PAUL LAFOND
L'Aube romantique Jules de Rességuier CHATEAUBRIAND LAMARTINE A.
H. T.
SOPHIE GAY
EMILE DESCIIAMPS
MAOAMK DE GIRARDIN SOUMET
ses amis
et
—
VICTOR HLGO
DE LATOUCUE
EUGKNE SUE
—
SAINTE-BEUVE
ALFHED DE VIGNY
Avec an portrait à l'eau-forte
PAKIS
MERCVRE DE FRANGE SXVI, RVE DE CONDK, XXVI
UCMX
et
AUTRES
ny-vxtt
L'AUBE ROMANTIQUE
tdSG
i
Digitized by the Internet Archive in
2010
witin
funding from
University of Ottawa
littp://www.arcliive.org/details/lauberomantiqueOOIafo
PAUL LAFOND
L'Aube romantique Jules de Rességuier et ses amis CHATEAUBRIAND
— EMILE DESCUAMPS — VICTOR
MADAME DE GIRARDIN LAMARTINE A,
SOUMET
H. T.
DE LATOUCHE
EUGÈNE SUE
SOPHIE GAY
HUGO
SAINTE-BEUVE
ALFRED DE VIGNY
Avec un portrait à l'eau-forte
PARIS
MERGVRE DE FRANCE XXVI, RVE DE CONDIJ, XXVI
HCHX
et
AUTRES
JUSTIFICATION DU TIRAGE
'O \j
Droits
o
de traduotion at dé repr iduclion réservai pour tous pays.
JULES DE RESSÉGUIER
L'HOMME
Jules de Resség-iiier, né à Toulouse, le 28 janvier
1788, descendait d'une ancienne famille du Rouer-
gue qui avait aidé Charles de cette province.
V
à chasser les Ang-lais
Au commencement du
les Resség'uier vinrent se fixer
Languedoc où
l'un d'eux
lement. Depuis lors, et lui
ils
du
ne quittèrent plus cette
ville
fournirent une long-ue suite de magistrats, dont
cureur général au
femme
chemin de
fut,
(i).
moment de
se cacher, sous la Terreur,
tés,
la capitale
occupa une place au Par-
cinq présidents aux enquêtes
sa
dans
xvi^ siècle,
la
Le dernier, ProRévolution, dut
pour éviter l'échafaud;
peu après, contrainte à prendre
l'exil et
le
à la suite de bien des difficul-
des transes et des dangers, gagna l'Espagne
parles Pyrénées centrales. Leurs enfants, Adrien
et
Jules, Adrien, qui fut maire de Toulouse sous
la
Restauration, né en 1786, Jules, né deux ans plus
L AUBK ROMANTIOUE
tard, restèrent auprès de leur grand'mère,la Prési-
dente de Rességuier, qui leur fat à son tour enlevée
pour être incarcérée dans l'ancien couvent de la Visitation, transformé
par leur tante
la
en maison de détention. Recueillis
Présidente d'Aguin, sœur de leur
père, les deux enfants, une fois par jour, à heure fixe,
grâce à des intelligences entretenues avec
geôliers, étaient
de
l'aïeule pût,
de loin. obtint,
Au
la
menés sur
les
bout d'un certain temps, lagrand'mère
enfermés avec
soins, qu'ils fussent
elle.
Le 9 Thermidor
lui rendit la liberté; elle
ses petits-fils le vieil hôtel
épave échappée au désastre. voué, Poitevin-Peitavi les lettres
remparts pour que
fenêtre de sa cellule, les apercevoir
pour leur continuer ses
gna avec
(2),
Un ami
rega-
abandonné, fidèle
et
dé-
ancien professeur de bel-
dans un collège du bas Languedoc, qui
venait lui aussi de sortir de prison, fut alors seil et
les
le
con-
l'appui de l'aïeule et des enfants. Esprit très
littéraire,
Mainteneur à l'Académie des Jeux Flo-
raux depuis rySB, plus tard Secrétaire perpétuel de la
docte compagnie,
il
donna aux deux
frères
une
haute et solide culture intellectuelle.
Après douze années passées en Espagne,
la
com-
1.
ALBC
iXO.MANTIOi;!:
tesse de Rességuier rentra à
dre bientôt après,
6
le
Toulouse pour
mai i8o3, à peine
âg-ée
Le comte de Resség-uier
trente-six ans.
s'étein-
de
réfug-ié
,
depuis longtemps à Paris,y était mort mystérieuse-
ment, le fils,
i*^''
septembre i8oi,à quarante-six ans. Ses
qui l'ignoraient pour ainsi dire et ne l'avaient
pas revu, passèrent leur adolescence dans
demeure
En
la vieille
familiale triste et morose.
[806, aux approches de ses seize ans, Jules
de Rességuier, tinait le titre lui avait été
fidèle à la carrière à laquelle le des-
de chevalier de Malte de minorité qui
donné à sa naissance, enivré par
les
triomphes des armées de Napoléon, entre à l'Ecole militaire
de Fontainebleau, d'où
nant.
fait les
Il
il
sort sous-lieute-
campagnes d'Allemagne
logne de 1807 (3), d'Espagne de 1809. celte dernière, épuisé et et
malade,
il
Au
et
de Po-
retour de
quitte le service
retourne à Toulouse. Cinq ans plus tard, en i8i5,
complètement élevée par
rétabli,
il
épouse M'^^de Mac-Mahon,
M™^ Gampan dans
la
maison d'éducation
fondée par cette femme distine^uée àSaint-Germainen-Laye, sur
le
modèle, autant que
les circonstances,
Cyr, créée
de
le
permettaient
la célèbre institution
de Saint-
parM™^ de Maintenon. Le comte de Res-
LAUBB ROMANTIQUE
10
ség-uier avait été
avait connu la jeune
de son second
fille
serait plus juste
au bivouac — Guiraud
et
commence
(4)-
il
se
,
;
le
lie
à
alors à écrire
—
Toulouse avec Alexandre
comme il
il
occupe
23 août de la
les
deux Alexandre
nomme Gaspard
les
Le 2G juin 1826,
Jeux-Floraux, où teuil
femme
de dire qu'il avait déjà commencé
Alexandre Soumet,
languedociens
Pons
destinée à devenir la
et
iils,
Jules de Rességuier il
Mac-Mahon
avec M"'' de
lié
est élu
le
de
Mainteneur des
trente-troisième fau-
même
année,
il
prononce
son discours de réception.
L'Académie des Jeux Floraux,
cette noble et res-
pectable institution méridionale, continuation de
la
Très Gaie Compagnie des Sept Troubadours de i323, reconstituée en 1694, ce qui lui donne depuis lors plus de
deux
siècles
d'existence, jouit d'une
très réelle et très légitime importance. le
Son moment
plus brillant, sa phase la plus éclatante, semble
jusqu'à présent
avoir
été le
premier quart du
XIX* siècle. Vers 1820, c'était, pour flatteur
de recevoir
la
un
écrivain, aussi
couronne de Clémence Isaure
que d'être proclamé lauréat par l'Académie française. «
On pouvait se
consoler, » a écrit E.Biré (5),
L
ff
AUBE ROMANTIQUE
I
I
de ne pas ctre vainqueur au palais Mazarin pour
peu que Il
l'on
triomphât à Toulouse.
faut ajouter que,
»
n'imposant pas un sujet,
laissant les concurrents traiter celui qui leur con-
venait
le
mieux,
Jeux Floraux eurent à maintes
les
reprises l'occasion de récompenser des ouvrages
supérieurs aux
de
poèmes couronnés sous
coupole
la
l'Institut.
L'Académie de Clémence Isaure met Jules de Rességuier en rapport avec Victor
Hugo
nom-
et
bre d'écrivains qui devaient former les cohortes
romantiques;
elle décide,
littéraire. Jules
pour
ainsi dire,
de sa vie
de Rességuier servit d'intermédiaire
entre les Jeux Floraux et ses amis partis pour Paris,
qui
le
mirent en
correspondance avec
poètes. Si Millevove, Ghênedollé et
même
d'autres
Alexan-
dre Soumet sont lauréats chez Clémence
avant
qu'il
ne fasse partie de
la
îsaure
maison, Eugène et
Victor Hugo, Alexandre Guiraud, A. de Saint- Valry,
Amédée Pommier, gel,
Evariste Boulaj-Patj, Duran-
Gaspard de Pons, Joseph Rocher, M™® Tastu,
ne triomphent qu'après sa nomination de Mainteneur.
voix
S'il
la
n'augmente par sa présence que d'une
majorité qui
fait
obtenir à ceux-ci les
ama-
1
L At'BK
2
rantes,
églanlines, les
les
d'or et d'arg-ent,
que
c'est
ROMANTIQUE
il
grâce à ses exhortations et à ses conseils
prennent part aux
qu'ils
lousains.
violettes et les soucis
n'en demeure pas moins vrai
Il
lices et
aux concours tou-
célèbre d'ailleurs lui-même ces nouvelles
recrues dans son Eloge de Clémence Isaure, pro-
noncé en pleine Académie, Ils
y sont tous venus
;
ils
le
23 août 1819
y viennent encore
:
!
L'œil fixé sur les fleurs qui brillent dans ta main,
Du beau pays où l'on t'adore Les poètes rêveurs prennent tous
Il
y
glorifie,
en particulier,
jeunes athlètes, celui destiné tinées, Victor Huffo,
le
le
chemin.
plus jeune de ces
aux plus hautes des-
couronné, l'année même, pour
son poëme lyrique du Rétablissement de la statue
d'Henri IV: Il vint, ce jeune Hugo, s'essayer à combattre Sous ton poétique drapeau; Et couvrit d'un laurier la tombe d'Henri-Quatre
Non
II
loin de
son royal berceau.
n'oublie pas M""® Tastu, qui avait remporté
prix de l'ode avec une pièce intitulée
de la lyre
:
:
le
l'Etoile
l'aube romantique
Puis une de
tes
i3
sœurs, en écartant ses voiles,
Courba son jeune front sur ton plus beau laurier; C'est elle qui, la nuit et parmi les étoiles, Avait vu sa lyre
Sollicité
briller.
par ses amis, poussé par ses tendances,
ses goûts, Jules
de Rességuier hésitait cependant
à quitter Toulouse pour aller se fixer à Paris où tout l'attirait et l'appelait,
ainsi dire, lui
en
quand un événement vint pour ,
faire
une obligation. Les années
précédentes,il avait rencontré
de-Bigorre
le
aux eaux de Bagnères-
comte Ch, de Peyronnet,
cette vie qui associe
et «
dans
pour quelque temps des
exis-
tences séparées avant, séparées après, la rencontre
devenue une liaison de tous
était
les jours, la liai-
son, une amitié de toute la vie (6)
Devenu ministre de
la Justice,
».
Peyronnet
offrit
à Jules de Rességuier une place d'Auditeur au Conseil
d'Etat que celui-ci ne put faire autrement que
d'accepter et qui,
bientôt après,
le fit
monter à
la
situation de maître des requêtes.
Dès son arrivée à Paris, à peine
installé, Jules
comme l'a écrit Gh, Nodier à proami commun Emile Deschamps, tint
de Rességuier, pos de leur
dans
le
monde cette
situation qu'on aime à voir bien
romantique
l'aiibb
j4
occupée, de l'homme de lettres et de l'homme du
monde fondus en une
seule personne. Plein d'es-
de goût, de raison sûre
prit,
mondain accompli, il
homme
se
et fine,
d'un atticisme
montra toujours
le g^entil-
d'une élég^ance de manières et d'une cor-
rection de tenue irréprochables. est inutile
Il
avec
les
de dire
qu'il n'eut rien
Jeunes-France célébrés par Th. Gautier.
S'il assista à la
première
d'/Zér/ia/î/, s'il
hautement son admiration pour remarquer
fit
commun
de
ni par l'étrangeté
des apostrophes violentes
l'auteur,
il
ne s'y
du costume, ni par
et déplacées.
d'ailleurs une profonde erreur de croire
partisanset amis de Victor
y témoigna
Ce
serait
que tous
les
Hugo portassent de longs
cheveux, des barbes truculentes
et
des gilets à la
Robespierre, que tous ressemblassent de loin ou
de près à Petrus Borel ou à Jehan Duseigneur. Jules de Rességuier eut à Paris un salon
litté-
raire, qui
précéda de pas mal d'années non seule-
ment
premières réunions de Victor
les
Nolre-Dame-des-Ghamps de les
la place
et
Hugo
rue
par conséquent celles
Royale, qui datent de 1829, mais
même
après-midi de l'Arsenal présidées en 1824 par
Charles Nodier. Le poète languedocien reçut d'à-
L AUBE
ROMANTIQUE
rue Taitbout. Ce
bord, rue du Helder, ensuite,
cénacle de l'aube romantique se tenait
le
samedi.
Si Jules de Resség-uier recevait volontiers,
réunions étaient haut prisées bien accueilli dans les
chez son cousin
il
On
le
n'était
ses
pas moins
parisiens les plus
salons
fermés, les plus exclusifs. soi,
,
si
voyait, ce qui va de
vicomte de Panât (7); chez
le
l'académicien Michaud,
comte
le
de Ségur,
le
comte de Narbonne; chez M™^^ de Raig-ecourt, de Saint-Aulaire, de la
Montcalm on ;
le
rencontrait chez
duchesse de Broglie, salon très mondain, très
élégant où la noblesse et doyaient.
La
fille
teur d'Ourikael
de
littérature
la
duchesse de Duras,
la
d'Edouard,
—
la
se
cou-
—
l'au-
duchesse de Rau-
zan, tenait tout particulièrement à saprésence à ses soirées qui, écrit Ed. Leg-ouvé,
ans de souvenirs, servaient
monde.
sortes de
Un
«
dans ses Soixante
de rendez-vous à trois
arrière-ban de
duchesses
douairières, de vieilles marquises donnaient à sa société «
un fond de
g-ravité et
M. de Resség^uier
homme»,
dit
de sérieux.
était le
type du vrai gentil-
M. G.duGabé(8),qui succéda à notre
poète à l'Académie des Jeux Floraux titre et
son
»
nom
;
«
il
portait son
sans raideur et sans morg-ue, avec
i6
L
AUB5 ROMANTIOUE
l'aisance et la simplicité d'un lég-itime possesseur.
Son urbanité Il
avait
était
parfaite, sa politesse exquise.
pour tous une bienveillance sans égale,
quirépandait autour de
dans ses discours
lui,
dans ses actions, un charme indicible; au tre
importune, sa supériorité
tage, tant sentir. »
il
cesse à la pensée
au suprême degré
— ce
quand ;
il
qualificatif revient sans
de
s'agit
lui
il
l'était
quelque peu
fin, l'allure
dédaigneuse, Jules de Rességuier
charmant. Nous en avons pour garants
ceux qui
—
sans être beau dans l'acception
absolue du mot, élégant, et
lieu d'ê-
aimer davan-
mettait d'application à ne pas la faire
Gentilhomme
hautaine
le faisait
comme
l'ont
connu
s'alliait
au
de
les dires
et aussi ses portraits.
impeccable tenue de dandy
était
Son
laisser-aller
de l'homme de bonne maison. Le front ample large, les tête^ le
yeux doux
et spirituels
un peu à
nez légèrement retroussé,
dessinée aux lèvres rouges,
le
la
et
de
fleur
bouche bien
visage ovale enca-
dré dans une ample chevelure noire relevée sur front et
ramenée en bandeaux ondulés
tempes,
les
sur
le
les
joues ombragées de soyeux favoris
coupés à la hauteur
un aspect des plus
du menton,
aristocratiques.
lui
constituaient
AUBE ROMANTIQUE
L
IJ
Jules deRességuier homme d'esprit par excellence,
moins
véritable petit-neveu deRivarol, « n'avait pas
de verve dans un magasin où
que dans toujours
salon où
le
n'enfonçaient pas.
pour
ses
accepter
il
bienveillant, ses
mots le
ils
achetait ses gants ses vers
Mais
».
piquaient et
réparties
se gardait bien de blesser et,
Il
flatteurs,
fond,
il
lisait
même quand on
n'osait en
plaisaient par leur forme déli-
cate et charmante.
En
veut-on quelques exemples
Un jour,
?
après sa nomination d'Auditeur au Con-
seil d'Etat,
sur l'observation d'un huissier
lui fai-
sant remarquer qu'on ne fume pas dans les salles
de ce tribunal suprême,
non sans une certaine éternelle cigarette
il
se contente de répliquer,
ironie,
aux lèvres
vous voyez bien que
si
et
convenons-en, son en souriant
,mon ami.
représentation de Rui/ Blas,
de
la
sir
à Victor
meuse
lettre
Hugo
les
» il
:
«
Mais
Le lendemain envoie à choi-
variantes que voici à la fa-
de Charles
II
à Marie de
Neubourg
ne fait pas grand vent, le temps est des plus beaux Et nous avons tué deux superbes pourceaux. Il
Le temps est froid et sec, on porte des manchons Et nous avons tué deux énormes cochons.
:
l'aube UOMANnOL'E
l8
Nous n'avons pas chassé Mais nous avons
Tout
les cerfs
tué, chez nous,
du duc d'York un fameux porc.
que plaisanterie sans malice
cela n'est
ni
méchanceté, n'entraînant pas à conséquences.
Ecoutons ce que narre de Jules de Picsséguier,
un journaliste des premières années du Gouvernement de
Juillet qui l'a fréquenté
mœurs, son caractère
Jules de Rességuier avec ses
son coeur de poète,
artiste et
a,
:
comme
dorig-inalité qui frappe d'abord
;
un cachet
sa muse,
je ne sais quelle indi-
de sa personne
vidualité qui fait qu'on
se ressouvient
aussi vivement et aussi
long-temps que de ses vers
Entrez
le
matin chez Jules de Rességuier,vous ne voyez
ni
bureau, ni écritoire; pas un
si
ce n'est
de
tes,
les
la
pas un manuscrit,
livre,
que quelques vers d'amis mais des
statuet-
;
musique, des
fleurs, des aquarelles sur tous
meubles, dont aucun n'est à sa place, dans un dén'était pas
causait de
sordre lyrique.
Il
mille choses
va causer de mille autres avec vous
rit,
il
pétille
;
il
de
du jour, vous
main
et
un
le
ou d'éloquence
saillies
quelqu'un vous succède
seul déjà,
;
il
du
Brésil
dans vingt magasins, pleins de monde; rien ni à
puis
il
personne;
il
Au
il
milieu
guides à la
les
à la bouche
;
vous sortez,
recommencera.
rencontrez en cabriolet,
cigare
;
il
;
il
descend
n'est étranger à
salue, cherche, choisit,
répond;
revient dîner en famille, famillecharmante, raconte
L AUBE ROMANTIQUE
ig
sa journée sans se préparer jamais pour la soirée.
passera peut-être chez lui avec peut-être au spectacle, dans être
au bal, où
il
les; ce sera sans
table ronde
bas... g-uier
Ah 11
de tous
l'élite
une
log'e
Il
la
les talents,
bien peuplée peut;
restera trois minutes et dira trois paro-
doute dans quelque divine intimité de
où Ton pense tout haut, où
Mais quelque part que ce
l'on parle tout
de Ressé-
soit, Jules
aura été brillant, tendre, tout à tous ça!
quand
travaille-t-il?
ne travaille jamais
et
où donc
travaille
fait-il ses
toujours;
vers? ses
fait
il
vers en vous parlant, en conduisant son tilbury, en bouleversant dans les magasins, en reg-ardant
le
ballet
ou
le bal
La Révolution de i83o, qui éclata comme un coup de foudre, surprit et navra Jules de Pvességuier. Sans penser un seul instant à et protecteur, le
lui,
dès qu'il sut son ami
comte Ch. de Pejronnet empri-
sonné au donjon de Vincennes, ser.
Rassuré sur
la vie
du vieux
il
X, qui,
par
s'em-
après de douloureuses péripéties,
barquer avec il
prit le
la famille royale
courut l'embras*
roi Charles finit
pour l'Angleterre,
chemin des Pyrénées, y séjourna quelque
temps, puis revint à Paris où mille raisons pelaient.
De Paris
il
se rendait à
le
rap-
Ham, aussi souvent
que possible, c'est-à-dire toutes les fois
qu'il
en obte-
30
L AUBE ROMANTIQUE
nait l'autorisation, apporter la consolation de
présence aux prisonniers de
la
sombre
sa
forteresse.
un jour,
C'est à la fin d'une de ces visites, faite
renouvelée
le
lendemain, à son cher Peyronnet, que
celui-ci lui
fit
cette
charmante remarque
que, depuis deux jours, je
Avouez
«
:
ne suis guère prison-
nier. »
A
tout propos, dans ses poésies, Jules de Ressé-
guier parle de cet ami
si
tendrement aimé
image
Je lui cachai ces vers taadis que son Etait ainsi
que
lui
Mais aujourd'hui
A
placée au premier rang qu'il est
:
malheureux
;
et plus
grand,
son adversité j'adresse cet hommage.
Il le
recevra pur dans sa noble prison,
Entre ces murs portant
Où
la
voûte étroite et noire.
son regard captif peut manquer d'horizon.
Mais d'où son
Et ailleurs
Oh mon Oh mon
nom
plus beau s'élance vers l'histoire
:
!
cher prisonnier, vive
!
cher grand seigneur, vive l'égalité
la liberté! !
L'égalité d'humeur, dans les plus grandes peines,
La
Il
liberté d'esprit sous les plus lourdes chaînes.
est inutile d'ajouler
que Jules de Rességuier,
L
fidèle
qui
AUBK ROMA.NTIQL'E
aux Bourbons, refusa, malgré
lui
furent faites, de servir
le
ouvertures
les
Gouvernement de
Louis-Philippe. II
continua néanmoins quelques années encore à
habiter Paris; mais
il
n'y fut plus exclusivement
que l'homme du monde
et
maison resta un centre
littéraire.
«
«
M.
et
Mme
(jg
l'homme de
de simples maîtres de maison. Resség-uier
quand on
un jugement
demandait
M. de Lamartine saient que de
il
très
sûr, qui ren-
disait ses vers
que
les disait très bien...
M. Victor Hug-o n'apparais-
et
temps en temps dans ce salon où on leur
offrait affection
et
admiration; mais
déjà l'idolâtrie. J'ai vu,
hommes
et
n'étaient pas
une forme toujours
M. de PLességuier ne
lui
ils
On recherchait dans
dait discrètement ses arrêts sous
ingénieuse.
Sa
Resség^uier », écrit A. de Falloux,
avaient un salon très littéraire et
Mm« de
lettres.
là,
dans
ils
exig-eaient
l'intimité,
quelques
distingués qui étaient de véritables amis
Alexandre Guiraud,que l'Académie peut-être
et
que
le
/es
Macchabées ont porté à
Petit
Savoyard protégera
mieux devant la postérité; Alexandre Sou-
met dont on aura peut-être oublié
quand on
:
se
\di
Jeanne d'Arc
souviendra de la Pauvre Fille ; M. de
L AUBE R(».MANTrnUE
Beauchesne, l'émouvant historien de Louis XVII, et
surtout M. Emile Deschamps, que la
eût
mieux
cieux...
Ma
unique école ség^uier. »
s'en fût
traité, s'il
première
et,
montré plus sou-
je dois
littéraire, fut la
renommée
l'avouer,
mon
maison de M. de Res-
Bien d'autres noms doivent être ajoutés»
à ceux cités par A.deFalloux.Dans la première édition
du second recueil de poésies de Jules de Ressé-
guier, les
Prismes Poétiques, se trouve, au milieu d«
volume, une pièce de vers de quatre pieds,
dans
la
relég-uée
seconde édition en appendice, imprimée
comme presque à regret, en petits caractères, et peutêtre à juste raison, car Jules de Rességuier
gle pas
comme
Victor Hug^o, avec
mètres rares. Dans ce morceau, ((!
excessive, l'auteur
énumère
les
les
ne jon-
mots
et les
d'une longueur
habitués de sa de-
meure, pour un certain nombre d'entre eux,
mêmes que ceux
fréquentaient déjà chez
qui
rue du Helder. Leurs
entrechoquent avec
noms
les
les lui,
s'y rencontrent et s'y
noms de nouveaux venus
dans un pêle-mêle étrange, dans une sorte de promiscuité désordonnée les écrivains les plus célèbres, ;
les plus
grands du xix*
d'hommes de
lettres
siècle,
y paraissent à côté
bien oubliés aujourd'hui et
L AUBE RONtANTIQUE
dont certains
même
ment inconnus
iîJ
sont pour ainsi dire complète-
(9).
Faut-il en faire l'énumération ?
Ce sont Emile
et
Antony Descharaps, Beauchesne, Gh. Nodier, Peyronnet, Lamartine, Sainte-Beuve, Belmontet, SaintFélix,
Gaspard de Pons, Mennecliet, Roger, Bri-
faut, Berryer, Alf.
Nettement, Jules Janin, Eug.
Sue, Saintine, Méry, Delavigne,
du
d'Arlincourt, J. de
Ancelot,
Scribe,
Croze, Walsh,
Fréd. Soulié, Alex. Dumas,
Foug-erais, Toulza, Barbot, Fr.
Lacombe, Saint-André, Nugent, Boulay-Paty, GoûtDesmartres, Méliot, Turquety, Julvécourt, Blaze de Bury, Roger de Beauvoir, Ch. de
la Bouillerie,
Falloux, Ferrière, Aug. Barbier, Brizeux, Alfred de
Vigny, Alex. Guiraud,AIex. Soumet
Gomme
le
et sa
fille.
sagequ'il était, l'éducation de ses trois
enfants, Paul, Albert et Charles,
achevée depuis
même mariés,
peut-être aussi
longtemps,
les aînés
quelque peu désillusionné de prise les
la
tournure qu'avaient
événements politiques
et
de l'altitude de certains de ses amis
de plus
attristé
littéraires, par-
ticulièrement du plus en vue de tous, Jules de Rességuier quitta Paris en iS/js, pour retourner dans
sa province qui avait toujours conservé une grande
l.'AUBE
24
ROMANTIOUK
part dans ses affections. Ainsi qu'Alfred de Vigny, qui s'était enfermé dans sa tour d'ivoire, loin
du profamim vulgus, dans sa
son de Sauveterre, d'où De mon
père en pleurant je reçus
Le château Il
écrit
il
séculaire entra dans
appuyait là-haut, dans
se retira
familiale mai-
:
l'héritajEçe
mon
les flancs
il
;
partage.
du rocher,
Son imprenable base au niveau du clocher Et de ses quatre tours, quand j'ai vu la dernière S'incliner de vieillesse et tomber pierre à pierre, ;
pour bâtir ma nouvelle maison, Ce coteau d'où l'on voit comme un double horizon, L'un étroit, l'autre immense; on admire et l'on prie; On demeure muet en extase ou l'on crie Qu'avec un grand secret de prédilection
J'ai choisi,
!
Dieu partagea ce point de
Dans
la création.
ce château qu'il célèbre à tout instant dans
ses vers, bien
souvent ainsi que Stello
répéter que la solitude est
il
dut se
sainte. Mais cette
soli-
tude ne l'empêcha pas de s'intéresser à ce qui se passait loin de ses montagnes.
pour cela oublier Paris, amis qui venaient il
le
il
Il
n'entendait pas
interrogeait les
surprendre dans sa
rares
retraite
;
écrivait et recevait des réponses qui le tenaient
au courant des questions littéraires toujours passionnantes pour
lui.
Ses correspondants, plus ou moins
l'aube ROMANTIOUK
néanmoins
fréquents,
25
Emile Des-
fidèles, restaient
champs, A. de Saint-Valrj, Gaspard de Pons,
Lamothe-Langon, A. de Falloux,
Père Lacor-
le
Tévêque d'Evreux, Mgr Olivier. Voici une
daire,
adressée par
lettre
lui
à ce prélat,
Révolution de i848, qui
un peu après
dit ses regrets, ses
la
consola-
tions et aussi ses opinions politiques, restées celles
de sa jeunesse. Monseiarneur,
Vous le dites
dites
que
vous oublie
je
:
dites-le
puisque vous
à merveille, mais ne le crevez pas. Je conserve
de vous
de tout votre cœur, de tout votre esprit, de
et
un souvenir
toute votre éloquence,
ineffaçable, et j'ose
déclarer que je mérite en ce genre
un premier prix de
mémoire. Je pense à vous et je ne vous écris pas; je n'aime pas la
campagne
et je l'habite;
j'aime Paris et je n'j vais
plus (ce qu'on veut et ce qu'on ne peut pas, c'est histoire et celle de
gnons
pas.)
beaucoup
Quant à
la
d'autres...,
mon
ne nous plai-
République, oh! franchement
je la déteste, et je décréterais
volontiers la déchéance
de l'Assemblée Nationale pour ne savoir nous donner ni
me
un
roi ni
Un chapeau ou un bonnet ne mon pays, je lui voudrais une
un empereur.
suffisent pas
pour
couronne. Je demande tous
dans
ma
prière,
de
la
les jours,
dignité, de
pour la
la
France,
prospérité,
l'honneur et du bonheur, c'est-à-dire, un despote.
de
L AL'BE UOMANTIQUE
aO
Avec tous ces mécomptes, Monseigneur, avec un estomisérable et un cerveau plus malade encore, je suis, je vous l'avoue, plus heureux que je ne l'ai été de ma vie c'est que ma chère excellente femme est là, contente des contentements qu'elle donne à ce qui l'entoure, bonne pour tous et mille fois meilleure pour moi.
mac
;
C'est la satisfaction de quelques devoirs remplis et J'es-
poir d'obtenir la miséricorde de Dieu par le sacrifice de
quelques-uns de mes
g-oûts.
Les médecins m'ordonnent Big-orre et notre
m'y
appelle.
Il a,
vous ensemble
mante
vieil
je
ami
d'aller
le
que nous parlions de
crois, envie
et je suis très
à Bagnères-de-
vicomte de Gastelbajac
disposé à satisfaire sa char-
deux jours j'y serai remarquez comme je suis mauvais, je voudrais que vous eussiez un petit rhumatisme du petit doig-t de la main gauche, qui vous forçât à venir prendre en même temps les mêmes eaux. elles m'en feraient, Elles me feront du bien, dit-on fantaisie.
Je
pars
dans
;
tout le mois d'août. Je voudrais,
;
bien sûr,
si
vos saintes occupations vous permettaient
de m'y adresser quatre demi-paroles. Je à vous donner tous
ces
n"ai
que
détails, parce
pas hésité
je sais
que
vous êtes plein de bonté, d'indulg-ence et d'amitié pour moi. Vous voyez, Monseigneur, que je ne vous ai pas
du
tout oublié.
Et je suis votre ami, votre serviteur la
plus profonde affection et
le
et votre fils
avec
respect le plus dévoué.
JULES DE RESSÉGUIER.
De son domaine de Sauveterre
placé
comme
l'aube HOMANïiyUE
27
une sorte de sentinelle détachée, en face longue
«
de cette
superbe chaîne des Pyrénées qui forme
et
l'isthme crénelée de la péninsule..., de ces pyrami-
des bleues chargées de
zons
)),
ainsi
que la
son ami Alfred de Vigny,
Jules de Rességuier se rendait
—
de forêts et de ga-
neig-e,
écrit
fréquemment à Tou-
y passait d'ordinaire les mois les plus où il contribua grandement rigoureux de l'hiver louse
il
—
alors à répandre et à accroître
^oûtde
la poésie. Il
souvenant
il
était
titulaire
qu'il avait
et
le
occupa de nouveau à l'Aca-
démie de Clémence Isaure ce neur dont
la tradition
fauteuil de Mainte-
depuis trente ans, se
triomphé jadis aux Jeux Flo-
raux à côté de ses compagnons d'armes,
les
de sa belle jeunesse, Victor Hugo, Soumet
amis
et tant
d'autres que nous avons déjà énumérés à plusieurs reprises.
Pour
la
dernière
fois,
en 1862, quelques mois
avant sa mort, à la grande joie de ses confrères,
il
y dit les délicieuses et fines strophes la Nouvelle Maison, un des plus charmants morceaux sortis de :
sa plume, son véritable chant Il
était
devenu non pas
peu sceptique aux bruits
du cygne.
indifférent,
mais quelque
affaiblis qui lui arrivaient
28
l'aube romantique
de Paris où, plus d'un demi-siècle auparavant,
un
avait tenu
il
important, occupé une place
rôle
enviable.
Les relations de ses derniers jours, ce furent ses parents et voisins de campagne résidant à quelques lieues de son château
de Sauveterre
ses
:
neveux
Rességuier, les d'Ag'uilar, de Panât, de Castelbajac,
de Malaret, de Montbel, de Pins,
de Belcastel, de
Voisins de Lavernière, de Limairac, de Tauriac, etc.
Rességuier s'éteignit,
Jules de
le 7
septembre
1862, à l'âge de soixante-treize ans, entouré des siens.
La mort ne
l'accueillit
pagne
en sage
fidèle
de sa
le
et
surprit pas,
la vit venir et
en chrétien. Sa femme, la com-
vie,
et ses douleurs, lui
il
qui avait partagé ses joies
ferma
les
yeux.
Jules de Rességuier repose dans la crypte d'une petite chapelle
érigée à
un bout du
cimetière de
Sauveterre, à quelques mètres au-dessus de l'humble église d'aller
de
prier.
son village, où
il
avait l'habitude
M™^ de Rességuier, qui porta
dignement son nom, a tard, le rejoindre
été,
si
quelques années plus
dans son dernier
asile.
L'ŒUVRE
Jules de Resség-uier
méridionaux nés sur
fait
partie de ce
bords de
les
de ses affluents qui, au début de
la la
groupe de
Garonne ou
Restauration,
vinrent à Paris conquérir de haute main les plus brillantes situations.
Les Guiraudj Soumet, Peyron-
net,
Rémusat, Decazes, Montbel, Castelbajac, en
sont
la
preuve.
Jules de Resség-uier appartient aux temps héroï-
ques du romantisme trois
ans avant
lui,
;
avec
en 1786,
Ulric Guttinguer, né il
est
un des aînés de
cette rénovation littéraire.
Tous deux remplissent alors
le
rôle de précurseurs,
que nombre d'autres ne voient
l'aurore
du xix®
siècle et
le
jour qu'à
que leur chef Victor
Hugo
naît seulement en 1802. Notre lang-uedocien est
de ces
hommes
un
rares, au goût précieux et délicat,
qui ont servi de transition entre l'ancien rég^ime 3.
3o
I.
poétique et
AUBE ROWAN'IIQUE
nouveau. D'autres eurent plus de
le
de puissance, aucun n'eut meilleure
souffle, plus
volonté, plus de droiture et d'honnêteté.
d'emblée trouvé
la
formule nouvelle,
Il
il
n'a pas
l'a
seule-
ment entrevue. Néanmoins, dès tournure moderne,
ses premières le
relief,
des vieux moules émoussés
élégies,
il
a la
sent l'insuffisance
il
qu'il laisse
au rancart,
témoig-nant, malgré tout, d'un peu de laisser-aller et d'indécision.
Petit
Son admiration pour
Savoyard y
est bien
l'auteur
du
pour quelque chose.
Poète et créateur, ce n'est qu'un
et
vous
êtes,
Alexandre Guiraud, un de nos grands poètes. écrit-il
naïvement.
Son erreur
est celle
de
la
plupart
de ses con-
temporains. Le çenre troubadour de l'auteur des
Macchabées il
l'a
jusqu'à un certain point conquis
;
n'a pas toujours échappé à son influence, Victor
Hug'O pas davantage d'ailleurs. Si Jules de Resség-uier n'est pas
tante
une
étoile écla-
du firmament romantique, mais une simple
nébuleuse delà voie lactée du
néanmoins de
tenir
un
ciel
rang-
de i83o,
il
mérite
distingué dans la
phalange des poètes de l'époque delà Restauration.
l'aube romantique
Si
son inspiration
est simple, ses conceptions par-
monotones,
son horizon borné, son analyse
fois
sentimentale, utile.
au
du
pierre, fois s'il
seuil
dans
«
a
Il
rôle
à propos de
apporté sa pierre toute
temple et peut-être sur cette
jours à venir, relira-t-on quelque
pas
les
cimes ardues,
ne vole pas d'ordinaire dans
les
régions inex-
plorées,
»
S'il n'atteint
aime à s'abriter à mi-côte sur
s'il
modérées,
cieux.
il
reste toujours
Les siens,
méditation sa
les
son nom.
Sainte-Beuve,
l'a dit :
taillée
un
n'en a pas moins rempli
il
Comme
Joseph Delorme
tes
3i
Muse.
Il
g-ères, tout
la
famille,
relig'ieuse
les
pen-
élégant, pur, gral'étude, l'amitié,
la
circonscrivent l'horizon de
n'emprunte
g'uère
aux sources étran-
au plus quelques motifs au Romancero,
V Iliade àt i83o. Son luth léger, doucement
teinté,
ne laisse entendre d'ordinaire que des chants mollement cadencés Si, l'un
et facilement éclos.
des premiers, Jules de Rességuier a sonné
de l'oliphant de Roland,
c'est à
tres après lui ont repris le cor
lemagne, en enflant de plus Il
les
mezzo-voce; d'au-
du neveu de Char-
joues, et l'ont fait entendre
loin.
ne faudrait pas, cependant, croire
qu'il n'ait
l'aube romantique
32
eu des moments de haute est le poète
La
la pléiade
de
signée
écrit l'ode
strophe
de
noble envolée. Quel
et
qui n'eût été
lui
dont
voici
fier la
d'avoir
dernière
? gloire est à Bouvines ainsi qu'à
Marengo,
Immortalisez-vous par une ode superbe.
nomme
N'importe après cela qu'on se Jean-Baptiste ou Victor
Il
plus
Malherbe
!
que d'ordinaire sa forme
faut convenir voilée, plus
Hugo
vag^ue,
ses
couleurs,
estompées, ses vers d'un rythme trop épris
du sentiment que de
est
pâles
et
Plus
faible.
de
la facture, Jules
Rességuier procède plutôt de Lamartine que de Victor Hugo. Ce dernier n'ayant écrit que
premières odes, quand parut Jules de Rességuier, n'avait
monde
littéraire
par
la
le
ses
premier recueil de
pu encore éblouir
puissance de forme
le
et d'ex-
pression des Nouvelles Odes et des Orientales. Il
faut cependant reconnaître que Victor
Hugo
a trop abusé de l'ambiance de l'atmosphère poéti-
que de son temps. Sa puissante
et
jalouse person-
nalité a dévoré toutes celles qui l'ont immédiate-
ment précédée ou d'hommes,
il
suivie.
trouva
Habile et retors manieur
moyen
d'annihiler ou d'évincer
l'aube komantique
ceux qui, sans
lui
porter réellement ombrage, pou-
vaient détourner à leur profit
de
i83o d'une dizaine d'années, et la
quelques parcelles
Ce magnifique essor lyrique qui précéda
g-loire.
ment
33
fougue
qu'il
en usa fort habile-
il
témoigna ne
fut
jamais chez
qu'un procédé, qu'un moyen. Toujours
lui
tout, fut
le
un
La
mot
n'existait pas
et
encore, Victor
avant
Hugo
arriviste.
voie où se lancèrent les troupes rénovatrices
n'a pas été tracée par lui,
a déblayé
il
le
chemin
qui jusqu'alors n'était qu'un large sentier.
Le
véritable initiateur de la poésie
n'est pas Victor ait fait dire
romantique
Hugo, quoi qu'on en ait dit, quoi
qu'il
de tous côtés; mais bien André Chénier.
Les premières lueurs de ce renouveau, en dehors
du volume de Lamartine, datent de 1819, époque à laquelle H. -T. de La touche édition des Poésies
purs,
de
si
nobles,
l'aridité
de
fils
la
vers, si
versification descriptive sans cou-
cateurs de son école
;
la
de Delille
l'éclat
et
des versifi-
nouveauté de leur coupe,
de leurs peintures,
enjambements,
paraître la première
de l'Hellade, dégoûtèrent à jamais
leur, sans éclat ni vérité,
la diversité
fit
d'André Chénier. Ces
de
la
hardiesse de leurs
leur facture enlevèrent
i/aube romantique
54 la
presque unanimité des
un enthousiasme pour fait
sufFrag-es et surexcitèrent
ainsi dire universel. C'en fut
à jamais des vieux tropes caducs, des antiques
images déformées par
i'usag-e,
par l'imitation cons-
tante et routinière, chères à Berlin, Dorât, Bernis,
au chevaher de Parny, à V Almanach des Muses.
Au moment où l'arène littéraire,
Jules de Rességuier entra dans toute la jeune école, à quelques
exceptions près, était catholique. Oui d'ailleurs
le
fut plus
que Victor Hugo, dont Lamennais
était
alors le confesseur et qui, avec son frère Abel, fai-
de
sait partie
en 1821
?
la
Sociélé des Bonnes Lettres créée
Ch. Loyson, Guéneau de Mussy, Bal-
lanche, Mole, Pasquier,
Ambroise Rendu, Royer-
Collard, ces derniers quelque peu gallicans, pour
ne pas dire jansénistes, Alex. Guiraud, Alex. Soumet, Lamartine, tous témoignent dans leurs œuvres Jules de Rességuier
de leurs sentiments de
foi.
resta toute sa vie fidèle
aux convictions de sa jeu-
nesse. Ses
rapports avec l'abbé Olivier, curé de
Saint-Roch
et plus tard
Dupanloup,
le
évêque d'Evreux, avec
Mgr
P.Lacordaire, Silvio Pellico, Monta-
lembert, A. deFalIoux,le montrent chrétien humble et
convaincu.
l'aube romantique
35
Les premières pièces de vers de Jules de Rességuier parurent dans
recueils
les
1817, on y trouve rier Jîlle le
;
:
les
des Jeux Floraux.
En
Regrets d'un jeune guer-
en 1819, Glorvina et la Mort d'une jeune
de village
Pèlerin
en 1822, la Dernière espérance,
;
et la
Consolation d'une mère.
La plupart de
ces petits
poèmes reparurent à
côté d'autres inédits, à partir de
Muse Française
et les
Annales de
1824,
dans la
la Littérature et
des Arts. Jules de Resség^uier fut un des collaborateurs assidus de ces deux revues, avec Victor
Hug^o, Lamartine, Alfred de Vigny, Alex. Soumet,
Alex.
Emile
Guiraud,
et
Antony
Deschamps,
Ch. Nodier, M™^* Desbordes-Valmore, Tastu,
En
1827,
il
fait
un choix parmi
dans ces recueils
et
ses poésies parues
F Almanach des Dames e\,,aL\ec
l'appoint d'un certain
nombre
d'autres, imprimées
à part, ou conservées en portefeuille,
lume
intitulé
Tableaux Poétiques
quarante pièces,
la
etc.
il
forme un vo-
(10),
comprenant
plupart en vers de douze pieds
;
certaines écrites à l'occasion d'actualités, d'événe-
ments du jour. Toutes sont précédées d'une graphe —
était-il
autrement?
possible à
cette date qu'il
— Ces épig'raphes, vers
épi-
en fût
ou prose, sont
36
l'aUBK HOMANIIQUE
empruntées à Lamartine, Soumet, Guiraud, E. Deschamps, Chateaubriand, Ch. Nodier, H. de Latouche, Pichald, Victor Hug^o, G. de Pons, Ancelot,
Jules Lefèvre,Brifaut, Marchang'y,Millevoie,
Menne-
chet, Alfred de Vig-ny, Forbin, M""-* de Staël, Des-
bordes- Valmore, Krudner, Sophie et Delphine Gay, Genlis et leau,
même
Racine
certaines, qui le croirait, à Boi-
La presse
et Delille.
accueillit
les
Tableaux Poétiques avec une faveur marquée. La Quotidienne, dans son numéro du 6 février 1828, leur consacre
que
la
un
article
des plus élogieux, assurant
plupart des pièces du recueil peuvent sou-
tenir la
comparaison avec
distinguées de l'époque;
les
elle
productions
les
plus
loue leur facture excel-
lente, le pittoresque de ses tours, la plénitude des
rimes, la période harmonique et font
le
le
mouvement
qui
poète, ainsi que la correction grammaticale, et
l'enchaînement logique des pensées qui constituent l'écrivain. et, le
Le Corsaire
5 février 1828,
n'est pas
moins louangeur
se félicite de rencontrer
poète qui, tout romantique qu'il
est,
charme
téresse, sans avoir recours à cette cattologie
un
et in-
mélan-
colique, à cette phraséologie sépulcrale qui ont dis-
crédité la poésie... Le^
Tableaux Poétiques, affirme
l'aube romantique t-il,
«
assurent à M.
Sy
comte de Rességuier une
le
place très honorable sur notre Parnasse
moderne
—
et les
L'Album national
2.[\
janvier 1829
—
».
Dé-
bats sont aussi aimables dans leurs appréciations.
L'Echo du Midi siasme
«
ses plus
pour
—
cette
19 janvier 1829
—
s'enthou-
charmante production d'un de
aimables compatriotes.
«
Les succès de
M. de Resség-uier auxquels nous applaudissons avec tant de plaisir», écrit ce journal toulousain
,
«
ne
sauraient nous laisser indifFérents... Sa çloire sera aussi la nôtre, l'Académie des Jeux Floraux s'associera à ses triomphes, glorieuse d'avoir la première,
par ses récompenses, signalé jeune poète.
Le succès du volume suivante, en 1829, et
que
les
le
mérite naissant du
»
il
en
fut réel, puisque
était à sa
l'année
quatrième édition
journaux continuaient leur concert
d'é-
loges.
Les Tableaux Poétiques ont précédé d'un an Orientales ;
ils
ne peuvent donc
— nous
le
les
répétons
— être une imitation de l'œuvre du chef de
l'école
romantique. Les morceaux qui composent ce vo-
lume témoignent d'une note personnelle coUque, pleine de jeunesse
et
mélan-
et
de fraîcheur;
ils
4
sont
l'aUBS nOMANTIQUE
38
Sa
bien l'expression des sentiments de l'auteur. versification
peu trop abandonnée, presque jours
elle
même un
aisée, parfois
est facile,
y
mais tou-
nég-lig^ée,
coule de source, source au mince
filet,
clair et ténu.
Citons une des meilleures pièces
du
recueil
LA PROMENADE DU SOIK.
Quand la nuit, dans les airs, laissait tomber ses Nous allions, au lever des premières étoiles.
voiles.
Confier des secrets que nous taisions au jour:
Comme
on cache
A ces astres
le
crime
il
faut cacher l'amour
I
pour nous inaccessibles,
brillants,
Nous demandions des biens
ici-bas impossibles
;
Et nos cœurs s'élançaient, d'un mouvement égal,
Du monde
des objets, dans un
La lune qui montait,
faible encore et
ma
Attirait les regards de
mon amour, pour
Et
Par l'image du
Quand
de
idéal.
charmante,
timide amante
elle, était
ciel et
les esprits
monde
;
représenté,
de l'immensité.
l'air
Je cherchais le plus beau,
parcouraient leur royaume le
plus léger fantôme
Je lui donnais ses traits, je lui donnais son
Je la voyais courir sur les lys du vallon
On
A
eût dit sa jeune
ombre errant dans
;
nom,
;
l'Elysée,
travers ses cheveux, tombant dans la rosée.
De
ses moindres regards, j'implorais les faveurs
Et je la contemplais
;
et
sur ses traits rêveurs.
;
:
l'aube romantique
Aux doux rayons du Je voyais de son
soir qui blanchissaient la terre,
cœur
Des larmes, dans
Sg
le
trouble et
le
mystère
;
main essuyait, mien s'appuyait.
ses yeux, que sa
Et son bras, en marchant, sur
Deux ans après
les
Tableaux Poétiques, Jules
de Resség"uier, en i838,
volume de vers,
les
le
fait
paraître
un second
Prismes Poétiques
(ii), pré-
cédés d'une douzaine de lignes, en guise d'introduction. a J'ai
nommé mon
premier
Tableaux Poétiques;
de
la
couleur ou de
la
nomme
je
Prismes. Chacun de ces
de poésies
livre
celui-ci
titres rappelle
:
les
:
les effets
lumière; et cette sorte de
fraternité indique les rapports qui existent entre
deux ouvrages.
les «
La poésie
éclaire d'un jour
nouveau
les objets
qui sont autour de nous et les sentiments qui sont
en nous-mêmes. Elle colore tout ce qu'elle voit
;
son œil est un prisme. Qu'elle soit faible ou forte? ce privilège lui appartient; et les prismes peuvent être des
Ce
diamants ou des morceaux de verre.
second
recueil
pièces, à mètres variés,
comprend
»
soixante-douze
mais dans lesquelles ceux
de douze pieds dominent
;
un
certain
nombre sont
l'aubk romantique
4o
précédées de dédicaces, mais non plus d'épigraphes.
Ces dédicaces portent
les
noms de
A.
S.
I\.
Made-
moiselle, de M™^^ de Resség-uier et de Girardin
;
du
baron de Sèze, de Victor Hugo, Lamartine, Reboul, E. Deschamps, Peyronnet, Beauchesne, du prince
Elim Mestcherski,
etc.
Les Prismes sont en progrès sur
les
Tableaux
Poétiques. Lïmitation n'a plus rien à y voira part peut-être la pièce intitulée
Peppa, qui
l'Andalouse d'Alfred de Musset,
se ressent de
quelques rémi-
et
niscences du Romancero et des ballades allemandes. Jules de Rességuier dans les
Tableaux Poétiques
cherchait encore sa voie jusqu'à
dans
les
Prismes,
il
l'a
trouvée
un
et,
certain point
;
en pleine posses-
sion de lui-même, connaît ses forces et sait les
em-
ployer. Ily exprime de nobles pensées, de généreux
sentiments légères
cache
sème à profusion dans des pièces
ou plutôt familières où sous l'enjouement
la tendresse, et
Est-il
castel
qu'il
y mêle un charme pénétrant.
rien de gracieux
comme
ce salut
de Sauveterre? Adieu, ma petile maison, Près des rochers qui m'ont vu naître.
Où
il
j'aimais tant à voir paraître
à
son
l'aUBK nOMAXTIOUE
/( I
Le soleil d'or à ma fenêtre, La neige blanche à l'horizon. Adieu
Où
ma
L'éclat luit
Où
joli
maison,
Bohême
comme un diadème
tout est prestige, où l'on
A la Quel
petite
de mes vitres de
folie
;
aime
avec raison.
début que celui de la Soirée
:
est des soirs du monde où la vie est bénie. Des soirs où tout est fleurs, poésie, harmonie. Quelques soirs dans l'hiver, vaporeux et si doux. Qu'un matin de printemps en deviendrait jaloux. Il
Ce sonnet
A
mes enfants
n'est-il
pas exquis
?
Mes enfants, votre tête a dépassé ma tête Pour voir vos fronts il faut que je lève les yeux. Mes enfants, mes amours, mon orgueil et ma fête, Voyez, vous grandissez, et moi je deviens vieux. ;
Je descends
;
vous montez quand vous serez au ;
faîte,
D'en bas j'écouterai vos chants mélodieux, Je suis l'arbre d'hiver ployé par la tempête
Vous,
la fleur
du
soleil ijui
regardez
;
les cieux.
Vos vers sont pour mon cœur la voix de votre mère Vous ne recherchez pas une gloire éphémère ;
Je triomphe à vous voir tous les jours triomphants
Et quand de l'urne d'or
Me Je
verse
me
la
la fraîche
poésie
jeunesse avec son ambroisie.
crois votre frère, alors, ô
mes
enfants
!
;
;
l'aube romantiqu»
I\i
Entre temps, chez Allardin, son éditeur ordinaire, Jules de Rességuier
Almaria
dont
(12),
le
fit
paraître
un roman,
succès fut immédiat
et indé-
coup
niable, puisque l'ouvrage eut trois éditions
sur coup, sans parler d'une contrefaçon parue la
même
année à Bruxelles. Les Prismes, précédés
des Tableaux Poétiques, avaient eu d'ailleurs
même
le
sort.
Almaria,sœnT C3ideiie des Aventures du Dernier Abencerage,
est écrit avec le soin
que
les
mettent à leur prose qui est encore de
la poésie.
Le roman est précédé d'une préface dans l'auteur
explique que
« si
laquelle
les personnag"es
passions sont réelles
d'invention, leurs
poètes
».
sont
Nous
croyons, pour notre part, que c'est justement
passion qui y manque
le
la
plus et avec elle la cou-
leur locale, qu'ainsi que tous les écrivains de son
époque Jules de Rességuier a cru y L'Espagne
à' Almaria n'a
faire entrer.
absolument rien d'espa-
gnol, pas plus que son Afrique n'a rien d'africain.
Analysons ce
maria dont précédé de
le
livre,
nom
l'article
bien oublié aujourd'hui. Al-
n'est autre
arabe,
que
al, est le
celui
de Maria,
dernier enfant
d'un grandseigneur castillan, leducd'Hermandarez,
romantique
l'aubiî
qui, désespéré
enfants mâles
de
la
perte de deux
43 fils,
—
ses seuls
— projette, pourne pas voir s'éteindre
sa lig-née, d'unir la
parents éloignés,
fille
le
qui lui reste avec
un de
ses
jeune Fernand. Tout semble
d'abord marcher en faveur de cette union
:
la belle
Almaria témoigne une tendre sympathie à son cousin, mais,
par suile
dans un
même d'un vœu en
cloître.
temps, déclare à ses parents que, secret, elle doit aller s'ensevelir
Le duc
et la
duchesse d'Herman-
darez essaient par tous les moyens possibles de la faire revenir
sur cette décision, mais en vain.
g-uerre lasse,
ils
obtiennent de leur
fille
De
qu'elle se
rendra auprès d'un saint ermite qui pourra peutêtre, espèrent-ils, vaincre ses scrupules et la relever
de son
vœu
:
du vénérable
Un
navire transporte Almaria auprès
solitaire
dans un coin écarté des
non sans
peine, la jeune
époux, mais
le
dont îles
la
retraite se
trouve
Baléares. Celui-ci décide,
fille
à accepter Fernand pour
navire qui la ramène, assailli par une
tempête, disparaît dans les voir perdu sa fiancée,
flots.
De
désespoir d'a-
Fernand entre dans l'ordre de
Malte. Almaria, sauvée contre toute espérance, par
une felouque barbaresque, débarque à Tunis où, vendue au Bey,
elle
devient sa favorite et en a un
l'aube romantique
44
Le duc d'Herraandarez
jBls.
et le
nouveau chevalier
de Malte finissent par apprendre son existence le
la
lieu
de sa résidence. Ce dernier
ramène en Espagne où
elle
délivre
la
et et
entre définitivement
dans un couvent, tandis que son libérateur prend la
mer pour regagner
mettre à
la disposition
Le reproche a
le
siège de son ordre
de ses supérieurs.
faire à ce
roman, c'est de manquer
de fermeté et de naturel dans l'étude et
pement des
et se
le
caractères. Celui d'AImaria,
dévelopil
faut en
convenir, semble étrange et peu naturel.
L'Entracte, dans son article consacré à A /mar/a,
— 3o août
—
i835
article
des plus louangeurs, clôt
son appréciation par cette réflexion qui ne manque pas de justesse a
II
est
:
fâcheux que l'auteur n'ait pas donné à
l'héroïne de
son
pour forcer
sympathie du lecteur; car son roman,
la
simple dans sa art,
livre
les qualités
indispensables
marche, bien que développé avec
ne manque pas d'un certain intérêt;
constamment à
plume exercée
et
la
hauteur du
et le style,
sujet, révèle
une imagination poétique.
une
»
Le meilleur de l'œuvre de Jules de Rességuier est peut-être encore le
volume de
ses poésies pos-
l'aube romantique
45
thumes, publié après sa mort par sa veuve et ses enfants, en i864, à Toulouse, sous le titre de
nières Poésies (i3), dans lequel,
justement E. Biré (i4).
«
comme
Der-
l'a écrit si
célèbre les joies et les
il
douleurs du foyer domestique dans des compositions exquises de sentiment et de
Les pièces contenues dans ce
forme
».
recueil,
au nom-
bre de cinquante-huit, diffèrent grandement entre elles.
Les unes, extraites des anciens cahiers de
l'auteur, datent de l'époque romantique, les autres,
plus
récentes, montrent
un sentiment beaucoup
plus intime et plus personnel.
Comme
le
préface du livre, due sans doute à son
Albert de Resség'uier(i5), la retraite
«
dit
fils
la
aîné
l'éloignement de Paris,
au sein des jouissances
et des devoirs
du
foyer domestique, l'âge lui-même n'ont amoindri ni les
sentiments du poète, nila délicatesse de
ni le tact de
l'homme du monde. Les
l'artiste,
qualités ori-
ginales et caractéristiques de son talent se sont, au contraire, développées et affermies, en s'imprégnant
de plus en plus de
la
couleur religieuse et de
lément chrétien, qui n'ont
fait
compositions de sa jeunesse
Aux
pièces
l'é-
défaut à aucune des
».
romantiques de ce dernier recueil 4.
l'aube romantique
46
faisons quelques
emprunts
mières strophes de
la
d'abord
la ballade
Avez-vous, quand Et blanchit
:
la
:
les
Une
deux prede roi
fille
:
lune monte
tour du beffroi,
Avez-vous ouï, serf ou comte,
Ce qu'une chronique raconte Touchant une fille de roi ? Avez-vous cru voir dans
la brise
Son vieux père aux jeunes élan<=. Dont l'âme était de gloire éprise Et dont
Au
la
barbe devint grise
milieu des combats sang-lants ?
Puis ces stances intitulées:
Oh De De
!
que
j'ai
vu de
Une femme au
fleurs sur les balcons
tiges se croisant en
balcon.
moresques,
minces arabesques,
roses retombant sur des vases d'émail.
Et de jasmins montant aux treillis du sérail! Que j'ai vu d'ananas, d'oranges et de pêches
!
Mais jamais fruitc plus beaux et jamais fleurs plus fraîches Que cette jeune femme, au corps souple et penché,
Oui garde à sa fenêtre un
lévrier couché.
Lui parle d'une voix dont
le
son nous
attire.
Et qui tient dans sa main un livre ouvert.., sans
lire.
Mais laissons ces morceaux quelque peu malijré tout
ment par
;
ses
nous l'avons
dit, c'est
pièces intimes que
vieillis
particulièreles
dernières
l'aube romantique
4?
poésies de Jules de Rességuîer se distinguent, par ses
morceaux
mour, par
la
inspirés par la terre natale, par
tendresse, par
le
Ecoutez ces vers adressés A
Au
bruit de
mon
Que vous avez
Ah
!
Entre amis
souvenir.
une
retour prochain, on
comme
ma bonne
!
servante
vieille
me
:
confie
battu des mains, bonne Sophie
vous avez raison,
l'a-
;
et c'est devoir,
nous, d'applaudir
le
revoir.
Vous mettrez mon couvert sur votre nappe blanche; Quel jour
? Je
ne sais pas, ça doit être un dimanche,
Un jour où la forêt d'un plus beau vert se peint, Où l'on va tous ensemble à l'église, un jour saint Nous ne changeons pas, nous, comme de certains êtres !
Nous Il
;
servons, vous et moi, fidèlement nos maîtres;
nous en reviendra de grands
profits,
ou
rien,
Mais quelque chose au cœur, nous dit tout bas: « C'est bien! »
Nous pourrions
ment de
parler beaucoup plus
longue-
Jules de Rességuier, citer bien d'autres
vers de lui; à
romantiques
quoi qui
bon? Les curieux des temps
voudront
le
mieux connaître
n'auront qu'à feuilleter ses trois volumes de vers, à relire son Almaria, à
disséminés dans les revues,
les
Recueils des Jeux Floraux,
keepsakes, et albums romantiques qui
renferment aussi de prose.
rechercher ses poèmes
lui
de nombreuses pages de
LETTRES
/.
— D' Alexandre Soumet
(i6).
mon
cher Jules, combien deux charmantes créatures. J'étais arrêté ce matin sur la place SaintEtienne (17) avec un de mes amis; M™^ de Rességuier est passée enveloppée d'un grand voile et Paul de ses beaux cheveux blonds. Le tableau était Il
faut que je vous dise,
votre
femme
et votre fils sont
ravissant. J'ai suivi
pour
lui dire
:
Mon
un moment
fant vous sied bien, mais tagnes et je n'ai pu
M"^^ de Rességuier
madame, que
votre en-
c'était la gazelle
des mon-
Dieu,
la joindre, elle
est, je
crois,
entrée chez M. de Panât (18).
Je suis passé chez vous et vous étiez sorti. s[oumet].
//.
— De
31'^''
J'ai été si souffrante
eaux, monsieur, qu'il
de
Rémusai
à la fin de
m'a
écrire et de vous remercier
(19).
mon
voyage aux
été impossible de
comme je l'aurais
vous voulu
de votre discours (20) et de votre souvenir. J'apprends que vous êtes à Toulouse, venez donc un
l'aube romantique
52
peu
me voir,
lecture
afin que je vous dise à quel point cette m'a charmée; ce discours vous ressemble
parfaitement
et cette
ressemblance
car elle lui donne de la grâce, de
lui sied si bien,
la finesse et
un
certain accent vrai et naturel qui n'est pas ordinaire
au ton académique. J'espère que j'aurai l'honneur de vous voir; nous causerons bien de tout cela ; j'aimerais
beaucoup à vous entretenir du
que vous m'avez
plaisir
fait.
VIRG. RÉMUSAT.
///.
— De M'^^
de Rémusat.
Je suis bien touchée, monsieur, de votre aimable intérêt et j'y crois d'autant plus volontiers
que
j'y
mets un grand prix, je vous avouerai avec ce naturel qui, de toutes vos louanges est la seule que je me trouve quelques droits d'accepter, que j'aime qiion m'aime.
Il
est très
vrai qu'il a été question
de nous transporter du midi au nord (21), que ma sœur et mes amis l'ont désiré fortement et ont agi dans ce désir presque sans nous consulter à cause du retard qu'eût apporté à leurs démarches la
longue distance qui nous sépare. Mais je ne
pas cependant que leurs soins aient aucun succès ; le Roi paraît satisfait de la conduite de
crois
M. de Rémusat dans ce pays, et il a daigné le dire à ma sœur et nous le faire écrire de la manière
l'aube UO.MANIiyUE la
plus honorable
presque
j'ajouterais
;
53 la
plus
consolante. Je pense que les ministres voudront
un homme qu'ils estiment et qu'ils jug-ent dans un poste difficile, où la ferme modéra-
laisser utile,
tion de son caractère a
d'un danger.
On
prévenu peut-être déjà plus
m'assure que
choix désig-né de
le
quelques successeurs qu'on nous donnait semblait porter vos concitoyens
à nous reg-retter.
