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Ottawa
http://www.archive.org/details/richardwagnersavOOjull
i,^^'-
RICHARD WAGNER SA VIE ET SES OEUVRES
IL
A
ETE TIRE
3o EXEMPLAIRES
DE
CET OUVRAGE
NUMEROTES
A
LA
SUR PAPIER JAPON IMPERIAL
PRESSE
'KTlrtV-ï
S
ADOLPHE JULLIEN
RICHARD WAGNER SA VIE ET SES OEUVRES OUVRAGE ORXÉ 1)K
(H AT OR/ K I.Il'HOC.R \PH
PAR
M.
I
l-;S
()
H
I
(1
1
NA
I,
KS
FANTIN-IjATOUR DE
Quinze
Portraits de Richard DE
ET DE
Q UA
Wagner
TRE EA UX -FORTE
GRAVURES, SCÈNES D O P É R A S CARICATURES 12 VUES DE THÉÂTRES, AUTOGRAPHES, ETC. '
,
LIBRAIRIE DE L'ART PARIS
LONDRES
I
JULES RoiAM, Knnj-:ini
(;n.Bi:Ri'
29,CITEDANTIN,20
j
1886 Droits de traduction
et
de reproduction réservés
175,
woon STRAND,
I
75
>!i
c:
tM
A
MON AMI
FANTIN-LATOUR
AVANT-PROPOS ûiLA tantôt quatre ans que Richard
Wagner tomba.
coniDie foudroyé.
Sa mort remonte-t-el/e
pour qu'on puisse
se mettre
de juger a-t-elle
l'homme en
impartialité?
toute
d'écrivains
de
s'occuper
la
acharnés détracteurs lui
ne devoir venir qu'après la leur? Apparemment, plus
L'heure
sonné d'accorder a ce grand génie
enfin
avaient promise pour après sa nu)rt
sans
loin
au point convenable afin
pleine justice que ses plus
auditeurs français,
asse^i
qui semble
car la
masse des
mesquines
ces
embourbés dans leur prose ou de
et
ces
petits
rancunes
intérêts
de
commerce, a fait franchement réparation à Richard Wagner des injures qu'on avait déversées sur lui de son vivant,
dans son
entier, s'est
et le
public français, pris
montré beaucoup plus généreux, plus
juste à son
égard que certains individus jaloux, fanatiques ou rancuniers. On peut dire aujourd'hui que soleil
il
:
n'y
Wagner, même en France, a conquis
compte presque plus que des admirateurs.
c'était se singulariser
que de
sur soi l'attention que de Cette
réhabilitation
qu'après que
mais,
la
sa place au
le
ne
le
défendre
;
à présent,
signes certains, que
le
vouloir attirer
décrier. s'est
produite
indiscutable
mort du maître eut calmé
déjà depuis un
c'est
Autrefois,
certain
temps,
il
toutes
était
les
aisé de
vent de la fortune allait tourner,
et
frappante
susceptibilités
prévoir, et les
;
à des
nombreux
écrivains qui s'ingénient à se mettre toujours d'accord avec les préfé-
rences
momentanées du public avaient pu
conversion afin
d'arriver à
louer le plus
ménager savamment leur superbement du monde un
AVANT-PROPOS
vm un
hoinaïc,
auquel
artiste,
Le
souffrances les plus cruelles. calculs;
yeux,
alors,
Il les nie,
même
peu qu'on
s'inquiète
et
avec
et
affaire, à leui'S
injligé les
jugements d'hier à
ses
lui jette
tombaient des
lui
face.
la
de la meilleure foi du monde. Il n'en va pas de
yeux du moins, que de
d'essayer de donner
sur
écailles
si les
gens qui tiennent une plume,
les
années,
public, en niasse, n'a pas de ces petits
change en un jour, comme
il
depuis des
avaient,
ils
le
ce n'est pas une
et
mince
avec eux-mêmes
s'accorder
change à leurs lecteurs ébahis sur
et
la fermeté,
bien fondé de leurs jugements.
le
Cet clan du public vers un génie trop longtemps méconnu a néces-
provoqué une
sairement articles
sur
et
brochures, toutes plus
louangeuses
A
compte de Richard Wagner.
le
l'exagération de l'éloge,
instants,
place, en plus d'un
de publications
abondante éclosion
d'articles ou d'études critiques,
unes que
livres,
les autres,
du blâme a succédé, par
l'aveuglement de la haine a fait
du
l'aveuglement
à
cas,
et
l'excès
les
:
fétichisme.
historiques, anecdotiques,
Quel déluge apologétiques,
ditliyrambiques sur Richard Wagner, depuis l'époque de la représentation
de Tannhœuser à Paris! Et cependant,
ments circonstanciés
homme
de génie,
et
qu'on
l'on
si
se
restreint
chronique courante?
la
au.x
sur un
de demander à tout ouvrage
qu'on serait en droit
un peu sérieux, en dehors de part,
désireux de posséder
toujours
est
trouver les renseigne-
oit
écrits publiés
A
peu près nulle
en langue française, car
l'étude si intéressante de Gasperini, outre qu'elle s'arrête après Tristan et Iseult,
est très
sobre
Et depuis
toriques.
entretenir
de
lors,
et
Richard
!
.se
nous
Aujourd'hui, si l'on
Que non pas
inintelligibles et l'on
fait
de renseignements
ont
resseri'i
tient
!
pour
on
la
croit les
mode
homme
plume à
file
les
est
à la philosophie
commente
faits
afin de les rendre
satisfait.
expéditif de laisser
l'aventure et d'enfiler des mots à perte de vue sur
un
ou sur une œuvre sans avoir entendu f œuvre ni étudié l'homme,
que de rechercher
pagné
à la
que ses ouvrages sont
C'est qu'il est singulièrement plus facile et plus
courir sa
his-
rhétorique, assaisonnés d'un grain de poésie,
n'entend rien à ^]\^gner
être exécutés.
qui
^]'agner,
d'un soupçon d'esthétique
pour
peu sûre en
combien d'écrivains français ont prétendu nous
mêmes développements de et l'on
très
la
les
circonstances de la vie d'un artiste qui ont accom-
production de ses ouvrages, que de contrôler en quelque sorte
par sa
SCS œiirrcs et
d'éloge, eu
et
ix
tendre
au juste point de critique
vie et de toujours
fuyant également l'hyperbole louangeuse, dittyrambique, amer,
blànie
le
AVANT-l'ROPOS
injurieux.
Des analyses de pièces sur
mon
lyrique, on en rencontre autant et plus qu'on n'en désire, à 7uais et
il
serait injininwnt nu)ins aisé de trouver
l'on
en
le
put suivre à
la fois la
pi-enant à sa naissance
Non
seulement
langue, mais,
aux
satisfit
même
pour
n'existe
il
J'ie
de l'homme
En
fiance.
un ouvrage où l'existence
et la
les
et
mis
en
et
y
puisse être utilisé de con-
et
rédigés dans un style
devine à chaque page
quelque et
sorte
à
la
devait juger
qu'il
de
dévotion
aussi;
appréciations perdent toute portée, mais
simples sont présentés de qu'on
ne
les
telle
façon qu'on
accepte qu'après vérification
de parti,
se méfie,
au contraire,
lui nuisent
par l'exagération de
Le mieux, avec un de juger ses actes
et
dithyrambe,
tel
ses
et le
et
ouvrages, à ce qu'il
tels :
ils
ne
le
font pas
rendent quelque peu déplai-
uniment sa
le
était
s'il
vie,
mort
de ne pas l'écraser sous des éloges
rendre
livre de
plus
chaque page,
œui'res aussi simplement que
hyperboliques qui risquent de c'est
de
A
génie, est de raconter tout
et
;
non seulement
l'éloge et l'abus des coups d'encensoir.
depuis cinquante ou soixante ans,
sensés
et
et
allait
instinctivement,
minutieuse.
sont sans utilité pour la gloire du maitre
le
il
les faits matériel.^ les
semble,
ils
Tel auteur,
dont
dès lors,
le livre
sant
l'influence directe
et
l'artiste
on sent
connaître,
notre
en prenant la plume, a dépouillé sa personnalité propre
raconter la vie ses
en
d'impartialité nécessaires pour
contrôle permanent du maître ou de ses représentants.
s'est
l'artiste,
ouvrages allemands conformes à ce plan général
à ce point laudatif qu'on
tel autre,
;
à l'étranger, on n'en saurait découvrir un seul qui
sont conçus dans un esprit tellement admiratif
ou
carrière de
ouvrage de ce genre
aucun
conditions d'indépendance
effet,
;
conduire jusqu'à sa mort.
le
qu'un pareil travail offre quelque intérêt
le
sens
(vuvres du hardi novateur fussent racontées, étudiées avec suite
les
oit
et
nu)de
le
ridicule
au.x
yeux
des gens
en un mot d'écrire à son sujet un livre d'histoire, non un
combat ou de
parti.
Wagner, au degré de gloire
monté, n'a plus besoin qu'on rompe des lances pour lui ;
achever sa victoire par
Donc, point de
lii're
la toute-puissance
de son génie
et
il
oit
il
est
saura bien
de ses œuvres.
de combat. Point de livre de parti,
non plus
;
car ce serait montrer un esprit singulièrement étroit que de rallumer
AVANT-PROPOS
s
de vieilles querelles éteintes, en rééditant, pour
le
plaisir de taquiner
gens, toutes les pauvres raisons imaginées naguère
les
par des opposants
de parti pris. Et puis à quoi cela conclurait-il? serait plus facile, assurément, que d'être désagréable à
Rien ne nie
tant d'écrivains qui et
menèrent l'attaque autre/ois contre Richard Wagner,
muni pour
je serais amplement
cette petite guerre.
à présent de voir des personnes recueillir dévotement
récente
ne
et
développé que
s'est
depuis
la
de dix, quinze ou vingt ans singulière bien,
et
Wagner chaque
ce qui
tout
l'on recule
si
sommes
ne
et l'un
je crois
pis,
aidant l'autre,
s'imprimait sur Richard
qu'une œuvre de lui passionnait l'opinion ou qu'il
fois
surgissait dans le
Nous
!
ne trouvera
l'on
en ce temps, aurait paru
de longue date,
imaginé de réunir à peu près
numdc musical une
querelle à son sujet.
agissions en simples collectionneurs
besogne fastidieuse,
cette
l'idée,
recherche sans intérêt
la
et
plus forte raison
combien
:
plus de deux qui ayons,
Nous
A
de mode
est
mort de Wagner. Qu'on
remonte seulement de quelques années en arrière,
pas trace de collection de ce genre.
qui
articles
les
admirent; mais ce goût
se publient sur le maître qu'elles
pas rare
Il n'est
et
quand nous entreprenions
nous ne soupçonnions pas quelle
utilité,
quel prix, une telle réunion d'articles acquerrait par la suite. Aujourd'hui,
qu'il s'agisse
rition
des
sement
de la représentation de Rienzi à Paris, de l'appa-
Nibelungcn à Bayreuth, sur lesquels nous avons précieu-
colligé
moindres bribes des journaux français
les
d'articles importants de tous les qu'il soit question
M.
Pasdeloup
y fit
tout
Lohengrin à
sous la
main,
l'
dernièrement par l'annonce de
Opéra-Comique
non seulement tous
de profession,
saillies
du Nouveau- Monde ;
exécuter la marche funèbre de Siegfried, ou bien
tation de
minces
et
du tumulte soulevé aux Concerts populaires lorsque
du confit provoqué
critiques
pays d'Europe
et quantité
les
mais encore
échappées à
la
— on trouve,
,
les
la
représen-
immédiatement
articles -petits
et
grands
moindres facéties,
les
là,
des
plus
plume de chroniqueurs en gaieté qui ne
s'en souviennent déjà plus et qui ne riraient guère, aujourd'hui, si l'on
s'amusait à
les leur
rappeler.
Quel riche arsenal avec
leurs
propres
contre Richard
oii
puiser
s'il
eût été dans
mon
pi'ojet
de blesser
armes ceux-là mêmes qui s'acharnèrent
Wagner! Mais
le
je répugnais absolument à donner à
plus
mon
AVANT-PROPOS livre lin caractère de représailles.
Richard
tialité stricte entre
anciens détracteurs,
ses
et
mains pour divertir
les
c'eut été leur
dépens de ceux-ci ;
faire injinimcnt
trop
Donc, silence à peu près complet sur et
aux
trêve
un admirateur de
pendant
un livre
tout,
oii
un
louange
la lii're
et
la
enfin tel que
mais un admirateur indé-
veille,
la
Wagner.
de
volontairement dépourvu de
où l'anecdote vérifiée aurait sa place,
l'écrire
aux
d'honiwur que
Avant
personnalités.
critique parleraient un langage accessible à tous,
devait
sans
gens qui prirent part aux
les
d'histoire exact, complet si faire se peut,
solennité,
la galerie
nom
de leur prêter une nouvelle vie à l'abri du i^rand
polémiques d'antan,
une impar-
Il vie plaisait d'observer
Waffncr
user des textes que J'ai'ais entre
xi
qui n'a jamais voulu frayer avec personne ayant tenu de
et
près à Richard ^^^agner.
Je tiens à
quand on
le
déclarer. C'est, selon moi, une condition indispensable
essaie d'apprécier
indépendance absolue
et
serait en droit de vous
vécu,
pour
l'œuvre le
est
un
taille,
que de
la
faire payer,
immortelle
:
il
y
a
peu que
si
là
ce fût.
de surcroit,
peut,
me
suis
pas fait faute. Mais
il
y
pu demander que
je
soumisse
le livre
—
//
y
a près de vingt
qui,
ans
—
et
je
défendre avec énergie, au risque de m' attirer
gens qui
me
reprocheraient volontiers,
là
renseigner
se
et c'est
de quoi
à solliciter
le
par échange, auraient
entier à leur approbation.
rateur de Wagner, certes, je crois l'être; d'écrire
de
a loin
moindre renseignement auprès de persoimcs
L'homme a
éléments nécessaires
tous les
auprès de gens ayant pénétré dans l'intimité du maître, je ne
j(niir d'une
de n'avoir pas la plus petite obligation à qui
sans compter qu'on
jnger,
de cette
artiste
Admi-
depuis que j'ai coinniencé
jamais cessé de
n'ai les
le
attaques railleuses de
maintenant,
circonspect ; mais autre chose est d'improviser un
d'avoir été tiède
et
article
de critique
militante presque aussitôt oublié, autre chose de composer
un volume
d'histoire
auquel l'auteur prétend qu'on
se
puisse
reporter
en
toute
sécurité.
Je
me
suis
donc efforcé de faire un ouvrage entièrement impartial
non seulement envers Richard Wagner, mais aussi
pour une raison ou pour une autre, ont prétendu version publique le
mal fondé de
;
il
appartenait à l'historien
eni'crs
le l'ouer
de disceriwr
ccu.x qui,
à ianitnadle
bien ou
ces attaques, leur origine i)itércsséc ou leur but caché.
AVANT-PROPOS
XII
et
de prononcer ensuite, en connaissance de cause,
ennemis. C'était
croire, et d'autant plus
pareil dans
tous
homme tel comme on peut
un travail indispensable à faire avec un
là
Wagner, mais un
que Richard
entre l'artiite et ses
très délicat,
malaisé qu'il ne se trouve absolument rien de
écrits
les
travail
biographiques consacrés au maître
France ou d'Allemagne
tous les écrivains de
même
et
avec AI.
avec
:
Dann-
reuther, dont la notice anglaise est un des meilleurs travaux qui soient
sur Richard Wagner,
n'y a jamais d'e.xamen calme ni de jugement
il
modéré. Pas de moyen ternie ou
}]^agner
l'absolu
ce qui
un
est
misérable
pas de ce monde,
n'est
concerne Richard
ou
c'est tout l'un
ou
c'est
:
il
Wagner
faut examiner de près
en
lumière
ainsi
sition le
ne
il
Eh mon Dieu! relative en
il
a subi
attaques
les
pas de lancer de grands
suffit
la question
c'est tout l'autre;
la vérité
sous toutes ses faces, sans
sans aveuglement.
et
entendu sur Richard
Wagner
mit bien
génie auquel on tentait de rendre un juste hommage,
le
marquer mieux que par
fallait
ceux dont
et
idée préconçue, autant que possible,
Pour qu'un ouvrage
martyr.
pour arriver à
et
sans demeurer en reste avec eux,
mots;
un
ou
le
il
par des dessins, quelle oppo-
récit,
maitre avait rencontrée en tout pays
et
quelle énergie
il
avait
dû dépenser pour venir à bout des nombreux obstacles qui se dressaient devant
lui,
par sa faute asse^ souvent, par
Rien non plus ne montre mieux que quel revirement
Wagner. La et
comme
s'est
fait
caricature,
suite
de son caractère absolu.
dessin, qui
le
dans l'opinion publique au sujet de Richard ici,
devait donc venir en aide au texte écrit,
nul compositeur, pas
même
Rossini ni Berlio^,
inspiré la verve railleuse de ses contemporains,
parmi
toutes
Angleterre, trop
caricatures
les
etc.,
grossières
aux yeux,
saute
écloses
en
il
n'a
plus
n'y avait qu'à choisir
Allemagne,
en
France,
en
mais en évitant toujours d'en reproduire qui fussent ou
le
moins du monde blessantes pour des personnes
encore vivantes. C'est
dire
asse:[
que
la caricature
document historique, abstraction faite de
avant
tout à
l'attaque plus ou
mes yeux un moins
plus ou moins envenimé qu'elle dirige contre l'homme
trait
Au
est
surplus, la caricature est devenue, en ce siècle, une des
la célébrité,
bien,
im gage éclatant de renommée,
ne devait pas voir d'un
ccil
et
et
vive,
du
l'artiste.
formes de
Wagner, qui
le
savait
indifférent ce déluge de croquis face-
AVANT- PROPOS tieux sur liii-miniic
cl
sur ses (vuvrcs
xui
en
:
innombrables gens qui n'auraient jamais eu
un
article,
aidaient plus
ils
d'écrits n'auraient
pu
faire.
parodie écrite ou dessinée, dei'oir lui
à
En et si
comme
notre
le loisir
regards des
les
ou
goût de
le
lire
répandre son nom que des centaines
aucun cas
il
n'a été réclamé contre la
jamais crayonneur satirique arait cru
demander permission de
doute pas répondu
frappant
le
tourner en charge,
il
n'aurait sans
grand Lamartine, qu'on ne
doit auto-
RICHARD WAGNER VERS 184O. Son premier
riser
personne à faire grimacer
faite à l'image
A
portrait, dessiiii^ par Ernest Kietz, à Paris.
astreint à
et
de caricatures devaient répondre une série de scènes
une autre de portraits.
Pour
les
premières,
je
me
suis
donner toujours au moins une gravure contemporaine des
représentations originales, afin de
mieux conserver à chaque pièce
cachet du temps; pour les seconds, les
visage de l'homme, seule créature
de Dieu.
cette série
de pièces
le
plus rares
et
ceux auxquels
le
j'ai
nom de
cherché à réunir l'artiste
ture donnaient une importance particulière
de Renoir. Il ne m'a pas été facile
—
le
:
tels
le
les portraits
ou la date de la pein-
ceux d'Herkomer
croirait-on ?
—
et
d'ordonner
AVANT-PROPOS
XIV
exactement uns
date précise;
la
par exemple pour
nmison Brcitkopf et Hartel
ans. que la et
longue série de portraits. J'avais bien pour quelques-
cette
pour ceux qui ont
sonnes
par
qui,
Wagner
leur
pour
pour intercaler
de la physionomie
et
me guider
sur
Kiet^,
le
la
que
artiste
je
texte ? Je
l'espère
demandais vainement à tous
voilà
:
Quant au portrait que premier
et
donné à
j'ai
les
échos,
et
je m'estime
,
Ce
par Ernest Kiet^, un et
page 45, en supposant que
la
peut-être celui de Kiet{,
comme on
il
est
postérieur tout au
en peut juger par la physiono-
nous donne bien Richard ^]\^gner aux environs de la date indiquée est
donc
la bonne. Il
natale. C'est son frère ,
Bayreuth même, en
les
i<S-;3,
le
la trentième
parait que Kiet^, l'auteur
après avoir p>assé la plus belle partie
,
de sa vie à Paris, de iS'So à
l'S'yo,
est
Gustave Kiet^, qui a fait à
sculpteur
deux
aujourd'hui retiré dans sa
bustes en
marbre blanc qui ornent
rei-de-chaussée de Wahnfried.
Pour préparer un il
Wagner, par
faire figurer dans cet Avant-Propos.
le
du premier portrait de WagJier
le
un peu, mais ne
donc Wagner à vingt-sept ou vingt-huit ans.
plus de deu.x ou trois ans,
ville
vête-
bonne fortune de trouver à Paris lors de son premier
la
séjour che{ nous
année;
les
de Dresde qui étudiait la peinture à l'atelier de Delaroche
que Wagner eut
et
mode dans
un ordre relativement exact pour
portrait fut dessiné à Paris, en US40 ou 1841
mie,
De
modif cations
surtout sur les
reçu au dernier monient le premier portrait de
c'était le
Richard
garantir.
encore heureux de pouvoir
jeune
de
douteux entre ceux dont
changements de
les
insérés dans
les portraits
J'ai
auprès des per-
savoir
tout
ces portraits
ments. Aurai- je établi, de la sorte,
le
même
les autres,
devraient
situation,
je savais pertinemment la date,
saurais
convuuuiquait aimablement,
leurs réponses étaient vagues ou manifestement erronées.
:
sorte que j'ai dû,
tous
me
à quarante
Paris ou à Londres ; mais impossible
été faits à
d'obtenir un renseignement sur
Wagner
celui de
m'a fallu,
tant
nombre de gens, un renseignement
pour
écrire utile,
partout qu'obligeance avait
une
si
pareil ouvrage, absolument neuf de toutes pièces^'
et
l'illustration
que pour
le
texte,
recourir
à
à bien des personnes en vue d'obtenir d'elles et
je
me
félicite
de n'ai'oir rencontré presque
bon vouloir. Pour
grande importance
à
la
partie caricaturale, qui
mes yeux, je
dois
beaucoup
à
AVANT-PROPOS M. John
Gyand-Carlcrct, auteur de l'excellente Histoire de Autriche, en Suisse;
ture en Allemagne, en le
xv
M.
et
grand collectionneur )vagnérien de Vienne, m'a
En
précieux secours.
ou
caricatures
de
général,
tous
satiriques
publications
aimables, aussi bien ceux de France
que
allemands,
éditeurs
les
:
Eiuerich Kastner,
été pareillement d'un
de journaux
directeurs
les
se
Carica-
la
montrés
sont
des plus
du Charivari, du Triboulct,
comme ceux du
Kikeriki
de
etc.,
du Floh, à
et
comme AIM. Braun et Schneider, des Fliegende Bketter, à Munich; comme M. Heck, de Vienne, pour les portraits-charges de GusVienne;
M.
tave Gaul, etc., etc.
A. Hofmann, propriétaire du Kladderadatsch,
de Berlin, à défaut de caricatures dans mettait à
ma
disposition
toute
le
même
corps
de ce journal,
une brochure humoristique
Schulze
:
et
Millier à l'Anneau du Nibelung, dont les plaisants croquis sont dus au
de
dessinateur
principal
Punsch, de Munich, m'a été aussi
du séjour de Wagner dans
cette
W.
M.
célèbre,
cette feuille
pour
très utile à consulter
ville;
mais j'adresse
Le
Schol^.
temps
le
mes remer-
ici
ciements à un journal disparu, à un auteur mort, car l'année iNjS a
vu s'éteindre à teur,
la fois
cette feuille satirique et
son rédacteur-dessina-
Martin Schleich.
Si je
Nuitter pour
France,
en
rentre
obligeance
son
m'est dou.x
portrait de Renoir; portrait essentiel,
Charles
Archives de
les
Charpentier, qui possédait
communiqué un
frères, qui m'ont
M,
de remercier
accoutumée à m'ouvrir
mon ami Georges dessins^ comme le
l'Opéra, puis
de certains
il
les
MM.
originaux Charai'ay
surtout tel autre
et
de mes amis, dont la bibliothèque jvagnérienne, plus fournie encore que la
mienne en
ma
disposition.
Du
exactement
très
gravures ou documents originaux,
articles,
—
quand je
portraits et caricatures
même,
par scrupule d'historien,
reste,
qu'il
j'ai successipement
qui m'avaient été
le
me
un et
troui'er
m'a plu de
moins du monde
les
nommer
j'ai toujours indiqué
utiles
dans
de reproduire
mon
aux yeux.
et
de
ouvrages
livres français
plutôt que d'en négliger
tous sans faire ici métier de critujue
sans discerner entre leur plus ou moins de valeur
saute
les
;
travail. J'aurais
silence les différents et,
des pièces,
l'origine
courant du récit tous
avait été déjà parlé de ce rare génie,
seul, il
—
paraissait bon
noté au
eu mauvaise grâce à passer sous oit il
pu
l'ai
toute à
était
:
cela,
d'ailleurs,
-
AVANT-PROPOS
XVI
Tel
qu'il
est,
avec
des
imperfections
inéi'itables,
je soumets
ouvrage aux admirateurs éclaires de Richard Wagner, eu d'excuser qu'on
l'a
les
fait
qui
fautes ;
mais
il
ont
ne
me
pu ni'échapper.
de jouer auprès d'eux
voudra
—
déplairait pas non plus d'intéresser
beauté
demi-voilée
l'original.
;
que
nous vantent
qui :
•
ils
font
naître
encore
lettre close,
ou immodeste, :
«
Ce
sont,
désir
comme on dit-il,
des
charmes d'une
irrésistibles
les
un
est
les
brûlant
de
connaître
»
Et nmintenant que rcuth
—
modeste
le rôle
que Gœthe assigne aux traducteurs
entremetteurs {élés
priant
eux surtout
C'est p>oiir
gens de bonne foi pour qui l'œuvre ivagnérienne et
les
cet
le
une courte fanfare
j'ai tout dit,
rideau s'entr'ouvre
représentation de sa propre vie
—
et
que
le
comme
à Bay-
maitre lui-même, avant la
la vie agitée d'un
héros de
l'art,
—
vienne intercéder auprès du public en faveur de son nouvel historien
WAGNER SALUANT. {Puck, Je Lcipzii;, 3 septembre
i<S7'3.J
!
RICHARD WAGNER SA VIE ET SES
OEUVRES
CHAPITRE PREMIER MOZART ET RICHARD WAGN'ER EN FACE DES FRANÇAIS
kvSÉPV^I
''
RICHARD WAGNER
1
Ne
moment dexaminer
serait-ce pas le
pris d'indulgence
de sévérité, les griefs
ni
en toute justice, sans parti
si
souvent formulés contre ce
compositeur par ceux qui transportent cette question purement musicale
que d'autres ont écrit et fait pis encore contre nous qui n'en sont pas moins admirés et loués par toute la France? La question de génie ou de talent n'est sur
le
terrain brûlant de la politique, sans vouloir se rappeler
pas à discuter
ici
et toute dissertation serait oiseuse à la veille
théories et les créations du novateur allemand,
examen
En
nous
réfléchi put effet,
nature
la
complexe, son génie telle
si
grand
faits
môme
Aussi nous abstiendrons-nous de juger, d'examiner
décisifs.
de
attrait
les
que cet
offrir.
artistique
musical
de Richard "Wagner est
révèle
une
telle
tellement
vigueur et exerce
une
attraction, qu'à défaut d'une connaissance approfondie de ses œuvres,
on a recours aux comparaisons les plus étranges pour le juger en bien ou en mal. Cette année môme, presque le même jour, un compositeur
allemand
l'assimilait à
comparait à M. l'Allemand et
Richard
Napoléon
III,
tandis qu'un journaliste français le
de Bismarck. Et tous deux,
le
Wagner
Français,
musicien et
le
croyaient avoir tout dit
sur
Hiller, directeur
intime de Mendelssohn,
—
contre "Wagner,
Wagner
celui-ci,
compte de
l'un
au
l'autre,
il
— cette
écrivait à la
du Conservatoire de Cologne
vieille
eut toujours
ses aspirations,
il
;
foi
ami
Deutsche Rundschau
:
III.
Comme
en son étoile, malgré les circonstances les
moyens qui pouvaient
le
employés avec une constance
et
tous les
les a
et
amitié explique sa haine vivace
ressemble en beaucoup de points à Napoléon
plus contradictoires
en dehors qu'aucun musicien n'a possédées avant
Un
le
à titre de curiosité.
M. Ferdinand
«
littérateur,
par ce seul rapprochement.
Conservons ces deux portraits qui se contredisent
moins
le
autre point de contact entre Napoléon et
lui
mener au but de une énergie tout au
même
lui, c'est qu'il
degré.
a su enchaî-
ner indissolublement ses partisans au succès de sa cause, et qu'à l'égard
de ceux dont cation à
son
la
personnalité
profit.
couronnement de
Il
est
lui
portait
arrivé
ainsi
ombrage, au
il
a
fait
de
la confis-
Comme
suprême pouvoir.
sa brillante carrière, à l'Exposition universelle de 1867,
succédera, en 1876, l'Exposition de Bayreuth.
Wagner
aura-t-il aussi
un
d'abord, jusqu'ici, rien ne nous annonce
Sedan? venue sur le terrain musical d'un Bismarck ou d'un Moltke ensuite, dans les arts, les victoires ne sont généralement pas aussi rapides que dans l'ordre militaire. Mais sa cause finira pourtant par être vaincue, car elle ne repose que sur des principes faux, comme la puissance jadis incontestée de Napoléon III. » C'est difficile à croire
la
:
;
RICHARD WAGNER Que
disait, trautre i^art, le
comme fixe,
Wagner
Richard
«
XIX'
3
Siùclc?
est la volonté, l'énergie, l'opiniâtreté incarnées;
tous ceux qui s'attachent obstinément à la poursuite d'une idée
on
l'a
ces deux
longtemps de maniaque. Aujourd'hui, Bismarck
traité
hommes
dont
et lui,
sinon les génies, ont tant de traits
les caractères,
de ressemblance, sont les dieux de l'Allemagne. L'élite des Germains gallophobes et mélomanes est prosternée à leurs pieds.
Wagner du de
ont
Bismarck
et
preuve, dans deux sphères d'action bien différentes,
fait
même esprit absolu la même fougue de
systématique, de
et
tempérament, de
sur le choix des moyens. Uiiiu'tc que
ou de vive force dans
le
même ténacité passionnée, même absence de scrupules
la
la
diplomate a conquise par adresse
la politique, l'artiste a
essayé de
la réaliser
dans
»
l'art.
De
moins forcé que
ces deux parallèles, le second est peut-être
premier, mais
le
ne prouve pas davantage pour ou contre l'auteur de
il
Tristan et Iseult.
Wagner
L'animosité a surtout redoublé contre Richard apprit, par simple hasard,
depuis qu'on
avait écrit contre la France, au prin-
qu'il
temps de 187 1, certaine comédie-charge politique intitulée: Une Capitulation. Sur ce sujet, il conviendrait de ne pas crier si fort, pour ne pas mettre en évidence notre ignorance prolongée. Quelques gens s'occupant de critique ou d'histoire musicale connaissaient depuis longtemps cette grossière plaisanterie
pour
la
milliards
»
qu'un
révéler
lui
et
y
que
le
public l'ignorait encore
informés dès alors
et cette
il
a fallu
pays des
«
façon d'apprendre les choses
Ou
ne sont guère à notre honneur.
cette
publi-
une importance capitale, et nous en devions être premier jour ou elle ne signifiait pas grand'chose, et
avait le
;
eût été sage de ne pas faire tant de bruit autour
il
et
cette découverte inattendue.
fit
au bout de cinq ans hostile
—
voyageât au
touriste-écrivain
Cette lenteur dans l'information
cation
;
d'elle.
Attacher
'importance à une parodie bien inoffensive en sa grossièreté, faire ressortir d'autant plus notre manque de prévoyance et d'in-
pareille c'était
formations.
On
fait
encore un crime à Richard
Wagner
d'avoir
composé en 1871
une marche triomphale pour le couronnement de l'Empereur d'Allemagne. Il aurait mieux fait de s'abstenir, assurément, lui qui a vécu plusieurs années en France ciens
de
célébrer
les
célébré
le
mais n'est-ce pas
succès
n'attendent-ils pas toujours çais seraient-ils
;
militaires
le lot
de leur
de tous
pays
des succès très avérés.
—
Et puis,
les
et les
musiencore
Fran-
bien venus à blâmer un compositeur allemand d'avoir
triomphe
de
l'Allemagne,
eux
qui
ont
si
bien
applaudi
.
RICHARD WAGNER
4
MM.
Félicien David
Gounod chantant
et
France, eux qui n'ont jamais reproché à
les
victoires
futures
de
la
Spontini de célébrer
l'Italien
dans des cantates officielles l'oppresseur de sa patrie et de lui consacrer mcnie, sur son ordre, un grand opéra comme Feniaiid Cortei?
Weber
mieux que Spontini, lui qui se lit le Tyrtée des armées allemandes pendant la campagne de i8i3, lui qui mit en musique les chants de guerre les plus haineux contre le drapeau envahisseur, le nôtre, et contre un conquérant justement abhorré. Mais
Weber
autrement
agit
et
dans ce sens plus
alla
loin
seulement sa cantate de victoire
— comme Wagner
de Waterloo,
—
il
que Wagner
Combat
:
fit
pour
le
et
il
;
ne composa pas
triomphe, après
la bataille
couronnement de l'Empereur;
avait déjà, au plus fort de la guerre, lancé contre nous ces chants
patriotiques qui enflammaient l'ardeur des combattants.
Et pourtant, qui songerait aujourd'hui à proscrire à nier son génie, parce qu'il
Personne
même
haine,
il
passa par
Toute
la
flatteur,
le
:
Londres son Oberou. reçut alors avec un empressement bien
pour
Paris
française le
génie,
diriger à
aller
il
:
c'est
qu'elle devait
qu'il allât, d'où qu'il vînt.
oi!i
Wagner
Weber. Mais, triomphe
notre ennemi acharné et victorieux?
ne voulut se rappeler qu'une chose
Richard
de France,
n'y songea lorsque, douze ans après cette explosion de
société et
honorer
fut
Weber
donc beaucoup moins
a
dit-on,
n'a
il
la
France que
pas seulement composé une
marche de
a aussi déversé l'injure sur
fait
contre
un peuple abattu, pour venger
son amour-propre offensé de l'échec que ce peuple avait autrefois infligé à son Tannhœiiser
Mais un autre compositeur allemand nous a pour le moins aussi maltraités, aussi injuriés pour nous remercier de notre bon accueil, de nos bravos pure,
;
et
ce compositeur jouit
comme homme
monde ignore
et
comme
aujourd'hui de la gloire la plus
musicien,
ce qu'il pensait de nous.
faire déflorera peut-être l'idéale
même
La
en France, où tout
le
révélation que nous allons
image du tendre Mozart, mais,
si
grande
surprise qu'elle cause à ses dévots admirateurs, elle n'atteindra en rien
son génie
ni
et injurier la l'esprit
son œuvre. Elle prouvera cependant qu'on peut détester
France avec
la
nature aimante d'un Mozart,
comme
avec
rancunier d'un Wagner.
Et d'abord, en quoi Mozart, dont on a voulu faire le modèle de différait-il du commun des hommes? Avait-il vrai-
toutes les vertus,
ment
cette droiture inflexible, cette honnêteté qu'effaroucherait la seule
pensée d'un biais ou d'un faux-fuyant, celui qui, après avoir vendu sa
Symphonie concertante
et
cert spirituel, écrivait tout
deux ouvertures à Legros, directeur du Con-
naïvement
:
«
Il
croit
en être
le
seul
pos-
RICHARD WAGNER sesscur, mais ce
n'est
dans
je
la
maison.
tête,
et
—
Le
«
pas vrai,
trait
car
les
je
encore
ai
de souvenir
écrirai
les
5
retour à
mémoire qu'à
plus d'honneur à sa
fait
toutes fraîches
mon
aussitijt
la
sa déli-
catesse.
nature
d'une
Était-il
aimante,
si
gardait-il
et
homme
invariable des services rendus, ce jeune
calomnie sur Grimm, qui
l'injure et la
une reconnaissance
qui osait bien déverser
été son plus
avait
dévoué pro-
tecteur lors de son premier voyage à Paris avec ses parents? L'enthou-
Grimm
singulièrement refroidi, il est vrai, quand il présomptueux garçon de vingt-deux ans, doué d'une vanité prodigieuse, et auquel manquaient, d'ailleurs, toutes les qualités de souplesse et d'amabilité nécessaires pour réussir à Paris mais il
siasme de
s'était
avait vu revenir ce
;
accordé une constante
encore
lui avait
une protection
sinon
amitié,
bien efficace.
Et ne
pas
l'eùt-il
dénonciation
que rien n'autorisait Mozart à écrire cette
fait
pleine de colère et d'aigreur, que
si
services passés devait l'empêcher
grossiers
:
...Le plus
«
quinze louis d'or
de
ma
grand bienfait
mettre en rage) et
mette
lui
le
pied...
mon honnêteté de mon talent. »
Avait-il enfin ce profond
:
«
ma
respect
de
mon
cousine. Je suis de tout
offense qui
famille, était-d
pût
me
même doué
on
a raillé,
raille
et 1,000 coniyli-
mon cœur,
Àlonsieur, votre ini'ariable cochon, ic
«
la
seule
cher oncle, une bonne santé
«
On
(la
car ce serait montrer de la
délicat, celui qui terminait ainsi certaine lettre à un parent
Je vous souhaite,
inents à
m'ait accordé consiste en
qu'il
méfiance à l'endroit de
si
en ces termes
m'a prêtés, par petites sommes, durant la maladie peur de les perdre? S'il a un doute à ce sujet, il
mérite vraiment qu'on
respectable
seul souvenir des
qu'il
mère. A-t-il
d'un esprit
de
de parler
le
Grimm
'W. A.
Mozartin'.
»
encore 'Wagner de son esprit tudesque et de
ses plaisanteries d'éléphant
Elles sont le plus souvent assez lourdes,
».
d'accord, mais elles sont moins crues que celle-ci et ne s'adressent pas à un
homme
d'âge.
Cette courte
nous vise pas,
plement
l'idéal
il
digression est vrai,
qu'on
sur
le
caractère
et
nous autres Français,
s'est plu
l'esprit et elle
de Mozart ne atténuera sim-
à se former de lui, de ce jeune
sont en français dans I. Les mots ici soulignes langue pour faire de jolies plaisanteries de ce genre.
l'original,
homme
Mo,^arl recourant volontiers à notre
RICHARD WAGNER
r.
timide
chaste,
Mais
qui
et
Mozart
soigneu-
l'ont
jour.
Plusieurs de ses lettres, écrites de Paris, renferment quelque
de mépris, quelque
dans sa
du 9
lettre
cela.
bien surprendre nos
va
qui
car les biographes et traducteurs de
sement caché jusqu'à ce
moins que tout
rien
n'était
nous touche davantage
voici qui
lecteurs,
respectueux,
et
injure
notre
à
1778
juillet
adresse, lui
il
:
—
et voici les
marque
premières
de quelques lignes pour
suffit
Après avoir parlé de son ballet des Petits Riens, dont il a seulement, dit-il, composé six morceaux sur douze, le reste n'étant, d'après lui, qu'un arrangement de « misérables airs français », il arrive à dire « I>e maître de chapelle Bach sera bientôt ici, et je crois qu'il vient en vue d'écrire un opéra. Ces Français sont nous décocher
trois lardons.
:
seront toujours des ânes;
et
sont incapables de produire et force leur
ils
de recourir aux étrangers.
est
venant d'un jeune scènes françaises
homme lui faire
»
Le compliment vaut son
dont l'orgueil la
juillet
:
«
...Il
n'y
a
pas
opéra ou n'en écrire aucun. Si fice si
de
prix, surtout
ne
pas
voir les
place assez large.
Près d'un mois plus tard, Mozart 3i
souffrait
de milieu je
à
écrivait :
me
il
père, en date du
son faut
compose qu'un
n'en
sera insignifiant, car en ce pays tout est
taxé,
écrire petit,
sans
un grand
mon
béné-
compter que
l'opéra n'a pas la fortune de plaire à ces nigauds de Français, c'est
une
affaire finie
ma
réputation
je
;
en
commandes, j'en retirerais peu je compose un grand opéra,
n'aurais plus de
souffrirait.
gagnerai plus d'argent,
Que
si
dans
je serai
mon genre
et je
spécial et j'aurai plus
de chances de succès, parce qu'un grand ouvrage offre plus d'occasions d'enlever
pas un
les
applaudissements.
moment
si
j'obtiens la
Je
vous garantis que
commande
d'un
ouvrage.
je
n'hésiterai
Le diable
a
comprends trop bien les difficultés qu'elle a présentées à tous les compositeurs; mais, malgré tout, je me sens en état de les vaincre aussi bien qu'eux. Au contraire, quand je me figure et cela arrive souvent que mon opéra ira bien, alors je me sens tout feu, tout mon être frémit et je brûle d'apprendre aux forgé cette langue, c'est vrai, et
—
Français à
je
—
connaître
Allemands, à
les
les
estimer
et
à les craindre.
D'où vient donc que jamais Français n'est chargé de faire un opéra? Pourquoi faut-il toujours recourir à des étrangers? Le plus grand obstacle pour moi proviendrait des chanteurs. Mais ma résolution est prise je :
ne chercherai aucune querelle, seulement saurai
bien
me
duel, car je n'ai
si
l'on
me
pousse à bout,
d'ailleurs, de m'en aucun goût à ferrailler avec des nains. »
défendre. Je souhaite,
tirer
je
sans
Mozart, qui avait très à cœur cette question pécuniaire, y revient encore dans sa lettre du septembre, celle-là même où il arrange si 1
1
RiciiAki) vva(;ni:i<
Grimm
bien son protecteur
Je n'ai pas voulu repousser tout net la
«
:
7
proposition de Noverre, parce qu'on aurait pu penser que
A
de confiance en moi-même. tables,
mais
comment
le
je
savais d'avance,
terminé, on
le
répète
on ne
le
donne pas,
çais,
n'est ])as
s'il
:
et
en raison du succès
Anes,
!
Vous
le le
encore y
Et
a-t-il
:
:
et
on ne peut compter sur
nous
n'avons
que
nous gratifie;
s"il
rien.
»
l'embarras du ne nous traite
il
Lo/icngrin.
entre eux cette différence que Richard
Wagner
retourné dans son pays,
sera
lorsqu'il
;
gain
réussit, le
s'il
fera par la suite l'auteur de
nous maltraitera de l'étranger,
Voici
ici.
savez sans doute déjà. L'opéra
met en scène,
choix entre les épithètes dont Mozart
vraiment guère mieux que ne
étaient inaccep-
l'usafrc
du goût de ces patauds de Fran-
voyez
nigauds, patauds
niais,
pas
n'est
tel
le
manquais
compositeur en est pour sa peine
le
est jugé bon, au contraire, on est
car
choses se passent, vous
les
mes conditions
la vérité,
je
après qu'un de ses principaux ouvrages, bon ou mauvais, aura été
sifflé
chez nous sans qu'on en perçut une note, tandis que Mozart nous déco-
même,
chait toutes ces aménités dans des lettres écrites de Paris
que
la
obtenait du
nom
son
une bienveillance marquée, malgré son
société l'accueillait avec
humeur revêchc
et
alors
son orgueil,
succès à l'Opéra, et
alors que son ballet des Petits Riens que deux symphonies faisaient applaudir
au Concert spirituel. Différence essentielle,
qui n'est pas,
et
ce nous semble, à l'avantage de Mozart.
Mais ce n'est rien encore, et, dans la haine qu'il a vouée- à Paris, Mozart va jusqu'à traiter la société française, ses mœurs et sa santé d'une façon qui défie toute excuse ou toute atténuation. Ces passages, il
faut le répéter, ont été patriotiquement
écartés par les critiques ou
historiens français de Mozart, qui n'ont pas voulu réveiller sa béate confiance au chantre de idéal qu'il s'était
formé du cœur
donna Anna, et
de
l'esprit
ni
deuxième
commence
tres.
:
«
le
délicieux
d'une
légèreté
i8 juillet, la
mort de sa mère, arrivée quinze jours J'espère que vous avez reçu mes deux précédentes let-
Nous ne parlerons
Paris
:
«
la
plus de ce qui en faisait
nous n'y changerions rien. en parlant d'une visite par était alors à
était
de cette façon allègre sa lettre du après
qu'il écrive
auparavant
défigurer
public de
du doux Wolfgang.
Mozart, qui pouvait avoir bon cœur, mais qui incroyable,
le
«
le
Et, après cette parole
sujet
;
c'est passé,
stoïque,
il
ajoute
rendue au célèbre chanteur Raaf, qui
lui
Lorsque
j'eus
achevé de jouer
—
et
Raaf, pen-
temps, n'avait cessé de m'applaudir très vivement et très j'échangeai quelques mots avec Ritter. Je lui marquai, sincèrement, entre autres choses, comble'n le séjour de Paris était peu plaisant pour
dant tout
moi,
le
même
—
sans parler de
la
musique, car,
lui
dls-je, je
ne trouve
ici
RICHARD WA(;NER
8
aucun soiilcigement (dédommagement?), aucun entretien, aucune relation agréable et honnête avec le monde, particulièrement avec les femmes pour
qui,
plupart, sont des
la
p
rares qui font exception
les
et
',
me don-
n'ont aucun savoir-vivre. Ritter n'a pu faire autrement que de
ner raison...
»
Des femmes, passons aux jeunes gens. Deux jours après, Mozart, apprenant qu'un capitaine du nom de Hopfgarten a été tué dans une escarmouche entre les troupes du roi de Prusse et celles de l'archiduc Maximiîien, écrit à son père
par hasard
encore son
Ce
?
de ce genre. Dès
berceau,
le
nouveau,
de
rien
la
plupart des jeunes gens de
homme
avec un
ici
quatre fois ou qui ne se trouve
apprends
douloureux, mais mieux vaudrait
comme
d'une maladie honteuse,
Impossible de causer
Paris.
bien
serait
rencontré un trépas glorieux au lieu de mourir dans
qu"il eût
lit,
qui
n'ait
contagion n'a
enfants naissent infectés;
les
d'ailleurs,
Bien
qu'il ait été
accusations aussi française.
et
les
qui
On
chez
sifflé
Wagner ne
applaudi,
coup
que croître
fait
vous saviez
et
et embellir.
nous
odieuses
contre
fort
Mozart
que
infamie de la
—
accueilli
par des huées,
dans son âme Richard
Compositeur,
France que ne fit
Mozart
dont on
fut
y
société
pu lui reprocher, non sans raison, d'avoir décrié après amateurs parisiens auxquels il était venu demander la gloire
Mozart lui-même,
mais
pur Mozart, que venait-il faire au milieu d'un peuple
le
de
que
j'ajoute
a
l'avaient
corrompu
si
cela
en somme, de porter des
soi-disant
la
ne vous
je
tout
«
aussi
jamais permis,
s'est
été trois ou
encore gratifié de quelque galanterie
longue date aussi bien que moi. Croyez-moi cependant, la
Serait-ce
«
brave baron Hopfgarten, que nous avons connu à Paris
le
M. de Bosé
avec
:
fait
:
le
fut
—
et
et
dans sa chair
Wagner
s'est
Weber; homme,
il
qu'il
jugeait
le si
?
montré moins hostile à
la
nous a moins injuriés que ne
cependant on accumule sur
lui
toutes les rigueurs
grâce à ses deux compatriotes. Outre que ces excommuni-
cations vengeresses n'ont aucune valeur
quand
elles
ne
frappent pas
tous les coupables, elles sont absolument temporaires, et s'effacent
au
bout de quelques années ou de quelques mois. Si ce n'était que l'amour-
propre français, froissé de voir notre jugement ne pas
faire
loi
dans
autres pays, s'obstine à opposer l'insuccès de Tauiihœiiser à Paris
les
aux triomphes éclatants de Tannhœuser et de Lohengrin sur tant d'autres scènes du monde, il y a longtemps que Wagner serait rentré en grâce auprès de nous,
ments à I.
la
—
quitte à nous
remercier
façon de Mozart.
Mo/îart, eu ilclicat,
ijcrit
le
mol
allciiiaïui
en toutes
lettres.
ensuite par
des compli-
RICHARD
wa(;ni<:r
9
Mais qu'importe, après tout? La postérité n'a cure des pensées de l'homme, voire de l'homme lui-mc'me, quand juger l'œuvre, et elle
fait
le
génie
lui
aussi vite
l'auteur de
si
musical
partout ailleurs qu'en France
envers nous ne
Wagner
de
de ses prédécesseurs. Et,
possède vraiment
— on
de
— ce peut
qui
Lnhengrin plus
n'est
le tenir
a
qu'elle
oublié
et
de Tristan
à
démontrer
pour assuré
:
ses torts
nuiront pas plus, en définitive, que des torts sensi-
blement plus graves n'ont nui à
Weber
et à
Mozart.
-^•^ P
saisit
il
en cela preuve de sagesse et d'impartialité.
Elle oubliera donc les injures celles
écrits ni des
ORTKA T-C H AK I
(J
K
[Eclipse, 5
DE WAGNER, PAR G novembre
187Ô.)
1
(.
L
CHAPITRE
II
WAGNER
LA JEUNESSE KT LES PREMIERS ESSAIS DE RICHARD LES FÉES ET LA NOVICE DE PALERME
SÉJOURS A MAGDEBOURG, A KŒNIGSBERG, A RIGA
Wagner
iCHARD
dans une et
vieille
blanc
au
)i,
neuvième
maison,
la
en particulier
le
il
prenait
même
senta
certain
salon
particulier
19 octobre
avait
iSi3,
avec des
se
vif
de
et
son père occupait
Après
choisir par le
pendant l'occu-
poésie et ainsi
c'est
bien
entendait
il
;
le
ce dernier
:
théâtre,
le
repré-
qu'il
Complices, de Gœthe, dans un
les
batailles
les
sous
livrèrent
et
le
de toute
simple com-
était
de police
la
était
Il
'.
famille
la ville
pour
comédie,
amis
de Leipzig. qui
greffier
la police
un goût très
plaisir à jouer la
jour
d'une
français, ce qui l'avait fait
maréchal Davoust pour organiser il
Briihl
Son grand -père
douane de Leipzig
22 mai i8i3,
le
Maison du Lion rouge
reçu une bonne éducation
avait
pation française;
«
dernier enfant
et
modeste emploi de les langues,
la
88 de Hause
n"
petite bourgeoisie.
mis à
né à Leipzig
est
acharnées des 18 et
murs de
les
la
qui
et
ville
rAllcmagne du joug odieux de Napoléon, il se déclara à Leipzig une fièvre pernicieuse provoquée par l'énorme quantité de morts, de blessés et de malades accumulés dans la ville ou alen.our, et cette épidémie emporta le greffier Frédéric "Wagner le 22 novembre, alTranchirent
six
mois jour pour jour après
donc de qui tenir pour à hériter des goûts
réelle
comme
le
théâtre
;
et
il
ne fut pas
le
Celui-ci
avait
seul de la famille
du père, car sa sœur Rosalie acquit une notoriété
tragédienne, et son frère Albert, l'aîné, acteur et chan-
teur à Wiirzbourg, à Dresde,
qui
naissance de Richard.
la
puis régisseur à Berlin, eut deux
devinrent cantatrices et dont
Johanna Wagner en méritant
d'être
La mère de Richard Wagner deux ans dans un
état voisin
l'une
se
a
même
comparée
illustré
le
filles
nom
de
à la Schrœder-Dcvrient.
retira à Eisleben,
où
elle
vécut
de l'indigence, en s'aidant d'une modique
I. C'est la grande rue coiiimerçame de Leipzig, au centre Je la ville. Le 22 mai 187?, à l'uccasion du soixantième anniversaire de la naissance du maître, on plaça une plaque conimeinorative sur cette vieille masure qui menace ruine aujourd'hui et qu'il va falloir démolir, malgré le projet pieux l'orme par quelques admirateurs de la racheter et de la remellrc à neuf: les architectes de la ville uni
jugé celte restauration inutile et impraticable.
1
RICIIARO \va(;ner que
pension
TKtat; au bout de ce temps,
faisait
lui
1
avec un ami de son mari,
comédien
le
Louis Geycr,
remaria
elle se
avec
et s'en vint
toute sa famille habiter Dresde où celui-ci tenait un bon rang dans la
troupe royale. Apres avoir eu des succès proloni^és à Leipzig, ce Geyer, qui n'était pas seulement un comédien estimable, mais qui avait aussi tàté
du métier d'auteur dramatique
marqua
talent relatif,
Malheureusement, de
à côté de celui de sa
mère
tation d'une des petites
de
on organisa en famille
de Geyer
Massacre des enfants à
le
:
représen-
la
de sa mort, Geyer avait
au petit Richard
dit
jouer deux ariettes, dont la Couronne l'irginale, du Freischi'it^,
lui
qu'on mal,
parlait
il
;
touché lorsqu'à Bayrcuth, pour
et fut très
pièces
même
veille
père
gardait précieusement son portrait
il
fêter son soixantième anniversaire,
Bethléem. La
un
que sept ans.
n'avait encore
se souvint toujours de son second
avec un respect affectueux,
lui
peinture avec
la
tout de suite une affection particulière au bambin.
mourut que Richard
il
Wagner cependant
cultivait
et
lui
avait apprises sur
murmura d'une
il
le
piano
comme
;
l'eniant ne s'en tirait pas
femme
voix faible à l'oreille de sa
Aurait-il
«
:
comme
il
était
mort, sa femme, en rappelant aux enfants combien de preuves
il
leur
avait
des dispositions pour la musique?
données
d'une
Et
»
vraiment
affection
voulu faire quelque chose de
lendemain matin,
le
«
:
aurait
Il
Richard. L'enfant se sou-
dit-elle à
toi »,
vint toujours de cette parole et eut à
paternelle
cœur de
réaliser.
la
Personne, alors, n'aurait songé à faire un musicien de Richard gner,
—
son second père en aurait voulu
été tout à fait rebelle au
dessin, —
et
quand
aidée par un frère de son second mari, afin qu'il
de sérieuses études
fît
faire
le
il
un peintre,
n'avait
s'il
eut neuf ans, sa mère,
plaça à l'école
classiques.
Wa-
de
un enfant
alors
C'était
la Croix,
volontaire et fantasque, à la fois impétueux et tenace et qui s'enflam-
mait ou se dépitait pour un rien.
«
J'ai
grandi,
disait-il
en dehors de toute autorité, sans autres guides que
même. à
fait
favori
»
Et
il
était
nécessaire.
de ceux auxquels une
ancienne
Sillig.
mais
;
enseignait par-dessus
de l'instrument
lui
aimait aussi beaucoup
marché son professeur de il
suite,
moi-
est
tout
et devint l'élève
mythologie
la le
latin
piano, ;
s'amusait à jouer de
la
que
et lui
technique
mémoire au
bien qu'un jour son professeur lâcha prise en décla-
si
rant qu'on ne
ferait
put jamais apprendre il
11
avait peu de goût pour
répugnait et
lieu d'étudier,
parti,
le
il
la
indépendance
s'adonna surtout à l'étude du grec
Il
du professeur
l'histoire
telle
par
la vie, l'art et
jamais rien de à
jo-uer
lui.
Et, par
proprement
le
fait,
du piano.
Wagner ne
Son professeur
n'en continua pas moins à répéter de souvenir, avec des doigtés
extravagants, deux ouvertures qui constituaient alors tout
son
bagage
RICHARD WAGNER
12
musical qu'il
:
celle
de
Flûte
la
euchaiitée
venait d'entendre au théâtre
surtout celle du
et
qui
et
lui
Freischitt\,
première
avait cause sa
grande impression musicale. 11 ne jouait d'ailleurs ces deux morceaux que pour lui-même, et, comme il était incapable d'exécuter régulièrement une gamme,
il
conçut dès lors une aversion
qui n'était que virtuosité
"Weber
était
grande
si
;
pour tout ce
instinctive
mais l'enfantine admiration
qu'il courait à
portait à
qu'il
qu'approchait
la fenêtre aussitôt
l'heure où celui-ci passait devant la maison pour se rendre au théâtre il
le
avec une
contemplait avidement,
sorte de
terreur
:
religieuse, et
conservait précieusement son image au fond du cœur.
"Weber, qui exerçait de prime abord une
il
sur un en-
chef d'orchestre à l'Opéra de Dresde, où,
fant de neuf ans, était alors
depuis 1817,
telle influence
combattait pou-r
allemand contre
l'art
musique
la
ita-
lienne, ayant toute la cour contre lui et ne parvenant à faire exécuter le
dans
Freischiit^
le
tant succès à Berlin.
avec
la
charmante
et le caractère il
Weber,
à ce qu'il paraît, entrait volontiers causer
Geyer, dont
et intelligente M"""
douces manières
les
enjoué avaient un charme spécial pour les artistes, mais
ne fut jamais et d'aucune façon
mourut
dirigeait, qu'un an après son écla-
théâtre qu'il
le
Wagner
de
maître
:
en
effet,
il
Londres alors que Richard n'avait pas plus de treize ans et ne s'occupait nullement de musique; mais il avait éveillé son instinct musical, ainsi que Wagner se plaisait à le reconnaître. « Malgré une éducation scientifique sérieuse, écrit-il dans sa Lettre sur la musique à
en 1860, j'avais dès
ma
première
années de
personne
dans
que
me
mon cœur
de nouveau trouvée dans
la
theater de Leipzig. aller vivre
auprès
entrer au
collège
qu'il avait déjà
En
comme
1827, M"'"
d'elle
commencé
pour un bon élève de
«
l'exécution
mais on sa
lettres,
dehors des heures de classe,
de ses
fille,
iii
absorbé
trois
et sa
veuve
de ses enfants
Rosalie, en particulier avait
première amoureuse jeunes
enfants, et
»
au Stadt-
se décida à
Richard dut
ne l'admit qu'en troisième tandis
seconde à Dresde,
les
))
vite
Alors,
;
caractère et sa na-
Wagner, veuve Geyer,
avec ses plus
Nicolaî;
en
mort dans un pays
sa
d'enfant.
gène.
s'étaient tournés vers le théâtre, et sa
conclu un bel engagement
les
alors
mes premières impressions musicales
amassé par Geyer avait été
petit pécule
étroites,
tombe dans
dirigeait
Dresde,
une vraie fascination;
éloigné remplit de désolation
s'était
à
vie il
remplissaient d'enthousiasme, son
ture exerçaient sur moi
Le
de
;
j'habitais,
opéras. Je reçus de ce maître ses mélodies
de
Charles-Marie
ville
la
ma Weber
Cette partie
continuelles avec le théâtre.
dernières
jeunesse vécu en relations
litteris,
où
il
passait,
ayant traduit par
douze premiers chants
dit-il,
goût, en
de VOdyssée,
RICHARD \VA(iNKR et
ayant eu
1
honneur
ouvert pour déploier
même
,3
icm|)(>t ter le prix tlans un concoui^s poétique moit cfun de ses camarades: sa pièce avait
ilc
la
imprimée après qu'on en eut retiré beaucoup de pathos. -11 avait alors décidé dans sa petite tète qu'il serait poète et s'était mis à l'étude de Shakespeare afin d'arriver à le lire dans le texte orii^inal été
;
une facilité exceptionnelle pour les vers allemands, il comme avait entrepris une traduction métiique du monologue de Roméo, puis il
il
avait
avait fabriqué des tragédies
imitées
de l'antique dans
MAISON NATALE DE RICHARD WAGNEK,
celles d'Apel, puis
une autre
LEIPZIG.
A
inspirée par Hainlct et
plus de quarante individus mouraient coup
genre de
le
sur coup,
le si
Roi Lear, où bien qu il en
du ressusciter quelques-uns pour fournir au dénouement. L'humiliation qu'il éprouva à se voir classé en troisième à Leipzig dégoûta des études classiques et le rejeta du côté de la musique.
avait
le
Justement, cette année-là, Beethoven mourut phonies Matthaji,
aux concerts lui
causa
de sa nouvelle
:
la
Une
du Gcwandhaus, sous
et
nie de Beethoven, j'eus
un accès de
direction
la
plus , profonde impression. Visite à Beethoven,
l'audition de ses
«
Un
sym-
du célèbre
soir, dit le
héios
ayant entendu une symj)ho-
fièvre,
je
tombai malade,
et, aj^rès
RICHARD WAGNER
14
mon
rétablissement,
je
devins musicien.
a quelque analogie avec ce récit
près
celle
que
alors
par
Weber,
de
musique; ce je
que j'entendis parler de
fois
connaissance avec sa musique, attiré,
fis
de
suivit
Lettre sur la
sérieusement dans sa
plus
dit-il
première
fut la
C'est là du roman, mais l'histoire
La mort de Beetlioven
«
:
«
si je
c'est
lui,
et
puis
le dire,
nouvelle de sa mort. Ces impressions sérieuses développaient en
la
moi une inclination de plus en plus vive pour la musique. Ce ne fut que plus tard, cependant, lorsque déjà mes études m'avaient fait comprendre l'antiquité classique et inspiré quelques essais poétiques, que j'en vins à étudier la musique plus à fond. » Son projet, en cultivant la musique, était d'adjoindre à sa fameuse tragédie aux quarante-deux
une partition semblable à
victimes
diEgniont, qu'il venait d'entendre;
se figura qu'il lui suffirait d'étudier
il
l'harmonie huit jours pour composer une œuvre analogue et
dans la lecture du
Traité
d'iiarmouie de
un libraire ambulant; mais
avait
il
Logier,
beau
à se graver tout cela dans la tète. Alors,
faire,
un
résolution
sa
même un
comme un
air,
caprice
bon
Gottlieb
maître,
eut
cervelle
était
fort
à
faire
Mûller, avec
ne parvenait pas
d'avouer sa nou-
combattit d'abord
un sujet qui n'avait
passager chez
tard
bout de compo-
à
On
donna cependant
lui
organiste
Altenburg.
à
un élève épris d'Holfmann
point
troublée à ce
acheté à
venu
un quatuor.
plus
s'absorba
il
pas pu apprendre à jouer du piano, mais on
Celui-ci
il
qu'il avait
résolut
il
velle vocation à sa famille, aussit('it qu'il serait
ser quelque chose, une sonate,
celle
par tant d'inventions
dont
et
la
bizarres, qu'il
rêvait en plein jour et voyait apparaître la note fondamentale, la tierce et la
quinte avec lesquelles
il
avait des entretiens mystérieux'.
le
maître d'harmonie, ne voulant pas perdre
là
son élève en déclarant,
«
comme
avait
fait le
qu'on ne tirerait jamais rien de ce garçon-là Cette
écrivit
le
malgré
maintint
de
piano
royal,
avec lequel sa sœur Rosalie avait
sur
les rires
le
de l'orchestre
programme,
Le public
et la
tout surpris n y
fit
et
de Matthœi
et la ;
mit en répé-
bien plus,
bien qu'elle
il
la
exécuter entre deux actes d'une
distingua qu'un
roulement de tim-
bales qui revenait toutes les quatre mesures, obstinément, jusqu'à la si
:
».
mettre en rapport. Celui-ci accepta l'ouverture
titions,
pièce.
professeur
deux fuis répétée ne troubla nullement le visionbravement une ouverture et l'alla porter à Dorn,
chef d'orchestre du théâtre
pu
la fin,
prédiction
qui
naire,
A
son tour, planta
la tête à
demeura célèbre, après une seule
audition, sous
le
fin,
nom
I. Ces lectures, toutefois, ne furent pas perdues, car les Frères de Sérapioii contiennent un récit du tournoi poétique de la Wartbourg et quelques germes des Maîtres chanle::rs se trouvent dans un autre conte d'Hoffmann Maître Martin, le tonnelier de Xurembenr. :
KICIIAKI) \va(;n'i;r
aux
d'Oiii'ciitirc
timbales.
ma
point culminant de
le
,5
Cette ouverture, écrit Wagner, était bien
«
Pour en
lolic.
eu ridée d'écrire avec trois encres différentes les cuivres en vert et les bois en noir.
que
sonate de Pleyel.
X
se
la
me
coup,
TEurope
cordes en était
rouL'^e,
compliqué
si
semble, à côté, une
eût
homme
le
trône de
et particulièrement
en Saxe,
une constitution à ses
Wagner,
voici révolutionnaire, écrit
que tout
en
révolution qui renversait en France
sentir dans toute
roi se vit contraint d'octroyer
le
sion
fit
les
:
tissu
»
Le contre-coup de Charles
où
Le
Neupième Symphonie de Beethoven
la
lintelligence, j'avais
faciliter
sujets. «
parvenu à
et
Du
conclu-
la
tant soit peu ambitieux ne devait s'occuper exclu-
me
compagnie d'écrivains politiques; j'entrepris aussi une ouverture sur un thème politique. C'est dans ces circonstances que je quittai le collège pour entrer à l'Université, non plus pour me vouer à une étude de faculté (car on me destinait encore à la musique), mais pour suivre les cours d'esthétique et de philosophie. Je profitai aussi peu que possible de cette occasion de m'instruire; en revanche, je m'abandonnai à tous les écarts
sivement que de politique. Je ne
de
\\c d'étudiant, et je le
la
peu de retenue que
fis,
plaisais plus qu'en
à vrai dire, avec tant d'étourdcrie et
bientôt dégoûté
j'en fus
la
'.
»
Ce révolutionnaire
si
et ce
viveur n'avait pas plus de dix-sept ans.
Lorsque Wagner eut assez goûté des
plaisirs,
temps pour lui de se livrer à l'étude régulière et Il avait précédemment quitté l'école Xicolaï pour
il
comprit
qu'il était
suivie de la musique. l'école
Thomas où
ses
études philologiques n'avaient pas marché beaucoup plus vite; en i83o
Leipzig
entra à l'Université de
la
étudiant en philosophie
et en
bonheur de rencontrer un excellent professeur personne de Théodore Weinlig, cantor à l'église Saint-Thomas.
esthétique
en
comme
il
il
;
eut alors
le
Cet admirable musicien sut tout de suite gagner
garçon
et
le
mit dans
le
reconnaissant, car tout à
droit chemin, ce dont la
fin
de sa vie
il
la
confiance du jeune
Wagner
disait
lui fut
toujours
encore à ses amis
:
méthode spéciale, mais c'était un esprit clair et pratique. On ne peut pas, à proprement parler, enseigner la composion peut montrer comment la musique est graduellement arrivée tion à être ce qu'elle est et guider ainsi le jugement d'un jeune homme, a
Weinlig
n'avait pas de
;
mais
c'est là
de
la critique
historique qui ne peut pas avoir de résultats
Tout ce qu'on peut faire est d'indiquer un modèle à suivre travail, c|uelqucs morceaux particuliers, donner un devoir dans ce
pratiques.
dans
le
sens et corrioer ensuite I.
.\utohiogrj\.^]iic, irailuiLc
Charpciilicr,
i{)!S4.
la
besogne de
par M.
«-^aiuillo
l'élève
Bcnoii dans
les
:
ainsi
fit
^^'einIioavec moi...
Souvenirs Je R. W'agi.cr.
Un
vol. in-iS,
RICHARD WAGNER
,6
examen
véritable leçon consistait dans son
La que
j'avais
écrit
avec une bonté
:
infinie,
passages défectueux et m'expliquait paraissaient désirables
pas à trouver
le
doigt
le
sur les
pourquoi des changements qui
satisfaire.
le
mettait
il
rapidement où
vis
je
;
moyen de
le
patient et attentif de ce
tendait et
il
me renvoya
Il
ne tardai
je
me
en
lui
disant
:
Vous avez appris à vous tenir sur vos propres jambes, allez'. » C'est Weinlig et non pas Weber, comme on Ta trop souvent répété,
«
qui
Wagner
un jour à
dit
jamais de fugue à écrire
«
:
diait au bout de
le
vous n'aurez
à ce prix-là vous
:
reste vous sera facile.
»
Il
direction de Weinlig, que celui-ci le
la
mois
six
que
probable
est
mais sachez en écrire une
;
acquerrez l'indépendance et tout avec tant d'ardeur sous
Il
avait appris, grâce à
il
:
lui,
travailla
congé-
à connaître
admirer profondément Mozart; mais Beethoven avec ses symphonies,
et à
surtout
la
d'études,
il
neuvième
composa
,
était
toujours
maison Breitkopf
même
:
Après
dieu.
cette
période
d'abord une polonaise et une
l'honneur d'être
éditées par
la
célèbre
Ha;rtel, puis une ouverture de concert avec fugue,
et
une autre encore,
morceaux
différents
sonate pour piano qui eurent
son
et surtout
une symphonie en
cjuatre parties
où
lui-
avouait s'être beaucoup inspiré de Beethoven, et de certains mor-
ceaux de Mozart. Dorn, écrivant plus tard à
la
Nouvelle Ga{ette de
amusant cet enthousiasme de Wagner pour Beethoven « Je doute, dit-il, que jamais jeune musicien ait vécu dans une intimité plus étroite avec Beethoven que Wagner à dix-sept ans. Il avait copié de sa main les ouvertures et les grandes il dormait avec les quatuors compositions instrumentales du maître musique de Schumann, a noté d'un
trait
:
;
sous son oreiller,
chantait les lieder et
il
sifflait
talent de pianiste ne fut jamais bien brillant «
fureur teutonique
«
qui, jointe
activité d'esprit, promettait de
Pendant tique: et
il
l'été
de
alla visiter
i8'32,
donner de riches
la ville
Beethoven avaient vécu, mais
dant à Vienne que refrains de s'enfuit au j^lus vite et repassa et succès.
En
allant à Vienne,
place et s'était 1.
muni des
il
bref,
il
possédé d'une
était
une bonne éducation,
à
Wagner
d'abord
;
concertos, car son
les
fruits-.
une
à
rare
»
accomplit un double pèlerinage artismusicale par excellence, celle où Mozart il
fut
Zampa
terriblement dé^u et pots-pourris
sur
en
n'enten-
Zampa
par Prague, où Mozart avait trouvé
;
il
joie
espérait sans doute y découvrir une petite
partitions de sa
symphonie
et
Entretien particulier avec M. Dannrcutlier, rapporte par celui-ci dans art. ^^'a^nel.
le
de son ouverture; Dictionnaire de musique
de Grovc,
2. Dans le courant de l'année i83o, il fit une transcription pour piano de la Neuvième Symphonie de Beethoven, qu'il olVrit à la maison Schott, par lettre du G octobre, et en i83i, se sentant sur de lui pour pareille besopne, il écrivit une lettre très inodcste au bureau de musique (maison Petcrs), où il faisait des offres de service en qualitJ de correcteur d'épreuves et d'arranpcur c'est le métier qu'il :
fera plus tard k l'aris.
RICHARD \VA(;NKR fut plus hcLircLix
il
l^ragiic,
à
Dionys Weber, qui dirigeait
connaissance avec
lia
il
Conservatoire et qui
le
d'entendre enfin sa symphonie à Torchestre.
plaisir
Wagner
succès avait engagé
même
à tàter de la
et, sitôt
de retour à Leipzig,
un septuor, que son maître Weinlig approuvait ayant trouvé
détestable,
le livret
déchira
il
occasion d'aborder l'opéra. Cependant
il
;
le
:
à
petit
Prague intitulé
premier morceau,
tout et attendit une autre
le
donné son ouverture
avait
le
mais sa sœur Rosalie
symphonie aux directeurs des concerts du Gewandhaus, du comité,
savant
procura
lui
tli^amatique,
en avait écrit
il
le
Ce premier
musique théâtrale
composé un poème effroyablement
avait
il
Noce ;
la
oîi
,7
et sa
et le président
conseiller aulique Frédéric Rochlitz, lui avait écrit de
le
le
Mais vous êtes un tout jeune homme, s'écria-t-il en le voyant entrer, je m'attendais à voir un homme âgé, à en juger par » 11 lui proposa alors de faire essayer sa l'expérience du compositeur symphonie par une société nouvelle Eiiîerpc, le jour de Noël i832, venir voir
«
:
!
:
ne
et cet essai
dans
Journal du
le
Henri Laube, avait
satisfit
et
Thonncur
3o
Monde
quinze
mais
;
eut la chance d'être loué,
il
élégant, par un littérateur assez bien posé,
jours après, le 8 janvier
d'être exécutée au
guste Pohlentz
i833, sa symphonie
Gewandhaus sous
la direction
d'Au-
son ouverture y fut également jouée au concert du Ces deux productions reçurent un assez bon accueil et posèrent
avril.
Wagner
guère l'auteur
:
à Leipzig, surtout
grâce
garçon mais cerveau brûlé, qui de
sur ce musicien
première ceuvre
et
vingt ans. l'article
à
l'appui
n'était
Laube, excellent
d'Henri
pas sans exercer grande influence
symphonie
Cette
de Laube était
le
réellement
était
premier
qu'on
sa
sur
fit
lui'.
Wagner
a raconté
gaiement ces souvenirs lorsque, cinquante ans plus
tard, étant à Venise avec sa famille,
tenaire de ses
femme
et à
ajoute-t-il
débuts
comme
son beau-père
en
«
eut l'idée de célébrer le cinquan-
il
compositeur, en
entendre à
faisant
cette production de jeunesse
aux professeurs
riant. L'exécution, confiée
lycée San Marcello, eut lieu à la
Noël
l'anniversaire de naissance de
Wagner,
M""-'
un intéressant retour sur lui-même.
Il
de
1882, et
reconnaît
surannée et
sa »,
aux élèves du
pour célébrer aussi
provoqua chez l'auteur
que cette
symphonie
découlait tout droit de Beethoven, que l'andante, en particulier, n'aurait
jamais vu l'allégretto
le
jour sans l'andante de la
de
la
symphonie en
la,
symphonie en
puis
il
ut
majeur
continue ainsi
:
«
et
sans
Si l'œuvre
les Souvenirs de R. Wagner. En iS34-J'5, dans nnc visite à Lcipzii; Mcndeissohn, alors chef d'orcliestre des concerts du Gewandhaus, sinon de lire, au moins de garder cette symphonie et jamais Mendelssohn ne lui en reparla. Cet ouvrage aurait été de la sorte entièrement perdu si l'on n'avait un beau jour retrouvé les parties séparées dans une vieille valise oubliée à Dresde par Richard Wagner au moment de sa fuite en 1840. I
il
.
Histoire d'une syinplionie, Jans
avait prié
—
RICHARD WAGNER
i8
marque de Richard Wagner,
portait la
dans cette confiance illimitée douter de rien...
ma me
seulement de dans de
suite,
la
deuxième
sa
(qualité
qui,
un musicien que
complètement
alors
j'étais
avec
familiarisé
œuvres
toutes
maître n'avait nulle idée ou tout au moins n'avait qu'une idée
le
vague
fort
pas
tirais
tout en m'arrêtant au point de vue de
effet,
symphonie,
contrapuntiste
avec celles en ut mineur et en la majeur,
l'Héroïque,
dont
En
la
mais aussi d'un grand avantage
Strauss),
Beethoven.
l'empêchait de
ne
je
que toute autre par
fut contestée plus
Munich,
cour à
la
j'avais sur
comme
de main
sûreté
trouverait-on
la
cette époque,
moi-même,
en
Cette confiance
au plus
tout
dès
qui,
deuxième symphonie.
sa
écrivit
lorsqu'il
Ainsi s'explique
»
à ses yeux, et sans vanité, la flatteuse exclamation de Rochlitz.
Cependant, de
polonaise, que
révolution
la
qui
Albert,
frère
en refusait
il
:
une
avait
lui
jolie
et
à
même
un sur Kosciuszko,
offrait
son ami Henri Laube. Son
de ténor,
voix
chanteur et régisseur au théâtre de Wi^irzbourg toute une année auprès de lui
poème
théâtre et cherchait un
toujours au
visait
il
mettre en musique
Richard
;
héros
alors acteur,
était
accepta volontiers
le
alla
passer
place de chef
la
des chœurs, moyennant dix florins par mois. L'expérience de son frère
en matière théâtrale
fut
lui
d'une réelle
exécuta plusieurs de ses morceaux
et,
utilité
la
;
comme
Société de musique
son poste était fort peu
temps de composer là son premier grand opéra. Cet opéra des Fées était tiré dune fable de Gozzi, intitulée absorbant,
Femme
la
serpent
veut, pour
succombe statue
et
dans
il
:
le
s'agit
d'une fée qui s'est éprise d'un mortel
Ainsi
il
lui
mais
renoncer à l'immortalité;
en
elle,
cruelle
si
bonheur, l'amant devra, dans la pièce,
rend
la
Wagner, dès
la
qu'elle
époque, avait
cette
;
baiser l'immonde animal; dans
fable,
par l'ardeur
vie
se
et
la
des
les
deux drames, en
faits,
condition
mais sur
la
la
Marschner on en Wûrzbourg, en 1834, :
triple
I.
RicluirJ
Wagner
avait et
il
la
musique,
Un
deLohengrin;
vol. in-i.S,
elle
de Beethoven, de
essayé plusieurs
comme une reflétait,
Wcbcr
le
finale
du second acte
chez l'isclibachcr, iSS5.
et
fragments en famille,
semblait à l'auteur qu'il y avait
d'après lui-mcmc\ par M. G. Noulflai'il, d'aprù-s
de M. Glasenapp.
sujet
confiance absolue reposant non sur
influence
de parties satisfaisantes et que
U'irlicn,
le
ses chants.
hanté par ce mythe
persuasion intérieure, est présentée
de l'amour'. Pour
nécessaire
son propre aveu,
effet, la
beauté de
l'esprit
éternel de Psyché qui devait plus tard lui fournir
dans
et
il faut que son amant montre à son égard il la fée est changée en crapaud dans le conte de Gozzi, en l'opéra de Wagner. Pour la reconquérir et retrouver le
lui,
confiance
ait
eut tout
il
de
de à
beaucoup
était spéciale-
Richard W'agiicr's Icbcn
iind
,
RICHARD WAGNER ment destiné à produire répreuve. Dès son retour
un
grand
à Dresde,
il
elFet
,g
mais
;
ne put
il
avait bien proposé cet
en
faire
ouvrage au
directeur Ringelhardt, qui l'avait accepté;
le journal de son ami Laube annoncé qu'aussitôt après le Bal masque, d'Auber, on jouerait le premier opéra d'un jeune compositeur appelé Richard Wagner mais quand le Bal masqué fut à bout de succès, le directeur, sans plus songer aux Fées, monta / Capuletti e Montecchi, de Bellini.
avait bien
;
Wagner
Si
ailleurs,
ne
put jamais faire
qu'on
c'est
n'avait
exécuter cet opéra à Leipzig,
d'oreilles,
que
alors,
pour
ni
musique
la
étrangère, pour les opéras français et italiens, au grand détriment des
productions alleniandcs
Muette de Portici moins à cause de
la
Wagner
:
tout le premier
musique,
il
que pour
est vrai,
par
était captivé
pour / Capuletti
passionnait
se
et
la
Montecchi
e
pathétique et
le jeu
Schrœder-Devrient, qui vint chanter à Dresde au printemps de 1S34. Il vit alors pour la première fois cette artiste incompasuperbe de
M""-'
rable qui devait exercer sur
une
lui
de cette intime union de
l'idée
la
tendit bientôt de tous ses efforts.
l'exemple de
produisit sur la
on représenta que
l'avait
constant
devant
la
extrêmement profonde
Rellini, fut
Muette
la
Wagner
à Leipzig,
suggérer
lui
à laquelle
de sa vie
fin
chaque
idéal, et,
il
fois
mais quand ensuite
;
fut
pauvreté de
la
tout
surpris de voir
scènes saisissantes et l'action rapide de cet opéra produisaient
les
grand
effet et tenaient le public haletant
ligne,
comme
Schrœder-Devrient.
la
sans l'aide d'une artiste hors
Cela
le
fit
réfléchir
:
certes, la
musique héroïque de Beethoven demeurait toujours l'idéal à ses yeux mais avait-il chance de produire quelque chose de pareil sur le théâtre
Au
ainsi
au succès immédiat
?
palpable
et
donc pour réussir
pas plus vite
n'arriverait-il
et
après
lequel
il
courait
?
Que
Imaginer d'abord un scénario d'action vive animée, écrire ensuite une musique facile à chanter et qui fût de
fallait-il
nature à saisir Il
et
se
femme
il
était
sentait le
mysticisme abstrait de la
?
du public. Vite,
l'oreille
avait vingt ans,
du monde et
;
contraire, ne pouvait-il pas s'inspirer à la fois d'Auber et de Bellini,
pour combiner leurs différents mérites,
et
:
yeux. L'impression qu'elle
les
jeune admirateur de Beethoven, malgré
le
musique de
il
encore à
disait
le
Il
Dcvrient avait été son
la
concevait un rôle,
qu'il
très grande influence et musique avec le drame
qu'il
la
dans
se mit au travail.
il
les dispositions
première jeunesse,
entreprit
de chanter
c'est la
lorsqu'il
plus
les
au corps. Aussi,
diable
joyeuses
rompant avec
le
beauté matérielle
conçut
son
second
opéra, Défense d'aimer, pendant un séjour de vacances à Tœplitz, en
Bohême.
emprunté le sujet de Shakespeare, Mesure pour mesure mais Il
avait
;
cet il
ouvrage
à
la
pièce
de
en avait totalement changé
RICHARD WAGNER
20 le
caractère, en ne songeant
l'amour sensuel.
à glorifier
bafouer
qu'à
le
puritanisme hypocrite et
Cette pièce, d'une intrigue
assez
vive et
hardie, où se donnent librement cours toutes les passions juvéniles qui
fermentaient dans ce corps et ce cœur de vingt ans, a cela de parti-
forme une antithèse absolue avec
culier qu'elle
Wagner
par
d'aimer, évoluer.
fixent
ses
deux premiers opéras,
déjà
les
deux
Comme
il
les
son
tendances
si
ces deux drames arriveront à se fondre dans
par
Fées
les
lesquels
entre
lui-même,
noté
l'a
pôles
précédent sujet traité
le
c][ue
et
Défense
et
génie
contraires de
Tannhœuser
entend
il
:
de sacrifice et de renoncement qui triomphe dans
là l'idée
allait
le
Vais-
seau faiilânie, dans Lohengriti, dans Parsifal, et l'indomptable appétit
Walk) vie et dans Tristan. Wagner, pour subvenir aux Richard
de jouissance physique qui prévaut dans
Pendant l'automne de 1834, besoins de l'existence, accepta
la
la
place de directeur de la
musique au
Magdebourg. Il commençait donc à vivre de son art, et son nouveau métier lui plut beaucoup dans les premiers temps le monde des théâtre de
;
coulisses, les rapports fréquents avec les
chanteurs
et surtout avec les
chanteuses n'étaient pas pour déplaire à quelqu'un de son âge et de
tempérament.
son
s'acquittait
Il
pendant plus d'un an chef
d'orchestre
et
de sa tâche à souhait, et
d'ailleurs
Magdebourg, de son mieux pour que
qu'il resta à fit
il
devint un e.xcellent théâtre
le
prospérât.
Le directeur, par exemple, ayant décidé de monter Lestocq, d'Auber, il ne changea pas d'avis que Wagner trouvait du reste charmant, celui-ci se donna beaucoup de mal pour faire réussir jusqu'à la fin,
—
—
cet
ouvrage
bataillon
:
il
renforça, par plusieurs choristes
qui
russe
soutenir
vient
inusité de chanteurs,
la
révolte,
grâce à ce nombre
et,
quelc^ues soirées au moins, attira la foule au théâtre tout.
Wagner
de
continuait
composer
charge et de distractions de toutes direction son ouverture
sortes.
un morceau pour célébrer le
milieu Il
—
et puis ce fut
•
;
•
devoirs de sa
des
faisait
exécuter sous sa
des Fées et une autre qu'il venait d'écrire
i835 sur un drame d'Apel, Christophe
ment
au
le
jour
Colomb;
il
composait à
la
en
volée
de l'An i835, en reprenant simple-
thème de l'andante de son unique symphonie, puis
chansons pour une farce fantastique intitulée l'Esprit de et la faveur qu'il obtenait
le
de sonorité qui, pendant
obtint un grand effet
il
dans l'armée,
pris
avec de telles productions
le
la
bâclait des
montagne,
confirmait dans
l'idée qu'il n'était
nullement besoin de se montrer bien scrupuleux pour
forcer le succès
combien
:
encore aujourd'hui de Il
achevait
aussi
se proposant toujours
de compositeurs, des mieux
même de
et
ne changeront jamais de visée
mettre en
musique
la
pensent
assis,
Défense
I
d'aimer,
Auber comme modèle, en rêvant toujours de
en la
RICHARD Schrœdcr-Dcvricnt
\VA(;N1:R
vù\c pi-incipal
limir le
de faire accepter cet opéra par
:
21
avait eu d'abord l"cspoii-
il
dédomma-
directeur de Leipzig-, en
le
gement des J'\'cs, mais la démarche avait été inutile et il s"était rabattu sur Magdebourg. Le théâtre de cette ville était alors dirigé par un nommé Bethmann, toujours à deux doigts de la faillite, malgré une par
petite subvention fournie
de disparaître la
cour de Saxe, et qui avait l'habitude
la
de paiement. La troupe était dans
les jours
situation
la
plus précaire au printemps de i836 et déjà les acteurs lâchaient pied
pour
chercher fortune ailleurs;
aller
pour devancer pour
bénéfice
Wagner
pour
à rester par égard
cependant, consentaient
certains,
une représentation à son
avait bien droit à
la
faillite.
le
dédommager des
Il
surhumains
et celui-ci faisait des efforts
frais
d'une tournée
qu'il avait
faite.
Tannée précédente, de recruter de nouveaux chanteurs; mais le directeur ayant déboursé quelque argent pour la mise en scène, il fut convenu que ce dernier aurait pour lui toute la recette de la première afin
représentation et
Wagner
que douze jours avant
toute
la clôture.
celle
Ce
de
la
n'étaient
seconde.
que
n'y avait plus
Il
répétitions au théâtre,
répétitions chez les artistes; toute la ville était en émoi,
nul ne savait son rôle et les ensembles allaient répétition générale, cela sait,
et
pour tout
criait
Wagner monde
à le
A
de travers.
tout
marcha presque, grâce
chantait
gesticulait,
cependant
et
la
qui condui-
mais à
;
la
représentation (29 mars i836) qui avait attiré grande aftluence, et qui
rapporta gros au directeur, ce fut une confusion épouvantable
absolument,
sonne,
musicien
dont
poète
pièce
la
put
n'y
croyait
qui
avoir
libre
si
distinguer
rien fait
aurait
très
tant
et
bien pu être
en avait pu percevoir tous
pour
le
mieux pour
le
par
le
Rien que
le
tant
c'était
:
un bel ouvrage
et per-
pis
arrêtée
commissaire,
s'il
premier
Défense d'aimer, avait déjà paru trop libre à ce fonction-
titre.
naire pour que la pièce pût être jouée pendant n'avait
autorisé la
détails.
les
Semaine
la
sainte et
représentation qu'en exigeant un autre intitulé
:
il
la
Novice de Païenne, et sur l'assurance réitérée de "Wagner que le sujet en était emprunté à un « drame très sérieux » de Shakespeare.
O
roueries des auteurs
!
ô naïveté des censeurs
La seconde représentation de la la
théâtrale et "Wagner,
saison recette,
surprise
en
avait
fait
hausser
constatant,
qu'il
n'y
avait
dans
mari
et
femme,
et
croît
de malheur, dans
la
un
la
juif là
allait
clore
encaisser
toute
prix des places. Quelle ne tut pas sa
c^uelques salle
Novice de Palernie devait à son tour
qui
le
!
que
minutes avant trois
polonais coulisse,
personnes
en costume
au
môme
lever
le :
ses
de
instant,
du
rideau,
propriétaires,
gala! le
première chanteuse tombait à bras raccourcis d'abord sur
Par
sur-
mari de le
la
second
RICHARD WAGNER
22
mieux apparier,
Le rideau
que,
ne
qu'il a
et
cb coups, pour
bien
si
d'empêchements imprévus,
suite
les
en public.
paraître
annonça solennellement aux
régisseur
le
par
pouvait
trois
représen-
la
Wagner, par le récit plein dhumour représentation manquée et de l'odyssée antérieure
avoir
de cette
fait
rouait
les
et
eussent été incapables de
qu'ils
leva
se
spectateurs tation
femme,
sur sa
puis
ténor,
lieu.
de la Novice de Païenne,
montre que ces contre-temps n'avaient pas
moins du monde ébranlé sa confiance de débutant. Il n'avait pas été, d'ailleurs, trop mal jugé. Le journal de Magdebourg, tout en le
apportée aux
déplorant
la
exécution
brusquée où
que
estimait ville
hàtc
importante
plus
chance de réussir ce
l'écrivain
;
musique
et
plus
:
de
plaît,
souvent chez
que cela
c'est
comme
vraie mélodie,
la
final
nos compositeurs.
»
:
une
pas leurs rôles,
son opéra dans une
faire jouer
y a beaucoup de qualités
11
me
qui
résultat
le
même
dans des conditions plus favorables,
et «
et
ne savaient
compositeur arrivait à
le
si
répétitions
les acteurs
vibre
;
là
avait
il
dedans, disait
c'est
de
la vraie
on en désirerait trouver plus
En
d'autres termes,
Wagner
avait tellement subi l'influence des musiciens français et italiens, sur-
tout d'Auber et de Bellini, qu'il n'avait presque plus rien d'allemand
doute ce qui
c'est là sans
Sur
le
faisait accueillir
moment, Richard Wagner,
le
à son opéra, revint à l'assaut 11
cette
—
ville,
de débuter
c'était
et qu'afin
pour
toujours
de
le
avec faveur dans son pays.
donnée Novice de Païenne
tout fier de l'approbation
jouer la
faire
avec agrément que
raconte
à Leipzig.
:
Ringelhardt,
mieux séduire
,
directeur du théâtre de
le
— il
avait
lui
fit
une
en âge
fille
valoir quel avan-
y aurait pour sa fille à faire son apparition dans un joli rôle de jeune personne et dans un opéra nouveau. Le directeur, par mal-
tage
il
duper que le commissaire de Magdeeut parcouru la pièce, il répondit sévèrement à
heur, n'était pas aussi
bourg,
dès
et,
l'auteur
:
son autorité
comme ma
;
si
le
à
magistrat de Leipzig autoriserait
semblable ouvrage
d'un
sentation
qu'il
Je ne sais
«
facile
et
j'en
la
repré-
doute fort par respect pour
mais, en tout cas, apprenez, monsieur, qu'une personne
fille
ne saurait y figurer.
»
Wagner
battit
en retraite devant
ce père chatouilleux et s'en fut présenter son ouvrage à Berlin, non pas à l'Opéra fut très
à Berlin
royal,
mais au théâtre plus modeste de
Feniand Corte^.
Il
fut très
maître obtenait en accusant très fort
pondre
Résidence, où
il
aimablement reçu, sans rien obtenir. C'est dans ce court voyage qu'il vit pour la première fois Spontini dirigeant une repré-
sentation de
mais
la
les
évolutions
surtout
la
sur
partition
la
le
frappé de
rythme
et
reff"et
que
le
vieux
en y faisant corres-
scène avec une précision mathématique
de Fer)iand CortCy
produisit
sur
lui
;
une
.
Kl
c; Il
WAONKK
A Kl)
imiiression profonde et nui se retrouva
quand
il
23
vivace deux ans
très
]")lus
et
Donc la Novice de Paleiine était repoussée à droite et à Wayncr, qui n'avait que des dettes en ijuittant Magdcbourg
là
le
de toute sa
refrain
vie,
—
une place
sollicitait
ancien ami Dorn, devenu cantor et directeur de la
Mais Wagner
petite ville russe de Riga.
demandait aussi un emploi pour sa fiancée, Planer, dont
il
épris à
s'était
longue échéance.
En
attendant et
première amoureuse
de devenir chef d'orchestre,
l'intention
théâtre.
11
obtint enfin
Minna Planer dans une
le
24 novembre i836
amis;
lettre à ses
et
domestit]uc pour laquelle
tombai dans
je
d'individus.
la
je
je
et
pas voulu
n'avait
qu'il
engagée en qualité de dans cette ville avec
et
il
y organisa des concerts au sitôt
et,
nommé,
amoureux,
ne possédais pas
misère dont
les
dit-il
plus tard je
ennuis de
rendis la
vie
nécessaire. C'est ainsi
le
effets
les
épousait
il
mariai par obstination et
tourmenté par
autrui,
il
la suivit
J'étais
«
:
me
fut
auprès de son
comédienne Wilhelmine
elle était il
'
avait conclu des fiançailles à
il
poste qu'il désirait
le
malheureux moi-même que
comme
Kœnigsberg,
à
»
— ce
pas seul à caser;
n'était
Magdebourg,
gauciie
musique religieuse dans
la
la jolie
épouser faute d'argent, mais avec laquelle
f(
lard
entreprit la composition de Rien^i
tuent tant
de
milliers
»
année à Kœnisberg, en proie à mille soucis, malheureux, tourmenté, tourmentant les autres, n'écrivant que deux ouvertures une sur Rule Britannia, une autre intitulée Polonia, ne resta pas
11
plus d'une
:
puis
femme au lui la
Riga, où Dorn avait pu obtenir un emploi pour sa
alla s'établir à
il
théâtre, un autre pour sa belle-sœur Thérèse Planer, et pour
place de premier directeur de
la
musique.
11
fut
d'abord ravi d'un
poste beaucoup plus avantageux que ceu.x qu'il avait occupés jusque-là;
donna dix concerts dans lesquels ouverture de. Christophe Colomb
il
fit
et celle sur
Rule Britannia;
aussi plusieurs airs avec vocalises et choisissait la
sentée à son bénéfice
le 11
fonctions en grippe, en
le dit
lui-même,
il
ne
Norma
il
écrivait
pour être repré-
décembre iSSy', puis, tout à coup, il prit ses temps qu'il sentait s'éveiller les premiers
même
scrupules de sa conscience d'artiste. il
il
exécuter, non sans succès, son
s'était
En
écrivant ses précédents ouvrages,
pas montré très scrupuleux sur
le
choix des
une mclodic religieuse de Li Sovicc de J'jlcnnc pour exprimer, dans recueillement des pèlerins admis auprès du Saint-Père; c'est la mélodie que répètent alternativement les instruments à vent et à cordes dans l'introduction du 3° acte. 2. Son admiration pour Bcllini, arrivée au plus haut point, s'épanchait dans un article qu'il publiait dans le Spectateur de Riya, du 7/10 décembre 1837. « Le chant, le chant et encore le chant, ô Allemands! Le chant est le langage par lequel l'homme doit se communiquer musicalement, et on ne vous comprendra pas si ce larTgagc n'est pas formé et conservé aussi indépendant que toute autre langue cultivée doit l'être, l.e reste, ce qui est mauvais en liellini, chacun de vos maîtres d'école de village peut le faire mieux; cela est connu, il est donc tout à fait hors de propos de se moquer de ces défauts. Si Uellini avait fait son apprentissage chez un maitre d'école de village allemand, il I.
11
utilisci'ci
pkis
tard
Tjniihii'iiscr, le respect et le
RICHARD WAGNER
24
employer pour emporter le succès; mais voilà-t-il pas qu'un beau jour, en voulant composer la partition d'un opéra-comique en deux actes, r Heureuse Famille d'ours, arrangé d'après un conte des Mille et une
moyens
Nuits,
à
morceaux
s'arrête avec dégoût, relit ses
il
tout simplement de la musique à la
en horreur
Adam. A
et s'aperçoit qu'il
dater de ce jour,
il
prend
position de chef d'orchestre dans une ville de province, en
la
d'un public impropre à juger toute œuvre nouvelle parce
face
fait
qu'il
a
perdu sa clairvoyance en n'entendant jouer que des ouvrages à réputation déjà faite et, dès lors, pour se mettre en garde contre une défaillance qui
main,
il
puisse monter sur un petit théâtre. Et
le
Paris que viennent alors
tourne
tous
yeux vers Paris
les
Du temps
de gagner avec
venait
d'aller tenter fortune
les
les
il
que, besogneux et misérable,
et
Huguenots,
Paris.
à
de
c'est
brCde d'y venir débuter.
et
Kœnisberg
était à
qu'il
puisque
opéras applaudis en Allemagne,
voyait danser devant ses yeux les 3oo,ooo
il
a sous la
qu'il
décide d'entreprendre un ouvrage de proportions trop vastes
qu'on
]30ur
moyens d'exécution
pousserait à user des
le
11
il
avait
que Meyerbeer, disait-on, avait été pris du désir fou
fr.
justement cru trouver un bon
Grande Fiancée, en avait aussitôt tracé le plan et l'avait envoyé à Scribe, espérant que il celui-ci n'aurait rien de plus pressé que d'écrire le poème et de le faire dans une nouvelle de Henri Kcenig
sujet d'opéra
accepter à l'Opéra; naturellement, Scribe; aussi, quand en lisant
le
la
:
ne reçut jamais de
il
Rien{i, de Buhver,
y crut découvrir se garda bien de renouveil
un sujet d'opéra préférable au précédent, il ler pareille tentative. Il entreprit de faire tout lui-même, partition
C'est pendant l'été
et
la
le
poème de Rien{i
par
en
'.
coup
un
rentrant
et
d'éclat
à
Riga,
il
nouvelles de
de
i838
et le
commença
qu'il
y mit. d'autant plus de feu qu'il voulait sortir
ennuis
d'une
vacances
finies,
des les
existence alla
il
se
précaire;
assez
loger à
hors des remparts, pour mieux rompre avec les mesquineries de théâtrale
et
se
poème
à écrire
mieux consacrer à
une heureuse coïncidence,
eut
il
la
composition de
alors à faire
étudier
l'écart, la
vie
son opéra; par le
Joseph,
de
aurait sans domc appris à faire mieux; mais il est bien à craindre, en même temps, qu'il n'eut désappris son chant. » Lire l'article entier traduit dans la Revue wagnérieiiite, de Paris (fe'vricr nSSG). On peut rappeler à ce propos la fine boutade de Rossini, qui disait à Bellini lui-même « 11 est bien heureux, Vincenzo caro, que tu ne saches pas la musique; car, si tu la savais, tu en ferais de bien :
mauvaise. » I. Plus tard, quand
il
fut
maître de chapelle à Dresde avec Reissiger,
comme
celui-ci
attribuait
musique à la pauvreté des livrets qu'ij avait eus, Wagner s'offrit à lui rimer son ancien scénario de la Grande Fiancée; mais Reissiger ayant trouvé scabreux démettre en musique un poème auquel Richard Wagner avait renoncé, ce fut Kiltl, directeur du Conservatoire de Prague, l'insuccès
de sa
qui en hérita par
la suite, et
son opéra fut représenté à Prague,
liianca e Giuseppe ou les Français à Nice le
joua à Francfort en 1S73.
:
il
le
eut du succès, car on
19 février le
1848, sous
le titre
de
reprit en 1868 et 1870, et on
RICHARD WACiNRR Méhul, qui éleva
pensées,
ses
et
dit-il,
25
l'aida à se corriger
des erre-
ments passés. Ce n'est pas qu'en entreprenant Rien{i il songeât le moins du monde à s'écarter des formes usuelles de l'opéra, mais en écrivant le poème il s'était efforcé de ne pas le faire aussi banal que
les livrets habituels,
une œuvre grande,
avait fait jusqu'à ce jour.
singulier
il
voyait
il
bien son sujet qui
tout
l'hiver,
yeux
:
d'ardeur au
Plein si
il
le
liait
il
le
seule forme qui tlottàt
composa d'arrache-pied pendant
printemps de
1S39
avait
il
au théâtre de Riga,
comme
et
tout
terminé
les
expirait
l'engage-
moment même
premiers actes de Rien^i. Mais à ce
ment qui
la
son opéra,
mais ce sujet,
du grand opéra.
celle
travail,
qu'au
bien
de
parties
les
déterminait lui-même inconsciemment, d'après alors devant ses
comme une
était alors
guidait de préférence,
le
état
ne voyait exactement que
et
dans toutes
qu'il
lui-même en quel
grand opéra
le
composer
voulait
il
en un mot, de ce
a très bien expliqué
11
pouvait embrasser;
ce qu'elle
musique,
la
contraire,
le
comment
se trouvait,
lunette à travers laquelle
c'était
quant à
et,
forte, élevée,
il
deux
tout à fait
était
dégoûté de courir ainsi de ville en ville en qualité de chef d'orchestre,
comme du
d'autre part
théâtre
à
un
le
simple
d'argent, retourna à
ténor,
il
Kœnigsberg,
oîi
dettes, puis décida sa naissait
ce
absolument
pouvait
être
Karl de
poète
femme
allait
n'hésita
pas.
il
fit
le
à partir avec lui
personne.
avant peu
Holtei
la
Mais
la
11
grand
de Sc/iull^e
et Millier
à l'Anneau Ju Nibelun^,
iStii.
un
peu
de payer ses
effort
—
LE SOMMEIL DE BRUNEHILD Tiiii
réunit
l'inconnu,
gl(.>ire
direction
la
pour Paris où
c'était
fortune et
céder
et
avec
il
ne con-
l'inconnu, Jxieiiii.
CHAPITRE
III
TROIS ANNEES A
u lieu de prendre
|,
la
I
S
route de terre, et probablement
Wagner s'embarqua
par économie, Richard
femme
AR
I'
avec sa
son chien, un magnifique chien de Terre-
et
Neuve, car il avait déjà la passion de ces animaux, sur un vaisseau voilier en partance de Pillau pour Londres. Cette traversée, qui dura plus de quatre semaines
de
jamais
Norwège,
par trois
et
fois,
forcèrent
tempêtes qui
et
mémoire
à la
;
vaisseau fut assailli par d'épouvantables
les brisants
dans
légende du Hollandais volant, qui
Wagner
l'esprit.
de courir
le
port
le
plus
norwégiennes pro-
des côtes
milieu des éléments déchaînés qu'il entendit effroi cette
hauteur des côtes de
capitaine à se réfugier dans
le
sortit
lui
imagination une impression merveilleuse, et ce fut au
son
sur
la
le
voisin. Ce passage à travers
duisit
qui fut féconde en accidents, ne
la ville
matelots chanter avec entra
lui
si
profondément
passa huit jours à Londres, ne s'occupant que
vivement intéressé par sa
et
les
visite
au Parlement, mais
Manche. Une fois débarqué à Boulogne, il apprit que Meyerbeer y faisait une maison de bains de mer, et il demeura tout un mois dans les environs, pour lier connaissance avec le célèbre compositeur et s'en faire un appui. Meyerbeer, d'ailleurs, accueillit son compatriote avec une grande s'en examina les deux actes terminés de Rienii il bienveillance s'il de quoi jeune voyageur avait vivre demanda au déclara satisfait et ne mettant pas
le
pied
dans
les théâtres
;
puis
il
traversa la
,
;
à l'aise
Sur sa
un bon bout de temps, pour aller ainsi tenter la fortune à Paris. réponse négative, il hocha fortement la tète il n'en promit ;
pas moins à
mais
il
Wagner
l'avertit
de
le
soutenir autant qu'U serait en son pouvoir,
charitablement que des démarches par lettres ne pour-
un cas pareil où une insistance personnelle cela dit, il lui et de tous les jours devrait seule avoir quelque effet remit des lettres de recommandation pour Anténor Jolly, directeur de raient guère aboutir dans
:
la
Renaissance, où Ton jouait à
comiques, pour Léon
la
Pillel, directeur
fois
des
drames
le
dut à ces gens-là, et par ricochet à Meyerbeer.
tout ce
opéras-
que Wagner put obtenir à Paris,
Habeneck. Par
fait,
des
de l'Opéra, l'éditeur Schlesinger
et
le
et
«
il
Savez-vous ce qui
RICHARD WACiNKR me
rend déliant à l'égard de ce jeune
recommande.
que Meyerbeer protégé que pour
le
le
homme,
Va
»
ce
27
disait
trait,
Henri Heine,
c"cst
pour
aussi piquant
le
protecteur, est tout ce qu'il a jamais laissé percer
de son sentiment sur Richard Wagner.
Wagner
mois de septembre
au
arriva à Paris
1S39
s'en
et
alla
prendre un appartement garni dans la rue de la Tonnellerie, auprès des Halles, dans un quartier peu hanté des artistes, mais où il devait pouvoir vivre à très bon marché. visites à travers Paris lui,
;
il
commence
11
tournée de
aussitôt sa
voit d'abord toutes les portes s'ouvrir
grâce au patronage de Meyerbeer,
et
chaque
logis ravi de l'accueil qu'on lui fait de droite et
soir
rentre
il
devant en son
gauche, déjà
de
sûr
d'un succès immédiat. Alors tout l'enchante, l'admirable mise en scène
de l'Opéra accroît son désir d'y voir bientôt représenter Rieu^i ;
d'ail-
pas que
cela
leurs,
ne doute pas un instant de réussir
il
puisse tarder
:
Renaissance, où
la
avait accepté de représenter
ne croit
de terminer entièrement cet ouvrage,
aussi se hàte-t-il
au prix de privations quotidiennes.
du côté de
et
voyait
11
tout en
également
rose
directeur, par égard pour Meyerbeer,
le
malheureuse Novice de Païenne,
sa
si
Magdebourg. Dumersan le vaudevilliste acquitté de sa tâche il s'était avait été chargé d'en traduire le poème avec tant de bonheur que ces nouveaux vers paraissaient à Wagner enfin s'adapter mieux à sa musique que ceux qu'il avait faits lui-même le jeune musicien se croyait tellement sur du succès avec un opéra expédiée en un
vite
soir
à
;
;
bien conçu dans
pas à
n'hésita
le
goût français sur un sujet tant
quitter
le
soit
peu léger,
vieux quartier des Halles, pour
rue du Helder, au n° 25, dans
le
cœur du
qu'il
s'installer
Paris élégant et artiste.
son côté, l'éditeur Schlesinger n'avait pas moins bien travaillé pour
De le
d'Habeneck que la Société des Concerts du Conservatoire essaierait une ouverture que son jeune ami, désirant mettre tout le drame en musique, avait entrepris de composer
protégé de Meyerbeer
pour
obtenait
Wagner,
en travaillait avec plus de
Wagner sait
il
Faust, de Goethe, et
le
velle,
:
dans
tout heureux de la
bonne nou-
joie et d'ardeur.
n'habitait pas depuis six mois Paris, car tout cela
les
premiers mois de 1840,
qu'il
se
pas-
d'avoir un
était assuré déjà
une ouverture exécutée au Conservatoire, en attendant Rien{i. Tout à coup, changement de décor. 11 opéra
joué
à la
Renaissance
et
avait terminé son ouverture dès le fin
mois de
février,
on
l'essayait
de mars, et l'éditeur Schlesinger se hâtait d'insérer dans
musicale siteur
la petite
note suivante
allemand d'un talent très
la
à
la
Gaiette
Une ouverture d'un jeune comporemarquable, M. Wagner, vient d'être :
«
répétée par l'orchestre du Conservatoire et a obtenu
des
applaudisse-
RICHARD WAGNER
28
ments unanimes. Nous espérons entendre incessamment cet ouvrage et nous en rendrons compte. » La vérité était que les sociétaires exécutants
une longue énigme « et qu'ils avaient Restait la Novice de Païenne, dont la repré-
avaient déclaré cette ouverture
décidé de ne pas
jouer.
la
sentation était attendue d'un
«
jour à
milieu d'avril, Anténor Jolly réunissait
tous ses
pour leur annoncer qu'à bout de ressources
de
Chaste Suzanne,
la
théâtre
;
et
il
On
de deux.
dans
se trouvait
inférieure
fût
à celles
contemporaines,
et
même époque une
artistes
et
malgré
la
nécessité
:
exécuter
telle
celui-ci,
Rhin; mais
il
l'a
employés,
et
fermer
de
le
quand
on
ouverture
complètement remaniée après de croire qu'elle
est bien difficile
du
de Rienii ou voit
Vaisseau fantôme, qui sont
que
de Jeanne
tout déconfit, mit
quelle à Dresde en
pléter son Faust musical.
le
succès récent
le
la
Société
d'Arc ,
Il
est
de
côté
exécutait
son
à
Moschelès
par
semble qu'elle aurait pu se montrer plus accueillante
Wagner
matin, vers
ne peut dire exactement ce que valait alors
l'ouverture de Faust, puisque "Wagner
avoir terminé l'Or du
Un beau
l'autre.
envers
ouverture
la ,
il
Richard qu'il
fit
1844, et ne pensa plus jamais à com-
donc
strictement
vrai
que
si
nous
n'avons qu'une ouverture au lieu de toute une partition de Faust, nous
sommes redevables de vatoire en
Une de
aux musiciens chevronnés du Conser-
autre tentative avait encore échoué.
Pologne
la
vail
1840
cette perte
'.
et
On
une grande représentation pour
s'occupait fort à Paris les
Polonais sans tra-
avait été organisée au théâtre de la Renaissance par
les soins
de
la
princesse Czartoryska, qui avait recruté chanteurs et choristes dans
le
grand monde,
et
chez laquelle on avait répété tout
l'hiver.
La
fête
mars et l'on y devait représenter un Duc de Guise qui n'était autre que le Henri III et sa cour, de Dumas, arrangé en opéra par un noble amateur et mis en musique par le jeune de FIola principale interprète était une toute jeune fille, appelée Anna tow fixée
était
au vendredi
3
:
de Lagrange, et qui devait rendre pelant qu'il avait
ce
nom
célèbre.
Wagner,
composé une ouverture de Polonia, qui pouvait
se rap-
être de
circonstance et qu'il avait vainement proposée aux concerts Valcntino,
la
I. Wagner remania cette ouverture à Zurich en iS55, puis il eu dirigea la première exe'cution à Munich en 18G5. Il y a mis comme épigraphe les vers suivants du drame de Gœthe « Le Dieu qui habite mon àme peut la bouleverser jusque dans ses profondeurs; mais celui qui trône hors de moi ne peut rien faire jaillir de mon sein. Aussi l'existence m'est-elle un fardeau, la mort me fait envie et la vie m'est odieuse, u Sous sa forme détiniiive, cette ouverture, tout empreinte de douleur et de passion, est une création du premier ordre, une œuvre à part dans l'œuvre entier de Wagner. Elle n'est pas traitée, en cfTet, en long crescendo, comme les magnifiques ouvertures du Vaisseau fantôme, de Tannhaniser et :
des Maîtres CJianteiirs ; elle est d'une conception non pas plus admirable, mais plus libre, qui lui permet de suivre de près toutes les phases du drame et de les traduire avec une vérité saisissante. Un chef-d'œuvre, en un mot, seulement comparable à l'ouverlure île Faust que Schumann écri\it
en i853.
RICHARD
\VA(]N1-:R
porta bravement au chef crorchcstrc du tliéàtrc,
promit de s'en occuper; mais on n'avait que au milieu de tout ce beau monde, et
mise en question'. chances de succès. dant
Wagner De plus,
qu'il travaillait
2g
nommé Duvinagc
il
avait épuisé toutes
pour devenir célèbre
femme il n'y avait plus à s'occuper du leur emménagement rue du Heldcr. L'éditeur Schlesinger fut
et avait
puis,
comme
représentée
il
Revue
au mois de décembre de cette
auprès
du
Dumersan
,
à
allait lui
toutes
directeur le
quoi
et
les
des
:
même
Wagner
Variétés
après
mettre en musique un vaudeville que ce :
la
Descente de
des
répétitions, les acteurs déclaraient
sa
ne contenait
même
populaire et que tout
pas
la
besogne ingrate,
à la
heureux de
reste,
avec il
était
réitérées
l'appui
de
chargé de
venait d'écrire
musique inexécutable
file,
s'en
il
mais, dès les premières
chanson: Allons à
monde,
le
chargea
il
démarches
devait renoncer. Cette folie de carnaval fut jouée le et
1840;
la Favorite,
année,
même Dumersan
la Courtille;
juillet
était trop
peut-être
et
commanda
lui
il
donner de quoi manger. Du portes
avec sa
vivre
Galette musicale, dont
traducteur de la Novice de Palerme,
avec Dupeuty
mais avant de
logis;
d'en faire la réduction pour piano,
trouver puisqu'elle
frapper
acheter à crédit
musique allemande, parut au mois de s'était rendu acquéreur de la partition de
coup sûr, sinon compliquée, mais que
allait
ressources pen-
dû
la
Richard Wagner à
ses
encore sa providence;
plusieurs articles pour son journal, la
Sur
pas
chien, qui avait été volé avant
:
:
même
voyait donc s'évanouir à la fois ses diverses
meubles nécessaires pour remplir son nouveau payer ses meubles il lui fallait d'abord gagner de
premier
celui-ci
:
pauvre diable
son ouverture ne fut
les
le
d'un
l'aire
20
la Courtille,
attribue à
et
janvier
l'on
y
1841,
un instant
Wagner
:
double
erreur, à ce qu'il parait.
I. Wagner quitta Paris sans réclamer cette ouverture quelle fut sa surprise en apprenant, quarante ans plus tard, qu'elle e'tait entre les niains de M. Pasdcloup! Un de ses amis de Paris entreprit de rétablir la suite des faits, et il y parvint après ujic minutieuse enquête menée avec la prudence et la sagacité d'un juge d'instruction. Voici par quelle série d'aventures a dû passer Polonia. Duvinage avait gardé près de vingt ans cette ouverture non réclamée, lorsqu'un beau jour M. Henri LitolfF, qui donnait des leçons de piano à sa fille (aujourd'hui M™" Théodore Dubois), le pria de la lui confier Duvinage y consentit. Litolft, sans doute à bonne intention, la remit, par la suite, àM.Arban, qui désirait la jouer à ses concerts du Casino, et celui-ci, pour l'essayer, avait chargé le copiste du Théâtre Italien d'en détacher les parties. Puis Arban l'avait complètement oubliée, le copiste aussi, si bien qu'elle traînait dans les amas de vieux papiers de Ventadour et que l'éditeur Choudens, ayant acheté toute cette musique en bloc après la déconfiture de la direction Escudier (avril 1870), fut tout étonné de découvrir un manuscrit de Wagner dans ce fouillis de musique non classée. Il parla de cette ouverture à M. Pasdcloup qui se la fit prêter, ne la joua jamais et l'avait à son tour mise au rebut, quand elle lui fut réclamée au nom de Wagner, d'abord par la personne qui avait fait toutes ces recherches, puis par M. Nuitter. C'est ainsi qu'en 1881 Wagner rentra en possession d'une œuvre de jeunesse, égarée depuis 1840, et qu'il la fit exécuter cette année à Palerme pour célébrer l'anniversaire de sa fciinuc il remercia ses amis de Paris de la peine prise avec une véritable effusion. ;
:
:
RICHARD WAGNER
3o
Wagner
essayait aussi de
des paroles françaises la
pour
tion faite exprès
position un écrite
mettait d'abord en
et
Deux
des
lui
Grenadiers, de Henri Heine, com-
peu pénible, très inférieure à
un an plus
même
tôt sur la
lurent pas. Ensuite,
dans leur petit cadre
enfant,
de Victor Hugo, Mignonne, œuvres simples et charmantes
toutes
pas produire alors, faute de chanteurs
marché.
11
étaient, à la
elle
:
mais
qu'on goûte aujourd'hui,
et
teurs pour les publier
que Schumann avait
celle
poésie, et dont les artistes ne vou-
l'Attente,
écrivit
il
mon
de Ronsard, Dors,
môme
vogue de M'"" Loïsa Puget, à musique une traduc-
aspirait à la
il
;
réputation de Schubert,
composant des romances sur
percer en
pour
chanter, d'édi-
les
bonnes pour
trop
lettre,
toucha bien quelques francs pour Mignonne, quand
imprimée dans
Galette musicale,
la
mélodie,
et cette
put
ne
qu'il
le
elle fut
reparut
ensuite,
il Lewald faut voir à ce propos en quels termes pressants Wagner, dans une lettre d'avril 1841, soumet ces trois romances à l'éditeur du journal et
avec les deux autres dans
le
supplément de
payer
le
plus vite et
le
les
(12
supplie de les prix fr.
lui
variaient
5o et 22
Un farceur me traite ici.
fr.
qui se
«
Ici,
»
une
dénotaient
pour de
c'est-à-dire
personnalité
à
succès dans un cercle restreint, et
Beethoven, publiée à
la
fin
un mélange de poésie
et
qu'il
ses
de 1840, avait assez frappé de
raillerie,
d'enthousiasme
articles,
avaient un
nouvelle intitulée
la
florins
g
comme on
voilà
énergique,
et
et
5
pour l'apitoyer:
bien
n'est!
Cependant
Paris.
originale
entre
prend
s'y
il
donne pour meilleur
;
plus cher possible, puisque
le
productions,
telles
comme
Et
5o).
VEuropa, de
Une
:
qui réel
Visite à
les
lecteurs par
et
d'amertume,
pour que Berlioz, bon juge à cet égard, ne crût pas trop faire en la signalant dans le Journal des Débats. Il rendait compte, en bon collaborateur, journal
d'un
infatigable, qui donnait
concerts,
etc.,
Wagner
et
il
ajoutait de
intitulée
sûrement pas dire aussi
Une
la
jolis
portraits
lui-même
Galette musicale, ce
:
«
On
d'artistes, lira «
:
beaux
nouvelles
longtemps
celle
Berlioz ne croyait
vrai'. il
poursuivait sans désemparer
non plus en vue de l'Opéra
se défend après coup d'y avoir jamais pensé
Dresde,
et
Visite à Beethoven.
l'out en travaillant pour Schlesinger,
l'achèvement de Rienii,
Revue
tant de choses à ses abonnés
bons articles de critique,
charmantes, de M.
organisé par
concert
—
de
Paris
—
•
il
mais pour l'Opéra de
où chantaient des artistes de premier ordre, Devrient, Tichatschek, etc., et il arrivait au bout de
la
sa
Schrœdertâche
en
I. Les articles de Wagner pour la Ga:;ette musicale étaient traduits par Duesherg, chargé de rédiger toutes les nouvelles d'Allemagne pour ce journal. Quant à savoir ce que ses articles ou ses arrangements lui furent payés, ce serait bien impossible, car Wagner, toujours à court d'argent, a peut-être reçu quatre ou cinq fois le prix stipulé pour ses travaux.
Kl
novembre
en A Kl)
\va(;ni:u
3,
encouragé par ses succès d'écrivain et surtout misère qui atteignait au degré le plus aigu, il écrivit tant
1840. Alors,
presse par
la
pour vivic,
et plus d'articles
ment de 1841,
publiait cette nouvelle
qu'il
Un Musicien
moment-là, au commence-
et c'est juste à ce
étranger à Paris,
où,
amère
si
et si
douloureuse
mettant lui-même
se
avec son bien-aimc chien de Terre-Neuve,
plume
décrit d'une
il
:
en scène, viru-
lente tous les espoirs qu'il avait follement caressés, toutes les douleurs
éprouvées, y compris la perte de son chien, avant d'arriver au découragement final, en attendant la mort libératrice de son héros. qu'il avait
«
C'était
un
homme
excellent, dit-il en parlant de
autre que lui-même, un digne musicien né dans
lemagne, mort à Paris, dresse de cœur, fois qu'il
Paris.
tale.
maltraiter
voyait
a bien souflfert.
il
Malheureusement,
il
Beethoven,
et cet
joignait à tout cela
»
que par
le lieu
de
la
scène,
le
antichambres
d'artiste
de
la tète
telle
dans son assiette pendant son tellement
est
Neveu de Rameau
calqué sur
tant par la forme
café de la Rotonde, on retrouve exactement
tout ce qu'il vient de faire à Paris en pure perte les
capi-
bêtes, que, dans le dialogue qui va
les
suivre et qu'on dirait inspiré du
la
donné de voir une
tourné
lui avait
Ce personnage imaginaire
lui-même, avec son amour pour
trouver
de
une conscience
avait été
lui
il
retrouver
se
de
se
étroits
si
les
ambitieux sans aucun talent pour
était
il
excès de bonheur
sorte qu'il ne put jamais
séjour à Paris.
ten-
rues
les
de
colère
sa part des trottoirs
dans sa jeunesse,
l'intrigue; de plus,
sans
supportait
il
d'une scrupuleuse délicatesse;
fois
d'Al-
ville
Doué d'une grande
malheureux chevaux dans
les
doux,
gamins de
les
héros, qui n'est
ne manquait pas de se prendre à pleurer toutes
il
Naturellement
dépossédé par
oij
ce
une petite
mélodies
des directeurs,
Schubert sans que personne en voulût
longues attentes dans
:
dans
écrites
essayer,
refus
le
de
style
d'une ouverture
composée par un disciple de Beethoven par ceux-là mêmes qui semblaient le mieux goûter ce grand maître, etc. A quoi, l'ami sceptique et désillusionné, dans la bouche duquel il a dû mettre quelques-uns des conseils que Meyerbeer
avait donnés,
lui
Beethoven
répond vivement
mets que
je
mais
bien attention que sa réputation et son
fais
t'arrête
ici.
choses reçues et consacrées. Mis
grand maître, ce
nom
sera
bien
révéler les beautés à l'instant
est déifié, tu as
en
tête
d'un
:
x
Per-
parfaitement raison;
nom
sont maintenant
morceau digne de ce
un talisman assez puissant pour en
comme
et
par
magie,
mais à ce
nom
substitues-en un autre, et tu ne parviendras jamais à rendre les directeurs de concerts attentils aux passages les plus brillants
morceau.
