Diasporas news N°49 Février 2014
La référence afro-caribéenne
USA-Afrique Nouveau départ
Dogad Dogoui Son 1er forum « Africa SMB »
Lady Ngo Mang Epéssé Vous écoute…
RCA
Insécurité et crimes
Rwanda
Assassinats Transfrontaliers
Dossier 4
UA
Politique 8
Ne pas jeter sur la voie publique
Mohamed Ould Abdel Aziz à l'épreuve
Economie 12
Monde 14
Invité 16
Sport 18
Société 20
Diasporas News N°49 Février 2014
Diasporas-News Edité par DCS Group Agence de Communication, Relations Publiques et Services 39, Rue Félix FAURE 92700 COLOMBES – France Site : www.diasporas-news.com Tél : +339 50 78 43 66 Mob : +336 34 56 53 57 Fax : +339 55 78 43 66 contact@diasporas-news.com Contact Publicité +336 34 56 53 57 publicite@diasporas-news.com Président Directeur de Publication Thomas DE MESSE ZINSOU
redaction@diasporas-news.com Ont collaboré à ce numéro : CLÉMENT YAO Alex ZAKA Lamine THIAM René KOUAME Stevyne N’ZABA HERMANN DJEA DIRECTRICE Promotion Marketing - Publicité Coura SENE Direction Artistique Cristèle KARMEN DANDJOA REPRESENTANT AFRIQUE Allinone-consulting DIANA KOUADIO REPRESENTANT Pour la Guinée Paul OULAI Développement Région Rhône-Alpes Dieudonné SOME WENS Développement Rhône Valentin G. SIKELY Développement de l’Hérault Benjamin AKA Développement Haute Garonne Jérôme M’BOUA Développement Alpes Maritimes Christian Boutilier
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édito Le salaire de nos chers présidents africains
E
n ces temps de crise, combien de fois les populations, sous les tropiques, n’ont-elles pas été sollicitées par les dirigeants pour consentir des sacrifices collectifs en vue de redresser les finances publiques ? Dans les secteurs publics et parapublics par exemple, des fonctionnaires ont vu leurs salaires bloqués pendant des décennies quand d’autres au contraire ont vu leurs rémunérations dégraissées sans être consultés au nom de l’effort à la solidarité nationale. La flambée des prix sur le marché, l’augmentation des taux d’imposition concernant l’ensemble des impôts, des taxes, des redevances, des contributions et cotisations sociales auxquelles les administrations soumettent les personnes physiques et les entreprises. Tout ceci contribue à renflouer les caisses de l’Etat. Mais en réalité, à qui profite toute cette manne ? Vraisemblablement pas à la population qui n’a jamais vu ces efforts récompensés. A l’inverse, dans les palais présidentiels, il n’est pas certain que les locataires, euxmêmes, donnent le bon exemple. Il n’y a qu’à voir leur train de vie très onéreux pour s’en rendre compte. Contrairement aux pays dits « normaux », dans la loi des finances de beaucoup de pays africains, il est peu probable de connaître le salaire réel versé aux dirigeants. Même quand il existe un semblant de transparence, on se rend compte que ces présidents vivent, pour la plupart, au-dessus de leurs moyens. Où trouvent-ils les ressources financières pour couvrir leurs nombreux besoins, entretenir les proches et « la basse-cour » de Premières Dames et de secondes dames ? Et c’est sans compter le fonds de souveraineté qui leur est alloué et tous les petits avantages auxquels ils peuvent prétendre. En France par exemple, le pays qui demeure le modèle démocratique et économique pour la plupart des pays africains, le salaire du Président de la République est connu de
tous. Il est passé de 21 300 euros à 14 910 euros brut soit 13 532 euros nets par mois. Une diminution drastique de revenu décidé par François Hollande, lui-même, pour donner l’exemple de l’effort demandé à tous les Français pour redresser les finances publiques. Allez fouiller dans les archives de la loi de finance du Gabon, du Congo ou encore de la Guinée Equatoriale pour trouver les salaires des présidents Ali Bongo, Sassou Nguesso et Obiang Nguema. Mission impossible. A l’exception de certains pays comme l’Afrique du Sud où le budget du Président de la République est soumis à l’Assemblée nationale lors du vote de la loi de finance, l’opacité reste la règle sur le continent. A l’échelle continentale, le salaire de nos chers présidents africains relève tout simplement du secret d’Etat. Et pourtant, tous ont à la bouche de devenir pays émergents dans les décennies à venir. Un statut qui a pourtant ses exigences en matière de bonne gouvernance, de transparence et de moralisation de la vie publique. Comme on le voit, les chefs d’Etat africains sont loin d’être des élèves exemplaires en matière de gestion de la chose publique. A l’évidence, le manque de transparence dans la gestion des affaires publiques favorise toutes les dérives. N’étant soumis à aucun contrôle, ceux qui sont censés servir l’Etat se servent tout naturellement dans les caisses de l’Etat. Pourquoi s’étonner de voir apparaître le phénomène des biens mal acquis qui défraient la chronique principalement dans certains pays de l’Afrique centrale où les devises générées par l’or noir donnent de l’appétit aux dirigeants et à leurs entourages. Clément Yao
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Diasporas News
dossier
Rwanda : Assassinats Transfrontaliers ?
Par les temps qui courent, il ne fait pas bon d’être opposant du Rwanda. Même en exil, la menace de mort plane sur la tête des « traîtres à la Nation ». Mis à l’index par la communauté internationale à cause de son instrumentalisation de la rébellion en RDC, cette vague d’assassinat politique est un grief de plus contre Paul Kagamé, jamais aussi pugnace que dans l’adversité.
