Les Vernet, 1898

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ARMAND DAYOT INSPECTEUR DES BEAUX-ARTS

PARIS LIBRAIRIE GEORGES BARANGKK 5, Ru* dss Saints-Pères, 5

1898


HE GETiY CENTER

UBRAW





IL A

ETE TIRE DE CET OUVRAGE

70 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DES MANUFACTURES IMPÉRIALES DU JAPON

30 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE CHINE EXTRA FORT


LES VERNEÏ


y

OUVRAGES DE

TABLEAUX ET STATUES

M. ARMANI)

(Jean Mériem).

(Espagne

LE SALON DE

vol. in-8°

colombier

1884.

1

LES MÉDAILLÉS DU SALON DE

Italie

1886.

1

Portugal).

1

vol. in-8° raisin.

vol.

grand in-5°

[Contes et Nouvelles).

LES COURSES DE TAUREAUX EN ESPAGNE.

UN SIÈCLE

D'ART.

vol. in- 16

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RAFFET ET SON OEUVRE.

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CHARLET ET SON OEUVRE.

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LES MAITRES DE LA CARICATURE FRANÇAISE AU XIX' SIÈCLE.

L'AVENTURE DE RRISCARD

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i

CROQUIS DE VOYAGE

DAYOT

60

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LE SALON DE

1890.

LE SALON DE

1891.

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LE SALON DE

1892.

M.

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colombier

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1812 (D'APRÈS LE JOURNAL ILLUSTRÉ D'UN TÉMOIN OCULAIRE).

NAPOLÉON RACONTÉ PAR L'IMAGE 1

60

,

1

Vol. ill-8°

(d'après les images et les documents du temps).

LES JOURNÉES RÉVOLUTIONNAIRES, 1830-18i8

[Récits et impressions).

1

.

.

(d'après les images et les docu-

ments du temps)

LE LONG DES ROUTES

».

[ouvrage couronné par l'Académie française).

vol. in-8°

LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

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vol. in-18. jésus

Pour paraître prochainement

:

LA FIGURE DE LA FEMME DANS L'ART.

En préparation

:

LA MADONE. LES FERMIERS GÉNÉRAUX CHEZ EUX.

êvreux, imprimerie de chaules hé risse


ARMAND DAYOT INSPECTEUR

DES"

BEAUX-ARTS

LES VERNET JOSEPH

CARLE

HORACE

\ \

PARIS LIBRAIRIE GEORGES BARANGEK Rue des Saints-Pères, 5 5>.

1898



o

Le Ponte K o t t (Music Hu Louvre. Gravure de M. Romagno)

AVANT-PROPOS

Ce

livre paraîtra à l'heure

même

où un comité

fort bien inspiré,

réalise l'idée d'une exposition de l'œuvre des Vernet.

Cette heureuse circonstance efï'orcé

de résumer de son mieux

donne

à cet ouvrage,

les aspects si divers

où l'auteur

du

sujet, le

s'est

double

caractère d'un guide pratique, bien que d'un format un peu imposant, puis d'un

du

document qui prolongera peut-être utilement, dans

l'esprit

visiteur, le souvenir de l'intéressante manifestation artistique

l'Ecole des

Beaux-Arts aura été

le

théâtre dans

le

dont

courant du mois de

mai de l'année 1898.

A

l'heure où nous écrivons ces lignes, l'exposition des œuvres de

Joseph, de Carie et d'Horace Vernet n'est pas encore ouverte, mais

la

faveur marquée avec laquelle l'opinion a accueilli

la

la

nouvelle de

constitution du comité chargé de l'organisation de cette véritable fête artistique, est

une sûre garantie do succès.


AYANT-PROPOS Une impression générale de a

même

répondu

à cette

velle

lorsque

le

surprise

bonne nou-

comité a mani-

festé son intention de

consacrer

une

partie

des recettes de l'Exposition à l'érection d'un

monument aux

trois

artistes.

Eh quoi

une

à

!

époque où chaque carrefour

a

homme

de

son

grand

pierre ou

de bronze, aucune gure

fi-

commémorative

ne rappelle

les

traits

de Joseph, de Carie,

d'Horace Vernet?

Comment La

franchi

L'arbre

!

*

(Par Carlo Vernet.)

berceau de

la

marbre d'un de

ses plus illustres enfants, la

du grand chef

noble dynastie, de Joseph, sur les

rives et

d'Avignon elle-même,

famille Vernet, n'a pas

su dresser l'image de

de

ville

du beau fleuve

dont

il

a et si

qu'il a tant

aimé

triomphalement célé-

bré les bords pittoresques et les eaux

limpides

!...

En décidant que auraient

nument

le

même

socle,

s'élèverait

Louvre, qui

fut

les

à

trois et

que

l'ombre

en quelque sorte

figures le

mo-

de

ce

la gloCroquis caricaturai, du graveur Tariueu

rieuse

demeure des Vernet, car Joseph

(Par Horace Vernet, cabinet des estampes.)


m

AVANT-P ROPOS y mourut, Carlo y vécut et Horace y naquit,

Du même artistes,

coup, un solennel

au peintre inspiré de

la

le

comité a sagement

agi.

hommage

sera rendu aux trois grands

mer

ciel,

et

du

au peintre spirituel des

élégances sportiques et mondaines de son temps, au peintre fidèle et fervent du soldat français et de nos gloires militaires... Si leur talent s'est

très

diversement manifesté,,

il

existe cependant

entre leurs facultés natives de profondes et mystérieuses affinités, et

jamais cœurs ne furent plus unis par des liens plus tendres. Et vraiment, on se

mis

si

c'est

longtemps à

s'il

faut regretter

bole de

la

se dresser,

plus noble et de

Le sentiment qui collectif

en bonne place, la

la

postérité ait

les

comme un

est le

même

du cœur. un monu-

que celui qui nous a dicté

mémoire des

célèbres artistes. A. D. Avril 1898.

f

ii.

le

le

monument que nous nous sommes

d'élever aussi, de nos faibles mains, à la

La

vont

touchant sym-

a inspiré à quelques-uns l'idée d'élever

aux Vernet,

puisque

trois figures

plus intime union de l'esprit et

plan de cet ouvrage, très modeste efforcé

que

glorifier individuellement les trois peintres,

grâce à cet oubli, bientôt réparé, que

simultanément

ment

demande

d'Horace Verne t enfant 1

(D après une sépia d'H. Vernet. Collection de M. André Delaroche-Vernet.

trois




J0SE1MI

VERNET

(d'après le portrait de Vanloo)


LES YERNET

JOSEPH

«

Louis XV, nous raconte Chamfort, se

peindre par La Tour. Le

fit

peintre, tout en travaillant, causait avec le roi qui paraissait le trouver bon.

La Tour, encouragé lui dire

:

Au

«

sechement

:

«

fait,

et

naturellement indiscret, poussa la témérité jusqu'à

sire,

vous n'avez point de marine

Que dites-vous là? Et Vernet donc

L'anecdote est piquante lière légèreté

de cœur à

dénote à

et

du

la veille

»

Le

roi

répondit

»

!

chez

la fois,

!

le

souverain, une singu-

de Paris, et une opinion très

traité

lia

l-

de Joseph Vernet, son peintre de

teuse, bien qu'étrangement formulée,

marine. C'est d'ailleurs vers cette cette fois par la la favorite,

époque que Louis XV, heureusement conseillé

Pompadour, donna

subitement élevé à

des bâtiments du

France, qui est

roi,

de

l'ordre au

la dignité

commander

marquis de Marigny, frère de

de directeur

et

ordonnateur général

à Vernet cette belle suite des ports de

comme une suprême

et

mélancolique représentation de

puissance et de la richesse nationales de nos grandes la veille

aujourd'hui encore, malgré

le

le

grand peintre de marine du xvm e

il

encadre son

reconnaît volontiers que, depuis l'époque où Brouillard dont la vue enthousiasmait rition était saluée par les salonniers latin

très hyperbolique,

siècle,

luxe, parfois excessif, de fantaisie pitto-

resque et architecturale, dans lequel

en un

maritimes, à

d'une complète ruine.

Joseph Vernet fut réellement et

villes

la

si

fort

il

sujet

la

on

peignit la Tempête et le

Hubert Robert,

du temps en prose, en

rarement

préféré,

sauvage

et

et

dont l'appa-

vers, et

môme

mystérieuse poésie 1


LES VEH.NET

%

de

la

mer

fut

exprimée avec une force plus vraie, avec un charme plus

pénétrant.

Sans doute bien des inégalités existent dans l'œuvre de Joseph Vcrnct qui,

pendant plus d'un demi-siècle, ne cessa de produire,

surtout

dans

les

libre

parfois,

premières -années qui suivirent son départ d'Avignon,

d'agir au gré de sa fantaisie, de fixer en toute franchise de pinceau ses

C LA 1 n HE LUNE

S L'M

[Musée du Louvre. Gravure

<\c

LA

MER

M. Romagnol.)

fraîches et lumineuses visions, puis trop souvent asservi,

verrons bientôt, alors qu'il était

Mais

diminuer trop

la

à

l'impitoyable tyrannie de

devenu

la

œuvre

est exquise,

l'éclat, si riche et si varié,

tradition

d'honneur, dans

la

venturé Peters, des de Yelde, etc.

Il

le

extravagantes,

victime d'une universelle célébrité.

(leur de celle

exclusive

commandes

comme nous

à

et c'est

presque vouloir en

que de persister conformément à une

confiner Joseph Vernet,

même

à

une place

phalange des grands peintres de marines, des Bona-

Thomas

aimait d'un

Jones, des Stanfièld, des Backuysen, des van

amour presque

égal la mer, le ciel et l'huma-




J

parmi

nité, et

les prestigieux

OS Kl'

Il

VERNET

peintres maîtres de

la ligure

nul n'a mieux compris et plus spirituellement exprimé que

mouvements,

attitudes et des

nomies,

la

grâce des poses,

les

galante préciosité des manières et parfois

la

au xvm e

siècle,

des

lui la vérité

jeux des

même

la

physiotragique

allure des désespérés.

Je ne connais pas d'images évoquant plus nettement la physionomie de

au siècle passé que ces superbes

la vie extérieure

de Cochin et Lebas, d'après Vernet,

du

dans

la

sur les larges quais de Toulon, de Mar-

soleil,

deaux, grouille, peine, se pavane

la foule

gravures

blanche lumière

seille

et

Bor-

de

\

ou haletante. Chaque dé-

oisive tail

et où,

et fidèles

de costume, chaque ex-

pression

ment,

chaque mouve-

,

est l'effet défi ni lif

d'une observation profonde, de pénétrantes

recherches d'art.

chaque unité

a

Ici

été

d'une savante

l'objet

et consciencieuse

ana-

lyse,

l'en-

certes

et

semble pas

n'en

de pêcheurs

(détail).

résume admi-

et

rablement et

Groupe

souffre

houleuse agitation des foules autour de groupements calmes

la

dominateurs. C'est la

peinture de la vie, de toute l'activité humaine, et on

demande pis décors ou de

ce qu'on doit la

admirer

ne se

plus de la solennelle majesté des

le

vibrante intensité des détails.

D'ailleurs tout motif de nature n'a-t-il pas (Hé, presque toujours,

prétexte pour Joseph Vernet, à favoris tives,

:

gentilshommes

et

camper des groupes dans un de

un

ses cadres

nobles dames, pécheurs aux silhouettes atten-

marchandes de poissons

affairées,

muscles convulsés, turcs bedonnants

et

naufragés aux torses nus

et

aux

majestueux, esclaves grecques aux

chevelures emportées Parfois au bord d'une claire rivière, à l'ombre de rochers cyclopéens


LES YEKNET

6

dans

découverts dans les cartons du Guaspre ou Rosa, les

il

les

toiles

du jSalvator

nous montre déjeunes baigneuses, d'une divine beauté de formes,

comme

unes nues

des Vénus naissantes, d'autres prêtes à se diviniser

en se libérant, avec des mouvements d'une grâce troublante, de

L

A

P ÈC

II

E

A

L'ÉPERVIE

la

chemise

H

bourgeoise qui voile encore timidement une partie de leurs splendeurs callipygcsques.

Et tout ce

monde

respire et s'agite sous la rayonnante clarté d'un ciel

largement déployé où Vernet, ce grand peintre de l'universel mouvement, se plaît à faire évoluer (lottes fantastiques

comme l'a

dit,

que Claude

le

Lorrain, en cherchant à

décrire les triomphes du soleil et les lumineuses splendeurs

contré la célestes,

mer

et

Vernet

flottes, les

des nuages.

comme on

S'il est vrai,

sur ses océans, d'innombrables

en a

lui, a

fait le

mirage profond

découvert

le ciel,

et

du

ciel, a

ren-

rayonnant des splendeurs

en peignant

la

mer,

et avec

un égal


JOSEPH VERNET amour la

il

7

a exploré les profondeurs, parcouru les espaces, et décrit la joie,

mélancolie

et les colères

des deux immensités.

L

R

ROCHER PERCÉ

Joseph Vernet naquit à Avignon

le 11

août 171

Vernet, habile peintre de fleurs et d'oiseaux dont

i.

Il

était lils

l'art spécial

d'Antoine

déjà très en


LES VER.NET

8

vogue au commencement du xvme siècle consistait surtout à orner des chaises à porteurs,

de mascarades

parfois de scènes champêtres et

qu'il décorait aussi

».

La nature, nous apprend Léon Lagrange,

«

dernier,

ce

«

s'était

d'Antoine Vernet en

montrée

d'une

exceptionnelle

à qui

fut le

second de

nous empruntons

la famille et l'aîné des

comme

travaux décoratifs, dont

ses jours, son

dit le

les plus vifs éloges, tandis le

dans

la

et

des dessus de porte et des

et le profit. »

(?),

dont

il

lui

décorait la salle à manger,

qu'on regardait à peine l'ouvrage d'Antoine.

campagne de Rome,

rêvait déjà de

sa précoce

un chevalet,

génie naissant de Joseph Vernet qui, dans quelques années

trop étroite, de ces efforts 11

et

à

partageait à la fois avec railleur de

il

devait se manifester subitement, avec et

de son père, puis

biographe, des fruits peints par Joseph

valurent de la part d'un cardinal

Mais

l'atelier

môme

premier maître, l'honneur

môme, nous

Bientôt

dans

montre commençant,

le

en collaboration avec son père, des

chaises à porteur, des carrosses, voire ;

biographiques des pre-

cadeau d'étrennes, une palette

dès l'âge de quinze ans peignant,

trumeaux

l'égard

à

libéralité

mâles. M. Léon Lagrange,

les plus intéressants détails

à l'Age de cinq ans, à dessiner la tète,

ans recevant,

renseigné de

père de vingt deux enfants.

était

il

mières années laborieuses de Joseph Vernet, nous

huit

si

apportant chaque année un nouveau rejeton. Si

lui

bien qu'après trente ans de mariage

Joseph

l'historien

un

éclat

si

rare, au

souffrait visiblement

communs dans un genre

bord du Tibre

de cette collaboration qui n'était pas

le sien.

modèles autrement vastes que ceux qui étaient imposés à

habileté

par

la

douce autorité paternelle,

larges et profonds paysages baignés par

le

Rhône

et la

et

c'était

dans de

Durance, inondés

d'une brillante lumière, ornés de cyprès, de pins, de chênes verts, d'imposantes ruines... qu'il projetait de donner un libre essor aux oiseaux que son

pinceau emprisonnait dans

le

cadre minuscule des écussons, et de faire

s'épanouir les fleurs que les exigences de son métier de décorateur l'obligeaient à fixer Aussi, en

le

long des montants et des frises des chaises

attendant l'heure

de

pouvoir réaliser son rêve,

peintre aimait-il, aux instants de loisir, à s'égarer dans cette riante et

si

belle

porteur. le

jeune

campagne

du pays d'Avignon, à errer mélancoliquement

rivières peuplées d'îles et

à

le

si

long des

bordées d'arbres, qui l'arrosent, à s'asseoir aux


JOSEPH VER.NET

de fabriques rustiques et de

pieds des collines rocailleuses couronnées

châteaux écroulés, emplissant ses yeux de

àme même,

natal dont son

Un jour

d'artiste le

diable le tentant,

acheta

le travail,

par une bonne éducation

le

la

il

acheta une

tableau

P

KC

qu'il

II

E

toile, et se

mystérieux cardinal,

le

«

et

fit

A LA

H

le

vit à

mit à y l'œuvre,

promettre au père de cultiver de son

les talents naissants

Antoine Vernet comprit

lumineuse majesté du pays

gardera une éternelle impression.

peindre un paysage. Le cardinal,

admira

9

fils

».

LIGNE

ne pouvait persister à vouloir faire de son

élève un simple décorateur, et à contrarier plus longtemps ses tendances naturelles,

sans s'exposer à détruire dans sa Heur un génie précoce,

et

plein de brillantes promesses.

«

le

que Joseph Vernet

fut décidé

11

grand

art

»

peintre décorateur

dans

l'atelier

du

comme Antoine

se

rendrait à Aix et qu'il étudierait

vieil

ami de son père, Jacques

Yiali,

Vernet, mais qui cependant de temps

autre se plaisait à brosser, de chic, un

porl

de nier ou un coucher

à

de

soleil.

Ce

fui

en

1732, pendanl

son

séjour

à

Aix, que Joseph

Vernet put


LES VERNET

Il»

exécuter, grâce à la protection de son compatriote le

premier travail important de sa Notre

Sur

artiste

la

avait

marquis de Caumont,

le

vie,

alors dix-huit ans.

M mc

recommandation du marquis de Caumont,

Simiane,

Sévigné

marquise de

la

petite-fille

décoration

M me de

chargea de

le

,

de

la

dessus

des

de

porte de son hôtel.

Lors de

commande,

la

de

livraison

la

écrivait

elle

marquis de Caumont

au

:

M. Vcrnet est content et

«

moy beaucoup

de luy. Les

dessus de porte sont admirables, j'en ay pris douze...

Au début

de sa carrière

artistique, qui devait être

longue seph

et

»

si

Vernet

Jo-

brillante,

eut

si

dans

la

noblesse avignonnaise deux puissants protecteurs.

bord qui,

le

D'a-

marquis de Caumont

comme nous venons

le voir, lui fournit,

de

pendant

son séjour à Aix, l'occasion Joseph Vernet

(d'après

(Collection do

un crayon

original de Latour).

d'affirmer les rares qualités

M. André Dclaroçhc- Vernet.)

de l'exécution d'une

œuvre d'une

réelle

importance

son ;

jeune

talent

dans

puis le comte de Quin-

son, dont l'affection paternelle pour le jeune artiste se manifesta en toutes

circonstances,

et

grâce à l'influence duquel

il

put, bien que n'ayant pas

concouru aux grands prix de l'Académie,

se

recueillir de

rencontrer de

si

précieux enseignements,

rendre en

Italie si

il

devait

nobles sujets

d'inspiration, peindre tant de chefs-d'œuvre. C'est au milieu de l'année

1734 que Joseph Vernet

riche d'un petit pécule, dû à la générosité de ses

partit

pour

deux protecteurs.

l'Italie,


Les Baigneuses

(dĂŠtail).



JOSEPH V EH NET Antoine Vernet contribua aussi à

13

formation de

la

la caisse

de voyage en

y versant ses économies, 200 livres, dit-on.

Notre artiste avait alors près de vingt ans.

En

arrivant sur les hauteurs qui

mer

s'étend sur la paraît-il, «

jusqu'au

Vite un crayon

l'appelle, les

patientent, le

,

mer sans

limites,

et d'où

la

vue

Vernet s'enthousiasma,

délire.

Et

le voilà

voiturier

voyageurs s'imfaut repartir,

il

jour tombe.

rien

!

Le

dessine.

qu'il

bleue, sur la

dominent Marseille

n'entend

Il

tout entier au plaisir

de ses yeux, nature

— on

il

s'enivre de la

le presse.

«

Et!

«

laissez-moi, je vous rejoin-

te

drai

en route.

»

La nuit

seule, en lui dérobant la vue

du paysage, l'obligea à quitter Harassé,

place.

la

Groupe de personnages

(détail).

affamé,

couvert de poussière, c'est à l'auberge seulement qu'il rejoignit arrivé depuis plusieurs heures

La traversée de

'.

beauté

coche,

»

Marseille fut des plus

à l'émotion des tempêtes dont

le

il

devait

mouvementée si

et initia le peintre

souvent exprimer

la tragique

!

L'amour de Vernet pour

la

mer

s'y

manifesta sous une forme héroïque.

D'ailleurs son intrépide altitude au milieu des flots déchaînés a été popu-

par

larisée

la

peinture, par l'estampe, et

môme

par la chanson des poètes.

Voici l'émouvant récit que nous fait de ce premier voyage en

biographe «

Il

navire,

si

bien renseigné du peintre

vogue vers il

l'Italie,

écrit

mer

le

:

M. Lagrange,

et,

debout à l'avant du

ne peut rassasier ses yeux du spectacle de

la

mer

mais

bientôt la houle se creuse, et l'œil étonné du voyageur voit des abîmes s'ouvrir devant lui.

1

Léon I.ngrango.

Une

teinte

plombée

se

répand sur

la surface

de

la

mer.


LES VERNET

14

Le

devienl

flol

sombre

Les passagers désertent matelots se préparent, l'impression

pour délier soleil,

menaçant, un vent violent

el

le

le

ponl un

roulis.

grain s'avance. Mais Vernet ne peut s'arracher à

Enfin voici

VCE

lianes

le

L'o-il

le

grand ouvert, l'âme

sifflent, les et

partout,

comme

à

le

un signal

E V A N T

le

long de ses murailles, puis

bord, balayant tout sur leur passage.

Ou

est

jeune peintre.

en lui-même. Autour de

ment,

DU L

s'accroche au bordage

nuages noirs voilent

des

:

le ciel,

du navire puis montent en murailles

devenu

lire

grain

Il

nier irritée se lève, les lames bondissantes se jettent contre les

la

passent par-dessus

elles

le

un demi-jour sinistre éclaire seul

donné,

fouette au visage.

un. Le capitaine hoche la tête. Les

à

multiple qui transforme son âme. le

le

saisie, lui

il

regarde,

tout tremble.

il

comprend,

Le vent mugit,

mâts gémissent, des voix lamentables semblent

celui-ci, ballotté

nier en délire. La place

dans l'espace,

il

n'est plus

commence les

sortir

à

cordages

du bâti-

qu'un hochet pour cette

n'est plus tenable, le pont se

dérobe sous

les pas.


OS Kl'

,1

Que

Comme

front haut, a

un poste d'honneur,

continue de dominer

il

vagues en fureur,

Il

que

au mât du navire,

et,

la vie ait été

lui-même,

mer, de ce baptême des

»

racontée avec un plus grand luxe

de Joseph Vernet. Et cela vient de ce que ce dernier,

celle

dès ses débuts dans

de peintre, eut l'heureuse idée d'écrire ces

la carrière

document autobiographique du plus grand

Livres de raison,

manœuvre,

L'artiste se révèle à

!

marine.

sort peintre de

il

la

éléments qui l'assiègent.

les

terribles caresses de la

les

peu d'artistes dont

est

de détails

commander

se fait lier

il

Quelle est belle cette ivresse du génie

recevant avec joie

et

15

capitaine qui ne veut pas cesser de

le

lui aussi se croit à le

VERNET

Vernet?

alors

fait

M

intérêt, et

dans

rattachante lecture duquel Vernet nous apparaît tout entier, à travers

les

triomphes de son âge mûr,

les

luttes et les incertitudes de ses débuts, les

défaillances de sa vieillesse.

On

aussi

lit

y

non seulement son

de ses contemporains.

on

voit défiler

les

bourgeois

cardinaux

marchands,

et

ce xvm° siècle

princes,

marquises,

les

grandes dames

ducs

les

rois si

même

éclairé et

et les

plupart

non interrompue,

les

abbés, les

amateurs

et les

si

empereurs; en un mot, tout ce qui, dans

frivole, a

aimé ou 1 .

feint d'aimer les

commença

la

produc-

»

une année après son arrivée à Rome,

Joseph Vernet

et

et les petits

et les financiers,

tions de l'art et a su les payer à leur prix C'est

la

lords anglais, les barons allemands, les seigneurs russes

les

et suédois, les

les

de

sur les verres d'une lanterne magique,

dans ces pages, procession brillante

les

et

Comme

«

niais celle

histoire,

c'est-à-dire en

1735, que

rédaction de ces Livres de raison, qui, sans

lacunes appréciables, devaitse continuer jusqu'en 1788, un an avant sa mort.

M. Léon Lagrange nous apprend,

et

nous

le

croyons sans peine, que

la

reproduction textuelle et complète des Livres de raison était chose impossible qu'il fut

et

chaos de

dans

la

nécessité de soumettre à un

faits disparates.

Il

en

est

1

les titres

généraux de Livre de

Léon Lagrange

ce

résulté trois sériés distinctes de docu-

ments que l'auteur de Joseph Vernet sous

remaniement général

et

la

vérité,

peinture au xvm" siècle a classé

Journal

el

Adresses..


L ES

16

«

Le Livre de

vérité,

c'est l'état

VERNET chronologique des travaux de Joseph

Yernet, dressé de sa propre main. «

Le Journal,

«

Les Adresses,

c'est sa vie

c'est le

racontée par lui-même.

monde au

milieu duquel

il

a vécu.

Les dimensions de notre cadre d'étude nous interdisent

la

»

reproduction

intégrale de ces curieux documents, mais nous ne saurions trop en

Le midi

mander la vie

la lecture à qui désire

xviii

connaître dans tous ses pittoresques détails

mêlées au mouvement artistique

et

mondain de

la

deuxième moitié

siècle.

Sans doute tout taire

(l'approche de l'orage).

d'un grand artiste dont toutes les heures de l'existence furent pour

ainsi dire

du

recom-

l'esprit si

n'est pas d'un égal intérêt

dans

cette pièce

documen-

étrangement méticuleux de Joseph Vernet apparaît à

chaque page. C'est

ainsi,

par exemple, qu'il

d'apprendre que

le

importe assez peu à l'historien d'art

20 octohre 1753, à Marseille,

le

perruquier a com-




JOSEPH VERNET mencé le

20

«

de raser

1760

juillet

M. Desproux

le

beau-père du peintre,

est restée

L9

que sa femme ayant accouché

et

quarante jours sans se faire accommoder par

».

Mais aussi, que de renseignements précieux à recueillir dans vérité,

où sont indiqués

commandes

les

et les

Livre de

le

reçus correspondants, où sont

Clair de lune sur la mer

mentionnés

les

salons qui virent les tableaux

et les

ventes par lesquelles

ils

passèrent.

Que ne possédons-nous Il

serait dès lors résolu le

civil

les Livres de raison

de tous nos grands peintres

problème de l'établissement,

si

!

désirable, de l'état

des œuvres d'art.

Mais,

il

faut bien le reconnaître, très rares sont les artistes qui,

Joseph Vernet, se tiennent dans un

si

parfait équilibre entre

le

comme

songe

et


.

LES VERNET

•20

réalité et savent

la

descendre des profondeurs du

ciel,

ou échapper aux eni-

vrantes douceurs des Arcadies rêvées, pour se livrer à des notations dans

genre de celles-ci mantelet,

:

«

Donné étrennes au

coitïe, collier...

Faire

des jarretières, un ruban pour

cheminées fument. Vendre Acheté saucisses

mon

fils

159

et

accommoder mes le

has. Acheter des bougies,

bonnet. Panser

armoire,

pour des

laissé notre

jeune

frais qu'il avait faits

vers

Italie

artiste à

Home

revenait au pays natal, la

s'ignora Virginia

Parker, qui commandait fils

à celle

1734,

Tannée 1751 que

niers parisiens appelaient M. Vernet de

mante femme,

Rome. Courons

l'y

rejoindre.

après ce terrible

parlé, Vernet y séjourna plus de dix-

sept ans, et ce fut seulement à la lin de

il

pour sa thèse,

»

'.

milieu de Tannée

le

baptême des vagues dont nous avons

Parti seul,

les

berceau.

et

lit

si

gâteaux de sève... Payé à M. Drouot agrégé du droit pour

plus un cayer de droit français 12 livres, etc., etc.

Débarqué en

Voir

les sonnettes.

bouteilles, matellats,

livres, et 18 livres

Nous avons

ma femme

Acheter pour

portier...

le

que

les salon-

rentra en France.

accompagné d'une jeune

Parker

époque

celui

2 ,

fille

l'escadrille

et

char-

du capitaine irlandais deux

pontificale, et de

Livia et Orazio.

Dès son arrivée à Rome, Joseph Vernet, obéissant au programme d'étude assigné à son talent par ses nobles et généreux protecteurs qui ne compre-

naient guère qu'un jeune peintre envoyé dans la fectionner dans son art

maîtres académiques toire,

et

pût

pour se per-

rechercher d'autres leçons que

s'inspirer

d'autres

sujets

celles

que de ceux de

des

l'his-

s'appliqua d'abord très consciencieusement, avec une ferveur toute

classique, à peindre la ligure les galeries il

ville éternelle

exécuta

du Vatican, du Capitole

même

dans ces études,

ivres de va ison

'

/.

2

Vanloo on

humaine, promenant son calepin

a fail

des palais romains.

une remarquable copie de qu'il apprit Tari

(j

et

la Flore.

A

la

à

travers

Farnésine,

VA c'est, sans doute

de dessiner avec une précision que jamais

ournal)

un excellenl

portrail qui est la propriété de la famille Delaroche-Vernet.


JOSEPH VERNET ne connut un peintre de paysage,

campagnes

pler ses quais, ses

Mais, en supposant

d'histoire, l'émule

personnages dont

il

allait

bientôt peu-

et ses ruines.

même

Vernet eût senti naître en

les

qu'en sortant de

lui la

l'atelier

de Jacques

Viali,

noble ambition de devenir grand peintre

deSubleyras dont

les

pompeuses compositions obtenaient

M EH CALME alors un

si

grand succès à

difièrent au spectacle de la

Rome

et à Paris,

bien vite ses intentions se

mo-

mer rayonnante, soudainement apparue du haut

des collines qui dominent Marseille, puis vue dans sa plus tragique beauté, soulevée par la tempête, flagellée par les vents et hurlant de tous ses

autour du vaisseau qui

Du même coup, mais, pendant de Il

vit

dans

décoration,

cl

si

il

le portait, lui cl sa

comprit

la

flots

fortune.

grandeur du sujet que son rêve

allait

désor-

longues années, caresser avec un persistant amour.

la

peinture de

le

souvenir

la

nier autre chose qu'un motif gracieux de

poignant du

vaisseau en détresse,

des

lianes


V EH NET

l,KS

22

duquel s'échappaient des genre d'art où

mensité du

la

de terreur et de désespoir

cris

drame humain

représentation du

ciel et l'infini

des

lui

apprit qu'un

aurait pour cadre l'im-

pouvait facilement s'élever à la dignité

flots,

de la peinture d'histoire.

Rome,

Aussi, à peine débarqué à

marine qui put

lui

il

se

mita

la

recherche d'un peintre de

enseigner la grammaire du genre spécial qu'il

allait

bientôt illustrer avec tant d'éclat. Il

trouva

le

vieux Bernardino Fergioni, dont les amvres sont aujourd'hui

bien oubliées, mais dont les conseils étaient excellents et qui initia son

jeune élève à tous les mystères de son art familiarisa avec la technique

le

il

navire, lui expliquant le rôle de

vements de marche,

De

l'atelier

la

si

compliqué. En quelques mois

du métier,

chacun des agrès,

manière d'exprimer

enseignant Yanatomie du

lui

le

jeu des voiles, les

les divers aspects

mou-

de la mer...

de Fergioni, Vernet passa dans celui d'Adrien Manglard,

autre peintre de marine né à Lyon, et qui après y avoir reçu les leçons de

Van

(1er

gioni,

Cabel, était venu s'établir à

Vernet avait appris

artiste, corrigea très

l'A, B, C,

heureusement

Rome

où son succès

grand. De Fer-

était

du métier. Manglard, plus peintre, plus les

lourdeurs du pinceau,

la

sécheresse

de dessin, contractées dans râtelier du vieux praticien. Son influence sur talent de

le

Vernet semble avoir été des plus heureuses.

Malgré nos minutieuses recherches, nous n'avons pu savoir exactement

pendant combien de temps Joseph Vernet glard, mais il

il

est certain

que lorsqu'il quitta

ne dut demeurer que quelques mois,

moyens d'expression

et à la veille

faut bien le reconnaître, ce fut les

avant

il

était

de ce dernier artiste où

en pleine possession de ses

pendant ses premières années les retentissants

dithyrambiques de l'abbé Leblanc

la visite providentielle

l'atelier

d'Adrien Man-

de signer ses plus purs chefs-d'œuvre. Car,

commandes sans nombre, avant

les éloges

suivit les leçons

et

d'Italie,

il

avant

succès parisiens, avant

du Mercure de France,

du marquis de Marigny à son

atelier de

même Rome

que, sans nul souci de la mode, avec toute la fraîcheur de sa jeunesse, avec toute l'émotion de son cœur,

ques trop rares spécimens,

il

peignit ces tableautins charmants, dont quel-

comme

le

Clair de lune... figurent au

à

lui faire

le

Châleau Sainl-Ange,

musée du Louvre

une place d'honneur parmi

les

et

le

Ponte Rolto,

dont l'ensemble

suffirait

plus grands maîtres du paysage.


JOSEPH VERNET

"23

J'imagine qu'une exposition d'art où l'on ne verrait que des œuvres de

Vernet exécutées entre manière, écloses sous Italie,

les

le

années 1735

175 1

et

,

œuvres de

la

première

pinceau du jeune maître pendant son séjour en

obtiendrait aujourd'hui

même un

retentissant succès.

Mais quelle main providentielle pourra jamais rassembler pour

la joie

nos yeux ces petits chefs-d'œuvre vaguement catalogués sous ces divers

Vued" Albano, Paysage de Lariccia,

:

de Nêmi, la Villa Ludovisi,

le

Matin

Lac Lucrin, Pouzzoles,

Sorrente, le

la

la

Chasse aux Canards,

et le Soir, le

Roule

le

Lac

d' Amalfi et «

ces Vues de Tivoli,

pour un habit, veste

passaensuite dans la collection de M. de Julienne, qui l'acheta

et culotte h, livres.

Toutes ces

toiles

charmantes n'ont pas heureusement subi

du fameux Port de mer au périt avec

le

soleil,

l'œil

du

le

triste sort

une des œuvres capitales de Vernet, qui

château de Saint-Cloud, mais leur dispersion dans tous

musées du monde en rend où

titres

Port de Civita-Vecchia,

dont l'une vendue par Vernet, nous apprend Diderot

2.650

de

très

l'art

problématique une exposition d'ensemble

vivement frappé par l'accent instinctivement

visiteur eût été

révolutionnaire de

les

du jeune peintre par

le

de réaction qui

souffle

l'anime contre les doctrines et les formes du passé.

Joseph Vernet, surtout dans ses œuvres premières, futsinon un initiateur,

du moins un précurseur. Son influence sur le

paysage depuis 1830

est

indéniable.

le

mouvement

Sans doute dans

qui s'opère dans les

vues d'Italie

l'amoureuse recherche du naturel s'unit encore parfois à de traditionnelles

malgré

formules, mais

cela,

une pénétrante impression de

dégage, et telles de ses œuvres,

Ange,^ Port de et l'on

se

le

Ponte Botto,

le

fois

toutes choses vivent

si si

fine et

si

savoureuse,

si

jolies toiles,

délicate et

réellement au milieu des reflets

si

forte,

d'une et

et des ombres dans

miroir limpide des eaux et sous la clarté vibrante et argentée du

Nous

s'en

Château Saint-

Civita-Vecchia, semblent animées d'un esprit tout moderne,

prend à songer à Corot en contemplant ces

exécution à la

le

comme

vérité

voici bien loin des Courtois et desParroçel, voire

même

ciel

1 .

des Bidault

1 Corot qui devait d'ailleurs, près d'un siècle plus lard, suivre pas à pas pour ainsi dire la ruute lumineuse de Joseph Vernet à travers l'Italie et s'arrêter comme en pèlerinage à chacune des haltes artistiques du grand peintre, avait pour le talent de ce dernier une profonde admiration. Nous connaissons de lui plusieurs curieuses copies d'après les toiles de J. Vernet.

3


LES VERNET

24

cl

des Aligny, suprêmes

vaient

el

animer l'éblouissante

héroïques défenseurs d'un art que seuls pou-

du Lorrain

fantaisie

grand rêve mélanco-

et le

lique de .Nicolas Poussin.

Avant de gagner Paris où l'attendaient

fortune et les honneurs,

la

Verne! séjourna une année à Marseille.

Quelques fervents admirateurs,

les Poulhariez, les Guis, les Taurel...,

tous

négociants

riches

amateurs son

d'art, y guettaient

passage

ils

tirent

lui

et

d'importantes

dont

et

commandes

demandèrent

l'exé-

cution sur place.

Ce que voulaient en ces excellents

effet

Marseillais,

c'étaient de pathétiques re-

présentations de leur port,

de

lumineuses apothéoses

de leurs

flottes

chargées de

richesses, des images terrifiantes de cyclones

où leurs

navires bondissaient au milieu des

vagues monstrueu-

ses sous

un

par

le

ciel

noir déchiré

zigzag des éclairs.

Alin d'ajouter encore à

l'émotion du sujet l'un de Les pêcheurs

i

t a lie n s

ces

çants, un certain M. Bourlat, exigea

de

la

trait

composition,

de

M

On ne

comme

même

saurait vraiment féliciter

songer aux

frais

«

une

figure qui fût le por-

».

Vernet d'avoir asservi son talent aux

exigences parfois ridicules de c?s Mécènes de paraît-il,

commer-

de l'artiste qu'il plaçât au centre

un point lumineux

me Bourlat, son épouse

honorables

du voyage

à

la

pacotille,

mais

il

fallait,

Paris et aux lourdes charges qui

résulteraient de l'installation définitive de toute la famille dans la capitale.

Or, ainsi que l'attestent les Livres de raison,

Joseph Vernet possédait au


JOSEPH

même

phénomène

degré,

du rêve

tion et

Parmi

Marseille (1751 et 1752),

meilleures,

ses

et

2b

le

don de

l

imagina-

très pratique de la vie.

nombreuses

les

ET

IN

assez rare chez les artistes,

un sens

et

V EK

toiles il

en

lors de son séjour à

que Vernet exécuta esl

deux cependant qui compteront parmi

où l'on

rencontre l'exécution libre et

savoureuse des peintures

Ce sont

d'Italie.

et

la

qui

Baigneuses,

les

Tempête

commandées

furent

M. Poulhariez chelou a

fait

lui

par

dont Ba-

et

deux superbes

gravures.

Nous

voici à

l

ime des

dates culminantes de

de

Le

l'artiste.

17ol)

va

déjà

agréé

de peinture depuis

de se

salon

s'ouvrir.

de

la vie

de

Vernet,

l'académie

de sculpture

et

août 1745, rève

le

recevoir sans

faire

retard de ce corps illustre, et

il

éclat.

assuré

veut y

entrer

Aussi,

après

par

avance

avec

d'habileté

(voir

beaucoup

dans son Journal)

le

avec s'être

La pêche au cLAin de la luxe

concours de puissantes amitiés parisiennes,

il

com-

pose au salon un merveilleux panneau de douze toiles, choisies parmi ses meilleures,

et

toutes groupées autour du

port, tableau de i pieds de large sur 3 et

Fameux

couchant sur un

soleil

demi de haut, œuvre de premier

ordre qui a malheureusement péri en 1S70 dans l'incendie du château de

Saint-Cloud

1 .

«

Autour du morceau de réception, nous

dit

M. Lagrange,

prenait une La p.ulic de ce palais où se trouvaient les appartements de l'impératrice c vaste pièce appelée salon des Vernet, et qui était presque entièrement composée de toiles signées 1

de Josepb Vernet. On n'en comptait pas moins de huit La Nuit mr terre, le Coup de vent, leSo//-, la Tempête,

:

le

Matin,

le

Soir à

I"

mer,

le

Matin sur


LES VEltNET se groupaient cinq tableaux lette.

Tempête, brouillard,

du cabinet Peichon soleil

et

six

levant et couchant, port de mer, cas-

cades, paysage à la Salvator Rosa, parties de plaisir sur rien n'y manquait. se

montra dans

Le salon de 1753

toute sa richesse

du cabinet de Yil-

et

est le

le

bord de

premier où ce talent

dans toute

la

mer,

flexible

sa variété. Aussi la critique

La tempête fut à

peu près unanime. Tout ce qui

exposition,

prit la

plume pour célébrer

cette

une des plus belles que Ton eut encore vues, exprima en

termes chaleureux son enthousiasme.

mer, la.Nu.it, ces huit tableaux furentpeints en 176C pour décorer le château de la Ferté-Vidame qui appartenait à M. Joseph de la Borde. Dans une lettre à Falconnet, Diderot se plaint de ce que M. de la Borde accapare Vernet « Il ne faut rien attendre de Vernet; il est très occupé et il :

en reconnaissance tout son temps à M. de la Borde qui lui paye la vente du prix de ses tableaux d'avance. » Du château de la Ferté-Vidame ces toiles passèrent, en 1784, à Méréville, autre terre de M. de la Borde. Ils y demeurèrent jusqu'en 1819, époque à laquelle la terre de Méréville fut vendue à M. Vers. En 1824, ce dernier vendit au roi les huit toiles de Vernet, pour 32.000 francs. Ils furent placés au palais de Saint-Cloud. doit


JOSEPH VER NET On compara Joseph Vernet rain; quelques-uns

Un

plumitif du

à Poussin, on

le

compara à Claude

même décidèrent qu'il surpassait ce dernier. nom d'Estève, ayant hasardé une observation

relever de la belle manière par

vit

-27

le

le

Lor-

timide, se

fougueux Joubcrt, auteur de

la

Lettre

à un amateur. De toutes ces critiques, celle de l'abbé Leblanc dut être la

cœur de Joseph Vernet.

plus douce au

Non seulement rien

l'abbé

mais, après avoir

;

le louait

en français

fait ressortir les

et

en

latin, ce qui

ne gâte

qualités du grand tableau présenté

à l'académie, la finesse et la correction des figures, l'intelligente distribu-

tion

de

lumière,

la

la

chaleur, la vérité de ce

morceau véritablement grand maî-

cligne d'un tre,

il

ajoutait

:

«

En

enlevant cet illustre artiste

à

l'académie

de

Rome, M. de Yandières Groupe de pécheurs

(détail).

(marquis de Marigny) a travaillé à

la gloire

brité qu'il a

désormais ('-'était

de celle de Paris

il

;

s'était

rendu, par

dans toute l'Europe, digne des bienfaits du

à la

une

France. invite

la

haute célé-

roi, qui l'attachent

»

non déguisée

à la

commande

officielle.

Le marquis de Marigny y répondit en confiant à Vernet, avec l'agrément du roi, fort heureusement conseillé en cette occasion par la Pompadour, la mission de représenter les principaux ports de

mer du royaume.

Tout un programme d'exécution, rédigé sans doute par une main au courant de

la situation

de chaque port, fut imposé

leurs eut souvent le courage et le

Ce programme

était

bon goût de ne pas

accompagné d'une

document administratif catalogué dans français, sous ce titre

pour

les

marines.

:

«

à le

qui d'ail-

l'artiste

suivre à la lettre.

sorte de feuille de route, le

très

curieux

tome IV des Archives de

l'art

Projet d'itinéraire pour M. Vernet, peintre du ro\

»

Les sujets choisis furent: Marseille, Toulon,

An tibes,

Celle,

Bordeaux,

Bayonne, La Rochelle, Roehefort, Lorient, Brest, Saint-Malo, Le Havre, Dieppe, Calais.

.


LES VERNET

28

Certains de ers

Toulon, Bordeaux, Lorient, Brest,

Marseille

ports,

représentés sous divers aspects, ce qui fixait au chiffre de

devaient rire

vingl les toiles à exécuter.

Mais d'impérieux motifs, parmi lesquels des poi

il

faut

compter

le

blocus étroit

de Lorient, de Brest, de Saint-Malo, par les flottes anglaises et

ls

l'absence absolue des vaisseaux du roi dans ces ports désertés, modifièrent le

programme

et réduisirent la

lourde tâche de

l'artiste.

Voici la liste des sujets formant la suite complète des ports de

Vernel

mer de

:

Marseille (deux vues),

Toulon (deux vues), Antibes,

Cette,

Bordeaux

(deux vues), Bayonne, La Rochelle, Rochefort, Dieppe.

L'ensemble de cette œuvre considérable qui de 1753

1763,

à

fut

accomplie en dix ans,

du plus grand intérêt, malgré que

est

l'artiste,

obsédé,

peut-être, par les conseillers officiels, et obéissant alors visiblement à un

sentimenl

de

presque

lassitude,

de

voisin

courir trop négligemment son pinceau

l'irritation,

laissait

parfois

travers les détails d'un sujet à peine

à

entrevu. Si

profond respect du Ion local apparaît dans

le

de Marseille

et

d'Antibes, enveloppées de la chaude

provençale, don! l'âme du peintre était elle-même n'en

est

plus ainsi dans

hors

de

la

la

des autres

plupart

présence directe du sujet

maires, quelquefois

même

et

les et

vues de Toulon, brillante lumière

comme

toiles,

imprégnée,

il

souvent exécutées

d'après des esquisses très som-

de légers croquis

à

peine soutenus d'encre de

Chine.