J'ai le
sentiment intime que M. de Rémusat mérite d'être regretté pour lui-même et je ne doute pas qu'on n'en convienne
ici
quelque jour; en attendant,
faut se soumettre à son sort,
l'appuyer de
la
conscience et de l'équité du jug-e-
ment royal. Quant à moi, que vous
dirai-je,
malade, isolée d'alFection,
les soins
monsieur,
souvent
me fusse rapprochée mon enfant, j'aurais
doute je
sœur, de
amis dont j'avais une regrets dans une
n'ai, je crois,
le
moindre
l'égard de personne.
reconnaissance;
séguier et
dront
la vôtre,
si
ma
douce habitude,
ville
à
un bien
petit
où cependant
me
je
reprocher à
Vous voulez bien m'assurer
la
;
veuillez agréer toute
bienveillance de
quelle que soit
ma
M™«de Res-
destinée, tien-
toujours une grande place dans
doux souvenirs.
sans
volontiers de
tort
que vous ne m'oublierez pas
ma
faible,
agitée,
retrouvé avec joie
surtout avec l'idée que je laisserais
nombre de
il
suivre son devoir et
mes plus
l'aube romantique
54
Je
me
me
porte un peu mieux et
moments auprès de ble
j'ai
bien envie de
trouver assez forte pour aller passer quelques
Nina
la
chaise longue de votre aima-
(22).
VIRG. RÉMUSAT,
IV.
— D'Alexandre Soumet.
Lundi.
Je ne sais où vous êtes, Jules, et je ne sais où j'en suis avec vous
:
êtes-vous fâché,
mon ami? ou
êtes-vous assez heureux pour n'avoir rien à m'écrire; j'attendais des nouvelles de la santé de Paul,
que vous êtes passé chez moi à Toulouse. une consolation, mais elle est déjà bien éloignée. Je vous ai écrit à Druidas (aS), chez ]\|me votre sœur, n'avez-vous pas reçu ma lettre? ou n'y a-t-il que votre amitié pour moi de perdue? La dernière fois que vous m'avez écrit, vous avez
je sais
C'est
accusé notre liaison d'être nouvelle; je ne pas, Jules, qui vous
l'a
dit ? J'aimerais
comme
vous ayez parlé de notre amitié Je connais
Zulma dont.
.
.
le
savais
mieux que de
Zulma
:
(24).
Ecrivez-moi bien vite et de vos deux mains,
si
vous pardonne vos paroles
et
vous voulez que
je
votre silence.
Nous avons
ici
d'Açuilar (26) avec qui nous par-
l'aube romantique
Ions de vous;
55
est très souffrant,
iî
plus aimable. Adieu, Jules, adieu,
mon
mais encore cher ami, je
vous dire de mon installation ici. Nous sommes toujours dans l'eau, c'est le sort des poissons, mais nous n'avons pas encore été pris. Je ne n'ai rien à
parlerais pas ainsi
teau de
si
notre rivière baignait
châ-
le
M™® de Rességuier.
Adieu, je ne serai pas de retour à Toulouse avant
la fin
de mai, ainsi
mon
installation sera
retardée; je suis hors d'état de faire
un discours de
réception (26) et presque d'écrire une prose d'Aca-
démie, vous en jugerez à
mon
indéchiffrable lettre.
SOUMET.
V.
— D'Alexandre Soumet.
Paris, samedi.
Vous aurez de
peut-être appris,
mon voyage
qu'elle
ami,
la
cause
m'a forcé de quitter Toulouse sans cher-
cher à dire adieu à mes amis ici
mon
à Paris, elle était bien triste puis-
;
mais
j'ai
retrouvé
votre souvenir; vous faites presque partie de no-
V E loge de C lémence Isaure (27) et vous avez gardé fleur pour vous plus d'une de sa corbeille. J'ai entre cercle poétique,
a révélé partout
le
troubadour
tendu des vers ravissants d'un jeune homme, monsieur de Vigny, c'est
une
élégie, intitulée la
Sam-
l'aube romantique
56
nambule
(28) et inspirée par la
nier; je la
admirations soient aussi dire
Muse d'André Chéafin que mes
demanderai pour vous,
les vôtres.
beaucoup de mal de Lamartine
a osé
me
et je l'ai
dé-
On
fendu avec votre sufFrage autant qu'avec
On
le
mien.
l'appelle le poète des prosateurs et l'on ne se
doute pas de l'éloge que renferme ce jug-ement. Le
jeune
Hugo
(29) vous adresse mille expressions de
sa reconnaissance
;
je lui ai
promis de vous
les faire
parvenir. Cet enfant a une tète bien remarquable,
une véritable étude de Lavater. Je à quoi
il
se destinait et
si
lui ai
son intention
demandé
était
de sui-
vre uniquement la carrière des lettres; il m'a répondu qu'il espérait devenir un jour pair de
France
et
il
le sera.
Avant de quitter Toulouse, mon ami, je laissai pour vous quelques brouillons de poésies: si vous voulez les demander vous-même à mon père, il vous les remettra et vous m'en direz votre pensée, mais ne les montrez à personne. Etes-vous heureux, votre château magique s'élèvet-il toujours aussi rapidement? Comme a^ous y serez bien pour le bonheur de Nina et pour vos enfants et pour
vous.
n'allez pas
aux
orangers
renfermez,
et
Ne
comme
espérances dans un cercle sacrifices
faites
pas de voyage,
rives lointaines, restez
au génie du
florace, de longues
étroit.
lieu;
sous vos
Horace
offrait
des
vous avez aussi votre
L'AUBE ROMANTIQUE
5"]
bon génie à adorer; adieu, embrassez pour moi et faites agréer mes plus respectueux hommages à M"^ de Rességuier.
vos beaux enfants
SOUMET. Si VOUS pouviez de suite ou dans peu de jours m'envoyer une lettre de recommandation de M. de
pour M. de Serre (3i), ministre de la Justice, vous me feriez plaisir je chercherai peutêtre à entrer au Conseil d'Etat (82) ou dans quelqu'administration; il faudrait que cette lettre fût Villèle (3o)
;
pressante et à peu près écrite sous votre dictée; j'attends ce service de votre amitié. Si
M. de
Vil-
me recommander au Conseil des miou au ministre de l'Intérieur ou auministre Maison du Roi, sa lettre me serait également
lèle préférait
nistres
de
la
utile.
Rue Saint-Honoré,
n" 34 1, hôtel de la Grande-
Rretagne. Guiraud (33) est de moitié dans tous
mes souvenirs.
VI.
— De
Monsieur
Vous m'avez suis fier,
le
et
Victor
Hugo.
cher confrère,
premier donné ce
f titre
dont je
permettez-moi donc d'en user. Si vous
voulez bien
me
considérer
comme
digne de
le
por-
l'aubs romantique
58
ter ce sera, entre tous les remerciements que je vous dois, un remerciement de plus à vous faire.
y a déjà longtemps en reconnaissance du excellent Soumet m'a cours, marqué au coin
Il
que j'aurais dû vous écrire, charmant cadeau que notre faiten votre
nom. Votre
dis-
de cette imagination brillante
empreinte sur toutes vos compositions, m'a connaître parfaitement
le
respectable
M.
fait
Poitevin-
Peitavi et c'est à vous
que je dois d'avoir à estimer en même temps un homme vertueux et un bon ouvrage de plus. J'ai fait dire quelques mots de votre charmant discours (34) dans ro
du Conservateur Littéraire
le
dernier
(35). Je
numé-
compte en
parler plus au long dans la livraison suivante. Votre
prose élégante ne dérogera pas en entrant dans un recueil
que vos
jolis
êtes sans doute, en ce
vers ont déjà enrichi.
Vous
moment, occupé au concours.
Permettez à un vieux combattant réformé de vous
recommander des
athlètes,
en présence desquels
il
n'aurait sans doute pas vaincu. J'appellerai votre
attention sur l'élégie de Sineta, d'un jeune poète
dont Soumet vous a sans doute parlé, de notre ami Alfred de Vigny sur celle du Convoi de l' Emigré ;
relative aux Rocher sur le Troubles de l'Europe, par M. (36) poème de la Naissance d'Henri IV, sur le discours relatif aux Œuvres romantiques et classiques, de M. Gaspard de Pons (07).
par M.
de
Saint-Valry;
sur l'ode
;
l'aube romantique
Sg
Je ne veux ni ne dois vous donner mon avis sur chacun de ces ouvrages en particulier; je me contenterai de vous dire que leurs différents auteurs ont, selon moi, des talents fort inég-aux.Je me borne à remplir
un devoir
d'amitié, en
appelant votre
attention spéciale sur ceux d'entre eux qui peuvent
mériter des couronnes et en invoquant pour les autres cette indulg-ence dont vous m'avez donné tant de preuves.
indulgence de l'Académie que je
C'est de cette
serai éternellement reconnaissant.
J'ai
tâché de
le
pour l'une de ses séances publiques, une ode sur Ouiberon (38), que j'aurai incessamment l'honneur d'envoyer à cet excellent lui
prouver en
lui faisant,
M. Pinaud
(Sg), qui
place dans
mes
Je
l'ai faite
aura toujours une bien grande
affections.
de
mon
mieux.
hommes dont le mieux mais j'espère qu'elle aura
Je regrette d'être de ces est loin d'être le bien;
un prix aux yeux de l'Académie, sinon par le talent,du moins par les efforts de l'auteur. Alexandre Soumet vous dit les choses les plus tendres.
Il fait ici
des vers admirables et se porte
mal. Apollon n'est
ceux auxquels
il
le
dieu de la santé que pour
n'est pas le dieu des vers.
Veuillez bien continuer, monsieur et cher confrère, à
nous envoyer des vers charmants
lentes proses et
et d'excel-
recevez l'expression de la haute
6o
l'aube romantique
considération, de la profonde estime avec laquelle j'ai
l'honneur d'être votre très dévoué et très indi-
gne confrère
et serviteur.
VICTOR M. HUGO.
2
1
P. S.
mars 182 1,
—
Mon
Paris.
adresse est rue de Mézières, n" 10,
faubourg- Saint-Germain (4o). Celle de
Saint-Valrj, qui est
me
M. A. de
prie de vous la transmettre,
également à Paris, rue des Fossés-Monsieur-le-
Prince, n° 22, faubourg Saint-Germain.
VII,
— De
Monsieur
Une douloureuse le
sein de
nouvelle, en forçant la capitale
sa famille,
écrire plus tôt pour
Hugo.
et cher confrère.
de quitter brusquement
dans
Victor
et
M. Rocher
de retourner
m'a empêché de vous
vous marquer sa réponse
et
vous
remercier de votre charmante mais beaucoup trop flatteuse lettre. J'ai
été,
s'il
faut l'avouer, surpris
donné tant de preuves d'indulgence. Je croyais que M. Rocher obtiendrait un prix. Pour lui, avec toute la modestie du talent, il s'est montré satisfait de la décision. Il
de la sévérité de l'Académie qui m'avait
m'a chargé d'accepter en son
nom
la distinction
LAUBE ROMANTIQUE
que
6l
décerne TAcadémie, espérant, m'a-t-il
lui
mériter peut-être, l'an prochain,
en redescendant dans
éclatant,
dit,
un
suffrage plus
la
même
arène.
J'espère avec lui et je ne doutepas que vous ne partagiez la
même
Pour
confiance.
cette année,
contentera d'avoir une pièce imprimée dans cueil et
il
il
se
le re-
consent à ce qu'elle porte son nom, ne
croyant pas convenable de répudier aucune des distinctions accordées par l'Académie. Il
me
tarde,
élégie, pleine
trée
M.
le
comte, d'en venir à votre
de charme
et
de
ijràcc,
que m'a mon-
Soumet.
J'ai
reconnu dans
la
Consolation d'une mère (4i)
ce talent enchanteur qui vous dislingue, de joindre
l'élégance au naturel et la simplicité à la finesse
;
péché des anges, quand on a fait ce vers, il est permis d'être ange soi-même, du moins par le côté du péché. Cette jolie pièce était destinée au Conservateur Littéraire, à ce que m'a dit Alexandre (42), mais comme le Conservateur s'est réuni aux Annales, l'orgueil est
le
ces dernières en hériteront et en
ma
du Conservateur,
je
cien rédacteur
qualité d'ansuis
un peu
jaloux des Annales. Cette réunion des deux recueils m'a fait plaisir,
en
me
débarrassant d'un travail permanent qui
fatiguait
depuis
n'aurai plus
longtemps; d'un autre côté,
un journal
à la
disposition de 5
me je
mes
L'AUDE nOMANT/QUE
62
amis, tion
comme
l'était le
compensera de
Conservateur
,
et cette priva-
reste, le plaisir.
y a trois semaines, à M. Pinaud, mon Ode de Ouiberon par une occasion qui s'est J'ai
envoyé,
offerte;
gnore
il
n'ayant pas encore reçu de réponse,
si le
commissionnaire a été
bon. pour vous en
est parvenue. Seriez-vous assez
informer auprès de M. Pinaud et
même temps lettres,
à qui
à vous,
le
j'i-
fidèle et si elle
me
rappeler en
au souvenir de ce respectable ami des j'ai,
sans
le
connaître, voué,
comme
plus profond et le plus inaltérable atta-
chement. Adieu, monsieur
et
cher confrère, pardonnez à
cette illisible écriture et permettez- moi d'achever ce
que vous avez commencé, brasser
comme
c'est-à-dire
Alexandre,
me
de votre ancien ami, comme de
de vous em-
glissant à la faveur
le roitelet,
sous
l'aile
l'aig-le.
J'ai l'honneur d'être, avec
dération, votre très
humble
la
plus haute consi-
et très obéissant ser-
viteur.
VICTOR M. HUGO. 17 avril 1821.
VIIL
— D'Alexandre Soumet.
Auteuil. Il
me semble que
votre charmante Nina,
mon
l'aubk romantique
63
cher Jules, n'a pas voulu compromettre sa char-
mante
écriture; la rusée a fort bien choisi; l'encre
aux doigts de rose lorsqu'elle sert à retraque ceux de Glorvina (43). Le Conservateur Littéraire vous dira ce que nous en pensons. J'en dispose comme de mon bien, me le pardonnerez-vous ? Me pardonnerez-vous de trouver vos vers délicieux et d'avoir pour vous des sentiments de prédilection poétique que je veux que le public partage. Je vous écris entre deux sollicisied bien
cer d'aussi jolis vers
tations. Je n'ai
que
le
temps de vous embrasser. SOUMET.
La Mort qu'elle
d'une jeune
fille{l\!\)
est à refaire quoi-
renferme une foule de vers charmants. En
général, les imitations portent malheur. Tout ce
que j'ai cherché à imiter a été trouvé mauvais par nos grands amis. Livrez-vous à votre inspiration :
Glorvina est une élégie fort remarquable. Je vous écrirai
n°
avec plus de détails en vous envoyant
du Conservateur où votre
élégie sera
le
imprimée.
Mille tendres sentiments respectueux à votre Nina et
des caresses pour vos jolis enfants (/p).
IX.
—
D'Alexandre Soumet.
Autcuilj rue de la Boëtie, n" 16.
Je vous avais promis une
Somnambule,
mon
l'aUBK nOMANTIQUE
64
moi-même devenu, à force de malheur. Vous avez sans
cher Jules, et je
le suis
de contrariétés
et
doute voulu que je fusse consolé puisque votre
douce de
lettre est
ma
venue me surprendre au milieu de
mes chagrins
solitude et de
cherchez chez Talma
ne
me
chez
et
cherchez pas sous
Boileau (47), où
j'ai
été
(46).
Vous me
vous grandsmarronniers de poussé par l'orag-e de ma les ministres et
les
destinée et où je retrouve les orag-es et la pluie froide
de
l'hiver. Je suis
absent de mes amis, absent de
moi-même, absent de votre beau
deux
ciel et
la
Muse que vous gardez sous
que vous
allez
me
renvoyer avec
belles élégies et votre épître. Je les réciterai
devant
le
nêtre et
il
buste de Boileau placé en face de
ma
fe-
se repentira de ce qu'il a écrit contre les
femmes, en écoutant de vos
écrits, écrits
sans doute
sous l'inspiration des goûts charmants de Nina. Je les attends, je les désire, je les
demande; je vous pro-
que vous exigez de votre ami. Je répondrai par des injures au gracieux mets d'avance toute
la férocité
bienfait de votre souvenir. Vous
dans
mon
vous croirez encore
Saint-Etienne (48) et vous verrez que l'ours blanc n'a quitté ni sa fourrure grenier de
ni ses ong-les
en s'approchant des neiges du nord.
J'approuve beaucoup votre épître sur l'Esprit de parti. C'est une espèce d'aliénation mentale, justiciable à la fois dePinel et de Juvénal; c'est une fièvre,
une peste qui nous dévorera toug;
j'ai quitté
65
l'aUBB nOMANTIQUE
Paris pour ne plus y entendre de choses qui faisaient frémir. Je crains
sujet que
dans ce
traité ce
de plaisant
de ridi-
en prose
;
et
que nous en pensons.
charmé de savoir quel
J'aurais été traité
que vous n'ayez
qu'il offre
cule; je vous dirai ce
me
sujet vous avez
quelques passages de votre Eloge
de Poitevin restés dans ma mémoire et récités à ma grande amie lui eussent donné la plus heureuse idée de votre talent dans ce genre de composition.
Continuez d'écrire,
mon
cher Jules, continuez
un peu malgré ma négligence trois ouvrages que vous m'annon
aussi de m'aimer
envoyez-moi
les
cez à Auteuil,rue Boileau,
n*'
;
6.
Emile (49) vous remercie de votre souvenir, sa femme a été malade comme Nina et nous attendons qu'elle se rétablisse,
comme
tendrement vos
enfants et j'aurais oublié la
jolis
elle.
J'embrasse bien
Feuille de rose et la Première fleur, venir
ne
esta vous
me ;
le
si
leur sou-
rappelait. Cette feuille de rose
tout ce qui a de la grâce et de la fraî-
cheur, tout ce qui ressemble à Nina et à vos enfants est à vous.
Adieu, cher ami, mille tendresses res-
pectueuses à Mm* de Rességuier.
SOUMET.
Rien de nouveau pour
mandé aux
part. J'ai été
recom-
ministres par l'Académie française
j'attends. C'est velles
ma
pitoyable.
de notre cher Paulin.
et
Donnez-moi des nou-
l'aubk romantique
66
— D'Alexandre
X.
Soumet.
charmé des deux dernières cher Jules il est venu ma nouvelle dans demeure de Passy hier me voir et nous avons ensemble lu votre lettre devant le joli Pégase que vous m'avez donné et qui me suit dans toutes mes courses. Victor est flatté de votre suffrage et heureux de votre amitié, et moi, je n'ose plus vous parler de la mienne après avoir été
Vous avez
été ravi,
odes de Victor (5o),
si
;
négligent à vous répondre et à vous remercier.
Votre
mais la
mon
il
lettre à
M. de Peyronnet (5i) est parfaite, demander une audience pour
faut sortir,
remettre et ce sont des choses que j'abhorre,
ma
qui dérangent
paresse
;
je le
ferai
pourtant
de ne pas être tout à fait ingrat envers vous. Je vous dois quelques explications sur votre jolie pièce du Pèlerin (62). Le prote n'est pas demeuré afin
neutre dans cette petite affaire et la légère faute qui s'est glissée dans l'impression m'a
fait beauvoyage de Paris, pour obtenir d'Ancelot (53), l'auteur du Louis IX et l'un des rédacteurs des Annales, un petit article sur cette
coup de peine je ;
fis le
syllabe superflue et j'espère qu'il se sera acquitté
de sa promesse.
Nous avions
lu vos vers
ensemble quelques jours
l'aude komantiouè
auparavant
il
;
les
avait trouvés
67
charmants
ne
et
pensait pas qu'on dût se permettre d'autres corrections
que
effacé
de
prote,
retranchement du oui
le
ma
main,
croyant ne pas retrouver
substitua
un
m-Ot de
ne put échapper à
fatal;
entièrement effacé
même la
la
;
il
fut
mais
mesure,
le
lui
quantité et votre vers
prédestination des treize
syllabes. C'est sur cette faute d'impression
qu'An-
m'a promis de revenir. Nous n'approuvons pas votre nouvel arrangement de Sapho. C'était bien, très bien dans la première version et le vers que vous me prescrivez de changer, qui vient après avoir chassé le cerf, est d'une naïveté charmante que ne détruit pas son
celot
léger défaut de césure.
Je crois avoir devancé vos intentions, en envoyant aux Annales votre imitation de la Gaule
Poétique (54).
mot
Marchangy, ques
J'ai
cru devoir effacer seulement
imitation, personne ne se souvient de
et
le
M. de
ses réquisitoires ont effacé ses poéti-
vos vers l'imitent sans
lui
ressembler.
Je marche dans la nuit, fais-moi voir la lumière,
que devrait dire
voilà ce
changy
et ce vers
la
prose de M. de Mar-
peut servir d'épigraphe à toutes
vos imitations. Je voulais vous envo3'^er quelque chose, mais je n'ai pas,
comme
vous, les dix plus jolis doigts du
68
l'aube koma.ntique
monde au service de ma main. J'avais copié pour M™^ de Rességuier la déclaration d'amour de David à Michal qui commence par ce vers :
Le Dieu qui C'était
jour ne défend pas d'aimer (55).
une loque au crayon,
effacée; je éternelle
fit le
n'ai point cette
que
je
vous
ai
et elle s'est à moitié
crainte
pour
l'amitié
vouée.
SOUMET.
XI.
— n Alexandre Soumet.
Paris, mercredi.
Toujours des pardons nouveaux pour mes ingratitudes
nouvelles,
mon
cher
Jules, Victor Hug'o
vient de me montrer votre dernière lettre et je suis confus de l'extrême douceur avec laquelle vous vous plaignez de moi, dont vous avez tant à vous
plaindre.
Mon
premier tort a été de retrancher un
seul vers de votre élégie de Gloruina; mais
il
m'a
fallu céder aux exigences de tous vos amis de Paris
qui chérissent votre talent et que l'aigle de votre
charmante Ecossaise avait un peu blessé. Ils ont eu l'extrême sévérité de prendre une feuille devers pour une torche, c'était le seul défaut de votre élégie et avec ce léger
changement,
prodigieux succès. Je ne veux
elle
a obtenu
un
pas vous dire ce
l'aube romantique
69
que nous pensons de votre Eloge de M. Poitevin, mais relisez le journal que vous m'avez envoyé. Nous voulions tous que le feuilleton qui interprète votre nouvelle élégie, supérieure à celle de Glorle dernier n'' du Conservateur Le Conservateur Littéraire avait son dernier n» pris. Nous la ferons insérer dans les Annales. Nous voulons que votre femme, que M™« de Resség-uier, l'y rencontre.
vina, eût passé par Littéraire.
Adieu,
mon
cher ami,
reuse, j'ai des
maux
ma
vie n'est point heu-
de nerfs
m'empêchent
qui
d'écrire quatre lignes de suite.
demeure
Je
vis-à-vis la grille
du Luxembourg-,
27 (56). Je vois de ma fenêtre jouer de beaux enfants qui me rappellent les vôtres et de
rue d'Enfer,
n''
beaux cygnes qui ressemblent à vos n'ose
me
avant
la fin
mon
livrer
de l'année;
s'il
à Paris
en est ainsi, ce sera
premier bonheur. Adieu, adieu. A.
XH.
enfants. Je
à l'espoir de vous revoir
— D' Alexandre Soumet à
il/""
s[0UMEt].
de Rességuier.
Madame, Le sauvage de
la
rue d'Enfer ressemble singu-
lièrement au sauvage tous
du
deux sont demeurés
cloître Saint-Etienne fidèles
à leurs amis
;
;
L AUBE ROMANTIQUE
70
mais tous deux ont besoin de l'indulgence qui par-
donne
de
et
la g-énérosité
qui oublie.
Une
sorte
aux commissions que l'on me donne et cependant, j'ai demandé les volumes de Jules à toute la terre, j'en ai obtenu qu'ils seraient remis à M. le Premier Président lavant-veille de son départ de Paris ; mais la Justice elle-même a je me suis présenté au bureau des été trompée
de
fatalité s'attache
;
me
Annales, je
suis plaint
tout dernièrement à
M. Abel Hugo ciés,
je
(67) de l'inexorabilité de ses assomenacé du courroux de toute une
l'ai
Académie et la Muse est devenue Euménide les trois volumes seront envoyés. J'envoie aujourd'hui à Jules C'est
ses jolies stances. traite déjà
en immortel
mon
un peu
et,
tard; mais je
veut se
moquer de moi
de conseils
et
;
le
entre poètes, nous jouis-
moins de
de Jules, je croirais
l'amitié
enfin
sentiment sur
sons du temps sans mesure. Si j'avais confiance dans
;
qu'il
son talent n'a pas besoin
ne réclame que l'admiration. Jules
beaucoup plus qu'il ne fait. Tous nous a envoyés sont délicieux et c'est
doit croire en lui les vers qu'il le
jugement qu'en a porté tout notre comité poéti-
que. L'autre jour sous la présidence de
Léonidas
(58),
Victor
Hugo nous
l'auteur de
a lu une ode
ravissante qu'il avait eu la bonté de m'adresser; en voici
une strophe
:
L AUBE ROMANTÏC^UE
Oue
n'es -tu
né sur
les
7I
rivages
Des champs heureux de Cosroës, Né sous un ciel sans nuages Parmi les berceaux d'aloèsl Là, sourd aux maux que tu déplores, Le poète voit ses aurores Se le^'er sans trouble et sans pleurs, Et la colombe, chère aux sages. Porte aux vierges les doux messages Où l'Amour parle avec des fleurs (59)
moi une pareille messagère, macolombe d'Anacréon, c'est elle que je
Si j'avais
dame,
la
cliarg-erais
!
à
de vous rapporter
et elle croirait n'avoir
les
vers de votre mari
pas changé de destination.
Jules est trop heureux d'avoir pour copier ses
vers une écriture
Muse
comme
la
vôtre
qui écrit sous la dictée et
;
si
on dirait d'une jamais le rossi-
gnol s'avise de faire noter un chant, je suis bien sûr
que
c'est votre
main
qu'il
empruntera.
Agréez, madame, l'expression de mes tendres et respectueux hommages et embrassez pour nous vos superbes enfants.
SOUMET.
XIII.
— D*Alexandre Soametà M"^^ de Rességuier.
Madame, Que m'apprenez-vous de m'attendais à
ne pensais à
le
lui
ce pauvre Jules ? Je
voir arriver d'un jour à l'autre, je
que pour
le
croire
heureux de sa
L AUBE ROMANTIQUE
72 retraite,
de ses
loisirs et
d'une
la possibilité
si
de sa charmante famille;
cruelle maladie ne s'était pas
présentée une seule fois à sa souffrance. Mais
pour
il
l'autre
;
vous avez été bien
malheureuse, car, dans un cœur tous
les
tourments, toutes
dent aux souffrances de
voulu
me
me donner
je vous
vous trouve toujours dévouée
comme pour
l'un
mes souvenirs et
son bonheur bien plus que de
croyais occupée de
les
comme
vôtre,
le
inquiétudes répon-
ce qu'on aime. Jules a
de ses nouvelles par vous, c'est
rendre cette marque d'attachement deux fois
plus chère; mais j'aurais préféré que la première lettre
que je reçois de votre main
douce. C'est vous aussi,
me
madame, qui
plus
fût
direz à ce
cher ami combien je suis affligé de son cruel C'est aujourd'hui le dites-lui bien
que
état.
renouvellement de Tannée
je n'ai de
vœux que pour
Gabrielle (60), dont vous avez la bonté de
désirs
me
voire lettre est de moitié dans tous
parler dans
mes
et
lui.
;
mais
elle
veut g-arder pour
elle
seule
l'embrassade de Paul. Vous ne vous doutez pas portrait, c'est une tête charmante de Chloé qui rappelle les yeux de Paul comme laClémence Isaure de M. de Lacroix rap-
qu'elle possède son
y a des physionomies qui se rencontrent de ressemblance avec tout ce qui est aimable et gracieux. Jules à son premier voyage
pelait celle de Jules.
en sera surpris.
Il
l'aube Ivo^rANTIQUB 11
me
me
tarde beaucoup
que
ma
pitoyable santé
permette d'aller vous demander une place sous de vos serres chaudes. Je rêve sans
les orang^ers
cesse à celte habitation venue en la
yS
baguette de Jules
;
un moment sous
je lui crois toute la grâce et
d'André Ghénier. J'aurais parlé de son enchantement, madame, si je n'avais craint que vous n'eussiez trop de part dans toute la fraîcheur d'une idylle
cette louange.
Agréez, madame, mes hommages empressés et respectueux. ALEX. SOUMET.
XIV.
— U Alexandre Soumet.
J'arrive de la
campagne,
mon
cher Jules,
j'ai
trouvé votre dernière lettre et je vais courir au bu-
reau des Annales pour rattraper,
s'il
est possible,
quelques coquilles de noire Pèlerin.
Le plus heureux mortel a toujours quelque chose à demander au ciel et cependant, si j'avais été instruit lui
de
la
maladie de
aurais rien
M'°*^
demandé qui
de Rességuier, je ne fût
doux de n'avoir que d'heureuses
pour moi;
m'est
il
félicitations à
vous
adresser.
Vous m'annonciez des chansons dans votre du mois de novembre; sont-elles devenues
lettre
6
l'aL'HE ROAIANTIOIE
74 lég-ères la
jusqu'à révaporation elles a-t-on prises ù
poste pour des chansons de Béranj^er
Le vous
recueil de le ferai
Vigny
?
(6i) vient de paraître et je
envoyer. Ge sont les couleurs d'André
Chénier (62), avec une pensée plus sévère et plus profonde. L'émotion moderne s'y revêt de tout l'éclat
des couleurs antiques;
de mélancolie; ce contraste
il
et
en résulte beaucoup
sapoésieressemblent
souvent à ce bas-relief d'Herculanum où l'on voit des chœurs de jeunes
conduire des dames Nina se trouvera tout de
filles
autour d'un tombeau suite
en pays de connaissance en lisant de pareils
vers.
Rien de nouveau pour moi, mon cher Jules. Saûl (63) a obtenu dans les lectures de salon beaucoup de succès, trop de succès peut-être; le public est le grand justicier de ces jugements prématurés. Le Rêve de Sylla arrête toutes les autres représentations. Je ne vois
pour
le
pas qu'une
Garde des Sceaux me
lettre
de vous
fût utile.
Mille tendres souvenirs. A.
XV.
—
De
Victor
Hugo
SOUMET.
(64).
17 février 1822.
Monsieur 11
le
comte
et bien
y a deux mois environ que
cher confrère, je
vous
écrivis et
VOUS envoyai
la collection entière
du Conservateur
Littéraire par une occasion que notre ami Alex.
Soumet m'avait lettre
ofiPerte.
Je
me
justifiais
dans celte
d'un long silence, auquel mes affaires et mes
chagrins m'avaient, bien maloré moi, condamné. J'ignore
si
vous l'avez reçue
et je
m'empresse de
un moment de calme et de loisir pour m'informer, non de cet envoi, qui ne vaut pas la saisir enfin
peine de nous occuper plus longtemps,
mais de
votre santé et de votre amitié, deux choses bien
précieuses pour moi, et dont je ne sais/ en vérité,
vous me le demandiez je ne pourrais que répondre comme cet enfant je les aime le mieux tous les deux. Alexandre qui est toujours malade ou paresseux laquelle m'est la plus chère. Si
:
a cependant terminé son Saut, que je préfère à sa
Clytemnestre (65), que je préfère à tout ce qui a paru sur notre scène depuis un demi-siècle. J'attends avec bien de l'impatience la représentation de l'une
ou de l'autre de ces belles tragédies qui est fixée au mois de mars au plus tard. Je désirerais vivement que Saûl fût joué le premier cet ouvrage, ;
entièrement original, sévère
que
et
intéressant
comme une
pièce grec-
comme un drame germanique,
du premier coup toute la hauteur de Soumet le jour du triomphe d'Alexandre sera pour moi un bien beau jour.
révélerait ;
J'enverrai peut-être
cette
année à l'Académie,
L
AUBE
HO-MAr^TIOL'E
pour Tune de ses séances publiques, une ode sur le Dévouement dans la peste (66) au moins ne renfermera-t-elle aucun sentiment politique. Et vous, mon cher confrère, que faites-vous au ;
pays des troubadours? Soumet m'a montré des vers charmants que vous lui avez envoyés dernièrement.
En ouvrant l'Almanach des Dames,
j'ai été
agréablement surpris d'y rencontrer votre élég-ie si touchante et si gracieuse, la Consolation d'une de Soumet, m'a mauvais choix des
mère, ce qui, avec quelques vers fait
pardonner à
autres
Me
l'éditeur
morceaux du
le
recueil.
permettez-vous de vous adresser quelques
poètes qui désirent concourir aux Jeux Floraux et
Un
n'ont pas de correspondant ?
M.
Durand
jeune
homme,
Jeune poète mourant et envers lequel je crois que l'Académie a au moins beaucoup de sévérité à réparer, m'a fait parvenir une ode pleine de talents le Détachement de la F.
(67), auteur du.
:
terre, qui, après
quelques corrections, sera, selon
moi, très digne d'une couronne. jugerez, car
j'ai pris la liberté
de
Au lui
reste vous en
donner votre
adresse à Toulouse, en attendant que vous A'oyiez
me
Fen-
d'une manière plus précise. Grondez-moi,
j'ai été indiscret,
si
mais aimez-moi beaucoup, je vous
aime encore plus. Votre ami dévoué
et
indigne confrère et serviteur.
VICTOR M. HUGO.
L
Paris,
le
AUBE IIOMAKTI
77
17 janvier 1822.
Veuillez présenter,
madame
pectueux à
Jî;E
v. p.,
s.
la
mes hommag'es
met, qui est souffrant en ce moment,
de mille amitiés si
vous
]M.
le
et
voyez,
Pinaud;
je
me
charge
souvenirs pour vous. Veuillez,
me
rappeler au bon souvenir de
compte
XVI.
res-
comtesse. Alexandre Sou-
lui écrire
— De
Victor
incessamment.
Hugo.
23 février 1822.
Mon
bien cher et bien aimable ami,
Je m'empresse de répondre à votre lettre, parce
que je ne dois pas recevoir de vous d'aussi grands plaisirs sans qu'un peu de la reconnaissance que j'en éprouve ne vienne jusqu'à vous. Et puis,
moment que vous voulez bien tion à
mon
estime pour
le talent
plein d'espérances
de Durand, je ne dois pas oublier que est ouvert et
du
attacher quelqu'atten-
le
concours
qu'une voix amie peut quelquefois
contribuer un peu, au milieu de
la foule, au triomphe d'un athlète. C'est sans doute son ode sur le Détachement de la terre qu'il a envoyée au concours et je ne doute pas que vous n'y ayez remar-
qué
et
mêmes
que vous ne soyez disposé à y couronner beautés que moi.
les
l'aube romantique
78 Si
mon nom
lui
porte bonheur, ce sera en rappe-
lant à l'Académie qu'elle a eu quelquefois autant
d'indulgence dans ses jugements qu'elle a jusqu'ici
montré de
sévérité à
Durand. Je
suis
heureux que
vous en ayez parlé à M. Pinaud.
Vous m'avez
un
fait
véritable et vif plaisir en
m'envoyant ce fragment de lettre; c'est un bonheur pour moi que d'inspirer quelqu'amitié à ceux que j'estime et que j'aime; le souvenir de Durand m'a touché, car il y a longtemps qu'il ne m'a écrit, et je craignais qu'il n'eût pris
ma
négligence apparente
pour de l'oubli. J'espère qu'il obtiendra le triomphe qu'il mérite et qu'il désire, deux raisons pour moi de le souhaiter ardemment. L'Institut livré aux médiocres laisse entière à l'Académie des Jeux Floraux, la noble tâche d'encourager les jeu* et forcée
nés talents
comme le
sien.
Permettez-moi, cher ami, de vous reparler maintenant du plaisir que m'ont lecture
fait
vos
lettres,
à la
desquelles je reviendrai souvent, je vous
assure, toutes
les
fois
que je sentirai
le
besoin
d'entendre une voix de consolation et d'amitié. J'ai
comme
peine à croire,
vous, que nous nous ne
soyons jamais vus; deux âmes se parlent de loin; d'ailleurs on peut aimer un ami comme on aime les choses du
qu'on adore
ciel,
et
que nos yeux ne
connaissent pas.
Nous avons
partagé, Alexandre et moi,
toute
L
ALBE UOMA.NTKU E
79
votre peine et toute votre joie à la nouvelle de la et du rétablissement de M™« de Resséçuier. Ce sont deux événements qui ont bien fait de nous
maladie
ensemble.
arriver
Soumet me
charg-e
adresser avec toutes ses amitiés, tous ses
vous
de
homma-
ges pour votre chère convalescente; permettez-moi
mes plus respectueuses
d'y ajouter les miens et félicitations.
Alexandre m'a montré votre chaTmant Pèlerin... plus heureux- mortel a toujours quelque chose
le
à
demander au
ciel...
moi, je
lui
demanderai de
lire
et
de recevoir souvent de pareils vers; j'espère que
ce
vœu que j'adresse au
ciel
sera entendu d'un ami.
Adieu, je vous remercie de toutes vos commissions,
seront d'ag-réables occupations
qui
qu'elles viennent
de vous
;
puis-
vous entendez que je
vous remercie? Je suis tout confus de
mon
et
mérite,
l'amitié paie l'amitié.
si
éloge, que je ne
mé-
bien heureux de votre amitié, que je
rite pas,
Dans l'échange qui
a lieu entre nous, vous gagnez en quantité ce que
vous perdez en qualité. Pardon pour toutes mes trivialités
et
de tout
mon
griffonnage. Je vous
mon
ode quand vous voudrez; mais, de grâce, accablez-nous devers, de prose, de commissions. Je vous aime comme j'aime Soumet, comme enverrai
Soumet vous aime. VICTOR [hugo].
l'aube nOMANxrguE
8o
Avez- VOUS reçu toute la collection du Conservateur en décembre ou novembre dernier ? Soyez assez bon pour me rappeler au souvenir de
Littéraire
M. Pinaud,
cet excellent juge auquel je dois tout.
N'oubliez pas
XVIL—
^
La vous
Durand près de
Victor
l'ai
;
Hugo
(68).
ou déjà. Maintenant elle le titre qu'il vous
voici enfin,
appartient
plaira, je
De
lui.
donnez-lui
intitulée
:
Barcelone,
soit réellement ce
de
afin
rattacher aux événements récents quoique
le
la
sujet
type moral et par conséquent
Dévouement pendant la peste (69). Mille excuses pour tous les embarras que je vous
lyrique
le
:
donne. J'apprends avec une joie extrême que Durand est
couronné,
qu'il
l'a
il
me
corrigée,
tarde
de voir son ode
je lui en
m'en avoir plus reparlé; mais puisqu'il
triomphe.
Saint-Valry
poète est fait
de
grand
Vous,
(70) a
ma
Un
telle
veux un peu de ne je lui pardonne tout
autre
ouvrage de M. de
également été couronné;
le
connaissance et son succès m'a
plaisir.
mon
bien cher ami, vous ne m'envoyez
jamais de vers, vous ne m'écrivez plus; mais je
l'aube romantique
suis sûr
8i
que vous m'aimez toujours un peu, moi,
qui vous aime tant
!
Adieu. VICTOR [hugo].
3 avril 1822.
mettre à la poste pour vous un paquet un autre pour M. Pinaud, auquel je vous prie de rappeler mon souvenir. J'ai changé de demeure, mon adresse est maintenant rue du Drag-on, n" 3o, faubourg Saint-Germain (71). Mille pardons pour J'ai fait
et
:
tout ce griffonnage.
XVIII.
— De
Victor
Hugo.
Parîs, 19 avril 1822.
Mon
cher ami,
Quoique, depuis neuf mois, je sois brouillé avec Annales, je
les
me
commission avec
suis
empressé de remplir votre
que j'éprouve toujours
le plaisir
à faire quelque chose pour vous. C'est
que vous m'avez rendu
et
un
ea vous priant d'envisager toujours ainsi ses
service
dont je vous remercie, les diver-
commissions dont vous pourriez avoir à
me
charger à l'avenir.
Pour ce qui regarde
les
votre réclamation dans ait
passé par
mon
le
Annales, je compte voir prochain
n°, quoiqu'elle
canal. 6.
l'aube romantique
Si
Je suis heureux de l'indulçence avec laquelle
vous avez jugé mes odes,
elle vient
de votre amitié;
mais je suis confus de l'embarras que vous donne vous êtes bien le Dévouement dans la peste ; aimable, bien bon et
;
mais aussi, bien sincèrement
bien tendrement aimé de moi du moins, parmi
tant d'autres.
Je suis enchanté que vous ayez bien voulu être le
parrain de cette ode
vous quoi,
lui
;
avez donné un
mon
je l'aime titre
mieux depuis que
de votre choix
pour-
;
ami, n'avez-vous touché qu'au titre? Je
beaucoup en ce moment. Tous ces perfides amis se sont mis dans la tête qu'il fallait que je publiasse un volume d'odes (72) et je leur obéis
travaille
cruellement.
Je corrig-e,
et
quand
j'ai fini,
il
n'y
a plus qu'à corriger les corrections. Je ne sais rien
comme
d'insipide J'ai relu
nouveau
ce genre de travail.
votre Pèlerin dans les Annales avec
plaisir et c'est
ne connaissais pas cette
un
une charmante élégie. Je ballade de Walter Scott.
Je suis charmé que la connaissance se soit faite par vous.
Adieu, cher
et
je pourrai voir
que que je
ment par
la
me
main
aimable ami, croyez que
si
suis fait et
le
jour où
vous ressemblez à l'image physide vous, vous serrer
réelle-
vous embrasser autrement que
la poste, ce jour-là, je serai très
heureux.
VICTOR [hugo].
85
l/At'DE ROMANTIOUt;
Mes hommag-es pli votre
à M"^*^ de Rességuier; j'ai remdouce commission auprès de notre ijon
pour M. Pinaud, pas de peur de l'importuner dans
Soumet; recevez-en une auquel je n'écris
pareille
un moment où le concours Pensez à moi le jour de
XIX.
— De
Fête des Fleurs (7 3).
Victor
à la campag-ne,
J'étais
doit tant l'occuper. la
mon
Hugo. cher Jules, quand
votre aimable lettre et votre ode charmante (74) sont arrivées chez moi. J'ai lu avec un vif sentiment
de plaisir
et
de reconnaissance cette petite pièce
remplie de grâce et de douceur, dans laquelle je n'ai
trouvé qu'une stance ou pour mieux dire qu'un
mot de
trop.
Cette stance, cependant, m'est bien
précieuse, parce qu'elle
mon souvemême au sein
m'a prouvé que
nir était quelquefois près
de vous,
de l'inspiration poétique. J'ai
remis, d'après votre invitation, cette ode à
Soumet et je lui ai montré votre lettre et, certes, c'était un excellent titre pour obtenir les vers que vous
me demandez.
Je vous les enverrai avec tra
sous peu de jours
passeport.
et
mon
recueil qui paraî-
auquel
Vous trouverez dans
vieille petite
ils
serviront de
une ode adressée à l'Académie des Jeux ce
recueil
84
l'aube uomantioue
Floraux qui vous
offrira
quelques
rencontre m'a
traits affaiblis
de
Clémence Isaiire. Cette et m'a donné bonne opi-
ressemblance avec votre fait plaisir
nion de ces vers.
Adieu,
mon
bien cher ami,
ment un mot de vous dans Martinière,
lettre
remerciez-le bien
ode tout ce que je puis
de M. de
la
pour son doit aucune
j'ai fait
;
ne
il
;
reçu dernière-
j'ai
la
me
reconnaissance, j'ai fait comme pour vous. Adieu. Je vous remercie encore une fois de vos vers, je les
aime,
qu'à
mon
ils
me
font croire bien plus à votre amitié
talent.
VICTOR M. HUGO. 26 mai, Paris.
Je n'ai
pas encore reçu
le
Recueil des Jeux
Floraux. Si vous trouvez occasion de
au souvenir de M.
temps que j'attends encore
recueil chez
de l'Académie à Toulouse chez ;
Soumet qui m'a donné vous
rappeler
même
le recueil s. v. p. J'en-
mon
verrai des exemplaires de libraire
me
Pinaud, mandez-lui en
ce conseil,
M
M
,
,
c'est
qu'en pensez-
?
XX.
— De Victor Hugo
(76).
Paris, 6 septembre 1822.
Qu'est-ce que
Durand
(76)
m'écrit
donc,
mon
LALBK ROMANTIQUE
cher ami
? Faut-il croire
85
à ce bonheur?
Vous
allez
venir à Paris et je n'en sais rien encore par vous
Heureusement
j'ai
!
à Marseille un ami pour m'in-
former de ce que fait un autre ami à Toulouse écrivez-moi du moins, Jules, pour me confirmer ;
cette
bonne nouvelle, je
comme certaine; me fait plaisir.
j'ai
déjà donnée à
l'ai
de
la crédulité
Soumet
pour ce qui
Cependant, je ne crois pas à toute votre aimable lettre
vu avec joie
j'ai
;
qu'elle
était pleine
de
louanges parce que toute cette louange est de l'ami-
y a dans cette lettre un épanchement qui m'a bien touché vous m'y parlez d'un ange que notre Alexandre m'avait déjà fait connaître, d'un ange tié. Il
;
qui vous aime et que j'aime de vous aimer. J'ai
envoyé votre
lettre à
Guiraud,qui
pour Limoux quand
reparti
point osé joindre à un
si
je
l'ai
était
déjà
reçue. Je n'ai
agréable envoi une lettre
de moi.
Soumet va être joué presque à la fois aux deux théâva obtenir deux triomphes, il a fait à son chef-d'œuvre, Saill, de très beaux changements. Vous verrez, je vous promets que vous serez aussi heureuxde la beauté de l'ouvrage que de la gloire de l'auteur. Saûl et Clytemnestre sont à mes yeux les deux plus belles tragédies de l'épotres, c'est-à-dire, qu'il
que
et
ne
le
cèdent en rien aux chefs-d'œuvre de
notre scène, en rien (77).
8G
l'aube romantique
Adieu, cher
et excellent
de votre mot.
Au
ami, Soumet a été charmé
il va vous écrire et vous beaucoup mieux que moi. Moi je ne que vous dire combien je vous aime et com-
reste,
dira tout cela sais
bien je A'ous embrasse. Présentez mes respects à
madame de
Resség'uier;
plus vous trouver là-bas
si
cette lettre pouvait
ne
!
VICTOR [hUQO]. Je ne reçois point de nouvelles de M. Pinaud, rappelez-moi, je vous prie, à son souvenir, auquel je tiens vivement.
XXL
— n Alexandre Soumet.
Dimanche L'air des
ami
;
montagnes vous
comment
est
rien de ce qui fait
contraire»
mal
peut-il
mon vous
atteindre entre vos deux anges gardiens? Si quel-
que chose peut porter bonheur dans la vie, c'est assurément l'innocence de Paul et le regard de sa mère; je souhaiterais un semblable regard à ma Muse; mais peut-être qu'alors ce ne sont plus des inspirations que je lui demanderais, de me mettre à ses pieds ou à ses genoux, si elle le permettait.... Guiraud me dit de bien belles choses de vous ; moi je vous en dis de bien tendres pour vous, votre
l'aube romantique
femme
Vous
et votre fils.
de nos montagnes
et
allez crier
bondir
comme
comme la
un peu jalouse
Gabrielle est
Paul...
87 l'aiçle
chèvre de
de
cette
chèvre; moi, Jules, je ne suis jaloux que de votre
bonheur
et
de celui de tout ce que vous aimez. A. s[ouMaT].
XXI[.
— D' Alexandre
Soumet.
Passy, dimanche.
Victor Hugo, mon cher Jules, m'o montré avanthier votre dernière lettre et elle a renouvelé tous
y montrez toujours et vous avez dans votre cœur ou dans celui de Nina une tendresse pour chacune de mes ingratitudes. Nous vous attendons donc avec la plus vive impatience (78) tout notre cercle littéraire vous désire et vous aime.
mes remords
pour moi
la
d'amitié, vous
même
indulgence
;
M"* Delphine Gay espère vous trouver
ici
(79) parcourt la Suisse et à son retour ; le succès de sa
pièce de concours a été prodigeux et depuis que les
Muses descendent elles-mêmAes dans l'arène, nous ne savons plus à qui demander des inspirations. Tout le monde se pressait en foule à l'Académie française pour la voir, et le prix de poésie n'est
pas
le
seul qu'elle ait
J'en parle avec
un peu
obtenu dans
cette séance.
d'orgueil, parce qu'elle est
L
un peu mon
AUBK ROMANTIQUE
élève; vous serez ravi de la voir et
de l'entendre. C'est
la
poésie avec des airs de séra-
phin.
Vous avez dû
être bien content de la lecture des
Macchabées (80); mais qu'une bien
faible idée
spectacle, cette
elle
n'a
pu vous donner pompe du
de l'ouvrage. La
mère à qui
l'on fait sept fois l'opé-
ration césarienne, ce martyre mis, pour ainsi dire,
en variations pendant cela
demande
le
cours de cinq actes, tout
à être vu au théâtre et ne peut se
juger qu'au grand jour de
la
représentation.
Ma
moins heureuse que celle de Guiraud. Les injustices dont la faction libérale du Théâtre français m'ont rendu victime sont sans carrière dramatique a été
exemple.
Tant de dégoûts et de lenteurs m'ont obligé de donner à Joanny (81) le rôle de Saûl, ce rôle de Saûl dont toutes les syllabes étaient moulées sur les inflexions de Talma. Le mois de septembre ne se passera pas sans que Clytemnestre soit jouée au Français et Saûl à l'Odéon. Votre présence me portera bonheur et rompra ce charme de fatalité qui me poursuit depuis deux ans venez donc à Paris, mon cher Jules, vous nous consolerez de la chute des feuilles et nous recueillerons avec le plus grand soin ;
toutes les vôtres. Mille tendresses à vos enfants,
hommages
res-
L
pectueux
AUBE nOMANTIyUE
b.J
empressés à M'"* deRességaier
et
vous, une amilié tendre
pour
et,
et à tout jamais.
SOUMET. P. S. J'ai remis dans
le
même jour, au Garde
des
Sceaux, votre aimable lettre; son obligeance a été parfaite
mis de
;
il
me
m'a
fait
des offres de service et m'a pro-
servir avec chaleur; mais
il
aurait fallu
le revoir.
XXin. Essonne
—De (83)^
N. A. de
S a luàndy
{S2).
ce jeudi.
J'ai été, monsieur, ou plutôt je suis bien malheureux du changement de vos projets. Ce n'est qu'à Paris, en j arrivant avec l'espoir de vous entendre, mardi soir, que je trouvai votre attentif
petit
mot,
et cette fois, j'eus le regret
Demain je ne pourrai
profiter
rive des visites qui ne
me
de vous
lire.
du nouveau rendezvous que vous voulez bien me donner. Il nous arpermettent pas de m'éloi-
gner. Laissez-moi espérer, monsieur, que vous
jugerez digne, une autre les
fois,
me
de ne pas attendre
longueurs des mises en scène pour jouir de vos
ouvrages. Mais je ne retrouverai pas la bonne for-
tune que vous m'aviez assurée près de M""®
la
mar-
quise Le Voyer. Veuillez mettre à ses pieds tous
go
L
mes
AUDE ROMANTinUE
respects. Ceux-là seront bien exprimés et bien
compris puisqu'ils vous auront pour interprète.
Ceux qui s'adressent à vous n'ont pas aussi bonne Je compte cependant que vous voudrez
chance. bien
me
rendre la justice de ne pas
les
révoqueren
doute. Le talent peut bien ne pas avoir la conscience
de lui-même mais ;
n'est, à ce litre,
le
succès j supplée et personne
tenu plus que vous à attendre une
bien sincère admiration.
Permettez-moi, monsieur, de vous
mon bien
offrir
aussi
sincère dévouement. N. A.
XX/V.
—
De
DE SALVANDY.
L. Vatout (84).
Aimable poète,nous attendons votre Pe/erme (85) avec la plus vive impatience. L'avez-vous déjà portée chez l'imprimeur ou ne l'avez-vous pas encore transcrite? Vous savez combien je l'aime que d'attendre ce qu'on aime. Tibi.
et ce
J.
que
c'est
VATOUT.
Mardi matin.
XXV. — D' Alexandre Soumet. Je suis bien malade,
mon
cher Jules,
che de gloire m'a tué (86); mais
ma
la feuille
débau-
de Tou-
I.
louse tout
me
ressuscite
AUBE ROMANTIQUE
un peu et j'aime l'article de... de à Nina j'ai fait copier quel-
le plaisir qu'il fait
;
ques vers, voulez-vous venir
les
chercher?
SOUMET.
XXVL —De Victor Hugo. J'arrive avec Saint-Valry, de Montfort (87),cher
ami, et je reçois votre charmante lettre, c'est trop
pour
si
peu. Mais je vois que vous m'aimez et sur-
tout, je le sens.
A mon
silence,
vous avez dû
me
croire
mort;
que de l'absence. Cela se ressemmaisj'irai vous voir d'ici et me mettre
point, ce n'était
ble
un peu
;
aux pieds de M™^ Jules. En attendant, pardonnez-moi de vous écrire sur un papier si exigu. Je n'ai trouvé, en rentrant chez moi, qu'une demi-feuille sur mon bureau et je la partag-e entre Emile et vous, cher Jules. C'est presque comme mon amitié. VICTOR [hUGO].
XXVII. Vous
êtes
un
— n Alexandre Soumet. insolent,
mon
répondre par des vers cent
cher ami, de
me
que
les
fois plus jolis
L AUBE nOMANTIOUE
92
miens...
si
je n'étais ravi, je serais
dans une vérita-
ble colère. J'ai appris hier soir par la joie de nos
amis que Nina venait d'obtenir de nouvelles faveurs du Roi et je mets à ses pieds toutes mes félicitations
pour vous, cher Jules; comme il est impossible que vous deveniez jamais plus aimable, plus gracieux et plus spirituel, je ne veux pas croire à votre avancement et je n'y croirai que lorsqu'il sera venu dans le Conseil d'Etat, une fée pour opérer le prodige.
s[0UMETj.
—
XXVIIT.
D'Alphonse de Lamartine à Ch. Gosselin (88).
Màcon, il
avril 1824.
Si je ne connaissais pas, monsieur, vos excellentes
intentions, je vous reprocherais d'avoir imprimécette
bagatelle à
M. Delavigne. Mais M. de Parseval
me dit pourquoi
et
(89)
comment vous l'avez fait. Cepen-
dant j'en suis fâché
et
honteux. Je ne l'avais écrite
lui, je ne sais comment elle lui a Ne trouvez donc pas mauvais que j'écrive
qu'à lui et pour
échappé.
aujourd'hui dans l'Etoile pour
me
laver de toute
participation de cette indiscrète publicité
à une
vez
donnée
chose trop familière, et ce devoir rempli, rece-
mes remerciements du
zèle
que vous avez mis
l'aube romantique
à
me
décemment aux yeux d'un
présenter plus
public mal disposé. Puisque
du moins copistes.
93
le
mal
est fait,
il
faut
le diminuer en corrigeant les fautes des
Les voici
;
si
vous en
faites usage,
envoyez-
les-moi. J'ai été enchanté d'apprendre que vous vous étiez tiré d'affaire
avec mes Méditations qI que vous
en prépariez une autre édition. Vous avez eu un tort
pour vous
et
pour moi;
celui de n'avoir pas
mis nouvelle édition, à chaque l'air
plus couru et
vous à l'avenir, Je voudrais
si
se
mille, le livre aurait
vendrait mieux. Corrigez-
vous m'en croyez.
dans quelques années contribuer
encore à votre fortune par de meilleurs ouvrages. Je ne chercherais ni ne trouverais nulle part plus
de délicatesse, de loyauté ai
et
d'honneur que je n'en
rencontré en vous.
Recevez mes remerciements en
la
forme d'une
inviolable estime.
LAMARTINE.
XXIX. Pau, 10
— D'Alfred de
Vigny
(90).
juillet i82i.
Je vous écris pour une très sérieuse affaire, sur le manteau de notre Muse, mon cher Jules; je veux commencer par vous en parler, pour ne plus y revenir. La ville d'Henri IV n'a pas mieux conservé
^4
l'aITBB;
nOMANTIOLE
pureté de ses opinions que
la
ditions historiques et nous
le
respect de ses tra-
sommes moins étonnés
la chambre de Jeanne d'AIque nous sommes témoins des scènes
de voir sans honneurs bret, depuis
que tolère
l'autorité
dans
la capitale
Quelques jeunes gens, ameutés
un
certain
M. Poque
(92),
du Béarn
(91).
dirigés par
et
garde du corps chassé
de sa compagnie, font de temps en temps,
ici,
des
scènes de citoyens semblables à celles de 182 1 dans Paris;
ils
ne négligent rien pour manifester leurs
opinions, ni la coiffure de Benjamin Constant, ni la
négligence de l'allure républicaine. Tout cela
n'était
que ridicule à nos yeux jusqu'à ce
soient avisss de faire dans l'église (gS)
publique aux
officiers
supérieurs de
qu'ils se
une insulte
mon
régiment
après avoir forcé violemment la consigne des sentinelles
on la
posées à la porte pour établir l'ordre
comme
Notre-Dame même. Ils ont dû la vie à modération du colonel (94) qui a contenu ses le fait
à
soldats et arrêté encore ses officiers; mais
il
est à
craindre que leurs insolences journalières, qui vont
jusqu'à attaquer
le
corps entier dans
le
journal de
leur ville, ne lasse la patience militaire aisée à détruire.
Le comte de Fontanges, après avoir fait son la Guerre, en a adressé un à Mgr le Garde
rapport à
des Sceaux; vous
le
verrez sans doute; nous vous
prions de vouloir arrêter sur cet événement l'attention
du ministre;
il
connaît
le
colonel qui compte
l'au3e ro.maniioue
connu de fermeté pour
sur son caractère
réprimer violente,
90
faire
excès que la force armée, toujours trop ne peut punir elle-même dans sa propre
les
cause. Peut-être serait-il
bon
qu'il
écrivît sur ce
point au Procureur du Pioi qui est fort décidé à sévir par
moments, mais ;quelquefois découragé par
mollesse craintive des autorités civiles.
la
A par
le
passé et pour tout l'avenir, que rien ne m'a
été aussi
fâcheux que de recevoir l'invitation d'une
soirée chez vous
au moment de mettre
voiture et je crois que vous le
mon comme
présent que je vous parle un peu selon
cœur, sachez donc que je vous suis attaché
le fîtes
pour
le
pied en
me rendre
départ plus cruel. Je vis au milieu de mes
tagnes
me
comme un
mon-
de leurs ours. Notre pauvre Muse
console et quelquefois aussi la mienne.
Que
j'aime
rcueuse...
J'ai
Ah
:
!
la Jeune Anna non pas...
encore trouvé à qui
jours passés dans
la lire
et
fOn me
croit
pendant quelques
un vieux château.
Oloron.
J'achève
ma Pau
ma
lettre
dans mes montagnes qui sont
résidence, mais d'où je pars plus souvent pour
et les environs. Dites, je vous prie, à Emile, que j'admire autant son ouvrage romantique en prose que sa grâce en vers et je vois par les amen-
l'aube romantique
qG
déments de l'Etoile que notre rigueur
quand nous savons en Ecrivez-moi
les
effraie
avoir.
vous prie, sur cette sotte afau cœur de mon cher colonel et
vite, je
faire qui tient fort
au mien par contre-coup. Dites-moi de vos nouvelles aussi de celles des deux ang-es entre lesquels vous vivez. Ne les amènerez-vous pas dans ce pays desoleil où il pleut toujours? Gela ne m'empêcherait
comme
pas de vous aller voir à Toulouse tous
les
jours
Guiraud ne viendra-t-il pas? Que seul Adieu, tout à vous et à eux.
me
trouve
et
je
;
!
ALFRED DE VIGNY.
XXX. — D' Alfred de
Vigny.
Pau, 10 août 1824.
il
Puisque la montagne ne vient pas trouver Mahomet que Mahomet aille trouver la montagne. Je
faut
ne
sais
pourquoi vous ne
me répondez pas, mon cher
Jules, mais je me suis aperçu que vous aviez reçu ma lettre. Les autorités judiciaires sont sorties de
leur calme plat et je sais d'où venait
le
vent invisi-
Gependant je déplore ici, en moi-même, comme nous le fîmes quelquefois ensemble, cette malheureuse direction des choses en France qui fait que
ble.
les
moyens
les plus
propres au bien ne produisent
L
que
AUBK IIOMANTIOUK
97
mal, étant employés par de faibles et mala-
le
droits instrumeuts.
Accoutumée
la pusillanimité
à
mauvaise partie de rité
la ville,
des autorités, la
qui est en grande majo-
sur l'autre, a résolu de venger son héros que
l'on avait mis dix heures en prison, prison joyeuse
où
l'on n'osait
pas empêcher
des frères et amis, et
que
le
vôtre
le
les visites continuelles
punch
— et des chants
—
moins gracieux
des cris de forcenés.
et
Quelques jours après, des hommes inconnus paraissent à Pau. Soulevés, excités par des meneurs d'une classe plus élevée, ils prennent pour prétexte une querelle de cabaret qui av^ait eu lieu la veille; armés de cailloux, de bâtons, de couteaux de boucher,
ils
attaquent et assassinent nos soldats dis-
persés dans les
rues ou logés chez les habitants,
faute de caserne. Les officiers supérieurs sont frap-
pés sur
le
pont
et
presque tous blessés;
nant-colonel renversé sur
le
parapet en voulant
disperser et presque jeté dans incroyable, criait
:
il
le
Gave
!
le
même Cour
juger (qB).
sont désignés
au Procureur du Roi,
mais
qu'arrivera-t-il de tout cela ? Je ne crois pas
Mgr rien.
le
les
chose
des huissiers et jusqu'à des
avocats déguisés, appartenant à celte
Ils
et,
distingue dans la foule forcenée qui
Vive Poque
chargée de
le lieute-
Garde des Sceaux
lui-même
y
que
puisse
l'aube romantique
gS
Voilà donc les choses qui se passent dans
plus
le
royaliste des ministères, que pouvait-on espérer des
autres et que n'avons-nous pas à craindre ?
que Grenoble
J'ai ouï dire
était aussi açité.
souhaite que cela n'y soit pas aussi grave à peine rétablie.
la tranquillité est
Je
qu'ici, car
Comme
ne
ce
sont pas des cœurs à être touchés d'une noble conduite, tait
ils
ont osé blesser
M. de Fontanges qui
furieux, après avoir défendu
dre par
s'é-
les bras croisés au milieu de cinq cents
avancé
aux soldats de répon-
armes, ce qu'ils n'ont point
leurs
fait
;
aussi avons-nous beaucoup de ces braves g-ens blessés;
il
est possible
que cela recommence. passe son temps, loin de
Voici à quoi Alfred
vous tous le
de nos douces Muses.
et
me
temps de
je m'assieds
Que ne
réjouir
peu sur
à
mien.
comme
le
reste. Je
pleure plus après.
Comme
lui
Il
est le dieu auquel j'offre ce
Pichalot est beau dans tout ceci!
faut donner à l'autre la couronne lui la
du théâtre
et
couronne des martyrs.
J'ai écrit à
me
pense à
je suis tenté de pleurer notre musette et je ne
sacrifice. Il
peine eu
Soumet, tant
donc Cléopatre (96)? Je on m'en parle, de ne pas la quand
savoir par cœur,
la
J'ai à
fauteuil de
m'envoie-t-il
rougis pour lui
quand
le
du
dira bien
mon si
Emile qui
me répondra
lui,
il
vous m'aimez encore un peu, ce que
L
je
commence
ayez
AUBE RÛMAiNTlQUE
à ne plus croire, quoi que vous
m'en
dit.