Patrick Karegeya
L
L'entrée de l'hôtel de Johannesburg où a été retrouvé mort l'ancien chef des services de renseignement extérieur du Rwanda Patrick Karegeya, le 2 janvier 2014
e 1er janvier 2014, le corps sans vie de Patrick Karegeya, ancien chef des services de renseignements extérieurs du Rwanda, a été retrouvé dans un hôtel de Johannesburg. Les circonstances exactes du drame n’ont pas encore été établies avec exactitude, mais les traces et des indices retrouvés sur le lieu du crime indiquent qu’il s’agit d’un assassinat. La police sud-africaine chargée de l’enquête, reste très discrète quant à l’avancée de ses investigations. Les recherches tous azimuts aurait permis d’identifier un suspect au Mozambique. Mais cette piste a
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été très rapidement démentie par les autorités sud-africaines. Agé de 57 ans, cet ancien compagnon de route du président Paul Kagamé été tombé en disgrâce il y a dix ans. D’abord, jeté par deux fois en prison, il a réussi à fuir le pays grâce à la complicité de certains de ses anciens collègues. Depuis 2007, il vivait en exil en Afrique du Sud. Devenu un farouche opposant du pouvoir, il était encarté au Congrès National Rwandais (CNR), un parti politique fondé par les adversaires politiques du régime contraints à l’exil. Il était descendu au Michelangelo towers de Sandton dans l’intention justement
de participer à un meeting du CNR qui devait se tenir à Johannesburg. Selon son neveu, il devait avoir rendez-vous avec un dénommé Apollo dans cette chambre d’hôtel ultra-sécurisé. Le silence inquiétant de son oncle, qui ne répondait plus au téléphone, lui aurait mis la puce à l’oreille. Et c’est qu’ainsi que le corps fut découvert. Quel est le mobile de cet assassinat ? En tout cas, dès son annonce, tous les regards se sont tournés vers Kigali. Ce meurtre a sans doute été commandité au plus haut sommet de l’Etat. Pour l’ancien chef d’état-major le général Kayumba Nyamwasa, lui-même exilé en Afrique du Sud,
et accessoirement co-fondateur du CNR, « le gouvernement rwandais est responsable de cet acte odieux ». La première réaction officielle fut la déclaration – via le réseau Twitter - de la très dévouée ministre des Affaires Etrangères Louise Mushikiwabo : « cet homme était un ennemi auto-déclaré de mon gouvernement et de mon pays, espérez-vous de la pitié ? ». Ce n’est que dix jours plus tard que le président Paul Kagamé sortît enfin de son silence pour s’exprimer en ses termes : « la trahison a des conséquences… le terrorisme a un prix, la trahison a
dossier
Louise Mushikiwabo
un prix. On est tué comme on a soi-même tué. Chacun a la mort qu’il mérite ». Lors de son passage au forum économique de Davos, il a usé d’une formule alambiquée pour démentir l’implication de barbouzes rwandaises dans cette équipe mortelle sud-africaine, mais il aurait souhaité que « le Rwanda l’ait fait ! »
Assassinats ciblés d’opposants en exil
Président Paul Kagamé
fois, à une tentative d’assassinat. D’abord, un homme lui tira dessus en pleine rue alors qu’il sortait de son domicile. Blessé et hospitalisé, il a failli se faire achever par cinq hommes qui sont venus lui rendre visite ! Comme Patrick Karegeya, il était un pilier du régime jusqu’en 2002. Il occupa également le poste de Directeur de renseignements avant d’être nommé ambassadeur en Inde en 2004 ; poste qu’il abandonna précipitamment en
Chapelle mortuaire de Patrick Karegeya
Patrick Karegeya a-t-il payé pour sa diatribe sous-forme de missive, adressée à une communauté religieuse installée aux Etats-Unis ? En effet, quelques jours avant son assassinat, il a écrit une lettre dont certains passages accusent ouvertement les dirigeants de son pays : « jamais depuis le règne d’Idi Amin Dada, les services de sécurité d’un Etat n’ont terrorisé un pays à un degré où ceux du Rwanda répandent la peur et la terreur sur les citoyens de ce pays ». En tout cas, il a eu moins de chance que son ancien compagnon d’exil, le général Kayumba Nyamwasa. En 2010 celui-ci a déjà échappé, par deux
février 2010 pour se réfugier en Afrique du Sud. Autre dégât collatéral, le directeur de la National Security Service (NSS) le général Karenzi Karake alias KK - a été arrêté à Kigali, le 7 janvier dernier. Selon la version officielle, il aurait été trahi par son téléphone portable qui affichait beaucoup trop d’échanges inexpliqués avec le numéro direct du général Patrick Karegeya. KK avait déjà été mis aux arrêts et suspendu avec le général Charles Muhire, ancien chef d’état-major de l’armée de l’air en 2010. Les faits reprochés aux deux officiers étaient respectivement une « mauvaise conduite » pour le premier et
« un crime grave de corruption et abus de pouvoir » pour le second. Comment pouvait-on suspecter de tels actes à un de ses meilleurs officiers, en la personne du général KK, qui fut n°2 de la force d’interposition de l’ONU au Darfour ? Le président Paul Kagamé a toujours profité de la concomitance d’évènements exceptionnels pour effectuer des remaniements. Comme il y a quatre ans, à la veille de l’élection présidentielle de 2010 où Kigali vivait dans l’angoisse d’attentats à la bombe. Une purge avait été initiée, par le président Paul Kagamé, au sommet de la hiérarchie militaire. 2014 sera l’année de la commémoration du génocide de 1994. Elle commence en trombe c’est-à-dire par l’élimination physique et la mise à l’écart des chefs militaires du FPR (Front Patriotique Rwandais) qui l’ont accompagné depuis leur conquête du pouvoir depuis leur base arrière d’Ouganda. Pendant deux décennies, ils ont exécuté sans broncher les ordres de l’omnipotent Paul Kagamé ; même si, parmi eux, beaucoup désapprouvent sa méthode et sa conduite de la chose politique. A fortiori, ce remaniement par la terreur permet de renouveler le personnel militaire avec la génération montante au détriment des généraux qui ont fait leur temps. Ce sont des officiers supérieurs qui sont plus ou moins compromis et poursuivis par la justice de nombreux pays pour les faits commis par leurs troupes pendant les deux conflits majeurs de la RDC. L’Afrique du Sud joue aujourd’hui le rôle de pays d’accueil pour ces dissidents qui redoutent, par dessus tout l’extradition, vers les geôles de la CPI ou pire encore le retour au bercail. Et si maintenant, leur sécurité n’est plus assurée par les autorités sud-africaines, où iront-ils ? Car cette traque vaut également pour des personnalités civiles. En 2011, Charles Ingabire, 32 ans, éditeur du site internet Inyenyeri News, a été mortellement agressé par un inconnu dans un bouge de Kampala. Son tort a été d’avoir versé de tombereau de critiques
sur le gouvernement rwandais depuis son exil ougandais. Le signal est clair, l’Etat rwandais est capable de traquer ses détracteurs partout sur la planète. Les britanniques excédés par les méthodes brutales de leur protégé rwandais ont fini par éventer une note de Scotland Yard datant de 2011. Les services secrets de Sa majesté ont prévenu l’activiste René Mugenzi qu’il « existait des informations crédibles faisant état d’une menace à son encontre » ; une information confirmée récemment par l’intéressé sur les ondes de RFI.