Le port de Dieppe, tout entier à Paris,

le

dans

moins bien l'atelier

réussi d'ailleurs de la série, fut peint

du Louvre, d'après quelques

détails saisis

au vol. C'est à celle date qu'eut lieu entre le peintre et le Directeur général des

beaux-arts, auquel

il

est impossible en la

raison, ce très significatif «

Il

échange de

nie semble, écrit Vernct au

toutes les éludes nécessaires pour côté de ville,

la

mer,

mon

aise

:

marquis de Marigny, qu'après avoir port de Cette, surtout

qu'il serait assez inutile

où je serais mal à

la cliose

le

lettres

circonstance de ne pas donner

pour

n'exige pas nia résidence sur

y le

si

je le

fait

prends du

de m'établir dans cette méchante peindre ce tableau, lieu, je

et si je

vois que

pourrais l'aller exécuter

à


VERNET

.IOSKIMI

29

Bordeaux, où je trouverais plus de secours pour doivent orner

le

tableau de Cette...

les parties accessoires qui

»

marquis de Marigny de répondre, non sans humeur

Et le

:

Quelque

«

envie que j'aye de vous procurer dans vos travaux tous les agréments pos-

ne puis consentir au désir que vous avés, après vos études

sibles, je

observer que

tableau à Bordeaux, et je crois devoir vous faire

finir votre

de ce port, de

le

faites

roy paye vos

tableaux, de façon à exiger que

vous leur donniés toute possible,

fection

per-

que vous

et

ne sauriez mieux

la

les finir

que

sur les lieux. Ainsi je compte

que vous achèverez votre

ta-

bleau de port de Cette à Celle

même, poils

dont

d'au Lan t que de tous les c'est le seul

du royaume, séjour

le

ne

soil

pas

agréable, et vous n'aurés que

quelques

mois à vous priver

des commodités que vous n'y Irouverés pas.

» 1.

Vernet, bien à contre-cœur s;ins

dont

Cette,

il

'

A

(.

Il

KA

1) I.

E

S

du port de Marseille d'après

OC ÉT I

la

É

gravure

île

Le

lia*.

séjourner à

dut

doute,

(tk'lail

d'un

fit,

large pinceau,

qu'une colère

intérieure semblait

une représentation terriblement orageuse. Ne dirait-on pus que

diriger,

nier, sortie furieuse

de ses abîmes, va se ruer sur

la

«

méchante

ville

la

», et

l'anéantir à jamais

A

la

Rochelle Vernet eut cependant une inspiration géniale et la repré-

sentation de ce poi

l

compte, non seulement parmi

peintre, mais encore

parmi

les

meilleures œuvres du

remarquables de noire école

les toiles les plus

paysagiste.

Parlant de cette œuvre, dont toute

la

l'apparition, l'hyperbolique Diderol s'écrie

un

ciel

;

voilà des

tableaux vrais

cl

eaux transparentes

;

critique salua avec :

«

enthousiasme

Voilà ce qu'on peut appeler

et tous ces

groupes ce sont autant de

caractéristiques du local... Regardez

le

porl de

la

Rochelle


LES VERNET

un

avec une lunette qui embrasse et,

champ du

tableau et qui exclue la bordure,

oubliant tout à coup que vous examinez un morceau de peinture, vous

vous de

le

comme

écrirez.,

la

nature

vous

si

même Ah :

beau point de vue.

le

!

au haut d'une montagne, spectateur

étiez placé

»

Aujourd'hui encore, malgré certains fâcheux détails

du quai, d'une exécution trop conventionnelle, Vernet, dans son harmonie nelle à côté

du Port de

l'atmosphère, du

ciel et

la

à la

comme

Port de

le

les

la Rochelle

Rochelle de Corot. Quelle enivrante poésie de

des eaux dans ces deux merveilleuses toiles où le

le

grand maître de

exprimé avec une émotion

si

tendre

soleil, et

le

moderne a

l'école paysagiste

!

répandu

ces toiles où se trouve

le

génie des deux grands

suggère forcément un rapprochement entre

artistes

comme

timide rayonnement de l'astre nais-

sant à travers les brumes argentées du matin

La vue de

de

vibrante et douce, vit d'une vie éter-

ibis

peintre du xviir siècle a décrit avec un art infini la mort lente et

triomphale du

arbres

elles.

Et cependant

quelle dissemblance entre la facture nette et précise de l'une et le dessin

vaguement estompé de Dans l'une

les

frissonne sous

l'autre.

Chaque

eaux dorment sous le

vol des nuages.

lités très

calme du

le Ici,

quelques figures isolées s'ébauchent

ciel,

dans

les différencier.

l'autre

;

des groupes aux individua-

décrites et d'une spirituelle et joyeuse allure, s'agitent

ment. Vernet nous montre

Néanmoins

la

la

l'onde

sur les quais silencieux et déserts

peine

à

semble vouloir

détail

bruyam-

Vie et Corot le Rêve.

double vision de ces deux

toiles persiste

dans une sorte de

confusion harmonieuse de tons d'or et d'argent, au fond de l'àme de ceux qui ont eu la joie de les admirer. Pour qui désirerait se créer la fâche assez facile

de définir les profondes affinités qui relient entre eux

et celui le

l'art

de Vernet

de Corot, l'examen de ces deux toiles célèbres s'impose, car, malgré

contraste frappant de leur aspect général et aussi de chacun de leurs

détails,

elles

comme deux

apparaissent

dans

la

succession

des

l'ancêtre, chez le précurseur, chez le

même

la

historiques

miroirs aussi mystérieux que profonds où les talents fraternels

de deux grands artistes resplendissent de leur éclat

tara,

peintures

même

délicatesse de

le

plus pur. C'est chez

contemporain des Oudry

touche,

la

même

et des

Lan-

souplesse d'exécution,

le

souci de rendre la fluidité des eaux, la légèreté flottante des ombres,

les demi-teintes grises

des terrains,

la

transparence du

ciel,

que chez

le


L

I!

S

PLAISIRS DE

L

'

Y.

T É



JOSEPH grand peintre moderne,

fidèle

et

V EU NET

33

interprète

divin

de

de

vérité

la

la

nature.

Dans

du port de

cette belle peinture

Rochelle on retrouve toutes les

la

du peintre des bords du Tibre, des vues de

qualités

la

campagne romaine

du golfe de Naples.

et

C'est

un retour heureux vers

la

première manière toute de franchise

de sincérité.

et

Grâce aux superbes gravures de Cochin

France

et

est la partie la plus universellement

de Le Bas,

des Ports de

la suite

connue de l'œuvre de Vernet;

mais, en dépit de leurs remarquables qualités de composition, ces toiles,

sauf celles qui représentent

les ports

de Marseille, de Toulon, de Bordeaux

de la Rochelle sont de médiocres peintures.

et

Elles valent surtout par leur exactitude spirituel des 11

innombrables personnages qui

panoramique

les

par

et

le

dessin

animent.

y aurait tout un livre à écrire sur l'odyssée des ports de France, depuis

départ pour Marseille jusqu'à l'exécution du port de Dieppe dans l'atelier

le

de Paris.

Que de pittoresques aventures sur dant ces dix années de vie errante

La les

tout le

M

de

monde

ne

Il

:

fallait

Vernet

permet de suivre presque pas à pas

pas moins de trois chaises de poste pour contenir

et sa

me Vernet, le vieux

grandes routes de France, pen-

!

lecture des Livres de raison nous

voyageurs.

les

femme,

Livia, Orazio, Emilie et Carie

commodore Parker,

tout

heureux de

1 ,

le

père

faire le tour

de France et de visiter les ports de mer, à la suite de son gendre richement

muni de recommandations de

toutes sortes pour les autorités provinciales;...

puis voici M. Volaire, élève de Vernet, le valet de chambre, la bonne, la nourrice...

Plusieurs charrettes qui suivaient cahin-caha les chaises

et

où s'entas-

saient des caisses à tableaux, des chevalets, des boites à couleurs, des portefeuilles,

la

des berceaux d'enfants, des carions, des malles,... complétaient

physionomie pittoresque de

cette étrange caravane, et lui

donnaient

l'as-

pect d'un convoi d'émigrants ou d'une troupe de comédiens en voyage.

1

Carie naquit pendant

M

me Vernet 1760, que (Voir page 50 du livre

le

donna

séjour à Bordeaux, le 14 août 1758. Ce fut à Bayonne, 20 juillet jour à sa lille Emilie, dont la destinée devait être si tragique.

le

)

4


LES VERNET

34

La bonne

humeur de Vernet

était

bien petite place dans sa joyeuse

pendant celte fatigante,

s'il

vie

de

campement

grande

et

àme provençale

dut

lui

la

mélancolie tenait une

toujours ensoleillée. Ce-

paraître à la longue

ennuyeuse

quelques lettres qui nous sont parvenues,

faut en croire

sa lassitude se révèle en termes non équivoques. Mais son

et

et

mécontentement

Incendie nocturne

avait surtout

pour cause

la

négligence du Trésor à s'acquitter envers

lui

dettes contractées par l'État. Sa patience naturelle s'irritait d'autant

des plus

de ces incorrections administratives, que ses charges de famille croissaient de jour en jour

et l'obligeaient à se

procurer des ressources nécessaires par

une production trop souvent hâtive, d'œuvres que passage des amateurs provinciaux

lui

commandaient au

'.

Le paiement dus commandes des ports de France ne se trouve ordonnancé d'une façon qu'en 1775, c'est-à-dire vingt-trois ans après le départ pour Marseille de Joseph Vernet, muni des instructions de M. de Mariimy. 1

définitive


VERNET

JOSKIMI

Ces conditions d'existence fatiguèrent

3o

l'artiste et finirent

prendre en horreur ces perpétuelles pérégrinations dont

il

par

s'était

lui faire

d'abord

tant réjoui. 11

toutefois

serait

souverainement injuste de reprocher

à

Louis

XV

d'avoir confié à Vernet l'exécution de celle suite des Ports de France, puis-

Li:

que

l'artiste

a

rencontré

d'utiliser les précieuses

de figures

à

la

RETOUR

dans

DiiS

PÊCHEURS

commande une

celte

ressources de son

composition

du

plus

occasion

unique

incomparable talent de peintre

spirituel

tableau

de l'ethnographie

nationale.

A

côté des seigneurs et des nobles

ses Provençales,

Basques,

voqués par

dames du temps,

ses Bordelais et ses Bordelaises,

Olonnaises, ses pêcheurs sa spirituelle

fantaisie

ei

ses

ses

Provençaux

ri

ses Saintongeoises, ses

pêcheuses du Pollet, con-

du fond de leurs provinces ou de leurs


LES VERNE

36 villages

T

une étonnante sûreté d'observation sous

côtiers, et décrits avec

leur éclatant costume de fête ou leurs pittoresques habits de travail, vivent

des vastes compositions dont

d'une vie réelle aux premiers plans

égayent

et

animent

les perspectives architecturales.

xvm c

Bien d'autres artistes du

que des ligures isolées où

la vie

dit

siècle,

Lagrange, se sont appliqués au costume,

dépens de

«

Moreau

très

judicieusement Léon

les

uns n'ont représenté

mais

manque. D'autres ont

est parisien,

et

suivi la fantaisie

une certaine

la vérité. D'autres se sont limités à

est bourgeois,

ils

classe.

aux

Chardin

du grand monde. Joseph Vernet

seul a peint la foule. Chez lui les costumes de tous les âges et de toutes les classes se coudoient librement, la noblesse à côté taire près

du bourgeois;

dame

mili-

mot d'ordre de

le

Paris;

le

galérien tout

».

rimeur du temps,

C'est aussi l'opinion d'un certain qui,

le

paysan, fidèle aux traditions du terrain, à deux

le

pas du petit maître qui reçoit contre la grande

du bas peuple,

en une épitre mirlitoncsquc

membre de l'Académie royale

à Monsieur

«

le

poète Bouquier,

Ver/iet, peintre

de peinture et de sculpture

»,

Sur

«...

Un Calfate

un

les

poème

extrait de ce

bizarre

bords d'un vaste bassin,

peuple innombrable fourmille,

une tartane, élève un magasin,

Transporte

le café, l'indigo, la vanille,

D'huile et de vin fait rouler les tonneaux

De sucre

et

de tabac voiture les bocaux.

Le soldat, L'oftîcier

la

aux

Le jeune abbé,

femme, traits le

Le commerçant,

la fille,

valeureux,

sergent,

le

le

chanoine,

procureur,

le

moine,

Le conseiller aux longs cheveux,

Le pâtre,

le

paysan,

la

timide bergère,

Le commis insolent, l'impudente harangère, Le philosophe sourcilleux,

Le petil-maitre qui s'admire L'amoureux transi qui soupire. Et

le

partisan dédaigneux...

»

roi

s'est efforcé

décrire l'œuvre du peintre. Voici, à titre de curiosité,

du

:

et

de


JOSEPH VERNET

37

A

peine de retour à Paris, Vernet recevait cette lettre de M. de Marigny.

«

C'est avec bien

que

le roi

du

Monsieur, que je vous informe de

plaisir,

vient de vous accorder. Sa Majesté vous a

des galeries du Louvre que la mort de M. Galloche a

La

«

donné

fait

supériorité de votre talent vous a mérité cette

le

grâce

la

logement

vaquer.

marque de

distinc-

du Roy.

tion «

Jouissez-en aussi longues années que je le désire, vous y logerez long-

temps. «

Soyez bien persuadé que

sieur, votre très

humble

c'est

et très obéissant serviteur.

Marquis de Marigny.

« 1

er

Mon-

avec ces sentiments que je suis,

»

octobre 1761.

Sans doute notre

artiste eut été très

pli

que celle gracieuse

de

la

commande

dissimulée

le

un mandat qui

lettre

ofiicielle,

heureux de trouver sous

mais

lui

permit de toucher

accueillit toutefois avec

il

même

le

prix

le

une joie non

brevet de logement signé du roi qui à quelques jours de dis-

tance suivit, en la confirmant,

la

communication du directeur des Beaux-

Arts. N'était-ce pas se

construire

xvm

e

siècle

un

en

effet le

atelier

rêve de tout artiste d'habiter au Louvre, de

dans

le

une sorte de phalanstère

du souverain,

la

fin

artistique, où, grâce à la générosité

les vastes galeries,

et vivaient

de sa fantaisie, pourrait

«

d'une vie presque commune.

sous les hauts plafonds, un espace vide

être livré à l'ingéniosité architecturale de s'y

A

d'artiste

carrer à son aise

».

élever des cloisons,

la

maison du

;

une

roi.

ce sujet Les livres de raison nous fournissent de bien curieux détails.

C'est ainsi lui

dans

allait

Vernet, qui librement, au gré

agencer diverses pièces, en un mot se construire une maison véritable

maison

du

les peintres, les sculpteurs, les graveurs, les orfèvres et jus-

qu'aux fourbisseurs, se groupaient

Dans

devenu à

des rois,

palais

que Vernet nous apprend que son installation au Louvre ne

coûta pas moins de 3.000 livres, car

il

dut employer les maçons,

les

menuisiers, les peintres. M. Chaise fut chargé de dorer les moulures des

chambres, M. Plou de peindre

les

panneaux du salon

tablettes sur le balcon d'en haut.... etc.

et

de fixer des


LES VER.NET

38

Ses voisins de cité s'appelaient Lépicié, Gabriel, Chardin, Aubert l'Avi-

gnonnais, Gua^ le

graveur Cochin,

locataire les

du

roi

Marseillais, l'orfèvre Rœttiens,

le

le

peintre Desportes,

un impôl de

<>

«

dont

la

fourbisseur Gouhod,

le

femme

prélève sur chaque

pour l'entretien des lanternes dans

livres

coi ridors ».

V A Y SAGE

C'est

dans ce milieu charmant, au bruit de triomphes presque ininter-

rompus, que

le

des siens et de

grand peintre verra la

se dérouler,

réchauffante amitié de ses confrères,

reuses de sa longue et uoble carrière. Adieu

tyrannie des

commandes de

l'État! El

lui a

par

.M.

de Marigny, puisque

à

valu l'universelle notoriété donl

la

cependant

consacré dix années de sa vie à suivre fixé

entouré de

le

les

la

tendresse

heures bienheu-

vie errante,

et

la

pesante

doit-il se plaindre d'avoir

pinceau

à

la

main

l'itinéraire

défaut d'argent cette mission officielle il

va

désormais bénéficier

si

largement


JOSEPH VERNET jusqu'à

la

lin

de ses jours

Caria peinture des poils de France, grâce

!

l'admirable interprétation qu'en éloges incessants de

monde toile.

entier, et

il

la

rendu

comme

les

et les

les

comme

enfin

une vertigineuse

avons

dit

l'esclave de

La

mode,

que ses clairs de Lune

pour employer une formule

lui

aux le

acheter une

ici

comme

il

les Irais d'ins-

ne se défend qu'avec

sollicitent de toutes parts,

le

et

déplorable

facilité. la

incessante. Le malheureux Vernet, à peine Libéré

devenu

et

de Vernet célèbre dans

ressources,

mières années qui suivirent L'emménagement,

esl

Le Bas,

les

Y SAG E

voyages on! épuisé

mollesse contre les plaisirs qui court, court avec

nom

et

à

naufrages sont surtout demandés.

Paris ont été coûteux, et

tallation à

le

Cochin

un amateur d'art qui ne désire

VA

Et

les

firenl

critique, a

n'est pas

Les clairs de lune

39

proie

La et

Pendant

production îles

fut

exigences

pinceau les

pre-

presque

ollicielles,

du snobisme du temps. Nous

ses naufrages faisaient

très en

le

pince.

surtout prime,


LES VERNET

10

Cependant

délirant enthousiasme pour Vernet est

le

amateurs, dans leur aveugle désir de posséder une gligent de déterminer d'une manière précise l'exécution.

des

En étudiant

Commandes

la

effet, les

2 pieds de haut plus ou moins à

DA

ma

1

GX

V. I'

sage

à

sujet, la

mesures, prix

fils

demy de

et

temps

à

de 27 pouces de large sur 21 il

large

sur

un peu d'architecture

fantaisie avec

et

»

du fermier général,

ma

grandeur d'environ 4 pieds de et

fantaisie. large...

m'a demandé en son pas-

il

»

Mais

ils

je

voudray;

ne doivent pas excéder

Deux tableaux pour M. d'Aviray

neuf lignes,

y aye des effets pictoresques

espace, etc., etc.

chapitre

:

Bordeaux en 1758 que je luy fasse des tableaux tant que

mais où

prix de

:

Pour M. Roussel,

«

né-

S ES

bien orné de figurines. Je suis maître du prix. Puis plus loin

et

le

vérité «

notes suivantes

Curne un tableau de 2 pieds

L ES

du maître,

de fixer

première partie du Livre de

nous trouvons, en

»

Pour M. de

«

la

toile

le sujet, et

que certains

tel,

(sic)

les

et

sujets à

ma

fantaisie,

de grandes distances en


JOSEPH VERNET

il

Et ces notes se suivent, se multiplient presque à

dans ce Livre

l'infini

de vérité qui, sous sa forme sèche de nomenclature minutieuse, est le plus

vivant des documents autobiographiques.

Les relations littéraires que créent à Vernet Lehlanc, et

dont

le

la

salon

font encore

lui

commande même

est ouvert et qui lui

plus retentissante sa célébrité.

bonne humeur

facultés, et sa

la vieille

amitié de l'abbe

Le

même de Grimm,

Geoffrin,

plusieurs

toi les,

équilibre de

parlait

ses

naturelle, purent seules garantir sa raison

contre les éloges affolants de Bachaumont, de Marmontel voire

M me

toute-puissante et affectueuse protection de

de Leblanc,

,

surtout contre les formidables coups d'encen-

et

soir de Diderot.

Vingt-cinq tableaux, s'écrie ce dernier, dans son salon de 1705, vingt-

»

cinq tableaux

!

Et quels tableaux

comme

brité; c'est

commence par

en réserve, dont leur

temps,

fait le

le

pays, et qu'il a des

peuple sa

il

le ciel,

humains, se lève de table

mées,

«

et dit

La peste en Asie

»

De

«

:

de Vernet qu'il

peuple une colonie; puis

malheur

;

et le

»

une

;

l'on voit, les portes

et

se fuyant

:

«

»

;

des maisons fer-

un Vulcain

Ici

courent aux armes et s'entr'égorgent

et le

il

le

a raison.

Aux dithyrambiques des

«

monde,

Diderot compare notre

prèle/.,

a tort.

il

s'effa-

Une guerre

En

cet endroit

Vernet appelle cela

princes de

«

L'enthousiasme

».

ainsi

Lorrain, viendrez-vous

me

cl

faire des

la

critique

»

s'ajoutent ceux

est universel et

pendant que

peintre au Jupiter de Lucien, la Lanterne magique

Et Claude de s'excuser

que vous

et

éloges des

aux Champs-Elysées s'exprime le

«

«

;

»

critiques à douze sols

à Claude

:

:

»

vieux laboureur expire de faim sur sa porte. Jupiter

appelle cela gouverner tableaux, et

des cabanes

sous les pieds, les édifices tombent, les animaux

et les nations

disette

qu'il lui plaît.

chaume

rouchent, et les habitants des villes gagnent les campagnes là

il

grêle en Thrace »; et l'on voit

la

moissons hachées

hommes

les rues désertes et les

la terre s'ébranle

célé-

qui, las d'entendre des cris lamentables des

aussitôt les arbres dépouillés, les :

la

hommes, des femmes, des enfants

comme on

toile

créateur pour dirait

saison, le bonheur, le

la

C'est le Jupiter de Lucien,

dispei'sé

le

nature pour la vérité. On

la

créer

comme

C'est

!

que

si

:

«

:

Eh bien

«

me

dit

Raphaël en s'adressant

dire que Vernet baisse ?

Je suis

j'avais là

!

si

ma

éloigné de palette

et

la

»

penser

façon de

nies pinceaux, je pein5


LES VERNET

42

drais sur

tableau que voici deux colonnes sur lesquelles,

le

d'Hercule, j'écrirais non plus

L'estampe du temps Mercure, de

chures salonnières,

comme

pas moins amphigourique que littéraire,

l'atteste

où Joseph Vernet

et

»

ultra.

Correspondance

la

sous les yeux

n'esl

la

de

Muse

la

la

critique

du

errante ou autres bro-

méchante gravure que nous avons

représente en train de (teindre. Elle

:

Son attention

Que

la

est

pour légende cet odieux quatrain

a

l'exemple

à

comprendre

f;iit

nature est son objet

Mais, pour la saisir et la rendre.

Cependant

Joseph Vernet.

Faut rire

Il

crâne du peintre n'éclata pas. Cette tempête d'éloges

le

outrés, cet ouragan de folles flatteries ne troublent en rien sa belle

humeur,

son inaltérable sérénité, et laissent intacte sa modestie naturelle. «

Tonte sa

vie,

dit

le

vicomte Henri Delaborde, dans sa belle élude an xvm e

sur les paysagistes français

comme

l'amour-propre, gère,

et

et

dédaigna

aussi

:

bonne

différente

de belles phrases sur

peu

foi

il

d'une modestie menson-

calculs les

aux séductions de

résista

son infériorité ou

cas,

commune

chez les

hommes

mon

«

On

génie

:

a

beau, disait-il un jour, m'étourdir

j'entends fort bien au dedans de moi

ne

pas pour m'élever au rang des artistes de premier

«

qu'il est,

«

ordre. Je suis inférieur à chacun d'eux dans une partie de

«

la

certaine voix qui réplique que ce génie n'est que du talent. Tout rare

«

<(

sa

de ce

que de

de l'humilité adulatrice de Voltaire

superbe arrogance de Rousseau. «

les

ne rougit jamais d'avouer, selon

supériorité personnelle siècle

il

siècle,

j'ai

sur

toutes.

il

plupart des peintres l'avantage

la

souffrira-t-il

concilier

les

dans quelques années, an déclin de

;'i

mais

peu près

sa

lumineuse carrière,

de ne plus entendre, au lieu de cet universel concert compli-

que

les

notes

aigres-douces

joyeuses d'un garçon de belle veillantes

de

l'art,

»

Peut-être,

menteur,

suffit

humeur

contenues

ou dans

dans

les éloges

les

péniblement bien-

du comte de Mende Manpas, l'auteur des Remarque*.

«... On reprochait jadis ce qu'il n'est plus le même. 1

à .M. »

Vernet

île

Réflexions

.Mais

pour

toujours se répéter; on se plaint aujourd'hui de


JOSEPH VERNET

par l'encens dont l'enivrante fumée l'en-

l'instant, sans se laisser griser

veloppe de toutes parts, sans relâche,

à

grande

la

il

43

poursuit infatigablement son oeuvre, brossant

joie de ses

admirateurs sans nombre, des

limpides ou orageux, des océans calmes ou soulevés, des fleuves torrents,

de

vastes

campagnes

et

nature tout entière sous ses aspects Et

sa

hommes, en

lient

colonie

La

prodigieuse imagination les

femmes,

réserve

»

les

et

«

des vallées

ciels

en un mot

profondes,

il

la

changeants.

les plus

dans

jettera

immense

cet

décor les

enfants que, suivant l'expression de Diderot,

dont

des

et

peuple sa

comme

toile,

«

il

peuple une

on

».

carrière

artistique de

l'époque d'Italie, qui fut

le

Vernet

et

en trois époques

se diviser

printemps de son

l'entreprise des l'orts de France, et qui

en pleine maturité,

peut

art

;

l'époque où

marque Tété de son

l'époque parisienne (de

1762

à

réalisa

il

parvenu

talent

époque

1789),

:

liés

brillante mais surtout très féconde, trop féconde de la vie de l'artiste.

Oui nous dira jamais

Vernet pendant ces vingt-sept années sans compter celles qui

fâcheusement attribuées, son

M.

et

lui

furent

si

qui peut-être encore aujourd'hui figurent sous

nom dans plusieurs catalogues de musées et de galeries privées Au printemps de l'année 1778, un de ses plus fervents admirateurs, 1

!

Girardot de

Marigny, qui

réussit à l'enlever à son atelier

lui

commandait des

du Louvre

et à

Carie alors âgé de vingt ans, et presque le

par Joseph

chiffre exact de toiles exécutées

le

concours du prix de Rome,

Leur absence

fut

était

seulement de

toiles

par douzaines,

ramener avec

à la veille

lui

en Suisse.

d'entrer en loge pour

du voyage. six

semaines. Le talent

vieilli et

fatigué

.Nous avons dit, au début de cet ouvrage, qu'Antoine Vernet fut père de vingt-deux enfants. Quatre d'entre eux s'adonnèrentà I'artde la peinture et avec inégalité de succès Joseph, Franl'ois-lialiiii'l, Antoine-François, et Ignace. Antoine-François, communément connu sous le nom de François Vernet, se lit peintre de décor cl d'atl ributs, comme son père, dont il semble avoir ('coulé les conseils, avant de devenir l'apprentidu sieur Joseph son frère, peintre ordinaire du roi. Il avait précédé Joseph à Paris de quelques années, et l'arrivée de son frère, déjà très célèbre, cul pour lui des conséquences providentielles. Joseph Vernet, qui toute sa vie s'étail montré- lies préoccupé des intérêts de ses parents, cl ils étaient nombreux, car ses frères et SOBUrs lui avaient donné un nombre incalculable de nièces, obtint pour son frère François, à celte époque sans travail et sans ressources, diverses commandes officielles, et entre autres les décorations picturales du plafond de la chambre à coucher de la reine (1764), de la tribune de la chapelle du roi (1706), de la salle de l'Opéra (1769), du cabinet de la Dauphine (1770), du cabinet du conseil à Fontainebleau (1773),... etc. François Vernet peignit aussi les peintures marines qui ornent la chaise de Marie-Antoinette, remisée aujourd'hui dans la salle des voilures à Trianon. M. Léon Lagrange fait remarquer avec raison que si ces travaux étaient réelle1

:

:


LES YE H NET

44

du peintre ne trouva aucun rajeunissement au contact de

nature alpestre.

la

L'écrasant voisinage des montagnes, l'aveuglante mais froide atmosphère

des glaciers,

'rent point son

Où sont

tonnerre, les avalanches, les rumeurs des gaves, n'ému-

le

les

âme

et

remplirent au contraire de nostalgiques regrets.

la

champs dorés de

l'Italie, les

golfes d'azur frangés de poé-

tiques ruines et d'arbres superbes, les douces collines d'Albano, les rivières

ombreuses Amaryllis,

mens,

où s'ébattent

Némi aux eaux

de

le lac

cœur

le

Et pendant que

bleues et aux rives fleuries de cycla-

Comme

ces divines cascatelles!

doucement dans

blanches

des

de Tivoli...

les cascatelles

Ah!

baigneuses blanches, sœurs

les

ses

leur souvenir toujours frais chante

attendri du vieux peintre!...

compagnons de route

s'extasient

devant

l'impo-

sante majesté des monts inaccessibles et la profondeur des gouffres pleins

de nuits

et

montagnes

de grondements, et à

lui

cherche

à

voir par-dessus la barrière des

découvrir un coin rayonnant de cette Italie où la fleur pré-

coce de son génie

s'était jadis,

il

y

a

près d'un demi-siècle, presque subi-

tement épanouie.

Cependant

de

afin

Marigny, pour qui

la

répondre au

Suisse, sous des

résumé grandiose des beautés de du monde, Vernet consentit

à

désir de

son

ami M. Girardot de

monstrueux aspects,

la nature,

était

comme un

une synthèse des splendeurs

peindre deux Vues des cataractes

dit

Rhin

à Lauffenbourg, près de Shaff'ouse. (les

deux

les plus

toiles

d'une exécution froide, morne et sèche comptent parmi

médiocres de l'œuvre de Vernet.

Il

ne pouvait en être autrement.

Ce qui n'empêcha pas l'excellent M. Girardot de .Marigny de ment de Joseph comme on

commande

le dit

souvent, les Livres de raison auraienf

l'ail

les

admirer

mention de

cette

royale.

Joseph Vernet n'eut jamais qu'à se louer de son frère François qu'il aida toujours de ses conseils et de sa bourse, et dont il protégea les enfants avec une tendresse vraiment paternelle. H n'en fut pas de même à l'égard d'Ignace dont il fut le premier maître, auquel il enseigna,

pendant son séjour en Ilalie, tous les secrets de la peinture de marine, et qui l'en remercia, non seuleménl en s'efforçanl de les pasticher, mais encore en répandant imprudemment dans le commerce un nombre incalculable de soleils couchants, de clairs de lune, de tempêtes, d'éruptions de Vésuve... sous la signature ./. Verne!. Josepli put en saisir un certain nombre, mais la plupart échappèrent à ses pénibles recherches, et sans doute beaucoup de ces toiles figurent encore aujourd'hui dans les musées et les collections privées.

Horace Verne! déclare nettement, et cette affirmation nous laisse un peu sceptique, que toutes les toile- médiocres de l'œuvre de son grand-père doivent être attribuées à l'audacieux Ignace.


.JOSEPH VEUX ET

45

puisqu'elles représentaient des vues de Suisse et qu'elles étaient signées

nom

du

de Vernet.

paya

les

II

trois mille livres.

que ces deux

Inutile d'ajouter

Louvre, d'après des dessins

exécutées dans l'atelier du

toiles furent

en Suisse,

faits

et

où Vernet,

méthode mnémotechnique déjà employée à l'époque où de France,

par un

renouvelée de

et

la

décadence italienne,

il

lidèle à

peignait les ports

se contente d'indiquer

rapide la forme et la place des objets, de fixer les valeurs des

trait

tons locaux, les degrés d'opposition, jusqu'aux qualités des reflets

ombres par des inscriptions cursives souvent glyphes, dont

il

peintre, c'est

même

et

des

véritables hiéro-

illisibles,

ne réussit pas toujours lui-même à deviner la signification.

Après ces vues de

sans

une

qui certes n'ajoutent rien à

Suisse,

un retour empressé vers

sujets anciens,

les

et,

la

gloire

du

de souvenir,

ouvrir ses carions où s'entassent les brillantes études des per-

mières années,

remet à brosser avec une

se

il

déplorable de nou-

facilité

veaux clairs de lune, de nouvelles cascatelles, de nouveaux couchers de soleil derrière les ruines,

nouveaux

de nouvelles tempêtes, de

ciels d'orage déchirés

par

le

zigzag des

éclairs..., etc.

Et

grands

toujours

la

foule

seigneurs,

amateurs,

des

financiers,

princes,

boutiquiers...,

se

presse autour de ces œuvres écrites d'un pinceau

tremblant, que

ber de

la

la

main du

mort seule va bientôt

chaque salon par

presque unanimes, de

la critique.

et

les

en 1789 on imprime dans

chures d'art que

«

tom-

trop fécond artiste, et dont l'ap-

parition est saluée à

En 17S7

faire

éloges,

les

bro-

depuis cinquante ans ce peintre

attend vainement dans l'arène quelque athlète assez hardi

pour se

mesurer avec

chose surprenante, à l'Age où

lui le

»,

que,

génie des

Corneille et des Voltaire était sans vigueur,

Vernet rapporta de son voyage de Suisse un.' vingtaine de dessins ou aquarelles. Ce renseignement nous est fourni par le catalogue de sa vente. 1

L

e

[D'aprcs un croquis

violon ;i

la

f.

u x

plumé de Joseph Verucl

i


LES VERNET

Ï6

le

célèbre

Verne!

ce

csl

L'éloge des poètes

qu'il

moins

pas

n'est

disent les grandes Prophéties du

On

le

toujours

a

«

sublime

c'est-à-dire

été,

moins soutenu. Voici

vif et

grand Nostradamus

».

que

ce

:

verra longtemps encor unir

Le pinceau de Minerve au tridenl de Neptune Tel

Sophocle

à cenl

un bas des tableaux de formuler leur admira-

El les Inscriptions à mettre tion sons cette

forme lyrique Vernel Il

fut

un

ans charmait encor Athènes.

:

soleil

du levant au couchant

:

nous charma dès son aurore,

Brillant

dans son midi

Sun rayon rend

le

jour

enfin sur son penchant

;

faible, niais

doux encore.

Parfois une noie discordante s'élève au milieu de l'harmonieux concert; cl

l'auteur malavisé d' Encore

de Vernet

à «

une planche de cuivre indélébile qui ne cesse de fournir

pln^ belles épreuves le

un coup de patte ose comparer l'imagination

vieux peintre,

à

Mais nul écho ne répond par

toujours ébloui

l'œil

jeunesse, continue des couchers de

».

brosser d'une main

soleil,

importune

à celle voix

lumineuses visions dé

les

les et

sa

des clairs de lune,

défaillante

des vaisseaux secoués parla tempête

ël

des

ciels

pleins de lerriles menaces.

Les suprêmes ressources de son talent s'épuisèrent dans un effort au-

dessus de ses forces. Il

voulut, dans une grande toile, représenter

désireux sans doute de rendre sous génie de Bernardin

de

Naufrage de

l'orme un

celle

Saint-Pierre,

le

qu'il

fui

le

public

premier

défendre. Mais son pinceau sénile trahit ses intentions nière

A

marqua l'irrémédiable ce

sujet

«d

à

Virginie,

hommage deviner

cette

cl

au ù

œuvre der-

déclin.

Aimé Martin raconte dans

son ouvrage sur la Vie

cl

les

Mémoires de Bernardin de Saint-Pierre une curieuse anecdote, que M. Amédée

Durande reproduit dans son

livre

sur

les

trois

Vernel. C'est

à

ce dernier

ouvrage que nous l'empruntons. «

En 17S7 Bernardin de Saint-Pierre

l'atelier

vint frapper

un jour

à la porte

du vieux peintre. Le célèbre écrivain, peu connu encore

à

de

cette


JOSEPH VERNET époque, bien

qu'il

hôte, étonné

de

sa

Bernardin venait de succès duquel

il

ne

déjà plus très jeune, paraissait désolé,

fui

mine lire,

piteuse, lui

dans

le

demanda

salon de

fondait les plus belles

MER

que regarder sa montre, Talrna

humaines, maître de

se sentaient disposées à la

maison leur

avait

retenu leurs larmes. Bref, qu'il

ne

à faire,

lui restai!

il

plus qu'à

séance tenante

:

«

l'ail

AGI T K

à

l'encourager

endormi

pleurer, mais

;

»

le

le

:

Billion n'avait

quelques femmes, plus sourire sareastique du

houle de leur faiblesse

el

elles avaient

trompé

el

son manuscrit au feu, ce qu'il se disposait

Pendant que je

de vos terribles juges.

cause.

Necker, un roman sur

voyait bien, ajôuta-t-il, qu'il s'était jeter-

la

son

E

s'étail

moi donc votre histoire; nous verrons l'arrêt

AI""'

quelle en était

el

espérances; mais l'impression pro-

duite sur ses auditeurs n'était pas de nature t'ait

47

s'il

\ais peindre, lui dil Vernet, lisez-

,

n'\

aurait pas

moyen de

reviser

Celle proposition, dernière planche de salut,


LES VERNET

48

accoptée avec joie par

lui

devant son chevalet,

A

«

le

pauvre auteur naufragé. Vernet

et la lecture

s'installa

commença.

mesure que Bernardin de Saint-Pierre tournait

les feuillets, Vernet,

par l'intérêt croissant de cet adorable chef-d'œuvre, se détachait peu à

saisi

peu de son propre travail, et lorsque l'auteur eut

l'exhorta vivement

à publier son livre, et lui prédit

en dépit de tous ses amis rait-il.

On

fini,

il

lui conseilla

de ne

décourager par des critiques ou envieuses ou inintelligentes,

pas se laisser

un

grand succès

très

beaux esprits qui n'y entendaient goutte, assu-

les

»

connaît

la suite

de

Joseph Vernet mourut

l'histoire.

le

même

3 décembre 1789, l'année

de Paul-Emile ouvrait à son

Triomphe

le

Carie les portes de l'académie au titre

fils

d'agréé. Il

pu aussi embrasser au berceau son

avait

même

de cette

année,

c'est ce qui

dire en plaisantant qu'il avait

qui était né

petit-fils

30 juin

le

permettait plus tard à Horace Vernet de

connu son grand-père

1

.

*

Elles sont rares les existences d'artistes qui furent aussi

pleinement heureuses que

plies, aussi à

comme

éc

peintre répandit

si

son déclin

est

elle

souvent sur ses

que

ciels

en une impalpable pluie d'or.

Tout jeune, l'Italie,

pour

humaine,

et

la

contrée

cœur

à peine éveillée, cueille à

souvenirs.

le

jardin

chaque pas Seul,

les

libre,

la

il

part pour

merveilleux où

émotions

ses

l'âme

les plus rares,

bourse légère mais

le

plein d'une ardeur délirante, rencontrant sur son passage les accueils

les plus

sympathiques, ménagés par

teurs qui dès

cessent,

le

même

aux lèvres

1

bienheureuse,

semblable à

tomba de

toiles et qui

après une enfance entourée de tendresse,

s'enrichit d'éternels

et

de Joseph Vernet. De son aurore

lairée d'une lumière radieuse,

celle

le

celle

noblement rem-

la

la

bienveillance de puissants

protec-

début de sa carrière se sont intéressés à son sort

de loin, de veiller sur

chanson de

la

Amcrtée Durande [Joseph Carie

lui,

il

va, la palette à la

vingtième année,

et

Horace Vernet)

le

et

ne

main, ayant

long des rivages et des

(Hetzel, t'diteur).


JOSEPH V EH NET fleuves, ù travers

monts

et vallées,

brossant avec une sorte d'inconscience

géniale ses pins purs chefs-d'œuvre. Puis

commandes

le

49

guettent, où les honneurs

c'est

le

retour en France où les

académiques

et

autres l'atten-

dent. Pendant plus de quarante ans c'est le perpétuel triomphe, célébré par

L'ORAUE SUR LA MER

mille voix de la critique, triomphe universel, car aussi bien à l'étranger

les

qu'en France les toiles de Vernet trouvent des amateurs empressés

1 .

Aujourd'hui encore les collections particulières anglaises ne renferment pas moins de cinquante toiles de Joseph Vernet, achetées jadis par les lluare, les Koley, les lîi blgwarlten. D'-s noms de princes, d'altesses royales, figurenl même dans la clientèle étrangère du peintre. Voici celui du prince des Aslurics, le futur Charles IV d'Espagne, qui commande à Vernel six tableaux livrables en dix-huit mois de temps, contre une somme de 40.000 francs. Le Livre de vérité nous laisse ignorer les sujets choisis ou indiqués. Plus tard le grand-duc 'de Russie, le futur Paul [ or de passage à Paris, commande au peintre en vogue quatre tableaux de six pieds de Ion;/. Il en fut si satisfait qu'il lit demander à Vernet, l'année suivante, de lui peindre une tempête 1

,

6


LES VER.NET

50

La mort môme

lui

est

douzaine de ses meilleures

douce, car

le

salon de

empruntées

toiles,

à

1

7Si ), où

nouveau triomphe,

encore pour

les

\eu\ pour toujours, au bruit des applaudissements,

du bonheur présent de tous ses enfants

\ision

Carie

l'occasion d'un

exposa une

des collections particulières,

fut

lui

il

el

avant de fermer

el il

eut

la

suprême

du glorieux avenir de

1

.

Depuis Joseph Vernet, dont

moderne que

l'art fut

celui de ces étranges

«

cependant bien plus vivant bien plus

peintres de

nature

la

»,

de ces Valen-

ciennes, de ces Bidault, de ces Watelet, de ces Bertin, de ces Desgoffe... à la

chute définitive desquels succéda la salutaire réaction de l'école anglaise

et la prodigieuse éclosion des paysagistes dits

romantiques, puis

tion impressioniste, nos idées sur le paysage se sont fiées,

du

la

rénova-

profondément modi-

et la critique contemporaine se maintiendrait difficilement vis-à-vis

talent de

Vernet au

môme

diapason que celle de l'abbé Leblanc

el

de

Diderot.

«

de treize pieds sur huit » pour la somme de 15. 000 francs. C'était un joli prix de coml'époque. Véniel ne le teucha d'ailleurs que trois ans pins laid, el non sans dif-

mande pour ficultés.

Vernet mourut à temps pour ne pas assister à la mort tragique de safille Emilie, décapitée épousé Chalgrin, architecte distingué auquel on la terreur. M"' Emilie Véniel a va doit l'église Saint-Philippe du Roule, le Collège de France, le lu escalier du Luxembourg, etc. Voici en quels termes M. Amédée Durande raconte cet effroyable drame où le peintre David joua un rôle si odieux. « Chalgrin, architecte du comte de Provence, avait suivi le prince à Bruxelles, laissant sa femme à Paris. Une accusation fut lancée contre elle, el. une visite domicilière lit découvrir dans son appartement des bougies marquées au chiffre et aux armes du protecteur de son mari. Il n'y avait là rien que de très naturel; mais à cette époque troublée, où la peur s'exaspérail souvent jusqu'à la férocité, le moindre fait prêtant au soupçon prenait des proportions incalculables. Les jalousies, les haines, les rancunes privées, se servaient de la politique comme d'une arme meurtrière, el faisaient de nombreuses victimes. M"" Chalgrin fut déclarée suspecte. Accuser, c'était presque condamner. Dès qu'il eut appris cette fatale nouvelle, Carie Vernet courut chez David, son camarade el son ami. Le peintre de Ma rat jouissait d'un grand crédit auprès des puissants du jour. Malheureusement, il avait été l'orl épris de M "" Chalgrin, el celle honnête'femme n'avait l'ail aucune attention à lui. De là un sentiment de rancune qui dicta à David une réponse bien digne de son républicanisme poncif el drapé à l'antique, connue les Domains de ses tableaux « J'ai peint Brulus, dit-il, je ne saurais solliciter Robespierre; le tribunal esl juste, ta sœur esl une aristocrate, et je ne me dérangerai pas pour elle. » A force de prières, Carie parvint cependant à ('mouvoir ce stoïque féroce et ridicule, qui devait se changer plus tard en plal courtisan. David lit quelques démarches et obtintsans peine la grâce tant souhaitée. Mais, par une distraction inqualifiable, il garda pendant plusieurs jours dans sa poche l'ordre d'élargissemenl qui lui avait été remis, et, lorsqu'il y songea, il n'étail plus temps. Les rts allaienl vite, el l'échafaud n'attendit pas. » On peut voir au musée du Louvre un délicieux poi trail d'Emilie Véniel par David. La tête seule est terminée. Le reste du corps est à l'étal d'ébauche et se détache sur un fond d'un rouge presque sanglant. 1

pendant

i

I

i

1

:


JOSEPH VERNET

51

Les quelques rares écrivains d'art qui osent encore proclamer de nos jours, avec l'esprit d'intransigeance des critiques de 1820, que Tari du paysagiste

n'existe

domaine

réellement que

de l'histoire,

ne

s'il

peuvent

s'élance

porter

avec

«

noblesse

qu'un jugement

dans

»

sévère

le

sur

l'œuvre de Joseph Vernet dont les deux plus mauvaises toiles sont incontes-

Marin

tablement celles où torique de

la

il

nature

ceux pour qui tout

entreprit

si

e

malheureusement

comme dans Agar

l'art

cl

le

travestissement his-

Jonas. Par contre, l'opinion de

des paysagistes réside dans

la

sensibilisation de leurs

loiles

par une copie absolument fidèle de

par

exécution précise du morceau, ne peuvent aimer de Vernet

I

procédé de généralisation

A

ceux-là seuls

qui considèrenl

il

et

la

la

nature dans sa réalité brutale, large

le

poétique liberté d'interprétation.

plaira, et leur opinion suffira à l'éternité de sa gloire,

l'imagination

comme

la

qualité

dans l'œuvre immense de Vernet, savent, malgré

mère de les

trop

l'artiste,

nombreuses

el

qui

négli-


T

LES VERNE

52

gences qu'elle renferme, découvrir

une

décrits avec

souvenl

sentiment profond de

la

beauté. Sans doute celle uature

lyse excessive

du pittoresque.

son art

et à

c'est

El

souvent

réussit

il

à

véritable lacune du

la

attendrir en quelque sorte

dans

la

douleur-,

personnages dont

Vénus

les

el

dissaient, «

il

la

portaient leur

ils

humaine,

riaient,

cœur sur

de

surface objective de sa nature trop

ils

prise en

pleuraient,

leur visage

1

...

dans

faisant vivre,

\

pleine vérité.

peuple ses paysages n'avaient rien

Apollon, mais

ils

foule

la

talent de

corriger habilement celle faiblesse

compliquée, trop chargée d'éléments imaginés, en joie ou

manque un peu

peintre s'oublie parfois trop exclusivement dans l'ana-

ei

Vernet. Mais

nature,

la

intelligence du vrai et toujours avec un

réelle

de subjectivité

le

grands spectacles de

les plus

à

Les

«

démêler avec

aimaient,

ils

ils

la

les

mau-

»

Je voyais toutes ces scènes touchantes, s'écrie Diderot (qui, en tant

...

que critique

d'art avail d'ailleurs l'émotion facile] el j'en versais dos

larmes

réelles*. » Si les.

le

succès personnel de Joseph

destinées du paysage au

xvme

Verne!

fut

siècle fut nulle.

grand, son influence sur

Il

n'eut pas d'élèves,

mais

quelques pâles imitateurs connue Henry, Volaire, Lacroix (son plus habile pasticheur), Mettay, Lallemand, Beaujeon, dont les œuvres sont aujourd'hui oubliées.