»
Wagner, comme on
le
voit,
Cependant Maurice Schlesinger,
qui
de ce
même
mordait à belles dents. ne pensait
(}u'à
consoler
le
RICHARD WAGNER
32
pauvre musicien de sa déconvenue au Conservatoire, eut
de faire
l'idée
exécuter une composition de lui dans un de ces concerts que la Gaicttc musicale olTrait à ses abonnés, et ce beau projet fut mis à exécution le
jeudi 4 février 1841
sou choix
:
(Christophe ColombJ, qu'on avait modestement mise
gramme.
en fut naturellement rendu compte dans
Il
de Schlesinger.
Ce morceau,
«
d'une introduction, disait la
qui a plutôt
critique
le
désignation d'ouverture que
dans ses articles de de
la pleine
la
a
forme
la
mérite-t-il bien
bien définie dernièrement
si
voulu
peindre
des violons
aigu
l'infini
Les entrées
?
uniformément
reviennent trop
de cuivre ;
trémolo
le
avec
et
choquaient
d'ailleurs, leurs discordances qui
exercées et délicates n'ont pas permis d'apprécier à sa
d'un
et
mer, de l'horizon qui semblait sans but aux compagnons
d'instruments
travail
même
journal
caractère
le
Gaiette musicale ? A-t-il
du célèbre navigateur, par d'obstination
en tète du prole
Henri Blanchard,
l'auteur
Columbus
sur FouverLure de
s'était fixé
trop
les oreilles
juste valeur le
de M. 'W^agner, qui, malgré ce contre-temps, nous a paru l'œuvre ayant des idées
artiste
larges,
moderne.
ressources de l'instrumentation
prendre ainsi que dans cette œuvre, usait déjà des trémolos de violons à
de cuivres dont
s'est si
il
assises,
souvent
»
connaissant bien les
et
Il
est
curieux d'ap-
Wagner
écrite à vingt-deux ans,
fulgurantes attaques
l'aigu et des
et
assez
si
merveilleusement
servi.
Cette
exécution bien modeste eut quelque écho en Allemagne, grâce à Schu-
mann
qui mentionna
concert
le
dans son
point que, parmi les numéros du
de Richard Wagner,
«
journal, en insistant
programme,
un jeune Saxon,
il
écrit-il,
y avait une ouverture qui
restait
depuis longtemps et qui, par bonheur, se remet à composer
ragé par ce petit succès,
Wagner
Londres, espérant que Jullien
la
hâta
se
sur ce
d'envoyer son
silencieux ».
Encou-
ouverture à
pourrait exécuter dans ses
concerts-
promenades; mais l'excentrique chef d'orchestre n'en voulut pas, et quand le facteur des messageries Lafitte et Caillard rapporta le rouleau au compositeur,
pas
payer
le
|iûrt
celui-ci
dans une
de Londres à Paris,
tranquillement son paquet
Wagner, dans
était
:
telle
que
et
misère le
facteur
l'ouverture était perdue à jamais
sa détresse, allait jusiiu'à se présenter
dans un petit théàtic du
qu'il
boulevard
:
«
m'en
Je
remporta '.
comme
tirai,
ne put
dit-il,
choriste
encore
plus mal que Berlioz lorsqu'il se trouva dans une situation semblable
:
I. Ce Jiiiail miscjiablu a utij racunle par Wagner liii-inciuc, vers irSSo, à un lIc mus amis, qui voulut alors s'informer de ce que ce rouleau mis au débarras avait bien pu devenir depuis quarante ans. I-es messageries n'existaient plus; après avoir cherché dans tout Paris, il découvrit que le vieux M. Caillard, très âge, mais ayant toute sa tète, logeait à sa porte il se promit de l'aller voir, attendit quelques jours par négligence et comme il descendait un matin, il vit qu'on tendait de noir la maison :
voisine.
11
s'inlurmc... le vieillard était mort.
RICHARD \VA(iNER devait m'cxamincr découvrit tout
le
chef d'orchestre qui
je
ne savais pas chanter
moins du monde
le
« Heureusement pour nombreuse colonie d'Allemands,
rien à tirer de moi.
une assez pour
33
y avait alors à Paris
cœur
et
d'élan,
contribuèrent sûrement à soutenir, à faire vivre à peu près sa
femme pendant
moins d'amis,
le
chacun
propre compte et n'ayant pas D'ailleurs,
parmi
Wagner
les
et
se
il
musiciens
qu'il
démenant pour son commerce avec autrui.
s'agitant,
temps de
le
n'était porté vers
il
qui
et
ce terrible hiver. Mais, en dehors de ce cercle,
sentait tout isole dans Paris et c'était encore
comptait
—
artistes, savants, lettrés,
plupart assez pauvres, mais pleins de
la
déclara qu'il n'y avait
et
lui qu'il
—
de suite que
se
lier
aucun d'entre eux. De Meyerbeer, alors le Diable et les Huguenots, il
souverain maître à l'Opéra avec Robert eut tout d'abord, sans
la
manifester, l'opinion qu'il exprima plus tard
quand il crut que les sentiments de reconnaissance ne devaient pas rempêcher de distinguer entre l'homme et l'artiste. Pour Halévy, il jugea que son bel enthousiasme avait duré juste le temps d'obtenir un grand succès qui le tirât de pair; après quoi il n'avait plus pensé qu'à opéras pour faire fortune, en
écrire des
d'Auber, sans avoir conscience, hélas
laisser-aller
comme
l'eut
plus lâchées.
les
jugea pas plus
le
!
la
négligence et
qu'il
En
ce
lui
regardait
qui
favorablement, quoiqu'au
défendu par opposition à Rossini
aucun rapport avec
n'avait pas su,
;
cependant
il
et
Auber lui-même,
il
Muette
il
temps de
à -l'école
essaya de
le
la
italienne.
Edouard Monnais refusa son
parler de patriotisme
frani^-ais
plutôt commerciale, car
laume Tell trois
article
et la Favorite, entendait
ses
compose pas l'art
pur,
le
confrères sa
de Paris,
musique pour de du beau
sens
dans sa tendance
:
il
n'a
le direc-
dans une question purement musicale, ou
lui
la fois la
Muette, Guil-
que son journal vantât également
Wagner éprouva quelque
en dépit de son naturel hérissé, ce fut et
n'eut
ne voulut pas entendre
et
Schlesinger, éditant à
compositeurs. Le seui pour lequel
dit-il,
11
louer un jour dans la
Galette musicale au détriment de Donizetti, Rossini, etc., mais teur
le
son modèle, acquérir un semblant de style, appréciable dans ses
productions
ne
imitant
cette
Berlioz.
différence
l'argent.
manque.
Mais Il
il
reste
«
11
attrait,
y a entre
essentielle
les
lui,
qu'il
ne
ne peut écrire pour
complètement
isolé
personne à ses côtés qu'une troupe d'adora-
moindre jugement, saluent en lui le créateur d'un nouveau système de musique, et lui ont complètement tourné la tète eux exceptés, tout le monde l'évite comme un fou. » C'était le seul qu'il appréciât.: peut-être est-il opportun de le répéter. C est à Paris qu il rencontra pour la première fois Franz Liszt, et les premiers rapports entre ces deux artistes, qui devinrent si grands teurs
qui, platement et
sans
le
:
5
RICHARD WAGNER
34
amis
par
de
fait
des
furent
suite,
la
Wagner marquait un
liant.
du grand pianiste
bruyante
plus
manquèrent tout à
et
dédain
franc
détestait
il
;
réservés
pour
réputation
la
virtuosité pure et jugeait
la
que Liszt se laissait entraîner par le public jusqu'à donner des preuves du plus mauvais goût, jusqu'à exécuter, par exemple, une fantaisie sur Robert le Diable, dans un concert organisé pour élever un monument à Beethoven
;
il
déplorait
différence
la
y a entre
qu'il
la situation
du
compositeur dramatique, qui ne peut se révéler qu'à un auditoire en
composé d'amateurs,
partie
et celle
devant n'importe quelle assistance;
il
propre isolement en face du public,
et en arrivait à considérer son
non plus contre
comme un
dangereuse
la
tout seul, les jetait sur
Du
métier de virtuose
musical de Paris, qui
et
Gaiette musicale
à la
il
sa
tète,
il
comme une
il
parut
Et
intitulait cet article
il
hardiment
en
1840.
Dégoûté par
farouche
:
comme
dans un douloureux abattement,
monde
le
conquérir Paris, et tombait
excédé par
exercices de
les
de Duprez et de M'"" Dorus-Gras,
Liszt et de Chopin, les chants
:
le portait
dans ces moments de désespoir, à ce
renonçait, désir
garantie
quand il avait remontait dans sa chambre et profanes.
ces
papier;
le
bien,
de l'iiidépeudauce du compositeur, et
où
son
était autrefois
de
amitié
bien ruminé ces idées dans là,
comme un
mais
mal,
du virtuose qui triomphe aisément se comparait alors au célèbre pianiste
les
sempiternels de Rubini. Duprez et Rubini l'avaient entièrement
trilles
dégoûté de auditoire
la
dit
mauvaise musique recruté
d'élite,
dissait de confiance.
Il
qu'ils
dans
chantaient d'ordinaire et qu'un
l'aristocratie
ne trouvait aucun
intérêt
sentations de l'Opéra qu'il fréquenta peu,
ne voyait
qu'un prétexte à mise en
là
applau-
aux luxueuses repré-
d'ailleurs, faute d'argent, et
scène
Juive d'Halévy que dans
n'a vu, disait-il, la
et la finance^
et à décorations telle
ou
Qui
«
:
telle ville d'Alle-
magne, ne parviendra jamais à se figurer comment et pourquoi cet ouvrage a pu charmer les Parisiens, w L'Opéra-Comique, à tout prendre, aurait pu le contenter mieux que l'Académie de musique et les Italiens, au moins par le talent des chanteurs mais ce qu'on ;
écrivait alors s'est
et
enfuie,
]wur ce théâtre hélas
la
!
?
ou
:
«
Où
Méhul, de Nicolo, de Boïeldieu rythmes de quadrille qui font
les ignobles
»
Malgré quelques article
parut absolument détestable
grâce de
du jeune Auber, devant
rage aujourd'hui
lui
satisfactions
l'exécution
passagères,
comme
le
succès
d'un
d'une
ouverture, qui n'apportaient pas grand soulagement à sa pauvreté, "Wagner, trompé dans ses espérances, souffrait
cruellement à tous égards, par matérielle et par les
cruelles
les
soucis
déceptions
et
d'un
les privations
légitime
de
la vie
amour-propre.
RICHARD WAGN
Un
rayon de
soleil
bon accueil au
vouée au
culte
Conservatoire,
Beethoven
de
33
triompher du sort
recommandation de Meyerbecr
de
trouver
R
suliitemcnt son existence et l'artiste
éclaira
se reprit à vivre, à vouloir la lettre
F.
coûte que
un doux
procuraient
lui
pouvait au moins assister aux répétitions et chaque
fois
d'une symphonie de Beethoven rendue en perfection là,
aux
pareille
en écoutant
l'œuvre
prendre enfin pour infinies
sent
il
;
de
première
la
alors
pour
lueur du
ne
et
s'était
musiciens
:
roche
il
et
il
beautés^
rejette au
il
de Ricu^i,
com-
la
se réjouit
il
se serait à jamais
entrevoit l'idéal de
il
'.
«
Ce
fut,
dit-il,
comme
des yeux,
si
un
Habeneck
qui, après avoir fait tra-
un hiver cette symphonie sans que son orchestre y vît plus acharné à la remettre à l'étude pendant deux ou trois hivers D'ailleurs,
«
il
;
senté pour la
récitatifs
son esprit,
Beethoven
me tomba
qui
croit
et
pénètre les
musique où
était
en avoir
vraiment
le
première
est
vrai,
à
fois
pénétrer
fait
Habeneck
ajoute-t-il,
maître
surcroît de bonheur, le Freischùti dans
subissant,
ravi,
,
»
et n'avait lâché prise qu'après
vieille
soupçonné
Kmu
quoi célébrer davantage, de l'admirable application des exé-
sait
vailler tout
en
conventionnel,
cutants ou de l'énergie déployée par
clair,
il
les sentiers battus
écaille
rideau venait de se lever. Il
tant
chef-d'œuvre de
comme une
finir,
seulement
jamais
Leipzig.
à
lumière se faire en
la
perdu dans un genre inférieur la
avait
son adolescence,
fois,
d'avoir été repoussé de l'Académie de
sa vie à
se délectait
sent transporté de dix ans en arrière,
préférée
de se traîner dans
loin ridée
Gewandhaus,
se
il
n'en
qu'il
telle
du
concerts
d'enthousiasme,
haletant
Il
!
une exécution
chœurs,
ai'ec
de
entend, ô merveille
il
réconfort. il
c'est
:
Société
la
une satisfaction sans mélano-e. Et voilà qu'un une incomparable exécution de la .Sy??;^?/?o;?/e
ressentit
qu'il
dit-il,
jour
il
de
concerts
les
et
Avec avait dû
coûte.
Habeneck,
à
abattu
Paris,
et
était
sens à tous ses
un
chef de
tout lui obéissait.
sa forme le
le
7 juin
originale
1841,
>>
la
Par
fut repré-
un Freischuti
lois du Grand-Opéra français, augmenté de mais sans qu'on en eût retranché une seule
les
de ballets,
note, et mis en scène avec un respect religieux par Berlioz, le Frcischiiti enfin auquel
pour
le
coup,
il
avait il
dû
les
n'hésite
premiers ravissements de sa jeunesse.
plus, et cette
double apparition de
allemande incarnée en Beethoven, en Weber, rend à l'exilé toute son énergie
:
«
O ma
comme
la
Ah
!
patrie
par miracle
splendide patrie, combien
je dois
I. Les concerts du Conservatoire entraient dans leur treizième année en 1840. Il y avait alors huit concerts par saison, de quinzaine en quinziiine, à partir de janvier. C'est au concert du 8 mars 1840 que Wagner dut entendre la 5_)-m^/ioHie avec chœurs et il put la re'entendre encore le 2 mars 1841 et le
9 janvier 1842, car on l'exécuta ne la joua plus qu'en 1849.
une
t'ois
par an durant
les trois
hivers qu'il passa à Paris
:
ensuite, on
.
RICHARD WAGNER
36
combien
t'aimer,
Freischïtty
mand
né sur ton
est
aime
qui
rêver de
dois
je
sol
d'homme,
à l'âge
cœur dans
O
1
prendre
couvre-feu
le
Et tout aussitôt
imaginaire à Beethoven.
visite
sans qu'il
possible
soit
dans
préexistaient
même
créée, et
humaine
voix
:
»
tête
jaillir les
idées
et qu'il avait déjà
...Les
«
sons des instruments,
comme organes de la nature hommes sur terre pour recueillir
primitif
y eût des
qu'il
Mais
ces vagues harmonies.
!
pourtant de préciser leur vraie signification,
monde
le
avant
'
audacieusement à l'auteur de Fidelio,
jetées sur le papier en les prêtant
dans sa
du clocher du village
voulut faire
il
confusément bouillonner dans sa
sentait
qu'il
se mit à l'œuvre,
il
la lune,
rêveries
!
heureux qui peut vous com-
est
rêver, divaguer avec vous
et croire, sentir,
aux
croit
aimable rêverie allemande
toi,
Combien
!
aujourd'hui,
mystérieuses et douces qui agitèrent son
des bois, rêveries du soir, des étoiles, de qui sonne
le
dois aimer le peuple alle-
je
encore
qui
que
parce
des légendes, qui sent encore aujourd'hui,
les terreurs
jeunesse
sa
Combien
!
Freischiïti,
le
merveilles de la plus naïve
ne fût-ce que
toi,
en est tout
il
autrement du génie de
la
du cœur humain, et traduit Son domaine est donc essen-
celle-ci est l'interprète direct
nos sensations abstraites et individuelles.
tiellement limité, mais ses manifestations sont toujours claires et précises.
Eh et
bien
réunissez ces deux éléments
!
abrupts de
la
nature sauvage par
le
langage des instruments, en
avec les idées positives de l'âme
opposition
humaine;
représentées
exercera une influence lumineuse sur
et celle-ci
premiers, en réglant
leur
cœur humain s'ouvrant pressentiments
par ces
traduisez les sentiments vagues
;
à
émotions
infinis
accueillera
avec conviction, cette espèce de révélation intime d'un turel...
L'opéra n'est point
mon
je
je
ivresse,
monde surna-
je
ne connais pas de théâtre au monde
voudrais m'engager à composer un
ne voudrait l'entendre, car
dilaté
et
avec
le
(n'oublions pas que c'est Beethoven
une partition conformément à mes propres
j'écrivais
Alors
fait
qui est censé parler); du moins
pour lequel
des
le conflit
complexes, agrandi
délicieux,
et
voix
la
en modérant leur violence.
élan,
ces
par
nouvel ouvrage. Si instincts,
personne
n'y mettrais ni ariettes, ni duos, ni rien
de tout ce bagage convenu qui sert aujourd'hui à fabric^uer un opéra, et ce
que
que le
musical
je
mettrais à
public.
Ils
déguisés
Celui qui ferait un
pour un
fou, et le
la
place ne révolterait pas moins les chanteurs
ne connaissent tous que sous de
brillants
dehors,
liiclidrd
le
mensonge
et
le
vide
néant paré d'oripeaux.
drame lyrique vraiment digne de ce nom passerait serait en eftet, s'il exposait son œuvre à la critique
du public, au lieu de la garder pour lui seul. I.
le
Wai^ner d'après lui-même,
p.
i
^î
i
»
WAGNER
1<K;HAR1)
37
Et ce que Beethoven, censément, n'aurait pas osé
Un
l'entreprit.
écrivain
fait
l'avait
peu s'en
;
mais
écrite,
satire
sentiment de révolte contre
Wai^ncr
destinée qui Faccablait
la
ne se donnât tout à
qu'il
de sa conscience d'artiste et
réveil
le
fallut alors
tenter,
la
sentiment
le
de sa propre valeur le firent rentrer dans sa voie naturelle et se vouer
Neuf mois durant,
à la musique.
gements d'opéras dans
vuli^aires arran-
des articles de journaux qui paraissaient, à Paris
et
Galette musicale, à Dresde dans
la
que de
n'avait fait
il
Courrier du soir ou dans
le
Lewald, à laquelle il envoya, sous le pseudonyme de Freudenfeuer [Feu de joie), une série de lettres intitulées tantôt Amusements parisiens et tantcjt Mésaventures d'un Allemand d'Auguste
VEuropa,
à
Un
ParisK
Mcyerbeer.
avec
Celui-ci
recommanda avec
et le
Cette
l'Opéra.
tout
lui
moins
le
Paris
Léon
et telle
possibilité
ne se
il
une
pas de
tint
qu'il
que ce dernier pour
partition joie
;
rentra
il
n'eût terminé au
entrevoyait déjà une mise
qu'on n'en pouvait réaliser qu'à Paris.
permission de
la
Pillet
d'écrire
scénario de l'ouvrage pour lequel
Après avoir obtenu
revenir
lui
comme Wagner
juste
en fièvre et ne prit pas de repos
en scène merveilleuse
allait
eut pitié du pauvre Allemand
il
tant d'insistance à
Wagner
chance
la
à
misère;
la
Richard
fois
rentré
était
entrevoir à 'Wagner la
laissa
que
cru
avait
il
au dernier degré de
arrivait
chez
instant
Henri Heine
afin
d'utiliser
une pièce anglaise du même titre, il écrivit avec bonheur l'ébauche du Hollandais volant, dont il avait fait, dit-il, la connaissance intime en pleine mer, au plus fort de la tempête, et il la fit tenir bien vite à Léon Pillet. Mais Meyerbeer
l'emprunt
était
parti
poétique le
lui
c'était
avait
qu'il
et
dans
lui-même
fait
l'intervalle,
et
à
frappé
directeur,
le
de
la
couleur
de l'originalité du sujet, proposa simplement à l'auteur de
acheter
pour
faire
le
musique par un autre. Et bon aptkre un tel opéra ne
mettre en
tout à son avantage, ajoutait
le
:
pourrait pas arriver à la scène avant quatre ou cinq ans, par suite d'ar-
rangements antérieurs
or,
;
Wagner
tous côtés, tandis que, ayant devant
composerait un Anéanti,
avait
tenta
Pendant
déjà parlé
lui
tout le
temps nécessaire,
il
en
autre et se consolerait aisément de ce léger sacrifice.
Wagner
réfléchirait.
se lasserait de le colporter ainsi de
de
vainement de se débattre
qu'il
cette
réfléchissait,
il
ébauche comme
apprit lui
et
que
répondit
Léon
appartenant
et
qu'il
Pillet
que,
raille agréablement Scribe, qu'il représente à son lever, prenant I. Dans un de ces articles, il son chocolat en donnant audience à nombre de visiteurs et menant de front la confection de vingt pièces avec autant de collaborateurs, dilférents. Dans un autre, il parle longuement de Berlioz qu'il qualifie de musicien génial. « Celui qui veut entendre de sa musique, dit-il assez plaisamment, est oblige de se déranger tout exprès et d'aller à lui, car il n'en trouverait nulle part, pas même aux endroits où l'on rencontre cote à cote Mozart et Miisard. »
RICHARD WAGNER
38
ne cédait pas son scénario de bonne grâce,
s'il
par
Après tout,
adresse.
en serait dépouillé
donnerait
lui
échange
en
moins pendant quelque temps
son existence au
assurerait
qu'on
l'argent
il
et
per-
lui
mettrait de composer en toute liberté d'esprit, puisqu'il voulait revenir à la musique
magne,
accepta donc, tout en gardant
il
;
de
critique
la
de 1841 était proche de
ville,
la
sur
la
révolution de
cassette
royale
mais cela
suffisait
la
Meudon, près des grands
loger à
alla
il
de
faisait
il
:
rassurer 'Wagner,
à
cave un biuit épouvantable
sons de
les
harpe avec
la
ceu.x
neur-inventeur d'instruments le
se
la
peinture
!
donner en
campagne,
«
ballade dramatique
en trois actes pour versifié,
il
du piano
Wagner
ce »
;
sujet il
il
:
pour
le
une
et,
avait
le
passés
à
produit d'un seul joie,
il
il
dune
seule
à
haleine,
découpa tant bien que mal tout
fois
le
poème
d'une inquiétude mortelle
fut pris
à
écrire,
critiquer ou
à déranger
composer lui-même?
chanson des
jet la
se
toujours musicien il
monde
finit
il
concert
de l'instrument avec une véritable angoisse;
quand
savamment combiné
peintre était un collection-
écrit
et
entreprit la musique. Alors, en face du piano qu'il avait fait
autres, était-il encore capable de
Fou de
comme
entend dans
eut toutes les peines du
reprit, le
le
théâtre,
le
venir pour son travail,
de mois
il
pas
n'étant jour,
par y réussir et put composition du Hollandais volant. Sa première
à la
pai.x
beau
est
il
se précipite et trouve le vieillard en
dissuader de cet abominable accouplement;
idée avait été de traiter
en
il
;
une machine où
de confectionner
train
propriétaire,
exécrable
peinture,
la
goûtait délicieusement la tranquillité de la
la
le
bois qui
une pension de mille francs
Juillet,
d'habitude un métier bruyant. Voilà-t-il pas qu'un il
du
loin des soucis et
ardent qui aimait fort à parler de l'ancienne cour et qui
perdu, à
vrai,
autant pour fuir ses créanciers, qui devenaient
:
de quatre-vingts ans, n'en paraissant pas plus de quarante,
vieillard
avait
composition. Le printemps
la
dans une maisonnette habitée en partie par
l'attiraient,
légitimiste
tout à
et
que pour composer plus librement,
intraitables,
un
propriété pour l'Alle-
céda son ébauche à L.éon Pillet pour cinq cents francs'.
et
Alors, foin
bruit
la
!
lève
En
en fut arrivé
et
sept là,
lance
la
un
œuvres des
tournait autour
cri
-chœur des matelots. de triomphe
semaines, tout l'opéra fut composé
de nouveau
et quoiqu'il portât l'ouverture à
attendre, avant de
ciel
Il
après tant
l'ouvre enfin, l'essaie et
il
fileuses et le
au
les
:
les soucis
le
mais
;
matériels l'accablèrent,
peu près achevée dans sa
pouvoir fixer sur
est
il
:
tête,
il
dut
papier, deux grands mois.
I. Le Hollandais volant, arrangé en opéra français en deux actes par Paul Fouchcr et devenu le Vaisseau fantôme avec musique de Diestch, fut représenté à l'Opéra le 9 novembre 1S42. Wagner avait
déjà quitté Paris et n'apprit que de loin l'insuccès de cet opéra qui dut lui faire un certain plaisir le put jouer que onze fois.
on ne
:
I r-..'\'
n
.'
'i
RICHARD WACN ER
WAGNKR
Kl cil A kl)
complctcmcut
S'ctaicnt-ils assez
an plus «
tôt
tu
concurrence
des
talents
facilité
mon pauvre
lourdement, contre
laquelle
bien celle des réputations établies
et
mais, sans cela, et surtout
tu
si
Il
l'épreuve ton talent et tes travaux.
sans
On comme
pareille
portes, et,
plus
nom
ce
rentiers,
lui
la
mais Ls-tu
alors tente la lutte tiens-toi
sans
;
soioneu-
même
avoir
ne sera pas question de mettre à Oh non, ce serait là une faveur !
est
du nom que tu dénué de toute réputation, comme de sur aucune liste de propriétaires ou de
vous faudra végéter inaperçus,
il
pas
n'est
seulement à s'enquérir
pensera
!
ne se trouve inscrit
il
!
c'est
jusqu'à
auras à combattre,
tu
manques d'argent,
attiré sur toi l'attention publique.
Ce
mais
;
des intérêts particuliers.
car tu ne pourras que succomber,
l'écart,
seul
d'arriver
ami.
bien assuré d'une protection ouverte et influente,
sement à
qu'un
donneur de conseils
qu'au public
affaire
ou moins de
plus
le
trompes
te
n'avais
tu
si
dans
précisément
le
tu as raison. Je suis d'avis qu'avec ton talent tu pourrais
1
espérer de réussir,
que
réalises les fâcheux; pronostics
mettait dans la bouche de son ami
il
Le public
3^
et
toi
ton talent
Bref,
morfondre à attendre en vain l'exécution de ta tes compositions sont conçues dans cet esprit audacieux et original que tu admires tant dans Beethoven, on ne manquera pas de les trouver boursouflées, incompréhensibles, et l'on ou
l'on te laissera
te
musique, ou bien,
si
beau jugement.
se débarrassera de toi par ce
»
Aussitôt qu'il avait eu terminé son Rieii^i, en novembre 1840, l'avait
adressé à l'Opéra de Dresde.
Une
lettre
Wagner
de Meyerbeer à
l'inten-
dant royal, baron de Liittichau, en date du 18 mars, avait été décisive, et
le
18 juillet
l'ouvrage
1841,
représenté avant la direction
la
Ga:{ettc
la
en ajoutant
musicale annonçait
qu'il entrait sur l'heure
de l'année.
fin
va faire des
frais
On
cet
opéra
les
personnes qui ont examiné
»,
beaucoup de bien
qui
de
le
journal, que
considérables pour monter avec un luxe
beauté
«
réception
en répétitions pour être
assure, ajoutait
extraordinaire car
la
contient des effets scéniques de toute la
en disent
partition
comptent sur un grand succès. Ces personnes-là, ne serait-ce pas Wagner tout seul? Dès qu'il eut rtni le Hollandais
volant,
il
et
essaya de
le faire
accepter à Leipzig et à Munich
;
mais de
deux villes on lui répondit par un refus, en ajoutant même, de Munich, que pareil ouvrage ne pouvait pas convenir à la scène allemande, et Wagner, en transcrivant cet arrêt du directeur, M. de Kiistner, ajoute ironiquement « J'aurais cru cependant qu'il convenait seulement à l'Allemagne, car il s'attaquait à des cordes qui ne vibrent que ces
:
dans un cœur allemand. qui occupait à Berlin
le
»
Il
adressait alors son manuscrit à Meyerbeer,
poste de maître de chapelle, et celui-ci, toujours
WAGNER
RICHARIJ
40
empressé pour son jeune ami, manœuvrait si bien qu'il pouvait bientôt envoyer une réponse favorable à Wagner. Le 3 avril 1842, la Galette musicale annonçait cette nouvelle en profitant de Toccasion pour explisi la représentation de Bien^i à Dresde avait subi des retards, il uniquement à cause de l'importance de la mise en scène très important aux yeux de Wagner de ne laisser naître aucun
quer que, c'était
était
:
doute à cet égard.
Dès
qu'il avait
appris que Rien{i serait représenté à Dresde,
il
aurait
voulu partir et regagner sa chère Allemagne, où tout semblait devoir lui
sourire
;
mais ses dernières ressources avaient été absorbées pen-
campagne il n'avait plus un sou vaillant. Il rentra misérable à Paris, s'alla modestement loger rue Jacob, 14, dans une maison précédemment habitée par Proudhon; puis il revint demander
dant sa retraite à
de le
la
;
besogne à Schlesinger, et quelle besogne! Giiittarero, la Reine de Chypre, en tira
la
drilles qui s'y
dur pour amasser l'argent
qu'il l'eut
gagné,
sentit son
cœur déborder de
:
il
les
réduisit
pour
fantaisies,
le
piano
les
qua-
trouvaient en puissance, et passa tout un dernier hiver à
travailler
mande
Il
le 7
avril
1842,
voyage.
partit allègrement
en
touchant du pied les
trois
la vie à ses
yeux
:
la
HERR t'
musique de
RICHARD WAGNER
l'avenir
[Eiili\ictc.
n
alle-
il
avait
failli
force créatrice et le ressort moral.
^'r^TTf
essaie sa
terre
la
et
longues années
de misère qu'il venait de traîner à Paris
perdre plus que
Aussitôt
pour Dresde
doux transport et dans lesquelles
dans ce
oubliait
joie
il
nécessaire au
sur les oreilles sensibles de Jolin
de Londres,
H)
mai
1S77.)
lUiIl
CHAPlIRi; RIKNZl
le hollandais
I:T
lENzi
senti
s'était
d'amis et contre
volant,
les
DRESDE.
a
représenté à Dresde
fut
Dès que Wagner il
IV
20 octobre
le
avait mis les pieds dans cette ville,
dans un
milieu
favorable,
de gens prompts à défendre hésitations qui
entravent
assez
erand g»...»^
pour
contenir
par l'architecte seize
opéra
une
un des
était
théâtre, nouvellement
le
Gottfried Semper,
personnes
cents
entouré
son
toujours
œuvre de débutant. L'Opéra de Dresde meilleurs de l'Allemagne, et reconstruit
1S42.
:
on
n'avait
était
rien
négligé pour qu'il se rapprochât le plus possible de l'Opéra de Paris, et
même
on avait
fait
et brosser les décors.
homme
venir des artistes français pour décorer la salle
A
la
tête se trouvait l'intendant royal,
baron de
mais médiocrement doué pour les beauxarts, et la troupe alors comptait au moins trois artistes hors ligne le baryton Wœchter, le célèbre ténor Tichatschek, enfin l'illustre SchrœLùttichau,
aimable,
:
der-Devrient, cette artiste de génie et cette rêvait depuis
si
longtemps d'avoir pour interprète.
reusement déjà avancée dans à force
femme de cœur que Wagner
la carrière,
et,
malheutout en courant le monde, Elle était
de chanter indistinctement chefs-d'œuvre et platitudes depuis
Wagner
vingt années, elle avait contracté certains plis défectueux que et
Berlioz
sont d'accord
pour signaler,
—
comme
l'habitude d'intro-
duire des interjections parlées dans le chant, d'exagérer son importance
en scène, afin de tout écraser de sa personnalité, etc.
;
—
mais
elle
n'en restait pas moins, malgré ces défauts qui allaient grossissant avec l'âge,
une
tragique
:
artiste d'une inspiration supérieure et tout elle allait
Mais comment
animée du démon
précisément chanter dans Rien{i.
cet opéra, signé d'un compositeur allemand,
pu trouver grâce auprès de ses juges, dans une
que ce qui provenait de France ou de l'étranger de Rien{i était arrivé à Dresde,
ville ?
«
où
l'on
Lorsque
le
avait-il
n'aimait
manus-
de peu qu'il ne examen. Le -timbre de Paris intrigua l'intendant royal, qui se décida à en prendre connaissance en présence du maître de chapelle Reissiger, du chef des chœurs Fischer et du ténor Tichatschek.
crit
il
s'en était fallu
fut rejeté sans
6
RICHARD WAGNER
42
Le nom Mais
inconnu,
était
directeur
le
et
d'une
partition
la
de
maître
le
chapelle
énorme
épaisseur
opinaient-
séduit par l'accent héro'ique de la composition.
refus.
Duprez,
ténor, que les journaux de Dresde comparaient à
le
aussi
:
un
pour
ils
fut
entrevit pour lui une
Il
création dans le oenre des grands rôles de la Muette et de Guillaume Tell,
de concert avec Fischer,
et,
par faire accepter l'ouvrage
finit
il
»
'.
Et 'Wagner, à son arrivée à Dresde, y avait été reçu par ces deux partisans avec une sympathie, une cordialité qui lui parurent d'autant plus douces après tant de déboires
jamais, a-t-il dit,
me
bien que
le
et
d'humiliations.
cet accueil
fit
encouragements qu'eût jamais rencontrés secoué par
le destin.
c'étaient
;
les
jeune artiste
le
rudement
si
bien
si
réussi à tailler
patron de notre Opéra, avec beaux décors, grands ballets,
hymnes de guerre
cortèges,
même
dans
plupart
la
tiches
de
invocations religieuses,
et
goût du jour à Dresde, où
le
grandes
des
l'opéra
villes
de sonorité puissante
et
de l'Halévy. Dès que
éprouva une satisfaction et les
compliments
qu'ils lui
en jour. Enfin arriva
un
fut
prètes
:
pour
pour M"'"
le
pas-
banale,
mais
eût fallu partout
il
commencèrent, Wagner pour à voir l'intérêt que lui
le zèle
dont
faisaient
ils
preuve
décernaient plus chaleureusement de jour
jour de la représentation (20 octobre 1842); ce
le
triomphe
réel
des
les répétitions
toute nouvelle
chanteurs prenaient à leurs rôles,
les
assez :
par cela
comme dans
temps, que
musique
d'une
sur
pompeux
était
ne désirait,
l'on
d'Europe en ce
ornés
français
longuement développée et toujours
premiers
»
Cet opéra, que Richard 'Wagner avait le
Je n'oublierai
«
et
pour
Wagner
et
pour
admirable dans
ténor Tichatschek,
principaux inter-
les
le
rôle
Schrœder-Devrient, un Adriano très pathétique
du tribun ,
et
;
pour
Wûst, une touchante et séduisante Irène. Les rôles de Stefano Colonna et de Paolo Orsini étaient tenus par Dettmer et Waechter ceux de Raimondo, Baroncelli et Cecco del Vecchio par Reinhold, Joachim Vestri et Cari Risse. Dès le lendemain matin, Wagner, M"''
;
effrayé
de
la
longueur
du
spectacle,
qui
avait duré de six heures à
minuit, arrivait au théâtre pour indiquer des coupures; mais cjuand revint dans l'après-midi vérifier
il
elles étaient bien portées sur toutes
si
parties, le copiste s'excusa de n'avoir rien fait par suite des récla-
les
mations indignées des chanteurs mon rôle, s'écriait Tichatschek; saient
chorus avec
tations furent I
.
18S2).
Durant
«
Je ne
laisserai
rien arracher de
c'est trop ravissant.
les dix jours suivants,
données devant des
Richard Wagner, par
(Leipzit;,
lui.
:
L. Bernardini, d'après
salles
»
Et tous
fai-
deux représen-
regorgeant de monde, avec
Richard M'agncr's Icbcn
titid
n'irkcn, du
le
M. Glasenapp
RICHARD WAGNER
43
prix des places augmenté, et, lorsqu'à la troisième, Reissiger remit un
bâton d honneur au jeune musicien, ce fut un enthousiasme fou dans
En un mot, Wagner
la salle.
—
héros du jour,
était le
à
Dresde, au
moins.
A
Leipzig, où dominait l'influence toute classique de Mendelssohn,
succès
son
Le 26 novembre 1842,
moindre.
était
donnée au Gewandhaus par Sophie Schrœder, Tichatschek
Tout
;
bravement que d'idées
publia
Wagner
—
ce fut
dans
:
demanda au jeune auteur quelques notes l'embryon de son autobiographie,
admiré, contemplé succès,
même
trouvais une
je
ni lieu,
Saxe.
me
je
avec étonnement base
nomination, aussi inattendue royale de
mis à sa célébrité.
sceau
le
N'était-il
avec un
—
et
de
portrait
Eh
«
il
quoi
!
Communication à mes amis, moi, naguère
la
abandonné, sans feu
isolé,
pauvres
et
il
c'était
tard dans
secs
là
Journal du monde élégant,
le
par Kietz plus
dira-t-il
morceaux étaient bien
trois
En revanche,
».
sur lui-même les
ces
a
prière de Rienzi,
confondit ensemble et déclara
les
il
la
fragments étaient précédés d'un
ces
Templier, de Marschner,
duo du
soirée
Henri Laube entreprit de vanter
aussitôt,
comme
malheur,
par
une
nièce de M""" Devrient,
Devrient vinrent chanter, l'un
et M'"'
l'autre l'air d'Adriano.
son ami
la
dans
solide
et
trouvais !
De
tout à coup
par
plus,
durable de
naturel
que
l'effet
de ce
ma
bien-être dans
que surprenante, de maître de
pas
aimé,
chapelle
la
m'abandonnasse à de
je
douces illusions, destinées pourtant à être dissipées par un douloureux réveil
?
»
Dès
3o
le
octobre,
la
Ga:{ette
musicale de
l'opéra de son ancien collaborateur avait
Paris
annonçait
que
remporté un succès d'éclat à
que jamais l'enthousiasme du public ne s'était manifesté par des bravos aussi bruyants, Tauteur ayant dû reparaître en scène trois et quatre fois;, puis, dans un numéro suivant, le même journal insérait une longue lettre à laquelle on peut supposer sans trop d'invraisemDresde
et
blance que fait
voir
Wagner
n'était pas étranger.
L'enthousiasme du public ne
qu'augmenter, y disait-on en substance, et Ton ne revient pas de un jeune homme, inconnu jusqu'ici, s'élancer si haut d'un seul
bond
et se placer
d'emblée à côté des illustrations musicales
qui étonne au plus haut point, artiste
cien.
de trouver réunies dans
c'est
deux qualités aussi diverses que
Il
y aurait
un long
récit à faire
par l'auteur avant d'arriver à
la
de sa musique.
de poète et
Pareille
le
même
de musi-
des ennuis et contrariétés subis
représentation de sa pièce,
premières répétitions au piano, ce difficulté
celles
mais ce
;
ne fut qu'un
chose
s'était
cri
déjà
et,
dès les
contre l'excessive vue,
et
l'on
se
souvient des interminables discussions soulevées par Fidelio, dont plu-
RICHARD WAGNER
44
sieurs
morceaux avaient
alors
dans
de sa gloire
plein
le
été déclarés inexécutables
volonté tout ce qui s'opposait à
œuvre
naient contre une
pas malgré tout
en enthousiasme
était
de sa
et
tandis qu'un compositeur jeune et d'artistes qui se déchaî-
et refusaient de l'exécuter.
Il
ne se découragea
parvint à transformer ce mauvais vouloir en zèle,
il
;
lui,
désarmé en face
sans réputation se trouvait
nom
de son
écrasait
il
;
mais Beethoven
;
extraordinaire,
et
succès
le
de
colossal
l'ouvrage
récompense enfin tant d'eiïorts, car, malgré l'augmentation du prix des places, maintenue jusqu'au delà de la septième soirée, on ne voit pas l'afilucnce diminuer. Chanteurs excellents, mise en scène admirable, recettes superbes, tout est à souhait, au dire du correspondant. Et la
musique
n'en dit pas long, c'est vrai, mais c'est soigné
11
?
signaler
les
nombreuses beautés,
approfondie
de
la
en
mieux que moi. Je connaisseurs dont
tâche
partition,
me
que
difficile
bornerai à dire
qu'on n'y trouve point de réminiscences et surtout
cependant
couvrir
les
d'un
maître
mais
voix.
Enfin,
accompli.
modeste en commençant, avec finir,
celle
de Richard Wagner'.
Rien{i
ne
marqué
dont
reproduit
générale,
et
cependant
certaines
grands
exactement
faut
la
reconnaître
parties
d'un
,
commence
l'auteur
souvent
recours par
à l'aigu,
comme
I.
de Fidelio et de Beethoven
—
l'article
ouvrages
coupe
et ce
serait
français
alors
en
duos,
airs,
que ce pastiche
aussi
cachet
à poindre
particulier
la
y
essaie suite,
formes
diverses
comme
et
par endroits.
ensemble, est calquée sur toutes celles de
son
l'emploi
la
même
auxquelles
fréquent
est
que
le
L'œuvre, époque, il
aura
des violons
ces progressions mélodiques retombant sur un pianis-
Le portrait ci-contre
Kietz, en
il
compositeur
en
réserve
sa
comme une imitation, une exagération des opéras de Wagner s'inspire évidemment pour les récitatifs et la
dans
,
du
il
débu-
d'un
Ce jugement, avec
«
des
rien
non
sans
c'est
si
déclamation
en
diffère
dont
applaudis, trios, etc.;
style
luxe de l'orchestre,
l'œuvre,
c'est
rappel
le
le
équivaut à une signature au bas de
pour
Spontini,
de ces lieux
point
qui se rencontrent dans une foule de compositions modernes.
L'instrumentation, très riche, déploie tout
tant,
unanime des
que cette musique porte partout le abonde en motifs aussi neufs qu'inspirés,
suis l'organe)
je
cachet de l'originalité, qu'elle
communs
rempliront
d'autres
l'opinion
c'est
(et
Pour
donner une analyse
faudrait
il
«
:
premier de Richard Wagner, gravé sur bois par lors de son séjour en Suisse. C'est maître aurait ajouté dessous une pensée manuscrite dont on peut rendre ainsi l'esprit, est
vraisemblablement
le
1843, et reproduit plus tard en lithographie à Zurich,
alors
que
sinon
le
le
texte exact
qui pressent
scii-méme
le
la vie
Le créateur de l'œuvre
:
d'art de l'avenir n'est autre que l'artiste du présent qui désire y participer. Celui-là qui, concevant ce désir, trouve en réaliser, vit déjà d'une vie nouvelle seul, l'artiste a ce pouvoir. »
de l'avenir
moyen
de
le
et
:
'"^^
^.-^^«'. RICHARD WAGNER EN 1^43.
RICHARD WAGNER
46
maximum
après avoir atteint leur
délicieux,
siiuo
on y à en
de sonorité;
surprend déjà cette habileté merveilleuse à manier Torchestre, de plus, certains morceaux, comme la belle tirer des effets inconnus ;
comme
prière de Rienzi, différents épisodes,
point magnifique
tout
et
par
la
musique
scène de l'interdit, de
la
et par la situation, révèlent
un futur maître en ce débutant. C'est ce que les auditeurs parisiens auraient pu reconnaître en 18G9, au lieu de plaisanter; c'est ce que sentirent, à ce qu'il paraît, quelques amateurs de Dresde en 1842, un mouvement d'entraînement causé par l'étrangeté des déterminations de la pensée, qui leur avait paru annoncer un génie créateur destiné à diriger l'art dans des voies noupuisqu'ils avouèrent
avoir
«
subi
Et Fétis, dans sa haine contre l'auteur, rapporte cette appréciation pour montrer combien Wagner, par la suite, avait trompé le ceux-ci n'ont cependant pas si mal pronostic de ces connaisseurs
velles ».
:
jugé. «
écrit
Cet ouvrage où l'on trouve
le feu,
Wagner
la
dans sa Lettre sur
l'éclat
que cherche
la jeunesse,
musique, est celui qui m'a valu en
Allemagne mon premier succès, non seulement au théâtre de Dresde, où je l'ai fait représenter d'abord, mais sur une grande partie des théâtres où
il
donné depuis
est
avec mes autres opéras.
lors
conçu et exécuté sous l'empire de l'émulation dont
impressions
jeunes
Spontini
et le
Aussi
suis-je
l'art
héroïques
de
d'attribuer
elle
à
ni'arri-
et d'Halévy.
composition
cette
une
ne marque encore d'une façon bien
de faire parade à vos yeux de mes triomphes de compositeur,
ment
ici
mais
d'éclaircir
Rienii
fut
des
une direction
pendant
achevé
splendeurs
pour concevoir
le
encore
de mes facultés.
incertaine
mon premier
du Grand-Opéra, et pour me flatter de
désir,
Paris
Ce en
séjour
à
j'étais
assez présomptueux
;
j'étais
l'espoir d'y voir représenter
ouvrage. Si jamais ce désir devait être accompli, vous ne pour-
riez à
coup sûr vous empêcher de trouver,
jeux du sort qui, entre si
opéras
aucune phase essentielle dans le développement des vues sur qui me dominèrent par la suite. Il ne s'agit, d'ailleurs, nulle-
claire
mon
les
l'ai
les
noms d'Auber, de Meyerbeer
les
aujourd'hui
loin
importance particulière; car
face
rempli
Je
moi par
en
genre brillant du grand opéra de Paris, d'où
œuvres portant
vaient des
m'avaient
excitée
long intervalle
ce désir de
et
le
comme
moi, singuliers
les
désir et sa réalisation, a laissé s'écouler
un
accumulé des expériences qui ont
mon cœur.
si
fort éloigné
»
Aussitôt après le succès de Rieii{i, le théâtre de Dresde avait mis
en
répétitions
fût
insuffisant
le
Vaisseau fantôme,
et
quoique
le
au gré de Wagner, en particulier
personnel chantant le
ténor chargé du
lUCHARb WAGNKR première représentation en
rôle d'Erik, la
Le baryton Wa;chtcr représentait Schrœder-Devrient tenait
M"""
créations les plus puissantes'
le
raison que le public ne retrouvait
A
précédent ouvrage.
enleva
le
succès qui parut d'abord
pas à un degré
suffisant
Paris,
Ga:{ette
la
la fin
question
n'était
il
de février,
bonne
la
pompe
la
charmé dans le musicale, toujours prompte à
réloge en ce qui regardait Wagner, proclamait d'abord
une note où
artiste, et
une de ses
fut
musical qui l'avaient tellement
fracas
le
Senta qui
de
rùlc
2 janvier 1843.
le
en grand
mais qui s'éteignit bientôt par
devoir égaler celui de Ricnii,
théâtrale et
donnée
Hollandais
le
elle
:
fut
4-,
que
alors
la
le
de rien moins que de
chute était définitive,
«
elle
succès dans
génie
»
publiait
à
;
un
que le second opéra de Wagner avait remporté un succès au moins égal au premier, plus grand peut-être eu bout d'article expliquant bien
égard aux moyens d'exécution dont l'auteur avait pu disposer Rieii{i,
la
pompe du
«
:
morceaux d'ensemble
spectacle, les grands
Dans et les
dramatiques d'une action plus compliquée pouvaient éblouir
effets
public et militer en
faveur de
Hollandais, où, sauf tout
est
scène finale et
la
Rien de tout
l'auteur.
l'effet
simple et dépourvu de ce que
le
contrer dans les opéras de nos jours. C'est
On
mise en action.
peu goûtée
mais
;
il
en
a
été
tout
est
habitué à ren-
uniment une ballade de ce genre fût
pièce
autrement.
tout
le
du vaisseau fantastique,
public
pouvait craindre qu'une
le
dans
cela
Elle a fait
une vive
impression sur l'assemblée nombreuse qui y assistait, et, dès le deuxième acte, qui fut un véritable triomphe pour M™" Schrœder-Devrient, l'en-
thousiasme
éclata
demandés à grands du
délire.
»
A
dans cris
toute
et accueillis
beau broder qui
Pour consoler un reprendre Rieit{i; mais
la
peu la
salle
;
auteur
acteurs
et
furent
par des acclamations qui tenaient
écrit de loin.
Wagner
de
cette
on
chute,
se
hâta
de
déception n'en était pas moins cruelle pour
un auteur qui voyait tomber le premier, le seul opéra où il eût vraiment mis quelque chose de lui-même, et réussir celui qu'il tenait à bon droit pour un pastiche. Cependant, cinq mois ne s'étaient pas écoulés que le Hollandais volant était joué à Riga avec succès, en mai 1843, et
qu'il
paraissait dans le
de musique,
un
article
où
journal de l'on
Schumann,
saluait
le
JS^oiirclle
la
nouvel opéra
«
Galette
comme un
signal d'espoir que le génie allemand cesserait bientôt d'être éternelle-
ment
ballotté
définitivement
poème I.
sur les flots de la musique étrangère et qu'il trouverait
en terre allemande un port hospitalier
avait été
soumis à Spohr, qui
l'avait
Daland, Erik et la nuunicc Mary, c'étaient Deitnicr, et M"" Wieehter.
RwHyi,
jugé un Reinhold,
«
c]ui
».
De
plus,
maître-ouvrage
le »
avaient joué déjà dans
RICHARD WAGNER
48
musique
et qui avait désiré connaître la
opéra sur
cuter cet aussitôt
succès
le
bonne voie
On
)k
Wagner
à
en
reconnaît
après Tavoir lue,
de Cassel,
théâtre
le
;
5
l'engageant à le
là
le
a
exé-
fit
annonça tout
et
juin,
il
persévérer dans
vieux champion de
l'art
la
allemand
d'outre-Rhin. Toujours
est-il musique d'outre-monts et que Spohr fut le seul musicien marquant de la génération antérieure qui ait reconnu et salué dès l'aurore un musicien de génie en Wagner.
pur contre
«
la
Le Hollandais
volant m'intéresse au plus haut point, écrivait-il à son
ami Luder au courant des répétitions. Cet ouvrage est plein d'imagination, de noble invention, bien écrit pour les voix, extrêmement difficile chargé d'instrumentation, mais rempli
trop
et
scène,
sûrement
paraîtra
il
penser que, de tous
ment décida
les
enfin
les
directeurs
qu'ils paraissaient avoir reçu
et
pour lequel
Wagner
et
Wagner
Ce double succès
)i
du théâtre
nouveaux
J'en
clair...
compositeurs de théâtre,
richement doué.
plus
le
intelligible
d'effets
à
suis
à la
;
venu à
est actuelle-
Riga
et à Cassel
de Berlin à jouer un
opéra
seulement par politesse envers Meyerbeer
s'était
dérangé, allant de sa personne à Berlin,
Vaisseau fantôme y fut représenté au commencement de 1844; mais dès le second soir la salle était vide, et l'on ne poussa pas plus loin'.
Finalement,
sans rien obtenir.
le
Dans le Vaisseau fantôme, Richard Wagner a véritablement fait œuvre de poète-créateur, puisqu'il n'avait d'autres matériaux à utiliser que les cinq ou six pages où Henri Heine résume le mélodrame de Fitzball,
que
qu'il
vu
avait
les miitelots lui
jouer
à
Londres,
plus
la
même
légende
avaient racontée au milieu des tempêtes qui retar-
dèrent sa traversée de PlUau à Londres. Dans sa pensée première, on le là^
sait,
cet
dit-il,
opéra ne
que
devait
de
l'éclat
avoir qu'un acte; or, l'on peut voir par
l'idéal
parisien avait déjà singulièrement pâli
à ses yeux et que, pour déterminer
la
forme de ses pensées,
mençait à puiser ailleurs que dans cette mer de publicité s'étendait devant
poème, je
je
«
comqui
Quelle valeur poétique peut être attribuée à ce
l'ignore, ajoute-t-il;
ce que
je
sais bien, c'est que, dès lors,
composant, une toute autre liberté qu'en traçant le de Rien^i; car, dans celui-ci, je ne songeais encore qu'à un
sentis, en
libretto
lui.
il
officielle
le
Ga^eltc musicale de Paris dans son nume'ro du 4 février i''^44: « On a nouveau de Wagner le Hollandais volant. Cet ouvrage a obtenu du succès la première représentation a été dirigée par Meyerbeer; les deuxième et troisième par l'auteur. » Remarquez ceci, d'après cette note émanant de qui l'on sait bien, la troisième représentation a déjà eu lieu; mais dès le numéro suivant (11 février), le journal, s'apcrccvant qu'il a trop vite accueilli » La fortune de cette nouvelle, la rectifie incidemment dans un entrefilet extrêmement louangeur notre ancien collaborateur Richard Wagner grandit tous les jours en Allemagne. On monte à Hambourg son opéra de Rioi^i, pour une représentation que donnera pendant son congé le célèbre chanteur de Dresde, Tichatschek. La troisicinc représentation du Hollandais errant est attendue à Berlin, et le jeune compositeur vient de terminer un nouvel ouvrage intitulé le Tannhœiiser. « I.
Voici ce que disait
la
représente' à Berlin l'opéra
:
;
:
:
•^
CO
O
2
Ji
•-
o
a
z
o
::
RICHARD WAGNER
5o
d'opcra
texte
même
qui
me
duos,
airs,
Dans
sible
principalement
le
trios, etc.,
proposée
ce
coloris
intimes de l'action
même.
introductions, hnales,
chose
je
me
fusse
traits
les
plus
c][ue
des
sortir
richesse pos-
la
superflu
et
toute
et,
intrigue
davantage
le coloris caractéristic^ue
me semblant
tout à fait approprié aux
par conséquent, s'identifier avec l'action
»
C'est
partir
à
et
il
plut à dire, il
de cet o|)éra que 'Wagner, d'instinct, changea
non
qu'abandonnant,
l'histoire,
après
oubliait
tations jusqu'à
sans
de retour,
esprit
une première excursion sur
fit
coup,
fin
ainsi,
le
terrain
celui de la légende.
que cette résolution
lui-même, en parlant la
était
qu'il
11
de de se
dès lors définitive;
eut de grandes hési-
entre un sujet d'ordre légendaire ou un autre de
caractère
historique,
ouvrage.
En adoptant
chaque la
qu'il
fois
légende,
il
nécessaire pour décrire et représenter il
seule
pas
de bannir tout détail
légendaire,
sujet
motifs
la
ne
propres à mettre dans son vrai jour
les traits
:
formes admises et
d"y déployer toute
et
de
était
les
à la vie vulgaire, et, en revanche, de développer
empruntée
mais
réunir toutes
Vaisseau fantôme,
simples de l'action,
sujets
de
obligées de grand opéra proprement dit
chœurs,
du
permit
dut
entreprendre
un
nouvel
se débarrassait de tout le détail le fait
historique et ses accidents;
se trouvait dès lors affranchi de l'obligation de traiter
la poésie, la
musique surtout, d'une façon qu'il jugeait incompatible avec les moyens d'expression de ces deux arts. La légende, à quelque époque ou nation qu'elle appartienne, avait de plus, à ses yeux, la propriété de comprendre
époque et cette nation ont de purement de le présenter sous une forme très saillante et dès lors au premier coup tl'œil. C'est ainsi qu'une ballade, un
exclusivement
humain
et
intelligible
refrain
ce
populaire
que
cette
suffisent, dit-il,
pour vous représenter en un instant
ce caractère sous ses traits les plus arrêtés et les plus frappants.
résumé,
le
«
Au
caractère légendaire assurait donc dans l'exécution un double
avantage du plus haut prix; car, d'un côté, la simplicité de l'action, sa marche dont l'œil embrasse aisément toute la suite, permettent de ne pas s'arrêter à l'explication des incidents extérieurs, et, de l'autre, la plus grande partie du poème peut être ainsi consacrée au dévelop-
du drame, parce que ces motifs éveillent des échos sympathiques au fond de notre cœur. » Voilà bien pour la légende en général remplaçant l'histoire, dans la mais quel motif pensée de Wagner, comme cadre du drame musical
pement des motifs
intérieurs
;
particulier,
quelle
affinité
secrète
avaient
pu
le
pousser à choisir
la
légende du Vaisseau fantôme? 11 y découvre une déformation du mythe d'Ulysse dans l'antiquité, de la légende du Juif errant dans le monde
WACiNKK
Kl cil A Kl)
chrcticn,
nature
mythe et légende qui reposent sur un trait essentiel de la humaine, à savoir lardent désir du repos éternel parmi
tourmentes
les
5,
de
répétées
fantôme, nous retrouvons,
Ainsi,
tlit-il, dans prodigieusement développé, le
vie.
la
«
Vaisseau
le
fonda-
trait
mental du vieux mythe grec. Ce conte de matelots date de l'époque des grands voyages de découverte. Le peuple y a (jpéré une fusion remarquable des deux types précédents. Le navigateur hollandais est
condamné par
de toute éternité, sur
sans repos,
Le terme de
témérité.
comme
tout
errant,
donc à
la
par
l'obtenir
femme en
général,
l'instinct
du cœur
l'était
il
et
patrie idéale.
ne
je
sauver qu'en mourant avec
le
même,
avait-il
comment
et
ouvrage de
lui
mis à
disposé
qui méritât alors
longue série qui s'étend du efi'royable tempête,
hospitalière.
:
«
de
même
la
soif
de
Un
«
le lui.
tel
que
Nouveau-Monde,
Ln
pour
sa
Du
reste,
femme ne
route donc, et en avant! se retrouvait
il
théâtre ce sujet,
le
de poème,
Vaisseau
Wagner,
milieu, dit
le désirer...
et
fantôme à
vaisseaux cherchent abri
le
'
»
lui-
seul
premier de
le
ParsifaI? Par
dans
une
baie
Le premier qui aborde a pour patron un Inup de mer
norwégien que entrer
deux
dévoré
faisais
nom
le
lui
lui-même en ce malheureux
scène ce mythe où
la
avait-il
l'avenir. »
auprès d'une femme, symbole du
final
connaissais pas encore,
Comment
vents ont rejeté à sept milles du port où
les
L'orage touche à sa
partirons demain
!
y
fin, dit-il
au sommeil, en pensant à
la
il
voulait
à ses matelots, reposez-vous, nous
Et tout l'équipage s'endort bercé par
quart du pilote qui rêve au pays, à tôt
était
il
Hollandais n'avait pas découvert
pouvait
une
se reconnaissait
la
femme de
la
dans Paris qui grondait autour de
alors
que son héros, du repos
foyer domestique et de
en un mot,
l'infini,
par l'orage,
le
pousse
le
n'est pas Pénélope,
navigateur battu
ne
mort
désir de la
et
c'est la
"Wagner
cette
Le
lui.
.luif
femme aimante
d'une
sacrifice
le
femme
comme
repos
aspire
il
gardienne du foyer domestique;
pareil à l'Océan,
mon
mort à laquelle
recherche d'une femme. Mais cette la
féminin se trouve développé à
Perdu
châtiment de sa
le
encore inconnu, mais désiré, pressenti, en qui
l'être
je
c'est là
:
ses souffrances est la
courageuse qui se dévouerait pour réponse,
mer
la
du vent) à errer
flots et
Ahasvérus. Mais cette délivrance, encore refusée au peut
il
(symbole visible des
diable
le
la
joie
du retour
chanson de
la
et qui
bien-aimée absente. Alors,
la
cède bien-
tourmente
reprend avec une violence épouvantable, un autre vaisseau, secoué par la
mer en
à son tour
fuiic, et
jette
fantômes exécute 1.
un vaisseau noir aux voiles
la
l'ancre
avec
un
fiacas
couleur de sang, terrible.
manteuvrc sans nul bruit
liiclmrd Vi'aL;nrr d\iprcs
liii-iitciiu\ p.
1
J.S.
;
un
aborde
Un équipage de hcmmc descend à
RICHARD WAGNER
5,
terre et s'écrie avec douleur
écoulé sept années
Le
«
:
La mer me
!
terme
passé
est
dégoût
avec
terre
jette à
encore
s'est
il
;
Ah
...
!
me porter encore !... nulle part la mort telle est ma terrible sentence Nulle part une tombe jour suprême quand luiras-tu dans ma jugement, Jour de damnation. de orgueilleux Océan! dans peu de jours,
te
il
!
faudra
1
!
nuit
?
))
C'est
Hollandais
le
volant,
condamné
l'antique blasphémateur,
de
Juif errant
le
mer
la
c'est
;
à errer sur les eaux tant qu'il n'aura
mort tous les sept ans, la mer le rejette à terre un court moment. Les deux patrons s'accostent, et le Hollandais demande asile au Norwégien Daland pour quelques jours, en
femme
pas trouvé une
brusquement
ma
n'atteindrai toi
«
:
:
yeux l'appât de trésors sans nombre; enfin,
faisant briller à ses dit
fidèle jusqu'à la
As-tu une
patrie.
A
quoi
fille
me
!
sert d'amasser des richesses
consens à cette alliance
convaincre,
et
lui
il
ma femme Jamais
Qu'elle soit
?
?
je
Laisse-
prends tous mes trésors.
»
Le vieux marin accepte au moins de le mettre en face de sa fille, et, mer une fois apaisée, ils prennent tous deux le chemin du port ou
la
les
attend
Dans
la
fille
maison
la
Senta, avec sa
hommes
de Daland.
Norwégien,
du
nourrice
nent gaiement
le
amies,
ses
et
mer; mais,
de
que
troidis
du
soupire
après
jeunes
les
foyer,
clair
rêveuse
la
retour
le
des
chantent et tour-
filles
rouet, Senta seule, absorbée par de tristes pensées, ne
quitte pas des yeux certain portrait
l'interroge; alors,
près
comme
sombre accroché
On
à la muraille.
en extase, avec une passion qui l'enfièvre etia
compagnes l'horrible destinée du marin courir la mer en tous sens sans jamais dispa-
transfigure, elle retrace à ses
condamné par
Eh
bien
!
l'éternité!
Ni
je »
L'infortuné,
repoussé
doubler un cap dangereux,
qu'il voulait «
sort à
mourir.
et
raître
le
par
s'était
tempête chaque
la
un jour écrié avec rage
:
franchirai cette infranchissable barrière, dussé-je lutter toute
Rt l'éternité avait accepté
les railleries
de ses compagnes,
ni
le
défi
fille,
inquiètes du chasseur
les prières
fidèlement jusqu'à
la
mort
«
:
!
«
sacrifice qui saisit
damné, et, dans un qu'il paraisse! c'est moi qui l'aimerai (Jh La porte s'ouvre Daland paraît condui-
qui la pousse irrésistiblem.nt vers
élan suprême, elle s'écrie
marin
de l'audacieux
Erik, son fiancé, ne peuvent calmer l'ardent désir de cette jeune
fois
le
!
:
sant son hôte par la main, et Senta, reconnaissant son mystérieux bien-
aimé au regard sombre, vole allègrement au-devant de père
la
laisse avec
fidélité jusqu'à
reprenne
la
la
mer,
l'étranger, elle se
m.jrt.
— Le
dévoue à son
délai fatal expire.
et déjà la silencieuse
a
;
dès que son
salut et
faut
Il
manœuvre
lui
que
lui
le
jure
maudit
commencé pour
le
départ. Alors Senta se sent faiblir en écoutant les doux reproches d'Erik qu'elle aimait avant d'avoir appris quelle
fatalité
pèse
sur
le
marin
WACNRK
RlCllAin)
damné;
elle
cède au doux réveil d"un juvénile amour,
tombe entre
landais vient pour la prendre, elle est
donc
fait
:
crient les matelots, et l'impitoyable
ses
amies
retiennent
la
dans
SCÈNE FINALE
les flots.
Ii
U
«
;
suivre
le
HOLLANDAIS
coup
à
VO
[.
A N
le
T »,
son
vaisseau maudit
A
C'en
avec fureur.
vainement
:
Hol-
le
d"I-]rik.
échappe, escalade un
elle leur
Tout
quand
marin désespéré. 11 « En mer, en mer! »
tempête reprend
vaisseau s'éloigne. Alors Senta veut
et se précipite
le
reprend son éternel voyage.
et
et
bras
les
pas de rédemption possible pour
remonte à son bord
Erik,
53
Le
père,
rocher s'abime
DRESDE (1843)
d aprLs une cr.iviirc du temps.
dans
les
nues
le
Hollandais
Dans encore
profondeurs de
;
et
la partition
la
mer,
et l'on
voit
apparaître au milieu
Senta transfigurés par l'amour
du Vaisseau fantôme,
mais, aussi bien dans l'ensemble
la
et le
des
dévouement.
mélodie d'opéra domine
de l'œuvre que dans chaque
page en particulier, se révèle une tendance à fondre les divers éléments du drame et les différentes parties de l'ouvrage en un tout poétique et musical entièrement homogène. avec
la
11
s'en faut bien
que l'auteur
coupe des morceau.x déteiminés, quoique
avec les récitatifs tende à disparaître;
il
le
ait
lonipu
point de soudure
s'en faut bien qu'il
renonce à
RICHARD WAGNER
54
chanter les personnages ensemble, qu'il répudie cavatines ou points
faire
d'orgue et qu'il ne subordonne pas tout par vocal
nombreux
mais, malgré ces
;
moments
purement
à l'efiet
vestiges de l'opéra conventionnel, on
ressent à l'audition de cet ouvrage une impression toute particulière, et
amateurs de Dresde en 1843. moins autant du poème que de la musique et sur-
c'est ce qu'avaient très bien discerné certains
Cela découle pour de
tout
fusion
la
le
tentée entre ces deux éléments
Wagner,
l'opéra, car
de l'opéra, oui, de
faut bien appuyer là-dessus, n"a jamais employé
il
d'autre intitulé, jusques et y compris Lohengriii.
n'y a plus là simple-
Il
ment juxtaposition, "comme cela se produit par exemple avec Berlioz, qui compose également lui-même et ses vers et sa musique, mais à la il semble y avoir chez Wagner enfantement simultané, et l'on sent suite très bien, dès le Hollandais volant, que le poète et le musicien, éclos ;
successivement dans
individu et développés isolément, se joignent
pour ne plus jamais se quitter,
ici
grande
originalité de
marcheront dès
qu'ils
même
indissolublement dans un
et s'uniront la
même
le
lors de front
Telle est, telle sera
idéal.
Richard Wagner, chez qui
poète
le
et le
musi-
cien rêvent, conçoivent, travaillent et créent ensemble et d'un seul
jet.
ne se dégage pas encore de Gluck, puisqu'il ne se
fait
Assurément,
il
pas faute de répéter les paroles pour produire un effet purement musi-
déclamation procède évidemment de ce modèle.
et sa
cal,
non plus affranchi
de
lintlucnce de
Weber, qui
n'est pas
11
se fait sentir surtout
dans son admirable maniement de l'orchestre, dans
couleur terrifiante
la
des épisodes surnaturels et dans la fraîche simplicité de certaines mélodies
;
sante
mais ces ressouvenirs se fondent déjà dans une personnalité puisne reproduit pas seulement,
qui
supériorité
mais
crée.
c|ui
Au
fond,
la
du Vaisseau fantôme sur Rien^i consiste en ce que
vraie
l'auteur en a rejeté tout ce qui, dans l'opéra, se rattache indirectement
au drame ICI
les
ne vient
et
là
qu'il
est
devait venir
il
emploie encore
subordonne au drame adoptant
le
irrévocalile-
mythe au
si
bien en aide à Richard
appelé
conçues, d'un hasard.
fanto?ne,
première apparition de
il
«
il
son
na «
écrivit
a
«
la
le
la
de
Wagner pour
répéter
était
si
que,
par
peu
lorsqu'il
ballade de
le
Vaisseau
mélodie caractéristique qui
le
que cette innovation
raconté
d'abord
pivot musical de tout
de
cessé
système
parti pris n,
Lui-même
lieu
arrivera.
(pi'il
la
Comme
Ht
toujours
du
;
autre clément nouveau qu'il convient de noter dans
fantôme idéal.
les
il
tendait d'ailleurs en
histoire, et c'est là
Un
que pour éblouir ou étourdir
formes de l'opéra, mais
ment. C'est 1
là
la
atteindre à son
suite, ce qu'on a
résultat d'idées préfut a l'origine
composa
le
Senta, qui devint
un
effet
Vaisseau
comme
le
l'ouvrage, et qu'ensuite, à mesure qu'il abordait
RICHARD WAGNER
5b
du drame,
les différentes situations
mélodies qu'elles
évoquaient chez
elles
les
lui
avaient tout d'abord suggérées et qui tendaient à
lui
se modifier, à se développer parallèlement aux sentiments en jeu,
pu dès
qu'il aurait
tielles
c'est à quoi
:
développement de deux ou
le
bien
mélodies essen-
trois
devait arriver par la suite, mais
il
si
en suivant cette impulsion naturelle, bâtir son
lors,
ouvrage entier sur
mêmes
était
il
encore
trop imbu des habitudes de l'opéra courant pour ne pas suivre la voie
autant de motifs
ordinaire et ne pas se contraindre à trouver presque
de morceaux à composer. Cependant,
différents qu'il avait
apparue
dégage de l'ensemble du Vaisseau fantôme un charme nou-
se
S'il
qu'à germer.
elle n'avait plus
:
l'idée était
veau, une impression de force et d'individualité saisissante, aussi que certains fragments, tels que l'ouverture, lots,
ballade de Senta,
la
chanson du
la
absolument propres à Richard Wagner. repose
véritable
de
celui
soit
traires,
damnation
la
lutte
de
celui
et
damné
sont des créations
notamment, un
L'ouverture,
sur la
déjà
faut dire
pilote et, par-dessus tout, les
élans de désespoir ou d'amour du malheureux
chef-d'ceuvrc,
il
chœur des mate-
le
de deux motifs condélivrance, de la
la
perdition ou du salut, du plaisir sensuel ou de l'amour rédempteur, de
pédante
science
la
sur
finalement
par bien
la
suite
le
cju'un
en
pris
gens bizarres, nouvelles.
tives
—
avec
ainsi
qu'il
—
et
dont
le
bon prévaut
devait souvent le
une incomparable grandeur.
ouvrage
masse,
c'est
génie,
libre
mauvais,
toujours
et
singulier
auditeurs
du
ou
aussi
en
personnel, tout
pratiquer 11
eût été
rebutant
les
ne trouvât pas quelques zélés admirateurs,
possible,
mais dont
Cela se produisit, en
l'esprit fût
et
effet,
ouvert aux tenta-
cette
adhésion d'amis
douce à ce point, après ce douloureux échec, qu'il prit alors une résolution nouvelle. .« De Berlin où j'étais complètement inconnu, dit-il dans sa Communication à mes amis, je reçus de deux inconnus
fut
lui
que l'impression produite par amenées vers moi la première satisfaction
personnes qui m'étaient étrangères le
Hollandais volant avait
complète
dans
qu'il
et
,
m'eût été donné de goûter, avec l'invitation de continuer particulière
la direction
que
m'étais tracée. Dès ce
je
moment,
je
perdis de plus en plus de vue le véritable public. L'opinion de quelques
hommes
intelligents prit chez
peut jamais bien tions dans
saisir,
mes premiers
la
place de l'opinion de
encore qu'elle eût été l'objet essais, alors
la
lumière. L'intelligence de
et
pour m'assurer d'être
n'avait
moi
m3n
suivi, je
la
masse qu'on ne
de mes préoccupa-
que mes yeux n'étaient pas ouverts à
but
me
devint de plus en plus lucide,
ne m'adressai plus à cette masse qui
aucun rapport avec moi, mais bien aux individualités dont
dispositions
et
les
les
sentiments étaient analogues aux miens. Cette posi-
RICHARD WAGNliR
5?
tion plus sùrc, relativement à ceux qui devaient recevoir
cations, exerça désormais d'artiste.
»
une influence
Et Fétis a beau
rire,
il
n'empêchera pas que
blement supérieur ne doive toujours ayir ment.
11
d'emblée,
faut et,
forcément
dans
les
mes communi-
très importante sur
ainsi, plus
quand
transiger,
on
ou moins radicale-
veut
en peu de temps.
RICHARD WAGNER DANS LE CItL. geiuilvotre accueil duirez jamais
;
d'eflct.
aiif^cs
mais sans timbales
ni
:
i'
Mes
ciiers îin^e>, 1res
tiompeltes, vous ne pro-
»
[Kikcrilii
de \'ieunc. iS février iSS3.)
caractère
l'artiste vérita-
questions d'art, qui transige est sûr
Richard Wûg;ner, s'tidrcssaiU aux
mon
plaire tic
à
tous
tlisparaitre
CHAPITRE
V
RICHARD WAGNKR MAITRE DE CHAPELLE A DRESDE
RETOUR DES CENDRES DE WEBER
LA VESTALE ET SPONTINf.
LA SYMPHONIE AVEC CHŒURS.
in
après
jours
roUiut,
soit
comme
porté,
1843,
jour,
Morlacchi trelli
meuré pelle
;
fait
Depuis que Rien^i avait
avait
diriger en chef la
agréer Morgenroth
fait
comme
Reissiger, de-
chapelle et le théâtre
sous-directeur de la cha-
lui
Dès
preuve en dirigeant Rienii
tant le rude et ingrat
présenter,
métier
représentèrent
qu'il
n'était
les
succès
le
;
;
sa
dont
même
de
mais
il
hésitait à se
fait
à
Kœnigsberg
qu'il avait
Cependant
avait inspiré de dégoût.
qualités
lors, et
pour cet emploi
l'emportèrent sur ces souvenirs
la nécessité
le
besoin de vivre et
femme
et ses
amis
lui
dans une situation à laisser échapper
pas
un emploi permanent, avec appointements la
musique Ras-
la
produit deux vacances.
cet opéra semblaient le désigner
Riga
du directeur de
exclusivement de l'orchestre.
s'occuperait
et à
en amélio-
nouveau maître de chapelle qu'on nommerait de ce côté
le
Wagner
succès
on avait décidé que, vu Tlmportance du travail au
en outre,
théâtre,
grand
un
rem-
mort du maître de chapelle adjoint
et celle
avaient
moment pour
seul un
ensemble, avait
la
avait
devait le fixer à Dresde,
rant beaucoup sa situation. le
Hollandais
Wagner
chef d'orchestre,
personnel qui
vu
du
représentation
la
lo janvier
le
EN AULIDE
IPIIir,i:NIE
fixes, et
il
se décida à disputer
place à Louis Schindelmeisser, beau-frère de Dorn, qu'il avait connu
autrefois à Leipzig
et
qui
se croyait sûr
représentation de concours, avait choisi la
du succès. Celui-ci, pour Vestale ;
sa
Wagner, peut-être
en souvenir de son adoration d'enfant pour Weber, choisit Euryanthe, et
Wcber
paraît,
par
la
que
porta
lui le
bonheur
il
:
poste de directeur
protection
de
M. de
chapelle, à 5,625 francs, et
le
de
n'ambitionnait la
Lûttichau,
brevet
d'abord, à
ce qu'il
musique, à 4,5oo francs, mais, il
lui
obtint
en
était
celui
de maître de
délivré à la fin
de
janvier 1843.
La cérémonie de de serment eut
lieu
sa présentation le
2
février,
à la chapelle et de sa prestation le
lendemain du jour
oii
Berlioz,
RICHARD alors
ciTectuant
Dresde Ft
première tournée
sa
Wagner
pour Berlioz que
c'est
en
5(,
Allem'done,
d\mc
trouva dans tout Tenivrement
le
il
;
\VA(JNF, R
Le maître
suspecte.
soirées à cause de
seulement
marche ôiOlympie mais
;
somme, mômes. était,
M"'^
Devrient,
M"^"'
Wiest ;
assez
yeux
ses
(Wi^ist)
enfin
plus vive
le
par son
belles, avait
grande
à
passionné,
dit-il,
d'Irène
paraissent
interprètes
les
dans
«
baryton talent
appropriée
Wœchter
avait
pur et bien
si
jeune
et
pour
l'auteur.
œuvres
garçon dans
i?/e;/{/,
exercé
peu
que
en
possède à un
Dresde un souvenir
tel
l'action
lui
même
qu'une
de
mît
cœur
Berlioz,
dit
mais
partit,
temps de
la
des plus
temps
Berlioz
qu'à quelque
insignifiant
voix,
sa
l'artiste
degré très élevé.
Rienii, ou
rôle
sur :
Tichatschek
dans
au
complet
vibrant
En
les
Vaisseau fantôme ;
le
bien
fort
puissance expressive,
à
laissait
et
Vaisseau
le
que
frappé
héroïque, entraînant
brillant,
était
plus
en
ridicule
dans
chez
d'invention
l'avoir
un timbre onctueux
les
magni-
la
sombre
coloris
le
'c
le sujet
de sensibilité dans son chant, et ces deux qualités-là,
Waschter
bien
y avait remarqué une tendance à abuser du trémolo, ce
il
relevée
s'était
apprécié
signe de paresse et défaut
qu'il jugeait
d'opinion
sujet
mais non servilement, sur
avait
Il
son
à
avoir prêté grande
pas
d'une belle prière au dernier acte
«
taillée,
».
parait
pas
orageux bien motivés par
efi^ets
fantôme
ne
11
n'avait
et
se souvenait
il
;
certains
et
longueur.
sa
dune marche triomphale
fique
pas
n'est
français entendit le J'aisseaii faiitàine et seulement
à cet ouvrage
attention
et
avec zèle et
fit
et sa parole
derniers actes de Rieiiii, qu'on s'était décidé à jouer en deux
les trois
arrêtée
lui-même en témoigne
Berlioz
:
à
naturelle.
eut à exercer pour la première fois
son autorité en l'assistant dans ses répétitions, ce qu'il
de grand cœur
arrivé
était
joie bien
là,
il
comme
Wagner
faisait exécuter son ouverture de Faust, on la prit pour un fragment de la Damnation de Faust, et on l'applaudit en conséquence auquel des deux la méprise a-t-elle dû causer le plus de déplaisir'? :
La place attribuée à Wagner était loin de constituer une sinécure. Des représentations à conduire tous les soirs de l'année au moins trois ;
pièces, et
généralement
sans parler de
la
cour: telle était et
les
trois
et quatre
musique ordinaire et des concerts exceptionnels à la la besogne à répartir entre le directeur de la musique
deux maîtres de chapelle,
et surveillant
conduisant exécution
à
de
ia
opéras difiérents par semaine,
musique
l'église
certains
le
le
premier dirigeant
d'église les jours de
dimanche
opéras.
F'n
et
les
semaine;
représentations les
deux autres
répondant chacun de
acceptant
ces
lourdes
la
bonne
fonctions,
I. Dans ce cnnccrt iloiinc le 2-i juillet \>>^^ au bénclîce des pauvres, il avait fait exécuter, outre sou ouverture pour Faust, \a Symplnmic pastorale et la Suit de Walpurgis, Je Mcndeissohn.
RICHARD WAfïNER
tjo
Wagner
;
général. Mais tous
cédé au désir de s'assurer
aussi
s'était
il
Dresde
ne mit pas plutôt
il
côtés
même
la
parvenu à vaincre
inertie
main
la
heu-
ricochet, sur l'art en
à l'ouvrage qu'il rencontra
mêmes
les
et
par
et,
une exis-
d'exercer une
de l'espoir
flatté
de
l'Opéra
influence sur
reuse
de
pas seulement
n'avait
tence honorable
préjugés
qu'il
n'était
trois mois à peine qu'il y en fonctions lorsqu'il subit un premier assaut à propos d'une repré-
pas était
ailleurs.
Don Juan
sentation de
qu'il
avait
II
26 avril 1843, avec une
avait dirigée, le
profonde admiration pour Mozart, mais en e.xécutant l'œuvre ainsi
qu'il la
que son exécution s'écartait sensiblement de la tradition ayant cours à Dresde, tradition bonne ou mauvaise, venant de Mozart lui-même ou introduite par les maîtres de chapelle Morlacchi et Reissiger, peu importe^ mais tradition toute-puissante et qu'il fallait sentait.
Or,
se trouva
il
être fou pour vouloir modifier.
au
crièrent
teurs
On
le
lui
scandale, et certain
bien voir; les vieux
fit
affirma que l'auteur de Rien:;i et du Vaisseau
incapable de comprendre
comme
vous voyez,
et
Wagner, un sauvage et
enchérissant
critique,
fantôme
était
ama-
sur eux,
un barbare
remonte assez
Mozart. Cette chanson
loin,
ce n'est pas d'hier qu'on a cherché à assommer
de vacarme, en
aflolé
opposant
lui
le
séraphique
mélodieux maître de Salzbouro-.
Wagner, par un rôle dans
les fêtes officielles
hymne composé par
d'un
statue
du
feu
présence du
royaume.
roi,
et
souverain,
Un
an
cantate intitulée
:
dence d été de
Pillnitz.
:
ainsi
c'est
en dirigea
qu'il
des corps tard,
de
lorsque
composa
il
les
la
qu'il
écrivit
la
l'exécution, le 7 juin
des
et
l'filtat
avait
il
musique
la
le
la
1843, en
du
députations
Frédéric-Auguste paroles et
Salut au Roi, qui fut chantée,
Entre temps,
cour et tenu de jouer
pour l'inauguration de
l'avocat Hohlfeldt,
plus
voyage en Angleterre,
de
était à la solde
sa place,
revint
musique
d'un
d'une
12 août, à la rési-
écrit
une œuvre plus
importante,
dédiée par reconnaissance à M""-' Charlotte Weinlig, la veuve de son premier maître qui venait de mourir, et voici dans quelles circonstances
il
des Apôtres.
En
la
Liedertafel,
avait
il
composé ce grand
sa qualité
avait
diriger une réunion
tableau
de chef d'une
été
choisi
oénérale de
avec
toutes
Société
Heissiger les
de la Cène
biblique
chorale
pour
Sociétés
d'hommes,
organiser et
chantantes de
la
La fête commença, le 6 juillet 18^3, par un concert monstre, en église Notre-Dame, la plus vaste de Dresde les chanteurs, au nombre de douze cents, étaient groupés sur une estrade élevée dans le chœur et, derrière eux, encore plus haut, se trouvait l'orchestre composé de Saxe.
1
cmq
:
cents artistes et amateurs. Les souverains arrivèrent à midi précis
et tout aussitôt
commença
le
festival
:
le
morceau de Wagner venait
iviciiAKi) wa(;ni:i{
en dernier. Voici
pour célébrer
blés
nouvelle qu'il
nom
le
d'en
que leur
vœu
détendu,
par
divin,
l'esprit
convertir
le
le
d'en haut annonçant
Saint-Esprit les secourir.
le
et
Un chœur
quarante disciples assemblés,
Alors,
elles
;
disciples
les
de quarante
et,
partent
hommes
pour
aller
représentait
pour mieux rendre
l'effet
Wagner
descente du Saint-Esprit,
la
la
annoncent aux siuppliants vent mugit, le sol tremble et, enivrés
apôtres
les
monde.
apportant
dans cette détresse,
faiblir et,
ctjeur
haut se font entendre :
arrivent,
sous peine de mort, d'enseigner au
Seigneur d'envoyer
va être exaucé
Les disciples sV'tant rassem-
:
les apôtres
saint repas,
le
leur a été
voi.x
conçu
l'avait
il
de Jésus. Tous sentent leur
supplient
ils
des
comme
c,
des
les
voix
avait imaginé
de faire chanter ce petit chœur mélodique et d'une grande douceur
du haut de
la
Cette disposition purement
coupole.
l'auteur a tiré plus tard
distingua
la
un beau
parti
matérielle, et dont
dans Parsifal,
critique dans l'œuvre nouvelle
:
elle
ce que
fut tout
divertit agréable-
s'y
ment et resta sourde à l'admirable crescendo qui annonce la descente du Saint-Esprit et que l'orchestre, jusqu'alors muet, traduit avec une force extraordinaire. A quoi sert-il d'avoir du génie avant le temps'? La direction du théâtre avait décidé de faire une reprise solennelle de la Vestale pendant l'automne de 1844 réussir avec une Julia telle
et,
comme
devoir
elle paraissait
mû
que M""' Schrœder-Devrient, Wagner,
par un sentiment d'admiration envers Spontini, qui venait de quitter
la
direction de l'Opéra de Berlin dans des circonstances très pénibles pour
son amour-propre, vieux maître il
avait
persuadé au baron de Lùttichau d'inviter
diriger son
à venir
La chose une
opéra.
fois
n'avait laissé à personne autre le soin d'engager Spontini,
écrit
lui-même une
lettre
Spontini répondit qu
il
pas de l'excellence de
naïvement de
telles
en français qui produisit
accei^tait
musiciens de l'orchestre que
dant et chez M""^ Devrient
Wagner, leur
et qu'il
Par malheur,
exigences quant au nombre
lui
il
avait
ne doutait
marquait très
il
exécutants
des
tout désolé, courut
conter son
convenue,
meilleur effet, car
le
avec reconnaissance
l'interprétation.
le
embarras.
chez
Otte
et
des
l'inten-
dernière,
de bon cœur de l'imprudence commise, mais elle s'offrit en même temps pour la réparer et, comme le vieux maître marquait assez de hâte de regagner Paris, il tut convenu qu'on l'avertirait d'un retard interminable occasionné par une indisposition de M™ Schrœder, qui servait ainsi de bouc émissaire. Ainsi fut fait et l'on qui connaissait bien Spontini,
répéta
rit
tout tranquillement sans plus
s'inquiéter de
Spontini,
— e'crivait
lorsque,
" le correspondant Ce derniei- ouvrage, dont la conception est des plus hardies, habituel de la Gai^cttc musicale, a produit un effet grandiose et qu'il est impossible de décrire; aussi, le roi, après la riu du concert, a-t-il fait appeler, dans sa tribune, le jeune auteur et lui en a-t-il 1
.
—
témoigné sa satisfaction dans
les ternies les
plus affectueux.
»
à Paris
RICHARD WAGNER
62 la
de
veille
et lui
répétition générale,
la
démontre,
il
formait strictement aux nouvelles
de ce jour
était
et qu'il
tombe
tout
à
indications ses
Wagner,
à limproviste chez
en main, qu'en arrivant à cette date,
lettre
cju'on
lui
amis de Dresde
:
se con-
il
avait envoyées il
ne s'en
irait
qu'après l'opéra joué.
Malgré ce coup inattendu, Wagner ne pensa d'abord qu'au plaisir de voir de près ce grand compositeur et d'entendre une de ses œuvres sous sa direction; il l'assura que tout marcherait à merveille et, pour ne laisser dans son esprit aucune arrière-pensée, il lui proposa de diriger lui-même la répétition générale, fixée au lendemain. Le visage de Spontini se rembrunit, puis, après un grand moment d'hésitation, il
demanda lement
;
à
Wagner de
quel bâton
demanda
pour conduire habituel-
d'ici
si
bâton d'ébène, d'une longueur
se servait
mesure d'un bâton ordinaire; alors, le au lendemain on pourrait lui faire un
celui-ci lui indiqua la
maître soupira et
il
d'une grosseur extraordinairement appa-
et
deux bouts par de fortes pommes
rentes, et terminé aux
Wagner
d'ivoire.
répondit sans hésiter par l'affirmative, et Spontini se retira pleinement satisfait. le
Aussitôt libre,
Wagner court répandre
menuisier, qui promet de fabriquer un bâton jouant fort bien Tébène
dans
et
tini
conditions requises. I,e lendemain, au
les
bâton; alors, au lieu de
avait son
un chef d'orchestre ordinaire, et le il
l'alarme et s'entendre avec
comme un
brandit
fut évident
les
le
voulu, Spon-
bâton de maréchal. Dès
recommencer toutes
les
comme
prendre par un bout
l'empoigne à pleine main par
que rien ne marchait au
entendait faire s'efforçait,
il
moment
gré
du
milieu
le
premières scènes,
les
compositeur
études sur nouveaux
et
qu'il
frais.
11
en baragouinant un allemand des plus bizarres, à redresser
fautes de l'orchestre,
nœuvres des comparses
même, avec une
les défaillances
qu'il
faisait
des chœurs et jusqu'aux ma-
recommencer en
obstination infatigable.
Alors
les
Wagner
dirigeant luise rappela les
évolutions analogues exécutées à Berlin, qui l'avaient tellement frappé
dans Fernaud Corte:{ drait
précision
cette
effrayants.
Bref, à
seur, tous prirent
de
déférence en
pour
mieux
Devrient,
qui
la
;
il
comprit aussi que jamais à Dresde on n'attein-
mécanique fin
qui
produisait
des effets
avait
presque
du premier acte, chanteurs, musiciens,
Wagner emmena Spontini avec des l'assurant que ses vœux seraient accomplis la
tuite.
répondre,
y
et
on
allait
présentes à
mander
l'esprit
les
au
plus
vite
régis-
paroles et
que,
Edouard
moindres traditions de
la
Vestale à Berlin.
Tout
était à
il
recommencer. Le personnel, surtout
le
chef des chœurs,
seul, Wagner ne faisait pas grise mine à Spontini, tant admirait l'ardeur extraordinaire que celui-ci mettait « à pnunsnivre
était turieux;
R
un but de
et à maintcnii'
époque
».
Cil AU'
WAGNER
1)
chanteurs
les
fier
en mieux
la
de
certains
03
peu
ilranuitiquc à
ait
près
oublié
de son de son habitude de traiter sans ménagements plus réputés, il profitait de ses exigences pour modi1
de l'orchestre,
disposition habituelle
doutes et
de
profitait
ses
judicieux
enhn l'énergie avec laquelle
remarquait
accents rythmiques, bief,
les
'
était frappé
Il
les
sortir
I
de son zèle en
lui
donnant un
musique tlramatique
à la
le
avis charitable;
Quand
«
:
en affection
prit-il
entendu votre
j'ai
jour qu'ils dînaient chez la Schrœder-Devrient, «
homme
de génie, mais déjà
expliquer ce paradoxe, qui
ai
fait
grande révolution avec
la
longation de
la sixte
avec Corte^,
remonta en arrière
il
dans l'harmonie,
fait
j'ai
un
en
pas
la
«
:
avant,
me
surpasser. Or,
puis
j
en
ai
comment voulez-vous
du nouveau lorsque
sible à n'importe qui d'inventer
«
Et, pour
moi
c'est
introduit la
j'ai
un
(,lit-il
pro-
grosse caisse dans l'orchestre; trois
fait
Olympie et cent avec Agnès de Hohenstaiifeu. Après cela, composer les Athéniennes, un poème excellent, mais j'y désespérant de
payer
C'est un
«
:
Après Gluck,
Vestale,
et la
der-
le
Riciiyi. lui
pensé
j'ai
a plus fait qu'il ne peut faire.
il
res-
conseilla de renoncer
lui
il
vnulut-il
et
il
dévouement
nier représentant de la tragédie Ivrique et lui montrait un
respectueux. Aussi Spcmtini
lui
lit
par ce
intéressé
tort
était
il
s'ouvrait à
pour (pidn
insista
il
il
éclaircissements;
avec
j'aurais
pu
ai
renoncé,
qu'il
soit pos-
moi,
Spontini,
je
reconnais ne pouvoir surpasser mes œuvres antérieures, et que,' d'autre part,
il
que depuis
est bien évident
la Vestale
de musique qui ne m'ait été volée?
on n'a pas écrit une note
Et Spontini
»
appuyait cette der-
Tout étourdi
nière affirmation de faits scientifiquement constatés.
Wagner
risqua une objection timide et
qu'il
demanda
fût
de ce discours,
s'il
ne se sentirait pas de force à créer des formes nouvelles en abor-
dant un sujet entièrement nouveau. Spontini «
Dans
Corte-^,
la
Vestale, dit-il,
un
sujet hispano-mexicain;
j'ai
eut
un
lui
sourire de pitié.
un sujet romain; dans Fernaud
traité
dans Olympie, un sujet gréco-macé-
donien; enfin, dans Agnès de Ho/ienstaiifèn, un sujet allemand reste ne vaut rien.
:
tout le
»
Malgré ce phénoménal amour-propre, exaspéré par
l'irritation
de se
voir supplanté par des musiciens qui ne le valaient pas, Spontini, tout ridicule et vieux qu'il fût, avait artistes à force d'énergie,
qu'on rétablit primait
la
après leur délivrance),
de
pas, surtout par
|5ar
la
travail.
les
ne se
et chcjeur
sympathies des
et lorsqu'il
exigea
joyeux (qu'on sup-
duo de Licinius et de Julia trouva personne pour réclamer contre
terminant sur il
regagner
de confiance en lui-même,
scène finale, avec ballet
d'habitude en
ce supplément
fini
le
Peine perdue,
la
représentation
ne
réussit
faute de la Schrœder-Devrient, qui, se sentant elle-
RICHARD WAGNliR
(3_^
même
marquée pour le rôle, à côté d'une y^randc-prètresse aussi charmante que Johanna Wagner, prétendit réparer ce désa-
trop
jeune et
vanta'^e à force de patliétique et dépassa le but en redoublant d'efforts.
La
soirée fut donc n'étaient
nèrent
froide
assez
qu'un
et
applaudissements qui
les
hommage rendu
à
la
gloire
la
termi-
universellement
consacrée du maître. Aussi "Wagner éprouva-t-il un sentiment pénible en le voyant s'avancer sur la scène, chamarré de décorations, et se confondre en saints pour un
maigre rappel. Afin d'éviter une déconvenue plus criante, M"" Schrœder-Devrient imagina de prétexter encore une indisposition, pour reculer la deuxième représentation de la Vestale, que Spontini
alors
si
laissait
percer
déjà
secret désir
le
d'être
invité à
prolonger son séjour à Dresde et d'y monter la série complète de ses il venait opéras. Mais il eut tout à coup hâte de quitter Dresde d'apprendre que le roi de Danemark lui conférait des lettres de noblesse :
pape l'honorait du titre de comte de San Andréa. Il oublia du coup la Vestale, au grand contentement de ses hôtes, et partit laissait de sa personne un il presque immédiatement pour Paris souvenir à la fois comique et enthousiaste au jeune musicien qui lui
et
que
le
:
promit, au
moment
carrière dramatique
des adieux, de
—
méditer à
le
ses
avis
sur la
mal ses conseils.
et qui suivit si
Peu de temps après, eut lieu
loisir
retour des cendres de "Weber à Dresde,
décembre 1844, et cet événement, dit Wagner lui-même, influa beaucoup sur les dispositions où il se trouva au moment d'achever Tannhœuser. Un comité s'était formé depuis longtemps pour ramener à Dresde la dépouille de Weber qui s'était éteint à Londres, où il était allé diriger Oberon ; mais la propagande était insuffisante et, de plus, on se heurtait aux scrupules religieux du roi, qui répugnait à troubler le dernier sommeil d'un mort. Wagner, une fois en fonctions, reprit les
14 et i5
cette idée avec
un suprême lui
hommage
avait procuré
comme
saluer lui
une énergie inimaginable
avait
plus,
il
11
fallait
première jouissance musicale,
c][u'il
se plaisait à
comme un
souffle
de
la
patrie
allemande avec
le
que de l'initiative privée, et, de mauvais vouloir de l'intendant royal
n'y avait rien à attendre
vaincre avant tout
qui, ne voyant en
à l'étranger. Alors
le
"Weber qu'un maître de chapelle ordinaire, craignait et
qu'on ne
en Saxe avec grands honneurs tous
fût,
les
par
la suite,
obligé de ramener
maîtres de chapelle qui mourraient
Wagner, ayant accepté
de tous côtés
des concerts,
de rendre
au musicien allemand par excellence, à celui qui
de créer un précédent
lança
c'est qu'il s'agissait
son maître et qui, durant son temps d'épreuves en France,
apporté
Freiscliùl^.
sa
:
le titre
de président du comité,
des appels, recueillit des souscriptions, organisa
décida certains théâtres d'ordre inférieur à donner des
uu; reprciscntalidiis
A Kl) \va(;ni:k
de
hcnclicc
ati
Il
05
en
une l'C^iKTa de Meyerbcer, qui rapporta 2,000 thalers bref, bien (pie la ilirection du théâtre de Dresde ne rtjcuvi'c,
obliiit
it
Berlin, par l'eiUrcmisc de il
manieuvra
tanl et
si
;
put pas rester en arrière et qu'on eut bient(U réuni
somme
la
nécessaire
monument
à la translation des cendres d'abord, ensuite à l'érection d'un
funèbre. L'aîné des deux
mortelle de son père
bateau, éclairé
le
déposa
formé par
le
transporta sur
chanteurs
et
Wagner. Après, lique,
le
passer
au
le
matin du
heures, un
de l'Elbe. Alors
centre
dun
cercle
puis quatre cent cinquante instru-
;
exécutèrent
hymne
un
funèbre
cortège se mit en route pour
illuminées
étaient
huit
dépouille
de draperies noires,
rive droite
la
catafalque,
au son des cloches de toutes
devait
à
soir,
la
cents artistes et amateurs tenant tous un
ou quatre
cierge et une couronne de laurier
mentistes
le
tout orné
et
magnifique
un
sur
trois
puis,
le
de trophées lyriques,
Magdeboury
cercueil arriva de
le
:
chercher à Londres
alla
chemin de fer; de nombreux falots
14 décembre par
on
Wcber
de
tîls
églises
les
moyen
au
;
cimetière catho-
le
les
Richard
de
rues par où l'on
d'innombrables
bougies
placées aux fenêtres, et tous les artistes, amis et admirateurs qui suivaient le cercueil, plus cinq cents fantassins de
des torches à
la
main.
Wagner
avait encore
la
garde royale, portaient
composé pour
une marche funèbre avec deux motifs iXEitvyaiithe dans l'ouverture, caractérise l'apparition du fantôme se tine
d'Euryanthe transposée en
morceau
si
le
cérémonie
thème
reliait à la
qui,
cava-
bémol majeur, puis revenait pour
transfiguré
ainsi
qu'il
reparaît
symphonique,
écrit
pour
quatre-vingts
conclusion,
:
la
à
la
fin
de
instruments à
la
Ce
l'opéra.
vent
tambours voilés pour vendre pianissimo le trémolo des altos dans l'ouverture, était d'une grandeur superbe et produisit un ert'et indescriptible. A la chapelle du cimetière. M'"" Schrœder-
auxquels
Devrient
il
avait adjoint vingt
attendait
couronne de
fieurs.
le
pour
la
lequel
L'inhumation n'eut
elle
lieu
que
déposa le
lendemain; lorsque
leurs couronnes de laurier, puis Richard
première
fois
une magnifique la
assistants formèrent au-dessus une pyramide
fosse fut comblée, tous les
énorme avec
sur
corps,
Wagner, parlant
en public, prononça un discours dans lequel
il
Weber
et
rappela très heureusement
la
mort récente du
fils
cadet de
transforma, par une gradation toute naturelle, en une invocation à l'art national allemand « 11 ne fut jamais au monde un musicien plus allemand que toil... L'Angleterre te rend justice, la Erance
qu'il
:
t'admire,
mais l'Allemagne
S£ule peut
t
aimer;
tu
es sa chose,
tu es
un beau jour de son existence, une chaude goutte de son sang, une parcelle de son cteur... Qui tlnnc nous blâmerait d'avoir voulu que ta
RICHARD WAGNER
06
cendre devînt aussi une parcelle de son
allemande
'
du
sol,
de
sol
la
chère patrie
»
?
Tous les ans, à Dresde, on avait l'habitude de donner, le dimanche des Rameaux, un grand concert au profit de la caisse des musiciens on y exécutait une symphonie et un oratorio, que conduisaient alter:
nativement
les
deux chefs
de
maîtres absolus de
chapelle,
la
choisir
l'œuvre qu'ils voulaient diriger. Reissiger ayant à diriger l'oratorio pour
Wagner, qui, l'année précédente, avait choisi la Création, décida de jouer la Symphonie avec chœurs il avait gardé une profonde admiration pour cette œuvre et ne voulait rien moins que retrouver 1846, Richard
:
l'impression qu'il avait ressentie à Paris, aux concerts du Conservatoire,
en l'entendant diriger par Habeneck. Mais les musiciens de l'orchestre, outre
répugnaient
qu'ils
ce
à
l'annonce de cette symphonie, jusqu'alors mal jouée et
Dresde,
un fâcheux
n'eût
M. de Lùttichau pour Par
bonheur,
inébranlable.
11
répéter. Alors
qu'il
était
études
fit
il
;
il
emportements,
jusqu'à douze adjoignit
ils
jusqu'à
allèrent
Wagner demeura
et
voulait et se mettre à
il
rare e.xemple de cette ténacité, de ces
qui
craindre et admirer de ses interprètes.
l'orchestre,
absolu,
donc en passer par où
fallut
Wagner donna un
exigences et de ces
recette, et
la
s'opposât au projet du maître de chapelle.
de celui-ci
droit
le
sur
effet
que mal comprise à
craignaient
considérable,
travail
firent
le
Il
consacra tout
pour
tellement
toujours
chacune
l'hiver
ces
à
parties
de
aux choristes diverses sociétés chantantes,
les
répétitions
des
chœurs du séminaire et de l'école de la Croix, arrivant ainsi au chiffre énorme de trois cents voix il fit modifier la disposition de l'estrade, musiciens qui se seraient bien au grand mécontentement des passés de ces frais de menuiserie il rédigea et fit imprimer un programme explicatif de la symphonie mais surtout il entreprit d'agir sur ;
;
;
l'esprit
de ses exécutants à
la
façon d'Habeneck, de leur faire vivement
comme
sentir ce qu'ils allaient exécuter, et
d'œ-uvre,
comme
dernière,
il
sien
et
par cœur
savait
le
il
possédait à fond ce chefla
première
note
à
la
parvint à enflammer ces artistes d'un enthousiasme égal au
l'exécution qu'il
obtint
l'effet
fit
monde musical de Dresde, même au faire le
il
de
voyage,
des contrebasses.
disait Niels »
Gade,
Or, parmi
phonie avec chœurs,
le
5
avril
les
delà
rien
d'un coup de foudre sur :
«
Cela vaut
la
que pour entendre
le
auditeurs enthousiasmés de
1846,
il
se trouvait
un jeune
le
peine de récitatif la
Sym-
homme
et
un enfant qui devaient compter plus tard parmi les plus chauds partisans de Richard Wagner le jeune homme était Hans de Bùlow, alors :
Ces détails sur le passage de Spontini à Dresde et sur la translation des restes de principalement des Souvenirs de R. Wagner (trad. C. Benoit, chez Charpentier).
I.
tire's
Weber
sont
RICHARD VVAGNF.R
67
âgé de seize ans, et l'enfant, qui n'en n'avait pas dix, était le futur ténor Louis Schnorr de Karolsfcld, le créateur inspire de Tristan et Iscult.
Tout en préparant soins
ses il
la
assidus à une
même
y donna
Symphonie arec reprise
renforça, discrètement,
il
du poème, en
conclusion
de
trop de soins au
i^ré
est vrai,
Wagner
cluvuvs,
donnait aussi
Vlplii^énie en Aitlide, de
de certaines
l'orchestration
s'éloignant
(jluck
;
gens, puisqu'il en et
modifia
qu'il
la
de Racine pour se rapprocher
d'Euripide et de Gœthe. Alors que Spontini faisait répéter la Vestale à Dresde,
il
un jour à "W^agner
avait dit
entendu dans votre
J'ai
«
:
un instrument que vous appelez basse-tuba faites-m'en une partie pour bannir de l'orchestre
Rie)i{i
;
s'était-il
le
faire
pas imaginé qu'il convenait de mettre l'orchestration cVIphigénie
en état de produire aujourd'hui l'on
ne veux pas
la Vestale. » Et moins pour Gluck que pour Spontini, ne
:
Wagner, ne voulant pas
je
l'effet
où
qu'elle produisit à l'époque
ne connaissait d'autres instruments que ceux employés par Gluck?
de cette tache délicate avec une conscience
11
s'acquitta
fit
venir une copie exacte de Paris, de peur que
la
à Berlin n'eût déjà reçu des retouches de Spontini
à une révision minutieuse du texte allemand, ceaux,
quelques
ajouta
changea
le
et,
il
de plus,
se livra
il
resserra certains
comme
nous
bref,
mor-
l'avons il
il
usage
partition en
pendant assez longtemps, personnel pour se consacrer à Gluck et pour
dénouement;
tout travail
d'union
traits
;
extrême,
dit,
abandonna
le
glorifier
:
retouchée, eut un
y réussit d'ailleurs, car VIphigénie en Aitlide, ainsi très grand succès. Certes ce zèle et ce désintéressement sont à l'honil
neur de Richard 'Wagner; mais
partait
il
d'une idée fausse en entre-
prenant un travail qui ne pouvait pas avoir de résultats durables, (jluck n'est pas tellement archaïque ni son orchestre à ce point rudimentaire
que ses chefs-d'œuvre ne fassent encore assez bonne figure à il
la
scène
n'est pas permis, en outre, de toucher à des créations de cette
teur, qui sont des
sommets dans
l'histoire
de
l'art
:
hau-
musical, et de semblables
corrections ne sont admissibles que pour les œuvres d'ordre secondaire, éphémères, bonnes tout au plus pour distraire un moment la foule, et qu'on ne songera jamais à oflfrir comme des modèles à l'étude et à la vénération de la postérité. D'ailleurs, un seul mot résout la question Richard 'Wagner aurait-il jamais admis l'idée que dans un temps donné :
on pût' faire par admiration
pour
pour
de
Gluck,
qu'on
imaginât
marier Lohengrin avec Eisa
?
lui
ce
modifier
Dès
lors, le
qu'il
faisait
orchestre ou
son
moyen
le
meilleur de glorifier Gluck était d'exécuter son opéra c'était
presque
le
desservir
que
l'honorer
de
par admiration
la
plus
bien
simple et
tel qu'il l'a
de le
conçu
:
sorte, et Berlioz, en
RICHARD WAGNER
ÔS
montré pour l'auteur d'Orphée et d'Aruiidc une admiration plu? intelligente, un zèle autrement respectueux'. Wagner n'avait pas beaucoup à s'occuper de la musique de la pareille occurrence, a
chapelle royale, mais, de ce côté encore, déplorait
le
des catholiques dans
jeunes
hommes
quatorze
dont
chœur
le
de
par
tenues
étaient
La
travail qu'on y faisait. et
il
se heurtait à la
routine et
cour, catholique, ne voulait que
les
de sopranos
parties
garçons
:
d'altos
et
en tout, vingt-six choristes,
douze enfants, plus un orchestre complet
et
qui s'élevait à cinquante exécutants dans les grandes occasions.
échos de
l'édifice étaient assourdissants, dit
soulager les
femmes dont
membres surmenés de
et introduire
donnai
je
le
la
vraie
Mater de mais tous mes
Stabat
que d'autres pièces;
Richard Wagner. Je voulus ajouter
l'orchestre,
musique
Les
«
Palestrina
des
voix
catholique a
d'église
comme
efforts furent en
de
capella,
spécimen, ainsi
pure perte
-...
11
un viusico, un y avait là un singulier survivant des jours d'autrefois soprano, prétention, grand et gros dont la la sottise extrême me diver:
tissaient fort.
Les jours de
fête,
il
moins que des
refusait de chanter à
airs particuliers ne lui fussent réservés, et c'était tout à fait réjouissant
d'entendre ce vieux colosse se g-aroariser avec les fioritures de Hasse
on aurait
dit
haleine,
il
pouding énorme avec une voix de crécelle fêlée. il avait une qualité incomparable d'une seule
d'un
Mais avec tout
cela,
»
Wagner, durant fois
lors
:
autant et plus que n'importe quel autre artiste en
chantait
deux respirations.
:
ce long séjour à Dresde, avait eu pour la première
occasion de dévoiler son caractère, en appliquant ses idées, et dès il
s'était
mécontent de
montré
ménagement pour orgueilleux à
dominateur,
tel
tout, — ce
qu'il
malgré
;
toute sa vie
ardent à l'innovation,
:
ou
les
préjugés
d'autrui, violent,
mais aussi, doué d'une rare énergie ses
défauts,
qu'il
faisait
— sans
haute faculté,
qu'il disait être sa plus
les idées
l'e.xcès
fut
violence
difficile,
et tellement
à
tous
et
se
chauds partisans parmi ceux-là qui l'avaient d'abord le violemment attaqué. C2eux de ses confrères qui avaient l'esprit
recrutait de
plus
ouvert l'appréciaient et
l'aimaient;
mais
il
déplaisait
à
presque tous
par son humeur irritable, par son activité infatigable et envahissante. 1.
Berlioz, au
nidins,
quand
il
accepta d'ajouter des
re'cits et
un
ballet
au
Freiscliiit:^,
respecta
Wcber et ne modifia pas la pièce; au contraire, il défendit tant qu'il put le dénouement, qu'il soit. En fait de rcnrcbestratinns, on cite toujours celles du Messie, par Mozart; des Dapar Spontini du Déserteur et de Richard Cœnr-de-Lioii, par Adolphe Adam, etc., etc. mais
l'orchestre de si
long
uaides,
;
;
aucun de ces cas n'est comparable à celui de Wagner, d'abord parce qu'il a modifié la pièce et surtout parce que l'instruinentation de Gluck n'est, encore aujourd'hui, ni insuffisante ni vieillote. Cette reprise A'Iphigénie en Anlide avec dénouement de Wagner eut lieu sous sa direction le 22 février i''Î47. M™ Schrœder-Devrient jouait Clytemnestre; M"" .îohanna Wagner, Iphigénie; M"« Marpurg, Anhémise; Mittcrwurzer, .\gamemnon; Tichatschek, Achille, et Dettn\er, Calchas. 2. Entretien avec M. nannreuther, rapporté par celui-ci dans le Dictionnaire de Grove.
RICHARD WACJNER
rompait ouvertement en visière; mais on dessous les clFets de la jalousie et du mauvais
Personne, assurément, ne sentir en
faisait
lui
ment
lui
Ses façons d'aqir
vouloir.
—
son caractère hautain
et
—
Dresde
aliéné à
partout
il
en
même
de
sera
monde des journaux,
le
<^o
qui
avaient rapide-
lui
Paris,
à
à
Munich
de
poursuivait
le
et
brocards
compte les anecdotes les plus sottes. Le critique accrédité de Dresde, ami particulier de Reissigcr, se posait justement alors en champion des usages établis, qu'ii décorait du titre ronflant traditions classiques. Ce Schladebach, qui n'était ni sans éducation, de son
et publiait sur
:
ni
sans
mérite,
commencé par protéger Wagner,
avait
tourné contre en insistant sur tout des
villes
un
battus
sentiers
Dresde des
comme
:
avait
opéras, sécartait
principal
correspondant à
'le
littéraires
de Leipzig, Berlin
et autres
importantes, son jugement rayonnait par toute rAllcmagne et sensible
tort
prenant
Wagner.
à
et difficile
comme
celui-ci
l'était
en
réalité.
fois
et ces
lui
même
on
les lui
renvoya sans
leur .violence
et
une disposition naturelle à se poser en pays,
son
tel
méconnu
WO :i
paiitoulle
que
les
1'
AN
ET SES
C O R U EA UX
corbeaux tiennenl dans leur bec
M
;(..'.-()
1.1
/-.viloKjlc. signiliant
S S
époux ^^'otan;la loculion que la femme, dans le ménage,
ialouse Frick exerce sur son i7,M
E
exprime
Tiré de Sc/iiill:r cl Miillcr
.i
IWnnc.'u Au
A ici
(i
E
1<
le
S
faiiiilië're
est plus
.
pouvoir
talillon
allemande
que
:
maîtresse que
Xih'lii:)^, iSSi.
qu'il
Berlioz dans
sien.
I
les
déboires ne purent jamais rien sur un
Wagner dans
Tel
non
présentait étaient à
entouré d'ennemis et beaucoup plus
incompris,
artiste
en
musiciens
bientik classé,
fut
de sa trempe, aussi confiant en son génie,
accroissait seulement
et
fit
un personnage excentrique, insupportable
d'une
Mais ces attaques
homme
directeurs
à manier; les pièces ou partitions qu'il
peine feuilletées et plus ouvrir.
La plupart des
mot d'ordre des journaux,
le
sans vraisemblance,
ne
il
ce qui, dans ses était
il
ou
feuilles politiques
puis
le
mai
i.
la
le
CHAPITRE
VI
TANNU^USER
OUT à
de son séjour ù Paris et bien
la, fin
préoccupé
surtout
DRESDE
qu'il
fût
d'amasser un peu d'argent pour
regagner son pays, Richard Wagner, dans ses moments de loisir, lisait l'histoire d'Allemagne avec l'espoir d'y trouver un sujet d'opéra. Ses recherches furent long-
temps vaines; mais ce qui que
c'est lui
d'accord pour repousser
rique
lui
paraissait
poète
le
ou
tel
impropre à
le
frappa de prime abord,
musicien étaient toujours en
et le
dès qu'un épisode histo-
tel sujet, et
mise en œuvre dramatique,
la
il
échap-
pait également à son sens musical. Cette observation le confirmait dans
déjà venue que
l'idée qui lui était
beaucoup mieux que ceux de cherchait toujours de ce coté.
des derniers temps de
la
l'histoire à la
avait
11
convenaient
légendaires
sujets
les
musique,
cependant
et
par se fixer sur un épisode
fini
puissance des Hohenstaufen et avait choisi
pour personnages principaux Manfred,
de Frédéric
fils
et
II,
supposée de ce dernier, une jeune Sarrasine, qui relevait abattu de Manfred, tuer
faisait
pour son frère
et
poème de Tieck, c'était
Wagner
avait
qui ne l'avait
principale
captiva
pouvait
la
au
plus
se
même
lui
courage
aucunement
satisfait,
le
conte popu-
ayant dit-il
jadis le
lu ;
il
savait
de traiter ce sujet en musique,
l'idée
lui.
la
assez développé
prêta
n'était pas sans le connaître,
encore un grand attrait pour
la figure le
Il
que Weber avait eu
aussi
fille
seulement en mourant
dévoilait
lui
son scénario, lorsqu'un philologue de ses amis
de Tannhaeuser.
le
une
menait de victoire en victoire jusqu'au trône, se
le
parente qui s'opposait à leur union.
laire
il
et
Bref, cette vieille légende où
détache d'une façon très claire et très simple,
haut
point.
11
était
surtout
frappé de ce qu'on
rattacher sans peine au tournoi poétique de la Wartbourg,
un épisode on ne peut plus propre à échauffer son inspiration, parce qu'il répondait à merveille à son culte pour la vieille Allemagne. Aussi, pour dédaigneux qu'il se fût montré du poème de Tieck, dont il blâmait «
la
d'en
coquetterie mystique et faire
usage. 1 ieck, en
le
catholicisme frivole
effet,
avait
il
ne laissa pas
imaginé que Tannhœuser se
Wartbourg lorsqu'il Wagner, en adoptant cette idée.
rendait au concours des Alintiesinger ouvert à la
rencontra Vénus et se laissa séduire, et
»,
WAGNKR
RICliARD
71
Tamour entre Tannhicuser et la nièce du comte, oublié pour Vénus et qui sauve à la iin le chevalier
a simplement ajouté
amour un
instant
en farrachant à sa perdition par
Dans
hâte
sa
et
bâtit
commencer montagnes de Bohême.
les
huit années auparavant, tracé
de tout cœur
bientôt
après
le
besoin, toujours et projeta
si
II
retourna à Tœplitz
même
impérieux chez
d'abandonner
où
avait,
il
s'y
11
mit
quelques jours de défaillance
pourtant
à la Cène des Apôtres;
fait
à
pour se distraire,
plan de la Défense d'aimer.
le
eut
il
:
fâcheux accueil
était arrivé
il
et,
Tannlicviiser dans l'endroit
de
scénario
le
Riciiii,
prêt à les
fût
un voyage dans
fit
il
aux répétitions de
d'assister
Dresde avant qu'on
repentir'.
le
l'artiste,
Taniiluvuser pour
faillit
il
céder au
d'être applaudi sur l'heure
revenir à Manfred, qui
lui
paraissait plus propre à être traité dans le goût
du public, d'écrire en
quelque sorte un second Rienii.
la
dans
ferait
merveille
projet
de drame
poursuivre.
;
mais
sentiment au goût de
ment survenu dans ma en
était le résultat
;
mon
et
lutte
la
soumit son
le
détourna de
sacrifier
extérieure et
la
liberté
me
d'esprit
qui
trouver en contact
sympathique, déterminèrent en
et
propre
son
lui-même avec énergie à « L'heureux change-
par-dessus tout, l'ivresse de
moi un
-
immédiates qui détournait de sa propre direction
être intérieur, tel
du passé
lui
il
alors en proie.
situation
avec une société nouvelle désir de jouissances
moment de
et a dépeint
était
il
Schrœder-Devrient
et
pas satisfaite et
fut
au
masse
la
quels combats intérieurs
Sarrasine,
la
n'en
elle
d'ailleurs
hésitait
11
de
rôle
le
comptait que
11
que
l'avaient
formé
dans laquelle
elles
les
impressions douloureuses
m'avaient
jeté.
L'inclination
qui entraîne l'homme à la poursuite du bonheur tendait à m'engager dans une voie artistique qui devait bien vite me dégoûter
naturelle
profondément. Je ne pouvais, en acquérant de
qu'en
vie
la
effet,
trouver de satisfactions dans
renommée comme
possible qu'à la condition de subordonner public.
