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2014
https://archive.org/details/lesvernetjosephcOOdayo
ARMAND DAYOT INSPECTEUR DES BEAUX-ARTS
PARIS LIBRAIRIE GEORGES BARANGKK 5, Ru* dss Saints-Pères, 5
1898
HE GETiY CENTER
UBRAW
IL A
ETE TIRE DE CET OUVRAGE
70 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DES MANUFACTURES IMPÉRIALES DU JAPON
30 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE CHINE EXTRA FORT
LES VERNEÏ
y
OUVRAGES DE
TABLEAUX ET STATUES
M. ARMANI)
(Jean Mériem).
(Espagne
—
LE SALON DE
vol. in-8°
colombier
1884.
1
LES MÉDAILLÉS DU SALON DE
—
Italie
1886.
1
Portugal).
1
vol. in-8° raisin.
vol.
grand in-5°
[Contes et Nouvelles).
LES COURSES DE TAUREAUX EN ESPAGNE.
UN SIÈCLE
D'ART.
vol. in- 16
1
RAFFET ET SON OEUVRE.
vol.
1
1
vol.
in-8".
in-18 jésus
vol. in-8"
1
jésus
vol. in-8°
1
CHARLET ET SON OEUVRE.
...
:
LES MAITRES DE LA CARICATURE FRANÇAISE AU XIX' SIÈCLE.
L'AVENTURE DE RRISCARD
vol. in-8"
1
3 fr.
50
7 fr.
50
vol. in 18
i
CROQUIS DE VOYAGE
DAYOT
60
fr.
»
60
fr.
..
6
fr.
»
3
fr.
50
10
fr.
»
20
fr.
»
6
fr.
»
6
fr.
»
LE SALON DE
1890.
LE SALON DE
1891.
ld.
6
fr.
.
LE SALON DE
1892.
M.
6
fr.
»
15
fr.
»
25
fr.
»
25
fr.
»
12
fr.
»
3 fr.
50
vol. in 8
1
3
colombier
.
.
.
1812 (D'APRÈS LE JOURNAL ILLUSTRÉ D'UN TÉMOIN OCULAIRE).
NAPOLÉON RACONTÉ PAR L'IMAGE 1
60
,
1
Vol. ill-8°
(d'après les images et les documents du temps).
LES JOURNÉES RÉVOLUTIONNAIRES, 1830-18i8
[Récits et impressions).
1
.
.
(d'après les images et les docu-
ments du temps)
LE LONG DES ROUTES
».
[ouvrage couronné par l'Académie française).
vol. in-8°
LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
fr.
vol. in-18. jésus
Pour paraître prochainement
:
LA FIGURE DE LA FEMME DANS L'ART.
En préparation
:
LA MADONE. LES FERMIERS GÉNÉRAUX CHEZ EUX.
êvreux, imprimerie de chaules hé risse
ARMAND DAYOT INSPECTEUR
DES"
BEAUX-ARTS
LES VERNET JOSEPH
—
—
CARLE
HORACE
\ \
PARIS LIBRAIRIE GEORGES BARANGEK Rue des Saints-Pères, 5 5>.
1898
o
Le Ponte K o t t (Music Hu Louvre. Gravure de M. Romagno)
AVANT-PROPOS
Ce
livre paraîtra à l'heure
même
où un comité
fort bien inspiré,
réalise l'idée d'une exposition de l'œuvre des Vernet.
Cette heureuse circonstance efï'orcé
de résumer de son mieux
donne
à cet ouvrage,
les aspects si divers
où l'auteur
du
sujet, le
s'est
double
caractère d'un guide pratique, bien que d'un format un peu imposant, puis d'un
du
document qui prolongera peut-être utilement, dans
l'esprit
visiteur, le souvenir de l'intéressante manifestation artistique
l'Ecole des
Beaux-Arts aura été
le
théâtre dans
le
dont
courant du mois de
mai de l'année 1898.
A
l'heure où nous écrivons ces lignes, l'exposition des œuvres de
Joseph, de Carie et d'Horace Vernet n'est pas encore ouverte, mais
la
faveur marquée avec laquelle l'opinion a accueilli
la
la
nouvelle de
constitution du comité chargé de l'organisation de cette véritable fête artistique, est
une sûre garantie do succès.
AYANT-PROPOS Une impression générale de a
même
répondu
à cette
velle
lorsque
le
surprise
bonne nou-
comité a mani-
festé son intention de
consacrer
une
partie
des recettes de l'Exposition à l'érection d'un
monument aux
trois
artistes.
Eh quoi
une
à
!
époque où chaque carrefour
a
homme
de
son
grand
pierre ou
de bronze, aucune gure
fi-
commémorative
ne rappelle
les
traits
de Joseph, de Carie,
d'Horace Vernet?
Comment La
franchi
L'arbre
!
*
(Par Carlo Vernet.)
berceau de
la
marbre d'un de
ses plus illustres enfants, la
du grand chef
noble dynastie, de Joseph, sur les
rives et
d'Avignon elle-même,
famille Vernet, n'a pas
su dresser l'image de
de
ville
du beau fleuve
dont
il
a et si
qu'il a tant
aimé
triomphalement célé-
bré les bords pittoresques et les eaux
limpides
!...
En décidant que auraient
nument
le
même
socle,
s'élèverait
Louvre, qui
fut
les
à
trois et
que
l'ombre
en quelque sorte
figures le
mo-
de
ce
la gloCroquis caricaturai, du graveur Tariueu
rieuse
demeure des Vernet, car Joseph
(Par Horace Vernet, cabinet des estampes.)
m
AVANT-P ROPOS y mourut, Carlo y vécut et Horace y naquit,
Du même artistes,
coup, un solennel
au peintre inspiré de
la
le
comité a sagement
agi.
hommage
sera rendu aux trois grands
mer
ciel,
et
du
au peintre spirituel des
élégances sportiques et mondaines de son temps, au peintre fidèle et fervent du soldat français et de nos gloires militaires... Si leur talent s'est
très
diversement manifesté,,
il
existe cependant
entre leurs facultés natives de profondes et mystérieuses affinités, et
jamais cœurs ne furent plus unis par des liens plus tendres. Et vraiment, on se
mis
si
c'est
longtemps à
s'il
faut regretter
bole de
la
se dresser,
plus noble et de
Le sentiment qui collectif
en bonne place, la
la
postérité ait
les
comme un
est le
même
du cœur. un monu-
que celui qui nous a dicté
mémoire des
célèbres artistes. A. D. Avril 1898.
f
ii.
le
le
monument que nous nous sommes
d'élever aussi, de nos faibles mains, à la
La
vont
touchant sym-
a inspiré à quelques-uns l'idée d'élever
aux Vernet,
puisque
trois figures
plus intime union de l'esprit et
plan de cet ouvrage, très modeste efforcé
que
glorifier individuellement les trois peintres,
grâce à cet oubli, bientôt réparé, que
simultanément
ment
demande
d'Horace Verne t enfant 1
(D après une sépia d'H. Vernet. Collection de M. André Delaroche-Vernet.
trois
J0SE1MI
VERNET
(d'après le portrait de Vanloo)
LES YERNET
JOSEPH
«
Louis XV, nous raconte Chamfort, se
peindre par La Tour. Le
fit
peintre, tout en travaillant, causait avec le roi qui paraissait le trouver bon.
La Tour, encouragé lui dire
:
Au
«
sechement
:
«
fait,
et
naturellement indiscret, poussa la témérité jusqu'à
sire,
vous n'avez point de marine
Que dites-vous là? Et Vernet donc
L'anecdote est piquante lière légèreté
de cœur à
dénote à
et
du
la veille
»
Le
roi
répondit
»
!
chez
la fois,
!
le
souverain, une singu-
de Paris, et une opinion très
traité
lia
l-
de Joseph Vernet, son peintre de
teuse, bien qu'étrangement formulée,
marine. C'est d'ailleurs vers cette cette fois par la la favorite,
époque que Louis XV, heureusement conseillé
Pompadour, donna
subitement élevé à
des bâtiments du
France, qui est
roi,
de
l'ordre au
la dignité
commander
marquis de Marigny, frère de
de directeur
et
ordonnateur général
à Vernet cette belle suite des ports de
comme une suprême
et
mélancolique représentation de
puissance et de la richesse nationales de nos grandes la veille
aujourd'hui encore, malgré
le
le
grand peintre de marine du xvm e
il
encadre son
reconnaît volontiers que, depuis l'époque où Brouillard dont la vue enthousiasmait rition était saluée par les salonniers latin
très hyperbolique,
siècle,
luxe, parfois excessif, de fantaisie pitto-
resque et architecturale, dans lequel
en un
maritimes, à
d'une complète ruine.
Joseph Vernet fut réellement et
villes
la
si
fort
il
sujet
la
on
peignit la Tempête et le
Hubert Robert,
du temps en prose, en
rarement
préféré,
sauvage
et
et
dont l'appa-
vers, et
môme
mystérieuse poésie 1
LES VEH.NET
%
de
la
mer
fut
exprimée avec une force plus vraie, avec un charme plus
pénétrant.
Sans doute bien des inégalités existent dans l'œuvre de Joseph Vcrnct qui,
pendant plus d'un demi-siècle, ne cessa de produire,
surtout
dans
les
libre
parfois,
premières -années qui suivirent son départ d'Avignon,
d'agir au gré de sa fantaisie, de fixer en toute franchise de pinceau ses
C LA 1 n HE LUNE
S L'M
[Musée du Louvre. Gravure
<\c
LA
MER
M. Romagnol.)
fraîches et lumineuses visions, puis trop souvent asservi,
verrons bientôt, alors qu'il était
Mais
diminuer trop
la
à
l'impitoyable tyrannie de
devenu
la
œuvre
est exquise,
l'éclat, si riche et si varié,
tradition
d'honneur, dans
la
venturé Peters, des de Yelde, etc.
Il
le
extravagantes,
victime d'une universelle célébrité.
(leur de celle
exclusive
commandes
comme nous
à
et c'est
presque vouloir en
que de persister conformément à une
confiner Joseph Vernet,
même
à
une place
phalange des grands peintres de marines, des Bona-
Thomas
aimait d'un
Jones, des Stanfièld, des Backuysen, des van
amour presque
égal la mer, le ciel et l'huma-
J
parmi
nité, et
les prestigieux
OS Kl'
Il
VERNET
peintres maîtres de
la ligure
nul n'a mieux compris et plus spirituellement exprimé que
mouvements,
attitudes et des
nomies,
la
grâce des poses,
les
galante préciosité des manières et parfois
la
au xvm e
siècle,
des
lui la vérité
jeux des
même
la
physiotragique
allure des désespérés.
Je ne connais pas d'images évoquant plus nettement la physionomie de
au siècle passé que ces superbes
la vie extérieure
de Cochin et Lebas, d'après Vernet,
du
dans
la
sur les larges quais de Toulon, de Mar-
soleil,
deaux, grouille, peine, se pavane
la foule
gravures
blanche lumière
seille
et
Bor-
de
\
ou haletante. Chaque dé-
oisive tail
et où,
et fidèles
de costume, chaque ex-
pression
ment,
chaque mouve-
,
est l'effet défi ni lif
d'une observation profonde, de pénétrantes
recherches d'art.
chaque unité
a
Ici
été
d'une savante
l'objet
et consciencieuse
ana-
lyse,
l'en-
certes
et
semble pas
n'en
de pêcheurs
(détail).
résume admi-
et
rablement et
Groupe
souffre
houleuse agitation des foules autour de groupements calmes
la
dominateurs. C'est la
peinture de la vie, de toute l'activité humaine, et on
demande pis décors ou de
ce qu'on doit la
admirer
ne se
plus de la solennelle majesté des
le
vibrante intensité des détails.
D'ailleurs tout motif de nature n'a-t-il pas (Hé, presque toujours,
prétexte pour Joseph Vernet, à favoris tives,
:
gentilshommes
et
camper des groupes dans un de
un
ses cadres
nobles dames, pécheurs aux silhouettes atten-
marchandes de poissons
affairées,
muscles convulsés, turcs bedonnants
et
naufragés aux torses nus
et
aux
majestueux, esclaves grecques aux
chevelures emportées Parfois au bord d'une claire rivière, à l'ombre de rochers cyclopéens
LES YEKNET
6
dans
découverts dans les cartons du Guaspre ou Rosa, les
il
les
toiles
du jSalvator
nous montre déjeunes baigneuses, d'une divine beauté de formes,
comme
unes nues
des Vénus naissantes, d'autres prêtes à se diviniser
en se libérant, avec des mouvements d'une grâce troublante, de
L
A
P ÈC
II
E
A
L'ÉPERVIE
la
chemise
H
bourgeoise qui voile encore timidement une partie de leurs splendeurs callipygcsques.
Et tout ce
monde
respire et s'agite sous la rayonnante clarté d'un ciel
largement déployé où Vernet, ce grand peintre de l'universel mouvement, se plaît à faire évoluer (lottes fantastiques
comme l'a
dit,
que Claude
le
Lorrain, en cherchant à
décrire les triomphes du soleil et les lumineuses splendeurs
contré la célestes,
mer
et
Vernet
flottes, les
des nuages.
comme on
S'il est vrai,
sur ses océans, d'innombrables
en a
lui, a
fait le
mirage profond
découvert
le ciel,
et
du
ciel, a
ren-
rayonnant des splendeurs
en peignant
la
mer,
et avec
un égal
JOSEPH VERNET amour la
il
7
a exploré les profondeurs, parcouru les espaces, et décrit la joie,
mélancolie
et les colères
des deux immensités.
L
R
ROCHER PERCÉ
Joseph Vernet naquit à Avignon
le 11
août 171
Vernet, habile peintre de fleurs et d'oiseaux dont
i.
Il
était lils
l'art spécial
d'Antoine
déjà très en
LES VER.NET
8
vogue au commencement du xvme siècle consistait surtout à orner des chaises à porteurs,
de mascarades
parfois de scènes champêtres et
qu'il décorait aussi
».
La nature, nous apprend Léon Lagrange,
«
dernier,
ce
«
s'était
d'Antoine Vernet en
montrée
d'une
exceptionnelle
à qui
fut le
second de
nous empruntons
la famille et l'aîné des
comme
travaux décoratifs, dont
ses jours, son
dit le
les plus vifs éloges, tandis le
dans
la
et
des dessus de porte et des
et le profit. »
(?),
dont
il
lui
décorait la salle à manger,
qu'on regardait à peine l'ouvrage d'Antoine.
campagne de Rome,
rêvait déjà de
sa précoce
un chevalet,
génie naissant de Joseph Vernet qui, dans quelques années
trop étroite, de ces efforts 11
et
à
partageait à la fois avec railleur de
il
devait se manifester subitement, avec et
de son père, puis
biographe, des fruits peints par Joseph
valurent de la part d'un cardinal
Mais
l'atelier
môme
premier maître, l'honneur
môme, nous
Bientôt
dans
montre commençant,
le
en collaboration avec son père, des
chaises à porteur, des carrosses, voire ;
biographiques des pre-
cadeau d'étrennes, une palette
dès l'âge de quinze ans peignant,
trumeaux
l'égard
à
libéralité
mâles. M. Léon Lagrange,
les plus intéressants détails
à l'Age de cinq ans, à dessiner la tète,
ans recevant,
renseigné de
père de vingt deux enfants.
était
il
mières années laborieuses de Joseph Vernet, nous
huit
si
apportant chaque année un nouveau rejeton. Si
lui
bien qu'après trente ans de mariage
Joseph
l'historien
un
éclat
si
rare, au
souffrait visiblement
communs dans un genre
bord du Tibre
de cette collaboration qui n'était pas
le sien.
modèles autrement vastes que ceux qui étaient imposés à
habileté
par
la
douce autorité paternelle,
larges et profonds paysages baignés par
le
Rhône
et la
et
c'était
dans de
Durance, inondés
d'une brillante lumière, ornés de cyprès, de pins, de chênes verts, d'imposantes ruines... qu'il projetait de donner un libre essor aux oiseaux que son
pinceau emprisonnait dans
le
cadre minuscule des écussons, et de faire
s'épanouir les fleurs que les exigences de son métier de décorateur l'obligeaient à fixer Aussi, en
le
long des montants et des frises des chaises
attendant l'heure
de
pouvoir réaliser son rêve,
peintre aimait-il, aux instants de loisir, à s'égarer dans cette riante et
si
belle
porteur. le
jeune
campagne
du pays d'Avignon, à errer mélancoliquement
rivières peuplées d'îles et
à
le
si
long des
bordées d'arbres, qui l'arrosent, à s'asseoir aux
JOSEPH VER.NET
de fabriques rustiques et de
pieds des collines rocailleuses couronnées
châteaux écroulés, emplissant ses yeux de
àme même,
natal dont son
Un jour
d'artiste le
diable le tentant,
acheta
le travail,
par une bonne éducation
le
la
il
acheta une
tableau
P
KC
qu'il
II
E
toile, et se
mystérieux cardinal,
le
«
et
fit
A LA
H
le
vit à
mit à y l'œuvre,
promettre au père de cultiver de son
les talents naissants
Antoine Vernet comprit
lumineuse majesté du pays
gardera une éternelle impression.
peindre un paysage. Le cardinal,
admira
9
fils
».
LIGNE
ne pouvait persister à vouloir faire de son
élève un simple décorateur, et à contrarier plus longtemps ses tendances naturelles,
sans s'exposer à détruire dans sa Heur un génie précoce,
et
plein de brillantes promesses.
«
le
que Joseph Vernet
fut décidé
11
grand
art
»
peintre décorateur
dans
l'atelier
du
comme Antoine
se
rendrait à Aix et qu'il étudierait
vieil
ami de son père, Jacques
Yiali,
Vernet, mais qui cependant de temps
autre se plaisait à brosser, de chic, un
porl
de nier ou un coucher
à
de
soleil.
Ce
fui
en
1732, pendanl
son
séjour
à
Aix, que Joseph
Vernet put
LES VERNET
Il»
exécuter, grâce à la protection de son compatriote le
premier travail important de sa Notre
Sur
artiste
la
avait
marquis de Caumont,
le
vie,
alors dix-huit ans.
M mc
recommandation du marquis de Caumont,
Simiane,
Sévigné
marquise de
la
petite-fille
décoration
M me de
chargea de
le
,
de
la
dessus
des
de
porte de son hôtel.
Lors de
commande,
la
de
livraison
la
écrivait
elle
marquis de Caumont
au
:
M. Vcrnet est content et
«
moy beaucoup
de luy. Les
dessus de porte sont admirables, j'en ay pris douze...
Au début
de sa carrière
artistique, qui devait être
longue seph
et
»
si
Vernet
Jo-
brillante,
eut
si
dans
la
noblesse avignonnaise deux puissants protecteurs.
bord qui,
le
D'a-
marquis de Caumont
comme nous venons
le voir, lui fournit,
de
pendant
son séjour à Aix, l'occasion Joseph Vernet
(d'après
(Collection do
un crayon
original de Latour).
d'affirmer les rares qualités
M. André Dclaroçhc- Vernet.)
de l'exécution d'une
œuvre d'une
réelle
importance
son ;
jeune
talent
dans
puis le comte de Quin-
son, dont l'affection paternelle pour le jeune artiste se manifesta en toutes
circonstances,
et
grâce à l'influence duquel
il
put, bien que n'ayant pas
concouru aux grands prix de l'Académie,
se
recueillir de
rencontrer de
si
précieux enseignements,
rendre en
Italie si
où
il
devait
nobles sujets
d'inspiration, peindre tant de chefs-d'œuvre. C'est au milieu de l'année
1734 que Joseph Vernet
riche d'un petit pécule, dû à la générosité de ses
partit
pour
deux protecteurs.
l'Italie,
Les Baigneuses
(dĂŠtail).
JOSEPH V EH NET Antoine Vernet contribua aussi à
13
formation de
la
la caisse
de voyage en
y versant ses économies, 200 livres, dit-on.
Notre artiste avait alors près de vingt ans.
En
arrivant sur les hauteurs qui
mer
s'étend sur la paraît-il, «
jusqu'au
Vite un crayon
l'appelle, les
patientent, le
,
mer sans
limites,
et d'où
la
vue
Vernet s'enthousiasma,
délire.
Et
le voilà
voiturier
voyageurs s'imfaut repartir,
il
jour tombe.
rien
!
Le
dessine.
qu'il
bleue, sur la
dominent Marseille
n'entend
Il
tout entier au plaisir
de ses yeux, nature
— on
il
s'enivre de la
le presse.
«
Et!
«
laissez-moi, je vous rejoin-
te
drai
en route.
»
La nuit
seule, en lui dérobant la vue
du paysage, l'obligea à quitter Harassé,
place.
la
Groupe de personnages
(détail).
affamé,
couvert de poussière, c'est à l'auberge seulement qu'il rejoignit arrivé depuis plusieurs heures
La traversée de
'.
beauté
coche,
»
Marseille fut des plus
à l'émotion des tempêtes dont
le
il
devait
mouvementée si
et initia le peintre
souvent exprimer
la tragique
!
L'amour de Vernet pour
la
mer
s'y
manifesta sous une forme héroïque.
D'ailleurs son intrépide altitude au milieu des flots déchaînés a été popu-
par
larisée
la
peinture, par l'estampe, et
môme
par la chanson des poètes.
Voici l'émouvant récit que nous fait de ce premier voyage en
biographe «
Il
navire,
si
bien renseigné du peintre
vogue vers il
l'Italie,
écrit
mer
le
:
M. Lagrange,
et,
debout à l'avant du
ne peut rassasier ses yeux du spectacle de
la
mer
mais
bientôt la houle se creuse, et l'œil étonné du voyageur voit des abîmes s'ouvrir devant lui.
1
Léon I.ngrango.
Une
teinte
plombée
se
répand sur
la surface
de
la
mer.
LES VERNET
14
Le
devienl
flol
sombre
Les passagers désertent matelots se préparent, l'impression
pour délier soleil,
menaçant, un vent violent
el
le
le
ponl un
roulis.
grain s'avance. Mais Vernet ne peut s'arracher à
Enfin voici
VCE
lianes
le
L'o-il
le
grand ouvert, l'âme
sifflent, les et
partout,
comme
à
le
un signal
E V A N T
le
long de ses murailles, puis
bord, balayant tout sur leur passage.
Ou
est
jeune peintre.
en lui-même. Autour de
ment,
DU L
s'accroche au bordage
nuages noirs voilent
des
:
le ciel,
du navire puis montent en murailles
devenu
lire
grain
Il
nier irritée se lève, les lames bondissantes se jettent contre les
la
passent par-dessus
elles
le
un demi-jour sinistre éclaire seul
donné,
fouette au visage.
un. Le capitaine hoche la tête. Les
à
multiple qui transforme son âme. le
le
saisie, lui
il
regarde,
tout tremble.
il
comprend,
Le vent mugit,
mâts gémissent, des voix lamentables semblent
celui-ci, ballotté
nier en délire. La place
dans l'espace,
il
n'est plus
commence les
sortir
à
cordages
du bâti-
qu'un hochet pour cette
n'est plus tenable, le pont se
dérobe sous
les pas.
OS Kl'
,1
Que
Comme
front haut, a
un poste d'honneur,
continue de dominer
il
vagues en fureur,
Il
que
au mât du navire,
et,
la vie ait été
lui-même,
mer, de ce baptême des
»
racontée avec un plus grand luxe
de Joseph Vernet. Et cela vient de ce que ce dernier,
celle
dès ses débuts dans
de peintre, eut l'heureuse idée d'écrire ces
la carrière
document autobiographique du plus grand
Livres de raison,
manœuvre,
L'artiste se révèle à
!
marine.
sort peintre de
il
la
éléments qui l'assiègent.
les
terribles caresses de la
les
peu d'artistes dont
est
de détails
commander
se fait lier
il
Quelle est belle cette ivresse du génie
recevant avec joie
et
15
capitaine qui ne veut pas cesser de
le
lui aussi se croit à le
VERNET
Vernet?
alors
fait
M
intérêt, et
dans
rattachante lecture duquel Vernet nous apparaît tout entier, à travers
les
triomphes de son âge mûr,
les
luttes et les incertitudes de ses débuts, les
défaillances de sa vieillesse.
On
aussi
lit
y
non seulement son
de ses contemporains.
on
voit défiler
les
bourgeois
cardinaux
marchands,
et
ce xvm° siècle
princes,
marquises,
les
grandes dames
ducs
les
rois si
même
éclairé et
et les
plupart
non interrompue,
les
abbés, les
amateurs
et les
si
empereurs; en un mot, tout ce qui, dans
frivole, a
aimé ou 1 .
feint d'aimer les
commença
la
produc-
»
une année après son arrivée à Rome,
Joseph Vernet
et
et les petits
et les financiers,
tions de l'art et a su les payer à leur prix C'est
la
lords anglais, les barons allemands, les seigneurs russes
les
et suédois, les
les
de
sur les verres d'une lanterne magique,
dans ces pages, procession brillante
les
et
Comme
«
niais celle
histoire,
c'est-à-dire en
1735, que
rédaction de ces Livres de raison, qui, sans
lacunes appréciables, devaitse continuer jusqu'en 1788, un an avant sa mort.
M. Léon Lagrange nous apprend,
et
nous
le
croyons sans peine, que
la
reproduction textuelle et complète des Livres de raison était chose impossible qu'il fut
et
chaos de
dans
la
nécessité de soumettre à un
faits disparates.
Il
en
est
1
les titres
généraux de Livre de
Léon Lagrange
ce
résulté trois sériés distinctes de docu-
ments que l'auteur de Joseph Vernet sous
remaniement général
et
la
vérité,
peinture au xvm" siècle a classé
Journal
el
Adresses..
L ES
16
«
Le Livre de
vérité,
c'est l'état
VERNET chronologique des travaux de Joseph
Yernet, dressé de sa propre main. «
Le Journal,
«
Les Adresses,
c'est sa vie
c'est le
racontée par lui-même.
monde au
milieu duquel
il
a vécu.
Les dimensions de notre cadre d'étude nous interdisent
la
»
reproduction
intégrale de ces curieux documents, mais nous ne saurions trop en
Le midi
mander la vie
la lecture à qui désire
xviii
connaître dans tous ses pittoresques détails
mêlées au mouvement artistique
où
et
mondain de
la
deuxième moitié
siècle.
Sans doute tout taire
(l'approche de l'orage).
d'un grand artiste dont toutes les heures de l'existence furent pour
ainsi dire
du
recom-
l'esprit si
n'est pas d'un égal intérêt
dans
cette pièce
documen-
étrangement méticuleux de Joseph Vernet apparaît à
chaque page. C'est
ainsi,
par exemple, qu'il
d'apprendre que
le
importe assez peu à l'historien d'art
20 octohre 1753, à Marseille,
le
perruquier a com-
JOSEPH VERNET mencé le
20
«
de raser
1760
juillet
M. Desproux
le
beau-père du peintre,
est restée
L9
que sa femme ayant accouché
et
quarante jours sans se faire accommoder par
».
Mais aussi, que de renseignements précieux à recueillir dans vérité,
où sont indiqués
commandes
les
et les
Livre de
le
reçus correspondants, où sont
Clair de lune sur la mer
mentionnés
les
salons qui virent les tableaux
et les
ventes par lesquelles
ils
passèrent.
Que ne possédons-nous Il
serait dès lors résolu le
civil
les Livres de raison
de tous nos grands peintres
problème de l'établissement,
si
!
désirable, de l'état
des œuvres d'art.
Mais,
il
faut bien le reconnaître, très rares sont les artistes qui,
Joseph Vernet, se tiennent dans un
si
parfait équilibre entre
le
comme
songe
et
.
LES VERNET
•20
réalité et savent
la
descendre des profondeurs du
ciel,
ou échapper aux eni-
vrantes douceurs des Arcadies rêvées, pour se livrer à des notations dans
genre de celles-ci mantelet,
:
«
Donné étrennes au
coitïe, collier...
Faire
des jarretières, un ruban pour
cheminées fument. Vendre Acheté saucisses
mon
fils
159
et
accommoder mes le
has. Acheter des bougies,
bonnet. Panser
armoire,
pour des
laissé notre
jeune
frais qu'il avait faits
vers
Italie
artiste à
Home
revenait au pays natal, la
s'ignora Virginia
Parker, qui commandait fils
à celle
1734,
Tannée 1751 que
niers parisiens appelaient M. Vernet de
mante femme,
Rome. Courons
l'y
rejoindre.
après ce terrible
parlé, Vernet y séjourna plus de dix-
sept ans, et ce fut seulement à la lin de
il
pour sa thèse,
»
'.
milieu de Tannée
le
baptême des vagues dont nous avons
Parti seul,
les
berceau.
et
lit
si
gâteaux de sève... Payé à M. Drouot agrégé du droit pour
plus un cayer de droit français 12 livres, etc., etc.
Débarqué en
Voir
les sonnettes.
bouteilles, matellats,
livres, et 18 livres
Nous avons
ma femme
Acheter pour
portier...
le
que
les salon-
rentra en France.
accompagné d'une jeune
Parker
époque
celui
2 ,
fille
l'escadrille
et
char-
du capitaine irlandais deux
pontificale, et de
Livia et Orazio.
Dès son arrivée à Rome, Joseph Vernet, obéissant au programme d'étude assigné à son talent par ses nobles et généreux protecteurs qui ne compre-
naient guère qu'un jeune peintre envoyé dans la fectionner dans son art
maîtres académiques toire,
et
pût
pour se per-
rechercher d'autres leçons que
s'inspirer
d'autres
sujets
celles
que de ceux de
des
l'his-
s'appliqua d'abord très consciencieusement, avec une ferveur toute
classique, à peindre la ligure les galeries il
ville éternelle
exécuta
du Vatican, du Capitole
même
dans ces études,
ivres de va ison
'
/.
2
Vanloo on
humaine, promenant son calepin
a fail
des palais romains.
une remarquable copie de qu'il apprit Tari
(j
et
la Flore.
A
la
à
travers
Farnésine,
VA c'est, sans doute
de dessiner avec une précision que jamais
ournal)
un excellenl
portrail qui est la propriété de la famille Delaroche-Vernet.
JOSEPH VERNET ne connut un peintre de paysage,
campagnes
pler ses quais, ses
Mais, en supposant
d'histoire, l'émule
personnages dont
il
allait
bientôt peu-
et ses ruines.
même
Vernet eût senti naître en
les
qu'en sortant de
lui la
l'atelier
de Jacques
Viali,
noble ambition de devenir grand peintre
deSubleyras dont
les
pompeuses compositions obtenaient
M EH CALME alors un
si
grand succès à
difièrent au spectacle de la
Rome
et à Paris,
bien vite ses intentions se
mo-
mer rayonnante, soudainement apparue du haut
des collines qui dominent Marseille, puis vue dans sa plus tragique beauté, soulevée par la tempête, flagellée par les vents et hurlant de tous ses
autour du vaisseau qui
Du même coup, mais, pendant de Il
vit
dans
décoration,
cl
si
il
le portait, lui cl sa
comprit
la
flots
fortune.
grandeur du sujet que son rêve
allait
désor-
longues années, caresser avec un persistant amour.
la
peinture de
le
souvenir
la
nier autre chose qu'un motif gracieux de
poignant du
vaisseau en détresse,
des
lianes
V EH NET
l,KS
22
duquel s'échappaient des genre d'art où
mensité du
la
de terreur et de désespoir
cris
drame humain
représentation du
ciel et l'infini
des
lui
apprit qu'un
aurait pour cadre l'im-
pouvait facilement s'élever à la dignité
flots,
de la peinture d'histoire.
Rome,
Aussi, à peine débarqué à
marine qui put
lui
il
se
mita
la
recherche d'un peintre de
enseigner la grammaire du genre spécial qu'il
allait
bientôt illustrer avec tant d'éclat. Il
trouva
le
vieux Bernardino Fergioni, dont les amvres sont aujourd'hui
bien oubliées, mais dont les conseils étaient excellents et qui initia son
jeune élève à tous les mystères de son art familiarisa avec la technique
le
il
navire, lui expliquant le rôle de
vements de marche,
De
l'atelier
la
si
compliqué. En quelques mois
du métier,
chacun des agrès,
manière d'exprimer
enseignant Yanatomie du
lui
le
jeu des voiles, les
les divers aspects
mou-
de la mer...
de Fergioni, Vernet passa dans celui d'Adrien Manglard,
autre peintre de marine né à Lyon, et qui après y avoir reçu les leçons de
Van
(1er
gioni,
Cabel, était venu s'établir à
Vernet avait appris
artiste, corrigea très
l'A, B, C,
heureusement
Rome
où son succès
grand. De Fer-
était
du métier. Manglard, plus peintre, plus les
lourdeurs du pinceau,
la
sécheresse
de dessin, contractées dans râtelier du vieux praticien. Son influence sur talent de
le
Vernet semble avoir été des plus heureuses.
Malgré nos minutieuses recherches, nous n'avons pu savoir exactement
pendant combien de temps Joseph Vernet glard, mais il
il
est certain
que lorsqu'il quitta
ne dut demeurer que quelques mois,
moyens d'expression
et à la veille
faut bien le reconnaître, ce fut les
avant
il
était
de ce dernier artiste où
en pleine possession de ses
pendant ses premières années les retentissants
dithyrambiques de l'abbé Leblanc
la visite providentielle
l'atelier
d'Adrien Man-
de signer ses plus purs chefs-d'œuvre. Car,
commandes sans nombre, avant
les éloges
suivit les leçons
et
d'Italie,
il
avant
succès parisiens, avant
du Mercure de France,
du marquis de Marigny à son
atelier de
même Rome
que, sans nul souci de la mode, avec toute la fraîcheur de sa jeunesse, avec toute l'émotion de son cœur,
ques trop rares spécimens,
il
peignit ces tableautins charmants, dont quel-
comme
le
Clair de lune... figurent au
à
lui faire
le
Châleau Sainl-Ange,
musée du Louvre
une place d'honneur parmi
les
et
le
Ponte Rolto,
dont l'ensemble
suffirait
plus grands maîtres du paysage.
JOSEPH VERNET
"23
J'imagine qu'une exposition d'art où l'on ne verrait que des œuvres de
Vernet exécutées entre manière, écloses sous Italie,
les
le
années 1735
175 1
et
,
œuvres de
la
première
pinceau du jeune maître pendant son séjour en
obtiendrait aujourd'hui
même un
retentissant succès.
Mais quelle main providentielle pourra jamais rassembler pour
la joie
nos yeux ces petits chefs-d'œuvre vaguement catalogués sous ces divers
Vued" Albano, Paysage de Lariccia,
:
de Nêmi, la Villa Ludovisi,
le
Matin
Lac Lucrin, Pouzzoles,
Sorrente, le
la
la
Chasse aux Canards,
et le Soir, le
Roule
le
Lac
d' Amalfi et «
ces Vues de Tivoli,
pour un habit, veste
passaensuite dans la collection de M. de Julienne, qui l'acheta
et culotte h, livres.
Toutes ces
toiles
charmantes n'ont pas heureusement subi
du fameux Port de mer au périt avec
le
soleil,
l'œil
du
le
triste sort
une des œuvres capitales de Vernet, qui
château de Saint-Cloud, mais leur dispersion dans tous
musées du monde en rend où
titres
Port de Civita-Vecchia,
dont l'une vendue par Vernet, nous apprend Diderot
2.650
de
très
l'art
problématique une exposition d'ensemble
vivement frappé par l'accent instinctivement
visiteur eût été
révolutionnaire de
les
du jeune peintre par
le
de réaction qui
souffle
l'anime contre les doctrines et les formes du passé.
Joseph Vernet, surtout dans ses œuvres premières, futsinon un initiateur,
du moins un précurseur. Son influence sur le
paysage depuis 1830
est
indéniable.
le
mouvement
Sans doute dans
qui s'opère dans les
vues d'Italie
l'amoureuse recherche du naturel s'unit encore parfois à de traditionnelles
malgré
formules, mais
cela,
une pénétrante impression de
dégage, et telles de ses œuvres,
Ange,^ Port de et l'on
se
le
Ponte Botto,
le
fois
toutes choses vivent
si si
fine et
si
savoureuse,
si
jolies toiles,
délicate et
réellement au milieu des reflets
si
forte,
d'une et
où
et des ombres dans
miroir limpide des eaux et sous la clarté vibrante et argentée du
Nous
s'en
Château Saint-
Civita-Vecchia, semblent animées d'un esprit tout moderne,
prend à songer à Corot en contemplant ces
exécution à la
le
comme
vérité
voici bien loin des Courtois et desParroçel, voire
même
ciel
1 .
des Bidault
1 Corot qui devait d'ailleurs, près d'un siècle plus lard, suivre pas à pas pour ainsi dire la ruute lumineuse de Joseph Vernet à travers l'Italie et s'arrêter comme en pèlerinage à chacune des haltes artistiques du grand peintre, avait pour le talent de ce dernier une profonde admiration. Nous connaissons de lui plusieurs curieuses copies d'après les toiles de J. Vernet.
3
LES VERNET
24
cl
des Aligny, suprêmes
vaient
el
animer l'éblouissante
héroïques défenseurs d'un art que seuls pou-
du Lorrain
fantaisie
grand rêve mélanco-
et le
lique de .Nicolas Poussin.
Avant de gagner Paris où l'attendaient
fortune et les honneurs,
la
Verne! séjourna une année à Marseille.
Quelques fervents admirateurs,
les Poulhariez, les Guis, les Taurel...,
tous
négociants
riches
amateurs son
d'art, y guettaient
passage
ils
tirent
lui
et
d'importantes
dont
et
commandes
demandèrent
l'exé-
cution sur place.
Ce que voulaient en ces excellents
effet
Marseillais,
c'étaient de pathétiques re-
présentations de leur port,
de
lumineuses apothéoses
de leurs
flottes
chargées de
richesses, des images terrifiantes de cyclones
où leurs
navires bondissaient au milieu des
vagues monstrueu-
ses sous
un
par
le
ciel
noir déchiré
zigzag des éclairs.
Alin d'ajouter encore à
l'émotion du sujet l'un de Les pêcheurs
i
t a lie n s
ces
çants, un certain M. Bourlat, exigea
de
la
trait
composition,
de
M
On ne
comme
même
saurait vraiment féliciter
songer aux
frais
«
une
figure qui fût le por-
».
Vernet d'avoir asservi son talent aux
exigences parfois ridicules de c?s Mécènes de paraît-il,
commer-
de l'artiste qu'il plaçât au centre
un point lumineux
me Bourlat, son épouse
honorables
du voyage
à
la
pacotille,
mais
il
fallait,
Paris et aux lourdes charges qui
résulteraient de l'installation définitive de toute la famille dans la capitale.
Or, ainsi que l'attestent les Livres de raison,
Joseph Vernet possédait au
JOSEPH
même
phénomène
degré,
du rêve
tion et
Parmi
Marseille (1751 et 1752),
meilleures,
ses
et
2b
le
don de
l
imagina-
très pratique de la vie.
nombreuses
les
ET
IN
assez rare chez les artistes,
un sens
et
V EK
toiles il
en
lors de son séjour à
que Vernet exécuta esl
deux cependant qui compteront parmi
où l'on
rencontre l'exécution libre et
savoureuse des peintures
Ce sont
d'Italie.
et
la
qui
Baigneuses,
les
Tempête
commandées
furent
M. Poulhariez chelou a
fait
lui
par
dont Ba-
et
deux superbes
gravures.
Nous
voici à
l
ime des
dates culminantes de
de
Le
l'artiste.
17ol)
va
déjà
agréé
de peinture depuis
de se
salon
s'ouvrir.
de
la vie
de
Vernet,
l'académie
de sculpture
et
août 1745, rève
le
recevoir sans
faire
retard de ce corps illustre, et
il
éclat.
assuré
veut y
entrer
Aussi,
après
par
avance
avec
d'habileté
(voir
beaucoup
dans son Journal)
le
avec s'être
La pêche au cLAin de la luxe
concours de puissantes amitiés parisiennes,
il
com-
pose au salon un merveilleux panneau de douze toiles, choisies parmi ses meilleures,
et
toutes groupées autour du
port, tableau de i pieds de large sur 3 et
Fameux
couchant sur un
soleil
demi de haut, œuvre de premier
ordre qui a malheureusement péri en 1S70 dans l'incendie du château de
Saint-Cloud
1 .
«
Autour du morceau de réception, nous
dit
M. Lagrange,
prenait une La p.ulic de ce palais où se trouvaient les appartements de l'impératrice c vaste pièce appelée salon des Vernet, et qui était presque entièrement composée de toiles signées 1
de Josepb Vernet. On n'en comptait pas moins de huit La Nuit mr terre, le Coup de vent, leSo//-, la Tempête,
:
le
Matin,
le
Soir à
I"
mer,
le
Matin sur
LES VEltNET se groupaient cinq tableaux lette.
Tempête, brouillard,
du cabinet Peichon soleil
et
six
levant et couchant, port de mer, cas-
cades, paysage à la Salvator Rosa, parties de plaisir sur rien n'y manquait. se
montra dans
Le salon de 1753
toute sa richesse
du cabinet de Yil-
et
est le
le
bord de
premier où ce talent
dans toute
la
mer,
flexible
sa variété. Aussi la critique
La tempête fut à
peu près unanime. Tout ce qui
exposition,
prit la
plume pour célébrer
cette
une des plus belles que Ton eut encore vues, exprima en
termes chaleureux son enthousiasme.
mer, la.Nu.it, ces huit tableaux furentpeints en 176C pour décorer le château de la Ferté-Vidame qui appartenait à M. Joseph de la Borde. Dans une lettre à Falconnet, Diderot se plaint de ce que M. de la Borde accapare Vernet « Il ne faut rien attendre de Vernet; il est très occupé et il :
en reconnaissance tout son temps à M. de la Borde qui lui paye la vente du prix de ses tableaux d'avance. » Du château de la Ferté-Vidame ces toiles passèrent, en 1784, à Méréville, autre terre de M. de la Borde. Ils y demeurèrent jusqu'en 1819, époque à laquelle la terre de Méréville fut vendue à M. Vers. En 1824, ce dernier vendit au roi les huit toiles de Vernet, pour 32.000 francs. Ils furent placés au palais de Saint-Cloud. doit
JOSEPH VER NET On compara Joseph Vernet rain; quelques-uns
Un
plumitif du
à Poussin, on
le
compara à Claude
même décidèrent qu'il surpassait ce dernier. nom d'Estève, ayant hasardé une observation
relever de la belle manière par
vit
-27
le
le
Lor-
timide, se
fougueux Joubcrt, auteur de
la
Lettre
à un amateur. De toutes ces critiques, celle de l'abbé Leblanc dut être la
cœur de Joseph Vernet.
plus douce au
Non seulement rien
l'abbé
mais, après avoir
;
le louait
en français
fait ressortir les
et
en
latin, ce qui
ne gâte
qualités du grand tableau présenté
à l'académie, la finesse et la correction des figures, l'intelligente distribu-
tion
de
lumière,
la
la
chaleur, la vérité de ce
morceau véritablement grand maî-
cligne d'un tre,
il
ajoutait
:
«
En
enlevant cet illustre artiste
à
l'académie
de
Rome, M. de Yandières Groupe de pécheurs
(détail).
(marquis de Marigny) a travaillé à
la gloire
brité qu'il a
désormais ('-'était
de celle de Paris
il
;
s'était
rendu, par
dans toute l'Europe, digne des bienfaits du
à la
une
France. invite
la
haute célé-
roi, qui l'attachent
»
non déguisée
à la
commande
officielle.
Le marquis de Marigny y répondit en confiant à Vernet, avec l'agrément du roi, fort heureusement conseillé en cette occasion par la Pompadour, la mission de représenter les principaux ports de
mer du royaume.
Tout un programme d'exécution, rédigé sans doute par une main au courant de
la situation
de chaque port, fut imposé
leurs eut souvent le courage et le
Ce programme
était
bon goût de ne pas
accompagné d'une
document administratif catalogué dans français, sous ce titre
pour
les
marines.
:
«
à le
qui d'ail-
l'artiste
suivre à la lettre.
sorte de feuille de route, le
très
curieux
tome IV des Archives de
l'art
Projet d'itinéraire pour M. Vernet, peintre du ro\
»
Les sujets choisis furent: Marseille, Toulon,
An tibes,
Celle,
Bordeaux,
Bayonne, La Rochelle, Roehefort, Lorient, Brest, Saint-Malo, Le Havre, Dieppe, Calais.
.
LES VERNET
28
Certains de ers
Toulon, Bordeaux, Lorient, Brest,
Marseille
ports,
représentés sous divers aspects, ce qui fixait au chiffre de
devaient rire
vingl les toiles à exécuter.
Mais d'impérieux motifs, parmi lesquels des poi
il
faut
compter
le
blocus étroit
de Lorient, de Brest, de Saint-Malo, par les flottes anglaises et
ls
l'absence absolue des vaisseaux du roi dans ces ports désertés, modifièrent le
programme
et réduisirent la
lourde tâche de
l'artiste.
Voici la liste des sujets formant la suite complète des ports de
Vernel
mer de
:
Marseille (deux vues),
Toulon (deux vues), Antibes,
Cette,
Bordeaux
(deux vues), Bayonne, La Rochelle, Rochefort, Dieppe.
L'ensemble de cette œuvre considérable qui de 1753
1763,
à
fut
accomplie en dix ans,
du plus grand intérêt, malgré que
est
l'artiste,
obsédé,
peut-être, par les conseillers officiels, et obéissant alors visiblement à un
sentimenl
de
presque
lassitude,
de
voisin
courir trop négligemment son pinceau
l'irritation,
laissait
parfois
travers les détails d'un sujet à peine
à
entrevu. Si
profond respect du Ion local apparaît dans
le
de Marseille
et
d'Antibes, enveloppées de la chaude
provençale, don! l'âme du peintre était elle-même n'en
est
plus ainsi dans
hors
de
la
la
des autres
plupart
présence directe du sujet
maires, quelquefois
même
et
les et
vues de Toulon, brillante lumière
comme
toiles,
imprégnée,
il
souvent exécutées
d'après des esquisses très som-
de légers croquis
à
peine soutenus d'encre de
Chine.
