
23 minute read
LE SUKUK IJARA EXPLIQUE SIMPLEMENT
Les Sukuk sont souvent décrits comme l'équivalent islamique des obligations.
Cependant, contrairement aux obligations conventionnelles qui sont basées sur la dette et les paiements d'intérêts, les Sukuk sont structurés autour de la propriété d'actifs réels ou de l'usage d'un service, et des flux de trésorerie générés par ces actifs ou services.
Advertisement
Essentiel Savoir Sur Le Fonctionnement Du Sukuk
IJARA
Ijara : Ijara, qui signifie littéralement "location" ou "bail", est une forme de contrat de location dans lequel un bailleur (le propriétaire de l'actif) loue un actif à un preneur (locataire) en échange de paiements d’un loyer. Actif sous-jacent
Le Sukuk Ijara est adossé à un actif tangible, comme un immeuble, un véhicule ou une machine.
Structure de transaction
L'entité émettrice met en place une entité Ad Hoc (généralement une SPVSpecial Purpose Vehicle) qui agira au nom des détenteurs des sukuk et gèrera l’émission du sukuk.
Cette dernière achète l'actif transmettant ainsi le droit de propriété (asset-backed sukuk) ou le droit de l’usufruit de l’actif (asset-based sukuk) aux détenteurs de Sukuk.
Après le transfert de propriété aux investisseurs, l’actif est loué à l’émetteur.
L’émetteur/preneur paie des loyers périodiques à la SPV, qui, à son tour, les distribue aux détenteurs de Sukuk. Rôle de la SPV La SPV agit comme intermédiaire, acquérant l'actif et émettant des Sukuk pour financer l'achat. Les revenus locatifs générés par l'actif sont utilisés pour effectuer les paiements aux investisseurs.
Retour sur investissement
Les détenteurs de Sukuk reçoivent des revenus locatifs réguliers pendant la durée du bail, reflétant le rendement de leur investissement.
Fin du contrat
À la fin du contrat de location, selon les termes spécifiques du Sukuk, l'actif peut être vendu, retourné à l'émetteur ou le contrat de location peut être renouvelé. Le mode de disposition de l'actif est généralement déterminé à l'avance dans les termes du contrat contenus dans la note d’information.
▪ Émetteur: The RSA
Domestic Sukuk Trustee (RF) Pty Ltd
▪ Donneur d’ordre/émetteur : République d'Afrique du Sud
▪ Structure : Sukuk Al Ijara
▪ Durée : 5 ans, 7 ans, 10 ans, 12 ans
▪ Date d'adjudication : 12 octobre 2023
▪ Règlement : 17 octobre 2023 (t+3)
▪ Cotation : Bourse de Johannesburg
Les actifs sous-jacents pour le Sukuk comprennent des réserves d'eau telles que des canaux, barrages, pipelines et installations de traitement de l'eau, approuvés par le Ministre de l'Eau et de l'Assainissement. Cette approche illustre l'utilisation innovante par l’Afrique du Sud d'actifs nationaux pour la structuration financière, garantissant la conformité avec les principes de la charia.

L'émission de Sukuk en 2023 n'est pas seulement une manœuvre financière, mais une initiative stratégique aux implications plus larges.

Stratégie fiscale :
Face à un déficit d'empruntde 2,6 milliards de dollars pour l'année fiscale 2023, le Sukuk offre une voie innovante pour combler les pressions financières sans exacerber les charges de la dette extérieure.
Développement du marché
En introduisant le premier Sukuk Al Ijara coté en monnaie locale, l’Afrique du Sud établit un repère sur le marché local, pouvant catalyser d'autres émissions de Sukuk et encourager d'autres entités à envisager des instruments conformes à la charia y compris les entreprises d'État (States Owned Corporates, SOCs) ayant des besoins de financement importants.
Ce qui devrait stimuler la croissance des Actifs Sous Gestion (AUM) du marché de la banque islamique en Afrique du Sud. En juin 2023, les dépôts islamiques avaient montré un Taux de Croissance Annuel (CAGR) de 13,9 %, dépassant le taux de croissance des prêts conventionnels.
Référentiel pour les prochaines émissions
Il existe un écart notable sur les marchés de capitaux sudafricains pour les produits conformes à la Charia. Les opportunités d'investissement limitées dans ce segment contrastent avec des fonds disponibles, en attente d’alternatives d'investissement conformes à la charia. Le Sukuk Al Ijara de l’Afrique du Sud vise à combler ce manque. Cette émission, étant le premier Sukuk Al Ijara coté par l’Afrique du Sud, est prête à établir un point de référence pour les cadres structurels et de prix pour les futurs émetteurs.
Diversification des sources de financement
L'émission de Sukuk s'aligne sur l'objectif de l’Afrique du Sud de diversifier sa base d'investisseurs et ses stratégies de financement, crucial dans une ère d'incertitudes économiques et de taux d'intérêt mondiaux fluctuants. Les fonds conformes à la charia ont montré une forte croissance au fil des ans mais ont été confrontés à des produits d'investissement limités.

