Les vignettes romantiques, histoire de la littérature et de l'art, 1825- 1840

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CHAMPFLEURY LES

VIGNETTES ROMANTIQUES HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE ET DE UART 1835-1840

150 VIG-INTETTES CELESTIN NANTEUIL, TONY JOHANNOT, UEVKRIA, JEANRON, EDOUARD MAY, JEAN GIGOUX, CAMILLE ROGIER, ACHILLE ALLIER Suivi d'un Catalogue complet

des

Romans, Drames, Poésies, ornés de

vignettes, de j^i>5 à 1840.

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GALERIE D ORLÉANS

I

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LES

VIGNETTES ROMANTIQUES


TIRAGE A PETIT NOMBRE PLUS 100 exemplaires sur papier vergé de Hollande. 25 exemplaires sur papier du Japon.

Paris.

Imprimerie de l'.Vrt,

J.

Rouam,

imprimcur-iiciiteur,

.(i,

rue de

la

Victoire.



Hèlio^ etlmpLemercier

et {!'"

Paris

ALFRED ET TONY JOHANN OT Fac-Bimilé dune lithoâraphie de Giôoux


CHAMPFLEURY LES

VIGNETTES ROMANTIQUES HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE ET DE UART 18S5-1S40

150 VIG-ISTETTES TONY JOHANNOT, UEVERIA, JEANRON, EDOUARD MAY, JEAN GIGOUX, CAMILLE ROGIER, ACHILLE ALLIER CliLESTIN NANTEblL,

Suivi d'un des

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Romans, Drames, Poésies, ornés de

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complet vignettes, de

i8j5 à 1H40.

PARIS B ±t A 1 K E K i> 1 Ti: r K -

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19,

GALERIE D'ORLÉANS

i883 Droit» de itaduciion

et

de rcproduciîun réservés.

^fcos.-


HC

Ho


PRÉFACE

pas d'époques, à

//

n'est

le

crayon

avec la littérature que

période romantique.

la

sens,

burin formèrent aussi

le

corps

étroitement

pendant

et

mon

La flamme

qui éclairait l'œuvre des écrivains d'alors, l'insurrection

comme une ateliers

par

influencés

de vaillance dans

Les fiers

artistes

les

mêmes

,

tentaient

traînée de

à

;

romanciers teurs

qu'ils

tout

poudre jusqu'aux

des

l'appel

s'étendirent

poètes

et

des

un groupe de dessina-

courants passionnés se jeta plein

la mêlée.

de iS3o ne choisissaient pas

que de retracer en une page

Imagiers d'imposants

le

édifices,

montraient aussi

l'œuvre d'un maître glorieux

un frontispice à

d'adjoindre

et se

fonds d'ouvrages parfois bigarres.

ils

prêtaient également un concours

empressé à des constructions dont quelques-unes sont déjà en ruines; pourtant, grâce à leur crayon,

ils

ont rendu claires et visibles les

tendances multiples d'un temps déjà archaïque. Si

Don le

les

livres

de

chevalerie qui emplissaient la bibliothèque de

Quichotte avaient été ornés de

curé qui

les

condamnait,

hidalgo de la Manche,

avant de

les jeter

comme

n'eût

au feu.

tels frontispices,

nul doute que

troublant la cervelle du brave

détaché

les

images de ces bouquins


PREFACE

Dans

Malade imaginaire, Thomas Diafoirus

le

lique qui la repousse une en-tête gravé.

bonne

grande thèse pharmaceutique ornée d'un

Donnei, donnei,

pour

prendre

à

Angé-

offre à

dit Toinette,

l'image,

elle est

servira

cela

toujours

parer

à

notre

chambre.

même

Il en arrivera peut-être de

période romantique, non pas de

mais

maîtres,

des

de

celles

de plus d'une vignette de la

accompagnent l'œuvre

celles qui

qui

illustrent

véritablement

ouvrages d'êtres dévoués au cénacle, plus frottés de

que

doués,

bien

étonner

les

brillants

Jeune-France

au

«

littérarisme

début,

gens, se démenaient étrangement,

des

qui,

»

pour

criaient fort sinon

que l'époque actuelle a pu voir semblables aux survivants

juste, et

du premier Empire, délabrés,

la

tête

le

corps flottant dans

chenue

protégée

par

d'anciens tmiformes

à plumets

shakos

des

consternés.

Des

livres

de

ceux-là la vignette

une épitaphe ! C'est pourquoi

j'ai essayé

de quelques-uns de ces oubliés

;

n'ont-ils

reste

seule.

Une image,

de raviver la physionomie

pas droit à occuper un

tabouret dans l'antichambre du Panthéon romantique?

De même

m'a paru

il

utile

de suivre, également à l'aide des

vignettes, certaines tendances humanitaires, républicaines, socialistes et

philosophiques de i83o, ramifications provenant du

et

qui jusqu'ici n'avaient pas été indiquées.

Nous appartenons à une époque créatrice.

Malgré

les

la

il

hautes visées que témoignent certaines indivi-

soit.

On

formules d'une

n'en reste pas moins acquis

génération actuelle

pas besoin de

tronc

raisonneuse plus critique que

dualités ambitieuses prétendant apporter les

ture nouvelle,

même

se

que dans

mêle un sang romantique,

microscope pour

l'apercevoir ,

peut regarder en arrière, regretter

la

si

le et

littéra-

sang de il

appauvri

majesté

n'est

qu'il

classique


PREFACE

des auteurs du xvii^ siècle, admirer la clarté des écrivains philo-

sophiques du xviiF',

il

est

une pente qui de Bernardin de Saint-

Pierre conduit à Chateaubriand

aux

par nos pères. Ces

efforts tentés

devaient être notés,

Placé par

de

traits d'union,

cette hérédité

on trouvera éparses dans l'ouvrage actuel

et

quelques-unes de ces questions, était impossible

de là conduit inévitablement

et

si

intimement soudées à

l'art qu'il

en détacher.

les

mon âge

roman-

entre les vétérans de la littérature

tique et d'ardents schismatiques dont quelques aspirations de détail, si

elles

ne se réaliseront guère qu'en

sont légitimes,

fallu m'isoler et faire appel à toute

mer sincèrement ma et

me

trouvaient

reporter à un demi-siècle,

les

audaces

pénétrer

nésie ;

sourirait

époque fiévreuse dont

par

monté sur

Nous

allons boire à itos maîtresses

Dans

le

dans le

nature

il

faut se

ces

le

la

nombre

prolongements de racines du

les

a

faisant danser les

romantiques,

souci du qu'en dira-t-on peut se résumer

On

ma

étudier les causes qui produisaient

sens d'une

le

il

pour expri-

noter les cris de liberté s'échappant d'un certain

de poitrines, suivre au loin arbre,

ma retraite en à ma portée.

dans

Pour goûter pleinement

révolte,

impartialité

pensée, rentrer en possession de

distraire parfois

petits pantins qui se

mon

igoo,

vieil

peu de

deux vers

:

crâne de leurs amants.

les

trépied

salons

de

d'aujourd'hui d'une

iS3o,

le

telle

fré-

poète pouvait tout oser,

certain d'entraîner des croyants à sa suite.

Ces courants,

pour est

les vignettes

tous. Si subtil

éclairé

m'ont paru

les

rendre saisissables

que paraisse moji plan, tout un coin de

par des images

bigarres mais sincères.

qui, n'étant

l'art

pas de commande, furent


PREFACE

VIII

En

déterminant

les diverses

manières

d'artistes,

dont on trouve

difficilement les feuilles éparses, peut-être ces études ne seront-elles

pas

ment

inutiles et

à l'histoire d'une période fertile en sujets d'étonne-

dont nous regrettons la fièvre, l'audace,

le

bouillonnement.

ClîAMPFLEUtiY. Sèvres,

iS8o-:882.

IfZ^Ô^

DESSIN A LA PLUME DE TONY JOHANNOT, de

la collection

Charles Narrey,


Dessin de Tony Johannot, gravure de Porrot.

DE

IMPORTANCE ATTACHEE AUX VIGNETTES

L

PAR LES ÉCRIVAINS ROMANTIQUES L'époque

étonnement art;

petit

qui

de

elle

suivra

livres sur les faiseurs

crayonneurs

grains de sable,

gcand nos

des

et

art et le

le

sans

attachée

actuellement

avec un sourire

doute

quelque

peut-être

nos

au

gros

de vignettes, nos monographies à propos de

de riens.

culs-de-lampe

importance

l'excessive

regardera

témoignera

celle-ci

Les

admirations

fleurons,

le

appliqué

thuriférariat

manque de mesure

menu donneront,

hyperboliques pour des

et

à

des

de proportions entre

je le crains,

le

facilement raison à

fils.

A dire

supposer que

Cochin

filius

soit

un

homme

de génie, que

du Poussin? Je veux bien que Gravelot inspire des proso-

popées aux écrivains

en quête de

«

curiosités »

;

ne pourrait-on

établir quelques degrés entre lui et Phidias? Si,

dans

de rehausser

les siècles antérieurs, les Bibles,

les

les

moines crurent avoir besoin

ouvrages de piété,

les

classiques

lantiquité par des miniatures, des fleurons, des culs-de-lampe,

de la


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

rimprimerie,

de

Tinvention

dès

profane,

littérature

laisser entraîner facilement vers ce courant,

savants,

écrivains les plus graves,

devait

se

siècle

les

au xvf

et

commentateurs des

historiens,

textes sacrés, se trouvaient honorés d'un frontispice majestueux en tête

de leurs œuvres.

Du

au

xvi'

xviii"

mode d'ornement ratif le frontispice

même

de

pour

les

siècle

pas d'interruption dans ce

n'y eut

il

des livres. Toutefois, d'architectural et de décose laissa couler

estampes à

Le premier complice de Diderot, qui, malgré

vers

à qui

cette

son génie,

M.

couperais toutes

les

rot,

je

glaces et je jetterais

La

me

tendance

paraît

avoir été

donna parfois une trop grande

On

a recueilli une boutade

un ami avait prêté un volume

de l'Art de peindre, par

;

l'intérieur des livres.

importance au petit art de son temps.

du philosophe

galant et Tamoureux

le

:

«

Si le

poème

Wattelet, m'appartenait, disait Didevignettes,

le reste

au feu.

mettrais

les

je

sous des

»

vignette au xviii^ siècle prend, en effet, une certaine impor-

tance. Les poètes, les auteurs dramatiques, les romanciers la font

Rousseau

servir à l'embellissement de leurs éditions. Jean-Jacques

trace des

à

et,

programmes aux dessinateurs de

quelques années de

l'oubli ses fastidieux

de

estampes qui,

petites

piquantes

récits

et

là,

Restif de

Nouvelle Héloïse^

la

la

Bretonne

sauve

de

en faisant exécuter sous sa direction plus

que

livres

les

de

l'auteur,

peuvent jusqu'à un certain point servir à

sont

l'histoire

des mœurs.

Vint

le

romantisme, adorateur des images, qui donna

d'honneur aux imagiers. Fatigué de à

étudier ces I.

lire,

parfois je

me

la

suis

place

amusé

crayonnages dont quelques-uns sont ingénieux, à

Recueil d'estampes pour

« la

Nouvelle Héloise

»,

avec

ont été donnés par l'éditeur. Paris, Duchesne, 1761. In-12.

les sujets

des estampes, tels qu'ils


INTRODUCTION

condition

qu'on ne force pas

note

la

par

une outrance

d'admi-

ration excessive.

Eux-mêmes, Chateaubriand se

laissaient

gagner par

la

leurs ouvrages n'eussent rien

Chateaubriand

et

mode, quoique

IN

p;

commun

de

Lamartine

VIGNETTK

Lamartine, entre i83o et i832,

et

DITE (iX3o

avec celles du cénacle.

une prière,

1S34.)

une tombe, voisin.

dessin un ange jouait de la harpe avec

hommes

mélancoliques

Dans

un le

cimetière

but d'animer

y

avait loin de ces

d'adultères

et

d'orgies,

de le

une Bible pour partition;

apparaissaient

enveloppés

manteaux byroniens ou en vêtements sombres, culottes Qu'il

de

DR TONY JOHANNOT. à

campagne, un angélus au clocher

jeunes

illustrations

faisaient de la vignette

un souvenir chrétien, une croix,

de

les

de

collantes.

images aux représentations de truands, et

combien Chateaubriand dut regretter

plus d'une fois d'avoir laissé qualifier par les éditeurs ses ouvrages


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

du

titre

de Chateaubriand

!

de

romantiques

(XŒiivres

insurrectionnel

M.

le

vicomte

'

Élodie pouvait reconnaître Éloa pour

Obermann;

repoussait pas absolument

René ne

parente;

sa

mais

les

Han

d'Islande,

les

Bug-Jargal, dans leur sauvagerie, ne devaient-ils pas mettre

en

fuite

sorte

ces figures angéliques qui

entre

d'alliance

nouvelles

les

croyances

anciennes

et

tendances

les

?

Trait d'union fragile que

hommes

encore espérer une

voulaient

un groupe de jeunes

briser

devait

ardents ne s'inquiétant guère des mélancolies du groupe

de l'Abbaye-aux-Bois.

La

vignette devenue religion, mais pas dans

briand, devait être voyante, faire pstt

aux lecteurs pour

passionnée,

à

dans leurs préfaces;

Un

devant l'image. ses

illustrateurs,

êtres nerveux

livre

les

1840

et

ne paraît guère d'œuvre

il

critique

la

n'est

pas

prône dans

ou agacés par

diabolique, tapageuse

Les auteurs

d'imagination sans vignettes. les tons

sens Chateau-

raccrocher.

les

Aux beaux temps de i83o

le

la

fait

ses

les

chantent

elle-même que

prospectus,

désarmée

est

l'éditeur, et

sur tous

choisissant il

mode du moment, pour

faut des

se priver

de ce décor.

On Victor

rabâcherait à étaler les preuves, de la Quiquengrogne de

Hugo au

Spectacle dans un fauteuil.

J'y

reviendrai

dans

des chapitres spéciaux consacrés aux dessinateurs de vignettes; ne vaut-il les

pas mieux montrer par quelques citations l'importance que

écrivains et les directeurs de journaux attachaient à ces illus-

trations?

La Revue

des

Deux Mondes

alors

pédante, trouvait qu'une vignette de I.

Paris, chez les

jeune,

point

Tony Johannot

marchands de nouveautés, i83i.

5 vol. in-i8.

gourmée

ni

pouvait aller


IN

de

pair

TRODUCTION

Ramayaua.

avec une savante exégèse du

Manuscrit

vert,

critique de la

A

propos du

roman mystagogique de Gustave Drouineau, un

Revue

disait

:

Des deux vignettes dessinées par Tony Johannot

et

gravées par Porrct, et

une autre,

second, qui est charmante. Je sais bien que l'anatomie pittoresque

condamne

une qui ne vaut absolument

des hanches de est

que

si

la

légère,

si

la

femme

souple,

il

rien,

celle

du premier volume,

renversée, mais toute

\a.

il

y en a

celle

du

le dessin

façon de cette délicieuse illustration

y a tant de choses faites de rien, précises et du premier

trait,

critique est désarmée.

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT pour

le

Manuscrit vert de Gustave Drouineau

Dans ce ton cassant

et

(i83i).

pédantesque, qui ne reconnaîtrait

manière de Gustave Planche? Supprimez

le

la

jugement quelque peu

bourgeois de l'anatomie pittoresque condamnant

le

dessin des hanches

de la femme, vous trouvez toutefois un jugement qui caractérise bien les vignettes de

Tony Johannot,

«

cette délicieuse illustration


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

légère,

si

souple

si

rien, précises et

Si

de

la

»,

où se voient

du premier

trait

Revue on passe aux

tant

«

de

choses faites de

».

écrivains,

on verra leur ardente

préoccupation de vignettes. C'est d'abord

Edouard Thierry

rideaux\ s'adresse à son

les

pour

l'aider à présenter

D

Frère,

je

décorateur Joseph Thierry,

au public ce recueil de Nouvelles.

les

Enfants

et les

Anges d'Édovard Thierry

le

ce soir, tu allumes ta

cuivre.

lampe

Nous voulons des

Edouard Thierry rappelle

à son

et

que

Sous

les

rideaux, par Edouard Thierry

et

:

frère

a gravé quelques eaux-fortes pour le I.

(i833).

tu

temps à perdre

promènes laborieusement

:

ta

vignettes, le libraire veut des vignettes, le

public veut des vignettes; trois exigences à satisfaire

In-8", 1S34.

préface de Sous

t'envoie le manuscrit de nos Contes; nous n'avons plus de

faut que, dès

pointe sur

frère, le

la

APRES UNE EAU-FORTE DE JOSEPH THIERRY pour

il

dans

qui,

arrange-toi

comme

tu pourras...

qu'un an auparavant

volume de poésies,

les

il

Enfants

Henri Trianon. Paris, A. Belin, Lachapelle.


IN

IRODUC riON

Anges. C'est un engagement; aussi

et les est-il

Travaille à nos vignettes.

«

:

refrain de la préface

le

»

Pour une raison qu'on ignore, Joseph Thierry ne pas à de

vœux; un

tels

fâcheuse situation des auteurs Les vignettes demandées n'ont pas prodigieux anachronisme par

été

faites

et

ce livre paraissait sans caux-fortes,

temps qui court, sans l'obligeance de M. L. Chep-

le

'.

d'autres publications, c'est le libraire que l'auteur supplie

Dans

d'orner son livre d'une vignette à la mode.

de

Un

~

M. Dumont qui ne veut pas

Ah mon pauvre ami

qui dessinait

bien les folies du Roi de

si

ma

bien imprimé

on

si

!

en

demi ruiné déjà par par

l'auteur

trop

de

me

faire faire

Bohême? Mon

Mon

le

ne se

Tony Johannot

dessin d'une jolie femme,

contemporain

les frais qu'avait

pouvait

qui

livre

les

Tony Johannot!

un

croit

mais pour

cher Delangle, vous qui m'avez

Delangle

,

remettre

à

était

à

la

publication du

et

ce

n'était

la

barque

entraînés

fantasque de Charles Nodier,

Louisa

le texte,

des vignettes!

Louisa, qui eûtes l'esprit d'y ajouter

grâces vous soient rendues à vous et à

livre

sous Louis-

Delangle, où êtes-vous avec votre

!

Hélas

supplique

la

Un Bal

Ci

une romance s'achètent aujourd'hui, non pour

livre et

vendra pas.

préface

sa

Écoutez

:

vignettes; et

si

dans

Regnier-Destourbet,

Philippe

connaître la

fait

:

que nous remercions de tout cœur

deville,

du volume

avis à la fin

rendit

se

flot

pas

de

l'éditeur^.

1.

Qu'était-ce

pas son

nom

que Chepdeville

r

Un

obligeant.

Edouard Thierry

le dit.

On

ne retrouve

dans d'autres publications romantiques; pour combler cette lacune,

quelques mots de l'eau-forte

faite

pour

le

je

dirai

Vicomte de Montynery, une des nouvelles du recueil

homme de cour, en costume Louis XV, qui semble fort vue d'une jeune dame pâmée dans un fauteuil. Cette vignette manque de ragoût romantique; elle explique la disparition de M. Chepdeville, un nom que je ne serais pas étonné

Sous

les

irrité à

rideaux. Elle représente un

la

de retrouver sur l'enseigne d'un négociant de 2.

Publié sous

;>.

«

l.e

le

libraire

pseudonyme de

la

rue des Bourdonnais.

l'abbé Tibergc, Paris,

Dumont,

Delangle, dit M. Charles Rabou, était

ce

que

i83i, 2 vol. in-12. l'on

appelle

un éditeur


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

C'étaient surtout

romanciers de province que tracassaient

les

ces magiques vignettes auxquelles

Dans

livres.

cet

ordre,

Vieille

une

précédent

Rue du Temple œuvre,

nouvelle

Pénitent

le

'.

de son

titre

la

avec

reparaissait

roman

Ce

Cassa-

Meurtre de

du

l'auteur

«

Edouard Cassagnaux

».

succès des

le

mode du temps, du

la

s'intitulait

et

attribuaient

pour type Edouard

choisirai

je

gnaux, qui se parait, suivant

roman

ils

orné de

était

deux vignettes sur chine. Tune du médiocre dessinateur Tellier, l'autre

de Levasseur, d'un romantisme se ressentant de l'influence

du peintre Gigoux

mais Cassagnaux lui-même, par Tadmiration

;

porte aux maîtres, semble reconnaître que les deux artistes,

qu'il

ses collaborateurs, ne sont pas les véritables faiseurs de vignettes qu'il ambitionnait.

Oh!

s'écrie

Cassagnaux dans

nombre de physiologies

;

préface du Pénitent^ puisqu'on a

la

même

nous

d'une belle introduction,

la créera,

et

artiste. le

Ami

et

et

publiera et nous

la

un

recueil périodique

elle-

il

s'était

tente

je

appelé

le

de

Petit

faire.

Poucet,

passionné pour une espèce de rébus sur

du roi de

la Porte-Saint-Martin, les

compté

et

qui

séduit par son

l'avait

gens de

de l'illustration; Harel,

lui les

avait

donné

douleurs d'une

lettres serraient le

Amiens, Boudon-Caron.

:

vente qui fut lente et laborieuse,

cordialement

directeur de ce théâtre,

un humble

fille

la

titre

maison. Quelques mois plus tard, en passant au contrôle

et

douloureux

la

main de

cette victime

un autre oseur qui

de

périt aussi

abri, o (Préface de la 2» édition

de

de joie, par l'abbé Tiberge. Paris, Librairie centrale, i865.

In-i8.) I.

ornée

livre, vrai

la vignette et

Louisa ou

l'offrira,

l'Histoire

avait trop

l'excellent Delangle dut liquider sa

à la peine,

la

est l'écrivain

de ses sept châteaux. L'énorme dépense exigée pour l'impression de ce

il

chef-d'œuvre de typographie, n'ayant pas été couverte par

de

Quel

?

?

admirateur de Charles Nodier,

succès duquel

Bohême

qui

de cinquante ans après, ce que

existait alors

Il

bon

de vignettes sur papier de Chine de Johannot ou de

noires gravures par Célestin Nanteuil

C'est, près

si

physiologie des passions, la physiologie du mariage,

la

physiologie de la poire, qui nous fera la physiologie de la préface spirituel, le hardi génie qui

déjà

fait

Paris, Audin, i8;i3,

i

vol. in-8".


INTRODUCTION

minime format.

VU son

nMe de

publication au tard.

Le

taisies,

et

il

L'cdilcur

préludait par cette

romantique,

libraire

texte du Petit Poucet,

était

Souverain

développa plus

qu'il

comprenant des contes

en outre consacré à

la critique

et

des fan-

des romans nouveaux,

en donnait une idée plus précise encore en reproduisant

meilleurs

des ouvrages

bois

les

nouveaux.

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT pour

Par

la

description

la

Coucctratcha

suivante

d'Eugùne

du

Sue

(

iS32

frontispice

).

de la Coucaratcha

d'Eugène Sue, on verra l'importance attachée à

Cette vignette, qui est des bons faiseurs,

chose d'admirable, pose

1

c'est le buste

de

la

Tony Johannot

jeune

fille.

et

la

Thompson,

!

Et Crao

le

:

a quelque-

Quelle molle langueur dans cette

quel abandon dans cette étreinte! quels traits délicats et

dans ce long baiser

gravure

bossu, avec quel rire satanique

fins il

sont en contact

montre au sombre 2


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

,0

Marcel

le

couple qui se croit sans témoins! Marcel a

geste présage et

Mais

deviner

fait

dans

c'est

la

main sur son poignard: ce

la

catastrophe ^

Revue romantique,

la véritable

l'Artiste,

qu'il

convient de chercher des détails pour compléter cette étude.

Divers autres recueils, la Revue de Paris, le ,

recueil Bagatelle,

le

Ménestrel, reproduisaient également les vignettes des romans et

poèmes à

des

mode

la

de

;

images

ces

,

imprimées

à

ainsi

nombreux exemplaires, découlait un enseignement pour

les

de

yeux,

invite à lire des récits passionnés, traversés par des poignards,

une

par des éclairs, au milieu

illuminés

desquels

traînaient

se

des

héros pantelants et des héroïnes meurtries.

Cependant tous

les écrivains

de cette époque ne se laissèrent

pas influencer par l'appoint des vignettes.

On

ne voit pas Alfred de Musset parmi

cortège à Victor

de

partisans

qués

ont été

plus

comme

il

satellites

plus

nouvelle école,

la

donné des gages, batailles

Hugo; non

Mérimée et

Ces

trois

ou

moins profondément

ne

restait

de

place

second ordre,

de

n'est pas

les

frayaient,

— dans

Mon mon

si

que

du

dans vives

sceau le

romantique

;

marmais

que pour des

cénacle

personnalités,

les

natures

sentier qu'elles

le

étroit qu'il fût.

verre

n'est

pas grand,

disait

Musset,

mais

je

bois

verre.

Les mêlées bruyantes

et

tapageuses des défenseurs d'Hernam

répondaient

médiocrement

Mérimée.

préférait les études archéologiques sans phrases.

I.

vifs

les principales

écrivains sont pourtant

indépendantes préférèrent marcher seules dans se

un des

Sainte-Beuve, quoique ayant

se détache de l'armée, alors livrées.

forment

les jeunes qui

Il

Petit Poucet, i833.

à

l'esprit

sensé

et

sarcastique

de


INTRODUCTION

1

Sainte-Beuve sentit que l'école demanderait à son enthousiasme

de ne jamais

faiblir;

plus critique que créateur,

il

se

retira

sous

sa tente.

La vue de un

fait

me

leurs ouvrages

Tous

bien menu.

fait

rassembler ces écrivains par

trois publièrent leurs livres sans

cllr.5

f

adjonc-

tN,(<(ÀriT.;\)B:..

d'après une eau-foute inédite de célestin nanteuil pour

tion

de vignettes,

lo

Spechiclc ,ijns un fauteuil

et

pourtant

les

de Musset (|833),

d" Alfred

motifs

n'eussent pas

Alfred Johannot, d'un talent plus alangui que celui

Tony, eût prêté un concours Mérimée, habile dessinateur •actif

que

même

la

utile

et

pour

dont

le

le

de son frère

frontispice de

crayon

était

manqué.

Volupté.

presque aussi

plume, pouvait, à défaut d'un peintre, dessiner

certaines scènes de

la

Chronique de Charles IX,

et

lui-

que de


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

aux

sujets eussent fourni

ou

artistes

les

Poésies d'Alfred

scènes du Spectacle dans un fauteuil !

les

Musset caprice,

absolument

refusa

se

dédain,

à

honneur.

cet

trouvât

qui dessinait un peu,

propres crayonnages au-dessus de ceux des dessina-

ses

Quoi

de profession'.

commandé

à

Célestin

en

qu'il

l'éditeur

fût,

Renduel avait

Nanteuil trois eaux-fortes pour l'édition de

i833 du Spectacle dans un fauteuil. Les vignettes furent

par

dessinateur toujours

le

publication; peintre,

par

Était-ce

de ne pas ressembler aux poètes ses con-

désir

temporains? Je ne peux croire que Musset,

teurs

de Musset

qui

quelques en

prêt.

épreuves furent

hommage

fit

Musset

à

n'en

tirées

intimes,

ses

autorisa

seulement et

c'est

ce

livrées

pas la

pour

le

qui en

explique la rareté.

Ce

que

n'est pas

sinateur.

le texte ait

merveilleusement inspiré

Peut-être Célestin Nanteuil

le

des-

gêné par l'appréhension

fut-il

de ne pas plaire à un poète déjà blasé et qui se montrait volon-

dédaigneux de

tiers

Théophile Gautier,

tels

hommages. Avec Alexandre Dumas, avec

même

avec Victor Hugo, Célestin Nanteuil se

sentait plus à l'aise.

Ainsi Musset, Mérimée, Sainte-Beuve, par divers motifs qu'ils n'ont pas rendus publics, ne laissèrent pas la vignette s'introduire

dans

leurs

ouvrages.

Ils

préférèrent

se

présenter seuls en face

du public, sans ornements, ne craignant pas d'être comparés à des protestants

;

mais leur réserve ne

fut

pas imitée et

le culte

des images sembla redoubler d'autant.

I.

Les dessins, que

les

curieux ont pu voira l'exposition d'une vente des autographes de

Paul de Musset qui n'eut pas

lieu, sont

des indications, des souvenirs, des

des intentions plaisantes, mais de peu de valeur graphique.

notes

d'albums,


Dessin de

Tony Johannot, gravure de

Porrct.



mmmmm w

CHAPITRE PREMIER AVANT-GARDE DU ROMANTISME

De

la

de

fin

Restauration

la

adaptée à

la la

Révolution à vignette

romans

plupart des

la

fut

de cabinet de lecture. C'était une habitude en librairie que de pré-

tome d'un ouvrage

senter chaque

tcte «

image

une

avec ;

mais,

sensibles

manuscrits torrent

«,

graveurs, libraires

soit »

«

ou

quelconque

que

les

sujets

farouches,

.1

les

trouvés au bord d'un

n'inspirassent soit

fissent

plutôt

pas les

que

les

de fortes écono-

à»ê>mm^Mx<^^?ié^i^^hM^iË3^MxÉM^ ••iVi

en

/n>^


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i6

mies sur ces

«

tailles-douces

»,

partaient

elles

de

burins

fort

ordinaires.

C'est ainsi que nous voyons les premières

œuvres de Charles

Nodier se présenter à nous, avec adjonction de petites gravures à

la

plates

manière noire, ne répondant en rien au texte d'un

des précurseurs du romantisme

A

et

'.

époque apparaissait M""" Desbordes- Valmore avec ses

cette

premières poésies.

Ne

serait-on pas bien d'accord sur le

mélange

des sentiments vrais et du ton factice de certaines pièces de ce recueil

que

les

graveurs, par leur manière, fixeraient

la

véritable

les

premiers

date de ces poèmes. Esprit

combats

délicat,

d'une

mais

vie

âme

surtout

gémissements poétiques quelques romances

?es

souffreteux

d'un

mêlait ton

à

moins

:

Avec

ta

gcnte mie.

vas-tu,

troubadour?

— Je vais à

ma

patrie

.Demander un beau

Ainsi fait-elle parler M'"'=

par

Desbordes-Valmore

M"""

difficile.

blessée

«

jour.

Troubadour en voyage"

le

Desbordes-Valmore

n'abusa

pas

des

».

pastourelles,

de

la lyre et

autres éléments chers aux versificateurs de son temps;

cependant

Je

tiré

note dans ses premières poésies

de l'Écho, qui a sa marque

En

1.

Voir

les éditions

!

troubadour

préludant sur sa harpe sonore.

originales

Sal^bourg (i8o3), Jean Sbogar 2.

le

morceau suivant,

:

Tout pour l'amour Chante

le

des romans de Nodier

:

les

Proscrits (1802),

(1820), etc.

Desbordes-Valmore, Élégies

et

Romances. Paris, 1818. In-12.

le

Peintre de


AVANT-GARDE DU ROMANTISME

Les dessinateurs Chasselat

et

Desenne,

qui

'7

avaient au

bout

des doigts des châtelaines, des chapelles, profitèrent de ces accessoires

d'un

pour orner goût

le recueil

de M""' Desbordes -Valmore d'estampes

troubadour qui

pourrait

tromper sur

la

qualité des

œuvres d'une femme remarquable.

LE

TROUBADOUR.

Fac-similé d'un dessin inédit (vers 1820).

Nous avons dédaigneu.x.

fait

N'est-il

depuis

du

mot troubadour un

quaHficatif

pas une des premières marches de l'escalier

des donjons romantiques?

Un roman et la

de

Bergerette,

la

bonne époque, qui a pour

n'est

guère plus singulier que

oisel

la

de mots à terminaison en

kyrielle

le

el

Damoisel

bourrel (pour

mantel (pour manteau),

bourreau),

(pour oiseau),

titre le

et

toute

que devaient employer


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i8

avec tant de complaisance, à quelques années de ciers de

On

roman-

les

là,

i83o.

changement

d'habits,

guère de différence

moyen âge

d'un certain

possession

prit

ne

fais

entre le costume d'un Perrinet Lcclerc,

tel

un renouvellement d'accessoires,

que l'entrevoyaient Lockroy ou Bocage,

et le

et je

tombeau d'Héloïse

presque de toutes pièces sous

fabriqué

et d'Abélard,

ce n'était qu'un

;

Restau-

la

ration.

Sans doute on avait abusé du justaucorps abricot à crevés, des toques crénelées surmontées de panaches languissants, ainsi que des épées à poignée en croix des

armures de i83o, la reconstitution

des

«

castels »

Que tectural

les «

Chroniques

»

»

mais

;

la ferraille

interprétées Dieu sait

des

comme,

de burgs ruinés ne sont-ils pas proches parents

de l'époque précédente?

voudra avoir une idée bien nette du goût archi-

celui qui

romantique recherche dans Paris une maison, sans doute

bâtie

par Robelin. Au-dessus de

relief

deux bustes d'homme

au ciseau

deaux sur

Moine

d'Antonin

Buridan, la

dame

les

appartiennent et les

preux

«

frises

est coiffée

tempes, à

l'homme à

la

porte

une coiffure à

riche

d'alors;

commun

Ces sculptures

front.

mais

Renaissance sont recouverts

ton poussiéreux qui n'a rien de

la

Ferronnière, cheveux en ban-

rang de perles au

une maison

dites

de femme dus vraisemblablement

et ;

porte se détachent en haut-

la

les

médaillons

aujourd'hui d'un

avec l'austère glacis du

temps protégeant l'architecture du passé. Pourquoi les

ornements qui

bré

?

A

quoi

de

la pierre

tient

la

i83o ne veut-elle pas

Pourquoi

recouvrent semblent-ils du carton-pâte déla-

le

démodé

subit

qui

empêche de

ces plâtras qui eurent leur heure de triomphe? paraît avoir

vieillir?

répondu triomphalement

le

A

recueillir

ces questions

poète Siméon

me

Chaumier


AVANT-GARDK DU ROMANTISME

succéderont au

qui, parlant des siècles qui

à propos des arts décoratifs de son temps'

xix*^,

s'exprimait ainsi

:

Jetant un crêpe noir sur notre faux trésor,

broîront sans rancœur nos colifichets d'or,

Ils

Tentures de papier, pâtes

Ornements

Que

la

fatras qui luit

Et nous! Nous

cartonnages,

en moule, affreux badigeonnages

faits

gouge réprouve

Tout ce

et

les

et

que renonce

l'art.

sera mis au rancart.

témoins de tant de rapsodies,

Nous, zélateurs fervents des bonnes prosodies,

Comment,

Ne

dès aujourd'hui, blessés de tant d'écarts,

pas traiter tous ces artisans de bâtards?

Pour en revenir aux

livres,

après les pères d'un romantisme

encore timide devait surgir Victor Hugo, dont les poésies et les

romans appelaient

crayon de Devéria. Quoique dénaturées et

le

embourgeoisées par

le

burin des graveurs sur acier, ces œuvres

un historique de

doivent compter dans

A

la suite

poétiques

de

M'"°

Chasles, la

des

l'illustration

livres.

de Victor Hugo, de 1824 à 1827, paraissent les Essais de

Delphine Gay, ornés

Amable Tastu, les

satires

Peyronéide ,

la

le

de lithographies,

poème de

que

Fiancée de

Philarète

de Barthélémy et de Méry,

héroï-comiques

Villéliade,

la

Poésies

les

je

d'analogie avec les œuvres ci-dessus,

à

groupe malgré cause de

la

leur

peu

part d'orne-

mentation que prit à toutes Devéria. Je voudrais déblayer

pendant laquelle

la

le

terrain avant d'arriver

librairie

I.

dues à deux

1828,

année

planta résolument le drapeau d'une

nouvelle illustration; mais n'est-il pas utile curiosités

à

hommes

Siméon Chaumicr. Les Dithyrambes.

de citer

encore des

qui se cherchaient et dont on ne Paris,

Le

Gallois, 1840. In-8".


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

20

pouvait prévoir l'avenir, c'est-à-dire

dithyrambe de Canaris par

le

Alexandre Dumas, orné du portrait du héros grec, puis Balzac se débattant contre la vignette à la et le

la

forme à laquelle

la

me

rivière

j'arrive

et

:

« Il

y a de

la

mort dans

le

lecteur

de cette nomenclature

à deux personnages

de transition,

paraissent avoir cherché un gué propice pour traverser la

où se mêle un double courant classique

veux parler de Baour-Lormian trants jusqu'à

trop

de rudes combats

»

de cabinet de lecture, qui

sombre légende

pour ne pas fatiguer

iMais,

livre

manière noire d'un certain Choquet pour Annette

Criminel, avec

notre union.

il

s'ils

et

et

romantique;

d'Edouard d'Anglemont,

je

récalci-

un certain point aux tentatives nouvelles, ne sachant

appartiennent à l'avant ou à l'arrière-garde, bien décidés

toutefois à ne pas mouiller les cordes

impétueux

de leur lyre dans un courant

et trouble.

Vignellc du l'Ancien Ilourbannjis

{lH'.^J).


CHAPITRE

II

LÉGENDES, BALLADES ET FABLIAUX

Les romantiques devaient

Baour-Lormian.

aux dépens de

s'égayer plus tard

Baour qui forme avec

une assonance

giaoïir

somptueuse, Lormian rapproché d'Ossian qui commande une sorte

de rime non moins riche, auraient dû poète de Toulouse,

le

lauréat

celui qui fut peut-être

les

davantage

I.A

TOMBE.

Légendes, Ballades

cl

de l'Académie; mais

Fabliaux

la

(iSîf)).

jeunesse est médio-

crement respectueuse. Aux environs de i83o, Baour-Lormian regardé

comme une

le

souvent décoré aux Jeux floraux,

si

LE FIANCE DE Vignette de Deviiria pour

faire respecter

fut

des perruques les plus considérablement clas-

siques de l'époque, et sur cette perruque

monumentale

les

Jeune-

France s'essayaient à grands coups de poing.

Sans doute

le

poète avait eu

le

tort

de faire jouer une tra-

gédie intitulée Omasis ; mais qui avait assisté à qui avait

étudié

l'œuvre à

la

lecture

la

représentation,

avec l'attention

que com-


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

22

mande un

Personne parmi

laborieux travail?

si

jugeaient la conception du poète par

ils

injustes.

Baour

le croyai.ent

dont

:

n'était

pas

le titre

adversaires

les

se montrèrent

ils

;

:

éloigné des romantiques que ceux-ci

si

on en a une preuve par sa conception de l'Atlantide,

le sous-titre le

Géant de

la

Montagne

bleue montre une cer-

taine tendance pour les préoccupations fantastiques d'alors.

Aussi bien

Baour-Lormian

recherchons attentivement

qui

expliqué à

s'est

les origines

échappons aux misères des querelles archaïque, ne devons-nous

S'adressant aux

pas étudier avec soin

poètes de

qui

poétique de

la

sang nouveau qui

nouvelle école,

la

les

Baour-Lormian

Qu'aiment tant

De

tout

le

C'est être

De

ces

».

dangereux

Un

les

moyen

les

hiboux âge

clochers en débris

et les

exhumez

accommodant. Mais

chauves-souris. les

annales;

plus de saturnales!

thèmes qu'indique Baour se dégage une tentative de

conciliation. Oui,

modant

les ermites,

nûcromans aux formes décrépites.

Les cachots souterrains,

Baour-Lormian eut raison de

Malheureusement qu'il devait

lettré

il

avait poussé

trouver de l'écho

:

«

un

se dire cri

«

accom-

d'autant plus

Plus de saturnales!

»

contemporain de Baour, M. de Pongerville, qu'on

également avoir

de l'Académie, commentant

le

d'alarme du poète son ami, écrivait peu de temps avant

la

révolution de Juillet la

et

:

Même

cri

nous

époque déjà

littéraires d'une

Je veux bien vous passer encore

croit

et

sages conseils du poète?

était infusé, les

disait

sujet

du romantisme

l'auteur des Légendes, Ballades et Fabliaux^ le

y

ce

démagogie

:

fait

«

littéraire

On

partie

touchait à cet interrègne des arts où

outrageait,

renversait

toutes

les

gloires


LEGENDES, BALLADES ET FABLIAUX

passées et proscrivait maîtres.

mauvais goût

romantiques

se retira sous sa tente «

dont

»,

d'imagination,

qui

parle

poète

le

et

son

pouvait

suivaient

Légendes, Ballades

pas une note dans

prêter

son

11

la terreur

eut

tort.

du

Plein

concours à certains

une voie parallèle à

le

le

pendant

biographe.

Fabliaux^ publiés en

y avait alors dans

11

qui tentait de suivre les traces des

»

Baour-Lormian

sont-ils

le talent

a3

Les

sienne.

la

1829 par Baour',

grand concert contemporain

ne

?

marché du Temple une boutique

spé-

LA PREMIERE ABBAYE, LEGENDE DU V" SIECLE. Vigaettc de Devcria pour

les

Légendes, Uallades

et

Fabliaux (1829).

cialement consacrée à la vente d'accessoires mis à la novateurs. Baour-Lormian

des

pour de

des

sorciers et les

la

naïf

mode par

les

osa en franchir le seuil et en rapporta

loups-garous,

ainsi

qu'une grotte infernale

y loger; après avoir marchandé longuement deux fiancés

mort,

il

trouva dans un coin des fabliaux dans

et s'entendit

avec

le

fripier qui lui

le

genre

céda à bon compte un

lot

de squelettes pour animer ces fabliaux.

On I.

a

prétendu qu'en sortant de

Paris, Delangle frères, 1829. 2 vol. in-i-2.

la

boutique Baour-Lormian


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

24

scn revint triomphant

et

qu'il

défia

de trouver un matériel poétique venait de se procurer. la

voiture

;

le

marché au poète,

baron Taylor lui-même

ce

Mais Baour-Lormian

Un

d'Islande

celui

tête

de mort, donne

du

eût obtenu l'assentiment

dramaturge eût aperçu

n'avait

qu'il

des revenants emplissaient

et

vitres

visible à travers les

macabre du squelette,

de sa tâche.

si

il

Han

complet que

quant à VHermite du Val-Noir à

par -dessus

facile

plus

Des fantômes

de

Tauteur

accompli que

collaborateur essentiel

la lui

du

rictus

le

fiacre.

partie

plus

la

manquait pour

LA JEUNE FEE. Vignette de Devcria pour

les

Légendes, Ballades

et

Fabliaux (1829).

donner quelque éclat aux divers morceaux de son

un dessinateur en

alors sans

livre

possible

vue,

Achille Devéria,

qui

faiseurs de vignettes, était seul de

l'auteur eût

fait

tenait

alors

recueil.

renom.

Le

Pas de plus

en

en maître le crayon des

un romantique échevelé à qui

nom

le

pousser des cris de réprobation. Grâce

sans doute à l'entremise de l'éditeur, une transaction eut lieu par laquelle l'artiste s'engageait à livrer les vignettes romantiques les

plus caractéristiques qui se pussent voir, à la condition de ne pas les signer. Ainsi

desquels

se

parut

mêlaient

le

à

la

livre fois

orné de dessins dans des

la

facture

ressouvenirs byroniens

,

de


LEGENDES, BALLADES ET FABLIAUX

a5

Barbe-Bleue avec une certaine nuance troubadour pour en adoucir la férocité.

Ce qu'en pensèrent parut-il piquant qu'un

les classiques,

homme

on l'ignore.

Peut-être

leur

de leur bord s'emparât des armes de

leurs adversaires pour jeter le trouble dans le

camp ennemi.

Il

est

certain que pour nous, déjà éloignés de la mêlée, Baour-Lormian,

déguisé

Tolède

en et

romantique,

tenant

en

main .une bonne dague de

de l'autre une coupe de poison,

est

invraisemblable.

C'est ce qui explique pourquoi les Légendes, Ballades et Fabliaux

ont été omis par les nécrologues de l'ancienne

Une

telle

sur un

«

nouvelle école

».

omission doit être réparée aujourd'hui et j'estime que

rayon d'une véritable

bibliothèque

volumes doivent trouver une bonne place.

Vigncllc de l'aul Hu«t (|834).

romantique ces deux


CHAPITRE

III

TYPE d'Écrivain bilieux

Ils

sont

condamnés d'avance par

mesurés

tique ou en littérature,

les

Latins désignaient sous

la qualification

ratum. Le public est ainsi il

en veut suivre

esprits

fait

et

prudents que

les

de temperamentujn tempe-

qu'un acte audacieux se produisant,

développement

le

révolutionnaires en poli-

les

tout

entier,

quelles

qu'en

soient les conséquences.

IRMA.

FABLIAU.

Vignette de Devéria pour les Légendes, Ballades et Fabliaux (1829).

Plus de saturnales! douter

qu'il allait

s'écriait

l'honnête

contre la curiosité

de

Baour-Lormian, sans se la

jamais les saturnales assez échevelées; aussi,

que

le

rideau fût baissé avant la

fin

foule,

qui

ne trouve

pour avoir demandé

du drame, Baour

fut-il traité

en Cassandre.

Le

romantisme,

que

la

génération

actuelle

personnifie

par

Victor Hugo, pour fixer une date par un

homme, un homme par

une date, remonte à quinze ans plus haut.

Si sa pleine efflorescence


TYPE

D

KCRIVAIN BlLiKUX

se produit entre i83o et 1840,

furent

^1'""=

hommes

véritables parrain et marraine

les

de Staël et Chateaubriand. Également quelques-uns des qui prêtèrent un certain concours à l'établis-

politiques

sement de

la

République actuelle furent des romantiques d'avantle

coup de poing aux

dramatiques de leur époque,

mais des gens du

garde, non pas à gilets rouges et faisant représentations

monde fréquentant et

27

les salons

ne voulant avoir rien de

de

nouvelle aristocratie bourgeoise

la

commun

avec

Jeune-France quelque

les

peu rapins. Ces hommes nouveaux se rattachaient presque tous au Globe, organe doctrinaire et très en crédit, qui devait en faire des

hommes

d'État après

Mérimée,

les

les

la

chute de

la

Restauration. Les Rémusat,

Sainte-Beuve, les Villemain, les Cousin, les Vitet,

furent les têtes principales de cette Gironde du romantisme.

que quelques-uns considéraient plutôt

cultivaient les lettres,

un moyen que comme un

nouvelle génération artistique,

lisait

dans

les

salons un

drame

le

Charles

jeune

relatif à

Constitutionnel pour

le

Dût Charles Rémusat, avec son drame D'un succès colossal

me

les

la

en

compagnie

de

de dépit

:

'.

sourd et ouate,

bourgeoisie à accepter

de bien autres audaces à quelques années de

Baour-Lormian,

Baour-

hoiV,

ravir tout l'espoir...

hautes classes de

et

s'écriait

a là une première couche de romantisme

mais qui préparait

Rémusat

de

l'Amérique,

Lormian, déjà inquiet de cette gloire naissante,

On

comme

but.

Pendant que M. Thiers combattait dans la

Tous

là.

MM.

Jay,

de

Jouy,

Etienne, etc., put lancer divers mémoires à la tête de ses adverI.

«Tout

le

monde, ajoute Baour-Lonnian, connaît ou

doit

connaître une tragédie en

prose nègre, composée par M. Rémusat, et lue par lui dans plusieurs salons... plus de détails sur ce drame,

la

Correspondance d'Ampère.

»

Voir, pour


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

28

saires'; le public ne s'en inquiéta pas.

La cause

était

entendue

et

jugée d'avance. Je ne veux pas entrer dans plus lièrement

noter,

à

parmi

les

de détails;

tiens

je

gens broyés par

particu-

de

chariot

le

la

nouvelle école pour avoir voulu mettre des bâtons dans ses roues,

quelques figures effacées.

A

côté de

dernières

ces

ont à peine

Baour-Lormian

présente un poète,

se

Edouard d'Anglemont, à qui

années,

journaux

les

l'aumône de deux lignes de Faits divers. Celui-là,

fait

type plus marqué de réactionnaire littéraire, eut

quer à

mort dans

de s'atta-

le tort

Montagne. La Montagne, pour se venger, l'enveloppa

la

de son ombre. existe

Il

avec esprit tique.

Le

petit

la

manière des principaux poètes de l'époque roman-

il

manque

vaniteux,

confrères,

volume,

la

Physiologie du poète

^,

qui parodie

lyrique, l'échevelé, l'olympien, l'élégiaque, l'humanitaire

y figurent; poète

un

à

cette

qui,

aigri,

met en lumière

le

amusante galerie de portraits

mécontent de son

lot,

gendarme

lettres,

que

lui

seul,

ses

défaut de leur cuirasse, proscrit toute

ornementation qui ne porte pas sa marque de fabrique entrevoir

le

l'esprit

chagrin,

suffit

à la

et

laisse

gloire

des

en France et à l'étranger.

Edouard d'Anglemont appartint, pour son malheur, fâcheuse race irritable, déblatérante, dont la bile

mouvement

fait

à cette

sans cesse en

paraître jaunâtre ce qui est clair, terne ce qui est

resplendissant.

L'homme,

à

qui

avait débuté jeune au 1.

même 2.

ni

la

fortune

bon moment;

ni

son

loisir

le

premier volume d'Odes,

Baour-Lormian, Encore un mot, seconde satire pour faire suite à auteur,

le

M.

la

première satire du

classique et le romantique. Ambroisi; Dupont, 18-27.

Sylvius, Physiologie du poète. Illustrations de Daumier.

est attribué à

ne manquaient,

Edmond

Texier.

J.

Laisné, 1841. In-i8. Ce volume


TYPE D ÉCRIVAIN BILIEUX

sur lequel

par

soit

reviendrai

je

orgueil,

tout

par

soit

d'Anglemont ne paraît pas de son temps; françaises

',

en donne

il

se plaint

il

des lettres sont prises L'histoire de cet ils

la raison

dans

que toutes

1825.

aux groupes militants la

préface des Légendes

de

les places

la

république

on

osait l'écrire

:

serait très intéressante, si

:

«

Et moi aussi,

Suit une grêle de critiques

poète!

je suis

amères dont

»

faut

il

moi! N'y touchez pas!

C'est vrai

!

fantômes,

:

»

Et

les

:

Ceci est l'Orient!

«

mains

thuriféraires de battre des

et

L'Orient

de dire

:

»

Le chantre de les

Hugo

d'entre eux, peintre à touches larges et savantes, à luxe prodigieux de

couleurs, enlumine quelques pieds de toile et s'écrie

«

un

recueillir

grêlon plus gros que les autres, visant spécialement Victor

est à

;

ont pris tellement possession des moindres lagunes qu'il est

impossible de dire après eux

Le premier

Mais,

Edouard

systématique,

rattaché

s'être

de

date

,

éloignement

accaparement poétique

romantiques]

[les

Theure

à

29

l'Orient

gnomes,

les

-s'est

encore réservé

le

champ de

les goules, les larves, les

l'horreur

salamandres,

;

il

s'est

approprié

les djinns, et enfin le

diable, tout classique qu'il est.

D'Anglemont a sans

vouloir

l'attirent.

commun

ceci de

l'avouer,

les

sentiers

avec Baour-Lormian, c'est que,

de

la

littérature

romantique

Ces fantômes, ces goules, ces djinns, ce diable qu'on y

rencontre semblent dépit

perce,

J'ai

parcouru

qui

les

lui

appartenir aussi bien qu'au maître

et ils

un secret

de l'emploi de ces motifs par un autre

résulte

campagnes,

paysan à des paysans

:

les

m'ont

châteaux ruinés,

fait,

les côtes

de

la

mer;

j'ai

:

parlé en

dans un langage rustique, des récits variés

:

les

plaisanteries du diable, les miracles et les méfaits des moines, les infortunes des jeunes filles, les

prodiges des sorciers, Richard sans Peur

et

Henri IV,

la

Normandie

et

la

Bretagne, rien n'y a manqué; toute une histoire en contes merveilleux et étranges,

mais qui risquent I.

d'être vrais; tout

Paris, L. Dureuil, 182(1. ln-8°.

un vieux poème gaulois, plein de naïveté

et

de


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

3o

bonnes terreurs vivre

:

;

voilà tous

un vieux manuscrit taché de

mes

une chronique

c'est

Ah

!

livres.

la

mer

jaune à force de ;

française...

dangereuses préfaces, dans lesquelles

et s'accuse

la ran-

Véritablement d'Anglemont se crut en butte

!

aux haines de ses confrères, quand sa vanité seule

A

et

n'y a rien de grec, rien d'oriental, rien de judaïque

Il

les préfaces, les

cune perce

l'eau de

présent, puisse la nouvelle pléiade se retirer de

place dans l'attention, laisser à

mes

mon

soleil,

traditions assez d'allure

pour

le faisait

me

faire

faire

buter

:

un peu de

un pas!

LA l'ARTIE D ÉCHECS DU DIABLE. Vignelte de

Il

Tony Johannot pour

et

Traditions surnaturelles de la Flandre (iS3i).

excessif

si

Paris,

mépriser

le

les

la

gent

littéraire

les

:

«

on en

Duc

d'Enghien, histoire-

Romieu,

Ceci est une préface. Lisez ceci;

préfaces.

Mame-Delaunay, i832.

;

romantiques contempo-

l'influence des scènes historiques de

vous trouverez en tète faut plus

dans

parmi

du poète d'Anglemont. Ouvrez

drame \ conçu sous

1.

Chroniques

existe bien des sortes d'orgueil

trouvera rarement un rains

les

ln-8".

»

Et avant que

la

toile

se

il

ne

lève


TYPE D'ECRIVAIN BILIEUX

VOUS voyez un

homme

et

de Sainte-Beuve

;

y avait autrefois une littérature en France!

Une

littérature, ce n'est pas les

de Rabelais, de Boccaco distillé

Ce

des pierres dans les pro-

jeter

du bibliophile Jacob

priétés de Balzac,

Il

occupé à

en poussière de mots

n'est pas

morts

et

non

de

Contes drolatiques, véritable combinaison chimique

la

comme

plus... J'allais

reine de Navarre; ce n'est point du

moyen âge

en pleut dans nos remouleurs de Walter Scott...

il

vous parler de Joseph Delorme

et autres...

Respect aux

!

A

en

est

donc notre pauvre

littérature?

en croire d'Anglemont, ce sont des reflets morbides que

projettent les lettres sur la société de i83o:

Si,

puisque aujourd'hui Totre littérature est sans couleur, fausse, exotique, votre

société est

donc nécessairement soumise à de funestes influences.

avez renversé

la règle

ans vous avez sapé qui vous reste

des trois unités

la

:

quel est

Il

y a trois ans vous

théâtre qui vous reste?

le

base essentielle des trois pouvoirs

:

quel est

le

Il

y a deux

gouvernement

?

Je ne cite pas sans but des morceaux de cette médiocrité ran-

cuneuse, fatigante dans ses plaintes

temps. D'Anglemont servira de

de

la lyre

par

les

trait

contre les

hommes de

son

d'union pour marquer l'emploi

poètes à l'époque où

il

débuta dans

les lettres.


CHAPITRE

IV

DE l'emploi de la LYRE

Les poètes du Directoire

quemment de

la lyre

comme accompagnement

premiers romantiques de

les

ques sons de l'instrument.

M"^ de

de l'Empire s'étaient servis fré-

et

A

la

Restauration tirèrent encore quel-

diverses reprises, Corinne, ou plutôt

Staël, est représentée sur le

et défiant les

cap Misène, tenant une lyre

éléments de s'opposer à son chant.

toute personne du sexe, inspirée, porte un

une

à leurs versifications;

A

cette époque,

turban sur

la

tête

et

lyre à la main.

Delphine Gay

faisait

seule

On remarque

exception.

de ses poésies' une lyre entrelacée à un fuseau; mais

en tète

M"'^

Gay,

qui à quelques années de là devait devenir M""" de Girardin, était

une femme les

preux

et

d'esprit les

:

pressentant

le

courant, elle laissa de côté

troubadours, passa à l'ennemi

premières à ouvrir son salon aux insurgés de et si elle

ne

tint

la

et

fut

une des

nouvelle école

;

pas précisément un fuseau dans les doigts, son

esprit resta féminin.

On

doit

compter Casimir Delavigne

comme un

des derniers

instrumentistes qui sut pincer de la lyre avec quelque habileté.

manqua

jeu la

flamme; mais

le

musicien apportait de

conscience dans l'exercice de son art, et c'était avec conviction

qu'il prenait

les

peut-être de

Son

en mains

Messéniennes dans

la lyre à

quatre cordes pour accompagner

les salons.

Les culs-de-lampe de ces temps poétiques représentent souvent I.

Essais poétiques, par M"" Delphine Gay. Paris, impr. Gaultier-Laguionie, 1824. In-8".


DE L'EMPLOI DE LA LYRE

une lyre sur

le

premier plan

de croix de pierre respectables

et ;

au fond

ou bien

le

profil

la lyre est

gazon au bord d'un torrent. Quelquefois seulement, quand

mon âme oppressée ma pensée,

Sent en rhythmes nombreux déborder

Au

souffle inspirateur

Ma

lyre

du

soir,

dans

les déserts.

abandonnée exhale encor des

vers.

33

de tombes

et

posée sur

le


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

34

La

lyre entre la chocolatière et la tasse destinée à contenir la

décoction de cacao

Une

pareille profanation se peut à peine décrire.

matin

levé

!

cela

:

se

voit

à

sa

robe de chambre,

roulée négligemment autour du cou,

de

ménage

a

balayé

cet

s'est

à

sa cravate

à ses pantoufles.

La femme

bourgeois.

intérieur

Le poète

D'Anglemont va

puiser ses inspirations dans une tasse de chocolat. Quitte

la lyre,

ô

ma Muse

se serait écrié, à la vue d'un pareil

!

spectacle,

un pindarique du

Directoire. Il

fut bien

coupable,

l'auteur

des

Odes,

noble instrument. D'Anglemont avait gâté colat

:

les

Jeune-France de

ment au grenier

i83o

la

de ravaler ainsi un lyre avec

reléguèrent

le

son cho-

noble instru-


CHAPITRE V THEATRE DE l'ÉPOQUE

I.E

AL'TEUR

semble

Il

articles,

;

CHARLES NODIER,

polygraphe fécond,

et la

DRAMATIQUE

peu à apprendre à

ait

y

Nodier

sur Charles

nombreux

qu'il

!

la

génération actuelle

a fourni le

il

thème de

critique a étudié tour à tour le natura-

CHARLES NODIER. Vignette de

liste,

le

Tony Johannot pour VHistoirc du Roi de Bohême

poète, le linguiste, le

romancier,

et

de ses sept châteaux li83ol.

le

moraliste, l'écrivain

à tout faire de la librairie, le journaliste, le bibliographe, riste, le

bibliothécaire,

l'académicien, celui que les

Thumo-

caricaturistes

nous représentent lisant sans cesse, feuilletant toujours, assis sur

une

pile d'in-folio.

On

l'appelait

bon Ducis

»,

«

le

«le bon Nodier», de

bon Andrieux

»

;

mais

même « ils

qu'on étaient

disait

«le

tous bons


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

36

à cette époque », qui

nier,

a

fait

Henry Mon-

spirituellement remarquer cette a bonté

n'admettait qu'avec réserve

entre

»

écri-

vains.

Un homme

qui débute en 1798 par une Dissertation sur l'usage

des antennes dans

insectes^ qui

les

donne de nouveaux gages aux

sciences naturelles par la publication d'une Bibliographie entotno-

logique (1801), et qui change tout à coup de public

le

souffrant

en livrant au

voie

Peintre de Sal{bourg, journal des émotions d'un cœur (i8o3),

ajoute à son

déjà

est

bagage

quelque

peu

surtout

inquiétant,

s'il

Essais d'un jeune barde, pour les faire

les

suivre des Questions de littérature légale (1802).

Je ne voudrais pas

faire

de catalogue

encore

;

faut-il

noter le

volume des Pensées de Shakespeare, imprimé en 1801 à Besançon, le

Jean Sbogar, publié en 1820,

la

d'après le Révérend Père Mathurin.

mais voué au roman, à avec

le

la poésie,

traduction de Bertram (1821),

On

croit

au théâtre,

que Nodier

en 1820, avec ses amis Taylor et Cailleux, des Voyages pittoresques

Mêlé aux

luttes

et

qui apparaît

le voilà

Dictionnaire des onomatopées françaises ; puis la

est désor-

il

entreprend

lourde publication

romantiques dans l'ancienne France.

du journalisme, Nodier trouve encore

le

temps

d'étudier l'Éloquence révolutionnaire, qui est la trame du Dernier

Banquet des Girondins se

glisse le livre

(i833), et

au milieu de ces diverses études

humoristique du Roi

de

Bohême

et

de ses sept

châteaux. C'est là, moins la c'est-à-dire

flamme

et le génie,

un cerveau à

un cerveau d'écrivain besoigneux

intellectuelles

multiples,

qui

la

Diderot,

servi par des facultés

enrichissent rarement

leurs posses-

seurs. Si de semblables études ne sont pas faites à coups de ciseaux, si

la

pensée a cherché son moule,

forme pas

le

fond de ces

livres,

si

une déplorable facilité ne

que de

lectures

diverses,

de


LK THÉÂTRE DK L'ÉPOQUE

CHARLES NODIER

:

S;

méditations, de volte-face et de soubresauts intérieurs pour passer

d'un sujet à un autre, et combien polygraphie, préfère

même

suivent la

Dans

par leurs pairs présidé à une

;

médiocres qui, toute leur

écrivains

route plane, sans cahots et sans secousses d'idées, de

ordre

cet

les

ceux-là seuls

se

!

rendent compte du labeur qui a

de travaux

l'œuvre de

aussi

;

donnerait

étudiée dans ses diverses parties,

fois

vie,

ne sont appréciés que

êtres

tels

pareille multiplicité

Nodier, maintes

dérouté par cette

public,

le

aujourd'hui une idée quasi complète de l'écrivain,

si

son théâtre

n'avait pas été passé sous silence.

pourtant dans l'œuvre dramatique de Nodier que sort

C'est

des limbes soit

jeté

le

le

gnome du romantisme. Quelque timidement que

gant, la préface

de Bertram

compter dans

doit

'

la

série des importants manifestes qui devaient suivre.

Sans analyser ce

«

Bertram exalté par

de l'assassinat, cruel envers tous fer »

touchée par

relater «

On

la

est

«

la

déclaration

les

crime,

le

hommes

»,

douce voix d'une femme des

droits

tombé depuis peu,

des

penseurs

orgueilleux

cette »,

âme de

«

encore

faite

en

faut-il

1821

:

disaient les traducteurs du Bertram,

dans une grossière erreur en rapportant arbitrairement au genre

romantique toutes désavouées.

les

productions que

le

genre classique aurait

»

Le drame,

d'ailleurs,

se glissèrent sur la scène

ne fut pas joué, et ,

c'étaient de

si

d'autres

Bertram

piteuses interprétations du

héros de Mathurin, dues à des faiseurs. 11

et qui

I.

quelques pièces que Charles Nodier ne voulut pas signer

constitueraient

un volume curieux,

je

parle du

mélodrame

Bertram ouïe château de Saint-Aldobrand, tragédie en cinq actes, traduite librement de du Révérend Père Mathurin, par MM. Taylor et Ch. Nodier. Paris, Gide, Ladvocat, 1821.

l'anglais In-8".

est


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

38

le

Monstre

et le

Magicien^,

et particulièrement

du Vampire-, qui

précéda cette hardie conception dramatique.

Pourquoi se priver du

plaisir d'analyser le

Vampire,

plaisir qui

vraisemblablement sera partagé par mes lecteurs? C'est une composition

hors

ligne

marque

qui

l'heure

de l'horloge dramatique

TRAITRE DE MELODRAME, d'après une gravure du temps

de 1820. Tout d'abord,

il

(vers

1824).

convient de remarquer que les auteurs

de cette fantastique affabulation s'étaient retranchés derrière

l'ano-

nyme. Une prudence de Nodier, à en croire Alexandre Dumas.

La 1

.

direction du théâtre s'était mise en frais.

Le Monstre

et le

Magicien, mélodrame-féerie

à

grand spectacle, par

MM. Merle

et

Antony.

Paris, 1826. 2.

Le Vampire, mélodrame

en trois actes, avec un prologue, par

MM.

***. Paris, 1820.


LE THÉÂTRE DE L'EPOQUE

La musique

de

des auteurs.

Avant

une tempête

».

La

Piccini

de

la

lentement et

toile se levait

merveilles du décorateur,

l'ouverture a exprimé

«

nous ne pouvons admirer

des auteurs

dans une grotte basaltique, dont

se passe

terminent à angles inégaux vers

tombeaux de formes

»

de

J'admire l'astuce profonde

dans

pénétrer

emploie,

l'avait

s'il

Charles Nodier,

Pour

masses.

les

comme

mieux

se

pratiquée toute

citation d'un détail de

mise en scène

Sur une tombe, on voit une jeune tête

est

comprendre, langue des

la vie, la ;

on

désir de

sent par la

le

:

couchée

fille

appuyée sur un de ses

son

faire

célèbres faiseurs de mélodrames de son époque

sommeil. Sa

prismes se

longs

les

La scène

«

:

L'enceinte est semée de

ciel.

le

suffit

les

diverses, de colonnes, de pyramides, de cubes

d'un travail brut et grossier.

il

toile,

si

le texte

39

merveilleusement Tintention

réalisait

lever

le

CHARLES NODIER

:

et

plongée dans

bras, et recouverte de

le

plus profond

son voile et de ses

cheveux.

Le prologue ne

comporte que

trois

personnages

Ituriel,

:

l'ange de la Lune, représenté par M"*" Descottes; Oscar., le Génie

des mariages, que les

M. Moessard

jouait

«

dans

la perfection », disent

contemporains, et un Vampire, dont l'emploi était tenu

par

un certain M. Philippe. vêtu

Ituriel,

d'une longue robe blanche flottante, parle ainsi

au Génie des mariages

Que

vois-je

?

Est-ce

toi,

:

mon

cher Oscar,

ces lieux redoutables que je crains

lugubres de

la

nuit,

dont

l'astre

que

toi, le

moi-même je

génie protecteur des mariages, dans

d'éclairer

!...

Oui, de toutes les scènes

conduis sert à dissiper l'horreur,

point qui m'effraye autant que l'approche des grottes de Staffa.

rayons de

la

lune se brisent sur

la

neige éblouissante des

Quand

sommets de

il

les la

n'en est

premiers

Calédonie,


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

40

je

moi

frissonne malgré

je n'ai

l'aspect de

et

ces

tombeaux me

saisit

d'une horreur que

pu m'expliquer encore.

L'âme des spectateurs devait déjà de Tange de

— Serait-il

craintes

Lune.

la

vrai,

émue des

tressaillir,

demande

que d'horribles fantômes viennent quelquefois,

Ituriel,

sous l'apparence des droits de l'hymen, égorger une vierge timide et s'abreuver de son

sang?

— Ces

monstres s'appellent

Vampires, répond Oscar. Une puissance, dont

les

nous est pas permis de scruter

les

arrêts irrévocables, a permis

ne

il

que certaines âmes

funestes, vouées à des tourments que leurs crimes se sont attirés sur la terre, jouissent

de ce droit épouvantable qu'elles exercent de préférence sur le

berceau. Tantôt elles y descendent, formidables, avec

leur a

donnée;

tantôt, plus privilégiées parce

la

couche virginale

la figure

que leur carrière

hideuse que

la

faux Ruthwen, tente de faire

qui n'est autre que le

tomber dans

Je n'entreprendrai pas

composition suffisant

,

immédiatement à

On

la

que

tions la jeune Malvina,

paraît

mort

tombe

et

lumière des vivants sous l'aspect du corps qu'elles ont animé.

Ainsi est posé, dès le début, lord

tique

la

sur

est plus courte et leur

avenir plus effrayant, elles obtiennent de revêtir des formes perdues dans la

de reparaître à

et

Ruthwen, un faux

Vampire lui-même,

Dorval rendait

si

qui

intéressante.

Vampire, cette fantas-

de détailler

le

comme

œuvres du génie.

les

donné une idée du prologue

ayant

et

trappe de ses ténébreuses machina-

M'"'=

simple

un

lord,

,

Il

me

d'arriver

l'épilogue.

entend sonner une heure au timbre argentin d'une cloche

Le tam-tam

éloignée.

Toutes

les

tombes

la

répète d'écho en écho par gradation.

se soulèvent.

s'élance jusqu'à la place où miss

Malvina

Un

Aubray

spectre vêtu d'un linceul est

endormie, en criant

:

!

Alors un accord de harpes se

du bon Oscar,

le

fait

entendre annonçant

génie des mariages,

«

un

vieillard

le

dont

retour la tête


7-

< < S

u Q Z <

o a


i


LE THÉÂTRE DE L'ÉPOQUE

vénérable inspire

respect

le

dont

»,

d'imposant et de majestueux

CHARLES NODIER

:

la

43

démarche a quelque chose

«

».

Oscar. Retire-toi.

Le Spectre.

Elle m'appartient.

Osc.tR (saisissant la jeune fille endormie). Elle appartient à Dieu et tu appartiendras bientôt au ne'ant.

Le Spectre

menaçant, en répétant). Le néant

(se retire,

Dumas

Alexandre

dans ses Mémoires

rapporte

Vampire,

1820 à une représentation du

en

d'un

spectateur

qui

sifflait

!

vertement

le

qu'assistant

se trouva à côté

il

mélodrame

que ce

et

spectateur exaspéré n'était autre que Nodier. L'invention est peutêtre plaisante; mais laisser

il

faut

une

foi

d'enfant à la mamelle pour se

prendre aux hâbleries de Dumas.

Je n'ai pas vu

bon Oscar,

le

le

génie du

mariage, disputer

Malvina au faux lord Ruthwen; mais, vers i833, une

l'infortunée

bande de comédiens de province qui essayait de représenter

mélodrame

Monstre

le

que comportait

le

Magicien, avec toutes

me

chef-d'œuvre,

le

çable pour la vie

et

laissa

je

rie

ternit

ineffa-

'.

l'ai

vu jouer tout jeune

et

vivement. Est-ce

si

que

le

tendre cerveau

de l'enfant reçoit de ces représentations un décalque

que

pompes

les

une impression

Je cherche pourquoi ce drame m'a frappé

parce que

le

pas

souffle

le

de

la

critique?

ineff^açable

Intérêt,

surprise,

admiration, appartiennent heureusement au jeune âge. Cependant si,

à lâge d'homme,

je

revois

se produise, dois-je l'attribuer à

ces

drames

et

que

l'effet

premier

un entendement influencé par des

impressions d'enfance? I.

la

Le drame a clé repris depuis,

et

sans doute reparaîtra-t-il sur

la

scène lorsque

la

roue de

fortune aura tourné et fera jeter un regard en arrière sur une conception qui ne manquait

pas de grandeur.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

44

Singulier vacillement de la raison sur lequel on ne peut guère

de fond que sur

faire plus

semblables

d'inclinaisons

disposition

du moment,

J'eus plus tard la

Monstre la pièce

lette plus

cadre, les interprètes

le

ne restait que

mimique, mais un sque-

la

comme

imposant

et

le

kermesse de Rotterdam; de

la

le squelette,

grand que nature

la

!

bonne fortune de voir jouer en hollandais

Magicien^ pendant

et le il

l'âge,

combien

notre jugement suivant

exposé

est

A

flamme d'une bougie.

la

celui d'un

animal

antédiluvien, et j'admirai que la France eût pu produire une con-

ception quasi shakespearienne. C'est

vraisemblablement

Nodier qu'en

à

bibliographe Quérard est d'avis de le

collaborateur Antony, adjoint au

cacher

doit

doute

dans

les

polygraphe qui,

le

palmes académiques

les cahots

et

lui

Le

nom

de Merle, ami de Nodier,

moment

déjà,

ne voulait pas

les

sans

rêvait

compromettre

Charles Nodier défendait

d'ailleurs,

prêtait

compte-rendu que

même

faisait

le

M. de Marchangy, Nodier

le

mélo-

une haute

portée

journaliste

de la Gaule poétique de

concluait ainsi

Dans un

sociale.

:

L'inutile levée de boucliers des classiques contre les romantiques, ou, si l'on veut,

des routiniers de la littérature contre les idées libérales, n'empêchera pas

de se naturaliser sur notre scène. C'est, puisqu'il faut tibilité et

une de ces conquêtes irréparables dont

parce qu'elles sortent d'elles-mêmes de

comme

Il

pions sion

nous paraît que Nodier

prononçant de

d'un siècle,

dut

telles

faire

contemporains de Nodier.

Il

le dire,

sociale

le

mélodrame

un des pas de

n'est pas possible

il

l'institution

la littérature l'est toujours, l'expression

en

;

du char dramatique.

Théoriquement

drame

et

l'idée.

attribuer cette paternité

lui

à ce

due

est

et

la perfec-

de s'appauvrir,

qu'elles

deviennent,

d'un siècle.

avançait paroles.

frissonner

bien

imprudemment

ses

Le mélodrame, expres-

les

n'en était rien.

auteurs

Ouvrez

de les

tragédies,

Tablettes


LE THÉÂTRE DE L'EPOQUE

de

romantiques

1823

,

vous

CHARLES NODIER

:

trouverez

réunis

keepsake, les portraits des célébrités du jour

auteur de

tragédie des

la

Néron; Charles Nodier, auteur de

la

le

même

Alexandre Guiraud,

:

Machabées ; Ancelot,

de Brabant ; Alexandre Soumet, père de

dans

,

45

le

poète de

Marie

tragédie la Fête de

tout ce qu'on voudra. Critique

VIGNETTE d'aLEXANDRE BIDA. (Revue de Toulouse, i833.)

important,

on

lui

il

était dispensateur

de

la

comme

passait ses exagérations, et

en branche et ne restait jamais sur passait-il

réputation de ses confrères;

le

il

même

sautillait

arbre,

de branche peut-être ne

pas pour dangereux.

Cependant fictifs,

hors

grottes

de

le

mélodrame

nature,

Fingal

ou

que des

avait

les

fait

son temps. Tous ces héros

auteurs

brumes du

dramatiques

Nord,

tiraient

semblaient

des usés.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

46

Nodier se

jeune

homme

peut-être

histoire;

empruntés à notre

comme un

courir.

Dumas que

Charles

l'art

de faire sauter en

toriques

de

,

donneurs

de

de première force dans

jongleurs

et

crocs-en-jambe à l'histoire

cheval arabe

Tous deux grands

Nodier?

un

mieux comprendre Alexandre

Qui pouvait

impatient de

poussé par

était-il

y

d'ardeur qui piaffait

plein

personnages

être remplacés par des

dit qu'ils devaient

l'air

mêler

les

noms

des des

à

his-

incidents

romanesques, tous deux finissant par croire à leurs propres tours de passe-passe. Il

est bien curieux en ce sens

le

Œuvres

pectus signé par Nodier en tête des

complètes d'Alexandre Dumas, que braire Charpentier publiait en

au

précaution,

complaisamment a

aidés,

tous

il

li-

Avec

énumère

écrivains

les

sur lesquels

le

1834.

Nodier

début,

Pros-

qu'il

a appelé l'atten-

tion.

Avant tous obscure de

les

autres

mon nom

osé attacher la garantie

j'ai

aux premiers

écrits

de Ballanche,

aux premières chansons de Béranger, aux premiers vers

LE SOIITKRRaIN du bOiNJON.

de Casimir Delavigne, de Lamartine et de Vigny, aux

Gravure de Lacoste.

premières inspirations de Sainte-Beuve. voix qui

ait

fait

retentir

me semble que c'était Voici Dumas dont le Dumas arrivé à cet âge

il

méditation, cette

fille

aux

la

oreilles

de

mon

Alexandre

ment

la terre

à

berceau

était placé si près

de force où

macte animo du poète,

le

du

leur, et qui

n'est-il

pas vrai

et

comme

?

marche avec eux,

génie se complète de tous les progrès de la

modeste de l'imagination qui détrône innocemment sa mère

son tour,

promise

le

mienne. Ce n'est pas jouer de malheur,

qui ne l'exile point. Vieux héraut placé sur

mon

cher Victor

La première

le

chemin de

ce prophète des

la

renommée,

je

Hébreux qui annonçait

et

proclame infaillible-

qui ne devait jamais la voir.

Parlant de l'ami de

La Fontaine

qui s'appelait Gâche, de l'ami


LE THÉÂTRE DE [/ÉPOQUE

:

CHARITES NODIER

47

de Rousseau qui s'appelait Bâche, de Tami de Voltaire qui pelait Thiriot,

Gâche, Bâche

non

et

Nodier ajoute

A

:

Thiriot ne mourront jamais dans

plus; je suis l'ami de

s'ap-

la

mémoire des hommes,

ni

moi

Dumas.

soumettre cette conclusion à un creuset délicat, on y trou-

ALEXANURK DUMAS, peint par

verait peut-être fait

Guichard en

un

volontairement

iX.iî,

d'apris uiio cau-fortc inédite do

élément légèrement paterne

et

Bracqucmond.

ironique.

bonhomme

;

mais

Nodier la

s'était

bonhomie

comporte son grain de malice. Si j'avais

à entrer plus profondément dans la personnalité de

Nodier, j'ajouterais que Franc-Comtois et madré enfants

de cette province, l'homme assistant à

mouvement romantique jugea

jusqu'où

iraient

comme

certains

la

naissance

du

les

audaces

des

novateurs. Peut-être pourrait-on avancer qu'il était de plume avec


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

48

eux, pas de cœur; nourri de littérature classique, la langue qu'il avait apprise dans

On

modernes. pas dans

maîtres ne

le

aux tendances

poussait pas

trouve de l'audace dans sa pensée, on n'en trouve

De même

forme.

son costume d'érudit était en désac-

avec les coupes triomphantes des habits des Jeune-France

cord

de

la

les

son

entourage.

Peu importait

à ce

doyen qui

Dumas

cinquante-quatre ans quand Alexandre

n'en

était

âgé de

comptait que

trente et un. «

Laissons passer ce carnaval

»,

dut se dire Nodier, qui, grâce

à cette tolérante complicité, fut appelé le

«

bon Nodier

».

Cette politique, d'ailleurs, contribuait à sa réputation et mettait d'entrer à l'Académie,

goûte pas

la société

Mais un point

quoique

ce

des gens besoigneux. reste

acquis

dans

cette

vie

de

production porté sans

le titre

d'auteur dramatique que Nodier eût

doute

n'avait

pas

jugé que ses aspirations seraient réalisées,

avec plus d'audace, de fougue et de passion, jeunes

hommes

par un groupe de

dont l'œuvre devait marquer et modifier, pendant

une période de cinquante ans, tique.

per-

corps respectable ne

décousue, s'il

lui

les conditions

du théâtre roman-


CHAPITRE DE l'influence GERMANIQUE

Ce

mouvement

du

malgré

libre-échange,

comme

en art

momentané

difficultés

pas aux

nations

littératures

Si

échange d'idées

résulte de cet

les

nations

qu'il crée,

en produits industriels.

peuples,

pousse un peuple à

des

intellectuel les

et

arts

les

occidentales

le

ROMANTIQUE

SUR l'aRT

pas une vaine curiosité qui

n'est

quiéter

VI

voisines,

et

le

a sa raison d'être

un engouement

parfois et

s'in-

de forme entre deux

de l'Orient

ne

montrent-ils

danger de vivre sur un fonds

archaïque, sans appliquer des greffes à des rameaux épuisés pour

en obtenir de nouvelles fleurs

La France, Vers 1820,

les

en

fertile

Un

Gœthe

Ce

çaise,

fut

et

guide enthousiaste.

l'Allemagne^ entraînait

Rhin.

soubresauts,

échappa

à

la

Schiller M'"''

littérature

étaient

de Staël, avec son

marque devenait

les esprits jeunes n'eurent

à

un

enseignement

lettres,

avait

de

même

que

trop

la

poésie fran-

que peu

d'efforts à faire

exclusivement

l'influence

et

pour échapper

shakespearien

dans

les

due à l'abus de motifs allemands

prédominé pendant vingt-cinq ans dans

la

mais déjà

un abus de moulages successifs

les arts.

Cette influence se manifesta sensiblement vers arts,

De

pas entièrement effacée en i85o,

s'était

fruste par

livre

dans ce voyage au-delà du

une empreinte marquée qu'en reçut

empreinte qui ne

:

allés à la

bien

époque à laquelle débutait une nouvelle génération; la

dangers.

ces

romantiques eurent raison d'aller à l'Allemagne

trente ans auparavant,

France.

?

peinture, la musique, et je m'efforcerai

i83o par deux

de traduire mes


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

5o

ayant vécu

avec

hommes

qui

souvenirs

en

toute

pouvaient

me

transmettre la tradition d'œuvres du passé, qu'aussi

sincérité,

les

bien, vingt ans plus tard, je pouvais étudier avec

mon

libre sen-

timent.

De même

même

de

Victor

la fiévreuse

de son époque.

qu'on

soit écrit

de

la

presque à chaque

même

époque met

personnalité d'Eugène Delacroix.

du Faust de Gœthe,

l'exception

livre

Hugo ne

tout historique de l'art

en pleine lumière

A

ne peut être question de littérature romantique

nom de

sans que le ligne,

qu'il

Delacroix se

le

peintre

prêtait

n'illustra

à tout ce

volontiers

demandait, à chaque procédé découlant de son art

lui

aucun

;

il

pei-

gnit à la fresque des chapelles, des plafonds de palais, laissa une

nombreuse plume,

et se

parfois son

fit

l'aqua-tinte,

propre graveur suivant

se présentaient

qui

industriels

inquiet

de tableaux, dessina au pastel, au crayon, à

série

en

tous

les

à l'eau-forte,

sur bois.

lithographie,

saisissait

:

moyens

de

Cet

les

la

procédés

au vernis mou, à

homme

reproduction

d'un

génie

propres

à

ajouter plus de durée à son œuvre.

Un

éditeur l'eût prié de donner des dessins pour une édition

de Shakespeare ou de Byron

besogne,

car

byronienne.

avant

était

il

qu'il se fût

tout

mis de grand cœur à

d'essence

shakespearienne

la

et

Aussi bien, Delacroix se prêtait à ces fréquentations

avec les poètes étrangers, qui le troublaient moins que les tempêtes soulevées par les poètes ses contemporains.

Homme croix

du monde,

craignait,

ainsi

^me Victor Hugo I. 11)1

Voir

le

d'un ministre plénipotentiaire, Dela-

que Mérimée

hordes romantiques

les

fils

et

la

et

jeunesse

les

rédacteurs du

par

trop

bruyante dont

n'a pas caché les excès'.

chapitre consacré à la première représentation d'Hernani dans Victor

témoin de sa

vie. Paris,

Globe,

Lacroix, i863. 2 vol. in-8°.

Hugo par


-^'i

i a Aaoïj. FAC-SIMILÉ

RÉDUIT DU FRONTISPICE DU lithographie par Kugéiie Ilelacroix (1X2S;.

«

FAUST

»,



DE L'INFI.UKNCF. GF.RMANIQUE SUR L'ART ROMANTIQUE

nature féminine et réservée, Eugène Delacroix avait besoin

De

du recueillement de

pour se consacrer à

Tatelier

de

de dépense

tant

exigeait

nerfs

;

eût

il

couraient

A

aventures

les

un mot qui sonnait mal aux

«

qu'il jugeait

des

celui

déclarait

se

Voltaire style

par

;

de

écrivains

d'augmenter

inutile

classique,

disait-il,

modéré sans rapport avec

les stylistes

conduite

;

une sorte

peut-être

faut-il

de

de

certaines

cris

par ses

il

tragédies de le

images

des

Hugo

Victor

,

et

dans

politique

qu'Eugène

ajouter

souciait pas de devenir le second

favori

boiiiin-

faisait

en

accumulées

romantiques.

bien

entrait

Il

l'éclat

»,

la paix, le peintre

exposait ses idées dans les Revues,

s'il

bourgeois

fardeau en endossant

le

son temps. Pour avoir admirait,

qui

de cet esprit délicat.

oreilles

chaque Salon nouveau, Delacroix soulevait tant de

audaces

art

comme

arrêter

faisaient

se

et

son

mal à Taise au

été

milieu des romantiques tapageurs qui insultaient les

gots,

53

cette

laissait

au

de

ne

se

Delacroix

de Louis Boulanger,

qu'il

ligne

poète

le

ce

peintre disciple

déréglé des premières années qui marchait un peu trop dans les sentiers de l'artiste. Il

n'en fut pas de

même

avec les poètes étrangers. Delacroix

pouvait les populariser sans crainte. Shakespeare était mort depuis trois siècles;

Gœthe, qui achevait à Weimar

sa longue et olym-

pienne carrière, se rattachait aux doctrinaires amis de Delacroix,

aux rédacteurs du Globe dont principes croix à

M.

avec

illustrer

Stapfer, en

1.

intérêt'.

suivait de loin les déclarations de

il

Tous

ces

une traduction

motifs poussèrent

donc Dela-

de Faust que venait de donner

1S28-.

Voir Conversations de Gœthe avec Kckermann,

trail.

par

H;.

Dclerot. Paris, Charpentier,

i863. 2 vol. in- 18. 2.

Faust, tragédie de

M.

de Gœthe traduite en français par

M. Albert

Stapfer, ornée d'un


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

54

Gœthe Ampère aimait surpris

sérénité

en

dans

feuilletant

travaillé

du peintre, car

amis

d'autres

et la

vraisemblablement

été

avait

œuvres

les

volume

le

jeune

le

grand poète,

le

qui

dut être quelque peu

d'art,

contenait

qui

par

ces

fiévreuses

compositions. Il

avait

ouvrier

publié

été

patient

du vivant de Gœthe des gravures d'un

froid

et

I.E

Retsch

ce

;

,

dont

nous possédons

les

LABORATOIRE DE FAUST.

D'après une composition de Retsch (vers i8ïo).

cahiers

Faust,

de

représente

sinspirant des procédés de

romantisme en Allemagne et

non pas

Parmi

excessif,

les

fidèles

bien

l'art

Flaxman. était

véhément

et

Il

allemand est

classique,

de

l'époque,

bon de noter que rangé,

le

conservateur,

démolisseur ainsi qu'en France.

qui entourent Gœthe,

je

compte

le

peintre

portrait de l'auteur et de dix-sept dessins composés d'après les principales scènes de l'ouvrage et

exécutés sur pierre par 1828. In-4«.

M. Eugène

Delacroix.

Paris,

Ch. Motte, éditeur, Sautelet,

libraire,


DE L'INFLUENCE GERMANIQUE SUR L'ART ROMANTIQUE

Meyer

disciple

,

conséquent de poète

la

à

livre

se

esthétique en

son

de gravures d'après

Un

sans cesse.

fection

sa

maîtres.

de

En

me

«

:

En

et

revenait série

Je m'occupe très souvent de Raphaël,

maintenir toujours en relations avec la

per-

la

idées d'un grand

des

méditation

également des

préoccupait

se

Gœthe

littérature,

comme

la félicité;

«

antiques

pierres

Ce

des

,

n'était pas là ce

On comprend sympathique

et

honnête

d'Hermami

à

et

»,

disait le

cheveux sur

et interprète

de

la jouissance

».

poète à son fidèle disciple.

la tête

entretiens

familiers;

il

se montrât la

peu

prétention

de leurs lecteurs. L'auteur

le

ce

qu'il

appelait

».

en face du Faust

Marguerite que

Gœthe

n'aimait pas

l'esthétique

pure, son enthousiasme pour

la pierre

philosophe, apôtre

Dorothée revient à diverses reprises sur ce sujet

Aussi, quand on a pénétré

figurer

comme

ceux des romantiques qui avaient

des abominations

raison

«

qu'avec de telles vues,

faire dresser les

ses

donne

Elevons des édifices [poétiques] où l'humanité viendra

goûter des joies pures

dans

se

poète, organe

complète

large et pure,

le

dessins

il

répondait aux tendances des peintres romantiques.

qui

«

lui,

Eckermann une

compositions du Poussin, de Claude Lorrain.

de

de

Gœthe

sujet,

voir à

avec

le

»

Gœthe

de

compagnie,

sa

collection

Sur ce

par

nourri

,

matière d'art;

riche

soir d'hiver, faisant

pour m'exercer à

et

homme.

de

les

d'estampes de Raphaël disait-il, afin

Winckclmann

de

pure tradition antique.

portefeuilles

les

feuillette

continuateur

et

55

si

l'art

élevée de

grec,

contourné

crayon a écrasée,

de

il

Gœthe, sa

est facile

Delacroix,

de se

de

endolorie et pantelante,

la

sur

lithographique.

Rien que

le frontispice

du poème indique

le

sabbat de crayon


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

56

Les hiboux,

de rintérieur.

les

singes,

chats,

les

entourent

le

médaillon du poète, pendant qu'au revers apparaît un Méphisto

mélodramatique.

