ARMÉNIE
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Novembre 2014 HORLOGERIE MEXICO BAVIÈRE
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ArmĂŠnie mot Ă mot
“Tsaved tanem !”
Cette expression, utilisée à tout crin, serait l’équivalent du français «ça va», mais au sens littéral, elle se traduit plutôt par «je prends ta peine». Une expression qui transcrit bien l’état d’esprit altruiste des Arméniens. Et si le voyage dans ce pays grand comme la Belgique vaut le détour pour sa beauté, il vaut sans doute davantage encore pour l’âme de ses habitants. Selon Nazareth Karoyan, critique d’art et figure de la scène artistique, les Arméniens chérissent tellement la liberté individuelle qu’ils montrent le plus grand respect face au comportement et à la façon d’être d’autrui. C’est donc entendu, bienvenue en Arménie. Armenia: rock of ages “Tsaved tanem!” This ubiquitous
expression is the equivalent of “how are you?” in English, but literally, it’s more like “I’ll take your pain.” The expression is a reflection of the altruistic spirit of the Armenians. While this country the size of Belgium is worth visiting for its beauty, it is even more so for the soul of its people. According to art critic and curator Nazareth Karoyan, a leading figure on the art scene, Armenians value individual freedom so highly that they demonstrate the utmost respect for other people’s behavior and personalities. And so it goes without saying: welcome to Armenia. TEXTE Raphaël Feuillâtre PHOTO ET ILLUSTRATION Artus de Lavilléon 159
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Centre de la culture spirituelle arménienne, c’est l’un des plus riches dépôts de manuscrits et documents au monde. Y sont préservés et étudiés près de 18 000 ouvrages (dont de nombreux palimpsestes et un incunable) en arménien, grec, latin, syriaque, arabe, perse, hébreu ou éthiopien, traitant aussi bien de religion que des trivium et quadrivium de philosophie, de médecine, d’histoire ou de poésie (Grigor Narekatsi). On y trouve également des traductions arméniennes d’œuvres perdues, comme la Chronique d’Eusèbe de Césarée ou les traductions des écrits de Philon d’Alexandrie. Cet intérêt pour les livres s’est accéléré au Ve siècle, celui de Mesrop Machtots, créateur de l’alphabet arménien. De grandes bibliothèques voient alors le jour et s’enrichissent au fil des siècles grâce à la traduction et à la copie. L’histoire complexe du pays a vu nombre d’ouvrages détruits ou dispersés, mais il s’est toujours trouvé quelqu’un pour sauvegarder le patrimoine. L’Homéliaire de Mouch, livre de 600 pages en peau de mouton et pesant 27 kg, a ainsi été protégé en 1915 par deux sœurs vivant dans l’est de la Turquie, qui se le partagèrent pour faciliter son rapatriement. Restaurateurs et savants ne manquent pas de travail, mais se consacrent aussi à de drôles d’expériences : l’un d’eux a déchiffré un texte crypté du XIe siècle et redécouvert les recettes d’un antique tord-boyaux et d’une huile de soins royaux à base d’une cochenille très rare. Il en produit depuis quelques fioles vendues dans la boutique du centre. Matenadaran The Mesrop Mashtots Matenadaran, a center of spiritual culture in Armenia, is one of the world’s richest repositories of manuscripts and documents. Nearly 18,000 books (including many palimpsests and incunabula) in Armenian, Greek, Latin, Syriac, Arabic, Persian, Hebrew and Ethiopian are housed and studied here, on subjects ranging from religion, the trivium and the quadrivium to philosophy, medicine, history and poetry (Gregory of Narek), as are Armenian translations of lost works, such as The Chronicon by Eusebius of Caesarea and translations of texts by Philo of Alexandria. The interest in books 160
grew in the 5th century, when Mesrop Mashtots invented the Armenian alphabet. Large libraries sprang up and were enriched over the centuries by the translation and copying of texts. Many works were destroyed or dispersed throughout the country’s complex history, yet someone always stepped in to preserve this cultural heritage. The Homilies of Mush, a book with 600 sheepskin pages weighing 27 kg, was rescued in 1915 by two sisters living in eastern Turkey, who split it in two to facilitate its repatriation. Scholars and conservators are never short of work, yet are involved in some rather strange experiences: one of them deciphered an encrypted 11th-century text and discovered ancient recipes for rotgut and a royal oil treatment derived from a very rare cochineal. A few vials of it have been produced and are on sale in the center’s shop.