Action en faveur du développement de la finance islamique
Cette émission devrait consolider la croissance de la banque islamique en Afrique du Sud, avec une hausse notable des dépôts islamiques et des actifs sous gestion. L'émission du Sukuk Al Ijara devrait ouvrir la voie à de futurs instruments financiers conformes à la Charia en Afrique du Sud et au-delà. Elle représente une avancée dans le parcours de l’Afrique du Sud vers un écosystème financier inclusif et diversifié, en résonance avec les tendances mondiales de la finance islamique. La taille du marché mondial des sukuk a atteint 850 milliards de dollars à la fin de 2023 selon un rapport de Fitch Ratings, progressant de 10,3 % en glissement annuel malgré diverses volatilités et instabilités géopolitiques. Le marché devrait dépasser les 1000 milliards d'USD à moyen terme. Selon S&P Global Ratings, les émissions mondiales de sukuk pour l’année 2024 devraient se situer entre 160 et 170 milliards de dollars.
Stratégie
Business Development Market Intelligence Organisation

Ingénierie Financière
Finance Islamique
Financement de Projets
Gestion des Projets
Technologies Financières Systèmes d'information
Data Analytics
Développement de Produits



Attahiru Maccido est formateur et consultant en banque et finance islamiques, avec une spécialisation en marché des capitaux islamiques. Exerçant pour le compte de Buraq Capital, il a conseillé le FGN/DMO (le Gouvernement Fédéral du Nigéria/Bureau de Gestion de la Dette l) sur les émissions de Sukuk de 2017 et 2018. Il a été le premier PDG de Lotus Financial Services Ltd, une filiale de Lotus Capital Limited - un gestionnaire de fonds en finance islamique. Attahiru a également été directeur Région Nord de Lotus Capital Ltd (du Nigéria). Durant son passage chez Lotus Capital, Attahiru a laissé son empreinte non seulement sur l'entreprise, mais aussi sur le secteur de la finance islamique au Nigéria. Il a joué un rôle déterminant dans la structuration du premier Sukuk Al-Istisna privé nigérian émis par Lotus Capital en 2010. Il a également développé et géré le premier indice Lotus Islamic Equity Index de 2009 à 2012. L'indice s'est muté en "NSE Lotus Capital Islamic Index - NSE LC II" lorsque la Nigerian Stock Exchange (Bourse du Nigéria) s'est associée à Lotus

Capital pour gérer l'indice. Il a également structuré un Ijara Sukuk pour le gouvernement de l'État d'Osun, le premier Sukuk public émis au Nigéria, lequel a été primé par le prix Africa Deal of the Year lors des Islamic Finance News (IFN) Awards, 2013 à Dubaï. Il a par ailleurs travaillé à la Securities and Exchange Commission (SEC) de 2002 à 2006.
M. Maccido a été membre du comité technique constitué par le comité de pilotage sur la finance alternative, composé de la Banque centrale du Nigeria, de la SEC, de la DMO, de l'ICRC (Commission de régulation des concessions d'infrastructure) et de la FMJ.
M. Attahiru Maccido occupe plusieurs postes de responsabilités aux plans national et international.
One17 Capital Limited, en tant que société, a été constituée en juin 2020, juste après la période de confinement de la COVID-19 Nous avons fait la demande d'agrément et l'avons obtenu en décembre 2020. Nous opérons en tant que société de gestion de fonds agréée, communément appelée société de gestion de patrimoine dans d'autres juridictions.
Ayant constaté des lacunes dans le domaine de la finance islamique, nous avons décidé d'axer nos activités principalement sur ce domaine. Outre la gestion de fonds, nous jouons le rôle de conseillers en matière de charia et de conseillers financiers pour certains produits phares et structuration de Sukuk au Nigeria.
En raison de la pénurie de professionnels dans ce domaine, nous avons également pris l'initiative d'organiser des formations et des séances de renforcement des capacités à l'intention des particuliers et des entreprises afin de les sensibiliser à la finance islamique. Grâce à nos efforts de formation, nous avons collaboré avecdes institutions telles que la International Center for Islamic Culture and Education (ICICE) à Abuja, au Nigéria. Nous avons également des partenariats avec la Islamic Finance Training Institute of Ghana pour dispenser des formations au Ghana ainsi qu'avec la International Institute of Islamic Banking and Finance de Bayero University Kano, qui délivre actuellement des certificats de formation en finance islamique.
Capital, je suis chargé de superviser toutes les activités de l'entreprise et de conseiller nos équipes professionnelles. Compte tenu de la demande pour des fonctions avec ou sans licence, nous avons créé deux entités supplémentaires afin de nous conformer aux réglementations en vigueur et de répondre efficacement aux divers besoins de nos clients.
En tant que Directeur général et PDG de One17 est lié à l'intérêt.
One17 Capital Limited, qui opère en tant que société de gestion de fonds (ou société de gestion d'actifs), a élargi ses services. Nous avons ainsi créé One17 Financial Advisory Services, qui se consacre à l'émission de Sukuk et au conseil financier, ainsi que One17 Ethical Advisory Limited, qui se consacre spécifiquement aux activités de conseil en matière de charia, dans le respect des principes de la finance islamique.