Le monde dans l'entouraient,

lequel

considérablement effrayés à

poème que Gœthe

tenait

Weimar

de

peintres

les

Gœthe,

vivait

durent

vue de cette

la

archéologues

les

ouvrir

liberté

pour absolument logique

et raisonnable.

comme

avec

un

:

un grand

est

d'un

main de possédé, Gœthe s'exprimait en toute

dans l'intimité

M. Delacroix

yeux

des

illustration »

«

Sur ces lithographies de Delacroix, tracées charbon par une

qui

talent qui a,

dans Faust, précisément trouvé son vrai

aliment. Les Français lui reprochent trop de rudesse, mais

ici elle est

parfaitement à

sa place...

Gœthe ...Si

mon

même, dans

encore

dit

Faust

:

a pourtant eu

un succès dont

je

vois encore la preuve, en ce

ce luxe de typographie, c'est qu'il renferme, fixé là pour toujours,

loppement d'un esprit

au nôtre, qui a souffert de toutes

pareil

mentent l'humanité, qui a éprouvé toutes

les

les

moment le

déve-

peines qui tour-

agitations qui la troublent, qui a partagé

toutes ses haines, qui a joui de toutes les félicités auxquelles elle aspire...

Le poète

est

visiblement touché de l'hommage rendu par un

peintre français à son œuvre.

Il

est bien curieux, ajoute-t-il,

obscure tant de

plaisir, et

se

dans sa conception première aussi tourmenté

que

Cependant multipliés telle est sa

la

la

de ce

que

l'esprit

d'un artiste

ait

trouvé dans cette œuvre

soit si bien assimilé tout ce qu'elle renfermait qu'il a

pu tracer

les

principales scènes avec

de sombre

un crayon

destinée du héros.

sérénité bélier

conclusion

de

qui

Gœthe

est

froissée

bat les murailles de

après avoir fermé Faust, et

par l'art je

les

coups

classique;

souligne un


Wl^.M^V^f:

Il

'

''a*.-.-.

M

'•

FAC SIMILÈ D'UNE EAt) FORTE DE CÉLESTIN NANTELIL pour Venezsa

la BeJia.

d'Alphonse Royer.

1

!

t



DE L'INFLUENCE GERMANIQUE SUR L'ART ROMANTIQUE

passage qui poète

le

sont souvent l'art

ne pas

paraît

montrer

le

fond de

la

réelle

pensée du

:

M. Delacroix

de

me

5;

est les

un peintre d'un incontestable talent; mais

est accueilli

comme

jeunes gens par nous autres vieillards. Les connaisseurs et les amis

ne savent pas trop à Paris ce lui

il

qu'il faut dire

de

lui,

car

il

est impossible

de

reconnaître des qualités, et cependant on ne peut louer sa manière désor-

donnée.

RÉDUCTION FAC-SIMILÉ DE LA COUVERTURE DU «FAUST», lithographice par

Eugène Delacroix

(1828).


CHAPITRE VU MONPOU

HIPPOLYTE

La génération l'histoire

un

vif

de

même

actuelle,

se

pique de connaître

période romantique, ne semble pas avoir conservé

la

Monpou. Le compositeur appartient

souvenir d'Hippolyte qui

cette classe

celle qui

encore

pas

n'a

bénéficié

de

la

à

conversion du

avant d'entrer dans les

Champs-

démodé en archaïque,

et

Elysées de

dans des pénombres mystérieuses ou doit

flotte

l'art,

qui,

rentrer dans la nuit éternelle de l'inconnu pour n'en plus sortir.

Monpou

Pourtant

romantisme. Son

un des

fut

nom

sectaires

rattache

se

le

plus

vue du

en

étroitement à ceux de Victor

Hugo, d'Alfred de Musset, de Gérard de Nerval. Monpou musicien était

le

En

de

romantiques

des

même que

Nanteuil en

graveur.

tant que compositeur, Hippolyte

horizons

Célestin

fut le

nouveaux

et,

s'il

n'a

pas

Monpou

laissé

entrevit certains

d'œuvre

éclatante,

improvisa une page amoureuse et vibrante que peut-être

le

il

public

écoutera un jour, étonné de la passion qui s'en échappe.

D'abord, et sans prétendre donner une chronologie bien rigoureuse, ce sont, dans

Hugo

Victor le

le

Fou de

les

Monpou

comme fit

i832 à i835,

les

poésies de

Deux

Archers, la Chanson du fou de

:

Crom-

Tolède, etc.

Monpou semble Royale,

intervalle de

qui servent de trame aux mélodies du compositeur

Beau Moine,

jpell,

un

avoir été le

musicien des salons de

Louis Boulanger en fut

connaissance avec tout un

le peintre.

monde de

la

place

Là sans d»ute

poètes, de con-


HIPPOLYTE MONPOU

teurs, d'auteurs

59

dramatiques qui ne demandaient qu'à s'associer à

sa gloire.

A

même

la

brillant

il

faut placer les mélodies

pour un jeune

et

dandy, Roger de Beauvoir, qu'une vie de plaisirs excessifs

empêcha

peut-être de

compose

Vœu

date

pour

le

donner tout ce qui

poète

était

en

musique des romances

la

sur mer, qui ne sont pas restées

;

mais

Monpou

lui.

le

Noir,

la cantatille la

le

Tour

HIPPOLYTE MONPOU. Kac-similc d'un bois dessine par Gigoux (vers iS35|.

de Nesle,

ballade tirée du

roman de

l'Écolier de Cluuy,

fit

sen-

sation.

Deux mois avant Tour de Nesle, de

représentation

la

Gaillardet,

aventures de Marguerite de elle

les

beaux cavaliers

aux goujons de I.

et

du fameux drame de

Roger de Beauvoir Bourgogne qui

au matin

les

la

avait conté les

faisait

monter chez

envoyait tenir compagnie

la Seine'.

Voir l'Ecolier de Cluny ou

le

Sophisme, par Roger de Beauvoir. Paris, Fournier. i83i.

In-8°.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

6o

De et,

Monpou s'empara

ce sujet, qui préoccupait divers esprits,

s'inspirant

mélodie à

du texte de Roger de

une

«

pâle embarcation

d'armes passant devant

est

Il

la

andante con

de seigneurs et d'hommes

»

Tour de Nesle

:

un sombre manoir

se balance nuit et jour

La lance d'un archer Des créneaux que

Un

adapta une

il

suivante qu'une voix chantait,

la ballade

stupore, dans

Beauvoir,

.

vautour plane à

noir.

flamme

la

est terne

!

poterne.

la

Votre bâton blanc à

la

main,

Vous qui passez par

le

chemin,

Pèlerin,

Que Dieu vous gouverne

!

Voici la tour

Sans retour.

même que

Cette composition musicale, de

doute paru assez hardie pour que

Monpou

d'autres,

s'en expliquât; aussi la

romance du Noir, publiée par Meissonnier en une note-manifeste dans laquelle

le

qu'il se défend, fait sa déclaration

de principes

que

j'ai fini

chanson sur

cette

pour m'appeler romantique, avec cette qualification que

le

ils

je

i834,

musicien,

Des gens chagrins ne manqueront pas de dire que troisième temps de

c'est

la

les

Monpou,

en

même temps

pour

faire

niche aux règles

mesure,

et l'occasion étant belle

s'empresseront d'en profiter. J'attendrai pour en

repousse, car

je

ne

la

comprends

les

le public, et qu'il

finir

pas, qu'une plus grave je

ne veux rien être,

deux épithètes qui divisent encore quelques esprits dans

plus que peu de temps à avoir cours dans

personnels qui

contient-elle

:

occasion se présente d'en parler un peu longuement; jusque-là,

persuadé que

avait sans

les arts

n'ont

n'y a plus que des intérêts

maintiennent pour en profiter. H. M. 1834.

ainsi

peut-être de bonne

que quelques-uns de foi

en repoussant

ses

le titre

compagnons, de romantique;

était il

le


HIPPOLYTE MONPOU

fut

pourtant à outrance, et rien

titres

de ses ouvrages,

que

typographie bizarre des

les poésies qu'il mettait

permanente de Célestin

laboration

la

6i

productions du compositeur,

le

en musique,

pour

Nanteuil

la col-

chacune

des

choix des épigraphes, indiquent un

Jeune-France fervent.

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour l'Ecolier Je Cluny, de Roger Je Beauvoir (i832).

Frédéric Soulié écrit pour son des

Monpou

les

Trois Manteaux, chan-

compagnons orfèvres du temps de

la

Fronde,

et

les

Résurrectionnistes, en tète duquel sont amassées toutes les herbes

romantiques de

la

Saint-Jean

:

épigraphe à'Hamlet;

du Bertram de Mathurin, qui a son prix chanterai apprises

des »

;

chansons

3° titre

que

dessiné

à

«

esprits

des

plume par

J.

les la

:

épigraphe

Viens donc, cimetières

je

te

m'ont

G. [Jules Goddé],


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

62

deux épigraphes

s'inspirant des

mélodie, troisième épigraphe tirée des Soulié

en tête de

4° à l'autre page,

;

Deux

la

Cadavres, de Frédéric

:

Ce chant semblait d'abord monotone l'entendait, la

modulation lente

ennuyeux

et

et régulière

qui

le

à écouter; mais, à

mesure qu'on

composait prenait quelque chose de

solennel et de triste; puis, peu à peu, cette phrase musicale qui revenait toujours, cette

mélodie, pour ainsi dire inflexible, qui reparaissait sans cesse à

fantôme aux yeux, uniforme

et

comme un

l'oreille

implacable, finissait par saisir l'âme, l'importuner et

la

remplir enfin d'une terreur inexplicable, mais réelle.

Voilà bien

musical que cherchait

l'effet

Monpou dans

quelques-

unes de ses compositions.

Tout un

petit

même temps

en

groupe de poètes de second ordre se tournait vers

Monpou, Édovard Thierry,

tard plus correct sous le

nom

qui devint plus

d'Edouard, Bernard Lopez, Alfred

Vannault, et bien d'autres oubliés. Il

mettait en musique

par

mots de

faut dire quelques

le

Monpou pour

compositeur

flanque un dessin à la plume de

ne

qui

croit

devoir

signer

bambino que

col

Le chant

ce dernier.

est dédié

Nanteuil; une double épigraphe

Gélestin

à

Madonna

la

J.

que

G.,

modeste Jules Goddé

le

ses

d'initiales

croquis

dans

la

manière de Camille Rogier. La première épigraphe est empruntée au Mystère de la

la conception

de Jehan Michel, poète du xv' siècle;

seconde est tirée de VÉvangile selon saint Luc.

Monpou avec

fut entraîné

Alfred

de

Musset

par divers courants et

:

sensuel et espagnol

Roger de Beauvoir,

il

se plie

moments au moyen âge de Victor Hugo, de Frédéric d'autres instants les vieux poètes

tout

à

coup

la

grave mélopée

naïfs il

venait de prendre texte des paroles

le

tentent;

s'associe :

«

Tu

à

par

Soulié;

à

ou employant

Edgar Quinet qui

seras

l'homme qui ne


FAC-SIMILÉ DU FRONTISPICE fûur

la

ï.cnore de

Monpou

I>E

J.

(vers l835).

GO DDE,



HIPPOLYTË MONPOO

meurt jamais

A

d'une

en musique

une scène en prose

même

avait préludé dans le

teau

thème d'une conception

faire le

Monpou met

son imitation,

naturellement 11

pour en

»,

mélodie

65

bizarre'.

pour voix de basse

à' Ahasvérus

le

Juif errant.

sens en enveloppant dans le

solennelle

certaines

strophes

en

man-

prose

des

Paroles d'un croyant de l'abbé de Lamennais. Je n'ai pas l'intention d'entrer dans

données par

tion lyrique; les indications

Le mouvement de résigné, fatal

»

;

la

ritournelle

les

»,

des

hôtes

compositeur

Andante

«

:

suffisent. triste,

comme

Monpou.

a écrit

romantiques

salons

de cette concep-

faut chanter cela

//

«

:

le

marqué

est

pour l'ensemble

une lamentation de Jérémie

Quoique

le détail

fussent

habitués

à bien des singularités, les Paroles d'un croyant en musique

s'imposèrent pas dans un

dans

le

moyen âge

monde

littéraire

et ne s'inquiétant

et

artistique,

ne

plongé

guère des modernes impré-

cations démocratiques de l'abbé de Lamennais.

Monpou, et

de soubresauts,

pleine

Dès i835

la

une nature à part, inquiète

et c'est là ce qui indique

ne s'en

pas à ces divers essais.

tint

poésie populaire le tenta

:

une Chanson de nourrice^

une Chanson des fileuses du pays de Caux, était trois chasseurs,

Il

lui

semblèrent des thèmes propres à recouvrir de mélodies naïves.

En

cela

il

se

trompait.

chant populaire. cien

qui

croit

Un

La

poésie populaire

poète qui touche à

pouvoir

régulariser

la

la

fait

corps avec

le

conception, un musi-

mélodie enlèvent

les tons

crus des ailes de ce papillon sauvage.

Ce que I.

la

critique

pensait alors

L'Ahasvérus d'Edgar Quinct parut en i833.

des débuts du compositeur


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

66

a

son

intérêt

de i832

et

,

de

tiré

l'Artiste

:

Le genre de M. Monpou rence exclusive à

soucieux de l'entraîne

fragment

un

donne

j'en

la

sort

un peu de

poésie romantique

la régularité

du rhythme

telle

et

une imagination bondissante;.

de il

la

romance;

que la

l'a faite

s'attache avec

une préfé-

Alfred de Musset.

Assez peu

il

Monpou

court où

une musique neuve

et pitto-

phrase musicale, M.

résulte de là

resque, mais un peu étrange, et qui ne jouira peut-être pas d'abord de tout le succès qu'elle mérite

auprès du public habitué à ne voir sous

mélodies carrées

et

les

le

modulations tirées au cordeau de

nom

de romance que

MM.

Panseron

et

les

de

Beauplan.

quoique vraisemblablement d'un ami,

L'article, les

fait

comprendre

tendances du compositeur.

Ce

fut à

quelque temps de

de l'Allemagne.

Gœthe

lui

dut

que Monpou se tourna du côté

la

mélodie de Mignon^, Bùrger la

transformation de la ballade de Lénore en drame lyrique; mais,

avant d'étudier cette partition, et les raisons

il

convient de revenir sur

le

lied

de sa popularité en France.

I. Mignon, chanson de Wilhelm Meister de Gœthe, musique d'Hipp. Monpou. Titre lithographie par Gigoux.

traduction de Théod.

Toussenel,


CHAPITRE

VIII

LENORE

L'Allemagne s'appuyaient

vers 1828, un des côtés du triangle sur lequel

fut,

volontiers

romantiques.

les

Ils

croyaient

qu'avec

l'Angleterre et l'Espagne la nation germanique devait ouvrir des voies nouvelles au théâtre et le régénérer; mais

quatre drames de

Gœthe

oublier Corneille,

Molière et

poètes

de

se

tourner

et

comme

de Schiller ne suffisaient pas à

même

Marivaux, ce

fut

richesses germaniques parurent inépuisables'; mais choisir parmi ces petites

pièces

mieux à

le

ou

faire

au tour des

vers leurs confrères d'outre-Rhin.

L'Allemagne abondait en auteurs de ballades, de

qui s'adaptaient

trois

et

décider quelles français,

l'esprit

lieds

quand

et il

étaient

deux poésies

les

fallut

celles :

la

Fille de l'Hôtesse d'Uhland, la ballade de Lénore, restèrent à peu

près seules de cette chrestomathie qui correspondait au lugubre à la

mode. «

Bùrger, avait

celui qui a le si

loin

dans

le

dit

mieux

M"" de

senti cette veine

fond du cœur

Nous ne sommes courant d'idées et

Staël,

-.

est

Allemands

de superstition qui conduit

»

plus aujourd'hui

il

est de tous les

tout

à

fait

dans

le

même

peut-être utile d'examiner de près

la

ballade du poète Bùrger.

Le I.

soldat Guillaume a combattu

Voir Sébastien Albin

[M" Cornu],

l'Allemagne. Gosselin, 1841. In-i8. •2.

De

l'Allemagne.

Ballades

à

et

Prague sous Frédéric. La o Chants populaires anciens

et

modernes de


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

68

paix est

faite.

rameaux

verts,

Une blonde

attend

fiancée

au bruit des chants, des

ments de cymbales,

cling

et

«

clang

et

»,

au pays, tous moins Guillaume. Lénore se leur.

Cependant une nuit

cheval

de

jeune

la

frappe

faire cent lieues à sa fiancée

pour

descend, saute sur

la

«

Hoiirrah Cheval

!

comme un

Le

galop de

heurtoir de la porte

conduire au

hop

»,

! les

morts vont

ils

vite.

et cavalier sont haletants; les

en

étincelles

hourrah

à la dou-

aller

veut, cette nuit

il

chemin Guillaume ne répond

le

laisse

reviennent

jaillissent;

«

hop,

lit

même,

faire

Lénore

nuptial.

cheval, passe ses bras autour du

le

cavalier, et « harre, harre, hop,

Pendant

soldats

».

C'est Guillaume. Brûlant d'amour,

s'habille,

des bruisse-

cavalier descend sous le balcon

avec un cliquetis d'armes.

fille

pan, pan

«

:

Un

».

joie,

les

entend au loin

elle

trap^ trap, trap

«

:

de

cris

Parmi des

soldat.

le

hop,

partent au galop. à

Lénore étonnée que

»

cailloux

hop

:

des

brisent,

course

la

»,

se

continue

fiévreuse.

Guillaume

et sa fiancée

passent près

éclairés par la lune, s'agitent

gens,

ici,

— C'est

«

Hou! hou!

comme

le

l'aube,

les

la

Hé!

«

oii,

demi

à

hé! bonnes

ronde de noces quand nous

»

lit.

Les bonnes gens se mettent à leur

vent quand

Hop! hop! hop! La

A

des pendus.

suivez-moi, dansez-nous

nous mettrons au

de potences

suite.

tournoie dans les feuilles mortes.

il

course continue au galop.

»

deux fiancés arrivent près d'une

grille

de

fer.

C'est la porte du cimetière! «

Tout d'un coup

,

cavalier

tombe pièce par

Sa

n'est

tête

quel

affreux

miracle

!

pièce, semblable à des

qu'un crâne nu,

sans

chair

et

corps est un squelette, sa main tient la faux et

L'habillement

du

lambeaux pourris. sans cheveux, son le sablier.

»


LENORE

Voilà ce qu'est devenu

Le cheval

a

le

69

beau soldat Guillaume.

se cabre, souffle, lance des

dessous sa charge;

il

a disparu,

il

flammes, se dérobe de

englouti.

est

»

Mort

aussi

le

cheval de Guillaume.

Lénore,

saisie

d'effroi,

lutte

entre la vie et la

mort

et finit

par succomber,

D'après une lithographie de Ziegler, de

«

A

d'elle.

la clarté

de

la lune,

la

Revue

les esprits

la Silhouette (i83o).

dansent une ronde autour

»

Tels sont les principaux détails de troduisit

en France M""" de Staël

et

la ballade

dont

de Lénore, qu'in-

elle

se

montrait

si

enthousiaste.

A

étudier la trame du

exploité

si

poème de Bùrger on trouve

souvent dans les chants populaires

:

une jeune

le

motif

fille

est


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

morte de chagrin en apprenant que son fiancé a succombé sur

champ de il

la

course

Rien de plus. De sombres incidents colorent,

bataille.

thème germanique

est vrai, le

échevelée dans

:

campagne,

la

fantômes,

des

et,

on y

si

l'escorte

du galop du cheval,

cavalier, les lugubres hou^

le

le

des pendus,

le

joint

les

cimetière,

le

assonances

rudes

clang des cymbales,

hourra

le

hop du

hop,

et les

hou des squelettes agités par

on reconnaîtra combien, sous dut rompre avec

les

haletant,

du vent,

imitatives de ta langue allemande, les cltng les trap, trap

cheval

le

jeu de la lune et des nuages, le sifflement

ronde

de noces,

l'invitation à la nuit

passage près du champ des suppliciés,

la

le

le

vent,

premier Empire, cette conception

poncif des derniers poètes de V Almanach des

Muses.

De fois.

1810 à i83o,

la

ballade de Lénore fut traduite plusieurs

Elle contenait trop d'éléments romantiques pour ne pas aider

au courant; mais sa vulgarisation fut due aux peintres plus particulièrement.

Eux

aussi sont de

«

bonnes gens

qui,

»

Deux

de pittoresque, s'inquiètent médiocrement du fond.

chevauchant

la nuit

:

du

brie par les nuages, des fantômes,

Les

d'artistes n'en

peintres

quête fiancés

à travers les espaces, suivis de gnomes, fai-

saient à merveille leur affaire

combien

en

noir,

un

du blanc,

la

lune assom-

sujet populaire et qui porte,

demandent pas davantage!

envisagèrent

le

fiancé

de

Lénore de

diverses

manières, entre autres en personnage désespéré, vêtu d'un collant.

Ceux qui voulaient

plaire

aux dames représentaient Guillaume en

hussard; d'autres, sans se préoccuper de l'année laquelle

Traducteurs le

époque à

Bûrger avait composé sa ballade, s'en tinrent à

ment pseudo-Renaissance mis

sous

1773,

coup

et

des

à la

mode par

peintres vulgarisèrent idées

de

i83o,

les

l'habille-

les Devéria.

tellement frères

le

lied que,

Cogniard

firent


LÉNORE

au théâtre

jouer

de

71

Porte -Saint- Martin

la

,

dont

directeurs, un

drame fantastique de Lénore; mais

montra pas un

vif

mêmes, quoique

de

Dunois

La

dans

l'admiration

que

aujourd'hui

macabre,

fond

Lénore,

démodée que

aussi

est

la

de

poème, nous

ce

malgré

«

le

jeune

sa

toile

et

beau

».

ballade de Lénore devait tenter également les compositeurs

par son caractère mélodramatique, ses sombres détails et sources qu'ils offrent à la musique imitative.

Monpou

les

res-

se mit à la

besogne, incité sans doute par Gérard de Nerval qui, avait

ne

public

le

enthousiasme pour cette conception; et nousélevés

apercevons

nous

étaient

ils

lui

aussi,

donné une traduction de l'œuvre de Bûrger. Un album en

résulta d'autant

plus dans

l'esprit

du temps

que

trois

artistes,

Célestin Nanteuil, Camille Rogier, Jules Goddé, s'étaient entendus

pour la

illustrer

symphonie

A

lui

l'œuvre et

la

Hugo

rendre digne de Victor

fut dédiée.

un monument. Architecture, sculp-

seul le frontispice est

tures dans les niches, rappel des principaux motifs du

songer aux

«

ouvertures

compositeur enchâsse tion.

à qui

les

»

drame

font

de drames lyriques dans lesquelles mélodies

les

le

mieux venues de sa parti-

Trois lithographies, une de Camille Rogier, deux autres de

Célestin Nanteuil, précèdent chaque division

de

la ballade

et les

motifs fantastiques sont empruntés au riche magasin d'accessoires

où sont remisés

les

chevaliers

pâles fantômes, les squelettes et la

d'outre -Rhin

bardés de

au rictus grimaçant,

fer,

les

les cimetières

lune dans son plein illuminant d'effroyables spectacles.

Sans

contredit

les

compositeurs,

ainsi

interprétés

par

les

peintres, doivent passer d'agréables quarts d'heure.

Malgré

le

luxe

de

mise

en

scène

déployé par l'éditeur,

la

Lénore d'Hippolyte Monpou, contemporaine du Childe-Harold de


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

72

pas une

Berlioz, ne produisit

vive sensation

du moins

;

n'en

je

trouve pas trace dans les journaux et les revues de Tépoque.

Un

musicien de mes amis', qui a étudié cette œuvre avec plus

d'autorité qu'il n'appartient à

un

écrivain,

me

dit

qu'on aurait une

pauvre idée de l'auteur de tant de mélodies romantiques s'en rapportait

dans sa préface,

que,

à ce

appelle

il

«

si

on

drame

le

fantastique en récit et en action».

heureusement

reste

11

à

la

mémoire

Monpou

d'Hippolyte

d'autres mélodies moins ambitieuses qui prirent rang et font encore

cœur de quelques-uns de

tressaillir le

Le

Monpou,

véritable

son terrain, qu'il a

Barcelone

lui

appartient

faut le chercher en Espagne.

il

sien

fait

ses contemporains.

presque autant que Beaumarchais.

comme

Séville à Figaro.

Avez-vous vu dans Barcelone

a

commandé une phrase musicale

du

Ce

poète.

n'est

plus

ciens,

faut

il

compositeur

que

la

le

et lui

resté

soit

femmes

que

est

suggestion

la

créateur,

le

c'est

musi-

associations entre poètes et

poète consente à porter sur ses épaules

de

serve

Alfred

de

piédestal.

Si

jeune

et

si

Monpou

le

moderne

Musset auprès des étudiants

d'aujourd'hui, c'est pourtant

petite

?

qui triomphe de

Musset qui en

Monpou. Dans de semblables

C'est là

et

des

qui l'emporte dans

pièce amoureuse consacrée aux charmes de la marquise

d'Almaëgui.

Tout

est bien

qu'il faut avoir

venu,

d'un

jet

amoureux,

entendu chanter par Roger.

dans

Un

cette

vif

ballade

entraînement

caractérise le refrain qui n'a besoin ni de castagnettes ni de tam-

bours

I.

de

basque

M. A. Boisseau,

pour

à qui je dois

faire

penser

communication de

aux mantilles,

la très rare

aux

tailles

Lénore de Monpou.


LENORE cambrées, au regard noir et provocant des femmes espagnoles.

L'amour colore chaque note de

cette séguedille;

ardent, amoureux, pour laisser échapper de

émotion, chaste et sensuelle à

Monpou il

fit

avec son époque.

si

Il

faut être jeune,

poitrine

une

telle

la fois.

jouer des opéras, composa de nombreuses romances;

n'a rien laissé de

temps.

sa

il

comparable à cet élan musical

Par

lui avait été

il

reste associé

si

bien d'accord

aux esprits du

donné de dire un mot qui

même

n'avait pas été dit

chaleureusement.

Une l'oubli

mélodie, un conte, un sonnet,

nom

le

d'un

homme. Monpou, mort

tique.

Et peut-être sa tombe

vieille

dame de

à la mémoire

songeant

suffisent

est-elle

pour sauver de

jeune, est resté poé-

entretenue de fleurs par une

i83o, qui, le jour des Morts, dépose une couronne

du compositeur,

et,

pleine

:

Avez-vous vu dans Barcelone

?

d'émotion, s'en va en


CHAPITRE

IX

HOFFMANN Avec Goethe culièrement

conteur Hoffmann préoccupa parti-

et Biirger, le

les

romanciers

dessinateurs.

les

et

Trois

éditions

parisiennes parurent à quelques années de date, celle de Loëve-

Weimar, toutes

Théodore Toussenel,

de

celle

de

illustrées

trois

vignettes

maîtres en vogue.

Tony Johannot

Renduel

Jules

;

l'éditeur

verture ornée

de son édition

frontispices

dus aux

appelé naturellement par

fut

Ziegler pour la

choisit

Camille

;

Egmont,

vignettes

sur

un

acier

peu

trop

cou-

Rogier dessina pour

Camuzeaux des encadrements de couleur

libraire

des

Lefebvre

de

et

d'Henri

celle

le

destinés à relever

embourgeoisées

par

le

graveur.

La un

traduction de

portrait

Loëve-Weimar

d'Hoffmann,

gravé

se

par

recommandait en outre par Henriquel-Dupont, graveur

classique, qui jamais n'avait prêté son concours à l'ornementation

d'une publication romantique.

De combien de que savent ceux à un

même

faussetés est coutumière l'iconographie, c'est ce

qui, consultant

relatifs

personnage, se trouvent parfois en face d'images sans

aucuns

traits

public

n'admet pas

physionomie

une collection de portraits

de ressemblance entre

calme

qu'un et

elles.

Est-ce parce que

personnage célèbre

régulière?

Je

crois

plus

soit

le

doué d'une

volontiers

que

certains artistes, incapables de rendre la finesse des traits de leur

modèle, se laissent aller à une fâcheuse

facilité

physionomie toute conventionnelle au poète

;

et

prêtent une

adoptant une sorte


HOFFMANN de préconçu d'après de banales légendes sur qu'ils

êtres

ont à représenter,

cacodémoniaques

messieurs

ils

des

,

pleureurs ou des

le

compte de ceux

en font alors des séraphins ou des inspirés

ténors

ou des mélancoliques, des d'opéra-comique,

des

âmes

monstres; et ainsi nous sommes privés

tendres ou de farouches

FAC-SIMILE DE ZIEGLER, pour

de

la

physionomie

mensongers ont

les

réelle

affubliss

œuvres d'Hoffmann

(

i83o).

d'hommes de

talent

de postiches de carton.

Elle est pourtant intéressante la figure d'un

geoise

qu'elle

paraisse,

que des crayons

quand

on

sait

homme,

y pénétrer

si

bour-

comme

les

maîtres primitifs pénétraient dans leurs modèles. J'aime la représentation de

l'homme de génie

plutôt à l'état calme qu'aux

heures d'inspiration. Dans son état normal, un

tel

homme

rares

peut


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

76

paraître vulgaire à quelques-uns.

de

difficile

savoir par

quelle

volonté a été modelé

quelle

ne

Il

s'échappe son

fissure

son menton,

poids dont elle charge les

yeux fatigués en apparence,

la

commande au

du visage qu'un

de blanchisseuse qui corne un

de chemise!

Tout

cela est remplacé le plus

corps,

pensée a imprimés

la

aussi vivement aux parties molles col

avec

génie,

flamme qui ranime ces

méplats que

les

est

l'agrandissement du front

épaules,

qui s'est développé d'année en année,

qu'il

dans quel réseau de

rides s'abrite la pensée, les habitudes qu'elle le

Mais

pas.

l'est

souvent par

fer

la

repasser

à

convention

;

le

dessinateur n'a rien vu, rien observé de la figure du personnage, et

il

conviendrait autant de donner

de l'homme célèbre que cette

Ces

réflexions, peut-être

la caractéristique

image.

inutile

un peu grondeuses, tombent cependant

devant une représentation tout à

par

du valet de chambre

le portrait

fait

fantastique, inspirée à Ziegler

des œuvres d'Hofi"mann; véritablement

dames, qui regardèrent

le

portrait

en tète de

la

les

traduction des

Contes donnée par Théodore Toussenel, durent avoir une singulière idée

En

du romancier

réalité,

Hofl'mann

postes qu'il occupa, soit

comme

berlinois.

d'allures correctes dans les divers

était

comme

greffier

du tribunal criminel,

chef d'orchestre du théâtre de Cracovie.

Les travaux qui

le

faisaient

vivre

sous-sol tendu d'un papier à fleurs, éclairé

habitués

I.

pour

allait

un

c'est-à-dire

convenablement

petit et

buvaient et fumaient en dissertant sur l'esthétique.

J'attribue à Ziegler ce singulier frontispice, les

Hoffmann

terminés,

rejoindre ses amis dans une cave de Berlin,

les

soit

Œuvres complètes de Hoffmann,

gravés sur bois par Porret. projet n'eut pas de suite,

Il

paraîtra

me

fondant sur

l'avis

d'après les dessins de

de l'éditeur

:

Tony Johannot

«

Vignettes

et Ziegler,

une livraison de 4 vignettes par livraison de texte. » Ce d'ailleurs, étant engagé par Renduel pour les vignettes

Tony Johannot,

de l'édition Loêve-Weimar;

c'est

ce qui

me

pousse à attribuer à Ziegler

les vignettes ci-contre.


HOFFMANN L'imagination de Théodore

77

Hoffmann, d'Adalbert de Chamisso,

de Lamothe-Fouqué, qu'elle s'appuyât sur de curieux tifiques

ou du domaine de

l'art

pur,

était

faits

scien-

suffisamment tenue en

s. T. A.

'

ôoffiîtann

FAC-SIMILÉ d'un frontispice DE ZIEGLER, pour

éveil

dans ce milieu.

les

œuvres d'Hoffmann

(

i83o

).

Les dessinateurs romantiques ne voulurent

pas l'envisager ainsi.

On

s'imagina que

la

chevelure

d'Hoffmann

lançait des reflets

étranges semblables à ceux du punch bleuâtre brûlant dans un bol

d'argent.

Le conteur

fut

condamné

à

porter

une cravate


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

78

dénouée, un pantalon collant terminé naturellement par de

Sa physionomie devint

escarpins.

fins

d'un être extraordinaire-

celle

ment névralgique, dévoré par de bizarres pensées. m'en coûte de détruire cette iconographie de

Il

et à

mann,

penser à un

ferait

allemand

juif

si

des yeux humoris-

tiques n'indiquaient un regard sans cesse en quête de

Daucus

d'héroïnes

carota,

vagabondant dans teur est, malgré aussi juste

que

bizarres

et

gnomes, de

de personnages détraqués

cerveau du conteur; mais lui-même

le

commande

l'exercice

con-

le

au contraire pondéré

bizarres conceptions,

ses

le

au

regarder en passant un portrait réel d'Hofî-

premier aspect il

fantaisie;

de son

art.

Beethoven peut être en proie à de vives souffrances morales c'est,

homme

au physique, un

Tout

monde

le

connaît

représente Goethe debout,

semblable à ses contemporains.

la

le

jolie

Voulez-vous

statue

petite

ventre faisant

saillie

lande boutonnée. Voilà une œuvre qui nous

de génie dans sa

;

fait

berlinoise

qui

sous la houppe-

connaître l'homme

vie.

un

voir

Regardez ce jeune

homme

premier fatal,

tonneaux dans une sombre cave;

il

rôle

de

l'Ambigu -Comique?

appuyé contre une rangée de

fume une longue, longue

pipe,

en contemplant des crapauds, des couleuvres, des gnomes et des l'Hoffmann romantique, l'Hoffmann de 1834'.

larves. Voilà Il

paraît

que de

telles

images étaient nécessaires à

com-

la

préhension de ses contes. Mais combien les Allemands durent être

étonnés de l'imagination de nos dessinateurs! I.

Le Magasin

pittoresque, le

Musée des familles

rivalisaient à la

extravagants, de prétendus fac-similés de dessins d'Hoft'mann

un dessin d'Henry Monnier qui

;

même

j'en ai déjà

époque de parlé et

mystifia le public des Magazines en donnant

comme du

une fantasmagorie sans parenté avec l'essence germanique. (Voir Henry Monnier, sa

Œuvre.

Paris, E. Dentu, 1879.)

portraits

j'y ai joint

conteur Vie, son


CHAPITRE X LES FEMMES

«

ROMANTIQUES DE MIL-H

Quand une

âmes

fois

injustement

oublié

les

Époque

n'était

pas

romantiques. La les

Car

que par

rien

l'échantillon

1834.

bourgeoise et tourmentée, qui resterait pla-

fois

des peintres et

Ce

Dieu, se peut-il

juger du langage passionné d'un auteur qui

tement constitutionnelle sans ciers,

mon

romantique Aloysius Block,

le

des dames de

fibres

à la

parle

aujourd'hui.

-dessus, on peut

remuait

Ainsi

»

?

CENT-T RENTE

mêlé au sang, lorsque deux

s'est

se sont fondues en pleurs et en volupté,

qu'on oublie cela

ci

sang

le

U IT-

le

les hardiesses

concours que

la

gouvernement qui

le

femme

poussa en avant, souffla en eux

récompense aux plus

la

Mais

exaltés.

diverses de romantisme pouvaient se

y trouvaient leur compte,

les

femme

leur prêta.

favorisait

les

efforts des

en aide à ces audacieux

vint

seule

des poètes, des roman-

passion et se donna

aussi

à

;

elle

comme

combien de sources

désaltérer les femmes! Elles

mystiques et

les

matérielles,

les

poétiques et les prosaïques, les pudiques et les ardentes, celles

qu'on devait prier coliques à taient

au

qui

pied

comme

un de

clair

celles qu'il fallait brutaliser, les

de

croix

lune

suffisait, les

mélan-

pieuses qui s'abri-

vermoulues, celles qui écoutaient une

déclaration étendues sur un sopha et celles qui

ne reculaient pas

devant

le

On même

promettait aux femmes de les aimer longtemps, toujours,

funèbre décor d'un cimetière.

mortes, et on

rendez-vous sous les

vit

alors

tilleuls,

se

des héros de

rendre

la

nuit

romans, après des sous de sombres


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

8o

la pierre

cyprès et soulever

une

fois

La

Un

de

des tombeaux pour se repaître encore

vue de leurs maîtresses trépassées.

la

religion saint-simonienne ne

très bel

homme que

le

s'imposa que par les femmes.

père Enfantin

quels aimables dis-

et

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour

ciples

les

Romans

et

Contes philosophiques de BaIzEc (i83i).

que ceux qui l'entouraient, vêtus d'une tunique bleue

et

de

pantalons collants!

Tout pour

les

femmes, tout par

répandait des hauteurs

un gouvernement de

la

la force,

il

la liberté

par

«

la

femme,

de Ménilmontant sur

d'épiciers » interdisait

femme

et

que

la

était la

Thymne cité.

qui se

Et, quand

aux apôtres de prêcher

police fermait la salle Taitbout

ne manquait pas de femmes pour s'interposer entre


LES FEMMES ROMANTIQUES DE Ml L-H U IT-CENT-TRENTE

à cheveux bouclés et

les missionnaires

force

la

8i

brutale, symbole

des idées bourgeoises.

On

moins

vit

moyen-âgiste gothique

fréquemment

d'alors;

une odeur de renfermé qui

femme

suivre

l'enseignement

vieux bibliophiles, avec

manuscrits

leurs

et

les

la

poussiéreux,

n'était

rien

leur

apportaient

langage avec

eux

moins que galante.

S'ils

VIGNETTE DE TELLIER, pour une brochure politique sur Alger (i832|.

parlaient

de

c'était

filles,

de truandes du dernier degré,

et

ils

s'oubliaient

sans vergogne dans des logis de bas étage tenus par

d'horribles

vieilles

avaient

;

cependant

on

leur

pardonnait

parce

adouci ce vilain mot de police correctionnelle

par avulterie\

qui

n'avait

pas la sécheresse

et

le

:

qu'ils

adultère,

coupant du

terme juridique. I.

Mystère du xi'

siècle. I

I


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

8a

Les archéologues non plus ne paraissent pas avoir fortement attaché la femme.

Oh

1

je

voudrais la voir, sur l'antique ruine,

Assise et son beau front appuyé' dans sa main!

un conditionnel qui montre que

est

l'antique ruine

«

»

n'était pas

dames.

très fréquentée par les

L'amour des jeunes hommes

poitrinaires

d'un

était

meilleur

placement. Tout un groupe de poètes, à

la

débihtée, poussa hardiment sa pointe.

étaient jeunes, mélanco-

et

liques,

pâleur de

la

ne recouvrait pas moins des

front

Cette veine, Sainte-Beuve l'exploita avec

brûlantes.

passions

leur

Ils

faveur d'une poitrine

infi-

niment d'astuce.

Pour trois ans seulement, oh Sur

ma

table

un

lait

que

!

pur, dans

je

mon

puisse avoir

lit

un œil

noir!

Ce

sont deux vers qui feront sourire les séducteurs de 1880.

pur sur

la

poète les

table

pendant

sollicitait

tempérament

ans

trois

faible qui se donnait

savaient bien poitrinaire

de nuit, cet œil noir brillant dans

que

pour

celui

rire

qui

qui

de

offrait

seulement

«

la

».

marge; mais

un

s'engagerait

la

bail

volontiers

ruelle, le

Voilà

les

semblable

pour

lait

un

femmes était

trois,

un six,

neuf.

Partout l'étranger. terre,

les

romantiques cherchaient des congénères, surtout à

Dans

cette ardeur de recherches en

en Allemagne,

en

Italie

pour former des

romantiques poussèrent jusqu'à l'antiquité

même

Espagne, en Angle-

et

le

roi

alliances,

les

Salomon

lui-

devint un puissant auxiliaire en matière d'amour.

En

effet.


LES FEMMES ROMANTIQUES DE M IL-HUIT-CENT-TRENTE

cet Oriental savait parler

une caresse Ecce mea,

aux femmes un langage qui

83

était déjà

!

meus loquitur mihi : Surge, propera, arnica mea, columba mea, formosa

dilectus

et veni.

(Voilà que

mon

bien-aimé m'a

dit

:

Lève-toi, hâte-toi,

mon

amie,

ma colombe, ma

toute belle, et viens.)

<'

'-:'i,v);/ <!i vil

VIGNKTTE nE TONY JOHANNOT, pour Résignée, de

Le

joli

latin

columba mea Tota pulchra (Tu es toute

Gustave Drouincau

tendre et parfumé

!

(iS32).

Arnica mea, fonnosa mea,

!

es,

arnica mea, et macula non est in

belle,

mon

amie,

et l'on

te.

ne trouverait pas en

toi

une

tache.)


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

84

Ces mots, à demi blaient-ils pas pleins

Les romantiques

Cantîcorum

pour

voilés

oreilles

les

féminines, ne sem-

de promesses? ne

pas

lassaient

se

de

citer

le

Canticus

:

Lectulus noster /loridus.

(Notre petit

La femme

savait gré

lit

est tout

aux poètes

de

et

fleurs.)

aux romanciers de plonger

VIGNETTE D EUGÈNK pour Une Nuit d'automne, Nouvelle de M.

dans

l'Ancien Testament

Sans doute, de

les

d'en

concupiscents,

défense

d'amour.

La

:

comte H. de V.

rapporter de

prêtres qui débitaient de tels

chaire de leurs livres étaient

la

leur

et

le

I.AMI,

des

des

serpents sensualistes

Tous

les

peuples

ont

chair a frissonné pantelante

Orient; la race saxonne elle-même a ses

comme

la

;

race latine.

(if3i).

pareilles

sermons du haut

démons mais

perles!

ils

parlé la

tentateurs, disaient

même

en Occident

des

pour

langue

comme

en

moments d'entraînement


I

LES FEMMES ROMANTIQUES DE MI I.- H UIT-CENT-TRENTE-

que Shakespeare avait

vrai

est

II

aussi courts qu'un seul, et

même,

Milton,

De semblables

in

lettres

De

la

mes

entendre alors des

honte, à

toi,

mon

bonne

toi, si

regards, avec

mes

Ce

pas

n'est

duisit

d'une femme,

cris

lui:

M"" Sand

vibrer sa

laissant

rappelaient les

voluptueu.x qui

:

l'air

que

tu respirais?

qui

Pannier,

d'élans passionnés

tant

s'était écrié

ange! Mais pouvais-tu, dis-moi, échapper à

inconnue. M""' Sophie

Et

à calmer bien des con-

et si tendre, te soustraire à cette

soupirs, avec

»

bras l'un de l'autre.)

les

plus

de Mirabeau à Sophie

Pouvais-tu,

baisers seront

each other's arms.

citations contribuaient

féminines. Aussi,

fit

Dix

un seul aussi long que vingt.

(En paradis dans

chair,

«

:

grave poète du Paradis perdu,

le

Imparadised

sciences

dit

85

parle

mon amour?

passion qui t'arrivait avec

ainsi

,

non

une oubliée d'un

,

une

c'est

siècle

qui pro-

négligea d'en faire connaître

qu'il

auteurs.

les

Quel

est

le

pleutre qui a dit

nuyant avaienf amené succès

ses

la

venue

que

les

de M™'

femmes Sand

et

d'alors

s'en-

contribué

à

?

Voulez-vous un échantillon des occupations de

la

femme

entre

1828 et 1834? Elles

regardaient

l'ignore, était

la

lune,

et

une autre lune que

la

lune

d'alors,

personne

celle d'aujourd'hui;

Les femmes plongeaient leurs yeux nacrés dans des

Des seigneurs sans

courtoisie

les

Sophie Pannier, Un

et

lacs;

traînaient par les cheveux

Elles éprouvaient d'horribles angoisses de mères;

l.

ne

un font deux, nouvelle publiée par l'Artiste.

;


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

86

Des gens farouches leur meurtrissaient

les

poignets avec des

gantelets d'acier. «

A

votre tour, Ralph! Croyez-vous que

n'est pas assez large

le

cœur de

pour contenir deux amours à

femme

cette

la fois?

'

»

VIGNETTE DE GIGOUX, pour

C'étaient

des

les

Poésies du coeur, de Mélanie

valses

enivrantes

hommes. (Lui-môme, Paul Foucher,

Au I.

Waldor

dans était

(1X33).

les

bras

de

jeunes

un beau jeune homme.)

théâtre, les actrices roulaient du haut en bas des escaliers,

Staniel Stéénie.


FEMMES ROMANTIQUES DE M

LliS

la

tète

la

de Vigny

première; et avec son les applaudissait

du

faîte

1

L-H

sourire

-CEN I-TRENTE

L II

de gentleman, Alfred

de sa tour d'ivoire.

Adultère! adultère! Le mot poursuivait partout était

inscrit

en

de

lettres

feu

87

dans

les

plis

de

les

femmes

et

leurs robes de

châlis.

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour Vertu

et

tempérament, du bibliophile Jacob

(i83.").

Elles croyaient aimer un noble cœur. C'était

On se battait pour elles sous les réverbères. « Cœur contre cœur, lèvres contre lèvres », Michel Masson I.

Contes de

'.

l'atelier.

un forçat

s'écriait

!

l'honncte


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

88

Le beau temps où Gennaro

!

femme

la

pouvait s'écrier

Gennaro

«

:

!

mon

»

La bosse des bossus eux-mêmes contenait d'immenses

trésors

de tendresse. C'étaient des brutalités et des ardeurs de soudards

veux, et non pas

iiri«ii--<

:

— Je vous

Je vous aime.

:

_

^I^S^^Jini^.JS-'^^^'-^:^^' CHCKftlIK

''

VIGNETTE DE LECURIEUX, pour Vn Mauvais Ménage, de Pons (i833).

Et quel beau langage

Eugène Sue

!

leur disait

«

:

Jai «

fait sensation à cette

Delphine Gay

Qu'il est beau! I.

Atar-Gull.

comme une

s'écriait

Que

»

Pourquoi dire anathème, cordieu,

sur les beautés noires et fougueuses

farouches et emportées

femme.

comme une jeune tigresse

cavale africaine, ?

:

ses regards brûlants font frémir!...

'

»


LES FEMMES ROMANTIQUES DE MIL-HUIT-CENT-TRENTE

Louise Arbey Au

disait

(?)

réveil,

:

donne-moi ton long regard de flamme,

Ton doux

sourire et ton baiser.

Lui-même, emporté par s'écriait

:

«

89

ce

Viens, gentille dame!

M.

de passion,

torrent

Scribe

»

VIGNKTTE DK TONY JOIIANNOT, pour

l'édition iii-12

Et on ose dire que

époque

Poètes

!

la

de Xolic-Dttmc de Paris (iK3n.

femme

romanciers

,

,

s'ennuyait à cette bienheureuse

auteurs

dramatiques

compositeurs ne cessaient de s'occuper d'elle; fini

par se regarder

gnoles

,

à

leur

comme

choix.

les

,

peintres

,

femmes avaient

de grandes dames italiennes ou espa-

Leurs beautés

les

plus

diverses

étaient

étudiées en tout sens. femmes,

Noirs

et brûlants, jeunes

Noirs

et brûlants, qu'ils sont

beaux

I

13


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

90

me

Je

Mais

hâte de dire qu'il s'agit des yeux!

pas entendu chanter cette mélodie d'Hippolyte

si

vous n'avez

Monpou dans

son

mouvement presto troppo molto appassionnato, vous ne pouvez savoir ce que c'est'.

Demandez aux femmes

d'aujourd'hui

ce

pensent de

qu'elles

nos jeunes habitués de clubs.

Pas une dague, pas un

d'escarcelles

lieu

«

!

Absence complète

De de

vils

porte-monnaie au

braguettes

!

Et

ne

s'il

de temps à autre quelques voix autorisées pour crier

s'élevait

!

stylet

Tue-le.

Tue -la.

Tue-l'homme

»,

on

se

croirait

:

à

Genève, en plein pays protestant.

Un époque

poète de i83o, Haag, avait bien prévu notre

De

grâce, dites-moi, puissances inconnues.

Pourquoi

faut-il

Des recherches sur

le

aimer

brevets de capacité,

comme

les

chiens des rues?

problème de l'éducation des femmes, des

écoles professionnelles, des

filles

de bourgeois qui

disent de gros mots durs

concubinage (combien l'ancien mot

binaige), est-ce là

prennent

était plus

ouaté

tels

qu'

adulqiioqti-

Un Cœur pour deux

amours ? Les Yeux

:

:

vraiment l'époque qui devait succéder à celle

que nous ont dépeinte des ouvrages

I.

des

des Américaines docteurs en médecine, des

magistrats, des philosophes qui tère,

calamiteuse

'

noirs. Caprice. Paroles de

Ch. Dovalle. Musique de Monpou.


CHAPITRE l'adultkre en

Ce

i83o.

XI

l'orgie

furent deux des principaux mots du dictionnaire romantique,

ceux que les écrivains employaient avec

le

plus de complaisance.

VIGNETTE DK TONY JOHANNOT, pour

Sans

prétendre

te

Manuscrit

entrer

vert,

de Gustave Drouineau (i83i).

profondément

question de l'adultère, une vignette de

un peu plus grave que ne ce gentil

petit

maître,

elle

le

au

cœur

de

Tony Johannot

comporte d'habitude

le

la

grave

m'attire

:

crayon de

m'a paru appeler quelques commen-

taires.

Un

élégant jeune

homme

en

déshabillé

du matin

(peut-être


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

92

vient-il

de s'arracher des bras d'une galante créature) se trouve

en face d'un prêtre austère qui, son regard sur

vert, appelle le

doigt posé sur un livre entr'ou-

le

mot

le

Code, mais bien l'Evangile au passage où

fornicateurs

ni

Ainsi était

cieux. »

Manuscrit subissant

vert

de

souffle

le

paraphrasé par

il

même

du

un chapitre du

même

la

époque. de

situation

la

cependant étaient agités, au plus profond de leur

Sans doute

être,

par

les

?

de Gustave Drouineau, sorte de mys-

les doctrines

tagogue au cerveau mal équilibré

une

pas

quelques

secousses des poètes et des romanciers contre les insti-

tutions sociales

fut

la

regardaient la mêlée romantique sans y prendre part

lettrés qui

dans

les

des

enflammé qui embrasait

vent

Mais ne convient-il pas d'indiquer

violentes

Ni

Gustave Drouineau, romancier humanitaire,

plupart des poitrines d'écrivains de

et

«

:

royaume

le

vignette

la

pas

livre n'est

est dit

dans

n'entreront

adultères

les

Ce

adultère.

maison

même

de

mourut

(il

peu d'adhérents.

trouvaient

d'aliénés),

de George Sand

y a peu d'années

il

le

joug du mari

n'en

tout d'abord, dans

qui,

première manière, entraîna à sa suite un certain nombre meurtries ployant sous

Il

«

sa

d'âmes

aspirant par conséquent

»,

à la liberté.

Le miroir que

M™° Sand

projetait alors

sur le terrain du

roman

intime ne reflétait à vrai dire que sa propre image. Si, à côté de ce

portrait,

l'un

apparaissait

de repoussoir, l'autre

le

mari

ne Si

du sée,

l'amant,

Tel fut

d'utilité.

mit en action l'auteur de Lclia, en qui

ou

le

le

c'était

trio

à l'état,

que longtemps

rehaussant d'une phraséologie

manquait pas d'une sorte d'éloquence.

les

règne

mœurs de

font

les

romans,

Louis- Philippe

dut

matrimonialement parlant.

A

la société

du commencement

être

profondément boulever-

s'en

rapporter

aux

écrits

de


I

L'ADULTÈRE EN

i83o.

L'ORGIE

M'"° Sand, Vadiiltère planait au-dessus de la

gS

France, en province

aussi bien qu'à Paris.

Dans

cet ordre de choses,

George Sand

fut-elle véritablement

l'expression de son époque?

une jeune femme douée de facultés imaginatives

J'entrevois

que

exceptionnelles,

débat contre

les

la

puissance du mari révolte,

arrêts de

la

destinée

qui

»,

«

cœur

qui se

pas trouvé sa

n'a

VIGNETTE INCONNUE, de

l'iicole

de

Tony Johaimot

i83o).

(vers

moitié pas plus que, libre, elle ne la trouvera après de nombreuses recherches. Cette femme, grâce à sa plume facile, entraine après elle le la

vie

cortège de personnes qui manquent du sens pratique à

deux

:

attaquée par

passionnant les uns,

jouant avec habileté du thème du

«

malaise social

»

les

ou des

plaies de la civilisation agonisante », M'"° Sand, par ses

tions

vers

une

existence

meilleure

susceptible d'égarer ceux qui

travers les romans.

»

,

se piquent

conquit

une

d'étudier

les

« «

de

autres,

grandes aspira-

popularité

mœurs

à


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

94

Si la statistique

pouvait intervenir dans ce courant d'études,

on verrait que l'adultère puni par

la

guère plus con-

n'était

loi

sidérable en i83o qu'en 1880.

La France

pas une nation qui

n'est

lapide celles qui violent

conjugale; elle s'amuse plus volontiers aux dépens de leurs

la foi

victimes et en

de comédies piquantes qui font connaître

fait le sujet

bien plus le sentiment gaulois que les prêches

dogmatiques sans

rapport avec notre esprit sceptique. que,

Alors

sous

discutaient sur ce sujet

L'adultère

Napoléon,

dit

qui,

politiques

:

dans

dans

n'est,

hommes

premier. Empire, des

le

le

Gode

civil,

qu'une

le fait,

est

un

fait

immense,

une

galanterie,

affaire

de bal masqué.

— une

môme

revint encore dans la

11

soirée sur le sujet.

affaire

et

du

gaieté,

xvi''

et

mais

les

conteurs français du

siècle

ne pensaient-ils pas

de

même

pas

n'ont-ils

;

engendré

aussi bien appeler la philosophie)

la Physiologie

avec plus de

(qu'on pourrait

du mariage?

Sand ne comprenait pas plus l'ancienne gauloiserie que

M""^ M""^

c'est

de canapé.

Les législateurs sont cyniques xv*"

un phénomène,

L'adultère, ajoutait Napoléon, n'est pas

Cottin

;

aussi

aujourd'hui

celui-là

serait-il

bien

prendrait pour thème

de

citations de Lélia, et

faut voir avec quelle violente et

il

ses

arguments

contre

arriéré

l'adultère

qui

des

peu respec-

tueuse ironie Proudhon traita, vingt ans plus tard, les déclamations des « coeurs qui se révoltent contre les arrêts les

imprécations poétiques à propos des

les lois

I.

'

«

de

la

destinée»,

passions réprimées par

»

De mcnie, au début,

ces doctrines répondaient

Uénevoise, disait-on de M-" Sand dans

le

monde

faiblement à

des poètes.

l'idéal

romantique.

Une


L'ADUI.TKRK EN

Un

I,

'ORGIE

y5

des écrivains qui contribua à vulgariser fortement l'adul-

tère, à le rendre fut

i83o.

même

significatif et possible

dans sa violence,

Alexandre Dumas; avec moins de ménagement que M™° Sand,

plus d'emportement, une sensualité

ardente qui ne se cachait pas

derrière le paravent hypocrite de réformes sociales, l'auteur d'Au-

comme un drapeau

tony arbora l'adultère

drame moderne, comme

les

son

Grecs avaient employé

temps ne demandaient qu'à

ce

pivot du

le

fit

créole

le

dans

fatalité

la

triomphante dans quelques salons,

entrée

femmes de

en

il

dramatiques. Avec

leurs grandes conceptions faisait

;

l'adultère

certaines

et

aux pieds de

se jeter

ce vainqueur irrésistible.

Je dis quelques salons et certaines femmes. L'adultère,

dans

l'affichait

en

qu'un

curieuses

volontiers au

drames

que par des

pratique

sées, les

les

et

les

bas -bleus,

nom

monde où on

femmes de i83o,

artistes

et

sive minorité

qui

doute

comme est

il

des

de

maussade.

faire

dans

Un dans

fait

comme

des rosières

monde

le

et l'entraînement

restreint.

Et

il

des

exces-

de l'adultère en fut,

je le

l'orgie.

une agitation

époques où

Ce que veut

alors

le

sang.

La

la nation,

singulière

vie domestique

elle l'ignore; elle

moments

est inquiète, nerveuse, quasi hystérique et à des

tement

déclas-

sans-gêne ne furent qu'une

s'empare des esprits. La fièvre enflamme paraît

les

jouait à l'adultère

vécurent

que dans un cercle

de l'adultère

Sans

le

mis réellement

des actrices,

Sans prétendre

dans Paris. Le factice

n'eurent prise crois,

On

s'amuse.

celles

en acceptèrent

n'était

retentissant attire et qui se mêlent

on joue à un jeu de hasard. des

romans,

qu'on

tel

d'abat-

succéder de bizarres ardeurs.

certain

nombre de jeunes hommes

les lettres et les arts,

en marchant,

sous

le

qui, en

i83o,

entraient

remportèrent quelques victoires

drapeau de l'adultère, à

la

faciles

rencontre des


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

96

quelques dames décrites ci-dessus

ne trouvant pas une complète

femmes à des maris peu

satisfaction à enlever des

danger

cet assouvissement sans

;

jaloux, peut-être

mot orgie

les poussa-t-il à ajouter le

sur l'étendard de leurs passions.

Orgie devint facilement à

la

mode. Peu de drames sans orgie,

depuis que Gennaro avec son poignard avait gravé sur

du palais des Borgia

la

la

façade

triomphante anagramme Orgia.

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour

11

était

prêtaient

avec

la

joies

de

fécond

ces

le

les

nombre

l'enfer,

la

la

si

mouvementés auxquels

pleines.

L'orgie, c'étaient,

richesse, la sensualité, l'oubli

révolte

l'homme redevenu mâle, belles

(1829).

d'incidents

deux courtes syllabes

beauté et

Que de

Poèmes d'Alfred de Vigny

la

orgies au

contre

femme

la

société,

le

de

délire

la vie,

des

les

sens,

femelle.

théâtre, dans

les

livres!

L'orgie partie de très haut devait descendre très bas. N'est-ce


L'ADULTERE EN

i«3o.

L'ORGIE

97

pas l'orgie qui provoqua Tinvention du roman maritime qui fleurit

pendant une couple

Chypre;

meilleurs vins de

On

d'années?

jusqu'à

avaient été suffisamment arrachées. Les

Les bonnes

poisons italiens les plus

lames

de Tolède

quels coups de couteaux que ceux de matelots ivres

Vraiment une orgie sur sur son livre de bord par la

les

lie

étaient

Les romanciers arrivèrent aux coups de couteaux. Et

ébréchées.

de

la

robes de soie des grandes dames

les

fameux semblaient fades.

bu

avait

M.

consciencieux

le

même

pont d'un navire,

le

!

rapportée

Jal, historiographe

marine, était émouvante et féroce. Plus de lambris dorés!

Ils

avaient été brûlés par d'impétueuses Vénitiennes! Pour décor, un

pont de navire,

les flots, la

lune éclairant l'ivresse,

Triomphantes orgies que les

regardons

demandant

la

modéré des

celles des

œil

d'un

aujourd'hui

fil,

et

très

fameuse

mince

si

aux

qu'il

qui

et

de

dit-on, à

contraire à celle qu'exposait rabelaisienne

la

fin

de

la

de Pigault-Lebrun, aux couplets salés

château

Adolphe Thiers montra,

courant

le

rattacherai plutôt

je la

aux gaillardises de

soit,

M. Vatout,

du

soirée

nous

sociales d'alors.

succès

de

salés

le viol!

quelque peu étonné,

cause de ces singulières infiltrations dans

institutions

Restauration,

sang,

romans maritimes! Nous

L'orgie des premières années de i83o,

par un

le

projette

plus

particulièrement

Grandvaux où

après

,

une fenêtre du château

Quasimodo au

un rayon

gai

pilori.

sur

le

à

cette

souper la face

Une gaminerie

grave auteur de

l'Histoire de la Révolution. Si cette légende, attachée à la

repose sur un fond de vérité,

de

l'auteur

l'orgie.

elle

mémoire du

«

petit

bourgeois

»,

appartient plutôt aux joyeusetés

du Secret de Monsieur Ladureau qu'au domaine de

Les romantiques se piquaient de tenue

pas de pareils

et

ne recherchaient

efl'ets.

i3


CHAPITRE LES SALONS

XII

ROMANTIQUES

Sur rhistorique des salons romantiques, où se brassaient les déchappées succès de la nouvelle école, on serait réduit à peu

SOIREE A Gravure

lumineuses, certains écrit

un

si

les

à l'cau-forte de

livre intime sur

célébrités

détail.

Johaniiot

(ili3i)

lithographies ne fournissaient M""^

Menessier-Nodier, qui a

son père, a négligé de rendre

soirées de l'Arsenal

du romantisme,

astres qui ne

Tony

vignettes et les

renseignements de

ment des fameuses

ARSENAL.

L

les étoiles

demandaient qu'à

;

le

mouve-

pourtant passèrent les

poétiques qui pointaient, les

briller. «

L'allumeur

»

était

un

fin


LES SALONS ROMANTIQUES

compère, une sorte de bonhomme

Condamné

ardente.

une

à

vie

qui la

à

prudemment

voilant

à devenir

sa pensée, consentait facilement

nesse

philosophe,

lettré,

ne déplaisait pas et qui,

historique

fiction

99

père de cette jeu-

le

difficile

par

peu de

son

Nodier se prêta de tout cœur à ouvrir ses bras

fortune, Charles

aux nouveaux venus, certain que

à

ceux-ci,

l'occasion,

ren-

lui

draient la monnaie de sa pièce. C'est de la politique de vieillard

De même

des fêtes aux jeunes.

qu'Enfantin, dans les dernières

années de sa vie, recevait dans

battants

les

de

portes

livra

à

de

ses

l'Arsenal.

jeunes

femmes

Nodier

ouvrit

à

Dans

semblait

Tony Johannot

maître du logis rêveur, et dont

deux

plein

on

on joua,

que

discussions

endroit,

cet

des lectures,

fit

chaudes

les

salons

marquaient,

qui

historiques, on

souvenirs

on se

hommes

jeunes

les

et

portant que de donner

bien

de

dansa,

écouter le

a laissé un vivant

croquis.

Quelles sont ces femmes emportées dans un galop

neux

»

Quels sont ces jeunes hommes, dont

?

la petite

«

vertigi-

dimension

de l'estampe n'a pas permis au graveur de marquer suffisamment je

ne trouve qu'un personnage

bien en vue, très ressemblant, Paul

Foucher, alors très remuant,

traits

les

myope,

très

nombre de J'ai

1.

Sur

entre dans

la

il

les

myopie de l'homme se trouve

cartons de les

le

les

galop.

Il

[ii'i'2.)

mon

histoires plaisantes

une copie de

à la maîtresse de la maison.

danse

journalisme du temps attribuait

le

bizarreries'.

un salon où

ceux qui ne

excepté,

très crépu, à qui

rédacteur de l'Artiste

dont

Janin

trouvé, dans

fille?... dit-il

Un

Jules

?

Beau

àisaix de lui

:

«

la

Pierret',

ne tarissaient pas. Paul Foucher

Vénus nue du

portrait; je vous

Titien.

en

«

fais

Mademoiselle votre

mon compliment.

Paul Foucher est célèbre surtout par

la

»

manière

parle volontiers de ses ouvrages, les explique et les récite presque à

ont pas lus.

Il

a

une manière de regarder

décrivant un arc, qui appelle sur lui les yeux de l'assemblée. 2.

M.

beau-père,

La maison hospitalière des Pierret s'ouvrait tous

les

femmes

et

de leur parler en

»

les soirs à

un groupe de peintres

et


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

un dessin à

d'Eugène Delacroix,

sépia

la

habituelle de ce nouveau petit Poinsinet

voyait dans le

monde

dans

ni

les

;

représentant

c'est dire

ateliers

l'allure

qu'on n'entre-

bon Paul Foucher

le

sous un jour bien sérieux.

On

M"' Victor Hugo

regrette que

n'en ait pas dit plus sur les

^^ PAUL FOUCHER. D'après un croquis à

soirées de

grande

la

tisans

la

Royale.

place

bataille

livrée

à'Hernani; mais

d'amis des arts

:

la sépia

Delacroix,

à les

Schwitter,

d'Eugène Delacroix

Elle la

s'est

(vers i832).

étendue avec

raison

Comédie - Française par

discussions

esthétiques

de

la

consacrée à dessiner ses

faits

et

par-

les

i83o,

les

Frédéric Villot, Jal, etc.; divers croquis donnent à

croire qu'à la suite de quelque mésaventure récente attribuée à Paul Foucher, toute fut

sur

gestes.

Voir pour plus de détails sur ce

Correspondance d'Eugène Delacroix, éditée par M. Ph. Burty,

et les

romantiques, de M. Ernest Chesneau. Paris, Charavay, 1880. 1b-i8.

une soirée

petit

cénacle

Peintres et Statuaires


LES SALONS ROMANTIQUES

loi

imprécations et les violences qu'appelaient bénévolement sur leurs

des

têtes

âgés, ne

adversaires

pas suffisamment

peut-être

sont

développées. Avec impunité

«

s'écriait

également en vers

les

le

Hugo

font des vers

»

!

Népomucène Lemercier, un

vieux

novateur de jadis pourtant, mais qui, ulcéré d'être mis à l'écart

par

néophytes de

les

de criminelle

nouvelle école, traitait

la

la

prosodie romantique et eût certainement envoyé sans remords ses sectateurs au bagne.

Népomucène

Lemercier,

conventionnel déporté à

Guyane,

la

Barbé - Marbois,

vieux

le

c'est

qui,

le

devenu pair de France

sous Louis-Philippe, condamne sans pitié les accusés d'Avril. Si

poètes de l'Empire se permettaient de telles violences

les

vis-à-vis de leurs adversaires,

France

dont

l'un,

spectateur hostile

avec ce poignard

:

il

a

(XHernani,

représentation

à

la

«

Je vais

la réciprocité

t'enfoncer

le

sifflet

des Jeune-

criait

dans

la

à

un

gorge

»

!

Mot mémorable temps n'en

on admettra

gai.

et

ait recueilli

du

11

même

manqué un observateur

Aux

ordre*

acteur du

qu'aucun

fâcheux

est

romantiques

salons

un La Bruyère

discret,

Mérimée, qui, impassible, eût écouté sans

mêler

s'y

teinté

de

les discus-

sions littéraires

des divers groupes, qui eût regardé les rapports

entre les jeunes

hommes

On

était

morsures à rances de

la

jeune,

peau

damnés

et

et les jeunes

on s'aimait, au cœur,

inscrits

dans

je

les les

femmes de

l'époque.

ne

point;

le

nie

regards fatals,

les

mais

les

désespé-

œuvres d'imagination

d'alors,

ne sont-ils pas quelque peu superficiels et d'épiderme?

Un

soir

pourtant que j'écoutais, dans les salons d'une Muse,

une conversation entre M.

Cousin

et

Alfred

de

Vigny,

il

me


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

,02

sembla que du plomb fondu venait d'être versé dans

Un astronome me

sommeiller,

comme

retomba,

d'après

Je vois,

poitrine, semblait sans cesse

la

«

:

Dans notre temps, nous parquet.

le

astronome ferma

les

Après

»

yeux

M.

et sa

Babinet,

dans quelque trouble.

images de l'époque, des dandys causant

les

avec les femmes, entre deux quadrilles

les « raouts »

dans

jeta

oreille.

cheveux en

les

d'habitude, sur sa poitrine; mais

me

jouant les Antony,

qui,

chevelure sur

la

cette étrange confidence, le brave tête

Babinet,

coup

à

tout

souffla

femmes par

les

M.

d'esprit,

menton appuyé sur

broussaille, le

traînions

plein

mon

;

ne

je

trouve pas dans leur attitude, dans leurs regards, cette poussée à

les

romanciers

:

je

consacrées

sensualités

l'adultère, ces acres

me demande même

par

parfois

poètes et par

les si

ces romantiques

fougueux n'étaient pas des mystificateurs qui voulaient stupéfier Parisiens.

les

y a

11

voulu, que de frénésie

me semble-t-il, plus de cherché, de réelle. Un Jeune-France se vante de boire là,

du punch dans un crâne; qui

en rentrant, cet enragé ne

sait si,

prend pas une infusion de camomille dans une vulgaire tasse de porcelaine

me

Je la

?

garde

toutefois

d'affirmer,

du poète

correspondance

ayant

romantique

le

eu

sous

plus

les

yeux

gentleman de

l'époque avec une actrice de drame passionnée. Je ne sais quelle

torche enflammée secouait cette

entourage

;

femme parmi

les

hommes de

ce sont des échanges de sensations auprès desquelles la

correspondance de Sophie et de Mirabeau est réservée. des

sens atteint une

décrire

des

:

les

lettres

que

intensité

étranges

je

adressées

des

romanciers

et

même

pas

donner

initiales

d'une

les

collection de l'étranger la

ne

me

Le

hasarderai

à M""* Marie

,

font

plus riche

partie

délire

pas

D

une femme célèbre, dont

poètes,

veux

son

à

par je

ne

actuellement

en documents sur

le


o u a E:

E s o =

I



LES SALONS ROMANTIQUES

On

romantisme. révélations

le

demande ce que pensera

se

jour

Pour en revenir

seront

elles

aux

io5

de

l'avenir

divulguées.

Hugo, non

par

analogie des rois

tenaient le sceptre, mais

L'Arsenal

des

et

de

celui

qui

reines

en raison des invités qui

une certaine sévérité d'aspect

offrait

on

romantiques,

réunions

principales

peut ne faire qu'un du salon de Charles Nodier et de Victor

telles

y

s'y pressaient.

des

;

de

restes

décoration du temps où Sully l'habitait s'opposaient à l'encombre-

ment

d'objets d'art, qui, d'ailleurs, n'étaient pas le fait de Charles

Amateur de

Nodier.

bibliothèque

couvrant

les

était

de

murailles

d'un

appartement.

Nodier appartenait à

âge,

qu'on

comprenait au

le

porté à la

ceux que ravit une

il

livres rares,

xviii*

Thomme

de

classe

la

de

c'est-à-dire un

siècle,

Par son

méditation par les objets qui l'entourent

lettres

philosophe

une sphère

:

sur le bureau, des cartes tapissant les murs, sur le haut

hommes de

bibliothèque des bustes de grands

Cette

austérité

à quelques années de

devenir^

de

salons

la

place

tiques,

un

M"' Victor Hugo

plaisir

tueuse,

dont

faisaient

A

délicat

la

comme

le

purgatoire batailles

reçut les amis de son mari.

que d'être

par cette

accueilli

triomphantes épaules,

les

l'Arsenal

pas

grandes

résultat des

le

la

de

une sorte d'antichambre des

là,

Royale; ce fut

paradis alors qu'après

de

l'antiquité.

n'empêcha

d'ameublement

tel

le

teint,

Un

de

ce

drama-

honneur,

beauté

majes-

yeux noirs,

les

penser à une reine d'Espagne. place Royale, de

nombreuses. Qui voudra

même les

qu'à l'Arsenal, les

voir

dans leur

femmes

élégance,

étaient

leurs

airs

de tête de l'époque, devra consulter l'œuvre de Tony Johannot, certaines

lithographies

pour

détails

les

de

la

de costumes

pierre de Devéria.

première et

de

manière de Gavarni

coiffures,

les

dessins

et,

sur


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

io6

Si

un

esprit porté à la critique s'arrêtait aux

sèchement par

les

poupées gravées

journaux de modes de l'époque, avec raison

il

trouverait quelque peu ridicules les ajustements féminins de i83o;

mais à se reporter aux scènes d'ensemble recueillies par

les dessi-

"^?^:;i2S&!iiiiiii

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour Une

nateurs

dont

courant

d'alors

je

Ame

l'impression

parle, et

le

en peine, d'Amiidée Kermel I1834).

charme

on

change;

de ces

jolis

entre

papillons

dans

le

de salons

apparaît plus piquant.

Le fanatisme pour si

loin

les

modes de femmes

est aujourd'hui poussé

que, dans les journaux à informations,

le

compte rendu


LES SAI.ONS ROMANTIQUES

par

d'une comcdic débute souvent toilettes

Un bon

d'une actrice.

marchande de modes,

la

107

description des différentes

critique

et la description

doit

des

être

doublé

d'une

robes

d'une

comé-

dienne en renom offre parfois plus de développements que l'analyse de la

Pour

pièce.

de i83o à 1884, Victorine

,

chapeaux

les

Palmyre

et M'"'

magasins desquelles

Les «

au-dessous de travaille déjà

Ces

les

leur

et

coiffures étaient fournis par

à la

mode

devaient se

montrer. :

Gagelin, les Burty ne seront pas cette année

renommée européenne

fécond

leur

;

cerveau

»

une

serait facile d'en recueillir

il

les

m'ont fourni cette nouvelle à sensation

pour Longchamp.

détails,

les

Saint- Laurent, trois rivales dans

femmes

les

étoffes, les soieries,

Les Hcrbault,

plaisir à ces couturiers je dirai que,

faire

forte

touffe

;

je

ne veux signaler qu'en passant une étoffe très recherchée alors, tout à fait oubliée aujourd'hui et qui a sa

musée d'un M. de les

Mésangère

place

parle du chàly célèbre dans

romans de 1884. Emile Cabanon,

cet humoriste qui eut l'esprit

livre, habille

:

son héroïne d'une

noire où se jouaient de vives rosaces écarlates

C'est là qu'entre huit et neuf heures, au

pensée, est assigné

la

le

N'importe

ont

fui leur

1

moment où

rendez-vous de ce que

d'aimable et de galant. Les robes de soie sières.

».

robe de chàly

«

Un

autre roman-

du boulevard de Gand, près du café de Paris,

cier, parlant

elles

le

je

la

de ne laisser qu'un

que

marquée dans

et

l'air se rafraîchit

en

et leur

et étourdies,

divan jaspé pour un siège rustique en plein air;

parce que dans leur boudoir elles s'ennuyaient d'être seules en tète-à-tête avec

de leur

toilette

ou

les

possède

de châly se fripent sur des chaises gros-

Toutes ces femmes que vous admirez, parées, agaçantes

boudoir

:

même temps

Chaussée d'Antin

la

écrit

derniers dessins de Devéria, et que sur

le

boulevard

et cela

la

glace

elles

ont

pour admirateurs tout un peuple de désœuvrés.

Un

vent doux agite mollement ou courbe en ondulations

les voiles

1.

de gaze,

les

plumes,

les

ln-8".

et capricieuses

rubans'.

Le Fashionable, nouvelle du Corridor du

Georges Gueiiot. Paris, i833.

embaumées

puits de l'ermite, par

Adolphe Choquart

et


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

io8

Ce châly humain,

me

il

un

étant

paraît nécessaire de

des personnages.

romantique, beautés ,

l'idéal

homme

jeune

le

quelques sentiments

recueillir

parmi

cherchant,

que caresse son esprit

un coin de salon

dans

montrer,

voudrais

Je

même un document

établi, peut-être

fait

le

;

un

essaim de

court monologue sui-

vant a sa date bien marquée et peut être appliqué à un songeur

regardant tourbillonner devant Tu

moi

seras belle pour

yeux seront noirs,

tes

;

tient, ta

prunelle sera vive et languissante,

paresse,

ton corps flexible

seras belle

comme

fait

un de

parler

roman romantique

Quelque

faibles

reflètent

pas

le

'

ses

son de ta voix plein d'une amoureuse

O mon

qui

n'en

moins une tournure

de

est

est

pas

la

a

sauvé de

même

des

des sensations

lectures

laudatives sont tout à fait

salons

les

et

les

soirs

d'œuvres on

lui

et des cris

d'enthousiasme qui coupaient une lecture.

hommes

par peuple

magnitique

Ame

se

Les

une amusante charge de ces soirées

comme une

nuit d'hiver

I

!

1

Une

qui

seul la Cari-

!

poésie qui ne peut malheureusement être comprise

— C'est une tour d'ivoire sculptée — C'est apocalyptique I.

serait

modifiées aujourd'hui et d'un

Philipon, a tracé

et

qu'il

inédites

cature de

sombre

n'en

elles

ne dansait pas.

autre tour. Balzac, alors qu'il rédigeait presque à

C'est de la

l'oubli.

langue moderne.

épithètes

C'est

malgré sa

meilleur

Tony Johannot

dans

«

que tu

Dieu,

M. Amédée Kermel, auteur

héros

faisaient

harmonieusement

que fussent certaines de ces œuvres,

de rendre avec

en

11

sourcils

tes

celui de la couleuvre...

date, mais qu'une vignette de

difficile

:

1

Ainsi

d'un

danseuses

blanches se carminant aux moindres excitations d'un sang impa-

tes chairs

tracés,

lui les

en peine. Paris, Levavasseur, 1834. In-8°.

que de

dix


PL

m

Imp L«tn«r(i*rAC'* Pcrit

FACSIMII

1

IJUNE EAU FORTK DE CÉLESTIN NANTEUIL Théophile ûauLhier



LES SALONS ROMANTIQUES

— C'est moyen âge

Homère,

Dante,

le

Milton

l'Arioste,

et

loy

d'une

traduits

du

vignette

!

— C'est une nielle de Florence — C'est un miroir concentrique où !

la

nature se

re'fléchit

«

duquel perçaient quelques notes plus fortes que

les autres

d'opéra, à travers

:

— œcuménique, — polytechnique, — pathologique, — figue, — — blique, — curieux, — divin! — d'honneur — étourdissant! — vissant — — poétique, — scriptural!... — Byron — Scott, — — bon, — —

Psychologique,

plique,

gisant pal,

»

comme un chœur

Puis les voix devenant plus confuses, j'entendis le bruit

!

?

crott',

!

— Zschokke A

'

!...

travers

salons

payent

les

piteuses

,

tal,

»

gausserie

cette

peu sacerdotal

Balzac,

de

?

!...

auteurs,

tragédies

,

que

de sa nature, on retrouve

commande

de

parfois

rabelaisienne

à

suite

de

sonnets

et

la

de

parfois

,

lecture

la

de

se

permettait

les

adulations

dont

se

morbifiques

et

ironiques

de

,

rimes

sornettes

dont

se

rendent complices, vis-à-vis de leurs invités, quelques maîtresses

de maison.

Il

y

a de la poésie là dedans

de l'époque qui

faisait le

auteur d'une étude sur

le

désespoir

les salons

le

mot

est

rococo,

un autre cliché romantique

dun' certain M. Ch. Deglény,

Langage à

à cette date, à s'en rapporter au

dans

!

la mode'^.

même

dont

le

C'est également

écrivain,

que

fut

lancé

sens ne fut pas fixé tout

d'abord.

Rococo! Drôle de mot que l'atteindre,

échappe à toutes

comme un

celui-là, qui se replie

les définitions, se livre à toutes

serpent sans qu'on puisse les fantaisies, se prête à

tous les caprices, proscrit tout ensemble les genres les plus opposés et permet d'accoupler David à

M. Dubufe, M. Viennet

à Racine

:

ou n'ignore pas qu'avant

d'être

un

polisson, Racine était rococo.

Suivant

Thonnéte

M.

1.

La

2.

Nouveau Tableau de Paris au

Deglény, qui

s'en

plaint

amèrement,

Caricature. Art. signé Alex, de B., 9 déc. i83o. xix* siècle,

t.

VI. Paris, Bcchet, i835. ln-8'.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

110

pour

uns rococo

les

rait

ou

gothique;

le

pour

c'était l'antique,

rococo

bien

Girodet et ses imitateurs

c'était

;

les

autres rococo figu-

en pleine

atteignait

poitrine

également une sorte de

qualifi-

dédaigneux de Boucher, de Dorât, de Watteau, de Crébillon

catif fils'.

En même temps que

langue

la

de mots d'art

s'enrichissait

nouveaux, les salons, sous l'influence des célèbres collectionneurs

Sauvageot

du Sommerard, se modernisaient par l'introduction

et

d'anciens objets d'art

:

vieux bahuts, figures gothiques allongées,

manuscrits à miniatures, vitraux,

tements

à

etc.

Ce

fut alors,

dans

mode, un pêle-mêle de moyen âge

la

les

appar-

de Renais-

et

de meubles piqués des vers, de tapisseries dans lesquelles

sance,

se logeait la poussière, de vitraux qui empêchaient de voir clair,

de commodes incommodes.

Grands

marbre, de cuivre recouvraient

les

murailles

des émaux,

«

on parla,

dit

;

il

fallut

tout

un

supporter

des verreries.

que Gœthe s'entretenait de

soir

ses amis,

des bas-reliefs,

objets de pierre, de

consoles, pour

de dressoirs, de crédences, de

attirail

Un

menus

et

la

Eckermann, de

mode romantique avec l'âge gothique, et, à ce

propos, de l'habitude moderne de disposer ses appartements dans

goût gothique et d'habiter

le

vieilli

cet

entourage

d'un

dit alors

«

:

Dans une maison qui renferme

tant de

chambres qu'on en

quelques-unes libres et qu'on n'y entre que trois ou quatre fois par an, on peut

se permettre

comme

je

une

pareille

trouve fort

joli

fantaisie,

et

on peut avoir aussi une chambre gothique,

que M'"" Panckoucke, à Paris, en

ait

une chinoise. Mais

garnir la chambre que l'on habite d'un pareil attirail d'ornements étrangers et cela

me I.

temps

»,

Gœthe laisse

dans

paraît blâmable. C'est toujours

Sous

cette dernière acception le

son Dictionnaire, croit pouvoir décorateurs du

xviii'

siècle.

le

mot

faire

une espèce de mascarade

est resté.

M.

Littré,

vieillis,

qui, à la longue,

ne

qui a accueilli rococo dans

dériver des ornements rocaille dont abusaient

les


LES SALONS ROMANTIQUES

même,

produit à aucun point de vue de bons effets; elle peut aller,

avoir une influence nuisible.

Que

penserait

l'homme qui

s'y laisse

»

aujourd'hui de la manie des bibelots qui

Gœthe

mode moyen âge de nos

a succédé à la

sur

pères?

Que

ces méchants

objets d'étagère, ces faïences accrochées à la muraille, ces petites

mode du

peintures à la

mansarde à

la

qui emplissent

jour

loge du

font

portier,

penser

faire la

barbe; avec de

devant les yeux,

menues

si

ne ressent pas

l'esprit

à

maisons,

un

homme

en mille morceaux devant lequel un honnête de se

les

de

la

miroir fêlé serait obligé

distractions sans cesse

calme produit par une

le

de minéraux correctement classés.

collection

Après avoir parlé des quelques salons romantiques qui faisaient autorité,

il

est juste d'adjoindre la

que cette publication fit

etît

Revue des Deux Mondes; non pas

conquis au début l'autorité suprême qui en

plus tard, avec le Journal des Débats,

des fauteuils académiques. La Revue des sa

voie;

elle

avait

paru en

juillet

182g

le

dispensateur principal

Deux Mondes et

se

cherchait

consacrait alors

presque exclusivement à des aperçus politiques concernant l'Europe

ou à des relations de voyage; i83o

littérature qu'en juillet la

elle

ne se lança résolument dans

mois mémorable, car

:

Revue, depuis cette époque,

tint

la

mode du temps

présenter au

les

fortune de

à une série d'événements poli-

tiques dont était touchée la maison d'Orléans.

Revue crut devoir porter

la

la

couleurs de

En

juillet

i83o, la

Tony Johannot,

suivant

ne permettait à aucun périodique de se

qui

public sans

un frontispice signé de ce

maître; l'Europe et l'Amérique furent symbolisées par

gentil petit la vignette

avec la grâce attachée aux moindres crayons du dessinateur.

Sous époque,

le le

coup du

courant

romantisme

citation suivante

fut

d'art

nouveau qui

soufflait à cette

défendu chaudement par

donnera une idée de

la liberté qui

la

Revue. La

y régnait.

Un


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

lia

des

rédacteurs,

compte

rendant

du

d'Ancre, d'Alfred de Vigny, disait Ainsi

la liberté

comme

s'est,

politique a amené' aussi

autrefois,

livrée

cette

à

religion, toutes les voix sont libres,

la

Maréchale

:

la liberté

de

serait-il

l'art

:

nulle bataille ridicule ne

Lorsque, en philosophie

représentation.

ne

de

drarne

et

en

pas plaisant d'être dogmatique en

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour

la

Revue des Deux Mondes

poésie! Euripide et Périclès parlaient le

mouvement. Les

vie de

même

arts doivent fleurir

nous avons eu VAntony de M. Dumas; après

jour à Athènes.

chez un peuple la

est

vrai

moins dans I.

le

que

les

Revue des Deux Mondes,

'

se

juillet i83i.

faut

libre. Il

nous

faire à cette

y a deux mois, le

drame

?

collaborateurs de la

mouvement,

Il

Maréchale d'Ancre nous avons

de M. Victor Hugo. Athéniens, que voulez-vous donc

Il

(iX3o).

Revue, tous plus ou

nommaient Charles Nodier, Edgar


LES SALONS ROMANTIQUES

ii3

Auguste Barbier, Jules Janin,

Quinet, Balzac, Alfred de Vigny,

Alexandre Dumas, Sainte-Beuve, Gustave Planche, Paul Foucher,

Emile Deschamps. Défendre

comte Alfred de Vigny

le

naturel à ceux qui

ont connu

poète-gentilhomme qui fréquen-

le

salons et y apportait cette politesse exquise, ce grand air

tait les

conserva jusqu'à

qu'il

ses doctrines semblera

et

la

dans

là devait paraître,

de sa vie; mais à quelque temps de

fin

la

même

Revue, une machine de guerre

bien autrement audacieuse qui avait pour titre

lettre

prudemment signée Y,

théâtre à propos d'Antony, lettre

ne crut pas devoir se présenter dans Oh!

Une

:

bel art de la scène, disait l'e'crivain

la lice, visière

anonyme,

le

car l'auteur

découverte.

tu corriges les

si

sur

mœurs, ce

n'est

pas en riant cette foisl

Non, on ne

On

rit

pas,

on pleure peu, mais on souffre beaucoup en voyant ce drame.

e'prouve cette nerveuse agitation des personnages, qui crispe les mains et les pieds

comme si on voyait quelqu'un toujours prêt à tomber d'un toit... est comme menacée par un vautour qui tourne sur elle. L'époupour elle à la vue d'un jeune homme convulsif qui porte en lui-même deux

malgré qu'on en Cette jeune

vante

saisit

ait,

femme

causes d'exaltation, son

bouillonner dans

lui fait

On

pressent

(et

amour d'abord, le

cœur une

c'est habile à

puis cette rancune de bâtard et d'orphelin qui

éternelle rage contre la société.

l'auteur),

on pressent que

garde contre tous, qui a toujours l'épigramme à saisira la

douce

et

bouche

la

cet

homme,

et le

grande route

main,

comme un

Ce

brigand...

l'y

garde, en volant

serait horrible si ce n'était

moral.

ne m'est pas possible de croire que M.

pensée dominante et sans conclusion, je crois

ce

drame médité dans un but

Et

il

y a onze pages sur

I.

la

gracieuse beauté qu'il a perdue en combinant froidement l'héroïsme et cal-

ses faveurs sur la

Il

poignard à

première occasion de se donner une victime. Et qui choisira-t-il? Cette

culant sur sa pitié, en ensanglantant son salon de soie pour qu'elle

utile et

toujours en

Revue des Deux Mondes,

juillet

Dumas

comme on d'utilité

le

i83i,

t.

un euvrage

parle sans idée dans

morale

même

écrive

et

ton

même

pareil sans

un

religieuse

bal.

.

!

Vill, p. 322 à 333.

i5

une

Non,


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

114

Toute remplit

période de i83i,

cette

la

Repue des Deux Mondes

de tentatives, d'audaces, d'excès. à

elle la confiait

Française et

Henry Monnier!!!

exalte

le

théâtre

de

Elle la

la

Sa critique du Salon, médit de

la

Comédie-

Porte-Saint-Martin

;

elle

ravale Casimir Bonjour et s'enthousiasme pour Anicet Bourgeois; cela est écrit en toutes lettres.

Un

autre vent souffla bientôt, plus modéré, qui n'enlevait pas

les ardoises

fut

des toitures consacrées;

supprimée

comme manquant

la vignette

de style et

de

les

Tony Johannot doctrines de la

jeune école n'y furent admises que mitigées, trempées, avec beau-

coup d'eau dans

le vin.

Les

romantiques perdaient un salon

devaient prendre place les doctrinaires constitutionnels.


CHAPITRE

LES ATELIERS.

Une

gazette de modes, une

gouvernement constitutionnel coulisses

;

les

moniteur des

le

concerne

qui

les feuilles spéciales.