Il
que
je
et
aurait fallu
me
au point où
que
je
me
était
dont
la
j'étais arrivé,
je le
seule forme que notre
pour je
Kn
et
cela
n'était
véritable nature au goût les
caprices de la
mode
prêtasse à toutes les bassesses de la spéculation, ce qui, sentais clairement,
dégoût. Ainsi, les jouissances positives de sous
ma
misse à suivre
artiste,
la
les
la vie
monde moderne
obtenir de plier
ne connaissais que trop
mes la
facultés
m'eût
fait
périr de
se présentaient à
moi
leur a donnée; et force d'artiste à des
misérable nature-
exigences
».
remonter à la source de l'histoire du tournoi des chanteurs, Wajjner toucha Lohengrin et à ParsiJ'al. En effet, une des copies du « Combat des Chanteurs » amène là le poème de Lohengrin et Wagner, ainsi entraine à lire le Parsifal et le Rituel de Wolfram d'Eschenbach, vit « s'ouvrir subitement devant lui tout un monde entièrement nouveau de poésie ». 2. Richard Wagner d'après lui-même, p. lyt). 1.
s'efForvant de
du premier coup
à
KICllAKL)
-^,
par sortir vainqueur de cette
finit
11
WAGNER
Manfrcd
définitivement
intérieure
lutte
à Tannhœitser, l'œuvre
sacrifia
et
qu'il aurait
faite
selon
le goût convenu du public à celle qu'il voulait composer conformément à ses vues sur fart; mais il nourrissait, à vrai dire, le secret espoir de concilier les deux et d'obtenir l'assentiment de la foule sans rien aban-
donner de ses trop
bien
avril
1844, et
le
lùi quoi
idées.
prouver. le
il
soumit à une première révision
mois de décembre.
allait
Tann/uvitser en eut achevée au
qu'il
y avait travaillé de verve et
Il
l'événement
complètement terminé
avait
11
comme
se trompait,
l'avait finie
il
avec
un tel feu d'inspiration qu'il s'était risqué à faire lithographier la partition
complète d'après
copie
à
lettre
:
que, libre,
l'intention
,1'ai
temps
vie et la culture de
mois.
en envoyait une
il
longue
intéressante
et
pour piano a déjà été préparé de sorte tout à fait
serai
je
paresseu.x un an ou deux, de passer
d'être
à lire et de ne rien produire...
les six
une
première représentation,
la
soit significatif et original, la
1845,
juillet
avec
Berlin,
...L'arrangement
lendemain de
le
manuscrit; en
de
Gaillard,
Cari «
le
Pour qu un ouvrage dramatique d'un
faut qu'il résulte
il
l'artiste
mais on ne peut
;
mon
en avant dans
i)as
faire
un
tel
pas tous
"
Malgré l'insuccès du J^ûisseaii fantoinc, la direction de l'Opéra de Dresde avait accueilli avec empressement Tannluviiser et faisait de les décors avaient été notables dépenses pour le représenter dignement :
commandés
à Paris par Dieterle, et les meilleurs chanteurs étaient mis
à la disposition de tout
premier
le
modifier
les
Wagner. Mais
était
la
musique
Tichatschek
les déroutait.
chargé du rôle de Tannhceuser, dont
passages
élevés
baryton, Mitterwiirzcr, tenait
c][ui
le
le
trop
fatiguaient
un
;
personnage de Wolfram
;
il
fallut
excellent
la
nièce
de
Johanna Wagner, encore novice à la scène, faisait une gracieuse Elisabeth, et M""' Schrœder-Devrient figurait une \'énus un elle avait accepté ce rôle uniquement par complaisance peu miire « Vous êtes un et tout en déclarant qu'elle n'en pourrait rien tirer l'auteur,
;
:
homme
de génie,
disait-elle à
Wagner, mais vous
écrivez des choses
Dettmer et Schloss Walther Waechter, avaient en partage les rôles du Landgrave et de ("urti et Riss représentaient Biterolf, Heinrich et Rcimar, et M""' Anna Thiele était le petit berger. La première représentation fut donnée le 19 octobre 1845, devant une salle comble et plus curieuse que sympasi
excentriques qu'il est impossible de
les
chanter.
»
;
thique; on désirait surtout savoir voie où l'avait
valu
le
il
était entré
par
le
décidé à revenir au
grand succès de
si
l'auteur
Hollandais
l'ulaiit,
genre de l'opéra
là'cii^i.
Richard
avait
persévéré dans
ou bien
si
consacré qui
Wagner
avait
cet
la
échec
lui
avait
persisté
dans
Klt;ilAkD
WAGNER
^j
ses idées novatrices et le public en eut un i^rand désappointement
ce
;
fut un franc insuccès, contrairement à ce que rapportent les narrateurs
français, y compris
Gasperini,
cpii
parlent
d'ovations, dj
couronnes, de triomphe. Et savez-vous quelle
La scène du
de ce i4rave échec?
cause déterminante
fut la
Rome
de
retour
raconte son douloureux voyage et son entrevue avec
une des créations
dit
où
lannhieuser
pape, autrement admirables qui soient au théâtre et dans
les plus
le
musical.
l'art
Jusque-là,
représentation s'était traînée assez languissante et les
la
du drame étaient plus ou moins bien
différentes scènes le
de
rappels,
plus ou moins de
mélodie
et
La scène du Venusberg en quelle ne
déclat qu'y trouvaient
défendue par
auditeurs.
les
beaucoup moins
particulier,
devint par la suite et mal
le
accueillies selon
importante
Schrœder-
M""-'
Devrient, qui n'avait que trop prévu qu'elle y serait inférieure à elle-
même,
avait
médiocrement disposé
l'auditoire
grand'chose, en dépit des éclaircissements sur
que l'auteur avait rédigés lui-même vendait dans
salle.
la
Après,
beaucoup plu
acte avait
avait
et l'on
la
et placés
cependant,
on n'y comprenait pas légende de Tannhieuser
:
en tète du
septuor
le
rappelé
1
livret qui
du
linal
auteur avec
se
premier
les
chan-
marche et quelques mélodies très claires du deuxième acte avaient été mieux reçues et avaient permis de rappeler Wagner encore une fois, cérémonie assez banale en Allemagne où l'auteur Puis
teurs.
la
revient généralement à la hn de la pièce. le
moment de en
entracte,
ayant duré
effet,
humeur,
par là-dessus et durant
qu'un
dait
On
un
l'on
moment
décisif
pour
en conclut aussitôt que
le
le
récit
plus
une
inspirées,
une franche mélodie,
Haro sur
détracteurs de
depuis quarante ans
Le abattu
lendemain
que
la
le
la
n'enten-
fut
un
main un ténor
toile
que
tel
chanter au troisième
faire
lui
l'on
succès, qu'un récitatif interminable, et
musicien capable d'une pareille faute
des
Wagner
et
baudet! Ce
le
conceptions
les
éclater ce sot reproche d'impuissance et de les
Le dernier
de l'annliLeuser, arrivant
complètement à court d'invention mélodique. Ainsi, les
fait.
un quart d'heure, acheva d'indisposer
air,
récitatif!
long
Tichatschek, ne trouvait rien de mieux à
au
simplement avancé
demi-heure, avait mis
près d'une le
encore
attendait
fastidieux
et
général contre ce musicien qui, ayant sous
acte,
avait
cette politesse obligée, et l'on avait bien
public de mauvaise
l'auditoire.
On
plus
c'est
était
une des pages
grandioses qui
lit
manque de mélodie auquel
en tout pays ont eu régulièrement
recours
!
de
douce
la
représentation,
illusion
par
lui
Wagner
caressée
était
d autant
d'arriver au
plus
cœur du
public sans rien sacrifier de ses idées réformatrices venait de subir ime
RICHARD WAGNER
74
plus rude atteinte.
Je fus,
«
accablé de ce revers et ne pus
dit-il,
me
me
nombre Je d'amis qui sympathisaient de cœur avec moi se sentaient eux-mêmes découragés par un vit sentiment de ma pénible situation. Une semaine que
avant
s'écoula
dans lequel
risolcment
dissimuler
deuxième
la
Le
trouvais.
représentation
pût
petit
donnée,
être
parce que des changements et coupures avaient paru nécessaires pour d'une
poids
de l'ouvrage.
Tintelligence
faciliter
vie
tout
propre que j'éprouvai
mes
toutes
je
intimes,
et
la
Il
m'étais
devint
évident
révélé
qu'au
non au public
à qui
représentation de l'ouvrage. contradiction.
cette
raccroché
s'était
à
Il
Malgré
»
une
pas
n'est
le
d'amour-
blessure
conscience de l'anéantissement absolu de
j'eus
;
illusions.
ne
/uviiser
Ce
entière.
semaine eut pour moi
Cette
je
ne
le
nombre
mes
petit
m adressais me
cette
ce dernier
pour moi qu'avec
espoir
de
Taiiii-
amis
involontairement
par
parut pas possible d'accorder
résignation
que
la
Wagner
apparente,
seconde
représentation
mieux comprise; enfin, après huit jours de mortelle attente, les changements étant sus et l'enrouement dont souffrait Tichatschek ayant pris fin, on put rejouer Tauiihœiiser le 27 octobre; cette soirée impatiemment attendue eut un résultat tout pareil. La un
serait
salle là
peu
à
était
moitié
et
les
qui s'étaient égarés
rares spectateurs
ne se montrèrent pas plus clairvoyants que ceux
cependant, grâce à au
vide
talent des
jusqu'à
la
sentations
fin
persévérance de
la
acteurs, on
la direction
prêta un semblant de
de l'année, en neuf semaines,
put
il
du premier soir; et
vie
surtout au zèle, à
l'ouvrage,
fournir
et,
sept repré-
'.
Les journaux, tout dun
cri,
avaient déclaré
Tannhœuscr insuppor-
ennuyeux cela n'avait ni mélodie ni forme. Et puis cette de musique agissait sur les nerfs, sans parler d'un sujet par trop
table et fort sorte
:
fatigant et douloureux.
consolant
:
L'art,
disaient les critiques, devait être gai et
pourquoi Tannhœuser n'épousait-il pas Elisabeth
dant royal, alors, expliquait à
Wagner que
son
?
prédécesseur
L'inten-
Weber
arrangeait mieux les choses, puisqu'il savait terminer ses opéras d'une
façon heureuse. Enfin, c'était un mécontentement général.
du
soir, lie
Hiller, le
La
Galette
Dresde, exaltait par comparaison certain opéra de Ferdinand
Rêve d'une
nuit de Nocl, représenté à
Dresde en
avril 1845,
œuvre a excité le plus vit" enthousiasme, écrit-on à la Galette musicale de Paris; l'auteur chaque acte et, après la représentation, les musiciens de l'orchestre et plus de deux cents jeunes gens se sont rendus processionncllcnient à sa demeure, chacun muni d'un flambeau, pour exécuter sous ses fenêtres une sérénade composée de morceaux choisis dans ses ouvrages et dans ceux de Meyerbcer. u (2 novembre.) Mais, un mois après, force est bien de reconnaître que le succès est illusoire « Cette partition remarquable a soulevé de vifs et sérieux débats dans le public aussi bien que parmi les hommes ce l'art; mais tout le monde s'accorde à reconnaître que c'est une œuvre capitale et qui fait le plus t;rand honneur au compositeur, u (7 décembre liiJfb.) I.
«
Cette
a été rappelé après
—
:
RICHARD WAGNER qui,
et
La
mot.
que Wagner ronne
hauteurs qu'elles sont
ces
durer.
Enfin
»
abandonné
direction,
nant par deux
lui
contre
fois
fit
le
Un
!
inaccessibles
Schumann
bien connaître que
ennui
si
qu'on
et
et la
pesant coun"y pourrait
n'était
plus
musique, dont :
Wagner,
elle
à ce
faisait
coup, dut
là.
Les musiciens de profession n'étaient pas plus presse à Tannhœuser. Mendelssohn, après audition, à l'auteur
vrai
est
S'il
payer ses éloges antérieurs en s'achar-
poème
invraisemblances
l'obscurité et les
ressortir
«
:
Nouvelle Gaiette de musique, dont Schumann avait
la
la
badinait
à des hauteurs inconnues, disait-elle en substance,
vise
nous préserve de Ty voir atteindre
ciel
le
Nord
de l'Allemagne du
G^iyC'tte
de musique, au sens vrai du
plus
bien
renfermait
disait-elle,
75
favorables que disait
la
simplement
qu'une entrée canonique dans l'adagio du deuxième finale
«
lui avait fait plaisir »
Maurice Hauptmann, qui
;
avait
remplacé Weinlig
Spohr que « l'ouverture était tout à fait atroce, incroyablement longue, gauche et fastidieuse ». Et Spohr, quand il l'eut fait jouer à Cassel en i853, écrivit à Hauptmann « que cet opéra contenait beaucoup d'idées neuves et belles, mais aussi quantité de passages fâcheux pour l'oreille « puis dans une lettre à l'école Saint-Thomas, mandait à
;
suivante
il
des choses
avouait qui
s'être
l'avaient
habitué,
d'abord
par
des auditions répétées, à bien
blessé et
il
ajoutait
à
le
qu'il
manque fréquent de troubler ». Schumann, car
plus que l'absence de rythmes définis et le
arrondies qui continuassent
«
n'y avait
périodes était
il
venu habiter Dresde à l'automne de 1844, écrivait à Dorn le 7 janvier « Je voudrais que vous puissiez entendre Tauuhœuser ; il contient 1846 :
des parties plus profondes,
plus originales,
cent fois meilleures
bref,
même temps
beaucoup de phrases musicalement triviales. En somme, Wagner peut prendre une grande importance au théâtre et je suis certain qu'il possède le courage néces-
que
les
saire.
à
fait
déjà
précédents
opéras,
et
en
Les moyens techniques, par exemple l'instrumentation, sont tout remarquables, incomparablement plus sûrs qu'auparavant. II a un nouveau
fait
Schumann, dès rédiger
des
livret,
cette
études
Lohengrin.
»
époque, avait presque entièrement renoncé
critiques
à
mais qu'une œuvre
de longue haleine,
le frappât en bien ou en mal et, sitôt rentré chez lui, il ces rapidement son impression sur des tablettes journalières brèves mentions, éparses de 1847 i85o, forment comme un Carnet
musicale notait
:
^'
théâtral.
Or,
on y
Richard Wagner.
à
lit
—
11
la
est
date du 7 août 1847
impossible
peu de mots. Ce qui est hors de doute,
œuvre de
génie. Si
Wagner
de
parler
c'est
«
:
qu'il
Tannhœuser, de
de cet ouvrage en a la couleur d'une
avait autant de mélodie
que d'ingéniosité,
RICHARD WAGNFR
yC,
il
l'homme
serait
Cet opéra fournirait matière
privilégié de son temps.
à quantité crobservations
pour plus tard'.
»
;
il
n'y
Il
mérite bien que
modifier au sujet de Richard
dans une
de i853
:
Wagner
«
forme
la
car
il
écrivait
je dois dire la chose
si
lui
il
:
musique est pauvre c'est de la musique d'amateur, vide et » Spohr et Schumann changeaient d'avis en même temps,
sa
tation,
de
et
Wagner,
n'est pas,
opinion ne
manque le sentiment nécesbeauté du son... En dehors de la représen-
en peu de mots, un bon musicien saire de la
réserve cette tâche
jamais. Et d'ailleurs son
revint
tarda pas à se lettre
me
je
;
déplaisante.
mais à rebours'.
Wagner, recherchant dans son en
arriva
esprit
les
de
causes
penser que l'éducation artistique du public, gâté par des
à
productions sans conscience, était entièrement à refaire et qu'un
y réussirait mal,
ordinaire
chance de succès, avoir
ou d'un
prince
la
qu'il
protection d'un
Justement,
roi.
aux
nouvelles
idées
et
la
de
puissant
y avait alors sur
il
maîtres de
ses
trône de Prusse
le
respectueux des chefs-d'œuvre
très
lui
pensa que
:
le
lorsqu'il
c'était
demandait
Frédéric-Guillaume
roi
le
leur
souverain qui mettait
la
tragédie
à
ce
apporterait
curiosité à l'examen
peut-être
du
à
J^ûisscdii
1.
fantôme
Cet
(.'loge
quelque
Donc, sans à
Berlin,
s'adressant d'abord
cfiorts,
est d'autant plus
à
c'est
au
la
Wagner
arrêté
par
de ce côté
le
la
moins quelque récent insuccès
tourna tous ses
qu'il
royal, puis
plume de Schumann que, Richard Wagner sur
de restaurer
et qu'il les aiderait
l'intendant du théâtre
frappant sous
Richard
afin
sympathie,
être
avait juge' très sevèreinent les retouches ope'recs par
entendu
l'improviste
à
honneur dans ses Mendelssohn, qui avait
de nouvelles idées musicales,
prévaloir.
embarras-
tel
Meyerbeer et chœurs cVAiitigone,
dernier les
antique,
IV.
musique en
Etats, qui avait appelé à Berlin
commandé
et qui
vieux maîtres oubliés de tous, mais
fragments de
d'exécuter certains
non de
chapelle
d'un
terre,
la
musique en particulier, très
du passé, doué de plus d'une mémoire extraordinaire sait
homme
pour tenter l'entreprise avec
fallait,
un souverain épris des beaux-arts, de accessible
échec,
cet
trois
Ipliif;cnie
mon-
mois plus
en Aulide.
Il
tut,
il
avait
le i5 mai, et voici ce qu'il écrivait sur scn Canict Richard Wagner qui a mis l'œuvre en scène les costumes et les décors sont dignes des interprètes. 11 a même ajouté k la musique, à ce que j'ai cru remarquer çà cl là. .le dirai plus tout le tinale Nach Troja (Vers Troie) est de son invention. Cela passe vraiment la permission. Glucii aurait pcut-Otrc lo droit d'en user de même avec l'opéra de Richard Wagner et d v pratiquer force retranchements et coupures. Que pourrais-je dire de l'œuvre en elle-même.- Aussi longtemps que durera le monde, une pareille musique brillera toujours et ne Aieillira jamais... » Ce sont là critiques fort sensées et que Richard Vi'agncr ne pardonna j;.mais à
la tragédie lyrique
de Gluck ainsi arrangée,
ihéatral au sortir de la représentation
:
Schumann. 2. En février delssohn,
qui
:
«
...C'est
:
:
1^46, l'ouverture de Taiiiiluvuxer fut exécutée à Leipzig sous la conduite de
Men-
M. Glasenapp dans son ouvrage écrit sous l'inspiration de \\'agner, avec la médiocre sympathie qu'il a toujours ressentie pour les efforts de Wagner. S'il est vrai qu'il ait eu l'intention de montrer là cette ouverture comme un modèle à fuir, on peut assurer qu'il v a réussi le compliment vaut son prix. «
la dirigea, dit
1..
Kl cil A RI)
tant
jtisqirà
IMntcndant
de
raconter quelles réponses
des
dc'marches pour
il
WAGXRR
musique de
la
mon opéra
lici-ement les regards vers le théâtre de Rerlin
REP KESENTATION DE (Acte III, scène dernière.)
—
(l
TANNH.EUSER
»,
Mise en scène conforme
à
mais
;
A l;i
faut le laisser
11
reçut de ces deux seigneurs
propagation de
la
cour,
la
«
:
et
Je
jetai
fis, dit-il,
particu-
reçus un refus
je
HRESnE. reprise de
1S17.
formel de l'intendant des théâtres royaux de Prusse. L'intendant général
de
la
musique de
médiaire, l'exécution la
je
de
fis
la
cour paraissait mieux disposé
solliciter
roi
le
mon ouvrage
partition de Tanuhœiiscy.
et 11
pour
qu'il
:
par son inter-
voulut bien s'intéresser à
demandai la permission de lui dédier me fut répondu officiellement que le roi
RICHARD WAGNER
78
n'acceptait jamais
qu'attendu sur
qui
obstacles
les
ouvrage sans
dédicace d'un
la
s'opposaient
théâtre de Berlin, on pourrait
le
faire
le
connaître
le
à l'exécution
de
entendre au
mais
;
mon opéra roi
j'ar-
si
rangeais quelques morceaux pour musique militaire, lesquels seraient joués
à
pouvais être plus profondément humilié
Je ne
parade.
la
reconnaître avec
de certitude quelle était
plus
ma
Désormais, toute publicité d'art avait cessé pour moi. Cela
bon à dire après coup
est
convaincu
de
mérite
son
jamais désarmé devant
de
et
public
le
force
la
Une
?
un
mais
;
véritablement
artiste
nouvelle
a-t-il
quà
faiblesse ne convient
compositeurs sans conviction, sans conscience,
des
»
d'une idée
telle
ni
véritable position.
Dieu
et
sait
s'ils
nombreux dans le monde! Au lieu de se lamenter sur son échec, Wagner, tout en projetant une nouvelle œuvre où il pût développer sont
—
ses facultés créatrices et innovatrices,
Tanuhœusev
pait aussi de retoucher
ce sera Lohengrin,
de l'améliorer
et
s'occu-
y tâchait du
il
:
—
moins. Tannhœiiser, dans sa forme première, différait par deux points capitaux de l'ouvrage qu on entendit à Paris en 1861. D'abord,
était loin d'avoir les
pour nous; de plus, on ne voyait
ni
la
scène
médiocrement rendue par M™" Schrœder, développements que Wagner lui donna tout exprès
du Venusberg,
initiale
si
la
Vénus,
de l'ouvrage
conclusion ni
écourtée
:
convoi funèbre d'Elisabeth. Tannlieeuser
le
Wolfram,
restait seul en scène avec
fort
était
et la lutte entre la volupté
païenne
cœur n'était indiquée que par le flamboiement lointain de la grotte de Vénus et par le glas Wagner modifia des morts que sonnent les cloches de la Wartbourg
et
vertu
la
chrétienne
qui
se
disputent
son
:
et développa cette scène finale dès la seconde révision de son opéra,
terminée en septembre 1846, mais, avant il
avait
avait
éprouvé un double
rencontré
confirmé dans
Wagner reprise
après
vieux
le la
effectuée à
en lumière
les
que
la
lecture
de
allé à Cassel,
il
y Tannha'user avait
du talent de Richard représentation du Vaisseau Jajitôine ; ensuite, une
haute
la
D'abord, étant
plaisir.
Spohr,
achevé cette refonte,
qu'il eût
idée
Dresde
beautés de
qu'il
même
avait conçue
en
partition
la
commencé à mettre de Tannhœuscr Aussi, lorsque
1846 avait
.
l'opéra reparut en 1847 avec la conclusion développée à loisir, trouva-t-il
un accueil de plus en plus favorable auprès des amateurs. La presse, elle, ne désarma pas et soutint que l'ouvrage était toujours aussi mauvais mais le véritable public se montra, par instants, si chaleu;
reux,
que Wagner eut alors
arriverait aisément
à
faire
la
persuasion
adopter son
que,
sans
la
critique,
nouveau point de vue
il
et ses
créations les plus personnelles par tous les gens sincères et non pré-
venus.
RICHARD WAGNER que Wao^ncr eût ctc de
Si humilié
la
^^
proposition qu'on
faisait à
lui
Tannhœuser sous forme de musique de parade,
Berlin de juger son
il
n'en avait pas moins, par besoin d'argent, renouvelé ses sollicitations en
appuyer par Meyerbeer,
faisant
les
désigner Rieiiii pour
et
de Prusse avait
roi
le
par
fini
représentation de gala qu'on devait donner
la
jour anniversaire de sa naissance,
octobre 1847.
i5
à Berlin dès septembre afin de diriger les études
le
L'auteur se rendit reçut un accueil
il
:
assez tiède, et des attaques personnelles, des insinuations malveillantes
parurent aussitôt dans
Au
final.
théâtre,
des chanteurs
et
journaux, qui faisaient mal augurer du résultat
les
était
content du zèle de l'orchestre et du talent
dans Rienzi, M"' Tuszek (Irène) et M'"^ Schlegelmais il ne réussissait toujours pas à se concilier la
Pfister
:
Kœster (Adriano) direction
il
;
presse.
la
En
outre,
commençait
il
être
à
piqué de
et
allocutions
ses
chestre, il
remercier
voulant
générale,
pas
n'étaient
toujours
personnel,
le
qu'on
un péché de jeunesse
particulièrement
et
que Wagner la
La
représentation,
que
lieu
était
comble,
malgré
mais
le
compositeur,
second acte et surtout à
le
retardée
par une
26'. Me.yerbcer,
le
pourtant désigné l'opéra, n'avait pas daigné venir.
salle
froidement,
rappelé après
avouait lui-même
qu'il
les
doutes et
préconçues du monde des journalistes; l'ouverture, assez
l'or-
assure, était parti en hâte quelques jours auparavant,
et le roi, qui avait
Cependant,
».
manquée,
M"' Tuszek, ne put avoir
indisposition de à ce
répétition
la
ne devrait pas juger de son idéal
actuel par cette production totalement «
A
s'échappa à dire que Rienzi était une œuvre de débutant, dont
il
répudiait la tendance, et
être
heureuses.
la
Weber,
tarentule des discours, depuis qu'il avait parlé sur le cercueil de
qui
il
opinions
est vrai, fut reçue
dirigeait
la fin
les
l'exécution,
du spectacle.
11
fut
y avait
probablement dans ces rappels plus de civilité que d'enthousiasme réel, et dès le lendemain les journaux traitèrent fort mal l'ouvrage en s'appuyant sur
le
propre aveu de l'auteur, en
lui
reprochant de manquer
de mélodie, de forme arrêtée, d'avoir une orchestration bruyante,
Et c'en
Une
taire. fois, le
fut fait à Berlin
par
de Rieii^i, parce que l'auteur n'avait pas su se
allocution maladroite avait causé tout le mal, et plus d'une
la suite,
on verra l'orateur, en 'Wagner, compromettre
ainsi
musicien.
Du
Vaisseau fantôme à Tannhœuser,
notable en
ce
sens
que 'Wagner se
formes de l'opéra conventionnel, I.
la
etc.
Est-ce bien
là la
tel
y avait un progrès très dégageait de plus en plus des
que
il
les plus
grands maîtres à son
raison véritable, et n'y avait-il pas de politique sous roche:
direction avait trouvé dans Rie)i:(i certaines expressions politiques dangereuses
On :
dit aussi
liberté,
que
frater-
qu'on aurait pu souligner à la représentation, et qu'elle avait préféré donner un autre opéra pour l'anniversaire du souverain, en repoussant Rie>i:;i à la fin du mois.
nité, etc.,
lUCHARU WAGNER
8y
Weber, Favaient
sens, Gluck et
grandement aidé au développement du génie
bien que Beethoven, ont
Wagner
de
premier,
le
mais
;
proposition
ne faut rien exagérer, surtout en ce qui concerne
il
Wagner
ne pas aller jusqu'à dire que Richard
et
Gluck
que
imaginé
Certes, Gluck et VVeber, aussi
traité.
n'eût
pareille,
Wagner en regard entre elles comme
navoir
faudrait
il
indiqué
ou
fait
avant
n'a rien
Pour soutenir
lui.
mis une partition
jamais
de
d'une de son illustre devancier, car elles diffèrent jour et
le
Gluck
nuit.
la
modifié en
n"a
rien
la
forme générale de l'opéra; lair en demeure l'élément essentiel
et les
chœurs et divertissements s'y succèdent plement du monde; en outre, il avait souvent en vue
vocal
airs,
pur
;
duos, trios,
l'effet
répétait alors les paroles sans contrainte et se souciait
il
de conception entre
l'unité
plus sim-
le
la
poésie
et
musique
la
si
peu de
réappliquait
qu'il
de vieux airs italiens sur des paroles françaises sans aucun scrupule,
que cela devenait possible
aussitôt
puissance et
En
en
:
seulement par
c'est
fait,
nerf de sa déclamation que Gluck a agi sur
le
Weber, Wagner
ce qui concerne
a expliqué
de
dilférer
caractère
lui.
«
On
ne peut
propre au vrai
ce caractère
finit
public d'opéra est
d'un poids capital, et
ici
On me
que Weber lui-même, ce pur,
disait
ce noble, ce profond esprit, reculait de temps en les
conséquences de sa méthode
femme il
i5e
le
droit de « la galerie
faisait faire
par
il
conférait à sa
selon l'expression dont
sens de
le
idées,
temps eftVayé devant
de style;
pleine
si )',
dans
elle,
objections possibles à ses
elles
et
«
le
se servait;
il
cette galerie «,
toutes les
déterminaient parfois,
dépit des exigences du style, à de prudentes sions
encore obligé de
faire
plus, je crois pouvoir
au public
m'en
d'opéra,
dans
flatter,
vous
mon
forme de cet ouvrage a de particulier, ce qui
le
plus de ceux de le
se croyait
rencontrerez
les
Taiinhaniser, et ce que
la
puisant
ne
en
Ces conces-
concessions.
que mon premier modèle, mon vénéré maître Weber,
f*^n
croyait
toujours par devenir, chez l'artiste d'une nature faible,
considération décisive.
la
il
le
sentiment décourageant du
nier, le
le
Wagner.
lui-même, avec
respect qu'il avait pour son maître d'élection, par quels points
la
le
distingue peut-être
mes devanciers, consiste précisément en cela. « sujet de son drame dans une légende allemande
qui
se rattachait à l'institution
nationale des chevaliers chanteurs d'amour,
des Minnesinger,
Wagner
rences
légende et
pour
le
exprime
Richard
mythe, la
lutte
puisque
de
était bien resté fidèle le
fond
de
cette
à
naïve
l'amour charnel personnifié
de l'amour idéal représenté par
la
chaste Elisabeth.
ses
préfé-
et
pieuse
par Vénus
Un
chevalier
de 'l'huringe, Tannhœuser, s'est laissé entraîner dans l'empire souterrain
lie
la
divinité
pa'ienne,
le
\'cnusberg.
La déesse
l'enivre
de
^ ^ ''--*»»ô?lgî3^
RICIIAKI) \VA<;NKR plaisirs et déploie
a
saisi.
que
en
s'éveiller
senti
ou tard
t(k
lui
reviendra vers
il
chant des pèlerins
pardon de leurs
qui
Tannhxuser; ce sont
On
ses frères
d'où
aime.
vient
il
faute
ami Wolfram, Elisabeth,
Rome
on entend
:
au
loin
le
implorer du Saint-Père
le
:
et
lui
doit
qu'il
donc
il
murmure
lui
du landgrave,
a
son
à l'oreille
qui, depuis ton départ,
l'enjouement de
tout
(|u"il
en fuyant tous ceux
l'expier
Elisabeth,
a quitté
jeunesse?
la
A
«
ce
chéri qui lui rappelle un passé bien heureux, Tannha;user cède et
retourne avec ses amis à de
Tannli^cuser se trouve
et s'enfuit.
vallée
prédit
lui
demande pourquoi Tannhœuser répond vaguement
la nièce
a perdu toutes les grâces,
nom
remords Ta
le
;
ses amis, les chevaliers-poètes, c'est le landgrave
Oublies-tu
«
jeunesse
sa
Surviennent des chasseurs qui reconnaissent
questionne, on
le
commis une grande qu'il
elle,
riante
vont à
s'en
fautes.
de Thuringe. et
une
terre dans
transporté sur
souvenir de
le
retenir; mais Tannhaîuscr
le
aux dernières supplications de Vénus, qui
résiste
11
séductions pour
mille
8i
la
Wartbourg.
Elisabeth,
qui,
Tannhieuser,
souvenir les tournois
queur
la
:
présence
des hauts
ouvre
landgrave
récompensera
le
fête
la
».
y
en
son
se font vite entre les
seigneurs et grandes
dames de
concours
qu'Elisabeth,
et
déclare
mieux
W'olfram d'Eschenbach entre
En
des chantears.
solennelle
celui des poètes qui aura le
du pur amour
salle
rencontre
évoquait
nouvelle,
fête
raccommodement
le
commence
Alors
la
grande
la
Wolfram,
par
dont TannhcUuser sortait toujours vain-
passés,
reconnaissance et
deux amants.
conduit
de
l'approche
à
— Voici
cour du landgrave.
la
l'huringe,
la
de
pénétré
«
sa
main,
mystère
le
premier en
le
le
lice
et
Mais Tannhteuser, qui subit encore la domination de Vénus relève le défi et célèbre une passion moins nuageuse. Walther se lève et riposte à Tannha^user; alors celui-ci, enflammé
chante l'amour idéal. ,
par
le
souvenir du Venusberg,
siasme croissant.
L'assemblée se lève indignée,
les chevaliers tirent l'épée
Elisabeth, laisse la
n'est et
seule,
vie
l'engage
derniers
le
sauve,
à
se
accents
et
Elle
joindre
dans
la
le
repousse.
aux
pèlerins
vallée.
«
s'enfuient,
l'audacieux
chanteur.
obtient
mais elle-même renonce à
enthou-
avec un
femmes
les
sur
se précipitent
défend contre tous.
digne d'elle et
plus
hymne
reprend son
enfin
l'amour
qu'on
de celui qui
Le landgrave chasse on
dont
A Rome
»
!
entend s'écrie
lui
l'impie
retentir
les
Tannhieuser,
mesurant d'un regard l'abîme de maux où l'a jeté le pouvoir de Vénus. — Au commencement du elle troisième acte, Elisabeth est agenouillée aux pieds de la Vierge secouant
soudain
son
hallucination
et
-
•
:
implore avec ferveur
de
Rome
et
le
salut de
Tanubceuscr ne
se
Tannhauser. Les pèlerins reviennent trouve pas avec
eux
:
la
jeune
iillc.
RICHARD WAGNER
82
alors, se retire à pas lents. TannhaîLiser arrive le dernier, pâle, épuisé
de
fatigue
Wolfram
et
prière.
et
montre
lui
du
poids
le
Où
«
vas-tu
—
?
;
de se donner
vient
le
la
:
Sainte Elisabeth, priez
«
sa simplicité grandiose, offrait une variété de tableaux
du
Finspiration
à
musicien; de
élevé, surhumain, presque mystique,
il
au
lieu
autant
de rabaisser sujet
dû captiver
avait
il
dans
tard
plus
écrira-t-il
caractère
autant un pareil
:
le
poèmes légen-
toutes les préférences pour les
justifiait
La légende,
d'un
étant
exaltait l'âme
il
devait dérouter le public pris en masse,
novateur, dont
plus,
accidents purement terrestres
l'esprit sur des
«
Alors
»
mais Wolfram
»
!
Ce drame, dans
daires.
pape
le
:
volupté païenne, et Tannhtuuser
la
expire auprès de la pure victime en s'écriant
favorable
rencontre
11
Au Venusberg.
pécheur
le
corps d'Elisabeth qui
le
mort. Le christianisme l'emporte sur
pour mol
remords.
voyage en termes désespérés
Vénus, qui veut reconquérir
apparaît letient
sous
son
retrace
lui
exaucé sa
pas
n"a
succombant
et
Lettre
sa
sur
la
musique, à quelque époque et à quelque nation qu'elle appartienne, a l'avantage de comprendre exclusivement ce que cette époque et cette nation ont de purement
humain,
et
de
présenter sous une forme
le
originale très saillante et dès lors intelligible au premier coup d'œil
Le caractère
et
de
Icsprit dans cet
état
clairvoyance,
l'esprit
et
de
ton
le
la
rêve qui
l'état de veille ordinaire. la
musique,
où
les
yeux
tableau
le
du Venusberg,
ce qui vient après
:
la jolie
compléter
conscience, est
à
le
souhait
tel
jusquà la pleine enchaînement des
le
lutte
qu'il
fut
que cette ouverture
avec tant de violence, refait
pour Paris? Et
chanson du pâtre avec
le
chœur du
grand septuor des chevaliers, n'est-il pas cet acte admirable: Le second acte, en
inférieur aux
deux autres.
L'entrée d'Elisabeth et
début de son duo avec Tannliieuser sont encore remarquables l'allégro qui suit est
dans
le
moment où
les
sages
vraiment par trop banal.
tournoi
des
))oètcs,
pages font asseoir
les
comme
11
le
ensemble
est
condition
y a de superbes pas-
chant
d'orchestre
au
la
conclusion avec
le
pèlerins dans le lointain; mais la scène du concours en son
monotone,
cette fusion de la la
;
le
mais
seigneurs, ou l'imploration d'Eli-
sabeth se jetant au devant des épées, ou encore
chœur des
jeter
pouvaient apercevoir dans poème. En ce qui concerne
ne
pour
chose de plus beau
quelque
départ des pèlerins, puis
pour
ses 'Voilà
»
bientôt
un nouvel
deux éléments du drame entrent en
ou que tout
est-il
porte
le
découvre alors
phénomènes du monde que
contribuent ensemble à
légende
et
il
ne
paraît
pas que
l'auteur y ait réalisé
musique et de la parole, qui devait être à ses yeux du beau musical le souille en est puissant.
essentielle
:
KIClIAUn WAGNi: mais uniforme, devrait
et
caractère y
le
provenir du
contraste
d'amour improvisés par est d'un
fait
et
qu'il
Taiinhœuser déjà
en
le
est,
le
et
malgré
défaut,
que tout
alors
Topposition
des
Le troisième
l'intérêt
divers
chants
acte, en revanche
moule de
l'opéra.
endroits,
|)u
l'égaler,
mais non
la
surj^asser.
du deuxième acte, nettement où tend l'auteur et fait éclater
laisse entrevoir
plusieurs
dans
s:i
bout à l'autre une conception de génie, une création tellement
supérieure, que l'auteur, depuis, a ^l'el
de
les trouvères.
R
imperfections
les
Quoique dans
surtout
duo entre Elisabeth
et
droit se flatter d'avoir produit
les le
formes du genre y persistent finale du premier acte et
Tannhituser,
une œuvre aux
Wagner
pouvait à bon
trois quarts personnelle
non du public, un grand pas en avant de son maitre "Weber, de ce 'Weber qui, lui aussi, avait aspiré au drame, au moins par Euryanthe, et qui, dans sa prédilection pour les vieilles et d'avoir fait,
victorieux ou
légendes populaires, avait pressenti
qu'il
deviendrait possible un jour
de créer de toutes pièces un opéra allemand.
"Wagner, dans ce dernier opéra, commençait
On
l'a
là juste
fini.
^'4 MAISON
liK
KICHAUI)
WAGNER,
A
BAYKEUTH.
dit
où
avec raison
Weber
:
avait
CHAPITRE VU LOHENGRIN
durant
'kst
WEIMAR
A
un
séjour
Marienbad en
trété
—
1845
qu'il
avant l'apparition
de
Tannhœiiser
Wagner
le
plan
esquissa
il
première
riantes
Justement, ses amis
idées.
moins
triste,
la tête
encore pleine
Tannliœuser, en
coniique
contre-partie
Chanteurs
de
Nuremberg
de
l'idée
transportant sur
la
se
il
pour
laissait
cours
le
un
comme
et,
il
de
sujet
avait
d'en faire une
vint
lui
corporation
des
iMaitres
opposant
aux
tournois
en
scène,
la
et,
conseillaient de traiter
lui
facilement plaire au public,
pût
qui
avec Taniihcvuser ;
fini
sa gaieté naturelle en suivant
à
aller
—
longtemps,
depuis
fois
mois
trois
un prochain succès réparateur
attendait
la
ou
que Richard Lohengrin. Il était
de
alors fort heureux d'en avoir
aux eaux de
fit
deux
soit
poétiques des nobles Minnesiuger les concours pédantesques des bour-
s'identifier
avec
Hans Sachs, le
De
plus,
héros,
il
Nuremberg.
de
geois
ses
comme aurait
dernier représentant
le
chevalier Walter,
eu
de
la
plaisir
à
poésie
populaire,
à
dans
s'incarner
poète à l'inspiration de flamme,
le
disposé
toujours
était
il
et
dans
tandis que ces
l^édants bornés auraient figuré les musiciens dont les plates productions lui
barraient la route et les sots critiques
leur
ignorance.
Il
ébaucha donc
le
qui
canevas des Maîtres Chanteurs,
mais y renonça presque aussitôt, soit que trop gai pour l'état actuel de son esprit, soit il
assez d'ironie à déverser sur
détracteurs;
ses
du haut de
traitaient
le
sujet
le
n'eût pas
qu'il
—
et
-
réellement
fiit
il
encore
revint à Lohen-
grin. Il il
connaissait depuis longtemps la légende du Chevalier au
l'avait lue à
Paris en
même temps
pas goûtée davantage
l'avait
:
il
la
que
celle
de Tannhœuser
rangeait dans un
celui des
poèmes romantico-chrétiens, mais, quand
près, au
moment d'abandonner
départ la
vant.
était,
femme;
Comme
non il
il
pas dans
s'en éprit dès le
dit
surnaturel, mais
le
lors
lui-même,
il
il
autant puisa
le
qu'il
et
et
il
ne
artificiel,
l'examina de plus
Maîtres Chanteurs,
mythe antérieur au christianisme
Lohengrin un de
les
genre
Cygne;
reconnut dans
il
dont
dans
le
l'aimait
le
point
de
cœur même peu aupara-
courage d'entreprendre un
RICHARD WAGNER
encore en avant et se détacherait de plus des opéras courants, précisément dans le sentiment qu'il
nouvel ouvrage où
en
plus
isolement en
Cela marquait chez
échapper.
Vaisseau fantôme,
le
femme idéale, après les maux soufferts,
que
ainsi
immense, soupire après éternelle;
mêmes
qui doit
Tauuhaniser,
en écrivant
cœur
il
conscience
radieuses, le
dans
haut
plus
s'élever
allait
de
et
comme
toujours
son
héros,
la
à leur niveau,
ment
En
nouvelle;
celui-ci,
ne
seulement
et
pouvait avoir de
ma
vérité,
elle
pouvait
des
un
la vie
dit-il,
surgir
dispositions
;
du mien, quand s'imposait à
moi'.
sujet
alors,
mystérieuse,
parce
en
qu'il
dépit
ne pouvait pas
qu'il
En
»
d'autres termes,
Wagner
disposa
faire
et
autre
de
situations
et
cimes
monde,
et
redescendre
temps que
l'intuition
il
Lohengrin
composa
caressa l'hiver
que
j'en étais
nécessaire
tâche
la
absolu, absolu selon
musicaux de son drame pendant tout
il
trouvé précisément dans
autrement que d'obéir
les
le
les
développement où
y était invinciblement de toutes les attaques
faire
le
en aucun
comme
m'apparut
comme
est une apparition entière-
artiste qui, s'étant
du coup au chef-d'œuvre
s'éleva
avait
ce
vers
que tout
d'esprit
position, en fût arrivé au point de son
qui
lutte
Lohengrin ,
dans
éthérées,
Lohengrin
mer
la
douce jouissance de
la
public, et la presse, et ses amis s'efforçaient de a
de tous
vainqueur,
était sorti
alors
la
damnation
symbolisé
régions
les
il
après
sur la
entrevu
l'idéal
Quand
réparatrice
ballotté
son héros, en sacrifiant les plaisirs charnels à satisfaite
lui-même
racheter de
avait
il
dont
et
le
particulière à
de son cœur.
soupirait
il
Hollandais,
le
femme
la
venait de s'élever dans son
la
puisque
rebelle,
tournure d'esprit bien
absente, souveraine
patrie
la
une
lui
refléter dans ses héros les impressions
composé
public
rare et une disposition
étrange, mais aussi une ténacité
avait
d'un
face
pensé trouver auprès d'un souverain intelligent venait
l'aide qu'il avait lui
pousserait
il
complet
avait de son
de
83
les
qui et
idées qu'il
poussé par une force
ou à ce les
remontrances,
démon
et
intérieur.
principaux
motifs
de 1845, immédiatement
Tannhœuser, si bien qu'il put en commencer la musique au mois de septembre 1846, tandis qu'il était en villégiature à Grosgraufen, près de la résidence royale de Pilnitz. De même que après
pour
l'échec
le
de
Vaisseau fantôme,
de Senta, qui devint
le
il
avait, d'instinct,
pivot
musical
de
la
commencé par partition
;
la
ballade
de même,
et
entama Lohengrin par le troisième composa d'abord le récit du Saint-Graal, sur lequel il voulait bâtir tout son ouvrage. Entre temps survint la première reprise de Tannhœuser, et, comme elle réussit un peu mieux, il n'en eut que cette
fois
de propos délibéré,
il
acte et
I.
Riiliard
Wagner
d'après lui-mcmf, par M. Georges NourtlarJ,
p.
21?.
RICHARD WAGNER
Sr,
cœur au
plus de
Lohengrin ,
travail.
de
qu'il rêvait
ment nécessaire
de
l'été
dans
fort
si
du monde
s'isoler
pendant
aussi
:
s'absorbait
Il
composition de
la
afin d'obtenir le recueille-
1S47
une
ménagea-t-il
se
solitude absolue au vieux palais Marcolini, de façon qu'il put terminer
dès
l'introduction
à
suivirent
28 août;
le
instrumenter.
tout
achevé sa partition
d'avoir
faire représenter.
Or,
l'éditeur
ni
il
restait
à
royal, qui
ne paraissaient disposés à se mettre encore en
amis
bons
de l'auteur
logeait au premier avant Rieii^i, et
Lohcngri)i
;
les
au grenier
l'on assurait aussi, qu'à l'approche
Dresde
non
Wagner
auquel
l'éditeur,
sommes pour
leurs
Breitkopf et
Hasrtel
voulait publier
s'il
du chef-d'œuvre,
jusque
et se colportaient
était
marchés antérieurs,
et
finit
redevable c'est
dans
par céder,
d'assez
grosses
puissante maison
la
moyennant quelques centaines de
qui,
prix
le
toutes plaisan-
:
L'intendant royal, cependant,
journaux de Vienne.
mais
les
que l'infortuné Meser, qui qui avait dû monter d'un étage à
s'installer
charitables qui couraient
bien que
Si
des cordes d'instruments subissait une hausse sensible teries
profit
montés,
avait
les
frais.
à la
répétant
allaient
chaque opéra, n'avait plus qu'à
paraître,
faire
la
Meser, qui avait public sans
l'intendant
ni
printemps qui
l'hiver et le
quelque chose assurément que
C'était
mais
;
premiers opéras,
ses trois
employa
il
thalers,
acquit la propriété de Lohengrin.
un 'Wagner avai: dès lors d'autres projets en tête il hésitait entre Siegfried, sujet purement mythique, et un Frédéric Barberousse\ sujet absolument historique autrement dit, il s'élevait dans son esprit un :
;
suprême entre
conflit •
l'histoire et la légende.
Barberousse avec l'intention d'en mais
il
il
fallait
plus de place pour
resterait
mythe,
il
détruisait
propre
à
son
compromis et
et
la
Il
devait
en
façon
être
le
musical,
de
plus
drame il
tandis
dit,
les
l'histoire et enlevait
conclut la
saillants
faits
en employant
donc
pour
que,
parfaite,
prendre un mythe véritable.
double pensée que
qu'il
librement,
fallait
il
Une
fois
idéal ne dei'ûit
rejeta
musique;
grande figure de Barberousse
réunir tant
complètement
héros.
forme mythique de
la
récité, sans
drame proprement
le
essayait de traiter son sujet
penchait d'abord pour
Il
un drame
connut bientôt que pour placer
sous son jour véritable
cette
faire
pas
complètement
qu'il
ne
que
s'il
procédés du
tout caractère
employer répudier
la
tout
bien pénétré de être historique
Frédéric Barbe-
dans l'automne de 1848, il écrivit le poème de la Mort de Siegfried. Il l'écrivit en vers allitérés, car il avait des idées à lui sur rousse,
et,
Des études histcniques
Die en vue de Barberousse, il ne résulta qu'un curieux essai la tradition, originairement destiné à un drame en prose, et traitant des points de contact de l'histoire avec le mythe; il fut écrit en iS4Sct publié à Leipzig T.
Vi'ibeUiiigen, histoire
en
iSSi).
faites
du monde d'après
:
R
langue et
la
la
rien
n'est
Fallitcration
que
bâti
s'était
I
( :
1
1
AUD
WAG N
i:
K
y_
un système de versification, tenant que moins que la force e;cnératrice du lano-ao-e et tout
musique, avec son aide, atteindiait à une richesse, à une variété il prétendait aussi qu'il aurait dû renoncer à son Siegfried s'il
infinies;
n'avait
pu mettre en
usage.
U
dans
trouvait
bouche d'autres vers que ceux d'un commun
sa
accentuant fort
l'allitération,
véritable mélodie de langage d'où découlait tout droit
équivalente,
cale
etc.,
et
Mort de Siegfried, mais ration comme de la rime sont
mis en musique,
Nibelitngen
les
En
ce
c'est
sans résultat décisif, :
s'atténue
elle
ainsi
qu'on
car
mélodie musi-
la
dans
réaliser
en va de
il
e.xtrcmement quand
peut s'en
convaincre
l'allité-
vers
les
en
la
écoutant
'.
Richard "Wagner
1848,
essaya de
qu'il
rythme, une
le
capital de Lohengriu, tout le
fit
entendre
premier
à
Dresde
un
fraoment
dans un concert donné le 22 septembre, à l'occasion du troisième centenaire de la fondation de la chapelle royale. A la fin de la fête, il y eut naturellement un himquct
"Wagner y
et
pensée,
de
tant
fit
un
encourager exclusivement
la
où
discours
petit
depuis, que
répétée
fois
finale,
il
exprimait
théâtre
le
production artistique
déjà
cette
avait un devoir
nationale
:
un but
;
:
aider à féducation, au relèvement du peuple pour et par la patrie alle-
mande. Ainsi tout marchait régulièrement, et, après l'audition de cette page importante en public, Lohengrin aurait été tranquillement joué à Dresde, ainsi que l'avaient été Rien{i, luviiscr,
s'il
ne
s'était
Vaisseau
le
fautonie et
un grand bouleversement
produit
Tauii-
politique.
11
que Richard "Wagner, peut-être sous l'influence des théories subversives qu'il avait puisées dans les Universités, mais aussi parce faut dire
qu'en sa qualité de
réformateur
existait, était très porté vers
des
eût
convictions
misérable,
criblé
il
de dettes, traqué
content de
révolutionnaires.
arrêtées;
réfléchies,
jamais
n'était
les idées
par
mais parce ses
Non
qu'il
créanciers
pas qu'il très
était
il
;
ce qui
attendait
donc d'un changement politique une amélioration subite pour lui-même ou la réalisation immédiate de ses projets plus ou moins chimériques. 11
sur
la
Leipzig, I.
lie
beaucoup de papier; il avait mis au jour un essai réorganisation du théâtre de Dresde et du Conservatoire de
noircissait déjà
qu'il
RiLli.uJ
voulait transporter
Wagner
a voulu rcpioduiie
sans
plus
de façon
à
Dresde
les vci's allilcrcs Icis qu'il les lroii\ait
ici
l'ancienne Kdda. l'ius tarJ, dans Tristan, dans Parsifal,
il
dans
cniploieia un int'Iange
:
on
les (xicnics
d'allite'ratioiis,
d'assonances et de rimes. L'allitération n'est autre chose que la répélilion d'une nicnic lettre ou de plusieurs dans un seul vers. Le ce'lèbrc'vcrs de Racine Sa croupe se recourbe en replis tortueux, est un exemple d'allitération par l'j-. Cela s'étend à des syllabes similaires, ce qui est plutôt le cas de \\'agner, comme dans ce jeu grammatical Le rl^ tenta le rat, le rat tenté tdta le rij. L'assonance est une consonnancc imparfaite, par exemple j'aime et pleine, Iterbc et conserve, ou bien encore iMuu ami l'icrrvt, prétc-moi ta plume pour écrire un nuit. :
:
:
WAGNER
KICIIAIU)
88
de
peut juger
chez
produits en Allemagne
du
avait
plus tard, lorsque, à
par
le
contre-coup de
soulever
la suite
Kœnneritz en Saxe,
il
minis-
le
nouveau ministre de Tinté-
avait adressé au
il sympathisait, un long projet demandait qu'on séparât le budget de et qu'on remplaçât par une dotation
Martin Oberlasnder, avec lequel
rieur,
de réorganisation du théâtre
de
l'Opéra de celui annuelle
sur
prise
:
cour,
la
le
il
trésor public
jusque-là sur sa bourse privée.
Il
subvention que
la
mettre
suivre,
le
rêvait de centraliser toutes les insti-
théâtre en état de guider
pour
et,
enfin
;
de l'Éolise et
De
même
de
le
il
le
intellectuelle,
il
comme une annexe
de ce théâtre idéal
faisait
rattachait au ministère des cultes.
le
toutes ces belles propositions
avait pas
tout
vou-
il
;
lieu
une sorte de république artistique, soumise au régime
transformait en représentatif
goût public au
le
donner une direction
lui
donnait
roi
le
tutions d'art existant en Saxe, avec quartier général à Dresde lait
des
révolution
la
en France, un ministère d'opposition avait remplacé
18.18
tère
proposition
telle
Un peu
habitants de Leipzig.
les
troubles
de
qu'une
lirritatioa
examinées,
il
Wagner,
et
rien
n'était
froissé
on ne
résulté,
les
du peu d'attention qu'on
prêtait à ce long travail, se tournait de plus en plus vers le parti révo-
lutionnaire;
avec
frayait
il
de
plusieurs
directeur de l'école d'architecture, son ami de longue date le
philologue, avec Rœckel^
tique
il
;
se
laissait
à
affilier
d'imprimer à politique
;
la
des
sociétés
le
Dresdener
secrètes
s'en
et
allait
Vateylandsverein, afin
révolution projetée un caractère plus artistique et moins
à quoi les chefs de parti
visionnaire et d'esprit creux.
De
coup plus favorablement
le
et
répondirent en
son côté, leur
moins reçu une réprimande
pas
avec Kichly
;
nouveau journal démocra-
directeur d'un
prononcer un grand discours dans
Semper,
avec
chefs,
ses
des
il
laissait
ne
jugeait
les
voir
autorités,
le traitant d'artiste
;
mais
il
pas beaun'en
jugeaient
qui
avait
qu'un
maitre de chapelle royale avait autre chose à faire que d'aller pérorer
dans qui
même,
A
clubs.
les
ne pouvait
le
cet
instant
comprendre
et
de
sa
vie,
isolé
dans
n'ayant plus qu'à se
une
retirer
société
en
lui-
eut un instant l'idée de dépeindre son propre anéantissement
il
dans un drame de Jésus de Naiareth où Jésus n'aurait pas un Dieu descendu sur terre pour mourir, mais un homme heureux,
volontaire été
désireux de vivre, et que les bassesses de, ce monde dégoûtent à ce point qu'il marche à la mort comme à une délivrance. Il ne poursuivit
pas cette idée de poème, d'abord, dit-il, parce qu'un tel Jésus aurait été bien difficile à faire admettre, et puis parce qu'un tel diame aurait été défendu par la censure aussi longtemps que la société n'aurait pas subi un
changement
radical
:
dès lors, à quoi bon l'ébaucher?
a: o ~ z
I
a
â&#x20AC;&#x201D;
X o
= 'c
a
-J
i
"
RICHARD WAGNER
90
Malgré
la
gêne où
débattait,
se
il
qui bouillonnaient confusément
but,
idées de rénovation
les
pour base
sociale et musicale, avec le théâtre
pour
malgré
et
bonheur universel
le
dans sa
tête,
ne serait
il
probablement pas allé plus loin, si le révolutionnaire russe Bakounine n'était arrivé dans ce pays en fermentation. Celui-ci prit tout de suite sur Wagner une grande influence et Tamcna à un tel degré d'exaltaque Tambitieux musicien,
tion,
même
une
jour
certain
République
la
au
lettre et
pour
roi
de devenir ainsi
EnHn, le i"' mai 1849, lorsque le diète saxonne et que les chefs du
Wagner
peuple aux armes,
prononça
roi
parti
toujours
dessus quitta
arrivaient,
qui
prenait
fuite,
la
le
et à courir
le fusil
les
gens qui savaient
Sophie,
Les insurgés
sœur du
roi
d'abord
eurent
larmée régulière
incendié,
de
appelèrent
:
le
défaite et le roi
prussiennes
trente-six heures après, les troupes
mais,
ville;
la
princesse
la
Bakounine.
de
l'influence
rar>enal fut pris,
;
de
avait eu à se louer
il
la dissolution
socialiste
aux barricades, ce qui étonna au plus haut point
combien
lui-
premier citoyen de cet Etat
le
pas à prendre
n'hésita
de proclamer
conseiller
lui
libre. la
de bonne source, adressa
je tiens le fait
promptemcnt l'ordre, et Richard Wagner Semper Bakounine que et beaucoup d'autres
rétablissaient ainsi
:
était arrêté.
Une
demander Paris,
des
asile à Liszt, s'était
il
lié
tempérament
Wagner
(12
novembre
fête
de
succès
rapprochés
en
une
lettre
la
exécutant
toujours
avait
décisif,
été
la
Weimar,
dès
répétition
Dresde «
si,
le
de
pour arrêter,
individu
Paris,
hospitalière cet et
au
aux
Wagner,
16
184g, pour
il
le fugitif aurait
la
vante à bon
s'en
Journal des Débats, cette belles
dans à
de
ayant pris sa
février
comme
ouvrage
et
marqué son dévouement à Tannhœuser l'ouverture de le
et,
Liszt,
et
toute
Dresde,
grandes
choses,
l'Allemagne.
en
avait
forme classique d'une tabatière en
par Liszt à bras ouverts, d'une
d'abord
adressée à
renommée de
confirmation sous
à
pour jamais.
1848), puis l'opéra entier,
petite capitale, fait
une grande conformité de tendances
grande-duchesse régnante,
la
droit dans
avait
:
cour de Saxe-Weimar, avait
retraite à la
Weimar
de solide amitié, quand celui-ci était venu donner
avait
les
s'en alla tranquillement à
avec lequel, oubliant sa première impression de
concerts à Dresde
Richard
Wagner
hors de Saxe,
fois
or.
reçu
Le la
Accueilli
volontiers prolongé son séjour
19 mai, il n'avait appris subitement, au cours Tannhœuser, que des ordres étaient partis de
dans
politiquement
toute
dangereux
Germanique, un du nom de Richard Wagner.
Confédération
la »,
En même temps, le Wochenblatt, de Francfort, publiait son signalement « Wagner, trente-sept à trente-huit ans, taille moyenne. :
wac.ner
RrriHAru)
cheveux
bruns,
bouche
^,
dégagé, sourcils bruns, yeux gris-bleu, nez et
front
menton rond, porte des lunettes. Paroles et Vêtements redingote de bouckskin vert foncé,
proportionnés, rapides.
gestes
:
pantalon noir,
ordinaires.
bottes
parvint
à
de
gilet »
velours, cravate de soie, chapeau de feutre et n'y
Il
pas
avait
procurer un passeport
lui
temps
de
perdre
à
Liszt
:
conduisit jusqu'à Eisenach,
et le
sur la route de Paris.
En
Wagner
s'éloignant,
œuvre
sur son
propager.
la
et
savait qu'il laissait un
Un
«
jour,
ami sûr pour
veiller
que
j'étais
raconté,
a-t-il
malade, misérable et découragé, mes yeux tombèrent sur
que
de Lohengriu,
presque
j'avais
loureux en songeant que ces notes ne
comme
raient
en
mortes, et
m'assurant
parole.
grands
guration
de
et aussi
pour
célébré
le
de Herder,
statue
la
28 août, jour de
le
centenaire
par quelque grande
fallait fêter
décidé
qu'on exécuterait,
dont Liszt écrirait
première
fois,
le
Et Liszt
»
il
tint
grandes fêtes pour l'inauaoût,
jour de
sa
naissance,
un respect religieux.
avec
manifestation
25,
le
musique,
la
répondit
Weimar,
de
jouer.
programme de
le
demeure-
me
Il
dou-
naissance de Goethe, dont on avait
la
précédente
l'année
Lorsqu'on en vint à discuter
25
le
Liszt.
restreintes
faire
préparait alors à "Weimar de
se
Il
me
pour
coup
résonneraient jamais,
ressources
les
eiïorts
partition
la
un
reçus
deux mots à
j'écrivis
malgré
que,
plus
les
ferait
Je
oubliée.
ces deux journées, qu'il
de
scénique,
l'art
fut
il
Prométhée enchaîné, de Herder,
le
et que, le 28,
dernier opéra de Richard
on représenterait, pour
la
Wagner.
du chef d'orchestre Genast, s'occupa aussitôt de préparer l'exécution de Lohengrin conformément aux indications minutieuses Liszt, aidé
que
envoyait son ami
lui
représentation,
Wagner
c'était à ce point
:
que son
ouvrage
combien
sa
joie
de
arrivèrent
où,
dévouée,
il
malgré
le
guise,
gros public
en
;
Dès
de
Genast
joie
les
demandes
Wagner
coupures. la
lendemain de
le
que
insistant
;
par
une
:
«
Comme
pressantes
une
lettre
collaboration
à
aussi
demeure persuadé
et
du tout, par ces mutilations, à intéresser davand'ailleurs, il laissait ses amis libres d'agir à leur pour qu'en
Maîtres Chanteurs à
termes
plus
les
cas
pareil
on ne
le
jamais à l'avenir. Et, vingt ans plus tard, à propos de des
première soirée,
la
répondit
cause
lui
marque une résignation douloureuse
qu'on n'arrivera pas tage
un grand bonheur pour lui d'apprendre mais exécuté sans aucune suppression
peu!
et
quelques
d'autoriser
Genast,
Liszt
les
fut
être
allait
dura
encore des éclaircissements sur
adressait
moindres jeux de scène. Ce
jours avant la
que, trois
ici,
de
Berlin,
même
il
que
formulera la
le
la
consultât
plus
représentation
même vœu
plupart du temps,
je
en
ces
suis tout
RICHARD WAGNER
92
à
impuissant,
fait
rien
dise
mais
IJszt
»
!
familiers du maître
et la
;
de
suppressions
des
permission,
la
mal que déplorent
les
ces coupures s'est conservée,
et,
provient
là
tradition de
au cœur de T Allemagne, avec
grin
Genast usèrent modérément de
et
en usèrent,
ils
même
ce mal devait se produire, au moins qu'on ne m"cn
si
tout
le
on exécute encore aujourd'hui Lohensinon
tolérées,
Richard
par
consenties
Wagner. musicale, à laquelle Liszt présidait, avait attiré un
Cette solennité
nombreux concours à Wcimar; la presse étrangère avait répondu avec empressement à l'invitation du célèbre artiste, et l'on marquait le de juger l'ouvrage
plus vif désir
La première représentation si
ne fut pas un
ce
rendue
MM. se
trouvait
Faiztlinger
et
avait
Ortrude),
et
par
et
une invitation, sans doute en raison de qui!
(Eisa
Hœfer (Lohengrin, Frédéric et le roi), reçut-elle favorable. Au nombre des journalistes présents à Weimar, un écrivain français de marque auquel on avait adressé
Beck, Milde
un accueil
chaleureusement.
si
triomphe, au
Agthe
M'""
par
patronnait
qu'il
donnée au jour fixé, le 28 août i85o; moins Toeuvre, remarquablement
fut
du Faust, de Gœthe
faite
première traduction française
la :
Gérard de Nerval. En
c'était
décrivant ces fêtes dans la Presse, Gérard dut dire au moins quelques
mots de Lo/ieiign'u, qu'il soit, a
la
première
de Wagner.
La musique de
de
plus
en
talent
original
appréciée hardi
et
cet
aux
qui
trop
Grétry,
mis
d'importance piédestal
le
aux
fois,
premier écho qui a
...On a donné
Lohengrin, opéra en
représentations
On
à
trois actes,
scène et
suivantes.
l'Allemagne
a reproché
instruments
sur la
peu autorisé
si
opéra est très remarquable et sera révèle
se
encore que ses premiers mots.
donné
le
France des succès de Richard Wagner,
aussi ce jour-là, pour
plus
réservé,
si
son importance, car c'est probablement
retenti en
ait
court jugement,
et ce
et
à
qui
M. Wagner
d'avoir,
statue
la
et
C'est n'a
un dit
d'avoir
comme
disait
dans l'orchestre
;
mais cela a tenu sans doute au caractère de son poème, qui imprime à l'ouvrage
Les en
artistes
la
forme d'un drame lyrique plutôt que
ont
vaillamment exécuté cette partition
celle d'un opéra. difficile
donner une idée sommaire, semble se rapprocher de
musicale
Wagner
de Gluck et de Spontini.
Après Rien{i
et
qui,
pour
la tradition
avant Lohengrin,
Tannhœuscr, qui obtint un grand succès à Dresde et ensuite à Weimar. Le dernier opéra a paru un essai moins heureux de l'idée qu'il poursuit, de l'alliance intime de la poésie avait déjà
donné
le
<
et
de
la
musique.
»
Et pendant ce temps-là, Wagner, retenu à Zurich, attendait avec anxiété des nouvelles de Lohengrin. Un de ses élèves, Cari Ritter
—
—
«.-^
^-
^
RICHARD WAGNER EN l85 3. D'après un portrait de ClùmeiUine Strocker-Escher, lithograpliié par Fr. Hanfstœngl.
(Communication de
MM.
Breilkopf
et
Hœrtel.)
RICHARD WAGNER
04
car
Weimar pour cher
à
;
Wagner ne
et
rendre compte
se
prenant corps sur petite ville de
la
renseignements
rapporter les
lui
produit
l'effet
la
à
la
que son
œuvre
devenue
ce
tout cas, ce seul Lohengrin, joué dans
en son absence, avait
était
grande
la
mêmes
pour
plus
fait
:
par
on discutait beaucoup à ce précédents
ses
ouvrages,
Mais
sujet.
et
avait
qu'il
lui-même
mêlasse de poésie,
polémique suscitée
la
talent de musicien
quant à
j'ai
;
«
Vous verrez,
qui n'ait
pouvoir d'enflammer
que l'auteur
disait-il à ses
exilé pût avoir le
amis, que
:
Par tout
»
lui', tandis
je
serai bientôt le seul
:
Allemand
«
et
complète que
la
même
souche que Tannhœuser
précédente-. C'est l'expression
la
Wagner. Tandis que Tannhœuser français imité
par
même
Wagner dans temps
pensée qui aboutira à
qu'il
de
la tradition
deuxième
la
plus
style de
au Vaisseau fanl'école, à
l'opéra
Rienii, Lohengrin s'en sépare ouver-
fait
Tristan
le
se rattache encore
par de rares morceaux, à
tement, en
public
bonheur de l'entendre
plus riche de ce qu'on pourrait appeler
et,
le
me mon
seulement de deux années, Lohengrin est une œuvre autre-
et postérieur
tôme,
je
tour de l'Allemagne et que dix grandes années
Bien que manifestement issu de
haute, la
le
on ne connaissait absolument rien de
pas entendu Lohengrin.
ment miire
que
ne répugnaient pas à confesser
poètes
eu fréquemment
faisait le
se passaient sans
Les musi-
«
ce
enseignante, elle m'a toujours maltraité.
la critique
le reste de l'Europe,
que Lohengrin
les
à
pour
opéra
d'un
suffi
alors, n'avaient pas d'objection
et
il
;
sans inquié-
raviver, ne s'étendait pas encore hors des pays allemands. ciens, dit-il
que
lui
compris
pas
n'avaient
qui
en
de Dresde
ville
grand'chose à Lohengrin n'en parlaient pas sans passion, tude
sur
précis
En
Ceux-là
célébrité.
plus
à
allé
de
scène.
Weimar
les
était
se lassait pas de l'interroger, pour cher-
tous ses opéras précédents donnés dans touchait
—
mis à donner des leçons de composition
s'était
il
et
prévoir
la
puissante
évolution
Le poème de Lohengrin
Iseult.
meut en pleine légende, sans nulle attache avec ments mystiques qui guident les personnages,
de se
l'histoire, et les sentiles
mobiles auxquels
obéissent, seraient tout à fait insuffisants pour bâtir un livret d'opéra
ils
à la 1.
de la Muette ou de Robert ; mais
façon
ils
amènent cependant
Le 24 novembre i85o, peut-être par contre-coup dos fêtes de Weimar, Seghers inaugurait fameux concerts de Sainte-Ce'cile en donnant Touverture de Tannhœuser qui passait tout
Paris ses
à à
inaperçue, tant l'auteur était ignore chez nous.
fait
Wagner
Lohengrin il avait fait un grand pas en avant de Tannhœuser et de plus en plus du goiît contemporain, car c'était surtout Donizetti qui régnait à Dresde au temps de la composition de Lohengrin ; mais il ne s'exagérait p;is son mérite et disait modestement dans une lettre écrite en 1847 n .Te suis plutôt disposé à douter de mes talents qu'à les surfaire, et je dois considérer mes entreprises présentes (Lohengrin) comme des expériences pour répondre à cette question opéra est -il possible? » Et le plus curieux est qu'il disait vrai, puisque peu après il caressa l'idée d'écrire un Barbcrnusse sans musique étrange illusion d'un esprit universel. 2.
qu'il
sentait bien qu'avec
s'éloignait
:
:
V
:
lUCllARD VVA(;NER
g5
des épisodes tendres ou dramatiques tels qu'un compositeur n"en saurait désirer de plus beaux. On a remarqué qu'il existait, et Wagner lui-même
deux poèmes tXEiiryanlhe de Luhengrin, qui empruntent à des légendes dilïérentes des carac-
en convient, des analogies frappantes entre et
les
Le comte de Telramund
tères et des situations à peu près semblables. et
Ortrude ne sont-ils pas agités par Eglantine
et
Euryanthe et
Eisa
;
Lohengrin
et
et Adolar, placés
chevaleresques; enfin
médiateur? C'est à
la
fin
du
siècle,
XII*
l'un
mêmes
pas
là
et
ici
fameuse épopée de Parsifal
Wolfram d'Eschenbach,
l'un
comme
pas,
situations poétiques
de
rôle
le
et Titurcl,
et le roi
juge
et
dont l'auteur
des plus célèbres Miiincsitiger de
empruntée
qu'est
la
légende de Lohengrin
de chanteurs donnés à
des tournois
passions que Lysiart
trouvent-ils
se
d'Allemagne, Henri l'Oiseleur,
jouent-ils
est
dans
ne
au milieu des
roi
le
innommé ne
de France
mêmes
les
la
la
et c'est
;
Wartbourg, comme
Tannhœuser , que Wolfram chanta pour la première fois le poème de Lohengrin, à la prière du landgrave de Thuringe, des dames présentes et de son ennemi même, le magicien Klingsor, « lequel cherchait à le tenter à mal et à le g-agner au diable en excitant son
celui de
envie et son orgueil par une
Wolfram, soutenu par queur de cette Lohengrin,
Vierge, qu'il servait
la
lutte avec le le
«.
Mais
fidèlement, sortit
vain-
supérieure à
science
malin esprit.
Chevalier au Cygne, est
de Parsifal, auquel a été
fils
mont
confiée la garde du Saint-Graal, ou Gréai, sur le
pieux chevaliers
chargés de ce saint
office
événement quelconque ne
de dévoiler leur mission
divine
ainsi
que
défendre en
Lohengrin descend
champ
clos
de
l'origine
et
des
Salvat
;
or, les
ne peuvent rester et agir
sur terre qu'autant qu'un
C'est
sienne
la
les
a pas
leur force
régions
forcés
invincible.
inaccessibles
pour
accusée d'avoir noyé son jeune frère,
Eisa,
du Brabant, par l'ambitieux Frédéric de Telramund et la celui-ci, la haineuse Ortrude Ratbod mais, avant de tirer répée pour Eisa, Lohengrin lui fait jurer qu'elle ne cherchera jamais à le connaître. Eisa souscrivant à cette condition, Lohengrin croise le fer avec Frédéric et le terrasse, mais il lui fait grâce de la vie. Tous l'héritier
femme de
les
que
;
seigneurs brabançons
l'empereur
le
saluent alors pour leur chef dans l'expédition
d'Allemagne
prépare
contre
les
Hongrois
révoltés.
Frédéric, déshonoré et dépossédé de ses biens, juge la partie perdue,
mais Ortrude s'introduit en suppliante elle
s'insinue
dans sa
confiance
premiers germes du doute et de époux. elle
Eisa
résiste
à
ses
la
et
auprès de
jette
dans
ce
la
généreuse Eisa;
cœur candide
les
curiosité au sujet de son mystérieux
suggestions, mais,
va entrer triomphalement dans
l'église,
au moment
Frédéric
somme
même
où
son vain-
RICHARD WAGNER
gô
de
queur
une
avec
déjà
A
défenseur.
connaître devant toute la cour,
faire
se
impatience
croissante
dédaigneux
silence
le
peine sont-ils réunis tous deux dans
Lohengrin de questions pour
qu'elle presse
brûle de savoir; vainement celui-ci
lui
Eisa supporte
et
lui rappelle-t-il
son serment solennel;
va
lui
Au moment
aimé.
cygne blanc revient pour
le
où ce
de
trouble
l'esprit
son
arracher ce secret qu'elle
Eisa, dont l'esprit s'exalte à chaque nouveau refus, croit
échapper, que
de
chambre nuptiale
la
des
et
que son mari
ravir
lui
sens
son bienson
atteint
paroxysme, Frédéric, caché par Eisa dans une chambre voisine, s'élance
pour frapper Lohengrin, mais celui-ci se retourne et tue son adversaire; puis, voyant son bonheur à jamais évanoui, il ordonne qu'on revête El:a de blancs habits et qu'on
devant toute il
explique
la
cour assemblée,
l'ordre
souverain
retourner au mont Salvat, car
la
conduise au tribunal du
Là,
roi.
dévoile et son origine et sa mission
il
qui
l'oblige
à
mais
partir,
;
de
avant
rend le jeune Godefroid à sa sœur Eisa, cygne blanc, qui avait amené Lohengrin, n'était autre que le
le
il
jeune prince transformé en cygne par les maléfices d'Ortrude. Lohengrin
jamais
à
disparait
Rien qu'à voir dans
le
monde
et
Eisa tombe sur
rivage frappée de mort.
le
les principales lignes
de ce poème, aujourd'hui connu
du grand nombre de situations
entier, n'est-on pas frappé
d'une rare puissance dramatique qu'il renferme et ne reconnaît-on pas
que
en
c'est,
Moyen-Age
et
somme,
fondue avec
ferveur et de foi?
Ce
antique
fable
la
frappe déjà à
qui
Psyché,
de
la
lecture de la partition de
Lohengrin, mais ce qui est bien autrement saisissant à
forme absolument nouvelle dans laquelle
c'est la
est
de tout point conforme à
forme dans son entier
au
transportée
légendes religieuses d'une époque de
les
vérité
la
comme un
vaste
elle-,
la
représentation,
est
plus absolue.
la
conçue
et qui
Chaque
acte
morceau symphonique, dont
les
selon l'expression des scènes ou le
dessins d'orchestre varient à
l'infini
sentiment des personnages,
mais sans se rompre en aucun endroit.
Au-dessus de cette trame orchestrale, dans cette atmosphère sonore qui double
la
puissance de
la
voix et l'expression mélodique
des phrases
chaque personnage déclame juste ce qu'il doit dire, jamais moins ni plus, en un récit toujours très mélodieux et très élevé, mais sans se répéter, sans presque jamais chanter avec un autre personnage,
chantées,
car
il
est
ensemble,
également contraire à
comme Grimm
et
la vérité
Rousseau
que deux personnes parlent l'ont
longtemps, ou qu'une seule redise plusieurs qu'un exercice vocal. D'ailleurs, à ces répétitions ristiques
qui
Wagner
fait
fois le
remarquer depuis
môme
refrain
ainsi
supplée d'une façon admirable
inexplicables et inexpressives par des phrases caracté-
déterminent
non
seulement un
personnage,
mais une
o 00
5
o J
l
.;;
r
u
=
z
— ~
o —
4>
RICHARD WAGNER
(^8
situation,
une scène tout entière,
même
l'état
de l'àme à
tel
moment
une donné, et qu'il fait reparaître, qu'il combine toutes ensemble avec nouvelle, et dont aisance incroyable. Cette forme musicale entièrement surprise à l'auditeur rien ne peut donner une idée, doit causer une vive mieux préparé et Ton ne saurait exprimer l'effet produit en prenant le
mais cependant il pour point de comparaison nos opéras ordinaires semble impossible que tout esprit non prévenu ne soit pas frappé d'admiration devant une œuvre où des éléments si divers sont maniés d'inspiration. avec une telle force de volonté et une telle puissance ;
Chez nombre de gens, plus
lents à
comprendre ou
à s'émouvoir, l'admi-
et n'en sera ration sera plus longue à venir, mais elle viendra sûrement
que plus «
11
après
réfléchie, plus inébranlable.
dans une brochure écrite peu de temps représentation de Lohengrin, d'apprécier cet ouvrage avec
est impossible, dit Liszt la
veut y chercher l'ancienne facture d'opéra, les divisions accoutumées des morceaux de chant, la distribution reçue des airs, romances, soli et tutti, en un mot toute l'économie adoptée pour
justice
si
l'on
faire valoir les
chanteurs
et les
mélodies, dans une proportion souvent
'Wagner abjure solennellement toute donna assoluta prise en considération des exigences habituelles de prima
arbitraire en faveur des premiers.
ou de basso can tante.
A
ses
yeux,
il
de chanteurs,
n'y a pas
il
n'y a
que des rôles; si bien qu'il trouve parfaitement simple de faire garder cantatrice durant tout un acte, le plus complet silence à une première scène, où sa présence, eflfectivement nécessaire à la vraisemblance de la ne doit être marquée que par un jeu muet, certainement aussi dédaigné qu'inexécutable par toute diva italienne'.
pendant
tout
dans
que
le
le
premier
finale,
et
acte
«
Ortrude, en
de Lohengrin;
cependant,
elle
l'actrice
si
possède un véritable sens dramatique, effets de ces jeux de scène muets.
elle
ne
effet,
ne
dit rien
chante un peu
chargée
de
ce
rôle
saura tirer les plus beaux
forme technique, le mérite l'a intrinsèque et la puissance rayonnante de cette musique à qui ne jamais entendue, autant il est malaisé d'en citer un morceau plutôt qu'un autre, car il n'y a pas, à proprement parler, de morceaux, et Autant
est
il
difficile
d'expliquer
la
Ton ne saurait détacher une partie quelconque de l'unité si complète et aussi distant du récitatif si serrée que forment ces opéras, par leur style banal que des périodes cadencées de nos grands airs. L'auteur a voulu que l'effet fût produit sur l'auditeur, non par telle phrase ou telle y a complètement réussi. De vient l'impossibilité d'en extraire une mélodie, un fragment complet
page, mais par l'ouvrage entier, là
I.
Lohengrin
et
et
il
Tanniuvuser. (Leipzig, chez Brockhaus, iS5r.)
—
RI
CHAUD WAGNER
par lui-mcme, à moins de chanter troisième
duo; de
d'un
dépasse
qui
acte,
de
toute
scène,
comme
du
celle
proportions ordinaires
les
morceaux qu'on exécute isolément la marche nuptiale,
prélude, la marche religieuse,
le
:
une
beaucoup
vient aussi que les
là
dans des concerts
en
rayonnement que lorsqu'ils sont à leur place naturelle au milieu du drame, entre les fragments qui les ont annoncés et ceux n'ont leur plein
qui les rappelleront.
Chaque ensemble, la
acte
poétique et
:
la
du premier, avec ces magnifiques chaste prière d'Eisa,
du duel
la
—
;
d'Ortrude,
du deuxième, avec
— ou du troisième,
avec
duo
l'incomparable
enfin
de mai,
à
la
et
Weimar
grand retentissement
très
magne
victorieusement
seulement
et se
les
par
la
et le
de tous
réunion récits
chœur des
Italie,
se jouait
une
à
lieu
les
tour à tour
seigneurs
résignés et
Liszt eut donc un
tentative de
et à
que des plumes fran-
chaque hiver,
Berlin, mais
l'Alle-
un chef-d'œuvre,
monde
il
entier'.
s'est
Non
plus grand
nombre
est considéré
comme
le
en Russie, où toute une école, qui a produit des ouvrages
Espagne, en qu'il
fiançailles,
propagea rapidement par toute
c'est l'opéra qui obtient,
remarquables, traite déjà
très
réveille
veiller sur le Saint-Graal.
sur les scènes lyriques du
de représentations à Vienne classique
l'entrée
foudroyante de Frédéric;
çaises, hier encore hostiles, déclarent aujourd'hui établi
roi,
trompette au lever du jour,
depuis trente ans et plus, cet ouvrage
;
du
où Ortrude
scène
et l'intervention
triomphants du chevalier qui retourne
Le succès obtenu
récits
d'Eisa et les supplications hypo-
marche nuptiale
la
d'amour,
Champ
au
la
appels de
brillants
les
magnifique marche religieuse
feudataires
son
descente de Lohengrin aux cris
la
l'orgueil de Frédéric, avec la rêverie crites
dans
adieux du chevalier à son cygne et ce grandiose
la foule affolée, les
finale
considérer
le
bien avisé serait celui qui dirait auquel des trois donner
et
préférence
de
également admirable, à
est
rétrograde
applaudi au Nouveau-Monde.
Il
;
il
est accepté
il
courtoise reparaît
de langue française,
entre
la
Nilsson
régulièrement sur
et ce
et
en
n'y a pas longtemps
concurremment à Londres sur deux théâtres
lutte
d'Eisa; enfin,
Wagner de
l'Albani
et
dans
donnait le
l'affiche à Bruxelles,
rôle
pays
retour constant d'un ouvrage très goûté et
I. Lohengrin était représenté à Wiesbaden, en i853 ; à Leipzig, Schwerin, Francfort, Darinstadt, Brcsiau et Stettin, en 1854; à Cologne, Hambourg, Riga et Prague, en iS55 à Munich et à \ienne, en i85S à Berlin et à Dresde, en i85q, etc., etc. Lohengrin en français, traduit par .M. Ch. Nuitter. fut joué pour la première fois au théâtre de la Monnaie, à Bruxelles, le 22 mars 1870. Distribution M"" Sternherg (Eisa) et Derasse (Ortrude) MM. Blum (Lohengrin), Troy (Frédéric) et Pons (le roii. Une première reprise eut lieu le 14 avril 1871, avec les mêmes chanteuses, plus MM. Warot, Monnicr et Jamet une deuxième s'elîectua le 2g octobre de la même année avec M"" Sternbcrg, Von Edels;
;
:
;
;
berg
;
MM. Warot,
et
Lassallc et \'idal. Entîn cet opéra prenait sa place au répertoire après la brillante il était chanté par M'"" Kursch-Madicr et Bcrnardi, MM. Tournic, Devovod
du 25 mars 1S7S, où Dauphin.
reprise
RICHARD WAGNER
joo
assuré du succès semble en Belgique
Guillaume Tell
Paris celui de D'ailleurs,
prévenus
et
où qu'on joue à présent Lohengriu, plus
les
frappés,
toujours
novices,
ravis,
ceux
Eh
et ils
sont, là, pris et captivés par l'idée
le
retour, le contact et la
reparaissant
mariant
former
sous
les
ainsi
un
tout
déprécier
Wagner,
qu'imiter
Weber
le
bien
les
Mais
il
ramène une ou deux vert
wagnérienne pure,
contrariant
se
ou
se
du
connaissant mal, assurent
fois certaines
à savoir par
drame, et arrivant à incomparable. Ceux qui veulent mais
symphonique
y a tout un
non
cœur de Wagner, sont symphonie accompagnant
plus divers,
qu'il
n'a
fait
en
cela
compositeurs qui ont, eux aussi, mis
quelques mélodies en évidence pour situations.
auditeurs
sans qu'ils s'en rendent compte,
!
musicien,
et tant d'autres
les
de diverses phrases caractéristiques
fusion
aspects
non du
au gré,
le
par cette
maîtrisés
drame.
selon
commentant
le
que peut Têtre à
naturel
aussi
Huguenots.
et des
faire
les
monde
reparaître en différentes
entre la manière
dont
Weber
phrases principales, toujours à décou-
avec leur entier développement, et
la
façon
dont Wagner, une
fois ces motifs-types posés, les reprend, les accouple et les combine en
un
tissu
symphonique d'une seule pièce
dont nul compositeur théâtral
et
n'avait eu l'idée avant lui.
Or, tel
il
est à l'honneur des
coup de génie, ainsi que
premiers partisans de n'avoir pas l'a
fait
ri
d'un
Berlioz, et d'avoir compris quels
horizons nouveaux pareille initiative ouvrait à
RICHARD WAGNER CHEF
\>
l'art
ORCHESTRE.
Caricature allemande de Gust. Paul,
iS6.".
musical.
CHAPITRE
Vlll
RICHARD WAGNKR KN EXIL
K C R ir
T H KO RI QUE S
S
COMPOSITION DES NIBHI.LNGEN
iCHARD Wagn'i:k, proscrit d'Allemagne, arrivait à Paris au milieu du mois de mai France.
d'aller en
ment
gagner à
pas à Paris,
l'Art
et
la
séries
Révolution;
bien plus disposé à
où
d'articles
à
Wagner
résolut
Zurich où s'étaient
ses
français
vues
sur
des
sans façon que Paris était
discuter sérieusement les théories
de partir,
sur
scène
la
dès
et
la
politique.
musique en France
la
un
amis
ses
et l'éloi-
grand
mois de juin
le
de
plusieurs
réfugiés
voulait se
et le directeur
rapports de son art avec
les
Une fois bien constaté le triste état de gnement de tout directeur à risquer tragique,
exposerait
il
dit
lui
plaisanter qu'à
musicien allemand sur
11
aisés'était
premiers
ses
prit.
le
mais cela ne put aboutir,
Débats, auquel Liszt l'avait adressé,
d'un
dès
publiant dans un journal
connaître en
faire
des
lui-même
et
Mais,
cet espoir.
découragement
le
conseillant
lui
Liszt .espérait qu"il pourrait
une position solide
s'y faire
laissé
En
184g.
il
opéra arrivait
politiques
de
Dresde. 11
s'y
de cette lui
fixait ville,,
à
demeure
où sa femme
furent douces, en
de décrire
ma
joie,
au mois
et,
de tortures et de désirs, libre en
moi ces
désirs.
capitale chez Richard
»
11
Wagner.
j'eus je
me
il
devenait
citoyen
retrouver. Ces années d'exil
le
à ce qu'il dit
que que
après
impressions douloureuses et
naître
venue
était
somme,
d'octobre,
:
«
me
Il
serait impossible
passé par-dessus
les
premières
sentis libre, enfin, de ce
monde
de l'entourage ennuyeux qui avait s'accom[)lit 11
prit
la
alors
plume
une
fait
transformation
afin d'expliquer et
de
défendre ses idées, et ces premières années d'exil sont marquées par une longue série d'écrits théoriques et critiques. « Mon état mental,
en revenant sur ces livres et ces essais, ressemblait à une lutte; j'essayai d'exprimer théoriquement ce que je ne pouvais exprimer par disait-il
une création directe, en raison du désaccord complet de mes aspirations d'artiste avec les tendances du public, particulièrement au sujet de l'opéra.
«
RICHARD WAGNER
102
Le premier de ces
où dominent
l'Art et la Révolution,
est
écrits
les préoccupations politiques et
aboutissant à cette conclusion
sociales,
qu'un bouleversement complet peut seul remettre l'homme en état de
goûter lart pur
de Sophocle dans lequel d'une
race
oij
ne
instincts,
les
du luxe
et
que
les
forces
n'adorant
par
son
de
orgueil
domination,
du gain, qui gagne jusqu'aux l'esprit
de ces forces de
la
l'échafaudage
tout
pourra comprendre
aimer
et
en
le
balaie
social, et
le
tous
ramène
les
préjugés
qui
l'art'!
Wagner
plusieurs mois et qu'il
pour bien marquer que
l'avenir,
il
bien que Par malheur, Wagner
phraséologie de
la
théories, de
sorte
que
Feuerbach
dune
la
poésie, la
le
musique
drame des Grecs; mais
unis, dit-il, dans le
avaient
lui
fait
ses
aller
laissé
s'est
que ce
valeur réelle, est pénible à
y reprend les idées esquissées dans développe à sa façon. :
dédiait à Feuer-
à
en l'appliquant à ses propres
11
trois arts frères
le
résultat déroute le lecteur et
le
d'un style chaleureux et
Les
de
et
à l'état de nature, où
remerciant par épître du
ouvrages de philosophie.
et les
également
nature. "Vienne donc une révolution
plaisamment (Euvre d'art de
adopter
christianisme
contemplation
la
son idéal ne se réaliserait pas de sitôt; de plus,
égards.
ses qu'il
brochure, qui ne donnait qu'une indication, fut bientôt suivie
(>ette
intitula
le
artistes, ont
humain de
d'un travail de longue haleine qui occupa
bach,
nature
la
mépris du monde, enfin l'industrie moderne par cette
aveuglent et dégradent l'homme, il
de
superbe
selon
liberté,
?
en détournant
l'art
renverse
qui
en
toute
dieux.
ses
d'abord,
jouissance
la
parfait, la manifestation
l'art
développait
:
antique
étouflFé
se
au théâtre d'Eschyle et
Pour quelles causes cet art a-t-il décliné mêmes raisons que l'état social lui-même parce que la Rome
ensuite par son soif
trouve
il
l'homme
connaissant,
personnifiait en
Par
Wagner remonte
et véritable.
lire
travail,
à tous
précédent opuscule
et la
mimique, étaient
drame disparut avec
le
la
chute de l'Etat athénien, l'union des arts fut dissoute et chacun d'eux
une existence à
eut
passe-temps.
A
tombant par instants au niveau d'un simple l'époque de la Renaissance, et depuis, on essaya de les lui,
rassembler encore, mais ce de chaque
art, pris
plus
loin
sans
la
abandonner 1.
demande
il
mimique ses
plein
développement
devenir incompréhensible,
degré de perfection, musique,
en vain, quoique
la
en particulier, aient augmenté.
séparé a acquis son
art
fut
à tous les
prétentions
Richard Wagner, pur
!..
deux;
Bcinardini
un
portée
jours,
chaque poussé
absurde.
A
ce
art voisin, la poésie à la
chacun de ces arts devra
alors,
pour
De nos
la
ne peut être
fantastique,
à s'associer à
égoïstes
et
technique et
concourir à
un
ensemble
RICHARD WACÎNi; R artistique idéal et le
rations futures ce
En
,o3
drame musical « pourra devenir pour les génédrame de la Grèce était pour les Grecs'.
«
le
c-jue
Nouvelle Ga^clte musicale de Leipzig publiait, sans Du Juduisme dans la musique^ signé crier gare, un article intitulé du pseudonyme de K. Freigedank (libre pensée)'. Comme ce journal, i85o,
la
:
par Brendel, avait à peine quelques centaines de lecteurs,
alors
édité
cette
attaque
siteurs juifs, ne flatté
:
contre la
violente
si
on ne reproduisit pas contre
bien
surtout
et
mais
,
factum
le
l'éditeur, à
seurs, ses
alternative
il
:
Cependant
nom
le
et
de
vrai
Brendel
caché.
enseignant
garda
l'auteur
le secret.
sur
était
toutes
hostiles.
qu'ils
:
Mendels-
part de cette opinion que les Juifs, en quelque
11
s'expriment,
ont
toujours
de
l'air
une langue apprise, non leur langue naturelle, encore bien
lui
C'est qu'il attaquait là sans merci les
plus puissants et les plus applaudis des musiciens allemands
sohn et Meyerbeer.
lèvres,
les
reconnaissable, et déjà bien des journalistes
devenaient ouvertement
le
moment
mais Brendel refusa de se soumettre à cette
;
conserva sa place
tant sa manière était
sont
le
la
de démasquer l'écrivain
langue
s'en était
défaut du véritable auteur qu'on
demeurait
qui
Wagner
borna pour
et tout se
compo-
les
musique au Conservatoire de Leipzig, onze des profescollègues, le sommèrent par lettre d'abandonner sa chaire ou
de
l'histoire
juive
pas tout d'abord autant de bruit que
fit
à des représailles
soupçonnait
race
parler
et
il
en étrangers
en conclut qu'ils
impropres à traduire idées ou sentiments par
plus
chant, qu'ils deviennent alors insupportables et répugnants. Le Juif
civilisé,
prétend se manifester dans
lorsqu'il
que par des choses ordinaires, tique l'art
n'est
pur à
que son telle
ou
quent, lucrative l'attention
;
il
«
:
n'a
et
forme actuellement à
la
Peu qu'un
lui
naturel
importe ce
souci
celui
:
qu'il
de
ne peut être inspiré
son prétendu instinct artis-
du gain
instinct
telle
triviales, car
l'art,
porte à sacrifier
mode
et,
crée, pourvu
forme.
la
sortes d'aménités de ce genre à l'adresse de
le
la
»
par conséforce
qu'il
Après toutes
race juive en général,
Dictionnaire de musique, de Grove; article Wagner, par M. Daniireuther. Lorsqu'il parut une reédition augmentée en brochure (Leipzig, iS6o), Wagner la signa lie smi véritable; alors, une foule d'articles et de pamphlets plurent de tous côtés, et s'il désirait du
1.
:
2.
nom
brochure et d'autres ouvrages de lui, demeurés inconnus amis cherchent à disculper Wagner de la sorte Meyerbeer, disent-ils, quand il patronnait Wagner à ses débuts, le faisait dans son propre intérêt et pour s'assurer l'allié qui lui manquait parmi les vrais musiciens, des maîtres comme Spohr et Marschncr, Mendelssohn et Schumann, n'appréciant que les talents commerciaux de Meyerbeer et regardant sa musique comme une farce ingénieusement combinée, etc. Il est possible que Meyerbeer ait eu cette arriére-pensée d'enrôler Wagner dans son parti, qui comptait surtout des adhérents littéraires et des
tapage,
il
fut servi à souhait, car,
du coup,
cette
jusque-là, trouvèrent quantité d'acheteurs. Ses
:
n'en est pas moins vrai qu'il a protégé Wagner d'une façon très cllicace et décidé de l'acceptation de Rien^i à Dresde; il n'en est pas moins vrai que Wagner, non seulement s'était laissé faire une douce violence, mais qu'à diverses reprises il avait sollicité lui-niOme et provoqué l'intervention de Meyerbeer c'est là ce qui aurait dû l'arrêter.
soutiens dans la presse;
qu'une
lettre
de
il
lui avait
:
RICHARD WAGNER
,04 il
attaque en
face
nommcmcnt
et
deux ennemis
ses
:
ce
voilà
que
n'aurait pas fait quelqu'un de plus avisé.
Pour Mendelssohn encore,
déclare qu'aucun autre compositeur juif
il
n'excite également sa sympathie
que de
condamné par l'examen des qu'il
en
a
y
lutter contre
voir
le
sa naissance
que
et
c'est
un spectacle douloureux
l'impuissance originelle à laquelle
Le
«
:
que nous a donné
résultat entier
de notre antipathie contre l'élément
raisons
lui-même
nous
chez
et
de
est
il
contradictoii'e,
juif,
tout ce
son
toute
impuissance à se mettre en rapport avec nous; son infructueuse tenta-
pour développer des
tive
cela
tout
exclu,
vraiment
sur
un
sol
d'où
est
il
montre au plus haut degré et comme un conflit la nature, dans la vie, dans la production
se
dans
tragique
artistique de
ayant germé
fruits
Mendelssohn, mort
jeune.
si
En
cet
homme, nous
recon-
naissons qu'un Juif peut être doué du plus beau, du plus grand talent; qu'il
peut avoir reçu l'éducation
peut
avoir
la
grande,
plus
plus soignée, la plus étendue; qu'il
la
plus
la
noble ambition,
sans arriver
une
malgré tous ces avantages, à produire sur notre esprit et notre cœur cette profonde impression que nous attendons de la musique, dont nous la savons capable, l'ayant éprouvée tant de fois, dès qu'un seule
fois,
héros de notre art nous
faisait
entendre un seul de ses accents.
»
« La faculté Pour Mcyerbeer, il y a moins de circonlocutions de tromper est si grande chez cet artiste qu'il se trompe lui-même, et peut-être le veut-il aussi bien par rapport à lui-même que par rapport au public. Nous croyons, en effet, qu'il voudrait bien créer des œuvres pour sortir de d'art et qu'il sait qu'il n'est pas en état de le faire ce conflit pénible entre sa volonté et sa faculté, il compose des opéras :
:
pour Paris
et
les fait
exécuter dans les autres pays,
—
ce qui est, de
le moyen le plus sur d'acquérir la gloire d'artiste sans être Quand nous le voyons ainsi accablé par la peine qu'il se donne pour se tromper lui-même, il nous apparaît presque comme un person-
nos jours, artiste.
nage tragique, mais pour
ne s'y
qu'il
règne
qui
y a chez lui trop d'intérêt personnel en jeu mêle pas beaucoup de comique d'ailleurs, le Judaïsme
dans
il
:
les
arts,
et
que
le
compositeur représente dans sa
musique, se distingue surtout par son impuissance à nous émouvoir par
le
ridicule qui lui est inhérent.
Entre
les
tenants
second,
compositeur sérieux
acquise
tiers
et
parti
:
celui
des Juifs
jaloux
provoquer l'attaque
et
surtout
une de
protonde
horreur
du
belle
position
de
la
Mendelssohn, Wagner dénonce un qui continuent à composer, et qui cherpar
chent à empêcher tout scandale ])as
»
du premier qui ont
ceux du
second,
et
entre
les
deux groupes,
a lin
de ne
de pouvoir poursuivre en paix leur travail
RICHARD WAGNER de fabrication
Ceux-là,
"
:
dit-il,
ont de
fructueux des opéras de Meyerbeer Tafïaire rapporte,
il
;
la
ils
considération pour
pensent que, du
:
«
Nous devons encore
produisit parmi nous
pour s'unir à nous,
le
succès
moment que
y doit y avoir là quelque mérite, sans qu'on puisse
tout approuver et tout donner pour résistant.
Conclusion
io3
comme
afin
auteur.
Il
de se délivrer
conscience qu'il ne réussira
«
parler
dun
est sorti :
il
autre Juif qui se
de sa position de Juif
n"a pas réussi et a
qu'en cherchant
du avoir
avec nous la délivrance
RICHARD WAGNER VERS l855. D'après une gravure sur bois.
commune
— La
signature, rapportée, est de iSoiS.
qui doit faire de nous tous de véritables hommes. Mais devenir
homme
avec nous, c'est, pour les Juifs, avant tout, cesser d'être Juifs.
Bœrne
avait cessé de l'être, et c'est
précisément
lui
qui apprend que
une douce quiétude et dans indifférente, mais qu elle est, pour les Juifs,
cette délivrance ne peut être obtenue dans
une nonchalance froide
comme pour
et
nous, le prix d'une lutte remplie de peines, de souffrances
Que
prennent franchement part à cette lutte qui doit détruire notre nature actuelle, et nous serons unis et inséparables Qu'ils se souviennent en même temps que la délivrance de la
et
de douleurs.
les
Juifs
!
14
RICHARD WAGNER
,o6
malédiction
l'Anéantissement.
Wagner tissants,
Gloire à Schopenhauer
y>
même temps
publiait vers le
travers
à
!
de
envoyait
qu'il
deux premières années
les
nombreux travaux de
ses
:
d'autres articles moins reten-
gauche en Allemagne. Durant
passa à Zurich,
d'Ahasvérus
celle
ou souvenirs personnels
écrits théoriques
droite et de qu'il
peut être que
eux ne
pèse sur
qui
critique,
il
conduisait des concerts à grand orchestre ou surveillait des exécutions
de ses œuvres au Stadttheater, aidé déjà par ses jeunes disciples Cari Ritter
Hans de Bûlow
et
musical,
où
Paris,
à
décisif
manière d'exemple
en
Siefr/ried
;
d'un
lui
en rapport avec un
entré
était
il
drame
le
de ses amis qui rêvaient toujours pour
enfin, sur le conseil
succès
Mort de
la
lisait
il
conférences sur
des
faisait
il
;
librettiste
drame sur la légende Scandinave mettait lui-même en scène et racon-
français, et terminait le projet d'un
de Wieland
forgeron, où
le
se
il
tait ses propres souffrances.
espérait
II
que ce poème, une
achevé et traduit en vers fran-
trouverait un accueil favorable, et, pour hâter l'affaire,
çais,
lui-même à Paris en
môme qu'il
fois
à
février i85o; les
lecteurs
leurs
employait
ses
Paris, d'Eugène Suc.
quelque démarche,
à
ne
11
partie
vivait
qu'il
loisirs
faisait rien
et,
au Prophète,
et
Mystères de
les
de tout cela,
racontaient
Bruxelles,
à
partie
ici,
allemand
en
traduire
se serait heurté
il
journaux allemands
arriva
il
avait tenté
s"il
qui
de se
venait
Meyerbeer aidant, occupait alors Le désespoir qui le prit, joint à
jouer durant l'année précédente, et qui, toute l'attention du
monde
musical.
son mauvais état de santé,
lui
causa une maladie
rendre à Bordeaux, puis à Villeneuve, se guérir, et, dès
mois de
le
juillet,
sur il
le
nerveuse;
il
de Genève,
lac
dut se
de
afin
de retour à Zurich.
était
Il
abandonnait complètement ce Wieland pour penser à mettre en musique la
Mort de Siegfried ; mais
surtout
tique et, dans le courant de i85i, la
il
il
fameuse Communication à mes amis,
souvent citée,
si
considérable
:
réunis en
Opéra
Cet ouvrage,
et
qui
un volume,
musique;
2°
ne
contient
Théâtre
le
Poésie
trois
tendent à démontrer ceci
sion, à savoir la le
vrai but,
:
le
le
sous forme
de Tannhœuser et théorique
écrit
l'essence
de
plus
parties
de
drame de
:
i°
la
comme
politique
l'Opéra
le
plus
ni
de
et l'essence
poésie dramatique
l'avenir
que, dans l'opéra,
le
;
et
moyen
toutes
;
les
d'expres-
que drame, a été subordonné aux formes musi-
musique, a été pris
à savoir
presque
trois et
Musique dans
3° la
et la
son
cri-
Drame.
pseudo-philosophie, est divisé en
de la
et
l'olant,
de
même temps
presque en
publiait
de préface aux trois poèmes du Hollandais de Lohengrin,
à ses travaux
revenait
seul objet et but, tandis
RICHARD WAGNER La
,07
respective des deux arts a donc été complètement renversée et l'effort de l'auteur tend à la rétablir. cales.
D'où
situation
mal
le
embryon de prétexte
l'opéra,
à
où
jeux
les
chanter des
faire
De
venu?
est-il
pour
surtout
tel
ou
tel
dramatique
de scène et l'action
airs,
bornait à écrire des morceaux selon et
cantate
la
où
tâche
la
n'étaient
du
Lorsque
chanteur.
tel
ou
ballet
le
qu'un
compositeur
type adopté pour
le
italienne,
se
tel sujet
greffa
se
musicien dut tendre à reproduire des formes de danse populaires comme il reproduisait pour la voix des chansons populaires là-dessus, le
industrieusement défigurées
;
les airs
chantés se relièrent entre eux au
moyen de récitatifs conventionnels quant aux tout bonnement à la queue leu leu.
airs
;
Gluck,
Survint
premier réformateur, qui
le
pour mieux approprier sa musique à mélodie en suivant
un terme à
de
la
devenir les interprètes de ses intentions
forme
—
même
L'ouvrage
l'avait
trouvé.
d'airs,
de chœurs
travaillaient
dramatiques
—
et c'est là le point capital
et
demeura
de ballets tout
pour Gluck
l'action, sans être
entier
lui
fournissaient
Les grands successeurs
et
mais
;
il
mit
chanteurs à
pour
assemblage de
avant,
pour
les
;
la
récits,
et les auteurs
qui
des paroles où
les airs
reléguée au second plan.
était
Méhul, Cherubini, Spontini, dramatique et s'affranchirent ainsi
de Gluck
développèrent l'ensemble musical
modifia la
laissa l'opéra tel qu'il
il
un
comme
absolument négligée,
Il
du langage parlé
pure et força
virtuosité
allaient
ils
de grands efforts
fit
l'action dramatique.
les inflexions, les accents
l'étalage
de danse,
:
monologue ininterrompu formé par les airs de l'ancien opéra. un pas considérable en avant, et l'opéra acquérait alors son plein développement, au moins par ses côtés essentiels car, quoique Mozart ait produit de la musique pure, plus riche et plus belle que celle de Gluck, il n'est pas douteux que les éléments de l'opéra ne soient exactement les mêmes chez l'un et chez l'autre maître. Par la du
C'était là
;
suite également, Bellini,
dans
ouvrages de
Auber, Meyerbeer,
chose que l'histoire de
Dans
les
la
«
Weber
l'histoire
etc.,
et
de Spohr, de Rossini,
de l'opéra n'est pas autre
mélodie d'opéra
».
deuxième partie de son travail, "Wagner s'occupe du sujet et de la forme dans le drame parlé. En ce qui concerne le sujet, il indique deux facteurs distincts d'abord, les récits romanesques du Moyen-Age et son rejeton, le roman moderne; puis, le drame grec, ou plutôt la forme essentielle de ce drame, telle qu'elle est donnée dans la Poétique d'Aristote. La plupart des pièces de Shakespeare la
:
sont pour
lui
des histoires dramatisées, tandis que
sont construites selon les théories d'Aristote.
celles
de Racine
RICHARD WAGNER
loS
En continuant
étude,
cette
de Schiller
Goethe et
arrive à examiner
il
aboutit
et
cette conclusion
à
ouvrages de
les
que
:
historiques offrent de grandes difficultés pour être traités en
moderne
que le théâtre de
tion
au
masse des
historiques
faits
comme
de la guerre de Trente ans tout entière, dans
eût donné la vision
lui le
temps occupé par
la
du poète allemand.
trilogie
Ensuite,
Racine
résultent
établit
il
Racine,
Gœthe
dramatique avec
se
il
déterminent
la
quand
ils
que
la
aux
musique
l'action
effets qui
difficultés le
fond
à conclure,
drame
favorables au
les plus
en
la tirade
ont voulu combiner
examen l'amène
et cet
d'une part, que les sujets mythiques sont
de l'autre,
et
tragédie de
la
moins à
préoccupe de savoir à quelles
et Schiller
forme poétique,
la
s'attache
dit-il,
de Gluck l'amenèrent à traduire
instincts
de Racine en air. Enfin se sont heurtés
:
qu'aux motifs qui
dite
or, les
;
un rapprochement ingénieux entre
de Gluck
l'opéra
et
proprement
;
accablé sous
de son Wallensteiu, tandis que Shakes-
peare, en excitant l'imagination du spectateur,
idéal
et
de provoquer Tessor de nos
lieu
facultés Imaginatives. Schiller, par exemple, reste la
drame
fausse route en poursuivant la représenta-
fait
contingente,
réalité
la
sujets
les
langage par excellence pour
est le
mettre ces sujets en leur plus beau jour.
De
nécessaire
fusion
là,
réclame en terminant
drame
le
troisième partie de
la
que l'accroissement
aussi
entre
riche de
si
la
et
sa
musique.
brochure
musique
un drame
la
à notre
;
il
Il
la
explique
époque peut
en vue et qu'on ne
idéal tel que celui pu réaliser avant ce merveilleux développement de la technique musicale. Alors, il expose à loisir toute sa théorie de l'art
seul produire
qu'il a
jamais
l'aurait
nouveau
:
de
relations
et cette dernière
l'orchestre,
etc.
tante,
justement
fut
poésie
la
;
la
et
partie,
par des
illustrer
la
à
moins comprise à
raison qu'il ne pouvait donner là que les
de
exemples
:
il
musique
ses
yeux
l'origine,
,
la
plus impor-
par l'excellente sans
des indications abstraites,
s'exposait
de
de
fonction
la sorte à être
assez
mal entendu. D'autre part,
dramaturge et
Schiller,
la
et ses
deuxième
partie, avec ses observations sur l'art
nombreux renvois
excita quelque
à Shakespeare et Racine, à
du
Gœthe
peu l'attention des littérateurs purs, mais
demeura non avenue auprès des musiciens. La première partie, au contraire, émut dès l'abord le monde musical et souleva des discussions passionnées, moins à cause des propositions mêmes que par les attaques qu'on crut encore y découvrir contre des compositeurs en vue, contre Meyerbeer en particulier, et dont on se montra fort scandalisé.
Ce
fut
seulement par
la
suite
et
lorsque les propres
créations
du
RICHARD WAGNER VERS 1857. D'après une lithographie.
RICHARD WAGNER
no
novateur purent servir d'exemples précis et de preuves concluantes à son écrit qu'on s'avisa de voir dans ce travail littéraire et musical de
premier ordre autre chose qu'une fantaisie satirique on reconnut alors tout ce que Wagner avait mis là de savoir historique et d'esprit cri;
hommage
tique, et l'on rendit
décrit la genèse dans
à l'idéal élevé dont
son esprit,
avait
il
si
clairement
marche progressive à travers
la
le
temps'.
Après avoir tant écrit, Wagner fut repris d'une terrible envie d'entendre de sa musique, et, ne pouvant aller en Allemagne, il voulut que l'Allemagne vînt à
lui.
prétendit organiser à Zurich une semaine
11
comme on
exclusivement consacrée à l'exécution de ses œuvres, déjà
Weimar,
à
fait
et
avait
adressa un pressant appel aux sociétés musi-
il
cales de l'Allemagne et de la Suisse, qui toutes se mirent à ses ordres,
de Munich.
toutes, sauf celle
Il
réunit ainsi
un orchestre de soixante-
douze musiciens, des chœurs nombreux en proportion le
que
afin
salle de concert conforme à ses vues
en
théâtre de Zurich
public entrât plus facilement dans sa pensée,
le
programmes
arranger
fit
il
;
puis,
écrivit des
il
pour l'ouverture du Hollandais volant
explicatifs
;
et
le
prélude de Lohengrin. Le premier concert, qui comprenait des fragments
de ses quatre opéras publiés, eut lieu parut au pupitre,
acclamé
fut
il
Au
salua d'une fanfare trois fois répétée. le
mai, jour de sa
22
bornes
on
:
le couvrit
vers, dont l'un
chœurs
sortit
de couronnes
de
et
lui
oflVit
:
salle,
ne
l'enthousiasme
naissance,
des rangs et
la
quand et
le
maître
l'orchestre le
troisième concert, qui tombait
fleurs,
débité séance tenante
lui fut
mai i853
le i8
par toute
;
connut
plus
de
avec compliments en
après quoi, une
dame
des
un magnifique vase d'or au nom
de ses camarades.
Pendant l'Engadine,
En
l'été et,
de i853,
de
là,
il
traversant Turin,
complète
et correcte
il
il
se rendit auprès de Saint-Maurice, dans
un voyage dans le nord de l'Italie. entendit une exécution du Barbier, de Rossini, entreprit
comparable en Allemagne; ensuite nuit
d'insomnie, à
idée de la
n'en avait jamais ouï,
à ce point qu'il
la
Spezzia,
il
que
alla à
Gênes,
et ce fut
passa par l'esprit
lui
musique du Rheingold. Vite,
il
la
dit-il,
de
dans une première
interrompit son voyage et
regagna sa tranquille demeure de Zurich, pour ne pas commencer un Il y travailla de tout cœur, puis, à la tel ouvrage sur le sol italien. fin
le
de l'automne,
poème
il
alla
trouver Liszt,
entier des Nibeliingen, tandis
tesse en exécutant pour lui seul, rain, 1.
Bâle,
à
où
que Liszt
comme
il
il
lui
lui
:
aurait fait pour
Wagnci-, par M. Dannreutlicr.
connaître
rendait sa poli-
quelques-unes des dernières sonates de Beethoven. Dictionnaire de Grove, article
fit
un souve-
WAGNER
RICFiARD
Une
,,,
vinrent ensemble à Paris, où leur présence est signalée au milieu du mois d'octobre, mais n'y restèrent que fort peu fois réunis,
ils
de temps. Les journaux allemands attribuaient ouvertement ce voyao-c si rapproché du précédent, au désir toujours croissant chez Wagner de nous
faire
même
entendre un de ses opéras, et déjà
théâtre et l'ouvrage
le
:
Théâtre-Lyrique
ils
désignaient
Tannhœuser ; mais
et
il
le
est
bien invraisemblable que Jules Séveste, alors directeur du Lyrique, où l'on
donnait
songé
le
le
Bijou perdu, où l'on
représenter la Promise,
allait
moins du monde à Tannhœuser. Toujours
novembre
rentrait à Zurich dès le mois de
est-il
replongeait dans
et se
ait
que Wagner les
Nibelungen.
Ce opéra,
son grand travail durant
fut là
comme
la
Mort de
Siegfried,
l'exil.
Mais comment d'un simple
était-il
arrivé à en faire quatre
?
Lorsque j'essayai, dit-il, de dramatiser le moment capital du mythe des Nibelungen dans la Mort de Siegfried, je trouvai nécessaire «
d'indiquer un grand
nombre de
que
ces faits préparatoires, tandis
entrer
dans
écrire Siegfried.
pas
moyen
je
Mais
ici,
nouvel embarras
d'incorporer tout ce qui
il
arriva à écrire la
Rheingold.
Valkyrie
Le poème, on
seulement pour
les
et le
»
Et
façon :
c'est
ainsi
vins
j'en
amis de l'auteur. Une
fois
à
pour que
l'action
qu'en remontant,
prologue général de sa tétralogie,
vu plus haut, avait
l'a
que
ne trouvais toujours
je
nécessaire
était
dramatique s'expliquât d'elle-même.
nécessité de les faire
la
de
:
ne pouvais que raconter
je
sentais
même du drame
l'action
de façon à mettre ces
faits antérieurs,
épisodes essentiels dans leur vrai jour. Mais
été publié en
qu'il eut
le
i853,
commencé
d'en
composer la musique, après son retour précipité d'Italie, les choses marchèrent rapidement. En mai 1854, la partition du Rheingold était achevée;
en
juin,
suivante,
et
quant à Siegfried, dont
de 1854,
il
en
il
avait
abordait la Valkyrie,
fini
les
qu'il
terminait dès l'année
premières ébauches dataient
avec les deux premiers actes au printemps
de 1857.
Ce tantôt
travail
de longue haleine
fut
interrompu de
par les répétitions et représentations de
en février i855, tantôt par un violent érysipèle
de i836, plus tard par une
Wagner
visite
:
Orphée
totalement son travail quand'
Préludes ; mais
à Zurich
au printemps
il
et Liszt, ses
dut abandonner
accepta d'aller diriger, à Londres,
Au mois
huit concerts de la Société Philharmonique.
un des directeurs, M. Anderson,
était
venu
exposé l'embarras de
qui,
depuis
la Société,
qu'il eut
Symphonie héroïque,
et les
il
Tannhœuser
instants,
prolongée de Liszt, pendant laquelle
conduisit, à Saint-Gall, la
Poèmes symphoniqucs
courts
le
de janvier i855,
voir à Zurich et la
les
lui
avait
mort de Mendelssohn,
RICHARD WAGNER
112
ne trouvait pas facilement de chef d'orchestre en renom chaque année
on
était
de Lindpaintner
las
pour
avait été engagé, la
New
qui allait s'ouvrir, par la société rivale,
la saison
partit en emportant la promesse de Wagner. annoncé à grand renfort de réclames, arrivait à Londres
M. Anderson
Celui-ci, la
venir, et Berlioz
Philharmonie. Après avoir entendu par occasion Tannhœuscr
à Zurich,
sur
Spohr ne pouvait pas
;
:
de février;
fin
même
avant
mais,
en particulier
voyait les journalistes,
eût
qu'il
MM.
conduit,
rien
Dawison, du Times
il
du campagne, et
et Chorley, de VAthenœum, qui menaient la violemment contre lui. Ce fut bien pis lorsqu'on apprit que l'indigne successeur du célèbre Michel Costa réagissait contre les prétendues traditions de Mendelssohn, qu'il exigeait de l'orchestre énergie et vigueur, qu'il ne voulait pas qu'on jouât tout en demi-
Musical World, se déchaîner
mouvements d'une façon désordonnée,
teinte, ni qu'on précipitât les
toutes
Alors,
général s'ils
ces
qu'il
(c
Mozart,
traiter
allait
se résumèrent dans ce cri
Cherubini,
Beethoven,
comme
La
plaisan-
avaient, eux aussi, écrit de la musique de l'avenir
lancée
terie était
:
25 juin
;
».
un beau chemin.
elle a fait
Les huit concerts de le
inhospitalières
diatribes
etc.
la saison
commencèrent
en dehors du répertoire classique,
le
12
Wagner
mars
et hnirent
n'y dirigea guère
Tannhœuser et la sélection marche et chœur des fiançailles). L'ouverture de Tannhœuser eut un tel succès que le prince Albert en demanda la répétition pour le septième concert, auquel la famille royale entière devait assister ce fut un nouveau triomphe et la
que deux morceaux de
lui
:
l'ouverture de
de Lohengrin (prélude, marche nuptiale,
;
reine, au milieu de la séance,
fit
appeler l'auteur dans sa loge afin de
le féliciter.
Entre autres griefs contre Wagner, on le raillait fort de son habitude de diriger les symphonies de Beethoven par cœur c'était là, :
disait-on,
simple aflFectation de mépris et on
perdue
peine
,
à
dernière
la
répétition
,
lui
en
fit
la
remarque;
pour l'Héroïque,
n'avait
il
toujours pas de partition. Cette fois, la mesure était comble et
Wagner
dut promettre de diriger au concert avec la symphonie sous les yeux. 11
parole et l'exécution
tint
s'empresse autour de
C
est tout autre
lui
chose qu'hier
vement du scherzo! A complimenteurs saisit c'était le
marcha d'une façon magistrale;
pour
lui faire fête. !
Comme
la
bonne heure!
la
partition
Barbier de Séville, et
le
«
alors,
vous avez mieux pris »
on
N'avions-nous pas raison
Et, tout en
ouverte sur
le
le
?
mou-
un des Horreur!
parlant,
pupitre...
Barbier de Séville en réduction de
La farce est jolie et bien de Wagner. Rossini, plus tard, à ce qu'on assure, essaiera de déchiff'rer Tannhœuser à l'envers « Cela
piano
!
:
J^ir}L\Ill)
\\"AGNER
RICHARD WAfîNF.R ne va pas dans Tautre sens découler de l'autre
:
disait-il.
»,
fini
huitième tourna
il
dernier concert
et le
dos
péremptoirement d'y revenir; pour essayer de réparer écrit-il
n'en
Le
les
est c]ue les
— son
refusa
il
esprit de
plus
la
Société
de musique
une heure de musique
:
Comment
peu de temps dont
superbe;
solide
gens de
consomment
et auditeurs,
prend plusieurs heures de répétitions. le
il
principaux artistes,
incomparables; fait
peuvent digérer. Règle générale
chef d'orchestre, avec
le
des Nibelungeii.
chefs d'attaque pourvus d'instruments
le
après,
en résumant cette campagne de trois mois,
Philharmonique, orchestre
et
que beaucoup plus tard,
n'y retourna
il
corps, mais pas de style propre.
qu'ils
orchestre,
années
quelques
Magnifique orchestre en ce qui concerne
«
—
et,
déficit
le
son
à
valut une ovation réparatrice. Aussitôt,
lui
Londres,
à
bien
prince consort, avait
jxir le
comme
anglais
pourrait
prête-.
Cependant Wagner, ouvertement soutenu public
histoire-là
(_]ettc
un rendu pour un
par s'imposer au
1,3
peut-on se figurer que
dispose
le
matin, pourra
énormes programmes que les directeurs mettent devant lui? Deu.x; symphonies, deux ouvertures, un concerto et deux ou trois morceaux de chant à chaque concert! Les directeurs me
convenablement préparer
les
rappelaient continuellement à ce qu'il leur plaisait
d'appeler les tradi-
Mendelssohn mais je soupçonne que Mendelssohn. s'était tout simplement soumis aux traditions de la Société. Un matin que nous commencions à répéter l'ouverture de Léonore, Je demeurai surpris. Tout semblait éteint, mou, inexact, comme si les musiciens étaient fatigués et n'avaient pas dormi de la semaine. Pareille chose était-elle tolérable de la part du fameux orchestre philharmonique? Je m'arrêtai tions de
parlant en français
et, «
;
capables de faire et
me
comprirent
que
taient
Je sais fort bien, leur dis-je, ce que vous êtes
«
:
je
n'attends pas moins de vous.
et traduisirent;
j'avais raison et
l'ouverture et la répétition
que
la
furent tous stupéfaits,
prirent bien
ils
marcha
à souhait;
Et cependant, quand
voyait juste.
M. Richard Wagner
nier
mais
ils
sen-
On recommença
chose.
toute raison de croire
j'ai
concert
l'avenir.
la
a cjuitté
Londres
partit,
il
fit
le
la
le
Musical World,
conduite en ces termes
même
lendemain
:
du der-
enchanté sans doute de enfoncée dans les impéné-
Société Philharmonique,
précipitamment
s'éloigner
trables
de
je
»
entêté dans son hostilité de parti pris, lui «
la
Quelques-uns
majorité des artistes en était arrivée à m'apprécier avant que
ne dusse les quitter. Il
ils
»
d'une
ténèbres du présent et
ville si
si
sourde à
la
voix
jjrophétique
de
»
Wagner
avait
rencontré,
à
Londres,
Berlioz
venu
pour
diriger
RICHARD WAGNER
,,4
rival;
l'orchestre
malgré
mais,
concurrence
cette
inattendue
en
et
dépit de leurs idées contraires sur l'art, ils avaient renoué de bons rapports. Une fois de retour à Zurich, Wagner engagea Berlioz à le
mais celui-ci ne put accepter cette
venir voir; été
pour
diale;
il
une
lui
fête véritable «,
demande
Lohengriu
Wagner
à
de
possède déjà;
qu'il
autres honnêtetés
Vous
«
qui
aurait
envoyer Tannhœuser pour joindre à lui promet, en retour, son Te Deum,
lui il
l'Enfance du Christ et Lclio, qui vont paraître, et :
réunion
«
dans sa réponse très cor-
assure-t-il
donc en train de
êtes
lui
encore, entre
dit
faire fondre les glaciers
en composant vos Nibelungen... Cela doit être superbe d'écrire ainsi en présence de la grande nature!... Voilà encore une jouissance qui m'est
aspects de
chez moi
beaux
Les
refusée! la
de
manifestation
la
exprimer. Je
paysages,
je
la
cimes,
grands
les
de
provoquer
Je sens alors et
ne saurais
lieu
lune qu'en regardant son image au
nous vivions encore une centaine d'an-
si
crois que nous aurions raison de bien des choses et de bien des
hommes. Le vieux Demiourgos barbe, du succès constant de ne dirai pas de mal de protégez.
lui,
doit
bien
farce
la vieille
nous
qu'il
un de vos amis,
c'est
dans sa
là-haut,
rire
et je sais
calembour avec lequel
Wagner, en
en iSSg;
un théâtre provisoire où mais, à bien réfléchir,
une
ville
il
je
que vous
le
Pardon de main '. »
aux Nibelungen, espérait avoir
donnerait
régal de la voir exécuter;
le
découvrit qu'une pareille entreprise était impra-
peu de ressources musicales,
d'aussi
qu'il faudrait
déranger des artistes des quatre coins de l'Allemagne, réaliser cette éclosion
la
projetait alors de faire ériger à Zurich
il
se
il
en vous serrant
finis
travaillant sans relâche
la tétralogie
ticable dans
je
vieille
Mais
fait...