En ce qui concerne mes contributions au domaine de la finance islamique, j'ai commencé à m'impliquerofficiellement avec Lotus Capital en 2008. Durant mon mandat chez Lotus Capital, j'ai structuré avec succès un Sukuk Al Istisna'a privé pour un client particulier ainsi que le Sukuk du gouvernement de l'État d'Osun (au Nigéria) en octobre 2013. En outre, j'ai joué un rôle clé dans le développement de l'indice NGX Lotus Capital Islamic Index, le seul indice d'actions islamiques au Nigéria (à ce jour), qui fait désormais partie des indices proposés par la Bourse du Nigéria (Nigerian Exchange).
Éviter l'intérêt conduit naturellement à la question suivante : Quelles sont les alternatives et pourquoi je veux-je développer des solutions pour un nombre croissant de musulmans qui, en plus de s'abstenir d'autres vices, recherchent des possibilités au-delàde l'intérêt ?
J'ai également participé à la structuration et à la supervision des Sukuk du gouvernement fédéral du Nigéria, depuis 2017 jusqu'à l'émission la plus récente en 2023. En outre, j'ai contribué à la structuration du Sukuk al-Ijarah pour Family Homes Funds Limited et du Sukuk Al-Mudarabah pour Taj Bank.

La première raison pour laquelle j'ai choisi cette voie découle de mes valeurs religieuses, en particulier en tant que musulman qui comprend les implications de la notion d'intérêt. L'enseignement de l'islam préconise d'éviter les intérêts, sauf en cas d'absolue nécessité. Pour moi, adhérer à ces valeurs islamiques signifie se tenir à l'écart de tout ce qui
Mon engagement ne se limite pas aux transactions, car je participe activement à la formation de nombreux professionnels et à des actions de sensibilisation. Ces efforts représentent ma contribution au développement de la finance islamique au Nigéria.
Les enseignements islamiques, notamment les directives du prophète Muhammad(SAW), préconisent de prendre des mesures correctives contre tout ce qui est considéré comme blâmable. Le Prophète a (ainsi) conseillé :
Selon le rapport The Nigeria Halal Economy 2023, le Nigeria occupe la 8è position mondiale des économies halal domestiques, avec des dépenses de 107 milliards USD en produits halal en 2022.
Alimenté par son imposante population musulmane, le marché devrait croître à un TCAC de 10,7 %, atteignant 180 milliards USD d’ici 2027. Le rapport prévoit une augmentation potentielle de 1,6 milliard de dollars par an dans le PIB du pays grâce à une croissance des exportations, à la substitution des importations et aux investissements étrangers directs. Avec ses atouts dans l'agriculture, les médias et la finance islamique, il se classe comme le 2è marché halal le plus important d'Afrique, offrant des opportunités dans des secteurs tels que l'émission de sukuk, la la mode et le cinéma. En outre, le Nigéria se positionne au 11è rang des exportateurs africains de produits halal vers l'OCI, ayant exporté des produits halal d'une valeur totale de 379 millions US, comprenant des denrées alimentaires, des produits pharmaceutiques et des cosmétiques.
"Celui qui voit quelque chose de blâmable parmi vous, qu'il le corrige avec sa main. S'il n'y arrive pas, qu'il le fasse avec sa langue. S'il n'y arrive pas, qu'il le fasse avec son cœur.
( ركنم مكنم ىأر نم ريغيلف ا ه
نإ،هديب طتسي مل ع نإ،هناسلبف
عطتسيمل .)هبلقبف
En vertu de ces principes, j'estime qu'il m'incombe d'agir et de contribuer à trouver des solutions pour la population musulmane qui cherche des alternatives à l'intérêt.
L'un des premiers défis auxquels nous avons été confrontés a été d’arriver à persuader le gouvernement fédéral du Nigéria