Si

représentation de

Harel

et

tante en

tenue

la

les

de

négli-

menues choses qui

les

représentation, faut-il consulter

Marie Tudor

directeur

le

détails

petits

le

par exemple on veut avoir quelque idée

«

Porte-Saint-Martin,

à la

le

nous apprendra comment Victor

Petit Follet, journal des modes,

Hugo

'

de théâtre étaient sous

feuille

s'agitent autour d'une importante

la

LES THEATRES

grands journaux qui avaient de

geaient; aussi, pour tout ce

de

XIII

faisaient » la

matière de théâtre que

le

Chose impor-

salle.

choix et

groupement des

le

spectateurs.

Le

roi, la reine,

apparaissaient rarement dans ces solennités.

Louis-Philippe tenait pour les classiques; mais ses

dans

le

scène

mouvement, surtout

de gauche

Montpensier

;

de Joinville

et le

les

amis

les

gens de

de

avec

ses

le

duc d'Orléans;

frères,

la

famille

lettres,

Hugo, poètes,

les

Gautier, Charles Nodier, Alfred

de Musset, Gustave Planche, Lassailly,

des

jusqu'à

hommes

Dans

Marco

de

politiques, des

Lautour-Mézeray,

de

la

salle

défenseurs,

les les

critiques

de Vigny,

Saint- Hilaire

Vaulabelle

;

le

:

les

étaient

:

et

de

prince

le

groupés

enthousiastes,

les

Méry, Théophile

Sainte-Beuve, Alfred

Henri Berthoud,

historiens

Nemours

on remarquait

à l'avant-scène de droite

duc de Trévise.

étaient plus

occupait l'avant-

il

de

ducs

les

fils

;

on

Frédéric Soulié,

y voyait

aussi

comte de Rambuteau, journaux

politiques

et


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

ii6

littéraires

étaient

Marrast,

Anténor

représentés

Emile de

par

Girardin,

Roqueplan

Nestor

Armand Capo

de

chroniqueur aujourd'hui ne manquerait pas de détailler

les

Joly,

Bohain,

,

Feuillide, etc.

Un

de l'époque

toilettes des « lions »

Blin,

de Blanc,

gilets

cannes de Marcadée.

Il

de chez

«

à la folle

Herbault

habits de Staub, pantalons de

chapeaux de Gibus, bottes de Sakosky

En

tête

»

et

D

HENRY MONNIER.

du journal l'Entr'acte

(i83i).

des robes à manches pendantes dites

que portaient Delphine Gay,

»

mère, M""' O'Donnell, sœur de Delphine, M""'

Eugénie Foa

Hélas!

le

et

nombre

Petit Follet,

la

accompagnée de

d'autres beautés.

malgré

cinquante ans en avance sur

dans

la

le siècle

recherchant avec persévérance

les petits

sa

duchesse d'Abrantès,

sûreté de ses

informations,

ne dura qu'un an. L'homme de génie qui Tavait fondé

En

et

vaut mieux parler des chapeaux -calèches

VIGNETTE

«

:

journaux (mais

du

«

des

les vignettes

reportage faits

de

du

était

de

».

même

ordre

Tony Johannot

et


LES ATELIERS.

d'Henry Monnicr en

tcte

de succès au

l'atelier ainsi

117

de l'Eutr'acte et du Vert-Vert ne

suffi-

on aurait une idée plus complète des succès ou de

sent-elles pas?) l'attente

LES THEATRES

théâtre

leur

:

popularité se

continuait à

que dans certains salons en camp volant,

dramatique remuant pouvait encore étonner

le

et

un auteur

tout Paris

«

»

de

son temps par des fêtes improvisées.

Dumas, l'homme

Alexandre

représente bien cet écrivain que à se donner 'en spectacle,

j'ai

doué d'une

vitalité

Dumas

excessive,

remuement, ce

mais ce

épaules des autres

les

l'époque,

en vue. Aimant à paraître et

arbora sans cesse un panache voyant;

grimpement sur

de

exubérant

plus

le

tellement à la

tenaient

nature du créole que ses rivaux eux-mêmes ne s'offensaient pas de

de sa personne que

l'étalage

faisait ce

Dumas marqua

Alexandre

grand enfant.

ses divers

campements parisiens par

des fêtes dont les décors étaient merveilleux. Les quelques peintres

vailler

réputation

en

d'alors

pour

la

regardaient

de

gloire

ce

roi

comme un honneur

de

tra-

du romantisme; peut-être un

banquier n'eût-il pas obtenu à prix d'or ce que

Dumas

obtenait

des artistes avec un sourire.

Ce

fameuse qu'il

en

fut

fête

n'y

i832

ou

de nuit,

que l'auteur û'Antony donna une

i833

au square d'Orléans où

Pour ce bal costumé Célestin Nanteuil

résidait.

peint des anges soutenant le médaillon

Boulanger

s'était

représenta

Phœbus

lui

à

réservé

marchandait pas

Clément

et

une

comme les

Eugène Delacroix, qui

fuyant, d'après une

Le

Victor

rival

comme on

la gloire,

Boulanger

de

avait

Hugo; Louis

scène de Lucrèce Borgia; Ziegler

Esnieralda.

Tour de Nesles. Parmi outre

campait plutôt

il

de Victor

le voit;

il

pendentif que trois

décorateurs se avait peint à la

faisait

Hugo ne

ne demanda scènes

de

la

remarquer en

détrempe un Rodrigue

poésie d'Emile Deschamps.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

ii8

Pour consacrer

le

souvenir de cette fête, Célestin Nanteuil se

chargea d'en graver à l'eau-forte ami, fort lancé jadis dans

le

les

mouvement romantique, me

d'une suite de cinq croquis, suite signalée jusqu'ici.

principaux motifs décoratifs.

rare que je ne

si

l'ai

cadeau

fit

jamais vue

Ce sont des dessus de portes avec des allégoriques soutenant, l'une

de

Hugo,

Victor

avec

Quasimodo au-dessous,

Dumas,

d'Alexandre

Un

figures portrait

le

masque de

le

l'autre

auquel

le

profil

est

jointe

une scène de roman ou de poésie dont pu retrouver

je n'ai

le sujet

dernière

la

;

eau-forte représente la porte d'un bahut

ornementé

dans

,

A

diverses peintures. quis

on

peut

certain point,

de

détail,

cartouches

ses

jusqu'à

un

dans quelques parties

décors

les

de

Taide de ces cro-

reconstituer et

,

de

salle

la

de

bal.

Avant les

inédite

improvisées

fêtes

Dumas, D'après une eau-forte

de Victor Hugo,

soirées

les

eût

il

par

logique

été

une idée des réunions dans

Alexandre de

donner

l'atelier

des

de Célestin Nanteuil.

Devéria.

Ceux-là peuvent être

pères du romantisme; chez eux brûlait

le

comme

connaissant bien

le

quables valait

là,

et excellents. Ils allaient

artistes,

terrain

Les deux frères vivaient en famille dans une maison de milieu d'un grand jardin. C'est

les

foyer de l'insurrection, et

un contemporain, M. G., qui a donné une étude sur ces doit être cité

dits

la

rue de l'Ouest, isolée au

sous les grands arbres, que vivaient ces gens remar-

peu chez

les autres, Achille

un louis; mais tout Paris venait chez eux,

le

surtout dont une seconde

tout Paris intelligent et artiste qui


LES ATELIERS.

se plaisait au milieu de cette

LES THEATRES

119

demeure pleine de gravures, de meubles

de curio-

rares,

soirées qu'on y donnait n'ont

sités de toute sorte. L'hospitalité était princière et les

pas dû s'effacer de toutes les mémoires. Qu'il y eût cinq amis ou cinquante personnes, Achille Devéria travaillait toujours; installé dans

dessinant sur

la pierre.

un

petit cabinet,

murmure d'une Ce

cution. nette. les

avec tous

les artistes

veulent une chose,

Ils

Il

nature au

ses dessins ont le brillant, l'éclat et

les

Devéria, et c'est une qualité qu'ils ont en

de leur époque, c'est ils

ont un but,

et,

y a eu, en i83o, un souffle artistique;

hommes

faite d'après

qui travaille dans un salon bien éclairé.

y a de remarquable dans

qu'il

commun

valse; et je trouve en effet que

homme

causait tout en

Sans doute plus d'une de ces charmantes petites femmes au

chignon relevé, que nous retrouvons dans son œuvre, a été

l'aisance d'un

il

de cette époque aient respiré un

d'impression et d'exé-

la franchise

réussie

ou non, leur œuvre

est toujours

semble que, pendant un court moment,

il

air particulier et

que leur sang

ait circulé

avec plus d'ardeur dans leurs veines

Les Devéria appartiennent tous deux à cette époque d'enthousiasme où tout

monde

avait trop chaud,

l'on se battait

au parterre de l'Odéon, où

occupé une belle place; mais

baissant tout à coup,

Ce

n'est

ils

le

petit hôtel,

les

entouré de fleurs,

renonçant tout à coup à la coiffure

la

fin

:

de Henri IV,

«

causent

Après

succès

le

Eugène Devéria,

blouse pleine de couleurs et d'huile, à

échevelée et au désordre tout romantique alors fort à

mode, devint sans transition grand seigneur n'était plus

un peintre

coloriste, c'était

un

cravate haute et serrée. salon

la

petit

maître.

de punch, à

la

»

de Victor Hugo,

n'empêchaient pas

et

homme du monde,

un cavalier de haute mine au toupet en flamme

I.

M"" Paradol

lui*.

de son tableau la Naissance

Le

qu'il faut

que Victor Hugo, Alfred

Johannot, Louis Boulanger,

Ces beaux temps devaient avoir une

Ce

ont

n'ont pu se transformer et ont pour ainsi dire cessé d'être.

donc que rue de l'Ouest, dans leur

de Musset, Philipon, Bonnington,

la

ils

milieu changeant, la température

voir les Devéria, l'un dessinant à la lueur de sa lampe, tandis

autour de

le

s'enthou-

Dans ce milieu-là

siasmait pour ou contre, où l'indifférence était inadmissible. été brillants et ont

l'on

les

fêtes

de Devéria, de

Dumas

formation de cénacles moins nombreux, où

Vie parisienne, 18 février i865. Article signe G.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

entre peintres

étaient discutées,

nouveau

dissident,

parfois

et

d'un schisme; c'est ainsi qu'à

de côté pour

fut laissé

de Nerval, Arsène quèrent tout un

poètes,

et

mais

le xviii" siècle

monde

questions

prendre

sans

rue du Doyenné

la

Houssaye,

des

:

moyen âge

Théophile Gautier, Gérard

peintre

le

proportion

la le

d'art

Camille

Rogicr, évo-

galant qu'ils rendaient plus

romanesque

EAU-FORTE DE CÉLESTIN NANTEUIL d'aPKÈS GÉNIOLE, pour

encore belles

que filles

ne

Le goût de

logues,

de

la reine, de la

comportent

le

et

l'auteur de tant de

Rouen,

Jeu de

comtesse Dash (iSSg).

Crébillon

fils

et

Boucher

;

d'Opéra se mêlaient à Ceë enthousiastes du fard

des mouches,

A

le

le

l'historique

en

a

été

traité

maintes

fois

de et

par

romans de pécheresses.

ces fêtes d'artistes s'était répandu jusqu'en province.

jeune comédien Mélingue, en compagnie d'archéo-

peintres,

de

poètes et

de

journalistes

de

l'endroit,


LES ATELIERS. —-LES THEATRES

costume triomphant, marquer sa personnalité essen-

en

devait,

tiellement romantique dans

de

un bal

d'artistes » organisé à l'hôtel

ville.

Ce

n'est pas

une

que ce

fête ordinaire

bal, disait le

rédacteur de la Revue de Rouen,

reconnaissance en action de ce grand principe que tous les arts sont frères,

c'est la

premier pas

c'est le le

«

fait

en dehors de cette ligne de démarcation qui séparait jusqu'alors

bourgeois d'avec

l'artiste.

Bourgeois

Artiste

!

La grande

!

du moment.

injure antithétique

Les romantiques n'avaient jamais pu pénétrer au cœur du monde orléaniste,

dont

gouvernants

les

Voltaire tenait les

portes

Voltaire, c'est-à-dire excellence.

de

Les

Gringoire

La Fontaine

;

le

mesure,

la

romantiques pouvaient

Chateaubriand

à le

gros de

d'hommes qui avaient

M. Thiers

fermées de ces salons aux novateurs.

raison,

la

est

faire

nation ne les suivait pas, étant

;

le

à

aussi les

opinions

littéraires

de l'historien

qu'à titre de renseigne-

discours de

l'Académie française, a bien montré

l'ancien président de la République, très hostile,

réception la

Je

me

même

rappelle qu'un matin, dans les plus mauvais jours de 1871,

allé

répondis

voir à Versailles, m'ayant

qu'il

continuait à être

romantiques. Et M. Thiers il

me

cinquante

ses vieux livres et à

je

la

je lui

le

souvenir

:

les

— Ah

1

Commune!

ne faut pas trop prendre au pied de recueille

M. Thiers, que

ne pas connaître

avec cette vivacité dont vous avez

a bien raison, Sacy; les romantiques, c'est la

Il

:

demandé des nouvelles de M. de Sacy,

amoureux de

dit

de

nature de

ans plus tard, aux courants littéraires qu'il avait côtoyés

j'étais

composé

type de ces bourgeois qui représentent

M. John Lemoinne, dans son

M. Labiche

une large enjambée

passer par dessus Molière et

et

méritent-elles d'être recueillies, ne fût-ce

ment.

par

français

l'esprit

étudié à ces sources.

bien

sentiment du pays

la

L'ombre de

étaient voltairiens.

comme un fragment de

boutade;

la lettre cette

conversation,

devant 16

la


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

122

cheminée d'un salon, entre deux hommes politiques, la passion qui

est

sympathiques des

pour

les

dans

forme,

la

hommes

je

retrouve

les

en enlevant

et

sentiments peu

d'État de la génération de Louis-Philippe

romantiques.

Ceux-ci s'en consolaient en donnant des fêtes, et signaler une qui fut la dernière et

VIGNETTE

D

comme une

est

il

bon d'en

de bouquet

sorte

AUGUSTE BOUQUET,

d'après Gavarni (vers i835).

de feu

d'artifice.

rOpéra-Comique en avaient

salle.

et le

le

bal de nuit paré et

14 janvier i835.

fait les frais.

divertissements. golfe

Un grand

Comme

Clément Boulanger

Pour décors, une

toile

de Venise, un pont des Soupirs L'organisation

des

Les danses

était le directeur

de fond

jeté

étaient

avait

coupées

eut lieu à

toujours, les peintres

représentant

entre

tableaux vivants, d'après

Cromwell de Paul Delaroche,

Roqueplan.

masqué

été

par

des le

scène et la

la la

Jane Grey Camille

confiée

à

des

proverbes,

«


LES ATELIERS.

LES THÉÂTRES

scènes comiques et lazzis composés par

un élégant programme

ia3

Henry Monnier

»

;

enfin,

orné d'une eau-forte de Célestin Nan-

était

teuil.

Toute

bande des gens d'esprit

la

et des

tête, recherchait ces fêtes élégantes.

Gavarni en

Ourliac et

peintres,

D'autres cénacles,

d'un ordre plus intime, réunissaient dans des quartiers en dehors

du Paris mondain

les gloires qui

humble nature que

C'est une

commençaient à poindre. de

celle

banlieue de

la

encore plus pauvre en i83o qu'aujourd'hui

elle était

Paris

des jardins

:

de maraîchers, des carrés de fleurs et de légumes au milieu desquels

jardinier se garde

le

bien

de laisser

pousser

des arbres,

d'un côté la grande route droite et interminable bordée d'ormes,

un champ de

parfois

seigle avec son

puis se

détachant sur

carrier;

à l'horizon

le

petit sentier

l'armature

ciel

qui

le

partage,

d'une énorme roue de

quelques collines s'estompant en bleu. Avec

quelques masures plâtreuses, barrière Montparnasse.

A

tel

la suite

en 1828

était

le

quartier de la

de guinguettes, de bals, de mar-

chands de vin, de fricoteurs de gibelottes, commençait ce paysage

que seul peut apprécier

particulier

le

Parisien.

En

traversant

la

chaussée du Maine, après avoir suivi quelques sentiers détournés

on voyait au milieu de d'arbres.

Des

tables

une

petite

maison ombragée

des bancs de bois garnissaient une cour le

cabaret

mère Saguet, fréquenté assidûment par Charlet.

la

Chez jours

les

Victor

la

mère Saguet

poètes

et

les

se réunissaient artistes

Hugo, David d'Angers,

chitecte Roblin

Là,

plaine

chose rare dans ces parages. C'était

plantée d'acacias,

de

et

la

comme

l'a

et dit

également à de certains

du quartier Sainte-Beuve,

du les

Luxembourg Devéria,

:

l'ar-

un pindarique par excellence, Denne- Baron. un écrivain

souvenir d'agapes sans

qui

a recueilli avec ces

prétention, on

mettait

en

noms

commun

«

le

la


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

124

bonne humeur*

gaieté, la

On

».

faisant comparaître

classiques,

se livrait à des plaisanteries anti-

à la barre

un faux Bignan pour

discuter avec lui sur la prosodie nouvelle et avoir facilement raison

de son classicisme. C'est

Saguet

un cénacle que

encore

rue de Vaugirard. Vint

le

cabaret.

que Victor Hugo

suivi alors

fut très

le

de

Celui

la

mère

demeurait dans

la

jour où la gloire appela le poète sur la

rive droite. J'ai

connu^ dans

hanté par

hommes

ma

jeunesse, ce dernier cabaret littéraire jadis

romantiques

les

et

j'ai

quartier Montparnasse, le

qui étaient restés fidèles au

sculpteur Préault promenant ses

mots, Sainte-Beuve qui

faisait

agitations

sa

deux derniers

été lié avec les

et

de ses

l'étincelle

promenade quotidienne sur

le

boulevard extérieur.

Recherché dans

du second Empire, l'aimable

les salons

vieillard

préférait écouter les chansons des étudiants revenant de la Closerie

des Lilas et tisme auquel

il

parlait qu'avec

avait pris

une

une sourdine

promenades à

ses

la barrière,

ment estompée, sans

table,

la

tout

main,

cela

Saguet pour littéraires, le

le

les

part, le célèbre critique ne

le vieil

se rappelait

n'apparaissait que

exigences que

au

mais, dans

atténuations;

homme

la gloire

cœur sur

renaissait

le critique

vive

si

et bien des

reux temps de sa jeunesse où

main dans

Du roman-

babillage des grisettes du quartier.

le gai

commande

les lèvres,

les

souvenir du

devenu philosophe

et

Theudouce-

génie.

le

propos joyeux de de

cabaret

prenant

les

la

mère

sacerdoces

char de triomphe des poètes, les succès retentissants

d'aujourd'hui pour ce qu'ils vaudront demain.

1.

Max

La

de Villemarest, la Barrière Montparnasse. {Les Cent-et-iin,

t.

III,

i832. In-8'.)


CHAPITRE XIV DU BEAU ROMANTIQUE EN MATIÈRE

On

accusa jadis avec véhémence les

spécialement

le laid;

ils

firent,

mation de cet agent esthétique plutôt qu'en frottis légers

et

une certaine consom-

l'employèrent à larges teintes

toutefois,

;

romantiques de cultiver

est vrai,

il

DE PORTRAITS

si

on écarte

les

nains,

les

bossus, les bâtards et toute la truanderie chère aux romanciers de i83o, on voit se profiler de jeunes

hommes

songeurs, des femmes

passionnées dont la beauté, quoique fatale, ne

regard des types élégants des keepsakes de teurs de l'utilité

leur et

fin

fait

pas tache en

d'année. Les créa-

personnages romanesques reconnaissaient tellement

ces

du beau qu'eux-mêmes, quand

image au public,

daignèrent communiquer

ils

se firent peindre jeunes, distingués, étranges

répondant au goût de leur époque.

Les principaux écrivains romantiques passèrent par

le

de Devéria, qui donna à leur physionomie, ainsi qu'aux leurs habits,

un tour tout à

fait fatal.

ger, Célestin Nanteuil, Jehan

Du

crayon plis

de

Jean Gigoux, Louis Boulan-

Seigneur trouvèrent à ce

moment

des regards, des chevelures, des attitudes qui n'appartenaient pas

précisément à l'école de Holbein, mais qui, répétés avec insistance sur la

toile,

que poètes

et

le

marbre,

le

bois

et

le

cuivre, donnent

romanciers des deux sexes

à

croire

de ce singulier temps

appartenaient plus ou moins à la famille d'Angèle et dCAntony, et

que

le velours,

la

soie,

prodigués pour

répondre à de triom-

phantes coupes dhabits, sortaient non plus de la main de vulgaires tailleurs,

mais de couturiers vénitiens de l'époque du Véronèse.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

,26

Parmi

les

personnages célèbres de l'époque qui n'appartenaient

pas au clan romantique, quoiqu'ils en subissent toutefois certaines influences, on

temps

certain

compte Balzac plaisir à

et

M"" Sand. Le premier

se

détacha

un

encadrer sa physionomie rabelaisienne dans

une robe blanche monacale; pour M"* Sand, son méditatif

prit

un fond

sur

l'ample vêtement de velours

presque

noir sous

sombre

aussi

lequel

d'éphèbe

profil

déguisaient

se

que ses

formes. Elle ne se laissa peindre en

George aux yeux du

Lélia à

'

Le

titre

n'aurions pas le burin de Calamatta d'après l'auteur de

qu'il resterait

M.

certain

international,

un la

livre curieux

la

femme de

Pictet,

de

:

major fédéral

aussi

Le

voyage.

Une Course à Chamounix,

d'artillerie, qui, à le

les

;

l'époque

romantisme

de rendre compte au public de livre

du

major Pictet

conte fantastique

~.

pas de mes lecteurs en leur donnant une analyse franco-genevois

permit

lettres

peindre d'après ses aspirations.

entreprit lui

impressions

titre

madame

elle tint à paraître

des Lettres d'un voyageur, représentait à Genève

ses

de

public.

Tony Johannot de

Un

tard.

médiocrement; pendant quarante ans

lui plaisait

Nous

femme que

mandragores de

a pour

Je n'abuserai

de ce roman

la fantaisie s'acclimatent diffi-

cilement dans la cité au-dessus de laquelle flotte l'ombre austère

de Calvin, et faitement

sur

si

le fantastique l'article

montrer rebelle à

la

-Paris,

d'Hoffmann ne se on

greff'e

comprend combien

du

livre

1.

En

Librairie orientale de B. Duprat. Paris, i838. Petit in-8°.

1840 à

la

artistique,

se

le frontis-

du Genevois un jeune Sand songeur qui semble de

2.

tête

dut

il

nature méthodique du major Pictet. Heureu-

sement Tony Johannot, toujours en verve, dessina pour pice

qu'impar-

de Mauprat. Paris, iSSy.

même

librairie,

U

titre

a subi des modifications

pour servir de supplément aux

«

:

Dans

la

2» édition,

publiée en

Une Course à Chamounix

Lettres d'un voyageur

».

,

fantaisie


DU BEAU ROMANTIQUE EN MATIERE DE PORTRAITS

la

amour par

des artistes italiens, peints plus tard avec

famille

iî;

l'auteur des Maîtres mosaïstes.

Quoique

la

nature des écrits de M""' Sand se ressentît de

l'in-

fluence de Jean-Jacques, une sorte de curiosité artistique la poussait

vers les fantoches

en cela M"" Sand se rat-

;

par un coin aux doctrines de l'école

tachait

romantique, c'est-à-dire de toute préoccupation

niquant un souffle

Ce

nettes.

commu-

à des marion-

Tony Johannot

que

ainsi

fut

même

y^

détaché de

l'art

humanitaire et

vital,

v^^

représenta, partant pour un sabbat littéraire,

george sand.

du major Pictet à cheval sur un de

l'amie

Vignette do

Tony Johannot

(i838).

ces angoras fantastiques tels que les imagi-

nations populaires se les représentent, au dernier coup de minuit,

dans

carrefour d'une forêt.

le

La

postérité,

si

s'occupe de semblables amusettes,

elle

naîtra la dose d'illusions particulière aux romantiques

;

recon-

elle s'aper-

cevra en outre que, sous l'influence des feux follets qui s'ébattaient

dans de

leur

1825 à 1840, en

la

plupart des

même temps

composèrent

se

fictifs,

a

une

vrai.

Ne

leur parlez

ont

ils

le

affichaient des sentiments

ne vibrent qu'au contact

pas du beau, du laid, et

répondent par

trompent parfois, entraînés par

même; mais

poètes et des romanciers

tête ».

que veulent dire ces formules se

qu'ils

est des êtres dont les sentiments

Il

du

imagination,

la

ils

ne savent ce

le vrai.

recherche de

Ces gens

la vérité

quand

courage de ne pas s'inquiéter d'un public

qui a soif de mensonges.

Un (voir

de ces sectaires

page

12g)

m'apporta un jour

le

portrait

que

voici

:

Vous vous

révolterez,

me

disait-il,

mais

je

place l'image de


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

128

Barthélémy- Hadot beaucoup au-dessus de

M""=

de George

celle

Sand. L'hérésie, en effet, semblait considérable.

Barthélemy-Hadot, reprit l'homme, tout en ayant

M"""

fait

sa toilette...

Pour

de Dieu, m'écriai-je,

l'amour

que cette

qu'est-ce

personne?

Un peu

Hadot

de patience et vous serez

écrivait

pour

le

qu'on peut classer à pas

le sourcil...

Barthélemy-

Pigoreau des romans historiques

libraire

la suite

éclairé... M""^

de ceux de M'"° Cottin.

Ne

Les Écorcheurs du vicomte d'Arlincourt, l'Hôtel

du Petau-Diable de Siméon Chaumier n'ont jamais obtenu larité

à.'

Amélie Mansjîeld ou de Malvina. Vous

injuste de faire descendre M""=

a conquis à cette

offre la

il

comme un

;

réelle

en

ne m'occupe

je

d'être essentiellement vrai... Vrai

de grand'tante de province...

même

quand

vérité

connaissance

lui

peut choquer un partisan de l'école roman-

ancien pastel

raillerie toujours

Barthélemy-Hadot du rang que

suprême qualité

Ce fanatique de sa

il

popu-

la

seriez tout à fait

époque son imagination... Mais

que de son portrait tique,

froncez

des arts

éveil, faisait

était

impitoyable

primitifs, jointe

à un

;

mais

fonds

qu'on Técoutait avec profit,

de

même

sans partager ses opinions.

— t-il,

je

Si j'écarte,

les

pour

les besoins

nuages symbolisant

la

de

ma

gloire

de

démonstration, continuacette

Hadot possédait une

sa

lettres,

trouve une honnête personne dont les yeux et la ligne sinueuse

des lèvres annoncent un observateur convaincu...

la

dame de

santé

:

son bras a l'ampleur de celui de

dont seul

Barthélemy-

qualité indispensable aux grands travailleurs,

poitrine est richement

médaillon

M"^'^

meublée

et

M. de Concourt

si

la la

célèbre

M"" Georges;

ceinture,

ornée d'un

pourrait dire l'origine et la


DU BEAU ROMANTIQUE EN MATIERE DE PORTRAITS

valeur,

n'était

verrait

les

remontée haut suivant

pas

hanches de

cet

auteur

surgir

la

129

mode du temps, on

triomphalement de

la

robe en fourreau... La délicate écharpe de gaze, ornée de fleurs, qui assujettit, sans en avoir

l'air,

le

tour de cheveux de M"'" Bar-

thélemy-Hadot, ne féminise pas sensiblement

les

traits sévères

du

MADAME BARTHELEMY-H ADOT, pour

le

Siipplcmciit au Dictionnaire des

visage de Thistorien.

dans cette

toilette

Alors qu'elle

le

posait

(i82S).

devant

le

dessinateur

de Sainte-Périne, M""= Barthélemy-Hadot voulut

se présenter au public sous le

dans

romans

monde; mais

sa

costume qu

elle eût choisi

pour

aller

physionomie reste intègre. Point de ces

sourires alléchants que font les auteurs à la porte

de leurs livres pour engager

les

de

lecteurs à y entrer...

la

baraque

Les coins '7


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i3o

de

bouche

la

Impassible tirer

se

pour

de

les lecteurs

le libraire

répondre.

pour

l'une à côté de l'autre,

congé de moi

— Je et

tout

en admettant de

impression,

je

de méditation.

Barthélemy-Hadot semble

M"''

de romans historiques ratifie les

et,

pleine

nuages de gloire

le

pallas de l'acharné défenseur

L'homme approcha

me

les

deux images

forcer à les comparer, et, prenant

:

juge donc un

androgyne

signe

Pigoreau.

accablé d'abord par

la réalité, j'allais

en

sol

le

attend que la postérité

elle

dont Ta entourée

Un peu

vers

comme M"^ Lenormand,

les cartes

de sérénité,

dirigent

celui

tel portrait vrai

qu'il

de

M"""

n'offre

Sand,

comme

pas j'en

la vérité, ajouta-t-il,

charme

le

reste

à

bizarrement

ma

préfère l'image de M'"" Barthélemy-Hadot.

FRONTISPICE DE TONY JOHANNOT pour

les

(Kuvres de Waltei- Scott (iS33).

première


CHAPITRE XV

Qui

n'a remarqué,

et pensives figures

riées

de

sous

dont

le

majesté des lignes avec

un

hommes

bas-reliefs

et

la

la

s'agite,

les

s'harmo-

la vie.

jour la littérature romantique.

grandeur, certaines tout à

fait frustes

intempéries de l'atmosphère ont respecté des

d'une moindre importance.

même perdu

le

plus

même

la

Aux

lumière.

proportion et ne jouissent pas

étages

supérieurs

souvent dans l'ombre,

tout

du

monument

un monde

de

de mascarons, de gargouilles que notre

statuettes, de figurines,

et leurs tourelles

pour

mettre en pleine lumière dans des musées d'architecture.

Ces

A

côté

siècle curieux fait les

même

et raillerie

couvertes de mousses, pendant qu'à côté la main

Ces images n'ont pas de

que gravité

de nobles statues pensives, d'autres mutilées

conservant toutefois de le sol

moyen âge

savaient fondre de telle sorte la

comme dans

J'entrevois presque sous seuil se dressent

ils

caprice,

le

nisaient et se complétaient

des

reposent sur des consoles histo-

grimaçants? Les tailleurs de pierre du

profils

gisant sur

porche des cathédrales, de nobles

les pieds

se plaisaient à ces contrastes;

Au

JACOB

BIBLIOPHILE

LE

mouler dans leurs niches

écarts de l'art trouvent

de Balzac

et

un écho dans

de Victor Hugo, ces

transperce l'humanité, troisième ordre qui

la

monde

hommes au

dresse tout

n'avaient pas

bon de descendre de bien les juger.

se

le

un

intellectuel.

regard profond qui

monde de

été vues jusqu'ici et

hauteur où

elles

étaient

figures

de

qu'il

était

placées

pour


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i32

La

Panthéon.

unes un peu académiques, maîtres

les

l'école

choisis

je

grouper

de

utile

statuettes,

narquoises, par

les autres

est

il

quelques

volontiers

adjoindrai

J'y

que sous

ou oubliés dont on emplirait

d'êtres inconnus

un groupe

trop, à

un

moderne a donné beaucoup d'extension, peut-être

critique

quelques disciples,

quelques

raison

cette élèves.

les

écoliers

:

les

Dans ont

ils

pour avantage d'avoir moins de tenue, de réserve, de dire impru-

demment montrer

que

tout haut ce

les

pensaient

maîtres

tout

de

bas,

des qualités, enfin de servir d'écorchés faciles

les défauts

à étudier.

Avant que

romantisme eût conquis

le

le terrain

planté

et

sa

glorieuse oriflamme de Montjoie Saint-Denis sur les murailles d'un

Paris qui ne comptait alors que douze arrondissements, le Bibliophile Jacob

un des combattants mémorables de Tépoque.

fut

armure admira-

portait la visière de son casque baissée, mais son

blement ouvragée ans de

là,

de

le faisait

remarquer de tous,

jeunes écrivains

surgirent

et

entre

quand, à vingt

roman

mode de

pour

ce

récits

délaissé

fût

i85o,

1845 et

n'entrevoyaient qu'avec respect l'un des pères du

bien que déjà

11

ils

historique, la

peinture

de moeurs modernes.

Le BibUophile fonde qui

n'était

eut-il

conscience de cette transformation pro-

seulement

pas

particulière

à

la

France,

car

Dickens opposé à Walter Scott ne dut plus tard sa popularité qu'au

même

courant

qui lui

avait

?

Toujours

donné

est-il

droit

qu'abandonnant

d'entrée,

le

roman historique

compagnie des auteurs

en

sacrés, des historiens et des moralistes, dans la classique collection

du Panthéon

pseudonyme

littéraire,

le Bibliophile

Jacob,

fatigué, reprit son véritable

Rarement on

vit

nom

laissant de côté

de Paul Lacroix.

depuis lors un auteur plus fécond.

l'écrivain semblait de l'encre, son

cœur un

un

Le sang de

encrier, ses doigts une


I

LE BIBLIOPHILE JACOB

plume à cinq de vue de ni repos,

becs. Paul Lacroix,

ni fêtes carillonnées.

un

il

trêve, ni loisirs,

ni

Écrivant sur tout et bien d'autres

donnait quotidiennement de

de typographes et

atelier

particulièrement doué au point

ne connut dès lors

la productivité,

choses encore,

si

i33

faisait

besogne

la

à

tout

hausser, dit-on, les actions de

papeterie où se fournissaient ses éditeurs.

la

Il

n'en

pas tout à

fut

fait

ainsi

que, voué à l'acharné

alors

labeur des œuvres d'érudition, l'écrivain pâlissait sur les études

que commandent de semblables recherches. Entre

les divers

phile Jacob,

Ce

fut le

au

nom

joyau de son œuvre,

d'un auteur et qui

roman qui

mais dont

le

qui

et

suivit

Paris,

fait

qui

a besoin

le livre-type

que

qu'à Victor

Hugo

public accroche

le

l'écho répondait

il

cœur des masses. Pour d'une étiquette

eut l'insigne honneur d'être l'auteur

flatteuse qui n'est pas toujours accordée 11

importe peu de savoir

si

le

popularité

imprimée par Holbein

égalitaire;

aussi

recherches que et qu'il

bien

le titre

le

de

longtemps

la

juste,

génération

nettement écrite,

à

d'un livre,

récompense

aux littérateurs de

cette

danse

prouvait

Danse macabre

était

par

le

Danse macabre

talent.

romancier avait bénéficié de

Bibliophile la

fut

Écho qui ne sonne pas toujours

Bibliophile Jacob fut appelé à traîner à sa suite la et

Biblio-

Danse macabre.

comme Eugénie Grandet

accablait Balzac.

son répond au

nom du

le

convient de citer particulièrement la

Notre-Dame de

jadis le

il

romans qui avaient consacré

sarcastique

la

et

de profondes

amplement

justifié

ne recouvrait pas une marchandise de pacotille. Rien que

l'introduction historique qui se

dresse

devant l'œuvre semble un

porche précédant une majestueuse cathédrale. Dans une préface développée, l'auteur se tait

plut à montrer l'échafaudage qui suppor-

son livre.

Embarrassé devant ce trésor de connaissances

les

plus diverses,


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

«34

détacherai l'étymologie

j'en

du mot macabre

bien des veilles, bien des lampes

:

bien des pensées,

mourant faute

d'huile au petit

permis à cette savante étymologie de se produire.

jour, ont

Macabra en arabe veut

dire cimetière

:

en anglais make signifie faire et break

briser; en hébreu maccahbi s'explique par. le latin

mal; en vieux français

ma

cabre se prend pour

plaga ex mc^

ma

c'est

moi qui

fais

le

chèvre; d'autres ont prétendu que

^^

'

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour

Macabre

la

Danse macabre^ du Bibliophile Jacob (iS32).

l'inventeur de cette danse;

était

nommé Macabrus

qui a

et,

en

efl"et,

ce

peut être un troubadour

composé des espèces de complaintes sur

la

mort

et la fragilité

humaine. Enfin

le

abracadabra

On I.

mot de macabre '

n'a-t-il

pas certaine analogie avec

la

formule magique

?

voit

combien l'imagination en

Prétace de la Danse macabre, édition de i832.

éveil, prêtant

son

appui

à


LE BIBLIOPHILE JACOB

rérudition

peut ouvrir de vues aux écrivains.

raisonneuse,

plus

i35

Abracadabra gros de macabre^

rosace à vitraux

c'est la

une œuvre

leur par laquelle la clarté entre dans

de cou-

illumine

et

les

lecteurs.

A

se débattait dans

un cerveau plein de choses, parfois confuses, par-

littérature

la

roman historique

l'époque où fut publié ce

lumineuses, cerveau appartenant à un être tourmenté mêlant

fois

à

lectures

création

nourri

de

accumulées, prétendait se rendre compte de toutes

les

l'industrie

à

critique

la

l'art,

la

formes de Timagination. Je parle de Balzac qui, chercher

lui-même,

juger

se

ce sens

leton des

publier

le

morceau de

volontiers

jugeait

autres

les

/"',

mérite

allait

pas à Balzac. portrait

plein de

disparaître Il

à un livre

Deux

les

d'être

emporte-pièce. Cet article, critique

'

Jacob,

Bibliophile

le

consacra dans

critique qu'il

journaux politiques

de François

Le

non content de et

passer ses propres inquiétudes dans l'esprit de ses confrères.

faisait

En

à

qui,

et

lu,

Fous,

quoique

par

le

du temps

histoire

un peu acerbe oîi

l'art

journalisme,

«

bonne humeur

et

de

ne

revint à la charge, mais équipé plus à la

intitulé

Feuil-

nouveau que venait de

curieux pour l'époque étouffé

le

la

suffit

légère.

montre un Balzac

le

Bibliophile Jacob

et

de gaieté rabelaisienne. Dans cet article

»

anonyme, mais signé à chaque mot, apparaît un Gaudissart qui s'est

emparé du bâton de

Polichinelle et

qui

en joue avec une

verve que n'ont jamais atteinte certains personnages gausseurs de la

Comédie humaine. Quoiqu'il (M. JacobJ

il

est

ait la

mine refrognce d'un vieux juge fatigue d'une audience,

doux, affable, un peu bavard,

et

simple

tionnez pas et que vous passiez devant

lui,

comme La il

Fontaine. Si vous ne

ne s'offensera pas de vos rires

regardera en marmottant ou marmottera en vous regardant,

1.

(J£i4vrc's

complètes de Balzac,

t.

XXll.

comme

il

écrit

le

et

ques-

vous

en feuilletant


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i36

en écrivant. C'est toujours à

et feuillette

dire:

«

Monsieur,

est trois heures,

il

plume,

ses papiers, garde la

pour l'ombre d'un cadre

et

pilier

de

marche, ou plutôt

milieu d'une page

:

il

vit

et s'en

va par

Sorbonne.

la

lui

que

garçon de

le

on va fermer. les rues,

Il

»

étonnant

a l'air d'un vieux

sance

portrait qui sort de son

ressemble à une note, à un bourdon d'imprimerie mis au

il

en marge du temps présent.

être qui a rêvé de devenir chat

prendre des

de

à savourer

le

alors

prennent

les flâneurs qui le

Eh bien, cet homme-là est, en quelque sorte, la conscience de même ou quelque chose de plus que l'histoire, un tiers de Dieu, comme s'il était devant lui.

Tout

Bibliothèque vient

la

Ce bonhomme rassemble

trouvera

souris

passage où

le

science de l'histoire, l'histoire

l'histoire,

car

pour se donner

une certaine

jouis-

la

satisfaction

Bibliophile Jacob devient

même

l'histoire

voit le passé

il

la con-

«

ou quelque chose de plus que

l'histoire ».

Balzac continue à faire sauter sa souris en

à

l'air et

rattra-

la

per avec d'amusants coups de patte.

M. Jacob connaît tous

les siècles

avec leurs meubles, leurs costumes, leurs mœurs,

leur langage, leurs gestes, leur architecture.

Il

vous

dira,

en voyant sur

le

boulevard

des gaufres roulées, que, sous Charles VI, cette pâtisserie avait une forme bien plus

déshonnête. il

est mort.

Il

Il

sait

quand un mot

ne connaît pas

des oies, et qui

mène de

la

la

est né,

pourquoi

il

est né, de

quoi

rue aux Ours, mais bien une rue

aux

quand

est

et

Oiies

l'on

il

rue Saint-Denis à la rue Saint-Martin. Souvent

il

vend

demande

des macreuses à sa ménagère et se plaint qu'on ne lui serve pas des foulques, des

paons

et

A

du beurre

part

lui

rôti,

comme

l'auteur

jadis s'était essayé

dans

en savait faire Taillevent.

ainsi secoué le

roman

put se dire que Balzac, qui

historique^ était peut-être jaloux

de ce genre compliqué. Toujours occupé avec sa souris,

le critique

continuait

C'est à P. L. Jacob, bibliophile, c'est à ce digne et excellent

homme,

espèce de mouleur en cire qui passe sa vie à guetter une syllabe, un ,les

empreintes de toutes

les faces

héroïques des vieux siècles;

c'est

:

c'est

fait,

à ce

à cette

qui prend

modèle des


LE BIBLIOPHILE JACOB

une e'poque, qui

antiquaires, qui voudrait mettre sous verre toute

consciencieux

Vaucanson

à ce

dans

littéraire

effet, cette

que nous devons

nous

le xvi" siècle, et

un coup de baguette,

En

modeste auteur, l'ami de tous ceux qui

et

les figures auraient reçu,

composition tient de

On

devrait

faits historiques,

connaissent, c'est

Fous!... Lire ce livre, c'est vivre

la

pour un jour,

peinture, de

regrette bien vivement

pour ces sortes de compositions

X

le

comparerions volontiers au cabinet de Curtius dont, par

le

magie. C'est un sièclorama.

Charles

Deux

les

se plaint de la peti-

un Carporanta' des

tesse des médailles, et souhaite vingt fois par jour c'est à ce

137

les

rende

si

la

vie et le

la

sculpture, du

que

mouvement.

drame

et

de

la

temps prodigieux réclamé

le

m'est advis que Sa Majesté

rares. F!nfin,

donner quelques fonds à notre ami

L.

P.

Jacob pour élever,

fonder, administrer, diriger, entretenir une manufacture royale de mosaïque historicolittéraire.

Ainsi patte

conclut

chat

le

de donner des coups de

fatigué

en

sa souris, se repose victorieux

à

sans mouvement, sur le

qui,

regardant étendue,

la

plancher. Après s'être longuement amusé,

le

chat n'en fera qu'une bouchée tout à l'heure et ce goiàter sera

Eh

vraiment succulent.

bien non,

souris

la

n'est pas

morte;

la

preuve, c'est que d'un trait elle vient de regagner son trou, à la

barbe du matou ébahi.

Pour plus

petit,

comment

du

l'édification

petit

chacun joue

monde

même

le

jeu,

il

convient

de rapporter

plus tard la souris se vengea du chat.

Avec son système de

surexcitation cérébrale et de travail désor-

Balzac avait abrégé ses jours

donné,

du plus gros au

littéraire où,

les

;

efforts

du

Bibliophile

Jacob étaient incessants, mais mesurés et moins fiévreux. Le style « fiel et

amertume

moyen âge

n'était

Avec une pointe du Bibliophile t.

A

l'époque où

:

a

»,

le

la

et malédiction »,

que pour

la

d'ironie

qui

II

a la

furent inventes

organisa une exposition de fruits

rama; d'où

sang

«

langue rama de

et

montre. devenait juste,

naïveté le

de ses conceptions

d'un

Panorama,

le

Balzac avait dit

La Fontaine

Diorama,

le

de plantes exotiques à laquelle

i8?o, dont Balzac a donné

il

».

Un La

Toporama, un

industriel

nom

de Carpo-

donna

le

de facétieux échantillons dans

Père Goriot. 18


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i38

Fontaine du xrx^

siècle,

il

vrai,

est

faisant

gémir

la

presse et

obligé pour vivre de se répandre en publications de toute sorte.

Le bon Paul Lacroix

n'avait pas

de rancunes. Balzac mort,

il

se

vengea de son adversaire en écrivant une notice très élogieuse du

Femmes

romancier, en tête des

que

exemple flèches

qui

donné par

celui-là,

chante

de Bal\ac. N'est-ce pas un rare

un

hymne

à

un saint Sébastien criblé la

louange

de

de son bourreau

?

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour

le

Divorce,

du Bibliophile

Jacob (iS3i).

J'estime l'excellent Bibliophile Jacob à ce titre;

Vertu

et

tempérament^

sympathies pour

le

Quoique rêveur étincelles suis

doyen des écrivains d'aujourd'hui. et

aimant à regarder voltiger

ceux qui envient

d'emplir

les

pardonne

un point tout particulier commande mes

du foyer ou à travers

pas de

jaloux

et

je lui

colonnes

la

les

des

fumée d'une

hommes

l'idée

cigarette,

pressés

dictionnaires

dans je

les

ne

de produire,

bibliographiques,


LE BIBLIOFHU.E JACOB

Tavenir se prononcer sur cet amoncellement de

et je laisse

duits.

droit à

Mais

Bibliophile Jacob,

le

souplesse de

quoi qu'il

arrive,

a dessiné les

son talent.

pro-

pas

n'avait-il

spécial par son culte des vignettes

un chapitre

Tony Johannot la

'39

Pour

?

lui,

mieux

vignettes qui caractérisent

le

En

Roi des

tète

il

placer

faut

le

Ribauds^ une silhouette reconstituée sans doute d'après

les

indi-

cations de rérudit auteur de cet ouvrage.

Tony Johannot le

a laissé en outre, dans

vignette

du roman

Divorce, un petit chef-d'œuvre de grâce et d'élégance, ce n'est

pas

trop

dire.

La Parisienne

ainsi

Bibliophile Jacob qu'on la doit, et écrivain d'avoir laissé de

fournir à un la

la

femme de

artiste

i83o.

il

vue,

c'est

faut savoir

à

un thème du

gré au laborieux

côté ses truands et ses malandrins pour

matière à une

si

délicate

représentation de


CHAPITRE XVI HIPPOLYTE TAMPUCCI

Il

peut sembler hors de saison de faire figurer Tampucci dans

L'homme

romantique.

pléiade

la

l'honnête voie tracée

même

suivit,

de

bien

Casimir Delavigne; mais ses

par

loin,

liaisons

avec certains poètes plus en avant, les renseignements biographiques sur l'enfance de quelques-uns de ses

seulement dans un célèbre des

livre rare', le

aqua-fortistes

de

contemporains qu on trouve

concours que

Tépoque,

apporta

lui

expliquent

le

plus

le

rang

qu'il

occupe dans ces études. Fils d'un préparateur

du cours de chimie du collège Charlemagne,

Tampucci, ayant imprudemment témoigné de certaines aspirations à la poésie, fut placé par son père chez un cordonnier.

dans l'échoppe d'un rapetasseur de chaussures là détruire toutes ses illusions, faire taire ses

dit

M.

précéder

V..., qui a fait

le

!

«

On

Un

poète

espérait par

doux rêves d'enfance

»,

volume de Poésies d'un court

avertissement.

Le poète lesquels

même.

il

«

résista saintement à son père, brisa les outils

n'était point fait, et redevint libre

le

lui-

préparateur de chimie, jugeant sans doute qu'il

avait trop rabaissé classe au collège

son

fils,

lui fit

«

C'était

obtenir l'emploi de

garçon de

Charlemagne. Tampucci accepta sans répugnance,

quoique cette nouvelle fonction ne

I.

en se rendant à

»

Cependant

relevé.

pour

pour

lui rester

fût

pas encore d'un ordre bien

en famille,

dit

Poésies, par Hippolyte Tampucci. Paris, Paulin, i833. in-8°.

son

biographe

:

il


HIPPOLYTE TAMPUCCI

141

mêlé aux Jeux de quelques-

avait été élevé dans la maison, s'était

uns des élèves, devenus depuis écrivains distingués. Théophile

C'étaient

Gautier

Thierry, qui avaient suivi les principales pièces

comme

,

Gérard

»

Labrunie

Edouard

,

cours du collège Charlemagne; aussi

les

du volume de poésies leur sont-elles dédiées

gages d'affectueux souvenirs.

Déjà par ces

Tampucci

liaisons

mouvement romantique. Le poète en a pérances

;

est

il

touché

incidemment au

se rattache

amertumes,

les

par un bout de

l'aile

du

déses-

les

vieux

Temps

et

pauvre

de i833. L'âge, qui avait mis en

garçon de

salle,

rapport ces

eut pour effet plus tard de permettre à

de se rappeler au souvenir de Gérard

Grâce à ce volume, on a un couvé sous des

les

premières

collégiens

tendresses de

et

de Théophile.

La note tendre

famille.

années d'adolescence,

Tampucci

de Gautier, enfant blond,

profil

la

le

que

n'a

jamais

émue

et

fait

vibrer

l'auteur des Jeune-France, se trouve là seulement.

Sur un sable doré

ta vie, ô The'ophilc,

Coule parmi des

fleurs.

L'existence de son ancien camarade,

fils

d'un employé dans les

douanes qui ne paraît avoir contrarié en rien

la

vocation du poète,

semblait un paradis à Tampucci en comparaison de la sienne

Ta

lèvre n'a jamais goûté l'absinthe

Du morne

:

amère

désespoir.

Près de toi sont tes sœurs

;

un baiser de

ta

mère

Clôt tes yeux chaque soir.

Qu'il y a loin de ce croquis d'enfant chéri au chef des bandes

à'Hernani !


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

,42

On

entrevoit par les vers suivants de la

d'aspirations sociales. Théophile

n'avait pas souffert.

Il

!

pièce que Tauteur

pourpoint rouge que

d'un

plus

déjà bien

d'Albertus se souciait

même

viendront des jours où dans ton

Luira, n'en doute pas, une plus sainte

L'humanité gémit

et crie

Haine, opprobre

Voilà

!

aux oppresseurs

:

tâche du poète

!

la

âme

Hamme.

Vers peu éclatants, sages conseils qui ne répondaient en rien à

la

nature factice que tout jeune Théophile Gautier semble s'être créée'.

Avec Gérard

le

pauvre

Tampucci

L'humoriste ouvrait au contraire

épanchait ses rêves dans

le

plus

à

Taise.

porte aux sensations intimes

condamnait

dont son ami Théophile

Ton

la

sentait

se

l'étalage.

Gérard aimait

et

cœur du pauvre Tampucci.

jeune cœur, brûlant de l'amour de

D'un autre amour aussi vient de sentir

la gloire.

les

feux;

Poursuis, Gérard, poursuis! Qu'une double victoire

mes

Bientôt vienne combler tes désirs et

Et plus

loin

:

Pourtant, quand,

D'un

le

front ceint d'une

Gérard, 1.

A

si

belle,

viendras

me

fidèle,

conter ta gloire et tes amours.

bien là la camaraderie affectueuse de deux jeunes gens.

C'est

humain.

Hamme

père par tes chants embellissant les jours,

Et couvert de baisers d'une amante

Tu

voeux.

sans

morgue,

sans prétentions littéraires,

comme

il

le

diverses reprises la critique reprocha au poète cette indift'érence pour tout sentiment «

Le poète ne doit pas geindre en public

»,

me

disait

Théophile, plus sensible à ces

attaques qu'il n'en faisait montre.

Le masque flegmatique, que l'homme crut son visage

:

il

de reparaître.

utile de porter

dans

la vie,

avait jeté tant de pierres sur ses sentiments qu'ils restèrent

finit

par se coller à

murés

et

incapables


HIPPOLYTE TAMPUCCI

'

montra toute sa

vie,

43

un certain nombre d'opus-

avait déjà publié

cules; sa traduction du Faust et des poètes allemands le mit hors

de pair.

11

quelque belle inconnue et

aimait

rayon de poésie

et

faisait

pénétrer un

d'amour dans l'âme du pauvre Tampucci en

lui

confiant ses aspirations poétiques, les battements de son cœur.

f%

îll

d'après l'eau-forte de CÉLESTIN NANTEUIL, pour

Plein

les

Poésies d'Hippolvtc Tampucci (i833).

de tolérance, Gérard pouvait entendre

du garçon de

salle sans se

gendarmer

les

vers suivants

:

Je chéris Casimir, j'admire Lamartine, Je goûte de leur luth les sons mélodieux.

Deux vers qu'à aucun titre Théophile

n'eût admis. L'enthousiasme


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

144

pour Casimir Delavigne

vers

équivalait,

à un

i833,

brevet de

cuistrerie impardonnable.

Le volume de Poésies de Tampucci sorte

contenait,

est vrai,

il

une

de pièce romantique dédiée à Victor Hugo; mais au fond

du cœur

garçon

le

certainement

les

de

du collège Charlemagne

salle

cordes du

comme

luth de Casimir »,

«

préférait

plus faciles

à pincer.

Ce

consacre

qui

Tampucci

toutefois

et

donne

lui

second rang d'une bibliothèque d'ouvrages romantiques, forte de Célestin Nanteuil qui sert de frontispice

étrange dans l'œuvre du graveur qui en laissa de

Une muse de Bohême, un assise au

demandant qu'à Oh

le

au

c'est l'eau-

au recueil, image si

extraordinaires.

des motifs favoris de

bord d'un ruisseau, contemplant

place

l'artiste,

sombre poète

et

est

ne

mettre en main sa cithare.

lui

lorsque fatigué d'un travail sans honneur,

!

Souvent

Échappe

à

ma main

le balai;

que

qui se lasse

le front

en sueur

Je rêve, seul dans une classe,

Ma

poitrine se gonfle, et de

Je sens que

Que mon

ma

être

pleurs amers

joue est baignée,

être grandit, qu'un

Jaillissent d'une

Combien dut

mes

âme

Dieu parle,

dans

la

mes vers

indignée.

choqué de

l'étalage de détails

geigueur ulcéré Théophile Gautier à qui n'est-ce pas

et

la

si

bas d'un

pièce est dédiée

!

Aussi

dégradante attitude d'un balayeur de classe

que Célestin Nanteuil représenta

le

poète

:

c'est

en

vêtements

noirs, en

cheveux noirs, avec une physionomie pâle que Tampucci

écoute

muse

la

bizarre, la

des néo-romantiques

même

qu'on retrouve dans

le frontispice

les plus ardents.

L'eau-forte a pénétré trop

profondément

dans

les

habits

de


HIPPOLVIE TAMPLCCI

Tampucci, dans

le

corsage de velours noir de

plus pour ceux qu'intéresse le la

145

«

crevé

muse, ragoût de

la

des morsures du cuivre

»

physionomie du poète en sera plus mélancolique,

muse de Bohème apparaîtra plus blanche; mais quelque peu étonné

vigne

fut

luth,

Gérard de Nerval

vitalité toute

ne

qui

et

dun

si

pas

par

Hippolyte Tampucci

la

Théophile

hardiesse

durent

de

le

Casimir Dela-

se

féliciter

de

la

graveur à un recueil

la versification.

entré dans la

était

jupe de la

romanesque emploi de son

de i833, prêtée par leur ami

brillait

si

la

:

vie

sous

le

coup de

circonstances trop défavorables pour tracer un sillon profond.

Il

se

redressa pourtant et sacrifia de loin en loin au culte des muses.

A la

dix-sept ans de

Marne,

il

là,

publiait

devenu chef de bureau de encore

volume manquait de vignette

un

I.

et n'est-ce

coiiruiiiic,

poésies

itoiivcllcs.

mais

le

pas l'étrange frontispice le

souvenir des biblio-

nom du pauvre Tampucci?

Quelques fleurs pour une

préfecture de

volume de poésies';

de Célestin Nanteuil qui a conservé, dans philes, le

la

1847. Iii-rj.


CHAPITRE

XVII

PETRUS BOREL

En

bande gaie

debout devant

me

je

une

l'Artiste

rappelle

les

un personnage mélancolique

cheminée, parlait gravement.

la

Pétrus Borel.

C'était

bureaux de

les

tapageuse à laquelle Arsène Houssaye ouvrait

et

portes de sa Revue, qui,

dans

1845, alors que s'agitait

Un nom

éclatant des anciens jours pour

cette folle jeunesse qui rimait et contait en chantant.

Pétrus Borel phile

Gautier,

d'Arsène

faisait partie

du

Gérard

Nerval,

Houssaye

camarades,

de

mais

;

Alphonse

même temps

de l'Artiste

directeur

le

en

,

groupe d'écrivains

petit

jeune garde tant soit peu indisciplinée

Monselet,

Baudelaire et bien d'autres,

presque aussi nombreux que

Dans

cette

Revue

qui,

les grains

jusqu'en

de sable de

i85o,

les relations

entre les anciens

Pellaprat,

un

belle galerie la

Seine,

des plus

:

à

lui

une

fut

la

la

un

sérénité

mer.

salon

ouvert

des autres,

nouveaux furent de bonne

et

les

la

malsaine influence des bureaux

en plein quai Malaquais, dans

l'hôtel

importants du quartier, au milieu d'une

du rez-de-chaussée dont

arrivaient,

attirer

anciens

sans compter les poètes,

aux impatiences des uns, à

de rédaction de journaux

ses

Henry Murger, Charles

:

l'après-midi

camaraderie. Rien qui rappelât

amis

Esquiros,

que

su

avait

Théo-

:

les fenêtres

s'ouvraient sur

pour causer plus que pour écrire, ceux qui

avaient donné des gages à la littérature, ceux qui aspiraient à les imiter.

Ce

fut

que j'aperçus une seconde

fois

Pétrus

Borel

dont


PFTRUS ROREL nom

le

pette. le

retentissait

à

Pétrus Borel

le

mes

raissent avec le

n'en

Il

poète

était

plus

en

tout

les

A

public.

!

!

!

)

titre,

La

était lui

de ces

appa-

L'étrangeté du

astronomes

du monde

intellectuel.

Madame

Putiphar

n'avaient pu triompher de l'indiffé-

Pétrus Borel

tels

sujets

la

des

publiait

Chaussure che{

les

articles

faire

anciens

et

La signature

n'étonnaient plus.

passer ces caprices.

caisse de l'Artiste, a dit quelque part Monselet, était plus »

Nous nous contentions

nous jeunes, d'une poignée de roses, extrait des profondeurs

et

quand un

pas à

la

l'île

volontiers,

louis

égaré,

de cette caisse fantastique, nous permettait

nous ébattre, en compagnie de nos amies, sous

d'Aulnay ou de n'était

Putiphar,

un pastiche de Montaigne (Montaigne et

:

bourrée de roses que d'écus.

d'aller

trom-

aux yeux des

étoiles filantes

de l'écrivain devenait insuffisante pour «

1845.

Coûtes du Lycanthrope,

modernes??? De

les

décolorée

une étude sur

,

ainsi

fait

l'Artiste

singuliers

Pétrus Borel

à

peu

elle-même, malgré son

tout à fait

beau Pétrus Borel

le

bizarre.

Les Rhapsodies,

rence du

Madame

nimbe d'une réputation

constatent les

parisiens qui

d'une

qui s'imposent à la jeunesse et

quelque

s'était

son

le

lycanthrope, rauteur de

fatals »

«

comme

oreilles

biographe des croque-morts,

personnages

>47

du Bas-Meudon, une

hauteur

d'un

si

les

ombrages

mince rémunération

personnage de

réputation

la

de

Pétrus Borel; aussi disparut-il de cet endroit trop poétique pour

chercher sa vie dans la gloire ni

la

la

fortune,

fondation de petits journaux il

fut

forcé

d'accepter

:

n'y trouvant

un poste au delà

des mers, dans l'administration de l'Algérie.

Tel

mes

je

cherche à revoir dans l'ombre de mes vingt ans, de

lectures, de

mes

souvenirs, ce

Pétrus

Borel,

forçant l'étran-

geté pour dissimuler peu d'imagination, se présentant en

dans

la civilisation,

goguenard

très travaillé,

«

sans cesse en

loup

»

quête


LKS VIGNETTKS ROMANTIQUES

14»

de sujets étonnants,

voulant attirer l'attention du public par son

peine de bizarres récits

orthographe, n'écrivant toutefois qu'avec

en prose, poète à

cheveux dans

leurs à

coiffure

les

malcontent,

la

étaient hirsutes et martelés,

les vers

groupe

autrefois d'un

la tête

laissé

dont

jadis,

d'artistes à tous

crins qui

avaient

Une

austère

mains de l'occasion. barbe

admirable

une

que

jalousait

Théophile Gautier, un habit noir boutonné sévèrement jusqu'au col,

avec adjonctions à

Marat, avaient

la

Le

jeunesse l'homme par les- Parisiens.

de

Pétrus Rorel

Boulanger,

dont

le

modèle se

paysage, avec un vague

fameux

reflet d'attitude

portrait de Louis

à

souvenirs de

les

le

Velasquez?

la

Morgue

de pompes funèbres déteignirent momentanément sur quelques

moi-même

La jeunesse

débutants,

Baudelaire et

se regarde

comme

prodigieusement avancée de jouer avec

macabres

elle se

donne pour

;

tout

le

premier.

peiné

Au

bizarres.

forment

qui

la

trame

de

début on ne goûte pas

faciles

la

somme

productions le

charme du

simplicité, dont la clarté et la transparence

que de

les sujets

hardie et se complaît dans ce

très

quelle croit une étrangeté, sans s'inquiéter de

de

sur

noir et sérieux,

profilait,

Les motifs particuliers au lycanthrope, et

remarquer dans sa

plus clair de la réputation

pas dû à un

n'était-il

fait

de voulu,

apparence

en

naturel, de la

demandent plus d'études

oppositions de noir et de blanc et d'images

ambi-

tieuses.

Malgré

Pétrus

ses efforts,

ment. Le jacobinisme

de fantaisie,

la

qu'il

liberté

réclame pour son

art,

Borel

des

«

gavaches

)i,

fit

pas école. Heureuse-

invoque dans ses écrits

et qui est tout

de Diogène que l'auteur des Rhapsodies les

néologismes

circulation, les racas de Fracasse et

ne

tout

cela

qu'il

jetés à la

comptait mettre en

hure des

put étonner un

de prétexte à des préfaces guerroyantes

;

«

moment

flasques

»

et servir

tout cela, sauf quelques


I

PETRU

s

nO RK

I.

,

par Louis lioiilanger. d'après l'eau-forto de Ciîlcstin

Nant--iiil

(iS3<)).



P1£TRUS BOREL

élans,

quelques cocasseries, n'a guère plus de valeur aujourd'hui

fameux

beaux vers frappés

que

les

dies

du premier empire.

«

par

»

auteurs de tragé-

les

Pétrus Borel, à bien chercher, a laissé quelques pages son œuvre, à cinquante ans de distance, ne

On

me

;

mais

paraît pas viable.

peut réimprimer, pour répondre aux désirs de quelques biblio-

philes

fera pas sortir

de ses

certains

attardés,

du domaine de

devenus rares; on ne

livres,

la

«

curiosité

les

».

Pétrus Borel n'en reste pas moins, physiquement, un spécimen très accentué

du romantisme. Comédien

une tenue tout à

sement devant

M.

dans

travaillé le

le silence

s'était

il

composé

son masque avait été soigneu-

du cabinet avant de se

profiler

public.

dans son

Jal rapporte

du Louvre^ qu'un

livre des Causeries

Napoléon Thomas avait exposé au Salon de i833 un por-

certain

de Pétrus

trait

fait particulière;

habile,

Borel

costumé

ainsi

Gilet

«

:

habit

rouge,

aux

larges revers pointus, gants sang-royaliste, chapeau pointu, barbe et

cheveux

flottants. »

Ce merveilleux

portrait

11

que

est fâcheux

en i833.

A

la critique d'art

n'ait

l'attention

le portrait, et

M.

Jal, je

Ce Napoléon Thomas, chanté par toi,

Napoléon Thom,

cœur soldatesque digne de faire

lithographies dont I.

Jal.

il

a

de «

peintre,

l'auteur air,

-

des Rhapsodies

franchise,

:

poignée de

en réalité un crayonneur médiocre, peu

», était

partie

le

ne trouve

on peut en conclure que

peinture n'était pas à la hauteur de l'encadrement.

A

qu'il

pas été plus développée

part la courte analyse donnée par

pas de renseignements sur

«

plus

un cadre tricolore ! ! !

avait

la

excitait d'autant

la

orné

bande du Bouzingot. » le

Les pauvres

volume de vers de Pétrus Borel

Salon de i833. Les Causeries du Louvre. Paris, Ciossclin, i833,

in-8".


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

ne valent que par de

faiblesse

thème qui

le

exécution

leur

été

dicté

par

le

poète

la

;

comprendre comment Napoléon

fait

Thomas, rangé au début parmi

a

lui

bande des

la

cœurs de salpêtre

«

»,

devint plus tard un ouvrier aux gages des marchands d'estampes

de

rue Saint-Jacques.

la

Aussi

la

frontispice de Célestin

dée d'un plus

seconde édition (fausse) des Rhapsodies fut-elle précéNanteuil

;

dans cet encadrement,

digne du poème, tout grouilla avec des alternances de noir,

de blanc, d'anges, de démons, de gardes nationaux, de blagues à tabac, de têtes de mort,

merveilleusement

Une

sculpteur Jehan

«

A

toi,

fier et fille.

Seigneur.

fut

A

Le poète paya

Jehan

Du

si

donnée de Pétrus Borel par

le

part

dans ce médaillon

pas

lycanthrope'.

Du

qu'accommodait

toute la salade

graveur.

représentation

autre

ce n'est

le

enfin

Seigneur,

Courage

fois aurait

Ta

1

un statuaire

français.

beau

statuaire,

place serait belle

:

le

farouche

largement son sculpteur

toutefois

courageux à l'œuvre, pourtant

chercher

faut

qu'il

le

d'habit à la Marat,

le collet

candide la

et

:

bon de cœur,

comme une

France pour

la

jeune

première

»

Pétrus Borel ne parait pas se rappeler qu'à cette

David d'Angers modelait avec quelque

même époque

puissance les médaillons

des forces intellectuelles de l'Europe; mais David, quoique associé

avec les républicains, ne descendait pas jusqu'aux

cœur avec il

les

Drapant

Sous

De

ce

De

romantiques réellement puissants ses contemporains,

négligea d'introduire dans son Panthéon

I.

bouzingots.

médaillon,

exemplaires. Depuis,

la

sa souH'rancc sccrcte

les liertés

de son manteau.

M. Aglaûs IBouvenne

a

Revue

le

le

personnage

le

Livre,

dans

reproduction du prolil en relief de Pétrus Borel.

donné une

numéro

lithographie

d'avril

tirée

à

quelques

1882, a publie une bonne


PETRUS BOREL

Et était

c'est ce qui

me

comment Jehan Du Seigneur

paraît expliquer

appelé à fournir

pour

«

i33

première

la

fois

un statuaire à

»

la

France.

On

peut

que Tart

dire

réputation de Pétrus Bore!.

nombreux

rendu de

a

Au

V G NKTTE 1

la

de Louis Boulanger, au

portrait

DE G G O U X

services à

1

,

pour CJmmpcivcrt. Contes immoraux, de POtnis Boiel {183?).

frontispice

de Célestin Nanteuil,

il

faut

joindre

la

vignette de

Gigoux pour Champai'ert. C'est une si

le

conte

image à sensation qui donnerait de Barbe-Bleue

grand chirurgien du ses

récits

sous

le

n'existait

xvi' siècle,

pas.

Pétrus Borel

nom d'Andréa

Vesalius.

la

chair de poule

D'André Vésale, fit

le

Les

le

héros d'un de égalants

de sa


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i54

femme, de

la

et

les

chirurgien les tuait

le

science,

il

squelettes

se

livrait

par jalousie autant que par amour

:

sur eux à une dissection

rangés soigneusement dans une

préparés,

bien

approfondie,

armoire, André Vésale les montrait à l'épouse coupable, qui elle-

même

tour être préparée anatomiquement. C'est la

devait à son

scène palpitante qu'a dessinée Gigoux. Je ne veux pas perdre de temps à analyser l'œuvre de Pétrus

Borel

:

critique

la

contemporaine a amassé

bien faire connaître l'œuvre et l'homme

Un

pour

'.

témoignage d'un contemporain ne doit cependant pas être

négligé. Gabriel Laviron, rendant

Ce

matériaux

les

livre

est d'une étrange vérité

dans sa philosophie désolée

et

:

compte du Champai'ert,

vrai dans

ses

disait

:

passions et ses meurtres, vrai

son suicide athéiste, vrai dans son

rire

de crâne-.

Voilà des mots de l'époque précieux à collectionner, car nous n'en trouverions pas de pareils dans les dictionnaires de 1880. Si le Champai'ej't est « vrai

peut dire autant de

pendant plus de laborieux; cherche-t-il

trois

Madame ans en

dans son rire de crâne Putiphar,

librairie

et

roman qui

fut

après

le

pourquoi

du

brouillard

on n'en

annoncé

dont l'enfantement fut

une lecture de cette œuvre,

aussi,

»,

malsain

qui

le

lecteur

pénètre

enveloppe son esprit, brouillard vraisemblablement produit par

fumée d'une lampe charbonneuse qui a

éclairé

auteur se battant inutilement

et

peine pour aboutir à Il

I.

est

si

peu

les

flancs

se

les

soucis

et la

d'un

donnant tant de

d'intérêt.

un remède aux fâcheuses sensations causées par ce genre

Pour plus de développements touchant

l'écrivain,

on peut consulter Asselineau, Biblio:

graphie romantique; Baudelaire, Réflexions sur quelques-uns de mes Contemporains (Œuvres complètes, t. II), et surtout l'intéressant petit volume de J. Claretie, Pétrus Borel le Lycanthrope. (In- 18. 1865.) 1.

L'Artiste, i833.


PETRUS BOREL

d'écrits.

et

Jetez dans un coin la

prenez en main un

livre

érudit, son

homonyme, un de

de

Borellus

Petrus

omnium

:

De

Pour rasséréner

de calme et de science d'un

ses aïeux peut-être, le

vero

Telescopii

fameux

inventore

ciim

traité

brevi

la

•.

l'esprit

ouvrir sa porte

mystères de I.

plein

Putiphar de Pétrus Borel,

conspiciliorum historia, accessit etiam centuria observa-

tiomim microscopicarum

prête à

Madame

,55

nature.

i635. Portrait et figures.

des hommes,

à ceux

la

science

est

qui veulent l'interroger

toujours

sur

les


CHAPITRE

XVIII

GERARD DE NERVAL

Qui évoque

le

souvenir de Gérard

fait

délicate, la plus singulière peut-être

lité

Ce

n'est

pas tant

bagage

le

intellectuel

forme son œuvre, qu'une vie toute de et

apparaître une personna-

de

période romantique.

la

par

laissé

fantaisie,

le

poète,

qui

semée d'incidents

terminée par un drame mystérieux.

Gérard

un des rares humoristes sincères d'un temps

fut

oîi

la

plupart des écrivains travaillaient leur bizarrerie et cherchaient à

imprimer un voyant

lui

loin

plus naturel que ses

relief;

camarades,

de se donner en spectacle au public, Gérard rentrait dans

sa coquille et s'intéressait seul au jeu de ses propres caprices. Ces

tempéraments d'écrivains sont plus communs en Angleterre qu'en France,

que

A

les

nature laisse une

et leur

Anglais

voyage

de

la

et fut

satire

il

s'y arrêter et

papillonne

du conte

drame,

le fut,

le classeraient

rubrique

la

mot ne peut

un véritable essayiste

Les dictionnaires sans doute

au

le

empreinte dans leurs ouvrages

sous

classés

personne plus qu'à Gérard

voltigea

la

ont

les

telle

être appliqué

aux

impressions

de

sous la rubrique de polygraphe;

ayant traité de sujets très opposés, mais sans

en délimiter bien

commune aux

nettement

humoristes,

le

champ. Atteint de

Gérard se rattacha tour

aux autres ce montreur de kaléidoscope donna il

il

:

français.

à tour aux classiques, aux romantiques, aux réalistes.

mais

d'essayistes.

courut trop vite après l'heure où

le

Aux uns

certains

et

gages

;

rêve devait l'emporter

sur la vie, une existence décousue, des infiltrations qui se produi-


GERARD DE NERVAL

cerveau

son

dans

saient

ne

157

permettant

lui

de

veiller

à

est -elle

difficile

à

plus

réquilibre de ses pensées.

une

Aussi écrire

de

;

si

abondants

ques

choisis de la littérature

semblent avoir écarté

qu'ils

faut chercher les diverses sources

il

;

dans

fragments, dignes d'être cités

jolis

morceaux

naires de

de Gérard

l'œuvre

sur

notice

des diction-

française, se pressent critiques méthodi-

les

où ont puisé ces écri-

vains non classés, montrer l'influence des milieux où

vécurent,

ils

de leurs contemporains, de leur temps. J'essaie seulement

celle

une sorte d'esquisse, sans avoir d'autre prétention que de donner quelques

traits d'après

l'homme

D'abord se cherchant vers

1825

poussé

de jeunesse,

liaisons

œuvre.

et son

vers

Gérard se trouva, par des

',

romantisme

le

de classe au collège Charlemagne, Théophile Gautier, d'autant plus facilement que littérature

dramatique

vrai

est

dramatique, curieux qui

en

recueil,

faisaient

qu'on

dans

put voir,

du théâtre

théâtre

le

auteurs

la critique

de

entraîna

porté vers

était

Gérard

le

la

la

n'admettait

premiers

avec

aspirations des

les

à

ceux

de

du

par des vignettes dues aux artistes à

écrivains

romantisme,

reliant les prin-

France

la

Monde

volumes de ce

les trois

porte-voix bruyant

l'étranger

du

fondation

une sorte de plan de dramaturgie internationale, cipaux

l'y

et ardentes.

doive à

eftet,

on

homme

jeune

qu'à cette époque

et

que des personnalités jeunes S'il

le

camarade

son

;

et

la tète

éclairant

du mouve-

ment.

Ce

fut

une note bien particulière de Gérard, qui des grandes

épopées de l'Inde passait au Faust de Gœthe I.

«Gérard de Nerval

.ivait

publié sous

niennes qu'il ne voulait pas qu'on inédite de Philuthée

1875. ln-8.)

O'Xeddy sur

kit, le

la

et trouvait

dans ces

Restauration des poésies nationales et napoléo-

déclarant tout

le

premier que

i^roupe littéraire rumantiqne

c'était

dit

des

du poncif.

»

boitjiiif^ots.

(Lettre Paris,


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i58

esprit chercheur; aussi, vingt-cinq ans

drames un élément à son plus tard,

retrouvant dans

l'écrivain,

charbons qui ne s'étaient pas éteints,

du

riot d'enfant

Harlem

il

Soudraka, de

roi

même que

de

la

l'étaient

années de

là,

devenu tout à

guerre terrible,

De son

même

et

fait

demi

à fait

Gœthe.

le cri

véritable

homme

d'un

nom

il

poète prit

(mais tous

carbonari).

s'efforça

A

et

s'appelait

appellation qui convient

demi collante

et

Timide dans

introcri

de

Gérard Labrunie la vie

Pour ne

~.

de bohème effa-

pseudonyme de Gérard de Nerval, un

le

M™

Sophie

de l'homme pour

faire oublier cette

plutôt à un élégant de

1820 en culotte à

fallut tout le talent

il

quelques

de pousser un

qui semble appartenir à un héros des romans de

Gay,

les

timide'.

pas choquer son père, vieux médecin que rouchait, le

fausse de l'humoriste.

anti-académique, Gérard,

bande des bouzingots,

duit dans la

nom

dans l'Imagier de

Restauration on l'entrevoit libéral

Parisiens

Cha-

le

tentés d'étudier Gérard dans ce courant de

seraient

drames ambitieux auraient une idée tout à la fin

représenter

faisait

cousait des ressouvenirs du Faust de

Ceux qui

A

foyer de son esprit des

le

en spencer. la

vie,

Gérard

offrait

une

certaine

résistance

intérieure, et quoiqu'il vécût en pleine camaraderie avec la

de Pétrus Borel et

bande

admis à l'honneur suprême de fournir

qu'il fût

une épigraphe au tapageur volume des Rhapsodies, Gérard appartenait

à

sentiment

1.

Sui-

O'Seddy, 2.

littérature

la

que par

k-.s

une

palette

obtenant des effets

chargée

plus

par

le

de couleurs. Ses amis

mots Bou^ingothme, Bou^ingot ou Bou^ingo, voir Lettre inédite de Pliilothée

citée plus haut.

Dans un catalogue de

chainement Labrunie;

claire,

»

les

la librairie

Rendue! sont annoncées

comme

devant paraître

Aventures d'un gentilhomme pcrigowdiii, par Théophile Gautier

c'est la

seule publication à

table, et elle ne parut pas.

ma

connaissance que l'humoriste signa de son

et

«

pro-

Gérard

nom

véri-


C.KRARD DE NKRVAI.

pouvaient à leur aise rivaliser avec lui

se contentait

jaillir

l'art

1.-.9

secondaire de la peinture

de presser doucement son cœur pour en

;

faire

de tendres souvenirs.

La génération de demi-siècle entrevit un

gens qui entra dans

jeunes

les

lettres

au

Gérard à peu près inconnu jusque-là, un

THEOPHILE GAUTIER, d'apics un crayon di C^lcstin Xanteuil (i838).

voyageur sentimental qui, ayant vécu quelques mois à Constantinople, voulait bien étudier les

hommes,

les

femmes,

les

mœurs,

sans trop se soucier de descriptions de monuments, de vieux murs,

de

ciels Il

y aurait un parallèle curieux à

Gautier. qui

et d'horizons.

En

explique

tout et sur tout

peut-ctrc

leur

ils

établir entre lui et

différaient

liaison.

Théophile

absolument;

c'est

ce

Gautier a l'impassibilité d'un


LES VICNETTES ROMANTIQUES

iCo

Oriental; on

comme

littérature

calme, accroupi sur un divan, détaillant sa

voit,

le

vendait

s'il

excellente fabrique d'ailleurs

;

ouvrages en filigrane, d'une

des

Gérard toujours remuant, un sourire

dans des yeux clignotants, rêvant à mille petites chimères; Gautier tout

à

indifférent en politique, s'en vantant et recouvrant de

fait

paradoxes son scepticisme de

fier «

dire

le

me

Je

orientale,

Gérard quelque peu républicain

souviens, m'écrivait-il

que

jeune

la salle

pousse....

»

Les jeunes gens sont

très

de paraître jouer leur

tête.

mais

des Brigands

ration

il

On

hes

:

Scènes de la

les

s'en

rois

vont!...

Le bon Gérard

s'en contait

à la fois sous

de ses

a vu dans le chapitre sur

Dans

volume

le

avait été élevé, des

depuis vait

le

les

quelque

coup de l'admi-

droits

remuaient toute

qui

Tampucci que Gérard

intitulé

les Filles

la

il

pour

laissé,

dans

les

lui

confiait

du feu\ quelques filles

donnent

campagnes du Valois

compagnes, des amies d'enfance à qui

n'osa jamais déclarer les tendres sentiments qu'il éprouelles.

Il

a

dessiné dans

cet

ordre

d'idées

pastels pleins de douceur, qui sont obtenus avec rien

de touche de ces portraits n'indique-t-elle pas

deur de ces amours de jeunesse I.

Je

de Schiller et peut-être des courants réels

penser que Gérard avait il

j'ie

Léo Burckart, un des

ressouvenirs de jeunesse, quelques profils de jeunes

pauvre

d'alors.

ses amours.

à

assez

de se poser en conspirateurs

fiers

était

de légitime revendication

France

sur

deuxième acte de

conspirateurs s'écriait

;

d'un

suite

la

Porte-Saint-Martin croulait d'applau-

la

étudiants

peu à lui-même

à

publié

j'avais

de

dissements quand, au

et

et tout

:

que tout

article

;

Paris, Giraud. In-i8. 1834.

?

Le fond de

le

:

d'aimables la

légèreté

peu de profon-

ces esquisses en est


PL IV

^^^ff.^

..

jii>era«r &

FAC SIMILÉ DUNE EAU FORTE DF.DOUARD MAY pour

ChalLerion

d Alfred

1835

cie

Vigny

C"

Pari»


1


GÉRARD DE NERVAL

d'autant

coloré

villages,

:

161

grandes routes de

jusqu'aux

Picardie,

arbres eux-mêmes.

C'est le jour des

Arrivé à Senlis

Morts que

je

vous écris

passé par les

la veille, j'ai

La

puisse voir dans cette saison.

;

pardon de ces idées mélancoliques.

paysages

les plus

beaux

et les

plus tristes qu'on

teinte rougeâtre des chênes et des trembles sur le vert

foncé des gazons, les troncs blancs des bouleaux se détachant du milieu des bruyères et

des broussailles,

surtout

et

la

majestueuse longueur de cette route de Flandre,,

qui s'élève parfois de façon à vous faire admirer

un vaste horizon de

forêts

brumeuses,

tout cela m'avait porté à la rêverie.

semble que Gérard craigne que sa note ne

11

En

colique.

musicien,

habile

passe

il

mélan-

soit trop

aussitôt

mineur au

du

majeur.

Kn

arrivant à Senlis,

j'ai

vu

la ville

en

fête.

tant le son lointain,

— résonnaient de tous côtés;

compagnies dans

la

ville,

ne

victime d'une illusion

sais si je suis

Senlis

'

de

ou

les

jeunes

se tenaient devant les portes ;

je n'ai

Les cloches

dont Rousseau aimait

filles

se promenaient par

en souriant

et

caquetant. Je

pu rencontrer encore une

tille

laide à

'

Mais combien Jean -Jacques

on voit combien

portraits

les

sont le

plus

des

jeunes

affirmés!

A

filles

la

des Confessions

netteté

des images,

Genevois sentait plus vivement, plus sensuelle-

ment. C'est à travers une sorte de gaze, jaunie par vingt ans, que

Gérard dessine ses pastels d'amoureuses plus entrevues que

ment aimées. Grétry parle quelque part du que produiraient un l'autre.

Ce

homme

fut le cas

et

singulier

assemblage

une femme aussi réservés

de Gérard;

réelle-

l'un

que

cependant ses amours de Paris

contribuèrent jusqu'à un certain point à former

la

légende qui est

restée.

Dans I.

sa jeunesse, le poète avait

Angclique,noVi\c\\c des tilles du feu, 1S34.

été

vivement épris de Jenny


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

102

Colon, une actrice du théâtre de collégien

sorte de passion

d'autant plus

discrètes

Ce

des Variétés.

une de

c'est-à-dire

,

intenses

fut

encore une passions

ces

ne trouvent pas jour à

qu'elles

s'exprimer. Gérard aurait pu passer toutes ses soirées à l'orchestre

des Variétés sans faire comprendre sa flamme à celle qui en était l'objet.

Jenny Colon, à était

elle,

rapporter aux portraits dessinés d'après

s'en

une blonde assez

créature qui

ne

se

fût

vraisemblablement une aimable

étoffée,

pas montrée trop farouche pour

le

sou-

pirant.

a retracé lui-même ses sensations d'amoureux

Le conteur

Je sortais d'un théâtre où tous les soirs

— excepté lorsqu'à

d'alors, et

aux avant-scènes en grande

la

seconde ou à

troisième scène d'un maussade chef-d'œuvre

la

une apparition bien connue illuminait l'espace vide, rendant

la vie

d'un souffle

d'un mot à ces vaines figures qui m'entouraient. Je

me

sentais vivre en elle, et elle vivait pour

d'une béatitude infinie;

me

paraissais

Indifférent au spectacle de la salle, celui du théâtre ne m'arrêtait

tenue de soupirant guère,

je

:

de

faisait tressaillir

la vibration

joie et

de sa voix

si

feux de la rampe qui l'éclairait d'en bas, pâle d'en haut sous

les

dans l'ombre de sa seule beauté, étoile au front, sur

les

Dumas

un

pour

libretlo

comme

les

caprices, —

comme

la nuit

et la

belle

remplissait

quand

les perfections, elle

comme la

le

jour aux

rampe baissée

la

montrait plus naturelle, brillant

Heures divines qui

l'actrice qui venait

l'écrivain se mit à la

d'un

me

se découpent, avec

une

ses

ardeurs,

ce

que voyant

essaya de les apaiser en faisant écrire au poète

la divinité

c'est-à-dire

sourire

fonds bruns des fresques d'Herculanuml

Présenté à Jenny Colon,

donner à

Son

douce et cependant fortement timbrée

rayons du lustre

Gérard entretenait ses amis de Ale.xandre

seul.

d'amour. Elle avait pour moi toutes

répondait à tous mes enthousiasmes, à tous mes

laissait éclairée

moi

lit

de débuter à l'Opéra-Comique.

Gérard ne

fut

pas

mal reçu,

une idée avantageuse du luxe qui

et,

pour

l'attendait,

recherche d'un autel des plus magnifiques,

flamand à

colonnes

torses

supportant

des


GÉRARD DE NERVAL

ouvragés.

finement

bas -reliefs

On

i63

trouvé de couche

n'eût pas

plus somptueuse à Thôtel Cluny; elle était large à tenir la moitié

de l'appartement du poète; des bonnes grâces en soie ponceau et des rideaux merveilleux en faisaient une chambre mystérieuse où

comme une

Jcnny Colon pouvait se regarder

blonde

la

princesse

de Brabant.

On

que

a dit

que Gérard en

et

était

par

fut

pour

trop réservé

non pas ce qu'on appelle familièrement

en amour,

était

vierge

d'ameublement. L'homme

ses prodigalités

transi »,

resta

le lit

«

amoureux

mais trop sensitif et n'osant pousser sa pointe. La femme

pour

poète un

le

idéal qu'il

ne

caressait

Ce

qu'en pensée.

qui explique bien des choses; mais avant d'arriver à en donner la clef,

il

faut pénétrer plus avant dans la vie littéraire de l'humoriste.

Gérard avait besoin d'amis, de soutiens; pour appuyer il

il

pour Jenny Colon; mais d'une

loge

il

était

les

l'Odéon et de

drame du

roi

la

Soudraka

légende de Gutenberg contribuassent fortement à sa répu-

tation.

Gérard se sentait plus dans son élément en collaborant au

feuilleton

rent

dans

comédiens.

Porte-Saint-Martin, sans que l'adaptation du et la

et surtout

qualité d'auteur par

sa

ouvrit toutes grandes les portes de

lui

Monpou

Dumas

de nature à rester tapi

à ne manifester

et

aucunes familiarités avec

Méry

des tuteurs

de son imagination. Avec Alexandre

les fleurs

entreprit le libretto de Piquillo pour Hippolyte

l'ombre

fallait

dramatique de Théophile Gautier. Longtemps

G. G.

fameuses

le

feuilleton

initiales

.L

Théophile porta seul

demeura à dévoué qui

l'état

de

court

tient l'emploi

J.

le a

les

de la Presse,

du Journal

pour

des

faire

Débats;

ils

signè-

pendant

aux

mais, quand

sceptre de la critique dramatique, Gérard

critique blond », c'est-à-dire de collaborateur petits

théâtres,

fait

fonctions d'intérim et

obscur de second chef d'orchestre.


i.F.s

.64

Une longue

et

vignp:ttes romantiqlks

durable

années entre Théophile celui-ci,

amitié se

perpétua

pendant bien des

Gérard. Ce fut plus tard seulement que

et

achevé de manger l'héritage de son père, devint

ayant

écrivain de profession, non par vanité, mais pour vivre de sa plume. Il

avait

semé de

Revues

côté et d'autre, dans des

divers Contes et esquisses biographiques.

11

et des

les relia

journaux,

de son mieux

VIGNKTTE DE TONY JOHANNOT, pour Sons

pour en

faire

les

'lillculs, d'Alphoiisi:

Aux ouvrages

des volumes.

Karr (iH32).

cités plus haut,

il

convient

d'ajouter les Illuminés, Lorely, Souvenirs d'Allemagne, etc.

Tous contiennent des pages émues, de détails qui,

je

l'ai

étaient

insuffisants

colleté.

Qu'est-ce

Qu'est-ce que

le

dit,

observations, des

témoignent d'un écrivain délicat; mais

pour

que

fines

le le

Gaspard de

gros public qui veut merveilleux la

sonnet

de

remué

être

Félix

Nuit, d'Aloysius Bertrand

?

ils

et

Arvers

?

Qu'est-ce


GKRAun m: nkrvai.

que

public goulu

Lamb

Tasse de porcelaine de Charles

Vieille

la

i65

un

pour

?