Les réactions des alliés du Rwanda Le Département d’Etat américain s’est dit « très préoccupé par les séries d’attentats dont sont victimes des exilés rwandais ». Tandis qu’à Londres, principale partenaire économique occidentale du Rwanda, le parti d’opposition travailliste enjoint le gouvernement dirigé par David Cameron de « clarifier sa position face à ces éliminations de dissidents ». Le temps aurait-il fait son œuvre ? Les pays occidentaux qui éprouvaient une certaine culpabilité vis-à-vis du Rwanda, en raison de leur impassibilité face au génocide, sont entrain de revoir leur diplomatie. Depuis deux ans, le président Paul Kagamé n’est plus tellement en cour à Washington. Le Secrétaire d’Etat Hillary Clinton et Barack Obama, n’ont pas fait escale à Kigali lors de leur dernière tournée africaine. Les rapports accablants d’ONG et d’experts des Nations-Unies sur le soutien de la rébellion dans le Nord Kivu par le Rwanda ont été longtemps gardés sous le coude par les américains. Mais depuis la succession de Susan Rice par Samantha Power en tant que Représentant des Etats-Unis auprès de l’ONU, le Rwanda a perdu un soutien indéfectible. La fin de cet aveuglement occidentale a sans doute permis de faire passer le vote de la résolution n°2098 stipulant « le déploiement d’une brigade d’intervention pour détruire toutes les forces négatives en RDC » . Tout récemment encore, un nouveau rapport - du Comité 5 N°49 Février 2014
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dossier
Paul Kagamé au centre
des sanctions de l’ONU - sur le réarmement par Kigali du M23 a provoqué l’ire du représentant adjoint du Rwanda au sein de l’organisation Olivier Nduhungirehe. Il dénonça la partialité des experts sur le terrain mais aussi l’absence de consensus entre membres du Conseil de Sécurité. Les Etats-Unis et la Grande Bretagne ont décidé depuis deux ans maintenant de geler sinon de conditionner leurs aides au Rwanda par la fin de l’instrumentalisation des groupes rebelles en RDC et des assassinats politiques d’opposants. Fini l’époque où les institutions financières internationales louaient et soutenaient sans concession les performances économiques rwandaises. L’implication avérée du Rwanda dans l’instabilité de la région des Grands Lacs a provoqué la baisse drastique de cette manne financière indispensable à son développement. La réponse de Paul Kagamé s’appelle l’« Agaciro » : une sorte d’emprunt d’Etat de 400 millions $. Il est demandé à chaque citoyen de participer à cet effort patriotique. 6 Diasporas News N°49 Février 2014
L’irrésistible ascension de Paul Kagamé Lorsque les tutsis furent chassés par les hutus au début des années 1960, il prît avec sa mère le chemin de l’exil vers l’Ouganda. Comme la plupart de ses coreligionnaires, les rwandais exilés ont été marqués par cette humiliation et une soif de revanche refoulée. Il rejoignît le Front Patriotique Rwandais (FPR) fondé, en autres, par Fred Gisa Rwigema, un révolutionnaire qui a fait sa réputation dans les maquis du Mozambique et de Tanzanie. Paul Kagamé fait partie des jeunes rwandais qui s’étaient engagés au sein de la National Resistance Army (NRA) de l’actuel président ougandais Yoweri Museveni lors sa conquête du pouvoir contre Milton Obote. Il a ensuite intégré l’armée ougandaise en tant qu’officier de renseignements. S’agit-il d’échanges de renvois d’ascenseur entre Yoweri Museveni et les exilés rwandais ? La branche combattante du FPR vît le jour vers la fin des années
80, sous l’œil bienveillante de ce dernier : Armée Patriotique Rwandaise (APR). Elle servira de fer de lance pour la conquête du pouvoir détenu par les hutus à Kigali. La première offensive contre les Forces Armées Rwandaises (FAR) légalistes d’octobre 1990 fut un fiasco. Une confusion régnait alors au sommet de la hiérarchie de l’APR ; une divergence de vues quant à la façon de conquérir le pouvoir : par la lutte armée ou une solution politique négociée avec les hutus. Le général Fred Gisa Rwigema aurait été exécuté dans des circonstances assez mystérieuses alors que selon la version officielle il aurait perdu la vie au cours d’affrontements contre les FAR. Marqué par la disparition de son compagnon de lutte, le « parrain » Yoweri Museveni rappela le major Paul Kagamé – chef des renseignements militaires -, qui était en stage aux Etats-Unis à ce moment-là. Il l’imposa à la tête de l’APR. Son entrée en fonction fut marquée par une justice expéditive : il ordonna l’exécution des deux principaux adjoints du
général Fred Gisa Rwigema, les majors Bayingana et Bunyenyezi. Pendant trois ans, plusieurs tentatives de cessez-le-feu entre le FPR et l’Etat rwandais ont échoué. Cette période a été déjà émaillée par de guerres sanglantes mais sporadiques. D’où la recherche – par les médiateurs internationaux - d’une solution politique, entre les deux frères ennemis, symbolisait par la signature des accords d’Arusha en juillet 1993. Pourquoi la mise en application de ces Accords a-t-elle provoqué le génocide de 1994 ? Le gouvernement d’unité nationale formé à la fin du génocide consacra le pasteur Bizimungu comme Président de la République ; un hutu passé quelques années auparavant dans le camp FPR. Mais c’était déjà Paul Kagamé, entré en triomphateur à Kigali, avec l’APR qui devînt vice-président tout en cumulant le poste de ministre de la Défense. Il lance une OPA sur le FPR en 1998, en écartant ses adversaires politiques. En 2000, Il poussa tout naturellement le pasteur Bizimungu vers la porte de sortie pour diriger le pays. Alex ZAKA
Publi-communiqué
Afreecom
Qu'est-ce que c'est ? Afreecom est le 1er moteur de recherche dédié aux africains, il leur permet d'acheter sur les sites marchands occidentaux et de se faire livrer.