Lonthërbourg cascatelles,

le

copia maintes fois, Fragonard

Demarne

et

lui

emprunta quelques

Lantara s'en souviennent dans quelques-unes de

leurs toiles... Puis c'est tout.

A

peine

le

vieux

maître

eut-il

déposé son pinceau que

Michallon mettait en grand honneur

le

regretter les caprices

les

des

champêtres

et

noms de Watteau, de Boucher

el

La

paralysante

doctrine des

des

et

de

la

vieille

Bidault,

phalange

à

faire

!

académiques

peintres cri

fabrique où flottaient

l'héroïque

('.'('tait

terrible

paysages d'opéra-comique signés

de Lancret

jusqu'à l'heure où Constable poussa son définitif

paysage historique,

le

de révolte

les

el

pesa

mena

sur à

l'école

l'assaut

étendards des Valenciennes

des Théodore Rousseau,

des Jules

Dupré, des Troyon, des Diaz, des Huet, des Millet, des Boningtôn, des

1

!

I.i'oii

l.,iLM-,uii:c\

Salon de 1707.


JOSEPH VERNET

53

Cabat, des Decamps, des Fiers, des Daubigny, des Corel... Corel! arrière et

glorieux

petit-fils

des

Poussin, des Lorrain,

grands explorateurs du pays de

l'idéal, ces

des Joseph

grands visionnaires, peintres

éternels de l'éternelle nature vue à travers l'émotion de leur leur génie synthétique nous la

montre dans

Vernet, ces

tout le

âme

et

rayonnement ou dans

que

toute

mélancolie de son universelle beauté.

L

Le Poussin, Claude

le

E

N A U F RA G E

Lorrain, Joseph Vernet, Corot, voilà, cliez nous

(placés sans doute à des hauteurs différentes, térité),

les

peintres les

plus

inspirés de

la

dans

le

jugemenl de

la

pos-

nature, les grands poêles du

pinceau, les grands immortels.

La pensée humaine pourra

se

modifier, l'idéal de demain

celui d'aujourd'hui, les opinions en fièvre lutter

sion,

de nouvelles esthétiques

traditions,

pour

le style

n'être plus

où l'impres-

prendre racine au milieu des ruines des

que jamais aucune ombre ne ternisse

neux génies. Car. sans souci des écoles

cl

la

gloire de ces lumi-

des systèmes, dédaigneux éga-


T

LES VERNE

54

lement des

ivres de

procédés,

mémoire du cœur

dos

et

se

Ils

d'ailleurs trop souvent

pour

puis

gaires),

de terre où

coin

petit

leur

laissant

emparé de

triomphalement

sont

au-dessus du

yeux,

peint avec

l'ont

ils

double

la

large ouverte

imagination

du monde extérieur.

toutes 1rs impressions

à

leur sujet,

dans ses

pour

pensée

notre

nous vivons

nous

qu'on

(et

détails les plus intimes cl

l'élever

les

peint

plus vul-

dresser de merveilleux reposoirs dans les grands

lui

espaces bleus du pays des rêves.

Bénissons Ions ces nobles évocateurs sateurs d'idéal,

quand chez eux

comme dans

Moulin du Lorrain, dans

le

dans YEtoile du

d'infini, tous ces

l'expression esl

la

divine

Vue du

la

lue

de Corot, toiles où se trouvent

soir

généreux dispen-

sœur de l'émotion,

d'Albano de Vernet,

si

bien résumées les

qualités d'art essentielles de ces trois grands peintres, unis dans l'immortalité

par une indiscutable fraternité de génie.

L'œuvre de Vernet n'a Lorrain,

ni

ni

l'imposante

grâce précieuse,

la

et

L'excès de son développement nuit

par cette prodigieuse

également

devaient

facilité,

et

splendide majesté de celle du

que rien n'altère, de à

celle

de Corot.

l'harmonie de son unité. Entraîné

héritage de famille, héritage périlleux, dont

souffrir son

lils

Carie

son

et

petit-fils

Horace, Joseph

Vernet s'abandonna à une incessante production, pendant laquelle

même

arriva

trop souvent de perdre jusqu'au souvenir de

voulait rendre et dont

exprimé avec un el si subtil,

les

il

avait

autrefois, lors des

art si vibrant cl si

belles

sincère, avec un

mystérieuses beautés. Et

la

lui

nature qu'il

années

pinceau

il

si

c'est alors qu'il avait

d'Italie,

pénétrant

recours aux

déplorables procédés mnémotechniques dont nous avons parlé.

Mais nous sur

totalité

la

le

amplement

pendait!

s'il

faut

d'œuvre

cela sans porter

admettre que

«l'Italie

que

tant

à

à

condamnation absolue

1789, la suite considérable des

période italienne, c'est-à-dire de 1734

la

à sa gloire

Vernet pouvait mourir El

el

de l'œuvre exécutée de 1753

loiles qu'il signa suffit

répétons encore

à

1753,

'.

trente-neuf ans

c'est

grâce

à

et

laisser

un

nom

immortel,

l'ensemble prestigieux des chefs-

de loiles inférieures exécutées dans

la

seconde

les \\\\^\ années <|ifil séjourna en Italie, Joseph Vernet n'exécuta pas moins de tableaux que se disputaient les Anglais, les Hollandais, les Italiens et Les Français qui envahissaient son atelier. 1

Pendant

trois cents


lus partie de

lu

vie

du peintre,

d'honneur dans autorisé dité trop

à

el

les galeries

déplorer sinon

la

Kl-

Il

VERNET

qui portent son

nationales

el

nom,

55

figurenl encore en place

particulières, on se croii presque

longueur de son existence, du moins

durable de son pinceau.

Le

u ai n (détail).

la

fécon-



Carle Veb.net, enfant, (Gravure

>l<'

par Lépicié

M. Romagiiol. Collection de M. Philippe Dclaroclie Vcrncl



Li:s

apprêts d'une course

(d'après

uue gravure de

Darcis).

CAR LE

Presque

môme

à la

époque où

interprétant avec une correction

prodigue (1779),

remportait

il

toute

peinte d'après un cheval de course. Ce fut

genre où

il

devait devenir maître

,

contre un triomphe académique où

du devoir

filial

et il

premier prix de

classique

Carie Vernet offrait à

1

le

la

Rome eu

Parabole de Venfant

sou père nue magnifique étude le

premier essai sérieux dans un

comme une

instinctive protestation

ne trouvait que l'intime satisfaction

consciencieusement accompli. Car, autant

vieux peintre

le

souhaitait pour l'enfant préféré, dont le précoce talent emplissait son

de

joie, tous les

plie,

honneurs

officiels

autant Carie les recherchait

n'en vouloir bénéficier que pour

la

cœur

dont sa longue carrière avait été reinavec peu d'empressement

grande joie du père qui

et

semblait

L'avait

si

ten-

drement aimé. Mais

la

facilité

de son art était

1 Carte avail déjà obtenu, en 1779, présents à David-

le

si

grande

second prix de

et sa faculté

Rome

m

d'appliquer aux

peignanl Abigaïl offrant des


LES VERNET

60

talent que, sans sujets les plus divers les ressources presque infinies de son effort

apparent,

savait presque le

passait du genre le plus léger au genre le plus austère et

il

simultanément draper avec une correction toute davidienne

péplum antique

tirés

et faire courir

de fines broderies d'or sur

les

bas bien

des Merveilleuses.

Ainsi après avoir appris de Lépicié

conventions de l'époque,

les

M y nz a,

L'art

de peindre, conformément aux

souffrances des martyrs, l'héroïsme guerrier

cheval persan (lithographie de Vernet).

des Grecs, des Romains et

môme des

descentes de croix

amoureuses aventures de Télémaque ou d'Aris-

lonous

il

et les

Samnistes,

les béatitudes

des saints, les

put en quelques années conquérir les lauriers de l'école de

ceux de l'Académie. Ce

l'ut

sa

grande

toile le

Home

et

Triomphe de Paul-Emile, vaste

composition pleine de mouvement, pêle-mêle d'armures, de piques, d'étendards, de trompettes, de chars traînés par de magnifiques pur sang anglais qui lui ouv

rit

toutes grandes les {tories de l'Institut. Gel

événement sepassail

en L789, quelques mois seulement avant

la

son fauteuil académique, put assister à

réception de son

société dont

il

faisait

partie

la

mort de Joseph Vernet fils

dans

qui, de

l'illustre

lui-même depuis bientôt quarante-cinq ans.


CARLE VKKNET

(il

Le jeune récipiendaire, successivement présenté par un huissier à tous les

membres,

s'inclinait

profondément devant chacun d'eux,

voulait le cérémonial du temps. Lorsqu'il

apprend un contemporain),

«

il

mouvement

bras,

naturel,

tous les académiciens présents

A ment,

lui

avait valu

carrière artistique, l'histoire

talent à

(d'après

il

rétrospective, la

peinture des

fit

que de

préférant

mœurs

parvint devant son père (nous

une gravure de Jazet).

».

une célébrité ne

le

noble élan du cœur, auquel applaudirent

mort de Joseph Vernet, Carie

la

que

oublia les lois de l'étiquette et se jeta dans

Chasseur aux écoutes ses

ainsi

dit

adieu au genre qui,

officielle,

et

dans

le

très rares incursions

consacrer

de son temps

la

si

rapide-

cours de sa longue

dans

féconde

le

domaine de

activité

de son

'.

Outre ses toiles de concours pour les prix de Home et son tableau de réception à l'Académie, on a encore de lui, dans le genre académique, trois grands dessins représentanl des 1


.

LES VERNET

62

Toutefois son irrésistible penchant des

scènes de sport

H

de

mœurs ne

pour lui

(il

la

pittoresque représentation

pas abandonner la peinture

héroïque, mais au lieu d'emprunter aux chants d'Homère

el

Xénophon

demandera aux

et

de Tite-Live ses motifs d'inspiration,

Bataille de Mili.esImo

(25

germinal an IV

.

d'après

In

il

les

aux

récits de

gravure de Duplcssis-Berlnux)

bulletins militaires qui, pendant plus de vingt ans, vont raconter, jour par

jour, les exploits des soldais de la République et de l'Empire. Il

la

sera

Danse

le

peintre de

des chiens et

Marengo

et

de Rivoli en

du Jour de barbe d'un charbonnier,

militaire son talent ne s'affirme pas avec

dans

la

même

peinture légère des

mœurs

temps que et si

dans

celui de le

genre

nue aussi vivante originalité que

de son époque,

il

ouvre cependant une

voie nouvelle aux peintres de bataille.

Courses de char aux funérailles de Palrocle, la Mort d'ffippolyte el te Vainqueur aux courses de char revenant avec sa compagne, sujets d'un indiscutable poncif, mais où Carie Verml trouva cependant l'occasion de produire ses ijualilés de peinlre hippique en y faisant galoper de fringants coursiers donl l'allure vivante etessentiellemenl moderne faisait un curieux contraste avec les altitudes classiques el noblemenl figées des personnages.


CAHLE VKKNKT «

Plus hardi que Van der Meulen, dit L. Lagrange, moins gêné par

l'étiquette, c'est

teurs

au cœur de Tact ion

non plus seulement

vement et les

63

les

Ce cadre vivant les efforts

était

que de

se

générales des lignes, mais les

le

mou-

hommes

et les soldats.

es guigue (d'après une gravure de Le Vachez).

si

bien approprié

épiques de Gros,

peintres de bataille, à

montrant aux specta-

drame passionné auquel concourent

généraux

Promenade

malgré

les dispositions

réel des troupes, le

chevaux,

qu'il se plaçait,

l'art n'a

à

ce qu'il fallait peindre que,

plus changé depuis, et tous les

commencer par Horace

conformer au programme tracé par

Vernet, n'ont pu mieux faire la Bataille

de Marengo.

Afin de se rendre plus familiers les différents personnages du drame.

Carie étudiait dans des tableaux de moindre dimension culières qui

forment

comme

le

les

actions parti-

réseau de l'action générale. C'étaient des

marches, des combats singuliers, des trains

l'artillerie

»


LES VER.NET

64

On

peut vraiment dire que

Vernet

fut,

rageux

et

d'Italie,

bataillé,

si

dans

la

peinture du

paysage Joseph

sinon un initiateur souverain, du moins un précurseur aux cou-

enseignements,

féconds il

accompagna

Premier Consul sur

le

la

campagne

plupart des

champs de

surtout

Carie,

la

après

dessinant d'après nature les épisodes qu'il voulait peindre, appa-

comme un providentiel dont les Wouwerman, les rut

rénovateur dans

l'art

de

Angéli, les Courtois, les

Préparatifs d'une course

(d'après

la

peinture militaire,

Van der Meulen,

une gravure de

les

Jazet).

.Martin le .Jeune avaient été jusqu'alors les représentants spirituellement

anecdotiques ou froidement solennels. Carie Vernet, en parcourant

son crayon

à la

main,

générale des lignes

et

l'action fiévreuse des

le

le

cadre sanglant des champs de bataille

puis en exprimant, vaste

groupes

mouvement

et

non seulement

la

collectif des troupes,

des individus, voire

même

disposition

mais aussi

des chevaux, en

un mol de chacun des acteurs du drame, avait tracé aux futurs peintres militaires

le

programme

bientôt avec un les

si

à suivre

grand succès

et

li\é la

formule dont devaient s'inspirer

les Raffet, les Bellangé, les

Meissonier, les de Neuville, les Détaille...

Horace Vernet,


T

GARLE VERNE

6S

I

11

suffît (le

feuilleter les

parcourir

les galeries

du palais de Versailles

Tableaux historiques des Campagnes

intéressante de gravures exécutées

la

et

la

plupart par Duplessis-Bertaux, d'après

le

Consulat,

(d'après

popularité

1804

un véritable événement

el

une gravure de

artistique.

comme

important qu'il joua dans

mouvement

demeure

Jazet).

Marenyo au Salon de

l'exposition de sa Bataille de

tissants succès qu'il obtint

Carie Vernet

place considé-

publication de ses dessins de bataille lui valu! une

la

immense fut

la

peinture militaire dans l'œuvre de ce dernier.

Le départ

Sous

surtout de

révolutions d'Italie, suite

des cartons de Carie Vernet, pour se rendre compte de rable que tient

et

et

le

Cependant, malgré

peintre des soldais historique de

demeurera comme

le

la

el

les

malgré

retenle

rôle

peinture militaire,

type du peintre sportique et

des élégances mondaines de son époque.

Bien plus que des images guerrières, son

champs de

courses,

des

ligures de jockeys cl de

intérieurs

d'écurie,

nom

évoquera toujours des

des

scènes

de chasse,

des

piqueurs, de fines silhouettes d'Incroyables et de


LES VERNET

66

Merveilleuses se saluant avec une grâce maniérée en s'envoyant des baisers

du bout des Avant

doigts...

ses triomphes

académiques

à la sortie

de

l'atelier

de Lépicié et

La coukse

à son retour de s'était Il

rituel

Rome,

le

(d'après

une gravure de

Jazcl).

goût de Carie Vernet pour

nettement manifesté

la

peinture hippique

1 .

faut rechercher la cause de cette précoce vocation pour

dans

la

un genre

spi-

fréquence des relations que Joseph Vernet entretenait avec

Carie Véniel ne séjourna que sept mois à Rome au lieu d'y rester durant les quatre années réglementaires. L'atmosphère mystique de la ville éternelle eut sur sa nature, naguère si mondaine, si avide déplaisirs, mais parfois cependant soumise à ses crises de mélancolie profonde, une étrange influence. II abandonna complètement ses études de peinture, cessa même de s'intéresser aux courses du barberi, et se plongea dans la religion avec une ardeur inquiétante. Lagrenée, alors directeur de l'école de Rome, convaincu que Joseph Vernet n'apprendrait pas avec une vive satisfaction l'entrée de son cher Chariot » dans les ordres, s'empressa d'instruire le vieux peintre de l'état d'esprit de son fils. Aussi, avant d'avoir eu le temps d'endosser la robe de moine, Carie était-il rappelé en toute hâte à Paris où la crise religieuse prit rapidement fin au milieu I

<<


CAR LE VEUX ET les

07

grands soigneurs de son époque, presque tous amateurs de chevaux de

luxe et possesseurs d'équipages de chasse. Carie pour lequel avait

une prédilection

gnon de

très

marquée

plaisirs et de l'êtes eut, dès le

L'hallali

(d'après

familiarisé avec le spectacle très les obstacles

le

de

des

et

aux aboiements des

dont

qu'il

envoya

comme

avait

même

le

vieux peintre

fait

son compa-

début de sa carrière artistique,

une gravure de

fut

et des

l'œil

Jazelj.

chiens de race menant cerfs et

bercée, pour ainsi dire, aux sonneries

hallali.

Même

souvenir de toutes ces \isions sportiques

Home

il

animé des pur sang anglais franchissant

champs de courses

Sa première jeunesse

sangliers.

des cors

et

étrennes

à

pendanl son séjour en

et

Italie,

cynégétiques l'obséda. C'est

son père

le

fameux cheval peint

du bruit des fêtes et des plaisirs. Désormais, et nous savons nous en réjouir, l'élégant cavalier de la croix de Berny, le fidèle habitué des bals de l'opéra, ne songera' plus à s'envelopper de bure .'i à se couvrir la tête de cendres. Il avail trouvé lui aussi son chemin de Damas, entre SantaMaria ti<-H<i Paceei le restauranl du Veau qui tetle. 8


LES VERNET

68

qui émerveilla les

de Jules Romain

loiles

pour bien

Salvator Rosa,

el

rendre compte de

se

chevaux avant

traité les si

vieillard; et, lorsqu'il étudiait les fresques de

le

lui.

trois

des courses de barberi ou dans celui des bergers de

la

à la

dit-il,

maîtres avaient

curieux de vérité rencontra de plus fécondes émotions dans

galopant l'aiguillon

et

permis de supposer que son art

est (railleurs

Il

surtout, nous

c riait,

manière dont ces

la

Raphaël

la

main après leurs taureaux

le

spectacle

campagne romaine

réfractaires,

contemplation des coursiers aux formes conventionnelles

et

que dans

aux allures

épiques qui piaffent triomphalement ou se cabrent avec une majesté sculpturale dans la salle d'Héliodore et dans la

Chez

les

Vernet

commençait

chambre de Constantin.

précoce que

le talent fut aussi

à

comprendre que

servir à autre chose qu'a faire des

les

plumes

La précocité de son

fils,

bonshommes que

artistique de Carie ne fut pas

s'il

par Charles Blanc.

«

M. d'Angevilliers, où

A

«

Voilà

devant «

lui et

il

«

se

moindre que

si

réunissait la

une société choisie;

comme

et

on se

tendresse paternelle, Joseph Vernet envoya

pauvre enfant installé au milieu du salon, une son crayon à il

la

dessina hardiment un cheval,

murmure autour

de

lui

:

«

Bien

!

Très bien

n'y aura pas de place pour les jambes.

la feuille,

les spectateurs

faisant prendre

Amédée Dura mie.

-

En

de papier

!

et, à

mais

mesure il

qu'il

a pris trop

»

un bain de pieds

étonnés de sa présence d'esprit 2

1

feuille

main.

jambes du cheval, puis en quatre coups de crayon

dessiner

de son père

bien que son père en parla un jour avec feu chez

L'enfant continue, sans se déconcerter, achève

bas de

celle

fils.

Suivant son instinct

avance, on bas,

le

.

cinq ans, nous dit ce dernier, Carie dessinait déjà

l'aveuglement de

chercher son

son grand-père Moreau 1

faut en croire l'amusante anecdote suivante, rapportée

d'une façon surprenante

récriait sur

ans Joseph

crayons pussent

et les

payait d'ailleurs généreusement vingt sous pièce

et

six

à dessiner la tète, et au collège des Quatre-Nations, l'élève

Horace se refusait

lui

A

facile.

.

à

commence

le

corps,

il

ligure de l'eau sur le

les

son cheval, et laissant

»

1762, offrait pour ses étrennes à Chariot (qui avait alors quatre ans) » (Les Livres de liaison de Joseph Vernet).

«

des cahiers pour


CAR LE VERNET

/

69

II

Avant d'étudier l'œuvre, tentons d'esquisser un

portrait de l'artiste.

Physiquement Carie semble tenir beaucoup plus de sa mère,

Étude de chevaux au repos

(lithographie de Vernet).

Virgina Parker, que de son père, ainsi que

le

de Vanloo, de Lépicié, de-Robert Lefèvre, de

Sa gracieuse

vivacité,

empruntée

;'i

la sir/nova

la

témoignent

M

me

\

les divers portraits

igée-Lebrun, de Guérin...

nature provençale,

était

comme

tempérée par une sorte de morgue anglo-saxonne, héritage des ascendances maternelles.

Les écrivains du temps s'accordent pour les

le

classer parmi les gentlemen

plus accomplis. Il

était, (lisent-ils. aussi

élégant de tournure que distingué de visage. Ses


.

LES VERNET

70

beaucoup de

traits avaient

son époque. le \\\

Il

encore

à

linesse.

aimait de passion

et,

cheval

le

et

un dos meilleurs cavaliers de

montait

comme

un jockey.

On

soixante-dix-sept ans caracoler au Bois de Boulogne.

D'ailleurs tous les exercices

existence

Cul aussi

11

du corps prenaient une grande part de son

avec un égal succès,

jockeys montés

Lies

pieds. Carie Vernet fut parfaits cavaliers, et

cultivait le cheval, l'épée et la course à

il

(d'après

une gravure de Dards).

un marcheur extraordinaire,

on raconte

même

fait

assez rare chez les

qu'à la suite d'un pari engagé avec

quelques muscadins en vue, de ses amis, Tourton, Bacuée, Lagrange... courut un

joui-

au Champ-de-Mars, dans une de ces courses renouvelées

du slade antique. fête,

Il

remporta

\

Lareveillère-Lépeaux,

Monsieur Vernet, votre

((

il

lui

nom

premier prix que

le

le

président de

décerna avec ce compliment

liés flatteur

la :

est habitué à tous les triomphes. »

Élégant, spirituel, maître dans tous les sports portant avec un extraordinaire raffinement de correction retroussis, riche d'un sa

nom

première jeunesse dans

devint bien vile l'homme

le

.

la

culotte collante et la botte à

célèbre et d'un talent personnel, répandu dès la

mondaine des

plus

plus à

plus en vue de la jeunesse dorée,

du duc d'Orléans.

frac,

le

et

sociétés,

Carie Vernet

mode de son temps, un des chefs les un des compagnons de tète et de chasse

la


CARLE VERNE T

71

Avec un égal empressement ses contemporains recherchaient sa tuelle société et les brillantes productions

Ce

fut

un

homme

heureux. Et

si

de son art

si

spiri-

facile.

ce n'étaient les quelques mystiques

inquiétudes qui troublèrent les premières heures de sa jeunesse et surtout le

profond chagrin que

été,

et

comme

celle

lui

causa

la fin

sœur Emilie, sa

tragique de sa

vie eût

de son père, une suite presque ininterrompue de triomphes

de joies de toutes sortes pendant plus d'un demi-siècle.

Étude de chevaux au galop

Vernet tenait de sa mère,

Si Carie

«

(lithographie de Vernet).

unadona remmente graciosa

distinction des traits et l'élégance des manières,

un caractère

alerte, joyeux, pétulant,

la

rarement, à l'époque des crises religieuses

comme Nogent

1

2

».

sentimental adorateur, «

Aussi gai, aussi

vif,

il

,

»

la

avait reçu de son père

mélancolie n'apparut que très et

amoureuses,

son maître Lépicié, mais pour tout de bon, revêtir

lorsque,

et

il

1

soupirait pour

«

lorsqu'il voulut, la

les

robe de moine

beaux yeux de

aussi étourdi qu'avait pu l'être Joseph

dans

Lettre de Natoire.

Lépicié avait la singulière manie de peindre en coslume de moine, L'étude des Livres de Raison, nous apprend que Carie Vernet, même avant son dépari pour Home, était très épris d'une jeune tille de Nogent, qui d'ailleurs semble n'avoir jamais bien sérieusement répondu à la passion du jeune homme. Est-ce dans cet amour malheureux qu'il l'a ut chercher la cause de ces subite* expansions du sentiment religieux et de ces velléités monacales? Cette fâcheuse aventure ne parait cepen-


LES VERNET

72

emprun-

sa jeunesse, Carie prêtait à son père un peu de ses vingt ans, et lui tait

en retour un peu de cet or dont on

raconte que Joseph Vernet

calembours dont

il

allait

vieilli

a

achetait à son

ensuite se faire

trois fois

de suite, abusant de

La

c.îiassf.

la

au renard

pudeur

mémoire

(d'après

fils,

honneur en

Carie, pour battre monnaie, revendait sans

ou

tant besoin à tout âge.

le

a

argent comptant, des

comment

société, et

même bon mot

fatiguée de son père

une gravure de

On

1 .

deux

»

Jazet).

Les mots d'esprit de Carie Vernet ne se comptent pas. Plusieurs sont

devenus populaires, entre autres ce calembour Vie qu'il servit en réponse

à

si

connu sur

la

Bourse

et la

une question désobligeante d'un voleur ren-

contré un soir en plein Paris.

A

l'indiscret

paraît-il,

personnage Carie répondit avec une parfaite sérénité qui,

déconcerta complètement

le

bandit

:

«

La Bourse

est

au bout de

danl pas avoir profondément bouleversé la destinée de Carie Vernet, car en apprenant, à son retour de Rome, que « les beaux yeux de Nogent » s'étaient mariés à un autre soupirant, il chercha de rapides et douces consolations dans les coulisses de l'Opéra, et dans la vie de sport, avant d'épouser Fanny Moreau, la charmante fille de Moreau le jeune (1787). 1

Léon Lagrange.


W

CAR LE VERNET la

rue à droite, monsieur,

vile

de profession.

et l'avis

que

je

vous donne

est

de changer au plus

»

rôle. Autre aventure de brigands où notre peintre eut encore le beau ou en plein Arrêté par des malandrins (était-ce dans les monts d'Albano

Paris?) Carie Vcrnet dut déposer entre leurs

quelques pièces d'or. Et

il

accompagna

La chasse

(d'après

mains une bourse où

cette

brillaient

douloureuse offrande de cet

une gravure de

Jazct).

pond Isabev en claquant des dents. Et Carie de s'avancer vers un inconnu qui s'essayait à patiner près d'eux et sérieux

:

«

Un de

Voulez-vous avoir

mots

représentation de Maison à rendre. à côté

lui

dire avec un

bonté de fermer

la

ses plus jolis jeux de

Verne! se trouvait

de

Il

est

la

celui qu'il

imperturbable

porte Saint-Denis. lit

est d'ailleurs très

lors de

la

»

première

connu.

d'Alexandre Duval, dans une loge d'avant-scène

avec quelques amis. Chacun félicitait l'auteur du succès de sa pièce. Seul Carie Vernet ne disait rien,

«

Est-ce (pie nous n'êtes pas content?

»

lui dit


LES YERNET un des assistants, que nier,

je

M. Cuvai

a

le

trompé

silence de Yernet étonnait. le

public

ne trouve qu'une pièce à louer.

;

il

avait

«

Non, répondit

annoncé une maison à

se manifestait

tance, sous toutes les formes. C'était très visiblement

pendant

le

rendre, et

»

La tendresse de Joseph Yernet pour Cari

Le départ

ce der-

le

en toute circonsfavori, et

même

(d'après une gravure de Jazet).

court séjour de reniant gâté à l'école de

Home

la sollicitude

paternelle, toujours en éveil, toujours inquiète, ne cessa de s'intéresser aux

moindres actions du jeune peintre. Le Journal de Joseph nous apprend que chaque semaine le pensionnaire de la villa Médicis recevait une longue lettre chargée des plus affectueuses recommandations. Les sages conseils

«

pas s'amuser à faire des bagatelles

»,

et

des croquis bientôt

faits

de ne

mais

d'étudier sérieusement les grands maîtres, surtout Raphaël, alternaient avec

d'autres conseils,

non moins sages, qui portaient sur

le

choix des relations




T

CARLE VERNE règles

d'hygiène à

observer. Le bon

père, que la

sur

et

les

santé délicate de son

adoré

fils

préoccupai! liés vivement, redoutait les suites de trop violents exercices

de

«

d'équitation

parties de bal

mentées.

bonne

à

La

«

»

trop

table

l'académie?

et

mouveest-elle

Voilà

»...

encore une des anxieuses ques-

rem-

tions dont ses lettres sont plies.

Nous retrouverons plus chez Carie

les

mêmes

lard

témoi-

gnages de tendresse passionnée, voire

son

même

lils

tyrannique, pour

(d'après

Horace.

Jamais

la

fraternelle

communion de

Étude de chevaux

d

une façon

dont

Jockey au moment de monter

plus

se

une gravure de

l'esprit et

battant

du cœur ne

comme

soudées

cheval

se manifesta

(lithographie de Vernel).

noblement touchante que chez ces

les existences sont

a

Jazet).

entre

elles

trois

par

grands artistes les

plus myslé9


U-:S

78

rieuses

et

VEHNET

plus profondes affinités.

les

non seulement dans

cependant que

Kt

extérieur des

l'aspect

<le

contrastes,

aussi dans les

natures, niais

manifestations familières des caractères! Certes Carie

de son esprit

et

ressembler dans

bien hérité du talent de son

a

de

la

générosité de son cœur, pratique

la vie

et

Le départ nu chasseur

l'ut

le

(d'après

emprunté au

combien furent vains tudes d'ordre

et ses

mais

aussi de la gaîté

qu'il est

loin de lui

méthodique teneur de

!

Qu'on en juge par

livre

de M. Léon Lagrange,

les efforts

du père pour inculquer

livre

que

et

à

son

le récit

l'on

verra

ses

habi-

lils

Home, Joseph Vernet

fit

"promettre de noter, avec soin, jour par jour, toutes ses dépenses.

«

Mais au retour,

raison. Le père alors

de

goûts de comptable.

Disons, tout d'abord, que lorsque Carie partit pour lui

et

une gravure de Levachez).

minutieux auteur de Livres de raison

épisode

cet

d'être le

père

mon ami le

lil

d'un de ses livres

à

voit le père sur le

dos du

lui

Carie ne put montrer l'ombre d'un livre de

asseoir, et le força d'inscrire sur

les

une page blanche

dépenses du voyage. Cette page

lils,

et

ce dernier,

un crayon

à la

est vivante.

On

main, cherchant


GARLJE dans

mémoire

sa

VERNET inventer pour abréger la corvée

ce qu'il pourrait bien

Rome,

De Paris

à

«

dépenses,

comme

il

véut des détails. Alors Carie d'accuser en

<(

gilet blanc,

«

table,

étrennes,

quand «

il

le

a

spectacles, gants, cravattes, etc..

10 francs.

40 francs.

«

ou cinq père a

la

il

fois,

3 francs... etc.

»,

plume

:

A Rome un

«

:

Tapis de

Le

»

une martingale, 10 francs, 52 francs au

désarmé

est

ronds

chilîres

père insiste

le

Des gants, deux paires, \ lianes.

Carie, ennuyé, jette le crayon. cl

continue d'écrire sous

cl la

Le père du

la dictée

café, les

tailleur, et le

ramasse,

(ils

quatre

un calembour,

le

peintre et efforçons-nous de

le

sans doute

articles, et puis... Kl puis Carie

ri,

mais

»

couleurs reviennent à tout instant. Mais enfin

les

70 francs de couleurs

ou plutôt prend

— Spectacles plusieurs

spectacle, inscrit

j'ai

:

dépensé environ 30 francs en menues

«

ècrit-il,

79

a fait

confession se termine.

»

111

Nous connaissons l'homme. Éludions

le

suivre à travers les multiples évolutions de son art

caprices de sa labo-

et les

rieuse et folle existence.

A proprement la

parler Carie Vernet ne fui pas un peintre.

prodigieuse facilité de composition de son père,

s'il

sut,

S'il hérita

comme

de

lui, fixer

d'un crayon rapide, spirituel et vivant, les expressions et les attitudes de ligures encadrées

ignora

l'art

dans des accessoires correctement adaptés au

et

il

fut

en cela bien inférieur au peintre des bords du

des \ues de Tivoli

et

d'Albano.

L'aspect général de ses grandes compositions picturales, de île

il

divin de produire de puissants effets par l'harmonieuse combi-

naison des tons. Kl

Tibre

sujet,

Marengo*, du Matin d'Austerlitz

(sa

meilleure

toile),

de

la

la

Bataille

Reddition de

Ce tableau qui ligura an Salon uV isos valul à Carie Vernel la croix de la Légion d'honla lui remettant de ses propres mains, Napoléon lui dit « Monsieur Vernet, vous êtes comme Bayard, sans peur et sans reproche. Tenez, voilà comment je récompense le

1

neur. Et ici

mérite.

:

»

L'impératrice ajouta à ce premier complimenl ces mots gracieux « Ce sont deux croix en une; il est des hommes qui traînent un grand nom; vous, Monsieur, vous portez le vôtre. » :

àmédée Durande.

|


LES VEUX ET

80

Madrid, de bien

de

dire, d'un

le

De

Bataille de Rivoli,

la

même

de

désagréable,

effet

les bois

au musée du Louvre,

Meudon,

de

et qui

Halte au retour de la chasse (d'après une gravure

l'année 1827.

avant tout

Ici

comme dans de

le style

des silhouettes, dans

dédain de

la vérité

Carie Vernei

son

pinceau;

la

spirituel

pendant

la

l'esprit

du ton local

il

Tant

et vitreuse.

la

seule toile

de Jazct).

Carie Vernet recherche

du dessin, dans l'élégance mais quel suprême

de l'harmonie générale

el

est,

exécutée pendant

fut

pittoresque des accessoires;

!

ne se faisait d'ailleurs aucune illusion sur les vertus de

ses

peintures

ensemble de son œuvre. Le talent

les toiles militaires

composition dans

le

etc.,

dans sa tonalité froide

Chasse au daim dans

la

ligure

l'artiste qui

du Siège de Pampelune,

et

sont

assez

travail

primesautier, aussi

durée de sa longue

el

rares,

étant

donné

le

colossal

du crayon convenait surtout a son s'}

livra-t-il

presque incessamment

laborieuse carrière. Ce

l'ut

lui

qui mit un


CAR LE VER NET des premiers en usage

l'art

de

populaires ses scènes de sport

la

cl

81

lithographie, qui devait rendre bientôt

si

de mœurs, ses estampes satiriques, ses fins

croquis de modes.

L'œuvre parties

:

les

de

Carie Vernet

peut,

les lithographies.

la

se

diviser

en

quatre

dessins au crayon, les peintures, les aquarelles et sépias.

Amazone égarée

tante.

en définitive,

La

(d'après

une gravure de

partie lithographique est de

Le cabinet des estampes possède environ

et

Jazet).

beaucoup

la

plus impor-

six cents lithographies, et

collection est loin d'être complète.

Les dessins

à

la

mine de plomb sont également

fort

connais des albums qui en sont couverts. Beaucoup ont une trale. Certains d'entre

allure magis-

eux deviendront de brillantes aquarelles qui

tour se transformeront

en

précieuses gravures

Levachez, Jazet... contresigneront. D'autres,

champs de

nombreux. Je

bataille d'Italie,

à

la

suite

à leur

que Debucourt, Darcis.

comme

les croquis pris sur les

du Premier Consul,

el

que

la

fine

pointe de Duplessis-Bertaux fixera définitivement, constitueront un précieux


LES VERNET

£2

ensemble de documents graphiques d'une remarquable intelligence rique;

<»ù

devine que l'observation de

l'on

égale intensité

cl

un égal souci de

la

l'artiste

vérité, sur

la

liislo-

portée avec une

s'esl

figure cl l'attitude des

La marchanda dk poissons (d'après une gravure de Debucouri

chefs, sur les

mouvements

des troupes, sue l'aspect des campagnes, sur

la

nature des terrains...

Ce sonl

de véritables instantanés historiques dont l'étude

indispensable à qui veut connaître dans lous leurs détails

nements

les

csl

presque

épiques évé-

de ces époques guerrières.

Le métier de pinceau, célébrer

sur de vastes

tecteur,

ou

les

si

lourd

toiles

le

cl

si

pénible chez

l'artiste lorsqu'il

veut

triomphe de Napoléon, son premier pro-

exploits cynégétiques de Charles

X,

son

souverain bien-


E

CARLE VERNE T aimé"

1

étendent

,

80

plus libre, plus léger, plus souple

dans l'aquarelle; Cer-

Tunc conduisant un cheval arabe (d'après une lithographie de Vernet).

taines peintures

à

l'eau,

celles

surtout où

l'Empereur dans

différents aspects,

le

bois et des jardins de Fontainebleau, coloris

charmant.

.Mais

que

les

de l'Empereur sont pauvrement

Cependant Carie réelle force

sut parfois

de vérité

la

traits

l'artiste

nous

montre, sous

cadre des sont d'un

augustes

interprétés! Et

exprimer avec une

figure

humaine.

Son

nous dit M. Amédée Durande, était toujours resté au souvenir des Bourbons, et il accueillit avec joie leur restauration aussi fut-il nommé en quelque sorte Je peintre 1

Carie,

fidèle

;

de la nouvelle cour, lorsqu'on le chargea de peindre l'entrée de Louis XVIII à Paris et le portrait du duc de Berry en costume de colonel général des chevau-légers. Pour justifier l'acceptation de ces commandes, dont l'exécution n'ajoute rien d'ailleurs à la gloire de l'artiste, M. Amédée Durande trouve celle conclusion étrange « La peinture est un terrain neutre toutes les couleurs se trouvent sur la palette, et l'artiste a, jusqu'à un certain point, le droit de 11e pas toujours être conséquenl avec l'homme. » N'oublions pas que le Premier Consul avait puissamment favorisé les débuts de Carie Vernet en lui faisanl l'honneur de l'accompagner sur les champs de bataille d'Italie, où l'artiste pût recueillir d'après nature les principaux éléments de ses fameux dessins que devait graver Duplessis-Bertaux. C'est aussi ['Empereur qui au Salon de 1808, devant le Malin d'Auslerlilz, lui remit la croix de la Lésion d'honneur. officiel

:

;

La VI (d'après

F. I.

LEU S

une gravure de Debiu

mrtl.


LES V EU NET

Si

groupe de maréchaux dans tenue

et je

ne crois pas

Adieux d'un Russe

riques

r

le

Matin â Austerlitz

qu'il existe

a

d'images

une Parisienne

de Bernadotte, de Bessières

Carié Vernet dans

Mais arrivons

la

meilleure de ses

à

la

et

(d'après

est

remarquable

d'une

(dus vivantes

el

plus histo-

une gravure de Debucourt).

de Mural, que

relies

que

peignit

toiles.

partie la plus importante

de P œuvre

de

l'artiste,


VERNET

G A RLE à celle qui selle

t'ait

85

surtout sa gloire et qui lui valut une

notoriété

nous voulons parler de

:

rapide

si

et si

univer-

l'ensemble de ses compositions

lithographiques.

Ce ne

que vers 1820 que Carie Vernet exécuta ses premiers

fut guère

dessins sur pierre. De Làsteyrie trouva en

Accident de chasse

ce genre qui exige des qualités la

vivacité spirituelle

du

souvent superficielle des ne les

Dès

possédait le

lèlement

à

un

Directoire, à

sa

d'aquarelles, où

puissant vulgarisateur.

mieux deviner que Carie Vernet

d'ailleurs

la

liait,

si

:

la

la

Nul

ne

vraie destination de

rapidité de l'observation,

d'exprimer sous une forme cursive

idées parfois

très

profondes. Ces qualités,

et

nul

plus haut degré que Vernet.

verve satiriquede Carie Vernet

verve sportique, les

françaises

l'art

dis-

(lithographie de Vernet).

ciples et l'art de la lithographie son plus

pouvait

un de ses plus fervents

lui

mœurs

et

dans les

s'était

exercée paral-

une série de dessins, de sépias

travers

et

de celle curieuse époque sonl 10


LES VERNET

86

humeur

dépeints avec une

des Merveilleuses que

très spirituelle. Voici la suite des Incroyables et

gravure

la

rendre populaires en France Ce

époque

aussi à cette

fut

;

lithographie ne vont pas tarder à

la

l'étranger...

qu'il dessina

du

même

Sans doute

hippiques.

surpasser en ce genre,

et

avoir pour la

le

Jazcl).

Géricault

fin,

devait

découvrir

a de plus générique,

le

la véri-

mais

il

n'en

prédilection un peu exclusive qu'il parait

pur sang de courses, Carie Vernet

a

déchiré de son

lin

crayon

formule classique des nobles coursiers aux croupes massives, aux tètes busquées,

petites et

lesquels

a

caracolent

fixé le

aux jambes de devant éternellement en

et

solennel

le

Méléagre de Lebrun, Il

la

és recherchées des

une gravure de

l'incomparable

dans ce qu'elle

pas moins vrai que, malgré

est

(d'après

après des recherches sans

table expression chevaline,

li

coup Carie Vcrnct au premier rang

Jockey emporté par ses chevaux

peintres

pièces, dont le succès fut

ces épreuves sont encore aujourd'hui

vrais amateurs, et classent

des

pour Debucourt ses fameuses

nombre de quatre-vingts

éludes de chevaux, au

considérable

et à

et

du cheval

s'être

trop

,

d'Olivarès,

et l'obsédant cavalier

premier sur

réelle

duc

et

spécialisé

le

la

toile,

les

Alexandre,

ou

sur les

en habit bleu de van der Meulen.

d'un pinceau sincère

seul reproche

l'air,

qu'on

dans une espèce. Ce que

et savant, la ligure

puisse lui adresser est de dit à ce sujet

M. Amédée


C'A

Durande

est fort juste.

RLE VERNET

Carlo Vernet a renoncé au Noble Coursier (celte

«

expression prétentieuse peut seul» donner une idée juste de l'animal qui a 1

servi de type à certains peintres) et

maîtres hollandais et flamands'. race qu'en habile écuyer sang.

Il

poussa

il

même un

il

Il

s'il

batailles.

Dans

il

à courre,

l'étude

se

iil

le

il

eCd

du cheval

(d'après

de ses élèves, Géricault, mais

mieux il

quitte à léguer à ses successeurs

une gravure de

pour modèles dans ses

fait

la

et élé-

Jazet).

stee/ile cl

d'en choisir d'autres pour ses

devait être surpassé par

c'est déjà le

«les

portraitiste juré des pur

peu trop loin l'amour de ces bêtes fines

a eu raison de les prendre

dans ses chasses

chevaux

consacra ses pinceaux à l'étude de

préférait, el

Le repos du chasseuh

gantes, car

a laissé à l'écurie les gros

le

plus illustre

un mérite que d'ouvrir

la vraie voie,

soin de l'élargir

2 .