Aussi ces intelligences délicates, de nature déjà fragile, reçoivent de tels chocs dans

la

qu'une fissure se produit

civilisation

dans leur cerveau.

fatalement

menus

S'occupant de

détails

humoristes

ont

enjolivent

qu'ils

conscience de

broderies,

ces

servir qu'à

un nombre très restreint de gourmets.

mais

la force;

le fracas qu'elle

la

mer

à la foule

savait

il

;

pour

s'y

les

faire

porte-voix à l'aide duquel un sans cesse crier son les petits sentiers

intérieurs affligés,

nom aux

peau de

un trou;

enfants

1

à

âge où vivre

demander aux

faut

impri-

touché l'énorme

essayistes,

les

doit

bien des regards

des plongeons inutiles et dangereux. Et

solitaires

,

car

c'est

de méchantes fées

willis,

célèbre,

bien des haltes dans

les

pour ces douces

toison de brebis

quand une

!

déceptions contraignent ces

autres;

comprennent

qu'il

avait

il

De

masses.

monde avec une

les

Ils

homme, pour devenir

lion est à peine suffisante

Vient

les

comme

l'existence de tous les jours se dresse impitoyable

créatures venues au

ne pouvoir

se regarder

poussées

rudes

parcourus par bien

de

produit les rend encore plus réservés.

Gérard se comparant à Alexandre Dumas devait un vermisseau

cesse

sans

ont

ils

alors

la

hommes

délicatesse de ne rien

que, succédant

entraînent

restés

aux

blondes

dans des chemins semés

de fondrières. J'ai

beaucoup fréquenté Gérard à l'époque où se produisirent

fatalement ces difficultés.

avec

une

vie

Paris et mille

Quoique

de noctambule, des caprices

auxquels

ses bizarreries fussent d'accord

absences prolongées hors les

plus

intimes

de

du poète ne

prenaient pas garde, des excentricités un peu trop marquées obli-

gèrent de faire entrer l'humoriste dans une maison de santé.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i66

Au

début on

me

permit de

le

sortir

faire

pour

le distraire;

mais diverses journées passées en compagnie de Gérard

me

ren-

daient inquiet.

me

Il

contait

que quelques jours auparavant, passant près du poissons

bassin

des Tuileries,

assaut

de politesse pour l'engager à

Saba

il

vit

t'attend », disaient-ils.

les

Le

rouges

les

le

suivre,

saluer et faire a

La

reine

de

poète, très flatté de la passion de

LE LUTIN, d'après UN BAS-RELIEF d'aNTONIN MOINE. Vignette du Salon de i83r, de Gustave Planche.

cette souveraine dont lui faisaient part ses émissaires les poissons

rouges, ne crut pas toutefois devoir accepter le rendez-vous de la reine de Saba.

de Salomon.

«

J'ai

craint,

me

disait-il,

de blesser

la

vanité

»

Cette histoire, quoique rehaussée d'un sourire demi-sceptique,

annonçait déjà un esprit en

relations trop

suivies avec les

man-

dragores.

Gérard avait toujours eu un

faible

pour

le

surnaturel.

Il

tenait


GERARD DE NERVAL

le

107

Diable amoureux pour une histoire qui ne manquait pas de

réalité

les

listes,

hermétiques

et

la

vie

ne

qui

sont

kabba-

les

pour

étaient

ceux

desquels

de

aux choses

et

faits

alchimistes

les

raisonnables auprès

voyants

quaux

montre que

sa notice intéressante sur Cazotte

;

lui

des

s'intéressent

vulgaires,

des êtres

doués seulement des cinq sens habituels.

Gérard en

à

était arrivé

anglais, avec lequel

il

de Charles

l'état

l'année dernière, écrivait Charles

fini

son ami Coleridge, votre très humble serviteur à

Hoxton. Je

ne mords personne, mais

j'étais

suis

fou et

Parfois, ajoute

Lamb,

je jette

mon

a passées fort agréablement dans

si

on

et je

les contait....

l'état

je

me

suis trouvé,

eu beaucoup d'heures de pur bonheur.

pas, Coleridge, avoir goûté toute la

à

imagination m'a entraîné dans une multi-

en arrière, sur

j'ai

grandeur

vous n'avez été fou. Tout, maintenant,

J'ai

les

Lamb

devenu maintenant un peu plus raisonnable

tude de divagations de quoi faire un volume,

d'envie, car, tant qu'il a duré,

l'humoriste

plus d'un point de ressemblance.

avait

Les deux dernières semaines qui ont

une maison de fous

Lamb,

et tout

me semble

l'emportement de

un regard

Ne croyez

la fantaisie si

insipide en comparaison.

rapporté ailleurs, avec trop de détails, les phases de

l'état

de Gérard pour revenir sur cette correspondance douloureuse dans laquelle le poète

plus extravagants,

teur

curieux,

un

même

montre que, il

avait toujours

moi

second

en se livrant aux actes

au dedans de

plus

lui

raisonnable

qui

les

un observaces

notait

bizarreries et s'en repentait'.

L'œuvre de l'homme,

tout

incomplète

charme pour ceux qui savent admirer une fraîchement

tion

un

fenêtre,

On I.

J'un

n

a

souffle

exprimée,

belle

une silhouette de

soit,

offre

un

page, une sensajeune

fille

à

su

de nature senti et rendu sincèrement.

beaucoup disserté sur

mort mystérieuse de l'humoriste

la

Le cerveau étant double dans tous ses organes,

ci')te,

qu'elle

sain de l'autre, et observer sa folie.

«

dit Gail,

un

homme

:

peut être aliène


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i68

quelques-uns veulent voir en Gérard une victime d'un guet-apens nocturne. taines

de

La

physiologie

la vie et

suffit

des conséquences cer-

tirer

des actes du poète, et

dans un mot très enveloppé,

gique de l'homme

pour

qu'il

fait

sculpteur Préault a,

le

bien comprendre l'état patholo-

connaissait

trop sacrifié à sa ressemblance sur

bien

:

les autels

«

Gérard,

de

disait-il,

l'illusion. »

a


CHAPITRE XIX EMILE CABANON

Celui-là,

de

1834;

Emile Cabanon, est

non pas que

les

l'écrivain réellement

humoristique

gens d'esprit fissent défaut à cette

époque; mais l'absolue croyance imposée aux disciples de romantique, leur embrigadement,

pour

preuve

défendre

gênaient

doctrine,

la

dont

zèle

le

ils

l'école

devaient faire

ceux

qui

sentaient

poindre en eux une personnalité quelque peu railleuse.

Cabanon n'appartint donc en

moyen-âgistes, aux tor-

rien aux

tureurs de femmes, aux échevelés.

Les bosquets de Trianon,

la

galanterie, l'élégance, sont la toile de fond sur laquelle se détachent

une Cydalisc, un Julio dans

En

Roman pour

le

1834, quelques esprits

commençaient à

du roman

se fatiguer

mauvais

de

historique, des truands, des orgies

les cuisinières.

lieux;

placage

le

des mots recueillis dans d'anciens glossaires par les sectateurs du

moyen âge ne semblait guère des boîtes à l'aide de sautèrent

Cabanon

du xu' au

plus solide que les coquillages fixés à

la colle forte. XYin"-'

franchit ce large

Romans goguenards^

il

Peu après Théophile Gautier,

siècle.

espace,

faisait

D'un bond certains novateurs

même que

de

et

preuve

d'une

l'auteur des

certaine

l'endroit de la phraséologie habituelle des romanciers ses

ironie

à

contem-

porains.

J'ai

plongé mes mains dans

bonheurs qui auraient dû j'ai

été heureux,

I.

moi

!

me

que

l'or,

mts bras dans

tuer, frêle

j'ai

que

l'or et j'ai joui.

je suis.

Oh!

Je puis dire que

eu de tout, moi! Je puis

me

oui,

j'ai

j'ai

vécu,

eu des

moi que 1

permettre d'être blasé, moi

La première édition des Jeune- France, romans goguenards,

est de i833.

22

!


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

lyo

Un

redoublement de moi ne se produit pas sans malice.

tel

C'est habituellement dans les préfaces que les écrivains mettent leur

âme

à nu et laissent percer leurs secrets sentiments.

ma

au bout de si

de gracieuser

le public.

Gracîeuser précieuse

;

le

résolu

j'ai

»

public est peut-être d'une langue tant soit peu

mais Cabanon vergogne,

sans

Arrivé

ne sais encore

je

conter ou dramatiser l'histoire véritable dont

je dois

logiste

première page, écrit Cabanon,

«

est-il

sincère lorsque, se posant en néo-

entreprend

il

de

passer

faire

l'adverbe

aviiiiculairement dans la langue? «

Que

résoudre «

!

escholier

Lucifer m'enrhume,

apostrophe

Cette

»

s"écrie-t-il,

au

des

dieu

quelque

par

enfers

me

quoi

à

sais

je

si

eût été en situation employée par l'auteur de PHôtel

»

du Petau - Diable

;

Cabanon

mais

de

est

d'autant plus récréatifs qu'ils n'ont pas

l'air

ces

narquois

êtres

de railler; aussi, pour

n'en

pas être

Julio

de Clémantine, dans ses attitudes familières, dans son cos-

la

victime,

tume, dans son langage

La physionomie de

ai-je

même

et

attentivement son

étudié

dans son mobilier.

Julio est illuminée

par

de feu et de suavité, d'homme vendu au diable caractéristique du personnage qui a fait le

regard plein de feu Si

et

un regard

».

Un

était

d'une rare simplicité gilet

matin en velours vert

Cabanon

».

coiffure qui

héros était

était

posé

«

se qu'il

pas

relève-t-il

portait

«

le

la

le

poncif?

costume

une robe de chambre

moque évidemment habille en

à la fois

perroquet

;

sur

un bonnet grec en brocart d'argent

empêche d'admettre avec «

peu usée

de satin mauve et un pantalon du

de ses lecteurs et de son héros de Julio

il

;

plein

un pacte avec Satan; mais

de suavité ne

en cachemire orange, un

la tête

«

on s'attache aux vêtements on trouvera que

de Julio

héros,

d'une rare simplicité

».

l'auteur

que

le

»,

costume du


EMILE CABANON

Passons au langage de Julio

Je n'ai jumais,

intendant et

mon

dit-il,

:

su compter en rien

alcôve peuvent

me tromper

:

ni

en amour, ni en finances.

et

je suis

fat.

me

de mots qui

Voilà une piquante danse

Mon

aisément.

— Fat et fou! répond un de ses compagnons. — Fat parce que suis fou, fou parce que je

171

paraît

railler les

procédés de dialogues des personnages de drames chers à Alexandre

Dumas.

En

étudiant

Cabanon, que

le

constate,

je

Clémantine se tenait à

Julio de

«

du personnage

mobilier

d'après

renverse dans

la

un de ces fauteuils gothiques dont on sest ressouvenu de nos jours avec tant de bonheur

Aj^ec tant de bonheur!

».

Hum!

Passant des détails à l'ensemble du j'avoue qu'après lavoir relu

à

sation assez semblable à celle

Cazotte

m'est

restée

dans

Roman pour

les cuisinières,

une sen-

des époques différentes,

que

laisse

le

Diable amoureux de

Sensation

l'esprit.

qui

tient

de celle

d'un songe agréable, d'un nuage bizarrement coloré au lever du soleil et

tains

dont on ne peut fixer

détails

paraissent

la

description sur le papier.

ingénieux,

d'autres

Fermez

diesses de situation ont été remarquées.

à vous rappeler les

qualités;

tout

est

charmants;

envolé

des har-

Cherchez

le livre.

comme

Cer-

à la

suite

d'un rêve.

La vignette de Camille Rogier, roman^

qui

de

frontispice

au

est plus visible.

Quelques heures après, Cydalise

se réveilla

aussi rapide que sa pensée, fut de s'assurer

si

sur ce point, elle tourna la tête vers Julio.

Le

en sursaut. Son premier mouvement, elle

dormait dans son fauteuil d'un honnête sommeil. regarder.

sert

était

paisible Il

était

seule dans

jeune

le lit.

homme,

beau à voir;

elle

à

Tranquille

demi vêtu,

s'amusa à

le


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

172

Ne me demandez

pas de faire subir aux images romantiques

un système quelconque de pédagogie;

elles sont

aimables, galantes,

bien dans Tesprit de l'époque et elles font pressentir ce qui va se passer, car un beau jeune rester ainsi tranquille lit

occupé par une

homme, en Tannée

toute

une nuit dans un

ne pouvait

1834,

fauteuil,

près

du

jolie créature.

VIGNETTE DE CAMILLE ROGIER. FroiUispice dX'«

La pensée quand

et la

Roman pour

les cuisinières,

d'Emile Cabanon (1S34).

vue de Cydalise se promenaient ainsi depuis quelques instants

Julio ouvrit les yeux.

J'ai froid, dit-il;

Agile et souple

une modeste

un peu de

comme un

place, veux-tu

?

serpent, Julio se glissa à son côté et la remercia dans

étreinte.

Le mot de

la fin est joli;

mais cette situation,

exprimée, pouvait-elle être comprise par auxquelles

Cabanon prétendait

s'adresser

la :

si

classe

délicatement

de personnes


EMILE CABANON

qu'éclate

C'est là

Renduel

L'éditeur

apporta

lui

fut

sur

titre

le

romantique.

l'école

étonné quand l'auteur

Un Roman pour

:

inscrivit

et

de

liberté

vraisemblablement

manuscrit

le

aller

laissa

précieuse

la

173

son

cuisinières;

les

catalogue,

des

côté

à

se

il

Paroles d'un croyant \ sans demander de concessions au romancier

bien différent en cela de Michel Lévy qui, s'imaginant un

:

jour que

écrivains

les

que chaque écrivain

effet

pas

sa part des trésors que

le

des

génie

le

un de ses commis une

par

tionner

n'ont

confec-

fit

longue pancarte de

endosser,

devait

titres,

voulait percevoir

s'il

généreux éditeur

à

titres

faisait

miroiter à ses

yeux.

Aussi bien Cabanon ne mentait pas à son

Lorsque

titre.

teur a bien joué en compagnie de Cydalise et de Julio,

promener tout

a fait

en

se

tenant

le

les

qu'il

long du roman, pendant trois cents pages,

discours

les

l'au-

plus

les

galants,

termine par un

il

dénouement imprévu. Julio de

Clémantine ayant hérité d'un oncle

place le fameux la

la

la

que

ici

se

mot aviinculairementj oublie Cydalise, entre dans

garde nationale, combine une existence tout à

cherche à

(c'est

fait

pot-au-feu et

pour accommoder

meilleure combinaison

Clémantine. Après l'avoir longuement méditée,

Cailles

les il

en donne

la recette.

Prenez des Cailles Vives, fourrées

pendez à

l'office

foie d'oie partagé

en

six parties

d'aiguiliettes fort déliées

— prenez

de Jambon cru

Vous saupoudrez d'un mélange bien en très petite quantité,

en bouchant

1.

et iJoilues,

Pendant vingt-quatre heures

l'orifice

et

fin

les étranglez les

au Lacet

de pistaches

de Sel de persil Volatile

vous introduisez cet œuf

Artificiel

par quelques raisins de Corinihc, i:royant, par

— les — D'un et

videz complètement.

un Morceau plus ou moins

et le chevillez

La prcmicre édition des Paroles d'un Renduel en i831i.

librairie

;

vous

— Vous

et

— vous taillées

le

piquez

exprès;

de Cannelle, mais

dans l'estomac du Sujet

etc.

l'abbé

de

Lamennais, parut

à la


VIGNETTES ROMANTIQUES

I-liS

174

L'accommodement de

Clémantine se poursuit

Cailles à la

ainsi

pendant deux pages. Ce dénouement fantasque de l'auteur parut

même

si

considérable qu'un critique du temps appelait

cier

«

Cabanon de Bicêtre

:

pour

les cuisinières est

quarante-huit ans.

A

comparer ce

resté

pas

entraîner

fait

lot

remarquer par un

légère,

plaisanterie

le

Roman après

c'est-à-dire !

styliste

Cabanon

qui ne

se laisse

par

l'appesantir

les

appliqué qui, n'ayant pas

trop

quelque cocasserie

par

remplaçait

la

laisser-aller

du poète-feuilletoniste.

au courant de son humour sans

empâtées du

touches

romans

les

roman-

aux Jeune-France de Théophile Gautier,

livre

principal

le

pour

car

injuste,

amusant en 1882,

L'éternité

l'œuvre de Cabanon se fut

Surnom

».

le

la

tra-

vaillée.

faut n'avoir rien à

11

sympathie toute particulière que

du créateur d'un seul volume?

bibliophile

le

Si

peu

grande chance de tenir sa place sur de

C'est à côté

Cabanon

Lassailly,

La

pas marcher

Roueries de Trialph et

vie de

génies.

fait

On

articles

graphie

Cabanon

pour

le

romantique.,

Aucuns

Ce que

fut

les

qu'Emile

Perrière

collection

romantique

Un Roman pour

est

les cuisinières

Contes de Samuel Bach.

comme

rédacteur du Corsaire;

celle des

quelques

écrivit

il

grands

Journal des Enfants. Asselineau, dans sa Biblio-

trait caractéristique.

sa mort.

rayons d'une bibhothèque.

est restée ignorée

dit qu'il fut

compte, l'œuvre a

Théophile de

de

trouve en face

se

qu'elle

les

un rang. Une

occuper

doit

incomplète qui ne les

attendre des

qu'un volume. C'est beaucoup. N'est-ce pas avec une

laissa-t-il

avec

public, rien à

pour se permettre de semblables hoax; aussi Cabanon

lecteurs,

ne

demander au

le

Sur

pose en mystificateur, la

sans citer aucun

naissance de l'humoriste rien

détails sur le

groupe auquel

Emile Cabanon dans

la

vie

il

;

rien sur

appartenait.

parisienne,

on s'en


CABANON

ÉMII.F

inquiété

est

médiocrement

litté-

de gens d'esprit sont con-

mais un chercheur n'a besoin que de dire

;

la

L'humoriste menaçait de

intermittent.

se perdre dans l'ombre à laquelle tant

damnés

passage dans

son

jusqu'ici,

rature ayant été par trop

175

:

je veux, et

sa volonté est exaucée.

La teur

Un Roman pour

à'

entrer

faire

dans une Revue d'un premier essai

publication

en

avec

relations

pour résultat de

cuisinières eut

les

compagnons de jeunesse de Cabanon

;

il

toute

se passa en récits et en questions sur la vie et la

sous

la

gardé de dramatiser,

suis bien

dictée

essentielle

de

y fut

fils

élevé très

raître sur le boulevard

garçon,

j'ai

que

la

mort de l'homme.

écrit

pour

réalité

ainsi dire

est

la

forme

d'un commissionnaire en soieries du Midi, il

:

y a

jeune.

un point de doute

Tout d'un coup on

d'esprit.

d'aventures de femmes,

Emile de Girardin, balcon de lOpéra

:

et

en tout

voit

Comme Cabanon

avec agrément, avec un regard pétillant de malice,

tout de suite dans le

le

;

appa-

de Gand, jeune, non pas précisément

mais des yeux pleins

en coureur

une après-midi

en matière biographique.

naquit peut-être à Paris il

certain

l'artiste,

Emile Cabanon,

cas

le

ne demandait pas mieux que

d'ouvrir pour moi son tiroir aux souvenirs^

me

me

Camille Rogier. Le peintre avait été l'un des

galant frontispice,

Je

dessiné

en avait

qui

l'artiste

sur l'au-

'

le

jeune

monde des fondateurs de journaux

contait

débutait

qu'il

homme

joli

fut :

admis

Bohain,

dans celui des habitués de Tortoni

et

du

Lautour-Mézeray, Nestor Roqueplan, Alphonse

Rôyer, qui se piquaient plus d'être des gens d'esprit que des gens

de

lettres.

Dès

lors la vie

de Cabanon se composa de plaisantes mystifi-

cations et de pourchasse d'agréables créatures. 1.

Livraison de dcceinbrc 1880 do

la

Revue

le

Livre.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

ijC

par une faculté particulière,

Servi

Hugo

sans s'arrêter un volume de vers de

mais d'une façon piquante

et

sans

nouveau venu parodiait

le

la

qui venait de paraître,

bouffonnerie

commune

un certain

vaudevillistes de profession; aussi le recherchait-on dans

monde pour

sa verve

du

Royer-Collard,

des

Emile Cabanon devint l'ami d'Hippolyte

:

de

prince

de

Belgiojoso et

un

tout

groupe

auxquels cette spontanéité d'esprit parisien plaît par-

d'étrangers

dessus tout.

Avec

femmes Emile Cabanon

les

et d'un sang-froid qui

preuve d'une audace

faisait

empêchaient de

lui résister.

C'est à

Cabanon

qu'arriva l'aventure qui depuis a roulé un peu partout, du théâtre

au livre; mais ne convient-il pas d'en rapporter l'honneur à son

femme dans

inventeur? L'humoriste suit une des

douceurs

presse

le pas.

;

la

dame ne

La femme

la rue, lui

l'écoute pas et presse le pas.

l'escalier.

Elle

La porte du

suite.

s'assied, se

non

offre

lui

impertinent

Une

son

au premier

mêle à

la

:

dame rend

avait

connue.

moyen de

la

chaussée un

C'est

corser son plan pitié,

La dame

une amie.

sort;

Caba-

un

pareil

soir d'Opéra,

Emile

à

Un

l'aborder.

chevaux partent. Tout à coup se

la voiture.

visite à

à sa

remarqué au balcon une femme d'une rare beauté

spectacle terminé, l'inconnue

traversant

Cabanon

Comment garder rancune

bras.

Cabanon

?

et cherchait le

de

la

l'escalier.

étage,

conversation.

autre histoire est moins

Cabanon

Le

s'arrête

salon s'ouvre

Cabanon

Cabanon

entre dans un hôtel de bonne apparence.

Cabanon entre également. La dame monte monte

adressant

donne

homme

Cabanon, qui que de se asile

fait

monte dans entendre un

a été

sa

faire

renversé par

contusionner.

d'effroi

cri

n'a pas trouvé d'autre

Les

voiture.

le

;

en

timon de

moyen pour

L'étrangère, pleine

dans sa voiture au blessé

et

le

fait

trans-


VIGNETTK

llK

CAM

I

1. 1.

K

ROGIKR

l'ac-similc d'une litliogruphii; ù la plume.

(Vers iS34.)



CABANON

F.MII.K

porter à son

Cabanon prolonge

hôtel.

deux mois près de

la

dame

179

convalescence, passe

sa

qui s'intéresse à

lui

et ne peut

autrement que de se montrer charitable pour un

faire

admirateur

si

détermine.

On

Cabanon

Tortoni vingt histoires de

à

contait

pour

auteur

Monnier, l'homme

Moins

acteur.

et

demandait à une belle

son deuil serait encore long à porter. Ces facéties ont

si

Le malheur

est

homme

compte de plus d'un

que ces gens

en vue.

d'esprit, ces coureurs d'aventures

galantes ne trouvent guère le temps de se recueillir n'y prêtent

occasions, s'y laissent aller et

tion qu'un policier

sans cesse trop à

més de

à un

manque de

femmes pour

Ce

qui

est

de

pas plus d'atten-

le

nières est dû,

car

la

notre

littérature

race du chevalier de

me

incident

principal disait

à'

Un Ro7nan pour

M. Camille Rogier,

grands

avait

vainqueurs.

blessée

élégante, nale.

Peu

parut

se

en

rencontra

quelque

L'humoriste, soirée

une

à une aventure arrivée

qui

des plus recherchées dans

avait

femme

temps auparavant le

;

peu

avec

Cabanon

et

le

monde

trouvé

qu'imprudemment

monde de

de il

une créature

c'était

la

cruelle de son métier, mais rancuneuse de

réconcilier

cuisi-

les

à Emile Cabanon et qui causa quelque étonnement dans

cruelles,

était

!

Toutefois

des

guettent

ils

laisser des récits impri-

fâcheux;

récits d'aventuriers galants

:

Emile Cabanon

crime découvert.

des

l'affût

ses chasses.

Grammont

qu'Henry

d'esprit ne dédaignait pourtant pas la mystifi-

été depuis mises sur le

les

avec

nature,

flegmatique

cation. C'est à l'ambassade américaine qu'il

négresse

même

l'emmena à

loge infernature, elle la

suite

du

souper.

Cabanon et rêvait déjà

s'était

de prime abord introduit dans

au septième

ciel

le lit

de Mahomet. La hcuri

de

la

dame

était d'ailleurs


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i8o

un

remarquable échantillon. Cependant

fort

de soirée,

femme de chambre

sonnait sa

un fauteuil au coin de sa cheminée,

assise dans

s'était

Vous avez

pris

ma

en costume

la belle,

du

et se faisait servir

place,

que

souffrez

dit-elle,

thé. je

prenne

la vôtre.

Les heures s'écoulaient tendres supplications.

chevaher, prit

la

la

et

dame

Ce que voyant Cabanon

le

lit.

Une

a valu et

à

se leva, en galant

que cette

fois

qui

entreprit

il

mais avec un dénouement plus humain. C'est ce qui littérature française

la

aux plus

des plus blanches,

nuit

mordit tellement l'infortuné au cœur la conter,

l'oreille

place de la cruelle près du feu, pendant qu'elle

reprenait la sienne dans

de

fermait

Un Roman pour

cuisinières

les

une des plus galantes vignettes qui se puisse imaginer.

La

vie de

assez ronde cassaient lettres

dans

Cabanon

somme

pas.

Il

passablement décousue.

était

des

à

imitait

fournisseurs, qui

ses

compagnons

les

,

de

la dette, se fiaient

sur leur plume, dépensaient voilà, savaient la

de

le tra-

gentilshommes de

comme

plus sur leurs

l'esprit

devait une

ne

d'ailleurs

du boulevard de Gand, qui nageaient

le fleuve

Il

des poissons

que

relations

comptant en veux-tu en

puissance de cet agent, professaient un absolu

scepticisme politique, et attendaient que leur heure vînt à sonner,

sachant au besoin faire avancer les aiguilles.

Leur temple

était

l'Opéra,

c'est-à-dire

monde

le

élégant,

la

galanterie facile, la camaraderie avec des gens riches, des étran-

gers millionnaires, le

filet

de

den-;ande

la

qu'à

tout

galanterie

y

i-ester,

d'un piment d'esprit.

Empire a entrevu Morny,

les

les

Roqueplan.

un monde parisien

très

enveloppe dans ses mailles et à condition

que l'amour y

Génération d'épicuriens, dont derniers

représentants

:

que

particulier,

les

qui

ne

soit relevé

le

troisième

Véron

,

les


CABANON

F.MII.E

Cabanon,

Emile

Le père, qui

bon marché.

de

ressort

cipal

les dettes

du mauvais

Cabanon

blissement. la

soieries.

laissa

se

comme Lautour-Mézerai

diplomatie

comme

A

par

Cabanon eut

commerce. Pressé d'en terminer,

la

Une

pas alors.

qui

voiture,

était

de

heureux

ses amis de Tortoni.

le passé,

n'existait

il

l'instinct

de Gagelin ne l'empêcherait pas de fréquenter,

et

quelque temps de

de fer

pas

un établissement semblable à

de ne pas quitter son cher Paris;

ceux d'Opigez

à

celui-ci dirigeât l'éta-

Romieu,

et

prin-

consentait à payer

11

N'ayant

faire.

le

négociant fondait

que

sujet, à condition

rarement

aux pompes et

fils

Le

l'Opéra.

commerce de

Paris un important

pas qu'elle fût

arracher son

vint

vie,

la

toute-

s'était

galanterie est

la

n'admettait

œuvres des coulisses de

aux

que ses amis,

aussi sceptique

arracher quelques plumes;

fois laissé

i8i

affaire à

partit

il

en

petite

actrice

également avait hâte

d'aller

Lyon pour son Le chemin

poste. se

rencontra dans l'emploi

tenir

Dugazon au théâtre de Lyon. Emile Cabanon

fit

des

de ces deux

jours et de ces deux nuits de têté-à-tête une succession de folies.

De

nature prodigue quand, en pareille matière,

de

compter,

n'avait Il

Cabanon dépensa pour

l'actrice

les

revint

à

Paris mourant et

vie,

laisser

un

volume

anciens viveurs, qui fut

peut-être

amis pour

la

ne pas emplir la

littérature;

c'est

nature ordonne

économies

qu'il

pas.

en épicurien.

finit

blâmer? Mourir jeune, avoir beaucoup aimé, la

la

pourquoi

vivacité

il

je

d'esprit

est

quelques femmes,

de son

esprit.

Il

me

suis

sort

envier.

regretté

eut la bonne

chroniques de ses prouesses. intéresse

un

l'en

amusé dans

s'être

s'entêtent à vieillir, doivent

pleuré par

les

plein

Faut-il

que

les

Cabanon

de certains fortune de

Cabanon

effleura

encore aujourd'hui quelques curieux;

étendu

quelque

peu sur un écrivain


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

l83

que seuls saurait

les

bibliophiles

connaissent et à l'œuvre duquel on ne

trop recommander de réser\'er une belle reliure.

Aujourd'hui que plus d'un lettré se préoccupe du mouvement

romantique, ne

serait-il

repose l'humoriste,

pas équitable de découvrir l'endroit où

d" élever

une pierre sur ses restes

ces simples mots:

EMILE CABANON Uti

Roman pour

les cuisinières

1834.

et d'y tracer


CHAPITRE XX s

Dans

I

MEON

C HA U

cette galerie d'oubliés et de

En

réclame sa place. Bibliophile Jacob

ER

I

méconnus, Siméon Chaumier

que romancier historique,

tant

ce que

M

celui-ci est à Victor

Hugo

;

est

il

au

mais alors

qu'au faite de Téchelle tout est lumière et nimbe glorieux, en bas

ombres accumulées

les

et

la

du temps

poussière

n'avaient

pas

permis jusqu'ici de discerner un héros plein d'ardeur.

L'œuvre de Siméon Chaumier citer

la

risque

n'est pas considérable et

on peut

nomenclature bibliographique donnée par Quérard sans

de noyer

la

biographie de l'homme dans une

note trop

développée*. Trois romans, deux volumes de poésie, une brochure

forment

le

bagage d'un écrivain ignoré de

génération actuelle,

la

qui peut cependant fournir certains points utiles pour l'histoire

et

des

lettres.

Siméon Chaumier naquit à Nantes en 1806

et

en 1860. C'est tout; au début de l'étude actuelle de

la

devant

1.

biographie de l'homme; les

yeux son portrait en

je

ne

voulais

tête des

mourut à Paris je

ne savais rien

rien

savoir,

Dithyrambes, image qui

L'auteur de la France littéraire et ses continuateurs citent de Siméon

ouvrages suivants

:

La Taverniere de

la Cité, l'aris,

Baudouin, Pougin, Corbet. i8j5. ln-8".

L'Hôtel du Petati-Diable. Paris, Dis.

i83t). 2 vol. in-8".

L'Evéque d'Autun. Paris, Baudouin, Legrand, Pougin.

i8j!8.

Les Dithyrambes. Paris, Gallois, Pougin, Legrand. 1840. Les Auréoles. Paris, Baudouin, 1841.

ln-8".

yapoléoii IIL Odyssée. Paris, Moquet. 1834. ln-8".

ayant

.;

In-8°.

vol. in-8*.

Cliauiiiier

les


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i84

est

une révélation, une confession. Le portrait

ami,

Aimé de

dessiné par un

est

Bayalos, et lorsqu'à mes heures de mélancolie j'ouvre

ce volume, l'image de Siméon Chaumier écarte tous les brouillards

de

mon

esprit.

Le poète m'apparait en romantique

et

chair

en

et

avec

os

sa

chevelure

son habit d'une coupe quelque peu jacobine. Les

yeux de l'homme, Aimé de Bayalos a essayé de

ouvrir

les

aussi

grands que possible sur des mondes inconnus. C'était un penseur

que Siméon Chaumier, certainement candide mais de bonne de son propre portrait l'homme a et

dans

dit

impressions, dédié à son peintre ordinaire

que

Si quelque ami, lisant les livres

Donnait à leur auteur Toi, tu

lui paraîtras

ma

tête tout entière.

Mais pleine de

l'idée à l'heure

j'assiste à ses jeux, je travaille,

coin de fer forme un

Lorsque sa main

saisit

sur

pli

même.

C'est

d'inspiration. faire

cerveau l'analyse et bientôt

est

front,

la

ma plume

résume.

donc garanti ressemblant par

limage

Ce

mon

une idée à tâtons,

Et que pour l'enchaîner au tuyau de

portrait

yeux

l'inspiration m'apporte sa trouvaille,

Ou que son

Le

:

à sa guise des traits,

paraît aux

Mon

dithyrambe Études

j'ai faits.

Non point telle jamais qu'elle Du monde, où je souris quand Quand

exacte

de

qui n'empêche pas

trouver dans cette face,

?

Tels

modèle

lui-

le

biographe de

la

juger et

Est-il injuste

de

sous ces habits, un mélange romantique

de saint-simonien, d'accusé ahurie

le

Siméon Chaumier aux heures

connaître l'impression qu'il en ressent.

grenouille

;

tenant en main ta pierre,

Lui découvrant du doigt

de

le

foi

d'avril,

étaient

de disciple de courants

les

en 1840 cette singulière fusion dont

il

est

qui

facile

Bûchez

et

de

produisaient

de se moquer;


SIMEON CHAUMIER

génération qui suivit ne fut-elle pas quelque peu atteinte

mais

la

de

même

la

i85

maladie en matière de costume?

Pour moi,

il

ne

me

coûte pas de déclarer que, vers 1848, imbu

PORTRAIT DE SIMÉON CHAUMIER EN Fac-similci d'une lithographie

d'Aimé de Bayatos.

des doctrines rustiques du peintre de je

revins

la

Femme

un jour du Puy-en-Velay, habillé à

des montagnes par un

petit

tailleur

scrupuleusement à mes instructions vert avec col à

la

Marat,

un

gilet

lS(0,

:

la

qui taille la soupe,

mode

des paysans

de l'endroit qui avait obéi soit

un

habit en

bouracan

de couleur bachique et une

H


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i86

Une triom-

culotte en drap de bourre d'un jaune assez malséant.

phante

de

cravate

mise

jaune,

soie

à

Baudelaire, un feutre ras dans le goût de

Desmoulins complétaient cette pour porter en plein quartier porte

cochère

lettrés

dont

le

de

le

de Camille

coiffure

assez

j'étais

poète

effronté

arborer fièrement sous

et

la

d'un caravansérail de

siège

Pellaprat,

Yhôte]

la

que

toilette latin

mode par

la

costume appartenait à divers

styles.

J'éprouve aujourd'hui quelque étonnement à

me

voir dans

mes

de Théophile Gautier reve-

habits de Bacchus de cabaret à côté

nant de Constantinople, coiffé d'un fez rouge imperturbable, à côté surtout

d'Arsène Houssaye habillé par

que

je

ne saurais mieux comparer qu'à un élégant

des

vignettes

de Johannot

Alphonse Esquiros étaient inquiet qu'ils faisaient

bien

aussi

les

si

nos

personnage

heureusement Gérard de Nerval

et

dans leurs habits d'un noir

piteux

comprendre

maîtres

ou se croyant

artiste,

;

meilleurs faiseurs, et

les

rehaut des couleurs voyantes;

le

prédécesseurs

affirmaient

que tout

avait la liberté de traverser Paris, vêtu

tel,

à sa fantaisie, sans s'inquiéter des regards des bourgeois.

Ne

raillons

donc pas à

la

Siméon Chaumier. En

légère

1840

son costume, symbole des anciennes doctrines jacobines, était sans doute quelque peu arriéré.

du penseur,

n'en disait pas moins la foi politique

regrets de n'avoir pas

ses

Cloître - Saint - Merry

du

Il

coupe d'un habit

et les

comme

;

I.

Le pan de

l'habit était

en tuyau de

sifflet.

époque dans

la vie

qui avaient

fait

Un

les

alors tenu

pour une

poète, de l'école

démoniaque

qualifier cette partie

regardait

il

à

du vêtement. Les queue d'aronde, ou

et byronienne, se faisait

du costume d'habit

particulière, à

révélation'.

Siméon Chaumier.

partie caractéristique

à fait

la

ne doivent pas prendre

bourgeois d'opprobres à cause de leurs habits

par un habit d'une coupe tout

aux barricades

comme une

la toilette

place réservée à l'étude des œuvres de

romantiques couvraient

part

devanciers

ses

pans eux-mêmes

Ces développements donnés à la

pris

remarquer

à cette

avec de singuliers pans

pandémonium.


SIMÉON CHAUMIER

187

préface de l'Hôtel du Petau-Diable met en lumière

La

quoi intellectuel de Tauteur;

que de

la poésie

depuis

convient-il pas de

donner un spécimen de

Siméon Chaumier

qu'ayant trouvé

dit

pour-

a tracé à grands traits un histori-

il

commencement de

le

le

la civilisation

mais ne

;

la

manière du romancier?

«

sous la main un tuyau

de plume pour servir de siphon à son besoin d'épanchement, s'est pris

à le tailler avec

trempée à l'océan des

Ce

le

faits.

tranchant

modeste

d'une

réflexion

sans

doute

regretter

»

à redoublement d'images

style

fera

aux admirateurs du roman historique que l'auteur la

main au Prêtre-baron

dernière

Cité et l'Hôtel du

mœurs

sur les

C'était le

formait un

Petau-Diable,

temps des nobles ambitions. pour

pensée de l'écrivain

;

elle

s'infiltrait

parfois à

une

trilogie.

11

heureux dans

Siméon Chaumier put

En

faite

ensemble de vues

Un

livre n'était

désennuyer.

les

Grave

pas jeté était

la

à travers d'autres œuvres et L'existence

de Siméon Chau-

pas à l'achèvement de sa trilogie.

suffit

fut plus

sement

pu mettre

des siècles antérieurs.

lecteurs

mier ne

n'ait

avec la Tavernière de la

qui,

alors à la tète des

aboutissait

il

le

domaine poétique

dire qu'il était

par dithyrambes

«

:

de son

livre,

une épopée intime fiévreu-

».

étudiant les diverses pièces

qui

le

composent

j'y

constate

un esprit patriotique, une nature chrétienne, des aspirations au grand art

et,

avec

les

préoccupations d'un

penseur,

démocrate. Sur un brancard lornié d'hostiles baïonnettes

Les Bourbons sont venus

s'asseoir, marionnettes,

Sur un trône déjà sapé; Et, faisant

la

courbette aux cours coalisées,

Us ont mis leurs couleurs en or fleurdelisées

Sous ce patronage

râpé!...

celles

d'un


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i88

La

un excitant funeste pour

politique est

les

natures peu riche-

ment douées. Le puissant cerveau de Siniéon Chauniier développé pour permettre à conseils de haute portée

qu'il

Sonde

pur de

l'art

s'y introduire,

était

assez

témoin

les

donne à un statuaire de ses amis

:

l'esthétique,

Code de pratique

En

la loi

Juge

Ou Ou

Le poète

les statues,

qu'elles soient nues

sous

pour

tenait

de Dieu.

le

manteau.

statuaire

la

et

Siméon Chauniier grave a

non pour

le

petit

art.

toutefois ses heures de

badinage. S'inspirant des caprices des poètes du xvi^

de

siècle

rompus à toutes

qui,

prosodie,

la

faisaient

assouplissaient

une pâte malléable

si

bachiques

boire,

l'auteur

prenaient des

la

SATAN.

Ohl

je

en

d'un vase à

par

forme d'un sablier à

pièce intitulée le Sablier de

Fcuchcres sculpsit

et

de leurs chan-

forme

la

vers

Dithyrambes a donné,

une coupe habile de vers, la

le

difficultés

propre à s'adapter

à toutes les formes que certaines

sons

les

mes heures.

pense, penser du diable!

Sablier, que tout

marche

à descendre au cercueil.

(i834).

Il

des fantaisies

n'eût pas fallu délier le poète habile en fart

rythmées;

si

la

pensée

donné à son inspiration poétique

la

lui

en était venue,

il

eût

forme d'une faux pour com-

pléter le sablier.

Siméon Chauniier ne

fut pas

cependant un sectateur de

l'art


SIMÉON CHAUMIER

pour

l'art;

aussi

sévèrement leur

dit-il

de fâcheuses personnalités sur

pas

me tromper

ressort

parfois un coin

;

hommes de

passions des jeunes

les

à ceux qui se laissaient

fait

Dans

fallacieuse doctrine.

entraîner à cette

iSy

en disant que dans

les

Dithyrambes pas

du rideau entr ouvert

son temps. Je ne crois quatre vers qui suivent

les

une admonestation adressée à Alfred de Musset

:

Ceux-ci, gorgés d'orgueil par un brillant début,

Jugeant que l'avenir sera du peu qui

Déposent

Dans

le

laurier

les bras

Siméon Chaumier

que leur

tête

fut,

dérobe

crapuleux d'une femelle en robe.

était

marié

et réprouvait la courtisane, fùt-elle

habillée d'une robe de brocart d'or. L'idéal du poète, plus chaste,

plus intime, s'échappe d'une pièce de vers adressée

Arsène,

on

dont

possède

à

femme

sa

un portrait au physique

ainsi

et

au

moral. Elle est blonde; son œil est

un

caillou

de

jais

Qu'enchâsse dans son front sa paupière, ce dais

Frangé de

cils luisants

Que rehausse ou Sa lèvre pure Est

le

Car,

vase où toujours puise

comme

travers

les

nalistes les

;

son

11

la vérité;

n'a fait bleuir sa bouche.

de ce portrait on sent poindre quelque

comme

les

Alcestes trop sincères sont laissés fut-il

méconnu

ne vivait pas avec ses confrères, avec

les jour-

à l'écart par leurs contemporains,

de son vivant.

joie.

en regardant son œil jamais ne louche,

lignes

misanthropie; aussi,

étoffe en soie.

ou larme, ou peine, ou

sans aspérité

et rose et

Le mensonge jamais

A

comme une

sourire,

Siméon Chaumier

œuvre passa inaperçue.

journaux du temps et

je

n'ai

J'ai

trouvé

le

longuement

nom du

feuilleté

poète cité


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

190

que par

clown malicieux qui en parle dans

le

Odes funam-

les

bulesques. Avant que

la brise

Qui

charme des

fait le

adultère, hivers,

N'émaille de recueils de vers

Les parapets du quai Voltaire;

Avant que Chaumier Siméon N'ait publié ses hexamètres...

Le poète l'écart.

public.

Il

que

faut

mission

vit

s'il

femmes s'accrochent aux cordes de

les

qu'un public nombreux

charge d'âmes

sa

communiquer, mieux encore, communier avec

doit

Il

qu'une partie de

rempli

n'a

suspendu à ses

soit

et ce n'est

le

sa lyre,

Le poète a

lèvres.

pas dans l'ombre qu'iront

à

trouver les

le

esprits inquiets.

au contact de

Si le poète craint de salir ses ailes

retranché

un

derrière

groupe

petit

d'intelligences

cherche des adeptes capables de discuter avec pensée, de répandre

Ce

sa parole.

fut

lui,

choisies,

il

d'épouser sa

auquel

projet

le

que,

la foule,

s'arrêta

Siméon Chaumier.

Peu soucieux d'adapter de gothiques palmes d'un

habit

à

la

s'adjoindre aux

un

coulait d'être

avec

Stéphane Niquet,

Tous

les

poètes,

Dans

poète

le

membres d'une

sang moins

fondé

Prosper,

française,

des les

brigué

avait

collet

l'honneur

de

société dans les veines de laquelle

académique.

Fresse-Montval, les

historique venait

]J Institut

hommes nouveaux

Constant Berrier,

vertes au

les

:

Marc

Saint-Edme,

Monglave,

les

Jodot,

les

les

les

Saint-

Odolant-Desnos.

philologues, penseurs, esprits d'élite.

ces réunions on lisait des

mémoires savants, des fragments

de tragédie, des morceaux poétiques dignes de remporter

la Violette

ou l'Églantine au concours des Jeux-Floraux. Paris possédait enfin


SIMKON CHAUMIKR

un

Institut libre,

flatteuses

Dans

191

une Académie sans préjugés où des récompenses

pour Tamour-propre étaient décernées aux plus méritants. la

burlesque moralité qui termine un roman d'ami', l'au-

teur des Jeune-France signe irrévérencieusement

:

THÉOPHILE GAUTIER DE LA PROVINCE DE BÉaRN, MEMBRE DE l'iNSTI TUT HlSTOBiyUE.

Cette

fondation

était

donc assez en vue pour exciter

la

verve

des railleurs.

LA LIBERTE, D EUGENE DELACROIX, Vignette du

Il

me

reste à traiter

Chaumier. En sa

lui

le

Salon

à

Breton

n'était

I.

Gustave

un de ces bleus qui combattirent

moderne de rénovation

La Couronne de

bliicts.

Planche.

la vie

de Siméon

pas Vendéen et peut-être,

trouverait-on

l'enthousiasme révolutionnaire en et plus

de

un point plus inconnu de

biographie était élucidée,

jours

iS3i,

de

que les

le

poète dut les

chouans.

même temps que

la

foi

sociale.

par Arsène Houssaye. Paris, Souverain.

si

1.S3G. In-8».

11

en a

ardente


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

192

Avec Casimir Delavigne Lisez

Tyrtée des journées de

fut le

il

Juillet.

:

Ils

sont là les enfants du grand quatre-vingt-neuf

Qui, couvés quarante ans sous

l'aile

de

la gloire,

Vinrent, bons combattants, aux trois jours de victoire,

S'enfermer dans Paris

est

Il

lyre

et

des poètes qui

qui

se

retirent

comme

font

coq dans l'œuf.

vibrer

les

cordes d'airain de leur

sous la tente lorsqu'elles

esprits au diapason de la révolte.

ces êtres prudents.

le

Siméon Chaumier ne

resta insurgé. Lisez encore

Il

Aux armes Allons

ont monté les fut

pas de

:

!...

I

Chassons

Gendarmes, Qui vont Et font

Vacarmes.

Tirez

!

Parez

La

fusillade

!

Levez Pavés

En

De

tels vers

ont

la

barricade

!

portée de coups de fusil!

Oui,

à des époques insurrectionnelles, trouve l'inspiration ce tour de fusil

force

duosyllabique, a

plein de poudre, la giberne

le

cœur

plein

celui

qui,

nécessaire à

de tempêtes,

le

pleine de cartouches, la révolu-

tion plein les veines.

C'est pourquoi, taient

pas

en

1848,

alors

que

les

pavés de Février n'é-

encore rentrés dans leurs trous, attendant les pavés


SIMÉON CHAUMIER

i<j3

de Juin, Siméon Chaumier, laissant de côte tribune et devint président de club.

la

de club à côté du

Président

club Blanqui, du club Raspail, du club Sobrier,

club Barbes, du

du Club Central, du Club des Clubs ses

a

L'histoire

monta à

lyre,

la

ombres

!

enveloppent

qui

glorieux

plus

les

président de club, sans doute du

combattants. Siméon Chaumier,

quartier de la Bastille, n'a laissé, que je sache, aucunes traces aux

murailles de son sang de généreux citoyen; je ne trouve pas son

nom mentionné parmi parmi

les

envahisseurs de l'Assemblée. Le citoyen révolté ne passa

pas devant souvenir,

guerres J'ai

les conseils

en

;

ne fut pas transporté.

il

parmi

vain

celui

victimes

des

Son des

civiles.

mourut à Paris en 1860, dans

qu'il

dit

Chaumier

rue

l'humanitaire la

bourgeoisie et

journées de Juin, retiré au

L'homme, la société.

las

les

coin

le

il

En

lui

peuple, et que, pendant

de son

horreurs de

la

foyer,

il

ne voulait

canonnade. III,

adressa une Odyssée; ce fut

sauveur de le

chant du

récompensé selon ses mérites

fut-il

doute. L'Empire avait son

sanglants

les

des révolutions, crut à Napoléon

En 1854

cygne du poète.

profondément

déplorait

admirer de trop près

maison de son

la

Tout donne à penser que Siméon

Beautreillis.

malentendus entre

pas

de guerre

cherche

le

je

beau-père,

les

défenseurs des barricades, non plus que

les

barde

attitré qui,

au

seuil

?

J'en

de l'Elysée,

écartait les poètes ses rivaux.

Siméon Chaumier rentra dans

la

coquille

commis une

faute;

n'en restent

pas moins dans leur vigueur, et

il

l'expia

dans

pèlerinage au Marais, cherchant

la

de

solitude.

le logis

l'oubli.

Ses

j'ai

fait

Il

avait

Dithyrambes un jour un

de l'auteur de ï Hôtel du

Petati-Diable.

Au numéro

6 demeurait

le

poète.

La maison, quoique 23

bâtie


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

194

par un architecte, Si

domaine de

n'appartient pas au

une époque pleine d'agitations n'avait

historique,

doute

nul

obole pour rendre

l'architecture.

disparaître l'Institut

fait

que ses membres n'eussent apporté leur

hommage

à un

de

collègues

leurs

les

plus

méritants.

Au-dessus de

la

Siméon Chaumier poète, d'après l'attention

porte qui donnait quotidiennement passage et

à ses tumultueuses

l'image tracée par

du passant.

mêmes du penseur

Ne

pensées,

à

un buste du

Aimé de Bayalos,

eût

appelé

seraient-elles pas à méditer, les paroles

gravées sous son effigie?

«

Ayant sous

la

main

un tuyau de plume pour servir de siphon à son besoin d'épanchement, l'auteur

s'est

pris à

le

tailler

auec

d'une réflexion trempée à l'océan des faits.

le »

tranchant modeste


CHAPITRE XXI DE QUELQUES CENTRES PROVINCIAUX

FAVORABLES AUX PRINCIPES DE LA NOUVELLE ÉCOLE Les premiers romans de Balzac, qui nous

me

province de 1820 à i83o, des minuties de

criptions

que

On

niqueurs.

se

petites

demande

de

paraissent aujourd'hui, par leurs des-

mœurs du moyen âge

les

initient à la vie

si

villes,

presque aussi

recueillies

de

par

anciens chro-

les

personnages,

tels

étranges

qui

furent

nos grands-pères, étaient condamnés à une semblable torpeur

il

y

a cinquante ans.

Lors de l'application de produisit;

il

fit

la

vapeur,

comme

paraître

des

un écart trop brusque casse

sur

tillant

avaient

La

le collet

invraisem-

- noisettes

blables d'anciens bourgeois en culottes courtes et

se

en queues fré-

d'habits couleur cannelle, qui, jusque-là, nous

semblé naturels

et

rationnellement

agir

diligence, ce mastodonte à roues digne

des vieux bahuts soustraits à

dans

de figurer à côté

morsure des vers par

la

la vie.

Du Som-

merard, entassait alors dans ses flancs, aussi barbares que ceux

du cheval de Troie, des êtres absolument forcés par des besoins d'aflPaires

A

de se rendre à

cette époque,

un voyage à Paris était

si

la capitale

«

».

un mortel assez fortuné pour entreprendre

avait

l'imprudence d'ébruiter son départ,

chargé de porter à domicile, à peine débarqué de

un stock énorme de regardaient

pas

contrebande de

lettres

comme lettres,

de ses concitoyens

fraudant

dont

le

le

trésor,

;

les

et ce

il

la diligence,

gens ne se transport

en

coût excessif variait suivant les


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

igô

des

enlevait

distances,

précieuses

ressources

Ministère

au

des

finances.

tragédie agonisait; mais

La

M. F'umade, grâce

à l'invention

de son briquet pBosphorique, passait pour un citoyen apportant

un rayon précieux au règne de Charles X, qui cisément .

le

n'était

pas pré-

siècle des lumières.

voyageur, entre autres curiosités, rapportait de Paris un

Si le

numéro de l'Entracte^ la petite ville,

regardé

était

de mains en mains dans

le journal, circulant

comme

bourré d'articles de genre du

plus éclatant mérite.

Qui eût parlé alors de décentralisation eût certainement passé pour un personnage hétéroclite de le

ces

contrées

petites

:

le

vivaient

mot

n'existait pas.

Les habitants

comme du temps

de

Chauve.

La

moderne ne

littérature

de

cabinets

Le

son entrée que dans d'anciens

la

localité,

un peu plus grand que

contenait des avis divers pour les besoins journaliers et

pour

rades

présence

de

les

cet

besoins état

de

de

On

l'imagination.

choses

Monnier, comment purent

se

du romantisme en province

et

la

les

carlins.

de

journal

faisait

par des dames âgées, ayant sur

lecture, tenus

genoux de vieux

de

Charles

qui

main, cha-

des

demande,

en

donna naissance à Henry

produire

combien

se

la

quelques ils

rares

adeptes

durent être en butte,

part de leurs compatriotes, à un effarement qui n'avait rien

de particulièrement sympathique.

La

vie de sous-préfecture,

qu'une

minorité bien

même

clairsemée

celle

vers

les

de chef-lieu, n'entraîne idées

nouvelles.

Tout

courant fiévreux y est brisé par un calme déconcertant. Les sentiments

enthousiastes

ne peuvent

se

greffer

sur

une

placidité

quotidienne; autant vaudrait chercher à émouvoir une éponge.


DE QUELQUES CENTRES PROVINCIAUX

Qu'on pense au singulier des drames de

fanatiques

197

provoqué par de jeunes hommes

effet

Victor

Hugo

d'Alexandre Dumas,

et

alors qu'il restait à peine trace sur les planches de leurs

œuvres

interprétées par de pauvres comédiens ambulants.

Ceux

Tour de

la

ture, se

à

vu

point

n'ont

qui

vers

Nesles,

représenter

dans

i835,

un

rendront compte difficilement de Quelle

spectacle.

chef-lieu

de

ou

préfec-

misère des drames

la

fallait-il

pas pour

une Marguerite de Bourgogne,

un capi-

une princesse Negroni,

taine Buridan,

Borgia

d'imagination ne

richesse

retrouver un Gennaro,

Lucrèce

tels

avaient conçus

que

les

le

vent,

les poètes!

Les graines étrangères qui, portées par

même

heure, en vertu

le sol

du nord

perplexes. tique se L'art

11

sur

et

d'on ne sait quelles le

de

en est

même

demande pourquoi

naturalistes le cri-

province, telle ville les subirent.

semé de ces points de doute

est

les

des courants romantiques;

telle

la

mystérieuses, sur

lois

rendent

méridional,

sol

tombent à

et,

quelque approfondies

que soient des recherches ultérieures, on peut dire aujourd'hui qu'un groupement géographique satisfaisant laissera à désirer en ce qui touche

le

romantisme.

Amiens comptait parmi Cassagnaux. lui

partisans?

conscience de son

œuvre.

romancier amiennois Préface en

Tony Johannot

les

de donner

la

J'ai

qu'il

le

ardents Edouard

Réunissait-il

qu'il

dans

dit

autour de

marchait seul,

l'Avertissement

i833, pressenti

ayant

que

l'importance de

le

la

témoignait une vive sympathie pour

et Célestin Nanteuil.

en province, suivait

Pourquoi

J'estime

avait, dès

même temps

les plus

de colonne?

Formait-il tête

un groupe de

néophytes

les

mouvement de

Cassagnaux, quoique vivant près.

Ce

fut

un précurseur.

archéologues des Bulletins de Picardie ont- ils négligé biographie d'un des

rares

hommes du pays voués


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

.98

aux travaux d'imagination' glacis sur

Cinquante

?

Toeuvre du romancier.

de questions préhistoriques silex le laissaient froid et

M. Boucher de

Perthes.

ni

Il

ne s'occupait,

de poteries lacustres;

ne suivait pas

il

déjà ont

ans

Cassagnaux

il

passé leur est vrai, ni

les

haches en

les sentiers tracés

faisait

mieux

;

dans

par les

VIGNETTE DE LLVASSEUR, pour

le

Pénitent, d'Edouard Cassagnaux (i833i.

rares loisirs que lui permettait la politique,

comment

vivante et recherchait

Son bagage

n'est

Le Meurtre de Le Péuitent

pétrissait la matière

agissaient nos aïeux.

pas considérable

la Vieille

il

:

Rue du Temple

(i83i);

(i833);

Baltassar (i835). I.

Edouard Cassagnaux

fut,

pendant quelques années, rédacteur en chef de la Sentinelle

picarde, journal de l'opposition qui se publiait à Amiens.


Le romancier

tout.

C'est série

d'œuvres historiques

ment

:

A

ckn ikes provinciaux

Qi; El, qui: S

i)K

Pont de Montereau,

le

etc.

défaut de renseignements sur la vie et l'œuvre de Cassagnau.v,

dont l'étude a été injustement négligée par

ment suivant du prologue du roman de quelle encre se servait

La

soirée est bien accablante;

La

pierre

Sous

le

ou vieux,

En

la

fin

annonçait devoir paraître incessam-

qu'il

Compère de Jean-sans-Peur,

le

mener à bonne

sans

s'arrêta

ly.j

du porche

porche de

était-ce

l'écrivain

la

de

le

dire ni

même

ment enveloppé dans son manteau, ses yeux.

Il

attend

là,

Où donc

immobile,

un noble de

et tant

le

le frag-

:

de l'orage cette

laïque,

Amiennois,

Pénitent fera comprendre

le

principale église de Catane,

un moine ou un

vérité, impossible

fera

il

est encore chaude.

les

nuit.

aller il

pour avoir de

y avait

Sicilien

un

la

homme

:

fraîcheur? était-il

ou un des bravi de

deviner, tant cet

homme

jeune

la ville?

soigneuse-

est

son grand chapeau espagnol est enfoncé sur

comme un

des saints du portail. Cospetto

1

voyez

s'il

bougera.

Mais un autre manteau s'avance;

c'est

un

cavalier, car ses éperons résonnent sur la

pierre et ses vêtements sont couverts de poudre. bien, et lui dit

Il

s'approche de celui qui se cache

si

:

— Êtes-vous celui que cherche — Peut-être, a-t-on répondu. je

?

lui

On

voit

que Cassagnaux a étudié

mélange d'Anne Radclifïc

au.x

bonnes sources; dans ce

d'Ale.xandre

et

Dumas

,

Je

pressens

MoIé-Gentilhomme. Les épigraphes de Cassagnaux sont également bien choisies Amour, vengeance,

Ah!

D'Amiens

il

Rouen, qui

les

passions

faut sauter à la n'est pas

une

hommes du pays

!

!

!

!

Normandie, sans

ville

d abord se laisser entraîner dans

fatalité

le

:

de nature

transitions.

aventureuse, sembla

mouvement romantique. Divers

favorisaient l'éclosion des idées nouvelles. Alors


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

un des pères de Tarchéologie, Langlois du Pont-de-l'Arche,

vivait

qui, sorti

dans

de l'enseignement classique de David,

monuments du

des

l'étude

moyen âge

anciennes cathédrales les vitraux,

les

s'était

détachait

il

;

cantonné

sculptures symboliques,

des les

pavages, pour les étudier de près. Écrivain, peintre, graveur, archéologue, Langlois fut médiocrement encouragé

par ses concitoyens;

pourtant ses caprices d'érudit marchaient d'accord avec les tendances parisiennes.

Son poème de

typographie

et ses

dans

le

Normand de

groupe des poètes de

la

entre la capitale et la province.

gne de profondes audaces le

Front

Le

le

:

que

ébauchait, à ses

il

que son œuvre témoi-

n'est pas

de femme...

courant passionné d'alors.

M"'^ Desbordes- Valmore, ainsi

de son talent;

Ce

Rouen comptait parmi

théâtre de

le

ses

artistes le

dans

Rouen siteur,

une

est

goût ville

dit

moments de

loisir,

et

des

médail-

Moine par des

Renaissance.

qui se pique de goût musical.

Agénor Lamanière,

ville diverses

errant

le

mari de

jeune Mélingue, dans la fleur

lons et se préparait à devenir le second d'Antonin statuettes

Paris

pléiade et servait de trait d'union

pâli par les baisers

point dans

comptait à

naissance,

mais l'homme avait été consacré par

;

fameux vers de Sainte-Beuve

Un bon

bien l'heure romantique.

vignettes, sonnait

Guttinguer,

Ulric

Cloche , avec sa prose poétique, sa

la

faisait

entendre dans

les

Un composalons de la

mélodies romantiques, entre autres celle du Troubadour

affamé.

Ce troubadour n'appartenait

peut-être pas

lument aux troupes en avant; mais toute armée arrière - garde

et

parfois

les

vétérans

ne

est

suivie

absod'une

combattent pas moins

glorieusement à l'heure voulue.

Le groupe

paraissant suffisant pour défendre l'art

nouveau,

la


>jil,pifjt . !.'i.

FAC-SIMILE D UNE EAU- F OR TE UE BOISSELAT, pour Xostradamus, d'Hippolytc Bonnolier. (1833.)

20



DE QUELQUES CENTRES PROVINCIAUX

Revue de Rouen

fut fondée.

leur concours

M.

:

Divers littérateurs parisiens y prêtèrent

Vitet et, dans un ordre plus militant, Auguste

Corbière, Chabot de Bouin, Alphonse Brot et

Barbier, Edouard

Léon Gozlan. Les dessinateurs l'appel le

et

graveurs ne manquaient pas à

Langlois du Pont-de-l'Arche, sa

:

graveur Brevière

mais

;

le

fille

Espérance, Bellangé,

romantique

véritable

Morin, aquafortiste habile, qui ne quitta jamais il

2o3

ne manqua qu'un appel

de l'éditeur

le

Renduel

Gustave

fut

pays et à qui

prendre

pour

place dans les rangs des meilleurs vignettistes.

On

un portrait à

doit à ce dessinateur

pour un album destiné à conserver tistes »

donné à

singuliers

souvenir d'un

Rouen, vignette qui a tous

bal

«

d'ar-

aspects fatals

et

du futur créateur de tant de rôles dramatiques de

la

mais

Porte -Saint -Martin; frontispice qu'il

Noire

le

Mélingue

l'eau-forte de

cadavre sur

dans

graveur des

le

plancher,

le

meilleur titre

le

dessina pour Italie,

cathédrale

noirs

lointain

,

châtelaine

des

et

les

blancs

du graveur

est

le

drame du poète Coquatrix'. personnages s'

chaperons

en

fourni au

évanouissant, ont

comparables à ceux des

plus

habiles faiseurs. Il

ne

tint

M. Gustave Morin que Coquatrix ne

pas à

fût

immortalisé.

Coquatrix, doué

cocarde paroles

c'est

;

lui

dun qui

si

beau nom, arbora audacieusement sa

jetait

à la

face

de

la

ces

fières

:

Arrière donc,

muselières à

la

théoristes

pensée

bâtards,

et à l'art,

Malheureusement,

le

quand

Italie,

le

monde

est

ln-8°.

voulez

mettre des

en lièvre de liberté!

champ rouennais

drame. Paris, Tessier, ib33.

qui

législateurs ccrevisses,

était

permettre au courageux lutteur de rompre de I.

critique

si

trop

étroit

pour

furieuses lances.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

204

Les coups de Coquatrix portèrent dans

comme

fut étouffée

A

étudier la

dans une

le vide;

hardie

parole

sa

cellule.

même

Revue de Rouen,

en

on

i833,

trouve,

la

intellectuellement parlant, d'allures un peu girondines; elles étaient

avec

d'accord

modérés

sentiments

les

de

Normandie,

la

dont

l'effervescence politique n'a jamais été bien prononcée.

De Lucrèce Borgia un Tout en admirant

le

critique de cette

grandiose de pensée et

Revue

disait

les effets sce'niques

:

de cet ouvrage,

le

public rouennais a remarqué les imperfections de style; ainsi les puristes ont noté ces

phrases

:

Le

7/5

ne m'ont pas dit

mon nom,

puriste rouennais, qui

appelle

«

les

imperfections

ils

me

«

remarque

du

Vont craché au visage, etc.

style

»

»

qu'avec candeur

ce

de

Hugo,

Victor

il

fera

comprendre tout à l'heure l'enthousiasme débordant de Coquatrix.

La Revue normande, malgré rédacteurs,

Dumas

la

réserve de quelques-uns de ses

n'en annonçait pas moins à toute volée qu'Alexandre

un drame

avait promis

Événement glorieux pour dénigrements

contre

la

le

pour

inédit

pays;

capitale,

le

malgré ses

car la province,

se

sent

Rouen.

théâtre de

rehaussée

comme

et

illuminée par les rayons d'une célébrité parisienne qui consent à se

montrer en public, plaide au tribunal, joue

la

comédie ou donne

des concerts.

A

cette

sans tache. il

époque

la

réputation

d'Alexandre

Dramatique fougueux

n'avait pas encore

et

Dumas

pure et

était

non romancier besogneux,

trempé sa plume dans

les encriers

de nombreux

Coqua-

collaborateurs; aussi faut-il entendre l'hosanna chanté par

en son honneur

trix

Dumas rêva

et

i.

:

dut être bien beau

créa Paula'. Mais

il

le

jour où son front, déjà ceint des lauriers de

dut être sublime et céleste quand

Personnage du drame de Christine à Fontainebleau.

il

fit

Henri

Anlony

III,


DE QUEI>QUES CENTRES PROVINCIAUX

Antony

coup de grâce donné à

fut le

coup de hache que

Antony^ pièce sublime,

chef-d'œuvre de Corneille, car

Les

il

la

la vieille

il

n'y a pas de

routine;

monument

démolisseur donne au

le

fut

comme

fut

le

dernier

— après croule. sublime, — type du genre,

qui branle.

mots au-dessus de

moderne, où Dumas

scène

— ce

205

plus grand

il

que Shakespeare

et

fut Molière.

sectaires

de

nouvelle

la

école

immoler aux

pouvaient

encvtrnt 4 ngu^ri

VIGNETTE DE pour

pieds

de

Alarcon,

Antony l'auteur

Dumas

la

E.

des dramaturges espagnols alors dans l'ombre, voire

à côté du Misanthrope,

de Henri III de

bonne

HYACINTHE t,ANGLOIS,

pocnie de la Cloche (i832).

Tirso de Molina,

sa statue pour

dans

le

«

même

Dumas

sublime

Calderon

;

mais

placer

en face de Molière, qualifier »

et

de

«

céleste

)i,

grandir

rapetisser celle de Corneille, se livrer à ces ville

de Rouen,

tous les sucres d'orge du pays.

il

y avait

de quoi

faire

e.xcès

fondre


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

2o6

Après de

suit plus ses traces

usant

fsic),

laisse le théâtre »,

lui

on ne

'

;

dans ce mouvement de décentralisation artistique,

que M. Mellingue

alors

que

imprécations, Coquatrix devint muet

telles

«

noblement des

si

expose au Salon de Rouen

loisirs

médaillon

le

de M"" Desbordes-Valmore; alors qu'Auguste de Châtillon, un des peintres favoris de l'entourage de Victor

ment pour

faire acheter

par

la ville

Hugo,

du mouve-

profite

de Rouen son tableau

le Petit

Savoyard -.

Ce mouvement mandie

ne laissa guère plus de traces que Coquatrix

il

:

de cette époque,

en Nor-

insurrectionnel ne fut que transitoire

la

à partir

et,

Revue de Rouen assagie continua sa

carrière

honnêtement, c'est-à-dire archéologiquement.

Un

Normand

autre

un coin dans

qui, depuis, a pris

la

presse

parisienne, servira de transition entre le romantisme de cette région

romantisme bourguignon. Ce

et le

fut

de

la petite

ville

de Caen

que s'échappa M. Barbey d'Aurevilly, poussé peut-être par son

M. Trébutien

admirateur trône

et le

A

à aller

défendre dans

la

capitale

l'autel

^.

cette date ne s'était pas encore révélé au

capitaine Fracasse cher au Constitutionnel.

public parisien

M. Barbey

le

d'Aurevilly

se présentait plus particulièrement sous la forme de spécimen vivant

de son traité du Dandysme, avec des manteaux ornés de soutaches I.

Coquatrix, plus réservé sur ses vieux jours, a publié à Rouen, en i865, Normandie, un

volume

tiré à

5o exemplaires, avec son portrait. Tout à

de comice agricole

fait

provincial, sous-préfet

ou président

personnage représenté par ce portrait! Coquatrix a des besicles, une

le

cravate blanche et un crâne de notaire atteint de calvitie. 1.

vers

la

Une des

rares

œuvres du peintre qui

poésie; sa peinture, à en juger par

se tourna plus lard avec

la toile

un sentiment

très délicat

exposée au Musée de Rouen, manquait de

tiamme romantique. 3.

Pour

tien, à la

le

fois

gros du public, peu éditeur,

Capitan des saines doctrines,

tirait ses

de petits volumes de prose du le

Dandysme,

la

initié à ces détails

imprimeur, protecteur

même

Bague d'Aunibal.

et

de province,

il

faut dire

que M. Trébu-

porte-bonheur de celui qui devait devenir

poésies à trente exemplaires et publiait en auteur,

destinés

même

seulement à un groupe de

le

temps

laffinés

:


DE QUELQUES CENTRES PROVINCIAUX

207

de sa composition, des redingotes à cambrures de corsetières, de

non

moins

montre ingénument sur Paris

a

supprimé

cheveux des

longs

les

boutiquiers

elles-mêmes,

qui

arriérés;

rapins;

miroitent

;

il

des

barbes

les

bocaux à liquides

que dans

plus

sensuelles

les

l'admiration

faisaient

ciel

dont

vieillesse,

rasoir; les

le

bleus et jaunes des pharmaciens ne

de

de

bleu

gants

boulevard.

le

absaloniennes sont tombées sous

montres

des

et

que Técrivain a conservées dans sa

élégances fait

manchettes

étonnantes

les

de cire

figures

amateurs de formes

opulentes aux vitres des coiffeurs, sont au grenier;

avant

1840,

Balzac avait renoncé à sa canne légendaire, Alphonse Karr à son froc monacal.

M. Barbey

d'Aurevilly, immuable, tint à se dater et

conserva lessoutaches,les manchettes et ses harnachements excessifs.

Matamore de nature ou voulant par

le

fracas de ses écrits

le faire

comme

par

croire,

défiant

la bizarrerie

l'opinion

travaillée d'un

costume invraisemblable, M.

Barbey d'Aurevilly peut donner

main à Xavier Forneret

sont frères et

:

ils

arborent

les

la

mêmes

panaches. Toutefois, Forneret resta romantique de province dans la ville

de Beaune. Son portrait, que j'essaye de pénétrer, est celui d'un

homme

blond, timide, discret, avec une pointe de mélancolie.

penseur dut sans doute cet ensemble de physionomie à

Le

la solitude,

au repliement sur soi-même, qui ne laissent pas que d'engendrer des soucis

;

mais

la

physique de l'écrivain ne l'empêcha

timidité

pas de se livrer à des audaces de typographie qui bien en propre. Forneret imprima seule page, avec un luxe de

«

trop de pensées à la fois, et

fondeur,

comme

il

convient.

le

appartiennent

certains de ses livres sur

blancs

un auteur fortuné; cet agencement

lui

une

»

que peut seul se permettre

lui

permit de ne pas entasser

lecteur put réfléchir sur leur pro-


Li:S

2o8

volume

C'est dans le

qu'on peut la

homme

tresse

!

!

Un

intitulé

:

Un Œil

suicide en

se

Temps perdu

Pièces de pièces.

en caractères d'affiche, sur

lire,

fameuse nouvelle,

jeune

VIGNETTES ROMANTIQUES

recto de la

le

deux yeux,

entre

avalant

',

page,

dans laquelle un

de verre de sa maî-

l'œil

!

ouvrage,

autre

une pièce de vers, entières du

Ombres de

poésie,

se

fait

remarquer par

imprimée en rouge.

l'Infanticide,

roman Caressa contiennent un

de points d'exclamation redoublés

Des pages

seul mot, mais flanqué

:

LUI!

LUI!!

LUI!!! Lui,

lui,

nateur à

mode agrémentât

la

provincial

lui

permettait ce

ses

luxe.

récits

du

il

cœur avec parisien; le

désolés;

drame

les

la

fortune du

répondit à ses

Deux

Destinées-;

semble que de certains écrivains refroidissaient Peut-être

vignettiste.

pas

crayon d'un dessi-

le

Tony Johannot

désirs en décorant d'un frontispice le

mais

que

n'aurait pas été fâché

lui

Johannot

compagnons,

ses

avait-il

d'être

aussi la vignette en tête

besoin

échauffé

par

de

la

verve

vivre

de

l'enthousiasme

du drame de Forneret

n'a-t-elle

ragoût habituel du maître.

Je parle de

sentiment d'un

Xavier Forneret bien

sommairement

manque de regard d'ensemble

et

avec

le

nécessaire pour juger

son œuvre diverse et touffue de penseur, de poète, de romancier, d'auteur dramatique.

Je n'ai pas eu paraît-il, avaient

le

bonheur de connaître l'homme. Ses manchettes,

une envergure égale à

I.

Paris, Duverger, 1840. In-8".

2.

Paris, Barba, 1834. ln-8".

celles

de M. Barbey d'Aure-


DE QUELQUES CENTRES PROVINCIAUX

villy,

et

son

de

la

dit

que

Forneret

Xavier

de Beaune,

petite ville

ainsi

et

l'étonnement

était

j'explique la

timidité exté-

mélancolie de regards du penseur qui sentait bouillir

rieure,

la

en

bien

lui

également une plus ample des-

costume mériterait

On me

cription.

209

des

contre

révoltes

la

province.

VIGNETTE DE TONY JOHANN OT, pour Car,icli}res

Mon

et I\iySiiges,

ami Charles Monselet

Xavier Forneret,

et

Quelques personnes,

il

est revenu

à Dijon,

se

un Bourguignon, un jeune

souviennent encore de

homme

et

reprises sur

à diverses

en a tracé un piquant croquis

de l'Homme noir, drame en cinq actes était

Je Philarite Chasles {i832).

la

:

première représentation

en prose. C'était en 1834 ou i835. L'auteur

riche,

mais dont

les

habitudes en dehors de 27

la


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

de ses compatriotes.

vie bourgeoise et provinciale avaient le privilège d'exciter la défiance

D'abord,

On

il

portait

Pour

veille

premier grief!

qu'il habitait

:

aimait

il

velours, les

le

une canne blanche

particulière et

une tour gothique où

il

et noire.

jouait du

la nuit.

cette représentation

neret avait

La

eux,

un chapeau d'une forme

racontait de lui des choses e'tranges

violon toute

fait

de

la

de

l'Homme

de

dépense

la

M. Xavier For-

noir,

:

représentation, des hallebardiers, des hérauts en costume du

âge se promenèrent dans

On

comme

ne s'habillait pas

il

manteaux,

des bannières où s'étalait

les rues, agitant

de

le titre

moyen

la pièce.

pouvait donc compter, sinon sur un succès, du moins sur une recette. La salle de

spectacle fut comble, en effet, mais

qu'on

n'alla

M. Xavier Forneret lettres

l'Homme

pas jusqu'au dénouement; fit

noir ne réussit point

nous croyons

:

même

y eut brouhaha, cabale.

il

imprimer son drame dans une couverture symbolique: des

blanches sur fond noir.

signa ainsi plusieurs volumes.

Il

fit

mieux,

En même

temps,

adopta

il

il

le

nom

de l'Homme noir,

et

il

que jamais dans une

se réfugiait plus

existence exceptionnelle. Cette personnalité tranchée, quoique sans angles blessants, a agacé

pendant près de vingt ans

gazettes locales ne purent résister l'original de la contrée,

les h.

habitants de Dijon et ceux de Beaune. Les

l'envie de

compte

s'égayer sur son

on essaya d'interpréter son isolement,

;

il

devint

y eut maintes fois

il

procès et scandales. M. Xavier Forneret tint bon continuellement'.

Xavier Forneret eut des audaces qui ont

fait

défaut à

M. Barbey

d'Aurevilly

(j'ai

ture).

jouer des drames sur les théâtres parisiens, et naturel-

11

lement

fit

le

peine à disjoindre ces Rita-Christina de

tourmenté de ses conceptions,

inexpérience de

la

scène,

nuisit

au

joint sans

succès

la littéra-

doute à quelque

qui devait

couronner

tant d'efforts, Les penseurs n'ont rien à démêler avec les planches.

Les Bourguignons m'en voudraient à juste Bertrand,

alors

que

je

I.

Catalogue d'une jolie collection de

homme

bien connu. Paris, 1871.

d'oublier Louis

parle de Xavier Forneret;

raient de dessiner des grotesques plutôt

d'un

titre

livres

ils

nraccuse-

que de délicates

figures.

rares et curieux provenant de la bibliothèque


DE QUELQUES CENTRES PROVINCIAUX

Forneret,

211

une grimace; Aloysius Bertrand, un

c'est

profil

doux

mélancolique.

et

Dans

temps peu de

l'ancien

railleur

à

voisins

du

l'adresse

la

Dijon

part de l'ancienne

avait

de Beaiine.

ânes

les

:

ne forgeassent un sobriquet

voisine.

cité

la

méprisant

titre

généreux de

de

villes qui

capitale de la

?

De

bien

Bourgogne,

fière

aujourd'hui, et

jour à For-

le

de clocher n'ont plus de raison d'être

rivalités

telles

ses

Était -il

de son Piron, d'écraser Beaune qui avait donné neret

qualifié

moderne moins gausseur ne permet pas

l'esprit

Gérard

d'opposer l'auteur de

Nuit à l'Homme noir blanc

de. la

de visage. Aloysius

Bertrand

pauvre

était

Xavier Forneret naquit riche d'argent vivant,

est

il

mort pour

les

lettres

doué d'un talent exquis;

et et ;

de bizarreries.

S'il n'est

de sa mémoire

pas

ne reste

il

qu'un fantoche de province. Le pauvre Bertrand mourut à l'hôpital, enlevé

par

qui

phtisie

la

a

dévoré

oeuvre est restée pure, d'un travail qui

coupes de jade de

Ce merveilleux ciselé

est

la

tant fait

de

poètes

mais

;

son

penser aux admirables

Chine.

livre

de Gaspard de la Nuit, dont chaque mot

avec amour,

Dijon peut en

être

quoique

fier,

le

pays

n'eût pas encouragé fortement le poète qui espérait grouper à ses côtés les jeunes

hommes

qui s'occupaient de littérature'.

Aussi

il

quitta la province.

Pendant

l'hiver

de 1829, a

dit

M. Victor

Pavie, un jeune

auspices du peintre Boulanger, à ce foyer de l'Arsenal dont si

hospitalièrement

les

homme la

famille

honneurs. Ses allures gauches, sa mise incorrecte

défaut d'équilibre et d'aplomb, trahissaient l'échappé de province.

au feu mal contenu de ses regards errants Aloysius Bertrand, selon

!.

Voir

le

apparut, sous les

les

et timides.

Son nom

habitudes de renaissance gothique

Prcvincial de Dijon et

le

On

était

faisait

et naïve,

devinait

le

son

poète

Louis ou plutôt

d'alors...

Patriote de la Côte-d'Or de 1828.

Nodier


LES VIGNETTES ROMANTIQUES Quant

physionomie où

à l'expression de sa

combinait avec ime taciturnité un peu sauvage,

une de ces victimes de tibilités

On lut,

les

du caprice,

il

quel dilettantisme exalté se

sais

n'était

que trop

du

qui, chassées

facile d'y

reconnaître

incompa-

terroir par les

de race, s'en vont chercher fortune ou misère à Paris.

lisait

moins

Quand

ce soir-là.

ne

qu'il

arriva son tour, Aloysius Bertrand tira de sa

une manière de ballade dans

récita,

comme une

ciselée

l'idéal et

ne

je

comme un

coupe, coloriée

vitrail,

goiàt pittoresque

le

dont

les

poche

et

de l'école,

rimes tintaient

comme

notes d'un carillon de Bruges. Ceux qui survivent n'ont pas oublié, après trente ans,

l'effet

que produisit sous

ces deux vers

chevrotements de sa voix grêle

les

L'on entendait

Sa leçon débitée,

Depuis Nodier.

11

il

on ne

avait deviné

l'homme.

A

Fantaisies à la manière de

Bertrand,

a

le

salon de

si

et

pénétrant de critique,

Sainte-Beuve Aloysius Bertrand portait

de premier

les

dans

de relations qu'avec David d'Angers

avec son sens

poète,

De même que

cloches

plus Louis Bertrand

revit

;

ses manuscrits

les

détermina.

n'avait conservé le

sonner

honteux dans l'embrasure d'une fenêtre où

se dissimula tout

le recueillit et le

lors

le soir

gothique couvent de Saint-Pierre de T.oches.

Sainte-Beuve

Louis

retour périodique de

:

Du

Sainte-Beuve

le

Rembrandt

et

s'appeler plus

son

biographe,

tard

de Callot.

du moyen âge,

Bibles

dit

qui devaient

jet,

«

les

étaient

manuscrits de rehaussés de

rubriques rouges et bleues, illustrés de lettrines avec des figures cabalistiques sur les

Pauvre Aloysius la

marges si

».

sincèrement romantique, pauvre Gaspard de

Nuit plongé trop vite dans

de

la nuit

l'oubli! Celui-là n'eut

besoin d'appeler un dessinateur de vignettes à son cette

touche

jolie

de

description miniaturiste

de sa

ville

Gothique donjon

En Au

flèche gothique, ciel d'optique.

bas est Dijon.

Lisez

chaque mot semble une

:

Dans un

service.

pas


PL V

Ctu.n." ruN'>"'

KAC- SIjMILE

dune poiif

liAU

FORTK DE CtLHSTlN NANII

RhapsodiQs

,

d*:-

1838

Iv

l

II.



DE QUELQUES CENTRES PROVINCIAUX

Ses joyeuses

2i3

treilles

N'ont point leurs pareilles; Ses cloches jadis

Se comptaient par dix.

Là plus d'une

pinte

Est sculptée ou peinte;

plus d'un portail

S'ouvTe en éventail. Dijon, moult te tarde!

Et

mon

nez camard

Chante

ta

moutarde

Et ton jacquemard.

Si des études

Bertrand',

remarquables n'avaient été publiées sur Aloysius plaisir à revenir sur la figure la plus tou-

y aurait

il

chante de l'époque romantique;

j'ai

voulu seulement montrer

le

rôle intellectuel qu'il joua à Dijon; mais le poète n'était pas assez

Bourguignon

En

salé

pour

le

pays.

un certain écart dans

faisant

la

du Bourbonnais,

direction

de Dijon à Moulins, on se trouve en face, non plus d'une personnalité

isolée

comme

intellectuel dont la

celle

Xavier Forneret, mais d'un foyer

de

lueur se

projeta un

certain

temps dans

cette

province. Après la Normandie, ce fut dans l'Allier que fut poussée

activement l'étude des anciens monuments.

gneux, combien de vallées et tées

tours

ruinées,

de vieux castels dominent

les

que de légendes sont attachées aux murailles déchique-

!

Un

artiste

se

Achille

rencontra,

d'un imprimeur ayant la religion I.

Dans ce pays monta-

Voir

l'édition de 1842 de

Gaspard de

publiée par M. Victor Pavie, imprimeur livre avec de

nombreuses adjonctions

Bruxelles, par M. Poulet-Malassis.

.i

la

Allier,

qui

groupa, autour

de sa province, des jeunes gens Nuit, précédée d'une notice de Sainte-Beuve, et

Angers; voir également

recueillies

la

par Ch. Asselincau

réimpression du et

imprimé en

même 1869, à


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

214

épris des merveilles archéologiques de la contrée.

plus

romantique des graveurs parisiens,

et

prêtèrent

le

charme de

Nanteuil;

Célestin

anges, ses gnomes, ses sylphides, pénétrèrent dans

école le

fit

le

ses

Bourbonnais

enroulements aux frontons des

leurs

vignettes architecturales.

Le Bourbonnais

roman-

pittoresque suivit de près les Voyages

\ THOWU^ÎV

FRONTISPICE d'aCHILLE ALLIER, pour l'Art en province (i836).

tiques dans l'ancienne

même

France, entrepris par Taylor

que l'Art en province,

côtoyait l'Artiste, fondé par

même

courant d'idées,

la

sous

Ricourt.

même

direction

la

Ce

fut

la

et

Nodier, de

d'Achille

même

Allier,

veine, le

exégèse archéologique dans

manière d'interpréter un monument

et

de restituer tout

le

la

menu

peuple vivant jadis à Tombre de ces castels.

Lui-même, Victor Hugo

avait jeté les

yeux sur ce

sol riche

en


DF.

QUELQUES CENTRES PROVINCIAUX

2l5

La fameuse

légendes.

Quiqiicngrogne dut

qui

,

longtemps

si

mer pendant

for-

à Notre-

Dame de Paris, apparBourbonnais

tenait au et

du publié sans

un

que l'annonce qui eût été

livre,

léonin

contrat

longtemps

servit

rien

;

de

l'éditeur,

de drapeau à ce groupe de

jeunes archéologues

P'^i

Toutefois,

I

coin de France.

faisaient défaut à ce

poètes

les

Un An

de poésies, par Alfred

Rousseau d'Aubusson ^, recueil de pièces conçues sous l'influence de Lamartine, ne mérite d'être enregistré traité

que grâce à un ingénieux frontispice d'Achille

ici

dans

manière de Célestin NanteuiP.

la

D'autres graines de romantisme devaient être

1.

Le catalogue de i832, du

sous presse

:

«

Le

libraire Charles Gosselin,

Fils de la bossue,

Qiiiquengrogne,

de Sotre-Dame de Paris. Deux gros volumes

«

la suite

quengrogne

« est

le

nom

destiné à compléter

mes vues sur

«

sera

«

peint plus particulièrement

«

spécialement

(I

n

le

première

partie.

l'art

de l'auteur à l'éditeur:

La

m

Qui-

roman

c'est

la

le

moyen âge

volume.

le

:

sacerdotal

tout selon

le

;

dans

mes

la bossue paraîtra

a

cathédrale; la Quiqiietigrogne, ce

donjon. L'architecture militaire après l'architecture religieuse. Dans Notre-Dame

moyen âge féodal mauvaises, sont à moi. Le Fils de

ta

idées,

Quiquen grogne, bien entendu,

je

j'ai

peindrai plus

qui,

bonnes ou

après la Quiquengrogne et n'aura qu'un

»

2.

Desrosiers, Moulins, i832. Grand in-8".

'}.

Ce ne

chargea,

lettre

du moyen âge, dont Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de Paris,

donné

in-S",

roman nouveau de Victor Hugo, auteur

populaire d'une des tours de Bourbon -l'Archambault; ce

(1

la

annonce au nombre des ouvrages

in-S", avec, vignettes. »

de cette annonce est joint un fragment de est

portées loin de

roman nouveau de Victor Hugo. Un gros volume

La

orné de vignettes de Tony Johannot.

A

Allier,

pas une influence de hasard que celle de Célestin Nanteuil.

fut

comme

populaire de

la

l'artiste

le

plus

digne,

Le Bourbonnais

d'entourer d'une fantasque ornementation

Belle Fille de la Garde. C'est

la

plus grande eau-forte connue.

le

le

chant


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

2i6

Provence,

donner en

et

plus

particulièrement

à Marseille,

une certaine floraison représentée par Polydore Bounin Autran.

Non

pas que les Poésies

marqué

fortement

aient

femme

assassinée

intentions.

en

Il

M. Joseph cependant

l'indifférence

M.

vignette

qui

pour

débuts

les

par Méry,

un riche

si

de

bonnes de

littéraires

en avant;

alors très

héritage

une

représente

Autran fussent restés

méridionale,

Joseph

Poèmes^ de Polydore Bounin

ombreux dénote

cloître

patronnés

de

vers

la

même

de

fut

Autran''^, les

mais

;

un

dans

et

et

enfouis

sous

apporté

n'avait

plus tard un concours utile à la fortune littéraire du jeune

Mar-

seillais.

Les quelques poètes Polydore

romantique qu'à estimables

sont

Joseph

Bounin,

mais

ne se

Autran,

des

l'aide ;

Rousseau d'Aubusson,

cités plus haut, Alfred

frontispices

une

tendance

à

rattachaient la

mode.

tran

:

pour relever ses chants,

Flaxman.

Ainsi

inspiré Ziegler,

que

il

d'Alfred

un crayon mystique remplaça

siennes ornant les

poèmes romantiques,

en de chastes contours entrer à l'Académie

les

est

surtout

M. Joseph Au-

appela un artiste de l'école de

poème <ïEloa

le

l'école

Leurs vers

particulière

affirmée dans les Ballades et Poésies musicales de

à

aspirations

et

de "Vigny

avait

les matérialités pari-

un dessinateur retraça

du jeune Phocéen qui put

sans avoir à renier les turbulences

française

poétiques de sa jeunesse.

Dans

le

De sombres

Languedoc,

la

fièvre

méridionale s'accusa davantage.

courants partis de Paris devaient s'abattre sur

de Clémence Isaure; malgré

prodigué sans éclaircies sur

Grand

1.

Marseille, i832.

2.

Joseph Autran. Ballades

Méry. Marseille, 1840. Grand

le

la

ciel

pur de

Toulouse,

la cité

le noir

voûte éthérée par les peintres et

fut les

in-8". et

in-H°.

Poésies musicales.

L'An 40,

suivies

de Marseille, par


Q

H

Se

TO)

rcJA:...)i:

JO

jœ: i

.