Fatou Traoré, fondatrice d’Afreecom
Les membres de la Diaspora africaine peuvent aussi acheter en ligne et faire livrer leurs proches au pays. Actuellement opérationnel au Sénégal, le dispositif sera prochainement accessible aux autres pays du continent. Ce moteur de recherche fonctionne comme ceux des tour-opérateurs, il réunit les produits de plusieurs cyber- marchands partenaires tels que PriceMinister, Amazon, Marks & Spencer, Dorothy Perkins qui proposent des millions de produits accessibles depuis le site web www. afreecom.net. Afreecom s'est équipé d'un système de paiement en ligne adapté aux africains et se charge de la livraison.
Pourquoi ce site ? L’idée a germé du constat de l’inexistence de structures d’e-commerce entre l’Occident et l’Afrique, en effet, malgré un PIB en hausse, une classe moyenne émergeante, les sites marchands occidentaux ne livrent toujours pas sur le continent. Cette idée a été confortée par une étude de marché effectuée au Sénégal en 2010. Quel intérêt pour les africains ? Par volonté éthique, Afreecom a mis en place une plate forme permettant aux artistes, artisans, et industriels africains de mettre en avant leurs produits et savoir faire pour exporter vers l’Occident. La page « Découvrez l’Afrique » est une vitrine pour l’instant mais elle évoluera vers un système d’annonces gérées par les annonceurs africains. En plus d’avoir accès à un choix plus important de produits, les clients africains bénéficient d’une protection contre les fraudes qui sévissent sur la toile, en effet, Afreecom les conseille, achète pour leur compte et les assiste auprès des fabricants occidentaux pour les garanties. De plus, Afreecom a mis en place des moyens de paiement adaptés : cartes prépayées Ferlo disponible dans toute la zone UEMOA, ou cash dans les points relais. Objectifs : D'autres sites fournisseurs devraient suivre courant 2014. Nous comptons proposer une application pour mobile, présenter une nouvelle version du site tous les ans, mettre en place d’un marketplace des africains pour vendre en occident, créer des agences locales, proposer nos services dans d'autres pays d'Afrique, monter notre propre réseau de livraison. Qui ? Le site web Afreecom.net a été conçu par un jeune ingénieur informaticien Nicolas Garin. Fatou Traoré fondatrice d'Afreecom, sénégalaise vivant à Paris, ADV Export, Attachée Commerciale Export, 10 années expérience dans l’import-export.
politique
RCA : un génocide qui ne dit pas son nom
Le changement de logiciel politique est-il vraiment la priorité du moment ? Le destin de la RCA repose désormais sur les frêles épaules de la mère Courage : Catherine Samba-Panza. Sangaris et MISCA semblent déjà être en peine de contenir les massacres à Bangui. Et que dire du reste d’un vaste territoire de 600.000 km² et peuplé de millions d’habitants ? Election du nouveau président de la République Le 20 janvier dernier, madame Catherine Samba-Panza a été élue, par le Conseil National de Transition (CNT), au poste de président de la République. Réunie en séance plénière, cette assemblée provisoire a délibéré en scrutant à la loupe les dossiers de 24 impétrants selon des critères définis au préalable : l’absence d’antécédents judiciaires, la non-participation à une insurrection ou à un gouvernement. Et pourtant le finaliste, Désiré NZanga Kolingba - fils aîné du Président André Kolingba – fut ministre chargé des Relations avec le parlement en 2009 dans le gouvernement de Faustin-Archange Touaféra ! La RCA, engluée dans une crise politique inédite qui risque de provoquer sa partition, n’avait plus droit à l’erreur. Huit candidatures ont été retenues, pour le remplacement du président par intérim Michel Djotodia. Et Catherine Samba-Panza l’a emporté avec 75 voix contre 53. Mairesse de Bangui désignée au mois de mai dernier par la Séléka, cette juriste de 59 ans peut se prévaloir d’avoir joué un rôle dans divers processus électoraux et surtout dans le cadre de la réconciliation nationale de 2003. Militante de la cause féminine en ses heures, elle s’est énormément investie contre les sévices et les violences faites aux femmes dans les divers conflits du continent. Elle effectua ses études supérieures en France qui furent sanctionnées par un DESS en Droit des assurances à l’université d’As8 Diasporas News N°49 Février 2014
Catherine Samba-Panza
sas (Paris). Rentrée à Bangui il y a quelques années, elle travailla pour la filiale de la compagnie d’assurance Allianz avant de créer sa propre société de courtage. Même si elle ne s’est jamais engagée politiquement, le parcours de Catherine Samba-Panza indique qu’elle n’est pas tout à fait étrangère aux arcanes du pouvoir et du sérail banguissois. Elevée par un oncle diplomate, son conjoint Cyriaque Samba-Panza fut plusieurs fois ministre, et même sous le règne de François Bozizé où celui-ci lui confia, en 2009, le portefeuille de L’Equipement et du Désenclavement. Elle devra relever plusieurs défis. D’abord, la langoureuse Bangui endormie dans sa torpeur tropicale au bord de l’Oubangui est une image surannée de carte postale des années 1970. Aujourd’hui la capitale est un monceau de ruines : plus de route goudronnée, les équipements collectifs n’existent plus. L’anecdote sur son entrée en fonction à la mairie mérite le détour. L’hôtel de ville a été mis à sac ; tous les véhicules administratifs
ont été réquisitionnés ou volés par la Séléka. Elle est allée récupérer une des voitures de fonction auprès d’un de ses membres moyennant une « indemnisation » de ce dernier ! Le choix de ses pairs - sur sa personnalité et son charisme - pour mener à son terme le processus de transition fait consensus. Les femmes et les jeunes voulaient d’abord une personnalité neuve, sans compromission comme les politicards qui changent de camp au gré du vent. Son premier discours était un appel à la réconciliation ; elle a objurgué les camps ennemis - c’est-à-dire les milices Séléka et les anti-balaka – dans leur escalade meurtrière. Désormais l’heure est à la main tendue : « je lance un appel à mes enfants anti-balaka… Manifestez votre adhésion à ma nomination en donnant un signal fort de dépôt des armes ». Et dans la foulée, elle a également invité ses enfants ex-Séléka « de déposer vos armes ». Consensus national mais aussi international. Le 15 novembre 2013 a eu lieu à Paris le 33ème congrès des 140 maires francophones de l’AIMF. Signe du destin ? En marge de la cérémonie d’ouverture, le président François Hollande lança à l’adresse de Catherine SambaPanza : « tenez bon, nous arrivons ». L’Union Européenne (UE) annonça, le jour même de son élection, l’envoi de contingent de 500 soldats pour la sécurisation de la zone aéroportuaire de M’poko. Son mandat actuel est censé la conduire jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel. La France souhaite que ce processus soit rapidement
engagé et puisse se terminer d’ici la fin de l’année. Compte tenu de la situation chaotique et de l’absence d’administration, un délai incompressible pour l’organisation d’une élection présidentielle crédible commande une échéance au-delà des douze mois. Serait-elle candidate à sa propre succession ? Aucun texte ne l’interdit et pour l’instant chaque jour suffit à sa peine : crise humanitaire, crise sanitaire, désarmement et réconciliation ; telles sont aujourd’hui ses priorités. Quant au redressement et le développement économique, il faudra compter au moins une dizaine d’années.