Le port de Dieppe, tout entier à Paris,
le
dans
moins bien l'atelier
réussi d'ailleurs de la série, fut peint
du Louvre, d'après quelques
détails saisis
au vol. C'est à celle date qu'eut lieu entre le peintre et le Directeur général des
beaux-arts, auquel
il
est impossible en la
raison, ce très significatif «
Il
échange de
nie semble, écrit Vernct au
toutes les éludes nécessaires pour côté de ville,
la
mer,
mon
aise
:
marquis de Marigny, qu'après avoir port de Cette, surtout
qu'il serait assez inutile
où je serais mal à
la cliose
le
lettres
circonstance de ne pas donner
pour
n'exige pas nia résidence sur
y le
si
je le
fait
prends du
de m'établir dans cette méchante peindre ce tableau, lieu, je
et si je
vois que
pourrais l'aller exécuter
à
VERNET
.IOSKIMI
29
Bordeaux, où je trouverais plus de secours pour doivent orner
le
tableau de Cette...
les parties accessoires qui
»
marquis de Marigny de répondre, non sans humeur
Et le
:
Quelque
«
envie que j'aye de vous procurer dans vos travaux tous les agréments pos-
ne puis consentir au désir que vous avés, après vos études
sibles, je
observer que
tableau à Bordeaux, et je crois devoir vous faire
finir votre
de ce port, de
le
faites
roy paye vos
tableaux, de façon à exiger que
vous leur donniés toute possible,
fection
per-
que vous
et
ne sauriez mieux
la
les finir
que
sur les lieux. Ainsi je compte
que vous achèverez votre
ta-
bleau de port de Cette à Celle
même, poils
dont
d'au Lan t que de tous les c'est le seul
du royaume, séjour
le
ne
soil
pas
agréable, et vous n'aurés que
quelques
mois à vous priver
des commodités que vous n'y Irouverés pas.
» 1.
Vernet, bien à contre-cœur s;ins
dont
Cette,
il
'
A
(.
Il
KA
1) I.
E
S
du port de Marseille d'après
OC ÉT I
la
É
gravure
île
Le
lia*.
séjourner à
dut
doute,
(tk'lail
d'un
fit,
large pinceau,
qu'une colère
intérieure semblait
une représentation terriblement orageuse. Ne dirait-on pus que
diriger,
nier, sortie furieuse
de ses abîmes, va se ruer sur
la
«
méchante
ville
la
», et
l'anéantir à jamais
A
la
Rochelle Vernet eut cependant une inspiration géniale et la repré-
sentation de ce poi
l
compte, non seulement parmi
peintre, mais encore
parmi
les
meilleures œuvres du
remarquables de noire école
les toiles les plus
paysagiste.
Parlant de cette œuvre, dont toute
la
l'apparition, l'hyperbolique Diderol s'écrie
un
ciel
;
voilà des
tableaux vrais
cl
eaux transparentes
;
critique salua avec :
«
enthousiasme
Voilà ce qu'on peut appeler
et tous ces
groupes ce sont autant de
caractéristiques du local... Regardez
le
porl de
la
Rochelle
LES VERNET
un
avec une lunette qui embrasse et,
champ du
tableau et qui exclue la bordure,
oubliant tout à coup que vous examinez un morceau de peinture, vous
vous de
le
comme
écrirez.,
la
nature
vous
si
même Ah :
beau point de vue.
le
!
au haut d'une montagne, spectateur
étiez placé
»
Aujourd'hui encore, malgré certains fâcheux détails
du quai, d'une exécution trop conventionnelle, Vernet, dans son harmonie nelle à côté
du Port de
l'atmosphère, du
ciel et
la
à la
comme
Port de
le
les
la Rochelle
Rochelle de Corot. Quelle enivrante poésie de
des eaux dans ces deux merveilleuses toiles où le
où
le
grand maître de
exprimé avec une émotion
si
tendre
soleil, et
le
moderne a
l'école paysagiste
!
répandu
ces toiles où se trouve
le
génie des deux grands
suggère forcément un rapprochement entre
artistes
comme
timide rayonnement de l'astre nais-
sant à travers les brumes argentées du matin
La vue de
de
vibrante et douce, vit d'une vie éter-
ibis
peintre du xviir siècle a décrit avec un art infini la mort lente et
triomphale du
arbres
elles.
Et cependant
quelle dissemblance entre la facture nette et précise de l'une et le dessin
vaguement estompé de Dans l'une
les
frissonne sous
l'autre.
Chaque
eaux dorment sous le
vol des nuages.
lités très
calme du
le Ici,
quelques figures isolées s'ébauchent
ciel,
dans
les différencier.
l'autre
;
là
des groupes aux individua-
décrites et d'une spirituelle et joyeuse allure, s'agitent
ment. Vernet nous montre
Néanmoins
la
la
l'onde
sur les quais silencieux et déserts
peine
à
semble vouloir
détail
bruyam-
Vie et Corot le Rêve.
double vision de ces deux
toiles persiste
dans une sorte de
confusion harmonieuse de tons d'or et d'argent, au fond de l'àme de ceux qui ont eu la joie de les admirer. Pour qui désirerait se créer la fâche assez facile
de définir les profondes affinités qui relient entre eux
et celui le
l'art
de Vernet
de Corot, l'examen de ces deux toiles célèbres s'impose, car, malgré
contraste frappant de leur aspect général et aussi de chacun de leurs
détails,
elles
comme deux
apparaissent
dans
la
succession
des
l'ancêtre, chez le précurseur, chez le
même
la
historiques
miroirs aussi mystérieux que profonds où les talents fraternels
de deux grands artistes resplendissent de leur éclat
tara,
peintures
même
délicatesse de
le
plus pur. C'est chez
contemporain des Oudry
touche,
la
même
et des
Lan-
souplesse d'exécution,
le
souci de rendre la fluidité des eaux, la légèreté flottante des ombres,
les demi-teintes grises
des terrains,
la
transparence du
ciel,
que chez
le
L
I!
S
PLAISIRS DE
L
'
Y.
T Ã&#x2030;
JOSEPH grand peintre moderne,
fidèle
et
V EU NET
33
interprète
divin
de
de
vérité
la
la
nature.
Dans
du port de
cette belle peinture
Rochelle on retrouve toutes les
la
du peintre des bords du Tibre, des vues de
qualités
la
campagne romaine
du golfe de Naples.
et
C'est
un retour heureux vers
la
première manière toute de franchise
de sincérité.
et
Grâce aux superbes gravures de Cochin
France
et
est la partie la plus universellement
de Le Bas,
des Ports de
la suite
connue de l'œuvre de Vernet;
mais, en dépit de leurs remarquables qualités de composition, ces toiles,
sauf celles qui représentent
les ports
de Marseille, de Toulon, de Bordeaux
de la Rochelle sont de médiocres peintures.
et
Elles valent surtout par leur exactitude spirituel des 11
innombrables personnages qui
panoramique
les
par
et
le
dessin
animent.
y aurait tout un livre à écrire sur l'odyssée des ports de France, depuis
départ pour Marseille jusqu'à l'exécution du port de Dieppe dans l'atelier
le
de Paris.
Que de pittoresques aventures sur dant ces dix années de vie errante
La les
tout le
M
de
monde
ne
Il
:
fallait
Vernet
permet de suivre presque pas à pas
pas moins de trois chaises de poste pour contenir
et sa
me Vernet, le vieux
grandes routes de France, pen-
!
lecture des Livres de raison nous
voyageurs.
les
femme,
Livia, Orazio, Emilie et Carie
commodore Parker,
tout
heureux de
1 ,
le
père
faire le tour
de France et de visiter les ports de mer, à la suite de son gendre richement
muni de recommandations de
toutes sortes pour les autorités provinciales;...
puis voici M. Volaire, élève de Vernet, le valet de chambre, la bonne, la nourrice...
Plusieurs charrettes qui suivaient cahin-caha les chaises
et
où s'entas-
saient des caisses à tableaux, des chevalets, des boites à couleurs, des portefeuilles,
la
des berceaux d'enfants, des carions, des malles,... complétaient
physionomie pittoresque de
cette étrange caravane, et lui
donnaient
l'as-
pect d'un convoi d'émigrants ou d'une troupe de comédiens en voyage.
1
Carie naquit pendant
M
me Vernet 1760, que (Voir page 50 du livre
le
donna
séjour à Bordeaux, le 14 août 1758. Ce fut à Bayonne, 20 juillet jour à sa lille Emilie, dont la destinée devait être si tragique.
le
)
4
LES VERNET
34
La bonne
humeur de Vernet
était
bien petite place dans sa joyeuse
pendant celte fatigante,
s'il
vie
de
campement
grande
et
àme provençale
dut
lui
la
mélancolie tenait une
toujours ensoleillée. Ce-
paraître à la longue
ennuyeuse
quelques lettres qui nous sont parvenues,
faut en croire
sa lassitude se révèle en termes non équivoques. Mais son
et
et
où
mécontentement
Incendie nocturne
avait surtout
pour cause
la
négligence du Trésor à s'acquitter envers
lui
dettes contractées par l'État. Sa patience naturelle s'irritait d'autant
des plus
de ces incorrections administratives, que ses charges de famille croissaient de jour en jour
et l'obligeaient à se
procurer des ressources nécessaires par
une production trop souvent hâtive, d'œuvres que passage des amateurs provinciaux
lui
commandaient au
'.
Le paiement dus commandes des ports de France ne se trouve ordonnancé d'une façon qu'en 1775, c'est-à-dire vingt-trois ans après le départ pour Marseille de Joseph Vernet, muni des instructions de M. de Mariimy. 1
définitive
VERNET
JOSKIMI
Ces conditions d'existence fatiguèrent
3o
l'artiste et finirent
prendre en horreur ces perpétuelles pérégrinations dont
il
par
s'était
lui faire
d'abord
tant réjoui. 11
toutefois
serait
souverainement injuste de reprocher
à
Louis
XV
d'avoir confié à Vernet l'exécution de celle suite des Ports de France, puis-
Li:
que
l'artiste
a
rencontré
d'utiliser les précieuses
de figures
à
la
RETOUR
dans
DiiS
PÊCHEURS
commande une
celte
ressources de son
composition
du
plus
occasion
unique
incomparable talent de peintre
spirituel
tableau
de l'ethnographie
nationale.
A
côté des seigneurs et des nobles
ses Provençales,
Basques,
voqués par
dames du temps,
ses Bordelais et ses Bordelaises,
Olonnaises, ses pêcheurs sa spirituelle
fantaisie
ei
ses
ses
Provençaux
ri
ses Saintongeoises, ses
pêcheuses du Pollet, con-
du fond de leurs provinces ou de leurs
LES VERNE
36 villages
T
une étonnante sûreté d'observation sous
côtiers, et décrits avec
leur éclatant costume de fête ou leurs pittoresques habits de travail, vivent
des vastes compositions dont
d'une vie réelle aux premiers plans
égayent
et
animent
les perspectives architecturales.
xvm c
Bien d'autres artistes du
que des ligures isolées où
la vie
dit
siècle,
Lagrange, se sont appliqués au costume,
dépens de
«
Moreau
très
judicieusement Léon
les
uns n'ont représenté
mais
manque. D'autres ont
est parisien,
et
suivi la fantaisie
une certaine
la vérité. D'autres se sont limités à
est bourgeois,
ils
classe.
aux
Chardin
du grand monde. Joseph Vernet
seul a peint la foule. Chez lui les costumes de tous les âges et de toutes les classes se coudoient librement, la noblesse à côté taire près
du bourgeois;
dame
mili-
mot d'ordre de
le
Paris;
le
galérien tout
».
rimeur du temps,
C'est aussi l'opinion d'un certain qui,
le
paysan, fidèle aux traditions du terrain, à deux
le
pas du petit maître qui reçoit contre la grande
du bas peuple,
en une épitre mirlitoncsquc
membre de l'Académie royale
à Monsieur
«
le
poète Bouquier,
Ver/iet, peintre
de peinture et de sculpture
»,
Sur
«...
Un Calfate
un
les
poème
extrait de ce
bizarre
bords d'un vaste bassin,
peuple innombrable fourmille,
une tartane, élève un magasin,
Transporte
le café, l'indigo, la vanille,
D'huile et de vin fait rouler les tonneaux
De sucre
et
de tabac voiture les bocaux.
Le soldat, L'oftîcier
la
aux
Le jeune abbé,
femme, traits le
Le commerçant,
la fille,
valeureux,
sergent,
le
le
chanoine,
procureur,
le
moine,
Le conseiller aux longs cheveux,
Le pâtre,
le
paysan,
la
timide bergère,
Le commis insolent, l'impudente harangère, Le philosophe sourcilleux,
Le petil-maitre qui s'admire L'amoureux transi qui soupire. Et
le
partisan dédaigneux...
»
roi
s'est efforcé
décrire l'œuvre du peintre. Voici, à titre de curiosité,
du
:
et
de
JOSEPH VERNET
37
A
peine de retour à Paris, Vernet recevait cette lettre de M. de Marigny.
«
C'est avec bien
que
le roi
du
Monsieur, que je vous informe de
plaisir,
vient de vous accorder. Sa Majesté vous a
des galeries du Louvre que la mort de M. Galloche a
La
«
donné
fait
supériorité de votre talent vous a mérité cette
le
grâce
la
logement
vaquer.
marque de
distinc-
du Roy.
tion «
Jouissez-en aussi longues années que je le désire, vous y logerez long-
temps. «
Soyez bien persuadé que
sieur, votre très
humble
c'est
et très obéissant serviteur.
Marquis de Marigny.
« 1
er
Mon-
avec ces sentiments que je suis,
»
octobre 1761.
Sans doute notre
artiste eut été très
pli
que celle gracieuse
de
la
commande
dissimulée
le
un mandat qui
lettre
ofiicielle,
heureux de trouver sous
mais
lui
permit de toucher
accueillit toutefois avec
il
même
le
prix
le
une joie non
brevet de logement signé du roi qui à quelques jours de dis-
tance suivit, en la confirmant,
la
communication du directeur des Beaux-
Arts. N'était-ce pas se
construire
xvm
e
siècle
un
en
effet le
atelier
rêve de tout artiste d'habiter au Louvre, de
dans
le
une sorte de phalanstère
du souverain,
la
fin
artistique, où, grâce à la générosité
les vastes galeries,
et vivaient
de sa fantaisie, pourrait
«
d'une vie presque commune.
sous les hauts plafonds, un espace vide
être livré à l'ingéniosité architecturale de s'y
A
d'artiste
carrer à son aise
».
élever des cloisons,
la
maison du
;
une
roi.
ce sujet Les livres de raison nous fournissent de bien curieux détails.
C'est ainsi lui
dans
allait
Vernet, qui librement, au gré
agencer diverses pièces, en un mot se construire une maison véritable
maison
du
les peintres, les sculpteurs, les graveurs, les orfèvres et jus-
qu'aux fourbisseurs, se groupaient
Dans
devenu à
des rois,
palais
que Vernet nous apprend que son installation au Louvre ne
coûta pas moins de 3.000 livres, car
il
dut employer les maçons,
les
menuisiers, les peintres. M. Chaise fut chargé de dorer les moulures des
chambres, M. Plou de peindre
les
panneaux du salon
tablettes sur le balcon d'en haut.... etc.
et
de fixer des
LES VER.NET
38
Ses voisins de cité s'appelaient Lépicié, Gabriel, Chardin, Aubert l'Avi-
gnonnais, Gua^ le
graveur Cochin,
locataire les
du
roi
Marseillais, l'orfèvre Rœttiens,
le
le
peintre Desportes,
un impôl de
<>
«
dont
la
fourbisseur Gouhod,
le
femme
prélève sur chaque
pour l'entretien des lanternes dans
livres
coi ridors ».
V A Y SAGE
C'est
dans ce milieu charmant, au bruit de triomphes presque ininter-
rompus, que
le
des siens et de
grand peintre verra la
se dérouler,
réchauffante amitié de ses confrères,
reuses de sa longue et uoble carrière. Adieu
tyrannie des
commandes de
l'État! El
lui a
par
.M.
de Marigny, puisque
à
valu l'universelle notoriété donl
la
cependant
consacré dix années de sa vie à suivre fixé
entouré de
le
les
la
tendresse
heures bienheu-
vie errante,
et
la
pesante
doit-il se plaindre d'avoir
pinceau
à
la
main
l'itinéraire
défaut d'argent cette mission officielle il
va
désormais bénéficier
si
largement
JOSEPH VERNET jusqu'à
la
lin
de ses jours
Caria peinture des poils de France, grâce
!
l'admirable interprétation qu'en éloges incessants de
monde toile.
entier, et
il
la
rendu
comme
les
et les
les
comme
enfin
une vertigineuse
avons
dit
l'esclave de
La
mode,
que ses clairs de Lune
pour employer une formule
lui
aux le
acheter une
ici
comme
il
les Irais d'ins-
ne se défend qu'avec
sollicitent de toutes parts,
le
et
déplorable
facilité. la
incessante. Le malheureux Vernet, à peine Libéré
devenu
et
de Vernet célèbre dans
ressources,
mières années qui suivirent L'emménagement,
esl
Le Bas,
les
Y SAG E
voyages on! épuisé
mollesse contre les plaisirs qui court, court avec
nom
et
à
naufrages sont surtout demandés.
Paris ont été coûteux, et
tallation à
le
Cochin
un amateur d'art qui ne désire
VA
Et
les
firenl
critique, a
n'est pas
Les clairs de lune
39
proie
La et
Pendant
production îles
fut
exigences
pinceau les
pre-
presque
ollicielles,
du snobisme du temps. Nous
ses naufrages faisaient
très en
le
pince.
surtout prime,
LES VERNET
10
Cependant
délirant enthousiasme pour Vernet est
le
amateurs, dans leur aveugle désir de posséder une gligent de déterminer d'une manière précise l'exécution.
des
En étudiant
Commandes
la
effet, les
2 pieds de haut plus ou moins à
DA
ma
1
GX
V. I'
sage
à
sujet, la
mesures, prix
fils
demy de
et
temps
à
de 27 pouces de large sur 21 il
large
sur
un peu d'architecture
fantaisie avec
et
»
du fermier général,
ma
grandeur d'environ 4 pieds de et
fantaisie. large...
m'a demandé en son pas-
il
»
Mais
ils
je
voudray;
ne doivent pas excéder
Deux tableaux pour M. d'Aviray
neuf lignes,
y aye des effets pictoresques
espace, etc., etc.
chapitre
:
Bordeaux en 1758 que je luy fasse des tableaux tant que
mais où
prix de
:
Pour M. Roussel,
«
né-
S ES
bien orné de figurines. Je suis maître du prix. Puis plus loin
et
le
vérité «
notes suivantes
Curne un tableau de 2 pieds
L ES
du maître,
de fixer
première partie du Livre de
nous trouvons, en
»
Pour M. de
«
la
toile
le sujet, et
que certains
tel,
(sic)
les
et
sujets à
ma
fantaisie,
de grandes distances en
JOSEPH VERNET
il
Et ces notes se suivent, se multiplient presque à
dans ce Livre
l'infini
de vérité qui, sous sa forme sèche de nomenclature minutieuse, est le plus
vivant des documents autobiographiques.
Les relations littéraires que créent à Vernet Lehlanc, et
dont
le
la
salon
font encore
lui
commande même
est ouvert et qui lui
plus retentissante sa célébrité.
bonne humeur
facultés, et sa
la vieille
amitié de l'abbe
Le
même de Grimm,
Geoffrin,
plusieurs
toi les,
équilibre de
parlait
ses
naturelle, purent seules garantir sa raison
contre les éloges affolants de Bachaumont, de Marmontel voire
M me
toute-puissante et affectueuse protection de
de Leblanc,
,
surtout contre les formidables coups d'encen-
et
soir de Diderot.
Vingt-cinq tableaux, s'écrie ce dernier, dans son salon de 1705, vingt-
»
cinq tableaux
!
Et quels tableaux
comme
brité; c'est
commence par
en réserve, dont leur
temps,
fait le
le
pays, et qu'il a des
peuple sa
il
le ciel,
humains, se lève de table
mées,
«
et dit
La peste en Asie
»
De
«
:
de Vernet qu'il
peuple une colonie; puis
malheur
;
et le
»
une
;
l'on voit, les portes
et
se fuyant
:
«
»
;
des maisons fer-
un Vulcain
Ici
courent aux armes et s'entr'égorgent
et le
il
le
a raison.
Aux dithyrambiques des
«
monde,
Diderot compare notre
prèle/.,
a tort.
il
s'effa-
Une guerre
En
cet endroit
Vernet appelle cela
princes de
«
L'enthousiasme
».
ainsi
Lorrain, viendrez-vous
me
cl
faire des
la
critique
»
s'ajoutent ceux
est universel et
pendant que
peintre au Jupiter de Lucien, la Lanterne magique
Et Claude de s'excuser
que vous
et
éloges des
aux Champs-Elysées s'exprime le
«
«
;
»
critiques à douze sols
à Claude
:
:
»
vieux laboureur expire de faim sur sa porte. Jupiter
appelle cela gouverner tableaux, et
des cabanes
sous les pieds, les édifices tombent, les animaux
et les nations
disette
qu'il lui plaît.
chaume
rouchent, et les habitants des villes gagnent les campagnes là
il
grêle en Thrace »; et l'on voit
la
moissons hachées
hommes
les rues désertes et les
la terre s'ébranle
célé-
qui, las d'entendre des cris lamentables des
aussitôt les arbres dépouillés, les :
la
hommes, des femmes, des enfants
comme on
toile
créateur pour dirait
saison, le bonheur, le
la
C'est le Jupiter de Lucien,
dispei'sé
le
nature pour la vérité. On
la
créer
comme
C'est
!
que
si
:
«
:
Eh bien
«
me
dit
Raphaël en s'adressant
dire que Vernet baisse ?
Je suis
j'avais là
!
si
ma
éloigné de palette
et
la
»
penser
façon de
nies pinceaux, je pein5
LES VERNET
42
drais sur
tableau que voici deux colonnes sur lesquelles,
le
d'Hercule, j'écrirais non plus
L'estampe du temps Mercure, de
chures salonnières,
comme
pas moins amphigourique que littéraire,
l'atteste
où Joseph Vernet
et
»
ultra.
Correspondance
la
sous les yeux
n'esl
la
de
Muse
la
la
critique
du
errante ou autres bro-
méchante gravure que nous avons
représente en train de (teindre. Elle
:
Son attention
Que
la
est
pour légende cet odieux quatrain
a
l'exemple
à
comprendre
f;iit
nature est son objet
Mais, pour la saisir et la rendre.
Cependant
Joseph Vernet.
Faut rire
Il
crâne du peintre n'éclata pas. Cette tempête d'éloges
le
outrés, cet ouragan de folles flatteries ne troublent en rien sa belle
humeur,
son inaltérable sérénité, et laissent intacte sa modestie naturelle. «
Tonte sa
vie,
dit
le
vicomte Henri Delaborde, dans sa belle élude an xvm e
sur les paysagistes français
comme
l'amour-propre, gère,
et
et
dédaigna
aussi
:
bonne
différente
de belles phrases sur
peu
foi
il
d'une modestie menson-
calculs les
aux séductions de
résista
son infériorité ou
cas,
commune
chez les
hommes
mon
«
On
génie
:
a
beau, disait-il un jour, m'étourdir
j'entends fort bien au dedans de moi
ne
pas pour m'élever au rang des artistes de premier
«
qu'il est,
«
ordre. Je suis inférieur à chacun d'eux dans une partie de
«
la
certaine voix qui réplique que ce génie n'est que du talent. Tout rare
«
<(
sa
de ce
que de
de l'humilité adulatrice de Voltaire
superbe arrogance de Rousseau. «
les
ne rougit jamais d'avouer, selon
supériorité personnelle siècle
il
siècle,
j'ai
sur
toutes.
il
plupart des peintres l'avantage
la
souffrira-t-il
concilier
les
dans quelques années, an déclin de
;'i
mais
peu près
sa
lumineuse carrière,
de ne plus entendre, au lieu de cet universel concert compli-
que
les
notes
aigres-douces
joyeuses d'un garçon de belle veillantes
de
l'art,
»
Peut-être,
menteur,
suffit
humeur
contenues
ou dans
dans
les éloges
les
péniblement bien-
du comte de Mende Manpas, l'auteur des Remarque*.
«... On reprochait jadis ce qu'il n'est plus le même. 1
à .M. »
Vernet
île
Réflexions
.Mais
pour
toujours se répéter; on se plaint aujourd'hui de
JOSEPH VERNET
par l'encens dont l'enivrante fumée l'en-
l'instant, sans se laisser griser
veloppe de toutes parts, sans relâche,
à
grande
la
il
43
poursuit infatigablement son oeuvre, brossant
joie de ses
admirateurs sans nombre, des
limpides ou orageux, des océans calmes ou soulevés, des fleuves torrents,
de
vastes
campagnes
et
nature tout entière sous ses aspects Et
sa
hommes, en
lient
colonie
La
prodigieuse imagination les
femmes,
réserve
»
les
et
«
des vallées
ciels
en un mot
profondes,
il
la
changeants.
les plus
dans
jettera
immense
cet
décor les
enfants que, suivant l'expression de Diderot,
dont
des
et
peuple sa
comme
toile,
«
il
peuple une
on
».
carrière
artistique de
l'époque d'Italie, qui fut
le
Vernet
et
en trois époques
se diviser
printemps de son
l'entreprise des l'orts de France, et qui
en pleine maturité,
peut
art
;
l'époque où
marque Tété de son
l'époque parisienne (de
1762
à
réalisa
il
parvenu
talent
époque
1789),
:
liés
brillante mais surtout très féconde, trop féconde de la vie de l'artiste.
Oui nous dira jamais
Vernet pendant ces vingt-sept années sans compter celles qui
fâcheusement attribuées, son
M.
et
lui
furent
si
qui peut-être encore aujourd'hui figurent sous
nom dans plusieurs catalogues de musées et de galeries privées Au printemps de l'année 1778, un de ses plus fervents admirateurs, 1
!
Girardot de
Marigny, qui
réussit à l'enlever à son atelier
lui
commandait des
du Louvre
et à
Carie alors âgé de vingt ans, et presque le
par Joseph
chiffre exact de toiles exécutées
le
concours du prix de Rome,
Leur absence
fut
était
seulement de
toiles
par douzaines,
ramener avec
à la veille
lui
en Suisse.
d'entrer en loge pour
du voyage. six
semaines. Le talent
vieilli et
fatigué
.Nous avons dit, au début de cet ouvrage, qu'Antoine Vernet fut père de vingt-deux enfants. Quatre d'entre eux s'adonnèrentà I'artde la peinture et avec inégalité de succès Joseph, Franl'ois-lialiiii'l, Antoine-François, et Ignace. Antoine-François, communément connu sous le nom de François Vernet, se lit peintre de décor cl d'atl ributs, comme son père, dont il semble avoir ('coulé les conseils, avant de devenir l'apprentidu sieur Joseph son frère, peintre ordinaire du roi. Il avait précédé Joseph à Paris de quelques années, et l'arrivée de son frère, déjà très célèbre, cul pour lui des conséquences providentielles. Joseph Vernet, qui toute sa vie s'étail montré- lies préoccupé des intérêts de ses parents, cl ils étaient nombreux, car ses frères et SOBUrs lui avaient donné un nombre incalculable de nièces, obtint pour son frère François, à celte époque sans travail et sans ressources, diverses commandes officielles, et entre autres les décorations picturales du plafond de la chambre à coucher de la reine (1764), de la tribune de la chapelle du roi (1706), de la salle de l'Opéra (1769), du cabinet de la Dauphine (1770), du cabinet du conseil à Fontainebleau (1773),... etc. François Vernet peignit aussi les peintures marines qui ornent la chaise de Marie-Antoinette, remisée aujourd'hui dans la salle des voilures à Trianon. M. Léon Lagrange fait remarquer avec raison que si ces travaux étaient réelle1
:
:
—
LES YE H NET
44
du peintre ne trouva aucun rajeunissement au contact de
nature alpestre.
la
L'écrasant voisinage des montagnes, l'aveuglante mais froide atmosphère
des glaciers,
'rent point son
Où sont
tonnerre, les avalanches, les rumeurs des gaves, n'ému-
le
les
âme
et
remplirent au contraire de nostalgiques regrets.
la
champs dorés de
l'Italie, les
golfes d'azur frangés de poé-
tiques ruines et d'arbres superbes, les douces collines d'Albano, les rivières
ombreuses Amaryllis,
mens,
où s'ébattent
Némi aux eaux
de
le lac
cœur
le
Et pendant que
bleues et aux rives fleuries de cycla-
Comme
ces divines cascatelles!
doucement dans
blanches
des
de Tivoli...
les cascatelles
Ah!
baigneuses blanches, sœurs
les
ses
leur souvenir toujours frais chante
attendri du vieux peintre!...
compagnons de route
s'extasient
devant
l'impo-
sante majesté des monts inaccessibles et la profondeur des gouffres pleins
de nuits
et
montagnes
de grondements, et à
lui
cherche
à
voir par-dessus la barrière des
découvrir un coin rayonnant de cette Italie où la fleur pré-
coce de son génie
s'était jadis,
il
y
a
près d'un demi-siècle, presque subi-
tement épanouie.
Cependant
de
afin
Marigny, pour qui
la
répondre au
Suisse, sous des
résumé grandiose des beautés de du monde, Vernet consentit
à
désir de
son
ami M. Girardot de
monstrueux aspects,
la nature,
était
comme un
une synthèse des splendeurs
peindre deux Vues des cataractes
dit
Rhin
à Lauffenbourg, près de Shaff'ouse. (les
deux
les plus
toiles
d'une exécution froide, morne et sèche comptent parmi
médiocres de l'œuvre de Vernet.
Il
ne pouvait en être autrement.
Ce qui n'empêcha pas l'excellent M. Girardot de .Marigny de ment de Joseph comme on
commande
le dit
souvent, les Livres de raison auraienf
l'ail
les
admirer
mention de
cette
royale.
Joseph Vernet n'eut jamais qu'à se louer de son frère François qu'il aida toujours de ses conseils et de sa bourse, et dont il protégea les enfants avec une tendresse vraiment paternelle. H n'en fut pas de même à l'égard d'Ignace dont il fut le premier maître, auquel il enseigna,
pendant son séjour en Ilalie, tous les secrets de la peinture de marine, et qui l'en remercia, non seuleménl en s'efforçanl de les pasticher, mais encore en répandant imprudemment dans le commerce un nombre incalculable de soleils couchants, de clairs de lune, de tempêtes, d'éruptions de Vésuve... sous la signature ./. Verne!. Josepli put en saisir un certain nombre, mais la plupart échappèrent à ses pénibles recherches, et sans doute beaucoup de ces toiles figurent encore aujourd'hui dans les musées et les collections privées.
Horace Verne! déclare nettement, et cette affirmation nous laisse un peu sceptique, que toutes les toile- médiocres de l'œuvre de son grand-père doivent être attribuées à l'audacieux Ignace.
.JOSEPH VEUX ET
45
puisqu'elles représentaient des vues de Suisse et qu'elles étaient signées
nom
du
de Vernet.
paya
les
II
trois mille livres.
que ces deux
Inutile d'ajouter
Louvre, d'après des dessins
exécutées dans l'atelier du
toiles furent
en Suisse,
faits
et
où Vernet,
méthode mnémotechnique déjà employée à l'époque où de France,
par un
renouvelée de
et
la
décadence italienne,
il
lidèle à
peignait les ports
se contente d'indiquer
rapide la forme et la place des objets, de fixer les valeurs des
trait
tons locaux, les degrés d'opposition, jusqu'aux qualités des reflets
ombres par des inscriptions cursives souvent glyphes, dont
il
peintre, c'est
même
et
des
véritables hiéro-
illisibles,
ne réussit pas toujours lui-même à deviner la signification.
Après ces vues de
sans
une
qui certes n'ajoutent rien à
Suisse,
un retour empressé vers
sujets anciens,
les
et,
la
gloire
du
de souvenir,
ouvrir ses carions où s'entassent les brillantes études des per-
mières années,
remet à brosser avec une
se
il
déplorable de nou-
facilité
veaux clairs de lune, de nouvelles cascatelles, de nouveaux couchers de soleil derrière les ruines,
nouveaux
de nouvelles tempêtes, de
ciels d'orage déchirés
par
le
zigzag des
éclairs..., etc.
Et
grands
toujours
la
foule
seigneurs,
amateurs,
des
financiers,
princes,
boutiquiers...,
se
presse autour de ces œuvres écrites d'un pinceau
tremblant, que
ber de
la
la
main du
mort seule va bientôt
chaque salon par
presque unanimes, de
la critique.
et
les
en 1789 on imprime dans
chures d'art que
«
tom-
trop fécond artiste, et dont l'ap-
parition est saluée à
En 17S7
faire
éloges,
les
bro-
depuis cinquante ans ce peintre
attend vainement dans l'arène quelque athlète assez hardi
pour se
mesurer avec
chose surprenante, à l'Age où
lui le
»,
que,
génie des
Corneille et des Voltaire était sans vigueur,
Vernet rapporta de son voyage de Suisse un.' vingtaine de dessins ou aquarelles. Ce renseignement nous est fourni par le catalogue de sa vente. 1
L
e
[D'aprcs un croquis
violon ;i
la
f.
u x
plumé de Joseph Verucl
i
LES VERNET
Ï6
le
célèbre
Verne!
ce
csl
L'éloge des poètes
qu'il
moins
pas
n'est
disent les grandes Prophéties du
On
le
toujours
a
«
sublime
c'est-à-dire
été,
moins soutenu. Voici
vif et
grand Nostradamus
».
que
ce
:
verra longtemps encor unir
Le pinceau de Minerve au tridenl de Neptune Tel
Sophocle
à cenl
un bas des tableaux de formuler leur admira-
El les Inscriptions à mettre tion sons cette
forme lyrique Vernel Il
fut
un
ans charmait encor Athènes.
:
soleil
du levant au couchant
:
nous charma dès son aurore,
Brillant
dans son midi
Sun rayon rend
le
jour
enfin sur son penchant
;
faible, niais
doux encore.
Parfois une noie discordante s'élève au milieu de l'harmonieux concert; cl
l'auteur malavisé d' Encore
de Vernet
à «
une planche de cuivre indélébile qui ne cesse de fournir
pln^ belles épreuves le
un coup de patte ose comparer l'imagination
vieux peintre,
à
Mais nul écho ne répond par
toujours ébloui
l'œil
jeunesse, continue des couchers de
».
brosser d'une main
soleil,
importune
à celle voix
lumineuses visions dé
les
les et
sa
des clairs de lune,
défaillante
des vaisseaux secoués parla tempête
ël
des
ciels
pleins de lerriles menaces.
Les suprêmes ressources de son talent s'épuisèrent dans un effort au-
dessus de ses forces. Il
voulut, dans une grande toile, représenter
désireux sans doute de rendre sous génie de Bernardin
de
Naufrage de
l'orme un
celle
Saint-Pierre,
le
qu'il
fui
le
public
premier
défendre. Mais son pinceau sénile trahit ses intentions nière
A
marqua l'irrémédiable ce
sujet
«d
à
Virginie,
hommage deviner
cette
cl
au ù
œuvre der-
déclin.
Aimé Martin raconte dans
son ouvrage sur la Vie
cl
les
Mémoires de Bernardin de Saint-Pierre une curieuse anecdote, que M. Amédée
Durande reproduit dans son
livre
sur
les
trois
Vernel. C'est
à
ce dernier
ouvrage que nous l'empruntons. «
En 17S7 Bernardin de Saint-Pierre
l'atelier
vint frapper
un jour
à la porte
du vieux peintre. Le célèbre écrivain, peu connu encore
à
de
cette
JOSEPH VERNET époque, bien
qu'il
hôte, étonné
de
sa
Bernardin venait de succès duquel
il
ne
déjà plus très jeune, paraissait désolé,
fui
mine lire,
piteuse, lui
dans
le
demanda
salon de
fondait les plus belles
MER
que regarder sa montre, Talrna
humaines, maître de
se sentaient disposées à la
maison leur
avait
retenu leurs larmes. Bref, qu'il
ne
à faire,
lui restai!
il
plus qu'à
séance tenante
:
«
l'ail
AGI T K
à
l'encourager
endormi
pleurer, mais
;
»
le
le
:
Billion n'avait
quelques femmes, plus sourire sareastique du
houle de leur faiblesse
el
elles avaient
trompé
el
son manuscrit au feu, ce qu'il se disposait
Pendant que je
de vos terribles juges.
cause.
Necker, un roman sur
voyait bien, ajôuta-t-il, qu'il s'était jeter-
la
son
E
s'étail
moi donc votre histoire; nous verrons l'arrêt
AI""'
quelle en était
el
espérances; mais l'impression pro-
duite sur ses auditeurs n'était pas de nature t'ait
47
s'il
\ais peindre, lui dil Vernet, lisez-
,
n'\
aurait pas
moyen de
reviser
Celle proposition, dernière planche de salut,
LES VERNET
48
accoptée avec joie par
lui
devant son chevalet,
A
«
le
pauvre auteur naufragé. Vernet
et la lecture
s'installa
commença.
mesure que Bernardin de Saint-Pierre tournait
les feuillets, Vernet,
par l'intérêt croissant de cet adorable chef-d'œuvre, se détachait peu à
saisi
peu de son propre travail, et lorsque l'auteur eut
l'exhorta vivement
à publier son livre, et lui prédit
en dépit de tous ses amis rait-il.
On
fini,
il
lui conseilla
de ne
décourager par des critiques ou envieuses ou inintelligentes,
pas se laisser
un
grand succès
très
beaux esprits qui n'y entendaient goutte, assu-
les
»
connaît
la suite
de
Joseph Vernet mourut
l'histoire.
le
même
3 décembre 1789, l'année
de Paul-Emile ouvrait à son
où
Triomphe
le
Carie les portes de l'académie au titre
fils
d'agréé. Il
pu aussi embrasser au berceau son
avait
même
de cette
année,
c'est ce qui
dire en plaisantant qu'il avait
qui était né
petit-fils
30 juin
le
permettait plus tard à Horace Vernet de
connu son grand-père
1
.
*
Elles sont rares les existences d'artistes qui furent aussi
pleinement heureuses que
plies, aussi à
comme
éc
peintre répandit
si
son déclin
est
elle
souvent sur ses
que
ciels
en une impalpable pluie d'or.
Tout jeune, l'Italie,
pour
humaine,
et
la
contrée
cœur
à peine éveillée, cueille à
souvenirs.
le
jardin
chaque pas Seul,
les
libre,
la
il
part pour
merveilleux où
émotions
ses
l'âme
les plus rares,
bourse légère mais
le
plein d'une ardeur délirante, rencontrant sur son passage les accueils
les plus
sympathiques, ménagés par
teurs qui dès
cessent,
le
même
aux lèvres
1
bienheureuse,
semblable à
tomba de
toiles et qui
après une enfance entourée de tendresse,
s'enrichit d'éternels
et
de Joseph Vernet. De son aurore
lairée d'une lumière radieuse,
celle
le
celle
noblement rem-
la
la
bienveillance de puissants
protec-
début de sa carrière se sont intéressés à son sort
de loin, de veiller sur
chanson de
la
Amcrtée Durande [Joseph Carie
lui,
il
va, la palette à la
vingtième année,
et
Horace Vernet)
le
et
ne
main, ayant
long des rivages et des
(Hetzel, t'diteur).
JOSEPH V EH NET fleuves, ù travers
monts
et vallées,
brossant avec une sorte d'inconscience
géniale ses pins purs chefs-d'œuvre. Puis
commandes
le
49
guettent, où les honneurs
c'est
le
retour en France où les
académiques
et
autres l'atten-
dent. Pendant plus de quarante ans c'est le perpétuel triomphe, célébré par
L'ORAUE SUR LA MER
mille voix de la critique, triomphe universel, car aussi bien à l'étranger
les
qu'en France les toiles de Vernet trouvent des amateurs empressés
1 .
Aujourd'hui encore les collections particulières anglaises ne renferment pas moins de cinquante toiles de Joseph Vernet, achetées jadis par les lluare, les Koley, les lîi blgwarlten. D'-s noms de princes, d'altesses royales, figurenl même dans la clientèle étrangère du peintre. Voici celui du prince des Aslurics, le futur Charles IV d'Espagne, qui commande à Vernel six tableaux livrables en dix-huit mois de temps, contre une somme de 40.000 francs. Le Livre de vérité nous laisse ignorer les sujets choisis ou indiqués. Plus tard le grand-duc 'de Russie, le futur Paul [ or de passage à Paris, commande au peintre en vogue quatre tableaux de six pieds de Ion;/. Il en fut si satisfait qu'il lit demander à Vernet, l'année suivante, de lui peindre une tempête 1
,
6
LES VER.NET
50
La mort môme
lui
est
douzaine de ses meilleures
douce, car
le
salon de
empruntées
toiles,
à
1
7Si ), où
nouveau triomphe,
encore pour
les
\eu\ pour toujours, au bruit des applaudissements,
du bonheur présent de tous ses enfants
\ision
Carie
l'occasion d'un
exposa une
des collections particulières,
fut
lui
il
el
avant de fermer
el il
eut
la
suprême
du glorieux avenir de
1
.
Depuis Joseph Vernet, dont
moderne que
l'art fut
celui de ces étranges
«
cependant bien plus vivant bien plus
peintres de
nature
la
»,
de ces Valen-
ciennes, de ces Bidault, de ces Watelet, de ces Bertin, de ces Desgoffe... à la
chute définitive desquels succéda la salutaire réaction de l'école anglaise
et la prodigieuse éclosion des paysagistes dits
romantiques, puis
tion impressioniste, nos idées sur le paysage se sont fiées,
du
la
rénova-
profondément modi-
et la critique contemporaine se maintiendrait difficilement vis-à-vis
talent de
Vernet au
môme
diapason que celle de l'abbé Leblanc
el
de
Diderot.
«
de treize pieds sur huit » pour la somme de 15. 000 francs. C'était un joli prix de coml'époque. Véniel ne le teucha d'ailleurs que trois ans pins laid, el non sans dif-
mande pour ficultés.
Vernet mourut à temps pour ne pas assister à la mort tragique de safille Emilie, décapitée épousé Chalgrin, architecte distingué auquel on la terreur. M"' Emilie Véniel a va doit l'église Saint-Philippe du Roule, le Collège de France, le lu escalier du Luxembourg, etc. Voici en quels termes M. Amédée Durande raconte cet effroyable drame où le peintre David joua un rôle si odieux. « Chalgrin, architecte du comte de Provence, avait suivi le prince à Bruxelles, laissant sa femme à Paris. Une accusation fut lancée contre elle, el. une visite domicilière lit découvrir dans son appartement des bougies marquées au chiffre et aux armes du protecteur de son mari. Il n'y avait là rien que de très naturel; mais à cette époque troublée, où la peur s'exaspérail souvent jusqu'à la férocité, le moindre fait prêtant au soupçon prenait des proportions incalculables. Les jalousies, les haines, les rancunes privées, se servaient de la politique comme d'une arme meurtrière, el faisaient de nombreuses victimes. M"" Chalgrin fut déclarée suspecte. Accuser, c'était presque condamner. Dès qu'il eut appris cette fatale nouvelle, Carie Vernet courut chez David, son camarade el son ami. Le peintre de Ma rat jouissait d'un grand crédit auprès des puissants du jour. Malheureusement, il avait été l'orl épris de M "" Chalgrin, el celle honnête'femme n'avait l'ail aucune attention à lui. De là un sentiment de rancune qui dicta à David une réponse bien digne de son républicanisme poncif el drapé à l'antique, connue les Domains de ses tableaux « J'ai peint Brulus, dit-il, je ne saurais solliciter Robespierre; le tribunal esl juste, ta sœur esl une aristocrate, et je ne me dérangerai pas pour elle. » A force de prières, Carie parvint cependant à ('mouvoir ce stoïque féroce et ridicule, qui devait se changer plus tard en plal courtisan. David lit quelques démarches et obtintsans peine la grâce tant souhaitée. Mais, par une distraction inqualifiable, il garda pendant plusieurs jours dans sa poche l'ordre d'élargissemenl qui lui avait été remis, et, lorsqu'il y songea, il n'étail plus temps. Les rts allaienl vite, el l'échafaud n'attendit pas. » On peut voir au musée du Louvre un délicieux poi trail d'Emilie Véniel par David. La tête seule est terminée. Le reste du corps est à l'étal d'ébauche et se détache sur un fond d'un rouge presque sanglant. 1
pendant
i
I
i
1
:
JOSEPH VERNET
51
Les quelques rares écrivains d'art qui osent encore proclamer de nos jours, avec l'esprit d'intransigeance des critiques de 1820, que Tari du paysagiste
n'existe
domaine
réellement que
de l'histoire,
ne
s'il
peuvent
s'élance
porter
avec
«
noblesse
qu'un jugement
dans
»
sévère
le
sur
l'œuvre de Joseph Vernet dont les deux plus mauvaises toiles sont incontes-
Marin
tablement celles où torique de
la
il
nature
ceux pour qui tout
entreprit
si
e
malheureusement
comme dans Agar
l'art
cl
le
travestissement his-
Jonas. Par contre, l'opinion de
des paysagistes réside dans
la
sensibilisation de leurs
loiles
par une copie absolument fidèle de
par
exécution précise du morceau, ne peuvent aimer de Vernet
I
procédé de généralisation
A
ceux-là seuls
qui considèrenl
il
et
la
la
nature dans sa réalité brutale, large
le
poétique liberté d'interprétation.
plaira, et leur opinion suffira à l'éternité de sa gloire,
l'imagination
comme
la
qualité
dans l'œuvre immense de Vernet, savent, malgré
mère de les
trop
l'artiste,
nombreuses
el
qui
négli-
T
LES VERNE
52
gences qu'elle renferme, découvrir
une
décrits avec
souvenl
sentiment profond de
la
beauté. Sans doute celle uature
lyse excessive
du pittoresque.
son art
et à
c'est
El
souvent
réussit
il
à
véritable lacune du
la
là
attendrir en quelque sorte
dans
la
douleur-,
personnages dont
Vénus
les
el
dissaient, «
il
la
portaient leur
ils
humaine,
riaient,
cœur sur
de
surface objective de sa nature trop
ils
prise en
pleuraient,
leur visage
1
...
dans
faisant vivre,
\
pleine vérité.
peuple ses paysages n'avaient rien
Apollon, mais
ils
foule
la
talent de
corriger habilement celle faiblesse
compliquée, trop chargée d'éléments imaginés, en joie ou
manque un peu
peintre s'oublie parfois trop exclusivement dans l'ana-
ei
Vernet. Mais
nature,
la
intelligence du vrai et toujours avec un
réelle
de subjectivité
le
grands spectacles de
les plus
à
Les
«
démêler avec
aimaient,
ils
ils
la
les
mau-
»
Je voyais toutes ces scènes touchantes, s'écrie Diderot (qui, en tant
...
que critique
d'art avail d'ailleurs l'émotion facile] el j'en versais dos
larmes
réelles*. » Si les.
le
succès personnel de Joseph
destinées du paysage au
xvme
Verne!
fut
siècle fut nulle.
grand, son influence sur
Il
n'eut pas d'élèves,
mais
quelques pâles imitateurs connue Henry, Volaire, Lacroix (son plus habile pasticheur), Mettay, Lallemand, Beaujeon, dont les œuvres sont aujourd'hui oubliées.