Je suis un impie plein de respect pour les Pies.
cet afl'reux
terminé
pensée.
la
ne puis dessiner
fond d'un puits... C'est égal, nées,
hautes
les
mer m'absorbent complètement au
d'une pièce en quatre journées,
il
que pour
et
aurait besoin
de sommes énormes sans trop savoir où
les
trouver. Bref, toutes ces
raisons et la crainte aussi de n'en avoir pas
fini
de
désir qu'il avait d'entendre ses
idées
opéra
de
suffit
d'un
définitives
une œuvre de
léger
incident
et
pour
de l'y
disant envoyé par l'empereur du Brésil, vint
composer un ouvrage pour
la
Janeiro, dans quelles conditions
troupe il
Certain lui
italienne
pourrait
le
un
poussaient à écrire
le
mise en scène assez décider.
à l'ardent
absolument conforme à
lui,
drame musical,
sur le
longueur ordinaire
sitôt, jointes
personnage,
demander qui
faire,
facile
s'il
jouait à
et
s'il
:
il
se
voudrait
Rio-de-
s'engagerait
à venir en personne diriger l'exécution-. 1.
2.
Lettre de Berlioz à Wagner, du lo septembre i855. Cette offre venue de Rin-de-J;ineiro paraît avoir eu un fondementsérieux
:
car Tcmpercur du Brésil
RICHARD WAGNER Le compositeur,
,,5
étonne trune proposition semblable,
fort
à donner une réponse formelle
;
hésitait
mais, pour être prêt à tout événement,
un poème plus court. On était à Tété de iSSy, et ce poème était celui de Tristan et Iseiilt, qui s'était présenté naguère à son esprit, en même temps que Parsifal^\ il en avait tracé la première esquisse en 1854 ou i855, aussitôt après avoir publié le premier canevas de l'Anneau du Nibelung et lorsqu'il venait il
de côté
laissa
la tétralogie et se
rejeta sur
s'initier à la philosophie de Schopenhauer. C'est en effet en i85i que l'apparition des Parerga und Paralipouicna avait si fort surpris
de
l'Allemagne intellectuelle contre les représentants qui avaient auteur.
La
fait
le
soulevé
et
officiels
silence
de
comme une la
réprobation générale
philosophie dans les universités,
pour saluer en Schopenhauer un moraliste hors ligne particulier, acceptant les rait à
même
autour des ouvrages précédents du
petite colonie de réfugiés à Zurich ne se laissa pas devancer
Wagner, en
et
yeux fermés sa doctrine métaphysique, adhé-
son enseignement dont
il
prétendit, plus tard, développer certains
Dès 1854, il lui envoyait à Francfort un exemplaire de l'Anneau du Nibelung en témoignage « de remerciements des
points
plus
discutables.
comme
et
de vénération
le
grand Frédéric, n'en attendait sûrement pas tant d'un simple musicien.
».
Schopenhauer, bien
Wagner, une fois qu'il au commencement de i85j
qu'il jouât
se fut remis à et,
de
la
tlùte,
Tristan, le termina très vite
dès l'hiver de cette année,
il
faisait tenir
tout le premier acte aux éditeurs Breitkopf et Hœrtel. Vers le mois de
janvier i858, sa présence
toujours dans
l'intention
est
signalée à Paris, où
il
venait,
paraît-il,
de faire entendre quelqu'un de ses opéras,
et
Arban marquait l'intention d'exécuter l'ouverture de Tannhœuser pour faire honneur au musicien étranger. Mais Wagner ne dut alors que toucher barre à Paris
de Tristan les autorités
et
;
Iseult,
il
repartit bien vite et poursuivit la composition
dont
autrichiennes
le lui
deuxième acte
était
écrit à
Venise, où
avaient permis de résider, et daté
fina-
lement de cette
ville, le 2 mars 1859; enfin le troisième était a'chevc Lucerne au mois d'août de la même année. Aussitôt, comme il ne voyait rien venir du côté du Brésil, il s'occupa de faire exécuter un
à
ouvrage en Allemagne
fut plus tard
et conclut affaire
un des patrons du thcàirc de Bayreutli
avec
théâtre de Carlsruhc.
le
cl \ini assister à la
première exteution des Nibc-
lungen. I.
Il
avait encore écrit, vers iS5ô, l'esquisse d'un dr;;nie
mieux que
bouddhique, to
\'ainqHeitrs,
<\\\\
se prillait
de Tristan et Iseult à l'expansion des the'ories de Schopenhauer et dont on a retrouvé le canevas, date de Zurich, 16 mai i836, dans ses papiers posthumes : c'est tout ce qu'il lit jamais de ce drame qu'on disait commencé, mais inachevé. Enlin, l'esquisse de Parsi/al fut ébauchée par lui au printemps de 1837. On voit que tous ces sujets s;ermércnt presque simultanément dans son esprit et qu'il n'y aurait nulle impertinence à signaler des traces de l'inMuence de Schopenhauer jusque dans Parsi/al quelle singulière salade ce devait cire en son cerveau la le'gende Celte
:
1
.
RICHARD WAGNER
ii6
espérait, par
11
surcroît,
autorisé à venir monter tale, consentirait définitif,
et,
à transformer
dès Tété de iSSg,
Tristan était déclarée
Paris,
en il
demande. 11 fut repoussé; apprenait que la représentation de
faisait la
De même
le jouer.
espérances se tournèrent de nouveau
ses
TAUemagne
défaut de
à
séjour temporaire en établissement
ce il
grand-duc de Bade, après l'avoir Tristan et Iseiilt dans sa capi-
impossible et qu'on renonçait à
Alors, toutes
à Strasbourg.
forma
le
diriger
quelque temps après,
bien plus,
vers
que
et
qui
se
fermait devant
et
lui,
il
projet fou d'engager des chanteurs allemands hors ligne afin
le
d'organiser lui-même a Paris, aux Italiens, durant l'hiver suivant, une
représentation modèle de Tristan
et Iseult, à
chefs d'orchestre et régisseurs allemands
d'obtenir
le résultat
à Paris,
qu'il
pour goûter
qu'il aurait
projetait depuis le
Conservatoire,
une bien
en quittant le
public
la
Suisse
français
à
:
I.A
d'abord
quand
il
11
qu'il
musique,
sa
lors, ce
voyage
ses
à
yeux
et
devint
amenât par des concerts
et
puis
IL PLAIT A
Vienne, 12 mai 1872.)
du
avait deux choses en vue
qu'il
RI L H A K
paye un fauteuil vingt-cinq Horins.
{Kikcrtlii, de
celui
réalisât
et Iseult.
MUSIQUE, COMME
C'est seulement
se flattait
il
un orchestre incomparable,
ardent désir de monter enfin Trista}i
LE JUDAÏSME liANS
par ce moyen,
autre importance
fallait
goûter
convierait tous les
obtenu à Carlsruhc. Dès
partie essentielle dans ses projets d'avenir. il
il
quelque temps en guise de distraction,
plaisir d'entendre prit
:
laquelle
LJ
\V
A
(_.
N K
R
son
CHAPITRE DEUX ANNÉES
PARIS
A
—
IX
CONCERTS AUX ITALIENS
TANNH.EUSER
l'opÉRA
A
au mois de septembre
'est
s'installer à Paris.
lorsqu'il
i85g que
Wagner
n'y était guère plus
11
vint
connu que
dix-sept ans plus tôt, et les
en était parti,
discussions soulevées par ses ouvrages dramatiques,
comme faible
par ses écrits, n'avaient eu qu'un écho très
On
en France.
jamais occupé de
ne car
lui,
à vraiment parler,
s'était, le
peu de lignes de Gérard
de Nerval sur Lohengrin ne pouvait pas compter, et quand Théophile Gautier, ayant entendu Tannhœuser au théâtre grandducal de Wiesbaden, en septembre iSSy, avait communiqué ses impressions aux abonnés du Aloniteur universel, ceux-ci avaient dû être fort surpris qu'on les entretînt de ce compositeur étranger. D'autant
plus que Gautier, grand clerc en musique,
troublé "
un
le
comme
moins du monde à cette audition.
Wagner dénué
Il
on
sait, n'avait
s'était figuré
par avance
volontairement de mélodie, de rythme et de car-
rure, hardi nuvateur, secouant les vieilles règles, inventant des
naisons bizarres, essayant des tout
outrant
l'extrême,
à
la
rant,
mêlé de
d'une
sources de
beer «
;
».
lors,
l'orchestre
musicale sur
sauvage,
etc.,
et
est
le
etc. «
de lueurs, cédant aux caprices »;
et
en place de tout cela,
remontant dans
le
il
passé vers les
musique, au lieu de renchérir sur W'cbcr et sur
la
Dès
propos de rien,
à
comme une trombe
de ténèbres
découvert qu'un musicien
n'avait
déchaînant,
violence,
un génie compliqué et furieux, cahotique et fulgu-
souffles,
inspiration
combi-
inattendus; un pavoxyste, poussant
efl^ets
l'ouragan de l'orchestre et passant parterre abasourdi
pas été
Meycr-
longuement d'un ouvrage oîi plein de fugues, de contre-points fleuris, de canons à
quoi
bon parler
si
exécutés avec beaucoup de science, où rien n'est échevelé, ce désordre
apparent venant de l'absence du rythme carré, que parti
pris,
de
même
qu'il
s'-abstient
de moduler
montagne qui accouche d'une souris. Le nom de Wagner, malgré tout, commençait
:
le «
maître évite de
C'est toujours
la
à se répandre, et la
Galette musicale, aussi, avait cru devoir se faire adresser
un compte
RICHARD WAGNER
n8 rendu de ce pondant,
festival.
Tout ce que
«
puis dire, écrivait son corres-
je
que M. Richard Wagner me
c'est
mélodiste abondant et
cantilènes sont rares dans sa parti-
les
facile;
parait très loin d'être un
romance de TEtoile, accompagnée à l'italienne avec des hardiesses d'harmonie absolument allemandes; il loue encore le duo de Tannhasuser avec Elisabeth, si »
tion.
Il
pourtant du charme
reconnaît
fort inférieur qu'il le juge à celui à
accorde quelque estime à l'ouverture, à «
la
de Valcntine et de Raoul;
marche bâtie sur un motif élégant
la
à
plein de franchise; enfin,
et
il
y aurait danger à comparer il conclut en ces termes
qu'il
puis
du Freischiit{ et d'Oberoii, On ne peut nier que M. Richard Wagner celles
applaudit
il
:
se rapproche
Weber
de
manie l'orchestre avec une grande habileté. Son instrumentation est claire, variée, par
certains
modulation.
la
accords
un
lui
talent
lourd,
est
WAO-.UR OUVRANT SON
ŒUF UK PAQUES.
S'il
Mozart Cependant, '.
fut
homme,
un si
un
eut
douanes,
affaire lorsqu'il se
formalités de la douane
où
nomme,
et
au.v
peut-être
seul
particuliers
employé des
dispute
incontestable,
empesé, raide.
mais
il
Isocrate
Grâces.
Je ne serais
justement ce qui doit distinguer
et
l'on
:
Edmond Roche
le
fort
salue
heureux d'avoir obligé un grand
le
Paris,
connaissait
profondément,
un
par un
hasard
premier Français
auquel
;
et,
débattait à grand'peine au
un employé
baragouinait
l'employé
à
admirait
les
providentiel, cet admirateur fut justement
Wagner
d'heureuses
fait
»
opéras
ces
modeste
de
la musique de l'avenir de celle du en est ainsi, puissé-je être condamné à perpétuité à Weber
et à
bien
après
Mais
pas étonné que l'absence de grâce
(Cliam, Chdn'Viiri, 3i mars iS6i.)
passé.
les
aurait certainement conseillé de
sacrifier M.
il
abuse
M. Richard Wagner
rencontres a
court
Il
harmoniques.
temps en temps
Il
recherche
Il
inattendus.
effets
les
Il
richement colorée.
brillante,
de
côtés.
milieu des
intervient, attiré par le bruit d'une
mal
aussitôt, artiste.
le
en
français
;
le
voyageur se
assurant qu'il était trop
Cette rencontre, qui tenait du
I. A cette rcprcôciuation du festival de Wicsbaden, le nMe d'ICIsa était cliaiitc par M"° Franziska Stofck, ceux de Tannlia;uscr cl de Wolfram par Tichalschck et Simon; l'orchestre était dirige par .M. Hagcn, niailre de chapelle du duc de Nassau.
RICHARD
\va(;ni-:r
119
roman, ne devait-elle pas sembler d heureux augure au nouvel arrivant?
Wagner, pas vu
qui,
durant son premier séjour à Paris,
de musiciens et
s'était
lié
avec
des
n'avait
presque
peintres et des
renoua ses anciennes relations, en forma de nouvelles,
littérateurs,
M. prenant
surtout
le
parti de faire exécuter sa
si
WAGNER
musique de
l'avenir par des musiciens
également de
l'avenir.
(Cliam, ClhUiViiri, 27 février 1860.)
bien
qu'il
put bientôt ouvrir chez
lui
des
réceptions intimes
rencontraient beaucoup de gens qui devaient marquer dans
où se
les lettres
et dans les arts. 11 avait d'abord habité un pied-à-terre, au n° 4 de la rue de Matignon, puis avait loué, rue Newton, près de l'Arc de Triomphe, un joli petit hôtel, démoli depuis, où il vivait seul avec sa
femme,
à l'abri des voisins et des pianos.
RICHARD WAGNER
120
C'est là, dans ce quartier alors presque suburbain, qu"il recevait ses amis tous les mercredis: on y voyait Emile Ollivier, qui venait d'épouser,
en
Florence,
à
iSSy,
la
femme charmante
jeune
aînée de Liszt et de
fille
profondément
et
mort conservateur des musées impé-
à trois années de là'; Frédéric Villot,
Wagner
riaux, auquel
par
artiste, ravie
la
poèmes d'opéras traduits en Edmond Roche, en reconnaissance de sa
a dédié ses quatre
naturellement,
français;
d'Agoult, une
M'"*^
réception à la douane; Hector Berlioz, en souvenir de leurs relations en Allemagne et à Londres; Emile Perrin, alors directeur inoccupé,
n'ayant plus TOpéra-Comique et n'ayant pas encore l'Opéra; Carvalho, directeur du Théâtre-Lyrique et très
porté vers les œuvres nouvelles
;
un
dessinateur et un avocat, de vingt-
ans
sept
tous
Doré, dans
les
et Jules
Ferry,
Ollivier;
puis
deux
Gustave
:
de sa vogue,
plein
le
amené
par Emile
là
des écrivains
Ch.
:
Baudelaire, Champtleury, Charles de
Lorbac
,
qui firent
Léon Leroy, Gasperini, énormément pour la répu-
tation de leur hôte, en forçant l'at-
tention du public par leurs cris de
guerre UNK RÉPÉTITION DE
A
— fait
^'a,
magne
TANNH.EUSER
».
monsieur Wagner, votre musique
Sapristi,
trop de tapage
—
«
être
entendu
d'ici
plus
transporté la
!
moi fouloir
et leurs
Un peu
en Alle-
demeure au
sa
rue d'Aumale, on y
iSôi.)
tenir
plus
dans
la
tard
vie
la
vit
n°
avait fait le
trouver en lui,
la
voyage exprès pour
"Wagner
amusante
était
de
plein
M. Carvalho
pianiste
plus
le
l'aider
confiance.
l'appel
qui
et
mit
le
du maître,
dans ses préparatifs de concerts.
En même temps
directeur de ses rêves,
que
sa F.lle
faveur.
et
mourut
en
déroute,
des
difficultés
à Saint-Tropez en 18G2. Elle a transmis son
aîncc de M""
croyait
qu'il
soumet-
qu'il le
médiocre et doué d'une voix archi-fausse,
patient
En présence
place
le
il
la
façon
Wagner, aujourd'hui comtesse Gravina.
'
qui
la
plus
s'occupait activement
d'organiser les concerts qui devaient tout d'abord bien disposer
I.
de
cœur de M"^ Cosima Liszt,
au supplice d'une lecture que Gasperini a racontée de
la lilk
3
peut-être
meilleure
dans
et
sœur cadette de M™^ Ollivier, depuis deux ans mariée à Hans de Biilow, qui, sur Richard 'Wagner,
en
eut
lorsqu'il
quelquefois une personne qui devait
!
(Cham, Clinihwî, mars
tait,
enflammés.
articles
tard, et
surgissaient
doux prénom
tic
Blandine
la
foule
de
tous
à sa nièce,
'M
.^s
S
RICHARD WAGNER
12-2
côtés,
avait renoncé à son projet
il
de représenter
Tristan et voulait
simplement donner quelques auditions des principaux fragments de ses œuvres, comme il avait déjà fait à Zurich. avait
11
demandé, par l'intermédiaire de Mocquart,
particulier de la
Tempereur, qu'on
de TOpéra
salle
accordât
lui
la disposition
mais, ne recevant pas de réponse,
;
marché avec Calzado pour
le
louer^ et fort cher,
il
secrétaire
gratuite de avait conclu
théâtre Ventadour
le
:
à peine avait-il signé l'engagement, qu'il recevait avis que la salle de
l'Opéra
lui
était
accordée;
Pendant
nèrent aux Italiens.
Herz, Bûlow
salle
frais,
trop tard,
était
concerts se don-
les
et
que Wagner exerçait l'orchestre à
la
chœurs à la salle Beethoven avec peine, que, pour avoir beaucoup de choristes à peu
d'autant plus de
de
il
on avait
faisait répéter les
appel aux amateurs de
fait
colonie allemande, à
la
Paris.
Les trois concerts eurent lieu les 25 janvier, i" et 8 février i86o. Pour les trois soirées, le programme était identiquement le même i" Ouverture du Vaisseau fantôme ; 2° Marche avec chœur, introduction du troisième acte, chœur des pèlerins et ouverture de Tannhœuser ; 3° Prélude de Tristan et Iseiilt ; 4" Prélude, marche des fiançailles avec chœur (du deuxième acte), fête nuptiale (introduction du troisième acte) et épithalame de Lohengrin L'exécution, malgré tant d'efforts réunis, fut très défectueuse, et Wagner, fébrile et nerveux, n'était pas pour remettre les choses d'aplomb dès le début du concert, il avait donné une marque de son caractère irascible et violent, qui avait :
'.
;
frappé toute l'assemblée,
un
mouvement de
vif
leurs
si la
En clairs,
curiosité était grande,
il
mais non au delà;
musical,
d'ail-
faut dire aussi qu'il n'y avait nulle
préconçue.
résumé
l'artiste,
monde
le
de ces séances avait produit
L'annonce
dépit.
beaucoup d'émotion dans hostilité
en jetant ses gants gris perle à terre avec
le
,
des concerts
résultat
qui avait rassemblé là
les
plus
accessibles
les
fut
morceaux de
au public,
tout
et
honorable
très
œuvres
ses
à
fait
l'entrepreneur,
pour
les plus
dérisoire
pour
qui demeurait en déficit d'environ six mille francs heureusement qu'il put couvrir cette somme en prenant sur les droits que la maison Schott lui payait pour la propriété de l'Anneau du Nibelung. Aussi ne profita-t-il pas de l'offre du maréchal Magnan, qui
lui
proposait
:
la
salle
s'en fut-il à Bruxelles,
de l'Opéra pour un quatrième concert, et
où on
l'invitait
concerts, en mars, au Grand-Théâtre, I.
Lcfort.
.\u licuxicinc concert,
on ajouta
la
romance de
à et
se le
y donna deux résultat pécuniaire ne fut
rendre
:
il
l'Etoile,, de Tannliœiiscr,
chantée par M. Jules
RICHARD WAGNER pas
plus
satisfaisant
qu'à
l'aris.
C'est
123
en vue
de
ces
concerts
de
Bruxelles qu'il adressait à quelque ami une lettre où il faisait force recommandations pour l'exécution du chœur des matelots, coupé ou raccourci aux concerts des Italiens, et qu'il terminait par ce post-
LE
«
TANNH.EUSER
l)
DEMANDANT
A
VOIR SON PETIT KRERE.
(Cham, Charivari, 25 novembre
scriptiim
:
«
Royer
était
iS63.)
encore hier bien stupide.
»
Preuve irrécusable
qu'on s'occupait déjà de Tannhœuser à l'Opéra.
De
Bruxelles,
il
revint -tout droit à Paris.
La presse
français étaient surtout étonnés, surpris, désorientés
;
et le public
ce qu'ils avaient
entendu ne leur paraissait ni aussi transcendant que l'avaient crié les admirateurs du maître, ni aussi barbare et cruel que l'avaient hurlé
RICHARD WAGNER
124
ennemis,
ses
comme
en
sans
avant
quant aux journaux, de
;
musicien,
force paraître informés sur ce
en plein Paris, en voulant la
«
ils
campagne. En
dès avant
qui,
un homme
Voici venir
dont
il
la
faut
après toute
fimproviste
surgissait à
môme,
de
;
battaient tous
ils
branle avait été donné par un feuilletoniste
le
fait,
de ses attaques et
homme
qui
n'avaient guère rapporté que des fables
juger sur l'heure et de façon définitive,
le
en renom,
On demeurait indécis même qu'en voulant à
connaître.
rien
de "Wagner, avait
l'arrivée
au
crié
renommé pour
depuis longtemps
feu.
hardiesse
la
verve éblouissante de sa critique; voici venir un se
défier
Berlioz est le Robespierre
Son
1
est
Il
!
Marat de la musique, dont une chose qu'on ne définit sa phrase un macaroni, une
le
style est
pas,
gluante
mélopée.
opéras que
dont le
nom
même
écrire
mais, malgré tout,
;
:
des
fait
ne connais pas et
ne sais pas
je
répète
je
a
11
défiez-vous
!
je
Et cependant, malgré ces d'alarme, on
se
réservait.
l'embarras général de
du
public,
tous
les
le
»
cris
Dans
presse et
la
regards
se
tournaient vers Berlioz, considéré
comme
le
chef de l'école musicale
avancée en France; du jugement qu'il allait
— — —
C'est faux, ce
que
tu joues là, uicm enfant.
collaborateur à
Maman, c'est le TannJia'uxer. Ah c'est ilitlei-cnt (Cliam,
(:ii,iih:iri, 3i
mars
ration
11
de guerre qu'on a
souvent reproduite,
si
puient encore aujourd'hui les derniers
reux,
qu'il
que Paris
cédait,
se perdait
avec
rival,
lui
;
il
il
la
à
l'ac-
ferait à
franche déclalaquelle
et sur
ennemis de "Wagner. En
sans doute,
pour perdre son
jalousie, et,
définitif
parut enfin, cet article, et c'était
ce feuilleton, Berlioz
Galette musi-
dépendait en grande partie
iS6i.)
cueil
Richard Wagner.
la
cale et son ancien aide à Dresde,
!
!
porter sur son ancien
un sentiment
ne s'apercevait pas,
ne se doutait pas que
s'ap-
écrivant
instinctif le le
de
malheu-
public ne
faisait aucune difterence entre eux, et que la ruine de l'un entraînerait
forcément
la
Troyens, que
ruine de l'autre le
:
plus tard,
il
dut comprendre, après les
public les mettait bien, "Wagner et
lui,
dans
le
même
quand parut une caricature de Cham qui représentait Taimhœuser demandant à voir son petit frère les Troyens. Mais jusque-là, Berlioz sac,
avait
poussé
si
loin
la
haine
et
l'aveuglement à l'égard
ilc
Wagner,
RICHARD WAGNER
126
place nette à son
qu'il se flattait d'avoir fait
sa
main Richard Wagner
au désastre de Tannhœiiser.
calculé, sans rien écrire,
Le
pis est
moins dans la forme amicale
que Wagner répondit et première partie de sa «
:
en renversant de
profit
après ses concerts, en aidant, par un dédain
Mon
cher Berlioz,
qu'il
répondit avec
lettre,
en affectant
au
esprit,
même une du Journal des Débats
l'article
que vous avez bien voulu consacrer à mes concerts ne contient pas seulement pour moi des choses bien flatteuses, et dont je vous remercie; il me fournit encore l'occasion, que je saisis avec empressement, de
donner quelques
vous
sommaires
explications
sur
que vous
ce
appelez Musique de l'avenir, et dont vous avez cru devoir entretenir
sérieusement vos lecteurs. Vous aussi, vous croyez donc que ce
une école dont
abrite en réalité
beau jour avisé d'établir certains
deux catégories
divisez en
:
la
que
le chef,
je serais
principes,
je
me
titre
un
suis
certaines thèses que vous
première, pleinement adoptée par vous
et
ne renfermant que des vérités depuis longtemps reconnues de tous
la
seconde, qui excite votre réprobation, et ne se composant que d'un
tissu d'absurdités? M'attribuer
principes incontestables serait à la fois
telligence
que
qu'en
ce
le ciel
votre bienveillance
toute
a
le dire,
vouloir faire
prétention d'imposer
nomme
langue on
mon caractère et pu me départir. Vos
faire
stupidités,
explications à ce sujet,
m'est parfaitement connue,
de votre
tire
passer
comme
injure au peu d'in-
m'ont paru un peu indécises ;
mieux assurément que je vous
et,
comme
vous ne demande^ pas sinon
doute,
de
votre
»
Cette lettre, très développée, tout
terrain
vanité de
folle
la
méconnaître
permettez-moi de vous
erreur...
sotte
la
pour neufs de vieux axiomes ou
;
philosophique
oh.
portait
personne,
alors ni
la
discussion
Berlioz
ni
les
sur un autres
Wagner; mais il avait suffi de ce début si mordant le monde contre un musicien qui n'acceptait pas les
lecteurs, ne suivit
pour liguer tout
leçons bouche close et qui prétendait en remontrer à ses juges. Alors, ce fut un déchaînement l'infatuation
l'avenir
;
des
général, on ne tarit pas de plaisanteries sur
du nouveau venu
sa
et
folle
conception
de musique
de
caricatures parurent qui soulevaient une gaieté générale
en répondant au sentiment public
:
de ce jour,
la partie était
irrévoca-
blement perdue à Paris pour Richard Wagner. Il
n'espérait pas beaucoup, d'ailleurs, faire représenter
à l'Opéra. C'était du côté du Théâtre-Lyrique et de croyait avoir quelque chance,
de l'empereur ordonnant
la
Tannhœuser
M. Carvalho
qu'il
quand M""" de Metternich obtint un mot mise à l'étude immédiate de l'ouvrage à
l'Académie de musique. Elle voulait, par
là,
relever aux yeux du
monde
un compositeur allemand cruellement
musical
inespérée
nouvelle
cette
arriva
obstacles samoncelant autour
vers r Allemagne.
combien de
tant
11
de
à
Wagner
lui,
il
au moment
juste
tournait de
il
en fut absolument ravi,
difficultés
tourne en ridicule
sans
nouveau
se
oij,
que
changer
et
dissimuler pour-
aurait à vaincre avant d'arriver, sur cette
en
où
mais,
renoncer
fallu
à
intéressé
celui-ci
les hostilités
commandait, pour maison de l'empereur 11
la
n'échoua que sur un point alors nouveau venu, pour créer le rôle Il
:
exigeant 8,ooo francs par mois,
concours
son
n'est
il
Wagner, en
Richard
:
mode.
la
le satisfaire.
désirait le baryton Faure, ;
pour calmer
dépendait alors de
pour
l'on faisait tout
de Wolfram
zèle
homme
devenu l'homme à
était
dire, à l'Opéra, qui
ainsi
il
faveur avérée d'un
findifférence
quelques jours,
et
la
yeux
les
grande scène, à une réalisation coînplcte de son idéal. Tout le monde, en commençant, Taccueillit avec sympathie; rien de tel
et
les
contenter
se
et
de
avait
il
Morelli
qu'on
engagea tout exprès à 3,ooo francs. Il y eut aussi quelques difficultés pour se mettre d'accord sur le nombre des instruments supplémentaires, mais on s'entendit
avec
artiste était capable,
un ténor
très
des
Un
de part et d'autre.
concessions
seul
aux yeux de Wagner, de personnifier Tannhîeuser,
jeune et très content de
maître en Allemagne et
qui chantait les opéras du
lui,
contribuait fort à
M. Niemann, de Hambourg,
leur succès;
à 6,ooo francs par
expresse que sous aucun prétexte
il
on
venir
fit
mois, avec condition
ne chanterait
d'autre
opéra que
Taiinhœuser.
On donna
à ce ténor des maîtres de toutes sortes pour l'accommoder
à la scène française, et, de son côté, l'auteur s'efforçait à transformer, à styler les interprètes qu'il avait choisis laquelle
il
s'était
bientôt l'impropriété, et qu'il malmenait
beau
jour,
visage
;
le
:
Tédesco (Vénus), pour
M""^
enthousiasmé à cause de sa belle voix dont
dans un accès de colère italienne, baryton Morelli, dont
il
elle
lui
sauta presque au
obtint des sacrifices tout à
prenants chez un chanteur d'outre-monts; n'avait alors qu'une voix
aux répétitions qu'un
fort
si
reconnut
il
incomparable
M"'"
Marie Sax,
et qui apprit
fait
enfin,
la
une il
mise en scène
satisfaction sans
et
des décors, auxquels
mélange
et
Et sa confiance
tenait tant,
ne pouvait dissimuler sa
n'aurait osé espérer tant de merveilles,
les détails-.
il
une
renaissait, son
qui
presque à jouer avec
chaleur et conviction sous la rude férule de Richard Wagner'.
de
sur-
il
côté
éprouvait
joie
telle perfection
Du :
jamais
dans tous
enthousiasme débordait à
Les autres rôles étaient chante's par Cazaux (le landgrave], Coulon (Biterolf), Aimés, Kœnig, et M"° Reboux (le petit pâtre). Enfin, M""" Rousseau, Troisvallets et Stoïkoff représentaient les trois Grâces dans le tableau du Venusberg. 2. Parmi tous les bruits plus ou moins saugrenus qu'on répandait dans la presse et qui ne rcpo1.
Frérct
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LETTRE AUTOGRAPHE DE RICHARD WAGNER AU DIRECTLUR sans date.)
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I.'OPKRA,
APRfcs
I.A
DEUXIEME REPRÉSENTATION DE
«
TAN N H
.K
U
S
E K
«.
(Arcliivcs Je rOpOra.)
17
1
RICHARD WAGNER
JO
voir les progrès des chœurs, de l'orchestre, des solistes, et ces préparatifs
gigantesques pour un de ses opéras,
plus était sevré d'une pareille joie.
Gasperini,
devant
cette
«
La
depuis dix ans
qui
lui
voilà donc, s'écriait-il
après
idéale
représentation
et
un jour
laquelle
j'ai
si
longtemps soupiré. Royer est converti, il m'a compris, je le tiens On Tannhœusev tant attaqué, et c'est à la pourra enfin juger de ce !
France que
je
devrai cette gloire
Pour traduire
son
ouvrage,
»
!
adressé
s'était
il
poète à ses heures et poète de talent;
il
à
Edmond Roche,
surmenait, l'exténuait,
le
le
par un travail de forçat, l'attelant à la besogne dès sept heures du matin, ne le lâchant qu'après la
brisait
nuit
tombée,
même
et
lorsque Roche,
près de s'évanouir. le
morceau que
affaissé,
plume
sa
permettant
lui
un
d'avaler
tomber
ne
laissait
paraissait
et
entre
C'était
musicien-poète et son traduc-
teur une chasse éperdue après la syllabe indispensable, unique, in-
trouvable, qui devait frapper sur telle
ou
la fois le
voudrais apprendre la musique. enfant, on ne sait pas comment cela pourrait tourner; tu n'aurais qu'à devenir un Wagner Merci Papa,
Du
je
mon
tout,
!
!
(Cham, Charivari,
'i\
mars
iSôi.)
note pour rendre à
musique
l'accent de la
et
sens du poème. Roche, qui ne
pas l'allemand, s'était
savait
— —
telle
fait
aider, au vu et au su de 'Wagner,
par un de ses amis d'origine alle-
mande, nommé Richard Lindau, qui
se
vantait
d'être
à
la
fois
poète et musicien, et qui donnait à
Roche
le
sens
non sans peine dans
vers
et
du poème. La traduction
le
avait
à fin
courant de juin; mais celui-ci avait aussitôt déclaré que
non rimes des fait.
menée
remise au directeur de
été
récitatifs
allemands devaient être traduits en
vers rimes français et non pas en vers blancs,
avaient
ainsi
par l'acharnement de Wagner, qui mettait l'épée
reins à ses collaborateurs,
les
l'Opéra, dans les
littéral
Pour revoir leur traduction,
comme Roche
très
et
Lindau
défectueuse à bien des
convient de rappeler la fameuse « grotte rose » que Wagner, disait-on, de Vénus. Et tel était l'i^charnement des partis en présence, qu'il cette seule idée de grotte rose, on en venait aux cris, aux injures, presque au.x mains, l'our les uns, c'était la fin du monde, et, pour les autres, la rénovation de l'art musical au demeurant, il n'y eut pas de grotte rose, et cela suffit à expliquer l'échec de Tamiliœuser aux yeux de ses plus ardents défenseurs. saient souvent
sur rien,
exigeait pour
l'apparition
il
:
RICHARD égards,
il
rhabitiidc
Romeo
indique
avait
des
Wagner
à
i3i
Charles
i\l.
Nuitter,
qui
avait
travaux de ce genre,
et Juliette,
Celui-ci reprit
et,
pour
le travail
le
avec
ayant déjà traduit pour TOpéra Théâtre-Lyrique, Oberon.
Edmond Roche
Craignant toujours pour ses provinces du
iCham,
Charivari,
la 2.ï
très vexé d'être éconduit,
et
Richard
l'AlIenicgnc envoie
i^liin
pour endormir
M. Lindau,
\VA(iNI':R
le
Wagner mais ;
2"annhœuscr
France. mars
fit
iSôi.)
un procès au musicien pour
déterminer ses droits de collaborateur et demander que son inscrit sur ralliche et sur le livret. L'affaire fut appelée, le 6
sept jours avant la première représentation
première chambre du tribunal
civil,
nom
de Tannhaniser, devant
présidée par NL
fût
mars 1861, la
Benoist-Champy.
RICHARD WAGNER
,32
M" Marie
pour
plaidait
le
demandeur
qui s'était fait délivrer des brevets
de traducteur par Berlioz, de chanteur
Gounod
par M.
Wagner, de
deux
et les
Wagner
tandis que
;
avocats
M''
Ollivier
citèrent
qu'ils croyaient les plus
juges. Ceux-ci déboutèrent
de compositeur de romances
et
se
pour Richard
présentait
Tenvi les passages des
à
propres à éclairer
M. Lindau de
sa
la
écrits
religion des
demande en réservant
ses
une indemnité pécuniaire, et le résultat direct de ce procès tut que le nom de Richard Wagner figura seul, à bon droit, sur l'affiche et sur le livret. Roche, qui travaillait par pur dévouement, s'en était droits à
remis à son ami pour
donc pas voulu
n'avait
dernier
venu dans
avec
pour s'effacer
lui
du poème
de
et
de
s'agit là
11
la la
la
rémunération à recevoir en cas de succès;
la
s'associer
à
collaboration,
la
M.
réclamation de
Lindau, et
il
le
tombé d'accord
Nuitter, était
devant Richard W'agner, seul véritable auteur
partition'.
traduction en vers,
de
qui
celle
chantée
fut
et
gravée; mais Wagner, dans son désir d'être bien compris des Parisiens, avait fait plus encore.
Il
avait fait faire
une traduction de ses
grands poèmes, en prose, à cause du temps qui pressait
et
de
quatre la diffi-
y aurait eu à rendre en vers le sens littéral; puis il les avait réunis en volume, avec une lettre-préface où il avait prétendu culté
qu'il
résumer sa vie
et
expliquer clairement ses théories artistiques à des
gens qui s'en souciaient
fort peu.
Cette Lettre sur la musique, publiée
Wagner, qui recommença deux ou
à la fin de l'année 1860, fut une erreur de Richard
rage de l'autobiographie et qui
d'ailleurs la fois
la
sienne,
auditeurs
toujours
français,
américains
musique. En principe, utilité, 11
ciens,
afin
avait trois
de se bien faire connaître des nouveaux
ou
l'intention
autres, était
auxquels
bonne; en
il
fait,
soumettait elle
sa
était sans
mais non sans danger.
fallait
bien peu connaître les Français, amateurs, critiques ou musi-
pour s'imaginer
Taunlicvuser, et
qu'ils allaient lire cette préface,
posé Tristan tivement
même ils l'auraient Comme Wagner, en
quand bien
plus étourdis qu'éclairés. et Iseult et
que ce poème
figurait
lue,
avant d'aller voir
ils
en eussent été
1860, avait
dans son
déjà
com-
livre, instinc-
du développement de ses idées jusqu'après Tristan, sans faire réflexion que cela dépassait terriblement le but, puisqu'il s'agissait simplement de préparer les gens à l'audition de il
poussa l'histoire de sa vie
et
I. Edmond Roche mourut à trente-quatre ans, le iG décembre i8ôi, par contre-coup du désastre de Tannhœiiser, tant il avait mis sur cet opéra son dernier espoir de renommée et de prospérité. Ses poésies furent réunies en un volume précédé d'une préface, où M. V. Sardou raconte avec sa verve habituelle les séances extraordinaires de travail entre Roche et Wagner et déplore, attendri, la mort d'un ami de talent. Quant au recueil des poésies de Roche, il en fut comme du poète en personne on :
l'ignora totalement.
<
â&#x20AC;&#x201D;
o =
RICHARD WAGNER
,34
Tannhœiiser. le
En
rédigeant sa Lettre sur la musique,
but immédiat de cette préface
que pour lui-même, entre
on
une méprise, toute naturelle,
et par là se produisit
foi trompa tout le monde Tanuhœuser et Ton en fut
public et l'écrivain. Sa profession de
le
voir
y crut
effarouché
qu'en
tandis
;
du
définition
la
écrivant,
:
de
style
perdit de vue
moins pour des ignorants
l'écrivit
il
;
il
l'auteur
en vue
toujours eu
avait
non pas Tannhœuser, ni même Lohengrin, mais Tristan l'Anneau du Nibelung. « Considérer les 11 le dit formellement quelque part
et Iseult et
:
éclaircisse-
ments que je vous adresse comme une préparation à la représentation de Tannhœuser, serait donc concevoir une attente très erronée à certains égards. » Mais alors pourquoi les donner? Des éclaircissements qui n'éclairent rien ne peuvent que brouiller les idées des gens et c'est ce qui arriva, d'autant plus que tout cela fut parcouru d'une façon fort superficielle.
On
ne
du tout cet
pas
lut
dans
écrit
le public,
et les
une ou deux mélodie infinie, musique
journalistes qui le feuilletèrent furent frappés seulement par
appellations
nouvelles pour eux
bizarres ou
de table, en parlant de l'opéra cation dans le contexte
comme trois
ils
;
dont
en inventèrent
ils
:
ne cherchèrent pas
ils
môme
une
:
l'expli-
mélodie de la foret,
avaient déjà imaginé celle de musique de l'avenir, et sur ces
ou quatre expressions
déversèrent des
flots
ils
bâtirent les théories les plus saugrenues,
de fantaisie intarissable,
Voilà pourtant tout
la\ii.
italien,
le
mal que peut
avec force quolibets et
faire
un
livre inutile et
mal
compris.
A
avec attention, ce résumé de sa vie et de ses idées beaucoup de soin par un auteur qui, naturellement, ne se donne jamais tort; mais il est confus, comme tous les écrits de le
suivre
est fait avec
Richard Wagner, où
loppements parasites, l'objet il
qu'elles
l'idée essentielle est
avec
toujours surchargée de déve-
comparaisons plus
des
prétendent expliquer.
Assez peu
embrouillées
clair
que
par lui-même,
parut fort obscur à des gens qui ne soupçonnaient rien de ces choses,
qui considéraient
comme un
musicien sans valeur
l'artiste
assez pré-
somptueux pour s'attaquer aux réputations les mieux assises et pour vouloir renouveler la musique dramatique. Et ee pauvre Wagner qui « L'ouvrage dont écrivait naïvement dans sa Lettre sur la musique je vous parle, et dont la composition musicale est déjà depuis longtemps achevée en grande partie, a pour titre l'Anneau du Nibelung. Si la tentative que je fais aujourd'hui de vous présenter mes autres poèmes :
d'opéra dans une traduction en prose serais-je disposé à renouveler cet essai I.
Dans
sa Lettre sur la
nnisiijiic,
Wagner
a
ne vous déplaît pas,
pour
ma
tétralogie'!
peut-être »
proteste par tleux fois contre la sotte invention qu'on
lUCIIAlin
WACJNEK
,35
Les
dillicultcs surgirent à propos du ballet. L'administrateur Alphonse Royer, dès ses premiers entretiens avec Richard Waoncr, ne lui avait pas caché que c'était là un élément de succès considérable, et que le ballet, indispensable à ses yeux, devait arriver au milieu du deuxième acte, afin de couper la soirée au gré des habitués qui aiment à voir ce
divertissement vers dix heures.
Wagner
un
il
deuxième
ballet au
acte,
où
refusait
obstinément d'intercaler
était inadmissible
contraire, d'introduire des danses dans le
;
il
caressait l'idée, au
Venusberg
cette scène en appliquant ses nouvelles idées sur le
et de développer drame. Cela ne devait
servir à rien qu'à dérouter les chanteurs qui
savaient déjà
acte, et ce n'était
concernait les
d'aucune
utilité
en ce
puisque ce divertissement arrivait dès
le
qui
le
premier abonnés,
lever du rideau du premier acte.
Mais 'Wagner n'en fit qu'à sa tête, avec raison. Il donna au tableau du Venusberg des développements maonifiques dont
les
interprètes se
plaignirent
en particulier M'"^ Tedesco, réduite à rapprendre un nouveau rôle de Vénus, et dont les auditeurs rirent infiniment, parce que ce morceau, en dehors du caractère fort,
général de l'ouvrage, était écrit dans un style trop étranger au public pour être accepté, quand bien même on aurait applaudi tout le reste de l'opéra mais il est à l'honneur de Wagner d'avoir agi selon sa conscience ;
et
de n'avoir pas écouté
les amis qui le dissuadaient de ce changement, de peur de compromettre le succès. A tous ces points de vue, il eut absolument raison toutefois ce refus de mettre un grand ballet à la
place
;
accoutumée
fut la
raison
déterminante de l'orage
de racharnement des beaux messieurs des clubs à venir siffler Tannhœuser : ils avaient trop de points de contact avec le corps de ballet pour ne pas épouser sa rancune et soutenir son dépit.
A mesure
que
et
les répétitions
geuses'. Pendant ces
avançaient, elles devenaient plus oralongues études, Wagner avait trouvé chez les
chefs du chant Vauthrot et Croharé le concours le plus intellieent et le plus dévoue; mais il n'en allait pas de même avec le chef d'orchestre qui n'était autre que Dietsch, celui-là même qui avait mis en musique lui prctait ac
musique de iavenir. Après avoir explique que chaque art, selon lui, arrivé auK limites de sa puissance, demande à s'allier à un art voisin et que rœuvre d'art parfaite résulterait de la fusion de tous les arts particuliers poésie, musique, mimique, etc., il reconnaissait qu'en l'état actuel des choses, cet idéal ne pouvait pas arriver à une réalisation complète, et il le désignait sous le nom d'œuvre dart de l'avenu: « C'est le titre aussi que je donnai à un écrit développé dans lequel j'exposais avec plus de détails les idées que je ^iens d'indiquer; c'est à ce titre (soit dit en passant) que nous sommes redevables de ce spectre si bien inventé d'une « musique de l'avenir », ce spectre, devenu si populaire qu'on l'a vu courir comme un revenant jusque dans des écrits français. Vous pouvez à cette heure comprendre clairement sur quel malentendu cette invention a été imaginée, et dans quel dessein. » [Lettre sur la musique, à M. F. ViUot, traduite par M. Challemel-Lacour, en tète des Quatre poèmes doperas traduits en prose française. Un vol. in-i8. Librairie nouvelle, 1860.) I- Il n'y en eut pas moins de 164; les frais généraux de mise en scène s'élevèrent à 100,000 fr.. plus 800 tr. de dépenses extraordinaires pour chaque représentation. Ces chiffres sont extraits de :
RICHARD WAGNER
i36
avec
peu de succès
si
Léon
à
Pillet,
des
fin
devenues des plus
les
Royer, à ce que soit
abandonné
mon
concerne
Wagner,
générale et
l'effet
du
à la merci
personnelle
valeur
entre
l'auteur
à la
:
Dietsch
et
étaient
demanda
tout à fait mécontent,
premières représentations
les trois
décidément consentir,
Je ne puis
sans
était
relations
difficiles.
dirig-er la répétition
de «
de plus
qui
et
répétitions,
Wagner
Vaisseau fantôme cédé par Richard
le
:
au directeur Alphonse
écrivait-il
zèle inouï de tant d'artistes et chefs d'études
d'un chef d'orchestre incapable, en ce qui
ouvrage, de diriger l'exécution définitive.
pas de
»
ne dépendait
Il
l'administrateur de
une décision à cet égard, dut
adresser
demande
sa
mi-
au
par un refus
qui y répondit
nistre,
prendre
Wagner
et
formel, justifié par les usages d'alors et
approuvé,
il
de
musiciens
les
chœurs,
faut le dire, par tous l'orchestre
se vengeaient
qui
Wagner en
des exi-
compliments
gences et des mauvais de
des
et
portant aux nues un
chef qu'ils décriaient dans leur particulier.
Quoi UNE REPETITION GENERALE DE « TANNHyEUSER ».
A
—
pas permis de s'ennuyer à mourir à votre opéra ? Non, monsieur, mourir, c'est claquer, et je ne veux pas de claqueurs à mes repréTiens,
il
n'est
—
(Cham, Charii\iri.
10
mars
iSôi.)
soit,
ministre
y a dans
il
d'Etat,
la
comte
Walewski, une phrase solennelle à conserver comme modèle de style administratif « Jamais en France, :
soit
sentations.
en
qu'il
du
réponse
qu'il
des œuvres de nos
s'agît
compositeurs, soit qu'il s'agit de celles des maîtres étrangers tels que Ros-
sini
ou
Meyerbeer,
le
directeur
droit de rester à la tète de sa
nos idées son
siège
comme
et
nos habitudes françaises,
dans ces journées solennelles
pis,
Tanicle
le
»
Et
les
n'a
été
et
décisives
avec
:
pour
pupitre
serait
considéré
l'avenir tout le prestige
répétitions continuèrent
chef d'orchestre à son
y
du
déshérité
a plus
chef d'orchestre qui céderait
le
désertant ses dei'oirs et perdrait
de son autorité. en
de l'orchestre
phalange d'exécutants. Il
battant
,
tout allant de
une mesure,
mal
et
le
M. Cli. Nuitter dans les Ba\-rciitlicr i-'cstblœiter (1SS4) et sur lequel 011 peut pour ce qui regarde Tannhcrusey. I! faut se délier au contraire d'un article amusant, mais très habile, où M. Paul Lindau, sous couleur d'être favorable à Wagner, tend à démontrer que tout, absolument, est de sa faute et qu'il n'y avait pas l'ombre de cabale. M. Paul Lindau était le frère de Richard Lindau qui venait de perdre un procès contre Richard Wagner, et quand même on ne le saurait pas, la façon dont il raille les vers de ^L Nuitter suftirait à montrer qu'il tenait de si
précis publié par
se guider en toute confiance
près au traducteur éconduit.
RICllARl) \va(;nkr
compositeur assis sur pied,
de
main,
la
la
>37
scène à deux pas, battant sa mesure à lui, du furieusement, au milieu d"un nua^-e de
et frapprfnt
poussière, le plancher du théâtre. C'est dans ces conditions défavorables fut
donnée,
le
mercredi i3 mars 1861.
monde
aliéné tout le
à l'Opéra
:
que
la
j^remièrc représentation
En quelques mois Wagner
s'était
directeur, chef d'orchestre, orchestre
RICHARD WAGNER EN 1861. D'après
et
une
litlio^raphic
de
Dcsmaîsons.
corps de ballet, jusqu'aux claqueurs salariés dont
passer, par honnêteté artistique, et qu'on lui avait
il
quand
aurait voulu se
même
imposés,
sans parler des quolibets et caricatures que cette folle prétention pleuvoir sur tion
lui.
Cependant, malgré tout ce quintranspirait de l'opposi-
systématique d'une partie des spectateurs, écrit
nous a laissé
le
meilleur
exactement de ce qui fût
écrit
tout
à
fit
fait
récit
allait
dans
la
M.
Nuitter, qui
de cette soirée, on ne se doutait pas
Le premier tableau, bien qu'il dernière manière de Wagner, passa
arriver.
18
RICHARD WAGNER
i38
sans opposition, mais quand, après la
changement de décor, on entendit
le
premier murmure
phrase du petit pâtre jouant du chalumeau, un
Wagner,
s'éleva.
qui était dans la loge du directeur sur le théâtre, ne la
manifestation du public, se pencha
salle et dit à
son collaborateur qui se trouvait à
comprenant pas encore pour regarder dans côté de
lui
:
la
l'empereur qui
C'est
«
sens de
le
arrive.
Hélas non
»
c'était le
!
ricanement d'une partie des spectateurs qui commençait.
Dans l'entr'acte, une idée lumineuse traversa l'esprit de ces gens en humeur de s'amuser la plupart des abonnés, membres du Jockey-Club :
ou du Cercle Impérial, allèrent acheter dans
du passage de l'Opéra tous
deuxième acte pour
et le
vacarme
de
la
représentation, sauf pendant la
il
fallut
que
reprit au
les
aller croissant jusqu'à la fin
marche avec chœurs, pour laquelle
trêve.
fissent
siftleurs
boutique d'un armurier
la
de chasse qu'ils purent y trouver,
les sifflets
faut
11
que, dans cette
dire
bagarre, les chevaliers du corps de ballet avaient été soutenus par les
—
ennemis personnels du maître,
il
excella toujours
tandis que les spectateurs impartiaux, indignés d'un
à
—
s'en créer,
parti pris et d'un
tel
outrage aussi scandaleux, avaient joint leurs bravos, souvent très chaleureux, à ceux des amis de
Un mais
instant, on put
dours, acheva la
nage à Rome, dans
de trouba-
et
au troisième, on n'entendit plus rien du
:
tout l'ouvrage, en particulier, le récit du pèleri-
d'un
couvert
fut
la salle
bravement l'auteur
bout à l'autre de
forcenés. Les
cris
deux personnages de marque au moins défendirent
reprises
semblait vouloir prendre
M""" de Metternich, qui
:
sa revanche de Solférino,
plusieurs
aux défenseurs;
victoire resterait
la
cependant, ne plièrent pas devant ces démonstrations hos-
interprètes, tiles, et
déroute
sommet de
tout, et le
que
du deuxième acte, encombré de harpes
finale
le
Wagner.
croire
Mérimée,
dit
et
l'empereur,
signal des applaudissements
le
;
qui
donna
à
cela valait toujours
mieux que d'applaudir Roland à EoucevavxK
Wagner, affaire, et
à
des
d'ailleurs,
dans
amis
le
compte rendu qu'il il marque
d'Allemagne
public pris en masse. cet
accueil,
vu assez
avoir
paraît
,
« Il
qu'on vous
me a,
fait
jusqu'à
présent,
vous vous tromperiez grandement informations, flatteuse
sujet
peut-être pour
très injuste. Je persiste,
\'oir
public le
si
26 mars,
la
au
nature de
entretenus dans l'erreur;
vous
tiriez
français
en
de vos précégénéral,
une
public allemand, mais en vérité
au contraire, à reconnaître au public parisien
des qualités fort appréciables, I.
du
le
reconnaissance
semble, en ce qui concerne
dentes
conclusion
dès
la bataille^,
une grande
certes,
au
de
dans toute cette
clair
notamment une compréhension
Paris dilettante au commencement du siècle (chez riimJn-Didol),
p.
307.
très vive et
RICHARD WACNKR
i3<
vraiment (généreux. Voici un public (je parle de ce public pris dans son ensemble), auquel je suis personnellement
un sentiment de
tout
à
la justice
inconnu,
fait
rappoitcnt
oisifs
journaux, les bavards et les
les
mon compte
journellement sur
choses les
les
plus
moi avec une rage presque sans public, pendant des quarts d'heure entiers,
qu'on travaille contre
absurdes,
et
exemple
eh bien
:
un public auquel
qu'un
!
pour moi contre
tel
me prodigue
témoignages
les
plus opiniâtres de son approbation, c'est là un spectacle qui devait
me
lutte
mettre
monde
la
claque et
la
au cœur, eussé-je été l'homme
joie
I,
CLEF DE LA MUSIQUE DU
A
B
(Cliani, Cluirii'.u-i, 7 avril
plus indifférent du
profita
l'auteur
:
il
de
ce
déjà
avait
Vénus dans
le
obtenu de
lui
mars,
fut reculée
».
M. Niemann, de
qu'on
premier tableau,
i3
1861.)
pour demander
retard
le
TANNH.EUSER
au lundi iS par suite d'une indisposition de
rôle de
le
»
'.
La deuxième représentation, annoncée pour
teur
les
les
nouveaux
et
le
direc-
sacrifices
à
supprimât une partie du
trompes de chasse
et les
du premier acte^, la ritournelle du petit le deuxième acte, et le retour de Vénus au troisième toutes coupures heureuses, mais insuflfisantes au gré du directeur. « Je vous ferai observer, écrit-il au ministre le 17 mars, chiens dans le tableau pâtre,
le
trait
final
de violon qui termine :
Riclurd Wagner, p. '171. Ces malheureux chiens qui avaient soulevé l'indignation des spectateurs délicats et servi de prétexte aux quolibets les plus spirituels, à quelque temps de là contribuèrent singulièrement au succès d'un grand drame la Jeunesse du roi Henri, de Lambert Thiboust et Ponson du Terrail, représenté en 18Ô4 au théâtre du Chàtelet les auteurs avaient tout simplement repris l'idée de Wagner 1.
Souveitirs de
2.
:
;
et
n'eurent qu'à s'en féliciter.
RICHARD WAGNER
,40
ouvrao-e à
un homme
Ceux qui
le
cela,
récitée,
pas
soit
suffisant.
telle partie
déjà obtenu, quoique
j"ai
d'une
s'agissait
S'il
d'autorité, malgré les réclamations de
couperais
de son
que Test M. Wai^ner.
aussi convaincu de son mérite
ne
répète,
je
retrancher telle ou
faire
connaissent s'étonnent de ce que
le
je
de
diflîcilc
très
est
qu'il
pièce
l'auteur;
mais, dans une partition, tout retranchement nécessite un raccord de tonalités que je ne puis pas me permettre de faire. » On n'est pas plus modeste, en vérité.
En
confirma
C'était
«
:
si
A
bjs les Jockeys!
passèrent
sans
premier
En
que
d'ordre,
encoi'e
donnée
un
présence des abonnés de l'orchestre, et
elle
Mais de cette
salle
comble, ainsi que
oreille, et, plutôt
il
chevaux,
Autant
«
messieurs,
Wagner,
dit
héro'iques déployés par
douter,
si
mon égard
peu que ce
un terrain neutre, de
de
fut
que
le
monstre.
qui tenait
convenu que
la
d'éviter
la
afin
les chiffres
des recettes'.
le
Tanuhœuser
risque de laisser
se
d
Et
le ;
autant
cela,
mauvais
masse, eux pour qui
montrer un dimanche à l'Opéra.
même
à ruser
j'ai
ému
été
et
avec une cabale
touché des efforts
public proprement dit pour
jamais
soit,
et
été stupéfait de l'attitude effVénée de ces
ai
j
ne
il
m'est
ne l'oublions pas,
troisième représentation.
11
avait été sous-entendu,
sans qu'on
réparer ce déni
moins venu à
du public parisien dès
la
l'eût
qu'il se
fut écrit le
l'esprit
de
trouve sur
surlendemain
officiellement
annoncé,
Recettes des trois représentations de Tannhœuser : première 7,491 fr. (dont 2,770 d'abonnement), le service lait à la presse et aux artistes; deuxième 8,-4i5 fr. fcirnt -j,;?!^ fr. d'r.l-onnement'; troisième 10,7134 fr. (abonnement, 23o fr.) (Arlicle cite de M. Cli. Nuitler.) I.
:
—
maigre
—
le
partie
eut lieu effectivement le 24,
venus en
étaient
ils
n'y avait plus à lutter ni
aussi acharnée.
de justice à
il
la
violentes
mal tué
dimanche
prouvent
que de courir
presque déroger que fois,
mirent de
plus
moins du monde devant un public impartial
connaisseur en c'était
le
chaleureux à
abonnés, dont on voulait se passer, n'avaient pas entendu
les
se relever le
Cette
serait
du second
moitié
tout-puissant,
ministre en personne,
le
sur un signal, qu'à
bravos
et mirlitons se
sifflets
siftleurs.
du tournoi des chanteurs,
de cet acharnement d'un club
troisième représentation
devant une
la
de
celle
puis, à partir de la scène
tremblement
le
et
tant les siffleurs craignaient d'avoir
soir,
présence
dans
mot
sur un
manœuvrant
et
manifestations hostiles devinrent
les
et
:
public, sur ce public qui cria
le
premier acte
le
interruption
autre
plusieurs endroits
comme
tout
et
aux bravos des partisans,
fois
pour imposer silence aux
»
une cabale montée
bien
représentation,
cette
d'une
plus
s'associèrent
jugement de Wagner sur
le
lui-même
deuxième représentation, pendant laquelle l'empereur
la
fait,
l'impératrice
:
:
RICHARD WAGNER
,4,
que cette représentation du dimanche serait la dernière il lut bien un instant question d'en donner une quatrième afin que les abonnés du vendredi qui, seuls, n'avaient pas entendu Tannhœitser, pussent s'en amuser à leur tour mais Richard Wagner s'opposa si vivement ;
;
1^,
C^i^li"
tU^iT
C^^-^C-ft^i^t
^
f-r «./•
,
''^'^^.J^c. LETTRE AUTOGRAPHE DE WAGNER AU DIRECTEUR DE l'opÉRA En
à ce projet
que
le
date du
ministre
—
i" mars
1861.
ne
crut
(Archives de l'Opéra.)
pas devoir passer outre et
consentit au retrait de l'ouvrage,
demandé par Fauteur.
membres du Jockey-Club,
Wagner dans
directeur,
entendre
ne veulent
mon
pas
disait
permettre que
opéra exécuté sur
la
le
«
qu'il
Puisque
les
une note adressée au
public
de
scène de l'Académie
Paris
puisse
impériale de
RICHARD WAGNER
,43
musique, faute de voir danser un ballet à l'heure ordinaire de leur entrée au théâtre, je retire ma partition et je vous prie de vouloir bien
communiquer C'était
une note privée
là
Monsieur
directeur,
le
;
me prouve combien affaire, vous me faisiez
cette
ballet
conventions
d'autres
et
lettre
la
résolution, par laquelle
»
officielle
qui
l'opposition
TannJuvnscr de
ma
d'Etat
embarras important.
tirer d'un
je crois le
«
à S. Exe. le ministre
s'est
est
conçue
ainsi
manifestée
contre
:
le
vous aviez raison quand, au début l'absence
du
auxquelles les abonnés
de
observations
des
scéniques
l'Opéra sont habitués. Je regrette que la nature de
sur
mon ouvrage
m'ait
conformer à ces exigences. Maintenant que la vivacité de l'opposition qui lui est faite ne permet même pas à ceux des spectateurs qui voudraient l'entendre d'y donner l'attention nécessaire
empêché de
le
pour l'apprécier,
je
n'ai
d'autre ressource
honorable que de
Je vous prie de faire connaître cette décision à S. Exe. d'État.
y>
Toute
C'était
tomber fièrement
cette affaire de
—
M.
retirer.
le
ministre
le
presque en vainqueur'.
Tannhcvuser, à quelque point de vue qu'on
l'examine, est peu honorable pour nous.
encore que ce tapage infernal
Mais ce qui
est
plus
triste
organisé par de joyeux viveurs après
boire et avant souper, c'est l'attitude de la presse qui, elle, n'était pas
dans
la
dépendance du corps de
ballet et crut na'ivement se trouver en
présence d'une oeuvre exécrable et d'un compositeur de rencontre. fut entre tous les
journaux une course à
l'injure,
Ce
un tournoi d'ignorance,
pendant des semaines, longtemps encore après que le compositeur avait fui Paris, ils écrasaient l'œuvre et bafouaient l'homme avec un et
acharnement sans
pareil.
Jamais peut-être l'aveuglement de
la critique prise
en masse et sa
faiblesse envers le public, sur lequel elle se guide au lieu de le guider,
ne se montrèrent d'une façon plus éclatante. d'articles c'était
où
l'on injuriait l'artiste et
de mode, et
le
pis est
l'auteur
était
y a eu des centaines
son œuvre, uniquement parce que
que tous ces juges, qui ne soupçonnaient
absolument sûrs de leur un polisson, l'œuvre une ordure et
rien de la chose à juger, étaient
yeux,
Il
fait
:
l'arrêt
à leurs qu'ils
rendaient devait être sans appel.
Beaucoup sont morts avant d'avoir vu leurs jugements cassés en si peu de temps; mais, parmi ceux qui survivent et qui furent des plus Ce
Tannhœuser
une véritable déception pour les amateurs et les curieux dans Tannhœuser, et la location encaissée à l'avance était énorme. Une fois la pièce retirée, on se rendit en foule partout où l'on jouait quelque fragment de Wagner, par exemple au Casino, où Arban faisait exécuter la marche de Tannhœuser et la marche des fiançailles de Lohengrin ; à l'Opéra-Comique, où Roger chantait dans un concert spirituel le récit du pèleiinage à I.
retrait de
Paris, tout le
Rome,
inonde avait
etc., etc.
la
fut
:
rage de
Et partout adversaires
et
partisans sifflaient et applaudissaient avec rage, aveuglément.
WAGNER
RICIIAI^I) violents
rurii^inc,
à
manœuvrent pour
amusant
est
il
tourner
oublier leurs élucubrations
comment môme temps que la mode
en
passées,
sentent le terrain fuir sous eux.
d'observer
crient
et
plusieurs et
faire
que d'autres, plus crânes
tandis
désespérément, avec rage,
luttent
143
d'autant
plus
fort
qu'ils
serait fastidieux de rccheicher tous
Il
ces articles, dont Gasperini a, d'ailleurs, détaché des passades caractéristiques
des
doux
plus
maîtres de
un
suffira d'en citer
il
;
signé
et
d'un
seul, oublié
dans sa nomenclature, un
qu'on classait alors parmi les
écrivain
critique.
la
Pas de périphrase à notre opinion sur l'opéra de AI. ^^'a"ner
«
marche du second acte exceptées, qu'un chaos musical. Les sons se heurtent, l'ouverture et la
s'agglomèrent,
s'entassent,
confondent,
se
comme d'immenses nuages dans un fard.
Tantôt
—
pesante,
mélodie
et
ce
que M. Wagner appelle
la
obscurité
—
sans doute,
iujînic,
x
partition
n'est
i?
ciel bla-
opaque
une
c'est
sa
:
qui écrase la
plus robuste attention; tantôt c'est un
vacarme
discordant qui ne parvient qu'à simuler les plus grossiers fracas des tempêtes physiques.
Les voix luttent, «
l'orchestre,
et
comme
le plus fou ».
perce
Si parfois
ténèbres,
ces
les
vents et
Shakespeare,
dit
si
le
«
la
mer
à qui sera
un coin de lumière spectre
d'une idée
mélodique se dessine vaguement sur ce fond grisâtre, le
à la façon d'Eole excitant les vents, et
de cesse que
comblé
la
— — — —
déchaîne son orchestre
musicien
masse nuageuse
et tout efïacé.
n'ait
M. Wagner
il
n'a
tout
J'ai
ma
vendu
partition.
Au marchand
de musique? Non, au pliarmacien. Comme somnifère, c'est juste. (Cham,
Chjrii\-iyi. 7 avril 1861.)
s'interdit
à dessein ce que les musiciens de tous les temps ont recherché l'essence
musique,
le rythme, môme de leur art comme celle des Corybantes, qui :
la
mélodie,
comme
clarté.
la
Sa
entouraient les antres des
Mystères orgiaques, semble n'avoir pour but que d'effrayer et d écarter » criaient les profanes. « Il a mangé du tambour et bu de la cymbale !
Hiérophantes de ces bacchanales pour désigner
les
traversé la terrible épreuve.
—
«
Si je
l'Initié
comprends ce que
—
te
chasse
cuisinier.
voilà la
gible est son idéal.
Paul
de
je
mange,
En deux
«, disait un gourmet à son musique de M. Wagner. Elle impose, pour révéler des tortures d'esprit que l'algèbre seule a droit d'infliger «
qui avait je
mots,
ses secrets, :
l'InintcUi-
«
Saint-Victor,
l'auteur
de
ce
galimatias
double,
osant
RICHARD WAGNER
144
reprocher à quelqu'un d'être «
écrit
Moins on en
inintelligible
'
?
mieux cela vaudra,
dira sur les causes de cet échec,
Wagner; mais
bouffon
assez
est-ce
:
ce fut un désastre pour moi. Toutes les personnes
intéressées avaient été payées par moi
;
ma
consister dans
part devait
honoraires habituels après chaque représentation, et cette ressource
les
était
brusquement supprimée. Aussi
me
de dettes, ne sachant de quel coté de ces désagréments,
nullement désagréable.
»
perdait
11
année désolante ne m'est
cette
d'autant
abandonné
la
moitié
deux traducteurs,
les
de ses droits sur
les
représentations et que c'était seulement à partir de qu'il
alors
devait toucher pour
seul la
lui
somme
donc seulement ySo francs
la
vingt
et
premières
fixée
trois représentations
à chacun
francs
37 5
il
vingt-et-unième
totale de 5oo francs,
pour tous droits d'auteur à l'Opéra. Ces
rapportèrent
brusque inter-
plus à la
ruption de Taniihcviiser que, pour rémunérer leur avait
cependant, en dehors
tourner;
souvenir de
le
une masse
Paris avec
quittai
je
lui
des
deux traducteurs-. Quelle explosion de le
silence aux
quel
comme
Débats; mais
chez Berlioz
fut alors
ce
joie
se rattrapait
il
déchaînement de colère dans toutes
craindre un succès
gnements dès & représentation
!
son ennemi par terre
Quels éclats de
sous un jour tout nouveau; polissonneries d'une
hautbois; enfin,
il
dans
monde! Et
le
tant
lettres
qu'il
put
Mais aussi quels cris de triomphe et quels trépi-
qu'il vit !
ses
avait gardé
11
1
a
il
ri
orchestration
comprend donc
rire
«
!
Ah Dieu du
Le Parisien
!
du mauvais bouffonne,
ciel,
!
a
montré hier
musical,
style il
s'est
ri
il
a
ri
des
des naïvetés d'un
y a un style en musique.
qu'il
quelle
Quant
Et sept jours après, dans « La deuxième représentation de Tannune lettre adressée à son fils hœitser a été pire que la première. On ne riait plus autant, on était furieux, on siftlait à tout rompre, malgré la présence de l'empereur et aux horreurs,
il
splendidement.
les a sifflées
»
:
de l'impératrice sortant, sur
qui
dans leur loge. L'empereur s'amuse.
étaient
l'escalier,
on
traitait tout
haut ce malheureux
En
Wagner de
Infiniment peu de critiques défendirent Richard Wagner ou se contentèrent de le discuter se-riculieu de l'accabler de quolibets il faut nommer cependant Baudelaire à la Revue européenne, Franck-Marie à la Patrie, Weber au Temps, d'Ortigue aux Débats, remplaçant Berlioz pour un jour, 1.
sement au
:
tout en repoussant les idées émises dans la Lettre sur la musique, reconnut en Wagner un convaincu et le combattit sans aigreur. 2. Ces chiffres sont exacts, mais les renseignements qui suivent, rapportés par M. Dannreuther, qui les devait tenir de Wagner, paraissent sujets à caution. Si Wagner avait demandé une cession de droits à ses collaborateurs, il est bien probable que ceux-ci y aurarent consenti; mais il n'avait pas à il ne dépendait pas disposer dune part de droits qui était la pleine propriété de ses collaborateurs de lui, mais d'eux-mêmes, qu'ils touchassent leur part, équivalente à la moitié. Dans le lait, il y eut, en ce qui concernait Tannhœuser, tant de conventions particulières, de traités fictifs, pour soustraire les droits de Wagner à ses nombreux créanciers, à MM. Erlanger, Beckmann, Lindau, etc., qu'on ne et qui,
artiste
:
raurait y reconnaître grand'chose aujourd'hui, de peine qu'on se donnerait ?
l'aveu
de
M..
Nuitter.
Ht puis, cela vaudrait-il la
lUCIIAin)
WAGNER
.45
grcdin, d'insolent, d'idiot. Si l'on continue, un de ces jours la repré-
pas et
sentation ne s'achèvera
pour Tcxterminer. Pour moi,
La presse cruellement venge
tout sera dit. suis
je
est 1
I
!
unanime » Pauvre
Berlioz!
Au mois
Wagner
de juin 1861,
encore à Paris.
était
Il
abandon-
d'Aumale pour aller loger chez le ministre de Prusse, économie et honneur pour lui comte de Pourtalès, mais il quittait presque aussitôt la France et, cette fois, il pouvait regagner nait alors la rue
—
tranquillement sa patrie au lieu d'errer en
—
déjà
vers le milieu
—
;
de l'année
—
1860
Depuis quelque temps
exil.
du grand-duc
l'intercession
de Bade avait obtenu du gouvernement saxon que, tout en continuant
Wagner
à interdire à Richard
de
le territoire
la
Saxe,
ne s'opposât
il
plus à son séjour dans les autres Etats de la Confédération
au moins autant que de son
parlant «
Paris
lui
eût
fait
jouer
Tristan
second séjour, car
et Iseiilt.
l'exactitude
les
sitîleurs
est
nous,
acharnés du Paris firent plus pour sa
nom que
remportés en Allemagne.
—
fois, I.
qu'il avait déjà
l'avaient
porté au pinacle
:
n'aurait
ainsi
va
pu le
faire
un succès
En
croyant
monde quelque-
et tout est bien.
mois d'octobre iS3i, le roi de Saxe avait coinnuié en bannissement liors Je l'Allemas^ne emprisonnement auquel Wagner, condamne par défaut, n'avait échappé que par la En 18Ô0, le proscrit n'était plus écarté que du royaume saxon; enfin, en mars 1862, il obtiendra
entière l'uitc.
Wagner, en
frappante encore après un
plus
semblable à ceux ils
cela valait
a
gloire et le retentissement de son
l'enterrer,
;
remarqué que du plus grand secours pour l'Allemagne ». Obser-
premier séjour au milieu de
avait été
vraie et dont
vation
s'il
'
Des le
le
loni;
de pouvoir rentrer
même
en Saxe,
—
après treize ans d'exil.
TANNH.EUSER TRODUISANT SON EFFET, MEME SUR LES ARTISTES QUI iCliam, Clu^rivari.
10
mars
1,E
REPETENT.
i.Sôi.)
Kl
CHAPITRE X TRISTAN ET ISEULT A MUNICH
iCHARD Wagner, en rentrant en Allemagne, jours possédé
de
même
la
Tristan et Iseult.
avait
Il
au théâtre cet ouvrage
—
même,
le
-
poète et
—
réformateur,
le
idée fixe
une
ou.
musicien,
qu'il avait fallu
exécuter
hâte d'entendre
telle
mis tout de
avait
il
était tou-
faire
:
lui-
philosophe et
le
le
une impossibilité radi-
cale pour le faire renoncer à sa folle idée de louer le
monter son œuvre à ses un bien autre hourvari que pour Tannpensa que cela devait marcher tout seul en Allemagne; théâtre Ventadour et
d"y
risques et périls. C'aurait été
hœuser. Mais
comme retour
faisait
il
sance.
et
la
n'avait
furent peut-être
qu'une
étaient
pensée,
comme
et
les
plus
tous
les
frappés d'impuis-
échoua d'abord auprès du grand-duc de Bade, qui ne refusa Tristan
mais qui n'en reparla
jamais.
monter
après
le
Il
réaliser
pas tout net de laisser Jouer
de
années comprises entre son
appel à Munich
son
pour
tentait
les trois
fait,
de sa vie entière.
qu'il 11
En
erreur!
France
de
déplorables efforts
il
mais,
;
flagrante du ténor
Ander
à 'Weiniar,
fallait
il
s'en
A
Vienne, on avait en principe accepté
cinquante-sept
répétitions,
força d'y renoncer.
qu'on
pour son anniversaire,
et Iseult
allât
jusqu'à
A
l'insufîisance
Carlsruhe, à Prague,
répéter
:
on refusait de
prime abord.
A
Wagner
ce moment-là,
tenir sa précaire existence,
il
était à
bout de ressources,
et,
pour sou-
dut organiser une série de concerts où
il
conduisait principalement les symphonies de Beethoven et des fragments
des
Alaitres
Chanteurs
des
et
Nibelungen^.
De décembre
1862
à
I. Quelques renseignements pécuniaires ne seront pas de trop ici. En Allemagne, les honoraires habituels pour la première représentation d'un ouvrage variaient de lo à 5o ou 60 louis d'or (soit de
200 à
selon
rang
grandeur du théâtre. Pour
les représentations suivantes, la part de d'avance et dans un petit tant pour cent sur la recette, le plus souvent cinq, parfois sept, jamais plus de dix. La plupart des villes allemandes ayant un théiitrc, un opéra heureux dans sa première tournée pouvait produire une somme considérable mais après, le rendement baissait vite on ne pouvait pas jouer longtemps la même pièce dans un théâtre de cour ou de ville, où les prix sont toujours très bas et où le système des abonnements tend à réduire le nombre des représentations d'un ouvrage, n Mes opéras pouvaient être joués de diftercnts Cotés, dit Richard Wagner, mais je ne pouvais pas vivre avec leur produit. A Dresde, où le Hollandais volant et Tannluvuscr avaient eu du succès, on me dit que je n'avais aucun droit parce qu'ils avaient 1,-ioo fr.),
le
l'auteur consistait dans
une
et la
petite
somme convenue
:
RICHARD WAGNER
,47
monde, dirigeant des festivals de ce Prague, à Saint-Pétersbourg, à Moscou, genre à Leipzig, à Vienne, à à Pesth, à Breslau et de nouveau à Vienne, où il redonna plusieurs décembre
i863,
courut
il
concerts au théâtre
An
exécution, tout à
dans
fait
le
Wicn,
der
où
émerveilla
il
la vraie tradition,
public par une
le
de l'ouverture du Frcischi'tti.
Et lui-même a résumé d'un mot cette vie de Juif errant de la « Ce curieux concert, dit-il en parlant de celui de Leipzig, musique :
où
entreprises
pareilles
Dans
réduisirent. je
Russie que
d'autres villes au moins,
accourait
parvenu à
fait
pour
partout
Tristan
faire jouer
vint en masse et
public
le
mais
;
le
seulement en
c'est
en parlât.
pécuniaires valurent qu'on
résultats
les
en somme, avaient
concerts,
le
fut
un véritable succès artistique
remportai
monde
premier d'une longue série de absurdes auxquelles la gêne et la misère me
vide à moitié,
était
salle
la
»
beaucoup pour sa réputation mais
voir,
et
toujours
n'était
il
Ces le
pas
et Iseult.
Après cet heureux voyage en Russie, où la grande-duchesse Hélène, amateur passionné de musique, avait témoigné son admiration à ce « Messie du laid », comme dit Fétis, avec une magnificence toute
Wagner
royale,
dépenses tous
imaginé
s'était
donné
où
de sa tournée dans
les bénéfices
il
gaspilla
ne verrait jamais
qu'il
libre cours à ses goûts fastueux
A
la
la fin :
de cette fortune et avait
on parlait d'un canapé tendu
Wagner
de magnifiques tapisseries que villa
de Suisse
roubles
furent
mangés.
plus
sou,
grande-duchesse
rien
s'introduisirent
et sur laquelle fit
plaisamment
avait fait tisser
de temps,
Vers cette époque,
une riche tabatière
quelque temps. Cela ajoutèrent
en un
:
des voleurs
butin, emportèrent la
il
qu'il
a
La légende de
Tristan
comme lui
avait
et,
première
fois
il
n'avait déjà
trouvant maigre
journaux, en relatant ce vol,
Iseult,
si
Tristan et des
»
fameuse au Moyen-Age,
d'origine celtique et par conséquent d'essence française. la
exprès
reçue des mains de
Quant aux manuscrits de et
tout
les trente-cinq mille
comptait probablement pour durer
rire, et plusieurs :
et
chez
Nibeliingen, les voleurs n'y ont pas touché.
pour
six mille
devanture d'un grand marchand de Vienne, on se montrait
pour sa le
folles
Nord, environ trente-
le
de soie richement brodée et payé trois mille florins, plus de francs.
en
qui représentaient alors plus de cent mille francs.
cinq mille roubles, Il
quartiers à Vienne,
ses
prit
On
la
est
rencontre
sous une forme littéraire, dans un roman écrit au
pendant que j'étais maître de chapelle, et qu'un maître de chapelle de la cour de Saxe un opéra par an. Quand ensuite, à Dresde, on désira avoir Tristan, je ne voulus le donner que si l'on consentait à me payer Tanniuvuser, et l'on me refusa; mais lorsque le public insista pour avoir les Maîtres Chanteurs j'obtins ce que j'avais demandé. » [Dictionnaire de Grove, article Ricliard Wagner, par M. Dannreuther.) été représentés
doit produire
:
,
RICHARD WAGNER
,48
x\f siècle, en prose
normande, par Luc de Gast. De France,
rapidement en Allemagne
elle
en 1210, Gottfried de Strasbourg en
et,
passa
fît
une
épopée chevaleresque, à laquelle Richard Wagner emprunta la donnée première de son drame, en la modifiant beaucoup pour Tapproprier à la
scène
avait
y introduire les théories philosophiques dont il cerveau plein. Dans Tétat d'isolement douloureux et
surtout
et
alors
le
d'absolu
découragement
vers
spéculations
les
où
il
se
trouvait en exil,
philosophiques
son
porté
imbu surtout des
jusqu'alors
et
esprit,
doctrines panthéistiques de Hegel et de Schelling, s'était laissé gagner
par
les
théories
des
religieuses
de Schopenhauer qui ne sont autres que
Hindous, du Nirvana
:
déooùt de
le
du jour aveuglant, l'aspiration à
l'horreur
la
vie
la
idées
inutile et
calme, à
nuit
les
la
mort
bienfaisante, à l'anéantissement. «
Comme
Schopenhauer,
écrit
Gasperini dans
chaleureux,
Wagner
élément,
pouvait se sentir vivre dans cette
son plaidoyer très
un refuse contre les agitations d'un monde mobile et tumultueux, dans ce grand détachement que l'Inde préconise. C'est de ce côté qu'il se tourna, c'est au bouddhisme qu'il demanda l'apaisement de son âme, c'est en renonçant au combat, en se donnant tout entier à la foi nouvelle, qu'il espéra se préserver à jamais des désenchantements terrestres, des surprises violentes qui l'avaient jeté à bas. Par une contradiction étrange et dont il serait trop long de rechercher les causes, le bouddhisme, qui prêche l'extinction, l'anéantissement, proclame la puissance de la volonté, et glorifie la volonté sans limites. Par là, du moins, "Wagner se retrouvait dans son il
torpeur morne où
il
crut trouver
venait de s'abîmer'.
Que Richard Wagner
eût
décourageante entre toutes,
le
relever des abattements
de
se
comparable à
rien là de
prêchant l'extinction de
mais
lui-même, cations
lumière
dans cette
volonté nécessaires pour
de mieux;
rien
—
il
n'y avait
de Schopenhauer lui-même,
nombreux enfants;
comme
de ses héros, de deux amants
—
Iseult
de l'école philosophique alors agissant sur
les interprètes
et
et la
race et procréant de
qu'il allât jusqu'à faire
et Tristan,
courage l'exil,
épaisse,
dans une théorie philosophique,
contradiction
la
la
puisé
nuit
»
qu'en guise de chant d'amour
il
leur
fît
au jour pervers, au jour menteur, à toutes
lancer des impré-
les faussetés
de
la
honneur, beauté; qu'il les fit aspirer aux ténèbres, au repos éternel de la mort, au néant; que le suprême élan d'amour de Tristan fût celui-ci a C'est moi-même qui suis le monde », ainsi :
gloire,
:
que Schopenhauer avait
ma
représentation 1.
»,
en termes plus abstraits
dit
—
voilà
La Nuiwelle Allemaf^nc musicale
:
qui
montre
:
«
un esprit
Richard Wagner, par A. de Gasperini,
Le monde
est
singulièrement p.
145.
WAONKK
KICIIAKI) par
trouble
dramatique
Tristan
comme un
ne
Iscii/l
et
voyait toujours
épouvantai! pour tout
pas
la
lumière et
la
lin
de Tannée
monde. A
le
i863, l'intendance du théâtre de la cour, à Dresde,
par toutes ses conditions,
passait
équipage de
au théâtre,
loge
chef d'orchestre.
exorbitantes qu'elles fussent
:
de pension viagère, appartement au château grand-ducal,
six mille livres
conclure,
allait
si
entame des
avait
comme
engager Richard Wagner
néçociations pour
On
concept
sain
et musical.
Cependant c'était
philosophiques et détourné du
rêveries
les
'49
cour à sa disposition,
la
toutes ces clauses
lorsqu'à
dans un très bref délai de Tristan
ajouta
il
et Iscitlt
:
alors,
la
etc.,
on
etc.;
représentation
craqua,
tout
et,
devant cette nouvelle exigence, on rompit les
Las, découragé de tant
pourparlers.
Wagner
d'efforts superflus,
prendre
allait
une retraite définive en Suisse, lorsque la
mort
amena
Maximilien
de
sur
le
Bavière
de
II
mars
trône, en
un
1864,
jeune prince âgé de dix-neuf ans, vision-
ardemment
naire et mystique,
épris des
théories d'art dramatique et national tant
de
exposées
fois
passionné
Richard Wagner,
par
pour
Loliengriii ,
entendu dès sa seizième année,
un an
avant
avait
qu'il
de monter sur
UNK
qui,
et
trône,
le
vous portez
avait
dans
cru voir un avertissement du ciel les
dernières
appel de Richard
Cet
écrit, est
définitif
lignes
Wagner
SCENE DE
Kind, de Munich. tion,
la tùlc si
I'
—
AT N ]
{Punscli, de
GE
.
haute, faites atten-
vous allez tomber dans
d'un suprême
.\
\'ous,''|là-bas, si
Munich,
ic)
le
trou.
février 186.'.)
à ses amis.
daté de Vienne, avril iS()3, et sert de préface au texte
de l'Anneau du Nibelung.
Wagner
y reprend en termes plus
précis, avec des détails très étudiés, le plan déjà esquissé dans la
Com-
munication à mes amis
réali-
sation de son
œuvre
orchestre invisible,
et leur
d'art,
adresse un dernier appel pour
pour
l'édification
représentations
la
d'un théâtre spécial avec
solennelles
à des intervalles régu-
événement considérable et fertile en conséquences que je prépare, quand je cherche à me procurer les moyens nécessaires pour une première représentation du grand drame liers,
etc.
«
C'est, dit-il,
un
solennel fBûhrienfestspielJ.
Comme
je
nécessaires pour assurer
-succès
de
plus qu'à pourvoir au\
moyens
la
matériels.
partie
Deux
et la capacité
artistique,
voies
se
il
ne reste
présentent à
Une association d'amateurs riches, des deux sexes, pour fournir sommes nécessaires à la production de mon œuvre; mais quand je
moi. les
le
possède l'expérience
RICHARD WAGNER
i5o
combien
rctlexion
fais
Allemands ont peu d'entrain pour de pareils
les
mode de procéder ne
appels de fonds, ce premier
Par contre, il augmenter son budget
serait
espoir.
entreprise
fonds
les
très
facile
un prince
à
pas grand
m'offre
allemand, sans
par un simple virement, d'appliquer à
et
destinés
à
l'entretien
détestables, telles que les théâtres d'opéra, qui pervertissent
dément
Oue
musical allemand.
groùt
le
à
charge
leur
compte, ce n'est ni la musique ni le
drame
allemand.
musical
et le sens
sommes
conviction de ce prince, les
Si
les
sources.
Par
pour
développement
esprit
purement
et
se rencontra,
de riches amateurs
vivre
assez
souhaite seulement
musicale
acte du
d'envoyer à Vienne ce simple billet
bout
national
le
:
Ce prince
et plus tard se
il
est
suivant
et
la
formation d'un
prince assurerait ainsi à son »
formera aussi cette association
force
:
en
quel
;
achever
d'en
Je
mon œuvre,
pour assister à l'exécution de la
«
:
composition
la
a
Louis
jeune roi
II,
,
venait
passant
le
en montant sur
trône, fut
le
un secrétaire particulier pour remettre à Wagner Venez ici et terminez votre travail. » Mais Wagner,
d'expédients
L'envoyé
retraite
res-
les
à remarquer que 'Wagner, alors telle-
justement
pour Munich,
élevés
par
le
de
ciel
ce
fut
avait
Eckert,
poursuivit d'étape en étape
coup du
Vienne
quitter
poursuivre
puis
Stuttgart où son ami, le chef d'orchestre sur.
année à l'Opéra
se rencontrera-t-il?
—
d'avoir
des créanciers assez mal sur Zurich
la
eut la bonne fortune de voir son double souhait se réaliser.
»,
Le premier
à
parvenais à former
désespéré et qui ajoutait avec une douloureuse résignation
n'espère plus et
car
;
plus grave
la
représentations auraient
les
Allemagne
en
l'art
gloire impérissable.
Ce prince ment
de
mais bien
fondée une institution d'infinie portée
trouverait
se
là,
vraiment
nom une
je
façon
ans ou à des intervalles plus éloignés,
lieu tous
prenant à son
les
destinées chaque
profiteraient au grand drame solennel, dont
le
la
mes
prince de
le
qu'il protégerait,
une machine outrageant de
l'opéra, c'est-à-dire et le
car en
;
drame
profon-
si
amateurs forcenés de
quotidiennes,
théâtre exigeaient des représentations
rêves en laisserait les frais
les
si
mon
musicales
d'institutions
et
;
il
et
fuyait
s'était
dirigé
tourné du- côté lui
un
offrait
de
asile
parvint à découvrir sa
pour Wagner, quand
reçut ce
il
messager de la fortune Après l'entrevue, il se jeta au cou du fidèle Eckert en s'écriant « Je croyais tout perdu, voici que tout est sauvé. Toutes mes espérances sont dépassées. Le roi met à ma. disposition !
:
tous les
moyens dont
Peu de dans
dispose
jours après, Richard
les bras
royale de
il
I
»
Wagner
de son protecteur qui
Starnberg
et
lui
assurait
arrivait à
l'installait
non
Munich loin
de
et la
tombait
résidence
une pension de 2,5oo francs sur
RICHARD \VA(JNER sa boLirsc privée
:
ce n'était
travail, J'ai
et
Wagner
sa grâce.
A
»
homme me
au
Propylées,
de son
ni
de
la
créanciers
mon
rendit heureux. fait ni
du mien,
encore, et par
quand
Munich,
le
roi revint à
son favori une petite maison
bout
Mes
suis libre aujourd'hui
je
l'entrée de l'hiver,
disposition de
la
ennuis,
«
pus continuer
je
1877,
eu beaucoup d'ennuis depuis, qui ne sont
mais, en dépit de ces
à
en
ce noble jeune
confiance de
la
qu'un iM-cmicr secours.
là
furent tranquillisés, écrivait
,3i
ville,
augnîenta
et
en
située
sa
pension
il
mit des
face
dans
de
fortes proportions.
Alors Wagner,
lui-même,
écrivit,
souverain maître en
pour rendre
Marscli avant de se remettre à
f[iinf['s
depuis longtemps
interrompue;
sur l'Etat et la Reliision
essai
Bavière et plus
hommage à ;
il
la
que
le
roi
composition des Nibcluugcii,
demande du
la
roi
à son protecteur, son Hiddi-
roi,
rédigeait un
il
élaborait les statuts d'une école de
chant, semblable à celle qu'il rêvait autrefois d'établir à Dresde, et roi
fermait
le
vieux Conservatoire en
commission pour examiner
le
juillet
nommait une
i865, puis
projet d'une école établie sur un nouveau
plan; mais ces propositions n'eurent pas de résultats appréciables, suite
du mauvais vouloir de Franz Lachner
Munich
et autres
par
musiciens de Munich,
de ressources pécuniaires'. De plus,
et aussi faute
le
Wagner mandait
à
Semper, que le roi voulait consulter pour édifier, selon les indications du maître, un théâtre propre aux représentations des Nibelungeii; enfin, il faisait engager exprès pour Tristan et pour Gottfried
M.
Iseult
Schnorr de Carolsfeld, en indemnisant leur directeur faisait venir de Berlin son bien-aimé disciple Hans de
et M""-'
de Dresde;
il
Biilow, auquel était conféré le titre de pianiste du roi
dans ces conditions,
il
de Bavière, et
consentait à laisser mettre en répétitions Tristan
et Iseult.
Entre temps, pour montait
Tannha'iise)% n'avait
sans
faire patienter son royal maître, le
Hollandais volant
pas encore entendu
malice,
le
jugement
à
de
Munich, xM.
de
il
faisait rejouer
décembre
(4
et rappelait, à ce
1864)
qu'on
propos, non
Kùstner qui, vingt-quatre
plus tôt, avait refusé cet ouvrage envoyé de Paris,
comme
étant
«
ans
peu
dirigeait des concerts exclusivement
conforme au
p-oût allemand ». Enfin il composés de ses œuvres; dès le 11 décembre, il en combinait un pour donner à son protecteur quelque avant-goùt de ses créations nouvelles, I. Le 8 octobre i863, la Ga-^ctte musicale de Paris recevait et publiait l'avis suivant lie .Vlunicli de considérablement modifié La difection de notre Conservatoire, réorganise d'après le plan M. Richard Wagner, a été contiéc à M. de Perfall; les classes rouvriront au mois de novembre. C'est le 3 du même mois que doit être inauguré le nouveau Théâtre du peuple, fondé par actions. » A propos de ces remaniements, un journal satirique de Munich écrivait n Le bruit s'est répandu que, dans la nouvelle écule de chant, on se servirait de la vapeur pour l'émission du son; la nouvelle ne parait :
—
»
:
pas se confirmer.
»
—
—
RICHARD WAGNER
,52
que
telles
Tristan
et Iseiilt et
dans
laissèrent jouir de son plaisir vide,
préparé
que
répétant
allaient
hostilité,
pour provoquer un
Cependant
première
la
M.
depuis
tous,
mécontentement qui
et
de Tristan
représentation
et
mieux
le
Schnorr
M"'''
MM.
Gottmayer, Mitterwurzer
Marke, Kurwenal et Melot). L'annonce de à Munich une affluence énorme de tous
attiré
l'Allemagne de
l'insuccès
à
l'entrée
homme
de l'Europe; mais l'auteur, en
et
Tannhcviiser,
tous
avait
pris
gens suspects
les
d'opposition.
rendue publique à ces
lui-même,
qualifiait s'il
et
aux seuls
réservées
y avait lieu d'admettre
la
et
points
les
de
interdire
monde
entier par
comme
il
les
on verrait plus
adeptes;
du public à jouir
niasse
Hein-
solennité
cette
pour
modèles,
représentations
jusqu'à
ne s'en était pas
11
caché, bien au contraire, en convoquant ses amis du lettre
chaque
ayant profité de
précautions
ses
était
avant dans
Iseult)',
et
rich
avait
Iseiilt
l'accent juste à
(Tristan
(Brangœne), jusqu'à
roi
assez
pas encore
n'était
M""" Deinet (le
le
conflit décisif.
pensée du maître, à qui donnerait
mot,
pas encore
n'était
et tous les artistes luttaient à qui pénétrerait le plus
proche
roi,
du théâtre presque
salle
terrain
le
<(
C'était bien plutôt le
».
assez fort
grande
la
de Richard Wagner, pour se consoler de cette
partisans
les
et
tard
Muni-
les
par un commencement de mauvaise humeur contre leur
chois,
la
Maîtres Chanteurs ; mais
les
«
de ce
y a de plus élevé et de plus profond dans l'art d. Cette Invitation à mes amis pour assister à la première représenta-
qu'il
de Tristan, publiée en
tion
extrêmement singulière
lettre
débutait
par ce
et
dans
comme
pouvait seul en écrire une,
il
un noble cœur n'en
:
était toute-puissante, car c'était la
c'est
de
quantité de choses le
son
mot
séjour
En
chez :
nous
et
roi. »
se
félicitait
«
Alors que
fort et plus
cria
à
Ensuite trois
revenait sur
chaudement de
langage bien différent de celui
ce qui c<jiKerin: ces
qui
propos de cette action en
—
:
l'artiste
et cette fois la volonté
»
volonté d'un
substitue à celui à'opéra,
qu'il
de Tannhœiiser
à
lui !
11
que plus
battit
chaudement pour l'idéal de mon art. Ce fut aventuré « Ce que toi tu crées, moi je le veux d une
Messager de Vienne,
le
de reconnaissance envers Louis
cri
m'abandonnait,
tout
i865
avril
qu'il
il
parlait
actes, le
-
temps
l'insuccès
tiendra par
la
deux artistes hors ligne, On ne vit jamais, pai-ait-il, une leile idcnlilicapersonnages c'était à craindre, en certains endroits, de les voir succomber a leurs émotions presque surhumaines. Un tel degré d'oulMi du monde réel, un sicomplet abandon en scène paraissent tout au plus acceptables en AUeniagnc, et seulement entre époux. Richard Wagner a paye un juste tribut d'hommages et de regrets à Schnorr, qu'une fièvre maligne enleva aussitôt après les représentations de Tristan et Iseult, le 21 juillet iS65. C'est ainsiqu'à peine entrevu, Tristan rentra dans l'ombre pendant quatre années, jusqu'au jour où M. et M'"" VogI le chantèrent avec grand succès, toujours à Munich, en juin 1HG9. Voir le chapitre intitulé': Mes som'cnirs siw Louis Schnorr de Carolsfeld, dans les Souvenirs de Wagner, p. 187. I.
iion des acteurs avec leurs
:
KEPUESENTATION Scène
II
linalc
E
Cl
TRISTAN ET ISEUI.T
du promicr
acte.
—
»
A
MUNICH, EN lS03.
D'aprcs une sravuie du temps.
RICHARD WAGNER
i54
suite dans
à
ses
Gautier et
M""^ Judith
causeries
avec
i865,
première
dans sa
lettre
M. Monod'.
Du
mai
i5
la
représentation,
déjà
reportée au lo juin par suite d'un fort enrouement de
commençait
rhostilité le
si
bien à gronder contre Richard
rendait responsable de cet
accroc
fait
supprimer tout un rang de
dès
le
on
;
lui
affichée,
M"''^
fut
Schnorr,
et
Wagner, qu'on
reprochait aussi
d'avoir
pour augmenter l'orchestre,
stalles
et,
29 mai, un petit théâtre populaire, qui avait préparé une parodie
de Tristan,
ne voulait pas attendre davantage et
avant
la lançait
la
représentation de l'opéra parodié. C'est sous ces fâcheux auspices que
Tristan vit
le
jour
:
il
y eut en tout quatre représentations,
admirablement dirigées par Hans de Bùlow aux deux premières, c'était applaudies avec frénésie quatre
:
toutes
toutes quatre
et
lui-même
le roi
qui donnait, après chaque acte, le signal des acclamations".
L'écho de ces bravos retentit jusqu'en France, coup. La palme, en qui
fit
fait
grande dépense
de
raillerie,
oîi
appartient à
l'on
en
rit
beau-
M. Blaze de Bury,
d'esprit et contre l'ouvrage et contre Vlni'ilatioii
à mes amis, sorte d'encyclique adressée au
monde wagnérisant^
qui avait
Munich. Heureuse Bavière Bavaria felix ! Elle avait la peinture et la statuaire, elle avait Cornélius, Kaulbach et Schwanthaler mais Gluck manquait encore à son bonheur on le lui donne. Respectons les illusions généreuses et ne
servi de préface aux représentations de
«
1
;
:
reprochons jamais à un souverain ses excès de zèle en pareille cause; mieux vaut encore prendre M. Richard Wagner pour un Gluck et pour un Eschyle que de ne connaître ni Eschyle ni Gluck, ce qui parfois s'est vu,
même
ce rabâchage d'une
crement,
n'était
chez de puissants monarques
Au
fond, tout
personnalité ivre d'elle-même nous touche médio-
pourtant une phrase trop bouffonne
relevée. Parlant de sa
campagne de France
et
pour ne pas être
de toute une longue
année de son existence sottement gaspillée à cette occasion, M. Wagner entame la question de Tannhœuser à l'Opéra,, et, loin de se plaindre de sa mésaventure, de déplorer la catastrophe, se demande, l'ironie et l'amertume aux lèvres, s'il ne vaut pas mieux, après tout, que les choses se soient ainsi passées, 1.
«
car, dit-il, d'un
grand succès,
s'il
eût
les jnuniaux d'Allemagne évaluèrent à So.ooo florins la somme dépensée pour monMunich, et a. une somme encore plus élevée les frais de Tristan et Iseidt, sans parler cadeaux en argent et en nature s'élevant au total de 25o,ooo florins. La Galette de
IMus lard,
ter Lolicngrin à
de dilTércnts Cologne, en particulier, annonçait un jour que le roi venait d'offrir à son musicien favori une canne dont la pomme était un cygne en or ciselé et enrichi de brillants valant plusieurs milliers de ducats. 2. La salle du théâtre de Munich, rappelant en beaucoup plus grand le Vaudeville de Paris, était niédiocremcnl éclairée et d'aspect assez triste. Au premier étage, en face de la scène et flanquée de
deux cariatides, la loge royale, éclairée d'un petit lustre; au-dessus du rideau de la scène, à la place des armes ou emblèmes usités chez nous, une horloge indiquant' parfaitement l'heure; enlîn le chef d'orchestre était placé au centre de son orchestre, au lieu d'être auprès de la rampe, et dirigeait debout.
RICHARD WAGNKR «
,55
ctc possible, en vérité je n'aurais su qu'eu faire
joueur qui,
cette capitale de l'empire des Iroquois, voyez un Si par
du moins comment on Ta K
complètement assurées,
«
ordinaires
et
fait,
se
peuvent pour
groupés
que,
modèles.
On ignore grand homme deux cents
sont
demeuce que
trop
amis dûment
de huit ou dix
l'infatigable direction
du tambour.
11
de
fameuses représentations,
trois
journalistes jouant du fifre et
usages
les
Impossible
»
en famille
manœuvrent sous
et qui
dehors de tous
en
dans ces
gloire d'un seul
la
ami savent
public auquel on s'adresse.
le
amis,
entre
passerait
ne savait que
représentations, dont trois sont
lieu
représentations
des
seront
donc bien convenu
tout
à Paris, dans embarras!
tpiel
ont lu sa Lettre à uu I.es
k
auront
s'expliquer plus clairement sur rait
peu
hasard M. Richard Wagner, ce grand dégoûté,
de ce succès, tous ceux qui
faire
(Test Thistoire de ce
».
nj gagnant pas, aime mieux perdre. Réussir
ne sont que deux cents
Ils
Voyez au théâtre du
à peine,
et
vous
Châtelet
les
magnifiques défilés qu'on obtient avec quelques comparses
passant et Tristan
croiriez
toujours
repassant,
La
et Iseult.
qu'ils
Wagner
fusée d'artifice après
a dit
qu'on
il
de
puis
Tannhœuser,
à
de
qu'il
un
rien!
Paris,
deux
Tristan soirées
Ce
qui
ne pense lui-même
des représentations
n'y en aura plus,
plus
Mais
M. Richard
Hélas!
tirée.
comme
il
:
n'y
art sans veille et sans lende-
main. De l'agitation, des discours qu'entre compères on
brouhaha,
succès
ce
après trois jours?
l'a
une chose plus mélancolique
comme
Ainsi
Quels rappels surtout!
reste-t-il
ce sont des représentations modèles,
en a pas,
!
salle ne désemplissait pas, et quels bravos, quels
de toute cette fantasmagorie, que reste d'une
mille.
mêmes
les
quels trépignements!
enthousiasmes,
dix
et
qui,
Iseult,
à
échange, du
Munich,
chacune dans
son
ou
le
genre,
» compter pour des représentations modèles Ce n'était pas une petite affaire, il faut l'avouer, même pour un auditoire préparé et trié sur le volet, comme celui de Munich,
peuvent, en
elïet,
!
d'entendre ainsi trois actes pendant lesquels intervalle
il
n'y a pas
le
'
plus petit
ou repos pour applaudir ou respirer, où tout s'enchaîne
et
si bien que l'oreille ne perçoit aucun point de soudure en symphonie ininterrompue, au-dessus de laquelle les personnages déclament et chantent leur partie avec une intensité d'expression superbe et sans jamais se plus répéter qu'on ne ferait dans un drame
se tient
cette
que cette nonrépétition des paroles nuit au développement symphonique de la pensée sans
musique.
Il
ne
faudrait
pas
croire,
cependant,
y aide au contraire et en accentue la portée. L'auteur, reste, en donnant comme pivot à son œuvre entière une phrase
musicale;
du I.
elle
Revue des Deux- Mondes, i"
juillet i8(J5.
RICHARD WAGNER
,5(-,
exquise et passionnée, sur laquelle est bâti
prélude, établit d'avance
le
an courant secret qui échauffe ses auditeurs et les associe à la pensée oénératrice du drame. Aussi faut-il voir de quels bravos enthousiastes
on salue, entre autres points lumineux, le magnifique couronnement du premier acte, cette conclusion rayonnante à laquelle on tend, vers
amassée
laquelle on se sent entraîné par la force supérieure du génie, et
d'un
au courant
décuplée
acte
entier
d'accumulation d'électricité musicale et
tel
il
:
y a
un
là
pour se
qu'il faut,
inouï
effet
repré-
le
senter, en avoir subi le choc.
Cette fusion intime entre
créatrice
de
simultanéité
cette
dire,
et
poème
le
musicale
Wagner
un des points auxquels
est
raison.
L'exécution musicale de Tristan,
la
mots,
de
répétition
tissu des
le
mélodie; en un mot,
La forme musicale donnant
lui
poétique,
il
une
la
une seule
l'étendue
destinée à »
poème
et
si
cette
sitôt
certitude absolue
plus, avec
le
se trouvant ainsi figurée d'avance dans le
reste à savoir
Au
«
:
même
n'offre plus
paroles a toute
répond
qui
valeur particulière
Wagner,
un
dans
s'attache
dit-il,
pensée
seule
mélodie est déjà construite poétiquement.
l'invention
liberté d'allures nécessaire à son
Et
une
poétique
et
cerveau, «
musique, ou pour mieux
la
impliquant
conception
double faculté
la
et
exactement
au
but
mélodique n'y perd rien de
la
développement.
question
y répond
soulevée,
une
avec
contraire, la mélodie et sa forme comportent,
grâce à ce procédé, une richesse de développement inépuisable et dont
on
ne
l'affirmait,
une
puissance et de
œuvre
«
fier à
ainsi
qu'il
admirer
faut c'est
:
se
lui
;
faire
une
idée.
»
Il
mais l'audition de son
seulement du génie du compositeur, mais de
»,
qu'il
MU de l'exécution
recours,
lucidité d'esprit de
la
d'art
de Tristan, ce
avoir
preuve à l'appui de son affirmation qu'on
telle
confondu, non
reste
d'y
pouvait déjà s'en
l'on
et
œuvre apporte
velle
avant
pouvait,
le
l'homme qui a conçu
On
l'appelle.
génie,
en
ne
sait,
en Wagner, de
le plus
tout
cas,
la
cette nou-
après audition la
dans ce
conception qu'il
peut
avoir de plus audacieux et de plus puissant.
De
l'aveu
même
sion
la
leui-
haute valeur,
sont
que
plus
les
de Richard
fidèle
et le
Wagner, Tristan
et Jsciilt est l'expres-
Malgré Lohengrin ne
plus vivante de ses idées théoriques.
la
Vaisseau fantôme, Tannhœuser et
créations admirables d'un génie ignorant encore à
quel
il lui sera donné d'atteindre. « On m'accorun plus grand pas de Tannhœuser à Tristan mon premier point de vue, celui de l'opéra
point de prodigieuse audace dera, dit-il, que
que
pour
j'ai
passer
de
fait
ordinaire, à Tannliantser.
dégagé,
et
l'art
nouveau
»
Dans Tristan, dont
il
enfin, son idéal s'est clairement
s'est fait
le
fondateur et l'apôtre,
en
.
RICHARD WACNF.R gnands maîtres,
s'inspirant, dit-il, des plus
15:
s'y
impose avec une autorité
qui ne souffre pas de compromis.
Wagner
les lois les plus
—
tant
il
*
quelque part qu'on pouvait juger Tristan d'après
écrit
a
rigoureuses qui découlent de ses affirmations théoriques,
—
est sûr de les avoir suivies d'instinct,
W
w. ,_^ ^.
'^
mais
il
avoue
qu'il
A-
H.
RICHARD W A G N Dessin de
M.
F.
R
VERS
1
ô
3
Renuir, d'aprcs une photographie.
et qu'il senen composant, affranchi de toute idée spéculative son essor même, à mesure qu'il avançait dans son œuvre, combien
s'était,
tait
formules de son système quelque nuance de regret, de
faisait éclater les t-il
avec
parfaite spontanéité
composant mon
de
Tristciii.
l'artiste »
Il
dans
la
en fut de
écrit.
«
félicité
création,
même,
11
n'y a pas, ajoute-
supérieure et je l'ai
à ce qu'on
à
cette
connue en
peut croire.
RICHARD WAGNER
i58
quand quand
il
termina l'Anneau du Nibelung, interrompu pour Tristan,
il
écrivit les
Maîtres Chanteurs
Tristan, Tcnfant de
Marke,
roi
le
son
la
a
il
reçu
Tristan
a
même,
cjui
trier
de
une blessure à
reconnaît en
son
belle
la
lui
Morold
fiancé
tête;
la
est
il
yeux rencontrent ceux du jeune héros désarmée. Elle le laisse, une fois guéri, Cornouailles.
Tristan
bientôt
est
:
de Tantris,
à ce regard,
retourner
renvoyé
princesse Iseult. Celle-ci est accordée par son
le
pure au
Marke;
roi
mais
terrible,
il
il
résiste
sent
vieux
main
la
de
cour
la le
roi
de
la
père au souverain vic-
drame commence, on
sur
est
Cornouailles.
vaisseau qui conduit Iseult en Tristan, fidèle à sa
meur-
elle se
à
par
Marke, son oncle, en ambassadeur pour demander torieux en gage d'alliance, et lorsque le
le
tuer à son tour, lorsque
le
ses
Mais
soigné par Iseult elle-
nom
faux
le
va pour
elle
;
adoptive du tribut
patrie
combat singulier Morold, neveu du Iseult. Mais, dans ce combat terrible,
malgré
,
sa
délivré
qu'elle payait à l'Irlande et tué en
de
et Parsifal.
Bretagne, est passé en Cornouaillcs, où règne
oncle;
roi d'Irlande et fiancé
et
mission,
veille
sur la jeune
et la
fille
remettra
entend bien gronder en sa poitrine une passion avec héroïsme et se tient résolument à l'écart
d'Iseult. De son côté, celle-ci se sent fiévreusement poussée vers Tris-
tan;
son
mais, se révoltant à l'idée qu'elle
puisse aimer le
vainqueur de
premier fiancé, ce vainqueur orgueilleux qui n'a pour
l'indifférence,
elle
ouvre son cœur à son amie
elle
et suivante
que de
Brangœne.
une ardeur concentrée, tout ce drame antérieur; elle lui commande alors d'aller quérir Tristan, immobile à l'arrière du navire. Celui-ci, mis en garde par le prudent Kurwenal, son fidèle Elle lui raconte, avec
écuyer,
et
de
d'abord
refuse
princesse,
et
de quitter son poste
lorsque celle-ci
pardon,
pressent
il
;
il
finit
par obéir à
la
propose de boire en signe d'alliance
lui
qu'elle
veut
l'empoisonner
pour
venger
Mais Brangœne, éperdue, a remis à sa maîtresse un philtre amoureux au lieu du breuvage de mort Iseult et Tristan vident la coupe et tombent dans une extase indicible. A ce moment, le navire aborde, et de toutes parts éclatent les cris, les vivats saluant le roi Marke, qu'on aperçoit sur le rivage,
Morold
;
cependant
il
accepte
boit.
et
;
attendant sa fiancée. s'éveillent-ils la
couronne
A
peine, à ces clameurs de joie, Iseult et Tristan
de leur délire enivrant, qu'on ofTre à et le
manteau
Une
royal.
fin
la
souveraine Iseult
d'acte admirable et d'un effet
dramatique entraînant.
Ceux qui n'osent plus
nier
en
Wagner
poète, et trouvent le premier acte de
sur un vaisseau, vide et pauvre.
le
musicien s'attaquent au
Tristan, qui se passe tout entier
Moins pauvre
et
moins
vide,
à
coup
RICHARD WA(}NER que
sûr, et
et la la
troisième acte de l'Africaine. Et puis,
le
ne contient- il pas tous pas
suit-on
Ne
intéressant?
clairement les progrès d'une passion, d'abord contenue
là
jurée,
envers
l'outrage
à
les
deux héros jusqu'à
Marke,
vieux roi
le
de
l'oubli
jusqu'à
enfin
mort?
Au deuxième s'éloigne,
acte,
bruit
a
malgré
l'éteint,
On
nuit.
fait
il
quand tout
et
torche qui brûle et
A
tellement vide
est-il
éléments d'un drame
les
débordante ensuite, qui va entraîner foi
iStj
entend
conseils de la sage
les
Brangœne ;
plus
n'a
mais
qu'à
faire
le
saisit
la
Brangœnc.
au-devant de
lui
pendant cette longue scène
guet
mal, car
elle le fait assez
qui
roi
impatiente,
ce signal, Tristan accourt; Iseult se précipite
d'amour
chasse du
la
Iseult,
cessé,
le
prévenu par
roi,
le traître
Melot, revient à l'improviste et surprend Tristan et Iseult perdus dans
une ineifable étreinte
il
;
reproche douloureusement cette trahison à son
neveu. Tristan demeure d'abord interdit, puis se jette sur Melot, dont l'épée le blesse grièvement;
tombe,
il
et le
vieux
Kurwcnal l'emporte
en Bretagne, au manoir de ses ancêtres.
Là, blessé, sur de bientôt mourir, Tristan attend avec fièvre
que
rivée d'Iseult,
affectueusement
bon Kurwenal
le
son
maître
Tristan ne désire pas vivre revoir
sa
rendre
lui
Tout
bien-aimée avant d'expirer.
à
mais
l'espoir;
demande qu'à
à la mort et ne
aspire
il
;
dû prévenir. Celui-ci console
a
cherche à
et
l'ar-
coup éclate une joyeuse
un pâtre, placé en guetteur sur le rempart, qui signale au loin le navire attendu. Déjà Iseult aborde et s'élance; Tristan, réunissant toutes ses forces, se soulève et va pour se jeter dans ses mélodie
bras
;
:
c'est
mais ce suprême effort
Le vieux
Marke,
roi
le
brise
:
il
rend l'àme en revoyant
par Brangœne
instruit
que
cette
Iseult.
passion
folle
magique, arrive à son tour pour pardonner et deux amants mais il ne trouve devant lui qu'un cadavre
était l'effet d'un philtre
pour unir
les
et Iseult,
évanouie auprès.
en extase
et
;
A
la
voix de
Brangœne,
semble déjà prête à quitter
la terre.
elle se relève
qui l'entoure, elle n'entend, elle ne voit que Tristan par delà elle aspire à lui à travers les
inanimée,
Que
sur
le
comme
Étrangère à tout ce l'infini
;
sphères lumineuses, et lentement retombe,
corps du bien-aimé.
dire de la partition
?
Chaque
forme une scène
acte, pris en soi,
gigantesque, d'une intensité d'expression merveilleuse,
l'œuvre entière
et
puissamment dans ce prélude incomparable, incompris de dans ce prélude admirablement bâti sur cette phrase ascen-
se condense
Berlioz,
dante I.
en
demi-tons,
Pourquoi no pus rappeler
d'une ici
tendresse infinie',
«i
certaine annotation de Voltaire;
tique procède pur plusieurs scnii-tuns consécutifs, ce qui produit
11
11
est
écrivait
une musique
singulier,
un jour
:
n I.c
etltiniiatc,
dit
chroma-
très
conve-
RICHARD WAGNER
,,,o
Berlioz après l'avoir entendu aux Italiens, que l'auteur ait
même
ce prélude au suivi
même
le
plan dans l'un
commencé
d'un morceau lent, fortissimo,
retombant à
et
exécuter
fait
concert que l'introduction de Lohengriu, car
dans
et
1
autre.
nouveau
de
s'agit
Il
a
il
pianissimo, s'élevant peu à peu jusqu'au
nuance de son point de
la
départ,
sans
autre thème qu'une sorte de gémissement chromatique, mais rempli d'accords dissonants, dont de longues appogiatures, remplaçant la note
riiarmonie, augmentent
de
réelle
page étrange
cette
n'ai
écoutée
l'ai
le
la
cruauté.
avec l'attention
eh
sens;
bien
relu
l'avouer,
je
il
la
Le moyen d'accorder
ces contrariétés
?
L'héro'fque loyauté de Tristan, chargé d'amener
au vieux
faut
et
profonde
plus
la
il
I
lu
J'ai
moindre idée de ce que l'auteur a voulu faire. « Au trouvait admirable en tout point le prélude de Loheugrin.
pas encore
contraire,
je
;
d'en découvrir
et un vif désir
encore
roi
Marke,
cœur une ardente
sentant gronder en son
et qui,
princesse Iseult
la
passion, se tient loin d'elle, à l'arrière du navire, et se refuse à l'aborder
quand
amour
l'invincible
Morold
fiancé,
cet
;
Morold;
par l'écuyer
colère et le dépit d'Iseult, confuse de
de ne rencontrer que muette indifférence en
irritée
côté
à
la
qui la pousse vers le chevalier qui a tué son premier
vainqueur
orgueilleux
—
—
quérir;
elle l'envoie
d'eux,
Kurwenal
et
résolue
et
l'empoisonner
à
Tristan
,
la
passion
croissante d'Iseult
l'irrésistible élan qui les jette
ont bu le philtre
amoureux,
dans
leur douloureux réveil lorsque
le
sa
réserve obstinée
la
soif
Brangœne, au
—
de
vengeance
;
lieu
du breuvage
leur enivrante extase et
aborde
navire
Marke attendant
le roi
et
— —
bras l'un de l'autre après qu'ils
les
servi par
de mort qu'lseult croyait verser à Tristan; matelots saluent
venger
dévouement complet, absolu, représenté Brangœne; les sages conseils
le
l'aimable
de ceux-ci, tantôt ironiques, tantôt affectueux; de
pour
que
et
cris
les
sa fiancée au rivage
:
—
des voilà
pour les épisodes du premier acte, que l'auteur a traduits avec une vérité et une variété dont on ne peut civoir aucune idée, à moins de l'entendre. A la deuxième représentation, à Munich, ce finale, d'une joie débordante, souleva de tels transports que l'auditoire, en masse, acclamant l'auteur sans se
était debout, applaudissant,
La le
les
suite
de l'œuvre est pour
troisième acte, en élans
puissante,
nablc à
Tristan
si
riche en
qui
raiiiinir. u Voltaire, aussi
avait-il ilouc
aucuns.
de
particulier,
le
moins égale à ce qui précède,
et
rempli tout entier par les plaintes et
va mourir,
traits
lasser.
est
d'une conception tellement
de génie, en combinaisons merveilleuses,
peu musicien que possible et souverainement rebelle à la musiciue, et Iseult? Ce serait comique et mfime humiliant pour
prévu, deviné, pressenti Tristan
—
RICHARD WAGNKR qu'il
perd toute
en
primable.
monotonie
et
i6i
vous ctrcint d'une angoisse
Les appels douloureux de Tristan, son
inex-
retour attendri sur
chant plaintif
chalumeau du pâtre fait entendre le même qu'au jour oi!i mourut son père; et les rudes consolations
de Kurwenal,
et l'affolement
sa jeunesse,
alors
que
le
d'amour,
qui secouent le malheureux dès
-'
M.
ramène
ET M™"^ VOGL DANS
«
les sursauts terribles
qu'on signale en mer
le
de passion
vaisseau qui
-->iii&^-'
TRISTAN ET ISEULT
»,
A
MUNICH, EN
iStJO.
d'amour en la voyant, et la transfiguration d'Iseult, « se fondant dans les grandes ondes de l'océan de délices, dans la sonore harmonie des vagues de parfums, dans l'haleine Iseult
;
et
son dernier
cri
de l'âme universelle «; de ces divers éléments réunis, Wagner a su former un tout poétique et musical d'une profondeur d'accent et infinie
d'une force d'étreinte incomparables.
Quant au deuxième
acte, qui s'ouvre \y.w
une scène charmante entre
RICHARD WAGNER
iCz
douce Brangœne, où
Iseult et la
fanfares de la chasse et les
nuit;
deuxième acte, qui
ce
reproches du
|)aternels
bruissements de d'une
finit
Marke
façon
bien sur les
si
la foret
pendant
la
grandiose sur les
si
à Tristan, renferme aussi ce long
—
duo
drame — qui
mieux qu'un duo, tout un poème et tout un certainement la conception musicale et dramatique la plus extraor-
d'amour est
roi
détachent
les voix se
infinis
dinaire. Cet élan des
deux amants
hymne
leurs ressouvenirs, leur
amour
l'un vers l'autre, leur
effréné,
à la nuit qui les rassemble, les lointains
de Brangœne, enfin leur suprême abandon d'où nulle humaine ne les peut tirer autant d'épisodes du drame, autant prudence de secrets mouvements de l'àme et du cœur que le musicien-poète a su avertissements
:
traduire et condenser en une page où les
chaînent et se superposent de
la
renaissantes viennent
mélodies sans cesse
Un
océan symphonique. a-t-il
façon
la
motifs caractéristiques s'enplus merveilleuse,
où des
surface
de cet
fleurir à la
chef-d'œuvre, à n'en pas douter. Mais l'auteur ses théories et de
créé ce chef-d'œuvre en déduction directe de
ses vues sur l'art
?