Adieu,
et,
quand même.
tout à vous,
ALFRED DE VIGNY.
XXXI Ce samedi
Mon
D'Emile Deschamps.
soir.
cher Jules, pardonnez-moi d'avance et
fai-
tes-moi pardonner par tout ce qui vous entoure et
vous aime; mais il faut absolument que vous quittiez lundi matin la campagne pour quelques heures,car
nous sommes aux champs ici; vous, Alexandre moi, il nous faut porter le coup de grâce à
et
la
3Iuse (97)5 chez Tardieu, à 9 heures du matin, lundi, non, le n° paraîtra et nous sommes tous compro-
si
mis. Je n'ai ni le temps, ni l'espace de vous expli-
quer notre danger,
il
imminent; ces messieurs, pour continuer la
est
je le sais, seront rassemblés là,
Muse, arrivons tous
trois
pour
la
tuer et elle est
morte. Ainsi soyez assez bon pour partir lundi, avant
de vous coucher,
si
vous
être à 8 heures à Passy,
que à
je viens
ma
porte.
le pouvez, de manière à pour prendre Soumet que
de faire prévenir. Vous serez à 8 h. 1/2
Nous serons
tous
trois à
9 heures
chez Tardieu. Mais tout cela ne peut se faire que réunis; une voix se perd étouffée sous celles de nos
lOO
L
AUBK ROMANTIQUE
adversaires. Mais en nous tenant bien,
il
me
sem-
ble impossible que l'on continue sous le titre de la
Muse un ouvrage
veut plus
qui est
le
nôtre
et
qui
ne
l'être.
Pardon de vous arracher à tout ce qu'il y a de beau et bon, pour vous jeter dans nos vilaines expéditions; mais, il le faut, pour vous, pour nous, pour lui et pour elles toutes. J'ose donc compter sur votre exactitude et votre amitié.
Adieu, je
je n'ai
plus
la
place de vous dire combien
vous aime. EMILE [dBSCHAMPS].
Madame la baronne Dudon et madame de guier veulent-elles bien agréer
Ressé-
mes plus respec-
tueux hommages?
XXXII.
— n Emile Deschamps.
Ce mardi.
Cher ami, vous dites que vous êtes heureux et que vous nous remerciez que dirons-nous, nous? Vous pouvez tout pour nous, malheureusement les dou;
leurs d'entrailles sont exceptées dans tout et c'est ce que nous voudrions surtout vous prendre. Voyez
comme
les
j'aurais
mal au ventre. Je m'abandonnerais pour
choses s'arrangeraient bien. Aglaé (98) vous remercierait, M^ie Anna serait heureuse et moi
ma
L
AURE nOMANIIQUK
vie à ce partage, à condition
lOl
que vous trouviez
le
vôtre dans ce bonheur et dans ces remerciements; à condition aussi queM'"« Caroline (99), M™«Nina et M. Dudon (100) sauraient toute notre joie et toute
notre reconnaissance. Vous
avons
été
me dites encore que nous
charmants. La vérité,
de vous ôter, en nous
les
c'est
un
fait
donnant, tous
exprès,
les
plus
mots de la lang-ue qui ne conviennent qu'aux habitants du Marais (loi). Avez-vous bien remarqué, vous, comme vous êtes aimable et comme, en étant bon pour vous, nous voudrions ne pas avoir la moindre mémoire nous en aurons encore une excellente pour cette excellente journée; si vous nous avez dit bonjour, un peu trop près du soir, nous avons dit bonjour à Albert presque au milieu de la nuit. Dites-lui que j'avais envie d'applaudir mes vers quand il les disait. Dites-lui qu'au lieu de
jolis
;
ce vilain cratère, dit en latin,
sent
il
pourra mettre à pré-
:
Que Bacchus
s'en éloig-ne et d'un flot lourd et noir
N'y ternisse jamais
Dites-lui
applaudis,
Vous
la
que son père
même quand
faites les vers
il
est
fait
des vers vivifiants et
Albert ne
les récite pas...
que vous voulez
six mois, vous voulez
quand
fraîcheur solitaire.
charmant,
faire.
Depuis
comme Lamartine comme Soumet, et toujours
les faire
L AUBE ROMANTIQUE
102
VOUS
les faites
qui les
fait
en y ajoutant quelque chose de Jules
aimer encore davantage.
Je ne vous envie plus, pourquoi me parler de vous
aux deux
Je veux cependant écrire en-
oreilles...
core ce que M'"*
Anna me
dit à présent
j'avais laissé despapiers surla
même
:
si
cheminée de M.Jules,
je le prierais d'en faire des papillotes; j'y ai laissé
despapillotes, est-ce qu'il n'en fera pas des papiers ?
Adieu, cher ami, ne souffrez plus, je vous en prie,
nous vous en prions tous et tâchez de nous de faire ag^réer nos plus tendres homma-
voir et
ges autour de vous.
de vos amours,
Mon
comme
père (102) est tout
s'il
était
une
jolie
fier
femme
EMILE [dESGHAMPS].
XXXIII.
— D'Alexandre Soumet.
Toulouse, jeudi.
Vous VOUS
êtes
souvenu de
la
momie de
Saint-
Etienne (io3), aimable et bon Jules, vous n'avez
donc pas peur des morts, comme Lénore? Il est vrai que ma course n'est pas rapide et que je n'ai pas de cheval noir si j'en avais un, c'est près de vous qu'il me porterait, près de Nina que je ne veux ;
plus appeler
de
si
je lui
un ange, puisque
les
anges n'ont pas
beaux enfants. Demandez-lui envoie
mon
si elle
veut que
épisode de l'enfant ressuscité ?
l'aube romantiquk
io3
C'est un miracle de l'amour maternel et je composer pour elle. La scène se passe dans
Sainte-Euverte, à Orléans (io4) Guidez-moi,
Dans un
l'ai
cru
l'église
:
son autel aimé,
dit la vierge, à
un cierge parfumé
cercueil où brûle
On y
portait alors, la dépouille récente
D'un
petit entant
mort, depuis l'aube naissante.
Humble était le cortège, il ne se composait Que d'une femme en deuil qu'un prêtre conduisait. Des mauves d'un bleu pâle
et de fleurs de murailles ornaient ces funérailles.
De leur guirlande
triste
Car
si fier,
printemps,
le
Dans
ces
murs
au loin de ses couleurs
assiégés, n'avait pas d'autres fleurs (405).
Je serais bien heureux
ce début inspire à
si
Resség^uier l'envie de connaître le serai plus
heureux encore
si,
M™* de
reste; mais je
en faisant parler une
mère, je puis insérer dans mes vers quelques lignes de sa douce prose.
Aucun
obstacle ne
cher Jules,
si
due; ilmesemble que
que je
Ah
me
ce n'est
retient loin de vous,
une santé tout à
les
!
plutôt la
mon per-
bains m'ontfaitmal depuis
les ai quittés, tout ce
Que
fait
qu'on quitte
fait
mal.
mort dévorante flamme expirante,
ces longs jours,
Toujours prèle à s'évanouir.
L'on
me
donne, pour prolonger
d'herbes, d'une
amertume
la
affreuse
jeune, de boire à pareille coupe et
il
mienne, des jus ;
c'est cruel,
me prend
si
quel-
l'aubb romantique
Io4
quefois l'envie de je viens à
détourner
la
tête;
songer que mes amis, que
qui méritent de
mais quand
les
personnes
heureuses destinées ont aussi
si
leur part de souffrance, je m'apaise et je fais des
vœux pour Vous est
elles,
du plus profond de mon cœur.
souffrez, Jules, et cependant votre lettre
remplie d'aimables sentiments et de
riantes
images.
Adieu,
mon
ami, donnez à vos enfants de
ma
part des baisers que je rendrai de la vôtre à Gabrielle flige
;
.
Ce que vous
me
dites
de M""® Amélie m'af-
mais on ne peut espérer pour
biens que la fatigue et
la
elle
douleur, et
beaucoup de temps pour user la sienne. Adieu. Le mot d'Aben Hamet (io6) mant. Adieu Aben Hamet.
il
d'autres
faudra
est char-
s[oumet].
Vous voyez, mon
ami,,
à
quel point
ma mau-
plumes mais vous êtes le premier pour qui je m'en suis servi. Que votre douleur ne vous rende pas sauvage
vaise
écriture
profane vos
jolies
;
;
l'égoïste est triste
pour
les autres.
et
il
faut
le
fuir,
n'est-ce pas,
L AUIÎt:
.Y-YA7r.
—
100
D' Alexandre Soumet.
cher
espéré,
J'avais
ROMANTIQUE
moi-même ma réponse
Jules,
aller
vous porter
si doux, si voyage prolongé à SaintCloucl(i07) m'en a empêché. Les Enfants de France sont au Château, je ne sais si l'on a trahi le secret
aimable et
mon
de
si
bon.
à votre billet
Mon
érudition. Mais je ne suis encore que le
bibliothécaire de l'innocence. Si vos jolis enfants
n'avaient pas de
un
si
beaux yeux,
charmant,
je
le
garde pour eux, lorsqu'ils
dront visiter Saint-Cloud et
le
je leur enverrais
ouvrage destiné aux aveugles qui m'a paru
petit
:
le
vien-
Livre des Colombes
Hemopligose d'Alibert; quant à vous, cher
ami, nous vous aurions déjà envoyé notre premier désertions que
nous avons subies l'un de nos rédacteurs en chef, Lamartine, part pour aller faire le tour du monde. C'est une grande sans
n»
les
perte, sans doute; mais,
pas lés,
comme Rachel
comme nous
;
ne sommes
que nous voulons être consonous mettrons, si vous y consentez, votre nom
à la place
du
sien.
et
Nous devons avoir une réunion
vous instruirai du résultat. Nous nous adresserons à Nina pour être bien assurés de votre
mardi
;
je
constance tion de à
mon
et
de [votrel ministère, après
Lamartine; car,
si
la
déser-
vous manquiez jamais
amitié, je n'essayerais pas de vous rempla-
cer. Mille tendresses.
SOUMET.
io6
L
XXXV.
AUBE ROMANTIOUK
—
D'Alexandre Soumet.
ne suis rentré qu'à minuit, cher ami
Je
;
le
manuscrit de Jeanne (io8) m'a été rendu enfin par la
censure, mais tout sillonné de blessures
un vétéran de Waterloo
et
ma
comme
réception est ren-
voyée à lundi à cause des changements exigés.
Nous
allons tous chez B..., qui vous voudrait; je
vous
ai
mis
le
premier avec Emile, Guiraud
et
France, pour les orchestres, quatre réservées. Mille
hommages respectueux
à Nina.
s[oumet].
Si j'ai
un moment dans
vu Dumas
la
journée, après avoir
(109), je pense vous voir.
XXXVI.
— De
L. Vatout.
Monsieur, Je regrette beaucoup de ne point m'être trouvé
chez moi lorsque vous avez pris la peine de vous y présenter ; mais j'ai reçu votre aimable imposture. J'appelle ainsi votre lettre qui les
ose démentir les
plus honorables tcmoig-nages; oui, toutes les
personnes qui ont entendu votre Isabeaii de Bavière
(no) m'en ont
fait le
plus brillant éloge et je
L ALBE nOMANTIQUE la relirais le plaisir
que
avec reconnaissance. Malheureusement,
de
la
publier sera un peu retardé parce
lithographe avait
le
pierre et que nous faisons
Mais tience
j'ai
IO7
employé une mauvaise recommencer le tableau.
songé qu'un moyen de consoler l'impa-
publique serait de faire un nouveau mor-
ceau. Ce serait le
Pêcheur napolitain improvisant au bord de la mer, tableau charmant de Léopold Robert. Celui-là serait pour le i*"" septembre et si les vers m'étaient remis vers le i5 août, la bonne fortune serait complète.
Emile Deschamps ne m'a point envoyé son Page
Soumet
sa Défense de
Bonne Aventure
;
;
Guiraud,
son Prêtre. Cependant je l'avais vu chez M"* de Maillé, à Louviers, et
il
me
l'avait
bien promis.
J'espère en votre bienveillance pour
qui s'honorera de renfermer votre
un
ouvrag^e
nom parmi ceux
qui illustreront notre Parnasse et je vous prie d'a-
gréer l'hommage du plus sincère remerciement et
de mes sentiments
les plus distingués. J.
Neuilly,
VATOUT.
5 août 1825.
XXXVII.
— De
L.
ValQuL
Je remercie de nouveau monsieur le comte de
Rességuier de ses brillants, excellents et remarquables vers sur Isabeau.
io8
L AUBE ROilANïIQ-JE
Pourquoi m'adressez-vous une impossibilité? ne voit pas Neuiliy quand réside.
Il
la
famille
On
du prince y
y a quelque temps, la chose était facile. si une autre fois vous mettez mon
J'espère que
heureux pour
oblig^eance à l'épreuve, je serai assez
répondre à vos vœux. Votre obligé, heureux de
l'être, J.
VATOUT.
Neuiliy, 12 octobre 1825.
— D'Emile Deschamps.
XXXVIII. Que vous
mon
êtes joli imprimé,
vais faire des lectures en ville
;
on
cher Jules, je
se m'arrache à
à' Un samedi au Louvre {m) et nos femmes n'auront plus d'autres livres que
cause
article. tait
le
sang
tournée n'est pas
finie.
Je crois que je cracherais
pas votre prose que je
Adieu, car le roi et le
ma
si
jolies
votre
ce n'é-
lisais.
chevalier de la fin font
un
effet
Le gars, merveil-
leux.
EMILE [deschamps].
XXXIX.
—
De
Victor
Hugo.
Ce vendredi, septembre 1826.
Nous apprenons avec une bien
vive joie,
mon
L AUBE ROMANTIQUE
I
OQ
cher Jules, Theureuse délivrance de M""» de Ressé-
Garçon ou fille, l'enfant qu'elle veut bien donner à vos amis devait être reçu par eux avec
guier.
le
même
plaisir.
Elle ne pouvait
nous donner qu'un Jules ou qu'une
Nina.
Pardon, cher ami, de prendre ainsi une part dans votre paternité. Vous n'en avez pas moins le monopole des beaux enfants et des beaux vers.
que nous serons délivrés à notre tour, nous courrons rue du Helder. Si tôt
Je vous embrasse,
ma femme em.brasse la vôtre. et mon futur, votre nou-
Dydine embrasse Albert
veau (112). Mille respects à votre chère et charmante accouchée. VR. [VIGTOR HUGO].
XL.
de
— De
Victor
Hugo,
Ma soirée de demain est prise, mon ami, jugez ma contrariété si je puis m'échapper un instant, ;
j'irai serrer
pieds de
Votre
votre
madame
bonne main
et
me
mettre aux
Nina.
frère,
VICTOR [hUGO].
LAUBB ROMANTIOUE
XLI.
Mon
ami,
— D'Emile Deschamps.
mon
ang-e Ag-laé devait aller visiter
votre ang-e Nina, mais tant qu'ils sont sur la terre, les ang-es
sont soumis aux infirmités des
hommes
;
car voilà quatre jours qu' Aglaé souffre de douleurs horribles d'entrailles
vous
le dis
elle est
;
bien vite; mais
elle
mieux ce matin
et je
attend son médecin,
elle
veut que j'y sois
J'ai
bien peur que la maladie ne revienne avec
docteur,
et je
le
ne pourriez-vous pas, pour neutraliser
cette vilaine visite, lui tes,
ne puis pas m'absenter.
en faire une de trois minu-
après la messe? Ce n'est plus
mon
plaisir, c'est
Nous avons tant à vous dire que nous vous aimons. Je vous ai écrit mardi dernier, vous ne m'avez pas répondu; vous avez dû trouver mon nom chez sa santé que je vous demande.
votre portier et je ne vous ai trouvé nulle part. C'est trop que le silence et l'absence se le
mot contre moi.
savoir
où vous
grins et tous
donnent
J'aurais pourtant bien besoin de
êtes.
Moi, je vous dis tous mes cha-
mes bonheurs;
je voudrais bien cau-
ser des vôtres avec vous.
Vous viendrez un
instant, n'est-ce
pouvoir passer une heure, ce
nous en parlerons.
soir,
pas? J'espère
chez M*"" Dudon,
L
J'ai reçu
AUBE ROMANTIQUE
1
I
I
une invitation à dîner pour mercredi; comme de tout ce qui m'anive
je vous en remercie, d'ag-réable.
Soumet, Guiraud, Pichald et votre douce et aimante Anna étaient hier soir, par hasard, chez Aglaé. Il y a aussi de bons hasards pour ce matin; mais pour cela il faut que vous fassiez exprès de venir à vos malades de la rue Saint-Florentin. Adien, cher ami, nous ne parlons que de vous; il est temps que nous vous voyions pour parler d'autre chose.
EMILE [dBSCHAMPS].
Nos plus tendres hommages à madame Nina; nos plus douces caresses au plus beau des enfants. Ce dimanche matin.
XLII.
— D'Emile Deschamps.
Je vous assure, cher ami, que nous n'avons pas
M™® Dudon mal hier au soir; je vous assure que nous en avons été ravis. J'ig-nore si elle s'était fait une santé, comme vous le dites en tout cas, trouvé
;
sa santé était très bien faite et lui ressemblait pro-
digieusement. J'aurais bien voulu aller vous dire cela au n" 20 en sortant du n» 19, mais Aglaé était très pressée parce que nous allions très loin.
112
L
Voici
Globe;
le
vous que
j*ai
deviné presque aussitôt que pas de moi, c'est sans
n'était
l'article
doute parce
AUBE ROMANTIQUE
qu'il est
de Charles Rémusat
(i i3).
Voici aussi une lettre de Charles Nodier qui croyait que vous l'aviez depuis quinze jours. C'est
de sa
la faute
son
de
tiroir
qui a été
fille
toilette qui,
me
la
chercher dans
depuis deux dimanches,
oublie toujours de la donner àSouIié (ii4)» à Victor
ou à moi, quand nous revenons de chez
elle à
Paris. Nodier est aussi furieux de cet oubli qu'il
charmé de vos Tableaux Poétiques qui n'ont rien de commun avec l'oubli; il est doublement est
enrag-é.
me
II
charge de ses excuses, de ses admi-
rations et de ses tendresses pour vous.
Je crois.
Pour un Hercule,
vous vous rappelez là, j'avais
c'est ridicule (ii5),
Je voudrais bien être à ce temps-
!
beaucoup de chagrins de moins
pour-
et
tant j'en avais bien assez. J'ai A'u
chez Nodier un M. Gallois (ii6), qui est
de Genève
et
qui sait par
cœur Isabeau
et le
Bal.
Je n'ai pas besoin de vous dire que c'est un jeune
homme lui,
véritablement supérieur.
que vous devez
faire
Il
prétend aussi,
un poème sévère
votre talent est plus libre et plus vrai plus
dans
les
régions de
l'art; ce
il
sont ses paroles
et
que
s'élève et,
qui
est plus, sa pensée.
Je vous parlerais beaucoup de tout cela; mais je voudrais bien
que Soumet en parlât un peu à
Michaud ; Soiilié n'attend qu'un mot pour me lâcher mes cinq colonnes. Adieu, cher ami, n'ayez pas aujourd'hui votre
madame ma joie comme
accès de fièvre,je vous en prie,;et rassurez
de Rességuier, à
la
première, je crois, à
mes douleurs. EMILE [dKSCHAMPS]. Lundi matin.
XL/II. — D'Emile .Deschamps. Voici, cher Jules,
aurez-vous la
pour
la
Gazette de France;
complaisance de faireporteraM.de
Genoude (117) mon
horrible paquet, avec vos char-
mants Tableaux. Je vous envoie cela tout fermé, vousy verriez que je vous aime etquejevousadmire; c'est absolument inutile. Vous écrirez à Guiraud et à Saint-Valrj, n'est-ce pas? Et vous enverrez à ce dernier les Annales Romantiques. Tâchez d'y penser. Moi, j'oublie même en vous l'écrivant. Donnez-moi des nouvelles de M"^"' Dudon et de M""^ de Rességuier; j'espère qu'elles ne sont pas trop mauvaises; je suis sûr qu'elles ne seront jamais assez bonnes.
Anna, Aglaé de votre soirée
et moi, si
nous
intime,
si
rafTolions,
en revenant
chantante,
si
aimable;
ii4
l'aubb romantique
nous disions que rien
charmant que
n'est plus
Mil" de....
Un jour
bientôt,
grande
et belle Cécile,
faudra donc autrement vous nommer. Tâchezj du moins, de prendre un nom facile. Mais faudra-t-il autrement vous aimer?
Il
Jamais, adieu.
EMILE [dESGHAMPS]. Mardi 8
h.
du matin.
Si VOUS alliez voir Soulié
pour quelque
(ii8)
chose, cela pousserait, j'en suis sûr, notre article
de la Quotidienne.
XLIV.
— De
i!i»«
Delphine Gay.
Un rhume nous retient ce vous n'avez rien de mieux à
soir
au coin du
faire,
feu;
si
vous seriez bien
aimable de venir nous donner de vos nouvelles et parler un peu des Jeux Floraux. Je voudrais bien aussi savoir
où en
est la
Femme
à la mode.
DELPHINE GAY. Ce lundi.
XL V.
— DeAf^" Sophie Gay
(ii^).
Rome, décembre 1829.
D'après ce que je
lis
dans
les
journaux,
il
me
l'aub!î
romantique
ii5
semble que nous avons un compliment de plus à vous faire et nous vous l'adressons du fond du cœur. Sachez bien que tout ce qui vous arrive d'heureux (120) retentit jusqu'aux rives du Tibre et qu'il y a dans cette vieille Rome deux pèlerines qui
ne voient rien de beau, de saint, de poétique, sans penser à leur aimable troubadour (121). Hier, en recevant des vers admirables de M. de Lamartine,
nous nous sommes écriées « Ah! si le cher Emile et son ami étaient là, qu'ils seraient enchantés de :
cette confidence
J'avais
!
»
mandé à M. de Lamartine
Tivoli, la disparition de ces belles l'on croyait devoir
durer autant que
le
désastre de
cascades que les
Odes d'Ho-
race; cette inondation, ce jeu barbare de la nature devait inspirer le génie de
modulé sur ce
sa
mélancolie
;
il
a
une espèce d'harmonie dont je voudrais pouvoir vous faire parvenir les sublimes accords, mais ce serait trahir la confiance dont nous sommes si fière ; jugez-en seulement par ces vers épars
Ah
I
triste sujet
:
faut-il s'étonner
que
les
empires tombent,
Que de nos faibles mains les ouvrages succombent, Quand ce que la nature avait fait éternel S'altère par degrés, et meurt comme un mortel; Quand un fleuve écumant qu'ont vu couler les âges Disparait tout à coup, laisse à nu ses rivages? Italie
!
Italie
!
ah
!
pleure tes collines,
ii6
Où
l'aube romantique l'histoire
du monde
est écrite
en ruines
;
Sur tes monts glorieux, chaque arbre qui périt, Chaque rocher miné, chaque urne qui tarit, Chaque fleur que le soc brise sur une tombe. De tes sacrés débris, chaque pierre qui tombe.
Au cœur des nations retentissent longtemps. Comme un coup plus hardi, de l'audace du temps, Quel que
soit le destin
que couvre
l'avenir,
Rome, enveloppe-toi de ton ^rand souvenir Que t'importe où s'en vont l'empire et la victoire? Il n'est point d'avenir égal à ta mémoire (122) !
!
Je vous connais; je sais que vous
me
saurez
bon gré de ces citations mais ce n'est pas tout il faut m'en récompenser en nous envoyant bien vite, bien vite, les beaux vers que Delphine a eu le bonheur d'inspirer ;
;
:
Homère en
la
voyant, Homère... (123).
de vous les rendre pour en obteune meilleure copie, c'est ma complaisance que nous déplorons tous les jours, car on n'a jamais rien fait de plus gracieux, de plus flatteur et nous serions très fières de nous parer ici de ce poétique hommage si vous pouvez l'accompagner de quelque autre chant de notre charmant troubadour, J'ai fait la faute
nir
;
nous serions trop heureuses en remettant tout cela à M. Lourgeat, au ministère des Affaires étrangègères, il nous le ferait parvenir par M. le duc de ;
Laval (i24),qui est parfait pour nous.
l'aube romantique
Mon
pompes
!
Car pour
de raoûts
Nous de
il
tels
Rome moderne, excepté comme une reste n'est qu'une suite
qu'on en voit partout.
n'y a pas
soir, ce
ciel, le
étions venues
soleil,
la
sacerdotales, qui en font
espèce de Cour du
ler,
7
Dieu que nous vous regrettons dans ces rui-
nes parlantes les
I I
ici
moyen
on va
;
dans dès
se perdre
de travail-
l'espoir
un rayon
qu'il fait
dans
ruines
les
;
sont des dîners, des concerts, des bals;
lendemain, des cérémonies religieuses
phine n'a trouvé que taine de vers
pour
les
le
moment de
;
le
le
enfin, Del-
une tren-
faire
prisonniers rendus par nous
au Pape (126). Il est vrai qu'ils nous ont valu l'honneur de lui être présentées et d'entendre Sa Sainteté adresser à l'auteur de Mag^deleine (126) les
plus saints encouragements.
Je vous assure que c'était quelque chose d'intéressant à voir que cette jeune
demi cachée sous un long
Muse
chrétienne à
devant
le
comme
la
voile, prosternée
royal pontife et recevant sa bénédiction
récompense de sa pureté et comme les promesses des bontés du ciel tout cela dans le plus beau temple du monde. C'était un spectacle digne de ;
vos regards poétiques. Mais, au milieu de tant d'intérêts différents, nous sommes toujours occupées de notre chère France et des amis que nous y avons laissés. Nous
espérons leur souvenir, nous
en réclamons des 8.
Il8
u'A'unK
UOHAMIOUIJ
preuves. Dites, je vous prie, à l'auteur de Cinq(127) que son ouvrage obtient ici le même succès qu'à Paris auprès du peu de lecteurs qui
Mars
peuvent se
le
procurer, car les livres sont
ici
beau-
coup plus rares que les diamants. On n'y vit que du passé, c'est la seule nourriture qu'on y permette à l'esprit. Notre cœur s'arrange fort bien de ce régime, mais l'imagination en maigrit visiblement. Vous nous aimez toujours n'est-ce pas ? Vous parlez quelquefois de nous avec Emile, Alfred, les deux Alexandre (128) et cette bonne M™^ Duchambge (129), dont les romances font fureur dans nos petits cercles, chez la duchesse deSaint-Leu (i3o). Delphine prétend qu'on croit chercher des inspirations, des comparaisons dans ces contrées si riches de souvenirs; mais qu'on ne se sert bien de tout cela qu'auprès de vous et que le plaisir d'être écoutée, sentie,
donne tout
le
courage de rimer ce qu'on
rêve. si
non
nous
re-
Cette vérité nous ramènera ce printemps,
en France, au moins sur
la frontière
;
viendrons nous reposer dans quelque chalet de Suisse et
là,
vous revoir tous. C'est un voyage cile
à faire!
la
nous vivrons encore de l'espérance de
Il
si
beau (i3i),
me semble que
tesse Jules, xelle de son
la
si
prompt,
si fa-
santé de la com.-
charmant Albert,
la vôtre,
doivent vous rendre cette promenade indispensa-
LAUBE RO.MANTIOUE ble.
Avec
pèlerines
IIQ
quelle joie vous seriez reçus par les !
Adieu, en voilà
deux
bien assez long pour
vous prouver toute notre amitié. s.
XLVI.
— D'Alexandre
Soumet.
Je ne suis instruit de vos nouveaux
que par
la
renommée, cher ami
nal que j'ai lu depuis
nom
et je suis
six
GAY.
;
le
honneurs
premier jour-
mois m'a
offert votre
heureux de vous savoir Maître des
requêtes parce que la place exige la résidence. Je vous avais parlé, l'autre jour, de
avec la
Maison du Roi
et je
mon
suis sûr
procès
que votre
nomination n'est qu'une ruse de l'amitié qui
est
chargée du rapport. J'irai
vous
féliciter aussitôt
que Paris sera navi-
gable.
SOUMET. Lundi, janvier 1827.
— De M^' Sophie
XLVIL La jeune Muse
(i32) supplie son cher troubadour
yeux sur
ces
deux pièces de vers pour quelques palmes
de jeter
les
voir
les croit dignes d'obtenir
s'il
Gay.
des Jeux Floraux
(i 33),
car après avoir trouvé tant
I,
nOVANTKUE
AUDi:
de nobles encouragements à notre Académie, elle ne voudraitpas échouer à la vôtre. Voilàlesoin qu'elle
bonne
remet à votre
charge de l'envoi, de n'en faut-il pas
Vous avez
amitié, c'est la
vous qu'elle
petite intrigue
;
car où
?
été malade, je
voir pas répondu à
mon
vous pardonne de n'a-
éternelle lettre
;
aussi, je
ne vous dis que ce mot pour ne pas vous effrayer ; mais, je prie le charmant Albert de nous y répondre pour nous rassurer sur votre santé et votre souvenir le nôtre est tout à notre cher trouba;
dour. s.
Rome, 2
g[ay].
février 1825.
XLVIII, Manquer deux
— De M"^^
Sophie Gay.
bonheur de vous recevoir, et puis, vous savoir encore souffrant. Les médecins sont donc des imbéciles Et tenez, Esculape n'est pas même un bâtard d'Apollon, puisqu'ils ne peuvent rien pour le poète qui fait les plus jolis vers du monde. Delphine, qui aime encore mieux la poésie que la c'est
être trop
fois le
malheureuse
!
gloire, regrette
charmants
;
presque d'être l'occasion de ces vers
car elle les dirait sans cesse. Jamais
la flatterie n'a
employé de plus doux accents pour
L AUBE nOMANTinUS
121
séduire. C'est bien l'harmonie la plus céleste et la
plus dang-ereuse.
Oh
!
ce plaisir d'être ainsi chan-
tée doit consoler de bien des peines
!
Donnez-nous de vos nouvelles et venez chercher nos remerciements, sans compter des amitiés fort tendres.
SOPHIE GAY. IJ avril.
XLIX.
— De Belmontet{iZk).
Château de Douais par Bousquet, 9 mai 1827.
Ce que
n'est pas par oubli, dig^ne chevalier des je
n'ai point été
vous dire adieu;
Muses,
mon
cher
poète, on ne vous oublie jamais, ni vous, ni vos
vers charmants. Pressé d'occupations sans nombre, à peine m'est-il resté le
Et certes, voir pas
si
temps de
par
faire
me fâche, vous mon séjour à
quelque chose
mes paquets. c'est
de n'a-
pour en emporter une image plus riante. Vous êtes si
aimable,
fini
si
Paris,
bon, qu'il est impossible de n'être pas
content quand on vous voit et plein de
quand on vous quitte. J'espère du moins que votre
reg^rets,
riante et gracieuse
poésie viendra nous consoler de votre éloignement.
Votre beau
élégant recueil nous est
promis vous êtes sommé par nos nobles châtelaines, de et
;
122
L
AUBE HOMANilQUE
promesse au plus
tenir votre
vite.
Vous
les
avez
si
bien séduites par votre poésie enchanteresse qu'elles neparlent que d'entendre vos vers. Elles font chorus avec tous ceux qui vous ont entendu. Je regrette
de ne pas connaîre
le
plan de votre grand
poème
et
voudrais en demander quelques fragments à votre
complaisance. C'est un sujet où vous écrirez avec
âme
votre
que vous achèverez d'ilbeau nom. Le fonds, le merveilleux delà
inspirée, c'est là
lustrer votre fatalité, la
grandeur de
la
chute, le touchant
du dra-
me, tout est majestueux, tout vous convient parfaitement; faites don à la France d'une noble composition qui lui reste. Vous le pouvez, vous avez un
grand
talent,
de
la poésie
d'images, la chaleur du
midi, l'enthousiasme du beau.
La
veille
de
mon
une lecture de Lefèvre (i36).
la Il
départ,
mon
noble ami,
j'ai fait
Fête sous Néron (i35), chez
y avait Emile, Pichald, Victor, ils m'ont fait
Alfred; je ne sais ce qu'ils en pensent;
des observations, les unes bonnes, diiîérentes, à
mon
hautes raisons
avis. Mais,
les
autres toutes
dans tout
cela,
pas de
motivées. Quelques réflexions
de
goût, mais toujours des opinions systématiques,
chacun selon son point de vue ; quelques plaisanteries que mes auditeursjetaient de temps en temps, des allusions aux affaires du jour, les ont empêchés d'avoir ce calme grave qui doit bien écouter pour bien juger.
Mon
cinquième acte a eu
l'effet
tout
L A V D i; K Cl '
contraire qu'il eut à
ser?
A
difficile
tant
ma
.\!
.'.
>
I
!
jU
123
::;
première lecture. Que pen-
travers ce conflit de jugements,
de reconnaître
il
est bien
des émotions résul-
la vérité
du drame.
Vous,
mon
ami, qui êtes franc, loyal et vrai, dites-
moi ce qu'on en défauts qu'on
dit,
me
sans réserve, quels sont les
reproche, quels conseils dois-je
suivre ? Soyez assez
bon pour ne me
Ne
me
craig-nez
bonne
pas de
et saine sévérité fait toujours
moment de
rien cacher.
Je crois que la
blesser.
remettre l'ouvrage sur
le
du
bien.
Au
métier, éclai-
rez-moi, je vous prie, sur les défauts réels, pour les corriger
avant
Comédie française*
la lecture à la
Soumet, Guiraud et les autres s'expliqueront mieux loin de moi, puisqu'ils n'auront pas peur de
me
désobliger.
Je compte sur votre affection, comme vous devez compter sur la mienne, si jamais vous en avez besoin. Je serai toujours prêt l'intérêt
Faites
vienne
à
tout faire
pour
recueil
qu'il
de ce qui vous regarde.
donc imprimer votre •
me donner du plaisir pour
et
longtemps.
Adieu, cher ami, personne ne vous aime plus que moi. Rendez-m'en un peu, s'il vous plaît; mes respectueux
hommages
à M™^ de Rességuier.
Tout à vous, L.
BELMONTBT.
134
l'aLBF.
L.
roman; !0UIC
— U Emile Deschamps.
Mennechet (137), une chose qui s'explique,
J'avais oublié C'est
Mais de tout le reste il échet Qu'on nous mène à la Piépublique ; J'ai lu de vous huit charmants vers. Près de huit députés moroses... Faut-il croire
Quand on
aux sombres hivers,
voit sourire les roses!!!
EMILE [deschamps].
LI. Je sors
cher Jules;
—
D' Alexandre Soumet.
de chez M. de Larochefoucauld (i38), il
était allé placer la
vocation de Notre-Dame,
France sous
comme nous
l'in-
avons placé
votre adorable ouvrage sous l'invocation de sainte
Nina.
Ce sont deux puissants patrons qui nous sauvela République des lettres et de celle des
ront de
la demande de votre libraire M. deL..., en le priant de lui dire venu porter la lettre moi-même et que
poignards. J'ai laissé à un secrétaire de
que je
j'étais
reviendrai chercher la réponse. Mille amitiés bien
tendres.
SOUMET. Je vais retourner chez Michaud (iSg).
L
AUBE I\<lMANTIOUE
— D'Alfred de Vigny. — cher voulu vous LU.
J'ai
pu
parler,
faire,
jeune
Jules,
— vous parler d'un
et gentil
qu'il est, ss
et je
ne
l'ai
de mes amis qui, tout désespère et dépérit
pour ne savoir quelles sont, à son égard, les intentions véritables de Mgr le Garde des Sceaux. C'est M, Ernest de Fredy, recommandé dès longtemps au ministre par M. de Semanville et beaucoup d'autres personnages qui voudraient faire de lui un Auditeur au Conseil d'Etat. Il a toutes les conditions requises
veillance
mettre
;
mais
M. de Pejronnet,
et
personnellement,
lui
il
qu'il
connaît
a témoigné beaucoup de bien-
ne
sait
si
elle
ira
jusqu'à
le
au nombre des sept élus de ce mois. Si
vous voulez, par un mot, sonder
le
cœur de votre
tout puissant ami, vous toucheriez beaucoup le cœur d'un autre ami ce cœur est le mien et ne renferme que dévouement et amitié pour vous, Jules, ;
qu'il
me
tarde d'embrasser.
ALFRED [de VIGNy]. 17 août 1827.
LUI.
— DeCh. Brifaut (i4o).
Je n'ai jamais
été,
monsieur,
si
charmé
et
si
126
L AUBE ROHANTIOUE
désolé qu'en recevant votre billet aimable
vos vers
et séduisant
comme
La bonté qne vous avez de penser
me
faire partager
plaisir
le
comme
votre caractère. à moi pour
de vos auditeurs
me
pénètre de reconnaissance; mais l'impossibilité où
me
je
trouve d'en profiter
mon
fait
désespoir. Je
dîne demain chez la princesse Charlotte de
où
la soirée est toute
de
me
dégager
Grillon se serait
me
Je sir
arrangée.
et je
Il
n'y a pas
Rohan moyen
ne sais plus que devenir.
pendu pour une
victoire
manquée.
pendrais bien plus volontiers pour un plai-
perdu,
s'il
devait l'être tout à fait; mais je ne
le
n'y a personne qui ne veuille
que vous entendre, monsieur. Vous allez être accablé de demandes de lecture; vous serez obligé d'y
crois
accéder
différé.
;
m'écrirez
alors,
Il
comme vous
êtes charmant, vous
un mot.
J'irai, je
me
glisserai
dans
la
première réunion
où vous paraîtrez, votre pièce à la main. Je serai heureux, dédommagé," reconnaissant et j'oublierai presque mon cruel désappointement d'aujourd'hui. Mettez-moi, je vous prie, monsieur, sur la liste de vos auditeurs très prochains^ il y a longtemps que je me suis placé moi-même sur celle de vos admirateurs. BRIFAUT.
L AUBE HOMANTIQUE
LIV.
12'J
— De Sainte-Beuve.
Monsieur, J'ai reçu avec beaucoup de reconnaissance l'aimable recueil que vous m'avez fait l'honneur de m'adresser. C'eût été pour moi un bien vif plaisir de pouvoir rendre hommage dans le Globe (i4i)
à un talent poétique aussi plein de grâce, d'élé-
gance
me
et
comme il d'en parler entièrement comme
de mélodie qu'est
serait impossible
le
vôtre.
Mais
j'aimerais à le faire, je dois m'interdire le plaisir
qui serait gâté pour
moi de trop de
contrariétés. Les
opinions du Globe, quoique romantiques en général, ne le
sont pas autant qu'on pourrait
en poésie,
il
ya
même
le
entre ses opinions et celles de l'ancienne
raison principale, c'est
penser;
dissidence assez prononcée
Muse. La
qu'aucun des rédacteurs
du Globe ne s'est occupé de vers. Pour moi, qui suis à peu près le seul d'entre eux qui aie quelquefois ce bonheur ou ce malheur, je ne puis que regretter ces dispositions profanes, sans espérer de les vaincre; tout récemment encore, malgré
Hugo
l'amitié bien étroite qui m'unit à
et peut-être à cause
ne m'a pas été permis de proclamer tion
M. Victor
de cette amité même,
mon
il
admira-
pour son Cromwell. Vous voudrez bien, mon-
128
i.'ai;be
kom antique
entrer dans ces excuses, et recevoir, avec
sieur,
mes
l'expression de
ments
et
ma
de
regrets, celle de
mes remercie-
profonde estime pour votre talent
distingué.
Votre très humble serviteur, SAINTE-BEUVE. Le 31 décembre 4827.
—
LV.
D'H. T. de Laiouche
{il\2).
Monsieur, J'ai lu
vos vers avec enchantement; vous êtes de
cette famille
de Clémence Isaure (i43) où
la
lyre
dispose toujours des plus sonores et des plus doux accents. J'aime
Troubles,
le
surtout
Bal,
le
le
Convoi d'Isabeau,
Schall
et
la
les
Harpe de
Gloruina (i44)J'espère qu'il
me
sera permis d'exprimer publi-
quement ma pensée sur
En
ces charmants ouvrages.
attendant, je suis toujours occupé
du procès
vu Cormenin(i45) aujourd'hui même et j'ai tâché de lui faire convenir que les lacs où M. Albert voudrait nous envelopper sont de ces pauvres amis.
comme
J'ai
ces tissus
... que Barèges Colore dans ses fleurs et blanchit dans ses neiges (446).
Je vous envoie Mainvieile pour voue
prier de
I.
me donner
A!
BE ROMANTinUK
ce soir dix
129
minutes d'audience,
si
vous
pouvez disposer d'un de ces moments que vous passez entre la rime et les cigares.
Fodor (147) pendant la miset je vous promets de sion de retrancher de Timportunité de ma visite un temps égal à celui que vous retiendra le mari. Je fais la cour à
M'^-^
mon ambassadeur
Agréez, monsieur, l'assurance de
ma
considéra-
lion la plus distinguée. H.
DE LATOUCHÉ.
3 janvier.
IVI.
— De M^^ A.
Tastu (i48).
Je vous dois, monsieur, de triples remerciements
pour l'envoi que vous m'avez fait de votre charmant le plaisir que j'ai eu à le lire, et pourle souvenir que vous avez bien voulu attacher à mon
volume, pour
nom
donnant une place dans vos vers (i49)Je n'ose cependant, à cause de cela même, vous dire tout ce que j'en pense. J'aurais peur que vous ne vissiez dans mes louanges que l'élan d'une vanité satisfaite. Je garderai donc pour moi l'impresen
lui
sion que
j'ai
reçue de ces inspirations gracieuses et
idéales et dont la mélodie rêveuse ne saurait être définie.
On
pourrait l'appeler fugitive,
n'avait
été
souvent employé à caractériser des
si
ce
mot
l'aube nOMAXTIQUE
l30
poésies bien différentes. Ainsi tous
mots de
les
notre langue perdent peu à peu leur valeur primi-
dans la circulation, comme une vieille pièce de monnaie dont l'empreinte s'efface en passant de main en main. C'est aux bons écrivains qu'il tive
appartient de s'emparer de ce métal banal et de
redonner un nouveau cours en
lui
le
frappant d'un
coin nouveau. C'est, monsieur, ce que vous savez
mieux que personne et qui vaudra à votre poésie un succès auquel personne n'applaudira plus que moi. faire
Veuillez, monsieur, agréer cette assurance et la
sincère expression de
mes sentiments
les plus dis-
tingués.
AMABLE TASTU. Samedi, 5 janvier 1828.
LVII.
— De Chateaubriand.
Paris, ce 10 janvier 1828,
J'aurais voulu vous remercier plutôt, monsieur le
comte, du beau présent (i5o) que vous avez bien
voulu la
me
faire,
j'ai
déjà parcouru, mais trop à
hâte, quelques-uns de vos Tableaux
paru animés du les
hommes
qui,
;
souffle qui fait le poète;
comme
ils
m'ont
heureux
vous, monsieur, nous con-
solent par leurs talents des ennuis de la politique.
l3l
l'aube nOMANriQlJB
Agréez, monsieur le comte, je vous prie, mes remerciements empressés et l'assurance de ma considération très distinguée.
CHATEAUBRIAND.
LVIU. Ce c'est
— UAlfred de
Vigny.
n'est pas un livre que je reçois là, cher Jules, une cassolette et une corbeille tour à tour et
Il y a des rubis, des topazes, des ail'or delà cassolette; elle est pleine marines sur guës
tout à la fois.
d'aloès, de
myrrhe et de cinnamomepour vos amies, aussi pour vos amis,
quelques grains d'encens nous.
Eh! quoi! pour moi-même un petit grain, le dernier, le plus pur; que j'en suis fier! Il y a des roses et beaucoup de pensées dans la corbeille et surtout des gouttes de rosée ou des larmes comme les grands peintres aiment à en jeter sur les fleurs. Votre Odalisque {i^i) est certainement celle de Ingres, je l'ai reconnue à la pureté de ses formes. Tout cela est poétique et mondain. C'est charmant, cela et
vous va à ravir et ne va qu'à vous au monde,
parce que cela vient de vous,
qui ne
me
soit
précieux
comme
il
ne s'y trouve rien
votre amitié.
ALFRED DE VIGNY. 18 janvier 1828.
l3s
l'aube nOMANTIOUE
—
LIX.
Vigny.
D'Alfred de
]yjme
jg Vigny me charge de vous dire, mon cher que M™^ de Soubise vous attendra chez elle demain et tous les mercredis de l'hiver, entre SouJules,
met, Emile, Antony (i52), Victor
Mars
et le petit
(i53) brodé qui m'est venu de
moins
brillant,
cher à
mon cœur que
moins aimable
Cinq-
chez vous,
surtout moins
et
celui qui l'envoya vers moi.
Votre ALFRED DE VIGNY.
LX.
—
Châteauneuf
D'A. de Saint-Valry (15-4),
ce 25 janvier 1828.
Vos Tableaux Poétiques voyage,
les
compagnes de
et leurs
Annales, nous sont enfin arrivés,
cher Jules, et je
me
mon
hâte de vous en faire tous nos
remerciements et compliments. Elisa en est enchantée, elle n'a jamais tant aimé le bal que depuis
que vous en avez moi,
mon
dit tant
ami, je vous
lis
parfois que je vous écoute
volume de
si
;
de mal et et relis, il
si
me
bien
y a dans ce charmant
belles rimes à des vers si
vous rend présent
comme
si
Pour
!
persuadant
vous
étiez
doux là.
qu'il
Votre
l'aube romantique
livre c'est
vous
et voilà
i33
pourquoi
l'aime. Je
je
ne
qui ne
déplaisant que ces vers
trouve rien de si ressemblent à rien, justement parce que leur auteur ressemble à tout
monde.
le
Mais votre poésie, à vous, a un cachet qui n'est qu'à elle et vos défauts mêmes sont à vous seul; on
y sent à chaque instant cette fleur de bon goût,
les
beaux
ciels
du midi, à masse
toutefois suivant la
mœurs d'un monde d'élite. mon avis, un mérite bien rare
et suivant les
C'est, à
aujour-
semble que nous fassions fi de la délicatesse à voir comme nous en mettons peu dans nos d'hui
il
;
et dans nos écrits et l'on dirait que, linous en coûte d'être polis et délicats. Je ne connais pourtant pas d'ouvrage de littérature qui
manières
bres,
il
puisse se passer de délicatesse jusqu'à point.
Que
quand
le
a,
un
vernis leur
manque
?
La
différence qu'il
c'est que nous autres nous ne mettons pas,
les peintres,
certain
disent à l'œil les plus beaux tableaux
y
comme
notre vernis sur l'ouvrage après qu'il
peut dire que Parmi vos compositions qui sont proprement dites des Tableaux Poétiques: Ondine, l'Odalisque, la Harpe deGlorvina est fait,
mais durant
qu'il se fait et l'on
vous n'avez pas ménagé
et surtout votre
la dose.
Isabeau,
me
paraissent d'un effet
d'un autre genre, j'aime surtout la Fête, puis votre première et votre derravissant.
nière.
Parmi
celles
Soumet ouvre
la
marche
et
votre Nina la
l'aubb romantique
i34
La pensée la plus chère Vos vig-nettes sont de
termine, c'est à inerveiile.
doit toujours être à la fin.
charmantes traductions qui feront beaucoup d'honneur à M. de Sennones,
un peu dur,
et
Godefroy, ordinairement
a sing-ulièrement adouci cette fois son
burin. Tout est donc pour
pas
que
les
comme
poésie
a
fait le
mieux
le
journaux ne
et je
burin du graveur, et que
Cerbère des Débats lui-même ne finisse louer
comme vous
la part
le
en
cela
le
par vous
Vous savez d'avance
méritez.
que je prends à votre succès
trouve
ne doute
s'adoucissent à votre
l'ami se
et
avec
parfaitement d'accord
le
poète.
Et M"'* Dudon, comment
va-t-elle^ je
vous prie?
Ecrivez-moi deux lignes quand vous aurez
m'a
Dites à Emile que sa lettre plaisir
;
dites-lui,
de
qu'on
plus,
M""* de Martignac (i55) en
fait
ma
tre et d'en
moment de
intéressé
bon Emile,
M. Ba-
et qu'enfin
circonvenir
obtenir ce que l'on veut.
dire aussi son mot, le
a
temps.
sensible
faveur, que
rataud doit parler pour moi au mari c'est peut-être le
le
un
le
S'il
minisvoulait
j'en serais bien
reconnaissant. Personne de vous ne
me donne
des
nouvelles de Gaspard de Pons et pourtant j'en ai
demandé est
plusieurs fois.
mort ou
rait Emile,
Adieu,
Ne
saurai-je pas enfin
s'il
vivant, peut-être ni l'un ni l'autre, di-
mais enfin, dites toujours.
mon
cher Jules,
Elisa désire vivement
l'avbë koma:.ïioue
vous connaître
et
i35
vous remercie de votre aimable
souvenir.
Rappelez-moi, en revanche, à celui de votre douce
compagne etcroyez-moi, pour toujours, votre meilleur ami. A. SAINT-VALRY.
p. s. cres.
Ah
— Les Annales m'ont paru !
pourtant un
homme
de leur composition. Mais
assez médio-
d'esprit a été chargé
ressemblent au
elles
Salon d'Exposition, dont l'entrée est ouverte par trop
de complaisance aux peintres du plus bas
étage.
J'apprends à l'instant
la
mort de Pichald(i56) et m'a
quoiqu'il fallût s'y attendre, cette triste nouvelle
tout interdit, eh
!
quoi,
si
grand,
si
fort, si coloré,
y a si peu de temps et maintenant, mort. Que sommes-nous, mon Dieu!
il
30 janvier 1828.
LX!.
— De la Princesse de Chimay
(107).
Madame Duchambge, monsieur le comte, m'a donné une nouvelle preuve de son amitié, en rappelant à votre souvenir la promesse que vous aviez bien voulu me faire. En lisant vos charmantes poésies, j'ai apprécié tout ce
que je dois à
mon
amie
et à vous,
monsieur
vivement encore
le
le
comte,
et
j'éprouve plus
regret de ne pas avoir eu
vantage de vous connaître plus tôt
l'a-
et plus long-
temps.
Recevez, monsieur
le
comte, avec mes
vifs
etbien
sincères remerciements, l'assurance de toute la con-
humble
sidération avec laquelle je suis votre très
servante. C.
PRINCESSE DE CHIMAY.
Bruxelles, 15 février 1828.
LXII.
—
De Fr. Roger
(i58).
Vous prenez, monsieur, un bien mauvais moyen de démentir les éloges que vous ont donnés les journaux. Je n'ai encore lu que soixante-dix de vos
charmants Tableaux et si je n'en connaissais l'aimable peintre, je briguerais de toutes mes forces le bonheur de le connaître. J'espère que demain j'aurai lu tout le volume. Je n'en serai que plus fier de l'amitié que vous voulez bien me témoigner. Agréez, monsieur, mes remerciements et l'hom-
mage de mon dévouement bien tendre
et
bien sin-
cère.
ROGER. Paris, le 16 février [ISîS].
li^
L'AUaS rvOMANTIQUK
—
LXriI.
Monsieur
D'Andrieux
le
(iBg).
comte,
Je suis fort reconnaissant de la bonté que vous
avez eue de m'adresser un exemplaire de vos Ta-
bleaux Poétiques
je
;
ne doute pas du plaisir que
j'aurai à lire cet excellent recueil
je vous félicite
;
du succès brillant qu'il a obtenu et je joindrai avec empressement mon sufFrag-e à ceux des hommes éclairés qui ont déjà applaudi à vos talents.
Je ne puis souscrire aux éloges votre politesse
;
vous
me
parlez
que me donne de ma comédie
immortelle et de mes beaux vers... ah ces expressions
vous avez
eu l'intention
obligeantes
homme
ne sont pas
et
faites
me
de
aimables; vous
de bonne compagnie
!
monsieur,
pour moi
;
mais
dire des choses
m'avez parlé en
vous en remercie ; mais je vous prie de croire que je sais mettre mes faibles opuscules à leur place et ne pas me faire illusion sur leur
;
je
peu de valeur. ANDRIEUX.
Ce 16
février 4828.
LXIV.
— D'H.
T. de Latouche.
Monsieur, Si je n'étais pas
malade de corps
et surtout d'es9*
l'aL'BE llOMANTIOUii
l38
prit et de cœur, à cause de la plus vive affliction
qui puisse saisir un
homme, j'aurais
cherché l'occa-
sion de vous voir pour joindre quelques renseigne-
Rapporteur de Fodor, au Conseil. Mais le malheur
ments à ceux que possède déjà l'affaire
de
M''^^
ne dispense pas d'obliger
et la
le
peine qu'on a de cher-
cher à adoucir celle des autres; c'est pourquoi je
vous
écris.
Demandez le
à Mainvielle(iGo)de vous représenter
contrat passé entre deux particuliers dont l'un ne
même
prend pas et où
Arts
il
contestation
la qualité
de Chargé des Beaux-
est spécialement stipulé le
droit
commun
qu'en cas de
sera invoqué.
Prenez la peine de relire la lettre de l'honorable duc de Doudeauville (i6i), alors ministre et refusant de reconnaître l'arrêté de son
Enfin pesez dans votre sagesse
M. delà
fils.
rétroactif
l'erTet
donner nous sommes en cause et en captivité, depuis près de deux ans Est-ce pour de tels débats que le Conseil serait institué ? M. de Larochefoucauld n'a-t-il pas honte qu'il plairait à
Bouillerie (162) de
à son adhésion, après que
!
laver son linge sale par les con-
de vouloir faire
Couronne ? Je vous épargne le fond des choses car, pour la première fois de votre vie, vous comprendriez ce que c'est que le savoir-vivre seillers
de
la
;
de l'antichambre
dor demandant
et la probité des cavernes. M'"»
la réalisation
Fo-
de son marché, neut
l'ai
sz i\OM^>riot!E
39
jours après son premier début, est un modèle de
Sosthènes (i63)
désintéressement;
rompre
et refusant les
les jug-es,
ner.
Il
embarrasse sur
était,
le
nom
qu'il faut lui
sans partage, l'homme
plus ridicule de France,
de
refusant
arbitres et fuyant devant
il
le
don-
plus sot et
le
aspire à en être le plus
beaucoup d'ambition, mais il y arrivera. Vous ne sauriez croire, pour obtenir ce double monopole, tout ce qu'a fait ce g-entilhomme. Renvoyez-nous, monsieur, devant les magistrats ordinaires, c'est notre unique vœu. Le sort de mes déloyal. C'est
amis se confie en toute
vous devez aimer aussi de la poésie
sécurité à vos lumières
la justice et ;
le
c'est la poésie
H.
LXV. Monsieur
— D'H.
;
bien faire, c'est
de
la raison.
DE LATOUCHE,
T. de Laiouche.
Rapporteur,
j'ai l'honneur de vous de M™^Fodor la prière d'examiner son engagement. Vous verrez que les
adresser
le
— avec
la lettre
—
congés ne sont pas accordés par chaque année,
mais
qu'il
en est seulement donné deux durant
cours de cinq ans, ce qui réduit à 69.000
fr.
le
des
appointements que vous aviez évalués à 93.000. Est-il utile de vous rappeler que, dans la demande de résiliation de l'engagement, aux conditions du
l'aubk rom\ntioue
l4o
payement jusqu'au jour de jamais
fait entrer la
ment pour rêt
congés et
les
Mon cher
poète,
de vos vers
la
rupture, nous n'avons
prétention d'un les
représentations?
de nouveau agi dans
j'ai
surtout dans
et
lecteurs (i64)- C'est ce mois-ci
l'intérêt
l'inté-
de nos
que nous aurons un
crois que vous serez plutôt jugé que
article, et je
Mme Fodor,
dédommage-
ce sont
deux causes d'équité
et d'har-
monie.
Revenez -nous à des sentiments libéraux, voyez
Que votre
Maillard (i65).
ramène aux jour
et
des arts et nous bénirons
intérêts
l'ange des beaux vers
après avoir
vous voyons
mobilité poétique vous
si,
fait
revenir
en vous éclairant chaque
tour de la cause, nous au point d'où vous êtes le
parti.
Mes respectueux hommages à M. le Rapporteur, mes affectueux souvenirs à l'auteur de Glorvina. H.
LXVI.
—
De
DE LATOUCflE.
M"^^ Fodor-Mainvieille.
Monsieur le comte. Les médecins veulent me chasser de Paris, àAix, disent-ils, que je trouverai ma guérison; avocat
me
affaire. »
dit
:
«
Restez, votre départ gâte
c'est
mon votre
Ainsi donc la durée de ce malheureux pro-
cès causera la durée de
mon
mal,
si
vous, monsieur
l'aube KOMANTIOfli
1^1
comte, ne mettez pas d'accord Cujas et Gallien. Repoussez le conflit, et la transaction, que dans votre équité vous conseillez aux deux parties, le
aura
lieu à l'instant et je
vous devrai guérison
et
repos. Ag-réez,
monsieur
le
comte,
les salutations
em-
pressées de votre servante.
MAIN VIELLE-FODOR 6 août.
LXVIL
—
Monsieur
UH. le
T. de Latouche.
comte Jules.
Je pense qu'il convient de vous informer que
vous trouverez au Conseil deux défenseurs de plus
du
droit
commun
conflits: ce sont
contre l'énorme absurdité des
M. Favardde Langlade (i66)et de
Courceilhes (167). Sachez confidentiellement que
premier
qualifie,
comme
le
nous, de délirant, l'arrêté
soutenu par M. de la Bouillerie et que
le
second a
ter-
miné par dire « Si le Rapporteur vous est le moins du monde favorable, il insistera sur l'article essentiel du contrat qui dégage M"® Fodor de la juridiction de la liste civile. Car elle a ainsi stipulé. » J'insiste sur l'opinion de M. de Courceilhes parce qu'il a reçu nos amis à la Chancellerie même, avec une politesse, une bonne grâce remarquables, :
l'aube RUMANÏIOUE
1^2
Garde des Sceaux pour les recevoir que son opinion doit avoir un peu des couleurs
qu'il quittait le et
de celle du ministre. Allons, déguichardisez- vous ce qu'il vaut res; soutenez,
comme vous
la voix la plus juste. Je
et
entretiens, si plus je vous lis et
(i
plus vous
me
les
ne sais
fatig^ue
;
pour
fournitu-
bien, la cause
le dites si si
plus je vous
mais plus je vous
charmez. H.
P.-S.
68), appréciez
un décret impérial sur
DE LATOUCHE.
— Le secret sur nos protecteurs. LXVIII.
— D'H.
T. deLatouche.
J'apprends avecchagrin que vous êtes malade, le talent
ne préserve donc pas de tout
bien que
baume
de
quand
le
?
Je voudrais
Journal d'Etienne (169) versât un peu Mon rapport est fait;
sur votre blessure.
passera-t-il ?
J'irai
vous voir incessamment pour vous parler
de recevoir Goubaud, jeudi au lieu de samedi. Il ne
moins que la nature des nouvelles lenallons subir pour faire changer ma que nous teurs colère en intérêt pour le malade et en vœux pour lui qui se brûle de lancer au public mon quo usque
fallait rien
tandem Larochefoucauld abatere paient ia nostra!
BE nOMANTIOUE
l'ai
1^3
Qu'il est odieux d'être éternellement
Caïphe à Guichard
et
de
renvoyé de
Pilate à Albert
I
Tout à vous. H.
LXIX,
— un.
DE LATOUCHE.
T. de Latouche,
Emile a trop de probité dans l'esprit, trop de bienveillance dans l'âme, pour ne pas vous avoir dit
que je ne croyais pas un mot des singuliers faits. Les secrets du Conseil
rapports qu'on voua a
pourraient être, à la
nature
même
la
vérité, bien
compromis par
de cette mystérieuse justice. Les
conseillers ont des
fils,
des neveux, quelquefois des
comme au conclave, tout se sait. Nos bourreaux même comptent jusqu'à des auteurs maîtresses; voilà,
d'opéras comiques
!
vaient donner à M"^'
Vingt officieux à
Fodor
et
la fois
pou-
aux journaux des
renseignements contradictoires. Mais de prêter reille
à des bruits, d'en sourire avec
a-t-il
pas une distance énorme à
le
l'o-
un ami, n'y
croire?
j'aurais trop de regrets d'avoir rencontré
Non
;
un adver-
saire à notre cause, à la cause de Maillard,
de Cor-
menin, deGérando (170), là où j'espérais trouver un appui. Je nepouvais subjuger votre conscience de juge; mais laissez-moi être
fier
d'avoir conquis votre
bienveillance de poète. J'irai vous voir avant peu
l'aube romantique
ï44
pour vous répéter que nos relations commencent au lieu de finir et, le Constitutionnel à la main, faire profession de mes sentiments pour vous. H.
LXX. Quels
maux
—
DE LATOUCHE.
D'H. T. de Latouche.
n'apaisent pas les
doux sons de
la lyre (17d) ?
Ceux que nous souffrons à cause de nos amis, si chancelante de M'"*Fodor, son impatiente irritation contre les lenteurs qui la tuent ont le droit, vous le voyez, de me poursui-
monsieur, oui, la santé
vre au milieu des plus enivrantes lectures.
bonne idée du rendez-vous de la rue des Victoires? Que NotreDame vous soit en aide pour l'exécution d'un tel projet! Faut-il vous aller voir, vous prendre, ou me résigner à importuner seul M. Maillard ? Pardonnez-moi tant de sollicitations en faveur la liberté de votre de beaucoup de sollicitude captive est un bienfait que l'Italie vous devra l'IEst-ce que vous avez renoncé à la
:
:
talie,
Qui, parmi ces discordes, entendra soupirer qui nous ravit et qui nous fait pleurer (472).
La voix
H.
DE LATOUCHE.
l'aube ROMANTinUÉ
LXXI.
—
UH.
I
4^
T. de Latoiiche.
Jeudi
On
n'en apas jugé
comme
nous,
mon
cher ami
premier
article paraît suffisant, peut-être
mirable
:
« Il est
même
:
le
ad-
tard, ce serait revenir sur ce qui
démarche désobligeante pour l'auteur, a donnez-nous autre chose. » Il est vrai, lorsque Avenel (lyS) me parla de ce devoir à remplir, nous été fait,
ig^norions qu'un docteur l'eût déjà tourné en tice, style
lapidaire
— c'est-à- dire, de pierre. — Je
no-
ne
on dit que les ronces croissent sur les chemins qu'on ne fréquente plus; je pense qu'il en a poussé pour nous sur le sentier des journaux; ou mieux, comme la grande route est, las un chemin de ronces, il faut croire que nous avons usé nos bottes et, comme Werther, je ne puis plus m'emberlificoter les jambes. 11 ne me reste donc que le regret de n'avoir pu découvrir cette bonne intention si ce sentiment méritait sa récompense, j'aurais songé à retenir les vers que vous m'avez envoyés ils sont jolis et gracieux comme je suppose l'auteur mais ne suis-je pas payé? Je les sais par cœur. sais
;
!
;
;
;
Amitiés (174)H.
