Directeur
:
Armand DAYOT
L'Art et les Artistes TOME III
(Avril-Septembre 1906)
PARIS 173, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 173 1906
PORTRAIT D'ERNEST RENAN
(Eau-forte.)
LES ARTISTES SCAiDIMAVES
T
végète en Danemark, vit petitement en '*"' Suède et n'existe pas en Norvège », écrivait, il y a un demi-siècle à peine, un critique célèbre. Depuis ce temps que d'efforts accomplis, que de chemin parcouru ! La génération nouvelle composée de talents très originaux, éclos depuis quelques années, est venue parmi nous chercher des conseils, s'adressant sans parti pris, aux maîtres vers lesquels l'entraînait son goût, mais de préférence aux adversaires décidés des vieilles formules. Si ces artistes accouraient vers nous de'si loin, dédaigneusement sourds aux leçons vieillottes des derniers survivants de l'école classique des Eckenberg, des Mastrasds, des Petzholt les Guérin, les Court et , les Bertin Scandinaves, ce ne pouvait être en vérité pour laisser s'éteindre leur feu sacré, dans la froide atmosphère des ateliers académiques. La peinture rétrospective les touche peu, et ils préfèrent aux merveilleuses histoires, et aux épi-
ques légendes des Sagas et du Kelevala, les scènes les plus familières de leur vie intime. N'est-ce pas en vérité un curieux spectacle et bien caractéristique d'une époque d'art, que celui de tous ces jeunes peintres accourant de très loin, n'ayant souvent pour toute fortune que leurs ardentes espérances, pour venir apprendre de nos grands maîtres modernes les secrets d'art qui leur permettront d'exprimer sincèrement, en dehors de toute convention, les motifs les plus simples toujours empruntés à la vie réelle ? Un intérieur bourgeois, dans lequel fait irruption, par la fenêtre ouverte, un jour clair et froid, un rayon filtrant à travers des rideaux d'indienne dans lesquels soudain une flore criarde s'allume; un bain d'enfant dans une chambre étroite à l'atmosphère alourdie par la chaleur d'un poêle qui rougit; une forge que traverse un rayon poussiéreux de soleil ; des repas de famille et des dîners d'amis à la lueur des lampes, dans un jar-
'ART
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L'ART ET LES ARTISTES exécution attendrie, il est cependant capable des plus hautes conceptions et des plus vigoureux efforts. Nous connaissons des t-ableaux d'histoire moderne de Nils Forsberg, des compositions décoratives de Cari Larson, des scènes populaires de Werenskiold, qui sont à différents titres des oeuvres de haute portée. Jamais aussi la poésie profonde et pénétrante de la mer ne fut mieux rendue que par ces artistes du Nord, qui, dès leur enfance, ont pour ainsi dire eu pour miroir les eaux glauques et éternellement froides des fjords. J'ai toujours devant les yeux ces Pêcheurs de Skagen, de Kroyer, un des maîtres indiscutés de ces écoles septentrionales. Toile étrange où est répandue avec tant d'intensité la poésie du crépuscule de minuit, et où, dans les ténèbres transparentes, les barques aux voiles endormies semblent flotter comme des ombres entre la fluidité lumineuse des vagues mourantes,
LE ROI OSCAR DE SUEDE A BORD DE SON YACHT (Eau-forte.)
din, sous des verts feuillages, ou bien encore une baigneuse au jour couchant, près de la berge hérissée de roseaux..., il ne faut pas de. plus extraordinaires aventures pour séduire MM. Petersen, Kroyer, Werenskiold, Thaulow, Osterlind, Wahlberg,Norselius de Gegerfelt,Diricks,Skanberg, Liljefors, Berg, Skresdwig, Axel Borg, Schultzberg, Tragorth, Cari Melsen, Rosenberg, Hammershog, Tuxen, Otto Sinding, Paulsen, Ring, Eyolff, Soot, Kreuger Wentzel, Ekstrom. Larsonn, Zorn, Wordsstrom, Adestrom,' Salmson, Hagborg, Edelfelt, Jsi prématurément disparu, Edouard .Munck, Smith Hàld, Mme Anna Ancher, Johanson, Grimelund, etc., etc. J'en passe. Ces peintres aimables, simples et francs, ont le secret de nous intéresser aussi vivement à l'anecdote d'un rayon, au drame platonique d'une ombre, que d'autres pourraient le faire en nous peignant la colère d'Achille, la douleur d'Orphée, ou le martyre de saint Sébastien. Mais si l'artiste Scandinave s'oublie avec une sorte de volupté dans la fidèle interprétation des scènes ordinaires de la vie rustique, et s'il se complaît à encadrer l'humilité de ses personnages dans des décors de nature d'une
ANDERS ZORN PAR LUI-MEME
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ANDERS ZORN
Hildebrand Key
Warn Nordenskiold
Wieselareen
Le
Toast
(Eau-forte.)