(FGN) d'envisagerl'émission de Sukuk. En 2009, lorsque j'étais chez Lotus Capital, Mme Hajira Adiola (Directrice générale de Lotus Capital) et moi-même avons rendu visite à Debt Management Office -DMO(Bureau de gestion de la dette) à ce sujet. Cependant, ce n'est qu'en 2017 que le premier Sukuk a été émis, ce que j'avais conseillé lorsque j'étais encore chez Buraq Capital. Vous pouvez ainsi vous faire une idée de la durée et de l'ampleur du travail qu'il a fallu depuis nos premières réunions jusqu'à l'émission du premier Sukuk du FGN. La perception du public a constitué un autre défi. En raison de l'islamophobie, certaines personnes ont affirmé à tort que l'émission de Sukuk par le gouvernement fédéral visait à islamiser le pays. Pour contrer cela, nous avons travaillé sans relâche pour sensibiliser le public, en soulignant que des pays comme le Royaume-Uni, le Luxembourg, Hong Kong et l'Afrique du Sud avaient émis des Sukuk souverains en 2014, qui ont tous été souscrits avec succès.
Après l'émission de Sukuk par le gouvernement fédéral en 2017, la DMO (Bureau de gestion de la dette) a étiqueté toutes les routes construites avec les fonds levés grâce aux obligations Sukuk, permettant ainsi au public de constater l'impact tangible des investissements Sukuk dans la construction de routes de qualité. Cette initiative a eu un impact significatif sur la finance islamique en établissant une référence et en montrant que le gouvernement fédéral pouvait émettre des Sukuk. Cela a ouvert la voie aux gouvernements des États et aux entreprises, contribuant ainsi à la récente émission du sixième Sukuk souverain) en 2023. (Pour l'avenir, nous prévoyons une utilisation accrue des instruments de de la finance islamique par le gouvernement, en particulier compte tenu de l'approche adoptée par la nouvelle administration et des déficits budgétaires existants. Nous espérons que d'autres gouvernements d'État et entreprises adopteront l'émission de Sukuk pour l'expansion et le développement des infrastructures. La vocation de développementque revêtent les Sukuk, comme en témoigne le financement de routes couvrant environ 500 kilomètres, met enévidence leur impact direct sur le secteur réel. Cela est conforme aux principes fondamentaux de la finance islamique, qui met l'accent sur le développement. opportunités, le champ d'action est vaste. La Securities and Exchange Commission (SEC), l'autorité de régulation du marché des capitaux, a élaboré un plan directeur sur dix ans qui devrait s'achever en 2025. Dans ce plan, elle vise à ce que 25 % des capitaux nigérians sur le marché des capitaux proviennent d'instruments et d'institutions de la finance islamique. La SEC a activement sensibilisé les gouvernements des États à la promotion de la finance islamique et des Sukuk. Cet effort devrait permettre aux gouvernements des États et aux sociétés anonymes d'émettre des Sukuk
A commencer par les défis, nous sommes confrontés à des lacunes notables en matière de développement des compétences et de sensibilisation. Il y a une pénurie de professionnels capables de conseiller les acteurs, tels que les gouvernements des États ou les entreprises. Le manque d'expertise dans ce domaine constitue un obstacle de taille. En outre, il existe un besoin crucial de sensibilisation, car les investisseurs potentiels et les entités souhaitant émettre des Sukuk doivent comprendre le fonctionnement de ces instruments. Lutter contre l'islamophobie et débattre des questions plus générales liées à la finance islamique font également partie des défis à relever.