DE L\T0UCIIE. 10
1
l'aube romantique
i4G
LXXIL—
De M"e George
(175).
Monsieur,
M.Etienne m'informe delà part du baron deLanglade que mon procès a été gagné hier soir. Quoiqu'on ne puisse pas remercierun
homme juste
d'une
chose juste, je ne résiste pas au besoin de vous ex-
primer tout ce que j'éprouve. Jamais je n'oublierai que vous m'avez fait, vos procédés si rares
l'accueil et
vos aimables attentions.
me
pré-
senter chez vous, pour vous offrir de nouveau
mes
Avant deux jours
j'aurai l'honneur de
nouveaux hommages empressés
et
respectueux.
GEORGE. Samedi.
Rue
Corneille, n° 5.
LXXIII.
— De
V. J.
E. de Jouy
(176).
Je fais tous mes remercîments à monsieur le comte de Rességuier de ses beaux vers, je viens de les placer
moi-même
sur les rayons de
la bibliothè-
que du Louvre ils seront dans toutes les bibliothèques du Roi, honneur qu'ils méritent par le charme ;
i47
l'aube romantique
et la noblesse
du
nie
des sentiments et
grâce et l'harnio-
langag'e.
Je prie monsieur
mon
comte de Resség^uier d'a-
le
ma
gréer l'assurance de
de
ia
parfaite considération et
sincère dévouement.
JOUY. Ce 25.
LXXIV.
—
De Charles Nodier
(i
']']).
Monsieur, Il
que
est impossible
celui
lance.
Il
de recevoir un plus
dont je suis est
joli
cadeau
redevable à votre bienveil-
impossible d'en jouir plus vivement
que moi. Je quitte un moment votre charmant volume pour vous remercier, je vous quitte pour le relire.
Agréez, monsieur, avec l'expression de connaissance, l'assurance de
mon
ma
admiration
et
re-
de
mon dévouement. J'ai
l'honneur d'être votre très humble et très
affectionné serviteur.
CHARLES NODIER.
LXXV.— D'Eugène Sue Comment vous admirable ouvrage
(178).
remercier, monsieur,
— poésie
pour prose
de votre
— votre
i4y
l'aube komantioue
élég-ance
— en même
pour
vérité,
que ce
le grossier langage de mes matelots monsieur, ce n'est pas juste, je dirais
n'est pas généreux, parce
que je ne
pourrai jamais m'acquitter envers vous.
Votre précieux
livre,
monsieur, est placé sur un
rayon bien fréquemment visité, entre deux poètes que vous avez si bien chantés, M"^ Delphine Gay et Lamartine. Aussi, combien je suis fier, monsieur, de vous devoir cette augmentation de mon trésor littéraire
!
Je suis aussi tout heureux de votre suffrage,
monsieur, mais je vous en supplie, ne dez pas avec
mon
livre,
comme on
me
confon-
a toujours la
cruelle habitude de le faire; je ne saurais d'ailleurs choisir
un meilleur avocat que l'auteur des ravis-
sants vers sur la femme, pour foi
me
défendre de toute
aux paradoxes émis par mes personnages sur
elle.
Encore mille remerciements, monsieur,
et mille
amitiés respectueuses.
EUGÈNE SUE.
LXXVI.
— D'Emile Deschamps.
Jeudi matin.
Cher Jules, Lamartine vient nous voir samedi s'il vous voyait, cela ferait bien mieux pour
soir et, lui et
pour nous.
l'aube romantique
i49
Est-ce que vous ne pourriez pas ce soir-là, venir
passer deux heures à Paris? Lamartine repart lundi pour
de venir
la
Bourg-ogne
Tableaux{\'jO)), et faites tout
je
;
un g-rand
faire
il
pour
vous
prie,
plaisir;
en grâce, adore vos
il
faut qu'il aime le poète. lui et
Voyez
un peu pour nous. EMILE [deschamps].
LXXVII.
—
D'Emile Deschamps.
si j'ai eu un chag-rin dans ma vie, j'en deux à présent. J'étais allé ce matin chezAlfred qui était au bain, je voulais le consulter une dernière fois nous nous sommes croisés; pendant ce temps votre homme est venu. Voilà ce qui expli(|ue tout ce grand retard
Cher ami,
ai
;
dans
ma
réponse; puis Alfred, à qui j'avais laissé
un mot, me répond je suis
A
au désespoir
ceci;
il
a raison au fond, mais
qu'il ait raison.
tous les autres motifs de férocité s'en joint
un autre ici. Quand on
une tragédie de soi, faite dans la l'a composée et écrite plus ou moins bien, on la juge plus ou moins bien aussi ; mais enfin, l'auteur vient et doit consulter les lit
manière française, on
salons et les
œuvre.
hommes
d'esprit et de goût sur son
l'aube romantique
i5o
une question d'amour-propre, d'un côté; ce n'est donc rien et c'est en même temps une consulC'est
tation toujours utile.
Mais nous abordons brutalement un système si éloigné du nôtre, nous qui mêlons le
dramatique
comique au tragique, et le poétique à la plus simple réalité, nous qui ne pouvons rien que par Shakespeare; vous concevez qu'il ne s'agit pas du plus ou moins de talent que vous avez déployé, mais qu'il s'agit du système en lui-même. Malheureusement, les gens du monde qui ont le plus d'esprit et de connaissances arrivent armés contre le système
et
bien persuadés, quelque indulg-ence qu'ils
aient d'ailleurs pour
le
poète, que l'ouvrage est
inadmissible au théâtre français; faute d'études suffisantes et précisément à cause de leur
goût parfait
et
de leurs justes admirations de nos chefs-d'œuvre,
ils
sont persuadés au fond du cœur que Shakespeare
est
un barbare, souvent un cochon
et
qu'on ne peut
y prendre que quelques perles dans un fumier, tandis que ce sont des fleurs dans un magnifique jardin qu'on y trouve. Cette disposition préventive frappe de mort, non
pas
le talent
du traducteur, mais
le
destin
même
de l'ouvrage qui arrive aux comédiens chargés de mille doutes.
La manière dont on a accueilli dans le monde Cromwell (i8o), de Victor Hugo, a été pour nous un
L AUBE ROMANïiyUE
flambeau
main du
terrible.
lOI
Notre ouvrage est un cousin gerabsolument que la manifesta-
sien et n'est
où l'on a tant critiqué l'idée du mélange du comique mêlé au tragique sur la scène. Nous avons craint avec raison le même sort; nous
tion de sa préface
affrontons deux mille personnes, parce qu'il faut
bien faire
la
grande épreuve; mais nous avons trop
peur des dites personnes, à moins que ce fût tous l'art comme chez Alfred, comme chez
des gens de
moi,
—
serait
—
la foule ou quelques poètes ensuite ce absolument chez vous, comme chez nous, la
même condition, c'est pourquoi beaucoup d'Alfred ce qu'il m'écrit me pasensé et la sagesse ne m'a jamais autant fait de
même
sensation, la
j'espérais raît
;
mal.
EMILE [deschamps].
LXXVIII.
— De Victor Hugo.
Cher Jules, vous avez
fait
un
livre
charmant,
vous auriez été bien embarrassé d'en faire un autre. C'est
un bonheur pour moi d'avoir trouvé un si poème dans votre livre et un si excellent
ravissant
ami dans votre
lettre.
Je vous remercie et je vous aime.
VICTOR [hugo].
i5a
l'aubb romantique
— D^ Alexandre Soumet.
LXXIX.
Mon çaise,
manuscrit est demeuré à
cher ami, et moi,
dames, je suis privé
la
Comédie Fran-
l'humble captif de ces
j'en suis
presque charmé parce que
n'est pas
un
ma
comédie
spectacle de demoiselles et que d'ail-
leurs elle est entièrement consacrée à et à
au Marais;
d'aller aujourd'lmi
Nina; dites-leur bien de que mon Alice est
et ajoutez
ront oblig-ées de faire cause
ma si
M™^ Dudon
part, cher Jules, jolie
qu'elles se-
commune
avec
elle.
SOUMET. Dimanche.
LXXX.
—
D'Alexandre Soumet.
Je reçois, cher ami, une lettre de M. de Montbel (i8i) qui m'apprend que la pension de M. Barbé est maintenue à deux mille francs et pour tempérer un peu la joie de cette nouvelle, il m'annonce pour moi, la même faveur. Je suis dans un très grand embarras, car il m'est, en vérité, impossible de consentir à user de son crédit dans une
si
faible occasion.
Mille amitiés et dites-moi ce que vous faites.
SOUMET.
l'aubb romantique
LXXXI
.
i53
— D'Alexandre Soumet.
Nous parlons quelquefois de destinée humaine,
mon
beau tableau de l'exception du... l'abîme de réflexion. Si quelque chose pouvait me ramener dans le monde cher Jules,
me
et le
plonge dans
des idées prosaïques et vulgaires, ce serait récit le
de M""' de GenHs. Pline avait élevé à
monument,
plus beau
de l'homme puisse
que
lui élever, et cette
voré son grand-prêtre la terre le terrible
peut-être,
;
elle a
nature
la faiblesse
nature a dé-
préparé au centre de
incendie où Pline devait périr.
Robespierre est resté étendu mourant, vingt-quatre heures, sur il
le froid
la
la table
pendant de proscription où et
avait signé tant d'arrêts. Si Pline aussi a été
cette terre
dont
il
couché avant d'expirer sur
avait
divinisé
les
merveilles,
qu'est-il arrivé ?
La mort de Pline
est
devenue
si
grande
a pour ainsi dire servi d'ère au volcan
qu'elle
que le un souvenir à donner à la disparition de Pompéia et d'Herculanum, n'a cessé de s'entretenir du cap de Pline. Adieu, Jules.
monde, qui
et
n'avait pas
s[oumet].
10.
l'aube romantique
l54
— UAhel
LXXXIL
monsieur, vous
J'ai voulu,
remercier, je
vers par
mon
Il
;
lire,
avant de vous
maintenant beaucoup de vos
sais
cœur
avis.
Villemain (182).
voilà le
me semble
moment de vous en
qu'ils sont pleins
d'harmonie. Ces pièces
de sentiment
et
et si variées
forment
comme
même
si
courtes
autant de nuances
musicales qui retentissent dans l'âme. est la poésie
dire
de grâce,
et la vôtre est
en
La mélodie
même temps
toute pénétrée d'émotion.
Le temps
actuel, monsieur, est
un peu âpre, mais
tous les amis des lettres et des vers aimeront à
vous
lire.
Milton dit quelque part que
la voix
douce
des Muses délasse du bruit rauque des disputes politiques.
Agréez, monsieur, avec tous mes remerciements, l'assurance de
ma
considération distinguée. A. VILLEMAIN.
LXXXIIÏ.
—
D'Abel Villemain.
Monsieur, j'ai bien peu de journaux sont bien absorbés par la mais je dois tout essayer pour vous,
Je suis bien solitaire (i83), crédit
et
polémique
les ;
L AUBE ROMANTIQUE
[55
ne fût-ce que par reconnaissance pour le charme de vos vers. C'est une espèce d'enchantement que cette poésie à la fois toute vraie et toute idéale. Je
trompe, vous n'avez rien exag'éré mais vos expressions ont une grâce si neuve qu'on a peine
me
;
à croire qu'elles ne sont qu'une copie de la vérité ; cela pourra-t-il se placer an milieu de tant de controverses? Je
éprouvât
le
voudrais pour que tout
le plaisir
Veuillez
le
monde
que m'ont monsieur, l'assurance de
fait ces vers inspirés.
agréer,
considération la plus distinguée
votre très
;
ma
hum-
ble et très dévoué serviteur. A.
LXXXIV.
VILLEMAIN.
— De M™" Amelott^\%k)-
Mercredi.
Mille remerciements, monsieur le comte,
pour charmant volume que vous avez eu la bonté de m'envoyer (i85) et pour tout le plaisir que j'ai
le
trouvé à relis.
le lire.
Tout y
est
Je ne puis si
le
g'racieux,
quitter si
;
je le
lis et
poétique que
les
plume y prennent un aspect nouveau des plus délicieux. Votre Ondine objets qui passent sous votre
s'est tellement embellie
que
mon
premier essai
me
semble maintenant ne plus rendre du tout cette charmante idée et j'ai cherché à me rapprocher un
l'acbe romantique
i56
peu de
la
çrâce de votre peinture en commençant
un nouveau tableau
(i86) ce matin, que je sou-
mettrai à vos avis, lorsque j'aurai l'honneur de
une tentative téméraire que d'essayer de rendre vos idées, mais, sans approcher du modèle, je ne puis que gagner à chercher à vous
voir. C'est
l'imiter.
Veuillez
madame les lui
la
offrir
mes respectueux hommages à
comtesse
;
j'espère avoir l'honneur de
présenter moi-même. Veuillez aussi vous
souvenir quelquefois de VIRGINIE ANGELOT.
LXXXV. Paris, le 6
— Dem'^ Elisa Mer cœur (187). novembre 1828.
Monsieur, J'allais, quoique
bien inconnue, vous adresser mon
pauvre volume (188), en témoignage de l'admiration due à votre talent; je ne croyais pas, monsieur, qu'un sentiment de reconnaissance
allait se
joindre
au motif de ce trop faible hommage; vous avez daigné vous occuper de moi votre signature sur la pétition que m'a remise M. Soumet en est la preuve. Puisse mon léger envoi être, pour le brillant ;
auteur des Tableaux Poétiques, qu'inspire son beau talent
;
celle
de l'estime
que sa main armée du
komantioue
l'al'be
i57
pinceau qu'elle trempe dans des couleurs
si
vives
ne dédaigne pas celle qui, jusqu'à présent, n'a pu qu'en tremblant saisir un modeste crayon, qui,
dans ses doigts inhabiles, n'a encore tracé que quelques lignes imparfaites, tandis que la poésie a trouvé son Raphaël dans celui dont j'ose la très
humble
me
dire,
et très obligée servante.
ÉLISA
LXXXVL —De N.
MERCŒUR
(189).
A, de Saluandy.
Chantemerle,14 janvier 1829.
Je ne veux pas attendre,
mon
cher collègue, les
du j eudi ( 1 90) pour vous dire les vraies jouissances quej 'ai trouvées dans la nouvelle lecture de vos Tableaux Poétiques, ie. les ai lus de
rencontres
la
façon
la
officielles
,
plus propice à les bien faire apprécier;
un auditoire de femmes; il n'en estpasde plus digne de vous, c'est ramener vos inspirations à leurs sources nous avons été tous également heureux de faire ou de renouveler connaissance tout haut et devant
;
avec votre talent grâce, en
si
plein de naturel, d'esprit,
un mot, de charme.
je plains, des heures passées
cussions stériles. les
hommes
Gomment
d'affaires
C'est bien vous
de que
dans l'ennui des dis-
faites-vous pour écouter
quand on a un
si
doux com-
l'aube romantique
i58
merce avec
les
jusqu'à elles et Je suis
Muses
bien
qu'on
et
les faire
sait si bien
monter
descendre jusqu'à vous?
heureux d'avoir reçu de vous
droit de vous parler de
mon
le
admiration bien sin-
cère et de joindre des sentiments de reconnaissance
à ceux de
la
plus haute considération. N. A.
— D'H.
LXXXVII.
Mon cher comte,
DE SALVANDY.
T. de Latouche.
recevez ceci avec bienveillance,
jugez-le sans sévérité et croyez que c'estbien moins
un ouvrage (191) que fin et si
sûr qu'un
talent et surtout
je
soumets à votre goût
hommage que
si
je rends à votre
un souvenir que
je sollicite de
votre amitié.
H
.
DE LATOUCHE.
Jeudi, 14 mai 1829.
LXXXVIII.
— D'Alfred de
Vigny.
Mille fois, aimable ami, vous avez parlé d'avance
de ce que ailes
j'allais
en vous,
vous porter; mais tout a des
l'amitié, la poésie, l'esprit
:
je croyais
que l'amour seul allait aussi vite. On ne peut vous devancer ni vous atteindre en rien; pardonnez-moi d'avoir été en ceci pareil à tout le monde; mais en
L AUBE ROMANTIQUE
un attachement durable
lÔQ
pour lequel il ne faut qu'être à jamais dévoué, je vous défie de me surpasser. Je vous le prouverai toujours. Je vous vole ce voleur, car c'est double plaisir de tromper un trompeur. Vous m'avez procuré cette satisfacet inviolable
tion. J'irai
vous
embrasser pour cela sur
deux
les
joues.
Votre
ALFRED DE VIGNY. 20 mai 1829.
LXXXIX. Du
bronze pour
Non
—
Si celui Il
vous
— ly Emile
les traits
le plâtre, j'essaie;
que
voilà,
Deschamps.
d'un être aussi fragile! est plus ressemblant,
il
cher Jule, était parlant, ou de Virgile,
dirait des vers de Jule
vous dirait aussi que ce vieillard agile, Ce pâle et funèbre vainqueur Dont la faux, chez les hommes rode, Ce temps qui ronge tout, durcit l'or, l'émeraude, La perle... et Tamitié, cette perle du cœur.
Il
EMILE [DESGIIAMPs]. Vendredi
soir.
Je vais porter votre Globe à Alfred qui vous en remerciera. Si
j'ai
une heure
libre,
s'il
ne
me retient
pas pour quelques préparatifs LV0ihe!h{iLj2),
j'irai
l'aube romantique
i6o
bouts rimés avec Albert; mais des ressemdifficile. J'ai vu Sou-
faire des
blances, avec vous, c'est trop
met,
il
de partager votre petite loge n° 4j
est ravi
côté droit
du
cintre.
XC— D'Alfred de
Vigny.
Vous me ferez grand plaisir, cher Jules, si vous pouvez savoir de votre ami, qui m'a très gracieusement reçu ,ce que sont devenus ses bonnes intentions et mes manuscrits que l'on conserve par trop précieusement au ministère; souvenez-vous de cette
ma
bagatelle et de
vive amitié.
ALFRED DE VIGNY. 23 juin 1830.
— D'Emile Deschamps.
XCI.
Paris, 26 juin 1830.
Je suis presque aussi heureux, cher Jules, de
vous savoir tous arrivés bien portants tés à
Toulouse, que
sortir de Paris. et je n'ai
pas
trois lignes
tune de
Paul
le
j'étais
et
et bien por-
chagrin de vous voir
Albert vont vous rejoindre
courage de ne pas leur donner
pour vous. Les facteurs feront
la lettre.
la for-
l'aube uomantioue
Ma
i6i
plus douce occupation d'esprit est de songer
dame
à celle de cette
si
élégante et
si
poétique dont
vous m'avez parlé en vers, le jour Lamartine. Si vous étiez bien bon, bien aimable, bien Jules, vous m'enverriez cette élégie que j'adore.
En
retour, je
vous enverrais peut-être Soumet, qui souffre toujours de temps en temps, mais qui est incertain
comme
notre été. Je
le
vois beaucoup; mais
vous voit guère dans ce moment vous Il
il
ne
pense que
et je
manquez bien plus qu'il ne le laisse voir. de même d'Anna qui vous appelle et qui
lui
en est
n'a plus d'appartement, sans doute parce que vous
ne venez plus J'attends
Vous me
la voir.
des nouvelles des élections du Midi.
dites
que vous ne reviendrez pas député
et j'attends toujours.
Je ne mets pas à
la loterie et
numéros avec anxiété. Enfln, vous ne pouvez pas m'empêcher d'espérer? Si vous me répondez un mot, ce que je désire vivement, donnez-moi deux pages de détails sur la santé de M™^ de Rességuier, sur les bouts rimes et les tragédies d'Albert, sur la joie de votre Nina et
je
regarde
les
de votre belle-sœur
et
sur
la
poésie que les Pyré-
nées vont vous inspirer ou que vous allez inspirer
aux Pyrénées. Moi, je à
mon
2
Cm'is
Macbel II
(iqS), j'en suis
ce matin
384® vers; c'est monstrueux de toute façon.
Des vers
et
de
la prose,
cher
Jules,
je vous en
l'aube ROMANÏIOUE
102
prie, j'en ai g^rand besoin.
Moi qui
vigoureux, vous vous rappelez, six semaines,
étais si fort, si
eli
bien
depuis
!
depuis je ne sais quelle petite mala-
die, je
ne respire pas bien,
ma
j'allais
n'avoir maintenant
qu'une santé doulou-
santé se §"âte;
reuse et rien de plus, je serais une fière dupe
Mais ne restez pas cinq mois là-bas
ils
;
si
!
seraient
beaucoup plus longs qu'ici. Revenez-nous bien plutôt; demain, si vous pouvez et pas trop tard, nous nous couchons de bonne heure. Adieu, cher Jules, Agiaé vous embrasse, vous, Nina et vos trois anges, bien tendrement. J'en fais autant et si je pouvais, j'irais le faire où vous êtes. Adieu, des vers, des vers, songez que j'ai fini Lamartine. Votre ami à toujours. EMILE [dESGIIAMPS].
XCII.
— D'Emile Deschamps.
Paris, samedi 31 juillet.
Vous
savez,
mon
cher Jules (i94)> tout ce qui se
passe. Après trois jours de combats, fuite et le
dans
la
en
aux Tuileries
et
reçu votre charmante réponse à
ma
drapeau tricolore
est
moitié de la France.
Quand pauvre
Roi
est
le
j'ai
lettre, j'étais
bien loin de penser à ce qui
l'aube romantique
était si
lt)3
près de nous; mais, dans tout ceci, je ne
cesse de penser
Arnouville, car
à la
vous. Aglaé et
Anna
garde royale a chassé
ple dans notre quartier
sont à le
peu-
comme dans tout Paris. mon uniforme de
Certes, je ne croyais pas que
garde national (igS) se trouvât jamais à pareille fêle.
Maintenant que Dieu s'en mêle. Mais j'avais
besoin de vous dire que nous ne
sommes pas
loin
de vous supplier de ne pas vous faire tuer dans votre Midi.
Quand
les
troupes royales et
ont mis bas les armes, l'ignorance
il
la
Maison du Roi dans
serait affreux que,
de ce qui se passe, de plus affreux
malheurs arrivassent à nos amis. Il
faut rendre justice au peuple,
jusqu'à
il
a été brave
l'héroïsme, et généreux jusqu'à
la
poli-
tesse. Ce n'est plus du tout l'ancien peuple mais combien j'attends de vos nouvelles avec impatience J'ai passé quatre fois rue du Helder il n'y apersonne dans l'hôtel; mais je sais qu'on se porte bien et de combien d'anxiété générale et personnelle on est ému. Voilà tout jusqu'à présent ; on tarde bien de vous ouvrir les bras et de se jeter dans les vôtres. Dites tout ce qu'il y a de plus tendre et de plus joli à madame Nina et embrassez Paul, Albert et Charles, beaucoup. ;
!
;
EMILE [dESGHAMPS].
LAUBE KOMANTiyUE
IÔ4
Le duc d'Orléans du royaume.
—
XCIII.
est
nommé
lieutenant-général
D'Emile Deschamps.
C'est moi, cher Jules,
qui vous remercie mille
de votre réponse, vous avez été une de mes deux premières pensées au milieu de tout cela. J'avais un pied sur les Pyrénées et un autre sur
fois
les
Alpes
cœurécartelé; cela tenait du colosse.
et le
Mes inquiétudes et mes peines sales
comme
étaient en
efl'et
colos-
événements etles courages. Je suis
les
frappé dans tous mes amis; quanta moi, je n'étais rien avant, je ne serai rien après; je n'ai pas été
un héros pendant
et,
pour être votre poète, j'aime
encore mieux rester un de vos dix mille lecteurs,
même quand
vous ne
faites
pas quatre vers alexan-
drins que je relis trente-sept fois de suite pour en faire cent quarante-huit.
C'est encore,
héros fort
et
un coup, le peuple qui
généreux, lion terrible
a été et
le
héros,
doux;
les
renards vont profiter maintenant de tout ce qu'il a semé; c'est une affaire d'intrigue et d'ambition; on va faire la course aux places; les autres ont fait la course aux balles. Qu'importe La chose !
était
nécessaire
et
la
grande
majorité
de
la
France, non employée, sera gouvernée selon sa volonté,
voilà
le
principal; je regarde tout ceci
l'aube KOilANTlOUE
comme une
mon
révolution faite par et au profit des
et tout
idées
l65
sera dit pour longtemps.
Voilà
opinion sur l'ensemble de l'événement.
Maintenant,
si
nous entrons dans
le
détail
des
faits, je
n'y vois que ruines et perturbations pour
les trois
quarts des g-ens que j'aime et surtout que
j'aime
le plus.
Cependant, j'espère qu'après cette
première bousculade on choisira beaucoup des mêmes hommes, parce qu'en effet il y a beaucoup
d'hommes de choix dans l'ancienne administration. Le Conseil d'Etat paraît devoir être soumis à une révolution aussi. Vous avez vu que M. Benjamin Constant est nommé président du comité du contentieux, lequel a chang-é de dit-on, et
nom; mais
il
s'agit,
d'un grand remue-ménage dans ce comité
dans
chose du
la
Cour des
monde
conflits.
Quoique ce
qui m'intéresse
rien savoir de positif;
comme
le
soit la
pu une sorte
plus, je n'ai
je crois à
de tranquillité après les premiers moments d'effervescence, je vous voudrais mille fois à Paris, afin de vous voir prendre part au nouvel état de choses de vous voir tout simplement.
et puis aussi afin
Est-ce que vous ne nous reviendrez pas avec gle, l'ours et la gazelle?
Soumet
Que vous
l'ai-
êtes gentil avec
que je voudrais être auprès beaucoup d'argent, je ferais beaucoup de chemin. Dites à Soumet que nous avons vu ce matin Gabrielle qui est courageuse
notre cher
de vous deux
!
et
Si j'avais
l66
l'aube ROMANTIl^UE
comme Peau d'Ane et spirituelle et douce comme une demoiselle et supérieure, comme elle-même. Tout le monde se porte bien chez lui. Aglaé vous embrasse ainsi que Nina. Elle a eu bien peur, surtout quand je n'étais pas là mais elle avait bien plus peur d'être oubliée auprès de vous votre charmante lettre nous rassure tout à fait. Anna est à Arnouville depuis dix jours vous avez maintenant une grande lettre d'elle qui nous prouvera si vous êtes un ingrat. Votre souvenir, daté ;
;
;
du 28, l'a ravie et votre petite fleur a été cueillie quand on ne trouvait chez les bouquetières que des cartouches. Dieu nous sauve des Mandrins à présent
!
Quant
à moi, j'ai fait des vers tous les jours. Les
barricades et les coups de feu ne vous auront préservé de rien. est fini;
mais
Mon Macbeth il
en quatre mille vers
est loin d'être ce
que je voudrais.
Adieu, cher ami, aimez-moi beaucoup encore
;
rien ne peut
me
me
faire plus
et
puis
de bonheur que
y a quelque chose que je préfère beaucoup, venez le savoir. Vous ne me dites rien de Paul, d'Albert et de Charles, de madame Amélie, enfin de tout ce qui m'occupe ici; parlez aussi un peu de moi à ceux qui le permetvos lettres
;
je
trompe,
il
tront et permettez-moi de parler toujours de vous à tout le
monde. EMILE [dESCIIAMPS]*
l'aube romantique J'ai il
167
reçu une lettre deGuiraud et
était fort
De
Ah
question de vous
;
répondu;
lui ai
aimable.
elle était fort
tout ceci la morale.
c'est qu'un gouvernement Qui n'a pas décidément !
L'effusion générale,
S'en retourne par degrés Au pays des émigrés.
Certes, je ne croyais pas
ans
et j'ai
si
bien dire,
une peur affreuse quand
il
y a trois
je pense à cette
chanson qui a été vite mise en action. Mais aussi, ce n'est qu'une révolution politique et non une révolution sociale
P. S.
!
Voilà ce qui la rend innocente.
— Une chose me désolerait tout à
fait
:
c'est
vous abandonniez Paris. N'est-ce pas que cela n'est pas? Dites-le-moi bien. si
Paris, 17 août 1830.
XCIV.
— D' Alexandre Soumet.
Cauterets, août 1830. Samedi.
Que devenez-vous, cher à vos rendez-vous
prorog^ation
Jules
comme un
royale ?
?
Etes-vous infidèle
électeur des 221 à la
Je suis venu vous attendre
dans ces vilaines montag^nes, qui pèsent sur moi comme un cauchemar, et je n'ai dans la têle que le bruit éternel
du Gave, beaucoup moins doux que
vos beaux vers.
l'aube romantique
i68
N'arrivez-vous pas,cherami,et repartirai-je sans
vous voir, moi qui vous lieues plus aisément
fais
une
que dans
la
visite à
deux cents
rue du Helder? Si
événements vous appellent à Paris, soyez assez bon pour me l'écrire, car votre détermination déci-
les
derait aussi la mienne.
Les eaux lui faisant
me
font peu de bien; dites à Nina, en
part de
mes respectueuses tendresses, que
les sien nés étaient bien meilleures, bien plus douces.
Adieu, bien cher ami, je vous aime
et
vous attends.
A. S [oUMEt].
Embrassez pour moi vos enfants, mille hommag-es
à M. et à
M"® de Rességuier.
XCV.
— D'Emile Deschamps.
Paris, 23 août 1830.
Vous avez
vu,
mon
cher Jules, la composition
nouvelle du Conseil d'Etat, vous avez vu, par conséquent, ces choix épouvantables et vous savez ce
que je regrette et qui je regrette du fond du cœur. Personne n'est plus frappé que moi dans ses affections,
de tous côtés.
J'ai été
fort content de ce
qu'on a renversé d'abord, je crois à un bel
et
grand
avenir pour la France, mais les places, l'adminis-
l'aube romantique
i6g
de toutcela me semblent monsbonnes exceptions près. C'est là trueux à quelques ma profession de foi et le premier jour comme à tration, le personnel
présent.
Vous
au moins,
verrai-je bientôt
et
pour-
rons-nous parler à cœur ouvert de tout ce qu'on ne peut écrire
pense à bien des choses et à bien
? Je
des personnes;
pense à vous surtout
allez, je
et
à
Donnez-moi de vos nouvous êtes encore aux eaux. Je
tout ce qui vous touche. velles, je
sais
ne sais
si
que Soumet revient.
affaires et à ses intérêts.
11
faudra
Pourvu
pense à ses
qu'il
qu'il
ne vende pas
A propos d'ours, j avait des gens à moyens extraordinaires, qui parlaient de lâcher les bêtes delà ménagerie Martin, parce que des troupes étaient campées sur le boulevard ; je leur ai dit que l'idée était excellente mais qu'avant tout il fallait s'assurer de l'opinion de ces animaux et que le tigre royal la
peau de
le
28
l'ours, faute d'ours
juillet,
!
il
;
surtout fait
me
paraissait fort suspect.
Ma
harangue a
renoncer au projet de défense ou d'attaque.
J'ai
rencontré avant-hier M.
de
Fleurieu qui
arrive de la Martinique et qui ne savait rien, mais il me charge de ne paraîtra pas parmi
ne paraît pas étonne de tout cela mille amitiés les
pour vous,
cela
;
miennes.
Voulez-vous dire à M""* Nina tout ce que vous savez dire de tendre, c'est Agiaé et Emile qui le penseront.
Anna
se porte à ravir, elle
est assez
L AUBK ROMANTIQUE
lyO
grasse maintenant
mais
;
elle
supporte très bien
son embonpoint. EMILE [deschamps].
Adieu, cher ami, je vous aime beaucoup qu'hier et
plus
un peu moins que demain. Ecrivez-moi.
XCVI.
—
D'Alexandre Soumet.
Tours, ce 4 septembre 1830.
J'arrive à
Tours avec
ville
;
rues de cette au bruit des hurlements ce peuple, il jette les pendules
est.
dans
les
je trace ces zig-zags
du peuple-roi dans
cher Jules, et la
la fièvre,
fièvre populaire bouillonne
la
On
rue
et
et
n'en saura pas mieux l'heure qu'il
m'assure que
passager
;
le
mouvement ne
sera que
mais j'aurais été rempli de terreur
n'avais pas appris à
Bordeaux que
ce
qui
intéresse à quitté Tours. Je viens de faire le Dante une voiture publique dans un des
freux voyage. Pourquoi
fer ?
Quel séjour
!
n'a-t-il
si
je
vous
un
af-
pas mis
cercles de l'En-
Lorsqu'on quitte
la
douce so-
ciété de Nina! Je vous écrirai sitôt mon arrivée à Paris, si j'y arrive jamais. Les routes sont toutes parsemées, toutes tachées de voyageurs. Le char
en pataches je me posséder une, car depuis heureux d'en trouverais
de
la Pv.évolution s'est converti
;
L AUDK UOMANTIQUE
lyi
Poitiers je voyage à pas de tortue, et encore vais,
comme
ma maison
la tortue,
moi, mais je suis seul
et
ou
si j'a-
la vôtre
avec
toujours mes heures se par-
tagent entre Gabrielle et votre vénérable famille.
Adieu, bien cher Jules, je vous aime plus que je ne puis
le dire,
adieu.
s[oumet]. J'ai écrit
à M"'* de Rességuier, votre belle-sœur.
J'apprends que quarante-un voyageurs sont inscrits
pour Paris
;
je pars
Vendôme, dans une
XC VIL
—
dans deux heures pour
voiture que je viens de louer.
D'Emile Deschamps,
Paris, 2 septembre 1830.
Je ne vous dis pas, je ne vous écris pas partout,
mon cher
combien j'ai de tristesse et de chace que vous ave2, je plains les mêmes infortunes, et je ne vois plus de fautes là où je Jules,
grin. J'ai
reconnais tant de malheur. Cependant, je conserve
un immense
espoir
:
la législation
va changer et
changer bien vite, précisément à cause de cela. Partagez cette espérance
et
reconnaissons qu'il y
aura eu, au moins, humanité et modération après la victoire; car je craindrais
qui ont
condamné
à
mort
fort ceux-là le
mêmes
maréchal Ney. Je
vous tiendrai au courant des moindres choses qui
L
ly»
sont
si
grandes
AUBE ROMANTIQUE
et si
importantes, et vous, tenez-
moi aussi au courant de vous tous. Que faites-vous, que ferez-vous, où pourrai-je vous serrer la main, où faut-il étendre mon bras ? J'ai quitté avant-hier Anna dans son Arnouville, elle attendait une lettre de vous, je suis sûr qu'elle ne l'attend plus, parce que vous savez tout
le
bien
que vous lui ferez. Alexandre est je crois en route pour revenir
;
tant mieux, sa présence est nécessaire à ses inté-
Mon
rêts.
sé
;
je ne
Dieu,
comme
tout ce que j'aime est frois-
m'en consolerais pas quand
être fait Auditeur au Conseil
Secrétaire général qui vient
d'Etat d'être
!!!
devrais
je Il
y a un
nommé
et
qui
s'appelle Emile Deschamps.
Je vous préviens que ce n'est pas moi il y a un Emile Deschamps qui vous aimera toujours et vous applaudira comme il vous aime, cette fois, c'est ;
bien moi. Parlez de moi frère
un peu autour de vous
que Toulouse a perdu
comme
et
à votre
son premier
magistrat et à votre belle-sœur qui ne perd rien à tout cela puisque vous restez près ]yjme
d'elle.
Nina que nous ne faisons que penser à
Dites à elle et
fait-il encore de grands beaux vers ? Envoyez-m'en ; mais surtout ditesmoi quelque chose. Victor, dans une très belle ode, au sujet de tout
à ses beaux enfants. Albert et
l'aube romantique
17-5
deux strophes sur Charles X qui font pleurer, vous les savez, elles commenceîit ceci, a fait
:
Oh
laissez-moi pleurer sur celte race morte
!
Que rapporte
l'exil et
et elles finissent
que
l'exil
remporte,
:
Qui ne posera pas
la
couronne d'épine
Quelamaindumalheurmetsur des cheveux blancs
Pardon du couplet d'une rappelé l'autre jour
vieille
(196)
I
chanson que je
vous savez bien qu'on
vous
ai
ne
chante plus qu'à vous. Je ne suis pas de ceux
le
;
qui font des caricatures sur des cadavres. L'Ecole
Romantique des paroles tandis que
s'est
distinguée
par son silence ou
comme Victor, dans
les
cette circonstance,
fournisseurs du Théâtre de
nous donnent tous
les
soirs
Madame
des ordures contre
elle et sa famille. Ils
sont classiques ou libéraux
libéral à
ma
!
Moi je
suis plus
manière.
Adieu, je pleure avec vous et je ne puis que vous voir glorifier avec moi; j'ai tous vos chagrins et
vous n'avez pas mes élans d'enthousiasme, et je nous étions à portée de la voix,
le conçois, et si
nous nous entendrions merveilleusement en parlant chacun notre langue. Adieu, mille tendresses de nous tous, à vous tous.
KMILE [dESGHAMPS]. 11.
l'aube rouantique
174
XCVIIL—
D'Alexandre Soumet.
Jeudi, septembre 1830.
C'est sans doute, cher Jules, parce qu'il est main-
tenant
si
loin de
vous que Paris
est
un séjour qui
me rend tous mes maux même auprès de Gabrielle, me voilà de nouveau plus malade que jamais les ;
;
eaux de Cauterets sont comme l'amour qui ne veut pas d'absence et leur bienfait ne
s'est
pas étendu
pour moi plus loin que la côte du Limaçon (197), tout juste quand j'ai cessé de vous voir. J'ai voulu avoir des nouvelles du voyag-ede Hollande; ne pouvant pas sortir moi-même, j'ai envoyé rue du Helder l'intelligente Thérèse on l'a prise d'abord non pour sa patronne, et ce n'est qu'après l'avoir bien reconnue que le domestique, qui a fait lui-même le ;
voyage, lui adonné J'ai
trouvé
comme
ici
les détails les plus satisfaisants.
tous nos amis hors d'eux-mêmes
de l'ancienne charte, on parle
ici
de
;
la féro-
X comme
on parlerait du succès des Tableaux Poétiques, du charme de Nina ou de
cité
la
de Charles
grâce, de la câlinerie de vos enfants; j'excepte
notre charmant Emile, car vous savez que
les
révo-
lutions ne vont pas jusqu'à son cœur.
Adieu, bien cher ami, revenez-nous aussi
que nous
le
vite
désirons, ou, plutôt, ne revenez pas.
l'aubk romantiouf,
I'^5
ne revenez plus, arrangiez l'affaire deCadours (198) malgré cet abominable propriétaire, et nous irons vous rejoindre. L'air de Paris me fait mal et Gabrielle a toujours peur de l'orage. Si Nina n'a pas peur de toute ma tendresse, dites-lui qu'elle est extrême pour elle et
pour vous tous. s[oumet].
Je passerai demain chez Berryer (199) et je voudrais que vous passiez à Auch chez M. Cologne; je viens de lui écrire
62,000 francs déchiré
que
je lui offrais
de Cadours
et 3, 000 francs d'épingles;
la lettre
pour vous
XCIX.
laisser maître
— De AP^' A.
mais
j'ai
de tout.
Tas tu.
Je ne suis pas républicaine (200) non plus,
mon-
ma qualité de femme me dispense par bonheur m'enrôler dans un parti. J'ai même la mauvaise
sieur,
de
habitude d'estimer
les
opinions selon les
hommes,
au lieu d'estimer les hommes selon les opinions. Mais je suis l'ennemie de toutes les ingratitudes, j'ai été frappée de l'oubli des partis pour un homme dont
ils
se sont tous servis et de la
ple, des ouvriers qui étaient
mémoire du peu-
venus de
loin, se join-
dre à leurs camarades des fabriques de Ghoiçy et
aux amis, peu nombreux, du défunt.
l'aubr romantique
176 J'ai dit à ce
qne je croyais en bien mauvais vers, mais je dirai comme le
ce que j'avais éprouvé,
brave Duguesclin à
mence
à n'avoir plus
puisque
les
poètes
commauvaise opinion de moi
princesse de Galles
la
si
me
:
ie
traitent bien.
Merci, monsieur, du plaisir que vous m'avez
en devinant tout
le
fait,
prix que j'attachais à une mar-
que d'approbation de votre part.
AMABLÉ TASTU. Paris, lundi.
C — De Un
yl/°"
Sophie Gay.
m'attendait au retour de cette douce passée dans votre famille, cher
deuil cruel
journée
si
Jules, plaig-nez-moi.
Je vous rappelle
que
mon imprimeur
Mille tendres
la
promesse de vos
jolis vers
attend.
amitiés
(201). J'oublie toujours
votre nouvelle adresse.
SOPHIE [gay]. Samedi.
CI. Il
fallait
— De M""" Sophie Gay.
tous
mes chagrins
et
notre deuil, cher
pour nous empêcher d'aller vous remercier de votre bon souvenir et d'offrir tous nos vœux à
Jules,
LAUBE ROMANTIOUB ]VJme (jg
I77
Resséçuier pour cette année;
du malheur
si elle
il y aura bien ne vaut pas mieux que l'autre.
Si vous n'avez rien à faire ce soir, venez entendre
une nouvelle que M. de Balzac (202) doit nous au coin du feu.
lire
Mille et mille tendresses. g[ay].
s.
Mercredi, 5 janvier [1831],
Cil.
—De
M"""
Sophie
G aij.
Puisque vous ne venez pas recevoir nos remerciements, nos admirations,
il
faut bien
écrire; mais non, cela prendrait trop de
nous aimons mieux
le
passer à vous
vous
les
temps
et
Si le
relire.
succès pouvait consoler des chagrins du cœur (208),
pour vos amis et nous vous connaissons assez bête pour ne trouver aucune ressource dans votre esprit con-
je ne vous plaindrais pas, mais vous souffrez
tre le
malheur.
Venez nous en parler, à nous qui vivons ment aussi et qui vous aimons beaucoup.
triste-
SOPHIE GAY. 12 janvier [1831].
cm. — D\A Iphonse C'est en vers
qu'il
de Lamartine.
faut répondre à de pareils
l'aubb romantiock
iy8
vers(2o4)
;
mais je suis dans une de ces douloureu-
ses circonstances de la vie où les vers
dans
le
mère
cœur même. Je
et je suis
pose une
viens de perdre
absorbé dans
telle
se taisent
ma
les tristes soins
belle-
qu'im-
circonstance. Je n'ai donc que la
force de vous remercier en prose et de vous dire
que
je n'ai
jamais reçu une
si
belle et si flatteuse
épître, trop flatteuse,car j'en rougirais; je sens trop
combien le poète que votre imagination a fait passer devant vous, pendant que l'on vous dictait vos vers admirables, est différent du poète que vous appelez Lamartine N'importe, je les accepte avec reconnaissance et enthousiasme aussi, on aime que son buste soit plus beau que soi et qu'une belle image de vous aille à la postérité, fût-elle un peu menteuse. Vous 1
avez
mon
fait
J'irai à
buste dans
ce charmant morceau.
Paris incessamment vous en remercier mieux
qu'aujourd'hui. Je vais en Angleterre pour six se-
maines,
les affaires
de
ma femme
reviendrai à Paris cet été et
si la
m'}' appellent. Je
France
est
un peu
nous n'avons rien à craindre d'immédiat pour nos amis et nos parents, je pars pour un long et poétique voyage dans tout l'Orient (2o5). La politique (206) du jour n'éteint pas en moi toute poésie, non plus qu'en vous, car ce que la nature a allumé ne s'éteint pas sous la main des hommes; mais ils peuvent au moins l'étouffer pour un peu de temps. Je voudrais leur échapper
calme,
si
L
pour
mon
faire
AUBE ROMANTIQUE
sacrifice sur les
179
hauts lieux
comme
Moïse. J'ai besoin de vivre un an ou deux dans
poudre des vieux
siècles, j'aime
mieux
cette
la
pous-
que notre boue, mais adieu.
sière
moment au
Je n'ai qu'un
milieu de la douleur et
des embarras pour vous dire que vous transformez
en une véritable je
me
et
chère amitié la sympathie que
suis toujours sentie d'abord
et puis,
pour vos poésies
pour vous. LAMARTINE.
Màcon, 8 mars 1831.
CIV.
—
D'Emile Deschamps,
Mercredi, 7 heures du soir.
Cher Jules, nous sommes, Aglaé
et
moi, surmenés
comme
des loups et pas assez heureux pour que vous puissez venir hurler avec nous. Il fallait cette
coqueluche pour que je n'aie pas été auprès de Nina,
de Gertrude, de Walter Scott et de vous. Voilà
pourquoi
je ne
vous
ai
pas porté iVo^r(?-Z)ame (207),
hier.
Je vous renvoie
le
premier volume,
les
derniers
chapitres m'ont tellement ravi que je les ai relus trois fois, mais,
vement
On
le
pour
cela,
il
commencement,
faut relire très attentitout se tient et se
crie à l'absurde et à la barbarie
;
lie.
puis à la poésie
L AUBE ROMANTIQUE
lOO et
au sublime
et
au vrai comique
et à la
grâce et à
l'érudition et à la rustique vig^ueur et à la fraîcheur
de quinze ans. J'entreprends le deuxième volume, où tout est dramatique, intéressant et terrible; ce n'est pas un roman si l'on ne veut pas, aussi cela ne s'appelle-t-il pas roman sur le titre mais c'est un livre étonnant, et son auteur, un homme qui a autant de science que d'imagination et qui a tous ;
les styles, toutes les couleurs, tous les tons
n'est
au hasard dans
cet
ouvrage
plaire à quelques-uns est encore
;
un
;
rien
ce qui peut détalent d'artiste.
Mais je m'arrête, car j'ai l'air de faire un article et, si on le lisait, on se moquerait de moi, j'y suis accoutumé au reste mais c'est une bien mauvaise habitude; je sais que, d'année en année, on rend ;
des justices qu'on refusait d'abord ; mais c'est toujours à recommencer à chaque ouvrage et une vérité nouvelle a toujours
l'air
d'une monstruosité.
a dix ans, des esprits fort disting-ués, des
Il
y
hommes
pleins de talent, auraient trouvé impossible et bizarre
votre charmante et belle tragédie et ainsi toujours de tout.
il
est et sera
En grâce, travaillez pour un beau nom sous l'œuvre
nous et pour vous, il y a que vous faites et je suis charmé de voir
comme
votre talent, votre pensée, votre facture deviennent
mâles, fermes, nouveaux et francs, après avoir été sensibles,
que
le
gracieux, passionnés et colorés.
poète
fait
C'est
tout ce qu'il veut et que vous êtes
l'aube romantique le
poète
le
plus pur et
i8i
plus mobile en
le
même
temps. Les cordes de votre lyre sont élastiques et ne se brisent pas plus qu'elles ne se faussent.
A quand la lecture de vos cinq actes (208), à quand votre santé complète?
Un mot
de tout cela et plai-
gnez-nous d'être auprès de notre
feu, aussi loin
lagor^een Aglaé souffre beaucoup
du
vôtre. J'ai la tète, la poitrine et
feu, sans
compter le
f)lus
reste, et
que
moi.
Adieu, cher ami, adieu, faites-moi donc
taire.
EMILE [deschamps]. P. S.
— Je vous donnerai
que vous m'aurez rendu
le
le
deuxième volume dès
premier, afin que je
le
fasse courir encore.
CV.
—De M^' Sophie Gai/.
y aura demain un an que, par cette même la personne la plus aimable est venue me compléter par sa présence le bonheur de jeunes Il
pluie,
mariés (209) qui ont la bonhomie de s'aimer aujourd'hui comme ce jour-là.
Ne
viendra-t-elle pas aussi leur dire qu'il
ridicule de dépasser ainsi les
est
mois de miel ?Ce serait
une grande joie pour la famille de prendre le thé, demain soir de bonne heure, avec cette charmante 12
l82
L AUBE nOMANTIOUE
fée qui porte tant de
bonheur à ceux
qu'elle affec-
tionne. Et puis, nous voudrions Paul et Albert, et aussi Charles, car Amelata lui ferait les honneurs
du baba. Quant à l'ingrat Jules, à qui je gardais deux gros volumes, je lui promets de ne pas l'en assommer s'il nous garde quelques moments.
Ma ment
triste
convalescence a été chercher dernière-
toute cette aimable famille et pourtant, je vais
bientôt partir pour
mes champs
que son souvenir
des regrets, car nous l'aimons
et
plus
et je n'aurai
tendrement. SOPHIE GAY. Jeudi, 31
mai
[1832].
CVI.
— D'Emile Deschamps.
Paris, 6 septembre 1832.
Eh bien
!
mon
cher Jules, vous avez couru
montagnes, pour
la
pour vous, ce sont, qu'il
vous faut.
santé de tous les autres
je l'espère, les
Comment
eaux de
la
;
les
car
Seine
se trouvent votre belle-
sœur, votre frère, leurs enfants
et
Nina? Les Monts
d'Or ont-ils continué cette année leur miracle de l'année dernière? Et vos trois fils?
Voyez que de
choses et combien nous avons à penser
;
en revan-
sans que Sinon, vous désirer, vous demander, vous
che,
nous
vous
?
n'avons plus rien à faire;
faire
l'aube nOMANTinUE
appeler
est vrai
Il
!
que
l83
une occupation de
c'est ià
moments.
tous les
Vous m'avez
laissé sur des vers ravissants, c'est
une coquetterie par trop agaçante; répondez-moi
donc par mencer
de
le reste
la pièce.
L'élégie allait
com-
:
Mais vous ne savez pas ce que, pour être heureux, II suffit
mon âme
à
Les choses ne peuvent pas rester longtemps ainsi,
ce n'est plus tenable et puis vous en avez
bien d'autres, sans doute.
fait
C'est
voyages
comme et
cela que vous avez profilé de vos nous aussi qu'il nous tarde de voir sor-
ces nouvelles rimes
tir
curieuses,
chantants et tantôt parlés plaisir.
ces vers tantôt
toujours colorés à
et
Tenez, je voudrais que vous fussiez là
d'abord vous seriez
là
;
et
;
nous causerions poésie,
de notre poésie surtout.
Soumet a
un peu
été
souffrant et
un peu
piègne; fort bien revenu de tout cela, les
vœux pour voys
plus tendres
un vide énorme dans celle
de tout
le
monde
sa vie, ;
il
où
est
l'on aurait bien
reine voyageuse.
tous.
vous
le
à
Com-
vous envoie
Vous faites
faites
dans
n'y a pas de philosophe
cartésien qui eut plus horreur
Guiraud (aïo)
il
du vide que moi.
en voyage, chez M™^ de Croze,
voulu recevoir Nina
comme une
Nous voyons souvent Anna, parce
i84
l'aube romantiolk
ne voit personne,
qu'elle
la
pauvre enfant
ne veut prendre g"OÛt à rien.
M'"*'
et qu'elle
Le Voyer
est
de
retour depuis quelquesjours etpour quelques jours.
Une
fois elle était sortie
quand je me
suis présenté
une mig^raine affreuse. Je voulais pourtant parler de vous avec elle, ce
chez
avait
elle, et hier, elle
sont deux grands bonheurs. Ag-laé est
deux jours;
dans son
lit,
c'est, je crois,
fort souffrante depuis
du rhumatisme dans
poitrine; c'est, j'en suis sûr forte.
Son
mon
amitié,
forte encore et elle
de
Jules,
la
est
la
douleur bien
beaucoup plus
vous envoie toutes ses ten-
dresses pour vous et Nina et vous tous. Le temps est bien
beau; mais
il
est surtout bien long-.
Voilà
une grande vérité qu'elle dit là. Me répondrez-vous une phrase charmante, en m'envoyant des vers charmants? Oui, n'est-ce pas? Et me direz-vous que vous les suivez de bien près, oh oui, je l'espère. Moi, je vais tâcher, d'ici-là, de donner à Ladvocat (211) un nouveau chapitre qu'il me demande tous les matins. Après avoir été aux Invalides, je
ce qu'elle dit, c'est
!
voulais aller à l'Académie, gradation naturelle
non, je vais faire tout autre chose; mais jours bien ennuyeux. Le dernier
et-Un contient un net sur
Ham,
;
mais
c'est tou-
numéro des Centde M. de Peyronmot et il y a ici un
excellent article
excellent, c'est le
^rand succès. Pourquoi ne
revient-il
pour voir son
i
l'aube ROMANTIQUK
procès? Le n"
finit
l85
parde magnifiques vers de Victor
Hug-osur A^«/>o/<?'on//(2i2). Victor est inépuisable. Si vous saviez tout ce qu'il a fait et tout ce qu'il fait
encore
D'abord,
!
il
va demeurer à
la
place
Royale.
La
troisième
édition
de Slello (21 3) va son livre décidément, et
un bien beau
train; c'est
Lamartine a fait de bien belles réponses dMX Adieux de Waller Scott, quoi qu'on en ait dit et quoique je l'aie dit (214).
Ce ne sont pas
là nos plus petits poètes. Mais vous, cher Jules, qui êtes poète aussi
et
grand poète et grand prosateur, quand donc ferez vous l'aumône d'un chef-d'œuvre aux Cent et Un (2 15)? Je vois que vous nous reviendrez sans armée. Adieu, tout
mon cœur
à vous.
EMILE [deschamps].
C VIL
— De Jules de Saint-Félix (216).
Monsieur,
Vous avez et je
me
été
pour moi d'une grande obligeance
hâte de vous en remercier. Emile Des-
champs m'a conté avec quelle g-râce et quelle bonté vous avez voulu que mes vers fussent imprimés dans le livre dédié à Madame (217).
En
vérité,
poétique
monsieur, je suis très
patronage.
J'arrive
de
fier
ma
de votre province,
l'aube romantique
i86
modeste pèlerin,
et
vous m'ouvrez un palais magni-
vous puissant qui ne
me
connaissez pas.
Voilà une hospitalité tout à
fait
chevaleresque et
fique,
qui va merveilleusement à la cause dont vous êtes
un des
fidèles et brillants défenseurs.
trez vous,
Me
permet-
monsieur, d'aller un jour vous dire de
vive voix tout ce que m'inspirent vos sentiments et votre poésie ? J'en serais bien g-lorieux.
Des bruits de Paris sont arrivés jusqu'à moi, au fond de mon Languedoc, l'hiver dernier; j'ai applaudissements avaient
appris avec quels
été
Mademoiselle et dès que je pus me les procurer, je criai bien haut mon bravo de trop loin ; la poésie est une aussi ; mais, hélas musique aérienne qui trouve des échos d'un bout du monde à l'autre et la votre, monsieur, en a un recueillis les vers à
!
bien sonore dans
Emile
est
mon âme.
chargé de cette
lettre,
Emile est
mon
intermédiaire charmant que nous aimons tous deux et que nous admirons. C'est une bonne pensée à
moi de
ciements
les
le choisir
pour vous
offrir
mes remer-
plus sincères.
Veuillez, monsieur,
recevoir aussi l'expression
des sentiments les plus distingués avec lesquels j'ai l'honneur d'être votre très humble et très obéissant serviteur.
JULES DE SAINT-FÉLIX [d'aMOREUX]. Château d'AUevert, par Brioude, i5 octobre i83a.
l'aubk romantique
187
Je sais, monsieur, que vous connaissez M™'' la marquise de Le Voyer, seriez-vous assez bon pour
me
rappeler à son bon souvenir.
CVIII.
— De Jules de Saint-Félix.
Ami, comte
et poète, mille
remerciements de
la
que je garderai toujours. Vous avez bien raison, nous jouons à lettre
charmante, reçue de vous
et
cache-cache et je perds plus que vous.
Il
faut
que
mauvaise étoile et que je me fasse annoncer chez vous à sept heures du matin peut-
je conjure cette
;
y serez- vous. C'est l'heure de votre travail poétique et de votre fumerie orientale. être
Le Rénovateur vous
lui dites
est bien reconnaissant
de moi.
Il
parler de vous, cette fois ce sera
un
feuilletons. J'ai
apporté.
Il
de ce que
attend votre livre pour nous
très bel
y a des choses
le
meilleur de ses
album que Paul m'a si
ravissantes que je
n'ose m'inscrire à la suite. Je vais pourtant ouvrir
mon bagage
et
y chercher
l'étoffe la
plus digne de
M»« de G. Adieu, et au
mot
ma
revoir, j'écris
d'avance ce petit
étant presque sûr de ne pas vous trouver selon
destinée. Mille et mille tendresses.
JULES DE SAINT-FÉLIX. Mardi matin.
l'aube romantique
i88
Vous avez
mis en prison! Cela manquait à votre vie de poète. Je vous en félicite et je m'en réjouis nous aurons sur votre captivité une ravisété
;
sante composition poétique.
Mettez-moi aux pieds de M'"^de Rességuier.
— De
il/me
Delphine Gay de Girardin.
Emile devait
aller
chez vous, ce matin, chercher
C/X
votre ravissant article pour la lui
Mode
(218); mais
il
a été impossible de sortir. Avez-vous été assez
bon pour penser à
ce
mot pour
la
Quotidienne? Je
suis bien ennuyeuse, n'est-ce pas, mais vos flatteries sont si
douces
qu'il est
permis de
les
deman-
der. L'importunité cette fois est pardonnable.
A
bientôt et à jeudi
;
je vous prie de
me
rappe-
ler au souvenir de M""* de Rességuier et de dire pour moi mille tendresses au petit poète en herbes qui confond déjà ses rêves avec la vie.
D. G.
ex.
—
De
il/™«
DE g[iRARDIN].
Sophie Gay.
Cher troubadour. Faites-nous donner de vos nouvelles et venez
nous en donner vous-même ce soir, si le froid ne vous fait pas peur. Vous nous trouverez seules, au
l'aube romantique
coin
du
feu,
i8g
cherchant à nous rappeler vos vers
d'autrefois et brûlant de vous entendre
nous
les
redire.
Mille sincères tendresses. G.
—
CXI.
De
Voulez-vous encore paroles
?
M"^" Pauline
Duchambge.
me prouver que vous m'aimez me dit que vous avez fait des
Delphine
ravissantes
susceptibles d'être
musique. Elle ajoute «
donnez
lui.
»
même
qu'elle
mises en
vous a
dit
:
Si vous m'aimez, envoyez-les-moi.
Je vous jure de vous les renvoyer
ne puis
G [ay].
à l'instant, si je
mettre sous mes chants.
les
Je vais voir
si
je suis encore
dans
le
souvenir de
votre cœur.
PAULINE [dUCHAMBGk].
CXII.
—
De
la
comtesse d'Agoult (219).
Croissy (220) par Lagny, lundi.
un album une aussi longue absence, aura beaucoup vu et surtout beaucoup retenu je serais bien heureuse que vous ou monsieur votre fils, vous ayez la bonne idée de me le rapporter à J'envoie chercher chez vous, monsieur,
(a-îijqui j'espère, après
;
12.
l'aube ROMA^TIQUE
IQO
Croissy; mais, en cette occasioii,je Vous dirais bien
un vers du
Tasse...
Je connais votre antipathie pour les clairs ruis-
seaux
et
les frais
ombrag-es
et je
me
résigne au
chagrin de ne vous rappeler qu'à distance mes sentiments
plus disting-ués.
les
COMTESSE d'aGOULT. Veuillez
me
rappeler
au souvenir de M"*^ de
Rességuier.
—
CXIII. M.
D'Emile Deschamps.
Emile Deschamps auront l'honneur
et M™"^
de se rendre
le
de monsieur
vendredi 21 décembre à l'invitation
le
comte
et
de
madame
la
comtesse
de Resség-uier. Paris, 16
décembre 4832.
Et puis, cher Jules, je trouve toujours des mots charmants quand vous ne me trouvez pas. Je suis
charmé que
les lecteurs indifférents
sachent com-
bien j'aime l'homme et combien j'admire
De
là,
le
poète.
ces pauvres vers à vous.
Changer l'Aigle, je devine pourquoi, c'est ce que L... voudra et merci encore pour lui. Quant au titre, c'est vrai, à la fin, trop de chiffres et de dates, n'est-ce pas ?
Si l'on mettait
:
les
Deux
l'aUBIÎ
Epoques, ou bien
HOMANTIQOE
Berceaux
:
comme cela,
IQI
et
Prisons,
etc.,
Naples et Blaye, que sais-je Voyez encore cela, vous qui savez et pouvez tout. Mais surtout, mettez donc votre portrait à Citadelles, je vous dis que c'est noble, beau quelque chose
liein?
'?
et
charmant. Avez-vous vu aussi, dans
les
Annales Romanti-
ques, page 255, six vers délicieux? Il
ils
que c'est sur une épigraphe de vous sont d'un M. Mathieu, qui a eu un bon jour est vrai
et qui,
;
d'ailleurs,
a
du
talent.
A
vendredi donc,
cher ami. M™'' de Groze est ravie, adieu, adieu.
Votre ami. EMILE [deschamps].
CXIV. Il
faut,
mon
—
D'Emile Deschamps.
cher Jules, que je vous dise que je
suis fou, entièrement fou des vers dits ce
matin
Beau, beau;
Deux
:
et
que
que vous m'avez
Citadelles répondront (222)
je
:
vous remercie pour V Aigle
que je vous remercie énormément
déjà fêté,
et
de votre
délicieux vendredi; Ag'laé
se
soig-rtera
bien, et ne sortira que pour aller d'avance embrasser Nina.
Et puis, j'ai remis à Anna les Annales Romantiques qu'on m'a prêtées et que j'aime cette année
L AUBE ROMANTIQUE
192
puisqu'on y voit j'ai
mon nom au-dessous du vôtre, est ravi comme moi des vers de
vu Joanny qui
Paul. Dites-lui bien, à ce cher poète, soleil qui se lève dans son midi, tout de suite.
Merci donc de toutes ces choses; je verrai ce charmante Nina; encore de la reconnaissance. soir M'^e de Croze, avec votre
Mes
amitiés toujours et partout.
ÉMILB [deschamps]. 16 déc. 1832.
CXV.
— De M'"^ Delphine Gay de Girard
Horace Vernet viendra ce avec nous.
Il
zeppa (228)
soir
brûle de remercier
in.
prendre des glaces le
chantre de iMa-
nous vous attendons à n'importe quelle heure pour vous dire adieu, car nous partons bientôt pour la campagne. et
Mille amitiés poétiques.
DELPHINE [de GIRARDIn]. Mardi
CXVI.
1. J. [1833].
—
De
M-^e Delphine
Gay de Girardin.
Je quitte à regret Dalilah i22li)-pour vous remercier
de
me
l'avoir envoyée.
après m'a voir
fait lire
Mais ce n'est pas tout;
l'ouvrage,
il
faut
me
faire
l'aUBK romantique
connaître l'auteur et
si
I()3
monsieur de Saint-Félix n'a
point d'eng'agement pour demain soir, amenez-le
sans façon; on n'en serai charmée
de
lui
fait
point entre poètes et je
adresser
moi-même mes remer-
ciements. Mille vieilles amitiés, cher troubadour, à demain. D. G.
DE g[iRARDIn].
Ce dimanche.
CXVII.
— De Ch.
de Saint-Valry.
Chateauneuf, ce 21 mars 1833.
Je ne sais,
mon
cher Jules, vous exprimer
je l'aurais voulu chez M"*^ sir
que m'a
fait
de Falloux, tout
comme le plai-
votre Isabelle (225), c'est vraiment
un bel ouvrage, plein d intérêt et de poésie et qui m'a rappelé bien souvent la touche large et harmonieuse de Soumet. Je ne doute pas que vous n'obteniez au théâtre
vais attendre
un succès d'enthousiasme
cette
et je
représentation avec bien
de
l'impatience. Votre succès sera d'autant plus grand
que
le
offre et
public sera plus las des horreurs qu'on lui
dont on
le
gorge.