Collection StrĂŠlin.
ANDERS ZORN
Collection StrOlin
Portrait de Miss Kip (Eau-forte.)
L'ART ET LES ARTISTES et
la
profondeur
des
cieux pleins
d'étoiles. Après -avoir rapidement traversé Paris, où ils ont directement emprunté à notre enseignement artistique ce qu'il y a de meilleur, beaucoup de ces artistes retournent dans leur pays pour nous en rapporter des toiles superbes, pleines des rouges clartés des aurores boréales, des rayonnements froids et argentés des soleils d'hiver, des blancheurs neigeuses des falaises alpestres, étoilées de villages rouges qui se reflètent éternellement dans la limpidité des fjords spectacles inoubliables, qui ont ébloui leurs yeux d'enfants. Les autres, plus réfractaires aux souvenirs du pays natal, et peut-être aussi plus attachés à la terre de France, qu'ils aiment tous d'ailleurs comme une nouvelle patrie, fixent leurs chevalets sur nos plages normandes, dans nos rochers bretons, au milieu de nos brandes du Berry, d'où il reviennent chaque année avec une moisson de belles toiles aux couleurs lumineuses, inspirées par un'' amour profond de la mer, des champs, de la vie rustique.
PORTRAIT DE MADAME A.
D.
(Eau-forte.)
Ici je demande à ouvrir, à l'occasion d'une exposition prochaine, dont le^succès sera grand, une parenthèse finale pour entretenir un moment le lecteur d'un artiste, qui malgré son cosmopolitisme errant, malgré les effets indéniables d'impérieuses influences sur ses premières productions," personnifie, à mon avis, le jeune' art. Scandinave, dans tout ce qu'il'a de rincère, d'inattendu et d'audacieux. Je veux parler d'Anders Zorn. Dans l'intérêt même de l'histoire de l'art, tentons de résumer en quelques lignes la vie si curieuse de cet artiste, autour du nom duquel un de nos plus graves confrères dont l'opinion fait facilement autorité, brodait il y a quelques années une extraordinaire légende : « M. Zorn, disait-il, expose un "admirable petit buste en bois (portrait de vieille femme), qu'il sculpta au couteau à l'époque où il était berger, etc.. » Voilà, certes, une merveilleuse histoire et qui laisse bien loin derrière elle les étonnants débuts de Giotto, crayonnant au charbon ses
MADAME GRANBERG (Eau-forte.)
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L'ART ET LES ARTISTES chèvres et ses moutons dans les vertes campagnes florentines, sous l'oeil de Cimabué stupéfait. Nous avions déjà admiré le petit buste d'une si vivante expression et précieux comme un ivoire de Zeller ou de van Obstal. Aussi cette révélation nous causa-t-elle une grande surprise. Bien vite nous courûmes chez l'artiste, désireux de contempler les traits d'un si prodigieux berger et voici ce que nous conta à ce sujet M. Zorn, avec une parfaite bonne grâce : « Ce buste de femme est le portrait de ma grand-mère, je l'ai sculpté pendant l'été de 1889. Il- y a déjà bon nombre d'années que j'avais déposé ma peau de berger, ajouta-t-il en riant. Car j'ai été berger, cela est vrai, poursuivit-il, et c'est dans la solitude ombreuse des grandes forêts dalécarliennes où dès l'âge de huit ans je gardais les vaches et les brebis, que je me suis pris
à aimer la nature d'un grand amour et à tenter d'en
reproduire les divers aspects. A cette époque je n'avais encore vu que l'image des grands pins qui