Le Nigéria est considéré comme l’un des pays africains les plus vibrants en finance islamique, malgré son marché relativement naissant. A cela s’ajoute les perspectives intéressantes : marché des capitaux, sukuk, banque, takaful, etc. Quelle est la part du pays dans l’industrie mondiale de la finance islamique? La Securities Exchange Commission (Commission des opérations de bourse) estime, par la voix de son Directeur général, que le marché nigérian de la finance islamique représente 0.9% du marché mondial. Il est estimé à 2,9 milliards USD, dont 57% était détenu par les sukuk, 42% par les banques islamiques et 1% pour le reste du marché (fonds islamiques, takaful). L’institution se base sur les données publiées par International Islamic Financial Market (IIFM) sur l’industrie de la finance islamique en 2022. A cette même période, la valeur des actifs de l’industrie à l’échelle mondiale est estimée à 3 250 milliards USD, dont les émissions valaient 182,72 milliards USD. Ce pourcentage de 0,9% n’occulte en rien le potentiel immense que regorge le Nigéria, avec notamment une explosion démographique et une large proportion non bancarisée. Le pays offre une plateforme distinctive pour des investissements éthiques et conformes à la charia. Il n’est dès lors pas surprenant que le Nigéria se penche davantage sur les instruments financiers islamiques, particulièrement face au fardeau des instruments de dette conventionnels.
Une autre opportunité importante réside dans l'objectif de l'administration actuelle, dirigée par le président Bola Ahmed Tinubu, de faire passer le produit intérieur brut (PIB) du pays d'environ 450 milliards de dollars à 1 000 milliards de dollars au cours des huit prochaines années. Cet objectif ambitieuxnécessite l'utilisation de divers instruments du marché des capitaux, ce qui offre des opportunités substantielles. Le gouvernementfédéral devrait émettre des Sukuk pour financer le développement des infrastructures et d'autres activités liées à la gouvernance. En substance, ces développements offrent des perspectives intéressantes pour la croissance de la finance islamique et du marché des capitaux islamiques en général.
En ce qui concerne les défis, , l'introduction de toute nouveauté entraîne inévitablement des obstacles en raison des changements anticipés. Le passage du connu à l'inconnu pose de nombreux défis. Un exemple notable est le Sukuk Al-Istisna'a privé émis par Lotus Capital en 2019. Un client avait alors souhaité retirer son investissement . Ce qui a poussé Lotus Capital à persuader le client de le garder en attendant de trouver de nouveaux investisseurs pour un Sukuk Al-Istisna'a. Après avoir réussi à obtenir un milliard de nairas, Lotus Capital a organisé et proposé le Sukuk aux investisseurs, en utilisant les fonds levés pour développer les propriétés immobilières dont l'acheteur initial souhaitait se défaire. Cette approche innovante a permis de conserver les fonds du client chez Lotus Capital, de lever de nouveaux fonds et d'aboutir à une situation profitable à la fois aux investisseurs, au client et à Lotus Capital. La sensibilisation, le développement des compétences et la dispense de formations nécessaires font partie des défis à relever.

Cependant, cette méthode innovante de structuration des produits financiers, en particulier les Sukuk, a non seulement ouvert la voie mais aussi créé de nombreuses opportunités. Des particuliers et des institutions recourent aujourd’hui à certains des instruments Sukuk vis-àvis des instruments conventionnels et d'élargir les possibilités d'investissement pour ces institutions. Nous restons optimistes sur le fait que la Banque centrale du Nigeria et d'autres institutions introduiront des titres à court terme conformes à la charia sous la forme de Sukuk, qui serviront d'instruments de gestion de la liquidité pour les institutions financières ne percevant pas d'intérêts. Cette initiative devrait permettre d'améliorerla compétitivité des instruments financiers islamiques vis-à-vis des instruments conventionnels et d'élargir les possibilités d'investissement pour ces institutions.
Pour évaluer l'impact des Sukuk sur le développement des infrastructures, il faut examiner les résultats tangibles obtenus jusqu'àprésent. Dans le cas de la sixième émission de Sukuk du gouvernement fédéral du Nigéria, des routes sur environ 500 kilomètres ont été construites, sillonnant les six zones géopolitiques. Ces routes traversent les villes et les villages, facilitantainsi l'accès aux populations. La construction de routes de qualité a considérablement amélioré l'acheminement des produits agricoles entre les villages, renforçant ainsi les activités économiques. En outre, ces excellentes routes ont eu un impact positif sur les interactions sociales en garantissant une circulation fluide et efficace des personnes à travers le pays.
Un autre exemple remarquable est celui de Family Home Funds Limited, qui a émis un Sukuk de 30 milliards de nairas en 2022 et 2023. Grâce à une approche innovante incluant le Sukuk Al-Ijarah, elle a réussi à lever des fonds en deux tranches pour fournir des logements abordables. Cela démontre que les Sukuk peuventêtre utilisés pour divers projets gouvernementaux de développement, notamment des hôpitaux, des écoles, des ponts, des routes, des aéroports, etc. Les Sukuk, étant directement liés au secteur réel, ont le potentiel d’impacter des vies et de contribuer de manière significative à la croissance et au développement.