C'est ce qu'il convient d'examiner.
morceau
C'est là, c'est dans ce
développé
qu'il a surtout
de Schopenhauer, et l'on avouera que
le
moment du drame
est
les idées
au moins
singulièrement choisi. Vit-on jamais amants passionnés s'étreindre en un transport purement cérébral et s'enlacer fiévreusement pour mieux philo-
de
so|)hcr touchant la supériorité
sur
la
vie?
nuit
la
Ces prétendus amants,
k
sur
la
lumière
et
de
la
mort
Gasperini, sont deux élèves de
dit
Kant, de Schopenhauer, de l'école indienne, ce ne sont pas des créatures
humaines et
jamais, grâce au ciel, l'amour n'a parlé cette langue ampoulée
;
barbare
jamais
;
cette rage de cri
d'amour
celte haine
heureuse
;
!
il
ne
dans
s'est précipité
délabrement
le deuil,
de submersion.
et
Cet élan de reconnaissance envers pour
mais
le
le
développement qui
plus délicieux de leur étreinte
suit n'est plus
amoureuse
de l'amour, donne-moi l'oubli de de
la nuit
la
mort avec
leur premier
qui les rapproche,
jour qui les sépare, formaient une antithèse poétique
philosophique, et voici ce c]ue 'Wagner leur
affranchis-moi
dans
Va pour
»
l'univers.
la vie,
:
fait «
qu'une dissertation
chanter au
le
Descends sur nous, nuit
recueille-moi
Déjà s'éloignent
moment
les
dans ton sein,
dernières
lumières;
ce que nous avons pensé, ce que nous avons cru voir, les souvenirs et les
images des choses,
les restes
de
l'illusion,
l'auguste pressentiment
des saintes ténèbres éteint tout cela en nous affranchissant du monde.
Dès que
le
soleil s'est retiré
dans notre sein,
les
étoiles
de
la
félicité
épandent leur riante lumière... Le monde et la fascination pâlissent, le monde que la lune éclaire de sa lueur trompeuse, le monde, spectre décevant que le joui' i)lacc devant moi et c'est moi-même qui suis le ;
RICHARD WAGNER monde.
,,-,3
d'amour, auguste création de volupté, désir délicieux » de l'éternel sommeil sans apparence et sans réveil \ ic sainte
!
Tout ce morceau, je le répète, est un chef-d'œuvre. Mais précisément parce que Wagner, en mettant dans la bouche des deux amants des idées inexprimables par
le
langage musical,
involontairement réduit à ne
s'est
plus traduire par sa musique que l'idée générale d'amour et d'enlace-
ment voluptueux.
me
Je
«
plongeai,
dit-il
bonne
de
foi,
avec une
intime confiance dans les profondeurs de Tàme, dans ses mystères, et
de ce centre intérieur du monde,
Se peut-il une
grande
illusion plus
s'épanouir sa forme extérieure.
je vis
Au
?
lieu
«
de peindre avec une pré-
cision impossible à obtenir des sons, les motifs intérieurs qu'il supposait
agir dans l'âme de ses amants,
ments extérieurs
et
il
a tout simplement rendu leurs
l'amoureux transport qui
musicale aurait-elle dilïéré
s'il
les
Sa création
saisit.
avait prêté à ses héros
mouve-
les
idées philo-
sophiques de Pascal ou de Spinosa, de Kant ou de Hegel au celles
de Schopenhauer
lieu
de
Assurément non.
?
—
uniquement traduit avec une idée générale l'amour; une situation un génie incomparable assez commune un rendez-vous nocturne entre amants. Par quelle déviation d'esprit a-t-il pu croire qu'il arriverait à rendre autre chose
Dès
de
plus
lors,
philosophie.
a
Il
—
:
:
en musique, ici
la
par quelle aberration
et
philosophie à l'amour
réussi, et qu'à
force
heurté à l'impossible.
Heureusement
Mystère.
?
pu imaginer de substituer
a-t-il
qu'il
n'y a pas
de vouloir pousser son idée à l'extrême, Il
n'a
donc pas
s'est
page véritablement
cette
écrit
il
unique en application directe de son système, mais à côté, presque à rebours,
puisque
les
guider échappaient à
mobiles
intérieurs
musical et
l'art
sur lesquels
qu'il
prétendait se
il
en arrivait, sans s'en aper-
cevoir, à ne plus exprimer qu'un sentiment très banal, qu'une situation très ordinaire.
oublié
Il
ne croyait pas dire aussi vrai quand
toute théorie
en composant
Tristan
que ce jour-là combien son essor créateur système écrit Il
:
lubrique
)>
convient de
fait
des généralités. la
entre
s'en
avoir
n'avoir senti
de son
sinon que,
tenir
aux
«
purement musicale
pour
lieux
et
rendre l'amour en
communs de morale
La musique, le plus vague des arts, de mouvements de l'àme ou du cœur, exprimer que
11
en serait autrement dans une composition
pensée acquiert une Hélo'ise
traversée
«
dont parle Boileau.
ne peut, en où
et
brisait les barrières
cette discussion est
ne tend à prouver autre chose, il
Iseult
avouait
y>.
faut le bien préciser
musique,
et
il
de
et
Abélard,
querelles
précision
d'école
et
une scène d amour pourrait être heureusement
sans rivale
par exemple,
littéraire,
;
d'argumentations
philosophiques.
WAGNER
RICHAr<n
,64
Chaque époque,
en
manière
sa
à
redit
effet,
thème
le
de
éternel
l'amour, et les lettres d'Héloïse et d'Abélard prouvent que ce docteur
en robe
flamme en s"argu-
ce docteur en jupons entretenaient leur
et
mentant sur
réel
le
et
nominal,
le
etc.;
excellemment
qu'a
ce
c'est
rendu M. de Rémusat dans son beau drame cVAbélard, où revit l'âme entière du xii'' siècle. Mais encore une fois, une composition littéraire est
une chose, une œuvre musicale en
Roméo
d'Héloïse et d'Abélard, de
musique
la
d'une chimère en croyant
sphère d'action
de
la
musique
ni
et
Ce
et Iseult,
;
Wagner
de Richard
—
le
personne.
indéfiniment
personne n'y saurait
ni
—
de longues méditations
n'est pas sans
instinctif
s'agisse
qu'il
étendrait
qu'il lui
réussir. «
et
ou de Tristan
d'amour, sans acception d'époque ou de
»
lieu
la
une autre,
foncièrement impropre à traduire autre chose que
est
commun Wagner a rêvé «
est
et Juliette
un admirateur
a dit
sans des études approfondies et une
que Wagner est arrivé agents divers du drame lyrique. Pour domi-
infatigable estimation des éléments qu'il emploie,
à
dompter radicalement
les
ner ainsi les exigences harmoniques, associer ces rythmes brisés, fondre ces modulations féroces,
fer,
fusionner enfin en un cristal unique tous ces
non seulement une volonté de mais aussi une pénétration inouïe des ressources inhérentes à chaque
cristaux partiels
élément de faire obéir
dissemblables,
si
l'action.
ne
suffit
pas d'être
rompu
à la science et de se
dispersion de la vie centrale,
faut être artiste, et cette
il
:
11
faut
il
de l'expression générale dans toutes les parties de
l'édifice
commun, ne
un sentiment profond de la vérité et de la passion, où l'àme éclate et rayonne. » En un mot, c'est le génie, et le génie dans ce qu'il a de plus spontané et de plus humain. Gasperini continue en disant que Wagner, dans Tristan et Iseult, se fait pas sans
a réagi contre cette tendance funeste des écoles italienne et française,
absorbent volontiers
lesquelles constitutifs
d'animer
et
les
bré et inculte avant l'art
Comme lui
Ce
des divers
il
;
il
libre et
enrichi dans une proportion
penseur,
aura
il
aura déblayé
facilité à
ceux qui
l'arsenal
dront puiser leurs inspirations et leurs armes.
où »
les
a vigoureuse-
montré la terrain encomet
suivront les voies
Comme
un tout ensemble.
énorme
le
le
éléments
œuvre que
de faire vivre une
faisant, ajoute-t-il,
du côté d'une réforme urgente
esprits
vraie route à suivre.
pour
tout au profit
préoccupent moins
se
les parties accessoires. «
ment tourné
à suivre
le
artiste,
il
aura
compositeurs vien-
La prédiction
s'est déjà
prier ses
combien de musiciens dans le monde ont tâché de s'approformules, son style, en un mot le côté matériel de l'œuvre
d'art de
Richard Wagner, qui n'avaient malheureusement pas son génie
vérifiée, et
RICHARD WAfiNF.R et qui,
i65
n'ayant rien pu produire avec cet appareil
retournés contre
novateur dès
le
emprunté, se sont
Tont vu ga£i-ner tant soit peu de
qu'ils
terrain en France et devenir, sinon une menace immédiate, à tout
moins un n'y
Il
lointain
a
deux
que
même
l'aveu
danger
repousser entièrement. ;
le
Qu'elle
l'audition
plus
le
par
la
les
Tout avec
sulnr
ou
la
suivra
la
«
Il
serait
représentations sont
exécutants en une
les
A
si
peu de gens ;
A
?
cela on peut répondre
Ces critiques-là ne sont plus nombreux aujourd'hui
AU COMBLE DU
mot
B O N H K U R.
harili se réalise; l'impossible s'accomplit Isetilt
va être exécuté. Toutes
les
.avril
!
douleurs
Moyen-Age
souverains absolus ont donc encore du bon iPimsch. de Miinicli. ïo
;
mais
comme
cruel de Berjioz
si
sont oubliées. Les temps sont venus. Le el les
:
ou mieux encore, pour parler
«
font tout ce qu'il faut pour justifier le
Le rcvc
d'elforts et qui,
vraiment déplorable que certaines œuvres
fussent admirées par certaines gens.
Tristan et
seule
quoi bon, objectent
œuvres qui réclament tant
comprises par
:
la
de
oeuvres de génie qui les provoquent. Elles
ce qui est grand est difficile et rare
Berlioz
telles
puissance de l'enthousiasme.
alors certains critiques, des d'ailleurs, sont
faut
œuvre,
close.
lettre
ne sont possibles que par l'union de tous et
cette
vous saisisse au début, on
restera
premier à confesser que de
presque aussi rares que
pensée
il
:
de
Et M. Schuré, se rapimpression ressentie aux mémorables soirées de Munich,
sinon elle
pelant l'ineflFable
en i865, est
alternatives à
de ceux qui l'admirent
jusqu'au bout
le
!
iSfi?.)
?
!
ils
CHAPITRE DÉPART DE BAVIÈRE.
SEJOUR A TRIEBSCHEN
CHANTEURS
LES MAÎTRES
E
XI
MUNICH
A
monarque de vingt ans une
idole
admiration
telle
s'entourer,
tableaux et d'estampes
œuvres
de
la
de sa
vie,
il
Starnberg, se figurant
il
qu'il
le voit,
plus
un objet
de scandale
jeune roi n'ignoraient
—
opéras —
livres et
politique
pas que s'était
sur
le
et qu'il
et
à
le
lac
cos-
de
arrive
comme on
Cette admiration poussée,
surprises par ses ministres,
fois
portant
équipage
cet
à un degré voisin de l'égarement et dont les
d'une
plaisir
une nacelle
construire
descend des pures régions
au secours d'une nouvelle Eisa.
des
poèmes. Plus tard, sur
fera
se
dans
naviguera
de
prenait
il
traînée par deux cygnes très habilement machinés et,
tume de Lohengrin,
Starnberg,
représentant des scènes
des héroïnes, de ses
fin
de
costumes des différents héros,
revêtir tour à tour les
voire
à
soit
Wagner,
Richard
son
non
que,
Munich,
à
soit
pour content
conçu
avait
marques furent
devint bientôt en Bavière
religieux,
Wagner, dans
car
conseillers
les
du
ouvrages,
ses diff'érents
montré tour à tour athée avec Feuerbach,
panthéiste avec Hegel, bouddhiste avec Schopenhauer.
Au
fond,
il
n'était rien
de plus qu'un
artiste,
en politique, et ceux qui s'indignent de ce qu'un
en philosophie «
ancien révolution-
naire ait consenti à vivre ainsi des bienfaits d'un souverain
une candeur singulière. 11 dans son adolescence, par universités
ait
fait
est possible
que
il
déçue
soin
s'était
laissé
guider par
le
cal
;
mais
la
marquent
exercée sur
en faveur dans
lui,
les
avait surtout cédé à l'ambition
de sa fortune.
trouver de ce coté la réalisation à bref délai de ses d'art, partant la
»
pencher de ce côté ses sympathies; mais, en pre-
nant part à l'insurrection de Dresde, et
l'influence
les idées révolutionnaires
comme
suprématie
mobilité
même
qu'il
Il
idées
rêvait d'exercer dans le
de ses opinions politiques,
avait
cru
en matière
monde musireligieuses et
philosophiques, tournant toujours au gré de sa fantaisie d'artiste ou de
son ambition, montre assez clairement qu'en politique aussi bien qu'en philosophie il était fort loin d'un enthousiasme sincère et désintéressé.
RICHARD WAGNER
m,-
ennemis trouvaient prétexte à l'attaquer dans ses palinodies antérieures, et ses ennemis étaient nombreux, car son arrivée en Bavière avait tout mis sens dessus dessous, tant il avait
Quoi
en
qu'il
soit,
ses
montre dès l'abord ses goûts dispendieux
Peu importait
comme athée et les autres comme révolutionnaire
les
son caractère envahissant.
autonomistes les
;
comme
étranger;
les
gens sans opinion arrêtée
extravagances
de ses luxueuses
s'indignaient
Les catholiques
qu'il se fût fait naturaliser sujet bavarois.
l'attaquaient
uns et
et
qui
mettaient à
sec
le
employés du gouvernement étaient outrés de lui voir attribuer tout l'excédent des recettes, dont ils bénéficiaient auparavant bref, toutes les opinions et tous les intérêts se trouvèrent un public, et les
trésor
;
beau jour ligués contre
lui.
Alors les feuilles satiriques s'en mêlèrent et divertirent
en l'excitant contre
le
«
grand compositeur Tintamarre
bouleversements
tous les
causés
avait
qu'il
:
».
On
le
peuple
rappelait
Hans de Biilow appelé
de Berlin, Peter Cornélius de Vienne et Frédéric Schmidt de Leipzig; tant de professeurs déplacés au Conservatoire et le directeur brusque-
ment mis
à la retraite afin de caser tous
on exagérait,
si
amis du nouveau favori
les
changeait son ameublement tous les six mois, on décrivait par
qu'il
menu
le
on signalait son fameux béret de vieil-allemand,
sa garde-robe,
bœuf;
azur, tantôt sang de
tant(')t
;
son faste et sa dépense; on répétait
faire se pouvait,
il
était partout et toujours la
cause
un concert militaire, le jour de la naissance du roi, au milieu duquel un vieux musicien tombait frappé d'apoplexie, aussitôt on le rendait responsable de de tous
les
maux, de tous
les accidents; se donnait-il
cette mort.
Lorsqu'on
janvier
i865,
bataille à Dresde, fut
l'entretenir
rait
l'architecte
mandé par Wagner grand
nouveau
d'un
la liste civile,
les
fausse
journaux avec joie
parce
que
en
fallut
bientôt
le
plus de bornes
la
une ardeur unanime. la
par
roi
;
de
qui désil'agitation
les
gens qui
menacés par ces projets ruineux, méfiance du peuple et y furent aidés
loge royale
certaines représentations du Vaisseau il
et reçu
jours
se sentant
cherchèrent à exciter encore par
des
l'ami
théâtre à construire,
contre ce bourreau d'argent ne connut
émargeaient à
Semper,
rabattre
et
les
était
Ils
eurent un
moment de
sombre à de Tannhœuser, mais
restée
vide
fantôme
et
attaques
reprirent
et
de plus belle
après cet espoir déçu.
On jusqu'à
répandit alors sur l'intrus les propos les plus outrageants, on alla lui
reprocher de laisser mourir de faim sa femme,
menait une vie fastueuse à Munich. Il fallut que disculpât publiquement d'une aussi grave accusation en
Dresde, tandis celle-ci
le
retirée à
qu'il
RICHARD \VA(;NER
itiS
En propres
adressant une lettre aux journaux calomniateurs.
imprimé
avait
qu'elle en était
laveuse de vaisselle
alors,
;
réduite à exercer
Wagner,
M'"''
si
termes, on
misérable état de
le
qu'elle
faible
quinze
fût
jours avant de mourir, écrivit la protestation suivante^ datée de Dresde, le
1866
9 janvier
«
:
Les bruits
quelque temps certaines
mon
que
malveillants
de Vienne
feuilles
et
m'obligent à déclarer que jai reçu de
mari,
depuis
publient
de Munich, touchant jusqu'à ce jour,
lui,
une
pension
amplement
à
qui
suffit
mon
exis-
tence. Je saisis cette oc-
casion avec d'autant plus
me
de plaisir, qu'elle
per-
met de détruire au moins une des nombreuses calomnies que l'on se plaît à
mon
lancer contre
mari.
»
Cette dénégation d'une
moribonde pas
à
ne
suffisant
calmer
l'opinion
ne voulait
publique,
qui
entendre
aucune
Hans
Wagner
raison,
Bulow,
de
puis
en personne eu-
rent la simplicité d'inter-
venir
répondre
de
et
leur tour,
a J'ai
à
vu, disait
Wagner dans une
protes-
fô._taâic:-r
l'oitiail
du
rui
de
!ia\ iCrc
{Dcr
sous
Flolt,
le
coslnmc
et
dans
la
magne,
nacelle de Lolienj^rin.
en
Angleterre
de Vienne, 3o aont i8S5.)
en
publiée
tation LE ROI LOHENGKIN.
France,
en
vu
les
j'ai
,
Alle-
journaux se moquer sans pitié
boue
et
sifflée
caractère, le
naissait
Le
pays à
mes
roi,
au théâtre
;
mais
il
me
restait
ma vie privée diffamés de même où mes œuvres étaient
mon dans
la
efforts
une énergie
fidèle à l'amitié, résista
sur le rôle politique de
Wagner
en Saxe
et
voir
pesèrent
personne,
et
où
l'on
recon-
une haute signification. » Mais on insista tellement sur son exil
si
publique en voulant défendre à tout prix un
ma
façon la plus outrageante
admirées
virile et
d'abord.
à
traînée dans la
instamment sur l'esprit du roi; reprochèrent avec tant d'amertume de compromettre
et le clergé lui
mon œuvre
de mes travaux et de mes tendances,
homme
;
la
noblesse
ses conseillers la tranquillité
antipathique à tous.
WAGNK
KlCIIAkl)
que
céda
jeune prince
le
pour prouver,
«
Fun de ses ministres, que
à
adressée
itjg
dans
disail-il
confiance et
la
une
lettre
amour de son
1
peuple bien-aimé primaient tout à ses yeux.
»
Wagner
pria donc
Il
de quit-
ter Munich pour quelques
tout
les
aussit(')t
i^ens,
mois,
ravis,
et
firent
bruit d'un éloiynement défi-
courir
le
nitif;
Wagner,
sachant bien que
lui,
cette disgrâce était plus apparente que
chemin du
de ne
roi
tranquillement
repris
avait
réelle,
l'exil.
lui
fit
En
laveur
la
tait,
le
mais
jamais défaut,
jamais non plus l'hostilité du pays ne
désarma à son égard Bavarois,
les
UN NOUVEL O R H E E I'
.
sien Le
nouveau vine «
Orphée animait
vieil fait
danser
mclodie (/'hh.vc7i,
les
infinie
écus
les
rochers
— et encore
il
«
Prus-
le
plus tard pour
le fut
le
;
Français.
les
sur
Le
v.
de Muiiicli, lo diîccmbrc
déjà
était
il
comme
»,
d'un mot, pour
;
roi
revint à
pénible
décision
cette
prit
au mois de décembre
i8ii.i.)
i8()5,
lorsqu'il
Munich, après un séJDur pro-
longé à son château de Hohenschwangau, et
trouva
qu'il
tellement
esprits
les
montés qu'une émeute était à craindre contre lui-même et contre son favori. cependant
Celui-ci
ne
partit
sans
pas
que ses amis ne protestassent à leur tour, et,
tout de
Munchener. TagebUvtter pièce suivante
mation
du
en
roi
En
Roi
d'ordonner
vient
proclaqu'il
l'amour
et la
peuple
de son
la
la
déclarant
mettait au-dessus de tout
confiance
les
publièrent
réponse à «
:
départ,
son
après
suite
bien-aimé,
l'éloionement
le
du
un
Wagner
que
Roi
au
accroire
avait
la
l'on a fait
présence
de
contribué à l'émotion du
avait
sa confiance
diminué son amour
dans
le
et
souverain. Par ces
o
v
ag eu r
».
Wagner, en faux mendiant de grand chemin, quitte
la
route de Cîenéve. billet
indiquant
par an à Munich
peuple et
v
oh! que non pas!
compositeur Richard Wagner. Ces mots
nous prouvent clairement que
pau v k e
(i
Bavière 11
le :
et
tient à la
prend
la
main un
chiftre qu'il touchait cS,ooo
llorins (environ
iSjOoo francs). {l'iiiisfli,
de Mmiicli, 17 dtvcmbrc iSôi.)
Roi a été grossièrement
allégations,
le
trompé sur
les véritables
sentiments du j^euple. La présence de
Wagner
?
RICHARD WAGNER
,-0
diminué en rien la confiance et Tamour du pays pour son Roi, et réloio-nemcnt de Wagner n"a pas plus amené la pacification des esprits qu'elle n'a satisfait les mécontents. La personne de Wagner n'a aucun n'a
rapport avec les affaires du pays et siste
'.
les
tendances du parti progres-
»
Dans son
désir
de
lui-même
oublié
d'être
s'isoler,
de
et
tout
oublier, dans la crainte aussi des créanciers qu'il avait un
Wao-ner chercha
la
solitude
peu partout, Munich, il De se
calme en Suisse.
et le
rendit d'abord à Vevey, puis à Genève où il pensait s'établir; mais il n'y était pas depuis un mois que le feu prenait dans une chambre de sa villa le
les
:
dommages ne
furent pas grands
travaux nécessaires,
tracas des
se
il
médecin qui l'engageait à faire un voyage dans 11
Avignon, Toulon, Marseille,
visita
apprit
ville qu'il
la
Une
;
c'est
de son
l'avis
midi de
le
France.
la
dans cette dernière
mort de sa femme, décédée subitement à Dresde,
d'un accident au cœur, vaillante
etc.
pour éviter
cependant,
;
décida à suivre
25 janvier i866.
le
créature,
l'un
dit
;
une brave femme,
dit l'autre
;
à
coup sûr une femme excellente et très dévouée à son mari, mais n'ayant pas su se mettre en communion spirituelle avec lui et qui cherchait surtout
ne
ni
voulait
à
obtenir des concessions au public qu'il ne pouvait
Mariés depuis près de trente ans,
faire.
séparés que depuis cinq
hœuser, alla
et c'est
vivre à
seulement dans
Dresde
quittés très
s'étaient
car elle
;
:
alors vite
le
était à Paris
au
ils
n'étaient
moment de Tann-
courant de cette année i86i quelle
comment
lit-on
dans certains livres
après leur mariage et que
qu'ils
Wagner, dès
la
composition de Tannhœuser. c'est-à-dire en 1843, était brouillé avec sa
femme
et
voulait symboliser l'extinction
de
cet
amour profane dans
était
de retour en Suisse.
l'abandon de Vénus par Tannha^user-
Au mois de 11
février
1866,
le
voyageur
y établissait ses quartiers définitifs à Triebschen, près de Lucerne, et
—
D'après des !. Guide musical, 17 juin iSS'i. Article de M. Maurice Kufferath sur le roi Louis H. renseignements du temps, ne'gligés dans cet article, l'origine ou plutôt le prétexte arrange' de ce renvoi fut le refus de Richard Wagner d'accepter l'ordre de Maximilien, que le roi lui avait gracieusement confère. 11 en serait re'sultc un conflit entre le ministre et Wagner, à la suite duquel le roi aurait exprime au compositeur son de'sir de le voir sortir de Bavière. Et celui-ci aurait quitte Munich dès le lendemain, dans l'après-midi, pour se rendre à Genève. A la première apparition qu'il fit en public après sa déclaration, le roi fut l'objet d'une ovation enthousiaste, et plusieurs cercles de la capitale lui hrcni parvenir des adresses de remerciement. 2. La vérité est qu'il n'v eut jamais de mésintelligence entre les deux époux. Lorsque Wagner, rêvant monts et merveilles, la fortune et la gloire, une série de triomphes sans fin sur la seule acceptation de Tannhœuser à l'Opéra de Paris, avait fait venir sa femme auprès de lui, elle était déjà très atteinte de la maladie de cœur qui devait l'emporter. Leurs rapports réciproques étaient presque touchants elle le traitait comme un grand enfant qu'il fut toute sa vie, et il marquait à la malade une tendresse à la fois filiale et paternelle. Après, quand ils retournèrent en Allemagne, elle se fixa à Dresde parce qu'elle était trop faible pour suivre un homme dont la destinée était de courir le monde; mais elle entretint toujours de loin les meilleurs rapports avec lui. :
r<ICHARI) WA(iNi; R voyait bientck arriver
ennemi qui
parti
le
le
,-,
Hans de Bulow, chassé de Munich par
fidèle
se débarrassait de tous les partisans de Wai^mer.
Hans de Biilow dut aller Mais cette heureuse réunion dura peu gagner sa vie à Bàle en y donnant des leçons de piano toutefois, :
;
avant de s'éloigner,
nom
un jeune musicien du
taire,
auprès de Wagner, en qualité de secré-
installa
il
de Hans Richter, qui
devenir
allait
un des plus chauds partisans du maître.
A Munich
une satisfaction ijénérale
réijnait
tentement d'avoir éconduit
on
était
tout au con-
mais quelle
;
fut
la
quand au printemps de 1866 on apprit que le menaces d'une guerre imminente, avait quitté subite-
générale
stupéfaction
malgré
roi,
:
encombrant
hôte
cet
les
ment
sa capitale et ses Etats pour aller souhaiter un glorieux anniver-
saire
à son
musicien favori
réconfortait
qu'elle
wagnérienne
raffermit
l'exilé,
en éloignant
:
de renoncer à sa musique,
Cette visite inattendue, en
!
le
et
appui, se remit tout joyeux à
musicien,
Wagner, la
dans
souverain
le
à
et,
plus sur que jamais de ce royal
composition des Maîtres C/miiteiirs qui
dès l'année suivante,
fut
il
esprits vers
et
de Loheiigrin.
croyant pas encore pouvoir faire un long séjour à Munich,
avait
le
maître
pour diriger les études, Hans de Biilow qu'un décret du 3o décembre 1866 nommait maître de la chapelle royale en
désigné,
royal service
tâche.
personne
la
convenu qu'on donnerait
Munich des représentations modèles de Tatuihœuser
Ne
passion
sa
demandèrent encore une grande année de travail assidu. La guerre et les événements de 1866, en tournant les la politique, avaient contribué à faire le calme autour de de Wagner;
temps
nullement promis
n'avait
il
même
extraordinaire, et celui-ci Il
nombreuses répétitions
exigeait de
familles d'instruments;
peut-être
même
donnait tout entier à sa nouvelle
se
il
partielles
pour toutes
les
passait bien dix heures par jour au théâtre
y couchait-il, disait-on, car
il
toujours
était
le
:
premier
à son poste, et le dernier.
A
la
de
fin
mars
1867, la
Munich
et Ion remarquait main de son arrivée il y
qu'il
pour
l'intendant
la
de huit jours,
plus
modèles, non seulement on avait le
matériel de
la
scène et brossé
Frédéric, on avait appelé de
quelque temps, l'école
de
un jeune Schnoir; l]lsa,
En vue de
renforcé
on avait recruté par toute l'Allemagne jouer
artiste,
ce
signalée à
était
passait
qu'il
à
mise en scène de ses deux anciens
opéras et des futurs Maîtres Chanteurs. renouvelé
Wagner
avait été reçu par le roi dès le lende-
restait
;
conférer avec
présence de
les
Berlin,
Franz
devait
être
ces représentations
l'orchestre
et
les
chœurs,
de nouveaux décors, mais meilleurs
où Betz,
M"^
il
chanteurs.
brillait
qui
s'était
Mathiide
Pour
déjà depuis
formé à
Mallinger;
RICHARD WAGNER pour Ortrude
enfin, M'"''
Lohengrin,
et
maître avait spécialement désigné
le
Bcrtram-Mayer, de Nuremberg,
Wagner,
tout
son
et
ami Tichatschek.
vieil
Bûlow,
en ayant pleine confiance en
bien de revenir surveiller les dernières répétitions
roucher personne,
il
;
se promettait
mais, afin de
n'eflfa-
descendit cette tois à l'hôtel et marqua l'intention
de passer seulement quelque temps aux environs de Munich. Le 22 mai 1867, à l'occasion de son anniversaire, une première manifestation eut
œuvres
honneur
son
en
lieu
réussit
un
et
composé exclusivement de ses partisans. Tout semblait donc aller à
concert
au gré de ses
souhait, lorsqu'il se produisit un incident qui prouvait que le parti hostile
aux aguets
était
La
et
Wagner
qui décida
teur
à repartir aussitôt. juin
devant
de nombreux
invités
répétition générale avait eu lieu et
le
1
bien marché,
1
aucune
sans
Wagner, émerveillé de
la
elle
;
l'au-
roi,
le
avait
coupure, voix
et
toujours
éclatante et jeune de Tichatschek, n'avait
pu se tenir de sauter au cou de cet ami des premiers jours, lorsque roi
le
qui
sujets
fidèles
le
lendemain,
cédant, disait-il, aux instances de
«
voyaient
avec
chagrin
des artistes étrangers supplanter ainsi les
du
aimés
chanteurs
public
Bertram-Mayer
M'"'
et
»,
congédia
Tichatschek
et
décida leur remplacement par deux jeunes UNE SIMPLE VISITE EN PASSANT. Allusion
mu-
qui plaisaient déjà au public
artistes
aux nombreux emprunts
\Punsch,
d(.'
MuiiiL-li.
17
mars
devaient
nichois et qui
de Richard \N'agncr au trésor royal.
dans
iS'(l7.i
les
rôles
de
briller
Tristan
et
plus tard d'Iseult
:
Heinrich Vogl et sa future femme, Thérèse
Thoma. Wagner,
irritation
recrues,
alors, entra
en défiance,
de voir sa partition confiée quitta
brusquement
la
ville
pour tous
Peut-être aussi ce départ précipité fut-il le
compositeur
et le roi
pour mettre l'autre à qu'il
en
soit,
représentation,
le le
le
pour procurer à
l'abri
maître
reprit
et
et,
simulant une vive
les
rôles à de jeunes
la
route
de Lucerne.
résultat d'une entente entre
l'un
une
sortie
honorable
et
de violentes réclamations populaires. Quoi
était
dimanche 16
déjà juin,
quand eut lieu la première avec un éclatant succès'.
loin
1. A qiiclijuc temps de là, au mois d'oclubrc liSf^y, une union projetée entre le roi Louis II et sa cousine Sophie e'choua par suite d'incompatibilité d'humeur de plus en plus marquée entre les jeunes fiancés; le père de la princesse dut retirer sa promesse, et l'engouement du roi pour la musique dite alors de l'avenir ne fut pas pour peu de chose, à ce qu'on dit, dans cette rupture itt extremis, après parole échangée et cadeaux envoyés. Telles sont les raisons qu'on donna officiellement mais on parla sous le manteau ifune aventure extrêmement scandaleuse et qui justifiait anipleiucnt le recul ;
du
rni.
o
D
::
<
^
"
cl.
RICHARD WAGNER
,y4
Le
Louis avait décidé que rannée 1868 ne se passerait pas sans
roi
entendit
qu'il
Maîtres Chanteurs à
les
un revirement
dans ce sens. D'ailleurs,
scène,
la
se faisait
en faveur de Wagner, de sorte que, tout en en
Suisse,
il
longtemps
pour qu'on pût
bien
assez
Comme
avec un dévouement
fêter le 22 de ce mois,
de
qui était
le
Munich
et
marchèrent
et les répétitions
au mois de
représentation la
fin
de mai,
cinquante-cinquième
voulut
roi
le
juin.
anniversaire
naissance de Richard Wagner, en passant toute une journée railleries, comme les maître au château de Berg. Et le
la
avec
par cette marque de
ravivées
avait, disait-on, le
faisant
lui
la
conservant son domicile
:
filial,
Munich avant
arrivé à
était
il
fixer
dirigé
fut
y séjourner aussi Hans de études de son œuvre
à
voulut pour diriger les
qu'il
Biilow l'aidait
venir fréquemment
put
tout
et
dans l'opinion publique
mauvais œil;
avait
il
Tannhœuser,
traduire
chanter Tristan; qui donc
plurent sur le compositeur.
faveur,
allait-il
Edmond Roche,
tué
déjà
Louis
en
Schnorr,
11
en
faisant
lui
expédier avec les Maîtres Chanteurs?
Après bien des hésitations, Wagner, à la place du regretté Schnorr, avait désigné pour Walther le ténor Nachbaur, de l'Opéra de Darmchanteur à
stadt,
la
voix délicieuse,
On
à la tournure élégante.
avait
réuni d'ailleurs les artistes les plus estimés des différentes villes d'Alle-
magne,
et,
cette fois,
le
roi
n'imagina pas de
congédier
les
représentation pour complaire encore à ses
de
la
M.
Betz, qui s'était fort
Beckmesser,
dans
excellent
poétique Éva, était de
M.
enfin
Schlosser,
de
Berlin
un Hans
fit
M. Hœlzel,
;
M'" Mallinger, une que M""" Dietz, Madeleine
de Vienne;
arrivait
Munich môme,
ainsi
ténor léger chargé du
le
fidèles
«
Frédéric et qui
appartenait à l'Opéra
incomparable,
Sachs
distingué dans
la veille
sujets ».
;
rôle
de David,
venait
d'Augsbourg, mais d'une boulangerie, non du théâtre. Il chantait dans cette ville avec succès, lorsqu'il s'éprit de la fille d'un boulanger qui, pour consentir au mariage, exigea que son futur gendre abandonnât le mais lorsque théâtre et prît la pelle à four. L'amoureux ténor accepta ;
Wagner réclama
son aide,
il
accourut à Munich,
quitte à regagner
après son fournil. Enfin, les moindres rôles étaient tenus par des chan-
de mérite
teurs
Hans de Biilow chestre
dont
il
;
il
avait
:
MM.
Bausewein, Heinrich,
n'aurait
bien
quelques
186S,
juin
des partisans Iseiilt.
droits
à cet
avait déjà dirigé les représentations de
21
gagnés,
Wagner
avait
Fischer,
cédé à nul autre sa place à
La première représentation, lieu le
Sigl,
la
tête de
honneur pour Tristan
etc.
la
;
et
l'or-
façon
et Iseiilt.
suivie de cinq autres consécutives, eut
et l'aftluence,
en raison de
la
force
acquise
et
était encore plus grande que pour Tristati et convoqué à Munich le ban et l'arricre-ban de
RICHARD WACiNER
,y5
ses admirateurs; critiques, ocns de lettres, artistes et musiciens conquis
wagnérienne avaient reçu une
à la cause nité,
à laquelle assistaient seulement trois Français
Joncières
Victorin six
Léon Leroy. Le spectacle heures moins un quart la salle
et
heures; dès six
ques minutes avant Theure
Richard
Wagner
semblait ainsi le
le
succès
fixée,
le
franc
très
dès
acclamations, couronnes,
bravos,
d'ailleurs ce
était
remplie; quel-
Peu après
n'était
que
dans
l'ouverture,
du jeune :
début,
et
roi,
qui
inutile précaution, et,
après chaque
loge royale.
la
Wagner
ce fut une ovation sans pareille et pour :
le
Pasdeloup,
annoncé pour
protéger contre un orage possible
se dessinait
MM.
était
venait à son tour s'asseoir auprès
acte, l'auteur devait venir saluer le public
teur
:
place dans sa loge,
prenait
roi
en simple bourgeois.
apprêt, sans pose,
sans
car
pour cette solen-
invitation
A
la fin,
pour son protec-
discours, rien n'y
manqua,
et
en présence de l'œuvre qui venait de
justice,
se révéler au public enthousiasmé'.
comme
Les Maîtres Chanteurs, Richard
Wagner
et Isciilt,
ont été écrits par
en manière de délassement, au travers de
mise au jour de
tion et de la
Tristan
la
tétralogie
la
concep-
Nibehmgen. Wagner,
des
temps à Paris dans l'hiver de 1861-1862, après son long séjour à propos de Tannhœuser, y termina le poème des Maîtres Chanteurs, qu'il avait esquissé dès 1845, puis abandonné pour la maison Schott s'assura aussitôt la propriété du nouvel Lohengrin étant revenu passer quelque
:
ouvrage
et
fit
poème au courant de Pour commencer la musique, il
imprimer
encore en vente.
le
1862, sans le mettre alla s'installer sur les
mois de
bords du Rhin, en face de Mayence, à Biebrich,
et,
novembre de
Maîtres Chanteurs
cette année,
il
dirigeait l'ouverture des
dès
le
dans un concert donné par Wendelin Weisshemer, au Gewandhaus de
La
Leipzig.
eu
n'avait
foudroyant
salle la
était vide
curiosité
que
le
par acclamation-.
de
public
Au
à
moitié,
venir, et
et
pas un
musicien de profession
cependant
l'orchestre
réunis
milieu de l'année i863,
l'effet
fut
bissèrent le il
tellement
morceau
se rendit à Penzing,
près Vienne, espérant y trouver le calme et le loisir nécessaires bref, après de nombreuses reprises de travail, toujours traversées par des ;
accidents inattendus, les Maîtres Chanteurs furent complètement ache-
I. .\près Munich, les Maîtres Clianteiirs furent représentés à Carlsruhe le 5 février 1869 (Hans Sachs, M. Hauscr; Walther, M. Nachbuur; Éva, M"" Ehrhardt; chef d'orchestre, M. Le'vy); puis à Dresde et à Dessau, H Mannheim et à Wçimar; en 1870, ils se jouèrent à Berlin, Kœnigsberg, Stettin, Vienne, etc., etc. C'est un des ouvrages de Richard Wagner qui obtinrent le succès le plus rapide, en dépit d'exécutions défectueuses que le maître était loin d'approuver. « Si j'avais la chance de monter
Chanteurs avec une troupe intelligente de jeunes gens, disait-il à M. Dannreuther demanderais d'abord de lire et de jouer la pièce; après, je leur ferais étudier la musique, et je suis assuré que, de la sorte, on obtiendrait très vite une excellente exécution. » 2. Souvenirs personnels de M. Dannreuther dans son article sur Wagner. Dictionnaire de Grove.)
les
Maîtres
en 1877,
i'^
l'^U'"
I
RICHARD WAGNER
176
Triebschen,
à
vés,
première ébauche,
octobre
20
le
manuscrit en
et le
vingt-deux
1867,
ans après
leur
fut aussitôt dirigé sur le théâtre
de Munich.
Une
Wagner
de ce long travail, Richard
fois quitte
quelques jours à Paris, peut-être
par les derniers
attiré
Et dès que sa présence
position universelle.
santeries reprirent de plus
s'en vint passer
feux de l'Ex-
signalée,
fut
ici
plai-
les
en souvenir des joyeuses soirées de
belle
Tannhœuser. Pour donner une idée des sornettes avec lesquelles on pensait alors
le
battre en brèche et
le
tour de
la
fait-divers facétieux qui
que Richard Wagner, musique,
il
y
démolir,
avait
tirant de son propre cerveau
de
lieu
M. Otto Kamp son comble, n'a
« ((
est
il
laissa dire et
inséra un
pas compris
Wagner
«
On
de réclamations, d'injures.
lettres,
le
fit
nouvel
le
supérieur à Schiller
—
musiciens
lorsque
et les poètes
—
sous
m'explique
en tant que musicien.
soleil,
ni
en
écrivait
mon
sous
me
je
«
:
—
;
—
»
On
oui,
il
Procédés au temps
qui remontaient
ans,
d'objection à ce que
le
de
Oui, Richard
:
en tant que poète
•
ne répugnaient pas à confesser
Rien de nouveau
et
accablé de
fut
terminait ainsi
se
je
Wagner lui-même
pas
n'avaient
qui
pensée;
d'attaque et quolibets vieux de douze
de Lohengriii,
sa
mort. Puis, quand l'irritation fut à
Beethoven
est supérieur à
Schiller
journaliste
le
et
publia brochures sur brochures,
article
ma
fond de
critique
poèmes
ses
de
au-dessus
placer
le
Un
«
:
prétendu dans un article
avait
Beethoven. Grand émoi, grand scandale;
de citer ce
suffira
il
presse parisienne
M. Otto Kamp,
de Dresde,
distingué
le
lit
riant
Les
«
:
mêlasse de poésie
talent de musicien
plume
la
»
M. Albéric
de
Second.
On
se
souvient
que Wagner
avait
d'abord
voulu
Maîtres Chanteurs, une contre-partie comique de il
avait modifié ce projet primitif et s'y
symbolisant dans
le
Stolzing
prises avec les pédants de l'école routinière,
tique incarnée en
Beckmesser, par
avec
Tannhœuser
les
mais
;
représenté lui-même, en
était
chevalier Walther de
faire,
et
le
libre génie
triomphant de
la
aux cri-
de l'inspiration. Voilà
la seule force
qui va de soi; pourtant, des glossateurs plus raffinés ont voulu découvrir
en outre dans l'ingénue
Hans Sachs,
Éva
la
Poésie immaculée, et dans
qui protège Walther, le roi Louis
quitter le terrain musical, ont reconnu dans
que Wagner a salué souvent messer, le
le
comme
plus pédant des greffiers
et
d'autres encore, sans
;
Hans Sachs Franz bon génie,
son le
II
le savetier
et
Liszt,
dans Beck-
moins inspiré des hommes,
savant Ferdinand Hiller, compositeur sans génie et qui fut toujours
des
plus
qui
amusent
acharnés contre la
galerie
Richard Wagner.
à l'origine
et
De
aiguisent
ces commentaires-là, la
curiosité
publique,
iiiiiîiiïi^^^^^^^^^^^^^^^^^^^
UICIIAUD WAGNliR VEUS
iSÔS.
D'après uno photographie.
23
RICHARD WAGNER
178
autant en emporte
de
—
critique épuisée
la
Mais Tœuvre entière
le vent.
et c'est là le principal'.
Les Maîtres Chanteurs
Tristan se font pendants, en ce sens que ce
et
—
sont les deux ouvrages de courte durée l'autre légendaire et
ment de et
conforme à son
musicale en tout point soumise
de
ans.
un
l'œuvre
toujours
c'est
:
d'art,
Drame
formes précédemment adoptées, cohésion
:
intime
reusement adéquat à
musique
sur
Lettre savoir
de
et
:
la
la
la
poésie.
musique
la
suprême
la
note,
égale
Et ce que
félicité
musical
s'était
de
tiré
commune,
c'est
peu à peu
dégageant de toutes
se
parole et
et
chant,
le
les
le
mot rigou-
réciproque pénétration de
l'auteur
dit
de
la
dans sa
Tristan
également vrai des Maîtres Chanteurs, à
qu'en composant cet ouvrage
éprouvait
théâtrale
pour arriver à ces conditions essen-
entre
est
la fois
la vie
qu'elle
telle
développée dans cet esprit supérieur, en
tielles
comique,
plus rigoureuses qui
les
lois
légende ou comédie en musique empruntée à
tout
et
idéal sans attendre l'achève-
théoriques.
affirmations
ses
l'un historique
une œuvre à
la tétralogie, est arrivé à réaliser
découlaient la
d'art
•
— dans lesquels Richard Wagner, impatient
héroïque
de produire une œuvre
debout en face
reste
il
avait oublié toute théorie et qu'il
réservée à
l'artiste,
celle qui résulte de la
spontanéité complète dans la création. Faut-il «
système
répéter
d'ailleurs
encore une
idéal,
son esprit,
Lohengrin essaya,
la
dont
et qu'il
que
la
conception se
c'est
à
la
progressivement dans en
sa
puisqu'il
seulement après avoir écrit main, tète
d'expliquer et
qui
le
peu à peu plus nette dans
faisait
voulut se rendre compte de
plume
mot de
le
Wagner,
premiers ouvrages, en tendant vers
produisit d'instinct ses quatre
drame
que jamais
fois
ne fut plus mal appliqué qu'à Richard
»
le
l'avait
Tannhœuser
route parcourue,
la
travail
qui
conduit
au
et
qu'il fait
s'était
point où
il
arrive, c'est-à-dire aux Nibelungen? Contrairement à ce qu enseignent tant de gens, ses drames n'ont pas été écrits en vue de confirmer des théories préétablies, comme il est arrivé par exemple à Lessing ce sont ces théories, au contraire, qui ont découlé des œuvres, après que le maître eut affranchi son génie de toute influence étrangère pour l'amener à son complet épanouissement. Il conçut et écrivit Tristan était
:
lorsqu'il
avait
déjà
compose une bonne
partie
de
la
tétralogie
;
et,
I. Cet. O'cirA An Maîtres CliMiteufs osl le qualriciiie, et jusqu'à présent le lieniier ouvi'ai;c de RicharJ Wagner qui ait été représenté intégralement en langue française. Très habilement traduits par M. Victor Wilder, qui a entrepris le même travail pour Tristan, pour la tétralogie et pour ParsifaI, les Maîtres Chanteurs furent représentés le 7 mars i885, à Bruxelles, au théâtre de la Monnaie, avec
un succès
très réel. Les rôles étaient ainsi distribués Éva et Madeleine, M™" Rose Caron et Blanche beschainps; Walthcr de Stoizing, M. Jourdain; Hans Sachs, M. Séguin; Bcckmesser, M. Soulacroix; Pogner, M. Durât; David, M. Dclaquerrièrc Kothner, M. Renaud; Vogelsang, M. \'oulct Nachtigal, M. \'anderlinJeii Zorn, M. Desy un veilleur de nuit, M. Frankin. :
;
;
;
;
lUCIIARI) \VA(iNF. R
quant
aux
Chanteurs,
J\Jiiitix's
après l'aventure de
en
s'il
Taiiiiluviiscr,
il
17g
avait achevé le
poème
n'en termina la musique et ne mit
l'œuvre entièrement sur pied qu'après que Tristan eut vu
Ces deux créations dans sa tète;
si
elles sont
dissemblables ont donc
comme
à Paris
le jour.
mûri simultanément
jumelles et tout porte à penser qu'en
choisissant un sujet aussi dilïérent de ceux qu'il traitait d habitude, en faisant chanter de braves bourgeois, de simples artisans, après l'héroïque
chevalier breton et
la
fière
princesse d'Irlande,
voulait d'instinct se
il
bien prouver que les doctrines formulées en déduction de ses précédents
ouvrages s'appliquaient à l'opéra-comique
aussi bien qu'à
l'opéra,
et
qu'elles étaient, par conséquent, capables de résister à toutes les atta-
ques de
la
routine et du parti pris.
Les Maîtres Chanteurs échappées sur
burlesque et d'assez fréquents retours vers
le
poésie.
Ce poème,
l'esprit
de Richard
de Hans Sachs, le
assurément,
Wagner que
n'a
définitivement
pris
la
grande dans
corps
lorsqu'il eut trouvé la magistrale figure
poète familier, aux libres aspirations, pour en faire
le
personnage; Hans
principal
une comédie musicale avec quelques
sont
Sachs,
cordonnier-poète, incarnant
le
le
chant populaire en face du chevalier Walther de Stolzing figurant
la
poésie supérieure;
Gœthc
en qui
et
célébrité littéraire
En
Hans Sachs,
l'ami
Luther
de
et
d'Albert Durer,
Wieland avaient déjà salué un ancêtre, et dont la a pour consécration suprême l'œuvre de Wagner.
se transportant en plein
xvi'=
siècle,
au sein de
la
corporation des
maîtres chanteurs, en vouant au ridicule et leurs sottes prétentions et leur asservissement aux règles étroites et surannées d'un code barbare,
appelé
tabiilature,
il
a
certainement
voulu
joindre
la
satire
à
la
quand on sait quelles comédie, et il n'y a pas là luttes il avait à subir dans son propre pays, quand on remarque que les Maîtres Chanteurs furent écrits peu de temps après le lamentable échec de Tannhœuser à Paris. de quoi surprendre
En dont
face de ces gens routiniers, attachés au rituel le plus baroque et
les
l'école
séances solennelles devaient
stationnaire,
personnifie
en
exclusive,
Walther
le
un tableau
off'rir
ennemie de
poète de race,
fond
même du
comique de
toute
inspiration
plein
de
flamme, qui ne connaît d'autre règle que son génie. et cette lutte sont le
fort
drame, où
jeunesse
et
il
de
Cette antithèse
noble,
le
libre,
le
beau,
le
faux, par leur
du mise en action puissance d'expansion. Cette belle avec une \ariété de caractères, une abondance d'épisodes, une fécondité d'invention poétique, une richesse mélodique et instrumentale qui
vrai, finissent
par triompher du
font
petit,
du ridicule idée
seule
de ce drame
a
et
été
une œuvre prodigieuse en son genre. Ainsi
parlait
RICHARD WAGNER
,So
y a déjà dix-huit ans, après l'apparition des Maîtres Chanteurs à Munich, en 1868; ainsi pensent aujourd'hui tous ceux qui
M. Schurc
il
en ont suivi
représentation en quelque
la
que ce
ville
'.
soit
Les séances des maîtres chanteurs de Nuremberg se tenaient dans c'est dans ce beau décor que réglise même, à Tissue du service divin Wagner nous les présente, et son premier acte débute par une réunion :
préparatoire au grand concours qui doit avoir lieu
de
la
le
lendemain, jour
Le chevalier Walther de Stolzing
Saint-Jean.
est épris de la
du riche orfèvre Pogner, chez lequel il ilcmcurc, et comme ce dernier, zélé maitre chanteur, a promis la main de sa fille à qui triompherait au concours de la Saint-Jean, Walther sollicite d'abord le titre de maître. Mais il ignore absolument la tabulaturc,
charmante Éva,
et
lllie
quelques conseils que
de Hans Sachs,
devant
le
rival,
qui lorgne
fut,
bruyamment
à plaisir et note le
en
s'il
sur
le
le grellier
aussi
tableau
le
valeur d'un
tel
déroute complète Sixtus Beckmesser,
Éva,
la belle
le
charge
indigne et
déclarent
pressent
et
le
moindres fautes
noir ses
code poétique; alors tous les maîtres
repoussent, tandis que Sachs seul devine
la
force et la
poète.
Lorsque commence avec son
jeune et turbulent apprenti
d'essuyer une
jias
maîtres assemblés. Son
les
cuistre et pédant
contre
donne David,
lui
ne l'empêchent
le
deuxième
acte, la
père au logis, ne se tient pas
tombe. Kva, rentrant
nuit
Hans Sachs
consulter
d'aller
sur l'issue de l'épreuve, sous prétexte de chaussures à corriger.
Ici
se
place une charmante scène de coquetterie naïve de la part de la jeune
qui veut tirer les vers du nez
lille
qui n'est pas
cependant par la
de
sottise
à
l'astucieux
d'aimer Eva, voit
loin
ce
annoncer l'échec du chevalier
lui
tous
ces
vieux
son refrain, que
Eva; aux pour
l'un
pour qui
allreuscment.
peine
Celui-ci,
prête;
le veilleur
fait
de nuit
finit
il
Éva s'emporte contre aucun
plus
veille
entrer Walther chez
lui.
psalmodiant
est-il passé,
Beckmesser arrive pour donner une sérénade à pousse afin de dominer le bruit que le savetier fait
le sot
cris qu'il
tout exprès
A
s'y
et
Eva; mais Hans Sachs, qui
sur les deux enfants, arrête leur fuite et nuit est venue.
et
cordonnier.
Walther, n'ayant
pédants.
espoir de vaincre, va pour enlever
La
manège
gêner,
le
pour
les voisins
l'autre,
La trompe du
en
se
réveillent,
viennent
veilleur de
aux
prennent parti qui
mains
nuit retentit
au
se
battent
loin,
tous se
et
sauvent et quand celui-ci reparaît, tranquille et répétant son somnolent appel, la ville entière a repris son calme habituel
La
nuit
ramène
le
:
tout dort.
calme en ces esprits troublés. Au troisième acte,
I. l.:i (incti:|UC élude de M. Edouard Schuré, d'abord publiée à la Rcviic des Deux Mondes, reparu depuis dans son bel ouvrage en deux volumes le Drame musical (iH-l'i el iSS5). :
.1
RICHARD WACNKR
iSi
Hans Sachs, poursuivant son rôle de protecteur envers les deux amoureux, et sacrifiant son amour iriiommc un peu trop mùr au bonheur des deux jeunes gens, initie Walther aux principaux secrets du bel art des maîtres chanteurs. Le jour du concours solennel devant tout le peuple assemblé dans une prairie, aux bords de
EVA DANS Acle
des M.ùtivs
III
L
ATELIER
Cli.mti'iirs.
Le fâcheux Beckmesser, qui
—
I)
I)\lplc^
K
I.
les
rameur de Munich el c'est
M. Joseph Flûggen
,
représentations de Tristan
HANS
le l:ilileau
avait cru taire
texte tout sec de la poésie esquissée par
décorative à l'Opéra de
la
et Iseiilt, à
Bayrcuth.
est enfin venu.
SAC.US. de M.
.1.
Flûs^en
1.
merveille en s'cmparant du
Walther
et corrioée par
Hans
la haute main sur toute la partie année, a été chargé de dessiner les costumes pour
cette jolie composition, a lui qui, cette
Pcgnitz,
RICHARD WAGNER
i82
Sachs, ne peut pas en sortir quand
huer par
fait
gagne
foule.
la
ainsi la
Walther
veut chanter à son tour, et se
la
il
proclamé vainqueur
facilement
est
main d'Eva, tout en reportant l'honneur de sa
et
victoire
à l'excellent Sachs.
A
propos de cet ouvrage, essentiellement historique,
question. Cette exclusion de l'histoire, prononcée par Richard
au profit de
la
légende,
une
se pose
il
Wagner
pas singulière et n"a-t-elle pas un
n'est-elle
même à ne considérer que ses propres opéras? Sur ce point, deux écrivains français qui ont su composer sur Richard caractère trop absolu,
Wagner un
livre
réflexions.
leur paraît d'abord
Il
ingénieux et
chose rare, émettent de justes
clair,
que
poème dramatique
mérite d'un
le
provient moins du choix du milieu où se meut l'action que de
dont
meut dans ce
elle se
milieu, quel qu'il soit
comme
historiques excellents,
livrets
daires.
non contrôlée,
une
variante avec broderies?
finit
l'autre?
Wagner
prononce hardiment; toujours. Or, son
Lohengrin
et
est,
il
monnaie de
Qui décidera où commence
il
rejette l'histoire;
entier
il
lui faut la
dément en
les
il
l'une et où
légende,
la
il
se
légende
partie cette prétention
Tristan sont des chevaliers vivant à une époque et dans
entoure sont fournis par l'histoire,
Tannha;user, frère cadet de Robert
jMoyen-Age où
les
et
les
non par
accessoires la
légende.
Diable, nous dévoile un coin du
le
chevaliers-chanteurs accomplissaient des exploits qui
n'ont rien de fabuleux
prologue.
le
l'histoire,
paraît se faire fort d'établir la distinction;
œuvre
des
effet,
légende? N'est-ce pas
la
la fausse
un pays que l'auteur lui-même a soin de préciser, dont
en
manière
aussi de pitoyables livrets légen-
Et puis, disent-ils, qu'est-ce que
«
plus souvent de l'histoire
:
la
:
le
Venusberg
n'est
Quant aux maîtres chanteurs,
qu'un tableau servant de
fut-il
jamais reconstitution du
passé plus précise, plus curieuse, plus conforme aux procédés de
l'his-
Assurément non. Donc, ce poème, qui renferme des scènes charmantes, des situations
toire?
'
))
vraiment comiques, est tout à
la
fois,
pittoresque en tant qu'évocation
d'une ville allemande au xvi' siècle, avec ses et ses fctes populaires, et curieux
mœurs,
par ses données d'une rare précision
sur les épreuves à subir pour passer maitre chanteur. détails sembleraient
ses corporations
Ceux auxquels
ces
un peu longs pourraient se délasser en écoutant
une orchestration qui n'a pas sa pareille et dans laquelle on découvre à chaque audition de nouveaux trésors. Ce merveilleux travail d'orchestre est
tel,
qu'il
frappe
Richard Wagner; I.
iii-i8,
d'admiration
mais
ils
ajoutent
jusqu'aux
derniers
malicieusement
détracteurs de
qu'ils
aimeraient
L'CEuvi-e dramatique de Ricliard V,'ai;ner. par iMM. Albert Soubics et Charles Malherbe (un vol. chez I''i.schbachcr, iS86).
.
RICHARD WAGNER mieux
symphonie sans
la
chantée,
partie
la
avec une grande sécheresse
traite
,83
Wagner,
ijuc
comme un
et
disent-ils,
récit sans accent.
11
pour n'observer aucune coupe déterminée à l'avance, pour n'être coulée dans aucun moule et pour suivre exacten'est
rien
ment
la
de plus
faux
:
chaque phrase confiée aux
parole,
tendre ou grandiose,
gées entre Walther
Pogner annonçant
Éva,
et
donnera
qu'il
sa
premier chant de Walther, que
et
d'Eva à
tombée de
la
Mais ce
la
possible.
Tout
douces paroles échan-
les
messe, que
la
l'allocution
de
au vainqueur du concours, que
fille
dialogue à mots couverts de Sachs
le
nuit, etc.?
le
hommage,
une
est
convient de l'expliquer aussi claire-
qu'il
symphonique, ininterrompu tant
discours
en majeure partie sur certaines phrases typiques,
l'acte, est bâti
Au
conducteurs [Leitmotire).
motifs
longue,
polyphonie orchestrale.
la
travail d'orchestre, auquel tous rendent
conception tellement nouvelle
que dure
de
à l'issue
le
ou
de
et distincte
de plus délicieux, par exemple, que
Est-il rien
ou
courte
toutes les fois qu'il le faut, une forme mélo-
a,
dique parfaitement appréciable,
ment que
voix,
de conserver
lieu
l'ancienne
chaque ensemble ou chaque morceau se bornait à traduire à peu près les sentiments exprimés à tel moment par tel personnage en scène, en négligeant totalement son caractère forme de l'opéra, où chaque
air,
général, "Wagner prétend dépeindre
personnages
par des
motifs
qui
nature
la
s'attachent
et
le
eux,
à
de ces
caractère
enserrent
les
et
finissent par les personnifier.
Ces ils
ou
eux
diffèrent entre
caractéristiques,
exposés
d'abord
superposant,
auquel
ils
entraîné
"Walther
amour
première
la
:
d'une
fois
leur
tel celui
:
façon
par
et d'Éva,
d'abord
à
la
rendent à
qui
vont
mesure
se
les
façon dont
développant,
que
le
un peu plus son caractère
événements extérieurs.
les
la
les
des maîtres chanteurs. D'autres,
fragmentaire,
se rapportent dévoile
voudra
on
développement dès qu'on
plein
combinant entre eux
se
comme
et par leur essence et par
sont traités. Certains ont
entend pour
la
typiques
motifs
appeler,
et se
trouve
Tels, les motifs typiques
merveille
la
se
personnage
progression
de
de leur
tendresse naissante, puis l'ardeur impatiente, enfin
passion déclarée, et qui montent, croissent, s'enchevêtrent jusqu'à ce
qu'ils éclatent 11
dans toute leur plénitude par une superbe explosion. il s'agit là d'un art entièrement nouveau, créé
n'y a pas à dire
:
de toutes pièces par Richard avec
l'opéra
Comme
on
proprement l'a
déjà
Wagner
dit,
remarqué
tel
à
qu'il
et
qui
a été
propos de
n'a
aucun rapport
plus
conçu jusqu'à nos jours. Tristan,
il
faut
subir ce
y goûter un plaisir extrême ou bien le repousser entièrement. Point de tergiversation possible. Je reconnais volontiers
nouveau genre
et
.
RICHARD WAGNER
i84
complètement originale et londéc sur un exige une initiation, comme toute travail musical aussi complexe mais cette initiation deviendra graduellement moins création de génie à mesure que l'esprit s'habituera à cette nouvelle forme
quune œuvre
d'art
aussi
;
laborieuse
comme
d'art,
tous ceux
il
epii,
habitué à l'ancien opéra. Dès à présent, d'ailleurs, selon le désir de Wagner, écoutent son œuvre en dehors s'est
charmer, de toute idée préconçue et se laissent simplement dominer, captivante entraîner par le génie, en ressentent la même impression et
souveraine à l'exclusion de toute autre.
Et comment en
autrement avec une création qui, renferme des épisodes aussi gais que la
puurrait-il
outre les passages déjà cités,
ronde des apprentis, ou
la
être
sérénade burlesque
de Beckmesser cou-
en surronnée par ce prodigieux charivari de toute une ville éveillée du premier acte, saut; des pages aussi grandioses que l'ensemble final l'ensemble à cinq voix du la rêverie et le monologue de Hans Sachs, parler de dernier acte' et tout le tableau final du concours, sans cette admirable ouverture
même ,
Il
qu'on applaudit à tout rompre actuellement,
à Paris, et qu'on y sifllait avec rage en parait dillkilc à qui rJllJchit
que Wa.^ncr
ait
pu c.n.poscr
1869? ce m,.,ccau des Alailrcs Chanteurs,
conca-lantc, diraient les Italiens, après un vci-ilablc quinlc.tc ayant une fo.-me aétern.ince, un pe^^o développe dans Opéra et Drame On suppose avoir formulé un systùu.e aussi absolu que celui qu'il on dit même qu'il voulut la déchirer après antérieure, très composition était de alors que cette paye parvint a l'en empechci femme avoir terminé les huîtres Chanteurs, mais que sa future
RICHARD WAUNKR, PAR KLIC. {llumorislisclic Uhrttcr, de Vienne, iS mai 187;'.)
CHAPITRE DU
SUITE
XII
SÉJOUR A TRIEBSCHEN.
RIENZI A
PARIS
LE RHEINGOLD ET LA VALKYRIE A MUNICH
INSTALLATION A BAYREUTH ET CONSTRUCTION DU THEATRE
usTE au moment de Chanteurs, toujours
dans
des
Maîtres
en juin 1868, Richard Wagner,
habitant
Lucerne, avait pubHé, d'abord
en
articles
Presse de l'Allemagne du Sud, de Munich,
la
brochure, à Leipzig, un important
puis en
Art allemand titre,
le
représentation
la
travail
:
allemande, dont on connaît
et politique
mais que personne, ou peu s'en faut, n'a
jamais lu en dehors des pays allemands'. Cet écrit de
longue haleine est surtout dirigé contre l'influence
prépondérante que notre pays
Allemagne,
et,
de penser que
beaucoup
dans
Allemagne
lui
cette
croisade
par
agit-il
personnification ;
l'auteur,
anti-française.
il
est bien
à
Obéissait-il
permis
calcul
en
du
génie
autant vaut ne pas
allemand
épousant
profond de son esprit vert quelque chose;
il
et
œuvre
et
son
encore
Il
antipathie,
en
devinssent
la
civilisation
que personne,
aurait fallu pour cela
n'est-il
en
nom
contre
révolté
couvait
à
une guerre désas-
cette
soulever cette question,
aujourd'hui, ne saurait résoudre.
d'instinct
haine sourde qui
la
alors contre nous et qui allait aboutir à
ou bien
française
paraissait exercer jusqu'en
souvenir de l'échec de Tannhœuser à Paris entrait pour
l'incarnant en quelque sorte afin que son la
France, ou du moins contre
malgré l'indifférence affectée de le
quelque aversion de race, cédait-il treuse,
la
lire
au plus
pas bien sûr qu'on y eût décou-
est très possible, en effet, qu'il ne se rendît pas
compte lui-même des secrets mobiles auxquels
il
obéissait ou semblait
obéir en mainte occasion.
Tout ce
sur l'équilibre I.
Dès
développement d'un passage des Recherches européen, oia l'économiste Constantin Franz expose l'in-
travail est le
mois de septembre 1S67, on avait annonce lie Munich que Wagner renonçait à son une feuille spéciale fondée et dirigée par lui et qu'il rédigerait simfeuilleton musical du nouveau journal Die Sitddcutsche Zeitung, qui allait paraître au
le
idée d'exposer ses théories dans
plement
le
I" octobre. Un des principaux propriétaires de ce journal était son ancien collègue à Dresde, le directeur de musique Auguste Rœckel, ce qui explique son concours mais, dans le fait, la collaboration annoncée se réduisit aux articles ci-dessus indiqués sur la politique et l'art allemands. ;
24
RICHARD WAGNER
,86
sur
exercée
llucnce
quelle se manifeste dans
telle
propagande,
dit-il,
impuissante. Aussi
fait
politique
la
précisément
sans laquelle
lui
pays du continent, l'Allemagne seule possède
les
vigueur d'esprit et
puissance
la
Or,
matérialiste.
dispositions,
les
d'âme requises pour
force
la
Cette
de l'Allemagne, parce que, parmi tous
mission
la
à
«
:
elle-même tout à opposer consiste-
serait
elle
efficace
de cette civilisation
l'empire
française,
propagande napoléonienne
la
seule digue
la
t-elle à se soustraire à
c'est là
par
ne repose sur rien autre chose que sur
la civilisation française,
de
européen
système
le
la
une
prévaloir
faire
culture plus élevée, contre laquelle la civilisation française n'aura plus
Ce
aucun pouvoir.
serait
là
propagande
véritable
la
allemande qui
contribuerait très essentiellement au rétablissement de l'équilibre euro-
péen.
Rien qu'à
))
maxime en
cette
lire
veut étudier les rapports entre
culièrement entre
d'un
tête
en général,
l'art et la politique
de
les tentatives
l'art
allemand
et parti-
les prétentions
et
importance politique,
l'Allemagne à une plus haute
où l'auteur
écrit
on pressent
de les
développements qui vont venir. Les armées
de Napoléon
odieu.x
ment vaincue
ont
alliées
si
l'Allemagne et l'Europe
délivré
mais qu'importe que
;
elle a
France
la
ait été
elle-même vaincu ses vainqueurs par
du
joug
matériellel'influence
souveraine des lettres et des arts? Pour repousser cette invasion morale, il
ne
suffit
plus de baïonnettes
de canons,
et
il
faut
créer de toutes
moyens l'art national allemand en face Mais pourquoi cet art national est-il encore à créer? français. C'est parce que la scène allemande est sous la domination de la scène française et qu'elle a vainement essayé de secouer ce joug par le triple effort de Lessinof, de Goethe et de Schiller. Le mal remonte en France à Louis XIV, « qui avait érigé les règles de ce qui passerait pour beau, règles dont les Français ne sont pas encore débarrassés sous Napopièces et soutenir par tous les
de
l'art
léon
III
«,
glément
et
en Allemagne à Frédéric française
l'influence
culture germanique,
donné à
avoir
l'esprit
regarde avec mépris siennes; mais les
de
réveil
sous
le
régénéré la
ne montrait que du dédain pour la à
la
suffisance
Schiller,
britannique et les
au fond,
ils
séductions
pari-
compte de ce
n'ont jamais compris autre chose,
de culture des arts, que l'introduction d'un ballet français italien, et, à le
d'hui
une véritable trahison envers
pour
en substance, pour
forme de Vadolescent allemand qui
ou d'un opéra ;
dit-il
allemands ne tinrent aucun
princes
l'esprit national;
nom
et
Honneur
a
Grand, qui subissait aveu-
le
c'a été
l'expier,
il
bien prendre,
ils
en sont encore
faudra plus d'un acte de bonté,
dévouement de leur
part.
y>
C'est,
là aujour-
l'esprit de leur peuple,
ajoutc-t-il,
parce
de
noblesse
qu'il
et
et,
de
compte sur
RICHARD WAGNER ces actes,
moyen de la réparer. Le théâtre est à parce que c'est
de
plus
la
belle
Schiller:
l'opéra, là
ici
mélodie résonna,
et
fois;
si
la
plus
la lutte
cou-
dépayser
Gœthe
de
et
le
poésie était muette,
de Y adolescent allemand passa dans
souffle
le
le
Par bonheur,
Rossini, Spontini.
ballet;
le
la
l'avait
pour
scène aux héritiers de
la
génie allemand se réveilla encore une la
commencé
Napoléon,
mais
victoire;
allemand, avait repris
l'esprit
et
grand agent d'éducation du peuple,
le
génie allemand trouve son expansion
le
domination française; au théâtre, que Schiller
la
ronnée
yeux
ses
que
commise
faute
la
C'est par le théâtre que Lessing avait
irrésistible.
contre
là
,87
signale aussi clairement
leur
qu'il
•
magnifiques chants de Weber.
donc se détourner à jamais des Français, chez lesquels on ne trouve que pure virtuosité théâtrale, les
Il
faut
avec un don particulier d'imitation, d'art mimique, et qui ne cherchent
qu'une distraction toute frivole dans à l'abaissement du théâtre
degré
le
scène;
remédier
faut
il
par deux
Faust parodié de Gœthe par Gounod
le
retremper entièrement dans intelligent et
çaises,
la
qui descendit
fois
au
plus bas, en adoptant le Guillaume Tell parodié de Schiller
par Rossini, puis
si
de
les jeux
allemand,
si
l'esprit
;
il
faut se
du peuple allemand, de ce peuple
moral, et qui n'a nullement besoin des règles fran-
tant la bienséance est inhérente à la pureté et à l'intimité de
son être. «
Demandons-nous,
dit-il,
quelle richesse inou'ie, vraiment
surable, d'organisation vivifiante
en
rait
elle-même
par
si^
la
politique
analogie
avec
de
l'organisation
prussienne, dont nous avons cité l'exemple,
incommen-
de l'Allemagne posséde-
les
l'armée
éléments propres à
la
culture et à la vraie civilisation étaient attirés dans l'orbite du pouvoir
où
gouvernements se tiennent aujourd'hui bureaucratiquement renfermés. En résumé, les dispositions de l'esprit allemand pour l'art sont les
universelles,
dans
comme
l'histoire.
C'est
la
mission du peuple allemand depuis son entrée qui ont dans
à ceux
leurs
mains
les
destinées
politiques de la nation à donner l'exemple de l'appropriation de
renaissance la
fondation
jusqu'au delà
s'adresse
à
entre
des
frontières
dans
l'histoire,'
En un mot comme en la
intellectuelle
de
l'Allemagne.
vainqueur de Kœnigsgr^tz- (Sadowa),
une
française pâlira pour toujours.
A
vie
du
peuple, à
»
Cet
appel
tous les princes allemands; mais celui-ci est plus spécial
Un mot du
force
la
d'une nouvelle civilisation germanique, qui étendra ses
bienfaits
«
de
l'ennoblissement
à
cette
force
devant
et
laquelle
:
une nouvelle la
civilisation
»
cent, faites représenter les Xit>eluugen.
première représentation des Maîtres Chanteurs à Munich,
il
niCHARn WAGNER
i88
n'y
avait
que
l'un
des
trois.
d'une belle
trois
Français,
avons-nous
M. Pasdeloup
et
dit,
était
Le courageux fondateur des Concerts populaires, passion pour la musique de Richard Wagner, avait
pris fait
tout ce qui dépendait de lui pour la faire apprécier du public français;
mais sa propagande
était
forcément restreinte aux fragments sympho-
niques. Lorsqu'il prit la direction du Théâtre-Lyrique, en octobre 1868,
voulut aussitôt nous faire entendre un ou deux opéras complets du
il
maître, afin de réparer, dans
la
mesure du possible, l'échec de Tannhœiiser, et il choisit, pour commencer, Rienii qui, ne sortant pas du
moule ordinaire,
paraissait assez propre à accli-
mater tout doucement "Wagner chez nous. Celui-ci refusant de
déranger pour
se
chose,
voyage de Paris
le
afin
peu de
si
M. Pasdeloup
fit
même
à Zurich
de s'entendre avec
lui
sur
ses intentions, de prendre ses
mouvements, etc. Mais il avait compté sans l'ignorance et l'entêtement
journalistes
amateurs français, qui,
et des
sans
des
même
examiner
de l'œuvre ou
le
style
s'informer
de
sa date, attaquèrent ou défen-
dirent
même
18 avril 1S69.)
[Éclipse,
sait
et
sur
6
avril
envers n'eut les
le
seul
1869,
Richard
nom de Wagner. ne
modifia donc
Wagner
et
la
en
œuvres
rien
tentative
:
l'état
signées
du
de confiance
sifflait ,
donnée
le
de l'opinion publique
honorable de M. la
qu'ils
défendu
on applaudis-
représentation
comme
prière de Rienzi et, par-dessus tout, le
auteur
ou Ton
en mal, malgré
aucun résultat en bien purement mélodiques,
parties
ni
Cette
ou
attaqué
d'autres
RICH.\RD WAGNER, PAR GILL.
selon
Rienii,
avaient
le
Pasdeloup
succès qui accueillit
cavatine
d'Adriano,
chœur des messagers de
la
paix'.
I. La traduction française était de MM. Nuitter et Guilliaume. Monjauze chantait avec éclat le rulc de Rienzi; M"°' Borghèse et Sternberg représentaient Adriano et Irène d'une façon très satisfaisante, enfin une jeune élève du Conservatoire, M"° Polliart (depuis Priola), ravissait tout le monde en chantant le petit solo dans le chœur des messagers de paix. MM. Lutz (Orsino), Giraudet (Colonna), Massy (Baroncelli), Bacquié (Cecco), et Labat (Raimondo) complétaient un ensemble assez bon.
3
C
œ H <
j.-.
-,
— I
=
i
—
^
RICHARD WAGNER
,go
Par aflfectation crimpartialité, c'étaient surtout les ennemis de Richard Wagner qui provoquaient le directeur à représenter un opéra Lohengrin par exemple afin de faire une plus décisif que Riei!{i bonne fois justice des prétentions du prétendu réformateur. « Quand
—
—
•
personnes auront été scalpées par ce sono-
trente ou quarante mille
risme de Peau-Rouge, écrivait un
furieux,
libre
la
splendeur du véritable art est le seul mobile,
du trop célèbre mélodiste de
parti pris à l'égard
critique,
dont
wagné-
la forêt, et le
risme sera tenu, par l'immense majorité des dilettantes, pour ce est en réalité, c'est-à-dire
Celui-là
mort
est
pour
qu'il
plus retentissante des mystifications.
la
»
grande masse du public, indifférente
Bref, la
fou.
la
ne sera plus accusée de
entre les défenseurs et les détracteurs de parti pris, s'ennuyant surtout et
ne voyant
plus
là
que d'autres, ne marqua pas d'empressement à
original
entendre
et,
qu'un opéra aussi brillant, aussi bruyant, mais non
malgré
bruit qui se faisait autour,
le
Rieii^i
l'aller
ne put durer
au delà de vingt-six représentations.
Wagner,
D'ailleurs,
par lettre rendue publique,
présence
ma
et
participation
le
l'air
de
me
la
pour
soi,
le
succès de l'entreprise,
de s'en désintéresser.
afl:ecté
représentation qui
— pourraient
Mendès,
écrivait-il à M"'" Judith
tendu. J'aurais
à
par ses amis de Paris et
conseillé
vœux, cela va de
tout en faisant des avait,
dans
bien
très
mettre à
la
donner
se
« ...
Ma
prépare,
lieu à
—
un malen-
tête d'une entreprise théâtrale
but de regagner par Rieii{i ce que
j'ai
perdu par Tannhœuser ;
du moins, sans nul doute, ainsi que la presse interpréterait ma venue. Or, la mise en scène de RieiT{i au Théâtre-Lyrique n'a été qu'une question toute personnelle entre M. Pasdeloup et moi. A la c'est
suite
de
la
l'attention faites.
On
représentation
dont
elle
a d'abord
a
des
été
Maîtres Chanteurs
italien;
n'était
puis
;
encore Lohengrin en
pas question, cet été,
représentation
de
propositions
et
de
m'ont été
parlé d'une troupe allemande devant donner l'un
après l'autre mes six opéras à Paris
en
plusieurs
l'objet,
Munich
à
puis on a voulu tenter Lohengrin
que
Bref,
il
de moins de cinq projets concernant
la
français,
mes œuvres à Paris Quand M. Pasdeloup
;
cependant
sais-je?
je
n'en
ai
point
venu me dire qu'il prenait encouragé un seul. la direction du Théâtre-Lyrique dans l'intention de donner plusieurs de mes ouvrages, je ne crus pas pouvoir refuser à cet ami zélé et capable l'autorisation par Rien^i,
je lui
de
les
dis qu'en
représenter eff'et
est
et,
c'était celui
comme
il
désirait débuter
de mes opéras qui m'avait
toujours paru devoir s'adapter le plus aisément à une scène française.
y a de cela trente ans, en vue du Grand-Opéra, Rien{i ne présente aux chanteurs aucune des difficultés et n'offre au public pariÉcrit,
il
RICHARD WAGNER
uji
aucune des ctrangetés des œuvres qui l'ont suivi tant par son il musicale, se rattache sa forme aux que par sujet opéras depuis Ou Rien{i fera son chemin sans moi, longtemps populaires à Paris
sien
:
ou, l'y
aider
concerne
qu'ils sont
la
mon
ainsi,
ma
assistance ne saurait
façon de voir et
décidé ou, pour mieux dire,
suis
je
faire
le
en peu de mots,
telle est,
;
conduite que ce qui
capable de
n'est pas
s'il
mes ouvrages
représentation de
ligne de
la
appelé à suivre en à Paris, tous tant
»
'
Grâce à cette habile politique,
ne
il
fut
nullement atteint par ce
succès médiocre et put facilement s'en consoler. D'ailleurs, des ques-
Allemagne enfin
autrement
bien
tions
!
—
les
Nibelungen. Le
la
25 août i86g, jour de sa fête-, et dès
fermé ses portes,
pour y installer qui
oflFrait
la
la
fin
machinerie nécessaire à
—
Wagner,
la
de juin
le
lieu
le
Grand-Théâtre
mise sens dessus dessous représentation d'une œuvre
Pendant ces des chœurs travail-
des difficultés inouïes, presque insurmontables.
préparatifs matériels,
activement
laient
scène
par fragments aurait
scène avait été
la
en
alors
la
nouvelle création de Richard
première exécution
décidé qu'une
avait
débattaient
se
de Bavière, dans l'impatience de con-
roi
deux de
naître une partie ou avait
lui
ne s'agissait de rien moins que de mettre à
il
:
pour
palpitantes
les artistes
sous
la
de l'orchestre
direction
et
Hans Richter, musicien hors Wagner.
de
ligne et dévoué du fond de l'âme aux intérêts de Richard
Les choses marchaient cependant, en dépit de tous
donc
musique et de retard en retard, on avait dû
régulièrement
les efforts,
reculer la représentation du Rheingold jusqu'au
pour
la
septembre.
i*^''
A
l'ap-
proche de cette date, des inquiétudes très vives commencèrent à se produire parmi
les
des effets décoratifs
comme
les
amis de l'auteur au sujet de :
tout allait de travers et les profondeurs du
et
Rhin
splendeurs du Walhalla étaient d'un ridicule achevé. Quel-
ques zélateurs pressés télégraphièrent à afin d'en juger
tion
mise en scène
la
par lui-même.
Il
arriva aussitôt et
admit
à laquelle on
générale,
Wagner
les
nombreux
de venir à Munich faire
fit
fidèles,
une répétidont
une
ou c'crits eu frauyais de Richard Wagner destines à être rendus mais, avec le temps, il était arrivé à parler notre langue sans de trop grosses incorrections. Il a passé, cette année, en vente publique à Berlin une pièce in-folio de 32 lignes, signée seulement de l'initiale R. ce brouillon d'une lettre écrite en français (vers 1839) à propos de la traduction du livret de Rieii^^i, montrera quel singulier français il parlait alors. 1.
11
va sans dire que
les lettres
publics étaient revus et corrigés
;
;
« Monsieur, j'espère bien que vous aurier-la bonté de tînir votre travail pris pour moi et pour mon avantage de corriger ma mauvaise traduction de mon sujet d'un grand opéra Rieii^i. En c'espérant, je vous prie, Monsieur, bien fort de m'envoyer cette ouvrage à Mitau sur mon adresse si bientôt que possible. » Ce curieux spécimen du premier français de Wagner s'est vendu 40 marks. :
2.
Au commencement Wagner le
disposition de l'on avait
beaucoup
ri
de l'année précédente, on avait déjà répandu le bruit que le roi mettait à Palais de Cristal de Munich, transformé en théâtre à sa convenance, par avance de l'aquarium où devaient barboter les filles du Rhin.
la et
RICHARD WAGNER
192
vingtaine de Parisiens, accourus pour cette représentation solennelle et qui
languissaient à
Munich
ce fut une véritable
:
voulut exiger une mise en scène un peu moins protestations
l'intendant
aHn de donner
royal
répondit par Tordre
satisfaction à son
COSTUME DE
de Farrivce de Richard
débâcle, et
grotesque.
jeune
BRUNEHILD DANS
Wagner
politiques et Ton ne parlait de rien
avait
«
de passer
De
maître.
plus, la
LA VAI.KYRIE
réveillé
)l
lui
ses
outre,
nouvelle
,
d'anciennes
moins que de
Wagner
Mais à
inimitiés
donner un chari-
vari pour le punir de sa brochure dirigée contre les Juifs.
Ainsi, Richard
catholiques, qui qui avaient sa
Wagner
ne
lui
se trouvait pris,
comme
protestant, entre les
pardonnaient pas raftection du
brochure sur
le
roi, et les Juifs,
cœur; comme auteur, entre un intenCe qu"il avait de mieux à
dant aveugle et des décorateurs maladroits.
RICHARD WAGNER dans cette situation tendue,
faire
de retourner à Lucerne et c'est
était
Hans
à quoi ses amis le décidèrent sans peine.
malgré sa position précaire,
n'hésitait pas,
,^3
Hichtcr,
de son côté,
sacrifier le poste inespéré
h.
de maître de chapelle à Munich, et refusait de conduire une représentation aussi mal préparée; quant au chanteur Betz, pour se soustraire à de vaines sollicitations,
pour
repartit
Malgré
ces graves
dant royal désir
Berlin
du
défections, l'inten-
s'efforçait
qui
roi
de répondre au connaître à
voulait
tout prix le Rheingold et
et
chestre à tous les échos
:
M. Camille
de-
allait
il
mandant basse chantante d'abord
même.
jour
le
il
chef d'oril
suppliait
Saint-Saëns, ensuite
SI
un chef de Weimar, de remplacer Hans Richter à des
de
tète
la
l'orchestre,
éprouvait un
il
frciie,
sur lequel
ils
ont gravé leurs initiales dans deux cœurs enflammes.
et
(Tire de
deux côtés
EG LIN DE
aide Sicginiind à arracher l'cpée Ju
refus
Sc/iiill:;c et
Miillcr
à l'Aimcau Ju Nibcluii''. 1881.)
péremptoire. Hans de Bûlow, de plus, se disait malade.
d'arrangement
En
les
de compte, après avoir épuisé
fin
plus
baroques,
avouer au
dut
il
radicale où l'on se trouvait de représenter
septembre, au plus
les
l'impossibilité
roi
Rheingold avant
le
tentatives
la fin
de
tôt.
Cette série de contre-temps ne fut qu'un stimulant à l'affection du
pour
souverain
malgré cet
incident,
que
lorsqu'il
tendre
le
ne pas
fut
sur
le
le
point
d'en-
des études faites
fruit
de l'argent dépensé, on s'adressa
bien vite au machiniste LOGE, LE DIEU DU FEU,
repos
Pour ne pas
Rheingold.
perdre tout
exploiter
de
n'eut
roi
le
et,
de ses conseillers,
habiles pour
trop
et
compositeur,
le
les efforts
Brandt, de
Darmstadt, qui vint corriger l'œuvre maladroite des machinistes de Mu-
emporté par son énorme manteau rouge (Tiré de Schicll\c et Midlcr
à i'Aniicju du Xihclinig, 1881.)
nich
;
le
baryton Kindermann
prit la
de Betz, et le répétiteur études à la place de Hans Richter,
succession
Éberle fut chargé de poursuivre sur
destitué
l'heure.
Avant
les
la
fin
du mois,
la
volonté 22
royale
était
septembre,
remplie la première représentation put avoir lieu grâce au travail ardu que s'étaient imposé quinze jours durant Wûllner, le
:
le
nouveau
chef d'orchestre,
les
chanteurs Vogl
et
Kindermann
et
,
RICHARD WAGNER
194
l'habile
machiniste
atteint,
mais
Le but
Brandt.
moral
l'effet
de
matériel
douteux;
était
tant
d'efforts
de
public
le
était
première
la
représentation demeura indécis, presque hostile, et la patience allemande, si
justement reconnue pourtant, ne supporta pas sans broncher quatre
interminables tableaux,
entractes
mois avait bien changé
d'un
retard
sans
beaucoup des plus
fidèles
de grue au mois d'août,
pied
septembre, de façon que
après avoir
dire
faut
Il
composition de
la
partisans,
repos.
ni
fait
si
que ce
salle
la
que
;
longtemps
le
pu ou voulu revenir en
n'avaient pas
joué devant un public moins
le R/ieiiigold fut
moins acquis au compositeur et même en partie défavorable innovations. Quoi qu'il en fût, l'œuvre avait toujours été repré-
entraîné, à ses
sentée, et c'était un grand point
Un
romancier-poète,
un
s'attribue
en
:
un
manquement de mémoire
tel
montre assez combien
il
revanche,
Wagner
vivant il
faut
à cette
piano ou
à
Allant,
table.
changeant
les
venant par
le
point capital
de poète.
En fait
ces
récits
Non,
jamais!
lui,
souvient pas de l'avoir vu assis une seule
chaises,
il
époque un portrait tout à
de
défier
se
sur
lesquels
retardé d'une
fut
Quelquefois nous étions assis, mais
a
:
me
ne
a tracé de
il
dans
incidents
ces
que l'Or du Rhin
rcMe décisif, avance
année entière
l'honneur était sauf.
:
narrant
fois,
ce n'est au
si
grande pièce, remuant
la
les
de place, cherchant dans toutes ses
fauteuils
poches sa tabatière toujours perdue ou ses lunettes, qui étaient quelquefois accrochées aux pendeloques des candélabres, mais qui n'étaient
jamais sur son nez, empoignant
gauche avec
l'œil
crispés, le
fourrant dans
cheveux,
parlait, parlait, parlait
ments
:
il
béret de velours qui
le
d'une crête noire,
l'air
son
retirant,
le
gilet,
pendait sur
le
replaçant sur ses
s'envolait dans des emporte-
11
!
lui
triturant entre ses poings
le
sublimes images, calembours, barbarismes,
un
flot
incessant,
toujours heurté, toujours renouvelé, de paroles superbes, tendres, violentes
ou bouffonnes.
tantôt
s'attend rissant
Et,
tantôt
jusqu'aux
à
riant
pleurs,
se
décrocher
tantôt
se
la
mâchoire,
haussant
jusqu'à
l'extase prophétique,
il mêlait tout dans son extraordinaire improvisadrames rêvés, le roi de Bavière qui n'était pas un incchaiit garçon, les tours que lui jouaient les maîtres de chapelle juifs, les abonnés qui avaient sifflé Tannhœiiser, M"" de Metternich, ces gueux
tion
:
les
d'éditeurs, la réponse qu'il voulait faire
théâtre
qu'il
viendraient
M. Auber,
ferait
de
bâtir
tous
etc., etc.
les '
sur
une
pays
à la
colline,
tous
les
près
peuples
d'Augsboiirg,
d'une ,
ville,
Sébastien
et
le oij
Bach
»
L'année suivante, après l'Or du Rhin, 1.
Gaiettc
Richard Wagner, par M. CaUillc .Vlcndès
(i
vol. in-iS,
c'était
naturellement
Charpentier, 1886).
le
tour
r^r.'-'^iit.iWWft.vj.M»..
li^V-
.
'%^. r,
;^-^
RICHARD WACNKR de
,o5
Val kyrie, dont quelques fragments importants, mais seulement comme la scène finale du premier acte et la chevauchée
la
des fragments,
des Valkyries, 1864. Cette
avaient été exécutés à Munich, à A'icnne, en
fois,
les
mesures furent
bien prises que
si
tion eut lieu juste au jour promis, le 26 juin
contraint de renvoyer
l'Europe
Aussi
on avait trop perdu à
:
résultat
le
fut-il
voir
les
1870, et qu'on ne fut pas coins de
les
partir avant le Rheingold.
meilleur
infiniment
et
représenta-
la
venus de tous
d'ardents auditeurs,
\8G3
que
ajouter
faut
il
:
la
pièce rentrait mieux dans le cadre habituel, que la Valkyric présentait
humaines autrement vivante et intéressante que les solennelles évolutions du Rheingold, et que Wagner, poète, avait remarquablement servi Wagner, musicien, en lui oftVant de véritables « situations » dramatiques à mettre en musique. Le musicien, à son une
lutte de passions
tour, avait secondé le poète
de
reconnaissance de
la
dans
les
dans
la
admirablement dans cet épisode
Sieglinde
premier acte,
scènes de Brunehild au deuxième, surtout celle avec Siegmund
chevauchée des Valkyries,
audacieux embrasement
et cet
de Siegmund au
et
passionné
si
les
à Brunehild
qu'on réprouvait aux répétitions
final,
pour toutes sortes de bonnes raisons
Wotan
adieux de
;
et qui
gagna
sa cause, en dernier
ressort, devant le public.
Ce
malgré de fâcheux pronostics, un grand succès, auquel de timides coups de sifflet, lancés surtout pendant les fut
donc un succès,
longues scènes du deuxième acte, ajoutèrent quelque agrément. Lexécution
était
de tout
point
parfaite
:
M"""
Stehle
(Brunehild),
M.
et
M'"" Vogl (Siegmund et Sieglinde), MM. Kindermann (Wotan), Bausewein (Hunding) et M"" Kaufmann (Fricka) avaient tous, mais surtout
montré une rare intelligence dramatique quablement rendu le caractère de leurs personnages;
les huit Valkyries,
soeurs de Brunehild, étaient représentées par M""^ Possard, noff,
MûUer, Hornauer, Eichheim,
comme pour
L'orchestre aussi, dirigé par F'ranz Wiillner, se
—
montra
parfait d'entrain et d'ensemble
—
120 exécutants au moins
hors de
la
:
Seehofer
E.
Ritter,
il
et était placé
était
remar-
et avaient
M"*^ Stelhe,
M"" Leo-
et
le
Tyroler.
Rheingold,
augmenté d'un
tiers
en contre-bas du parterre,
vue du spectateur, conformément aux indications de Wagner,
qui avait pu enfin réaliser une réforme à laquelle
il
tenait essentielle-
ment. La mise en scène, très luxueuse et fort ingénieusement conçue, était
due au machiniste Brandt
pour
la
au peintre-décorateur Jank
:
le
tout
bagatelle de cinquante mille florins.
C'était le roi qui payait telle
et
e.xécution
des
n'assistait pas à cette
;
c'était le roi qui rendait seul possible
ouvrages
de
Richard
Wagner,
première représentation.
Il
et
une
cependant
il
se réservait de venir
RICHARD WAGNER
,f)5
troisième,
et,
pour en mieux
auparavant, on
lui
jouât
à la
jamais trouvé qu'on
Rhciiigold
le
donnait
en
lui
Wagner,
n'en avait jamais assez.
jouir,
il
ce
:
trop
alors,
que,
exigeait
pas
n'est
trois
qui
lui
jours
aurait
entendre; au contraire,
à
il
pour exprimer ses sentiments
de profonde reconnaissance à son royal ami, composait une pièce de vers vraiment émue et la faisait imprimer en tète de la première partition
de la Valkyrie ;
la
il
supprima par
par une dédicace générale de
O O
Roi toi
pour
suite
remplacer
la
tétralogie à son bienfaiteur
la
noble protecteur de
!
la
ma
vie
:
!
suprême refuge d'une bonté inépuisable,
!
Arrivé maintenant au but de ma vie, je lutte Pour trouver le mot digne de tes bienfaits.
Ce que
tu fus
En voyant
pour moi, moi
seul, je puis le
mesurer
ce que j'étais sans toi.
Pas une étoile ne m'apparaissait qu'elle ne pâlit aussitôt. Les espérances suprêmes, je les ai perdues une à une... El maintenant,
Dans
Deux
le
mois
je vais, fier et
royaume
après
heureux, par de nouveaux sentiers Grâce
ensoleillé de ta
'
de
l'apparition
!
la
Valkyrie
Munich,
à
le
Wagner, veuf depuis quatre ans et demi, épousait à Lucerne M"^'-' Hans de Biilow, qui venait de divorcer avec son mari pour s'unir à l'homme qu'elle aimait et qu'elle admirait pardessus tout; ce mariage eut lieu le plus simplement du monde, en. présence du fidèle Hans Richter et de deux ou trois amis. M"'" Hans de Biilow, née Cosima Liszt, était la tille du grand pianiste et de 25 août 1870, Richard
d'Agoult.
M'"''
Elle
avait
vingt-neuf ans
alors
;
apportait
elle
son
à
nouveau mari une âme aimante, un esprit viril et très cultivé, un dévouement inépuisable, dont elle lui avait déjà donné maintes preuves depuis si longtemps qu'elle le soutenait dans la vie. En se remariant, M""-" de Biilow gardait auprès d'elle quatre jeunes filles charmantes nées 'de son premier mariage et dont l'aînée, M'''^ Blandine de Biilow, a épousé depuis le comte italien Gravina, tandis que sa sœur Daniela année même, à
s'unissait,
cette
versité de
Bonn.
M. de Thode,
privat-docent à l'uni-
Richard Wagner, en appelant Hans de Biilow partout où à Zurich, à Munich, à Lucerne, avait fait en quelque artistique des truit,
deux époux.
musique sur
l'arrêt
prodigieux qui I
Hans de
qu'on destinait d'abord à
Guide musical
la
très
et
s'était
très
ins-
voué à
la
par Richard Wagner, musicien
une admiration religieuse
'17 juin iSM\i. Arlicle
allait,
sorte la fortune
distingué,
diplomatie et qui
rendu par Liszt
portait
Biilow,
il
à
son
idole
ntcrologique de M. Maurice KulVcralh sur
le roi
et
qui
Louis
II.
RICHARD WAGNER VERS 1S74. Dessin Je M. H. de Liphart.
RICHARD WAGNER
igS
tout à
cœur
par
retenait
son esclave et sa chose.
fait
par Wagner,
moindres essais ébauchés
les
n'est pas
11
au contact de cette adoration brûlante,
croître
en
Tristan,
en
senti
ait
passion qui se trahit lors des représentations de
merveilleusement dirigées par Hans de Bûlow avec
encore
s'accrut
qui
moment
au
porta enfin à abandonner son mari pour aller à précipité fut un coup
passèrent
sanglantes
l'homme.
«
Si
quelqu'un
c'était
yeux,
ses
qu'il
mais fût
une
elle
i865,
si
d'apôtre,
zèle
qui
et
la
Lucerne.
Ce départ
l'artiste
des lueurs
de foudre pour l'homme et
devant
un
Maîtres Chanteurs,
des
était
étonnant que sa femme,
;
eut
l'artiste
de
raison
permis de tuer,
dit-il
avec
» Il ne revit jamais une résignation héroïque, je l'aurais déjà frappé le maître auquel il avait tant donné de sa vie et de son cœur, mais il ne garda pas rancune au génie, et plus tard, quand sa douleur fut apaisée, il se remaria lui-même et se dépensa plus activement que
jamais
pour
lorsqu'il
triomphe
le
s'agit
de
de souscrire
tétralogie à Bayreuth
la
wagnérienne
cause
on
;
le
vit
bien
de pousser aux représentations de
et
la
'.
Dès 1S69, une Française, éprise avec passion de la musique de Richard Wagner, allait lui rendre visite à Lucerne et décrivait ainsi « Au coucher du soleil, sa retraite et son calme intérieur de famille :
j'abordai à Triebschen, à ce coin de terre béni, où si
charmantes heures.
j'ai
passé depuis de
une sorte de promontoire, très
C'était
resque, qui s'avançait dans le lac;
n'y avait
Il
ni
grille,
ni
pitto-
porte;
le
marquées et se prolongeait, à l'infini, sur les montagnes voisines. La maison était très simple extérieurement, grise avec un toit de tuiles sombres; mais, dans l'intérieur, d'un arrangement plein de goût et d'élégance, on sentait la main d'une femme.
jardin n'avait pas de limites
jyjme
Wagner m'apparut au
un beau sourire
gracieuse avec
Cette soirée fut délicieuse
:
de ses
milieu
le
et
les
enfants,
blonde,
yeux bleus, doux
maître montra
et
grande, rêveurs.
un entrain, une gaieté,
une verve incomparables. Je ne m'attendais pas à cette vivacité prit,
avait
à ces saillies, à ces finesses de langage.
beaucoup
amertume de
la
souffert,
grande
mais
bataille
qu'il
aimait
Il"
parla de
encore,
de Tannhœuser'-.
et
Paris
sans
d'es-
où
il
aucune
»
Deux ans après, a la tin de l'annce 1872, la consécration religieuse fut donnée en présence de de Vabbé Liszt, à Punion de Richard Wagner avec M'"" de Bulow, celle-ci, née catholique, ayant adopté la religion luthérienne, qui était celle de son nouveau mari. Wagner n'avait pas divorcé, mais il avait profité du divorce, et cela lui valut un honneur dont il se serait bien passe. Pour ses étrenncs de l'année 1881, le commandeur Épailly, président de la Société des Amis du divorce, ayant son siège à Paris, 71, rue Saint-Sauveur, lui donnait avis que la Société l'avait nommé « membre honoraire à titre d'hommage ». Et force fut à Wagner de remercier ledit commandeur et la Société « de l'attention dont il était l'objet u par une lettre assez sèche et dont le commandeur s'est volontiers dessaisi d'ailleurs, car elle a passé dernièrement en vente publique, à Paris. 2. Richard Wagner et son œuvre poétique, par M'"" Judith Gaiiticr (in-12, chez Charavay, 1882). 1.
Liszt,
—
RICHARD WAGNER Après
à Triebschcn,
quinze jours de quasi-résidence avec ses hôtes d'une
était liée
199
amitié qu'elle partait
telle
la
visiteuse
cœur
le
gros,
en leur promettant bien de revenir l'année suivante.
en
etïet
de plus,
;
elle acceptait
Elle y retourna avec bonheur d'être marraine du fils
Wagner
qui naissait alors à Richard
Au
Wagner
de
recevait
avant
du
loin,
et la
de Paris,
5
:
des éclairs et des coups de tonnerre bruyants.
de foudre joueront leur rôle dans
du
j'aime ces augures
silence
nous
qui
terrestres
convenu de
même
sépare,
région,
de
vie
de votre
privés
bon
la
ce terrible
dans nos Jugements sur
les
contribuer qu'à nous
guerre qui commençait
«
s'agit,
Il
les
chers amis tarderaient un silence absolu.
même
nom
signé cette fois en toutes critiques
les
d'abord
sa
l'orchestre)
directement
plus
Wagner
maîtres
plusieurs
même
ses meilleures
expose ses vues sur
la
région
ce qui nous
rapprocher davantage
il
convenu que
profiter
du bruit que
forme assez
une
das
Dirigireii
la
musique,
deux de ses
publiait
sous
et
lignes,
été
avait
du Judaïsme dans
de
brève.
fSur la
écrits
C'était
de
direction
renom, enflamma bien plus violentes contre ou pour
chapelle en
des colères et raviva les discussions les l'une de
Tout
notre
pas d'écho hors d'Allemagne, mais qui, visant
n'eut
Richard Wagner;
garde
y a une
il
unis.
comme pour
et
lettres,
Ueber
:
laquelle
la réédition
intéressants
brochure qui
et sur
année 1870,
autour de son
Mais
dans ces dernières
la
cette
coups
choses qui appartiennent à
de
En
les
garçon.
Je
assistance.
et restons toujours
plus intimement avec le temps.
faisait
que
parait
sens. Oui, heureusement,
sommes
ne peut
Il
tandis que je prends en aversion ces coups
ciel,
ont
si
d'existence où nous
cette
Siegfried
:
siège
le
la
septembre 1870, parlait justement de la cérémonie moment de la bénédiction, disait Wagner, un orage nous envoya
lettre datée «
de son héros
marraine du bambin que de
ne put être
elle
dernière lettre qu'elle
occupé de
celui-ci, fort
nom
composition de Siegfried, baptisait du
Wagner. Mais
que
et
:
en dehors de ces attaques, cette étude est c'est
un
tout
petit traité
sur le
style,
où
il
meilleure manière de rendre la musique classique,
avec de nombreux exemples tirés de Beethoven,
Mozart, Weber,
etc.
décembre à Leipzig, est un de musique; il résume, en quelque sorte, tous les écrits sur la métaphysique de la musique et découle des idées de Schopenhauer sur l'art musical, idées que ce phiL'autre travail
singulier
:
Beethoven,
losophe avouait ne pouvoir fissent.
citations
paru
le
amalgame de métaphysique
nullement
Wagner, non content de empruntées à
l'essai
les
2
et
prouver, quoiqu'elles
admettre,
le
satis-
y ajoute encore des
de Schopenhauer sur
matières qui s'y rapportent, et ces citations sont au
les
visions
moins
et
sujettes
les
à
RICHARD WAGNER
2O0
caution
mais, abstraction faite de ce gribouillis
;
philosophique,
y a sens de il
dans cette brochure un exposé des pensées de "Wagner sur le qui vaut d'être attentivement lu par les la musique de Beethoven, oens sérieux c'est l'écrit d'un musicien judicieux encore et clairvoyant, :
malgré Schopenhauer. En 1871, Richard Wagner, voulant pour de
jour de sa naissance et célébrer aussi le premier anniversaire
le
son
une surprise à sa femme
faire
fils
et familial
;
âgé d'un an, il
l'intitula
:
écrivit
en cachette un morceau tout intime
Siegfried-Idyll, et prit soin d'expliquer, dans
une préface
versifiée, qu'il s'était
proposé de rendre l'impression des sentiments purs et sereins
qu'on éprouve auprès du ber-
ceau
d'un
tout
Cette idylle
jeune
enfant.
pour
écrite
,
petit
orchestre, est bâtie sur deux ou
thèmes
trois
le
motif d'amour en
de se
saillants de la par-
de Siegfried (notamment
tition
la
/;//
mineur
dernière scène) auxquels
mêle une berceuse populaire
allemande
:
reste
le
tout
ce
morceau,
qui
temps dans une
demi-teinte rêveuse et tendre, est réellement exceptionnel sous la
plume du maître
et
déroute
aussi bien ses admirateurs LE MESSIE DES JUIFS, DERNIERE MANIERE. Entrée de Liszt à Jérusalem entre les deux maris de sa fille Hans de Bûlow et Richard Wagner.
par
que
ses
détracteurs
pris
de rêverie et de douceur.
ce
parti
:
[Dcr
Floli,
de Vienne, 1S81.)
Wagner, pour que fût
biné secrètement avec
Hans
la
surprise
complète, avait tout com-
Richter, qui séjournait alors en Suisse et
qui prépara l'exécution en recrutant à Zurich un petit orchestre et en le faisant
Au
répéter.
marqué, Hans Richter amena ses musiciens à Triebgroupa tant bien que mal sur le perron, se chargea de jouer lui-même les quelques mesures de trompette et Wagner prit la direction de la petite bande à la première attaque, M'""^ Wagner sortait de sa chambre et jouissait avec ravissement de la touchante attenschen,
jour les
:
tion de son mari. Cette composition, naturellement dédiée à M"'" et qu'on appelle assez
souvent
:
Morceau de
l'escalier,
Wagner
en souvenir de
lUCHAKI) première éxecution,
sa
à Meinini;en,
à
\VA(iNi:i<.
rejouée en
fut
cour du grand-duc,
la
à Mannlieim, et en
1871
toujours
sous
Fauteur; mais c'est seulement en 1S78 qui! se décida à
—
publier,
la
deux ans après on en avait connaissance à Paris. En réalité, M'""" Wagner ne dut éprouver cpfune
et
1877
direction de
la
surprise
très
de concerts, ces célébrations d'anniversaires en fréquent usage en Allemagne, et Richard Wagner
relative, car ces sortes
musique sont n'y manquait jamais pour sa part, exhumant quelque œuvre de jeunesse oubliée, offrant quelque composition nouvelle en primeur c'est ainsi qu'en 1878, toujours pour l'and'un
:
niversaire
de sa femme,
entendre, avant tout
faisait
monde, à Bayreuth, ensuite
plaisir
en
///
qu'il se
à
symphonie mineur. Et quand il préde diriger
la
musicales,
devait se rappeler
le
roi
prélude
le
parait ces surprises il
le
donlui-même le
de Parsifal, puis nait
lui
il
Louis
II
lui
gée,
une
fêter
son propre
C'était le 22
ména-
avait
certaine
que
celle
pour
fois,
anniversaire.
A
cette
chez
Wa-
mai i86g.
date étaient arrivés
gner, à Triebschen, quatre instrumentistes saient
à
meilleurs niers
MM.
français
juste
qui
pas-
pour
titre
des
interprètes
les
der-
quatuors de Beethoven
Maurin,
et Jacquart,
Colblain,
MODERNES CHEVALIERS DU Richard Wagner.
Liszt.
Mas
(Dit
h'ioli,
de
Viciiiii;,
Ho
iiiiu
qui
Ces messieurs du
roi
n'avait
étaient
de
pu
joindre
se
reçus en
Bavière
n'attendirent que le signal.
;
secret
à
ses
par
préparèrent
ils
Quelle
un
partners tiers
leurs
fut la surprise
nos quatre artistes au port d'armes! puis, reconnaissant xMaurin,
bras ouverts et leur
fit
se
fête à tous,
passa ainsi
le
Il
habituels.
informé des
instruments
et
du maître, lorsque, il
aperçut
demeura d'abord bouche bée,
avait entrevu à Paris,
cju'il
il
l'accueillit à
avec une joie sincère. .\Iors ceu.\-ci
notamment
8% le 14' et le 15". plus cordialement du monde, avec des
jouèrent plusieurs quatuors,
La journée
.
1SS2.)
entrant dans son salon en robe de chambre assez négligée,
lui
(3KAAI.
Bulow.
ce dernier rempla-
çant Chevillard
intentions
LtS
:
le
iO
RICHARD WAGNER
202
pour se rafraîchir
cntr'actes
Wagner
d'arrêt, «
et
Dans un de
bavarder.
porta deux toasts, Tun à son royal protecteur, Tautre
au plus grand musicien français, à Camille Saint-Saëns
Saint-Saëns qui souvenir
mais
depuis...
plus vivace de cette
le
avant sa mort,
Wagner
passons.
inattendue,
fête
»,
les
derniers
—
même
le
conservé
avait
le
quelques années
et,
encore à Tun de ses amis de Paris
disait
il
entendu mieux jouer
jamais
moments
ces
qu'il n'avait
quatuors de Beethoven que
par ces quatre artistes français.
Cependant, ces exécutions espacées d'année en année des différentes
mal au désir de
parties de la tétralogie répondaient assez
en
comme des opéras distincts, on rentrait dans l'ordre Wagner avait voulu, tout au contraire, en composant ce
jouant ainsi
les
habituel
et
;
grand ensemble, et
des
«
exprimer l'antagonisme de ses tendances artistiques théâtrales
institutions
presque un
moment
défi
contre
la
existantes
»
condition actuelle des théâtres d'opéra
hanté d'une
idée
fixe
:
œuvre pût
absolu, où son
avoir un
caressait cette idée,
dessiné
alors
et
sur les
du
ordres
tesque, qui ne tenait compte
effraya
:
lors,
régnât en maître
roi
pour
ainsi
;
plan
gigan-
de terrain ou autre,
dépenses tellement ruineuses que
sa cassette aurait été vidée à peine
un plan
Louis
mais ce
Zurich
d'aucune
du
son ami, l'architecte Gottfried
difficulté
entraîner à des
or,
conception.
qu'on avait pu voir à l'Exposition de
devait
il
être exécutée dans des conditions la
:
comme un ouvrage Wagner, dès
théâtre où
dire adéquates et identiques à celles de
Dès 1867, il Semper, avait
tout
protestation, ni défi.
n'y avait plus ni
il
une protestation,
lancer
;
qu'on traitait chaque fragment de ce
ordinaire, fut
l'auteur, car,
le
roi
s'en
au quart des travaux,
et
Chambres n'eussent sûrement pas voté le moindre crédit pour tout bouleverser à l'intention de Richard Wagner. L'hostilité de son peuple
les
et
de ses ministres avait déjà contraint Louis
deux mois
d'essai,
Wagner pour
lui
l'école
II
de chant établie selon
à laisser fermer, après les idées
former des chanteurs. Qu'aurait-ce été
de dépenser des sommes énormes en vue d'édifier
Wagner reconnut que
Alors,
pour
lui
procurer
le
cette
théâtre
la tétralogie telle qu'il
spécial
l'avait
s'il
conçue,
—
et
il
s'était agi
théâtre-modèle?
le
protection royale était nécessaire à la
de Richard
insuffisante
représentation de
résolut
de recourir au
peuple en exaltant son patriotisme artistique et son orgueil national.
Le
terrain était merveilleusement préparé, à ce point de vue, après la
guerre de 1870, et l'orgueil surexcité du peuple allemand devait accueillir avec plus de chaleur les prédications de Wagner contre l'art welche et
pour
l'art
germanique.
Un
instant,
il
s'était
bercé de l'espoir de trou-
ver dans le nouvel empereur une aide autrement effective que celle du
RICHARD WAGNER roi
de Bavière; mais Guillaume
avait
simplement envoyé
2o3
assez peu porté vers
I",
trois cents thalers, peut-être
la
musique,
marche fKaisermarschJ, que Wagner avait composée pour brer le couronnement du nouvel empereur d'Allemagne et qu'on
de
la
exécutée pour
la
première
fois à
Berlin
une composition magnillque, tout à
le
fait
1S71
14 avril
inspirée de
lui
en remerciement célé-
avait
c'est d'ailleurs
;
Bach
et
de Beetho-
douteux que l'empereur s'en inquiétât beaucoup. Trois cents thalers, c'était peu auprès de ce que l'auteur espérait, et il ne cache pas son mécontentement dans ces lignes qu'il fait bon méditer. ven, mais
c(
et,
est
il
Rien de
en dernier
pareil, écrit-il avec lieu,
commencé avec
amertume,
à ce
l'appui
de
projeté,
j'avais
confiance, grâce au concours
enthousiastes, n'avait jamais encore été entrepris
ment digne de
que
:
d'amis
c'eût été essentielle-
notre jeune gouvernement impérial,
qui
ne
pouvait inaugurer son brillant règne plus glorieusement qu'en donnant l'aide la plus
franche à un objet désintéressé et pour un motif pure-
ment idéal. On pouvait avoir d'autant plus volontiers confiance en lui que le peuple allemand même est pauvre et n'a pas de vastes ressources à sa disposition pour satisfaire ses besoins intellectuels, taudis que le gouvernement était, à cette époque, riche jusqu'au superflu par les termes du traité avec son voisin vaincu. Mais les pouvoirs qui régnaient en Allemagne, négligents table, ne virent alors
comme
à l'ordinaire
dans mes
efforts,
des
comme
intérêts ils
de
l'art
véri-
n'y avaient toujours
vu auparavant, que l'expression de la plus extrême ambition personnelle, et, dans l'institution que je projetais, rien que la demande extravagante d'une représentation extraordinaire ouvrages, pour
ma
et inusitée
de mes propres
seule satisfaction d'amour-propre personnel. L'achè-
vement de mon entreprise fut dès lors laissé entièrement à moi et à » mes amis Pendant les derniers temps de son séjour en Suisse, en décembre '.
1870,
il
avait
publié sa belle étude sur Beethoven, dans laquelle
rattachait habilement l'œuvre
du maitre des maîtres
à la
sienne,
expliquant que Beethoven avait été irrésistiblement amené, par
la
il
en
pro-
gression continue de son génie, à joindre la parole à l'orchestre dans sa dernière symphonie, et
du maître en fondant la
toute-puissance de
la la
que
lui,
Wagner,
avait repris l'idée
suprême
toute-puissance symphonique de l'orchestre et parole dans sa nouvelle œuvre d'art.
Il
avait
I. Richard Wagner, lŒuvre et la mission de m.i vie, autobiographie traduite par M. Edmond Hippcau {1884). Wagner s'était donc inge'nunicnt Hatté qu'une partie des milliards payés parles Français seraient affectés à la fondation de son Théâtre idéal. Certains biographes allemands assurent même qu'en 1870 il aurait, par ressentiment de l'échec di^Tannbceiiser à Paris, vivement poussé le roi Louis H à s'allier à la Prusse. Mais le moyen de croire qu'il ait dépendu du rui et de son musicien que la Bavière prît ou non parti contre nous, quand la Prusse ordonnait, et ne peut-on relever assez de griefs dans les écrits authentiques de Wagner, sans recourir à de pareilles imaginations ?
—
RICHARD WAGNER
204
également
fait
paraître
vers
brochure sur Texccution du il
toutes
expliquait
atteindre
au
but
entièrement
monde Il
le
les
la
époque,
festival théâtral
conditions
suprême de
spectateur
imaginaire, en
même
à
qu'il
l'art,
qui
réalité
la
et
en
avril
une
1870,
l'Anneau du Nibching, où selon
était,
de
pour
indispensables
croyait
d'arracher
lui,
transporter dans un
le
vivre de la vie des héros en scène.
le faisant
ne se contentait plus, pour cela, des ressources ordinaires de Tart
musical
;
il
avait recours à des
moyens purement matériels
et modifiait
même
du théâtre. En faisant l'obscurité presque complète dans la salle, il isolait chaque spectateur du reste de l'assistance et le forçait à concentrer toute son attention sur la scène où les perla disposition
sonnages, éclairés suivant l'usage, de face et par en
des
bas,
coulisses
et
de se
cintre, auraient l'air
mouvoir
du
monde surnaturel. De un
dans
inconnu,
plus, afin de
supprimer tout
ce qui pouvait rappeler la
ordinaire ou
vie
du théâtre, chestre
en avant de
M. IIANS
RICHTHR DIRIGEANT
l.
imn
nom
OUCHKSTKE A
I.
plaçant
scène, dans
llAVREU'Ill.
singulier d'abîme
mystique^ et d'où les ondes
la salle,
devaient
se
ré-
envelopper chaque auditeur
d'ef-
que Gottfried Sempcr papier ce théâtre incomparable en vue des Nibelungen '. Et
Cet orchestre invisible,
honneur à
le
les
sonores, adoucies et mieux
pandre insensiblement par toute
fait
pour
i
fondues,
avait édifié sur le
en la
l'or-
une excavation décorée du n
D'après un croquis original.
fluves mystérieux.
rendait
invisible
spectateurs,
,.,^^^;-^IlMLMOM'
il
l'artifice
c'est d'après ces indications
dcjiit
i'ide'e
première, à
la
—
ce qui
comme
d'ordi-
rigueur, peut découler de Grctry,
sa perspicacité sans dépre'cier l'innovation de
Wagner
— est
bien placé,
naire, en avant de la scène; mais il s'étend beaucoup en dessous, les instruments les plus bruyants s'enfonçant de plus en plus sous le plancher. Une sorte de demi-voûte légère, en bois, semblable aux boites de nos souffleurs, s'étend tout le long de la scène et cache entièrement au public l'orchestre et
son chef; celui-ci, au contraire, est très bien vu de tous résumé, fut entièrement favorable, n On avait craint, n'étouffât les effets délicats d'orchestre;
percevaient à merveille et que
il
les
dit
musiciens et chanteurs. L'expérience, au M. Dannreuther, que cette disposition
se trouva, tout à rebours,
que
les détails les
plus subtils se
instruments de bois s'entendaient plus distinctement que jamais; de plus, ]cs furte, qui semblent toujours, en l'état habituel, provenir d'une explosion subite de trompettes et de trombones, étaient d'un éclat moins brutal et répondaient de la sorte au désir de Wagner. » Parfois même, cela semblait un peu trop terne et doux à certains auditeurs. les
RICHARD WAGNER
2o6
Tout en désirant avantages que lui Munich, dont avant
chait
où
théâtre-modèle,
Mais ce
la
rester
sur
offrait
royale,
pour garder
ne
il
hésitait. les
pas de
voulait
toujours hostile; car ce qu'il cher-
lui était
de
assurer l'exécution
à
c'était
Wagner
Ici,
bavarois,
territoire
protection
la
population
tout,
le
construire?
le
sa
en
tétralogie,
dehors de toutes compétitions politiques, religieuses ou autres. C'est ce qui le décida à se fixer dans une petite ville de 20,000 âmes, soit
au milieu d'une population insuffisante pour former un public, loin de toute inimitié, à l'abri de tous les préjugés, de toutes les traditions, de toutes
habitudes.
les
de Bayreuth, dans
ville
Au mois la
d'avril
1871,
s'en
il
même
la
MM.
Gross,
etc.,
il
décidait
convient
d'ajouter
ville
aux
—
point essentiel
de s'intéresser
réveiller en elle la vie artistique, faisait
son
gracieusement don à
théâtre
et
—
trois quarts protestante et
pouvait manquer
ne
libéral,
novembre
que son théâtre-modèle
érigé dans cette ville écartée et tranquille.
Bayreuth,
et, le 9
année, après avoir pris conseil d'amis éprouvés, tels que
Feustel,
11
la
Haute-Franconie, à laquelle on n'arrivait
que par un détour, de Nuremberg ou de Bamberg, de
vint visiter
pour
la
éteinte
Wagner
maison
que
la
serait
municipalité de
dévouée au parti national à
ce
projet,
depuis longtemps,
qui devait qu'elle
et
des deux terrains nécessaires pour
qu'il
devait
se
faire
dans
bâtir
les
abandonné pour Bayreuth, environs. C'est en « Un et M""^ Wagner écrivait le 22 avril à M™" Mendès-Gautier dernier mot de Triebschen, ma chère amie, que nous quittons le cœur 1872 que Lucerne
fut
:
Demain Wagner se rend à Bayreuth; je Rus dans huit jours. Nous ne voulons pas
gros, et avec l'esprit inquiet. le
suis avec
les enfants et
sans vous envoyer notre souvenir et nos tendresses...
partir
Pour
réaliser
(1,125,000 francs), partisans,
le
somme nécessaire, évaluée Wagner adopta le plan d'un
la
pianiste
Cari
à
de
'
3oo,ooo ses
»
thalers
plus
zélés
Tausig, qui mettait en souscription mille
actions de 3oo thalers (1,1 25 francs), donnant le droit d'assister aux trois séries de représentations
d'action
tiers
certain
I.
de
de
donneraient
nombre de
la tétralogie, le
droit
à douze soirées en tout; des
d'assister
à
une
seule
série.
Un
ces parts de fondateurs étaient déjà souscrites lorsque
—
Richard Wagner, par M"" Judith Gautier. Le membre de la famille qui re'pondait au nom était un magnifique terre-neuve noir, auquel Wagner portait une affection toute pater-
Rus
avait d'ailleurs la passion des bêtes, des chiens en particulier, et l'on a souvent raconte composition des Maîtres Chanteurs fut arrûte'e assez longtemps par suite d'une morsure que lui avait faite à la main droite un misérable chien errant recueilli et soigné par 'Wagner à Zurich. La plaie était devenue assez douloureuse pour l'empêcher d'écrire, et comme il ne pouvait dicter sa musique, il fut réduit à une inaction qui dut terriblement l'impatienter, mais le malheureux chien malade n'en fut pas moins bien soigné. « Quand un chien a reçu une bonne éducation, dit le Wagner de Faust, il intéresse même un sage, u
nelle.
que
la
Il
RICHARD WAGNKR Tausig mourut, emporte par 10 juin de cette
plus, le le
la
même
typhoïde,
fièvre
année,
une
Mannheim; Texpérience,
à
dans toute l'Allemagne,
même
et
les
et
De
1871.
juillet
avait imafrinc
en avait fondé
il
prouva
aussitôt,
qu'il
lui-
y avait
au delà, quantité de gens prêts à
fournir leur part de travail et d'argent
pu verser
en
M. Emile Heckcl
système des associations wagnériennes,
même
207
qui n'auraient cependant pas
,
3oo thalers.
