaubriand, avec les Natchez, Atala, etc., semblait avoir comblé. C'est une de ces pieuses élégies que Girodet (244) seul eût pu retracer après vous, en creusant la terre comme Chactas. Je vous remercie de m'avoir fait passer de si bons moments dans ma fièvre. Agréez, monsieur, mes assurances nouvelles de regrets et croyez-moi votre tout dévoué, maintenant et toujours.

ROGER DE BEAUVOIR. Paris, 3 sept. 4835.

CXLVI. --UH.

T. de Latouche.

Je serais bien malheureux

si les

jours qui se sont écoulés depuis

Pyrénées avaient été

si

m'eussent empêché de

surchargés lire

deux ou

mon

trois

retour des

d'afl'aires qu'ils

Almaria; mais non,


ai4

l'aube romantique

mon

cher comte, non,

j'ai

mis hier toutes

les affai-

que de difFérer à lire quelque j'ai chose de tous; \\iA/maria; je l'ai lue tout d'une haleine, sans m'arrêter, avec une émotion vive et res de côté plutôt

un

intérêt toujours croissant en souriant à tant de

choses spirituelles qui s'y trouvent répandues, en m'arrêtant à tant de choses profondes qui en mar-

quent

les

on sent

le

développements. Partout, dans poète,

l'homme

élég^ant,

le style

l'homme dont

cœur est aussi haut que l'esprit; partout dans marche de l'ouvrage et dans la peinture des sentiments, on retrouve l'élévation du caractère de l'auteur. Les femmes le remercieront de les avoir si bien connues; les hommes, de leur montrer comment ils doivent être. On dit que vous avez en vous le

la

auprès de vous de nobles

charmants modèles. Vous voulez bien que je dise tout le plaisir que vous m'avez fait. On est fier d'aimer des ouvrages dont on aime les auteurs. A ce titre, vous pouvez

et

juger

si j'ai

dû me

plaire à

et

une

si

remarquable pro-

duction.

Les autres vous en remercient

moi

je

vous en remercie

comme

comme

auteur;

auteur et ami;

car j'espère que vous savez qu'il y a peu de gens

qui vous soient aussi fidèlement attachés que moi. H.

33

sept: [18]35.

DE LATOUCHE.


L AUBE ROMANTIQUE

Dites-moi un peu à quel ministre

il

demander

faut

la permission, lorsqu'on veut aller voir les prison-

niers de

Ham?

CXLVII.

Mon il

et

— De A.

de Beauchesne,

bien-aimé poète, je dînais hier chez Nodier;

n'a été question

que de

Ham

de courag-e, que d'histoire

Michaud qui

revient,

(245), et

que de talent

de poésie, que de

que de Rességuier qui part

!

J'ai sans doute trop exigé de vous, en vous deman-

dant de vous souvenir de moi en présence de notre illustre prisonnier. Mais mon pauvre cœur bat

mon nom

en songeant que

d'org-ueil

aura été pro-

noncé entre vous et lui, dans cette chambre consacrée que vous nous avez si bien décrite et que,g-râce à vous, je connais ouverte, certes

si

bien. Si la porte de

M, de Peyronnet

Ham

était

recevrait plus de

courtisans qu'il n'en a jamais vu à la chancellerie

de France. J'ai promis hier à faire passer cette lettre, si

ter la réponse,

vous

la

M'"'^

Mennessier de vous

vous pouviez

lui

rappor-

rendriez bien heureuse,

elle

attend vos vers et moi, je vous attends pour lui

donner

les

Adieu, ennuis,

miens.

mon

poète chéri

mes albums, mes

;

pardonnez-moi mes

vers,

ma

prûse et

mon


L'AUBE KO.M ANTIQUE

2l6

même

amitié

qui vous

toujours et n'a pas

le

harcelle et vous

demande

temps de vous remercier. A.

DE BEAUCHESNE.

19 octobre [18] 3o.

CXLVIII.

— De

Tl/""^

Marie Nodier-Mennessier.

Monsieur le comte, il me serait tout à fait diffide vous dire à quel litre, je me trouve chargée par les dames royalistes de Lorraine d'obtenir de cile

votre bienveillance quelques vers inédits signés et écrits

par vous, pour une loterie au profit des pri-

sonniers vendéens, qui va être incessamment tirée à Metz, à moins que ce ne soit

par cette raison,

que, vous ayant déjà souvent importuné, avec succès, j'ai une

chance pour que vous vouliez bien encore

agréer cette nouvelle importunité. J'avoue que je

ne devine pas comment je serais devenue protectrice,

d'humble protégée que j'étais. les cas, monsieur le comte, je

Dans tous que

les

malheureux

diaires auprès de vous, c'est

pour cela que

j'ai

senti à leur en servir et puis aussi peut-être,

vous rappeler de bien vous ne tenez guère, et

ma

sais

n'ont pas besoin d'intermé-

vieilles choses,

ma

con-

pour

auxquelles

profonde reconnaissance

profonde admiration. MARIE NODIER-MENNESSIER.


L AUBE ROMANTIOLE

2I7

CXLIX. —DeM^^'A. Je suis

aimable

si

et

Tastu.

agréablement surprise, monsieur, de cet

gracieux envoi que je

en remercier avant

même

me

hâte de vous

d'avoir fait une complète

connaissance avec votre .4//7zarfa; j'en assez cependant pour savoir qu'elle ne

son origine poésie, et

:

il

sons

si

déjà lu

composition, style, caractères, tout est

du beau chant des main du poète; c'est ceux que nous connais-

n'était pas besoin

Brigands, pour reconnaître

un tableaude

ai

ment pas à

plus, ajouté à

la

bien.

Je ne sais, monsieur, de quoi vous remercier

le

ou du plaisir que me fait votre livre, ou de celui que me causent vos éloges, beaucoup trop flatteurs sans doute, ou de celui enfin que j'éprouve à trouver l'occasion de vous dire ce que je pense depuis si longtemps de vos ouvrages et de leur plus,

auteur.

M. Tastu, charmé que vous ne oublié qu'il ne vous

oublie,

l'ayez pas plus

se joint à

moi dans

l'expression de tous les sentiments dont je vous prie d'agréer l'assurance.

AMABLE TASTU. Lundi matio. 14


L AUBE ROMANTIQUE

CL.

—De

Monsieur toute

ma

le corale,

me

Voulez-vous

Mffp Olivier (246).

permettre de vous témoigner

reconnaissance de votre ravissant Alnia-

ria. J'avaiscraint l'effet d'une lecture enchanteresse

ma

et

lecture à moi, froide et sans art, n'a rien

enlevé à

plus

mon

récits qui

Nous

admiration

et

ne m'a pas privé non

répandre des larmes abondantes à des

de

cependant m'étaient

si

bien connus.

étions à Montivilliers (247), dans la noble

famille des Nanteuil

monde dans

le

Almaria par

;

une pluie froide retenait tout le

salon; je pris la liberté de prendre

yeux avides elle n'avait d'autre parure que celle que lui donne sa nature, vous eussiez eu un peu d'orla

main,

je la présentai à des

;

gueil en voyant quelle impression vous faisiez, quel

enthousiasme vous

excitiez,

forciez à couler. J'ai lu

me

suis pas aperçu

quels pleurs

vous

l'ouvrage tout entier, je ne

que je n'en pouvais plus.

Laissez-moi donc vous remercier du bonheur et la joie que vous avez apportés aux confins de Normandie. La servante de Molière était moins habile à décider la fortune des ouvrages du prince

de

la

des comiques. Je

me

sauve du milieu des

gens qui m'étour-


L AUBE ROMANTIQUE

que

ma

sens

commun, mon

seul cause avec assez d'esprit

pour vous dire

dissent;

cœur

SIQ

pas

lettre n'a

je suis le plus

dévoué

le

et le plus

respectueux de

vos serviteurs. OLIVIER. curé de Saint-Roch.

CL[.

— D' Alexandre Soumet.

Gimiez (248). Sous

palmier de

le

Vous vous souvenez, cher de Fonlenelle à la dame qui

madone

[1833].

Jules, de la réponse lui

passé sans l'avoir vue et moi, brassé, je ne vous

la

si

aurais pas

reprochait d'être je

vous avais em-

quitté.

Gomment

quand on leur dit adieu ? Vraijamais pu comprendre pareille force

quitter des amis

ment, je n'ai

de cœur

et ce n'est

à une

même

séparation,

à

pas au Marais que je l'aurais

ma

apprise; aussi, de

cher ami,

quoique vous

et

pas voulu croire

un départ, à un

un voyage en

que sa lune de miel dis ceci,

vie n'ai-je

à

Italie

le

afin

pas d'hiver. Je vous

n'ait

comme

Emile

voyag-e,

pour Gabrielle, je

l'ai

dit à

sachiez bien.

Emile, Je suis

donc parti de Paris, seul et mourant comme un vrai poète que je ne suis g-uère, pour refiiire à notre jeune mariée un mois de mai en décembre. Dites-le bien, je vous conjure, à Nina,

pour qu'elle


aaO

L AUBE ROMANTIQUE

me pardonne

tous

mes chagrins.

qu'elle

à

la

A

présent, nous

moins poétique que

voilà presque en Italie,

tous a dictés à Paris

les vers

pourtant, bien fidèle

et,

ressemblance, bien belle, bien lumineuse, bien

splendide; nous avons les citronniers

ici les étoiles

de Portug-al sans

de Naples et

Dom

Mig-uel et le

Vésuve. Fig-urez-vous un nid d'orang-ers suspendu à des montag-nes de neig^e et bercé par le bruit des

grandes eaux à midi, malgré la saison un peu avancée les Alpes et la mer brillent comme de ;

pays où nous sommes est un vérita-

l'incendie, le

deux miroirs ardents Corse avec l'image de Na-

ble tableau poétique, entre et, vis-à-vis

poléon

de nous,

la

et plus loin, sur la droite, les

de l'Espagne avec tous ria

;

les

caps avancés

enchantements d'Alma-

de cette harmonieuse .4//narm dont les alcyons

qui nagent sous nos fenêtres nous donneraient des nouvelles,

si

vous leur aviez appris à chanter; nous

l'attendons de vous, nous l'attendons avec impatience, car ce

ne serait pas

la

peine d'être venu en

nous ne devions pas y entendre votre voix. Mais on me dit que le Paradis a aussi ses douleurs et je l'éprouve puisque je suis si loin de

paradis,

si

vous, d'Emile, de tout ce qui

fait

aimer

et vivre.

un peu dépeuplé, il me semble que le palmier qui m'ombrage en ce moment aurait de l'ombre pour trois, quoique bien jeune, et des palmes pour deux et que vos vers si

Nous trouvons notre

ciel


L AUBE ROMANTIQUE

221

étincelants ne perdraient rien d'être récités à notre

lumière.

Nous avons un

été qui ne

vivent toujours et

trouvé

j'ai

mourant au milieu de

même

en parlant de

moyen de

le

toutes

âme de

dans vos vers, tout

Nina

idéale dont

quelque chose

le

les

vous aimez tou-

poète et vous nous révé-

charme de

cette existence

est l'ange gardienne.

de plus

rester

immortalités,

Car vous, bien cher

la vôtre.

ami, vous vivez, vous chantez,

jours avec votre lez

meurt pas, des

ne meurent pas, des petits pois qui

abeilles qui

Et

s'il

est

enchanté que notre beau

climat d'orangers, de fleurs et d'abeilles, c'est une

journée passée au Marais, avec Nina enfants,

c'est là

vous appartient

le

bonheur,

et qu'il

le

et

ses trois

nôtre, puisqu'il

porte votre

nom.

Parlez-

moi de votre famille, d'Emile, d'Aglaé, de M™= Dudon, de M. et de M"^^ Daclin et de tout ce faisceau d'amis qui a tant de force parce qu'il a tant de

charme lâtre

et puis

de notre belle Almaria que j'ido-

presque autant que je vous aime de

loin,

de

près et partout et toujours, ce que je dirais mille fois

vous

davantage écrire,

si

votre

Gabrielle

ne devait pas

cher ami. ALEX. SOUMET.

CLII. J'ai fait

— D'Emile Deschamps.

mes commissions,

je

réponds du moins


22 2

L

de deux. entier

;

AUBE ROMANTIQUE

mais

le

dans la Mode bien le 3i décembre,

passera

L'article

6 janvier et

non pas

pour des convenances mutuelles,

Du

faut entendre livre, si

moi

et

par ce mot

Fourg-erais (249),

et tout le

monde

excepté vous,

obligeant, qui m'avez encore

il

l'éditeur, le si

bon,

promis quelques

lignes pour la Quotidienne.

Nous avons

été

pimpants pour vous

faire

une

g'randissime visite, hier soir, sans trouver M'"^ de

Rességuier, ce qui a révolutionné notre journée mais, ce soir, j'espère et je désire bien.

EMILE DBSGHAMPS.

CLIII.

D'Emile Deschamps.

Arnouville, dimanche, 7 h. du soir, 29 mai.

A

M.

DE nESSÉGUIER.

Que parlez-vous de miniature? J'arrive en

un charmant

enclos,

n'aime d'autre peinture, Que les Poétiques Tableaux. Toute l'énorme brioche entre l'on

Dans notre

Comme

colossale

Anna

ces troupeaux que l'Etna

Engloutit jadis dans son antre. Mais hélas!., vous n'êtes pas là, Et parmi ses fleurs même, elle a Le cœur aussi i^ros que le ventre.

Pour moi,

je quitte tous ces biens,

Je pars, mais vers la canicule

;


l'aube romantique Je reviendrai des eaux, cher

223

Jiile..

Si je n'y laisse pas les miens.

Comme Anna Et je

à Paris, dans les campagnes, toujours est de mon goût

la

regarde beaucoup.

Pour m'accoutumer aux montagnes. Après UD chemin assommant Dans une diligence lente,

La brioche

Un

était excellente...

peu trop chaude seulement.

Oui est à

la lettre,

quoique dans

la lettre.

EMILE [deschamps].

CLIV.

— D'Emile Deschamps,

Mardi.

Voulez-vous, cher Jules, savoir ce que l'avenir dira de vous, voyez ce que d'hui, était

et,

l'

malheureusement,

Avenir en il

dit

aujour-

n'a pas tout dit.

question d'étudier votre talent tragique...

Il

Ce

me charme, c'est qu'en Auverg-ne ils ne sont abonnés qu'à rAvenir on à la Gazette. Malheureusement je ne puis rien à la Gasette,ei puis, je n'en qui

puis plus. Je pars pour Savig-ny et demain pour

Vincennes et samedi pour bien loin; mais nous nous verrons beaucoup cependant. Avez-vous lu mes bêtes de vers d'Arnouville?

Me

pardonnez-vous ces sottises? Mille tendres


224

l'aube p.omantioue

hommag-es à Nina; j'espère que votre rhume

n'est

plus rien.

Votre ami. EMILE [deschamps].

CLV. Cher à T....

D^ Emile Deschamps.

Jules, voilà à :

Almaria

propos

le

langag^e queje tiens

paraît et paraît charmante, n'au-

riez-vous pas grande envie d'en parler la Gazette Littéraire?

Nous en avons

souvent parlé ensemble! Dans tous faut-il Il

un peu dans si

bien

les cas et

et si

quand

que Jules vous envoie sa ravissante espag-nole ?

voudrait au moins

vos yeux d'ami tre vos lunettes

et

la

mettre tout de suite sous

de poète, dussent-ils ne pas met-

de critique. Le Moniteur veut bien

se charger d'un article de moi, je serai officiel et

vous suivrai. C'est quelquefois

quand on

crie

Est-ce ainsi qu'il

vous

dirai

la

même

la

chose;

pour Jules, par exemple. fallait dire,

réponse de

mon

T

cher ami? Je

que vous savez

d'avance, enfin, bien que ravi, c'est

ég'al,

je vous la

dirai.

A

propos, avez-vous vu

mon

annonce, dans

le

Moniteur? Et n'avez-vous pas vu qu'on a mis Amasia? L'épreuve a passé sur

le

champ

et

il

m'a répété


l'aube romantique

225

que Tarticle de fond passera aussitôt que la politique le permettra, c'est-à-dire dans très peu de jours.

Savez-vous

que

j'ai fait

si

M. de Pejronnet saura

peu de chose pour

C'est lerais

pas qu'il crût à

Adieu,

l'article

mettre sur l'Histoire des Francs (200)

mon

lui;

mon

mais je ne

me

?

conso-

silence.

cher Jules, quand nous revoyons-

nous ? Nous relisons Aglaé

et

moi quelque passage

de votre mag-nifique/miïa^io/i de Jésus-Christ. Elle contient des

baumes pour

toutes les douleurs.

A

bientôt cependant et n'abusons pas de l'éternité

par l'absence,

A

comme

vous de cœur

je dis àT...

et d'esprit, si j'en étais capable.

EMILE [deschamps].

Nina, Paul, Albert, Charles, tous

les

noms

cliers

que je ne veux pas oublier.

CLVI. Cher

Jules,

— D'Emile Deschamps.

Soumet m'avait

raconté, chezLadvo-

par Chateaubriand, qu'il y a d'un généreux talent, ce sérail

cat, ce libraire écrasé

assez d'un

homme

beaucoup trop de vous; mais il nous reste Dupont, Tastu, etc. Tout triste que je suis de mon côté, rien ne m'est égal de ce qui vous touche, je m'en M.


220

I.

dédommag-e bien,

AUBE ROMANTfQTE je

me

vous jure, pour ce qui

regarde.

Vous

êtes malade, cher ami, mais

vie et la maladie sera très longue, je

viens. Vivez, aimez,

du

malade de la vous en pré-

souffrez et chantez. Parlons

cimetière,

du

fauteuil

Chaise (26 1).

On

n'est

et

non de

celui

que quarante dans

de

le

la

pre-

mier; mais, on y est mort comme quarante mille; à moins qu'on y soit somnolent comme Chateau-

briand

Soumet. Vous pouvez

et

choisir.

Vous ne

pourrez jamais choisir des amis qui vous aiment autant qu'Aglaé

et

moi. EMILE [deschamps].

Dimanche matin.

CLVII.

—DeJ.

A.

Wi2/s/i (262).

Paris, le 19 janvier 1836.

Mon

bien cher comte.

Vous prouvez à mon fils que vous l'aimez beaucoup Il faut que vous rac prouviez aussi que vous m'aimez un peu. Envoyez-moi donc une toute petite ballade qui aille à notre Echo, revue catholique. Donnez-nous tout de suite pour le 22 de ce mois quelque chose de tout fait quelque chose de vous et ce nous sera de l'or et mieux que cela, de l'honneur. Adieu, au revoir, tout de cœur, à vous. .

;

V'^

WALSfl,

rédacteur en chef de l'Echo de la vieille France


L AUBE ROMANTIQUE

— DeJ.A.

GLVIH.

Mon J'ai failli

de ce

Walsh.

cher comte,

mourir,

monde

227

et

près de m'en aller

j'ai été très

en pensant à ceux qui

lui restaient

pour le rendre plus noble et meilleur, je me suis souvenu du fils de la harpe, des hommes qui savent de magiques paroles pour consoler leurs frères. Je

me

souvenais de vous

de partir

et je

me

disais

:

je suis fâché

si vite.

Enfin, je ne suis pas parti et vous allez vous

apercevoir, cher comte, que je reste, car je vais

vous ennuyer. Je viens vous demander quelques lignes de vous. Des lignes qui aillent à notre Echo de laFrance

c'est

pour

lui faire

de cygne, car il va mourir. Ayez

que

l'on se

souvienne de

tez-lui votre

nom

lui,

corameun chant de lui et pour

pitié

qui vous a aimé, prê-

à ses derniers

moments, ça peut

une résurrection. Tout de cœur, à vous.

lui valoir

V"=

WALSH.

Pensez donc à la Mode. Elle est pleine de vie et d'amour pour vous. Une réponse tout de suite 27 novembre pour l'Echo qui attend 200, rue Saint-Honoré

et espère.


328

l'aube uomantique

CLIX.

— De Mgr Dupanloap (253).

Monsieur

le

comte,

Je ne sais, en vérité, tre si fait

comment répondre

à la

let-

complètement bienveillante que vous m'avez

l'honneur de m'écrire. Je croyais et je crois

encore que c'est parler de

mon

à moi qu'il appartient de vous

admiration pour un talent qui

aujourd'hui un des plus

brillants

religion et des lettres et aussi de

ma

est

ornements de

la

reconnaissance,

pour des bontés dont je sais le prix infini; mais me fermez la bouche. Le nom d'Albert, que je trouve avec bonheur dans ces lignes trop flatteuses, me suffit, il est vrai, pour expliquer une bienveillance qui me serait infivous

niment précieuse,

si elle

ne

me

donnait des louan-

ges dont je dois roug-ir; l'ancien catéchiste d'un

fils

si justement chéri a quelque droit à une paternelle indulgence, mais doit aussi n'y trouver qu'un en-

couragement à bien

faire.

J'ai,

je

sens et la bonne foi de penser de je n'en suis,

monsieur

sant d'une bonté dont

le il

le crois,

la sorte

le ;

bon

mais,

comte,que plus reconnaism'est

si facile

de

me

trou-

ver indigne.

Daignez, monsieur

le

comtej agréer l'hommage


L AUBE ROMANTIQUE

profond de

ma

229

considération la plus respectueuse

plus haute.

et la

J.

DUPANLOUP p*"

Paris, 49 février 1836.

CLX.

— De A. de Beauchesne.

Vendredi, 3 h. 4/2.

Je suis accouru chez vous, une minute après votre départ, cher grand Jules. Je venais furieux vous dire que

je

n'avais pas trouvé

de la Mode,

l'article

elles

les citations

autre samedi. Je n'ai pu rejoindre

demander

humeur

raison.

dans

ont été renvoyées à un

Peut-être,

Walsh pour

lui

quand ma mauvaise

sera passée, trouverai-je qu'il vaut autant

dans l'intérêt de l'ouvrage que les citations ne viennent que samedi prochain, ce qui nous ferait deux mais j'auarticles car vos vers sont des éloges ;

;

heureux de votre approbation, en ceci comme en toute chose. La Quotidienne a été telle que je savais qu'elle serait, c'est-à-dire, à genoux devant votre nom. rais

été

Elle est encombrée de feuilletons retardés par les Chambres mais nous aurons un tour de faveur, c'est-à-dire, de justice, pour un des jours pro;

chains. J'ai

donné votre délicieux volume à M. Moreau^


23o

l'aube nOMANTlQUE

VOUS aurez à

I"

envoyer plus tard à Lostang-es

et

au

père Michaud qui ne quitte pas, dans cette saison, sa retraite de Passy. Voilà, belle l^milie, à quel point nous en

sommes.

J'aurais voulu être certain que la réserve que fait

Walsh de

votre ravissante poésie, dans l'intérêt de

l'avenir de son journal, ne

vous déplairait pas.

Je vous demande pardon devons avoir barbouillé cette jolie petiie feuille de papier qui était destinée

à

un bien

A vous

meilleur sort.

de cœur et d'âme, tout à vous. A.

CLXI.

De

DE BEAUCHESNB.

M""' Desbordes-

Valmore

(254).

Lyon, ce i^r septembre 1836. J'ai

un beau

livre

votre écriture pour

moi

de vous, monsieur, et

me

persuader que

qu'est envoyé ce livre, et

jours cette belle à vous

Almaria qui

que

j'ai

de

c'est bien à

j'ai

pour tou-

a tout de votre âme,

!

Je ressens toute la g-râce et toute la bonté d'un tel

souvenir. Pensez-vous, monsieur, que j'oublie

votre courageuse visite; vous étiez presque aussi

malade que je le suis encore ne vous a pas effrayé Merci! 1

et ce

ma

pauvre calvaire

fille,

qui a retenu


L AUBE ROMANTIOUE

toutes vos paroles, m'a dit

un poète! Je sieur;

:

Maman, c'est donc cela

suis éblouie, oui, c'est bien vrai,

delà poésie sous

avait

mon

mon-

toitpuisque

y vous y étiez et nous en avons gardé l'étonnement et l'émotion vous n'y avez trouvé que de l'écho (255), il

;

mais pas

c'est

beaucoup, n'est-ce pas

l'éveiller

? Il

ne faudrait

ma pauvre Ondine (256), Lyon comme je l'ai été si long-

souvent chez

elle serait triste

de

temps moi-même.

Au qu'un soit

revoir, soyez

vœu de

heureux

et

entendu partout

et

votre âme, que je sais présentement,

accompli dans l'année. J'espère que vous m'en-

tendez, monsieur, et Dieu aussi.

MARCELINE VALMORE.

CLXII.

— D' Alexandre Soumet à M"^^ de Rességuier.

Madame Voici lit

le

et bien

chère Nina,

premier moment où

de douleur depuis que

ma

j'ai

fille

pu

quitter

mon

s'est relevée

du

sien et je ne voulais céder à personne le plaisir de

vous répondre à tâtons, car je suis devenu aveugle

comme

si

j'avais

composé

le

Paradis Perdu, moi

qui ne sors pas de l'Enfer.

Merci, mille fois merci, de votre souvenir. Les beaux enfants avaient du temps des fées, une bonne fée pour les protéger, aujourd'hui, ils ont un bon

*


l'aube romantique

23a

vous avez voulu être l'un

ang-e et

et l'autre

pour

la

vous nous avez envoyé tous vos vœux et toutes vos joies, toutes vos prières, pour un berceau et votre lettre lui porte bonheur et nous la lui gardons pour le moment où elle pourra vous de Gabrielle

fille

et

aimer toute seule

par instinct,

et

comme nous vous

aimons.

Mais vous voilà bien loin et depuis bien longtemps et Jules est souffrant dans notre beau midi comme sous le brouillard de Lyon où nous l'avons suivi pas à pas

et

jour par jour,

cependant

Paul, et

Rhône

le

comme

n'était pas

son

fils

encore

ne guettait pas Lyon lorsque Jules y entrait. Mon Dieu, chère amie, ne reprenez pas ce

débordé

vilain

et

chemin quand vous reviendrez à Paris. Vous

passerez par Bordeaux, par Montferrand, n'est-ce

pas

?

Et Jules aura tant de bonheur

qu'il

oubliera

sa souffrance et pourra embrasser son illustre ami

sans

écrasé par

être

la

muraille

du château de

Ham. donc par Montferrand que nous allons vous attendre, Paul, Albeit, Charles, Nina et nous n'iC'est

la messe de minuit avec vous. Jules nous apportera de grandes poésies et beaucoup de

rons pas à choses

comme

il

y en a

si

peu.

nous n'avons qu'une grande chose à vous montrer; mais bien immense, bien solennelle, bien Ici

religieuse

:


233

l'aube nOMANTIQUE

Car nous avons dressé l'obélisque immortel Sur le lieu funéraire où manquait un autel. Ah monarque martyr, ah victime célèbre, !

1

Sésostris a taillé ton

monument

funèbre.

Pontife de la mort, de ses tombeaux lointains Il t'envoie à travers quatre mille ans éteints

Un bloc cyclopéen pour marbre expiatoire, Et tu fais avec lui cet échangée de gloire. Ce granit te répond, sous ton ciel étonné D'un avenir de pleurs égal à son passé Et ses signes, ses noms, splendeur d'une poussière, Néant superbe, écrit sur des pages de pierre Se liront épelés par l'ange du cercueil ;

:

Jamais plus grand espoir n'obtint un plus grand

deuil.

Lisez avec votre voix de royaliste, chère Nina, ces vers à Jales, ainsi qu'à

à

M. et

M""* de Resség-uier,

qui je présente de tendres respects et parlez^

ensemble de ces souvenirs

et

de ces espérances que

vous aimez et de nous, qui vous aimons si tendrement et de notre bonne Açlaéet d' Emile et d'Anna. Nous sommes presque aussi loin de ces bons amis

que de vous car nous habitons le Marais et ce Marais n'est pas le votre, bien qu'on vous y attende ;

toujours et sans cesse.

Adieu, bien chère Nina. Mettez tous

mages respectueux aux pieds de

mes hom-

M"*' la comtesse.

ALEX. SOUMET. 15 sept. [{SZÙ\


l'aube romantique

2 34

GLXIIi.