Lonthërbourg cascatelles,
le
copia maintes fois, Fragonard
Demarne
et
lui
emprunta quelques
Lantara s'en souviennent dans quelques-unes de
leurs toiles... Puis c'est tout.
A
peine
le
vieux
maître
eut-il
déposé son pinceau que
Michallon mettait en grand honneur
le
regretter les caprices
les
des
champêtres
et
noms de Watteau, de Boucher
el
La
paralysante
doctrine des
des
et
de
la
vieille
Bidault,
phalange
à
faire
!
académiques
peintres cri
fabrique où flottaient
l'héroïque
('.'('tait
terrible
paysages d'opéra-comique signés
de Lancret
jusqu'à l'heure où Constable poussa son définitif
paysage historique,
le
de révolte
les
el
pesa
mena
sur à
l'école
l'assaut
étendards des Valenciennes
des Théodore Rousseau,
des Jules
Dupré, des Troyon, des Diaz, des Huet, des Millet, des Boningtôn, des
1
!
I.i'oii
l.,iLM-,uii:c\
Salon de 1707.
JOSEPH VERNET
53
Cabat, des Decamps, des Fiers, des Daubigny, des Corel... Corel! arrière et
glorieux
petit-fils
des
Poussin, des Lorrain,
grands explorateurs du pays de
l'idéal, ces
des Joseph
grands visionnaires, peintres
éternels de l'éternelle nature vue à travers l'émotion de leur leur génie synthétique nous la
montre dans
Vernet, ces
tout le
âme
et
rayonnement ou dans
que
toute
mélancolie de son universelle beauté.
L
Le Poussin, Claude
le
E
N A U F RA G E
Lorrain, Joseph Vernet, Corot, voilà, cliez nous
(placés sans doute à des hauteurs différentes, térité),
les
peintres les
plus
inspirés de
la
dans
le
jugemenl de
la
pos-
nature, les grands poêles du
pinceau, les grands immortels.
La pensée humaine pourra
se
modifier, l'idéal de demain
celui d'aujourd'hui, les opinions en fièvre lutter
sion,
de nouvelles esthétiques
traditions,
pour
le style
n'être plus
où l'impres-
prendre racine au milieu des ruines des
que jamais aucune ombre ne ternisse
neux génies. Car. sans souci des écoles
cl
la
gloire de ces lumi-
des systèmes, dédaigneux éga-
T
LES VERNE
54
lement des
ivres de
procédés,
mémoire du cœur
dos
et
se
Ils
d'ailleurs trop souvent
pour
puis
gaires),
de terre où
coin
petit
leur
laissant
emparé de
triomphalement
sont
au-dessus du
yeux,
peint avec
l'ont
ils
double
la
large ouverte
imagination
du monde extérieur.
toutes 1rs impressions
à
leur sujet,
dans ses
pour
pensée
notre
nous vivons
nous
qu'on
(et
détails les plus intimes cl
l'élever
les
peint
plus vul-
dresser de merveilleux reposoirs dans les grands
lui
espaces bleus du pays des rêves.
Bénissons Ions ces nobles évocateurs sateurs d'idéal,
quand chez eux
comme dans
Moulin du Lorrain, dans
le
dans YEtoile du
d'infini, tous ces
l'expression esl
la
divine
Vue du
la
lue
de Corot, toiles où se trouvent
soir
généreux dispen-
sœur de l'émotion,
d'Albano de Vernet,
si
bien résumées les
qualités d'art essentielles de ces trois grands peintres, unis dans l'immortalité
par une indiscutable fraternité de génie.
L'œuvre de Vernet n'a Lorrain,
ni
ni
l'imposante
grâce précieuse,
la
et
L'excès de son développement nuit
par cette prodigieuse
également
devaient
facilité,
et
splendide majesté de celle du
que rien n'altère, de à
celle
de Corot.
l'harmonie de son unité. Entraîné
héritage de famille, héritage périlleux, dont
souffrir son
lils
Carie
son
et
petit-fils
Horace, Joseph
Vernet s'abandonna à une incessante production, pendant laquelle
même
arriva
trop souvent de perdre jusqu'au souvenir de
voulait rendre et dont
exprimé avec un el si subtil,
les
il
avait
autrefois, lors des
art si vibrant cl si
belles
sincère, avec un
mystérieuses beautés. Et
la
lui
nature qu'il
années
pinceau
il
si
c'est alors qu'il avait
d'Italie,
pénétrant
recours aux
déplorables procédés mnémotechniques dont nous avons parlé.
Mais nous sur
totalité
la
le
amplement
pendait!
s'il
faut
d'œuvre
cela sans porter
admettre que
«l'Italie
que
tant
à
à
condamnation absolue
1789, la suite considérable des
période italienne, c'est-à-dire de 1734
la
à sa gloire
Vernet pouvait mourir El
el
de l'œuvre exécutée de 1753
loiles qu'il signa suffit
répétons encore
à
1753,
'.
trente-neuf ans
c'est
grâce
à
et
laisser
un
nom
immortel,
l'ensemble prestigieux des chefs-
de loiles inférieures exécutées dans
la
seconde
les \\\\^\ années <|ifil séjourna en Italie, Joseph Vernet n'exécuta pas moins de tableaux que se disputaient les Anglais, les Hollandais, les Italiens et Les Français qui envahissaient son atelier. 1
Pendant
trois cents
lus partie de
lu
vie
du peintre,
d'honneur dans autorisé dité trop
à
el
les galeries
déplorer sinon
la
Kl-
Il
VERNET
qui portent son
nationales
el
nom,
55
figurenl encore en place
particulières, on se croii presque
longueur de son existence, du moins
durable de son pinceau.
Le
u ai n (détail).
la
fécon-
Carle Veb.net, enfant, (Gravure
>l<'
par Lépicié
M. Romagiiol. Collection de M. Philippe Dclaroclie Vcrncl
Li:s
apprêts d'une course
(d'après
uue gravure de
Darcis).
CAR LE
Presque
môme
à la
époque où
interprétant avec une correction
prodigue (1779),
remportait
il
toute
peinte d'après un cheval de course. Ce fut
genre où
il
devait devenir maître
,
contre un triomphe académique où
du devoir
filial
et il
premier prix de
classique
Carie Vernet offrait à
1
le
la
Rome eu
Parabole de Venfant
sou père nue magnifique étude le
premier essai sérieux dans un
comme une
instinctive protestation
ne trouvait que l'intime satisfaction
consciencieusement accompli. Car, autant
vieux peintre
le
souhaitait pour l'enfant préféré, dont le précoce talent emplissait son
de
joie, tous les
plie,
honneurs
officiels
autant Carie les recherchait
n'en vouloir bénéficier que pour
la
cœur
dont sa longue carrière avait été reinavec peu d'empressement
grande joie du père qui
et
semblait
L'avait
si
ten-
drement aimé. Mais
la
facilité
de son art était
1 Carte avail déjà obtenu, en 1779, présents à David-
le
si
grande
second prix de
et sa faculté
Rome
m
d'appliquer aux
peignanl Abigaïl offrant des
LES VERNET
60
talent que, sans sujets les plus divers les ressources presque infinies de son effort
apparent,
savait presque le
passait du genre le plus léger au genre le plus austère et
il
simultanément draper avec une correction toute davidienne
péplum antique
tirés
et faire courir
de fines broderies d'or sur
les
bas bien
des Merveilleuses.
Ainsi après avoir appris de Lépicié
conventions de l'époque,
les
M y nz a,
L'art
de peindre, conformément aux
souffrances des martyrs, l'héroïsme guerrier
cheval persan (lithographie de Vernet).
des Grecs, des Romains et
môme des
descentes de croix
amoureuses aventures de Télémaque ou d'Aris-
lonous
il
et les
Samnistes,
les béatitudes
des saints, les
put en quelques années conquérir les lauriers de l'école de
ceux de l'Académie. Ce
l'ut
sa
grande
toile le
Home
et
Triomphe de Paul-Emile, vaste
composition pleine de mouvement, pêle-mêle d'armures, de piques, d'étendards, de trompettes, de chars traînés par de magnifiques pur sang anglais qui lui ouv
rit
toutes grandes les {tories de l'Institut. Gel
événement sepassail
en L789, quelques mois seulement avant
la
son fauteuil académique, put assister à
réception de son
société dont
il
faisait
partie
la
mort de Joseph Vernet fils
dans
qui, de
l'illustre
lui-même depuis bientôt quarante-cinq ans.
CARLE VKKNET
(il
Le jeune récipiendaire, successivement présenté par un huissier à tous les
membres,
s'inclinait
profondément devant chacun d'eux,
voulait le cérémonial du temps. Lorsqu'il
apprend un contemporain),
«
il
mouvement
bras,
naturel,
tous les académiciens présents
A ment,
lui
avait valu
carrière artistique, l'histoire
talent à
(d'après
il
rétrospective, la
peinture des
fit
que de
préférant
mœurs
parvint devant son père (nous
une gravure de Jazet).
».
une célébrité ne
le
noble élan du cœur, auquel applaudirent
mort de Joseph Vernet, Carie
la
que
oublia les lois de l'étiquette et se jeta dans
Chasseur aux écoutes ses
ainsi
dit
adieu au genre qui,
officielle,
et
dans
le
très rares incursions
consacrer
de son temps
la
si
rapide-
cours de sa longue
dans
féconde
le
domaine de
activité
de son
'.
Outre ses toiles de concours pour les prix de Home et son tableau de réception à l'Académie, on a encore de lui, dans le genre académique, trois grands dessins représentanl des 1
.
LES VERNET
62
Toutefois son irrésistible penchant des
scènes de sport
H
de
mœurs ne
pour lui
(il
la
pittoresque représentation
pas abandonner la peinture
héroïque, mais au lieu d'emprunter aux chants d'Homère
el
Xénophon
demandera aux
et
de Tite-Live ses motifs d'inspiration,
Bataille de Mili.esImo
(25
germinal an IV
.
d'après
In
il
les
aux
récits de
gravure de Duplcssis-Berlnux)
bulletins militaires qui, pendant plus de vingt ans, vont raconter, jour par
jour, les exploits des soldais de la République et de l'Empire. Il
la
sera
Danse
le
peintre de
des chiens et
Marengo
et
de Rivoli en
du Jour de barbe d'un charbonnier,
militaire son talent ne s'affirme pas avec
dans
la
même
peinture légère des
mœurs
temps que et si
dans
celui de le
genre
nue aussi vivante originalité que
de son époque,
il
ouvre cependant une
voie nouvelle aux peintres de bataille.
Courses de char aux funérailles de Palrocle, la Mort d'ffippolyte el te Vainqueur aux courses de char revenant avec sa compagne, sujets d'un indiscutable poncif, mais où Carie Verml trouva cependant l'occasion de produire ses ijualilés de peinlre hippique en y faisant galoper de fringants coursiers donl l'allure vivante etessentiellemenl moderne faisait un curieux contraste avec les altitudes classiques el noblemenl figées des personnages.
CAHLE VKKNKT «
Plus hardi que Van der Meulen, dit L. Lagrange, moins gêné par
l'étiquette, c'est
teurs
au cœur de Tact ion
non plus seulement
vement et les
63
les
Ce cadre vivant les efforts
était
que de
se
générales des lignes, mais les
le
mou-
hommes
et les soldats.
es guigue (d'après une gravure de Le Vachez).
si
bien approprié
épiques de Gros,
peintres de bataille, à
montrant aux specta-
drame passionné auquel concourent
généraux
Promenade
malgré
les dispositions
réel des troupes, le
chevaux,
qu'il se plaçait,
l'art n'a
à
ce qu'il fallait peindre que,
plus changé depuis, et tous les
commencer par Horace
conformer au programme tracé par
Vernet, n'ont pu mieux faire la Bataille
de Marengo.
Afin de se rendre plus familiers les différents personnages du drame.
Carie étudiait dans des tableaux de moindre dimension culières qui
forment
comme
le
les
actions parti-
réseau de l'action générale. C'étaient des
marches, des combats singuliers, des trains
l'artillerie
»
LES VER.NET
64
On
peut vraiment dire que
Vernet
fut,
rageux
et
d'Italie,
où
bataillé,
si
dans
la
peinture du
paysage Joseph
sinon un initiateur souverain, du moins un précurseur aux cou-
enseignements,
féconds il
accompagna
Premier Consul sur
le
la
campagne
plupart des
champs de
surtout
Carie,
la
après
dessinant d'après nature les épisodes qu'il voulait peindre, appa-
comme un providentiel dont les Wouwerman, les rut
rénovateur dans
l'art
de
Angéli, les Courtois, les
Préparatifs d'une course
(d'après
la
peinture militaire,
Van der Meulen,
une gravure de
les
Jazet).
.Martin le .Jeune avaient été jusqu'alors les représentants spirituellement
anecdotiques ou froidement solennels. Carie Vernet, en parcourant
son crayon
à la
main,
générale des lignes
et
l'action fiévreuse des
le
le
cadre sanglant des champs de bataille
puis en exprimant, vaste
groupes
mouvement
et
non seulement
la
collectif des troupes,
des individus, voire
même
disposition
mais aussi
des chevaux, en
un mol de chacun des acteurs du drame, avait tracé aux futurs peintres militaires
le
programme
bientôt avec un les
si
à suivre
grand succès
et
li\é la
formule dont devaient s'inspirer
les Raffet, les Bellangé, les
Meissonier, les de Neuville, les Détaille...
Horace Vernet,
T
GARLE VERNE
6S
I
11
suffît (le
feuilleter les
parcourir
les galeries
du palais de Versailles
Tableaux historiques des Campagnes
intéressante de gravures exécutées
la
et
la
plupart par Duplessis-Bertaux, d'après
le
Consulat,
(d'après
popularité
1804
un véritable événement
el
une gravure de
artistique.
comme
important qu'il joua dans
mouvement
demeure
Jazet).
Marenyo au Salon de
l'exposition de sa Bataille de
tissants succès qu'il obtint
Carie Vernet
place considé-
publication de ses dessins de bataille lui valu! une
la
immense fut
la
peinture militaire dans l'œuvre de ce dernier.
Le départ
Sous
surtout de
révolutions d'Italie, suite
des cartons de Carie Vernet, pour se rendre compte de rable que tient
et
et
le
Cependant, malgré
peintre des soldais historique de
demeurera comme
le
la
el
les
malgré
retenle
rôle
peinture militaire,
type du peintre sportique et
des élégances mondaines de son époque.
Bien plus que des images guerrières, son
champs de
courses,
des
ligures de jockeys cl de
intérieurs
d'écurie,
nom
évoquera toujours des
des
scènes
de chasse,
des
piqueurs, de fines silhouettes d'Incroyables et de
LES VERNET
66
Merveilleuses se saluant avec une grâce maniérée en s'envoyant des baisers
du bout des Avant
doigts...
ses triomphes
académiques
à la sortie
de
l'atelier
de Lépicié et
—
La coukse
à son retour de s'était Il
rituel
Rome,
le
(d'après
une gravure de
Jazcl).
goût de Carie Vernet pour
nettement manifesté
la
peinture hippique
1 .
faut rechercher la cause de cette précoce vocation pour
dans
la
un genre
spi-
fréquence des relations que Joseph Vernet entretenait avec
Carie Véniel ne séjourna que sept mois à Rome au lieu d'y rester durant les quatre années réglementaires. L'atmosphère mystique de la ville éternelle eut sur sa nature, naguère si mondaine, si avide déplaisirs, mais parfois cependant soumise à ses crises de mélancolie profonde, une étrange influence. II abandonna complètement ses études de peinture, cessa même de s'intéresser aux courses du barberi, et se plongea dans la religion avec une ardeur inquiétante. Lagrenée, alors directeur de l'école de Rome, convaincu que Joseph Vernet n'apprendrait pas avec une vive satisfaction l'entrée de son cher Chariot » dans les ordres, s'empressa d'instruire le vieux peintre de l'état d'esprit de son fils. Aussi, avant d'avoir eu le temps d'endosser la robe de moine, Carie était-il rappelé en toute hâte à Paris où la crise religieuse prit rapidement fin au milieu I
<<
CAR LE VEUX ET les
07
grands soigneurs de son époque, presque tous amateurs de chevaux de
luxe et possesseurs d'équipages de chasse. Carie pour lequel avait
une prédilection
gnon de
très
marquée
plaisirs et de l'êtes eut, dès le
L'hallali
(d'après
familiarisé avec le spectacle très les obstacles
le
de
des
et
aux aboiements des
dont
qu'il
envoya
comme
avait
même
le
vieux peintre
fait
son compa-
début de sa carrière artistique,
une gravure de
fut
et des
l'œil
Jazelj.
chiens de race menant cerfs et
bercée, pour ainsi dire, aux sonneries
hallali.
Même
souvenir de toutes ces \isions sportiques
Home
il
animé des pur sang anglais franchissant
champs de courses
Sa première jeunesse
sangliers.
des cors
et
étrennes
à
pendanl son séjour en
et
Italie,
cynégétiques l'obséda. C'est
son père
le
fameux cheval peint
du bruit des fêtes et des plaisirs. Désormais, et nous savons nous en réjouir, l'élégant cavalier de la croix de Berny, le fidèle habitué des bals de l'opéra, ne songera' plus à s'envelopper de bure .'i à se couvrir la tête de cendres. Il avail trouvé lui aussi son chemin de Damas, entre SantaMaria ti<-H<i Paceei le restauranl du Veau qui tetle. 8
LES VERNET
68
qui émerveilla les
de Jules Romain
loiles
pour bien
Salvator Rosa,
el
rendre compte de
se
chevaux avant
traité les si
vieillard; et, lorsqu'il étudiait les fresques de
le
lui.
trois
des courses de barberi ou dans celui des bergers de
la
à la
dit-il,
maîtres avaient
curieux de vérité rencontra de plus fécondes émotions dans
galopant l'aiguillon
et
permis de supposer que son art
est (railleurs
Il
surtout, nous
c riait,
manière dont ces
la
Raphaël
la
main après leurs taureaux
le
spectacle
campagne romaine
réfractaires,
contemplation des coursiers aux formes conventionnelles
et
que dans
aux allures
épiques qui piaffent triomphalement ou se cabrent avec une majesté sculpturale dans la salle d'Héliodore et dans la
Chez
les
Vernet
commençait
chambre de Constantin.
précoce que
le talent fut aussi
à
comprendre que
servir à autre chose qu'a faire des
les
plumes
La précocité de son
fils,
bonshommes que
artistique de Carie ne fut pas
s'il
par Charles Blanc.
«
M. d'Angevilliers, où
A
«
Voilà
devant «
lui et
il
«
se
moindre que
si
réunissait la
une société choisie;
comme
et
on se
tendresse paternelle, Joseph Vernet envoya
pauvre enfant installé au milieu du salon, une son crayon à il
la
dessina hardiment un cheval,
murmure autour
de
lui
:
«
Bien
!
Très bien
n'y aura pas de place pour les jambes.
la feuille,
les spectateurs
faisant prendre
Amédée Dura mie.
-
En
de papier
!
et, à
mais
mesure il
qu'il
a pris trop
»
un bain de pieds
étonnés de sa présence d'esprit 2
1
feuille
main.
jambes du cheval, puis en quatre coups de crayon
dessiner
de son père
bien que son père en parla un jour avec feu chez
L'enfant continue, sans se déconcerter, achève
bas de
celle
fils.
Suivant son instinct
avance, on bas,
le
.
cinq ans, nous dit ce dernier, Carie dessinait déjà
l'aveuglement de
chercher son
son grand-père Moreau 1
faut en croire l'amusante anecdote suivante, rapportée
d'une façon surprenante
récriait sur
ans Joseph
crayons pussent
et les
payait d'ailleurs généreusement vingt sous pièce
et
six
à dessiner la tète, et au collège des Quatre-Nations, l'élève
Horace se refusait
lui
A
facile.
.
à
commence
le
corps,
il
ligure de l'eau sur le
les
son cheval, et laissant
»
1762, offrait pour ses étrennes à Chariot (qui avait alors quatre ans) » (Les Livres de liaison de Joseph Vernet).
«
des cahiers pour
CAR LE VERNET
/
69
II
Avant d'étudier l'œuvre, tentons d'esquisser un
portrait de l'artiste.
Physiquement Carie semble tenir beaucoup plus de sa mère,
Étude de chevaux au repos
(lithographie de Vernet).
Virgina Parker, que de son père, ainsi que
le
de Vanloo, de Lépicié, de-Robert Lefèvre, de
Sa gracieuse
vivacité,
empruntée
;'i
la sir/nova
la
témoignent
M
me
\
les divers portraits
igée-Lebrun, de Guérin...
nature provençale,
était
comme
tempérée par une sorte de morgue anglo-saxonne, héritage des ascendances maternelles.
Les écrivains du temps s'accordent pour les
le
classer parmi les gentlemen
plus accomplis. Il
était, (lisent-ils. aussi
élégant de tournure que distingué de visage. Ses
.
LES VERNET
70
beaucoup de
traits avaient
son époque. le \\\
Il
encore
à
linesse.
aimait de passion
et,
cheval
le
et
un dos meilleurs cavaliers de
montait
comme
un jockey.
On
soixante-dix-sept ans caracoler au Bois de Boulogne.
D'ailleurs tous les exercices
existence
Cul aussi
11
du corps prenaient une grande part de son
avec un égal succès,
jockeys montés
Lies
pieds. Carie Vernet fut parfaits cavaliers, et
cultivait le cheval, l'épée et la course à
il
(d'après
une gravure de Dards).
un marcheur extraordinaire,
on raconte
même
fait
assez rare chez les
qu'à la suite d'un pari engagé avec
quelques muscadins en vue, de ses amis, Tourton, Bacuée, Lagrange... courut un
joui-
au Champ-de-Mars, dans une de ces courses renouvelées
du slade antique. fête,
Il
remporta
\
Lareveillère-Lépeaux,
Monsieur Vernet, votre
((
il
lui
nom
premier prix que
le
le
président de
décerna avec ce compliment
liés flatteur
la :
est habitué à tous les triomphes. »
Élégant, spirituel, maître dans tous les sports portant avec un extraordinaire raffinement de correction retroussis, riche d'un sa
nom
première jeunesse dans
devint bien vile l'homme
le
.
la
culotte collante et la botte à
célèbre et d'un talent personnel, répandu dès la
mondaine des
plus
plus à
plus en vue de la jeunesse dorée,
du duc d'Orléans.
frac,
le
et
sociétés,
Carie Vernet
mode de son temps, un des chefs les un des compagnons de tète et de chasse
la
CARLE VERNE T
71
Avec un égal empressement ses contemporains recherchaient sa tuelle société et les brillantes productions
Ce
fut
un
homme
heureux. Et
si
de son art
si
spiri-
facile.
ce n'étaient les quelques mystiques
inquiétudes qui troublèrent les premières heures de sa jeunesse et surtout le
profond chagrin que
été,
et
comme
celle
lui
causa
la fin
sœur Emilie, sa
tragique de sa
vie eût
de son père, une suite presque ininterrompue de triomphes
de joies de toutes sortes pendant plus d'un demi-siècle.
Étude de chevaux au galop
Vernet tenait de sa mère,
Si Carie
«
(lithographie de Vernet).
unadona remmente graciosa
distinction des traits et l'élégance des manières,
un caractère
alerte, joyeux, pétulant,
où
la
rarement, à l'époque des crises religieuses
comme Nogent
1
2
».
sentimental adorateur, «
Aussi gai, aussi
vif,
il
,
»
la
avait reçu de son père
mélancolie n'apparut que très et
amoureuses,
son maître Lépicié, mais pour tout de bon, revêtir
lorsque,
et
il
1
soupirait pour
«
lorsqu'il voulut, la
les
robe de moine
beaux yeux de
aussi étourdi qu'avait pu l'être Joseph
dans
Lettre de Natoire.
Lépicié avait la singulière manie de peindre en coslume de moine, L'étude des Livres de Raison, nous apprend que Carie Vernet, même avant son dépari pour Home, était très épris d'une jeune tille de Nogent, qui d'ailleurs semble n'avoir jamais bien sérieusement répondu à la passion du jeune homme. Est-ce dans cet amour malheureux qu'il l'a ut chercher la cause de ces subite* expansions du sentiment religieux et de ces velléités monacales? Cette fâcheuse aventure ne parait cepen-
LES VERNET
72
emprun-
sa jeunesse, Carie prêtait à son père un peu de ses vingt ans, et lui tait
en retour un peu de cet or dont on
raconte que Joseph Vernet
calembours dont
il
allait
vieilli
a
achetait à son
ensuite se faire
trois fois
de suite, abusant de
La
c.îiassf.
la
au renard
pudeur
mémoire
(d'après
fils,
honneur en
Carie, pour battre monnaie, revendait sans
ou
tant besoin à tout âge.
le
a
argent comptant, des
comment
société, et
même bon mot
fatiguée de son père
une gravure de
On
1 .
deux
»
Jazet).
Les mots d'esprit de Carie Vernet ne se comptent pas. Plusieurs sont
devenus populaires, entre autres ce calembour Vie qu'il servit en réponse
à
si
connu sur
la
Bourse
et la
une question désobligeante d'un voleur ren-
contré un soir en plein Paris.
A
l'indiscret
paraît-il,
personnage Carie répondit avec une parfaite sérénité qui,
déconcerta complètement
le
bandit
:
«
La Bourse
est
au bout de
danl pas avoir profondément bouleversé la destinée de Carie Vernet, car en apprenant, à son retour de Rome, que « les beaux yeux de Nogent » s'étaient mariés à un autre soupirant, il chercha de rapides et douces consolations dans les coulisses de l'Opéra, et dans la vie de sport, avant d'épouser Fanny Moreau, la charmante fille de Moreau le jeune (1787). 1
Léon Lagrange.
W
CAR LE VERNET la
rue à droite, monsieur,
vile
de profession.
et l'avis
que
je
vous donne
est
de changer au plus
»
rôle. Autre aventure de brigands où notre peintre eut encore le beau ou en plein Arrêté par des malandrins (était-ce dans les monts d'Albano
Paris?) Carie Vcrnet dut déposer entre leurs
quelques pièces d'or. Et
il
accompagna
La chasse
(d'après
mains une bourse où
cette
brillaient
douloureuse offrande de cet
une gravure de
Jazct).
pond Isabev en claquant des dents. Et Carie de s'avancer vers un inconnu qui s'essayait à patiner près d'eux et sérieux
:
«
Un de
Voulez-vous avoir
mots
représentation de Maison à rendre. à côté
lui
dire avec un
bonté de fermer
la
ses plus jolis jeux de
Verne! se trouvait
de
Il
est
la
celui qu'il
imperturbable
porte Saint-Denis. lit
est d'ailleurs très
lors de
la
»
première
connu.
d'Alexandre Duval, dans une loge d'avant-scène
avec quelques amis. Chacun félicitait l'auteur du succès de sa pièce. Seul Carie Vernet ne disait rien,
«
Est-ce (pie nous n'êtes pas content?
»
lui dit
LES YERNET un des assistants, que nier,
je
M. Cuvai
a
le
trompé
silence de Yernet étonnait. le
public
ne trouve qu'une pièce à louer.
;
il
avait
«
Non, répondit
annoncé une maison à
se manifestait
tance, sous toutes les formes. C'était très visiblement
pendant
le
rendre, et
»
La tendresse de Joseph Yernet pour Cari
Le départ
ce der-
le
en toute circonsfavori, et
même
(d'après une gravure de Jazet).
court séjour de reniant gâté à l'école de
Home
la sollicitude
paternelle, toujours en éveil, toujours inquiète, ne cessa de s'intéresser aux
moindres actions du jeune peintre. Le Journal de Joseph nous apprend que chaque semaine le pensionnaire de la villa Médicis recevait une longue lettre chargée des plus affectueuses recommandations. Les sages conseils
«
pas s'amuser à faire des bagatelles
»,
et
des croquis bientôt
faits
de ne
mais
d'étudier sérieusement les grands maîtres, surtout Raphaël, alternaient avec
d'autres conseils,
non moins sages, qui portaient sur
le
choix des relations
T
CARLE VERNE règles
d'hygiène à
observer. Le bon
père, que la
sur
et
les
santé délicate de son
adoré
fils
préoccupai! liés vivement, redoutait les suites de trop violents exercices
de
«
d'équitation
parties de bal
mentées.
bonne
à
La
«
»
trop
table
l'académie?
et
mouveest-elle
Voilà
»...
encore une des anxieuses ques-
rem-
tions dont ses lettres sont plies.
Nous retrouverons plus chez Carie
les
mêmes
lard
témoi-
gnages de tendresse passionnée, voire
son
même
lils
tyrannique, pour
(d'après
Horace.
Jamais
la
fraternelle
communion de
Étude de chevaux
d
une façon
dont
Jockey au moment de monter
plus
se
une gravure de
l'esprit et
battant
du cœur ne
comme
soudées
cheval
se manifesta
(lithographie de Vernel).
noblement touchante que chez ces
les existences sont
a
Jazet).
entre
elles
trois
par
grands artistes les
plus myslé9
U-:S
78
rieuses
et
VEHNET
plus profondes affinités.
les
non seulement dans
cependant que
Kt
extérieur des
l'aspect
<le
contrastes,
aussi dans les
natures, niais
manifestations familières des caractères! Certes Carie
de son esprit
et
ressembler dans
bien hérité du talent de son
a
de
la
générosité de son cœur, pratique
la vie
et
Le départ nu chasseur
l'ut
le
(d'après
emprunté au
combien furent vains tudes d'ordre
et ses
mais
aussi de la gaîté
qu'il est
loin de lui
méthodique teneur de
!
Qu'on en juge par
livre
de M. Léon Lagrange,
les efforts
du père pour inculquer
livre
que
et
à
où
son
le récit
l'on
verra
ses
habi-
lils
Home, Joseph Vernet
fit
"promettre de noter, avec soin, jour par jour, toutes ses dépenses.
«
Mais au retour,
raison. Le père alors
de
goûts de comptable.
Disons, tout d'abord, que lorsque Carie partit pour lui
et
une gravure de Levachez).
minutieux auteur de Livres de raison
épisode
cet
d'être le
père
mon ami le
lil
d'un de ses livres
à
voit le père sur le
dos du
lui
Carie ne put montrer l'ombre d'un livre de
asseoir, et le força d'inscrire sur
les
une page blanche
dépenses du voyage. Cette page
lils,
et
ce dernier,
un crayon
à la
est vivante.
On
main, cherchant
GARLJE dans
mémoire
sa
VERNET inventer pour abréger la corvée
ce qu'il pourrait bien
Rome,
De Paris
à
«
dépenses,
comme
il
véut des détails. Alors Carie d'accuser en
<(
gilet blanc,
«
table,
étrennes,
quand «
il
le
a
spectacles, gants, cravattes, etc..
10 francs.
40 francs.
«
ou cinq père a
la
il
fois,
3 francs... etc.
»,
plume
:
A Rome un
«
:
—
Tapis de
Le
»
une martingale, 10 francs, 52 francs au
désarmé
est
ronds
chilîres
père insiste
le
Des gants, deux paires, \ lianes.
Carie, ennuyé, jette le crayon. cl
continue d'écrire sous
cl la
Le père du
la dictée
café, les
tailleur, et le
ramasse,
(ils
quatre
un calembour,
le
peintre et efforçons-nous de
le
sans doute
articles, et puis... Kl puis Carie
ri,
mais
»
couleurs reviennent à tout instant. Mais enfin
les
70 francs de couleurs
ou plutôt prend
—
— Spectacles plusieurs
spectacle, inscrit
j'ai
:
dépensé environ 30 francs en menues
«
ècrit-il,
79
a fait
confession se termine.
»
111
Nous connaissons l'homme. Éludions
le
suivre à travers les multiples évolutions de son art
caprices de sa labo-
et les
rieuse et folle existence.
A proprement la
parler Carie Vernet ne fui pas un peintre.
prodigieuse facilité de composition de son père,
s'il
sut,
S'il hérita
comme
de
lui, fixer
d'un crayon rapide, spirituel et vivant, les expressions et les attitudes de ligures encadrées
ignora
l'art
dans des accessoires correctement adaptés au
et
il
fut
en cela bien inférieur au peintre des bords du
des \ues de Tivoli
et
d'Albano.
L'aspect général de ses grandes compositions picturales, de île
il
divin de produire de puissants effets par l'harmonieuse combi-
naison des tons. Kl
Tibre
sujet,
Marengo*, du Matin d'Austerlitz
(sa
meilleure
toile),
de
la
la
Bataille
Reddition de
Ce tableau qui ligura an Salon uV isos valul à Carie Vernel la croix de la Légion d'honla lui remettant de ses propres mains, Napoléon lui dit « Monsieur Vernet, vous êtes comme Bayard, sans peur et sans reproche. Tenez, voilà comment je récompense le
1
neur. Et ici
mérite.
:
»
L'impératrice ajouta à ce premier complimenl ces mots gracieux « Ce sont deux croix en une; il est des hommes qui traînent un grand nom; vous, Monsieur, vous portez le vôtre. » :
àmédée Durande.
|
LES VEUX ET
80
Madrid, de bien
de
dire, d'un
le
De
Bataille de Rivoli,
la
même
de
désagréable,
effet
les bois
au musée du Louvre,
Meudon,
de
et qui
Halte au retour de la chasse (d'après une gravure
l'année 1827.
avant tout
Ici
comme dans de
le style
des silhouettes, dans
dédain de
la vérité
Carie Vernei
son
pinceau;
la
spirituel
pendant
la
l'esprit
du ton local
il
Tant
et vitreuse.
la
seule toile
de Jazct).
Carie Vernet recherche
du dessin, dans l'élégance mais quel suprême
de l'harmonie générale
el
est,
exécutée pendant
fut
pittoresque des accessoires;
!
ne se faisait d'ailleurs aucune illusion sur les vertus de
ses
peintures
ensemble de son œuvre. Le talent
les toiles militaires
composition dans
le
etc.,
dans sa tonalité froide
Chasse au daim dans
la
ligure
l'artiste qui
du Siège de Pampelune,
et
sont
assez
travail
primesautier, aussi
durée de sa longue
el
rares,
étant
donné
le
colossal
du crayon convenait surtout a son s'}
livra-t-il
presque incessamment
laborieuse carrière. Ce
l'ut
lui
qui mit un
CAR LE VER NET des premiers en usage
l'art
de
populaires ses scènes de sport
la
cl
81
lithographie, qui devait rendre bientôt
si
de mœurs, ses estampes satiriques, ses fins
croquis de modes.
L'œuvre parties
:
les
de
Carie Vernet
peut,
les lithographies.
la
se
diviser
en
quatre
dessins au crayon, les peintures, les aquarelles et sépias.
Amazone égarée
tante.
en définitive,
La
(d'après
une gravure de
partie lithographique est de
Le cabinet des estampes possède environ
et
Jazet).
beaucoup
la
plus impor-
six cents lithographies, et
collection est loin d'être complète.
Les dessins
à
la
mine de plomb sont également
fort
connais des albums qui en sont couverts. Beaucoup ont une trale. Certains d'entre
allure magis-
eux deviendront de brillantes aquarelles qui
tour se transformeront
en
précieuses gravures
Levachez, Jazet... contresigneront. D'autres,
champs de
nombreux. Je
bataille d'Italie,
à
la
suite
à leur
que Debucourt, Darcis.
comme
les croquis pris sur les
du Premier Consul,
el
que
la
fine
pointe de Duplessis-Bertaux fixera définitivement, constitueront un précieux
LES VERNET
£2
ensemble de documents graphiques d'une remarquable intelligence rique;
<»ù
devine que l'observation de
l'on
égale intensité
cl
un égal souci de
la
l'artiste
vérité, sur
la
liislo-
portée avec une
s'esl
figure cl l'attitude des
La marchanda dk poissons (d'après une gravure de Debucouri
chefs, sur les
mouvements
des troupes, sue l'aspect des campagnes, sur
la
nature des terrains...
Ce sonl
de véritables instantanés historiques dont l'étude
indispensable à qui veut connaître dans lous leurs détails
nements
les
csl
presque
épiques évé-
de ces époques guerrières.
Le métier de pinceau, célébrer
sur de vastes
tecteur,
ou
les
si
lourd
toiles
le
cl
si
pénible chez
l'artiste lorsqu'il
veut
triomphe de Napoléon, son premier pro-
exploits cynégétiques de Charles
X,
son
souverain bien-
E
CARLE VERNE T aimé"
1
étendent
,
80
plus libre, plus léger, plus souple
dans l'aquarelle; Cer-
Tunc conduisant un cheval arabe (d'après une lithographie de Vernet).
taines peintures
à
l'eau,
celles
surtout où
l'Empereur dans
différents aspects,
le
bois et des jardins de Fontainebleau, coloris
charmant.
.Mais
que
les
de l'Empereur sont pauvrement
Cependant Carie réelle force
sut parfois
de vérité
la
traits
l'artiste
nous
montre, sous
cadre des sont d'un
augustes
interprétés! Et
exprimer avec une
figure
humaine.
Son
nous dit M. Amédée Durande, était toujours resté au souvenir des Bourbons, et il accueillit avec joie leur restauration aussi fut-il nommé en quelque sorte Je peintre 1
Carie,
fidèle
;
de la nouvelle cour, lorsqu'on le chargea de peindre l'entrée de Louis XVIII à Paris et le portrait du duc de Berry en costume de colonel général des chevau-légers. Pour justifier l'acceptation de ces commandes, dont l'exécution n'ajoute rien d'ailleurs à la gloire de l'artiste, M. Amédée Durande trouve celle conclusion étrange « La peinture est un terrain neutre toutes les couleurs se trouvent sur la palette, et l'artiste a, jusqu'à un certain point, le droit de 11e pas toujours être conséquenl avec l'homme. » N'oublions pas que le Premier Consul avait puissamment favorisé les débuts de Carie Vernet en lui faisanl l'honneur de l'accompagner sur les champs de bataille d'Italie, où l'artiste pût recueillir d'après nature les principaux éléments de ses fameux dessins que devait graver Duplessis-Bertaux. C'est aussi ['Empereur qui au Salon de 1808, devant le Malin d'Auslerlilz, lui remit la croix de la Lésion d'honneur. officiel
:
;
La VI (d'après
F. I.
LEU S
une gravure de Debiu
mrtl.
LES V EU NET
Si
groupe de maréchaux dans tenue
et je
ne crois pas
Adieux d'un Russe
riques
r
le
Matin â Austerlitz
qu'il existe
a
d'images
une Parisienne
de Bernadotte, de Bessières
Carié Vernet dans
Mais arrivons
la
meilleure de ses
à
la
et
(d'après
est
remarquable
d'une
(dus vivantes
el
plus histo-
une gravure de Debucourt).
de Mural, que
relies
que
peignit
toiles.
partie la plus importante
de P œuvre
de
l'artiste,
VERNET
G A RLE à celle qui selle
t'ait
85
surtout sa gloire et qui lui valut une
notoriété
nous voulons parler de
:
rapide
si
et si
univer-
l'ensemble de ses compositions
lithographiques.
Ce ne
que vers 1820 que Carie Vernet exécuta ses premiers
fut guère
dessins sur pierre. De Làsteyrie trouva en
Accident de chasse
ce genre qui exige des qualités la
vivacité spirituelle
du
souvent superficielle des ne les
Dès
possédait le
lèlement
à
un
Directoire, à
sa
d'aquarelles, où
puissant vulgarisateur.
mieux deviner que Carie Vernet
d'ailleurs
la
liait,
si
:
la
la
Nul
ne
vraie destination de
rapidité de l'observation,
d'exprimer sous une forme cursive
idées parfois
très
profondes. Ces qualités,
et
nul
plus haut degré que Vernet.
verve satiriquede Carie Vernet
verve sportique, les
françaises
l'art
dis-
(lithographie de Vernet).
ciples et l'art de la lithographie son plus
pouvait
un de ses plus fervents
lui
mœurs
et
dans les
s'était
exercée paral-
une série de dessins, de sépias
travers
et
de celle curieuse époque sonl 10
LES VERNET
86
humeur
dépeints avec une
des Merveilleuses que
très spirituelle. Voici la suite des Incroyables et
gravure
la
rendre populaires en France Ce
époque
aussi à cette
fut
;
lithographie ne vont pas tarder à
la
l'étranger...
qu'il dessina
du
même
Sans doute
hippiques.
surpasser en ce genre,
et
avoir pour la
le
Jazcl).
Géricault
fin,
devait
découvrir
a de plus générique,
le
la véri-
mais
il
n'en
prédilection un peu exclusive qu'il parait
pur sang de courses, Carie Vernet
a
déchiré de son
lin
crayon
formule classique des nobles coursiers aux croupes massives, aux tètes busquées,
petites et
lesquels
a
caracolent
fixé le
aux jambes de devant éternellement en
et
solennel
le
Méléagre de Lebrun, Il
la
és recherchées des
une gravure de
l'incomparable
dans ce qu'elle
pas moins vrai que, malgré
est
(d'après
après des recherches sans
table expression chevaline,
li
coup Carie Vcrnct au premier rang
Jockey emporté par ses chevaux
peintres
pièces, dont le succès fut
ces épreuves sont encore aujourd'hui
vrais amateurs, et classent
des
pour Debucourt ses fameuses
nombre de quatre-vingts
éludes de chevaux, au
considérable
et à
et
du cheval
s'être
trop
,
d'Olivarès,
et l'obsédant cavalier
premier sur
réelle
duc
et
spécialisé
le
la
toile,
les
Alexandre,
ou
sur les
en habit bleu de van der Meulen.
d'un pinceau sincère
seul reproche
l'air,
qu'on
dans une espèce. Ce que
et savant, la ligure
puisse lui adresser est de dit à ce sujet
M. Amédée
C'A
Durande
est fort juste.
RLE VERNET
Carlo Vernet a renoncé au Noble Coursier (celte
«
expression prétentieuse peut seul» donner une idée juste de l'animal qui a 1
servi de type à certains peintres) et
maîtres hollandais et flamands'. race qu'en habile écuyer sang.
Il
poussa
il
même un
il
Il
s'il
batailles.
Dans
il
à courre,
l'étude
se
iil
le
il
eCd
du cheval
(d'après
de ses élèves, Géricault, mais
mieux il
quitte à léguer à ses successeurs
une gravure de
pour modèles dans ses
fait
la
et élé-
Jazet).
stee/ile cl
d'en choisir d'autres pour ses
devait être surpassé par
c'est déjà le
«les
portraitiste juré des pur
peu trop loin l'amour de ces bêtes fines
a eu raison de les prendre
dans ses chasses
chevaux
consacra ses pinceaux à l'étude de
préférait, el
Le repos du chasseuh
gantes, car
a laissé à l'écurie les gros
le
plus illustre
un mérite que d'ouvrir
la vraie voie,
soin de l'élargir
2 .