Fondation Matenadaran, l’une des plus riches bibliothèques du monde, dont le fonds regorge de manuscrits datant de l’Antiquité. The Matenadaran Foundation, one of the world’s richest libraries, whose collection includes many manuscripts dating back to antiquity.
D’Alexandre le Grand aux Romains, des Mongols aux Arabes, de l’Empire ottoman à l’empire soviétique, l’histoire de l’Arménie a sans cesse été traversée par les envahisseurs. Avec pour effet de renforcer son identité autour de son alphabet si particulier et de certains symboles. Dans ce pays où la foi est prégnante, le mont Ararat, aujourd’hui à la frontière turque, figure sur les armoiries du pays, et est l’un de ses signes les plus forts. L’Ancien Testament raconte que c’est à son sommet que l’arche de Noé s’est échouée après le Déluge et a patienté pendant la décrue des eaux – récit que l’on retrouve dans la tradition coranique, Kuh-e-Nuh, signifiant en persan «montagne de Noé». Volcan aux neiges éternelles, toujours actif, il s’élève à plus de 5 100 m d’altitude et est visible, comme son petit frère – le petit Ararat –, dès l’aéroport d’Erevan. Son image se retrouve aussi sur le plus fameux brandy arménien, dont Churchill se serait plu à dire qu’il n’avait rien à envier aux cognacs français. Ararat From Alexander the Great to the Romans, the Mongols to the Arabs, and the Ottoman empire to the Soviet empire, Armenia has constantly been a battlefield for many invaders. In response, it has consolidated its identity through its distinctive alphabet, as well as certain symbols. In a country where faith is a powerful force, Mount Ararat, standing on today’s border with Turkey, is depicted on the national coat of arms and is one of the most potent symbols. According to the Old Testament, Noah’s Ark ran aground at its peak and waited for the waters to recede after the flood—a story found in the Koranic tradition, Kuh-e-Nuh in Persian, meaning Mountain of Noah. A snow-capped volcano that is still active, it rises over 5,100 meters above sea level and is visible from the Yerevan airport, as is its little brother, Lesser Ararat. Its image also adorns the most famous Armenian brandy, which Sir Winston Churchill is said to have compared to the finest French cognac.
Orgues basaltiques de Garni. Champ de khatchkars à Noratous, stèles votives gravées, typiques de l’art arménien. Cheminées de fées, à Goris. Monastère de Tatev, bâti entre les Xe et le XIIIe siècles. Basalt columns at Garni. A field of khachkars at Noratus, engraved votive stelae, typical of Armenian art. Rock formations, Goris Tatev Monastery, built between the 10th and 13th centuries.
Sanctuaire de Noravank, près d’Eghegnadzor. Noravank Monastery, near Yeghegnadzor.