L’ombre tutélaire du Tchad En langage diplomatique, Michel Djotodia a été rappelé pour consultation à Ndjamena comme un vulgaire ambassadeur. Le président Idris Deby Itno a fait montre encore une fois de sa main mise sur le dossier « centrafricain ». Cet épisode ressemble à un pas de deux avec la France. L’ancienne puissance coloniale ne voudrait par être taxée d’impérialisme ; elle a tablé sur une intervention rapide et voudrait se désengager au plus vite. Tandis que le Tchad a toujours considéré le territoire de sa sœur de l’ancienne Afrique Equatoriale Française (AEF) comme son arrièrecour. Dès le mois de septembre, au moment de l’investiture d’IBK à Bamako, le chef d’Etat tchadien attire l’attention de ses pairs ainsi que du président François Hollande sur le risque de désintégration de la RCA. Il aurait, lui-même, commencé à planifier l’évacuation de ressor-
politique
Michel Djotodia
tissants tchadiens de Bangui dès le mois d’octobre. Les deux têtes de l’Exécutif centrafricains semblent en effet dépassées par les évènements. Les débordements des milices Séléka sont incontrôlables et c’est tout le pays qui s’embrase : les ratonnades lors des patrouilles des éléments d’origine soudanaise et tchadienne contre des civils ont provoqué la création de groupe d’autodéfense anti-balaka. Michel Djotodia ne sortait plus de son bunker du camp Roux – jouxtant le palais de la Renaissance - où il vit entouré de ses proches collaborateurs – ministres et néanmoins neveux – et de sa garde prétorienne. Et c’est le général Nourredine Adam, ministre chargé de la Sécurité, qui règne en maître à Bangui. Il occupa ensuite le poste de président du Comité Extraordinaire de la Défense des Acquis Démocratiques (CEDAD) jusqu’à la chute du régime Séléka. Le CEDAD, le service de renseignements du pouvoir, a eu une réputation sulfureuse à cause des tortures qui auraient été perpétrées en son sein. Musulman originaire de Ndélé, région septentrionale du pays, il a fait sa classe dans l’armée égyptienne et un stage commando en Israël au sein de Tsahal. Depuis 2009, il a rejoint le maquis du Nord avec pour base arrière le Tchad ; il est devenu l’homme d’Idris Deby. Il serait l’artisan de la marche de la Séléka sur Bangui et donc de la chute de François Bozizé. Après la démission de Michel Djotodia, il a quitté discrètement Bangui et s’est fait arrêté brièvement par les autorités camerounaises, avant de se faire exfiltrer vers le Bénin. La langue du président François Hollande n’a pas du tout fourché lorsqu’il a déclaré à propos de Michel Djotodia au moment du
Idris Deby Itno
sommet sur la Sécurité en Afrique du mois décembre dernier à Paris. Il avait déclaré qu’« on ne peut pas laisser en place un président qui n’a rien fait et qui a laissé faire ». A partir de ce moment-là, le dossier centrafricain a été géré par le ministre de la Défense Jean-Yves le Drian au détriment du Quai d’Orsay. La tournée des popotes de fin d’année dudit ministre de la Défense a permis de mettre au point la « démission » du président
membres du parlement centrafricain ; un avion avait d’ailleurs ramené tout ce monde dans la capitale tchadienne. Au final, l’honneur centrafricain était sauf et le processus a pu se poursuivre à Bangui. Mais Le président Idris Deby Itno n’en démord pas ; il a tenu à téléguider la nomination d’un de ses hommes au sommet de l’Etat : Jean-Jacques Demafouth – ancien ministre de la Défense de Patassé – et le finaliste malheureux Désiré NZanga Kolingba. Idris Deby Itno, auréolé de la victoire de ses soldats dans le massif des Ifoghas est devenu incontournable et fréquentable aux yeux de la France et de la communauté internationale. Le Tchad a été récemment nommé membre nonpermanent du Conseil de Sécurité de l’ONU et ce pour un mandat de deux ans ; sans doute le prix du sang versé dans la lutte contre les islamistes. Et le chef d’Etat tchadien
Président Idris Deby Itno, Michel Djotodia et Nicolas Tangaye
centrafricain. Et surtout, prendre en compte la sécurité du territoire et le sort des ex-Séléka pendant la brève période de la vacance du pouvoir. Ainsi, il a été convenu que l’opération Sangaris devait mobiliser ses forces et positionner ses blindés pour un effet de dissuasion maximum dans les endroits stratégiques de Bangui. La réunion extraordinaire de chefs d’Etat de la CEEAC, convoqué à Ndjamena du 9 janvier dernier est le dernier acte de la pièce de théâtre. Le premier ministre Nicolas Tangaye a été sacrifié avec Michel Djotodia, sans avoir toutefois démérité. La puissance invitante voulait faire élire le successeur de ce dernier en convoquant tous les
tient à préserver jalousement son riche pré-carré centrafricain. A un point tel que le Tchad aurait même dissuadé les membres du Conseil de Sécurité de voter une résolution pour la transformation immédiate de la MISCA en force d’interposition de l’ONU. Avouez que l’arrivée de plus de 9.000 casques bleus entraverait les intérêts tchadiens dans la partie septentrionale de la RCA. Tous ses homologues de la CEEAC semblent accepter sans trop rechigner le leadership tchadien ; Sauf le président camerounais Paul Biya, jusque-là inaudible sur le sujet. Le discret retour du président François Bozizé à Yaoundé prouve que le chef de l’Etat camerounais entend également jouer sa partition dans l’optique de sortie de crise de
la RCA. Doyen des présidents en exercice dans la sous-région, l’activisme d’Idris Deby Itno n’est pas du goût du sphinx de Yaoundé.