»
II est bon cependant de l'aire observer que Carie Véniel, malgré sa prédilection liés marquée pour les chevaux de race fine, anglais, arabes, syriens, persans, hongrois, ne dédaigne pa« aus~i absolument qu'on veut bien le dire le cheval de trait, le cheval peuple, et certaines lithographies comme la route de postes, le marché de chevaux normands, démontrent victorieusemenl que Carie Verne savait exprimer avec un ail égal la vigueur massive du cheval el, sa frêle ot 1
I
nerveuse élégance. 2 L'image qui orne la couverture de ce livre nous apprend qui' Carie Vernet ne se contente pas de faire chevaucher le pur sang anglais par les cavaliers de Paul-Emile, mais aussi de
LES VEUX ET
88
Voici également sur Carie Vernet, peintre de chevaux comparé en ce
genre à Gros citée
:
Alpes
« le
une opinion de Charles Blanc qui mérite d'être
Le cheval que David venait de peindre, portant sur Premier Consul
aucune
nait à
et à Géricault,
et sa
fortune,
race. Déjà, sans doute, Carie
Accident de chasse
vaux
;
il
étaii
s'était
permis de regarder
Vernet avait émancipé
che-
la
nature
et
de copier, non pas des
et
lui l'Ecole française,
reproduisait assez gauche-
type de coursier venu des batailles d'Alexandre ou trouvé dans
écuries de
fines, et
les
(lithographie de Vernet).
sous l'influence des académies, avait adopté
les
cime des
un cheval bâtard qui n'apparte-
chenaux peints mais des chevaux à peindre; car avant
ment un
la
même
Van der Meulen. Mais Carie en exagérant
leur finesse.
n'avait
réhabilité
que
Son grand mérite
les races
fut
de leur
modifier bien profondéraenl dans un sens très moderne, les formes olympiennes du fougueux coursier du Parnasse. Son Pégase, s'élançanl d'un coup d'aile, dans les profondeurs du ciel pour s'y changer en astre, évoque en notre esprit l'image très mouvementée d'un joli étalon sj ien, les ailes en plus. i
/
CARLE VER N ET
donner de l'élégance race
:
il
comprit
le
et
de
cheval
c'est-à-dire noble et de
la vie.
comme
89
Gros leur donna de
vigueur
la
un élève de David pouvait
pur sang. En
sa robuste monture du peuple, Gros
le
et
de
la
comprendre,
attendant que Gérieault osât ennoblir fit
du cheval arabe
compagnon de
le
tous ses héros. Lui-même, du reste, avait conscience de sa supériorité en ce
Accident de chasse
(lithographie de Vernet).
genre, et dans son langage pittoresque et fringant
Vernet
:
«
Un de mes chevaux mangerait
Jamais peintre n'aima le
A
et ses
vingt ans
disait
six des siens...
cheval avec plus de passion
le
peignit avec plus d'amour.
accomplis de son temps,
il
il
était
à
propos de
»
que Vernet
cl
ne
un des cavaliers
les plus
comme
ses der-
premiers essais au crayon,
niers croquis, furent des études de chevaux, études de détail, éludes d'en-
semble. Le cheval,
il
au boulet. Dans
la
représentation de toutes ces scènes de chasse, de course
de vénerie où
il
et
terre, ce
par cœur, du chanfrein au paturon, de
le sait
excelle, Carie n'a jamais été surpassé,
pays classique de
la
Mais aussi que d'infinies
même
la
croupe
en Angle-
peinture sportive.
et
incessantes recherches pour arriver à
la
réa-
LES VERNEï
!)()
lisation letér
si
les
rapide et
si
sûre du sujet. Pour s'en convaincre
cartons où s'entassent
cheval, fixées
d'un crayon
suffit
il
de feuil-
pénétrantes études ahatomiques du
ses
consciencieux, et ces albums de poche où
si
fourmillent tant de vivants croquis hippiques et autres pris d'après nature, et
où Ton retrouve en germes
les
chefs-d'œuvre futurs,
volantes, pieusement conservées par
Accident de chasse toute
sa séduisante originalité,
comme on
Carie Vernet,
qui,
de Callot un
caractère
le l'a
nouveau,
la
('/est
sur ces pages
famille, qu'apparaît le
mieux, dans
(lithographie de Vernet).
talent dit
si
primesaulier, raison,
avec
a
moins fantastique,
su
si
français, de
donner non
mais
à
l'art
moins
spirituel.
L'un de ces carnets celui
Rome
qu'il portail
en poche lors de son départ pour
(octobre 1782) est fort curieux à consulter.
de nombreux dessins du plus
vif intérêt
:
Non seulement il renferme
études de cheval, caricatures,
silhouettes d'amazones, croquis de harnais et de bottes, paysages, scènes
tragiques
et
comiques, empruntées au théâtre de Racine
et
de Molière, mais
encore des notes écrites d'un indiscutable intérêt biographique.
En
voici
une qui porte
pour simple
titre
Souvenir
et
que Vernet,
.
GARLE VER.NET rédigea (railleurs sur ce
Rome.
même
carnet, assez longtemps après son retour do
mentionnée
Elle mérite, croyons-nous, d'être
Chocolat que
le
91
:
citoyen Vellong m'envoye pour payement d'un tableau que je dois
lui faire.
Vers la fin thermidor Le lo fructidor Vendémiaire
Lk marchand
On
se
pour 12
prend
uk
2 livres.
6
chevaux NORMANDS
regretter de
à
(d'après
même
une gravure de Charon)
ne pouvoir connaître ce tableau exécuté
livres de chocolat, payées en trois
Sur ce
— —
acomptes.
carnet nous découvrons une opinion médicale,
ressante, rédigée tout entière par la fort bien l'affection
nerveuse dont
main
même
souffrit
il
tence et qui se manifestera au début
à la
el
de
l'artiste.
l'oi
t
inté-
Elle explique
plusieurs fois dans son exisfin
de sa carrière par de
si
étranges crises de mysticisme. «
Monsieur
Carie Yernel est né
Les remèdes très porte
pas
l'usage
grands lavages. U
actifs
ne
lui
avec une constitution liés sensible.
conviennent pas. Sa constitution
des purgatifs. est fort sujet à
Il
ne
des
supporte
pas plus
maux d'estomach
(sic)
ne com-
facilement
les
pour lesquels
LKS VKHXKT
92
il
a
l'ait
usage de différentes espèces de remèdes.
lagement que dans l'usage d'un
semences d'anis chaque
fois et
qu'il
rôle
Il
n'a éprouvé de sou-
mélange de rhubarbe concassée
mâchait tous
les
malins
à
la
et
de
dose de huit grains
pendant bien du tems.
Les aveugles «
II
(d'après la gravure de Debucourt).
faut être en garde contre son
dans toutes ses affections
moral qui m'a paru jouer un grand
1 .
>>
Les premières pages de ce carnet son1 consacrées à la nomenclature des objets de toilette emportés par Carie Vernet à Rome. Voici d'ailleurs la reproduction textuelle de ce curieux document que nous publions ici à simple litre de curiosité et pour montrer quel souci avait de sa mise extérieure notre fringant artiste, qui déjà à cette époque était considéré comme un des princes de la jeunesse dorée 1
:
Etat des objets que j'ai emportés, tant dans ma malle, que sur moi, lors de jiour Home, an mois d'octobre 1782. 24 chemises neuves. habit violet, la veste pareille.
bas de soye noirs, bas de soye gris, bas de fil blanc.
I
23 chemises vieilles. 24 cols neuls.
5 bandeaux.
18 cols vieux.
o
12 cravates.
6 culottes blanches.
12 mouchoirs de batiste. 36 mouchoirs à moucher. mouchoirs de soye. bas de soye blancs.
mouchoirs vieux.
10 gillels blancs. 7 gillets d'indienne. 5 culottes de nankin. 6 caleçons.
mon
départ
.
1
CARLE VERNET
ii
Xous avons
On peut
dans
lu
pointure militaire et hippique un véri-
aussi le considérer
chambre
et leurs gillets.
I
pantalon rayé.
1
habit noisette, veste pareille, collet aurore. habit gris mélangé. 2 gillets jaunes. gillet de drap rouge. 1 gillet noir bordé en or. 1
1
1
1
1
1
blanc brodé en or. 1 gillet prune de Monsieur, à petites 1 gillet de satin zébré. 2 gillets de coutil de soye.
1
1
1
gillet
1
mœurs
se
borne
habit rouge, collet noir. habit bleu, veste pareille. habit de velours bleu, culotte pareille, veste de satin brodé. habit de ratine carmélite, veste pareille. habit de soye bleu de roy, veste brodée. habit blanc et gris de lin, veste et culotte
pi-opi e à
gillet
paire de brmletpiins. 23 paires de souliers. 2 paires de galoches. 2 paires de pantoufles. 1 gilet de satin rose. -1
1
un inventaire de ganle-iobe du xix siècle.
de
1 gillet
I
la (in
père de la carica-
de tricot rayé bleu. de tricot zébré. 1 gillet de tricot aurore et verd. 1 gillet de satin beurre frais. 1 gillet de satin verd. 4 gillets de peau. 1 habit blanc. 2 paires de bottes neuves. 1 paire de vieilles. 1
gillet noir.
Voilà
satire
le
pareille. fleurs.
2 culottes noires. 2 culottes de velours de coton mord-d'oye. 1 culotte de drap de coton merd-d'oye. frac noir. 1 1 habit suie de cheminée. habit noisette. 1 habit gris de fer à boutons noirs. habit brun ;ï collet cramoisi. 1 1 habit habillé, couleur de chair. habit de trient noir, veste pareille. habit rouge, collet verd (.s7c| 1
de
comme
moderne, bien qu'à proprement parler sa
2 robes de 1
c'est bien ta... (d'après la gravure de Debucourt).
dit qu'il fut
table réformateur. ture
!
93
aire rêver les
fi
jeunes bourgeois
les
plus élégants
'
1
LES VERNET
94
presque toujours
à
une exagération comique des formes
mais non grossière interprétation des
traits,
tudes. Les Cris de Paris font pressentir
Rempailleur de chaises, nous
Lf.
une burlesque,
mouvements
des
T ravies
et à
et
des
qui, sauf toutefois
atti-
dans
montrera bientôt plus grimaçants, plus dou-
les
coup de vent
(d'après la gravure de Debucourt).
loureux, plus dépenaillés, lïien avant Charlet, Carie Yernet nous avait assister aux idylliques effusions des
Decamps chiens,
ne
fut
,
comme
on
peut s'en
bonnes (reniants
convaincre par
une des plus belles pièces de
pas
le
l'œuvre
la
et
cl
fait
des toulouroux, et
fameuse danse des
humoristique de Yernet,
premier à décrire du bout de son lumineux crayon
santes pirouettes des singes
le
les
amu-
des chiens savants...
Gavarni lui-même qui, plus que tout autre, avait une parenté d'élé-
gance avec
le
l'influence de
peintre des Incroyables et des Merveilleuses, n'a-t-il pas subi
Yernet ? Qui pourrait
le
Assurément non, Carie Yernet ne
nier? lui
pas un grand peintre,
même
lors-
u
I
GARLE VEUNET de glorifier tour à tour sur d'immenses
qu'il tenta
Paul-Emile, Bona-
toiles
une place
parte, Patrocle et Louis XVIII, et nous ne saurions lui assigner
entre Gros et Géricault.
rayonnement du Champ Mais
là
où
Le
il
excella,
jouis de
Marengo
singulièrement dans
de bataille â? Eylau et
mais
barbe
pâlirait
h
là
'
n
où
il
est
du Naufrage de
demeuré inimitable,
charbon NiEit
le
la
c'est
double
Méduse.
dans
l'art
(d'après la gravure de Debucourt).
de fixer d'un crayon rapide, sous une forme toujours spirituelle et vivante, les
résultats
cesse, sur les
de ses incessantes observations. Car Yernet observait sans
champs de
sur le Corso de
bataille d'Italie, au théâtre, à la croix de
Home, dans
les
chasses de Raincy, au patinage, au Palais-
Royal, dans les fameuses galeries de bois qu'oïl appelait tares,
et
où Muscadins
et
Incroyables observaient
légèrement voilés des beautés du jour... Toujours sur les détails caractéristiques alerte le
crayon notait
la
Berny ou
et
il
le
(Uim/i des Tar-
à la
loupe
avait
l'oeil
les
charmes
grand ouverl
pittoresques des choses. Et bien \ile son
juste et fugitive impression.
Il
chroniqueur bien renseigné des modes de l'époque,
ne et
fut
pas seulement
ses compositions
LES VERNET
96
légères
du
frac de
bornent pas
se
rie
Vil et
l'art
physionomie de sous
le
à
nous donner
mondaine
sous l'Empiré
et
sous
La toilette d'un clerc de procureur
héroïque, toute
de
ces
la vie
élégante
époques passées
innombrables sante suite
de chevaux,
feuillets
est
cl
et
populaire, sous
la
(d'après la gravure
dans
le
île
Debucourt).
jusqu'à l'extravagance,
pur français
plus
et
des Merveilleuses, les admirables
scènes de course
et
de chasse,
les
étonnante série d'études de types populaires, puis
une
Directoire,
Restauration. Toute la vie
folle, folle parfois
décrite
le
sur les
de ses albums. Voici les tableaux historiques, l'amu-
des Incroyables les
dessin des boites à rètroussis,
de l'habit de ratine carmélite... Mais aussi l'exacte
la vie militaire,
Consulat,
le
cris
études
de Paris, cette
le défilé
grotesque, en
suite de superbes estampes, de tous ces guerriers sauvages
que Finva-
CARLE VERNET
99
sion amenait à Paris, et dont l'artiste a d'un crayon vengeur éternisé les
physionomies grossières Ici
une amis
et brutales.
sa verve de caricaturiste se manifeste en pleine liberté et c'est avec
satisfaction malicieuse qu'il se plaît à livrer au ridicule les
ennemis
»,
comme
marchande de
les appelait
coc<>
bours russes, Officiers prussiens, les
Anglais à Paris,
sienne... sont autant
la
nos bons
Bérenger. Militaires anglais, Tam-
(I8lô) (d*aprcs la
la
«
gravure de Debucourt).
Promenade
anglaise, le
Cosaque galant,
Partie de plaisir, les Adieux d'un Russe à une Pari-
de petits chefs-d'œuvre.
Et Vernet, pendant ces heures tristes et douloureuses, ne se contentait
pas de ridiculiser les grossières allures de nos vainqueurs, mais aussi, d
un Imil sur,
il
notait
physionomies de leurs compatriotes accourus dans Pans envahi pour insulter encore par leur présence tapageuse à notre les
LES VERNET
100
douleur.
Ah
ces groupes d'Anglais en quête d'émotions
!
long des Champs-Elysées
bivouacs
transformés en
!
patriotiques
le
Etres difformes
et
ridiculement accoutrés, grotesques de vanité, lâchement hilares, au milieu de l'Europe entière campée sur nos ruines jours et ni Gillray, ni
L
f.
Gala
!
Vernet
les a décrits
Rowlandson ne réussiront eux-mêmes
nt
cosaque
une plus vivante intensité
la
(181
.">)
à
pour tou-
exprimer avec
(d'après la gravure de Debucourt),
morgue pesante
el
la
plastique carnavalesque
de leurs compatriotes. C'est aussi vers celle
époque que Vernet, utilisant
le
procédé lithogra-
phique qui, grâce aux persistants efforts de Lasteyrie, commençait à se répandre, publia en outre de nombreuses scènes de chasse et de sport, soixante-quatre pièces consacrées aux Fables de La Fontaine. Ce n'est pas là d'ailleurs,
il
faut
le
reconnaître,
la
meilleure
partie
de
son œuvre.
CAR LE VERNET
A
cet artiste essentiellement
pût
native
se
primesautier,
manifester avec esprit,
dessin des illustrations de La et
la
s'être
conception fait
illusion
manque sur
la
parfois
fallait,
il
pour que
vision immédiate
la
Fontaine
101
est trop
Carie
valeur de ces compositions, car
ri
du
souvent pénible
d'ingéniosité.
Militaires de la garde impériale
sa
sse et allemande
faculté
sujet.
Le
et lourd,
Vernet semble il
les
dédia à
(1815).
(D'après la gravure de Debucourt.)
Louis XVIII. Le souverain l'artiste
puisqu'il
l'en
fut
d'ailleurs
remercia
en
le
très
satisfait
nommant
de l'hommage de
chevalier de l'ordre de
Saint-Michel.
En
1827,
l'Institut,
Horace Vernet, qui
comme
avait
déjà
sié»é
à
côté de
Carie avait lui-même siégé près de Joseph,
directeur de l'Ecole de
Rome.
son fui
père
à
nommé
Carie, qui ne pouvait plus se passer de son
LES VER NET
10-2
et
fils,
dont
paternelle était devenue presque
l'affection
devoir accompagner Horace Il
emporta
même
tyrannique, crut
'.
une immense
toile,
à peine ébauchée; le vieux peintre
se proposait d'y représenter Louis XVIII allant rendre grâces à Dieu l'église
Notre-Dame. Cette
toile
ne fut jamais terminée.
Rencontre d'officiers anglais
Phénomène étrange emparés de l'état
lui lors
(d'après la gravure de Debucourt).
Les sentiments d'excessive dévotion qui s'étaient
de son premier séjour à
de sa raison de
nouveau. Horace en
!
si
dans
Rome
et qui avait
donné sur
vives inquiétudes à son père, se manifestèrent de
fut troublé et, afin
de prévenir un dénouement
fatal,
l'enleva à l'atmosphère mystique de la ville sainte pour le reconduire à
concentrée dans son amour pour son fils, amour inquiet, exigeant, » (Amédée Durande.) Voici un passage d'une lettre de M" 10 Horace Vernet. Celte lettre est datée de Rome (1833). «... Laisser Horace seul avec son père, écrit-elle, c'est absolument abandonner une victime à son oppresseur. Les exigences de ce pauvre vieillard sont inouïes; eh bien, il faut y céder. Horace s'y soumet avec une piété toute filiale... » 1
«
jaloux
Toute sa vie
comme
s'était
celui d'une maîtresse.
J
HjORACE VERNET
103
remède à employer pour sauver
Paris. C'était l'unique
la
raison chance-
lante du vieillard.
Carie Vernet, bien
qu'âgé de soixante-quinze ans, y reprit bien vite
ses habitudes de vie élégante et
Bois de Boulogne et
il
mondaine. On
le revit
encore caracoler au
passait la plupart de ses soirées au café de Foy.
Les Anulais
a
I'aius (d'après
la
gravure de Debucourt.)
Une congestion pulmonaire l'emporta brusquement le 17 novembre 1830. 11
était
Un
âgé de soixante-dix-huit ans. critique
un peu sévère a
dit
amusant, incapable de creuser son
de Carie Vernet qu'il fut un conteur
sujet,
mais
très apte à
l'exprimer avec
esprit et grâce.
Ajoutons remplie
qu'il fut
de toutes
demeurera, sous
sa
admirable de fécondité
les
plus
et
brillantes qualités
de verve et
(pie
son œuvre
du génie de notre race,
forme spirituellement anecdotique,
comme une
vivante 12
LES V E H N ET
104 et fidèle la
mœurs
peinture des
première moitié du xix
françaises à
de ses lè\rcs ces mots louchants
11
rituel
y a
:
lils
de
fin
du xvm e siècle
roi,
:
«
père de
le
dernier soupir
C'est singulier roi... et
comme
jamais
roi.
laissa
il
je
la
mort, une bien grande part de vérité
un croquiste de génie
et
son
tils
Horace
l'a fort
la
tomber
ressemble au
!
l'artiste, spi-
Ce fut en réalité
spirituellement présenté
à la postérité dans ce dessin léger, mais définitif, où
légendaire carnet à
pendant
»
dans ce suprême jugement porté sur lui-même, par
jusque dans
et
.
On raconte qu'au moment de rendre Grand Dauphin
la
e
il
nous
le
montre, son
main, esquissant d'un crayon rapide des silhouettes
de cavaliers qui passent au galop.
Cosaque conduisant un cheval
(lithographie- de Carie Vernet).
IIoiiace
Vernet (d'après Paul Delaroche). (Appartient à M. Delaroche-Vernet.)
HORACE Des de
trois Vernet,
ce qu'il fut,
Horace
par excellence,
Rien ne séduit plus Elle l'attire
comme
attire le citadin
est le plus populaire. KL cela vient
le
badaud
la
foule
le
que
La
représentation des scènes militaires.
régiment qui passe, tambour
et
deses productions claironnantes
apparition.
musique en
tête,
et l'exalte.
Le secret.de l'immense popularité d'Horace Vernet dité
uniquement
peintre du troupier.
et
est
dans
la
fécon-
surtout dans l'opportunité dp leur
LES VERNET
108
Toutes ces grandes
images guerrières, d'un
effet
qu'elles représentassent l'héroïsme des heures passées,
Wagram,
de Fontenoy, de Valmy, de
CRAVATE
A
OREILLES DE
LIÈVRE',
(S.'rio
sents
comme
les prises
nèrent vivement depuis les
le traité
le
fie
et
et
le
sentiment patriotique souffrait
ne trouvait qu'une insuffisante consolation dans
campèrent sous
les
les officiers anglais,
d'ailleurs,
prus-
arbres des Champs-Elysées.
moins grande que
de son grand-père.
Dès 1807, date de sa tingua,
triomphes pré-
de Rome, d'Anvers et de Constantine, impression-
de Paris,
son père
les batailles
Oatinc.)
précocité artistique d'Horace Vernet ne fut pas
celle de
les
soit
HABIT VEUT SAULE. CULOTTE DE CASIMIR
des Incroyables. Gravure
charges spirituelles de Carie Vernet contre
La
immédiat,
comme
de Friedland, ou
grand public, dont
siens et cosaques, qui
si
ni
sortie de l'école des beaux-arts
où
il
ne se dis-
par son application, ni par son assiduité,
le
futur
III)
peintre de la avait
qu'il
Smalah
vu,
H A CE
se mit, avec
VEUX ET
109
une incroyable
facilité,
à imiter tout ce
pastichant les marines de son grand-père, les scènes de
sport et de chasse de Carie, couvrant les pages de ses albums de charges
Coiffure chinoise, robe garnie en ciiicorke (Sérié des
très
amusantes de
Mon pilleuses.
la vie militaire et
Gravure de Gatine.)
de grotesques silhouettes de Merveil-
leuses et d'Incroyables, et fixant d'un trait spirituel et
fin,
qu'il rehaussait
de teintes délicates, de très précieuses ligures de modes. Tels furent les
débuts d'Horace Vernet
1 .
U
Art-Journal de Londres publia jadis sur Horace Vernet une notice dont nous détachons les «... A l'âge de onze ans, il fit, pour M'"° de lignes suivantes relatives aux débuts du peintre Périgord, un dessin de tulipe qu'elle lui paya vingt-quatre sols, et à l'âge de treize ans, il avait 1
:
des
commandes eu
assez grandi' quantité pour se suffire à
lui-même
l
ue de ses premières
I
LES VER.NET
10
L'historien d'art peut vraiment s'appuyer aujourd'hui sur de
nombreux
éléments de discussion pour juger ce peintre dont l'œuvre est en grande partie
connue de
tous, après avoir été analysée
en
détails,
chaque année
pendant près d'un demi-siècle, par des salonniers d'opinions très divergentes, depuis
M. Beulé jusqu'à Henri Heine, depuis Gustave Planche
Toque de velours,
W
I
T
7.
- C
II
URA
(Série des Merveilleuses.
DE SATIN
Iî
Chapeau de paille garni de crêpe, E D E P E H C A L E GARNIE DE MANILLE 11
(Série des Merveilleuses.
Gravure de Gatino.)
Gravure de Galiuc.)
passant par Proudhon, Thiers, Alfred de
jusqu'à Théophile Gautier, en
Musset, Thoré...
Et parmi les documents qui nous viendront en aide, dans l'étude de L'artiste
et
de son œuvre,
il
en
est
un des plus intéressants dont nous
œuvres fut la vignette qui, suivant le goût de ce temps, ornait les lettres d'invitation pour les parties de chasse impériales; et tel en était le mérite, qu'un graveur d'une grande réputation, Duplessis-Bei taux, n'hésista pas à la déclarer digne de son propre burin. « Les Commandes abondent rapidement chez le jeune Verne t dessin à six francs, tableaux à vingt francs. Il travaillait principalement pour le Journal de modes, dont il devint le dessinateur en litre; et c'est peut-être de ces travaux dans ce genre que lui vient ce talent de caricature, dont il amuse, même encore, ses amis intimes, souvent à leurs propres dépens. » :
RAP (Gravure de
11
.M.
A E
1.
AU Va
1
I
CA s
Romagnol. MusĂŠe du Louvre.)
IlOHACE VERNET devons
précieuse communication à l'obligeance de M. Horace Delaroche-
la
Vernet. C'est
un
état complet, depuis le 15 avril 181
jusqu'au 18 mai 1852, des
1
travaux exécutés par Horace Vernet. Les prix
y sont exactement indiqués, et rien n'est curieux à suivre l'artiste vers
sion rapide de
le
triomphe,
commande comme l'ascen-
de vente ou de
à travers la lecture
de ces chro-
nologiques indications et de ces chiffres méthodiquement alignés.
dans
Certes,
cette
nomenclature aride
matière à des déductions psychologiques
Joseph Vernet, où parfois
mais
comme dans
pensée accompagne
la
ne trouve pas
et sèche, l'historien
le
Livre de raison de
le fait
et le
commente
;
y puise d'inappréciables renseignements sur les travaux de l'artiste,
il
sur ses efforts de chaque jour, et sur les dates précises de l'exécution défi-
œuvres qui font
nitive des atelier,
le
sa gloire,
comme
Barrière de Clichy,
la
Portrait du frère Philippe, Y Assaut de Constantine
Si Carie
Vernet
bons, Horace,
lui,
demeuré
était toujours
iidèle
avait gardé au fond de son
à la
cœur
le
Mon
i
maison des Boursouvenir du grand
Empereur. Sa jeunesse riale, et,
les
n'avait-elle
quoique marié,
pas été bercée au
n'avait-il
pas
bruit
saisi le fusil
de la gloire impé-
en 1814, pour lutter sous
ordres de Napoléon contre les armées de la Sainte Alliance.
aussi, avec son
Clichy, et
il
ami Charlet, parmi
n'eut,
comme on
Fa
les intrépides dit,
défenseurs de
qu'à reporter sur
sions qu'il avait ressenties pendant cette
la
élail
barrière de
la toile les
terrible journée
11
impres-
pour produire
un de ses meilleurs tableaux. Ainsi s'explique et se
comprend
sa passion pour un genre de peinture
qui est la reproduction des sujets qui ont le plus vivement impressionné sa Ce curieux document figure, à titre d'appendice, à la lin de cet ouvrage, sous cette rubrique If ordre Vernet, marié avec Louise Pujol le 15 avril 1811 .1 reçu des travaux exécutés par lui. 1
:
La pièce entière est de la main de M"" Vernet, la première ligne mous apprend que le jeune avait en caisse 338 fr., 60, le 15 avril 1811. A la fin de cette même année, Horace Vernet avait gagné, avec la vente de ses dessins, de ses gravures de modes, de ses caricatures, de ses transparents, etc., la somme de 3.813 IV. 60. Ce fut pendant cette première année qu'il exécuta les trois portraits à l'huile de M. de Carignan, de M""' Dusandronis, el de M. Danèse, qui lui rapportèrent à eux trois la somme de 12.000 francs. Il faut a jouter qu'en 1833, le portrait de la marquise de Dalmatie lui était payé 5.000 francs, et en 1842 celui du chancelier Pasquier 10.000. En définitive, c'est par plusieurs millions que se chiffrent les sommes gagnées par Horace Vernet à la pointe de son facile pinceau.
ménage
LES Y EUX ET
114
jeune imagination. Après avoir assisté héroïque contre l'invasion,
ne
il
lui était
dante vision des combats. Adieu élégances mondaines le
!
peintre national de
et pris
une part active
à la
lutte
plus possible d'échapper à l'obsé-
la satire légère
et
la fine
peinture des
n'aura désormais plus d'autre ambition que d'être
Il
la
grande épopée guerrière
Walter Scott
et
original
de dresser au centre
au crayon).
M. André Delaroche-Vernet.)
de ses tumultueuses compositions des éclairs des baïonnettes
un croquis
(d'après
(Collection de
et
,
au milieu des frissons des drapeaux,
des rouges lueurs
des canons, la tragique
figure de son héros, de son Dieu.
Tant que vécut l'Empire
et
jusqu'à
la
Vernet, à qui l'Impératrice Marie-Louise avait
fin
des Cent-Jours, Horace
même commandé
quelques
tableaux, put librement exprimer sur la toile ses préférences et exposer ses
compositions napoléoniennes aux yeux du grand public, près duquel son
genre
facile, sa
peinture très objective, obtenait une rapide faveur. Mais, à
HORACE VEH.NET
Mo
partir de 1815, la sympathie officielle se détourna de l'artiste,
vernement des Bourbons que
la foi
fut convaincu, après
napoléonienne d'Horace Vernet
dant que Carie devenu à
la suite
maintes tentatives
Mon atelier
»
gou-
inutiles,
pen-
était alors irréductible. Et,
nouvelle cour, acceptait la mission
de peindre l'entrée de Louis XVIII à Paris et de faire
«
le
d'un revirement de la fortune politique de
la France, le peintre officiel de la cielle
quand
le portrait
offi-
du duc
(d'après le tableau d'Horace Vernet).
de Berry en costume de colonel général des çhevau-légers, Horace voyait ses tableaux refusés
A
tort
par ordre au Salon.
ou à raison, à
tort plutôt,
son
atelier,
son fameux atelier de
rue des Martyrs qui a servi de sujet à une de ses meilleures
toiles,
la
d'une
facture fine, serrée et d'un coloris charmant, était considéré par la police
des Bourbons
comme un
véritable foyer de révolte. Horace Vernet, qui lui
tour à tour républicain farouche, puis impérialiste enthousiaste, n'était en réalité
qu'un inolfensif frondeur.
«
Il
a
eu
foi,
nous
dit
un de ses biographes 13
m; les
U-;s
mieux renseignés, dans tous
depuis
le
conque
a
il
commencement du voulu
gouvernements qui
les
siècle
imposer des avis contraires aux idées
lui
Parlant de
la
où Horace Véniel
toile
conspirateurs qui le fréquentaient,
œuvre
a
L'Art
:
représenté son atelier
charmante composition pleine de brio
l'atelier,
deux peintres
tenant d'une
main
avec Langlois,
le
la
bonnet de
police,
le
lit
un journal. Tout
aboiements d'un bouledogue,
et
de
de casques,
à
fait
;
loge,
;
une
tète
le
cause
une
table,
cet autre, coiffe
à gauche, un
d'un
jeune artiste.
Au fond un
che-
une gazelle semble effrayée par
un singe, grimpé sur
les
épaules d'un
tout
l'attirail
du soldat,
les
mon-
d'instruments de
aussi, celle
shako.
rapins d'un
les
chèvre, un chat, une perruche complètent ce capharnaum.
nous
et
cigare
pose tranquille, au milieu du
d'un buste en plâtre, coiffé par
Complétons,
ligne.
Les murs sont ornés de chapeaux, d'uniformes,
sieur, lui épluche la tète.
de harnais,
bouche,
l'aquarelliste. Celui-ci
yeux du comte de Farbin.
les
pour un tableau d'histoire
disant «rue
à la
autre, étendu sur
Eugène Lami,
dans une espèce de
établi
Un
jouer un gros chien
fait
Robert Fleury, peint sous
fume un
colonel Bro
à piston; c'est
bat du tambour, celui-là
et
Au milieu de
d'entrain.
et
ceinture, Montfort et Lehoux, se chauffenl
peintre de panoramas.
dans un cornet
musique
pourrait inti-
sa palette et son appui-main, et de l'autre un fleuret,
un poêle de faïence, près d'eux
tapage,
On
«
Horace Vernet lui-même, sa cigarette
:
Deux boxeurs, nus jusqu'à
val blanc,
:
époque où
l<So, ),
armes avec son élève Ledieu, ex-lieutenant au 85 e de
faisant des
souffle
en
écrit
les
cl
sons la Restauration. C'est une spiri-
tuelle et
à
K
Edmond About
tes artistes
et
qu'il croyait avoir,
»
figura avec éclat à l'Exposition universelle
tuler ce tableau
succédé
se sont
mais aussitôt qu'un pouvoir quel-
;
redressé dans sa fierté, et n'a jamais transigé.
s'est
cette
VER NET
description cependant
Une
»
si
détaillée,
en
personnage qui, dans une altitude shakespearienne, examine 1
de mort,
est le
docteur Hérault, que
composé par MM. de Léonne, Lariboisière (qui devint
le
le
le
général Boyer,
groupe des causeurs le
est
baron Athalin, M. de
propriétaire de la toile), du graveur Ja/.et et de
M. Couturier de Sainte-Claire. Le pianiste s'appelle M. Amédée de Beauplan,
et
c'est
.M.
de
Montcarville qui
bal la caisse avec
tant
d'acharne-
ment. Il
faut
reconnaître que
les
conspirateurs de
la
rue des Martyrs ne se
1
sont pas
l'ail
1
<
>
A
lï
<
:
i
:
du recueillement une
leurs ténébreuses
et
VKlîXT/l loi
117
absolue pour
mener
à
bonne
fin
subversives machinations.
Peut-être aurons-nous fourni
assez
d'éclaircissements sur les
divers
éléments de cette composition aussi orageuse que complexe en apprenant
M"°
que
le
(appartient à M. Delaroche-Vérnet).
cheval blanc répondait au
d'Orléans
lui
lim ace Vernet, que
à
n'es! autre
Ce
Mars
que
au
son père en
le
la
de Régent, qu'il fut donné par
grande
toile qui
orne
le
fond de
le
duc
l'atelier
fameux Triomphe de Paul-Emile, par Carie Vernet.
commencement Italie
nom
de l'année 1820 qu'Horace Vernet accompagna
L'absence des deux artistes, qui dura quelques semaines
LES YERNET à
paraît avoir été
peine,
surtout un
par Joseph Vernet.
recueillies, le long des routes suivies
Quelques
par Horace pendant ce voyage ont été cons
lettres écrites
vées, et la plupart, sous leur
jours pittoresque,
âme
l'artiste,
offrent
d'ailleurs
pieux pèlerinage, avec des haltes
forme
un
fruste, trop
souvent négligée mais tou-
intérêt psychologique,
réel
peu compliquée,
s'y
Horace en
suit
Italie,
de
l'àme
montre nettement. Pour qui
plus utile que la correspondance de cet artiste publiée
Durande. On y
car
intimement Horace Vernet, aucune lecture ne peut
désire connaître
r-
par M.
être
Amédée
à Jérusalem, dans le désert d'El-Arisch
en Egypte, à Conslantinople, à Saint-Pétersbourg, dans
le
Caucase, en
Algérie, au Maroc, en Espagne... etc.
Le peintre
trouve tout entier, avec ses généreux enthousiasmes, sa
s'y
franchise militaire, sa nerveuse impressionnabilité et aussi ses présomp-
tueuses affirmations.
Jamais personnalité ne déborda d'une correspondance avec plus de vérité bruyante.
La lecture de
cette suite de lettres à laquelle
nous ferons
quelques emprunts topiques est réellement fort intéressante. Elle amuse et instruit.
L'histoire de sa mission diplomatique à Saint-Pétersbourg
18i2 mérite de
fixer
sérieusement l'attention de l'historien,
et
le
resque récit de ses velléités chorégraphiques en Andalousie est dérider
lecteur
le
le
naître en lui son premier séjour à
«
Mon
Rome
Rome
!
Tu
sais
mon bonheur
mant voyage,
pour
résume
les
impressions que
fait
1 :
te dois-je
combien on
éloigné, de recevoir des nouvelles des
juger de
fait
cher Oncle.
Que de remerciements ne
adressée à
pitto-
plus mélancolique.
Voici en quels termes Horace Vernet
«
en
et,
pas pour la lettre que tu nous as
se
trouve heureux, quand on est
personnes qu'un
aime
;
tu
dois
en recevant des tiennes. Nous faisons un char-
ce qu'il y a de très remarquable, c'est que
mon
père
Chambry a été publiée pour dans le livre de M. Amédée Durande sur Horace Vernet (J. Hetzel, éditeur). Elle est adressée au fds aîné de Joseph Vernet, Livio qui, fut tour à tour receveur général du tabac à Avignon, directeur des vivres de la marine à Brest, puis agent en chef des équipages des vivres des armées du Nord et de Sambre-et-Meuse. 1
la
Cette lettre qui fait partie de la collection d'autographes de M.
première
fois
HORACE VERNET n'est pas trop exigeant,
et
que nous sommes en
Le peintre Isabey (musée du
Aussi, lu vois que rien ne «
Je vais
me
mettre
à
119
me manquerait, peindre. J'en
ai
si
très
bonne
intelligence.
Louvre).
vous étiez tous avec nous...
grand besoin
!
Tu penses que,
dans
pays qui a inspiré tant de peintres, je ne puis rester sans
ce beau
en ressentir l'influence,
compte
Je
faire
A
Tu
de
l'effet
départ des chevaux aux
eu un bien
ave/,
triste
!
nouvelle qu'à Naples
la
mon
:
père en a
sais quelles étaient ses liaisons avec le prince, et tu
juges
qu'a dû produire sur lui un pareil malheur...
Nous avons
«
dit, le
réussira.
1
Nous n'en avons appris
été foudroyé.
me
premier essai
propos de carnaval, vous en
Paris. Quelle catastrophe «
mon
j'espère que
et
Massa, ou, autrement
la
courses du carnaval. à
VERNE
L'ES
120
assisté au service qui a eu lieu à Saint-Louis des Français
;
celte cérémonie peut être bonne pour l'âme du malheureux défunt, mais,
pour ceux qui où ça a plus «
du plus grand
assistent elle est
>
d'une
l'air
fête
Quand serons-nous
ridicule, surtout en Italie,
que d une cérémonie funèbre.
assez philosophes pour pleurer sans ostentation et
sans mettre nos regrets en musique? J'espère tirer un grand fruit de
«
rapport de fart, mais aussi pour
même. mener
C'est
à
dans
connaissance que
j'ai
le
acquise de moi-
choc des [tassions qu'on définit celles qui doivent vous
mes observations
D'ailleurs,
et,
compte en
tirer
un bon
parti.
l'âge arrive
sans
lorsqu'on veut faire un effort pour devenir meilleur,
manquent
forces \<ms
et je
temps de penser sérieusement, car
est
il
qu'on s'en doute, les
voyage, non seulement sous
bien, ou celles qui doivent vous maintenir dans une fausse route.
Je fais là-dessus «
le
la
mon
l'âme ne peut pas plus se redresser que
et
les
reins... «
père
Nous avons a
fait
plusieurs courses pour voir les maisons que
mon
grand-
habitées, celle où tu es né et l'église où tu as été baptisé. Toutes ces
choses ont un grand charme pour moi. Je regrette de ne pouvoir partager, mais
ma
mauvaise éducation
me
refuse
te le faire
moyen d'exprimer
le
ce
que je sens. «
ne
sais
comment
je remets à
mes
que pour eux, qu'on n'\
1
I.
me manquent,
Les termes
est
'assassinai
quand par hasard
les écrire, alors le dépit
actions et
et
que
le
me
ils
arrivent, souvent je
prend, je quitte
la
plume,
et
soin de prouver à ceux que j'aime que je ne vis
mon
plus grand bonheur est
pas indifférent:..
du duc de Berry.
quand
je m'aperçois
HORACE VERNET Voici une longue lettre bien ennuyeuse; niais lu sais que le
«
besoin de se vider quand
pour recevoir
tien
Adieu,
«
cher
;
Pardonne-moi,
vieille
oncle,
je n'ai
pas besoin de
chose que tout trois
le
monde
te dire
Nous ne soumettons pas don nés
celte
1
me
lu
m'es
bornerai
cent soixante lieues de long.
re
au lecteur
Horace Veuxet.
»
comme un modèle
de
non!
oh
épistolaire,
niais étant
a
choisi le
combien
aussi je
sait;
«
style
si j';ii
cœur
la polce...
mon bon
une
c'est
est trop plein.
il
tcnvoyer une embrassade de
à
123
le lieu et la
date où elle fut écrite, sa publication nous semblait utile.
Le jeune
artiste s'y
en toute franchise, avec
effet,
conscience de
la
montre en
sa
propre
faiblesse vis-à-vis des maîtres,
avec son
vif désir
enfin.
Je vais
«
peindre.
J'en
soin!...
ai
de travailler
me
mettre
a
grand be-
Et sous une forme
»
d'une mélancolie souriante, se
manifeste son regret très réel
d'une mauvaise éducation lui
refuse
ce
qu
'il
«
qui
moyen d'exprimer
le
veut
».
Et cependant, avant deux ans, ce à
la
timide, cet hésitant,
suite d'une exposition re-
tentissante où
figureront
les
meilleures loilesde son œuvre
Mon fera
Atelier,
Napoléon
Défense de lu barrière de Clkhy brusquemeni un saut en pleine gloire.
Nous
n
la
axons
pu,
malgré nos nombreuses
,
le
a
Wagraji
Vlierai du
investigations,
trompette,
savoir
s'il
LES VERIN ET
124
exécuta à
Rome, comme
courses de barberi sur
le
il
en avait l'intention, un tableau inspiré par
Corso, mais
si la
Massa ne
les
figure pas sur l'étal des
travaux qu'il exécuta de 1811 à 1852, nous y trouvons, en date d'avril 1820, celle «
mention
:
Reçu pour
le pri\
d'un tableau de genre
:
400 francs.
»
Ce qui prouve
Bonaparte au pont d'arcole
qu'Horace sut réaliser ses projets, à
et
mettre sérieusement
à profit
son séjour
Home. Oui
sait d'ailleurs si celte toile,
vaguement désignée,
trop
et
dont l'im-
portance est cependant indiscutable, n'était pas la Massa elle-même?
M. Amédée Durande, d'ordinaire précis à ce sujet.
Il
si
bien renseigné, ne nous dit rien de
nous apprend seulement que pendant son séjour à
Horace Vernet peignit un tableau que M. France à
la
l'artiste,
n'étant pas
cour de Naples,
lui
homme
à
le
Rome
duc de Blacas, ambassadeur de
pava 4.000 francs. Le biographe ajoute que faire
des économies, acheta aussitôt une
HORACE VERNET calèche, dans laquelle
de
il
revint à Paris avec son père, en flânant tout
le
long
la roule.
Les années 1820, 1821 les
et
1822 comptent parmi
les plus laborieuses et
plus fécondes de la laborieuse et trop féconde existence du peintre. Le
voyage
d'Italie, la
Napoléon
touchants
a
contemplation des grands maîtres,
la
moisson de souvenirs
la bataille d'Iéna (gravure de M. Romagnol, d'après
faite le
la
peinture originale).
long des chemins lumineux parcourus par
père, semblent avoir eu Ils
125
le
l'illustre
grand-
plus heureux effet sur le moral du jeune artiste.
exaltèrent son activité naturelle et donnèrent un plus libre essor
à ses
rêves de gloire.
Une
providentielle circonstance, dont Horace Vernet sut d'ailleurs 1res
habilement
tirer parti, favorisa
singulièrement son ascension vers la grande
cérébrité.
En 1822,
le
peintre envoya au Salon un certain
nombre de
toiles repré-
LES VER NET
126
sentanl pour
la
de l'Empire.
et
tion des
plupart des sujets empruntés aux guerres de Il
est inutile
Révolution
la
de dire que chaque tableau était une glorifica-
deux grandes épopées militaires.
Sachant combien
le
trône était encore chancelant,
et,
redoutant tout ce
qui était de nature à provoquer une explosion du sentiment populaire très
visiblement favorable à la cause napoléonienne, ou
même
une simple mani-
du régime déchu, Charles X donna Tordre
festation de l'opinion en faveur
de refuser l'admission des toiles du peintre.
La réponse de de son père,
il
celui-ci
ne se
fit
point attendre. .Malgré les objurgations
ouvrit avec éclat les portes de son atelier au public, et debout
lui-même, dans son pittoresque costume de il
dit
lui
Rien,
«
Un
«
:
petit
Entre
et regarde. »
Aniédée Durande, n'avait
dil
du sanctuaire,
travail, à la porte
tableau représentant
le
élé négligé
pour
Tombeau de Napoléon
la
niiseen scène.
était
entouré d'un
crêpe. Aussi était-ce devenu le but d'un pèlerinage quotidien pour tous les
débris de ((
Le
la
grande armée.
local
dans lequel
de plus. Le Parisien aime ensuite, par des
En
réalité,
celte exposition était faite lui donnait à
un
attrait
pénétrer chez les gens célèbres, quitte à payer
épigrammes,
l'hospitalité d'un instant qu'il a reçue...
»
celte exposition particulière qui consacra définitivement la
réputation d'Horace Vernet, ne fui pas seulement une manifeslalion politique,
mais aussi une très brillante profession de
foi artistique.
Le peintre
se présentera plus lard au public avec de plus vastes compositions, gigan-
tesques
commandes
officielles figurant
propres surtout à impressionner
la fibre
des sortes de panoramas guerriers
chauvine de
historiques écrites trop souvent d'après des
la
foule, représentations
programmes
rédigés dans les
bureaux de l'état-major, mais jamais aucune de ses expositions,
même
celle
de 1855, ne séduira aussi complètement les vrais amateurs que celle de 1822.
Sans doute parmi ces quarante tableaux qui figurèrent à le
fameux
atelier de la rue des
Martyrs quelques-uns
pette, le Soldat laboureur, le Grenadier de la
Mort de Poniatowsky
Waterloo,
:
le
le
et qui,
Cheval du trom-
comme
des con-
àmes bourgeoises avides
de sentimentalisme militaire, mais à coté d'eux voici
unique dans l'œuvre de Vernet,
dans
Chien du régiment,
entre autres, apparaissent déjà
cessions faites aux vieux grognards et aux bonnes
cette date
Mon
dans son dessin
Atelier,
œuvre
précis, sans sèche-
HORACE VERNET dans sa fraîche
resse,
et
127
vivante harmonie des couleurs,
l'ait
songer aux plus
fines et spirituelles peintures de Boilly,... puis la Défense de la barrière de
Clichy, d'une composition à la fois tion
si
pleine et
si
forte, et
où
le
sobre et
si
dramatique, d'une exécu-
si
dernier épisode de la lutte suprême est
raconté avec une hauteur de style qu'on trouvera désormais bien rarement
dans l'œuvre de
l'artiste,
qui bientôt sera transformée en une véritable
Combat entre dragons du pape et des brigands
machine
volonté des gouvernements
peindre par l'insatiable
à
(d'après la gravure de Jazet).
désireux
fécondité complaisante de Vernct à la glorification de
d'utiliser la
leurs
triomphes militaires.
A
partir de ce jour, le chiffre de vente des
moitié.
Le
On peut en juger par un examen de son total
de
la recette
1827
à
64.685 francs,
celte époque, de 181-!),
grâce
à
et
en 1833
l'acquisition,
n'était pas
de comptes.