Dès le départ, il importe de situer pour eux la Muamalat économique dans le contexte global des fondamentaux et des principes de l’Islam.
A cet effet, nous avons, avec Cheikh Mohamed Bechir OULD SASS, composé le schéma ci-dessous.
Il distingue les trois fondamentaux : l’Ethique (Akhlaq), illuminée par la Foi (Aquidah ) et traduite dans la Loi (Shariah).Il décrit aussi les deux ensembles de principes : l’Ibadat qui régit la relation verticale des humains vers Allah et la Muamalat qui régit les relations des humains entre eux. Cette structuration simple soulève l’intérêt des étudiants nonmusulmans et sert souvent de ‘révélation’ pour les étudiants musulmans !

Le lien entre la Muamalat économique et l’économie conventionnelle s’établit très logiquement à travers le concept de ‘consommation consciente’.
Je m’explique : chez une large majorité de la population mondiale, on observe encore une ‘consommation contrainte’. Il s’agit le plus souvent hélas d’une ‘contrainte réelle’, liée à l’absence de pouvoir d’achat ou même à la distance impossible à parcourir jusqu’au point de vente le plus proche. Il peut s’agir aussi d’une ‘contrainte culturelle’, liée aux traditions et/ou habitudes de consommation dans la famille ou la communauté.
Aux deux ou trois milliards d’individus qui peuvent dépasser les ‘contraintes réelles’ d’argent ou de lieu, une ‘contrainte artificielle’ a été progressivement imposée par la publicité, dans la seconde moitié du XXème siècle.
Initialement pourvoyeuse d’informations sur le produit, la publicité a, de plus en plus, cherché à convaincre les consommateurs qu’ils ‘se devaient’ d’acheter le produit vanté. Elle a favorisé une ‘consommation instinctive’ ! Depuis quelques décennies cependant, pour endiguer ce ‘courant matérialiste’ de la ‘consommation instinctive’, un ‘courant spiritualiste’ de ‘consommation consciente’ s’est développé : le consommateur se focalise alors davantage sur les produits et services ‘Quatre F’.
La ‘consommation consciente’ un courant moderne qui réintroduit de la réflexion dans le chef du consommateur : les clients recherchent des produits qui sont en accord avec leurs principes de vie et que l’on peut classer en quatre catégories qui, en anglais, commencent chacune par la lettre ‘F’ .
Il y a les produits ‘Free from’ dans lesquels on cherche à éviter une composante nuisible pour la santé (excès de sucre, de sel, ) du consommateur.
Il y a aussi les produits ‘Functional for’ qui doivent, au contraire, nous apporter des éléments (vitamines, oligoéléments, antioxydants, ) positifs pour notre santé .
Il y a encore les produits ‘Fair to’ qui respectent les personnes (le commerce équitable), les animaux (leur protection ou le rejet de leur consommation) et l’environnement (produits bio, recyclage, circuits courts,…).
Il y a enfin les produits ‘Faith in’ qui sont en conformité avec la foi du consommateur, qu’il soit musulman (les produits Halal), juif (les produits Casher), hindou (les produits conformes à l’Ahimsa),

Exactement. Je mets surtout en évidence la modernité de la consommation Halal, et partant de la Muamalat ! Mais, pour ce faire, je dois cependant vaincre un obstacle majeur : une lecture qui est encore trop souvent négative de l’économie islamique. En effet, pour être agréable à son interlocuteur, le musulman essaie de ‘faire court’ en expliquant la spécificité de la Muamalat à travers quelques interdictions : pas de porc, pas d’alcool, pas d’intérêt, pas de jeux de hasard, … Si je faisais de même, mes étudiantes et étudiants auraient alors une vision négative de l’économie islamique … et de l’Islam en conséquence.