Jocelyn (267),

D'Alexandre Soumet.

mon

cher Jules, vous a inspiré

une pièce de vers ravissante ressemble mieux à son père. Je voudrais que Gabrielle

jamais enfant ne

et

qui

me

ressemble

un peu — concourût pour l'ouvrage le plus utile aux mœurs et je vous prie de dire à Guiraud ce que vous en pensez. Consultez surtout M™^ de aussi

Rességuier, car c'est

charger de

elle seule

que l'on devrait Monthyon. L'A-

distribution de prix

la

cadémie aurait une chance pour être juste et une tête de vierge pourrait lutter sans trop de désavantage

contre

le

M. de Poujoulat

roman abyssinien de

Bédouin, (258).

s[oumet] Ce samedi

.

sept.

CLXIV.

— D'Emile Deschamps.

Avec son œil de feu, ses lèvres d'ambroisie, Sa grâce, ses bouquets, sa parure choisie, Cher poète, en ces vers que j'aurai toujours Vous avez peint la poésie J'ai reconnu Mikaëla (259)

:

!

EMILE [deschamps]. Mercredi

soir.


235

l'aube romantique

CLXV.

D' Alfred de Musset (260).

Dimanche. J'ai

vu hier

monsieur,

le

directeur de la revue,

eu

et j'ai

plaisir

le

mon

cher

d'apprendre qu'il

sera charmé de recevoir ce que vous lui destinez.

Je n'en licite

ai

pas douté, quant à moi

d'avoir

pu vous

être

;

mais je

me

fé-

bon à quelque chose dans

cette petite nég-ociation. Mille

compliments.

ALFRED DE MUSSET.

CLXVL Voici,

mon

— D'Emile Deschamps.

cher Jules,

mon

article

du Giobe,

du Temps (261), qui est beaucoup plus méchant et pourtant le mien est assez méchant, grâce aux éloges qu'on y a retran-

je n'ai qu'entrevu celui

chés et aux critiques qu'on y a mises. Merci de vos charmants vers que vous allez m'en-

voyer en échang-e de qu'on appelle

la

ma mauvaise

prose. C'est ce

balance du commerce. EMILE [dESGHAMPS].

Vendredi matin.

P. -S. Ça, je rouvre

ma

lettre

que

j'avais faite


236

l'aube romantique

d'avance pour vous dire qu'il est trop drôle que

nous nous soyons

écrit la

CLXVII.

même

phrase.

D'Emile Deschamps.

Mercredi.

Vous savez où

peut

me

vous savez la minute vous m'envo^'ez tout juste ce qui

tout, cher ami,

je reviens et

de

faire le plus

plaisir,

des

nouvelles de

votre ancienne et toujours jeune amitié.

Ce que j'aime

le

plus après vous, c'est votre ta-

lent et votre gloire et l'écho de cette gloire dans les

cœurs que j'aime,

nos amis dès que j'en part

;

pour vous,

mon

voilà ai

pourquoi

la

je parle

de

permission quelque

ami, on m'a pressé, supplié

comme tout le monde Vous avez un grand admira-

et l'Avenir (262) est à nous, le sait,

excepté vous.

teur dans

le

jeune vicomte de Montalembert, qui

m'a tant demandé

que l'espace a forcé de raccourcir. Je voulais que l'on sût trois mois plus tôt que vous êtes un poète tragique de premier ordre, il y en a qui ne le sauront que trop tôt. cet article

Je pars donc samedi, mais je vous verrai

embrasserai vingt

fois d'ici là.

vous, en Auvergne (203), et je vers,

et

vous

Je parlerai tant de lirai

au bruit des cascades que je ne

tant de vos

me

croirai pas


l'aube romantique

on m'ordonnera de

isolé et puis,

me

répétera

comme on Ta

Le bruit

et

alors

déjà

travailler et l'on

fait

:

lointaia des flots des cascatelles...

tout cela

me

repenser à

fera

la

poésie

comme on aime

que j'aime pour elle-même,

d'un Aglaé vous embrasse j'embrasse Nina, ce qui ne m'empêche pas de

amour profond et

iîSy

vous serrer

la

et véritable.

main bien

fort.

EMILE [deschamps].

CLXVIII. Cher

— D' Alphonse

de Lamartine.

et excellent confrère,

Vous avez eu la bonne pensée décrier courage à un de vos frères en poésie pendant la mêlée. Vous avez eu une belle et magnifique page née du cœur, pour l'exprimer. Rien ne m'a fait autant d'émotion; y avait vingt personnes chez moi. Gela s'est lu tout haut et a été applaudi tout chaud. Je vous réponds bien mal parce que j'ai eu la fièvre. Mais hier

il

mon cœur

vous a répondu toute

la nuit.

LAMARTINE.


238

l'aube romantique

CLXIX.

De

i/me

mon

Pardonnez à

Marie Nodier'Mennessier

monsieur le pour intermédiaire entre M. de Peyronnet; mais je me persuade importunité,

comte, de vous choisir et

elle

qu'une tre

lettre

de moi.

de vous fera très bien passer une

même

J'ai

dédommagement

la

let-

vanité de croire que le

l'emportera sur l'ennui. D'ailleurs

probablement besoin d'un prétexte pour vous remercier d'une toute charmante épître qui m'a comblée de joie et de fierté et que j'ai lue et

j'avais

relue à tous les miens et à

confusion, tant

j'ai

moi-même presque sans

de peine à penser que tant de

gracieuses choses que je ne mérite guère, s'adressent véritablement à moi. Veuillez agréer avec

mes excuses, monsieur

comte, l'assurance de mes sentiments

les

le

plus distin-

gués.

MARIE NODIER-MENNESSIER. [17nov. 1836.]

CLXX.

De Montalembert

(264).

Venise, ce 25 novembre 1836.

Monsieur C'est le jour

le

comte,

même

de

la fêle

de sainte-Elisa-


l'aube romantique

beth que m'est arrivée

239

que vous m'avez

la lettre

fait

l'honneur de m'écrire et j'avoue que cette circonstance

me

l'a

rendue précieuse. C'est donc avec un

sentiment de joie et de reconnaissance que

vif

j'ai

que vous voulez bien m'adresser au sujet d'un travail où j'ai mis toute mon âme et qui a été, pendant plusieurs années, le prelu les paroles si flatteuses

mier intérêt de

ma

vie.

Les suffrages d'un écrivain distingué

mé comme

vous, monsieur

et

renom-

comte, sont toujours

le

d'un bien grand prix, surtout pour un ouvrage qui n'a aucune chance de valeur

me

littéraire.

pardonnerez, j'en suis sûr,

autre chose que l'écrivain et

si

si

je vois

Mais vous en vous,

je vous remercie

avant tout de ces sentiments d'intérêt et de tendresse, que semble vous avoir inspirés la chère sainte

Elisabeth.

Vous me donnez

la

dIus douce récom-

me montrant que pu réussir à lui concilier de tels sentiments dans des âmes comme la vôtre, assez élevées et assez chrétiennes pour l'apprécier et l'aimer, malpense que je puisse désirer, en

j'ai

gré

la

profonde opposition que proclame sa vie

tout entière contre ce qu'on appelle la raison et

le

bon goût de nos jours. Croyez donc, monsieur

m'a cier

en

le

comte, que votre

lettre

au cœur. Permettez-moi de vous en remeravec une affectueuse sincérité, non seulement été

mon nom,

mais aussi en

celui

de cette sainte


l'aube romantique

24o

chérie et veuillez agréer, avec

l'expression de

ma

mes remerciements,

haute considération.

COMTE DE MONTALEMBERT.

CLXXI.

Un

— De M'^^ Gabrielle Soumet-Daltenheim.

des plus grands chagrins de Gabrielle,

beaucoup de chagrins dans sa

a eu

d'avoir

composé des vers sans

les

vie

qui c'est

,

avoir envoyés à

notre Jules bien-aimé. J'espérais qu'il n'en entendrait jamais parler,

mais puisque cette chance heu-

reuse m'est refusée, je vous les envoie en toute contrition, car notre

cœur

et

notre esprit étaient

chemin d'Albert que sur

celui de

Fontainebleau. Dites bien cela à M""^ de

Ressé-

bien plus sur

g-uier.

le

Alexandre, un peu moins malade, commence

à sortir depuis deux ou trois jours et ira

vous

embrasser.

GABRIELLE [dALTENHEIm]

.

7 juin 1837.

CLXXII.

— D' Alexandre Soumet.

Vous méritez une couronne à l'Académie et des verroux à la Cour d'assises. La législation d'intimidation fait un crime des vœux et de l'espérance et

il

y a de tout cela dans votre ballade clairs. Je ne crois pas qu'il

termes fort

et

en des

soit

pru-


l'aube romantique

»^l

dent de

les faire publier; il y avait dans votre Vendéenne une double entente qui pouvait la sauver;

ma\sYO\,TQ Languedocienne (266) n'y va pas par deux

chemins; g^ie.

elle

vous conduirait droit à Sainte-Péla-

Réservons

le

martyre pour des temps plus

fructueux en résultats. Mille amitiés. A. SOUMET.

CLXXIII. Je ne fais

— D'Alphonse de Lamartine. mon plaisir certain mon bonheur de tenir un

qu'anticiper sur

en vous exprimant tout

volume de vous entre mes mains le Prisme (266) à travers lequel tout vous apparaît, c'est votre cœur incomparable et votre imagination colorée et échauffée par votre belle âme. Il vous appartenait de chanter les Prismes ; je vais y chercher le philosophe et le poète et je serai bien heureux d'y re;

trouver surtout l'ami. Je pars demain pour Mâcon. sans cela j'irais

vous remercier.

A mon

retour de celte course où

volume pour charmer la route, vous dire une faible partie de ce que j'aurai Tout à vous, de cœur. j'emporte

le

LAMARTINE. i5

j'irai

joui.


242

l'ai.BE ROru'ANTigUK

CLXXIV.

De

J,

Reboul

(267).

Monsieur, Je vous remercie de l'envoi de votre beau volume et des élog^es faibles

que vous voulez bien accorder à mes

talents; si

mes

suffrag-es avaient

quelque

valeur, après avoir reçu les vôtres, je vous dirais

combien vos vers ont délecté

mon

si

nobles,

oreille et

si

purs,

combien

si

harmonieux,

les idées qu'ils

expriment ont trouvé de sympathie en moi. Votre poésie a toute la limpidité d'un ciel méridional; j'ignore quels sont les lieux où vous avez vu le jour;

mais vous nous appartenez, monsieur, par droit de style et

de sentiment.

J'eusse désiré, monsieur, répondre dans la lan-

gue que vous parlez si bien, à la belle pièce que vous m'avez adressée (268); mais absorbé par un ouvrag-e d'assez longue haleine (2G9) pour moi,

mon

esprit est

emporté dans un courant d'idées

que je ne saurais

faire retourner.

Je joins à cette lettre selin

que vous aurez

la

un

pour M. Gosbonté, j'espère, de lui faire petit billet

parvenir, c'est pour m'acquitter, en partie, de vos

aimables avances. Je suis monsieur, avec un profond respect et


l'aube romantique

une vive reconnaissance, votre

243

humble

très

et très

obéissant serviteur. J.

REBOUL.

Nîmes, ce 3 mars i838.

CLXX V. — De y¥'"« GabrielleSonmet-Daltenheim. J'ai le

cœur

cher Jules,

mes

ravi et navré de votre

mon

volume (270),

père en a été touché jusqu'aux lar-

moi je voudrais que la première pièce de vers ne fût placée que sur l'exemplaire de Nina et sur le mien. Vous vous êtes jeté dans le combat avec un signe funeste sur votre armure, vous avez bravé la et

contagion de mes infortunes littéraires avec tout l'héroïsme de l'amitié

protéger tous le

dernier

sur

la

les

!

deux

comme un

Puisse votre bon ange vous !

Heureusement

qu'il

céleste pasteur et

il

vient

veillera

destinée de vos vers après avoir veillé sur

la votre.

GABRIELLE DALTiSNHEIM. Dimanche matin.

CLXXVI. Cher

et

— De M'^^ Delphine

cher encore, la Gazette joindra

la

voix

que vous avez obteque vous obtiendrez de ceux qui vous en-

de la publicité à toutes celles

nues et

Gaij de Girardin.

tendront.


l'aube romantique

244

Heureux ceux qui vous connaissent aiment

vous

et

comme D.

CLXXVII.

De

DE g[iRARDIN].

^/^^ Gabrielle

Soumet-

Daltenheim. Notre Alexandre m'est revenu presque mourant de Paris, avec \os Prismes immortels et j'ai été triste et

heureuse,

jours et

j'ai lu et relu

et j'ai été

g-arde-malade tous les

tous les jours ce cher volume

que Jules donne à Gabrielle. Merci, merci, je ne pourrais pas vous remercier comme je le veux, si je n'avais à faite

avec

vous raconter une petite promenade

amour

admiration

et

comme un

vrai

pèlerinage à une chapelle déserte hier. Alexandre

un peu mieux, nous sommes partis pour revoir Ghambord, partis sans avoir à notre service ni le char d'une Fée, ni vos Chevaux de poste, plus étant

aériens que son vol, aussi avons-nous

failli

verser

en chemin. Et nous avons appris, de désir en désir, Ce qu'il faut de tourments pour former un plaisir (271).

Nous sommes arrivés pourtant et me voilà où je Ghambord, les Prismes Poétiques

voulais être, à

à la main, avec

mon

née du mois de mai

:

malade, par une belle jour-


2

l'aube nOMAN'TIQUE

'|

5

Ce sont les jours brillants et tièdes, Après les jours sombres et froids A chaque pas, j'entendais dire Ce malade est mieux et respire; ;

:

Il

a touché presqu'au

C'est le

moment

Des châteaux au

Oui, mais

il

tombeau

;

des promenades, loin visités (272).

est bien rare

de trouver un

châ-

tel

teau à visiter et de tels Prismes pour le colorer.

Que d'harmonie au

même

lées,

entre

soleil entre

diamantées,

le

monument et le livre, vus mêmes tourelles dente-

ces

multipliées

chaque rayon de jour

sans

nombre par

et ces trois mille vers aussi

élevés, aussi gracieux, aussi légers, aussi près des

cieux et multipliés de

même

par

la gloire

et

par

chaque écho du cœur. Nous regardions beaucoup et nous écoutions davantage. Nous écoutions cette poésie qui ramenait sous ces

murs l'âme de FranSalaman-

çois I" et ressuscitait les feux éteints de la

dre.

votre

dans

Nous placions sur chaque balcon suspendu dix tours; nous répétions, abandonné,/» Prière de Nina; nous Inséparables en songeant à l'amitié

châtelaine aux l'oratoire

relisions

les

qui auraituni notre Albert au propriétaire de

bord, de ce château plein d'une jeune

et

touchante

image comme les Prismes bien-aimés avons réservé la plus haute tourelle pour

Agnès de Picardie

Cham-

et

nous

Madame

:

i§*


l'aube R0M\N1IQi e

246

La dame en tout La plus humble

la

mieux douée,

et la plus louée (273).

Louée moins que les vers qui la chantent Que vous dire enfin! non de cette architecture, toute mauresque, mais de cette poésie, toute orientale, !

qui pleure et qui espère et qui

et

qui console et qui ravit

rend l'âme meilleure

avec des mots prosaïques C'est perdre tout à fait le

Que de

!

Comment

la

peindre

:

temps

et la raison,

vouloir chercher une comparaison

!

que la neige qui tombe, Plus de légèreté dans l'air que la colombe. Dans les lieux où s'ébat son élan immortel, Tout se change en trépied, en couronne, en autel Elle a plus de blancheur

O

;

poète, voilà, voilà ce que vous faites ! la fois votre gloire et nos fêtes (274)

Vos vers sont à

Et notre bonheur, à nous, sera d'aller vous em-

brasser tous bientôt, et moi, je vous gronderai un

un peu de n'avoir pas entendu mon Gladiateur encore tout blessé de votre absence.

GABRIELLE DALTENHEIM. Blois,

5 juin 1838.

CLXXVIII.

— De 31""

Sophie Gay.

Voulez-vous, cher troubadour, me prêter pour un mois le second et le cinquième volumes de la


uomantiçjue

l'ai.bi;

24?

Correspondance de Grimm ? j'ai à vous et qui me servent pour l'ouvrag-e que je fais; il me semble que vous rendre ainsi complice de mes crimes première partie de

la

Je vous les rendrai avec ceux que

littéraires, c'est leur

assurer du succès.

Mille tendres remerciements d'avance.

SOPHIE GAY.

Que Gémiot

a

CLXXIX.

quelque chose de ravissant

fait

avec votre charmante

Agnès de Picardie

!

— D'Alexandre Soumet,

Mardi.

Rien

pour penser toujours à ses

n'est plus sûr

amis absents,

mon

écrire; depuis

un mois,

cher Jules, que de ne pas leur je

me

lève

chaque matin,

avec la volonté de répondre à vos douces lettres, et je

me

couche sans

l'avoir pas fait.

Le

le faire

lieu

avec

que j'habite

de ne

le reg'ret

est d'ailleurs si

que si le Pégase s'envolait lamandore de la châtelaine délaissée quelquefois entendre ces airs que vous

plein de vos souvenirs

quelquefois,

me

faisait

chantez

si

presque

me

si

bien, sans les avoir appris, je pourrais croire encore auprès de vous.

êtes souffrant,

mon

Je ne suis guère mieux que vous, et en leurs,

nous pouvons presque dire

tres le

Mais vous

ami, et cette pensée est amère.

mot de Montaig^ne

;

c'est

les

fait

uns

de doules

lui, c'est

au-

moi

;


l'aube ROMANTinUK

2/(8

mais vous êtes près de Nina

;

vous avez de beaux

enfants et de beaux ombrages, et

il

n'y a que

le

Satan de Milton dont de pareils objets ne calment la souffrance ne soyez pas malheureux ou nous ne croirions plus au Paradis terrestre (275). Vous ne meparlez plus de votre projet de roman; avez-vous laissé mourir ce g-rand peuplier planté devant la grande tour et duquel vous avez fait une

pas

;

échelle

Vos leur rer.

si

ingénieuse?

facultés morales

vous terrasseront si vous ne donnez pas quelque grande conception à dévoPensez-y, Jules; vous pouviez dans le monde force d'esprit, de conversation et c'é-

y suppléer à tait

toujours autant d'évaporé. Mais dans

tude,

il

la soli-

n'en est pas ainsi et l'ennemi vous reste

tout entier.

Vous

savez, cher ami,

combien

je m'in-

téresse à vos plus légères compositions.

Ce que vous m'avez envoyé de cadeaux mant,

c'était

était char-

une page détachée de quelque

écrit

de

Bernardin de Saint-Pierre, mais un peu effacée en la copiant.

Adieu,

mon

je

lis

cher Jules,

;

terminé

mon

Oreste

je

tous les objets en Dieu;

Nina

j'ai

m'occupe beaucoup de métaphysique, souvent dans Malebranche que nous voyons

voilé (276)

j'ai

besoin de

me

rappeler

pour croire tout à fait à cette doctrine. Mille

baisers pour vos enfants.

ALEX. SOUMET


L

CLXXX.

AUBE nOMANTinUE

— D' Alexandre

Décembre i840.

Soumet.

Paris.

mon

J'arrive à Paris, cher Jules, et était

249

de vous envoyer

premier soin

premier exemplaire de la

le

Divine Epopée (277), écrite sous l'inspiration de vos beaux vers; mais j'apprends des choses terri-

blement douloureuses, tellement horribles, que je ne puis aujourd'hui... je suis navré et indig"né. Je vivais

dans une

si

grande solitude à

la

Rochette que

je ne savais presque rien de toutes ces

qu'on voudrait

vous

me

iniquités

quand

toujours ignorer. Certes,

parliez, sur

mon

vos tristes pressentiments

grabat de douleur, de ,

je

les

mes espérances;

toute la force de

repoussais de

je ne pensais pas

qu'un pareil malheur pût jamais arriver à M"" de Rességuier ; je ne pensais pas que pût trahir à ce point

humaine Que de Dieu

la justice

la justice

!

nous souffrions, nous autres, sur la terre, nous l'avons mérité, mais Nina Il me faudrait vous écrire !

avec des larmes tout ce que je ressens; dites-le-lui bien de

ma

âme comme

part, dites-lui la

Votre

ciel.

que

les souffrances

sienne sont une affliction vieil

d'une

pour

le

ami.

SOUMET.

Moi,

j'ai

été

sauvé

comme

par miracle;

j'ai


L AUDE ROMANTIOUE

me mouchant, une grande

rendu, en

sang

caillé et j'ai

dont je n'aime que il

pu la

faire

imprimer

page où

quantité de

mon poème nom

est écrit votre

;

paraîtra dans quelques jours.

CLXXXI. [8

Vous de moi!

— D'Alexandre

Soumet.

mai 1841]. êtes souffrant, cher Jules, et souffrant loin et je

ne peux tous

pour reposer votre

jours aller vous voir

mienne, prendre

tête contre la

vos pieds sur mes genoux, toujours,

les

comme

autrefois,comme

quand nous ne serons plus séparés. Ne

nous reviendrez-vous pas ? Il y a des consolations dans mon cœur, j'ai tant souffert! Vous le savez. J'ai repris mon petit appartement de l'Arc de

Triomphe (vous comprenez que chez moi)

;

je ne suis jamais

je l'ai repris parce qu'il est sur le che-

min du Marais, de

ce Marais qui a servi

chants pour s'efforcer de vous engloutir. tais

aux mé-

Oh

!

si j'é-

près de vous, je vous dirais bien des choses et

des choses qui vous remettraient debout sur vos pieds, ai dit

comme

le

cadavre par

le

galvanisme. Je vous

bien souvent, Jules, vous croyez aux envelop-

pes; pour moi,je n'y crois pas; je ne crois pas surtout qu'un procès d'argent donne tort à la lettre. Cela vient peut-être de ce que j'en ai peur. Celui que

le


L AUBE nOMANTIOOE

Gladiateur (278) m'eût rapporté, je le donne aux Polonais, parce que j'ai à mon tour un procès avec

M"' Rachel (279) et l'on dit que la gloire sera médiatrice; moi je lui écris Mademoiselle, vous :

êtes trop chère à

renvoyer

vous garde.

et je

Adieu, Jules, notre grande Gabrielle est accouchée d'une petite

tement la

comme

fille

proclamée dans tout

la petite-fille

de

l'illustre

le

dépar-

auteur de

Divine Epopée qui a daigné consentir à voir

le

une phrase de M. Maréqui vous ressemble beaucoup. Vous savez que si les deux

jour à chal,

la Piochette. C'est

mon

imprimeur,

Sosies se ressemblent,

dres respects à

homme charmant

un

seul est Dieu!!! de ten-

M™^ Nina. SOUMET.

Tous mes souvenirs à votre passé

la

journée avec Albert

famille. ;

métaphysique. Son esprit est de

CLXXXXIL

la

lumière.

--D'Alfred de Vigny.

Mercredi, 27 avriH845.

A.

Nous avons

nous avons causé

JULES DE RBSSÉGUIER

Quatre vers heureux tombés de votre aile Quatre fois par jour disent leur chanson. L'heure de l'oiseau que l'aurore appelle Et l'heure où l'aiguière attend l'échanson,


353

L

AUBE ROirANTIQLE

L'heure où l'écolier quitte sa leçon, L'heure où le poète entend Philomèle. Ces quatre moments sur un air très doux, Ecoutent chanter quatre vers de vous. Mais, ni l'oiseau bleu, niché dans les arbres, Ni l'humble échanson qui lave un cristal, Ni l'écolier blond couché sur les marbres. Ni le rêveur calme, au rêve inégal.

Ne verront

passer au son des quatre heures Sur nos escaliers et dans nos demeures Un ami joyeux d'un temps que j'aimais, Un ami charmant qu'on ne voit jamais.

ALFRED DE VIGNY.

CLXXXIII.

— D'Alfred de

Vigny.

22 janvier 1846.

Regardez

la

date de ce

billet,

cher ingrat et re-

pentez-vous.

Je voulais vous l'envoyer alors et Ton ne savait pas chez vous où vous

étiez.

Je ne sais quel jour j'aurai sais

que

le

mes

premier fauteuil sera

le

visites

;

mais je

vôtre. Envoyez-le

chercher demain, aS, à midi, ou dimanche, 25. Voici votre consigne, cher ami, vous serez au centre; au pied de la statue de Sully, à laquelle je

dois envoyer ma voix, pour être entendu de toute la salle. Elle est

précisément en face de moi, en vous

parlant, je lui parlerai.


L AUBE ROMANTIOUE

Si vous êtes à l'Institut, à ii h. 1/2, vous pourrez choisir cette place, je gémirais de votre absence et je

vous chercherais des yeux; car je rappellerai

ce temps où se formèrent nos poétiques entreprises et

nos inaltérables amitiés. L'absence ne peut rien La mort y peut à peine quelque

sur la mienne.

chose, car j'écrivais hier à quelqu'un

:

Pichald est

un de mes plus chers amis. Tout à vous de cœur. ALFRED DE VIGNY (280). Faites-moi savoir, est ici;

il

voudrais

si

notre ami,

M. de Panât

(281),

m'a témoigné tant de sympathie que je le

savoir

CLXXXIV.

!à.

Du

IL Père Lacordaire (282;.

Paris, 7 février 1847.

Monsieur, J'ai

reçu des mains de notre ami

vicomte de Falloux(283), la lettre et

commun, le

goût ont eu beaucoup à se réjouir mais

il

;

dont cœur, y a de

les vers

vous avez bien voulu m'honorer. L'oreille, le

le

monde une

certaine vertu qui s'appelle, je

crois, riiumilité et

qui a bien, en cette occasion,

par

le

quelque motif de se plaindre un peu. Vous m'avez trop traité en orateur et pas assez en religieux. 16


i/aUBE nOMANTIOUE

254

Mais je renvoie

cette

ment

pour

du Jugemoment, je ne veux que vous remercier de votre bon et poétique souvenir, dernier,

et,

querelle au jour

le

sorti de votre cœur, qui est la meilleure des Muses, une Muse chrétienne. Je n'ai pas eu le bonheur de vous voir, cette année, à Notre-Dame vous avez voulu m'en consoler, c'est une bonne pensée. Soyez assuré, monsieur, que je sais tout le prix ;

de votre inspiration;

primez daus votre

me

ils

m'ont aussi bien touché;

rappellent ceux que j'ai coutume d'échanger

avec votre aimable

fils

près de

de

lui, l'org-ane

sieur, avec toute

ma

sentiments que vous m'ex-

les

lettre,

ma

Albert. Veuillez être, au-

mon

amitié et agréez,

mon-

reconnaissance, l'hommage de

haute estime et de

mon

admiration.

FR. HENRI-DOMINIQUE LACORDAIRE. Des Fr. Prêch.

CLXXX V. — D'Emile Deschamps. Paris, 12 février 1847.

Mon dire

cher Jules, que de choses vous

!...

Paris

;

et quels

me

faites

admirables vers vous envoyez à

notre cher Guiraud vous applaudit de tout

son cœur

et

de son

lit,

car

Alfred de Falloux a remis

il

est bien souffrant.

les délicieuses

strophes


l'aube romantique

à l'Univers les

;

c'est

255

bien leur cadre, et je reverrai

épreuves afin que l'impression soit sans faute

comme

le

comme le Père Lacordaire qui Bravo, mon cher Jules, jouissez de

poète et

vous a inspiré.

votre nouvelle gloire

!

Je veux encore vous remercier de

l'appui que donner à Paul Juillerat (284), qui vient d'envoyer aux Jeux Floraux une Idylle les Funé-

vous

allez

:

railles d'un oiseau, avec cette épigraphe

Il

est

doux de mourir dans

les

bras d'un ami.

Paul Juillerat voudrait un prix

à

me

Voilà

et le mérite.

bien des obstacles; mais vous êtes belle espérance. Je

:

là, voici

une bien

confie à vous. J'ai écrit aussi

M. de Panât. Hier,

j'ai

vu M"^ d'Aiguevives à un bal, nous et de Nina que ce bal

avons tant parlé de vous avait l'air d'une fête.