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C’est l’un des surnoms du pays. Les Arméniens aiment à l’expliquer par l’excédent de roches laissé là par Dieu, une fois qu’il eut bâti le monde. Entre les volcans, les montagnes, les gorges et les vallées, mieux vaut ne pas oublier d’emporter de bonnes chaussures, car les occasions de longues promenades, de pique-niques ou de coriaces trekkings sont innombrables. Les plus paresseux auront aussi tout leur content de panoramas. Goris, charmante ville dans le sud du pays, est dominée par de magnifiques demoiselles coiffées. À 5 km de là, c’est un paysage féerique de versants parsemés de ces tours de pierre qui servaient autrefois de refuge aux villageois et désormais de logis pour les vaches. À l’est d’Erevan, Garni permet de très belles balades en baskets ou en espadrilles dans un défilé rocheux que longe une rivière. Les surprenantes parois d’orgues basaltiques, aux faux airs de Forteresse de Solitude si chère à Superman, sont appelées ici «symphonie de pierres». Land of Rock When explaining this nickname for their country, Armenians like to say that it was excess rock left there by God after he created the world. Be sure to bring good shoes, what with the volcanoes, mountains, gorges and valleys—there are countless opportunities for long walks, picnics and strenuous trekking. Those with a lazier bent can also get their share of panoramic views. Goris, a charming town in southern Armenia, is filled with magnificent rock formations. Five kilometers away lies a magical landscape of slopes dotted with stone towers that once served as refuges for villagers and are now home to cattle. Garni, east of Yerevan, offers wonderful easy hikes (in sneakers or espadrilles) in a rocky gorge running along a river. The startling cliff walls of basalt columns here, which are vaguely reminiscent of Superman’s Fortress of Solitude, are known as the “Symphony of Stones.”
Sur la route entre Tatev et Karahunj, au sud du pays. On the road between Tatev and Karahunj, in the south of the country.
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Dans une lande désertique à côté de la route qui conduit vers Goris, des monolithes massifs de taille variable semblent tout simplement et bizarrement posés. Nombre d’entre eux sont curieusement percés de part en part d’un trou d’environ 5 cm de diamètre orienté vers le ciel. Leur ordonnancement ne serait pas anarchique, mais le résultat de savants calculs pour permettre la lecture des astres, plus probablement la course de la lune. Remontant à plus de deux mille ans avant notre ère, le site astronomique de Karahunj (ou Zorats Karer) est fascinant. Parce qu’il impose l’humilité à ses très rares visiteurs devant le désir de connaissance de ses fondateurs (allez donc mouvoir des blocs de plusieurs tonnes à seule fin de s’inquiéter si la Terre tourne !). Et en dépit de ses airs de bout du monde, il se dégage de l’endroit une sérénité immense.
Coupole de l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul, monastère de Tatev. Cupola of the church of Saint Peter and Saint Paul, Tatev Monastery.
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Stargazing In a barren moor on the road leading to Goris, massive monoliths of varying sizes seem oddly placed here and there. Curiously enough, many are pierced through by a 5-cm hole angling up toward the sky. Their layout is not random or anarchic, but the result of complex calculations to allow for astronomical observations, most likely the path of the moon. Dating back to before the second millennium BC, the astronomical site of Karahunj, also known as Zorats Karer, is simply fascinating. It is a truly humbling experience to contemplate its founders’ thirst for knowledge (just try and move blocks weighing
Mégalithes de l’observatoire astronomique de Zorats Karer ou Karahunj. Megaliths at the Zorats Karer or Karahunj astronomical observatory.
several tons to corroborate that the Earth is rotating!). And despite looking like some remote and forsaken place, the site is steeped in great serenity.
Ces stèles de pierre gravées de forme rectangulaire sont spécifiques au pays. Encastrées dans le mur des monastères et des églises, parfois rupestres, elles sont le plus souvent dressées à même le sol. Leur fonction peut être votive, commémorative, voire conjuratoire. Construites depuis le IXe siècle, de taille humaine, même si certaines atteignent plusieurs mètres, leur sommet est souvent arrondi et recourbé. Sur leur face orientée vers l’ouest figurent divers symboles : croix chrétienne, arbre de vie, soleil, grenade... Les gens fortunés faisaient sculpter des bribes de leur vie ou des indices sur leur profession, telles des scènes de danse, de bataille à cheval, un arc ou une partie de pêche. Noratous, tout proche du lac Sevan, est l’un des plus beaux endroits où les admirer. On y déambule librement autour de centaines de khatchkars projetant leur silhouette voûtée sur la colline. Khachkars These engraved rectangular stone stelae are unique to Armenia. Some are built into the walls of monasteries and churches, as well as cave dwellings, but most are freestanding. Their function may be votive, commemorative or even exorcistic in nature. The first khachkars were built in the 9th century and are as tall as a person, on occasion standing several meters high, and they often have rounded tops. The side facing west can feature a variety of symbols, such as a Christian cross, a tree of life, a sun or a pomegranate. Wealthy people had scenes from their lives or aspects of their work engraved on them, such as dance scenes, riding into battle, a bow or a fishing expedition. Noratus, near Lake Sevan, is one of the most beautiful places to see them. Wander freely around hundreds of khachkars, their curved silhouettes standing out against the hillside.