»

II est bon cependant de l'aire observer que Carie Véniel, malgré sa prédilection liés marquée pour les chevaux de race fine, anglais, arabes, syriens, persans, hongrois, ne dédaigne pa« aus~i absolument qu'on veut bien le dire le cheval de trait, le cheval peuple, et certaines lithographies comme la route de postes, le marché de chevaux normands, démontrent victorieusemenl que Carie Verne savait exprimer avec un ail égal la vigueur massive du cheval el, sa frêle ot 1

I

nerveuse élégance. 2 L'image qui orne la couverture de ce livre nous apprend qui' Carie Vernet ne se contente pas de faire chevaucher le pur sang anglais par les cavaliers de Paul-Emile, mais aussi de


LES VEUX ET

88

Voici également sur Carie Vernet, peintre de chevaux comparé en ce

genre à Gros citée

:

Alpes

« le

une opinion de Charles Blanc qui mérite d'être

Le cheval que David venait de peindre, portant sur Premier Consul

aucune

nait à

et à Géricault,

et sa

fortune,

race. Déjà, sans doute, Carie

Accident de chasse

vaux

;

il

étaii

s'était

permis de regarder

Vernet avait émancipé

che-

la

nature

et

de copier, non pas des

et

lui l'Ecole française,

reproduisait assez gauche-

type de coursier venu des batailles d'Alexandre ou trouvé dans

écuries de

fines, et

les

(lithographie de Vernet).

sous l'influence des académies, avait adopté

les

cime des

un cheval bâtard qui n'apparte-

chenaux peints mais des chevaux à peindre; car avant

ment un

la

même

Van der Meulen. Mais Carie en exagérant

leur finesse.

n'avait

réhabilité

que

Son grand mérite

les races

fut

de leur

modifier bien profondéraenl dans un sens très moderne, les formes olympiennes du fougueux coursier du Parnasse. Son Pégase, s'élançanl d'un coup d'aile, dans les profondeurs du ciel pour s'y changer en astre, évoque en notre esprit l'image très mouvementée d'un joli étalon sj ien, les ailes en plus. i


/

CARLE VER N ET

donner de l'élégance race

:

il

comprit

le

et

de

cheval

c'est-à-dire noble et de

la vie.

comme

89

Gros leur donna de

vigueur

la

un élève de David pouvait

pur sang. En

sa robuste monture du peuple, Gros

le

et

de

la

comprendre,

attendant que Gérieault osât ennoblir fit

du cheval arabe

compagnon de

le

tous ses héros. Lui-même, du reste, avait conscience de sa supériorité en ce

Accident de chasse

(lithographie de Vernet).

genre, et dans son langage pittoresque et fringant

Vernet

:

«

Un de mes chevaux mangerait

Jamais peintre n'aima le

A

et ses

vingt ans

disait

six des siens...

cheval avec plus de passion

le

peignit avec plus d'amour.

accomplis de son temps,

il

il

était

à

propos de

»

que Vernet

cl

ne

un des cavaliers

les plus

comme

ses der-

premiers essais au crayon,

niers croquis, furent des études de chevaux, études de détail, éludes d'en-

semble. Le cheval,

il

au boulet. Dans

la

représentation de toutes ces scènes de chasse, de course

de vénerie où

il

et

terre, ce

par cœur, du chanfrein au paturon, de

le sait

excelle, Carie n'a jamais été surpassé,

pays classique de

la

Mais aussi que d'infinies

même

la

croupe

en Angle-

peinture sportive.

et

incessantes recherches pour arriver à

la

réa-


LES VERNEï

!)()

lisation letér

si

les

rapide et

si

sûre du sujet. Pour s'en convaincre

cartons où s'entassent

cheval, fixées

d'un crayon

suffit

il

de feuil-

pénétrantes études ahatomiques du

ses

consciencieux, et ces albums de poche où

si

fourmillent tant de vivants croquis hippiques et autres pris d'après nature, et

où Ton retrouve en germes

les

chefs-d'œuvre futurs,

volantes, pieusement conservées par

Accident de chasse toute

sa séduisante originalité,

comme on

Carie Vernet,

qui,

de Callot un

caractère

le l'a

nouveau,

la

('/est

sur ces pages

famille, qu'apparaît le

mieux, dans

(lithographie de Vernet).

talent dit

si

primesaulier, raison,

avec

a

moins fantastique,

su

si

français, de

donner non

mais

à

l'art

moins

spirituel.

L'un de ces carnets celui

Rome

qu'il portail

en poche lors de son départ pour

(octobre 1782) est fort curieux à consulter.

de nombreux dessins du plus

vif intérêt

:

Non seulement il renferme

études de cheval, caricatures,

silhouettes d'amazones, croquis de harnais et de bottes, paysages, scènes

tragiques

et

comiques, empruntées au théâtre de Racine

et

de Molière, mais

encore des notes écrites d'un indiscutable intérêt biographique.

En

voici

une qui porte

pour simple

titre

Souvenir

et

que Vernet,


.

GARLE VER.NET rédigea (railleurs sur ce

Rome.

même

carnet, assez longtemps après son retour do

mentionnée

Elle mérite, croyons-nous, d'être

Chocolat que

le

91

:

citoyen Vellong m'envoye pour payement d'un tableau que je dois

lui faire.

Vers la fin thermidor Le lo fructidor Vendémiaire

Lk marchand

On

se

pour 12

prend

uk

2 livres.

6

chevaux NORMANDS

regretter de

à

(d'après

même

une gravure de Charon)

ne pouvoir connaître ce tableau exécuté

livres de chocolat, payées en trois

Sur ce

— —

acomptes.

carnet nous découvrons une opinion médicale,

ressante, rédigée tout entière par la fort bien l'affection

nerveuse dont

main

même

souffrit

il

tence et qui se manifestera au début

à la

el

de

l'artiste.

l'oi

t

inté-

Elle explique

plusieurs fois dans son exisfin

de sa carrière par de

si

étranges crises de mysticisme. «

Monsieur

Carie Yernel est né

Les remèdes très porte

pas

l'usage

grands lavages. U

actifs

ne

lui

avec une constitution liés sensible.

conviennent pas. Sa constitution

des purgatifs. est fort sujet à

Il

ne

des

supporte

pas plus

maux d'estomach

(sic)

ne com-

facilement

les

pour lesquels


LKS VKHXKT

92

il

a

l'ait

usage de différentes espèces de remèdes.

lagement que dans l'usage d'un

semences d'anis chaque

fois et

qu'il

rôle

Il

n'a éprouvé de sou-

mélange de rhubarbe concassée

mâchait tous

les

malins

à

la

et

de

dose de huit grains

pendant bien du tems.

Les aveugles «

II

(d'après la gravure de Debucourt).

faut être en garde contre son

dans toutes ses affections

moral qui m'a paru jouer un grand

1 .

>>

Les premières pages de ce carnet son1 consacrées à la nomenclature des objets de toilette emportés par Carie Vernet à Rome. Voici d'ailleurs la reproduction textuelle de ce curieux document que nous publions ici à simple litre de curiosité et pour montrer quel souci avait de sa mise extérieure notre fringant artiste, qui déjà à cette époque était considéré comme un des princes de la jeunesse dorée 1

:

Etat des objets que j'ai emportés, tant dans ma malle, que sur moi, lors de jiour Home, an mois d'octobre 1782. 24 chemises neuves. habit violet, la veste pareille.

bas de soye noirs, bas de soye gris, bas de fil blanc.

I

23 chemises vieilles. 24 cols neuls.

5 bandeaux.

18 cols vieux.

o

12 cravates.

6 culottes blanches.

12 mouchoirs de batiste. 36 mouchoirs à moucher. mouchoirs de soye. bas de soye blancs.

mouchoirs vieux.

10 gillels blancs. 7 gillets d'indienne. 5 culottes de nankin. 6 caleçons.

mon

départ


.

1

CARLE VERNET

ii

Xous avons

On peut

dans

lu

pointure militaire et hippique un véri-

aussi le considérer

chambre

et leurs gillets.

I

pantalon rayé.

1

habit noisette, veste pareille, collet aurore. habit gris mélangé. 2 gillets jaunes. gillet de drap rouge. 1 gillet noir bordé en or. 1

1

1

1

1

1

blanc brodé en or. 1 gillet prune de Monsieur, à petites 1 gillet de satin zébré. 2 gillets de coutil de soye.

1

1

1

gillet

1

mœurs

se

borne

habit rouge, collet noir. habit bleu, veste pareille. habit de velours bleu, culotte pareille, veste de satin brodé. habit de ratine carmélite, veste pareille. habit de soye bleu de roy, veste brodée. habit blanc et gris de lin, veste et culotte

pi-opi e à

gillet

paire de brmletpiins. 23 paires de souliers. 2 paires de galoches. 2 paires de pantoufles. 1 gilet de satin rose. -1

1

un inventaire de ganle-iobe du xix siècle.

de

1 gillet

I

la (in

père de la carica-

de tricot rayé bleu. de tricot zébré. 1 gillet de tricot aurore et verd. 1 gillet de satin beurre frais. 1 gillet de satin verd. 4 gillets de peau. 1 habit blanc. 2 paires de bottes neuves. 1 paire de vieilles. 1

gillet noir.

Voilà

satire

le

pareille. fleurs.

2 culottes noires. 2 culottes de velours de coton mord-d'oye. 1 culotte de drap de coton merd-d'oye. frac noir. 1 1 habit suie de cheminée. habit noisette. 1 habit gris de fer à boutons noirs. habit brun ;ï collet cramoisi. 1 1 habit habillé, couleur de chair. habit de trient noir, veste pareille. habit rouge, collet verd (.s7c| 1

de

comme

moderne, bien qu'à proprement parler sa

2 robes de 1

c'est bien ta... (d'après la gravure de Debucourt).

dit qu'il fut

table réformateur. ture

!

93

aire rêver les

fi

jeunes bourgeois

les

plus élégants

'

1


LES VERNET

94

presque toujours

à

une exagération comique des formes

mais non grossière interprétation des

traits,

tudes. Les Cris de Paris font pressentir

Rempailleur de chaises, nous

Lf.

une burlesque,

mouvements

des

T ravies

et à

et

des

qui, sauf toutefois

atti-

dans

montrera bientôt plus grimaçants, plus dou-

les

coup de vent

(d'après la gravure de Debucourt).

loureux, plus dépenaillés, lïien avant Charlet, Carie Yernet nous avait assister aux idylliques effusions des

Decamps chiens,

ne

fut

,

comme

on

peut s'en

bonnes (reniants

convaincre par

une des plus belles pièces de

pas

le

l'œuvre

la

et

cl

fait

des toulouroux, et

fameuse danse des

humoristique de Yernet,

premier à décrire du bout de son lumineux crayon

santes pirouettes des singes

le

les

amu-

des chiens savants...

Gavarni lui-même qui, plus que tout autre, avait une parenté d'élé-

gance avec

le

l'influence de

peintre des Incroyables et des Merveilleuses, n'a-t-il pas subi

Yernet ? Qui pourrait

le

Assurément non, Carie Yernet ne

nier? lui

pas un grand peintre,

même

lors-


u

I

GARLE VEUNET de glorifier tour à tour sur d'immenses

qu'il tenta

Paul-Emile, Bona-

toiles

une place

parte, Patrocle et Louis XVIII, et nous ne saurions lui assigner

entre Gros et Géricault.

rayonnement du Champ Mais

Le

il

excella,

jouis de

Marengo

singulièrement dans

de bataille â? Eylau et

mais

barbe

pâlirait

h

'

n

il

est

du Naufrage de

demeuré inimitable,

charbon NiEit

le

la

c'est

double

Méduse.

dans

l'art

(d'après la gravure de Debucourt).

de fixer d'un crayon rapide, sous une forme toujours spirituelle et vivante, les

résultats

cesse, sur les

de ses incessantes observations. Car Yernet observait sans

champs de

sur le Corso de

bataille d'Italie, au théâtre, à la croix de

Home, dans

les

chasses de Raincy, au patinage, au Palais-

Royal, dans les fameuses galeries de bois qu'oïl appelait tares,

et

où Muscadins

et

Incroyables observaient

légèrement voilés des beautés du jour... Toujours sur les détails caractéristiques alerte le

crayon notait

la

Berny ou

et

il

le

(Uim/i des Tar-

à la

loupe

avait

l'oeil

les

charmes

grand ouverl

pittoresques des choses. Et bien \ile son

juste et fugitive impression.

Il

chroniqueur bien renseigné des modes de l'époque,

ne et

fut

pas seulement

ses compositions


LES VERNET

96

légères

du

frac de

bornent pas

se

rie

Vil et

l'art

physionomie de sous

le

à

nous donner

mondaine

sous l'Empiré

et

sous

La toilette d'un clerc de procureur

héroïque, toute

de

ces

la vie

élégante

époques passées

innombrables sante suite

de chevaux,

feuillets

est

cl

et

populaire, sous

la

(d'après la gravure

dans

le

île

Debucourt).

jusqu'à l'extravagance,

pur français

plus

et

des Merveilleuses, les admirables

scènes de course

et

de chasse,

les

étonnante série d'études de types populaires, puis

une

Directoire,

Restauration. Toute la vie

folle, folle parfois

décrite

le

sur les

de ses albums. Voici les tableaux historiques, l'amu-

des Incroyables les

dessin des boites à rètroussis,

de l'habit de ratine carmélite... Mais aussi l'exacte

la vie militaire,

Consulat,

le

cris

études

de Paris, cette

le défilé

grotesque, en

suite de superbes estampes, de tous ces guerriers sauvages

que Finva-




CARLE VERNET

99

sion amenait à Paris, et dont l'artiste a d'un crayon vengeur éternisé les

physionomies grossières Ici

une amis

et brutales.

sa verve de caricaturiste se manifeste en pleine liberté et c'est avec

satisfaction malicieuse qu'il se plaît à livrer au ridicule les

ennemis

»,

comme

marchande de

les appelait

coc<>

bours russes, Officiers prussiens, les

Anglais à Paris,

sienne... sont autant

la

nos bons

Bérenger. Militaires anglais, Tam-

(I8lô) (d*aprcs la

la

«

gravure de Debucourt).

Promenade

anglaise, le

Cosaque galant,

Partie de plaisir, les Adieux d'un Russe à une Pari-

de petits chefs-d'œuvre.

Et Vernet, pendant ces heures tristes et douloureuses, ne se contentait

pas de ridiculiser les grossières allures de nos vainqueurs, mais aussi, d

un Imil sur,

il

notait

physionomies de leurs compatriotes accourus dans Pans envahi pour insulter encore par leur présence tapageuse à notre les


LES VERNET

100

douleur.

Ah

ces groupes d'Anglais en quête d'émotions

!

long des Champs-Elysées

bivouacs

transformés en

!

patriotiques

le

Etres difformes

et

ridiculement accoutrés, grotesques de vanité, lâchement hilares, au milieu de l'Europe entière campée sur nos ruines jours et ni Gillray, ni

L

f.

Gala

!

Vernet

les a décrits

Rowlandson ne réussiront eux-mêmes

nt

cosaque

une plus vivante intensité

la

(181

.">)

à

pour tou-

exprimer avec

(d'après la gravure de Debucourt),

morgue pesante

el

la

plastique carnavalesque

de leurs compatriotes. C'est aussi vers celle

époque que Vernet, utilisant

le

procédé lithogra-

phique qui, grâce aux persistants efforts de Lasteyrie, commençait à se répandre, publia en outre de nombreuses scènes de chasse et de sport, soixante-quatre pièces consacrées aux Fables de La Fontaine. Ce n'est pas là d'ailleurs,

il

faut

le

reconnaître,

la

meilleure

partie

de

son œuvre.


CAR LE VERNET

A

cet artiste essentiellement

pût

native

se

primesautier,

manifester avec esprit,

dessin des illustrations de La et

la

s'être

conception fait

illusion

manque sur

la

parfois

fallait,

il

pour que

vision immédiate

la

Fontaine

101

est trop

Carie

valeur de ces compositions, car

ri

du

souvent pénible

d'ingéniosité.

Militaires de la garde impériale

sa

sse et allemande

faculté

sujet.

Le

et lourd,

Vernet semble il

les

dédia à

(1815).

(D'après la gravure de Debucourt.)

Louis XVIII. Le souverain l'artiste

puisqu'il

l'en

fut

d'ailleurs

remercia

en

le

très

satisfait

nommant

de l'hommage de

chevalier de l'ordre de

Saint-Michel.

En

1827,

l'Institut,

Horace Vernet, qui

comme

avait

déjà

sié»é

à

côté de

Carie avait lui-même siégé près de Joseph,

directeur de l'Ecole de

Rome.

son fui

père

à

nommé

Carie, qui ne pouvait plus se passer de son


LES VER NET

10-2

et

fils,

dont

paternelle était devenue presque

l'affection

devoir accompagner Horace Il

emporta

même

tyrannique, crut

'.

une immense

toile,

à peine ébauchée; le vieux peintre

se proposait d'y représenter Louis XVIII allant rendre grâces à Dieu l'église

Notre-Dame. Cette

toile

ne fut jamais terminée.

Rencontre d'officiers anglais

Phénomène étrange emparés de l'état

lui lors

(d'après la gravure de Debucourt).

Les sentiments d'excessive dévotion qui s'étaient

de son premier séjour à

de sa raison de

nouveau. Horace en

!

si

dans

Rome

et qui avait

donné sur

vives inquiétudes à son père, se manifestèrent de

fut troublé et, afin

de prévenir un dénouement

fatal,

l'enleva à l'atmosphère mystique de la ville sainte pour le reconduire à

concentrée dans son amour pour son fils, amour inquiet, exigeant, » (Amédée Durande.) Voici un passage d'une lettre de M" 10 Horace Vernet. Celte lettre est datée de Rome (1833). «... Laisser Horace seul avec son père, écrit-elle, c'est absolument abandonner une victime à son oppresseur. Les exigences de ce pauvre vieillard sont inouïes; eh bien, il faut y céder. Horace s'y soumet avec une piété toute filiale... » 1

«

jaloux

Toute sa vie

comme

s'était

celui d'une maîtresse.

J


HjORACE VERNET

103

remède à employer pour sauver

Paris. C'était l'unique

la

raison chance-

lante du vieillard.

Carie Vernet, bien

qu'âgé de soixante-quinze ans, y reprit bien vite

ses habitudes de vie élégante et

Bois de Boulogne et

il

mondaine. On

le revit

encore caracoler au

passait la plupart de ses soirées au café de Foy.

Les Anulais

a

I'aius (d'après

la

gravure de Debucourt.)

Une congestion pulmonaire l'emporta brusquement le 17 novembre 1830. 11

était

Un

âgé de soixante-dix-huit ans. critique

un peu sévère a

dit

amusant, incapable de creuser son

de Carie Vernet qu'il fut un conteur

sujet,

mais

très apte à

l'exprimer avec

esprit et grâce.

Ajoutons remplie

qu'il fut

de toutes

demeurera, sous

sa

admirable de fécondité

les

plus

et

brillantes qualités

de verve et

(pie

son œuvre

du génie de notre race,

forme spirituellement anecdotique,

comme une

vivante 12


LES V E H N ET

104 et fidèle la

mœurs

peinture des

première moitié du xix

françaises à

de ses lè\rcs ces mots louchants

11

rituel

y a

:

lils

de

fin

du xvm e siècle

roi,

:

«

père de

le

dernier soupir

C'est singulier roi... et

comme

jamais

roi.

laissa

il

je

la

mort, une bien grande part de vérité

un croquiste de génie

et

son

tils

Horace

l'a fort

la

tomber

ressemble au

!

l'artiste, spi-

Ce fut en réalité

spirituellement présenté

à la postérité dans ce dessin léger, mais définitif, où

légendaire carnet à

pendant

»

dans ce suprême jugement porté sur lui-même, par

jusque dans

et

.

On raconte qu'au moment de rendre Grand Dauphin

la

e

il

nous

le

montre, son

main, esquissant d'un crayon rapide des silhouettes

de cavaliers qui passent au galop.

Cosaque conduisant un cheval

(lithographie- de Carie Vernet).




IIoiiace

Vernet (d'après Paul Delaroche). (Appartient à M. Delaroche-Vernet.)

HORACE Des de

trois Vernet,

ce qu'il fut,

Horace

par excellence,

Rien ne séduit plus Elle l'attire

comme

attire le citadin

est le plus populaire. KL cela vient

le

badaud

la

foule

le

que

La

représentation des scènes militaires.

régiment qui passe, tambour

et

deses productions claironnantes

apparition.

musique en

tête,

et l'exalte.

Le secret.de l'immense popularité d'Horace Vernet dité

uniquement

peintre du troupier.

et

est

dans

la

fécon-

surtout dans l'opportunité dp leur


LES VERNET

108

Toutes ces grandes

images guerrières, d'un

effet

qu'elles représentassent l'héroïsme des heures passées,

Wagram,

de Fontenoy, de Valmy, de

CRAVATE

A

OREILLES DE

LIÈVRE',

(S.'rio

sents

comme

les prises

nèrent vivement depuis les

le traité

le

fie

et

et

le

sentiment patriotique souffrait

ne trouvait qu'une insuffisante consolation dans

campèrent sous

les

les officiers anglais,

d'ailleurs,

prus-

arbres des Champs-Elysées.

moins grande que

de son grand-père.

Dès 1807, date de sa tingua,

triomphes pré-

de Rome, d'Anvers et de Constantine, impression-

de Paris,

son père

les batailles

Oatinc.)

précocité artistique d'Horace Vernet ne fut pas

celle de

les

soit

HABIT VEUT SAULE. CULOTTE DE CASIMIR

des Incroyables. Gravure

charges spirituelles de Carie Vernet contre

La

immédiat,

comme

de Friedland, ou

grand public, dont

siens et cosaques, qui

si

ni

sortie de l'école des beaux-arts

il

ne se dis-

par son application, ni par son assiduité,

le

futur


III)

peintre de la avait

qu'il

Smalah

vu,

H A CE

se mit, avec

VEUX ET

109

une incroyable

facilité,

à imiter tout ce

pastichant les marines de son grand-père, les scènes de

sport et de chasse de Carie, couvrant les pages de ses albums de charges

Coiffure chinoise, robe garnie en ciiicorke (Sérié des

très

amusantes de

Mon pilleuses.

la vie militaire et

Gravure de Gatine.)

de grotesques silhouettes de Merveil-

leuses et d'Incroyables, et fixant d'un trait spirituel et

fin,

qu'il rehaussait

de teintes délicates, de très précieuses ligures de modes. Tels furent les

débuts d'Horace Vernet

1 .

U

Art-Journal de Londres publia jadis sur Horace Vernet une notice dont nous détachons les «... A l'âge de onze ans, il fit, pour M'"° de lignes suivantes relatives aux débuts du peintre Périgord, un dessin de tulipe qu'elle lui paya vingt-quatre sols, et à l'âge de treize ans, il avait 1

:

des

commandes eu

assez grandi' quantité pour se suffire à

lui-même

l

ue de ses premières


I

LES VER.NET

10

L'historien d'art peut vraiment s'appuyer aujourd'hui sur de

nombreux

éléments de discussion pour juger ce peintre dont l'œuvre est en grande partie

connue de

tous, après avoir été analysée

en

détails,

chaque année

pendant près d'un demi-siècle, par des salonniers d'opinions très divergentes, depuis

M. Beulé jusqu'à Henri Heine, depuis Gustave Planche

Toque de velours,

W

I

T

7.

- C

II

URA

(Série des Merveilleuses.

DE SATIN

Chapeau de paille garni de crêpe, E D E P E H C A L E GARNIE DE MANILLE 11

(Série des Merveilleuses.

Gravure de Gatino.)

Gravure de Galiuc.)

passant par Proudhon, Thiers, Alfred de

jusqu'à Théophile Gautier, en

Musset, Thoré...

Et parmi les documents qui nous viendront en aide, dans l'étude de L'artiste

et

de son œuvre,

il

en

est

un des plus intéressants dont nous

œuvres fut la vignette qui, suivant le goût de ce temps, ornait les lettres d'invitation pour les parties de chasse impériales; et tel en était le mérite, qu'un graveur d'une grande réputation, Duplessis-Bei taux, n'hésista pas à la déclarer digne de son propre burin. « Les Commandes abondent rapidement chez le jeune Verne t dessin à six francs, tableaux à vingt francs. Il travaillait principalement pour le Journal de modes, dont il devint le dessinateur en litre; et c'est peut-être de ces travaux dans ce genre que lui vient ce talent de caricature, dont il amuse, même encore, ses amis intimes, souvent à leurs propres dépens. » :


RAP (Gravure de

11

.M.

A E

1.

AU Va

1

I

CA s

Romagnol. MusĂŠe du Louvre.)



IlOHACE VERNET devons

précieuse communication à l'obligeance de M. Horace Delaroche-

la

Vernet. C'est

un

état complet, depuis le 15 avril 181

jusqu'au 18 mai 1852, des

1

travaux exécutés par Horace Vernet. Les prix

y sont exactement indiqués, et rien n'est curieux à suivre l'artiste vers

sion rapide de

le

triomphe,

commande comme l'ascen-

de vente ou de

à travers la lecture

de ces chro-

nologiques indications et de ces chiffres méthodiquement alignés.

dans

Certes,

cette

nomenclature aride

matière à des déductions psychologiques

Joseph Vernet, où parfois

mais

comme dans

pensée accompagne

la

ne trouve pas

et sèche, l'historien

le

Livre de raison de

le fait

et le

commente

;

y puise d'inappréciables renseignements sur les travaux de l'artiste,

il

sur ses efforts de chaque jour, et sur les dates précises de l'exécution défi-

œuvres qui font

nitive des atelier,

le

sa gloire,

comme

Barrière de Clichy,

la

Portrait du frère Philippe, Y Assaut de Constantine

Si Carie

Vernet

bons, Horace,

lui,

demeuré

était toujours

iidèle

avait gardé au fond de son

à la

cœur

le

Mon

i

maison des Boursouvenir du grand

Empereur. Sa jeunesse riale, et,

les

n'avait-elle

quoique marié,

pas été bercée au

n'avait-il

pas

bruit

saisi le fusil

de la gloire impé-

en 1814, pour lutter sous

ordres de Napoléon contre les armées de la Sainte Alliance.

aussi, avec son

Clichy, et

il

ami Charlet, parmi

n'eut,

comme on

Fa

les intrépides dit,

défenseurs de

qu'à reporter sur

sions qu'il avait ressenties pendant cette

la

élail

barrière de

la toile les

terrible journée

11

impres-

pour produire

un de ses meilleurs tableaux. Ainsi s'explique et se

comprend

sa passion pour un genre de peinture

qui est la reproduction des sujets qui ont le plus vivement impressionné sa Ce curieux document figure, à titre d'appendice, à la lin de cet ouvrage, sous cette rubrique If ordre Vernet, marié avec Louise Pujol le 15 avril 1811 .1 reçu des travaux exécutés par lui. 1

:

La pièce entière est de la main de M"" Vernet, la première ligne mous apprend que le jeune avait en caisse 338 fr., 60, le 15 avril 1811. A la fin de cette même année, Horace Vernet avait gagné, avec la vente de ses dessins, de ses gravures de modes, de ses caricatures, de ses transparents, etc., la somme de 3.813 IV. 60. Ce fut pendant cette première année qu'il exécuta les trois portraits à l'huile de M. de Carignan, de M""' Dusandronis, el de M. Danèse, qui lui rapportèrent à eux trois la somme de 12.000 francs. Il faut a jouter qu'en 1833, le portrait de la marquise de Dalmatie lui était payé 5.000 francs, et en 1842 celui du chancelier Pasquier 10.000. En définitive, c'est par plusieurs millions que se chiffrent les sommes gagnées par Horace Vernet à la pointe de son facile pinceau.

ménage


LES Y EUX ET

114

jeune imagination. Après avoir assisté héroïque contre l'invasion,

ne

il

lui était

dante vision des combats. Adieu élégances mondaines le

!

peintre national de

et pris

une part active

à la

lutte

plus possible d'échapper à l'obsé-

la satire légère

et

la fine

peinture des

n'aura désormais plus d'autre ambition que d'être

Il

la

grande épopée guerrière

Walter Scott

et

original

de dresser au centre

au crayon).

M. André Delaroche-Vernet.)

de ses tumultueuses compositions des éclairs des baïonnettes

un croquis

(d'après

(Collection de

et

,

au milieu des frissons des drapeaux,

des rouges lueurs

des canons, la tragique

figure de son héros, de son Dieu.

Tant que vécut l'Empire

et

jusqu'à

la

Vernet, à qui l'Impératrice Marie-Louise avait

fin

des Cent-Jours, Horace

même commandé

quelques

tableaux, put librement exprimer sur la toile ses préférences et exposer ses

compositions napoléoniennes aux yeux du grand public, près duquel son

genre

facile, sa

peinture très objective, obtenait une rapide faveur. Mais, à


HORACE VEH.NET

Mo

partir de 1815, la sympathie officielle se détourna de l'artiste,

vernement des Bourbons que

la foi

fut convaincu, après

napoléonienne d'Horace Vernet

dant que Carie devenu à

la suite

maintes tentatives

Mon atelier

»

gou-

inutiles,

pen-

était alors irréductible. Et,

nouvelle cour, acceptait la mission

de peindre l'entrée de Louis XVIII à Paris et de faire

«

le

d'un revirement de la fortune politique de

la France, le peintre officiel de la cielle

quand

le portrait

offi-

du duc

(d'après le tableau d'Horace Vernet).

de Berry en costume de colonel général des çhevau-légers, Horace voyait ses tableaux refusés

A

tort

par ordre au Salon.

ou à raison, à

tort plutôt,

son

atelier,

son fameux atelier de

rue des Martyrs qui a servi de sujet à une de ses meilleures

toiles,

la

d'une

facture fine, serrée et d'un coloris charmant, était considéré par la police

des Bourbons

comme un

véritable foyer de révolte. Horace Vernet, qui lui

tour à tour républicain farouche, puis impérialiste enthousiaste, n'était en réalité

qu'un inolfensif frondeur.

«

Il

a

eu

foi,

nous

dit

un de ses biographes 13


m; les

U-;s

mieux renseignés, dans tous

depuis

le

conque

a

il

commencement du voulu

gouvernements qui

les

siècle

imposer des avis contraires aux idées

lui

Parlant de

la

où Horace Véniel

toile

conspirateurs qui le fréquentaient,

œuvre

a

L'Art

:

représenté son atelier

charmante composition pleine de brio

l'atelier,

deux peintres

tenant d'une

main

avec Langlois,

le

la

bonnet de

police,

le

lit

un journal. Tout

aboiements d'un bouledogue,

et

de

de casques,

à

fait

;

loge,

;

une

tète

le

cause

une

table,

cet autre, coiffe

à gauche, un

d'un

jeune artiste.

Au fond un

che-

une gazelle semble effrayée par

un singe, grimpé sur

les

épaules d'un

tout

l'attirail

du soldat,

les

mon-

d'instruments de

aussi, celle

shako.

rapins d'un

les

chèvre, un chat, une perruche complètent ce capharnaum.

nous

et

cigare

pose tranquille, au milieu du

d'un buste en plâtre, coiffé par

Complétons,

ligne.

Les murs sont ornés de chapeaux, d'uniformes,

sieur, lui épluche la tète.

de harnais,

bouche,

l'aquarelliste. Celui-ci

yeux du comte de Farbin.

les

pour un tableau d'histoire

disant «rue

à la

autre, étendu sur

Eugène Lami,

dans une espèce de

établi

Un

jouer un gros chien

fait

Robert Fleury, peint sous

fume un

colonel Bro

à piston; c'est

bat du tambour, celui-là

et

Au milieu de

d'entrain.

et

ceinture, Montfort et Lehoux, se chauffenl

peintre de panoramas.

dans un cornet

musique

pourrait inti-

sa palette et son appui-main, et de l'autre un fleuret,

un poêle de faïence, près d'eux

tapage,

On

«

Horace Vernet lui-même, sa cigarette

:

Deux boxeurs, nus jusqu'à

val blanc,

:

époque où

l<So, ),

armes avec son élève Ledieu, ex-lieutenant au 85 e de

faisant des

souffle

en

écrit

les

cl

sons la Restauration. C'est une spiri-

tuelle et

à

K

Edmond About

tes artistes

et

qu'il croyait avoir,

»

figura avec éclat à l'Exposition universelle

tuler ce tableau

succédé

se sont

mais aussitôt qu'un pouvoir quel-

;

redressé dans sa fierté, et n'a jamais transigé.

s'est

cette

VER NET

description cependant

Une

»

si

détaillée,

en

personnage qui, dans une altitude shakespearienne, examine 1

de mort,

est le

docteur Hérault, que

composé par MM. de Léonne, Lariboisière (qui devint

le

le

le

général Boyer,

groupe des causeurs le

est

baron Athalin, M. de

propriétaire de la toile), du graveur Ja/.et et de

M. Couturier de Sainte-Claire. Le pianiste s'appelle M. Amédée de Beauplan,

et

c'est

.M.

de

Montcarville qui

bal la caisse avec

tant

d'acharne-

ment. Il

faut

reconnaître que

les

conspirateurs de

la

rue des Martyrs ne se


1

sont pas

l'ail

1

<

>

A

<

:

i

:

du recueillement une

leurs ténébreuses

et

VKlîXT/l loi

117

absolue pour

mener

à

bonne

fin

subversives machinations.

Peut-être aurons-nous fourni

assez

d'éclaircissements sur les

divers

éléments de cette composition aussi orageuse que complexe en apprenant

M"°

que

le

(appartient à M. Delaroche-Vérnet).

cheval blanc répondait au

d'Orléans

lui

lim ace Vernet, que

à

n'es! autre

Ce

Mars

que

au

son père en

le

la

de Régent, qu'il fut donné par

grande

toile qui

orne

le

fond de

le

duc

l'atelier

fameux Triomphe de Paul-Emile, par Carie Vernet.

commencement Italie

nom

de l'année 1820 qu'Horace Vernet accompagna

L'absence des deux artistes, qui dura quelques semaines


LES YERNET à

paraît avoir été

peine,

surtout un

par Joseph Vernet.

recueillies, le long des routes suivies

Quelques

par Horace pendant ce voyage ont été cons

lettres écrites

vées, et la plupart, sous leur

jours pittoresque,

âme

l'artiste,

offrent

d'ailleurs

pieux pèlerinage, avec des haltes

forme

un

fruste, trop

souvent négligée mais tou-

intérêt psychologique,

réel

peu compliquée,

s'y

Horace en

suit

Italie,

de

l'àme

montre nettement. Pour qui

plus utile que la correspondance de cet artiste publiée

Durande. On y

car

intimement Horace Vernet, aucune lecture ne peut

désire connaître

r-

par M.

être

Amédée

à Jérusalem, dans le désert d'El-Arisch

en Egypte, à Conslantinople, à Saint-Pétersbourg, dans

le

Caucase, en

Algérie, au Maroc, en Espagne... etc.

Le peintre

trouve tout entier, avec ses généreux enthousiasmes, sa

s'y

franchise militaire, sa nerveuse impressionnabilité et aussi ses présomp-

tueuses affirmations.

Jamais personnalité ne déborda d'une correspondance avec plus de vérité bruyante.

La lecture de

cette suite de lettres à laquelle

nous ferons

quelques emprunts topiques est réellement fort intéressante. Elle amuse et instruit.

L'histoire de sa mission diplomatique à Saint-Pétersbourg

18i2 mérite de

fixer

sérieusement l'attention de l'historien,

et

le

resque récit de ses velléités chorégraphiques en Andalousie est dérider

lecteur

le

le

naître en lui son premier séjour à

«

Mon

Rome

Rome

!

Tu

sais

mon bonheur

mant voyage,

pour

résume

les

impressions que

fait

1 :

te dois-je

combien on

éloigné, de recevoir des nouvelles des

juger de

fait

cher Oncle.

Que de remerciements ne

adressée à

pitto-

plus mélancolique.

Voici en quels termes Horace Vernet

«

en

et,

pas pour la lettre que tu nous as

se

trouve heureux, quand on est

personnes qu'un

aime

;

tu

dois

en recevant des tiennes. Nous faisons un char-

ce qu'il y a de très remarquable, c'est que

mon

père

Chambry a été publiée pour dans le livre de M. Amédée Durande sur Horace Vernet (J. Hetzel, éditeur). Elle est adressée au fds aîné de Joseph Vernet, Livio qui, fut tour à tour receveur général du tabac à Avignon, directeur des vivres de la marine à Brest, puis agent en chef des équipages des vivres des armées du Nord et de Sambre-et-Meuse. 1

la

Cette lettre qui fait partie de la collection d'autographes de M.

première

fois


HORACE VERNET n'est pas trop exigeant,

et

que nous sommes en

Le peintre Isabey (musée du

Aussi, lu vois que rien ne «

Je vais

me

mettre

à

119

me manquerait, peindre. J'en

ai

si

très

bonne

intelligence.

Louvre).

vous étiez tous avec nous...

grand besoin

!

Tu penses que,


dans

pays qui a inspiré tant de peintres, je ne puis rester sans

ce beau

en ressentir l'influence,

compte

Je

faire

A

Tu

de

l'effet

départ des chevaux aux

eu un bien

ave/,

triste

!

nouvelle qu'à Naples

la

mon

:

père en a

sais quelles étaient ses liaisons avec le prince, et tu

juges

qu'a dû produire sur lui un pareil malheur...

Nous avons

«

dit, le

réussira.

1

Nous n'en avons appris

été foudroyé.

me

premier essai

propos de carnaval, vous en

Paris. Quelle catastrophe «

mon

j'espère que

et

Massa, ou, autrement

la

courses du carnaval. à

VERNE

L'ES

120

assisté au service qui a eu lieu à Saint-Louis des Français

;

celte cérémonie peut être bonne pour l'âme du malheureux défunt, mais,

pour ceux qui où ça a plus «

du plus grand

assistent elle est

>

d'une

l'air

fête

Quand serons-nous

ridicule, surtout en Italie,

que d une cérémonie funèbre.

assez philosophes pour pleurer sans ostentation et

sans mettre nos regrets en musique? J'espère tirer un grand fruit de

«

rapport de fart, mais aussi pour

même. mener

C'est

à

dans

connaissance que

j'ai

le

acquise de moi-

choc des [tassions qu'on définit celles qui doivent vous

mes observations

D'ailleurs,

et,

compte en

tirer

un bon

parti.

l'âge arrive

sans

lorsqu'on veut faire un effort pour devenir meilleur,

manquent

forces \<ms

et je

temps de penser sérieusement, car

est

il

qu'on s'en doute, les

voyage, non seulement sous

bien, ou celles qui doivent vous maintenir dans une fausse route.

Je fais là-dessus «

le

la

mon

l'âme ne peut pas plus se redresser que

et

les

reins... «

père

Nous avons a

fait

plusieurs courses pour voir les maisons que

mon

grand-

habitées, celle où tu es né et l'église où tu as été baptisé. Toutes ces

choses ont un grand charme pour moi. Je regrette de ne pouvoir partager, mais

ma

mauvaise éducation

me

refuse

te le faire

moyen d'exprimer

le

ce

que je sens. «

ne

sais

comment

je remets à

mes

que pour eux, qu'on n'\

1

I.

me manquent,

Les termes

est

'assassinai

quand par hasard

les écrire, alors le dépit

actions et

et

que

le

me

ils

arrivent, souvent je

prend, je quitte

la

plume,

et

soin de prouver à ceux que j'aime que je ne vis

mon

plus grand bonheur est

pas indifférent:..

du duc de Berry.

quand

je m'aperçois




HORACE VERNET Voici une longue lettre bien ennuyeuse; niais lu sais que le

«

besoin de se vider quand

pour recevoir

tien

Adieu,

«

cher

;

Pardonne-moi,

vieille

oncle,

je n'ai

pas besoin de

chose que tout trois

le

monde

te dire

Nous ne soumettons pas don nés

celte

1

me

lu

m'es

bornerai

cent soixante lieues de long.

re

au lecteur

Horace Veuxet.

»

comme un modèle

de

non!

oh

épistolaire,

niais étant

a

choisi le

combien

aussi je

sait;

«

style

si j';ii

cœur

la polce...

mon bon

une

c'est

est trop plein.

il

tcnvoyer une embrassade de

à

123

le lieu et la

date où elle fut écrite, sa publication nous semblait utile.

Le jeune

artiste s'y

en toute franchise, avec

effet,

conscience de

la

montre en

sa

propre

faiblesse vis-à-vis des maîtres,

avec son

vif désir

enfin.

Je vais

«

peindre.

J'en

soin!...

ai

de travailler

me

mettre

a

grand be-

Et sous une forme

»

d'une mélancolie souriante, se

manifeste son regret très réel

d'une mauvaise éducation lui

refuse

ce

qu

'il

«

qui

moyen d'exprimer

le

veut

».

Et cependant, avant deux ans, ce à

la

timide, cet hésitant,

suite d'une exposition re-

tentissante où

figureront

les

meilleures loilesde son œuvre

Mon fera

Atelier,

Napoléon

Défense de lu barrière de Clkhy brusquemeni un saut en pleine gloire.

Nous

n

la

axons

pu,

malgré nos nombreuses

,

le

a

Wagraji

Vlierai du

investigations,

trompette,

savoir

s'il


LES VERIN ET

124

exécuta à

Rome, comme

courses de barberi sur

le

il

en avait l'intention, un tableau inspiré par

Corso, mais

si la

Massa ne

les

figure pas sur l'étal des

travaux qu'il exécuta de 1811 à 1852, nous y trouvons, en date d'avril 1820, celle «

mention

:

Reçu pour

le pri\

d'un tableau de genre

:

400 francs.

»

Ce qui prouve

Bonaparte au pont d'arcole

qu'Horace sut réaliser ses projets, à

et

mettre sérieusement

à profit

son séjour

Home. Oui

sait d'ailleurs si celte toile,

vaguement désignée,

trop

et

dont l'im-

portance est cependant indiscutable, n'était pas la Massa elle-même?

M. Amédée Durande, d'ordinaire précis à ce sujet.

Il

si

bien renseigné, ne nous dit rien de

nous apprend seulement que pendant son séjour à

Horace Vernet peignit un tableau que M. France à

la

l'artiste,

n'étant pas

cour de Naples,

lui

homme

à

le

Rome

duc de Blacas, ambassadeur de

pava 4.000 francs. Le biographe ajoute que faire

des économies, acheta aussitôt une


HORACE VERNET calèche, dans laquelle

de

il

revint à Paris avec son père, en flânant tout

le

long

la roule.

Les années 1820, 1821 les

et

1822 comptent parmi

les plus laborieuses et

plus fécondes de la laborieuse et trop féconde existence du peintre. Le

voyage

d'Italie, la

Napoléon

touchants

a

contemplation des grands maîtres,

la

moisson de souvenirs

la bataille d'Iéna (gravure de M. Romagnol, d'après

faite le

la

peinture originale).

long des chemins lumineux parcourus par

père, semblent avoir eu Ils

125

le

l'illustre

grand-

plus heureux effet sur le moral du jeune artiste.

exaltèrent son activité naturelle et donnèrent un plus libre essor

à ses

rêves de gloire.

Une

providentielle circonstance, dont Horace Vernet sut d'ailleurs 1res

habilement

tirer parti, favorisa

singulièrement son ascension vers la grande

cérébrité.

En 1822,

le

peintre envoya au Salon un certain

nombre de

toiles repré-


LES VER NET

126

sentanl pour

la

de l'Empire.

et

tion des

plupart des sujets empruntés aux guerres de Il

est inutile

Révolution

la

de dire que chaque tableau était une glorifica-

deux grandes épopées militaires.

Sachant combien

le

trône était encore chancelant,

et,

redoutant tout ce

qui était de nature à provoquer une explosion du sentiment populaire très

visiblement favorable à la cause napoléonienne, ou

même

une simple mani-

du régime déchu, Charles X donna Tordre

festation de l'opinion en faveur

de refuser l'admission des toiles du peintre.

La réponse de de son père,

il

celui-ci

ne se

fit

point attendre. .Malgré les objurgations

ouvrit avec éclat les portes de son atelier au public, et debout

lui-même, dans son pittoresque costume de il

dit

lui

Rien,

«

Un

«

:

petit

Entre

et regarde. »

Aniédée Durande, n'avait

dil

du sanctuaire,

travail, à la porte

tableau représentant

le

élé négligé

pour

Tombeau de Napoléon

la

niiseen scène.

était

entouré d'un

crêpe. Aussi était-ce devenu le but d'un pèlerinage quotidien pour tous les

débris de ((

Le

la

grande armée.

local

dans lequel

de plus. Le Parisien aime ensuite, par des

En

réalité,

celte exposition était faite lui donnait à

un

attrait

pénétrer chez les gens célèbres, quitte à payer

épigrammes,

l'hospitalité d'un instant qu'il a reçue...

»

celte exposition particulière qui consacra définitivement la

réputation d'Horace Vernet, ne fui pas seulement une manifeslalion politique,

mais aussi une très brillante profession de

foi artistique.

Le peintre

se présentera plus lard au public avec de plus vastes compositions, gigan-

tesques

commandes

officielles figurant

propres surtout à impressionner

la fibre

des sortes de panoramas guerriers

chauvine de

historiques écrites trop souvent d'après des

la

foule, représentations

programmes

rédigés dans les

bureaux de l'état-major, mais jamais aucune de ses expositions,

même

celle

de 1855, ne séduira aussi complètement les vrais amateurs que celle de 1822.

Sans doute parmi ces quarante tableaux qui figurèrent à le

fameux

atelier de la rue des

Martyrs quelques-uns

pette, le Soldat laboureur, le Grenadier de la

Mort de Poniatowsky

Waterloo,

:

le

le

et qui,

Cheval du trom-

comme

des con-

àmes bourgeoises avides

de sentimentalisme militaire, mais à coté d'eux voici

unique dans l'œuvre de Vernet,

dans

Chien du régiment,

entre autres, apparaissent déjà

cessions faites aux vieux grognards et aux bonnes

cette date

Mon

dans son dessin

Atelier,

œuvre

précis, sans sèche-


HORACE VERNET dans sa fraîche

resse,

et

127

vivante harmonie des couleurs,

l'ait

songer aux plus

fines et spirituelles peintures de Boilly,... puis la Défense de la barrière de

Clichy, d'une composition à la fois tion

si

pleine et

si

forte, et

le

sobre et

si

dramatique, d'une exécu-

si

dernier épisode de la lutte suprême est

raconté avec une hauteur de style qu'on trouvera désormais bien rarement

dans l'œuvre de

l'artiste,

qui bientôt sera transformée en une véritable

Combat entre dragons du pape et des brigands

machine

volonté des gouvernements

peindre par l'insatiable

à

(d'après la gravure de Jazet).

désireux

fécondité complaisante de Vernct à la glorification de

d'utiliser la

leurs

triomphes militaires.

A

partir de ce jour, le chiffre de vente des

moitié.

Le

On peut en juger par un examen de son total

de

la recette

1827

à

64.685 francs,

celte époque, de 181-!),

grâce

à

et

en 1833

l'acquisition,

n'était pas

de comptes.

à

50.449 francs, mais

elle se relève

elle atteindra le chilfre, lies élevé

à

07.313 francs, qui devait d'ailleurs être encore dépassé en au prix

Russie, d'une toile représentant

Ce

livre

de l'année 1824 est de 61.230 francs, celle de 1825

de 61.580 francs, celle de 1826 tombe en

œuvres du peintre moula de

la

(h 1

99.000 francs par l'Empereur de

prise de

Wola.

seulement l'heure des riches bénéfices matériels qui

avail


LES V FAX NET

[28

mais aussi

sonné pour l'heureux peintre,

honneurs de toutes

celle des

sortes.

