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Tito, l’homme des siffle-vents

PORTRAIT TITO

L’HOMME DES SIFFLE-VENTS

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Il y a ceux qui découvrent les Landes pour la première fois et s’émerveillent, ceux qui y reviennent, qui ont succombé aux charmes de ce territoire unique et ceux qui y sont nés l’ont viscéralement attaché au coeur, aux tripes. Christophe Labadie, dit « Tito » est de ceux-là.

Né d’une génération de pêcheurs sur le lac de Léon, fils d’André Labadie, pêcheur, batelier et l’un des initiateurs du classement de la Réserve Naturelle du Courant d’Huchet, Tito a grandi sur l’eau, pêchant dès son plus jeune âge sur le lac et le courant, avant de devenir le plus jeune batelier sur le courant. Passionné par son pays, expert de sa nature et de son histoire, il partage son temps aujourd’hui entre la batellerie et ses missions pour l’ONF.

On l’a parfois un peu oublié, mais bien longtemps avant qu’il devienne un joyau touristique, le Courant d’Huchet et le lac de Léon furent d’abord une ressource qui faisait vivre des familles entières de pêcheurs, fournissant en poisson toute la région. De son père, de son grand-père, Tito a hérité de ce respect et cet amour du lac, du courant et la connaissance pointue du milieu naturel… Depuis qu’il pilotait sa galupe alors qu’il était haut comme trois pignes de pin jusqu’à aujourd’hui, toutes les activités qu’il a pratiqué ont toutes été intimement liées avec la nature, notre nature. S’il a mis en pause un moment son activité au sein des bateliers du Courant d’Huchet, après 22 ans passés derrière les avirons à guider des visiteurs dans les méandres de cette petite Amazonie, sa passion pour le partage et pour le courant et ses trésors naturels l’ont ramené sur l’eau. Il a aujourd’hui repris la pêche et poussant sa galupe sous la forêt tunnel, il fait découvrir aux visiteurs non seulement la richesse de la Réserve, de la nature landaise, mais aussi l’histoire de la batellerie du lac de Léon... son histoire. Tito, à la force des bras ou en gardien d’un savoir transmis par les anciens, est un passeur de traditions.

L’hiver, quand l’activité sur le lac et le courant est en pause, Tito devient l’homme des siffle-vents. Il entretient la dune, la préserve pour qu’elle conserve son action de protection des terres. Un travail harassant, perpétuel qui reste en harmonie avec la nature, sa nature. Les siffle-vents, ce sont ces échancrures, ces déchirures dans les dunes. Des failles créées dans le sable souvent par le passage des usagers des plages qui n’ont pas conscience des conséquences de leur piétinement… En écrasant les oyats destinés à fixer le sable et déstabilisant la dune, ils créent la première blessure dans ces remparts édifiés par l’homme pour protéger les villages de l’envahissement des sables. Ce passage qui se forme dans la dune est un sifflevent… En s’engouffrant dans ce petit canyon, le vent emporte des quantités phénoménales de sable et, si rien n’est fait, la dune entière se déplace vers l’intérieur des terres.

L’une des missions de Tito pour l’ONF est de lutter contre ces siffle-vents. Il dispose pour cela uniquement de moyens naturels qui doivent être installés manuellement ; couverture de branchages de pin pour piéger le sable, branches de genêts pour protéger le haut des dunes, pose de ganivelles pour couper le vent et forcer la dépose du sable à l’arrière de cellesci, plantation d’oyats… les armes de lutte contre l’avancée des dunes semblent dérisoires, elles sont pourtant efficaces si on emprunte les passages indiqués tout en évitant d’utiliser les branches de pins protectrices pour un feu de camp improvisé sur la plage !… Oui, ça s’est vu…. A la force des bras, accroché à la dune, seul face à l’océan, c’est un travail titanesque qu’accomplit Tito chaque jour. Un travail harassant et sans cesse renouvelé, mais un travail capital qui, à chaque branche couchée sur la dune, à chaque genêt planté dans le sable, protège un peu plus le milieu naturel unique de notre territoire. Transmettre et protéger… bien plus que des mots pour Tito, une mission mise en oeuvre concrètement, chaque jour, sur l’eau comme sur le sable.

Born into a fishing family on the Lac de Léon, Tito grew up on the water, fishing from an early age on the lake and in the river, before becoming the youngest bargeman on the Courant. Passionate about his homeland and an expert in its nature and history, he now divides his time between barging and his missions for the ONF, for whom he works to combat the erosion of the dunes.

Nacido de una generación de pescadores en el lago de León, Tito creció en el agua, pescando desde muy joven en el lago y el courant, antes de convertirse en el barquero más joven del courant. Es un apasionado de su región, experto en su naturaleza e historia. Hoy en día divide su tiempo entre la industria naviera y sus misiones para la ONF, para la que lucha contra la erosión de las dunas.

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