C’est pourquoi, inspiré par les écrits d’Umer CHAPRA et avec la guidance de Cheick Mohamed Bachir OULD SASS, j’ai choisi, au contraire, de souligner divers principes positifs qui sous-tendent la Muamalat : celle ou celui qui adhère à ces principes ne ressent dès lors plus les interdits comme étant des contraintes mais bien comme des garde-fous.
Pour le consommateur, conscient de ces principes, l’image devient alors positive : tout est désormais permis (Halal) dès lors que ce n’est pas explicitement interdit (Haram) dans le Coran ou dans la Sunnah (la tradition du Prophète Muhammad – Paix soit sur lui). Dans la pièce où nous sommes, 80% des éléments sont naturellement Halal ; seuls le café et les biscuits que vous m’offrez sont éventuellement concernés par un interdit Haram. Reste à expliquer, pour les participants à mes ateliers universitaires, que ce qui est permis (Halal) n’est pas forcément bon (Tayyib)… ! Pour un diabétique, un biscuit très sucré peut être ‘Halal’ (s’il ne contient pas d’ingrédients ‘haram’) mais il ne sera pas ‘Tayyib’ (car le sucre est dangereux pour lui) ; il en va de même d’un steak haché, même certifié Halal, mais qui est très salé et donc nocif pour un cardiaque !
C’est bien cela !
Le verset 168 de la Sourate N°2 et les versets 87 et 88 de la Sourate N°5, mentionnent explicitement ce concept de Halalan-Tayyiban. Comme le souligne Cheikh OULD SASS, les deux mots sont même rapprochés, dans le Livre Sacré, au point de devoir être reliés par un trait d’union dans la traduction française du concept.
Ce lien souligne que la juxtaposition des deux termes les fait se renforcer mutuellement : le volet normatif ‘halalan’(c’est permis par la Loi) est complété par le volet volontariste ’Tayyiban’ (c’est bon pour la personne …et pour la société).
Bien évidemment… et c’est là que l’économie islamique et l’économie conventionnelle se rejoignent… dans une lecture positive et moderne de l’acte de consommer !
Le trait d’union du HalalanTayyiban correspond à la somme directe en mathématique : un terme n’existe pas sans l’autre… et si l’un des deux termes est nul… la somme est nulle, elle aussi ! Pour être ‘Halal’, un produit doit aussi être ‘Tayyib’ pour le consommateur … qu’il soit musulman ou non, d’ailleurs : il doit être bon pour la santé ‘matérielle’ … mais aussi pour la santé ‘immatérielle’ de la personne… et celle-ci exige que le consommateur respecte les critères ESG
(Environnementaux, Sociétaux et de Gouvernance) du Développement Durable. Par ailleurs, pour le consommateur musulman, un produit ne peut être ‘Tayyib’ que s’il est aussi ‘Halal’ : sa santé ‘immatérielle’ passe en effet par le respect des préceptes de sa religion, l’Islam.
Au-delà de la notion de ‘halal’, basée sur l’interdit ‘haram’ (des ingrédients et des pratiques), le concept de ‘halalan-tayyiban’ intègre donc les critères positifs du Développement Durable. L’ensemble de mon auditoire se rejoint alors sur ce concept moderne… qui implique cependant d’assurer la traçabilité des produits.
En effet, sur les marchés Halal, la traçabilité des produits ne peut s’exercer qu’en proximité et, acheter à mille kilomètres de distance grâce à l’ecommerce, entraîne un sérieux défi de crédibilité pour les certificateurs… défi que seule la digitalisation permet de relever.
De même, sans digitalisation de la finance islamique, pas de développement de la finance islamique et de ses approches modernes comme les plateformes d’investissement ou le crowdfunding. Traçabilité digitale et produits financiers digitalisés sont deux passerelles fondamentales entre l’économie islamique et les flux financiers conventionnels. Avec les étudiants, nous réfléchissons à des développements originaux comme le ‘reverse eKYC’ : certes il est important pour les intermédiaires financiers (sur les plateformes comme dans les levées de fond) de ‘connaître leurs clients’ (Know Your Customer) mais il serait encore plus intéressant pour le client (dans une démarche de consommation consciente) de mieux ‘connaître le produit’ qu’il envisage d’acheter (Know Your Consumption !). On peut alors imaginer que des développeurs informatiques (et il y a tellement de talents dans ce domaine au sein de l’Oumma !), désireux de contribuer au respect, non seulement du prescrit religieux mais aussi des critères ESG du Développement Durable (que j’ai déjà évoqués), proposent des logiciels de traçabilité Halalan-Tayyiban. Le ‘consommateur conscient’ pourrait ainsi introduire son profil de santé … matérielle et immatérielle … et se verrait proposer un ensemble de produits et services ‘H-T’ adapté à sa personne : une consommation consciente … et personnalisée… en magasin ou en e-commerce ! à la fois individuel et collectif destiné à assurer le développement et le bien-être humain (falah). cabinets juridiques internationaux) et qui lance aujourd’hui la plateforme d’investissement DEALFOX sur la place de Luxembourg. Il y’a Dalal AASOULI qui a quitté son Maroc natal pour partir vers Kuala Lumpur et devenir, aujourd’hui
Le Développement Durable de notre planète est bien présent dans la Maqasid !
Dans nos ateliers participatifs, nous évitons, Youness AFKIR et moi, de décrire la Muamalat économique à partir de prescrits théoriques, enfermés dans des principes contraignants.
Les jeunes préfèrent découvrir des chemins structurés et ouverts vers des objectifs positifs. A cet égard, la ‘Vision Islamique du Développement au regard de la Maqasid Al Shariah’ (https://www.amazon.fr/Isla mic-Vision-DevelopmentMaqasid-AlShariah/dp/1565644417 ), telle qu’elle est proposée par Dr. Umer CHAPRA, nous sert de fil conducteur : chacune et chacun peut y introduire son niveau de Foi (din) pour cultiver ses richesses personnelles, matérielles (al mal) et immatérielles (nafs), grâce à son intellect (aql) mis au service de sa postérité (nasl), dans le cadre d’un effort
Il s’agit d’un ingrédient essentiel au succès de ces ateliers ECOM : les témoignages de jeunes ayant fait leur chemin dans la Muamalat économique. Il y a Zineb BENSAID qui a accompagner la création d’ISFIN (le premier réseau de cabinets international de
Professeur de Finance Islamique à l’Hamad Bin Khalifa University du Qatar. Il y a encore Rachid ETTAI qui a capitalisé sur de brillantes études mathématiques pour devenir Business Development Manager auprès d’Abdeliah BELATIK, le Secrétaire significatifs en termes de ‘fintech’ (ces technologies digitales mises au service de la finance) mais aussi en termes d’approches nouvelles comme le crowdfunding, si compatible avec les principes de partage, fondamentaux en économie musulmane. encore beaucoup trop concentrée sur des transactions interbancaires et/ou immobilières… dans les mêmes pays, dans les mêmes villes, dans les mêmes avenues !
Généralde la CIBAFI au Barhain.