Nous avons vu Paul cela, c'est

encore vous...

à fait? Dites-le-moi

et

;

tout tout

vite.

Jules, Albert et sa

pas Aglaé

M™« d'Anglade Quand sera-ce vous et

charmante Marie n'oublient

votre ancien ami qui s'appelle

EMILE [dESGHAJIPS].


l'aube romantique

i56

CLXXXVI.^ De Lamothe-Langon

(280).

Ce 10 septembre 1830.

Pardon, pardon, cher Jules,

si

j'attends

un mois

tout entier avant de répondre à ta dernière lettre, si

bonne

bours

et

si

affectueuse;

te parlerait

pour moi

un

faiseur de

calem-

de sa double valeur; mais tu

fais

que j'aurais fait pour toi et sans que ma reconnaissance en diminue, je croirais blesser la délicate noblesse de ton cœur, par des remerciements a<i hoc. Si je ne t'ai pas écrit plus tôt, en plus j'avance en âge, plus voici la raison véritable ce

:

ma jeunesse par mes souvenirs, plus j'éprouve le besoin de me retrouver avec le peu d'amis qui me restent. Tu es de ce nombre, un des

je recule vers

plus aimables sans doute et

le

seul auquel je puisse

parler librement du chien qui nous a

mordus tous

donc je tiens à ton affection et à une correspondance de temps en temps, à laquelle je ne renoncerai que sur ta très expressive volonté ; car, pour que tu ne viennes pas à te dégoûter de notre commerce, je me suis juré de ne rempUr mes lettres que de ce qui pourrait te distraire, de ne prendre la plume que dans ces moments où^ dégagé pour peu de temps de ces traverles

ses,

deux, de

la

poésie

;

de ces inquiétudes qui

me

rongent, j'arriverai


1.

r.n'.î',MMUK

.\r-i'.;-

à posséder cette liberté

d'esprit

d'une

portable la lecture

lettre

207

qui rend

sup-

de trois pages

environ.

Hélas! Le mois d'août,

m'ont rendu g-uère le

si triste et si

le

début de septembre

désespéré que ce n'était

temps à choisir pour causer avec

au-

toi;

jourd'hui encore, je suis plus que jamais sous cette

puissance cruelle et désespérante et

si

je

prends

néanmoins

mon

projet,

c'est

le

parti de t'écrire contre

dans l'espoir d'échapper

J'accepte

cette excuse

à

moi-même.

comme bonne

et valable,

ne redoute pas surtout dorénavant, une autre entrée

en considération aussi ridicule, pardonne-la au désir

me

de

justifier et la

chose contée, poursuivons sur

un ton moins lugubre. Je commencerai par tre

m'a

te dire

instruit d'un méfait

ment coupable dès ;

mon

jour-là et

heure pour

que ta dernière

let-

dont je ne suis aucune-

sa réception, souffrant trop ce

fidèle

Acate étant parti de bonne

aller passer

lajournée chez sa mère

ce qu'il fait une fois par semaine, le dimanche ou un autre jour, — je ne voulus par attendre au len-

demain, à

faire remettre à ton fils, sa lettre; je la

remis à un domestique de quelques heures après naturelle

:

l'hôtel, je

et je lui

Avez-vous remis

monsieur, au portier,

le

ne

le vis

que

adressai la question

ma

lettre?

monsieur étant

Oui,

sorti.

Mensonge, archi-mensonge, puisque tu m'annonces


l'aube romantique

258 le

contraire. Certes» ayant, avec moi, en l'excellent

et parfait Acate,

un messager

gent, j'aurais regardé

de

la petite

et

néanmoins,

poste; je te je te

aussi zélé qu'intelli-

comme un

tort

me

de

servir

d'en être persuadé

prie

prie, d'être

clément envers

moi.

Une

des causes de mes contrariétés du mois der-

nier, et ce n'était pas à cre, a été

mon

mon

impossibilité, double

pouvoir aller aux eaux de

un

m'entraînait

guérisseur

avis la plus

médio-

aussi,

Wiesbaden

de ne

(286),

violent désir d'aller tenter

si le

également

faire

d'écrouelles pourrait

disparaître les rhumatismes goutteux et nerveux

assurément

si la foi

en ce royal docteur

opère des miracles,

la

est entière et n'exclut

;

mienne pas

l'es-

poir du succès.

Mon

Dieu, cher Jules, que

le

séjour de Wiesba-

den a bouleversé nombre de cervelles

immense il en comble

a et

produit il

!

Paris s'en est

!

Quel bien

ému de fond

m'est revenu de bonnes sources

que, dans les mauvais faubourgs,

il

en est résulté

des conversions immenses.

Nous sommes, à

cette heure,

dans

l'attente

qui se passera au retour du Président.

de ce

Un cafetier

engagé dans l'association du Dix-Décembre a dit à Emile qu'on allait l'enlever de l'Elysée, ce même jour, pour le conduireimpérialement aux Tuileries. Ce qu'il y a devrai, c'est que les troupes sont con-


KOMAXTIOUE

l.'.VL'nE

sig-nées et que,

25g

dans ce seul moment,

la liberté

de

course leur sera rendue. Je te le

donne

Président

cette nouvelle, sans en croire

est, ce

me

un mot

;

semble, bien mal entouré,

ou bien mal compris par son et les autres sont insensés

parti.

Il

est, lui, sag-e

je crois qu'ils le

;

com-

promettent.

La mort du duc Louis-Philippe d'Orléans

n'a

fait aucun une recrudescence de haine, non plus envers lui, mais envers sa mémoire, parmi le bas peuple; par-

bruit

;

tout ce

qui

tout on chargeait d'injures et

ou

portraits peints

laient par avidité.

g-ravés

que

en est résulté a été

même les

Non, mon ami,

de boue ses marchands étail

n'y a pas en

France un parti Orléaniste. Il y a, par malheur, des g-ens riches et puissants dévoués à cette famille mais, à part les boutiquiers qui la servaient et les g^ens employés par ceux-ci ou ;

par

elle,

on ne compterait point à Paris cinq cents

Orléanistes en boutique ou

bien ouvriers. Trois

seules couleurs fortement tranchées se

sur la masse rialiste

;

:

la

blanche, royaliste; la verte, impé-

la roug'e, celle

La mode de

des assassins de nos pères.

l'actualité, car

touche à tout, serait pour si

dessinent

en France

le roi

la

légitime;

mode il

incontestablement beau physiquement que

femmes en cent

raffolent et

voudraient

est les

que quatre-ving't-quinze sur

le voir.


l'aUBK nOMANTIQUE

26o

Oh! que nous

arriverait-il si lui aussi tentait

entrée dans sa patrie, sans

mais seul, à cheval, avec des amis, puis qui se joindrait au premier

une

guerres, sans armes;

nation

la

noyau? Que de

rêves

forme à son sujet Il est certain que tous ceux qui l'ont approché à Wiesbaden en sont revenus sous le charme invinsibîe de sa personne je parle des indifférents et mieux, de ses ennemis; aussi ces

je

!

;

derniers, maintenant, se taisent. Je ne puis croire

que son aspect ne

fût entraînant

puissance sur les

hommes que

;

c'est

une

la triple

si

grande

réunion des

charmes du corps, des beautés de l'âme et du droit de naissance. Voilà que je me sens prêt à pleurer !

Je sang-lottais en plein, voilà quelques jours, lors-

que, sur l'escalier de

ma

demeure,

je lisais à haute

voix, à trente auditeurs au moins, qui

me

l'avaient

demandé, le compte rendu, "pdiV l'Opinion publique, de la réception faite à Wiesbaden, aux ouvriers de Paris, par notre maître à tous.

Mon Dieu!

faites

crier à pleine g-orge

rons

!

Espérons

une certitude

!

que je vive assez pour pouvoir Vive le Roi. Espérons Espé:

!

Pour moi, mon espérance

et j'expirerai

est

en espérant.

A propos de mort et attendu que je suis ton doyen d'âge à l'Académie (287), je te prie, au nom de ce qu'il y a déplus sacré, situ me survis, ce que j'espère aussi, de te charger, non de mon éloge académique, mais de mon humble oraison funèbre.


l'aube romantique

261

Tu vois, cher Jules, que je me flatte que tu surmonteras triomphalement les maux plus cruels que dangereux qui t'ont amené aux eaux. Ta santé m'a toujours paru

excellente

que des incom-

tu n'as

;

passagères que tu

modités

vaincras,

reux D.

ne fût pas plus malade que

. .

toi

;

m'en malheu-

tout

répond; je voudrais bien que notre cher

et il

a de plus,

ce que certes tu n'as pas pour ton bonheur et celui

pour

de ceux qui t'aiment, une conviction épou-

profondeur

vantable de la

souffrances incontestables.

seraitmoinsen

péril.

Que

de

et

la réalité

je le plains,

qu'il est dig-ne d'être plaint et

Ces paroles à propos

de ses

pouvait l'écarter,

S'il

il

que je l'aime,

aimé!

de

P...

me

rappellent

naturellement au souvenir d'un autre ami qui nous est bien cher,

souvent

et

du pauvre Alexandre, que je pleure la mémoire ne me quitte pas. De

dont

encore à sa

lui

fille,

le

saut est court et

surtout

Que pourrai-je ne saches déjà? Tu connais sa

je ne voudrais pas en venir à elle. t'en

dire que tu

façon d'être du vivant de son père infortuné. Ses jalousies

Tu

d'auteur envers

serais bien

aimable

lui... si

tu

m'apprenais

les

projets de séjour à Sauveterre, à Toulouse, à Paris peut-être

;

car

il

faut que je t'écrive encore avant

peu, afin de te charg'er d'une commission littéraire

pour nos Jeux Floraux, tre

c'est la

remise d'une Epî-

à Delille (2SS), où jadis un mot de

toi et iG.

plus


262

l'aube romantique

à Soumet, où tu seras bien plus

tard, d'une Epître

maltraité encore,

du moins en longueur.

Adieu, adieu, bien cher, très cher ami, je t'embrasse et suis pour la vie ton ami dévoué.

DE LAMOTHE-LANGON.

CLXXXVIl.

De Lamothe-Langon.

Paris, ce samedi 26 octobre 1850.

mon

J'attendais,

cher Jules,

la

lettre

que tu

m'annonçais, d'abord pour y répondre et secundo afin de t'annoncer le départ du volume de Job, troqué contre celui de oubli qui

me

ne venant pas

me dit

me

à t'expédier

Tu

parles pas.

ne sachant quand

et

détermine

volume.

œuvres dont, par un

tes

peine, tu ne

elle

lettre

directement

le

sus-

reconnaîtras en ceci l'auteur tou-

jours amoureux de critiques éclairées, réalité,

La

viendra, je

dit-il, et

n'espérant que des élog-es, auxquels ne

en fait

jamais faute l'amitié indulgente. Voilà le cœur humain et ses faiblesses ordinaires; je

gage que tu

me

traiteras

en conséquence, tu loueras naire, certain de

Eh

bien!

mon

me

en homme de mon discours

lettres

;

prélimi-

charmer.

ami, tu

te

tromperas pleinement!

Accoutumé dès mon enfance par mes intimes les plus aimés, par mes parents les plus proches, à ne


263

L AUBE nOMANTlQUE

pas être critiqué, par peur d'être quelquefois

oblig^é

de m'encenser, ce qui leur a toujours été insurmontable et

;

ma

mère, mes oncles

et tantes, les

cousins

cousines yermains y compris, ma femme, mon ma fille, Paulin de Bégué, Marins de Voisins,

fils,

Paulin de Panis et tutti quanti, avaient pris et ont g-ardé l'habitude

de ne jamais

me lire aussi consme dire, ni en bien, ;

ciencieusement ne pouvaient-ils

un mot

ni en mal,

côté,

relatif à

mes œuvres; donc, de

ce

silence complet, c'est-à-dire, désapprobation

absolue. Je n'ai donc eu à faire qu'aux étrang-ers»

Là, attendu que, de

ma

vie, je n'ai

mis

le

pied dans

un bureau de journal, ni n'ai parlé en aucun lieu du monde à des gazetiers, de qui les visages me sont

même

inconnus; qu'en outre Dieu est témoin

que jamais, non plus, blanches, j'ose

je n'ai écrit,

des amis, des articles à

que j'en

ai tant

ma

écrire par

congratulation, ainsi

barbouillé pour Soumet, Guiraud,

Marchangy, Millevoye, Jouy et

de mes mains

le dire, ni dicté, ni fait

et

nombre

d'autres,

sur leur propre bureau, par peur, disaient-ils

franchement, de

que je ne

leur valeur.

mon peu

d'habitude de la chose,

ou au quart de Marchangy, par exemple, n'étant ja-

les

louasse qu'au tiers

mais content d'autrui en ce qui

le

concernait, avait

coutume prudente de refaire en entier mon article sans en conserver une syllabe et lorsqu'il s'était élevé plus haut que le septième ciel, il me la


l.AIBE KOMANTigUK

afî/}

du jugement

remerciait, en présence d'étrangers,

consciencieux —

coutumière

son expression sacrée

c'était

que

mon

équité,

et

quoique sévère,

œuvre dernière. connu de bien forts,

avait porté sur son Certes, j'en ai

mais

tre nous,

soit dit en-

Mes Mémoires

lui enlevait la paille!

seront curieux à son sujet.

Or donc, ton ami celui qui t'écrit ayant été peu loué, mais seulement n'ayant eu à faire

très

qu'à des journalistes irrités de ne recevoir ni ses prières très humbles, ni ses présents, ni les solli-

m'a toujours man-

citations de la coterie, car elle

qué, attendu que je n'ai mis les pieds en aucun salon depuis 1825, pas

même

dans

a été

le tien,

sans cesse accoutumé aux critiques qu'il a

— par

et ceci est réel

encore

ment. Ne

épargne pas,

s'il

les lui

a péché contre

flagelle

rig-oureusement

science, d'histoire, de

les

sois

fautes

passionné-

mon excellent

lang-ue,

la

aimer

fini

Jules,

impitoyable,

de

goût, de

mœurs, sans craindre de

le

courroucer; pour sa part, plus tu seras sévère,

mieux tu

Tu

lui paraîtras

juge intègre

et parfait

ami.

sauras, et ceci a son inexplicable surprise, que

e dit discours préliminaire n'a reçu dans près de quarante à cinquante journaux que des flagorneries

à perte de vue; ce qui, vu la rareté du

fait

première

l'a si fort

et

dernière fois sans doute

épouvanté que,

le

jugeant rempli de sottises

la

et d'à-


205

l'aUUK ROM\NTIOUr.

neries, ]e

me

suis senti saisi

du

désir de le relire,

de mieux l'apprécier; mais comme,

afin

autre de

mes

selon

leur mise au jour,

mes œuvres

aussi la plu-

ma mémoire, ma règle. Je t'en

part sont-elles sorties en entier de

déroger à

je n'ai pas cru devoir laisse

donc

le soin, te

prévenant de ce concert d'é-

presque tous venus d'ignorants,

log-es,

qui,

sont à

mes yeux,

mes de nos

un

usag^es solennels, je n'ai pas lu, depuis

les

tels

quatre-vingt-dix-neuf centiè-

gazetiers modernes,

me

fait

craindre

beaucoup d'être descendu à leur niveau en républicanisme, socialisme, démocratisme, hugotisme, ce qui et mes yeux est la même chose. Pardon! Si ton amitié t'aveugle à l'encontre de ce dernier; je n'ai, quant à moi, pu jamais séparer, comme je l'ai dit

en vers,

appréciation

la

conduite d'un auteur, de

de ses ouvrages.

Il

mon

en résulte que

Hugo, ennemi de mon Dieu, saltimbanque sonore... oh! Jules, jusques où l'orgueil vous fait-il tomber Si follement on n'eût pas mis par mode, sur !

le

pinacle,

défaire

un auteur de huitième

ordre, incapable

non un plan achevé, mais même de nouer

une intrigue, on ne

l'aurait

poussé à se perdre de

lui-même.

Examine seulement Notre-Dame de Paris ; il v a une exposition qui, dans la première édition la se:ile que je connaisse, finit aux quelques vingt

premières pages

et est

un dénouement qui

saisit le


206

i/aVBE ROMANTIOt.E

précédent

mais de nœud, d'action intermédiaire,

;

cherchez-les, Jules,

n'y en a pas vestige. Voilà

il

que, pour expliquer un nom, je liste!...

Je

me

fais

journa-

de l'entraînement.

fi

te désire

mienne; je

meilleure santé que la

continue à garder

à hurler et à soufFrir.

le lit,

notre digne

la très Sainte-Vierg-e et

Que

bienheureuse

Germaine de Pibrac (289) me soient en aide !... propos, sais-tu où en est la canonisation de cette dernière? Est-elle avancée ou terminée? Ta

A

femme

ang-élique doit en savoir quelque chose.

Depuis

3 courant, je suis sans nouvelles

de demain, bien que je lui aie écrit il y a dix jours. Je tremble toujours que ses maux n'augmentent; au nom du ciel, ne lui parle même pas en plaisantant de ce que je t'ai conté. A le

Paulin; je

lui écrirai

me ferait des reproches sans mon sang plutôt que de l'ir-

la pag-e

première,

fin et je

donnerais de

riter

une minute

il

et

surtout pour

si

peu de chose.

Les journaux d'avant-hier ont dû gnie en pleine Cour d'assises,

Procureur du

ment ques

te faire part

royale remportée par Jeanne et

^a victoire

roi,

de

le qualifierai-je,

et les

la

contre

le

de

Compacitoyen

république, impérial, com-

touchant les lignes monarchi-

légendes idem, qui avaient tant

irrité le

Parquet, très accoutumé à condamner en sens inverse.

Vive

Ah

!

c'est

la Ligue

!

bien

qu'on crie

:

Vive

L'acquittement du jury a

le

fait

Roi

!

battre


l'aube romantique

267

des mains en plein Palais. Les accusés, avec raison

innocentés par sont

sortis

le

jury, avec plus de raison encore

environnés d'une manière d'ovation

dans plusieurs faubourg-s et à nombre de barrières ce fait, qui prouve si bien la pensée du pays, a ;

occasionné avant hier-soir des fêtes henriquinquistes. '

oût Il

Ah! que

et

des libations

peuple a mauvais

ce

!

vieux au moderne; décidément

préfère le

prog-rès est

Adieu,

d'âme

un

mon

et cela,

le

recul

cher ami, tout à

sincèrement

et

de cœur et

toi,

chaudement.

DE LAMOTIIE-LANGON.

CLXXXVIII.

De

J/°^«

Pauline Dachambge.

Paris, le 2 septembre I80I.

Depuis bien longtemps, j'éprouve

le

besoin impé-

rieux de vous écrire, cher, toujours cher monsieur

de Rességuier, et je n'osais pas allait,

!

Je

me

disais

ne se souvenant plus de moi, ne pas

:

me

s'il

ré-

pondre,... ce serait aller au devant d'un chagrin; car moi, je lui ai conservé une sincère amitié.

Pourquoi ne puis

je aujourd'hui

résister à

ce

désir affectueux? Je l'ig-nore, mais j'y cède et je

viens vous

demander

(si

je ne suis pas tout à fait


l'aube romantique

268

oubliée), je viens flemander à vos souvenirs quel-

ques mots amis qui

de

et

celles des

me donnent

de vos nouvelles

amis qui sont près de vous.

Je vous parlerai peu de moi;

ma santé m'est ma sœur!. ..je

aussi hostile que la vie; j'ai perdu

ne

fais

que pleurer; plus de romances, partant,

plus de ces larmes poétiques qui faisaient du bien et tant

de mal après.

Je ne vois pas une

âme

et d'ailleurs aujourd'hui,

peut-on connaître quelqu'un? La terre

n'est-elle

pas un tohu-bohu inexplicable? Je sais pourtant

que votre Albert (290) est député quand je lis dans mon journal qu'il a parlé à la Chambre, du fond ;

ma

de

cette

solitude, je suis tenté de m'écrier,

femme de

J.-J.

Rousseau

comme

tais-toi, ils

ne

te

comprennent pas. Un cousin à moi, M. D..., après nous avoir complètement ruinés par sa mauvaise gestion sur notre habitation de la Martinique et

y avoir, à nos dépens,

fait

sa fortune personnelle,

vient de mourir dans votre ville de Toulouse, lais-

sant tout son bien à ses enfants naturels, six petits

mulâtres, de trois mères différentes.

Non

seu-

nous a ruinés, mais nous verrons le nom de D..., si honorable et si honoré dans le passé, lement

il

porté par six mulâtres. Voilà res,

Si

de

la civilisation et des

M™® de Rességuier

le

progrès des lumiè-

mœurs.

se rappelait

mon nom,

ah! demandez-lui une prière pour moi, que Dieu


269

l'aube romantiql'k

m'accorde elle sera

la résignation, elle est si

bonne,

sainte,

si

exaucée.

Adieu,

si

ferez bien de

vous ne

me répondez

pas, vous

me

la peine.

PAULINE DUGHAMBGE.

CLXXXIX.

— De Lamotlie-Langon.

Paris, ce samedi IS

décembre 4852.

mon

Je ne te reverrai donc plus,

que dans

la

cher Jules, moi,

fortune inflexible attache impitoyablement

le cercle

de l'enfer parisien.

Tu

adieu, sans retour, à cette ville dont

as

donc

dit

tu étais l'une

des gloires et l'un des plus gracieux ornements? Ilélas! Je

ne peux, quel chagrin que j'éprouve de

ne pouvoir plus l'embrasser une

dernière fois,

joue à joue, dire que tu as tort. Je mentirais à conscience, opposée à est préférable

mon intérêt.

en nos jours

si

ma

Oui, la province

incertains et

si

chan-

geants, où la vie spécnlative, où la faim et la soit

des places, pousse à tant d'apostasies, ou à des intrigues

si

misérables! Cependant,

clamer hautement, surpateur Egalité

le

il

faut le pro-

règne sale et rampant de

— dit

d'Orléans

n'a pas

de nombreuses défections dans l'ordre de blesse française.

nées qui

On compte

ployèrent sous

la

l'u-

vu no-

facilement les familles le

joug humiliant de


L

AUBB ROMANTIQUE

ce jacobin habillé en prince et qui lui sacrifièrent

l'honneur de leur tres.

nom

son trône brillant

avait réuni autour de

et militaire

considérable de nos pairs. celui-là, sans trahir

de leurs ancê-

et la fidélité

Assurément Napoléon

une foule autrement

On

pouvait

son passé; car

chassé nos monarques.

Mais,

il

après

servir

le

n'avait pas

tout a

lui,

chang-é de face, la lég-itimité a reparu peu à peu;

ceux qui avaient été emportés par

le flot

dég-agés de leur serment

prêté, par la

grand homme,

de son

à

la

soit

par

fils,

mort du

se ralHèrent

race aug-uste servie par leurs pères et firent ce

pas avec indépendance pas

celle

impérial,

ma

et

bonheur... Je ne poursuis

phrase, ton cœur, poétique ami,

la

com-

plétera facilement.

Que

fais-tu,

maintenant, lorsque tu peux échap-

per au tourbillon de tes affaires privées? Cultives-tu encore

le

laurier

Prosaïquement,

accoutumé à s'arrondir sur ta te dirai-je ici, fais-tu

jours des vers? Ce travail

t'a

tête ?

encore et tou-

rapporté tant de vrais

succès que tu serais ingrat de l'abandonner et injuste envers sir; je serais

le

public qui te lisait avec tant de plai-

curieux de

le

savoir?

Quant à moi qui depuis long-temps n'avais ouvert ma bouche pour ycadencer quelques lignes rimées, je me suis surpris hier, avec un profond ébahissement, à écrire à Mariette, en cette langue que nous, classiques, appelions jadis celle des Dieux, et à


L AUBE HOMANTIOUE

laquelle je ne sais quel

nom

on donne aujourd'hui. A propos de poésie, cela

et quelle qualification

me ramène aux

poètes

;

à notre tant cher et tant regretté Soumet, aujourd'hui couché sous une pierre muette quoi foule d'amis qui l'environnaient à Paris,

parmi la parmi ceux

qui sont encore dans cette

elle-même,

;

ont cessé de

le

ville,

sa

fille

!

rappeler au public.

Je n'imprime plus, aussi ne puis-je rien pour sa

mémoire actuellement mais sois assuré que mes Mémoires, ou, pour mieux dire, ceux de mon temps lui consacreront de nombreuses pag-es. Je crois ;

que^ de tous le

nom

silence;

et

mes contemporains, je les

faits

et g-estes

serai le seul

seront passés

dont sous

mais M"*^ de Genlis, Chateaubriand, Ale-

Dumas et tutti quanti m'ont donné une si bonne leçon que je n'aurais garde de me détruire moi-même. En quel mépris, en quel abaissement, les Mémoires de ces deux derniers Moi majuscules xandre

les ont-ils fait

descendre?

Le premier des deux a consommé par cette œuvre stupide dans sa conception tout le mal que son orgueil incroyable avait

fait

auparavant à cette

royauté qu'il disait tant aimer. L'indigne Chateaubriand, je répète l'épithète qui t-il

lui

convient, n'a-

pas essayé, dans cette œuvre misérable, de pure

vanité, de flétrir au profit de son ridicule

amour-

propre, la candeur de l'auguste sœur de notre roi?


L AUBE BOMANTIQUE

27:4

Si tu l'as

il

déroule

les

sans pareilles par

conversations politiques et

de son séjour à Prag-ue. après que S. M.

g^alantes

X

Charles

relis les lig'nes

oiiliiié,

lesquelles

se fut réfug^ié, avec sa famille,

dans

le

château impérial de cette résidence. Relis-les

dans

textuellement.

Il

la Presse,

serait possible

elles furent insérées

que

la famille

de cet

homme à bonnes fortunes surannées, qui en roucomme moi, les eût fait rayer de l'édition en

girait

volume. Ses Mémoires nous montrent ensemble chez

un

esprit faux,

un besoin furieux de

lui

tout immoler à

soi-même, une tension incessante à produire, à cha-

que membre de phrase, un pénible Si je traite

dont j'admirai

ici

effort.

avec tant de sévérité un

les œuvres tant qu'il

un homme public, juge de ce misérable Victor

ce

homme

ne voulut pas être

que je dois penser de ég'alement chaque

Hugo perdu

jour un peu plus, par

la

rage qui

saisit

presque

tous les littérateurs de notre époque de se poser en

gens d'Etat. Que ne restent-ils gens de lettres?

en auraient une réputation plus et

de plus vrais avantages. Ce plat g-redin

vicomte Hug-o, pair de France, par lité

IP du

nom

;

il

la

le

grâce d'Ega-

que de rôles nous l'avons vu

jouer! D'abord, enfant exalté

Ils

belle, plus pure,

sublime,

il

fut royaliste

acheva, dans son intérêt, un peu plus tard,

de bâtir solidement l'édifice delà camaraderie, élevé


l'aube PiOMANTIQUE

par Charles Nodier sur de Voltaire. Dès

les

lors, chaque

278

fondements inachevés mois il eut une opinion

myomal com-

nouvelle, cervelle vide, esprit étroit et d'une

cœur d'épongé; à la fin, il a mal vu, incapable comme Lamartine d'enceindre un vaste horizon; car l'œil d'aigle manque à chacun ; il crut, en février i848, au triomphe de

pie et d'un pris,

la canaille

barbare ; preste donc,

perdu parmi

se jeta à corps

il

les

renia son passé,

misérables et

le

voilà aujourd'hui pataugeant avec les plus vils de le sang et les excréments. tomber encore? Ce coquin qui, dans sa proclamation, nous voue au supplice s'il rentre avec le pouvoir, dans quel abîme, dis-je,

la

bauge, dans

la

Dans quel abime

boue,

peut-il

plus profond, plus noir, plus suspect pourra-l-il se précipiter plus tard?

