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PROMENONS-NOUS dans les bois
Un espace PRIVÉ MAIS OUVERT une implantation artificielle mais des essences endémiques, une exploitation industrielle mais UN ENVIRONNEMENT NATUREL, le massif landais s’offre à vous
dans toutes ses contradictions.
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Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi les Landes, dont le nom signifie « étendue de terre où ne poussent que des herbes basses et des arbustes », abritent en fait une des plus grandes forêts d’exploitation d’Europe, avec des arbres de plus de 30 m de haut ?
La raison en est simple : avant les pins, il y avait... de la lande ! Et ce changement est plus récent qu’on ne le pense. On connaît même précisément la date de naissance du massif gascon : le 19 juin 1857
UN PEU D’HISTOIRE ///// /////
Le papa s’appelle Napoléon III et le parrain Nicolas Brémontier. C’est en effet sur les conseils de cet ingénieur des Ponts et Chaussées que l’empereur décide de faire massivement planter des pins maritimes, dans ce qui est considéré comme un « désert ». De fait, le territoire est majoritairement couvert de zones marécageuses en son centre, et menacé par l’avancée des dunes sur le littoral. On y trouve que quelques villages épars, vivant de l’agropastoralisme. C’est l’époque des tchancayres, ces bergers montés sur échasses, pour surveiller leurs troupeaux de moutons par-dessus la végétation rase.
Le pin maritime (pinus pinaster) va tout changer. Il va permettre de fixer les dunes, d’assécher les zones marécageuses (on y attrapait d’ailleurs le paludisme – du latin palus, marais !), et surtout, il va doter cette région misérable d’un véritable potentiel économique, grâce à l’exploitation de la résine de pin. Pendant plus d’un siècle, le « gemayre * » (gemmeur) va arpenter la forêt, avec son « hapchot** » pour récolter le précieux suc, dont l’industrie naissante va extraire la colophane et la térébenthine. Mais attention, si son implantation massive est récente, le pin maritime est une espèce endémique. Il fait partie des essences que l’on trouve dans la forêt mixte originelle, qui comporte aussi des feuillus, dont les chênes pédonculés, tauzin ou lièges.
* Gemmeur, gemayre : c’est le nom de la personne qui récoltait de la résine.
** Hapchot : outil pour inciser l’écorce des pins pour faire couler la résine.
Le gemmage a progressivement décliné, au profit de pays à la main-d’œuvre moins chère, et de résine venant du Portugal ou de Chine. Cependant, aujourd’hui encore, la forêt est toujours exploitée pour la « chimie verte », comme en témoigne le site de DRT (Dérivés Résiniques et Terpéniques) à Vielle-Saint-Girons. Les arbres locaux sont usinés dans les nombreuses scieries du territoire pour fournir du bois de construction ou d’ameublement. La forêt landaise a modelé le territoire qu’elle occupe à présent sur un million d’hectares. Le développement démographique, historique, culturel et économique – et même le nom ! – de Côte Landes Nature portent son empreinte. Elle n’est pas seulement un de ses atouts touristiques et écologiques : elle est sa substance même.