se mirent dans les lacs paisibles et clairs de mon pays et deux affreux chromos, venus on ne sait d'où, et qui ornaient les murs enfumés de l'habitation paternelle. J'ai commencé par sculpter au couteau, dans des. .morceaux de bouleau, les animaux confiés à ma. garde. Puis, pour me rapprocher davantage de mes modèles, j'imitai le statuaire antique en teignant mes sculptures. Ma palette était le creux de ma main et je mêlais le jus des myrtils
à certaines substances colorantes empruntées à quelques petites fleurs des bois. La première oeuvre que j'ai vendue représentait une vache en colère. Elle me fut généreusementpayée un sou et un petit pain blanc par un berger de mes amis. Le jour, où la duchesse d'Ossuna me commanda son portrait, je n'éprouvais pas une joie plus grande qu'en touchant ce sou et ce petit pain blanc. grands bois et Je revoir reviens souvent mes « mes chers paysans de Dalécarlie, si beaux dansleurs costumes éclatants, et c'est au ' milieu d'eux, pour qui je suis toujours le petit berger d'autrefois, que je passe les heures les plus heureuses de ma vie. C'est pendant un de ces voyages, que j'ai sculpté, dans du bouleau, comme autrefois, le buste de ma vieille grand-mère... « N'est-ce pas que tout cela est touchant et méritait d'être conté ? Comme Giotto, notre jeune berger rencontra aussi son Cimabué, et après avoir appris à lire et à écrire à l'école de Mora, sa ville natale, Zorn entrait en 1877 à l'Académie royale des Beaux-Arts de Stockholm. Il y demeura quatre ans. Puis, avide d'étudier les chefs-d'oeuvre des grands maîtres anciens et modernes, il visite successivement la France, l'Espa' gne, l'Italie, la HoUande, la Belgique, l'Angleterre. Il séjourna quelques années à Londres et il qui joortraits plusieurs peignit y furent exjrosés à la Royal Academy et au Royal Institut of
painters in water colours. En 1884, il faisait un nouveau pèlerinage au musée du Prado, irrésistiblement attiré par VélasEspaPendant voyage en ce quez. gne, il exécuta à l'aquarelle les portraits de la duchesse d'Albe et de la duchesse d'Ossuna. Puis, les années suivantes, nous le Constantià Hongrie, voyons en
AU PIANO (Eau-forte.)
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ANDERS ZORN
Rassmussen (Eau-forte)
Colle.tion StrĂšlin.
L'ART ET LES ARTISTES nople, en Andalousie, en Algérie, au Maroc d'où il rapporte de merveilleuses aquarelles, toutes vibrantes de lumière... Nous voilà bien loin des sombres forêts de sapins et des petits moutons en bouleau teints du jus des myrtils... Jusqu'à cette époque (1887), Zorn n'avait jamais peint à l'huile. Son premier essai dans ce genre est le tableau qu'il exposa en 1888, sous ce titre : Pêcheur et qui ..figure maintenant au musée du Luxembourg. OEuvre délicieuse dans sa douce tonalité blonde et rose, et qui du premier coup conquit tous les suffrages des raffinés. Ce brillant succès encouragea l'artiste, et sans abandonner complètement l'aquarelle, où il excelle, il exécuta un grand nombre de remarquables portraits, de scènes de genre, principalement de baignades en plein air, où son pinceau agile et délicat, caressant et lumineux, faisait s'épanouir comme des fleurs les superbes chairs des blondes filles du Nord dans l'atmosphère ambrée des soleils mourants. Zorn adore ces deux motifs, la femme et la mer. Nous les
ETUDE DE NU (Eau-forte.)