Vous ouvrirez
la réaction
du bon goût, c'est une gloire dont vous êtes digne. Parlons un peu des fragments de poésies, quoique ce soit moins amusant. Je me suis adressé à M. Brian et l'annonce a paru immédiatement dans
l'aube romantique
194
la Quotidienne. Je ne vois pas paraître celle de la
Gazette; M. Roger m'a-t-il oublié? Savez-vous
Revenant
si
Rénovateur ont été plus diligents et plus aimables pour nous? Je pense que le volume paraîtra vendredi ou samedi; envoyez, je vous prie, chez Dentu, un male
lin,
et le
pour savoir
s'il
a
paru
en main un exemplaire,
et
dès que vous en aurez
porter tout de que je puisse, à mon retour, l'expédier à Blaye. Le docteur Dubois, que je connais beaucoup, me rendra le service de le faites-le
suite chez votre relieur, afin
remettre à
Madame.
Je m'en rapporte donc à votre obligeance pour ce soin. J'attends pour revenir que vous m'ayez
annoncé
la publication et je
être bien long. Adieu,
votre Nina,
mon
mes amitiés
pense que cela ne peut ami, mes
hommages
à
à vos charmants enfants.
Tout à vous, de cœur. A. SAINT-VALRY.
CXVIII.
—
De A. de
Vous me prendrez
Custine (226).
toujours, monsieur, à tous
que vous voudrez bien me tendre ; les hommes qui nous raccommodent avec notre temps sont trop rares pour qu'on refuse les occasions de les pièges
se rapprocher d'eux. J'ai déjà
beaucoup entendu
l'aubk romantique
ig6
parler de la tragédie (227) que vous voulez bien
me
à vous prédire
me promets un grand plaisir un succès dont votre bonté pour moi
me donnera
droit de m'enorg'ueillir.
faire connaître et je
le
A.
CXIX. Vous m'avez que
j'ai
—De
A. de Custine.
tant agité l'autre jour, monsieur,
Gay et de mardi prochain chez moi, à
oublié de vous dire que M™^^
Girardin
venaient
huit heures, pour entendre
sur
DE GUSTINE.
un Espag;nol fameux
la guitare.
Je serais bien heureux que cela vous tentât. Je
même temps] moi-même tout dû à un ouvrage où la poésie ne nuit jamais à l'intérêt et, certes, c'est un problème pourrais vous dire [en
le plaisir
que
j'ai
que vous avez résolu. J'espère que vous ajouterez mardi à la reconnais-
sance que je vous dois déjà et à laquelle vous voyez
que
je
m'accoutume. A.
Paris, dimanche.
DE CUSTINE.
l'aube HOMANIIQUK
ig6
CXX. Samedi
— D'Emile Deschamps.
soir, 1833.
J'ai répondu bien mal à ce charmant billet. Mais, quand je suis rentré, j'ai trouvé dans la Votre groom allongeant sa face colossale.
salle.
Et, plus loin, Ladvocat chantait et babillait... Je n'avais donc à moi, ni le temps ni le calme Qu'il faut... Ah! j'aurais eu l'Eternité sans fin,
Pour chanter après vous, Mais, à vous l'auréole et
mon
il
le
faut
un séraphin
1
sceptre et la palme
!
doone à tous les sanhédrins Pour s'expliquer comment, dans quatre alexandrins
Mais
esprit se
(Par quel art merveilleux, quel divin stratagème,)
Vous englobez ce que j'adore et ce que j'aime René Paul... Paul RenéCi^S), puis cent choses encor ;
Plus douces qu'un soupir de la harpe ou du cor. Plus flatteuses qu'un chat, ou qu'un peintre de roi Eh! bien, vous l'affirmez le mensonge... et j'y crois; Je voudrais croire aussi, que dimanche, demain. Du temple de Nina, nous prendrons le chemin, Mais j'ai peur... ah du moins et j'ai raison de craindre Demain mais nous serons à nous deux pour vous plaindre. ;
!
;
EMILE [deschamps].
CXXI.
— D'Eugène
Je n'ai pas oublié, monsieur
avez bien voulu
Salamandre
me
(229).
j'ose réclamer pour
le
Sue. comte, que vous
permettre de vous envoyez la le roman, monsieur, et un peu de cette gracieuse
Voici lui
l'aUBK UOMANTIOUE
I97
\
indulgence que vous avez eue pour mes autres
ouvrages
;
car vous m'avez tellement gàlé, enm'ac-
suffrag-e, que je ne puis plus m'en passer maintenant reste à savoir seulement si ce livre en sera digne?
cordant votre précieux
;
\ euillez
mon
de
agréer, monsieur le comte, l'assurance
entier
dévouement.
EUGÈNE SUE.
CXXII.
— De
A. de Beauchesne {iZo).
Votre délicieux bonjour m'arrive au moment ou j'allais
vous envoyer, ou plutôt vous porter
Derniers Bretons,
me rend heureux fond de l'âme
me
;
mon
et fier,
les
Jules aimé; votre amitié
vos vers
me
ravissent au
mais vos compliments vraiment
font roug'ir, car je sens combien j'en suis peu
digne.
Bonjour, flatteur chéri, malgré votre seul défaut,
personne au monde ne vous aime
et
ne vous
admire plus que moi. A.
DE BEAUCHESNE.
Mardi matin.
CXXIIL — De
iî/ii«
Gabrielle Soumet.
Voici ce que je vous conjure de dire à M""' de
igS
l'aUDE UOilANTIQUE
demain à huit heures du matin, dans de Sèvres, on dira pour Gaune messe bien grande et Gabrielle espère prière de M""^de Rességuier sera demain un
Resség"uier
:
les brouillards si froids
brielle
que la peu plus long-ne
;
elle ira
bien vite la remercier et
l'embrasser de bonne heure dans son beau château.
Mais
vous veniez vous, à huit heures du
si
rue Saint-Florentin, avec Albert
et
soir,
Paul, Alexan-
dre vous dirait combien je serais heureuse de vous voir
GABRIELLE [sOUMEt]. Mercredi.
CXX/V. J'ai fait
—
comme
Jules, j'ai oublié
le
D'Alexandre Soumet.
mon
Géant de l'Arioste,
que j'étais mort
et
me
cher
voilà cou-
rant la poste après Gabrielle de Vergi que je n'ai
abandonnée qu'aux premières ruches de Xarbonne. Il n'est pas de miel plus doux que le son de sa voix; mais votre amitié m'est plus douce encore
honteux de mes
ing-ratitudes
et je suis
en relisant votre der-
nier billet.
aux pieds de M°* de Rességuier que réclamer le pardon de mes torts. C'est
s[oumet].
Envoyez-moi
la lettre d'Emile.
j'irai
l'aube romantique
— D'Eugène
CXXV. Mon Arrivé de
cher
la
199
de Pradel (28 1).
honorable compatriote,
et
campagne
ce matin, je trouve votre
gracieuse invitation. Ce n'est point assez de m'avoir obligé
bon,
si
si
noblement, de vous être montré
bienveillant
un de mes vœux
pour moi, vous avez
plus chers, en m'offrant l'oc-
les
En
casion d'être entendu par M'"^ de Rességuier. vérité,
vous voulez
quoiqu'on puisse
si
accueilli
me
faire,
rendre insolvable; mais,
mon cœur
ne
sera ja-
le
mais.
Savez-vous que votre
ma
nom
seul
réveillait
sans doute effacés de
jeune alors
!
Mais, je
la
me
votre
;
dans
doux
et
car vous étiez
si
pensée des souvenirs d'enfance bien
vois encore, dans le jar-
din de votre hôtel, rue des Nobles, et précédem-
ment dans plaisirs,
la
rue Nino (282)...
Que de
fois,
nos
nos voix enfantines, nos jeux bruyants se
sont confondus
!
Jules, Adrien,
Eugène
retentissaient
alors
et
souvent et mille circonstances de ces jours d'innocence et de joie sont
mes
yeux...
Bon
là,
fraîches encore
et espiègle
Jules,
devant
combien alors
nous vous aimions!... Les orages révolutionnaires, le
temps
si
pesant sur
les affections tendres, tout
aOO
L AUBK KOMANTIQUE
nous a séparés... mais, encore
vous retrouve meilleur grandi par l'âg-e, moins que par le
et
je
Grâces vous soiont rendues; vos paroles
talent...
ont été de l'encourag-ement, vos regards, de Tindulg-ence
et
vos chants poétiques, du bonheur!
Merci de nouveau
et
merci surtout, quand la main
de l'amitié m'aura placé sous c'est là,
vous en offrez
ver des inspirations.
A
les ailes
d'un ange...
preuve, qu'on doit trou-
la
ce soir et à vous.
KUGÈNE DE VRADEL.
— D'Eugène
CXXVL Paris, le 13
de Pradel.
mai 1835.
Monsieur le comte et très honorable compatriote, Voilà ce que c'est d'avoir des bontés pour les gens, Je viens donc abuser ils en usent et en abusent. des vôtres le grand mot est lâché. ;
Il
s'agit
d'un
petit, très petit
journal, bleu, mi-
joli, que je viens vous recommanou plutôt, c'est le directeur, mon ami, M. de Magneval, fils de l'ancien député, fidèle à notre vieille monarchie, c'est lui, lui, que moi chétif,
gnon, féminin, der,
j'ose placer sous
en est digne sous tous
C itateiir féminin
de votre bienveillance
l'aile
est
les
une
rapports. Dites que
feuille bien écrite
vous croira ; dites qu'il y a beaucoup
;
il
le
et l'on
d'esprit, et l'on
L
AUBE ROMANTIQUE
un plaisir immense, M. de Mag-neval. ne vous prie pas de vous
s'abonnera et vous m'aurez
un
car je porte
fait
très vif intérêt à
Remarquez bien que je abonner, mais de recommander ce galant recueil, de le prôner, de le protéger. Vous voyez qu'il y a habileté dans
mon
zèle;
votre souscription serait
une, votre bonne recommandation produira douze.
des remerciements sans nombre, une reconnaissance impuissante... à quoi puis-je jamais vous être utile ? Quoi qu'il en soit, je m'offre à vous, comme je
Et moi, je vous devrai
suis et avec
tout ce que je puis, en vous suppliant
de mettre aux pieds de
madame
Rességuier l'hommag-e de mes
la
comtesse de
civilités
respectueu-
ses et en
vous assurant des sentiments d'estime et de dévouement avec lesquels, j'aime à me dire,
monsieur
le
comte, votre compatriote
et
sincère
serviteur.
EUGÈNE DE PRADEL.
CXXVIL.
—
De
M""'"
Gabrielle Soumet-Dalten-
heim. Voici, monsieur,
vous
le
élégie
désiriez, c'est l'Enfant
mis à
;
j'ai
ôté
comme
du tombeau; mais à M. Victor, c'est
la place, un vers volé une faute plus grande que la première; demande votre indulgence pour toutes les deux
j'ai
peut-être je
mon
202
AlBE ROMANTIQUE
L
et je
vous remercie d'avance de
la belle fleur
que
vous demandez pour moi. GABRIELLE [sOUMEt].
CXXVIII.
— D'Alfred Nettement (233).
Monsieur
le
comte,
Voici bien des siècles que je vous
ai vu; vous moi toute l'année retiré dans mon travail. J'espère cependant que vous avez bien voulu garder un léger souvenir d'une connaissance qui a commencé parun service que je vous demandais pour Vert et Blanc et je recours à votre bienveillance, déjà éprouvée, pour un service du même genre, que j'ai à vous demander au nom àxiNouveau Conservateur. Voulez-vous et pouvez-vous détacher quelques pages du roman tant parfumé d'élégance et de grâce que vous soumettez au public? Ce sera un diamant que nous nous empresserons d'enchâsser dans notre partie
êtes tout l'été à la campag-ne et
,
littéraire et qui
attendent l'écrin suivez
fera prendre patience à ceux qui
tout entier. Je
traire, le faire
pense que vous
Nouveau Conservateur dans le cas conveuillez bien me dire comment je puis vous
le
:
parvenir au Marais, où vous êtes
mainte-
nant, j'imagine. Veuillez agréez, monsieur, en
même temps
que
l'aube romantique
mes meilleurs compliments,
les
vous dois pour l'indiscrétion de
comme
journalistes sont
toujours, seulement
un
2o3
excuses que je
ma demande. Les
Bélisaire,
quand
il
ils
demandent
de vous,
s'agit
c'est
million au lieu d'une obole.
Votre tout dévoué,
ALFRED NETTEMENT. Lundi.
— D'Alfred Nettement.
CXXIX. Quand on de mieux à
a lu
Almaria, monsieur, ce qu'on a
faire, c'est
de
la relire; ainsi ferai-je,
tout content de la voir arriver ce matin
un bon augure pour toute et
la
comme
journée. Compliments
remerciements.
ALFRED NETTEMENT.
CXXX.
— De M""" Delphine Gay
J'ai lu
Almaria,
votre
vous ressemble, qu'elle et
comme
philosophisme
;
siècle,
comme vous
d'un temps de
différent de notre siècle de
et d'ennui.
retrouvé
gands (234)
si
l'aime parce qu'elle
est élégante
vous d'un autre
chevalerie, d'amour,
J'ai
je
de Girardin.
avec plaisir mes
vers
de
bri-
maisje ne comprendspas qu'on puisse
2o4
l'aube romantiole
tirer
une
balle sur des brigands
si
bons poètes
;
à
place de Fernand, je les aurais respectés et j'au-
la
rais
voulu faire partie de cette société de gens de
que
lettres
vous voulez bien
nommer bande de
voleurs. Mille remerciements, cher troubadour, ne venez-
vous donc jamais à Paris qu'on ne vous voit pas DELPHINE G. DE G[lRARDIIf]. Le 26 août
[18351.
CXXXI.
—
De M^^ Sophie
Voici bien du temps passé nouvelles,
mon
cher Jules;
si
Gatj.
sans avoir de vos je n'étais
ennuis d'une nouvelle publication, cher
j'irais
dans
les
en cher-
moi-même et vous remercier encore de vos Vous en aurez incessamment l'épreuve
jolis vers. ils
?
;
sont pour
après
le
prochain n° qui paraîtra trois jours
premier, à cause des débauches du carna-
le
val; les ouvriers
Comment va
imprimeurs en sont encore toute cette charmante et
si
ivres.
chère
famille ?
Moi,
j'ai
toujours l'âme et la tète bien malades. s.
Samedi matin.
g[ay].
l'auue romantique
C XXXII.
— De
205
Delphine Gay de Girardin.
ilZ-^e
Je ne suis qu'un monstre affreux qu'on ne peut
mais on peut maintenant approcher sans danger. Venez donc me voir, cher voir sans horreur
;
troubadour, vous et Je ne peux ni
me
les vôtres.
défend de travailler;
pour me trouver
faut
j'y
bon pour moi, que
pitié.
;
!
on
vois juste ce qu'il
laide. Situation
dont vous aurez, j'espère, très
Je m'ennuie tant
ni écrire, je suis aveugle
lire,
charmante
Que vous avez
été
je vous remercie.
DELPHINE [de GIRARDIn]. Jeudi.
C XXXIII. —De
yl/^^e
Delphine Gay de Girardin.
Si vous êtes à Paris, mercredi soir, venez
voir
;
j'ai
promis de
lire
Bucklcr-Maskard qui arrive de Berlin
pour très
les
Etats-Unis.
aimable
Vous
me
quelques vers au prince
le
et
qui part
verrez, c'est un
et fantastique et puis, je
homme
vous verrai,
moi.
DELPHINE [de GIRARDIN].
CXXXIV.
— De
M^^ Delphine Gay de Girardin.
Monsieur de Lamartine sera chez moi mercredi 13
l'aube romantique
2o6 soir
;
peut-être dira-t-il quelques vers parce qu'il
n'y aura point de
que je ne vous
ai
monde, venez; vu et Albert?
il
y a des
siècles
!
DELPHINE [de GIRARDIn].
CXXXV. C'est
— De M^^
Sophie Gay.
demain que Balzac nous
lit,
ne l'oubliez
pas, cher ami, et faites-en part aux aimables per-
sonnes de votre famille que cela peut amuser.
J'es-
père pouvoir aller moi-même engager M'"«d'Yaqueliiies,
car
mais vous seriez bien aimable de
la prévenir,
mes malades me prennent tous mes moments. s.
g[ay].
Jeudi 6.
CXXXVI.
— De M^' Delphine Gay de Girardin.
Si vous et sortir ce
madame de Rességuieravez le projet de me voir un instant;
malin, venez donc
vous entendrez Labarre (235) qui vient jouer delà harpe et je ne puis entendre le barde sans regretter le
troubadour.
Et puis, enfin, ce sera une petite occasion de
vous voir.
Le rendez-vous
est à trois heures.
DELPHINE [de GIRARDIn]. Ce
jeudi.
L AUBB ROMANTIQUE
CXXX VIL De
207
M^' Delphine Gay de Girardin.
Henri Monnier doit nous dire ce soir un de ses nous
proverbes, vrais tableaux de Téniers (236)
;
serons avec M, de Lamartine, en tout petit comité et
vous seriez bien aimable ainsi que M™^ de Res-
séguier
si
vous veniez vous amuser sans façon de
cette folie.
Mille amitiés au cher troubadour.
DELPHINE [de GIRARDIN]. Ce juillet.
CXXXVIII. Vous avez eu
—
De N. A. de Salvandy.
raison, monsieur, de croire
ferais ce que je pourrais, votre
que je recommandation
étant toute puissante auprès de moi, partout. Elle l'est ici
davantage; ce que
le
ailleurs (287), le poète l'est
Recevez
la
sidération et
pair et
nouvelle assurance de
de mon
vieil
le
député sont
ici.
ma
haute con-
attachement.
SALVANDY.
c XXXIX.— De N.A.
de Salvandy.
Paris, ce samedi.
Je vous
ai
adressé hier
un mot de
la
Chambre,
3o8
l'aubk romantiouk
mon
cher et illustre poète in utroque jure. Ma\s jt
ne puis
me
souvenir
l'ai jeté à la boîte. Au mon empressement à vous
je
si
besoin ce mot vous redira obéir et aussi à vous
lire. J'ai
vu, entrevu plutôt,
charmant volume.
ce
J'aime déjà votre
Almaria
(288). Je n'en avais
pas besoin pour admirer l'auteur.
aux champs demain, vous aurez unheureux,je vous aurai lu lundi; j'essaierai de prendre ma revanche en disant au public mes penSi je puis aller
fait
sées. Quelques lig-nes seulement, vous comprenez l'encombrement des journaux, plus serait sûrement
refusé. Je ne crois pas
du
reste qu'on m'apporte
que vous pressentiez. J'écris bien rarement; mais si cela était, je n'écrirais jamais. l'objection
A
ce sujet,
si
les articles
de M. de Peyronnet
aux Débats f son parrain,
sont
je le serais avec
bonheur. Je vous écris bien à sentiments,
en
la
hâte
.
Acceptez tous mes
un mot, admiration
et
dévoue-
ment. N. A.
CXL. Il
pour
DE SALVANDY.
— De M'^" Marie Nodier-Mennessier (289).
me faut un grand courag"e, monsieur le comte, me résoudre à vous importuner; il m'en fau-
drait
un plus grand encore, pour renoncer à
obte-
l'aube romantique
que je viens
nir de vous la grâce ces deux embarras, le
moindre
me
Je
il
est
et celui qui
est ce
que
solliciter; entre
naturel que je choisisse
me
suis charg-é de
nom, qui
209
j'ai
recueil poétique qui doit
servira le mieux. donner mes soins et mon de mieux à donner, à un paraître dans les premiers
jours de décembre. Je ne sais trop entrepris une tâche bien
difficile,
si
je n'ai pas
car nos poètes ne
font plus que de la prose, à commencer par vous, monsieur le comte, et votre A/marm, heureusement pour nous, n'est pas inédite. Il
me
reste l'espoir que,
feuille oublié
dans un coin de porte
de vous, on trouverait encore quelques-
uns de ces vers, frères de ceux que j'ai tant lus et musique fût de moi, et alors
tant chantés, quoique la
vous
me
permettrez peut-être de
humblement pour l'humble
mon
les
demander
livre qui s'est
mis sous
patronage.
Voilà ce qui
me
rendrait bien reconnaissante et
me ferait moins regretter l'ennui que je vous cause; ce sont des choses qu'on réserve d'ordinaire à ses amis. Veuillez recevoir, monsieur
des sentiments
les
le
comte, l'assurance
plus disting-ués de votre très
humble servante. 3IAHFE NODIER-MENNESSIER.
<3,
L AUBE HOHANTIQUE
CXLI.
— De
Après
la lecture
jH/"*
Marie Nodier-Mennessier.
à!Almaria.
C'est bien là le parfum de tes fleurs d'oranger, Espagne du poète et c'est bien là ta rive !
Fraîche sous
le soleil,
qu'en sa douleur plaintive
Fernand d'Hermandarez
allait
interroger.
où tout nous fait songer. du fandango qui de loin nous arrive, une sainte histoire où brille une foi vive,
C'est l'Espagne rêveuse C'est l'air C'est
L'histoire d'un
amour qui ne
sait
pas changer
poète merci Deux cents ans sont passés... De nous avoir montré ce pays calme ainsi
Sans pressentir au
ciel la
Penchés sur votre
livre et
tempête
;
!
civile,
remplis de souci.
Pour suivre Almaria, nous oublions aussi Les moines égorgés qu'on traîne par la ville.
MARIE NODIER-MENNESSIER 26
juillet.
CXLII. Combien
j'ai
— De M^'
à vous remercier, cher et aimable
Jules, de faire passer sous
gracieux
Sophie Gay.
et poétiques,
mes yeux
tant de tableaux
me
supporter
pour
spectacle des souffrances de
faire
ma pauvre
le
Elisa (240)
quiest depuis un mois dans les horribles souffrances
d'une névralgie.
Il
ne
fallait
pas moins que votre
L AUBE ROMANTIQUE
talent délicieux et
encore pour
me
SIt
votre souvenir plus agréable
distraire des ennuis
de tous genres
temps où nous vivons rend difficile à égayer. A peine s'il permet de se livrer au travail. J'espère que vous le braverez pourtant et que vous nous donnerez bientôt un frère à'Almaria. Je ne sais pas juger ce qui me vient de ceux que j'aime, aussi ne ferai-je pas la m'accablent et que
qui
pédante sur l'ouvrage
que je porte à à retrouver
dans un
le
;
je
le vilain
l'ai
lu avec tout Tintérêt
l'auteur, avec tout le plaisir qu'on a
cœur,
l'esprit et l'élégance
d'un ami,
livre.
Mille tendresses à toute cette famille poétique et
charmante. SOPHIE GAY. 27 Août.
CXLHI. Cher lui
— De A.
de Beauchesne.
Jules, je suis passé chez
parler de
M. Nettement pour
mon Zamalacarregwj (^40?
^^
"^
m'a parlé que de votre Almaria. Jamais conversam'a paru plus juste et ne m'a plu davantage, et lorsqu'il m'a proposé de faire un article
tion ne
sur la ravissante castillane, je
dans
mon amour
et
me
suis senti flatté
bien empressé à
véritables remerciements.
lui offrir
de
L AUBE ROMANTIQUE
912
Vous pouvez, vous
devez, je crois, lui adresser
les vôtres.
A
vous, cher ami, cher poète, à vous toujours,
toujours. A.
DE BEAUGHESNE.
31 août [18]35.
CXLIV.
— De Chateaubriand. Paris, 2 septembre 1835.
Si je jug-e, monsieur, de votre prose, par vos
vers, je trouverai
un grand charme à
lire
Alma-
ria (242). Je ne crois point, monsieur, aux hommages du monde; mais, je croisa votre beau talent
pour moi. Agréez, monsieur, je vous prie, mes remerciements empressés et l'assurance de ma considéraet à votre bienveillance
tion la plus distinguée.
CHATEAUBRIAND.
CXLV.
— De Roger de Beauvoir (243).
Je tiens infiniment monsieur, à ne pas être accusé ,
Revue de Paris apporte à l'analyse de votre livre; la charmante A /marm se ressent de l'anarchie littéraire qui sépare en ce momentci les deux revues. Il y a des affaires d'intérieur et
du retard que
la
l'aube romantioue
ai3
des arrangements qui retardent, sans doute, un article donn**
depuis quinze jours à
m'écrit en ce
moment,
la
Revue. Buloz
qu'il le fera paraître
che prochain. Je suis malade, au
lit,
sans quoi, j'eusse préféré prendre
avec la
diman-
la fièvre,
poste pour
vous expliquer moi-même, sous vos gais ombrages, les tristesses
de
ma
plume, toujours disposée à
rendre service, surtout quand
que reconnaissance
le
service n'est
ici
et devoir.
Almariaesi une charmante page échappée à cet abîme que M. de Chateaubriand, avec les Natchez, Atala, etc., semblait avoir comblé. C'est une de ces pieuses élégies que Girodet (244) seul eût pu retracer après vous, en creusant la terre comme Chactas. Je vous remercie de m'avoir fait passer de si bons moments dans ma fièvre. Agréez, monsieur, mes assurances nouvelles de regrets et croyez-moi votre tout dévoué, maintenant et toujours.
ROGER DE BEAUVOIR. Paris, 3 sept. 4835.
CXLVI. --UH.
T. de Latouche.
Je serais bien malheureux
si les
jours qui se sont écoulés depuis
Pyrénées avaient été
si
m'eussent empêché de
surchargés lire
deux ou
mon
trois
retour des
d'afl'aires qu'ils
Almaria; mais non,
ai4
l'aube romantique
mon
cher comte, non,
j'ai
mis hier toutes
les affai-
que de difFérer à lire quelque j'ai chose de tous; \\iA/maria; je l'ai lue tout d'une haleine, sans m'arrêter, avec une émotion vive et res de côté plutôt
un
intérêt toujours croissant en souriant à tant de
choses spirituelles qui s'y trouvent répandues, en m'arrêtant à tant de choses profondes qui en mar-
quent
les
on sent
le
développements. Partout, dans poète,
l'homme
élég^ant,
le style
l'homme dont
cœur est aussi haut que l'esprit; partout dans marche de l'ouvrage et dans la peinture des sentiments, on retrouve l'élévation du caractère de l'auteur. Les femmes le remercieront de les avoir si bien connues; les hommes, de leur montrer comment ils doivent être. On dit que vous avez en vous le
la
auprès de vous de nobles
charmants modèles. Vous voulez bien que je dise tout le plaisir que vous m'avez fait. On est fier d'aimer des ouvrages dont on aime les auteurs. A ce titre, vous pouvez
et
juger
si j'ai
dû me
plaire à
et
une
si
remarquable pro-
duction.
Les autres vous en remercient
moi
je
vous en remercie
comme
comme
auteur;
auteur et ami;
car j'espère que vous savez qu'il y a peu de gens
qui vous soient aussi fidèlement attachés que moi. H.
33
sept: [18]35.
DE LATOUCHE.
L AUBE ROMANTIQUE
Dites-moi un peu à quel ministre
il
demander
faut
la permission, lorsqu'on veut aller voir les prison-
niers de
Ham?
CXLVII.
Mon il
et
— De A.
de Beauchesne,
bien-aimé poète, je dînais hier chez Nodier;
n'a été question
que de
Ham
de courag-e, que d'histoire
Michaud qui
revient,
(245), et
que de talent
de poésie, que de
que de Rességuier qui part
!
J'ai sans doute trop exigé de vous, en vous deman-
dant de vous souvenir de moi en présence de notre illustre prisonnier. Mais mon pauvre cœur bat
mon nom
en songeant que
d'org-ueil
aura été pro-
noncé entre vous et lui, dans cette chambre consacrée que vous nous avez si bien décrite et que,g-râce à vous, je connais ouverte, certes
si
bien. Si la porte de
M, de Peyronnet
Ham
était
recevrait plus de
courtisans qu'il n'en a jamais vu à la chancellerie
de France. J'ai promis hier à faire passer cette lettre, si
ter la réponse,
vous
la
M'"'^
Mennessier de vous
vous pouviez
lui
rappor-
rendriez bien heureuse,
elle
attend vos vers et moi, je vous attends pour lui
donner
les
Adieu, ennuis,
miens.
mon
poète chéri
mes albums, mes
;
pardonnez-moi mes
vers,
ma
prûse et
mon
L'AUBE KO.M ANTIQUE
2l6
même
amitié
qui vous
toujours et n'a pas
le
harcelle et vous
demande
temps de vous remercier. A.
DE BEAUCHESNE.
19 octobre [18] 3o.
CXLVIII.
— De
Tl/""^
Marie Nodier-Mennessier.
Monsieur le comte, il me serait tout à fait diffide vous dire à quel litre, je me trouve chargée par les dames royalistes de Lorraine d'obtenir de cile
votre bienveillance quelques vers inédits signés et écrits
par vous, pour une loterie au profit des pri-
sonniers vendéens, qui va être incessamment tirée à Metz, à moins que ce ne soit
par cette raison,
que, vous ayant déjà souvent importuné, avec succès, j'ai une
chance pour que vous vouliez bien encore
agréer cette nouvelle importunité. J'avoue que je
ne devine pas comment je serais devenue protectrice,
d'humble protégée que j'étais. les cas, monsieur le comte, je
Dans tous que
les
malheureux
diaires auprès de vous, c'est
pour cela que
j'ai
senti à leur en servir et puis aussi peut-être,
vous rappeler de bien vous ne tenez guère, et
ma
sais
n'ont pas besoin d'intermé-
vieilles choses,
ma
con-
pour
auxquelles
profonde reconnaissance
profonde admiration. MARIE NODIER-MENNESSIER.
L AUBE ROMANTIOLE
2I7
CXLIX. —DeM^^'A. Je suis
aimable
si
et
Tastu.
agréablement surprise, monsieur, de cet
gracieux envoi que je
en remercier avant
même
me
hâte de vous
d'avoir fait une complète
connaissance avec votre .4//7zarfa; j'en assez cependant pour savoir qu'elle ne
son origine poésie, et
:
il
sons
si
déjà lu
composition, style, caractères, tout est
du beau chant des main du poète; c'est ceux que nous connais-
n'était pas besoin
Brigands, pour reconnaître
un tableaude
ai
ment pas à
plus, ajouté à
la
bien.
Je ne sais, monsieur, de quoi vous remercier
le
ou du plaisir que me fait votre livre, ou de celui que me causent vos éloges, beaucoup trop flatteurs sans doute, ou de celui enfin que j'éprouve à trouver l'occasion de vous dire ce que je pense depuis si longtemps de vos ouvrages et de leur plus,
auteur.
M. Tastu, charmé que vous ne oublié qu'il ne vous
oublie,
l'ayez pas plus
se joint à
moi dans
l'expression de tous les sentiments dont je vous prie d'agréer l'assurance.
AMABLE TASTU. Lundi matio. 14
L AUBE ROMANTIQUE
CL.
—De
Monsieur toute
ma
le corale,
me
Voulez-vous
Mffp Olivier (246).
permettre de vous témoigner
reconnaissance de votre ravissant Alnia-
ria. J'avaiscraint l'effet d'une lecture enchanteresse
ma
et
lecture à moi, froide et sans art, n'a rien
enlevé à
plus
mon
récits qui
Nous
admiration
et
ne m'a pas privé non
répandre des larmes abondantes à des
de
cependant m'étaient
si
bien connus.
étions à Montivilliers (247), dans la noble
famille des Nanteuil
monde dans
le
Almaria par
;
une pluie froide retenait tout le
salon; je pris la liberté de prendre
yeux avides elle n'avait d'autre parure que celle que lui donne sa nature, vous eussiez eu un peu d'orla
main,
je la présentai à des
;
gueil en voyant quelle impression vous faisiez, quel
enthousiasme vous
excitiez,
forciez à couler. J'ai lu
me
suis pas aperçu
quels pleurs
vous
l'ouvrage tout entier, je ne
que je n'en pouvais plus.
Laissez-moi donc vous remercier du bonheur et la joie que vous avez apportés aux confins de Normandie. La servante de Molière était moins habile à décider la fortune des ouvrages du prince
de
la
des comiques. Je
me
sauve du milieu des
gens qui m'étour-
L AUBE ROMANTIQUE
que
ma
sens
commun, mon
seul cause avec assez d'esprit
pour vous dire
dissent;
cœur
SIQ
pas
lettre n'a
je suis le plus
dévoué
le
et le plus
respectueux de
vos serviteurs. OLIVIER. curé de Saint-Roch.
CL[.
— D' Alexandre Soumet.
Gimiez (248). Sous
palmier de
le
Vous vous souvenez, cher de Fonlenelle à la dame qui
madone
[1833].
Jules, de la réponse lui
passé sans l'avoir vue et moi, brassé, je ne vous
la
si
aurais pas
reprochait d'être je
vous avais em-
quitté.
Gomment
quand on leur dit adieu ? Vraijamais pu comprendre pareille force
quitter des amis
ment, je n'ai
de cœur
et ce n'est
à une
même
séparation,
à
pas au Marais que je l'aurais
ma
apprise; aussi, de
cher ami,
quoique vous
et
pas voulu croire
un départ, à un
un voyage en
que sa lune de miel dis ceci,
vie n'ai-je
à
Italie
le
afin
pas d'hiver. Je vous
n'ait
comme
Emile
voyag-e,
pour Gabrielle, je
l'ai
dit à
sachiez bien.
Emile, Je suis
donc parti de Paris, seul et mourant comme un vrai poète que je ne suis g-uère, pour refiiire à notre jeune mariée un mois de mai en décembre. Dites-le bien, je vous conjure, à Nina,
pour qu'elle
aaO
L AUBE ROMANTIQUE
me pardonne
tous
mes chagrins.
qu'elle
à
la
A
présent, nous
moins poétique que
voilà presque en Italie,
tous a dictés à Paris
les vers
pourtant, bien fidèle
et,
ressemblance, bien belle, bien lumineuse, bien
splendide; nous avons les citronniers
ici les étoiles
de Portug-al sans
de Naples et
Dom
Mig-uel et le
Vésuve. Fig-urez-vous un nid d'orang-ers suspendu à des montag-nes de neig^e et bercé par le bruit des
grandes eaux à midi, malgré la saison un peu avancée les Alpes et la mer brillent comme de ;
pays où nous sommes est un vérita-
l'incendie, le
deux miroirs ardents Corse avec l'image de Na-
ble tableau poétique, entre et, vis-à-vis
poléon
de nous,
la
et plus loin, sur la droite, les
de l'Espagne avec tous ria
;
les
caps avancés
enchantements d'Alma-
de cette harmonieuse .4//narm dont les alcyons
qui nagent sous nos fenêtres nous donneraient des nouvelles,
si
vous leur aviez appris à chanter; nous
l'attendons de vous, nous l'attendons avec impatience, car ce
ne serait pas
la
peine d'être venu en
nous ne devions pas y entendre votre voix. Mais on me dit que le Paradis a aussi ses douleurs et je l'éprouve puisque je suis si loin de
paradis,
si
vous, d'Emile, de tout ce qui
fait
aimer
et vivre.
un peu dépeuplé, il me semble que le palmier qui m'ombrage en ce moment aurait de l'ombre pour trois, quoique bien jeune, et des palmes pour deux et que vos vers si
Nous trouvons notre
ciel
L AUBE ROMANTIQUE
221
étincelants ne perdraient rien d'être récités à notre
lumière.
Nous avons un
été qui ne
vivent toujours et
trouvé
j'ai
mourant au milieu de
même
en parlant de
moyen de
le
toutes
âme de
dans vos vers, tout
Nina
idéale dont
quelque chose
le
les
vous aimez tou-
poète et vous nous révé-
charme de
cette existence
est l'ange gardienne.
de plus
rester
immortalités,
Car vous, bien cher
la vôtre.
ami, vous vivez, vous chantez,
jours avec votre lez
meurt pas, des
ne meurent pas, des petits pois qui
abeilles qui
Et
s'il
est
enchanté que notre beau
climat d'orangers, de fleurs et d'abeilles, c'est une
journée passée au Marais, avec Nina enfants,
c'est là
vous appartient
le
bonheur,
et qu'il
le
et
ses trois
nôtre, puisqu'il
porte votre
nom.
Parlez-
moi de votre famille, d'Emile, d'Aglaé, de M™= Dudon, de M. et de M"^^ Daclin et de tout ce faisceau d'amis qui a tant de force parce qu'il a tant de
charme lâtre
et puis
de notre belle Almaria que j'ido-
presque autant que je vous aime de
loin,
de
près et partout et toujours, ce que je dirais mille fois
vous
davantage écrire,
si
votre
Gabrielle
ne devait pas
cher ami. ALEX. SOUMET.
CLII. J'ai fait
— D'Emile Deschamps.
mes commissions,
je
réponds du moins
22 2
L
de deux. entier
;
AUBE ROMANTIQUE
mais
le
dans la Mode bien le 3i décembre,
passera
L'article
6 janvier et
non pas
pour des convenances mutuelles,
Du
faut entendre livre, si
moi
et
par ce mot
Fourg-erais (249),
et tout le
monde
excepté vous,
obligeant, qui m'avez encore
il
l'éditeur, le si
bon,
promis quelques
lignes pour la Quotidienne.
Nous avons
été
pimpants pour vous
faire
une
g'randissime visite, hier soir, sans trouver M'"^ de
Rességuier, ce qui a révolutionné notre journée mais, ce soir, j'espère et je désire bien.
EMILE DBSGHAMPS.
CLIII.
—
D'Emile Deschamps.
Arnouville, dimanche, 7 h. du soir, 29 mai.
A
M.
DE nESSÉGUIER.
Que parlez-vous de miniature? J'arrive en
Où
un charmant
enclos,
n'aime d'autre peinture, Que les Poétiques Tableaux. Toute l'énorme brioche entre l'on
Dans notre
Comme
colossale
Anna
ces troupeaux que l'Etna
Engloutit jadis dans son antre. Mais hélas!., vous n'êtes pas là, Et parmi ses fleurs même, elle a Le cœur aussi i^ros que le ventre.
Pour moi,
je quitte tous ces biens,
Je pars, mais vers la canicule
;
l'aube romantique Je reviendrai des eaux, cher
223
Jiile..
Si je n'y laisse pas les miens.
Comme Anna Et je
à Paris, dans les campagnes, toujours est de mon goût
la
regarde beaucoup.
Pour m'accoutumer aux montagnes. Après UD chemin assommant Dans une diligence lente,
La brioche
Un
était excellente...
peu trop chaude seulement.
Oui est à
la lettre,
quoique dans
la lettre.
EMILE [deschamps].
CLIV.
— D'Emile Deschamps,
Mardi.
Voulez-vous, cher Jules, savoir ce que l'avenir dira de vous, voyez ce que d'hui, était
et,
l'
malheureusement,
Avenir en il
dit
aujour-
n'a pas tout dit.
question d'étudier votre talent tragique...
Il
Ce
me charme, c'est qu'en Auverg-ne ils ne sont abonnés qu'à rAvenir on à la Gazette. Malheureusement je ne puis rien à la Gasette,ei puis, je n'en qui
puis plus. Je pars pour Savig-ny et demain pour
Vincennes et samedi pour bien loin; mais nous nous verrons beaucoup cependant. Avez-vous lu mes bêtes de vers d'Arnouville?
Me
pardonnez-vous ces sottises? Mille tendres
224
l'aube p.omantioue
hommag-es à Nina; j'espère que votre rhume
n'est
plus rien.
Votre ami. EMILE [deschamps].
CLV. Cher à T....
—
D^ Emile Deschamps.
Jules, voilà à :
Almaria
propos
le
langag^e queje tiens
paraît et paraît charmante, n'au-
riez-vous pas grande envie d'en parler la Gazette Littéraire?
Nous en avons
souvent parlé ensemble! Dans tous faut-il Il
un peu dans si
bien
les cas et
et si
quand
que Jules vous envoie sa ravissante espag-nole ?
voudrait au moins
vos yeux d'ami tre vos lunettes
et
la
mettre tout de suite sous
de poète, dussent-ils ne pas met-
de critique. Le Moniteur veut bien
se charger d'un article de moi, je serai officiel et
vous suivrai. C'est quelquefois
quand on
crie
Est-ce ainsi qu'il
vous
dirai
la
même
la
chose;
pour Jules, par exemple. fallait dire,
réponse de
mon
T
cher ami? Je
que vous savez
d'avance, enfin, bien que ravi, c'est
ég'al,
je vous la
dirai.
A
propos, avez-vous vu
mon
annonce, dans
le
Moniteur? Et n'avez-vous pas vu qu'on a mis Amasia? L'épreuve a passé sur
le
champ
et
il
m'a répété
l'aube romantique
225
que Tarticle de fond passera aussitôt que la politique le permettra, c'est-à-dire dans très peu de jours.
Savez-vous
que
j'ai fait
si
M. de Pejronnet saura
peu de chose pour
C'est lerais
pas qu'il crût à
Adieu,
l'article
mettre sur l'Histoire des Francs (200)
mon
lui;
mon
mais je ne
me
?
conso-
silence.
cher Jules, quand nous revoyons-
nous ? Nous relisons Aglaé
et
moi quelque passage
de votre mag-nifique/miïa^io/i de Jésus-Christ. Elle contient des
baumes pour
toutes les douleurs.
A
bientôt cependant et n'abusons pas de l'éternité
par l'absence,
A
comme
vous de cœur
je dis àT...
et d'esprit, si j'en étais capable.
EMILE [deschamps].
Nina, Paul, Albert, Charles, tous
les
noms
cliers
que je ne veux pas oublier.
CLVI. Cher
Jules,
— D'Emile Deschamps.
Soumet m'avait
raconté, chezLadvo-
par Chateaubriand, qu'il y a d'un généreux talent, ce sérail
cat, ce libraire écrasé
assez d'un
homme
beaucoup trop de vous; mais il nous reste Dupont, Tastu, etc. Tout triste que je suis de mon côté, rien ne m'est égal de ce qui vous touche, je m'en M.
220
I.
dédommag-e bien,
AUBE ROMANTfQTE je
me
vous jure, pour ce qui
regarde.
Vous
êtes malade, cher ami, mais
vie et la maladie sera très longue, je
viens. Vivez, aimez,
du
malade de la vous en pré-
souffrez et chantez. Parlons
cimetière,
du
fauteuil
Chaise (26 1).
On
n'est
et
non de
celui
que quarante dans
de
le
la
pre-
mier; mais, on y est mort comme quarante mille; à moins qu'on y soit somnolent comme Chateau-
briand
Soumet. Vous pouvez
et
choisir.
Vous ne
pourrez jamais choisir des amis qui vous aiment autant qu'Aglaé
et
moi. EMILE [deschamps].
Dimanche matin.
CLVII.
—DeJ.
A.
Wi2/s/i (262).
Paris, le 19 janvier 1836.
Mon
bien cher comte.
Vous prouvez à mon fils que vous l'aimez beaucoup Il faut que vous rac prouviez aussi que vous m'aimez un peu. Envoyez-moi donc une toute petite ballade qui aille à notre Echo, revue catholique. Donnez-nous tout de suite pour le 22 de ce mois quelque chose de tout fait quelque chose de vous et ce nous sera de l'or et mieux que cela, de l'honneur. Adieu, au revoir, tout de cœur, à vous. .
;
V'^
WALSfl,
rédacteur en chef de l'Echo de la vieille France
L AUBE ROMANTIQUE
— DeJ.A.
GLVIH.
Mon J'ai failli
de ce
Walsh.
cher comte,
mourir,
monde
227
et
près de m'en aller
j'ai été très
en pensant à ceux qui
lui restaient
pour le rendre plus noble et meilleur, je me suis souvenu du fils de la harpe, des hommes qui savent de magiques paroles pour consoler leurs frères. Je
me
souvenais de vous
de partir
et je
me
disais
:
je suis fâché
si vite.
Enfin, je ne suis pas parti et vous allez vous
apercevoir, cher comte, que je reste, car je vais
vous ennuyer. Je viens vous demander quelques lignes de vous. Des lignes qui aillent à notre Echo de laFrance
—
c'est
pour
lui faire
de cygne, car il va mourir. Ayez
que
l'on se
souvienne de
tez-lui votre
nom
lui,
corameun chant de lui et pour
pitié
qui vous a aimé, prê-
à ses derniers
moments, ça peut
une résurrection. Tout de cœur, à vous.
lui valoir
V"=
WALSH.
Pensez donc à la Mode. Elle est pleine de vie et d'amour pour vous. Une réponse tout de suite 27 novembre pour l'Echo qui attend 200, rue Saint-Honoré
—
et espère.
—
—
328
l'aube uomantique
CLIX.
— De Mgr Dupanloap (253).
Monsieur
le
comte,
Je ne sais, en vérité, tre si fait
comment répondre
à la
let-
complètement bienveillante que vous m'avez
l'honneur de m'écrire. Je croyais et je crois
encore que c'est parler de
mon
à moi qu'il appartient de vous
admiration pour un talent qui
aujourd'hui un des plus
brillants
religion et des lettres et aussi de
ma
est
ornements de
la
reconnaissance,
pour des bontés dont je sais le prix infini; mais me fermez la bouche. Le nom d'Albert, que je trouve avec bonheur dans ces lignes trop flatteuses, me suffit, il est vrai, pour expliquer une bienveillance qui me serait infivous
niment précieuse,
si elle
ne
me
donnait des louan-
ges dont je dois roug-ir; l'ancien catéchiste d'un
fils
si justement chéri a quelque droit à une paternelle indulgence, mais doit aussi n'y trouver qu'un en-
couragement à bien
faire.
J'ai,
je
sens et la bonne foi de penser de je n'en suis,
monsieur
sant d'une bonté dont
le il
le crois,
la sorte
le ;
bon
mais,
comte,que plus reconnaism'est
si facile
de
me
trou-
ver indigne.
Daignez, monsieur
le
comtej agréer l'hommage
L AUBE ROMANTIQUE
profond de
ma
229
considération la plus respectueuse
plus haute.
et la
J.
DUPANLOUP p*"
Paris, 49 février 1836.
CLX.
— De A. de Beauchesne.
Vendredi, 3 h. 4/2.
Je suis accouru chez vous, une minute après votre départ, cher grand Jules. Je venais furieux vous dire que
je
n'avais pas trouvé
de la Mode,
l'article
elles
les citations
autre samedi. Je n'ai pu rejoindre
demander
humeur
raison.
dans
ont été renvoyées à un
Peut-être,
Walsh pour
lui
quand ma mauvaise
sera passée, trouverai-je qu'il vaut autant
dans l'intérêt de l'ouvrage que les citations ne viennent que samedi prochain, ce qui nous ferait deux mais j'auarticles car vos vers sont des éloges ;
;
heureux de votre approbation, en ceci comme en toute chose. La Quotidienne a été telle que je savais qu'elle serait, c'est-à-dire, à genoux devant votre nom. rais
été
Elle est encombrée de feuilletons retardés par les Chambres mais nous aurons un tour de faveur, c'est-à-dire, de justice, pour un des jours pro;
chains. J'ai
donné votre délicieux volume à M. Moreau^
23o
l'aube nOMANTlQUE
VOUS aurez à
I"
envoyer plus tard à Lostang-es
et
au
père Michaud qui ne quitte pas, dans cette saison, sa retraite de Passy. Voilà, belle l^milie, à quel point nous en
sommes.
J'aurais voulu être certain que la réserve que fait
Walsh de
votre ravissante poésie, dans l'intérêt de
l'avenir de son journal, ne
vous déplairait pas.
Je vous demande pardon devons avoir barbouillé cette jolie petiie feuille de papier qui était destinée
à
un bien
A vous
meilleur sort.
de cœur et d'âme, tout à vous. A.
CLXI.
—
De
DE BEAUCHESNB.
M""' Desbordes-
Valmore
(254).
Lyon, ce i^r septembre 1836. J'ai
un beau
livre
votre écriture pour
moi
de vous, monsieur, et
me
persuader que
qu'est envoyé ce livre, et
jours cette belle à vous
Almaria qui
que
j'ai
de
c'est bien à
j'ai
pour tou-
a tout de votre âme,
!
Je ressens toute la g-râce et toute la bonté d'un tel
souvenir. Pensez-vous, monsieur, que j'oublie
votre courageuse visite; vous étiez presque aussi
malade que je le suis encore ne vous a pas effrayé Merci! 1
et ce
ma
pauvre calvaire
fille,
qui a retenu
L AUBE ROMANTIOUE
toutes vos paroles, m'a dit
un poète! Je sieur;
:
Maman, c'est donc cela
suis éblouie, oui, c'est bien vrai,
delà poésie sous
avait
mon
mon-
toitpuisque
y vous y étiez et nous en avons gardé l'étonnement et l'émotion vous n'y avez trouvé que de l'écho (255), il
;
mais pas
c'est
beaucoup, n'est-ce pas
l'éveiller
? Il
ne faudrait
ma pauvre Ondine (256), Lyon comme je l'ai été si long-
souvent chez
elle serait triste
de
temps moi-même.
Au qu'un soit
revoir, soyez
vœu de
heureux
et
entendu partout
et
votre âme, que je sais présentement,
accompli dans l'année. J'espère que vous m'en-
tendez, monsieur, et Dieu aussi.
MARCELINE VALMORE.
CLXII.
— D' Alexandre Soumet à M"^^ de Rességuier.
Madame Voici lit
le
et bien
chère Nina,
premier moment où
de douleur depuis que
ma
j'ai
fille
pu
quitter
mon
s'est relevée
du
sien et je ne voulais céder à personne le plaisir de
vous répondre à tâtons, car je suis devenu aveugle
comme
si
j'avais
composé
le
Paradis Perdu, moi
qui ne sors pas de l'Enfer.
Merci, mille fois merci, de votre souvenir. Les beaux enfants avaient du temps des fées, une bonne fée pour les protéger, aujourd'hui, ils ont un bon
*
l'aube romantique
23a
vous avez voulu être l'un
ang-e et
et l'autre
pour
la
vous nous avez envoyé tous vos vœux et toutes vos joies, toutes vos prières, pour un berceau et votre lettre lui porte bonheur et nous la lui gardons pour le moment où elle pourra vous de Gabrielle
fille
et
aimer toute seule
par instinct,
et
comme nous vous
aimons.
Mais vous voilà bien loin et depuis bien longtemps et Jules est souffrant dans notre beau midi comme sous le brouillard de Lyon où nous l'avons suivi pas à pas
et
jour par jour,
cependant
Paul, et
Rhône
le
comme
n'était pas
son
fils
encore
ne guettait pas Lyon lorsque Jules y entrait. Mon Dieu, chère amie, ne reprenez pas ce
débordé
vilain
et
chemin quand vous reviendrez à Paris. Vous
passerez par Bordeaux, par Montferrand, n'est-ce
pas
?
Et Jules aura tant de bonheur
qu'il
oubliera
sa souffrance et pourra embrasser son illustre ami
sans
écrasé par
être
la
muraille
du château de
Ham. donc par Montferrand que nous allons vous attendre, Paul, Albeit, Charles, Nina et nous n'iC'est
la messe de minuit avec vous. Jules nous apportera de grandes poésies et beaucoup de
rons pas à choses
comme
il
y en a
si
peu.
nous n'avons qu'une grande chose à vous montrer; mais bien immense, bien solennelle, bien Ici
religieuse
:
233
l'aube nOMANTIQUE
Car nous avons dressé l'obélisque immortel Sur le lieu funéraire où manquait un autel. Ah monarque martyr, ah victime célèbre, !
1
Sésostris a taillé ton
monument
funèbre.
Pontife de la mort, de ses tombeaux lointains Il t'envoie à travers quatre mille ans éteints
Un bloc cyclopéen pour marbre expiatoire, Et tu fais avec lui cet échangée de gloire. Ce granit te répond, sous ton ciel étonné D'un avenir de pleurs égal à son passé Et ses signes, ses noms, splendeur d'une poussière, Néant superbe, écrit sur des pages de pierre Se liront épelés par l'ange du cercueil ;
:
Jamais plus grand espoir n'obtint un plus grand
deuil.
Lisez avec votre voix de royaliste, chère Nina, ces vers à Jales, ainsi qu'à
à
M. et
M""* de Resség-uier,
qui je présente de tendres respects et parlez^
ensemble de ces souvenirs
et
de ces espérances que
vous aimez et de nous, qui vous aimons si tendrement et de notre bonne Açlaéet d' Emile et d'Anna. Nous sommes presque aussi loin de ces bons amis
que de vous car nous habitons le Marais et ce Marais n'est pas le votre, bien qu'on vous y attende ;
toujours et sans cesse.
Adieu, bien chère Nina. Mettez tous
mages respectueux aux pieds de
mes hom-
M"*' la comtesse.
ALEX. SOUMET. 15 sept. [{SZÙ\
l'aube romantique
2 34
GLXIIi.
—
Jocelyn (267),
D'Alexandre Soumet.
mon
cher Jules, vous a inspiré
une pièce de vers ravissante ressemble mieux à son père. Je voudrais que Gabrielle
jamais enfant ne
et
—
qui
me
ressemble
un peu — concourût pour l'ouvrage le plus utile aux mœurs et je vous prie de dire à Guiraud ce que vous en pensez. Consultez surtout M™^ de aussi
Rességuier, car c'est
charger de
elle seule
que l'on devrait Monthyon. L'A-
distribution de prix
la
cadémie aurait une chance pour être juste et une tête de vierge pourrait lutter sans trop de désavantage
contre
le
M. de Poujoulat
roman abyssinien de
Bédouin, (258).
s[oumet] Ce samedi
.
sept.
CLXIV.
— D'Emile Deschamps.
Avec son œil de feu, ses lèvres d'ambroisie, Sa grâce, ses bouquets, sa parure choisie, Cher poète, en ces vers que j'aurai toujours Vous avez peint la poésie J'ai reconnu Mikaëla (259)
là
:
!
EMILE [deschamps]. Mercredi
soir.
235
l'aube romantique
—
CLXV.
D' Alfred de Musset (260).
Dimanche. J'ai
vu hier
monsieur,
le
directeur de la revue,
eu
et j'ai
plaisir
le
mon
cher
d'apprendre qu'il
sera charmé de recevoir ce que vous lui destinez.
Je n'en licite
ai
pas douté, quant à moi
d'avoir
pu vous
être
;
mais je
me
fé-
bon à quelque chose dans
cette petite nég-ociation. Mille
compliments.
ALFRED DE MUSSET.
CLXVL Voici,
mon
— D'Emile Deschamps.
cher Jules,
mon
article
du Giobe,
du Temps (261), qui est beaucoup plus méchant et pourtant le mien est assez méchant, grâce aux éloges qu'on y a retran-
je n'ai qu'entrevu celui
chés et aux critiques qu'on y a mises. Merci de vos charmants vers que vous allez m'en-
voyer en échang-e de qu'on appelle
la
ma mauvaise
prose. C'est ce
balance du commerce. EMILE [dESGHAMPS].
Vendredi matin.
P. -S. Ça, je rouvre
ma
lettre
que
j'avais faite
236
l'aube romantique
d'avance pour vous dire qu'il est trop drôle que
nous nous soyons
écrit la
—
CLXVII.
même
phrase.
D'Emile Deschamps.
Mercredi.
Vous savez où
peut
me
vous savez la minute vous m'envo^'ez tout juste ce qui
tout, cher ami,
je reviens et
de
faire le plus
plaisir,
des
nouvelles de
votre ancienne et toujours jeune amitié.
Ce que j'aime
le
plus après vous, c'est votre ta-
lent et votre gloire et l'écho de cette gloire dans les
cœurs que j'aime,
nos amis dès que j'en part
;
pour vous,
mon
voilà ai
pourquoi
la
je parle
de
permission quelque
ami, on m'a pressé, supplié
comme tout le monde Vous avez un grand admira-
et l'Avenir (262) est à nous, le sait,
excepté vous.
teur dans
le
jeune vicomte de Montalembert, qui
m'a tant demandé
que l'espace a forcé de raccourcir. Je voulais que l'on sût trois mois plus tôt que vous êtes un poète tragique de premier ordre, il y en a qui ne le sauront que trop tôt. cet article
Je pars donc samedi, mais je vous verrai
embrasserai vingt
fois d'ici là.
vous, en Auvergne (203), et je vers,
et
vous
Je parlerai tant de lirai
au bruit des cascades que je ne
tant de vos
me
croirai pas
l'aube romantique
on m'ordonnera de
isolé et puis,
me
répétera
comme on Ta
Le bruit
et
alors
déjà
travailler et l'on
fait
:
lointaia des flots des cascatelles...
tout cela
me
repenser à
fera
la
poésie
comme on aime
que j'aime pour elle-même,
d'un Aglaé vous embrasse j'embrasse Nina, ce qui ne m'empêche pas de
amour profond et
iîSy
vous serrer
la
et véritable.
main bien
fort.
EMILE [deschamps].
CLXVIII. Cher
— D' Alphonse
de Lamartine.
et excellent confrère,
Vous avez eu la bonne pensée décrier courage à un de vos frères en poésie pendant la mêlée. Vous avez eu une belle et magnifique page née du cœur, pour l'exprimer. Rien ne m'a fait autant d'émotion; y avait vingt personnes chez moi. Gela s'est lu tout haut et a été applaudi tout chaud. Je vous réponds bien mal parce que j'ai eu la fièvre. Mais hier
il
mon cœur
vous a répondu toute
la nuit.
LAMARTINE.
238
l'aube romantique
CLXIX.
—
De
i/me
mon
Pardonnez à
Marie Nodier'Mennessier
monsieur le pour intermédiaire entre M. de Peyronnet; mais je me persuade importunité,
comte, de vous choisir et
elle
qu'une tre
lettre
de moi.
de vous fera très bien passer une
même
J'ai
dédommagement
la
let-
vanité de croire que le
l'emportera sur l'ennui. D'ailleurs
probablement besoin d'un prétexte pour vous remercier d'une toute charmante épître qui m'a comblée de joie et de fierté et que j'ai lue et
j'avais
relue à tous les miens et à
confusion, tant
j'ai
moi-même presque sans
de peine à penser que tant de
gracieuses choses que je ne mérite guère, s'adressent véritablement à moi. Veuillez agréer avec
mes excuses, monsieur
comte, l'assurance de mes sentiments
les
le
plus distin-
gués.
MARIE NODIER-MENNESSIER. [17nov. 1836.]
CLXX.
—
De Montalembert
(264).
Venise, ce 25 novembre 1836.
Monsieur C'est le jour
le
comte,
même
de
la fêle
de sainte-Elisa-
l'aube romantique
beth que m'est arrivée
239
que vous m'avez
la lettre
fait
l'honneur de m'écrire et j'avoue que cette circonstance
me
l'a
rendue précieuse. C'est donc avec un
sentiment de joie et de reconnaissance que
vif
j'ai
que vous voulez bien m'adresser au sujet d'un travail où j'ai mis toute mon âme et qui a été, pendant plusieurs années, le prelu les paroles si flatteuses
mier intérêt de
ma
vie.
Les suffrages d'un écrivain distingué
mé comme
vous, monsieur
et
renom-
comte, sont toujours
le
d'un bien grand prix, surtout pour un ouvrage qui n'a aucune chance de valeur
me
littéraire.
pardonnerez, j'en suis sûr,
autre chose que l'écrivain et
si
si
je vois
Mais vous en vous,
je vous remercie
avant tout de ces sentiments d'intérêt et de tendresse, que semble vous avoir inspirés la chère sainte
Elisabeth.
Vous me donnez
la
dIus douce récom-
me montrant que pu réussir à lui concilier de tels sentiments dans des âmes comme la vôtre, assez élevées et assez chrétiennes pour l'apprécier et l'aimer, malpense que je puisse désirer, en
j'ai
gré
la
profonde opposition que proclame sa vie
tout entière contre ce qu'on appelle la raison et
le
bon goût de nos jours. Croyez donc, monsieur
m'a cier
en
le
comte, que votre
lettre
au cœur. Permettez-moi de vous en remeravec une affectueuse sincérité, non seulement été
mon nom,
mais aussi en
celui
de cette sainte
l'aube romantique
24o
chérie et veuillez agréer, avec
l'expression de
ma
mes remerciements,
haute considération.
COMTE DE MONTALEMBERT.
CLXXI.
Un
— De M'^^ Gabrielle Soumet-Daltenheim.
des plus grands chagrins de Gabrielle,
beaucoup de chagrins dans sa
a eu
d'avoir
composé des vers sans
les
vie
qui c'est
,
avoir envoyés à
notre Jules bien-aimé. J'espérais qu'il n'en entendrait jamais parler,
mais puisque cette chance heu-
reuse m'est refusée, je vous les envoie en toute contrition, car notre
cœur
et
notre esprit étaient
chemin d'Albert que sur
celui de
Fontainebleau. Dites bien cela à M""^ de
Ressé-
bien plus sur
g-uier.
le
Alexandre, un peu moins malade, commence
à sortir depuis deux ou trois jours et ira
vous
embrasser.
GABRIELLE [dALTENHEIm]
.
7 juin 1837.
CLXXII.
— D' Alexandre Soumet.
Vous méritez une couronne à l'Académie et des verroux à la Cour d'assises. La législation d'intimidation fait un crime des vœux et de l'espérance et
il
y a de tout cela dans votre ballade clairs. Je ne crois pas qu'il
termes fort
et
en des
soit
pru-
l'aube romantique
»^l
dent de
les faire publier; il y avait dans votre Vendéenne une double entente qui pouvait la sauver;
ma\sYO\,TQ Languedocienne (266) n'y va pas par deux
chemins; g^ie.
elle
vous conduirait droit à Sainte-Péla-
Réservons
le
martyre pour des temps plus
fructueux en résultats. Mille amitiés. A. SOUMET.
CLXXIII. Je ne fais
— D'Alphonse de Lamartine. mon plaisir certain mon bonheur de tenir un
qu'anticiper sur
en vous exprimant tout
volume de vous entre mes mains le Prisme (266) à travers lequel tout vous apparaît, c'est votre cœur incomparable et votre imagination colorée et échauffée par votre belle âme. Il vous appartenait de chanter les Prismes ; je vais y chercher le philosophe et le poète et je serai bien heureux d'y re;
trouver surtout l'ami. Je pars demain pour Mâcon. sans cela j'irais
vous remercier.
A mon
retour de celte course où
volume pour charmer la route, vous dire une faible partie de ce que j'aurai Tout à vous, de cœur. j'emporte
le
LAMARTINE. i5
j'irai
joui.
242
l'ai.BE ROru'ANTigUK
—
CLXXIV.
De
J,
Reboul
(267).
Monsieur, Je vous remercie de l'envoi de votre beau volume et des élog^es faibles
que vous voulez bien accorder à mes
talents; si
mes
suffrag-es avaient
quelque
valeur, après avoir reçu les vôtres, je vous dirais
combien vos vers ont délecté
mon
si
nobles,
oreille et
si
purs,
combien
si
harmonieux,
les idées qu'ils
expriment ont trouvé de sympathie en moi. Votre poésie a toute la limpidité d'un ciel méridional; j'ignore quels sont les lieux où vous avez vu le jour;
mais vous nous appartenez, monsieur, par droit de style et
de sentiment.