Lorsque vous l'adoriez tous, bonnes gens, cœurs modestes, vous tous qui valiez mieux que lui, il ne m'a jamais trompé; j'ai vu toujours en lui le poète manqué, un quart de génie sans aucune invention, ayant besoin faire

de

l'effet.

du hideux, du

Grâce à Dieu,

de venin dans son ventre rien de passable et

il

;

il

il

cruel pour

ne doit plus y avoir ne pourra désormais

ne sera dorénavant, pour ses

prôneurs détrompés, qu'un rimeur bizarre, échoué sans retour sur féroce bassesse, car, quelle

les écueils

du

infâme

de l'impuissance, de la

vice et de la lâcheté vie

que sa

;

vie privée

ami du vice, !


l'aube romantique

274

Oh

mon

!

Jules,

mon

ami,

vieil

que

les vrais

royalistes sontplus solidement trempés, rien d'am-

du marchent sans préoccupation orgueily leuse et si la foule ne parle pas d'eux ou ne court pas après eux pour contempler leurs traits, le public réel les aime, les honore pendant leur vie, les pleure et les rend immortels quand ils ne sont plus. Tel

bitieux ni de vain ne les détourne de la route

devoir

;

ils

est, tel sera

pas fléchi

ton sort, et tu

les

le

mérites, toi qui n'as

genoux devant aucune

idole éphé-

mère.

Oh! cher, que notre imag-ination est appelée à bon titre, la folle du logis Ma pensée au début de !

de te souhaiter une heureuse année que je suis arrivé assurément à un but tout autre. J'ai cédé aux caprices de mes souvenirs

cette lettre était et voilà

de ton imagination qui

et

chefs-d'œuvre

et si je

ne

t'a fait

saisis

pas

créer tant ici

de

l'à-propos

d'un rappel de mémoire, à quel instant pourrai-je

au désir de

satisfaire

Ce que

de

le délier

mon cœur ?

je n'ai pas osé faire en pauvres rimes

envers Marins, meilleur prosateur que poète, je garderais bien de essence.

de

Tu

me

grondé plus

me

tenter envers toi, poète par

rirais trop

la folie qui

tant

le

de

ma

porterait à

faiblesse et surtout faillir

après

haut l'amour-propre

confrères. C'est donc, par

bon

sens,

avoir

de mes

que sans

ritures quelconques, je te ferai platement,

dans

fio-

les


l'aube romantique

termes ordinaires employés par

275

paysans,

mes

te la désire

donc

les

compliments de bonne année. Je

Mes vœux

excellente et suivie de plusieurs autres.

s'adressent à tous ceux qui te sont chers. J'ose

même, sans

être

connu de madame

la

comtesse de

Rességuier, dont je crois avoir l'honneur d'être un

madame

peu parent, par aussi

lié

avec

toi

par

les

sa mère, ainsi que je suis

de Ribbes,nœuddesang-et

d'une longue amitié, j'ose, dis-je,

te prier

comme disaient nos mon respect, les vœux l'hommage de à

ses

que

je

pieds

forme pour son bonheur,

de mettre pères

sincères,

le tien et celui

de

vos enfants.

Ce devoir rempli, à mon contentement extrême, je vois

que

à sa fin, que

le

jour baisse, que

ma main

le

papier touche

endolorie m'avertit de

écoutant d'ailleurs une voix secrète

me

finir,

disant tout

bas que longue

lettre ennuie et que plus on la mieux on plaît à qui doit la lire, je me soumets; une autre fois, je t'en dirai davantage, puisse celle-ci te trouver en bonne santé. Cette certitude me rendrait heureux et me ferait, si tu mêla donnais, commencer le nouvel an sous

fait

courte,

de riants auspices.

Adieu, cher Jules, à

toi

toute

ma

tendresse

et

amitié reconnaissante, ton souvenir est toujours

dans

mon

mes

lèvres.

cœur, ton

nom aimé

très

souvent sur


l'aube romantique

276

Adieu, adieu, encore une

fois

tout à toi, je te

chéris tendrement et je t'embrasse de

même.

DE LAMOTHE-LANGON (29 1).

CXC. Versailles,

Mon

H

D'Emile Deschamps.

février

cher Jules,

Je vous écris avec

pauvre femme, ce

1835, dimanche.

ma

matin, pour

le

le

courage du désespoir.

chère Aglaé, vient de ciel,

me

Ma

quitter

sans maladie déterminée,

sansaçonie, après un accès d'oppression de poitrine

dont

elle souffrait

depuis longtemps.

Je suis un pauvre déraciné, battu par tous

les

vents du malheur. J'ai

pleuré bien souvent vos larmes, pleurez les

miennes,

mon

cher Jules,

et

que Nina prie pour

pour lundi, n'est-ce pas? Pauvre Aglaé, elle vous aimait tant vous tous

elle; c'est

dites

mon

;

désespoir à Paul, à Albert, à Charles, à

tous!

Et dites-moi que vous êtes heureux tends pas d'autre bonheur; mais,

il

!

Je n'at-

peut encore

être bien grand.

Je

suffoque, je succombe, mais je vous aime

bien avec ce pauvre cœur brisé.

Pardon de ces déchirements. Je ne

sais

où j'en


L AUBE ROMANTIQUE

suis

mais

;

hélas

I

ma pensée est

277

au milieu de vous; hélas

!

C'est fini (292).

Votre EMILE DESCHAMPS.

CXCI.

De Berryer

(agS).

Dimanche, 12 novembre 1858.

Monsieur et bien cher ami, Pardonnez-moi d'être demeuré si longtemps sans répondre à votre tout aimable lettre deux voyages que j'ai faits en grande hâte depuis que ;

je

l'ai

reçue et

les

continuelles

occupations

et

préoccupations que vous savez ne m'ont pas laissé assez libre pour user des

moments au gré de mes

aiTections et vous remercier à la fois de votre bien-

veillant souvenir et

me donnez

vous

des rassurantes nouvelles que

de notre

bien souhaité causer avec

si

cher Falloux. J'aurais

lui

de notre grand pro-

cès, aussi d'aller à l'audience avec

sées

;

que nous sommes appelés à rentrer en nous n'y ferons pas faute mais le re-

voici

carrière g-ret

mes seules pen-

;

;

de ne pas recevoir

les inspirations

de cet ami

redouble en moi. C'est du moins un g-rand secours

que l'assentiment et l'encouragement venus d'amis tels que vous on prend confiance en soi-même à ;

se sentir en intelligence avec de tels esprits et de si

nobles cœurs.

n


l'aubb romantique

278

Dites donc à Falloux lire

certaine

lettre

que je désire beaucoup de lui dont on m'a parlé, au

promenades impériales dans les champs de Bretag-ne et de la façon dont un prince de l'Esujet des

glise a courtisé le triste aA'enturier.

monsieur

Veuillez,

ami, recevoir, avec mes

et

remerciements, l'expression bien sincère de cordial attachement et distribuer autour

mes hommages, Tout à vous

mon

de vous

amitiés et compliments.

BERRYER

CXCII.

D'Emile Deschamps.

Versailles, janvier 18G1.

Pourquoi parler de cinquantaine Là, dans le plus coquet des nids

Amener avec leur futaine Monsieur et Madame Denis Doux

?

?

regard, aussi doux langage,

Telle est Nina, toujours elle a

Des

petits enfants...

mais je gage

N'est point grand-mère pour cela.

Et Jules qui jamais ne jeune vers divins, d'esprit charmant, Jules n'est pas vieux seulement, Voilà... quelque temps qu'il est jeune.

De

!

Vous voyez, cher

Jules, à quels délicieux vers je


L

AUBE ROMANTIOUK

î79

mal C'est ^1""= E. D qui a bien voulu m'en donner une copie, c'est elle qui veut bien protég-er les miens jusqu'à vous. Je suis très malade mes vers vous le diront assez, sans que ma prose le rabâche. Vous, cher Jules, chère Nina, chers tous, soyez bien portants et heureux afin que j'aie encore de la santé et du bonheur. Je vous embrasse de tout mon pauvre et tendre cœur ainsi que vos trois fils, qui ne valent pas mieux que vous, mais que personne n'ég-ale. réponds

si

!

;

Il

me

reste juste la force de

tomber aux pieds de

Nina, j'en profite avec enthousiasme. EMILE [deschamps].



NOTES

(1)

Uq grand

oncle de Jules de Rességuier,

Re.sséguier, mérite une mention à part. Né

le

chevalier de

le

23 novembre 1724,

au château de Secourieu, propriété de son père, près de Toulouse,

il

à

entra dans l'ordre de Malte.

Mme

contre

de

la Bastille et

à la liberté l'ordre.

il

Pompadour au château

le fît

quatrain qu'il écrivit

fort de Pierre-Encise à

se distingua

Lyon

comme commandeur

mourut à Malte, en 1797,

Il

Un

enfermer de longues années

la veille

;

rendu

et bailli

de

du jour où Napo-

léon devait détruire la célèbre société en s'emparant de lile.

Le chevalier de Rességuier a laissé de nombreuses poésies le Mercure de France et un roman à clef: le Voyage d'Amalhonte. Voir Reoue des Pyrénées, tome IX,

parues dans

1807, pages 431 à 431. (2)

Philippe Vincent Poitevin-Peitavî, né

le

19 janvier 1742,

du Vent, mort dans la même ville le 20 novembre 1818. Jules de Rességuier prononça son éloge à l'Académie

à Alignau

des Jeux Floraux

la

le

12 février 1821.

Voici une lettre écrite par Jules de Rességuier pendant

(3)

campagne d'Allemagne

louse

à son frère Adrien, resté à Tou-

:

Elbing', le a8 avril 1807. « C'est

réponse à

au delà de

ma

lettre

la Vistule, mon cher Adrien, que je reçois ta d'Augsbourg. Lorsqu'on se trouve être éloigné


l'aube romantique

282

de son pays, de sa famille, il est bien doux de recevoir des nnarques de souvenir de ceux qu'on aime el je goule ce jdaisir pcul-ètre mieux

que tout autre.

Avant de passer

nous avons été presque toujours fort bien, et devant un mauvais dîner, mais le plus souvent dans de bons châteaux où la comtesse et la baronne nous recevaient jiarfaitement. En Pologne, tout est bien différent. Vous demandez Ghliba, du pain, on vous répond Niema, il n'y en a pas si vous demandez Wodu, de l'eau, on répond tout de suite, Sara, sara, voilà tout ce que l'on peut en tirer. On est moins mal dans la vieille Russie et comme nous juiçeons par comparaison, depuis que nous sommes à Elbing, nous nous trouvons à merveille. Je suis fâché que lu te sois séparé des vingt-cinq louis qui te restaient. Depuis que nous avons quitté l'Italie, nous sommes logés el nourris chez l'habitant el, à la rigueur, je n'ai pas besoin d'argent. Si j'étais fait prisonnier, quelques louis cachés sur moi pourraient me procurer des ressources, mais c'est trop incertain pour que je n'eusse pas désiré que l'argent que tu me destines fût resté à Toulouse, puisque dans ce moment tu n'en as pas beaucoup àjla disposition. Je ne fais presque pas de dépenses et avec le peu d'appointements que nous avons touchés, je ne me suis jamais trouvé sans un sou. Ainsi, mon bon ami, garde les vingl-cincj louis, si tu es encore à temps et à la paix ou dans un moment plus favorable, tu m'en feras passer. Je n'en jouirais pas avec plaisir, je te l'assure, sachant que cela peut avoir dérangé un instant le pelit ménage, une privation me coûte si peu. Adieu, mon cher Adrien, je vais remercier Amélie de tout ce que tu me témoignes pour elle et de ce qu'elle me dit elle-même Je me répète souvent, mais je ne saurais trop te redire que je t'aime du meilleur de mon cœur l'Oder,

plusieurs fois sur un

lit

de paille

:

:

:

;

.

RESSÉGUIER.

A

Postdam, Grande Armée, ou

bien, a3« régi, division de cava. général Lassalle, à la Grande Armée. Mille choses à ma tante ; en France, vous avez le beau temps et sa santé va devenir bonne dis-lui de ne pas venir dans ce pays-ci, car nous voilà à la fin d'avril et il fait autant de froid qu'à Toulouse lerie légère.

M.

le

;

au mois de janvier. Roger est maintenant du nombre de ceux que j'embrasse.

L'armée

est

rempUe de

mes camarades

;

j'en

rencontre

sans


l'aube romantique

a83

cesse, tu peux dire à Aimé, après l'avoir embrassé pour moi, que le pauvre Friquet est fait prisonnier. Il me semble difficile de te dire mais il y a ce qui fait que le premier argent n'est pas encore arrivé des officiers qui, en Italie, par la poste, ont éprouvé des retards ;

plus considérables. J'ai passé, il y a quelques jours, à Marienverder, conduisant un détachement j'y ai trouvé le jeune Gajac, qui m'a traité comme un ami donne à sa famille de bonnes nouvelles sur son compte. J'ai vu dans la|mêmc ville un parent deM"° de Bélisson qui est aussi dans les gendarmes d'ordonnance. J'éprouve combien on est heureux d'apprendre des nouvelles des siens et je me serais repenti de ne pas avoir rouvert ma lettre pour te parler d'un compatriote qui m'a très bien reçu, puisque par là, sa famille sera peut-être heureuse si tu as Je parle déjà comme si ma lettre dele moyen de lui en faire part vait te trouver à la campagne, c'est très possible. Adieu, je t'embrasse encore et je t'aime de tout mon cœur. La lettre que je t'ai écrite de Berlin t'a appris que nous allions directement aux avant-postes et nous sommes en attendant, tous les jours dans l'attente. L'Empereur a passé la revue du régiment au quartier général et il va, dit-on, venir à Elbing pour passer celle de toute notre divi;

;

.

sion. » (4)

A

la

mémoire

de mes amis et de mes maîtres les deux Alexandres languedociens Alexandre Soumet et Alexandre Guiraud, tous deux frères de cœur et de génie.

Dédicace des Essais Dramatiques par

le

comte Gaspard

de Pons. Paris, Librairie Nouvelle, 1861, iii-12. (5) Ed. Biré, Victor Hugo avant i83o. Paris, Librairie Académique, Didier-Perriu et C'c, 1902, in-12. (6)

Théodore de Barhoi, Eloge de M.

le

Comte Jules de Res-

séguier. Académie des Jeux Floraux. Toulouse, Imprimerie

Douladoure, 18G4, in-io. (7) Dominique-Samuel-Joseph-Philippe Bruiiet de Castelpers, vicomte de Panât, né à Toulouse en 178G, mort en 1860, Mainteneur aux Jeux Floraux en 1821, puis, plus tard, Secrétaire

perpétuel de cette Académie. Le vicomte de Panât tut succès-


284

L Al BE ROMANIiytJE

sivement Auditeur au Conseil

d'ambassade,

d' Etat, secrétaire

du Gers. (8) G. du Gabé, /iéponse au R P. Caussetie, qui prononça l'Eloge de Jules de Rességuierà 1 'Académie des Jeux Floraux. préfet et enfin député

Recueil de l'Académie. 1864. (9)

Dans

le ciel clair,

Tandis que l'air Sur la fleur glisse

Avec

délice,

Au doux parfum Ou qu'importun le ciel

Contre

le

Cœur ;

brun,

chêne

Il

se déchaîne,

Je

lis les

Ou

de Victor Qui n'a qu'un tort, C'est que sans règle Il vole en aigle, Et qu'en tout temps chante,

il

tonne,

Et nous étonne Feuille d'automne. Fleur de printemps.

C'est

De

du

Muse

entendre

d'or.

A

reconnaît son courage

Au

loin sa ilamme Que j'aime tant De cœur et d'âme

D'étudier

!

Et Belmontet

Au On

:

d'Isaure

ciel

encore

dit

L'air qu'il chantait.

Et ce Latouche Oui va blessant caressant,

Charles Nodier,

De Et

L'écho chéri

:

De ma Qui

Palestine

Toucha le

bord Thabor, le

;

EmbelUssant Tout ce qu'il touche.

tout relire.

Ou Lamartine Sa nef latine

;

Esprit jetant

Ou

délire

d'autrefois.

à la voix

Naïve et neuve. Et Peyronnet Que dans l'orage

On

chants

Purs et touchants Des d(>ux Deschamps, Ou de Beauchesne;

Il

fit

Sa lyre

Puis Sainte-Beuve,

Près du calice

Dans

Nous

;

Triste et plus tendre,

retraite

me

répète

La voix poète De Saint- Valry.


l'aubk komantiouk

285

Jules Lefèvre,

Notre Berryer,

Qui, nuit et jour, A sur sa lèvre

Comme

Un

Cœur

un guerrier

Bouillant et brave

chant d'amour.

;

éloquent.

Lançant sa lave

Comme un

Ce jeune cygne, Alfred Musset Partout on sait Le vers qu'il sig:ae.

volcan.

:

Le feu, l'image, Le mouvement

De chaque page De Nettement

Et Saint-Félix, Qui dans l'on^'x Boit l'ambroisie

De

Et le critique Périodique Jules Janin Qui dans sa serre

poésie

Et puis Gaspard Oui fit sa part

Saisit et serre

Son adversaire. Géant ou nain.

Brillante cl belle

En

s'enivrant

El s'inspirant

D'Amour

et à'Elle.

Eugène Sue Entre

les flots

Et Mennechet Qu'aux Tuileries

Montrant

De

lys fleuries

On

recherchait.

Son corps se cambre Sur l'aviron J'aime sa chambre,

Aux

l'issue

matelots

:

;

Sur toute chose F5ril[ant d'esprit

Ou

l'on sent

Et

le

l'ambre

goudron.

Roçer qui cause

Comme

il

écrit.

Saintine j'aime. J'aime ce cœur :

Brifaut, tr;uu]uille

Aux

jours d'eftVoi

;

Pur dans son style, Pur dans sa foi. Chantant son

Que

l'on exile

roi !

Voyant Dieu même Dans une fleur Fleur humble et belle ;

Qu'il dévoila.

Et qu'on appelle Picciola.


286

L AI nE

Mery, ses e^rèves, Les frais cailloux. Les vers plus doux

Que nos doux

noMANrrouE L'élan rapide

De

l'intrépide

Du

longerais Et puis après

rères.

Toute la

Ces noms cités Dans nos cités,

Au

; :

Mode

trait hardi.

la Seine en tout lieu. Et sur la scène

Bravant le code, Le samedi.

De Richelieu, Ceux qu'on désigne

Ces gloires nées Sous mon ciel beau Des Pyi^nées

Près de

Comme

Tout haut, tout bas, Soulii',

:

Dumas

Toulza, Barbot,

Et Delavigne.

Françis-Lacombe, Le chant qui tombe Tout inspiré Du luth doré

Scribe, Ancelot,

Eux

qui dans l'urne Ont pris pour lot Masque, cothurne, Lyre et grelot.

De Saint-André. Nugent qui garde Ses chants de barde Pour son parti Boula j-Paty, Et Goùt-Desmartres, Méliot de Chartres Et Turquety, ;

La verve prompte

De

d'Arlincourt,

Oui jaillit, monte. Et qui parcourt Ville et faubourg.

Julvécourt, Bla^e,

Roger Beauvoir

:

Jeunesse, extase Et gai savoir

Jules de Croze

Noble Auvergnat,

!

Luth-virtuose,

Feu sombre ou rose !

père et Et leur parole, Et leurs défis.

Quand je reçois La Bouillerie Charle ou François, Falloux, Perrière,

Double auréole,

Walsh

C'est rêverie, ;

Joie et féerie.

n'est de

cause Qu'il ne gagnât

Il

fils.

Touchant

A

le

but

leur début

Dans

la carrière.


l'aube ROMANTJOUE

287

Barbier, sans frein.

Avec

Dont l'art enjambe Le noble ïambe

Aux

ces hôtes

hautes

tètes

Pour sa patrie El pour Marie.

Pour blanc, pour noir, De l'aube au soir, Dans ma demeure Je compte l'heure Près du foyer. Sans m'ennujer.

Alfred est

Mais dans

D'or ou d'airain.

Brizeux qui prie

là.

Qui révéla L'ançe Eloa, Brillant ou triste

Gomme

A

Parmi ces gens Très obligeants.

Troupe agissante Et peu pensante. Aux beaux discours Jamais très courts Troupe choisie. Sans poésie, Qui s'extasie Pour un foulard. Et pas pour l'art Oui sur la toile

l'artiste

Qui fit Manfred Poème, histoire,

;

toute gloire

;

Répond Alfred. Guiraud, ce frère Que jamais rien Ne peut distraire

Du

beau, du bien Touchant çénie De qui nous vient

Ou Ou Et

;

Près d'une

Montre

Virginie Flavien. lui

si

çrand

De

Velléda,

Ou

l'aile

Matière cncor, Reste sans flamme

!

Au Et puis bien d'autres

Parmi

I

les nôtres.

Quelques élus "Toujours relus;

Femme ou grand homm; Qu'à mon défaut La gloire nomme Et

qu'il

me

faut.

blanche

;

fille

Au premier rang Soumet

étoile

la voile

Qu'un cygne penche Près de Léda Troupe dont l'àme.

qui brille

Avec sa

la foule

l'on se foule,

bruit

du

cor,

Et qu'un beau livre

Ne

fait

point vivre,

Que rien n'enivre Dans l'univers. Ni port ni dune, Blonde ni brune. Soleil ni lune,

Prose

ni vers

I


^83

l'aube romantique

Avec ce monde Dans un salon

Une seconde.

Ah

Tableaux Poctiqnti, parle

(40)

Paris,

Allardin,

libraire.

!

. .

long

c'est trop

!

coi^te Jules de Rességuier.

Quai de l'Horloge, n» 57

1827,

;

pour le litre et le faux titre 255 p., j compris la table. Quelques mois plus tard, le même volume reparaît chez Urbain Canel, rue Saint-Germain-des-Près, n^G, iQ-8°

2

;

ff.

n. ch.

1828, avec

deux

Baijadère,

placée en frontispice

en face de droite

:

sculpt.

la

le

V*

Le

titre

gravures en

page lo

taille-douce hors

texte

en face du titre;

:

la

Ondint,

deux sur Chine, signées à Ad. Godefroy, à gauche orné d'un fleuron en forme de couronne de toutes

;

de Senonnes

del'

:

;

laurier.

(H) Les Prismes

Poéliffues, par le comte Jules de P»essé-

guier, Paris, Allardin, libraire, quai de l'Horloge, n° 57

in-8o ries le

3

;

fi",

n. ch.;

au verso

:

de Jules Didot

titre

;

1838,

Paris, Imprimerie des fonde-

l'aîné, boulevard d'Enfer, no 4 au recto un encadrement ornementé; plus 279 p. ch. pour la table couverture imprimée couleur vert :

;

dans

dont trois

;

pâle.

Almaria, par

(12)

comte Jules de Rességuier. Paris,

le

Allardin, libraire -éditeur, no 13, place Saint-André-des-Arts;

1835, in-8o, YIII

346

fi",

pour

f.

dont 24 pour

la table des chapitres.

gravure sur bois,

le

faux-titre

2

notes;

les

En

fî'.

frontispice,

tirée sur papier

et la

préface

plus

;

supplémentaires pour

en face du

titre,

une

de Chine, signée H. Brov.n,

montre le duc d'Hermandarez présentant Almaria à sa famille. La 3* édition porte comme titre le même avec Allardin,

libraire-éditeur, n* 3, rue des Poitevins, 1836. (13)

Dernières Poésies

du comte Jules de Rességuier,

Toulouse, Imprimerie de A. Chauvin, rue Mirepoix, no 3; 1864ia-8o

;

8 pp.

dont 3 pour

le faux-titre,

la table.

le titre et la

préface et 203 pp.

chifF.

Couverture imprimée à double encadre-

ment, papier glacé, gris perle


l'aube romantique (li)

Ed. Biré Victor

(15)

Albert de

1816

;

Hugo

Rességuier,

avant i83o ; ouv. cit. né à Toulouse le 26 novembre

après avoir terminé son droit à Paris,

d'études en Allemagne. livre de

En

289

1838,

polémique religieuse du

il

D""

il

fît

un voyage du

publia une traduction

Joseph Goerres, Araire

de Cologne, Athanase. Paris, Debecourt, 1838. Il collabora à de nombreuses publications littéraires et religieuses, entre autres, à la Vie des Saints de Delloye, 1845.

des Basses-Pyrénées à vota

le

l'Assemblée

Nommé

Législative

député

de 1848,

plus ordinairement avec la droite monarchique

;

il

il

fut

du nombre des représentants du peuple réunis le 2 décembre à la mairie du X« arrondissement qui signèrent le décret de déchéance du prince Louis-Napoléon. Albert de Rességuier est mort à Paris le 26 mars 1876. De ses œuvres poétiques, contentons-nous de rappeler ce sonnet en vers monosyllabiques, paru dans la France Littéraire de 1833 et déjà cité par Eug, Asse dans les Petits Romantiques : POPR UNK Rose Fort BeUe, Elle

Dort. Sort Frôle,

Quelle

Mort

!

Rose Close,

La Brise

L'a Prise.

:


agO

L AUDE ROMANTIQUE

En

plus d'Albert, Jules de Rességuier eut deux autres

fils

:

Paul, né en 1812, et Charles, ce dernier officier de cavalerie,

après être passé par l'école Saint-Cyr.

noms

instant les

les lettres qui

des trois

forment

la

fils

On

trouvera à tout

de Jules de Rességuier dans

seconde partie de ce volume.

/" Lettre

Alexandre, né à Castelnaudary, en 1786, (10) Soumet mort en 184o; venu à Paris en 1808 après avoir été couronné aux Jeux Floraux, il publia en 1810 le poème de l'Incrédulité et fut nommé peu après par Napoléon auditeur au Conseil d'Etat à la Restauration, Louis XVIII en fit le bibliothécaire du château de Saint-Cloud en 1813, Soumet remporta le même jour, avec la Découverte de la vaccine et les Derniers moments de Baijard, deux prix de poésie à l'Académie française dont il fut élu membre, neuf ans plus tard, en 1824, ;

;

après

le

succès de ses tragédies de Saiil et de Clytemnestre,

représentées, à deux jours d'intervalle, en 1822. Citons encore ses pièces de

Cléopâtre,

1824; Jeanne d'Arc, 1823; Une

Fêle sous Néron, 1830, écrite en collaboration avec

montet;

Mme

le

Daltenheim.

Bel-

— — Soumet ne se contenta pas de ses succès

Gladiateur, 1841, écrite avec sa

fille

Gabrielle

il publia deux épopées Jeanne d'Arc et la Divine Epopée. Nous craignons qu'à part quelques morceaux descriptifs tirés de ses tragédies et de ses poèmes il ne reste

tragiques

;

guère de

lui

de charme (17)

La

la façade

(18)

:

qu'une simple élégie

et

:

la

Pauvre

Jî lie, pleine

de grâce.

place Saint-Etienne, à Toulouse, sur laquelle donne

de

la cathédrale.

Vicomte de Panât; voir note

7.


L AUBB ROMANTIQUE

29I

5* Lettre

Vergennes, née en du ministre de Vergennes, mariée à seize aas au comte de Rémusat successivement préfet de l'Empire, Chambellan de Napoléon et sous la Restauration, préfet de la Haute-Garonne et du Nord. M™« de Rémusat avait été Dame du palais de l'Impératrice Joséphine elle a laissé un Essai sur Védiication des femmes , publié par son fils en 1824 et couronné par l'Académie française en 1825. (20) Jules de Rességuier, en 1819, prononça V Eloge de Clémence Isaure à l'Académie des Jeux Floraux. (19) Claire-Elisabeth-Jeanne Gravier de

1780, morte en 1821, nièce

;

Je Lettre. (21)

M. de Rémusat

Haute-Garonne pour (22) Nina, M'"®

peu après du Nord

quitta

celle

la

préfecture de la

de Rességuier.

4« Lelire.