à
50.449 francs, mais
elle se relève
elle atteindra le chilfre, lies élevé
à
07.313 francs, qui devait d'ailleurs être encore dépassé en au prix
Russie, d'une toile représentant
Ce
livre
de l'année 1824 est de 61.230 francs, celle de 1825
de 61.580 francs, celle de 1826 tombe en
œuvres du peintre moula de
la
(h 1
99.000 francs par l'Empereur de
prise de
Wola.
seulement l'heure des riches bénéfices matériels qui
avail
LES V FAX NET
[28
mais aussi
sonné pour l'heureux peintre,
honneurs de toutes
celle des
sortes.
Subitement désireux de concilier
du présent, Horace Vernet cherche napoléoniennes, en peignant au Salon de 1824. Et
le
souvenirs du passé avec les intérêts
les
à atténuer l'effet de ses manifestations
Portrait du duc iVAngoulême qu'il expose
gouvernement des Bourbons s'empresse de
le
témoigner sa reconnaissance en
le
nommant
de
officier
lui
Légion d'honneur
la
(15 janvier 1825).
L'année suivante,
son entrée à
fait
il
Enfin, en 1828, sur
l'Institut.
la
présentation de l'Académie, et après avoir exposé aux Salons de 1820 et
1827 Jules II commandant
Reçue du Champ-de-Mars, cygne cherchant
le
les
la
travaux du Vatican,
Dernière
corps d'IIarold...,
citasse de
pour remplacer Pierre Guéri n dans
XVI, Edith au
Louis
est désigné
il
par
la
col de
gouvernement
le
de l'Ecole française
directorat
le
Pont (FArcole,
le
à
Home. Dès son installation à ter les victoires de la
la
Villa Médicis, Horace Vernet, cessant d'exal-
République
et
de l'Empire, dans
le
but trop visible
de garder les bonnes grâces de la cour qui avait su l'attirer très adroitement à elle, se mit à peindre des sujets de genre, des paysages, des scènes de
mœurs
pompeuses compositions empruntées
italiennes et de
rétrospective du pays.
C'est
pendant
la
période
directoriale que
exécutées les toiles qui figurent dans l'œuvre de Vernet sous des
Combat
entre dragons
du pape
Rencontre de Raphaël
et
marais pontins, Judith
et des
furent
titres divers
:
brigands, la Confession du brigand, la
de Michel- Ange au
et
à l'histoire
Holopherne,
etc.,
Vatican etc.
Il
',
la
Chasse dans
les
faut bien le constater,
aucun progrès nouveau, sauf pourtant dans quelques paysages, n'y signale la
triomphante influence, qu'au dire de
l'artiste
lui-même, devaient avoir
sur son talent les incessantes leçons des maîtres immortels.
A
vrai dire, aussi bien à
Rome
qu'à Paris, soit qu'il s'agît de peindre, pour
décorer un des plafonds du Louvre, Jules
II
commandant
les
travaux du
1 Cette toile, comme la Défense de lu //arrière de Clichy, qui lui est bien supérieure, figure au musée du Louvre. Le peintre aurait pu lui donner pour légende l'anecdote suivante, qui lui inspira sans doute le sujet Michel-Ange rencontrant Raphaël dans le Vatican avec ses élèves lui aurait dit « Vous marchez entouré d'une suite nombreuse ainsi qu'un général. Et vous, répondit Raphaël au peintre du Jugement dernier, vous marchez seul, comme le bourreau. » Cette toile fut exposée au Salon de 18iî3. :
:
—
Il
(
III
ACE VERNET
129
Vatican ou Raphaël échangeant des propos aigres-doux avec Michel-Ange,
dans ce
même
Vatican, Horace Vernet est toujours d'un lamentable poncif.
Dans des entreprises
qui nécessitent des talents forliliés dès
pareilles
longtemps par de patientes
et
pénibles études, ses
paralysés, son originalité réelle disparaît et gaire copiste académique.
Son
il
moyens naturels semblent
tombe
au rang de vul-
à plat
talent à la fois élégiaque
militaire
et
ne
peut se développer librement, avec ses facultés d'expression très limitées,
dans
combats modernes, dans
que dans
les batailles et
lières où,
grâce à son ingénieuse invention,
les
il
peut à
les
scènes fami-
loisir créer
de touchants
épisodes que son facile pinceau décrira avec une énergie suffisante.
malgré quelques portraits assez prestement enlevés, quelques
Donc,
tenue,
paysages de belle exécuta à
Rome
qu'il faut
ce
n'est pas
chercher
cha à son nom, lorsqu'en 1835
le
dans l'ensemble des œuvres
secret
du prestige nouveau qui
qu'il
s'atta-
revint à Paris après avoir remis la direc-
il
tion de l'école à M. Ingres, appelé à lui succéder,
lantes qualités d'administrateur,
et surtout
dans
mais bien dans ses la
bril-
fermeté patriotique de
son attitude en 1830. Il
en
fut
à un certain
effet,
moment, l'unique représentant de
auprès du Saint-Siège, car dès que parvint à «
Rome, notre ambassadeur
Les circonstances,
dit
la
France
nouvelle de la chute des Rourbons
se retira à Naples.
M. Amédée Durande, étaient graves. Le fanaque
tisme politique n'a pas d'alliée plus dangereuse s'était-il
la
réfugié dans la ville où
était sur
il
de trouver
la le
religion
;
aussi
meilleur accueil.
D'autre part, les idées nouvelles avaient pénétré dans les Etats pontificaux,
malgré douaniers «
de
la
11
et
fallait agir
gendarmes.
avec un grand
tact,
montrer à
la fois
fermeté. Horace Vernet fut à la hauteur de la situation.
La dépèche suivante, qui journées de
Juillet,
en
lui fut
(<,
me
J'ai
Monsieur
est d'ailleurs la
le
la
prudence
preuve évidente
et
»
adressée par Guizot deux mois après
Paris, 13
«
de
les
:
septembre 1830.
Directeur,
reçu votre lettre en date du 20 août dernier, par laquelle vous
faites part des
mesures que vous avez prises dans
l'intérêt de l'académie
?
LES V Kit NET
130
de France
à
Rome,
à la nouvelle des
événements qui ont déterminé notre
heureuse révolution. Je ne puis que donner plète à la
où
prudence
les
approbation
plus
la
fermeté que vous avez montrées dans un
et à la
du corps diplomatique français
la retraite
MM.
mon
pensionnaires de l'académie
éh
laissait
les
moment
nationaux,
et
de toute
restitués
particulier,
com-
protection. Je ne doute pas que l'attitude que vous avez prise aussitôt vis-à-vis du
«
gouvernement
n'ait contribué
pontifical
dont l'académie
Français résidant
les
et
jusqu'à ce jour. Je vous invite
même
ligne de conduite,
l'absence de tout
gouvernement «
J'ai
el
és efficacement à la tranquillité
Rome
;'i
ont heureusenienl joui
nous maintenir avec persévérance dans
à
à cultiver
obligé
a
le
..
d'espérer que
le
gouvernement du
en renouant avec
roi,
Rome
bien
du poids d'une responsabilité dont vous vous êtes montré
et
avec
d'établir
cour de loi
la
avec soin des relations directes que
pouvoir diplomatique vous
pontifical.
lieu
li
momentanément interrompues, vous
les relations
pour l'exercice de laquelle je vous
fais
mon
en
la
délivrera
particulier
si
digne plus
les
sincères remerciements. «
Agrée/.... «
Fsl-il utile
Guizot.
»
de dire avec quelle joie Horace Vernet, depuis longtemps en
rapport amical avec
duc d'Orléans, accueillit
le
la
nouvelle de l'avènement
de Louis-lMiilippe «
Maintenant,
écrit-il,
que
le
jour est venu où tous les sujets qui ont
pour but de représenter
les faits glorieux
peuvent se peindre,
que
couleurs de
ma
et
puis
la
France, dans tous les temps,
impunément me
servir de
toutes
boîte, sans encourir le risque d'être nuisible à quoi
soit (chose à laquelle,
malgré
aux beaux souvenirs de saurait être bon,
goûl dominant.
je
de
si le
ma
tout, j'ai fait
peu attention), je vais
me
les
que ce livrer
jeunesse, persuadé que dans les arts rien ne
principe qui nous dirige n'est pas puisé dans noire
»
Puisque nous passons une revue, très résumée d'ailleurs, de
la corres-
pondance de Rome, d'un examen incontestablement aussi intéressant que
Napoléon
(étude d'après nature faite par Horace Vernet en (Gravure de Komapruol
.
j
181:2
HORACE VERNET celui des
toiles
exécutées dans
le
133
recueillement académique de
la
villa
Judith et IIolop iie une
Médicis, donnons-nous garde de passer sous silence la curieuse épistolairc
engagée entre Vernet
et
polémique
M. Thiers, alors ministre des travaux
LES YEKXET publics, au sujet d'une copie
gouvernement l'école était
du Jugement dernier de Michel-Ange, que
le
commander à Sigalon. Le directeur de commande à cause des insurmontables difficultés
cru devoir
avait
opposé à cette
qui s'opposaient à sa parfaite réalisation. Voici la lettre de Thiers
Mon
«
c<
Vous
êtes
:
cher monsieur Vernet,
un grand
artiste et point
un administrateur;
je
ne prends point en mauvaise part
la lettre
11
faudrait renoncer à administrer,
si
pourquoi
c'est
que vous m'avez écrite
le
3 août.
nous ne pouvions relever une erreur
ou une irrégularité sans que nos subordonnés
se crussent
ou humiliés ou
maltraités. D'ailleurs les sentiments que je vous porte devraient vous ras-
surer sur
le
sens d'une
lettre tout
sur des détails peu importants.
ne portait que
administrative, et qui
comme non
donc vos plaintes
Je tiens
avenues. «
Maintenant je vais vous parler peinture. Je suis fâché de vous voir
dans de pareilles dispositions
à l'égard
de l'entreprise confiée à Sigalon. Je
ne suis pas peintre, mais j'en sais assez pour être certain que, littérale n'est et
serait
pas possible, une traduction libre est parfaitement exécutable
très utile.
Michel-Ange ont et
Les raisonnements que vous
été faits sur les traductions
faites sur
d'Homère
et
kespeare, ni surtout Aristophane; cependant
ils
une copie de
de Virgile.
entendu dire particulièrement qu'on ne pouvait traduire
le
un
veux donc absolument une copie
plaisir profond. Je
Jugement
dernier. Je vous serai infiniment obligé de ne pas
votre sentiment à Sigalon
cependant votre
lettre
vous avait chargé de je la lui
malgré «
et
leur tra-
grec,
le
telle quelle
m'a du
communiquer
ce serait désastreux pour son entreprise. Si
;
n'était
qu'une complicité
amicale avec
sonder pour m'engager à
rendrais sur-le-champ,
car je ne
fais
lui
rendre
travailler
lui,
s'il
la liberté,
aucun
artiste
lui.
Je le rappellerais à Paris
de temps perdu, etc.. lui.
me
J'ai lu
Dante, Sha-
ont été traduits,
duction, à moi qui sais mal l'italien, et pas du tout l'anglais et fait
une copie
si
;
je lui payerais
et j'enverrais à
indemnité de voyage, de séjour,
Rome un
Ainsi, je vous en prie, dans son intérêt
même,
traducteur plus hardi que dites-moi la vérité la plus
HORACE VERNET vraie. J'ai fait écrire au
gouvernement papal;
Latour-Maubourg. Je ne négligerai ni soins, sinon
et,
135
je vais faire intervenir
pour aider Sigalon,
ni argent,
un antre au moins. Ainsi, écrivez-moi sur ce sujet
lui,
M. de
la réalité
même... Adieu, je vous renouvelle l'assurance de
«
mon
mon
estime et de
atta-
chement. «
La réplique de Vernet
En
neur.
à l'affaire
2°
et Sigalon;
il
est plus
Loin de chercher
craindre, je
que
la
à
Rome
:
mes
lui suscite
vis-à-vis d'un confrère
1°
dont
travail
il
:
Sur ce
comme
tiges
chaque jour. Cependant je
ne mets pas
dont j'estime
le
à
nombre
ma
pensée
talent autant que la personne,
une opinion sur
est chargé, et l'immoralité
(si
l'inutilité
me
j'ose
la réputation
de son premier auteur.
pour
tront ne
telle
le
une copie
chose
était possible),
jamais
com-
y a certains pres-
Il
;
comparer
n'est pas faisable; la
un ouvrage de Michel-Ange
mais eu l'amélio-
est
prévoyait
le dire,
monsieur
le
le
ministre,
danger
:
remplacer dans
ce que trois siècles en ont effacé, c'est vouloir les
lacunes des auteurs grecs
et latins,
parvenu que des fragments. Michel-Ange lui-même, le
connaî-
une-traduction est une erreur
est obligé de créer. Vouloir
remplir dans leur propre langue
ne nous
à
le
ne pourra donner qu'une idée
il
trouveront pas. Permettez-moi de
on n'interprète plus lorsqu'on
s'il
les
servir de cette
fausse de ce chef-d'œuvre à ceux qui ne l'auront pas vu, et ceux qui
il
ne
il
qu'on doit respecter. L'état de dégradation du Jugement dernier met
(si
le
par respect pour
si
découvert toute
copiste dans l'obligation d'en rétablir une grande partie
rant
—
Votre Excellence semble
expression) de livrer à une nouvelle postérité un tableau tout neuf, de
promettre ainsi
ter-
n'y a jamais eu connivence entre
11
forces à aplanir les difficultés sans
s'ensuit pas que je ne puisse émettre
du
plus grand hon-
dernier, c'est autre chose.
diminuer son ardeur
du gouvernement,
les intentions
arts
et vive et lui fait le
»
impatient que jamais de remplir sa mission.
aidé de toutes
l'ai
cour de
du Jugement
un subordonné
rain, je ne suis plus
moi
prompte
voici le passage le plus intéressant
Quant
«...
fut
A. Thiers.
qu'il devait courir
bras de la Vénus et de restaurer
le
dont
comme
un jour, refusait de refaire
les
Torse antique, qu'il avail dessiné plus de
LES VKIÎXET
136
trente fois
:
et c'est
l'auteur
du Moïse
el
de
la
chapelle des Médicis qui don-
nait celte leçon de respect el de modestie!
Kébecca et Éliézed
«
a
i.a
fontaine
(d'après la gravure de Jazet).
Je pense qu'on peut profiter de la circonstance pour faire exécuter
consciencieusement ce qui est resté intact dans
la
chapelle entière.
Il
faut
HORACE VERNET sauver
les restes
naître'
recueillir
du plus bel ouvrage qui scrupuleusement
peindre en couleur de chair pour
les le
137
ait illustré le
grand
sièjcle
fragments de ce squelette,
rajeunir.
l'a
vu
non
le
qui et
»
Louis-Philippe avec sa famille devant la grille du château de Chantilly
Néanmoins Thiers Sigalon put exécuter d'ailleurs et
damnés
à
eut gain de cause et, malgré l'opposition de Vernet,
peu propre
la
copie du Jugement dernier,
la
à
donner aux élèves de
œuvre
fort
médiocre
l'école des beaux-arts,
contempler chaque jour, une juste
con-
idée de l'effrayant chef-
d'œuvre de Michel-Ange.
Horace Vernet, ayant manifesté en 1833
le
désir de
visiter l'Algérie,
LES VERNET
138
promise de son talent
« cette terre
conquête,
le roi très
généreusement
»
l'autorisa à s'absenter de
quelques semaines, et au mois de mars
bord du brick de guerre
s'embarquait pour Bone à
l'artiste
Comète, mis
la
moment la Rome pendant
dont on commençait en ce
sa disposition par le
à
comte de
Rigny, ministre de la marine. 11
assista à la prise de la
commandant Yusuf béros
« les
brillantes ville, et
la
Kasbah, de Bone, se
amitié avec le
lia d'étroite
qui, au milieu de la bataille,
lui
comme
apparut
un
bras nus jusqu'aux épaules, couvert d'or, d'argent et d'armes
duc de Rovigo, puis
se battit près d'Alger avec le
»,
Rome
revint à
visita cette
émerveillé, ébloui, emportant au fond de son
bridante nostalgie de cette Afrique, qui devait bientôt
âme
prendre tout
le
entier.
A
«
mesure que
le
crépuscule
me
permettait de distinguer les objets
qui m'entouraient, écrit-il au général Atthalin, j'apercevais de grands fan-
tômes blancs passant
comme
des ombres
chevaux qui marchaient sur l'herbe. Enfin, j'étais
au milieu de
fusils,
de pistolets,...
jamais je côté
que
ma
A
:
rivière de l'autre; la plaine couverte d'éclaireurs, et quels
une tribu marchant en groupe, portant tous ses
ici le
si
nouvelles et
pas au bout.
tète éclaterait. Je n'étais
si
pittoresques, j'ai cru
»
cas de rééditer cette opinion cependant parfois discu-
qu'un peintre en écrivant livre presque toujours
Assurément Delacroix, Fromentin fait
de deux escadrons du 3 e chasseurs. Non,
vue de tant de choses,
la
C'est bien table
cents Arabes et de cent Turcs, armés de longs
etc., et suivi
éclaireurs. Et au centre,
bagages.
jour vint
le
éprouvé de semblable. Les montagnes de l'Atlas d'un
n'ai rien
une belle
;
trois
même pas les me montrer que
on n'entendait
;
et Guillaumet,
le
ont dans un autre langage
connaître la nature de leurs premières émotions sur
Mais, cette seule phrase
:
«
J'ai
cru que
ma
De retour en
pétarades de Constantine, d'Isly Italie,
Horace Vernet
se
la terre
tête éclatait »,
clairement l'enthousiasme délirant du peintre et ne les étourdissantes
secret de son art.
cloîtra
fait-elle
et
ne
C'est
de
1833
à
dit-elle
pas
pas pressentir
de la Smalah?...
dans
les
murs de son
palais directorial, et jamais heures ne furent plus laborieuses
nières heures qu'il passa à
d'Afrique.
que
les der-
Rome.
1835, époque de sa rentrée à Paris, qu'utilisant les
études et les croquis pris en Algérie,
il
peignit cette jolie toile Arabes con-
HORACE YEUX ET
139
versant sous un figuier, vendue 8.000 francs à lord la
Kasbah
le
gouvernement de
de voir sa popularité grandir
à
Juillet, grisé
Wagram,
à cette
déjà parla trompeuse espérance
l'ombre du tombeau de Napoléon dressé aux
Invalides, lui enjoignait de peindre en toute hâte les
appela léna,
la Prise de
une Chasse au sanglier en Algérie. C'est aussi
de Bône,
époque que
Pembroke,
immenses
toiles qu'il
Friedland, et qui n'étaient en réalité que des pein-
tures épisodiques à vaste échelle,
uniquement composées pour
servir de
cadres triomphants à la figure épique du grand Empereur. 11
est juste de dire qu'entre la peinture
temps de
trouvait le
de Friedland et celle
son royal protecteur en
glorifier
à' léna
il
représentant au
le
milieu des barricades abandonnées et des bourgeois en délire, chevauchant
calme
et souriant vers l'Hôtel
de Ville entre
comte Berthois
le
et le
maré-
chal Gérard.
le
Avant de quitter définitivement Rome, Horace Vernet put y voir célébrer mariage de sa fille Louise avec un jeune artiste de grand avenir, Paul
Delaroche.
Depuis 1815, époque où Vernet peignit
le
duc d'Orléans en uniforme de
colonel de dragons, la cocarde tricolore au chapeau, des relations amicales s'étaient établies entre l'artiste et le prince.
coup d'œil sur
parmi
les
1/400 francs. 1819,
folle.
date des
la
Puis
il
En
1818,
il
lui
viennent
;
de
les
(prix
somme
acquisitions
duc d'Orléans figura
Hanau en 1824
10.000 francs),
rosité royale
1 .
que de
;
des
de Montmirail en
(prix 10.000 francs)
;
de
Batailles
de
1822
(prix
Valmy en
1826,
etc.
celle
bénéficier aussi largement
de
la
géné-
du prince prétendant.
peine de retour à Paris,
Voir à V Appendice.
de 1.000 francs pour une Têle de
plus importantes
8.000 francs)
Nous verrons bientôt Vernet
1
le
achetait cinq autres toiles (prix G.!)00 francs).
verse au peintre la
il
10.000 francs)
A
royales,
rendait acquéreur de deux toiles, au prix modeste de
se
Jemmapes en 1821
(prix
commandes
de jeter un
peintre pour voir
le
acheteurs les plus empressés des œuvres de Vernet
En 1817,
En
suffit d'ailleurs
tableau des travaux exécutés par
le
que bien avant
Il
il
recevait du souverain
la
commande
d'une
LES VERNET
140
composition commémorative représentant
Misle
qui d'ailleurs ne lut
jamais ébauchée,
au programme d'exécution qui
Dans un entretien
de
tête
:
été officiellement imposé.
avec Louis-Philippe, au sujet de ce tableau,
remarquer que
les
XIV
fût représenté
en
action.
Horace Vernet
lit
voulait que Louis
il
colonne d'assaut, au plus
la
,
ayant refusé de se soumettre
l'artiste
lui avait
qu'il eut
expliqua ses vues
le roi lui
Siège de Valenciennes
le
de
fort
1
choses ne s'étaient pas précisément passées de celte
façon héroïque. «
C'est
—
une tradition de
Soit,
répondit Vernet, mais c'est une légende,
vement que Louis XIV
Un
famille, objecta Louis-Philippe.
se tenait à plusieurs lieues de la brèche. »
de ces personnages zélés qui se trouvent toujours
flagorner les puissants du jour, intervint dans peintre
—
:
«
C'est le roi qui vous paye, faites ce
On ne me paye
pas pour mentir,
la fois à
un sentiment de
vagabonde, partit pour
là
à point pour
conversation, et dit au
la
que veut
le roi.
répliqua Vernet, et
»
C'est à la suite de cet incident, tout à son
sant à
et l'histoire dit positi-
il
se relira
où
fut
il
.
honneur, que Vernet, obéis-
révolte et de dégoût et aussi à son
la Russie,
1
admirablement
humeur
accueilli
par
le
tsar.
Ce premier séjour en Russie visiter
Saint-Pétersbourg
et
fui
de courte durée. Vernet en profita pour
Moscou.
toutefois
recueillit
11
déplacement autre chose que de vives impressions son livre de ventes et de commandes, rien de sa laborieuse carrière,
en Russie
il
la princesse Wittginstein
De
,
précieux
à
l'examen de
consulter pour l'histo-
nous apprend que pendant ce premier voyage
reçut de M. Smiroff la
représentant un Arabe mort,
si
d'art, car
de ce rapide
somme
et celle
représentée
de
1
.000 francs pour un tableautin
de 20.000 francs pour un Portrait de à
cheval dans une chasse au faucon.
plus, le tsar, très désireux de laisser au
cœur de
l'artiste le regret
de
n'avoir pu prolonger son séjour à Saint-Pétersbourg, et afin de le déter-
miner à y revenir bientôt,
le pria, et
cela sans lui
imposer de programme
d'exécution, de peindre à son intention une Revue de la garde impériale par
Napoléon Ier dans
En
1
lui
la
cour des Tuileries.
faisant cette
Amédt'e Durande.
commande
le tsar
s'exprima en ces termes
:
«
Ce
Ill»
tableau restera dans
mon
RAGE
cabinet,
Y
.le
ER NET
141
veux avoir toujours sous
garde impériale, parce qu'elle a pu nous battre. Nicolas
I
er
paya 25.000 francs celle
Assurément aucun
sujet
yeux
la
»
toile qui lui fui livrée
en juillet 1838.
de peinture ne pouvait plaire davantage à
Les adieux de Fontainebleau
l'artiste,
les
(d'après la gravure de Jazet).
qui fut très vivement louché par
la
forme gracieuse de
la
com-
mande.
A talgie
partir de ce jour
ce sentiment de nos-
intermittente qu'il eut de la sainte Russie, devenue pour lui une
sorte de seconde patrie 11
germa au fond de son cœur
esl curieux
pendant toute
dominée par
le
de constater que ce pur parisien (pie fut Horace Vernet eut
la
vie
devant
les
yeux
steppes immenses couverts de neige
et
Les contrastes l'attiraient. L'Afrique et et c'est
dans
sa
plus puissant des bienfaiteurs.
correspondance
à
le
double
et
éclatant mirage des
du vaste déserl au sable brûlant. la
llussie se partagèrent
bâtons rompus
et
son cœur,
d'un accent de sin-
1
LES VERNET
42
cérité
mieux encore que dans
attachant,
si
toute l'ardeur de ses affections tropicales et
Quant
«...
à moi,
écrit-il
à sa
femme,
qu'on découvre
peinture,
sa
hyperboréennes.
je travaille, je vais à la
sommes
je cours avec l'empereur passer les revues. Nous
parade
et
allés ces jours
derniers à Cronstadt. Ce voyage, qui a duré deux jours, m'a ravi; s'en aller
mer en
à dix lieues en
Pendant
traîneau, c'est la chose du
les différents dégels qui se
monde
la
plus originale...
sont succédé, des coups de vent ont
sans doute refoulé la mer, qui, en superposant les hlocs de glace les uns sur les autres, a produit des chaînes de collines de plusieurs lieues de lon-
gueur
et
ayant les formes
terre
le
vent vous coupe
;
les plus singulières. le visage,
Les chevaux vont ventre à
qui se couvre de glace par les larmes
qui s'échappent de vos yeux, tandis que votre corps est bouillant sous les
peaux d'ours dont vous
tapis et les
L'aspect de ce qu'on voit,
«
êtes affublé.
contraste et
le
mouvement
le
font qu'au
boni de dix minutes on croit rêver et qu'en arrivant on croit avoir perdu la tête.
Figure-toi des gens qui courent la poste entre des vaisseaux de ligne,
«
comme le
sur des routes plantées d'arbres verts
même
soir la
heures...
promenade,
je
;
fou pendant quelques
croirais avoir été
de
l'Afrique,
Horace
Vernet,
qui
l'homme des impressions tempérées, s'exprime
femme
sa
:
«...
Rien ne pourrait dire ce que
«
je
me c«
dans une autre
ainsi j'ai
Je ne te ferai pas une description de la ville
bornerai à
lettre
éprouvé en voyant de ;
je suis invulné-
te dire ce
qui m'a
le
',
ce serait bien inutile
;
plus frappé
Hier, à la faveur de nos habits turcs, nous avons visité les mosquées,
du pacha,
misérable.
etc. C'est,
en plus grand, Alger, seulement encore plus
Par l'intervention dos janissaires que
disposition pendant le temps que je resterai
monde
1
pas
!...
les palais
«
décidément
n'était
dix lieues les Pyramides. J'ai pu supporter cette émotion
rable
recommencé
»
Parlant
à
je n'avais pas
si
qui m'a
le
plus frappé dans
Nous sortons du marché aux
Le Caire.
ma
le
ici, j'ai
consul a mis à
pu voir
la
ma
chose du
vie.
esclaves,
où de
petits négrillons,
mâles
MOKACK VER NET et
femelles, sont assemblés
comme
pommes
des
femmes de infâme
par paquets sur un mauvais carré de
toile,
hommes
et les
à cinq pour un sou, sans compter les
toutes couleurs qu'on
comme
lieu, où,
me
dans des trous tout autour de cet
tient
des rois,
d'infâmes voleurs trafiquent de la chair
cœur
tout gros de fâcheuses réflexions, lorsque
humaine. Je sortais donc le le janissaire
143
proposa d'entrer dans
mosquée des
la
fous. C'est là qu'un
autre spectacle horrible m'attendait. Figure-toi une cour de quarante pieds carrés, environnée de murailles d'une hauteur prodigieuse qui laissent à
peine entrer
jour
le
dans
;
une
l'angle,
petite porte de trois pieds de haut,
barricadée de chaînes à travers lesquelles on passe avec peine. De chaque
murs sont percés de
côté, les fer
et là
;
que leur ordure
d'énormes
petites niches garnies
dedans, sans vêtements, assis sur
la pierre,
de
sans autre paillasse
une épaisse couche de poussière, sont
et
grilles
les
malheureux
privés de leur raison, une double et lourde chaîne au cou, dont les extré-
mités viennent s'attacher à de gros anneaux extérieurs,
ment perpétuel sur
la pierre l'a creusée à
et
dont
le
plus de deux pieds.
Joins au
amou-
tableau les rugissements des furieux, les accents pitoyables d'un reux,
deux yeux
et les
comme un
fixes
nègre silencieux,
d'un
»
Dans une autre
voulant peindre
lettre,
du désert d'El-Arisch,
il
la
Venez vous épousseter
«
je t'avouerai «
De
que
l'eau
!
Assurément
l'eau
les
De
et
»
En
chose
effet,
tristesse
l'Orient,
!
œuvre de littéraire
et
la
:
sablonneuse
«
milieu l'air
on en a grand besoin
;
mais
Voilà ce qu'on cherche subtil
de
on pense.
critique
»
que d'établir un
de Vernet décrivant les misères
somptueuse majesté des
de Lamartine, traitant du
Au
plumeaux qui ont
à laquelle
l'eau fraîche
formule
la
splendeurs de
Chateaubriand
!
ce serait faire
rapprochement entre et
ici.
c'est la dernière
De
morne
de sa plume familière
écrit
s'élèvent quelques palmiers semblables à des :
nous regarde
oiseau de nuit, et tu ne te feras qu'une faible idée de ce que
nous avons vu
dire
qui
frotte-
mémo
sujet.
récits
de
Et cependant, après
avoir parcouru la correspondance du peintre, écrite la plupart du temps
dans une langue de bivouac
et d'atelier,
nous reconnaissons volontiers que
parfois sa puissance d'évocation égale celle des deux grands poètes et qu'il
possède
lui aussi,
par des moyens bien moins prestigieux sans doute,
de nous faire vivre où
il
a vécu. 16
l'art
LES VER N ET
L44
Ce vain.
n'est
que
très
y aurait
Il
là
lettres inédites sont
incidemment que nous parlons d'Horace Vernet cependant matière
à
encore nombreuses,
écri-
une intéressante étude, car et
fourmillent,
ses
non seulement de
vivantes descriptions, mais aussi de curieux exposés de doctrines d'art et
Mazeppa poursuivi pau les
même
i.oups (d'après
la
gravure de Reynolds).
de graves considérations politiques sur des événements historiques
auxquels
il
prit
une part
très active
1
Ces quelques extraits de correspondance, pris un peu au hasard, n'ont
pour objet que d'ajouter quelques
traits
nouveaux
à l'intéressante ligure
que
nous tentons d'esquisser. Horace Vernet rentrait
à Paris à la fin
de
l'été
de 183G. Son voyage en
II est hors de doute aujourd'hui que l'intervention personnelle d'Horace Vernet en 1832, auprès du tsar Nicolas, pour obtenir dû souverain russe la reconnaissance du gouvernement de Juillet fut triomphante. Il y a sur la mission confidentielle d'Horace Vernet, en 1832, à la cour de liussie où il était persuna grala, un très intéressant chapitre d'histoire contemporaine à 1
écrire.
IIOKAGE YEItXET Russie
avait
à
peine duré quelques
145
semailles.
Il
arriva
temps pour-
à
aux derniers moments de son père (17 novembre
assister
mort l'affecta profondément,
et ec fut
1837).
Cette
pour chercher un adoucissement à sa
cruelle affliction qu'il partit pour l'Algérie.
Mazeppa
au lendemain de
CV'lait
Bùne,
à
le
12
novembre 1836, du Diadème,
monté par 800 hommes, mordit
aux narines,
cueillir
les
l'atelier
parisien,
lui
et le littoral africain
;
et
»
l'odeur
c'est
dans
acre de la
«
bon
notre! peintre
beau vaisseau
et
fumée de
deviendront la salle
les
la
poudre
atmosphère vibrante
cette
premières notes qui, développées plus lard dans
ornent aujourd'hui
En
prise de Constantine
du bruit des héroïques combats. Quand
retentissait toujours
débarqua
la
(d'après la gravure de Jazet).
grandes
de Constantine au
toiles
le
qu'il
va
calme de
commémoratives
musée de
le
qui
Versailles.
confiant l'exécution de celle suite de peintures, Louis-Philippe
manifesta royalement son désir d'effacer
le
fâcheux souvenir qui s'attachait
LES VER N ET
commande du
à la
Siège de Valenciennes, et en
ne pas laisser dire que
tsar lui avait
le
même
temps
sa volonté de
donné une leçon de clairvoyante
générosité.
Horace Vernet ne consacra pas moins de
immenses
l'exécution des trois
de Constantine,
et
où
il
années (de 1836 à 1842) à
toiles qui figurent à Versailles,
dans
la galerie
a raconté, d'un large et vivant pinceau, les trois prin-
cipaux épisodes du terrible siège duit- Ali; les
six
les
:
Kabyles repoussés des hauteurs de Con-
Colonnes d'assaut se mettant en mouvement, la Prise de Constantine.
Pendant ce
travail,
qui
d'ailleurs
fut
interrompu par un voyage en
Palestine, en Egypte et en Turquie d'Europe, Horace Vernet revint plusieurs
en Algérie, vivant au camp parmi
fois
les officiers,
suivant les expéditions,
couvrant ses albums de croquis sans nombre, préparant
les
ses vastes compositions et notant toujours ses impressions
d'un français
«
animé
à la fois bizarre, cru,
Parmi toutes ces
lettres d'Afrique
intégralement reproduite. Certes
il
et bouffon
1
matériaux de
dans des
lettres
».
en est une qui mérite d'être presque
n'y faut pas chercher la phrase lumi-
il
neuse, savante et chaude de Fromentin ou de Guillaumet. Mais dans ce français
«
bizarre, cru et
animé
»
où se reflètent toutes
les qualités et les
défauts du peintre, Vernet fait un saisissant tableau de Constantine, après
nous y surprenons le secret de ses impressions avant la représentation du drame sanglant dont il va faire une sorte de vaste l'assaut final, et
triptyque militaire. Cette lettre, adressée à
La
voici «
avons
M me Horace
Vernet, est datée du £ décembre 1837.
:
Nous nous sommes mis en route fait
Me
cinquante-cinq lieues.
hier à onze heures
du matin,
voilà plus près de vous, et
continue à être aussi bon, demain soir nous serons sur la sera pour moi une grande joie, car tu sais que
si
et
si le
même
nous
temps
terre.
Ce
je pars sans peine, je
reviens avec bien du plaisir. «
Maintenant,
il
faut
que je
en général. Je vais commencer
«
1
De Bône
à
Medjez-Hamar
Théophile Silvestre.
te
parle de Constantine et de
mon
mon
voyage
bavardage.
rien d'intéressant. Mais, après avoir passé
HORACE VER NET le
Raz-et-Akba,
le
pays dépouillé d'arbres devient un vaste désert coupé de
montagnes pelées dans
ravins profonds, et entouré de vastes
Radicofani
nous a
coucher dans
fallu
la
boue
;
mais heureusement
et
chacals
les
l'ombre route
mules
les
ma
car,
;
assomme
de
chargeaient
hyènes
musique
la
dans
disputaient
se
et
chevaux que nous laissions derrière nous sur
et les
chère amie, tu ne peux
comme
une idée de
te faire
la
une
;
fois
la
quantité de
faute de pouvoir les nourrir
tant qu'ils peuvent se soutenir
Sur ce point
d'eux.
mauvais temps
soir et en partant le matin. Les lions, les
animaux qu'on abandonne,
ces pauvres les
se
le
le
Il
intéressant pour moi que ces
n'a duré que deux jours. Rien n'était plus
bivouacs, en arrivant
genre de
le
dans ces lieux épouvantables.
pluie nous a rendu visite
la
;
147
:
tombés, c'est
on fini
sur tant d'autres, c'est un gaspillage dans
l'armée dont on ne saurait se faire une idée sans en avoir été témoin. Mais brisons là-dessus,
que
le
je
ne veux
parler que du pittoresque. Je te disais
pays est d'une sévérité admirable.
humaine, que quelques suppose des «
te
pierres,
restes
ne
11
en
s'y trouve,
monuments
de
fait
de trace
qu'on
antiques
fortifications.
Je ne suis pas de cet avis pour la généralité.
paraissent des tombeaux de la
môme
forme
11
y en a certains qui
même
de la
et
me
construction
que ceux de Carneta, moins soignés cependant, mais semés çà
long
et là le
d'une voie romaine, sur un assez long espace, deux lieues environ avant d'arriver à
croquis.
De
t'avoue que
Somma, où ce point, le
se trouve
un tombeau monumental dont
on aperçoit Constantine à
cœur m'a battu en voyant
le
trois lieues
terme
et le
j'ai fait le
de distance. Je
but de
mon
voyage.
Les plus hautes montagnes du grand Atlas se développent devant tateur.
Il
était
deux heures de l'après-midi,
le soleil brillait, rien
quait pour la splendeur du tableau. Je t'assure que dès ce
j'ai
une nouvelle collection de matériaux d'un caractère tout
Je ne te ferai pas
ici la
je n'ai
déjà dans
particulier.
description de Constantine, de ses ravins, etc
toutes choses dont tu as déjà entendu parler. rien vu
spec-
ne man-
moment
plus pensé qu'au bonheur de joindre à tous les souvenirs que la tète
le
Il
me
dans aucun de mes voyages qui m'ait
suffit
aillant
,
de dire que je n'ai frappe. Cette ville
toute couleur de terre ressemble plutôt à celle des Abbru/./es qu'à tout ce
que nous connaissons du
littoral
je la peindrai telle qu'elle est,
d'Afrique.
comme
on
On
l'a fait
va crier après moi quand
après
ma
verdure
;
cepen-
LES VERNET danl je serai vrai. L'intérieur des rues est 1res sombre
abominable. Les cadavres qui sont encore sous
d'une puanteur
et
décombres ne con-
les
augmenter ordures
émanent
de
est
l'armée
Monlfau-
;
boutique
la
Lubin
de
les
miasmes
de
pestilentiels
à
diarrhées
les
,
que
ce
générales
con
peu
pas
tribuent
compa-
en
raison. Aussi nos pau-
vres soldats mouraientils
comme des mouches.
Dès
premiers
les
qu'on
fait
dans
pas
la ville,
on ne peut croire
qu'il
soit possible d'y rester;
puis, tout à coup, nous
entrons dans
du bey
le
tout
;
Figure-toi
palais
change.
une délicieuse
décoration d'opéra tout P REM.1ÈRE
CAM
PAGNE DE C
N STA
NTINE
de marbre blanc
et
des
(d'après la gravure de Jazet).
peintures les plus vives
d'un goût charmant, des eaux coulant de fontaines ombragées
d'orangers, de myrtes, etc., enfin un rêve des Mille loin de
m'attendre
temps,
et
à
cependant
des sensations
porté, jusqu'aux oiseaux
Ah
si
les
barbares
!
une nuits. Certes,
différentes dans
ei
mais
Du
reste, j'ai reçu
;
un que
si
fait
j'étais
court espace de
la suite
rien, de l'intérieur.
aux poissons rouges. On a
murs pour chercher des cachettes !
et
je n'étais pas au bout. Figure-toi
a tout dévasté et qu'il ne reste rien,
les
des couleurs
du prince
Tout
a été
em-
des trous dans tous
enfin tout est sens dessus dessous.
dans ce palais
le
meilleur accueil du
généra] Bemelle; ilm'a donné une ci-devant belle chambre dans laquellej'ai
couché par terre avec délices, car du moins sonl passés à courir la ville
et
j'étais à sec.
Mes
trois
jours se
ses environs, dessinant autant que possible
9
HORACE VERNET les points intéressants, et j'ai
liî)
une fameuse récolte de travaux
Jazet que je lui apporte une vigoureuse collections de sujets. qui
surtout
attendre pour ter)
a
en
y
;i
un
puis
une
le valoir
à élever.
tille
Il
racon-
te le
manqué
petite
ne
(je
à faire. Dis à
Tu
as
entendu parler d'un rocher
du hautduquel en voulant
femmes,
fuir, se préci-
Représente-loi,
pitaient.
sur un
les
monceau de
cent cadavres
plus de
defemmeset
d'enfants que les Kabyles dépouillaient ou achevaient respiraient
lorsqu'ils
un
core,
sergent
en-
un
et
soldat leur disputant, les
aimes
à la
main, un pauvre
petit
être
de quatre ans
attaché
au
mère morte. cette
de
corps
petite
J'ai fille
sa
retrouvé
au camp
de Medjez-Hamai. Elle est gentille,
très
mais
deviendra-t-elle?
On
nom. Ce régiment C'est
la
la
que je voulais
embarras
si
(d'après la gravure de Jazet).
que
justement parce
l'attend
Assaut de Constantine
nomme
Constantine, ne
lui
garde, mais, encore une qu'il n'v a
connaissant pas d'autre
que deviendra-t-elle?
fois,
pas de doute sur
le
malheureux
Je n'aurais pas balancé à l'apporter col
la prendre.
une autre idée ne m'élail venue;
c'est
d'en parler à .Madame
Adélaïde. Ce serait digne d'elle de faire élever un enfant pris sur
de bataille où son neveu ça à '<
mon
a été fait
recueilli
lieutenant général.
mon
voyage,
j'ai
de l'autre tout ce dont j'aurai besoin pour
Jamais on
n'a eu
une occasion de
faire
le
champ
Nous parlerons de
arrivée. J'ai tous les renseignements imaginables sur ce
Pour en revenir au bul de
sort qui
fait.
dessiné d'une pari
mon grand
un tableau aussi intéressant
et
tableau. cl
aussi
LES VERNET
150
pittoresque. Mais aussi fallait-il voir les lieux, car
il
n'y a pas de description,
de dessin, de croquis qui puisse donner une idée de l'originalité de
la
scène. Ça ne ressemblera à rien de ce qui a été peint, et ce ne sera que vrai.
Il
vu l'armée d'Afrique
faut avoir
l'Empire
:
l'armée
c'est
d'Afrique,
:
ce n'est plus ni la République ni
réunion, un jour
c'est-à-dire la
de
bataille,
vertus
toutes
militaires,
lendemain.
.
.
les
et
le
sauf quelques
chez
exceptions,
de
hommes,
de cer-
trop
bien
trempés pour ne pas
résis-
tains
à
la
contagion
Tiens,
je
ne
écrire
tout
ter
pense.
!...
veux
ce
pas
que
je
»
Le nomade
artiste avait
donné
la dernière
à peine
touche à l'assaut de Constantine (1842) qu'il retour-
en
nait
par
Russie,
tsar.
le
11
rappelé
loge à Pe-
terhof, assiste à de petits Le générai. Cavaignac
gravure de
(1840) (d'après la
soupers
L. Massard;.
de
famille
l'impératrice, le
manœuvres de Tsarkoié-Sélo
souverain aux
manœuvres,
des
hommes
armes,
sous les
et de la pluie 11
chère amie
avait
comme
le
;
1
29 juin
ont été superbes
des coups de canon
si le ciel
Paris
quitté
et
elles
le
:
«
chez
accompagne
Nous arrivons
soixante-dix mille
comme
s'il
en pleuvait,
fondait... etc. » er
juin
1842,
il
y
rentrait précipitamment
quelques semaines plus tard afin d'assister aux funérailles du duc d'Orléans.
Mentionnons
ici
voir dans le rôle
Russie et
le
roi
deux incidents de
la
vie
du peintre qui nous
le
font
imprévu d'ambassadeur officieux entre l'empereur de
de France. Ce n'est pas l'aspect
aventureuse existence.
le
moins curieux de son
HORACE VERNET Au moment Pétersbourg,
le
151
de quitter Sainttsar,
auquel
il
venait faire ses adieux, lui adressa les paroles suivantes
que
le
peintre
a fidèlement notées sur un de ses
carnets de souvenirs «
:
Voilà encore votre malheu-
éprouvé par un coup
«
reux
><
plus terrible que tous ceux qu'on
«
a tirés sur lui.
«
d'Orléans estime perte énorme,
«
non seulement pour son père
«
et
«
pour nous tous.
«
de compter sur une
régence
«
qui peut s'établir au
moment
roi
pour
la
La mort du duc
France, mais encore Est-il possible
Le général de Létang
(croquis au crayon).
«
où rien ne sera encore
«
paré
«
une chose qui dépendra des
«
circonstances
«
elle se
?
Je lui
tendais
mais
Car,
dans lesquelles
présentera
? »
répondu que
ai
fort
peu
qu'il était
en
je
les
de ces choses qui
même
cœur, que celui que
savoir
;
si
que le
consolation
Type de soldat
(croquis au crayon)
un
à
;
pas
;
les
que
même
le
le
sort dé-
ne
pouvait
lendemain
n'aurait
lateur
donc
nul
et
terrain
pères avaient tous
chirait
m'en-
politique,
mettaient les souverains sujets sur le
pré-
comment préparer
le
conso-
besoin
que je demandais
Sa Majesté de remettre
mois
de
de
à
me donner une 17
LES Y Eli NET
152
séance pour son portrait
pour que du moins,
ma
découvrir «
d'homme me
dites-lui tout ce qui
«
ses
homme
grandes vertus
pourra
pour
et
faire
lui
demandé
s'il
sans hésiter
il
«
«
disant
les
j'ai
comprendre,
femme
;
»
me
et,
Non seulement
«
:
»
je
vous
A
n'a pas achevé. Tout le inonde
Il
duré plus de vingt minutes.
a
peine
de
me
avancée
s'est
douleur d'une mère, qu'elle devait
la
répondit
:
Mais vous ne parlez pas de
«
si
la
celle
bien
d'une
une expression
suis reproché de n'avoir pas deviné plus tôt
si
que l'empe-
»
de retour
à
Paris,
ambassadeur
l'artiste
entrevue avec Louis-Philippe, et voici en quels termes
avait il
en a
une longue fixé le
sou-
:
«
les
je lui
autorise, mais je
y
là-dessus, elle a regardé son mari avec
reur allait voyager.