Le soutien de l’Europe Sans l’intervention française que serait devenue la RCA à la fin de l’année 2013 ? Il a fallu beaucoup de patience et de pédagogique pour faire comprendre à l’opinion publique et ses partenaires européens les raisons de cette seconde intervention africaine en moins de deux ans. Depuis sa création, l’UE s’est bâtie sur des successions de convergence d’intérêts de ses pays membres. Et la RCA était loin des préoccupations des pays membres. Pourquoi cette volte-face alors qu’au moment du déclenchement de l’opération Sangaris, la France était bien seule ? Maintenant que la mission militaire européenne – de 500 à 1.000 hommes – a été actée par les ministres des Affaires Etrangères, reste à obtenir le feu vert du Conseil de Sécurité. Car la résolution 2127 ne concerne que le déploiement de Sangaris et MISCA et donc il serait urgent de définir les modalités et le périmètre de l’intervention des soldats européens. Ses contingents seront-ils suffisants pour pacifier la totalité du territoire ? Aujourd’hui, certains membres de la Séléka ont déjà quitté Bangui et appliquent la politique de la terre brûlée. Un jour ou l’autre, le désarmement de ces milices soulèvera un autre problème. Comme de coutume, le bureau des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) et la Commission Européenne ont mis à profit cette mobilisation pour lever des fonds. Près de 500 millions $ ont été recueillis qui seront ventilés de la manière suivante : 200 millions $ pour l’aide d’urgence et 296 seront destinés au programmes humanitaires – santé, éducation, agriculture - Les pluies de $ vont-elles enfin tomber sur la RCA ? Il ne faut pas trop se fier aux effets d’annonce. L’année dernière, les ONG sur le terrain ont demandé un budget, auprès de l’ONU, estimé à 150 millions $. Seule la moitié de cette ressource a pu être mobilisée. Alex ZAKA 9 N°49 Février 2014
Diasporas News
politique
Burkina Faso : Jusqu’où ira l’opposition ?
S
L’opposition Burkinabè semble plus que déterminée après le coup qu’elle a réussi le 18 janvier dernier. Mais ira-t-elle au bout de sa logique ?
i pour certains observateurs de la scène politique burkinabè, l’opposition paraissait timorée, elle en a prouvé le contraire. Avec ce grand rassemblement auquel elle a appelé le 18 janvier dernier, dénommé « journée nationale de protestation ». Une journée qui est la preuve que l’opposition burkinabè est dans son élément, celui de prendre le contre-pied des décisions « impopulaires » du parti au pouvoir. Cet appel qui a mobilisé environ 500 000 personnes aussi bien dans la capitale Ouagadougou que dans les villes de l’intérieur du pays est un signal à prendre très au sérieux. Pour le chef de file de cette opposition, Zéphirin Diabré, il faut désormais compter avec l’opposition qui en constituant un Etat major permanent de crise (EMPC) n’entend pas lâcher prise. En tout cas tant que le président Blaise Compaoré campera sur sa volonté de créer un Senat et de modifier l’article 37 de la Constitution. En organisant cette manifestation, l’opposition n’avait d’autre objectif que d’émettre des signaux à celui qui 27 ans durant est resté à la tête du Burkina Faso. Mû d’une grande détermination, l’opposition entend ainsi jouer sa partition et faire ombrage aux velléités de se maintenir au pouvoir de Blaise Compaoré.
Blaise Compaoré
des fonts baptismaux sa propre chapelle politique. Qui sans procédure aucune, s’est procuré son ticket d’entrée dans l’opposition. Donc pour combattre le « frère » d’hier. Depuis donc le 25 janvier, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) est présent sur la scène politique burkinabè où il entend jouer son rôle. A preuve au cours de sa première conférence de presse le 28 janvier dernier, son président Roch Marc Kaboré a annoncé les couleurs. « Au stade où nous
Le soutien des démissionnaires du CDP Sans se faire prier, les ex-caciques du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), parti de Blaise Compaoré ont rallié l’opposition. Après avoir apporté leur soutien à la marche du 18 janvier, ce groupe conduit par l’ex-président de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré a porté sur 10 Diasporas News N°49 Février 2014
marche du 18 Janvier 2014
sommes, nous ne devons pas modifier l’article 37. Nous serons les intrépides défenseurs de la République et de la Constitution » a-t-il prévenu. Non sans rappeler à la presse la vision de son parti. Une vision qui reste celle de se rapprocher du peuple, en lui offrant des conditions de vie meilleures.
Soif d’alternance… Cela ne fait l’ombre d’aucun doute. Au Burkina Faso, tous les mouve-
ments de protestations n’ont qu’un seul objectif. Celui de procéder à une alternance politique au pays des hommes intègres. C’est ce qu’a confié l’un des membres de l’Etat major permanent de crise, Me Stanislas Bénéwendé, par ailleurs président de l’UNIR/PS au cours d’une interview. Qui sans détours affirmait « que Blaise Compaoré ne sera plus notre président après 2015 ». De son avis, cette alternance s’impose puisqu’au terme d’un diagnostic profond de nombreux problèmes sont décelés au Burkina Faso. Au nombre de ceuxci, la cherté de la vie, l’insécurité, le chômage des jeunes, le système éducatif qui constituent « des éléments objectifs d’une insurrection qui ne dit pas son nom ». Autant de signes à prendre très au sérieux. L’avenir cependant nous situera quant à la détermination de l’opposition qui pour l’instant ne souffre d’aucun doute. Hermann Djea
politique
22ème Sommet de l’Union Africaine
Du 30 au 31 janvier dernier s’est tenue à AddisAbeba l’Assemblée Générale des chefs d’Etat. L’agriculture et la sécurité alimentaire furent prévues à l’ordre du jour. Logique car le sujet fait partie des thèmes centraux de l’ambitieux « Agenda 2063 » c’est-à-dire la feuille de route collective pour ce continent en devenir.