(23)

Druidas

— Haute-Garonne —

commune du

Cadours. arrondissement de Toulouse, où

le

canton de

comte Adrien

de Rességuier possédait un château. (24)

par

lui

La cantate de Zulma, de Jules de Rességuier,

fut lue

à l'assemblée générale de l'Académie des Jeux Floraux

de 1818. (25) Melchior-Louis

Bon de Margarit, marquis

d'Aguilar,

mort dans la Haute-Garonne en 1838; capitaine au moment delà R.évolution, il émigra et combattit le? armées de la République à la frontière espagnole il rentra en France dès que les circonstances le permirent. Le marquis d'Aguilar a laissé un volume de vers et né en 1755 à Perpignan,

;


aga

l auiik

romantique

une traduclion des poésies de Lope de Vega; Mainteneur aux Jeux Floraux,

il

a lu plusieurs éloges et poésies aux réunions

de cette Académie. (26)

II

ne s'agit pas de

l'élection

que

française, qui n'eut lieu

le 2r3

de Soumet à l'Académie

novembre 1824

sa nomination à l'Académie des Jeux

31 juillet 1818.

Il

mais de

;

date du

Floraux, qui

fut reçu le 23 juin de l'année suivante.

5c Lettre. (27)

Voir note 20.

(28)

Le poème de

écrit

la

Somnambule, d'Alfred de Vigny,

en 1819, est dédié à M. Soumet, auteur de Clytemnestre

de Saiil

et

Hugo

(29) Victor

(30) Joseph,

n'avait pas encore dix-huit ans,

comte de

Villèle

1773-1854

Ministre

d'Etat sans portefeuille, en 1820.

comte de Serre

(31) Hercule,

— Garde

1776-1824

des

Sceaux pendant la Restauration, sous le ministère Decazes en 1818 et sous le second ministère Richelieu en 1821. (32 Soumet, qui avait été Auditeur au Conseil d'Etat sous 1

l'Empire, désirait reprendre son ancienne fonction. (33)

Guiraud,

Pierre-Marie-Alexandre, baron

1788 à Limoux, mort en 1847. Guiraud l'auteur

n'est

né en

pas seulement

du Petit Savoyard, mais de nombreuses tragédies

dont l'une, les Macchabées, représentée à l'Odéon en 1825, lui

ouvrit les portes de l'Académie

encore des poèmes élégiaqucs

Césaire

ti

Flavien, ou

et

française.

On

lui

des romans chrétiens

l'Homme du

doit tels

désert.

6^ Lettre.

(34) Jules

de Rességuier, en qualité de Mainteneur aux

:


l'aube romantiouk

Jeux Floraux,

avait, en 1821,

293

prononcé l'éloge du Secrétaire

perpétuel Poitevin-Peitavi. (35)

Le Conservateur Littéraire, fondé en décembre ^819, mars 4821 il fut remplacé par les An-

cessa de paraître en

;

nales de la Littérature et des Arts. (36) Joseph Rocher,

ami

particulier de Lamartine, qui lui

dédia l'ode de l'Enthousiasme, fut successivement conseiller

à

la

Cour de Grenoble, de Lyon,

tère de la Justice

conseiller à la

du minis-

secrétaire général

Requêtes en

en 4828; maître des

Cour de Cassation en 4838

4829; de

enfin, recteur

;

l'Académie de Toulouse en 1856. (37)

Ni Alfred de

Viij^ny, ni

A. de Saint-Valry,

Gustave

ni

de Pons ne furent couronnés au concours de 4824 des Jeux Floraux. Joseph Rocher obtint seulement les honneurs de l'impression au recueil de l'Académie de Clémence Isaure, d'un

poème

l'Immortalité de l'Ame

intitulé

bles actuels de V Europe, (38) L'ode de et

comme

Quiberon, qui

fait

Ballades, fut imprimée dans

et

l'écrit

les

Trou-

du volume des Odes

partie

le

non pas

Victor Hugo.

recueil des Jeux Floraux

de 4821 (39)

Jean-Joseph-Thérèse Pinaud, né en 4773, mort à Tou-

louse en 4843, achevait ses études de Droit rôlé

après

les

armées de

comme

suspect et

dans

s'inscrire

nommé il

la

République

libéré

;

quand

en Thermidor,

au barreau de Toulouse. Sous

en-

il

vint alors

;

il

fut

en 4824,

Metz en qualité de Procureur général. La Révo-

lution de Juillet

le

rendit à la vie privée et

louse, qu'il ne quitta plus.

février 4825,

fut

la Piestauration

avocat-général, puis conseiller à la Cour

fut appelé à

il

emprisonné bientôt

Pinaud

Du

34 juillet

le

ramena à Tou-

4818 jusqu'au 25

fut secrétaire perpétuel

de l'Académie

des Jeux Floraux. (40) Cet

appartement occupé

Mézières, où

la

par

mère du poète mourut

Victor trois

Hugo rue

mois plus tard,

de le


l'aube nOMANTigUE

294

27 juin, coQsistalt en un rez-de-chaussée avec

la

jouissance

d'un jardin.

78 Lettre.

La Consolation d'une mère, avant de

(41)

Tableaux Poétiques,

avait paru

dans

le

faire partie des

des Jeux-

recueil

tome III des Annales de la Littérature et des Arts et dans l'Almanach des Dames de 1822. (42) Alexandre Soumet toutes les fois que dans les lettres suivantes on trouvera le prénom d'Alexandre, il s'agira d'A lexandre Soumet. Floraux de 1822 ;;dans

le

;

*e Lettre.

La Harpe de Glorvina

(43)

dans

le

parut pour

la

première

recueil des Jeux Floraux de 1824, puis dans le

1821, du Conservateur Littéraire; cette pièce

fait

Tableaux Poétiques. (44) La Mort d'une jeune

le

Jeux Floraux de 1821, en vina

;

comme

fille parut

même temps

dans

tome

fois III,

partie des

recueil des

que la Harpe de Glor-

celle-ci, cette élégie fait partie

des Tableaux

Poétiques (45) Cette lettre est adressée à

à sa

Lombez

M.

le

comte de Rességuier

(Gers). Jules de Rességuier se trouvait alors dans

propriété de Sauveterre, située à quatre kilomètres

de

du Gers, qui lui venait de sa grand'mère, M'ia de Boyer, femme du président de Rességuier. cette sous-préfecture

^e Lettre. Allusion aux difficultés rencontrées par Soumet audu gouvernement et des acteurs pour faire jouer ses tragédies de Saûl et de Clyiemnestre. (46)

près


l'aube romantiquk

Soumet

(47)

295

à Auteuil l'ancienne

habitait alors

de

villa

Boileau.

Soumet, très frileux

(48)

et

d'une mauvaise santé, avait occu-

pé à Toulouse, dans une maison de la place Saint-Etienne, un

appartement sous

exposé au nord

les toits,

Deschamps (Emile), né

(49)

tré vers sa

le

au vent d'autan.

et

20 février i791, à Bourges, en-

vingtième année dans l'administration des Domai-

nes, dont son père était

un haut fonctionnaire; devenu sous-

chef de bureau au ministère des Finances en 1827, décoré l'année suivante, Versailles,

il

il

prit sa retraite

mourut

Deschamps s'occupa de ode patriotique qui 1818,

il

le

en 1848

et se retira alors

littérature;

lui attira la

en 1812,

il

composa une

bienveillance de Napoléon

en collaboration avec H. T. de Latouche,

écrivit,

à

22 mai 1871. Dès sa jeunesse Emile

comédies de Selmours de Florian

et

;

en les

du Tour de faveur qui

eurent plus de cent représentations; en 1829, il publia les Etu-

des françaises tique de

et étrancjères ;

Roméo et

en 1839, une traduction poé-

Jalitile: en 1844, une autre, de Macbeth.

Ces deux interprétations de Shakespeare, avec les

commentaires, forment

édition de ses

Œuvres

le

la

premier volume de

complètes.

Une

édition

préface et la

première

posthume des

Œuvres complètes du

poète, en six volumes in-18, parut chez Lemerre en 1873. Emile Deschamps collabora aux Annales de la Littérature et des Arts, au Conservateur

Alph.

Littéraire et surtout à la

Muse Française. Toutes

que, dans les lettres suivantes, on trouvera il

s'agira d'Emile

le

les fois

prénom d'Emile,

Deschamps. /oe Lettre.

(50)

vantes,

Victor

Hugo

on trouvera

Hugo. (51) Peyronnet

;

toutes les fois que, dans les lettres sui-

le

prénom de Victor,

il

s'agira de Victor

— Charles-Ignace, comte de — né à Bordeaux


l'aube HOUANTigUE

3q6 en 1775, mort en

i

853,

d'un père guillotliné aous

fils

d'abord avocat à Bordeaux,

il

nommé

fut

Terreur

la

;

Président du tribu-

nal de cette ville par Louis XVIII, puis Procureur général à

Bourges. Elu député de de

en 1821

la Justice

la

Gironde en 1820,

et le resta

mai 1830 comme ministre de le firent

devint ministre il

fut ensuite

France. Rentré aux affaires en

élevé à la dignité de pair de

ordonnances qui

il

jusqu'en 1828;

l'Intérieur,

signa les fameuses

il

mettre en accusation et condamner

avec ses collègues Polignac, Chantelauze

et

Guernon-Ranville

commuée en celle de la détention perpétuelle. Enfermé au fort de Ham, il en sortit lors de l'amnistie de 1836. On doit au comte de Peyronnet les Penà

peine de mort, plus tard

la

sées d'an prisonnier, 1834, 2 vol. in-8», et une Histoire des

Francs, 1835, i vol. in-8». (52) Le Pèlerin parut pour

première

la

fois

dans

le

recueil

des Jeux Floraux de 1822; puis dans les Annales de la Litté-

rature des Arts, tome

Poétiques (53)

Ancelot

III,

1822.

— Jacques-Arsène Polycarpe —

mort en 1834; sa tragédie Louis succès éclatant (54)

;

il

:

cette

élégie est tirée de la

Tableaux Poétiques, où

elle

né en 1794,

française en 1841.

Muse Française, tome et

Tableaux

jouée en 1819, obtint un

est ici question,

Annales de la Littérature

noie

/A',

membre de l'Académie

Le morceau dont

d'abord dans la les

partie des

fait

Il

VOdalisqae, parut

1er,

1823, puis dans

des Arts, 1825, avec

Gaule Poétique. Dans

la

les

a trouvé place, elle est précédée

la Gaule Poétique ou France considérée dans ses rapports avec la poésie, l'éloquence et les beaux arts, par Fr. Marchangy,

d'une épigraphe tirée de cet ouvrage

:

l'Histoire de

1813, 8 vol. in-8«. (55)

Saûl, tragédie d'Alex. Soumet, acte

note 16.

III,

scène

ii

;

voir


L

AUBE ROMANTIQUE

297

//* Lettre.

Soumet demeurait alors rue d'Enfer

(36)

Denfert-Rochereau

— n» 27, en face

le

— aujourd'hui rue

jardin du Luxembourg.

12° Lettre.

(57)

Abel Hugo, avec son frère Victor Hugo, un des direcAnnales de la Littérature et des Arts.

teurs des

(58) Pichald

— Michel

Pichat

phiné, en 1790, mort en d829,

les

dit,

— né à

Vienne en Dau-

représenter au Théâtre fran-

26 novembre 1825, une tragédie de Léonidas, qui

çais, le

obtint

fit

un

Talmaet Ml'e Duchesnois y

éclatant succès.

tinrent

premiers rôles.

(59)

Neuvième strophe de

l'ode

le

:

Poète dans les révo-

Huço Odes livre premier, ode première. Soit que Victor Hugo ait retouché sou texte primitif, soit que Soumet l'ait mal transcrit, voici le commen lutions

Œuvres de

;

cément de définitive

Victor

;

;

cette strophe telle qu'elle se trouve

dans

la

version

:

Que

n'es-tu ne sur les rivages

Des Abbas

des Cosroës d'un ciel sans nuages.

et

Aux rayons

i3' Lettre.

Soumet, née à Paris le 17 mars 1814, fillSoumet; dès 1818 elle publia les Nouvelles Filiales, dont on lui faisait réciter des fragments dans k(60) Gabrielle

d'Alexandre

monde

;

à vingt ans elle épousa Beuvain-Daltenheim.

laboration avec son père, elle écrivit

diateur représentée sur

le

la tragédie

Théâtre français

le

En

col-

du Gla-

4 avril 1841 18.

et


l'aube lVOMANTiyt:E

298 celle

de Jeanne Gray, donnée à l'Odéon,

encore

lui doit

le

29 mars 1844.

divers volumes^ parmi lesquels

le

On

poème de

Berthe Bertha, 1843. Mme Soumet-Dallenheim est morte le Toutes les fois que dans les lettres suivan16 mai 1886. tes on trouvera le prénom de Gabriellc, il s'agira de Mm» Ga-

brielle

Soumet-Daltenheim.

i4''

(61)

sous

En

Vigny publia sans nom d'auteur Poèmes: Hélùna, la Somnambule, la Fille de

1821, Alfred de

le titre

Jepthé, la

Lettre.

:

femme

adultère, le Bal, la Prison, etc.

(62) C'est seulement deux

H. T. de Latouche réunit

et

ans auparavant, fit

en 1819, que

paraître les Poésies

d'André

Chénier, encore ignorées. (63) S'a"/; voir note 160. /J« Lettre.

a paru tronquée dans

(64) Celte lettre

la

Correspondance

de Victor Hugo. (65)

Clytemnestre fut représentée au Théâtre français

7 novembre 1822

;

Saiil, à l'OJéon,

deux jours après,

deux pièces furent vivement applaudies, (66) Le Dévouement pendant la peste fut des Jeux Floraux de mai 1822.

le

le

9

;

les

lu à

la

réunion

(67) Darangel (François), né à Marseille, mort à Paris en 1879, a pris part, à diverses reprises, aux concours des Jeux Floraux sous son nom de Durand, et sous les noms de

Durand de Vadrelmou, Durand de Mondurango, Halmoadurand; en 1822, avec deux odes; le Détachement de la Terre, qui fut récompensé, et l'Adieu, imprimé dans le recueil de l'année

;

en 1823, avec l'ode de la Gloire, qui obtint une et les deux pièces A Victor Hugo et la

amarante réservée,

:


L

AUBE ROMANTIQUE

Vieille France, qui parurent dans

1829

et, cette

mence Isaure 1863,

il

dernière année de 1833, l'Académie

lui

publie

todie, dont le

volume de l'année

le

;

en

François Durangel reçoit deux nouvelles cou-

et 1833,

ronnes

SQQ

décerne des

lettres

de

de maîtrise;

Clé-

enfin,

en

un poème épique en huit chants la Chris sujet est la mort et la résurrection du Christ. :

776 Lettre. (68)

Le commencement de

(69) Laissé libre

Victor

Hugo

ment dans la

manque.

titre définitif

de l'ode que

Dévoue-

le

peste, Jules de Rességuier prit le dernier, qu'il l'intitulant

sous ce

que

seulement

la pièce

Ballades, livre IV, ode (70)

le

appela successivement Barcelone et

simplifia en titre

la lettre

de choisir

:

le

parut dans

le

Déoouement. C'est volume des Odes et

iv.

A. de Saint-Valry avait obtenu un

lis

réservé au

concours des Jeux Floraux de 1822, avec une élégie Prière d'an jeune poète à la Vierge. Voir plus

intitulée

:

loin, note 87.

Dans Victor Hugo avant i83o, E. Biré nous apprend chambre occupée par le poète, rue du Dragon, n'avait d'autres ornements que les deux amarantes et le lis d'or obtenus aux Jeux Floraux. (71)

que

la

i8'>

(72) Victor

Hugo

Lettre.

corrigeait

alors

les

épreuves de son

volume Odes et Poésies diverses, qui devait paraître deux mois plus tard, en juin 1822, chez le libraire-éditeur Pelicier, Palais-Royal, 243, Paris. (73) L'Assemblée générale de l'Académie des Jeux où sont distribuées les récompenses de ses concours,

la Fête des Fleurs.

Floraux,, s'appellr


l'aube romantique

3oo

ig* Lettre.

de Rességuier venait de

(74) Jules

lire,

à la séance publique

du 3 mai 1823 de l'Académie des Jeux Floraux, une ode Clémence Isaure commenrant par

à

:

vient ce jeune

Il

Hugo

s'essayer à corabattre.

.

20* Lettre. (75) Celtre lettre a paru tronquée dans la

Correspondance

de Victor Hugo. (76) François-Durand-Durangel habitait alors Marseille; voir note 67. (77)

Victor

Hugo changea

quelque

peu d'opinion plus

tard.

32^ Lettre. (78) Jules de

Rességuier avait annoncé à Victor

prochaine venue à Paris (79)

Voir

lettre

Hugo

sa

précédente.

Delphine Gay venait de remporter un prix extraordi-

naire de l'Académie française pour une pièce de vers intitule Dévouement des médecins et des sœurs de SainteCamille dans la peste de Barcelone. Delphine Gay, née en 4804,

lée

:

mariée en i831 à Emile de Girardin, morte en 1855, est trop connue pour qu'il soit nécessaire de faire plus que de rapses romans et nouvelles le Lorpeler ses litres littéraires gnon, 1831 le Marquis de Fontanges, 1835; la Canne de M. de Balzac, 1836; Marguerite, 1853, ses comédies :

:

;

:

Lady Tartufe; peur, 1853; ses

Chapeau dUin horloger; la Joie fait Chroniques du marquis de Lauzun; ses le

Poésies, quoique elles ne soient plus guère lues.


Soi

l'aube romantique (80) Les Macchabées, tragédie en cinq actes Alexandre Guiraud, jouée à l'Odéon en 1822. (81)

Joanny,

-

Jean-Bernard Brissebare

dit

et

en vers, par

— né en

1775

à Dijon, mort en 1834; engagé à seize ans dans un bataillon

de volontaires

;

après

quatre années

de service,

l'armée et entra à Paris dans un bureau

abandonna

cette place

pour monter sur

joué quelque temps en province, d'où

il

il

quitta

comme commis, la

scène

;

puis

après avoir

débuta en 1819 à l'Odéon,

passa en 1823 au Théâtre- Français. Joanny prit

il

sa

en 1841.

retraite

23^ Lettre.

Narcisse- Achille de néà Condomenl793, (82) Salvandy, mort en 1836. Engagé dans les Gardes d'honneur, il fit les campagnes de Saxe et de France et, lors de la Piestauration, quitta le service ordinaire avec le grade d'adjudant major pour entrer dans la Maison militaire de Louis XVIII. Nommé Maître des requêtes au Conseil d'Etat en 1819, il abandonna cette situation, en 1821, un peu contraint forcé il la reconquit en 1828. C'est lui qui à un bal donné par le duc d'Orléans, en « C'est 1830, au roi de Naples, prononça la fameuse phrase une vraie fête napolitaine, nous dansons sur un volcan. «Nous ne suivrons pas Salvandy dans sa vie politique sous la Royauté de Juillet et le second Empire d'autant plus que, seuls chez lui, l'homme de lettres et l'homme du monde nous intéressent. ;

:

(83)

Salvandy, qui venait

d'épouser

M. Feray, gendre d'Oberkampf, grand de

toiles, dites

MH^

Feray,

tille

de

industriel et fabricant

de Jouy, passait la belle saison chez

parents

les

de sa femme, dans leur propriété de Chantemerle, à Essone,

commune et-Oise.

de l'arrondissement

et

du canton de Corbeil

.

Seipe-


302

BE hOMANTlOUE

U AI

^4* Lettre. (84)

Vatout (Louis}, né en 1792, mort en 1848, bibliothécaire

du duc d'Orléans sous

la

Restauration, puis, après la Révolu-

tion de Juillet, Conseiller d'Etat et bientôt député.

membre

de l'Académie fran(;aise en 1848,

pu prononcer

d'avoir

pour l'auteur de

il

de son prédécesseur.

l'éloge

Nommé

mourut avant passe

Il

fameuse chanson du Maire d'Eu,

la

si

appréciée de Louis-Philippe, (8.5)

Le Pèlerin

et

non

la Pèlerine

;

voir note 52.

^5' Lettre. (8G) a

Soumet a reçu presque toute la gloire depuis si longtemps dans nos cœurs... qui est adorable, venez voir Saiil qui est admi-

Vous savez que

qu'il devait

avoir

notre

et qu'il avait

Venez voir Talma rable... »

Alfred de Vigny au

baron Guiraud

;

21 nov. 1822.

— C.

Douais. Lettres au baron Guirand. Montpellier, imprimerie

G. Firmin

et

Montane, 1899, in-4.

26^ Lettre. (87)

Au commencement

de l'année 1821, Victor

Hugo

avait

été passer quelques jours chez A. de Saint- Valry, à Montfort-

l'Amaury. Adolphede Saint- Valry, né en 1796, mort en 1867? fut l'ami le plus intime de la jeunesse de Victor Hugo et un des directeure de la sies,

Muse Française. En dehors de

dont certaines furent

ses poé-

couronnées aux Jeux Floraux

et

la Chapelle de Noire-Dame, dont d'autres furent publiées en 1825 et les Raines de Montforl-l' Amaury, en 1826, Adol:

phe de Saint- Valry Madame de Mably.

est l'auteur

d'un remarquable roman

:


l'aube romantique

3o3

28^ Lettre. (88)

Ch. Gosselin,

éditeur des Méditations Poétiques de

Lamartine, de 1822, 1823

En

1825.

et

édition de ces poésies parut

chez

le

une nouvelle

1826,

Bocquet, en

libraire J.

2 vol. in-80. (89) Parseval-Grandmaison

en 1759, mort en 1834; doit les

lui

Amours

Philippe-Auguste auquel

il

,

épiques, poème eu six chants, 1804, et poème épique en douze chants, 1825,

de vingt

travailla plus

Grandmaison,

qui,

à

ayant protesté contre avait cru entendre, d'être écharpé

M™= Ancelot

—François-Auguste, — né à Paris

membre de l'Académie française. On

la

phrase

la

au

ans, hélas

C'est Parseval-

!

première représentation à'Hernani, de

lieu

par Lassailly.

:

« Vieil as de

a Vieillard Il

existe

pique

stupide »

un

»,

qu'il

manqua

tableau peint par

représentant Parceval-Grandmaison lisant Phi-

lippe-Auguste devant Lamothe-Langon, Le Maire, Gayrard et

sa

Mme

femme, Mely-Janin

,

Lemontey, Auger

de Gallemand, Casimir Bonjour, Lacretelle

et

sa

et sa

femme, femme,

Campenon, le duc de Raguse, Victor Hugo et sa femme, Saint-Valry, Audibert, Raoul Rochette, Saintine, Guiraud, Alfred de Vigny, Emile Deschamps, Mmo de Bawr, Mennechet et sa femme, Mlle Delphine Gay, M™* Sophie Gay, G. de Pons, de la Ville, Pichald, Michel Béer, Jules de ResFrantin,

séguier, Ancelot

et

l'auteur de la composition.

2Q^ Lettre,

(90) Alfred

de Vigny,

était entré,

en 1823, au 55« de ligne,

en garnison à Strasbourg, comme capitaine à l'ancicunelc ; du Bas-Rhin ce régiment fut envoyé dans les Basses-Pyrénées lors de la (91)

guerre d'Espagne.

Le 55e de

ligue,

en garnison depuis

son arrivée en


3o4

Béarn fit

l'aube romantique

Oloron

à

(92)

Orthez, fut ensuite dirigé sur Pau, où

et à

soa entrée dans

la soirée

Beauvais-Poque, né

(Basses-P^Ténées,)

H juin

le

23 octobre 1793, à Pontacq

dans

colonel

il

du

1824.

Gardes d'honneur aux

les

journées de Juillet 1830, fut plus tard commandant du château de Pau

;

véritable bretleur, quelque temps avant les

fourées paloises,

il

Bayonne

avait été à

se battre avec

échau-

un

offi-

cier de la Garde. (93) Le dimanche qui suivit l'arrivée du o5« de ligne à Pau, une altercation assez grave eut lieu entre les soldats et quelques jeunes gens de la ville, à la sortie de la dernière messe

de

l'église Saint- Jacques,

la

ville.

Voir

Paris, 1897. Edition (94)

rendez-vous de

Paul Lafond

:

:

la

jeunesse dorée de

Alfred de Vigny en Béarn.

de l'Ermitage, in-18.

Le comte de Fontanges, colonel du 55» régiment de

ligne.

Joe Lettre. (93) a

Le

ler

rixes suivies de batailles en règle

août, des

éclatent entre civils et militaires, dans un bal champêtre, au

village voisin de Jurançon, situé de l'autre côté

du gave. Les

Béarnais ne s'avisent-ils pas de vouloir empêcher de danser.

..

les rixes

continuent sur

village à Pau, sur le pont

du gave

et

blements considérables à l'entrée de teau, sur la place

Gramont,

les

le

les soldats

chemin qui mène de ce

sont suivies de rassemla ville,

au nord du châ-

militaires sont assaillis à

coups de pierres. La nuit vient mettre un terme momentané à

recommencèrent le lendemain lundi, jour et plus acharnées que la veille. Les officiers ne pouvaient plus sortir de chez eux sans être menacés et même frappés par la populace... » Paul Lafond Alfred de Vigny en Béarn ouyr. cit.

ces luttes; mais elles

de marché, plus violentes

\

:


3o5

l'aube ROMANTIQUli

Alfred de Vigny revient sur ces événements dans une lettre adressée quinze jours après à son ami Soulié

mon

vous écris mystérieusement,

« Je

savez quels troubles ont eu lieu à

i*au

;

:

cher ami,...

Vous

étaient préparés

ils

depuis longtemps contre ce régiment dont l'opinion est celle des Vendéens et de la Garde. Notre première offense fut le Domine, Saloum; la pauvre ville d'Henri IV est envahie par les

libéraux que n'ont jamais osé contenir des autorités débi-

les

;

elles ont

essayé un jour de punir, tout en tremblant, un

scandale dans une église par un jour de prison,

ger

le

roi des Halles, les Halles se sont

pour ven-

et

armées de pierres

et

ont lâchement écrasé quelques soldats isolés... »

Le né

destinataire de cette lettre, Jean-Raptiste-Augustin Soulié,

à Castres

liste

en 1780, mort à Paris en 1845, d'abord journa-

à Bordeaux, ensuite à Paris, devint, à partir de 1820, un

des principaux rédacteurs de la Quotidienne. fondation du Keepsake français en 1830

par

gouvernement de

le

la

;

il

On

lui doit la

avait été

nomms

Restauration, Conservateur de la

bibliothèque de l'Arsenal. (96) Cléopàtre, tragédie d'Alexandre

Soumet, jouée en 1824,

avec un médiocre succès.

Si" Lettre. (97)

La Muse Française

cessa de paraître en

juin 1824;

fondée en juillet 1823 par Victor Hugo, Alexandre Guiraud,

Alexandre Soumet, A. de Saint- Valry, Emile Deschamps, elle

eut pour principaux rédacteurs, avec ceux-ci

:

etc.,

Alfred de

Vigny, Ch. Nodier, Pichald, Jules de Rességuier, G. de Pons, Durangel,Belmontet, Jules Lefèvre,UIric Gutlinguer, IM^^^sDes.

bordes-Valmore, Amable Tastu, Sophie

La Muse

rue du Jardinet, 12, rue

et

Delphine Gay,

etc.

Française, imprimée chez Huzard-Courcier, 12,

était éditée par Ambroise Tardieu, du Battoir-Saint-André-des-Arts.

libraire,


l'audb kohantique

3o6

32* Lettre.

(98)

Aglaé Vinot,

fille

nes, mariée à Emile le

d'un ancien notaire royal de Vincen-

Deschamps en 1817, morte

à

Versailles

10 février 1855. (99) M>"e Daclin.

Dudon

(100)

— Jean-Franr.ois-Pierre-Cécile, baron —

fils

du

procureur général au Parlement de Guyenne, Dudon, guillotiné à

Bordeaux en 1793 encore ;

qui lui valut

ans,

il

fut

le

très jeune,

surnom de cosaque

nommé

;

il

émig'ra en Russie, ce

à peine âgé de vingt-un

Intendant général de l'armée de Portugal

élu député de la Gironde à la Restauration,

il

;

devint ensuite

Président du Conseil d'Etat et ministre sous Charles X. Le baron Dudon avait épousé Mire de Mac-Mahon, mère de M^'e il mourut à Paris le 26 mai 1857. Le château du Marais, propriété de Jules de Ressé-

Jules de Piességuier (Nina);

(101)

Argenteuil, près de Neuilly, où mourut, en 1789, le marquis de Mirabeau, l'auteur àtVAmi des hommes, père du fameux tribun. Le château du Marais n'existe plus. (102) Le père d'Emile Descbamps, Deschamps de Saintguier, à

Amand, maines

était ;

administrateur de l'Enregislrement

sous l'Ancien Régime,

il

et

des Do-

avait occupé la charge

de

directeur des Domaines et de Receveur Général de la province

du Berry. M. Descharaps de Saint-Amand était un esprit très Le jeune ménage Emile Deschamps vécut avec AL Deschamps de Saint-Amand, 7,rue Saint-Florentin, jusqu'à la mort de ce dernier, survenue en 1826. littéraire.