«
pu parler,
»
lui parlais
elle
tendre, que je
venir
restés
Et moi aussi, je prends bien part au malheur que
«
:
L'empereur
»
sommes
larmes aux ^eux; nous
d'autres choses...
si
France déplore. je
vous
pour
l'estime que j'ai
Enfin l'impératrice, voyant l'empereur s'essuyer les yeux,
Comme «
répondit
témoin de celte scène qui
me
en
Si
m'autorisait à répéter entièrement celle conversation, et
me
vous en charge; était
doit faire.
fermeté de son caractère.
la
main; nous avions
comprendre
quelques minutes sans prononcer une parole. Lorsque ai
de loin
vit
des Français, assurez-le que je partage tout son malheur;
voyez
tenait la
me
il
avec tous les signes extérieurs d'une vive
dit alors
«
le roi
roi,
rappelait à Paris
devant son infortune.
tète
«
me
devoir
Allez, vous ferez ce qu'un galant
«
:
mon
que
ne pouvais approcher du
je
si
L'empereur m'a
émotion
;
Je suis allé chez le roi, qui
m'a
reçu.
Paris, 9 août. 1842.
En entrant dans son
cabinet,
larmes nous ont suffoqués pendant plusieurs minutes. Les miennes
s'étaient
mais
amassées depuis huit cents
celles
du
roi
colles qu'il avait
!...
lieues,
Je regrettais de
dû répandre.
11
il
les
fallait
bien qu'elles sortissent
;
avoir provoquées après toutes
m'a semblé brisé sous
le
poids de
la
dou-
leur. «
Après un quart d'heure de récriminations sur
le fatal
événement, de
regrets exprimés avec la plus touchante éloquence, la question politique
HORACE est arrivée
;
l'espoir d'un
d'avenir brisées ont été
le
Y EH NET
153
règne glorieux évanoui, toutes sujet d'une longue lamentation
les ;
prévisions
alors j'ai
pu
parler de la commission
dont l'empereur m'avait chargé. Sur ce point roi
le
entré dans des
est
considérations diplomatiques en dehors du rôle
permis de
m'est
qu'il
jouer dans la circonstance présente.
au
roi
me
J'ai dit
que je ne voulais
charger que
d'une
réponse conforme aux paroles dont j'étais por-
Après m'avoir ap-
teur.
prouvé,
du
le roi
m'a répon-
«.
Dites à l'empereur
«
que
les vicissitudes qui
«
ont
«
vie,
«
et
:
ma comme homme
accompagné
«
comme mis mon
«
l'abri
«
moindre rancune con-
«
tre
«
méconnaître mes
«
tentions. Si les siennes
«
changent à mon égard,
«
dites-lui
«
prêt à lui rendre affec-
«
lion
«
est
«
sur des opinions émises
«
que ces opinions ont dû être modifiées par
prince, ont
caractère à
d'éprouver
la
ceux qui ont pu in-
que je suis
pour affection.
IIohack Veunet
11
absurde de croire que
la force ;'i
de caractère consiste à ne pas revenir
une époque, quand
le
cœur
a la conviction
les circonstances.
S'il
en
LES VER NET
154
quoi bon
à
discussion et la lumière qui en
Un
jaillit ?
«
était ainsi,
«
autocrate peut faire dire ce qu'il veut à ses ministres, un roi constitu-
<(
tionnel ne le peut pas.
«
constitutionnel, je ne suis pas
la
Qu'il consente
donc à m'écrire
condamné au mutisme
une caricature
regagnait
comme
la
jadis
môme
Russie,
Rubens,
«
me
«
blcra et à faire tout ce qui
«
pourra réunir deux peuples
a
dont l'alliance est inévi-
«
table par la suite, et qui,
«
si elle
«
temps,
«
politique
<(
prévenu tout
«
mésintelligence qui semble '
que
je suis prêt à
rendre où bon
sem-
lui
existait depuis Iong-
aurait
rendu
la
plus
simple
et
mal que
la
le
régner entre nous a l'ordre
social
fait
cher
«
m'a
«
mon malheureux
«
est
«
était
«
la
«
vàt, lorsqu'il
«
temps pour
à
mon
car,
;
«
l'empereur
Horace,
bien du mal et
fait
mort persuadé exécré
qu'il
n'était
en
que
fallait
il
;
enfant
preuve du contraire
arri-
plus
originale.)
tendre...
portant au tsar les propositions du d'être
lui
de
l'en-
»
année, Vernet, simultanément peintre
avant
me parler,
dites-lui
«
la
aime mieux
«
(Cabinet des estampes).
En août de
répondrai.
et je lui
S'il
«
(d'après
roi
«
«
Spontini
pour être
;
et
roi
diplomate, de France,
créé chevalier de l'Éperon d'or,
se
rendait d'Anvers à Londres, mystérieux confident des secrets politiques
de son protecteur Philippe IV
Ce troisième
et
et
de Charles
I
er
d'Angleterre.
dernier séjour en Russie se prolongea jusqu'au
cement de juillet 1843. Vernet
commen-
avait alors cinquante-quatre ans. Ce qui ne
l'empêchera pas, à peine de retour en France, de donner de nouveau un
HORACE YEHNET humeur vagabonde, en
cours à son
libre
155
visitant l'Espagne, le
Maroc
et
encore l'Algérie.
Malgré
on demeure interdit en présence de
soi
homme
de ce petit
la prodigieuse activité
sec et nerveux qui, en Europe, en Asie,
en Afrique,
court à dos de cheval ou de dromadaire, toujours son carnet de notes et de croquis à la main, qui ne cesse
datant tour à tour ses
d'écrire,
innombrables
du désert
lettres
d'El-Ârisch, des rives duDniéper,
de Jérusalem, du fond des steppes russes,
du bord des navires de
guerre qui
le ballottent, lui et
fortune, à travers les
sa
flots, et qui,
entre deux voyages très rapprochés, trouve à
moyen de
reproduire
une échelle vertigineuse, mais
avec une imperturbable audace, les sujets les plus
Citons joli
en
portrait,
un
être
compliqués.
passant
un bien
d'une ironie peut-
peu
outrée,
d'Horace
Vernct par Théophile Silvestrc «
Son
gile
petit corps, qui
comme un
cristal
semble
:
fra-
de Bohème,
H a lév y' (d'après une
caricature originale).
(Cabinet des estampes.)
ne souffre pas plus d'accidents
à pied, à cheval, à dos d'ànc ou de dromadaire, en carrosse, en traîneau ou
en navire, que
s'il
était porté
en
litière.
Les fatigues, les intempéries,
fléaux qui terrassent les Hercules, l'ont toujours épargné.
Pendant que
choléra décime nos troupes dans les marais de la Dobrutcha,
une pointe de colique,
membres,
secs
comme
et la
vermine qui dévore
le tissu
de
les
l'aloès, élastiques
lui
bachibouzoucks
comme
les le
n'a pas fuit ses
des lanières de
caoutchouc. Si rien n'altère son corps, rien n'agite son esprit. Les magiques
changements de îles
soleil et
caractères et des
de rivage, l'étonnante variété des tempéraments,
lois, la
mélodies, des parfums
pénétrante série des formes, des couleurs, des
exotiques,
beautés
qui
s'amassent en
trésors
de
LES VERNET
L56
poésie
de
et
une intelligence
dans
savoir
comme
passé sur ses yeux
la
fenêtre d'un wagon
le
monde
se dérouler,
valser autour de lui et disparaître dans une lumière poudroyante.
cature du
devant une
clieval
dont l'air
les idées et les 1
pour
toile
la peindre, est
pratiques sont légères
un
triple
fidèle portrait
comme
la
La
cari-
galop de
de cet artiste
plume, fuyantes
comme
»
.
11
un jour passant à
Charivari, qui le représentait
11
On
qu'une bigarrure des objets extérieurs.
vu seulement par
dirait qu'il a
ont
délicate,
et
du feu passent sur un vitrage.
les reflets
dans sa mémoire
n'est resté
attentive
apparaît toutefois, d'après les indications contenues dans
comptes d'Horace Vernet, que
sauf
le peintre,
le
portrait de
le
Livre des
l'impératrice,
qui lui fut généreusement payé trente-six mille francs, n'exécuta pas d'oeu-
vres importantes pendant son dernier séjour en Russie.
En facilité
A
aurait-il eu le
temps
d'ailleurs,
malgré sa prodigieuse
activité et sa
de travail extraordinaire?
peine
était-il
débarqué à Saint-Pétersbourg que son impérial protec-
teur l'attachait pour ainsi dire à sa personne, et l'invitait à l'accompagner
en Ukraine, en Tauride, en Bessarabie, en Pologne...
etc.
11
visita successi-
vement Taula, Orlov, Koursk, Ekatérinoslav, Moscou, Varsovie, Grodno, \ ilna... etc., et
en place d'honneur, dans
le
cortège impérial,
il
put assister
au passage triomphal du souverain dans les rues des cités toutes vibrantes des sonneries des cloches et des canonnades, et à travers l'immensité
des
steppes, animés seulement par la joyeuse fusillade des
morne
fantasias de
cosaques.
Mais
si,
pendant ce merveilleux voyage, Vernet dut abandonner son
pinceau au repos, relaté, jour
il
laissa le
champ
libre à sa
plume qui infatigablement
par jour, dans une suite de lettres
qu'il faut lire,
a
les vives et
curieuses impressions éprouvées par l'artiste. C'est
une peinture
tsar, la cour, la
fort intéressante
nature,
le
de la vie russe en son entier
.
Le
peuple... tout y passe. C'est assurément la meil-
leure partie de l'œuvre écrite d'Horace Vernet, et
forme cursive
2
et toujours familière
ici
l'écrivain,
malgré
la
de ses récits, est bien supérieur au peintre,
1
Les Artistes français.
2
Voir la correspondance d'Horace Vernet, publiée par M.
Amédée Durande.
HORACE VERNET
157
hauteur de l'historien prophétique. Qu'on en juge par
et s'élève parfois à la
M mc
ce fragment d'une lettre adressée de Saint-Pétersbourg à
31 octobre 1842
le
:
rends justice
tu le penses. Je lui
un
n'est pas il
ma
Quoi que tu en dises,
«
homme
pour
se faire
qu'il ait à
moindre
la
;
ce
a tout ce
11
aimer des gens
qui n'ont pas besoin de lui
pour peu
passion pour l'empereur n'est pas telle que
ordinaire, mais
est loin d'être parfait.
qu'il faut
Horace Vernet
;
mais,
exercer sur vous
l'homme
autorité, c'est
le
plus dur que j'aie jamais rencontré. 11
est vrai de dire qu'en fait de disci-
pline
il
impossible d'agir au-
lui est
Les Russes de toutes les
trement.
classes sont tellement enclins à la
paresse, qu'il n'y a que la crainte qui
puisse les maintenir.
ne tremble pas,
Quand un Russe
de tous les hommes. Tout sous
le
plus lâche
c'est le
ici
est placé
régime militaire, depuis le cui-
sinier jusqu'au
grand juge
de sorte
;
David d'Angers (d'après une caricature originale).
que l'habitude de prononcer constam-
(Cabinet des estampes.)
ment des
arrêts, sans qu'il soit per-
mis au condamné de quitter pereur une rudesse dont les autres s'y
remplaceront «
accoutument,
ne s'aperçoit pas, qui augmente à mesure que et qui le perdra, le
jour où
Toutes ces admirables institutions, dont je
fondées pour
sont au
le
bonheur de
monde pour
redescendre. à
la
S'ils
quoi bon
sont
rester fils
l'ai
fatigue et l'inertie
parlé dans
un pied aussi splendide. On tous.
les
les instruire et
lettres,
dirait qu'elles sont
pousse pas plus loin pour cela
dans leur classe
de soldats,
mes
Mais non, l'éducation, qui développe
de cette foule déjeunes gens, ne
l'esprit
Alors,
du port d'armes, a donné à l'em-
la terreur qu'il inspire.
n'existent nulle part sur
ils
il
la position
ils
leur
:
ils
ne peuvent
;
ni s'élever ni
ne seront jamais que sous-officiers.
donner des goûts
qu'ils ne
pourront
LES VERNET
158
jamais
lumières qu'ils ne pourront pas répandre? Déjà, on
satisfaire, et des
a senti les funestes effets d'un fanterie s'est insurgée. Pas
«
:
un
ordre de choses. Une colonne entière d'infan-
seul officier n'est resté, tous ont été égorgés
conduits par les sous-officiers, disaient à leurs
froidement. Les soldats, chefs
tel
Nous ne vous en voulons pas
;
mais vous êtes
nous devons
officiers,
vous tuer. Finissez votre pipe, nous reviendrons après.
»
Et,
en
effet,
ils
sont revenus. La punition a sans doute été terrible, car on ne la connaît pas... les
régiments ont été licenciés. Voilà, chère amie,
en Russie.
On
laboure sans savoir ce qu'on récoltera.
oranges à un sapin
et l'on croit avoir
On
les
l'accable, est las de la Russie
rentrer en France.
retrouver dans
que je ne
en Sibérie.
»
honneurs dont l'empereur
et qu'il attend
avec impatience l'heure de
vieilles habitudes,
soufflet à
les ai vus...
C'est à cette
et
un
seul bonheur,
celui de
avec de vieux amis, dans une
un vieux verre de
le
vieille
vin, avec notre vieux cousin
époque que parvint en France brillant coup de
nouvelle de
la
temps
le
épiques
détails
par
Horace Vernet rêva dès lors de
fragment d'une
la prise
main du duc d'Aumale
suppose bien, commenté avec enthousiasme
l'atteste ce
me
»
Smalah d'Abd-el-Kader. Le
bondance de
le
d'aller
nos vieux petits-enfants qui doivent avoir de la barbe depuis
on
des
les
bontés
Je n'aspire plus qu'à
«...
mes
donnant un
veste,
la
On accroche
devine, à la lecture des dernières lettres datées de Saint-Pétersbourg,
qu'Horace Vernet, malgré
et
tout est
des fruits. La noblesse donne tout
bon cœur, plutôt que
ce qu'elle possède de
comme
les gazettes
et
de la
était,
raconté avec suracour.
comme
fixer ce fait militaire sur la toile,
lettre adressée
de
M
de Saint-Pétersbourg à
mc
Vernet
23 juin 1843. «...
Je suis libre
:
je puis secouer
mes plumes;
sauter sur une branche où je pourrai gazouiller à
perruche qui m'y attend,
que
si
j'étais
empaillé
et
ma
cage pour
aise avec
ma bonne
je quitte
mon
que maintenant je ne veux pas plus quitter
1 .
1 Ce qui ne l'empêchait pas de quitter sa branche et sa bonne perruche an bout d'un an pour parcourir l'Andalousie et le Maroc. En 1830 il se rendra à Rome pour prendre sur place les croquis et les notes nécessaires à l'exécution d'une de ses toiles les plus importantes le Sièyc de Home. En 1853, sous le grand soleil de juin, nous le retrouvons encore chevauchant à travers les montagnes de la Kahylie algérienne. :
HORACE VERNET «
Oui,
J'avais lu avec voilà
oui,
d'armes, culier.
il
un
vif intérêt les détails
un tableau à
;
mais,
de
était à
récit
toiles
pour
le
tel
un caractère tout
on pourrait s'en
tirer...
fait
parti-
»
peine de retour à Paris que Louis-Philippe, luttant de
Prise de la Smalah d'Ard-el-Kader
générosité avec
de la Smalah.
la prise
pour représenter un
faudrait l'avoir vu, car ça devait avoir
Cependant, avec un bon
Vernet
faire
159
(détail).
souverain russe, commandait au peintre de nouvelles
les galeries
tation de la prise de la
de Versailles,
et,
entre autres, une vaste représen-
Smalah d'Abd-el-Kadcr.
Cet événement causa au peintre la joie la plus vive. Nul sujet n'était plus propre en effet à tenter son pinceau plein de verve. Sur une toile de vingt-trois mètres de long, bataille,
Et
condenser tous
comme
les
il
allait
pouvoir librement, dans un pêle-mêle de
éléments d'expression chers
à
son imagination.
cadre à cette scène tumultueuse, pleine de cris de victoire, de 18
LES VERNET
160
hennissements, de clameurs
de feu, de cliquetis de sabres,...
blanches du
ciel et
toile
pâli
immensités bleues
les
et
et
nous
le
croyons volontiers, avait légère-
lorsqu'il s'était trouvé
pour
la
première
nue. Et cependant,
peinture, l'œuvre était
Commencée en ment, de 1845, Le
donnerait
il
du désert.
Horace Vernet, a-t-on
ment
de hurlements de douleur, de coups
affolées,
dit,
phénomène unique
1844, celle toile gigantesque fut signée au
au Salon de
peint en un seul jour.
la
même
On en
nous apprend un des historiens de Vernet. procédé d'exécution en parfait accord avec
Rarement
peut-être dans l'histoire de
la
complètement terminée en dix mois.
et figura
ciel fut
devant l'immense
fois
commence-
année.
étalait l'azur avec des sabres, C'était,
le
on en conviendra, un
sujet.
plus diversement appréciée que
la
Prise de la Smalah,
qui n'est, en définitive, qu'un spirituel développement
panoramique d'un
intérêt
toile fut
assurément
D'un sujet artistes
très dispersé,
pareil,
mais rempli de vivants
détails.
un des plus beaux qu'un peintre puisse rêver, des
comme Rubcns,
Delacroix, Géricault, dont les génies puissants se
plaisaient dans les plus fougueuses compositions, eussent sans nul doute
dégagé une impression autrement tragique
une
et puissante,
forte et synthétique unité l'éblouissante
quoi bon s'attarder à des regrets supertlus
et
en subordonnant
à
richesse des détails. Mais à à
pleurer l'irréalisation de
l'impossible? Acceptons d'Horace Vernet ce qu'il peut nous donner et ne
nous plaignons pas trop de son excessive générosité. On
sement aujourd'hui que de
la foule.
composition
manque de
grave, qu'elle
d'ensemble en
de
Smalah
est tout
au plus digne de lixer l'attention
Cela est injuste. Sans approuver
cette gigantesque
même
la
est
morne
vie
et tout
le
il
morcellement épisodique de
en reconnaissant, constatation très
atmosphérique
et sec,
dédaigneu-
dit trop
et
lumineuse, que
le coloris
faut bien reconnaître qu'elle s'impose
à l'attention de l'artiste par de singulières qualités de composition et
mouvement dans
les
groupements individuels.
Certains détails sont, en et si les
amphores,
effet,
d'une surprenante habileté d'exécution,
les riches étoffes, les
ne se confondent pas en une chaude est contraint
et
harnachements brodés
d'or, etc.,
lumineuse harmonie de tons, on
d'admirer l'extraordinaire élan des chevaux, se présentant,
avec de merveilleux raccourcis, de pleine face au spectateur.
11
y a là de
HORACE VERNET
161
prestigieux coups de pinceau, des tours d'adresse incroyables, une
énorme de grandes
difficultés
vaincues. Et n'oublions pas que,
somme comme
tant de peintres contemporains, Horace Vernet n'a pu appeler à son aide le
précieux concours de
la
photographie, pour l'aider dans l'analyse des
mouvements vertigineux du cheval lancé au galop de charge.
Fragment de la prise de la
Smala
(Gravé par M. Romagnol, d'après Horace Vernet.)
Le troupeau des chameaux porteurs de palanquins, secoués comme des navires par l'orageux tumulte de la lutte, et du haut desquels dégringolent
avec
une grâce troublante
les
groupe d'un aspect saisissant,
femmes de et
où
forme également un
l'émir,
les lignes
se
confondent dans une
harmonie rythmique qu'on regrette de ne pas trouver dans
les couleurs.
Les qualités de coloriste d'Horace Vernet, qualités très intermittentes,
ne se manifestèrent jamais plus pauvrement que dans qui,
nous
le
répétons, doit être considérée bien plus
la Prise
de la Smalah,
comme un
essai très
LES VERNET
162
comme une
réussi,
un tableau.
tentative exemplaire de
un modèle du genre,
C'est
panorama et
c'est à
une place à part dans l'œuvre du peintre,
attribuer
tions diverses et imprévues, depuis l'époque où
il
si
un de
Philippe,
la vie militaire.
rable. C'est par centaines
que
facilité
ressemblances tentaient
les
la postérité, et
M ..
lle
le
peintre populaire du soldat,
Son œuvre iconographique
le
chro-
est considé-
com-
d'exécution, son habileté rapide à saisir les
personnages soucieux de transmettre leur
fidèle
donnaient pleine satisfaction au désir impatient du
modèle. Certaines de ses figures,
Radcliffe.
exécuta, pour la Con-
se chiffrent les portraits qui lui furent
mandés. Sa prodigieuse
M me
La Mésangère,
ses chefs-d'œuvre.
niqueur fécond de
Napoléon, de
il
si
doctrine chrétienne, l'austère figure du frère
Car Vernet ne fut pas seulement
image à
en manifesta-
fertile
dessinait d'un crayon
jusqu'au jour où d'un pinceau puissant et recueilli la
comme
ce titre qu'il faut lui
léger des silhouettes de Merveilleuses pour la collection de M.
grégation des frères de
que
militaire,
et
non
les
moins
réussies,
comme
celles de
Mars, des maréchaux Canrobert et Pélissier, de M. et
ont été exécutées en une seule séance, d'un seul jet de
,
pinceau. D'autres,
comme
celles
du
frère Philippe, de
roche, de la princesse Wittgenstcin, de
M me
M me
Pasquier, de
de Leninby, de
de Castellane, du général Foy, de Dupin, de M. de Gourcuff.
une volonté de recherches, un
effort
..,
la
t-il
une de
accusent
de méditation clairement indiqués
L'ensemble des figures qui vivent avec une intensité toiles, et
vicomtesse
etc.,
dans une formule dont l'énergique précision touche parfois au
une de ses premières
M mo Dela-
ses meilleures,
Mon
si
style.
grande dans
atelier,
n'indique-
pas assez que Vernet était né, en quelque sorte, peintre de portraits, et
qu'en ce genre
eût peut-être excellé
il
s'il
avait su contraindre, dès le
début, sa déplorable facilité naturelle à plus de laborieuse retenue, avait su se méfier à
temps de l'adresse d« ses
s'il
doigts, et chercher dès l'ori-
gine de ses études, trop négligées, à apprendre plutôt qu'à deviner.
comme
Mais,
heures
œuvres
:
«
l'a
dit
Alfred de Musset, judicieux écrivain d'art à ses
Je critiquerai M. Vernet, lorsque je ne trouverai plus dans ses
les qualités qui le
puisse lui disputer
;
distinguent et que je ne comprends pas qu'on
mais tant que
je verrai cette verve, cette adresse et cette
vigueur, je ne chercherai pas les ombres de ces précieux rayons de lumière.
»
HORACE VERNET Imitons, le peintre,
si si
vous
le
voulez bien,
le
admirablement doué
165
grand poète, et gâté
et tout
comme
en regrettant que
tous les héritiers pré-
somptifs, n'ait pas su résister à l'impérieuse tyrannie des dons naturels et
Chateaubriand
(d'après
(Colleclion de
les fortifier
un dessin
par l'étude, réjouissons-nous de contempler son œuvre dont
l'étrange confusion s'éclaire parfois de
Ce
original au crayon).
M. André Delaroclic-Vernct.)
qu'il est
permis d'affirmer,
c'est
si
brillantes lueurs.
que, sauf dans ses regrettables essais
de peinture d'histoire rétrospective, Horace Vernet fut original français.
Ce qui sur
de
11
était
fut par excellence le peintre
toiles,
vraiment
passionné des choses de son temps.
encore à cette époque une rare vertu.
vastes
et
Il
ne se borna pas à
fixer
conformément aux prescriptions d'un programme
LES VERNET
it;<;
des
officiel,
fiévreux
il
contemporaine, mais avec une sorte de besoin
faits d'histoire
notait au passage, d'un crayon rapide et sur, la vie des êtres et
pas les albums de voyage d'Horace Vernet
des choses. Qui ne connaît
ignore la partie la plus vivante et la plus originale de son œuvre. C'est qu'apparaît dans tout son éclat sa prodigieuse virtuosité de croquiste.
montre
l'égal
s'y
Il
de son père. Mais au lieu de lines et nerveuses silhouettes de
de gentlemen élégants, ce ne sont que figures de soldats d'une
chevaux
et
crâne
énergique accentuation de dessin. Tous
et
ici
les types,
aujourd'hui dis-
parus, de notre vieille armée, défilent sur ces vivants feuillets, depuis
maréchal de France jusqu'au simple voltigeur de
la
le
garde, depuis l'amiral
jusqu'au fusilier marin. Parfois, au milieu de ces suites héroïques de rudes profils et
de masques aux sourcils orageux, aux dures mâchoires, aux fronts
bas et volontaires, se montrent timidement quelques images d'intellectuels égarés dans cette iconographie militaire, et ce n'est pas sans une douce et
réconfortante surprise que l'œil se repose un instant sur les nobles et pensives figures d'un
Walter Scott ou d'un Chateaubriand qui paraissent
surpris de se trouver en
si
très
belliqueuse compagnie.
Voici encore une inoubliable pochade, du
masque puissant de César maussade, sceptique
prince Napoléon, et gras, rêve
dont
le
sous un minus-
cule képi de général de division.
Une
exposition uniquement composée de portraits signés par Horace
Vernet, obtiendrait, croyons-nous, un succès considérable. L'amateur d'art y trouverait
une véritable
du
satisfaction et l'historien des choses
puiserait de précieux renseignements, -car la plupart des
siècle y
modèles qui posè-
rent devant Horace Vernet furent activement mêlés aux événements de toire
contemporaine. C'est une intéressante entreprise à tenter
être assez facilement réalisée
malgré
la dispersion
et
le roi
peintre avait fixé sur la toile fut
la
Prise de la
Louis-Philippe, ravi de l'immense succès populaire obtenu
par la gigantesque composition
male
qui pourrait
des documents à réunir.
Vernet avait à peine sabré d'un dernier coup de pinceau
Smalah, que
l'his-
un des principaux
tation de la bataille d'isly.
s'étonner de ne pas
le voir
Il
et
le
de
la
prodigieuse rapidité avec laquelle
pittoresque fait d'armes dont
le
le
duc d'Au-
acteurs,
commandait au peintre une représen-
pensait,
non sans
raison, que l'opinion pourrait
confier à son peintre militaire la glorification du
vainqueur de Muley-Abder-Rahman, droit sous son haut képi
et
dans sa
.
HORACE
V EK NET
167
redingote blanche, au milieu des drapeaux, des tentes et des canons aban-
donnés, alors
qu'il était
permis de supposer que Vernet avait pu prêter une
oreille trop bienveillante
aux conseillers
désireux de voir la figure
officiels
du duc d'Aumale surgir dans des proportions héroïques au milieu de
débandade tragico-comique de femmes, de de gazelles, de colporteurs
gris-gris,
irruption des terribles chasseurs
Toujours
est-il
vieillards,
de perroquets,
provoquée par
juifs...,
la
sujet,
il
commande
qu'Horace Vernet accepta cette
soudaine
avec une joie et, afin
de
vérité réelle et de force historique à l'interprétation de son
s'embarqua encore de nouveau pour l'Afrique
et se
rendit là
avec un de ses plus beaux lauriers militaires, son
où Bugcaud
cueillit,
duc. Sur
champ même de
le
de
du colonel Morris.
peut-être encore plus vive que celle de la Prise de la Smalah,
donner plus de
la
bataille,
Beni-Snassen, l'intrépide artiste
fit
môme
titre
de
au pied des sauvages montagnes des
une ample moisson des documents néces-
saires à l'exécution d'une de ses meilleures toiles.
A
cette
époque
le
nom de
Vernet jouissait dans nos armées d'une immense
popularité. 11
nous apprend que lorsqu'il se rendit de l'Alla-Marhnia, extrême avant-
poste sur la frontière du Maroc, à Djemmàn-el-Ghrazaouer
triomphe avait été élevé sur son passage par
,
un arc de
garnison de cette
la
Voici d'ailleurs la copie d'un ordre du jour daté de ce poste
localité.
même
Vernet encadre avec une satisfaction vainement dissimulée, dans une adressée à Gibraltar
M me
Vernet, et datée du bord du Lavoisier qui
que
lettre
ramenait à
:
Armée «
le
et
d'Afrique.
—
Ordre supérieur.
M. Horace Vernet, notre grand peintre de batailles, arrive demain à
Dj emmà n-el-Gh razaouer «
fait
L'armée ne peut rester froide en présence de l'homme de génie qui a
revivre sous son pinceau
magique
M. Horace Vernet recevra donc «
Toutes
les
en bataille sur les
les
les fastes
honneurs de
guerre.
la
troupes de la garnison prendront les armes et se formeront la
place en avant du pavillon
;
elles
tambours rappelleront. Les postes sortiront «
de notre gloire militaire.
Une compagnie de garde d'honneur
et
lui sera
porteront les armes et
porteront les armes. fournie.
LES VERNET
168
MM.
«
les officiers
de tous
corps se tiendront prêts à faire à M. Ho-
les
race Vernet une visite de corps.
Des ordres seront donnés ultérieurement pour l'heure de
«
la prise
d'armes. «
Le lieutenant-colonel, commandant supérieur,
De Montagxac.
«
«
Djemmùn-el-Ghrazaouer,
»
de retour à Paris en juin 1845, après des haltes à Gibraltar, à
était
Il
4 avril 1845.
le
Tanger, à Cadix, à Alger, à Marseille, à Avignon, où
Vernet de tous
les côtés.
voudras. Bref,
ils
«...
Les uns sont boulangers,
veulent tous
me
lui
il
tombait des
les autres ce
faire leur héritier, et
que tu
me demandent,
en
attendant, de leur procurer une petite place pour vivre. Ainsi, lu vois qu'un jour nous devons être riches. »
«
La peinture de
la bataille
avec éclat au Salon de cette
1846, et elle figurait tigable
commencement
terminée au
d'Isly était
voyageur partait aussitôt après pour
môme
année. Puis
Belgique et
la
de
l'infa-
Hollande
la
avec son fidèle ami Soliman-Pacha.
La
commande importante que
fit
des journées de février 1848,
le
Bataille d'Isly ne fut pas la dernière
Louis-Philippe à Vernet.
La
veille
même
dont l'aveuglement politique dura jusqu'à
roi,
la
dernière minute de son
règne, invitait Horace Vernet à partir pour Toulon et à y faire
d'Abd-el-Kadcr. Voici ce qu'écrit
le portrait
l'artiste à ce sujet. L'intérêt historique
de
la citation est indiscutable.
Le
«
nement,
roi s'abusait
avec
qu'il était
tellement sur sa position, sur la force de son gouver-
évident qu'il courait à sa perte.
mardi matin, m'avait confirmé dans
lui,
que j'eusse
Chambres
l'idée
que
Ma
dernière entrevue
cette opinion, sans
la catastrophe fut aussi
immédiate.
Le
roi
m'avait
fait
ferai
midi; les
qu'un prétexte. Dans
honneur
à la
mêmes
des Tui-
venir pour m'envoyer à Toulon faire le portrait
d'Abd-el-Kader. Dès en arrivant, trait n'est
était
étaient assemblées, et l'accusation des ministres devait être pré-
sentée. Le peuple chantait la Marseillaise sous les fenêtres leries.
11
cependant
promesse de
le roi
me
dit
:
«
Partez demain
la conversation dites à
mon
cher
fils.
;
le
por-
Abd-cl-Kader que je
Mes ministres sont des pol-
L
F.
C
M
TK D E G A S T E L LAN
(Gravure de M. Romagnol. Collection de M""'
la
E
,
E N FA N T
comtesse de Beaulaincourt.)
HORACE VEKNKT lions
ont peur des Chambres. Quant à moi, je suis trop fort pour
ils
:
171
qu'Abd-el-Kadèr puisse
me donner
moindre
la
crainte,
même
lors
qu'il
ramener dans nos
serait à Saint-Jean-d'Acre. Les Anglais ne pourraient le
possessions d'Afrique sans que ce ne fût une déclaration de guerre, et per-
ma
sonne, sans
permission, ne peut en venir
de Palmerston
loir
faire
Guizot
:
une concession à
comme un
joue
le
la majorité
me
fit
Djeddah,
à
répéter
ma
vont se passer
qu'il ira
de
leçon et ajouta
ici,
à la
là :
domine
Si
«
ne partez que jeudi.
le
tour par
Mecque
le
mauvais vou-
enfant. Cependant,
de nos Chambres.
l'émir que je l'embarquerai, qu'il, fera
débarqué
là. .le
Il
le
faut
la
l'exil,
être au fond
République
était
Le
et qu'il sera libre. »
vous voulez voir
comment
les
proclamée,
choses
et
Horace Vernet,
la route
attristé
brillant «
peut-
du cœur par l'infortune de son royal protecteur, mais soutenu
faisait élire colonel île la légion le
roi
»
par l'idée d'un grand devoir civique à remplir, se rendait à Versailles
Ah!
faut
Cap, et qu'il sera
Quelques jours plus tard, Louis-Philippe gagnait en toute hâte de
il
donc dire à
beau jour,
le
de la garde nationale de cette
jour glorieux que celui où
uniforme, galoper à
la
tète
il
ville.
revêtu de son
put,
mouvement un peu
trop saccadé de
son cheval, sautaient sur sa poitrine avec un bruit de ferraille Qu'ils sont loin les jours héroïques et sombres, il
se
de sa légion dans les rues de Paris,
couvert de décorations qui, à chaque
de simple garde national,
el
'
».
où sous l'humble habit
déchirait à belles dents la
suprême cartouche,
à la barrière de Clichy.
Sa légion n'eut heureusement pas l'occasion de prendre part rible répression de
à la
ter-
l'insurrection de Juin, et Vernet ne se vit pas dans
nécessité douloureuse de
donner
la
l'ordre à ses soldats de tirer sur les soldats
du peuple.
La
crise sociale passée, l'émeute
impitoyablement noyée dans
le
sang,
le
colonel de la légion versaillaise accrocha, bien en vue, son brillant uni-
forme, dans la bataille
l'atelier,
de Wola,
reprit ses pinceaux et se mit en devoir de terminer
commandée
depuis plusieurs années par
l'exécution avait été à plusieurs reprises interrompue divers,
1
comme
le tsar, et
dont
par des événements
des voyages en Algérie, au Maroc, en Espagne, des soulève-
Amédée Durande. 10
m
LES VERNET
monts révolutionnaires,
la
chute d'un trône,
rections sociales à travers lesquelles
garde nationale de chevaucher
il
été
ait
plus terrible dos insur-
et la
donné
la
main en
la
réalisation de ses projets ambitieux.
servile
République fran-
la
prétendant à l'Empire, voulut dès son arrivée au pouvoir se étouffant en Italie
lu liberté
dont M. de Montalembert
qui
le
gênait
dans
hommes, d'en chasser
si
fort
faire
en France pour
Assuré du concours d'une assemblée
était le directeur
l'ordre au général Oudinot (rentrer çaise de 25. 000
la
.
Le prince Louis-Napoléon Bonaparte, président de çaise, et
un colonel de
à
1
Rome
de conscience,
il
donna
armée fran-
à la tête d'une
les patriotes italiens et d'y rétablir le
pouvoir absolu du pape.
Rome, soulevé par l'héroïsme des Mazzini, des Armellini, des Garibaldi, résista pendant plus d'un mois au plus barbare des
ments avant de retomber sous par
le
pape de gouverner.
Ce
fait
le
d'armes, inauguration
Sali,
des
bombarde-
régime de terreur des cardinaux chargés
si
significative de la désastreuse politique
extérieure du second Empire, méritait, paraît-il, d'être artistiquement consacré,
Horace Vernét que
et c'est à
fut confiée la lâche
triomphale des troupes républicaines dans débris des statues, des palais,
et
courage (réchapper à cette
car
il
n'est peut-être pas
morne que
triste, plus
la ville éternelle,
triste
la
où
travers les
il
barrière de Clichy... n'eut pas
mission. El
dans toute son œuvre
celle
à
au milieu des bénédictions des prêtres.
Le peintre de Valmy, de Jemmapes, de le
de peindre l'entrée
a tenté
il
de
en
fut
toile
de glorifier
cruellement puni,
plus médiocre, plus
le siège et
la prise
de
Home.
A
publique, où se manifestaient encore quelques fières
Paris, l'opinion
tendances
et
surtout de vagues inquiétudes,
nouvelle de cette
Pendant
les
accueillit
journées de 1851, nous apprend M. Amédôe Dûrànde, Ver-
pour qu'elle ne
fût pas lacérée, et
transporter à Versailles, où l'on mit à sa disposition
Il
1
L;i
lui avait
la
salle
il
la
fit
du Jeu de
déjà servi d'atelier à plusieurs reprises.
faut reconnaître
bataille
la
commande.
net fut obligé de cacher sa toile
Paume, qui
avec défaveur
que
le lieu était
singulièrement choisi pour traiter un
de Wola fut payée à Vernet 25.000 roubles (90.000 francs).
IlOHACK VER.NET pareil sujet,
et
ombres entre
les
173
augustes et grands souvenirs qui flottent
les
murs nus de
durent souvent troubler
le
Bethléem de
la vaste salle, ce
vieux peintre et faire trembler
le
la
comme
des
Révolution,
pinceau dans
ses doigts.
Exposé au Salon de 1852,
le
Siège de
Rome
aucun succès.
n'y obtint
D'ailleurs Vcrnct, phé-
nomène en rare chez
assez
vérité
artistes,
les
aucune
se faisait plus
ne
illu-
sion sur la décadence de
son talent. Dans une lettre très
familière
écrite
Paul
Delaroche
et
du 15
avril
prime
ainsi
1852, :
que bientôt
la
vieillesse,
et
par
s'ex-
il
Je sens
...
il
faudra en flétri
par
ou d'ennui
anticipation
solitude ne
triste
datée
«
avant que,
finir,
à
vienne
boutique.
fermer
la
promis
encore
la
,
J'ai
quelques
Le prince Napoléon
tableaux, je vais les faire.
La montre marche jours,
mais
triture est encore là,
Toutefois tées de et
il
ne marquent plus rien
mais
le
les
peignit encore plusieurs années,
comme
la
Bataille de et
campagne de Crimée. la
cha,
bataille suivit
:
autrement
dit,
ma
vieille
faire
cl
VAlma,
certaines des toiles exécules portraits
de'Canrobert
hardie, peuvent prendre place parmi
meilleures.
Bien qu'âgé de soixante-trois ans,
à
original, au crayon).
»
1852 a 1863,
œuvres
un croquis
M. André Delaroche-Vernct).
cadran n'indique plus ce que je voudrais
de Pélissier, d'une touche vivante
ses
(d'après <1p
tou-
les aiguilles
comprendre...
(Collection
Il
lit
avec nos troupes une partie de
passa les mois de juin, juillet, août
d'Inkermann, brava les diverses
il
le
à
Varna, assista
choléra dans les marais de
phases du siège de Séhaslopol,
et,
la
la
Dobrut-
suns attendre
LES VERNET
174
triomphal,
l'assaut
revint à Paris
avec une
pour classer,
habile
clair-
voyance, les divers éléments qui devaient constituer l'ensemble de ses
œuvres
plus appréciées, à l'Exposition de 1855, où
les
de peinture
Ce
lui
décerna
homme
de cet
artistique
grande médaille d'honneur.
la
cependant pas encore
n'était
terme
le
extraordinaire.
définitif
En
y eut à cette occasion entre l'artiste et
mante dans 11
sa réponse à l'Empereur
mourut
Pendant graphe
souverain un échange de
le
de cet ouvrage.
se manifesta sous
une forme char-
1 .
17 janvier 18G3, après une longue et cruelle agonie.
le
sa maladie, l'empereur lui avait
la croix
de Malakoff.
la prise
lettres intéressantes, qui sont reproduites à la fin
La générosité de caractère de Vernet
de la longue carrière
1856, l'Empereur confiait à
Vernet l'exécution d'une vaste représentation de Il
jury international
le
de grand
officier
de
la
envoyé avec une
lettre auto-
Légion d'honneur.
Voici sur les derniers instants d'Horace Vernet, et sur l'étrange acci-
dent qui précipita sa
Mon
quelques détails peu connus que nous devons à
obligeance de son
la parfaite «
fin,
petit-fils,
M. André Delaroche-Vernet.
grand-père, nous écrit M. Delaroche-Vernet, est mort des suites
d'une chute qu'il
fit
près de son château de Barmettes, à Hyères.
de maladie, d'une pleurésie, je crois. Monté sur un petit âne tionnait,
rendu à une ferme voisine, pour étudier
s'était
il
ment d'une batteuse
le
11
relevait
qu'il affec-
fonctionne-
à vapeur qu'il avait fait venir de Paris. Les questions
agricoles l'intéressaient vivement. «
L'àne,
effrayé par le bruit de la
machine,
prit
peur
et s'emballa.
Horace Vernet, qui avait monté, en parfait cavalier, tant de pur sang arabes, syriens et anglais, fut projeté à terre par cette et se cassa «
une
fit
naître
un abcès dont
le
peintre mourut après de longues
»
Et puisque, grâce aux précieux renseignements il
nous
est
permis de compléter
ici
par des
d'Horace Vernet, détachons encore de lils
1
ridicule,
côte.
Cet accident
souffrances.
monture
ce passage, qui ne peut
Voir à l'appendice.
traits
si
obligeamment
nouveaux
la lettre si
que servir utilement
fournis,
l'originale figure
documentée de son les futurs
petit-
biographes du
l'on
TUA
II
1>1'
GÉNÉRAL F
ï
HORACE VERXKT peintre
:
«
Mon
une partie de au
moment
la
177
mon
grand-père, d'après ce que m'a raconté
campagne de France.
de l'invasion
il
Il
avait acheté
père, a fait
un remplaçant, mais
s'engagea. J'ai toujours entendu dire qu'il avait
I
Le maréchal Canrobert
été fait caporal à Montmirail. fait
deux
pendant
fois les
chevalier de
la
En
tout cas, je puis vous certifier qu'il m été
Légion d'honneur. Son premier brève!
(lent-Jours et fut décerné
second, signé pur Louis XVIII,
aux grenadiers de
la
(gravure de M. Roinagnol).
fui
à
.M.
décerné
garde nation a le...
»
Horace Vernel à
fui
signé
artiste peintre. Le
M. Horace Vernel, lieutenant
LES VERNET
178
Horace Vernel ne quintessence.
ne
Il
anciennes. Pour
fut
lui les
un peintre métaphysique
ni
fut
pas davantage un savant
Grecs
évocateur des époques
Romains semblent n'avoir jamais
et les
Parfois cependant, enivré par l'ardente poésie du désert,
rêveries rétrospectives, et
palmes que
onduler
fait
le
un abstraeteur de
ni
quand près du
existé.
s'abandonna à des
il
puits de Kartyle, à l'ombre des
femmes des douars soulèvent
vent du soir, les
de leurs bras de bronze leurs lourdes cruches pour poser sur leur épaule, Jethro, Rébecca
sont vaines fidèle
s'il
et
les
croit voir apparaître les tilles de
il
ses compagnes... Mais ses tentatives
renonce pour un instant
à être le peintre
des choses de son temps pour se livrer à des inter-
prétations bibliques,
môme
en s'efforçant, par une pitto-
resque modernisation du sujet, de ne pas trop contrarier sa nature.
Rébecca à
Thama?\
Bon
le
Holopherne, Juda
la fontaine, Judith et
Samaritain,... sont bien
plutôt
et
d'im-
menses vignettes que des tableaux. Cet ensemble de compositions inspirées par
de
Vernet,
rapide, ,,,
de
..
détails, se (Cabinet des estampes.)
atteindre
trouvailles „
talent et sur la
ma
il
mesure de
fait
ses forces,
aucune
hasard
laquelle
il
aspire,
fut à la fois
me
révéler,
Paris, soil
prouve ce passage d'une
le
son élève les
une roule qui
de son
et
son ami
:
premières impressions de se trouve
peu en
rapport
faudrait suivre pour convaincre, par l'élévation du style
sans
au milieu
à réaliser ce rêve,
illusion sur La nature
comme
pureté du dessin, d'une vérité «pie
me
à
de l'opiniâtreté qu'il met
La direction que m'ont imprimée
avec celle qu'il
pu
de
„.
,
,
1
ne se
jeunesse m'a entraîné dans
et la
,
formule de style
la baille
de ses lettres à M. Montfort, qui ...
..
mouvement
recherches
de
épisodiques, ,,
,
de
facilité,
dans celle suite de pénibles étions pour hge <J 1
est d'autant plus surpris
que mieux que personne
«
brillante
dans ses malheureuses tentatives de peintures académiques.
lui aussi,
On
de
fait
passé constitue assurément
de l'œuvre du peintre. Le talent
la partie la plus faible
Croquis caricatural de m. Picot, peintre et membre de l'Institut.
le
qu'il
me
soit
des circonstances
la
présence seule des choses
permis de qui
pour briser ses monuments,
la
faisaient soit
pour
reproduire.
gronder les
le
.Iclé
par
a le
canon dans
ébranler en annon-
HORACE VER NET çant des victoires,
dû peindre...
la
tourbillons que
guerre avec ses
un peintre
fut surtout
Son meilleur
j'ai
un des premiers, compris
militaire,
particulière,
mission de
la
quelques regrettables incursions dans
par excel-
fui
est
il
vrai)
et
notre époque; sauf
l'art à
passé,
le
il
de gloire est d'avoir eu une
titre
choses modernes (vision
des
vision
d'avoir,
image de
peintre du soldat.
le
claire
l
»>
Horace Vernet
Oui,
lence
c'est
179
fut
il
toujours de son temps. Et les échecs que lui valurent rétrospectives, alors que ses succès
ces explorations
étaient
vifs
si
quand
exposait
il
rière de Clichy, le Portrait
Mon
du frère Philippe, l'Assaut
de Constantin», démontrent suffisamment que
de ses triomphes
dans ceau
la
dans
était
Bar-
Atelier, la
la
vision directe
le
secret
du
sujet,
spontanéité de ses impressions, que son pin-
presque toujours, avec une vivante
fixait
et
surpre-
nante rapidité, avec une verve toute gauloise.