Ils ont essaimé dans tout le pays et leur architecture remarquable de simplicité est servie par les cadres où ils sont bâtis, des sites somptueux qui nécessitent parfois une longue marche avant d’y accéder. Les trois monastères suivants sont à portée de chacun : Noravank, planté au cœur d’un défilé rocheux, est quasi invisible l’été, sa pierre rouge se fondant dans les hautes falaises qui l’entourent. Momik, sculpteur du XIVe siècle, y a laissé sa patte. Plus au sud, Tatev est desservi par le plus long téléphérique au monde, mais par la route, le belvédère mérite un arrêt. Du petit kiosque au bout de l’arête rocheuse, le regard embrasse toute la vallée depuis une hauteur vertigineuse. Le complexe de Geghard est constitué de quatre églises, en partie troglodytes, bâties à différentes époques. De nombreuses cellules creusées çà et là dans la montagne servaient de logis spartiates aux hommes de foi. En surplomb, taillé dans la roche, un vaste jamatoun à la résonance pure sublime les chants qui parviennent aux salles sises dessous grâce aux conduits percés dans les parois. Monasteries They spread throughout the country and their remarkable yet simple architecture is enhanced by their sumptuous sites, which sometimes require long walks to reach them. The three following monasteries are within range of one another: Noravank, set in the heart of a rocky gorge, is nearly invisible in summer, its red stone blending into the high surrounding cliffs. The 14th-century sculptor Momik left his mark there. Farther south, Tatev is accessed via the world’s longest cableway; by road, the panoramic viewpoint is definitely worth a stop. The Geghard monastery complex consists of four churches, built at different times, that are partially carved into the rock. Numerous cells dug here and there in the mountain served as somewhat austere dwellings for the monks. A large jamatun (chapter house) carved into the rock creates extraordinary acoustics for the chants coming from the rooms below, through pipes dug into the walls.
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Quand la route se faisait à pied ou à cheval, l’Arménie, coincée entre la Géorgie, l’Azerbaïdjan, l’Iran et la Turquie, était une terre de passage obligé des marchands et des voyageurs. Entre la ville de Martouni d’un côté et celle d’Eghegnadzor de l’autre, le périple n’est pas des plus désagréables et les fondateurs du caravansérail du col de Sélim ne s’y sont pas trompés. La route qui conduit à ce bâtiment du XIVe siècle, stratégiquement situé et construit pour sécuriser les marchandises tout en reposant les montures des routiers de l’époque, offre une vue magnifique sur la chaîne montagneuse. En redescendant vers Eghegnadzor, on 168
aperçoit de temps à autre les pierres de vieux ponts, vestiges de l’ancienne voie. Aujourd’hui encore, le caravansérail est une halte rituelle pour les Arméniens qui transitent d’une vallée à l’autre. Sachant cela, mieux vaut éviter de déjeuner avant de s’y arrêter : les gens de passage ont coutume de partager dolma, agneau et vodka avec les voyageurs. Caravanserai When travel was by foot or on horseback, Armenia, sandwiched between Georgia, Azerbaijan, Iran and Turkey, was a crossroads for merchants and travelers. From the town of Martuni to Yeghegnadzor, the journey is anything
but unpleasant and the founders of the Selim Caravanserai (now known as Orbelian’s Caravanserai) chose a prime location. The road leading to the 14thcentury building, built to ensure the safety of goods while accommodating journeymen’s mounts, offers a magnificent view of the mountain range. Heading back down to Yeghegnadzor, you occasionally see the stones of old bridges, remnants of the ancient road. Today, the caravanserai is a ritual stopover for Armenians traveling from one valley to another. People passing through customarily share dolma, lamb and vodka with other travelers.