J'eusse désiré, monsieur, répondre dans la lan-
gue que vous parlez si bien, à la belle pièce que vous m'avez adressée (268); mais absorbé par un ouvrag-e d'assez longue haleine (2G9) pour moi,
mon
esprit est
emporté dans un courant d'idées
que je ne saurais
faire retourner.
Je joins à cette lettre selin
que vous aurez
la
un
pour M. Gosbonté, j'espère, de lui faire petit billet
parvenir, c'est pour m'acquitter, en partie, de vos
aimables avances. Je suis monsieur, avec un profond respect et
l'aube romantique
une vive reconnaissance, votre
243
humble
très
et très
obéissant serviteur. J.
REBOUL.
Nîmes, ce 3 mars i838.
CLXX V. — De y¥'"« GabrielleSonmet-Daltenheim. J'ai le
cœur
cher Jules,
mes
ravi et navré de votre
mon
volume (270),
père en a été touché jusqu'aux lar-
moi je voudrais que la première pièce de vers ne fût placée que sur l'exemplaire de Nina et sur le mien. Vous vous êtes jeté dans le combat avec un signe funeste sur votre armure, vous avez bravé la et
contagion de mes infortunes littéraires avec tout l'héroïsme de l'amitié
protéger tous le
dernier
sur
la
les
!
deux
comme un
Puisse votre bon ange vous !
Heureusement
qu'il
céleste pasteur et
il
vient
veillera
destinée de vos vers après avoir veillé sur
la votre.
GABRIELLE DALTiSNHEIM. Dimanche matin.
CLXXVI. Cher
et
— De M'^^ Delphine
cher encore, la Gazette joindra
la
voix
que vous avez obteque vous obtiendrez de ceux qui vous en-
de la publicité à toutes celles
nues et
Gaij de Girardin.
tendront.
l'aube romantique
244
Heureux ceux qui vous connaissent aiment
vous
et
comme D.
CLXXVII.
—
De
DE g[iRARDIN].
^/^^ Gabrielle
Soumet-
Daltenheim. Notre Alexandre m'est revenu presque mourant de Paris, avec \os Prismes immortels et j'ai été triste et
heureuse,
jours et
j'ai lu et relu
et j'ai été
g-arde-malade tous les
tous les jours ce cher volume
que Jules donne à Gabrielle. Merci, merci, je ne pourrais pas vous remercier comme je le veux, si je n'avais à faite
avec
vous raconter une petite promenade
amour
admiration
et
comme un
vrai
pèlerinage à une chapelle déserte hier. Alexandre
un peu mieux, nous sommes partis pour revoir Ghambord, partis sans avoir à notre service ni le char d'une Fée, ni vos Chevaux de poste, plus étant
aériens que son vol, aussi avons-nous
failli
verser
en chemin. Et nous avons appris, de désir en désir, Ce qu'il faut de tourments pour former un plaisir (271).
Nous sommes arrivés pourtant et me voilà où je Ghambord, les Prismes Poétiques
voulais être, à
à la main, avec
mon
née du mois de mai
:
malade, par une belle jour-
2
l'aube nOMAN'TIQUE
'|
5
Ce sont les jours brillants et tièdes, Après les jours sombres et froids A chaque pas, j'entendais dire Ce malade est mieux et respire; ;
:
Il
a touché presqu'au
C'est le
moment
Des châteaux au
Oui, mais
il
tombeau
;
des promenades, loin visités (272).
est bien rare
de trouver un
châ-
tel
teau à visiter et de tels Prismes pour le colorer.
Que d'harmonie au
même
lées,
entre
soleil entre
diamantées,
le
monument et le livre, vus mêmes tourelles dente-
ces
multipliées
chaque rayon de jour
sans
nombre par
et ces trois mille vers aussi
élevés, aussi gracieux, aussi légers, aussi près des
cieux et multipliés de
même
par
la gloire
et
par
chaque écho du cœur. Nous regardions beaucoup et nous écoutions davantage. Nous écoutions cette poésie qui ramenait sous ces
murs l'âme de FranSalaman-
çois I" et ressuscitait les feux éteints de la
dre.
votre
dans
Nous placions sur chaque balcon suspendu dix tours; nous répétions, abandonné,/» Prière de Nina; nous Inséparables en songeant à l'amitié
châtelaine aux l'oratoire
relisions
les
qui auraituni notre Albert au propriétaire de
bord, de ce château plein d'une jeune
et
touchante
image comme les Prismes bien-aimés avons réservé la plus haute tourelle pour
Agnès de Picardie
Cham-
et
nous
Madame
:
i§*
l'aube R0M\N1IQi e
246
La dame en tout La plus humble
la
mieux douée,
et la plus louée (273).
Louée moins que les vers qui la chantent Que vous dire enfin! non de cette architecture, toute mauresque, mais de cette poésie, toute orientale, !
qui pleure et qui espère et qui
et
qui console et qui ravit
rend l'âme meilleure
avec des mots prosaïques C'est perdre tout à fait le
Que de
!
Comment
la
peindre
:
temps
et la raison,
vouloir chercher une comparaison
!
que la neige qui tombe, Plus de légèreté dans l'air que la colombe. Dans les lieux où s'ébat son élan immortel, Tout se change en trépied, en couronne, en autel Elle a plus de blancheur
O
;
poète, voilà, voilà ce que vous faites ! la fois votre gloire et nos fêtes (274)
Vos vers sont à
Et notre bonheur, à nous, sera d'aller vous em-
brasser tous bientôt, et moi, je vous gronderai un
un peu de n'avoir pas entendu mon Gladiateur encore tout blessé de votre absence.
GABRIELLE DALTENHEIM. Blois,
5 juin 1838.
CLXXVIII.
— De 31""
Sophie Gay.
Voulez-vous, cher troubadour, me prêter pour un mois le second et le cinquième volumes de la
uomantiçjue
l'ai.bi;
24?
Correspondance de Grimm ? j'ai à vous et qui me servent pour l'ouvrag-e que je fais; il me semble que vous rendre ainsi complice de mes crimes première partie de
la
Je vous les rendrai avec ceux que
littéraires, c'est leur
assurer du succès.
Mille tendres remerciements d'avance.
SOPHIE GAY.
Que Gémiot
a
CLXXIX.
quelque chose de ravissant
fait
avec votre charmante
Agnès de Picardie
!
— D'Alexandre Soumet,
Mardi.
Rien
pour penser toujours à ses
n'est plus sûr
amis absents,
mon
écrire; depuis
un mois,
cher Jules, que de ne pas leur je
me
lève
chaque matin,
avec la volonté de répondre à vos douces lettres, et je
me
couche sans
l'avoir pas fait.
Le
le faire
lieu
avec
que j'habite
de ne
le reg'ret
est d'ailleurs si
que si le Pégase s'envolait lamandore de la châtelaine délaissée quelquefois entendre ces airs que vous
plein de vos souvenirs
quelquefois,
me
faisait
chantez
si
presque
me
si
bien, sans les avoir appris, je pourrais croire encore auprès de vous.
êtes souffrant,
mon
Je ne suis guère mieux que vous, et en leurs,
nous pouvons presque dire
tres le
Mais vous
ami, et cette pensée est amère.
mot de Montaig^ne
;
c'est
les
fait
uns
de doules
lui, c'est
au-
moi
;
l'aube ROMANTinUK
2/(8
mais vous êtes près de Nina
;
vous avez de beaux
enfants et de beaux ombrages, et
il
n'y a que
le
Satan de Milton dont de pareils objets ne calment la souffrance ne soyez pas malheureux ou nous ne croirions plus au Paradis terrestre (275). Vous ne meparlez plus de votre projet de roman; avez-vous laissé mourir ce g-rand peuplier planté devant la grande tour et duquel vous avez fait une
pas
;
échelle
Vos leur rer.
si
ingénieuse?
facultés morales
vous terrasseront si vous ne donnez pas quelque grande conception à dévoPensez-y, Jules; vous pouviez dans le monde force d'esprit, de conversation et c'é-
y suppléer à tait
toujours autant d'évaporé. Mais dans
tude,
il
la soli-
n'en est pas ainsi et l'ennemi vous reste
tout entier.
Vous
savez, cher ami,
combien
je m'in-
téresse à vos plus légères compositions.
Ce que vous m'avez envoyé de cadeaux mant,
c'était
était char-
une page détachée de quelque
écrit
de
Bernardin de Saint-Pierre, mais un peu effacée en la copiant.
Adieu,
mon
je
lis
cher Jules,
;
terminé
mon
Oreste
je
tous les objets en Dieu;
Nina
j'ai
m'occupe beaucoup de métaphysique, souvent dans Malebranche que nous voyons
voilé (276)
j'ai
besoin de
me
rappeler
pour croire tout à fait à cette doctrine. Mille
baisers pour vos enfants.
ALEX. SOUMET
L
CLXXX.
AUBE nOMANTinUE
— D' Alexandre
Décembre i840.
Soumet.
Paris.
mon
J'arrive à Paris, cher Jules, et était
249
de vous envoyer
premier soin
premier exemplaire de la
le
Divine Epopée (277), écrite sous l'inspiration de vos beaux vers; mais j'apprends des choses terri-
blement douloureuses, tellement horribles, que je ne puis aujourd'hui... je suis navré et indig"né. Je vivais
dans une
si
grande solitude à
la
Rochette que
je ne savais presque rien de toutes ces
qu'on voudrait
vous
me
iniquités
quand
toujours ignorer. Certes,
parliez, sur
mon
vos tristes pressentiments
grabat de douleur, de ,
je
les
mes espérances;
toute la force de
repoussais de
je ne pensais pas
qu'un pareil malheur pût jamais arriver à M"" de Rességuier ; je ne pensais pas que pût trahir à ce point
humaine Que de Dieu
la justice
la justice
!
nous souffrions, nous autres, sur la terre, nous l'avons mérité, mais Nina Il me faudrait vous écrire !
avec des larmes tout ce que je ressens; dites-le-lui bien de
ma
âme comme
part, dites-lui la
Votre
ciel.
que
les souffrances
sienne sont une affliction vieil
d'une
pour
le
ami.
SOUMET.
Moi,
j'ai
été
sauvé
comme
par miracle;
j'ai
L AUDE ROMANTIOUE
me mouchant, une grande
rendu, en
sang
caillé et j'ai
dont je n'aime que il
pu la
faire
imprimer
page où
quantité de
mon poème nom
est écrit votre
;
paraîtra dans quelques jours.
CLXXXI. [8
Vous de moi!
— D'Alexandre
Soumet.
mai 1841]. êtes souffrant, cher Jules, et souffrant loin et je
ne peux tous
pour reposer votre
jours aller vous voir
mienne, prendre
tête contre la
vos pieds sur mes genoux, toujours,
les
comme
autrefois,comme
quand nous ne serons plus séparés. Ne
nous reviendrez-vous pas ? Il y a des consolations dans mon cœur, j'ai tant souffert! Vous le savez. J'ai repris mon petit appartement de l'Arc de
Triomphe (vous comprenez que chez moi)
;
je ne suis jamais
je l'ai repris parce qu'il est sur le che-
min du Marais, de
ce Marais qui a servi
chants pour s'efforcer de vous engloutir. tais
aux mé-
Oh
!
si j'é-
près de vous, je vous dirais bien des choses et
des choses qui vous remettraient debout sur vos pieds, ai dit
comme
le
cadavre par
le
galvanisme. Je vous
bien souvent, Jules, vous croyez aux envelop-
pes; pour moi,je n'y crois pas; je ne crois pas surtout qu'un procès d'argent donne tort à la lettre. Cela vient peut-être de ce que j'en ai peur. Celui que
le
L AUBE nOMANTIOOE
Gladiateur (278) m'eût rapporté, je le donne aux Polonais, parce que j'ai à mon tour un procès avec
M"' Rachel (279) et l'on dit que la gloire sera médiatrice; moi je lui écris Mademoiselle, vous :
êtes trop chère à
renvoyer
vous garde.
et je
Adieu, Jules, notre grande Gabrielle est accouchée d'une petite
tement la
comme
fille
proclamée dans tout
la petite-fille
de
l'illustre
le
dépar-
auteur de
Divine Epopée qui a daigné consentir à voir
le
une phrase de M. Maréqui vous ressemble beaucoup. Vous savez que si les deux
jour à chal,
la Piochette. C'est
mon
imprimeur,
Sosies se ressemblent,
dres respects à
homme charmant
un
seul est Dieu!!! de ten-
M™^ Nina. SOUMET.
Tous mes souvenirs à votre passé
la
journée avec Albert
famille. ;
métaphysique. Son esprit est de
CLXXXXIL
la
lumière.
--D'Alfred de Vigny.
Mercredi, 27 avriH845.
A.
Nous avons
nous avons causé
JULES DE RBSSÉGUIER
Quatre vers heureux tombés de votre aile Quatre fois par jour disent leur chanson. L'heure de l'oiseau que l'aurore appelle Et l'heure où l'aiguière attend l'échanson,
353
L
AUBE ROirANTIQLE
L'heure où l'écolier quitte sa leçon, L'heure où le poète entend Philomèle. Ces quatre moments sur un air très doux, Ecoutent chanter quatre vers de vous. Mais, ni l'oiseau bleu, niché dans les arbres, Ni l'humble échanson qui lave un cristal, Ni l'écolier blond couché sur les marbres. Ni le rêveur calme, au rêve inégal.
Ne verront
passer au son des quatre heures Sur nos escaliers et dans nos demeures Un ami joyeux d'un temps que j'aimais, Un ami charmant qu'on ne voit jamais.
ALFRED DE VIGNY.
CLXXXIII.
— D'Alfred de
Vigny.
22 janvier 1846.
Regardez
la
date de ce
billet,
cher ingrat et re-
pentez-vous.
Je voulais vous l'envoyer alors et Ton ne savait pas chez vous où vous
étiez.
Je ne sais quel jour j'aurai sais
que
le
mes
premier fauteuil sera
le
visites
;
mais je
vôtre. Envoyez-le
chercher demain, aS, à midi, ou dimanche, 25. Voici votre consigne, cher ami, vous serez au centre; au pied de la statue de Sully, à laquelle je
dois envoyer ma voix, pour être entendu de toute la salle. Elle est
précisément en face de moi, en vous
parlant, je lui parlerai.
L AUBE ROMANTIOUE
Si vous êtes à l'Institut, à ii h. 1/2, vous pourrez choisir cette place, je gémirais de votre absence et je
vous chercherais des yeux; car je rappellerai
ce temps où se formèrent nos poétiques entreprises et
nos inaltérables amitiés. L'absence ne peut rien La mort y peut à peine quelque
sur la mienne.
chose, car j'écrivais hier à quelqu'un
:
Pichald est
un de mes plus chers amis. Tout à vous de cœur. ALFRED DE VIGNY (280). Faites-moi savoir, est ici;
il
voudrais
si
notre ami,
M. de Panât
(281),
m'a témoigné tant de sympathie que je le
savoir
CLXXXIV.
—
!à.
Du
IL Père Lacordaire (282;.
Paris, 7 février 1847.
Monsieur, J'ai
reçu des mains de notre ami
vicomte de Falloux(283), la lettre et
commun, le
goût ont eu beaucoup à se réjouir mais
il
;
dont cœur, y a de
les vers
vous avez bien voulu m'honorer. L'oreille, le
le
monde une
certaine vertu qui s'appelle, je
crois, riiumilité et
qui a bien, en cette occasion,
par
le
quelque motif de se plaindre un peu. Vous m'avez trop traité en orateur et pas assez en religieux. 16
i/aUBE nOMANTIOUE
254
Mais je renvoie
cette
ment
pour
du Jugemoment, je ne veux que vous remercier de votre bon et poétique souvenir, dernier,
et,
querelle au jour
le
sorti de votre cœur, qui est la meilleure des Muses, une Muse chrétienne. Je n'ai pas eu le bonheur de vous voir, cette année, à Notre-Dame vous avez voulu m'en consoler, c'est une bonne pensée. Soyez assuré, monsieur, que je sais tout le prix ;
de votre inspiration;
primez daus votre
me
ils
m'ont aussi bien touché;
rappellent ceux que j'ai coutume d'échanger
avec votre aimable
fils
près de
de
lui, l'org-ane
sieur, avec toute
ma
sentiments que vous m'ex-
les
lettre,
ma
Albert. Veuillez être, au-
mon
amitié et agréez,
mon-
reconnaissance, l'hommage de
haute estime et de
mon
admiration.
FR. HENRI-DOMINIQUE LACORDAIRE. Des Fr. Prêch.
CLXXX V. — D'Emile Deschamps. Paris, 12 février 1847.
Mon dire
cher Jules, que de choses vous
!...
Paris
;
et quels
me
faites
admirables vers vous envoyez à
notre cher Guiraud vous applaudit de tout
son cœur
et
de son
lit,
car
Alfred de Falloux a remis
il
est bien souffrant.
les délicieuses
strophes
l'aube romantique
à l'Univers les
;
c'est
255
bien leur cadre, et je reverrai
épreuves afin que l'impression soit sans faute
comme
le
comme le Père Lacordaire qui Bravo, mon cher Jules, jouissez de
poète et
vous a inspiré.
votre nouvelle gloire
!
Je veux encore vous remercier de
l'appui que donner à Paul Juillerat (284), qui vient d'envoyer aux Jeux Floraux une Idylle les Funé-
vous
allez
:
railles d'un oiseau, avec cette épigraphe
Il
est
doux de mourir dans
les
bras d'un ami.
Paul Juillerat voudrait un prix
à
me
Voilà
et le mérite.
bien des obstacles; mais vous êtes belle espérance. Je
:
là, voici
une bien
confie à vous. J'ai écrit aussi
M. de Panât. Hier,
j'ai
vu M"^ d'Aiguevives à un bal, nous et de Nina que ce bal
avons tant parlé de vous avait l'air d'une fête.
Nous avons vu Paul cela, c'est
encore vous...
à fait? Dites-le-moi
et
;
tout tout
vite.
Jules, Albert et sa
pas Aglaé
M™« d'Anglade Quand sera-ce vous et
charmante Marie n'oublient
votre ancien ami qui s'appelle
EMILE [dESGHAJIPS].
l'aube romantique
i56
CLXXXVI.^ De Lamothe-Langon
(280).
Ce 10 septembre 1830.
Pardon, pardon, cher Jules,
si
j'attends
un mois
tout entier avant de répondre à ta dernière lettre, si
bonne
bours
et
si
affectueuse;
te parlerait
pour moi
un
faiseur de
calem-
de sa double valeur; mais tu
fais
que j'aurais fait pour toi et sans que ma reconnaissance en diminue, je croirais blesser la délicate noblesse de ton cœur, par des remerciements a<i hoc. Si je ne t'ai pas écrit plus tôt, en plus j'avance en âge, plus voici la raison véritable ce
:
ma jeunesse par mes souvenirs, plus j'éprouve le besoin de me retrouver avec le peu d'amis qui me restent. Tu es de ce nombre, un des
je recule vers
plus aimables sans doute et
le
seul auquel je puisse
parler librement du chien qui nous a
mordus tous
donc je tiens à ton affection et à une correspondance de temps en temps, à laquelle je ne renoncerai que sur ta très expressive volonté ; car, pour que tu ne viennes pas à te dégoûter de notre commerce, je me suis juré de ne rempUr mes lettres que de ce qui pourrait te distraire, de ne prendre la plume que dans ces moments où^ dégagé pour peu de temps de ces traverles
ses,
deux, de
la
poésie
;
de ces inquiétudes qui
me
rongent, j'arriverai
•
1.
r.n'.î',MMUK
.\r-i'.;-
à posséder cette liberté
d'esprit
d'une
portable la lecture
lettre
207
qui rend
sup-
de trois pages
environ.
Hélas! Le mois d'août,
m'ont rendu g-uère le
si triste et si
le
début de septembre
désespéré que ce n'était
temps à choisir pour causer avec
au-
toi;
jourd'hui encore, je suis plus que jamais sous cette
puissance cruelle et désespérante et
si
je
prends
néanmoins
mon
projet,
c'est
le
parti de t'écrire contre
dans l'espoir d'échapper
J'accepte
cette excuse
à
moi-même.
comme bonne
et valable,
ne redoute pas surtout dorénavant, une autre entrée
en considération aussi ridicule, pardonne-la au désir
me
de
justifier et la
chose contée, poursuivons sur
un ton moins lugubre. Je commencerai par tre
m'a
te dire
instruit d'un méfait
ment coupable dès ;
mon
jour-là et
heure pour
que ta dernière
let-
dont je ne suis aucune-
sa réception, souffrant trop ce
fidèle
Acate étant parti de bonne
aller passer
lajournée chez sa mère
—
ce qu'il fait une fois par semaine, le dimanche ou un autre jour, — je ne voulus par attendre au len-
demain, à
faire remettre à ton fils, sa lettre; je la
remis à un domestique de quelques heures après naturelle
:
l'hôtel, je
et je lui
Avez-vous remis
monsieur, au portier,
le
ne
le vis
que
adressai la question
ma
lettre?
monsieur étant
—
Oui,
sorti.
—
Mensonge, archi-mensonge, puisque tu m'annonces
l'aube romantique
258 le
contraire. Certes» ayant, avec moi, en l'excellent
et parfait Acate,
un messager
gent, j'aurais regardé
de
la petite
et
néanmoins,
poste; je te je te
aussi zélé qu'intelli-
comme un
tort
me
de
servir
d'en être persuadé
prie
prie, d'être
clément envers
moi.
Une
des causes de mes contrariétés du mois der-
nier, et ce n'était pas à cre, a été
mon
mon
impossibilité, double
pouvoir aller aux eaux de
un
m'entraînait
guérisseur
avis la plus
médio-
aussi,
Wiesbaden
de ne
(286),
où
violent désir d'aller tenter
si le
également
faire
d'écrouelles pourrait
disparaître les rhumatismes goutteux et nerveux
assurément
si la foi
en ce royal docteur
opère des miracles,
la
est entière et n'exclut
;
mienne pas
l'es-
poir du succès.
Mon
Dieu, cher Jules, que
le
séjour de Wiesba-
den a bouleversé nombre de cervelles
immense il en comble
a et
produit il
!
Paris s'en est
!
Quel bien
ému de fond
m'est revenu de bonnes sources
que, dans les mauvais faubourgs,
il
en est résulté
des conversions immenses.
Nous sommes, à
cette heure,
dans
l'attente
qui se passera au retour du Président.
de ce
Un cafetier
engagé dans l'association du Dix-Décembre a dit à Emile qu'on allait l'enlever de l'Elysée, ce même jour, pour le conduireimpérialement aux Tuileries. Ce qu'il y a devrai, c'est que les troupes sont con-
KOMAXTIOUE
l.'.VL'nE
sig-nées et que,
25g
dans ce seul moment,
la liberté
de
course leur sera rendue. Je te le
donne
Président
cette nouvelle, sans en croire
est, ce
me
un mot
;
semble, bien mal entouré,
ou bien mal compris par son et les autres sont insensés
parti.
Il
est, lui, sag-e
je crois qu'ils le
;
com-
promettent.
La mort du duc Louis-Philippe d'Orléans
n'a
fait aucun une recrudescence de haine, non plus envers lui, mais envers sa mémoire, parmi le bas peuple; par-
bruit
;
tout ce
qui
tout on chargeait d'injures et
ou
portraits peints
laient par avidité.
g-ravés
que
en est résulté a été
même les
Non, mon ami,
de boue ses marchands étail
n'y a pas en
France un parti Orléaniste. Il y a, par malheur, des g-ens riches et puissants dévoués à cette famille mais, à part les boutiquiers qui la servaient et les g^ens employés par ceux-ci ou ;
par
elle,
on ne compterait point à Paris cinq cents
Orléanistes en boutique ou
bien ouvriers. Trois
seules couleurs fortement tranchées se
sur la masse rialiste
;
:
la
blanche, royaliste; la verte, impé-
la roug'e, celle
La mode de
des assassins de nos pères.
l'actualité, car
touche à tout, serait pour si
dessinent
en France
le roi
la
légitime;
mode il
incontestablement beau physiquement que
femmes en cent
raffolent et
voudraient
est les
que quatre-ving't-quinze sur
le voir.
l'aUBK nOMANTIQUE
26o
Oh! que nous
arriverait-il si lui aussi tentait
entrée dans sa patrie, sans
mais seul, à cheval, avec des amis, puis qui se joindrait au premier
une
guerres, sans armes;
nation
la
noyau? Que de
rêves
forme à son sujet Il est certain que tous ceux qui l'ont approché à Wiesbaden en sont revenus sous le charme invinsibîe de sa personne je parle des indifférents et mieux, de ses ennemis; aussi ces
je
!
;
derniers, maintenant, se taisent. Je ne puis croire
que son aspect ne
fût entraînant
puissance sur les
hommes que
;
c'est
une
la triple
si
grande
réunion des
charmes du corps, des beautés de l'âme et du droit de naissance. Voilà que je me sens prêt à pleurer !
Je sang-lottais en plein, voilà quelques jours, lors-
que, sur l'escalier de
ma
demeure,
je lisais à haute
voix, à trente auditeurs au moins, qui
me
l'avaient
demandé, le compte rendu, "pdiV l'Opinion publique, de la réception faite à Wiesbaden, aux ouvriers de Paris, par notre maître à tous.
Mon Dieu!
faites
crier à pleine g-orge
rons
!
Espérons
une certitude
!
que je vive assez pour pouvoir Vive le Roi. Espérons Espé:
!
Pour moi, mon espérance
et j'expirerai
est
en espérant.
A propos de mort et attendu que je suis ton doyen d'âge à l'Académie (287), je te prie, au nom de ce qu'il y a déplus sacré, situ me survis, ce que j'espère aussi, de te charger, non de mon éloge académique, mais de mon humble oraison funèbre.
l'aube romantique
261
Tu vois, cher Jules, que je me flatte que tu surmonteras triomphalement les maux plus cruels que dangereux qui t'ont amené aux eaux. Ta santé m'a toujours paru
excellente
que des incom-
tu n'as
;
passagères que tu
modités
vaincras,
reux D.
ne fût pas plus malade que
. .
toi
;
m'en malheu-
tout
répond; je voudrais bien que notre cher
et il
a de plus,
ce que certes tu n'as pas pour ton bonheur et celui
pour
de ceux qui t'aiment, une conviction épou-
profondeur
vantable de la
souffrances incontestables.
seraitmoinsen
péril.
Que
de
et
la réalité
je le plains,
qu'il est dig-ne d'être plaint et
Ces paroles à propos
de ses
pouvait l'écarter,
S'il
il
que je l'aime,
aimé!
de
P...
me
rappellent
naturellement au souvenir d'un autre ami qui nous est bien cher,
souvent
et
du pauvre Alexandre, que je pleure la mémoire ne me quitte pas. De
dont
encore à sa
lui
fille,
le
saut est court et
surtout
Que pourrai-je ne saches déjà? Tu connais sa
je ne voudrais pas en venir à elle. t'en
dire que tu
façon d'être du vivant de son père infortuné. Ses jalousies
Tu
d'auteur envers
serais bien
aimable
lui... si
tu
m'apprenais
les
projets de séjour à Sauveterre, à Toulouse, à Paris peut-être
;
car
il
faut que je t'écrive encore avant
peu, afin de te charg'er d'une commission littéraire
pour nos Jeux Floraux, tre
c'est la
remise d'une Epî-
à Delille (2SS), où jadis un mot de
toi et iG.
plus
262
l'aube romantique
à Soumet, où tu seras bien plus
tard, d'une Epître
maltraité encore,
du moins en longueur.
Adieu, adieu, bien cher, très cher ami, je t'embrasse et suis pour la vie ton ami dévoué.
DE LAMOTHE-LANGON.
—
CLXXXVIl.
De Lamothe-Langon.
Paris, ce samedi 26 octobre 1850.
mon
J'attendais,
cher Jules,
la
lettre
que tu
m'annonçais, d'abord pour y répondre et secundo afin de t'annoncer le départ du volume de Job, troqué contre celui de oubli qui
me
ne venant pas
me dit
me
à t'expédier
Tu
parles pas.
ne sachant quand
et
détermine
volume.
œuvres dont, par un
tes
peine, tu ne
elle
lettre
directement
le
sus-
reconnaîtras en ceci l'auteur tou-
jours amoureux de critiques éclairées, réalité,
La
viendra, je
dit-il, et
n'espérant que des élog-es, auxquels ne
en fait
jamais faute l'amitié indulgente. Voilà le cœur humain et ses faiblesses ordinaires; je
gage que tu
me
traiteras
en conséquence, tu loueras naire, certain de
Eh
bien!
mon
me
en homme de mon discours
lettres
;
prélimi-
charmer.
ami, tu
te
tromperas pleinement!
Accoutumé dès mon enfance par mes intimes les plus aimés, par mes parents les plus proches, à ne
263
L AUBE nOMANTlQUE
pas être critiqué, par peur d'être quelquefois
oblig^é
de m'encenser, ce qui leur a toujours été insurmontable et
;
ma
mère, mes oncles
et tantes, les
cousins
cousines yermains y compris, ma femme, mon ma fille, Paulin de Bégué, Marins de Voisins,
fils,
Paulin de Panis et tutti quanti, avaient pris et ont g-ardé l'habitude
de ne jamais
me lire aussi consme dire, ni en bien, ;
ciencieusement ne pouvaient-ils
un mot
ni en mal,
côté,
relatif à
mes œuvres; donc, de
ce
silence complet, c'est-à-dire, désapprobation
absolue. Je n'ai donc eu à faire qu'aux étrang-ers»
Là, attendu que, de
ma
vie, je n'ai
mis
le
pied dans
un bureau de journal, ni n'ai parlé en aucun lieu du monde à des gazetiers, de qui les visages me sont
même
inconnus; qu'en outre Dieu est témoin
que jamais, non plus, blanches, j'ose
je n'ai écrit,
des amis, des articles à
que j'en
ai tant
ma
écrire par
congratulation, ainsi
barbouillé pour Soumet, Guiraud,
Marchangy, Millevoye, Jouy et
de mes mains
le dire, ni dicté, ni fait
et
nombre
d'autres,
sur leur propre bureau, par peur, disaient-ils
franchement, de
que je ne
leur valeur.
mon peu
d'habitude de la chose,
ou au quart de Marchangy, par exemple, n'étant ja-
les
louasse qu'au tiers
mais content d'autrui en ce qui
le
concernait, avait
coutume prudente de refaire en entier mon article sans en conserver une syllabe et lorsqu'il s'était élevé plus haut que le septième ciel, il me la
l.AIBE KOMANTigUK
afî/}
du jugement
remerciait, en présence d'étrangers,
consciencieux —
coutumière
—
son expression sacrée
c'était
que
mon
équité,
et
quoique sévère,
œuvre dernière. connu de bien forts,
avait porté sur son Certes, j'en ai
mais
tre nous,
soit dit en-
Mes Mémoires
lui enlevait la paille!
seront curieux à son sujet.
—
—
Or donc, ton ami celui qui t'écrit ayant été peu loué, mais seulement n'ayant eu à faire
très
qu'à des journalistes irrités de ne recevoir ni ses prières très humbles, ni ses présents, ni les solli-
m'a toujours man-
citations de la coterie, car elle
qué, attendu que je n'ai mis les pieds en aucun salon depuis 1825, pas
même
dans
a été
le tien,
sans cesse accoutumé aux critiques qu'il a
— par
et ceci est réel
encore
ment. Ne
épargne pas,
s'il
les lui
a péché contre
flagelle
rig-oureusement
science, d'histoire, de
les
sois
fautes
—
passionné-
mon excellent
lang-ue,
la
aimer
fini
Jules,
impitoyable,
de
goût, de
mœurs, sans craindre de
le
courroucer; pour sa part, plus tu seras sévère,
mieux tu
Tu
lui paraîtras
juge intègre
et parfait
ami.
sauras, et ceci a son inexplicable surprise, que
e dit discours préliminaire n'a reçu dans près de quarante à cinquante journaux que des flagorneries
—
à perte de vue; ce qui, vu la rareté du
fait
première
l'a si fort
et
dernière fois sans doute
épouvanté que,
le
—
jugeant rempli de sottises
la
et d'à-
205
l'aUUK ROM\NTIOUr.
neries, ]e
me
suis senti saisi
du
désir de le relire,
de mieux l'apprécier; mais comme,
afin
autre de
mes
selon
leur mise au jour,
—
mes œuvres
aussi la plu-
—
ma mémoire, ma règle. Je t'en
part sont-elles sorties en entier de
déroger à
je n'ai pas cru devoir laisse
donc
le soin, te
prévenant de ce concert d'é-
presque tous venus d'ignorants,
log-es,
qui,
sont à
mes yeux,
mes de nos
un
usag^es solennels, je n'ai pas lu, depuis
les
tels
quatre-vingt-dix-neuf centiè-
gazetiers modernes,
me
fait
craindre
beaucoup d'être descendu à leur niveau en républicanisme, socialisme, démocratisme, hugotisme, ce qui et mes yeux est la même chose. Pardon! Si ton amitié t'aveugle à l'encontre de ce dernier; je n'ai, quant à moi, pu jamais séparer, comme je l'ai dit
en vers,
appréciation
la
conduite d'un auteur, de
de ses ouvrages.
Il
mon
en résulte que
Hugo, ennemi de mon Dieu, saltimbanque sonore... oh! Jules, jusques où l'orgueil vous fait-il tomber Si follement on n'eût pas mis par mode, sur !
le
pinacle,
défaire
un auteur de huitième
ordre, incapable
non un plan achevé, mais même de nouer
une intrigue, on ne
l'aurait
poussé à se perdre de
lui-même.
Examine seulement Notre-Dame de Paris ; il v a une exposition qui, dans la première édition la se:ile que je connaisse, finit aux quelques vingt
—
premières pages
et est
un dénouement qui
—
saisit le
206
i/aVBE ROMANTIOt.E
précédent
mais de nœud, d'action intermédiaire,
;
cherchez-les, Jules,
n'y en a pas vestige. Voilà
il
que, pour expliquer un nom, je liste!...
Je
me
fais
journa-
de l'entraînement.
fi
te désire
mienne; je
meilleure santé que la
continue à garder
à hurler et à soufFrir.
le lit,
notre digne
la très Sainte-Vierg-e et
Que
bienheureuse
Germaine de Pibrac (289) me soient en aide !... propos, sais-tu où en est la canonisation de cette dernière? Est-elle avancée ou terminée? Ta
A
femme
ang-élique doit en savoir quelque chose.
Depuis
3 courant, je suis sans nouvelles
de demain, bien que je lui aie écrit il y a dix jours. Je tremble toujours que ses maux n'augmentent; au nom du ciel, ne lui parle même pas en plaisantant de ce que je t'ai conté. A le
Paulin; je
lui écrirai
me ferait des reproches sans mon sang plutôt que de l'ir-
la pag-e
première,
fin et je
donnerais de
riter
une minute
il
et
surtout pour
si
peu de chose.
Les journaux d'avant-hier ont dû gnie en pleine Cour d'assises,
Procureur du
ment ques
te faire part
royale remportée par Jeanne et
^a victoire
roi,
de
le qualifierai-je,
et les
la
contre
le
de
Compacitoyen
république, impérial, com-
touchant les lignes monarchi-
légendes idem, qui avaient tant
irrité le
Parquet, très accoutumé à condamner en sens inverse.
Vive
Ah
!
c'est
la Ligue
!
bien
là
qu'on crie
:
Vive
L'acquittement du jury a
le
fait
Roi
!
battre
l'aube romantique
267
des mains en plein Palais. Les accusés, avec raison
innocentés par sont
sortis
le
jury, avec plus de raison encore
environnés d'une manière d'ovation
dans plusieurs faubourg-s et à nombre de barrières ce fait, qui prouve si bien la pensée du pays, a ;
occasionné avant hier-soir des fêtes henriquinquistes. '
oût Il
Ah! que
et
des libations
peuple a mauvais
ce
!
vieux au moderne; décidément
préfère le
prog-rès est
Adieu,
d'âme
un
mon
et cela,
le
recul
cher ami, tout à
sincèrement
et
de cœur et
toi,
chaudement.
DE LAMOTIIE-LANGON.
CLXXXVIII.
—
De
J/°^«
Pauline Dachambge.
Paris, le 2 septembre I80I.
Depuis bien longtemps, j'éprouve
le
besoin impé-
rieux de vous écrire, cher, toujours cher monsieur
de Rességuier, et je n'osais pas allait,
!
Je
me
disais
ne se souvenant plus de moi, ne pas
:
me
s'il
ré-
pondre,... ce serait aller au devant d'un chagrin; car moi, je lui ai conservé une sincère amitié.
Pourquoi ne puis
je aujourd'hui
résister à
ce
désir affectueux? Je l'ig-nore, mais j'y cède et je
viens vous
demander
(si
je ne suis pas tout à fait
l'aube romantique
268
oubliée), je viens flemander à vos souvenirs quel-
ques mots amis qui
de
et
celles des
me donnent
de vos nouvelles
amis qui sont près de vous.
Je vous parlerai peu de moi;
ma santé m'est ma sœur!. ..je
aussi hostile que la vie; j'ai perdu
ne
fais
que pleurer; plus de romances, partant,
plus de ces larmes poétiques qui faisaient du bien et tant
de mal après.
Je ne vois pas une
âme
et d'ailleurs aujourd'hui,
peut-on connaître quelqu'un? La terre
n'est-elle
pas un tohu-bohu inexplicable? Je sais pourtant
que votre Albert (290) est député quand je lis dans mon journal qu'il a parlé à la Chambre, du fond ;
ma
de
cette
solitude, je suis tenté de m'écrier,
femme de
J.-J.
Rousseau
—
—
comme
tais-toi, ils
ne
te
comprennent pas. Un cousin à moi, M. D..., après nous avoir complètement ruinés par sa mauvaise gestion sur notre habitation de la Martinique et
y avoir, à nos dépens,
fait
sa fortune personnelle,
vient de mourir dans votre ville de Toulouse, lais-
sant tout son bien à ses enfants naturels, six petits
mulâtres, de trois mères différentes.
Non
seu-
nous a ruinés, mais nous verrons le nom de D..., si honorable et si honoré dans le passé, lement
il
porté par six mulâtres. Voilà res,
Si
de
la civilisation et des
M™® de Rességuier
le
progrès des lumiè-
mœurs.
se rappelait
mon nom,
ah! demandez-lui une prière pour moi, que Dieu
269
l'aube romantiql'k
m'accorde elle sera
la résignation, elle est si
bonne,
sainte,
si
exaucée.
Adieu,
si
ferez bien de
vous ne
me répondez
pas, vous
me
la peine.
PAULINE DUGHAMBGE.
CLXXXIX.
— De Lamotlie-Langon.
Paris, ce samedi IS
décembre 4852.
mon
Je ne te reverrai donc plus,
que dans
la
cher Jules, moi,
fortune inflexible attache impitoyablement
le cercle
de l'enfer parisien.
Tu
adieu, sans retour, à cette ville dont
as
donc
dit
tu étais l'une
des gloires et l'un des plus gracieux ornements? Ilélas! Je
ne peux, quel chagrin que j'éprouve de
ne pouvoir plus l'embrasser une
dernière fois,
joue à joue, dire que tu as tort. Je mentirais à conscience, opposée à est préférable
mon intérêt.
en nos jours
si
ma
Oui, la province
incertains et
si
chan-
geants, où la vie spécnlative, où la faim et la soit
des places, pousse à tant d'apostasies, ou à des intrigues
si
misérables! Cependant,
clamer hautement, surpateur Egalité
le
il
faut le pro-
règne sale et rampant de
— dit
d'Orléans
—
n'a pas
de nombreuses défections dans l'ordre de blesse française.
nées qui
On compte
ployèrent sous
la
l'u-
vu no-
facilement les familles le
joug humiliant de
L
AUBB ROMANTIQUE
ce jacobin habillé en prince et qui lui sacrifièrent
l'honneur de leur tres.
nom
son trône brillant
avait réuni autour de
et militaire
considérable de nos pairs. celui-là, sans trahir
de leurs ancê-
et la fidélité
Assurément Napoléon
une foule autrement
On
pouvait
son passé; car
chassé nos monarques.
Mais,
il
après
servir
le
n'avait pas
tout a
lui,
chang-é de face, la lég-itimité a reparu peu à peu;
ceux qui avaient été emportés par
le flot
dég-agés de leur serment
prêté, par la
grand homme,
de son
à
la
soit
par
fils,
mort du
se ralHèrent
race aug-uste servie par leurs pères et firent ce
pas avec indépendance pas
celle
impérial,
ma
et
bonheur... Je ne poursuis
phrase, ton cœur, poétique ami,
la
com-
plétera facilement.
Que
fais-tu,
maintenant, lorsque tu peux échap-
per au tourbillon de tes affaires privées? Cultives-tu encore
le
laurier
Prosaïquement,
accoutumé à s'arrondir sur ta te dirai-je ici, fais-tu
jours des vers? Ce travail
t'a
tête ?
encore et tou-
rapporté tant de vrais
succès que tu serais ingrat de l'abandonner et injuste envers sir; je serais
le
public qui te lisait avec tant de plai-
curieux de
le
savoir?
Quant à moi qui depuis long-temps n'avais ouvert ma bouche pour ycadencer quelques lignes rimées, je me suis surpris hier, avec un profond ébahissement, à écrire à Mariette, en cette langue que nous, classiques, appelions jadis celle des Dieux, et à
L AUBE HOMANTIOUE
laquelle je ne sais quel
nom
on donne aujourd'hui. A propos de poésie, cela
et quelle qualification
me ramène aux
poètes
;
à notre tant cher et tant regretté Soumet, aujourd'hui couché sous une pierre muette quoi foule d'amis qui l'environnaient à Paris,
parmi la parmi ceux
qui sont encore dans cette
elle-même,
;
ont cessé de
le
ville,
sa
fille
!
rappeler au public.
Je n'imprime plus, aussi ne puis-je rien pour sa
mémoire actuellement mais sois assuré que mes Mémoires, ou, pour mieux dire, ceux de mon temps lui consacreront de nombreuses pag-es. Je crois ;
que^ de tous le
nom
silence;
et
mes contemporains, je les
faits
et g-estes
serai le seul
seront passés
dont sous
mais M"*^ de Genlis, Chateaubriand, Ale-
Dumas et tutti quanti m'ont donné une si bonne leçon que je n'aurais garde de me détruire moi-même. En quel mépris, en quel abaissement, les Mémoires de ces deux derniers Moi majuscules xandre
les ont-ils fait
descendre?
Le premier des deux a consommé par cette œuvre stupide dans sa conception tout le mal que son orgueil incroyable avait
fait
auparavant à cette
royauté qu'il disait tant aimer. L'indigne Chateaubriand, je répète l'épithète qui t-il
lui
convient, n'a-
pas essayé, dans cette œuvre misérable, de pure
vanité, de flétrir au profit de son ridicule
amour-
propre, la candeur de l'auguste sœur de notre roi?
L AUBE BOMANTIQUE
27:4
Si tu l'as
il
déroule
les
sans pareilles par
conversations politiques et
de son séjour à Prag-ue. après que S. M.
g^alantes
X
Charles
relis les lig'nes
oiiliiié,
lesquelles
se fut réfug^ié, avec sa famille,
dans
le
château impérial de cette résidence. Relis-les
dans
textuellement.
Il
la Presse,
où
serait possible
elles furent insérées
que
la famille
de cet
homme à bonnes fortunes surannées, qui en roucomme moi, les eût fait rayer de l'édition en
girait
volume. Ses Mémoires nous montrent ensemble chez
un
esprit faux,
un besoin furieux de
lui
tout immoler à
soi-même, une tension incessante à produire, à cha-
que membre de phrase, un pénible Si je traite
dont j'admirai
ici
effort.
avec tant de sévérité un
les œuvres tant qu'il
un homme public, juge de ce misérable Victor
ce
homme
ne voulut pas être
que je dois penser de ég'alement chaque
Hugo perdu
jour un peu plus, par
la
rage qui
saisit
presque
tous les littérateurs de notre époque de se poser en
gens d'Etat. Que ne restent-ils gens de lettres?
en auraient une réputation plus et
de plus vrais avantages. Ce plat g-redin
vicomte Hug-o, pair de France, par lité
IP du
nom
—
;
il
la
—
le
grâce d'Ega-
que de rôles nous l'avons vu
jouer! D'abord, enfant exalté
Ils
belle, plus pure,
sublime,
il
fut royaliste
acheva, dans son intérêt, un peu plus tard,
de bâtir solidement l'édifice delà camaraderie, élevé
l'aube PiOMANTIQUE
par Charles Nodier sur de Voltaire. Dès
les
lors, chaque
278
fondements inachevés mois il eut une opinion
myomal com-
nouvelle, cervelle vide, esprit étroit et d'une
cœur d'épongé; à la fin, il a mal vu, incapable comme Lamartine d'enceindre un vaste horizon; car l'œil d'aigle manque à chacun ; il crut, en février i848, au triomphe de
pie et d'un pris,
la canaille
barbare ; preste donc,
perdu parmi
se jeta à corps
il
les
renia son passé,
misérables et
le
voilà aujourd'hui pataugeant avec les plus vils de le sang et les excréments. tomber encore? Ce coquin qui, dans sa proclamation, nous voue au supplice s'il rentre avec le pouvoir, dans quel abîme, dis-je,
la
bauge, dans
la
Dans quel abime
boue,
peut-il
plus profond, plus noir, plus suspect pourra-l-il se précipiter plus tard?
Lorsque vous l'adoriez tous, bonnes gens, cœurs modestes, vous tous qui valiez mieux que lui, il ne m'a jamais trompé; j'ai vu toujours en lui le poète manqué, un quart de génie sans aucune invention, ayant besoin faire
de
l'effet.
du hideux, du
Grâce à Dieu,
de venin dans son ventre rien de passable et
il
;
il
il
cruel pour
ne doit plus y avoir ne pourra désormais
ne sera dorénavant, pour ses
prôneurs détrompés, qu'un rimeur bizarre, échoué sans retour sur féroce bassesse, car, quelle
les écueils
du
infâme
de l'impuissance, de la
vice et de la lâcheté vie
que sa
;
vie privée
ami du vice, !
l'aube romantique
274
Oh
mon
!
Jules,
mon
ami,
vieil
que
les vrais
royalistes sontplus solidement trempés, rien d'am-
du marchent sans préoccupation orgueily leuse et si la foule ne parle pas d'eux ou ne court pas après eux pour contempler leurs traits, le public réel les aime, les honore pendant leur vie, les pleure et les rend immortels quand ils ne sont plus. Tel
bitieux ni de vain ne les détourne de la route
devoir
;
ils
est, tel sera
pas fléchi
ton sort, et tu
les
le
mérites, toi qui n'as
genoux devant aucune
idole éphé-
mère.
Oh! cher, que notre imag-ination est appelée à bon titre, la folle du logis Ma pensée au début de !
de te souhaiter une heureuse année que je suis arrivé assurément à un but tout autre. J'ai cédé aux caprices de mes souvenirs
cette lettre était et voilà
de ton imagination qui
et
chefs-d'œuvre
et si je
ne
t'a fait
saisis
pas
créer tant ici
de
l'à-propos
d'un rappel de mémoire, à quel instant pourrai-je
au désir de
satisfaire
Ce que
de
le délier
mon cœur ?
je n'ai pas osé faire en pauvres rimes
envers Marins, meilleur prosateur que poète, je garderais bien de essence.
de
Tu
me
grondé plus
me
tenter envers toi, poète par
rirais trop
la folie qui
tant
le
de
ma
porterait à
faiblesse et surtout faillir
après
haut l'amour-propre
confrères. C'est donc, par
bon
sens,
avoir
de mes
que sans
ritures quelconques, je te ferai platement,
dans
fio-
les
l'aube romantique
termes ordinaires employés par
275
paysans,
mes
te la désire
donc
les
compliments de bonne année. Je
Mes vœux
excellente et suivie de plusieurs autres.
s'adressent à tous ceux qui te sont chers. J'ose
même, sans
être
connu de madame
la
comtesse de
Rességuier, dont je crois avoir l'honneur d'être un
madame
peu parent, par aussi
lié
avec
toi
par
les
sa mère, ainsi que je suis
de Ribbes,nœuddesang-et
d'une longue amitié, j'ose, dis-je,
te prier
—
comme disaient nos mon respect, les vœux l'hommage de à
ses
que
je
pieds
forme pour son bonheur,
de mettre pères
—
sincères,
le tien et celui
de
vos enfants.
Ce devoir rempli, à mon contentement extrême, je vois
que
à sa fin, que
le
jour baisse, que
ma main
le
papier touche
endolorie m'avertit de
écoutant d'ailleurs une voix secrète
me
finir,
disant tout
bas que longue
lettre ennuie et que plus on la mieux on plaît à qui doit la lire, je me soumets; une autre fois, je t'en dirai davantage, puisse celle-ci te trouver en bonne santé. Cette certitude me rendrait heureux et me ferait, si tu mêla donnais, commencer le nouvel an sous
fait
courte,
de riants auspices.
Adieu, cher Jules, à
toi
toute
ma
tendresse
et
amitié reconnaissante, ton souvenir est toujours
dans
mon
mes
lèvres.
cœur, ton
nom aimé
très
souvent sur
l'aube romantique
276
Adieu, adieu, encore une
fois
tout à toi, je te
chéris tendrement et je t'embrasse de
même.
DE LAMOTHE-LANGON (29 1).
—
CXC. Versailles,
Mon
H
D'Emile Deschamps.
février
cher Jules,
Je vous écris avec
pauvre femme, ce
1835, dimanche.
ma
matin, pour
le
le
courage du désespoir.
chère Aglaé, vient de ciel,
me
Ma
quitter
sans maladie déterminée,
sansaçonie, après un accès d'oppression de poitrine
dont
elle souffrait
depuis longtemps.
Je suis un pauvre déraciné, battu par tous
les
vents du malheur. J'ai
pleuré bien souvent vos larmes, pleurez les
miennes,
mon
cher Jules,
et
que Nina prie pour
pour lundi, n'est-ce pas? Pauvre Aglaé, elle vous aimait tant vous tous
elle; c'est
dites
mon
;
désespoir à Paul, à Albert, à Charles, à
tous!
Et dites-moi que vous êtes heureux tends pas d'autre bonheur; mais,
il
!
Je n'at-
peut encore
être bien grand.
Je
suffoque, je succombe, mais je vous aime
bien avec ce pauvre cœur brisé.
Pardon de ces déchirements. Je ne
sais
où j'en
L AUBE ROMANTIQUE
suis
mais
;
hélas
I
ma pensée est
277
au milieu de vous; hélas
!
C'est fini (292).
Votre EMILE DESCHAMPS.
CXCI.
—
De Berryer
(agS).
Dimanche, 12 novembre 1858.
Monsieur et bien cher ami, Pardonnez-moi d'être demeuré si longtemps sans répondre à votre tout aimable lettre deux voyages que j'ai faits en grande hâte depuis que ;
je
l'ai
reçue et
les
continuelles
occupations
et
préoccupations que vous savez ne m'ont pas laissé assez libre pour user des
moments au gré de mes
aiTections et vous remercier à la fois de votre bien-
veillant souvenir et
me donnez
vous
des rassurantes nouvelles que
de notre
bien souhaité causer avec
si
cher Falloux. J'aurais
lui
de notre grand pro-
cès, aussi d'aller à l'audience avec
sées
;
que nous sommes appelés à rentrer en nous n'y ferons pas faute mais le re-
voici
carrière g-ret
mes seules pen-
;
;
de ne pas recevoir
les inspirations
de cet ami
redouble en moi. C'est du moins un g-rand secours
que l'assentiment et l'encouragement venus d'amis tels que vous on prend confiance en soi-même à ;
se sentir en intelligence avec de tels esprits et de si
nobles cœurs.
n
l'aubb romantique
278
Dites donc à Falloux lire
certaine
lettre
que je désire beaucoup de lui dont on m'a parlé, au
promenades impériales dans les champs de Bretag-ne et de la façon dont un prince de l'Esujet des
glise a courtisé le triste aA'enturier.
monsieur
Veuillez,
ami, recevoir, avec mes
et
remerciements, l'expression bien sincère de cordial attachement et distribuer autour
mes hommages, Tout à vous
mon
de vous
amitiés et compliments.
BERRYER
CXCII.
—
D'Emile Deschamps.
Versailles, janvier 18G1.
Pourquoi parler de cinquantaine Là, dans le plus coquet des nids
Amener avec leur futaine Monsieur et Madame Denis Doux
?
?
regard, aussi doux langage,
Telle est Nina, toujours elle a
Des
petits enfants...
mais je gage
N'est point grand-mère pour cela.
Et Jules qui jamais ne jeune vers divins, d'esprit charmant, Jules n'est pas vieux seulement, Voilà... quelque temps qu'il est jeune.
De
!
Vous voyez, cher
Jules, à quels délicieux vers je
L
AUBE ROMANTIOUK
î79
mal C'est ^1""= E. D qui a bien voulu m'en donner une copie, c'est elle qui veut bien protég-er les miens jusqu'à vous. Je suis très malade mes vers vous le diront assez, sans que ma prose le rabâche. Vous, cher Jules, chère Nina, chers tous, soyez bien portants et heureux afin que j'aie encore de la santé et du bonheur. Je vous embrasse de tout mon pauvre et tendre cœur ainsi que vos trois fils, qui ne valent pas mieux que vous, mais que personne n'ég-ale. réponds
si
!
;
Il
me
reste juste la force de
tomber aux pieds de
Nina, j'en profite avec enthousiasme. EMILE [deschamps].
NOTES
(1)
Uq grand
oncle de Jules de Rességuier,
Re.sséguier, mérite une mention à part. Né
le
chevalier de
le
23 novembre 1724,
au château de Secourieu, propriété de son père, près de Toulouse,
il
à
entra dans l'ordre de Malte.
Mme
contre
de
la Bastille et
à la liberté l'ordre.
il
Pompadour au château
le fît
quatrain qu'il écrivit
fort de Pierre-Encise à
se distingua
Lyon
comme commandeur
mourut à Malte, en 1797,
Il
Un
enfermer de longues années
la veille
;
rendu
et bailli
de
du jour où Napo-
léon devait détruire la célèbre société en s'emparant de lile.
Le chevalier de Rességuier a laissé de nombreuses poésies le Mercure de France et un roman à clef: le Voyage d'Amalhonte. Voir Reoue des Pyrénées, tome IX,
parues dans
1807, pages 431 à 431. (2)
Philippe Vincent Poitevin-Peitavî, né
le
19 janvier 1742,
du Vent, mort dans la même ville le 20 novembre 1818. Jules de Rességuier prononça son éloge à l'Académie
à Alignau
des Jeux Floraux
la
le
12 février 1821.
Voici une lettre écrite par Jules de Rességuier pendant
(3)
campagne d'Allemagne
louse
à son frère Adrien, resté à Tou-
:
Elbing', le a8 avril 1807. « C'est
réponse à
au delà de
ma
lettre
la Vistule, mon cher Adrien, que je reçois ta d'Augsbourg. Lorsqu'on se trouve être éloigné
l'aube romantique
282
de son pays, de sa famille, il est bien doux de recevoir des nnarques de souvenir de ceux qu'on aime el je goule ce jdaisir pcul-ètre mieux
que tout autre.
Avant de passer
nous avons été presque toujours fort bien, et devant un mauvais dîner, mais le plus souvent dans de bons châteaux où la comtesse et la baronne nous recevaient jiarfaitement. En Pologne, tout est bien différent. Vous demandez Ghliba, du pain, on vous répond Niema, il n'y en a pas si vous demandez Wodu, de l'eau, on répond tout de suite, Sara, sara, voilà tout ce que l'on peut en tirer. On est moins mal dans la vieille Russie et comme nous juiçeons par comparaison, depuis que nous sommes à Elbing, nous nous trouvons à merveille. Je suis fâché que lu te sois séparé des vingt-cinq louis qui te restaient. Depuis que nous avons quitté l'Italie, nous sommes logés el nourris chez l'habitant el, à la rigueur, je n'ai pas besoin d'argent. Si j'étais fait prisonnier, quelques louis cachés sur moi pourraient me procurer des ressources, mais c'est trop incertain pour que je n'eusse pas désiré que l'argent que tu me destines fût resté à Toulouse, puisque dans ce moment tu n'en as pas beaucoup àjla disposition. Je ne fais presque pas de dépenses et avec le peu d'appointements que nous avons touchés, je ne me suis jamais trouvé sans un sou. Ainsi, mon bon ami, garde les vingl-cincj louis, si tu es encore à temps et à la paix ou dans un moment plus favorable, tu m'en feras passer. Je n'en jouirais pas avec plaisir, je te l'assure, sachant que cela peut avoir dérangé un instant le pelit ménage, une privation me coûte si peu. Adieu, mon cher Adrien, je vais remercier Amélie de tout ce que tu me témoignes pour elle et de ce qu'elle me dit elle-même Je me répète souvent, mais je ne saurais trop te redire que je t'aime du meilleur de mon cœur l'Oder,
plusieurs fois sur un
lit
de paille
—
:
—
—
—
—
:
:
—
—
;
.
RESSÉGUIER.
A
Postdam, Grande Armée, ou
bien, a3« régi, division de cava. général Lassalle, à la Grande Armée. Mille choses à ma tante ; en France, vous avez le beau temps et sa santé va devenir bonne dis-lui de ne pas venir dans ce pays-ci, car nous voilà à la fin d'avril et il fait autant de froid qu'à Toulouse lerie légère.
M.
le
;
au mois de janvier. Roger est maintenant du nombre de ceux que j'embrasse.
L'armée
est
rempUe de
mes camarades
;
j'en
rencontre
sans
l'aube romantique
a83
cesse, tu peux dire à Aimé, après l'avoir embrassé pour moi, que le pauvre Friquet est fait prisonnier. Il me semble difficile de te dire mais il y a ce qui fait que le premier argent n'est pas encore arrivé des officiers qui, en Italie, par la poste, ont éprouvé des retards ;
plus considérables. J'ai passé, il y a quelques jours, à Marienverder, conduisant un détachement j'y ai trouvé le jeune Gajac, qui m'a traité comme un ami donne à sa famille de bonnes nouvelles sur son compte. J'ai vu dans la|mêmc ville un parent deM"° de Bélisson qui est aussi dans les gendarmes d'ordonnance. J'éprouve combien on est heureux d'apprendre des nouvelles des siens et je me serais repenti de ne pas avoir rouvert ma lettre pour te parler d'un compatriote qui m'a très bien reçu, puisque par là, sa famille sera peut-être heureuse si tu as Je parle déjà comme si ma lettre dele moyen de lui en faire part vait te trouver à la campagne, c'est très possible. Adieu, je t'embrasse encore et je t'aime de tout mon cœur. La lettre que je t'ai écrite de Berlin t'a appris que nous allions directement aux avant-postes et nous sommes en attendant, tous les jours dans l'attente. L'Empereur a passé la revue du régiment au quartier général et il va, dit-on, venir à Elbing pour passer celle de toute notre divi;
;
.
sion. » (4)
A
la
mémoire
de mes amis et de mes maîtres les deux Alexandres languedociens Alexandre Soumet et Alexandre Guiraud, tous deux frères de cœur et de génie.
Dédicace des Essais Dramatiques par
le
comte Gaspard
de Pons. Paris, Librairie Nouvelle, 1861, iii-12. (5) Ed. Biré, Victor Hugo avant i83o. Paris, Librairie Académique, Didier-Perriu et C'c, 1902, in-12. (6)
Théodore de Barhoi, Eloge de M.
le
Comte Jules de Res-
séguier. Académie des Jeux Floraux. Toulouse, Imprimerie
Douladoure, 18G4, in-io. (7) Dominique-Samuel-Joseph-Philippe Bruiiet de Castelpers, vicomte de Panât, né à Toulouse en 178G, mort en 1860, Mainteneur aux Jeux Floraux en 1821, puis, plus tard, Secrétaire
perpétuel de cette Académie. Le vicomte de Panât tut succès-
284
L Al BE ROMANIiytJE
sivement Auditeur au Conseil
d'ambassade,
d' Etat, secrétaire
du Gers. (8) G. du Gabé, /iéponse au R P. Caussetie, qui prononça l'Eloge de Jules de Rességuierà 1 'Académie des Jeux Floraux. préfet et enfin député
Recueil de l'Académie. 1864. (9)
Dans
le ciel clair,
Tandis que l'air Sur la fleur glisse
Avec
délice,
Au doux parfum Ou qu'importun le ciel
Contre
le
Cœur ;
brun,
chêne
Il
se déchaîne,
Je
lis les
Ou
de Victor Qui n'a qu'un tort, C'est que sans règle Il vole en aigle, Et qu'en tout temps chante,
il
tonne,
Et nous étonne Feuille d'automne. Fleur de printemps.
C'est
De
du
Muse
entendre
d'or.
A
reconnaît son courage
Au
loin sa ilamme Que j'aime tant De cœur et d'âme
D'étudier
!
Et Belmontet
Au On
:
d'Isaure
ciel
encore
dit
L'air qu'il chantait.
Et ce Latouche Oui va blessant caressant,
Charles Nodier,
De Et
L'écho chéri
:
De ma Qui
Palestine
Toucha le
bord Thabor, le
;
EmbelUssant Tout ce qu'il touche.
tout relire.
Ou Lamartine Sa nef latine
;
Esprit jetant
Ou
délire
d'autrefois.
à la voix
Naïve et neuve. Et Peyronnet Que dans l'orage
On
chants
Purs et touchants Des d(>ux Deschamps, Ou de Beauchesne;
Il
fit
Sa lyre
Puis Sainte-Beuve,
Près du calice
Dans
Nous
;
Triste et plus tendre,
retraite
me
répète
La voix poète De Saint- Valry.
l'aubk komantiouk
285
Jules Lefèvre,
Notre Berryer,
Qui, nuit et jour, A sur sa lèvre
Comme
Un
Cœur
un guerrier
Bouillant et brave
chant d'amour.
;
éloquent.
Lançant sa lave
Comme un
Ce jeune cygne, Alfred Musset Partout on sait Le vers qu'il sig:ae.
volcan.
:
Le feu, l'image, Le mouvement
De chaque page De Nettement
Et Saint-Félix, Qui dans l'on^'x Boit l'ambroisie
De
Et le critique Périodique Jules Janin Qui dans sa serre
poésie
Et puis Gaspard Oui fit sa part
Saisit et serre
Son adversaire. Géant ou nain.
Brillante cl belle
En
s'enivrant
El s'inspirant
D'Amour
et à'Elle.
Eugène Sue Entre
les flots
Et Mennechet Qu'aux Tuileries
Montrant
De
lys fleuries
On
recherchait.
Son corps se cambre Sur l'aviron J'aime sa chambre,
Aux
l'issue
matelots
:
;
Sur toute chose F5ril[ant d'esprit
Ou
l'on sent
Et
le
l'ambre
goudron.
Roçer qui cause
Comme
il
écrit.