.}'>^>r«''IV^

^/a^LVA-

FRONTISPICE pour

/'.!«

40, de Joseph Autran

(18^0).

28



DE QUELQUES CENTRES PROVINCIAUX

poètes.

Dans

vée depuis

le

cette province

moyen

la poésie

219

ne cessa pas d'être culti-

âge, les esprits touchés par

l'aile

de

la

Muse

ne font jamais défaut aux séances magistrales du Capitole, n'est

à

pas

que

lauriers

comme on y

Toulouse

langue

les

«

sont coupés

respire,

poète

en

».

On

naît

et ce

poète

langue d'oc ou en

au choix.

d'ozV,

^

"^

C0r

LOh.SomuI. riltJ^.ltcmi,4s

VIGNETTK pour

la

U

ALEXANDRE BIDA,

Revue du Midi

{iH'JS],

» Ce débuta

fut là

que M. Granier

comme

longtemps

de

M. Latour

(il

petite ville ses

n'était

pas de Cassagnac alors)

malheureusement,

poète; lauriers n'était

(il

inofïensifs.

En

il

ne se contenta

même temps que

pas lui,

pas non plus de Saint-Ybars) datait de sa

Noces d'un

squelette.

Le plumet triomphant d'une

noblesse gasconne ne fut attaché que plus tard à leurs chapeaux.

Les deux poètes établirent leur camp dans

la

Repue du Midi.


devaient y rencontrer des dessinateurs qui comprenaient d'autant

Ils

mieux

les aspirations

des nouveaux venus, que certains d'entre eux

également à

sacrifiaient la

vignettes romantiques

lp:s

220

muse.

la

A

cette

époque,

non pas

Bida consciencieux de

le

illustrait

même temps que

plupart des récits de ses compagnons en

siens,

M. Bida

de

Bible

la

les

maison

la

Hachette, mais un Bida farouche, ultra-romantique et ne reculant

aucunes

devant

page

noirceurs

de

(Voir

crayon.

de

vignette

la

la

45.)

semble 'qu'un

11

tations

du

et

fasse

lui

souffle

vent marin

«

»

de mélodrame parisien, mêlé aux

irri-

toulousain, secoue les nerfs du dessinateur

entrevoir des vertiges et des visions, des ciels noirs,

des lunes cadavériquement pâles et des voûtes sombres vaguement éclairées

par des cierges blafards.

Mais, de

Normandie, ce mouvement excessif ne

qu'en

que quelques années. Ces rares volumes de

dura

Midi,

qui

illustrée

fut

pénétré dans des

même

le

centre,

bibliothèques

seulement de

i833 à i835,

manquent malheureusement

romantiques,

car à les

Revue du

la

n'ayant

pas

à la plupart

feuilleter,

les

curieux

passeraient d'agréables moments.

Tel

mouvement romantique en

comme absolument

pas j'ai

fut le

faites

complet; par

dans quelques centres,

il

est

Je ne

province.

les petites

le

donne

découvertes que

permis de croire que, dans

certaines villes préoccupées des idées nouvelles, d'autres artistes se

trouvaient d'accord avec les poètes naissants. Les

quèrent pas; mais

dans ils

la

vie

les plus

parisienne, creusaient

ne laissaient, pour

ou plutôt

entreprenants, qui

figés

au

les

sol et

trop

hommes ne mancouraient se jeter

de vides dans

les rangs;

remplacer, que des esprits modérés, fixés

par

moins aventureux.


CHAPITRE

HUMANITAIRES

LES

RÉPUBLICAINS.

LES

XXII

LES SAINT-SIMONIENS

En

de quelles semences Tidée romantique se répandit

vertu

dans

centres

certains

préoccupèrent

quels

,

jeunesse

la

,

furent

hommes

les

essayé de

j'ai

le

vue

en

qui

montrer dans

les

chapitres précédents.

Le roman,

poésie,

la

des

décrétaient

théâtre

le

lois

et

ini-

tiaient

de nombreux groupes à l'Art nouveau par des Préfaces

et des

Manifestes; mais un

plus ardent encore,

La

plet.

littérature

aux

politique,

reçut un

il

de

:

réformes

ne

social éclata,

peine d'être incom-

montra audacieuse qu'à

se

pouvait

elle

paraître

aux

sociales,

indifférente

insurrections,

elle

la

à

en

contre-coup direct, plus accusé à Paris qu'en province.

Si

on excepte Lyon dont

les

et

presque

province

parisien,

remuée par ce j'ai

politique et

l'étudier sous

faut

i83o

mouvement

faveur de ce la

et

mouvement

même

la

émeutes prirent un caractère violent ne

enfantement

placé avant la politique

et

les

me

paraît

douloureux

;

pas

avoir

c'est

réformes sociales

le

été

pourquoi chapitre

précédent.

Une social,

autre

vignettes

applicables

au

romantisme

insurrectionnel,

dont

les

manifestations se produisirent à la suite de la révolution

Juillet, doit

On

de

politique, jacobin, réformateur et

diverses

de

série

sait,

trouver sa place

ici.

par certains récits du temps,

ceux par exemple de


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

Gérard de Nerval, qu'un reste d'agitation troublait assez quelques poètes pour les envoyer coucher en prison. Jeunes, tapageurs, tant soit

peu rapins,

ils

de farouches

se déclaraient

«

bouzingots

qu'une effervescence de jeunesse.

n'était

Les

militants

véritables

croyance

à

Cavaignac

Godefroy

autres

étaient

République par des

la

portée. Je groupe divers

actes

noms pour me

d'une

affirmaient

énergique

plus

faire bien

aux

n'avaient rien de

arts,

commun

que Pétrus Borel qui aiguisaient

leur

comprendre

:

Hauréau, David d'Angers,

Rey-Dussueil,

,

et

Schœlcher, Jeanron, Félix Pyat, quoique se rattachant aux et

Ce

».

lettres

avec les excentriques

en imagination

tels

des poi-

gnards vengeurs.

Combattant en pleine rue, ces jeunes hommes passaient des bancs de

la

Cour des Pairs aux cachots du Mont-Saint-Michel.

parut s'apaiser vers 1840, elle se donna carrière huit ans

la fièvre

plus tard, et ne

dans quelques

retrouvons-nous pas

hommes au

pouvoir des adversaires du gouvernement constitutionnel, à

sévérance desquels on doit

A

Si

groupe

ce

la

fondation de la République actuelle

contenait

qui

ses

ardents et

:

réfléchis,

il

Enfantin et ses disciples, Thoré, George Sand,

Alphonse Esquiros, aspirations

ses

?

ceux qu'on appela plus

convient de rattacher les humanitaires, tard socialistes

la per-

le

confuses,

Màpah. Dans

leurs cerveaux s'agitent des

mystiques, industrielles, empreintes

de

reli-

giosité.

Étudier en détail ces divers courants demanderait des volumes.

Le plan que vignettes la fleur

je

me

des livres,

suis

tracé

de

me

simplifie la tâche

et

retrancher

me permet

derrière

les

de butiner

d'œuvres curieuses sans entrer dans de plus longs déve-

loppements.

Un ouvrage

de cette époque est resté croyant, sévère, inflexible,


LES HUMANITAIRES

LES REPUBLICAINS.

s'échappant d'une

Dans

années

les

âme qui

Montagne, d'Hauréau'.

révolutionnaire, la suivirent

années fiévreuses d'émeutes

et

proclamation

la

de

des principaux

chez un jeune

homme

Charte,

la

de barricades, ce n'étaient pas

Girondins qui enthousiasmaient une jeunesse ardente

maturée

3X3

personnages

de vingt ans

de la

la fin

;

Montagne

la

les

pré-

naître

fit

pensée d'élever un Pan-

théon à ceux qui succombent, victimes de leur idée.

Le

événements

entrai-

qui fut écrasé par sa chute,

donne

portrait suivant d'un journaliste

que

les

VIGNETTE DE JEANRON, pour la Montagne, d'Hauiéaii (183

nèrent vers

une idée de

la

Montagne,

et

que

l'histoire telle

J'ai lu les écrits

la

de Camille Desmoulins

spirituel, rieur, aussi plaisant

dans

le

comprenait Hauréau

et je n'ai

l'homme

politique

Le sévère

homme ne touche comme je l'entends.

I

.

portraitiste

La Montagne. Notices

Montagne.

vu partout qu'un rhéteur verbeux,

rieur,

et

du

même

rire

pour

qu'en tremblant... Nulle part,

dépouille

Ihomme

de

la

je

homme

les

choses

n'ai

trouvé

légende, laisse

historiques et philosophiques sur les principaux

Paris, Bréauté, 1834. ln-8°.

:

vaudeville et le calembour que jamais

du Caveau moderne; toujours incessamment saintes auxquelles tout

1).

metubres de la


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

224

de côté l'amour de Lucile pour

âmes

plaire aux

sensibles, et conclut ainsi

homme, comme

Intéressant jeune

vaniteux dont sautera dans

le

débarrasser

fallut

Vers

se

préoccuper de

:

impudent

disent les histoires, mais égoïste place, va,

la

je

encore honte quand

te dirai

et

ta tête

panier d'osier.

montrer

faut avoir vingt ans pour se

Il

sur

il

Camille, sans

1848,

Michelet,

un cours au Collège de France

faisant

Desmoulins, commençait

Camille

Spartiate.

si

ainsi

«

:

Ce

polisson

»;

mais Michelet savait faire passer ses hardiesses calculées par des tendresses féminines, et

n'eût pas forcé la note en disant honte

il

à la tête du pauvre Camille Desmoulins. C'est en ce sens

de

l'école

que

je

romantique

prétends marquer

de

et

ses

Tout

adeptes.

en ce temps; on ne marche qu'à

l'excès

manque de mesure

le

l'aide

poussé

est

à

d'oppositions exa-

gérées.

Le brave Nodier,

qui par

moments

se croyait jacobin et donnait

une édition des Institutions de Saint-Just, ne

se doutait

guère de

l'effet

considérable que produirait son enthousiasme chez les jeunes

gens.

Dans

cet

ordre d'idées on doit citer l'évocation aux mânes

de Saint-Just par l'auteur de Maintenant si,

il

aurait soixante-cinq ans

dans nos jours de

bataille,

le

dieu des armées;

victoire,

et

quand

combien d'entre nous

Je ne vois pas et

je

:

sa tête

blonde

Quel bonheur

serait blanche.

nous pouvions contempler dans nos rangs ce beau

patriarche et nous serrer à ses côtés

par

Montagne.

la

il

comme

lèverait

autour d'une arche sainte, deux

au

ciel ses

bénie

bras défaillants pour invoquer la

se disputeraient l'honneur de les soutenir

crois pouvoir

fois

dire

qu'on

!

n'entrevoit

pas

plus Saint-Just présider plus tard la fête de la 'Vieillesse qu'on ne

s'imagine André

Chénier professer à lAthénée sous l'Empire ou,

perclus de rhumatismes, dans

un habit à palmes vertes de Tins-


LKS REPUBLICAINS.

titut.

Un

Saint-Just

LES HUMANITAIRES

prudent, se garant

des

225

cornes du taureau

révolutionnaire et ne payant pas de son sang son entrée dans la lice,

serait

un Saint-Just vulgaire dont

le

nom

ne serait pas par-

venu jusqu'à nous. Il

faut toutefois se reporter à l'époque,

il

faut tenir

compte de

l'éducation des jeunes patriotes de i83o écoutant les récits de ceux

PREVENU d'après

des

conventionnels,

D AVRIL,

une lithographie du temps.

des conspirateurs

qui

avaient

échappé à

la

transportation, à l'échafaud et qui faisaient pénétrer leurs croyances

dans ces âmes vibrantes. Dans cet ordre l'enthousiaste évocation

pour

le

descendant de Michel-Ange, pour l'ancien complice de

Babeuf, pour sa carrière,

Et

temps

toi,

le vieil égalitaire

me

qui

terminait sous

paraît plus sentie que

celle

vertueux Buoiiarotti, vénérable patriarche de

comme un grand

et

Louis-Philippe

relative à Saint-Just.

l'égalité,

pieux souvenir de ce magnifique passé,

il

qui vis dans nos

ne nous reste plus 29


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

22G

maintenant qu'à causer avec

ou par

toi

de tous

l'âge et qu'à réunir sur toi,

tes

vieux amis qui sont morts par

que nous aurions d'amour pour chacun d'eux,

La Montagne

la

douleur

pour en faire une couronne à ta tête blanchie, ce

est dédiée

s'ils

vivaient.

au peintre Jeanron en souvenir de sa

\i

'"

COLLOT-L) HtKBOlS. Eau-forte de Jeanron pour la Montagne, d'Hauréau {1834).

collaboration à l'œuvre; elle fut considérable en effet.

Un

portrait

à Teau-forte précédait chaque biographie. Et quel portrait! Elle est chargée Ticonographie des

La physionomie de Henri IV

hommes de

la

exceptée, jamais on ne

Révolution. vit

tant

de


— LES HUMANITAIRES

LES REPUBLICAINS.

dépense de cuivre, de bois, d'acier pour

la

personnages de 1789 à 1793. Les partis ont

vue de

représentation

hommes

des

fait

Montagne des monstres, des séraphins, des

la

227

des

en

êtres noirs,

cruels, angéliques, des crétins et des goitreux, des premiers rôles

de TAmbigu-Comique, des héros plus grands que nature, des per-

sonnages du bas de l'échelle avec des gibbosités

Ces

prodigieuses.

profondément

diffèrent

rien

figures

Jeanron trouva singulier; le

fantastiques au

les

le

s'adressent

à

l'aristo-

milieu desquelles se perd l'histo-

réelle

la

moyen de

portraits

qu'elles

Convention, qui

à la

ou au peuple, ont donné naissance à un

veut connaître

qui

invectives

suivant

,

cratie, à la bourgeoisie

amas de

ces

flatteries,

loupes

des

et

figure

se faire

des

hommes de

1793.

remarquer dans ce Panthéon

des Montagnards,

que

tels

les

entrevoit

graveur, ont des physionomies d'objurgateurs. Je regarde à

par

le

la

visionnaire

tribune

le

Jeanron

fantôme de Collot-d'Herbois évoqué

et

l'ancien comédien, jeté par les

je

me demande

événements dans

si

véritablement

la fournaise

révo-

lutionnaire, ressemblait au personnage ci-contre.

Elles sont plus aimables, dans leur manière, les symbolisations

patriotiques

de

Tony Johannot

qui,

plus

d'une

fois,

évoqua

la

Liberté apportant son rayonnement sur les médaillons des grandes figures de la Révolution.

Dans

le

même

ordre républicain, mais à un plan plus éloigné,

on doit citer un romancier peu connu aujourd'hui, Rey-Dussueil,

pour son

livre le Cloître

Saint-MerriK

Marius Rey-Dussueil, auteur de

la

Fin du jnonde,

losophique confus à qui l'on doit V Histoire du temps

à venir et qui annonçait

I.

Paris,

Ambroise Dupont,

-et

esprit phi-

des choses

un singulier roman, Isidore ou rétat

i832. In-8".


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

228

qui

comprendre

font

titres

s'écrie

au dernier chapitre de son roman

Pour vous, nobles victimes, qui avez doté qui sonnent

Un

jour viendra où ce

saint

monument, où vos noms

plus

reculée; c'est aux

en a hâté

La

la

:

Saint-Merri d'un de ces

le cloître

noms

champ de

se transmettront de

jeunes

hommes

comrne un

bataille sera visité

bouche en bouche

à la

le

mémoire

la

qu'appartient l'avenir et votre dévouement

venue.

vignette

artiste entrant

det,

l'écrivain,

des Thermopyles, votre chute a été plus éclatante que

à l'oreille à l'égal

plus beau triomphe...

de

aspirations

les

social,

orne

qui

dans

ouvrage

cet

pensée de l'auteur

la

Suisse d'origine, pouvait-il

Saint-Merri, intitulés

ne

:

le

rendre

Prolétaire^

:

fut

pas confiée à un

graveur Cari Girar-

le

chapitres du

les

Cloître

Barricades^ l'Assaut,

les

la

Police.

Jeanron

l'eût fait

en toute connaissance de cause,

dessiné d'après nature,

de combattants de

et

lui

qui avait

non plus d'après des rêves, des types

Juillet et d'insurgés.

Les humanitaires n'eurent pas de dessinateurs. La poursuite des

réformes

sociales

les saint-simoniens

prête

médiocrement au crayon;

ne répudiaient pas Aimez-vous

!

les arts.

aimez-vous

Et vous serez forts

toutefois

comme

!

nous.

Ainsi débute un Cantique, sans doute composé par Vinçard et

mis en musique par Félicien David, pour

la

récréation des apôtres

de Ménilmontant.

Des hauteurs de industrielle les

par

;

Belleville,

ils

planaient sur la grande ville

mais, quoiqu'en apparence détachés de l'ancien monde,

saint-simoniens ne s'inquiétaient pas moins la

présence et

Je note

le

costume de leurs

dans un journal du

17

de

l'effet

produit

sectaires.

octobre

i832

une

lettre

de


— LES HUMANITAIRES

LES REPUBLICAINS.

d'Enfantin

disciples

M"" Saqui taient

leur

ait

Saint-Simoniens ;

le

la

même

représentation

du

rentrée

refusée la veille,

été

pour assister à

que

plaignant

se

alors

319

théâtre

qu'ils se

de

présen-

d'une pièce intitulée

les

journal constate que, le 29 octobre, les

apôtres de Ménilmontant ont été admis à voir jouer les

acteurs

qui les jouent. C'est

en souvenir de ces

exhibitions

que Tony Johannot a

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT. Titre du journal l'Entr'acte (i832).

dessiné un saint-simonien, dans la vignette

du journal l'Entr'acte

(!"

d'une salle luxueuse,

octobre

i832).

Debout,

à

l'orchestre

peut-être celle de l'Opéra, l'apôtre

Une

autre vignette, une seule

a sa place frontispice

bien

marquée dans

(je

le

montre de sa personne.

laisse

de côté

Paris, Tenré, i83:i. In-8°,

les caricatures),

cadre actuel, celle qui sert de

au roman de M""= Joséphine Lebassu,

nienne I.

fait

la

Saint-Simo-


2

LES VIGNETTES ROMANTIQUES

3o

Les réformateurs de

la

rue Taitbout avaient inscrit sur leur

protection de

la

femme.

drapeau

:

M'"'^

pour thème une femme défendant que, dans

d'autant plus méritoire

les

Joséphine Lebassu prit

disciples

d'EInfantin

roman, l'héroïne

le

légitime d'un jeune saint-simonien qui l'abandonne la

femme

pour

la

vignettiste,

scène

la

la

les

— Messieurs, me

I,

ECOLE DE TONY JOHANNOT,

qui s'inspira

de

Tony Johannot pour rendre

plus dramatique de l'œuvre de M""' Joséphine Lebassu, science

sociale

troublée par des pertur-

gens de l'Angoumois, dans leur

jettent des pierres

il

pour chercher

Saint-Simonienne, de M">" Lebassu (i833).

a retracé une séance de

bateurs;

est l'épouse

libre.

VIGNETTE DE

Le

fait

;

aux porteurs de

s'écria Claire, cet

serait étranger

que

la

fièvre

méridionale,

parole du Père.

homme dont vous menacez la vie est mon époux mais ma voix en sa faveur, comme je le fais à présent.

j'élèverais

;


LES RÉPUBLICAINS.

Les principes

qu'il

— LES HUMANITAIRES

proclame vous déplaisent

;

repoussez-les

1

23l

vous en avez

le

droit,

mais non pas celui d'attenter à ses jours. Vous, nation hospitalière, vous massacreriez sans pitié l'homme qui se présente à vous sans défense! Non, non, vous êtes incapables

d'une

telle lâcheté.

Cet homme,

je le

mets sous

la

sauvegarde de votre humanité,

il

est

sacré maintenant.

En achevant

ces mots, elle tendait ses bras à Rcinal

comme

vers l'objet d'un culte

religieux; la dignité de son attitude, sa beauté ravissante, le désespoir et se peignent

Ce roman de l'exactitude

M""' Joséphine

Lebassu,

du costume des acteurs,

la

la

vignette

concourent à rendre précieux Tunique trait

directement à

la

livre,

science

LA

:

de ce petit drame à

sociale

ma

connaissance,

dans

romantisme.

KEI'UIII.KJUE.

Porrct sculps. d'après Barre. {i:alun Je

Ta sauvé

scène qui se répéta dans

diverses provinces, la clarté et la composition

qui ait

l'amour qui

dans ses yeux subjuguent cette foule effrénée.

iH3i, de Gustave

PlaiiLhe.)

l'histoire

du


CHAPITRE

XXIII

UN APÔTRE ROMANTIQUE

Un

certain courant de religiosité se

qui devaient grossir

ment,

restaurations,

à

et

question. Voltaire

un

;

Au

début,

les

cathédrales du

ce

moment

était

la

avec

traité

moyen

en

songeant

emportait

sectaire

avec

au

soi

saint-simoniens

industriel

pour

la

;

l'abbé

qui

s'en

transformation,

il

créaient

un

y eut

Il

il

Pierre

dogme que chaque

de

tailler

Père

un manteau

cet

et

:

les

Révolution

la

chantaient

et

Leroux, vague

me semble que

le

comme

regardé

était

vif

point

faisait

de Lamennais se prononçant contre

démocratie;

humanitarisme,

le

\

morceau

pour

ne

buchéziens ne faisant qu'un du Christianisme et de les

i832,

et

peu de respect que

aussi

du mal, sans cesse grimaçant.

Toutefois,

âge.

démolition

pour avoir sapé tant de croyances

esprit

1825

entre

royauté, la religion semblaient avoir besoin de

la

comme

empressement,

affluents

romantisme, ou, pour parler plus exacte-

période romantique.

la

trône et l'autel,

diable

le

mêla aux divers

Tavenir

Rome dans

confus

;

examen, ce choix,

et

son cette

n'étayaient pas solidement l'ancienne foi du char-

bonnier.

Les poètes chantaient encore les

frères

Deschamps. Ce

n'est

les ruines

déjà plus

Christianisme dont Chateaubriand a décrit

pour

le

passé,

Lamartine, de Vigny,

:

toutefois les

pompes

Génie du

le ;

des regrets

des regards en arrière, une description complai-

sante des bruits de la nature, un

alanguissement dans

et le fond indiquent des aspirations plus poétiques

la

forme

que catholiques.


UN APOTRE ROMANTIQUE

On à

écoute

du hameau

réglise

du soir sonner Tangélus dans

cloche

la

a

religieuses de Chateaubriand appartenaient

des

description

Daine de Paris,

-

les

à un

plus

introduit

monde de personnages

d'avenir dont la cour

pompes

décorateur

de

effet

la

archi-

et

dans l'ombre des

qui agissent matérielle-

môme temps que de Rome ne devait

en

posent,

et se

que

monuments. Victor Hugo, archéologue

murailles tout un

ment

dit

une sorte de matérialisme ressort en

Notre

dans

tecte

route

la

ce sont là toutefois des sensations, des

harmonies un peu de surface. Quelqu'un

;

le lointain,

moussue du bord de

croix

la

;

arrête le poète voyageur;

qu'à un croyant

ï33

l'auteur,

des questions

admettre l'opportunité

qu'avec bien des réserves.

Les architectes, de leur

côté, reconstituent à

leur

manière

la

plupart des grandes basiliques de France, qu'il eût été plus imposant peut-être de laisser avec leurs mutilations.

Tout

cet

ensemble

Les groupes peuvent avoir été étrangers

hommes

ont respiré

parallèles

pendants

qu'ils

si

se

même

air,

la

uns aux

les

autres

ardents que soient ces jeunes hommes, croient,

ils

sont

;

les

marchent dans des sentiers

ils

si

indé-

poussés à leur insu par un

nouveau, héritier des doctrines de

siècle

par

mais

;

le

romantique.

particulier à l'époque

est bien

la

Révolution et gouverné

logique d'un nouvel enseignement.

Un

tel

début

pourra

peut-être

paraître

ambitieux

pour

la

reconstitution d'une petite secte qui se forma tout à coup dans un

coin

de

quoique

Paris. le

tenais

Je

mot ne

fût pas

eût été regardé sans doute

chant

les

montrer

ses

attaches

romantiques,

prononcé dans cet endroit

comme

et

qu'il

y

malsonnant; mais en rappro-

uns des autres certains cénacles, en comparant leurs

doctrines, une clarté

cher

à

se

fera,

je

l'espère,

qui permet d'en ratta-

les fils épars. 3o


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

234

Un dans

atelier

de sculpteur,

Tile Saint-Louis,

nom

bizarre du

comme

donnait

en existe un certain nombre

un personnage

vers i838, à

asile,

de Gannau.

il

était

homme

échoué un

mené une

existence de luxe sur le boulevard; le jeu

descendre

les divers

il

s'était

à

coup

échelons qui séparent

improyisé chef de secte,

pompes du

aux

vieil

homme,

son

disciple

il

Paris

presque dieu

nom

pour

celui

:

la

gêne,

de dépouiller

le

Gannau; de même

se faisait appeler celui qui fut

prit

de

fait

renonçant tout

,

Afin

élégant.

avait

ayant

lui

fortune

la

qui

qui fut Caillaux.

Un

petit

cénacle de peintres, de sculpteurs, d'écrivains s'était formé autour

de l'homme

Thoré,

à

:

parmi ces derniers on a

cette

époque préoccupé de science

remuait

qui déjà

le

public

particulièrement

plus

cité

sociale; Félix Pyat,

du boulevard par

drames révolu-

ses

tionnaires; Hetzel, nature moins en avant, plus pratique et apportant au service de la librairie des capacités industrielles que l'âge

devait affirmer.

Je ne prétends pas toutefois

faire

Gannau. La

disciples convaincus de

de ces

avait

mais

les

connu

le

personnage

mystagogues,

guère à sa nature,

les

et le

Sans fait

et

il

doute

Gannau

nulle difficulté était

Chez

le

il

Dumas

religion

Mapah ou Gannau, est

égale-

en parle dans ses Mémoires ;

fondateurs de

sous la plume du dramaturge,

fréquentant volontiers

et

des

littérature développe des soifs

de curiosité qui sont bien vite rassasiées. Alexandre

ment

hommes

trois

tel

ne répondaient qu'on l'entrevoit

une sorte de Chodruc-Duclos

fameux ii3 du Palais-Royal. était

un déclassé;

de l'avouer

:

«

le disciple

son existence a été singulière

capable de toutes les excentricités

certains êtres bizarres la

Quelquefois, au fond de Tile

Caillaux ne

femme

».

a joué

Saint-Louis,

un

Gannau

rcMe

à

respirait

bouffées du Paris élégant et ne résistait pas à jouir de

la

côté.

des

vue de


—ïïDosiriicri^-.

KAU

- K

ORTE

DE

MAUR

I

S S

E

T

pour Moralités, d'Hippolytc Auger. (181,.)

,



UN APOTRE ROMANTIQUE

Un

son ancien luxe. « (il

il

me

pria,

femme.

Mapah

le

bouquet

un

acheter

lui

une loge, où

vers

à

TOpéra;

de

violettes

le

il

donna à une charmante

»

La flamme des

pu

lutter

souvenirs

anciens

contre cette dernière

pendant

réveillée

s'était

mourut à quelque temps de

(Gannau

maladie n'avait

rencontre

misère). Je lui achetai ce bouquet, et je

vie de

diriger

se

de

dit -il,

commençait sa

le vis

soir Caillaux

23?

pensée

là) :

et

le

la

dogme

femme, des

la

fleurs.

Qu'était-ce que tenté la synthèse

plus reculés,

Lingam de

le

du temps, dans l'Inde

pour vous qui ne

pour ceux qui

la

la

qui

Apparition obscène! dira-t-on.

jugent avec les yeux de l'esprit et qui ne voient en elle que

du

agissant partout, si

je

le

symbole

principe divin de qui tout

m'arrête aux profondeurs....,

j'entrevois le sabéisme s'agenouillant devant le trépied qui

prosternant devant les constellations qui l'éclairent et qui il

les

considérez qu'avec des yeux de chair, mais non pas

procède. Et dans cette aube des jours religieux,

Culte du

en a

immenses des horizons

les lointains

apparaît.

du principe générateur présent partout,

Dieu dont

Caillaux

:

C'est d'abord, dans la nuit

— Obscène

fondée par Gannau?

secte

la

Hamboie lui

et le

chaldéisme se

révèlent la majesté d'un

n'a qu'une idée imparfaite...

Lingam

;

Sabéisme; Chaldéisme

;

Sous quelque forme que

se présente l'adoration primitive, elle reflète l'incandescence

de ces périodes infinies durant lesquelles

en

Le

avoue que

disciple,

qui

une

forêt

de l'Inde

me semble

avoir

traversé

«

la

planète roulait à travers l'espace des vagues

fusion...

était

lettré

et la

la

pensée de

son chef spirituel

que l'expression s'en

même

forêt et

il

ressentait »,

faut la

hache d'un

de profession pour se frayer un chemin dans cette doctrine

touffue.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

238

un

Suivant jusqu'ici

La

dans

des

la forêt

Comme

tel,

sacrifier

La

Mapah

nom

son

religion de

à celui qu'elle

Gannau

qui

soient

se

aventurés

;

pour principe l'androgynisme.

femme par l'homme

nom

Eve, Adam. Lui-même

:

fusion-

qui lui ordonne

épouse.

s'appelait V Evadamisme, et le

deux noms

Il

reconnaissait son union dans la nature.

il

s'indignait de cette absorption de la

il

puisqu'il réunit les

Mapah, nom symbolique qui contient et

avait

principe femelle

le

'

:

religion que voulait fonder le

nait le principe mCde et

de

biographes

rares

était bien

caractéristique

décerne

s'était

deux premières syllabes des mots

les

de

titre

le

latins ;7a/er

mater.

Evadah,

arriver en

n'approuve

lui-même

Caillaux

evadamisme,

somme

à

l'

Le

disciple ajoute,

sement éloquent

et

Mapah!

antichute

un double principe créateur. il

;

mais

est vrai,

que Gannau

c<

que sa parole immense

faudrait

il

graphe ne

plâtras

«

les a signalés.

un adepte

l'un tracé par

Du Mapah

Mapah

nue

et

et

Ils

je

pus

le

pour lui

prodigieu-

était

faisait

passer toutes

échantillons de la la

main sur

lançait

les

doc-

feuilles

dans Paris et

Quelques portraits de l'homme

qu'il

suffiront

:

fidèle, les autres dessinés.

dit

considérer à loisir

aux membres puissants; sur sa poitrine

presque chauve attestait un long travail

tant sur son épaule

dit-il,

sont de toute rareté et aucun biblio-

physique Caillaux a

Je le suivis et

arqué

».

cela,

:

».

mettre

pouvoir

volantes, les brochures que le appelait ses

Tout

«

bizarres

locutions

»

Je pourrais donner de plus nombreu.x trine

ces

au déisme renfermant en

et

étrangetés de ses néologismes

les

pas

un sac de plâtre dont

le

et

:

:

c'était flottait

un

homme du

une barbe

de rudes passions.

peuple au dos

inculte, et sa tête Il

marchait, por-

poids courbait ses reins. Ainsi voûté,

il

passait à travers la foule...

Et pourtant I.

le

maître de cette demeure n'avait pas

Ch. Ynarte. Les Célébrités de

la rue.

les allures

Paris, Deiiiu, iSfi/. in-i8.

d'un ouvrier vulgaire.


UN APOTRE ROMANTIQUE

C'était bien encore

l'homme au sac de

qui m'avait abordé d'une façon la

même

largeur d'épaules, la

si

plâtre, à la

barbe inculte,

inattendue; c'était bien

même

force de reins;

la

23f)

à la

blouse déchirée,

même puissance

de regard,

seulement, sur ce front sillonné,

sur ces traits granitiques, dans tout cet ensemble indescriptible, planait une majesté

sauvage, devant laquelle

Ces sortes de

je

m'inclinai.

portraits,

un peu trop poussés

au dithyrambe,

LE MAP AH. D'après Traviès (vers

i83.(.l.

ne valent pas un croquis de dessinateur sincère et

tème qui tion

:

a

c'est

du bon que de comparer l'image peinte à

la

un

sys-

descrip-

l'une complète l'autre.

A cette époque vivait nommé Traviès; Philipon faisaient

tionnel.

assez difficilement l'avait

une guerre de tous

les

un jeune dessinateur,

enrôlé parmi les caricaturistes qui jours

au gouvernement constitu-


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

240

J'ai

dit

un pays d'humoristes,

Suisse, qui n'est pas

de l'agression

;

il

L'homme, né en

mélancolique'.

destinée

sa

ailleurs

vivait de

de nature mélancolique

était

satire

la

avait

et

soif

et

de

croyances-.

Traviès peignait

pour

lui

de grandes

dans un coin nuageux quelque symbole

Lui aussi semble avoir

précision avec laquelle Traviès

de

l'île

était caché.

partie de

fait

a dessiné

du Mapah.

secte

la

envisagea

il

la doctrine avait

La

groupe des adeptes

le

Saint-Louis, le sérieux avec lequel

de Gannau, témoignent que

compositions où

le portrait

trouvé un écho dans

son esprit.

La première de

ces

lithographies

par un éditeur irrespectueux, atelier

fument, suivant la cigarette.

les divers

en

sont rassemblés pour converser; tous

procédés connus,

aspirant

la

entrevoir confusément

nants symboliques.

En

croix, des

dualité

matérielle

et

charnelle dont

1.

Des

murs; mais, dans un une image qui

est

anges,

laisse

nimbes rayon-

des

le

du rapprochement des sexes, de

Mapah

faisait

Gannau

avait trouvé, ce dont

Histoire de la Caricature moderne. Paris, Deiitu. In-i8.

connu

à

une unité à

la

fois

dogmatique.

Voilà ce que

2. J'ai

Gannau rêve

étudiant de près l'image, on voit dans un

globe, sous la croix, le symbole cette

ou

cigare

le

fumée d'une chibouque.

des épingles,

une

la pipe,

divan,

le

tableaux, des esquisses sont accrochés aux coin, fixée au plâtre par

vraisemblablement

Génies méconnus, représente un

Étendu paresseusement sur

élucubrations,

ses

hommes

où de jeunes

les

intitulée,

ce grand échassier avec de

proéminent, des yeux ardents

et

il

fut

Deuxième

fier,

ce qui

édition, 1872.

longs cheveux de saule pleureur, un nez très

des joues fiévreuses;

dans son domicile, à un étage presque aussi élevé que

je l'ai

vu, à vingt ans de

lui, à la

l'apôtre Jean Journet; encore plus lard, toujours ardent, toujours inquiet,

à l'enseignement réaliste prêché, vers i85o, par Courbet à

la

là,

donner

asile

doctrine fouriériste colportée par il

brasserie de

cherchait à s'initier la

rue Hautefeuille.




UN APOTRE ROMANTIQUE

constitue

le

principal

de sa doctrine

attribut

248

ne cessa

Tapôtre

;

d'en donner la représentation en tète de ses « plâtras », volontiers son blason.

fait

La même image symbolique

sentée plus visible encore dans

dont

il

Ihommc

signe

sans ce

à la

pelisse,

barbu

est repré-

(page

comme un

Et pourtant Traviès, en

sérail.

pas voulu faire acte d'ironie

«

fond du portrait

en eût

239);

Oriental

a les yeux et le turban, semblerait une sorte de marchand

de pastilles du

soin,

le

il

comme

il

le

;

portrait

est

dessinant, n'a

le

grave,

avec

traité

convient de représenter un inventeur de religion,

un sectaire du

siècle » suivant la légende.

xix'^

J'en reviens à la scène de l'atelier; elle servira de point d'attache

avec un groupe romantique était

Pétrus Borel,

Seigneur.

Le poète

une

image

juste

lèvres, « en barbe

et

le

très

de

lieu

Philotée

parle de jeunes

jeune

qui

jetés sur

De coussins dont maint

semble-t-il pas

de Traviès

Tous dit

réunion

lorsqu'il »,

dont

chef reconnu

le

hommes,

la

a

donné

pipe

aux

un amas

siècle a troué le

que ces vers

Du

de Jehan

l'atelier

O'Neddy (Dondey-Dupré) en

Sont pachalesquement

Ne

avancé,

damas.

se rapportent à la lithographie

?

ces

Philotée

poètes sont exceptionnellement doués

et,

comme

le

O'Neddy, on peut de ces pâles figures

Explorer à

De nombreuses très en vue, il

loisir les

citations

généreux augures.

de l'auteur de Feu

et

Flamme,

alors

donneraient certainement du piquant à ce chapitre

faut savoir se borner, des études sur le poète et

;

une édition de


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

244

Œuvres ayant

ses

récemment par

été publiées

alors

peut négliger toutefois,

On

ne

de peindre un groupe

s'agit

qu'il

ses amis'.

particulier de jeunes romantiques,

Le développement capace de

ces fronts,

Les rudes cavités de ces yeux de démons.

Les membres du cénacle de Tatelier pas exclusivement

à

poésie;

la

par

c'est

au groupe actuel. Pétrus Borel,

Du

grand

le

Seigneur ne sacrifiaient se rattachent

qu'ils

donne pour un

chef, se

révolutionnaire ardent, et, à son imitation, Les jeunes hommes, tous

artistes

arborent une coiffure qui les distingue.

dans

cœur,

le

ont

Ils

Le temporal orné du bonnet de Phrygie

suivant l'expression de Philotée O'Neddy'. C'est

un

de

point

années qui suivirent

suture

à

la révolution

dans

constater

de

premières

les

Combattants du

Juillet.

cloître

Saint-Merri, accusés de Juin, poètes, romanciers, dieux et apôtres 1.

Philotée O'Neddy. Poésies posthumes, avec notice de M. E. Havet. Paris, Charpentier,

2 vol. in-i8. 2. «

1878.

Balzac se moquait volontiers de ces conspirateurs, ainsi que des inventeurs de religion

Ennemi-né de

s'agite contre

tout pouvoir qui ne lui parle pas à roreille,

n'importe quel ordre de choses, car c'est son rôle

le

à lui,

:

conspirateur moderne

comme

à d'autres de se

cramponner après. «

...

Le

travail des

matières traitées par lui ...

11

siècles,

les

comme du

philosophics, les religions, les morales, sont autant de

pain rassis, à refaire, faute de les connaître.

proposera d'envoyer l'indépendance à

tel

peuple,

comme une

lettre

par

la

petite

poste. »

Mais voici qui s'applique particulièrement au boii^ingot romantique «

Il

a trouvé

moyen de confectionner de

d'un œillet, d'un chien, d'une cravate,

l'insurrection à la

gilet à la

Robespierre, un chapeau à

un assommoir pour canne, article

du journal

voilà les

la Caricature, 21

il

en fera à propos

tout à heure fixe et par principes.

le

tieux en chair et en os, les insignes de la rébellion se disputent la

un

:

mécanique;

la

Marat, un signe de ralliement à

ornements de son physique. juillet

i83i.)

Emblème

sédi-

mince étendue de son corps

»

la

:

boutonnière, et

{Un Conspirateur moderne,


UN APOTRE ROMANTIQUE

flamme républicaine qui

furent animés pour la plupart d'une

armes aux mains des uns,

les

245

imprécations dans

éclater des

fit

bouche des autres, se prêta aux évocations des prophètes

la

comme un

répandit sur Paris

Écoutons

femme apparut

ans une

y a cinquante

Il

Liberté; elle s'incarna dans

se

et

métal en fusion débordant du moule.

Mapah

parole de Caillaux, disciple du

la

mit

belle

un peuple, ce peuple

entre

toutes

s'appelait France.

:

elle

:

nommait

se

Et sur

le

front

s'étendit, comme dans l'antique Eden, un arbre aux rameaux verts, et nomme Arbre de Liberté. Et désormais France et Liberté ne font plus et même terme, qu'une seule et même idée

de cette femme cet arbre se

qu'un seul

Et

me

ajoutait «

:

!

présentant une harpe suspendue au-dessus de sa couche, l'esprit de Dieu

:

Chante, prophète

Et voilà ce «

Pourquoi

exhalent-ils

!

»

qu'il m'inspira te lèves-tu

:

avec

le soleil,

une senteur embaumée

?

ô France, ô Liberté

Pourquoi montes-tu dès

Grâce à ces prosopopées bibliques de

la

pensée

saint Jean à

et

le

maître

Et pourquoi tes vêtements

le

matin sur

l'école planait

montagne ? »

dans

les airs

tout porté à prendre le ton d'un

était

Mapah

et

de Caillaux semblent des para-

phrases de Lamennais, de Quinet, de Pierre

lambeaux des théogonies de

plus entrevues qu'étudiées.

Tous

l'Inde,

Leroux, de Camille

de l'Egypte antique,

ces éléments de bric et de broc

empruntés aux dogmes du passé, ces morceaux taires,

la

Pathmos.

D'autres citations du

Duteil, des

?

faufilés plutôt

que cousus

les

d'étoffes

humani-

uns aux autres, ne pouvaient

suffire à habiller la doctrine. Il

serait hors

chambre avec la

les

de propos d'accabler

le

Mapah

en

et sa religion

souvenirs des principes fécondants

qui

ont

grandeur de Moïse, de Confucius, du Christ, de Mahomet;

fait

cependant, de i83o à 1848,

il

est

et

peu de réformateurs qui n'aient


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

246

invoqué

la doctrine

contre la société

religion,

même

en en faisant un acte d'accusation

Clirist,

moderne.

comme

supprimé

fait

du

«

Aujourd'hui que

manquant

d'actualité »,

Christ les

est

tout à

inventeurs de

reconnaîtraient qu'aux époques de

l'abbé Châtel,

civilisation primitive certains

le

hommes

étaient attendus, qui répon-

daient aux besoins des esprits.

Le Mapah, jeunes gens.

se croyant attendu,

Ils

groupa autour de

la face

De

la

quelques

pouvaient avoir de vagues aspirations sociales et

politiques; le maître et les disciples furent insuffisants

ger

lui

pour chan-

de l'humanité.

doctrine du

Mapah

il

est à

souvenirs de quelques curieux, et

une sorte de

liaison,

je

peine resté trace dans les

ne l'indique que pour montrer

une arrière-parenté avec

tiques.

Vignette de

Tony

Joliannot;

i83o).

les

temps roman-




32


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

25o

cherche

je

éléments

contribuent

n'y

l'analyser

à

mélancolique;

pas

artistes, leur collaboration assidue

romantique,

période la

amicale

divers

si

qu'ils

deux

des

aux principaux ouvrages

rayonnement

le

me demande

fraternité

la

:

et

de

la

en reçurent, jusqu'à

douceur harmonieuse de leur nom, tout concourut à consacrer

leur

mémoire

poétique de

à évoquer au-dessus de leur tombe une figure

et

femme

qui symbolise les poètes morts jeunes.

Nés en Allemagne d'un père également que

d'origine

française,

Johannot aient rapporté de

les frères

un accent poétique qu'on ne peut refuser à

semble

il

la

Germanie

terre des lieds et

la

des chants populaires.

Le

que nous avons d'eux,

portrait

dans un de ses meilleurs moments, nous dans

diversité

la

de leur nature

au début de leur carrière,

en papiers de luxe,

imparfaits,

qui avait

M"^ de

ils

lithographie.

la

mené un ainsi

Ces premiers

certain train en

que

la librairie

à

leur

difficile

furent poussés toutefois vers

venu en France vers

était

la

appuyé pour obtenir, sous de

ayant associé à jamais

ne furent pas goûtés par

Staël

montre inséparables,

l'art

François Johannot, leur père, négociant

presque sans y penser.

procédé de

les

Johannot eurent à lutter contre une vie

destinée. Si les

le

,

Gigoux

et qui a été inspiré à

essais,

l'industrie;

Allemagne

1806,

(il

sans

Hambourg,

premier Empire,

le

doute

mais l'homme, recevait, dit-on,

fameuse M™'= de Krudener),

le

apportant

fut

assez

poste d'inspecteur

fonction qu'il exerça plus tard à

Lyon

jusqu'en 18 17.

Les

fils

s'élevaient sous l'aile de parents afi'ectueux,

parler de littérature,

naturellement

ils

d'inventions nouvelles

durent fréquenter

la

applicables

entendant

aux arts;

haute société administrative

que recevait leur père.

En

i8i3 l'aîné des trois frères,

Charles Johannot,

était

déjà


ALFRED ET TONY JOHANNOT

graveur

on a

:

de

compositions

d'après les

pour VAminta

des estampes

lui

ïSi

fécond illustrateur de

d'un

du Tasse,

De-

livres,

senne. Il

probable que

est

retirait

père menait un certain train dans les

Sans place à

occupait.

postes qu'il

le

1817 à Saint-Maur avec

en

vivre du travail de

Charles,

Le père meurt,

toute

sa

famille,

il

réduite

se

à

des enfants.

l'aîné

meurt.

l'aîné

chute de l'Empire,

la

Alfred

Johannot,

Ce

vingt-quatre ans, reste seul avec son frère Tony.

âgé de

alors

fut alors

une

de ces affections idéales qui font penser aux amitiés des anciens

romans allemands.

Des deux

frères

songeur,

l'un était méditatif,

maladif; l'autre souriant, avec de beaux cheveux bouclés. C'était

Tony. Sa bonne mine, son attiraient

chacun

mandes.

Pour vivre

et disposaient les

éditeurs

acceptèrent

ils

prévenaient en sa faveur,

air ouvert,

à

lui

faire

des com-

tout ce qu'on réclamait

leurs burins; mais à voir leurs premières gravures froides et

de

com-

merciales, on ne pressent pas les délicats vignettistes qui devaient

créer un

se

nom

à côté des meilleurs maîtres de l'époque. Les

deux frères exécutèrent un certain nombre de planches jusqu'au jour où

une bonne

régnait

roi.

C'est

celui

à

d'introduire

des

faisait

Tony Johannot chez

singulier, VHistoire

vers le salon de l'Arsenal. rois

et

les

ne

qui

éditeurs.

la

bonne fortune

Celui

de sujets venait de concevoir son

du

roi de

Bohême

et

piquantes

un ouvrage mi-partie satirique,

Tony Johannot

se

rencontra à point pour

réputation de

poète,

qui

avait

livre le plus

de ses sept châteaux.

mi-partie le

c'est

images

fantastique.

romancier.

de conteur, de peintre,

presque toujours dans un petit groupe;

jamais

fut

un talent plein d'imprévu pour relever par des

fallait

Une

qui

poussa

les

Charles Nodier que fut réservée

déjà écrit sur tant

11

étoile

commence

par ce tribunal de


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

252

bon

pairs qu'il est

Le

d'être jugé.

salon de Nodier ne ressemblait

en rien à ces coteries académiques qui poussent en avant de solen-

Les Johannot bénéficièrent de

nelles médiocrités.

qui

lectuelle

sommités en vue, avec

lièrent

en

soufflait

femmes

les

endroit

cet

à la

romantiques

les

ils

;

mode

rencontrèrent

y

les

qui donnaient le ton,

renom

plus en

le

liberté intel-

la

pied

prirent

et

se

sur un terrain où les audaces littéraires, remplaçant les coups de lance

anciens

des

compagnons

encouragées

et

étaient

tournois,

par des sourires

Tony Johannot

eau -forte que

page

(voir la vignette

applaudies

par de vaillants

La

féminins.

années

publia à quelques

jolie

de

n indique-t-elle pas un souvenir recon-

98)

naissant pour les hôtes de cette maison sans prétentions, ouverte

cordialement

si

à

tous

chose vibrer en eux

Figurer parmi le bruit

sans

jeunes

les

gens qui sentaient quelque

?

les familiers

de l'Arsenal

était

un brevet;

déjà

de cette distinction se répandait dans Paris qui admettait

conteste

cette

devint à la

mode;

de l'amour,

jetait

il

élection

Ce ne

premier degré. Tony Johannot

avait l'expansion,

l'amour du

gaiement l'argent par

vait toujours, par hasard,

monnaie au

au

l'amour

plaisir,

les fenêtres

il

:

se trou-

quelques femmes pour en attraper

la

vol.

fut

pas

le

cette association des

lot

du mélancolique Alfred Johannot.

deux

frères,

Tun me paraît avoir joué

Dans le rôle

de Tiberge, l'autre de Desgrieux. J'entrevois ceci dans Tattestation suivante

d'un contemporain

Johannot, disait

Il

emportait avec

grandes vertus de

qui,

parlant

de

la

mort

d'Alfred

:

lui,

non toutes

les

bonnes

qualités,

la famille, la sérénité religieuse, la

non tous

les

modération dans

talents, la

mais

conduite,

résistance courageuse aux entraînements de la passion, l'accomplissement ferme

silencieux du devoir.

Tony

n'avait pas

les la

et

lui-même de plus solide vertu que son attache-


ALFRED ET TONY JOHANNOT

ment passionné pour son Mentor,

il

s'était fait

frère;

boussole

il

lui déférait

un impérieux besoin de

lui-même, et conservant dans et sans

il

le

pour

V;G NETTE le

tout,

Sii/oiî

ainsi

dire,

Ce

fut

la

un

comme

à

un

Livré désormais à

jour, victime de spécula-

le

DALl'RED JOHANNOT, Je

iS3i, de Gustave

['lanclic.

sommes

considérables que versait

concurrence des éditeurs*.

deuil

général dans

mort d'Alfred Johannot, non point chroniqueurs de journaux.

I.

obéissait

jamais effacé, sans guide

s'est

au jour

tions malheureuses et ne sachant rien garder des

dans ses mains

lui

il

cette tutelle salutaire.

cœur un chagrin qui ne

se mit à vivre,

pour

en

253

les

lettres

le deuil

et

les

arts

que

banal conduit par les

Ceux qui avaient connu Thomme

Charles Lenormant. Biographie universelle.

la

le


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

234

pleuraient en silence.

Le

7

[iSSy], à cinq heures

décembre

y

jours et crachait la poitrine

il

le

la tête

soir, est

:

mort Alfred Johannot.

Tony

avait passé la nuit chez lui avec

:

«

ne vivra pas trois mois.

Il

sang. Avant sa maladie

il

n'était

»

toussait tou-

Il

que graveur; depuis son attaque à

devenu peintre de premier ordre.

était

émues

les lignes

morte d'Alfred Johannot.

que nous disions

avait dix ans

du

mort de Gigoux, qui

hier sa

appris

Johannot pour peindre Il

pour témoignage

voilà

du journal intime d'Alfred de Vigny

extraites

J'ai

En

On

eût dit que les souffrances

avaient développé en lui l'intelligence et l'avaient élevé plus haut et porté plus près du

beau idéal

'.

faut

Il

ne pas avoir une

âme

vulgaire pour mériter ce sou-

venir d'un poète d"essence aristocratique, qui n'admettait dans son

que des natures

intimité

délicates.

Je citerais bien encore,

s'il

nécessaire,

était

un

article

sur les

Johannot par Jules Janin. Mais quel ronron de pacotille que

du

critique

du Journal des Débats

humains sont à

tirer

d'un canut lyonnais

qui,

citoyens

des

la poursuite

déjà beaucoup

fréquenté

ce

frères;

faut

il

la

pour deux

monde. les

en

la

feuilletant

et

de

la

société

il

traits

dit

X.

avoir

les

route

pas accidentée. Alexandre

fut

rencontrés au nombre

de Rambouillet, marchaient

Deux

lignes

de

consacré presque tout entier aux choses

livre

I.

sur

Charles

de

de

!

Mémoires,

ses

comme peu

de cette manivelle aussi fatigante que celle

La biographie des Johannot ne Dunias, dans

et

celui

On

artistes sait

qui

ne

mention

de théâtre

paraissent

est

un c'est

:

pas

donc peu de choses sur

étudier dans leur œuvre; elle est facile

dans

à

avoir

les

deux

parlante et

de se faire une idée du petit

art

de l'époque.

Alfred de Vigny. Journal d'un poète, recueilli

et

public sur les notes intimes d'Alfred de

Vigny, par Louis Ratisbonne. Paris, Michel Lévy, 1S67. In-i8.


ALFRED ET TONY JOHANNOT

L'œuvre des Johannot

est

255

quelque peu trouble, surtout aux

débuts, alors que les deux frères répondaient aux

commandes des

marchands d'estampes. Continuateurs du commerce de vignettes de

Desenne,

de portraits

entrepreneurs

de

personnages histo-

riques', toute cette besogne, ce gagne-pain quotidien, ne donnent

pas une idée

du talent

des

deux

artistes.

Il

i83o

fallut

pour

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour YHistoire de

le faire

jaillir,

la vie et des

ouvrages de Chateaubriand, par Scipion Marin (|832).

et c'est à cette

tinrent surtout à

date que romans, poésies, appar-

Tony Johannot dont

le

crayon

était plus fécond,

plus vif et plus varié que celui d'Alfred.

Souffreteux, vignettes

mélancolique,

I.

Voir ».

la

semble

s'être

réservé

les

méditatives plutôt que celles des romans; Alfred Johan-

not devait se complaire

Johannot

Taîné

à

la

lecture des

poèmes de Lamartine,

collection publiée en iS^o par Rlaisot, d'après Devéria, et gravée

par»

les frères


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

256

aux relations de voyage de Chateaubriand

:

son crayon d'un senti-

La

mentalisme religieux correspond à cet ordre d'idées.

âme

des romans de l'époque blessait sans doute son nable

Première Communion de Delécluze,

et la

impression-

en illustra quelques-uns, la Confession de Jules Janin

s'il

;

brutalité

Harmonies poétiques

les

Voyage en Orient de Lamartine, auxquels

et religieuses, le

prêta

il

son concours, indiquent bien un choix de sujets, un partage de

besogne entre affronter

deux

les

Tony, grâce à sa légèreté, pouvait

sans danger les orgies et les mauvais lieux peints avec

complaisance par

enthousiastes du

les

se plut à représenter

hommes

frères.

âge. Alfred Johannot

mélancoliques, des songeurs, de jeunes

des

drapés dans

moyen

de longs

manteaux,

réfléchissant

dans

le

désert ou interrogeant l'horizon, appuyés sur le fût d'une colonne brisée.

Ce

fut sa note bien particulière.

Les deux

Alors

romanciers.

patronnaient

qui

une

s'établit

Tony Johannot

juger.

la

fut

il

au nombre des quelques

Revue des Deux Mondes;

pour donner à

en dessina

la

qu'un

réputation

publication entrait dans une nouvelle directeur et

aux poètes

artistes s'étaient joints étroitement

la

voie,

fit

il

Revue

jeune

seul

aux

et

fera

fait

hommes

choisis

alors

que cette

partie

du comité

ton

le

à

la

mode

couverture (voir la vignette page 112).

Nous n'entrevoyons pas précisément ce jour; l'être patient qui

si

Revue sous

la doctrinaire

longtemps creusa

propriété avec une lourde charrue, Buloz, on

les

sillons

a peine

de sa

à se l'ima-

giner en compagnie du spirituel et élégant dessinateur. Tout ce

monde

eut son jour de jeunesse, pas bien long

la vignette

daire vint

est vrai.

élégante ne tint pas longtemps sa place

couverture

du

il

concours

saumon du grave de

l'ingénieux

recueil

artiste.

;

mais

Dans

les Michelet, les Quinet, les Jouffroy, devaient

sur

cet

on

la

se

Aussi légen-

sou-

endroit

oii

semer des graines


ALFRED ET TONY JOHANNOT

nouvelles

d'histoire et

avoir

regardé

ristes,

A

été

257

me

paraît

famille des poètes et des

humo-

de philosophie, Tony Johannot

comme

de

la

Alfred de Musset, Henri Heine, à qui tout était permis. la

même

époque,

d'images colorées

Tony Johannot

les contes,

les

récits,

appelé à faire précéder

fut

romans de Balzac, de

les

Victor Hugo, d'Alfred de Vigny, d'Henri Martin, d'Eugène

Sue,

du Bibliophile Jacob, d'Alphonse Karr, de George Sand, de Roger

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour

les

de Beauvoir, de romanciers qu'ils

Mauvais Garçons, d'Alphonse Royer

Méry

et

et les poètes

témoignaient

l'entrée de leurs

mariant avec

matiquement

la

à

livres

Aug. Barbier

de tant d'autres.

J'ai

(i83o),

que

dit le cas

les

faisaient de ces frontispices, la gratitude

l'auteur :

et

de

tirées sur

typographie des

prédisposaient

le

si

piquants

motifs

éclairant

papier de Chine volant ou se

titres,

public

ces vignettes conçues dra-

en

faveur

de

l'œuvre

nouvelle. Il

semble que certains auteurs, ayant conscience de

la

misère 33


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

a58

de leurs imaginations

et

du peu de crédit qu'elles trouveraient dans

Tony Johannot pour

l'avenir, se soient accrochés à

à rindifférence'

Eisen

les

et

;

en

ingénieux, tant de fades

conservé,

poèmes du

à leurs crayons

grâce

xvin^ siècle.

donc un magicien que Tony Johannot qui donnait vie

C'était

à de

ont

soustraire

même que

sauva leurs livres de

effet l'artiste

Gravelot

les

les

prose ennuyeuse, à des vers mal venus, mais un aimable

la

Un

magicien.

de plume,

trait

amusé à comparer avec devaient

vignette

la

Johannot

inspirer

charme

le

et

,

les

me

suis parfois

singuliers

textes

admiré

j'ai

crayon se pliant aux interprétations

opérait. Je

souplesse

la

les plus contraires à la

qui

d'un

nature

de l'homme.

Un

me tombe

livre

sous

la

main,

les

Saynètes- de Paul Tou-

Tony Johannot du

cher. Si on rapproche l'image de

texte suivant,

on verra quelle heureuse fée présida au talent du dessinateur permit de rendre

lui

Théodore. j'ai

tout

pourtant fatalité

prix. '

II

commis

fait

un

Que

scélérat...

Madame d'Ofelly.

devenir?...

mais

Commettre tous

je vais le devenir!...

et je

N'approche

veux

pas!...

la posséder...

qui

que tu

amène Théodore jusqu'au corps de M.

éclats de rire effrayants.)

Vous

3.

le

Léontine

!

n'approche pas!...

tous, pauvres

la

malheureux que votre

pensée de votre livre

Ch. Béchet, i83o.

Fatalité. Saynète.

?...

Tiens,

d'Ofelly, puis s'enfuit avec des

^

pleine de finesse et d'expression. 2. Paris,

d'en recueillir

Et

La

!

regarde...! [Elle

1. «

jette son fusil.)

est-elle?...

sois...

femme

crimes!...

— Quels mots insensés — Oui, vois-tu ce sang rouge dans ses cheveux blancs

Madame d'Ofelly.

Johannot

les

:

tonnerre est tombé sur cet homme... Vois-tu? C'est électrique...

le

Théodore.

à

(Il

mes actions ne m'empêchera pas

subir la peine de

Léontine est une belle femme,

Vois-tu?

imprécations romantiques

Rapt, adultère, inceste, parricide, pour cette

est mort!...

et inutilement...

je ne suis point

qui m'a

les cris et les

et

«

et

il

vous

[L'Artiste,

ln-8".

t.

astre en naissant a créés romanciers, la

III,

donnez

montrera tout entière dans une vignette i832.)


ALFRED ET TONY JOHANNOT

Par

cette

romans de

des

i83o à 1840.

Rapt,

juge du ton de la plupart

adultère,

inceste,

parricide,

constamment en danse.

fatalité sont

Le

saynète, qu'on

sanglante

259

batailleur philosophe P. J.

Proudhon me

un jour de

parlait

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour Vertu

son désir d'étudier effrayé aussi ferrés lire.

du

Tempérament, du Bibliophile Jacob

la littérature

bien de voir tant

philosophe

romantique

choi.x

jusqu'à un certain

(i833).

et je

poussai un

de livres écrasés sous

franc-comtois

Je ne songeais pas alors au rôle

au polémiste un été

et

les

cri,

sabots

que du déluge d'oeuvres à des vignettes.

On

eût

fait

d'images, avec citations à l'appui, qu'il eût point au courant des

singularités de cette


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

26o

littérature eût-il

mais

;

admis

la

rhéteur, médiocrement initié aux choses d'art,

le

portée de semblables petites vignettes

Je préfère m'en rapporter à un autre critique,

'

Dans son Salon

Gustave Planche consacre quelques pages à Alfred

et

comme

de

Tony Johannot

rend compte de

il

;

tableaux et son opinion a du poids

Le public

consulter

qu'il faut

lorsqu'on traite des arts de l'époque romantique.

de i83i

?

leurs frontispices

:

elles artistes conservent tout récent encore \q sons tmr

personne n'a pu oublier

d\i

Roi de Bohême;

fantasques inventions dont M.

les délicieuses et

Tony Johan-

not a su embellir ce ressouvenir ingénieux de Sterne, de Rabelais et de Béroalde de Verville.

Cruikshank pour trouver quelque chose à

faut aller en Angleterre chercher

Il

opposer aux compositions variées

et

indevinables de

Tony Johannot. Sans

lui,

en

effet,

Charles Nodier n'eût pas été complètement compris. C'est une forme nouvelle et vivante ajoutée à sa pensée, c'est une note inattendue, un son imprévu, un accord inouï sur l'instrument qu'il manie

si

Tony Johannot

habilement.

lui a

rendu

Cruikshank aux admirables pamphlets publiés sous Georges IV, anglaise s'égayait tous les soirs.

Faust de Gœthe, ce bien grand et

et

Il

a fait

qu'il fera peut-être

le

même

et

dont l'aristocratie

pour Nodier ce que Delacroix pour

le

service que

a fait

pour

le

Gœtt^ de Berlichingen. C'est un bonheur

bien réel pour un artiste, quel qu'il soit, de voir sa pensée qu'il a conçue

rêvée complète et armée de toutes pièces, mais

un nouvel

a traduit

Gil Blas et

effort

Don

a,

malgré

lui,

livrée

aux

renouvelée, rajeunie, complétée par une métamorphose

curieux, boiteuse et mutilée, habile, par

qu'il

de

l'art,

mais de

Qiiixote,

l'art

aidé d'autres moyens. Et ainsi Smirke

sans nul

et,

doute, Le Sage et

Cervantes s'en

collaborateur

l'interprète

trouvent bien.

Gustave

Planche

n'oublie

pas

le

constant, le graveur intelligent sans lequel raient d'accent

Dans

le

et fidèle,

I.

Tony Johannot ne

mais qui

lui

Sans Porret, nous n'aurions pas

les

Paris, impr. PinarJ,

i83i. In-8".

s'était

montré

n'était pas lui, qui respectait

mais qui cependant

détails de sa fantaisie,

se passer.

ces vignettes

manque-

:

Roi de Bohême,

d'un artiste habile

,

était

à

nous qu'à

jusqu'aux

indispensable, dont

croquis du Roi de Bohême.

il

l'aide

moindres ne pouvait


ALFRED ET TONY JOHANNOT

tout

Gustave Planche,

avec une sûreté de regard très juste,

Ici,

201

en rendant justice à ses amis, ne semble pas partager les

ceux qui croyaient trouver dans

illusions de

Le morceau

de peintres.

d'être cite dans son

entier

Les eaux-fortes dessinées

et

fait

les

deux frères

honneur au critique

et

l'étofiFe

a besoin

:

gravées pac

MM.

A. et T. Johannot, pour

les

romans

de Fenimore Cooper, égalent ce qu'on connaît de mieux en ce genre.

IV.î.'.MÏ.t 'j^.

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour Stcllo ou les Diables bleus. d'Alfred do

Mais tous deux ont bientôt compris tout ce la

gravure,

minement

si

habile et

vers

un

aucune école, ne

mêmes

et à

si

souple qu'elle

art plus

se sont

eux seuls

le

complet

et

soit.

Ce

qu'il

Vigny

(iS32).

y a de lent et de

n'a été

monotone dans

pour eux qu'un laborieux ache-

plus haut, vers la peinture.

formés aux leçons d'aucun maître

;

ils

Ils

n'ont étudié à

ne doivent qu'à eux-

talent original et personnel qu'ils viennent de révéler dans

langue nouvelle. Cette langue, qu'ils ont apprise

comme

par improvisation,

ils

une

ne

la

parlent pas encore avec une aisance complète. Parfois, on sent que l'instrument ne se plie pas

docilement à tous

les caprices

de leur imagination

naturelle et bien excusable, ne saurait durer longtemps.

;

mais cette hésitation, bien

Encore quelques mois,

et ils


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

202

auront complètement aplani tous

deviennent plus avec

une

nature,

la

varie's,

la

qui ralentissent leur marche. Qu'ils se

les obstacles

A

défient pourtant de leur prodigieuse facilité.

mesure que

mesure

plus complexes, à

permis de lutter de plus près

qu'il est

critique devient plus exigeante et plus sévère.

eau-forte, ce qui satisfaisait

moyens mis en usage

les

Ce qui

était

Porret, pouvait raisonnablement passer pour un croquis à la plume, ne la peinture à l'huile. Les tableaux exécutés pour Walter Scott par

not, et dont plusieurs déjà, et la meilleure partie, sont

connus par

la

la

T. Johan-

et

gravure en la

même

taillefacilité

sûre d'elle-même, habituée à l'improvisation, singulièrement heureuse

et

dans ses fantaisies; pas de

plus dans

suffit

MM. A

douce, se ressentent un peu des premières études des auteurs. C'est

abondante

permis dans

dans une gravure sur bois, ce qui, grâce à l'habileté de

c'est

un choix éclatant

peinture solidement

et l'on a tout lieu d'espérer

Le hasard m'a

fait

faite.

que

Sous

et varié

le

mieux ne

le

de tons et de couleurs, mais ce n'est

bien qu'on y trouve, on devine

mieux,

trouver un des cartouches qui servit à l'orne-

mentation des Cent-et-Une Nouvelles^.

Tony Johannot,

Roqueplan dessinèrent de

Tellier, Camille

le

longtemps attendre.

se fera pas

Jules David,

petites vignettes insérées

dans des cartouches composés par Chenavard, Arnout,

que se montre Tony Johannot dans sa gentillesse

etc.

et qu'il

C'est là

triomphe

facilement de ses rivaux. Peintre de figures plutôt que décorateur,

Johannot bat à plates coutures l'ornemaniste

si

célèbre sous Louis-

Chenavard, l'homme aux surtouts du duc d'Orléans,

Philippe,

compositeur de vases de Sèvres, l'ouvrier compliqué

Mais

c'est

qu'excella Ils

dans

représentation

1827,

femmes de l'époque

:

les

époque quatre ou cinq dessinateurs spéciaux

frères

Alfred et Tony,

Nanteuil, Camille Rogier; on peut vers

des

et prétentieux.

Tony Johannot.

étaient à cette

de mérite

la

le

même

Gigoux,

Jean

Célestin

y ajouter Henry Monnier,

avant qu'il ne fût enveloppé par

la

«

rotonde

»

de

Nessus de Monsieur Prudhomme. Tony Johannot l'emporta sur I.

Les Cent-et-Une Nouvelles des Cent-et-Un, ornées de cent-et-une vignettes, dessinées

gravées par cent-et-un artistes. Paris, Ladvocat, i833. 2 vol.

par ["éditeur

comme

devant former six à huit volumes;

par suite du peu de succès de

la

publication.

il

in-8°.

Cet ouvrage

n'en parut

était

et

annoncé

que deux, sans doute


ALFRED ET TONY JOHANNOT

tous

par

héroïnes.

charme de son crayon

le Il

sut

convention et

il

et les

interpréter à sa façon resta

sans

rival

dans

jolies

263

attitudes de

ses

un certain moyen âge de la

peinture des

femmes,

ses contemporaines.

»53^ l^j^^Aa^ „,^^

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour

Que

ses petites

les

Cenl-et-Une Nouvelles (i833).

poupées fussent échevelées aux pieds de sou-

dards farouches ou qu'elles soient mêlées à un drame conjugal,

vous

trouverez toujours de gentilles personnes fort

regarder.

Ne

souriez

pas,

je

vous en prie,

agréables à

de leurs peignes à


LES VIGNETTES ROMANTIQUSE

264

girafe,

la

non

dames sont

que de leurs manches pagodes. Ces petites

plus

comme

habillées

pour

faut

il

les

drames auxquels

condamnaient de farouches romanciers. Déjà archaïques,

les

entrent

dans

ravant par

On de

vit,

Moreau sous

souverains

véritables

Alexandre

Dumas

que

Victor

et

ou d'Hernani (car ce furent

III,

ces

de

rois

théâtre

moyen âge

figures

et

que

tels

architecturaux

Renaissance, et jucher dans des niches des

la

angéliques

par

créés

Hugo), des aquafortistes,

Célestin Nanteuil, combiner dans leurs frontispices le

aupa-

siècle

Jeune.

le

règne de Henri

le

femmes un

-uvert aux

Panthéonnet

le

elles

que M"°

telles

,

Don Juan

de

Marana ; mais

représenta

la

femme de i83o avec

ment, sa croyance à toutes

nul

Ida

les

interprétait

mieux que Tony Johannot ne séductions,

ses

idées romanesques

les

dans

son dévoue-

qui Tenvelop-

paient.

Quelles

Comme et

jolies

l'oreille se

combien ces

de prières,

attaches

de nuque avec

les

cheveux

relevés!

détache délicatement sur des boucles vaporeuses

fines

oreilles

durent entendre de désespérances,

passionnées,

de paroles

fatales,

suppliantes,

impé-

rieuses!

Un

certain

mobilier dont

aux

Tony Johannot

jolies filles surpris

jaloux

que

nombre de canapés

;

couchettes

forment

cadeau aux beaux jeunes gens

sont rendues avec

discrétion

et

Comment

sur

et

de

la

lui

:

un sopha, sans remords

Elle ouvre à tout venant et sa

emportements

le

quelle

bonne volonté qu'y met une héroïne, on ne peut

appliquer les vers d'Auguste Barbier

Les

de

en conversations criminelles par d'affreux

mais ces scènes

soit la

fit

et

jambe

passion,

et sans peur,

et

son cœur.

les

gourmandises

de

la


PL. VI.

FAC-SIMILE

DUNE LITHOGRAPHIE DEJGODDE

pour Eu^éjue Grandet, d 1834

llonorf;

d".

Balzac.



ALFRED ET TONY JOHANNOT

Tony Johannot

chair, le

une

avec

traita

les

265

roman, grâce aux frontispices de cet ingénieux

le

En regardant pense

à

paraître une

femmes des

les

jeune

fille

démarche gracieuse à

Ce sont de portions.

la

à

dictions

«

:

alors

vit

Il

semblable dans sa

élégante,

taille

»

de vaincre, ces aimables

elles; sûres

trop du langage

pas

roman.

tenir dans le

oriental

souples dans d'heureuses petites pro-

mignon en

est

poète

perdrix des montagnes.

créatures ne s'inquiètent fait

la

Tony Johannot on

vignettes de

d'un

petits corps

Tout

blesser'.

dessinateur l'entrevit toujours poétiquement.

description

cette

maître,

petit

pouvait tomber sous les yeux des demoiselles sans les

La femme,

que l'auteur leur

Courbées en apparence sous

du mari ou de l'amant,

un certain

elles ont

air

malé-

les

de repentir

qui donne à croire qu'elles recommenceront le lendemain. s'expliquent-elles

resté

est

un

l'aide

de ce procédé,

plus variés, depuis

que par

ses

le

Tony Johannot

Plus tard

«

le

Un peu

fleurons

et

Tony Johannot

inquiet de rextrtme

d'iiffiriiier

ses

et

de blanc que ren-

graveurs

les

put se

sur

bois

aux genres

plier

la

;

à les

méritaient guère.

entreprit

le

titre,

de plus grosses besognes,

le

prennier éditeur, au

dessinateur en ce temps à

l'incontestable moralité de sa publication.

Une

croix,

Préface de

la

deuxième édition de Louisa on

les

moyen d'une

mode,

la

une

une couronne de roses blanches ne pouvaient évidemment servir d'enseigne (Regnier-Dcstourbet,

l'art

culs-de-lampe une popularité à

franchise du

due au crayon de Tony Johannot,

moyen

noms de

gracieux jusqu'au fantastique, communiquant

de médiocres écrivains qui ne

vignette

noir

merveilleusement en fac-similé

daient

pourquoi

c'est

agréables

leur

jolie petite auréole.

avait trouvé des alternances de

Il

I.

plus

des

et

livre,

Ainsi

débitant

frontispice,

le

porte du

la

romantique, enveloppé d'une

rien

sur

façon

leur

à

ingénieux petit boniment à

Tony Johannot

que

délicatesse telle

à

avait trouvé

un

tête

de mort et

livre éhonté. »

douleurs d'une fille de

joie.)

34


266

LES VIGNETTES ROMANTIQUES

rillustration des

œuvres de Cervantes, de Molière, de Goldsmith,

de Gœthe

;

le

catalogue des livres quil illustra serait beaucoup

trop nombreux; je préfère les friands morceaux qu'il mit en tête

des livres modernes,

la

page

qu'il ajouta à

tant de pages;

c'est

dans ces petites pièces poétiques, dans cette succession de sonnets dessinés qu'il faut

le

chercher.

Xwt-ir$OUC

il

recula..,^

Le

càtlavro se levait.

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour l'Écolier de Cluny, de Roger de Beauvoir {i83j).


CHAPITRE XXV NANTEUIL

CELESTIN I

On

fréquemment dans

voit

tableaux des maîtres primitifs

les

des personnages agenouillés, joignant

de quiétude et jamais ridée par foi

dans

le roi,

le

repos de

d'où

le

dans

la vie.

prêtre,

semble

11

en fut à peu près de

du romantisme. L'art étant envisagé rayonnait

autour

de

des

face

la

comme

de

fissent

ne

demandait pas

combattants on leur apprenait à sur la tête de quelques Turcs tragédies du premier

Empire,

arriérés retranchés dans

der ceux qui donnaient car

souffler

lui

il

avait

M.

était

la

Ingres;

les

distribuer

les

parmi

de

;

braves

Aux bandes

à condition éveil

le

qu'elles

courage des

force coups de poing

membres de l'Académie,

bande

de

malgré

de l'avant,

la

jeunesse,

foi

il

il

allait

de

comman-

le

crâne des

douceur.

sa

lui-même,

Le

de l'avant, de

soufflait

Nanteuil était sorti pourtant de

mais en ce temps-là,

les

du Constitutionnel.

plus fameux horions sur

d'aller

un nimbe

Racine, Voltaire, les faiseurs de

:

forteresse

chef

ordonné

l'enthousiasme

siasme. Célestin

de

au début

chefs

Célestin Nanteuil mérita par sa vaillance et sa

cénacle

même

bannière romantique,

de penser,

preuve d'enthousiasme. Pour tenir en

infidèles,

placidité

aïeux étaient partis pour les croisades.

leurs

i83o on

la

la

sacerdotal,

principaux

garçons marchaient confiants à l'ombre de

comme

de Tâme,

tranquillité

la

qu'il

Ces personnages ont

pensée.

la

la figure pleine

haut baron qui pensent pour eux,

le

l'esprit,

mains,

les

l'enthou-

l'atelier le

austère

peintre

des


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

268

entraîner par échappées aux tenta-

classiques contours se laissait

de

tions

couleur.

la

Ne

sont-ce pas d'ailleurs les élèves les plus

comprimés par l'enseignement des écoles qui deviennent

parfois,

sortir des bancs, d'effrontés perturbateurs?

au

Théophile Gautier, qui, vers

la fin

de sa

de quel-

vie, a parlé

ques-uns de ses compagnons avec un grain d'ironie, dit de Célestin

Nanteuil

Comme

il

On

«

:

d'un blond de

était

homme moyen

eût pu l'appeler le jeune

lin,

âge.

»

sa barbe future ne produisait le long de ses joues

qu'un coton blanc soyeux, pareil à un duvet de pêche visible seulement à contre-jour, et

il

fille.

gardait Il

le

sexe indécis des êtres surnaturels composés de l'éphèbe et de la jeune

avait l'émotion et la

pudeur

Ce bout de croquis il

convient de

le

qui

a toutes

la poitrine,

apparences de

les

compléter par l'habit

bleue boutonnée à ressortir la grâce

faciles et rougissait aisément.

Une longue redingote

«

:

réalité,

la

ayant une coupe de soutane,

faisait

un peu gauche, mais non sans élégance, du jeune

artiste timide. »

On

a là au début une sorte de Jehan

au milieu diesse

des

quand

le

femmes,

rompant

beau page

fut

de Saintré, embarrassé

toutefois

armé

des lances avec har-

chevalier.

Un ami

de Célestin

Nanteuil, son élève et son compagnon, m'a fourni pour ce portrait

une touche qui

manque

rapproche encore plus

le

à

celui

de

Théophile

Gautier

graveur du soupirant de

la

et

qui

Dame

des

Belles-Cousines.

Une femme remuait luttait

toute la littérature, une actrice qui

alors

de frénésie, de passion, avec Frederick et Bocage.' L'ar-

dente Dorval, qui a laissé un sillon l'œuvre

des

amoureux,

poètes

de

son

temps,

amoureux timide.

fenêtres de l'actrice!

me

dit

particulier

si

Célestin

Que de

M. E.

H

nuits ,

dans

Nanteuil il

passa

la

vie

en sous

et

était les

son confident d'atelier.


EAU-KORTE DE Froiuispii.-o

CF.

I.

EST IN N AN TE

du Musée, Salon Je i>i34, par

U

Alcxaiidri;

11..

Docamps



CELESTIN NANTEUIL

qui

pu

aurait

L'artiste

se

déclarer;

pas cruelle.

n'était

il

eut

271

écouté par

été

la

femme

Nanteuil se contenta du rôle de

Célestin

soupirant discret.

Combien

comme

Pouvoir regarder

ché!

parfum d'un flacon qui

reste pur le

à

une

soi

pas débou-

n'est

actrice,

dévorer du

la

regard, l'applaudir, l'attendre à la porte du théâtre, suivre à toutes

jambes

qui l'emmène, se dire

la voiture

demain qui

reculer de jour en jour ce la

mort,

la tête

savoir

sans

qualités,

l'intérieur, est

parlerai demain,

lui

parfois se prolonge jusqu'à

contenter d'un regard

se

par hasard, détourner

femme que

ses

coquetteries, sans exigences, sans le prosaïsme

de

l'idole

si

Je

:

vous regarde, ne connaître de

un

idéal

la

que seuls sont appelés à savourer certains

êtres délicats.

Dans teuil

les capricieux

entourages d'eaux-fortes de Célestin Nan-

on trouve, au milieu d'enroulements bizarres de gnomes

de saintes, des profils de

Dumas

aux fameuses déclarations d'A.

...

Et

C'était

Pour vous,

mon

La il

je

âme —

de

si j'y

années de réaction.

là,

la

croyais

la

vie!

!

pointe du graveur retra-

son cœur.

peu accidentée. Jusqu'en 1840 romantique;

cause

:

mais à

quelques

entre 1844 et 1845, devait se produire une fâcheuse

Le drame

à la saine tragédie disait-on.

noble

ma

époque

celle qui emplissait

vie de Célestin Nanteuil fut

combattit pour

à cette

donnerais

un bonheur plus pur quand

çait sur le cuivre l'image

Cela ne ressemblait guère

Dorval.

la

et

à spectacle avait fatigué le public

;

un retour

s'annonçait, avec des grandeurs cornéliennes,

Les Burgraves de Victor

que Tancrède de Voltaire; sans

Hugo

respect

journaux tiraient leurs barbes blanches.

étaient aussi les

polissons

malmenés des petits


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

272

Théophile Gautier rapporte que Célestin Nanteuil,

gens!

^

»

Autant dire

jolies

les

mélancoliquement

répondit

«

:

poursuites

amandiers ne donnent plus de fleurs roses

les

Nous

les

montagnes russes de

les

du Palais-Royal

!

ils

Talma,

admiraient

Tivoli,

la

Hollandaise

la belle

ne peuvent se consoler de ne plus jouir

qui

et

des garçons,

gens à tête chauve qui,

connaissons ces regrets des

gravement, disent que de leur temps Chaumière,

de jeunes

plus

l'herbe tendre ne pousse plus au printemps,

:

ne sont plus émues des

filles

a

n'y

11

de

des infortunés Bur-

recruter des bandes pour venir à la défense

graves

sollicité

de ces merveilles.

comme

Les jeunes gens existaient en 1844 tout

A

disposés à

l'apparition

faire

de

sieur

Ponsard

fusil,

un parterre

coup de

le

nébuleuse et

la

poing

en

hostile à

la

pluie

de

des

que

bleus

Mûrger, nous

un

et

les

temps

certain

dont nous

avions

mon-

coups de crosse de

à

perturbateurs

en

nous conservâmes

avaient octroyés avec férocité non seulement

gardes municipaux, mais des notaires, amis de

les

maître.

vers honnêtes marchant

sentencieusement deux à deux. J'étais avec

compagnie de

du

faveur

étaient

ils

chaste Lucrèce du sage

municipaux balayèrent,

les

en 1882;

troublé

les

en

plaisirs

nous

la saine poésie,

réfugiant

dans

leur baignoire.

Qu'un mot eût

circulé à l'hôtel César, tout

un clan de futurs

peintres, poètes et romanciers fût descendu résolument pour accla-

mer

Burgraves à

les

Lucrèce à l'Odéon. jeunesse

:

découragé,

la

Comédie- Française

Célestin il

Nanteuil

assistait

à

la

ne

et

«

tomber

connaissait

pas

»

la

cette

débandade des meilleures

troupes. Gustave Laviron, qui jadis avait défendu chaudement les

lycanthropies de Pétrus

Borel, peignait

pour l'œuvre de M. Ponsard;

la

actuellement

les

décors

Dorval, Bocage jouaient les prin-

1


CELESTIN NANTEUIL

ayS

cipaux rôles d'une tragédie romaine. Renégats du romantisme que cette

Adèle travestie en Lucrèce,

EAU-KORTB DE Frontispice de Marie

Une bande d'académiciens lever

d'avocats, -

l'étendard

nés

osait

C

Kl.

cet

Autony en Sextus

!

EST IN NANTEUIL.

TiiJor , de

d'avoués,

Victor

lliij^o

de

futurs

protester contre

de l'École du bon sens.

(iS33).

l'école

Ce

administrateurs,

romantique et

sterling

good

sensé, 35


LKS VIGNETTES ROMANTIQUES

274

qui

nous

mettait en fureur, appelait sur la personne

de Louis-Philippe, celle du général Cavaignac plus

la protection

encore celle du président Louis-Napoléon, car

tard, plus tard

hommes au

pouvoir,

de tout ronronnement académique.

L'immense succès de Lucrèce devait là

se traduire à quelques années

par un oubli profond; mais qu'importe aux bourgeois d'ado-

de laisser

ont brûlé,

rer ce qu'ils

ont

les

croyant obligés de défendre un certain

se

idéale se délectent à l'audition

de

de l'auteur

tomber en cendres ce

qu'ils

adoré et de revenir, décidément conquis, sacrifier aux autels

d'un Hernani

En

regardant de près

constate vers clair,

accommodé par

le

les

comédiens à

l'œuvre de

n'apparaissent plus

la

première

spontané;

de

manière

mode de 1880!

Nanteuil,

Gélestin

iSSg plus d'acquis que

blond de

la

libre

si

déjà

je

l'alerte,

le

et

colorée

si

L'homme commençait

que par échappées.

à

prendre du ventre, sinon au physique, du moins au moral. Contrairement aux vieux maîtres dont la et

qui poussent

teuil s'était

de graves

crinière

mâles rugissements, Célestin Nan-

et

modéré.

Célestin Nanteuil posséda une grande

de préoccupation pas pour

de lion s'épaissit

la

matérielle

de

son

plupart des romantiques

qualité en

L'argent

talent. :

art,

d'abord,

l'art

le

peu

n'existait

un

salaire

quelconque plus tard, salaire qui dans sa modération passait pour excessif et imprévu.

Un

un sonnet, un conte

dessin, une gravure,

étaient des produits qui, à aucun titre, ne pouvaient figurer dans la

Banque d'échange du citoyen Proudhon

admettaient la comparaison que déclarant

qu'un

qu'un rimeur,

batelier

le salaire

du

faisait

Rhône

et,

d'eux

en 1848,

les artistes

même

économiste,

le

étant

beaucoup plus

utile

de l'ouvrier devenait plus légitime à tous

égards que celui d'un poète.

En

gravant des eaux-fortes pour

les livres

des romanciers, des


CELESTIN NANTEUIL

dramaturges,

ment qui

amis,

ses

27?

Nanteuil

Célestin

au

obéissait

senti-

mettait une pointe en main et qui la poussait sur le

lui

cuivre pour la plus grande gloire

mais dont

donnant des

naïf et maniéré à la fois,

tout d'instinct et de verve, fleurs bizarres,

des romantiques. C'était un art

les racines

profondément

pas

n'étaient

enfouies en terre.

Quand

l'âge venant

Nanteuil

Célestin

devint

le

songer à une vie plus régulière,

fournisseur attitré

des

éditeurs

de

de romances sages qui n'avaient rien à démêler

mais

romances,

fallut

il

avec celles de Monpou. Les violentes oppositions de noir et de blanc,

messire Satanas pour chef d'orchestre,

diableries avec

séraphiques,

d'Almaégui

les

verrues des

les fous

et

comme personnages la

yeux qui n'étaient jamais d'ensemble,

gitanas aux

les

Clopin Trouillefoux

,

les

les

les

anges

marquises

de Tolède furent impitoyablement écartés

invraisemblables qui ne pouvaient que troubler

vue des jeunes demoiselles apprenant à chanter.

Une

pierre

belle

proprement

lithographique

travaillée,

des

hachures normales, un graine soigné, des personnages à physionomie «

gracieuse

commandé

devinrent

»,

à

lot

le

l'eau - forte

de

de

ce

mordre

frénétique

qui

planches

ses

jadis

à

avait

outrance

dussent-elles en crever.

Les secousses politiques se succédant, en

besogne industrielle

Les jeunes demoiselles chantèrent un peu moins de

souffrit.

romainces,

la

le

commerce de

Célestin

Nanteuil

baissa

;

il

fut trop

heureux de trouver à Dijon une place de Conservateur du Musée, la

même

qu'avait occupée un autre romantique également dévoyé,

Louis Boulanger.

Malheur aux sages dans dut

plus

d'une

fois,

les arts!

Le pauvre

dans cette tranquille

ville

Célestin Nanteuil

de

province où

l'herbe pousse à la fois entre les pavés et dans le cœur, regretter


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

276

son Paris,

de Claude FroUo, car

Paris

le

Huo-o ne quitta jamais

l'artiste.

1870 Dijon fut pris par les Allemands; les vaincus subirent

En

comme

Nanteuil,

Célestin

témoigne

le

cette

patriotisme douloureux, adressée à un ami

Depuis tantôt sept mois

dans l'ignorance

suis

je n'ai

pleine

lettre

Nous

étions et

malheureusement

très

ment de

la

il

est à

ici

les éventualités qui

ont pu surgir, pour eux,

définitif.

;

me

C'est à y renoncer. Je la clef

de gaieté.

fait

car l'occupation continue pour nous, et

craindre qu'elle ne soit pas près

des envies folles de mettre

et j'ai

au secret

Côte-d'Or étant probablement compris dans

jusqu'au paiement

de

:

des lugubres événements que nous traversons et qui manquent tout à

sommes encore

songeait

reçu aucune nouvelle de Paris, ni de nos amis, et je

plus complète sur

la

Hugo que

à Victor

C'est

vainqueurs.

des

duretés

les

pensée de

la

souvenir de Victor

le

de

finir, le

départe-

zone qui restera envahie

la

un peu

sens

me

sur la porte et de

à bout de courage

sauver dans un coin,

bien loin, aussi loin que possible de tout cela! D'autant que j'ignore quelle est notre position

officielle, et

de faire vivre à mes

Il

va sans dire que, sauf

les autres

fatigant.

je n'ai

m'était jamais arrivé.

le

pillage,

votre

lit

les tout

tout, à

Il

et votre

la

l'époque habituelle, afin d'exister en tout cas.

que

les

obus,

le

bataille,

les

l'anxiété

canon, de

et

Le

la

la

travail n'est

les vivants

lieu

Musée

n'a eu

il

soit possible

aucun

sinistre à

lance, quelques médailles,

Si

souvenirs.

vous mettez

En

à craindre,

instant, les bruits alarmants, les faits

particulière, le froid, la neige, la famine, les le

présent plein

lugubres, l'avenir gros de tempêtes, ne vous laissent que le désir ardent d'être

en un

comme

de

journée qui va suivre, l'incendie,

exigences folles et brutales de l'ennemi, la gaieté intempestive des amis, faits

donc pas

mitraille, les charretées

morts à enterrer,

chambre en question à chaque

sinistres, l'inquiétude générale,

de

suis forcé

je

pas touché au crayon depuis six mois, et c'est ce qui ne

est vrai

réquisitions,

je

jeunes enfants, rien n'est resté. Les uns sont mobiles,

ambulances, l'incertitude de l'heure les

que

de pourvoir aux dépenses de l'École

et

prisonniers en Allemagne, ou tués, ou blessés.