Sans accès direct à la mer, les Arméniens se consolent avec le lac Sevan. Serti entre de hautes montagnes, la perle d’Arménie est l’un des plus vieux lacs d’altitude au monde. Approvisionné par l’eau de près de trente rivières, il s’étend sur 75 km de long et 56 km de large. Depuis quelques années, il fait l’objet de beaucoup d’attentions de la part des autorités, soucieuses de préserver la qualité de ses eaux et les nombreuses espèces de poissons, parfois très rares, qui y vivent. Sa biodiversité a été mise à mal du fait d’un pompage trop important jusqu’au milieu des années 1960, mais sa flore, qui demeure très riche, et ses rives sablonneuses en font un lieu de villégiature très prisé. On y pratique le ski nautique, les randonnées à vélo, la baignade, ainsi que des croisières en yachts à voile et catamarans. A patch of sky on Earth Lacking direct access to the sea, Armenians make do with Lake Sevan. Set between high mountains, the pearl of Armenia is one of the world’s oldest mountain lakes. Fed by water from nearly 30 rivers, it is 75 km long and 56 km wide. In recent years, it has been the focus of much attention from the authorities, anxious to preserve the water quality and the many indigenous fish species, some of which are extremely rare. Biodiversity suffered from over-pumping until the mid-1960s, but its flora, which is still very rich, and its sandy shores make it a popular holiday resort. There is waterskiing, bike-riding, swimming and cruises aboard sailing yachts and catamarans.
Rives du lac Sevan, au cœur de l’Arménie. The shores of Lake Sevan, in the heart of Armenia.
La virtuosité des artisans orfèvres arméniens est mondialement reconnue. À Erevan, il existe d’ailleurs un étonnant endroit appelé Voski Chuga, le marché de l’or, situé à quelques encablures de la splendide place de la République. Dans un bâtiment sans éclat, le rez-de-chaussée et le premier étage fourmillent de dizaines de petits stands de bijoux. Il y en a pour tous les goûts : des petites bagues d’or ou d’argent discrètement incrustées de diamants aux montures extravagantes où se bousculent les émeraudes et les rubis. Les étals sont essentiellement tenus par des femmes, certaines à la posture hiératique, d’autres hautes en couleur, quelques hommes à la mine grave assurant la sécurité. Au deuxième étage, un dédale de minuscules ateliers regroupe les établis des fondeurs, des sertisseurs et des orfèvres. Pour un peu plus d’intimité, les bijouteries ne manquent pas dans les rues Abovyan ou Tumanyan, voire au Dalma, un grand mall construit en bordure de la ville avec une salle spacieuse dédiée à la joaillerie. Vosku Shuka The virtuosity of Armenian artisan goldsmiths is recognized worldwide. An amazing place in Yerevan is Vosku Shuka, the gold market, located a short distance from the beautiful Republic Square. Inside a rather nondescript building, the ground and first floors are filled with dozens of small jewelry stands. There’s something for everyone, from small rings of gold or silver discreetly inlaid with diamonds to elaborate settings with emeralds and rubies. The stalls are mostly run by women, some striking a solemn pose, others more flamboyant, while a few men with very serious expressions ensure security. On the second floor, a maze of tiny workshops is home to casters, setters and goldsmiths. For a more intimate atmosphere, stroll among the numerous jewelers’ shops in Abovyan and Tumanyan streets, and at Dalma, a large mall built on the edge of town with a spacious room devoted to jewelry.