retrouverons souvent associés dans son oeuvre, et il faut reconnaître que jamais pinceau ne sut mieux que le sien fixer d'une caresse rapide les fugitifs reflets des eaux et les frissons roses des peaux blanches et nacrées. Zorn est aujourd'hui célèbre dans le monde entier. Chacun de ses voyages en Amérique est pour lui l'occasion d'un éclatant triomphe. Les musées et les collections particulières du vieux et du nouveau monde se disputent ses oeuvres, et près de]la pauvre cabane qui abrita ses jeunes années et qu'il a précieusement conservée, s'élève au milieu des bruyères roses, encadrée de pins et de bouleaux, une superbe demeure où le grand artiste vient parfois, las de ses laborieuses campagnes à travers le monde, goûter quelques heures de glorieux repos. . En France, aussi bien qu'en Allemagne, en Angleterre et en Amérique, Zorn a ses fervents admira. teurs. L'exposition qui va s'ouvrir bientôt le dit assez, et on ne peut que féliciter le comité qui, présidé par M. Beurdeley, l'amateur d'art si connu, en a eu l'heureuse initiative. Une chose cependant nous inquiète. Nous craignons que le Comité, malgré toute son activité, ne puisse rassembler un nombre de toiles suffisant et qu'à la vue de ce trop modeste ensemble le public ne se fasse une très imparfaite opinion de l'oeuvre si considérable et si variée du grand artiste. N'oublions pas que c'est en Angleterre, en Allemagne et surtout en Amérique, où il a séjourné plusieurs années, que se trouve la majeure partie de ses peintures. Les collectionneurs de ces pays consentiront-ils à se dessaisir, pour un si long voyage, des pièces précieuses qui leur seront demandées ?. Souhaitons-le sans trop l'espérer... Nous serions néanmoins très surpris que, malgré les lacunes forcées, le visiteur de cette exposition pour qui l'art d'Anders Zorn fut jusqu'à cette heure une chose inconnue ne se retirât vivement impressionné par le bel accent de vie qui se dégage de chacune des toiles de cet artiste. Car ce; qui, par-dessus] tout, carac50
L'ART ET LES ARTISTES térise l'art de Zorn, c'est sa vie extraordinaire et la belle et généreuse facilité du métier. Son oeuvre est un véritable poème de joie et de lumière. Anders Zorn, superbe force de nature, semble peindre, avec la même sûreté instinctive que l'oiseau chante, que le vent souffle, que la mer déferle. Rien en cet art libre et franc de la précision fatigante, de nos lamentables pointillistes. Son pinceau, frère des pinceaux des Velasquez, des Goya, des Manet, des Sargent, se promène librement chargé de riche matière, et sous ses caresses somptueuses et prolongées, naissent comme les fleurs sous les rayons du soleil, les splendeurs lumineuses des formes nues, et les étincelantes profondeurs des ciels et des eaux. Sa puissance évocatrice n'est pas moins grande lorsqu'il cherche -à exprimer la figure humaine, « cet abîme », et j e sais des masques hermétiques, sortes d'énigmes faciales, que ce prodigieux artiste d'une acuité ,de vision presque unique, a su, après quelques courts instants d'intense observation, animer imperceptiblement de sortes de frissons et de reflets fugitifs où se révèle brusquement toute l'âme secrète, toute la pensée murée du mystérieux LA BAIGNEUSE
( Eau-forte )
modèle.
Et rien n'est plus singulièrement
contrastant que ces analyses psychologiques souvent impitoyables et définitivement écrites par un pinceau qui court en pleine pâte, étincelant, rapide, comme en se jouant. Mais si le Zorn. peintre. ;n'est pas représenté aux galeries Durand-Ruel, çomm.e il devrait l'être, si au lieu, de deux ou trois cents .toiles nous ne pouvons en admirer qu'une trentaine, le visiteur du moins connaîtra dans toute son étendue l'oeuvre du graveur. OEuvre extraordinaire, où les qualités natives du peintre, avec toute leur étincelante franchise se retrouvent, et où sous, le prolongement net et audacieux de la pointe, la vie naît, se développe, palpite comme sous, les larges et puis-
santes balafres du pinceau, toute baignée de lumière et d'ombre. Lumière d'or fluide, ombre mouvante. Rembrandt ! N'est-ce pas d'ailleurs à l'art de l'incomparable Génie de l'eau forte que s'apparente la maîtrise prestigieuse d'Anders Zorn, lorsque brusquement il échappe à la froide et sèche
ETUDE DE NU
(Eau-forte) 51
L'ART ET LES ARTISTES Depuis longtemps Zorn désirait faire ce portrait, mais il redoutait un refus, n'ignorant pas que l'illustre écrivain, très souffrant et désireux de conserver toutes les minutes de ses dernières heures à des oeuvres en cours, se refusait à toute pose, malgré les sollicitations les plus pressantes. Apprenant que mes relations avec. Ernest Renan étaient des plus amicales, il me supplia de lui la faveur d'obtenir jour de m'efforcer un qu'il ambitionnait depuis si longtemps. Et je partis en campagne... Ce fut d'abord un refus absolu, puis de longs pourparlers,. enfin un. gracieux consentement, mais à une condition toutefois : c'est que le modèle ne poserait qu'une seule fois et que la pose ne dépasserait pas une heure. Zorn ravi accepta la terrible condition, et le lendemain même il se présentait au Collège de France, muni simplement d'un crayon et d'une feuille blanche. Et voici à peu près le discours d'ouverture du peintre au modèle: prie d'ignorer que « Mon cher maître, je vous .