Saintine j'aime. J'aime ce cœur :
Brifaut, tr;uu]uille
Aux
jours d'eftVoi
;
Pur dans son style, Pur dans sa foi. Chantant son
Que
l'on exile
roi !
Voyant Dieu même Dans une fleur Fleur humble et belle ;
Qu'il dévoila.
Et qu'on appelle Picciola.
286
L AI nE
Mery, ses e^rèves, Les frais cailloux. Les vers plus doux
Que nos doux
noMANrrouE L'élan rapide
De
l'intrépide
Du
longerais Et puis après
rères.
Toute la
Ces noms cités Dans nos cités,
Au
; :
Mode
trait hardi.
la Seine en tout lieu. Et sur la scène
Bravant le code, Le samedi.
De Richelieu, Ceux qu'on désigne
Ces gloires nées Sous mon ciel beau Des Pyi^nées
Près de
Comme
Tout haut, tout bas, Soulii',
:
Dumas
Toulza, Barbot,
Et Delavigne.
Françis-Lacombe, Le chant qui tombe Tout inspiré Du luth doré
Scribe, Ancelot,
Eux
qui dans l'urne Ont pris pour lot Masque, cothurne, Lyre et grelot.
De Saint-André. Nugent qui garde Ses chants de barde Pour son parti Boula j-Paty, Et Goùt-Desmartres, Méliot de Chartres Et Turquety, ;
La verve prompte
De
d'Arlincourt,
Oui jaillit, monte. Et qui parcourt Ville et faubourg.
Julvécourt, Bla^e,
Roger Beauvoir
:
Jeunesse, extase Et gai savoir
Jules de Croze
Noble Auvergnat,
!
Luth-virtuose,
Feu sombre ou rose !
père et Et leur parole, Et leurs défis.
Quand je reçois La Bouillerie Charle ou François, Falloux, Perrière,
Double auréole,
Walsh
C'est rêverie, ;
Joie et féerie.
n'est de
cause Qu'il ne gagnât
Il
fils.
Touchant
A
le
but
leur début
Dans
la carrière.
l'aube ROMANTJOUE
287
Barbier, sans frein.
Avec
Dont l'art enjambe Le noble ïambe
Aux
ces hôtes
hautes
tètes
Pour sa patrie El pour Marie.
Pour blanc, pour noir, De l'aube au soir, Dans ma demeure Je compte l'heure Près du foyer. Sans m'ennujer.
Alfred est
Mais dans
D'or ou d'airain.
Brizeux qui prie
là.
Où
Qui révéla L'ançe Eloa, Brillant ou triste
Gomme
A
Parmi ces gens Très obligeants.
Troupe agissante Et peu pensante. Aux beaux discours Jamais très courts Troupe choisie. Sans poésie, Qui s'extasie Pour un foulard. Et pas pour l'art Oui sur la toile
l'artiste
Qui fit Manfred Poème, histoire,
;
toute gloire
;
Répond Alfred. Guiraud, ce frère Que jamais rien Ne peut distraire
Du
beau, du bien Touchant çénie De qui nous vient
Ou Ou Et
;
Près d'une
Montre
Virginie Flavien. lui
si
çrand
De
Velléda,
Ou
l'aile
Matière cncor, Reste sans flamme
!
Au Et puis bien d'autres
Parmi
I
les nôtres.
Quelques élus "Toujours relus;
Femme ou grand homm; Qu'à mon défaut La gloire nomme Et
qu'il
me
faut.
blanche
;
fille
Au premier rang Soumet
étoile
la voile
Qu'un cygne penche Près de Léda Troupe dont l'àme.
qui brille
Avec sa
la foule
l'on se foule,
bruit
du
cor,
Et qu'un beau livre
Ne
fait
point vivre,
Que rien n'enivre Dans l'univers. Ni port ni dune, Blonde ni brune. Soleil ni lune,
Prose
ni vers
I
^83
l'aube romantique
Avec ce monde Dans un salon
Une seconde.
Ah
Tableaux Poctiqnti, parle
(40)
Paris,
Allardin,
libraire.
!
. .
long
c'est trop
!
coi^te Jules de Rességuier.
Quai de l'Horloge, n» 57
1827,
;
pour le litre et le faux titre 255 p., j compris la table. Quelques mois plus tard, le même volume reparaît chez Urbain Canel, rue Saint-Germain-des-Près, n^G, iQ-8°
2
;
ff.
n. ch.
1828, avec
deux
Baijadère,
placée en frontispice
en face de droite
:
sculpt.
la
le
V*
Le
titre
gravures en
page lo
taille-douce hors
texte
en face du titre;
:
la
Ondint,
deux sur Chine, signées à Ad. Godefroy, à gauche orné d'un fleuron en forme de couronne de toutes
;
de Senonnes
del'
:
;
laurier.
(H) Les Prismes
Poéliffues, par le comte Jules de P»essé-
guier, Paris, Allardin, libraire, quai de l'Horloge, n° 57
in-8o ries le
3
;
fi",
n. ch.;
au verso
:
de Jules Didot
titre
;
1838,
Paris, Imprimerie des fonde-
l'aîné, boulevard d'Enfer, no 4 au recto un encadrement ornementé; plus 279 p. ch. pour la table couverture imprimée couleur vert :
;
dans
dont trois
;
pâle.
Almaria, par
(12)
comte Jules de Rességuier. Paris,
le
Allardin, libraire -éditeur, no 13, place Saint-André-des-Arts;
1835, in-8o, YIII
346
fi",
pour
f.
dont 24 pour
la table des chapitres.
gravure sur bois,
le
faux-titre
2
notes;
les
En
fî'.
frontispice,
tirée sur papier
et la
préface
plus
;
supplémentaires pour
en face du
titre,
une
de Chine, signée H. Brov.n,
montre le duc d'Hermandarez présentant Almaria à sa famille. La 3* édition porte comme titre le même avec Allardin,
—
—
libraire-éditeur, n* 3, rue des Poitevins, 1836. (13)
Dernières Poésies
du comte Jules de Rességuier,
Toulouse, Imprimerie de A. Chauvin, rue Mirepoix, no 3; 1864ia-8o
;
8 pp.
dont 3 pour
le faux-titre,
la table.
le titre et la
préface et 203 pp.
chifF.
Couverture imprimée à double encadre-
ment, papier glacé, gris perle
l'aube romantique (li)
Ed. Biré Victor
(15)
Albert de
1816
;
Hugo
Rességuier,
avant i83o ; ouv. cit. né à Toulouse le 26 novembre
après avoir terminé son droit à Paris,
d'études en Allemagne. livre de
En
289
1838,
polémique religieuse du
il
D""
il
fît
un voyage du
publia une traduction
Joseph Goerres, Araire
de Cologne, Athanase. Paris, Debecourt, 1838. Il collabora à de nombreuses publications littéraires et religieuses, entre autres, à la Vie des Saints de Delloye, 1845.
des Basses-Pyrénées à vota
le
l'Assemblée
Nommé
Législative
député
de 1848,
plus ordinairement avec la droite monarchique
;
il
il
fut
du nombre des représentants du peuple réunis le 2 décembre à la mairie du X« arrondissement qui signèrent le décret de déchéance du prince Louis-Napoléon. Albert de Rességuier est mort à Paris le 26 mars 1876. De ses œuvres poétiques, contentons-nous de rappeler ce sonnet en vers monosyllabiques, paru dans la France Littéraire de 1833 et déjà cité par Eug, Asse dans les Petits Romantiques : POPR UNK Rose Fort BeUe, Elle
Dort. Sort Frôle,
Quelle
Mort
!
Rose Close,
La Brise
L'a Prise.
:
agO
L AUDE ROMANTIQUE
En
plus d'Albert, Jules de Rességuier eut deux autres
fils
:
Paul, né en 1812, et Charles, ce dernier officier de cavalerie,
après être passé par l'école Saint-Cyr.
noms
instant les
les lettres qui
des trois
forment
la
fils
On
trouvera à tout
de Jules de Rességuier dans
seconde partie de ce volume.
/" Lettre
—
—
Alexandre, né à Castelnaudary, en 1786, (10) Soumet mort en 184o; venu à Paris en 1808 après avoir été couronné aux Jeux Floraux, il publia en 1810 le poème de l'Incrédulité et fut nommé peu après par Napoléon auditeur au Conseil d'Etat à la Restauration, Louis XVIII en fit le bibliothécaire du château de Saint-Cloud en 1813, Soumet remporta le même jour, avec la Découverte de la vaccine et les Derniers moments de Baijard, deux prix de poésie à l'Académie française dont il fut élu membre, neuf ans plus tard, en 1824, ;
;
après
le
succès de ses tragédies de Saiil et de Clytemnestre,
représentées, à deux jours d'intervalle, en 1822. Citons encore ses pièces de
Cléopâtre,
1824; Jeanne d'Arc, 1823; Une
Fêle sous Néron, 1830, écrite en collaboration avec
montet;
Mme
le
Daltenheim.
Bel-
— — Soumet ne se contenta pas de ses succès
Gladiateur, 1841, écrite avec sa
fille
Gabrielle
il publia deux épopées Jeanne d'Arc et la Divine Epopée. Nous craignons qu'à part quelques morceaux descriptifs tirés de ses tragédies et de ses poèmes il ne reste
tragiques
;
guère de
lui
de charme (17)
La
la façade
(18)
:
qu'une simple élégie
et
:
la
Pauvre
Jî lie, pleine
de grâce.
place Saint-Etienne, à Toulouse, sur laquelle donne
de
la cathédrale.
Vicomte de Panât; voir note
7.
L AUBB ROMANTIQUE
29I
5* Lettre
Vergennes, née en du ministre de Vergennes, mariée à seize aas au comte de Rémusat successivement préfet de l'Empire, Chambellan de Napoléon et sous la Restauration, préfet de la Haute-Garonne et du Nord. M™« de Rémusat avait été Dame du palais de l'Impératrice Joséphine elle a laissé un Essai sur Védiication des femmes , publié par son fils en 1824 et couronné par l'Académie française en 1825. (20) Jules de Rességuier, en 1819, prononça V Eloge de Clémence Isaure à l'Académie des Jeux Floraux. (19) Claire-Elisabeth-Jeanne Gravier de
1780, morte en 1821, nièce
;
Je Lettre. (21)
M. de Rémusat
Haute-Garonne pour (22) Nina, M'"®
peu après du Nord
quitta
celle
la
préfecture de la
de Rességuier.
4« Lelire.
(23)
Druidas
— Haute-Garonne —
commune du
Cadours. arrondissement de Toulouse, où
le
canton de
comte Adrien
de Rességuier possédait un château. (24)
par
lui
La cantate de Zulma, de Jules de Rességuier,
fut lue
à l'assemblée générale de l'Académie des Jeux Floraux
de 1818. (25) Melchior-Louis
Bon de Margarit, marquis
d'Aguilar,
mort dans la Haute-Garonne en 1838; capitaine au moment delà R.évolution, il émigra et combattit le? armées de la République à la frontière espagnole il rentra en France dès que les circonstances le permirent. Le marquis d'Aguilar a laissé un volume de vers et né en 1755 à Perpignan,
;
aga
l auiik
romantique
une traduclion des poésies de Lope de Vega; Mainteneur aux Jeux Floraux,
il
a lu plusieurs éloges et poésies aux réunions
de cette Académie. (26)
II
ne s'agit pas de
l'élection
que
française, qui n'eut lieu
le 2r3
de Soumet à l'Académie
novembre 1824
sa nomination à l'Académie des Jeux
31 juillet 1818.
Il
mais de
;
date du
Floraux, qui
fut reçu le 23 juin de l'année suivante.
5c Lettre. (27)
Voir note 20.
(28)
Le poème de
écrit
la
Somnambule, d'Alfred de Vigny,
en 1819, est dédié à M. Soumet, auteur de Clytemnestre
de Saiil
et
Hugo
(29) Victor
(30) Joseph,
n'avait pas encore dix-huit ans,
comte de
—
Villèle
1773-1854
—
Ministre
d'Etat sans portefeuille, en 1820.
comte de Serre
(31) Hercule,
—
— Garde
1776-1824
des
Sceaux pendant la Restauration, sous le ministère Decazes en 1818 et sous le second ministère Richelieu en 1821. (32 Soumet, qui avait été Auditeur au Conseil d'Etat sous 1
l'Empire, désirait reprendre son ancienne fonction. (33)
Guiraud,
—
•
Pierre-Marie-Alexandre, baron
1788 à Limoux, mort en 1847. Guiraud l'auteur
n'est
—
né en
pas seulement
du Petit Savoyard, mais de nombreuses tragédies
dont l'une, les Macchabées, représentée à l'Odéon en 1825, lui
ouvrit les portes de l'Académie
encore des poèmes élégiaqucs
Césaire
ti
Flavien, ou
et
française.
On
lui
des romans chrétiens
l'Homme du
doit tels
désert.
6^ Lettre.
(34) Jules
de Rességuier, en qualité de Mainteneur aux
:
l'aube romantiouk
Jeux Floraux,
avait, en 1821,
293
prononcé l'éloge du Secrétaire
perpétuel Poitevin-Peitavi. (35)
Le Conservateur Littéraire, fondé en décembre ^819, mars 4821 il fut remplacé par les An-
cessa de paraître en
;
nales de la Littérature et des Arts. (36) Joseph Rocher,
ami
particulier de Lamartine, qui lui
dédia l'ode de l'Enthousiasme, fut successivement conseiller
à
la
Cour de Grenoble, de Lyon,
tère de la Justice
conseiller à la
du minis-
secrétaire général
Requêtes en
en 4828; maître des
Cour de Cassation en 4838
4829; de
enfin, recteur
;
l'Académie de Toulouse en 1856. (37)
Ni Alfred de
Viij^ny, ni
A. de Saint-Valry,
Gustave
ni
de Pons ne furent couronnés au concours de 4824 des Jeux Floraux. Joseph Rocher obtint seulement les honneurs de l'impression au recueil de l'Académie de Clémence Isaure, d'un
poème
l'Immortalité de l'Ame
intitulé
bles actuels de V Europe, (38) L'ode de et
comme
Quiberon, qui
fait
Ballades, fut imprimée dans
et
l'écrit
les
Trou-
du volume des Odes
partie
le
non pas
Victor Hugo.
recueil des Jeux Floraux
de 4821 (39)
Jean-Joseph-Thérèse Pinaud, né en 4773, mort à Tou-
louse en 4843, achevait ses études de Droit rôlé
après
les
armées de
comme
suspect et
dans
s'inscrire
nommé il
la
République
libéré
;
quand
en Thermidor,
au barreau de Toulouse. Sous
en-
il
vint alors
;
il
fut
en 4824,
Metz en qualité de Procureur général. La Révo-
lution de Juillet
le
rendit à la vie privée et
louse, qu'il ne quitta plus.
février 4825,
fut
la Piestauration
avocat-général, puis conseiller à la Cour
fut appelé à
il
emprisonné bientôt
Pinaud
Du
34 juillet
le
ramena à Tou-
4818 jusqu'au 25
fut secrétaire perpétuel
de l'Académie
des Jeux Floraux. (40) Cet
appartement occupé
Mézières, où
la
par
mère du poète mourut
Victor trois
Hugo rue
mois plus tard,
de le
l'aube nOMANTigUE
294
27 juin, coQsistalt en un rez-de-chaussée avec
la
jouissance
d'un jardin.
78 Lettre.
La Consolation d'une mère, avant de
(41)
Tableaux Poétiques,
avait paru
dans
le
faire partie des
des Jeux-
recueil
tome III des Annales de la Littérature et des Arts et dans l'Almanach des Dames de 1822. (42) Alexandre Soumet toutes les fois que dans les lettres suivantes on trouvera le prénom d'Alexandre, il s'agira d'A lexandre Soumet. Floraux de 1822 ;;dans
le
;
*e Lettre.
La Harpe de Glorvina
(43)
dans
le
parut pour
la
première
recueil des Jeux Floraux de 1824, puis dans le
1821, du Conservateur Littéraire; cette pièce
fait
Tableaux Poétiques. (44) La Mort d'une jeune
le
Jeux Floraux de 1821, en vina
;
comme
fille parut
même temps
dans
tome
fois III,
partie des
recueil des
que la Harpe de Glor-
celle-ci, cette élégie fait partie
des Tableaux
Poétiques (45) Cette lettre est adressée à
à sa
Lombez
M.
le
comte de Rességuier
(Gers). Jules de Rességuier se trouvait alors dans
propriété de Sauveterre, située à quatre kilomètres
de
du Gers, qui lui venait de sa grand'mère, M'ia de Boyer, femme du président de Rességuier. cette sous-préfecture
^e Lettre. Allusion aux difficultés rencontrées par Soumet audu gouvernement et des acteurs pour faire jouer ses tragédies de Saûl et de Clyiemnestre. (46)
près
l'aube romantiquk
Soumet
(47)
295
à Auteuil l'ancienne
habitait alors
de
villa
Boileau.
Soumet, très frileux
(48)
et
d'une mauvaise santé, avait occu-
pé à Toulouse, dans une maison de la place Saint-Etienne, un
appartement sous
exposé au nord
les toits,
Deschamps (Emile), né
(49)
tré vers sa
le
au vent d'autan.
et
20 février i791, à Bourges, en-
vingtième année dans l'administration des Domai-
nes, dont son père était
un haut fonctionnaire; devenu sous-
chef de bureau au ministère des Finances en 1827, décoré l'année suivante, Versailles,
où
il
il
prit sa retraite
mourut
Deschamps s'occupa de ode patriotique qui 1818,
il
le
en 1848
et se retira alors
littérature;
lui attira la
en 1812,
il
composa une
bienveillance de Napoléon
en collaboration avec H. T. de Latouche,
écrivit,
à
22 mai 1871. Dès sa jeunesse Emile
comédies de Selmours de Florian
et
;
en les
du Tour de faveur qui
eurent plus de cent représentations; en 1829, il publia les Etu-
des françaises tique de
et étrancjères ;
Roméo et
en 1839, une traduction poé-
Jalitile: en 1844, une autre, de Macbeth.
Ces deux interprétations de Shakespeare, avec les
commentaires, forment
édition de ses
Œuvres
le
la
premier volume de
complètes.
Une
édition
préface et la
première
posthume des
Œuvres complètes du
poète, en six volumes in-18, parut chez Lemerre en 1873. Emile Deschamps collabora aux Annales de la Littérature et des Arts, au Conservateur
Alph.
Littéraire et surtout à la
Muse Française. Toutes
que, dans les lettres suivantes, on trouvera il
s'agira d'Emile
le
les fois
prénom d'Emile,
Deschamps. /oe Lettre.
(50)
vantes,
Victor
Hugo
on trouvera
Hugo. (51) Peyronnet
;
toutes les fois que, dans les lettres sui-
le
prénom de Victor,
il
s'agira de Victor
— Charles-Ignace, comte de — né à Bordeaux
l'aube HOUANTigUE
3q6 en 1775, mort en
i
853,
d'un père guillotliné aous
fils
d'abord avocat à Bordeaux,
il
nommé
fut
Terreur
la
;
Président du tribu-
nal de cette ville par Louis XVIII, puis Procureur général à
Bourges. Elu député de de
en 1821
la Justice
la
Gironde en 1820,
et le resta
mai 1830 comme ministre de le firent
devint ministre il
fut ensuite
France. Rentré aux affaires en
élevé à la dignité de pair de
ordonnances qui
il
jusqu'en 1828;
l'Intérieur,
signa les fameuses
il
mettre en accusation et condamner
avec ses collègues Polignac, Chantelauze
et
Guernon-Ranville
commuée en celle de la détention perpétuelle. Enfermé au fort de Ham, il en sortit lors de l'amnistie de 1836. On doit au comte de Peyronnet les Penà
peine de mort, plus tard
la
sées d'an prisonnier, 1834, 2 vol. in-8», et une Histoire des
Francs, 1835, i vol. in-8». (52) Le Pèlerin parut pour
première
la
fois
dans
le
recueil
des Jeux Floraux de 1822; puis dans les Annales de la Litté-
rature des Arts, tome
Poétiques (53)
Ancelot
III,
1822.
— Jacques-Arsène Polycarpe —
mort en 1834; sa tragédie Louis succès éclatant (54)
;
il
:
cette
élégie est tirée de la
Tableaux Poétiques, où
elle
né en 1794,
française en 1841.
Muse Française, tome et
Tableaux
jouée en 1819, obtint un
est ici question,
Annales de la Littérature
noie
/A',
membre de l'Académie
Le morceau dont
d'abord dans la les
partie des
fait
Il
VOdalisqae, parut
1er,
1823, puis dans
des Arts, 1825, avec
Gaule Poétique. Dans
la
les
a trouvé place, elle est précédée
la Gaule Poétique ou France considérée dans ses rapports avec la poésie, l'éloquence et les beaux arts, par Fr. Marchangy,
d'une épigraphe tirée de cet ouvrage
:
l'Histoire de
1813, 8 vol. in-8«. (55)
Saûl, tragédie d'Alex. Soumet, acte
note 16.
III,
scène
ii
;
voir
L
AUBE ROMANTIQUE
297
//* Lettre.
Soumet demeurait alors rue d'Enfer
(36)
Denfert-Rochereau
— n» 27, en face
le
— aujourd'hui rue
jardin du Luxembourg.
12° Lettre.
(57)
Abel Hugo, avec son frère Victor Hugo, un des direcAnnales de la Littérature et des Arts.
teurs des
(58) Pichald
— Michel
Pichat
phiné, en 1790, mort en d829,
les
dit,
— né à
Vienne en Dau-
représenter au Théâtre fran-
26 novembre 1825, une tragédie de Léonidas, qui
çais, le
obtint
fit
un
Talmaet Ml'e Duchesnois y
éclatant succès.
tinrent
premiers rôles.
(59)
Neuvième strophe de
l'ode
le
:
Poète dans les révo-
Huço Odes livre premier, ode première. Soit que Victor Hugo ait retouché sou texte primitif, soit que Soumet l'ait mal transcrit, voici le commen lutions
Œuvres de
;
cément de définitive
Victor
;
;
cette strophe telle qu'elle se trouve
dans
la
version
:
Que
n'es-tu ne sur les rivages
Des Abbas
des Cosroës d'un ciel sans nuages.
et
Aux rayons
i3' Lettre.
Soumet, née à Paris le 17 mars 1814, fillSoumet; dès 1818 elle publia les Nouvelles Filiales, dont on lui faisait réciter des fragments dans k(60) Gabrielle
d'Alexandre
monde
;
à vingt ans elle épousa Beuvain-Daltenheim.
laboration avec son père, elle écrivit
diateur représentée sur
le
la tragédie
Théâtre français
le
En
col-
du Gla-
4 avril 1841 18.
et
l'aube lVOMANTiyt:E
298 celle
de Jeanne Gray, donnée à l'Odéon,
encore
lui doit
le
29 mars 1844.
divers volumes^ parmi lesquels
le
On
poème de
Berthe Bertha, 1843. Mme Soumet-Dallenheim est morte le Toutes les fois que dans les lettres suivan16 mai 1886. tes on trouvera le prénom de Gabriellc, il s'agira de Mm» Ga-
—
brielle
Soumet-Daltenheim.
i4''
(61)
sous
En
Vigny publia sans nom d'auteur Poèmes: Hélùna, la Somnambule, la Fille de
1821, Alfred de
le titre
Jepthé, la
Lettre.
:
femme
adultère, le Bal, la Prison, etc.
(62) C'est seulement deux
H. T. de Latouche réunit
et
ans auparavant, fit
en 1819, que
paraître les Poésies
d'André
Chénier, encore ignorées. (63) S'a"/; voir note 160. /J« Lettre.
a paru tronquée dans
(64) Celte lettre
la
Correspondance
de Victor Hugo. (65)
Clytemnestre fut représentée au Théâtre français
7 novembre 1822
;
Saiil, à l'OJéon,
deux jours après,
deux pièces furent vivement applaudies, (66) Le Dévouement pendant la peste fut des Jeux Floraux de mai 1822.
le
le
9
;
les
lu à
la
réunion
(67) Darangel (François), né à Marseille, mort à Paris en 1879, a pris part, à diverses reprises, aux concours des Jeux Floraux sous son nom de Durand, et sous les noms de
Durand de Vadrelmou, Durand de Mondurango, Halmoadurand; en 1822, avec deux odes; le Détachement de la Terre, qui fut récompensé, et l'Adieu, imprimé dans le recueil de l'année
;
en 1823, avec l'ode de la Gloire, qui obtint une et les deux pièces A Victor Hugo et la
amarante réservée,
:
L
AUBE ROMANTIQUE
Vieille France, qui parurent dans
1829
et, cette
mence Isaure 1863,
il
dernière année de 1833, l'Académie
lui
publie
todie, dont le
volume de l'année
le
;
en
François Durangel reçoit deux nouvelles cou-
et 1833,
ronnes
SQQ
décerne des
lettres
de
de maîtrise;
Clé-
enfin,
en
un poème épique en huit chants la Chris sujet est la mort et la résurrection du Christ. :
776 Lettre. (68)
Le commencement de
(69) Laissé libre
Victor
Hugo
ment dans la
manque.
titre définitif
de l'ode que
Dévoue-
le
peste, Jules de Rességuier prit le dernier, qu'il l'intitulant
sous ce
que
seulement
la pièce
Ballades, livre IV, ode (70)
le
appela successivement Barcelone et
simplifia en titre
la lettre
de choisir
:
le
parut dans
le
Déoouement. C'est volume des Odes et
iv.
A. de Saint-Valry avait obtenu un
lis
réservé au
concours des Jeux Floraux de 1822, avec une élégie Prière d'an jeune poète à la Vierge. Voir plus
intitulée
:
loin, note 87.
Dans Victor Hugo avant i83o, E. Biré nous apprend chambre occupée par le poète, rue du Dragon, n'avait d'autres ornements que les deux amarantes et le lis d'or obtenus aux Jeux Floraux. (71)
que
la
i8'>
(72) Victor
Hugo
Lettre.
corrigeait
alors
les
épreuves de son
volume Odes et Poésies diverses, qui devait paraître deux mois plus tard, en juin 1822, chez le libraire-éditeur Pelicier, Palais-Royal, 243, Paris. (73) L'Assemblée générale de l'Académie des Jeux où sont distribuées les récompenses de ses concours,
la Fête des Fleurs.
Floraux,, s'appellr
l'aube romantique
3oo
ig* Lettre.
de Rességuier venait de
(74) Jules
lire,
à la séance publique
du 3 mai 1823 de l'Académie des Jeux Floraux, une ode Clémence Isaure commenrant par
à
:
vient ce jeune
Il
Hugo
s'essayer à corabattre.
.
20* Lettre. (75) Celtre lettre a paru tronquée dans la
Correspondance
de Victor Hugo. (76) François-Durand-Durangel habitait alors Marseille; voir note 67. (77)
Victor
Hugo changea
quelque
peu d'opinion plus
tard.
32^ Lettre. (78) Jules de
Rességuier avait annoncé à Victor
prochaine venue à Paris (79)
—
Voir
lettre
Hugo
sa
précédente.
Delphine Gay venait de remporter un prix extraordi-
naire de l'Académie française pour une pièce de vers intitule Dévouement des médecins et des sœurs de SainteCamille dans la peste de Barcelone. Delphine Gay, née en 4804,
lée
:
mariée en i831 à Emile de Girardin, morte en 1855, est trop connue pour qu'il soit nécessaire de faire plus que de rapses romans et nouvelles le Lorpeler ses litres littéraires gnon, 1831 le Marquis de Fontanges, 1835; la Canne de M. de Balzac, 1836; Marguerite, 1853, ses comédies :
:
;
:
Lady Tartufe; peur, 1853; ses
Chapeau dUin horloger; la Joie fait Chroniques du marquis de Lauzun; ses le
Poésies, quoique elles ne soient plus guère lues.
Soi
l'aube romantique (80) Les Macchabées, tragédie en cinq actes Alexandre Guiraud, jouée à l'Odéon en 1822. (81)
Joanny,
-
Jean-Bernard Brissebare
dit
et
en vers, par
— né en
1775
à Dijon, mort en 1834; engagé à seize ans dans un bataillon
de volontaires
;
après
quatre années
de service,
l'armée et entra à Paris dans un bureau
abandonna
cette place
pour monter sur
joué quelque temps en province, d'où
il
il
quitta
comme commis, la
scène
;
puis
après avoir
débuta en 1819 à l'Odéon,
passa en 1823 au Théâtre- Français. Joanny prit
il
sa
en 1841.
retraite
23^ Lettre.
—
—
Narcisse- Achille de néà Condomenl793, (82) Salvandy, mort en 1836. Engagé dans les Gardes d'honneur, il fit les campagnes de Saxe et de France et, lors de la Piestauration, quitta le service ordinaire avec le grade d'adjudant major pour entrer dans la Maison militaire de Louis XVIII. Nommé Maître des requêtes au Conseil d'Etat en 1819, il abandonna cette situation, en 1821, un peu contraint forcé il la reconquit en 1828. C'est lui qui à un bal donné par le duc d'Orléans, en « C'est 1830, au roi de Naples, prononça la fameuse phrase une vraie fête napolitaine, nous dansons sur un volcan. «Nous ne suivrons pas Salvandy dans sa vie politique sous la Royauté de Juillet et le second Empire d'autant plus que, seuls chez lui, l'homme de lettres et l'homme du monde nous intéressent. ;
:
(83)
Salvandy, qui venait
d'épouser
M. Feray, gendre d'Oberkampf, grand de
toiles, dites
MH^
Feray,
tille
de
industriel et fabricant
de Jouy, passait la belle saison chez
parents
les
de sa femme, dans leur propriété de Chantemerle, à Essone,
commune et-Oise.
de l'arrondissement
et
du canton de Corbeil
.
Seipe-
302
BE hOMANTlOUE
U AI
^4* Lettre. (84)
Vatout (Louis}, né en 1792, mort en 1848, bibliothécaire
du duc d'Orléans sous
la
Restauration, puis, après la Révolu-
tion de Juillet, Conseiller d'Etat et bientôt député.
membre
de l'Académie fran(;aise en 1848,
pu prononcer
d'avoir
pour l'auteur de
il
de son prédécesseur.
l'éloge
Nommé
mourut avant passe
Il
fameuse chanson du Maire d'Eu,
la
si
appréciée de Louis-Philippe, (8.5)
Le Pèlerin
et
non
la Pèlerine
;
voir note 52.
^5' Lettre. (8G) a
Soumet a reçu presque toute la gloire depuis si longtemps dans nos cœurs... qui est adorable, venez voir Saiil qui est admi-
Vous savez que
qu'il devait
avoir
notre
et qu'il avait
Venez voir Talma rable... »
Alfred de Vigny au
baron Guiraud
;
21 nov. 1822.
— C.
Douais. Lettres au baron Guirand. Montpellier, imprimerie
G. Firmin
et
Montane, 1899, in-4.
26^ Lettre. (87)
Au commencement
de l'année 1821, Victor
Hugo
avait
été passer quelques jours chez A. de Saint- Valry, à Montfort-
l'Amaury. Adolphede Saint- Valry, né en 1796, mort en 1867? fut l'ami le plus intime de la jeunesse de Victor Hugo et un des directeure de la sies,
Muse Française. En dehors de
dont certaines furent
ses poé-
couronnées aux Jeux Floraux
et
la Chapelle de Noire-Dame, dont d'autres furent publiées en 1825 et les Raines de Montforl-l' Amaury, en 1826, Adol:
phe de Saint- Valry Madame de Mably.
est l'auteur
d'un remarquable roman
:
l'aube romantique
3o3
28^ Lettre. (88)
Ch. Gosselin,
éditeur des Méditations Poétiques de
Lamartine, de 1822, 1823
En
1825.
et
édition de ces poésies parut
chez
le
une nouvelle
1826,
Bocquet, en
libraire J.
2 vol. in-80. (89) Parseval-Grandmaison
en 1759, mort en 1834; doit les
lui
Amours
Philippe-Auguste auquel
il
,
épiques, poème eu six chants, 1804, et poème épique en douze chants, 1825,
de vingt
travailla plus
Grandmaison,
qui,
à
ayant protesté contre avait cru entendre, d'être écharpé
M™= Ancelot
—François-Auguste, — né à Paris
membre de l'Académie française. On
la
phrase
la
au
ans, hélas
C'est Parseval-
!
première représentation à'Hernani, de
lieu
par Lassailly.
:
« Vieil as de
a Vieillard Il
existe
pique
stupide »
un
»,
qu'il
manqua
tableau peint par
représentant Parceval-Grandmaison lisant Phi-
lippe-Auguste devant Lamothe-Langon, Le Maire, Gayrard et
sa
Mme
femme, Mely-Janin
,
Lemontey, Auger
de Gallemand, Casimir Bonjour, Lacretelle
et
sa
et sa
femme, femme,
Campenon, le duc de Raguse, Victor Hugo et sa femme, Saint-Valry, Audibert, Raoul Rochette, Saintine, Guiraud, Alfred de Vigny, Emile Deschamps, Mmo de Bawr, Mennechet et sa femme, Mlle Delphine Gay, M™* Sophie Gay, G. de Pons, de la Ville, Pichald, Michel Béer, Jules de ResFrantin,
séguier, Ancelot
et
l'auteur de la composition.
2Q^ Lettre,
(90) Alfred
de Vigny,
était entré,
en 1823, au 55« de ligne,
en garnison à Strasbourg, comme capitaine à l'ancicunelc ; du Bas-Rhin ce régiment fut envoyé dans les Basses-Pyrénées lors de la (91)
guerre d'Espagne.
Le 55e de
ligue,
en garnison depuis
son arrivée en
3o4
Béarn fit
l'aube romantique
Oloron
à
(92)
Orthez, fut ensuite dirigé sur Pau, où
et à
soa entrée dans
la soirée
Beauvais-Poque, né
(Basses-P^Ténées,)
H juin
le
23 octobre 1793, à Pontacq
dans
colonel
il
du
1824.
Gardes d'honneur aux
les
journées de Juillet 1830, fut plus tard commandant du château de Pau
;
véritable bretleur, quelque temps avant les
fourées paloises,
il
Bayonne
avait été à
se battre avec
échau-
un
offi-
cier de la Garde. (93) Le dimanche qui suivit l'arrivée du o5« de ligne à Pau, une altercation assez grave eut lieu entre les soldats et quelques jeunes gens de la ville, à la sortie de la dernière messe
de
l'église Saint- Jacques,
la
ville.
Voir
Paris, 1897. Edition (94)
rendez-vous de
Paul Lafond
:
:
la
jeunesse dorée de
Alfred de Vigny en Béarn.
de l'Ermitage, in-18.
Le comte de Fontanges, colonel du 55» régiment de
ligne.
Joe Lettre. (93) a
Le
ler
rixes suivies de batailles en règle
août, des
éclatent entre civils et militaires, dans un bal champêtre, au
village voisin de Jurançon, situé de l'autre côté
du gave. Les
Béarnais ne s'avisent-ils pas de vouloir empêcher de danser.
..
les rixes
continuent sur
village à Pau, sur le pont
du gave
et
blements considérables à l'entrée de teau, sur la place
Gramont,
où
les
le
les soldats
chemin qui mène de ce
sont suivies de rassemla ville,
au nord du châ-
militaires sont assaillis à
coups de pierres. La nuit vient mettre un terme momentané à
recommencèrent le lendemain lundi, jour et plus acharnées que la veille. Les officiers ne pouvaient plus sortir de chez eux sans être menacés et même frappés par la populace... » Paul Lafond Alfred de Vigny en Béarn ouyr. cit.
ces luttes; mais elles
de marché, plus violentes
—
\
:
—
3o5
l'aube ROMANTIQUli
Alfred de Vigny revient sur ces événements dans une lettre adressée quinze jours après à son ami Soulié
mon
vous écris mystérieusement,
« Je
savez quels troubles ont eu lieu à
i*au
;
:
cher ami,...
Vous
étaient préparés
ils
depuis longtemps contre ce régiment dont l'opinion est celle des Vendéens et de la Garde. Notre première offense fut le Domine, Saloum; la pauvre ville d'Henri IV est envahie par les
libéraux que n'ont jamais osé contenir des autorités débi-
les
;
elles ont
essayé un jour de punir, tout en tremblant, un
scandale dans une église par un jour de prison,
ger
le
roi des Halles, les Halles se sont
pour ven-
et
armées de pierres
et
ont lâchement écrasé quelques soldats isolés... »
Le né
destinataire de cette lettre, Jean-Raptiste-Augustin Soulié,
à Castres
liste
en 1780, mort à Paris en 1845, d'abord journa-
à Bordeaux, ensuite à Paris, devint, à partir de 1820, un
des principaux rédacteurs de la Quotidienne. fondation du Keepsake français en 1830
par
gouvernement de
le
la
;
il
On
lui doit la
avait été
nomms
Restauration, Conservateur de la
bibliothèque de l'Arsenal. (96) Cléopàtre, tragédie d'Alexandre
Soumet, jouée en 1824,
avec un médiocre succès.
Si" Lettre. (97)
La Muse Française
cessa de paraître en
juin 1824;
fondée en juillet 1823 par Victor Hugo, Alexandre Guiraud,
Alexandre Soumet, A. de Saint- Valry, Emile Deschamps, elle
eut pour principaux rédacteurs, avec ceux-ci
:
etc.,
Alfred de
Vigny, Ch. Nodier, Pichald, Jules de Rességuier, G. de Pons, Durangel,Belmontet, Jules Lefèvre,UIric Gutlinguer, IM^^^sDes.
bordes-Valmore, Amable Tastu, Sophie
La Muse
rue du Jardinet, 12, rue
et
Delphine Gay,
etc.
Française, imprimée chez Huzard-Courcier, 12,
était éditée par Ambroise Tardieu, du Battoir-Saint-André-des-Arts.
libraire,
l'audb kohantique
3o6
32* Lettre.
(98)
Aglaé Vinot,
fille
nes, mariée à Emile le
d'un ancien notaire royal de Vincen-
Deschamps en 1817, morte
à
Versailles
10 février 1855. (99) M>"e Daclin.
Dudon
(100)
— Jean-Franr.ois-Pierre-Cécile, baron —
fils
du
procureur général au Parlement de Guyenne, Dudon, guillotiné à
Bordeaux en 1793 encore ;
qui lui valut
ans,
il
fut
le
très jeune,
surnom de cosaque
nommé
;
il
émig'ra en Russie, ce
à peine âgé de vingt-un
Intendant général de l'armée de Portugal
élu député de la Gironde à la Restauration,
il
;
devint ensuite
Président du Conseil d'Etat et ministre sous Charles X. Le baron Dudon avait épousé Mire de Mac-Mahon, mère de M^'e il mourut à Paris le 26 mai 1857. Le château du Marais, propriété de Jules de Ressé-
Jules de Piességuier (Nina);
(101)
Argenteuil, près de Neuilly, où mourut, en 1789, le marquis de Mirabeau, l'auteur àtVAmi des hommes, père du fameux tribun. Le château du Marais n'existe plus. (102) Le père d'Emile Descbamps, Deschamps de Saintguier, à
Amand, maines
était ;
administrateur de l'Enregislrement
sous l'Ancien Régime,
il
et
des Do-
avait occupé la charge
de
directeur des Domaines et de Receveur Général de la province
du Berry. M. Descharaps de Saint-Amand était un esprit très Le jeune ménage Emile Deschamps vécut avec AL Deschamps de Saint-Amand, 7,rue Saint-Florentin, jusqu'à la mort de ce dernier, survenue en 1826. littéraire.
.?.?e
Lettre.
(103) Allusion à la vie retirée qu'Alex.
Toulouse dans
le
quartier Saint-Etienne, où
Soumet menait il
à
habitait.
(101) Sainte-Euverte, ancienne église d'Orléans, longtemps désaffectée et rendue
au
culte en 1857.
l'aube romantique (105)
Jeanne d'Arc, représentée avec un grand succès au
Théâtre français en 1825. Voici rôles le
:
807
Jeanned'Arc,
i\I"*
père de Jeanne, Joanny (106)
la distribution
Georg-e; ;
le
le
des principaux
duc de Bourgogne,
duc de
Lig-ier
;
Bclfort, Prévost.
Ben-Hamet, personnage du roman de Chateaubriand,
Aventures du dernier Abencerage.
les
34' Lettre.
Soumet avait été, en 1815, au château de Saint-CIoud.
(107) roi,
nommé
bibliothécaire
du
J5e Lettre. (108)
Jeanne d'Arc; voir note 105.
(109) Alexandre
Dumas
—
1802-1870.
36^ Lettre. (110)
Le Convoi d'fsabeau de Bavière, paru en plaquette
chez Tastu, Paris, 1826,
fait
partie des
Tableaux Poétiques.
38& Lettre. (111)
Un Samedi au Louvre. Septembre
des produits de Tlndustrie, Comte Jules
Muse Française,
n' IV, octobre 1823.
3g^ (112) Victor 1824, noyée
1823. Exposition
de Rességuier, la
Hugo
Lettrée.
a eu quatre enfants
:
Léopoldine, née en
accidentellement à Villequier, à
l'embouchure
4 septembre 1843; Charles-Victor, né en 1826, mort le 13 mars 1861 ; François-Victor, né en 1828, mort le 26 décembre 1873, et Adèle, née après 1830, filleule de Saintede
la Seine, le
Beuve, enfermée, depuis 1872 jusqu'à sa mort, dans une mai-
son d'aliénés.
3o8
L AUBE KllSIANTIQUE
420
Lf.tlre.
—
—
(113) Rérausat Charles-PYançois-Marie, comte de 17971862, était alors un des principaux rédacteurs du Globe.
(114) Soulié, voir note (115)
Mon ami
9rJ.
La Tarentule
Jule
Ou,
C'est ridicule
Suis-jc
Ue la VisluleV Quand la pendule Dans la cellule Où l'on t'adule Chambre à bascule, Où l'on postule.
Ou
ma
capsule
Ma
voix module D'un bon rutule (C'est la formule,)
Chanson bien nulle Pour mon Iule,
Femme à scrupule, O ma cédule
Déjà recule crépuscule
émule Tibule,
de Catulle,
Sans
Chaise curule
Au
triste
Du doux
un Herdile
;
Lorsque pullule Grêle ou pilule
Très acidu'e
Froide globule,
Gomme une bulle Du prince en rulle
Moi je circule Sous vestibule
Pour tout pécule Mes vers en ule,
Et de rotule
(Point et virijulc,)
A
Ou
clavicule
si je brûle Je dissimule.
Je m'inocule
(116) Gallois (Jacques-Imbert), né à
Genève en 1807, mort à
Paris en 1828. M. Gide a publié une édition posthume de ses
œu\Tes
:
Poésies de J.-J. Gallois, Paris, A,
petit in-18o.
A
Cherbuliez,
propos de Ch. Nodier, voir note 177. 43° Lettre.
(4 17)
Genoude
— Antoine-Eugène, — né en 1792, à Montéli-
mart, mort en 1849, successivement maître d'études, professeur, séminariste, officier. Maître
mais avant tout il
était alors
des requêtes au
Conseil d'Etat,
et surtout journaliste libéral et
un des directeurs de
la Gazette
légitimiste
de France.
;
l'aube romantique
(H8)Soulié
était alors
Sog
rédacteur en chef delaOaotidienne
;
voir note 95.
45e Lettre. (119) Marie-Françoise-Sophie à Paris en 1776,
Michault de la Valette, née morte en 1832 d'abord mariée à un agent de ;
change, puis devenue veuve, à
département de
la
Roër; a
fait
M
.
Gay, Receveur général du
représenter au Théâtre français,
Marquis de Pomenars ; on lui doit les libretti deM™« Gail, du Maître de chapelle, musique de Paer; elle a publié nombre de romans dont les moins oubliés sont: Laare d'Estelle, 1808. Léonie de Montbreuse, 18l3; les Malheurs d'an amant heureux, 1818-23
en 1820,
le
de laSérénade, musique
;
Chateaaroax, 1834. Pleine de pétulance, de hardiesse, d'esprit, M"'^ Gay se ressentait du monde du Directoire dans lequel elle avait fait ses débuts. C'est elle qui aux « On vous a Tuileries eut ce dialogue épique avec Napoléon la Duchesse de
:
que je n'aimais pas l'abordant brusquement, dit
les
femmes
— Oui, — Vous écrivez, qu'avez-vous
», lui
sire,
fait
dit
mais je ne
filles.
pas cru.
— Trois
Delphine, la
Mme
de Girardin que sa mère admirait et conson plus bel ouvrage. De 1826 à 1827,M'ne So-
dernière, devint
comme
l'ai
de remarquable ?
enfants, sire. » Elle en eut cinq, dont quatre
sidérait
l'Empereur en
Gay et sa fille Delphine firent un voyage en Italie. C'est Muse de la Patrie, de la Coupole de Sainte-Geneviève, que
phie la
nous retrouvons
ici
déclamant ses vers, debout au milieu d'ad-
mirateurs enthousiastes, vêtue de blanc, dans tout
l'éclat
de sa
resplendissante jeunesse, ses beaux cheveux blonds retombant
en boucles soyeuses des deux côtés de son pur visage. Que ces
triomphes fussent autant dus à sa beauté qu'à son talent, peutêtre; sa poésie a à chastes
images, à intentions
décentes, à pudeur voilée de style tine, était si bien l'émanation
t>
comme
fines, à
l'a
écrit
de son être charmant
!
grâces
Lamar-
l'aube romantique
3 10
(120) Jules de Rcsscguier venait d'être père pour !a troisième fois.
(121) C'était l'époque des preux, des chevaliers, des pnçes,
des troubadours, ce qui explique ce d'hui,
donné par M°»8 Sophie Gay
titre
et sa
bien
rococo aujour-
à Jules de Ressé-
fille,
guier. (122) Ces vers font partie de la pièce
Harmonies
poéticfiies et
:
la Perte de l'Arno;
relijieascs, par
M. de Lamartine,
Hachette, Paris, 1859, in-12, p. 104.
Pendant mon séjour à Florence, un événement naturel, l'éboulé» ment d'un rocher à Tivoli, bouleversa la fameuse chute d'eau sous le Temple de la Sybille et dans le palais de Mécène à Tibur, près de Rome... Ce fut un deuil pour toute l'Italie et pour tous les artistes, poètes ou peintres, nationaux ou étrangers.
Commentaire à la Perte de l'Anio,
—
id., p.
(123) Homère, en la voyant, Homère aurait chanté Raphaël à la toile eût appris sa beauté.
109.
;
Premiers vers de la pièce Delphine, avec dédicace à Delphine Gay, Tableaujc Poétiques. (124) Le duc de Laval-Montmorency, pair de France, ambassadeur de Charles X près la Cour de Rome un des plus
MHe
;
Mme Récamier.
fervents et des plus fidèles adorateurs de (125)
Léon XII.
—
Annibal délia Genga
bre 1823; couronné
le
6 octobre suivant
—
Rome
ga.près de Spolète, en 1760; élu pape à ;
né à le
la
Gen-
27 septem-
mort en 1829.
(126) 3ssais Poétiques, ^3s MHe Delphine Gay, Paris, 1824. C'est dans ce volume que l'ut inséré le poème de Magdeleine(127) Alfred de Vigny, alors épris de Delphine Gay,raurait
probablement épousée, sans
mère.
l'opposition
de M""- de Vigny
l'aube romantique (128)
3 11
Emile Descharaps, Alfred de Vigny, Alexandre Sou-
met, Alexandre Guiraud.
Duchambge,
({29) Pauline
d'origine créole, née à la Marti-
nique en 1778, morte en 1838; pianiste, cantatrice
et
surtout
compositeur de musique. Ses romances, pleines de charme, de grâce et de mélancolie, jouirent, sous,
monarchie de
Juillet,
tous les pianos, elles étaient relation avec le était liée
avec
M"* Dorval, tres
que
lui
même
dans toutes
princesse Borghèse,
ce qui explique
la
les
lui disait
ouvrage ?
tre autres l'Idiot.
:
a
mémoires. En
de son époque,
littéraire et théâtral
elle
princesse de Chimay,
peut-être
nombreuses
les
adressa Alfred de Vigny; avec
Valmore, qui d'un
monde
la
Restauration et la
la
d'une grande vogue; on les trouvait sur
Mme
let-
Desbordes-
Ne sommes-nous pas les deux tomes
» et qui lui dédia diverses poésies,
en-
Aug. Brizeux fréquentait beaucoup chez
M"^ Duchambge. (130) Hortense-Eugénie de Beauharnais,
femme de
Bonaparte, roi de Hollande, 1783-1837, à laquelle ce
duchesse de Saint-Leu avait été donné par
Louistitre
de
gouvernement Je la Reslauration,qui lui alloua en même temps une pension. La plus gracieuse et la plus distinguée des femmes, au dire le
de Louis XVIII.
Gay
(131) Delphine inusités
;
nommée par
fut ref;ue à
acclamation
Rome
avec des honneurs
membre de l'Académie du
fut conduite en triomphe au Capitole, où clama des vers au milieu de l'enthousiasme général.
Tibre, elle
elle
dé-
4/= Lettre. (132)
Dans
les
est dédiée à Mlle
Tableaux Poétiques,
la pièce
de Delphine
Delphine Gay; une seconde pièce
Delphine à la coupole de Sainte-Geneviève, a été écrite en mémoire de la lecture faite par Mlle Delphine Gay elle-même de son Hymne à Sainte Geneviève, au Panthéon. :
l'aube romantique
3is (133)
M™8 de
Le
nom
de Mlle Delphine Gay, pas plus que celui de
Girardin, ne figure dans les registres de l'Académie
des Jeux Floraux.
4g^ Lettre.
— Louis, — né en
(134) Belmontet
en 1879, couronné plusieurs
fois
par
1799 à Montauban, mort
Jeux Floraux, notam-
les
ment en 1823 a collaboré à la Muse Française, a publié un volume de vers élégiaques les Tristes, 1824, et le poème Un Souper chez Awjuste, 1828 il fit jouer à l'Odéon, le ;
:
;
28 décembre 1829, t/ne Féfec/ieriVeVo/i, tragédie en cinq actes écrite en collaboration aA'cc Alex. Soumet. Laissons de côté l'écrivain politique, mais,
1854, lorsque
néanmoins, rappelons qu'en mars
Dupin demanda au Corps Montalembert pour
tion de poursuivre
montet, alors député, fut un des rares
Législatif l'autorisa délit
de presse, Bel-
membres de l'Assem-
blée qui firent opposition à la motion. (133)
Une Fête sous Néron, jouée
l'Odéon, avec
le
le
28 décembre 1829, à
plus grand succès, eut plus de cent représen-
tations consécutives.
(136) Jules
poète
et
Lefèvre-De umer, né en 1797, mort
en 1867,
prosateur.
oo^ Lettre. (137)
Mennechet
en 1845; lecteur
CharlesX; a
— Edouard, — né à Nantes et
en 1794, mort
chef du bureau de Louis XVIII
et
de
écrit des comédies, des libretti d'opéra, des poésies
diverses,des mélanges littéraires. De tout cela
il
ne reste qu'un
bien vague souvenir. Trois vers de Mennechet servent d'épi-
graphe à une pièce des Tableaux Poétiques, l'Adolescence.
Mennechet
était petit-neveu
de La Peyrouse.
3i3
L AUBE ROMANTIQUE
5i' Lettre. (138) Voir, plus loin
note 161.
;
(139) S'agit-il de Jean-Franrois l'historien des
1772-1858, selle,
— 4767-1839, —
Michaud
Croisades, ou de Louis-Gabriel Michaud,
— son
frère,
—
Univer-
l'éditeur de la ^/o^ra/j/u'e
nous n'en savons rien.
53e Lettre.
— Charles — poèteet publiciste, né à
Dijon en
1781, mort en 1857, débuta par des articles dans la
Gazette
(140) Brifaut,
de France,
puis
fit
des tragédies
Ninus
:
If, 181-4;
Jane
Gray, 1814; Charles de Navarre, 1820; célébra tour à tour l'Empire et la Restauration; plus homme du monde qu'homme de lettres; le Ponsard de 1804, comme l'a appelé un spirituel journaliste. « Brifaut, écrit
Legouvé dans
ses
régulier, soigné, élégant, »
correct,
Souvenirs, « n'a guère connu que
Paris, et dans Paris, le faubourg Saint-Germain. Jamais plus joli profil,
physionomie plus aimable, cheveux mieux ondulés,
petit
zézaiement à l'ancien rés^ime.
trois
ou quatre
ou
trois
petits
petits billets et
heures à
les
composer
;
chefs-d'œuvre de grâce et
comme un
écho de certaines
écrivait tous
Il
est arrivé à la tragédie
jours
autant de lettres, autant do
de
lettres
calligraphie.
de Voltaire,
lange de compliments mondains, de jugements Il
les
ne mettait pas moins de deux
Il
y
avait
même mé-
littéraires... r
de Ninus, représentée en 1814, une
aventure incroyable et pourtant vraie
;
d'abord
lippe II, roi d'Espagne, et interdite sous ce
appelée Plii-
titre, l'auteur
changea, sans récriminations une vingtaine de vers;
en
elle lut
alors admise, sans difficulté, par la censure sous celte nouvelle
appellation.
19
t'AUnS nOMANTIQUB
3l4
54' Lettre. (141) Le Globe, fondé en septembre 1824, par P. -F. Dubois,
Lachevardière
et
JoufFroy. Sainte-Beuve
Le Globe
mantiques.
A l'apparition, du
compara moine; Alfred de Vigny y
Carrel,
de critique
loin d'être accueillant
était
pour
et
ro-
les
Dernier chanide Childe Harold
le
il
n'y rencontra que
Armand
écrivit des articles
y
d'histoire.
de Lamartine,
nombre
Pierre Leroux, compta bientôt au
de ses collaborateurs Duvergier de Hauranne,
des critiques
un
des Méditations à
poète
sot
son Eloa
fut toujours maltraité et
des sarcasmes. Lors de
et
publication de Cromivell, sa sagacité lui
fait
la
apercevoir qu'à
a mesure que la correction grammaticale et l'habileté de la rime gagnent chez M. Victor Hugo, il semble perdre du côté de l'invention et ne sait plus qu'ébaucher des conceptions».
55' Lettre. (142) Lato uche
— Hyacinthe,
en 1785, mort en 1851
romancier
;
à
la fois
et journaliste, est loin
mordant, plein
d'esprit,
méchant
une place importante dans mière moitié du xixe siècle; pièces de théâtre, en le
Thabaudde
Tour de Faveur
vers ,
:
le il
d'être le
même
la
Châtre,
premier venu
à l'occasion,
monde
est
les
— né à
auteur dramaûque, historien,
littéraire
de
;
tient
il
pre-
la
cependant bien oublié. Ses
Projets de Sagesse, 1811
1818, écrites
;
en collaboration avec
Emile Deschamps, ainsi que Selmoars de Florian,
1818,
qui eut plus de cent représentations et inspira à Casimir Delaviscne ses
Comédiens, n'appartiennent plus au répertoire
:
Procès Faaldèi 1818, et la Correspondance ds Clément XIV et de Carie Bertinazci, 1827, ne sont plus consultés. Le souvenir seul ses travaux de
polémique
et
d'histoire
:
le
reste de la verve endiablée avec laquelle, après la Révolution
l'aube romantique
de
Juillet)
il
rédigea le Figaro et
cette feuille satirique.
Il
3i5 réputation de
ainsi la
fit
cependant reconnaître que son
faut
roman de Fragoletta, 1829, trouve encore des
lecteurs. Ses
plus beaux titres de g^loire restent la protection qu'il accorda
aux débuts de George Sand dont la publication,
quoi qu'en sie
il
avait deviné
le talent
des Poésies d'André Chénier
en 1819,
Victor Hugo, servirent d'initiation à
ait dit
la
et
qui,
poé-
moderne.
(143) Allusion
de
à Toulouse, patrie
J,
de Rességuier,
Mainteneurà l'Acadéinie des Jeux Floraux. (144) Principaux morceaux des Tableaux Poétiques. 1788-1868 alors Maître (145) Le vicomte de Cormenin des requêtes au Conseil d'Etat, allait être nommé député
—
—
d'Orléans et préluder à une vie politique des plus remplies,
dont nous n'avons pas à nous occuper. (146)
Les Bergères
«
Forment légèrement
en chantant leurs amours
le soir,
ces tissus, que Barèges
Colore dans ses fleurs et blanchit dans ses neiges. »
Le Schall. Tableaux poétiques, (147) Joséphine Fodor,
fille
p.
120,
du compositeur Joseph Fodor,
née à Paris en 1793, mariée en 1812 à l'acteur Mainvielle. du Théâtre français,
bourg, où rôle
de
elle
la
commença à se
faire connaître à Saint-Péters-
débuta, en 1810, au Théâtre
cantatrice
Impérial dans
Vi liane, de Fioraventi
;
elle
le
chanta
ensuite à
Copenhague
où
montra, sans grand succès, à l'Opéra Comique. Elle
elle se
quitta cette scène
dans
Stockholm, puis en 1814, à Paris,
celle
Griselda, de Paer.
des Italiens où
Après
être
elle fit
passée
par
sensation la
salle
une tournée à l'étranger reparut en 1819 au Théâtre Italien, complètement réorga-
Favart et
pour
et à
et les Boufîes, elle
entreprit
y brilla dans // Matrimonio Segreio, la Gazz'a ladra, Il Barbier e de Sévig lia, Don Giovanni et les autres
nisé. Elle
3i6
l'auus houanti^uk
opéras du répertoire.
triomphes
A
l'arrêta
dans ses
demander sa guérison au climat elle
revint à Paris se mettre à
disposition de la direction des
Beaux Arts pour débuter à
d'Italie. la
Une maladie de gorge
et l'obligea à aller
peu près rétablie,
l'Académie royale de musique, en exécution d'un traité signé avec
le
vicomte Sosthènes de Larochefoucauld
ment son enrouement
reprit dès sa première
;
malheureuse-
apparition sur
la scène. Elle ofirit alors à l'administration de la Maison du Roi de rompre l'engagement contracté; mais, dans l'espérance que cet enrouement disparaîtrait, celle-ci rejeta ses propositions et émit la prétention de ne pas payer les appointements de l'artiste. De là, un procès qui allait être gagné par Mme Fodor, quand la surintendance des Beaux Arts éleva 1» conflit et lit porter le débat devant le Conseil d'Etat. Le
comte Jules de Rességuier, alors Maître des requêtes, avait été nommé rapporteur dans l'affaire Mainvielle-Fodor. 56e Lettre.
—
(148) Tastu
Sabine-Casimir-Amable Voiart,
— dame —
née à Metz, en 1793, morte en 1883, à l'âge de quatre-vingtdix ans, poète et prosateur, mais surtout poète. Ses premiers
vers datent de 1820. Elle
du Sacre, ({m peuvent
être
en 1839,
elle
productions
;
complètes. La
paraître en 1824, les Oiseaux rangésau nombre de ses meilleures réunit en un volume ses Poésies
fit
Muse de M™e Tastu
est
facile, élégante,
d'un
romantisme qui n'a rien d'audacieux, ses vers ont de la grâce, de la sensibilité, du charme, de la pondération; peutêtre manquent-ils un peu d'envolée. (149) Un morceau des Tableaux Poétiques^ à l'envoi desquels repond ici M™3 Tastu, porte pour épigraphe les vers suivants tirés de ses œuvres :
Ah
qu'importe le sort si ta main caressante S'appuie au gouvernail de ma nef inconstante. !
3l7
l'aube nOMANTIQUE
Lettre.
5-]^
(450)
A
l'apparition
l'accompagnant de Monsieur
Tableaux Poétiques, Jules de volume à Chateaubriand, en
des
envoyé son
Rességuier avait
le
la lettre
que voici
:
vicomte,
Je vous envoie ce livre, tout ce qui se tout ce qui s'écrit, tout ce qui s'imprime, sez-vous beaucoup et daignez relever ce mon hommage au milieu des admirations
pense, tout ce qui se dit,
tombe à vos pieds. Baisvolume qui vous apporte du monde entier.
LE COMTE JULES DE RESSÉGUIER
Lundi.
55e Lettre. (151)
V Odalisque — voir note S5. Jpa Lettre.
Antony Deschamps, frère d'Emile Deschamps. Cinq-Mars parut en 1826; quatre éditions, en moins de deux ans, n'épuisèrent pas le succès du roman, qui fut immédiatement traduit, dès son apparition, en italien, en (152)
(153)
anglais et
même
en russe.
ffoe
(154) Châteauneuf,
nom
de
Lettre. la propriété
qu'Adolphe de Saint-
Valry habitait près de Montfort, l'Amaury. (15o) M""e de Marlignac, femme de Jean-Baptiste Gage de Marlignac la
—
1778-1832,
— ministre
de l'Intérieur après
chute du ministère Viiièle, en janvier 18!28. (13G) Pichald; voir note 58, 19.
L AlBE nOMANTlOLE
Lettre.
(5/«
(157) Teresa Cabarrus, née à Saragosse, vers 1773, mariée à Davin de Fontenay, Conseiller au Parlement de Paris divorcée, elle épousa Tallien divorcée une seconde fois, elle ;
se remaria
—
;
quarante ans
avait bien
elle
—
avec
le
comte
de Caraman, devenu depuis le prince de Chimay. Elle mourut à Ménars, près de Blois, en 1830. Noire-Dame de Thermidor est trop
connue pour qu'avec
elle
quelques dates ne suffisent
pas.
62^ Lettre. (158)
en 1842
Roger ;
— François —
membre
,
poète comique, né en 1776, mort
de l'Académie française, Secrétaire géné-
des Postes sous la Restauration. Sa meilleure œuvre est l'Avocat, comédie en trois actes et en vers, jouée au Théâtre
ral
français en 1816. Roger fut un des fondateurs de la 5oc/e/e des Bonnes Lettres, aux réunions de laquelle Jules de Ressé-
guier dut
le
rencontrer,
63^ Lettre.
—
—
Jean-Stanislas, né à Strasbourg en 1759, (159) Andrieux mort en 1833, poète et critique successivement juge au Tribunal de Cassation, membre du Conseil des Cinq-Cents et du Tribunal, nommé, en 1814, professeur de littérature au Collège de France, « où il se faisait entendre », au dire de Villemaio, ;
(c
malgré sa
faible voix, à force
taire perpétuel de
de se faire écouter »
.
Secré-
l'Académie française à partir de 1829. Sa
comédie des Etourdis aurait mérité de rester au répertoire que le Meunier de Sans-HoiAii et le Procès au sénat Capoiie se trouvent dans toutes les antholo.
ses petits contes tels
gies.
Rien de plus
juste, les détails en sont exquis, la pointe
l'acbe romantïqle fine et acérée
3 19
man-
tout au plus peut-on leur reprocher de
;
quer un peu d'abandon
et d'intimité.
64c Lettre. (160) Mainvielle,
mari de Mll^ Fodor, voir note 147.