L'œuvre d'Horace Vernet dité artistique
peut-être
De
la
le
Rubens
robustes), n'a
Jamais,
«
dans
ni
dit
présent,
ni
encore se
(qui
le lin
la
de
et
Théophile Silvestre, 1
dans
passé,
le
(Cabinet
îles
estampes.)
sauf
aider par sept ou
faisait
donné l'exemple d'une
[dus vaste à
tantôt avec
immense. Sa fécon-
dépassa encore celle de son père
son grand-père, 1 ° artiste,
est
huit disciples
pareille faconde. »
plus modeste dimension
il
a traité tous les sujets,
pinceau de l'aquarelliste, lorsqu'il [teignait ses délicates et
précieuses figures de^ Merveilleuses et d'Incroyables, tantôt avec d'énormes brosses, lorsqu'il recouvrait les centaines de mètres carrés où sont racontés les
moindres
détails de la Bataille de
Wola, de Y Assaut de Constantine, de
Prise de la Smalah, de
la Bataille d'hit/,
Borne... tantôt avec
plume ou
sur
la
papier, avec une
le
vivants
:
si
le
du Siège d'Anvers, de
crayon, lorsqu'il
jetait
sur
la la
la
Prise de pierre ou
spirituelle prodigalité, tant de croquis légers et
scènes militaires, épisodes de courses
el
de chasses, désopilantes
caricatures de personnalités contemporaines, dont nous reproduisons dans cet ouvrage quelques Il
toucha
à
spécimens caractéristiques.
tous les genres.
Il
fui
mondaines de son époque, comme son
lui
père,
aussi le peintre el
des élégances
pendant son séjour
à
Rome,
LES VERNET
180
par
troublé
souvenir du Poussin, du Lorrain
lé
non sans succès, dans
s'essayait,
Avant de conquérir faits
Ballade de Léhore,
la
Mazeppa;
luc/cs,
ciliation de
et
Merveilleuse
Y Invalide à
êi
la
le
facilité
la cornette,
jambe de
En
que
le
Dragon
fourrageai-,
comme une
XIV, La
Camarina, Eliezer, Napoléon,
la
Vallicre,
Madeleine
siècle présent et des siècles passés.
vaste suite de vignettes de dimensions
\
ensemble de documents d'un vivant
ne consulteront jamais sans plaisir ceux qui se refusent
de profondes sensations d'art
et
et à
universel, parfois un peu aveugle,
il
Vernet de leur procurer
du suffrage
les faveurs excessives
faut reconnaître que la critique lui fut
moins indulgente qu'à son grand-père,
qui,
malgré
de son
les défaillances
glorieusement au bruit
s'endormit
à
de pures jouissances esthétiques.
Horace Vernet reçut de son vivant
pinceau fatigué,
la
Wàlter Scott
et
demander au pommier de produire des pèches
Si
Mame-
Lancier plumant un poulet, Récon-
Ch'apska, le Pape, Louis
bois, la
diverses, dont la réunion constitue un intérêt
Massacre des
peignit Y Incroyable à la culotte de Casimir,
il
grand illustrateur du est
le
F auberge de la Grâce de Dieu,... etc.
Holopherne, Canrobert
Son œuvre
commandant
Gïaour, Edith au col de
le
Prêtresse druidique,
la
ahecdotique avec
la Fille de
Avec une égide
C'est le
réproduction des glorieux
pochards, liai champêtre de tourlourous,
Hussard lulinanl
désert,
la
tour à tour classique en pei-
fut
il
travaux du Vatican; puis romantique avec
cygne,
au
grandè notoriété dans
Holophe'rne, Michel-Ange et Raphaël, Jules II
et
il
paysage historique.
le
d'armes de nos troupes d'Afrique,
gnant Judith les
sa
de Joseph Vernet,
et
des éloges presque
unanimes des salonhiers du temps. Horace Vernet trouva dans Gustave Planche, dans Proudhon, dans Théophile Silvestre, encore tout ècùnîant de l'exécution d'Ingres, dans Thoré, des juges sé\ères, parfois féroces.
MM.
Beulé, Heine, Thiers, Musset,
Théophile Guutiër firent entrer dans leur jugement plus de juste modéralion. Et. vraiment n'est-ce pas faire
preuve de clairvoyante impartialité que
d'attribuer une honorable pari d'éloges à un vaillant artiste qui, avec
franchise et une ingénuité sans pareilles, s'est ainsi jugé lui-même «
...
J'ai
joué
mon
manque
à
vous?
faut m'avaler
Il
rôle
:
il
faut
mes ouvrages, quant
comme
songera fermer boutique. Je
à l'idée ét
quant
je suis; je n'ai
à l'exécution.
une
:
sais ce qui
Que voulez-
qu'un robinet, mais
il
a bien
.
HORACE VERNET
18!
La ballade de Lénore (musée de Nantes)
coulé, et quiconque après
bon.
J'ai
immensémenl
moi
s'avisera de l'ouvrir n'en verra sortir rien de
travaillé
;
j'ai
gagné des millions qui ont passé je ne 20
LES VERNET
182
où
sais la
;
bien vécu.
j'ai fort
chanson
;
j'ai
J'ai
longtemps parcouru
Le
comme pour ma tête,
inonde,
vu beaucoup de choses, trop de choses
dit
qui
n'est pas forte «
Je ne
me
suis pas
françaises, je leur «
ai
seulement dévoué
à
la
glorification des
années
encore rendu en personne quelques services.
Je n'ai ni parti pris ni système
;
je rends le plus
exactement possible
ce que je vois, sans chercher midi à quatorze heures, et je
aux événements. Voilà
tout.
»
La poste au désert
(d'après
une gravure de Sixdeniers).
me conforme
A
PPEiN DICE
SPÉCIMENS DE L'ÉCRITURE DES TROIS VERNET D'après
i/i-s
documents originaux
I.
—
et
inédits
communiqués par M. André Delaroche-Vernet.)
LETTRE DE JOSEPH
Au
l
I
^Jc^/
^
h*
'j^iU*.
-*
^'
,
LES VER.NET
II.
jfàu.<iD/ii
—
LETTRE DE CARLE
(f^Ao^
eu^-l
<S.v
/.
V
^
APPENDICE
/oux^àj ^4ife
n'u*
1/7*7
fo^&u*'
'
Jçdo^
J
18c
.
si?
^ O^^^M^UU/L^
ÙScottf/**^^ f
S
'
Jh
OJ t^U^Jt^Ui^
-
APPENDICE
—
III.
II^^/^jl^
O £/f
0~
LETTRE D'HORACE
/iwO//^
(
^c4o ix>0
'gàTAW-* &Pt*.*r*~U>
°D>-^)
_c/jZ-*?TL06***-
188
LES VERNET
âl&U^
A près la course
VERNET
Horace
(Carie Vernet).
marié avec Louise
PAJOL
LE 15 AVRIL 1811.
A
reçu des travaux exécutés par lui
:
1811 Avril. i5.
En
29.
Pour 2 dessins vendus
caisse
338 60
.
à
M. Gamble
100
»
Mai. à 8.
1
9.
Reçu de M. Gamble
18 »
Reçu d/Isabey pour des chevaux
150
»
H. De M. Auber
père pour une tante Reçu de M. Lamésangère pour caricature
30
»
15.
80
»
20.
Reçu de M. Lamésangère pour caricature
80
»
25.
Reçu du dépôl de
la
guerre pour dessins
200
>•
10.
De Roland pour
dessin d'une calèche
50
»
Juin. 1
à
le
21
LES VER NET
190 Juillet.
à
1
G.
24. 26. 29.
Reçu de ma mère Reçu un acompte pour des transparents Reçu pour le portrait de M. de Carignan Vendu une gravure
500
»
200
»
500
»
42
»
200
»
500
»
Io0
>-
Août. 1
à 3.
Reçu un acompte pour
21.
M
Reçu de fils le
28.
mc
le portrait
de
Doumère-Relan pour
M me le
Dusandrouin
.
portrait de son
militaire
Reçu de Civry pour
le reste
du paiement des transpa-
rents
Septembre. Rien Octobre. 1
à 2.
à 25.
1
Reçu de M. Lamésangère pour une merveilleuse ...
Du même
3
modes
80
»
100
»
150
»
100
»
Novembre. 1
à 2. 16.
De M mc Dusandrouin reste du paiement Reçu de M. Lamésangère 3 modes
Décembre. 1
à
3. 4.
31.
De M. Lamésangère pour une merveilleuse Reçu de M. Pcrne pour un dessin De M. Lamésangère 4 modes Total de la recette de l'année 1811
80
»
60
»
135
»
3.843 60
1812 Janvier. 1
à 16.
Acompte reçu pour un tableau commandé par Westphalie, Jérôme
de
le roi
2.000
»
Février. 1
du paiement du tableau pour le roi Jérôme Reçu pour une merveilleuse de M. Lamésangère
à 21. Reste 25.
.
.
.
6.000
»
.
.
.
80
»
25. 3
modes pour
la
même
120
».
27. 3
modes pour
la
même
100
»»
Mai.
Juin. 12.
Reçu pour une merveilleuse
13.
Reçu pour un tableau vendu au docteur Bourdois
14.
Vendu
27.
Reçu pour
12 épreuves des merveilleuses 3
modes
/
80 .
.
.
500
».
18
»
100
.»
A
PPENDICE
191
Juillet. 1
à 7.
Beçu pour
28.
Reçu pour
3 3
modes modes
100
»
100
»
Août. 1
er .
11.
18. 18.
De M. Thevenin pour l'avoir peint en fond De Basset pour un dessin De Basset pour un dessin Beçu pour 2 portraits de M. Le Cordier
80
»
120
»
120
»
800
»
Septembre. 2.
Vendu
7.
Beçu de M. Janet pour
27.
29 50
19 épreuves des merveilleuses petits dessins
Reçu de M. Vernct pour un tableau
90
»
100
»
24
»
120
»
2.000
»
100
»
Octobre. 1
à
1
à 7.
4.
Reçu de M. Janet Reçu de Rasset pour un dessin
Novembre. 1
à
5.
Reçu un acompte sur un second tableau commandé par le roi
10.
25. 26.
de Westphalie, Jérôme
modes pour M. Lamésangère Une merveilleuse pour le même 3 modes pour le même
80
o
100
»
Reçu pour un dessin vendu à M. Basset
120
»
modes pour M. Lamésangère Un cheval vendu pour les écuries de l'Empereur, 3 modes pour M. Lamésangère
109
»
250
»
100
»
3
Décembre. 1
à 9. 15.
24.
20
3
Total de
la recette
le
Hati
13.537 50
pour l'année 1812
1813 Janvier. 1
21.
Un Un Un
24.
Bestc du paiement du second tableau
à h. 8.
dessin pour M. Veringue
78
»
dessin pour M. Veringue
48
»
120
»
G. 000
»
dessin pour Basset fait
pour
Westphalie, Jérôme
le roi
de
Février. 1 1
à 2. à 2. 27.
Un Un
tableau vendu à l'Impératrice Marie-Louise
dessin pour M. Veringue
Une merveilleuse, M. Lamésangère
81)0
»
50
»
80
»
LES VEHNET
192
Mais. à
1
11).
3
costumes
100
»
18.
3
coslumes
100
»
210
»
120
a
27. 2 dessins
Un
29.
pour M. Auber payés en avancé
dessin pour Basset
Juillet.
à 17. 3
1
costumes
Une merveilleuse
19.
11)11
»
80
»
100
»
Août. à
1
3
7.
10.
costumes
Vendu une
14. 3
petite voilure
costumes
400
-
100
»
Septembre. 3.
Un
500
»
3.
3
costumes
100
»
18.
3
costumes
100
»
29.
29.
dessin pour M. Mallet
Une merveilleuse cheval (le Wagram)
Un
80
«
223
-
100
>
60
»
100
»
Octobre. 1.
6.
16.
3
costumes
Un 3
dessin pour M. Lamésangère
costumes
18.
Pour une planche de cuivre
20
»
25.
Une merveilleuse
80
»
27.
Pour 2 chevaux
500
»
le
Calvados
et le
Héron
Novembre. 1.
3
costumes
100
»
9.
3
costumes
100
»
3 costumes
100
»
26.
Décembre. 1
er .
3.
17.
Pour
2
chevaux
le
Tamcrlan
et
X Hippogriffe
De M. de Fonvannes, reçu 3
coslumes Total de
la
recette de l'année 1813
500
»
93
»
100
»
11.372
»
1814 Jan vier. 1
1
à
4.
3
coslumes
à 15. 3 costumes
et
une merveilleuse
180 100
APPENDICE
193
Février. 1.
3 costumes
100
»
—
100
o
100
•>
100
»
100
»
24
»
1G.
Mars.
costumes
à 2. 3
1
—
is.
Avril. 7.
13.
costumes
3
Un
costumes
20. 3 29.
croquis de Louis XVIII
Un
petit
Un
petit
cosaque
100
»
40
»
Mai. à 6.
1
7.
cosaque
3 costumes
—
17.
32
»
100
»
100
»
19.
G petits dessins de cosaque
200
»
30.
Dessins et tableaux de cosaque
285
»
100
»
80
»
Juin. 1.
3 costumes
6.
Une merveilleuse
,
costumes
15.
3
18.
Le portrait de M. Doumère (acompte)
100
»
300
»
Juillet. t.
18.
20.
costumes
3
De M. Doumère (acompte) 3 costumes
100
»
100
»
100
>
Août. 1
a 2.
costumes
3
—
18.
23. 29.
10(1
>
100
Une merveilleuse Vendu du vieil or
et
un harnais
80
»
116
»
100
»
100
•>
200
»
Septem bre. 1.
3
costumes
15.
—
22.
Une grande
caricature
Octobre.
1
à
6.
G costumes
(i.
Le
11.
portrait de
M. de Dre!
Cosaque pour M. Aubcr
200
>
400
>
88
»
LES VERNET
194 20. Dessins 28.
pour l'annuaire
Aumont
Caricature vendue à M.
150
»
36
»
Novembre. 1.
6 costumes
200
»
8.
Dessins pour l'annuaire
150
»
14.
Un
dessin pour Basset
Dessin représentant des chasseurs 16.
De M. Doumère pour
le portrait
de son
fils
120
»
225
»
G00
»
280
»
36
»
500
»,
6.322
»
Décembre. 1.
13.
29.
Une merveilleuse et 6 costumes Une caricature Le portrait de M m0 Lenoir Total de
la
recette de l'année 1814
1815 Janvier. 1
.
Le portrait de M"' e Lenoir
31. 9
costumes
.
500
»
300
»
120
»
Février. 1
à
4.
Un Un
cosaque pour M. Basset dessin à M. Legrand
40
»
costumes
100
»
1.
6 costumes
200
»
4.
Un Un
dessin à M. Legrand
40
»
dessin pour M. Basset (cheval arabe)
60
»
200
»
100
»
30
»
330
»
200
»
200
»
200
»
500
»
200
»
12.
2t. 3
Mars.
18.
Avril. 1.
6
costumes
Un 20.
,
.
dessin pour M. Basset (cheval anglais)
Vendu du galon
28. Dessins
pour des contrôles pour M.
le
colonel Oudinot.
Mai. I
à 8.
6
costumes
Juin. 1
.
(i
costumes
14.
Acompte sur
19.
Portrait
le portrait
du comte Marie D
Juillet.
du général Glary
Août. 1.
6 costumes
.
i
AIM'E.NDICK 9.
15.
Un Un
petit tableau
vendu
à
193
M. Lenoir
petit dessin (un chien)
400
»
70
»
30(1
„
Septembre. 1.
9 costumes
16.
2 petits dessins à Rolland
40
»
24.
Un
SI)
»
28.
Deux Deux
30.
dessin à Le Vacher petits dessins à
M. Jore
40
)>
dessins à M. Lenoir
50
»
Le portrait du colonel Belmont
500
»
Octobre. 9.
costumes
23.
3
100
»
30.
Le portrait de M. Bonafons
500
»
Une merveilleuse
280
»
100
»»
Novembre. 1.
18.
Un
petit fixé
et 5
costumes
pour Isabey
Décembre. 1.
3.
6 costumes Reçu de lord Kinnaird pour
trois portraits de
Total de la recelte de l'année 1815
Napoléon.
200
).
1.500
»
7.450
>»
1816 Janvier. 1
à
2.
costumes
8.
Le portrait de
27.
Un
M me
Gousserand
dessin à M. Basset
29. 2 petits dessins à Constantin
200
.)
500
»>
81)
„
oo
»»
200
»
.000
»
300
»
Février. 1.
20.
6
costumes
Beçu de lord Kinnaird pour
les 3 portraits
1
Mars. 9 costumes 16.
25. 27.
De Constantin pour vente de compte. De M. Thévenin pour des chevaux De M. Mallet pour deux petits dessins
.
.
.
.
.
.
20
>
60
»
88
.»
Avril.
6 costumes 8. 9.
17.
Un Un
petit dessin à
Constantin
dessin à Basset
Le portrait de M. de Cubière
200
* *
41)
»
80
500
»
LES VERNET
196
Mai. I.
Reçu de M. d'Arjuzon 6
costumes
il»
»
200
»
.200
»
Juin. 1.
Reçu
un
pour
tableau
représentant
mort
La
de
Poniatowski
1
Reçu de M. Janet pour des 29. 6
petits dessins
costumes
;
120
»
200
.»
200
»
24
»
200
»
2.000
»
Juillet. 9.
6 costumes
31.
Le mois d'un élève L.
13.
6 costumes
1)
Août.
Reçu pour
de Somosierra
la bataille
Septembre. 2.
Mois d'un élève
costumes
10.
6
12.
Un
17.
Dessin à
.
dessin (bon genre)
Aum ont
24
»
200
»
100
»
50
»
Octobre. 4.
10.
Reste du paiement de (i
la bataille
de Somosierra.
costumes
25. 2 dessins de Mathilde 2G.
1
dessin par Rassct
9
costumes
.
.
.
400
>>
200
»
300
»
80
»
300
»
Novembre. 1
er .
5.
Un
dessin à M. Lenoir
15.
2 petits dessins à M.
21.
Un
Aumont
dessin à Roland
50
»
80
»
100
»
Décembre. 3.
10.
3
mois d'un élève.
Un grand
.
dessin par
M
costumes
16.
(>
2(i.
2 dessins pour Constantin
.
.
Total de la recette de l'année 181(5
12
»
250
»
200
»
80
»
8.998
»
200
»
1817 Janvier. 1
à 2. 6 costumes
APPENDICE 17.
Reçu sur
31.
Du
la
succession de
général Rapp pour
mon
197
père
Mort de Punialuws/ci
la
1.000
»
1.200
»
24
»
1.990
»
Février. 2.
11.
Mois d'un élève
Un
du tableau représentant Don Sam/ie pour
tiers
maître du 15.
3 costumes
24.
Deuxième
le
roi
tiers
du tableau Don Sanche
100
»
1.990
»
120
»
100
»
1.900
»
Mars. 7.
Un
dessin lithographie pour M. de Lasteyrie
costumes
18.
3
14.
Reçu
1(>.
Un
Mai.
2(i.
(i
le
troisième tiers du tableau de
Don Sanche.
.
.
dessin lithographie
costumes
du colonel de Morney
28. Le portrait
150
»
200
»
1.000
»
200
»
1.500
»
<>00
»
Juin. 28.
(i
costumes
Juillet. 2.
Un
9.
Une
tableau vendu à M. Anisson pierre lithographique
costumes
11.
3
25.
Reçu sur
100
»
248
»
60
»
100
»
300
»
288
»
1.400
»
la succession
Septembre.
Un costume
français
costumes
20.
3
25.
Reçu pour un dessin représentant un tombeau, M me Mourginot
Octobre. 15.
Un
petit tableau
16. 2 tableaux
pour
pour M.
le
le
Molière de M. Desoir
duc d'Orléans
Novembre.
duc
20.
Le portrait de M.
30.
Un
petit tableau
Un
dessin lithographie
le
pour
le
d'Orléans
3.000
»
288
»
100
»
Molière de M. Desoir
Décembre. 1
er .
11.
22.
— — Total de la recette de l'année 1817
100
»»
140
»
18.488
»
±2
LES VER NET
198
1818 Janvier. 1
à
Un
(i.
tableau pour M" d'Orléans,
le
duc d'Orléans à Ven-
dôme, souvenir d'un prêtre
1.000
»
dessin lithographie
130
»
tableau pour
288
»
2S
Un Un
18.
Une
lithographie pour M. Delpech
600
»>
Une
lithographie pour M. Delpech
160
»
Molière
le
Février,
Mars.
M. Un 14,
De
dessin pour
M mo
le
Molière
Delpech
pour une lithographie
19.
20,
Acompte sur un tableau pour Aumont
25.
Le portrait de M. Anisson
288
»
200
»
100
»
400
»
1.200
»
600
»
Avril. 4.
15. 16.
Le portrait du cheval de M. de Somariva Une lithographie pour M. Delpech De M. Aumont pour un tableau, deuxième acompte.
.
200
»
300
»
3.000
»
2.400
»
200
»
200
»
Mai.
Le portrait du colonel Thalouët Juin. 1
à 8. 2 tableaux pour le duc d'Orléans, le Grenadier et une
Scène dans 15.
Une
25.
Un
les
montagnes de
la Suisse
lithographie pour M'nc Delpech dessin pour M. Mallet
Juillet. 9.
Une
lithographie pour
pour
29.
Angelman
250
»
M
800
«
200
»
500
»
1.500
»
mc
Delpech
Août 14.
Pour
la lithographie
de
M mc
Delpech
Septembre. 1
er .
Reçu de
M mc
Delpech lithographie
10.
Les Vaches vendues à M.
le
duc d'Orléans
.
16.
Ancien dessin vendu à M. Colnaghi
2i.
Reçu sur
25.
Reçu sur une copie du Soldat de Waterloo
150
»
28.
Un
250
»
la
succession de
petit portrait de
mon
Napoléon
père
100
»
351
»
APPENDICE Octobre. 9.
13.
Vendu un tableau à M. Delessert Vendu tableau à M. Odiat, les Enfants de
Paris.
.
.
.
Novembre. 10.
Vendu une marine
12.
3 lithographies
28.
Une
à M. le duc d'Orléans
pour
M me
Delpech
lithographie pour M. de Forbin
Décembre.
M mo
10 lithographies pour 1
r\
1
*i
m/"»
1
l*i
i*rw"«
/'» 1
1
/i
Delpech (album)
nn
1
QTm ûû
1
x v 1
1819 Janvier.
De
M m0
Delpech pour une lithographie
18.
Février. 20.
Reçu de M.
à 9.
Reçu sur
le
duc d'Orléans pour l'Arabe
Mars. 1
mon
succession de
la
De M. Au mont pour
le
père
Grenadier
Avril.
Vendu de Une fable
Un
la vieille
argenterie et du vieil or.
.
.
.
lithographiée
tableau pour
le
Molière de Desoir
Mai.
Vendu une gravure Reçu la vente sur l'État Une fable lithographiée Juin.
M me
5.
Reçu de
8.
Vendu un
lo. 18.
Delpech pour
le
stage
tableau à M. de Larihoissière (Grenadier)
Reçu de M. le duc d'Orléans pour une Une fable de La Fontaine
tête
de
folle.
Août. 6.
Reçu de
Un
la
succession de
dessin pour
mon
père
un Russe
Septembre. 1
à 10. 23.
De M. de Jassenct pour un tableau de Molière 2 lithographies, la Vie d'an soldat
.
.
.
.
LES VERNET
200
Novem bre. Vendu
2.
2 tableaux à M.
régiment (i.
II.
et le
le
duc de Berny,
le
Chien du
Trompette blessé
5.0011
»
2 fables lithographiées
200
»
Reçu de Jazet pour permission de gravure
500
»
0.950
»
160
»
."100
»
200
»
100
><
58.107
»
4.000
»
100
»
maison du
pour
Pacha, grand tableau
21.
De
la
51.
Un
dessin pour M. Maqninon-Marvis
roi
le
.
.
Décembre. 2 lithographies pour
14.
M™18 Delpech
—
10.
1
27.
Une
—
fable lithographiée
Total de la recette de l'année 1819
1820 Avril.
Reçu pour
Une
prix d'un tableau de genre
le
fable lithographiée
Juin. pr l
.
Reçu de
M me
Delpech une lithographie
—
—
10. 16.
Un
24.
Le
27.
Une
petit tableau, suite
portrait de fable de
M me
du Molière de Desoir
de Marnisier
150
»
140
»
300
»
1.200
»
100
»
La Fontaine
Juillet.
22.
Un
25.
Reçu de
dessin pour M. Mequisson Marvis
M me
Delpech pour
la
180
»
600
»
200
»
1.000
»
Vie d'un soldat
Août. 1
er .
7.
16.
29.
Un
petit dessin lithographie
La lithographie de Guivogo
Une
vignette pour le Boileau e
Reçu de M"' Delpech pour la De la succession de mon père
100 Vie d'an soldat
>
600
»
483
»
2.000
»
.500
»
300
»
4.000
»
200
»
125
>
Septembre. 1
er .
6.
Reçu de M. Matichette une marine Du duc de Liancourt pour un Grenadier
1
Novembre. 4. 5.
22.
24.
Reçu de M me Delpech pour des lithographies De M. Odiatpourla Barrière de Clichy
De De
M mc la
Delpech. lithographies
même
pour
le petit
album
APPENDICE 25.
De
la
27.
De
la
môme même
pour
le petit
pour 2
petits
201
album albums
125
»
250
»
Décembre.
Reçu pendant
Une
le
mois de
Delpecb petit album
M'"°
.
.
.
fable lithographiée
L
.000
100
»
300
»
19.05:}
»
Août. 24.
Plus reçu de M.
Aumont pour permission
de gravure,
le
Soldat de M. de Liancourt Total de la recelte pour l'année 1820
1821 Janvier.
là
II.
15.
Le portrait de
M
,ne
Smith
Une lithographie pour
M
2.000 n,c
Delpecb
125
•
.
»
Mars. à
1
9.
19.
Reçu deM. le duc d'Orléans pour la
Une
Bataille de
Jemmapes.
8.0(10
folle lithographiée
>
100
»
Avril. 1
à 10.
29.
Reçu de Jazet pour permission de gravure Vendu une Madeleine à M. de Jassant Reçu de
Un
M
me
Delpecb. lithographie
coule de La Fontaine
500
»
1.000
»
150
».
100
»
2.500
»
30.
Le portrait de M. Machado
10.
Une
11.
DeM.
2G.
Le portrait de M. Germain
2.000
22.
Une Une
100
»
29.
petite
1.500
»>
10.
Une
petite lithographie à M""
150
»
3.000
«
Mai. lithographie, la Vie du soldat 5 e
Taylor une lithographie
600
»
200
«
Juin. fable lithographie
marine vendue à M. G. de Lesset
Juillet. ;
Delpecb
Le tableau du Batelier vendu à M. Lariboissière 15. 1G.
Reçu par permission de grav ure Une petite lithographie
28. 2 fables de
le
.
.
.
.
Tombeau de Napoléon
La Fontaine
50)1
>
200
„
200
»
3.000
»
Août. 2.
Sur tombeau de Napoléon vendu à M.
4.
Reçu pour
31.
la
(1.
Delesserl
.
.
gravure de ce tableau
De M. Charlemagne 2 lithographies,
500 la
Hcnriade
.
.
.
1.500
>
»
LES VERNET
202
Septem bre. 5.
De M. Cochelet pour 3 petites lithographies Une lithographie pour M. Papillon
4.
Le portrait de M. Piaulx
(i.
La Malle-poste, pour
3.
SOI)
»
400
»
i.500
•>
800
»
1.500
»
Octobre.
M""'
Delpech, lithographie
10.
Une
26.
Les Copains vendus à M. Lafitte La réplique du tombeau de Napoléon pour M.
27.
Une
petite
....
marine vendue à M. G. Delessert Laflitte.
petite lithographie
—
29.
6.000
»
3.000
»
200
»
250
»
Novem bre. 30.
De M. Charlemagne pour la Henriade De M mc Delpech, une lithographie
1.700
»
250
»
De Noël acompte sur une odalisque
1.000
»
251)
»
45.275
»
Décembre.
Une
22.
lithographie Total de la recette de l'année 1821
1822 Janvier. 1
à 3.
14.
Reçu de M. G. Delessert pour son portrait Une petite marine vendue au même Une marine vendue à M. Duchèncs, un Crépuscule.
.
.
2.01)0
»
1.000
»
1.200
»
Février. 1
à 5. 9.
Une lithographie de l'empereur Napoléon Deuxième acompte sur l'odalisque Une petite marine à la Société des amis des
IN.
Reçu de
20.
De M. Taylor pour
24.
M
De
me
M"'°
arts
....
Delpech pour une lithographie le
voyage en Normandie
Delpech une lithographie
1.500
»
1.000
»
2.000
»
400
»
100
»
200
»
Mars. 1
à 6.
Reçu la vente sur l'Etat De M. Desoir pour un Molière
157 50
21. Solde de Y Odalisque 28.
Un
dessin pour le
Don
Quichotte
300
»
1.000
»
120
»
6.000
»
Mai. er
1
.
Une grande marine vendue
à la
Vernet peignant une tempête
maison du
roi,
Joseph
APPENDICE
"203
Le portrait de M. Anisson
Une
lithographie pour M. Charlemagne, la Henriade
.
1.000
»
500
»
800
»
Juin. 25.
Une lithographie pour Reçu sur
.1
Henriade
la
52 50
vente sur l'Etat
la
uillet. 14.
Une
15.
Reçu de Jazet pour permission de gravure
lithographie pour
Vie de Napoléon
la
I.S00
»
1.000
»
800
»
1.000
»
.
2.400
»
de Montmira.il.
10.000
»
lithogra-
phiée 19.
Une
2i.
De M. Aumont pour permission de gravure,
Henriade
lithographie pour la
Août. la
Barrière
de Clichij
Septembre.
Reçu de M. de Jassentpour
la Porte
de Barcelone
.
.
Novembre.
Vendu
à M.
le
duc d'Orléans
la Bataille
Décembre.
Vendu un vieux piano Reçu de M m? Delpech pour
7 lithographies
Plus une lithographie oubliée Total de
de l'année 1822
la recette
300
»
1.950
>>
250
»
38.530
»
I.600
»
1823 Janvier. I
à 25.
2 pierres lithographiées pour la Henriade
Février. 4.
10.
12.
Un
tableau vendu à M.
Pour
Un
la
le
duc de Liancourt
permission à Jazet de graver
tableau vendu à Joinville.
Reçu pour
la
le
1.500
tableau.
.
.
.
Dernière cartouche.
.
permission de graver ce tableau
la
1.000
>
«
2.500
>
1.000
»
3.000
»
Mars. 12. I".
Un Un Une
tableau vendu à la Société des amis des arts petit tableau
vendu
petite lithographie
.
.
.
.
à M. G. Delessert Munocordato
1.200
n
200
»
1.200
» >•
.
2.000
.
l.ooo
Mai. 10.
18.
Vendu Vendu
à
M.
le
duc d'Orléans un
petit tableau
à la pension Naviskin 2 portraits de
Reçu pour permission de graver up des
Napoléon
portraits
.
.
>
I
LES VER N
204
B
Juillet. 10.
Un acompte
sur
portrait
le
du maréchal Gouvion Saint-
Cyr
2.000
«
Août. (i.
De
Mmo Schroth
pour un cheval
16.
DeMme
21.
Un
28.
Pour 2 pierres pour
700
Delpech 2 lithographies
petit tableau
500
vendu à la Société des Arts la
Henriade
»
700
»
1.100
><
1.500
»
Septembre. 6.
Une
8.
2 pierres pour
M mc
Un
Mme M allet
15.
pierre pour la Vie de Napoléon
portrait de
Copie du
même
Delpech J
portrait
500
»
.500
„
700
»
250
»
Octobre.
M mc
15.
Une
20.
Un tableau de chasse vendu à M. Schroth Un tableau représentant un Ecossais, à M. Schroth Un petit dessin vendu au même
24.
pierre lithographiée pour
Delpech
.
.
2.000
..
1.500
»
150
»
150
»
Novembre.
Vendu une gravure Décembre.
Vendu une gravure Reçu de
Mmo
Delpech pour de
la
lithographie
Total de la recette pour l'année 1823
ISO
»
3.700
»
34.900
»
2.000
»
.000
»
500
»
10.000
»
1824 Janvier. 4.
29.
Un tableau vendu à M. Schroth, une Chasse atc brouillard. Un tableau vendu au même, un Dromadaire Un tableau pour le Molière de Dcsoir
1
Mars. 10.
Sur
la Bataille
d Hanau
à M.
le
duc d'Orléans
1.200
»
29.
Une petite marine à M. Duchène Un petit dessin à M. Duchène
100
»
21.
Le portrait de
M me
5.000
<>
.200
»
4.000
»
26.
Avril.
Une marine vendue
de Castellane à M. Schroth
J
Mai. 31.
Reste du paiement du portrait du maréchal Gouvion Saint-Cyr (prix 6.000 francs, 2.006 francs payés en 1823)
A
PPEN DICE
Juin.
Une marine vendue
à
M. Duchêne
2 pierres lithograpbiées pour
la
Henriade
1.500
»
1.600
»
1.000
»
1.S00
«
9.950
»
2.000
»
Août. 1
à 10.
Portrait
21.
Un
27.
Le poi
du jeune de Castellane
vendu à M. Schroth du duc d'Angoulême
sujet turc, trail
Septembre.
Reçu de MM. Aumont et Jazet pour la permission de graver le portrait du due d'Angoulême et les Courses d'hommes, acompte moitié
Novem bre. 2.
De M. de Chambure, acompte sur les Adieux de Napoléon à Fontainebleau
21.
De Jazet du
roi
et
Aumont, permission de graver
le
3.000
>
2.000
»
8.000
n
portrait
(acompte)
Décemb re. 5.
De M. Schickler, une Chasse Lithographies pour
31.
M
me
Delpech
600
»
80
»
2.000
»
Le portrait de M. de Montmorency
1.500
»
Une marine, des pêcheurs, à M. Duchêne
1.500
»
Vendu 3 gravures de l'atelier Reçu de Jazet et Aumont, pour le portrait
du
roi
Charles
la
permission de graver
X
Juillet:
Total de la recette pour l'année 1824
01.230
•
1825 Janvier. 2.
Reçu pour
du
Charles
X
9.950
»
De M. Duchesne. pour un cheval de course
1.500
<>
De M. Schroth, pour une marine
1.380
»
le
portrait
roi
Fév rier. 1"
.
—
12.
—
De M. Duchesne, un
Du même, un
150
o
petit tableau
500
»
une course
2.000
»
500
»
1.000
»
£00
»
tableau,
Mars.
Un
tableau pour La suite du Molière
Avril.
Prix de 2 lithographies pour
La
Henriade
Pour un piano 23
.
LES VER NET Mai. 10. 12.
13. 18.
19.
De M. Duchesne un tableau Braconnier Du même, une chasse De M. de Chambure, solde des Adieux de Napoléon. Reçu pour le poi trail de M mc de l'Epinay Pour la permission de graver les Courses de Home :
.
.
.
.
300
»
1.000
»
4.000
>,
2.000
»
2.000
»
8.000
»
500
»
Juin. 7.
Reçu do M. de Lavalelte, pour un tableau représentant son évasion
18.
Reçu de M. Duchesne un
Sur un dessin
:
Du même, une 24.
Reçu pour
petit tableau
:
Pêcheur
.' .
.
l'Empereur à Sainte-Hélène
500
»
de l'Empereur mort
tète
la copie
M me
du portrait de
Permission de graver
la tête
de l'Epinay
.
.
de l'Empereur
500
»
1.000
»
100
»
250
»
15.000
»
750
»
2.000
»
500
»
2.500
»
Août
Reçu de M. Taylor, une vignette lithographiée Septembre.
De M. Duchesne, pour
le
tableau de
Mazeppa
Novembre.
Un
dessin pour la Maison du Roi
Pris sur le tableau de M. Odint
Décembre.
Un
petit tableau
pour
le
Molière de Desoir
Le portrait du général Eoy pour M. de Chambure.
— Un
—
.
....
500
»
1.500
»
400
»
01.580
»
3.000
»
vendus à M. Sazerai
2.500
»
du prince Frédéric
6.000
»
1.500
»
10.000
»
2.500
»
lithographie pour
tableau vendu à
Une
M
me
la
Société des
Delpech
Amis
des Arts
.
.
.
e
lithographie pour M"' Delpech Total de la recette pour l'année 1825
1826 Janvier. 8.
Reste du paiement du tableau vendu à M. Odint.
28. 2 tableaux
.
.
.
Mars. 1
er .
Le
portrait
24.
Le portrait de M. de
28.
Sur
15.
Le
la
Grange
Avril. la Bataille
de Valmy pour M.
le
duc d'Orléans
.
.
Mai. portrait
du maréchal Suchet
APPENDICE
207
Juin. 10.
Acompte de
21.
Le portrait de M. Pourtalis
29.
De M.
Jazot, le Talisman de la
Jazet, reste d'un paiement, la
Paysanne
.
.
Paysanne
.
.
.
.
.
1*500
»
2.000
»
1.500
»
3.500
»
4.000
»
10.000
»
Juillet.
Le portrait de M. Demidoff Août. 19.
Le portrait de
M mc
Friant
Septembre.
Le Pont
(V Aréole,
Reçu de
l'Institut
pour M.
Laffitte
Novembre. 290
»
.
500
»
....
300
»
1.000
»
Delpech, un dessin, un Écossais
200
»
—
200
»
50.490
»
3.000
»
2.000
»
2.000
»
Les Forçats, une lithographie pour
M me
Delpech.
—
Des Grecs, une
.
.
Décembre. Permission de graver
M
mc
21.
la
Paysanne
—
—
Total de la recette de l'année 1820
1827 Janvier.
Reçu pour un tableau vendu
à
M.
le
duc de La Roche-
foucaud-Liancourt Février.
Reçu d'Avignon pour 28.
Reçu de
INI.
la copie
du Mazeppa
Schickler pour son portrait
Le Ginoux, vendu à M. Schickler
5.000
»
Une vue d'aube
1.000
»
1.500
»
5.970
»
5.970
»
Mars. 4.
2 petits
chevaux vendus à M. Schickler
Reçu
premier
Avril. le
tiers
du prix du plafond
Musée, représentant Jules
fait
II
pour
le
Mai.
Reçu
le
second
tiers
du
même
plafond
Juin.
Reçu de M. Desoir pour
Reçu de
M me
2 tableaux
du Molière
Delpech pour des lithographies
1.000
»
3.000
>>
LES VER.NET
:>08
Juillet.
Acompte sur
le
tableau de Philippe-Auguste
1.500
»
5.970
»
0.500
»
1.000
»
9.000
»
7.875
»
400
»
64.685
»
558.50
»
2.000
»
6.000
»
3.500
»
100
»
Août.
Troisième
tiers
du plafond de Jules ïl pour
Louvre.
le
Septembre.
Reçu sur
tableau de Philippe-Auguste
le
Octobre.
mois de loyer de M"'e Schwarz
Novembre. Reçu sur
tableau de Philippe- Auguste pour
le
Louvre
le
.
Décembre. Reste du paiement du tableau de Philippe- Auguste
Reçu de
M
me
.
.
.
Delpech pour lithographie
Total de la recette de l'année 1827
1828 Janvier.
Le loyer de
M mc
Reçu pour
la
Schwarz
Mars.
permission de graver Arcole
Avril.
Reçu pour
le portrait
en pied du maréchal Suchet
.
.
.
Mai.
Reçu pour 2
Un
portraits de
M. Girardin
le
député.
.
.
.
dessin pour des chansons
Juin.
Vendu
120
»
300
»
0.000
»
1.500
»
.000
»
500
»
4.000
»
1.000
»
»
»
des harnais
Reçu de
l'Institut
Juillet.
Reçu de M.
le
duc d'Orléans pour un tableau représen-
tant Y Arrestation des princes
Reçu de M. Jazet pour permission de graver
Reçu de
Vendu
M
me
Schwarz 2 termes de son loyer échus
le tilbury
le
e
I
'.
d'Horace
1
Août.
Reçu de M. Dupré pour un tableau représentant un
Combat d'une jument et d'im loup Reçu de Jazet pour une permission de graver Septembre.
Pour
le
tableau de
la
Bataille de Fontenoy
A
Novembre
et
PPENDICE
209
Décembre.
Reçu en plusieurs paiements de
la
Maison du Roi
la
somme de Un portrait de Napoléon Un cheval pour M. Schickler Le portrait de M. Boscavi de Willeplaine
M
me
17.
Reçu de
31.
Reçu de M. Behague,
Schwarz, tenue de son loyer
Total de
la
3
mois de loyer
30.000
»
1.500
»
1.500
»
2.000
»
500
»
1.750
»
03.828.50
recette de l'année 1828
1829 Janvier.
Le mois de
l'Institut
116
»
Le mois de
l'Institut
100
»
100
».
Février.
Mars. 13.
Le mois de
l'Institut
Reçu de M.
Carette, portrait de son
Vendu
lils
2.000
»
par Janville des bouteilles vides
26
»
1.050
»
Avril. 16.
Reçu de M me Schwarz 2 termes de son loyer Reçu à l'Institut le mois de mars Reçu de M" Schwarz le prix d'un tapis 10
100
»
180
»
Mai. 12.
Reçu à
l'Institut le
mois
d'avril
100
»
13.
Reçu à
l'Institut le
mois de mai
100
»
14.
Reçu
mois de juin
100
»
18.
Reçu de M. Behegue, solde de Reçu de M. Monnier
1.770
»
300
»
too
».
Juin.
Juillet. à l'Institut h»
Août.
211.
ses loyers
et
impôts
.
.
Septembre. 12.
Reçu de
13
Reçu de M. Gowan, en avance sur
l'Institut le
mois d'août
Octobre. la
location de la mai-
son
Reçu de
l'Institut les
novembre.
mois de septembre, octobre
1.500
»
300
»
et
LES VKRNET
210
Décembre. 31.
Reçu pour
le
tableau delà Bataille d'Hasting s,
M
Le portrait de
mo
1
er
terme^
de Salverte
Le Bouvier Traitement de
6.000
»
1.400
»
4.000
»
place de Directeur
6.000
»
de table et d'écurie
6.000
»
3.000
»
34.342
»
100
»
1.650
»
100
»
100
»
1.500
»
1.023
»
400
»
MO
»
la
Reçu pour
frais
Reçu pour
les frais
de voyage de Paris à
Rome ....
Total de la recelte de l'année 1820
1830 Janvier. 8.
Reçu de
l'Institut le
mois de Décembre
1
829
Février. 15.
Reçu
M
rae
3 termes au 1 er janvier 1830 des loyers dus par
Schwarz mois de janvier à
Reçu
le
Reçu
le
l'Institut
Mars.
mois de
fé vrier a
1
Institut
'.
Avril.
Reçu de M. Gowon
le
loyer de la grande maison.
.
.
.
Juillet.
Reçu Reçu
de M.
les loyers les
mois de
Sampago
l'Institut,
mars,
avril,
mai, juin
.
.
Août. 14.
Reçu de
15.
Reçu
Scbwarz
1.600
»
15.
Reçu un terme de loyer de M. Sampayo
1.025
»
500
»
Delpech
M""'
Octobre.
du loyer de
3 ternies
M"'
Décembre.
Reçu
Un
5
mois de
l'Institut
tableau vendu au prince Galitzine
Traitement de
Reçu pour
la
frais
Total de
place de Directeur
de table
la recette
et d'écurie
de Tannée 1830
2.000
»
6.000
»
(i.000
»
22.110
>,
2.030
»
225
»
1831 Avril. 13.
Reçu 2 termes de M. Sampayo
Juillet.
Reçu de
M mo
Lallcmand pour loyer
petite
maison
.
.
.
APPENDICE 31
.
Reçu de M. H. Vernet, remis pour
doit être et
pour
le
à
211
M. Pigneux. Celle
somme
paiement du Combat des brigands
Confession des brigands
la
9.000
»
Août.
Reçu de M. Aumont pour permission de graver. U. Reçu de M. Jazet pour 13. Reçu de M. Aumonl. ... '.I.
.
.
.
1.000
»
.
.
.
1.500
»
500
»
2.050
»
3.500
»
Juillet.
31
.
Reçu
2 termes
du loyer de M. Sampayo
Août. 2l\.
Reçu de M. d'Eichtal, prix du tableau
la
Victoria.
.
.
Octobre. er .
Reçu de
M'"
14.
Reçu de
la liste civile
1
M. Vernet
Lallemand, terme de loyer
1-'
pour
la
Judith
»
»
2.370
»
remis à M. Berlon pour acbats à faire pour
a
M mc Vernet Reçu
450 497.430
mois de
.200
»
1.100
»
Le portrait des enfants de M. Grévy
2.71 X
»
Traitement de
place de Directeur
(i.000
»
de table et d'écurie
6.000
»
Un
les 12
l'Institut
tableau vendu à M. de
Reçu pour
la
frais
1
Vogué
44.637.30
Total de la recette de l'année 1831
1832 Janvier. 13.
26.
Reçu un terme loyer de M. Sampayo Reçu de M mc Lallemand un terme
Reçu de
c
Scbwarz sur ce qu'elle redoit Reçu de M. Sampayo pour dépenses dans le salon M"'
1.023
»
450
»
1.200 .
.
300
»
.300
»
1.025
»
i50
»
1.023
»
150
»
1.025
»
150
»
.
Février. 13.
Reçu de Jazet pour permission de graver
15.
Reçu
(les
Brigands).
1
Avril.
15.
Reçu
le le
loyer de M.
loyer de M"
Sampayo c
Lallemand
Juillet.