Pour moi,

blessés, les

employés

frais les petits

cru devoir rouvrir, maigre'

j'ai

— Ce

y a encore une École des Beaux-Arts à Dijon.

que nous ne sommes pas payés depuis près de neuf mois; que

sais, c'est

que

s'il

la

attendant,

de ne rien voir déplorer...

et

de ne rien entendre... Jusqu'ici

heureusement sans valeur, ont

Par bonheur,

c'était

en zinc

et

été

soustraites, sans doute

ça représentait

main sur Hugo, n'oubliez pas de mettre

mes

le

Toutefois, malgré la plus active surveil-

la

le

duc de Berry.

mienne dans

la

sienne.

amitiés à tous et à vous de tout cœur.

Célestin Nanteuil.


CELESTIN NANTEUIL

Deux ans

après, le 4

décembre 1873,

277

l'artiste

mourait, âgé de

soixante ans, à Mariette, entouré de quelques amis.

II

Les ouvrages de Teau et

- forte

l'apport

prix

:

de

i83o

Gélestin

du graveur

à

Nantcuil

fidèlement

contribué à ajouter à leur

capricieuse et raffinée a traduit

tendances des écrivains

les

recherchés

actuellement

sont

,

pas peu

n'a

qu'en effet une pointe

c'est

contenant des frontispices à

1840,

jaloux

de

cette collabo-

ration.

une élégance en ce temps-là, pour

C'était

vignette,

un

les

éditions romantiques, d'avoir

une

une eau-forte de Nanteuil. Les compositions de Célestin se

frontispice,

divisent en plusieurs petits cadres entourant le sujet principal et renfermant des sujets

épisodiques. Ce sont des eaux-fortes d'artiste, gravées de verve et sans les précautions

minutieuses qu'y mettent

Une

les

gens du métier.

des vignettes les plus rares est

le

frontispice d'Albertus ou

l'Ame

et le

rappelant les griffonnages mystérieux et les effets bizarrement fantastiques de brandt. Venejia la bella, d'Alphonse Royer, est illustrée d'une vue de

Marc, prise du

comme

large, avec la

gondole de rigueur

et le

cadavre de jeune

Rem-

place Saint-

fille

assassinée,

convient'.

il

Victor

Hugo, Alexandre Dumas durent

vive interprétation des choses diverses qui

œuvres; les

la

Péché,

le

graveur sut traduire

violences,

passion

la

les

à Célestin Nanteuil une; s'agitaient

palpitations,

qui faisaient le fond

romans des deux grands rivaux

les

dans

leurs

tourmentes,

des drames et des

d'alors.

Des combattants du second rang, Roger de Beauvoir, Pétrus Borel,

Théophile

étaient presque

I.

Gautier,

Paul de

Musset,

Joseph

d'Ortigues

admis aux honneurs du premier, grâce aux eaux-

Th. Gautier, Histoire du romantisme. Paris, Charpentier, 1H74. In- 18.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

278

de

fortes

combien

mais

l'artiste;

d'autres

Tampucci, Gustave Albitte, Poujoulat, Chaudesaigues, Nanteuil

grâce

n'avait,

poèmes, à leurs romans L'art qu'appliquait

diverse

personnel

de

démoniaques

qui

empruntant ses acces-

et

du roman

personnages

deux

des

tient

du.

j'entends par

:

fictifs

Pour

sexes.

il

:

encadrer

créa

Ce

oublier.

de

willis

ont leur charme

propre, qui

romantiques

regardent avec

pas

certes

n'est

leurs

qui

le

monde

troublent

yeux allongés

se

de

et

ce

petit

de fantaisie mi-gothique

style

rêve

« factice »

d'archanges

,

allongements

des

maniérés, vaporeux, pour des attitudes de femmes qui tiennent en

leurs

à

vie

la

de voyages!

monde, Célestin Nanteuil trouva un mi-Renaissance

Célestin

si

graveur à ces produits intellectuels de

le

domaine du théâtre

un

figures

et récits

insufflé

nature était quelque peu factice,

soires au

tout

une vignette,

à

ignorés,

resteraient

réel

l'esprit

c'est

,

appar-

ne peut pas

qu'on

et

lui

une danse

ceux

de

qu'elles

promenant dans diverses

directions.

A la

prendre pour texte

Cape

et

le

morceau de

de Roger de

l'Épée,

poésie, l'Ange,

Beauvoir, voici trois

du volume vers

que

Célestin Nanteuil choisit pour en faire le sujet de son frontispice

Inès, la

bouche en cœur, à son nain

:

souriait,

Un

nain difforme, épais et grand

La

cigale de joie à cette heure en criait.

comme

sa

manche;

Ces vers ne manquent pas d'une certaine allure; mais voyons l'interprétation profilent des

avec

pour

peine,

du graveur.

Dans un parc, au fond duquel

pins élégants, Inès

soulève

donner

plus

une cruche d'importance

ménestrel se font face

et

tend

sa coupe

historiée.

à

coupent

la

à un nain

Comme

scène,

l'horizon

un par

se

qui,

entourage chevalier,

une

et

un

banderole


CELESTIN NANTEUIL

sur

laquelle

sont

écrits

en

de fantaisie

caractères

279

le

titre

du

EAU-FORTE DE CELESTIN NANTEUIL. Frontispice pour un ouvrage inconnu

poème,

le

et d'anges

nom de

l'auteur:

forme console

et

dans

le

support à

bas la

(iH'i^).

un groupe de saintes composition.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

28o

C'est beaucoup qu'un

du

Nanteuil apporta toujours, dans ses interpré-

Célestin

texte.

tations de

romans

ne reste pas au-dessous

dessinateur qui

et

de poèmes, une forte part d'ingéniosités, de

décors et de paillons.

On

a essayé, dans

des oubliés

classe

la

parmi

romantiques truculents

les

O'Neddy

rimées

cations

à ceux qui ont des

loisirs

le

quart

des

arabesques,

encadrant

titre

du poème),

je

plongé Feu

debout de par

reliés

estompé où se

cartouche

me demande

Flamme, un

et

un

d'heure

le frontispice

Nanteuil (un groupe de femmes et d'anges,

Célestin

ranger

le

faire tenir

Sans

marionnette exaspérée.

de

sur ses pieds

de

est difficile

il

;

un

passer

faire

de

sortir

Par ses impré-

fameux.

les plus

peut

faire

O'Neddy pour

poète Philotée

le

de

dernières années,

ces

lit

le

dans quel abîme profond serait

foyer qui ne montre actuellement que

des tisons mouillés.

Tel

temps;

il

on

l'artiste

vis-à-vis

des poetœ minores de son

piqua d'une claire illumination

logis. C'est l'art,

de

fut le rôle

qui

ce

s'occupe

mouvement de

que,

fait

pailles infécondes,

pour ne

de ces livres restent à

la

pauvres

grâce au concours, au secours de

actuellement de

bluterie

de

l'intérieur

choses.

secouées

sont

laisser

ces

que

les

sur

Dans le

le

van

grand de

tant

bons grains, quelques-uns

faveur de la collaboration des artistes

de l'époque.

Théophile Gautier comprenait l'importance de tistes;

porains

lui

aussi

I.

guère.

11

',

à

sans brides. Si la préface

Des enroulements

Paris, Souverain, i836. In-8°.

pour

l'essaya

ami Arsène Houssaye

d'une* jeunesse

des vignet-

voulu appliquer aux livres de ses contem-

d'élégants frontispices.

bluets de son

l'est

eût

l'art

de

l'époque est

sirènes

la

des expansions

folle,

qui

Couronne de

l'eau-forte

voudraient

ne

être


CELESTIN NANTEUIL

charmeuses,

très

détail

Sous l'apparence de

ne

des frontispices de Nanteuil,

affaibli

comme un

peuvent être regardés que

281

essai d'amateur.

manière

la libre

de. Célestin

Nanteuil

se

cache une certaine science. Le graveur avait composé de compli-

pour

qués entourages de pages

les

Voyages romantiques dans

l'ancienne France, de Nodier et du baron Taylor

Fragonard, Viollet-le-Duc,

en contact avec

;

Dauzats, Célestin Nanteuil apprit

des détails architecturaux, qui

lui

l'art

permit d'appliquer aux frontis-

de son temps un acquis d'ornemaniste que nul

pices des livres

dessinateur de vignettes ne put

disputer. Aussi l'artiste faisait-il

lui

école.

A

Moulins,

montré Achille Allier plantant sur

j'ai

du Bourbonnais

de

la vieille

la

Garde, brodé pour ainsi dire à

Un

ville

Morin,

autre artiste, Gustave

dans

les

sentiers

déblayés par

pas ouverte longtemps et

le

drapeau de

dit

que

le

vignettes

fussent

satisfaisait

dont lune

Hojvard. l'aile

sollicitaient.

conçues

pointe du graveur.

s'efforçait à

Rouen de marcher

le

de

graveur

;

pas

n'a J'ai

paru,

vu chez M.

bancs.

les

toujours prêt à offrir son concours à

ne faudrait pas en conclure que ses à

la

Nanteuil ne se

légère. Célestin

existent pour

drame de Catherine

le

Edmond Hédouin,

tous

empoisonnés.

exécutées. Je possède qui-

qui

»

crayon,

L'épreuve qui

travailla sous

la terrible

grand mot de Lucrèce Borgia

breuses corrections au

monacale

ne fut

l'école

en quitter

à

de Nanteuil, une eau-forte représentant

êtes

mais

pas du premier coup. Ainsi deux eaux-fortes différentes,

cercueils, avec le

vous

Il

Fille de

quelques élèves qui suivaient l'ensei-

les

l'artiste était

ceux qui

la Jolie

la

l'aide

gnement du professeur ne tardèrent pas J'ai

murs

les

est

:

«

scène des

Messeigneurs,

chargée

de

nom-

ne paraissent pas avoir été

moi-même une Fsméralda

et

une bizarrerie

sont restées à l'état d'essais, sans doute à cause des 3G


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

i8a

trop violentes morsures

de

Tacidc

qui

attaqué

a

des

travail

le

fonds.

Théophile Gautier, préoccupé du travail matériel de Célestin Nanteuil, a dit

Tout moyen

:

lui était

bon,

le

pinceau,

la

plume,

le

crayon,

vu, pour arriver à rendre le grain d'une vieille muraille, poser

son papier

A

et

tamponner du

de

il

fallait

pour

truelle

la

un morceau de

l'avons

tulle sur

bistre sur les murailles.

un art nouveau

l'emploi

Nous

le grattoir.

des outils nouveaux

maçonner sur

raclures de palette, à la suite de quoi

la

:

en

peinture

des amas de

toile

pierre ponce,

la

rabot

le

amenaient des tons inattendus. Jeanron exposait des dessins au vraisemblablement un romantique arriéré que

et c'est

qui, en

Salon

:

1880, faisait inscrire

Dessin à

la

gravement sur

le

suif,

peintre

le

livret officiel

du

mouchure de chandelle.

Toutefois les procédés qu'employait Célestin Nanteuil pour les

fonds de ses gravures leur

firent

perdre

graveur abusa de vois

guère

à

Montmartre,

les

alourdirent,

netteté

la

la roulette

dans

citer

par

publiée

les

amollirent à la fois et

des premiers jours. expéditive,

cette

du vernis mou, manière

nouvelle

en

l'Artiste

Vers

i838.

que

Une

iSSg, le et la

je

ne

Butte

merveille

de

grâce et de délicatesse.

Avant de se plonger pour toujours dans il

semble que Célestin Nanteuil

ait

les

voulu se

eaux du commerce, faire

regretter de

son époque.

dans cette planche, avait rompu avec

L'artiste,

romantisme.

Un

contemplent

Paris

cœurs ailes

parler.

ont déjà

jeune

du

Dans fait

le

homme, une haut

de

jeune

fille,

Montmartre,

fond tourne un

les lisières

assis sur le

en

écoutant

du

gazon, leurs

moulin à vent dont

les

envoler plus d'une protestation d'amour sem-


CELESTIN NANTEUIL

serait fille

de

tenté

page

une

Est-ce

bîable.

de

croire.

le

Le jeune homme

est

Nanteuil

?

On

blond, la jeune

charmante. La butte tout entière appartient aux deux amou-

reux,

en regardant cette aimable grisette avec sa capote, on

et

songe à

Mimi Pinson

la

d'Alfred de Musset.

VIGNETTE pour

Ce

fut

le

Bord Je

1)K

CEI.ESTIN NANTEUII-,

la coupe,

de

une note unique dans

a son prix;

elle

de Célestin

vie

la

ï83

mais on

J.

Cliaudesaigues (i835).

l'œuvre

de Célestin Nanteuil

ne pourrait juger

l'homme par

;

cette

perle.

Nul mieux que

De

ce petit

pices

le

graveur ne caractérisa l'époque romantique.

monde archaïque

colorés

l'artiste

a

dit

il

les

est

le

roi.

tourmentes,

En quelques les

frontis-

bizarreries

des


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

284

poètes du temps. Les personnages de la troupe de Nanteuil étaient

mêmes que

les

Tony Johannot

manière se mêle très singulièrement

une

apporta

Ton considère sur

si

çantes auxquelles

que

trois

de ces moines

pourpre

les

C'est

note

mais

très

ce

se

à la

naïveté.

L'homme

dans son interprétation des scènes

particulière

foi

romantiques, et

crois,

mettait en branle;

plus de légèreté, de laisser-aller; chez Célestin Nanteuil

celui-là a la

ceux que

les

porches ses figures grima-

mêlent de bons anges, on admettra,

je

le

auparavant Célestin Nanteuil eût été un

siècles

miniaturistes heureux

d'encadrer dans

l'or

et

la

pages des manuscrits. qui

fait

singulière,

œuvres oubliées

et

la

curiosité

subtile,

pénétrante,

dont l'image qui

VIGNETTE pour Plik

et

D

de son oeuvre

et

appliquée à

les ornait restera

HENRY

la

consacre; bien

dans

des

l'avenir.

MONNIER,

Plok, d'Eugèue Sue (i83i).

I


CHAPITRE XXVI

LES DEVÉRIA.

essayé de donner

HENRY MONNIER

CAMILLE ROGIER

JEAN GIGOUX.

J'ai

LOUIS BOULANGER.

un aperçu aussi

de l'œuvre des brillants commandants du bataillon des

la vie et

romantiques.

dessinateurs

Il

de

injuste

serait

une page à deux peintres qui se tenaient à part moins un

pas

que possible de

fidèle

un

jouèrent

romantisme

poste rôle

mais

;

deux

art, et ces

élevé.

considérable je

dans

les

et n'en

Louis

Devéria,

Achille

consacrer

ne pas

premières

occupaient

Boulanger, années

du

m'occupe plutôt des vignettes que du grand

artistes

ne donneraient qu'une idée imparfaite de

Leurs peintures, leurs

l'ornementation des livres à cette époque.

lithographies, voilà ce qui mérite d'être consulté.

Hugo, qui

M""" Victor

a

relaté

impressions de son

les

monde

après la première représentation (ïHernani, donne un bulletin de la bataille et

chez

lui,

Devéria

à l'ordre

Victor

dit qu'il

alla faire

Ce

M.

met

Hugo

vaillants

les

trouva son

salon

:

«

plein.

En M.

arrivant

Achille

ne voulait pas dormir dans une nuit pareille et

un dessin de

la

dernière scène

lithographie,

dessin

du jour

tout

noir

*.

de

»

la

poudre du combat,

parut en effet dans la Silhouette.

De partait

l'atelier le

des frères Devéria^

rue

Notre-Dame-des-Champs,

mot d'ordre*; on y formait des bandes, on y

des soldats pour la nouvelle école; Hugopar

1.

Victor

2.

Voir dans

la

un témoin de sa

vie. Paris,

Revue de Paris de 1864 mon

enrôlait

aussi la plupart des écrivains

Lacroix, i863. 2 vol. in-8".

article

:

Delacroix conspirateur.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

286

et

donné des gages

avaient

des artistes qui

passaient-ils

par

le

crayon passionné de Devéria.

Qui veut avoir en outre une idée des femmes de l'époque ne peut se dispenser de

montré

la

femme

dans

travestissements et

ils

l'œuvre des deux frères;

feuilleter

toutes

eussent

ses

laisse

élégances,

un

ses

ils

ont

modes,

ses

renom plus durable

si

-iîs-

VIGNETTE D ACHILLE DEVERIA, pour Pauvre Fille! de Victor Lefloch

(1834).

une incessante production n'avait trop arrondi leurs crayons par la suite.

Louis Boulanger,

lui,

fut le

d'aller ego

était l'ami

des premiers jours,

correspondant adressées

les

alter

Hugo,

disait

le

le

de

confident;

Rhin,

Le

sculpteur Préault.

le familier

du maître, son Leltres sur

second du grand poète, une sorte

à

ces magistrales

qu'on regrette de ne pas voir illustrées par

le

Royale,

la place

c'est

peintre

lui

le

que sont

descriptions

maître lui-même.


DEVÉRIA.

— BOULANGER. —

GIGOUX.

— ROGIER

287

Singulière destinée que celle de Louis Boulanger broyé entre

deux

Eugène Delacroix

meules,

puissance,

la

propre compte,

chemin.

Un

refusé

admire

en

il

mouvement pour son

en

à l'ami du grand poète, tous lui frayaient

tableau de Louis Boulanger, c'était par avance un

événement dans d'être

Hugo;

manque.

la force lui

Tous venaient pourtant le

mettre

essaye de les

il

Victor

et

au Salon

mort, Pétrus Borel

Lorsque

ateliers.

les

de

peintre

le

eut

Thonneur

pour son Bailly marchant à la

i83i

réconforte à sa manière.

le

Laisse-moi, Boulanger, dans

ta

douleur profonde

Descendre tout entier par ses noirs soupiraux; Laisse immiscer

ma

rage à ta plainte qui gronde;

Laisse pilorier tes iniques bourreaux

Pour reconnaître

la

'.

haute intervention des poètes,

les peintres

voulaient montrer qu'ils en étaient dignes et qu'eux aussi savaient parler la langue des dieux.

Une femme de

ce

groupe

artistique,

xM'"*^

Marie Ménessier-

Nodier, avait entrepris de publier une Anthologie dans

le

genre

des Annales romantiques. Ce, petit livre, la Perce-Neige, n'aurait

de

rien

particulièrement

manière de Célestin poétiques d'Eugène n'ont

donné qu'une

curieux

Nanteuil,

Devéria

et

fois cette

il

son

si,

outre

ne

renfermait

eau-forte

deux

de Louis Boulanger qui,

note

2;

à

la

morceaux je crois,

mais on savait dans certains

salons qu'Eugène Devéria et Louis Boulanger étaient d'autant plus

aptes à comprendre

pu

faire 1.

la

poésie

œuvre de lyriques

si

des maîtres qu'eux-mêmes eussent l'art

du peintre ne

l'avait

emporté.

Rhapsodies. i832.

Un certain nombre d'inconnus se mêlaient aux deux artistes: A. G. Saint- Valry, le comte de Peyronnet, Caroline de Bissy, Auguste Dcmesmay, Antonin de Sigoyer, etc., j'entends inconnus comme poètes. Leur réputation n'est pas parvenue jusqu'à nous, je dirai jusqu'à moi 2.

pour ne pas engager mes contemporains.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

288

Aussi bien à cette époque les peintres projets de réforme,

leurs

idées sur l'art,

Eugène Delacroix, Paul Huet,

Le morceau de Devéria, titre

:

Mémoire

exprimer leurs

savaient à l'aide

de

la

plume

:

Zieglcr, Laviron et bien d'autres.

inséré dans la Perce-Neige^^

a

pour

des morts.

Voilà six ans entiers que

ma sœur

Octavie

Repose parmi nos aïeux; Voilà six ans entiers que sa lèvre pâlie

N'a

entendre un son doux

fait

comme une

harmonie,

Six ans que dorment ses beaux yeux.

me

Cette poésie

La

bordes-Valmore. elle n'a

ne

pas de

s'était

prononcer

pièce

titre et est

encore

pas le

parait

nom Non, Qui

les

poésies de M"^^ Des-

de Louis Boulanger a plus d'accent dédiée

mon ami

à

«

sous

retiré

tente

la

Sainte-B.

dont

et

on

»,

;

qui

pouvait

sans se compromettre.

ne reçus point d'en haut ce don céleste

je

fait,

lorsque tout meurt et s'efface, que reste

Debout l'œuvre immortelle

La

par

inspirée

et

que, dans l'avenir,

gloire de l'auteur resplendit aussi belle

Qu'aux grands jours où

la ville,

Promenait ses tableaux que

en fête solennelle,

l'on allait bénir!

Pourtant ces Florentins, ces élus du Génie,

Que

ta

Muse

à

mes yeux présente

Souvent de leur lumière Et quelquefois, hélas J'ai cru,

!

ils

aux élans de

mélancolie

mon âme.

pauvre insensé, qu'un rayon de

Pénétrant dans son ombre

Une

pleins de vie,

viennent m'inonder;

sincère

allait la

s'échappe

la

flamme

féconder.

de

ce

I. La Perce- Neige choix de morceaux de poésie motlcrne, M"" Marie Ménessier-Nodier. Paris, Heideloff, 1836. Petit in-12. ,

morceau. recueillis

et

Quoique publics

par


— BOULANGER. —

DEVERIA.

choyé par

les

avant, Louis

poètes

qui

,

pleins de

ROGIER

GIGOUX.

sympathie,

le

Boulanger n'en sentait pas moins

289

poussaient en

le

doute l'enve-

Son œuvre,

lopper de ses longues, grises et tristes

ailes.

ment romantique au début

charbonnage va plus

s'il

est

possible,

que

le

dont

et

le

charbonnage fiévreux

et

terribleloin,

puissant

de

VIGNETTE DE LOUIS BOUt.ANGhK, pour Angeh, tyran de Padoue, de Victor Hugo (i835).

Delacroix,

devait

se

terminer

froide,

sage, décolorée

et

sans

accent.

Sans trop enjamber sur

le

domaine de

l'art,

il

faut noter quel-

ques compositions caractéristiques de Louis Boulanger qui restent

comme une

sorte de

prise

de

de 1828 et peuvent être citées,

possession

même

du

terrain

nouveau

à côté des œuvres les plus

passionnées de l'époque. 37


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

290

Tout d'abord se déroule

Hugo

deux vers de Victor

Une

fresque

On comprend hommes

les

Du

que

les

arches colossales,

morts cachés sous

inspirée

par

le

pavé des

salles.

lithographie d'une dimension inusitée.

cette

qu'en 1828, alors qu'une pareille chose se produisit,

du mouvement fondèrent

tête

la

sur la fougue et

espoirs

meute

à

les

Ronde du Sabbat,

:

Et leurs pas, ébranlant Troublent

la

passion

la

qui

plus grands

les

mettaient en branle la

infernale.

haut des voûtes d'une

cathédrale s'abat dans

vieille

une trombe de démons, de femmes échevelées, nues

la

nef

et pantelantes,

de bêtes de l'Apocalypse qui essayent d'entraîner Satan dans leur

ronde luxurieuse assis

à

des cierges

clarté

la

de chanoines-fantômes

dans leurs miséricordes du chœur.

C'est

un mélange de Tentation de

de nuit d'un Rembrandt romantique qui

sentation,

sent

soufre et

le

saint il

;

et

semble qu'une

bouc,

le

Antoine

n'ait

de Ronde

telle

repré-

pu être retracée

qu'avec un charbon emprunté au foyer d'une sorcière.

A

cette

époque

demi privé de de génie, par

Le la

peintre

la

vivait

vue,

Goya, dans sa les

les

se

esprits

arrive

trop

leur

de

et

lumières

plein

étaient

les

et

que

restées

de blanc, et une influence à

ateliers

parisiens,

qui

embrasait

communiquait un élan tout nouveau

souvent

air

Delacroix, Boulanger, s'enthousiasmèrent

répandit dans et

êtres trop sensitifs.

scènes de tauromachie en

pour ces violentes taches de noir

Goya

hommes

souvent les

ne retraçait pas moins sur

vieillesse,

d'ombres

vibrantes dans ses yeux.

la

le sont

les afflictions qui atteignent les

oppositions

les

comme

châtié,

pierre lithographique

dont

Bordeaux un personnage bizarre, à

à

l'extérieur

d'un

maître,

plus

;

mais

il

que sa


— BOULANGER. —

DEVERIA.

véritable lors

frappe les disciples.

essence,

employé pour

les

La mort aux

dès

nous mit tous en deuil;

d'une mère égarée,

et des bras

froides mains la prit toute parée,

Pour l'endormir dans

le cercueil.

Ce morceau de Victor Hugo, parente. Louis Boulanger en

une scène fantastique qui

fit

la

pensée en est claire et trans-

une vision à

semble

une

manière de Goya,

la

aux

suite

l'humoriste espagnol, mais qui ne répond en quoi texte

fut

les plus françaises.

sortir d'un bal qui

Morte, hélas!

Le décor espagnol

291

— à quinze ans — belle, heureuse, adorée;

Elle est morte

Morte au

œuvres

— ROGIER

GIGOUX.

Caprices

que ce

soit

de

au

du poète.

Cette fougue

romantique calmée par

langer s'aperçut que pouvait l'échauffer.

le

les

Louis Bou-

rayon de flamme des grands maîtres ne

Honnête ouvrier, tout de

une époque tourmentée, encore par

années,

les

il

laissa

reflet,

quelques portraits

égaré

dans

curieux

plus

personnages représentés, Balzac, M"" Victor Hugo,

Pétrus Borel, Théophile Gautier, que par son

tempérament de

peintre.

Ses vignettes,

quoique peu nombreuses, sont à

tous et permettent de 1828), la prit,

Comédie de

le

juger.

la

mort

Les Odes (édition

portée de

Ballades (édition de

et

de

la

i838), l'Enfer

de

l'es-

d'Auguste Vacquerie (1840), n'ont pas emprunté un vif rayon-

nement à l'homme

la

fut

collaboration

du peintre;

dépassé

ses

par

en tant que

contemporains,

les

vignettiste,

Johannot,

les

Célestin Nanteuil.

Trois lieutenants marchent également hors des rangs du groupe des dessinateurs de

vignettes

Gigoux, Camille Rogier.

en renom

:

Henry Monnier, Jean


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

292

Par son âge, camaraderie

Monnier vait

la

qu'il

si

comédien,

VIGNETTE

Monnier,

je le disais

grave recueil.

demain

Rouge

D

et le

dessinateur de

,

écrivain,

pou-

était

si

pro-

peu

Repue des Deux Mondes

la

sur

l'art.

En

i83o,

Henry

Noir, de Stendhal (i83i).

plus haut, rendit

Celui qui

!

n'aurait

de sa mission,

compte du Salon dans ce

il

voudrait faire tort à

qu'à réimprimer les quelques

consacra aux artistes de son

Les coassements de bourgeois du Marais dissertant sur

peinture au café du Jardin-Turc, entre

nos,

ce titre

HENRY MONNIER,

Mais quel Salon

pages qu'effrayé

la

le

mémoire de l'humoriste

temps.

Protée

d'exposer ses idées

pour

la

Ce

peu classable qu'au début

crut capable

si

un sens détourné, à un esprit

dans

humoristique.

aujourd'hui

fession,

concours de bonne

contemporains, Henry

aux écrivains ses

même

appliqué,

particulièrement

le

prêta

le

un des ancêtres du romantisme

serait

être

classé,

date de ses œuvres et

deux parties de domi-

donnent à -peine une idée des principes esthétiques d'Henry

Monnier*. I.

Cet article ne figure pas dans

la

réimpression

des

premières années de

la

Revue des


DEVÉRIA.

L'artiste

— BOULANGER. — répandu

très

était

GIGOUX.

on

;

— ROGIER une

confia

lui

gulière en le chargeant de dessiner des vignettes

ne répondaient

qui

habile

en

tâche

pour des

sinlivres

son crayon

toutefois

;

de se plier à toute commande,

permettait

lui

nature

à sa

rien

293

insolite

si

qu'elle fût.

me

Je

étendu suffisamment sur ce sujet dans

suis

Henry Monnier pendant

On

par Henry Monnier.

chapitre

:

période romantique K pour n'y plus

Eugène Sue,

Stendhal,

revenir.

la

le

particulièrement illustrés

furent

lui doit

encore certains frontispices qui,

malgré leur précision, sont bien dans

l'esprit

temps

dépassé par son camarade

dans cet ordre,

mais,

;

Eugène Lami

fut

il

des publications du

qui, tout au début, faisait pressentir

élégances

les

chères à l'aristocratie bourgeoise.

Qui parle de Jean Gigoux, vers 1834, évoque dessinateur

à

la

Velazquez,

édition

de Gil Blas,

l'ordre

de

«

étalée

ainsi

sur

»,

n'avait le

buis

et

montré tant de par

reflet

hardis

Gigoux de

vaillance.

fut la

belle

la

Jamais

la

La couleur

véritablement

virilité

d'un

profond dans

sillon

certainement restera.

communiquait

couleur; le peintre

traits

première qui traça un

la

l'illustration

sur bois

vignette

de

relevant

le

de

aux burins

la

des

graveurs.

Moins poète que Tony Johannot, Gigoux dessina un

nombre n'eut

d'en-têtes

que

le

pour

les

romans du jour; malheureusement

dessous du panier des

du frontispice pour

les

certain

A

romantiques.

il

l'exception

Contes du lycanthrope Pétrus Borel, quelle

fâcheuse besogne que- d'avoir à prêter son crayon à un Hippolyte Deux Mondes; également articles de la

le

nom

d'Henry Monnier a été

biffé

dans

romantisme. Voir au chapitre XII une critique de l'Antony de Dumas, doute dû à Fontaney. I.

la

table

générale des

Revue. La direction passa un râteau prudent dans certaines allées infestées de

Henry Monnier,

sa vie, son œuvre. E. Dentu. 1879. In-8°,

article signé

Y

et

sans


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

294

Bonnelier, à

M.

Viennet, aux divagations esthétiques de Castil-Blaze

sur la danse et les ballets se

!

Le tempérament de Gigoux ne pouvait

manifester suffisamment dans l'interprétation d'œuvres

d'écri-

PORTRAIT DE PAUL-LOUIS COURIER. Dessin par Gigoux.

vains

de troisième catégorie. L'artiste

portraits

tut plus

de quelques célébrités de son temps

;

heureux avec

les

on formerait une

suite intéressante d'images de romanciers, de poètes,

de peintres,

de statuaires romantiques, en joignant aux lithographies des Devéria celles

de Gigoux. Parfois cependant

le

crayon capricieux du


— BOULANGER. —

DEVÉRIA.

UIGOUX.

— ROGIER

2<j5

peintre change en personnages quasi hofFmannesques les gens qu'il

a à représenter, témoin ce croquis d'après Paul-Louis Courier. eût sans doute

classique pamphlétaire tourangeau

donner naissance à de

A

telles

Le

surpris de

été

hachures.

côté de Gigoux, Camille Rogier parait essentiellement fade.

Vignettiste galant, se prêtant aux ô

illustre,

singularité

Marchangy

et

le

de ce temps

Roman pour

L'illustre avocat général,

chansonnier subversif et

se

époque, trouva peut-être

manquent de et

sujet,

chercher

et

Cabanon.

condamner Béranger comme entraîner, à ses

longue haleine qui

moments de ne font

de Rogier à son goût;

les vignettes

pas elles

si

pompeux

dans l'amusant roman d'Emile Cabanon

qu'il faut

dessinateur; l'un des premiers,

le

siècle

xviii*

Gaule poétique de M. de

cuisinières d'Emile

les

laissait

de

éditeurs, Rogier

croyance que devait commander un

la

c'est

la

!

qui faisait

de ces poèmes

à un

loisir,

commandes des

sut

tirer

parti

de

il

poudre,

la

tourna vers

se

des mouches,

le

des

perruques poudrées des marquises et des abbés de cour.

Un

jour le peintre se lança dans

Orient

;

mais on

de Nerval,

les

lui doit

le

commerciales en

meilleur ouvrage de Gérard

Scènes de la vie orientale, qui n'auraient peut-être

pas été écrites sans

l'appui

que trouva l'humoriste à Constanti-

grâce au peintre qui y était établi.

nople,

A

en partie

les affaires

la suite

des trois artistes dont

viens

je

de tracer un léger

crayon viennent divers aquafortistes, leurs émules illustra

:

Boisselat, qui

un certain nombre de romans; Edouard May, l'auteur du

curieux frontispice de Chatterton ; Joseph Thierry, laissant de côté ses

décors de théâtre

son frère qui se

Edouard

;

pour orner

Emile

Loubon

chargea du frontispice de

les ;

le

Enfants

et

les

Anges de

comédien Alfred Albert,

Caliban

;

auteur par hasard de l'eau-forte du roman Sous

Louis les

Chepdeville,

rideaux d'Henry


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

296

Trianon

;

un des

frères

Leleux,

qui

composait,

pour

le

Monde

dramatique, des scènes de drames des théâtres étrangers.

Une mention

me

spéciale

min Roubaud, qui ne

se

paraît devoir être accordée à Benja-

VIGNETTE DE pour Toussaint

lo

entraîner

laissa

J.

J.

dans

rangs

les

des

GRANDVILLE,

Mulâtre, d'Anthony Thourct (1834).

dessinateurs romantiques qu'exceptionnellement. L'œuvre du caricaturiste est

nombreuse;

il

Truands de Lottin de Laval. des délicats, tant le

«

je

donne

seule

eau-forte

Sans craindre de choquer

le frontispice

Chenel des Ribaudes

une

grava

»

pour les

les

yeux

de Benjamin Roubaud représen-

et les

personnages qui

le

hantaient

;

4


— BOULANGER. —

DEVERIA.

mais

la

description

— ROGIER

297

due à Lottin de Laval doit compléter

l'eau-

GIGOUX.

forte.

Babbie Chéradame,

la

Ribaude,

était vieille;

ses

cheveux grisonnants

et les rides

qui sillonnaient son front et ses tempes olivâtres annonçaient quarante ans.

A

cet âge

'"r-'ik:^,'i^'^r^.

FAC-SIMILE D UNE EAU-FORTE DE BENJAMIN ROUBAUD, pour

une femme

est vieille!

Truands, de LoUiii de Laval (i832).

les

Ajoutons à cela cette vie aventureuse à présumer dans cette

classe dégradée de la société, tour à tour passant

du luxe aux

haillons, de l'abondance

aux privations les plus cruelles; puis ces hideux plaisirs, ces joies brutales qui tuent!...

Les yeux roux de Babbie brillèrent rapides dans leur orbite rides se plissèrent davantage. le

gaz qui

On

eût dit une vessie de

étroite et cave;

bœuf trouée

laissant

— et ses

échapper

la remplissait

Pour Rabasse Calorgne,

les

années avaient été moins prodigues;

c'était

une femme 38


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

2<)8

d'environ vingt-cinq ans, à

bandeau sur son

front,

on eût

d'ascétique, de divin;

de la

la taille

lisse

la nature, qui se plaît à

dit

élancée, aux cheveux noirs et flottants formant

blanc

et

comme

l'albâtre;

sa

tête avait

une des belles vierges de Raphaël.

un

quelque chose

— Étrange contraste

prodiguer à une prostituée des charmes qui ne sont dus qu'à

divinité!

Rabasse

Comme

était

donc

elle savait

belle;

bien

les

mais aussi connaissait-elle

pouvoir de ses charmes!

le

rehausser encore par l'éclat de

parure!

la

Que

cette chaîne

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, prtur

d'or aux larges

anneaux

/<7

Salamandre,

faisait ressortir la

Sue

d'Hugciic

(iS32).

blancheur de son cou

— Puis

tableau de Delaroche au milieu d'un cadre gothique.

ses

!

— C'était comme un

formes admirables que

laissaient entrevoir ses vêtements de velours, puis sa main, digne de servir

au Guide, puis ses yeux... Tout en

Et cette femme ture était corps et

était à

âme

Et dire que

elle était ravissant!

vous pour quelques liards blancs.

à Hugues-le-Velu.

le

roman

rable citation, est dédié à

de modèle

les

— Et cette angélique créa-

Horreur!

Truands^ d'où est

M. Guizot

!

!

!

tirée cette

admi-


— BOULANGER.

DEVÉRIA.

A

suite

la

des peintres et graveurs

dans

bande de dessinateurs égarés nets de à

lecture

:

sans

mort tout jeune après avoir lui

a

consacré

nomenclature

cette

mieux doué de

les

ce

une

notice.

Sainson,

groupe

peintre

,

le

son

talent

Félix Davin,

d'oublier

juste

Serait-il

Lécurieux,

une

vient

pleinement; Becœur,

Crapaud de

le

illustré

de

fleur

la

ï.jy

pour cabi-

illustrations

satisfaire

le

— ROGIER

Teau-forte

à

Levasseur, qui donne

Edouard Cassagnaux,

lequel

GIGOUX.

Auguste

dans

Bouquet,

du

ordinaire

le

comédien

Deburau?

az VIGNETTE DE

C.

J.

TRAViÈS,

pour la Séparation, de Vendremish-Durivage (iS33).

Il

est diflîcile

de

faire figurer

sinateurs romantiques.

sur

l'adultère

Ce

n'est

qu'il est possible

les

rangs des des-

que grâce à une

petite vignette

Traviès dans

de

l'y

rattacher; mais combien la

conséquence d'une situation criminelle sonnable par Il

le

dessinateur

est

rendue sèche et

rai-

!

semble avoir été tourné au tour

comme une

toupie de la


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

3oo

Forêt-Noire

Le personnage outragé

croquis ci-contre.

le

s'appuyant contre une cheminée à

la

son soufflet et de son petit balai, la

petite

crayon

dame; mais Traviès délicat

les

prussienne, agrémentée

fait

comprendre

impuissant

est

que

récriminations

chauve,

et

l'infidélité

de de

envelopper d'un

à

femmes

d'aimables

ont

méritées de leurs juges, qui finissent par croire qu'ils n'ont pas été

trompés, mais qu'ils se sont trompés. 11

un Tony Johannot

fallait

féminins passionnés sur solution de

qui

craque,

un bas blanc bien

enroulements

ces

divan d'une cabine de navire et

l'homme qui se sent

d'un corsage valoir

le

pour rendre

de

faiblir

en face de cheveux dénoués,

de prunelle qui font

souliers

fins

l'irré-

tiré.

Est-ce le hasard, le besoin d'argent qui mirent au service des publications

compagnon de sifs

Thouret

d'Anthony

la Caricature,

Grandville

Eugène Forest

étaient plus à leur aise chez Philipon

lui ?

même

son

et

Ces crayons agres-

que chez

les

éditeurs

de romans. Je laisse de côté, pour ne

pas fatiguer

nombre de dessinateurs de vignettes à qui peu de talent ont manqué. Une trouve sa place dans

la

lecteur,

un certain

le

génie et

même un

nomenclature plus

bibliographie

veux pas terminer sans marquer d'un bizarres qui

le

qui trait

suit

;

développée

toutefois

je

ne

certaines publications

compléteront cet ensemble.

Celui-là pourrait être traité d'esprit chagrin

qui

se

plaindrait

du manque de variété dans l'exécution des vignettes romantiques.

De même que

la toile

à peindre devait se prêter à tous

cédés, à toutes les imaginations des

veaux,

il

fallut

que

le

pro-

chercheurs de moyens nou-

papier subît les innovations imposées au

cuivre, à la pierre lithographique. le

les

Dans

le petit

art

comme

dans

grand, peintres et dessinateurs tinrent à se montrer hors des


PL

PORTRAIT DE MELINOUE FAC SIMILÉ

DUNE EAU FORTE DE GUSTAVE MORIN

VI!


i

%

<


DEVERIA.

— BOULANGER. —

gonds. Assez des vieux procédés!

Toute composition dut la

preuve

faire

de

comme

regardé

même que

au public, de

fièvre

dramatique

se présenter

facultés

insolites.

du

L'art

poussé

était

si

ment du Jeu de Paume de David, de

comme

Girodet, étaient présentés

précédent,

siècle

loin

que l'esquisse du Ser-

même que VEndymion

de

de pleutres produits, sans gran-

ni poésie.

C'est à la classe qui voulait formuler du nouveau

que

tenu de

fut

banal, était conspué et le mépris pour la peinture

du premier Empire

deur

communiquer

et

personnage

tout

3oi

tourmentés, excessifs.

les fallait

Il

— ROGIER

GIGOUX.

rattacherai un

je

commun

rien de

l'ancien art

même

si,

peintre

et

un dessinateur qui

dans leur désir d'attirer

du dessin,

En

lanterne magique.

les

un auteur tispice à

La

fanatique.

aussi

;

bien

il

la

M. Monvoisin

artiste qui se respecte,

lignes plus bas

n'offriraient

yeux blasés par

apporta plus de modération que Jacques Arago dont tion quelques

même

de se servir de

n'avaient jugé utile

ils

quand

sera ques-

il

n'avait pas

affaire

à

scène Ali-Pacha et Vasiliki sert de fron-

un poème de M. Prosper Poitevin, romantique avant de

devenir grammairien.

On

fausserait

d'essence

révolutionnaire

ne

il

;

M.

donnant

en

l'opinion

reçut

comme

Monvoisin

qu'un

reflet

modéré de

l'époque et ses sujets dramatiques, qui tiennent tant de place dans les

musées, doivent être classés à

et Paul

teur,

Delaroche.

quoique

En

la suite

ce sens, le dessin

pondéré à

la

intéressant par la façon dont

de ceux de

que

façon classique, il

est traité et

je

MM.

Schnetz

soumets au

n'en est pas

on verra,

lec-

moins

je l'espère,

avec un certain plaisir, un peintre d'histoire se plier à un procédé

quelque peu bizarre. Il

n'en fut pas de

même

de réserve pour rendre

le

de Jacques Arago. fatal

Il

Bravo du drame

apporta moins la

Vénitienne,


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

permis de dire sans trop d'exagération

et peut-être sera-t-il

employa

En

le

noir avec le crayon

du paroxysme

a qu'il

».

relisant la Vénitienne, je constate la netteté de l'exposition

du sujet

et avec

quel art

le

héros se profile dès

le

début.

FAC-SIMILE D UNE LITHOGRAPHIE DE JACQUES ARAGO, pour

L'inconnu

(le

la Piazzetta...

le

Bravo

?

demande à un inconnu un

Salfieri.

Bravo lui-même) répond tout

le jour...

immobile, espèce d'échafaud Venise.

Vénitienne, d'Anicct-Bourgeois (1834).

rencontre-t-on

personnage appelé

Sur

la

au pied de

la

:

colonne du Lion...

vivant... éternellement dressé

sur

la

triste,

noir et

place publique de


— BOULANGER. —

DEVERIA.

Phrase

comme une

me

noir et immobile,

triste,

a mis

le destin

et qui,

quand

il

le

lui

Ne

et

s'y

3o3

fixe

infernal

!...

ce perles

ont permis de peindre l'homme au-

se croit seul,

la

main

dénoue

les

et le

masque au visage

cordons de son masque

:

(Otant son poignard qu'il pose sur une table.) Poignard maudit!...

qui faites partie de moi maintenant...

au front

spectateur et

espèce d'échafaud vivant;

poignard à

pour l'accrocher à un clou Masque

du

cerveau

paraît avoir convenablement rendu

ressources de son crayon

quel

le

— ROGIER

chauve-souris à un plafond.

Jacques Arago

sonnage

dans

entre

qui

GIGOUX.

cloué l'autre à

comme

si la

main de Dieu m'avait imprimé

l'un

la ceinture...

nous pressons pas d'appeler trop facilement ombres chi-

noises ce genre de vignettes.

rendent-elles

les

eflfets

boulevard du Temple

Dans

leur parti pris de noirceur ne

dramatiques chers au public de l'ancien

?

C3^C


CHAPITRE XXVII DE l'art typographique APPLIQUÉ AUX OUVRAGES DE LA

Un si

livre

LITTÉRATURE ROMANTIQUE

bien imprimé

divers des arts

décoratifs.

nance typographique d'un auxquelles l'intelligence de aussi

bibliophiles

les

tient

qui

sa

bonne place dans

le

groupe

Les gens de goût admirent l'ordonet

livre

classent

le

parmi

les

choses

l'homme a commandé une harmonie; recherchent aujourd'hui

les

ouvrages

romantiques sont non pas seulement des amateurs de curiosités,

mais

des

amis d'une typographie bien

éditions des Renduel,

des Manie, des

Quoique

ordonnée. Gosselin

les

des Fournier

et

fussent imprimées en vue des cabinets de lecture, leur prix assez

élevé permettait d'apporter du soin dans le tirage, d'employer un

papier durable et d'orner ces livres de frontispices à l'eau-forte

ou gravés sur

Dans

la

un certain faisait

titre la

bois.

plupart des rôle.

livres

de cette époque

Réimportée d'Angleterre,

bon ménage, par

la netteté et le

des livres; aussi la fameuse

a

la

gravure sur

gras de son

taille-douce

vignette joua

la

»

relief,

bois

avec

le

des romans de

Restauration fut-elle abandonnée aux éditeurs des ouvrages de

piété.

Les peintres

et les dessinateurs, rattachés

tique, tenaient à

couvertures

de

au mouvement roman-

honneur d'obtenir une mention sur livres

nouveaux en

le

même temps que

verso des

dans

les

catalogues de librairie où certains ouvrages, longtemps annoncés,

semblaient avoir obtenu une concession à perpétuité

:

fournir un


DE L'ART TYPOGRAPHIQUE EN

frontispice à l'eau-forte

en tète d'un poème, d'un

œuvre dramatique payait déjà

Deux ouvrages de

i83o

le

graveur de ses

3o5

roman, d'une

efforts.

cette époque, qui devaient bénéficier de ces

courants nouveaux, sont restés des conceptions fantasques et humoristiques auxquelles l'imprimerie devait faire fête

de

Bohême de Charles Nodier n'est

Il

une

pas

:

Deburau de

et le

V Histoire du roi Jules Janin.

romantique qui

bibliothèque

ne place aux

premiers rayons ces deux ouvrages; mais par rang de date l'Histoire

du

Bohême prend

roi de

le

pas.

L'édition publiée par les

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT. (Vers iS32.)

de i83o. Tony Johannot y donna

frères Delangle

est

de sa fantaisie

dans une

série

de petites

vignettes,

la

monnaie

habilement

gravées par Porret.

Au

point de vue du décor

conception mieux entendue.

homme

d'un

livre

L'ouvrage

il

ne se peut guère de

contient

SgS pages

:

un

de peu de goût eût émaillé de gravures un texte qui y

prêtait;

mais tout

avec sobriété de

un prétexte à qu'on ne

lit

écrivain

qui

l'illustration,

a

souci

de sa pensée doit user

sous peine de faire de

images, c'est-à-dire

un

livre

qu'on

son œuvre

regarde mais

pas.

Nodier voulait être

lu.

Toutes sortes de diables bleus, de chi39


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

3o6

mères cornues, de mandragores fantastiques voltigeaient dans

que

conteur tenta de fixer dans les feuillets de son

le

trompa tort

de

;

cependant ne disons pas trop haut que

et

par son impression, par l'accent de ses

:

Bohême

une note très

resté

est

livre.

îl

se

conteur eut

le

vignettes,

particulière

l'air

de

le

Roi

librairie

la

romantique.

A

un

cette fantaisie je préfère toutefois

Livre qui restera que

Janin.

production du critique,

courte et

ouvrage de Jules

comme

Debiirau,

le

la plus

petit

meilleure

la

mieux venue de son

la

œuvre. Lors fut

de

du

réception

la

pas question de ce

au discours de Jules Janin le titre lui

Comment

livre.

l'Académie,

à

feuilletoniste

il

ne

Péponet qui répondait

le

osé mentionner un ouvrage dont

eût-il

semblait une profanation

:

Deburau^

histoire

du théâtre

à quatre sous, pour faire suite à l'Histoire du Théâtre-Français?

Dans

la

pensée de

rapprocher

les

Funambules de

que de s'étendre à

mime

d'un

M. Camille Doucet

associés

et

bijou typographique;

de cette mais

l'Académie

les frontispices, les vignettes,

les

sommaires

«

aux ouvrages du

Les gens

en manchettes

d'esprit,

lui

compte

seul

«,

un véritable

résulta

se laissa pas

ne

toucher

les caractères, la justification et

quoique ce détail

que l'Académie craint de

estiment que ce petit à

le

fût

emprunté

xvi" siècle.

ses fauteuils dépenaillés,

suffit

pages sur

l'écrivain, l'éditeur et l'imprimeur

collaboration

par

Ils

trois cents

enfariné!

Pour atténuer l'impudence de s'étaient

une impiété que de

Comédie-Française, un sacrilège

la

pendant

plaisir

c'était

se

faire

sont prononcés dans un

livre,

protégé par

pour sauver de

l'oubli

la

le

asseoir

sur

autre sens.

jeunesse du conteur,

nom

de Jules Janin.

Pas une faute typographique dans ces deux volumes. Tout

est


DE L'ART TYPOGRAPHIQUE EN

d'un goût parfait, jusqu'à

couverture

la

toile

i83o

à matelas

de l'ou-

Paillasse.

Auguste

vrage, qui annonce que l'auteur va traiter de

Bouquet,

ordinaire

peintre

le

de

Soy

Deburau, représenta

mime

le

dans deux de ses meilleurs rôles; Tony Johannot introduisit de délicates lettres ornées et quelques vignettes dans le texte.

Jules Janin avait dû passer au moins une journée à écrire cet

immortel ouvrage. Tout

venu à point. Ce sont de ces œuvres

était

éditeur et imprimeur; chacun

qui doivent rendre heureux auteur, se

d'y avoir prêté son concours.

flatte

Au

de

milieu

Bohême

la

mêlée romantique

détachent

sont d'essence libre, fantasque, et fantaisie

c'est

pourquoi

Roi de

le

Deburau, qui n'appartiennent à aucune

et le

dance, cette

se

classe. Ils

cette

indépen-

ont groupé dessinateurs, graveurs, impri-

meurs pour présenter au public dans de gais habits ces

livres

curieux.

Pendant

la

de

période

poètes s'ingénièrent à

i83o à

i835,

entrer dans

faire

romanciers

les l'art

et

les

typographique des

caractères de fantaisie correspondant à la nature de leurs ouvrages.

En regard du

gravé un

frontispice

titre,

parfois une couverture

agrémentée d'encadrements bizarres, devaient allécher

le

public.

Les compositeurs de musique, plus particulièrement, passèrent des nuits blanches à rêver des caractères voyants,

étranges, avec des

dispositions linéaires se mariant à leurs mélodies. était

nom

maître dans ces sortes d'inventions il

fit

aux

jouer des variations incessantes dont

(page 60) suffira

Les

;

comme

fantaisistes

Monpou

surtout

lettres

de son

six

le titre

de Lénore

spécimen.

non plus

frapper les yeux du public. lettres fashionables sur le

«

ne dédaignaient pas ces moyens de

Nous avons

premier

feuillet

écrit

De Profmidis

de notre roman

»,

en dit

Alfred Mousse dans sa préface; mais ce que l'auteur qualifiait de


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

3o8

caractères fashionables

roman

n'existait

Le

imprimé à Laon par un certain Varlet-Berleux, qui ne

fut

qu'une fonte tout à

pouvait ofFrir à l'auteur retard d'au

Dans

que dans son imagination.

moins dix ans sur

même

ce

la

en

provinciale,

typographie parisienne.

d'ornementations

ordre

fait

le

Bibliophile

Jacob

l'emporta facilement, et ce serait un fâcheux oubli que de négli-

ger

la

le titre

de la Danse macabre qui, avant que

première page,

le

frissonner

fait

et

le

le lecteur

ouvre

préparc à d'étranges

événements. Je ne crois pas faire preuve de trop d'idéalisme en comparant les caractères ci-dessus à une pelletée d'ossements de morts,

semblables à ceux que

les

terrassiers mettent au

jour et étalent

sur le sol en creusant des fondations près d'une ancienne église.

Les écrivains de l'époque

se

firent

encore remarquer par un

autre procédé et le poussèrent aussi loin

que possible; mais

il

a

besoin d'être montré dans toute son ingéniosité avec les dévelop-

pements chapitre.

qu'il

comporte,

et

il

m'a paru nécessiter un

nouveau


CHAPITRE XXVIII ÉPIGRAPHES ROMANTIQUES

Si je ne

me trompe,

aux étrangers,

c'est

et plus particulièrement

aux écrivains anglais, qu'on doit l'usage des épigraphes. Walter Scott

fait

précéder

chapitres de ses romans d'une

les divers

tion indiquant la nature des

sentiments

va mettre

qu'il

l'épigraphe ainsi comprise n'est pas sans

cita-

en jeu

analogie avec le texte

de l'Ecriture qu'un orateur chrétien commente en chaire

tiré

dont

circuler

fait

il

dans

l'esprit

diverses

les

:

parties

et

de son

sermon.

Les romantiques français importation

manchettes

étrangère.

dans

»

le

Ce

dessin

petit

fait

pour cette

passion

de

placées

lignes

en

«

leur parut devoir donner tout d'abord

texte

au public une idée avantageuse de

que du sauvetage du

ainsi

de

prirent

se

la

variété

de

leurs

néant de gothiques auteurs

lectures,

tout

à

oubliés.

Au

début,

romanciers

l'épigraphe, presque exclusivement

moyenagistes

jugée

fut

,

qui traitaient spécialement de la

lutionnaires,

les

utile

femme;

La mode

les

service

des

psychologues,

les politiques et les révo-

penseurs, les moralistes,

dédaignèrent pas ce système.

par

au

les

humanitaires,

s'en étant mêlée,

ne

de savante,

l'épigraphe devint tour à tour passionnée, sarcastique, vengeresse, familière,

narquoise et parfois incompréhensible.

en empruntèrent aux Allemands adversaires, dictèrent

nu

leurs

parents,

miaulèrent

des

;

Les humoristes

leurs amis, leurs maîtresses, leurs

leurs

animaux

favoris

épigraphes destinées

eux-mêmes, à

étonner

le


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

3io

lecteur;

ne demandait pas mieux que d'admirer ces êtres capri-

il

qui habillaient les mots en

cieux

masques ou

en heiduques courant au-devant de leurs

mode vaut

Cette

les

transformaient

le

roman-type de

récits.

peine d'être étudiée.

la

La Notre-Dame de Paris

est,

sans contredit,

i83o; aujourd'hui encore, quoique lézardé dans certaines parties,

comme

le livre se profile,

les vieilles tours

du monument, au milieu

des masures qui l'environnent, et on n'a l'intention de rabaisser le

vicomte d'Arlincourt,

en montrant

les

ni

Francisque Michel,

Ècorcheurs, Job ou

comme d'humbles

les

en

taupinières

ni Lottin

Pastoureaux,

de Laval,

Truands^

roman de Victor

du

regard

les

ni

Hugo. Nourri de nombreuses lectures, d'en

faire

étalage.

Notre-Dame

de Paris se présenta sans épi-

graphes, à moins qu'on ne considère Victor

dans

Hugo

le coin

poète ne jugea pas à propos

le

comme

telle l'inscription

découverte, gravée à la pointe sur

dit avoir

obscur d'une des tours du

vieil

édifice

le

que

mur,

:

ANAFKH «

C'est sur ce

Victor l'esprit.

le

est

Hugo

Avec

fait

fictions

il

ce livre

le

son œuvre, c'est était

dit le poète.

qui

«

au sens lugubre

romantique par excellence,

système à qu'il

restent dans

joue magistralement et les cloue dans

cerveau de ses lecteurs. Anankê^ resté l'épigraphe

»,

créer des choses

a le secret de

les

n'employa pas

en

mot qu'on a

la

mode en

eut conscience que

une grange bourrée jusqu'au

contemporains, n'auraient qu'à

s'y

toit

tête

et

si

et fatal », le

maître

des chapitres de

Notre-Dame de Paris et

que

les auteurs, ses

fournir.

Les épigraphes romantiques furent tantôt un carnet d'échan-


KPIGKAPHES ROMANI IQUES

tillons

du

decfré

tempérament, ou

3ti

de science d'un auteur, tantôt un

reflet

de son

mot de passe pour pénétrer dans son

le

Les sectateurs du moyen âge

récit.

imprimer en caractères

les faisaient

gothiques, ce qui communiquait une couleur archaïque à Tceuvrc.

Plus l'auteur cité était inconnu, plus grande était sa valeur.

in

jJicB

nu pdit pot

lisoii nuiiniiuc

une description de dessous

On

tciics,

un poiiciin,

les toits,

de ces faméliques étudiants du

tcivc

Ocs

'

Autv

représentant

xvi" siècle,

bn biner.

uiniijvc cspoiv

(Jean d

est

îit

iuu\mt bcs pois secs, nu oignon solitaire,

que

i

i,

le

le

.

)

repas d'un

romanciers se

les

plaisaient à peindre.

Les bourreaux étaient alors

très recherchés

Henry

:

Moufflet, bourreau de notre bonne

ville, voilà

de

se préparent

lu

besogne

et

du gain qui

pour vous.

(Alph. Rover, Madame Henrion^.)

Malheureusement, Alphonse Royer manquait du il

etit

permis à un habile écrivain de

personnage aussi important que François

de

meilleur

parti

d'un

bourreau.

le

I"''

fer et

tirer

style à riposte;

chercha douze cents

ne trouva que deux cents

hommes hommes

de velours.

(Alexandre Dv^^ks, Gaule

de

Voilà une danse

purs I.

et

le

France.)

mots, un vis-à-vis antithétique qui sont

dramatiquement

Nouvelle du volume

et

Sachet,

présentés. i8;<5.

Un

être

maussade

traitera


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

3i2

peut-être cette épigraphe de phrase de théâtre. Elle répondait au

Dumas

goût du public du temps,

n'en demandait pas plus.

L'auteur de l'épigraphe ci-dessous ne

Le

ce qui est fâcheux pour sa mémoire.

samment fantoche

pas

s'est

connaître,

fait

dessin en est vif et suffi-

:

Après ce discours

sorcière rentrait dans

la

sa boîte en agitant des potences, et la refer-

mait avec un bruit

sinistre.

(Le Talisman d'Orosmane.)

dit

J'ai

dans un précédent chapitre que

agistes intéressaient

chroniqueurs,

médiocrement

chartes,

les

moderne à l'archaïque

âge)

de Vertu

et

fit

i83o; les anciens

gothique, ne répondaient en

l'écriture

rien à leur esprit. C'est pourquoi le

femme de

la

moyen-

les écrivains

Bibliophile Jacob

le

mélangea

Roi des Ribauds (moyen

suivre le

Tempérament, plus actuel; entre temps,

et

s'il

trouvait quelque épigraphe s'adressant plus directement au public

féminin, tête

il

ne manquait pas de

la

d'un de ses chapitres, témoin

piquer

comme un

papillon en

:

<Ù niati

Itoj)

trutl poui si î>on«

kautc

!

(Philippe Desportes.)

Apostrophe l'attention

de siècles toute

antérieurs

paiticulière

qui

sert

apportée par

les

de

trait

d'union

à

romantiques à étu-

dier la passion moderne.

Dieu la voir

sait

en

quels recoins

la

femme

fut observée!

On

voulut

sous toutes ses faces, sans voiles, avec ses tendresses, ses

larmes, ses grains de beauté secrets.

Un telle

portrait de

richesse de

femme, détails

traité

par

que parfois

les écrivains d'alors, offre la

une

description profondément


ÉPKJRAPHES ROMANTIQUES

enlève

travaillée

plus vivement.

Prie

le

tout

relief à

l'original.

Le

Ceux qui ne connaissent pas

xvin^ siècle y allait

le

portrait de

verront dans les quelques lignes suivantes

Elle ctait d'une taille délite et au-dessus de la

3i3

M"' de

:

commune; une

ligure,

un

air

de

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour

nymphe, mais

le

les

Romans

cl

Contes fhilosopinqucs, de Balzac {i83i).

visage délicat, de jolies joues,

vifs et gais,

en tout une physionomie

le

nez bien

fait,

des yeux un peu chinois,

fine et distinguée.

Voilà un crayon très vivant, quoique l'auteur ne compte guère

parmi

les

écrivains de

son temps

'

;

mais ces touches alertes du

passé étaient méprisées par l'école romantique, ennemie du simple. I.

Mémoires du président Hénault.

40


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

3i4

On

mieux que bien, avec des moyens nouveaux

voulait faire

compliqués courent

;

les

c'était la

très

et

n'est

qu'il

kaléidoscope

les

sentiments,

même

la

font vibrer

passions,

les

comme

pas besoin de les secouer

pour en

des

tirer

Un

après laquelle

quelques naïfs croyaient,

jeunes gens. Pourtant

en i83o, que seuls mots,

manie du moment,

très

les

dans un

effets.

jeudi soir, au bal, elle se déganta. Elle

une robe rose. Tous ses regards

avait

étaient

pour moi. Voilà

ma

vie.

(Février 1829'.)

/

Ces quelques

un jeune

traits

rapides, écrits sur un carnet de notes

homme amoureux

par

en rentrant d'une soirée, pourraient

presque prendre place dans l'Anthologie grecque.

Ces épigraphes étaient parfois suggestives préoccupaient. bet, avait

anglais

et

les

initiés

s'en

Le premier chapitre de Louisa, de Regnier-Destour-

pour épigraphe un vers de Wordsworth,

célèbre lakiste

le

:

Spires whose silent finger points

Clochers dont

le

doigt silencieux montre

Théophile Gautier, frappé par ce vers, stances de son premier recueil de poésies Je n'ai jamais rien lu de

si

Qu'un

l'ai

Il

seul vers

;

car je

le voici,

le

le ciel...

pour texte de

prit

:

Wordsworth,

Dont parle lord Byron d'un ton

«

to heaven...

le

poète

plein de

dans

Clochers silencieux montrant du doigt

fiel,

la tête

:

le ciel! »

servait d'épigraphe, et c'était bien étrange,

Au

chapitre premier d'un roman, Louisa,

Les douleurs d'une

fille,

œuvre toute de fange,

Qu'un pseudonyme auteur dans l'Ane mort puisa. I.

Epigraphe d'un chapitre de Louisa, ou

[Regnier-Destourbet].

les

douleurs d'une fille de joie, par l'abbé Tiberge


EPIGRAPHES ROMANTIQUES

3i5

Ce pauvre Regnier-Destourbet,

Voilà bien les poètes.

qui inspire

des stances à Théophile, se voit accusé d'avoir écrit une œuvre de

fange, et cela parce que Si Tauteur

avait

le

mot rime suffisamment avec étrange.

passé pour heureux,

de dire que son roman

le

manqué

poète n'eût pas

était merveilleux.

Les romantiques politiques employaient des épigraphes sombres, amères, violentes. Il

du sang dans ton

y a

histoire.

(Rey-Dussueii..

Ainsi

)

s'exprime le romancier des barricades du cloître Saint-

Merri. Stendhal, qui ne se contentait point d'être athée, avait pris en outre

le

bonnet du jacobinisme, ce qui

permettait de piquer

lui

pour épigraphe d'un des volumes du roman

le

La

Rouge

et le

vérité, l'âpre vérité.

(Danton.)

Quand Dieu

Noir:

'

eut pétri l'âme des laquais,

un peu de boue avec laquelle

il

lui resta

il

pétrit l'âme des princes.

(Mme de SoUZA.)2

Qui 1.

Au

se serait attendu à cette épigraphe violente de la part de verso du faux-titre Je chaque volume de le

Rouge

et le

Noir, édition de iS3o, se

trouvent deux épigraphes qui n'ont pas été reproduites dans les éditions postérieures, bien

que

celles des titres des chapitres aient été

intelligent de livres romantiques,

du premier volume; dans

le

me

fait

maintenues. Un ami, M. A. Boisseau, collectionneur

remarquer ce

détail.

Le mot de Danton donne

second deux vers de Sainte-Beuve changent tout à coup Elle ncst pas

la

le

ton

note

:

jolie,

Elle n'a point de rouge.

2.

Jules Janin se trompe. C'est à M"" de Sabran, maîtresse du Régent, qu'est attribué le

mot. M"" de Souza, écrivain délicat,

était à mille

lieues d'une pareille

boutade

à la

Chamfort.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

3,6

Jules Janin?

que

est vrai

Il

avait

le livre

pour

Barnave, et

titre

qu'à cette époque le critique éprouvait le besoin de se faire remar-

quer par son hostilité envers

maison d'Orléans.

la

Voici une épigraphe plus violente encore; son ton plaira vrai-

semblablement aux naturalistes

:

La Liberté être

une garce qui aime

est

couchée sur un matelas de

cadavres.

(Mirabeau.)

Au

milieu

quelques

des

romantiques

moralistes

épigraphes suivantes

clairsemés

;

quelques

glissaient

se

à

cet

ordre

penseurs,

rattacherai

je

les

:

L'auteur avait des problèmes plus sérieux à résoudre que celui de passer une robe à la Vérité.

(Extrait d'une préface quelconque.)

(Alphonse Buot.)

Ancien

affilié

de

la

bande de Pétrus Borel, l'honnête Alphonse

Brot devait plus tard se caser dans verser dans le

les

bureaux d'un ministère

roman à aventures sans y trouver

ses Préfaces annoncent

la

gloire

et

dont

une constante poursuite. L'heure est sur l'horloge des destinées, rien ne pourra l'empêcher de sonner. (P.

est

l'épigraphe

due à un

romancier qui eut diverses manières.

Passant à l'éducation à quelque

Renseignement Buessard

BUKSSARD.)

temps de

là,

le

penseur

créa

et devint chef d'institution.

Pour moi, du

je

me

mis

à

rêver au lieu d'avoir

plaisir.

(Obermann.)

On

a là l'expression d'un petit groupe de fidèles qui se ratta-


EPIGRAPHES ROMANTIQUES

M. de Sénancour, groupe

chaient aux alanguissements maladifs de

dont

n'est pas resté trace.

il

Ceux qui ont étudié quelque peu

mouvement romantique

le

dans ses origines ont sans doute remarqué que

de

Molière,

négligée en

était

siècle

xvii°

i83o.

est

Il

que recherchait

Non motifs

;

plus le aussi

xv!!!*"

voit-on

la

étaient

l'art

pour

Raymond

du

rarement question de qualités

de ces

n'étaient pas de

clairs,

siècle

pas en faveur par les

n'était

mêmes

peu d'épigraphes empruntées à Voltaire, à

Les encyclopédistes

regardés d'un œil de mépris par

l'art.

littérature

nouvelle école'.

Jean-Jacques, à Diderot, à d'Alembert. taires

la

La Fontaine, de La Bruyère. Les

esprits trop posés, trop raisonnables, trop celles

Siy

Toutefois

trouve dans

je

Raymond

(Michel Masson et

le

les

utili-

sectateurs de

Maçon, de Michel un choix

Brùcker),

d'épi-

graphes qui montre que ces romanciers cherchaient à se raviver aux sources des penseurs du ils

empruntent cette pensée

xviii*^

siècle.

Au quakérisme

américain

:

Combien de en

faisait

lois

on rendrait

inutiles si l'on

de bonnes sur l'éducation

!

(Guillaume Penn.)

Ils

interrogent les philosophes, les magistrats

Ceux qui ne

:

s'inquiètent pas de la justice

forcent la justice à s'occuper d'eux.

(D'Eprémesn'il.)

I.

Je ferai

toutefois

une exception pour Théophile Gautier, qui s'ouvrait volontiers dans

l'intimité et ne faisait pas lui

dcmandai-je un jour.

fi

des classiques.

La Bruyère, me

Quel

est l'écrivain français le meilleur à étudier

répondit-il.

"r


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

3i8

me

matière de religion, Masson et Brûcker

En tiques

semblent scep-

:

Ce

de

n'était pas assez

y ont ajouté

le

l'enfer, les

purgatoire.

Boi.ING BROKE.)

(

On

Raymond une

entrevoit chez Michel

populaire et socialiste tout à publication du

Maçon. Des pensées

de courant

infiltration

en

nouvelle

fait

hommes

date de

1828,

anciens et des

tirées des

la

mo-

dernes, de Socrate, de Publius Syrus, d'Holbach, de Pope, etc.,

indiquent des gens qui

que ceux de

En

la « littérature à

l'horizon,

Les passions

factices

avec des

c'était

cherchent d'autres moyens

qui

images'

».

descriptions

l'épigraphe

chercha sa voie

à l'état de décor

du théâtre,

Pierre et à Chateaubriand. tion,

et

i83o, on s'occupait médiocrement de la nature;

intervenir

juré

lisent

suivante

noir

on

faisait

tourmenté.

et

moyen

les accessoires

si

âge, eussent

qu'on laissait à Bernardin de SaintIl

faut cependant citer, à titre d'excep-

d'un

esprit

tourmente qui longtemps

:

J'aime mieux les discours des grands seigles entre eus

Que ceux des députés bavards

et

ténébreux.

(Alphonse Esquiros.)

Esquiros était sincère et disait vrai en vers le jeta

dans

nation,

l'homme

politique où,

la

à des

;

la

prose de

la vie

moments dangereux pour

se trouva aux prises avec de

violentes

la

agitations

méridionales qui ne ressemblaient guère aux ondulations des seigles caressés par

I.

le

vent.

C'était pourtant encore

de fumées

une sorte de ronnantique que Raymond Brûcker, cerveau plein

à la fois fouriéristes et néo-catholiques,

orateur à

la

façon des prédicateurs de

Ligue, et qui devait finir dans les sacristies, affecté d'un cléricalisme bizarre.

la


ÉPIGRAPFIES ROMANTIQUES

Au nombre

des épigraphes singulières de ces temps singuliers,

on

n'a

ils

allèrent aussi loin

et ils

3i9

que l'embarras du choix chez

les

que possible dans

goguenards de l'époque

les

champs de

;

la surprise,

en rapportèrent parfois d'heureuses trouvailles.

Alphonse Karr, quoique appartenant à

la

génération de

i83o

VIGNKTTE DE GIGOUX, pour

par

son

moderne.

âge

et

la Slrcga, d'Eniest

certains

courants

de parents bavarois,

il

Fouinct (iK32).

difficiles

dut à

la

à

esquiver,

Germanie un accent

humoristique qui ne ressemblait en rien à l'accent français naissant la langue allemande, sortes de mots et d'épigraphes

l'allemand,

Alphonse Karr en

public se montrait

friand.

Le

il

resta

;

con-

émerveilla ses lecteurs par toutes

tudesques. La nature, fit

la

musique,

une sorte de pudding dont

spirituel

le

romancier devait en outre


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

320

aboyer des épigraphes à son chien

faire

et le

prendre pour colla-

borateur de ses romans.

Avec

chien

le

Karr inventa Tamitié

épigraphes du harpiste Léon Gatayes,

des

foison

Freyschûtz,

quasi-célébrité,

grâce

au poste en vedette

qu'il

on

:

eut

à

qui obtint une

occupait en

tète

des chapitres de roman de l'auteur des Guêpes. faisait

Il

Une

bon à ce moment d'être

avec un

lié

épigraphe, un mot, l'ami passait à

écrivain en vue.

la postérité.

Cherche.

(Théodose Burette.)

est

une épigraphe de VAne mort qui a plus

pour

fait

la

gloire

du professeur que ses nombreux résumés historiques. Ahl Eh! eh! Hi!hi!hi!

Oh!

Hu! hu! hu! hu! hu! (Profession de foi par l'auteur.)

Si

suicide,

les

Roueries de

Trialph,

par Lassailly, sont

de curiosité,

n'est-ce

notre

cotées un

contemporain avant son

gros prix dans

la librairie

pas grâce à l'épigraphe ci-dessus?

Je citerai, quoique n'appartenant pas directement à cette classe, l'épigraphe suivante

:

Sire, grâce

!...

grâce!...

(Opéra du Condamné.)

Sans intérêt apparent, l'épigraphe

ci

-dessus

a

pourtant

son


ÉPIGRAPHES ROMANTIQUES

Utilité

de Clotilde de Lusignan, ou

tirée

:

d'en-tcte au

1822), elle sert

in

beau Juif (Paris,

le

des nombreux romans

chapitre d'un

de pacotille enfantés par Balzac dans sa jeunesse'; on a pas douter, un vers de Topera

avec

tard

Condamne que Balzac

tant

que

et

romancier détruisit

le

commencées

d'œuvres

esquissait

^

une étude d'avoué,

peut-être dans plus

le

à n'en

là,

:

poèmes

tragédies,

badins, etc.

Une Revue du temps,

Poucet, nous

le Petit

secrètes ambitions d'un libraire romantique

Vous

serez

ma

fait

connaître les

:

morte ou vive!

proie...

(HippoLYTE Souverain.)

Du moment

où un auteur donnait de

à ses amis, à ses

animaux

favoris,

la publicité à sa

maîtresse,

l'éditeur devait d'autant plus

figurer dans cette foire aux épigraphes qu'HippoIyte Souverain se

piquait de poésie.

Dans citer

la

bande des

«

gens d'esprit du temps,

lions »,

en première ligne Roger de Beauvoir.

On

lui doit

il

une

faut

épi-

graphe d'un tour imprévu. En tète d'un chapitre de // Pulcinella, ou

l'Homme

des Madones, se

lit

:

Feu Duponchel. (Histoire contemporaine.)

Ces deux mots, que pas, portaient

S'entendre gréable

I.

ments

Si

;

le

gros du public ne comprit sans doute

en pleine poitrine d'un des directeurs de l'Opéra.

appeler par ses

mais

lire

amis feu Duponchel

déjà

désa-

imprimée cette désignation d'outre-tombe dut

M. Octave Uzanne avait connu cette épigraphe,

qu'il publiait

est

derniciement dans un journal sur

il

les

l'eût jointe

aux curieux renseigne-

œuvres projetées par balzac. 41


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

323

faire repentir

jours,

un personnage, qui

d'avoir excité

la

tenait

vraisemblablement à ses

homme

rancune d'un

répandu que

aussi

Roger de Beauvoir.

Le

de l'Opéra

directeur

qui paraît

,

des habitués de la Loge infernale,

avoir

été

assez

mal vu

trouva un jour la rue dans

VIGNETTE A LA MANIERE NOIRE, pour

laquelle

sa

porte

il

le

De Profundis,

d'Alfred

Mousse (Arsène Houssaye), 1834.

demeurait obstruée par cinquante voitures de deuil attendait

réclamaient

le

«

un

corbillard

chargement

»,

empanaché

soit

la

bière

dont

les

contenant

;

à

porteurs le

corps

de Duponchel.

Dans une

des voitures

en

tctc,

Beauvoir étaient censés représenter

Emile Cabanon,

les

Roger de

proches parents du défunt.


ÉPIGRAPHES ROMANTIQUES

Le

«

tout Paris

»

d'alors s'amusa de

de Beauvoir a consacré

Un

dont Roger

cette invention

souvenir dans l'épigraphe ci-dessus.

autre système d'épigraphie fut employé par Alfred Mousse,

auteur du roman l'écrivain

De

Mousse

chapitre intitulé fut pas

le

323

cachait

une certaine

fantaisie

titre

en

;

funèbre, sens,

ce

le

Camille ouvrait aux romanciers une voie qui ne

Pour peindre son héroïne,

suivie.

ploie l'auteur

Profundis (Paris, 1834). Sous un

voici le

procédé qu'em-

:

Son

existence avait coule calme

et limpide.

(Alphonse Karr.) Elle est fraîche, elle est rose, elle a de

grands yeux,

elle est belle.

(Victor Hugo.) Sus ojos eran de apil obscuro. Plus limpide que ce

flot

pur.

(Alphonse de Lamartine.)

En

la

voyant

est, je

même

si

innocente et

si

pure, quel

ne dirai pas l'homme, mais qui tenterait de

le

dcmon

la souiller ?

(Alexandre Dumas.) His eyes very Cette rose au matin sourit

bliie.

comme

sa bouche.

(André Chénier.) Sa prunelle Étincelle.

(Henri

IV.)

Gli occhi di color del cielo.

Un

long chapelet d'épigraphes se déroule ainsi pendant quatre

pages sans laisser traces de

la figure

de Camille.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

324

Cette malice à propos du système épigraphique devait en hâter la fin.

Ce

fut alors

que

fossoyeur du

le

De

Profundis, se dépouillant

du pseudonyme d'Alfred Mousse, entra blond, élégant dans

le

monde

des lettres.

Après avoir joué un certain "temps du violon sur du cœur des

relle

rouge

il

prêcha

jolies

femmes de son temps, en

la galanterie

du

xviii'^

faisait

comédiennes

et des belles

dames, ces

pas de disserter platoniquement, à

Tapissier

véritable talon

Caressé par

la for-

folles joies

ne Tempêchaient

moments de

ses

loisir,

sur

l'âme.

ingénieux,

fauteuil à rallonges

à

chante-

un directeur du Théâtre-Français, choyé des

tune qui en

l'immortalité de

siècle.

la

il

inventa pour l'Académie

dans lequel

aucun esprit indépendant

resses de toute qualité, à

la vieille

de

dame ne

française

devait permettre

s'asseoir; confesseur des

commencer par

celles

un

péche-

de Mabille, Arsène

Houssaye devait toujours rester blond comme Apollon

et

bâtir à

Beaujon, à Vorges, à Breuil, à Bruyères, presque autant de châteaux que

le

Roi de Bohême.

ET LE PATRE, SUR SON TOMBEAU, LIRA POUR ÉPITAPHE IL

:

MIT A MORT l'ÉPIGRAPHE.


EPILOGUE ORIGINE ET RACINES DU ROMANTISME

Le hasard me quais une

fit

un jour rencontrer sur

image symbolique du

chose particulière,

la signification était claire.

Furie en robe à panier,

du temps de les

M"''

comme on

Raucourt,

tire

la

dont,

Une

comprenait

un rideau devant

bustes de Racine, de Corneille et de Voltaire,

pour épargner à ces grands hommes de carcans, de roues

A

xviii^ siècle

les

et

la

vue de coupes de poison,

de gibets.

première vue ce frontispice

me

rétrograde qui visait sans doute à la des drames de Shakespeare dont

parut fois

la protestation

d'un être

l'accumulation de meurtres

Le Tourneur

venait de donner une

traduction, et les conséquences de la révolution

tentée au théâtre

par Diderot et réalisée par Sedaine, Beaumarchais et Mercier. Je ne m'étais pas entièrement trompé.

Au moment

de mettre

sous presse la dernière partie de cet ouvrage, un érudit très versé


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

326

dans

connaissance de

la

M. Charles Mehl, me donne un auquel a

du

littérature

la

siècle,

xviii"

mon

ami,

complet de l'ouvrage

historique

image.

trait cette

Fenouillot de Falbaire avait

jouer en 176g, avec un certain

fait

drame bourgeois de l'Honnête Criminel. Un coq qui

succès, le

trouve une perle dans une basse-cour n'excite pas plus d'envie

parmi

main sur une

qu'un

l'entourent,

Chaussepierre,

de

bel

de

esprit

à faire,

en

de

cas

le

besoin.,

vidangeur,

le

femme de

le

drame à

un

menuisier,

le

jouer

deux

juste oubli

ton

de

si

jolies

Le Prince,

par

du pamphlet qui

serait

estampes, dessinées

d'après

par

hommes,

galérien ne sont-ils pas des

qualité ne rougirait pas de refuser ses larmes

le

fois

:

resté et

et

aux malheurs qui acca-

bleraient la famille de ces individus et qui viendraient déchirer son

Tel est

de Falbaire,

Roué vertueux, poème en prose propre

semaine^. Le critique disait à ce propos Le maçon,

la

pour

l'époque,

l'audace dramatico-bourgeoise de Fenouillot

en publiait une parodie,

quelle

qui a mis

écrivain

idée.

Coqueley châtier

qui

volailles

les

cœur

fraternel

?

plongé dans un

gravées en camaïeu

un procédé nouveau,

appelé

n'avaient

quelque attention sur cette polémique entre un auteur dramatique et

un

critique.

Soixante ans plus tard

la

même

vignette eût pu servir d'arme

de guerre aux adversaires de l'école romantique. en

176g,

MM.

prudent sur çaise

de Jouy,

etc.,

tiraient

drames d'Alexandre Dumas

Pourquoi Lauzanne

le

i83o

comme

également un rideau

buste de Voltaire du foyer de la Comédie-Fran-

pour l'empêcher d'être conspué par

teurs des

I.

le

Jay,

En

patriarche

[Paris].

1770. In-S".

de

Ferney

et

les fanatiques

admira-

de Victor Hugo.

était-il

exposé à de

telles


EPILOGUE

injures?

On

criait

anathème à

ses

327

tragédies;

mais

les

tendances

philosophiques de Voltaire étaient également en jeu'.

Au

début, les romantiques n'allèrent guère plus loin que Cha-

La

teaubriand.

cathédrale, trame sur laquelle furent brodés tant de

romans, sortait tout entière du Génie du Christianisme. Longtemps

N

M)

(-. I.

•i

,

sWv

VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour Notre-Dame de Paris, de Victor Hugo (i832).

une

religiosité

les jeunes

vague, d'accord avec d'archaïques époques, écarta

gens de

celui qui,

dans son Dictionnaire philosophique.,

avait déraciné les superstitions et la barbarie des siècles précédents.

Avec I.

les

la

Cathédrale, un autre mot d'ordre contre le philosophe

Le Voltaire, entrevu en i83o

comme un

singe tiont les grimaces s'attaquent aux clioscs

plus sacrées, est curieux à étudier dans les jeunes écrits de Victor

que, dans sa vieillesse, la ligure

le

Hugo;

j'ai

hâte de dire

poète revint sur le philosophe et retraça en traits plus respectueux

de Voltaire, défenseur de l'humanité.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

328

fut

Shakespeare. Voltaire

anglais à la France; mais

conquérant

La

fait

qui

jeunesse,

ardente

est

Shakespeare qui a le

le

cependant

faut

bon Ducis qui

quelque

tenir

particulièrement ennemi de la

ennemie

les plus

des

qu'un

transactions,

Après Dieu,

«

disait-il,

»

cru obligé de rogner

s'était

compte passée,

brutalité

des

races

Français

le

et

est

des si

de l'exagération des

et

radicaux deviennent timides à l'exécution et

mettent les pouces d'eux-mêmes sans qu'on

Alexandre

même

présenter au public.

le

La première fougue

tempéraments.

moyens que

et

plus créé au monde.

ongles du lion avant de Il

grand poète

le

l'amenait d'Angleterre de

il

mot d'Alexandre Dumas.

Et on malmenait les

premier,

le

suivre son char d'un guerrier barbare vaincu.

croyait alors au c'est

connaître,

fit

Dumas,

qui

faisait

de

les

en

prie.

Shakespeare un

Moïse

et

une Bible de son théâtre, ne donnait-il pas raison aux classiques

Hamlet

lorsque, ayant à représenter tenait en entier,

d'œuvre anglais

il

'

?

sur une scène qui

modifia profondément

De même que

le

lui

appar-

dénouement du chef-

Ducis, qui

avait

accommodé

Shakespeare au goût de son époque, l'auteur passionné d'Antony et

de Richard d'Arlington craignait

que

meurtre

le

ajouté à tant d'autres meurtres, n'indisposât le public.

ment Hamlet triomphait de de ses pères, d'après puni

crime

soit

tance,

M. de

et

les la

d' Hamlet,

Au

dénoue-

ses adversaires et montait sur le trône

lois

vertu

du mélodrame qui veulent que récompensée.

En

pareille

le

circons-

Pixérécourt n'eût pas agi autrement.

Les novateurs, malgré leurs théories ambitieuses, sont tenus

nombre de concessions.

à un certain qualifia

I.

injustement

\J Hamlet,

en 1848.

de

la

C'est pourquoi Voltaire,

barbarie de Shakespeare pour ménager

MM. Alexandre Dumas

et

Paul Meurice,

fut

s'il

le

joué au Théâtre-Historique


PL. VII ^"

LA

NOUVELLE POÉSIE

Fac-similé

dune

vignette de Le (1770.)

Prince.


i


EPILOGUE

public de 1770, ne doit pas moins le

premier sur

A

un autre

1789

littéraire

M"" de

il

;

de

récole romantique eût dû

titre,

sa

et

place

est

honorer Voltaire.

comme un

regarde

le

également à

contribua i83o,

marquer comme ayant apporté

français une plante sauvage mais vigoureuse.

le sol

Plus d'un historien moderne

de

329

des précurseurs

de

l'éclosion

indiquée

tout

révolution

la

aux côtés de

Staël et de Chateaubriand, en tant qu'initiateurs

du mou-

vement nouveau. Voltaire, le tragique, s'inquiétait vivement de couleur locale.

La qui

jeunesse a une tendance à laisser dans l'ombre les

lui

ont prêté l'appui de leur doctrine

traite avec

nouveau les

une

pitié

et

dans toutes

de sa cervelle. Cela

même

elle

les

disons

sans doute démodée

:

elle

;

s'est

vu à toutes

les écoles.

Nous qui ne voulons pas Voltaire, nous

parfois

méprisante, voulant faire croire qu'un système

est sorti tout entier

époques

;

hommes

La

preuve

d'ingratitude

envers

tragédie de Zaïre est une

œuvre

faire

n'en fut pas moins conçue suivant cer-

taines préoccupations qu'on devait, soixante ans plus tard, appeler

romautiqiies.

A

défaut du mot. Voltaire s'inquiétait de la chose.

gaiement à ses amis, suivant son habitude, sans en

Il

en parle

faire le

thème

de manifestes ambitieux. Oui,

je vais,

mon

cher Cideville,

Vous envoyer incessamnient

La

pièce où j'unis hardiment

Et l'Alcoran

et l'Evangile,

Et justaucorps Et

la

babouche

Et

le

plumet

Justaucorps, dolmans,

et

doleman,

et le

et le

bas-blanc.

turban.

»

babouches, plumets, galères capitanes, 42


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

33o

ne furent- ils pas depuis

Au

début de sa vie

employés littéraire,

avec

excès

par

les

poètes?

Victor Hugo, ayant à étudier

Voltaire, en ressentit peut-être quelque influence'.

Qui I.

sait si

Zaïre

n'a pas

préparé

la

venue des Orientales?

Lettres choisies de Voltaire, précédées d'une notice sur la vie et tes ouvrages de cet écri-

vain célèbre, par M, Victor Hugo. Paris, Boulland, 1829. In-12.

VIGNETTE DE FOUSSERKAU, gravée par Porret.


i

11'?



BIBLIOGRAPHIE DES OUVRAGES A VIGNETTES PUBLIÉS PENDANT LA PERIODE ROMANTIQUE

Une

bibliographie de cet ordre a besoin de certaines explications; on les donnera

aussi sommaires que possible, pousse par les questions suivantes

— Qu'est-ce que

le

:

romantisme?

L'ouvrage actuel, avec ses développements, servira de réponse pour ceux qui voudront bien y voir autre chose qu'un recueil d'images.

— Quelle

durée de temps comprend

la

période romantique

Les vignettes en forment pour ainsi dire

on

circonscrire cette période, disciple. Victor les

Hugo

est

les

l'Esprit.

artistes

— A quels indices se reconnaît A

cadre.

commence par

qu'elle

gros d'Auguste Vacquerie

Ombres, germe l'Enfer de

de i83o à 1840, que

dirait

le

Ce

fut

le

possible de nettement

maître et

dans l'œuf du poème

libre

cours

îi

Le cuivre,

le

le

et

leurs crayons.

romantique?

sa flamme, à son indépendance, à la matière qu'elle choisit

toute liberté.

par

Rayons

finit

les

donc pendant une période décennale,

donnèrent un la vignette

;

?

S'il était

pour s'exprimer en

bois sont ses principaux agents. Gravée à l'eau-forte, la


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

334

vignette fut l'expression fidèle de

en

la

pensée du maître; dessinée sur bois,

époque d'habiles interprètes qui n'ajoutaient rien de leur métier

cette

délicates le caprice des artistes.

tailles

Il

est toutefois

une autre

pas négliger, quoique bâtarde, celle des frontispices sur pierre

trouva à

et creusaient

ne faut

série, qu'il

et sur acier,

graveurs de profession qui interprétaient plus ou moins

des

elle

confiés à

commercialement

les

vignettes en les dénaturant parfois.

La

poèmes

La

vignette

et

romantique

fut-elle

appliquée

exclusivement

romans, aux

aux

aux drames de l'époque?

répond à

table de l'ouvrage actuel

la

question. Les

litres

de romances, de

revues et de journaux littéraires, divers ouvrages politiques et sociaux avec entourages et

encadrements fournissent un appoint assez nombreux aux vignettes romantiques

permettent de suivre

d'un art nouveau

les infiltrations

où on ne

et

s'attend pas à le

rencontrer.

pourquoi cette bibliographie a nécessité quatre divisions qui sont

C'est i»

:

Romans;

2° Poésies; 3"

Théâtre, Musique, Ballets, Peinture;

4" Politique, Philosophie, Morale,- Archéologie, Traditions,

Relations de voyages,

Biographies et Mémoires.