Mohamed Ould Abdel Aziz
E
ncore une fois et ce ne sera pas la dernière, le bel ordonnancement du calendrier a été chamboulé par les graves crises que traversent actuellement la République Centrafricaine et le SudSoudan. Certaines voix dissonantes reprochent une absence d’investissement de l’UA dans la résolution de ce conflit, laissant l’organisation sous-régionale l’IGAD se dépatouiller toute seule. Déjà la veille de l’ouverture du Sommet, la Commis-
sion de Paix et Sécurité (CPS), s’est réunie au niveau des chefs d’Etat ; rôle normalement dévolu aux ministres des Affaires Etrangères des Etats membres. La discussion s’est ensuite prolongée en séance plénière. Au menu : toujours la RCA et sa spirale de violences intercommunautaires. Comment transformer la MISCA – composante panafricaine - en force de maintien de la paix des Nations Unies ? Ainsi va l’Afrique, tiraillée entre sa doctrine de la Renaissance africaine et la
nécessité d’appeler des forces multinationales face aux situations incontrôlables qui risquent de provoquer quelques déflagrations régionales. En marge du Sommet, le 1er février plus exactement, les amis de la RCA se sont réunis pour une tontine. Une promesse de 316 millions $ a été ainsi actée ; elle sera destinée au financement de la MISCA. Enfin, la présidence tournante échoit à la région Nord du continent après une année de présidence de la sous-région
« Afrique Australe ». L’élection de la Mauritanie s’est passée sans anicroche, seule candidate en lice, compte tenu de chaque situation intérieure de ses voisins maghrébins. C’est ainsi que le premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn a transmis, pour un an, le témoin à son homologue mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz. A.Z
11 N°49 Février 2014
Diasporas News
économie
Trois questions à M. Louis Diakité, Directeur de Ceo Group Alink Quels sont les domaines de compétences de votre groupe ?
Alink Télécom est une société ivoirienne installée dans 13 pays, principalement en Afrique de l’Ouest, Centrale et Australe. Nous avons de nombreux points de présence sur le continent et en Europe, le plus important étant en France. Alink Télécom est spécialisée dans la transmission de données, d’intégration de services. Nous travaillons exclusivement sur le marché des entreprises, le B to B (Business to Business), mais nous ne faisons pas du B to C (Business to Consumer).
Quel intérêt pour votre groupe de participer à ce type de Forum ? Nous avons des clients parmi le CIAN, le
Louis Diakité
cibles les plus importantes. Nous répondons notamment à leurs besoins de connexion entre des maisons-mères et leurs filiales présentes en Afrique. Ce Forum
françaises à qui nous proposons nos services. Je suis venu assurer, en quelque sorte, un suivi commercial afin de permettre au Groupe d’être compétitif
Table ronde
Conseil français des investisseurs en Afrique. Les entreprises françaises qui sont établies sur le continent africain sont nos 12 Diasporas News N°49 Février 2014
est une base potentielle pour nous. Ce type de Forum nous permet de conforter notre présence auprès des entreprises
aux différents appels d’offres qui sont lancés généralement à partir de l’Europe. Je voudrais rappeler que la devise de Alink
Télécom est « l’ingéniosité fait la différence ». J’ai pu témoigner de notre expérience à la table ronde sur le thème : « Innover dans l’offre produits et services : success stories » à laquelle j’ai participée. Comprenez que dans ce monde où il y a de très gros opérateurs, il faut pouvoir faire la différence pour être choisi lors d’un appel d’offres ou d’une consultation. Il est donc important d’innover de façon permanente pour gagner des parts de marchés. Notre innovation principale, c’est que nous sommes toujours en avance d’un pas par rapports à nos concurrents. Ce qui nous permet de rester concurrentiel et d’être choisi par les entreprises qui privilégient l’innovation.
Avez-vous le sentiment que les entreprises françaises sont en recul en Afrique face aux Chinois comme a fait savoir le CIAN ? A mon avis, les entreprises françaises sont plutôt en rupture en termes d’importation et d’exportation. En tous cas, dans l’industrie du télécom par exemple ou de l’agrobusiness, les entreprises françaises investissent localement dans les pays où elles sont implantées et elles rapatrient les dividendes. En termes d’échange, cela ne se voit pas, or, elles génèrent de la croissance dans les pays où elles sont installées. Vous avez une croissance de 56 % de leurs revenus sur l’année 2012 et sensiblement sur l’année 2013. On ne peut pas dire qu’elles perdent des parts de marchés. Il est certain qu’elles perdent certains marchés au profit d’autres. Propos recueillis par Clément Yao Crédit-photos : HADY Photo
économie
Marchés africains Pourquoi les Chinois font-ils peur aux Français ?
Selon le patronat privé français, la compétition sur les marchés africains tourne à l’avantage des concurrents chinois. Le dernier Forum Afrique, tenu à Paris le 31 janvier dernier, a tiré la sonnette d’alarme.
A
l’heure du bilan présenté à l’occasion du « Forum Afrique 2014 », le MOCI (Moniteur officiel du commerce international), le CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique) et la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) sont unanimes sur un point. La moisson a été très mauvaise pour l’ensemble des entreprises françaises présentes en Afrique. Ce qui inquiète le patronat privé français, c’est que cette situation perdure depuis bien longtemps. Même si les causes endogènes et exogènes ont été évoquées, l’on reste convaincu que les entreprises françaises ont sommeillé sur les acquis du passé colonial sans véritablement innover face aux nouveaux concurrents venus des pays émergents du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et l’Afrique du Sud) avec à leur tête une Chine conquérante qui bouscule tout sur son chemin.