Subitement désireux de concilier

du présent, Horace Vernet cherche napoléoniennes, en peignant au Salon de 1824. Et

le

souvenirs du passé avec les intérêts

les

à atténuer l'effet de ses manifestations

Portrait du duc iVAngoulême qu'il expose

gouvernement des Bourbons s'empresse de

le

témoigner sa reconnaissance en

le

nommant

de

officier

lui

Légion d'honneur

la

(15 janvier 1825).

L'année suivante,

son entrée à

fait

il

Enfin, en 1828, sur

l'Institut.

la

présentation de l'Académie, et après avoir exposé aux Salons de 1820 et

1827 Jules II commandant

Reçue du Champ-de-Mars, cygne cherchant

le

les

la

travaux du Vatican,

Dernière

corps d'IIarold...,

citasse de

pour remplacer Pierre Guéri n dans

XVI, Edith au

Louis

est désigné

il

par

la

col de

gouvernement

le

de l'Ecole française

directorat

le

Pont (FArcole,

le

à

Home. Dès son installation à ter les victoires de la

la

Villa Médicis, Horace Vernet, cessant d'exal-

République

et

de l'Empire, dans

le

but trop visible

de garder les bonnes grâces de la cour qui avait su l'attirer très adroitement à elle, se mit à peindre des sujets de genre, des paysages, des scènes de

mœurs

pompeuses compositions empruntées

italiennes et de

rétrospective du pays.

C'est

pendant

la

période

directoriale que

exécutées les toiles qui figurent dans l'œuvre de Vernet sous des

Combat

entre dragons

du pape

Rencontre de Raphaël

et

marais pontins, Judith

et des

furent

titres divers

:

brigands, la Confession du brigand, la

de Michel- Ange au

et

à l'histoire

Holopherne,

etc.,

Vatican etc.

Il

',

la

Chasse dans

les

faut bien le constater,

aucun progrès nouveau, sauf pourtant dans quelques paysages, n'y signale la

triomphante influence, qu'au dire de

l'artiste

lui-même, devaient avoir

sur son talent les incessantes leçons des maîtres immortels.

A

vrai dire, aussi bien à

Rome

qu'à Paris, soit qu'il s'agît de peindre, pour

décorer un des plafonds du Louvre, Jules

II

commandant

les

travaux du

1 Cette toile, comme la Défense de lu //arrière de Clichy, qui lui est bien supérieure, figure au musée du Louvre. Le peintre aurait pu lui donner pour légende l'anecdote suivante, qui lui inspira sans doute le sujet Michel-Ange rencontrant Raphaël dans le Vatican avec ses élèves lui aurait dit « Vous marchez entouré d'une suite nombreuse ainsi qu'un général. Et vous, répondit Raphaël au peintre du Jugement dernier, vous marchez seul, comme le bourreau. » Cette toile fut exposée au Salon de 18iî3. :

:


Il

(

III

ACE VERNET

129

Vatican ou Raphaël échangeant des propos aigres-doux avec Michel-Ange,

dans ce

même

Vatican, Horace Vernet est toujours d'un lamentable poncif.

Dans des entreprises

qui nécessitent des talents forliliés dès

pareilles

longtemps par de patientes

et

pénibles études, ses

paralysés, son originalité réelle disparaît et gaire copiste académique.

Son

il

moyens naturels semblent

tombe

au rang de vul-

à plat

talent à la fois élégiaque

militaire

et

ne

peut se développer librement, avec ses facultés d'expression très limitées,

dans

combats modernes, dans

que dans

les batailles et

lières où,

grâce à son ingénieuse invention,

les

il

peut à

les

scènes fami-

loisir créer

de touchants

épisodes que son facile pinceau décrira avec une énergie suffisante.

malgré quelques portraits assez prestement enlevés, quelques

Donc,

tenue,

paysages de belle exécuta à

Rome

qu'il faut

ce

n'est pas

chercher

cha à son nom, lorsqu'en 1835

le

dans l'ensemble des œuvres

secret

du prestige nouveau qui

qu'il

s'atta-

revint à Paris après avoir remis la direc-

il

tion de l'école à M. Ingres, appelé à lui succéder,

lantes qualités d'administrateur,

et surtout

dans

mais bien dans ses la

bril-

fermeté patriotique de

son attitude en 1830. Il

en

fut

à un certain

effet,

moment, l'unique représentant de

auprès du Saint-Siège, car dès que parvint à «

Rome, notre ambassadeur

Les circonstances,

dit

la

France

nouvelle de la chute des Rourbons

se retira à Naples.

M. Amédée Durande, étaient graves. Le fanaque

tisme politique n'a pas d'alliée plus dangereuse s'était-il

la

réfugié dans la ville où

était sur

il

de trouver

la le

religion

;

aussi

meilleur accueil.

D'autre part, les idées nouvelles avaient pénétré dans les Etats pontificaux,

malgré douaniers «

de

la

11

et

fallait agir

gendarmes.

avec un grand

tact,

montrer à

la fois

fermeté. Horace Vernet fut à la hauteur de la situation.

La dépèche suivante, qui journées de

Juillet,

en

lui fut

(<,

me

J'ai

Monsieur

est d'ailleurs la

le

la

prudence

preuve évidente

et

»

adressée par Guizot deux mois après

Paris, 13

«

de

les

:

septembre 1830.

Directeur,

reçu votre lettre en date du 20 août dernier, par laquelle vous

faites part des

mesures que vous avez prises dans

l'intérêt de l'académie


?

LES V Kit NET

130

de France

à

Rome,

à la nouvelle des

événements qui ont déterminé notre

heureuse révolution. Je ne puis que donner plète à la

prudence

les

approbation

plus

la

fermeté que vous avez montrées dans un

et à la

du corps diplomatique français

la retraite

MM.

mon

pensionnaires de l'académie

éh

laissait

les

moment

nationaux,

et

de toute

restitués

particulier,

com-

protection. Je ne doute pas que l'attitude que vous avez prise aussitôt vis-à-vis du

«

gouvernement

n'ait contribué

pontifical

dont l'académie

Français résidant

les

et

jusqu'à ce jour. Je vous invite

même

ligne de conduite,

l'absence de tout

gouvernement «

J'ai

el

és efficacement à la tranquillité

Rome

;'i

ont heureusenienl joui

nous maintenir avec persévérance dans

à

à cultiver

obligé

a

le

..

d'espérer que

le

gouvernement du

en renouant avec

roi,

Rome

bien

du poids d'une responsabilité dont vous vous êtes montré

et

avec

d'établir

cour de loi

la

avec soin des relations directes que

pouvoir diplomatique vous

pontifical.

lieu

li

momentanément interrompues, vous

les relations

pour l'exercice de laquelle je vous

fais

mon

en

la

délivrera

particulier

si

digne plus

les

sincères remerciements. «

Agrée/.... «

Fsl-il utile

Guizot.

»

de dire avec quelle joie Horace Vernet, depuis longtemps en

rapport amical avec

duc d'Orléans, accueillit

le

la

nouvelle de l'avènement

de Louis-lMiilippe «

Maintenant,

écrit-il,

que

le

jour est venu où tous les sujets qui ont

pour but de représenter

les faits glorieux

peuvent se peindre,

que

couleurs de

ma

et

puis

la

France, dans tous les temps,

impunément me

servir de

toutes

boîte, sans encourir le risque d'être nuisible à quoi

soit (chose à laquelle,

malgré

aux beaux souvenirs de saurait être bon,

goûl dominant.

je

de

si le

ma

tout, j'ai fait

peu attention), je vais

me

les

que ce livrer

jeunesse, persuadé que dans les arts rien ne

principe qui nous dirige n'est pas puisé dans noire

»

Puisque nous passons une revue, très résumée d'ailleurs, de

la corres-

pondance de Rome, d'un examen incontestablement aussi intéressant que


Napoléon

(étude d'après nature faite par Horace Vernet en (Gravure de Komapruol

.

j

181:2



HORACE VERNET celui des

toiles

exécutées dans

le

133

recueillement académique de

la

villa

Judith et IIolop iie une

Médicis, donnons-nous garde de passer sous silence la curieuse épistolairc

engagée entre Vernet

et

polémique

M. Thiers, alors ministre des travaux


LES YEKXET publics, au sujet d'une copie

gouvernement l'école était

du Jugement dernier de Michel-Ange, que

le

commander à Sigalon. Le directeur de commande à cause des insurmontables difficultés

cru devoir

avait

opposé à cette

qui s'opposaient à sa parfaite réalisation. Voici la lettre de Thiers

Mon

«

c<

Vous

êtes

:

cher monsieur Vernet,

un grand

artiste et point

un administrateur;

je

ne prends point en mauvaise part

la lettre

11

faudrait renoncer à administrer,

si

pourquoi

c'est

que vous m'avez écrite

le

3 août.

nous ne pouvions relever une erreur

ou une irrégularité sans que nos subordonnés

se crussent

ou humiliés ou

maltraités. D'ailleurs les sentiments que je vous porte devraient vous ras-

surer sur

le

sens d'une

lettre tout

sur des détails peu importants.

ne portait que

administrative, et qui

comme non

donc vos plaintes

Je tiens

avenues. «

Maintenant je vais vous parler peinture. Je suis fâché de vous voir

dans de pareilles dispositions

à l'égard

de l'entreprise confiée à Sigalon. Je

ne suis pas peintre, mais j'en sais assez pour être certain que, littérale n'est et

serait

pas possible, une traduction libre est parfaitement exécutable

très utile.

Michel-Ange ont et

Les raisonnements que vous

été faits sur les traductions

faites sur

d'Homère

et

kespeare, ni surtout Aristophane; cependant

ils

une copie de

de Virgile.

entendu dire particulièrement qu'on ne pouvait traduire

le

un

veux donc absolument une copie

plaisir profond. Je

Jugement

dernier. Je vous serai infiniment obligé de ne pas

votre sentiment à Sigalon

cependant votre

lettre

vous avait chargé de je la lui

malgré «

et

leur tra-

grec,

le

telle quelle

m'a du

communiquer

ce serait désastreux pour son entreprise. Si

;

n'était

qu'une complicité

amicale avec

sonder pour m'engager à

rendrais sur-le-champ,

car je ne

fais

lui

rendre

travailler

lui,

s'il

la liberté,

aucun

artiste

lui.

Je le rappellerais à Paris

de temps perdu, etc.. lui.

me

J'ai lu

Dante, Sha-

ont été traduits,

duction, à moi qui sais mal l'italien, et pas du tout l'anglais et fait

une copie

si

;

je lui payerais

et j'enverrais à

indemnité de voyage, de séjour,

Rome un

Ainsi, je vous en prie, dans son intérêt

même,

traducteur plus hardi que dites-moi la vérité la plus


HORACE VERNET vraie. J'ai fait écrire au

gouvernement papal;

Latour-Maubourg. Je ne négligerai ni soins, sinon

et,

135

je vais faire intervenir

pour aider Sigalon,

ni argent,

un antre au moins. Ainsi, écrivez-moi sur ce sujet

lui,

M. de

la réalité

même... Adieu, je vous renouvelle l'assurance de

«

mon

mon

estime et de

atta-

chement. «

La réplique de Vernet

En

neur.

à l'affaire

et Sigalon;

il

est plus

Loin de chercher

craindre, je

que

la

à

Rome

:

mes

lui suscite

vis-à-vis d'un confrère

dont

travail

il

:

Sur ce

comme

tiges

chaque jour. Cependant je

ne mets pas

dont j'estime

le

à

nombre

ma

pensée

talent autant que la personne,

une opinion sur

est chargé, et l'immoralité

(si

l'inutilité

me

j'ose

la réputation

de son premier auteur.

pour

tront ne

telle

le

une copie

chose

était possible),

jamais

com-

y a certains pres-

Il

;

comparer

n'est pas faisable; la

un ouvrage de Michel-Ange

mais eu l'amélio-

est

prévoyait

le dire,

monsieur

le

le

ministre,

danger

:

remplacer dans

ce que trois siècles en ont effacé, c'est vouloir les

lacunes des auteurs grecs

et latins,

parvenu que des fragments. Michel-Ange lui-même, le

connaî-

une-traduction est une erreur

est obligé de créer. Vouloir

remplir dans leur propre langue

ne nous

à

le

ne pourra donner qu'une idée

il

trouveront pas. Permettez-moi de

on n'interprète plus lorsqu'on

s'il

les

servir de cette

fausse de ce chef-d'œuvre à ceux qui ne l'auront pas vu, et ceux qui

il

ne

il

qu'on doit respecter. L'état de dégradation du Jugement dernier met

(si

le

par respect pour

si

découvert toute

copiste dans l'obligation d'en rétablir une grande partie

rant

Votre Excellence semble

expression) de livrer à une nouvelle postérité un tableau tout neuf, de

promettre ainsi

ter-

n'y a jamais eu connivence entre

11

forces à aplanir les difficultés sans

s'ensuit pas que je ne puisse émettre

du

plus grand hon-

dernier, c'est autre chose.

diminuer son ardeur

du gouvernement,

les intentions

arts

et vive et lui fait le

»

impatient que jamais de remplir sa mission.

aidé de toutes

l'ai

cour de

du Jugement

un subordonné

rain, je ne suis plus

moi

prompte

voici le passage le plus intéressant

Quant

«...

fut

A. Thiers.

qu'il devait courir

bras de la Vénus et de restaurer

le

dont

comme

un jour, refusait de refaire

les

Torse antique, qu'il avail dessiné plus de


LES VKIÎXET

136

trente fois

:

et c'est

l'auteur

du Moïse

el

de

la

chapelle des Médicis qui don-

nait celte leçon de respect el de modestie!

Kébecca et Éliézed

«

a

i.a

fontaine

(d'après la gravure de Jazet).

Je pense qu'on peut profiter de la circonstance pour faire exécuter

consciencieusement ce qui est resté intact dans

la

chapelle entière.

Il

faut


HORACE VERNET sauver

les restes

naître'

recueillir

du plus bel ouvrage qui scrupuleusement

peindre en couleur de chair pour

les le

137

ait illustré le

grand

sièjcle

fragments de ce squelette,

rajeunir.

l'a

vu

non

le

qui et

»

Louis-Philippe avec sa famille devant la grille du château de Chantilly

Néanmoins Thiers Sigalon put exécuter d'ailleurs et

damnés

à

eut gain de cause et, malgré l'opposition de Vernet,

peu propre

la

copie du Jugement dernier,

la

à

donner aux élèves de

œuvre

fort

médiocre

l'école des beaux-arts,

contempler chaque jour, une juste

con-

idée de l'effrayant chef-

d'œuvre de Michel-Ange.

Horace Vernet, ayant manifesté en 1833

le

désir de

visiter l'Algérie,


LES VERNET

138

promise de son talent

« cette terre

conquête,

le roi très

généreusement

»

l'autorisa à s'absenter de

quelques semaines, et au mois de mars

bord du brick de guerre

s'embarquait pour Bone à

l'artiste

Comète, mis

la

moment la Rome pendant

dont on commençait en ce

sa disposition par le

à

comte de

Rigny, ministre de la marine. 11

assista à la prise de la

commandant Yusuf béros

« les

brillantes ville, et

la

Kasbah, de Bone, se

amitié avec le

lia d'étroite

qui, au milieu de la bataille,

lui

comme

apparut

un

bras nus jusqu'aux épaules, couvert d'or, d'argent et d'armes

duc de Rovigo, puis

se battit près d'Alger avec le

»,

Rome

revint à

visita cette

émerveillé, ébloui, emportant au fond de son

bridante nostalgie de cette Afrique, qui devait bientôt

âme

prendre tout

le

entier.

A

«

mesure que

le

crépuscule

me

permettait de distinguer les objets

qui m'entouraient, écrit-il au général Atthalin, j'apercevais de grands fan-

tômes blancs passant

comme

des ombres

chevaux qui marchaient sur l'herbe. Enfin, j'étais

au milieu de

fusils,

de pistolets,...

jamais je côté

que

ma

A

:

rivière de l'autre; la plaine couverte d'éclaireurs, et quels

une tribu marchant en groupe, portant tous ses

ici le

si

nouvelles et

pas au bout.

tète éclaterait. Je n'étais

si

pittoresques, j'ai cru

»

cas de rééditer cette opinion cependant parfois discu-

qu'un peintre en écrivant livre presque toujours

Assurément Delacroix, Fromentin fait

de deux escadrons du 3 e chasseurs. Non,

vue de tant de choses,

la

C'est bien table

cents Arabes et de cent Turcs, armés de longs

etc., et suivi

éclaireurs. Et au centre,

bagages.

jour vint

le

éprouvé de semblable. Les montagnes de l'Atlas d'un

n'ai rien

une belle

;

trois

même pas les me montrer que

on n'entendait

;

et Guillaumet,

le

ont dans un autre langage

connaître la nature de leurs premières émotions sur

Mais, cette seule phrase

:

«

J'ai

cru que

ma

De retour en

pétarades de Constantine, d'Isly Italie,

Horace Vernet

se

la terre

tête éclatait »,

clairement l'enthousiasme délirant du peintre et ne les étourdissantes

secret de son art.

cloîtra

fait-elle

et

ne

C'est

de

1833

à

dit-elle

pas

pas pressentir

de la Smalah?...

dans

les

murs de son

palais directorial, et jamais heures ne furent plus laborieuses

nières heures qu'il passa à

d'Afrique.

que

les der-

Rome.

1835, époque de sa rentrée à Paris, qu'utilisant les

études et les croquis pris en Algérie,

il

peignit cette jolie toile Arabes con-


HORACE YEUX ET

139

versant sous un figuier, vendue 8.000 francs à lord la

Kasbah

le

gouvernement de

de voir sa popularité grandir

à

Juillet, grisé

Wagram,

à cette

déjà parla trompeuse espérance

l'ombre du tombeau de Napoléon dressé aux

Invalides, lui enjoignait de peindre en toute hâte les

appela léna,

la Prise de

une Chasse au sanglier en Algérie. C'est aussi

de Bône,

époque que

Pembroke,

immenses

toiles qu'il

Friedland, et qui n'étaient en réalité que des pein-

tures épisodiques à vaste échelle,

uniquement composées pour

servir de

cadres triomphants à la figure épique du grand Empereur. 11

est juste de dire qu'entre la peinture

temps de

trouvait le

de Friedland et celle

son royal protecteur en

glorifier

à' léna

il

représentant au

le

milieu des barricades abandonnées et des bourgeois en délire, chevauchant

calme

et souriant vers l'Hôtel

de Ville entre

comte Berthois

le

et le

maré-

chal Gérard.

le

Avant de quitter définitivement Rome, Horace Vernet put y voir célébrer mariage de sa fille Louise avec un jeune artiste de grand avenir, Paul

Delaroche.

Depuis 1815, époque où Vernet peignit

le

duc d'Orléans en uniforme de

colonel de dragons, la cocarde tricolore au chapeau, des relations amicales s'étaient établies entre l'artiste et le prince.

coup d'œil sur

parmi

les

1/400 francs. 1819,

folle.

date des

la

Puis

il

En

1818,

il

lui

viennent

;

de

les

(prix

somme

acquisitions

duc d'Orléans figura

Hanau en 1824

10.000 francs),

rosité royale

1 .

que de

;

des

de Montmirail en

(prix 10.000 francs)

;

de

Batailles

de

1822

(prix

Valmy en

1826,

etc.

celle

bénéficier aussi largement

de

la

géné-

du prince prétendant.

peine de retour à Paris,

Voir à V Appendice.

de 1.000 francs pour une Têle de

plus importantes

8.000 francs)

Nous verrons bientôt Vernet

1

le

achetait cinq autres toiles (prix G.!)00 francs).

verse au peintre la

il

10.000 francs)

A

royales,

rendait acquéreur de deux toiles, au prix modeste de

se

Jemmapes en 1821

(prix

commandes

de jeter un

peintre pour voir

le

acheteurs les plus empressés des œuvres de Vernet

En 1817,

En

suffit d'ailleurs

tableau des travaux exécutés par

le

que bien avant

Il

il

recevait du souverain

la

commande

d'une


LES VERNET

140

composition commémorative représentant

Misle

qui d'ailleurs ne lut

jamais ébauchée,

au programme d'exécution qui

Dans un entretien

de

tête

:

été officiellement imposé.

avec Louis-Philippe, au sujet de ce tableau,

remarquer que

les

XIV

fût représenté

en

action.

Horace Vernet

lit

voulait que Louis

il

colonne d'assaut, au plus

la

,

ayant refusé de se soumettre

l'artiste

lui avait

qu'il eut

expliqua ses vues

le roi lui

Siège de Valenciennes

le

de

fort

1

choses ne s'étaient pas précisément passées de celte

façon héroïque. «

C'est

une tradition de

Soit,

répondit Vernet, mais c'est une légende,

vement que Louis XIV

Un

famille, objecta Louis-Philippe.

se tenait à plusieurs lieues de la brèche. »

de ces personnages zélés qui se trouvent toujours

flagorner les puissants du jour, intervint dans peintre

:

«

C'est le roi qui vous paye, faites ce

On ne me paye

pas pour mentir,

la fois à

un sentiment de

vagabonde, partit pour

à point pour

conversation, et dit au

la

que veut

le roi.

répliqua Vernet, et

»

C'est à la suite de cet incident, tout à son

sant à

et l'histoire dit positi-

il

se relira

fut

il

.

honneur, que Vernet, obéis-

révolte et de dégoût et aussi à son

la Russie,

1

admirablement

humeur

accueilli

par

le

tsar.

Ce premier séjour en Russie visiter

Saint-Pétersbourg

et

fui

de courte durée. Vernet en profita pour

Moscou.

toutefois

recueillit

11

déplacement autre chose que de vives impressions son livre de ventes et de commandes, rien de sa laborieuse carrière,

en Russie

il

la princesse Wittginstein

De

,

précieux

à

l'examen de

consulter pour l'histo-

nous apprend que pendant ce premier voyage

reçut de M. Smiroff la

représentant un Arabe mort,

si

d'art, car

de ce rapide

somme

et celle

représentée

de

1

.000 francs pour un tableautin

de 20.000 francs pour un Portrait de à

cheval dans une chasse au faucon.

plus, le tsar, très désireux de laisser au

cœur de

l'artiste le regret

de

n'avoir pu prolonger son séjour à Saint-Pétersbourg, et afin de le déter-

miner à y revenir bientôt,

le pria, et

cela sans lui

imposer de programme

d'exécution, de peindre à son intention une Revue de la garde impériale par

Napoléon Ier dans

En

1

lui

la

cour des Tuileries.

faisant cette

Amédt'e Durande.

commande

le tsar

s'exprima en ces termes

:

«

Ce


Ill»

tableau restera dans

mon

RAGE

cabinet,

Y

.le

ER NET

141

veux avoir toujours sous

garde impériale, parce qu'elle a pu nous battre. Nicolas

I

er

paya 25.000 francs celle

Assurément aucun

sujet

yeux

la

»

toile qui lui fui livrée

en juillet 1838.

de peinture ne pouvait plaire davantage à

Les adieux de Fontainebleau

l'artiste,

les

(d'après la gravure de Jazet).

qui fut très vivement louché par

la

forme gracieuse de

la

com-

mande.

A talgie

partir de ce jour

ce sentiment de nos-

intermittente qu'il eut de la sainte Russie, devenue pour lui une

sorte de seconde patrie 11

germa au fond de son cœur

esl curieux

pendant toute

dominée par

le

de constater que ce pur parisien (pie fut Horace Vernet eut

la

vie

devant

les

yeux

steppes immenses couverts de neige

et

Les contrastes l'attiraient. L'Afrique et et c'est

dans

sa

plus puissant des bienfaiteurs.

correspondance

à

le

double

et

éclatant mirage des

du vaste déserl au sable brûlant. la

llussie se partagèrent

bâtons rompus

et

son cœur,

d'un accent de sin-


1

LES VERNET

42

cérité

mieux encore que dans

attachant,

si

toute l'ardeur de ses affections tropicales et

Quant

«...

à moi,

écrit-il

à sa

femme,

qu'on découvre

peinture,

sa

hyperboréennes.

je travaille, je vais à la

sommes

je cours avec l'empereur passer les revues. Nous

parade

et

allés ces jours

derniers à Cronstadt. Ce voyage, qui a duré deux jours, m'a ravi; s'en aller

mer en

à dix lieues en

Pendant

traîneau, c'est la chose du

les différents dégels qui se

monde

la

plus originale...

sont succédé, des coups de vent ont

sans doute refoulé la mer, qui, en superposant les hlocs de glace les uns sur les autres, a produit des chaînes de collines de plusieurs lieues de lon-

gueur

et

ayant les formes

terre

le

vent vous coupe

;

les plus singulières. le visage,

Les chevaux vont ventre à

qui se couvre de glace par les larmes

qui s'échappent de vos yeux, tandis que votre corps est bouillant sous les

peaux d'ours dont vous

tapis et les

L'aspect de ce qu'on voit,

«

êtes affublé.

contraste et

le

mouvement

le

font qu'au

boni de dix minutes on croit rêver et qu'en arrivant on croit avoir perdu la tête.

Figure-toi des gens qui courent la poste entre des vaisseaux de ligne,

«

comme le

sur des routes plantées d'arbres verts

même

soir la

heures...

promenade,

je

;

fou pendant quelques

croirais avoir été

de

l'Afrique,

Horace

Vernet,

qui

l'homme des impressions tempérées, s'exprime

femme

sa

:

«...

Rien ne pourrait dire ce que

«

je

me c«

dans une autre

ainsi j'ai

Je ne te ferai pas une description de la ville

bornerai à

lettre

éprouvé en voyant de ;

je suis invulné-

te dire ce

qui m'a

le

',

ce serait bien inutile

;

plus frappé

Hier, à la faveur de nos habits turcs, nous avons visité les mosquées,

du pacha,

misérable.

etc. C'est,

en plus grand, Alger, seulement encore plus

Par l'intervention dos janissaires que

disposition pendant le temps que je resterai

monde

1

pas

!...

les palais

«

décidément

n'était

dix lieues les Pyramides. J'ai pu supporter cette émotion

rable

recommencé

»

Parlant

à

je n'avais pas

si

qui m'a

le

plus frappé dans

Nous sortons du marché aux

Le Caire.

ma

le

ici, j'ai

consul a mis à

pu voir

la

ma

chose du

vie.

esclaves,

où de

petits négrillons,

mâles


MOKACK VER NET et

femelles, sont assemblés

comme

pommes

des

femmes de infâme

par paquets sur un mauvais carré de

toile,

hommes

et les

à cinq pour un sou, sans compter les

toutes couleurs qu'on

comme

lieu, où,

me

dans des trous tout autour de cet

tient

des rois,

d'infâmes voleurs trafiquent de la chair

cœur

tout gros de fâcheuses réflexions, lorsque

humaine. Je sortais donc le le janissaire

143

proposa d'entrer dans

mosquée des

la

fous. C'est là qu'un

autre spectacle horrible m'attendait. Figure-toi une cour de quarante pieds carrés, environnée de murailles d'une hauteur prodigieuse qui laissent à

peine entrer

jour

le

dans

;

une

l'angle,

petite porte de trois pieds de haut,

barricadée de chaînes à travers lesquelles on passe avec peine. De chaque

murs sont percés de

côté, les fer

et là

;

que leur ordure

d'énormes

petites niches garnies

dedans, sans vêtements, assis sur

la pierre,

de

sans autre paillasse

une épaisse couche de poussière, sont

et

grilles

les

malheureux

privés de leur raison, une double et lourde chaîne au cou, dont les extré-

mités viennent s'attacher à de gros anneaux extérieurs,

ment perpétuel sur

la pierre l'a creusée à

et

dont

le

plus de deux pieds.

Joins au

amou-

tableau les rugissements des furieux, les accents pitoyables d'un reux,

deux yeux

et les

comme un

fixes

nègre silencieux,

d'un

»

Dans une autre

voulant peindre

lettre,

du désert d'El-Arisch,

il

la

Venez vous épousseter

«

je t'avouerai «

De

que

l'eau

!

Assurément

l'eau

les

De

et

»

En

chose

effet,

tristesse

l'Orient,

!

œuvre de littéraire

et

la

:

sablonneuse

«

milieu l'air

on en a grand besoin

;

mais

Voilà ce qu'on cherche subtil

de

on pense.

critique

»

que d'établir un

de Vernet décrivant les misères

somptueuse majesté des

de Lamartine, traitant du

Au

plumeaux qui ont

à laquelle

l'eau fraîche

formule

la

splendeurs de

Chateaubriand

!

ce serait faire

rapprochement entre et

ici.

c'est la dernière

De

morne

de sa plume familière

écrit

s'élèvent quelques palmiers semblables à des :

nous regarde

oiseau de nuit, et tu ne te feras qu'une faible idée de ce que

nous avons vu

dire

qui

frotte-

mémo

sujet.

récits

de

Et cependant, après

avoir parcouru la correspondance du peintre, écrite la plupart du temps

dans une langue de bivouac

et d'atelier,

nous reconnaissons volontiers que

parfois sa puissance d'évocation égale celle des deux grands poètes et qu'il

possède

lui aussi,

par des moyens bien moins prestigieux sans doute,

de nous faire vivre où

il

a vécu. 16

l'art


LES VER N ET

L44

Ce vain.

n'est

que

très

y aurait

Il

lettres inédites sont

incidemment que nous parlons d'Horace Vernet cependant matière

à

encore nombreuses,

écri-

une intéressante étude, car et

fourmillent,

ses

non seulement de

vivantes descriptions, mais aussi de curieux exposés de doctrines d'art et

Mazeppa poursuivi pau les

même

i.oups (d'après

la

gravure de Reynolds).

de graves considérations politiques sur des événements historiques

auxquels

il

prit

une part

très active

1

Ces quelques extraits de correspondance, pris un peu au hasard, n'ont

pour objet que d'ajouter quelques

traits

nouveaux

à l'intéressante ligure

que

nous tentons d'esquisser. Horace Vernet rentrait

à Paris à la fin

de

l'été

de 183G. Son voyage en

II est hors de doute aujourd'hui que l'intervention personnelle d'Horace Vernet en 1832, auprès du tsar Nicolas, pour obtenir dû souverain russe la reconnaissance du gouvernement de Juillet fut triomphante. Il y a sur la mission confidentielle d'Horace Vernet, en 1832, à la cour de liussie où il était persuna grala, un très intéressant chapitre d'histoire contemporaine à 1

écrire.


IIOKAGE YEItXET Russie

avait

à

peine duré quelques

145

semailles.

Il

arriva

temps pour-

à

aux derniers moments de son père (17 novembre

assister

mort l'affecta profondément,

et ec fut

1837).

Cette

pour chercher un adoucissement à sa

cruelle affliction qu'il partit pour l'Algérie.

Mazeppa

au lendemain de

CV'lait

Bùne,

à

le

12

novembre 1836, du Diadème,

monté par 800 hommes, mordit

aux narines,

cueillir

les

l'atelier

parisien,

lui

et le littoral africain

;

et

»

l'odeur

c'est

dans

acre de la

«

bon

notre! peintre

beau vaisseau

et

fumée de

deviendront la salle

les

la

poudre

atmosphère vibrante

cette

premières notes qui, développées plus lard dans

ornent aujourd'hui

En

prise de Constantine

du bruit des héroïques combats. Quand

retentissait toujours

débarqua

la

(d'après la gravure de Jazet).

grandes

de Constantine au

toiles

le

qu'il

va

calme de

commémoratives

musée de

le

qui

Versailles.

confiant l'exécution de celle suite de peintures, Louis-Philippe

manifesta royalement son désir d'effacer

le

fâcheux souvenir qui s'attachait


LES VER N ET

commande du

à la

Siège de Valenciennes, et en

ne pas laisser dire que

tsar lui avait

le

même

temps

sa volonté de

donné une leçon de clairvoyante

générosité.

Horace Vernet ne consacra pas moins de

immenses

l'exécution des trois

de Constantine,

et

il

années (de 1836 à 1842) à

toiles qui figurent à Versailles,

dans

la galerie

a raconté, d'un large et vivant pinceau, les trois prin-

cipaux épisodes du terrible siège duit- Ali; les

six

les

:

Kabyles repoussés des hauteurs de Con-

Colonnes d'assaut se mettant en mouvement, la Prise de Constantine.

Pendant ce

travail,

qui

d'ailleurs

fut

interrompu par un voyage en

Palestine, en Egypte et en Turquie d'Europe, Horace Vernet revint plusieurs

en Algérie, vivant au camp parmi

fois

les officiers,

suivant les expéditions,

couvrant ses albums de croquis sans nombre, préparant

les

ses vastes compositions et notant toujours ses impressions

d'un français

«

animé

à la fois bizarre, cru,

Parmi toutes ces

lettres d'Afrique

intégralement reproduite. Certes

il

et bouffon

1

matériaux de

dans des

lettres

».

en est une qui mérite d'être presque

n'y faut pas chercher la phrase lumi-

il

neuse, savante et chaude de Fromentin ou de Guillaumet. Mais dans ce français

«

bizarre, cru et

animé

»

où se reflètent toutes

les qualités et les

défauts du peintre, Vernet fait un saisissant tableau de Constantine, après

nous y surprenons le secret de ses impressions avant la représentation du drame sanglant dont il va faire une sorte de vaste l'assaut final, et

triptyque militaire. Cette lettre, adressée à

La

voici «

avons

M me Horace

Vernet, est datée du £ décembre 1837.

:

Nous nous sommes mis en route fait

Me

cinquante-cinq lieues.

hier à onze heures

du matin,

voilà plus près de vous, et

continue à être aussi bon, demain soir nous serons sur la sera pour moi une grande joie, car tu sais que

si

et

si le

même

nous

temps

terre.

Ce

je pars sans peine, je

reviens avec bien du plaisir. «

Maintenant,

il

faut

que je

en général. Je vais commencer

«

1

De Bône

à

Medjez-Hamar

Théophile Silvestre.

te

parle de Constantine et de

mon

mon

voyage

bavardage.

rien d'intéressant. Mais, après avoir passé


HORACE VER NET le

Raz-et-Akba,

le

pays dépouillé d'arbres devient un vaste désert coupé de

montagnes pelées dans

ravins profonds, et entouré de vastes

Radicofani

nous a

coucher dans

fallu

la

boue

;

mais heureusement

et

chacals

les

l'ombre route

mules

les

ma

car,

;

assomme

de

chargeaient

hyènes

musique

la

dans

disputaient

se

et

chevaux que nous laissions derrière nous sur

et les

chère amie, tu ne peux

comme

une idée de

te faire

la

une

;

fois

la

quantité de

faute de pouvoir les nourrir

tant qu'ils peuvent se soutenir

Sur ce point

d'eux.

mauvais temps

soir et en partant le matin. Les lions, les

animaux qu'on abandonne,

ces pauvres les

se

le

le

Il

intéressant pour moi que ces

n'a duré que deux jours. Rien n'était plus

bivouacs, en arrivant

genre de

le

dans ces lieux épouvantables.

pluie nous a rendu visite

la

;

147

:

tombés, c'est

on fini

sur tant d'autres, c'est un gaspillage dans

l'armée dont on ne saurait se faire une idée sans en avoir été témoin. Mais brisons là-dessus,

que

le

je

ne veux

parler que du pittoresque. Je te disais

pays est d'une sévérité admirable.

humaine, que quelques suppose des «

te

pierres,

restes

ne

11

en

s'y trouve,

monuments

de

fait

de trace

qu'on

antiques

fortifications.

Je ne suis pas de cet avis pour la généralité.

paraissent des tombeaux de la

môme

forme

11

y en a certains qui

même

de la

et

me

construction

que ceux de Carneta, moins soignés cependant, mais semés çà

long

et là le

d'une voie romaine, sur un assez long espace, deux lieues environ avant d'arriver à

croquis.

De

t'avoue que

Somma, où ce point, le

se trouve

un tombeau monumental dont

on aperçoit Constantine à

cœur m'a battu en voyant

le

trois lieues

terme

et le

j'ai fait le

de distance. Je

but de

mon

voyage.

Les plus hautes montagnes du grand Atlas se développent devant tateur.

Il

était

deux heures de l'après-midi,

le soleil brillait, rien

quait pour la splendeur du tableau. Je t'assure que dès ce

j'ai

une nouvelle collection de matériaux d'un caractère tout

Je ne te ferai pas

ici la

je n'ai

déjà dans

particulier.

description de Constantine, de ses ravins, etc

toutes choses dont tu as déjà entendu parler. rien vu

spec-

ne man-

moment

plus pensé qu'au bonheur de joindre à tous les souvenirs que la tète

le

Il

me

dans aucun de mes voyages qui m'ait

suffit

aillant

,

de dire que je n'ai frappe. Cette ville

toute couleur de terre ressemble plutôt à celle des Abbru/./es qu'à tout ce

que nous connaissons du

littoral

je la peindrai telle qu'elle est,

d'Afrique.

comme

on

On

l'a fait

va crier après moi quand

après

ma

verdure

;

cepen-


LES VERNET danl je serai vrai. L'intérieur des rues est 1res sombre

abominable. Les cadavres qui sont encore sous

d'une puanteur

et

décombres ne con-

les

augmenter ordures

émanent

de

est

l'armée

Monlfau-

;

boutique

la

Lubin

de

les

miasmes

de

pestilentiels

à

diarrhées

les

,

que

ce

générales

con

peu

pas

tribuent

compa-

en

raison. Aussi nos pau-

vres soldats mouraientils

comme des mouches.

Dès

premiers

les

qu'on

fait

dans

pas

la ville,

on ne peut croire

qu'il

soit possible d'y rester;

puis, tout à coup, nous

entrons dans

du bey

le

tout

;

Figure-toi

palais

change.

une délicieuse

décoration d'opéra tout P REM.1ÈRE

CAM

PAGNE DE C

N STA

NTINE

de marbre blanc

et

des

(d'après la gravure de Jazet).

peintures les plus vives

d'un goût charmant, des eaux coulant de fontaines ombragées

d'orangers, de myrtes, etc., enfin un rêve des Mille loin de

m'attendre

temps,

et

à

cependant

des sensations

porté, jusqu'aux oiseaux

Ah

si

les

barbares

!

une nuits. Certes,

différentes dans

ei

mais

Du

reste, j'ai reçu

;

un que

si

fait

j'étais

court espace de

la suite

rien, de l'intérieur.

aux poissons rouges. On a

murs pour chercher des cachettes !

et

je n'étais pas au bout. Figure-toi

a tout dévasté et qu'il ne reste rien,

les

des couleurs

du prince

Tout

a été

em-

des trous dans tous

enfin tout est sens dessus dessous.

dans ce palais

le

meilleur accueil du

généra] Bemelle; ilm'a donné une ci-devant belle chambre dans laquellej'ai

couché par terre avec délices, car du moins sonl passés à courir la ville

et

j'étais à sec.

Mes

trois

jours se

ses environs, dessinant autant que possible


9

HORACE VERNET les points intéressants, et j'ai

liî)

une fameuse récolte de travaux

Jazet que je lui apporte une vigoureuse collections de sujets. qui

surtout

attendre pour ter)

a

en

y

;i

un

puis

une

le valoir

à élever.

tille

Il

racon-

te le

manqué

petite

ne

(je

à faire. Dis à

Tu

as

entendu parler d'un rocher

du hautduquel en voulant

femmes,

fuir, se préci-

Représente-loi,

pitaient.

sur un

les

monceau de

cent cadavres

plus de

defemmeset

d'enfants que les Kabyles dépouillaient ou achevaient respiraient

lorsqu'ils

un

core,

sergent

en-

un

et

soldat leur disputant, les

aimes

à la

main, un pauvre

petit

être

de quatre ans

attaché

au

mère morte. cette

de

corps

petite

J'ai fille

sa

retrouvé

au camp

de Medjez-Hamai. Elle est gentille,

très

mais

deviendra-t-elle?

On

nom. Ce régiment C'est

la

la

que je voulais

embarras

si

(d'après la gravure de Jazet).

que

justement parce

l'attend

Assaut de Constantine

nomme

Constantine, ne

lui

garde, mais, encore une qu'il n'v a

connaissant pas d'autre

que deviendra-t-elle?

fois,

pas de doute sur

le

malheureux

Je n'aurais pas balancé à l'apporter col

la prendre.

une autre idée ne m'élail venue;

c'est

d'en parler à .Madame

Adélaïde. Ce serait digne d'elle de faire élever un enfant pris sur

de bataille où son neveu ça à '<

mon

a été fait

recueilli

lieutenant général.

mon

voyage,

j'ai

de l'autre tout ce dont j'aurai besoin pour

Jamais on

n'a eu

une occasion de

faire

le

champ

Nous parlerons de

arrivée. J'ai tous les renseignements imaginables sur ce

Pour en revenir au bul de

sort qui

fait.

dessiné d'une pari

mon grand

un tableau aussi intéressant

et

tableau. cl

aussi


LES VERNET

150

pittoresque. Mais aussi fallait-il voir les lieux, car

il

n'y a pas de description,

de dessin, de croquis qui puisse donner une idée de l'originalité de

la

scène. Ça ne ressemblera à rien de ce qui a été peint, et ce ne sera que vrai.

Il

vu l'armée d'Afrique

faut avoir

l'Empire

:

l'armée

c'est

d'Afrique,

:

ce n'est plus ni la République ni

réunion, un jour

c'est-à-dire la

de

bataille,

vertus

toutes

militaires,

lendemain.

.

.

les

et

le

sauf quelques

chez

exceptions,

de

hommes,

de cer-

trop

bien

trempés pour ne pas

résis-

tains

à

la

contagion

Tiens,

je

ne

écrire

tout

ter

pense.

!...

veux

ce

pas

que

je

»

Le nomade

artiste avait

donné

la dernière

à peine

touche à l'assaut de Constantine (1842) qu'il retour-

en

nait

par

Russie,

tsar.

le

11

rappelé

loge à Pe-

terhof, assiste à de petits Le générai. Cavaignac

gravure de

(1840) (d'après la

soupers

L. Massard;.

de

famille

l'impératrice, le

manœuvres de Tsarkoié-Sélo

souverain aux

manœuvres,

des

hommes

armes,

sous les

et de la pluie 11

chère amie

avait

comme

le

;

1

29 juin

ont été superbes

des coups de canon

si le ciel

Paris

quitté

et

elles

le

:

«

chez

accompagne

Nous arrivons

soixante-dix mille

comme

s'il

en pleuvait,

fondait... etc. » er

juin

1842,

il

y

rentrait précipitamment

quelques semaines plus tard afin d'assister aux funérailles du duc d'Orléans.

Mentionnons

ici

voir dans le rôle

Russie et

le

roi

deux incidents de

la

vie

du peintre qui nous

le

font

imprévu d'ambassadeur officieux entre l'empereur de

de France. Ce n'est pas l'aspect

aventureuse existence.

le

moins curieux de son


HORACE VERNET Au moment Pétersbourg,

le

151

de quitter Sainttsar,

auquel

il

venait faire ses adieux, lui adressa les paroles suivantes

que

le

peintre

a fidèlement notées sur un de ses

carnets de souvenirs «

:

Voilà encore votre malheu-

éprouvé par un coup

«

reux

><

plus terrible que tous ceux qu'on

«

a tirés sur lui.

«

d'Orléans estime perte énorme,

«

non seulement pour son père

«

et

«

pour nous tous.

«

de compter sur une

régence

«

qui peut s'établir au

moment

roi

pour

la

La mort du duc

France, mais encore Est-il possible

Le général de Létang

(croquis au crayon).

«

où rien ne sera encore

«

paré

«

une chose qui dépendra des

«

circonstances

«

elle se

?

Je lui

tendais

mais

Car,

dans lesquelles

présentera

? »

répondu que

ai

fort

peu

qu'il était

en

je

les

de ces choses qui

même

cœur, que celui que

savoir

;

si

que le

consolation

Type de soldat

(croquis au crayon)

un

à

;

pas

;

les

que

même

le

le

sort dé-

ne

pouvait

lendemain

n'aurait

lateur

donc

nul

et

terrain

pères avaient tous

chirait

m'en-

politique,

mettaient les souverains sujets sur le

pré-

comment préparer

le

conso-

besoin

que je demandais

Sa Majesté de remettre

mois

de

de

à

me donner une 17


LES Y Eli NET

152

séance pour son portrait

pour que du moins,

ma

découvrir «

d'homme me

dites-lui tout ce qui

«

ses

homme

grandes vertus

pourra

pour

et

faire

lui

demandé

s'il

sans hésiter

il

«

«

disant

les

j'ai

comprendre,

femme

;

»

me

et,

Non seulement

«

:

»

je

vous

A

n'a pas achevé. Tout le inonde

Il

duré plus de vingt minutes.

a

peine

de

me

avancée

s'est

douleur d'une mère, qu'elle devait

la

répondit

:

Mais vous ne parlez pas de

«

si

la

celle

bien

d'une

une expression

suis reproché de n'avoir pas deviné plus tôt

si

que l'empe-

»

de retour

à

Paris,

ambassadeur

l'artiste

entrevue avec Louis-Philippe, et voici en quels termes

avait il

en a

une longue fixé le

sou-

:

«

les

je lui

autorise, mais je

y

là-dessus, elle a regardé son mari avec

reur allait voyager.