.
.
ETUDE DE FEMME (Une des premières eaux-fortes de Zorn.)
influence de Tissot, son premier maître, diraiton. Il plonge alors comme éperdu dans le rêve rembranesque, et il y vivra désormais. Qui oserait nier cette fraternité de génie après un examen des oeuvres des deux artistes? Et malgré cela qui oserait aussi. mettre en doute la singulière originalité du second malgré les effets indiscutables et persistants de la terrible et glorieuse ascendance. La Femme au piano, la Femme à la voilette, le Toast, la Femme à la cigarette, MTs Kip, Verlaine, Renan..., forment comme une suite du modernisme le plus frémissant aux splendides images de lumière et d'ombre, de Saskia, de Titus, de Lutnïa, de la Faiseuse de koucks..., etc. Une anecdote pour clore cette trop rapide étude. L'histoire de l'art en fera son profit. C'est grâce à notre intervention personnelle, que Zorn exécuta le superbe portrait de
MISS DANA D'après une peinture de AND. ZORN
Renan reproduit ici.
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L'ART ET LES ARTISTES
ENFANTS JOUANT (Aquarelle.)
je suis dans votre cabinet d'étude, près de vous. Vivez avec vos pensées sans vous préoccuper de ma présence, je m'engage à vous quitter dans une heure, mon oeuvre terminée. » Le prestigieux artiste tint parole. Au bout d'une heure, le magnifique portrait de Renan par Zorn était achevé, et c'est à peine si le grand écrivain, perdu tout entier dans le monde de ses rêves, ainsi que l'atteste l'expression, à la fois mélancolique et inquiète de son visage, s'aperçut de la présence de celui qui venait d'immortaliser ses traits. Rentré chez lui,
Zorn s'empressait
d'exécuter, d'après son
Collection de M. Ernest May.
crayon, la superbe eau-
forte qui demeure
comme un des plus remarquables spécimens de son oeuvre.
Un trait manquerait à cette esquisse d'Anders Zorn, si nous
n'ajoutions que le
peintre et le graveur se complètent d'un
statuaire de grand talent, qui ne se borne pas à sculpter dans le bois des vivantes figurines badigeonnées de jus de mûres et de myrtils... Il est aussi l'auteur de diverses
LA GRAND-MERE DE L ARTISTE
(Bois sculpté.)
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sculptures très appréciées et entre autres de la statue de Gustave Wasa, monument d'une très belle allure, qui se dresse en plein air, dans les campagnes mêmes où le héros dalécarlien appelait le
L'ART ET LES ARTISTES
Cl. Braun.
INTERIEUR Portraits de la grand'mèrej de la mère et de la soeur de l'artiste.
Cl. Braun.
PAYSANS DALECARLIENS SE RENDANT A L EGLISE
Collecïon de
il. 0-
H.
Collection StrOlhi.
ANDERS
Portrait de
IY1"e
ZORN
Rosita Mauri
(Aquarelle.)
L'ART ET LES ARTISTES peuple aux armes contre la domination danoise. L'histoire de ce monument est des plus piquantes. Peut-être aurons-nous l'occasion de la conter un
jour...
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ARMAND DAYOT.
I. Une nouvelle qui nous parvient au dernier moment calme nos appréhensions au ujet de l'exposition des peintures de Zorn dans les galeries Durand-Ruel, le 14 mai prochain. Le peintre y sera presqu'aussi richement représenté que le graveur. Le catalogue dont M. Henry Marcel écrira la préface, ne comprendra pas moins de cinquante toiles et aquarelles de la plus grande importance et par.
mi les peintures à l'huile nous pouvons déjà signaler lesportraits du roi Oscar de Suède et du prince Charles, prêtées par le musée de Stockholm, le Toast, dont Zorn a fait la superbe gravure reproduite dans cet article, puis des scènes de la vie rustique en Daléearlie, des portraits déjà célèbres, comme, ceux de Spuller, Faure, Coquelin Cadet, de Liljefors, etc.'^Le graveur sera représenté par cent cinquante épreuves de premier choix, et le sculpteur par cinq pièces du travail à la fois le plus fort et le plus précieux : la réduction en bronze de la statue de Gustave Wasa, nymphe et satyre (cire perdue), le buste de la grand'mère de l'artiste (bois), une admirable étude de femme nue (bois).
PORTRAIT D HOMME
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