Ce n’est pas en Arménie que les gens rechignent à passer à table. Et pour cause ! Légumes succulents, frais et croquants, arbres des vergers ployant sous les variétés de prunes, abricots, cerises, grenades... comme autant de rubis et d’or. Et l’eau à la bouche, qui vient si facilement grâce au fumet des fameuses grillades ou khorovats. La viande cuisinée en brochettes est une institution savoureuse depuis des milliers d’années. Certains khatchkars en portent la preuve gravée : des traits horizontaux figurent les brochettes de porc, d’agneau, de bœuf ou de poissons, cuites au barbecue de pierre, de métal ou dans le tonir (four traditionnel en argile). Cette grosse jarre, souvent enfoncée dans la terre, sert aussi à la cuisson du lavash, le pain local. En accompagnement, des dolma (farce enroulée dans des feuilles de vigne ou de choux), des ghapama (citrouille farcie), des soupes et moult variétés de caviar d’aubergines, aux saveurs de citron, d’ail, d’oignon, de thym, basilic, persil, estragon, paprika, cumin, coriandre, huile de noix... Khorovats Armenia is certainly not a place where people are reluctant to come to the table. And for good reason! Vegetables are fresh, crisp and succulent; trees bend under the weight of plums, apricots, cherries and pomegranates like delicate rubies and gold. Your mouth will water as soon as you smell the famous khorovats, meat grilled on skewers. A delicious institution for thousands of years, they can be seen on certain khachkars, whose engraved motifs include horizontal lines depicting skewers of pork, lamb, beef or fish, cooked on stone or iron barbecues or in tonir (traditional clay ovens). These large jars, often dug into the earth, are also used to bake lavash, a local bread that is served with dolma (stuffed grape or cabbage leaves), ghapama (stuffed pumpkin), soup and many varieties of baba ghanoush (eggplant dip), flavored with lemon, garlic, onion, thyme, basil, parsley, tarragon, paprika, cumin, coriander or walnut oil. 169
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Armenia Marriott Hotel Hôtel historique d’Erevan, il est l’œuvre de l’architecte Mark Grigorian. Sa partie centrale fut construite en 1954. Il fut longtemps le seul établissement touristique de la ville et l’unique lieu de réception des hommes d’État et des personnalités en visite. La literie king size fit son apparition suite à la visite de Charles Aznavour, en 1960, qui craignait de tomber de son lit. Il est vrai qu’à l’époque la dimension et les équipements des chambres étaient on ne peut plus spartiates. Ce n’est qu’après la fin du bloc soviétique et le rachat de l’hôtel en 1998 par la chaîne Marriott que celui-ci acquiert son standing de luxe sans rien renier de son classicisme. Tout est alors mis en œuvre pour satisfaire une clientèle exigeante : room service, salle de fitness et de conférence, bar, Wi-Fi et personnel aux petits soins. En soixante ans d’existence, cet hôtel, classé monument historique, n’a jamais fermé ses portes. Armenia Marriott Hotel Yerevan’s historic hotel is the work of architect Mark Grigorian. Its central section was built in 1954, and it was long the city’s sole tourist facility, and the only place for receiving visiting statesmen and celebrities. The kingsize beds were introduced after the singer Charles Aznavour’s visit in 1960 (he was afraid he’d fall out of bed). At the time, the rooms were small and lacking in amenities. It was only after the collapse of the Soviet bloc and the Marriott chain’s purchase of the hotel in 1998 that it acquired its luxury standing while retaining its classicism. Everything has been designed to satisfy demanding customers: room service, fitness center and conference facilities, bar, Wi-Fi and attentive staff. This hotel, housed in a listed building, has been welcoming guests without interruption for 60 years. ARMENIA MARRIOTT HOTEL 1 Amiryan Street.
Tél. +374 10 59 90 00. www.marriott.com 170
* Heure universelle
Les maîtres horlogers de « La Fabrique du Temps Louis Vuitton » ont capturé les 24 fuseaux horaires sur un cadran-palette inédit, peint à la main et inspiré des plus grandes villes du monde. Les heures défilent alors que la flèche jaune, elle, reste immobile.
ESCALE WORLDTIME*. LE MONDE EST COULEURS.