«

pu parler,

»

lui parlais

elle

tendre, que je

venir

restés

Et moi aussi, je prends bien part au malheur que

«

:

L'empereur

»

sommes

larmes aux ^eux; nous

d'autres choses...

si

France déplore. je

vous

pour

l'estime que j'ai

Enfin l'impératrice, voyant l'empereur s'essuyer les yeux,

Comme «

répondit

témoin de celte scène qui

me

en

Si

m'autorisait à répéter entièrement celle conversation, et

me

vous en charge; était

doit faire.

fermeté de son caractère.

la

main; nous avions

comprendre

quelques minutes sans prononcer une parole. Lorsque ai

de loin

vit

des Français, assurez-le que je partage tout son malheur;

voyez

tenait la

me

il

avec tous les signes extérieurs d'une vive

dit alors

«

le roi

roi,

rappelait à Paris

devant son infortune.

tète

«

me

devoir

Allez, vous ferez ce qu'un galant

«

:

mon

que

ne pouvais approcher du

je

si

L'empereur m'a

émotion

;

Je suis allé chez le roi, qui

m'a

reçu.

Paris, 9 août. 1842.

En entrant dans son

cabinet,

larmes nous ont suffoqués pendant plusieurs minutes. Les miennes

s'étaient

mais

amassées depuis huit cents

celles

du

roi

colles qu'il avait

!...

lieues,

Je regrettais de

dû répandre.

11

il

les

fallait

bien qu'elles sortissent

;

avoir provoquées après toutes

m'a semblé brisé sous

le

poids de

la

dou-

leur. «

Après un quart d'heure de récriminations sur

le fatal

événement, de

regrets exprimés avec la plus touchante éloquence, la question politique


HORACE est arrivée

;

l'espoir d'un

d'avenir brisées ont été

le

Y EH NET

153

règne glorieux évanoui, toutes sujet d'une longue lamentation

les ;

prévisions

alors j'ai

pu

parler de la commission

dont l'empereur m'avait chargé. Sur ce point roi

le

entré dans des

est

considérations diplomatiques en dehors du rôle

permis de

m'est

qu'il

jouer dans la circonstance présente.

au

roi

me

J'ai dit

que je ne voulais

charger que

d'une

réponse conforme aux paroles dont j'étais por-

Après m'avoir ap-

teur.

prouvé,

du

le roi

m'a répon-

«.

Dites à l'empereur

«

que

les vicissitudes qui

«

ont

«

vie,

«

et

:

ma comme homme

accompagné

«

comme mis mon

«

l'abri

«

moindre rancune con-

«

tre

«

méconnaître mes

«

tentions. Si les siennes

«

changent à mon égard,

«

dites-lui

«

prêt à lui rendre affec-

«

lion

«

est

«

sur des opinions émises

«

que ces opinions ont dû être modifiées par

prince, ont

caractère à

d'éprouver

la

ceux qui ont pu in-

que je suis

pour affection.

IIohack Veunet

11

absurde de croire que

la force ;'i

de caractère consiste à ne pas revenir

une époque, quand

le

cœur

a la conviction

les circonstances.

S'il

en


LES VER NET

154

quoi bon

à

discussion et la lumière qui en

Un

jaillit ?

«

était ainsi,

«

autocrate peut faire dire ce qu'il veut à ses ministres, un roi constitu-

<(

tionnel ne le peut pas.

«

constitutionnel, je ne suis pas

la

Qu'il consente

donc à m'écrire

condamné au mutisme

une caricature

regagnait

comme

la

jadis

môme

Russie,

Rubens,

«

me

«

blcra et à faire tout ce qui

«

pourra réunir deux peuples

a

dont l'alliance est inévi-

«

table par la suite, et qui,

«

si elle

«

temps,

«

politique

<(

prévenu tout

«

mésintelligence qui semble '

que

je suis prêt à

rendre où bon

sem-

lui

existait depuis Iong-

aurait

rendu

la

plus

simple

et

mal que

la

le

régner entre nous a l'ordre

social

fait

cher

«

m'a

«

mon malheureux

«

est

«

était

«

la

«

vàt, lorsqu'il

«

temps pour

à

mon

car,

;

«

l'empereur

Horace,

bien du mal et

fait

mort persuadé exécré

qu'il

n'était

en

que

fallait

il

;

enfant

preuve du contraire

arri-

plus

originale.)

tendre...

portant au tsar les propositions du d'être

lui

de

l'en-

»

année, Vernet, simultanément peintre

avant

me parler,

dites-lui

«

la

aime mieux

«

(Cabinet des estampes).

En août de

répondrai.

et je lui

S'il

«

(d'après

roi

«

«

Spontini

pour être

;

et

roi

diplomate, de France,

créé chevalier de l'Éperon d'or,

se

rendait d'Anvers à Londres, mystérieux confident des secrets politiques

de son protecteur Philippe IV

Ce troisième

et

et

de Charles

I

er

d'Angleterre.

dernier séjour en Russie se prolongea jusqu'au

cement de juillet 1843. Vernet

commen-

avait alors cinquante-quatre ans. Ce qui ne

l'empêchera pas, à peine de retour en France, de donner de nouveau un


HORACE YEHNET humeur vagabonde, en

cours à son

libre

155

visitant l'Espagne, le

Maroc

et

encore l'Algérie.

Malgré

on demeure interdit en présence de

soi

homme

de ce petit

la prodigieuse activité

sec et nerveux qui, en Europe, en Asie,

en Afrique,

court à dos de cheval ou de dromadaire, toujours son carnet de notes et de croquis à la main, qui ne cesse

datant tour à tour ses

d'écrire,

innombrables

du désert

lettres

d'El-Ârisch, des rives duDniéper,

de Jérusalem, du fond des steppes russes,

du bord des navires de

guerre qui

le ballottent, lui et

fortune, à travers les

sa

flots, et qui,

entre deux voyages très rapprochés, trouve à

moyen de

reproduire

une échelle vertigineuse, mais

avec une imperturbable audace, les sujets les plus

Citons joli

en

portrait,

un

être

compliqués.

passant

un bien

d'une ironie peut-

peu

outrée,

d'Horace

Vernct par Théophile Silvestrc «

Son

gile

petit corps, qui

comme un

cristal

semble

:

fra-

de Bohème,

H a lév y' (d'après une

caricature originale).

(Cabinet des estampes.)

ne souffre pas plus d'accidents

à pied, à cheval, à dos d'ànc ou de dromadaire, en carrosse, en traîneau ou

en navire, que

s'il

était porté

en

litière.

Les fatigues, les intempéries,

fléaux qui terrassent les Hercules, l'ont toujours épargné.

Pendant que

choléra décime nos troupes dans les marais de la Dobrutcha,

une pointe de colique,

membres,

secs

comme

et la

vermine qui dévore

le tissu

de

les

l'aloès, élastiques

lui

bachibouzoucks

comme

les le

n'a pas fuit ses

des lanières de

caoutchouc. Si rien n'altère son corps, rien n'agite son esprit. Les magiques

changements de îles

soleil et

caractères et des

de rivage, l'étonnante variété des tempéraments,

lois, la

mélodies, des parfums

pénétrante série des formes, des couleurs, des

exotiques,

beautés

qui

s'amassent en

trésors

de


LES VERNET

L56

poésie

de

et

une intelligence

dans

savoir

comme

passé sur ses yeux

la

fenêtre d'un wagon

le

monde

se dérouler,

valser autour de lui et disparaître dans une lumière poudroyante.

cature du

devant une

clieval

dont l'air

les idées et les 1

pour

toile

la peindre, est

pratiques sont légères

un

triple

fidèle portrait

comme

la

La

cari-

galop de

de cet artiste

plume, fuyantes

comme

»

.

11

un jour passant à

Charivari, qui le représentait

11

On

qu'une bigarrure des objets extérieurs.

vu seulement par

dirait qu'il a

ont

délicate,

et

du feu passent sur un vitrage.

les reflets

dans sa mémoire

n'est resté

attentive

apparaît toutefois, d'après les indications contenues dans

comptes d'Horace Vernet, que

sauf

le peintre,

le

portrait de

le

Livre des

l'impératrice,

qui lui fut généreusement payé trente-six mille francs, n'exécuta pas d'oeu-

vres importantes pendant son dernier séjour en Russie.

En facilité

A

aurait-il eu le

temps

d'ailleurs,

malgré sa prodigieuse

activité et sa

de travail extraordinaire?

peine

était-il

débarqué à Saint-Pétersbourg que son impérial protec-

teur l'attachait pour ainsi dire à sa personne, et l'invitait à l'accompagner

en Ukraine, en Tauride, en Bessarabie, en Pologne...

etc.

11

visita successi-

vement Taula, Orlov, Koursk, Ekatérinoslav, Moscou, Varsovie, Grodno, \ ilna... etc., et

en place d'honneur, dans

le

cortège impérial,

il

put assister

au passage triomphal du souverain dans les rues des cités toutes vibrantes des sonneries des cloches et des canonnades, et à travers l'immensité

des

steppes, animés seulement par la joyeuse fusillade des

morne

fantasias de

cosaques.

Mais

si,

pendant ce merveilleux voyage, Vernet dut abandonner son

pinceau au repos, relaté, jour

il

laissa le

champ

libre à sa

plume qui infatigablement

par jour, dans une suite de lettres

qu'il faut lire,

a

les vives et

curieuses impressions éprouvées par l'artiste. C'est

une peinture

tsar, la cour, la

fort intéressante

nature,

le

de la vie russe en son entier

.

Le

peuple... tout y passe. C'est assurément la meil-

leure partie de l'œuvre écrite d'Horace Vernet, et

forme cursive

2

et toujours familière

ici

l'écrivain,

malgré

la

de ses récits, est bien supérieur au peintre,

1

Les Artistes français.

2

Voir la correspondance d'Horace Vernet, publiée par M.

Amédée Durande.


HORACE VERNET

157

hauteur de l'historien prophétique. Qu'on en juge par

et s'élève parfois à la

M mc

ce fragment d'une lettre adressée de Saint-Pétersbourg à

31 octobre 1842

le

:

rends justice

tu le penses. Je lui

un

n'est pas il

ma

Quoi que tu en dises,

«

homme

pour

se faire

qu'il ait à

moindre

la

;

ce

a tout ce

11

aimer des gens

qui n'ont pas besoin de lui

pour peu

passion pour l'empereur n'est pas telle que

ordinaire, mais

est loin d'être parfait.

qu'il faut

Horace Vernet

;

mais,

exercer sur vous

l'homme

autorité, c'est

le

plus dur que j'aie jamais rencontré. 11

est vrai de dire qu'en fait de disci-

pline

il

impossible d'agir au-

lui est

Les Russes de toutes les

trement.

classes sont tellement enclins à la

paresse, qu'il n'y a que la crainte qui

puisse les maintenir.

ne tremble pas,

Quand un Russe

de tous les hommes. Tout sous

le

plus lâche

c'est le

ici

est placé

régime militaire, depuis le cui-

sinier jusqu'au

grand juge

de sorte

;

David d'Angers (d'après une caricature originale).

que l'habitude de prononcer constam-

(Cabinet des estampes.)

ment des

arrêts, sans qu'il soit per-

mis au condamné de quitter pereur une rudesse dont les autres s'y

remplaceront «

accoutument,

ne s'aperçoit pas, qui augmente à mesure que et qui le perdra, le

jour où

Toutes ces admirables institutions, dont je

fondées pour

sont au

le

bonheur de

monde pour

redescendre. à

la

S'ils

quoi bon

sont

rester fils

l'ai

fatigue et l'inertie

parlé dans

un pied aussi splendide. On tous.

les

les instruire et

lettres,

dirait qu'elles sont

pousse pas plus loin pour cela

dans leur classe

de soldats,

mes

Mais non, l'éducation, qui développe

de cette foule déjeunes gens, ne

l'esprit

Alors,

du port d'armes, a donné à l'em-

la terreur qu'il inspire.

n'existent nulle part sur

ils

il

la position

ils

leur

:

ils

ne peuvent

;

ni s'élever ni

ne seront jamais que sous-officiers.

donner des goûts

qu'ils ne

pourront


LES VERNET

158

jamais

lumières qu'ils ne pourront pas répandre? Déjà, on

satisfaire, et des

a senti les funestes effets d'un fanterie s'est insurgée. Pas

«

:

un

ordre de choses. Une colonne entière d'infan-

seul officier n'est resté, tous ont été égorgés

conduits par les sous-officiers, disaient à leurs

froidement. Les soldats, chefs

tel

Nous ne vous en voulons pas

;

mais vous êtes

nous devons

officiers,

vous tuer. Finissez votre pipe, nous reviendrons après.

»

Et,

en

effet,

ils

sont revenus. La punition a sans doute été terrible, car on ne la connaît pas... les

régiments ont été licenciés. Voilà, chère amie,

en Russie.

On

laboure sans savoir ce qu'on récoltera.

oranges à un sapin

et l'on croit avoir

On

les

l'accable, est las de la Russie

rentrer en France.

retrouver dans

que je ne

en Sibérie.

»

honneurs dont l'empereur

et qu'il attend

avec impatience l'heure de

vieilles habitudes,

soufflet à

les ai vus...

C'est à cette

et

un

seul bonheur,

celui de

avec de vieux amis, dans une

un vieux verre de

le

vieille

vin, avec notre vieux cousin

époque que parvint en France brillant coup de

nouvelle de

la

temps

le

épiques

détails

par

Horace Vernet rêva dès lors de

fragment d'une

la prise

main du duc d'Aumale

suppose bien, commenté avec enthousiasme

l'atteste ce

me

»

Smalah d'Abd-el-Kader. Le

bondance de

le

d'aller

nos vieux petits-enfants qui doivent avoir de la barbe depuis

on

des

les

bontés

Je n'aspire plus qu'à

«...

mes

donnant un

veste,

la

On accroche

devine, à la lecture des dernières lettres datées de Saint-Pétersbourg,

qu'Horace Vernet, malgré

et

tout est

des fruits. La noblesse donne tout

bon cœur, plutôt que

ce qu'elle possède de

comme

les gazettes

et

de la

était,

raconté avec suracour.

comme

fixer ce fait militaire sur la toile,

lettre adressée

de

M

de Saint-Pétersbourg à

mc

Vernet

23 juin 1843. «...

Je suis libre

:

je puis secouer

mes plumes;

sauter sur une branche où je pourrai gazouiller à

perruche qui m'y attend,

que

si

j'étais

empaillé

et

ma

cage pour

aise avec

ma bonne

je quitte

mon

que maintenant je ne veux pas plus quitter

1 .

1 Ce qui ne l'empêchait pas de quitter sa branche et sa bonne perruche an bout d'un an pour parcourir l'Andalousie et le Maroc. En 1830 il se rendra à Rome pour prendre sur place les croquis et les notes nécessaires à l'exécution d'une de ses toiles les plus importantes le Sièyc de Home. En 1853, sous le grand soleil de juin, nous le retrouvons encore chevauchant à travers les montagnes de la Kahylie algérienne. :


HORACE VERNET «

Oui,

J'avais lu avec voilà

oui,

d'armes, culier.

il

un

vif intérêt les détails

un tableau à

;

mais,

de

était à

récit

toiles

pour

le

tel

un caractère tout

on pourrait s'en

tirer...

fait

parti-

»

peine de retour à Paris que Louis-Philippe, luttant de

Prise de la Smalah d'Ard-el-Kader

générosité avec

de la Smalah.

la prise

pour représenter un

faudrait l'avoir vu, car ça devait avoir

Cependant, avec un bon

Vernet

faire

159

(détail).

souverain russe, commandait au peintre de nouvelles

les galeries

tation de la prise de la

de Versailles,

et,

entre autres, une vaste représen-

Smalah d'Abd-el-Kadcr.

Cet événement causa au peintre la joie la plus vive. Nul sujet n'était plus propre en effet à tenter son pinceau plein de verve. Sur une toile de vingt-trois mètres de long, bataille,

Et

condenser tous

comme

les

il

allait

pouvoir librement, dans un pêle-mêle de

éléments d'expression chers

à

son imagination.

cadre à cette scène tumultueuse, pleine de cris de victoire, de 18


LES VERNET

160

hennissements, de clameurs

de feu, de cliquetis de sabres,...

blanches du

ciel et

toile

pâli

immensités bleues

les

et

et

nous

le

croyons volontiers, avait légère-

lorsqu'il s'était trouvé

pour

la

première

nue. Et cependant,

peinture, l'œuvre était

Commencée en ment, de 1845, Le

donnerait

il

du désert.

Horace Vernet, a-t-on

ment

de hurlements de douleur, de coups

affolées,

dit,

phénomène unique

1844, celle toile gigantesque fut signée au

au Salon de

peint en un seul jour.

la

même

On en

nous apprend un des historiens de Vernet. procédé d'exécution en parfait accord avec

Rarement

peut-être dans l'histoire de

la

complètement terminée en dix mois.

et figura

ciel fut

devant l'immense

fois

commence-

année.

étalait l'azur avec des sabres, C'était,

le

on en conviendra, un

sujet.

plus diversement appréciée que

la

Prise de la Smalah,

qui n'est, en définitive, qu'un spirituel développement

panoramique d'un

intérêt

toile fut

assurément

D'un sujet artistes

très dispersé,

pareil,

mais rempli de vivants

détails.

un des plus beaux qu'un peintre puisse rêver, des

comme Rubcns,

Delacroix, Géricault, dont les génies puissants se

plaisaient dans les plus fougueuses compositions, eussent sans nul doute

dégagé une impression autrement tragique

une

et puissante,

forte et synthétique unité l'éblouissante

quoi bon s'attarder à des regrets supertlus

et

en subordonnant

à

richesse des détails. Mais à à

pleurer l'irréalisation de

l'impossible? Acceptons d'Horace Vernet ce qu'il peut nous donner et ne

nous plaignons pas trop de son excessive générosité. On

sement aujourd'hui que de

la foule.

composition

manque de

grave, qu'elle

d'ensemble en

de

Smalah

est tout

au plus digne de lixer l'attention

Cela est injuste. Sans approuver

cette gigantesque

même

la

est

morne

vie

et tout

le

il

morcellement épisodique de

en reconnaissant, constatation très

atmosphérique

et sec,

dédaigneu-

dit trop

et

lumineuse, que

le coloris

faut bien reconnaître qu'elle s'impose

à l'attention de l'artiste par de singulières qualités de composition et

mouvement dans

les

groupements individuels.

Certains détails sont, en et si les

amphores,

effet,

d'une surprenante habileté d'exécution,

les riches étoffes, les

ne se confondent pas en une chaude est contraint

et

harnachements brodés

d'or, etc.,

lumineuse harmonie de tons, on

d'admirer l'extraordinaire élan des chevaux, se présentant,

avec de merveilleux raccourcis, de pleine face au spectateur.

11

y a là de


HORACE VERNET

161

prestigieux coups de pinceau, des tours d'adresse incroyables, une

énorme de grandes

difficultés

vaincues. Et n'oublions pas que,

somme comme

tant de peintres contemporains, Horace Vernet n'a pu appeler à son aide le

précieux concours de

la

photographie, pour l'aider dans l'analyse des

mouvements vertigineux du cheval lancé au galop de charge.

Fragment de la prise de la

Smala

(Gravé par M. Romagnol, d'après Horace Vernet.)

Le troupeau des chameaux porteurs de palanquins, secoués comme des navires par l'orageux tumulte de la lutte, et du haut desquels dégringolent

avec

une grâce troublante

les

groupe d'un aspect saisissant,

femmes de et

forme également un

l'émir,

les lignes

se

confondent dans une

harmonie rythmique qu'on regrette de ne pas trouver dans

les couleurs.

Les qualités de coloriste d'Horace Vernet, qualités très intermittentes,

ne se manifestèrent jamais plus pauvrement que dans qui,

nous

le

répétons, doit être considérée bien plus

la Prise

de la Smalah,

comme un

essai très


LES VERNET

162

comme une

réussi,

un tableau.

tentative exemplaire de

un modèle du genre,

C'est

panorama et

c'est à

une place à part dans l'œuvre du peintre,

attribuer

tions diverses et imprévues, depuis l'époque où

il

si

un de

Philippe,

la vie militaire.

rable. C'est par centaines

que

facilité

ressemblances tentaient

les

la postérité, et

M ..

lle

le

peintre populaire du soldat,

Son œuvre iconographique

le

chro-

est considé-

com-

d'exécution, son habileté rapide à saisir les

personnages soucieux de transmettre leur

fidèle

donnaient pleine satisfaction au désir impatient du

modèle. Certaines de ses figures,

Radcliffe.

exécuta, pour la Con-

se chiffrent les portraits qui lui furent

mandés. Sa prodigieuse

M me

La Mésangère,

ses chefs-d'œuvre.

niqueur fécond de

Napoléon, de

il

si

doctrine chrétienne, l'austère figure du frère

Car Vernet ne fut pas seulement

image à

en manifesta-

fertile

dessinait d'un crayon

jusqu'au jour où d'un pinceau puissant et recueilli la

comme

ce titre qu'il faut lui

léger des silhouettes de Merveilleuses pour la collection de M.

grégation des frères de

que

militaire,

et

non

les

moins

réussies,

comme

celles de

Mars, des maréchaux Canrobert et Pélissier, de M. et

ont été exécutées en une seule séance, d'un seul jet de

,

pinceau. D'autres,

comme

celles

du

frère Philippe, de

roche, de la princesse Wittgenstcin, de

M me

M me

Pasquier, de

de Leninby, de

de Castellane, du général Foy, de Dupin, de M. de Gourcuff.

une volonté de recherches, un

effort

..,

la

t-il

une de

accusent

de méditation clairement indiqués

L'ensemble des figures qui vivent avec une intensité toiles, et

vicomtesse

etc.,

dans une formule dont l'énergique précision touche parfois au

une de ses premières

M mo Dela-

ses meilleures,

Mon

si

style.

grande dans

atelier,

n'indique-

pas assez que Vernet était né, en quelque sorte, peintre de portraits, et

qu'en ce genre

eût peut-être excellé

il

s'il

avait su contraindre, dès le

début, sa déplorable facilité naturelle à plus de laborieuse retenue, avait su se méfier à

temps de l'adresse d« ses

s'il

doigts, et chercher dès l'ori-

gine de ses études, trop négligées, à apprendre plutôt qu'à deviner.

comme

Mais,

heures

œuvres

:

«

l'a

dit

Alfred de Musset, judicieux écrivain d'art à ses

Je critiquerai M. Vernet, lorsque je ne trouverai plus dans ses

les qualités qui le

puisse lui disputer

;

distinguent et que je ne comprends pas qu'on

mais tant que

je verrai cette verve, cette adresse et cette

vigueur, je ne chercherai pas les ombres de ces précieux rayons de lumière.

»




HORACE VERNET Imitons, le peintre,

si si

vous

le

voulez bien,

le

admirablement doué

165

grand poète, et gâté

et tout

comme

en regrettant que

tous les héritiers pré-

somptifs, n'ait pas su résister à l'impérieuse tyrannie des dons naturels et

Chateaubriand

(d'après

(Colleclion de

les fortifier

un dessin

par l'étude, réjouissons-nous de contempler son œuvre dont

l'étrange confusion s'éclaire parfois de

Ce

original au crayon).

M. André Delaroclic-Vernct.)

qu'il est

permis d'affirmer,

c'est

si

brillantes lueurs.

que, sauf dans ses regrettables essais

de peinture d'histoire rétrospective, Horace Vernet fut original français.

Ce qui sur

de

11

était

fut par excellence le peintre

toiles,

vraiment

passionné des choses de son temps.

encore à cette époque une rare vertu.

vastes

et

Il

ne se borna pas à

fixer

conformément aux prescriptions d'un programme


LES VERNET

it;<;

des

officiel,

fiévreux

il

contemporaine, mais avec une sorte de besoin

faits d'histoire

notait au passage, d'un crayon rapide et sur, la vie des êtres et

pas les albums de voyage d'Horace Vernet

des choses. Qui ne connaît

ignore la partie la plus vivante et la plus originale de son œuvre. C'est qu'apparaît dans tout son éclat sa prodigieuse virtuosité de croquiste.

montre

l'égal

s'y

Il

de son père. Mais au lieu de lines et nerveuses silhouettes de

de gentlemen élégants, ce ne sont que figures de soldats d'une

chevaux

et

crâne

énergique accentuation de dessin. Tous

et

ici

les types,

aujourd'hui dis-

parus, de notre vieille armée, défilent sur ces vivants feuillets, depuis

maréchal de France jusqu'au simple voltigeur de

la

le

garde, depuis l'amiral

jusqu'au fusilier marin. Parfois, au milieu de ces suites héroïques de rudes profils et

de masques aux sourcils orageux, aux dures mâchoires, aux fronts

bas et volontaires, se montrent timidement quelques images d'intellectuels égarés dans cette iconographie militaire, et ce n'est pas sans une douce et

réconfortante surprise que l'œil se repose un instant sur les nobles et pensives figures d'un

Walter Scott ou d'un Chateaubriand qui paraissent

surpris de se trouver en

si

très

belliqueuse compagnie.

Voici encore une inoubliable pochade, du

masque puissant de César maussade, sceptique

prince Napoléon, et gras, rêve

dont

le

sous un minus-

cule képi de général de division.

Une

exposition uniquement composée de portraits signés par Horace

Vernet, obtiendrait, croyons-nous, un succès considérable. L'amateur d'art y trouverait

une véritable

du

satisfaction et l'historien des choses

puiserait de précieux renseignements, -car la plupart des

siècle y

modèles qui posè-

rent devant Horace Vernet furent activement mêlés aux événements de toire

contemporaine. C'est une intéressante entreprise à tenter

être assez facilement réalisée

malgré

la dispersion

et

le roi

peintre avait fixé sur la toile fut

la

Prise de la

Louis-Philippe, ravi de l'immense succès populaire obtenu

par la gigantesque composition

male

qui pourrait

des documents à réunir.

Vernet avait à peine sabré d'un dernier coup de pinceau

Smalah, que

l'his-

un des principaux

tation de la bataille d'isly.

s'étonner de ne pas

le voir

Il

et

le

de

la

prodigieuse rapidité avec laquelle

pittoresque fait d'armes dont

le

le

duc d'Au-

acteurs,

commandait au peintre une représen-

pensait,

non sans

raison, que l'opinion pourrait

confier à son peintre militaire la glorification du

vainqueur de Muley-Abder-Rahman, droit sous son haut képi

et

dans sa


.

HORACE

V EK NET

167

redingote blanche, au milieu des drapeaux, des tentes et des canons aban-

donnés, alors

qu'il était

permis de supposer que Vernet avait pu prêter une

oreille trop bienveillante

aux conseillers

désireux de voir la figure

officiels

du duc d'Aumale surgir dans des proportions héroïques au milieu de

débandade tragico-comique de femmes, de de gazelles, de colporteurs

gris-gris,

irruption des terribles chasseurs

Toujours

est-il

vieillards,

de perroquets,

provoquée par

juifs...,

la

sujet,

il

commande

qu'Horace Vernet accepta cette

soudaine

avec une joie et, afin

de

vérité réelle et de force historique à l'interprétation de son

s'embarqua encore de nouveau pour l'Afrique

et se

rendit là

avec un de ses plus beaux lauriers militaires, son

où Bugcaud

cueillit,

duc. Sur

champ même de

le

de

du colonel Morris.

peut-être encore plus vive que celle de la Prise de la Smalah,

donner plus de

la

bataille,

Beni-Snassen, l'intrépide artiste

fit

môme

titre

de

au pied des sauvages montagnes des

une ample moisson des documents néces-

saires à l'exécution d'une de ses meilleures toiles.

A

cette

époque

le

nom de

Vernet jouissait dans nos armées d'une immense

popularité. 11

nous apprend que lorsqu'il se rendit de l'Alla-Marhnia, extrême avant-

poste sur la frontière du Maroc, à Djemmàn-el-Ghrazaouer

triomphe avait été élevé sur son passage par

,

un arc de

garnison de cette

la

Voici d'ailleurs la copie d'un ordre du jour daté de ce poste

localité.

même

Vernet encadre avec une satisfaction vainement dissimulée, dans une adressée à Gibraltar

M me

Vernet, et datée du bord du Lavoisier qui

que

lettre

ramenait à

:

Armée «

le

et

d'Afrique.

Ordre supérieur.

M. Horace Vernet, notre grand peintre de batailles, arrive demain à

Dj emmà n-el-Gh razaouer «

fait

L'armée ne peut rester froide en présence de l'homme de génie qui a

revivre sous son pinceau

magique

M. Horace Vernet recevra donc «

Toutes

les

en bataille sur les

les

les fastes

honneurs de

guerre.

la

troupes de la garnison prendront les armes et se formeront la

place en avant du pavillon

;

elles

tambours rappelleront. Les postes sortiront «

de notre gloire militaire.

Une compagnie de garde d'honneur

et

lui sera

porteront les armes et

porteront les armes. fournie.


LES VERNET

168

MM.

«

les officiers

de tous

corps se tiendront prêts à faire à M. Ho-

les

race Vernet une visite de corps.

Des ordres seront donnés ultérieurement pour l'heure de

«

la prise

d'armes. «

Le lieutenant-colonel, commandant supérieur,

De Montagxac.

«

«

Djemmùn-el-Ghrazaouer,

»

de retour à Paris en juin 1845, après des haltes à Gibraltar, à

était

Il

4 avril 1845.

le

Tanger, à Cadix, à Alger, à Marseille, à Avignon, où

Vernet de tous

les côtés.

voudras. Bref,

ils

«...

Les uns sont boulangers,

veulent tous

me

lui

il

tombait des

les autres ce

faire leur héritier, et

que tu

me demandent,

en

attendant, de leur procurer une petite place pour vivre. Ainsi, lu vois qu'un jour nous devons être riches. »

«

La peinture de

la bataille

avec éclat au Salon de cette

1846, et elle figurait tigable

commencement

terminée au

d'Isly était

voyageur partait aussitôt après pour

môme

année. Puis

Belgique et

la

de

l'infa-

Hollande

la

avec son fidèle ami Soliman-Pacha.

La

commande importante que

fit

des journées de février 1848,

le

Bataille d'Isly ne fut pas la dernière

Louis-Philippe à Vernet.

La

veille

même

dont l'aveuglement politique dura jusqu'à

roi,

la

dernière minute de son

règne, invitait Horace Vernet à partir pour Toulon et à y faire

d'Abd-el-Kadcr. Voici ce qu'écrit

le portrait

l'artiste à ce sujet. L'intérêt historique

de

la citation est indiscutable.

Le

«

nement,

roi s'abusait

avec

qu'il était

tellement sur sa position, sur la force de son gouver-

évident qu'il courait à sa perte.

mardi matin, m'avait confirmé dans

lui,

que j'eusse

Chambres

l'idée

que

Ma

dernière entrevue

cette opinion, sans

la catastrophe fut aussi

immédiate.

Le

roi

m'avait

fait

ferai

midi; les

qu'un prétexte. Dans

honneur

à la

mêmes

des Tui-

venir pour m'envoyer à Toulon faire le portrait

d'Abd-el-Kader. Dès en arrivant, trait n'est

était

étaient assemblées, et l'accusation des ministres devait être pré-

sentée. Le peuple chantait la Marseillaise sous les fenêtres leries.

11

cependant

promesse de

le roi

me

dit

:

«

Partez demain

la conversation dites à

mon

cher

fils.

;

le

por-

Abd-cl-Kader que je

Mes ministres sont des pol-


L

F.

C

M

TK D E G A S T E L LAN

(Gravure de M. Romagnol. Collection de M""'

la

E

,

E N FA N T

comtesse de Beaulaincourt.)



HORACE VEKNKT lions

ont peur des Chambres. Quant à moi, je suis trop fort pour

ils

:

171

qu'Abd-el-Kadèr puisse

me donner

moindre

la

crainte,

même

lors

qu'il

ramener dans nos

serait à Saint-Jean-d'Acre. Les Anglais ne pourraient le

possessions d'Afrique sans que ce ne fût une déclaration de guerre, et per-

ma

sonne, sans

permission, ne peut en venir

de Palmerston

loir

faire

Guizot

:

une concession à

comme un

joue

le

la majorité

me

fit

Djeddah,

à

répéter

ma

vont se passer

qu'il ira

de

leçon et ajouta

ici,

à la

là :

domine

Si

«

ne partez que jeudi.

le

tour par

Mecque

le

mauvais vou-

enfant. Cependant,

de nos Chambres.

l'émir que je l'embarquerai, qu'il, fera

débarqué

là. .le

Il

le

faut

la

l'exil,

être au fond

République

était

Le

et qu'il sera libre. »

vous voulez voir

comment

les

proclamée,

choses

et

Horace Vernet,

la route

attristé

brillant «

peut-

du cœur par l'infortune de son royal protecteur, mais soutenu

faisait élire colonel île la légion le

roi

»

par l'idée d'un grand devoir civique à remplir, se rendait à Versailles

Ah!

faut

Cap, et qu'il sera

Quelques jours plus tard, Louis-Philippe gagnait en toute hâte de

il

donc dire à

beau jour,

le

de la garde nationale de cette

jour glorieux que celui où

uniforme, galoper à

la

tète

il

ville.

revêtu de son

put,

mouvement un peu

trop saccadé de

son cheval, sautaient sur sa poitrine avec un bruit de ferraille Qu'ils sont loin les jours héroïques et sombres, il

se

de sa légion dans les rues de Paris,

couvert de décorations qui, à chaque

de simple garde national,

el

'

».

où sous l'humble habit

déchirait à belles dents la

suprême cartouche,

à la barrière de Clichy.

Sa légion n'eut heureusement pas l'occasion de prendre part rible répression de

à la

ter-

l'insurrection de Juin, et Vernet ne se vit pas dans

nécessité douloureuse de

donner

la

l'ordre à ses soldats de tirer sur les soldats

du peuple.

La

crise sociale passée, l'émeute

impitoyablement noyée dans

le

sang,

le

colonel de la légion versaillaise accrocha, bien en vue, son brillant uni-

forme, dans la bataille

l'atelier,

de Wola,

reprit ses pinceaux et se mit en devoir de terminer

commandée

depuis plusieurs années par

l'exécution avait été à plusieurs reprises interrompue divers,

1

comme

le tsar, et

dont

par des événements

des voyages en Algérie, au Maroc, en Espagne, des soulève-

Amédée Durande. 10


m

LES VERNET

monts révolutionnaires,

la

chute d'un trône,

rections sociales à travers lesquelles

garde nationale de chevaucher

il

été

ait

plus terrible dos insur-

et la

donné

la

main en

la

réalisation de ses projets ambitieux.

servile

République fran-

la

prétendant à l'Empire, voulut dès son arrivée au pouvoir se étouffant en Italie

lu liberté

dont M. de Montalembert

qui

le

gênait

dans

hommes, d'en chasser

si

fort

faire

en France pour

Assuré du concours d'une assemblée

était le directeur

l'ordre au général Oudinot (rentrer çaise de 25. 000

la

.

Le prince Louis-Napoléon Bonaparte, président de çaise, et

un colonel de

à

1

Rome

de conscience,

il

donna

armée fran-

à la tête d'une

les patriotes italiens et d'y rétablir le

pouvoir absolu du pape.

Rome, soulevé par l'héroïsme des Mazzini, des Armellini, des Garibaldi, résista pendant plus d'un mois au plus barbare des

ments avant de retomber sous par

le

pape de gouverner.

Ce

fait

le

d'armes, inauguration

Sali,

des

bombarde-

régime de terreur des cardinaux chargés

si

significative de la désastreuse politique

extérieure du second Empire, méritait, paraît-il, d'être artistiquement consacré,

Horace Vernét que

et c'est à

fut confiée la lâche

triomphale des troupes républicaines dans débris des statues, des palais,

et

courage (réchapper à cette

car

il

n'est peut-être pas

morne que

triste, plus

la ville éternelle,

triste

la

travers les

il

barrière de Clichy... n'eut pas

mission. El

dans toute son œuvre

celle

à

au milieu des bénédictions des prêtres.

Le peintre de Valmy, de Jemmapes, de le

de peindre l'entrée

a tenté

il

de

en

fut

toile

de glorifier

cruellement puni,

plus médiocre, plus

le siège et

la prise

de

Home.

A

publique, où se manifestaient encore quelques fières

Paris, l'opinion

tendances

et

surtout de vagues inquiétudes,

nouvelle de cette

Pendant

les

accueillit

journées de 1851, nous apprend M. Amédôe Dûrànde, Ver-

pour qu'elle ne

fût pas lacérée, et

transporter à Versailles, où l'on mit à sa disposition

Il

1

L;i

lui avait

la

salle

il

la

fit

du Jeu de

déjà servi d'atelier à plusieurs reprises.

faut reconnaître

bataille

la

commande.

net fut obligé de cacher sa toile

Paume, qui

avec défaveur

que

le lieu était

singulièrement choisi pour traiter un

de Wola fut payée à Vernet 25.000 roubles (90.000 francs).


IlOHACK VER.NET pareil sujet,

et

ombres entre

les

173

augustes et grands souvenirs qui flottent

les

murs nus de

durent souvent troubler

le

Bethléem de

la vaste salle, ce

vieux peintre et faire trembler

le

la

comme

des

Révolution,

pinceau dans

ses doigts.

Exposé au Salon de 1852,

le

Siège de

Rome

aucun succès.

n'y obtint

D'ailleurs Vcrnct, phé-

nomène en rare chez

assez

vérité

artistes,

les

aucune

se faisait plus

ne

illu-

sion sur la décadence de

son talent. Dans une lettre très

familière

écrite

Paul

Delaroche

et

du 15

avril

prime

ainsi

1852, :

que bientôt

la

vieillesse,

et

par

s'ex-

il

Je sens

...

il

faudra en flétri

par

ou d'ennui

anticipation

solitude ne

triste

datée

«

avant que,

finir,

à

vienne

boutique.

fermer

la

promis

encore

la

,

J'ai

quelques

Le prince Napoléon

tableaux, je vais les faire.

La montre marche jours,

mais

triture est encore là,

Toutefois tées de et

il

ne marquent plus rien

mais

le

les

peignit encore plusieurs années,

comme

la

Bataille de et

campagne de Crimée. la

cha,

bataille suivit

:

autrement

dit,

ma

vieille

faire

cl

VAlma,

certaines des toiles exécules portraits

de'Canrobert

hardie, peuvent prendre place parmi

meilleures.

Bien qu'âgé de soixante-trois ans,

à

original, au crayon).

»

1852 a 1863,

œuvres

un croquis

M. André Delaroche-Vernct).

cadran n'indique plus ce que je voudrais

de Pélissier, d'une touche vivante

ses

(d'après <1p

tou-

les aiguilles

comprendre...

(Collection

Il

lit

avec nos troupes une partie de

passa les mois de juin, juillet, août

d'Inkermann, brava les diverses

il

le

à

Varna, assista

choléra dans les marais de

phases du siège de Séhaslopol,

et,

la

la

Dobrut-

suns attendre


LES VERNET

174

triomphal,

l'assaut

revint à Paris

avec une

pour classer,

habile

clair-

voyance, les divers éléments qui devaient constituer l'ensemble de ses

œuvres

plus appréciées, à l'Exposition de 1855, où

les

de peinture

Ce

lui

décerna

homme

de cet

artistique

grande médaille d'honneur.

la

cependant pas encore

n'était

terme

le

extraordinaire.

définitif

En

y eut à cette occasion entre l'artiste et

mante dans 11

sa réponse à l'Empereur

mourut

Pendant graphe

souverain un échange de

le

de cet ouvrage.

se manifesta sous

une forme char-

1 .

17 janvier 18G3, après une longue et cruelle agonie.

le

sa maladie, l'empereur lui avait

la croix

de Malakoff.

la prise

lettres intéressantes, qui sont reproduites à la fin

La générosité de caractère de Vernet

de la longue carrière

1856, l'Empereur confiait à

Vernet l'exécution d'une vaste représentation de Il

jury international

le

de grand

officier

de

la

envoyé avec une

lettre auto-

Légion d'honneur.

Voici sur les derniers instants d'Horace Vernet, et sur l'étrange acci-

dent qui précipita sa

Mon

quelques détails peu connus que nous devons à

obligeance de son

la parfaite «

fin,

petit-fils,

M. André Delaroche-Vernet.

grand-père, nous écrit M. Delaroche-Vernet, est mort des suites

d'une chute qu'il

fit

près de son château de Barmettes, à Hyères.

de maladie, d'une pleurésie, je crois. Monté sur un petit âne tionnait,

rendu à une ferme voisine, pour étudier

s'était

il

ment d'une batteuse

le

11

relevait

qu'il affec-

fonctionne-

à vapeur qu'il avait fait venir de Paris. Les questions

agricoles l'intéressaient vivement. «

L'àne,

effrayé par le bruit de la

machine,

prit

peur

et s'emballa.

Horace Vernet, qui avait monté, en parfait cavalier, tant de pur sang arabes, syriens et anglais, fut projeté à terre par cette et se cassa «

une

fit

naître

un abcès dont

le

peintre mourut après de longues

»

Et puisque, grâce aux précieux renseignements il

nous

est

permis de compléter

ici

par des

d'Horace Vernet, détachons encore de lils

1

ridicule,

côte.

Cet accident

souffrances.

monture

ce passage, qui ne peut

Voir à l'appendice.

traits

si

obligeamment

nouveaux

la lettre si

que servir utilement

fournis,

l'originale figure

documentée de son les futurs

petit-

biographes du


l'on

TUA

II

1>1'

GÉNÉRAL F

ï



HORACE VERXKT peintre

:

«

Mon

une partie de au

moment

la

177

mon

grand-père, d'après ce que m'a raconté

campagne de France.

de l'invasion

il

Il

avait acheté

père, a fait

un remplaçant, mais

s'engagea. J'ai toujours entendu dire qu'il avait

I

Le maréchal Canrobert

été fait caporal à Montmirail. fait

deux

pendant

fois les

chevalier de

la

En

tout cas, je puis vous certifier qu'il m été

Légion d'honneur. Son premier brève!

(lent-Jours et fut décerné

second, signé pur Louis XVIII,

aux grenadiers de

la

(gravure de M. Roinagnol).

fui

à

.M.

décerné

garde nation a le...

»

Horace Vernel à

fui

signé

artiste peintre. Le

M. Horace Vernel, lieutenant


LES VERNET

178

Horace Vernel ne quintessence.

ne

Il

anciennes. Pour

fut

lui les

un peintre métaphysique

ni

fut

pas davantage un savant

Grecs

évocateur des époques

Romains semblent n'avoir jamais

et les

Parfois cependant, enivré par l'ardente poésie du désert,

rêveries rétrospectives, et

palmes que

onduler

fait

le

un abstraeteur de

ni

quand près du

existé.

s'abandonna à des

il

puits de Kartyle, à l'ombre des

femmes des douars soulèvent

vent du soir, les

de leurs bras de bronze leurs lourdes cruches pour poser sur leur épaule, Jethro, Rébecca

sont vaines fidèle

s'il

et

les

croit voir apparaître les tilles de

il

ses compagnes... Mais ses tentatives

renonce pour un instant

à être le peintre

des choses de son temps pour se livrer à des inter-

prétations bibliques,

môme

en s'efforçant, par une pitto-

resque modernisation du sujet, de ne pas trop contrarier sa nature.

Rébecca à

Thama?\

Bon

le

Holopherne, Juda

la fontaine, Judith et

Samaritain,... sont bien

plutôt

et

d'im-

menses vignettes que des tableaux. Cet ensemble de compositions inspirées par

de

Vernet,

rapide, ,,,

de

..

détails, se (Cabinet des estampes.)

atteindre

trouvailles „

talent et sur la

ma

il

mesure de

fait

ses forces,

aucune

hasard

laquelle

il

aspire,

fut à la fois

me

révéler,

Paris, soil

prouve ce passage d'une

le

son élève les

une roule qui

de son

et

son ami

:

premières impressions de se trouve

peu en

rapport

faudrait suivre pour convaincre, par l'élévation du style

sans

au milieu

à réaliser ce rêve,

illusion sur La nature

comme

pureté du dessin, d'une vérité «pie

me

à

de l'opiniâtreté qu'il met

La direction que m'ont imprimée

avec celle qu'il

pu

de

„.

,

,

1

ne se

jeunesse m'a entraîné dans

et la

,

formule de style

la baille

de ses lettres à M. Montfort, qui ...

..

mouvement

recherches

de

épisodiques, ,,

,

de

facilité,

dans celle suite de pénibles étions pour hge <J 1

est d'autant plus surpris

que mieux que personne

«

brillante

dans ses malheureuses tentatives de peintures académiques.

lui aussi,

On

de

fait

passé constitue assurément

de l'œuvre du peintre. Le talent

la partie la plus faible

Croquis caricatural de m. Picot, peintre et membre de l'Institut.

le

qu'il

me

soit

des circonstances

la

présence seule des choses

permis de qui

pour briser ses monuments,

la

faisaient soit

pour

reproduire.

gronder les

le

.Iclé

par

a le

canon dans

ébranler en annon-


HORACE VER NET çant des victoires,

dû peindre...

la

tourbillons que

guerre avec ses

un peintre

fut surtout

Son meilleur

j'ai

un des premiers, compris

militaire,

particulière,

mission de

la

quelques regrettables incursions dans

par excel-

fui

est

il

vrai)

et

notre époque; sauf

l'art à

passé,

le

il

de gloire est d'avoir eu une

titre

choses modernes (vision

des

vision

d'avoir,

image de

peintre du soldat.

le

claire

l

»>

Horace Vernet

Oui,

lence

c'est

179

fut

il

toujours de son temps. Et les échecs que lui valurent rétrospectives, alors que ses succès

ces explorations

étaient

vifs

si

quand

exposait

il

rière de Clichy, le Portrait

Mon

du frère Philippe, l'Assaut

de Constantin», démontrent suffisamment que

de ses triomphes

dans ceau

la

dans

était

Bar-

Atelier, la

la

vision directe

le

secret

du

sujet,

spontanéité de ses impressions, que son pin-

presque toujours, avec une vivante

fixait

et

surpre-

nante rapidité, avec une verve toute gauloise.