Reçu
le
Reçu
le
Reçu Reçu
le loyer
loyer de M. loyer de
M m0
Sampayo Lallemand
Octobre.
le
de M. Sampayo
loyer de M"" Lallemand
LES VERNET Reçu
mois de
12
les
1
Los portraits de M. et
1.200
Institut mu
M
»
700
»
Le portrait de M" e Cambell
1.200
»
Traitement de
6.000
»
Reçu pour
la
frais
Radcliff
place de Directeur
de table
et d'écurie
(i.
Total de la recette de l'année 1832
21.000
»
450
>>
1833 Janvier.
M me
mois de loyer de
14.
Reçu
13.
Reçu chez M. Fould pour un portrait
20.
Reçu de M. Didier
3
Lallemand
Février.
pour
Petit
le
tableau du roi Hérold.
1.263
»
(i.000
>>
2 050
»
Avril. 6.
15.
Reçu de M. Sampayo 2 termes de son loyer Reçu de M" Lallemand, loyer
.
10
450
>
Juin. 3.
Reçu de
du Roi
la liste civile le portrait
Le tableau de Raphaël au Vatican
Pour Pour
le
tableau du Pape porté dans Saint-Pierre
le
tableau
10.
Reçu
3
20.
Reçu au Trésor pour
15.
Reçu
le
duc d'Orléans à l'habit de
.
.
.
ville.
.
6.000
»
12.000
»
12.000
»
10.000
»
450
»
4.040
»
450
»
Juillet.
mois du loyer de
M""'
Lallemand
Août. le
voyage de M. Vernct en 1831.
Octobre. 3
Mmo
mois de loyer de
Lallemand
Novembre. 15.
Reçu pour l'ancienne maréchal Môlitor 12
liste
pour
le
du
portrait
1.990
mois de traitement de
Les portraits de M. et
civile
M
mc
>
l'Institut
1.200
>
Egnard
3.000
»
8.000
»
5.000
»
8.000
»
Les Arabes conversant sous un figuier, vendu à Lord
Pembroke Le portrait de M"
1 '
la
marquise de Dalmatie
Répétition des Arabes, vendu à M. de Gouvieff
....
Traitement de biplace de Directeur
6.000
»
Reçu pour
6 000
»
3.000
»
97.343
><
Oublié
la
frais
de table
et d'écurie
Rébaux, vendue à M.
le
duc de Rohan
Total de la recette de l'année 1833
.
.
.
.
A
PPENDICE
213
1834 Janvier. 15.
Reçu
3
Reçu
3 trimestres
mois do loyer de
M mc
Lallemand
échus du loyer de M. Sampayo
.
.
.
450
»
3.075
»
450
»
3.000
»
Octobre. ]
ï.
23.
M mo
Reçu de
Lallemand
le
loyer
Reçu de M. Jazet pour permission de graver
Novembre.
Reçu de M. Sampayo pour 3 trimestres de son Reçu 10 mois du traitement de l'Institut Un tableau vendu à M. le comte de Ferson
Une Chasse au sanglier pour Vendu au même un Arabe
—
le
3.S00
loyer.
même
une vue de Rôno
temart tableau vendu à M. de Fusen
Vendu
un Russe un tableau
à
Reçu pour
paiement du portrait du
le
roi
le
1
.
1
.
000
»
0O0
»
.000
»
1.000
»
2.000
»
3.000
»
14.000
»
t
traitement de la pince de Directeur
0.000
3.000
Reçu pour
frais
de voyage de Rouie
Reçu pour
frais
de table et d'écurie
Recette totale de l'année
1
»
de Sar-
daigne
Reçu
.000 .000
1.000
Une Chasse aux lions vendue à M. de Ferson. .... me Une chasse sur le {Illisible) vendue à M de Mor-
Un
1
I
>
à
Paris
>
»
6.000
51.475
83 4
»
1835 Janvier. 15.
Reçu de l"
r
M mo
la
baronne Lallemand.
3
mois échus
le
janvier 1855 de son loyer
&50
Mois de décembre 1834, traitement de l'Institut .... Les mois de septembre et octobre 183i qui n'ont pas
100
été portés à la suite, traitement de L'Institut
200
Mars.
Reçu 2 mois du traitement de
l'Institut
200
Lallemand
i50
Avril.
Reçu
3
mois du lover de
Mme
Reçu de M. Aumont pour gravures
iOO
.
2î
-
LES YERNET
214
Mai. 1.
3.
d3.
Reçu de M. Aumont pour gravures. Reçu de Marcille le paiement du tableau représentant la Colère à bord de la Melpomène
300
»
8.000
>>
0.000
»
.990
»
10.000
»
450
»
450
»
2.000
»
200
»
500
«
2 000
»
13.000
»
379
»
.
Reçu de Jazet pour un tableau représentant
aux
la
Chasse
sangliers en Afrique
Juin. 2i.
Reçu du Trésor pour solde du
portrait
du maréchal
Molitor
t
Reçu au Trésor de la liste civile le prix du tableau de la Prise de Bône Reçu de M. Aumont pour estampes Loyer de M me Lallemand Septembre.
complément du paiement du tableau de la Chasse aux sangliers à Jazet et cédé à M. Schickler. Reçu de Jazet pour la permission de graver ce tableau. Reçu
le
1
.
1
.
Octobre. 2.
Reçu de M. Jazet la
il.
la
permission de graver
le
tableau de
Judith
Reçu un premier acompte sur
le
prix
du tableau repré-
sentant la Bataille d'Iéna
.
Novembre. 11.
Reçu au Trésor de les
liste civile
tableaux représentant les
Friedland 11.
la
et
de
pour acompte sur
batailles
d'Iéna,
de
Wagram
Traitement de professeur à l'Ecole des Beaux-Arts pour les
mois de septembre
et
octobre
Décembre. 5.
9.
Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts pour le mois de novembre Reçu à la caisse de la liste civile pour acompte sur les tableaux d'Iéna, Friedland,
Wagram
Plus Horace a reçu 10 mois de l'Institut
190 50
12.000
»
1.000
»
02.265 50
Total de la recette de l'année 1835
1836 Janvier. 10.
Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts pour mois de décembre 1835
le
183
»
APPENDICE
215
Février. 10.
Pour
le
mois de janvier
193
»
10.
Pour
le
mois de février
186
»
20.
Reçu de la succession Schwarz pour loyers de la maison de la Tour des Dames
225
»
Mars. arriérés 1
.
Avril. 10.
Reçu
traitement de l'Ecole, mois de mars
189 30
10.
Reçu le traitement de l'Ecole, mois d'avril Reçu de la liste civile pour solde des prix d'exécution
189 50
le
Mai.
17.
des tableaux représentant les batailles d'Iéna, Fried-
land
et
Wagram
27.0011
»
4.500
»
Reçu de M. Jazet pour un tableau représentant un
marchand
d'esclaves
Juin. 10.
Reçu le traitement de l'Ecole des Reaux-Arls pour mois de mai Reçu pour le portrait de M. le comte de Chastenay.
le
2(17 .
.
3.500
21) »
Juillet. 11).
Reçu
le
traitement de
l'Ecole des Beaux-Arts
pour 189 50
juin
Août. 10.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux- Arts pour
196 50
juillet
Septembre. 15.
Reçu de Jazet pour une permission de gravure
1.500
»
Octobre.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts pour les
mois d'août
et
389 75
septembre
Vente d'une boîte donnée à Horace
2.000
»
180
»
8.000
»
2.000
»
193
»
.200
>
Novembre. 10.
13.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de M. Jazet pour un tableau représentant une Chasse aux lions en Afrique Reçu de M. le marquis Oudinot pour le portrait de son frère tué en Afrique
Décembre. 10.
Reçu de
l'Ecole des Beaux-Arts
Horace a reçu de
l'Institut 12
mois
Total de la recette pour l'année L836
I
53.227 95
LES VERNET
216
1837 Janvier.
Reçu
le
traitement de
10.
Heru
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
28.
Reçu de Jazet pour
10.
1
Ecole des Beaux-Arts
196 50
Février.
Wagram
de
permission de graver
la
196 50 la
Bataille
3.0011
et celle à'iéna
»
Mars. 10.
31.
Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de M. Jazet pour la permission de graver
193
>
la
Bataille cFEylau
1.500
o
179
»
10.000
»
100
»
000
o
2.000
»
4.000
»
Avril. 10.
23.
Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu du prince Wittginstein pour le portrait de la princesse, acompte sur la somme de 20.000 francs, prix du tableau
Mai.
Vendu
2 gravures
Reçu de M. Smirroff, un Arabe mort
un
petit tableau représentant
1
.
Juin. 15.
Reçu de M. Jazet
~2H.
Reçu de M.
A' A(jar
permission de graver
le
tableau
par Abraham
chassée le
la
comte de Falhe pour
le
prix
dudit
tableau Juillet.
Reçu de M. Jazet la
la
permission de graver
le portrait
de
princesse.Wittginstein, Chasse au faucon
1.500
Août.
Reçu
le
traitement de l'Fcolc des Beaux-Arts
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
190 50
Septembre.
Reçu pour fer
la
vente de
3 actions et
197
demie du chemin
»
île
de la rive droite
1
.270 50
Octobre. 3.
Reçu
le
complément du paiement du
portrait de la
10.000
princesse de Wittgenstein
Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu pour le gain d'actions du chemin de gauche
»
190 50 fer,
rive 1
.
075
»
APPENDICE
217
Novembre. 7.
20.
Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de Jazet pour la permission de graver le tableau
195
des Enfants de Paris (tableau à M. Odint)
iO
.500
>>
190
»
000
»
.2011
»
I
Décembre, 12.
Reçu de
15.
Reçu du maréchal Lobau
l'Ecole des Beaux-Arts
pour un
gagné par
pari
Horace
3
Horace a reçu
mois de
les 12
l'Institut
I
.
42.898 40
Total de la recette de l'année 1837
1838 Janvier. 4.
Recule traitement de
9.
Reçu
l'Ecole des Beaux-Arts
I89 50
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
190 50
Février. le
Reçu de M. Jazet pour un tableau représentant Y Explo5.000
sion d'une porte de Constantine
même
Reçu du
pour
la
permission de graver
le
»
tableau
Au Raphaël an Vatican Reçu pour un tableau fait à Rome représentant des Con-
I
.
500
2.000
trebandiers
o
Mars.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
190 50
Reçu pour des actions
332 50
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
18!)
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
103
n
3.000
»
L2.500
»
196
»
25.000
»
2.000
••
Avril. .").
50
Mai.
II.
Reçu pour
13.
Reçu de
la
la
Vie de l'Empereur illustrée
liste
civile,
Versailles, premier
acompte sur
les
travaux de
acompte
Juin.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
Juillet.
Reçu
pour
le
tableau
de
la
Bévue de
l'Empereur
Napoléon, vendu à l'Empereur de Russie Août. 1.
Reçu de M. Dubochet pour l'ouvrage de Napoléon illustrée
la
Vie
de
LES VERNET
218
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts, juin et
4.
Reçu
1.
Reçu pour le portrait de M. de Aulair Reçu de Jazet pour la permission de graver
le
juillet
3 le
tableau
du Pape porté dans Saint-Pierre
1
Septembre. 3.
Reçu de M. Dubocbet pour Vie de Napoléon Reçu le mois d'août pour l'Ecole des Beaux-Arts.
.
.
Octobre. 8.
Reçu de M. Dubocbet pour la Vie de Napoléon Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu pour
les actions
Reçu pour
le
du chemin de
fer d'Orléans
.
.
.
Novembre. traitement de l'Ecole des Beaux-Arts.
Reçu de M. Dubocbet pour
la Vie de
Napoléon
5.
Reçu de M. Dubocbet pour
la Vie de
Napoléon.
7.
Reçu traitement de
.
.
2
Décembre.
Vendu
l'Ecole des Beaux-Arts
.
.
.'
.
2
.
des gravures
Horace a reçu 12 mois de
1
l'Institut
69
Total de la recette de l'année 1838
1839 Janvier.
I
8.
Vente du Piémont Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts, traitement du professeur Reçu de M. Dubocbet pour Vie de Napoélon
2.
Vendu quelques gravures
6.
Reçu
à S.
1
2
Février. le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
18.
Reçu de M. Dubocbet pour
10.
Bcçu traitement de
la
Vie de
Napoléon
....
2
Mars. l'Ecole des Beaux-Arts
Avril.
10.
Bcçu de M. Dubocbet pour la Vie de Napoléon Reçu traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
26.
Reçu de M. Dubochet pour
;i.
la
Vie de
Napoléon
2
....
1
Mai. 1
à 5. 11.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
Reçu de M. Dubocbet pour
la Vie
de Napoléon
...
1
APPENDICE
2Ï9
Juin. 1
à 5. 7.
8.
Reçu do l'Ecole dos Beaux-Arts Reçu de M. Dubochet pour la Vie de Napoléon Reçu de M. Jazet pour la permission de graver un tableau (un Cheval et un Arabe)
196 50 1.5011
»
500
»
petil
Juillet. 1
à
3.
Reçu de
la liste civile
pour
travaux de
les
de
la salle
e
5. 6.
Constantine, 2 acompte Reçu le traitement de l'Ecole des Reaux-Arts Reçu de M. Dubocbet pour la Vie de Napoléon Vente du Piémont
30.000
»
193
»
2.500
»
19 80
Août. 1
er .
5.
Reçu de M. Dubochet pour Reçu pour le traitement de
la
Vie de Napoléon
2.000
l'Ecole des Beaux-Arts
»
.
.
190 50
.
.
189 50
.
Septembre. 6.
Reçu pour
7.
27.
Reçu de M. Dubochet pour la Vie de Napoléon Reçu de M. Jazct pour la permission de graver le tableau
28.
Reçu de
le
traitement do l'Ecole des Beaux-Arts
représentant
le colonel
la ville
d'Autun
Gbangarnier le
prix dudit tableau
2.000
<>
1.500
»
4.000
»
Octobre. 3.
Reçu pour
5.
Reçu pour un tableau représentant une Vue de Consianline, vendu par l'entremise de M. Rouquairol Reçu de M. Dubochet, pour la Vie de Napoléon ....
2.000
»
8.
1.000
»
Reçu de M. Dubochet pour la Vie de Napoléon Reçu pour un tableau vendu à M. le duc d'Orléans, Maréchal Vallée en Afrique
1.000
»
10.000
»
86
»
6.000
»
le
traitement de l'Ecole des Beaux- Arts.
.
.
.
.
.
.
196 50
Octobre. 11. 30.
le
Novembre. 7.
18.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Re aux-Arls
Reçu du ministère de
l'Intérieur
pour
les
1
travaux de la
Chambre des députés Décembre. 4.
7.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
Reçu de M. Dubochet pour Horace a reçu 12 mois de
la
Vie de
Napoléon
l'Institut
Total delà recette de l'année 1839
196 50
....
2.500
»
1.200
»
78.604 05
LES VERNET
220
1840 Janvier.
:5.
Reçu do M. Dubochet pour la Vie de Napoléon Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
5.
Reçu
2.
5.
193
»
Février.
12.
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
le
Reçu du ministère de
Chambre Reçu
4
l'Intérieur
pour
les
204 70
travaux de
la
des députés, 2 e acompte
mois de traitement de
G.
l'Institut
000
»
4
»
1
; >
Mars. 5.
Reçu de
des Beaux-Arts
l'Ecole
Reçu de M. Dubochet pour
189 50
Vie de
la
....
Napoléon
2.000
»
2.300
»
15.000
o
Avril. 1
er .
3.
Reçu de M. Hottinguer pour un tant un Arabe à cheval
Reçu de 3
4.
13.
22.
e
la liste civile
pour
les
petit tableau représen-
travaux de Versailles,
acompte
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts
189 HO
Reçu 2 mois de l'Institut Reçu de M. Dubochet pour
21)0
>
2.501)
»
la
Vie de
Napoléon
Mai. 5.
25.
Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de Jazet pour un tableau représentant l'Empereur Napoléon sortant de son tombeau
189 50
4.000
»
Juin. 8.
Reçu
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
200
»
5.
Beçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de M. Hottinguer pour un petit tableau,
180
»
3.000
»
le
Juillet.
15.
la
Chasse
de l'Algérienne
Août. G.
Recule traitement de
l'Ecole des Beaux-Arts
....
196 50
Septembre. 10.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
193
«
10.000
»
Octobre. 2.
Reçu de delà
la liste
salle
civile le 4
e
acompte pour
les
de Constantine
travaux
13.
Intérêts payés par Jamville
110 70
19.
Reçu
196 50
le
traitementde l'Ecole des Beaux-Arts
APPENDICE
221
Novembre. 9.
2o.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu du ministère de l'Intérieur pour Chambre des députés, 3° acompte
182 50 travail de la
le
6.000
»
193
»
150
»
111.000
»
000
»
Décembre. 3.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
29.
Intérêts payés par Jamville
11.
Reçu de de
civile le
la liste
la salle
e
acompte pour les travaux
de Constantine
Horace a reçu Total de
o
six
mois du traitement de
la recette
l'Institut
.
.
.
69.795 40
de l'année 1840
1841 Janvier.
traitement de l'Ecole des Beaux-Arls
2.
Reçu
le
5!
Reçu
le
4.
Reçu de M.
5.
Reçu
193
»
200
»
Février.
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
Mars.
comte de Pourtalès pour un tableau
le
représentant Thomas
29.
le
et
Judas
10.000
»
193
»
130
»
2.000
»
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
Intérêts payés par Jamville
Avril.
10.
Reçu de M. Jazet pour la permission de graver Thomas Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
17.
Reçu
10.
Reçu de M. Jazet pour
(i.
.
189 50
Mai. le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
193
»
2.000
»
10.000
»
Juin. la
permission de graver
le
Com-
bat (lune jument avec des loups 13.
Reçu de
la liste
civile le
e (i
acompte pour
les
travaux
de la salle de Constantine lli.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
190 50
Juillet. 2.
Vendu un cheval
300
„
6.
Intérêts payés par Jamville
i:,U
„
2(i.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arls
7.
Reçu
le
traitement de l'Ecole
....
189 50
Août. «les
Beaux-Arts
190 2:.
:;u
m
LES VERNET 1
1
.
Reçu de de
la liste civile le 7
e
acompte pour
les
travaux
de Constanline
la salle
10.000
»
Septembre. 5.
Reçu
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
le
189
m
Octobre. 1". 9.
De Jamville, Reçu
150
les intérêts
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
le
193
»
193
.»
Novembre. (i.
Reçu
le
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
Décembre. G.
19.
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
Reçu de de
4
la liste civile le
e
acompte pour
189 50
les
travaux
de Constantine
la salle
Horace a reçu 12 mois de
l'Institut
Total de la recette de 18il
25.000
»
1.200
»
03.200
.»
150
»
193
»
500
»
25.000
»
1842 Janvier. L«. .").
Intérêts payés par Jamville
Traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
Reçu pour
la
permission de graver une
(petit tableau
tète
de Christ
d'Horace m'appartenant)
Février. 15.
Reçu de de
la liste
la salle
civile le 9
e
acompte pour
les
travaux
de Constantine
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
196 50
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux- Arts
190 50
Mars. 10.
Avril. 9.
Reçu de de
9.
Reçu
la liste civile le 10 e
la salle
le
acompte pour
les travaux
de Constantine
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
10.
Intérêts payés par Jamville
14.
Reçu de M. Jeannin, tableau
[la
la permission de graver
Poste dans
un
25.000
»
180
o
150
»
1.000
H
petit
le désert)
Mai. 1". 5.
Reçu de Reçu
le
Vendu
la liste civile
pour solde des travaux de Versailles
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
la
jument
25.000
»
193
»
140
»
APPENDICE
223
Reçu de M. Jeannin pour permission de graver un tableau
{la
Prière de l'Arabe)
1.000
Reçu de M. Giroux pour deux dans
petit
le désert et la
»
petits tableaux la Poste
Prière de l'Arabe
000
«
10.000
»
S.
Juin. er
1
.
Reçu de M. Pasquier, chancelier de France, pour son portrait en pied
Reçu de M. Jazet pour la permission de graver de l' Empereur Napoléon Reçu
le
la
Revue
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
2.001)
»
190
»
Juillet. 4.
10.
Reçu traitement de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu 2 mois du traitement de l'Institut
205
Reçu traitement de
190 50
189 50 »
Août. l'Ecole des Beaux-Arts
Septembre. 2.
Reçu
le
mois d'août de
2.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
193
5.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
193
>
10.
Reçu
le
mois de septembre de
100
»
4.
Reçu
le
mois d'octobre de
100
»
5.
Reçu
le
traitement de l'Ecole des Beaux-Arts
4.
Reçu
le
mois de
7.
Reçu de
l'Institut
.
108 40 »
Octobre.
l'Institut
Novembre. l'Institut
189 50
Décembre. l'Institut,
novembre
100
;>
190 50
l'Ecole des Beaux-Arts
97.872 40
Total de la recette de 1842
1843 Janvier. 1
à
3.
Le mois de décembre 1812, traitement de
—
Reçu
—
.
100
»
de l'Ecole des B eaux-Arts.
103
»
100
»
l'Institut
.
Février. 2.
Reçu
le
traitement de l'Institut, mois de janvier.
—
Reçu
de l'Ecole des Beaux-Arts
.
.
.
L93»
Mars. 3.
Reçu Reçu
le
traitement de l'Institut, février
—
de l'Ecole des Beaux-Arts
100
»
103
»
LES VER.NET Avril. 1.
Reçu
le
traitement de l'Institut, mars
Reçu 15.
de l'Ecole des Beaux-Arts
Intérêts payés par Jamville
Mai.
KM)
»
180
»
150
»
KM)
»
182
»
100
>>
m 1.
Reçu
le
traitement de l'Institut, avril
Reçu
de l'Ecole des Beaux-Arts
Juin. 2.
Reçu Reçu
le
Reçu
le
traitement de l'Institut, mai
de l'Ecole des Beaux-Arts
196 50
Juillet. 3.
traitement de l'Institut, juin
Reçu de l'Ecole des Beaux- Arts Reçu de M. Jeannin le tiers du gain de la gravure du Christ au roseau
100
»
186
»
315 75
Août. 2.
Reçu le traitement de l'Ecole des Beaux- Arts Reçu d'Horace à son retour de Russie, partie du prix qui lui a été donné pour le portrait de l'Impératrice Il
a touché à Saint-Pétersbourg
180 50
30.000
»
4.000
»
1
Septembre.
Rien Octobre.
Rien
Novembre. 2.
l'Ecole des Beaux-Arts, 2
Reçu de
l'Ecole des Beaux-Arts,
mois
Reçu de
372
»
191»
50
000
»
1.500
»
Décembre. 2.
Horace a reçu
le
mois de
Oublié d'inscrire, à
la
Caravane dans
le
mois
l'Institut
date
du
er
1
de M. Jeannin, éditeur, pour la
1
septembre, avoir reçu
la
désert, la
permission de graver
somme
de
55.353 75
Total de la recette de l'année 1843
1844 Janvier.
18.
Reçu 2 mois de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu pour la permission de graver le Traîneau
russe.
379
»
1.500
»
APPENDICE
225
Février. 10.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de M. Giroux pour Le Traîneau la
rus.se,
198
»
5.000
»
193
»
4.000
»
Poste sur
mer
Mars. 3.
à 27.
1
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu pour un petit tableau, Voyage dans
le
désert
.
.
Avril. 2.
Reçu de
i.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de M. le comte Mole pour son
l'Ecole des Beaux-Arts
189 50
Mai. à
1
7.
180 50 portrait
10. 11(111
>
Juin. 13.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts
100 50
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de la liste civile le 1 er acompte pour
180
»
20.1)00
»
1.000
»
Juillet. 7.
22.
de Versailles,
les travaux
Smalah
la
Septembre. 11. 1
à 20.
Reçu pour Reçu de
la
Smalah des Beaux-Arts, 2 mois
permission de graver
l'Ecole
la
382 50
Octobre. 1
à 11.
Reçu du ministère de
Chambre Reçu de
l'Intérieur
pour
les
travaux de
la
des députés
.
l'Ecole des Beaux-Arts pour septembre
.
.
.
10.000
»
196 50
Novembre. 1
à 20. Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts pour octobre
180
»
193
»
1.200
»
Décembre. 1
à 20. Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts pour novembre.
Horace
a reçu 12
mois de
l'Institut
.
.
61.189 50
Total de la recette de 1844
Récapitulation des recettes de 1835 à 1844
.
(soit
10 années séjour à Paris).
1835
02.205 50
1836
53.227 95
1837
42.898 40
1838
69.049 75
1839
78.004 05 .1
reporter
306.045 65
LES VKKNKT Report
306.043 65
1840
69.795 40 63.266
1841
1842.
.
»
97.872 40
•.
.
1843.
53.853 75
1844
61.189 50
De 1835 à 1844, 10 années
652.022 70
De 1811 à 1820, LO années
150.408
De 1821 à 1828, De 182'.) à 1834, Le ,r décembre
420.518 50
8
l
années
Home) une permission
6 années (séjour à
10
272.1)07 30
I8i3, oublié d'insérer
de graver la Caravane dans
le
1.500
désert
»
1845 Janvier. 8.
Reçu de
à 31.
Reçu de
à
I
I
l'Ecole des Beaux-Arts
196 50
deuxième acompte pour la Smalah
la liste civile le
travaux de Versailles,
les
30.000
»
Février. (i.
Reçu de Reçu de
l'Ecole des Beaux-Arts.
ma
fille
un trimestre pour
.
.
,
l'intérêt de 140.000 fr.
1
193
»
.750
»
193
»
Mars. 8.
Reçu de
l'Ecole des
Beaux-Arts
Avril. 12.
Reçu un mois de
— —
l'Institut
pour Horace
de l'Ecole des Beaux-Arts
de
ma
fille le
deuxième trimestre pour
l'intérêt
.
100
»
186
»
1.750
»
100
»
.
de 140.000 francs
Mai. 10.
Reçu un mois de l'Institut pour Horace De l'Ecole des Reaux-Arts
Reçu pour
intérêts de 6.000 francs placés au
180
piété. J
187 50
Mont-de»
uin. 11.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arls
190 50
Juillet. 5.
Beaux-Arts
186
»
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arls
193
»
Reçu de
l'Ecole des
Août. 20.
APPENDICE Septembre. 4.
12.
15.
17.
Reçu de M. Jeannin pour permission de graver le tableau de la Bataille de Fontenoy, acompte Reçu de la liste civile premier, acompte sur les travaux de Versailles de la salle dite du Maroc. .... Reçu de l'Ecole des Reaux-Arts Reçu de M. le comte de Robrinski pour un tableau représentant
la
Famille impériale russe
2.00(1
»
25.000
»
189 50
10.000
»
193
»
Octobre. à 7.
1
Reçu de
l'Ecole des Reaux-Arts
Reçu de
l'Ecole des Reaux-Arts
Novembre. 17.
Horace a reçu 10 mois de Plus, reçu en octobre de
pour
189 50
l'Institut
ma
fille le
1.000
»
1.750
»
troisième trimestre
l'intérêt de 140.000 francs
Total de la recette pour l'année 1845
85.733 30
1846 Janvier. à 4.
1
1
à 27.
Reçu deux mois de l'Ecole des Reaux-Arts, novembre décembre de l'année 1845 Reçu de M. Delaroche, quatrième trimestre
et
380
»
1.730
»
d'intérêts de
140.000 francs
.
.
.
Février. 14.
28.
Reçu de l'Ecole des Reaux-Arts Reçu de M. Jeannin pour bénéfice de ventes de gravures et 200 francs pour solde du Carrousel
1%
50
802
»
193
»
23.000
»
180
»
1.750
»
I8tf
»
Mars. 0.
28.
Reçu de Reçu de
l'Ecole des Reaux-Arts la liste civile,
deuxième acompte sur
vaux pour Versailles de
la salle dite
du Maroc
les tra-
....
Avril.
à
1
4.
25.
Reçu de
l'Ecole des Reaux-Arts
Reçu de M. Delaroche
le
premier trimestre de l'an-
née 1810 des intérêts de 140.000 francs Mai. 1
à 3. Reçu de l'Ecole des Reaux-Arls 11.
1
à 15.
Reçu de M. Tiron les intérêts de 3.000 francs Reçu les intérêts de 6.000 francs placés au Mont-dèpiélé
213 20
180»
LES VERNET Juin. à 10.
I
12.
13.
Reçu de M. Boisrïcheux pour le loyer do la maison Reçu de M. Jeannin pour permission de graver le portrait du jeune lMgache Reçu le mois de l'Ecole des Beaux-Arts
601)
»
1.001)
»
193
»
2.000
»
380
»
5.000
»
.000
»
1.750
»
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts
186
»
Reçu de
196 50
.
.
Juillet. 1.
Reçu pour permission de graver
1.
Reçu deux mois de
4.
Reçu de M. Jeannin pour un
1
la Judith
par M. Jazet.
Aoùl. 1
l'Ecole des Beaux-Arts petit tableau représentant
une Mère arabe
6.
Reçu du même pour la permission de graver ce tableau. Reçu de M. Delarocbe le deuxième trimestre des intérêts
1
de 140.000 francs pour l'année 1840
Septembre. à
1
3,
Octobre. à 10.
1
22.
l'Ecole des Beaux-Arts
Reçu de M. Delaroche le troisième trimestre des de 140.000 francs pour l'année 1846
intérêts
1.750
»
186
»
Novembre. 1
à
7.
Reçu de
l'Ecole des Beaux-Arts
Décembre. 1
à 5.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Plus, Horace a reçu 12 mois de traitement de
189 50 l'Ins-
1.200 »
titut
46.539 70
Total de la recette de 1846 Plus,
il
a été payé parle banquier pour intérêts à 3 p. 100
sommes déposées cbez
des pris
pendant l'année, com-
ceux de deux obligations piémontaises dont une
appartient à la
lui
somme
mon
frère Jamville
pour argent déposé,
de
268.60.
.
.
78.50.
.
.
^„
^
Pour obligation de Piémont
)
46.886 80
Total général de la recette 1846
1847 Janvier. 9.
23.
Reçu de
196 50
l'Ecole des Beaux-Arts
Reçu de M. Delarocbe née 1846, intérêt de
le
la
quatrième trimestre de l'an-
somme
de 140.000 francs.
.
1.750
»
.
APPENDICE
229
Février. 3.
Reçu de
3.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts
l'Ecole des Beaux-Arts
193
»
Mars. 189 50
Avril 1
à 3.
Reçu de M. Tiron, d'Alger,
les intérêts
de 5.000 francs
pour 1846 8.
Reçu de
3.
Reçu de l'Ecole des Reaux-Arts Reçu de M. de Roisrichcux pour
l'Ecole des Reaux-Arts
250
»
186
»
Mai.
24.
189 50 le
loyer de la petite
maison
700
»
193
»
25.000
»
186
»
6.000
»
1.750
»
1.750
»
193
»
1.000
»
1.000
»
Juin. 5.
Reçu de
l'Ecole des Beaux-Arts
21.
Reçu de
la
maison du Roi pour
et des Princes, ses
le portrait
de Sa Majesté
fils
Juillet. 3.
18.
Reçu de
l'Ecole des Reaux-Arts
Reçu de M. Durand Ruel pour le prix d'un tableau représentant une razzia. Une brebis allaitant un enfant
Avril. 17.
Oublié d'inscrire
:
reçu de M. Delaroche
le I
e ''
trimestre
des intérêts de 140.000 francs pour l'année 1847
.
.
.
Août.
10.
Reçu de M. Delaroche le deuxième trimestre Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts
17.
Reçu de MM. Jeannin
7.
Delwié, éditeurs, pour permis-
et
sion de graver la Cuisine militaire
Reçu de MM. Jeannin graver
l'
et Delarié
pour permission de
En faut adopte
Septembre. 1
à 8. 11.
Reçu de
189 50
l'Ecole des Reaux-Aris
Reçu du Ministère dos travaux publics pour solde de
la
décoration de
La
salle
de
la
Chambre des
Députés
16.000
»
193
»
1.750
»
Octobre. li.
16.
Reçu de
l'Ecole des Reaux-Arts
Reçu de M. Delaroche née I8i7. intérêts de
le 1
troisième trimestre de l'an-
10. OUI)
francs
20
LES VER.NET
230
Novembre. 10.
...
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts
189 50
Décembre. 1".
Reçu de l'Ecole des Beaiix-Arts Plus Horace a reçu 12 mois de Intérêts de l'argent déposé chez
l'Institut le
1
193
»
.200
»
banquier
338 70 39 80
Intérêts d'une obligation piémonlaise
Total de la recette de 1847
7Î0.820
,.
1848 Janvier. 3. 15.
Reçu de Reçu
l'Ecole des Beaux-Arts
M.
de
Delaroche
l'année 1847, intérêts de
le la
196 50
quatrième trimestre
somme
de
1
de
10.000 francs.
I
.750
»
93
»
Février. 2. 9.
Reçu de
l'Ecole des Beaux-Arts
Reçu de
M
mi
de
Waldembourg pour un
tableau repré-
JWiVA (vendu à Bulier) Plus pour remboursement des frais sentant
10.000
»
72
»
180
»
200
»
100
»
Mars. 3.
Reçu de
2.
Reçu de l'Ecole Reçu de M. P. Delaroche un acompte sur
l'Ecole des Beaux-Arts
Avril.
Ki.
le
premier
trimestre de l'année 1818
Mai.
complément du premier
1.
Reçu de M.
3.
Reçu de M. Giroux pour acompte sur
P.
Delaroclie
le
trimestre de l'année 1818, intérêts de le
I
40.000 francs
Samaritain
.
.
I
.330
»
I
.000
»
Reçu de l'Ecole
164 70
8.
Reçu de
188 30
8.
Reçu de l'Ecole Reçu de M. Jules Delaroche pour le compte de son frère le deuxième trimestre de l'année 1818 pour les
II.
Juin. l'Ecole
Juillet.
22.
intérêts de la
somme
de 110.000 francs
181 50
I
.
730
«
185
»
Août. 5.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts
APPENDICE Septembre. 4.
Reçu de
7.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts Reçu de M. Giroux acompte sur
l'Ecole dos Beaux-Arts
178
»
1N.">
»
2.000
»
.750
»
Octobre.
le
Samaritain
Novembre. 14.
Reçu de M. Delaroche pour rente de
la
somme
le
troisième trimestre de
la
de 140.000 francs
I
21 .830 20
Plus Horace
a
reçu
mois du traitement
12
de l'Ins-
1.200
titut
»
38 80
Intérêts d'une obligation piémontaise Intérêts à 3 p. 100 de l'argent cbez le banquier
....
94 35
23.103 33
Total de la recette de 1848
1849 Janvier. 6.
Reçu de Giroux acompte sur
Samaritain
le
3.000
»
1.750
»
Février. 21.
Reçu de
M.
Delaroche
le
dernier
l'année 1848 des intérêts de la
trimestre
somme
pour
de 140.000
l'r.
Mars. 3.
Reçu de
l'Ecole des Beaux-Arts les
février 1849
mois de janvier
....
382 50
mois de
17.
Reçu
21.
Reçu de M. Giroux acompte sur le Samaritain Reçu de M. Giroux pour complément de 8.000 prix du tableau le lion Samaritain
de l'Ecole des Beaux-Arts
novembre 24.
et
et
pour
les
décembre 1848
294 50 1
.000
»
I
.000
»
2.500
»
.750
»
9.500
»
573
»
francs,
Mai.
Reçu en Afrique de M. Leroy, notaire, Reçu de M. Delaroche rêts de
les
revenus de
de Ben-Koula
la terre
1
le
10. iioo francs
premier trimestre des inté-
pour l'année
ISP.)
I
Juin.
Reçu de tait
dû
Reçu de
mai
la
à
liste civile
Horace sur
l'Ecole
des
premier acompte sur ce qui resles
travaux
faits
Beaux-Arts pour mars,
avril
el
LES VERNET Juillet.
13.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts pour juin Reçu de M. Goupil, premier acompte sur
20.
Reçu
9.
représentant
le
le
193
»
3.000
»
1.750
»
tableau
général Bonaparte
deuxième trimestre des intérêts de 140.000 fr. par les mains de M. Jules Dclaroche pour l'année le
1849 Août. 2.
Reçu de
l'Ecole des
Beaux-Arts pour
196 50
juillet
Septembre. 8.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts
189 50
3.
Reçu de Reçu de
193
»
9.500
»
99.000
»,
750
»
Octobre.
9.
restait 13.
l'École des Beaux-Arts la liste civile le
les
travaux
Reçu de M. l'Empereur de Russie pour sentant la prise de
21.
deuxième acompte do ce qui
dû à M. Vernet sur
Reçu
le
pour
le
faits
tableau repré-
Wota
troisième trimestre des intérêts de 140.000
1849
l'année
par
les
mains de
M.
fr.
Jules
Delaroche
1
.
Novembre. 3.
Reçu de
l'Ecole des
189 50
Beaux-Arts
Décembre. 15.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts
196 50
Total de la recette de 1849
....
137.908
»
1.200
»
Plus Horace a reçu 12 mois du traitement de l'Institut
38 20
Intérêts d'une obligation piémontaisc
Total général de la recette de 1849
Sur
cette
somme
....
139.146 20
105.549 francs 35 ont été employés à
l'achat de 6.000 francs de rente le 18 octobre 1849.
1850 Janvier. 5.
Reçu de
8.
Bcçu de M. Goupil
l'Ecole des Beaux-Arts le
mois de décembre
18 49 le
tableau représentant
le
un champ de
en
bataille
193
»
5.000
»
complément du payement du général Bonaparte visitant Italie
APPENDICE Février. à 2.
1
Reçu
le
mois de janvier de l'Ecole des Beaux-Arts
.
193
»
750
»
186
»
180
»
1.750
»
186
»
.
Mars. 14.
Reçu de M. Delaroche pour le
2.
les intérêts
de 140.000
quatrième trimestre pour l'année 1849 (par
mains de M. d'Eichtal) Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts
fr.
les 1
le
mois de
lévrier.
.
.
.
Avril. 2.
20.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts le mois de mars .... Reçu de M. Eichtal les intérêts de 140.000 francs le premier trimestre pour l'année 1850
Mai. 7.
Reçu de
l'Ecole des Beaux-Arts
Juin. 3.
Reçu de
l'Ecole des Beaux-Arts
20.
Reçu de
la liste civile le solde
les
Sur
travaux
cette
faits
somme
196 50
de ce qui restait dû sur 28 700
par M. Vernet
.
»
de 28.700 francs, 20.000 francs ont été
employés pour
l'achat
de vingt obligations
de.
la
Liste civile. Juillet. 1
à 2. 24.
Reçu de
l'Ecole des
189 50
Beaux-Arts
Reçu de M. Delaroche
le
rêts de 140.000 francs
deuxième trimestre des
inté-
pour l'année 1850
1
.750
»
Août. 1.
16.
Reçu de Reçu de
196 50
l'Ecole des Beaux- Arts la liste civile
pour
les intérêts
3.200
»
186
»
Septembre. 3.
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts
Octobre. 6.
196 50
Reçu de l'Ecole des Beaux-Arts
Reçu de M. d'Eichtal
les intérêts de 140.000
francs,
troisième trimestre pour l'année 1850 13.
Reçu de M. Goupil pour permission de graver sident
le
1.750
»
2.000
»>
Pré-
Novembre. 2.
Reçu de
l'Ecole des Beaux-Arts
189 30
Reçu de
l'École <b>s
Beaux-Arts
189 30
Décembre. L.
LES VERNET
234 21.
Reçu
paiement du portrait
le
du
Président de
la
République
Sur
cotte
été
il
Plus Horace
a
reçu
M. Marcuard
a
louché pour M. Vernet
le
:
traitement de l'Institut
Le 31 mars premier semestre de
»
2.985
»
2.985
»
de
li.000 francs
Le 30 septembre, deuxième semestre de
même
la
.
Intérêts
1.200
:
rente 3°
»
H. V.
rente 5 p. 100 2°
63.188
emploi
a fait
entendu.
l'a
Signé
1°
»
de 15.000 francs, 10.000 francs ont
remis par moi à M. Vernet, qui en
comme
15 000 .
somme
pour un
semestre
d'une
obligation du
Piémont 4
Ù
36 50
Intérêts de vingt obligations
Total de
la recette
île
la Liste civile
.
.
.
~
497 50
.
70.892
de 1850
1851 Janvier. 7.
Reçu
le
mois de décembre, traitement de professeur
l'école des
Reçu
le
à
Beaux- Arts
quatrième trimestre de
la
rente de 140.000
186
»
750
»
193
«
70
»
186
»
fr.
pour l'année 1850 (chez M. d'Eichtal)
1
Février. 1.
14.
mois de janvier Ecole de.s Beaux-Arts Reçu les intérêts de deux actions des Courses de Reçu
le
Versailles
Mars. février. Ecole des
Beaux-Arts
13.
Reçu
le
mois de
ti.
Reçu
le
mois de mars. Ecole des Beaux-Arts
7.
Reçu
le
premier trimestre de
Avril.
la
18li
>
rente de 140.000 francs
1.750
pour l'année 1851 (chez M. d'Eichtal)
»
Mai. 3.
Reçu de
l'Ecole des Beaux-Arts le
mois
Reçu
deuxième trimestre de
rente de 110.000
189
d'avril
.">0
Juillet. II.
le
pour l'année 1K31
la
fr.
1.750
»
APPENDICE
235
Septembre. 5.
Pris par
Mmo Vernet
chez M. Marcuard provenant de
la
rente 5 p. 100
500
»
750
»
Octobre. I.
Reçu
15.
Reçu
troisième trimestre de
le
la
rente de 140.000
fr.
pour l'année 1851 2'\.
I
.
loyer de la nouvelle maison
le
108 25
Marcuard provenant de
Pris par M"" Vernet chez M.
la
rente 5 p. 100
1
.
000
»
I
.
000
»
Novembre. 20.
Pris par
M mc Vernet
chez M. Marcuard provenant de
la
rente 5 p. 100
Reçu
le
chez M. Marcuard provenant de
I" février 1X51
rente de a p. KM)
la
2.
Je n'ai pas intérêt.
Reçu en mars provenant de
rente de l'Etat
la
2.
Septembre. 3.
chez M.
Pris
Marcuard provenant de
la
rente sur
la
500
Liste civile 22.
Reçu de M. Vernet. loyer de
la
nouvelle maison.
...
17
»
30
15. 136 25
Plus M. Vernet a reçu 1°
Le traitement de l'Institut
2° 7
3° \"
:
I
mois de traitement de professeur
Remboursement de
Un
la terre
vendu
petit tableau
à
M. Dumidoff représentant
200
»
.375
»
2.500
»
7511
»
I
de Ben-Koula
.
le
Choléra. 5°
Un
tableau vendu à M. Goupil, représentant une
ballade de Chabot (i"
7"
(les
Adieux).
Un acompte du tableau de Un
petit
tableau
brebis allaitant
sujet
la
Prise de
d'Afrique
Home.
Une
(réplique),
un enfant.
1852 Janvier. 3.
Reçu chez M. d'Eichtal
le
quatrième trimestre de
la
rente de 140.000 francs pour 1X51 7.
Reçu
7.
Pris chez
les loyers
de
la
I
nouvelle maison
.
15 75
Février.
M. Marcuard, banquier, sur nos revenus
.
.
.
1.200
»
LES VERNET
236
Mars. 4.
Pris chez M. Marcuard, banquier, sur nos revenus
.
.
.
1.500
»
1.750
»
.000
»
Avril. 1
.
Reçu de M. d'Eichtal le premier trimestre de de 140.000 francs pour l'année 1851
la
rente
Mai. IN.
Pris chez M. Marcuard, banquier, sur nos revenus
.
.
1
«
M"'
Pélisse
(par Horace Vernct).
LETTRES ÉCHANGÉES EN 1856
ENTRE Nx\POLÉON
III
ET HORACE VERNET
AU SUJET DE LA PEINTURE DELA PRISE DE M A LA
Biarritz,
Mon La
"26
A
FF
août 18jd.
cher monsieur Horace Vernet,
prise de MalakoiT étant le fait capital de la
ai demandé le tableau comme ment. De son côté le ministre
à l'artiste le
Igjnême
a conlié
ne serais pas fâché de voir ce peintre
le
campagne
sujet à
la
M. Yvon. Sans doute
représenter aussi. Mais
quelconque vous pouviez tenir à vous en occuper justement acquise. Je
d'Orient, je vous en
plus capable de la reproduire digne-
seul,
la
si
je
par un motif
préférence vous est
maintiens, et au besoin je ferai charger M. Yvon de tout
autre tableau.
Croyez à tous mes sentiments. Napoléon,
Sire,
Je remercie Votre Majesté de ce qu'elle a daigné trancher en
proposition qui m'avait été adressée par S. E.
le
ma
faveur
la
ministre d'État. Je vais, con-
formément au désir qu'elle m'exprime, reprendre mes travaux pour l'exécution du tableau de la Prise de Malakoff. C'est un duel, Sire, je ne me le dissimule pas, entre M. Yvon et moi, puisque son tableau et le mien représentent le même sujet, et qu'ils sont destinés à la même me donne le
Ce contact ne peut être considéré autrement, mais
décorer
salle.
Age
droit de ne pas
Si j'acceptais l'offre
mon
m'en préoccuper.
que daigne
me
faire
Votre Majesté de priver un
homme
LES VERNET
238
de talent, jeune el plein d'ardeur, d'une belle occasion de se montrer digne du
choix de M.
ran de
l'art
le
ministre, ce serait
un procédé
inqualifiable de la part d'un vété-
qui doit à son tour aux jeunes artistes l'appui qu'il reçut lui-même
de ses maîtres au début de sa carrière. Je suis, etc.
Horace Vernet. 30 août 1850.
Tète de cheval
(par Carie Vernet).
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos.
Joseph Vernet Carie Vernet.
Horace Vernet Appendice.
.
La marchande d'eau-de-VIE (D'après la gravure de
{Clichés de la
(par Carie Vernet).
Dchucourt.)
maison Cueille
et
Despréaux.)
Il
AU
<P1-
BélL
GETTY CENTER LIBRARY
3 3125 00596 2499