.?.?e

Lettre.

(103) Allusion à la vie retirée qu'Alex.

Toulouse dans

le

quartier Saint-Etienne, où

Soumet menait il

à

habitait.

(101) Sainte-Euverte, ancienne église d'Orléans, longtemps désaffectée et rendue

au

culte en 1857.


l'aube romantique (105)

Jeanne d'Arc, représentée avec un grand succès au

Théâtre français en 1825. Voici rôles le

:

807

Jeanned'Arc,

i\I"*

père de Jeanne, Joanny (106)

la distribution

Georg-e; ;

le

le

des principaux

duc de Bourgogne,

duc de

Lig-ier

;

Bclfort, Prévost.

Ben-Hamet, personnage du roman de Chateaubriand,

Aventures du dernier Abencerage.

les

34' Lettre.

Soumet avait été, en 1815, au château de Saint-CIoud.

(107) roi,

nommé

bibliothécaire

du

J5e Lettre. (108)

Jeanne d'Arc; voir note 105.

(109) Alexandre

Dumas

1802-1870.

36^ Lettre. (110)

Le Convoi d'fsabeau de Bavière, paru en plaquette

chez Tastu, Paris, 1826,

fait

partie des

Tableaux Poétiques.

38& Lettre. (111)

Un Samedi au Louvre. Septembre

des produits de Tlndustrie, Comte Jules

Muse Française,

n' IV, octobre 1823.

3g^ (112) Victor 1824, noyée

1823. Exposition

de Rességuier, la

Hugo

Lettrée.

a eu quatre enfants

:

Léopoldine, née en

accidentellement à Villequier, à

l'embouchure

4 septembre 1843; Charles-Victor, né en 1826, mort le 13 mars 1861 ; François-Victor, né en 1828, mort le 26 décembre 1873, et Adèle, née après 1830, filleule de Saintede

la Seine, le

Beuve, enfermée, depuis 1872 jusqu'à sa mort, dans une mai-

son d'aliénés.


3o8

L AUBE KllSIANTIQUE

420

Lf.tlre.

(113) Rérausat Charles-PYançois-Marie, comte de 17971862, était alors un des principaux rédacteurs du Globe.

(114) Soulié, voir note (115)

Mon ami

9rJ.

La Tarentule

Jule

Ou,

C'est ridicule

Suis-jc

Ue la VisluleV Quand la pendule Dans la cellule Où l'on t'adule Chambre à bascule, Où l'on postule.

Ou

ma

capsule

Ma

voix module D'un bon rutule (C'est la formule,)

Chanson bien nulle Pour mon Iule,

Femme à scrupule, O ma cédule

Déjà recule crépuscule

émule Tibule,

de Catulle,

Sans

Chaise curule

Au

triste

Du doux

un Herdile

;

Lorsque pullule Grêle ou pilule

Très acidu'e

Froide globule,

Gomme une bulle Du prince en rulle

Moi je circule Sous vestibule

Pour tout pécule Mes vers en ule,

Et de rotule

(Point et virijulc,)

A

Ou

clavicule

si je brûle Je dissimule.

Je m'inocule

(116) Gallois (Jacques-Imbert), né à

Genève en 1807, mort à

Paris en 1828. M. Gide a publié une édition posthume de ses

œu\Tes

:

Poésies de J.-J. Gallois, Paris, A,

petit in-18o.

A

Cherbuliez,

propos de Ch. Nodier, voir note 177. 43° Lettre.

(4 17)

Genoude

— Antoine-Eugène, — né en 1792, à Montéli-

mart, mort en 1849, successivement maître d'études, professeur, séminariste, officier. Maître

mais avant tout il

était alors

des requêtes au

Conseil d'Etat,

et surtout journaliste libéral et

un des directeurs de

la Gazette

légitimiste

de France.

;


l'aube romantique

(H8)Soulié

était alors

Sog

rédacteur en chef delaOaotidienne

;

voir note 95.

45e Lettre. (119) Marie-Françoise-Sophie à Paris en 1776,

Michault de la Valette, née morte en 1832 d'abord mariée à un agent de ;

change, puis devenue veuve, à

département de

la

Roër; a

fait

M

.

Gay, Receveur général du

représenter au Théâtre français,

Marquis de Pomenars ; on lui doit les libretti deM™« Gail, du Maître de chapelle, musique de Paer; elle a publié nombre de romans dont les moins oubliés sont: Laare d'Estelle, 1808. Léonie de Montbreuse, 18l3; les Malheurs d'an amant heureux, 1818-23

en 1820,

le

de laSérénade, musique

;

Chateaaroax, 1834. Pleine de pétulance, de hardiesse, d'esprit, M"'^ Gay se ressentait du monde du Directoire dans lequel elle avait fait ses débuts. C'est elle qui aux « On vous a Tuileries eut ce dialogue épique avec Napoléon la Duchesse de

:

que je n'aimais pas l'abordant brusquement, dit

les

femmes

— Oui, — Vous écrivez, qu'avez-vous

», lui

sire,

fait

dit

mais je ne

filles.

pas cru.

— Trois

Delphine, la

Mme

de Girardin que sa mère admirait et conson plus bel ouvrage. De 1826 à 1827,M'ne So-

dernière, devint

comme

l'ai

de remarquable ?

enfants, sire. » Elle en eut cinq, dont quatre

sidérait

l'Empereur en

Gay et sa fille Delphine firent un voyage en Italie. C'est Muse de la Patrie, de la Coupole de Sainte-Geneviève, que

phie la

nous retrouvons

ici

déclamant ses vers, debout au milieu d'ad-

mirateurs enthousiastes, vêtue de blanc, dans tout

l'éclat

de sa

resplendissante jeunesse, ses beaux cheveux blonds retombant

en boucles soyeuses des deux côtés de son pur visage. Que ces

triomphes fussent autant dus à sa beauté qu'à son talent, peutêtre; sa poésie a à chastes

images, à intentions

décentes, à pudeur voilée de style tine, était si bien l'émanation

t>

comme

fines, à

l'a

écrit

de son être charmant

!

grâces

Lamar-


l'aube romantique

3 10

(120) Jules de Rcsscguier venait d'être père pour !a troisième fois.

(121) C'était l'époque des preux, des chevaliers, des pnçes,

des troubadours, ce qui explique ce d'hui,

donné par M°»8 Sophie Gay

titre

et sa

bien

rococo aujour-

à Jules de Ressé-

fille,

guier. (122) Ces vers font partie de la pièce

Harmonies

poéticfiies et

:

la Perte de l'Arno;

relijieascs, par

M. de Lamartine,

Hachette, Paris, 1859, in-12, p. 104.

Pendant mon séjour à Florence, un événement naturel, l'éboulé» ment d'un rocher à Tivoli, bouleversa la fameuse chute d'eau sous le Temple de la Sybille et dans le palais de Mécène à Tibur, près de Rome... Ce fut un deuil pour toute l'Italie et pour tous les artistes, poètes ou peintres, nationaux ou étrangers.

Commentaire à la Perte de l'Anio,

id., p.

(123) Homère, en la voyant, Homère aurait chanté Raphaël à la toile eût appris sa beauté.

109.

;

Premiers vers de la pièce Delphine, avec dédicace à Delphine Gay, Tableaujc Poétiques. (124) Le duc de Laval-Montmorency, pair de France, ambassadeur de Charles X près la Cour de Rome un des plus

MHe

;

Mme Récamier.

fervents et des plus fidèles adorateurs de (125)

Léon XII.

Annibal délia Genga

bre 1823; couronné

le

6 octobre suivant

Rome

ga.près de Spolète, en 1760; élu pape à ;

né à le

la

Gen-

27 septem-

mort en 1829.

(126) 3ssais Poétiques, ^3s MHe Delphine Gay, Paris, 1824. C'est dans ce volume que l'ut inséré le poème de Magdeleine(127) Alfred de Vigny, alors épris de Delphine Gay,raurait

probablement épousée, sans

mère.

l'opposition

de M""- de Vigny


l'aube romantique (128)

3 11

Emile Descharaps, Alfred de Vigny, Alexandre Sou-

met, Alexandre Guiraud.

Duchambge,

({29) Pauline

d'origine créole, née à la Marti-

nique en 1778, morte en 1838; pianiste, cantatrice

et

surtout

compositeur de musique. Ses romances, pleines de charme, de grâce et de mélancolie, jouirent, sous,

monarchie de

Juillet,

tous les pianos, elles étaient relation avec le était liée

avec

M"* Dorval, tres

que

lui

même

dans toutes

princesse Borghèse,

ce qui explique

la

les

lui disait

ouvrage ?

tre autres l'Idiot.

:

a

mémoires. En

de son époque,

littéraire et théâtral

elle

princesse de Chimay,

peut-être

nombreuses

les

adressa Alfred de Vigny; avec

Valmore, qui d'un

monde

la

Restauration et la

la

d'une grande vogue; on les trouvait sur

Mme

let-

Desbordes-

Ne sommes-nous pas les deux tomes

» et qui lui dédia diverses poésies,

en-

Aug. Brizeux fréquentait beaucoup chez

M"^ Duchambge. (130) Hortense-Eugénie de Beauharnais,

femme de

Bonaparte, roi de Hollande, 1783-1837, à laquelle ce

duchesse de Saint-Leu avait été donné par

Louistitre

de

gouvernement Je la Reslauration,qui lui alloua en même temps une pension. La plus gracieuse et la plus distinguée des femmes, au dire le

de Louis XVIII.

Gay

(131) Delphine inusités

;

nommée par

fut ref;ue à

acclamation

Rome

avec des honneurs

membre de l'Académie du

fut conduite en triomphe au Capitole, où clama des vers au milieu de l'enthousiasme général.

Tibre, elle

elle

dé-

4/= Lettre. (132)

Dans

les

est dédiée à Mlle

Tableaux Poétiques,

la pièce

de Delphine

Delphine Gay; une seconde pièce

Delphine à la coupole de Sainte-Geneviève, a été écrite en mémoire de la lecture faite par Mlle Delphine Gay elle-même de son Hymne à Sainte Geneviève, au Panthéon. :


l'aube romantique

3is (133)

M™8 de

Le

nom

de Mlle Delphine Gay, pas plus que celui de

Girardin, ne figure dans les registres de l'Académie

des Jeux Floraux.

4g^ Lettre.

— Louis, — né en

(134) Belmontet

en 1879, couronné plusieurs

fois

par

1799 à Montauban, mort

Jeux Floraux, notam-

les

ment en 1823 a collaboré à la Muse Française, a publié un volume de vers élégiaques les Tristes, 1824, et le poème Un Souper chez Awjuste, 1828 il fit jouer à l'Odéon, le ;

:

;

28 décembre 1829, t/ne Féfec/ieriVeVo/i, tragédie en cinq actes écrite en collaboration aA'cc Alex. Soumet. Laissons de côté l'écrivain politique, mais,

1854, lorsque

néanmoins, rappelons qu'en mars

Dupin demanda au Corps Montalembert pour

tion de poursuivre

montet, alors député, fut un des rares

Législatif l'autorisa délit

de presse, Bel-

membres de l'Assem-

blée qui firent opposition à la motion. (133)

Une Fête sous Néron, jouée

l'Odéon, avec

le

le

28 décembre 1829, à

plus grand succès, eut plus de cent représen-

tations consécutives.

(136) Jules

poète

et

Lefèvre-De umer, né en 1797, mort

en 1867,

prosateur.

oo^ Lettre. (137)

Mennechet

en 1845; lecteur

CharlesX; a

— Edouard, — né à Nantes et

en 1794, mort

chef du bureau de Louis XVIII

et

de

écrit des comédies, des libretti d'opéra, des poésies

diverses,des mélanges littéraires. De tout cela

il

ne reste qu'un

bien vague souvenir. Trois vers de Mennechet servent d'épi-

graphe à une pièce des Tableaux Poétiques, l'Adolescence.

Mennechet

était petit-neveu

de La Peyrouse.


3i3

L AUBE ROMANTIQUE

5i' Lettre. (138) Voir, plus loin

note 161.

;

(139) S'agit-il de Jean-Franrois l'historien des

1772-1858, selle,

— 4767-1839, —

Michaud

Croisades, ou de Louis-Gabriel Michaud,

— son

frère,

Univer-

l'éditeur de la ^/o^ra/j/u'e

nous n'en savons rien.

53e Lettre.

— Charles — poèteet publiciste, né à

Dijon en

1781, mort en 1857, débuta par des articles dans la

Gazette

(140) Brifaut,

de France,

puis

fit

des tragédies

Ninus

:

If, 181-4;

Jane

Gray, 1814; Charles de Navarre, 1820; célébra tour à tour l'Empire et la Restauration; plus homme du monde qu'homme de lettres; le Ponsard de 1804, comme l'a appelé un spirituel journaliste. « Brifaut, écrit

Legouvé dans

ses

régulier, soigné, élégant, »

correct,

Souvenirs, « n'a guère connu que

Paris, et dans Paris, le faubourg Saint-Germain. Jamais plus joli profil,

physionomie plus aimable, cheveux mieux ondulés,

petit

zézaiement à l'ancien rés^ime.

trois

ou quatre

ou

trois

petits

petits billets et

heures à

les

composer

;

chefs-d'œuvre de grâce et

comme un

écho de certaines

écrivait tous

Il

est arrivé à la tragédie

jours

autant de lettres, autant do

de

lettres

calligraphie.

de Voltaire,

lange de compliments mondains, de jugements Il

les

ne mettait pas moins de deux

Il

y

avait

même mé-

littéraires... r

de Ninus, représentée en 1814, une

aventure incroyable et pourtant vraie

;

d'abord

lippe II, roi d'Espagne, et interdite sous ce

appelée Plii-

titre, l'auteur

changea, sans récriminations une vingtaine de vers;

en

elle lut

alors admise, sans difficulté, par la censure sous celte nouvelle

appellation.

19


t'AUnS nOMANTIQUB

3l4

54' Lettre. (141) Le Globe, fondé en septembre 1824, par P. -F. Dubois,

Lachevardière

et

JoufFroy. Sainte-Beuve

Le Globe

mantiques.

A l'apparition, du

compara moine; Alfred de Vigny y

Carrel,

de critique

loin d'être accueillant

était

pour

et

ro-

les

Dernier chanide Childe Harold

le

il

n'y rencontra que

Armand

écrivit des articles

y

d'histoire.

de Lamartine,

nombre

Pierre Leroux, compta bientôt au

de ses collaborateurs Duvergier de Hauranne,

des critiques

un

des Méditations à

poète

sot

son Eloa

fut toujours maltraité et

des sarcasmes. Lors de

et

publication de Cromivell, sa sagacité lui

fait

la

apercevoir qu'à

a mesure que la correction grammaticale et l'habileté de la rime gagnent chez M. Victor Hugo, il semble perdre du côté de l'invention et ne sait plus qu'ébaucher des conceptions».

55' Lettre. (142) Lato uche

— Hyacinthe,

en 1785, mort en 1851

romancier

;

à

la fois

et journaliste, est loin

mordant, plein

d'esprit,

méchant

une place importante dans mière moitié du xixe siècle; pièces de théâtre, en le

Thabaudde

Tour de Faveur

vers ,

:

le il

d'être le

même

la

Châtre,

premier venu

à l'occasion,

monde

est

les

— né à

auteur dramaûque, historien,

littéraire

de

;

tient

il

pre-

la

cependant bien oublié. Ses

Projets de Sagesse, 1811

1818, écrites

;

en collaboration avec

Emile Deschamps, ainsi que Selmoars de Florian,

1818,

qui eut plus de cent représentations et inspira à Casimir Delaviscne ses

Comédiens, n'appartiennent plus au répertoire

:

Procès Faaldèi 1818, et la Correspondance ds Clément XIV et de Carie Bertinazci, 1827, ne sont plus consultés. Le souvenir seul ses travaux de

polémique

et

d'histoire

:

le

reste de la verve endiablée avec laquelle, après la Révolution


l'aube romantique

de

Juillet)

il

rédigea le Figaro et

cette feuille satirique.

Il

3i5 réputation de

ainsi la

fit

cependant reconnaître que son

faut

roman de Fragoletta, 1829, trouve encore des

lecteurs. Ses

plus beaux titres de g^loire restent la protection qu'il accorda

aux débuts de George Sand dont la publication,

quoi qu'en sie

il

avait deviné

le talent

des Poésies d'André Chénier

en 1819,

Victor Hugo, servirent d'initiation à

ait dit

la

et

qui,

poé-

moderne.

(143) Allusion

de

à Toulouse, patrie

J,

de Rességuier,

Mainteneurà l'Acadéinie des Jeux Floraux. (144) Principaux morceaux des Tableaux Poétiques. 1788-1868 alors Maître (145) Le vicomte de Cormenin des requêtes au Conseil d'Etat, allait être nommé député

d'Orléans et préluder à une vie politique des plus remplies,

dont nous n'avons pas à nous occuper. (146)

Les Bergères

«

Forment légèrement

en chantant leurs amours

le soir,

ces tissus, que Barèges

Colore dans ses fleurs et blanchit dans ses neiges. »

Le Schall. Tableaux poétiques, (147) Joséphine Fodor,

fille

p.

120,

du compositeur Joseph Fodor,

née à Paris en 1793, mariée en 1812 à l'acteur Mainvielle. du Théâtre français,

bourg, où rôle

de

elle

la

commença à se

faire connaître à Saint-Péters-

débuta, en 1810, au Théâtre

cantatrice

Impérial dans

Vi liane, de Fioraventi

;

elle

le

chanta

ensuite à

Copenhague

montra, sans grand succès, à l'Opéra Comique. Elle

elle se

quitta cette scène

dans

Stockholm, puis en 1814, à Paris,

celle

Griselda, de Paer.

des Italiens où

Après

être

elle fit

passée

par

sensation la

salle

une tournée à l'étranger reparut en 1819 au Théâtre Italien, complètement réorga-

Favart et

pour

et à

et les Boufîes, elle

entreprit

y brilla dans // Matrimonio Segreio, la Gazz'a ladra, Il Barbier e de Sévig lia, Don Giovanni et les autres

nisé. Elle


3i6

l'auus houanti^uk

opéras du répertoire.

triomphes

A

l'arrêta

dans ses

demander sa guérison au climat elle

revint à Paris se mettre à

disposition de la direction des

Beaux Arts pour débuter à

d'Italie. la

Une maladie de gorge

et l'obligea à aller

peu près rétablie,

l'Académie royale de musique, en exécution d'un traité signé avec

le

vicomte Sosthènes de Larochefoucauld

ment son enrouement

reprit dès sa première

;

malheureuse-

apparition sur

la scène. Elle ofirit alors à l'administration de la Maison du Roi de rompre l'engagement contracté; mais, dans l'espérance que cet enrouement disparaîtrait, celle-ci rejeta ses propositions et émit la prétention de ne pas payer les appointements de l'artiste. De là, un procès qui allait être gagné par Mme Fodor, quand la surintendance des Beaux Arts éleva 1» conflit et lit porter le débat devant le Conseil d'Etat. Le

comte Jules de Rességuier, alors Maître des requêtes, avait été nommé rapporteur dans l'affaire Mainvielle-Fodor. 56e Lettre.

(148) Tastu

Sabine-Casimir-Amable Voiart,

— dame —

née à Metz, en 1793, morte en 1883, à l'âge de quatre-vingtdix ans, poète et prosateur, mais surtout poète. Ses premiers

vers datent de 1820. Elle

du Sacre, ({m peuvent

être

en 1839,

elle

productions

;

complètes. La

paraître en 1824, les Oiseaux rangésau nombre de ses meilleures réunit en un volume ses Poésies

fit

Muse de M™e Tastu

est

facile, élégante,

d'un

romantisme qui n'a rien d'audacieux, ses vers ont de la grâce, de la sensibilité, du charme, de la pondération; peutêtre manquent-ils un peu d'envolée. (149) Un morceau des Tableaux Poétiques^ à l'envoi desquels repond ici M™3 Tastu, porte pour épigraphe les vers suivants tirés de ses œuvres :

Ah

qu'importe le sort si ta main caressante S'appuie au gouvernail de ma nef inconstante. !


3l7

l'aube nOMANTIQUE

Lettre.

5-]^

(450)

A

l'apparition

l'accompagnant de Monsieur

Tableaux Poétiques, Jules de volume à Chateaubriand, en

des

envoyé son

Rességuier avait

le

la lettre

que voici

:

vicomte,

Je vous envoie ce livre, tout ce qui se tout ce qui s'écrit, tout ce qui s'imprime, sez-vous beaucoup et daignez relever ce mon hommage au milieu des admirations

pense, tout ce qui se dit,

tombe à vos pieds. Baisvolume qui vous apporte du monde entier.

LE COMTE JULES DE RESSÉGUIER

Lundi.

55e Lettre. (151)

V Odalisque — voir note S5. Jpa Lettre.

Antony Deschamps, frère d'Emile Deschamps. Cinq-Mars parut en 1826; quatre éditions, en moins de deux ans, n'épuisèrent pas le succès du roman, qui fut immédiatement traduit, dès son apparition, en italien, en (152)

(153)

anglais et

même

en russe.

ffoe

(154) Châteauneuf,

nom

de

Lettre. la propriété

qu'Adolphe de Saint-

Valry habitait près de Montfort, l'Amaury. (15o) M""e de Marlignac, femme de Jean-Baptiste Gage de Marlignac la

1778-1832,

— ministre

de l'Intérieur après

chute du ministère Viiièle, en janvier 18!28. (13G) Pichald; voir note 58, 19.


L AlBE nOMANTlOLE

Lettre.

(5/«

(157) Teresa Cabarrus, née à Saragosse, vers 1773, mariée à Davin de Fontenay, Conseiller au Parlement de Paris divorcée, elle épousa Tallien divorcée une seconde fois, elle ;

se remaria

;

quarante ans

avait bien

elle

avec

le

comte

de Caraman, devenu depuis le prince de Chimay. Elle mourut à Ménars, près de Blois, en 1830. Noire-Dame de Thermidor est trop

connue pour qu'avec

elle

quelques dates ne suffisent

pas.

62^ Lettre. (158)

en 1842

Roger ;

— François —

membre

,

poète comique, né en 1776, mort

de l'Académie française, Secrétaire géné-

des Postes sous la Restauration. Sa meilleure œuvre est l'Avocat, comédie en trois actes et en vers, jouée au Théâtre

ral

français en 1816. Roger fut un des fondateurs de la 5oc/e/e des Bonnes Lettres, aux réunions de laquelle Jules de Ressé-

guier dut

le

rencontrer,

63^ Lettre.

Jean-Stanislas, né à Strasbourg en 1759, (159) Andrieux mort en 1833, poète et critique successivement juge au Tribunal de Cassation, membre du Conseil des Cinq-Cents et du Tribunal, nommé, en 1814, professeur de littérature au Collège de France, « où il se faisait entendre », au dire de Villemaio, ;

(c

malgré sa

faible voix, à force

taire perpétuel de

de se faire écouter »

.

Secré-

l'Académie française à partir de 1829. Sa

comédie des Etourdis aurait mérité de rester au répertoire que le Meunier de Sans-HoiAii et le Procès au sénat Capoiie se trouvent dans toutes les antholo.

ses petits contes tels

gies.

Rien de plus

juste, les détails en sont exquis, la pointe


l'acbe romantïqle fine et acérée

3 19

man-

tout au plus peut-on leur reprocher de

;

quer un peu d'abandon

et d'intimité.

64c Lettre. (160) Mainvielle,

mari de Mll^ Fodor, voir note 147.

(i61)Ambroise-Polycarpe,ducdeLarochefoucauld-Doudeauville, né à Paris en 1763, mort en 1841, pair de France eu 1814, directeur des Postes en 1821, ministre de la Maison du

Roi de 1824 à 1827. (162) Alphonse de

Bouillerie, Maître

la

des requêtes au

Conseil d'Etat. (163) Louis-François-Sosthènes, vicomte de Larochefoucauld-

Doudeauville, né

le

15 février 178S, directeur du Département

X et aide

des Beaux-Arts sous Charles tré

dans

privée en 1830,

la vie

de son père, en 1841

;

mort

il

le

de

camp du

prit le titre

Roi. Ren-

de duc à

la

mort

17 octobre 1864. Précurseur

ùt G. Gourbetjle vicomte Sosthènes de Larochefoucauld avait,

en 1813, proposé d'abattre

la

statue de Napoléon de la colonne

Vendôme. On n'a pas oublié que, comme directeur des Beaux-Arts, il prit un arrêté pour faire allonger les jupes de

la

place

ennuyé des attaques que lui l'homme de lettres de lui payer quinze cents francs son silence, pour une année. H. T. de Latouchene refusa pas la somme, la versa à la caisse de la souscription ouverte au profit des Grecs et raconta tout au long- la négociation dans un article intitulé des danseuses de l'Opéra

;

fort

suscita à cette occasion FI. T. de Latouche,ilfit offrira

:

M.

le

vicomte Sosthènes de Larochefoucauld philhellène

malgré A un

lai

bal costumé,

donné par M™" de Narbonne,

Sosthènes de Larochefoucauld xvo siècle,

le

d'Arlequin

:

«

acceptez

était

le

vicomte

déguisé en chevalier du

prince de Léon portait l'habit bariolé et la latte 1

Chevalier

mon

défi, je

», dit le

vous

prince de Léon au vicomte,

jette le

gant.

— Je

ne

le

relève


3ao

l'al'be rom.vntiq'je

pas, vous avez

un sabre de bois, armes égales.

lier,

j'ai

une lance de

nous ne

fer,

— Vous vous trompez, cheva-

lutterions pas à

vous oubliez que l'arme d'Arlequin

est

l'arme du ridicule.

>>

L'affaire n'eut pas de suite.

65« Lettre. (164)

A

propos de

la

publication des

Tableaux Poétiques,

qui venait d'avoir lieu. (16o) Maillard, Conseiller

d'Etat,

chevalier de la Légion

d'honneur.

67» Lettre. (16G)

Le baron Favart d'Anglade,

ordinaire,

commandeur de

la

Conseiller d'Etat en service

Légion d'honneur.

Marie-Jean-Pierre (iG7) Crouseilhes, et non Courceilhes, né à Oloron (Basses-Pyrénées), en Dombidau, baron de i792; d'abord Avocat général à la Cour de Pau; puis Maître des requêtes au Conseil d'Etat, en 1820, appelé ensuite en 1824 au secrétariat du ministère de la Justice et nommé Conseiller d'Etat au commencement de 1828. Plus tard, sous la Royauté

de

Juillet,

pairie

;

en 1845, Dombidau de Crouseilhes fut élevé à

élu député des Basses-Pyrénées en 1849,

il

du 10 Avril au 26 Novembre 1851 nommé coup d'Etat, il mourut en 1861, ayant servi gouvernements avec le même zèle et le même dévoue-

tre de l'Intérieur

sénateur après tous les

la

fut minis;

le

ment. (168)

Deux

avocats du

époque au Conseil d'Etat

nom :

de Guichard plaidaient à cette

(îuichard père, chevalier de

Légion d'honneur, inscrit en 1800, Il s'agit probablement du père, qui comité du contentieux de

et

Guichard

était

la Liste civile.

fils

en outre

la

en 1813.

membre du


321

L AUBE ROMANTIQUE

<55e

(169) Etienne,

Lettre.

française,

un des

— né en

Charles-Guillaume

membre

en 1847; poète comique, publiciste, journalistes

ardents

les plus

1778; mort

de l'Académie les

et

plus

appréciés de l'opposition sous la Restauration.