L'œuvre d'Horace Vernet dité artistique

peut-être

De

la

le

Rubens

robustes), n'a

Jamais,

«

dans

ni

dit

présent,

ni

encore se

(qui

le lin

la

de

et

Théophile Silvestre, 1

dans

passé,

le

(Cabinet

îles

estampes.)

sauf

aider par sept ou

faisait

donné l'exemple d'une

[dus vaste à

tantôt avec

immense. Sa fécon-

dépassa encore celle de son père

son grand-père, 1 ° artiste,

est

huit disciples

pareille faconde. »

plus modeste dimension

il

a traité tous les sujets,

pinceau de l'aquarelliste, lorsqu'il [teignait ses délicates et

précieuses figures de^ Merveilleuses et d'Incroyables, tantôt avec d'énormes brosses, lorsqu'il recouvrait les centaines de mètres carrés où sont racontés les

moindres

détails de la Bataille de

Wola, de Y Assaut de Constantine, de

Prise de la Smalah, de

la Bataille d'hit/,

Borne... tantôt avec

plume ou

sur

la

papier, avec une

le

vivants

:

si

le

du Siège d'Anvers, de

crayon, lorsqu'il

jetait

sur

la la

la

Prise de pierre ou

spirituelle prodigalité, tant de croquis légers et

scènes militaires, épisodes de courses

el

de chasses, désopilantes

caricatures de personnalités contemporaines, dont nous reproduisons dans cet ouvrage quelques Il

toucha

à

spécimens caractéristiques.

tous les genres.

Il

fui

mondaines de son époque, comme son

lui

père,

aussi le peintre el

des élégances

pendant son séjour

à

Rome,


LES VERNET

180

par

troublé

souvenir du Poussin, du Lorrain

non sans succès, dans

s'essayait,

Avant de conquérir faits

Ballade de Léhore,

la

Mazeppa;

luc/cs,

ciliation de

et

Merveilleuse

Y Invalide à

êi

la

le

facilité

la cornette,

jambe de

En

que

le

Dragon

fourrageai-,

comme une

XIV, La

Camarina, Eliezer, Napoléon,

la

Vallicre,

Madeleine

siècle présent et des siècles passés.

vaste suite de vignettes de dimensions

\

ensemble de documents d'un vivant

ne consulteront jamais sans plaisir ceux qui se refusent

de profondes sensations d'art

et

et à

universel, parfois un peu aveugle,

il

Vernet de leur procurer

du suffrage

les faveurs excessives

faut reconnaître que la critique lui fut

moins indulgente qu'à son grand-père,

qui,

malgré

de son

les défaillances

glorieusement au bruit

s'endormit

à

de pures jouissances esthétiques.

Horace Vernet reçut de son vivant

pinceau fatigué,

la

Wàlter Scott

et

demander au pommier de produire des pèches

Si

Mame-

Lancier plumant un poulet, Récon-

Ch'apska, le Pape, Louis

bois, la

diverses, dont la réunion constitue un intérêt

Massacre des

peignit Y Incroyable à la culotte de Casimir,

il

grand illustrateur du est

le

F auberge de la Grâce de Dieu,... etc.

Holopherne, Canrobert

Son œuvre

commandant

Gïaour, Edith au col de

le

Prêtresse druidique,

la

ahecdotique avec

la Fille de

Avec une égide

C'est le

réproduction des glorieux

pochards, liai champêtre de tourlourous,

Hussard lulinanl

désert,

la

tour à tour classique en pei-

fut

il

travaux du Vatican; puis romantique avec

cygne,

au

grandè notoriété dans

Holophe'rne, Michel-Ange et Raphaël, Jules II

et

il

paysage historique.

le

d'armes de nos troupes d'Afrique,

gnant Judith les

sa

de Joseph Vernet,

et

des éloges presque

unanimes des salonhiers du temps. Horace Vernet trouva dans Gustave Planche, dans Proudhon, dans Théophile Silvestre, encore tout ècùnîant de l'exécution d'Ingres, dans Thoré, des juges sé\ères, parfois féroces.

MM.

Beulé, Heine, Thiers, Musset,

Théophile Guutiër firent entrer dans leur jugement plus de juste modéralion. Et. vraiment n'est-ce pas faire

preuve de clairvoyante impartialité que

d'attribuer une honorable pari d'éloges à un vaillant artiste qui, avec

franchise et une ingénuité sans pareilles, s'est ainsi jugé lui-même «

...

J'ai

joué

mon

manque

à

vous?

faut m'avaler

Il

rôle

:

il

faut

mes ouvrages, quant

comme

songera fermer boutique. Je

à l'idée ét

quant

je suis; je n'ai

à l'exécution.

une

:

sais ce qui

Que voulez-

qu'un robinet, mais

il

a bien


.

HORACE VERNET

18!

La ballade de Lénore (musée de Nantes)

coulé, et quiconque après

bon.

J'ai

immensémenl

moi

s'avisera de l'ouvrir n'en verra sortir rien de

travaillé

;

j'ai

gagné des millions qui ont passé je ne 20


LES VERNET

182

sais la

;

bien vécu.

j'ai fort

chanson

;

j'ai

J'ai

longtemps parcouru

Le

comme pour ma tête,

inonde,

vu beaucoup de choses, trop de choses

dit

qui

n'est pas forte «

Je ne

me

suis pas

françaises, je leur «

ai

seulement dévoué

à

la

glorification des

années

encore rendu en personne quelques services.

Je n'ai ni parti pris ni système

;

je rends le plus

exactement possible

ce que je vois, sans chercher midi à quatorze heures, et je

aux événements. Voilà

tout.

»

La poste au désert

(d'après

une gravure de Sixdeniers).

me conforme


A

PPEiN DICE

SPÉCIMENS DE L'ÉCRITURE DES TROIS VERNET D'après

i/i-s

documents originaux

I.

et

inédits

communiqués par M. André Delaroche-Vernet.)

LETTRE DE JOSEPH

Au

l

I

^Jc^/

^

h*

'j^iU*.

-*

^'

,


LES VER.NET

II.

jfàu.<iD/ii

LETTRE DE CARLE

(f^Ao^

eu^-l

<S.v

/.

V

^


APPENDICE

/oux^àj ^4ife

n'u*

1/7*7

fo^&u*'

'

Jçdo^

J

18c

.

si?

^ O^^^M^UU/L^

ÙScottf/**^^ f

S

'

Jh

OJ t^U^Jt^Ui^



-

APPENDICE

III.

II^^/^jl^

O £/f

0~

LETTRE D'HORACE

/iwO//^

(

^c4o ix>0

'gàTAW-* &Pt*.*r*~U>

°D>-^)

_c/jZ-*?TL06***-


188

LES VERNET

âl&U^


A près la course

VERNET

Horace

(Carie Vernet).

marié avec Louise

PAJOL

LE 15 AVRIL 1811.

A

reçu des travaux exécutés par lui

:

1811 Avril. i5.

En

29.

Pour 2 dessins vendus

caisse

338 60

.

à

M. Gamble

100

»

Mai. à 8.

1

9.

Reçu de M. Gamble

18 »

Reçu d/Isabey pour des chevaux

150

»

H. De M. Auber

père pour une tante Reçu de M. Lamésangère pour caricature

30

»

15.

80

»

20.

Reçu de M. Lamésangère pour caricature

80

»

25.

Reçu du dépôl de

la

guerre pour dessins

200

>•

10.

De Roland pour

dessin d'une calèche

50

»

Juin. 1

à

le

21


LES VER NET

190 Juillet.

à

1

G.

24. 26. 29.

Reçu de ma mère Reçu un acompte pour des transparents Reçu pour le portrait de M. de Carignan Vendu une gravure

500

»

200

»

500

»

42

»

200

»

500

»

Io0

>-

Août. 1

à 3.

Reçu un acompte pour

21.

M

Reçu de fils le

28.

mc

le portrait

de

Doumère-Relan pour

M me le

Dusandrouin

.

portrait de son

militaire

Reçu de Civry pour

le reste

du paiement des transpa-

rents

Septembre. Rien Octobre. 1

à 2.

à 25.

1

Reçu de M. Lamésangère pour une merveilleuse ...

Du même

3

modes

80

»

100

»

150

»

100

»

Novembre. 1

à 2. 16.

De M mc Dusandrouin reste du paiement Reçu de M. Lamésangère 3 modes

Décembre. 1

à

3. 4.

31.

De M. Lamésangère pour une merveilleuse Reçu de M. Pcrne pour un dessin De M. Lamésangère 4 modes Total de la recette de l'année 1811

80

»

60

»

135

»

3.843 60

1812 Janvier. 1

à 16.

Acompte reçu pour un tableau commandé par Westphalie, Jérôme

de

le roi

2.000

»

Février. 1

du paiement du tableau pour le roi Jérôme Reçu pour une merveilleuse de M. Lamésangère

à 21. Reste 25.

.

.

.

6.000

»

.

.

.

80

»

25. 3

modes pour

la

même

120

».

27. 3

modes pour

la

même

100

»»

Mai.

Juin. 12.

Reçu pour une merveilleuse

13.

Reçu pour un tableau vendu au docteur Bourdois

14.

Vendu

27.

Reçu pour

12 épreuves des merveilleuses 3

modes

/

80 .

.

.

500

».

18

»

100


A

PPENDICE

191

Juillet. 1

à 7.

Beçu pour

28.

Reçu pour

3 3

modes modes

100

»

100

»

Août. 1

er .

11.

18. 18.

De M. Thevenin pour l'avoir peint en fond De Basset pour un dessin De Basset pour un dessin Beçu pour 2 portraits de M. Le Cordier

80

»

120

»

120

»

800

»

Septembre. 2.

Vendu

7.

Beçu de M. Janet pour

27.

29 50

19 épreuves des merveilleuses petits dessins

Reçu de M. Vernct pour un tableau

90

»

100

»

24

»

120

»

2.000

»

100

»

Octobre. 1

à

1

à 7.

4.

Reçu de M. Janet Reçu de Rasset pour un dessin

Novembre. 1

à

5.

Reçu un acompte sur un second tableau commandé par le roi

10.

25. 26.

de Westphalie, Jérôme

modes pour M. Lamésangère Une merveilleuse pour le même 3 modes pour le même

80

o

100

»

Reçu pour un dessin vendu à M. Basset

120

»

modes pour M. Lamésangère Un cheval vendu pour les écuries de l'Empereur, 3 modes pour M. Lamésangère

109

»

250

»

100

»

3

Décembre. 1

à 9. 15.

24.

20

3

Total de

la recette

le

Hati

13.537 50

pour l'année 1812

1813 Janvier. 1

21.

Un Un Un

24.

Bestc du paiement du second tableau

à h. 8.

dessin pour M. Veringue

78

»

dessin pour M. Veringue

48

»

120

»

G. 000

»

dessin pour Basset fait

pour

Westphalie, Jérôme

le roi

de

Février. 1 1

à 2. à 2. 27.

Un Un

tableau vendu à l'Impératrice Marie-Louise

dessin pour M. Veringue

Une merveilleuse, M. Lamésangère

81)0

»

50

»

80

»


LES VEHNET

192

Mais. à

1

11).

3

costumes

100

»

18.

3

coslumes

100

»

210

»

120

a

27. 2 dessins

Un

29.

pour M. Auber payés en avancé

dessin pour Basset

Juillet.

à 17. 3

1

costumes

Une merveilleuse

19.

11)11

»

80

»

100

»

Août. à

1

3

7.

10.

costumes

Vendu une

14. 3

petite voilure

costumes

400

-

100

»

Septembre. 3.

Un

500

»

3.

3

costumes

100

»

18.

3

costumes

100

»

29.

29.

dessin pour M. Mallet

Une merveilleuse cheval (le Wagram)

Un

80

«

223

-

100

>

60

»

100

»

Octobre. 1.

6.

16.

3

costumes

Un 3

dessin pour M. Lamésangère

costumes

18.

Pour une planche de cuivre

20

»

25.

Une merveilleuse

80

»

27.

Pour 2 chevaux

500

»

le

Calvados

et le

Héron

Novembre. 1.

3

costumes

100

»

9.

3

costumes

100

»

3 costumes

100

»

26.

Décembre. 1

er .

3.

17.

Pour

2

chevaux

le

Tamcrlan

et

X Hippogriffe

De M. de Fonvannes, reçu 3

coslumes Total de

la

recette de l'année 1813

500

»

93

»

100

»

11.372

»

1814 Jan vier. 1

1

à

4.

3

coslumes

à 15. 3 costumes

et

une merveilleuse

180 100


APPENDICE

193

Février. 1.

3 costumes

100

»

100

o

100

•>

100

»

100

»

24

»

1G.

Mars.

costumes

à 2. 3

1

is.

Avril. 7.

13.

costumes

3

Un

costumes

20. 3 29.

croquis de Louis XVIII

Un

petit

Un

petit

cosaque

100

»

40

»

Mai. à 6.

1

7.

cosaque

3 costumes

17.

32

»

100

»

100

»

19.

G petits dessins de cosaque

200

»

30.

Dessins et tableaux de cosaque

285

»

100

»

80

»

Juin. 1.

3 costumes

6.

Une merveilleuse

,

costumes

15.

3

18.

Le portrait de M. Doumère (acompte)

100

»

300

»

Juillet. t.

18.

20.

costumes

3

De M. Doumère (acompte) 3 costumes

100

»

100

»

100

>

Août. 1

a 2.

costumes

3

18.

23. 29.

10(1

>

100

Une merveilleuse Vendu du vieil or

et

un harnais

80

»

116

»

100

»

100

•>

200

»

Septem bre. 1.

3

costumes

15.

22.

Une grande

caricature

Octobre.

1

à

6.

G costumes

(i.

Le

11.

portrait de

M. de Dre!

Cosaque pour M. Aubcr

200

>

400

>

88

»


LES VERNET

194 20. Dessins 28.

pour l'annuaire

Aumont

Caricature vendue à M.

150

»

36

»

Novembre. 1.

6 costumes

200

»

8.

Dessins pour l'annuaire

150

»

14.

Un

dessin pour Basset

Dessin représentant des chasseurs 16.

De M. Doumère pour

le portrait

de son

fils

120

»

225

»

G00

»

280

»

36

»

500

»,

6.322

»

Décembre. 1.

13.

29.

Une merveilleuse et 6 costumes Une caricature Le portrait de M m0 Lenoir Total de

la

recette de l'année 1814

1815 Janvier. 1

.

Le portrait de M"' e Lenoir

31. 9

costumes

.

500

»

300

»

120

»

Février. 1

à

4.

Un Un

cosaque pour M. Basset dessin à M. Legrand

40

»

costumes

100

»

1.

6 costumes

200

»

4.

Un Un

dessin à M. Legrand

40

»

dessin pour M. Basset (cheval arabe)

60

»

200

»

100

»

30

»

330

»

200

»

200

»

200

»

500

»

200

»

12.

2t. 3

Mars.

18.

Avril. 1.

6

costumes

Un 20.

,

.

dessin pour M. Basset (cheval anglais)

Vendu du galon

28. Dessins

pour des contrôles pour M.

le

colonel Oudinot.

Mai. I

à 8.

6

costumes

Juin. 1

.

(i

costumes

14.

Acompte sur

19.

Portrait

le portrait

du comte Marie D

Juillet.

du général Glary

Août. 1.

6 costumes

.


i

AIM'E.NDICK 9.

15.

Un Un

petit tableau

vendu

à

193

M. Lenoir

petit dessin (un chien)

400

»

70

»

30(1

Septembre. 1.

9 costumes

16.

2 petits dessins à Rolland

40

»

24.

Un

SI)

»

28.

Deux Deux

30.

dessin à Le Vacher petits dessins à

M. Jore

40

)>

dessins à M. Lenoir

50

»

Le portrait du colonel Belmont

500

»

Octobre. 9.

costumes

23.

3

100

»

30.

Le portrait de M. Bonafons

500

»

Une merveilleuse

280

»

100

»»

Novembre. 1.

18.

Un

petit fixé

et 5

costumes

pour Isabey

Décembre. 1.

3.

6 costumes Reçu de lord Kinnaird pour

trois portraits de

Total de la recelte de l'année 1815

Napoléon.

200

).

1.500

»

7.450

>»

1816 Janvier. 1

à

2.

costumes

8.

Le portrait de

27.

Un

M me

Gousserand

dessin à M. Basset

29. 2 petits dessins à Constantin

200

.)

500

»>

81)

oo

»»

200

»

.000

»

300

»

Février. 1.

20.

6

costumes

Beçu de lord Kinnaird pour

les 3 portraits

1

Mars. 9 costumes 16.

25. 27.

De Constantin pour vente de compte. De M. Thévenin pour des chevaux De M. Mallet pour deux petits dessins

.

.

.

.

.

.

20

>

60

»

88

Avril.

6 costumes 8. 9.

17.

Un Un

petit dessin à

Constantin

dessin à Basset

Le portrait de M. de Cubière

200

* *

41)

»

80

500

»


LES VERNET

196

Mai. I.

Reçu de M. d'Arjuzon 6

costumes

il»

»

200

»

.200

»

Juin. 1.

Reçu

un

pour

tableau

représentant

mort

La

de

Poniatowski

1

Reçu de M. Janet pour des 29. 6

petits dessins

costumes

;

120

»

200

200

»

24

»

200

»

2.000

»

Juillet. 9.

6 costumes

31.

Le mois d'un élève L.

13.

6 costumes

1)

Août.

Reçu pour

de Somosierra

la bataille

Septembre. 2.

Mois d'un élève

costumes

10.

6

12.

Un

17.

Dessin à

.

dessin (bon genre)

Aum ont

24

»

200

»

100

»

50

»

Octobre. 4.

10.

Reste du paiement de (i

la bataille

de Somosierra.

costumes

25. 2 dessins de Mathilde 2G.

1

dessin par Rassct

9

costumes

.

.

.

400

>>

200

»

300

»

80

»

300

»

Novembre. 1

er .

5.

Un

dessin à M. Lenoir

15.

2 petits dessins à M.

21.

Un

Aumont

dessin à Roland

50

»

80

»

100

»

Décembre. 3.

10.

3

mois d'un élève.

Un grand

.

dessin par

M

costumes

16.

(>

2(i.

2 dessins pour Constantin

.

.

Total de la recette de l'année 181(5

12

»

250

»

200

»

80

»

8.998

»

200

»

1817 Janvier. 1

à 2. 6 costumes


APPENDICE 17.

Reçu sur

31.

Du

la

succession de

général Rapp pour

mon

197

père

Mort de Punialuws/ci

la

1.000

»

1.200

»

24

»

1.990

»

Février. 2.

11.

Mois d'un élève

Un

du tableau représentant Don Sam/ie pour

tiers

maître du 15.

3 costumes

24.

Deuxième

le

roi

tiers

du tableau Don Sanche

100

»

1.990

»

120

»

100

»

1.900

»

Mars. 7.

Un

dessin lithographie pour M. de Lasteyrie

costumes

18.

3

14.

Reçu

1(>.

Un

Mai.

2(i.

(i

le

troisième tiers du tableau de

Don Sanche.

.

.

dessin lithographie

costumes

du colonel de Morney

28. Le portrait

150

»

200

»

1.000

»

200

»

1.500

»

<>00

»

Juin. 28.

(i

costumes

Juillet. 2.

Un

9.

Une

tableau vendu à M. Anisson pierre lithographique

costumes

11.

3

25.

Reçu sur

100

»

248

»

60

»

100

»

300

»

288

»

1.400

»

la succession

Septembre.

Un costume

français

costumes

20.

3

25.

Reçu pour un dessin représentant un tombeau, M me Mourginot

Octobre. 15.

Un

petit tableau

16. 2 tableaux

pour

pour M.

le

le

Molière de M. Desoir

duc d'Orléans

Novembre.

duc

20.

Le portrait de M.

30.

Un

petit tableau

Un

dessin lithographie

le

pour

le

d'Orléans

3.000

»

288

»

100

»

Molière de M. Desoir

Décembre. 1

er .

11.

22.

— — Total de la recette de l'année 1817

100

»»

140

»

18.488

»

±2


LES VER NET

198

1818 Janvier. 1

à

Un

(i.

tableau pour M" d'Orléans,

le

duc d'Orléans à Ven-

dôme, souvenir d'un prêtre

1.000

»

dessin lithographie

130

»

tableau pour

288

»

2S

Un Un

18.

Une

lithographie pour M. Delpech

600

»>

Une

lithographie pour M. Delpech

160

»

Molière

le

Février,

Mars.

M. Un 14,

De

dessin pour

M mo

le

Molière

Delpech

pour une lithographie

19.

20,

Acompte sur un tableau pour Aumont

25.

Le portrait de M. Anisson

288

»

200

»

100

»

400

»

1.200

»

600

»

Avril. 4.

15. 16.

Le portrait du cheval de M. de Somariva Une lithographie pour M. Delpech De M. Aumont pour un tableau, deuxième acompte.

.

200

»

300

»

3.000

»

2.400

»

200

»

200

»

Mai.

Le portrait du colonel Thalouët Juin. 1

à 8. 2 tableaux pour le duc d'Orléans, le Grenadier et une

Scène dans 15.

Une

25.

Un

les

montagnes de

la Suisse

lithographie pour M'nc Delpech dessin pour M. Mallet

Juillet. 9.

Une

lithographie pour

pour

29.

Angelman

250

»

M

800

«

200

»

500

»

1.500

»

mc

Delpech

Août 14.

Pour

la lithographie

de

M mc

Delpech

Septembre. 1

er .

Reçu de

M mc

Delpech lithographie

10.

Les Vaches vendues à M.

le

duc d'Orléans

.

16.

Ancien dessin vendu à M. Colnaghi

2i.

Reçu sur

25.

Reçu sur une copie du Soldat de Waterloo

150

»

28.

Un

250

»

la

succession de

petit portrait de

mon

Napoléon

père

100

»

351

»


APPENDICE Octobre. 9.

13.

Vendu un tableau à M. Delessert Vendu tableau à M. Odiat, les Enfants de

Paris.

.

.

.

Novembre. 10.

Vendu une marine

12.

3 lithographies

28.

Une

à M. le duc d'Orléans

pour

M me

Delpech

lithographie pour M. de Forbin

Décembre.

M mo

10 lithographies pour 1

r\

1

*i

m/"»

1

l*i

i*rw"«

/'» 1

1

/i

Delpech (album)

nn

1

QTm ûû

1

x v 1

1819 Janvier.

De

M m0

Delpech pour une lithographie

18.

Février. 20.

Reçu de M.

à 9.

Reçu sur

le

duc d'Orléans pour l'Arabe

Mars. 1

mon

succession de

la

De M. Au mont pour

le

père

Grenadier

Avril.

Vendu de Une fable

Un

la vieille

argenterie et du vieil or.

.

.

.

lithographiée

tableau pour

le

Molière de Desoir

Mai.

Vendu une gravure Reçu la vente sur l'État Une fable lithographiée Juin.

M me

5.

Reçu de

8.

Vendu un

lo. 18.

Delpech pour

le

stage

tableau à M. de Larihoissière (Grenadier)

Reçu de M. le duc d'Orléans pour une Une fable de La Fontaine

tête

de

folle.

Août. 6.

Reçu de

Un

la

succession de

dessin pour

mon

père

un Russe

Septembre. 1

à 10. 23.

De M. de Jassenct pour un tableau de Molière 2 lithographies, la Vie d'an soldat

.

.

.

.


LES VERNET

200

Novem bre. Vendu

2.

2 tableaux à M.

régiment (i.

II.

et le

le

duc de Berny,

le

Chien du

Trompette blessé

5.0011

»

2 fables lithographiées

200

»

Reçu de Jazet pour permission de gravure

500

»

0.950

»

160

»

."100

»

200

»

100

><

58.107

»

4.000

»

100

»

maison du

pour

Pacha, grand tableau

21.

De

la

51.

Un

dessin pour M. Maqninon-Marvis

roi

le

.

.

Décembre. 2 lithographies pour

14.

M™18 Delpech

10.

1

27.

Une

fable lithographiée

Total de la recette de l'année 1819

1820 Avril.

Reçu pour

Une

prix d'un tableau de genre

le

fable lithographiée

Juin. pr l

.

Reçu de

M me

Delpech une lithographie

10. 16.

Un

24.

Le

27.

Une

petit tableau, suite

portrait de fable de

M me

du Molière de Desoir

de Marnisier

150

»

140

»

300

»

1.200

»

100

»

La Fontaine

Juillet.

22.

Un

25.

Reçu de

dessin pour M. Mequisson Marvis

M me

Delpech pour

la

180

»

600

»

200

»

1.000

»

Vie d'un soldat

Août. 1

er .

7.

16.

29.

Un

petit dessin lithographie

La lithographie de Guivogo

Une

vignette pour le Boileau e

Reçu de M"' Delpech pour la De la succession de mon père

100 Vie d'an soldat

>

600

»

483

»

2.000

»

.500

»

300

»

4.000

»

200

»

125

>

Septembre. 1

er .

6.

Reçu de M. Matichette une marine Du duc de Liancourt pour un Grenadier

1

Novembre. 4. 5.

22.

24.

Reçu de M me Delpech pour des lithographies De M. Odiatpourla Barrière de Clichy

De De

M mc la

Delpech. lithographies

même

pour

le petit

album


APPENDICE 25.

De

la

27.

De

la

môme même

pour

le petit

pour 2

petits

201

album albums

125

»

250

»

Décembre.

Reçu pendant

Une

le

mois de

Delpecb petit album

M'"°

.

.

.

fable lithographiée

L

.000

100

»

300

»

19.05:}

»

Août. 24.

Plus reçu de M.

Aumont pour permission

de gravure,

le

Soldat de M. de Liancourt Total de la recelte pour l'année 1820

1821 Janvier.

II.

15.

Le portrait de

M

,ne

Smith

Une lithographie pour

M

2.000 n,c

Delpecb

125

.

»

Mars. à

1

9.

19.

Reçu deM. le duc d'Orléans pour la

Une

Bataille de

Jemmapes.

8.0(10

folle lithographiée

>

100

»

Avril. 1

à 10.

29.

Reçu de Jazet pour permission de gravure Vendu une Madeleine à M. de Jassant Reçu de

Un

M

me

Delpecb. lithographie

coule de La Fontaine

500

»

1.000

»

150

».

100

»

2.500

»

30.

Le portrait de M. Machado

10.

Une

11.

DeM.

2G.

Le portrait de M. Germain

2.000

22.

Une Une

100

»

29.

petite

1.500

»>

10.

Une

petite lithographie à M""

150

»

3.000

«

Mai. lithographie, la Vie du soldat 5 e

Taylor une lithographie

600

»

200

«

Juin. fable lithographie

marine vendue à M. G. de Lesset

Juillet. ;

Delpecb

Le tableau du Batelier vendu à M. Lariboissière 15. 1G.

Reçu par permission de grav ure Une petite lithographie

28. 2 fables de

le

.

.

.

.

Tombeau de Napoléon

La Fontaine

50)1

>

200

200

»

3.000

»

Août. 2.

Sur tombeau de Napoléon vendu à M.

4.

Reçu pour

31.

la

(1.

Delesserl

.

.

gravure de ce tableau

De M. Charlemagne 2 lithographies,

500 la

Hcnriade

.

.

.

1.500

>

»


LES VERNET

202

Septem bre. 5.

De M. Cochelet pour 3 petites lithographies Une lithographie pour M. Papillon

4.

Le portrait de M. Piaulx

(i.

La Malle-poste, pour

3.

SOI)

»

400

»

i.500

•>

800

»

1.500

»

Octobre.

M""'

Delpech, lithographie

10.

Une

26.

Les Copains vendus à M. Lafitte La réplique du tombeau de Napoléon pour M.

27.

Une

petite

....

marine vendue à M. G. Delessert Laflitte.

petite lithographie

29.

6.000

»

3.000

»

200

»

250

»

Novem bre. 30.

De M. Charlemagne pour la Henriade De M mc Delpech, une lithographie

1.700

»

250

»

De Noël acompte sur une odalisque

1.000

»

251)

»

45.275

»

Décembre.

Une

22.

lithographie Total de la recette de l'année 1821

1822 Janvier. 1

à 3.

14.

Reçu de M. G. Delessert pour son portrait Une petite marine vendue au même Une marine vendue à M. Duchèncs, un Crépuscule.

.

.

2.01)0

»

1.000

»

1.200

»

Février. 1

à 5. 9.

Une lithographie de l'empereur Napoléon Deuxième acompte sur l'odalisque Une petite marine à la Société des amis des

IN.

Reçu de

20.

De M. Taylor pour

24.

M

De

me

M"'°

arts

....

Delpech pour une lithographie le

voyage en Normandie

Delpech une lithographie

1.500

»

1.000

»

2.000

»

400

»

100

»

200

»

Mars. 1

à 6.

Reçu la vente sur l'Etat De M. Desoir pour un Molière

157 50

21. Solde de Y Odalisque 28.

Un

dessin pour le

Don

Quichotte

300

»

1.000

»

120

»

6.000

»

Mai. er

1

.

Une grande marine vendue

à la

Vernet peignant une tempête

maison du

roi,

Joseph


APPENDICE

"203

Le portrait de M. Anisson

Une

lithographie pour M. Charlemagne, la Henriade

.

1.000

»

500

»

800

»

Juin. 25.

Une lithographie pour Reçu sur

.1

Henriade

la

52 50

vente sur l'Etat

la

uillet. 14.

Une

15.

Reçu de Jazet pour permission de gravure

lithographie pour

Vie de Napoléon

la

I.S00

»

1.000

»

800

»

1.000

»

.

2.400

»

de Montmira.il.

10.000

»

lithogra-

phiée 19.

Une

2i.

De M. Aumont pour permission de gravure,

Henriade

lithographie pour la

Août. la

Barrière

de Clichij

Septembre.

Reçu de M. de Jassentpour

la Porte

de Barcelone

.

.

Novembre.

Vendu

à M.

le

duc d'Orléans

la Bataille

Décembre.

Vendu un vieux piano Reçu de M m? Delpech pour

7 lithographies

Plus une lithographie oubliée Total de

de l'année 1822

la recette

300

»

1.950

>>

250

»

38.530

»

I.600

»

1823 Janvier. I

à 25.

2 pierres lithographiées pour la Henriade

Février. 4.

10.

12.

Un

tableau vendu à M.

Pour

Un

la

le

duc de Liancourt

permission à Jazet de graver

tableau vendu à Joinville.

Reçu pour

la

le

1.500

tableau.

.

.

.

Dernière cartouche.

.

permission de graver ce tableau

la

1.000

>

«

2.500

>

1.000

»

3.000

»

Mars. 12. I".

Un Un Une

tableau vendu à la Société des amis des arts petit tableau

vendu

petite lithographie

.

.

.

.

à M. G. Delessert Munocordato

1.200

n

200

»

1.200

» >•

.

2.000

.

l.ooo

Mai. 10.

18.

Vendu Vendu

à

M.

le

duc d'Orléans un

petit tableau

à la pension Naviskin 2 portraits de

Reçu pour permission de graver up des

Napoléon

portraits

.

.

>


I

LES VER N

204

B

Juillet. 10.

Un acompte

sur

portrait

le

du maréchal Gouvion Saint-

Cyr

2.000

«

Août. (i.

De

Mmo Schroth

pour un cheval

16.

DeMme

21.

Un

28.

Pour 2 pierres pour

700

Delpech 2 lithographies

petit tableau

500

vendu à la Société des Arts la

Henriade

»

700

»

1.100

><

1.500

»

Septembre. 6.

Une

8.

2 pierres pour

M mc

Un

Mme M allet

15.

pierre pour la Vie de Napoléon

portrait de

Copie du

même

Delpech J

portrait

500

»

.500

700

»

250

»

Octobre.

M mc

15.

Une

20.

Un tableau de chasse vendu à M. Schroth Un tableau représentant un Ecossais, à M. Schroth Un petit dessin vendu au même

24.

pierre lithographiée pour

Delpech

.

.

2.000

..

1.500

»

150

»

150

»

Novembre.

Vendu une gravure Décembre.

Vendu une gravure Reçu de

Mmo

Delpech pour de

la

lithographie

Total de la recette pour l'année 1823

ISO

»

3.700

»

34.900

»

2.000

»

.000

»

500

»

10.000

»

1824 Janvier. 4.

29.

Un tableau vendu à M. Schroth, une Chasse atc brouillard. Un tableau vendu au même, un Dromadaire Un tableau pour le Molière de Dcsoir

1

Mars. 10.

Sur

la Bataille

d Hanau

à M.

le

duc d'Orléans

1.200

»

29.

Une petite marine à M. Duchène Un petit dessin à M. Duchène

100

»

21.

Le portrait de

M me

5.000

<>

.200

»

4.000

»

26.

Avril.

Une marine vendue

de Castellane à M. Schroth

J

Mai. 31.

Reste du paiement du portrait du maréchal Gouvion Saint-Cyr (prix 6.000 francs, 2.006 francs payés en 1823)


A

PPEN DICE

Juin.

Une marine vendue

à

M. Duchêne

2 pierres lithograpbiées pour

la

Henriade

1.500

»

1.600

»

1.000

»

1.S00

«

9.950

»

2.000

»

Août. 1

à 10.

Portrait

21.

Un

27.

Le poi

du jeune de Castellane

vendu à M. Schroth du duc d'Angoulême

sujet turc, trail

Septembre.

Reçu de MM. Aumont et Jazet pour la permission de graver le portrait du due d'Angoulême et les Courses d'hommes, acompte moitié

Novem bre. 2.

De M. de Chambure, acompte sur les Adieux de Napoléon à Fontainebleau

21.

De Jazet du

roi

et

Aumont, permission de graver

le

3.000

>

2.000

»

8.000

n

portrait

(acompte)

Décemb re. 5.

De M. Schickler, une Chasse Lithographies pour

31.

M

me

Delpech

600

»

80

»

2.000

»

Le portrait de M. de Montmorency

1.500

»

Une marine, des pêcheurs, à M. Duchêne

1.500

»

Vendu 3 gravures de l'atelier Reçu de Jazet et Aumont, pour le portrait

du

roi

Charles

la

permission de graver

X

Juillet:

Total de la recette pour l'année 1824

01.230

1825 Janvier. 2.

Reçu pour

du

Charles

X

9.950

»

De M. Duchesne. pour un cheval de course

1.500

<>

De M. Schroth, pour une marine

1.380

»

le

portrait

roi

Fév rier. 1"

.

12.

De M. Duchesne, un

Du même, un

150

o

petit tableau

500

»

une course

2.000

»

500

»

1.000

»

£00

»

tableau,

Mars.

Un

tableau pour La suite du Molière

Avril.

Prix de 2 lithographies pour

La

Henriade

Pour un piano 23


.

LES VER NET Mai. 10. 12.

13. 18.

19.

De M. Duchesne un tableau Braconnier Du même, une chasse De M. de Chambure, solde des Adieux de Napoléon. Reçu pour le poi trail de M mc de l'Epinay Pour la permission de graver les Courses de Home :

.

.

.

.

300

»

1.000

»

4.000

>,

2.000

»

2.000

»

8.000

»

500

»

Juin. 7.

Reçu do M. de Lavalelte, pour un tableau représentant son évasion

18.

Reçu de M. Duchesne un

Sur un dessin

:

Du même, une 24.

Reçu pour

petit tableau

:

Pêcheur

.' .

.

l'Empereur à Sainte-Hélène

500

»

de l'Empereur mort

tète

la copie

M me

du portrait de

Permission de graver

la tête

de l'Epinay

.

.

de l'Empereur

500

»

1.000

»

100

»

250

»

15.000

»

750

»

2.000

»

500

»

2.500

»

Août

Reçu de M. Taylor, une vignette lithographiée Septembre.

De M. Duchesne, pour

le

tableau de

Mazeppa

Novembre.

Un

dessin pour la Maison du Roi

Pris sur le tableau de M. Odint

Décembre.

Un

petit tableau

pour

le

Molière de Desoir

Le portrait du général Eoy pour M. de Chambure.

— Un

.

....

500

»

1.500

»

400

»

01.580

»

3.000

»

vendus à M. Sazerai

2.500

»

du prince Frédéric

6.000

»

1.500

»

10.000

»

2.500

»

lithographie pour

tableau vendu à

Une

M

me

la

Société des

Delpech

Amis

des Arts

.

.

.

e

lithographie pour M"' Delpech Total de la recette pour l'année 1825

1826 Janvier. 8.

Reste du paiement du tableau vendu à M. Odint.

28. 2 tableaux

.

.

.

Mars. 1

er .

Le

portrait

24.

Le portrait de M. de

28.

Sur

15.

Le

la

Grange

Avril. la Bataille

de Valmy pour M.

le

duc d'Orléans

.

.

Mai. portrait

du maréchal Suchet


APPENDICE

207

Juin. 10.

Acompte de

21.

Le portrait de M. Pourtalis

29.

De M.

Jazot, le Talisman de la

Jazet, reste d'un paiement, la

Paysanne

.

.

Paysanne

.

.

.

.

.

1*500

»

2.000

»

1.500

»

3.500

»

4.000

»

10.000

»

Juillet.

Le portrait de M. Demidoff Août. 19.

Le portrait de

M mc

Friant

Septembre.

Le Pont

(V Aréole,

Reçu de

l'Institut

pour M.

Laffitte

Novembre. 290

»

.

500

»

....

300

»

1.000

»

Delpech, un dessin, un Écossais

200

»

200

»

50.490

»

3.000

»

2.000

»

2.000

»

Les Forçats, une lithographie pour

M me

Delpech.

Des Grecs, une

.

.

Décembre. Permission de graver

M

mc

21.

la

Paysanne

Total de la recette de l'année 1820

1827 Janvier.

Reçu pour un tableau vendu

à

M.

le

duc de La Roche-

foucaud-Liancourt Février.

Reçu d'Avignon pour 28.

Reçu de

INI.

la copie

du Mazeppa

Schickler pour son portrait

Le Ginoux, vendu à M. Schickler

5.000

»

Une vue d'aube

1.000

»

1.500

»

5.970

»

5.970

»

Mars. 4.

2 petits

chevaux vendus à M. Schickler

Reçu

premier

Avril. le

tiers

du prix du plafond

Musée, représentant Jules

fait

II

pour

le

Mai.

Reçu

le

second

tiers

du

même

plafond

Juin.

Reçu de M. Desoir pour

Reçu de

M me

2 tableaux

du Molière

Delpech pour des lithographies

1.000

»

3.000

>>


LES VER.NET

:>08

Juillet.

Acompte sur

le

tableau de Philippe-Auguste

1.500

»

5.970

»

0.500

»

1.000

»

9.000

»

7.875

»

400

»

64.685

»

558.50

»

2.000

»

6.000

»

3.500

»

100

»

Août.

Troisième

tiers

du plafond de Jules ïl pour

Louvre.

le

Septembre.

Reçu sur

tableau de Philippe-Auguste

le

Octobre.

mois de loyer de M"'e Schwarz

Novembre. Reçu sur

tableau de Philippe- Auguste pour

le

Louvre

le

.

Décembre. Reste du paiement du tableau de Philippe- Auguste

Reçu de

M

me

.

.

.

Delpech pour lithographie

Total de la recette de l'année 1827

1828 Janvier.

Le loyer de

M mc

Reçu pour

la

Schwarz

Mars.

permission de graver Arcole

Avril.

Reçu pour

le portrait

en pied du maréchal Suchet

.

.

.

Mai.

Reçu pour 2

Un

portraits de

M. Girardin

le

député.

.

.

.

dessin pour des chansons

Juin.

Vendu

120

»

300

»

0.000

»

1.500

»

.000

»

500

»

4.000

»

1.000

»

»

»

des harnais

Reçu de

l'Institut

Juillet.

Reçu de M.

le

duc d'Orléans pour un tableau représen-

tant Y Arrestation des princes

Reçu de M. Jazet pour permission de graver

Reçu de

Vendu

M

me

Schwarz 2 termes de son loyer échus

le tilbury

le

e

I

'.

d'Horace

1

Août.

Reçu de M. Dupré pour un tableau représentant un

Combat d'une jument et d'im loup Reçu de Jazet pour une permission de graver Septembre.

Pour

le

tableau de

la

Bataille de Fontenoy


A

Novembre

et

PPENDICE

209

Décembre.

Reçu en plusieurs paiements de

la

Maison du Roi

la

somme de Un portrait de Napoléon Un cheval pour M. Schickler Le portrait de M. Boscavi de Willeplaine

M

me

17.

Reçu de

31.

Reçu de M. Behague,

Schwarz, tenue de son loyer

Total de

la

3

mois de loyer

30.000

»

1.500

»

1.500

»

2.000

»

500

»

1.750

»

03.828.50

recette de l'année 1828

1829 Janvier.

Le mois de

l'Institut

116

»

Le mois de

l'Institut

100

»

100

».

Février.

Mars. 13.

Le mois de

l'Institut

Reçu de M.

Carette, portrait de son

Vendu

lils

2.000

»

par Janville des bouteilles vides

26

»

1.050

»

Avril. 16.

Reçu de M me Schwarz 2 termes de son loyer Reçu à l'Institut le mois de mars Reçu de M" Schwarz le prix d'un tapis 10

100

»

180

»

Mai. 12.

Reçu à

l'Institut le

mois

d'avril

100

»

13.

Reçu à

l'Institut le

mois de mai

100

»

14.

Reçu

mois de juin

100

»

18.

Reçu de M. Behegue, solde de Reçu de M. Monnier

1.770

»

300

»

too

».

Juin.

Juillet. à l'Institut h»

Août.

211.

ses loyers

et

impôts

.

.

Septembre. 12.

Reçu de

13

Reçu de M. Gowan, en avance sur

l'Institut le

mois d'août

Octobre. la

location de la mai-

son

Reçu de

l'Institut les

novembre.

mois de septembre, octobre

1.500

»

300

»

et


LES VKRNET

210

Décembre. 31.

Reçu pour

le

tableau delà Bataille d'Hasting s,

M

Le portrait de

mo

1

er

terme^

de Salverte

Le Bouvier Traitement de

6.000

»

1.400

»

4.000

»

place de Directeur

6.000

»

de table et d'écurie

6.000

»

3.000

»

34.342

»

100

»

1.650

»

100

»

100

»

1.500

»

1.023

»

400

»

MO

»

la

Reçu pour

frais

Reçu pour

les frais

de voyage de Paris à

Rome ....

Total de la recelte de l'année 1820

1830 Janvier. 8.

Reçu de

l'Institut le

mois de Décembre

1

829

Février. 15.

Reçu

M

rae

3 termes au 1 er janvier 1830 des loyers dus par

Schwarz mois de janvier à

Reçu

le

Reçu

le

l'Institut

Mars.

mois de

fé vrier a

1

Institut

'.

Avril.

Reçu de M. Gowon

le

loyer de la grande maison.

.

.

.

Juillet.

Reçu Reçu

de M.

les loyers les

mois de

Sampago

l'Institut,

mars,

avril,

mai, juin

.

.

Août. 14.

Reçu de

15.

Reçu

Scbwarz

1.600

»

15.

Reçu un terme de loyer de M. Sampayo

1.025

»

500

»

Delpech

M""'

Octobre.

du loyer de

3 ternies

M"'

Décembre.

Reçu

Un

5

mois de

l'Institut

tableau vendu au prince Galitzine

Traitement de

Reçu pour

la

frais

Total de

place de Directeur

de table

la recette

et d'écurie

de Tannée 1830

2.000

»

6.000

»

(i.000

»

22.110

>,

2.030

»

225

»

1831 Avril. 13.

Reçu 2 termes de M. Sampayo

Juillet.

Reçu de

M mo

Lallcmand pour loyer

petite

maison

.

.

.


APPENDICE 31

.

Reçu de M. H. Vernet, remis pour

doit être et

pour

le

à

211

M. Pigneux. Celle

somme

paiement du Combat des brigands

Confession des brigands

la

9.000

»

Août.

Reçu de M. Aumont pour permission de graver. U. Reçu de M. Jazet pour 13. Reçu de M. Aumonl. ... '.I.

.

.

.

1.000

»

.

.

.

1.500

»

500

»

2.050

»

3.500

»

Juillet.

31

.

Reçu

2 termes

du loyer de M. Sampayo

Août. 2l\.

Reçu de M. d'Eichtal, prix du tableau

la

Victoria.

.

.

Octobre. er .

Reçu de

M'"

14.

Reçu de

la liste civile

1

M. Vernet

Lallemand, terme de loyer

1-'

pour

la

Judith

»

»

2.370

»

remis à M. Berlon pour acbats à faire pour

a

M mc Vernet Reçu

450 497.430

mois de

.200

»

1.100

»

Le portrait des enfants de M. Grévy

2.71 X

»

Traitement de

place de Directeur

(i.000

»

de table et d'écurie

6.000

»

Un

les 12

l'Institut

tableau vendu à M. de

Reçu pour

la

frais

1

Vogué

44.637.30

Total de la recette de l'année 1831

1832 Janvier. 13.

26.

Reçu un terme loyer de M. Sampayo Reçu de M mc Lallemand un terme

Reçu de

c

Scbwarz sur ce qu'elle redoit Reçu de M. Sampayo pour dépenses dans le salon M"'

1.023

»

450

»

1.200 .

.

300

»

.300

»

1.025

»

i50

»

1.023

»

150

»

1.025

»

150

»

.

Février. 13.

Reçu de Jazet pour permission de graver

15.

Reçu

(les

Brigands).

1

Avril.

15.

Reçu

le le

loyer de M.

loyer de M"

Sampayo c

Lallemand

Juillet.