Alors un comité de
M.
patronage, présidé par
riche banquier de l'Allemagne du Sud,
Frédéric Feustel,
composé de
MM.
Adolphe Gross, Théodore Muncker, Emile Heckcl et Frédéric Schœn, donna l'impulsion la plus vive aux sociétés qui se formaient dans toute TAlleet
New- York,
niagne et ses colonies, puis à Saint-Pétersbourg, Varsovie,
Amsterdam, Bruxelles,
monde
enfin dans le les
Paris,
entier,
Stockholm,
pour provoquer des adhésions
moindres souscriptions en vue de
la
Les membres de ces associations, réunies sous son
à
tour,
le
Berlin,
nom
de Wagnerve-
au profit de l'œuvre, et
concerts composés de fragments de la tétralogie, à
Hambourg, Schwerin,
et recueillir
Cologne,
le
donnant des
à parcourir l'Allemagne,
se mettait
Londres,
représentation des Nibelungen.
rein, organisaient aussi des représentations
maître,
Milan,
(>aire,
le
Mannheim, Vienne,
etc.; assistant à
des banquets
et
prononçant des discours pour enflammer
11
ne s'agissait toujours, c'est important à noter, que de construire un
le zèle
des souscripteurs.
théâtre exprès pour y représenter trois fois la tétralogie. Alors est à son
apogée, et tout l'univers,
spectacle
merveilleux,
Wagner
s'agite
afin
de réaliser ses gigantesques projets.
La première pierre du Théâtre des Festivals fut posée en grande pompe par Richard Wagner, au haut de la colline de Bayrcuth, le 22 mai 1872, de façon que la naissance de ce monument concordât avec celle de son fondateur, le jour
même,
profond de
il
recevait un
mon cœur
je
—
à soixante-neuf ans de distance,
télégramme du
roi
Louis
plus
les
sincères.
:
«
Du
Salut
et
bénédiction à
la
les plus
et,
plus
vous exprime, cher ami, en ce jour d'une
haute portée pour toute l'Allemagne, mes félicitations et
II
—
si
chaudes
grande entreprise de
l'année prochaine. Je suis aujourd'hui, plus que jamais, en esprit avec vous. à
»
Près de deux mille musiciens
cette
cérémonie
compositeur,
qui
et
se
et
chanteurs étaient venus assister
avaient, de la sorte, encouragé flattait
de
les
illusions
du
pouvoir représenter sa tétralogie au
printemps de 1874.
Pour célébrer dignement ce grand l'ancien théâtre,
Richard
Wagner
si
coquet
et
si
joli,
dirigea l'exécution
jour,
on donna un concert dans
Margraves de Bayrcuth, où de sa marche impériale (Kaiserdes
RICHARD WAGNKR
2oS
de
marscli) et
Neuvième
arranq^éc
Syniplioiiic
de cors et trompettes à pistons dans
addition
où
la
à
passage du Scherzo,
le
trouvait que les instruments de bois ne suffisaient
il
supérieure de
à l'octave
sition
symphonie
le
etc.
ilùte,
«
Cette allait
premier exemple d'une grande
représentation dramatique
d'une
pas; transpo-
de lart national, qui
était, dit-il, la pierre d'assise idéale
donner au peuple allemand victorieux solennité scénique,
de
plusieurs traits
avec
guise,
sa
et
musicale
qui
Quelques jours après. M"'"' Wagner écrivait, « Notre fête est passée, et, en dépit d'un fort toujours à M™"^ Gautier mauvais temps, elle a été magnifique. Ce que Beethoven nous chantait fût la perfection
môme.
»
:
:
Tous
hommes deviennent
les
quelques
jours
Bayreuth,
à
frères
s'était
où de tous
coins
les
même
foi...
entière;
musiciens
il
n'en
même
«
demandait que trois cents I']t quand la fête
m'a
Il
pensée,
chanteurs de bonne volonté de l'Allemagne
et
plus
:
fut
de
finie,
quatre il
été
impossible de serrer
la
cents
rédigea une
sorte de proclamation à son peuple, en véritable souverain de ce :
sont
lustre à cette cérémonie, avait fait
s'étaient mis à ses ordres.
musical
ces
«
Wagner, pour donner un grand appel aux
monde
du
accourus nos amis, connus ou inconnus, ayant tous une
une
durant
réalisé
royaume
main, en leur disant
adieu, à chacun des membres de cette superbe réunion d'artistes qui,
dans ces heureux jours de mai, venant de maintes contrées lointaines, se sont et
il
écrit,
qui,
groupés autour âc moi
m'est également
difficile
])our
maintenant de leur adresser,
ce salut d'adieu. Je remercie
du nord
et
du sud, de
de Pesth jusqu'à Mannheim, noble solennité artistique.
célébrer notre grand Beethoven,
l'est et
ont
mes amis, chanteurs
même
par
et musiciens,
de l'ouest, de Berlin jusqu'à Vienne,
répondu à
mon
invitation
»
Fait, écrit et publié à Bayreuth, le 24
SIEGFRIED ET LE DRAGON ATTENUANT (Tiré de ScInilyC cl Millier à l'Anneau
I,
mai 1S72.
HEURE DU COMBAT.
du Nibelunf;,
iSS3.)
pour cette
CHAPl'l'RE XIU
ANNEAU DU NIBKl.UNG
L
moi
"losr
idùirrc
mes amis,
et
écrit fièrement
ma
mission de
la
et
BAYKEUTH
A
avons pu mener à bien
Wagner dans
en
rie,
iHyc),
qui
une aussi colossale entre-
Puis il insiste en développant sa pensée Jamais ime pareille œuvre ne s'était accomplie au milieu de plus grandes diflicultés et d'anxiétés plus
prise.
:
«
vives, en dépit de la plus
enfin
s'éleva
mesquine opposition, quand
Théâtre
le
idéal
à
On
Bayreuth.
y
voulut réunir tout ce qui pouvait être minutieusement ajouté parmi les plus
ressources de
précieuses
d'un grand
dramatique
festival
malgré toutes
pour
scène,
la
allemand,
représentation
de
parties de
mon Anneau du Nibelung dans
l'art
tôt,
la
:
par son triomphe,
que ma
une
il
oubliait
dans sa
lettre à
trois
fois
l'été
me
Orgueil
apparemment
qui,
renouvelée des quatre
qu
ce
propos de Rien{i
«
:
il
avait
Ma la
Enivré
»
écrit
dix
nature autant
du tra-
solitude
sens absolument impropre à toute entreprise extérieure.
légitime
bien
à
semblait annoncer retour
le
après
n'avaient pas désarmé
contre ils
:
et
Ses
lui.
de
difificultés
Wagner, provoqua un
ennemis,
surtout
les
Juifs,
furent exaspérés par la perspective de son
des
portèrent
lui
tant
»
Cette cérémonie du 22 mai 1S72, qui
succès définitif de Richard
oflFensif
triomphe
prendre,
tout
vaincues, d'obstacles surmontés.
prochain
solennité
de l'année 1S76.
destinée m'ont voué à la concentration et à
vail, et je
violent
pour
entraves, fut essentiellement conforme aux véritables
les
principes
ans plus
première célébration
la
de l'année, un médecin dont
le
nom
coups
indicjue
furieux.
assez la race,
Dès le
la
fin
ducteur
Puschmann, rendait publique une consultation que personne ne lui avait demandée et qui concluait à la folie, ni plus ni moins, de Richard Wagner. 11 proclamait qu'il avait fort admiré le Wagner de TannIiœuser et de Loliengrin,
comme
épuisée
depuis son
premiers symptômes de l'artiste avait
les
eu
eflbrts qu'il
mais que
le
la
la
force
créatrice du maître était
séjour à Munich, où s'étaient déclarés les folie.
A
dater de cette époque, assurait-il,
douloureux sentiment de son impuissance,
avait tentés pour réveiller
son
et tous
génie n'avaient abouti 27
RICHARD WAGNER
210
Ce docteur sans
qu'à des résultats désordonnés et incohérents.
pareil
assurait aussi qu'il avait reconnu deux signes diagnostiques de la folie en
Wagner
Richard
:
d'abord l'orgueil excessif et
qui avait éteint chez
malade
le
sentiment
le
de tout ce qu'il y avait délire de la persécution
d'élevé en dehors de lui, ensuite et surtout le
qui lui faisait découvrir
un Juif embusqué partout où ses productions
«
n'obtenaient pas le grand succès dont
nous sur ce propos révélateur
même
attaques, publiées
il
:
il
même
le
se croyait sûr...
Arrêtons-
»
remettre au jour d'aussi odieuses
fallait
par des journaux sérieux d'Allemagne, pour
montrer à quel degré de haine on en
Dans
manie des grandeurs
la
temps,
comme on
venu contre
était
annonçait que
rendre à Cologne et s'aventurer ainsi dans
le
camp de
le
lui.
maître ses
allait se
ennemis
les
plus acharnés, Ferdinand Hiller, qu'une vieille inimitié de race et d'école
aucun courage de
éloignait de lui, écrivit aigrement quil n'y avait
Wagner
part de
hœuser et qu'il
Lohengriu
et
y serait
comme
parti
le
une
à venir dans
fait
l'honneur de
me
de ce
partie
compose
qu'écrit,
et
Mais,
non plus que fait
j'ai
ajoutait-il,
me
majeure
la
M. Wagner, m'agace
entreprend
infiniment. Je dois cependant rappeler que
«
succès,
en adversaire et
traiter
proscrit en cette qualité, je n'ai garde de nier
la
Cologne, où Tann-
sûrement en triomphateur.
accueilli
me
comme
couramment avec un grand
jouaient
se
ville
connaître au public,
par d'excellentes exécutions, ses principales compositions de concert.
Wagner diriger une comme ses partisans,
Voir M. saires
d'un bâton à
paraît, n'était
de ce
chef
trait
de ses œuvres doit intéresser ses adverd'autant
d'orchestre
que
final,
et
plus
non de
Ferdinand
pas d'humeur à passer à Richard
se sert, à cet effet,
qu'il
prose allemande.
la
d'origine
Hiller,
Wagner
»
11
Israélite,
ses violentes attaques
contre les Juifs.
Cette levée de boucliers n"empêchait pas bâtir.
Mais
ne
il
suffisait
le
théâtre de Bayreuth de se
pas d'une première pierre
et,
malgré tout
le zèle
des disciples et des adhérents, les souscriptions n'arrivaient pas suffisantes et les ressources fournies
terminer
le
par
les
concerts avaient seulement permis de
gros oeuvre, en laissant tout à faire à l'intérieur. Sur les
3oo,ooo thalers que devaient fournir les mille
on avait assez promptemcnt réuni avaient aussitôt tarit
génie
commencé
tout à coup
de Wagner,
les
:
la le
;
le tiers
de
«
la
actions de patronage
somme,
et
mais, une fois ce chiffre atteint, la source
confiance semblait s'être perdue. Alors roi
»,
travaux
les
Louis
IJ,
vint encore à
son aide
:
il
le
bon
avança
200,000 thalers qui manquaient, sous condition de se récupérer sur vente future des actions. Le succès final de l'entreprise était donc assuré les traités pour les décors, la machinerie et les aménagements
la
:
RICHARD WAG NKR purent
intérieurs
exécutés;
être
21,
travaux
les
reçurent une
impulsion
nouvelle et les représentations furent définitivement fixées au printemps
de 1876.
Wagner, cependant, même après
cette détermination
du roi, pourune propagande active en faveur de Bayreuth. Au commencement de mars iSyS, il allait à Pesth et donnait en commun avec Liszt
suivait
profit de son théâtre il paraît même que le gendre traînaient après eux chacun sa cohorte d'admirateurs prompts à lutter de flatteries, d'hommages enthousiastes, et que celle de Liszt l'emporta haut la main, si bien que Wagner en
un grand concert au beau-père
:
et le
conçut quelque dépit et quitta brusquement
mander
jours après,
l'œuvre
Vienne,
était à
il
Bayreuth
de
journaux
la
non sans contreQuelques plusieurs concerts pour ville,
banquet qu'on devait donner en son honneur.
le
croc-en-jambe
le
dirigeait
il
voyait vivement
se
et
où
qu'il
reprocher par certains
lui-même à
donnait
ses
théories
en
dépeçant ses ouvrages, afin d'en produire des morceaux détachés dans les concerts.
«
La pénurie
couleur de l'excuser,
neur
—
d'argent,
—
disait-on
méchamment, sous
prêt pour l'échéance d'hon-
la nécessité d'être
à lui-même, pouvaient seules un démenti aussi formel. »
qu'il s'était fixée
s'infliger
A
de cette
la fin
même
année
iSyS,
Wagner
contraindre à
revenait à Vienne,
de surveiller une reprise de son opéra de Tannhœiiser, avec des
afin
modifications nouvelles pour l'Allemagne. D'une part, la
le
grande bacchanale
écrite à Paris
se comprenait fort bien, puisque ce
à sa
pour
morceau
avait introduit
était tout à fait
récente manière; mais, en outre,
plus
il
premier tableau, ce qui
le
il
conforme
avait réduit l'ouverture
aux proportions d'une simple introduction faisant corps avec la première scène de l'ouvrage, à laquelle elle se reliait par le développement
Venusberg la reprise du chant des pèlerins était donc supprimée, ainsi que le fameux trait des violons, répété plus de cent fois, qui avait provoqué de si violentes discussions.
symphonique
A
de
la fin
des
la
motifs
du
représentation,
:
Wagner,
qui
se trouvait dans
une loge
d'avant-scène, crut devoir répondre aux applaudissements par un petit discours zèle,
;
et
il
remercia
le
public
de son attitude,
termina par ces mots inattendus
:
«
Que
les le
artistes
de leur
succès continue,
mesure des talents qu'on a mis à ma disposition » Là-dessus, grand émoi dans le monde musical de Vienne, auquel
au moins dans
la
!
ces façons par trop superbes et dédaigneuses n'allaient guère, et refroi-
dissement sensible du public, déjà tout désorienté par cette mutilation d'une ouverture consacrée. On ne put jouer Taunhœiiser, ainsi remanié,
que deux
fois,
et,
quelques jours après, on se rejetait sur Loheugnn
:
RICHARD WAGNER
2,2
avait bien encore présidé à la mise en scène
Wagner
Vienne dès
le
sans
lendemain de la représentation,
la
première
jyjme
dans cette
Voggenhuber
^}g
Marke
fois
et
Kurwenal).
et
Le
de
Tristan
et
Brandt,
fois,
surveiller
exécutait pour
chanté par Niemann, par
ville et qui était
M""
qu'on
Iseiilt,
cette
allait
il
quittait
il
avoir,
adressé de speech à personne. Enfin, en mars 1S76, à Berlin la représentation
mais
;
par Betz
maître assistait
soirée
cette
à
Schmidt
et
roi
(le
solennelle,
dirigée
par
après
premier acte une chaleu-
reuse le
le
Eckert,
ovation
toucher
et
mais
;
plus
ce
recevait
qui
dut
encore que
les
bravos, c'est que l'empereur, pré-
avec
sent
toute
permis d'affecter à
l'entreprise
reuth
avait
la recette entière
de
colossale
mois encore,
cinq
:
cour,
la
Bayet
rêve allait devenir une réalité
Entre
temps,
Wagner
le '
!
avait
reçu d'au-delà de l'Atlantique une
proposition point
flatteuse,
en ce
combien
d'adhérents
rateurs
Monde
il '.
prètaiejit
avaient eu l'idée de
leur
montrait
qu'elle
d'admi-
et
à
États-Unis
célébrer,
de
la
en
s'ap-
1876,
proclamation
indépendance,
et,
pour
dignement ce centenaire, des partisans fanatiques de Richard demander de composer une Grande fcter
D'aprcs un croquis original.
Wagner Marche
de
au
comptait au Nouveau-
Les
l'anniversaire
UN COIN DU THEATRE DE BAYREUTH.
avantageuse
fort
de vue pécuniaire et bien
lui
de Fête qu'on pût jouer à l'ouverture de l'Exposition internatio-
Sur
le dessin ci-contre, il faut observer que la façade arrondie a été modifiée par la suite, ainsi expliqué plus loin. La partie haute du théâtre, correspondante à la scène, est ici trop élevée proportionnellement au reste de l'édifice; quant à la décoration du terre-plein en avant du théâtre avec balustrades de marbre, statues et jets d'eau, elle existait peut-être dans les projets sur le papier, mais 1.
qu'il est
on accède au théâtre par de simples rampes contournant un talus pjazonné comme on peut le voir sur le dessin de la page 2o5. Le petit croquis ajouté en haut représente le s^raffito qui se trouve au-dessus de la porte principale de la maison de Vk^agner, a Bayreuth il en est donné une reproduction plus grande k la page -i^-j. 2. Antérieurement, dès 1872, la ville de Chicago, le considérant un peu comme une bête curieuse, lui avait offert cinq cent mille francs pour venir diriger plusieurs de ses ouvrages; mais il avait décliné cette offre, en alléguant que la fondation du théâtre de Bayreuth absorbait t"us ses instants et
elle n'a et
pas été réalisée
:
planté de petits arbres,
:
lui interdisait
un
aussi long voyage.
D
mM ,
pliiil!!ï"Él!illillillll|l!Él
RICHARD WAGNER
214
nale de Philadelphie
:
ils
somme énorme de inespéré Wagner
offraient de la lui payer la
5,000 dollars, soit 25,ooo francs. Quel coup de fortune
!
accepta sans marchander et en donna aux Américains pour leur argent.
mai 1876, est une compobruyante, destinée à être entendue en plein
Cette marche, exécutée à Philadelphie sition très brillante et très
et
air
qui
éclater
fait
un
sion atteint à
effet
salles
les
thème yankee, présente un
le 10
de concert
début,
le
;
travail d'orchestration
sur un
bâti
superbe
et la conclu-
grandiose, par l'accouplement de ce motif popu-
avec
laire
chant de fête
le
imaginé par Wagner.
galamment
dé-
Il
au comité de fête
marche des dames
de Philadelphie,
avec une
dia
cette
épigraphe empruntée à Gœthe « Celui-là seul mé:
rite la liberté
qui tous
les
conquérir.
»
comme jours
Pour
la vie,
doit
5, 000
la
dol-
lars, elles auraient peut-être
aimé mieux danser,
les belles
dames américaines, avec ou sans citation de Gœthe'.
Wagner une il
belle
somme,
tout
E.
Entrées.
0.
Orchestre.
mieux. Mais
L.
Loges.
V.
Vestibules.
où
G.
Amphithéâtre.
S.
Scène.
e'té
intéressantes
:
«
le
pour
était il
le
sentait bien
bât le blessait, et plus
quand cette marche fut exécutée à Londres en 1877, il jugea bon de s'en expli-
exécutes.)
quer avec ses amis dans une causerie où
comme
tard,
(Les deux vomitoires indiqués en haut des gradins de l'iimpliithéàtre n'ont pas
et
était toujours pressé d'ar-
gent,
PLAN DU THEATRE DE BAVREUTH.
encaissé
avait
il
leur dit, entre autres choses
Je ne suis pas un musicien savant
;
je
n'ai
jamais eu
occasion de faire des recherches d'antiquaire et les périodes de transition I.
La vue ci-contre du théâtre de Bayreuth est très exacte pour Tarchitecture, et donne la plus juste ide'e de l'ensemble; mais que d'inexactitudes dans les
celle qui
c'est,
en
somme,
détails! D'abord,
l'auditoire est tout de fantaisie. Outre que les spectateurs n'étaient pas en tenue de soirée et qu'ils ne circulaient pas dans les rangs pendant le spectacle, il faisait presque nuit, pour obéir aux prescriptions de Wagner, et il aurait été bien impossible de distinguer tant de belles robes et de beaux uniformes.
De
plus, le vomitoire indiqué au milieu des gradins n'existe pas.
Sur la scène il faudrait, pour que vélum, d'un ton gris mat avec bandes verticales rouge et or, fût entièrement ouvert dans sa partie supérieure, afin de disparaître aux yeux du public, et qu'on ne vit pas d'instruments de cuivre dans l'excavation de l'orchestre, ceux-ci étant relégués sous la scène; ù leur place, il aurait
tout fût vrai, que
fallu dessiner le
le
chef d'orchestre, visible seulement pour
les
chanteurs.
Kmm^^wm-
^-
î^-'^îa^,.-
RICHARD WAGNER
2iG
m'intéressent médiocrement.
été
J"ai
tout droit de
Palestrina à Bach,
de Bach à Gkick et à Mozart, ou, si mieux vous aimez, les mêmes étapes, en remontant de Mozart à Palestrina.
me
personnellement de
nait
contenter de
maîtres,
—
tème
eu ses inconvénients,
ait
—
des héros,
la
cela
conve-
connaissance des principaux
peut
se
me
11
Que
de leurs créations capitales.
et
parcouru
j'ai
dans tous
;
ce sys-
mon
les cas,
musique en général... » Tout ce développement n'était que pour amener la conclusion suivante, essentielle à « N'étant point un musicien savant, je n'ai jamais pu écrire SCS yeux sur commande. Si un sujet ne m'intéresse pas et ne m'absorbe pas complètement, je suis incapable de noter vingt mesures qui vaillent la esprit n'a jamais été bourré de
:
peine d'être entendues.
»
de
devait
se
11
dire
le
:
on en croira ce
qu'on voudra.
Après une longue période d'incubation pendant laquelle
maître
le
avait choisi par toute l'Allemagne les artistes les plus propres à personnifier ses
dieux et ses héros', après deux mois de répétitions prépara-
toires,
devint
il
séries de i3
que
évident
la
première
représentation
rAinieau du Nibelung pourrait avoir
au 16 août
lieu
deux autres exécutions de
1876;
la
des quatre
définitivement du tétralogie
entière
du 27 au 3o. Dès le 6 du mois, le roi de Bavière arrivait à Bayreuth pour suivre les répétitions générales. seraient données du 20 au
11
si
mauvaise
Alors,
il
et
d'abord être seul
entendait
entrer tmit
2j'
qu'on le
supplia
le
monde
et
se produisit une
;
mais l'acoustique, dans de
s'attendrir
25
soit
il
comme
cohue énorme
dut requérir
et l'on
francs,
l'idée
vide,
répondit de
de faire absolument
de rétablir un peu d'ordre; puis on eut 20 marks,
:
le
s'il
était
laisser
n'était pas là. la police afin
lumineuse de
faire
payer
pour assister aux répétitions suivantes, ce
qui produisit une recette supplémentaire de 20,000 marks.
Les répétitions avaient ravi
que
la petite ville
de tous
les
autres
Louis
11.
Le
12 août au soir, alors
franconienne regorgeait de partisans fanatiques venus
pays, ou de simples curieux attirés par ce que l'entreprise
offrait d'inusité,
d'orchestre,
le roi
—
était
personnes
le
contingent principal, outre soixante-treize chefs
fourni
du
par des
monde
intendants,
théâtral,
—
un
directeurs, train
acteurs
ou
amenait
spécial
Les journaux colportaient mcnic à ce propos toutes sortes de mauvais bruits. On assurait que qu'il honorait de son choix, de faire pendant deux ans toutes les répétitions nécessaires, et de concourir enfin aux représentations solennelles sans rien toucher, par dévouement pour sa personne et pour ses œuvres. On ajoutait que certains artistes, grassement rentes d'ailleurs. M"° Oppenheimer, MM. Niemann, Betz et Scaria, avaient consenti, mais que d'autres, n'ayant pas, comme ceux-ci, de gros appointements a Vienne ou à Berlin, s'étaient vus contraints de refuser, et que M"'" Wagner, à ce propos, écrivait des lettres indignées où elle fulminait contre Ici race égoïste des comédiens, manquant de tout essor idéal. Tous ces méchants bruits tendaient à rendre la tache encore plus difficile au maitre, en soulevant des conflits d'amour-propre ou d'intérêts, en excitant la susceptibilité des artistes, etc. Et pourtant rien de tout cela ne devait aboutir 1.
Wagner demandait aux chanteurs
!
RE ! KÊ SENTA T ION Alberich
et
les
Filles
DE
«
l'aNNEAU DU NIBELUNG
du Rhin, scène première de l'Or du Rhin.
—
»
A
UAYREUTH, EN 1876.
D'après un dessin de M. Knul Ekwall.
28
.
RICHARD WAGNER
3l8
rempercur d'Allemagne, que le comte de Holnstein alla recevoir et complimenter au nom du roi l'empereur serra la main au comte, au bouromestre de Bayreuth, aux autres personnages ofliciels et même à Richard Wagner qui se trouvait là comme par hasard. Et tout aussitôt Bavière quitta Bayreuth, offensé, dit-on, que l'empereur le roi de ;
neùt pas accepté son invitation pour les répétitions générales ou tout simplement parce qu'il préférait ne pas se rencontrer avec le vieux souverain,
par orgueil
privait ainsi d'assister
se
il
:
première série des représentations et se réservait de revenir plus
à la
tard
ou
par rancune
'
D'ailleurs
Richard
il
manquait pas de
ne
Wagner
ayant
sollicité
couronnées à ce
tètes
festival,
des adhésions auprès de tous les prin-
d'Allemagne
cipicules
auprès des
et
souverains étrangers, sans oublier vice-roi
Aziz.
d'Egypte
Dans
et le sultan
Abd-ul-
érigée par
salle
la
le
les
architectes de Bayreuth sur les plans
de l'architecte de Leipzig, Bruckwald, et qui se rapprochait autant
sible
de
l'amphithéâtre
aux
répondre
que pos-
grec
pour
néo-helléniques
idées
de Wagner, une grande loge d'hon-
neur [Fursten-Gallerie) était réservée
aux souverains APPAREIL NATATOIRE DES FILLES
L>U
et princes
Le théâtre comprend
RHIS.
quarante-cinq (chaque fauteuil
en
est
amphithéâtre jusqu'à de
la salle,
princes
—
la
canne tressée) dont loge des princes,
se
subdivise
neuf loges
en
Au-dessus de
—
places.
Ni
loges
colonnes dans et
la
et
au public
salle entière
latérales,
le style
nu des murs,
mettent
;
de
la
ni
se
la la
largeur loge des
trouve une galerie destinée aux petites
et
comprend donc environ quinze cents
gradins sur
les
côtés,
rien
que des
Renaissance pour rompre l'aspect monotone
de larges baies et
cent
parquet
rangées s'élèvent en
les
poavant contenir environ deux cents personnes entrées de faveur
treize
de
occupant toute
à l'extrémité opposée à la scène.
qui
places
convoqués.
aux musiciens
(seize
entrées
en tout) qui per-
de
de l'orchestre
s'écouler
en
I. Au moment de la tétralogie, ensuite pour Parsifal, à chaque reprise enfin des représentations de Bayreuth, il s'est publie', ainsi qu'on le fait dans les villes d'eaux, une liste quotidienne des étrangers, avec l'indication de leur domicile ordinaire et leur adresse à Bayreuth cela se criait en ville et se trouvait chez tous les libraires. Ces listes d'étrangers, malgré bien des omissions et des fautes dans l'orthographe des noms, sont curieuses à feuilleter et fournissent des données intéressantes sur le mouvement toujours croissant d»s voyageurs wagnérisants à Bayreuth. :
RICHARD WACJNER moins dans
de
219
deux minutes. Peu ou point de dorures, pas une draperie pas de lustre ni de candélabres en haut, quelques globes
la salle,
;
dépolis qui donnent juste la clarté nécessaire pour que les
spectateurs
puissent gagner leurs places et qu'on baisse absolument quand tacle
par
commence. Pas de rideau rouge milieu
le
;
pas de trou du
;
un
salle; enfin suppression radicale de
tout
l'eliim grisâtre
pas de rampe
souffleur,
qui
le
spec-
souvrc
visible
de
!a
ce qui rappelle la convention
du théâtre, afin de plonger le spectateur dans l'illusion la plus complète. Après l'empereur d'Allemagne, occupant la place d'honneur dans la loge réservée aux spectateurs princiers,
LA
MANŒUVRE
DES VILLES DU
on pouvait voir l'empereur
et
RHIN, VUE DU FOND DE LA SCENh'.
l'impératrice du Brésil, le grand-duc et la grande-duchesse de Rade, le
duc
de
Mecklembourg-Schwerin,
le
duc
d'Anhalt-Dessau,
le
prince
I. Ce petit dessin technique fait bien saisir par quel ingénieux mécanisme on obtenait ce merveilleux tableau des Filles du Rhin chantant en nageant, qu'on avait déclaré d'avance irréalisable. Deux hommes faisaient rouler en tous sens l'appareil dans lequel les chanteuses étaient maintenues par les jambes, tandis qu'au moyen d'un contrepoids, un troisième mécanicien faisait monter ou descendre, s'incliner ou se relever l'appareil lui-même, et donnait aux ondines l'air de (lotter. Toute cette manœuvre s'exécutait en contre-bas de la scène, de façon que l'appareil était caché aux spectateurs par les amas de rochers figurant le fond du fleuve; Albcrich, se présentant de dos aux spectateurs, n'était aussi vu qu'à mi-corps et paraissait sortir de ces rochers; de plus, toute l'ouverture de la scène
remplie par une gaze verdàtre, derrière laquelle se mouvaient tous les personnages, comme dans même, et qui atténuait sensiblement ce que leurs exercices auraient pu avoir d'un peu raide. Le souffleur, comme on peut voir, s'asseyait tout près des chanteuses pour mieux être à leur portée, et un jet de lumière, parti d'en bas, allait frapper l'anneau placé au haut du rocher central; mais, à force d'habileté et d'adresse à suivre les mouvements des objets éclairés, ces objets paraissaient produire eux-mêmes la lumière, au lieu de la recevoir. était
l'eau
RICHARD WAGNER Georo-es de Prusse,
grand-duc
le
de Wagner,
décidé
partisan
Liszt,
enfin
de
qui
se
Saxe-Weimar, ami de faisait donner deux ans
auparavant des représentations modèles de Tristan et Tseult, dirigées compositeur en renom lui-même, Edouard capclliueister, \rdr son Lasscn'. Par malheur, l'empereur d'Allemagne, assez peu sensible à la musique et qui s'était laissé persuader qu'il fallait assister à cette
(randc manifestation de l'art national allemand, n'y put durer et quitta ce que Richard 'Wagner n'était pas la partie après le second jour, homme à jamais pardonner. Le vice-roi d'Egypte et le sultan n'étaient
—
bon d'ajouter qu'entre temps ce dernier avait subitement perdu son trône et passé, non sans mystère, de vie à trépas .
pas venus
:
est
il
La première pensée de l'Annean du Nibcliing, dont le sujet
li.Il^,^kM
emprunté
est
aux
anciennes
légendes Scandinaves
germaniques des Eddas, des Nibeluugen
et
de Giidrun, remonte
et
à l'année 184S. C'est alors
Wagner,
pendant
d'été à la
campagne,
le
poème de
séjour
avait écrit
Mort de
la
plus
qui devint
fricd,
un
que
Sici^-
tard
le
Crépuscule des Dieux; mais à
époque,
cette
nullement à en \V A
GN fR
T IM
A N
(1 IJ
Duprcs un
T AY
cioqilis
IC
C
gie.
SES AMIS.
Loliengriii et la
inij;ili;il.
de courage,
il
poser un Wieland
aux Nibcluugeu a
tidii
A
1.
14 juin
un
caressa
:
le le
moment, nous
furgeruu plan
;
mais
ces
ruprcscnlalioiis 1l-s
rôles
ainsi
vu,
le
abandonna
succès
le
de
chaude amitié rendu
eurent
lui
trilo-
le
de com-
projet
cette idée et revint
général en est indiqué dans sa Cuininujiica-
de Tristan
étaient
l'avons
il
mes amis, parue en novembre
iS;4,
Liszt
songeait
une
faire
que
Après
ne
il
et
Iseiill
distfihués
:
à
iiS5i,
où
Weimar, dont
Ti'istan
et
Iseult,
retraçait
il
la
M.
premièi-c et
les
avait
M"" NO^l
;
princi-
eu
lieu
le
Brangœne,
MM. Milde el BraiidstctUner. dut niettfc un jiiur d'intervalle entre la Wilkyric et Siegfried par suite mais, aux deux autres séries, les quatre d'une iiulisposiiiim de M. Betz, chargé du rnlc de W'otan parties se jouèrent de suite en quatre jours. Les représentations cuninienv-aient d'habitude à quatre heures, saut pour le Rheingold, qui, durant deux heures un quart, sans arrêt, commençait seulement à sept heures un q'iari. Dans la Valkvrie, il y avait un entr'acte d'une heure entre le premier acte et le deuxième acte. Pour tontes les pièces, à tous les commencenieiils d'acte, au lieu de frapper les M"" Diitter; Kurweiial 2.
A
la
et
MarUe,
prcniièie série,
<in
;
trois
de
coups traditionnels, on lançait une courte sonnerie de tronipeltes d'une des galeries extérieures
la
même
sonnerie de l'intérieur. salle,
reproduisant certains
motifs
caractéristiques de
ri.eu\re
et
qui
s'entendait
RICHARD WAGNF.R
22
1
paux cvcncmcnts de sa vie et les motifs (]ui l'avaient conduit à cotte conception du drame musical. 11 comptait, disait-il, exécuter la donnée du mythe en trois drames complets, précédés d'un grand prolooue ;
chacun de ces
drames, bien que formant un
tout
ne devait
distinct,
rzL.
pas devenir un "
morceau de au
pertoire,
sens
absolu du mot contraire,
il
ré-
;
au des
exigeait
conditions toutes différentes Al.l'.lCRICH
F,T
I.RS
FU. LES DU
Dessin original Je M. K. de
pour
d'exécution
cycle et entendait
RHIN.
trois
I.iplKirt.
logue
ouvrages fussent
et
but de cette tentative atteint
s'il
arrivait,
en
muniquer sinon l'intelligence critique, au moins œuvre, aux gens qui se seraient réunis pour exécution supplémentaire
lui
paraîtrait
que le
les
pro-
représentés
dans des fêtes solennelles durant quatre jours consécutifs. De plus, et cette affirmation n'est pas sans importance, le
son
il
jugerait
quatie jours, à comle
sentiment de son et
l'entendre,
radicalement
inutile.
«
toute
Tel est
RICHARD WAGNER
222
mon
mes amis doivent
plan, concluait-il, et
peut pas se
dans
réaliser
mettent bien cette idée dans
tête et qu'ils
la
dont ce projet devrait être exécuté, leur
donne donc
qu'une
plus
parlerai
temps
le
et
;
se
s'ils
réfléchissent à la façon
pourront beaucoup m'y aider. Je
ils
loisir
le
l'ouvrage
fois
voir dès à présent qu'il ne
du théâtre actuel
conditions
les
penser, car
d'y
achevé'.
»
En
ne leur en
je
i853,
il
avait
fait
imprimer pour son particulier son poème entièrement fini et l'avait donné seulement à quelques amis; il en envoyait, par exemple, un exemplaire à Schopenhauer, qui le couvrait aussitôt de notes littéraires, philologiques et philosophiques; enfin, en i863,
l'Anneau du Nibelung propos ce
était
d'appel désespéré
cri
comme une voix d'en haut à Wagner, par sur
la
mis en vente :
Wagner
et
Ce prince
l'oreille
poème jetait
de
définitif
dans l'avant-
se trouvera-t-il? qui retentit
d'un prince de dix-huit ans.
poème des Nibelungen,
ce
le
achevait de
faire
revivre
scène les traditions historiques, poétiques, légendaires et
môme
tenu au Moyen-
mythiques du peuple allemand. Jusque-là, il s'en était Age, représentant dans Tannhœuser, dans Lohengrin, dans Tristan Iseult la vie chevaleresque et féodale, dans les Maîtres Chanteurs vie municipale et bourgeoise pour écrire l'Anneau du Nibelung^ il ;
et
la
a
remonté jusqu'aux plus anciennes traditions germaniques, jusqu'à l'époque héroïque
et
même
mythologique.
légende des Nibelungen,
du x\f
où déjà
siècle,
christianisme,
adouci les
les
plus
primitives, la
composition
dans
s'est
pas, en effet, arrêté à la
trouve dans
le
poème allemand
anciens dieux ont disparu pour faire place au
idées
les
ne
telle qu'elle se
monde chevaleresque et chrétien ont mœurs il l'a cherchée dans ses formes Eddas et les Sagas islandaises, où l'on
du
rudesse des vieilles
la
retrouve
où
Il
les
;
création spontanée de l'imagination populaire, sans aucune littéraire,
et
où
les
mœurs Wagner
barbares se
donnent
cours
donc placé en pleine mythologie, en plein surnaturel, tout en donnant à ses personnages un développement moral supérieur à celui des héros des temps barbares, en en faisant dès lors des personnages plus complets, plus humains,
dans leur
et
grandiose sauvagerie.
s'est
en ajoutant aux péripéties du drame un sens philosophique que
légende ne renfermait
événements
qu'en
puissance.
comme aux personnages
Pour donner, en
cette
effet,
aux
haute portée symbolique,
tout en leur conservant leur couleur locale et leur caractère héroïque, fallait
absolument
c'est ce
les
placer
la
dans un cadre à demi fantastique
—
il
et
que l'auteur a très justement compris'.
1. Les plus dévoues et les plus actifs nmis de l'auteur, à cette époc(iie, étaient Th. Uhlig, Franz Brendcl, Peter Cornélius, Schnorr de Carolsfcld, Cari Tausig, M"" de MuchanolT, etc., etc. 2. G. Monod, l'Anneau du Nibelun^;, étude dans le Courrier Uttcraire (lo octobre 187G).
RICHARD WAGNKR
223
Aux temps Icgcndaires où Taction se passe, trois races peuplaient le monde les Nains [Nibeliingen) dans les profondeurs de la terre, les :
Géants (Riesen) sur
Tous
ciel.
vivent
les entrailles
emblème de de
et
précisément
c'est
lutte
est
prochaine, et
de
l'or
jusque-là enfoui
et
les
Nains
se le dispute-
Wagner
de ces trois races que
lutte
voulu dramatiser dans sa tétralogie. possession des Dieux, et leur maître
la
des fleuves, sera cause de
le lit
Géants
les
la
la
puissance,
la
ou dans
la terre
tous les malheurs. Les Dieux, ront,
mais
encore en paix,
possession de Tor,
dans
surface du globe, et les Dieux (Gœtter) dans le
la
Au début du drame, Tor à tous, Wotan (Odin), a
est
en
a la
confié à
du Rhin ce trésor d'autant plus précieux que la la toute-puissance appartiendra à qui saura forger un anneau avec cet or et maudira l'amour en renonçant pour toujours aux séductions de la volupté. garde de
trois filles
Le chef des Nains, Alberich, conditions
requises,
des trois sœurs. Cependant
magnifique palais pour
d'accomplir leur œuvre et qui déesse de
Freia, celle
cjui
par sa
les
fait
parole,
la
le
a
disparaît aux
et
l'or
Wotan
Dieux,
les
commandé
la
cris
désespérés d'un
construction
Walhalla, aux Géants qui viennent
réclament pour salaire qu'on leur
jeunesse. Les Dieux ne
éternellement
va pour livrer
lorsque ceux-ci, enflammés
remplit les
qui a surpris ce secret,
s'empare de
jeunes
et
forts,
mais Wotan, engagé
déesse aux géants
la
Fasolt et Fafner,
par les récits de Loge, dieu de
du feu, consentent à abandonner Freia des Nibelungen; par prudence
si
on leur
emmènent
ils
livre
veulent pas se séparer de
la
la
ruse et
tout le trésor
livre
déesse en otage, et tout
aussitôt les dieux se sentent affaiblir et vieillir. Alors
Wotan,
suivi
Loge, descend au Nibelheim pour s'emparer du trésor qu'Alberich nain vient de ravir aux
du Rhin
filles
donné
et qui lui a
le
de le
souverain
pouvoir sur tous ceux de sa race.
Ce
dernier, confiant en sa force, montre orgueilleusement ses talents
et ses trésors
rend invisible
aux deux visiteurs, entre autres un casque magique qui le
guerrier qui
porte, et, pour prouver
le
son
dire,
il
métamorphose en serpent; l'astucieux Loge lui tend un piège en lui demandant s'il pourrait se changer en crapaud; Alberich se transforme; aussitôt Wotan le maintient avec son pied. Loge s'empare disparait puis se
du casque magique, au
et tous
deux, ayant garrotté Alberich, l'emmènent
royaume des Dieux. Une
obéir;
il
fait
fois
apporter tous les
Alberich
prisonnier,
trésors
du
Nibelheim
n'a
arrache jusqu'à l'anneau
magique
et Alberich,
que
les
Wotan
lui
pour
Dieux puissent retrouver leur jeunesse en rachetant Freia;
qu'à
plus
furieux, lance cet ana-
thème « En maudissant, j'ai forgé cet anneau qu il soit à jamais maudit dans le monde et donne désormais la mort à son maître » :
;
!
RICHARD WAGNER
224
Wocan, que mais si
les
scrupules n'embarrassent guère,
les
Géants, malgré tout
l'anneau ne
leur
est
remis
avoir consulté la prophétesse
Dieux.
A
et
amoncelé, refusent de rendre Freia
Wotan
s'accomplit
:
de
terre
la
touché l'anneau que
Fasolt et
non sans
forcé de céder,
est
Erda, déesse
peine les Géants ont-ils
d'Alberich
diction
l'or
donc l'anneau;
a
Fafner,
battent
tue Fasolt.
dans
le
la
terrible pré-
deux
les
pour
mère des
et
frères,
l'avoir,
monde
et
Fafner
et
Le meurtre
est entré
ce crime re-
douloureusement
tentit
se
dans
la
conscience de Wotan. Mais P'reia
avec
reste !|
reconquis
la
Dieux
les
jeunesse,
ont
ils
;
ont vu
ils
sur un coup de Donner, dieu du tonnerre, un
leur palais bâti
arc-en-ciel
:
à travers
brille
les
cieux purifiés et sert de chemin
triomphal aux Dieux pour entrer
dans
tandis que du
le 'Walhalla,
fond du fleuve s'élève désolé
des
le
chant
nymphes du
Rhin
dépossédées de leur trésor. Tel prologue de
est le
intitulé
la tétralogie,
POr du
Rhcingvld ou
Rhin.
D'importants sont
accomplis
logue lorsque
depuis
commence
première
hyrie,
événements
partie
se
le
pro-
la
Val-
de
la
La prophétesse Erda, consultée de nouveau par Wotan, tétralogie.
WAGN f.iibaiu
rcpcior à lîctz
i; 1<
lu
lole de Wotiin.
mortelle
il
naîtrait
lui
a prédit la fin prochaine des
elle Dieux que de ses
lui
un héros destiné à régénérer
le
D'jprls un Liuquib original.
;
a aussi
amours
dévoilé
avec
monde
une
par ses
des Nibelungen, devenu la proie du géant Fafner. Des amours de Wotan avec une femme de la terre sont nés deux jumeaux la mère a été tuée; la fille, Sieglinde, prisonnière, est devenue par force l'épouse et l'esclave du chasseur Hunding; le fils, Siegmund, court les aventures; les deux jeunes gens ne se sont
exploits, à reconquérir le trésor
:
jamais revus depuis lenfance et ne se connaissent pas. Mais, au
moment
29
2 o
-u
I
O
3
.£
"5
RICHARD WAGNER
226
même
du mariaoe de Sieglinde, Wotan
une lourde épée au
tant
arme
assurerait
la
apparu à sa
est
flanc d'un frêne,
victoire
lui
il
riiommc assez
à
Tarbre et que celui-là délivrerait
Sieglinde.
et,
plan-
annonce que cette
a
fort
Elle
fille
pour Tarracher de
attend
toujours
son
libérateur.
Au
début de
lambeaux accueille
homme
la plus vive.
les lois
pendant
la
A
malheurs, sentent poindre en leur cœur ce
moment
Hunding
arrive
qui, trouvant
provoque au combat pour le lende Thospitalité voulant qu'il lui donne asile au moins
l'ennemi de sa race
demain,
ignorant que c'est son frère, et tous
soigne,
le
racontant leurs
se
sympathie
accourt, blessé, les vêtements en
Siegmund qui fuit les coups de ses ennemis et que course amènent dans la demeure de sa sœur. Sieglinde
fugitif et
le
deux,
les la
c'est
:
hasards de sa
les
un
la pièce,
nuit.
II
à
son foyer,
sort,
le
emmenant
Sieglinde; mais celle-ci quitte la
couche de l'époux endormi, vient retrouver Siegmund
et se laisse aller
Siegmund, brûlant d'une égale ardeur, bondit vers le frêne et d'un suprême effort en arrache l'épée qu'il baptise aussitôt du triste nom de Nothiing (détresse), en souvenir de « Je te reconnais, s'écrie Sieglinde, sa vie passée. A ce coup d'éclat tu es Siegmund, le frère bien-aimé que mes rêves appelaient, je » Et Siegmund, fou d'amour « Tu l'as dit, la sœur et t'appartiens » Les deux amants s'enfuient et l'amante, je les retrouve à la fois Hunding se lance à leur poursuite en mari trompé, mais furieux. Au deuxième acte, grand conseil des Dieux assemblés dans leur palais Wotan, bien disposé pour son fils Siegmund, veut le défendre dans sa lutte contre Hunding. Et parmi les neuf filles qu'il a eues de à tous les élans de sa passion;
:
:
!
!
:
la
déesse
Erda,
les
Valkyries,
les
neuf vierges guerrières qui sou-
tiennent les héros dans les combats et les
au 'Walhalla, et lui
lui la
commande de descendre
dans son d'avis
appelle à
il
emportent après leur mort
plus vaillante et la plus belle, Brunehild, sur la terre afin de protéger
combat sinoulier contre Hunding-.
sur les
remontrances
Mais
il
Siegmund
change
de son épouse légitime Fricka
bientôt (Junon),
indignée du sacrilège commis par Siegmund et de sa lâche fuite devant
Hunding. C'est décidé, Siegmund périra qui veillera à l'exécution de cet arrêt.
par
la
noblesse de
combat, coups
soudain dans
de Wotan,
par Hunding la
Elle se laisse
à
elle
Siegmund.
pourtant toucher fort
du
pare avec son bouclier
les
l'amour du jeune héros
infidèle à l'ordre
portés
et c'est Brunehild, la Valkyrie,
et,
Mais
dans
le
plus
Wotan, apparaissant
nuée, brise de sa lance toute-puissante l'épée de Sieg-
mund, qui tombe mortellement frappé par Hunding. Brunehild, de plus en plus rebelle aux ordres paternels, s'empare
RICHARD WAGNER
227
des tronçons de l'épée et s'enfuit en entraînant Sieçlinde évanouie, elle
du Brunhildcnstein. Là, Sie-
s'en va retrouver ses soeurs sur les rochers
mais
glinde veut mourir,
héros qui naîtra
d'elle.
Brunehild
Sieglinde, alors, s'enl'uit sur
emportant l'épée brisée,
nehild,
commande de
lui
pour
vivre
le
cheval de Bru-
le
Valkyric reste exposée au cour-
et la
roux de son père. Celui-ci résiste aux supplications des sœurs de
coupable il
la
pour
et,
punir d'avoir enfreint ses ordres, tout
la
la
ému lui-même,
déclare déchue de sa qualité de Valkyrie et destinée à subir l'amour
comme une
simple mortelle
conquise que par un
:
homme
père l'endort d'un baiser et
seulement de ne pouvoir être
elle obtient
n'ayant jamais connu la
peur; alors son
la
condamne à demeurer
ainsi sur la
mon-
tagne, endormie, entourée de flammes inextinguibles, jusqu'au jour où le
héros annoncé par Erda, surgissant enfin, viendra
Ce
héros, ce sera Siegfried ou Sigurd,
glinde
et
Après
les
dont
de Wotan,
petit-fils
amours de
Mime
l'astucieux
capable
de
par
Fafner;
après
quoi,
Siegfried,
Siegfried,
Wotan
Mime, aura
lui.
était seul fait
bient(')t
de l'égorger pour
et
lui
ravir
aura conquis. Mais, pour occire
qu'il
le
il faut une épée redoutable entre toutes Mime en forge pluque Siegfried brise comme des fétus; mais celui-ci parvient à
dragon, sieurs
:
forger une
avec les tronçons de l'épée de Siegmund,
invincible
Mime
que Sieglinde expirante avait confiée à part
Siegfried
à
la
s'assied rêveur à l'ombre lui font
;
même temps
moment
au
mais,
d'un
en
que
l'enfant.
du souverain trésor, à la recherche
conquête
de son redoutable ennemi
tilleul,
écoute
(i'attaquer
les bruits
de
Fafner,
il
la forêt qui
oublier Fafner et s'essaie à imiter le chant des oiseaux; puis
s'éveille enfin
A
neveu.
a vite compris que ce descendant de
tuer
Brunehild.
se développer la force et le courage de
casque magique et l'anneau
s'en
à
de
géant Fafner, transformé en
le
de l'endormir d'un sommeil léthargique le
neveu
vie à sa mère, est élevé par le nain songe uniquement à reconquérir le trésor
toujours gardé
En voyant
dragon.
par conséquent
la
frère d'Alberich, qui
des Nibelungen,
l'éveiller.
de Siegmund et de Sie-
frère à sœur, ceux de tante
naissance a coûté
la
Mime,
tîls
il
de ce doux rêve et sonne une fanfare sur son cor d'argent.
dragon apparaît; Siegfried le provoque et le transperce de son épée. Quelques gouttes de sang du monstre ont ce bruyant appel,
jailli
sur
lèvres,
oiseaux.
main du vainqueur.
la
et
le
aussitôt,
L'un d'eux
o
merveille révèle
lui
présence du trésor envie dans trésor.
Mais,
l'amour de
la
aussitôt,
le
plus belle
les
même
porte involontairement à
ses
comprend le clair langage des méchants projets de Mime et la
il
!
la
la
Il
caverne
:
il
tue
oiseau jaseur
Mime éveille
des femmes et s'ollVe à
le
et conquiert le
en
son
cœur
guider vers l'en-
RICHARD WAGNER droit où Brunehild est retenue prisonnière; Siegfried vole à ce nouvel exploit.
A
ce coup
court
pour
monde en voyageur inconnu,
le
de sa divinité
las
craint
que
héros
le
qui par-
et
qu'il a suscité
Dieux ne cause leur perte définitive; il évoque encore forcer à lui révéler l'avenir; mais Erda ne peut plus
salut des
le
Erda
Wotan, déjà
inattendu,
et
veut
rien dire, et
la
Wotan,
irrité,
s'opposer en personne à
la
replonge en un sommeil éternel.
la
marche triomphale de Siegfried de
bois
de
répée
quelle
même
entre les
mund,
et
le
mais sa lance
;
sous les
brise
se
a
coups
brisée
elle-
mains de Sieg-
Siegfried,
franchissant
brasier, arrive auprès de
nehild,
la
réveille
comme Wotan Aussit(')t
la
veut
Il
Bru-
avec un baiser,
endormie.
l'avait
du
vierge
Walhalla
et son libérateur se sentent saisis
au cœur d'un délicieux amour Tun
pour l'autre passion nehild
;
:
et
l'expriment
avec
Siegfried a délivré Bru-
de par
les lois
de
des-
la
tinée, elle doit être à lui.
La dernière catastrophe
la
mythologique des UN KEVK
IiE
RICHARD
\V
.\
G NER
Freia (\'cnus) recueillera la pluie d'or. (Giiulz. l)cr Floli. de
Vienne, 20 août
il
trouve attablés et
buvant
le
II
monde
vieux fin
d'oi!i
le
des dieux titre
—
:
le
nous
ramène d'abord sur terre. Siegfried abandonne Brunehild pour accomplir de nouveaux exploits à
monde, et comme gage de sa travers le
1^7(3.)
magique conquis sur Fafner.
—
du et la
Crépuscule des Dieux,
.
rcmel son tjiincrrc et fait soumission, au nom de l'ancien Olympe, à Wotan, sous les traits de Richard Wagner, qui va pouvoir e'tourdir le monde à son tour," tandis que .lupitcr, cscoriJ Ae. X'c'nus,
dame
Eddas
partie, qui retrace
il
foi,
laisse,
lui
l'anneau
arrive au palais des Gibichungen, iirince
Gunther,
sa
sœur Gutrune
où et
mais demi-frère Hauen, tous trois fils de la reine Criemhild Gunther et Gutrune sont les enfants légitimes du roi Gibich, tandis que Hagen, fds adultérin de la reine et du nain Miijrich, a hérité de son
ce
;
dernier toutes les
haines,
toutes
les
perfidies,
tous
les
instincts
Hagen, sachant par son père que Siegfried possède actuelimagine de le perdre en le rendant amoureux de (jutrune et en inspirant à Gunther de l'amour pour Brunehild. Dans criminels.
lement
l'anneau,
)
RICHARD WAGNER cette vue,
Gutrune,
imagine de
il
229
un breuvage d'oubli par
lairc servir à Siegfried
aussitôt pris de pas-
et Siegfried,
sœur de Gunther, jure à celui-ci amener Brunchild, afin de conquérir
sion pour la
de
lui
sa sœur.
Que Elle
Brunehild pendant ce temps-là?
fait
une de ses sœurs envoyée par
reçoit
Wotan pour filles
rendre
de
conseiller
lui
du Rhin Tanneau magique auquel
attaché
des Dieu.x
le salut
en dépositaire fidèle
Tout à coup, ayant pris tarnhelm, se servait
:
si
anneau
méconnaissable,
ther.
Far
grâce
au RICHARD WAGNER, PAR MARS.
casque enchanté dont Alberich
maladroitement naguère
1
refuse,
elle
de Gunther,
lui
11-
,
et
est
elle attend Siegfried.
celui-ci parait,
l'aspect le
mais
;
pare violemment de Brunehild, 1
au.\
;
s'em-
il
/'
'
l'effet
du
philtre,
Gun-
reconnaît vrai
l'anneau
Siegfried,
la
Brunehild,
devine
ainsi
il
assourdit les uns,
raccorde;
il
assomme
mon
'
du
doigt
art, vous aurez encombrant, je
l'admets;
':—'
s-->-'^-
forme de Siegfried, "
magique au
art est
je
tout simpie-
est
.
unie à Gunther sous
Mon
""'"'
'
oubliée, à ce point que, lorsque
vous voulez un
art!
'" '"'^"' i'*^" conviens; ii d'un emploi coûteux, je le veux bien encore; mais il émane de mon
Ta totalement
il
Public idolâtre,
Si
un
arrache
entraîne pour la livrer a
—
art
un cour,
prene....
!
,.,„„,„.,/ .„„„,„„,,
^cnembre
,,
1S76.)
trahison
la
dont
s'est
il
des
cable glants,
et
absolument rien du
Brunchild, fureur
et l'ac-
plus
les
insensible
reste
il
rappelle
rendu coupable
reproches
alors,
san-
ne
se
passé.
dans un accès de
jalouse et plutôt
que -de voir
Gutrune unie à Siegfried, se joint à Gunther et à Hagen pour comploter la mort de son infidèle amant.
On à
le
pendant
tuera
laquelle
ses
ennemis
une chasse convient
le
par honneur. Le rendez-vous est aux
bords du Rhin LISZT ET RICHARD
WAGNER AU BANQUET.
apparaissent
d'argent
et
en avoir sa part. (Cham, Clurifayi,
3
septembre 1876.
le
raillent
le
neau
du puis les chasseurs, viennent
Siegfried
premier, sonnant du cor;
Un malin, l'abbc Liszt. N'embrasse Richard Wagner que pour se faufiler sous sa couronne et
:
;
à
la
en
surface lui
arrive
les
le
ondines
des
eau.x
réclamant l'an-
Siegfried les repousse au fond
fleuve à coups de pierres.
Hagen,
rejoindre, et le traître, attaché à sa proie,
RICHARD WAGNER
23o lui
un nouveau
verse
breuvage,
raconter ses aventures passées.
mémoire dragon,
Siegfried boit et
chante son enfance dans
il
:
conquête de Brunehild
la
du souvenir,
celui
A
la
forêt,
ce
nom,
en
tout
à
l'invitant
en
revient
lui
son combat avec
le
déchire et
le voile se
remords étreint son cœur. « Brunehild, ô bien-aimée » s'écrie-t-il, et Hagen, qui n'attendait que ce cri d'amour, le perce de sa lance. On emporte son cadavre chez Gunther aux sons d'une marche funèbre
le
qui
!
redit toute l'existence
Brunehild accourt, tou-
héros expiré.
aimante et blessée au cœur du coup qui a tué Siegfried
jours fait
du
élever un
bûcher pour
bien-aimé
le
et s'y précipite,
;
elle
montée sur
son cheval de combat Grane, en jetant l'anathème au Walhalla et aux
Dieux désormais impuissants. Le règne des Dieux est fini, le règne de l'homme commence Les flammes s'étendent partout au fond du fleuve :
!
on voit rejeté.
ondincs jouer souriantes avec l'anneau que Brunehild leur a
les
Gunther voudrait tour en
se noie à son
mais
s'en emparer,
essayant d'arracher
est tué
il
par Hagen, qui
trésor maudit aux
le
filles
du Rhin. Le fleuve déborde et submerge la demeure des hommes; le feu gagne le Walhalla et détruit le palais des Dieux. Tout est consumé. Que s'il fallait prouver combien Wagner s'est rapproché de l'antique
Edda
Scandinave bien plus que du poème germanique des Nibelungen, on
ferait
observer que dans ce poème, qui date du
centre non pas sur Brunehild,
comme
l'opéra, mais sur Criemhild qui
prend
dans la
la
légende primitive
place de
dans ce poème intermédiaire entre
Siegfried,
se con-
xii^ siècle, l'intérêt
la
la
et
dans
Gudrune de VEdda. légende
et
l'opéra,
connu Brunehild avant de la conquérir pour Gunther; n'aime que Criemhild, et Brunehild non plus n'aime pas Siegfried jamais
n'a
par un simple sentiment de vengeance
c'est
a mis
qu'elle le fait tuer.
en œuvre avec une grande habileté ces
Sagas;
dû
a
il
un tout simple, compliqués qui d'une
pour «
se
suivi
livrer et
Quant
à
une besogne
intéressant, avec
et
dans
pour former
confus et très
il
honneur. la
de
la tétralogie,
est
écrit
forme
même du poème,
il
est
bien
difficile
continue en
termes précis
sur les origines et la langue
pour un étranger de
la juger.
11
dans une langue remplie d'archaïsmes, pleine d'allusions sou-
vent obscures à l'ancienne mythologie. vers
très difficile
les récits très
M. G. Monod dans son étude approfondie
étrange;
Eddas
y a ajouté souvent des détails Tout ce travail littéraire, en un mot, est
servaient de base, et
lui
heureuse invention. lui faire
à
:
Wagner
vieilles traditions islan-
daises qui se répètent ou se contredisent dans les deux les
il
La
versification est
non moins
des séries de vers de deux pieds sont suivies d'un ou deux
de trois pieds,
sans
qu'aucune règle bien
stricte préside
à leur
RICHARD WAGNER ne
Ces vers
alternance.
sont
23t
pas rimes deux par deux, mais
ferment des syllabes qui riment entre elles par allitération.
dans chaque vers, commencent par
l'effet
et
Ces
la
même
consonne
et
allitérations
sur les
l'attention
attirent
i^cnéral,
quelque analogie de son. C'est ce qu'on appelle Slabreim, assez en est
présentent
aofréable.
ren-
consistent en ce que les syllabes accentuées des mots
ces allitérations
importants,
En
ils
mots essentiels de la phrase et les accentuent pour ainsi dire avec plus de puissance.
Malgré
nombreuses
les
difficultés et les obscurités
du poème de Wagner, la langue m'en a paru très expressive
couleur
passages dra-
les
;
matiques
de
pleine
et
atteignent
sou-
vent à une véritable grandeur'.
»
Tout
long
le
de
la
tétralogie, excepté dans de
comme
très courts passages la
scène du réveil de Bru-
nehild et celle de
où Hagen
Wagner
tue
la
chasse
Siegfried,
a répudié complè-
tement l'emploi simultané de deux ou plusieurs voix il
a
eu
recours
:
uniqueytL^J^ -^
ment à une
déclamation
à une sorte de COSTUME DE WOTAN EN VOYAGEUR, mesurée sur une dans Sici^fricd. trame symphonique tissée avec un art infini de tous les motifs musicaux caractéristiques qui s'attachent à chaque personnage, à chaque idée, à chaque sentiment.
continue,
récitation
Jamais
la
science,
génie de l'orchestre et
le
instrumentale n'ont été
midable orchestre, I.
Le
Dmme
à la page S7, ce
si
poussés aussi loin
coloré,
si
varié,
si
;
l'art
de
polyphonie
mais au-dessus de ce for-
riche,
si
puissant,
musical: l'Anneau du Sibelung, Jans le Courrier idtéraire{\o j'ai dL-jii Jit de l'assonance et de l'allitération.
que
la
oc\i-A'>rc
il
y a
187G).
la
— \'oir,
RICHARD WAGNER
232
Tauditeur ne doit pas perdre une syllabe et qui
parole déclamée dont
exige un effort tout spécial de
la
part des chanteurs
il
ne leur faut
mais dire, en quelque sorte, une déclamation notée
plus chanter,
qui exige autant de voix, que de précision dans
dans
:
mesure
la
et
de netteté
et
l'articulation.
Rheingold débute par un enchantement, par la scène des nymphes du Rhin nageant autour du trésor confié à leur garde. Ici Wagner, qui ne recule devant aucune hardiesse, a osé
La
du
partition
mi bémol
placer une pédale de
mesures, soutenant
aux
grâce
délicieux,
huit
règne pendant près de deux cents
qui
symphonie
la
des ondines
et la voix
employés pour
cors
Telfet en est
:
peindre
l'ondulation
monotone de l'eau; par-dessus cette pédale, la variété des timbres arrive à donner l'illusion de la transparence liquide et les renflements de sonorité sont
comme
autant de
qui s'écoulent les uns sur les
flots
un charme exquis chaque fois que reparaissent les sirènes, et dans la quatrième partie, quand elles se raillent de Siegfried, elles donnent lieu encore à une page charmante, qui tranche à merveille sur les scènes dramatiques qui vont suivre. En général, D'ailleurs c'est
autres.
Wagner
heureusement inspiré par
a été très
de son vaste poème
Wotan dans
célébrant
on sent
de et
vivacité
y a de grandeur dans les récits de du Walhalla, de rudesse et de lourdeur
moqueuse dans
tour
fond
tour
à
épisodes pittoresques
il
apostrophes menaçantes des géants
les
ramène
autant
:
l'édification
les
les
Fafner
et
Fasolt, autant
de Loge, où l'auteur
récits
dans l'accompagnement
principaux
les
motifs des situations précédentes.
le
Le tableau de la forge d'Alberich, où Ton fait connaissance avec thème retentissant de la forge qui reparaîtra si souvent par la
suite, est
scènes.
habilement conçu pour former contraste avec
La malédiction d'Alberich, quand Wotan
véritablement superbe.
est joie,
exprimant
sombre
féUcité
la
mélopée
de
la
Donner,
Une
jolie
causée
le
retour
Erda
et
de
une
premières
les
arrache l'anneau,
mélodie de P'roh,
par
prophétesse
lui
dieu
le
Freia,
phrase
de
puis
la
une
ample
et
du tonnerre, aboutissent au finale où résonne dans son plein développement la marche des Dieux vers le
magnifique
de
dieu
Walhalla, qu'on avait déjà entendue entre et celui des Dieux.
gold fut
si
le
tableau des
filles
du Rhin
Bref, la première impression produite par le Rhein-
favorable qu'on n'était pas sans crainte pour la Valkyrie
:
après avoir eu plus qu'on n'espérait du prologue, on redoutait une déception de la partie sur laquelle
on fondait d'abord
Lt cependant, l'impression produite encore plus profonde, en
dépit
par la
le
plus d'espoir.
Valkyrie
fut peut-être
de longueurs dans les deux premiers
REPRÉSENTATION DE
«
l'aNNEAU DU
Mort de Siegmiind, deuxitrme
Nir.EL'UNG
acte de la l'alkyrie.
— D'après
»
A
BAYREUTH, EN 187G.
un dessin de M. Knut Ekwall.
RICHARD WAGNER
234
où se trouve un interminable
actes, surtout dans le deuxième,
Cette partie est celle qui s'éloigne
Wotan.
le
moins
récit
de
de' nos habitudes
dramatiques et qui, par conséquent, peut le plus rapidement trouver faveur auprès d'un public encore assez peu pénétré des idées du réfor-
—
mateur,
et le succès qu'elle
en est
villes,
retrace
qui
la
la
et
remporté par
la suite,
en différentes
preuve irrécusable. Après un court prélude impétueux
commence un
course haletante de Siegmund,
dure une heure entière
accumulées
a
et qui paraît court,
grandissantes
toujours
superbe scène entre
tant
renferme de beautés
il
jusqu'au
point
sœur, Siegmund
le frère et la
amour s'épanche en un chant d'un contour
acte qui
et
suprême,
Sieglinde
:
la
leur
net, d'une expression brû-
l'hymne au printemps, que chante Siegmund lorsque les rayons de la lune pénètrent dans la salle, est d'un charme exquis. Le deuxième acte, moins bien rempli au point de vue dramatique, lante,
et
que Wotan converse avec sa fille Brunehild ou avec Fricka, sa femme, s'anime seulement à l'entrée de Siegmund, lorsqu'en refusant la gloire et les honneurs du Walhalla, s'il y doit et
languissant
tant
un premier sentiment d'amour au cœur de Brunehild. L'épisode du combat entre Hunding et Siegmund est aussi traité de main de maître et termine l'acte infiniment mieux
arriver mort, sans Sieglinde,
qu'il
n'a
Le
et
acte
un chef-d'œuvre en entier. Après
est
sublime de
la
au rendez-vous, déchirant la
éveille
commencé.
troisième
violente
il
tempête
elle-même,
chevauchée l'air
on
des Valkyries
arrivant
avec
anxiété
scène toutes
et
dominant
l'émouvant
dialogue
de leurs cris de guerre
suit
la
entre Brunehild implorant grâce et son père implacable; on est frappé
d'admiration par les sublimes adieux du père à sa fantastique de la
mer de
feu qui
monte
et crépite
fille,
dans cette scène
autour de
la
déesse
endormie. L'opéra tout entier se distingue du Rheiugold par une allure plus hardie, par une inspiration plus hautaine et plus franche, traversée d'éclairs
de tendresse
d'œuvre, en vérité,
et
de sensibilité d'un éclat surprenant.
que ce troisième
acte,
et
deux
fois
Chef-
chef-d'œuvre,
aussi bien par l'éblouissement et la fureur de l'orchestre dans la course
effrénée la
que par
des Valkyries,
l'intensité
de l'expression vocale et
puissance d'émotion dans l'admirable scène entre Brunehild et Wotan.
Le premier logie
:
acte de Siegfried fut un des grands succès de la tétra-
tout y est vie et
la
joyeuse
où
le
jeune
entrée
Siegfried,
héros forge
tandis que grondent
desseins
de
mouvement. Le sombre monologue de Mime, son
la
scène,
d'une énergie singulière,
épée avec tant d'ardeur
à côté de lui
les
et
de gaieté,
espérances jalouses et
de Mime, avaient entraîné dans un
succès général
les
noirs
certains
WAGNER
RICHAl^D
235
dialogues languissants, malgré de beaux passages symphoniques, entre
Wotan sous les habits d'un voyageur. De même, au second acte, après chaque épisode un peu
Mime
et
il en arrive un délicieux, d'une poésie adorable et qui au public les longueurs précédentes. Par exemple, après
d'Alberich avec son
écoute
fried
les
de
bruits
oiseaux avec un
ennemi Wotan,
vieil
roseau;
foret
la
après
et
imiter
à
oublier
fait
rencontre
la
passage où Sieg-
c'est le joli
s'essaie
traînant
chant des
le
combat effroyablement bruyant de
le
Siegfried contre le monstre, viennent ce dialogue exquis entre Siegfried
rieur
Ràumen
extérieures sans carte d'entré.
des Theatere Zutritt.
Das Raurhf n
2)
Personne n'est admis dans l'inté-
1)
zu den âusseren und iimeren
D
2)
seren fiàumen des Theaters auf
est s«TrreiDent drfendo de
dans
TrompeteD-Sigial bekumt
extérieures
l'intèrieui
du théâtre.
Smoking
3)
strictly prohibitwl in
Tbe beginmiig anioimced
comnieiciinieDt de chaque acte
Le
g^ est aimoDce par des fanfares
Dacb welcheiD
of eacb act vill be
b;
a
tnn-
of
call
einzinelmeD
pets, spog wbicli tbe
On
'
seats sboild
be taJien at once
die Pliitze
est sofort
2)
Actes wirddiirch 3)
eii
No admission exœpt by ticket
ter
galeries
les
comme a
gebei.
1)
du théâtre ni aux galeries
das Strengste untersagt 3) DerBegiiiiijedes
puis
the corridors.
auch in den âus-
ist
Mime,
projets de
des astucieux
l'avertit
hat Niemand
flhno Ein(ri((st5ilc
1)
qui
jaseur,
l'oiseau
et
repreidre sa
de
prie
place
siid
4)
l.adirs
are rpsprriroll)
rrqorsird
immédiatement après. 4) Die horlivrrehrtrn
Domrn
l«
\ind aof
4)
das Frrandliclisfr irehctdi. naih Rin-
lijTsI
der Plalze
b)
wird
Inpst
D«
AFFICHE
18711
scène
dé"yoiler à
si
ioQl
performances.
\nn
plarrs.
5|
AU
seats
are
te be
raised
on
gettiig np BAÏREUla
ij»
,
L"
im
o(
n«
Iuctsi ICT
,
,
•dalalstr«tt«a.
L« comité l'sdnUtstiatloa.
ses
les
où
reprcscnlalions de
la tétralogie,
Wagner, par une
mauvais desseins de
en 1876.
d'une invention curieuse et
de génie,
trouvaille
l'air le
insinuant; cette façon d'exprimer la fausseté de est
Ihf ir bunarts dirinir Ibr
SOUS LE PROMENOIR EXTERIEUR DU THE.\TRE DE BAYREUTH
nouvelle,
Mime
orrape
BAÏREUTH,
Pour
la
rnprrlnrosrniriil
lit'
Iran chaprant après
Oi est pries derrlever les sirges
Tenfnltiiiigsrath.
cor, LEE
soul
eo les quittait
gebetei. die Sitze aofziiklappei BAÏREUTH
danrs
avoir
ahznnrhmrn.
BeiiD Verlassen
5|
l.i's
prirr.v d'ôlrr
nahmrdrrSifzpIcilzrdlcOjllrffofâl-
Iakr
fait
plus aimable et le plus
Mime
remarquablement
envers Siegfried
rendue au
double
point de vue poétique et musical.
Au la
,
l'évocation d'Erda
par
Wotan
est
scène analogue du Rheingold et du plus grand effet
Wotan l'on
est
troisième acte
veut arrêter
;
supérieure à l'épisode
où
l'élan de Siegfried n'offre pas grand intérêt;» puis
arrive au réveil de Brunehild, dont le salut à la nature retrouvée
de tout point magnifique,
fried,
un
duo véritable,
où
et aboutit à la
passion
un duo entre elle et Siegéclate avec une force, une
RICHARD WAGNER
236
surhumaine.
intensité vraiment
poussées
Siegfried,
toutes
et
l'ardeur
rapides
causa
passionnée
plus
la
scènes
les
au dernier;
moins
au
l'auditoire,
tissant
et la
Brunehild
le
de
fil
dernier
jusqu'au
qui
ce
et
scène où
avec
boit le
il
sœur
sa
Siegfried,
refroidi
lugubre chant des par se briser,
finit
de
l'arrivée
celui-ci
chez
breuvage d'oubli, puis l'entrevue de
Waltraute,
toutes ces scènes qui, ramassées en
Wotan, suivie de compte de Gunther,
envoyée par
un
le
acte, durent bien près de
deux
surtout par des rappels ingénieux et des combinaisons
heures, valent
de
saisissantes
Le
acte.
de Brunehild par Siegfried pour
l'enlèvement
complètement
avait
destinée des Dieux qui
la
de Brunehild et de
séparation
Gunther
précédemment exposés. Au Gunther avec Brunehild,
motifs
l'entrée brillante et fière de et
deuxième
rendit plus
légèrement fastidieuses,
intermédiaires,
Le Crépuscule des Dieux, en revanche,
la
c'est là ce qui
gaieté
la
:
fantaisie aérienne au
la
succès imprévu de Siegfried.
le
Nornes
suprême
degré
au
trois
les
premier acte,
juvénile, éclatante au
maîtresses dans
qualités
y a trois
Il
deuxième
déjà,
celle de Siegfried
de (jutrune, tendre et caressante, suivies de l'unique chceur
et
de
l'unique trio qui se trouvent dans la tétralogie, avaient déjà réchaulle les
auditeurs;
son et
transforma D'abord,
les
mais
c'est
surtout
le
entier, qui éleva l'enthousiasme la
fin
la jolie
ondines
le
»,
1
thème
sa
et la
la
tétralogie en
ressouvenirs de sa vie entière qui
puis les
raillent,
mort et mort de
la la
la
scène
lyrique,
création de génie
:
lui
k d'amour Brunehild, ô biensuperbe marche funèbre qui suit enfin l'ana-
cri
:
;
Valkyrie, avec l'anéantissement
dans leur ensemble, une des plus belles choses qu'on
pour
merveille en
au niveau des soirées précédentes
un triomphe incontesté. scène de Siegfried sur les bords du Rhin, lorsque de
reviennent en mémoire, jusqu'au
aimée
troisième acte, une
de quelque
nom
final,
ait
forment,
jamais écrites
qu'on veuille qualifier cette
drame, mythe, poème ou simplement opéra. L'im-
portant est que le tableau tout entier présente une élévation de pensée, une richesse d'inspiration mélodique, une puissance de combinaisons symphoniques véritablement géniales, et qu'après un tel acte, il n'y a qu'à s'incliner devant créer
l'artiste
assez
merveilleusement
doué
pour
le
'.
Somme
toute
et
malgré de durs moments,
c'était
là
une victoire
I. Les décorations de la tétralogie avaient été brossées par les frères Brùckner, de Cobourg, d'après les maquettes du peintre Hoffmann, de Vienne; le professeur Dœppler, de Berlin, avait dessiné
costumes; les armures sortaient des fabriques de Meiningen, et les machines avaient été combinées par M. Brandt, de Darmstadt, qui avait surveillé avec un soin particulier tout ce qui concernait l'éclairage de la scène, afin d'obtenir des résultats saisissants, des cflets de lumière et de nuit correspondant aux jeux du théâtre avec une merveilleuse exactitude. les
RICHARD WAGNER
238
éclatante pour
ce créateur à
depuis vingt-cinq ans,
monde
entier
qui
avait réalisé l'irréalisable et qui donnait au
spectacle
le
volonté de fer qui suivait son projet
la
de sa propre
stupéfiant
apothéose.
Aussi
comprend-on presque, à tout bien peser, la prodigieuse infatuation de riiomme et son terrible orgueil aux cris d'un auditoire enthousiasmé :
veut saluer
qui
en
seul
redingote,
fêter ses interprètes dévoués,
et
en pantalon de
dans un speech
artistes
et
ce
un
môme
un
art. »
reparaît
il
remercie spectateurs et
termine par ces paroles qui manquaient
qu'il
but
si
;
:
de votre côté vous nous soutenez, alors nous aurons
Quelle déplorable manie de parler, quand on a
commandement
et qu'elle trahit
dans
d'Haydn
Weber
interloqué
grands
de Mozart, de
et
mais
;
et
parole
A
ces
mots,
!
de Beethoven,
et
Schumann
de
la
l'auditoire reste
,
Richter,
le
chef d'orchestre,
et
M"""
Materna.
que
reparaît, toujours seul, et semble ainsi vouloir affirmer
autour de
s'efface
d'enthousiasme,
exclamation
pays de Bach
le
peu
veut payer sa dette aux artistes et les réclame à
surtout
cris,
Wagner
il
si
toujours votre pensée
qui sonnaient étrangement
tout
et
toile,
« Nous vous avons montré ce que nous voulons que nous pouvons, quand toutes les volontés sont tendues vers
au moins de clarté
à
maître
le
:
une Viva
a
lui
dans
ce
de triomphe
Jour
M"" Lucca, le salue de maestro, le plus grand de tous
Italienne, il
je suis très contente; nous vous remercions tous!
referme sans qu'aucun artiste
ait
»
alors,
:
folle
bizarre
cette les
maestros,
le
rideau se
Puis
pu répondre à l'appel du public.
Et
n'eùt-il pas été convenable que Wagner associât dès le premier Jour à son succès ceux qui y avaient travaillé avec tant d'ardeur
cependant et
de passion, des artistes
comme
Betz, superbe en tout point dans
le
de Wotan, écrit malheureusement trop bas pour lui; comme M"" Materna, incomparable en Brunehild; comme M. Vogl, étourdissant de vie et d'entrain dans Loge, le dieu du feu; comme M. Niemann rôle
qui n'avait plus que les restes d'une belle voix, mais qui Jouait
Sieg-
mund d'une façon très dramatique; ou comme M. Unger, chanteur peu expérimenté, mais énergique et vigoureux dans Siegfried. Et M""= Jaïde M. Niering (Hunding), et M""= Scheffzki (Sieglinde), et Schlosser, Gura, Kœgel et Hill (Mime, Gunther, Hagen, Albeet M'"" Grun et Haupt (Fricka et Freia), et M"" Lilli et Marie
(Erda),
MM. rich),
et
Lehmann Le
— 1
à
et M'"'^
i8 août,
Richard
œuvre
et
en arrivant
Lammert,
les trois délicieuses filles
un banquet d'honneur
Wagner
et
aux artistes par
soi-disant
les
par ceux des spectateurs qui avaient voulu la
veille
dans
la salle
du Rhin!
— formule consacrée,
était offert,
patrons
de
s'y associer, car,
de spectacle, chacun avait pu trouver
a sa place uns invitation à souscrire
à ce
repas
,
moyennant
5
marks
REPRÉSENTATION DE Le
réveil
«
l'aNNEAU DU NIBELUNG
de Brunehild, troisième acte de Siegfried.
—
»
A
BAYREUTH, EN 1S76.
D'aprls un dessin de M.
Knm
Ekwall.
RICHARD WAGNER
240
par tête'. Le héros de
25)
fr.
(6
de parler
dès
et,
en trouva roccasion,
qu'il
les assistants
de leurs sympathies,
désintéressée
et
n'avaient
pas
presse et
le
surtout
on
lui avait
la
veille,
rapporté s'en
il
avec une bonhomie charmante
il
de
patrons
combattre
le
le
mauvais
pour remercier
l'entreprise
:
il
effet
,
qui
époque où
la
et l'écraser.
produit par sa brève
le
plus simplement du monde,
n'avait
nullement voulu dire, ainsi
expliqua
qu'on l'avait compris, qu'avant sa venue
Allemagne;
se leva
de Tavenir de son œuvre, à une
douté
de
il
exécutants de leur collaboration
les
premiers
les
public se liguaient pour
comme
Et
allocution
ne se tenait pas d'impatience
la fête
avait seulement répété ce
l'art
qu
musical n'existait pas en
avait dit cent fois
il
:
à savoir
que l'opéra allemand n'avait pas jusqu'alors une physionomie propre, un caractère individuel comparable à
Le monde
l'opéra
italien.
italien,
l'opéra français;
l'opéra allemand. térise est
la
La
entier,
dit-il
en
substance,
création de l'opéra allemand, du théâtre qui carac-
race germanique dans sa plus haute manifestation d'art, telle
pour cela
Wagner
leur dit
qu'il
:
«
convie tous ses compatriotes,
Voulez-vous un art? cela dépend
de vous. Ayez une volonté, vous aurez un théâtre national'-.
Après ce le
A
)>
la
bonne heure,
petit discours,
Wagner
fit
le
en sa faveur dans
les
ayant posé sur
tête
la
hautes
classes de
fait
parlant
au
éloquent et
puis,
;
il
M"'*'
Lucca
lui
acheva sa tournée
lui-même, otant sa couronne pour saluer
dit
alors
de cette œuvre d'art, puis
national
soutenir.
une propagande acharnée
Berlin
couronnant derechef, heureux, radieux
membre du Parlement,
peut se
qui
tour de la table, en donnant
une couronne d'argent,
avec cet ornement, en riant
un art nouveau, un
art,
et voilà
bras à la comtesse de Schleinitz qui avait
et se
connaît l'opéra
connaît aussi des opéras allemands, mais non
il
l'œuvre à laquelle Richard
et c'est
de l'opéra français ou de
celui
et
quelques
bon enfant. M. Duncker, paroles
sur
le
caractère
comte Apponyi, de Buda-Pesth, des étrangers, prononça ce petit discours, d'un jet « Pareil à Siegfried, Wagner marche sans crainte poétique le
nom
:
à la conquête d'une
femme
céleste, la tragédie.
Comme
le
héros alle-
1. Le texte de cette circulaire, e'manant de Wagner lui-même, ou du restaurateur et qu'aucun patron n'avait signée, est au moins curieux à conserver n M. Richard Wagner désire se trouver réuni, dans an souper, a ses patrons, protecteurs et amis, en compagnie des artistes et toutes autres personnes ayant concouru aux représentations actuelles. Pour répondre à ce désir, nous avons l'honneur de vous in\-iter cordialement à prendre part au souper qui aura lieu le 17 août, à sept heures et demie, dans la grande salle du restaurant du théâtre. Le prix de la souscription est fixé à 5 marks par :
bien entendu). On est prié d'envoyer son adhésion le 17, à neuf heures du matin au Voilà comment s'organise une manifestation n spontanée » en l'honneur d'un grand homme. Si l'appel n'avait pas été entendu, on désavouait le restaurateur qui avait battu la caisse pour soB propre compte, et tout était dit. Du 17, le banquet dut être reporté au 18 août, par suite de rindisposition de Betz qui avait fait reculer les deux dernières parties de la tétralogie au i5 et au 17. 2. Lettres de Bayreuth l'Anneau du Nihelung, par M. Ch. Tardieu (Bruxelles, chez. Schott, i883). tûie (sans le vin,
plus tard.
»
—
:
RICHARD WAGNER EN 1877. D'après
le
portrait de
M. Herkomer, grave par lui-même
à l'eau-forte.
RICHARD WAGNER
242
mand,
sans
passa,
il
Tenvie et de
au travers des flammes ardentes de
trembler,
la haine.
Comme
lui,
a réveillé la belle endormie qui,
il
but inaccessible des
de tant de génies.
depuis des siècles, fut
le
Wagner
un glaive, a brandi une épée. Nothung,
aussi a forgé
divine musique
oii
nous pouvons
et ses amis,
Bruneliild disait à celui qui la réveilla pliante
d'un spectateur
personne,
'Wagner
reprit
son
patrons à coup
ses
Gloire à
lui
répéter ce que
toi,
lumière triom-
M. Ludwig Nohl, après une
allocution
s'exprima dans sa langue et ne fut entendu
russe qui
orateurs, et surtout
de
«
:
!
»
!
Enfin, après peu de mots de
de
c'est sa
a fondu les tronçons des arts de tous les peuples
il
Et nous, ses admirateurs «
eff'orts
la
parole
plus
fidèle
sûr,
celui
afin
de
remercier
ami, son protecteur, qui
relevé
avait
tous
le
les
premier
courage à
son
du plus profond abattement, qui avait lutté et vaincu pour lui Franz Liszt. Et le beau-père et le gendre, dans le temps de l'exil émus et joyeux, tombèrent dans les bras l'un de l'autre, aux acclamal'heure
:
tions de cinq cents convives attendris.
Liszt y eut grande soirée chez Richard Wagner en faisaient les honneurs avec lui. Cette réception priée
Le lendemain et
sa
fille
il
:
réunit autour du maître, de neuf heures à minuit,
vingts invités, heureux de fêter teurs, chefs d'orchestre, 11
dans
y avait
avec
humeur, causait
comme un
diable
:
il
le
afin
M.
plus gaiement du
entonnait
une chaise
le
Judith
M""^
brillait
on l'entendit
sincèrement à certains
son
M. Saint-Saëns,
et
monde
démenait
et se
chant du Walhalla à tue-tête,
atténuer
le
ces
un
il
toast des plus
Français
fâcheux :
«
s'associer
produit
effet
dans un accès de franchise
prié de
Gautier,
Wagner,
Allemands, nous sommes lourds!
oui! nous autres
etc.
d'atteindre à l'oreille de cet admirateur
même, en voyant
triomphe,
écrits et dire
chan-
Saint-Saëns.
russe, haut de six pieds, qui lui avait porté la veille
chaleureux;
artistes,
:
amis d'ancienne date, patrons de l'œuvre,
d'excellente
sur
sa victoire
nombre une Française,
le
quatre ou cinq Français, entre lesquels
grimpait
lui
soixante à quatre-
par
Eh! mon Dieu
»
se faire entendre, répondit à cette politesse
en improvisant pendant un quart d'heure à peu près, sur des fragments
de
commencer par la Gœtterdivmmerimg, pour finir par le il joua sa Danse macabre, et de la belle manière. On
la tétralogie, à
Rheingold ; puis
de droite et de gauche; on causait avec les gens qu'on connaissait dans cette soirée sans programme arrêté mais quel circulait, jusque-là,
;
silence et quelle attention
Pendant une grande heure,
lorsque Liszt se mit à son tour au piano il
tint toute
l'assemblée sous
le
!
charme en
exécutant plusieurs de ses oeuvres inédites, tant valses qu'impromptus
:
RICHARD WAGNER plus de musique possible après qu'il eut soirée,
et le pianiste français, visiblement
se mettre en ligne, alors qu'on l'avait
hommage
au vieux maître.
sous une forme
disait-il
présents à la fête,
et,
ces déshérités de
de
La demeure
fini.
243
Ce
fut lui le lion
sollicité, fut le
premier à rendre
C'est à décourager tous les pianistes »,
«
ultra- pittoresque à l'un de ses compatriotes
sans fausse modestie,
il
se rangeait
au
nombre
l'art.
princière que
Wagner
D'après un
située
la
ennuyé d'avoir paru vouloir
s'était fait construire à sa
UN DES RESTAURANTS DU THEATRE, A BAYREUTH, EN
était
de
à l'extrémité de
la
guise
1876.
croquis original.
ville
opposée au théâtre, au bout du
(Chemin du renne), qui porte aujourd'hui le nom de Richard Wagner'. Après avoir franchi la grille, une petite avenue aboutit à un rond-point fleuri où trône un énorme buste en bronze du
Rennweg
maison, construite en pierres d'un gris roux, presque carrée, sans autre ornement extérieur qu'un sgraffito, sorte de roi; face à l'avenue est la
Munich et tandis qu'on bâtissait sa demeure délînitivc, boulevard Dammaltee. C'est là qu'en 1873, un jeune compositeur français, muni d'une lettre d'introduction de Liszt, fut très aimablement reçu par M'"» Wagner, mais ne put apercevoir Wagner que de dos, à travers deux portes ouvertes, tant le maître était alors absorbe par la Composition des dernières scènes de la Goettcrdixmmcrunj;. I.
Dans
Wagner
les
premiers temps de son
habitait
une
petite
se'jour à
maison sur
le
;
RICHARD WAGNER
244
fresque en noir et blanc, mélange de grisaille ornait autrefois les façades des maisons
dans beaucoup de
encore
de
villes
en
Italie,
Cette composition
péninsule.
la
que Ton trouve
et
due au peintre d'histoire Robert Krausse, représente
allégorique,
Wotan, dans son costume de voyageur, de
dieu
de camaïeu, dont on
et
Siegfried,
et
le
sous les
du regretté ténor Louis Schnorr. D'un côté se tient M'"'^ SchrœderDevrient, costumée en Tragédie; de l'autre, M'"'^ Cosima Wagner,
traits
incarnant
Musique, conduit vers
la
de
l'autel
enfant, qui n'est autre que son propre
Tragédie Siegfried
la
Siegfried
fils,
Wagner
:
le
tout
musique et de la tragédie sous l'influence et pour la glorification du mythe germanique. Le maître a dénommé cette habitation Waliufried (Apaisement de mes illusions), et sur la façade on lit symbolise l'union de
la
en
l'inscription suivante,
HIEU
WO
lettres d'or, sur trois
WAHNEN
MEIN
U
rUISQU ICI MES ILLUSIONS ONT TROUVÉ LEUR APAISEMENT
entre
Wagner
de
par
UMtJT? TUTi
lvlJ_-/i7
""""^^
'^^"'"
GENANNT ^^ "^^^
'~^^^
DONNE A CETTE MAISON
jjr
vestibule,
petit
puis
dans une grande
haut, ornée des bustes du roi de Bavière,
le
des premières œuvres du
héros
court une frise en grisaille, où
haut,
j,,^
de sa femme, et de statuettes en marbre, présents du
et
qui représentent les
roi,
A
VVillliM
dans un
d'abord
dallée, éclairée
salle
W/'
:
DIESES HAUS VON
^^'
\1 "CT* T 17 f^ \\ T A VVil.lliM iVlLdJ
FRIEDEN FAND
On
plaques de marbre rosé
En
maître.
se détachent de petits tableaux
du poème original des Nibclungeu de plus, un orgue américain à tuyaux apparents, sans valeur. A moitié de la hauteur, règne une galerie circulaire sur laquelle donnent les chambres à coucher, et ornée elle-même de paysages d'Asie, à l'aquaretraçant les principaux
par Hillebrand.
relle, la
salle à
nom
manger;
A
épisodes
à gauche, le petit salon de M"""
sur tous
les
meubles.
Au
fond,
le
hall,
Wagner, décoré du
de Liszt, très coquet, plein d'objets d'art, .avec un
jetées
ou de
droite de cette sorte de galerie
fouillis d'étoffes
grand salon carré terminé
par une vérandah ronde et totalement garni de corps de bibliothèque emplis de beaux livres, car «
Tout ce qui
mérite
Wagner
d'être
lu,
fut,
toute sa vie, un grand liseur
disait-il,
mérite
d'être
relu
»;
et
:
il
excellait à lire à
haute voix des scènes de Shakespeare ou des pièces
comiques dont
se divertissait
il
comme un
enfant.
Ce salon, qui forme encore la grande pièce de réception, renfermait de nombreux portraits. Au-dessus de la porte d'entrée, celui de Beethoven M""=
;
à
sa
droite,
Wagner,
celui
Gœthe; de son
à sa
gauche, Schiller;
père et celui
ici,
le
portrait
de
de son mari, par Lenbach;
I<
LI'R t SE N
i
A
1
lO.N
UE
«
l'anneau DU
N
I
Bt
I.
UNG
Cortège funèbre de Siegliied, troisième acte du Crefuscule Jes Dieux.
«
—
A
l.AVKEUTll,
tN
1^7^.
D'après uu dessin de M. Knul lîkwall.
RICHARD WAGNER
246
bustes de
les
là,
Schrœder-Devrient
la
enfin les portraits du roi de Bavière
Wagner. Plus décoré
a
du
;
second père de
le
wagnériennes, on
Sociétés
dans cette pièce d'honneur, avec
plafond,
écussons des principales
les
de Geyer,
et
après l'extension des
tard,
voussure
la
de Schnorr de Carolsfeld
et
adhérentes à l'Association. Derrière
villes
maison, s'étend un jardin modeste,
dont
les
arbres se confondent
avec ceux du parc royal; des fleurs à profusion,
une serre pleine de
la
plantes recherchées, une grande volière peuplée de paons, de faisans, de
pigeons d'espèce rare; un petit bouquet d'arbres, et dans ce massif un
tombeau que Wagner
s'était
préparer d'avance, avec une énorme
fait
de très beau marbre gris veiné de blanc,
pierre tumulaire
d'une seule moulure très simple sur les bords. Pas
aucune inscription;
La deuxième
monde
le
confirma l'impression de
gold
moindre emblème,
le
l'Anneau du Nibelung
première, en accentuant
la
furent également
et Siegfried
ornée
entier saura toujours qui repose là'.
des représentations de
série
lisse,
appréciés,
et
le
la
Le Rhein-
succès.
mieux
Valkyrie,
interprétée et mieux mise en scène, fut encore plus admirée
à la fin
:
de cette seconde soirée on rappela à grands
cris l'auteur, qui refusa
se montrer;
public qu'après la dernière
de
scène
On
il
ne consentit à venir saluer
Gœtterdœmmening
la
et
mais
lui,
et se retira
de nouveau,
saluant
comme
pour une
doutait-il
fois
Son
venu.
était
il
que n'eût été son discours;
fort
la
môme
à il
fut
pas de
Reviendront-ils
divine.
dans
le
»
Ensuite,
Je
la
célébra en
le
II,
des termes exaltés le
«
La
vie
du maître
instant, toujours en
devant de
théâtrale)
se
la
scène et
sont à leur
dépend
de
la
:
terme,
puissance
la
esquissé cette œuvre, avec
achevée pour
gloire
foi
de son
présent à cette scène émouvante. part que
le
roi
à l'issue
de
la
avait
prise à la et faveurs
;
première exécution,
des plus régulières, dit M"" Gautier, surtout lorsqu'il poursuivait un il se levait, mais après son bain se recouchait et lisait jusqu'à se mettait au travail jusqu'à deux heures; après le diner, il se reposait
six heures, il
compagnie d'un
livre;
de quatre à
six,
il
faisait
une proinenade en voiture,
remettait à l'ouvrage jusqu'au moment du souper, à huit heures; amillc très gaieinent, et avant onze heures tout le monde était couché. «
puis
mal
était
A
dix heures; à onze heures,
un
le
remercia de toutes ses grâces
puis, revenant sur le trouble qui,
I.
la
si
troisième série. Aussitôt
la
cela
et
l'avait
Louis
il
de
fin
qu'il avait
qu'il
roi
réalisation de l'entreprise,
travail pressé et fatigant.
applaudi plus
fut
?
fête
l'ignore
rappela
il
génie allemand,
auguste bienfaiteur, 11
?
alors,
vraiment rien à dire, ou bien
s'avança sur
Les Biihncnfestspicle (pièces de
dit-il.
rien à dire
n'avait
de ses moyens oratoires après avoir été
fermeture du rideau,
n'en
Il
prier.
prononcer une allocu-
qu'il
silence
n'avait-il
compris lors de sa première allocution après
signe
fit
longtemps
fit-il
s'attendait, connaissant son faible, à lui voir
tion,
«
le
encore se
de
la
soirée
se
passait en
RICHARD WAGNER avait dénaturé Texpression
plus
accusé
être
de sa pensée,
d'orgueil,
s'il
disait
il
247
espérait,
qu'avec
l'œuvre qu'on venait
d'achever un pas était accompli pour l'indépendance de
Ce pas
avait-il
été heureux?
même
quand bien
ne seraient probablement pas sans profit pour
moment,
saient groupés sur la scène autour
Puis une dernière
allemand.
qu'une tentative,
l'art
national.
11
parole
lui
et
tous les
artistes
elles
adressait
A
compliments à ses dévoués collaborateurs
rideau s'ouvrait derrière
le
l'art
L'avenir seul en devait décider; mais,
ces exécutions n'auraient été
enfin de chaleureux
ne devoir
dit-il,
ce
apparais-
du chef d'orchestre, Hans Richter.
d'adieu de
Wagner
au public, et
rideau
le
COMPOSITION DU PEINTRE KRAUSSE Pour
se referma
:
les
la
de
façade
la
maison de Wagner, à Hayronlh
représentations de la tétralogie avaient pris
en conserver à jamais
le
glorieux
souvenir,
Wagner
fit
médailles commémoratives en argent, en bronze et en cuivre.
Louis
fin.
Pour
frapper des
Une
H
seule,
unique
en or et de plus grand module, était destinée au roi exemple assurément, dans l'histoire, d'un sujet décorant son souverain. :
en somme, un très beau triomphe, eu égard surtout à la grandeur de l'entreprise, et cependant Wagner ne se tint pas pour satisfait. Lui qui avait si bien dit, dès i85i, quuiie seule exécution de C'était,
qu'une seconde exécution lui semblait tout à fait superflue, il n'avait pas encore assez de cette seconde venus il garda rancune aux princes qui étaient et même d'une troisième son mythe en quatre parties
;
lui suffirait et
RICHARD WAGNER
248
à Bayreuth, de leur indilFcrcnce apparente et de leur parcimonie à l'égard
de
la tétralogie
aurait voulu qu'ils la lissent jouer un peu partout.
il
:
N'est-ce pas là ce que signifiait un passage de l'Œuvre
de
ma
compris
vie?
«
de toute évidence qu'on n'avait
devint
11
mes
but où tendaient
le
non plus personnel.
Môme
efforts,
en présence
dans un de
cet
la mission
et
intérêt
même
pas
général et
heureux résultat, nul
représentant de l'autorité gouver-
nementale n'eut
l'idée
de provo-
quer une action déterminante, afin de
réaliser
qui
ce
venait
d'être
WANH!R
I
ED
Hahitation de Rieliard
,
Wagner
,à Bayreulh.
démontré l'amélioration
jugeais
de
l'art
national
en
possible
Aussi, dans
le
tout
temps
opportun de pousser vigoureusement vers
point
même
l'institution
pour où
je
que
je
rêvais d'établir, par des représentations
tout
le
poids de cette
modèles régulièrement répétées, entreprise retomba sur moi on me laissa seul
la
poursuivre et l'achever,
et
sans intérêt. Et, pour
redoutait
;
comme une
fantaisie individuelle, sans portée
»
comble
d'ironie,
par-dessus tout
:
la
il
se produisait justement ce
tétralogie, en dehors de
que Wagner
Bayreuth,
était
^ ~
RICHARD WAGNER
25o
comme
exécutée assez rarement dans son entier, et
même
Hambourg,
zio-,
naire.
au
la sorte
;
que
une autre,
partie, tantôt
musical
ordi-
différentes
villes
train
le
souvent
assez
contraire
représentaient tantôt une
de
en rien
ne modifiaient
etc.,
arrivait
Il
Taurait souhaité
il
représentations intégrales données à Munich, Vienne, Leip-
les
l'auteur assistait
et
à ce spectacle écœurant, disait-il, de voir son
œuvre
ainsi
morcelée en quatre pièces distinctes, qu'on jouait exactement comme un opéra quelconque, comme un « morceau de répertoire », pour employer sa propre expression de mépris.
Lui,
si
rebelle naguère à cette idée,
à cet émiettement de son satisfaction,
même quand
:
divers
ces
moindre
se produisait
que
la
fragments étaient joués sans
la
coupures qui
les
le
générale, et que l'ouvrage sou-
applaudissements, malgré
et
public marquait
de
c'est
intelligence de la conception
levait partout les il
œuvre
trouvait cependant un bon côté
il
milieux défavorables où
les
défiguraient.
le
11
espérait
qu'en
présence de ce succès par fragments, un temps viendrait où l'on exécu-
dans toute l'Allemagne à certains jours de
terait l'ouvrage entier
l'espérait il
le
eût
quoiqu'il
prétendait
autrefois le
écrit
que son ouvrage
enfin
fût
officiellement
il
tations
à la lettre
;
il
—
imposé comme
anti-français absolu du nouvel art allemand, de mourut avant d'avoir vu cet espoir rempli; car les représende la tétralogie données à Berlin, de son vivant, par une troupe
type
Mais
—
contraire,
fête;
recrutée
l'art
pour
furent un cas
la
circonstance
et
sans influence
isolé,
chano-ement au cours habituel de
Cet espoir
était d'autant plus
dans un théâtre d'ordre secondaire,
même la vie
locale, et n'apportèrent
aucun
musicale à Berlin.
ambitieux que,
même
au delà du Rhin,
plusieurs écrivains, tout en admirant l'œuvre en elle-même et l'extraordinaire force de conception du maître, combattaient très vivement sa pré-
tention de déterminer par la tétralogie la forme idéale et définitive de l'art national allemand.
A
leurs yeux,
Wagner, avec
ses restitutions savantes
et ses imitations peu dissimulées du théâtre grec, était moins franchement national, moins issu naturellement du sol allemand que 'Weber qui a si fidèlement rendu le milieu où il a vécu, le sentiment, la rêverie, les harmonies de la forêt, le fantastique na'if dont il avait l'esprit imbu. Comment donc, disaient ces critiques, attribuer aux œuvres de Wagner, presque exclusivement et par excellence, ce caractère national, alors qu'elles procèdent si visiblement du théâtre grec
et
que cette origine,
quées,
comme
titres
cette
ressemblance ont été
de gloire,
par ceux qui ont
transmis aux adeptes la pensée du maître civilisations,
deux
sols,
deux
climats
plus
?
le
Or, se
d'ailleurs
revendi-
mieux expliqué et peut-il voir deux
différents
que ceux de
la
Mjiliil.le
Georg Unger. -SwXTiif.EiigcnGiaj. -Hagen: Guslw Sifhr.Karl Hill. Briinnliilde Amalie Maierua. Gutrune Wcclicriin. Waltiaute Louise JaiJe. Eic flrci Noinen
.hili.ttni.i
W'jgncr. Joséphine ScUvf-^ky. FrieJerikc
SiegfrieS:
Alberich
:
— —
—
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— Tie Lammcrl. — FÛlher Gri'tu.
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EheintSciter I.illi iind Marie LeUmaun. Minna derMaanen Herrlich. Uiirger, Wciss. Koch, Eilcrs, Rcicheiiherg, Xiering. :
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Orcliesterleitung
Decorationen Eiiiil
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:
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Hai:$ Richicr.
Joseph Ho/maim.
— Ohoreographis
:
CchriiJer
:
Karl
Briickncr.
—
llran.li.
—
Oostûms
:
Richard Friche.
^VHo'
m II'.',
DôfUr.
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Cari Wnlfel. Conrad Weiss. Chr.
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P. Schâferleiii.
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rnir
r^^
!;!i/^-.. -
PIERRE COMMÉMORATI VE DES REPRÉSENTATIONS DE LA
T
IC
TRA
LOG
I
E
,
EN
1876.
2
RICHARD WAGNER
52
Grèce
s'attribuer
Germanie? Kt
une
aussi
à ceux
armes que
la
de
et
iiliation
qui, tout
la tétralogie
comment Wagner, en cherchant
voilà
glorieuse,
prodigieux génie,
confessant son
en
lui-même
tourni
avait
à
des
niaient
incarnât Tart national et que TAllemagne eût trouvé
un drame lyrique ayant que possédaient l'Italie et la France entrailles de sa race et de son sol. issus des organisme des traits et un là
ce
:
Ces
écloses
critiques,
pays
en
d'outre-Rhin
très
et
impoitant de M. Gustave Frédérix,
résumées dans un
article littéraire
témoignent de
culture d'esprit de leurs auteurs; mais
et
la
ne frappent pas
juste.
En
clairement
elles
effet,
portent
elles dévient
moins sur l'œuvre
MEDAILLE COMMEMORATIVE DES KETES DE BAYREUTH, Gravée par M.
Cli.
Wiener, de Bruxelles,
el
communiquée par M. C. G. Tliieme.
de Richard Wagner. Revers (d'après Tesquisse originale du prof. Adolphe Schniilz, de Dusscldorf) Rcpresentalion des principaux personnages de Richard Wagner. A droite, le Hollandais, Lohengrin, Tannhituser, Hans Sachs et Tristan; à gauche, Brunchild,- Wotan, Siegfried et les Filles du Rhin.
Face
:
l'ortrait
:
clle-mcmc,
que sur la
création
de
les conditions
génie à
produire en public, pensant
authentiquemcnt national. Or, le
purement
côté
sitions
et
de toute contestation sérieuse,
lui
imprimer de
en
il
était
l'auteur avait tenu à
la
sorte
advenu tout
le
un caractère contraire.
Par
décoratif, par l'ensemble de ce théâtre et ses dispo-
architecturales,
Wagner
l'abri
matérielles dans lesquelles
par
le
retour
régulier de ces
jeux solennels,
se rattache, ainsi qu'il prétendait le faire, aux fêtes religieuses
théâtrales
emprunté,
de
la
Grèce antique; mais ce
et le sujet sur lequel
ment germanique, comme sources allemandes les
il
n'est
là
qu'un
appareil
a fixé son choix est d'essence absolu-
musique dont il l'a enrichi découle des plus pures. Qu'on s'occupe du poème ou qu'on la
KICHAKI) \VA(iNi;U étudie
parution,
la
tétralogie une
œuvre
serait
celui
méconnaîtrait
(|ui
d'art toute nourrie des sucs de la terre
pour juger Fœuvre en
l'en dépouiller
comme
ose
après coup de cette parure néo-hellénique
et revêtue
de
bien
233
soi,
la
aussi convient-il
:
pour clairement tliscerner
plonge ses racines au plus profond du
elle
dans
allemande
germain.
sol
Pour conserver et transmettre aux âges futurs le souvenir d'un événement extraordinaire, qui demeurera probablement sans second dans de
riiistoire
pas d'une
l'art
médaille;
:
pouvait
se
perpétuer
il
ne
mémoire
sullisait pai-
un
galerie du rez-de-chaussée, qui contournait
la
en façon de promenoir couvert
libre,
en cas de pluie durant
tenir
la
fait.
était à air
cette façade,
l'air frais
et
d'en
sans précédent,
de pierre, capable de résister aux attaques du Le théâtre de Bayreuth, à l'origine, avait
et
c'est ce qui fut
une façade arrondie
était
il
convenait
il
monument de marbre temps
comme
musical,
du dehors. Entre
les
les
entr'actes,
représentations de
la
oii
l'on
pour aspirer
tétralogie et celles
de Parsifal, tout en laissant cette galerie ouverte à ses deux extrémités, on appliqua contre le milieu de la façade un avant-corps rectangulaire, et, sous
la
partie
du promenoir garantie des vents par
cette construction nouvelle, on érigea, dans un encadrement de pierre,
une dalle de marbre noir relatant Nibeliiug en artistes
l'année
1876,
avec
qui avaient pris part à
représentation
la
de
noms, gravés en
les
cette
solennité.
Ce
l'
Anneau du
or, cîe tous les
fut
un hommage les noms monument.
rendu au maître et à ses interprètes par les architectes, dont sont plus modestement inscrits en lettres noires, au bas du
commémorative, au-dessous de ce titre, point de nom d'auteur, non plus que d'inscription sur la pierre tumulaire de Wahnfried. Comme il reste entendu que la postérité la plus lointaine, en déchiffrant sur la pierre effritée un titre presque effacé par le temps et des noms de chanteurs tombés dans l'oubli, se rappellera toujours Sur cette
quel
homme
dalle
de génie a créé ce chef-d'œuvre impérissable, quel géant
dort dans ce tombeau son dernier sommeil
LE MOTIF Tire de Schull^c
et
DE
l.
Militer â
\
t
O
!(.
OE
l'AiiiiCiiii
du
!
ANIME. Xibcluiig, iSS3.
CHAPITRE XIV CONCERTS
A LONDRKS.
LA TETRALOGIE A BERLIN
PARSIFAL A BAYREUTH
A représentation de la tétralogie à Bayreuth eut un
contre-coup presque immédiat à venu,
M. Pasdeloup, à
intéressantes
Paris.
L'automne
TafFùt de toutes les nouveautés
pour ses Concerts populaires, crut de
son devoir d'exécuter un des plus beaux fragments de l'ouvrage qui venait d'avoir un
par toute l'Europe, et
il
de Siegfried, tirée de la
tel
inscrivit la
retentissement
marche funèbre
Gœtterdœmmerung
{le
Cré-
des Dieux], sur son programme du 2g octobre 1876; ce morceau précédait immédiatement l'ouverture du Freischiïti, qui terminait le concert. Mais une cabale avait été organisée en se couvrant du grand mot de patriotisme, et, dès avant que le morceau commençât, une portion du public, assez faible il est vrai, mais décidée à user de tous les moyens et munie dans ce dessein de sifflets à roulette, se mettait à faire un tapage indescriptible. Cependant, l'assistance presque
puscule
tout entière, ayant protesté contre
cette
violence
faite à sa
liberté
et
manifesté énergiquement la volonté d'entendre le morceau annoncé,
la
marche
funèbre
complet
que
;
les
dèrent
à la
de
fin
sifflets,
Siegfried
même, lorsque
les
exécutée
fut
au
milieu
d'un
silence
bravos étaient de beaucoup plus nombreux
quelques
enthousiastes
maladroits
deman-
bis.
Mais M. Pasdeloup, homme prudent, était si bien décidé à ne pas recommencer, qu'il fit aussitôt attaquer l'ouverture du FreischiU{. A ce
moment, mencer pas
le
elle,
peine
la
fureur des opposants ne connut plus de bornes et
de toutes leurs forces. Quatre
flèrent
le Freischiiti,
début
siffla
si
fois la foule
M. Pasdeloup
;
ils
sif-
voulut recom-
ahurie et qui ne reconnaissait
caractéristique d'un chef-d'œuvre souvent applaudi par
Weber pour Wagner. M. Pasdeloup
perdue
Freischûty
quatre
fois
il
tout
se
décide enfin
à
essaie alors de parler
reprendre une cinquième
fois
:
le
l'andante est couvert par des vociférations, et c'est seulement lorsque éclate Vallegro que les cabaleurs, surpris et confus en percevant ce motif bien connu, se hâtent d'applaudir à tout rompre ;
RICHARD WAGNER pour colorer leur méprise l'applaudissaient.
les
:
Jamais,
uns
enfin,
sifflaient
255
encore
Webcr que
d'autres
depuis les glorieuses représentations
de Tannhcvuser, foule rassemblée dans un théâtre ou dans un cirque n'avait prouvé avec plus d'éclat son ignorance et sa versatilité.
Ce
fut bien
inattendu
fit
pis
quand
les
journaux se mirent de
la partie
;
ce conflit
tant noircir de papier et débiter de sottises qu'on a peine
à s'y retrouver. D'abord, la plupart des écrivains qui se jetèrent dans la
mêlée étaient aussi ignorants de
LE
la
question posée par l'œuvre que
THÉÂTRE DE lîAYREUTH DANS SON ETAT ACTUEL Avec
l'avant-corps rectangulaire ajoinO au printemps de 1SS2.
de l'œuvre elle-même,
pour mieux charger
et,
le
pauvre M. Pasdeloup,
pour incriminer avec plus de vraisemblance son manque de patriotisme, ils crièrent bien haut qu'on n'avait pas entendu une seule note de Wagner aux Concerts populaires depuis 1870 c'était là une erreur :
manifeste,
car,
depuis
deux ans
revenaient régulièrement soulever
aucun tumulte
sur les :
déjà,
ses
principales
compositions
programmes de M. Pasdeloup sans
tout au plus les
sifflets
de rigueur lancés
par des opposants désespérés ou par de mauvais plaisants en humeur de rire; il était dans la tradition, pour s'amuser, de siffler quoi que ce fût de Richard Wag^ner.
RICHARD WAGNER
256 Il
tains
que
savoir aussi
faut
écrivains engagés
jadis à propos de
les plus
forcenés clans l'affaire étaient cer-
par des articles,
méprisants ou joyeux, écrits
Tannhœiiscr, et qui, ne pouvant pardonner au com-
du verdict rendu par eux à la venvole, séchaient monde musical ne tenir aucun compte de leur arrêt et déses-
positeur de s'être relevé
de voir
le
même
péraient d'imposer leur opinion, habile que de
l'homme au
proscrire
en F'rance. Alors quoi de plus
lieu
de
du musicien, en raison non ses œuvres, mais de sa
nationalité
?
tapage
le
patent
fait est
organisé ce
pas
n'était
pour
faite
Le
:
jour-là
une manifestation empêcher Wagner
de reparaître sur
le
programme
des Concerts populaires, puis-
y avait repris une large c'était place depuis deux ans
qu'il
;
le
musicien seul qu'on voulait
écraser, sans l'entendre,
comme
cela s'était passé aux représentations de Tannhœitser, et parce
que
anciens
ses
enrageaient de si
malgré leurs de train 11
cette fit
dit le Miisicion
de
[Le Sifjla.
l'.tvcnir, -i-j
.noût
par H. Mcyer.
regagnait
fond
reculer
par
si
bien que
bagarre ne
le
d'une
et
ligne
fait,
le
nier épisode violent de
la
pagne
1S76.)
perdu,
attaques à
bruyante
pas
regagner
terrain
'.
le
que ce
WAGNER,
le voir
tout le
vite
détracteurs
fut,
le
poursuivie
en
der-
camFrance
depuis vingt ans et plus contre l'auteur de
Tannhœuser.
11
y avait
même un
attaque haineuse que tous les auditeurs de ils
eurent bien quelque mérite,
cette
marche
entendu
la
si
difficile
tétralogie.
il
tel
parti pris
dans cette
sens rassis protestèrent; et
faut le dire, à écouter religieusement
comprendre pour ceux qui n'avaient pas Elle est généralement admirée, aujourd'hui, à
o Merci 1. (Ju'il nie soit permis de citer ici la lettre que M. P;isdeloup m'adressait à cette occasiun de m'aider dans mon œuvre. Votre article si vigoureux du Français (fi novembre) me donne l'espoir que nous pourrons surmonter l'obstacle. Si nous devions rester étrangers au mouvement imprimé à la musique par Wagner, dans une trentaine d'années, no:; jeunes compositeurs pourraient bien être de :
petits vieillards.
Kncore une
fuis merci.
»
D ta a:
-
"i
<
~
H
-S
RICHARD WAGNER
258
parce qu'on sait tence du
ment
héros
qu'elle
qui
vient
ensemble,
reliés
comme un
offre
tableau raccourci de
de mourir, et que ces motifs, à
faciles
si
reconnaître
l'exis-
admirable-
si
au passage, sont de
courts rappels de mélodies déjà entendues dans les situations principales
où Siegfried a paru. Mais, en 1876, c'était pour les auditeurs français toute une éducation à faire, et, quand on y réfléchit, de
la tétralogie
demeure étonné qu'un public aussi enclin à railler ce qu'il ne comprend pas tout de suite ait voulu, dans cette circonstance, écouter sérieusement une œuvre sérieuse en faisant taire à la fois les rires et les sifflets. C'était là un très beau succès pour Richard Wagner'. Pendant qu'on bataillait en France autour de son œuvre et de son nom, Wagner, pour se remettre des fatigues de Bayreuth, voyageait en Italie et y recevait un accueil dont il était vivement ému, car il on
un jour rencontrer
n'aurait jamais cru, au début de sa carrière, devoir
de
telles
sympathies sous
séjour de quelques
le
Après un
de Donizetti et de Verdi.
ciel
semaines à Sorrente,
Rome, où
par
repassait
il
le
baron de Keudell, ambassadeur d'Allemagne, donnait une grande soirée en son honneur, où l'Académie de Sainte-Cécile honorifique il
—
assistait
à
une
le
à
plus élevé, celui de Sociiis
—
Bologne
représentation
avait
il
Ricn{i
de
illiistris;
qui
et,
le
grade
cette
ville
magnifique
une
valait
lui
le
décembre,
5
de
de citoyen
titre
le
décernait
lui
ovation.
Mais une
fois
de retour à Bayreuth, une
quand
dissipées et les lampions éteints,
exact de
la
il
fois les
voulut se rendre un compte
situation matérielle de son théâtre et de son
se trouva en face de chiffres décourageants.
de
la tétralogie à
n'en
avaient
pas
moins le
dans
laissé i'"'
pressant appel aux Sociétés
sa
janvier
Wagner
caisse
un
le
il
maître, elles
de
déficit
lançait-il
1877, :
entreprise,
Certes, les représentations
Bayreuth avaient été glorieuses pour
i5o,ooo francs. Aussi,
le
fumées du triomphe
de
I25
à
Bayreuth un
mille cartes patronales, donnant
droit d'assister à l'une des trois séries de représentations annuelles,
marks (i25 francs); de plus, il conseillait à ses adhérents de demander au Parlement un subside de 100,000 marks pour aider au progrès du nouvel art national allemand étaient offertes au prix réduit de
100
;
mais
il
dut presque aussitôt renoncer à cette idée
devant
la
certitude
I. Quelques-uns, dans les journaux, rirent beaucoup de ce titre le Crépuscule des Dieux; d'autres s'amusèrent fort du sujet général des Nibelungen. Ces beaux esprits retardaient de quelque cinquante an?, car cette légende avait e'té connue et étudiée en France même, dans des travaux littéraires très importants, bien avant que Wagner ne se l'appropriât. Et puis n'était-il pas imprudent de demander, même en riant, ce que cela pouvait Être? On donnait à penser par là qu'on n'avait jamais lu Henri Heine ni les pages admirables où il a résumé tout le poème des Nibelungen. Quand on veut faire rire, il faut tâcher au moins que ce ne soit pas à ses dépens un bon plaisant est décidément une :
:
pièce rare,
comme La
Bruyère
l'a
remarqué
il
y a longtemps.
RICHARD WAGNICR échec
d'un
Après mon expérience antérieure, toute attente d'une de la part du gouvernement fut abandonnée. »
«
:
aide effective
Le passage pour éviter
259
le
plus curieux de cette circulaire est celui où
hasardées
appréciations
les
et
critiques
les
Wagner, qui
hostiles
Nibelungen, pour ne plus entendre aucune au milieu d'un si beau concert de louanges, recom-
s'étaient produites après les
voix discordante
mandait aux Sociétés Wagner de ne gens
suffisamment
initiés
tout
et
laisser
à
venir à Bayrcuth que des
bien
Fait
disposés.
regrettait de n'avoir pas exigé pour la tétralogie, et cela
même, ah
grand Dieu non
!
REPRÉSENTATION DE Guruemanz conduit
les
auditeurs
dans le
il
;
œuvre.
y>
Et
«
PARSIFAL
PavsifaI au château
ne voulait pas,
la situation fausse
seul but
mais par égard pour
I
de
était c'est
ce
où
ils
troubler qui fut
»
A
les artistes et
lui-
pour
BAYREUTH, EN l882.
du Giaal.
disait-il,
C'est ce qu"il
non pour
Acte
«
l^"'',
dctixiènic tableau.)
replacer ses vrais partisans
aux côtés de gens dont représentation et de combattre son
s'étaient trouvés, la
pratiqué,
au moins pour
les
deux pre-
mières représentations de Parsifal. Afin de combler ce gros déficit de i5o,ooo francs qui pesait uniquement sur lui, Wagner laissa d'abord un imprésario prendre possession
des décors désormais inutiles à Bayreuth et colporter la tétralogie de ville en ville ce qui était la négation complète de son idée mai-
—
tresse
;
— puis
il
entreprit
lui-même une excursion qui pensa
1
entraîner
dans d'inextricables embarras.
Sur
le
conseil du
grand violoniste Wilhelmy, un de ses tenants
les
RICHARD WAGNER plus
dévoués
accepta
et
qui
partie
sa
faisait
donner à Londres
d'aller
alternativement
Hans
avec
à
des
concerts, qu'il
La
Richter.
Bayreuth,
Torchestre de
bonne
devait
nouvelle
annoncée au peuple anglais par une lettre insérée dans maître faisait une propagande active en faveur du
«
diriger
bientôt
fut
Times, qui
le
:
il
Souvent
j'ai
reçu d'Angleterre dans ces dernières années des invitations à de semblables
écrivait
entreprises,
Vous savez
Wagner
à
Wilhelmy,
i5
le
mars 1877.
pas dans mes idées de donner des concerts
qu'il n'entrait
proprement dits; je voulais toujours inviter à Bayreuth ceux qui avaient le désir de
me
connaître.
nière, et je
me
Il
paraît que, de cette
notamment
vous
bons amis. Vous, cher
m'avez
d'une
invité
façon
m'y décide,..
je
»
que Wagner ne pouvait pas
est
si
personne persuader
pressante à venir en ces derniers que
en Angleterre,
aussi
suis acquis de
ami,
ma-
Le
fait
se mettre
en contradiction avec lui-même d'une façon formelle
plus
pas
diriger,
non
non pas une ou deux parties entières, mais
l'ensemble de
même
venant
qu'en
tétralogie,
la
des sélections, selon
la
mode
anglaise, des
morceaux ou fragments découpés dans divers ouvrages,
depuis
Rieii:^i
ses
jusques et
y compris les Nibeliingen.
même
L'organisation fut
assez
difficile;
il
de
fallut
ces
concerts
toute
l'énergie
du conductor Edouard Dannreuther et l'influence personnelle de Wilhelmy, qui avait RICHARD WAGNER. {The Hornct, de Londres,
<i
pris le poste de
mai 1877
)
monter tant d'obstacles accumulés. D'abord, à ce
ture de la
par
MM.