6g''

(170) Gérando

Lettre.

— Marie-Joseph, baron de, — né

1772, secrétaire du ministère de l'Intérieur en 1804 dès 1811, du Conseil d'Etat dont la

il

fut

un

à ;

Lyon en fit

partie,

instant écarté sous

Restauration, mais pour y rentrer presque aussitôt. Memlire

de l'Académie des Sciences morales, élevé à la pairie sous la Juillet, il mourut en 1842, après avoir fondé nombreuses œuvres philanthropiques.

Royauté de dirigé de

et

yo* Lettre. (171) Premier vers

du morceau

:

Clémence Isaure, Ta-

bleaux Poétiques. (172) Variante des deux vers suivants

:

Et parmi les accords, on entend soupirer Sa voix qui nous ravit et qai nous fait pleurer. «

«

Le Charme. Tableaux Poétiques.

yi* Lettre. (173) S'agit-il de Denis- Louis-Martial d'Avenel, né en 1789,

qui fut Auditeur au Conseil d'Etat de Westphalie, secrétaire

du

roi

Jérôme

et

plus tard journaliste, c'est probable.

(174) L'aflaire se termina par

une transaction, à

la fin

de

1828. L'attitude de Jules de Rességuier ne fut pas sans avoir


32?.

l'al'be

romantique

aidé à cette solution. M^^* Mainvielle-Fodor essaya, une fois le différend réglé,

dans

les

derniers mois de 1828, de repa-

raître sur la scène, à Naples,

mais sa voix

perdue. Elle se retira à Fontainebleau, où

dans

lors

était elle

décidément

vécut depuis

la retraite.

73 « Lettre. Pendant sa présence au Conseil

(475)

1823

d'Etat, entre

et

1830, Jules de Rességuier eut à s'occuper d'un différend entre la

Maison du

Pioi et M'i»

George. Marguerite Georges ou

George, née à Amiens en 1786, débuta au Théâtre français en

1812

;

en 1855,

déon

;

elle

donnait encore des représentations à l'O-

elle

mourut plus qu'octogénaire. Dans

ses tournées de

province, quand, l'âge et l'obésité venus, l'empressement du public à aller l'entendre semblait devoir faire défaut, ses directeurs, pour attirer la foule, au-dessous de son dette sur les affiches, rappelaient

joué devant un parterre de rois, dre, elle

nom

en ve-

non seulement qu'elle avait devant Napoléon et Alexan-

mais encore que ces Majestés avaient tenu

à

faire

avec

plus ample et plus intime connaissance.

7^6 Lettre. (176) Victor Joseph-Etienne, dit de Jouy; né à Jouy, près de

mort en 1846, membre de l'Académie du Louvre sous la Restauration. Inutile d'énumérer les vingt-sept volumes de l'Ermite un ermite qui savait les bons de la Chaussée d'Antin

Versailles, en 1769,

française en 1815, bibliothécaire

gîtes,

— mais dont

juste

titre.

les

productions sont oubliées aujourd'hui à

74» Lettre. (177)

Charles Nodier, né à Besançon en 1780,

mort en


828

l'aube houaxtique

membre

1844,

de l'Académie française, entomologue, gram-

mairien^ bibliophile, journaliste, critique, romancier, poète fut tout cela, et surtout

homme

il

;

d'esprit.

y5^ Lettre.

Eugène Sue, né à Paris en 1801, mort en 1857, n'aépoque écrit ni les Mystères de Paris ni le Juif Errant ; il venait seulement de publier ses premiers Plick ci Plock et romans maritimes le Pirate, 1830 Atar Gull, 1832. Filleul de l'Impératrice Joséphine et du (178)

vait encore à cette

:

;

prince Eugène, en possession d'une belle fortune, dont nait d'hériter de ses parents, plein de

vanité et de

il

ve-

morgue,

d'une élégance raffinée, d'une coquetterie prétentieuse, des

bagues aux doigts,

il

habitait alors, rue de la Pépinière,

un

appartement encombré de bibelots, de bronzes, de tableaux, d'argenteries, de

qu'avec la société

curiosités la

de

toutes

sortes.

plus aristocratique,

il

fut,

Ne frayant

avec

de la Moskova, lord Seymour, lord Chesterfield, un dateurs du Jockey-Club.

deux équipages dont été

Il

l'un,

le

prince

des fon-

chassait à courre, propriétaire de

composé de

envoyé d'Angleterre par son ami

y6' Lettre

le

«

beagles », lui avait

comte d'Orsay .C ce

.

(179) Le premier morceau des Tableaux Poétiques dédié à Alexandre Soumet porte pour épigraphe le vers de Lamartine

:

C'est

pour

la vérité

que Dieu

fît

le

génie.

jj^ Lettre. (180)

Cromwell parut en décembre 1827, précédé de sa manifeste voir les articles de Ch. de Ré-

célèbre préface

;


l'aubk romantique

3a4

musat parus dans le Globe et reproduits dans le tome ler de Mélanges ; voir les Essais Dramatiques de Gaspard de

ses

Pons. Voici ce que Jules de Rességuier de Macbeth

traductions

Deschamps

et

de

Roméo

écrit à

et

propos des d'Emile

Juliette,

:

aucun livre, « Gœthe a dit du Théâtre de Shakespeare aucun homme, aucun événement n'ont aussi vivement frappé mon esprit. C'est que Shakespeare a fait plus qu'un livre, :

c'est

que

les

êtres qu'il a créés et animés, conçus dans des

proportions plus g^igantesques que

les

hommes

réels,

semblent

qu'eux-mêmes c'est que les événements qui se produisent dans ce monde surhumain éveillent à la fois toutes les amours, toutes les haines, toutes cependant avoir autant de

réalité

;

répulsions, toutes les sympathies, enfin, toutes les

les

tions

Créateur

«

émo-

du cœur humain.

comme

la

nature, Shakespeare semble posséder,

au même degré qu'elle, sa puissance de fécondité et de variété; son génie ne s'affranchit avec autant d'audace et de bonheur des règles de l'art et parfois de celles du goût que pour saisir l'homme corps à corps, et pour prendre sur le fait ses sentiments

les

plus élevés et les plus bas, ses plus

plus farouches passions, ses plus comiques

douces

et ses

et ses

plus tragi-

ques contrastes. Ce n'est pas seulement sur les héros et les personnages de son drame qu'il nous fait rire ou pleurer, c'est

l'humanité elle-même dont, avec une vérité sauvage,

offre toutes

les

faiblesses et toutes les misères

il

à notre iro-

nie et à notre pitié.

Dire ce qu'est Shakespeare,

a

la tâche

les

d'un

abîmes

traducteur.

les plus

c'est dire

Comment

profonds de

la

combien

est difficile

descendre avec

lui

dans

philosophie et de la méta-

physique pour, avec lui, revenir aux plus vulgaires trivialités la vie? Puis s'élancer et planer, à sa suite, dans les plus

de

brillantes régions de la vérité et de la poésie.


L «

Il

était à

325

AUBE ROMANTIQUE

peu près reconnu que

la

prose seule était assez

simple et assez fidèle pour faire passer dans notre lang^ue les sublimes originalités du poète anglais et faute d'un mieux que

nous supposions impossible, nous nous contentions de d'admirer Shakespeare traduit en

auquel oa a cassé encore.

les ailes,

Nous avions

tort,

prose,

qui ne vole plus, mais qui

M. Emile Deschamps

facilement ce que nous supposions impossible. intelligence extraordinaire et à

lire et

comme un

aigle

marche

vient de faire

Il

à une

fallait,

un sentiment exquis de

l'art,

joindre une connaissanee merveilleuse de foutes les ressources de notre langue et

un

talent de versification tout à la fois

naturel et savant pour essayer de traduire en vers

le

grand

Shakespeare... »

Su" Lettre. (181) Montbel,

— Isidore-Guillaume, baron, comte

de

mort auprès du comte de Chambord, à fut un des ministres du cabinet Polignac,

à Toulouse en 1787, Frosdorff, en 1861

;

condamnés à mort. 82* Lettre. (182) Villemain,

— Abel-François — né à Paris en 1790, mort

en 1870, historien, critique, romancier, polémiste, professeur, ministre, Secrétaire perpétuel de l'Académie

gnait à ces

différents titres celui

plus laid de France.

II

saire de raconter sa vie

française, joi-

de passer pour l'homme

le

connu pour qu'il soit nécesassez ondoyante et énumérer ses tra-

est trop

vaux, des plus nombreux.

83" Lettre. (183) Jules de dire quelques

Rességuier avait demandé à Villemain de

mots des Tableaux Poétiques dans un journal

;


l'aUUK RO.MVMIOIK

326 en

le faisant,

lemain^ sous tes

il

le

pour ainsi dire à un

s'adressait

collèjjuc. Vil-

ministère Decazcs, avait été Maître des requê-

au Conseil d'Etal.

i'^e Lettre.

(184) Marguerite-Louise- Virginie Chardon, née à Dijon en

1792, morte en 1875, mariée vers 1818 avec Ancelot, que sa tragédie de Louis

IX

fit

peu après connaître

;

commen(;a à

collaborer à quelques ouvrages de son mari, puis bientôt après

nombre de pièces aux tiiéùlres des Variétés et de Jaana, 1838 Clémence, 1839 ; les Honneurs et les Mœurs et Marguerite, 1840; It Père Marcel, 1841 V Hôtel de Rambouillet et les Deux Impératrices, 1842 Ilermance, Une Femme à la mode, Loïsa, et il/me Roland, 1843; les Femmes de Paris, 1848; enfin, Marie ou les trois époques, jouée au Théâtre français par M'I* Mars, avec un grand succès. Son théâtre complet comprend une vingtaine de pièces elle a publié divers romans Gabrielle, 1839 Emeraude, 1841; Médérine, 1843; Renée de Varoille, la Nièce du banquier. Une Famille parisienne, etc. De ses livres, le donna

seule

Gaîté

la

;

;

;

;

:

:

;

seul feuilleté encore de

nos jours, auquel l'auteur attachait

certainement une bien mince importance, est les Salons de

Paris, étude du monde de son temps. M"»® Ancelot lice

fut très

avec Alfred de Vigny.

(183) Jules de Rességuier venait d'envoyer les

Poétiques à

M™e

Tableaux

Ancelot.

(186) M'ne Ancelot, qui s'occupait de peinture et avait cette

même

année exposé au Salon son tableau d'Une Lecture par Parseoal-Grandmaison chez M. Ancelot; voir note 89, venait de commencer un autre tableau dont le motif lui avait été suggéré par VOndine, de Jules de Rességuier.


l'aubs romantiquk

327

85^ Lettre. (187) Elisa

Mercœur née

à

Nantes en 1809, morte à Paris en

1835, passe, avec Gilbert et Malfilâtre, pour une victime de poésie et

du

sort. Elle s'éteignit,

d'une maladie de poitrine dée à

suite de

la

lettre, la

dont

la

est vrai, à trente-six ans,

mais une pension, qui

la pétition

mit à l'abri du besoin.

nument dans (188)

;

il

il

lui fut

accor-

question dans cette

est

On vient

de

lui élever

un mo-

sa ville natale.

Ce volume de Poésies, grand

in-80, parut à Paris

en

1829. (189)

La mère

d'EIisa

Mercœur,

s'il

faut s'en rapporter à

ce que raconte Lorédan Larchey dans la nouvelle série, tome profiter

1er

semestre

qu'on ne

l'a

Revue Anecdotique,

1861, sut habilement

du retentissement causé par

« Elle était, » dit-il, a cile

III,

mort de

sa

fille.

dans une situation beaucoup moins

diffi-

la

cru généralement, et nous tenons de bonne

source que son appartement était divisé secrètement en deux parties, dont l'une, la plus pauvre, était

aftectée à la récep-

tion des visites. »

8Gt> Lettre.

(190) Salvandy, en 1828, sous le ministère Martignac, rentra

au Conseil d'Etat en qualité de Maître des requêtes. SyQ Lettre.

(191) Lettre d'envoi de H. de

Latouche, de son roman de

Fragoletta.

Sg^ Lettre. (192) Othello avait été écrit par Alfred de

Vigny en

colla-


SaS

l'aube romantique

boration avec Emile Deschamps, qui ne prit jamais complète-

ment son

nom

parti de l'omission de son

lors de la

représen-

au Théâtre un triomphe, malgré l'anti-

tation de la pièce. Cette représentation, qui eut lieu

français

24 novembre 1829,

le

pathie générale pour les adversaires

porte Alexandre

lut

tout ce qui venait d'Angleterre,

des auteurs qui,

littéraires

Dumas dans

Gœthe

Mémoires,

ses

soutenir qu'il s'agissait de savoir

ainsi

que

malgré le

rap-

alTectaient de

Shakespeare, Schiller ou

si

allaient chasser de la scène nationale Corneille,

Racine

et Molière.

9/* Lettre. (193)

Macbeth

et

Roméo

et Juliette,

avec une préface, des

notes et des commentaires, ne furent édités qu'en 1844,

un volume

Roméo

in-80, Paris,

et Juliette

Amyot

reparut chez

deux tragédies forment

en

au Coœptoir des imprimeurs réunis; la

en 1803. Enfin,

plus grande partie

Œuvres complètes d'Emile Deschamps

du tome

V

les

des

réunies en 6 vol. in-18

par Alph. Lemerre en 1874.

r)2^

Lettre.

(194) Jules de Rességuier venait de quitter Paris pour se

rendre aux eaux de Cauterets, où Soumet devait et

aller passer

ensuite

le

rejoindre

quelques mois dans sa propriété de

Sauveterre. (195) Emile

Major de

la

Deschamps

nommé

avait été

première Légion de

la

derniers mois du règne de Charles X. qualité, assisté à

passée par

le

la

dernière revue

souverain au

Champ

capitaine d'Etat-

Garde Nationale dans Il

avait

même, en

les

cette

des troupes citoyennes

de Mars.


l'aube nOMANTIOUE

517e

829

Lettn\

Chants du Crépuscule; mémoire par Emile Deschamps,

(196) Dicté après juillet 1830. Les vers, cité de

l'avant-dernier n'est pas exact.

de Victor

Le

Hugo

voici tel

que

portent les

la

couronne

p.Çe

Lettre.

Je n'enfoncerai pas

(197) Côte

le

Œuvres complètes

:

du limaçon,

Cauterets contournant une

d'épines...

partie de la route de

Pierrefitte à

énorme masse de rochers.

(198) Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Toulouse.

Voir note -2. (199) Berryer

mort pour

le

,

Pierre-Antoine

29 novembre 1862;

qu'il soit nécessaire

le

le

4 janvier 1790,

célèbre orateur est trop

de parler de

connu

lui.

gg^ Lettre. (200)

Madame Tastu

avait des raisons personnelles pour ne

pas aimer les républicains. La Révolution de 1830 avait occa-

sionné de sérieuses pertes à son mari, imprimeur à Paris, avait

même

failli

faire

et

sombrer son établissement.

100^ Lettre. (201) Jules de Ressés,uier

avait quitté l'appartement qu'il

occupait précédemment rue du Helder, pour habiter successi-

vement rue d'Anjou

et

rue Taitbout.


l'aube romantique

33o

/o/* Lettre.

Honoré de Balzac

(202)

était

un assidu des soirées de M"* de

Girardin

102^ Lettre.

Ham des amis de comte Ch. de Peyronnel, ministre comte Martial-Côme-Annibal-Perpetue

(203) Allusion à la détention au fort de

Jules de Rességuier

de l'Intérieur,

et

le

:

le

Magloire Guernon de Ranviile publique

,

ministre

des Cultes, en mai -1830,

et

de

llnstruction

signataires des Ordon-

nances, mis en accusation et condamnés à mort par des Pairs,

la Cour condamnation commuée en prison perpétuelle e^

amnistie en 1836. 70.îe Lettre.

(204)

de vers

Lamartine remercie Jules de Resscguier de lui avait

qu'il

reproduite d'ailleurs à

adressée après la

suite

du poème dans

la

pièce

de Jocelyn,

la lecture

les

Œuvres

complètes de Lamartine. (205)

dont

-1832, un Voyage en Orient, Voyage en Orient^ souvenirs, impres-

Lamartine entreprit, en

le résultat fut le

sions, pensées et paysages, 4835, 4 vol. in-i^, Paris.

(206)

Après

la

Révolution de

Juillet,

cessivement présenté sans succès à et à

la

Lamartine

s'était

suc-

députation à Toulouse

Dunkerque. 7o4® Lettre.

(207) (208) actes,

Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo,parut en 4831. Ne s'agirait-il pas d'/sabelle d'Aspen, pièce en cinq

en vers, lue au comité du Théâtre français, qui n'a

jamais été représentée ni imprimée ? Voici

la liste des

person-


l'aïJBE nOvANTIMCIS

naçes de ce drame avec telles

que

le

porte

le

RUDiGER

les indications

33

I

qui les accompagnent

manuscrit de l'auteur

:

baron d'Aspen, vieux guerrier allemand ; baronne d'Aspen, mariée d'abord à Arnolf d'Ebersdorf, aujourd'hui femme de Rudi-

ISABELLE

ger.

GEORGES d'aSPEN... HK.NRI D ASPEN RODERic

/

r-i

',

fils

j t, jJ'i u II Rudiïîer et d Isabelle de ^ .

;

\

comte de Maltingen, chef du tribunal invisible et ennemi héréditaire de la famille d'Aspen VOLFBD ami et allié du comte Roderic birtramd'ebersdorf. frère du premier mari de la baronne d'Aspen sous le déguisement de ménestrel wiKERD ) suivants et hommes d'armes de la maison REVNALD d'Aspen ) coNRAUD page d'honneur d'Henri d'Aspen VALSTi>écuycr de George d'Aspen ARTHUR écuyer du comte Roderic ; LUDOVIC chapelain du château SOLDATS JUGES du tribunal invisible. ;

:

;

;

;

;

;

;

La scène se passe au château d'Ebersdorf en Bavière, dans les raines de Grefenhaas et dans les environs. ,

io59 Leitre. (209) Emile de Girardin

1802-1881

— épousa

Ml'e Del-

phine Gay en 1831.

io6ft Lettre.

(210) Alexandre

Auvere^ne, chez sa (211) Le libraire écrivains. vais état.

Guiraud

était alors en villégiature, en baronne de Croze. Ladvocat avait beaucoup lait pour les

fille, la

Après 1830 ses affaires se trouvèrent en très mauimagina alors, pour se tirer d'embarras, le Livre

Il


332

l'aube romantique

des Cent et Un, œuvre collective qui aurait pour collaborateurs gratuits les plus en vue des

temps. La réponse à

hommes de

lettres

de son

requête qu'il adressa alors aux prin-

la

page d'acquiescement,puLliée en 1864 où se trouvent entre autres signatures d'Alfred de Vigny, Sophie Gay, Delphine de Girardin,

cipaux littérateurs

fut la

par V Autographe celles

Amable Tastu, Ancelot,

Guizot, Arnault, Ch. DuArago, Fréd. Soulié, AIph.Karr, Fenimore Cooper, Brifaut, Déranger, P. de Kock, Pigault- LeG. Delavigne,

pin, N. Roqueplan, E.

brun, Gh. de Peyronnet, Jules de Rességuier,

Liore des Cent

définitif: le

et

Un

n'eut

etc.

Le

résultat

qu'un succès

relatif

Ladvocat n'en resta pas moins ruiné.

et

Dans les Chants du Crépuscule, Napoléon II est mai 1833, c'est une erreur, comme le témoigne cette lettre, la pièce avait été imprimée un an plutôt, en 1 832. (213) La première édition de Stella date de cette même (212)

daté de

année 1832. (214)

Alphonse de Lamartine

Poésies diverses. Réponse

Recueillements Poétiques

:

aux adieux de Sir Walter

;

Scott

à ses lecteurs. (215) Jules de Piességuier

de

l'éditeur

més dans

Ladvocat

les

les

donna au Livre des Cent

Chevaux de Poste, tome

et

Un

IX, réimpri-

Prismes Poétiques.

joj^ Lettre. (216) Félix

d'Amoreux, connu sous

le

nom

né en 1816 à Uzès (Gard), d'une ancienne cienne, débuta dans les

Romaines

;

d'intérêt, entre autres et les

lettres

puis écrivit de :

en

de Saint-Félix,

famille languedo-

1830, avec des Poésies

nombreux romans élégants et

pleins

Dalilah, Cléopâtre reine d'Egypte

Nuits de Rome, son meilleur ouvrage. Félix d'Amo-

reux passe pour avoir travaillé à divers volumes d'Alexandre


l'aube kOMANTIOUE

Dumas;

il

a collaboré à

la

333

Revue de Paris au Livre des

Conteurs, au livre des Cent et Un,

etc.

Le Keepsake français, pour l'année 1833, dédié à

(217)

prisonnière de Blaye avec cette dédicace

:

les

Arts

la

en deuil

àleurroyale et infortunée protectrice, Paris, Dauty, marchand d'estampes, 2, rue Vivienne. Le volume vers de Jules de Rességuier dédiés a S.

commence par des

A. R. Mademoiselle,

devenue plus tard duchesse de Parme.et contient deux pièces de Saint-Félix

:

lygg

la Sicile en

et la

France en 1882

et

Mon

Cheval. lOQ^ Lettre. (218)

La Mode, fondée par Emile de Girardin

le i''

octobre

4829, patronnée par la duchesse de Berrj, eut, dès ses débuts,

un succès

colossal.

112^ Lettre. (219)

comme

Marie

de

fort-sur-le-Mein, de ait

Flavigny,

écrivain sous le

nom

comtesse

d'Agoult,

de Daniel Stern

parents français, en

;

connue

née à Franck-

1809.

Quoiqu'elle

touché à tout, ses romans, ses livres d'histoire, ses essais

philosophiques, ses critiques d'art,

ses études poétiques,

ne

sont plus guère lus. (220) Croissy, commune du canton de Lagny, arrondissement de Meaux (Seine-et-Marne). (221) De l'époque delà Restauration aux premières années du second d'Empire, la manie des albums sévit violemment pas une dame du monde qui ne sollicitât alors pour le sien quelques lignes de l'homme en vue. ;

I

(222)

11

s'agit

des

i/f'^

vers

Lettre.

adressés

k S.

A.

R.

Made-


l'aube romantique

33^

mars 1832

moiselle, datés de

français pour d833

publiés en tête du Keepsake

et

:

Votre premier regard sur la pourpre des trônes, Voit briller des drapeaux, des armes, des couronnes,

//5e Lettre. (223)

Mascppa,

pièce en vers, dédiée à Horace Vernet, qui,

en 1825, avait peint une

toile

représentant

des cosaques de l'Ukraine attaché

Tableaux Poéliques, pas dans

les éditions

Ille

le

lanieux hetman

sur un cheval indompté

édition; le

morceau ne

:

se trouve

précédentes.

//6* Lettre. (224) Dalilah,

roman par

Saint-Félix, paru en 1833

;

voir

note 2io.

//7e Lettre, {^ib} labelle d'Aspen

;

voir note 206.

//^e Lettre.

Adolphe-Louis-Léonor, marquis de Custine,

(226)

général de

ce

nom, né en 1793, mort en 1857

;

fils

du

a publié

divers ouvrages sur l'Angleterre, la Suisse, la Calabre, l'Es-

paone

mais doit surtout sa notoriété au

;

livre

la Russie en

i83q. Paris, 1843, 4 vol. in-8°. « Je n'ai su que plus tard, » Philarète

écrit

Charles,

Custine qu'il connut,

dans

ses

naire et malheureux, problème et type,

que

le

Mémoires,

c la véritable vie

vice le plus odieux

a propos de

de cet être extraordi.

phénomène et paradoxe,

chevauchait, domptait, opprimait


335

l'aube UOîrA.NTIQUE et ravalait. loyal,

.

.

d'un autre côté,

et qui,

généreux, honnête, charitable.

était

sans se racheter,

»

Probablement Isabelle cf A spen; voir noie 206.

(227)

120' Lettre. (228)

René-Paul

et

conte physiologique par

Paul-René,

Livre des Conteurs, dans

Emile Deschamps, paru dans

le

lequel Jules de Rességuier

paraître Catherine, nouvelle,

fit

Allardin, édit., Paris, 1833,

tome

III.

75/* Lettre. (229)

La Salamandre, roman maritime, par Eugène Sue,

publié en 1833.

122^ Lettre. (230) Alcide-Hyacinthe

en 1801, mort eu 1873

;

du Bois de Bauchesne, né à Lorient chef de cabinet au Département des

a publié plusieurs volumes de vers et mais restera surtout l'historien de Louis XVII. On a oublié depuis longtemps le manoir gothique si célèbre aux

Beaux-Arts en 1823 de prose

environs de 1830 les

;

;

lisières

qu'il avait fait élever

auprès de Madrid, sur

du Bois de Boulogne.

ia5^ Lettre. (231) Pradel

— né en (232)

— (Pierre-Marie-Michel-Eugène

1787, mort en 1857,

La

le

famille de Rességuier habitait

alors

famille, rue des Nobles, à Toulouse, après avoir

Nino.

Courtray de,

Glalignj- de son époque.

un hôtel de demeuré rue


l/AUBt: nOMANTiOL'C

336

128^ Lettre. (233) Alfred-François Nettement, né à Paris en 1805, mort

en 1869, d'abord rédacteur à t Universel, fondé par Abel de Rémusat en 1829 puis à la Quotidienne, aux Variétés, à ;

de France, au Nouveau

Gazette

la

Mode

;

en 1848,

paraître le 2 blée

il

fonda l'Opinion

Conservateur, à la

Publique, qui cessa de

décembre 1852. Député du Morbihan à l'Assemfut du nombre des représentants qui il déchéauce du prince président, à la mairie du

Législative

signèrent

la

Xe arrondissement

et

furent incarcérés.

On

doit à Alfred

Nettement, écrivain des plus féconds, mais, avant tout,

légi-

timiste convaincu, plus de trente volumes d'histoire, de critique,

de polémiques religieuses

et politiques.

i3o^ Lettre. (234) Les Voleurs, épisode

d'Almaria.

j36' Lettre. (235) ris le

Théodore Labarre, compositeur

et

harpiste, né à Pa-

8 avril 1805, élève de Cousineau, Bachsa

entré au Conservatoire en 1820,

Naderman

et

;

y étudia la composition sous Fétis et Boieldieu. En 1837, il se maria et alla se fî.xer en Angleterre. Citons parmi ces opéras les Deux familles, en trois actes, joué à la Salle Ventadour en 1831 V Aspirant de Marine, en deux actes, représenté au Théâtre de la Bourse parmi ses ballets la Révolte au Sérail, qui eut un grand succès à l'Opéra en 1833. Th. Labarre se fit surtout connaître il

:

;

;

:

Contrebandier, la

par ses romances dont certaines

telles

Fille d'Olhaïli, la Tartare, la

Pauvre négresse, eurent une

vogue dont

il

:

le

est difficile aujourd'hui de se faire

une

idée.


l'aube ROMANTIOUE

H'J

i3j^ Lettre. (236) Henri

Monnier venait de

Populaires, qui tière

:

le

paraître

Roman

les

Scènes

chez la por-

Voyage en diligence ; Jean Hiroux, etc. Ces diadétail peu connu ont été retouchés par H. T. de

; te

logues

faire

firent sa réputation

Latouche.

i38^ Lettre. (237) Salvandy venait d'être envoyé à

Députés par tard être

le

département de l'Eure

nommé

;

il

la

Chambre des un peu plus

allait

ministre de l'Instruction publique.

/Jp« Lettre. (238) Jules de Rességuier venait de faire

roman

d'i4 //?mr/a

hommage

de son

à son ancien collègue du Conseil d'Etat.

1^0^ Lettre. (239)

Marie-Antomette Nodier, dame Mennessier, née en nombreux articles parus dans

1811, morte en 1893; en plus de

un recueil de poésies un volume de Souvenirs, sur son

divers journaux et revues, a publié le

Perce neige, 1836,

et

;

père. /4-2* Lettre.