Ces réussites professionnelles, et quelques autres encore, montrent aux étudiants, mais aussi aux étudiantes, que ‘c’est possible’ … ‘Yes, I can !’ Forts de cette conviction, les participants sont alors invités, en vue du dernier atelier, à rechercher sur Internet des offres d’emploi concrète et à préparer une lettre de candidature.
Peut-être assisterons-nous même à un renforcement de l’observance de la zakat grâce aux techniques de collecte digitale… !
Pas besoin de boule de cristal pour deviner que la finance islamique et le marché Halal des produits de bouche resteront les deux leviers du futur de l’économie islamique ! Cependant, d’autres domaines, davantage axés sur les services, sont promis à une forte croissance : le tourisme et les achats qui l’accompagnent, l’éducation et les produits culturels qui la supportent, la santé avec les médicaments mais aussi les alicaments qui la préservent. Au sein même de la finance islamique, les développements seront
Au sein des marchés Halal, l’ecommerce augmentera sa part de marché par rapport au commerce de proximité (qui gardera tout son attrait chaleureux) et aux grandes surfaces (qui intensifieront leurs efforts de séduction envers les consommateurs conscients).
Je rêve personnellement de voir se développer une consommation consciente et personnalisée, basée sur le concept de ‘Halalan-Tayyiban’ pour les consommateurs musulmans…mais déclinée aussi pour l’ensemble des consommateurs conscients ! Au sein de l’économie musulmane dans son ensemble, ma conviction profonde est que le futur de la finance islamique repose sur la diversification des échanges sous-jacents : cette finance est e département malaisien du développement islamique (Jakim) mise sur les nouvelles technologies pour fluidifier le processus de certification halal. Son directeur de la division de gestion du halal a annoncé le développement d'un système d'intelligence artificielle visant à automatiser l'analyse des ingrédients dans les produits alimentaires. Actuellement réalisée manuellement, cette étape de vérification qui précède l'approbation d'un certificat halal est fastidieuse et chronophage. Pour Mohamad Zamri Mohamed Shapik, directeur de la division de gestion du halal au sein du département malaisien du développement islamique(Jakim) , "Le plus compliqué dans l'approbation d'un certificat halal, c'est de vérifier les ingrédients dans un produit". En s'appuyant sur l'IA, Jakim espère simplifier et accélérer le traitement des demandes émanant aussi bien de l'industrie agroalimentaire que des hôtels et restaurants.
Seul le développement des marchés conformes à la charia (et des produits/services halalan-tayyiban en particulier) engendrera ces millions de transactions journalières qui sont nécessaires pour constituer une base réelle et diversifiée indispensable au développement durable de la finance islamique !
Le futur de la finance islamique dépend donc du développement des marchés Halal … et le futur durable de l’économie islamique dépend de l’observance de critères positifs… comme le HalalanTayyiban !
Au XXIème siècle, et pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, quatre générations d’humains cohabitent en bonne santé, c’est une opportunité à ne pas manquer : valoriser la richesse des traditions par la modernité des approches de consommation consciente !

Le premier laboratoire PCR halal de Russie est prévu pour ouvrir à Kazan dans la république de Tartastan. Ce laboratoire, le premier du genre en Russie, aura la capacité de détecter l'ADN de porc dans les tests PCR. Cette innovation fait partie d'un centre halal plus large qui sera inauguré à Kazan.