(i61)Ambroise-Polycarpe,ducdeLarochefoucauld-Doudeauville, né à Paris en 1763, mort en 1841, pair de France eu 1814, directeur des Postes en 1821, ministre de la Maison du
Roi de 1824 à 1827. (162) Alphonse de
Bouillerie, Maître
la
des requêtes au
Conseil d'Etat. (163) Louis-François-Sosthènes, vicomte de Larochefoucauld-
Doudeauville, né
le
15 février 178S, directeur du Département
X et aide
des Beaux-Arts sous Charles tré
dans
privée en 1830,
la vie
de son père, en 1841
;
mort
il
le
de
camp du
prit le titre
Roi. Ren-
de duc à
la
mort
17 octobre 1864. Précurseur
ùt G. Gourbetjle vicomte Sosthènes de Larochefoucauld avait,
en 1813, proposé d'abattre
la
statue de Napoléon de la colonne
Vendôme. On n'a pas oublié que, comme directeur des Beaux-Arts, il prit un arrêté pour faire allonger les jupes de
la
place
ennuyé des attaques que lui l'homme de lettres de lui payer quinze cents francs son silence, pour une année. H. T. de Latouchene refusa pas la somme, la versa à la caisse de la souscription ouverte au profit des Grecs et raconta tout au long- la négociation dans un article intitulé des danseuses de l'Opéra
;
fort
suscita à cette occasion FI. T. de Latouche,ilfit offrira
:
M.
le
vicomte Sosthènes de Larochefoucauld philhellène
malgré A un
lai
bal costumé,
donné par M™" de Narbonne,
Sosthènes de Larochefoucauld xvo siècle,
le
d'Arlequin
:
«
acceptez
était
le
vicomte
déguisé en chevalier du
prince de Léon portait l'habit bariolé et la latte 1
Chevalier
mon
défi, je
», dit le
vous
prince de Léon au vicomte,
jette le
gant.
— Je
ne
le
relève
3ao
l'al'be rom.vntiq'je
pas, vous avez
un sabre de bois, armes égales.
lier,
—
j'ai
une lance de
nous ne
fer,
— Vous vous trompez, cheva-
lutterions pas à
vous oubliez que l'arme d'Arlequin
est
l'arme du ridicule.
>>
L'affaire n'eut pas de suite.
65« Lettre. (164)
A
propos de
la
publication des
Tableaux Poétiques,
qui venait d'avoir lieu. (16o) Maillard, Conseiller
d'Etat,
chevalier de la Légion
d'honneur.
67» Lettre. (16G)
Le baron Favart d'Anglade,
ordinaire,
commandeur de
la
Conseiller d'Etat en service
Légion d'honneur.
—
Marie-Jean-Pierre (iG7) Crouseilhes, et non Courceilhes, né à Oloron (Basses-Pyrénées), en Dombidau, baron de i792; d'abord Avocat général à la Cour de Pau; puis Maître des requêtes au Conseil d'Etat, en 1820, appelé ensuite en 1824 au secrétariat du ministère de la Justice et nommé Conseiller d'Etat au commencement de 1828. Plus tard, sous la Royauté
—
de
Juillet,
pairie
;
en 1845, Dombidau de Crouseilhes fut élevé à
élu député des Basses-Pyrénées en 1849,
il
du 10 Avril au 26 Novembre 1851 nommé coup d'Etat, il mourut en 1861, ayant servi gouvernements avec le même zèle et le même dévoue-
tre de l'Intérieur
sénateur après tous les
la
fut minis;
le
ment. (168)
Deux
avocats du
époque au Conseil d'Etat
nom :
de Guichard plaidaient à cette
(îuichard père, chevalier de
Légion d'honneur, inscrit en 1800, Il s'agit probablement du père, qui comité du contentieux de
et
Guichard
était
la Liste civile.
fils
en outre
la
en 1813.
membre du
321
L AUBE ROMANTIQUE
<55e
(169) Etienne,
—
Lettre.
française,
un des
— né en
Charles-Guillaume
membre
en 1847; poète comique, publiciste, journalistes
ardents
les plus
1778; mort
de l'Académie les
et
plus
appréciés de l'opposition sous la Restauration.
6g''
(170) Gérando
Lettre.
— Marie-Joseph, baron de, — né
1772, secrétaire du ministère de l'Intérieur en 1804 dès 1811, du Conseil d'Etat dont la
il
fut
un
à ;
Lyon en fit
partie,
instant écarté sous
Restauration, mais pour y rentrer presque aussitôt. Memlire
de l'Académie des Sciences morales, élevé à la pairie sous la Juillet, il mourut en 1842, après avoir fondé nombreuses œuvres philanthropiques.
Royauté de dirigé de
et
yo* Lettre. (171) Premier vers
du morceau
:
Clémence Isaure, Ta-
bleaux Poétiques. (172) Variante des deux vers suivants
:
Et parmi les accords, on entend soupirer Sa voix qui nous ravit et qai nous fait pleurer. «
«
Le Charme. Tableaux Poétiques.
yi* Lettre. (173) S'agit-il de Denis- Louis-Martial d'Avenel, né en 1789,
qui fut Auditeur au Conseil d'Etat de Westphalie, secrétaire
du
roi
Jérôme
et
plus tard journaliste, c'est probable.
(174) L'aflaire se termina par
une transaction, à
la fin
de
1828. L'attitude de Jules de Rességuier ne fut pas sans avoir
32?.
l'al'be
romantique
aidé à cette solution. M^^* Mainvielle-Fodor essaya, une fois le différend réglé,
dans
les
derniers mois de 1828, de repa-
raître sur la scène, à Naples,
mais sa voix
perdue. Elle se retira à Fontainebleau, où
dans
lors
était elle
décidément
vécut depuis
la retraite.
73 « Lettre. Pendant sa présence au Conseil
(475)
1823
d'Etat, entre
et
1830, Jules de Rességuier eut à s'occuper d'un différend entre la
Maison du
Pioi et M'i»
George. Marguerite Georges ou
George, née à Amiens en 1786, débuta au Théâtre français en
1812
;
en 1855,
déon
;
elle
donnait encore des représentations à l'O-
elle
mourut plus qu'octogénaire. Dans
ses tournées de
province, quand, l'âge et l'obésité venus, l'empressement du public à aller l'entendre semblait devoir faire défaut, ses directeurs, pour attirer la foule, au-dessous de son dette sur les affiches, rappelaient
joué devant un parterre de rois, dre, elle
nom
en ve-
non seulement qu'elle avait devant Napoléon et Alexan-
mais encore que ces Majestés avaient tenu
à
faire
avec
plus ample et plus intime connaissance.
7^6 Lettre. (176) Victor Joseph-Etienne, dit de Jouy; né à Jouy, près de
mort en 1846, membre de l'Académie du Louvre sous la Restauration. Inutile d'énumérer les vingt-sept volumes de l'Ermite un ermite qui savait les bons de la Chaussée d'Antin
Versailles, en 1769,
française en 1815, bibliothécaire
gîtes,
— mais dont
juste
titre.
—
les
productions sont oubliées aujourd'hui à
74» Lettre. (177)
Charles Nodier, né à Besançon en 1780,
mort en
828
l'aube houaxtique
membre
1844,
de l'Académie française, entomologue, gram-
mairien^ bibliophile, journaliste, critique, romancier, poète fut tout cela, et surtout
homme
il
;
d'esprit.
y5^ Lettre.
Eugène Sue, né à Paris en 1801, mort en 1857, n'aépoque écrit ni les Mystères de Paris ni le Juif Errant ; il venait seulement de publier ses premiers Plick ci Plock et romans maritimes le Pirate, 1830 Atar Gull, 1832. Filleul de l'Impératrice Joséphine et du (178)
vait encore à cette
:
;
prince Eugène, en possession d'une belle fortune, dont nait d'hériter de ses parents, plein de
vanité et de
il
ve-
morgue,
d'une élégance raffinée, d'une coquetterie prétentieuse, des
bagues aux doigts,
il
habitait alors, rue de la Pépinière,
un
appartement encombré de bibelots, de bronzes, de tableaux, d'argenteries, de
qu'avec la société
curiosités la
de
toutes
sortes.
plus aristocratique,
il
fut,
Ne frayant
avec
de la Moskova, lord Seymour, lord Chesterfield, un dateurs du Jockey-Club.
deux équipages dont été
Il
l'un,
le
prince
des fon-
chassait à courre, propriétaire de
composé de
envoyé d'Angleterre par son ami
y6' Lettre
le
«
beagles », lui avait
comte d'Orsay .C ce
.
(179) Le premier morceau des Tableaux Poétiques dédié à Alexandre Soumet porte pour épigraphe le vers de Lamartine
:
C'est
pour
la vérité
que Dieu
fît
le
génie.
jj^ Lettre. (180)
Cromwell parut en décembre 1827, précédé de sa manifeste voir les articles de Ch. de Ré-
célèbre préface
;
l'aubk romantique
3a4
musat parus dans le Globe et reproduits dans le tome ler de Mélanges ; voir les Essais Dramatiques de Gaspard de
ses
Pons. Voici ce que Jules de Rességuier de Macbeth
traductions
Deschamps
et
de
Roméo
écrit à
et
propos des d'Emile
Juliette,
:
aucun livre, « Gœthe a dit du Théâtre de Shakespeare aucun homme, aucun événement n'ont aussi vivement frappé mon esprit. C'est que Shakespeare a fait plus qu'un livre, :
c'est
que
les
êtres qu'il a créés et animés, conçus dans des
proportions plus g^igantesques que
les
hommes
réels,
semblent
qu'eux-mêmes c'est que les événements qui se produisent dans ce monde surhumain éveillent à la fois toutes les amours, toutes les haines, toutes cependant avoir autant de
réalité
;
répulsions, toutes les sympathies, enfin, toutes les
les
tions
Créateur
«
émo-
du cœur humain.
comme
la
nature, Shakespeare semble posséder,
au même degré qu'elle, sa puissance de fécondité et de variété; son génie ne s'affranchit avec autant d'audace et de bonheur des règles de l'art et parfois de celles du goût que pour saisir l'homme corps à corps, et pour prendre sur le fait ses sentiments
les
plus élevés et les plus bas, ses plus
plus farouches passions, ses plus comiques
douces
et ses
et ses
plus tragi-
ques contrastes. Ce n'est pas seulement sur les héros et les personnages de son drame qu'il nous fait rire ou pleurer, c'est
l'humanité elle-même dont, avec une vérité sauvage,
offre toutes
les
faiblesses et toutes les misères
il
à notre iro-
nie et à notre pitié.
Dire ce qu'est Shakespeare,
a
la tâche
les
d'un
abîmes
traducteur.
les plus
c'est dire
Comment
profonds de
la
combien
est difficile
descendre avec
lui
dans
philosophie et de la méta-
physique pour, avec lui, revenir aux plus vulgaires trivialités la vie? Puis s'élancer et planer, à sa suite, dans les plus
de
brillantes régions de la vérité et de la poésie.
L «
Il
était à
325
AUBE ROMANTIQUE
peu près reconnu que
la
prose seule était assez
simple et assez fidèle pour faire passer dans notre lang^ue les sublimes originalités du poète anglais et faute d'un mieux que
nous supposions impossible, nous nous contentions de d'admirer Shakespeare traduit en
auquel oa a cassé encore.
les ailes,
Nous avions
tort,
prose,
qui ne vole plus, mais qui
M. Emile Deschamps
facilement ce que nous supposions impossible. intelligence extraordinaire et à
lire et
comme un
aigle
marche
vient de faire
Il
à une
fallait,
un sentiment exquis de
l'art,
joindre une connaissanee merveilleuse de foutes les ressources de notre langue et
un
talent de versification tout à la fois
naturel et savant pour essayer de traduire en vers
le
grand
Shakespeare... »
Su" Lettre. (181) Montbel,
— Isidore-Guillaume, baron, comte
de
—
né
mort auprès du comte de Chambord, à fut un des ministres du cabinet Polignac,
à Toulouse en 1787, Frosdorff, en 1861
;
condamnés à mort. 82* Lettre. (182) Villemain,
— Abel-François — né à Paris en 1790, mort
en 1870, historien, critique, romancier, polémiste, professeur, ministre, Secrétaire perpétuel de l'Académie
gnait à ces
différents titres celui
plus laid de France.
II
saire de raconter sa vie
française, joi-
de passer pour l'homme
le
connu pour qu'il soit nécesassez ondoyante et énumérer ses tra-
est trop
vaux, des plus nombreux.
83" Lettre. (183) Jules de dire quelques
Rességuier avait demandé à Villemain de
mots des Tableaux Poétiques dans un journal
;
l'aUUK RO.MVMIOIK
326 en
le faisant,
lemain^ sous tes
il
le
pour ainsi dire à un
s'adressait
collèjjuc. Vil-
ministère Decazcs, avait été Maître des requê-
au Conseil d'Etal.
i'^e Lettre.
(184) Marguerite-Louise- Virginie Chardon, née à Dijon en
1792, morte en 1875, mariée vers 1818 avec Ancelot, que sa tragédie de Louis
IX
fit
peu après connaître
;
commen(;a à
collaborer à quelques ouvrages de son mari, puis bientôt après
nombre de pièces aux tiiéùlres des Variétés et de Jaana, 1838 Clémence, 1839 ; les Honneurs et les Mœurs et Marguerite, 1840; It Père Marcel, 1841 V Hôtel de Rambouillet et les Deux Impératrices, 1842 Ilermance, Une Femme à la mode, Loïsa, et il/me Roland, 1843; les Femmes de Paris, 1848; enfin, Marie ou les trois époques, jouée au Théâtre français par M'I* Mars, avec un grand succès. Son théâtre complet comprend une vingtaine de pièces elle a publié divers romans Gabrielle, 1839 Emeraude, 1841; Médérine, 1843; Renée de Varoille, la Nièce du banquier. Une Famille parisienne, etc. De ses livres, le donna
seule
Gaîté
la
;
;
;
;
:
:
;
seul feuilleté encore de
nos jours, auquel l'auteur attachait
certainement une bien mince importance, est les Salons de
Paris, étude du monde de son temps. M"»® Ancelot lice
fut très
avec Alfred de Vigny.
(183) Jules de Rességuier venait d'envoyer les
Poétiques à
M™e
Tableaux
Ancelot.
(186) M'ne Ancelot, qui s'occupait de peinture et avait cette
même
année exposé au Salon son tableau d'Une Lecture par Parseoal-Grandmaison chez M. Ancelot; voir note 89, venait de commencer un autre tableau dont le motif lui avait été suggéré par VOndine, de Jules de Rességuier.
l'aubs romantiquk
327
85^ Lettre. (187) Elisa
Mercœur née
à
Nantes en 1809, morte à Paris en
1835, passe, avec Gilbert et Malfilâtre, pour une victime de poésie et
du
sort. Elle s'éteignit,
d'une maladie de poitrine dée à
suite de
la
lettre, la
dont
la
est vrai, à trente-six ans,
mais une pension, qui
la pétition
mit à l'abri du besoin.
nument dans (188)
;
il
il
lui fut
accor-
question dans cette
est
On vient
de
lui élever
un mo-
sa ville natale.
Ce volume de Poésies, grand
in-80, parut à Paris
en
1829. (189)
La mère
d'EIisa
Mercœur,
s'il
faut s'en rapporter à
ce que raconte Lorédan Larchey dans la nouvelle série, tome profiter
1er
semestre
qu'on ne
l'a
Revue Anecdotique,
1861, sut habilement
du retentissement causé par
« Elle était, » dit-il, a cile
III,
mort de
sa
fille.
dans une situation beaucoup moins
diffi-
la
cru généralement, et nous tenons de bonne
source que son appartement était divisé secrètement en deux parties, dont l'une, la plus pauvre, était
aftectée à la récep-
tion des visites. »
8Gt> Lettre.
(190) Salvandy, en 1828, sous le ministère Martignac, rentra
au Conseil d'Etat en qualité de Maître des requêtes. SyQ Lettre.
(191) Lettre d'envoi de H. de
Latouche, de son roman de
Fragoletta.
Sg^ Lettre. (192) Othello avait été écrit par Alfred de
Vigny en
colla-
SaS
l'aube romantique
boration avec Emile Deschamps, qui ne prit jamais complète-
ment son
nom
parti de l'omission de son
lors de la
représen-
au Théâtre un triomphe, malgré l'anti-
tation de la pièce. Cette représentation, qui eut lieu
français
24 novembre 1829,
le
pathie générale pour les adversaires
porte Alexandre
lut
tout ce qui venait d'Angleterre,
des auteurs qui,
littéraires
Dumas dans
Gœthe
Mémoires,
ses
soutenir qu'il s'agissait de savoir
ainsi
que
malgré le
rap-
alTectaient de
Shakespeare, Schiller ou
si
allaient chasser de la scène nationale Corneille,
Racine
et Molière.
9/* Lettre. (193)
Macbeth
et
Roméo
et Juliette,
avec une préface, des
notes et des commentaires, ne furent édités qu'en 1844,
un volume
Roméo
in-80, Paris,
et Juliette
Amyot
reparut chez
deux tragédies forment
en
au Coœptoir des imprimeurs réunis; la
en 1803. Enfin,
plus grande partie
Œuvres complètes d'Emile Deschamps
du tome
V
les
des
réunies en 6 vol. in-18
par Alph. Lemerre en 1874.
r)2^
Lettre.
(194) Jules de Rességuier venait de quitter Paris pour se
rendre aux eaux de Cauterets, où Soumet devait et
aller passer
ensuite
le
rejoindre
quelques mois dans sa propriété de
Sauveterre. (195) Emile
Major de
la
Deschamps
nommé
avait été
première Légion de
la
derniers mois du règne de Charles X. qualité, assisté à
passée par
le
la
dernière revue
souverain au
Champ
capitaine d'Etat-
Garde Nationale dans Il
avait
même, en
les
cette
des troupes citoyennes
de Mars.
l'aube nOMANTIOUE
517e
829
Lettn\
Chants du Crépuscule; mémoire par Emile Deschamps,
(196) Dicté après juillet 1830. Les vers, cité de
l'avant-dernier n'est pas exact.
de Victor
Le
Hugo
voici tel
que
portent les
la
couronne
p.Çe
Lettre.
Je n'enfoncerai pas
(197) Côte
le
Œuvres complètes
:
du limaçon,
Cauterets contournant une
d'épines...
partie de la route de
Pierrefitte à
énorme masse de rochers.
(198) Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Toulouse.
Voir note -2. (199) Berryer
mort pour
le
,
—
Pierre-Antoine
29 novembre 1862;
qu'il soit nécessaire
le
—
né
le
4 janvier 1790,
célèbre orateur est trop
de parler de
connu
lui.
gg^ Lettre. (200)
Madame Tastu
avait des raisons personnelles pour ne
pas aimer les républicains. La Révolution de 1830 avait occa-
sionné de sérieuses pertes à son mari, imprimeur à Paris, avait
même
failli
faire
et
sombrer son établissement.
100^ Lettre. (201) Jules de Ressés,uier
avait quitté l'appartement qu'il
occupait précédemment rue du Helder, pour habiter successi-
vement rue d'Anjou
et
rue Taitbout.
l'aube romantique
33o
/o/* Lettre.
Honoré de Balzac
(202)
était
un assidu des soirées de M"* de
Girardin
102^ Lettre.
Ham des amis de comte Ch. de Peyronnel, ministre comte Martial-Côme-Annibal-Perpetue
(203) Allusion à la détention au fort de
Jules de Rességuier
de l'Intérieur,
et
le
:
le
Magloire Guernon de Ranviile publique
,
ministre
des Cultes, en mai -1830,
et
de
llnstruction
signataires des Ordon-
nances, mis en accusation et condamnés à mort par des Pairs,
la Cour condamnation commuée en prison perpétuelle e^
amnistie en 1836. 70.îe Lettre.
(204)
de vers
Lamartine remercie Jules de Resscguier de lui avait
qu'il
reproduite d'ailleurs à
adressée après la
suite
du poème dans
la
pièce
de Jocelyn,
la lecture
les
Œuvres
complètes de Lamartine. (205)
dont
-1832, un Voyage en Orient, Voyage en Orient^ souvenirs, impres-
Lamartine entreprit, en
le résultat fut le
sions, pensées et paysages, 4835, 4 vol. in-i^, Paris.
(206)
Après
la
Révolution de
Juillet,
cessivement présenté sans succès à et à
la
Lamartine
s'était
suc-
députation à Toulouse
Dunkerque. 7o4® Lettre.
(207) (208) actes,
Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo,parut en 4831. Ne s'agirait-il pas d'/sabelle d'Aspen, pièce en cinq
en vers, lue au comité du Théâtre français, qui n'a
jamais été représentée ni imprimée ? Voici
la liste des
person-
l'aïJBE nOvANTIMCIS
naçes de ce drame avec telles
que
le
porte
le
RUDiGER
les indications
33
I
qui les accompagnent
manuscrit de l'auteur
:
baron d'Aspen, vieux guerrier allemand ; baronne d'Aspen, mariée d'abord à Arnolf d'Ebersdorf, aujourd'hui femme de Rudi-
ISABELLE
ger.
GEORGES d'aSPEN... HK.NRI D ASPEN RODERic
/
r-i
',
fils
j t, jJ'i u II Rudiïîer et d Isabelle de ^ .
;
\
comte de Maltingen, chef du tribunal invisible et ennemi héréditaire de la famille d'Aspen VOLFBD ami et allié du comte Roderic birtramd'ebersdorf. frère du premier mari de la baronne d'Aspen sous le déguisement de ménestrel wiKERD ) suivants et hommes d'armes de la maison REVNALD d'Aspen ) coNRAUD page d'honneur d'Henri d'Aspen VALSTi>écuycr de George d'Aspen ARTHUR écuyer du comte Roderic ; LUDOVIC chapelain du château SOLDATS JUGES du tribunal invisible. ;
:
;
;
;
;
;
;
La scène se passe au château d'Ebersdorf en Bavière, dans les raines de Grefenhaas et dans les environs. ,
io59 Leitre. (209) Emile de Girardin
—
1802-1881
— épousa
Ml'e Del-
phine Gay en 1831.
io6ft Lettre.
(210) Alexandre
Auvere^ne, chez sa (211) Le libraire écrivains. vais état.
Guiraud
était alors en villégiature, en baronne de Croze. Ladvocat avait beaucoup lait pour les
fille, la
Après 1830 ses affaires se trouvèrent en très mauimagina alors, pour se tirer d'embarras, le Livre
Il
332
l'aube romantique
des Cent et Un, œuvre collective qui aurait pour collaborateurs gratuits les plus en vue des
temps. La réponse à
hommes de
lettres
de son
requête qu'il adressa alors aux prin-
la
page d'acquiescement,puLliée en 1864 où se trouvent entre autres signatures d'Alfred de Vigny, Sophie Gay, Delphine de Girardin,
cipaux littérateurs
fut la
par V Autographe celles
Amable Tastu, Ancelot,
Guizot, Arnault, Ch. DuArago, Fréd. Soulié, AIph.Karr, Fenimore Cooper, Brifaut, Déranger, P. de Kock, Pigault- LeG. Delavigne,
pin, N. Roqueplan, E.
brun, Gh. de Peyronnet, Jules de Rességuier,
Liore des Cent
définitif: le
et
Un
n'eut
etc.
Le
résultat
qu'un succès
relatif
Ladvocat n'en resta pas moins ruiné.
et
Dans les Chants du Crépuscule, Napoléon II est mai 1833, c'est une erreur, comme le témoigne cette lettre, la pièce avait été imprimée un an plutôt, en 1 832. (213) La première édition de Stella date de cette même (212)
daté de
année 1832. (214)
Alphonse de Lamartine
Poésies diverses. Réponse
Recueillements Poétiques
:
aux adieux de Sir Walter
;
Scott
à ses lecteurs. (215) Jules de Piességuier
de
l'éditeur
més dans
Ladvocat
les
les
donna au Livre des Cent
Chevaux de Poste, tome
et
Un
IX, réimpri-
Prismes Poétiques.
joj^ Lettre. (216) Félix
d'Amoreux, connu sous
le
nom
né en 1816 à Uzès (Gard), d'une ancienne cienne, débuta dans les
Romaines
;
d'intérêt, entre autres et les
lettres
puis écrivit de :
en
de Saint-Félix,
famille languedo-
1830, avec des Poésies
nombreux romans élégants et
pleins
Dalilah, Cléopâtre reine d'Egypte
Nuits de Rome, son meilleur ouvrage. Félix d'Amo-
reux passe pour avoir travaillé à divers volumes d'Alexandre
l'aube kOMANTIOUE
Dumas;
il
a collaboré à
la
333
Revue de Paris au Livre des
Conteurs, au livre des Cent et Un,
etc.
Le Keepsake français, pour l'année 1833, dédié à
(217)
prisonnière de Blaye avec cette dédicace
:
les
Arts
la
en deuil
àleurroyale et infortunée protectrice, Paris, Dauty, marchand d'estampes, 2, rue Vivienne. Le volume vers de Jules de Rességuier dédiés a S.
commence par des
A. R. Mademoiselle,
devenue plus tard duchesse de Parme.et contient deux pièces de Saint-Félix
:
lygg
la Sicile en
et la
France en 1882
et
Mon
Cheval. lOQ^ Lettre. (218)
La Mode, fondée par Emile de Girardin
le i''
octobre
4829, patronnée par la duchesse de Berrj, eut, dès ses débuts,
un succès
colossal.
112^ Lettre. (219)
comme
Marie
de
fort-sur-le-Mein, de ait
Flavigny,
écrivain sous le
nom
comtesse
d'Agoult,
de Daniel Stern
parents français, en
;
connue
née à Franck-
1809.
Quoiqu'elle
touché à tout, ses romans, ses livres d'histoire, ses essais
philosophiques, ses critiques d'art,
ses études poétiques,
ne
sont plus guère lus. (220) Croissy, commune du canton de Lagny, arrondissement de Meaux (Seine-et-Marne). (221) De l'époque delà Restauration aux premières années du second d'Empire, la manie des albums sévit violemment pas une dame du monde qui ne sollicitât alors pour le sien quelques lignes de l'homme en vue. ;
I
(222)
11
s'agit
des
i/f'^
vers
Lettre.
adressés
k S.
A.
R.
Made-
l'aube romantique
33^
mars 1832
moiselle, datés de
français pour d833
publiés en tête du Keepsake
et
:
Votre premier regard sur la pourpre des trônes, Voit briller des drapeaux, des armes, des couronnes,
//5e Lettre. (223)
Mascppa,
pièce en vers, dédiée à Horace Vernet, qui,
en 1825, avait peint une
toile
représentant
des cosaques de l'Ukraine attaché
Tableaux Poéliques, pas dans
les éditions
Ille
le
lanieux hetman
sur un cheval indompté
édition; le
morceau ne
:
se trouve
précédentes.
//6* Lettre. (224) Dalilah,
roman par
Saint-Félix, paru en 1833
;
voir
note 2io.
//7e Lettre, {^ib} labelle d'Aspen
;
voir note 206.
//^e Lettre.
Adolphe-Louis-Léonor, marquis de Custine,
(226)
général de
ce
nom, né en 1793, mort en 1857
;
fils
du
a publié
divers ouvrages sur l'Angleterre, la Suisse, la Calabre, l'Es-
paone
mais doit surtout sa notoriété au
;
livre
la Russie en
i83q. Paris, 1843, 4 vol. in-8°. « Je n'ai su que plus tard, » Philarète
écrit
Charles,
Custine qu'il connut,
dans
ses
naire et malheureux, problème et type,
que
le
Mémoires,
c la véritable vie
vice le plus odieux
a propos de
de cet être extraordi.
phénomène et paradoxe,
chevauchait, domptait, opprimait
335
l'aube UOîrA.NTIQUE et ravalait. loyal,
.
.
d'un autre côté,
et qui,
généreux, honnête, charitable.
était
sans se racheter,
»
Probablement Isabelle cf A spen; voir noie 206.
(227)
120' Lettre. (228)
René-Paul
et
conte physiologique par
Paul-René,
Livre des Conteurs, dans
Emile Deschamps, paru dans
le
lequel Jules de Rességuier
paraître Catherine, nouvelle,
fit
Allardin, édit., Paris, 1833,
tome
III.
75/* Lettre. (229)
La Salamandre, roman maritime, par Eugène Sue,
publié en 1833.
122^ Lettre. (230) Alcide-Hyacinthe
en 1801, mort eu 1873
;
du Bois de Bauchesne, né à Lorient chef de cabinet au Département des
a publié plusieurs volumes de vers et mais restera surtout l'historien de Louis XVII. On a oublié depuis longtemps le manoir gothique si célèbre aux
Beaux-Arts en 1823 de prose
environs de 1830 les
;
;
lisières
qu'il avait fait élever
auprès de Madrid, sur
du Bois de Boulogne.
ia5^ Lettre. (231) Pradel
— né en (232)
— (Pierre-Marie-Michel-Eugène
1787, mort en 1857,
La
le
famille de Rességuier habitait
alors
famille, rue des Nobles, à Toulouse, après avoir
Nino.
Courtray de,
Glalignj- de son époque.
un hôtel de demeuré rue
l/AUBt: nOMANTiOL'C
336
128^ Lettre. (233) Alfred-François Nettement, né à Paris en 1805, mort
en 1869, d'abord rédacteur à t Universel, fondé par Abel de Rémusat en 1829 puis à la Quotidienne, aux Variétés, à ;
de France, au Nouveau
Gazette
la
Mode
;
en 1848,
paraître le 2 blée
il
fonda l'Opinion
Conservateur, à la
Publique, qui cessa de
décembre 1852. Député du Morbihan à l'Assemfut du nombre des représentants qui il déchéauce du prince président, à la mairie du
Législative
signèrent
la
Xe arrondissement
et
furent incarcérés.
On
doit à Alfred
Nettement, écrivain des plus féconds, mais, avant tout,
légi-
timiste convaincu, plus de trente volumes d'histoire, de critique,
de polémiques religieuses
et politiques.
i3o^ Lettre. (234) Les Voleurs, épisode
d'Almaria.
j36' Lettre. (235) ris le
Théodore Labarre, compositeur
et
harpiste, né à Pa-
8 avril 1805, élève de Cousineau, Bachsa
entré au Conservatoire en 1820,
Naderman
et
;
y étudia la composition sous Fétis et Boieldieu. En 1837, il se maria et alla se fî.xer en Angleterre. Citons parmi ces opéras les Deux familles, en trois actes, joué à la Salle Ventadour en 1831 V Aspirant de Marine, en deux actes, représenté au Théâtre de la Bourse parmi ses ballets la Révolte au Sérail, qui eut un grand succès à l'Opéra en 1833. Th. Labarre se fit surtout connaître il
:
;
;
:
Contrebandier, la
par ses romances dont certaines
telles
Fille d'Olhaïli, la Tartare, la
Pauvre négresse, eurent une
vogue dont
il
:
le
est difficile aujourd'hui de se faire
une
idée.
l'aube ROMANTIOUE
H'J
i3j^ Lettre. (236) Henri
Monnier venait de
Populaires, qui tière
:
le
paraître
Roman
les
Scènes
chez la por-
Voyage en diligence ; Jean Hiroux, etc. Ces diadétail peu connu ont été retouchés par H. T. de
; te
logues
faire
firent sa réputation
—
—
Latouche.
i38^ Lettre. (237) Salvandy venait d'être envoyé à
Députés par tard être
le
département de l'Eure
nommé
;
il
la
Chambre des un peu plus
allait
ministre de l'Instruction publique.
/Jp« Lettre. (238) Jules de Rességuier venait de faire
roman
d'i4 //?mr/a
hommage
de son
à son ancien collègue du Conseil d'Etat.
1^0^ Lettre. (239)
Marie-Antomette Nodier, dame Mennessier, née en nombreux articles parus dans
1811, morte en 1893; en plus de
un recueil de poésies un volume de Souvenirs, sur son
divers journaux et revues, a publié le
Perce neige, 1836,
et
;
père. /4-2* Lettre.
(240)
Une
des
filles
de
Mme
Sophie Gay.
i43^ Lettre, (241)
Thomas Zumalacarreguy, né dans
les
provinces bas-
ques espagnoles, en 1789, général des armées du prétendant
>
338
DoD
l'aubl romantique Carlos, frère
Ferdinand
de
VII^
blessé
mortellement
devant Bilbao, en 1833. /44' Lettre. (242)
Réponse
à l'envoi
du roman d'Almaria.
i45^
Lettre.
Roger de Beauvoir,— Edouard-Roger de Bully dit, a publié un volume de vers, de nombreux romans, a écrit pour le théâtre et collaboré à divers journaux et revues. Son œuvre la plus connue est le (243)
né à Paris, en 1809, mort en 1866
;
Chevalier de Saint-Georges, 1838, transportée au théâtre en 1840.
du musée du Louvre, Père Aubry déposant, dans une fosse qu'ils
(244) Allusion au tableau de Girodet,
Chactas
et le
viennent de crsuser,
le
corps d'Atala.
/47* Lettre. (245) Voir
:
Dix heures au château de Ham,ipav l'éditeur et Un — Ladvocat, Paris 1842, tome IX,
du Livre des Cent pages 391
et suivantes.
i5o^ Lettre. (246)
ment
Mgr
Olivier, né
en 1798, mort en 1864, successive-
vicaire de Saint-Denis, de Saint-£tieune-du-Mont, puis
curé de Chaillot, de Saint-Etienne-du-Mont, de Saint-Roch, à Paris, enfin évéque d'Evreux en 1841
;
a-t-on écrit, « dont on parle le plus, le
«
L'homme de France
moins connu
méconnu.. Presque tout ce qu'on en a tout ce qu'on n'en a pas dit est vrai. »
dit est
»
et le plus
faux, presque
l'aube romantique (247) Montivilliers, chef-lieu de rieure, à treize kilomètres
33g
canton de
la
Seine-Infé-
du Havre
/5/e Lettre. (248) Lettre écrite de Cimiez, faisant alors partie
(249)
Du
de Nice,
Lettre.
iJs"-
la création
commune proche
du Piémont.
Fougerais, rédacteur en chef de la Mode, lors de de ce journal.
/5Je Lettre. (250)
Comte de Peyronoet, Histoire des Francs, 4
vol.
in-8, Paris, 1835.
j56^ Lettre. (251)
Malgré
les
Rességuier refusa de
probablement
encouragements de ses amis, Jules de se présenter à l'Académie française et
eut-il raison.
/J/e Lettre.
Walsh, né au château du Sermort en 1860 légitimiste con-
(252) Joseph-Alexis, vicomte rant, près d'Angers, en 1789,
vaincu, livres,
il
;
n'a cessé, dans les journaux, les revues et
dans ses
de défendre la royauté des Bourbons. Le vicomte
Walsh
a publié une vingtaine de volumes, citons parmi ceux-ci
Journées mémorables de et
la Jiéi'olution,
:
les
1839-40,5 vol. in-S",
Souvenirs de cinquante ans, 1845, in-Su.
l'aubk romantique
34o
/5o« Lettre. (253) Félix-Antoioe-Philippe Dupanloup, né en 1802,
en 1870, évêque d'Orléans,
membre
à raconter la vie
Inutile de s'attarder
rappelons seulement que c'est
mort Talleyrand avec
lui
mort
de l'Académie française. de
l'illustre prélat
qui réconcilia à
.son lit
;
de
l'Eglise.
i()i* Lettre.
'
(254) Marceline-Félicité-Josephe Desbordes, née à
1786, morte en 1859
;
Douai en
après avoir débuté à l'Opéra Comique à
peine âgée de dix-neuf ans, sans grand succès d'ailleurs, épousa en 1817 le comédien Valmore, puis bientôt après renonça au théâtre. Nous n'avons pas à faire l'éloge du poète qu'est « l'ardente Marceline », dont la renommée, à l'inverse de celle de tant d'autres, grandit chaque jour. « Elle a les grandes
vigoureuses
et
s'imposent à
la
qualités», a
mémoire,
les
écrit
Ch.
Baudelaire, «
qui
trouées profondes faites à l'im-
proviste dans le cœur, les explosions magiques de la passion. » Elle a le
charme, l'émotion,
Une
(255)
élégie des
Rességuier venait de le
grâce, la tendresse.
la
Tableaux Poétiques, dont Jules de
faire
hommage à M'^e Desbordes- Valmore,
Passé, porte pour épigraphe
celle-ci
Je regarde à présent
Comme
A jVjme
les
deux vers suivants de
:
un
lieu
la vie
que j'aurais quitté.
son tour, dans son volume
:
Fleurs
Desbordes-^"almore, en tête de
du Ramier, met Hélas
!
et
pauvres Fleurs,
la pièce la
Vie
et la
cette citation de Jules de Rességuier:
nous n'avons pas juré de vivre ensemble,
Mais nous avons promis de nous aimer toujours.
Mort
i,
||
l'aube romantique
341
Ondine Valmore, que Sainte-Beuve avait
(256)
été
sur
le
point d'épouser entre 18-ii et 1846.
i63e Lettre.
Après
la lecture de Jocelyn, Jules de Rességuier Lamartine une pièce de vers que celui-ci inséra suite de son poème avec les strophes par lesquelles il le
(257)
avait envoyé à
à
la
La pièce de Jules de Rességuier se trouve encore Prismes Poétiques. (238) Le véritable titre du roman de Fr. Poujoulat est la Bédouine, 2 vol. in-18°, 1835 deuxième édition revue par Michaud, 2 vol. in-120j 1840. Ce roman, dont les scènes se passent au désert, fut couronné par l'Académie française en remercia.
dans
les
;
1836,
764* Lettre. {2b9)
Mikaëla, personnage du roman
d'
Al maria.
16 5"' Lettre. (260) Lettre déjà parue dans L. Séché.
Paris,
Mercure de France, 1907,
in-80.
Alfred de Musset. Correspondance.
266' Lettre.
(261)
Il
s'agit
du premier Temps, fondé par Jacques Coste, et succomba après avoir
qui n'eut qu'une existence éphémère
coûté plus de douze cent mille francs à ses actionnaires. Voir
Eug. Hatin, Histoire de la Presse en France. Paris, PouletVIIL
Malassis, 1861, tome
X
i/aube roman riofjE
342
iGyf: Lettre.
(262)
Le journal l'Avenir, fondé au lendemain de
lution de 1830, par
Gerbet, etc., dans le
le
Lamennais,
Montalembert,
but de concilier
les
idées
la
Révo-
Lacordaire,
libérales avec
catholicisme.
Emile Deschamps
(2G3)
Croze,
fille
se rendait
chez
la
baronne de
d'Alexandre Guiraud, qui habitait l'Auvergne.
lyo^ Lettre. (264) Charles Forbes de Tyran, comte de Montalembert, né
mort le 13 mars 1870 la Vie de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de J'huringe, parut à Londres le 29 mai 1818,
;
en 1830. 1^2' Lettre. (265) La Châtelaine de la Vendée et la Châtelaine du Languedoc font partie des Prismes Poétiques.
I-/3'-
Lellrc.
(266) Jules de Ressés^uier venait d'envoyer à Lamartine son
volume
:
les
Prismes Poétiques. jy4^ Lettre.
(267) Jean Reboul, né à Nîmes en 1796, mort en 1864, Nous ne dirons pas que sa profession de boulanger ainsi que les pages pleines d'humour qu Alexandre Dumas lui consacra
dans ses Impressions de voyage, n'aidèrent pas à naître
;
mais sa pièce de l'Ange
et
le
faire con-
l'Enfant, que nos mères
savaient par cœur, justifie le patronage de Lamartine qui
l'aube romantique
lui et
la
343
dédia une de ses plus belles Harmonies.
rEnfant,Rebou.l a écrit des élégies
Première Douleur,
inspiration
émue
de Job mérite (268)
Une
les
la
noble
et
mêmes
;
telles
A
côté de l'An je
que la Confidence,
Bergère et le Papillon, d'une dans un autre genre, la Vision
éloges.
des pièces des Prismes Poétiques, dont Jules de
Rességuier venait de faire
hommage
à Reboul, est dédiée
au
poète nîmois. (269) Le Dernier Jour, poème biblique en dix chants, que Reboul publia moins de deux ans après, en I8i0.
ij5^ Lettre. (270) Les
Prismes Poétiques venaient
d'être publiés.
i;^yc Lettre.
(271) Vers tirés
de
la pièce
:
les
Chevaux de Poste,
des
Prismes Poétiques, mais rapportés inexactement. (272) Vers tirés des Jours de mai, des Prismes Poétiques, mais rapportés inexactement. (273) Premiers vers de Madame Agnès de Picardie, des Prismes Poétiques (274) Vers tirés de la pièce la Poésie, des Prismes Poétiques, dédiée à Emile Deschamps, qui y répondit par un morceau
:
A
Jules de Rességuier, faisant partie de ses
Œuvres
complètes.
lyg^ Lettre. (275) Allusion à la
Divine Epopée. Voir note 277.
(276) Je viens d'essayer, mon cher ami, sous
une tragédie en cinq actes dans
les
formes
le
nom
les
A'Oresle voilé,
plus antiques.
Me
l'aubr romantiqur
3/44
pardonnera-t-on d'avoir refait une pièce de Voltaire ? Je crois plusieurs de mes personnages supérieurs aux siens. J'ai osé affronter toutes les difficultés du sujet et j'ai considéré le système de la fatalité sous son véritable point de vue Mon Electre est véritablement la plaintive Electre, la g'ardienne du tombeau, l'esprit vendeur du mausolée d'Açamemnon...
Soumet au baron Guiraud, Lettres an baron Guiraud CUV.
;
cit.
i8o* Lettre. (277)
Alexandre Soumet
édit. Paris,
:
1840, 2 vol. in-8o
la ;
Diuine Epopée. Bertrand,
2e édit. Delloye, cdit. Paris.
j8j' Lettre. (278)
Le Gladiateur, tragédie en cinq
actes en vers
;
voir
notes d6 et GO.
—
—
Elisa-Rachel-Félix dite née à Munf, 28 février 1820, morte à Cannet près Toulon, le 3 janvier 1858. Le Dr Véron, dans les Mémoires d'un bourgeois de Paris, T&conie que le comte Mole rencontrant la (279) Piachel,
Suisse,
le
célèbre tragédienne lui dit
langue française.
»
A
quoi
:
«
Vous
celle-ci, se
avez,
madame, sauvé
ron, car l'entrevue se passait chez ce dernier, lui
muré
à mi-voix
:
«c
C'est
bien heureux,
la
Véaurait mur-
tournant vers
le Di"
ne l'ayant jamais
apprise. »
i83C' Lettre.
Vigny que voici et Correspondance de Sainte-Beuve qui suivent nous semblent intéressants à rappeler au sujet de la candidature de (280) Les extraits des lettres d'Alfred de
ceux
àt\a.
l'auteur de Stella à l'Académie française. 7 février 184».
Oui,
mon
cher ami, je
me
suis mis sur les rangs,
.
.
Si vous n'ar.
l'aube ROMANTIOUe
345
bataille et le 17 de ce mois vous ne serez pas à la Pends-toi, brave Grillon... j'oubliais de vous dire que La-
rivez pas avant je dirai
:
martine a retiré ce que vous appelez son candidat de poche et qu'il n'y a pour le fauteuil de M. Frayssinous que M. Fasquier et moi ; pour celui de Duval, que Ballanche et moi. .
mars 1842, Vous avez su tout i4
ce qui se préparait par ma lettre du 7 février, les jourami, et je n'avais pas alors la moindre inquiétude. Aujourd'hui, quinze voix me sont naux vous ont dit le reste. promises ; votre présence et celle de Soumet peuvent décider l'élecM. de Chateaution. Ai-je besoin de vous presser de revenir '?. briand m'a dit j'irai vous porter ma voix jusqu'à ce que vous soyez nommé. Vous êtes à mes yeux le plus beau nom actuel qui puisse se présenter. Répondez-moi un mot, cher ami.
mon
.
.
.
.
.
.
:
.
19 novembre iS43. Je viens de relire ce soir vos
lettres de l'année dernière, mon ami... en voici une qui me criait du fond de votre cloître de Entrez donc, BalVillemartin vous mettez-vous sur les rangs lanche et vous, voilà mes deux candidats; si j'avais dix voix, elles Ballanche est assis dans le fauteuil que vous lui seraient pour vous présentiez alors et m'a dit hier qu'il m'attendait sur le fauteuil voisin. Sa voix m'est donnée et ne varie pas. D'autres voix, en assez grand nombre, s'unissent pour prononcer mon nom et je puis espérer la majorité si vous êtes ici lors de l'élection qui se prépare. "?
:
.
.
Alfred de Vigny au baron Guiraud, Lettres au baron Gui'
raud, ouv. Il
tré
y a eu
cit. ici la
(comme dans
réception de
Vigny à l'Académie
;
il
s'y est
mon-
tout ce qui a pré-cédé) ridicule, d'une sottise, d'une
donné sur les nerfs durant une heure et demie passée, à une assemblée, de sorte qu'on a été soulagé en entendant M. Mole retrouver des notes justes et simples. Les amis de Vigny lui-même n'ont pu résister à l'ennui et à l'impatience, et M. Guiraud mon amitié a souffert, mais ma justice est disait après la séance satisfaite... Vigny n'est qu'un Trissotin gentilhomme, le comte de Trissotin.., Tout en débitant lentement son discours, il avait un crayon d'or avec lequel il marfiuait sur son cahier les applaudissements, quand il en venait. fatuité (jui a
toute
:
.
Sainte-Beuve, Correspondance.
Quelques années auparavant, Sainte-Beuve, notamment ea
l'aube romantique
340
1838 et iSiO, s'était déjà exprimé fort méchamment moins injustement à l'égard d'Alfred de Vigny.
De Vigny chaque
ne
fait rien
fois qu'il voit
serez effrayi' de
la
et est
Buloz,
le
non
réputé ne plus pouvoir rien faire Je travaille bcaucotip, vous ;
lui dit
:
quantité de matériaux que je vous porterai bien-
que parce que sec, en pure de ses sept volumes d'œuvres complètes
tôt et Buloz rit tout haut de
Vigny ne
il
et
comprend
pas...
son
rire qui
n'est poli
Vigny cstdécidémmcnt à
adoration de lui-mémo et qui ne bougent de sur sa table
Correspondance de Sainte-Beuve avec M. et 7J/m« Jaxie Mercure de France, ia-d2, 1904, pages 59,
Olivier, Paris.
223, 396 et suivantes.
Vicomte de Panât; voir note
(iiSi)
7.
i84^ Lettre. (282) Jean-Baptiste-Henri Lacordaire, né en 1802,
1861
;
le
mort en
célèbre dominicain est trop connu pour que nous ayons
à parler de lui
ici.
Le comte Alfred de Falloux,né à Ansfcrs en 1811, mort en 1886, fut le grand ami du fils de Jules de Piességuier, (283)
Albert de Rességuier.
i85^ Lettre (284) Paul Juillerat, né à Paris en 1815, a publié trois Lueurs matinales (1837); les Solitudes, volumes de vers Soirs d'Octobre, 1862 il a donné au théâtre la 1840 Reine de Lesbos, drame antique en un acte, en vers, 1854 le Lièvre et la Tortue, comédie en un acte, en vers, 1855; :
:
;
;
;
il
a également écritdivers romans. Les Funérailles d'anoiseau,
présentées par lui au concours des Jeux Floraux de 1847, non
seulement ne furent pas récompensées, mais n'eurent pas
les
honneurs de l'impression. Le
à MmeBétourné pour son élégie
:
la
même
un souci, fut décerné Jeune mourante.
prix,
l'aube ROMANTinUE
347
i8G^ Leilre.
Etienne-Léon Lamothe-Lançon naquit à ^Montpellier
(283)
d'un père Conseiller au Parlement, guillotiné en 1794; venu à Paris
un poème que lui inspira la victoire de Wagram, l'Ombre de Charlemagne, lui valut d'abord une récompense de Napoléon, puis, en 1809, son entrée au Conseil d'Etat en peu après, il fut, en 1811, nommé sousqualité d'Auditeur à l'âge de vingt ans,
;
de Toulouse
préfet
conduite
lui
virent préfet
fit
et,
en
décerner
1813, de Livourne, où sa brillante le titre
de Carcassonne
;
de baron la
Cent Jours
le
Restauration l'appela à
la
;
les
sous-préfecture de Saint-Pons, mais bientôt après, privé de cette situation,
attribue
le
il
ne s'occupa plus que de littérature.
nombre fabuleux de douze
tons-nous de citer de ce
On
lui
cents volumes. Conten-
trop fécond écrivain qui toucha
à
poème de Constantin ou le triomphe de la religion chrétienne, les romans de Clémence Isaare ou les Troubadours et-V. le Préfet ; les Mémoires d'une femme de qualité, d'an Pair de France, de la duchesse de Berrij, de Talleyrand^de M^^" Quinault, etc. Lamolhe-Langon mourut à Paris,
tout
le
:
le
24 avril 1864.
(286) Le comte de Chambord venait de recevoir successivement ses partisans, qui ne considéraient la présidence de la République par Louis-Napoléon Bonaparte que comme une
étape à la royauté légitime, à (287)
Lamotbe-Langon
Ems, Cologne
avait été élu
et
Wiesbaden.
membre de l'Académie
des Jeux Floraux en 1811 etMainleneur delà noble compagnie
deux ans plus (288)
mement
A son lié
tard.
arrivée à Paris,
avec Delille.
Lamotbe-Langon
s'était inti-
l'aube romantique
348
i8j* Lettre. (289)
Sainte Germaine de
Pierre de Korae,
le
Pibrac
fut béatifiée
à Saint-
mai 1854.
7
i88<i Lettre.
(290) Albert de Rességuier venait dêtre
nommé
représen-
tant des Basses-Pyrénées à l'Assemblée Nationale.
iSq'' Lettre. ||
(291) Les
cription
de Lamothe-Lan^on portent toutes
lettres
chevalier de la
la
sus-
Monsieur le comte Jules de Rességuier, Légion d'honneur et de l'ordre de Saint-Jean
suivante
:
de Jérusalem, château
et
commune de
Sauveterre,par Lombez,
déparlement du Gers. ypo* Lettre. (292) Voir sur
Mme Emile Deschamps
;
note 98.
iQi^ Lettre, (293) Berryer fut
un des amis intimes du
Rességuier, Albert de Rességuier,
et
fils
de Jules de
jusqu'à son dernier jour
resta avec lui en correspondance suivie.
TABLE JULES DK RE8SÉGUIER. JULES DE RESSÉGUIER.
—
U HommC
.
7
.
VŒuure
.
29
LETTRES 1
2
3 l\
5
6 7
8
9 10 I I
12
13
14 I
5
16 1
7
iS
19
20 2
I
d'albxandue soumet DB M'"e DE RÉMUSAT DE M™* DE RÉMUSAT. d'alkxanure soumet d'alexandre socmet de VICTOR HUGO DE VICTOR HUGO d'aLEXANDRE SOUMET d'aLEXANDRE SOUMET d' ALEXANDRE SOUMET d'aLEXANDRE SOUMET d'aLEXANDRE SOUMET A M'^C DE RESSÉGUIEK d'aLEXANDRE SOUMET A M'HC DE RESSÉGUIEK d'aLEXANDRE SOUMET DE VICTOR HUGO DK VICTOR HUGO DE VICTOR HUGO DE VICTOR HUGO DE VICTOR HUGO DE VICTOR HUGO d'aLEXANDRE SOUMET
5
I
52
52
54 55 57 60 62 63 66 68
.
69 7I
78 74
.
.
...
77 80 81
83 84 86
TABLE
350
29 30
d'Alexandre soumet de n. a. de salvandy DE L. VATOUT d'alexandre soumet de victor iiugo d'alexandre soumet d'aLPUONSE de LAMARTINE A GH. GOSSELIN.. d'aLFRED de VIGNY d'aLKRED de VIGNY
3
d'emile deschasips.
9.2
23 a4 a5 26 27 28
1
.
.
.
42 43 44 45 46
.
.
32 d'emile DKSCHAMPS. 33 d'alexandre soumet 34 d'alexandre soumet 35 d'alexandre soumet où Dd t.. VATOUT 37 de L. VATOUT 38 d'emile deschamps 39 de VICTOR HUGO 40 de VICTOR HUGO 41 d'emile deschamps
87 8()
QO «jo
91
91
92 98 96
99
,
100
.
102
io5 106 106 107 108 Io8 IO9
110
d'emile desghamps
m
d'emile descuamps
ii3
DE de
Mlle
DELPHINE GAY
I
l4
M"''^
SOPHIE GAY
I
«4
IIQ II9 120
d'.A.LEXANDRE SOUMET
47 DE M"»^ SOPHIE GAY 48 DE Mme SOPHIE GAY. 49 DE BELMONTET
.
50 d'emile DESGHAMPS 51 d'alexandre SOUMET 62 d'aLFRED de VIGNY 53 DE CH BRIFAUT 54 DE SAINTE-BEUVE 55 DH T DE LATOUOIIE 56 DE Miue A TASTL57 DE CHATEAUBRIAND 58 d'aLFRED de VIGNY .
.
.
.
,
121
ia4 124 125
125 1
1 I
1
27 28
29 30
l3l
TABLE Sg d'alfred de vigny bO d'à DE SAINT-VALRY 61 DE LA PRINCESSJi: DK CHIMAY 62 de fr roger 63 d'andrieux 64 d'h T DE LATOUCHE 65 d'h. t. de LATOUCHE 66 DE Mine FODOR-MAINVIELLK 67 DU. T. DE LATOUCHE 68 d'u. t. DE LATOUCHE 69 d'h T DE LATOUCHE 70 d'h t de LATOUCHE 71 d'u. t. de LATOUCHE 72 DE Aille GEORGE 73 DE V. J. E. DE JOUY 74 DE CHARLES NODIER 75 d'eugène sue 76 d'eMILE DESCHAMPS 77 d'emile deschamps 78 de VICTOR HUGO 79 d'aLEXANDRE SOUMET 80 d'aLEXANDRE SOUMET 81 d' ALEXANDRE SOUMET. 82 d'abel villemain
35 I 182 I 32
.
l35 i
.
.
.
,
,
.
.
83 d'abel villemain. 84 DE MDie ANCELOT 85 de Mlle ELISA MERCŒUR 86 DE N. A. DE SALVANDY t DE LATOUCHE 88 d'alfred DE VIGNY 89 d'eMILE DESCHAMPS 90 d'alfred de VIGNY 91 d'emile dkschamps deschamps 9-} d'emile 93 d'emile deschamps 94 d'alexandre soumet 90 d'emile deschamps
87 d'h
.
.
36
1^7 ,
I
37
i3r)
I^O 4' l42 I
.
1 43 l44 l45 l46 l46 l47 i47 l48 i49
l5l
l52 1
52
l53 1
54
i54
l55 1
56
l57 I 58 I I
I
58
59 60
160 162
164 167 168
052
TAUI
i:
96 d'aLEXANDRE soumet f)7 d'emile deschamps 98 d'alexandre soumkt 99 DE Mm» A. TASTU 00 DE Mme SOPHIE GAY DE M™' SOPHIE GAY 02 DE «me SOPHIE GAY. 03 d'ALPHONSE DE LAMARTINE. 04 d'emile DESCHAMPS 05 DE M™" SOPHIE GAY 06 d'kMILK DESCHAMPS 07 DE JULES DE SAINT-KÉLIX 08 DE JULES DE SAINT-FELIX 09 DE MTO® DELPHINE GAY DE GIUARDIN 10 DE M™' SOPHIE (iAY. DE MDie PAULINE DUCUAMBGE 1 1 12 DE LA COMTESSE d'aGOULT 13 d'emile DESCHAMPS i4 d'emile desghamps 15 DE Mlle DELPHINE GAY' DE GIRARDIN 16 DE Mme DELPHINE GAY DE GIRARDIN 17 DECH. DE SAINT-VAI.RY 18 DE A. DK CUSTINE 19 DE A. DE CUSTINE 20 d'emile deschamps d'eUGÈNE sue 2 22 DE A. DE BEAUCHESNE. 23 DE Mlle GABRIELLK SOUMET 24 d'alexandre soumet 25 d'eugène de pradel 26 d'eugène de pradel 27 DE Mme gabrielle SOUMET-DALTENHEIM. 28 d'alfred nettement 29 d'alfred nettement. 30 DE M™e DELPHINE GAY DE GIRARDIN .
I
.
I
•
.
•
31 DE VL^^ SOPHIE GAY-.
32 DE M™' DELPHINE GAY DE GIRARDIN
1
yO
I
-71
17^
1^5 I ^G I
76
I^y \qq l
7g
181 I 1
82 85
87 188
I
1
88
1
8g
189 I9O 191
I92 ig2 I gS
194 igS 196 196 197 197 198
199 -"^00
201
202 2o3 203 204 205
353
TABLE
2o5 205 206 206
iô DE Mllie DELPHINE GAY DE GIHAUDIN 34 DE Mlle DELPHINE OAY DE GlIXAUDIN 35 DR m"" soi'hie g\y 36 DE Mine DELPHINE GAY D;; GIRARDIN 37 DE M™« DELPHINE GAY DE GIllARDIN
38 DE N. A. DE SALVANDY 39 DE N. A. DE SALVANDY
40 DE 41 DE 42 DE 43 DE 44 DE 43 DE
46 47 48
49 50 5i
52 53
54 55 56 57
58 Sg 60 61
62
63
Mine
MARIE NODIER-MENNESSIER
Mme MARIE NODIER-MENNESSIER M™2 SOPHIE GAY
.
DE BEAUCHESNE. CHATEAUBRIAND ROGER DK BEAUVOIR d'h. t. de L.ITOUCHE DE A, DE BEA!JCHESNE DE M™^ MARIE NÛDIBR-MK.NNESSIER DE Mme A. TASTU DE MGR OLIVIER d'alexandrk soumkt d'f.MILE deschamps d'e.MILE deschamps DEMILE deschamps. d'emile deschamps d'emile deschamps. DB J. A AVALSn de J. A. W'ALSH DE MGR DUPANLOUP DE A, DE BEAUCHESNE DE m""* DESHORDES-VALMORE. DALE.XANDRE SOUMET A M^'S DE RHSSKGUIÊK. DALEXANDUE SOLMET d'emile DESCHAMPS A.
•
•
,
.
21 3
2l5 2l6 217 2I8
2ig 221 222
223 224 220 220
.
.
227 228
.
64 65 d'alFRED de MUSStT. 66 d'e-mile DESGHAMPS 67 d'emile descha.mps 68 d'aLPHONSK de LAMARTINE 69 DE M'll« MARIE NODIBR-ME.NNESSIER
207 2O7 2O7 208 210 210 211 212 212
.
.
229 23o 23 1 234 234 235 23j 206 207 238
TABLE
354
170 DK hiONTALEMBEnT 171 DE r.™' QABRIKLLE SOUMET-DALTENnEIM 172 d'ai.ïxandrk soumet. Dli LAMARTINE REBOUL Ji.-^ GABRIELLE SOUMET-DALTENHEIM DE M-"^ DELPHINE GAY DE GIRARDIN DE M--i8 GABRIELLE SOUMET-DALTENHEIM DE M=^e SOPHIE GAY d'aLEXANDRE SOUMET d'aLEXANDRE SOUMET d'aLKXAîïDRE SOUMET
238
173 d'aL?HONSK
174 DE 175 DE 176 177 I
78
179 180 iSl
J
.
182 d'aLFRED de VIGNY 183 d'aLFRKD de VIGNY
184 DU R. PÈRE LAGORDAIRE 185 d'eMILE DF.SCHAMPS 186 DE LAMOTIIE-LANGON 187 DE LAMOTHE-LANGON
88 DE M™« PAULINE DUCHAMBGE 189 DE LAMOTHE-LANGON I
90 DEMILE DESCHAMPS de berryer 192 d'emile desghamps NOTES l
191
,
2^0 2^0 24 I 242 2^3 243
244 24G 247 249 200 20 1 252 253
254 256 202 267 269 276 277 278 281
ACHEVÉ D'IMPRIMER le
viogt-deux mai mil neuf cent dix
PAU
BLAIS ET
ROY
A POITIERS
pour
le
MERGVRË DE
FKANGE
K
MERCVRE DE FRANCE? XXVI, RVE DE CONDE Parait le ler et
le
PARIS-Vl'
i6 de chaque mois, et forme dans Tannée six volumeil
Littérature, Poésie, Théâtre, Musique, Peinture, Sculpture] Philosophie, Histoire, Sociologie, Sciences, Voyages Bibliophilie, Sciences occultes Critique, Littératures étrangères, Revue de la Quinzaine
Revue de
la Quinzaine s'aiimenle à l'étranger autant qu'en Franc* un nombre considérable de docnnnenls, et constitue une sorte d' • encyclopédie au jour le jour o du mouvement universel des idées. Elle se compOKC^I La
elle offre
des rubriques suivantes Epiloffues actualité): Rcmy de Gour-
mont. Les Poèmes Les Romans Littérature Littérature
Musique : Jean Mârnold. Art moderne : f>harles Morice. Art ancien
: Tristan Leclèrc. et Collections Au^ste
Pierre Quillard. Rachilde. Jean de Gourmont.
Musées
dramatique
(Chronique
:
: :
Georges
•
.
Mar-
g-uillier.
Polti
Littératures antiques : A.-Ferdinand Herold. Histoire : Edmond Barthélémy. Philosophie : Jules de Gaultier.
Psychologie : Gaston Danville. Le Mouvement scientifique : Gexjrges Bohn. Psychiatrie et Sciences médicabs Docteur Albert Prieur. Science sociale : Henri Maz' Ethnographie, Folklore : A. VaD Gennep. .
.
A rchéologie,
Voi/ages : Charles Merki. Questions juridiques : José Tbéry. militaires et maritimes Questions Jean Norel. Questions coloniales : Cari Sieei Questions morales et religieuses Louis Le Cardoncel. Ésotérisme et Sciences psychiques : Jacques Brieu. .s Bibliothèques : Gabriel Renaudé. Lis Revues Charles Henry Hirscb. I^es Journaux : R. de Bury '.'S Théâtres : André Fontainas. .
.
.•
du Midi
Paul Sourhon. Chronique de Bru.Telles:G. Eekhoud. Lettres allemandei : Henri Alberi. Lettres anglaises : Henry-D. Davray :
Lettres italtennes : Riciotlo Canudo. Lettres esp^'ï noies : Marcel Robin. Lettres P'->rtiiqriises : Philéas Lebesçue Lettres Uixoino- américaines : Eng-enio Diu/. Kompro. Lettres DnJsiliennes.TrislaiOdaC.unhu. néo-grecques : Démétrius Lettres Asleriotis.
Lettres roumaines
:
Marcel Montao-
don. <•'';
l,r/'"^~ -
E. Séraénoff. Ti's.MichelMutermilch. nduises : H. Messei. L'itlrei icandmaves .-P. -G. La Ghes.•
Lei LeI
nais, Fritiof Palmér.
Lettres hongroises : Félix de Gerando. William Ritter. Lettres tchèques Lit France Jupéi' a l'Etranger : LuciU
Dubois. Variétés
••
X
.
La Curiosité
.
:
Jacques IJaurelle.
: Mercure Echos Mercure L.es abonnements partent du premier des mois de janvier, avril, juillet et octobre.
Publications récentes
'"
FRANCE Un m'mero
1.25
Un AN
25 14
Six mois Trois mois Poitiers.
—
8 linpriinerie
fr. >>
»
:
ÉTRANGER T
Un numéro Un AaN Six mois Trois moi.s
du Mercure de Fiance. BLAIS et ROY,
10 7,
rue Victor-Hugtt.
» I