«
saison
»
Mapleson
premier violon, pour sur-
moment
qui concordait
avec l'ouver-
à Londres, tous les bons artistes étaient accaparés
Gye, à Drury-Lane
Covent-Garden, sans parler des orchestres permanents du Cristal Palace et de la Philharmonie ; il fallut donc faire venir des instrumentistes d'Allemagne, de Hollande, de Belgique, etc., et ce ne fut pas une petite aflfaire que de dresser cet orchestre cosmopolite de cent soixante-huit musiciens et
et à
;
peu à peu cependant, après qu'on eut péniblement pataugé, la lumière se ht et tout était à peu près d'aplomb lorsque Richard Wagner et
Hans Richter
arrivèrent
le
3o avril pour les dernières répétitions.
RICHARD Six concerts, les uns
donnés
et le furent
le
en cfFet
soir,
—
\va(;ni;r
les autres
les 7,
rimmense enceinte d'Albert-Hall
10,
261
raprcs-midi, i;-!,
i5,
devaient être
— dans
mai
17 et iq
qui peut contenii- de 10 à
i2,<)0()
audi-
en général, ces séances attirèrent beaucoup de monde mais il en aurait fallu bien davantage, tant on avait dépensé d'argent pour teurs
:
;
•
RICHARD WAGNER EN 1S77.
D'aprcs une photographie
les
annonces
neurs
Hodge
et les
en
réunissant
séduisants pour
le
Londres.
les
en diminuant
les
dépenses
le
plus possible
ces
deux programmes
les
morceaux
public.
Cette idée eut un
bon
résultat
sur
entrepre-
imaginèrent de donner deux concerts supplé-
mentaires à prix réduits, et
à
appointements des chanteurs. Alors
Esse.v
et
faite
;
les
plus
mais cela
RICHARD WAGNER
262
ne
pas encore à combler
suffit
le déficit.
Wagner
furent pas couverts et
Les
frais
mêmes
des concerts ne
dut abandonner une partie de
somme
la
arrangements conclus à l'avance avec les qui entrepreneurs, pour que tous les artistes ayant concouru au festival pourtant, il put encore envoyer à Bayreuth plus fussent désintéressés revenait d'après
lui
les
;
de 700
Un à
st.
1.
(17,500
fr.)
peu de chose après un
c'était
:
si
grand
de Londres avaient eu l'idée d'ouvrir
instant, ses admirateurs
son insu une souscription pour liquider complètement
Bayreuth,
réuni une somme considérable lorsqu'on un autre moyen de se tirer d'affaire et que avait trouvé
apprit qu'il
employés à éteindre cette des
déjà versé
douce surprise,
Munich
seraient
souscripteurs anglais, qui
les
remboursés
furent
fonds,
de leurs
maître une chaude
reçurent du
et
Alors,
dette.
ciements à ses amis d'Angleterre. Bref, à Londres
avances,
remer-
de
lettre
comme
à Bayreuth,
opération financière et grand succès musical'.
triste
Ce
y a de particulier,
qu'il
Albert-Hall pour voir
tout à
que
c'est
Anglais, qui venaient sur-
les
personne de Richard Wagner, mar-
la
quèrent une grande préférence à Hans Richter
—
passif de
le
et ils avaient déjà
tous les bénéfices des représentations de la tétralogie à
avaient
effort.
dès
cela
et
On
premier concert.
le
comme
chef d'orchestre,
y jouait d'abord
le
Kaiser-
marsch, puis des fragments de Rien{i, de Tannhœitser et du Rheingold.
Après des répétitions aussi précipitées, produisit quelque
accroc
comme
à son
ordre
aussi lorsque
;
en survint en
il
;
était à craindre
il
effet
était ;
et qui alla
pourtant,
pour
ou plutôt avait été, un chef d'orchestre
le vrai
avait le
tants; mais force,
ce
Londres
à
qui
Ces concerts
et
de Beethoven surtout
il
style
;
outre un sentiment parfait de
la
mouvement et de la précision du don de communiquer son enthousiasme aux exécu-
beauté du son, des nuances il
remporta personnelle-
tant sa profonde admiration pour ces maîtres lui
trouver d'instinct
rythme,
il
grandissant de concert en concert.
œuvres de Weber
les
n'avait pas de rival, faisait
Wagner, nerveux
manqua de sang-froid pour tout remettre en après lui Hans Richter vint diriger le Rheingold
ment un succès énorme exceptionnel
ne se
naturel,
avec une puissance, une sûreté merveilleuses,
Wagner
et
qu'il
n'était
il
fut
du
au-dessous de lui-même.
pas étonnant à cet âge,
et,
les
II
manquait de répétitions le
coûter au bas mot 60,000 I. st. et les entrepreneurs perdirent au moins 5, 000 1. y en avait quarante-huit, reçut 10 guinées pour les six concerts (une guindé, 2Û fr. 25, pour un concert et une répétition, plus une demi-guinée par répétition supplémentaire); les deux concerts de supplément leur furent payés 2 guinées, répétitions comprises. Tout l'orchestre à proportion et les instiuments à vent plus cher il y avait six flûtes, sept hautbois, huit clarinettes, huit cors, sept bassons, cinq trompettes, cinq trombones, cinq tubas, deux paires de timbales, une grosse caisse et des cymbales, un tambour basque et des castagnettes, un tambour, sept harpes, quinze altos, vingt violoncelles et vingt-deux contrebasses quel orchestre monstre! I
st.
.
Chaque
(.lurent
violon, et
il
:
:
RICHARD WAGNr:R fatiguant,
avait
il
bras faible,
le
irregulier,
quelques défaillances de mémoire
mière répétition, le
en conduisant
"Wagner des anciens jours
non pour
soir;
le
ce
bref,
;
suffisait
montra aussi
il
guère qu'à
n'est
Kaisennarsch, que
le
cela
:
2Ô3
pour
la
pre-
retrouvé
s'était
musiciens, mais
les
le public. le maître avait amenés avec lui étaient en partie Nibelungen à Bayreuth M'"" Materna, SadlcrExter, MM. Unger, Hill, Chandon, Schlosser, etc.,
Les chanteurs que interprètes des
des
Griin, et
M""
:
"Waibel et
A
tous obtinrent un succès considérable.
on rappela
"Wagner,
trois fois
la
du premier concert,
fin
et les princes et princesses
de
la famille
Tannhœuser pour le troisième Mais cela ne marchait pas tou-
royale redemandèrent les fragments de concert, auquel
voulurent revenir.
ils
encombre à la quatrième séance, il se produisit un tel désarroi dans le duo de Lohengrin, par la faute du ténor Unger, indisposé, qu'il fallut s'arrêter au milieu et complètement supprimer les morceaux du programme où ce chanteur devait reparaître. Aux jours sans
:
concerts suivants, de grands
applaudissements accueillaient encore
la
la marche funèbre de Siegfried, les fragments des Maîtres Chanteurs et surtout ceux de Tannlianiser, après lesquels l'auteur et ses deux lieutenants, Richter et "VN'^ilhelmy, étaient appelés dans la loge royale et fort complimentés. Les deux séances supplémentaires permirent de faire entendre les morceaux de Siegfried que l'indisposition du ténor Unger avait fait rayer des précédents programmes; enfin, après le dernier concert, Richard Wagner, rappelé sur l'estrade à grands cris, remercia vivement l'orchestre en ajoutant
chevauchée des Valkyries,
qu'il
bien
espérait
«
de Londres
artistes
Le vœu
était
être
et,
de parler vie,
de raison, Je
«
:
dit-il,
le
la
part
il
n'avait pas laissé
mais parmi
Peu de
oeuvres,
jours
M"""
paraître en
je
auparavant,
le
mon
que
celles
j'ai
souvenir entre
tous, qui avez
mai,
17
de Parsifal, qu'il
volume
ma
donné votre coopévous remercie du plus profond de mon cœur. »
Vous
Edouard Dannreuther,
entier
à cette
:
belle occasion
si
m'ont été données,
les rares qui
il
réuni
avait
dans sa demeure d'Orme-Square, 12 (Bayswater),
M. et poème
dont on
un grand banquet
offert
échapper une
passées à Londres au milieu de vous resteront dans
mes
homme
d'un
pas eu beaucoup d'heures heureuses dans
n'ai
les plus belles et les meilleures.
ration à
encore avec les
fois
soixante-cinquième anniversaire
cercle choral allemand lui avait
le
comme
rapport plus d'une
un peu téméraire de
venait précisément de fêter occasion,
en
«.
à la fin de la
et leur avait
avait
même
où
donné
apporté avec année. Fnfin
lui il
quelques amis logeait
il
la
et
chez
primeur du qui
quitta
devait
Londres
RICHARD WAGNER
264 11-
non sans avoir marqué de nouveau
juin,
4
garderait
qu'il
plus
le
doux souvenir de ses amis anglais.
Une
de retour à Bayreuth, Wagner, sans se désintéresser de
fois
Parsifal, s'occupa avant tout de fonder en cette ville un Conservatoire
où seraient admis
dans
une
des
musiciens ayant déjà reçu une éducation complète
les
existantes
musicales
écoles
auraient passé là six
ils
;
que chanteurs, à
instrumentistes
tant
années
et
Tesprit
des œuvres du maftre, afin de participer ensuite à l'exécution
se
seraient
initiés,
de
que possible des créations national allemand personnifié par
parfaite
aussi
l'art
Richard Wagner. Dans sa pensée, suffire
de 10,000 marks pour organiser
les
première année, après quoi
les
cours de
la
fournies
recettes
par
concerts permet-
les
traient d'établir les cours
années.
aux
Ce
des
des
des
Conservatoire
priétaires,
les
les
frais
char-
de ce
Conservatoires,
en seraient, par
qu'elles
Wagner
Sociétés
subvenir à tous
de
cinq autres
projet fut exposé par le maître
déléo^ués
gées
devait
il
fait,
le
élèves, à leur
puis-
pro-
les
étant
sortie,
de droit membres du comité de patronage.
Mais Wagner
toujours de recettes
parlait
magnifiques sans qu'on en
vît
poindre au-
cune, et les délégués, déjà fort inquiets du
gros déficit des représentations de Bayreuth, de l'échec financier des concerts de Londres,
sourde
firent la
idéal eut l<
.('//if
I
C HA RD
\V A
GN
K
K
encore moins de succès à Bayreuth
.
qu'il n'en avait
obtenu à Dresde
Mu-
et à
nich.
if^yy.)
Cependant,
Wagner
à l'automne de
1877 ^"^
'^^^
représentations futures de Parsifal se
fondirent
Bayreuth i5
Conservatoire
MiisiCiiliWorlJ. de Londres,
id mai
mées
oreille, et le
et
marks;
Wagner,
dont
en les
les différentes
Association
le
s'ils
encourager
générale
annonce eut un
on
plus
recruta
sociétés
déjà
fit
les
for-
ayant son centre à
contribution
annuelle de
Enfin
de Parsifal l'objet précis,
perspective immédiate de l'entreprise à laquelle cette simple
des comités
voulaient, de donner davantage.
public,
le
réunion
moins pour résultat d'assurer
membres payèrent une
libre à eux, ]-i(nir
une
:
cette
cifet si favorable
de deux cents membres
on
allait souscrire,
que, dans l'année
en Allemagne
et
la
et
même,
ailleurs.
=0
^
J4
-3
RICHARD WAGNER
266
Cependant
comme par
École de style
«
annonça
à
la
de
Parsifal (après
les
deux
3o marks par place
patrons) au prix de
et
décidait
quatorze
premières réservées aux par représentation.
idée, entièrement contraire à son précédent projet de rendre
Bayreuth de plus en plus fermées,
sentations de
Wagner
de Parsifal,
En même temps, il monde et de donner
première.
d'ouvrir le théâtre de Bayreuth à tout le
représentations
et
suffire à la fois à l'établissement
et à la représentation
«
renonçait
qu'il
dix-sept cents,
180,000 marks, réunie tant par les cotisations que
dons volontaires, ne pouvait
les
d"une
nombre des patrons ne dépassa pas
le
somme de
la
était
Cette
les repré-
excellente
et
devait donner des résultats fructueux.
En mai
1881, la tétralogie, qu'on avait déjà exécutée en entier dans
différentes
sentée
Berlin
à
notamment
villes,
mais ce ne
;
dente, on avait bien
dit
Hambourg
à
et
Leipzig,
à
repré-
fut
pas au théâtre royal. L'année précé-
fut
que l'Anneau du Nibelung
joué
allait être
à
l'Opéra de Berlin; mais cette nouvelle avait laissé incrédules ceux qui connaissaient et les sentiments de Richard
intendant
général
des
Hiilsen
pour Richard
pouvait
lui
offrir
de Hùlsen,
M. de
royaux, et les sentiments de
théâtres
Wagner.
insuffisantes,
Wagner pour M.
L'un
et
ressources
qu'on
l'autre estimait les difficultés
d'exé-
trouvait
les
cution insurmontables; l'intendant, surtout, ne voulait pas s'astreindre à
donner
les
ouvrage,
quatre parties
ni à les
de
la
•
tétralogie
comme formant un
présenter dans leur ordre naturel.
du théâtre de Leipzig, Neumann, voulant
Cependant,
le
directeur
faire
entendre
la
tétralogie à Berlin, s'aboucha avec l'intendant
dont
la
tâche
seul
aurait
singulièrement simplifiée en
été
—
cas
ce
royal
qui
et
consulta là-dessus l'empereur, qui se
paraissait devoir
accepter,
souvint assez de
Bayreuth pour se désintéresser complètement de
question
les
;
— mais
d'orchestre.
senter
la
loua donc
artistes
pourparlers se rompirent sur
M. Neumann sur
tétralogie
apprécié de il
Alors,
Richard le
il
reprit
un théâtre
Wagner
la
question du chef
son idée première
libre,
avec un
la
de repré-
chef d'orchestre
et bien pénétré de ses idées,
M.
Seidl
;
théâtre Victoria, forma une troupe avec les meilleurs
de Leipzig, renforça l'orchestre symphonique de Berlin avec
les
membres de
l'orchestre de Leipzig et put donner enfin l'Anneau du Nibelung dans des conditions favorables, sans imiter néanmoins toutes les innovations de Bayreuth. Le rideau s'ouvrait bien verticalement et le commencement du spectacle était annoncé par une sonnerie de
trompettes,
mais
il
ne
faisait
pas nuit complète dans
la
salle
et l'or-
chestre demeurait visible, quoique placé en contre-bas.
Le Rheingold dépassa tout ce qu'on pouvait attendre
et la
Val-
RICHARD WAGNER kyrie, en dépit des longueurs,
267
eut aussi un succès considérable; mais
Siepfried réussit beaucoup moins qu'à Bayrcuth, peut-être par Finsuffisance du ténor chargé du rôle principal enfin, le Crépuscule des ;
Dieux répara ce mauvais effet et
Wagner, rappelé
toire. Alors,
naissance
pour
le
dernier acte enthousiasma l'audi-
le
sur
chef d'orchestre
exprima toute sa recon-
scène,
la
et
pour
le
directeur,
7/7îrt^,//t'
enfin
pour
f^/-'
m;aterna dans kundrv,
M""'
au deuxième acte de Parsifal.
M™' Materna,
la
digne représentante des
surpassée elle-même dans
le rôle
de Brunehild, mais à côté
moins trois artistes incomparables dans Loge, Lieban dans Mime; et, parmi avait au
même tions
préférables à à
Berlin,
d'excellents
Wagner
résultats,
:
parfaites
durent
de
tout
être d'autant
qu'elles avaient lieu devant
d'elle
il
y Scaria dans Wotan, ^'ogl
les autres,
leurs prédécesseurs de
presque
Elle s'était en effet
artistes.
beaucoup étaient
Bayreuth. Ces représentapoint plus
et
qui
donnèrent
agréables à Richard
un auditoire ordinaire, qui
n'était
RICHARD WAGNER
268
prévenu ni pour ni contre l'œuvre succès de Bayreuth.
Cepenchmt Wagner
poème de
ce
confirma sans restriction
qui
et
délibérément à Parsifal.
travaillait
le
avait tiré
Il
légende du Graal,
la
chantée par les trouvères allemands
notamment par Chrétien de Troyes et par Wolfram d'Eschenet français,
bach, qui ont célébré cette réunion
de
chevaliers
voués
au
les
joies
fuyant
Christ,
du
culte
profanes
pour se consacrer à la garde du Graal c'est-à-dire de la coupe
—
dans laquelle Jésus a bu à
Cène
qui
et
a
reçu
sang du Crucifié dont
Longinus,
—
le
la sainte
plus et
tard
de
la
le
M
lance
soldat romain, a
le
HC DES
P^f
M^ \TUi tHHTcm
DU VAiSStAU FAKTofviC-
rAAp.fHC
du Sauveur. Wagner, depuis longtemps déjà, marquait un percé
A
ilanc
M.
l'ASDEI. OUI>
ne se méfiant pas assez des marclies de M. Wagner.
certain penchant au mysticisme, vers
novembre
(Chani, Charivari, 12
1S76.)
un christianisme riche en miracles, et
il
cédait à cette grande et religieuse inspiration lorsqu'il écrivit son
Parsifal, qui n'est plus
lyrique
à
yeux,
ses
même
mais
un drame
œuvre
une
solennelle destinée à consacrer la scène (ein
BiihnenweihJéstspielJ
n'est pas sans raison
mand i<
a
pu
en
Parsifal est
de
l'amour
des
porter
le
dès lors ce
jugement
ce
:
Cantique des cantiques
divin,
cantiques
;
qu'un critique alle-
comme
Cantique
le
de l'amour terrestre
est
Tristan. »
Le maître
avait
écrit
poème
le
à
Bayreuth de 1876 à 1877, en reprenant son ancienne ébauche de Zurich quant ;
à
la
[L'Éclipsé, 3 septembre 187Ô.)
plet acte, déjà fort
après
Noël,
d'avril
187g; mais avant
il
avancé à
abordait
le
la
il
la
commença
précisé-
ment dans sa soixante-cinquième année. Le scénario du premier acte était com-
LE TETRALOGUE WAGNER, PAR GILL.
deuxième
musique,
fin
au
printemps
la mi-juin, était
troisième
qui
de
terminé
l'occupait
1878, le
1
1
et
le
octobre;
jusqu'au
mois
de cette année, une assez forte attaque
RICHARD WAGNER de son
vieil
ennemi
sud de ritalie. (on
se
Il
269
l'érysipèle le força à chercher un refuge
n'en
clans
le
continua pas moins son travail d'orchestration de Meiningen avait déjà exécuté le
rappelle que Torchestrc
prélude à Bayreuth ce long travail dans
des Palmes,
le
pour le
Noël de 1878) et mettait le point milieu de Ihiver suivant, à Palerme, à la
i3 janvier
final à
riiotcl
1882.
TT-i
^^^^^f/'^^^
PARSIFAL
(m.
JŒGER) ET LES
F
1
LL
t.
S- t
LEUR
S
,
au deuxième acte de Parstjal.
Le
dénouement de Lohengriu pourrait servir d'avant-propos à Parsifal, puisque Lohengrin est le fils de Parsifal, roi du Graal, et qu'une fois sa mystérieuse origine dévoilée pour satisfaire la curiosité d'Eisa, il doit retourner à Monsalvat parmi les récit
qui forme
le
chevaliers gardiens du Graal. Ces chevaliers,
lui-même en
faisant
apparaître
leurs
le
Saint-Graal les choisit
noms au bord d'une coupe,
et
RICHARD WAGNER
270
qui
lui
c'est
descendant du de
chevaliers
Graal
le
vase sacré,
déposant une
et
vue
suffit
Parsifal
est-il
la
à préserver
devenu
ces
du
roi
?
Au moment où
drame commence,
le
Amfortas
mais
;
celui-ci
à des séductions impures.
dresse
la citadelle
son indignité a
filets
de
cieuse,
face de la citadelle chrétienne se
en
désert
le
un
de
séjour
peuplé
délices
fleurs,
qui ont déjà su prendre en
plus d'un chevalier. Amfortas,
s'armant d'une relique pré-
d'enchanteresses à leurs
En
suc-
a
il
fils
du paganisme, élevée par le magicien Klingsor, que fait chasser de l'ordre du Graal et qui veut venger cette
transformé
a
il
:
trône à son
le
plus digne de gouverner, car
n'est
combé
injure
Titurel, fondateur et chef de
du Graal, se sentant mourir, a déjà cédé
l'ordre
s'est
dont
Mais comment
mort.
la
année,
vendredi saint, chac^ue
le
ciel
blanche hostie dans
miraculeuse, une colombe
d'une nourriture
soutient
les
la
la sainte
fois
filles
et
lance avec laquelle on perça
le flanc
du Sauveur,
mis en campagne pour vaincre Klingsor, mais lui-même a cédé
au charme fatal
Klingsor, saisissant l'arme sacrée, en a frappé
:
le roi
qui, depuis, souff"re d'une blessure toujours saignante...
Un
libérateur doit venir, un jeune garçon, pur de corps et d'âme,
mais ce libérateur se
toujours
fait
guérir la cruelle blessure d'Amfortas, pas
fond de l'Arabie par une
nul onguent ne peut
attendre, et
femme étrange
même
baume apporté du
le
et mystérieuse, à l'air sauvage,
aux vêtements misérables, toute dévouée aux gardiens du Graal, mais soumise par instants au pouvoir du magicien Klingsor, qui la trans-
forme alors en une femme divinement pour
jamais
belle, la plus redoutable qui fut
du Graal. Telle
chevaliers
les
est la
double destinée de
Kundry, qui ne sera délivrée qu'après qu'une àme pure aura
résisté à
ses séductions. Alors seulement, elle trouvera le repos, le repos qu'elle
cherche en vain depuis des siècles
dans
croix, la sistible
Jérusalem
rues de
les
le
malheureuse femme a à
travers
le
monde,
;
car depuis
le
ri,
elle
riant
est
voyant
jour où,
Sauveur accablé sous
le
poids de sa
poussée par une force d'un
toujours
rire
irré-
déchirant,
ne
pouvant pleurer, ne pouvant mourir.
Ce sauveur, ce sera chevalier Gurnemanz a indispensables.
Parsifal
Gurnemanz reproche
Parsifal, qui entre en scène après
tué
d'une
flèche
;
en
Graal
:
il
lui
l'être
vieux
un des cygnes sacrés
ce sacrilège à l'impétueux
chasseur égaré sur
domaine du Graal le jeune homme, touché de repentir, carquois, et le bon chevalier, frappé d'une telle candeur, naître
le
de raconter à des pages ces préliminaires
fini
a
que
naïf et
brise
le
château de
le
arc et
croit recon-
pur (reinige ThorJ qui pourra sauver
l'emmène alors vers
et
le
Monsalvat, où Parsifal,
RICHARD WAGNER
272
cérémonie de
attentif et muet, va assister à la
de
et
la
communion des
Des chants
chevaliers.
religieux se
Des enfants apportent
consécration du Graal
la
font entendre sous les arceaux du temple.
Graal, enfermé dans un riche écrin
le
leur
à
;
on amène Amfortas, couché sur son lit de douleur mais le malheureux roi se regarde comme indigne d'élever de ses mains vers le suite,
ciel
;
coupe sacrée
la
plusieurs reprises son
qu'à
faut
il
:
père Titurel
ordonne de remplir cet office pour qu'il s'y décide; alors, du haut de la coupole, un chœur invisible chante les paroles du Christ à la sainte Cène, le temple s'assombrit, un rayon lumineux descend sur la coupe, le sang y bouillonne puis la
lui
;
lumière
divine
pâlit
et
s'éteint,
jour
le
reparaît, les chevaliers vident leurs calices
mangent
et
pain
le
qu'une main
sacré
Tandis
mystérieuse a placé devant eux.
que
chants reprennent, tous les assis-
les
reforment
tants
leur
cortège
dispa-
et
raissent dans les profondeurs du temple...
Etonné,
et celui-ci le
de
irrité
,
trouver
le
que
Klingsor
côté,
veille.
Kundry
alors
et
iWinilr
F.lir,
a
de Londre'!. lo
m;ii
déjà
jamais
1877.)
fuser,
mais
doit
elle
au
mal, a passé,
du
maître
elle
:
sans
même
soupçonner
douce tendresse
se laisse aller à cette elle
le
voile
se
qu'Amfortas, cruelle,
il
lui
elle
offre
lui
dans
le
danger, au milieu
affectueusement de sa
parle :
à la place de l'amour
un autre amour plus voluptueux,
appuie sur ses lèvres un
déchire, et,
des
apparaît à Parsifal
mère,
maternel,
à
re-
Kundry
dans ses bras,
ruiner
gardiens
espérances
des filles-fleurs; mais lorsque il
elle
merveilleuse beauté. Celui-ci, protégé par son igno-
tout l'éclat d'une
rance du
obéir
il
La malheureuse Kundry veut
les
Graal.
comme
Amfortas, pour
séduit
;
commande
lui
de séduire ce jeune innocent AVKNIR.
sait
Il
prédiction s'applique à Parsifal
la
évoque
I,
niais,
si
pousse hors du temple avec mépris.
De son
LA MUSIQUE DE
Gurnemanz
à
compris de cette cérémonie,
n'a rien
qu'il
marque
Parsifal
Parsifal
pénétré
de
se
sent
long baiser.
blessé
compassion
pour
de
la
et,
l'attirant
Tout
même
à
coup
blessure
une souffrance aussi
veut l'en guérir. Kundry, saisie d'une admiration passionnée
pour ce jeune héros, elle le supplie à
s'efforce
genoux de
lui
de l'entraîner plus avant dans l'ivresse; faire
un instant l'aumône de son amour.
35
RICHARD WAGNER
274
Parsifal résiste; elle appelle
sacrée
alors Klingsor qui
veut en frapper son
et
accourt avec
ennemi; mais Tarmc
la
lance
s'arrête au-dessus
du jeune homme. Celui-ci la saisit et trace en l'air avec la aussitôt tous les enchantements de pointe le signe de la croix les jardins merveilleux font place à un désert Klingsor s'évanouissent de
la tète
:
;
aride et brûlé.
deuxième acte et le fait un vieillard. Il devenu tout s'est établi à dernier, dans un ermitage, au pied de la montagne du Graal un certain jour, le vendredi saint, il y recueille et rappelle à la vie la malheureuse Durant
long temps qui se passe entre
le
Gurnemanz
le
est
;
Kundry, qui
se fait
humblement
Un
sa servante.
chevalier arrive couvert
main Gurnemanz lui remontre qu'il n'est pas permis de pénétrer armé dans le domaine du Graal, surtout le jour de la mort du Sauveur. Le chevalier se découvre et Gurnemanz reconnaît Parsifal muni de la sainte lance il le conduit à la fontaine où, pieusement, Kundry lave les pieds du
dune armure
visière
noire,
baissée et lance à la
:
;
voyageur qui a tant erré, tant souffert tète
pécheresse repentante, sur
sur la il
rouvre enfin
d'Amfortas
yeux
les
tout
et
la
la
lui
oint la
malheureuse Kundry, pour laquelle
larmes
source des
prend possession de
la
ensuite,
;
guérit
il
désigné par
le
hommage
la
blessure
royauté du Graal. Kundry meurt,
fixés sur la sainte relique, et les chevaliers
premier, rendent
le
Gurnemanz
puis
sacre roi du Graal. Et celui-ci verse aussitôt l'eau du baptême
le
e-t
;
à
sauveur,
leur
Amfortas
réunis,
au nouveau chef
Graal, à Parsifal.
Wagner, dans
Parsifal,
poursuivi
a
bout ce qu'on est
jusqu'au
il n"a pas écrit un seul air propreun duo, un trio, un ensemble quelconque. Rien que des jamais il n'a plus récits et des chœurs, et la symphonie orchestrale complètement subordonne la musique au drame et les chanteurs à leurs personnages, puisque le ténor ne fait pas entendre une note pendant tout le tableau final du premier acte et qu'au troisième, après deux ou trois mots, la chanteuse n'a plus qu'à jouer et mimer son rôle
convenu d'appeler son système
ment
;
dit,
;
avec toute
Mais
la force
pathétique dont elle est capable
aussi, jamais
il
— sans proférer un son.
n'a poussé plus loin l'emploi des Leitmotive, l'art
de tisser ces motifs qui soulignent et caractérisent toutes les évolutions
du drame, de intérieure
double but
qu'il
expansion
à part
Kundry
l'âme
yeux
comme
des personnages;
de l'action
car tel est
le
proposait à son génie, aussi attentif aux mobiles qu'aux
aux causes qu'aux
actes,
leur
l'action extérieure qu'on suit des
qui se déroule dans
effets.
A
part
les
chœurs qui donnent toute
musicale à quelques-uns des motifs qui raconte la mort d'Herzeleide,
la
les
plus
mère de
saillants,
Parsifal,
RICHARD WAGNER
275
dans une phrase d'un dessin mélodique large et soutenu, i! n'y a pour les voix que bribes de chant, qu'exclamations, que fragments cpars de motifs primordiaux, tandis que ces thèmes caractéristiques s'étalent ou s'enchevêtrent dans l'orchestre qui les colore et en varie les aspects à
REPRÉSENTATION DE KunJry
se trainc
«
PARSIFAL
aux pieds de
«
A
BAYREUTH, EN 1882.
Parsifal. (Acte UI,
premier tableau.)
un art admirable et nouveau, nouveau même sous la plume de Richard Wagner qui n'avait fait que l'essayer dans l'Anneau du Xibelung. 1
infini;
c'est
D'ailleurs
Wagner
innove
ici
dès
le
prélude.
On
s'attendait à quelque
RICHARD WAGNER morceau trunc cohésion parfaite où rautcur aurait résumé, condensé tout le drame avec cette puissance extraordinaire qui n'a pas d'égale entre tous les musiciens. Mais le compositeur doué d'un véritable génie a des ressources inépuisables et trouve de nouvelles formes au lieu de
un temps
toujours se répéter; c'est bien là ce qui déroute
Dans
prélude de Parsifal,
le
l'auditeur et lui
la
a simplement
voulu présenter à
mémoire les trois ou quatre motifs Pàque et de la Foi, sur lesquels il doit échafauder son poème lyrique et religieux. Dans ce dessein, il
graver dans
du Graal, de
essentiels
Wagner
public.
le
la
expose successivement à dé-
les
couvert, en les coupant par de
longs
pour
silences
déterminer;
reprend
les
il
de l'auditeur,
croit bien saisis les
mieux
les
quand
puis,
il
fond dans un
et les
ensemble méditatif
religieux
et
d'une simplicité lumineuse, malgré
la superposition
Mais
ce
diose
développement
reste
dans
pris
des thèmes.
amener
si
gran-
toujours et de parti la
demi-teinte,
aucune
sonorité, sans
sans
de
explosion
que
le
motif prin-
cipal soit poussé à sa plus haute
puissance, ainsi que teur et
tard
composi-
dans Loheugrin
avait fait
plus
le
dans
Tristan
et
IsciiltK
lOKTEUR DU SAINT-GRAAL.
Lli
Le
dans Parsifal.
prélude,
naturellement,
ne conclut pas et se
lie
scène du bois sacré où valier
Gurnemanz
épisodes
et
écuyers font
ses
intermédiaires
l'entrée
:
la
le
à
la
che-
du matin. Tous les de Kundry, le triste
prière
impétueuse
I. Dès le mois d'dctohrc 1882, qui suivit la représentation de Parsifal à Bayrcuth, on entendit ce prélude à Paris et l'on put lire à ce sujet d'étranges appréciations dans les gazettes. Celui-ci, qui tranche du savant, estime que c'est « une excellente page d'harmonie »; celui-là, qui doit être aveugle et sourd, enseigne que le morceau « commence par un ce solo de violon » cet autre enfin déclare que ^
;
qu'ilyade mieux,
une imitation de l'unisson de « l'Africaine ». Où découvre-t-il cette étrange analogie.'' Probablement dans les cijiq premières mesures, jouées en elfet it l'unisson par les cordes et les nistrumcnts de bois; mais cela n'a aucun rapport avec l'elfet de sonorité trouvé par Meyerbecr.
Sans prêter l'autre,
est
d'.\mfortas
c'est
plus d'attention à
en et
excellente page d'harmonie, coinme dit pages notamment, qui peignent la douleur son repentir, égalent ce que V/agner a jamais écrit de plus beau. soi
un
ces doctes
clieF-d'ceuvre,
et
les
critiques,
dernières
cette
RICHARD WAGNER
278
d'Amfortas
cortège
qu'on
étendu
apporte
une
sur
l'arrivée
civière,
joyeuse de Parsifal, etc., sont traités de main de maître avant d'aboutir
au tableau de
la
grandeur sans seconde, avec gens
jeunes
les voix
qu'on ne parvient jamais à bien n'avait pas
superposées des chevaliers, des
des enfants, avec cette
et
pu
page d'une sérénité, d'une
Consécration du Graal,
sonnerie de cloches
solennelle
rendre,
même
car,
Bayreuth, on
à
se procurer des cloches assez graves, et force
avait été
les remplacer par une sorte de piano à cordes énormes et par des tam-tam dont le son brutal et médiocrement juste avait déconcerté les auditeurs. Par une de ces oppositions auxquelles "Wagner excelle, cette
de
cérémonie religieuse violent où le fices
de
célébrer
malheureux Amtortas, qui
l'enter, le
passage dramatique
s'est laissé
divin sacrifice et ne cède enfin qu'en
par
faite
et
prendre aux malé-
se rappelant la pro-
Sauveur. Et cette scène pathétique
le
superbe d'angoisse religieuse est précisément ce qui donne
complète
tout le tableau, ce qui si
le
arrache ses bandages, exhale sa douleur, se refuse à
messe de rédemption et
coupée en deux par
est
grandioses des chevaliers,
et
des jeunes garçons et
le
de Kundry par Klingsor, où
le
invocations
les
la vie à
calmes
valoir les prières
et fait
si
chant séraphique des enfants.
Au second musicien
a
après l'évocation
acte,
rendu
à miracle
sauvagerie
la
infernale de l'esclave et la
haine féroce du maître par un dialogue tout composé de lements,
d'imprécations
charmé
véritablement
par l'adorable épisode où les
autour de Parsifal; un tableau souriant, poé-
Filles-fleurs s'empressent
tique,
d'une orchestration
soutenu
et
diabolique, on est délicieusement
de hur-
cris^
inondé de lumière
de
et
reflets
colorés,
une pure merveille à
tous les points de vue. Et la scène entre Parsifal et Kundry, où celle-ci
de
essaie
séduire
l'enlace en lui
tueux
et
le
jeune
homme
en
parlant
lui
de
sa
mère
et
donnant un long baiser, se peut-il rien de plus volup-
de plus troublant
Le
?
cri
de douleur qu'arrache à Parsifal
la
révélation
des souffrances d'Amfortas
marque
point culminant de l'action dramatique, est-il assez strident,
le
assez sauvage, et
Mais
cet acte,
comme si
beau
sième, où se succèdent la
pécheresse
il
Kundry.
le «
par sa
retentit au plus
qu'il
récit
soit, est
propre blessure
profond de
l'être
au moins égalé par
et
qui
humain le
!
troi-
baptême de
du bon Gurnemanz et le la prairie me semble belle aujour-
Comme
—
d'hui!... s'écrie Parsifal. C'est l'enchantement du vendredi saint », répond Gurnemanz. Mais Parsifal s'étonne; il lui semble qu'en ce jour de la mort du Sauveur la nature devrait être en deuil. « Non, reprend Gurnemanz, les larmes des pécheurs sont la rosée divine qui fait res-
plendir la prairie... Regarde
:
toutes les créatures rachetées et purifiées
RICHARD WACNER chantent
la
27')
gloire et la miséricorde de Dieu.
» Cette pa^c entière est de fraîcheur printanièrc et d'onction reconnaissante il n'y a rien de plus simplement beau que le moment où Parsifal verse
merveilleuse
;
X
j?ROb-7m-V€a€CN,D^S xaevsi
V A, .
<!,
s
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\
>>
'
l^
i
MENUS SOUVENIRS DE BAYREUTH, Sous
rubrique sont reunies quatre pièces distinctes du restaurant du théâtre, à Bayreuth elle forme le grand carre encadrant tous les dessins. Les deux gravures qui se présentent de biais une vue du théâtre de Bayreuth et une annonce de librairie, illustrent la serviette même, tandis que les deux autres sujets ont été rapportés pour remplir les parties blanches de la feuille. 2" et 3° (à droite, en bas). Deux cartes postales représentant, l'une la brasserie Angcrmann, lieu de réunion favori des artistes, l'autre une vue générale de Bayreuth, avec une rangée interminable de chopes; lors des exécutions de Parsifal, il parut toute une série de cartes postales de ce genre, avec la formule traditionnelle Gniss ans Bayreuth (Salut de Bayreuth). 4° (à gauche, en haut). Une carte de membre de l'Association wagnéricnne universelle, tigurani la colombe qui plane sur le Saint-Graal et portant la légende suivante, empruntée au chant du second groupe des chevaliers, dans le finale du premier acte de Parsifal: o Joyeusement réunis, frères fidèles, pour combattre avec un courage heureux. » 1°
cette
Une
:
serviette en papier
:
:
:
RICHARD WAGNER
2So
l'eau sur la tète
de
la
motif de
la
Foi; rien
ceur
le
ncmanz
pécheresse tandis que Forchestre expose en dou-
de plus délicieux que
chant de Gur-
le
une mélodie exquise à laquelle s'adjoignent les thèmes de la Cène et de la Rédemption, dont une phrase incidente a déjà figuré dans Tannhœiiser. Le finale, qui s'ouvre par la marche viose développant sur
lemment grandiose des
funérailles de Titurel, reproduit à
peu de chose
près celui du premier acte, et, lorsque Parsifal a guéri Amfortas en tou-
chant sa blessure avec
Kundry
même
lance
la
qui l'avait faite, lorsque l'âme de
est délivrée, tous les chevaliers réunis
pieusement leur libérateur
dans
le
temple célèbrent
par un chant, où
et leur roi
motif de
le
la
Foi du premier acte, accompagné par la harpe en triolets, atteint au plus haut degré de grandeur sereine et de céleste béatitude. eut complètement renoncé
Soit qu'il
à
son
drame bouddhique en
écrivant Parsifal, soit qu'il pressentît simplement qu'il n'aurait
temps
de composer un nouvel ouvrage, à diverses reprises
avait affirmé
musical
que Parsifal serait son œuvre dernière
des Nibelungen.
mais,
les
dès
fut-il s'il
avait désigné à l'avance, et
Il
premières
artistes ne pourraient pas suite,
et
kelmann
(de
même
études,
;
Marianne
il
reconnaître
dut
que
les
;
mêmes
avec des intervalles de deux et trois jours.
MM. Siehr (de deux basses pour Gurnemanz Scaria (de Vienne) trois ténors pour Parsifal MM. WinVienne), Gudehus (de Dresde) et Jœger (de Bayreuth); :
:
;
trois
cantatrices
Brandt
alternèrent
possible, à celle
chanter cette partition considérable pendant
deux basses pour Klingsor
Munich)
difficile
non sans y avoir bien
Alors on engagea
Munich),
Wagner
son testament
et
encore plus
était
le
meilleurs chanteurs des principaux théâtres d'Allemagne les
un mois de
monter,
le
une exécution supérieure,
et voulut-il obtenir
réfléchi,
de
aussi, lorsqu'il s'agit
:
pas
(de
:
MM.
Hill
pour Kundry
Berlin)
et
(de Schvverin) :
Maltcn
et
Fuchs (de
M'"" Materna (de Vienne), (de
Dresde).
Ces
artistes
entre eux pendant les seize représentations de Parsifal et
que l'exécution régulière du drame put être assurée pour Il n'y eut cependant, malgré l'importance du personnage, qu'un seul Amfortas, M. Reichmann, et qu'un seul Titurel, M. Kindcrmann; mais la partie de ce dernier est insignifiante, car il ne ainsi
c'est
toute la série.
chante qu'une seule rôles des pages, des
fois et
hors de
la
vue du public. Quant aux
chevaliers, des filles-fleurs,
ils
petits
étaient remplis en
perfection par des artistes d'élite, qui
tenaient ordinairement les premiers emplois dans leurs théâtres respectifs. Certains de ces artistes, Marianne Brandt par exemple, avaient refusé toute et,
rétribution, se Jugeant suffisamment payés
quant aux autres,
ils
par l'honneur,
ne touchaient que des appointements
très
RICHARD WAGNKR modestes au prix du dévouement, du culte
281
et
de Tamour
qu'ils
mon-
trèrent pour l'œuvre. Enfin, la direction générale était confiée au chef
d'orchestre du théâtre de Munich, plus ardents du maître
et
Hermann
Lévi, un des disciples les
qui conduisit ces représentations avec une
conviction toute religieuse. Entre tant de chanteurs
des degrés, mais
la
homie touchante faisaient
palme appartint sans conteste
et noble,
diction
la
Gurnemanz
merveille dans
;
parfaite
à
,.î)/ii
il
y eut forcement
à Scaria, dont la bon-
et
la
M™" Materna
magnifique voix, et
Brandt, deux
Nuk^B. non. biîltitjhctcp^^at
CARTE POSTALE IMAGINÉE ET PUBLIEE A BAYREUTH à l'occasion des représentations de l'arsifal.
Sur
les
expliquent
wagons, on le
sens
même
lit
:
Traiyx spécial
du dessin
pour Bayreiith,
et les
quatre vers d'en haut
:
Dans le miroir magique du Graal Klingsor voyait s'approcher Parsifal; Mais à pre'sent il voit avec plaisir Les trains-extra vers Bayreuth accourir.
Kundry admirables sous matique; enfin à
M"'-"
le
rapport de
Malten,
la
la
Kundry
voix et de l'expression drala
plus enchanteresse et
la
plus jolie qui se pût voir'.
—
Par une coïnciI. De Strasbourg à Bayreuth, par M. Gustave Fischbach (chez Fischbachcr). dence frappante, Scaria, depuis quelque temps impropre à tout exercice de son art, est mort cette gui année, à Basewitz, près Dresde, au moment même oii se rejouait à Bayreuth ce Farsifal, ayant réputé, médecin d'un fils artiste, grand Ce carrière. sa succès de lui avait valu le plus e'clatant scènes d'abord étudié le droit, puis débuté sans succès à Pesth, en 1860, et végété sur quelques héroïque et sa voix de secondaires, était incomparable dans les héros des Nibehmgen, où sa stature aux leçons tonnerre le servaient à merveille. 11 paraît avoir dû le plein développement de son talent 36
RICHARD WAGNER
282
Malgré tous les efforts de Richard Wagner, malgré ses appels réitérés aux patrons de Tentreprisc et le concours infatigable de ceux-ci, le théâtre de Bayreuth n'avait pas rouvert ses portes depuis 1876, lorsqu'on annonça les représentations solennelles de Parsi/al pour
juillet
honorée
de
La première
et
août
la
présence du grand-duc
1882.
eut
lieu
de
et
le
28
juillet et
fut
grande-duchesse de
la
Mecklembourg, du prince-héritier de Saxe-Weimar, de la princesse sa femme, de la princesse d'Edimbourg, etc. Ce fut encore une glorieuse soirée
pour Richard
Wagner,
ne put se tenir de parler; mais,
qui
remarque agréablement M. Paul Lindau, il ne parla que trois fois et pas si mal qu'on pouvait le craindre. La première fois, il dit » la seconde fois « Mais applaudissez a Mais n'applaudissez donc pas
comme
le
:
:
!
donc
!
la
))
troisième et dernière
«
:
Vous avez applaudi trop
tard
'
!
»
Les seize représentations promises de Parsi/al marchèrent régulièrement jusqu'au bout, malgré les prophètes de malheur annonçant que cela nirait pas au delà de
deux ou
trois exécutions, et, fait significatif, le
succès en fut toujours aussi franc,
vées aux patrons le
28 août,
le
troisième
et
Wagner
celle qui
l'Anneau du Nibelung
rideau
tant
:
se
donna
;
elles se
:
le
terminèrent
plaisir
le
A
sans être aperçu des spectateurs.
une cérémonie semblable à
sur
après les deux séances réser-
du véritable public
l'arrivée
par une soirée où acte,
môme
la
de diriger fin
il
y eut
clos les représentations de
avait
s'ouvrit,
personnel
tout le
exécu-
chanteurs, choristes, musiciens de l'orchestre, etc., parut groupé
la
scène
et
partant invisible
Wagner, demeuré au
public,
à
sa
place de
chef d'orchestre,
leur adressa des remerciements auxquels
toute la salle répondit par de chaleureux bravos.
Mais ce
qu'il
y eut de
mieux qu'aux représentations des Nibehingen, c'est qu'il resta, tous frais déduits, un bénéfice de 75,000 marks (cent mille francs) qui furent versés au fonds de réserve du comité central. Ce « fonds des pièces de fête »,
nouvellement institué, avait pour double but d'assurer
la conti-
de Bayreuth et de fournir les moyens, aux artistes ou amateurs pauvres, de venir assister à ces représentations. A partir de ce jour, l'avenir du théâtre paraissait garanti, et l'on ne doutait plus d'y pouvoir redonner Parsi/al, qui demeurait exclusivement réservé pour Bayreuth-. nuation des fêtes
de Garcia, à Londres, pendant toute une année à son retour, il conclut un engagement au théâtre de Dessau, puis chanta à Leipzig et à Vienne. Après la mort de Wagner, il était devenu le metteur en scène habituel des représentations de Bayreuth. Il avait, dit-on, la rage de spéculer sur les grains, et ses .soucis financiers ne durent pas être étrangers à sa folie il est mort avant d'avoir qu'il prit
:
:
atteint quarante-six ans. 1.
Richard Wcigiwr, par M. Paul Lindau (chez Hinrichsen,
2.
On
1S84,
on
à Paris). a eircciivemcnt reloué tous les ans Parsi/al à Bayreuth, sauf en i885. Pour le remonter en s'est servi de notes prises yav Wagner aux répétitions de 1882 et i883 et recueillies
M™
RICHARD WAGNER La
représentation du 25 août fut honorée de
Comme
héritier d'Allemagne, bien par hasard.
du côté de Bamberg,
militaires
dont on parlait tant,
sijal
piquait sur Bayrcuth
de
centrale
Wagner,
qui
:
s'était
appréciations
ses
et
dispensé d'aller saluer loin,
du théâtre où
pendant
frétillant,
— «
vu
il
siégeait
dirigeait des
visite
fit
les
entractes
;
il
vous voilà
!
teint
le !
dit-il
le
Le
len-
vaste salon
trouva très gai,
quelques
oh!
animé,
pantalon
gris clair
émerillonné sous ses lunettes.
l'œil
tout jovial, en apercevant le visiteur. Avez-vous'
Prince de Prusse?
très content;
tent,
le
loge
la
rapidement à
futur empereur.
au maître dans
il
toujours irréprochable dans sa tenue de petit bourgeois soigné
rasé de frais,
le «
d'entendre ce Par-
parvinrent
le
redingote de drap noir, gilet de piqué blanc et
Ah
manœuvres
en bourgeois, de
suivit le spectacle,
il
galerie,
la
présence du prince-
mouvements de troupes,
entre deux
et,
il
la
la fantaisie lui vint
demain, un ami, venu de
—
283
»
Vous savez?
était là hier...
11
un fameux musicien...
c'est
longueurs, relevé plusieurs fautes de
enchanté. Le défilé des chevaliers
goût;
Il
il
était con-
a bien constaté
n'importe,
il
est
surtout ravi. Leurs pas cadencés beaucoup frappé. Jamais il n'avait vu ça et il utilisera sûrement ses observations pour les manœuvres de l'infanterie prussienne. Oh l'a
l'ont
le Kronprini a bien du goût! » Et, tout en parlant, mimait Wagner son discours, marquait le pas des chevaliers, faisait de
cher ami,
oui!
grandes enjambées, soufflant, reprenant déployée il
Une
Wagner
fois lancé,
et
ne cessant de
ne connaissait
rire à
plus
gorge
personne
:
ne s'arrêtait qu'à bout de verve et de quolibets.
pour se dépiquer, sous sa
cœur
avait décidément sur le
Il
il
daubait sur
le
trois
les
cents thalers du père
Ces notes minutieuses, scène par scène, forment un véritable mc'moire, qu'on pour en remettre un cvcmplaire au metteur en scène, à chaque exécutant, etc.
dictcic.
grapliicr
fit
PAUOLE HISTORIQUE DU MAITRE, RECUEILLIE LE 25 JUILLET 18S2. Richard Wagner à
Mme Materna
:
«
Il
et,
fils.
fait
aujourtlMuii une chaleur insupportable!
(Dcr juiige Kikcriki, 3o
juillet
iî)S2.)
»
auto-
CHAPITRE XV MORT ET FUNÉRAILLES DE RICHARD WAGNER CONTINUATION DE SON ŒUVRE.
SES REVIREMENTS INTÉRESSES
SON ATTITUDE ENVERS AUBER, ROSSINI, MEYERBEER, SCHUMANN, ETC.
l'homme DANS l'intimité, l'aRTISTE EN PUBLIC
OINS de deux mois après les représentations de
pour
sifal,
lesquelles
d'énergie
extraordinaire
Wagner, sur
fatigué,
pour
avec
l'Italie
dû
avait
il
qui
et
faire
l'avaient
conseil des médecins,
le
sa
toute
famille
et
Par-
un effort beaucoup partit
s'établit
à
Grand Canal, au palais Vendramini, propriété du comte de Chambord. Il n'y avait pas Venise,
sur le
d'illusion à se
sur l'affaiblissement très réel de
faire
sa santé, et la réaction qui s'était manifestée en lui après les représen-
Bayreuth
tations de
dans
de
teu
le
maine pour un
Un
la
tombé à
bleue;
se
il
passa très «
bataille
la
une vivacité surhu-
milieu des répétitions de Parsifal, a raconté le
Wagner
avait
été
d'un accès d'asthme
pris
tel
qu'il
renverse sur une chaise longue, sa figure était devenue
tordait dans
vite,
avait déployé
qu'il
et
dépensé
de soixante-neuf ans.
vieillard
môme, au
jour
chanteur Scaria, était
fut d'autant plus violente qu'il s'était plus
et
Cette fois encore
seur
Standhartner,
dans
le
sur
fut
il
terrassé la
j'ai
convulsions;
d'aftVeuses
quand
médecin
très
pied,
la
Wagner dit Un de ses amis,
cependant
simplement
mort » en vogue à Vienne, !
crise
le
l'avait
:
profes-
exploré
courant de
l'été et avait constaté les rapides progrès de la maladie de cœur dont il souffrait depuis longtemps. Wagner, sans être informé du résultat de l'exploration, devait sentir lui-même à quel point
ses forces et
combien
diminuaient,
prenaient
d'intensité
les
crises
devenaient plus fréquentes
lui, si gai, si pétulant d'ordinaire, était depuis son arrivée à Venise en proie à des accès de profonde mélan-
colie.
Un
jour
même,
:
il
disait
décidément son dernier ouvrage, exprimait à diverses
reprises
assuré l'avenir de son cette inquiétude, ou
fils
bien
la
unique. il
à «
quelque
ami
parce qu'il
que Parsifal serait
allait
mourir
»,
et
il
de disparaître avant d'avoir Et cependant, il se raidissait contre
crainte
n'avait pas l'e.xact pressentiment d'une fin
RICHARD WAGNER très prochaine, puisque,
s'employait activement à préparer
le printemps de i883 et en correspondance à ce sujet avec ceux de ses interprètes portait dans son cœur Scaria et M""" Materna'.
était
qu'il qu'il
:
la
qu'il avait déjà ressenti dilTérentcs attaques, dont Saint-Marc, une autre au lycée BcnedeLto Marcello expressément recommandé d'éviter toute émotion violente.
place
était
lui
il
avéré
paraît
Il
une sur
Le mardi i3 février faire sa promenade
i883,
comme
habituelle,
discussion assez vive il
il
de Parsifal à Bayreuth pour
les représentations
et
de Venise,
285
:
il
monter en gondole pour eut un subit accès de colère, une il
allait
tout à coup
se lève en sursau! de sa chaise,
étouffant, et s'écrie
mal
très
»
!
«
:
me
Je
sens
tombe évanoui. On lit et quand son
Il
porta sur son
le
médecin,
courut en hâte,
dans
trouva mort
le
il
femme qui le En rendant le avait murmuré
bras de sa
les
croyait
Keppler, ac-
docteur
le
endormi.
dernier soupir,
il
quelques mots assez peu distincts
uns
les
ont cru
y
:
un
découvrir
dernier appel à sa servante, Betty Biirckel
;
les
mandation «
recom-
suprême à son
fils
Siegfried
Siegfried soi!
vra
une
autres,
:
de-
»
Quand l'évidence.
elle
dut
se
M™" Wagner
rendre
à
fut prise
d'un épouvantable accès de désesElle
poir.
voulut
demeurer seule
FROU (Grxtz,
- F
ROU
Floli, de
WAGNER.
Vienne, 24 juin 1S77.)
coucher au-
avec
le
cadavre
près,
si
bien qu'il fallut presque employer
et se
Der
au bout de vingt-deux heures;
elle
la
violence pour l'en séparer
resta près de
quatre jours sans
coupa les cheveux pour les mettre dans le cercueil de son mari. Non seulement elle ne voulait voir absolument personne et se cloîtrait dans une solitude absolue qui dure prendre aucune nourriture
et se
cftectivcment, avait tout rcgio lui-mcmc en vue des représentations de Parsifal pour du nombre des exécutants M"" Brandt, avec laquelle il s'était brouille, vers la lin des fOtes de 1882. Bien que franchement laide, c'était une artiste consommée, avec une voix manquant un peu de jeunesse, et elle était la plus émouvante, à coup sûr, des trois Kundry. Mais Wagner n'aimait pas les artistes qui composaient leurs rôles sans avoir recours à lui, et sa favorite a I.
Wagner,
i883. C'est donc lui qui avait raye'
toujours été M"" Materna, très remarquable d'ailleurs, mais aussi très empressée à lui conseils.
demander des
RICHARD WAGNER
286
encore aujourcrhui, du moins pour le public; mais elle s'opposait, et toute la famille avec elle, à ce qu'on moulât le visante du mort. C'est seulement par ruse que le docteur Keppler parvint, en se cachant de sculpteur Benvenuti une empreinte immédiatement mise sous scellés pour du masque, empreinte qui fut être offerte à la famille, après la grande douleur apaisée et le calme à
amis,
ses
faire
prendre par
le
d'esprit revenu'.
La
de Venise
ville
d'abord
voulait
faire
à
Richard
Wagner
des
obsèques solennelles, mais ce projet dut être abandonné, sur le désir formel de sa veuve. Le corps, embaumé par le professeur Hofmann, de Berlin, quittait Venise
énorme
;
là,
c'est
il
le
vendredi suivant, au milieu d'une atlluence
accompagné par
était
durant un arrêt
demi-heure,
d'une
Baligand, put se joindre à
M. de
docteur Keppler jusqu'à Vérone et
le
qu'un ami de Wagner,
funèbre escorte composée, outre
la
la
du peintre Joukowsky, de Hans Richter et de délégués des associations wagnéricnnes de Berlin, Vienne et autres villes, accourus à Venise au premier signal; enfin, partout où s'arrêtait à Vérone, à Botzen, à Inspruck, à Munich, des le train funèbre, famille, de
M.
et M""-" Gross,
députations venaient saluer des
fleurs
sur
de
la
sociétés
la
dépouille
Le samedi
son cercueil.
corps arrivait à
par les
la
du grand soir,
artiste
et
déposer
un peu avant minuit,
le
gare de Bayreuth, où une garde d'honneur, fournie
de gymnastique de
cérémonie funèbre
fixée
ville,
la
le veilla
jusqu'à l'heure
au lendemain dimanche, quatre heures
de l'après-midi.
La voilés
place de la station avait été décorée de mâts avec des drapeaux
de crêpe et
ouvrages de
portant
Wagner
:
des
où se
cartels
on avait placé sur
lisaient
trois chars plus
les
titres
des
de deux cents
couronnes expédiées de toutes parts et parmi lesquelles il y en avait une grande en laurier envoyée par Johannes Brahms-; dans le lointain 1. Le docteur Keppler, consulté sur gnements suivants à M. H. Perl, qui les n Richard Wagner (Augsbourg, i883)
la
maladie
et les
derniers jours de Wagner, adressa les rensei-
l'ivre Richard Wagner à Venise d'une hypertrophie du cœur déjà fort avancée, affectant spécialement le ventricule droit, avec dégénérescence graisseuse; il souffrait en outre d'une dilatation de l'estomac et d'une hernie inguinale à droite que l'application prolongée d'un bandage mal fait avait singulièrement aggravée. » Il explique ensuite que les douleurs ressenties par le malade dans les derniers temps de sa vie provenaient de l'estomac et des intestins et qu'elles influençaient les mouvements du cœur, en sorte que la mort se produisit par la rupture du ventricule droit. Si l'on :
a reproduits en tête de son
était
:
atteint
si agitée de Wagner, son ardeur à discuter sur l'art, la science ou la polique le maître était journellement à la merci d'un accident; quant à préciser l'occasion même qui détermina cette mort si rapide, il ne peut se permettre aucune conjecture à cet égard. Il termine en disant qu'il avait surtout ordonné, outre l'application d'un bandage mieux ajusté, des massages sur l'abdomen, et restreint dans la mesure du possible le traitement médicamenteux, Wagner ayant la mauvaise habitude de mélanger tous les remèdes que différents médecins lui avaient succes-
ajoute à cela, dit-il, la vie tique,
on
voit
sivement ordonnés. 2. La couronne offerte par Brahms a été cataloguée sous le n° 4G dans la liste dressée par le Bayrcuther Tagblatt. 11 n'y avait que deux couronnes provenant de France, l'une envoyée par M. A. L.;
mi
RICHARD WAGNER se
distinguait
grand drapeau
Papenheim de Bavière
intendants
Wagner
Tliéàtrc
allemandes,
voilé
Buerkel
privé
conseiller
le
les
;
couleurs
aux;
et
du
rotonde
la
287
A
un
lequel flottait
d'un
Le comte
crêpe.
représentaient
des théâtres de
ducs de Saxe-Weimar et de Meiningen.
sur
la cour,
les
le roi Louis deux grands-
quatre heures,
le cercueil
placé sur un char traîné par quatre chevaux fut conduit, au son de la
marche funèbre de Siegfried, devant une tribune élevée où le bourgmestre Muncker, au nom de la ville, et le banquier Feustcl, au nom du conseil d'administration du théâtre, adressèrent un adieu suprême au grand maître et rappelèrent ses titres immortels à l'admiration de tous; puis le Liederkrani de Bayreuth chanta le morceau composé par Wagner pour les funérailles de Weber. Aussitôt après, le cortège se mit en marche à la lueur de torches portées par les pompiers et bourgeois et,
par toutes
les
rues où passait
A
fleurs et drapeaux.
par
famille, à
la
Quant à Franz ment frappé de grand âge
son
de
du jardin de
Wahnfried,
la villa
dehors,
tandis
Texception
de M™°
Wagner
et
au son des cloches,
la ville,
convoi funèbre, on ne voyait que
resta
silencieuse
s'arrêta
l'entrée
le
que
corps
le
brisée
Liszt, qui se trouvait alors à Pesth,
cette
mort subite qu'on
l'avait retenu,
émotions poignantes dune
les
il
par
la foule
reçu
était
douleur.
la
avait
été telle-
pour épargner à
Les
cérémonie'.
telle
du maître, alors, portèrent le cercueil à bras jusqu'à l'entrée du caveau que Wagner s'était fait construire et devant lequel il avait enterré son chien fidèle, empoisonné par un misérable, avec cette insdisciples
cription touchante
:
«
Russ repose
Ici
famille et les personnages
bout
;
fut
monde
le
comme
gardé par
la vie,
était
Le lendemain, un ami seul à
fois
la
invités
tombe
par Wagner, on
Bayreuth
et
qui
se retira le
n'avait
:
de
la
cercueil jusqu'au
dit
pour
et,
seulement
bénédictions en usage dans l'Eglise protestante.
de cette cérémonie, tout
dans
Les
».
prononcé devant
répondre au désir exprimé maintes les prières et
attend
suivirent seuls le
officiels
mais aucun discours ne
et
l'homme, après
A
l'issue
la
mort
chien.
pu
déposa des fleurs sur
se la
joindre au
tombe
cortège
à peine
alla
fermée de
—
liste, par un jeune Autrichien, .M. Emmanuel de GratTenricd. Après, toutes les couronnes turent artistement rangées dans deux salles basses du thciUre, dont l'une était le cabinet de repos du maître, et dans chacune on a place un petit buste de Wagner, soit sur une console, soit sur une sorte de petit autel. I. Aussitôt qu'il le put, Liszt se rendit auprès de sa tille, et ce lui fut un coup sensible, ,à ce qu'il
Tautrc, qui n'est pas portée sur cette
froidement reçu par M'"» Wagner, exagérée en tout comme il l'était lui-même, et qui s'absorbait dans sa douleur sans vouloir en être aucunement distraite. Une fois cette exaltation Liszt calmée, il va sans dire que les rapports les plus affectueux reprirent entre le père et la fille venait régulièrement à Bayreuth et c'est là que la mort l'a frappé, cette année, au seuil du « temple u où l'art wagnérien, dont il avait été le premier apôtre, avait trouvé sa consécration définitive. Et son dernier acte de volonté avait été de se faire porter au théâtre, en dépit des médecins, pour assister à paraît, d'être assez
:
RICHARD WAGNER
288
dû
celui à qui
il
de Tesprit.
C'était le roi
que
avait
Louis
qui, depuis près
roi,
II,
le
de ce et
son génie,
reporter sa sollicitude
Rien
chefs-d'œuvre.
de plus
dérobant à l'étiquette de sa cour pour vivre en poète
comme
;
eût
il
homme
de génie qu'il traitait sur le pied d'égaun souverain ami Louis II et Wagner, dans
fait
:
si
cette
compagnie
eût trop pesé à
lui
sur ses
allait
se
roi,
comme
vie
mort,
inaltérable
grand
l'intimité, se tutoyaient, si bien
Et
marqué un
avait
le fait,
en artiste, avec un
lité,
lui
douces jouissances
philosophe encore plus
et
que cette affection inspirée au prince adolescent compositeur spectacle assurément unique que celui
touchant, dans
par
de
enfants
les
et les plus
artiste
de vingt ans,
attachement au maître, et qui, sur
lame
repos de
le
la
mort
!...
eût été
lui
père et
d'adoption.
fils
comme
indispensable,
homme
jeune
le
dit
seul, trois ans à peine
traîner
perdu cet appui providentiel, lard dans la
qu'on aurait
allait
si
la
après avoir
retrouver
vieil-
le
'
Wagner, en mourant, ne laissait aucune fortune et les inquiétudes qu'il avait marquées pour l'avenir de son fils Siegfried n'étaient que trop justifiées il dut sentir, en ces derniers moments, combien il ;
montré père imprévoyant en n'enrayant pas,
s'était
un
fils,
après avoir eu
ses habitudes dépensières, ses goûts de luxe et de prodigalité
qui avaient absorbé des
sommes
sa vie, à la misère dorée, avec
considérables et l'avaient réduit, toute
un somptueux
en proportion. Certain jour, à iMunich, auquel
même
il
le
train de vie et des dettes
premier tapissier de
la ville,
devait près de cent mille francs, lui chanta pouilles en plein
théâtre, s'accrochant aux pans de son habit, jurant qu'il ne le lâcherait
qu'après dette payée, et criant rasser, lui signa
un bon sur
le
si
fort
que Wagner, pour
trésor royal
:
le
s'en
tapissier criait,
débarle roi
payait.
A
calculer
en gros
ce
devenir et rester plusieurs
qu'il
fois
a
dû gagner
millionnaire
;
d'argent,
il
aurait
pu
tous les théâtres d'Allemagne
première représentation de Tristan et Iseult'. C'était le 25 juill'et; le samedi suivant 3i, il rendait le dernier soupir. Triste année 1886, qui a vu disparaître ainsi coup sur coup trois des plus solides soutiens de l'œuvre d'art de Wagner enfin Liszt, le roi Louis II, Scaria, le chanteur par excellence la
:
de race, confident des premiers jours et précurseur du maitre. Munich, de par le roi de Bavière, ayant été jusqu'en ces derniers temps
;
l'artiste I.
—
le
—
centre du
monde
wagnérisant Bayreuth, qui n'est pas une ville ordinaire, une fois mise à part il est intéressant de connaître l'échelle exacte des différents opéras de Richard V/agner dans la capitale de la Bavière. En moyenne, on y jouait chaque année Rien-^i une fois; le Hollandais volant, cinq ou six fois; Tannhœuser et Lohengrin, quatre à cinq fois; Tristan et Iseult, deux {ois; les Maîtres Chanteurs, trois fois; l'Anneau du Sibelung dans son entier, deux ou trois fois; la Valkyrie et Siegfried, deux fois, et le Crépuscule des Dieux une fois quand on le jouait. De plus, les prix variaient selon le degré de faveur de telle ou telle pièce, et ces prix étaient fixés d'avance, sans aucune hésitation, par l'intendant de la cour, baron de Perfall, compositeur lui-mame et médiocrement disposé pour Richard Wagner, bien qu'il eût été, dans le temps, choisi pour diriger le Conservatoire organisé selon les vues du réformateur. Lohengrin, Tannlnvuser, la Valkyrie et Siegfried atteignaient le taux le plus élevé, les autres ouvrages restaient dans les prix moyens, tandis que Tristan et Iseult descendait au plus bas.
—
n a j <
1 -
°
a;
RICHARD WAGNER
290
ont
de ses œuvres
fait
éditeurs dit
que
fond
le
payaient ses
lui
le
dans
a toujours vécu
d'avance en
gaspillé
demeure, pour son égard, il
y a quelques années
Wagner
dont
et
Et cependant
l'argent qui lui revenait était
pour
pour
maison,
de
de lettres de
la série
et tout
dépenses irréfléchies, train
le
et les
n'a-t-on pas
;
trois cent mille francs?
gène,
la
'
de Mayence, avait acheté Parsifal
célèbre maison Schott,
la
taux fabuleux
partitions à des
deux cent quarante mille marks, il
plus solide de leur répertoire
ses
la
décoration
habits
même.
de sa
A
cet
qu'on a vendue
à sa couturière,
public s'est tant diverti, met bien en
lumière ses excentricités enfantines pour sa toilette et ses prodigalités
pour tout ce qui
folles
était luxe et confort.
Car Richard Wagner avait une couturière, une des plus renommées de Vienne, M"^ Bertha, et c'est elle qui lui confectionnait ses robes de chambre et ses Justaucorps de satin rose tendre, bleu clair ou rouge feu avec rubans orange ou
sans oublier les chemises de dentelle
lilas,
de satin, qui composaient sa tenue ordinaire d'intérieur.
et les bottines
Les fournitures ne montèrent pas, pour une seule année, à moins de
Wagner était plus prompt à commander même à ses commandes des croquis de sa main comment la ruche de sa robe de chambre devait
8,000 francs. Mais Richard qu'à payer.
joignait
Il
pour mieux expliquer devenir, vers
de largeur,
le
etc.
une riche et belle garniture ayant une demi-aune Mais quand son habilleuse, qui pourtant le ménageait
bas,
qu'aucune
plus
récriait,
payait
de Vienne,
élégante
grand'peine,
à
exigeait
quelque
envoyant des acomptes
argent, et
il
se
demandant
des délais'. Qu'il fût
ments,
très
de toutes
friand
qu'il ait été
un des hommes
son temps, rien de mieux
s'il
avec l'âge,
la
les
élégances, de
le
plus étonnant
C'était
soie et le satin.
bitude d'emporter, quand
il
voyageait, tout
;
mais, parmi
fut sans contredit
devenu une véritable manie
sans parler de sa garde-robe orientale,
et,
tous les raffine-
plus délicatement sensuels de
payé ses fournisseurs
avait
tous les goûts luxueux qu'il a eus,
son amour pour
les
le satin
il
avait pris l'ha-
nécessaire à la déco-
ration des pièces qu'il habiterait en route; à Venise, au palais Vendramini, la
chambre où
il
rendit le dernier soupir était
satin rose, bleu pâle 1.
Dans presque toutes Durant
vert
et
les villes
du
Nil.
d'Allemagne,
il
a
De
telles
entièrement tendue en folies
montrent assez
un avantage marqué sur tous
les autres
compo-
saison 1876-1877, je cite au hasard, il obtenait, à Vienne, 3/ représentations contre iMeycrbeer 34, \'erdi 29, Rossini i5, etc.; à Berlin, il comptait aussi 37 représentations contre Mozart 17, Meyerbeer i5, Weber 14, etc. Pendant la sai.son 1884-1885, à Berlin, il atteignait 40 représentations siteurs.
contre 2.
Weber Ces
la
20, Lortzing 20,
lettres
si
Meyerbeer
16, etc.
i8l")7, passèrent en vente publiijue à \'iennc en 1877 de cent Horins à M. Spitzer, q^.i en régala aussitôt les lecteurs de
édifiantes, qui vont de 1864 à
et
furent adjugées pour
la
Aouvelle Presse
libre.
la
somme
RICHAKl)
WA(;N1-:1<
quel bourreau crarq-ent c'était que Richard
par
le
Un
Wagner,
et c'est à rarf>-ent
rapportait tout dans la vie.
qu'il
fait,
2'ji
jour qu'on
transmettait
lui
des
propositions
représenter Lohengrin à l'Opéra de Paris
:
«
assez
vaf>-ues
de
Je ne puis, répondait-il.
juger du plus ou moins grand désir qu'on a de représenter mes œuvres que d'après le taux de la prime » et, ce disant, il ne faisait qu'user de ses droits d'artiste en proclamant ce que pensent la plupart des ;
ceux qui affectent un grand détachement des Pour ce qui regarde son fils, c'était s'inquiéter un peu tard d'assurer son avenir que d'y songer à près de soixantedix ans. Il n'importe, un tel vœu devait être entendu des admirateurs du maître, et la direction du Théâtre Wagner décida d'appliquer tout le produit d'une représentation donnée à Ai.x-la-Chapelle à la constitucompositeurs,
surtout
biens de ce monde.
premier capital en faveur de Siegfried Wagner. Cet exemple fut suivi par beaucoup de théâtres allemands, et ce ne fut pas le moins bel hommage rendu à l'homme et à l'artiste que cet empressement tion d'un
public à protéger, à adopter en quelque sorte, son jeune
M. Adolphe
Gross, banquier à Bayreuth et
promoteurs de l'œuvre,
veiller ses intérêts
c'est
;
Parsifal au lendemain de
la
lui
fils.
des
plus
qui
assura les
mort de Wagner
représentations qui
et
scellée
fut
répandues sur verselle,
sorte
la
de
continue à sur-
direction
la
du comte
de Spork, provoquèrent une assemblée générale à Nuremberg
que
le
en tous pays avec un zèle infatigable. De plus, au
printemps de i883, quelques wagnéristes, sous
là
ardents
testamentaire du maître et
était l'exécuteur
tuteur du jeune Siegfried
l'un
la
fusion
de
toutes
Sociétés
les
et c'est
wagnériennes
surface du globe, en une Association wagnérienne uni-
de nouveau
patronat
accessible
annuelle, en dehors des dons volontaires,
n'étant
tous
à
cotisation
(la
que de cinq
francs),
pour but principal de pourvoir au maintien perpétuel des
et qui avait
représentations-modèles à Bayreuth. Chaque association de
ville
ou de
pays, gardant son individualité propre avec un représentant spécial, se rattache
au
Munich,
et
ciation
comité
dont
le
composé de neuf membres, siégeant à président honoraire était Franz Liszt. Cette Assocentral,
wagnérienne universelle a obtenu un succès tout à
fait
surpre-
nant, car, depuis trois ans qu'elle existe, elle est déjà représentée dans
240
villes et
dans
le
compte environ cinq mille cinq cents membres disséminés
monde
entier.
Richard
Wagner
concernait,
l'homme
a toujours prétendu que, était
inséparable
de
du moins en ce qui
l'artiste,
et
c'est
le
par cette
audacieuse afîirmation qu'il ouvrait, dès i85i, sa Communication à mes amis. « J'adresse, disait-il, ces communications à mes amis; car
RICHARD WAGNER
202 Je
ne puis être compris que par ceux qui éprouvent
me comprendre,
désir de
Mais
et
comme
ne puis considérer
je
y artiste, en
Miomme.
même temps
Si la séparation
de bon sens que
tels
d'avec
l'artiste
le
êti-e
sympathie à
qu'ils croient devoir refuser leur
de
séparation de
la
besoin et
le
que mes amis. ceux qui prétendent aimer en moi
ne peuvent
ceux-là
Tâme
Thomme
dépourvue
est aussi
d'avec le corps,
que
est certain
il
jamais artiste n'a pu être aimé, jamais
son
compris,
sans
qu'il
comme homme façon
(au
fût
de sa
incons-
et
sans qu'on eût à la
et
fois l'intelligence
et
être
aimé
moins d'une
involontaire
ciente)
pu
n"a
art
de ses œuvres
»
vie.
Tout "Wagner
dans ce
tient
paradoxe, qu'il a imaginé pour
usage
son
personnel
montre à quel point n'être
dait
façon
il
affirma-
telle
hardiment
si
enten-
d'aucune
discuté
mais une
;
tion,
qui
et
qu'on
la
lance, est inutile et n'empêche
pas
suivre
humaines
choses
les
pouvait être un LE VIEUX MAITRE RICHARD arrive sjiis être annonce dans la salle de ce
désir
Bi'avo, enfants!
me
C'est déjà
une
WAGNER
musique du
de grâce
eîel.
joie d'être ici;
reprend de composer encore du nouveau.
à s'insinuer
quand
masse du public,
il
est
homme
d'entrain,
dans
plein
prompt
cœur de
le
»
ceux qui l'approchaient, car s'était fait ainsi
d'amis surtout
particulier,
le
[Ncbelspaltcr, de Zurich, 17 février i8S3.)
créateur,
et
normal.
cours
leur
Wagner, dans son
de
;
un
mais
doué d'un pareil génie,
il
beaucoup artiste,
s'adresse à
un la
n'empêchera que chacun éprouve, sans 'l'approcher, plus ou moins d'admiration pour ses œuvres, plus ou moins de sympathie instinctive pour son caractère. Que ce jugement sur un
homme
et rien
avec lequel on n'a jamais eu aucun rapport découle plus d'une
impression que de
la réflexion,
pouvoir d'aucun artiste de
s'y
je
n'y
mais
contredis pas;
soustraire,
et,
il
n'est
au
Wagner, en nombre de ses
d'ailleurs,
particulier, aurait trop à perdre à restreindre ainsi
le
vrais admirateurs.
Quand on prend l'homme
et
l'artiste
en
bloc,
comme
on a
fait
RICHARD WAGNER jusqu'ici,
ses
quand on embrasse d\in on
seul
2gj
coup d'œil sa
ses
vie,
œuvres
frappé
de tant de grandeur dans la conception, de tant de solidité contre l'attaque, de tant de fermeté dans les convictions. Quand on regarde d'un peu plus près, sans se laisser éblouir par les emportements fulgurants du dieu ou par les grands mots des et
écrits,
fanatiques, créateur,
est
on s'aperçoit que
Wagner
l'idole
des pieds d'argile.
a
Artiste et
va l'égal des plus grands, et son génie
LE PALAIS VENDRA M INI, A VENISE, OU
comme
ses
EST MORT RICHARD WAGNER.
(Appartenait au comte de Charabord.)
œuvres commandent une admiration sans bornes
;
homme,
il
est
dénué
de noblesse et n'échappe à aucune des faiblesses de l'humaine nature au contraire,
et
comme
en
lui
tout est démesuré,
il
les
exagère
:
et les
pousse à un degré surprenant. Qu'il ait été d'un profond
égoïsme
là rien à dire, et cette disposition
naturelle, j'allais dire nécessaire,
de leur œuvre
comme
Berlioz,
et
de
fort
leur
et
d'un orgueil excessif,
il
n'y a
à tout rapporter à soi est tellement aux artistes, uniquement préoccupés
gloire,
qu'on
enclin à exagérer les
n'en
parle
inimitiés
plus; qu'il
qu'il
fût,
renccMitrait,
RICHARD WAGNER
204 qu'il
et
par
aimât,
instinct
théâtral,
poser en
à se
martyr,
sachant fort bien profiter des circonstances et jouer des
tout
en
protections,
passe encore; mais ce qu'il y a de désobligeant chez lui, c'est l'ingratitude, une ingratitude naturelle et candide envers ceux qui lui avaient
bon secours, dès
été de
ne pouvaient ou ne voulaient plus servir
qu'ils
musiciens. Lorsqu'au lieu de
confrères
les
Juger au seul point de vue théorique, on les
il
précédés ou
ont
les
ceux
s'entend à flatter
peuples ou
suivis,
l'homme de bronze
quelle aisance
dont
rois,
mêmes ne changent
plus
n'a
il
pas
très
rattache aux
frappé
est
en
voir et
Les théories en
soubresauts très expliquer,
à
faciles
événeavec
comme
maltraitant les gens,
mais leur développement
;
de
aux conjonctures,
séduire,
rien à tirer.
à des inflexions sensibles, à des
malheureusement
se plie
veut
qu'il
lire
on
à
ses écrits à part et de
ses
ments qui
comme
Et cela s'applique aux peuples, aux souverains,
ses intérêts.
elles-
littéraire est sujet
curieux à suivre et
puisque
en est
l'intérêt
la
cause, invariablement.
Dès le
le
quand on
début, par exemple, et
de Prusse ne peut pas accepter
roi
en avoir entendu quelque
la
répond de Berlin que
lui
dédicace de Tannhœiiser sans
fragment, fût-ce à
parade,
la
s'indigne,
il
tonne, fulmine avec fracas pour la galerie et n'en continue pas moins à négocier sous main, tant et Ricii{i
que
bien
si
le
roi
décide qu'on Jouera
A qui est-il redevable en partie Quel homme avait soutenu ses pre-
pour son propre anniversaire.
de cette décision miers pas à
A
?
Paris,
Meyerbeer. l'avait
quelque sorte empêché de
en
mourir de
recommandant à Schlesinger et l'avait mis en rapport avec Opéra, au point qu'à ce moment 'Wagner considéra le départ de Paris de ce bienfaiteur comme un véritable désastre pour lui ? Meyerbeer, toufaim en
le
1
jours Meyerbeer. suite. et je
vais plus
loin, je
Judaïsme dans sans conteste
sohn avec qui il
Or, on
comment 'Wagner
sait
l'en
a remercié par la
Antipathie de race ou animadversion de musicien, c'est possible,
;
la
musique
pouvait
il
il
consens que Richard 'Wagner, en lançant son (i85o),
écrire
ait
tout
n'avait Jamais eu
ce
eu
raison
sur tous les points
qu'il voulait contre
Mendels-
que des rapports insignifiants; mais
aurait dû observer plus de réserve à l'endroit de Meyerbeer.
Wagner, dans
le
privé,
racontait
que Meyerbeer avait commis à
son endroit une véritable trahison, justement à propos de Schlesinger.
Longtemps après son premier
séjour à Paris,
il
aurait appris que son
compatriote,
en lui donnant une lettre de recommandation officielle pour Schlesinger, en avait écrit une autre, arrivée plus vite à Paris par la poste, et où Meyerbeer disait à peu près ceci « Un jeune :
musicien, très ambitieux et très remuant, m'importune de ses
sollicita-
RICHARD WACNF.R tions.
Pour m'en débarrasser,
remettra
où
et
donne une
ai
vous
le
lettres,
ce
Schlesinger
se soit
puisqu'il le
fit
qui
bien
est
improbable,
conformé seulement à
moyen
vivre au
ments pour sa maison
que
celle
Quoi
disculpé
en
trahison dont
il
soit,
la
produisit celle de
il
Galette musicale et que,
du jeune étran-
Wagner,
moins aidé, par
a-t-il
il
imputait à
misères
tristesses et des
Paris et ce ressentiment ne désarma jamais.
succès d'argent de Meyerbeer avaient dès le
suite,
cœur
fourberie du
la
qu'il avait
ait
à
?
paraît-il, eut toujours sur le ;
qu'il
la
de l'auteur
les instances
demeurait persuadé
une grande partie des
Wagner,
quant à Meyerbeer, supposé
;
Rien^i à Berlin, sur
qu'il
semble que
remit
lui
fut tout à la disposition
véritablement joué ce jeu double, en faire accepter
de
concerts
les
pendant des années, ce journal l'éditeur
il
d'édition, puisque, après avoir essayé de faire
Colomb dans
ger. Voilà
vous
qu'il
pour son journal, d'arrange-
d'articles
exécuter son ouverture de Faust au Conservatoire,
Christophe
lettre
recommande chaudement; mais vous n'en Je que bon vous semblera. » En admettant qu'il y ait eu
que ce réellement deux
ferez
lui
je
agS
«
cette
Juif »
éprouvées à
Le que les gros commencement hanté ses vrai est
rêves et travaillé son esprit. Voilà donc sa brochure sur le Judaïsme, à
ou à raison, lancée de par
tort
discutée en AUemag-ne, mais
avant i86g. ser à
que
Il
elle
monde. Ellle avait été vivement absolument ig^norée en France
n'importe, aussitôt qu'il est question de jouer Tannhcvu-
dès 1860,
Paris, c'est-à-dire
le
prudent écrivain atténue autant
peut ses attaques contre Meyerbeer par sa Lettre sur la
se
faire
le
était
musique, afin de ne pas indisposer
les Parisiens
opéras d'un compositeur dont
ont toujours
parle alors de
son
beautés entraînantes
«
grande renommée,
moins imputables à
peu
de l'empereur qui
musique,
la
l'artiste
Taunhœuser
Continuons. expresse
»
et se
fait
défend,
de
beaux
c'est
la
Lyre
et
qui
pour
qu'au genre
même
représenté
est
n'y comprenait
possible,
tenir
avaient
aux si
cas
le
la
Il
où
moindre
de l'opéra.
à
Paris
pas
par
la
grand'chose,
volonté
aimant
mais qui vint pourtant applaudir aux et
Politique (186S),
de charger seulement les Taunhœuser, Wagner éprouva le
généralités
bien
état.
sifflé
et
l'empereur en personne. 11 libre adolescent allemand qui gagna des batailles au son de
de
exalte le
s'en
qui
fils
besoin
grand
les
en critiquant quelques points faibles,
deux premières représentations; eh bien, dans Art au., lieu
si
eu de l'écho chez nous, d'avoir voulu donner
libelle aurait
atteinte à cette
ils
en rabaissant trop
et
diriger
un
trait
blessant
sur
de l'Épée [Leier iind Schipert, allusion à
refoula
l'invasion
française
monarques n'avaient pu vaincre;
il
que
les
Kœrner
troupes
et à
Wcbcr)
mercenaires
représente alors Napoiccm
b'''
des
comme
RICHARD WAGNER
296
étonné de sa défaite, en cherchant «
Peut-être n'y
a-t-il
raison
la
et
ne
craint l'adolescent allemand.
brochure
X
:
//
connaît
et
» :
Art allemand
où "Wagner montre à tous égards
celle
:
sur les trônes d'Europe que son neveu qui puisse
répondre à cette question avec une véritable sagesse D'ailleurs, cette
trouvant pas
la
le
et
Politique allemande, est
plus d'indépendance de cœur.
/
\x
f^;
X
ol^'
LES FUNERAILLES DE RICHARD Départ du corbillard de
la
WAGNER
place de
Elle parut en 1868, deux ans à peine après
mands du Sud, Bavarois, 'Wurtembergeois
la
A
BAVREUTH.
stalioii.
Sadowa, et
alors
que
les
Alle-
autres, la veille alliés à
l'Autriche, étaient loin d'être assimilés à la Prusse, et
Wagner, tournant
déjà du côté du vainqueur, célébrait hautement les victoires des Hohenzollern sur la Bavière, cette Bavière dont le roi avait tant fait pour lui
et
dont
il
voulait encore obtenir la création à
allemand selon son rêve
:
«
La Prusse
Munich d'un
seule, dit-il, conserva
théâtre
une orga-
RICHARD WAGNf^R nisation
ce le
dernier
de
issue
militaire,
de
reste
297
période d'essor
la
Tesprit
allemand,
royaume de Prusse, un demi-siècle
extirpé
plus
tard,
Kœnigsgrastz à Tétonnement du monde entier, Cette étude
éminemment personnelle
etc.
la
ailleurs,
bataille
de
»
dirigée
la
France;
TOMBEAU DE RICHARD WAGNER
partout
gagna
est
d'une façon manifeste contre l'influence de
LE
de TAlIemaq-ne; avec
BAYREUTH
A
encore ouvert, au lendemain des funérailles. |Ka pierre Inmulaire, presque entièrement recouverte de lierre auiourd"luii, mesure i"',7o de large
sur
il
semble, en
français
effet,
après
suivante,
s'amadoue
il
la
est
et
à
M""' Judith
a
d'excellents
3'". 21)
de Ions
que Wagner défaite
question
de
et o"',3o
n'ait
d'épaisseur!
plus rien à attendre des amateurs
Tannhœuscr
de' jouer
Ricii^i
à
Paris.
atténue un peu ses récriminations dans
Mendès, exprès pour et nombreux amis à
être
publiée
Paris;
il
:
il
Alors,
l'écrivain
lettre
la
sait,
apprécie
l'année
dès
cependant,
et
dit-il,
écrite qu'il
infiniment 3S
la
RICHARD WAGNER
298
portée
et
France
et,
Paris, au
de
la
contraire,
etc.,
qu'on fasse
qu'il
L'année suivante,
etc.
Wagner
et
sympathie
de
n'est pas
ce
n'y vient pas,
s'il
France,
la
des marques
valeur
lance
Une
d'un succès à
fi
guerre,
la
Capitulation
donne en
lui
la défaite
!
Quelques années s'écoulent, et par un revirement plus prompt qu'on ne pouvait l'espérer, ses œuvres paraissent devoir triompher en France; alors il écrit la lettre à M. G. Monod, rendue publique après sa mort et
où
il
cherchait à expliquer qu'il raillait l'Allemagne et non la France
dans ce pamphlet de
Remarquez que
«
:
l'esprit français, je l'ai
écrit
en
tout ce
allemand,
que
au sujet
écrit
j"ai
exclusivement pour
les
il est donc clair que je n'ai pas eu l'intention d'offenser Allemands provoquer les Français, mais simplement de détourner mes :
ou de
compatriotes de limitation de à leur propre génie, qui
plus,
moment de
reproché, composé au pire
amèrement théâtre
ironique,
allemand
intendants
aura
presse actuelle,
la
pour reconnaître que dans
de pénétration
?
de bon...
assez
Rappelez-vous
m'a été
et
plus
le
guerre, dans une disposition
la
de
conclusion
la
Bien
d'intelligence
qui
l'écrit
eu surtout pour but de ridiculiser
j'ai
cette
du
l'état
Les
farce.
de théâtres allemands se précipitent dans
les directeurs
et
les inviter à rester fidèles
veulent faire quelque chose
s'ils
dans
donc,
France, de
la
Paris assiégé, afin d'emporter pour leurs théâtres toutes les nouveautés
en
fait
de pièces et de ballets.
»
Mais à quoi bon se disculper? Est-ce qu'un artiste voit dans le autre chose que son art? Wagner, pour ne parler que d^ lui,
monde n'était
pas
acharné de personne
l'ennemi
même
de
France
la
pas sa musique. Et dès
n'était l'ennemi
il
;
d'aucun peuple en général,
ni
lors n'avait-il
pas
que des gens qui n'aimaient
le droit
même,
France, alors que, dans les pays allemands
de s'en prendre à il
la
tournait son encen-
Munich, tantôt vers Berlin? Dès Sadowa, dès qu'il avait trouver dans le futur empereur d'Allemagne un prince apte à
soir tantôt vers
cru
seconder ses vues, l'indifférence il
du
brûla la
lui
il
avait exalté le vainqueur de la Bavière; aussitôt
empereur bien constatée à l'égard de la musique, politesse, et, dans l'Œuvre et la mission de ma vie, vieil
écrite après les représentations des
de
lancer
tétralogie,
par
la
des traits contre ni
Nibelimgen,
souverain
voulu rien distraire pour
France.
On
est soldat
conclusion va de soi
et la
le
:
en Prusse
vive Louis
qui
il
ne se
;
II
on est artiste en Bavière,
il
comme
il
aurait
mieux
fait
la
—
!
il
et
pas faute
durer à
Bayreuth des milliards payés
Comme avait raison de lancer ce cri de gratitude homme auquel devait la tranquillité de l'existence et génie,
fait
pu
n'avait
de ne jamais
envers le
le
jeune
repos de son
solliciter ailleurs
RICHARD WAGNER
WAGNER
RK:HAR1)
299
une aide, un encouragement qu'il ne pouvait trouver qu'auprès de Sans ce prince enthousiaste, illuminé, sans la compai^ne Louis II exceptionnelle qu'il eut le bonheur de rencontrer à la fin de sa vie, !
Wagner Parsifal.
n'aurait
Ce
c'était là le salut
Que vous
première
qui
reine a mis au
de
mon
avec
le
pût
me
il
semble
Comment
qu'il
se fait-il
ma
premier moment, que
ami peu de temps après sa plus inimaginable et la
la
complètement réalisée! Une
s'est
m'apporter
détresse,
m'ait été envoyé du
que
ceux qui devraient être
le
gens
les
ciel...
plus
les
salut et la con-
le ».
amers,
les plus acerbes,
plus cuirassés contre les faux compliments,
aient toujours un point sensible et soient, sous leurs dehors les
tout
monde, dans l'année même de la première représentaTannhœuser, le bon génie de ma vie, celui qui devait
plus tard, au plus fort de solation;
sauver
oia
assurée à son œuvre d'art.
vie
et la
La chose
roi.
composé
ni
l'archange sauveur à l'heure
avait bien senti, dès le
pour lui-même
entrevue
Nibelungen,
les
dirai-je? écrivait-il à quelque
seule pourtant
tion
comme
roi vint à lui
l'abandonnait, et "Wagner
«
pas terminé
peut-être
bourrus,
plus faciles à embobeliner dès qu'on chatouille agréablement leur
amour-propre? entente,
pavés
et,
sans
compliment qui ne
ne font pas un
Ils
dès qu'on les
on peut
flatte,
Tel
bronchent.
qu'ils
les
était
assommer des
Berlioz,
tel
à double
soit
plus lourds
Wagner.
était
C'est pitié, quand on admire ces deux grands compositeurs, de voir avec quelle bonne foi ingénue ils rapportent et consignent pour la postérité les éloges les plus écrasants.
dans
deux
grands
rapports
ses
articles
Wagner, en
Auber
avec
Rossini
et
;
ne durent pas avoir
narquois
vraiment le rusé Italien et le Parisien
particulier, a raconté
beaucoup de peine à se moquer du pesant Allemand. Avec Rossini encore il se défie un peu, celui-ci ayant la raillerie avec Auber, au contraire, il plus mordante et la main moins légère ;
est
si
complètement dupe
grammes par un
qu'il
paye ses
lui
fines
et
pénétrantes épi-
éloge étourdissant de la Muette de Portici. C'est au
perron de Tortoni, durant
études de
les
musiciens se rencontraient presque tous
Tannhœuser, que
les soirs,
et
Auber
deux
les
s'informait
aimablement du progrès des répétitions; il voulait savoir avant tout s il y aurait de luxueux décors, une riche mise en scène, et, quand il le sut, « Ah ! il y aura du il se frotta joyeusement les mains en s'écriant :
spectacle! ça aura du succès^
soye:^ tranquille!
par échange de politesse, essayait de jouait alors à
l'Opéra-Comique
sons les farces en paix Lestocq, qu'il
avait
!
eu
»
:
«
Wagner
lui
Ah
!
»
Et
comme Wagner,
parler de la Circassienne, qu on disait
modestement Auber,
alors changeait
occasion de monter à
lais-
de pièce et vantait
Magdebourg
et
qui
y
|
lUCHARD WAGNER
3oo
avait eu
yrand succès;
gardé
faveur en Allemagne au lieu du
la
Auber, pour toute réponse,
boles, et
disant
lui
propre
ne s'expliquait pas
il
Que
«
:
de
et
voulez-vous, c'est
naïveté,
symphonie de comprendre t),
Beethoven et
n'était
!
le
genre
le
autres fari-
regardait d'un œil mi-clos en
rapporte
Par surcroit d'amourqu'Auber, entendant une
dilBculté
»
!
au Conservatoire,
admet sans
il
plus à TcinnliiVuser Rossini
Wagner
ouvrage n'eût pas
cjue cet
Pré aux Clercs ou
n'y rien
«
rien compris
n'a
qu'il
«
avoué
aurait
de
»
pas ce c]u'on
appelle un
aimait à
rire
au
;
même
au
pincc-sans-rire
degré qu'Auber
contraire,
bruyamment.
et
il
Ses
bons mots se colportaient de droite et
de gauche,
égayait,
cela
Wagner,
qui
premier
comme on
et
un
troublait
peu
jugeait au fond
le
homme
« le
vraiment grand
digne de vénération
monde
le
du peu,
Excusez
et
eût ren-
qu'il
contré jusque-là dans tistique ».
s'en
ar-
dirait
Rossini lui-même. Et tout cela, parce jour le maestro
qu'un
dans L
EMPEREUR
mine
ALLEMAGNE ET RICHARD WAGNER.
L' l'.inycrcuv plus beau de
Oui, cher
«
:
mes
l>
iiiaitrc,
tuyau de
contrite,
voici
ordres. Je n'ai i]u'un
li;
rei^ret,
que vous u'ayci pas fait avec moi la campagne de France la guerre m'aurait coûté moins de sani;, car vous auriez mis les Français :
conclut-il,
quelque
avec une
en
dû,
lui
Allemagne,
et
aurait
aurait
J'avais de
«
:
l'oreille,
destinée
qu'alors sa
complie
avait dit
qu'il
naître
Rossini,
c'cbl
eu déroute
le
lui
et
j'aurais
chose.
»
Et
été ac-
la facilité,
pu
arriver à
Rossini,
((irai/, Ik-r Floh, Je Vienne.
voyant accepter cette bourde énorme argent comptant, développait,
pliliait
teur
cette
am-
idée avec une verve intarissable, sans ciue son interlocu-
soupçonnât
ni plus
le
»
1
la
farce un
seul instant.
On
n'est
pas plus cruel
—
naît.
Cependant,
Wagner
ne se sentait pas à« l'aise en face de Rossini;
il
le tenait pour saint Jean Bouche d'or, mais il ne pas avec lui comme avec Auber. Son article, en somme, est
buvait ses paroles et se livrait
favorable et
tend à prouver que c'était
là
un musicien bien doué, de
mérite et de valeur, que le public de son époque et le milieu où il vécut empêchèrent de s'élever au-dessus de son temps et, par là, de participer à la grandeur des véritables héros de l'art. Ce petit article, écrit immédiatement après la mort de l'auteur de Guillaume Tell et pour
RICHARD
VVA(;NI£R
rectifier certaines plaisanteries ou anecdotes qui couraient alors les journaux sur son attitude envers Wai^rner, est donc postérieur à Art et politique, où Richard Wagner avait exprimé à peu près la même
idée en s'attaquant violemment au
poème de Guillaume
Tell,
parodié
d'après Schiller, mais en ajoutant qu'il y avait des morceaux ravissants
dans sa musique et Rossini,
bons, parmi
les
encore moins génies de était
voyait
là
il
en ligne avec à
confesser
un phénomène
—
cile à s'expliquer
et
qu'il avait
hxume pour ainsi
Tell
le
quelle catégorie
les il
son
même à
écrit,
Schiller,
musique,
il
ne
compte il lui avait suffi d'une fois pour juger moins la production que les ten:
dans
voudrait arriver au succès et, sa
détresse,
les
moyens Quels
'
LE ROI DE BAVIERE
ET
talent subalterne qui
«
se
raccroche
tous
à
RICHARD WAGNER.
Louis : « Maitre, changeons, je suis Laisse-moi faire de la musique à Bayrcuth, et loi, va régner à Munich, a
Le mieux
roi
ici.
(Grxtz,
».
étaient
non pas
diffi-
et à
revint jamais sur son
dances d'un
le classer,
la lin.
ne l'expliquait
Gœthe en
parodiés
préoccupa beaucoup jusqu'à
rapproché de Guil-
dans
accoupler
plus volup-
qu'il
très
Quant à M. Gounod
pas.
Faust
le
ne pou-
musique allemande,
la
réduit
sujet.
le
compositeur
médiocres
les
comme
et
;
vait pas le mettre
en
voir, le
gênait de ne savoir dans
le
parmi
oublier
d'ailleurs, qu'il déclarait être le
tueusement doué qui se pût Cela
faisaient
tels qu'ils
ses
Der Floh, de
Vicniii;.)
compositeurs
préférés ou ses œuvres de prédilection?
Beethoven, avec ses quatuors
ou ses sonates pour l'étude intime, et ses symphonies pour l'exécution publique; Bach, avec son Clavecin bien tempéré ; Mozart, avec la Flûte enchantée, l'Enlèvement au sérail, les Noces de Figaro et
Weber,
avec Euryanthe
symphonies en mi
le
Freischut{
;
Mozart encore, avec
ses
mineur et ut majeur. Voilà pour les amis de chaque jour, ses épées de chevet. Ce
bétnul,
ouvrages qui étaient ses 1.
et
Don Juan ;
sol
Tauteur Celte courte appréciation suffit à çxpliquer les attaques aussi vaines qu'acharnées dont
de Je Fii»s< poursuit Richard Wagner. L'opinion courante est que Wa£;ner a qualilié la musique Faust de « musique de lorettc ». 11 y a là erreur; cette triple appréciati<m « un salmigondis nauséafabriqué bond, une platitude douceâtre, dans un jargon atlccté de lorettc », vise principalement le livret que par M. Jules Barbier avec le chef-d'œuvre de Gœthe, cl approuvé par M. Gounod. On comprend pourfendre en prose le parolier français lui ait gardé une dent et ne manque pas une occasion de le :
et
en vers.
RICHARD WAGNER
3o2
avant tout dans une composition,
qu'il cherchait, disait-il,
du
généité
style,
entre
le
moyens
l'équilibre entre les
cette concordance absolue entre
chœur de
Palestrina
la
et le but,
musique de Mozart son contrepoint,
et
l'homo-
c'était
et
et
trouvait
il
son orchestre,
entre
piano de
le
Chopin et plusieurs de ses préludes ou études, sans estimer aucunement qui sent trop les salons parisiens heureusement, le « Chopin des dames j)
;
beaucoup d'oeuvres supérieures au niveau
a produit
qu'il
ajoutait-il,
des salons. 11
regardait les mélodies de Schubert
mais ce
pas une raison, selon
n'était
comme lui,
de véritables modèles
;
pour accepter sa musique
pour piano, non plus que les merveilleux opéras de Weber ne devaient faire admirer ses mélodies, son trio avec flûte et son quatuor avec piano. L'enthousiasme de Schumann pour les d'ensemble
trios
et ses
sonates
de Schubert et autres œuvres semblables
:
mystère aux
un
était
yeux de Wagner, aussi bien que pour Mendelssohn
a
me
Je
rappelle
que Mendelssohn retrouvait partout dans Schubert l'image du bourgeois de Vienne et de sa vie facile fBchaglichkeitJ. Chose curieuse, ajoutait-il, Liszt aime encore à jouer
divertissement
entaché de
à
trivialité.
que de naturel,
du Schubert. Je n'y comprends
car ce est
Cette préférence de Liszt n'avait pourtant rien
»
et ce qui le séduisait
dance des notes
rien,
hongroise, de quelque façon qu'on l'exécute,
la
et la virtuosité
:
dans ces morceaux,
c'était l'abon-
ses propres compositions, à cet égard,
ne sont pas tellement différentes de certaines pièces de Schubert.
Aux yeux de Richard Wagner, Mendelssohn giste de premier ordre
et l'ouverture
»
de la Grotte de /"//^^a/
un
«
lui
semblait
paysa-
y trouvait une imagination merveilleuse, un sentiment délicat, soutenus par un art consommé; il insistait surtout être
un chef-d'œuvre
était surtout
il
:
sur la beauté du passage où les hautbois montent par-dessus les autres
instruments avec un gémissement plaintif,
courant sur
les flots.
Il
retour, puis le premier
saise
:
«
On
morceau
andantes,
»
et le
les vents
Mer
scherzo de
la
calme
et
de
mer
la
l'heureux
Symphonie
écos-
ne pouvait, pensait-il, blâmer un compositeur d'employer
des motifs du terroir quand veilleuse.
comme
admirait également la
En
où
revanche,
il
il
les
développait
trouvait
que
les
d'une façon aussi mer-
seconds thèmes et
les
humain, étaient sensiblement plus faibles chez Mendelssohn. Quant à l'ouverture du Sauge d'ime nuit d'été, il ne fallait jamais oublier, disait-il, que l'auteur l'avait écrite à dix-sept ans combien la touche en était déjà sûre et la forme achevée C'est dans le particulier que Wagner jugeait ainsi les différents reparait
l'élément
:
!
compositeurs dont on venait à parler, transmises soit par
M. Dannreuther,
et ces soit
conversations nous ont été
par M. de Wolzogen dans
RICHARD WAGNER SCS intéressants souvenirs.
à son sujet,
fit
instrumentale,
Un
jour qu'on discutait sur Berlioz, Wao-ner,
une profession de suis
dit-il, je
3o3
bien
foi
inattendue.
En musique
«
un rcacticunaire, un conservateur. Je déteste
tout ce qui exige une explication verbale en surplus des sons eux-mêmes.
Par exemple,
le
milieu de la touchante
scène d'amour dans
le
Roméo
de Berlioz, prétend reproduire en phrases musicales les vers de Shakespeare relatifs à l'alouette et au rossignol dans la scène du
et Juliette,
balcon. Mais elle ne
rien de pareil et n'est pas intelligible, en tant
fait
que musique. Berlioz augmenta, modifia disant
Symphonie dramatique, dans
ni poisson
ment
Ni unité de
choraux,
sujet,
cette soi-
;
sa forme définitive, n'est ni chair
ce n'est pas le moins du
:
parler.
ouvrage
et gâta son
monde une symphonie,
à stricte-
de style;
récitatifs
ni
unité
les
et
mélodies et autres parties vocales ont vraiment trop peu
les
morceaux symphoniques. Le finale d'opéra, la partie du père Laurence en particulier, est tout à fait manqué. Cependant, il y a de belles choses çà et là. Le convoi funèbre est très touchant c'est un morceau de maître, aussi bien que l'Oftertoire dans la scène le Requiem. Le premier thème de la scène d'amour est divin du jardin avec la fête chez Capulet est d'une habileté extraordinaire, car, pour dire le vrai, Berlioz était diaboliquement habile. J'ai fait une
de rapports avec
les
:
;
étude approfondie de son instrumentation dès 1840, à Paris, je
me
souvent remis à ses partitions
suis
pour apprendre d'éviter.
»
ce
et
C'est là de
se diminuait
qu'il la
:
j'en
convenait de faire
franchise, à la
En
ce
beaucoup profité
en rien pour proclamer quel profit le
convenait
ce qu'il
et
bonne heure,
créations de Berlioz. C'est sottise de dire qu'il l'aveu formel
ai
et depuis,
il
et
avait
Wagner
ne
su tirer des
méconnut
:
en voilà
'.
qui
concerne
Schumann,
il
convient
d'insister.
Wagner
un compositeur délicat de petits chants inspirés, de jolies pièces de piano, un « peintre de genre » comme Mendelssohn était un « paysagiste », et il développait ainsi son jugement
reconnaissait en
lui
:
La façon propre à Schumann de traiter le piano est insupportable à mon oreille; tout y est mêlé, confus, et l'on ne peut rendre ses mor«
Quel soulagement d'entendre Dans les commencements, j'attendais ensuite une sonate de Beethoven plus de Schumann ses écrits sur la musique étaient brillants et ses compositions de piano montraient une grande originalité. 11 y avait ceaux sans abuser de
la
pédale obligée. !
;
I.
par
le
Wagner
représente
mot presque
ici le
classicisme
le
plus pur
et,
sans qu'il s'en doute,
il
termine son discours
textuel de Cherubini, lorsqu'on lui proposait d'aller entendre la .'iymphonie fanias-
rapprochenien : « Zc n'ai pas besoin d'aller savoir comment il né faut pas faire. » Ce qui rend le plus piquant encore, c'est que c'est Berlioz lui-même qui nous a transmis, par ses Mémoires, bourrade de Cherubini. tique
RICHARD WAGNER
3o4
dans
des
et
réelle,
beaucoup
cela
tout
très
tous ses soins à la déclamation, et
son temps.
ce
à
avait,
qu'il
débuts,
ses
pas un
n'était
parfaits.
;
quoi-
donnait
il
mérite en
petit
Wagner
forme, et
la
trouvé
ses admirateurs fanatiques, ses dévots,
franc-maçonnique
où
esprits
les
laquelle les moindres paroles
il
dans
Schumann en
ne s'en
pas
tint
air d'oracle. Alors,
il
forma
la
accès terrible et
d'entrer,
était
tous
lui
société
et
pour
bouche du maître prenaient
par l'adoration de cette petite chapelle,
Wagner
fut saisi d'un
reprit à démolir avec fureur les musiciens
se
la
Après
là.
comme une
refusèrent
libres
tombant de
exalté
se
pas
n'avait
un appui constant
grisé par l'encens qu'on lui brûlait sous le nez,
mêmes
aurait dû défendre et respecter.
Tant et
et
représentations des Nibelungen eurent réuni autour de
les
qu'il
chaleur
de Schubert
celles
malheureusement
resté le directeur; mais
un
une
mélodies,
ses
au moins tant que
Nouvelle Galette de musique,
que
aussi
»
Voilà qui est assez modéré dans oublié
nombre de
un grand
haut
ne soient pas aussi belles que
qu'elles
mais
fermentation,
passages nombreux sont vraiment uniques
aussi
J'estime
de
battu en brèche les compositeurs
qu'il avait
tant
autres,
qu'il
avait
quelque nation
pacotille^ à
fustigé de qu'ils
ne pouvait que faire chorus avec
la belle
façon
surfaits, français les
musiciens de
appartinssent, rien de mieux, et l'on lui
mais
;
voilà-t-il
pas qu'un beau
Schumann qu'il s'attaque, à Schumann, qui ne devait pas lui porter grand ombrage avec un seul opéra à Schumann enfin, que tout le monde musical reconnaît actuellement comme le plus grand musicien symphoniste après Beethoven. Ce qu'il lui reprochait, à
jour c'est
;
c'était
d'avoir
osé, lui, compositeur bien cloué
pour de petites pièces
de chant ou de piano, osé écrire des symphonies,
poèmes, un opéra de
ma
vie
—
l'aller
il
le
dit
formellement dans l'Œuvre
et la
des
mission
—
chercher exclusivement,
comme
trop de deux ou trois articles, et, en
l'un
ballades,
ainsi
il
convient, dans les créations
de Richard Wagner. Mais, pour terrasser un décisif,
des
trompé l'Allemand qui voulut voir dans au lieu dernier mot de l'art national contemporain
et d'avoir
ces ouvrages le
de
—
Wagner
d'entre ses
en
faisait
écrire
tel
homme,
même temps
qu'il
il
n'était
pas
en rédigeait un
un autre, non moins écrasant, par
commensaux.
Celui-là était le pianiste Joseph Rubinstein, un familier de la maison
de Wagner, qui n'avait que le nom de commun avec les deux frères célèbres, Antoine et Nicolas Rubinstein, et qui a fini par se tuer, après avoir dû quitter Bayreuth où l'on rendait la vie trop dure au serviteur
le
plus
aveuglément dévoué.
Ce Joseph Rubinstein donna
RICHARD WAGNER donc aux Feuilles de Bayveuth
Schumami, où
il
'
un
Ions;
3o5
article
Sur
:
la
musique de
comme
attaquait Tautcur de MauJ'red, non pas
poète
RICHARD WAGNER EN 1882. Dessin
et
ù
1.1
mine de plomb de M. Renoir, d'après son esquisse
musicien dramatique,
comme compositeur
—
Wagner
i\
s'était
riiuile faite
;i
Venise
le
i5 janvier 1S82.
— mais
réserve cette tâche,
au point de vue absolu.
Il
lui
reprochait
de ne
qui de ce journal mensuel, moniteur oaiciel du wagncrismc, Otait redire par la propagation de la foi wagneriennc. 11 d'articles et ne M. de Wolzoj;en sous la direction cl rinspiration de Wajjner, qui y donna beaucoup Brahms. Il lohanncs surtout. mais Joachim, cessa d'y attaquer les disciples ou servants de Schumann celles de lîeethovcn et déclare rci^ardc les .symphonies de ce dernier comme de pitoyables imitations de I.
Bayrcuthcr BLvttcr
commença
:
tel
est le titre
à paraître en janvier 1878,
pour
:
39
RICHARD WAGNER
3o6
morceau, de procéder toujours par
pas savoir bâtir un
membres de phrases montant par
répétant certains il
morceau sition.
symphonie en
alors la
prenait
en disséquait
bémol,
démontrait sans réplique possible
et
ne
Il
si
le
du métier,
vérité, et lui
:
«
Même
...
Schumann manque absolument de que
faut souhaiter
il
les
nombreux auteurs qui
ce serait la ruine totale du goût et du sentiment.
article général
en particulier,
sur
poème
le
qu'il l'exécuta
musiciens, de Mozart, de
singulier aveu
«
:
sur
d'opéra,
en passant.
s'inspirent de
On
et c'est
parlait
beaucoup
(en
dans un
de quantité de
là
Weber, de Winter, de Spohr,
criait
autrement,
;
composition dramatique
la
Il
de
»
front,
sans réserve et sur lequel
qu'il louait
sini enfin,
Schumann de
pas
n'attaqua
lui,
au point
sincérité,
se dégagent au plus tôt de cette pernicieuse influence
Wagner,
;
premier
le
de piano, au
pièces
contraire, et concluait à peu près en ces termes
de vue
en
néant de cette compo-
pas mieux ses délicieuses
traitait
rosalies,
ou demi-ton
ton
échapper ce
laissait
il
de Ros-
etc.,
Allemagne) contre Rossini
;
mais, au fond, ce qui nous blessait réellement, c'était moins sa poétique
que son génie.
Schumann
Heureusement que
aussi,
n'en
déplaise
à
les
Rossini
Wagner.
l'auteur de Tristan jugeait l'artiste auquel on «
...
attirer
mann
;
Mes
sont
rares.
Et
»
Voici
pourtant
ào\t le
Paradis
les
comment
et la
Péri
:
succès sur le théâtre royal de Dresde ne tardèrent pas à
auprès de moi d'abord Ferdinand Hiller, ensuite Robert Schuvenaient pour voir de près comment,
ils
lyriques les plus
importantes d'Allemagne, un
sur une des
scènes
compositeur allemand,
inconnu jusque-là, pouvait jouir d'une vogue durable auprès du public.
Les
deux amis crurent d'abord reconnaître que
particulier
comme
musicien
unique raison dans aussi et je
qu'il
était
de
et
que, dès lors, seul
le
texte
la
première
mon
de mes opéras.
je
n'offrais
rien
de
succès trouvait son
En
importance d'avoir
vérité, j'estime
un
bon poème,
m'en ouvris à eux-mêmes, qui étaient en quête de sujets d'opéra.
Ils
me demandaient mon
le
suivre
avis et, quand je le donnais, se refusaient à soupçonne que c'était par défiance des mauvais tours qu'ils redoutaient de moi. A propos de mon poème de Lohengrin, Schumann déclara qu'il ne voyait pas là un sujet d'opéra en quoi il ;
je
;
différait d'opinion
avec
le
maître de chapelle Taubert,
plus tard, bien après l'achèvement et l'exécution de avoir envie de prendre
mon
texte
pour
le
mon
de Berlin, qui, ouvrage, disait
mettre en musique à son
que les musiciens simplement ferrés sur leur métier qui croient s'élever par leurs symphonies jusqu'à Beethoven ne fabriquent que du Brahms; ailleurs, dans un morceau sur la vivisection des chiens, qui l'intéressait vivement, il insinue qu'il n'aurait que faire, à ses obsèques, du Requiem allemand, de Brahms. Il ne l'eut pas, en effet, mais il eut une magnifique couronne que l'auteur, oublieux de ses attaques, eut le bon goût d'envoyer pour les funérailles à Bayreuth.
RICHARD WAGNER Lorsque Scluimann composa
tour.
ma
peine à vouloir
poème de
le
sa Geneviève, je perdis
faire modifier son troisième
lui
malheureuse;
sottise
307
mais
s'emporta,
il
acte, qui est d'une
estimant
conseils n'allaient à rien moins qu'à ruiner
ses
au fond
que
meilleurs effets.
que tout dans son ouvrage fût allemand, pur, relevé cependant par quelques pointes de légèreté; et qu'un but
visait
finale.
assisté,
J'ai
ne
Il
chaste et
:
qu'il est arrivé à écrire les vulgarités et les grossièretés
mes
c'est ainsi
de son second
y a peu d'années, à Leipzig, à une représentation
il
très soignée de cette Geneviève, et je dois
confesser
que
le
troisième
Bal masqué d'Auber, oeuvre répugnante au premier chef et bâtie avec des motifs de même acabit, m'a paru un chef-d'œuvre d'esprit auprès de la brutalité vraiment écœurante de ce poète et compositeur allemand, chaste et pur. Chose étrange, je n'ai jamais entendu en Allemagne une seule plainte à ce sujet, tant est grande l'énergie avec laquelle l'Allemand impose silence à son vrai sentiment, quand il s'agit d'élever un homme au-dessus d'un autre, par exemple Schumann acte du
au-dessus de moi.
Tout
»
cela était-il bien sérieux? J'en doute, en vérité, tant ce serait
Et certain paragraphe arrivait où Wagner montrait un bout de l'oreille et semblait donner à entendre qu'il écrivait
triste à croire.
peu
le
.
pour
cela
tout
galerie.
la
«
...
Il
se
peut,
que
dit-il,
les
idées
ici
développées soient plus ou moins justes, mais cet article n'est pas destiné à la Galette de
supposé
que,
Accordé
;
Cologne
que cela
ni à
soit
aucune
mauvais,
la
chose
entre
reste
nous.
»
mais, encore que les Feuilles de Bayreuth n'aient pas en effet
l'importance de la Galette de Cologne, était-il
d'importance, en sorte
feuille
bien
d'imprimer de
nécessaire
comme Wagner choses,
telles
le dit
en riant,
ne pouvait-il
et
contenter ces haines de coterie plus discrètement et à meilleur marché?
Ce
Wagner,
qui frappait à première vue en Richard
extraordinaire forte, avec
animait ce corps chétif,
qui
un énorme développement du
c'était
surmonté d'une
la vie
tête
Les caricaturistes,
front.
très sur-
tout ceux d'Angleterre, ont bien saisi cette disproportion qui le faisait paraître, plus
petit
qu'il
en
n'était
réalité.
La
clarté
du
regard,
la
transparence des yeux adoucissaient ce visage aux lignes très accusées,
bouche, malgré
et la
la
forte
du nez
saillie
et
du menton,
avait un
caractère inoubliable de douceur et d'affabilité. Bien pris dans sa courte
extrêmement preste de mouvements, d'allure et de gestes, il donde prime abord l'impression d'une originalité vive et puissante il
taille,
nait
fascinait
;
par sa conversation, tant
tenaient au
cœur
et
mimait ce
il
s'animait sur les sujets qui
qu'il voulait
de tempérament extraordinaires
:
chez
lui,
dire.
Il
lui
avait des violences
la gaieté,
comme
la colère,
tempétueuse
était
alors
raillerie,
parlait ni
il
WAGNER
RICHAF'ÎD
3oS
inhabile
Où
:
il
qu'il
le
trouvât,
ni
de qui
diplomatie était
la
ou réparer ses boutades,
écarts
retenir ou à le rattraper
il
allaient
sur cette pente
son
discours
voi.\
bref,
;
de s'imposer, son don de pro-
Et M. Dannreuther, qui
extrême.
vu de près, ajoute non sans une nuance
l'a
de regret
:
L'homme
«
amis appréciaient,
mateur
deux
A
bien
au
avait habituellement une
il
était
sur
le
nerveux,
choses.
et
Hélas
en
attitude de défi
;
point de s'emporter
;
irritable,
semblait
il
prendre plaisir à mettre en pièces «
public,
distincts
acteurs et musiciens,
il
impatient,
réfor-
le
l'égard du public et du
des chanteurs,
toujours
ou
s'adressait
individus
Richard Wagner.
monde
noble et bon, que ses
et le critique
qui
agressif
faisaient
WAGNER
sa
et
lui,
de pair avec une bonté simple, avec une
sensibilité
v
de
musical
son énergie native, irrésistible, sa façon incessante
autour de
tout
éclipsait
encore à FefFet
mélodieuse ajoutait duction
ou de
proprement incoercible.
était
se
à
joie
ne savait plus
il
;
femme, dont
et sa
pour prévenir ses
éveil
souvent
glissante
ménagement
perdait tout
il
devant quelles gens,
toujours en était
débordante. Était-il pris d'un accès de
et
oui,
!
hommes
là
c'était
le
côté
fâcheux de sa nature.
Lisant aux Champs Elysccs les journaux de Munich, qui lui apprennent la mort du roi Louis II. B Le vrai meurtrier de ce pauvre prince, ne serait-ce pas moi «
Et cependant quel ascendant prestigieux il
—
exerçait
sur tant d'artistes dévoués
comme
cause,
il
comme
les subjuguait,
à
sa
il
les
.'
fanatisait par
{Le Trihiiulct, 27 juin 1S86.)
par jamais des compétitions
eux
!
suivit,
Après ne
prodiguer
le
les
de
représentations
louanges
violence
d'amour-propre
même
qu'il
Parsifal ,
sans
et
s'inquiéter
pouvait provoquer entre
dans
la
réception
au milieu d'un cercle d'admirateurs
vit-on pas,
les
sa
un charme supérieur, peut-être
et les conseils les plus flatteurs
qui
attentifs,
à sa chanteuse
Materna Par un contraste humiliant, M"'' Brandt, qui vouée corps et âme à son triomphe et qui avait fait une Kundry incomparable, était dédaigneusement laissée à l'écart, seule avec
préférée.
M"'''
?
s'était
M"" Wagner, le
triomphe
artiste aurait,
qui s'efforçait, par ses prévenances,
de
lui
faire oublier
écrasant de
sa rivale auprès du maître. Et l'héroïque par fanatisme, recommencé l'année d'après, si Wagner,
avant de mourir,
ne l'avait rayée du de participer aux fêtes de i883 !
nombre des
interprètes
dignes
RICHARD WACNER un
3of)
de deux cents des meilleurs artistes de rAllemagne et de l'étranger accouraient pour les répétitions et repréQu'il
fit
et près
sip^nc,
de
deux étés tout fiers de s'associer à son œuvre, ils signaient gaiement l'engagement de passer, ces deux années-là, trois mois drstinkk de iucuard wagner icr-RAs. pleins à Bayreuth, sans gagner
sentations
tétralogie, réparties
la
sur
:
plus que leurs frais de voyage et
de logement. Enfin, n'impochanteurs
aux
pas
sait-il
plus réputés
stricte
la
les
obliga-
ne pas revenir en scène,
tion de
qu'on
pour
les applaudît,
si
fort
«
mieux rester dans
cadre
le
de l'œuvre qu'ils devaient présenter au public
»
?