(240)

Une

des

filles

de

Mme

Sophie Gay.

i43^ Lettre, (241)

Thomas Zumalacarreguy, né dans

les

provinces bas-

ques espagnoles, en 1789, général des armées du prétendant

>


338

DoD

l'aubl romantique Carlos, frère

Ferdinand

de

VII^

blessé

mortellement

devant Bilbao, en 1833. /44' Lettre. (242)

Réponse

à l'envoi

du roman d'Almaria.

i45^

Lettre.

Roger de Beauvoir,— Edouard-Roger de Bully dit, a publié un volume de vers, de nombreux romans, a écrit pour le théâtre et collaboré à divers journaux et revues. Son œuvre la plus connue est le (243)

né à Paris, en 1809, mort en 1866

;

Chevalier de Saint-Georges, 1838, transportée au théâtre en 1840.

du musée du Louvre, Père Aubry déposant, dans une fosse qu'ils

(244) Allusion au tableau de Girodet,

Chactas

et le

viennent de crsuser,

le

corps d'Atala.

/47* Lettre. (245) Voir

:

Dix heures au château de Ham,ipav l'éditeur et Un — Ladvocat, Paris 1842, tome IX,

du Livre des Cent pages 391

et suivantes.

i5o^ Lettre. (246)

ment

Mgr

Olivier, né

en 1798, mort en 1864, successive-

vicaire de Saint-Denis, de Saint-£tieune-du-Mont, puis

curé de Chaillot, de Saint-Etienne-du-Mont, de Saint-Roch, à Paris, enfin évéque d'Evreux en 1841

;

a-t-on écrit, « dont on parle le plus, le

«

L'homme de France

moins connu

méconnu.. Presque tout ce qu'on en a tout ce qu'on n'en a pas dit est vrai. »

dit est

»

et le plus

faux, presque


l'aube romantique (247) Montivilliers, chef-lieu de rieure, à treize kilomètres

33g

canton de

la

Seine-Infé-

du Havre

/5/e Lettre. (248) Lettre écrite de Cimiez, faisant alors partie

(249)

Du

de Nice,

Lettre.

iJs"-

la création

commune proche

du Piémont.

Fougerais, rédacteur en chef de la Mode, lors de de ce journal.

/5Je Lettre. (250)

Comte de Peyronoet, Histoire des Francs, 4

vol.

in-8, Paris, 1835.

j56^ Lettre. (251)

Malgré

les

Rességuier refusa de

probablement

encouragements de ses amis, Jules de se présenter à l'Académie française et

eut-il raison.

/J/e Lettre.

Walsh, né au château du Sermort en 1860 légitimiste con-

(252) Joseph-Alexis, vicomte rant, près d'Angers, en 1789,

vaincu, livres,

il

;

n'a cessé, dans les journaux, les revues et

dans ses

de défendre la royauté des Bourbons. Le vicomte

Walsh

a publié une vingtaine de volumes, citons parmi ceux-ci

Journées mémorables de et

la Jiéi'olution,

:

les

1839-40,5 vol. in-S",

Souvenirs de cinquante ans, 1845, in-Su.


l'aubk romantique

34o

/5o« Lettre. (253) Félix-Antoioe-Philippe Dupanloup, né en 1802,

en 1870, évêque d'Orléans,

membre

à raconter la vie

Inutile de s'attarder

rappelons seulement que c'est

mort Talleyrand avec

lui

mort

de l'Académie française. de

l'illustre prélat

qui réconcilia à

.son lit

;

de

l'Eglise.

i()i* Lettre.

'

(254) Marceline-Félicité-Josephe Desbordes, née à

1786, morte en 1859

;

Douai en

après avoir débuté à l'Opéra Comique à

peine âgée de dix-neuf ans, sans grand succès d'ailleurs, épousa en 1817 le comédien Valmore, puis bientôt après renonça au théâtre. Nous n'avons pas à faire l'éloge du poète qu'est « l'ardente Marceline », dont la renommée, à l'inverse de celle de tant d'autres, grandit chaque jour. « Elle a les grandes

vigoureuses

et

s'imposent à

la

qualités», a

mémoire,

les

écrit

Ch.

Baudelaire, «

qui

trouées profondes faites à l'im-

proviste dans le cœur, les explosions magiques de la passion. » Elle a le

charme, l'émotion,

Une

(255)

élégie des

Rességuier venait de le

grâce, la tendresse.

la

Tableaux Poétiques, dont Jules de

faire

hommage à M'^e Desbordes- Valmore,

Passé, porte pour épigraphe

celle-ci

Je regarde à présent

Comme

A jVjme

les

deux vers suivants de

:

un

lieu

la vie

que j'aurais quitté.

son tour, dans son volume

:

Fleurs

Desbordes-^"almore, en tête de

du Ramier, met Hélas

!

et

pauvres Fleurs,

la pièce la

Vie

et la

cette citation de Jules de Rességuier:

nous n'avons pas juré de vivre ensemble,

Mais nous avons promis de nous aimer toujours.

Mort

i,

||


l'aube romantique

341

Ondine Valmore, que Sainte-Beuve avait

(256)

été

sur

le

point d'épouser entre 18-ii et 1846.

i63e Lettre.

Après

la lecture de Jocelyn, Jules de Rességuier Lamartine une pièce de vers que celui-ci inséra suite de son poème avec les strophes par lesquelles il le

(257)

avait envoyé à

à

la

La pièce de Jules de Rességuier se trouve encore Prismes Poétiques. (238) Le véritable titre du roman de Fr. Poujoulat est la Bédouine, 2 vol. in-18°, 1835 deuxième édition revue par Michaud, 2 vol. in-120j 1840. Ce roman, dont les scènes se passent au désert, fut couronné par l'Académie française en remercia.

dans

les

;

1836,

764* Lettre. {2b9)

Mikaëla, personnage du roman

d'

Al maria.

16 5"' Lettre. (260) Lettre déjà parue dans L. Séché.

Paris,

Mercure de France, 1907,

in-80.

Alfred de Musset. Correspondance.

266' Lettre.

(261)

Il

s'agit

du premier Temps, fondé par Jacques Coste, et succomba après avoir

qui n'eut qu'une existence éphémère

coûté plus de douze cent mille francs à ses actionnaires. Voir

Eug. Hatin, Histoire de la Presse en France. Paris, PouletVIIL

Malassis, 1861, tome

X


i/aube roman riofjE

342

iGyf: Lettre.

(262)

Le journal l'Avenir, fondé au lendemain de

lution de 1830, par

Gerbet, etc., dans le

le

Lamennais,

Montalembert,

but de concilier

les

idées

la

Révo-

Lacordaire,

libérales avec

catholicisme.

Emile Deschamps

(2G3)

Croze,

fille

se rendait

chez

la

baronne de

d'Alexandre Guiraud, qui habitait l'Auvergne.

lyo^ Lettre. (264) Charles Forbes de Tyran, comte de Montalembert, né

mort le 13 mars 1870 la Vie de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de J'huringe, parut à Londres le 29 mai 1818,

;

en 1830. 1^2' Lettre. (265) La Châtelaine de la Vendée et la Châtelaine du Languedoc font partie des Prismes Poétiques.

I-/3'-

Lellrc.

(266) Jules de Ressés^uier venait d'envoyer à Lamartine son

volume

:

les

Prismes Poétiques. jy4^ Lettre.

(267) Jean Reboul, né à Nîmes en 1796, mort en 1864, Nous ne dirons pas que sa profession de boulanger ainsi que les pages pleines d'humour qu Alexandre Dumas lui consacra

dans ses Impressions de voyage, n'aidèrent pas à naître

;

mais sa pièce de l'Ange

et

le

faire con-

l'Enfant, que nos mères

savaient par cœur, justifie le patronage de Lamartine qui


l'aube romantique

lui et

la

343

dédia une de ses plus belles Harmonies.

rEnfant,Rebou.l a écrit des élégies

Première Douleur,

inspiration

émue

de Job mérite (268)

Une

les

la

noble

et

mêmes

;

telles

A

côté de l'An je

que la Confidence,

Bergère et le Papillon, d'une dans un autre genre, la Vision

éloges.

des pièces des Prismes Poétiques, dont Jules de

Rességuier venait de faire

hommage

à Reboul, est dédiée

au

poète nîmois. (269) Le Dernier Jour, poème biblique en dix chants, que Reboul publia moins de deux ans après, en I8i0.

ij5^ Lettre. (270) Les

Prismes Poétiques venaient

d'être publiés.

i;^yc Lettre.

(271) Vers tirés

de

la pièce

:

les

Chevaux de Poste,

des

Prismes Poétiques, mais rapportés inexactement. (272) Vers tirés des Jours de mai, des Prismes Poétiques, mais rapportés inexactement. (273) Premiers vers de Madame Agnès de Picardie, des Prismes Poétiques (274) Vers tirés de la pièce la Poésie, des Prismes Poétiques, dédiée à Emile Deschamps, qui y répondit par un morceau

:

A

Jules de Rességuier, faisant partie de ses

Œuvres

complètes.

lyg^ Lettre. (275) Allusion à la

Divine Epopée. Voir note 277.

(276) Je viens d'essayer, mon cher ami, sous

une tragédie en cinq actes dans

les

formes

le

nom

les

A'Oresle voilé,

plus antiques.

Me


l'aubr romantiqur

3/44

pardonnera-t-on d'avoir refait une pièce de Voltaire ? Je crois plusieurs de mes personnages supérieurs aux siens. J'ai osé affronter toutes les difficultés du sujet et j'ai considéré le système de la fatalité sous son véritable point de vue Mon Electre est véritablement la plaintive Electre, la g'ardienne du tombeau, l'esprit vendeur du mausolée d'Açamemnon...

Soumet au baron Guiraud, Lettres an baron Guiraud CUV.

;

cit.

i8o* Lettre. (277)

Alexandre Soumet

édit. Paris,

:

1840, 2 vol. in-8o

la ;

Diuine Epopée. Bertrand,

2e édit. Delloye, cdit. Paris.

j8j' Lettre. (278)

Le Gladiateur, tragédie en cinq

actes en vers

;

voir

notes d6 et GO.

Elisa-Rachel-Félix dite née à Munf, 28 février 1820, morte à Cannet près Toulon, le 3 janvier 1858. Le Dr Véron, dans les Mémoires d'un bourgeois de Paris, T&conie que le comte Mole rencontrant la (279) Piachel,

Suisse,

le

célèbre tragédienne lui dit

langue française.

»

A

quoi

:

«

Vous

celle-ci, se

avez,

madame, sauvé

ron, car l'entrevue se passait chez ce dernier, lui

muré

à mi-voix

:

«c

C'est

bien heureux,

la

Véaurait mur-

tournant vers

le Di"

ne l'ayant jamais

apprise. »

i83C' Lettre.

Vigny que voici et Correspondance de Sainte-Beuve qui suivent nous semblent intéressants à rappeler au sujet de la candidature de (280) Les extraits des lettres d'Alfred de

ceux

àt\a.

l'auteur de Stella à l'Académie française. 7 février 184».

Oui,

mon

cher ami, je

me

suis mis sur les rangs,

.

.

Si vous n'ar.


l'aube ROMANTIOUe

345

bataille et le 17 de ce mois vous ne serez pas à la Pends-toi, brave Grillon... j'oubliais de vous dire que La-

rivez pas avant je dirai

:

martine a retiré ce que vous appelez son candidat de poche et qu'il n'y a pour le fauteuil de M. Frayssinous que M. Fasquier et moi ; pour celui de Duval, que Ballanche et moi. .

mars 1842, Vous avez su tout i4

ce qui se préparait par ma lettre du 7 février, les jourami, et je n'avais pas alors la moindre inquiétude. Aujourd'hui, quinze voix me sont naux vous ont dit le reste. promises ; votre présence et celle de Soumet peuvent décider l'élecM. de Chateaution. Ai-je besoin de vous presser de revenir '?. briand m'a dit j'irai vous porter ma voix jusqu'à ce que vous soyez nommé. Vous êtes à mes yeux le plus beau nom actuel qui puisse se présenter. Répondez-moi un mot, cher ami.

mon

.

.

.

.

.

.

:

.

19 novembre iS43. Je viens de relire ce soir vos

lettres de l'année dernière, mon ami... en voici une qui me criait du fond de votre cloître de Entrez donc, BalVillemartin vous mettez-vous sur les rangs lanche et vous, voilà mes deux candidats; si j'avais dix voix, elles Ballanche est assis dans le fauteuil que vous lui seraient pour vous présentiez alors et m'a dit hier qu'il m'attendait sur le fauteuil voisin. Sa voix m'est donnée et ne varie pas. D'autres voix, en assez grand nombre, s'unissent pour prononcer mon nom et je puis espérer la majorité si vous êtes ici lors de l'élection qui se prépare. "?

:

.

.

Alfred de Vigny au baron Guiraud, Lettres au baron Gui'

raud, ouv. Il

tré

y a eu

cit. ici la

(comme dans

réception de

Vigny à l'Académie

;

il

s'y est

mon-

tout ce qui a pré-cédé) ridicule, d'une sottise, d'une

donné sur les nerfs durant une heure et demie passée, à une assemblée, de sorte qu'on a été soulagé en entendant M. Mole retrouver des notes justes et simples. Les amis de Vigny lui-même n'ont pu résister à l'ennui et à l'impatience, et M. Guiraud mon amitié a souffert, mais ma justice est disait après la séance satisfaite... Vigny n'est qu'un Trissotin gentilhomme, le comte de Trissotin.., Tout en débitant lentement son discours, il avait un crayon d'or avec lequel il marfiuait sur son cahier les applaudissements, quand il en venait. fatuité (jui a

toute

:

.

Sainte-Beuve, Correspondance.

Quelques années auparavant, Sainte-Beuve, notamment ea


l'aube romantique

340

1838 et iSiO, s'était déjà exprimé fort méchamment moins injustement à l'égard d'Alfred de Vigny.

De Vigny chaque

ne

fait rien

fois qu'il voit

serez effrayi' de

la

et est

Buloz,

le

non

réputé ne plus pouvoir rien faire Je travaille bcaucotip, vous ;

lui dit

:

quantité de matériaux que je vous porterai bien-

que parce que sec, en pure de ses sept volumes d'œuvres complètes

tôt et Buloz rit tout haut de

Vigny ne

il

et

comprend

pas...

son

rire qui

n'est poli

Vigny cstdécidémmcnt à

adoration de lui-mémo et qui ne bougent de sur sa table

Correspondance de Sainte-Beuve avec M. et 7J/m« Jaxie Mercure de France, ia-d2, 1904, pages 59,

Olivier, Paris.

223, 396 et suivantes.

Vicomte de Panât; voir note

(iiSi)

7.

i84^ Lettre. (282) Jean-Baptiste-Henri Lacordaire, né en 1802,

1861

;

le

mort en

célèbre dominicain est trop connu pour que nous ayons

à parler de lui

ici.

Le comte Alfred de Falloux,né à Ansfcrs en 1811, mort en 1886, fut le grand ami du fils de Jules de Piességuier, (283)

Albert de Rességuier.

i85^ Lettre (284) Paul Juillerat, né à Paris en 1815, a publié trois Lueurs matinales (1837); les Solitudes, volumes de vers Soirs d'Octobre, 1862 il a donné au théâtre la 1840 Reine de Lesbos, drame antique en un acte, en vers, 1854 le Lièvre et la Tortue, comédie en un acte, en vers, 1855; :

:

;

;

;

il

a également écritdivers romans. Les Funérailles d'anoiseau,

présentées par lui au concours des Jeux Floraux de 1847, non

seulement ne furent pas récompensées, mais n'eurent pas

les

honneurs de l'impression. Le

à MmeBétourné pour son élégie

:

la

même

un souci, fut décerné Jeune mourante.

prix,


l'aube ROMANTinUE

347

i8G^ Leilre.

Etienne-Léon Lamothe-Lançon naquit à ^Montpellier

(283)

d'un père Conseiller au Parlement, guillotiné en 1794; venu à Paris

un poème que lui inspira la victoire de Wagram, l'Ombre de Charlemagne, lui valut d'abord une récompense de Napoléon, puis, en 1809, son entrée au Conseil d'Etat en peu après, il fut, en 1811, nommé sousqualité d'Auditeur à l'âge de vingt ans,

;

de Toulouse

préfet

conduite

lui

virent préfet

fit

et,

en

décerner

1813, de Livourne, où sa brillante le titre

de Carcassonne

;

de baron la

Cent Jours

le

Restauration l'appela à

la

;

les

sous-préfecture de Saint-Pons, mais bientôt après, privé de cette situation,

attribue

le

il

ne s'occupa plus que de littérature.

nombre fabuleux de douze

tons-nous de citer de ce

On

lui

cents volumes. Conten-

trop fécond écrivain qui toucha

à

poème de Constantin ou le triomphe de la religion chrétienne, les romans de Clémence Isaare ou les Troubadours et-V. le Préfet ; les Mémoires d'une femme de qualité, d'an Pair de France, de la duchesse de Berrij, de Talleyrand^de M^^" Quinault, etc. Lamolhe-Langon mourut à Paris,

tout

le

:

le

24 avril 1864.

(286) Le comte de Chambord venait de recevoir successivement ses partisans, qui ne considéraient la présidence de la République par Louis-Napoléon Bonaparte que comme une

étape à la royauté légitime, à (287)

Lamotbe-Langon

Ems, Cologne

avait été élu

et

Wiesbaden.

membre de l'Académie

des Jeux Floraux en 1811 etMainleneur delà noble compagnie

deux ans plus (288)

mement

A son lié

tard.

arrivée à Paris,

avec Delille.

Lamotbe-Langon

s'était inti-


l'aube romantique

348

i8j* Lettre. (289)

Sainte Germaine de

Pierre de Korae,

le

Pibrac

fut béatifiée

à Saint-

mai 1854.

7

i88<i Lettre.

(290) Albert de Rességuier venait dêtre

nommé

représen-

tant des Basses-Pyrénées à l'Assemblée Nationale.

iSq'' Lettre. ||

(291) Les

cription

de Lamothe-Lan^on portent toutes

lettres

chevalier de la

la

sus-

Monsieur le comte Jules de Rességuier, Légion d'honneur et de l'ordre de Saint-Jean

suivante

:

de Jérusalem, château

et

commune de

Sauveterre,par Lombez,

déparlement du Gers. ypo* Lettre. (292) Voir sur

Mme Emile Deschamps

;

note 98.

iQi^ Lettre, (293) Berryer fut

un des amis intimes du

Rességuier, Albert de Rességuier,

et

fils

de Jules de

jusqu'à son dernier jour

resta avec lui en correspondance suivie.


TABLE JULES DK RE8SÉGUIER. JULES DE RESSÉGUIER.

U HommC

.

7

.

VŒuure

.

29

LETTRES 1

2

3 l\

5

6 7

8

9 10 I I

12

13

14 I

5

16 1

7

iS

19

20 2

I

d'albxandue soumet DB M'"e DE RÉMUSAT DE M™* DE RÉMUSAT. d'alkxanure soumet d'alexandre socmet de VICTOR HUGO DE VICTOR HUGO d'aLEXANDRE SOUMET d'aLEXANDRE SOUMET d' ALEXANDRE SOUMET d'aLEXANDRE SOUMET d'aLEXANDRE SOUMET A M'^C DE RESSÉGUIEK d'aLEXANDRE SOUMET A M'HC DE RESSÉGUIEK d'aLEXANDRE SOUMET DE VICTOR HUGO DK VICTOR HUGO DE VICTOR HUGO DE VICTOR HUGO DE VICTOR HUGO DE VICTOR HUGO d'aLEXANDRE SOUMET

5

I

52

52

54 55 57 60 62 63 66 68

.

69 7I

78 74

.

.

...

77 80 81

83 84 86


TABLE

350

29 30

d'Alexandre soumet de n. a. de salvandy DE L. VATOUT d'alexandre soumet de victor iiugo d'alexandre soumet d'aLPUONSE de LAMARTINE A GH. GOSSELIN.. d'aLFRED de VIGNY d'aLKRED de VIGNY

3

d'emile deschasips.

9.2

23 a4 a5 26 27 28

1

.

.

.

42 43 44 45 46

.

.

32 d'emile DKSCHAMPS. 33 d'alexandre soumet 34 d'alexandre soumet 35 d'alexandre soumet où Dd t.. VATOUT 37 de L. VATOUT 38 d'emile deschamps 39 de VICTOR HUGO 40 de VICTOR HUGO 41 d'emile deschamps

87 8()

QO «jo

91

91

92 98 96

99

,

100

.

102

io5 106 106 107 108 Io8 IO9

110

d'emile desghamps

m

d'emile descuamps

ii3

DE de

Mlle

DELPHINE GAY

I

l4

M"''^

SOPHIE GAY

I

«4

IIQ II9 120

d'.A.LEXANDRE SOUMET

47 DE M"»^ SOPHIE GAY 48 DE Mme SOPHIE GAY. 49 DE BELMONTET

.

50 d'emile DESGHAMPS 51 d'alexandre SOUMET 62 d'aLFRED de VIGNY 53 DE CH BRIFAUT 54 DE SAINTE-BEUVE 55 DH T DE LATOUOIIE 56 DE Miue A TASTL57 DE CHATEAUBRIAND 58 d'aLFRED de VIGNY .

.

.

.

,

121

ia4 124 125

125 1

1 I

1

27 28

29 30

l3l


TABLE Sg d'alfred de vigny bO d'à DE SAINT-VALRY 61 DE LA PRINCESSJi: DK CHIMAY 62 de fr roger 63 d'andrieux 64 d'h T DE LATOUCHE 65 d'h. t. de LATOUCHE 66 DE Mine FODOR-MAINVIELLK 67 DU. T. DE LATOUCHE 68 d'u. t. DE LATOUCHE 69 d'h T DE LATOUCHE 70 d'h t de LATOUCHE 71 d'u. t. de LATOUCHE 72 DE Aille GEORGE 73 DE V. J. E. DE JOUY 74 DE CHARLES NODIER 75 d'eugène sue 76 d'eMILE DESCHAMPS 77 d'emile deschamps 78 de VICTOR HUGO 79 d'aLEXANDRE SOUMET 80 d'aLEXANDRE SOUMET 81 d' ALEXANDRE SOUMET. 82 d'abel villemain

35 I 182 I 32

.

l35 i

.

.

.

,

,

.

.

83 d'abel villemain. 84 DE MDie ANCELOT 85 de Mlle ELISA MERCŒUR 86 DE N. A. DE SALVANDY t DE LATOUCHE 88 d'alfred DE VIGNY 89 d'eMILE DESCHAMPS 90 d'alfred de VIGNY 91 d'emile dkschamps deschamps 9-} d'emile 93 d'emile deschamps 94 d'alexandre soumet 90 d'emile deschamps

87 d'h

.

.

36

1^7 ,

I

37

i3r)

I^O 4' l42 I

.

1 43 l44 l45 l46 l46 l47 i47 l48 i49

l5l

l52 1

52

l53 1

54

i54

l55 1

56

l57 I 58 I I

I

58

59 60

160 162

164 167 168


052

TAUI

i:

96 d'aLEXANDRE soumet f)7 d'emile deschamps 98 d'alexandre soumkt 99 DE Mm» A. TASTU 00 DE Mme SOPHIE GAY DE M™' SOPHIE GAY 02 DE «me SOPHIE GAY. 03 d'ALPHONSE DE LAMARTINE. 04 d'emile DESCHAMPS 05 DE M™" SOPHIE GAY 06 d'kMILK DESCHAMPS 07 DE JULES DE SAINT-KÉLIX 08 DE JULES DE SAINT-FELIX 09 DE MTO® DELPHINE GAY DE GIUARDIN 10 DE M™' SOPHIE (iAY. DE MDie PAULINE DUCUAMBGE 1 1 12 DE LA COMTESSE d'aGOULT 13 d'emile DESCHAMPS i4 d'emile desghamps 15 DE Mlle DELPHINE GAY' DE GIRARDIN 16 DE Mme DELPHINE GAY DE GIRARDIN 17 DECH. DE SAINT-VAI.RY 18 DE A. DK CUSTINE 19 DE A. DE CUSTINE 20 d'emile deschamps d'eUGÈNE sue 2 22 DE A. DE BEAUCHESNE. 23 DE Mlle GABRIELLK SOUMET 24 d'alexandre soumet 25 d'eugène de pradel 26 d'eugène de pradel 27 DE Mme gabrielle SOUMET-DALTENHEIM. 28 d'alfred nettement 29 d'alfred nettement. 30 DE M™e DELPHINE GAY DE GIRARDIN .

I

.

I

.

31 DE VL^^ SOPHIE GAY-.

32 DE M™' DELPHINE GAY DE GIRARDIN

1

yO

I

-71

17^

1^5 I ^G I

76

I^y \qq l

7g

181 I 1

82 85

87 188

I

1

88

1

8g

189 I9O 191

I92 ig2 I gS

194 igS 196 196 197 197 198

199 -"^00

201

202 2o3 203 204 205


353

TABLE

2o5 205 206 206

iô DE Mllie DELPHINE GAY DE GIHAUDIN 34 DE Mlle DELPHINE OAY DE GlIXAUDIN 35 DR m"" soi'hie g\y 36 DE Mine DELPHINE GAY D;; GIRARDIN 37 DE M™« DELPHINE GAY DE GIllARDIN

38 DE N. A. DE SALVANDY 39 DE N. A. DE SALVANDY

40 DE 41 DE 42 DE 43 DE 44 DE 43 DE

46 47 48

49 50 5i

52 53

54 55 56 57

58 Sg 60 61

62

63

Mine

MARIE NODIER-MENNESSIER

Mme MARIE NODIER-MENNESSIER M™2 SOPHIE GAY

.

DE BEAUCHESNE. CHATEAUBRIAND ROGER DK BEAUVOIR d'h. t. de L.ITOUCHE DE A, DE BEA!JCHESNE DE M™^ MARIE NÛDIBR-MK.NNESSIER DE Mme A. TASTU DE MGR OLIVIER d'alexandrk soumkt d'f.MILE deschamps d'e.MILE deschamps DEMILE deschamps. d'emile deschamps d'emile deschamps. DB J. A AVALSn de J. A. W'ALSH DE MGR DUPANLOUP DE A, DE BEAUCHESNE DE m""* DESHORDES-VALMORE. DALE.XANDRE SOUMET A M^'S DE RHSSKGUIÊK. DALEXANDUE SOLMET d'emile DESCHAMPS A.

,

.

21 3

2l5 2l6 217 2I8

2ig 221 222

223 224 220 220

.

.

227 228

.

64 65 d'alFRED de MUSStT. 66 d'e-mile DESGHAMPS 67 d'emile descha.mps 68 d'aLPHONSK de LAMARTINE 69 DE M'll« MARIE NODIBR-ME.NNESSIER

207 2O7 2O7 208 210 210 211 212 212

.

.

229 23o 23 1 234 234 235 23j 206 207 238


TABLE

354

170 DK hiONTALEMBEnT 171 DE r.™' QABRIKLLE SOUMET-DALTENnEIM 172 d'ai.ïxandrk soumet. Dli LAMARTINE REBOUL Ji.-^ GABRIELLE SOUMET-DALTENHEIM DE M-"^ DELPHINE GAY DE GIRARDIN DE M--i8 GABRIELLE SOUMET-DALTENHEIM DE M=^e SOPHIE GAY d'aLEXANDRE SOUMET d'aLEXANDRE SOUMET d'aLKXAîïDRE SOUMET

238

173 d'aL?HONSK

174 DE 175 DE 176 177 I

78

179 180 iSl

J

.

182 d'aLFRED de VIGNY 183 d'aLFRKD de VIGNY

184 DU R. PÈRE LAGORDAIRE 185 d'eMILE DF.SCHAMPS 186 DE LAMOTIIE-LANGON 187 DE LAMOTHE-LANGON

88 DE M™« PAULINE DUCHAMBGE 189 DE LAMOTHE-LANGON I

90 DEMILE DESCHAMPS de berryer 192 d'emile desghamps NOTES l

191

,

2^0 2^0 24 I 242 2^3 243

244 24G 247 249 200 20 1 252 253

254 256 202 267 269 276 277 278 281


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