Reçu

le

Reçu

le

Reçu Reçu

le loyer

loyer de M. loyer de

M m0

Sampayo Lallemand

Octobre.

le

de M. Sampayo

loyer de M"" Lallemand


LES VERNET Reçu

mois de

12

les

1

Los portraits de M. et

1.200

Institut mu

M

»

700

»

Le portrait de M" e Cambell

1.200

»

Traitement de

6.000

»

Reçu pour

la

frais

Radcliff

place de Directeur

de table

et d'écurie

(i.

Total de la recette de l'année 1832

21.000

»

450

>>

1833 Janvier.

M me

mois de loyer de

14.

Reçu

13.

Reçu chez M. Fould pour un portrait

20.

Reçu de M. Didier

3

Lallemand

Février.

pour

Petit

le

tableau du roi Hérold.

1.263

»

(i.000

>>

2 050

»

Avril. 6.

15.

Reçu de M. Sampayo 2 termes de son loyer Reçu de M" Lallemand, loyer

.

10

450

>

Juin. 3.

Reçu de

du Roi

la liste civile le portrait

Le tableau de Raphaël au Vatican

Pour Pour

le

tableau du Pape porté dans Saint-Pierre

le

tableau

10.

Reçu

3

20.

Reçu au Trésor pour

15.

Reçu

le

duc d'Orléans à l'habit de

.

.

.

ville.

.

6.000

»

12.000

»

12.000

»

10.000

»

450

»

4.040

»

450

»

Juillet.

mois du loyer de

M""'

Lallemand

Août. le

voyage de M. Vernct en 1831.

Octobre. 3

Mmo

mois de loyer de

Lallemand

Novembre. 15.

Reçu pour l'ancienne maréchal Môlitor 12

liste

pour

le

du

portrait

1.990

mois de traitement de

Les portraits de M. et

civile

M

mc

>

l'Institut

1.200

>

Egnard

3.000

»

8.000

»

5.000

»

8.000

»

Les Arabes conversant sous un figuier, vendu à Lord

Pembroke Le portrait de M"

1 '

la

marquise de Dalmatie

Répétition des Arabes, vendu à M. de Gouvieff

....

Traitement de biplace de Directeur

6.000

»

Reçu pour

6 000

»

3.000

»

97.343

><

Oublié

la

frais

de table

et d'écurie

Rébaux, vendue à M.

le

duc de Rohan

Total de la recette de l'année 1833

.

.

.

.


A

PPENDICE

213

1834 Janvier. 15.

Reçu

3

Reçu

3 trimestres

mois do loyer de

M mc

Lallemand

échus du loyer de M. Sampayo

.

.

.

450

»

3.075

»

450

»

3.000

»

Octobre. ]

ï.

23.

M mo

Reçu de

Lallemand

le

loyer

Reçu de M. Jazet pour permission de graver

Novembre.

Reçu de M. Sampayo pour 3 trimestres de son Reçu 10 mois du traitement de l'Institut Un tableau vendu à M. le comte de Ferson

Une Chasse au sanglier pour Vendu au même un Arabe

le

3.S00

loyer.

même

une vue de Rôno

temart tableau vendu à M. de Fusen

Vendu

un Russe un tableau

à

Reçu pour

paiement du portrait du

le

roi

le

1

.

1

.

000

»

0O0

»

.000

»

1.000

»

2.000

»

3.000

»

14.000

»

t

traitement de la pince de Directeur

0.000

3.000

Reçu pour

frais

de voyage de Rouie

Reçu pour

frais

de table et d'écurie

Recette totale de l'année

1

»

de Sar-

daigne

Reçu

.000 .000

1.000

Une Chasse aux lions vendue à M. de Ferson. .... me Une chasse sur le {Illisible) vendue à M de Mor-

Un

1

I

>

à

Paris

>

»

6.000

51.475

83 4

»

1835 Janvier. 15.

Reçu de l"

r

M mo

la

baronne Lallemand.

3

mois échus

le

janvier 1855 de son loyer

&50

Mois de décembre 1834, traitement de l'Institut .... Les mois de septembre et octobre 183i qui n'ont pas

100

été portés à la suite, traitement de L'Institut

200

Mars.

Reçu 2 mois du traitement de

l'Institut

200

Lallemand

i50

Avril.

Reçu

3

mois du lover de

Mme

Reçu de M. Aumont pour gravures

iOO

.

-


LES YERNET

214

Mai. 1.

3.

d3.

Reçu de M. Aumont pour gravures. Reçu de Marcille le paiement du tableau représentant la Colère à bord de la Melpomène

300

»

8.000

>>

0.000

»

.990

»

10.000

»

450

»

450

»

2.000

»

200

»

500

«

2 000

»

13.000

»

379

»

.

Reçu de Jazet pour un tableau représentant

aux

la

Chasse

sangliers en Afrique

Juin. 2i.

Reçu du Trésor pour solde du

portrait

du maréchal

Molitor

t

Reçu au Trésor de la liste civile le prix du tableau de la Prise de Bône Reçu de M. Aumont pour estampes Loyer de M me Lallemand Septembre.

complément du paiement du tableau de la Chasse aux sangliers à Jazet et cédé à M. Schickler. Reçu de Jazet pour la permission de graver ce tableau. Reçu

le

1

.

1

.

Octobre. 2.

Reçu de M. Jazet la

il.

la

permission de graver

le

tableau de

Judith

Reçu un premier acompte sur

le

prix

du tableau repré-

sentant la Bataille d'Iéna

.

Novembre. 11.

Reçu au Trésor de les

liste civile

tableaux représentant les

Friedland 11.

la

et

de

pour acompte sur

batailles

d'Iéna,

de

Wagram

Traitement de professeur à l'Ecole des Beaux-Arts pour les

mois de septembre

et

octobre

Décembre. 5.

9.

Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts pour le mois de novembre Reçu à la caisse de la liste civile pour acompte sur les tableaux d'Iéna, Friedland,

Wagram

Plus Horace a reçu 10 mois de l'Institut

190 50

12.000

»

1.000

»

02.265 50

Total de la recette de l'année 1835

1836 Janvier. 10.

Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts pour mois de décembre 1835

le

183

»


APPENDICE

215

Février. 10.

Pour

le

mois de janvier

193

»

10.

Pour

le

mois de février

186

»

20.

Reçu de la succession Schwarz pour loyers de la maison de la Tour des Dames

225

»

Mars. arriérés 1

.

Avril. 10.

Reçu

traitement de l'Ecole, mois de mars

189 30

10.

Reçu le traitement de l'Ecole, mois d'avril Reçu de la liste civile pour solde des prix d'exécution

189 50

le

Mai.

17.

des tableaux représentant les batailles d'Iéna, Fried-

land

et

Wagram

27.0011

»

4.500

»

Reçu de M. Jazet pour un tableau représentant un

marchand

d'esclaves

Juin. 10.

Reçu le traitement de l'Ecole des Reaux-Arls pour mois de mai Reçu pour le portrait de M. le comte de Chastenay.

le

2(17 .

.

3.500

21) »

Juillet. 11).

Reçu

le

traitement de

l'Ecole des Beaux-Arts

pour 189 50

juin

Août. 10.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux- Arts pour

196 50

juillet

Septembre. 15.

Reçu de Jazet pour une permission de gravure

1.500

»

Octobre.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts pour les

mois d'août

et

389 75

septembre

Vente d'une boîte donnée à Horace

2.000

»

180

»

8.000

»

2.000

»

193

»

.200

>

Novembre. 10.

13.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de M. Jazet pour un tableau représentant une Chasse aux lions en Afrique Reçu de M. le marquis Oudinot pour le portrait de son frère tué en Afrique

Décembre. 10.

Reçu de

l'Ecole des Beaux-Arts

Horace a reçu de

l'Institut 12

mois

Total de la recette pour l'année L836

I

53.227 95


LES VERNET

216

1837 Janvier.

Reçu

le

traitement de

10.

Heru

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

28.

Reçu de Jazet pour

10.

1

Ecole des Beaux-Arts

196 50

Février.

Wagram

de

permission de graver

la

196 50 la

Bataille

3.0011

et celle à'iéna

»

Mars. 10.

31.

Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de M. Jazet pour la permission de graver

193

>

la

Bataille cFEylau

1.500

o

179

»

10.000

»

100

»

000

o

2.000

»

4.000

»

Avril. 10.

23.

Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu du prince Wittginstein pour le portrait de la princesse, acompte sur la somme de 20.000 francs, prix du tableau

Mai.

Vendu

2 gravures

Reçu de M. Smirroff, un Arabe mort

un

petit tableau représentant

1

.

Juin. 15.

Reçu de M. Jazet

~2H.

Reçu de M.

A' A(jar

permission de graver

le

tableau

par Abraham

chassée le

la

comte de Falhe pour

le

prix

dudit

tableau Juillet.

Reçu de M. Jazet la

la

permission de graver

le portrait

de

princesse.Wittginstein, Chasse au faucon

1.500

Août.

Reçu

le

traitement de l'Fcolc des Beaux-Arts

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

190 50

Septembre.

Reçu pour fer

la

vente de

3 actions et

197

demie du chemin

»

île

de la rive droite

1

.270 50

Octobre. 3.

Reçu

le

complément du paiement du

portrait de la

10.000

princesse de Wittgenstein

Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu pour le gain d'actions du chemin de gauche

»

190 50 fer,

rive 1

.

075

»


APPENDICE

217

Novembre. 7.

20.

Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de Jazet pour la permission de graver le tableau

195

des Enfants de Paris (tableau à M. Odint)

iO

.500

>>

190

»

000

»

.2011

»

I

Décembre, 12.

Reçu de

15.

Reçu du maréchal Lobau

l'Ecole des Beaux-Arts

pour un

gagné par

pari

Horace

3

Horace a reçu

mois de

les 12

l'Institut

I

.

42.898 40

Total de la recette de l'année 1837

1838 Janvier. 4.

Recule traitement de

9.

Reçu

l'Ecole des Beaux-Arts

I89 50

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

190 50

Février. le

Reçu de M. Jazet pour un tableau représentant Y Explo5.000

sion d'une porte de Constantine

même

Reçu du

pour

la

permission de graver

le

»

tableau

Au Raphaël an Vatican Reçu pour un tableau fait à Rome représentant des Con-

I

.

500

2.000

trebandiers

o

Mars.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

190 50

Reçu pour des actions

332 50

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

18!)

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

103

n

3.000

»

L2.500

»

196

»

25.000

»

2.000

••

Avril. .").

50

Mai.

II.

Reçu pour

13.

Reçu de

la

la

Vie de l'Empereur illustrée

liste

civile,

Versailles, premier

acompte sur

les

travaux de

acompte

Juin.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

Juillet.

Reçu

pour

le

tableau

de

la

Bévue de

l'Empereur

Napoléon, vendu à l'Empereur de Russie Août. 1.

Reçu de M. Dubochet pour l'ouvrage de Napoléon illustrée

la

Vie

de


LES VERNET

218

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts, juin et

4.

Reçu

1.

Reçu pour le portrait de M. de Aulair Reçu de Jazet pour la permission de graver

le

juillet

3 le

tableau

du Pape porté dans Saint-Pierre

1

Septembre. 3.

Reçu de M. Dubocbet pour Vie de Napoléon Reçu le mois d'août pour l'Ecole des Beaux-Arts.

.

.

Octobre. 8.

Reçu de M. Dubocbet pour la Vie de Napoléon Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu pour

les actions

Reçu pour

le

du chemin de

fer d'Orléans

.

.

.

Novembre. traitement de l'Ecole des Beaux-Arts.

Reçu de M. Dubocbet pour

la Vie de

Napoléon

5.

Reçu de M. Dubocbet pour

la Vie de

Napoléon.

7.

Reçu traitement de

.

.

2

Décembre.

Vendu

l'Ecole des Beaux-Arts

.

.

.'

.

2

.

des gravures

Horace a reçu 12 mois de

1

l'Institut

69

Total de la recette de l'année 1838

1839 Janvier.

I

8.

Vente du Piémont Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts, traitement du professeur Reçu de M. Dubocbet pour Vie de Napoélon

2.

Vendu quelques gravures

6.

Reçu

à S.

1

2

Février. le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

18.

Reçu de M. Dubocbet pour

10.

Bcçu traitement de

la

Vie de

Napoléon

....

2

Mars. l'Ecole des Beaux-Arts

Avril.

10.

Bcçu de M. Dubocbet pour la Vie de Napoléon Reçu traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

26.

Reçu de M. Dubochet pour

;i.

la

Vie de

Napoléon

2

....

1

Mai. 1

à 5. 11.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

Reçu de M. Dubocbet pour

la Vie

de Napoléon

...

1


APPENDICE

2Ï9

Juin. 1

à 5. 7.

8.

Reçu do l'Ecole dos Beaux-Arts Reçu de M. Dubochet pour la Vie de Napoléon Reçu de M. Jazet pour la permission de graver un tableau (un Cheval et un Arabe)

196 50 1.5011

»

500

»

petil

Juillet. 1

à

3.

Reçu de

la liste civile

pour

travaux de

les

de

la salle

e

5. 6.

Constantine, 2 acompte Reçu le traitement de l'Ecole des Reaux-Arts Reçu de M. Dubocbet pour la Vie de Napoléon Vente du Piémont

30.000

»

193

»

2.500

»

19 80

Août. 1

er .

5.

Reçu de M. Dubochet pour Reçu pour le traitement de

la

Vie de Napoléon

2.000

l'Ecole des Beaux-Arts

»

.

.

190 50

.

.

189 50

.

Septembre. 6.

Reçu pour

7.

27.

Reçu de M. Dubochet pour la Vie de Napoléon Reçu de M. Jazct pour la permission de graver le tableau

28.

Reçu de

le

traitement do l'Ecole des Beaux-Arts

représentant

le colonel

la ville

d'Autun

Gbangarnier le

prix dudit tableau

2.000

<>

1.500

»

4.000

»

Octobre. 3.

Reçu pour

5.

Reçu pour un tableau représentant une Vue de Consianline, vendu par l'entremise de M. Rouquairol Reçu de M. Dubochet, pour la Vie de Napoléon ....

2.000

»

8.

1.000

»

Reçu de M. Dubochet pour la Vie de Napoléon Reçu pour un tableau vendu à M. le duc d'Orléans, Maréchal Vallée en Afrique

1.000

»

10.000

»

86

»

6.000

»

le

traitement de l'Ecole des Beaux- Arts.

.

.

.

.

.

.

196 50

Octobre. 11. 30.

le

Novembre. 7.

18.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Re aux-Arls

Reçu du ministère de

l'Intérieur

pour

les

1

travaux de la

Chambre des députés Décembre. 4.

7.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

Reçu de M. Dubochet pour Horace a reçu 12 mois de

la

Vie de

Napoléon

l'Institut

Total delà recette de l'année 1839

196 50

....

2.500

»

1.200

»

78.604 05


LES VERNET

220

1840 Janvier.

:5.

Reçu do M. Dubochet pour la Vie de Napoléon Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

5.

Reçu

2.

5.

193

»

Février.

12.

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

le

Reçu du ministère de

Chambre Reçu

4

l'Intérieur

pour

les

204 70

travaux de

la

des députés, 2 e acompte

mois de traitement de

G.

l'Institut

000

»

4

»

1

; >

Mars. 5.

Reçu de

des Beaux-Arts

l'Ecole

Reçu de M. Dubochet pour

189 50

Vie de

la

....

Napoléon

2.000

»

2.300

»

15.000

o

Avril. 1

er .

3.

Reçu de M. Hottinguer pour un tant un Arabe à cheval

Reçu de 3

4.

13.

22.

e

la liste civile

pour

les

petit tableau représen-

travaux de Versailles,

acompte

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts

189 HO

Reçu 2 mois de l'Institut Reçu de M. Dubochet pour

21)0

>

2.501)

»

la

Vie de

Napoléon

Mai. 5.

25.

Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de Jazet pour un tableau représentant l'Empereur Napoléon sortant de son tombeau

189 50

4.000

»

Juin. 8.

Reçu

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

200

»

5.

Beçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de M. Hottinguer pour un petit tableau,

180

»

3.000

»

le

Juillet.

15.

la

Chasse

de l'Algérienne

Août. G.

Recule traitement de

l'Ecole des Beaux-Arts

....

196 50

Septembre. 10.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

193

«

10.000

»

Octobre. 2.

Reçu de delà

la liste

salle

civile le 4

e

acompte pour

les

de Constantine

travaux

13.

Intérêts payés par Jamville

110 70

19.

Reçu

196 50

le

traitementde l'Ecole des Beaux-Arts


APPENDICE

221

Novembre. 9.

2o.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu du ministère de l'Intérieur pour Chambre des députés, 3° acompte

182 50 travail de la

le

6.000

»

193

»

150

»

111.000

»

000

»

Décembre. 3.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

29.

Intérêts payés par Jamville

11.

Reçu de de

civile le

la liste

la salle

e

acompte pour les travaux

de Constantine

Horace a reçu Total de

o

six

mois du traitement de

la recette

l'Institut

.

.

.

69.795 40

de l'année 1840

1841 Janvier.

traitement de l'Ecole des Beaux-Arls

2.

Reçu

le

5!

Reçu

le

4.

Reçu de M.

5.

Reçu

193

»

200

»

Février.

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

Mars.

comte de Pourtalès pour un tableau

le

représentant Thomas

29.

le

et

Judas

10.000

»

193

»

130

»

2.000

»

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

Intérêts payés par Jamville

Avril.

10.

Reçu de M. Jazet pour la permission de graver Thomas Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

17.

Reçu

10.

Reçu de M. Jazet pour

(i.

.

189 50

Mai. le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

193

»

2.000

»

10.000

»

Juin. la

permission de graver

le

Com-

bat (lune jument avec des loups 13.

Reçu de

la liste

civile le

e (i

acompte pour

les

travaux

de la salle de Constantine lli.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

190 50

Juillet. 2.

Vendu un cheval

300

6.

Intérêts payés par Jamville

i:,U

2(i.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arls

7.

Reçu

le

traitement de l'Ecole

....

189 50

Août. «les

Beaux-Arts

190 2:.

:;u


m

LES VERNET 1

1

.

Reçu de de

la liste civile le 7

e

acompte pour

les

travaux

de Constanline

la salle

10.000

»

Septembre. 5.

Reçu

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

le

189

m

Octobre. 1". 9.

De Jamville, Reçu

150

les intérêts

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

le

193

»

193

Novembre. (i.

Reçu

le

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

Décembre. G.

19.

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

Reçu de de

4

la liste civile le

e

acompte pour

189 50

les

travaux

de Constantine

la salle

Horace a reçu 12 mois de

l'Institut

Total de la recette de 18il

25.000

»

1.200

»

03.200

150

»

193

»

500

»

25.000

»

1842 Janvier. L«. .").

Intérêts payés par Jamville

Traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

Reçu pour

la

permission de graver une

(petit tableau

tète

de Christ

d'Horace m'appartenant)

Février. 15.

Reçu de de

la liste

la salle

civile le 9

e

acompte pour

les

travaux

de Constantine

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

196 50

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux- Arts

190 50

Mars. 10.

Avril. 9.

Reçu de de

9.

Reçu

la liste civile le 10 e

la salle

le

acompte pour

les travaux

de Constantine

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

10.

Intérêts payés par Jamville

14.

Reçu de M. Jeannin, tableau

[la

la permission de graver

Poste dans

un

25.000

»

180

o

150

»

1.000

H

petit

le désert)

Mai. 1". 5.

Reçu de Reçu

le

Vendu

la liste civile

pour solde des travaux de Versailles

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

la

jument

25.000

»

193

»

140

»


APPENDICE

223

Reçu de M. Jeannin pour permission de graver un tableau

{la

Prière de l'Arabe)

1.000

Reçu de M. Giroux pour deux dans

petit

le désert et la

»

petits tableaux la Poste

Prière de l'Arabe

000

«

10.000

»

S.

Juin. er

1

.

Reçu de M. Pasquier, chancelier de France, pour son portrait en pied

Reçu de M. Jazet pour la permission de graver de l' Empereur Napoléon Reçu

le

la

Revue

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

2.001)

»

190

»

Juillet. 4.

10.

Reçu traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu 2 mois du traitement de l'Institut

205

Reçu traitement de

190 50

189 50 »

Août. l'Ecole des Beaux-Arts

Septembre. 2.

Reçu

le

mois d'août de

2.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

193

5.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

193

>

10.

Reçu

le

mois de septembre de

100

»

4.

Reçu

le

mois d'octobre de

100

»

5.

Reçu

le

traitement de l'Ecole des Beaux-Arts

4.

Reçu

le

mois de

7.

Reçu de

l'Institut

.

108 40 »

Octobre.

l'Institut

Novembre. l'Institut

189 50

Décembre. l'Institut,

novembre

100

;>

190 50

l'Ecole des Beaux-Arts

97.872 40

Total de la recette de 1842

1843 Janvier. 1

à

3.

Le mois de décembre 1812, traitement de

Reçu

.

100

»

de l'Ecole des B eaux-Arts.

103

»

100

»

l'Institut

.

Février. 2.

Reçu

le

traitement de l'Institut, mois de janvier.

Reçu

de l'Ecole des Beaux-Arts

.

.

.

L93»

Mars. 3.

Reçu Reçu

le

traitement de l'Institut, février

de l'Ecole des Beaux-Arts

100

»

103

»


LES VER.NET Avril. 1.

Reçu

le

traitement de l'Institut, mars

Reçu 15.

de l'Ecole des Beaux-Arts

Intérêts payés par Jamville

Mai.

KM)

»

180

»

150

»

KM)

»

182

»

100

>>

m 1.

Reçu

le

traitement de l'Institut, avril

Reçu

de l'Ecole des Beaux-Arts

Juin. 2.

Reçu Reçu

le

Reçu

le

traitement de l'Institut, mai

de l'Ecole des Beaux-Arts

196 50

Juillet. 3.

traitement de l'Institut, juin

Reçu de l'Ecole des Beaux- Arts Reçu de M. Jeannin le tiers du gain de la gravure du Christ au roseau

100

»

186

»

315 75

Août. 2.

Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux- Arts Reçu d'Horace à son retour de Russie, partie du prix qui lui a été donné pour le portrait de l'Impératrice Il

a touché à Saint-Pétersbourg

180 50

30.000

»

4.000

»

1

Septembre.

Rien Octobre.

Rien

Novembre. 2.

l'Ecole des Beaux-Arts, 2

Reçu de

l'Ecole des Beaux-Arts,

mois

Reçu de

372

»

191»

50

000

»

1.500

»

Décembre. 2.

Horace a reçu

le

mois de

Oublié d'inscrire, à

la

Caravane dans

le

mois

l'Institut

date

du

er

1

de M. Jeannin, éditeur, pour la

1

septembre, avoir reçu

la

désert, la

permission de graver

somme

de

55.353 75

Total de la recette de l'année 1843

1844 Janvier.

18.

Reçu 2 mois de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu pour la permission de graver le Traîneau

russe.

379

»

1.500

»


APPENDICE

225

Février. 10.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de M. Giroux pour Le Traîneau la

rus.se,

198

»

5.000

»

193

»

4.000

»

Poste sur

mer

Mars. 3.

à 27.

1

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu pour un petit tableau, Voyage dans

le

désert

.

.

Avril. 2.

Reçu de

i.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de M. le comte Mole pour son

l'Ecole des Beaux-Arts

189 50

Mai. à

1

7.

180 50 portrait

10. 11(111

>

Juin. 13.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts

100 50

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de la liste civile le 1 er acompte pour

180

»

20.1)00

»

1.000

»

Juillet. 7.

22.

de Versailles,

les travaux

Smalah

la

Septembre. 11. 1

à 20.

Reçu pour Reçu de

la

Smalah des Beaux-Arts, 2 mois

permission de graver

l'Ecole

la

382 50

Octobre. 1

à 11.

Reçu du ministère de

Chambre Reçu de

l'Intérieur

pour

les

travaux de

la

des députés

.

l'Ecole des Beaux-Arts pour septembre

.

.

.

10.000

»

196 50

Novembre. 1

à 20. Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts pour octobre

180

»

193

»

1.200

»

Décembre. 1

à 20. Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts pour novembre.

Horace

a reçu 12

mois de

l'Institut

.

.

61.189 50

Total de la recette de 1844

Récapitulation des recettes de 1835 à 1844

.

(soit

10 années séjour à Paris).

1835

02.205 50

1836

53.227 95

1837

42.898 40

1838

69.049 75

1839

78.004 05 .1

reporter

306.045 65


LES VKKNKT Report

306.043 65

1840

69.795 40 63.266

1841

1842.

.

»

97.872 40

•.

.

1843.

53.853 75

1844

61.189 50

De 1835 à 1844, 10 années

652.022 70

De 1811 à 1820, LO années

150.408

De 1821 à 1828, De 182'.) à 1834, Le ,r décembre

420.518 50

8

l

années

Home) une permission

6 années (séjour à

10

272.1)07 30

I8i3, oublié d'insérer

de graver la Caravane dans

le

1.500

désert

»

1845 Janvier. 8.

Reçu de

à 31.

Reçu de

à

I

I

l'Ecole des Beaux-Arts

196 50

deuxième acompte pour la Smalah

la liste civile le

travaux de Versailles,

les

30.000

»

Février. (i.

Reçu de Reçu de

l'Ecole des Beaux-Arts.

ma

fille

un trimestre pour

.

.

,

l'intérêt de 140.000 fr.

1

193

»

.750

»

193

»

Mars. 8.

Reçu de

l'Ecole des

Beaux-Arts

Avril. 12.

Reçu un mois de

— —

l'Institut

pour Horace

de l'Ecole des Beaux-Arts

de

ma

fille le

deuxième trimestre pour

l'intérêt

.

100

»

186

»

1.750

»

100

»

.

de 140.000 francs

Mai. 10.

Reçu un mois de l'Institut pour Horace De l'Ecole des Reaux-Arts

Reçu pour

intérêts de 6.000 francs placés au

180

piété. J

187 50

Mont-de»

uin. 11.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arls

190 50

Juillet. 5.

Beaux-Arts

186

»

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arls

193

»

Reçu de

l'Ecole des

Août. 20.


APPENDICE Septembre. 4.

12.

15.

17.

Reçu de M. Jeannin pour permission de graver le tableau de la Bataille de Fontenoy, acompte Reçu de la liste civile premier, acompte sur les travaux de Versailles de la salle dite du Maroc. .... Reçu de l'Ecole des Reaux-Arts Reçu de M. le comte de Robrinski pour un tableau représentant

la

Famille impériale russe

2.00(1

»

25.000

»

189 50

10.000

»

193

»

Octobre. à 7.

1

Reçu de

l'Ecole des Reaux-Arts

Reçu de

l'Ecole des Reaux-Arts

Novembre. 17.

Horace a reçu 10 mois de Plus, reçu en octobre de

pour

189 50

l'Institut

ma

fille le

1.000

»

1.750

»

troisième trimestre

l'intérêt de 140.000 francs

Total de la recette pour l'année 1845

85.733 30

1846 Janvier. à 4.

1

1

à 27.

Reçu deux mois de l'Ecole des Reaux-Arts, novembre décembre de l'année 1845 Reçu de M. Delaroche, quatrième trimestre

et

380

»

1.730

»

d'intérêts de

140.000 francs

.

.

.

Février. 14.

28.

Reçu de l'Ecole des Reaux-Arts Reçu de M. Jeannin pour bénéfice de ventes de gravures et 200 francs pour solde du Carrousel

1%

50

802

»

193

»

23.000

»

180

»

1.750

»

I8tf

»

Mars. 0.

28.

Reçu de Reçu de

l'Ecole des Reaux-Arts la liste civile,

deuxième acompte sur

vaux pour Versailles de

la salle dite

du Maroc

les tra-

....

Avril.

à

1

4.

25.

Reçu de

l'Ecole des Reaux-Arts

Reçu de M. Delaroche

le

premier trimestre de l'an-

née 1810 des intérêts de 140.000 francs Mai. 1

à 3. Reçu de l'Ecole des Reaux-Arls 11.

1

à 15.

Reçu de M. Tiron les intérêts de 3.000 francs Reçu les intérêts de 6.000 francs placés au Mont-dèpiélé

213 20

180»


LES VERNET Juin. à 10.

I

12.

13.

Reçu de M. Boisrïcheux pour le loyer do la maison Reçu de M. Jeannin pour permission de graver le portrait du jeune lMgache Reçu le mois de l'Ecole des Beaux-Arts

601)

»

1.001)

»

193

»

2.000

»

380

»

5.000

»

.000

»

1.750

»

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts

186

»

Reçu de

196 50

.

.

Juillet. 1.

Reçu pour permission de graver

1.

Reçu deux mois de

4.

Reçu de M. Jeannin pour un

1

la Judith

par M. Jazet.

Aoùl. 1

l'Ecole des Beaux-Arts petit tableau représentant

une Mère arabe

6.

Reçu du même pour la permission de graver ce tableau. Reçu de M. Delarocbe le deuxième trimestre des intérêts

1

de 140.000 francs pour l'année 1840

Septembre. à

1

3,

Octobre. à 10.

1

22.

l'Ecole des Beaux-Arts

Reçu de M. Delaroche le troisième trimestre des de 140.000 francs pour l'année 1846

intérêts

1.750

»

186

»

Novembre. 1

à

7.

Reçu de

l'Ecole des Beaux-Arts

Décembre. 1

à 5.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Plus, Horace a reçu 12 mois de traitement de

189 50 l'Ins-

1.200 »

titut

46.539 70

Total de la recette de 1846 Plus,

il

a été payé parle banquier pour intérêts à 3 p. 100

sommes déposées cbez

des pris

pendant l'année, com-

ceux de deux obligations piémontaises dont une

appartient à la

lui

somme

mon

frère Jamville

pour argent déposé,

de

268.60.

.

.

78.50.

.

.

^„

^

Pour obligation de Piémont

)

46.886 80

Total général de la recette 1846

1847 Janvier. 9.

23.

Reçu de

196 50

l'Ecole des Beaux-Arts

Reçu de M. Delarocbe née 1846, intérêt de

le

la

quatrième trimestre de l'an-

somme

de 140.000 francs.

.

1.750

»


.

APPENDICE

229

Février. 3.

Reçu de

3.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts

l'Ecole des Beaux-Arts

193

»

Mars. 189 50

Avril 1

à 3.

Reçu de M. Tiron, d'Alger,

les intérêts

de 5.000 francs

pour 1846 8.

Reçu de

3.

Reçu de l'Ecole des Reaux-Arts Reçu de M. de Roisrichcux pour

l'Ecole des Reaux-Arts

250

»

186

»

Mai.

24.

189 50 le

loyer de la petite

maison

700

»

193

»

25.000

»

186

»

6.000

»

1.750

»

1.750

»

193

»

1.000

»

1.000

»

Juin. 5.

Reçu de

l'Ecole des Beaux-Arts

21.

Reçu de

la

maison du Roi pour

et des Princes, ses

le portrait

de Sa Majesté

fils

Juillet. 3.

18.

Reçu de

l'Ecole des Reaux-Arts

Reçu de M. Durand Ruel pour le prix d'un tableau représentant une razzia. Une brebis allaitant un enfant

Avril. 17.

Oublié d'inscrire

:

reçu de M. Delaroche

le I

e ''

trimestre

des intérêts de 140.000 francs pour l'année 1847

.

.

.

Août.

10.

Reçu de M. Delaroche le deuxième trimestre Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts

17.

Reçu de MM. Jeannin

7.

Delwié, éditeurs, pour permis-

et

sion de graver la Cuisine militaire

Reçu de MM. Jeannin graver

l'

et Delarié

pour permission de

En faut adopte

Septembre. 1

à 8. 11.

Reçu de

189 50

l'Ecole des Reaux-Aris

Reçu du Ministère dos travaux publics pour solde de

la

décoration de

La

salle

de

la

Chambre des

Députés

16.000

»

193

»

1.750

»

Octobre. li.

16.

Reçu de

l'Ecole des Reaux-Arts

Reçu de M. Delaroche née I8i7. intérêts de

le 1

troisième trimestre de l'an-

10. OUI)

francs

20


LES VER.NET

230

Novembre. 10.

...

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts

189 50

Décembre. 1".

Reçu de l'Ecole des Beaiix-Arts Plus Horace a reçu 12 mois de Intérêts de l'argent déposé chez

l'Institut le

1

193

»

.200

»

banquier

338 70 39 80

Intérêts d'une obligation piémonlaise

Total de la recette de 1847

7Î0.820

,.

1848 Janvier. 3. 15.

Reçu de Reçu

l'Ecole des Beaux-Arts

M.

de

Delaroche

l'année 1847, intérêts de

le la

196 50

quatrième trimestre

somme

de

1

de

10.000 francs.

I

.750

»

93

»

Février. 2. 9.

Reçu de

l'Ecole des Beaux-Arts

Reçu de

M

mi

de

Waldembourg pour un

tableau repré-

JWiVA (vendu à Bulier) Plus pour remboursement des frais sentant

10.000

»

72

»

180

»

200

»

100

»

Mars. 3.

Reçu de

2.

Reçu de l'Ecole Reçu de M. P. Delaroche un acompte sur

l'Ecole des Beaux-Arts

Avril.

Ki.

le

premier

trimestre de l'année 1818

Mai.

complément du premier

1.

Reçu de M.

3.

Reçu de M. Giroux pour acompte sur

P.

Delaroclie

le

trimestre de l'année 1818, intérêts de le

I

40.000 francs

Samaritain

.

.

I

.330

»

I

.000

»

Reçu de l'Ecole

164 70

8.

Reçu de

188 30

8.

Reçu de l'Ecole Reçu de M. Jules Delaroche pour le compte de son frère le deuxième trimestre de l'année 1818 pour les

II.

Juin. l'Ecole

Juillet.

22.

intérêts de la

somme

de 110.000 francs

181 50

I

.

730

«

185

»

Août. 5.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts


APPENDICE Septembre. 4.

Reçu de

7.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de M. Giroux acompte sur

l'Ecole dos Beaux-Arts

178

»

1N.">

»

2.000

»

.750

»

Octobre.

le

Samaritain

Novembre. 14.

Reçu de M. Delaroche pour rente de

la

somme

le

troisième trimestre de

la

de 140.000 francs

I

21 .830 20

Plus Horace

a

reçu

mois du traitement

12

de l'Ins-

1.200

titut

»

38 80

Intérêts d'une obligation piémontaise Intérêts à 3 p. 100 de l'argent cbez le banquier

....

94 35

23.103 33

Total de la recette de 1848

1849 Janvier. 6.

Reçu de Giroux acompte sur

Samaritain

le

3.000

»

1.750

»

Février. 21.

Reçu de

M.

Delaroche

le

dernier

l'année 1848 des intérêts de la

trimestre

somme

pour

de 140.000

l'r.

Mars. 3.

Reçu de

l'Ecole des Beaux-Arts les

février 1849

mois de janvier

....

382 50

mois de

17.

Reçu

21.

Reçu de M. Giroux acompte sur le Samaritain Reçu de M. Giroux pour complément de 8.000 prix du tableau le lion Samaritain

de l'Ecole des Beaux-Arts

novembre 24.

et

et

pour

les

décembre 1848

294 50 1

.000

»

I

.000

»

2.500

»

.750

»

9.500

»

573

»

francs,

Mai.

Reçu en Afrique de M. Leroy, notaire, Reçu de M. Delaroche rêts de

les

revenus de

de Ben-Koula

la terre

1

le

10. iioo francs

premier trimestre des inté-

pour l'année

ISP.)

I

Juin.

Reçu de tait

Reçu de

mai

la

à

liste civile

Horace sur

l'Ecole

des

premier acompte sur ce qui resles

travaux

faits

Beaux-Arts pour mars,

avril

el


LES VERNET Juillet.

13.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts pour juin Reçu de M. Goupil, premier acompte sur

20.

Reçu

9.

représentant

le

le

193

»

3.000

»

1.750

»

tableau

général Bonaparte

deuxième trimestre des intérêts de 140.000 fr. par les mains de M. Jules Dclaroche pour l'année le

1849 Août. 2.

Reçu de

l'Ecole des

Beaux-Arts pour

196 50

juillet

Septembre. 8.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts

189 50

3.

Reçu de Reçu de

193

»

9.500

»

99.000

»,

750

»

Octobre.

9.

restait 13.

l'École des Beaux-Arts la liste civile le

les

travaux

Reçu de M. l'Empereur de Russie pour sentant la prise de

21.

deuxième acompte do ce qui

dû à M. Vernet sur

Reçu

le

pour

le

faits

tableau repré-

Wota

troisième trimestre des intérêts de 140.000

1849

l'année

par

les

mains de

M.

fr.

Jules

Delaroche

1

.

Novembre. 3.

Reçu de

l'Ecole des

189 50

Beaux-Arts

Décembre. 15.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts

196 50

Total de la recette de 1849

....

137.908

»

1.200

»

Plus Horace a reçu 12 mois du traitement de l'Institut

38 20

Intérêts d'une obligation piémontaisc

Total général de la recette de 1849

Sur

cette

somme

....

139.146 20

105.549 francs 35 ont été employés à

l'achat de 6.000 francs de rente le 18 octobre 1849.

1850 Janvier. 5.

Reçu de

8.

Bcçu de M. Goupil

l'Ecole des Beaux-Arts le

mois de décembre

18 49 le

tableau représentant

le

un champ de

en

bataille

193

»

5.000

»

complément du payement du général Bonaparte visitant Italie


APPENDICE Février. à 2.

1

Reçu

le

mois de janvier de l'Ecole des Beaux-Arts

.

193

»

750

»

186

»

180

»

1.750

»

186

»

.

Mars. 14.

Reçu de M. Delaroche pour le

2.

les intérêts

de 140.000

quatrième trimestre pour l'année 1849 (par

mains de M. d'Eichtal) Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts

fr.

les 1

le

mois de

lévrier.

.

.

.

Avril. 2.

20.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts le mois de mars .... Reçu de M. Eichtal les intérêts de 140.000 francs le premier trimestre pour l'année 1850

Mai. 7.

Reçu de

l'Ecole des Beaux-Arts

Juin. 3.

Reçu de

l'Ecole des Beaux-Arts

20.

Reçu de

la liste civile le solde

les

Sur

travaux

cette

faits

somme

196 50

de ce qui restait dû sur 28 700

par M. Vernet

.

»

de 28.700 francs, 20.000 francs ont été

employés pour

l'achat

de vingt obligations

de.

la

Liste civile. Juillet. 1

à 2. 24.

Reçu de

l'Ecole des

189 50

Beaux-Arts

Reçu de M. Delaroche

le

rêts de 140.000 francs

deuxième trimestre des

inté-

pour l'année 1850

1

.750

»

Août. 1.

16.

Reçu de Reçu de

196 50

l'Ecole des Beaux- Arts la liste civile

pour

les intérêts

3.200

»

186

»

Septembre. 3.

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts

Octobre. 6.

196 50

Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts

Reçu de M. d'Eichtal

les intérêts de 140.000

francs,

troisième trimestre pour l'année 1850 13.

Reçu de M. Goupil pour permission de graver sident

le

1.750

»

2.000

»>

Pré-

Novembre. 2.

Reçu de

l'Ecole des Beaux-Arts

189 30

Reçu de

l'École <b>s

Beaux-Arts

189 30

Décembre. L.


LES VERNET

234 21.

Reçu

paiement du portrait

le

du

Président de

la

République

Sur

cotte

été

il

Plus Horace

a

reçu

M. Marcuard

a

louché pour M. Vernet

le

:

traitement de l'Institut

Le 31 mars premier semestre de

»

2.985

»

2.985

»

de

li.000 francs

Le 30 septembre, deuxième semestre de

même

la

.

Intérêts

1.200

:

rente 3°

»

H. V.

rente 5 p. 100 2°

63.188

emploi

a fait

entendu.

l'a

Signé

»

de 15.000 francs, 10.000 francs ont

remis par moi à M. Vernet, qui en

comme

15 000 .

somme

pour un

semestre

d'une

obligation du

Piémont 4

Ù

36 50

Intérêts de vingt obligations

Total de

la recette

île

la Liste civile

.

.

.

~

497 50

.

70.892

de 1850

1851 Janvier. 7.

Reçu

le

mois de décembre, traitement de professeur

l'école des

Reçu

le

à

Beaux- Arts

quatrième trimestre de

la

rente de 140.000

186

»

750

»

193

«

70

»

186

»

fr.

pour l'année 1850 (chez M. d'Eichtal)

1

Février. 1.

14.

mois de janvier Ecole de.s Beaux-Arts Reçu les intérêts de deux actions des Courses de Reçu

le

Versailles

Mars. février. Ecole des

Beaux-Arts

13.

Reçu

le

mois de

ti.

Reçu

le

mois de mars. Ecole des Beaux-Arts

7.

Reçu

le

premier trimestre de

Avril.

la

18li

>

rente de 140.000 francs

1.750

pour l'année 1851 (chez M. d'Eichtal)

»

Mai. 3.

Reçu de

l'Ecole des Beaux-Arts le

mois

Reçu

deuxième trimestre de

rente de 110.000

189

d'avril

.">0

Juillet. II.

le

pour l'année 1K31

la

fr.

1.750

»


APPENDICE

235

Septembre. 5.

Pris par

Mmo Vernet

chez M. Marcuard provenant de

la

rente 5 p. 100

500

»

750

»

Octobre. I.

Reçu

15.

Reçu

troisième trimestre de

le

la

rente de 140.000

fr.

pour l'année 1851 2'\.

I

.

loyer de la nouvelle maison

le

108 25

Marcuard provenant de

Pris par M"" Vernet chez M.

la

rente 5 p. 100

1

.

000

»

I

.

000

»

Novembre. 20.

Pris par

M mc Vernet

chez M. Marcuard provenant de

la

rente 5 p. 100

Reçu

le

chez M. Marcuard provenant de

I" février 1X51

rente de a p. KM)

la

2.

Je n'ai pas intérêt.

Reçu en mars provenant de

rente de l'Etat

la

2.

Septembre. 3.

chez M.

Pris

Marcuard provenant de

la

rente sur

la

500

Liste civile 22.

Reçu de M. Vernet. loyer de

la

nouvelle maison.

...

17

»

30

15. 136 25

Plus M. Vernet a reçu 1°

Le traitement de l'Institut

2° 7

3° \"

:

I

mois de traitement de professeur

Remboursement de

Un

la terre

vendu

petit tableau

à

M. Dumidoff représentant

200

»

.375

»

2.500

»

7511

»

I

de Ben-Koula

.

le

Choléra. 5°

Un

tableau vendu à M. Goupil, représentant une

ballade de Chabot (i"

7"

(les

Adieux).

Un acompte du tableau de Un

petit

tableau

brebis allaitant

sujet

la

Prise de

d'Afrique

Home.

Une

(réplique),

un enfant.

1852 Janvier. 3.

Reçu chez M. d'Eichtal

le

quatrième trimestre de

la

rente de 140.000 francs pour 1X51 7.

Reçu

7.

Pris chez

les loyers

de

la

I

nouvelle maison

.

15 75

Février.

M. Marcuard, banquier, sur nos revenus

.

.

.

1.200

»


LES VERNET

236

Mars. 4.

Pris chez M. Marcuard, banquier, sur nos revenus

.

.

.

1.500

»

1.750

»

.000

»

Avril. 1

.

Reçu de M. d'Eichtal le premier trimestre de de 140.000 francs pour l'année 1851

la

rente

Mai. IN.

Pris chez M. Marcuard, banquier, sur nos revenus

.

.

1

«

M"'

Pélisse

(par Horace Vernct).


LETTRES ÉCHANGÉES EN 1856

ENTRE Nx\POLÉON

III

ET HORACE VERNET

AU SUJET DE LA PEINTURE DELA PRISE DE M A LA

Biarritz,

Mon La

"26

A

FF

août 18jd.

cher monsieur Horace Vernet,

prise de MalakoiT étant le fait capital de la

ai demandé le tableau comme ment. De son côté le ministre

à l'artiste le

Igjnême

a conlié

ne serais pas fâché de voir ce peintre

le

campagne

sujet à

la

M. Yvon. Sans doute

représenter aussi. Mais

quelconque vous pouviez tenir à vous en occuper justement acquise. Je

d'Orient, je vous en

plus capable de la reproduire digne-

seul,

la

si

je

par un motif

préférence vous est

maintiens, et au besoin je ferai charger M. Yvon de tout

autre tableau.

Croyez à tous mes sentiments. Napoléon,

Sire,

Je remercie Votre Majesté de ce qu'elle a daigné trancher en

proposition qui m'avait été adressée par S. E.

le

ma

faveur

la

ministre d'État. Je vais, con-

formément au désir qu'elle m'exprime, reprendre mes travaux pour l'exécution du tableau de la Prise de Malakoff. C'est un duel, Sire, je ne me le dissimule pas, entre M. Yvon et moi, puisque son tableau et le mien représentent le même sujet, et qu'ils sont destinés à la même me donne le

Ce contact ne peut être considéré autrement, mais

décorer

salle.

Age

droit de ne pas

Si j'acceptais l'offre

mon

m'en préoccuper.

que daigne

me

faire

Votre Majesté de priver un

homme


LES VERNET

238

de talent, jeune el plein d'ardeur, d'une belle occasion de se montrer digne du

choix de M.

ran de

l'art

le

ministre, ce serait

un procédé

inqualifiable de la part d'un vété-

qui doit à son tour aux jeunes artistes l'appui qu'il reçut lui-même

de ses maîtres au début de sa carrière. Je suis, etc.

Horace Vernet. 30 août 1850.

Tète de cheval

(par Carie Vernet).


TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos.

Joseph Vernet Carie Vernet.

Horace Vernet Appendice.

.

La marchande d'eau-de-VIE (D'après la gravure de

{Clichés de la

(par Carie Vernet).

Dchucourt.)

maison Cueille

et

Despréaux.)






Il

AU





<P1-

BélL


GETTY CENTER LIBRARY

3 3125 00596 2499



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