Ces deux dernières parties offrent une

telle

extension qu'on ne saurait se flatter d'en

fournir la bibliographie aussi complète que pour les premières séries.

cependant que peu d'ouvrages

croit

Indépendamment de il

sa

bien de

vignettes

propre collection formée

a eu recours à celles de

fonds de

à

MM.

A. Boisseau

et

L.

caractéristiques

depuis une

Meynard

Bibliothèque nationale a été consulté et

la

titres

d'ouvrages, de

noms

il

lui

L'annotateur ont

vingtaine

échappé. d'années,

naturellement

le

riche

sera facile de vérifier

com-

;

d'auteurs, de dessinateurs,

de graveurs

ont été

ajoutés à la Bibliographie romantique de Ch. Asselineau qui, recueillant presque exclu-

sivement

les

principaux ouvrages des chefs du romantisme, ne pouvait donner qu'un

catalogue analytique de sa propre bibliothèque, très étudié mais forcément incomplet.

On

a enregistré avec patience les titres d'ouvrages contenus dans la Bibliographie

actuelle

;

elle est

destinée à faciliter les recherches des curieux et

nombreux

collection-

neurs de cette classe d'ouvrages quelques notes y ont été ajoutées qui peuvent servir de ;

renseignements. L'annotateur n'en

tire

pas vanité; toutefois l'Allemand Jaennicke s'étant

emparé dernièrement de l'ensemble des documents d'une Bibliographie céramique

colli-

gés pendant dix ans d'après une certaine quantité de documents particuliers, l'auteur

de

la

Bibliographie romantique a dû prendre certaines précautions pour n'être pas

dépouillé de ses recherches. qu'il

donne

Il

y a des pièges dans cette propriété

est

un avertissement

à ceux qui aiment les travaux tout faits et se les approprient sans vergogne.


ROMANS, CONTES ET NOUVELLES

Abrantès (duchesse Delaunay,

d").

i832.

L'Amirante de

Deux volumes

Castille.

Deux

in -8°.

Mame-

Paris,

lithographies

signées Gi.

On tès;

peut attribuer ces scènes espagnoles à Gavarni, ami de

mais

le

mauvais tirage des lithographies dénature

la

la

duchesse d'Abran-

manière de l'élégant dessi-

nateur.

Adrien Paul, un des petits-enfants du Bibliophile Jacob.

Les

Hégésiaqites. Paris, chez l'éditeur, rue de Cléry. Octobre 1834. In-S".

Sur

le titre,

vignette lithographiée, signée /. A. [Jacques

Arago,] La

vignette représente deux

hommes,

réchaud de charbon allumé, dont

Ce roman

l'un les

debout, l'autre assis,

près d'un

asphyxie. le

nom que

cache

le

pseudo-

Renduel,

i833.

Paul.

Albitte (Gustave). In-S".

vapeur

une apologie du suicide. On ignore

est

nyme d'Adrien

la

Un

Clair de lune.

Paris,

Eau-forte de Célestin Nanteuil.

Personnage sombre, étendu sur une couchette dont

demi une

bière.

Si la bière

La

fenêtre ouverte

donne pince

les

à la lune

un peu exiguë ne ressemblait quelque peu

l'eau-forte serait irréprochable

D'Ambel (Charles- Henri).

draps épars cachent à

dans son plein. à

une boîte

à violon,

dans ses noirceurs.

Le Trappiste

d'Aiguebelle.

Sou-


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

336

verain,

In-8°

i832.

in- 12)?

(ou

Vignette

d'Eugène

Forest,

gravée par Cherrier.

Un

prêtre arrache aux flammes une

ment qui

fait le

D'Ambel

est le

pseudonyme d'un

figurer dans ÏAlinanach des petits

Ambs - Dales.

le

«

pour laquelle

il

écrivain,

rue

In-32.

Eau-forte. se'rie fut

senti-

M. Flour de Saint-Geniès, digne de

Bibliothèque

sanglants.

volume.

au bureau de

Paris,

publiée de cette collection.

On

romans

de la

Chabrol- Poissonnière, imprimerie Mevrel

cation,

un

nourrit

».

grands hommes^ de Rivarol.

Dés

Les

nouveaux à 4 sous

Toute une

femme

malheur de son existence

trouvera chaque

publi-

1834.

,

roman

à

son

ordre alphabétique.

Les petites eaux-fortes non signées appartiennent saurait rattacher à

Anthony

(J.).

aucun

La Fée

nouveaux à 4 sous rue

tion,

Arago

le

qu'on ne

connu.

des

Cévennes.

Bibliothèque de romans

volume. Paris, au bureau de

Chabrol-Poissonnière,

la

publica-

imprimerie Mevrel,

1834.

Eau-forte.

In-32. Voir

de

artiste

à la classe de celles

la

note précédente.

(Jacques) et

Kermel.

Lnsomnies.

Paris,

Guillaumin,

Landois, i833. In-8°. Vignette lithographiée de Jacques Arago, sur la couverture et sur le Louis Rouvière, armé d'un

fusil,

titre.

attend caché derrière un roc qu'un lion qui

s'avance soit à sa portée.

Arlincourt (vicomte Peste.

d').

— Les

Ecorcheiirs, ou l'Usurpation

141 8. Paris, Renduel, i833. Deux volumes

in-8°.

et la

Deux


BIBLIOGRAPHIE

Tony Johannot, gravées par

vignettes par «

La vogue des

monde y

337

Écorchettrs de M.

le

Leloir et

vicomte d'Arlincourt

est

capitale mettent aujourd'hui en circulation des rubans et des

autrefois des écharpes Élodie et des

Fleur-des-Anges

de

est gris

Arlincourt (vicomte

azuré.

lin

d").

Levavasseur, i832.

Si.x

(Article

»

de

manteaux la

Revue

même

la

que déjà

volumes

année en

Encyclopédique,

avec

le la

chapeaux Fleur-des-

La couleur

Solitaire.

Bagatelle.)

Les Rebelles sous Charles V. Paris, in- 12.

volumes

trois

Une

autre édition Librairie

Paris,

in-8°.

vignettes

trois

les

Tony

Trois vignettes de

Johannot, gravées par Porret et Cherrier. parut

telle

des couleurs et des parures. Les magasins de nouveautés de

puise

Anges comme

Thompson.

Tony

de

répétées

Johannot.

Comme

dans

les

Kcorchuurs,

Une

l'Assemblée qui délibère.

la

première vignette représente une orgie

vieille

montre

à

une jeune

tille,

à

couchette, un chevalier bardé de fer et de mécontentement; une

genoux son seigneur

et

maître

:

:

C'est

demi étendue sur

femme

thèmes des vignettes des deuxième

sa

supplie à

troisième

et

volumes.

Arlincourt (vicomte du xive in-8°.

siècle.

Deux

d").

Paris,

Le

Brasseur-Roi., chronique flamande

Deux volumes

Ambroise Dupont, i833.

vignettes de Jules David, gravées par Lacoste'.

Je ne disserterai pas longuement sur les vignettes de Jules David

bourgeoises

et

sans flamme, elles n'appartiennent que par leur date à

propres,

:

période

la

romantique.

Audibert]', sous

i.

J'ajoute

commençait

à

le

pseudonyme de Jkan Louis.

l'œuvre du vicomte,

à poindre

:

le Solitaire,

publiée alors seulement que

7" édition,

vignettes de Colin, gravées sur acier par Tardieu 2 vol. in-12, avec

— Les Papillotes, l'aube

du roinantisnie

Paris, Béchet, 1821, 2 vol. in-12, avec ;

le

Renégat,

6' édition,

Paris, Béchet,

deux gravures sur acier; l'Étrangère, Paris, Béchet, 1825,

deux 1823,

2 vol. in-8% avec

portrait de l'auteur d'après Isabey. 2.

Audibert, rédacteur de la Caricature après Balzac,

mourut

et

de plus fondateur de la Silhouette,

jeune, vers i835.

4J


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

338

scènes de

de cœur

tête,

et d'épigastre. 2" édit.

Paris, Souverain,

d'Eugène Forest, gravée par Cherrier.

i833. In-8°. Vignette

L'auteur, sous prétexte de donner son portrait aux. lecteurs, s'est posé de telle sorte qu'un journal qu'il

cache entièrement sa figure.

lit

Cette vignette ne figure pas dans

AuGER

(H.).

Moralités. Paris, chez Fauteur, 80, rue de Lille,

Deux volumes

1834.

Maurisset

première édition de i83i.

la

signé

Frontispice à Teau-forte,

in-8°.

:

et sculps.

del.

La couverture imprimée, ajoutée plus chez tous les marchands de nouveautés

tard, porte

:

«

Rignoux

et C"^, libraires, et

».

Recueil de Nouvelles avec préface humanitaire mais lourde.

Voir reproduction de

B.ALZ.AC [H.

de)

'.

la vignette,

page 235.

— La Peau de chagrin. Deux

i83i. Deu.x volumes in-8".

Paris, Gosselin et Canel,

vignettes de

Tony Johannot,

gravées par Porret. La vignette du tome premier représente Rafaël chez celle

B.A.LZ.\c

du tome deuxième

(H. de).

Gosselin,

est reproduite

marchand de

curiosités;

page ji3.

Nouveaux Contes

Un volume

i832.

le

in-8°.

philosophiques.

Vignette de

Paris,

Ch.

Tony Johannot,

gravée par Porret. Cette édition forme trait à la

la suite

des

Romans

et

Contes philosophiques. La vignette a

nouvelle Maître Cornélius.

Ces diverses fausses éditions de i8ji

et

de i832, qui font

le

désespoir des

bibliographes, dénotent une vente pénible que l'éditeur cherchait à déguiser par de

nouvelles couvertures.

I.

On

peut

joindre

mouvement romantique

aux :

i"

ouvrages le

de

Balzac, ornés

Vicaire des Ardeiines,

de

vignettes,

publiés

PoUet, 1822, 4 vol. in-12; une lithographie en tète représente l'héroïne de l'ouvrage; et le

Criminel, ou suite du

1824,

4 vol.

in-ri.

avant

le

par Horace de Saint-Aubin, Paris, -2.'

A miette

Vicaire des Ardennes, par Horace de Saint-Aubin, Paris, Buisson,

avec lithographie, signée C.hoquct.


BlBr.IOGRAPHIE

Balzac (H.

de).

Romans

339

Contes philosophiques^

et

Tony Johannot, gravées par

Réimpression des deux vignettes de troisième a trait à

la

édit.

i832. Trois volumes in-S". Trois vignettes sur

Paris, Gosselin,

chine de

3'

la

Porret.

Peau de chagrin, signalées ci-dessus;

la

nouvelle l'Enfant maudit.

Elle est reproduite page 80.

iDe Balzac].

— Le Médecin

Deux volumes

i833.

de campagne. Paris, Mame-Delaunay,

in-S".

Sur

vignette sur bois non

le titre,

signée, sans doute d'Henry Monnier. Dans

la

troisième édition, parue chez Werdet,

i836,

deux volumes

in-S", la

vignette du frontispice de l'édition de i833 est reportée à la deuxième page.

Balzac (H. la

Torpille. Dans

Il

de).

s'agit

le

la

Maison Niicingen, volumes

in-8°.

corps du premier volume de ces romans, vignette sur bois de Daumier.

d'une caricature dessinée par l'employé Bixiou.

Bauchery

(Roland).

Le Bourreau du

Roi. Paris, Roux,

1834.

Frontispice lithographie à la plume, signé /.

In-8°.

Un

— La Femme supérieure, — Paris, Werdet, i838. Deux

personnage, en costume que

le

dessinateur s'imaginait être du temps de

Louis XI, emporte dans ses bras une femme évanouie.

Ce premier roman de M. Bauchery

Bauchery

(Roland).

Vierge, précédée de

La

est signé

Napolitaine, ou la Couronne de la

deux histoires à propos d'un

Michel Masson. Paris, Roux,

1834.

plume de Jules David, sur chine Un

simplement Roland.

In-8''.

volant.

prêtre vient au secours d'une Italienne évanouie.

livre,

Lithographie à

par la


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

340

Bauchery

La

Fille d'une

fille.

2° édit.

i836. In-8°. Eau-forte-frontispice, signée

Goglet.

(Roland).

Les quelques

employés par

artistes

le libraire

Roux ne

Paris, Roux,

furent pas de première

catégorie, et l'aquafortiste Goglet est insuffisant pour modifier cette opinion.

Beauvoir (Roger

Paris, Fournier, not,

L'Écolier de Cluny, ou

i832.

par

gravées

de).

In-8°.

Deux

une

Porret,

Tony Johan-

vignettes de

en

frontispice,

Sophisme.

le

l'autre

sur

le

titre.

Voir reproduction du frontispice, page 61,

Beauvoir (Roger

de).

Paris, Fournier, i832.

A. Menut, de

même

Deux volumes

de rien comprendre à

Beauvoir (Roger

in- 12.

A

page 266.

le

Sophisme.

cette édition fut

Menut, gravée par Porret.

fut

un dessinateur soigneux, incapable

tourmente romantique.

la

de).

Fournier, i833.

que Jules David,

titre,

de Cluny, ou

L'Écolier

adjointe une nouvelle vignette de

du

et vignette

— L'Excellenia, ou

In-8''.

Vignette de

les

Soirs au Lido. Paris,

Tony Johannot, gravée par

Porret. Sacrilège

commis dans une

monacal, enlève une bague de not

s'est

chapelle.

la

main de

Un

personnage, caché sous un froc

saint Charles

Borromée. Tony Johan-

distingué dans cette vignette magistrale.

Beauvoir (Roger

de).

Paris, Abel Ledoux,

l'Homme

// Pulcinella, ou

1834.

des Madones.

In-8''.

Frontispice gravé sur pierre, signé Def., représentant des personnages de

Comédie-Italienne. Couverture à ornements typographiques quadrillés.

La couverture porte

:

«

le Polichinelle », le titre

« «7

Pulcinella

».

la


BIBL103RAPHIE

Beauvoir (Roger

de).

— Le

In-S". Vignette sur bois,

Café Procope. Paris, Dumont, i835. gravée par Masson.

XV

Des personnages en habit Louis

Beauvoir (Roger

de).

thèque choisie.

Le premier volume

discutent au café. Vignette sans portée.

Le Chevalier de Delloye,

Paris,

Quatre vignettes sur

341

1840.

Saint -Georges.

Biblio-

Quatre volumes

in- 12.

acier.

contient un portrait du chevalier de Saint-Georges; les trois

autres volumes, trois vignettes non signées se rapportant aux diverses scènes du

roman. L'ouvrage

est

précédé d'une notice de Félicien Mallefille, sur

vie et l'œuvre

la

de Roger de Beauvoir.

Bergounioux (Edouard). Sur

Charette. Paris, Renduel, i832. In-S".

grande croix blanche sur fond noir, gravée par Andrew.

le titre,

Bernard (M™' Laure).

Les Deux Frères, conte

Paris,

créole.

Planche, i833. Deux volumes in-12. Deux vignettes sur chine

Tony Johannot, gravées par

de

Cherrier.

D'autres ouvrages avec vignettes furent publiés par M'"» Laure Bernard, chez divers éditeurs

;

ce sont des ouvrages d'éducation pour les jeunes

rattachant en rien à

la

morceau de morale publié par Bernard a-t-il

n'était

pas entraînée par

dessiné pour

le

et

tel

qu'il

Journal des femmes, montre que

le

conte

:

les

courant

le

Deux

de Lélia

;

aussi

ne se

filles

période romantique. Gardons notre esclavage

est,

M™» Laure

Tony Johannot

Frères, deux vignettes d'un sentiment doux

et tranquille.

Berthoud (Samuel-Henry). Delaunay,

i833.

— Le

Cheveu du Diable. Paris, Mame-

Deux volumes

in-8°.

Deux

vignettes de

Tony

Johannot, gravées par Porret. Frontispice du premier volume

:

le

Diable retient, au bord d'un précipice, un


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

342

homme

par un cheveu. Second volume, une

femme

échevelée se pend par les

mains aux barreaux d'une prison. Tony Johannot eut à représenter plusieurs

fois

des aliénées dans leurs cabanons, thème favori des romanciers ses contemporains.

Berthoud (Samuel-Henry).

— Mater doîorosa.

Deux volumes

duel, 1834.

in-8".

Deux

Paris, Astoin,

eaux-fortes par

J.

Ren-

F. Bois-

selat.

Premier volume

ment dans honorer

la

Marie; deuxième volume

:

Une Loge de

théâtre.

L'Échafaud. Paris, Ch. Béchet, i832.

Fleuron sur par

à coucher de la malade, eau-forte à encadre-

supérieure duquel des anges sonnent de la trompette jiour

la partie

la vierge

BiGNAN.

Chambre

la

:

le titre

:

billot,

hache, serpent dont

la tête

In-8°.

a été séparée du

tronc

hache.

BoNNELiER (Hippolyte).

Deux volumes

in-8°.

L'eau-forte du premier

Nostradamus. Paris, Abel Ledoux, i833.

Deux

eaux-fortes de Boisselat.

volume représente Nostradamus

fatigué,

demandant

à

boire; la seconde vignette est reproduite page 201.

BoNNELiER (Hippolyte). In-8°.

Calomnie. Paris, Abel Ledoux, i833.

Vignette de Gigoux, gravée sur pierre par C. Girardet.

Un homme

regarde une jeune

qu'un pistolet sur

le

(Victor).

effe_t

— Jehanne

le

Suisse Kajl Girardet en

Thielemont, ou

lieu le

massacre de Vassy.

le

fit

une œuvre veule.

Massacre de Vassy.

In-8°.

frontispice dessiné par Pernot, lithographie

grange où eut

demi découverte. La lune

plancher. Cette composition de Gigoux eût été d'un

fenêtre ouverte et éclaire

i562. Paris, Beauvais, Hivert, i836. Le

à

ainsi

la

dramatique, rendue par un Porret;

Bureau

femme couchée,

un bouquet de roses

apparaît fatalement par

par

Frontispice. Champin, représente

la


BIBLIOGRAPHIE

BoREL

(Pétrus).

i833.

ln-8°.

duel,

343

Champavert^ Contes immoraux. Paris, RenVignette de Gigoux, gravée par Godard.

Vignette reproduite page i53.

BoREL

(Pétrus).

Deux volumes

Madame

Putiphar.

Paris,

iSSg.

Ollivier,

Vignettes de Louis Boulanger, gravées par

in-8°.

Lacoste. La

vignette du premier

dour, à Trianon; dans

deuxième volume, Patrick, détenu dans une maison de

le

fous, apparaît hagard, les

Vignettes d'un médiocre

Bkisset.

— Le

Brot

la

poitrine.

etlét.

Paris,

tradition dalmate, suivie d'une

Urbain Canel, 1833.

Nou-

ln-8''.

œil d'une assez forte dimension orne lu couverture.

(Alphonse).

— Prie{

m'a

été

pour

May.

eau-forte d'Edouard 11

cheveux en broussailles, un crucifix sur

Mauvais Œil,

velle française.

Un

volume représente Patrick insultant M"'« de Pompa-

elle,

roman nouveau, avec une

Paris, Silvestre, i833. In-8°.

impossible de voir cette vignette; elle

manque au volume de

la

Bibliothèque nationale.

Brot

(Alphonse).

verain,

i833.

Ainsi

In-8''.

soit-il,

Frontispice

histoire

du cœur. Paris, Sou-

sur chine lithographie

à

la

plume, non signé. «

Si par hasard

Musée

belle

d'Ainsi

On

souvient assez de ce livre pour s'apercevoir, quand

se

sera ouvert, qu'une des scènes principales ressemble à

confesse d'avance

une

on

ici, et

un

le

tableau, l'auteur

avec plaisir, que l'idée de l'inondation a été prise dans

esquisse de son ami,

Ph. Auguste de Chatillon.

»

(A.

Brot.

Préface

soit-il.)

peut donc avancer, sans trop se hasarder, que

au peintre Chatillon.

la vignette

non signée

est

due


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

344

Brot

(Alphonse).

i835.

— La

Deux volumes

Tour de Londres. in-8°.

Deux

la

Vanité, un

démon

la

le ciel; le

fr.

et

Lelong,

Edouard May.

Justice,

portant un sac de 10,000

qui tend une rose à Ariel s'envolant vers

Labot

eaux-fortes par

Dans un cartouche symbolique représentant humaines,

Paris,

les

fait

Connaissances

face à une figure

deuxième volume

est

orné d'une

scène de mourant dans la Tour de Londres. Timides eaux-fortes qui n'ont pas

même

valeur du frontispice du

Brot

(Alphonse).

le

la

Chatterton d'A. de Vigny.

Voir Saint-Hilaire.

Brucker (Raymond).

[BuRAT DE Gurgy].

auteur pour

Voir Michel Raymond.

La Prima Donna

et

le

Garçon boucher.

Paris, Souverain, i83i. In-8°. Sur le titre, vignette de

J.

Lécu-

rieux, gravée par Porret.

La

Saint-Pol engage son collier au Mont-de-Piété.

[BuRAT DE Gurgy].

— Le

Lit de camp, scènes de la vie militaire,

par l'auteur de la Prima Souverain,

2"

même

édition,

Deux

année.

et

le

Garçon boucher.

vignettes

Trois

par

Paris,

Tony Johannot.

volumes

in-8°.

Trois vi-

Tony Johannot. Gravées par Thompson,

gnettes de

Andrew,

In-8°.

i832.

Donna

Porret,

Leloir, Best.

Première vignette

BuRAT DE Gurgy.

:

le

Duel; deuxième

— Paillasse,

:

l'Hôpital; troisième

:

le

Brigand

italien.

épisode de carnaval. Paris, Bréauté,

1834. In-8°. Le roman

n'a pas de frontispice;

mais

la

couverture quadrillée, tirée en rouge

brique, offre presque autant d'intérêt qu'une vignette.


BIBLIOGRAPHIE

Cabanon duel

(Emile). 1834.

,

Un Roman pour

In-8°.

Frontispice

345

les cuisinières.

lithographie

à

la

Ren-

Paris,

plume

par

Camille Rogier. Voir reproduction, page 172.

Calvimont (Albert

de).

L'Amarante. Causeries du

Urbain Canel, i832. In- 12. Lithographie à

la

Paris,

soir.

plume d'Henry

Monnier. Dans la

le

parc d'un château, sous une tonnelle, Henry Monnier a représenté, avec

précision un peu aiguC- de sa manière, des personnages distingués se livrant aux

charmes de

la

conversation.

Calvimont (Albert In-8°.

de).

Au

tnois de mai. Paris, Denain, i835.

Vignette sur chine de Gavarni, gravée par Porret.

Deux jeunes amoureux tombent dans

Cassagnaux (Edouard). Amiens,

bras l'un de l'autre.

— Le Meurtre de

Boudon-Caron.

vignette de

titre,

les

la Vieille rue

Audin,

Paris,

i832.

Tony Johannot, gravée par

Combat du duc d'Orléans

nuit dans les rues de

la

du Temple.

In-8°.

Sur

le

Porret.

Paris contre une

bande

d'hommes armés.

— Jésus!...

je suis

mort!!

Un coup de masse l'abattit Mon Dieu! ah! !...

encore dans

la

boue

san^^lante.

Ce

furent ses dernières paroles.

Cassagnaux (Edouard). Paris,

bois

Le

Audin, i833. Deux par

Levasseur

Pénitent.

volumes

Tellier,

et

Amiens, Boudon-Caron.

in-S".

gravées

Deux

vignettes

par

Thompson

sur et

Sophie R., élève de H. P. [Henry Porret.] Vignette

du premier volume

:

«

Le

plus souvent le

Pénitent noir errait dans

44


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

346

les

longs corridors du cloître, surtout alors que

au sombre de puis

la nuit.

On

voyait son

ombre

on entendait des gémissements

pénitent heurtait les dalles du parvis, missante.

Il

se

il

heures entières.

restait des

lentement

le

long des

piliers,

du farouche

front orgueilleux

main semblait déchirer sa poitrine

ensuite contre un pilier et

plaçait

revêtu du linceul,

Le

sourds... et sa

pâle clarté' de la lune se mêlait

la

se glisser

»

La

là,

comme

si la

mort

fré-

l'eût déjà

du deuxième volume,

vignette

dessinée par Tellier, est froide et ne mérite pas une pareille citation.

Voir reproduction de

CH.A.BOT

DE BouiN.

volumes

la

première vignette, page 198.

ÉHc

Deux

in-8°.

Tobiûs. Paris, Allardin,

vignettes

sur

chine

1834.

Deux

de

Jules

volant,

David, gravées par Lacoste jeune et Lacoste aîné. Avec plus de flamme dans place dans

Charlet In-8°.

le petit

(Orner).

le

crayon, Jules David eût pu occuper une meilleure

groupe des dessinateurs de vignettes.

Eau-forte

Coups de pinceaux. A.

de

J.

Paris, Ch. Béchet,

Lallement, d'après

le

i833.

portrait

de

Ducornet né sans bras, dessiné par lui-même. Le même auteur annonçait en Malheureusement ce ne

fut

(Philarète).

la vignette

I.

la

d'un

titre

piquant: Chahut!

naturalistes

et

».

Paysages. Paris, Delaunay,

Tony Johannot', gravée par

Porret.

page 209.

Choquart (Adolphe) puits de

«

Caractères

i832. In-8°. Vignette de Voir

livre

qu'une promesse. Chahut n'ayant été déposé ni breveté

pourrait être employé avec succès par les

Chasles

un

i833

l'ermite.

et

Guenot

Contes de Sainte-Pélagie.

Le journaliste des Débats

a

peu

Fiancée, nuits indiennes (recueil de

de Devéria, gravée sur acier.

(Georges).

sacrifié

poésies).

Le Corridor du Paris,

Ambroise

aux vignettes. On doit signaler Paris,

Urbain Canel,

1825.

à

son avoir

ln-18. Vignette


COMPOSITION DE ZIEGLKK, pour VÉloa, d'Alfred de ViRiiy. (Ver» i833.)



BIBLIOGRAPHIE

Dupont, inv.

In -S".

i833.

Vignette à

349

l'eau-forte,

signée

:

C

G.

nom

de

et f.

Les recherches

les

plus approfondies n'ont pas permis de retrouver le

l'auteur de l'eau-forte, finement travaille'e

garde jouant son

âme aux

cartes avec

représente un soldat de la vieille

elle

;

un diable cornu. La scène

se passe

dans

l'intérieur d'un vieux castel.

CocHUT (Amédée). Paris,

sueil.

Une

Denain,

Réaction,

i832.

avec préface par Rey-Dus-

Deux volumes

in-S".

Frontispice

d'Henry Monnier, gravé par Saint-Ferjeux. Un Le

vagabond, poursuivi par des gendarmes, se livre, la

CoLARD.

dans un fourré.

Voir Grossi. {Marco Visconti, roman historique.)

Corbière (Edouard).

Bréauté,

Paris,

blottit

préface appartiennent à l'école démocratique de i83o.

Les Pilotes de

i832.

l'Iroise,

In -8°. Vignette

sur

roman maritime. chine volant,

de

Garneray, gravée sur bois par Brevière.

Un

vaisseau vogue tranquillement sur la

Corbière (Edouard). gin, J.

i833.

Jollivet,

Sur

le

In-8''.

mer calme.

Contes de bord. Paris, Lecointe et Pou-

Vignette-frontispice

sur

chine volant,

de

gravée par Andrew, Best, Leloir.

pont d'un vaisseau apparaît un matelot portant un tonneau rempli de

matières embrasées.

Corbière (Edouard).

femme.

Scènes

Paris, Souverain,

de mer.

i835.

Deux

Deux volumes

Autre édition en quatre volumes

in- 12.

lions in-8".

pour une Vignette.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

35o

CoRBY (Alexandre).

Histoire d'un Singe philosophe, écrite par

lui-même. Paris, Perron, i835. In- 12. Lithographie de Raffet.

Daniel

(H.).

4 sous

Claudine.

Chabrol-Poissonnière. Voir

Daniel

la

4 sous

le

In-32.

1834.

Eau-forte.

nom Ambs-Dales.

note, au

(H.).

nouveaux à

Paris, au bureau de la publication, rue de

volume.

le

de romans

Bibliothèque

Marguerite.

Bibliothèque de romans nouveaux à

volume. Paris, impr. Mevrel, 1834. In-32. Eau-forte.

Voir Ambs-Dales.

Dash

(comtesse).

Deux volumes

Le Jeu de

in-S".

la reine.

Eau -forte de

Dumont,

Paris,

Célestin

i83g.

Nanteuil, d'après

Géniole. Reproduction de

[Davin

(Félix)].

Delaunay

la vignette,

[i833].

page 120.

Le Crapaud, roman Deux volumes

espagnol.

in-8°.

Paris,

de

Vignette

MameBecœur,

gravée par Cherrier. Première vigneUe; des

deuxième

vignette,

paille

pieds d'un

les

d'un squelette

mesurément vignette,

et

;

officiers français

un prisonnier dans son cachot aperçoit tout

homme

mort.

voûte,

une des plus étranges peut-être du romantisme,

une courte notice Il

l'opposé de la

à

coup sous

pendent

pour accompagnement à ce drame un énorme crapaud

peintures d'après

«

A

darde sur l'infortuné prisonnier de gros yeux

qui ne put donner toute sa mesure.

avait

regardent une danse d'Espagnols. Dans

De

cet artiste

à fleur est

de

les

due à un

la

tibias

s'enfle tète.

la

dé-

Cette

homme

peu connu, à qui on doit deux

Notre-Dame de Paris de Victor Hugo,

Félix Davin écrivait dans

:

avait vingt-quatre ans; depuis l'enfance la peinture était son idée fixe,

il

lui

rapporté toute sa jeune vie, toutes ses chastes et ardentes pensées. D'un


BIBLIOGRAPHIE

ciiractère

doux

mélancolique,

et

plus exquise, du vague

«

Becœur

«

Il

est

reste de

mort d'une

imprégnait ses créations de

fièvre cérébrale le 4

la

sensibilité la

plus céleste...

le

de ce mois.

tableaux qui ont été exposés au Musée et que les vrais

trois

lui

il

plus sérieux, de Vinfini

le

35i

connaisseurs ont remarqués, puis quelques lithographies, des ébauches, des pensées incomplètes, des mystères demi-dévoilés... et puis un souvenir doux le

cœur de tous ceux qui Font aimé.

Dei.écluze (E. Gosselin,

J.).

i836.

»

et triste

dans

{L'Artiste, i832.|

La Première Cojnmunion,

noupelle.

Paris,

Vignette sur chine d'Alfred Johannot,

In-12.

gravée par Porret. Une mère regarde

Deyeux.

volumes

Les

sa

fille

Deux

Faussaires.

Deux

in-8°.

qui prie devant son

lit.

Paris, HoudaiUe,

i836.

Deux

vignettes.

Je donne cette indication d'après un catalogue de librairie, mais

je n'ai

pu

me

procurer l'ouvrage.

DmocouRT. i832.

La Cour

Deux volumes

plume, sur

des

in-8''.

miracles.

Deux

;

le

Charles Vimont,

vignettes lithographiées à la

C"

feuille volante, signées

Premier volume

Paris,

Supplice de la roue.

L.

Deuxième volume

:

l'Assemblée des

Truands.

Drouineau

(Gustave).

Deux volumes

— Le Manuscrit

in-S".

Deux

vert. Paris, Gosselin, i83i.

vignettes sur chine de

Tony Johan-

not, gravées par Porret. Voir vignette du premier volume, page

3.

et vignette

du deuxième volume,

page 91.

Drouineau

(Gustave).

Résignée.

Paris,

Gosselin,

i832.

Deux


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

352

volumes

Deux

in-S".

Tony Johannot,

chine de

vignettes sur

gravées par Porret. La

vignette

étend

du premier volume représente deux hommes à cheval, dont

bras vers une croix plantée sur

le

bord de

l'un

la

route; l'autre vignette est

— Les Ombrages, Contes

spiritualistes. Paris,

le

reproduite page 83.

Drouineau

(Gustave).

Gosselin,

i833.

Tony Johan-

sur chine de

Frontispice

In-8°.

not, gravé par Porret.

Un à

jeune

homme

un rendez-vous

Dumas

de

lumes

in-S".

En

tête

la

bougie

Révolution, sont venus

la

dernière lettre d'amour.

la

Chroniques de France. Isabel de Bavière

Charles

VIJ.

Dumont,

Paris,

porche d'une cathédrale, éclairé par une lanterne,

le

nages étendus sur fort, est signée

:

le

sol.

La

deuxième volume

vignette du

:

et

:

deux person-

Entrée d'un château

P. Huet.

— La

(Anatole).

Roman

Belle Veuve.

intime. Lectures des

jeunes femmes. Paris, Pesron. Lyon, Ayné, i835. Composition lithographiée entourant

Épinay de Saint-Luc (marquise d'une

Deux vo-

i835.

de l'avertissement du premier volume, vignette sur bois non signée

représente

DvMAs

une jeune femme, en costume de

l'amant brûle à

:

(Alexandre).

(règne

elle

et

femme. Levavasseur,

le titre

d').

i835.

de

la

In-8''.

couverture.

Valida, ou la Réputation

Deux volumes

in-8°.

Vignettes

sur chine volant. Le

frontispice

ret; celui

du premier volume, dessiné par Foussereau,

du deuxième volume

Premier volume

:

est dessiné par A.

une jeune

fille

à

Por-

en déshabillé de nuit, assise sur sa couchette,

baisse la tête sous les reproches d'un officier de hussards

une femme cherchant

est gravé par

de Chatillon.

surprendre un secret.

;

Chatillon a représenté


BIBLIOGRAPHIE

sur

M""-'

d'Kpinay

Une

certaine

/..;

de

était la fille

la

comtesse de Bradi.

obscurité bibliographique, que n'a pas dissipée Quérard, règne

marquise d'Kpinay de Saint-Luc

cet écrivain le

roman

Épinay (Marie de

qui suit

1').

vieille

Marie de l'Èpinay.

et

Deux

Souvenirs.

Paris,

(Alexis).

Paris, Moutardier, i832.

Ollivier,

i836.

non signé.

servante essaye de rappeler à elle une jeune

Eymery de Saintes

Faut-il attribuer à

?

In-i8. Frontispice à Teau-forte,

Une

333

Le

Vendéen,

Deux volumes

femme évanouie.

de

épisode

in-8°.

lyyS.

Vignettes de

Johannot sur papier de couleur, gravées par Andrew

Tony

et Leloir.

L'une de ces vignettes représente une scène d'échafaud avec deux cadavres décapités

M.

;

l'autre,

un malheureux foudroyé par

Eymery

Alexis

nombre d'ouvrages

Flocon

un Espagnol

Distraction.

ciel.

le libraire

Paris,

Deux

in -8°.

:

duel entre un abbé

arrête le bras d'une

(Eugénie).

La

femme

Juipe,

Arthus Bertrand,

Paris,

du

publia un grand

qui

Lecointe et

et

Pougin,

vignettes - frontispices

Ces vignettes font partie du texte de

Premier volume

FoA

Deux volumes

signées.

même que

est, dit-on, le

feu

sur l'éducation.

(Ferdinand).

i833.

le

la

non

couverture.

un garde française. Deuxième volume

:

qui veut poignarder un officier agenouillé.

histoire

i835.

du temps de

Deux volumes

la

in-8°.

Régence. Frontis-

pice lithographie, signé Jullien. Scène d'hiver. Une

FoucHER gin,

(Paul).

i83i.

vieille

mendiante regarde une femme étendue sur

— Saynètes.

In -8".

Vignette

Porret. Voir description, page

Paris, Ch.

li'é.

de

le

pavé.

Béchet, Lecointe et Pou-

Tony Johannot, gravée par


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

354

FouiNET

lumes in- 8°.

Andrew, La

(Ernest).

La

Deux

Strega. Paris, Silvestre,

du premier volume

Paula, à qui un prêtre apporte

Paris,

et

Arnould

(A.).

le

Premier volume

le

volumes

:

J.

page 319.

Tome

in-8°.

ou

la

Scène de salon; deuxième volume

— L'Orphelin

Vignettes de

mort de

;

Reine

Favori.

et le

in-8°.

Deux

vi-

et

:

les

Signatures.

l'Usurpateur. Dédié

Paris, Hivert,

Deux

1834.

M. Fontaine.

J.

vignette a pour titre Judicael, la seconde Talvas; elles sont inspi-

un pieux sentiment

Gautier {Théophile). Paris, Renduel,

légitimiste,

mais

l'artiste est insuffisant.

Les Jeune-Frdnce. Romans goguenards.

i833. In-8°. Eau-forte de Célestin Nanteuil.

des pièces les plus recherchées de l'œuvre du graveur;

Une

second

David, gravées par Lacoste jeune.

vicomte de Chateaubriand.

La première rées par

par

viatique.

— Struensée,

Fresse-Montval (Alphonse).

M.

est reproduite

Ambroise Dupont, i833. Deux volumes

gnettes-frontispices de

à

Tune

gravées

B. et L., l'autre par Cherrier.

vignette

FouRNiER

de Gigoux,

vignettes

Deux vo-

i832.

il

a

résumé dans ce

frontispice toute sa fantaisie.

Gautier (Théophile).

Fortunio.

velle édition revue par l'auteur.

Vignette-frontispice,

tion

;

;

il

Paris, Delloye,

le

frontispice

«

arrangement des personnages,

plutôt à croire que

1842.

à l'eau-forte est de

renferme son portrait». Le poète fournit peut-être

l'habile

Nou-

choisie.

In-

Henry Baron

et

le

caractère

l'idée

de

la

Th. Gaucomposi-

du paysage donnent

Daubigny, qui prêtaient leur concours aux

publications de la librairie Delloye, s'associèrent pour dessiner et graver tispice.

12.

gravée sur acier.

Suivant un catalogue de librairie, tier

Bibliothèque

le

fron-


BIBLIOGRAPHIE

GiRARDiN (M™* Emile

de).

355

Le Lorgnon.

Levavasseur

Paris,

et

Gosselin, i832. In-S". Vignette de Gavarni sur le titre.

Un dandy de l'époque s'entretient avec une femme du monde assise sur un Au fond, le personnage portant un lorgnon à l'tEil, qui examine cette scène,

sofa.

rappelle les traits de

M. Emile de Girardin jeune.

GoNZALÈs (Emmanuel).

— Souffre-douleur.

Eau-forte de F. Salmon.

In-8°.

Une femme, en costume en robe

Grossi.

Bourmancé, iSSg.

Paris,

à

oriental,

semble accablée de

ramages, poignard et aumônière à

— Marco

Visconti,

roman

tristesse

la ceinture, la

historique

in-8°.

Lithographies à

L'exemplaire de

GuENOT

(Georges).

GuiGNARD

(l'abbé).

d'Antoine M'"*

la

Ch.

la

plume

un personnage

regarde avec

pitié.

du quator{ième

Trad. de Titalien par H. Colard. Paris, Dûment,

volumes

;

siècle.

i835.

Deux

d'Ét. Dubuisson.

Bibliothèque nationale ne contient pas les vignettes.

Voir Choquart.

Le Neveu du

Guignard, Béchet,

par

écrites

Levavasseur,

chanoine^ ou Confessions

lui-même.

i83i.

Paris,

Werdet,

Quatre volumes

in- 12.

Vignette d'Henry Monnier, gravée par Porret.

Un

homme

jeune

cherche à calmer

GuiRAUD (Alexandre).

le

Césaire,

désespoir d'une blonde jeune femme.

Révélations. Paris, Levavasseur,

Urbain Canel, i83o. Deux volumes

in-8°.

Sur

le titre,

vignette

d'Henry Monnier, gravée par Porret. La même lisant et

un

vignette, qui se trouve sur les

vieillard

méditant dans une

deux volumes, représente un prêtre

ville catalane.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

356

Hoffmann

mand

T. A.).

(E.

Œuvres

complètes,

traduites

de

l'alle-

par Loève Veymars. Paris, E. Renduel, i83o-i833. Vingt

volumes

in- 12.

La première complément

Contes

:

imprimée par A. Barbier, parut en i83o, en ih volumes. Le

série,

et

Fantaisies; Vie de Hoffmann, formant 4 volumes, ne parut

qu'en i833, imprimé par Ducessois.

Tony Johannot

Vignettes de

Hoffmann

(E.

Hoffmann. ce titre

i833

»

orné

est

,

Paris, Renduel,

représentant une

est

du conte

scène

présumable que ce

(E. T. A.).

duction nouvelle de toire,

frontispice avec

le

à

plume non signée

la

Casse-noisette,

lui

donner un regain de nouveauté.

Contes de E.

T.

A. Hoffmann,

M. Théodore Toussenel, professeur

M.

L'h... [Lhéritier

de

belles vignettes », dessinées sur pierre par

tra-

d'his-

l'Ain],

de huit vignettes. Paris, Pougin, i838. Deux volumes «

avec

qui

lithographie et daté de i833 dut être ajouté à

titre

avec une préface par

Ces huit

A.

T.

volume.

le

une queue d'édition de i832 pour

Hoffmann

Le

i832. In- 12.

d'une lithographie

l'Enfant étranger, forme Il

Contes de E.

Contes aux enfants, publiés par Eugène Renduel,

«

:

titres.

— Aux Enfants. —

T. A.).

sur les

ornés

in-8''.

Champion, sont d'une

très

faible exécution.

Une première

édition en douze volumes in-12, sans vignettes, mais avec couver-

tures illustrées, avait paru en i83o.

Voir reproductions des couvertures de cette édition, pages yS

Hoffmann Egmont.

(E.

T.

A.).

Paris,

Contes fantastiques,

Perrotin,

1840.

et 77.

trad.

Quatre volumes

par Henry in-8''.

Vi-

gnettes de Camille Rogier, gravées sur acier par Ch. Boullay,

Garnier, Goulu, etc.

Un

élégant

cartouche composé de

sirènes, de

chevaliers revêtus

de leurs


BIBLIOGRAPHIE

357

armures, de personnages grotesques, sert d'entourage à ces vignettes

ment

seul est tiré en

HoussAYE

De

sous

(Arsène),

le

pseudonyme

gravé à

la

Mousse.

d'Alfred

profimdis. Paris, Lecointe et Pougin,

tispice

l'encadre-

;

camaïeu bleuâtre.

1834.

In-S".

Fron-

manière noire, non signé.

L'auteur du frontispice, M. Labouret,

professeur à l'école municipale de

était

dessin de Laon. Voir vignette page 322.

HoussAYE In-8°.

Une

La Couronne

de

blitets.

Souverain, i836.

Frontispice à Teau-forte par Théophile Gautier. réduction fac-similé de cette eau-forte a été publiée dans

même

du

(Arsène).

livre

la

réimpression

chez E. Dentu, 1880. In- 18.

HoussAYE (Arsène)

Les Aventures galantes de Margot. Paris,

Desessart, 1837. In-8". Dans le

le texte, petites

vignettes sur bois, mais

non pas spécialement gravées pour

roman.

HuART

(Louis).

Quand on a

vingt ans. Histoire de la rue Saint-

Jacques. Paris, Abel Ledoux,

1834. In-8°. Frontispice à l'eau-

forte de Boisselat.

Une mansarde.

Hugo

(Victor)'.

Deux

L'étudiant et

la grisette.

Notre-Dame de in -8".

Deux

gravées par Porret. La

même

I.

volumes

Aux romans avec

vignettes

Jargal. Paris, Urbain Canel,

Adam: Léopold d'Auvernav

Paris. Paris, Gosselin,

vignettes

de

année paraît à

de Victor Hugo, avant

182G, in-18. Vignette de

iH'ic,

il

Tony la

i83i.

Johannot,

même

librairie

convient de joindre

:

Biig-

Devéria, gravée sur acier, par Pierre

entraîné dans l'abîme par Hadihrah.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

358

en quatre volumes in- 12,

rédition

Tony Johannot, gravées par

avec quatre vignettes de

Porret.

Voir reproductions de deux vignettes de cette édition, pages 89

Ch. Asselineau

que

dit

«

la

première

e'dition

in-S"

et 327.

de No'.re-Dame,

tirée

1,100 exemplaires, formait quatre éditions fictives; l'édition in-12, tirée à

exemplaires, fournit sept fausses éditions

dont

Hugo

la

vente est

(Victor).

Ilinski (comte

Fait encourageant pour les

».

à

2,000

romans

difficile.

Voir Célestin Nanteuil.

Janus

S.)

Eîmira. Paris, Michaud,

i833.

In-8°.

Lithographie de Devéria. Le comte Janus

Ilinski,

Russie, était en outre

gentilhomme de

membre de

«

la

Chambre de

M. l'Empereur de

S.

plusieurs sociétés savantes et littéraires

».

Ses

héros semblent empruntés au répertoire du vicomte d'Arlincourt.

Imberdis (André).

Chamerot,

VHabit

Locard

petite vignette

et

Chronique

d' Arlequin.

Davi,

i832.

In-8°.

Sur

d'hier. Paris, la

couverture,

par Tony Johannot.

André Imberdis, pseudonyme de M. André d'Ambert, avocat, dont parmi

les

défenseurs des Prévenus d'avril, à

IvANOw^iTZ (comte).

nouveaux à 4 sous In-32. Voir

Jacob

Jal

(P.

(A.).

la

Cour des

L'Esclave russe. le

volume.

le

nom

figura

Pairs.

Bibliothèque de romans

Paris,

impr.

Mevrel

,

1834.

Gosselin,

i832.

Eau-forte. la

note, au

nom Ambs-Dales.

L. Bibliophile).

Scènes de

la

Voir Lacroix (Paul).

vie maritime.

Paris,


BIBLIOGRAPHIE

Trois volumes

in-S".

35o

Tony Johannot, gravées par

Vignettes de

Porret et Brevière.

Un mourant, un combat cation d'une

mère

à

sur

pont d'un vaisseau sous

le

la

République,

un nègre armé d'un poignard, forment

le

la

suppli-

sujet des trois

vignettes.

Janin

(Jules).

Baudouin,

L'Ane mort

Deux volumes

1829.

Femme

la

et

guillotinée.

Vignettes de

in- 12.

Paris,

Devéria,

gravées par Porret.

Janin

(Jules).

édition.

L'Ane mort

la

et

Paris, Delangle frères,

Femme

i83o. In- 12.

P'rontispice sur chine à l'eau-forte par Alfred

enfant,

etc.).

Janin

:

Johannot (Je viens chercher mon

Titre sur chine, caractères gravés sur acier, avec petite vignette de

A. Johannot, non signée. Plus second bois

Deuxième

guillotinée.

titre

en typographie avec

la

vignette sur

l'Ane mort.

(Jules).

volumes in-

La

12.

Confession.

Paris,

Eau-forte d'Alfred

A. Mesnier, Johannot.

i83o.

Même

Deux année,

deuxième édition, avec une vignette sur bois de Tony Johannot, gravée par Porret.

Janin

(Jules).

— L'Ane mort

choisie. Paris, Delloye^

graphies à

la

et

la

Femme guillotinée.

1844. In- 12.

Bibliothèque

Vignette de Baron, litho-

plume par Eugène Leroux.

Déjà en 1841, dans

les

illustrations de la Bibliothèque choisie de Delloye, l'in-

fluence romantique s'efface;

les

nouveaux

artistes

se garent de la

noirceur de

leurs devanciers et veulent paraître gracieux.

Une l'éditeur

autre édition, avec de

nombreux

dessins de

Tony Johannot,

parut chez

Bourdin, format grand in-8", en 1841, mais cette publication appartient

au domaine des Livres

illustrés,

sans liens avec

la

période romantique.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

36o

Janin

(Jules).

Paris,

Le Gâteau

Amyot,

1847.

des

Sur

In- 12.

symphonie fantastique

Rois,

couverture,

la

vignette

de

A. Génot. Vignette tout à

Karr

(Alphonse).

volumes

fait enfantine;.

Sous

Vignettes

in - 8°.

Paris, Gosselin,

les Tilleuls.

de

Tony Johannot

i832.

Deux

gravées par

,

Porret. La

vignette du premier volume est reproduite page 164; la. seconde représente

Stephen agenouillé dans

le

cimetière,

près du

cercueil

de

Madeleine

a

qu'il

déterrée.

Karr

(Alphonse).

Deux volumes

Une Heure

in -8",

trop tard.

Paris, Gosselin,

i833.

de

Tony

Frontispices sur chine volant,

Johannot, gravés Tun par Brévière, l'autre par Cherrier. Premier volume

:

Chasse au marais. Deuxième volume

la

:

Hélène dans

sa

mansarde, une des plus délicates vignettes de Tony Johannot.

Karr

(Alphonse).

Le Chemin

Werdet, i836. Deux volumes Premier volume

:

la

(Alphonse).

Delloye, 1840.

Kermel (Amédée).

Un volume

plus

— Sous

lettre

et fac-similé.

plume par G. Patras

;

Bibliothèque choisie. Paris,

in- 12.

Frontispice de

Lacoste aîné. la vignette,

la

Gosselin,

autographiée de Jules Janin.

— Une Ame en peine.

Voir reproduction de

Paris,

Lithographie

in-8°.

les Tilleuls.

Deux volumes

in-8°.

court.

Baie d'Etretat, lithographiée à

deuxième volume, en frontispice,

Karr

le

page 106.

Deux

vignettes.

Paris, Levavasseur,

1834.

Tony Johannot, gravé par


-.JfSï:^5^^!^,-«i,J!ùiV||iig]«

FRONTISPICE DK GIGOUX, pour

Une

Grossisse, (

de

Jules

ï.acroiv.

|X3^.

46



BIBLIOGRAPHIE

Kermel (Amédée).

Voir Jacques Arago.

Krasnowski (comte Adolphe

de).

— Angélique, ou l'Anneau nuptial.

Nouvelle polonaise. Épisode de Charpentier,

363

In- 12.

i833.

la dernière Résolution.

Paris,

Lithographie-frontispice de Jacques

Arago. La

Lacroix

visite

au blesse.

(Jules).

Une

Grossesse.

Paris,

Renduel, i833. ln-8".

Frontispice Hthographié à la plume, par Gigoux.

Un homme

essaye d'étrangler une vieille

femme dans son

lit.

Voir reproduction, page 36i.

Lacroix

(Paul).

publiées les

Soirées de Waller Scott à Paris, recueillies et

M.

par

académies.

P.

L.

Jacob,

Renduel,

Paris,

bibliophile,

182g.

membre de

toutes

Deux volumes

in -8°.

Frontispice gravé sur bois, non signé. C'est le prétendu portrait du prétendu Jacob, vieux, maigre, les bas les talons, bibliophile

tion des chartes,

la

tombant sur

ardent ne quittant pas son cabinet, plongé dans l'interpréta-

lecture de

volumineux in-quarto,

l'étude d'anciennes tapisseries.

Cette image ne ressemblait en rien à celle de Paul Lacroix, écrivain soigné de sa

personne

Lacroix

et

fréquentant assidûment

(Paul),

sous

Le Divorce.

le

monde.

pseudonyme du Bibliophile

le

P. L. Jacob.

Paris, Renduel, i83i. In-8°. Vignette de

Tony

Johannot, gravée par Porret. Voir reproduction, page

Lacroix

(Paul), sous le

i

38.

pseudonyme du Bibliophile Jacob.

Le


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

364

Roi des Ribauds,

histoire

du temps de

Renduel, i83i. Deux volumes not, gravée par

Voir

la vignette,

annonce

:

le

Roi des Ribauds,

colorié.

page Syy.

Lacroix

(Paul), sous le

du

Contes

Paris,

Tony Johan-

Vignette de

i832, le libraire Renduel

du Roi des Ribauds,

portrait

le

XII.

Andrew.

Dans son Catalogue de avec

in-S".

Louis

pseudonyme du

Bibliophile

Louis Janet,

i83i.

vignettes sur

bois

L.

Jacob.

Jacob à ses petits-enfants.

Paris,

Deux volumes de

Bibliophile P.

in- 12.

Tony Johannot,

Sur

les

titres,

par

gravées

deux

Porret.

Lithographies non signées hors texte.

Lacroix

pseudonyme du Bibliophile

(Paul), sous le

— La

Danse macabre. Deuxième

In-8°.

Sur

vignette par

le titre,

édition. Paris,

L.

P.

Jacob.

Renduel, i832.

Tony Johannot, gravée par

Andrew. Voir reproduction, page

Lacroix

sous

(Paul),

Vertu

ration.

le

1

34.

pseudonyme du Bibliophile P. L. Jacob.

Tempérament,

et

Paris,

histoire

Renduel, i833.

du temps de

Deux volumes

Tony Johannot, gravées Tune par

de

la

in-S".

Porret,

Restau-

Vignettes

l'autre

par

Andrew. Voir reproduction de

la

vignette du premier volume, page 87, et celle

du deuxième

volume, page 25y.

Lacroix çois

(Paul).

h^,

Les

Deux Fous,

histoire

i524, précédée d'un essai sur

du temps de Franles

fous des

rois

de


BIBF.IOGRAPHIE

365

France. Paris, Martinon, 1845. Grand

Figures sur acier

in-S".

Thomas.

d'après Napoléon

Le graveur ordinaire

de

Pétrus

Borel

no

brille

pas

dans

cette

illustra-

tion.

Latouche

(H.

Delloye,

de).

Fragoletta.

Deux volumes

1840.

Bibliothèque in- 12.

Deux

Paris,

choisie.

vignettes-frontis-

pices de Théophile Fragonard, gravées sur acier par

J.

Des-

jardins. Premier volume

:

le

Moine

Moribond. Second volume

et le

:

Jeune

homme

sur

un rocher au bord de la mer.

Lebassu (Joséphine).

La

Saint- Simonienne.

In-8°. Vignette-frontispice

Paris, Tenré, i833.

gravée sur pierre.

École de Tony

Johannot. Voir reproduction, page 23o. M'"" Joséphine Lebassu, qui en réalité s'appelait Lebassu d'Elf,

abandonna plus

tard ses idées saint-simoniennes de i833.

De 1847 et

à 1862 elle publiait de petits livres pieux dans la Bibliothèque chrétienne

morale de Barbou de Limoges,

d'Adrien Le Clère,

Lecomte

(Jules).

i836.

rain,

et

dans

les

librairies

consacrées de Vaton,

etc.

L'Abordage, roman maritime. Paris, Souve-

Deux volumes

in-8''.

Frontispice sur chine, d'après

Th. Gudin, gravé sur acier par A. Rouargue. Dans

Ledhuy

la

chaloupe. Scène de tempête

(Carie).

et

de rébellion.

Chroniques du château de Coucy.

Marie, épisode de

l'histoire

de Picardie au xii«

Thomas de siècle. Paris,


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

366

TÉpée, 1834.

Poultret de

ln-8°.

Frontispice

lithographie, non

signé.

Le chevalier mort.

Ledhuy

(Carie).

— Mémoires

Quatre volumes

Lefloch verain,

Pauvre Fille! Roman Frontispice,

In-8°.

1834.

Couverture macabre lithographiée.

in-8°.

(Victor).

de la Mort. Paris, Lachapelle, i838.

fataliste. Paris,

Sou-

vignette de Devéria, gravée

sur bois^ Reproduction de

la vignette,

J.EFLOCH (Victor), sous

page 286.

pseudonyme de Léon Martiney.

le

Coquette. Paris, Souverain,

Legouvé

(Ernest).

Delloye,

1841.

— Edith de

Une

i836. In-8°. Vignette.

Falsen. Bibliothèque choisie. Paris,

Frontispice de Baron,

ln-12.

lithographie par

Eugène Leroux. Le

prêtre et

Léonce L. Paris,

la

pénitente.

Le

1834.

Fils naturel. Bibliothèque à 4 sous

Au bureau

de

la

publication,

le

volume.

rue de Chabrol-

Poissonnière. Eau-forte. Voir

Lew^is.

la

thèque

note, à l'article Ambs-Dales.

Le Moine. Traduction par Léon de choisie.

Delloye,

Paris,

1840.

Wailly. Biblio-

Deux volumes

in -12.

Eaux-fortes non signées. Ces deux eaux-fortes, traitées avec dessinateur humoristique que

la

le

plus grand soin, sont dues à Trimolet,

mort enleva jeune.


BIBLIOGRAPHIE

Leynadier (Camille).

367

Les Gitanos, avec une préface par Juan

Floran. Paris, Auguste

Desrez,

i835.

In-S".

H. Brown.

pice de (signature illisible), gravée par

Un

ermite et des

femmes agenouillées

Vignette-frontis-

près d'un autel, au fond d'une caverne,

sont troublés dans leurs prières par l'arrivée d'un gitano menaçant.

Lhéritier (Eugène). tardier,

i833.

La Femme

selon

mon cœur.

In-S".

Pas de vignette dans cet ouvrage, mais une couverture lithographiée

mentée dans

le

goût constitutionnel

LoTTiN DE Laval.

le

Une

in- 12,

avec

Les Truands

et

orne-

Enguerrand de Marigny. d'Eugène Forest, gravée

autre édition parut en i833, en trois volumes

vignette primitive d'Eugène

la

et

plus cossu.

Paris, Souverain, i832. In-8°. Vignette

par Cherrier.

Mou-

Paris,

Forest,

deux

plus

eaux-fortes de Benjamin Roubaud. Les

tion de l'auteur,

Marie de Médicis.

Deux volumes

par Cherrier Combien

in-8''.

gravées

Vignettes de Jules David,

Lottin de Laval fut mieux inspiré

mouvement

Ambroise Dupont,

Paris,

et Porret.

du roman précédent Forest satiriques; mais

riche imagina-

la

un des types du romantisme.

LoTTiN DE Laval. 1834.

de cet ouvrage, indépendamment de

trois vignettes font

ils

et

le

jour où

voulurent montrer qu'eux aussi

intellectuel

il

choisit

pour interprètes

Roubaud! C'étaient des dessinateurs de

nouveau.

Jules

David,

feuilles

pouvaient prendre part dessinateur

mesuré

et

au sans

enthousiasme, devait être condamné plus tard à graver des figures de modes.

LuBizE.

de

— Le

la

Commis

et la

Grande Dame.

Paris, aux bureaux

Bibliothèque de romans nouveaux à 4 sous

le

volume.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

368

rue de Chabrol-Poissonnière. 1834. In-32. Eau-forte non signée. Voir

LuBizE.

nom

note, au

la

L'Adjoint de campagne. Bibliothèque de romans nou-

veaux à 4 sous

volume. Paris, imprimerie Mevrel,

le

Même

note que

la

précédente.

— Frère

(Auguste).

volumes

suite des

se fient

annonçait pour

Riant.

tive.

aux anciens catalogues de

L.)

Il

en

est

ainsi

dans

1834.

Sur

ln-8°. la

nouvelles

Tunis,

le

titre,

le

l'histoire

vignettes qui ne furent pas publiées.

africaines.

Paris,

Biais

et

vignette de Mercadié, litho-

Deux

Paris, Souverain,

Réputations, scènes de la vie posi-

i833.

Deux volumes

in-8°.

sur chine volant, lithographies à la plume par

[Mame

pour

cas actuel; l'éditeur Souverain

plume.

(Stanislas).

Premier volume

librairie, insérés à la

à de vaines recherches

roman d'Auguste Luchet des

le

graphiée à

Macaire

Sœur. Paris, Souverain, i838. Deux

romans de l'époque, sont exposés

des vignettes romantiques.

(J.

et

in-8°.

Les bibliophiles qui

LuGAN

1834.

Eau-forte non signée.

In-32.

LucHET

Ambs-Dai.es.

:

le

Suicidé.

(Clémentine)].

Second volume

:

les

Gens de

Frontispices

Eugène loi.

Le Manoir de Beaugency, ou

geance. Paris, Mame-Delaunay, i832.

In-8''.

Forest.

la

Ven-

Frontispice signé

:

Jolivet pinxit, Giraldon-Bovinet direxit. L'Apparition

et

l'Orage.

L'auteur de ce roman

Mame-Delaunav.

était,

me

dit-on,

W^" Clémentine Manie,

fille

du

libraire


[Mame

HIBl.lOGRAFHIfc:

369

Deux Époques,

par l'auteur du Manoir

(Clémentine)].

de Beaugency. Paris, Mame-Delaunay, i833.

Tony Johannot, gravé par Andrew,

de

Ainsi que

le

Deux

Un homme ivre homme essaye de mélodrame

étendu sur

est

vaincre

pas à

rendre émouvante.

la

i833.

Vignette

In-8°.

sur

bois

et

de

le

plancher, vraisemblablement

de

résistance

la

la

femme de

le

mari; un jeune

l'ivrogne.

Gravure de

traitée sans finesse.

Martin (Henry). Lemesle.

vignette de Le

suffit

Moutchas-y-Tchicas, épisodes de terre

Denain,

Paris^

devait être particulièrement

elle

gravée par Napoléon Saint-Ferjeux.

S.,

Ch.

Best, Leloir.

certaine banalité ressort de la vignette

collaboration de trois graveurs ne

(Hippolyte).

de mer. G.

la

Frontispice

Gustave Planche, Porret seul sut

Époques. Dans l'intention de l'auteur

dramatique;

Mansion

à juste titre

Tony Johannot. Une

graver les dessins de

des

remarquer

faisait

In-S".

La

Paris,

Vieille

Ch.

Fronde.

1648.

Béchet, i832.

Tony Johannot, gravée par

cardinal de Retz apaisant la foule émeutée.

de

Publication

In-8°.

Sur

le

titre,

Cherrier. composition de

Jolie

Tony

Johannot, admirablement gravée.

Martiney

Masson

(Léon).

(Michel).

Allardin,

— Voir —

1834.

Victor Lefloch.

Un Cœur

In -8°.

de jeune

fille.,

confidence.

Paris,

Vignette de Jules David, gravée par

Lacoste jeune. L'annotateur de cette bibliographie

un dessinateur de

s'est

vignettes d'un talent

librement exprimé assez de fois sur

bourgeois pour

ne plus

revenir

son compte.

47

sur


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

370

Masson

Brucker (Raymond), sous

(Michel) et

Michel Raymond.

volumes

pseudonyme de

Les Intimes. Paris, Renduel, i83i. Deux de

Vignettes

in - 8°.

le

Tony Johannot

,

gravées

par

Andrew. La

vignette du premier

chambre

à

homme; un

coucher par un jeune

Johannot, trouble

Masson

volume représente une jeune femme surprise

des lutins, affectionnés par

sa

Tony

sommeil d'un personnage du roman.

le

Brucker (Raymond), sous

(Michel) et

Michel Raymond.

Dupuy,

ilans

i832.

In-S".

le

pseudonyme de

Le Puritain de Seine-et-Marne. Vignette sur chine

de

Sainson,

Paris,

gravée

par Girardet.

Masson

(Michel)

Luchet

et

Ambroise Dupont,

Paris,

(Auguste). i833.

Thadêus

Deux volumes

le ressuscité.

in-8°.

Vignettes

de Jules David.

Il

serait injuste d'accabler

libraire

Ambroise Dupont

deux,

employa à tout

Masson

il

(Michel) et

de plus un dessinateur consciencieux que

main

et

le

que, malheureusement pour tous

faire.

— Le

Delloye,

Paris,

fois

Brucker (Raymond), sous

Michel Raymond. choisie.

une

avait sous la

le

pseudonyme de

Maçon., nouvelle édition. Bibliothèque

Deux volumes

1840.

in- 12.

Deux

vi-

gnettes à l'eau-forte, non signées. C'est encore à Trimolet qu'on doit ces représentations

de scènes de

étudiées avec le soin que

la rue,

Chansons populaires publiées par

Mériclet

(A.

G.

de).

le

même

— Pierre.

le

du carreau des Halles

et

graveur apporta à l'illustration des

éditeur.

Paris, Lecointe et Pougin,

i832.


BIBLIOGRAPHIE

Deux volumes par M. F.,

«

Sur

in- 12.

élève de Porret

Personnage barbu, derrière

[Mérimée]. teur du

».

La

Un

Méry.

Nouvelles par l'au-

et

i833,

annonce

cet

In-8".

ouvrage

«

avec

vignette ne fut pas publiée.

Paul

Briolat.

Paris,

Renault,

i83i.

de Tony Johannot, gravée

autre édition avec

volumes

barreaux d'une prison

Fournier, en

librairie

la

vignette

titre,

».

Théâtre de Clara Ga^iil. Paris, Fournier, i833.

Merville.

les

Tellier, gravée

vignette de

Mosaïque, recueil de Contes

Le catalogue de vignette

titre,

le

371

la

même

publiés par

in- 12,

vignette

même

le

In-S".

par

parut en

Sur

le

Porret.

Une

en

trois

1834,

éditeur.

jeune républicain contemple Marat, assassiné dans son bain.

Le Bonnet

vert. Paris, i83o, Boulland. In-8".

Vignette de

Tony Johannot, gravée par Thompson. Scène de forçat

Méry la

et

de garde-chiourme.

revint plus tard sur la peine des travaux forcés.

Revue de Paris deux

Méry.

L'Assassinat,

Urbain Canel

In-8°.

En

i835,

il

publiait dans

d'Henry Monnier.

18 r5.

de

Vignette de

Paris,

Tony Johan-

Thompson.

coin d'un mur, cadavre de vieillard

un drapeau blanc avec

Michel

méridionales

scènes

Guyot, i832.

et

not, gravée par

Au

articles, avec illustrations inédites

les

(Francisque).

mots

:

Vive

étendu.

Sur un

ciel

noir

se

détache

le roi.

Mœurs du moyen

âge.

Job ou

les


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

372

Pastoureaux.

Audrefoy-le-bàtard.

Ch. Vimont,

Paris,

i832.

In-8°.

Le catalogue de «

En

tête

de Gigoux

Une

la

vente de la bibliothèque du baron Taylor (1876) porte

frontispice gravé à la

manière noire par H. de Triqueti

:

et eau-forte

».

note d'un développement exceptionnel doit être consacrée à cet ouvrage,

en raison d'un emploi tout particulier de

Michel dédie d'abord

le livre à ses

dédicace que

la

fit

l'auteur.

M. Francisque

parents, puis

A SES AMIS

MM. Breghot Edouard

Brac

du Lut,

Bourdonel,

de

BouRGOiN d'Orly, Ferdinand Denis, Gigoux,

Alexandre Dumas. Eloi Johanneau, Tony Johannot,

Paul et Jules Lacroix, Hector de la Ferrière, Gérard Labrunie, Laviron, Charles Nodier, J.

N. MoNMERQuÉ, le

Le

Antonio Nunes,

Ch""'

De Carvalho, Paulin

Paris, Péricaud,

Raynouard,

Philibert,

Doct''

Reinaud, le baron

I.

Taylor,

L'abbé Gervais de la Rue,

Le 0« de Vielcastel, Benjamin Guérard,

H. DE Triqueti, etc., etc.

L'auteur reconnaissant

De

quelle utilité seraient pour la postérité des renseignements semblables

chaque auteur avait groupé en

de son œuvre

tête

les

noms de

ses

si

contemporains,

de ses compagnons, de ses amis!

MoNDO

(Dominique).

Deux volumes

— La Mort d'un

in-8°.

roi. Paris,

Lachapelle, i838.

Lithographies par P. Gellé. Titre orné par

Théodore Henry. Lithographie du premier volume

Mort

d'un roi. Ces

:

Un Crâne de femme\ second volume

deux lithographies sont

traitées avec

;

la

un méphistophélétisme que


PL VIU.

FAC SIMILE

DUNE EAU FORTE UE CÉLESTIN NANTEUIL

pour La Coupe

ei

les Lèvres, d'Alfred de

1833

Mussel


i

1


BIBLIOGRAPHIE

dut envier

mais

baron de Lamothe-Langon, à qui on n'accordait pas de vignettes;

le

titre-frontispice

le

Lafosse

il

;

373

en regard troubla certainement

comporte un château

leur armure,

fort incendié, des chats-huants,

à la main,

l'épée

les nuits

un moine en

de Touchard-

deux chevaliers dans

une dame de haute condition

prière,

évanouie (ces deux personnages sortant des anneaux d'un serpent), un vaisseau battu par la tempête, avec d'épais nuages supportant une tête de mort.

Quel

donc

était

l'auteur F. G.

Dominique Mondo pour lequel l'honnête

Un

pelle faisait tant de frais d'illustrations?

musique

qui,

et

n'en faut pas douter, tirait de sa

il

nécessaires pour une

MoREAu

(Élise).

Maison,

si

i838.

pompeuse ornementation de

Une

propre escarcelle

achasur la

les louis

ses écrits.

Destinée, scène de la

vie intime.

Vignette de l'école de

In-S".

I

Italien véritable, auteur d'écrit

Paris,

Tony Johannot,

non signée, gravée sur bois par Hotelin.

MoRiN

(Michel).

Deux volumes Alfred

Albert,

Le

Gil Blas du théâtre. Paris,

comédien attaché

MoRTONVAL

Vignette de

J.

Ce

de costumes de théâtre. vaudevilliste

Mon Ami

Vanderhurck.

Norbert, histoire contempo-

1884.

In-8°.

David, gravée sur acier par Fauchery.

Jacques

le

Chouan. Paris, Vimont,

i833.

Vignette de Tellier.

fut

une

chouannerie,

littérature très particulière

la légitimité,

Henri V,

la

que

celle

de M. Théodore Muret.

duchesse de Berry,

ne cessèrent jamais de se présenter à

plume.

un certain

l'Ambigu-Comique, dessina

Ambroise Dupont,

(Théodore).

In-8°.

et

à

pseudonyme du

(Guesdon).

raine. Paris,

Muret

est le

i833.

Eaux-fortes d'Alfred Albert.

in-8°.

nombre de scènes de drame Michel Morin

Denain,

l'esprit

les

La

blancs et les bleus

du journaliste quand

il

prenait la


VIGNETTES ROMANTIQUES

I-KS

374

Muret

Le Chevalier de Saint-Pons,

(Théodore).

Paris,

Ambroise Dupont,

1834.

histoire de i']84.

Deux volumes

in-8".

Vignettes

de Jules David, gravées sur acier par Faucher y.

Musset

(Paul de).

La Table de

Renduel,

Paris,

nuit.

i832.

Vignette non signée, gravée par Andrew.

In-S".

On

peut jusqu'à un certain point attribuer à Devéria

accoudée sur un

oreiller, lisant

le

femme

la

à

la

mode,

nouveau roman, dans une élégante chambre

à coucher.

Musset

(Paul de).

— Samuel.

Paris, Renduel,

i833.

Eau-

In-8''.

forte de Célestin Nanteuil.

I.a

lune qui apparaît, à

Samuel, Jeanne

Nanteuil

la

faveur d'une fenêtre ouverte, éclaire une scène entre

et Juliette.

(Célestin).

Collection

de gravures à

Célestin Nanteuil pour les œuvres de

Renduel, i832. Petit

livraison. Paris,

Cette livraison,

seule qui parut, est

la

aux romans de Victor Hugo

:

Dernier Jour d'un condamné; décoratif de Célestin Nanteuil;

une imagination tout à

fait

il

in-4°-.

composée de quatre planches

Portrait de Victor

Hugo;

Notre-Dame de

Paris.

a

déployé dans

d'accord avec

la

les

Nodier

(Charles)'.

il

était

I.

Parmi il

est

les livres,

Bug-Jargal; éclate

génie

entourages de ses compositions

le

maître resta sans

Histoire du roi de

Grand

Bohême in-8°.

et

le

les

de ses sept

Dans

ornés de gravures, que Nodier publia sous l'Empire

bon de noter

le

3° le

en droit de compter.

châteaux. Paris, Delangle, i83o.

ration,

relatives

pensée du maître. Malheureusement

public ne comprit pas. Renduel arrêta la publication et illustrations sur lesquelles

Hugo. Première

Victor

2"

de

l'eau-forte

:

Les Proscrits. Paris, Lepetit, 1802. In-12, avec frontispice gravé sur

acier.

le

et la

texte,

Restau-


lilHl.lOGRAPlIlK

375

nombreuses vignettes de Tony Johannot,

gravées par Porret,

Voir reproduction d'une vignette, page 35.

[De Pastoret].

Raoul de Pellevé,

Duc de Guise

temps de la Ligue, par Tauteur du

Renduel, 1834. Deux volumes

i5q4. Esquisses du

i5<j3,

in-S".

à Naples. Paris, de Boisselat,

Eaux-fortes

datées de i833. L"cau-forte du premier volume est entourée d'un cadre architectural, dans

le

goût de Célestin Nanteuil, mais avec moins de maîtrise; celle du second volume représente deux grandes dames, dont une masquée, allant consulter l'astrologue

Hiéronyme.

Petit.

Timoléon Jobert. Bibliothèque de romans nouveaux à

4 sous forte

Il

volume. Paris, imprimerie Mevrel, 1834. In-32. Eau-

non signée.

me

roman

le

semblait délicat de porter à l'avoir intellectuel du vaudevilliste Lubize

le

Commis

Timoléon

et la

de

Jobert

Grande Dame;

M.

Petit,

la

publication dans

collaborateur

qui fut

de

la

même

certaines

le

série

du

pièces

de

Lubize, tend à faire croire que celui-ci se rendit réellement coupable du roman le

Commis

et la

Grande Dame.

PiGTET (Adolphe). Paris,

Benjamin

Utie Course à

Duprat,

Le Dernier Chapitre démon Roman.

Chamounix, conte fantastique.

i838.

Grand

Cavanagh,

Paris,

in- 12.

iSoli.

I11-12,

Vignettes

de

avec vignette gravée

sur acier.

Le Peintre de

Sa!:jbour(^.

Journal des émotions d'un cœur souffrant. Paris, Maradan, i8o3.

In- 12, avec gravure.

Romans, Nouvelles

et

Mélanges.

2'

édition,

Paris,

Gide,

1820. Quatre volumes

in- 12

Figures à l'aquatinte.

Jean Sbogar.

2.'

édition, Paris, Gide, 1820.

Deux volumes

in-r2. Vignettes

imprimées en

bistre.

Stella, ou les Proscrits. Paris, Gide, 1820. In- 12. Figures.

Infernaliana (publié par Ch. noire.

N...).

Paris, Sanson,

1822. In- 12. Frontispice à la manière


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

376

Tony Johannot, gravées par de

M'"'^

Porret, plus fac-similé d'un dessin

Sand.

Reproduction du portrait de G. Sand, page 127.

Le dessin

à

la

plume de M""" Sand

est

une sorte de caricature de Liszt au

piano.

Pigault-Lebrun.

Deux volumes

mon

Contes à

in- 12.

Paris,

petit-fils.

Barba,

Figures sur acier, l'une signée

i83i.

Villeroy

:

fils se.

Ces tionne

petites

de celles de

l'école

Restauration; on

la

les

men-

pour mémoire.

ici

[PoLYCARPE 1827.

images sont de

(Charles)j.

Paris,

Dentu,

Un

Seigneur du Beaujolais, histoire de

i833.

Sur

In-8°.

la

couverture, vignette

d'Auguste de Chatillon, gravée par Lacoste.

Un

diable cornu déroule

un grand

livre

d'images représentant

principales

les

scènes du roman.

PoNs.

Un Mauvais Ménage,

Souverain, i833.

Au

scènes de

Deux volumes

in-8°.

la

vie

intime. Paris,

Vignettes de Lécurieux.

peintre Lécurieux, qui illustra quelques livres de cette époque,

qu'un peu plus de souplesse

;

toutefois elle est bien dans la

il

ne

manqua

donnée romantique

la

vignette reproduite page 88.

PoujouLAT (Benjamin).

Deux volumes

in- 12.

La

Bédouine.

Paris,

Pougin,

i835.

Eaux-fortes de Célestin Nanteuil.

Avec M. Poujoulat, Célestin Nanteuil demandait pas mieux, l'Orient étant alors à

se la

laissa entraîner vers l'Orient;

il

ne

mode. Les scènes de la vie biblique

interprétées par le graveur romantique par excellence sont intéressantes.


FRONTISPICE pour

le

Roi des

DE TONY JOHANNOT, R:biiu.is,

du Bibliophile Jacob.

48


\


BIBLIOGRAPHIE

PouRRET DES Gauds.

Adhémur

guerres civiles du XV''

«

Thcodeberge,

et

Dentu,

Paris,

siècle.

épisode des

Audin, Hivert.

En

tète

de chaque volume, vignette-fron-

gravée sur bois.

Non

signée.

Deux volumes tispice,

379

Puissent

les

in-S".

sires

mon imprudente

d'Argental et de Montchal pardonner à

jeunesse d'avoir troublé leurs cendres, et affublé de nouveau leurs ossements arides

du casque

et

de

la cuirasse

des combats.

des Gauds, romantique, archéologue

»

Ainsi s'exprime en

et légitimiste

Les vignettes représentent une cour d'amour

commençant Pourret

de province. et

un furieux combat entre che-

valiers.

[PouY.-vT (Edouard) et

Listener (Richard)j.

Caliban, par deux

hermites de Ménilmontant. Paris, Denain, i833. Deux volumes in-8°.

Eaux-fortes d'Alfred Albert.

L'une des eaux-fortes

du second volume, ne

se fait pas

PouYAT (Edouard). par Pouyat.

est d'après

Paris,

Cruikshank. Le Monde

remarquer par un

et

la Vertu., vignette

vif accent.

Les Étoiles, Nouveau Magaiine, assorti A.

Johanneau,

1834.

In-8°.

Eau-forte

de

A. Provost. Des

figures

mythologiques

et

symboliques, Renommée, Muses,

Faunes, sont groupées autour d'un cartouche avec ces mots Lassailly,

fourni un

Hippolyte Fortoul, Tristan, B. Tilleul

morceau

à ce recueil

et

:

Nymphes

et

Publié par E. Pouyat.

divers autres écrivains ont

où pointent de vagues aspirations humanitaires,

saint-simoniennes, poétiques et critiques.

Primard (Edouard).

Les Nuits d'un chartreux.

Roux,

Paris,

i836. 10-8°. Eau-forte de Goglet. L'eau-forte un peu grise, mais travaillée, vaut mieux que celle du

pour

la Fille

d'une Fille, citée à

Edouard Primard, qui faire

précéder son

maison Roux.

livre

l'article

s'intitule

«

même

auteur

Bauchery.

membre de

l'Institut historique », a

cru devoir

d'une longue préface d'Auguste Pourrat, autre auteur de

la


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

38o

Raban.

— La Patrouille grise.

Paris, Pougin,

Schwartz

et

Gagnot,

Corbet aîné, i838. Quatre volumes in- 12. Vignettes par Champion, lithographiées à la plume. Vraiment on ne peut décrire de

Raban.

Le

volumes Il

pareilles misères dessinées.

du Diable.

Valet

Figures lithographiées à

in- 12.

Raisson (Horace).

Une Blonde,

histoire

Charlet, gravée par Porret.

volant, de

duite

dans

le

cadre du

sur

titre

Épisode d'un combat de soldats de

La Notice sur l'homme qui

Horace Raisson semble revendiquer

Était-il «

un seul

homme

nous n'oserions

raison sociale,

et

à

Louisa, ou i83o.

les

Ne

fut-il

noms sous

(sous

les

intérêt.

romans de jeunesse de Balzac,

le

de manière, non seule-

style,

plus souvent? Certains l'assurent

le

pas plutôt un être

lesquels ses

romans ont

etc., étaient-ils autre

fictif,

une sorte de

été publiés

Horace

:

chose qu'un enseigne-

»

pseudonyme de Tabbé Tiberge).

Douleurs d'une

Deux volumes

dans

chaque volume

signe de reconnaissance?

Regnier-Destourbet

vignette est repro-

République.

sa part

de Saint-Aubin, Villerglé, lord Rhoone,

ment, un

La

:

démentir.

les

les mille

chine

couverture.

la

changeant de nom, de

ment à chaque ouvrage, mais et

la

qui nest pas mort.

pas mort contient un détail qui a son

n'est

signés de divers pseudonymes

plume.

Vignette -frontispice sur

In-8°.

i833.

Quatre

romanesque. Précédée

homme

d'une notice tjécrologique sur un

Bréauté,

la

i838.

pauvres images.

est difficile d'imaginer de plus

Paris,

Pougin,

Paris,

in- 12.

fille

Sur

de joie.

le titre,

Paris,

Delangle,

cul-de-lampe de

Tony

Johannot, gravé par Porret. Peu de chose que perdue dans

cette petite vignette

les roses,

un

:

une croix de

coffret à bijoux, rien de plus;

bois,

une

mais cela

tête

de mort

est aussi délica-


BIMMOGRAPHIE

tement dessine que gravé

du

et

vaut

cela

les

38i

ingénieux culs-de-larape des livres

xviii" siècle.

Resskguier (Jules Pour

de).

vignette

petite

frontispice

Almaria. Paris, sur

chine,

Allardin,

gravée

sur

i835.

In-8°.

qui

semble

bois,

empruntée à quelque ouvrage anglais.

Rey

(Georges).

Noupelle. Paris, Gosselin, i83i.

In- 12.

Portrait

par Senties, gravé par Porret. Petit livre qui a tout le caractère d'une autobiographie,

l'auteur au milieu

— La Confrérie du Saint-Esprit,

marseillaise de l'an 1228. Paris, Gosselin,

Sur

portrait

le

de

du volume.

Rey-Dussueil (Marius).

in- 12.

avec

le titre,

chronique

182g. Cinq volumes

vignette sur bois, gravée par Cousin.

Pénitent escorté par deux pêcheurs.

Rey-Dussueil (Marius). suite à la

Fin du monde.

Rey-Dussueil broise

Renduel, i83i.

In-8°.

Fron-

de l'Inquisition se prosterne devant un empereur.

(Marius).

Dupont,

i832.

pierre, gravée par C.

A

Paris,

histoire faisant

non signé.

tispice lithographie,

Un condamné

Le Monde nouveau,

Le

In-8°.

Cloître

Sur

la

Saint-Merri.

Paris,

couverture,

vignette

Amsur

Girardet.

première vue cette vignette traitée avec soin semble purement architecturale;

mais dans un coin une petite figure de grenadier de

la

garde nationale, montant

garde devant un entassement de pavés, rappelle l'insurrection des

Ricard (Auguste).

5 et

la

6 juin i832.

Les Étrennes de mon oncle. Paris, Beau-

douin, 1834. In- 12. Eau-forte d'Emile Loubon.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

382

Robert

(Élie).

Lelong, i835. Dans une Renaissance,

La

romans.

Veilleuse,

In-8°.

graveur a disposé

Élie Robert était le

et

Vignette à Teau-forte par Edouard May.

série de cartouches portés par des grotesques le

Aug. Labot

Paris,

habillés de costumes

des nouvelles qui composent

les titres

pseudonyme de M.

le

volume.

Élie Berthet, lors de ses débuts dans

les lettres.

[RoYER (Alphonse) Paris,

çons.

Barbier (Auguste)].

et

Les Mauvais Gar-

Deux volumes

E. Renduel, i83o.

Vignettes

in-8°.

de Tony Johannot, gravées par Porret. Voir reproduction de

De «

la vignette

du deuxième volume, page 267.

ce livre l'éditeur disait dans une

Le vieux Paris ne nous

et

:

guère connu que par de sèches analyses

est

savantes compilations. Rien pour

mœurs

annonce savamment élaborée

la

physionomie, rien pour

du langage. Faire revivre Paris au

et

de

pittoresque des

le

xvi» siècle avec l'insolence

de ses

gentilshommes, ses abbés turbulents, ses désordonnés soudards, son luxe et sa misère, c'est à coup sûr bien mériter de l'histoire. «

la

Le

livre des

Mauvais Garçons nous semble destiné à remplir

chronique parisienne. C'est un tableau large

tour

les écoles

l'hôtel

de l'Université,

la

basoche

et varié,

et les

la

table de marbre,

royal des Tournelles, une passe d'armes dans la rue Saint-Antoine, les

du chancelier Duprat, des bals

des supplices, des orgies de brigands avec leur argot,

Briçonnet, abbé de Saint-Germain-des-Prés

drame coloré par un

style

chroniqueur de Bayard.

RoYER

de

qui nous montre tour à

mystères de

oubliettes de l'Abbaye-Saint-Germain, les salons et

cette lacune

(Alphonse).

Deux volumes

formé à

l'école

;

le lit

et ce tableau,

de mort du vertueux

animé par

de Rabelais, de Fleurange

l'intérêt d'un

et

du délicieux

»

Vene{ia

in-8''.

la

Bella.

Paris,

Renduel,

i833.

Vignettes-frontispices à l'eau-forte, gravées

par Célestin Nanteuil. Deux des meilleures

eaux-fortes d'un maître dont l'œuvre en

colorées, d'ingénieuses et de transparentes.

compte tant de


BIBLIOGRAPHIE

Saint-Firmin (Lucien

de).

Ernestine, ou l'Épreuve. Paris,

Mou-

i833. In-S". Eau-forte de Camille Rogier.

tardier,

L'eau-forte de ce

Léon de Vallerand,

Saint-Hilaire

roman le

volume, Devant

Un Coin du

(i835).

la

Entre on{e heures

Deux volumes

i833.

oii^e

premier volume du roman de

partie plus tard du

Alphonse Brot.

et

Entre

livre

fit

Marchepied

Paris, Souverain,

Le

383

heures

et

minuit.

in-8°.

minuit se compose de deux parties. Le premier

et

cheminée, est dû à E. M. de Saint-Hilaire;

second volume.

le

Salon, à Alphonse Brot.

Frontispice du premier volume sur chine volant, vignette de Lécurieux, gravée

par Cherrier. forte par

En

regard, titre ornementé dans

goût Renaissance, gravé à l'eau-

le

Edouard May.

Saint-Maurice.

— Gilbert,

chronique de

l'

Hôtel-Dieu, ijSo. Paris,

Denain, i832. Deux volumes

in-8°.

Henry Monnier, gravées par

Desseinferjeux.

Premier volume

tombe évanouie,

Saintine'. le

titre,

Un palais,

:

le

par un

— Le Mutilé.

vignettes de

titre,

:

une femme, qui

homme.

Paris,

Ambroise Dupont, i832.

In-8°.

Sur

Tony Johannot, gravée par Thompson.

vignette de

n'ont pu

le

poète sur son grabat. Deuxième volume

est relevée

pape expire.

Sur

Cardinaux, chevaliers, pages, gens d'armes,

empêcher

le

rassemblés au

mutilé de se présenter sans mains en face de son

bourreau agonisant. Dans cette vignette, Thompson

a

montré toutes

les qualités

de

Porret, avec peut-être plus de finesse encore.

Salles (Eusèbe

I.

On

de).

doit encore à Saintine

Paris, Denain, 1826.

:

Ali

le

Renard, ou

Contes philosophiques

Deux volumes

et

la

Conquête d'Alger.

moraux de Jonathan

in-12, avec gravures sur acier.

le visionnaire.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

384

Paris, Gosselin, i832.

Deux volumes

in-8°.

Vignettes de

Tony

Johannot, gravées par Porret. Frontispice du premier volume

arbre et s'apprêtent à vert, se jette entre

:

des Arabes ont

victime et ses meurtriers. Second volume

la

hussards d'Aubagne regarde s'embarquer dans

Salles (Eusèbe

un lieutenant

lié

percer de leurs yatagans; une jeune femme,

le

de).

le

port

Fanny

:

français à le

un

sein décou-

capitaine de

le

Shaler.

Sakontala à Paris, roman de tnœiirs coni833. In-8°. Vignette de Tellier,

temporaines. Paris, Gosselin,

gravée par Brevière. Sakontala tombe évanouie au bal masqué.

Sand (George).

Valentine. Paris, Gosselin,

Vignettes de

in-8°.

i833.

Deux volumes

Tony Johannot, gravées Tune par

Brevière,

l'autre par Porret. Premier volume

Valentine

:

près d'un prie-Dieu, Valentine

Sand (George).

Louise. Second volume

et

Bcnédict, agenouillé

poursuit également à genoux.

le

Paris, Gosselin,

Indiana.

Vignettes sur chine de

in-8°.

:

i833.

Deux volumes

Tony Johannot, Tune gravée par

Cherrier, l'autre par Porret. volume

Premier

volume

:

Sir Ralph

Sand (George). in-S".

Indiana prodigue

:

empêche Indiana de

Mauprat.

Portrait de

C'est le

ses

soins à

Raymond,

blessé.

Second

se jeter dans la Seine.

Paris, Bonnaire, 1837.

Deux volumes

George Sand, gravé par Calamatta.

beau portrait avec

la

légende

:

Disegnato e inciso da

me

L. Calamatta.

Paris, i836.

Servan

(Félix).

Sans cela!

elle serait

ma femme.

Paris,

Roux,


BIBLIOGRAPHIE

Deux volumes

i835.

Salmon

signés Th.

Premier volume

con de

la

Frontispices gravés à Teau-forte,

in-8°.