Et tous se
courbaient sous cette règle de attendant
fer,
plût
qu'il
La Critique
Wagner
à
"j-?^»
broncher
sans
de
les
comme une
poui-suivait
le
Furie tant
qu'il vécut.
démasquer, revenant tous alors se
grouper en costumes autour
du maître, non pour eux-mêmes ni pour le public, mais afin de donner a
l'auteur
à
une
dernière
de
œuvre
son
c'est
vue >>.
de
et
donner peut-être à
lui
seul,
lui
d'ensemble
Notez
lui-même qui parle
que ainsi
dans de brèves notes de service adressées aux chanteurs
cela
:
n'est-il
pas merveilleux et vit-on
jamais
homme
pire aussi
les
^^
suit son cercueil"et joue drapé de deuil.
présent,!; elle
lu cheval
'1-
le
rolc
{Kikeriki, de Vienne, 22 février itS3.)
sujets
plus difficiles à gouverner
Tous
A
em-
exercer un
grand sur des
i.:
?
gens qui ont approché Richard
Wagner
ont été captivés,
dominés par sa personne, aussi bien ceux qui sont entrés dans son intimité que ceux qui n'ont fait que passer mais tous aussi témoignent des brusques soubresauts de son humeur et de la nécessité qu'il y avait de plier devant lui. Que dit, par exemple, iM"'" Judith Gauséduits,
;
tier,
caractère de Richard et
y a dans le reconnaître, des violences
qui lui portait une sorte d'admiration religieuse?
Wagner,
il
faut bien le
des rudesses qui sont cause qu'il est
si
«
11
souvent méconnu, mais seulc-
RICHARD WAGNER
3,0
ment de ceux qui ne jugent que par impressionnable à Texcès,
et
poussés à leur paroxysme
moindre
désespoir, la
terribles
d'une
de chagrin
vieillit
le
jeune que jamais
exquise
de dix ans, mais,
jour d'après.
le
Il
sincère,
chez
lui
presque du
la fureur.
Cette mer-
est
de
il
la
des
a
sensibilité,
même comment
Toujours
extraordinaire.
si
éprouve sont toujours
qu'il
une peine légère
;
on se demande
;
sentiments
irritation a l'apparence
organisation,
veilleuse
les
vibrations
peut y résister joie revenue, il
un jour
:
plus
est
une prodigalité
se dépense avec
donnant tout
se
Nerveux
des choses.
rextériorité
entier
choses, d'un esprit très mobile pourtant; ses opinions,
ses
toutes
à
idées, très
absolues au premier moment, n'ont rien d'irrévocable; personne mieux
que
ne
lui
premier
reconnaître une erreur; mais
sait
Par
feu.
la franchise,
assez souvent de toujours,
dépasse
il
Beaucoup, amitié
le
chez
que,
tandis le
maître des regrets
si
vraie
s'en serait accru.
»
Que «
vu
dit à
son tour
C'est là qu'il
sa
nature
nombreux
arrive
excessif
;
emportent sans rien dire
de
si
sincères,
consoler,
les
perdent ainsi une
ils
avaient crié qu'on
s'ils
avec une effusion
eussent
lui
il
le
but et n'a pas conscience du chagrin qu'il cause.
qui s'envenime dans la rancune, et
précieuse;
sa parole,
vouloir ses meilleurs amis
le
dans leur amour-propre,
froissés
la blessure,
sans
blesser
véhémence de
la
passer
faut laisser
il
il
les
blessait,
ils
se serait efforcé
que leur amour pour
M. Monod, beaucoup moins
lui
intime à Bayreuth?
faut voir et connaître 'Wagner, lorsqu'il met un frein à
indomptable pour recevoir avec une courtoisie parfaite visiteurs qu'ont attirés les fêtes
de Bayreuth.
Il
les
exerce sur
ceux qui l'approchent un irrésistible ascendant, non seulement par son génie musical,
par l'originalité de son esprit,
connaissances, mais surtout par une
volonté qui éclate
par
puissance de
dans toute sa personne.
On
variété
la
tempérament
de ses de
et
sent qu'on est en pré-
sence d'une sorte de force de la nature qui s'agite et se déchaîne avec
une violence presque irresponsable. Quand on l'a vu de près, tantôt d'une gaieté sans frein, livrant passage à un torrent de plaisanteries et de
rires,
ne respectant dans ses attaques
tantôt furieux,
ni
puissances, ni amitiés, toujours obéissant à l'élan irrésistible
mouvement, on finit par manques de goût, de tact
et
on
Juif,
est
tenté,
Judaïsme dans
si
l'on
la
musique
capitulation de Paris;
accablé l'Allemagne; taines
lettres
ne plus
est
si
;
si
à Frédéric
II,
reprocher
de délicatesse dont de
lui
l'on est
l'on est
comme
lui
il
trop s'est
durement
les
rendu coupable
pardonner sa brochure sur Français, sa pantalonnade sur
Allemand, toutes
les injures
on pardonne à Voltaire à
ni
titres,
du premier
la
dont
il
;
le
la
a
Pucelle et cer-
Shakespeare certaines plaisanteries
et
RICHARD WAGNKR sonnets,
certains
On
certains discours.
parce
certaines
prend
de
tel
produits'.
ait
»
Il
pièces
qu'il
à Victor
ridicules,
Hugo
plein de défauts, peut-être
est,
mais
génie,
un des plus grands
supérieur, siècle
le
plein
est
qu'il
Goethe
à
3,,
incontestablement
homme
un
des plus extraordinaires que notre impossible de mieux dire en moins
et
serait
de mots.
Tous
les
afïable
très
témoignages en font et
foi
Wagner, comme homme,
:
même
de relations charmantes,
Le peintre Renoir, voyageant un
était
à l'égard des Français.
certain hiver en Italie et sachant la
répugnance que marquait Wagner à poser devant aucun peintre, espérait fort peu faire le portrait du grand compositeur. 11 s'était pourtant muni à tout hasard d'une lettre d'introduction perdue en route, et la première personne qui
ment
quand
le reçut,
se présenta chez
il
Wagner,
fut précisé-
peintre russe Paul Joukowski, qui s'était attaché à la fortune du
le
maître et qui s'occupait alors à faire les maquettes des décors de Parsifal
Comme
•.
côté
Renoir
lui
marquait
depuis deux ans
qu'il suivait
but de sa
le
Wagner
visite,
de faire
afin
avoua de son son portrait
il
:
Mais restez, dit-il; ce qu'il me refuse à moi, il peut vous l'accorder; quand même, vous ne pouvez partir sans le voir. « Renoir resta et fit bien Mais écoutez-le parler; c'est un vrai tableau que ce récit familier, fait par lettre à un ami, de Sa visite à Wagner « ... J'entends un bruit de pas assourdi par les épais tapis. C'est le maître avec son vêtement de velours à grandes manches «
et
:
doublées de satin noir.
main, m'invite à
me
11
est très
beau
et très aimable.
me
Il
serre la
commence une conversation
réasseoir et alors
des
plus insensées, parsemée de ah! de oh! moitié français, moitié allemand,
avec des terminaisons gutturales.
un son et
raconte
tout.
Quand
je
—
Alors,
il
me
dis
prenait les mains,
Addente^ encore un peu; Bref,
Wagner,
entraîné
:
nous,
me
russe et
viens de Naples
je
pour
le
je n'ai
beaucoup
Et
tait
me
je
»,
rire.
que répéter
levais
refourrait dans
:
pour m'en
mon
fauteuil
:
fenir... d
gaieté
la
l'amuse, offre de poser une demi-heure, à la fois pour le peintre
»
ma îemmQ fa par
Non,
lettre, ce qui le fait
Cher maître, certainement, cher maître.
aller. «
ma
perte de
la
Nous parlons de «
Je suis bien goûtent (ah! oh! et
Vous venez de Paris?
guttural).
lui
je
«
du
peintre
parisien
qui
lendemain avant son déjeuner,
le
français
:
«
Vous me
ferez.
la tétralogie à Bayreuth en 1S76. rencontrant Richard Wagner à Naples, brigua et obtint l'honneur d'être choisi pour faire les décors de Parsifal et quitta tout pour suivre le inaitre, est le tils d'un des plus illustres poètes de la Russie, qui fut le précepteur d'Alexandre II. L'artiste s'est installé dans une maison toute voisine de Wahnfried et vit là en ermite, travaillant de 1.
Articles de M. G.
2.
«
Monod
Ce ieune peintre
tout son cceur.
»
—
publiés dans
écrit M""" Judith
le
Moniteur universel sur
Gautier
— qui,
RICHARD WAGNER
3,2
au premier, tournant le dos à la France, et M. Renoir me fera de l'autre côte. » [Ah! oh!) « .... Le lendemain, poursuit Renoir, j'étais là à midi; vous savez le reste. Il a été très gai, moi très nerdit-il
employé mon temps, trente-cinq minutes ce n'est pas beaucoup. Mais si je car mon modèle finissait par m'étais arrêté avant, c'était très beau
veux
de n'être pas Ingres. Bref,
et regrettant
crois, bien
j'ai, je
:
;
perdre un peu de sa gaieté et devenir raidc.
A
gements; enfin vous verrez. a dit
«
:
Ah! ah!
Enfin
vrai.
j'étais
comment
Voilà
demi-heure par
le
reprises
que
un gros
rire),
c(
«
le
ce
prêtre protestant.
«
admirable.
portrait
ait
à l'huile,
avait terminé
bien voulu poser.
Français lisaient trop
les Juifs
allemands
(et
il
fait
Ce
11
qui est
four;
il
y a
brossé
à
Palerme en une 1882,
surlen-
Parsifal, est un des rares «
....
a répété à plusieurs
Il
ah! et Mais, monsieur
les critiques d'art [ali !
en
nomme
un).
«
Renoir, je sais qu'il y a en France de pons garçons que je ne confonds pas avec les Juifs allemands. » Je ne puis malheureusement pas rendre franche
la
Le
comme
gaieté de toute cette conversation de la part du maître.
singulier il
Wagner que nous
difî"érait
de
avait
fait
pris sur le vif!
celui-ci,
Les vrais génies sont aussi simples dans le
»
à voir.
»
peintre français Renoir, le i5 janvier
maître
les
demandé
a
très heureux de n'avoir pas trop
demain du jour où Wagner pour lesquels
Wagner
fin,
ressemble à un
je
petit souvenir de cette tète
un
la
trop suivi ces chan-
J'ai
»
une légende hostile et Quoi d'étonnant à cela?
l'intimité
que
les
faux génies
sont peu. Ceux-ci n'oublient jamais leur personnage et ne se lassent
pas
de poser, qui pour
exalté.
penseur
le
absorbé,
qui
pour
le
mystique
Ce sont de grands comédiens, sinon de grands musiciens.
A
Wagner
LA PORTE DU CIEL.
dcmaiidaiit [Ucr
il
sainl Pierre de lui ouvrir le Paradis.
jiiii^c Kilicrild,
iS fOvricr iStiJ.)
CHAPITRE XVl LE GENIE EN FACE DE SES PARTISANS ET DE SES
devait-il
LIE
Wagner
advenir de Richard
I
mort, le
et quelle
simplement
dun
Eh
?
réformateur inspiré.
aura
11
on
de
incarnait
:
c'était
un jour sur terre, éclairant le
ouvertement
s'est
personnalité
sa
plume engagés autour du maître, on
et
grands
des
lors
si
presque,
le déifiait
tout l'art musical en sa personne et l'on n'admettait rien
auparavant, rien après
lui
dégager
de
Dieu, tout
sort de tous les
le il
Aux temps héroïques,
puissante.
combats
que
avant
mon
!
du premier ordre
celle d'un musicien
génies qui l'ont précédé et dont inspiré
après sa
sera vraisemblablement sa place dans
d'or de la postérité
livre
UETRACTELUS
le
comme
le
monde
et
dieu de
ne devant plus laisser après
que ténèbres. Mais ces excès de pensée feu de la lutte et provoqués par les
sont calmés à mesure que
le
détracteurs et s'imposait
à
musique descendant
la
de style, éclatant dans
et
négations du parti ennemi,
se
génie ainsi défendu rencontrait moins de durable
l'admiration
de
tous
esprits
les
réfléchis.
Ce
fut alors
Wagner
fut
une autre antienne. Dès que
reconnu
wagnéristes de
la
peu
à
dernière
pour se distinguer d'avec imaginèrent de rejeter
Wagner
le
le
philosophe
près par
heure, les
génie musical de Richard
le
maladifs et contournés
esprits
premiers
prosélytes,
musicien en seconde et
le
poète,
monde, apparurent
tout le
en
par l'âge,
assagis et
d'exalter chez
faire
une sorte de de la poudre
ligne
pour
les
qui,
mystagogue universel. Jeux littéraires destinés à jeter aux yeux des lecteurs naïfs, gageures de jeunes gens en humeur de rire,' simple cliquetis de mots qui ne veulent rien dire et dont les premiers
à
s'amuser
sont,
il
me
plait
de
le
ceux
croire,
dans Wagner
qui
s
y
Wagner est dans tout, tout est formule néo-panthéistique à laquelle on pourrait ramener ces merveilleux
exercent.
discours, un peu confus sans doute au premier abord
épigones l'ayant ainsi voulu pour exaspérer
on discerne aisément broussailles
le
fond, peu
les
profond,
si
—
:
ces
bourgeois — touffues
telle est la
facétieux
mais dont
que soient
entassées pour masquer ce piège à nigauds. 40
les
RICHARD WAGNER
3,4
Du et
penseur qu'on s'ingénie à découvrir en Wagner, du philosophe
du
vent
poHticien
du poète,
;
en
il
être lui-même,
croyait
qu'il
tout
restera
juste
emportera
autant en est
inséparable du
n'ayant
pu être menée
qui
ce
musicien, la réforme qu'il a conçue et réalisée
le
à bien que par un grand compositeur doublé d'un littérateur instruit et
Quant au musicien, sur
perspicace.
lequel
des détracteurs arriérés et
des partisans trop avancés se dépensent en de puérils écrits, c'est une et l'on peut affirmer, sans se targuer du don de proque son œuvre entier traversera les siècles, dans la mesure permise à une œuvre musicale, et rendra le nom de Richard "Wagner immortel. C'est une destinée commune, en France, aux compositeurs
autre affaire, phétie,
qui innovent ou réforment que d'être, à leur apparition, combattus par leurs pairs et défendus par des
Wagner que pour
pour
hommes
de lettres
que pour Gluck,
Lulli,
médiocrement musiciens, mais
littérateurs purs,
:
en
et
fut-il
autrement
ne sont-ce pas des ouverts aux idées
très
de progrès, qui furent frappés tout d'abord de l'excellence des réformes proposées, qui embouchèrent
novateur contre
Les femmes, et
de
même
Provence on
vit
musiciens
les
et
soutenir
le
?
aussi, prirent part à la lutte avec leur fièvre habituelle,
qu'au siècle dernier on voyait
faire cabale, ainsi
également
impériale
trompette pour défendre
la
telle
la reine et la
comtesse de
qu'on disait alors, pour Iphtgénie en Aiilide,
princesse étrangère, telle belle
dame de
la
cour
éperdument des mains à Tannhœuser et briser son en faisant tête à toute une salle déchaînée. « ...Un
battre
éventail de dépit,
dernier ennui, mais colossal, écrivait alors cet éternel railleur de Méri-
mée, a été Tannhœuser. Les uns disent que la représentation à Paris d'autres a été une des conventions secrètes du traité de Villafranca ;
qu'on nous a envoyé est
fait
que
c'est
Wagner pour nous Il me semble que
forcer à admirer Berlioz.
prodigieux.
je
pourrais
Le
écrire
demain quelque chose de semblable en m'inspirant de mon chat marchant sur
La
le clavier
d'un piano.
La
représentation était très curieuse.
mouvement terrible pour faire semblant de comprendre et pour faire commencer les applaudissements qui n'arrivaient pas. Tout le monde bâillait; mais, d'abord, tout le monde princesse de Metternich se donnait un
voulait avoir le fiasco
Au
est
l'air de comprendre cette énigme sans nom... » Conclusion énorme; Auber dit que c'est « du Berlioz sans mélodie ».
moins,
:
la
bataille
des deux côtés avec une furie inimaginable avait-elle
deur
;
on s'abordait de front
faux-fuyants,
héroïque pour
en
criant
Wagner
et
menée
quelque
gran-
poussée à ce degré d'acharnement
et l'on se portait
de terribles coups, sans
au génie ou au monstre. et
ses
tenants,
tandis
que
C'était les
la
période
attaques insi-
RICHARD WAGNER des
dieuses
ennemis
derniers
et
3i3
façonnccs de ses
glorifications
les
modernes zélateurs sont empreintes d'une mesquinerie singulière des ou s'affiche la décadence. Heureusement que le génie du maître est assez grand pour résister aux uns comme aux :
deux côtés s'accuse
—
—
autres et qu'il ne saurait être jugé à
ou de
compositeur de génie,
salué
désespérément contre
lui
et
ne se
les
donc close
peuvent tenir de
dans
;
l'histoire et
dans l'immortalité.
Ce malheureux échec de Tannhœuser revenir, était resté si
comme un
musiciens étrangers. Tantôt,
ne
tenait
indépendance
il
affectait
a
;
faut toujours
Wagner,
exercé
toujours
public
français
qui
tantôt,
;
les
amis de France,
il
il
s'en
sauvegardé son
avait
mais, dès qu'il ne parlait plus pour
et qu'il n'avait plus affaire à des
sur
de s'en désintéresser, assurant
d'un bienfait des dieux
d'artiste
il
point noir dans l'existence de
nullement rigueur au
comme
réjouissait
à Paris, auquel
que notre capitale
puissant est l'attrait
qu'il
l'occasion
l'imiter,
maître est entré désormais
le
;
est
qui s'acharnent
héroïque et légendaire
L'ère
commence
l'âge classique
mêmes
vieillis
Wagner
Aujourd'hui,
musiciens
venue, et de se traîner à sa remorque. est
de ses adversaires
la taille
ses dévots de la nouvelle observance.
laissait
la galerie
percer dans
un regret amer, une rancune insurmontable. Et c'était tout naturel. Dans les derniers temps de sa vie, il écrivait encore à l'un de
ses écrits
ses partisans qu'il ne voulait pas
pour
lui
montrer l'endroit où Tannhœuser avait été
avaient
tant,
mourir sans avoir mené son
fait
premier moment,
l'impossible
afin
à Paris
fils
Ses amis, pour-
sifflé.
de panser sa blessure,
dès
et,
le
des esprits droits, des écrivains d'élite avaient protesté
contre ce jugement sommaire avec une généreuse indignation. «
...
Le succès ou
l'insuccès
de
Tannhœuser ne peut absolument
même
déterminer une quantité quelconque de chances favorables ou défavorables dans l'avenir. Tannhœuser, en supposant rien prouver ni
qu'il
fût
supposant parfait, question
de
continuera;
que
si
En
le
le
fait,
la
la
bataille
un ouvrage détestable, aurait pu monter aux nues. la
il
La
question,
dans
réformation de l'opéra n'est pas vidée, et
apaisée,
Wagner
pouvait révolter.
elle
recommencera.
obtenait par son
J'entendais
drame un
éclatant
dire
récemment
succès,
ce
serait
que sa méthode n'aurait aucune influence ultérieure sur les destinées et les transformations du drame lyrique. Je me crois autorisé, par l'étude du passé, c'est-à-dire de
un accident purement individuel,
l'éternel, à
préjuger l'absolu
ne détruit en aucune façon
même
la
et
contraire, possibilité
à
savoir
de
qu'un
échec complet
tentatives nouvelles
dans
que dans un avenir très rapproché on pourrait bien voir non pas seulement des auteurs nouveaux, mais même des hommes le
sens, et
RICHARD WAGNER
3i6
anciennement accrédités, idées émises par
ouverte par
lui.
dans une mesure quelconque, des
profiter,
Wagner, et passer heureusement Dans quelle histoire a-t-on jamais
causes se perdaient en une seule partie
à travers
que
lu
brèche
la
les
grandes
»
?
Qui parle ce beau langage et qui donc a lu si clairement dans l'avenir au lendemain de la déroute ? Un homme assurément peu versé dans
les
choses de
musique, mais auquel sa haute intelligence avait
la
œuvre
plume acérée jetées sur le papier avec une chaleur éloquente. Et nul non mieux dépeint que Baudelaire l'enfièvrement qui s'empare des
révélé les lois éternelles de toute les avait
plus n"a
esprits à la
sorte
première audition d'œuvres de Richard Wagner, et cette
moral
d'envahissement pénétré un
qu'ils ont
«
Aucun musicien
profondeur,
qui
et
comme Wagner,
n'excelle,
matériels
tout
ce
possède
Il
qu'il
fois
reviennent toujours.
lui
spirituels.
et
sieurs esprits, et des meilleurs, n'ont
occasions.
une
que tant d'amateurs,
fait
peu avant dans sa musique, n'en veulent plus
entendre aucune autre
la
d'art et dont la
pu s'empêcher de
de traduire,
l'art
à peindre l'espace et
une remarque que plu-
C'est
par des
en plusieurs
faire
gradations
subtiles,
y a d'excessif, d'immense, d'ambitieux, dans l'homme Il semble parfois, en écoutant cette musique ardente
spirituel et naturel. et despotique,
par
la rêverie,
moment,
qu'on retrouve peintes sur les
fond des ténèbres, déchiré
le
vertigineuses conceptions de l'opium.
c'est-à-dire
du premier concert',
je
fus
A
partir de ce
du
possédé
désir
d'entrer plus avant dans l'intelligence de ces œuvres singulières. J'avais subi (du moins cela m'apparaissait ainsi) une révélation.
Ma
volupté avait été
m'empêcher
si
forte
et
opération spirituelle, une si
terrible
que
je
ne pou-
Dans ce que j'avais éprouvé, il entrait sans doute beaucoup de ce que Weber et Beethoven m'avaient déjà fait connaître, mais aussi quelque chose de nouveau que j'étais impuissant à définir, et cette impuissance me causait une colère et une curiosité mêlées d'un bizarre délice. Pendant plusieurs jours,
vais
d'y vouloir retourner sans cesse.
pendant longtemps, « de la musique de
me dis Wagner?
je
piano furent plus d'une
fois
:
»
«
Où
pourrais-je bien entendre ce soir
Ceux de mes amis qui possédaient un
mes martyrs.
casinos
les
triviales.
ouverts tous
il
une foule amoureuse de voluptés
La majesté fulgurante de cette musique tombait mauvais lieu. Le bruit s'en répandit
tonnerre dans un
1.
les soirs à
comme en est de Wagner retentirent dans
Bientôt,
toute nouveauté, des morceaux symphoniques de
là
comme
vite, et
le
nous
Le premier concert donné par Richard Wagner au Théâtre-Italien de Paris est du 25 jandans la Revue eiiropéeiine du i"'' avril i8Ci, soit iininédiatement après la
vier i8ôo. Cet article parut
débâcle de Tannhcvuscr.
RICHARD WACiNF. R eûmes souvent
d'hommes
spectacle comique
le
sant le contact des cohues malsaines,
de
noces de Lohengrin.
Où
«
en attendant mieux,
Wagner?
pourrais-je entendre de la musique de
combien
et
l'ont poussé,
dans
Mais quelle
!
premiers temps de
les
donc
fut
Quel
»
cri
du
révélation
la
l'origine et
quelle est
pouvoir souve-
raison de ce
rain,
o-raves et délicats suliis-
jouir,
»
wagnérienne en France la
pour
marche solennelle des Invités au Wartburg ou des majestueuses
\a
cœur
3-7
de cette attraction fasci-
que
natrice
Waoner
musique
la
exerce
de
invinciblement
sur tous les gens qui n'y opposent pas une résistance achar-
née
de parti pris
et
?
Elle pro-
vient sûrement de la façon dont le
maître a conçu
d'art
entière, car
œuvre
son
ce n'est pas
seulement un charme
musical
qui s'en dégage, et du bonheur
avec lequel
il
a fondu tous les
éléments émotionnels dans une
œuvre
homogène,
d'art
en
attribuant à tous un rôle égal,
sans en laisser dominer un seul
au détriment des autres. doit tenir aussi à ce
Cela
que Richard
Wagner, préoccupé
surtout de
A
traduire et d'exprimer des sen-
timents,
des
mouvements
de
moins
les
Richard Wagner à Kikeriki. ami,
il
y a
ici
A'iVv-eriA-i.
l'âme,
de
peindre
événements extérieurs, que
BAYREUTH.
font
—
—Vous
le
voyez, clier
des gens qui applaudissent. X'ous faites erreur, grand maître;
que joindre leurs mains .lU-dessus de leur
ils
ne
tète.
^vAm/,/, de vienne. 3 août iss-.i
les
passions qui les ont provoqués
ou
les.
conflits
qui
en
résultent
dans l'àme de ses héros, du
même
coup, pénètre au plus profond du cœur de ses auditeurs.
au profit du mythe équivalait à dire que dans toute action scénique, dans tout drame, au sens originel du mot, il ne cherchait qu'un sujet très simple et simplement traité, dépourvu surtout des combinaisons et péripéties dramatiques en
En
faveur
fait,
dans
l'histoire
sa proscription de
l'opéra
ordinaire.
l'histoire
Or
il
trouvait
héroïque des siècles passés que dans
ment que beaucoup de
ses
poèmes
se
bien
dans
légende pure,
telle-
cela la
meuvent dans
aussi
l'histoire,
dans
RICHARD WAGNER
3,8
rudimentaire
l'histoire
il
est
mais non plus seulement dans
vrai,
la
formulé ses préférences d'une façon trop exclusive et trop absolue, cela ne paraît pas douteux; mais il n'est pas douteux, non plus, que les raisons de son choix étaient judicieusement déduites Qu'il
légende.
ait
:
seulement à
étendez
—
comme
et
dans
le
œuvre, était
l'a
il
—
légende
qu'il
dit
du mythe,
passant de la théorie à la mise en
d'instinct en
fait
vous devrez reconnaître qu'il avait pleinement raison. Il vrai, dans le vrai pour sa nature artistique et son tem-
pérament musical, la
embryonnaire ce
l'histoire
lorsqu'il
résolut d'adopter des sujets appartenant à
à l'histoire en formation, aurait-il dû ajouter), parce que,
(et
éléments émotionnels d'une donnée mythique sont toujours peu complexes et se peuvent aisément dégager de tout détail accessoire, parce que c'est seulement dans le cœur d'une histoire et dans son pathédisait-il, les
tique essentiel que le musicien puisera ses meilleures inspirations.
Cette observation témoignait à
lui-même
d'un retour clairvoyant sur
fois
la
d'une connaissance exacte du public,
et
plus accessible aux
émotions, aux sentiments simples, qu'aux raffinements et complications de passion. Mais ce n'était pas tout que de l'avoir faite, il fallait en tirer
parti,
conception
et
à quoi tendaient les procédés de
c'est
première
et
dans
l'exécution
Wagner dans
la
de ses ouvrages,
définitive
musique, poétique ou quand il accouplait divers arts ensemble égale. « Je reconnus, la balance mimique, en tenant toujours entre eux répète-t-il avec insistance, que précisément là où l'un de ces arts atteignait à des limites infranchissables, commençait aussitôt, avec la plus rigoureuse exactitude, la sphère d'action de l'autre; que, conséquem:
ment, par l'union clarté la
on exprimerait avec
intime de ces deux arts,
plus satisfaisante ce que
la
ne pouvait exprimer chacun d'eux
isolément; que, par contraire, toute tentative de rendre avec les moyens
de l'un d'eux ce qui ne saurait être rendu que par les deux ensemble, devait fatalement conduire à l'obscurité, à la confusion d'abord, et ensuite à la dégénérescence, à la corruption de chaque art en particu-
Voilà qui est fort bien dit en théorie
lier.
»
dans
la pratique,
nisé
qui puisse enfanter d'emblée une
car
il
n'est
cerveau
donc obligé de suivre un ordre moins,
il
lui
fallait diviser ce
et,
si
;
mais comment procédait-il
vaste
œuvre
dans
la
qui, plus tard,
et
si
aussi
richement orga-
complexe
?
Il
était
besogne préparatoire au devait
paraître issu d'un
seul effort de volonté.
Lorsque Wagner avait fixé son choix sur tel ou tel sujet, le premier travail, et non le plus facile à ses yeux, était de condenser en un canevas très serré les fils épars du mythe auquel il s'était arrêté et de les tresser, pour ainsi dire, à nouveau. Tâche préliminaire formidable
RICHARD WAGNKR dont on
319
une idée en pensant à combien de sources diverses il devait aller puiser ses matériaux avant de les fondre et de les souder pour obtenir un tout hom.ogène. Une fois qu'il en avait fini
et
peut se
avec ces recherches
faire
ou
pittoresques
littéraires
nages se détachaient clairement à ses yeux,
et
lorsque les person-
entamait son ébauche
il
;
commençait le travail proprement dit de Fauteur dramatique. En donnant corps aux actes et aux scènes, il ne perdait pas un instant de vue le théâtre, et la représentation avait lieu, pour ainsi parler, dans ici
son esprit.
Avant
tout,
il
voulait que le dialogue, dans chaque scène, mît à nu
personnages
les motifs intérieurs qui guidaient les
et que, d'une scène
marche du drame apparût comme étant le résultat direct de ces sentiments pour s'arrêter, à la fin de chaque acte, sur quelque événement décisif, sur un point culminant de l'histoire. La pièce une fois esquissée et les principaux passages du dialogue fixés, Wagner à l'autre,
la
s'occupait de mettre son
rythmique
tion
adéquate à
concevoir à
la fois le
fait,
le
musique, ou plutôt
la
poète et
conception musicale
allait
vers et
il
de pair avec
la
pris
ainsi
commençait à
l'écrire,
musicien ne faisaient qu'un chez
le
son
le
devait être adhérente,
Et quand son poème avait
chantée.
la syllabe
entreprenait
il
en
car,
s'efforçant de
et
vers, recherchant surtout l'accentua-
tant la syllabe prononcée, à ses yeux,
musical,
corps,
poème en
conception poétique,
en certains cas. première période d'incubation de son œuvre, alors
lui
la
;
la
devan-
çait peut-être
Dès
la
faisait qu'entrevoir
certaines
esprit
comme tions
il
les
caractères
et
et
situations,
il
se
phrases musicales, certains motifs,
désigna plus tard
dominantes ou
—
motifs, et d'autres de
même
ne
présentait à son
—
les
qui déterminaient pour
les traits caractéristiques
qu'il
Leitmotn>e
émo-
lui les
de ses personnages. Ces
deviennent les sujets, à propre-
origine,
symphoniste dramatique manie en se servant de toutes les ressources orchestrales de Beethoven, mais en y ajoutant tout ce que peut lui suggérer le cours de l'action dramatique.
ment parler
les
Les tableaux
événements qui se déroulent sur la scène deviennent ordes visions expliquées par la musique symphonique
ainsi
comme
thèmes, que
et les
;
chestre prépare et met à les
le
événements passés
flot
et
l'action,
devient,
appuie sur
en
quelque
les
détails,
façon,
la
1
rappelle
conscience
artistique de toute l'œuvre'. travail de I. Ces considérations sur l'cntantement des opcras de \^"agner, rcsumccs ici d'aprcs le M. Dannreuther dans le Dictionnaire de musique de Grove, sont d'autant plus curieuses à connaiire qu'elles doivent venir de Wagner lui-même. M. Dannreuther paraît aller un peu loin quand il affirme que Wagner ne veut pas de narrations dans ses opéras et qu'il prétend que tous les faits importants les récits ne se déroulent sur la scène, il n'est presque aucun de ses ouvrages, au contraire, uix
—
RICHARD WAGNER
3zo
Assurément,
écrivent pour le théâtre un tel
de
connaissances
pour
concevoir, à
de
réprouver de Tristan a
demander
serait intempestif de
il
exécuter, telles
perdu
travail
en un
diverses,
exigences.
tous
une somme égale méthode identique pour
préparatoire,
mot, une
Richard
et
C'est
Wagner
aurait été
premier
le
de répéter que Tauteur
sottise
compositeurs
les
à tous les musiciens qui
de
son temps
qui
n'ont
pas réagi contre son influence, et ceux qui s'en vont prêchant la croi-
sade contre cet ni
dans
voies
les
hérésiarque musical
de personne,
ni d'eux,
charlatans
«
d'arrêter
ouvertes
de village,
à
ils
la
suite
ne
font
»
le
savent fort bien qu'il ne dépend
mouvement
d'un
du
qui
pousse
oénie novateur
bruit
:
un art
comme
les
que pour retenir un peu
\t^
EXCLAMATION « Il
y
il
D UN
Bienheureux
KA N
AT QUt 1
luaitrc, les
DE
RICHARD WAGNER.
bassons sont avec
dans cette légende un ii-peu-près assez fade en allemand 'KiUcriliî,
de Vienne. 6
aoiit
toi
!
»
en tianv'ais.y
et intraduisible
iSS^.)
plus longtemps les badauds autour de leur estrade.
11
est
dans
générales de l'univers qu'un génie hors ligne attire à
lui,
rayonnement, tous les pouvoir de diriger en
n'est
artistes tel
ou
contemporains
tel
;
mais
il
par son seul
sens l'influence géniale que
a départie, ni de faire qu'elle soit bienfaisante
les lois
pas en son le
Ciel lui
ou maligne sur ceux qui
—
tiennent une place considérable; mais il est plus dans le vrai quand il résume en peu de mots les diUérentcs façons dont Wagner, successivement, a compris la mélodie chantée et traité les voix. Il ne cherchait d'abord, dans Rieri^i, que de simples mélodies, dans lesquelles le chanteur produisit facilement de l'effet; puis, dans le Vaisseau fantôme et plus consciemment dans 7"ii)i«/uri(ïer, le flux et reflux mélodique est réglé par l'action dramatique; dans Lohengrin, les sentiments en jeu tout autant que les particularités de la mélodie attirent l'attention, tandis qu'une harmonie et une instrumentation caractéristique accentuent l'esquisse mélodique; enfin, dans ses derniers ouvrages, la mélodie vocale jaillit directement des paroles; elle est souvent indépendante de l'orchestre et dans le
certains cas, à vrai dire, elle n'esi qu'une version intensifiée des sons parlés de la langue allemande.
RlCHAkl) subissent
la
:
c'est
ceux-ci
à
WAGNER
d'en
savoir
tirer
s'abandonner au courant sans Dans l'ordre de la musique dramatique,
forces, et de
à
fin
la
du
avec Rossini, au
xviu'' siècle,
Richard
exercée par
l'influence
quelle embrasse un
champ
"V\''agner
plus vaste,
321
s'y
leurs
noyer.
en
il
suivant
profit,
fut ainsi
avec Gluck,
commencement du paraît
xi\% et
plus frappante,
comprenant
à la
fois
la
si
c'est
con-
drame, l'élaboration de la parole, la manipulation de que l'influence de Gluck ne se fit sentir que sur la déclamation proprement dite, et celle de Rossini sur la production mélodique pure. 11 faut ajouter, pour compléter ce rapprochement, que ception
du
rorchestre, alors
Gluck
et Rossini
ne visaient aucunement à exercer un ascendant quel-
conque sur les musiciens qui vivaient de leur temps ou qui viendraient
DIFFERENCE ENTRE DEUX COMPOSITEURS CELEBRES. Mozart jouait seul raircs
:
il
était
Richard
et sans accepter d'honoapplaudi par des centaines de per-
chanteurs,
sonnes.
Wagner emploie de
musiciens;
louent des places
et
il
des
des centaines
de
milliers de gens
est seul à applaudir.
yKikcriki, de Vienne, 6 août 1SS2.)
après eux; Tinfluence de leur génie fut toute spontanée et inconsciente, même en tenant compte de TÉpître dédicatoire à^Alcestc. Wagner, au contraire, ambitionnant
le
rôle de chef d'école et de novateur, ratiocinait
sur lui-même et réunissait toutes ses idées en corps de doctrine, afin d'assurer à son œuvre un empire et plus durable et plus étendu.
Doutez-vous
qu'il
y
ait
réussi
?
La musique ou
les
que certains
musique de l'avenir », bien déjà celle du présent, car de nombreux faits démontrent que destinées de l'opéra moderne y sont étroitement liées. Il n'est plus,
balourds s'amusent à appeler encore est
l'école,
«
école ou
à cette heure, un seul compositeur vraiment digne de ce
à se servir des créations de Richard
Wagner, comme
nom
qui ne tende
tous les succes-
seurs de Gluck, Salicri en première ligne, se sont approprié les innovations de ce génie supérieur. 4>
RICHARD WAGNER
322
Mais c'est affaire à eux de profiter des conquêtes du génie dans la mesure de leurs moyens, et de dégager, s'il se peut, leur individualité propre en puisant dans la musique ou les procédés du maître seulement ce qui doit convenir à leur nature particulière. C'est là un travail encore assez difficile et qui demande, outre l'inspiration personnelle, beaucoup de judiciaire et de sens artistique à défaut de l'un et de :
on verse, ou dans l'imitation servile, inintelligente, ou dans
l'autre,
Et
négation obstinée, inintelligible.
d'ailleurs,
compositeurs contre une propension
Richard Wagner,
afin
d'arriver
similaires, nul plus
que
lui
Toutes
ft
les
abandonne
la
pensée,
prenait
il
à
vite
ses
car
il
les
d'oeuvres
réalisation
la
les
dangers
ne se connaissait mieux,
nul
son art.
et sur
compositeur
tonalité, disait-il,
dans
prémunir
fâcheuse à pasticher servilement
plus
lui-même qu'un
fois
fallait
ne serait habile à leur signaler
d'une telle entreprise et son inanité, n'avait plus réfléchi sur
s'il
la
de
est perdu.
»
musique instrumentale Et, pour compléter sa
œuvres, dans Lohengrin, dans Tristan,
certains exemples de modulations éloignées, tourmentées, qui passaient,
emportées par
l'élan
profondément
choqué dans une composition purement instrumentale
«
Que
de
dramatique, alors qu'elles auraient
la situation
me
l'occasion se présente, ajoutait-il, et je puis
:
risquer à peindre
des chos&s violentes, terribles, parce que l'action les rend compréhensibles
mais que
;
la
musique, séparée du drame, affecte de
et tout aussitôt elle paraîtra
grotesque
que mes partitions ne soient guère elles
;
menacent d'égarer,
et,
la
En
vérité,
audaces, j'ai
peur
aux compositeurs de musique
utiles
instrumentale; elles n'admettent pas
encore
barbare..
et
telles
condensation,
dès lors,
la dilution
moins
plus sage est de les
le
de côté. Je dirais volontiers aux jeunes gens qui veulent écrire
laisser
pour
le théâtre « Tant que vous serez jeunes, abstenez-vous du drame, écrivez des opérettes [Singspielé). » Voilà pour les compositeurs en goût d'imiter Richard Wagner des conseils autrement judicieux :
«
et
profitables
contre
le
devant
le
que
maintes
déclamations
mystiques
démon de Bayreuth, accompagnées de compositeurs du monde entier,
les
cés dans leur carrière et les plus glorieux, la
supériorité
soient de battre
ou
bonne
d'un
foi.
définitif
l'instinct
du génie,
tions frelatées
tel
le
et
la
sens artistique
commercial afin
génie
et
même
les plus
avan-
ont conscience aujourd'hui
proclament,
ne reste plus pour
11
que ceux dont
par
béates génuflexions
dieu Mozart.
D ailleurs, de
anathèmes
avec
le
est
le
qu'ils
com-
primé par l'amour-propre
qui cherchent
de prolonger d'autant
pour peu
méconnaître et
le
à reculer
le
triomphe
débit de leurs produc-
que ces créations supérieures feraient justement rentrer
RICHARD WAGNFR dans
néant.
le
l-",t
même que
de
France, ont tous
ailleurs qu'en
positeur trop longtemps
323
musiciens,
les
amende honorable au
fait
méconnu.
Wagner
Richard
de
considérable
plus
le
hommage
rendre
lui
par tout
que,
le
monde
est
il
en
mort
confessant son génie,
juste à
encore oppo-
fît
M. Edouard
vrai,
com-
i^n-and
est
l'heure où le seul écrivain musical d'Allemagne qui lui sition,
partout
critiques,
les
Hanslick, venait
en
reconnaissant
musical, en Italie, en France, en Allemagne,
ne restait debout que Richard Wagner.
il
C'était
avait
propos du
à
exemplaire
été
demandait
A
«
:
car
l'écrivain,
Zamora,
Tribut de
l'échec
s'adresser désormais
qui n'y
il
dont
même
a
pour l'opéra, se France de quoi
en
plus
alimenter un répertoire. Avec Bizet a disparu prématurément
nouveau qui donnait
manque de
de promesses
plus
le
jeunesse,
et
les
Ambroise Thomas et une triste chose que la vieillesse, lorsque feu
le «
faut
«
ne
le talent
musique de Massenet deux pontifes bien connus de l'art Gounod, ont beaucoup vieilli. Ah! c'est
parisien,
la fièvre
Vienne
à
;
la
l'orgueil continue à entretenir
de production, sans parvenir à rendre à
qui réchauffait autrefois et
fantaisie
la
qui est désormais éteint
créatrice «
!
me
fera plus danser.
paresseuse
l'on
si
veut
lui
s'était
une
fait
vieillesse
on
;
facile,
combien il devait lui être agréable « Quel dommage qu'il ne veuille plus
mais
;
autour de
d'entendre dire
Rossini
»
ne
11
pas s'exposer à devenir une vieille danseuse, disait Rossini
:
Tandis que ses deux confrères parisiens sont exposés aujour« Quel dommage qu'ils d'hui à entendre la foule murmurer tout bas « Quelqu'un avait déjà dit ne veuillent pas cesser d'écrire! » «écrire!
»
:
—
tout
que
même
cela,
celui-ci
en
France,
pour
n'est jamais tfop tard
Richard désarmé.
Wagner
On
son
à
l'écrivit
est
tour la
:
vérité
la
mais
Hanslick, n'est
forte dose de naïveté
fait
depuis
bon
était
il
pays
d'aucun
et
il
proclamer.
mort,
et
détracteurs
ses
Il
pour croire que des gens dont
représentation de
Tannhœuser à
durant plus de vingt ans, enferrés
comme
n'ont
français
aurait eu grand tort d'espérer le contraire.
une
la
avant M.
fallait le
pas avoir
siège est
Paris, et qui se sont,
à plaisir
dans
la
négation
complète des chefs-d'œuvre de Richard Wagner, n'attendaient que sa mort pour faire volte-face et s'incliner devant son génie en confessant leur erreur aux yeux du monde entier. Il faut un certain courage,
ou tout au moins une certaine bonne qui a paru tout simple à
foi,
M. Hanslick, '
le
pour agir de critique
la sorte,
éclairé
et ce
de Vienne,
aux journalistes français, qui ne se rétractent jamais, dussent-ils aller à l'absurde. Et ils y vont.
aurait
semblé
faiblesse
Tant que Wagner
insigne
était
vivant,
ils
pouvaient couvrir leur entête-
RICHARD WAGNER
324
ment d'un semblant de patriotisme ils allaient prenant des airs de justiciers, affirmant qu'ils condamnaient seulement l'homme et réser;
Jugement sur
vaient leur
compositeur
le
disaient,
le
Ils
gens
certaines
et
scrupules leur étaient venus un peu tard.
porter
à
l'origine,
jugement
le
plus
le
l'oreille à sa
croyaient;
les
irréfléchi
mais ces
pas hésité, dès
n'avaient
Ils
où sa mort,
jour
de prêter
les laisserait libres
calmant leurs susceptibilités, musique.
jusqu'au
non seulement sur
Tannhœuser, mais sur l'œuvre entier d'un compositeur qu'ils couvraient, sans le connaître, de huées et de risées. C'est après bien des années, virent
lorsqu'ils
l'homme
entre
subtile
et
sentirent de plus en
se
qu'ils
et
dans leur opposition obstinée,
plus isolés tinction
applaudir
public
le
qu'ils
imaginèrent cette
compositeur,
le
qu'ils
dis-
voulurent
arrêter ce mouvement irrésistible en appelant
la police à leur aide,
nom du patriotisme outragé. Wagner avait prêté le flanc,
et
exagérés, n'auraient rien eu que
vrai,
c'est
de respectable
même
scrupules,
ces s'ils
au
eussent été
sin-
cères; mais quelle apparence qu'ils le fussent? Par ce grand étalage de
beaux sentiments, ces Aristarques fourbus cherchaient uniquement à masquer un temps, à retarder leur irrémédiable défaite eux-mêmes ;
prouvé en injuriant, en outrageant de plus belle, après sa mort, l'homme et l'artiste à qui ils avaient promis justice et répit dès qu'il
l'ont
aurait eu le
bon goût de mourir. Ce
qu'un faux semblant,
n'était
et sa
mort leur importait peu. La seule chose qui les préoccupât et qui les préoccupe encore était leur propre influence, qu'ils croyaient grande, trouve être nulle et sans portée.
et qui se
Est-ce à dire que le temps soit déjà venu de jouer à Paris quelque
de Wagner, fût-ce Lohcugrin? Certes,
opéra complet
amateurs qui admirent
croissant des
sont seulement disposés
que
outre nature,
il
l'attention
les
gens
suffit
d'un
de
qu'on joue ou qu'on
les
opéras
dans
le
sens
œuvres de
écouter d'une oreille
pour gâter
entêté
le
sont admirés,
ennemi
monde musical
?
applaudis d'hier,
L'aveu
le
est
mais, leur
ou troubler
plaisir
?
En
quoi
cette
renom d'un compositeur dont
partout ailleurs qu'en est
qui
Et qu'importe, après tout,
ne joue pas Lohengrin à Paris
augmenter
attentive;
peu manifestants de
sont
rassis
trois mille auditeurs.
peut- elle
qui, de l'aveu d'un
les
siffleur
de deux ou
représentation
à
les
nombre va
le
Wagner ou
le
seul
précieux
maître à
France
et
encore debout
noter
venant
M. Hanslick l'était naguère, moment où l'on cherchait à galvaniser
d'un
adversaire aussi convaincu que
et
conversion éclatante, au
certains
opéras écrivain
mort-nés
un
tant
de soit
musiciens
français,
peu prudent. Mais
devrait à
quoi
cette
faire
réfléchir
tout
bon
réfléchir?
Les
RICIIAllD
WA(JNER
325
temps la science infuse contempteurs de Gluck jusqu'à ceux de "Wagner, sans oublier ceux de Mozart et de Beethoven, de Wcbcr et journalistes
et
le
français
verbe haut,
pas eu de
n'ont-ils
depuis
tout
les
de Berlioz?
REPRÉSENTATION d'uN OPÉRA EN PRÉSENCE DU
«
MAITRE
».
(OberlaMidcr, Flicgendc Blœtler, de MunL'li, 1880.)
Le
fait
qu'on continuerait à ne pas jouer d'opéra de
ne nuirait qu'aux amateurs
quant à Wagner,
il
français
très
ne souffrira pas plus,
Wagner
à Paris
désireux de les entendre
et,
en définitive, de cet ostra-
cisme prolongé ou de ces critiques injurieuses que n'en ont souflert ses
RICHARD WAGNER
326
me
devanciers. Si Ton pouvait
dire en quoi la
Weber
de
gloire
et
de
Beethoven a été moins grande alors qu'on les ignorait ou qu'on les critiquait violemment en France, j'admettrais volontiers que le jugement de notre pays a une importance quelconque, opposé à celui de l'Europe
toute
dans si
mais
;
l'histoire musicale, et
poétique et
si
régulièrement
c'est
il
n'est pas jusqu'à ce
En
avec une froideur polie.
magne, en Angleterre? En sa mort
accueilli
d'abord
de son vivant, moins fêté en Alle-
fut-il,
même
moins goûté,
fut-il
pauvre Mendelssohn,
que nous n'ayons
délicat pourtant,
observe
qu'on
contraire
le
en France, après
?
Quand
bien
même
on jouerait avec succès Lohengrin à Paris, pourraient
clabaudeurs
derniers
toujours
Tristan
ouvrage où l'auteur ou de
des Maîtres
Iseult ,
et
l'opéra,
se
Wagner,
objection que ce n'est pas là le vrai
dans
retrancher qu'il
faudrait essayer de
de Parsifal,
Chanteurs,
les
cette
d'un
enfin
pleinement réalisé ses réformes du drame lyrique
ait
comme on voudra
dire,
et
que jamais ces œuvres ne
Pour Parsifal, il se peut faire, moins à cause musique que du poème, absolument contraire aux idées qu'un
s'acclimateraient à Paris.
de
la
public français se forme d'une action théâtrale. Autre chose est de Tristan et
des
surtout
même
Maîtres
Chanteurs,
pourront forcer
qui
l'admiration
des auditeurs français, mais seulement lorsque ceux-ci se seront
peu à peu préparés, habitués aux théories essentiellement louables de Richard Wagner.
Son oeuvre
ductions musicales qui règlent
est à ce point diflFérente des pro-
d'art la
mode
à
Paris qu'il s'écoulera
long-
temps avant que ces théories y aient acquis force de loi mais cette lenteur même à s'imposer au goût d'une nation est un gage de durée, et les œuvres qui pèsent le moins dans la balance de l'histoire sont presque toujours celles dont le monde, aveuglément, s'est le plus ;
engoué à
l'origine
et
que
les
esprits indépendants ont eu le plus de
peine à déraciner.
De
du drame, rêvée et réalisée par Wagner, de cette fusion complète entre l'orchestre de Beethoven et la parole déclamée de Gluck de cette symphonie en un acte, établie sur des motifs-types qui reviennent travaillés, accouplés à l'infini pour cette union absolue de la poésie et
;
expliquer et commenter
au-dessus duquel court
le
la
drame, de ce magnifique mélodie vocale, de
tissu
orchestral
déclamation
la
la
plus
aucune répétition de parole, sans nul ensemble conventiontous ces éléments associés et fondus dans un cerveau de
juste, sans
nel
;
génie
de il
contraire
est
résulté
une œuvre
d'art
aux productions courantes
donner une
idée
à
ceux
qui
ne
la
tout qu'il
à
fait
est
nouvelle et tellement
presque impossible d'en
connaissent
pas.
Certains
ont
RICHARD WAGNER essayé de
faire en
le
ayant recours à l'amplification poétique et n'ont résultat négatif. J'ai sur ce point l'aveu de nombreux
obtenu qu'un
convertis qui, d'abord ignorant tout à
reproché de
tiers
le
musique que
maintenant, sienne
la
l'admirent sans jamais
ils
:
ne veulent presque
ne savoir comment faire partager leur jouis-
s'en lasser et confessent
commun
Wagner, m'auraient volon-
fait
défendre et qui,
plus entendre d'autre
sance au
3^7
des amateurs.
Qu'est-ce que Berlioz aurait dit des Nibeliingen et de Parsifal, qui dénigra
Tannhœiiscr
fort
si
et qui déclarait le
lui
prélude de Tristan
une énigme indéchiffrable ? Ah pauvre Berlioz ce fut son tort le plus grand comme homme et sa faute la plus grave comme artiste que d'avoir méconnu Wagner, que de l'avoir desservi avec une animosité haineuse. Aveuglé par le dépit qu'il éprouvait à voir son rival, son !
un étranger,
cadet,
semblait prendre la foule
barrer
lui
la
le
même
Tannhœuser, un acte
et
il
sort
deux
les
n'y
il
malhonnête
et
avait
musiciens,
la défaite
dans ses
aigreur
nulle
que
et
l'un
que Wagner,
lui,
W^agner,
lui,
n'a
c'est
jamais
vrai,
lui
technique orchestrale;
mettre à profit rival, qui,
mais
aurait beaucoup
nuire,
s'il
les
part
ennemis jugé
de
Berlioz
Berlioz
plus
dans
son droit, et Berlioz, au lieu de
c'était
mieux
sa
de dix ans
jeune, a beaucoup profité des innovations introduites par la
ruine de
sur ses méchants
derniers
les
entre l'autre
et
Kn poussant à la Ce fut de
maladroit. C'est sur
écrits.
différence
des Troyens.
que s'appuient encore aujourd'hui tandis
Tannhœiiscr
ne comprit pas que, pour
il
à peu d'intervalle.
préparait
Richard Wagner, avec
chemin de l'Opéra, où
ignorante et moutonnière,
auraient
articles
le
Troyens,
place des
deux opéras, entre
les
!
d'étudier,
fait
d'approfondir et
de
admirables réformes tentées dans l'opéra par un
s'était fait
son disciple dans
l'art
de l'instrumentation,
s'est
montré son maître au théâtre. Les plus chauds partisans de Berlioz sont bien forcés de reconnaître aujourd'hui que ce déni de justice fut une maladresse insigne, et
de nos compositeurs qui a
celui
l'a
plus hérité de
lui,
qui
mémoire un culte même, au maître qu'il aimait
jusqu'à la mort et qui garde à sa
le soutint
ne
le
pas caché, de son vivant
fâché de vous
le
dire,
mon
:
cher Berlioz,
le veilla,
attendri, «
Je suis
mais sachez bien que
la
chute du Tannhœuser, à laquelle vous avez tant soit peu contribué, a
préparé
la
chute des Troyens, chute moins éclatante, moins brusque,
mais non moins réelle que
l'autre.
Mieux
valait
pour vous que
Troyens entrassent à l'Opéra à la suite du Tannhœuser, Lohengrin, que de ne pas y entrer du tout. » C'est
le
même
écrivain
et
même
les
de
qui formulait ensuite en termes passionnés
RICHARD WAGNER
328
une
qui
idée
chère,
m'est
qu'à
ainsi
sur
et
lui,
laquelle
je
s'agit
qu'il
«
:
Poser
ainsi
veux
Wagner
terminer ce long travail; aussi bien est-ce toujours de Richard
devant une génération d'artistes qui
vit,
qui pense et qui travaille, ces colonnes d'Hercule faites avec les osse-
ments de ceux qui sont morts, c'est nier le progrès, c'est vouloir rompre violemment une chaîne dont les anneaux doivent arriver, en se multipliant,
époques
jusqu'aux
plus
les
Ces morts
éloignées.
illustres
que vous acclamez aujourd'hui n'ont-ils pas vécu, pour la plupart, ou méconnus comme ceux qui vivent et que vous repoussez
critiqués
aujourd'hui?...
O
vous donc toujours que deviennent
de
Weber
N'avez-vous
lesquels raine
?
du lendemain
classiques
à
marche
vite
Wagner
pensé
jamais
que,
Wagner
,
que
les novateurs,
à
et
Du
comme vous Beethoven et Weber Mozart,
?
avenir peu
Berlioz
la veille
de Beethoven et
vivant et
Berlioz
un
dans et
?
romantiques de
les
Haydn
ne leur opposait-on pas
aujourd'hui
opposez
temps
les
du passé, oublierez-
pieux thuriféraires des gloires
seraient
éloigné, béliers
les
car
le
avec
on battrait en brèche quelque vivante renommée contempoLes classiques
!
les
classiques
!
dites-vous
;
tenons-nous-en aux
Mais Wagner et Berlioz, dans quelques années d'ici, seront des classiques!... Depuis combien de temps Mendelssohn est-il un classique? Depuis qu'il est mort. » C'est là la vérité vraie, celle qu'il n'est pas toujours bon de dire, mais qui finit tôt ou tard par triompher, si violemment qu'on lui résiste, si puissants que soient les intérêts ligués contre elle. Et la preuve en est que la prédiction de M. Reyer s'est déjà réalisée aujourd'hui Berlioz est un classique, presque un ancien, et c'est Wagner classiques
!
:
qui rayonne, éblouissant, sur tout le
RICHARD WAGNER DANS
o
Le inonde entier
se
monde
musical.
LANNEAU DU NIBELUNG prosterne à ses pieds.
{Caricalurc alU'tnanJc. 1S76.)
«.
fej^^^!^^-v:T:.^'4>4\te,
V...--.
v-.;
APPENDICE
LES
ŒUVRES DE RICHARD WAGNER DANS
LES CONCERTS DE PARIS
E petit travail qui va suivre n'est rien de plus est et
titres,
de dates
de
et
qu'un mcmentu musical.
noms propres
mais, par cela
;
parce qu'il est d'une précision historique indiscutable,
11
même
offrira sûre-
il
ment quelque intérêt aux gens qui n'écoutent pas seulement de la musique au jour le jour et qui aiment, de temps à autre, à regarder atin de mieux juger du chemin parcouru. Tel est l'esprit qui m"a guidé en
en arrière, l'écrivant;
bourré de
me
je
flatte d'ailleurs
y trouveront matière
que
Wagner
anciens détracteurs de Richard
les plus
à réflexion.
Les théâtres n"ont rien
fait
pour Richard Wagner en France,
au succès incontesté,
qu'il est arrivé à la gloire,
même
et c'est
par
les
concerts
à Paris, lui, compositeur essen-
la représentation théâtrale comme absolument compréhension de ses œuvres. D'où vient donc que pareil renversement se soit produit en France? Uniquement en raison de l'insuccès bruyant de Tannhœuser à l'Opéra. Depuis lors, en effet. Jamais directeur de théâtre n'aurait eu
tiellement dramatique
nécessaire pour
l'idée
et
qui regardait
parfaite
la
de jouer une grosse partie sur une œuvre capitale de Wagner,
inutile faite en 1869
P'^'"
^- Pasdeloup avec
—
et
la tentative
Rien\i, sinon contre le gré, au moins sans
l'approbation de l'auteur, ne pouvait que justifier cette prudente abstention,
qu'un entrepreneur de concerts, ne courant pas grand risque autre la
un morceau,
s'il
— tandis
essaver de temps à
déplait au public, pouvait faire efficacement de
propagande en faveur du grand musicien.
Voyons donc à réparer sa
quitte à le retirer
à
longueur
et
qu'ont dû faire
le
fait les
concerts
son aridité témoignent des et chefs
maître allemand
dans tout
ce qu'ont
et
par quelles lentes étapes
honteux échec de Tannhœuser. La nomenclature
le
la
monde
efforts
ils
est aride et
sont parvenus
longue, mais
souvent infructueux, toujours répétés,
d'orchestre et partisans de la première heure, afin de restituer au
place d'honneur à laquelle
musical. Richard
il
Wagner ne
avait droit en France, aussi bien fut
un peu connu
que
à Paris qu'après les
donnés par lui-même aux Italiens en janvier 1860; il ne fut généralement bafoué chez nous qu'après le désastre de Tannhœuser en mars 1861. C'est à dater de ce jour qu'il est intéressant d'observer les progrès de ses œuvres en France, à dater du jour où tout le monde à peu près demeura persuadé qu'on n'entendrait plus jamais parler de lui ni de sa musique à Paris. Je prends donc à cette époque, après avoir raptrois concerts
pelé toutefois que, bien auparavant, Seghers avait exécuté pour Paris,
inaugurait
au Casino
Paganini,
rue
de
Chaussée-d'Antin
la
24 novembre i85o. Donc, honneur à Seghers I.
la
première
fois, à
l'ouverture de Tannhœuser, dans les concerts de la Société Sainte-Cécile, qu'il
'
:
c'était
le
dimanche
!
Elle reparut ensuite aux Concerts de Paris, dirigés par Arban, à la tin de janvier i858. «
42
Le
APPEN b CK I
J 3^j
Mais honneur surloiu à M. Pasdcloup. Car le premier défenseur acharne de Richard Wa£;ner en France, celui qui s'obstina à jouer de sa musique en dépit des cris du public et qui résista aux plus terribles orages avec un entêtement rageur, c'a été
M. Pasdcloup. Il en avait d'abord essayé aux concerts de la Société des jeunes artistes du Cunservatuire et, l'année même où allait se jouer cette grosse partie de Tannhœuser, exécutait la marche et le chœur des fiançailles de Lohengrin (3 février i8(3i^, puis il il faisait chanter par M. Gourdin une mélodie de Wagner, le 17 février; et, comme pour protester, aussitôt après au concert du 14 avril. Les Concerts populaires, 2" octobre 10
mai
Wagner
1861,
—
l'année
le désastre,
rechanter
le
chœur
dés l'origine au Cirque
installés
même
faisait
il
de
des fiançailles
d'Hiver,
catastrophe de Tannha'user,
la
—
datent
du
et c'est le
1862 que M. Pasdeloup inscrivit pour la première fois le nom de Richard jouait la marche de Tannhœiiser Ensuite un silence de il sur son afhche .
;
mars i865, première audition de l'ouverture de Tannhœuser 'grande cependant deux fois avant de risquer le prélude de Lohengrin répète Il la .tempête. (il février 1866). Cette fois les partisans l'emportent et le prélude est bissé. Le 7 mars trois
ans.
Le
:
5
1866, la marche et le chœur des fiançailles de Lohengrin passent presque sans encombre. Ajoutez l'ouverture du Vaisseau fantôme (i3 janvier 1867!, un air de Lohengrin murmuré par M. Capoul ^24 mars 1867), l'ouverture de Rien^i (3 novembre 1867), la marche religieuse de Lohengrin (9 février 1868), des fragments du troisième
Tannhœuscr, chantés par M. Faure et Mi><= Nilsson le vendredi saint 10 avril 1868, de courts morceaux pour orchestre tirés des Maîtres Chanteurs (t 8 octobre 1868), l'ouverture des Maîtres Chanteurs, huée d'un bout à l'autre au point qu'on n'entendit rien (12 et 19 décembre 1869), l'ouverture de Faust (6 mars 1870) et vous aurez toutes acte de
;
les pages de Richard Wagner que M. Pasdeloup, à force de les répéter, imposa presque à son public jusqu'en 1870, au milieu de cris, clameurs et sifflets que rien ne pouvait
Tout
arrêter. i3
mars 186
1
cela
parce qu'on avait joyeusement
sifHé
Tannhœuser
à l'Opéra, le
1
M. Pasdeloup recommence à j(juer plusieurs de ces morceaux dans la saison 1873-1874. Le i5 novembre 1874, il s'attaque au prélude de Tristan et Iseult ; puis, après une nouvelle année de silence, il exécutait, le 29 octobre 1876, la marche funèbre du Crépuscule des Dieux, qui soulevait dès la veille un terrible émoi. Devant le déchaînement presque général de
la
presse,
de Richard Wagner; puis, après avoir
fantôme
et le
prélude de Tristan (3o mars
ces trois auditions intégrales
succès (20 avril, 8
Seguin, Piccaluga,
De
et i5
M""
ce jour date le
vers Richard Wagner
morceaux ne
du premier
mai 1879I;
il
tàté le
dut rester trois ans sans rien risquer
du Vaisseau immédiatement donna 1879), de Lohengrin qui eurent un si grand terrain avec
et 6 avril
acte
les rôles étaient
l'ouverture
il
tenus par
MM.
Rey et Caroline Brun. grand mouvement, qui entraîne les amateurs et
Prunet, Bacquié,
Juliette
va bientôt gagner
suffirent plus et
il
la
français impartiaux
foule; mais, de ce jour aussi, de
court;-,
fallut offrir au public de longs fragments chantés, de
œuvres de Wagner. M. Pasdeloup donna d'abord divers morceaux du Vaisseau fantôme chantés par M. Lauwers, M'"" Brunet-Lafleur et Rose (>aron [6 février 188I;. Le lo avril 1881, il fait entendre des fragments du troisième
véritables sélections des
loul se unninc, disuil alors la Galette musicale, par une espèce de tumulte harmonique, tenant lieu de péroraison, et en cet endroit l'auteur a cru pouvoir mettre \emoi_fin. Pourquoi là plutôt qu'ailleurs.' Rien ne l'indique. Le public a écouté dans un silence religieux cette œuvre étrange; il a même applaudi, ce qui est très poli de sa part. »
APPENDICK acte
des Maîtres Chanteurs,
Lauwers
Lecor, puis
et
le
chantes
33,
par M"'=^ Panchioni
28 mai, les adieux de
Wotan
Caron,
et
Brunehild
à
MM.
Holly,
et l'incantation
du feu, de la Valkyric, dits par M. Faure. Le décembre 188 reviennent des frai,'ments du troisième acte de Tannliceuser, par M. Faure et M""; Rose Caron. Le i
i5 janvier
1882,
mélodie
la
1
i
Raves, transcrite par
:
Wagner lui-même,
morceau
et le
de concours des Maîtres Chanteurs, transcrit par M. Wilhelmy, sont exécutés sur le violon par M. Waldemar Meyer. Le 5 février, M"i= Panchioni chante la scène finale
de Tristan,
vendredi saint 7
et, le
on entend pour
avril,
la
première
fois le
chœur
final
de l'Agape des Apôtres.
Le 22 octobre le
jouaient M.M.
Lamoureux;
et
auditions du premier acte de Lohengrin,
du Vendredi
les
28 janvier
et les 11 et 18 février,
Saint, de Parsifal,
;
exécution de l'épisode répertoire des ceuvrcs
le
et lassé
rence, abandonnait alors, après vingt-trois années, ces excellents
goût musical en France
et
dont
la
même
popularité
Concerts
finissent les
ici
populaires eux-mêmes, puisque M. Pasdeloup, atteint par l'âge
le
temps que
février i883, nouvelles
4
et
pour orchestre seul. Ici finit wagnériennes essayées au Cirque d'hiver par M. Pasdeloup
renouvelé
même
1882, première audition du prélude de Parsifal, en
Colonne
par
la
concurqui ont
concerts
assure un
renom
durable à leur fondateur.
Tandis que
Concerts populaires étaient tellement agités par
les
qui se livraient autour des œuvres de Richard Wagner,
Chàtelet, fondés en mars 1873
FOdéon
à
et
les
les
Concerts
furieux combats
dits aujourd'iiui
transportés seulement pour
la
du
saison
suivante au Chàtelet, restaient jusqu'au i" février 1880 sany donner une seule note de
Wagner. M. Colonne exécuta
ce
jour-là
l'ouverture
Tannhœuser.
de
Durant
la
saison suivante, au premier concert, ouverture du Vaisseau fantôme [\j octobre 1881
Siegfried's Idyll, qui allait
devenir un des plus grands succès de
i3 février
1881
puis
;
le
prélude
vendredi saint i5 avril. Les 23
hœuser;
les
20
et
27 novembre
de Tannhœuser, avec
Wolfram; Mlles
les 5 et
;
14 novembre; la Chevauchée des Valkyries pour orchestre seul,
le
MM. et
et
ces concerts, les 23 janvier, 6 et
de Tristan, toujours pour orchestre seul,
3o octobre 1881,
la
le
scène du Venusberg, de Tann-
4 décembre, longs fragments pour orchestre et chant Bosquin et du Wast dans Tannhœuser et Auguez dans et
1882, sélection de Rien^i, chantée par
12 février
Marie Battu, C. Brun
et le finale
Dihau;
M. Stéphanne,
26 mars enfin, fragments de Tannhœuser, avec
le
M. Faure pour Wolfram. Le 22 octobre 1882, le prélude de Parsifal se joue au Chàtelet en même temps que chez MM. Pasdeloup et Lamoureux; le 5 novembre, Huldigung's-Mar'sch ,-les 25 février et 4 mars i883, sorte de Festival-Wagner, composé presque entièrement de ses œuvres, mars, ouverture des avec M. Lauwers et M'"» Rose Caron comme solistes; puis, le Maîtres Chanteurs. Durant la saison de 1883-1884, réapparition des précédents morceaux le 20 janvier, fragment de Lohengrin, chante par M"'= Schrœder lElsa) puis le grand finale du premier acte de Parsifal exécuté le 10 février et le 2 mars 1884, suivi la seconde fois de V Enchantement du vendredi saint, avec M. Faure (Gurnei
i
;
;
rechante ses fragments préférés de et M. Mazalbert [Parsifal). M. Faure Tannhœuser le 9 mars, et M. Colonne termine la saison (6 avril; avec la Chevauchée des Valkyries, qu'il a bien dû jouer quinze ou vingt fois et qui demeurera le grand succès wagnérien des Concerts du Chàtelet. A la réouverture d'automne, en 1884, M. Colonne s'appropriait Touveriure de
manz)
Faust de
la
(2
novembre)
Valkyrie
:
;
les
puis, les 25 janvier,
adieux de
Wotan
à
i"et8
février (885,
il
donnait divers fragments
Brunehild. chantés par M. Soum,
le sr-lut
de
APPENDICE
332
Siegmund
printemps soupiré par M. Bosquin,
;iu
parties vocales. (6 et i3
Au
début de
la
saison suivante,
décembre!; puis M. Maurcl
et
redit les adieux de
Tanesi chantent
M"'-'
Chevauchée, avec
l'inévitable
et
M. Lauwers
le
Wotan
duo du deuxième
acte
du Vaisseau fantôme aux concerts des 7 et 14 février 1886. Les Concerts du Chàteau-d'Eau, fondJs il y a seulement cinq ans, le 2'} octobre 1881, se sont, dès le début, consacrés au triomphe de Richard Wagner sous l'énergique impulsion de M. Lamoureux. Pendant
la
première année, ouvertures de Rien\i
(6 et
du Vaisseau fantôme (20 et 27 novembre) cavatine du Vaisseau par M. Guiot (11 décembre); ouverture et tragments des Maîtres chantée fantôme Chanteurs pour orchestre (18 et 25 décembre); ouverture de Tannhœuser 8 et i5 janvier 1882); chœur des tileuses du Vaisseau fantôme, etmarcheet chœur des fiançailles i3
novembre)
et
;
de Lohengrin, exécutés trois fois de suite (22, 29 janvier et triomphales du premier acte de Lohengrin chanté par
enfin le
Franck-Duvernoy
Lhcrie, Plançon, Heus-
Gayet
et
[12, 19 et
26 février,
une première année.
assez bien travailler pour
en
MM.
5 mars 1882]; M. Bosquin grand duo de Lohengrin, par M'"= Franck-Duvernoy et (19 mars et et sélection de Tannhœuser avec M. Heuschling dans Wolfram (26 marsV C'était
chling, Auguez, M"""
7 avril),
;puis quatre auditions
5 février)
Au début de la deuxième, les 22 et 29 octobre 1882, exécution du prélude de Pars/y^/, même temps que chez MM. Colonne et Pasdeloup; les 5 et 2 novembre, audition i
du prélude de Tristan;\c 14 janvier i883, introduction instrumentale
M. Bosquin; pour
chantée par
finir
saison,
la
Festival-Wagner
réentendait tous les morceaux déjà classés, en parti 'ulicr
chanté
par
M"»-'
Brunet-Lafleur,
MM.
le
prière de
et
(4 et
1
7?!C'h^/,
mars) où l'on
1
premier acte de Lohengrin
Bosquin, Couturier,
Dans
etc.
le
troisième
hiver, d'abord la marche funèbre du Crépuscule des Dieux (janvier 1884), admirablement rendue et que M. Lamoureux dut rejouer quatre dimanches de suite enfin les quatre auditions foudroyantes du premier acte de Tristan et Iseult, chanté par M'"«s Montalba MM. Van Dyck, Blauwaert et Mauguière (2-, 9, 16 et 23 mars). et Boidin-Puisais, Cette exécution, qui retentit comme un coup de tonnerre, acheva la reconnaissance et la consécration du génie de Richard Wagner par le public français enthousiasmé. M. Lamoureux ne devait pas s'en tenir là. Dès la réouverture, il exécutait la Grande ;
Marche de
fête,
composée pour
(26 octobre 1884), et la répétait
centenaire
le
joignant les deux fois l'ouverture de Faust. Lafleur
et
M. Van Dyck
le
après avoir répété une fois le
deuxième
l'indépendance des Etats-Unis
de
aux deux concerts suivants Il
faisait
grand duo de Lohengrin le
(7,
premier acte de Tristan
acte ^jusqu'à l'arrivée
du
roi
I9
et
16 novembre), en
y
chanter trois fois par M"'^ Brunet14
et
et Iseult,
décembrel
21 il
exécutait
Marke) avec M. Van Dyck,
M'''^'^
;
puis,
deux fois Montalba
comme
solistes (l'-'f et 8 mars i885). Enfin, le vendredi saint 3 avril, donnant un grand concert exclusivement composé d'œuvres orchestrales de Richard Wagner, précédemment entendues dix numéros au programme,
et
Boidin-Puisais
il
attirait
la
foule en
:
autant d'éclatants succès.
Au commencement 29 novembre
et 6
de
la
décembre,
saison suivante, l'orchestre exécutait Siegfried's Idyll les et
M. Van Dyck chantait
29 novembre) qu'il répétait encore deux fois
duo de
Z.o/!e«^r/« avec
Brunet-Lafleur. Le
premier acte presque entier de
chantaient
le
Hunding,
et celte
21 février, 14 et 21 était
M™
remplacée par
exécution avait un
tel
la
les et
adieux de Lohengrin (22 7 février 1886) après le
14 février, ces deux
Valkyrie, moins
succès que
la
mêmes
et
grand
artistes
scène deuxième avec
M. Lamoureux
la
devait répéter les
quatrième audition. M™" Brunet-Lafleur, indisposée, Boidin-Puisais. Dans le même concert, M. Lamoureux exécu-
mars; M'"'=
janvier
(3i
à cette
APPENDICE tait
les
pour
la
prcmicrc
deux dimanches suivants
dente,
pour
]'ii!kj-rics
vendredi saint
le
premier acte de
le
entendre, en première audition,
faisait
Iseiilt,
cnlin
;
333
2'}
l'Enchantement du vendredi
comme
marche
et
la forêt,
de
!
pèlerins,
et, le
Société des concerts
la
7 annhœuser
de
vier 1884, elle rejouait la
marche religieuse de
vendredi saint
elle
avril,
11
exécutait,
après l'apparition de ce chet-d'ceuvre à Dresde
suprême audace,
3i janvier 1886,
la
première
la
première
la
O
!
Le 20
jan-
au concert spirituel du
et,
/.o/!é'/z^/-//z,
pour
Tannhœuser pour
le
;
24 janvier 1869, elle allait jusqu'à
religieuse de Lohengrin. Puis, silence absolu pendant quinze ans.
liœuser. L'ouverture de
fois,
Murmures de
Et pendant ces vingt-cinq années, de 1861 à 1886, que faisait du Conservatoire? Le 8 avril 1866, elle risquait la marche la
cinquième
Tristan
saint, de Parsifal, et les
chœur des
la
prélude du troisième acte de
Siegfried. Quelle afHuence et quelles ovations
16 février 1868, elle jouait le
l'année précé-
Wagner. Outre quantité de
Valkyrie, exécuté pour
la
le
orciicstre, qu'il redonnait
avril,
consacrait tout son concert aux œuvres de Richard
il
morceaux connus, outre il
Chevauchce des
fois la
fois, l'ouverture de
Taiiii-
1884! Trente-neut ans
fois en
sacro-saint Conservatoire! Enfin, le
Société faisait chanter
Vaisseau fantôme, après avoir essayé, toutes portes closes,
la
le
ch(eur des fileuses du
scène des Filles-fleurs de
M. Garcin n'aurait pas mieux demandé que d'aller un peu de l'avant pour marquer son avènement au poste de premier chef d'orchestre mais rentêtcment routi-
Parsifal.
;
nier a prévalu contre ses timides efforts.
Et quel
aujourd'hui,
est,
le
inespéré après
résultat manifeste,
hœuser, de tant d'elïorts patiemment répétés? C'est que
chute de Tann-
la
les théâtres parisiens, présente-
ment, ne rêvent plus que de jouer des ouvrages de Richard Wagner. L'Opéra-Comique est et
aux regrets de n'avoir pu représenter ce Lohengrin connu, admiré du mande
s'il le
regrette à ce point, croyez-le bien, c'est qu'il était assuré, la
trouver grosses recettes d'autre objectif.
A
italien de la place
la fin
grands profits; avec
les
de sa précaire existence,
et
et
directeurs de théâtre,
comme
il
était
entier,
vogue aidant, d'y il
pas
n'est
au plus bas, l'Opéra
du Châtelet voulait tenter un dernier coup de fortune en montant le Fi3metn/yrt/z?o;nf; heureusement que les gens ayant
tant bien que mal, en huit jou.'s,
pleins pouvoirs pour autoriser cette folle entreprise ont répondu sans hésiter
:
non.
L'échec du Vaisseau fantôme, tombant sous une mise en scène ridicule et une exécution à la diable, aurait fait perdre en un soir tous les résultats gagnés par vingt ans de
combats.
luttes patientes et de lents
Ce
gens trop pressés, qu'un acte de Tristan
n'est rien, diront les
Valkyrie, entendu dans
plus grand silence
le
et
pendant quatre auditions consécutives. C'est un la
France
et la
date en restera, car elle
Richard Wagner par tous
les
marque
et Iseult
couvert d'applaudissements
fait
dans
capital
l'histoire
ou de
la
à la fin,
musicale de
reconnaissance absolue du génie de
la
amateurs français, exception
faite
des critiques qui s'étaient
trop engagés naguère en sens inverse et qui en sont réduits à s'entêter tout seuls dans leur négation
:
c'est
comique
et triste à la fois
pérément, en poussant de grands Aujourd'hui,
la
cris,
contre
de voir
le
les
malheureux
courantqui
les
lutter aussi déses-
entraîne
et les
submerge.
représentation de Lohengrin à Paris n'est plus qu'une affaire de jours
peu importe que ce
soit dès l'hiver
ce chef-d'œuvre obtiendra
le
prochain ou plus tard.
plus grand succès,
et
On
peut
le
:
prédire à coup sûr:
ce succès est précisément ce que redou-
tent et veulent retarder les compositeurs installés en maîtres dans nos théâtres lyriques.
Quoi
qu'ils disent, fassent
face d'un génie hors ligne,
apprête à rire
il
à la postérité.
ou écrivent,
ils
sont dès à présent sûrs de leur
n'v a qu'à s'incliner
et,
plus on
tarde à le taire,
fait.
En
plus on
II
CATALOGUE COMPLET DES ŒUVRES MUSICALES DE RICHARD WAGNER'
I.
—
Œuvres dramatiques.
Les Noces, fragment d'un opéra
:
chœur
introduction,
et
septuor.
Inc'dit;
copie
i'"' mars i833. Fut présenté par Wagner musique de Wiirzbourg. Les Fées, opéra romantique en 3 actes; i833. Ne fut jamais représenté; l'ouverture
autographe de
36 pages, datée du
la partition,
à la Société de
seulement
fut exécutée à
Magdebourg en
1834. Inédit; la partition originale appartient
au roi de BaTière.
La Défense
d'aimer, musique composée en i835
Magdebourg,
et
i836. Représentée une seule
29 mars i836. Partition originale en
la possession du roi de imprimé dans YEiiro a, de Lewald (année 1837, p. 240), et publié par contrefaçon à Brunswick et à Hanovre. Rien\i, le dernier des tribuns, grand opéra tragique en 5 actes. Musique commencée à Riga en i838. Actes I et II terminés en 1839 à Riga et à Mitau; actes III et IV terminés à Paris en 1840. Première représentation à Dresde, le 20 octobre 1842. Traduction française de MM. Gh. Nuitter et J. Guilliaume. Le Hollandais volant, opéra romantique en 3 actes. Musique écrite à Meudon, près
fois, à
Bavière.
Un
le
de cet opéra
air
Chant de carnaval,
:
Première représentation à Dresde,
Paris, en 1841.
a été
le 2
janvier 1843. Traduction fran-
M. Ch. Nuitter. Tannhœuser ou le Tournoi des chanteurs à Wartbourg, opéra romantique en
çaise de
Poème
écrit à
tion à Dresde,
Dresde en 1843
;
19 octobre 1845. Traduction française de
le
Lohengrin, opéra romantique en
commencée
3 actes.
partition terminée en 1844-184^. Première représenta-
3 actes.
Poème
écrit à
M. Ch. Nuitter. Dresde en 1845
;
musique
9 septembre 1846. Introduction écrite le 28 août 1847; instrumentation de tout l'ouvrage terminée pendant l'hiver et le printemps suivants. Première représenle
Weimar, L'Or du Rhin,
tation à
le
28 août i85o. Traduction française de M. Ch. Nuitter.
partie de l'Anneau du Nibelung. Poème de l'Anneau commencé à Dresde en 1848, exécute dans l'ordre inverse [la Mort de Siegfried, Siegfried, la Valkyrie et l'Or du Rhin] terminé à Zurich en i85 i-i852. Musique de l'Or du Rhin commencée dans l'automne de i853, à la Spezzia partition terminée en mai 1854. 1^=
;
;
Première représentati(Mi
à
Munich,
le
22 septembre 1869.
La Valkj'rie, 2'= partie de l'Anneau du Nibelung, en 3 actes. Partition terminée Zurich en i856. Première représentation à Munich, le 26 juin 1870. Traduction française de M. Victor Wilder. i\
Tristan et Iseult, en 3 actes. Poème écrit à Zurich en 1857; musique commencée en 1857. Partition du i" acte terminée à Zurich pendant l'automne de 1857; du 2= acte, à Venise, en mars 1859 du 3= acte, à Lucerne, en août 1859. Première repré;
sentation à
Munich,
le
10 juin i865.
Traduction française de M. Victor Wilder.
Siegfried, 3° partie de l'Anneau du Nibelung, en I.
Cette
3 actes.
été'
à
qui permet de suivre distinctement la série d'ceuvres empiétant souvent dressée avec beaucoup de soin par M. Dannreuthcr, auquel il con\ ient d'en
liste très claire et
l'une sur l'autre a
Musique commencée
laisser tout le mérite, en
y ajoutant quelques renseignements nouveaux.
Al'I'KNDICE Zurich, uvain
Tristan. Acte
Murmures de
la
acte III 1)
1
\^'
335
icrmiiié en avril 1857; partie de l'acte
II, jusqu'aux' 1857; acte II termine à Munich le 21 juin i865; terminé au commencement de iSôg. Première représentation à Bayreuth, le
forêt, écrite en
août 1876.
Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg, en 3 actes. Ébauche en 1845 poème commencé à Paris durant l'hiver 1861-1862, publié en manuscrit en i8()2 musique commencée en i8(i2; partition terminée le 21 octobre i8()7. Première représentation a Munich, le 21 juin 1868. Traduction française de M. Victor Wiidcr. Le Crépuscule des Dieux, 4'' partie de l'Anneau du Nibelung (le preinier projet pour la Mort de Siegfried date de juin 1848). Musique commencée à Lucerne en 1870. Ébauche de l'introduction et acte !'=' terminés le 20 janvier 1871. Ébauche de la partition ;
;
complète terminée
Bayreuth
à
Première représentation
à
le
22 juin 1872. Orchestration terminée en
Bayreuth,
novembre
1874.
août [876.
le 17
Parsifal, pièce de festival solennel en 3 actes
vendredi saint datent de l'année 1857, à Zurich^.
(les
premières esquisses du Charme du
Poème
écrit à
Bayreuth en 1S76-1S77.
musique commencée à Bayreuth en 1877, terminée le 25 avril 1879. Orchestration terminée à Palerme le i3 janvier 1882. Première représentation à Esquisse de
la
Bayreuth,
26 juillet 1882.
le
—
2.
Ouverture en
si
Compositions pour okchkstre, bémol
(6/8). Inédite.
Exécutée
irr
chœurs.
Leipzig en i83o. Partition vraisem-
à
blablement perdue.
Ouverture en ré mineur
Exécutée
Inédite.
(4/4).
à
Leipzig
le
25
décembre i83i.
Partition à Bayreuth.
Ouverture en i83i
;
exécutée
Ouverture tition à
:
ut.
Bayreuth
de i832,
le
3o avril i833,
Polonia, en ut majeur
^4/4). Inédite.
ut. Inédite.
Composée
puis à Leipzig, d'abord à
et
à
le
10 janvier i833
Cantate pour
le
nouvel an. (Introduction
Magdebourg
la veille
debourg en i835
du jour de
;
enfin à Venise
l'an
;
la partition et les
plus entendu parler
-.
1.
Il
a été
à
Leipzig en i832. Par-
^p. 2<))
Prague pcntlant
le
24 décembre 1882.
deux pièces chorales.) Inédite. Exécutée i834-i835, et à Bayreuth le 22 mai 1873. et
i838
morceaux de chant pour une
raconté
à
et
exécutée deux
fois, à
Mag-
4 février 1841. Après cette parties détachées disparurent, et depuis on n'en a
rejouée à Riga en
dernière exécution,
et
22 mai 1873.
Société iTM/er^c en décembre i832, ensuite
Ouverture de'Christophe Colomb. Inédite. Composée,
Musique
le
Composée
Leipzig en i832, exécutée
la
au Gewandhaus,
à
Bayreuth
et à
'.
Symphonie en l'été
(Ouverture de concert en forme de fugue.) Inédite. Composée en
Leipzig
à
comment, après avoir
et
à
Paris
le
farce féerique de Gleich été
1
:
l'Esprit de la
perdue, après avoir passé de main en main
pendant quarante années successives, cette partiiion fut enfin rc.due à Ricliard Wagner grâce aux patientes recherches de ses amis de Paris. 2. On faillit la retrouver un jour (voy. p. '.^2); mais tout indice est aujourd'hui perdu. Ce récit piourRulc Britannia. que Wagner envoya de Paris, en 1S40, à la rait s'appliquer aussi à l'ouverture Société Philharmonique de Londres, et qui est pareillement égarée. Cependant Jullien ne dirigea jamais les concerts de la Société Philharmonique. En rapportant tout à la tin de sa vie, ce pitoyable épisode de sa jeunesse, peut-être Wagner a-t-il fait confusion sur le titre de l'ouverture expédiée ou sur le nom du destinataire. Peut-être aussi avait-il envoyé une ouverture à la Société Philharmonique, une autre à Jullien. Quoi qu'il en soit, ces deux ouvertures de Cliristoplie Colomb et de Rule Britannia :
paraissent être détinitivcment perdues.
-
.
APPENDICE
336
ou
nviiitat^nc
souhaits. Mcigdcbourg,
les trois
iS'-iiJ.
InJdits
;
manuscrit probablcmcnl
perdu. (JuvLMture fut
envoyée
Rule Britannia. Incditc. Ecrite
:
à la
Kœnigsbcrg en i836. La
à
partition
Société Piiilharmonique de Londres en 1840. Probablement perdue.
Ouverture pour Faust. Ecrite
Paris en 1839-1840. Première exécution à Dresde,
à
le
Recomposée en i855. Marche d'hommage [Huldigungs marsch.'] Composée en 1864. Publiée en 1869. La partition originale, pour musique militaire, demeura manuscrite. La version, publiée pour grand orchestre ordinaire, fut commencée par Wagner et terminée par Raff. Idj'lle de Siegfried (Siegfricd's Idjrll). Composée en 1870, publiée en 1877. Marche impériale (Kaisermarsch), 87 Grande Marche de fête, pour l'Exposition du Centenaire, à Philadelphie, 1870. La Cène des Apôtres (Das Liebesmahl der Apostel), scène biblique pour chœur d'hommes et grand orchestre, 1841. 22 juillet 1844.
1
1
Cantate de circonstance, pour l'inauguration de Auguste,
à
Dresde,
la statue
Salut au roi (Gruss
seiner Treuen an
Friedrich Angust).
et publié la même année dans cette ville i" comme mélodie avec accompagnement de piano. Au Tmubeau de W'eber 1° Marche funèbre pour instruments
9 août 1844, 2"
en bronze du roi Frédéric
7 juin 184?. Inédite.
le
:
:
S Furj-aiithe
:
2"
double quatuor pour voix, 1844. Partition du n"
3.
Sonate en
si
à
Pièces
Composée en
bémol.
Polonaise en re,
—
i'Ol;r
Exécuté
à
pour quatre voix
le
sur des motifs
à vent, 2
Dresde
d'hommes
publiée en 1872.
piano.
i83i, publiée en i832.
quatre mains. Coinposée en i83i, publiée en i832.
Fantaisie en fa dic:^e mineur. Inédite. Ecrite en i83i.
Sonate d'album, en
la
bémol, pour
M""-'
Mathilde Wcsendonck. Composéeen i853,
publiée en 1877. Feuillet d'album, en ut, pour la princesse de Mettcrnich.
Composé en
1861, publie
en 1871. Feuillet d'album, en
mi bémol, pour
M'"- Betty Schott.
Composé
le
i'-''
janvier 1875,
publié en 1876.
4.
Chant de carnaval,
tiré
de
la
M liLODl KS.
Défense d'aimer, i835-i836. Reimprimé
à
Brunswick
en i835.
Dors, Publiées
mon
enfant; Mignonne, Attente, mélodies composées à Paris en 1839-1840.
comme
primes musicales dans ÏFuropa, de Lewald, en 1841
allemande en 1871. Les Deux Grenadiers, de Henri Heine,
et
1842. Repu-
bliées avec traduction
sur
la
à lui
dédiés, Paris, iSSg.
Musique composée
traduction française.
Le Sapin (Der Tannenbaimi), Petite
1840. Publié en 1871.
Chanson de Kraft (Hôtel de Prusse, 22
avril
1871).
Petit
remerciement
humoristique à son hôte, M. Louis Kraft, de Leipzig. Imprimé dans le Jmirnal illustré de Vienne [i\ octobre 1877], puis dans le Recueil général de chansons d'étudiants, de Millier von der Verra.
Al'I'ENDICE Cinq Pdcijics Tristan lioii
:
L'Aiige.
2.
Douleurs.
5.
i.
et Iseult. 4.
Demeure
337
tranquille.
3.
Dans
Rêves, ciuJe pour Tristan
et
la serre,
Iseult
ciudc pour
(1862). Tradui.-
anglaise de Francis Huerter.
5
—
.
AU
1!
AN G
li
M 1: N T s
E
,
V
C
.
Gluck. Ipliigenie en Aulide, d'après rarrani^ement de
pour piano réduite par Hans de Bûlow, publiée en
Rii.Iiai-d
iS5'). Paililion
Wagner: paiiiiiim la CnJa de l'ou-
de
verlure publiée en iSSg.
Dan Juan,
Mozart.
avec dialogue
et l'écitatifs
remaniés, exécuté
à
Zurich en i85o.
Inédit.
Palestrina.
avec indications pour Texécution.
Stabat mater,
Partition
publiée
en 1877.
Allegro pour lion de 142
ginal
l'air
Vampire, de Marschner, en fa mineur. Partide musique ajoutées, au lieu des 38 mesures de l'ori-
d'Aubrey, dans
mesures de texte
et
le
datée de Wiirzbourg, 23 septembre iS33, en
;
la
possession de M. \V. Tappert,
à
Berlin.
Beethoven. Neuvième Symphonie, réduction pour piano, iS3i. Inédite. Donizctti.
—
La
pour piano, Paris.
Favorite., réduction
HElisir d'amore, réduction pour piano.
Halévy. La Reine de Chypre, réduction pour piano, Paris, 1841.
—
Le Guittarero, réduction pour piano, Paris, 1841. Arrangement à quatre mains d'une grande fantaisie de Henri Herz^ pour piano deux mains, sur la Romanesca.
>,
BAYREUTHIANA. Comment
celui qui n'csi pas initie se représente la
Devise
:
Que
sert-il
{l'iuli.
de
Je
Chevauchée
re.yarcicr, si l'on n'y
I.cip.cif;, 3
Valkyrics.
îles
peut loucher
:
septembre 1S76.)
4J
a
ADDITIONS ET CORRECTIONS
Page
^3, ligne 21, et
Page
23, ligne 3i.
page 24, ligne
—
Pour
—
de
attirer plus
son bénéfice au théâtre de Riga,
Noriuj.
— Lire
i5.
Le soussigné
Wagner
passion intime. Tous
monde
imprimer sur
de Kœnisberg.
Norma, donnée déclaration
l'affiche cette
mieux prouver son estime pour
La Nonna, parmi
à :
public de
le
toutes les créations de Bellini,
abondante veine mélodique, unit avec la plus profonde réalité la les adversaires de la musique italienne rendent justice à cette
grande partition, disant qu'elle parle au cœur, que pourquoi
lieu
représentation de
à la
avait fait
croit ne pouvoir
cette cité qu'en choisissant cet opéra. est celle qui, à la plus
Kœnigsberg au
une œuvre de génie. C'est
c'est
nombreux.
j'invite le public à accourir
Richard Wagner. Jusqu'à
la fin
de sa
dernier voyage en
vie,
Italie,
il
conserva
comme
venaient souvent
lui faire visite,
On me
un ogre pour
«
croit
il
la
même
mes
que
et
mais non, non, mille
;
musique
intimement, strictement aux paroles. La musique que
et liée
D'ailleurs,
rit
du
durant son
:
fait-elle
fois
est
non
:
me pose
Bellini,
au
tout cœur, sentie
je déteste, c'est la
sujet et des situations...
admiration persistante ne se
cette
et
musiciens de Naples
leur dit à peu près en termes précis
il
prédilections, parce que sa
vague, sans conclusion, qui se
les
tout ce qui se rapporte à l'école italienne et l'on
en antithèse particulièrement avec Bellini contraire, est une de
admiration pour Bellini,
Sorrente
était à
musique
»
pas sentir dans l'œuvre du
maître et ne retrouverait-on pas l'infîuence manifeste de l'école it.alienn«, au moins pour dessin général, dans certains
le
morceaux
de ses premiers ouvrages? Le
très applaudis
septuor de Tannhœitser, par exemple, n'a-t-il pas un air de famille avec
le
sextuor de
Wagner, par endroits, ne semble-t-il pas procéder de Donizetti que de Weber, dont il se réclamait volontiers à ses débuts ?
et
de Bellini,
Lucie, et plutôt
—
Le i"'' août 18S6, l'Opéra de Prague a justement fait sa réouverture en Page 24, note. reprenant encore une fois les Français à Nice, poème de Wagner, musique de Kittl. Page
17,
Hagen, «
ligne 21.
—
D'après M. Dannreuther, qui s'appuie sur l'autorité de Théodore
flenri Heine,
en voyant arriver
Ce qui me rend ce jeune II
est
homme
Wagner
inexact de dire que jamais plus
prononça-t-il son avaient échoué sur
nom
il
aurait dit ces simples
mots
recommandé par Meyerbeer.
ne reparla de son compatriote
plus tard en parlant des
le sol
Paris,
à
suspect, c'est qu'il est
;
:
»
au moins
nombreux compositeurs allemands qui
parisien et seulement réussi à se faire mystifier par les roués
du monde des planches.
Quelles tristes expériences n'eut pas à faire M. Richard Wagner, qui, à la fin, écoutant la voix de la raison et de l'estomac, abandonna prudemment le dangereux projet de prendre pied sur la scène française, et s'en retourna dans raffinés
le
Page
pays des
pommes
de terre d'Outre-Rhin
!
»
C'est peu, mais favorable au demeurant.
— Lire Dietsch au lieu de Dicslch. note. — Le portrait donné à page 45 n'est
38, note.
Page 44,
la
puisque celui de Kietz, qui est indiscutablement
pas
îe
le
premier de Richard Wagner,
premier, est parvenu à
ma
con-
naissance assez tôt pour trouver sa place dans VAvant-propos. Mais ce portrait représente bien
Wagner
âgé de trente ans, ou peu s'en faut, car
il
est très
peu postérieur, de
ADDITIONS ET CORRECTIONS toute (ividence, à celui de Kietz, qui fut
en 1840 ou
Quant
1841.
réédition à Zurich, c'est
fait
à l'autographe
pendant
de
avec
mot
Page 07, ligne
le
final
— Lire
2.
Wagner
à Paris, soit
placé sous ce portrait lors de sa
d'Opém
conclusion presque textuelle
la
— dans
attachait une importance telle qu'il l'imprima culiers,
séjour de
le
Wagner
33<(
son
Drame,
et
livre
—
à laquelle
il
en caractères parti-
Kiinstler ^^Artiste|, bien détaché.
:
Schnorr de Carolsfeld au
de Karolsfeld.
lieu
— Lire Fricka au lieu de Frick. gravure. — Lire Gust. Gaul au lieu de Paul.
Page
69, légende de la gravure.
Page
100, légende de la
Page
106, ligne 14.
^ Le librettiste
Wagner
français avec lequel
espérait pouvoir achever
pour Paris son opéra de U'/t'/.iiuY /e/orgeroJ! était Gustave Vaez, belge d'origine, de son vrai nom Gustave Van Nieuwenhuyzen, inféodé à l'école italienne, auteur, avec Alphonse Roycr, du
livret
Rossini, de
de
lettre
de
et
donne
je
spécial dans tout opéra.
mon
de
l'intelligence
le vrai
poète,
—
l'assaut à la règle d'après Si
—
j'attaque la
laquelle
u
chercherai aussi longtemps
je
Avec de
il
telles idées
en
tête,
le
divers opéras de
Wagner dans une
écrivait
forme de l'opéra en
doit y avoir
enflammer Gustave Vaez,
réussis à
je
même, de
le
dessein, h lui inspirer la volonté de
sinon
ce sera parfait
traducteur, avec
Pour commencer,
«
M. Camille Benoît,
traduite par
1S49,
cinq actes, puis
trouvé
Favorite,
la
Donizetti, de Verdi.
à
un
ballet
communiquer
lui
mettre avec moi à exécution, jusqu'à ce que j'aie
qu'il faudra,
autant valait chercher tout de suite.
—
Page 144, ligne i. Si réservé que je prétende être en fait de citations d'anciens articles hostiles à Richard Wagner, il me semble impossible de laisser perdre des perles telles que celles-ci, tombées de la plume d'un écrivain qui faisait la pluie et le beau temps en 1S61. Celui-là, sûr de son
parlait
fait,
ex cathedra
et
ne prenait pas de gants pour
donner son sentiment sur Tannliwuser. définitive, — aura coûté le
—
Cette mystification,
«
Tannhxuser,
dans laquelle
les
Parisiens ont joué
beau rôle en
le
à l'Opéra près de cent mille écus. Grâce au succès qui attend
c'est cent mille francs
Ne
par soirée.
regrettons pas
les
Ils
1
nous pré-
servent d'un véritable déluge germanique; car nous étions menacés d'une pluie de
Vaisseaux fantômes, de Lohengrin, de couler dans faire
la
taire les
Seine. Mais
il
aura
suffi,
apothéoses, crouler
les
Tristan de Léonais, et le Rhin allemand allait pour remettre toutes choses en leur place, pour
hauts patronages et crever des ballons pleins de
vent, DE l'attitude pleine de t.\ct et de mesure
excellencç,
le
Puis, le trait final obligé
de
:
Celte
«
Pénélope, une tapisserie qui
recommencer ouvriers
du public
p.\risien, le critique
juge en dernier ressort des productions de l'imagination et de
le
On
lendemain.
se
malencontreuse partition,
défaisait
y travaillait
c'était la
toute seule chaque soir et
mécaniquement, comme
par
l'esprit.... »
tapisserie
qu'il
fallait
travaillent
les
des Gobelins, à l'envers, sans avoir conscience de l'œuvre, sans se rendre
compte de l'effet que le musicien voulait produire, en aveugles, ou, pour mieux dire, en sourds. Heureux ceux qui ont pu le devenir! » Avouez qu'il eût été dommage de ne pas tirer de l'oubli cet arrêt sans pareil, qui résume tout ce qu'on a pu dire à propos de l'échec de Tannhœuser à Paris. M. Jouvin, s'il
se
relit
jamais, doit-il être assez fier de
réussi de faire le prophète, et,
comme
entendu parler de Richard Wagner,
—
il
cet article!
l'annonçait en
si
En
beau
vérité, style,
on
cela lui a
bien
n'a plus jamais
à Paris ni ailleurs.
—
Page 283, premier paragraphe. Le prince-héritier d'Allemagne avait certainement vu et goûté dans Parsifal autre chose que le pas martelé des chevaliers, car, durant les fêtes de iSSi"), il est revenu à Bayreuth tout exprès pour P.iri-i/j/ qu'il n'avait pas réentendu depuis l'origine. Bien plus, depuis la mort du roi de Bavière, on semble prendre à Berlin un intérêt particulier aux manifestations de à ce qu'il paraît, la question
l'art
national allemand, et l'on y agite,
de donner une aide décisive à l'œuvre de Bayreuth.
ADDITIONS ET CORRECTIONS
J40
Page 2S6, note
2.
—
principale des deux salles du théâtre où sont conservées les cou-
La
ronnes funéraires, celle qui fut le cabinet de repos du maître, est visitée par de nombreux fidèles, en temps de représentations à Bayreuth on l'appelle A'rjnï^ioniier (Chambre des couronnes). Dès le seuil, on est pris d'une émotion sincère et profonde en entrant dans :
commémorative. La demi-obscurité qui y règne et cette décoration saisissante, avec le buste de Wagner au milieu, donnent à cette pièce un aspect quasi sépulcral. Les murs disparaissent complètement sous l'amas des couronnes qui y sont cette sorte de chapelle
accrochées;
le
sol
en
jonché;
est
feuilles desséchées. Parmi
l'air
tout imprégné de l'odeur des fleurs et des
est
reliques qui s'y trouvent, on
les
noir enfermé sous verre et sur lequel sont inscrits ces mots à
Wagner (Demain,
probe,
qui aient été écrits par
reconnaissant,
le
Emile Scaria,
— impressionne
artiste,
M'""
Wagner,
Wagner). Ce sont
répétition générale,
maître dans son théâtre.
ruban porte cette inscription
:
Au
— et
également
meilleur
qu'on
a
remarque un petit tableau Morgen General-
la craie
et
:
les derniers, paraît-il,
Une immense couronne, dont
le
au plus noble des maîtres, son élève
dû mettre en évidence depuis du Kran^pmnier.
la
mort de cet
les pèlerins
à ce qu'on dit, cédant aux instances de son entourage, s'est abstenue
jusqu'à présent de pénétrer dans ce lugubre sanctuaire.
—
Page 3i2.
Wagner
—
Le peintre Joukowski ne
d'exécuter son portrait en
toile très curieuse
C'est
pas avoir profité de
paraît
même temps que Renoir
qu'on peut voir actuellement dans
une Sainte Famille où toutes
les tètes
le
l'offre
que
lui faisait
composé, en i8Si,une salon-bibliothèque de Wahnfried. ;
mais
il
sont des portraits. Ni
a
le
maître, ni sa
femme
ne figurent dans cette assemblée; mais on y voit tous leurs enfants. Saint Joseph, c'est le peintre en personne le
petit
Siegfried
musique sont toile,
avec
colonne
les
celles
la
Vierge Marie,
se trouve
c'est M""^
les
trois
de M''" Claudine, Isolde
accessoires obligés
ami de Wagner), la
;
Wagner. Enfin,
une
:
un
établi,
tête qui pourrait bien
est très saisissant;
la
Daniela de Bulow; l'Enfant Jésus, c'est
ligures d'anges jouant et
Éva de Blilow.
une colonne, être
celle
des instruments de
L'effet
etc. (sur le
de cette grande
chapiteau de cette
de feu M. de Gobineau, grand
teinte générale en est bleuâtre et
donne
composition l'apparence d'un rêve peint, d'une hallucination.
RlCU.^RD WAG.NEti, l'AR GUST. GAUL. l'ortrait-cliarge fait à la rùpétition de la SocictcS do
musique, à Vienne,
le
27 février 1875.
à toute
.
TABLE DES GRAVURES
I
ILLUSTRATIONS HORS TEXTE LITHOGRAPHIES
ORIGINALES
DE
Tirées par Lemercifr
M
.
FA N
T N - L A T O II R I
et C'".
Pages 1.
Titre.
2.
La Muse
3.
RiENzi (acte V). Prière de Rienxi
4.
Le Vaisseau fantôme
xvi
5.
Tannhjeuser
6.
LoHENGRiN
(acte
(acte
III).
(acte III).
lll).
L'Etoile
5o
Ravissement de Senta
du
80
Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg (acte
9.
L'Or du Rhin (scène La Valkyrie
(acte
I").
II).
Signal dans
i58
nuit 1°').
Rencontre de Walther
et
d'Eva
178
194
Siegmund
-
Évocation d'Erda
12.
Le Crépuscule des Dieux
l'i.
Parsifal (acte
14.
Réveil
II).
la
Les Filles du Rhin
(acte I"). Sieglinde et III).
64
g4
Tristan et Iseult
Siegfried (acte
du Hollandais
soir
7.
I.
et
Scène d'amour
8.
10. I
Immortalité
(acte
III).
202 222
Siegfried et les Filles du
Rhin
242
Evocation de Kundry
28O
SaS
EAUX- FORTE S Richard Wagner, eau-forte de Unger, d'après
ET le
H F: Ll O GR A VU RE
portrait de
38
Lcnbach
Richard Wagner, eau-forte de M. Abot
Devant la demkure des Giuichungen,
'
eau-forte de H. L. Fischer, d'après
le
-
tableau de Joseph
HotTmann
2''2
Richard Wagner, héliot^ravure
-9-
II
ILLUSTRATIONS DANS LE TEXTE Richard
Wagner
Wagner
saluant, caricature allemande-.
vers 1840, par E. Kiet/
Portrait-charge de Wagner, par Gill
Maison natale de Richard Wagner,
^"' ''\''
9 à Leipzig
'^
Le Sommeil de Brunehild, caricature allemande
-^
Herr Richard Wagner
4"
et
John
Bull, caricature anglaise
TABLE DES GRAVURES
342
Pages.
Richard Wagner vers 1843
45
Représentation de Rioip à Dresde, en 1842
Scène
finale
du Hollandais
49
volant, k Dresde, en 1843
53
Scène finale du Vaisseau fantôme, à Londres, en 1S7G
55
Richard Wagner dans le ciel, caricature allemande Wotan et ses corbeaux messagers, caricature allemande
69
5y
Représentation de Tannhœuser à Dresde (Reprise de 1847)
77
Maison de Richard Wagner à Bayreuth Représentation de Lohengrin à Weimar, en i85o
83
Richard Wagner en i853, par Clémentine Strocker-Escher
93
89
Représentation de Lohengrin à Munich, en 1867
97
Richard Wagner chef d'orchestre, portrait-charge par Gust. Gaul
100
Richard Wagner vers i855
io5
Richard Wagner vers 1857
Le Judaïsme dans
M Wagner
la
109
comme
musique,
il
plait à
Richard Wagner; caricature allemande
iiG
ouvrant son œuf de Pâques, caricature française
M. Wagner prenant
118
de faire exécuter sa musique de l'avenir par des musiciens également
le parti
de l'avenir, caricature française
A une
répétition de
119
Tannhœuser, caricature française
120
Autographe musical de Richard Wagner
121
Le Tannhœuser demandant à
123
que
C'est faux, ce
voir son petit frère, caricature française
tu joues là,
mon
enfant...
124
caricature française
»
Représentation de Tannhœuser (i" acte) à Paris, en 1861
Minute d'une Papa,
lettre
autographe de Richard Wagner
voudrais apprendre
je
I25
musique!...
la
128-129 i3o
caricature française
»
Craignant pour ses provinces du Rhin, l'Allemagne envoie
Tannhœuser pour endormir
le
la
France, caricature française
Représentation de Tannhœuser
A une
La Clef de
la
J'ai
vendu
'.
i
musique de Tannhœuser, caricature française
ma
partition...
»
Tannhœuser produisant son
Une Scène de
Wagner au
i39
directeur de l'Opéra
141
caricature française
effet,
même
143
sur les artistes qui
le
répètent, caricature française.
patinage, caricature allemande
Représentation de Tristan
et Iseult à
et M'""
Vogl dans Tristan
Au comble du bonheur,
pauvre voyageur?
Munich, en iSôg
iG3
caricature allemande
Une Simple
»
i65
1G8 iGg
Oh! que non pas!
Visite en passant, caricature
Représentation des Maîtres chanteurs de
caricature allemande
allemande
Nuremberg
l'atelier
Munich, en 18G8
III
des Maîtres Chanteurs)
Richard Wagner, par Klic, caricature allemande
Représentation de Rien^i au Théâtre-Lyrique,
Sieglinde aide
Siegmund
la
188 ;i
Paris, en 18G9
189
Valkyrie
à arracher l'épée
iSi
184
Gill, caricature française
Costume de Brunehild dans
173
177
de Hans Sachs (acte
Richard Wagner, par
169 172
(2" acte) à
Richard Wagner vers 1868
Eva dans
143
157 et Iseult, à
Nouvel Orphée, caricature allemande B
.
i33
Le Roi Lohengrin, caricature allemande
Un Un
.
149
Munich, en i865
Richard Wagner vers i865 M.
36
i37
1
Lettre autographe de Richard (1
i33
Tannhœuser, caricature française
répétition générale de
Richard Wagner en 186
i3i
à Paris, en 1861
[2" acte)
192
du
frêne, caricature
allemande
193
1
TABLE DES GRAVURES
343 Pag*».
Loge,
le
dieu du feu, emporté par son dnormc manteau rouge, caricature allemande
ifj3
Richard Wagner vers 1874, par E. de Liphart Le Messie des
ir,^
manière; caricature allemande sur
Juifs, dernière
Richard Wagner
Liszt,
de Bùlow
M. ILins Richter dirigeant l'orchestre
La Colline de Bayrcuth
et le
il
la
les trois
mêmes
Bayrcuth
Théâtre des
L'Orchestre en contre-bas de le
Un Coin du
théâtre de Bayrcuth
festivals
3o5
scène avec sa demi-voûte en bois
2o5 208 212
extérieure du théâtre de Bayrcuth, en i.Sjô
2i3
Plan du théâtre de Bayrcuth intérieure
Alberich
214
du théâtre de Bayrcuth
2i5
du Rhin, scène première de l'Or du Rhin
et les Filles
'
Appareil natatoire des Filles du Rhin
La Manœuvre des Wagner trinquant Alberich
la
scène
2i<j
avec ses amis
210
du Rhin, par E. de Liphart
et les Filles
217 2icS
du Rhin, vue du fond de
Filles
201
204
dragon attendant l'heure du combat, caricature allemande
Siegfried et
Vue
Hans 200
Les Modernes Chevaliers du Oraal, caricature allcniaiide sur
Vue
et
221
Wagner faisant répéter à Betz le rôle de Wolan La Demeure de Hunding i" acte de ta \\-ilkyi-ie)
224
Un Rêve
228
223
f
de Richard Wagner, caricature allemande
Richard Wagner, par Mars, caricature française
Wagner au banquet, par Cham, Costume de Wotan en voyageur, dans Siegfried Mort de Siegmund (2° acte de la Valkyrie) Liszt et Richard
Affiche collée sous
le
229 caricature française
23i
233
promenoir extérieur du théâtre de Bayrcuth, en iSjô
Le Rocher des Valkyries Le Réveil de Brunehild
(3" acte (3° acte
de
la
229
Valkyrie)
235
237
de Siegfried)
239
Richard Wagner en 1877, par Herkomer
241
Un
243
des restaurants du théâtre, à Bayreuth
Cortège funèbre de Siegfried
(3°
acte
Composition du peintre Krausse pour
la
façade de
Wahnfricd, habitation de Richard ^^'agner
Une
24D
du Crépuscule des Dieux)
à
la
maison de
^\'agncr, à Bayreuth
248
Bayreuth
Soirée chez Richard ^^'agner, par L. Bechstein
Pierre
commémorative des représentations de
249
la tétralogie à
Bayreuth, en 1876
la
Wagner,
dit le
253
forge animé, caricature allemande
Le Théâtre de Bayreuth dans son
255
état actuel
Musicien de l'avenir, caricature française
Arrivée de Parsifal sur
Gurnemanz conduit
le
domaine du Oraal (i" tableau de Parsifal)
Parsifal au château
du Graal
25
252
Médaille commémorative des fêtes de Bayrcuth
Le Motif de
247
(2°
tableau de Parsifal)
236
257 259
Richard Wagner, caricature anglaise
260
Richard Wagner en 1877
261
264
Richard Wagner, caricature anglaise Évocation de Kundry par Klingsor M"'°
(2*
acte de Parsifal)
Materna dans Kundry, au deuxième acte de Parsifal
M. Pasdeloup ne
se inétiant pas assez d^s
Le Tétralogue Wagner, caricature
marches de M. Wagner, caricature française
Parsifal baptise
Kundry
La Musique de
l'avenir, caricature anglaise
[3'
2*^7
268 268
fran
Parsifal (M. Jœger) et les Filles-Fleurs, au
^55
deuxième
acte de Parsifal)
acte de Parsifal
269 271
272
11
TABLE DES GRAVURES
344
Richard Wagner à liayreuth, par G. Papperitz
Kundry
se traîne
aux pieds de ParsifaI
(3"
273
acte de Parsifal)
273
27b
Le Porteur du Saint-Graal, dans ParsifaI ParsifaI découvre le Graai (scène dernière de ParsifaI]
Menus souvenirs de Bayreuth carte de
membre
277
du restaurant du
serviette
:
deux carte; postales, une
théâtre,
de l'Association wagnérienne universelle
279
Carte postale publiée à Bayreuth lors des représentations de ParsifaI. Parole historique du maître, recueillie
le
28
.
'-'
25 juillet 1882; caricature allemande
2S5
Frou-frou Wagner, caricature allemande
Le Grand Canal, à Venise, Le vieux maître Richard
et le
Palais Vendramim-Galcrgi, par Robert Mois
Wagner
arrive sans être
annoncé dans
la
salle
289
de musique du
ciel,
292
caricature suisse
Le Palais Vendraminî, à Venise,
oij est
rnort
Richard Wagner
293
Les Funérailles de Richard Wagner, à Bayreuth
Le Tombeau de Richard Wagner, à Bayreuth.
L'Empereur d'Alleinagne Le Roi de Bavière
et
et
296
297
.
Richard Wagner, caricature allemande
3oo
Richard W'agner, caricature allemande
3oi
Richard Wagner en 1882, par Renoir
3o5
Wagner apprenant aux Champs Élysées la mort du roi Louis Destinée de Richard Wagner ici-bas, caricature allemande
A A
la
II,
3o8
caricature française
309 3i2
porte du ciel, caricature allemande
Bayreuth
:
283
Richard Wagner
et
Kikeriki
;
caricature allemande
Exclamation d'un fanatique de Richard Wagner
;
317
32o
caricature allemande
Différence entre deux compositeurs célèbres, caricature allemande
32
Représentation d'un opéra en préseiice du maître, caricature allemande
325
Richard Wagner dans Bayreuthiana
:
l'Aitiicau
Comment
celui
328
du yibelung, caricature allemande qui n'est pas initié se représente
la
Chevauchée des
caricature allemande
337
Richard Wagner pendant une répétition à Vienne, portrait-charge par Gust. Gaul W'agner dans
le
feu de la composition, caricature allemande
Wagner composant,
\'all<yries;
344 34G
caricature anglaise
WAGNER DANS
340
LE
l-'
EU
DE LA COMPOSITION.
[Kikeriki, de Vieiuic, i3
novembre
1876.)
TABLE DES MATIÈRES
Avant-Propos
vu
CHAPITRE PREMIER Mozart
et
Richard Wagner en face des Français
,
CHAPITRE La jeunesse
et les
premiers essais de Richard Wagner.
i
II
—
Les Fées
et la
Novice de Palerme.
Séjours k Magdehourg, à Kœnigsberg, à Riga
—
'.
CHAPITRE
lo
III
Trois années à Paris
2(i
CHAPITRE Ricii^i et le Hollandais volant à
I\'
Dresde
41
CHAPITRE V Richard Wagner de Weber.
—
niaitre de chapelle à Dresde.
— La
Symphonie avec chœurs.
—
La
Vestale et Spontini.
—
Retour des cendres
Iphigénie en Aulide
CHAPITRE
38
VI
TannluTiiser à Dresde
70
CHAPITRE Lohengrin
à
Weimar
84
CHAPITRE Richard Wagner en
e.\il.
— Écrits
théoriques.
—
à Paris.
—
Concerts aux
Italiens.
\II1
Composition des Sibelungcn
CHAPITRE Deux années
VII
—
101
IX
Tanniuvuser à l'Opéra
117
CHAPITRE X Tristan et Iseult à Munich
i4<>
^.
CHAPITRE Départ de Bavière.
—
Séjour à Tricbschen.
— Les
XI
Maîtres Chanteurs de Nuremberir à Munich.
44
.
166
TABLE DES MATIERES
34(",
CHAPITRE
XII Pages,
—
—
Rien^i à Paris. Le Rhciiipold du séjour à Triebschen. Installation à Bayreuth et construction du théâtre
Suite
CHAPITRE L'Aivicaii
du
Nibeliiiig à
et
la
Valkyrie à Munich.
— i85
XIII
Bayreuth
20'j
CHAPITRE XIV Concerts à Londres.
—
La
tétralogie à Berlin.
—
Parsifal à Bayreuth
264
CHAPITRE XV Mort
et
dans
de Richard
funérailles
intéressés.
—
Son
Wagner.
—
attitude envers .\uber,
l'intimité, l'artiste
Continuation de son œuvre. Rossini, Meyerheer,
—
Schumann,
Ses revirements etc.
—
L'homme
en public
284
CHAPITRE XVI Le génie en face de ses partisans
et
3i3
de ses détracteurs
APPENDICE Les œuvres de Richard
musicales de Richard
Wagner dans Wagner
les
concerts de Paris.
—
Catalogue complet des œuvres 329
Additions et Corrections
338
Table des
341
Gr.avl'res
h'f Ci' t/i•y/^|
/ le-
.yJm0"
H'AGNER COMPOS.\NT. (ï/ii-'
illuslraicd iporting
and
dr.ini.iîic ncivs,
de Londres, y juin 1877.)
AUTRES OUVRAGES DE L'AUTEUR
La Comédie a la (2our; les Théâtres de Société royale pendant le siècle dernier. La Duchesse du Maine et les Grandes Nuits de Sceaux, M"" de Pompadour et le Théâtre des Petitsle Théâtre de Marie-Antoinette à Trianon. Ouvrage orné d'un frontispice en chromolithographie, de 8 gravures en taille-douce ou eaux-fortes, de i8 gravures sur bois
Cabinets,
d'après des portraits et tableaux originaux de l'époque, et de 20 cartouches, en-tètes et
culs-de-lampe expressément composés pour l'ouvrage sur des motifs du
xviii" siècle, (ln-4"
carré, Firmin-Didot, éditeur.).
Paris Dilettante au commencement du siècle. Ouvrage orné de 36 gravures sur bois fac-similé de dessins originaux conservés
aux Archives de l'Opéra.
(In-S" écu,
et
Firmin-Didot,
éditeur.)
Histoire DU Costume au Théâtre, depuis
Ouvrage orné de 27 gravures reproduits en fac-similé. (Grand
XVI II"
I^'Opéra secret au
Archives de l'Opéra
et
in-S", Charpentier, éditeur.)
1770- 1790), Aventures et Intrigues secrètes, racontées d'après
cul-de-lampe à l'eau-forte, par de Malval. (In-S" écu, Rouveyre, éditeur.)
La Comédie sur et
(
origines du Théâtre en France jusqu'à nos jours.
papiers inédits conservés aux Archives de l'État et de l'Opéra, avec frontispice, en-tête
les
et
siècle
les
et dessins originaux, extraits des
et la Galanterie au XVIIIe siècle
le théâtre, le
cul-de-lampe
:
l'Église et l'Opéra en iy.3S, les Spectateurs
Théâtre des Demoiselles Verrières,
à l'eau-forte,
A
la Bastille;
avec frontispice, en-tète
par de Malval. (In-8" écu, Rouveyre, éditeur.)
La Ville et la Cour au XVII I° siècle Mo:;art à Paris, Marie-Antoinette musicienne, la Musique et les Philosophes avec frontispice, en-tète et cul-de-lampe à l'eau-forte, par de :
;
Malval. (In-8" écu, Rouveyre, éditeur.)
La Cour et l'Opéra sous Louis XVI
:
Marie -Antoinette
et Sacchini, Salieri,
Favart
et
Gluck
:
d'après des documents inédits conservés aux Archives de l'État et de l'Opéra. (In- 18, Didier, éditeur.)
Airs variés
:
Critique, Histoire, Biographies musicales et dramatiques.
(In- 18,
Charpentier,
éditeur.)
Gœthe
et la Musique
Ses Jugements, son Influence,
;
les
Œuvres
qu'il a inspirées. (In- 18,
Fischbacher, éditeur.)
Hector Berlioz autographe
et
:
la
Vie et
le
Combat,
les
un portrait de Berlioz.
Paris.
—
Imprimerie E.
Œuvres
:
(In- 18 carré,
Mlnard
et
J.
avec un portrait de miss Smithson, un
Charavay
Aucitv, 41, rue de
frères, éditeurs.)
la
Victoire.
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Jiillien, Adolphe
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Richard Wagner, sa vie et ses oeuvres
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