Léonce

et

Lhuillier.

un jeune homme

à la clarté de la lune

:

chambre d'une jeune

383

Second volume

fille.

:

fatal

on

apparaît au bal-

retire

de l'eau une

femme noyée.

de

Serv.'VN

Sugnv.

Paris, Ch. Béchet,

Le

Publication de Ch. Lemesle.

Suicide.

In-8". Vignette

i832.

d'Henry Monnier sur

le titre.

Deux personnages en costume Louis par

le

.X.V se

disputent. Jolie vignette

non signée

graveur.

Stendhal.

Le Rouge

Deux volumes

in-8°.

Sur

Noir.

le

et

les

titres,

Levavasseur,

Paris,

i83i.

vignettes d'Henry Monnier,

gravées par Porret. Premier volume évanouie

M""-'

:

Julien

vers

s'élance

lequel

est

de Rénal. Voir l'autre vignette reproduite page 292.

Sue (Eugène).

— Plik

et Plo/{,

scènes maritimes. Paris, Renduel,

i83i. In-S". Vignette-frontispice Plik et Plok est

Une

un confessionnal dans

le

d'Henry Monnier.

premier roman maritime qui parut en France.

autre édition en deux volumes in- 12 parut

Ch. Vimont. Sur

Sue (Eugène).

le titre, petite

la

même

année, à

la librairie

vignette d'Henry JVIonnier, gravée par Porret.

Atar-Gull.

Vimont, i83i.

Paris,

Quatre

In-S".

vignettes d'Henry Monnier, gravées par Porret. Sur le

le titre,

vignette du négrier et des noirs qui est reproduite, tirée à part, dans

courant de l'ouvrage; première vignette

deuxième vignette pour quatrième vignette

:

Un

le

chapitre

le

serpent enroule

:

le

Timonier

et le

Capitaine du brick;

Faux-pont; troisième vignette

Jenny

:

le

(chapitre la Veille des noces).

49

Gibet;


LES VIGNETIES ROMANTIQUES

386

1

Sue (Eugène). volumes

La Salamandre.

Vignettes de

in-8°.

Première vignette vignette

:

Lutte de matelots dans un cabaret.

Sue (Eugène).

La

Deux volumes l'autre

Coucaratcha.

Deux

in-8°.

Urbain Canel,

Paris,

vignettes,

i832.

une de Tony Johannot,

d'Henry Monnier, gravées par Thompson.

Premier volume

Sue (Eugène).

Orgie de matelots;

:

Cécile.

Paris,

seconde vignette

la

Urbain

Canel

In- 12. Vignette-frontispice sur chine, par

Sue (Eugène). in-8°.

Porret.

un nègre; deuxième

enfant contre

son

Deux

i832.

Tony Johannot, gravées par

Mère défendant

:

Renduel,

Paris,

est reproduite

Guyot,

et

Eugène

9.

1834.

Forest.

Deux volumes

Latréaimiont. Paris, Gosselin, i838.

Deux

page

vignettes-frontispices sur chine volant, de

Marckl,

gravées par Porret. Personnages de cour en habits du xvn"

Tilleul. in-8°.

ni

— Les Deux Amours.

siècle.

Paris,

Renaud, i833. Deux volumes

nom

Vignette-frontispice sur pierre, sans

de dessinateur

de graveur.

Un jeune homme étend Un Amour aux pieds.

Thierry

(Edouard)

Contes du

soir.

et

les

bras vers une

t'em.iie

Trianon (Henry).

endormie dans un bocage.

Sous

les

rideaux..

Paris, Belin, Lachapelle, 1834. In-8°. Eau-forte

de L. Chefdeville. Scène de

Thouret

jalousie.

(Anthony).

Personnages en costume Louis XV.

Toussaint

le

Mulâtre. Paris, Levavasseur,


MIRLIOGRAPHIE

1834.

Deux volumes

387

Vignettes sur chine de

in-8".

Grandville,

gravées par Porret. I!

que

faut sans doute attribuer à des relations

fit

Dans

l'auteur pour orner son œuvre.

exprime sa flamme à

une jeune femme au

Le nègre

femme momifiés

et la

jeune

démocratiques

la

lit,

choix de Grandville,

le

première de ces vignettes, un nègre

qui l'écoute aussi effarée qu'échevelée.

sont montrés par

un

vieil antiquaire; ce

spec-

tacle remplit d'effroi les jeunes gens qui visitent son cabinet. Grandville, en dessi-

nant ces vignettes,

fit

preuve du sérieux imperturbable qui ne l'abandonnait jamais.

Voir reproduction, page 296.

Vallke (Hippolyte). et

Pougin,

Colette, ou la Fille adoptive. Paris, Lecointe

Quatre volumes in-12.

i833.

Monnier, répétées sur

les

Vignettes

couvertures et les

d'Henry

titres.

Ces quatre vignettes sont des clichés sans doute appliqués à des publications antérieures. et

De 1822

à 1828,

de culs-de-lampe pour

Henry Monnier dessina un

les libraires

de nouveautés

nombre de

certain

et les

vignettes

fondeurs en caractères,

lesquelles vignettes furent appliquées plus tard à divers ouvrages.

Voir reproduction, page 145.

VALLER.A.ND (Léon de). i835.

La

Deux volumes vignette du

Le Marchepied.

Vendremish-Durivage.

H. Fournier,

Eaux-fortes de Camille Rogier.

in-8°.

tome premier

Lucien de Saint-Firmin

Paris,

se retrouve

en tête tïErnestine, ou l'Epreuve, de

(i833).

La

Séparation. Paris, Lecointe et Pou-

gin, i833. In-8°. Vignette sur bois d'après Traviès.

Un

des plus rares ouvrages du romantisme.

Non

signalé par Quérard. L'édition

tout entière, sauf quelques exemplaires, fut supprimée par l'auteur.

Durivage, qui l'année suivante, fut

nommé

substitut à la

rencontrer avec Jules Favre, également romantique; mais défendait les accusés politiques de

Durivage réclamait leurs

un emportement dont

tètes,

au

grande

la

nom

de

la société

profita la défense.

Voir reproduction de

la

cité

vignette, page 299.

Vendremish-

Cour de Lyon, devait le

ouvrière

se

jeune avocat lyonnais

quand Vendremish-

menacée, avec une violence,


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

388

La Tour de Montlhéry.

ViENNET.

volumes

de

Vignettes

in-8°.

Paris, Gosselin,

Gigoux, gravées

Deux

i832.

sur

par

pierre

Girardet. Première vignette vignette II

délit

:

Festin d'hommes d'armes dans un vieux manoir; deuxième

Un Moine protège une jeune fille

:

serait facile

contre les entreprises d'un chevalier.

de surprendre à chaque page du roman M. Viennet en flagrant

de romantisme. Le député de l'Hérault s'étant corrigé plus tard,

la

jeune école

n'eut pas d'adversaire plus acharné.

Une

Tour de Montlhéry parut chez Abel Ledoux

autre édition de la

en i833. t)eux volumes in-12 avec

Vigny (Alfred

Vignettes

ou

Stella,

du Docteur

sultation In-S".

de).

sur

mêmes

les

les

chine

de

I

vignettes.

Diables bleus. Première con-

Paris,

noir.

Gosselin

et

Gosselin et

Renduel, i832.

Tony Johannot, gravées par

Brevière.

Une seconde volumes

édition,

in-12, avec

même

titre,

même

parut

éditeur,

en

Ces vignettes représentent, l'une Chatterton brûlant ses manuscrits, Chénier

et

M™"

d'arrestation.

en

deux

l'autre

André

i833,

deux vignettes-frontispices de Tony Johannot.

de Saint-Aignan à qui un

La troisième

vignette,

officier

municipal donne lecture du décret

M"" de Coulanges, malade,

est reproduite

page 261.

VioLLET (Alphonse).

— Contes de

la semaine. Paris, Alex.

1834. In-8°. Eau-forte d'Emile

Une femme tombe aux genoux de pistolet sur un jeune

coup de

homme;

d'un

Loubon.

homme, pour l'empêchèr de

celui-ci,

Mesnier,

froidement,

les

tirer

un coup

bras croisés, attend

le

feu.

ViOLLET (Alphonse). tardier,

Chroniques contemporaines.

Paris,

Mou-

1837. In-8°. Vignette.

Les bibliophiles devront ne pas en tête du volume;

elle n'a

se

préoccuper de

aucun rapport avec

la

le texte.

vignette anglaise, placée


BIBLIOGRAPHIE

Waldor

(Mélanie).

i832.

L'Écuyer d'Anberon.

Trois

In-S".

gravures

à

la

Tony Johannot, deux

Lhérie d'après

389

Paris,

manière

Moutardier,

une

noire,

Gigoux,

d'après

de

gravées

Tony Johannot,

par Gabriel Laviron. Plus frontispice d'après

gravé sur bois par Thompson. romantique qui

C'est le seul livre

Wailly (Léon

D'O. (Bénédict)? Delaunay, et

dans

de).

iSSy.

La

Perle de

In- 18

Vile

d'Ischia,

Vignettes

carré.

et

roman.

Paris,

eaux-fortes

hors

le texte.

le

nom que

L'Évèque Go^lin,

Normands, chronique du IX' i832.

orné de gravures de cet ordre.

Voir Lewis.

L'annotateur n'a pu trouver

Anonyme.

soit

Deux volumes

cachent ces

ou

le

siècle.

initiales.

Siège de Paris,

Paris par

Dufey

et

les

Vezard,

m-H". Sur le titre, vignettes de Lécurieux,

gravées par Porret. Première vignette

:

Assaut de Paris par

les

Normands; deuxième

vignette

:

le

Vieillard malade.

L'Evêquc Go^lin

est taillé sur le

même imité les célèbres son nom au public.

a

Anonyme. in- 12.

patron des romans de Walter Scott; l'auteur

préfaces du conteur écossais, alors qu'il n'avait pas livré

Sœur Laure.

Paris,

Châtel,

i83i.

Deux volumes

Vignettes sur acier, de Potier.

L'annotateur de cette bibliographie n'a pu trouver de renseignements sur cet ouvrage.

Babel, publication de la Société

nouardj

1840.

Frontispice de

Trois volumes la

des Gens de Lettres. Paris, Rein-8".

couverture, dessiné par

Henry Monnier, gravé par Gérard;


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

3qo

il

représente

monument

des

apportant

écrivains,

intellectuel.

En

tête

volumes

volumes

sur

pour

édifier

un

de chaque volume vignettes-frontispices d'Henry

Monnier, gravées par Gérard. Dans

le

texte des trois volumes, vignettes

du

pour une poésie de Victor Hugo, une scène populaire d'Henry Monnier

même et

un

poème de Méry.

de

Les Arabesques, choix

compositions inédites,

Beauvoir, Paul de Musset, Léon des

Gens de

Lettres.

Halévy,

etc.,

Renouard, 1841.

Paris,

par Roger de

de

Société

la

Deux volumes

in-S".

Sur

le

verso de

la

couverture, vignette d'Henry Monnier, gravée par Gérard,

pour une nouvelle du volume,

le

Criminel d'Etat, de Roger de Beauvoir. Les

Arabesques formaient une sorte de suite à Babel

nombre de gens de

certain

volumes

lettres

dont

et

donnaient satisfaction à un

pu entrer dans

les récits n'avaient

les trois

primitifs.

Les Cent-et-Une Nouvelles des Cent-et-Un. Paris, Ladvocat, i833.

Deux volumes phile Jacob,

in-S",

par Fr.

Henri Martin, Ém. Deschamps, les

J.

Biblio-

Dumas, Alph. Karr,

Félix Pyat, Ch. Nodier, Al.

Ces deux volumes,

Chasles, le

Soulié, Phil.

Janin, etc.

seuls parus, contiennent

nouvelles

vingt

avec

vingt

vignettes sur bois, en-têtes et encadrements.

Voir reproduction, page 263.

Contes bruns, par une

Guyot, i832.

In-S".

Tête à l'envers.

Sur

le

titre,

Paris,

Urbain

vignette de

Canel

et

Tony Johannot,

gravée par Cherrier. La

fortune de ce livre est peut-être due autant à

Balzac, de Philarète Chasles

yeux hagards

et

et

de Charles Rabou.

la

Une

vignette tête

qu'aux récits de

renversée, avec des

une chevelure dont chaque poil semble porteur de désolation,

frappa extraordinairement

les lecteurs

de l'époque.


BIHMO(JKAPHIE

Contes

Étreiines pittoresques.

M.

Nouvelles, par

et

Decamps, D. Saint-Yves,

Arnould, Alex. gnettes. Paris,

3.ji

L. Jacob,

P.

ornés

etc.,

de vi-

Entête de l'ouvrage, frontispice à

i835, in-12.

Teau-forte de Célestin Nanteuil. Dans

deux vignettes sur

le texte,

bois,

une non signée, attribuée

Célestin

à

Nanteuil; l'autre signée D. C.

Le

Sachet, Nouvelles.

Abel Ledoux, i835.

Paris,

In-8°.

Eau-forte

sur chine volant, d'A. Fauchery, gravée par M"" Uranie Ledoux.

Un

seigneur surprend au pied d'un autel une

face de l'évangile ouvert.

femme accablée de remords en

Composition avec un arrière-reHet de troubadourisme.

Le volume contient des nouvelles de

Chasles,

Philarète

Jules

David,

A.

Em. Desprez, Charles Rabou, Alphonse Royer.

Salmigondis. Contes de toutes J.

couleurs,

les

par

MM.

de Balzac,

Janin, G. Sand, P. Chasles, L. Gozlan, Jean Paul, A.

Félix Pyat, Henri Martin, Drouineau,

Dumas,

Roger de Beauvoir, Paul

de Musset, Ém. Deschamps, P. de Kock, F. Michel, C. Nodier, P. Foucher,

volumes

A

Dumersan,

Fournier,

1

Douze

832-33.

in-S".

partir

du deuxième volume

jusqu'au douzième volume

le

le titre

mot Salmigondis

de Coules de toutes

La couverture du premier volume Porret.

Paris,

etc.

Tous

les autres

est

volumes ont un

disparaît et l'ouvrage porte les couleurs.

ornée d'une vignette de Menut, gravée par

titre-frontispice

sur chine, de Levasseur,

gravé par Porret.

En

outre, au

tome IX

est adjointe

une eau-forte de Boisselat pour

hi

Vivan-

dière de Francisque Michel.

De même

les

tomes

X

et .XI

ont une lithographie tirée sur chine.

L'éditeur des Contes de toutes les couleurs essaya d'appliquer à sa publication, qui paraissait tous les deux mois, une revue critique des nouveautés de et

du théâtre

ne

fut pas

;

l'idée

continuée.

la

librairie

de faire du livre une Revue ne réussit pas ou du moins


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

iiji

Un Diamant

à dix facettes.

Paris,

Dumont,

in-8°. Frontispice sur chine, portraits

Frédéric Soulié et de Paul de

i838.

Deux volumes

en pied à Teau-forte de

Kock, gravés à l'eau-forte par

Célestin Nanteuil. La pointe de perdit tout à

Célestin Nanteuil, aux prises avec des personnages modernes,

coup sa souplesse. Paul de Kock en robe de chambre

et

en calotte

grecque, Frédéric Soulié avec l'épaisseur légendaire de ses moustaches, deviennent des êtres particulièrement engoncés.

Ce

recueil contient des nouvelles de Paul de

tesse Dash,

Clément

le

Roger de Beauvoir, baron de Bazancourt

et

Frédéric Soulié.

Turc, roman anecdotique en quatre époques, orné de

douze vignettes par Tony Johannot line.

Kock, Suau de Varennes, com-

Paris,

et

Porret

;

suivi

de l'Orphe-

i835. In- 12.

Les vignettes de Johannot, qui ornent ce roman, sont de déjà dans maintes autres publications actuel sont les types.

et

petits clichés

employés

dont quelques culs-de-lampe de l'ouvrage


POÉSIES

Anglemont (Edouard

d').

Légendes françaises. Paris, Dureuil,

182g. In-8°. Sur le titre, vignette d'Achille Devéria.

Un

un ange

cavalier, faucon au poing, s'arrête devant

son attention vers un moine étendu sur

le

chemin,

et

de

la

et

un diable qui

bouche duquel

attirent

sort

une

flamme.

Anglemont (Edouard

d').

Mame-Delaunay,

Nouvelles Légendes françaises. Paris,

i833. In-8°.

Sur

le

vignette de

titre,

Tony

Johannot, gravée par Porret.

Un

nain fantastique montre un écrit à une

femme en costume du

xvii" siècle,

qui donne un dernier coup d'œil à ses atours.

Anglemont (Edouard

d')'.

— Amours

de France. Paris, Gosselin,

1841. In-S".

La

Arvers

petite vignette sur le titre doit être

(Félix).

Mes Heures

un

cliché.

perdues, poésies. Paris, Fournier,

i833. In-8°. Sur le titre, vignette sur chine.

Un

AuTRAN

papillon sur une branche, au bord de l'eau.

(Joseph).

Suivies de

I.

Il

«

Ballades

Marseille

»,

et

Poésies

tnusicales.

L'Aïi

par Méry. Marseille, Lejourdan, 1840.

faut ajouter à l'œuvre poétique de

M. Ed. d'Anglsmont

le

volume Odes.

Paris, Blosse,

1825. In-i8. Vignette sur acier, gravée par Ferdinand.

Voir reproduction, page

40.

33.

5o


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

394

Grand térieur

Frontispice lithographie, signé P. G. Cariot.

in-8°.

du volume,

Carrefour des tran

:

bois,

trois

lithographies

la

:

A

l'in-

Gondole noire,

M.

Marseille; plus une romance de

J.

le

Au-

Bien-aimée aux yeux doux.

La composition

Carrefour des

le

bois est

romantique.

particulièrement

nombreux cortège se rend au cimetière ombragé de cyprès. Sur des fantômes à tête de mort, enveloppés de suaires blancs.

On

lit

Un

premier plan,

le

sur une

tombe

:

hic jacet Jh. Autran, if)4n.

Voir reproduction du frontispice, page 217.

Ayz.-vc (Félicie

d').

Soupirs poétiques.

Paris,

Delaunay, i833.

In-i2. Trois lithographies, non signées.

Baour-Lormian. frères,

— Légendes, Ballades Deux volumes

1829.

et

in- 12.

Fabliaux. Paris, Delangle

Dans

le

texte, vingt-trois

vignettes sur bois, non signées, gravées par Porret. Quatre

de

ces

pages 21, 23, 24

Barthélémy. Sur

vignettes

ultra

-

romantiques

de

sont

Devéria

reproduites

et 26.

le titre,

Ma

Justification.

vignette de

Paris,

Perrotin,

i833.

Tony Johannot, gravée par

Scène d'insurrection. Combat de gardes nationaux sur

la

In-S°.

Porret.

place de la Bourse.

Barthélémy, de son balcon, assiste au drame.

Barthélémy L.

et

Reybaud.

Méry. Paris,

Œuvres,

i83i.

précédées

Quatre volumes

dune

notice par

petit in-12.

Deux

portraits.

Bkauchesne

(A.

de").

Souvenirs poétiques.

Paris,

Delangle,


BIBLIOGRAPHIE

Sur

i83o. ln-8".

Tony Johannot, gravée

vignette de

titre,

le

3<)5

par Porret.

et

Une

nuit de la chouannerie.

Une

autre édition avec

Femme

même

la

veillant sur

vig.iette parut

son nouveau-né.

en 1834 chez

les éditeurs

Guyot

Dentu.

Beauvoir

i^Roger

Varennes,

dei.

iS^y.

La Cape

l'Epée.

et

Paris,

Suau de

Eau-forte-frontispice de Célestin

In-S".

Nan-

teuil.

Nain apportant un vase pour remplir rage ornementé encadre

BiGNAN.

la

la

Mélodies françaises.

volumes

Deux

in- 12.

coupe d'une lemme élégante.

Un

entou-

scène

Paris, Ch.

vignettes

Béchet,

i833.

Deux

chine volant, de Sainson,

sur

gravées sur pierre par Girardet. Premier volume

:

castel ruiné

au sommet d'un monticule. Deuxième volume

:

prisonnière amenée devant ses juges dans une salle basse.

(Pétrus).

Rhapsodies.

carré.

Titre

et

frontispice

tirage

avec

eau

BoREL

du

volume,

- forte

deux

de

Levavasseur,

Paris,

gravé à

la

Célestin

lithographies,

i832.

In- 12

manière noire.

Autre

Nanteuil.

signées

A

Napol

l'intérieur

[Napoléon

Thomas]. La gravure du

frontispice est attribuée à Joseph

donnent une idée des bouzingots de i832,

Une

eau-forte de Célestin

tique, fut ajoutée plus tard à

tels

Bouchardy. Ces

que se

trois vignettes

les figurait l'auteur.

Nanteuil, dans de meilleures données d'art roman-

une fausse seconde édition.

Reproduction de cette eau-forte, planche V.

Boulay-Paty

(Évariste).

Elie Mariaker.

Paris,

Henry Dupuy,


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

396

In-S".

1834.

Frontispice

à

Poète accoudé sur un rocher

quelque clarté sur

Boulay-Paty

Image de keepsake dessinée

par

F.

J.

un diable vole vers

noirs.

Dans

le

ciel,

Boisselat.

lui;

au

bas

du

un ange lumineux pro-

du poète noyée dans l'ombre.

la figure

(Évariste).

BouNiN (Polydore).

nuit;

la

monuments

rocher, toits et flèches de jette

Feau-forte,

Odes. Paris, Coquebert.

et

1844. In-S".

gravée sur acier par Larbalestier.

Poésies

Poèmes. Paris, Renduel, i832.

et

Frontispice gravé sur bois, non signé.

In-S".

Scène

tirée de la pièce de poésie

:

le

Serment de

l'épouse.

Femme

étendue morte

sur les dalles d'un monastère.

Bruys-d'Ouilly (Léon). ricaine.

Paris, Ch. Gosselin,

signée du

monogramme

Ghaudesaigues (Jacques). et

Ollivier,

teuil,

Une Fleur

i835.

In-8°.

amé-

Vignette-frontispice,

P. L., gravée par Rouget.

Petit

1840.

des Savanes, ballade

Le Bord de in- 18.

la

coupe.

Frontispice de

Paris,

Werdet

Célestin

Nan-

gravé sur bois par Belhatte.

Voir reproduction, page 283.

Chaumier (Siméon).

Les Dithyrambes. Paris, A.

1840. In-8°. Portrait lithographie par

Aimé de

Le

Gallois,

Bayalos.

Voir reproduction, page i85.

[CoQUATRix].

Italie,

drame.

Eau-forte de G. Morin.

Paris,

Just Tessier,

1834.

In-S".


BIBLIOUUAPHIE

Davin

(Félix).

Mystères

J97

Poésies

et

i836.

In- 16. Portrait.

De

la Besge Pelletan,

Du haut

(M""-).

Brises du

d'une falaise, une

Trois volumes

tcmmc du monde

(M'""-').

grand

«

De Rudder.

confie une lettre à l'oeéan.

Poésies.

in- 18,

Gosselin,

Paris,

Frontispice lithographie par

i835. In-S".

Desbordes -Valmore

poésies.

soir,

Paris,

Boulland,

ornés de quatre

182g.

vignettes

sur

chine et d'un très grand nombre de gravures sur bois dans texte

le

(Quérard.)

».

Desbordes- Valmore

(M""').

Poésies

inédites.

Boulland,

Paris,

1829. In-i8, avec une planche.

Desbordes- Valmore

volumes

in-8°.

(M""").

— Poésies.

Faux-titre, entourage

Andrew. Un catalogue annonce

même

recueil

(i83i) chez le

vignette est

i83i

d'Henry Monnier, Tony

Frontispice sur acier de sur

bois

H..., gravé

:

même

Deux

éditeur,

Deux volumes,

Johannot,

par Frilly. Sur

Devéria. le titre,

d'Henry Monnier. Chaque pièce du

terminée par un cul-de-lampe

être attribué à

i83o.

d'Henry Monnier, gravé par

édition, sans doute, mais datée de

figures sur chine

petite

Paris, Boulland,

non signé qui peut

Henry Monnier.

Desbordes- Valmore

(M"").

— Les Pleurs,

poésies nouvelles. Paris,

Charpentier, i833. In-8°. Frontispice sur chine, d'après Alfred

Johannot, gravé sur acier par Mauduit

;

sur le titre, vignette

gravée par Brevière. Préface d'Alex. Dumas. Autre édition, en i835, avec le

nom

de

M'"'^

Goulet, libraire.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

398

Deschamps (Emile

Antony).

et

choisie. Paris, Delloye,

Jacquand

Claudius

1841.

Poésies complètes.

Deux volumes

Bibliothèque

in- 12. Vignettes

de

de Louis Boulanger, gravées sur acier

et

par Delanoy.

DuGAiLLON

Fiel

M"^ Gosset,

Nancy, texte,

(Eude).

de

J.

J.

et

1829.

Grandville

;

Miel,

Grand trois

Paris,

poésies.

in-8°.

Paulin.

Deux gravures hors

gravures de

Lewicki, sur

J.

chine.

[Du Pont Grand

DuvAL Le

(comtesse)].

Everat,

Paris,

1839.

Vignettes.

in-8°.

(Henri).

Les Éphémères.

— Mélancolies poétiques

Clère, i833. In- 18. Frontispice

et religieuses.

de

Paris, Adr.

Jules David, gravé sur

bois par Lacoste jeune.

La

Farcy

croix du matin.

(J.

G.).

Reliquiœ.

Paris,

Hachette,

In-i8.

i83i.

Por-

trait.

Favier

Sur

(Eulalie). le titre,

Poésies de l'âme. Paris, Hivert,

cliché

d'Henry Monnier, gravé par

i835.

ln-8°.

Leloir.

Voir reproduction, page 145.

Gautier (Théophile).

Albertus, ou l'Ame

théologique. Paris, Paulin, i833,

et le

Péché, légende

ln-i8. Eau-forte

de Célestin

Nanteuil.

Une femme cherche

à

entraîner un

jeune

homme

sur

un canapé. L'ange

s'envole, effarouché par cette scène; une sorte de Méphistophélès y applaudit.


BIBLIOGRAPHIE

— La

Gautier (Théophile).

Grand

i838.

in-8°.

Comédie de

Frontispice de

3 -99

la mort.

L.

B.

Paris, Desessart,

Boulanger],

[Louis

gravé sur bois par Lacoste jeune. La Muse conduit

GoszczYNSKi

poète en face du sphinx.

le

Mai.ezeski.

et

Les

Ukrainiennes, traduites par

Clémence Robert. Paris, Merklein,

i835.

In-8''.

Vignette de

Lécurieux.

GuTTiNGUER

(Ulric).

Jiimièges. Rouen,

Frontispice lithographie.

In- 12.

Nicétas

Périaux,

1839.

Lithographies hors texte dans

volume.

le

HoussAYE

(Arsène).

— La

Poésie dans

Maseana,

Paris,

les bois.

1845. In- 18. Vignette.

Hugo

(Victor).

Deux volumes

1828.

ture

Odes

:

Ode à

et

Ballades, 4= édition,

in-8°.

colonne,

la

Deux gravures sur la

Ronde du

Bossange,

Paris,

acier, sans signa-

sabbat.

Sur

les

titres,

vignette gravée par Cousin. Ces quatre gravures sont d'après Louis Boulanger.

Hugo

(Victor).

In-8''.

Les Orientales. Paris, Gosselin, Bossange, 1829.

Frontispice gravé

sur acier

par Cousin.

Sur

le

titre,

Feuilles d'automne. Paris, Renduel,

i832.

vignette sur bois, sans signature.

La

Hugo I.

vignette du

(Victor)'.

Aux poèmes de

titre, les

Zé-^

Djinns, est de Louis Boulanger.

Victor Hugo, ornés de vignettes, les bibliophiles joignent

:

les

Odes,

édition in-18 (Paris, Ladvocat, i825), avec la vignette de Devéria, la Chauve-souris, gravée sur acier par

Dey éria,

Mauduit; le

les

Nouvelles Odes, édition in-18 (Paris, Ladvocat, 1824), avec

Sylphe, gravée par Mauduit; enfin

cat, 1824), vignette-frontispice

les

Odes

la

vignette de

et Ballades, édition in-18 (Paris,

de Devéria, gravée par Mauduit.

Ladvo-


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

400

Sur

In-S".

vignette

titre,

le

de

Tony Johannot, gravée par

Porret. Si

vous voulez, à l'heure où

Nous monterons tous deux

Janvier

(M""=).

la

lune décline,

la nuit

sur la colline

gisent nos aïeux.

Les Malheurs du pauvre. Paris^ Denain, i832.

Lithographie par Ch. Aubry.

Lamartine

(A. de).

Gosselin,

Tony

sur la

Harmonies poétiques

Deux volumes

i83o.

vignettes de Plus,

et

Sur

in-S".

les

Johannot, gravées

Alfred

couverture,

religieuses.

et

autre

vignette

de

Paris,

deux

titres,

par Porret.

Tony Johannot,

gravée par Porret. Vignette du premier volume par Alfred Johannot

rocher;

la figure

Johannot

:

de

un ange

Latour (Antoine

la prière lui apparaît.

quitte la terre

de).

poète me'ditant, assis sur un

Vignette du deuxième volume par

pour s'envoler vers

La Vie

:

Tony

le ciel.

ifitime, poésies.

Paris, Fournier,

i833. In-8°. Vignette sur la couverture.

Lemesle

(Charles).

In- 12.

Sur

le

titre,

Chansons. vignette

Paris,

de

M"" Ch. Béchet,

i832.

Tony Johannot, gravée par

Porret, Des hommes s'agenouillent dans un cimetière près des tombes des combattants de Juillet, ornées de couronnes."

Sur un certain nombre d'ouvrages de i83i à i832, on livre

:

Publication de Charles I.emesle. Lettré

lit

sur la couverture du

et n'ayant sans doute pas

le

goût

du commerce, Lemesle s'entendait avec certains auteurs, achetait leurs manuscrits et les

imprimait pour

qu'on doit

la

les

déposer dans des comptoirs connus. C'est à ses soins

publication des Chroniques et traditions de la Flandre, de S.

Berthoud, premier volume, i83i

(chez

Werdet

et

M""« Ch.

Henry

Béchet>; des Contes


VIGNETTE DE TONY JOHANNOT, pour un ouvrage inconnu. (Vers iS?).)



BIBLIOGRAPHIE

misanthropiques

Cavaignac, i83i chet,

de

,

;

de

H. Bcrthoud, i83i

S.

Vieille

/^i

Werdet, Lecointe

de

;

4o3

Dubois cardinal, de Godefroy

Fronde, de Henry Martin, i832 (chez

M™» Ch. Bé-

Pougin); des Saynètes, àc Paul Foucher, i832 (chez

et

M'"' Béchet, Lecointe et Pougin, Werdet).

Charles Lemesle fut également auteur à ses heures.

Proverbes dramatiques (Paris, Mongie, i83o,

étonnement par son in-i8). Plus d'une

titre

:

Il

a

signé un volume de

un ouvrage qui causa quelque

in-8°), et

Mésnphilantropopanutopies (Paris, Ch. Béchet,

pensée ingénieuse pousse à l'ombre de ce

Lesguillon (Hermance).

Rosées.

Paris,

i833,

titre touflu.

Janet,

1837.

In-8°.

Vignette sur acier et frontispice de Camille Rogier. J'ai

rarement vu un ménage plus uni que celui des Lesguillon. Le mari, poète

dramatique de

Hermance

Un

l'école

de Casimir Bonjour, accompagnait sans cesse

Lesguillon, la

Muse

et partout

des Muses à ses yeux.

jour qu'on parlait dans un petit cénacle de l'avenir de

la

poésie moderne,

Lesguillon se recueillit.

De notre temps,

dit-il,

il

restera

un volume de Lamartine

et

le

volume

d'Hermance.

Ne

sourions pas trop du culte rendu à

gens qui

le

poésie;

la

n'aigrit ces croyants.

Pendant que

je

Après leur mort

elle et

son mari ont voulu rendre

déshérités qui labourent

Mary-Lafon. In-8°.

rend heureux

corrige ces épreuves, j'apprends

Lesguillon a légué par testament sa petite fortune à

Malezeski.

il

si

péniblement

le sol

la

Maurice In-8°.

bons

les

la

qu'Hermance

Société des Gens de Lettres. vie plus facile à quelques

souvent ingrat de

la littérature.

Voir Goszczynskl

SiUno,

ou

le

Boudoir. Paris, Baudouin, .i835.

Frontispice non signé, gravé sur acier.

L'entourage finement gravé, composé d'ornements, d'oiseaux le titre

et

pratiquent; aucune rebuffade de directeur de journal ou de théâtre

et

de vases, encadre

de l'ouvrage.

(Justin).

Sur

le titre,

Ange appuyé

Au

pied de

la

croix.

Paris, Vaton,

i835.

vignette de Gavarni, gravée par Porret.

sur sa lyre au pied de la croix.


VIGNETTES

I-ES

404

Mercœur

(Élisa).

Œuvres

trois fac-similés, etc.

[Mérimée].

précédées de mémoires,

complètes,

mère, d'un portrait, par A. Devéria,

notices, etc., par sa

volumes

ROjM ANTIQU ES

Paris,

Pommeret

Guenot,

et

et

de

1843. Trois

in-8°.

La

Guila, choix de poésies illyriques. Paris, Stras-

bourg, Levrault, 1827. In- 12. Portrait

du poète prétendu, Hyacinthe Maglanovich.

MoNTFERRAND Mercœur.

(Alfrcd Paris,

similé d'Elisa Le

recueil se

de).

Flcws

Armand Aubrée,

sur

une tombe.

A

Elisa

i836. In-8°. Portrait et fac-

Mercœur.

compose de pièces

inédites de 1-amariine, de Sainte-Beuve, d'Emile

Deschamps, d'Ernest Fouinet, de Gavarni,

Nodier-Ménessier

(Marie).

etc.

La Perce-Neige,

choix de poésies

ntodernes, recueillies et publiées par M""^ Marie Nodier-Ménessier.

Paris, Heideloff, i836. In- 18. Frontispice à l'eau-forte sans

signature

;

vignette sur acier sur

le titre

Ce volume contient des poésies d'Eugène Devéria

[Olivier

(G.)].

Confiteor,

poésies.

gravé. et

de Louis Boulanger.

Rouen

i832.

In-16.

Vignette sur chine de Godefroy.

O'Neddy i833.

Un

(Philotée). In-8°.

Feu

et

Flamme.

Paris,

Dondey-Dupré,

Frontispice à l'eau-forte de Célestin Nanteuil

encadrement

desquels se détache

relie

entre eux d'ingénieux motifs d'ornementation au milieu

le titre

du volume.


BIBLIOGRAiMIli:

Pécontal (Siméon).

Légendes

et

^o3

Ballades.

Masgana,

Paris,

1846. In- 18. Vignette par Gigoux, gravée par Godard.

Poisson.

volumes

Poitevin

Feux in- 18.

follets, poésies.

M"" Louis,

iSSy.

Deux

Quatre planches.

(Prosper).

Alexandre

Paris,

Mesnier,

Ali-Pacha i833.

et

Vasiliki,

poème.

Paris,

Frontispice lithographie de

In-8°.

Monvoisin. Voir reproduction, page 423.

Rességuier (comte Jules

de).

— Tableaux

poétiques. Paris, Urbain

Canel, 1829. In-12. Figure sur acier. Vicomte de Senonnes

del.

Ad. Godefroy

se.

Cette vignette a trait à Ondine. une

pièce du recueil.

Robert (Clémence).

Rousseau

(Alfred).

Grand

in-8°.

bistre.

Sur

Voir Goszczynski.

Z7n Ati de poésie. Moulins, Desrosiers, i836.

Frontispice d'Achille Allier à Teau-forte, tiré

le titre,

en

vignette sur bois d'Achille Allier, également

en bistre.

tirée

L'auteur aurait voulu donner une reproduction de ce curieux frontispice où un reflet

de Célestin Nanteuil se

l'architecture,

des plantes est

fait sentir; tel

que

mais l'enchevêtrement des figures, de

les

moyens de fac-similé

actuels

sont

insuffisants.

RovEL

(Rose).

i832.

Grand

Poèmes, Marines, Voyages. Paris, Levavasseur,

in-8°.

Lithographies de Rivoulon.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

4o6

Saint-Marc (Louis

de).

— Le Jeune Infirme,

i838. In-8°. Sur le titre, vignette

Paris, Bohaire,

élégie.

non signée

et

très finement

gravée.

Tampucci

(Hippolyte).

Poésies.

Paulin,

Paris,

i833.

In-8°.

par Sylvius.

Paris,

Eau-forte de Célestin Nanteuil. Voir reproduction, page 143.

[Texier (Edmond)]. J.

Laisné,

Physiologie du poète,

In-i8.

1842.

Daumier,

de

Vignettes

gravées

par

Birouste. L'Olympien, Régence,

le

le

Lara,

Lamartinien, l'Humanitaire,

le

Touriste,

le

Catholique,

le

Dynastique, sont tour à tour étudiés par une plume mordante

le

rehaussée de très vives vignettes de Daumier.

Thierry (Édovard).

Les Enfants

et

les

Anges. Paris, Belin,

i833. In- 18. Quatre vignettes à l'eau-forte, par Joseph Thierry. Ce sont des vignettes

traitées

simplement

et

sans les

moyens de rehaut des

graveurs de profession.

Voir reproduction, page

Vacquerie (Auguste).

6.

— V Enfer

de

Paris, Ébrard,

l'esprit.

1840.

Vignette de Louis Boulanger, gravée par Andrew, Best,

In-8°.

Leloir. Trois

folles

dans une maison d'aliénés. Personnage grave habillé

C'est la dernière vignette romantique.

gnateur, c'est-à-dire

ViAL

(J.

C).

Paris, Paulin,

le

Le

dessinateur, est

Dessert,

i833.

Le poète

est

dans

le

à l'espagnole.

ton; mais l'accompa-

trop modéré.

contes en vers

et

poésies diverses.

Petit in-12. Bois gravé sur le titre.


BIBI.IOGRAPHIK

Vigny

(A. de).

lume

in-8°.

407

Poèmes. Paris, Charles Gosselin, 1829. Un vo-

Sur

le titre,

vignette de Johannot.

Voir reproduction, page 96.

Vigny

(A.

Vii.LiERs

de).

Voir Ziegler.

DU Terrage

(vicomtc de).

Poésies morales

riques, ou suite des Loisirs d'un ancien magistrat,

Paris, A. Dufart, i836.

In-8".

in-8°.

histo-

i83u à 1836.

Gravure sur

acier,

Tony Johannot.

d'après

Waldor

Deux volumes

et

(M'"'=

Mélanie).

Poésies du cœur. Paris, Janet, i833.

Vignette de Gigoux.

Voir reproduction, page 86.

Ziegler. le

Éloa, la sœur des Anges. Compositions au trait sur

poème de M. A. de Vigny, par M. Mélange de classique

et

Ziegler.

de romantique rappelant à

la fois

Flaxman

et

Dcvéria.

ln-8°.

Fron-

Amyot,

i835.

Voir reproduction d'une des planches, page 346.

F. C. P".

Nuits poétiques. Paris, Pougin, i835.

tispice lithographie, signé S.

P.

Fantôme apparaissant à un malade.

Anonyme'. In- 12.

» Le

Victor,

poème en cinq

chants. Paris,

Vignette sur chine par Levasseur, gravée par Andrew.

libraire Claudin,

dans un de ses catalogues, attribue ce livre à Servan de Sugnyf


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

4o8

Anonyme.

Chauvm

romantique.

Canel, libraire romantique. phie, avec la légende

Sur

Romance dédiée à M. Urbain

i83o.

ln-8°.

:

le

Quand

clocher du village la

lune est perpendi-

Culair', d'un point sur

C'est

Un

soldat, en

malice lancée

à

Frontispice lithogra-

un

I

une parfaite image.

costume de Chauvin, considère

Alfred de Musset.

la

lune.

Cette brochure est une


THEATRE —

MUSIQUE.

Ambs-D.\les.

— PEINTURE

Histoire de Deburaii. Troisième édition, augmen-

de son

tée

BALLETS.

procès devant

la

Cour

d'assises.

Paris,

Ernest

Bourdin, i836. In-i8 de 36 pages. Le

d'un portrait de Deburau, gravé sur bois, porte

titre, orne'

à 25,000 exemplaires. Prix, 4 sous.

Ancelot actes.

et

Xavier.

:

«

Édition tirée

»

Les Liaisons dangereuses. Drame en

Paris, Barba,

1834.

trois

Lithographie-frontispice

In-8°.

de

Jacques Arago.

Anglemont (Edouard Paris,

d').

Mame-Delaunay,

Le Duc d'Enghien,

i832.

Tony Johannot, gravée par Des

d'une lanterne,

Arnould cinq

et

et

en

et lithographie

(Joseph).

Cherbuliez,

mier volume.

titre,

vignette de

la

nuit, à la lueur

de Vincennes.

au masque de fer. Drame en

Paris,

Barba,

i83i.

Frontispice

par Abel Lordon.

La Vénus

1834.

les fossés

L'Homme

prose.

le

d'exécution, conduisent

duc d'Enghien dans

FouRNiER.

parties

composé

Bard

le

Sur

Porret.

suivis d'un peloton

officiers,

In-8°.

histoire-drame.

d'Arles,

Deux volumes

lecture

in-8''.

du matin.

Paris,

Figure en tête du pre-


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

410

Béraud (Antony).

Guido Reni, on

actes et en vers. Paris, Mesnier,

les Artistes.

Pièce en cinq

i833. In-8°. Frontispice litho-

graphie par Monvoisin.

BÉRAUD (Antony)

Dumersan.

et

E. Michaud,

Paris,

iSSg.

— Napoléon.

Drame en

trois actes.

Vignette d'Antony Béraud,

In-8°.

gravée sur acier.

Bourgeois (Anicet)

Drame

141 8. In-8''.

et

Lockroy.

Bourgeois

(Anicet).

Barba,

1834.

— La

In -8°.

Périnet Leclerc, ou Paris en

en cinq actes.

historique

Lithographie de

Barba, i832.

Paris,

Bonhomme.

Vénitienne.

Drame en

Lithographie à

cinq actes. Paris,

plume, par Jacques

la

Arago. Voir reproduction, page 3o2.

Castil-Blaze.

La Danse

et les

Vignette

:

Paulin,

i832.

par Gigoux, gravée par Lacoste. Sur

In- 12. Vignette sur chine la couverture,

Paris,

Ballets.

entourage non signé, gravé par Lacoste. deux

petits

triangle,

corne

M"» Taglioni danse dans un paysage. Couverture

faunes jouant; entourage aux angles

des

filets

:

flûte

de Pan,

:

d'abondance, tambour de basque.

Castil-Blaze. Paulin,

i832.

Chapelle Petit

-

in-8°.

Musique des

rois de

France. Paris,

Frontispice par Gigoux, gravé par

Lacoste.

A

la

porte d'une église, un empereur offre

d'entendre

l'office.

la

main

à

une noble dame qui

sort


BIBLIOGRAPHIE

Champion-Lajarry.

Une Actrice au

411

Paradis.

Paris

i836.

Eau-forte d'Edouard May.

In-8°.

L'eau-forte est une reproduction ou

mier volume de

la

un

tirage

nouveau de

Tour de Londres, d'Alph. Brot; d'autre

la

vignette du pre-

part, d'après

une note

de M. Bouchot, cette brochure ne serait qu'un phigiat. Champion-Lajarry se serait

emparé d'un opuscule d'Andrieux, Sain* Roch en changeant seulement

les

[Decamps (Alexandre)].

nom

Paris, sans

L'expression

la

noms de

et

Saint TAo/HiJi, qu'il aurait contrefait

Vestris par celui de Taglioni, etc.'

Le Musée,

reloue

d'éditeur ni d'imprimeur,

plus complète de

du

Salon de 1834.

1834. In-4°.

romantique ressort des eaux-fortes de ce

l'art

bel ouvrage, plus important encore par le concours qu'y prêtèrent les peintres

par

le

Decamps,

texte d'Alexandre

le

du peintre.

frère

que

Amaury-Duval, Barye,

Cabat, Eugène Delacroix, Feuchères, Paul Huet, Jadin, Marilhat, y gravèrent leurs

propres compositions; Edouard

May

et

Auguste Bouquet reproduisirent

à succès de Paul Delaroche et d'Ary Schefièr

;

mais

la

palme de

la

les toiles

gravure resta

à Célestin

Nanteuil pour ses interprétations de Granet, de Ziegler, de Camille

Roqueplan

et

Un

de Préault.

frontispice magistral

du

même

artiste

ouvre digne-

ment ce volume. Voir reproduction réduite de l'eau-forte de Feuchères, page

188.; plus

repro-

duction du frontispice, page 269.

Cordelier-Dklanoue. i83o.

chet,

In-8°.

— Le Barbier Vignette

de

de Louis XI. Paris, M""' Bé«

Tony Johannot, gravée

par

Gherrier.

Un

serviteur rase Louis XI, pendant qu'un scribe lui fait la lecture.

s'avance portant une riche petite

adoucir

le

fil

Contient-elle de l'eau chaude

du rasoir ou quelque hydromel pour désaltérer

fastidieuse opération

Dumas

aiguière.

(Alexandre).

Un page

le roi

pour

pendant cette

?

Stockholm, Fontainebleau

et

Rome,

trilogie


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

412

dramatique sur

vie de Christine. Paris, Barba,

la

i83o. In-8°.

Lithographie de Raffet. Sujet de la lithographie

;

L'infâme!

Nous

Dumas tor

deux

trahir toutes

(Alexandre).

!

Toutes deux?

Je suis

femme!

Richard d'Arlington. Huit dessins de Vic-

Adam, gravés par Branche.

Paris, Louis Janet, i832.

In-S"

oblong. Ces huit dessins au habituelles

Dumas

exécutés avec plus de précision que

trait,

de Victor Adam, accompagnent un

(Alexandre).

drame

Antony.,

en

cinq

In-8°. Frontispice sur chine

A. Auffray, i832.

les

lithographies

texte de 16 pag^s.

Paris,

actes.

de Tellier, d'après

Tony Johannot, gravé par Thompson. La

vignette, représentant

Antony

Adèle après

et

la

scène du bal, n'appartient

qu'à la seconde édition.

Dumas

(Alexandre).

Catherine Howard, drame en cinq actes.

Charpentier, 1834. In-8°. Eau-forte de Célestin Nanteuil. Catherine pose

Une

la

main sur

autre eau-forte

du

même

Oh!

sur sa

tombe.

Henry.

— Regardez-la donc,

Dumas

(Alexandre).

il

artiste

que

faut sire

!

je

main

à

même drame

la

se rencontre parfois,

voie encore une fois!

répond Ethelwood

le

Angèle, drame en cinq

étendue

est

s'écrie

le

roi

poignard en main.

actes.

Paris,

Char-

dentelles, d'oiseaux et de Heurs, Nanteuil a

Dans un encadrement composé de

la

le

1834. In-8°. Eau-forte de Célestin Nanteuil.

pentier,

représenté

pour

Dans un caveau Catherine Howard

quoiqu'elle soit restée inédite.

cœur d'Ethelwood évanoui.

le

la la

dernière scène du

drame

:

Henry Muller soutenant Angèle

comtesse qui s'appuie sur son épaule.

et

donnant


s

-^

s

-s



BIBLIOGRAPHIE

Dumas

(Alexandre).

pentier,

1

4i5

Théâtre d'Alexandre Dumas. Paris, Char-

En

834-1 836.

du tome premier,

tête

frontispice

à

Teau-forte par Célestin Nanteuil. Dans pales

médaillons d'un cartouche sont représentées en miniature

les

des drames

scènes

Dumas

d'Alexandre

les princi-

Tour de Nesles,

Christine, la

:

Térésa, Charles VII, Antony., Richard d'Arlington, Henri III, Angèle.

D'Epagny drame.

Deyeux.

et

Marchant,

Paris,

ou l'Inquisition, comédie'

Charles III, 1834.

In-8°.

Frontispice sur chine,

par Mélingue.

D'Epagny actes.

Fleury

Jouy.

et

Les Mal-contents de ij5g. Drame en cinq

Paris, Barba,

(Arthur).

Paris,

Roux,

1834. In-8°.

— Jean i835.

Lithographie de Mélingue.

drame poétique.

Galéas, duc de Milan,

In-8°.

Frontispice

à

Teau-forte

de

Th.

Salmon. Dans un cachot du château de Pavie se prépare à

en frapper

ment par des

FoRNERET Paris,

le

Isabelle d'Aragon,

cardinal Ascagne Sforce qui a

un poignard en main,

fait

assassiner

mécham-

sbires Jean Galéas Visconti.

(Xavier).

Barba,

1834.

Deux In-8°.

Tony Johannot, gravé par

Destinées,

drame en cinq

Frontispice sur

chine

actes.

volant de

Porret.

Charles, se frappant d'un poignard. Attends,

je vais

avec toi

!

(//

tombe sur

le

cercueil.)

M. DE Saint-Brienne, accourant avec frénésie infâme! Je

te

cherchais partout...

Mon

et

un poignard à la main.

Homme

poignard ne rougira donc point de ton

sang... Justice est faite!...

FoRNERET

(Xavier).

L'Homme

Frontispice lithographie.

noir.

Drame. Barba, i835.

In-8°.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

4i6

FoRNERET un

(Xavier).

Paris, Barba,

acte.

Comédie-drame en

Vingt-trois Trente-cinq.

In-S". Frontispice

i835.

de Waschmut,

lithographie par Challamel. Lithographie un peu trop soignée pour une œuvre de l'Homme noir.

Galbaccio. GcETHE.

Voir Laviron. de

Faust,, tragédie

M.

de Gœthe, Traduit en français,

par Alb. Stapfer. Ornée d'un portrait de sept dessins

vrage

et

composés d'après

exécutés

sur

Charles Motte, 1828.

de

Delacroix.

l'ou-

Paris,

In-folio. la

couverture, pages 5i et 57.

Faust. Tragédie de Gœthe, nouvelle traduction com-

plète en prose et en

vers,

par Gérard. Paris, Dondey-Dupré,

i835. In-18. Frontispice gravé

Teau-forte [par

à

Armand Le-

d'après Rembrandt.

leux],

Gœthe. Paris,

Vingt-six planches au trait [d'après Retschl.

Faust.

Auvray.

Muret d'après

oblong.

In-4''

la série

Voir reproduction, page

Une

principales scènes

par Eugène

pierre

Voir reproductions des frontispices de

Gœthe.

les

de dix-

l'auteur et

Fac-similé

lithographie

publiée en Allemagne.

54.

autre édition de l'album de Retsch, planches réduites, fut publiée avec

une analyse du drame de Gœthe par M'"" Élise Voiart. Paris, Audot, 1828.

Hugo

(Victor).

Hernani ou l'Honneur

castillan.

Paris,

Delaunay, i83o. In-8°. Portrait de Victor Hugo, à signé F.

On

par

Salmon

Mame-

l'eau-forte,

a. f.

trouve rarement l'exemplaire avec

exécution insuffisante,

In-iS.

il

le

portrait

:

peu ressemblant

et

d'une

dut être supprimé lors des nouveaux tirages de l'édition.


J


i


BIBLIOGRAPHIE

Hugo

— Le Roi s'amuse.

(Victor).

Vignette

ln-8°.

sur

Drame.

Paris, E. Renduel, i832.

Tony Johannot,

de

chine

417

gravée

par

Andrew. Triboulet reconnaît

Hugo

(Victor).

Louis

corps de sa

le

fille.

Marion de Lorme.

Boulanger, gravés au

d'une analyse de

Paris,

pièce.

la

trait

Drame. par

Huit

dessins

Branche, accompagnés

Janet,

i832.

In-8°

oblong.

Petites gravures au trait, propres et soignées, d'après des compositions

devaient être passionnées

Hugo

(Victor).

Marie Tudor. Deuxième

Voir reproduction, page

(Victor).

Ren-

Paris,

i-j'i.

Lucrèce Borgia. Drame. Paris, Renduel, i833.

Lucrèce Borgia versant chine, mi-partie sur

Quelques

drame

édition.

Eau-forte de Célestin Nanteuil.

In-8°.

le

qui

et voyantes.

i833. ln-8°. "Eau-forte de Célestin Nanteuil.

duel,

Hugo

de

:

le

le

poison à Gennaro. La planche

papier blanc.

épreuves d'essai ont été tirées d'une

la salle

du

festin

est tirée mi-partie sur

seconde eau-forte pour

même

le

au palais Negroni.

Une traduction de Lucrèce Borgia

fut

publiée à

Milan,

en

iSS;, avec une

vignette.

Janin

(Jules).

pour faire

Deburau,

suite

selin,

i833.

texte

par

histoire

du

Théâtre

à

quatre sous,

à l'histoire du Théâtre-Français. Paris, Gos-

Deux volumes

Auguste

in- 12.

Bouquet,

Vignettes sur bois et dans

Chenavard

et

le

Tony Johannot,

gravées par Porret. Après l'Histoire du roi de Bohême do Charles Nodier, Deburau livre

«

illustré

»

est

le

second

qui parut en France.

53


VIGNETTES ROMANTIQUES

I.ES

4r8

Lajarry

C).

(S.

Latouche (Henry

Voir Champion-Lajarry.

de).

La Reine d'Espagne. Drame en

Paris, imprimerie

actes.

Rignoux,

i83i.

In-8°.

Portrait

cinq litlio-

graphié de Monrose.

Laviron

Paris, Ledoux,

Laviron

Sur

Le Salon de 1884.

Douze lithographies hors Préault, Robert-Fleury,

Lenormant

(Charles).

Paris, Louis Janet, 1834.

vignette sur bois,

titre,

le

Tony Johannot, Gigoux.

i833. In-8°.

(Gabriel).

In-8°.

Le Salon de iS33. Orné de douze

par Alfred et

Teau-forte,

à

figures

Galbacio.

et

gravée par A.

texte par et d après

B.

Decamps, Gigoux,

Tony Johannot, Cabat, Roqueplan,

— Les Artistes contemporains. Salon de

Paris, A. Mesnier,

i833.

Deux volumes

in-8°

L.,

etc.

i83t.

avec un atlas de

dix planches.

Meykrbeer].

Robert

le

Diable. Huit dessins

de Victor

gravés par Branche, accompagnés d'une analyse de Paris, Janet,

i832.

Monnier (Henry). Paris,

le

Pour ainsi

lumes

Scènes

titre,

augmentée parut à les

la pièce.

^1-8" oblong.

populaires

Levavasseur, Urbain Canel,

vignette sur

Adam,

la

i83o.

gravés sur bois.

même

librairie

à

dessinées In-8°.

plume.

la

P'rontispice et

Une deuxième

édition

en i83i.

autres Scènes populaires (Dumont, i836-i839, quatre volumes in-8l,

que pour

les

Scènes de

la ville et

de la

campagne (Dumont,

in-8", voir la Bibliographie publiée à la suite

œuvre (Dentu,

1879).

Un volume

in-S".

de

1834),

Henry Monnier,

deux vo-

sa

vie.

son


BIBLIOGRAPHIE

MoNPOu

(Hippolyte).

419

Lénore, ballade de Burger, traduction de

Gérard, mise en musique par Hippolyte Monpou. Paris, Romagnési [i833j.

d'une page de texte et de Sg pages de par-

In-4''

tition.

Frontispice à compartiments, lithographie à

Les

trois

parties de ce

drame lyrique

sont pre'céde'es de trois lithographies la

deuxième, par Camille Rogier

;

:

:

la

le

la

plume, de

J.

Goddé, non

Blasphème, la Course,

le

signé.

Cimetière,

première, signée par Célestin Nanteuil

la troisième,

;

non signée, mais vraisemblable-

ment de Rogier. Reproduction du frontispice, page 63.

Ortigue (Joseph

d').

— Le

Balcon de l'Opéra. Paris, E. Renduel,

i833. In-8°. Eau-forte de Célestin Nanteuil.

Pour

ces

morceaux de

critique, tirés

en partie du Journal des Débats, Célestin

Nanteuil fournit un frontispice digne d'un poème. La musique

une jeune femme jouant de

un ange

écrit les

Penhoet

noms

(Olivier

trois actes.

la

harpe dans un paysage imaginaire

:

sur une roche

des plus célèbres compositeurs.

Tanneguy

et

de).

Bureaux de

Paris,

Polichinelle.

Drame en

l'Histoire pittoresque

d'Angle-

i836. In- 12. Vignettes par Georges Cruikshank.

terre,

Planche

(Gustave).

Salon

de

i83i.

Paris,

Fournier,

Vignettes sur bois, gravées par Porret d'après

In-8''.

Delacroix,

Tony Johannot,

PouRCHEL

(Alfred).

parties et en vers.

Gravure de

Une Chrétienne Amiens,

J.

Duvot.

i83i.

Eugène

Isabey, Barye, etc.

Reproduction de vignettes, pages 166, 191, 23i

In-8°.

symbolisée par

est

V

et

et 253.

Néron. Drame en cinq

Darras, Paris, Guillaume, i835.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

420

RocH

(Eugène).

tardier,

1

Paris malade, esquisse du jour. Paris, Mou-

832-1 833. ln-8°.

vignette sur le

Petite

titre.

Cliché

Paris,

i83o.

d'Henry Monnier ou de Devéria? Scènes dialoguées.

Soumet In-8°.

Belmontet.

et

Lithographie de

Thouret

(Antony).

Une Fête de Néron.

RaflFet.

Bourgogne. Paris, Ladvocat, i835.

En

lithographie par Julien.

dessinée par C'est la scène

Eugène

la

«

actes.

de).

Paris,

Johannot, représentant

Vigny (Alfred In-8°.

de).

était

i83i.

interné

le

fut

jeune républicain. il

était

difficile

en face de l'Antony Thouret au gros

»

Antony Tout rond.

:

La Maréchale

Gosselin,

Robert assassine Du

nuisit à sa carrière;

brillante santé

humide des cachots

ventre que ses amis appelaient plaisamment

Vigny (Alfred

le sire

Le drame de Blanche de Saint-Simon

prison de Saint-Waast où

la paille

de Tauteur,

Portrait

du drame, vignette sur chine,

tête

cinquième du drame pendant laquelle

Malheureusement une trop d'évoquer

In-8°.

et

Forest.

Lude en présence de Louis XI. composé dans

ou France

Blanche de Saint-Simon,

d'Ancre.

ln-8°.

la dernière

Drame en

Lithographie de

cinq

Tony

scène du drame.

Chatterton. Drame. Paris, Souverain, i835.

Eau-forte-frontispice d'Edouard

Voir reproduction, planche IV.

May.


POL1TIQ.UE — MORALE. — ARCHEOLOGIE. — TRADITIONS VOYAGES. — BIOGRAPHIES ET MÉMOIRES

PHILOSOPHIE.

Anne (Théodore),

Prisonnière de Blaye.

Paris, Charpentier,

tispice sur chine volant, par

Sur

vignette de

le titre,

la

La

Fron-

In- 18.

Tony Johannot, gravée par

L'Homme

Antigone.

i832.

Tony Johannot, gravé par

Sorte de récit anecdotique de l'arrestation de

Ballanche.

ancien garde du corps du roi Charles X.

Porret.

Porret.

duchesse de Berry.

sans nom.

Delloye,

Paris,

1841. In-i2. Vignette par Bouillon.

Bareste (Eugène).

Nostradamus. Paris, Maillet,

Portrait dessiné par

In- 12.

Lemud, gravé par Caqué.

Barginet, de Grenoble. min, i833.

1840.

Un volume

Chroniques impériales. in-8°.

Vignette d'Hipp.

Guille-

Paris,

Adam, gravée

par Cherrier.

Berthoud (Samuel-Henry).

Chroniques

relles

de la Flandre. Publié par

Paris,

Werdet, Ch. Béchet, i83i.

Ch.

Béchet,

Johannot sur

1834.

Deux

le titre,

Charles

Traditions surnatu-

Lemesle, i"

In-8°. 2' et 3' séries,

volumes

i" série.

et

in-8°.

Vignette

série.

Werdet, de

Tony


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

421

Le second volume ne la

même

volumes pour

M.

duquel

S. la

3"

2"

et

Gravures sur bois, dans

et

hors texte.

avec

le

Musée

plupart des bois tirés du

la

Une annonce de «

même

par l'auteur qu'en 1884, à

titre,

librairie, in-8°.

fut publié

Ce

Galette de Cambray^

la

sont

des Familles.

journal à propos de cet ouvrage mérite d'être signalée

Henry Berthoud, rédacteur de

Deux

séries.

de

et

la

:

réputation

poste apporte chaque semaine un fragment à Paris, par le mérite nouveau

qui distingue ses feuilletons, M. S. H. Berthoud vient de publier les Chroniques Éditeur, M'"" veuve Béchet.

surnaturelles de la Flandre. in-S".

Son

style, celui

prix, 7

fr.

5o.

Son genre,

de Marot, de Rabelais

et

Volume de

naïf, fantastique, terrible

de Jules Janin.

l'ouvrage,

et gracieux.

Son

»

Vignette reproduite page 3o.

Berthoud (Samuel-Henry). Paris, Desrez,

Homme.

Études morales.

iSSy. In-S". Vignette sur bois.

BoNNELiER (Hippolyte). Ledoux,

— L'Honnête

i833.

In-8°.

La Plaque

de cheminée.

Paris,

Vignette sur chine, gravée

Abel

sur pierre,

non signée. La

vignette représente une vue du port et de la citadelle de Blaye.

Calvimont (Albert

de).

— Veillées écossaises.

Paris, Urbain Canel,

Guyot, i832. In-i8. Lithographie représentant VEnfant du

ciel, c'est-à-dire

le

fils

de

la

duchesse de

Berry.

Calvimont (Albert

de) et

De La Baume.

Paris, Hivert, 1884. In- 18.

Sur

Monnier, gravée par Andrew. Ruines gothiques.

la

Souvenirs de fidélité.

couverture, vignette d'Henry


coMi'osrrioN pjur Ali-Pjcha

et

dk

monvoisin,

Wisitiki, de Piosptr Poitevin.

(i833.)



BIBLIOGRAPHIE

CoRNiLLE (Henri).

d'Espagne. Paris, Arthus Bertrand,

Soui'ciiirs

Deux volumes

i836.

4»-^

Sept eaux-fortes dont un frontispice,

in-8".

par Paul Vasseur.

Dargaud.

Solitude.

Paulin,

Paris,

i833.

Sur

In-8°.

le

titre,

vignette de Tellier.

Un

jeune penseur médite, appuyé sur un

Denis (Ferdinand).

Le Brahme voyageur.

Tonv Johannot

i833. In-i8. Fiffures de

Dermoncourt

monument en

(général).

— La

Vendée

et

ruines.

Paris, Abel Ledoux,

et Devéria.

Madame.

Paris, Urbain

Canel, î833. In-8°. Vignette. Une deuxième

édition, publiée par Hivert en 1834, a pour frontispice

une pauvre

lithographie.

Desjardins

(G.).

Première Baby lotie.

Paris, Guillaumin,

1834.

In-8°.

Sémiramis

Vignettes dans

le

la

Grande.

texte et au

revers de la couverture. Ce la

ce

livre,

qui mériterait une étude approfondie, est une dramaturgie dans laquelle

science hiéroglyphique se mêle à un romantisme républicain.

drame

divisé

en

«

cinq coupes d'amertume

monuments babyloniens. Dans

cet

ouvrage à

la

», il

Pour pénétrer dans

faut la perception des

grands

hauteur d'un palimpseste. Desjar-

dins a laissé une sorte de secret du sphinx que découvriront peut-être les nouvelles générations.

Desmarais (Cyprien). tiques.

Sur

Le Roman. Études

Paris, Société reproductive des bons livres,

le titre, frontispice

artis-

1837.

In-8°.

gravé sur bois, plus trois lithographies

d'Acarie Baron. Le

et

littéraires

siège de la publication indique les tendances de l'auteur.


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

426

DoLLÉ

(Frédéric).

France.

Histoire d'une promenade en

Gosselin,

1837.

In-8°.

Vignette sur

Suisse

chine

et

en

d'Alfred

Johannot, gravée par Pottin.

DucoR

(Henri).

— Aventures

d'un

Ambroise Dupont,

Paris,

vignettes de Jules David.

marin de

garde impériale.

Deux volumes

i833.

Deux

la

Quatre

in-8°.

frontispices gravés

sur acier,

par Allais; deux sur bois, gravés par Lacoste jeune.

Dumas

(Alexandre).

1837.

de

Impressions

Deux volumes

in-8°.

voyage.

Paris, Gosselin,

Frontispice à Teau-forte de Célestin

Nanteuil, répété à chaque volume, mais en états différents.

Dumas

(Alexandre).

au

jours

Sinaï.

Quin{e

Nouvelles Impressions de voyage.

Paris,

Dumont,

1841.

volumes

Trois

in-S".

Vignette sur chine, par Dauzats. L'ouvrage a été

FoRNERET noir,

fait

(Xavier).

en collaboration avec

le

— Encore un An de

peintre Dauzats.

sans

blanc de visage. Paris, Duverger,

titre,

par un

Homme

In-8°.

Portrait

1840.

de l'auteur, lithographie par A. Legrand.

Hain

(Victor- Armand).

A

la

Nation, sur Alger. Paris, chez

marchands de nouveautés, décembre Tellier, gravée

sur

les

(B.).

In-8"'.

Vignette de

par Saint-Ferjeux.

Voir reproduction de

Hauréau

i832.

les

la vignette,

page 81.

— La Montagne. Notices historiques

principaux membres de

la

et

philosophiques

Montagne, avec leurs

portraits


BIBLIOGRAPHIE

427

gravés à Teau-forte par Jeanron. Paris, Bréauté, 1834.

In-8°.

Sur

couverture, vignette de Jeanron, gravée sur bois par Andrew.

la

Voir reproduction de

Lamartine.

volumes

la vignette sur bois,

Voyage en

in-8°.

Orient.

titre

et

de l'eau-forte, page 22Ô.

Paris, Gosselin,

i836.

Souvenirs, Impressions, Pensées

pendant un voyage (i832-i833j

Quatre volumes

page 22J,

Du tome

in-8".

.,

Notes

ou

et

Quatre

Paysages, voyageur.

d'un

V^ au tome VIII'. Sur chaque

de volume, vignette d'Alfred Johannot, gravée par Porret.

dans

Vignettes de Trimolet

le

texte

entourages de Marckl,

;

gravés par Porret.

Langlois

Rouen,

du

h.)

(E.

i832.

Pont-dk-l"Arche.

Hymne

à la cloche.

Frontispice de Langlois, gravé par

In-8°.

Bre-

vière. Voir reproduction, page 2o5.

Hyacinthe

comme

il

Langlois

convient par

ses vignettes et

Les

du Pont-de-l'Arche les

sera

certainement

étudié

un jour

archéologues normands, ne fût-ce qu'au point de vue de

du soin que l'auteur apportait

lettres ornées, les vignettes, les

à

la

typographie de ses ouvrages.

fleurons et ies culs-de-lampe de ses publica-

tions servent de pont entre l'art de la Restauration et l'art romantique.

Marin

(Scipion).

Histoire de la vie

et

des ouvrages de

Chateaubriand. Paris, Vimont, i832. Deux volumes le

titre,

deu.x;

vignettes de

M.

in-8°.

Tony Johannot, gravées par

de

Sur

Porret.

Voir reproduction d'une des vignettes, page 253.

MoNTARAN (baronne Jules

Laisné,

T. Gudin

et E.

de).

i836.

Fragments. Naples

In -8°.

Isabey.

Cinq

dessins

et

Venise. Paris,

lithographies

par


LES VIGNETTES ROMANTIQUES

428

Muret

Urbain

Paris,

Madame en Vendée. Jacques le Ganel, i833. Un volume in-8°. Vignette

(Théodore).

de Tellier, gravée

Nerval (Gérard Giraud

par.

de).

sur bois

Thompson.

Loreley, souvenirs d'Allemagne.

Dagneau, i852.

et

Chouan.

In-i8.

Paris,

Frontispice à Teau-forte de

Veyrassat.

[Peytel].

Physiologie de la

poire.,

par Louis Benoit, jardinier.

Paris, chez les libraires de la place de la Bourse, i832.

Sur

couverture, vignette de Grandville, gravée par Cherrier. Scène de réception

la

Tous

à la cour.

les

personnages en forme de poire sont reconnaissables à leurs

coiffures et à leurs rubans

d'Orléans,

etc.

Sur

feuilles,

avec ses

Dans

In-8''.

le titre

Louis-Philippe sur

:

du

livre,

le

trône, le maréchal Soult,

le

duc

autre vignette sur bois représentant une poire

sans attributs satiriques.

le texte, clichés

et

culs-de-lampe de Grandville

et

autres empruntés au

Charivari.

Pluquet

(Frédéric).

verbes,

Noms

Frère, 1834. glois],

Le

de

Contes populaires. Préjugés, Patois., Pro-

lieux.,

In-8°.

de l'arrondissement de Bayeux. Rouen,

Vignettes de

H.

E.

L.

[Hyacinthe Lan-

gravées par Brevière.

frontispice.

Voyage du chanoine de Cambremer

dans les collections de vignettes romantiques.

A

Rome,

est

appelé à figurer

l'intérieur

du

texte, vignette

à

:

La mort!!! La mort!!!

Quinet (Edgar).

Ahasvérus. Paris,

Arts, i833. In-8°. Vignette. Vue du Gampo-Santo.

Londres, rue

des

Beaux-


BIBLIOGRAPHIE

Raoul

(Maximilien).

— Histoire pittoresque du

Ledoux, i833.

Abel

Paris,

429

Grand

in-8".

Mont-Saint-Michel.

Quatorze vignettes à

Teau-forte, par Boisselat.

Rey-Dussueil.

— Le Monde nouveau,

histoire faisant suite

du monde. Paris, L. Renduel, i83i.

In-8°.

à

la

Fin

Lithographie à

la

manière noire.

Anonyme.

L'Élysée-Bourbon. Paris, Urbain Canel, Ad. Guyot,

In-i2. Vignette d'Auguste

i832.

Anonyme.

Bouquet, gravée par Cherrier.

Biographie du général Daumesnil,

surnommé

Jambe-de-Bois de Vincennes. Paris, Paul Dupont, 1834. Sur

le

recto et le verso de la couverture, vignettes de

Tony Johannot,

la

In-8°. gravées

par Cousin.

Anonyme.

— Mémoires

Raymond.

Paris,

de Latude, avec une préface de Michel

Abel Ledoux,

i835.

Deux volumes

in -8°.

Portrait par Gigoux. L'ouvrage, de

même que

certains autres, est mentionné dans cette bibliographie

en raison du portrait dessiné par un des maîtres de

la

nouvelle école.



TABLE DES MATIÈRES

P.gM.

Préface

y

Introduction.

— De l'importance attachée aux vignettes par

les écrivains

roman-

tiques

I

PREMIÈRE PARTIE Chap.

— — — — — — — — — — — — —

— — — — — —

— Avant-garde du romantisme — Légendes, Ballades Fabliaux — Type d'écrivain bilieux IV. — De l'emploi de lyre V. — Le théâtre de l'époque Charles Nodier, auteur VI. — De l'influence germanique sur romantique VII. — Hippolyte Monpou VIII. — Lénore IX. — Hoffmann X. — Les femmes romantiques de mil huit cent trente XI. — L'adultère en i83o. — L'orgie XII. — Les salons romantiques XIII. — Les ateliers. — Les théâtres XIV. — Du beau romantique en matière de portraits XV. — Le Bibliophile Jacob XVI. — Hippolyte Tampucci XVII. — Pétrus Borel XVIII. — Gérard de Nerval XIX. — Emile Cabanon XX. — Siméon Chaumier I". II.

21

III.

26

la

:

32

dramatique.

l'art

XXI.

De quelques

XXII.

— —

Les républicains,

la

— —

i5

et

XXIII.

Un

35

49 58 ç,j

^a

7g pi

qg ii5

125 i3i

140 ,46

i5G 169 i83

centres provinciaux favorables aux principes de

nouvelle école les

195

humanitaires,

apôtre romantique

les

saint-simoniens.

.

.

.

221

282


TABLE DES MATIÈRES

432

SECONDE PARTIE TYPES ET MANIÈRE DES DESSINATEURS DE VIGNETTES ROMANTIQUES Pages.

Chap.

— — —

XXVI.

— — —

XXVII.

XXIV.

XXV.

Alfred et

Tony Johannot

249

Célestin Nanteuil

Les Devéria. — Louis Boulanger. — Henry Gigoux. — Camille Rogier

De

l'art

267

Monnier. — Jean

typographique appliqué aux ouvrages de

285 la littérature

romantique

3o4

Épigraphes romantiques

Sog

Origines et racines du romantisme

325

XXVIII.

Épilogue.

TROISIÈME PARTIE 333

Bibliographie

Romans, Contes et Nouvelles

335

Poésies

3g3

Musique. — Ballets. — Peinture — Philosophie. — Morale. — Archéologie. — Traditions. — graphies ET MÉMOIRES. — Voyages

Théâtre.

Politique.

fin DE

la table DES MATIERES.

409 Bio-

4^'


TABLE DES GRAVURES

Pnjîes.

Lettre orne'e, d'après Gigoux

Fac-similé d'un dessin à

la

plume de Tony Johannot. (Collection de M. Ch. Narrey.).

Réduction du frontispice de l'Europe

littéraire,

dessin de

Tony Johannot,

viii

gravé

par Porret

Tony Johannot, gravée

Vignette inédite de Vignette de

Tony Johannot, pour

le

Eau-forte de Joseph Thierry, pour

par Porret fi83o à 1834)

Manuscrit

vert,

Enfants

les

3

de Gustave Drouineau (i83i).

et les

5

Anges, d'Édovard Thierry

(>833)

g

Vignette de

Tony Johannot, pour

/a CoHcarj/c/iiT,

Eau-forte inédite de Célestin Nanteuil, pour

le

d'Eugène Sue (i832)

9

Spectacle dans un fauteuil. d'Alfred

de Musset (i833) ,

Titre de la Première Partie. Entourage de

Encadrement de page

Le Fiancé de

la

Porret.

.

(vers 182(1)

/'^«cit';i

inédit (vers 1820I

17

Bourbonnais {i83j)

tombe. Vignette de Devéria, pour

20 les

Légendes, Ballades

et

Fa-

bliaux (1829)

2,

La Première Abbaye, légende du Ballades

La Jeune

et

v« siècle. Vignette de Devéria, pour les Légendes.

Fabliaux {182Q)

23

Fée. Vignette de Devéria, pour les Légendes, Ballades

et

Fabliaux.

Vignette de Paul Huet (1834) et

La

les

Partie d'échecs

du Diable. Vignette de Tony Johannot, pour

Fabliaux.

.

.

Chroniques

Traditions surnaturelles de la Flandre {i83i}

Fac-similé du frontispice des Odes, par

3o 3i

Edouard d'Anglemont

33

(1825)

Restauration

Charles Nodier. Vignette de

26

et

Cul-de-lampe d'Henry Monnier(?)

la

24 25

Irma, fabliau. Vignette de Devéria, pour les Légendes, Ballades

Cul-de-lampe de

i3 ,5

Le Troubadour. Fac-similé d'un dessin Cul-de-lampe de

Tony Johannot, gravé par

Tony Johannot, pour

34 l'Histoire du roi de

Bohême

et

de ses sept châteaux {iS3o)

35

Traître de mélodrame, d'après une gravure du temps (vers 1824)

38 55


TABLE DES GRAVURES

434

Hage».

Don Juan de Marana.

...

Fac-similé d'une eau-forte de Célestin Nanteuil (i836)

Vignette d'Alexandre

{Revue du Midi, i833.)

Bida.

41

43

Le Souterrain du donjon. Gravure de Lacoste

46

Alexandre Dumas, peint par Guichard en i832. D'après une eau-forte inédite de

Bracquemond

47

Cul-de-Iampe, gravé par Lacoste

48

Fac-similé réduit du frontispice de Faust, lithographie par Eugène Delacroix 5i

(1828)

Le Laboratoire de

Faust. D'après une composition de Retsch (vers 1820)

Réduction fac-similé de

la

54

couverture de Faust, lithographiée par Eugène Delacroix

(1828)

57

Hippolyte Monpou. Fac-similé d'un bois dessiné par Gigoux (vers i835) Vignette de

Tony Johannot, pour

Fac-similé du frontispice de

Cul-de-lampe, par

J.

l'Ecolier de Cluny, de

Goddé, pour

la

Sg

Roger de Beauvoir

Lénore, de

Monpou

(i832).

Tony Johannot

Lithographie de Ziegler, de

la

Kqsmq

63

.

66

la Silhouette (i%'io)

69

Cul-de-lampe, par Daumier

78

Fac-similé d'une vignette de Ziegler, pour les

Œuvres d'Hoffmann, traduction

Toussenel (i83o) Fac-similé

d'un

frontispice

75

de Ziegler,

pour

les

Œuvres d'Hoffmann, même

édition

Vignette de

77

Tony Johannot, pour

les

Romans

et

Contes philosophiques, de Balzac

80

(i83i)

Vignette de Tellier, pour une brochure politique sur Alger (i832) Vignette de

(i832|.

Une Nuit d'automne, nouvelle de M.

le

...

84

Tony Johannot, pour Vertu

et

Waldor

86

(i833)

Tempérament, du Bibliophile Jacob

(i833)

87

Vignette de Lecurieux, pour

Un Mauvais Ménage,

Vignette de

Tony Johannot, pour

Vignette de

Tony Johannot, pour

Vignette inconnue, de l'école de Vignette de

83

comte

(i83i)

Vignette de Gigoux, pour les Poésies du cœur, de Mélanie Vignette de

81

Tony Johannot, pour Résignée, àe GnHayQ Drouineau

Vignette d'Eugène Lami, pour

H. de V.

6i

.

(vers i835).

l'édition in-12 le

Manuscrit

de Gustave Drouineau (i83i;.

gi

(vers i83o)

les Poè»!ei, d'Alfred

Soirée à l'Arsenal. Gravure à l'eau-forte de

Paul Foucher, d'après un croquis à

la

Vignette de Gigoux. Titre du journal

93

de Vigny (1829)

Tony Johannot

Vert-Vert

96

(i83i)

sépia d'Eugène Delacroix (vers i832). /e

88 89

vert,

Tony Johannot

Tony Johannot, pour

de Pons (i833)

de Notre-Dame de Paris (i83i).

98 .

.

100 io3


TABLE DES GRAVURES

435

Hn({<.».

Vignette de

Tony Johannot, pour Une Ame

\ignette de

Tony Johannot, pour

la

en peine, d'Amédée Kermel (1834)

Revue des Deux Mondes

.

.

106 112

(i^'io)

Cul-de-lampe. Vignette d'Eugène Forest

114

Vignette d'Henry Monnier. En-tête du journal Z'&i/r'iTrte (i83i)

116

Meuble. D'après une eau-forte inédite de Cclestin Nanteuil Eau-forte de Ce'lestin Nanteuil, d'après Géniole, pour

118

Jeu de

le

la reine,

de

la

comtesse Dash (i83g)

120

Vignette d'Auguste Bouquet, d'après Gavarni (vers i835)

George Sand. Vignette de Tony Johannot

122

(i838)

127

Madame Barthélemy-Hadot, pour le Supplémenl au Dictionnaire des romans Frontispice de Tony Johannot, pour les Œuvres de Walter Scott (i832) Vignette de

Tony Johannot, pour

la

Vignette de

Tony Johannot, pour

/e Z)iVorce,

Danse macabre, du Bibliophile Jacob du Bibliophile Jacob (i83i)

(1828)

129

i3o

(i832).

i34

....

i38

Cul-de-lampe de Camille Rogier

139

Tampucci

Eau-forte de Célestin Nanteuil, pour les Poésies d'Hippolyte

(i833).

.

Cul-de-lampe d'Henry Monnier

143 145

.Pétrus Borel, par Louis Boulanger, d'après l'eau-forte de Célestin Nanteuil (1839)

149

Vignette de Gigoux, pour Champavert, Contes immoraux, de Pétrus Borel (i833)

i53

Cul-de-lampe

i55

Théophile Gautier, d'après un crayon de Célestin Nanteuil

Tony Johannot, pour Sous

Vignette de

Le Lutin,

les Tilleuls,

(i

iSg

838)

d'Alphonse Karr (i832).

.

.

.

Gustave Planche Cul-de-lampe de

166

Tony Johannot

168

Vignette de Camille Rogier. Frontispice d'Un

Cabanon

Roman pour

les

Cuisinières, d'Emile

172

(1834)

Vignette de Camille Rogier. Fac-similé d'une lithographie à

la

plume

(vers 1834).

Cul-de-lampe de Camille Rogier Portrait de

Bayalos Satan.

Siméon Chaumier en

177 182

1840.

Fac-similé d'une lithographie d'Aimé de i85

.

Feuchères sculpsit (1834), d'après une eau-forte du Salon de 1834,

d'Alexandre Decamps

La

164

d'après un bas-relief d'Antonin Moine. Vignette du Salon de j83i, de

188

Liberté, d'Eugène Delacroix. Vignette du Salon de i83i, de Gustave Planche

.

Cul-de-lampe Vignette de Levasseur, pour /e

191

194 Pe'Hi7e;i/,

d'Edouard Cassagnaux

(i833)

198

Fac-similé d'une eau-forte de Boisselat, pour Nostradamus, d'WippoXyta Bonnelier 201

(i833)

Vignette de Langlois du-Pont-de-l'Arche, pour

le

poème de

la

Cloche (iSSî)

,

.

.

2o5


TABLE DES GRAVURES

436

Page.

Tony Johannot, pour Caractères

Vignette de

Passages, de Philarète Chasles

et

(i832)

209

Frontispice d'Achille Allier, pour /'^rf

e/i

;7rovi«ce

(i

836)

214

Vignette de l'Art en province {1836} Frontispice pour

M>i

ai5

de Joseph Autran (1840)

4!o,

Vignette d'Alexandre Bida, pour /a iîevue Vignette de Jeanron, pour /a

Prévenu

d'Avril, d'après

Afo/ifiig-Jie,

</«

Miii

835)

219

d'Hauréau (1834)

223

Tony Johannot.

Vignette de l'école de

(i

une lithographie du temps

CoHot-d'Herbois. Eau-forte de Jeanron pour Vignette de

217

/(T

225

Monfag-«e, d'Hauréau (1834),

,

226

.

Titre du journal l'Entr'acte (i832)

229

Tony Johannot, pour/« Saint-Simonienne, de

M"'« Lebassu

23o

(i833)

La République. Porret

sculps.

d'après Barre. Vignette du Salon de i83i, de

Gustave Planche

23

Eau-forte de Maurisset, pour Afora/i7e5, d'H. Auger (1834)

235

Le Mapah,

239

L'Atelier

d'après Traviès (vers 1834)

du Mapah,

une lithographie de Traviès

d'après

Vignette de Tony Johannot

(vers 1834)

241

(i83o)

246

Titre de la Deuxième Partie. Entourage de Gigoux

247

Encadrement de page, par Camille Rogier

249

Vignette d'Alfred Johannot pour

253

Vignette de

Salon de i83i, de Gustave Planche

le

Tony Johannot pour

l'Histoire de la vie et des ouvrages de Chateau-

briand, par Scipion Marin (i832)

Vignette de

Auguste Barbier Vignette de

255

Tony Johannot, pour

les

Mauvais Garçons, d'Alphonse Royer

et

257

(i83o)

Tony Johannot, pour Vertu

et

Tony Johannot, pour

ou

Tempérament, du Bibliophile Jacob 259

(i833)

Vignette de

Stello,

les

Diables bleus, d'Alfred de Vi^ny 261

(i832)

Vignette de

Tony Johannot, pour /w

Vignette de

Tony Johannot.

263

Ce)it-e;-t/«e A^OKve/Zei (i833)

Titre de l'Écolier de Cluny. par Roger de Beauvoir

266

(i832)

Eau-forte

de

Célestin Nanteuil,

frontispice

du Musée, Salon de

i834,

par

Alexandre Decamps

26g

Eau-forte de Célestin Nanteuil, pour Marie Tudor, de Victor

Hugo

(i833)

.

.

Eau-forte de Célestin Nanteuil. Frontispice pour un ouvrage inconnu (1834). Vignette de Célestin Nanteuil, pour Vignette d'Henry Monnier, pour

le

Bord de

P/i/c «/ P/o/f,

la coupe,

dt

J.

Chaudesaigues

d'Eugène Sue(i83i)

.

273

.

279

(i835).

283

284


TABLE DKS GRAVURES

437

Pagei.

Vignette d'Achille Devéria, pour PattiTf Fi7/e/ de Victor Lefloch (1834)

286

Hugo

Vignette de Louis Boulanger, pour Aiigvloy tyran da Padotie, de Victor (i835)

289

Vignette d'Henry Monnier, pour

ie

/îou^e

Gigoux

Portrait de Paul-Louis Courier, dessiné par

Vignette de

J. J.

Grandville, pour Toussaint

Eau-forte de Benjamin Roubaud, pour

Tony Johannot, pour

Vignette de

Vignette de G.

J.

la

les

le

....

de Stendhal (i83i)

ei /e jVoir,

(i83.)

294

Mulâtre, d'Antony Thouret (1834)

Truands, de Lottin de Laval (i832).

298

Frontispice de Jacques Arago, pour la Vénitienne, d'Anicet-Bourgeois (1834).

Vignette de

Tony Johannot

Fac-similé du

Vignette de

J.

titre

de

/il

.

.

.

Traviès

(vers

Z)j)ii«

i832)

les

3o8

Romans

et

Contes philosophiques, de Balzac 3i3

Vignette de Gigoux, pour /a Vignette à

la

5/reg-ij,

manière noire, pour

le

d'Ernest Fouinet (i832)

De

319

pro/undis d'Alfred Mousse [Arsène Hous322

(1834)

Entourage de Gélestin Nantcuil Vignette

3o2

3o5 (183-2)

(i83i)

saye]

299

3o3

wacjère

Tony Johannot, pour

296 297

.

Salamandre, d'Eugène Sue (i832)

Traviès, pour la Séparation, de Vendremish-Durivage (i833).

Cul-de-lampe, dessin de G.

292

325

de Tony Johannot, pour Noire-Dame de

Paris, de Victor

Hugo

(i832)

.

327

Vignette de Foussereau, gravée par Porret

33o

Titre de la Troisième Partie, par Gélestin Nanteuil

33

Frontispice d'Achille Allier, pour l'Art en province

Composition de Ziegler, pour Eloa, d'Alfred de Vigny

333 (vers i833)

347

Vignette de Gigoux, pour Une Grossesse, de Jules Lacroix (i833) Vignette de

Tony Johannot, pour

Cul-de-lampe de Vignette de

le

36

Roi des Ribauds, du Bibliophile Jacob

(i83i).

Tony Johannot

392

Tony Johannot pour un ouvrage inconnu

(vers

401

1834)

Cul-de-lampe Faust, d'après une eau-forte d'Armand Leleux.

408

(Monde dramatique,

i836.)

...

Poitevin (i833)

Gul-de-lampe

41 3

420

Cul-de-lampe Fac-similé d'une lithographie de Monvoisin, pour

377

/1/i-Piîc/itj cV Vasiliki,

de Prosper

4^3

429


TABLE DES GRAVURES

438

TABLE DES PLANCHES HORS TEXTE

Pages.

Planche

I.

Alfred

et

Tony

Johamiot.

Fac-similé d'une

lithographie de

Gigoux

III

II.

Fac-similé d'une eau-forte de Cclestin Nanteuil, pour Vene-^ia

III.

Fac-similé d'une eau-forte de Célestin Nanteuil, pour

Za

fîe//i7,

d'Alphonse Royer (i833)

56

/m Jeune-

France, de Théophile Gautier (i833)

IV.

V.

VI.

Vigny

(i835)

.

212

de Pétrus Borel (i832)

Fac-similé

d'une

lithographie

de

J.

Goddé, pour Eugénie

Grandet, d'Honoré de Balzac (1834)

VII.

264

Portrait de Mélingue. Fac-similé d'une eau-forte de Gustave

Morin (1834)

VU*".

La

3oo

Nouvelle Poésie. F"ac-similé d'une vignette de Le Prince 328

(•77°)

VIII.

Fac-similé d'une eau-forte de Célestin Nanteuil, pour la Coupe et les lèvres, d'Alfred

IX.

i6o

Fac-similé d'une eau-forte de Célestin Nanteuil, pour Rhapsodies,

May, pour Chatterton,

Fac-similé d'une eau-forte d'Edouard d'Alfred de

io8

de Musset (i833)

372

Fac-similé d'une eau-forte de Célestin Nanteuil. d'une Fête chef Alexandre

Dumas

{iS'i3

Programme

ou 1834)

FIN DE LA TABLE DES GRAVURES.

4i<')



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