Le but de cette rencontre qui a porté sur le thème, « Afrique : innovation, rénovation, quels outils de séduction pour conquérir les marchés africains » est de sortir de cette léthargie. Ce Forum a donc proposé des outils aux entreprises participantes. A savoir, un baromètre du climat des affaires en Afrique, des réflexions sur les meilleures pratiques en matière d’évaluation des opportunités et des risques, et un vrai réseautage de qualité entre les acteurs intéressés par le business en Afrique. Tout ceci constitue la panoplie de solutions apportées pour espérer changer la donne et inverser la courbe des mar-
chés en faveur des entreprises françaises. A bien regarder, ces solutions suffiront-elles à repositionner les entreprises françaises sur l’échiquier des marchés africains ? Loin s’en faut. Le moins qu’on puisse dire c’est que la Chine propose des perspectives moins contraignantes aux Africains. L’on reste convaincu que dans ce nouveau partenariat de développement avec le continent, la croissance phénoménale de ce nouveau géant économique offre à l’Afrique de réelles opportunités pour accélérer son développement. A titre indicatif, en 2008, les flux commerciaux entre l’Afrique et la Chine se sont chiffrés à 100 milliards de dollars UE, et la Chine a réalisé 5,4 milliards de dollars UE d’IDE en Afrique. De plus, selon la BAD « La Chine a consenti à l’Afrique des prêts et une assistance à des conditions préférentielles afin de financer un large éventail de projets de développement.» Ce qui est loin d’être le cas pour les pays occidentaux comme la France. Au cours de la dernière décennie, la Chine a par exemple multiplié par plus de dix ses échanges commerciaux avec les entreprises africaines ainsi que ses investissements. Elle a également compris que la priorité de l’Afrique passe par ses infrastructures qui accusent un déficit de 50 milliards de dollars par an. Du coup, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent au point qu’il faut repenser les paradigmes
des nouvelles relations avec les donateurs traditionnels d’hier. Les nouveaux dirigeants africains, plus décomplexés, ne s’emmurent plus dans des relations traditionnelles influencées par le passé colonial. Ils sont de plus en plus ouverts sur des pays qui leur proposent des solutions adaptées à leur époque pour le développement de leur pays. L’une des forces de la Chine, c’est qu’elle est présente sur le continent aussi bien en temps de guerre que de paix. Les entreprises chinoises n’abandonnent pas les marchés africains au gré des crises. Au moment où les entreprises françaises, très frileuses, se fient aux baromètres et indices de risque économique, financier et politique avant d’aller investir en Afrique, les Chinois, eux, ne semblent pas tenir compte de ces instruments de mesures économiques très subjectifs pour débarquer sur le continent. Il y a aussi le fait que la Chine conquérante en tant que prestataire d’aide et de financement du développement en Afrique ne conditionne pas ses aides au respect des principes de la démocratie ou des droits de l’homme avec les pays africains à contrario des partenaires multilatéraux et bilatéraux. Tout ceci contribue à lui donner une place de choix en Afrique. Au cours de ce « Forum Afrique 2014 », les remarques du PDG de PAI Partners, Lionel Zinsou, coauteur du rapport Védrine, sont pertinentes. Il n’a peut-être pas eu tort de s’insurger contre le pa-
Lionel Zinsou
tronat privé français qui, sur une note alarmiste, considère que les entreprises françaises ne font pas le poids devant les Chinois. Plutôt que de faire de la flagellation, il conseille que les entreprises françaises se donnent les moyens de reconquérir les marchés africains. A l’évidence, comme il l’a relevé dans ses observations, ce n’est pas en se barricadant derrière le visa que la France va se mettre à la hauteur de la concurrence chinoise. Encore moins en se fiant à des baromètres qui ne reflètent pas toujours la réalité de l’environnement des affaires en Afrique. Lionel Zinsou a relevé que même s’il y a beaucoup de domaines dans lesquels la France peut s’améliorer, elle reste le pays qui a le plus de capital en Afrique. Un atout qui devrait motiver les entreprises françaises à être plus compétitives face au géant Chinois. Clément Yao Crédit-photos : HADY Photo 13 N°49 Février 2014
Diasporas News
Monde
Sommet Etats-Unis / Afrique
Washington pour un nouveau départ avec l’Afrique Au mois d’août prochain, 47 Etats africains participeront à un sommet initié par le président des Etats Unis, Barack Obama.
L
es 5 et 6 août prochains 47 pays sur les 54 que compte l’Union africaine se rendront au sommet Etats- Unis / Afrique, sur invitation du président des Etats-Unis, Barack Obama. Une rencontre que nombre d’observateurs placent sous de bons auspices d’autant plus qu’il s’agira de « renforcer davantage les liens avec l’Afrique qui est l’une des
régions les plus dynamiques et qui réalise la croissance économique la plus rapide du monde ». Un sommet qui à dire vrai s’inscrit dans la vision de Barack Obama pour l’Afrique qu’il a consigné dans un document nommé Directive présidentielle de politique générale relative à l’Afrique. Un document qui forme en effet, les contours de la vision politique des Etats-Unis à l’égard du continent africain. Cette politique repose sur quatre piliers notamment le renforcement des institutions démocratiques, les échanges économiques et les investissements, le développement (sécurité alimentaire, santé) et la paix et la sécurité. La directive a pour ce faire insisté sur la lutte contre les groupes terroristes en Afrique, la coopération en matière de sécurité régionale, la prévention contre les menaces criminelles transnationales et les conflits ainsi que le soutien aux initiatives visant à promouvoir la paix et la sécurité. Cette rencontre également devrait avoir pour ferrement les progrès réalisés depuis le voyage de Barack Obama l’été dernier en Afrique et faire avancer les objectifs du gouvernement américain dans les domaines du commerce et de l’investissement. Avant de mettre en lumière l’engagement des Etats
Unis à l’égard de la sécurité en Afrique, du développement de la démocratie et de sa population. Mais quels sont les réels enjeux de ce sommet ?
le terrorisme avec ses 15 années de lutte contre ce fléau transnational. Au fil des ans donc, l’Algérie quoiqu’on dise a réussi à devenir un partenaire important sur l’échiquier des stratégies sécuritaires mondiales. Des qualités qui ont fait l’unanimité aussi bien de l’Union Européenne que des Etats Unis. Au
plan économique, l’Algérie pourra brandir les atouts financiers et énergétiques dont elle dispose.
Où le président Barack Obama a mis en branle tous ses services dans l’optique d’une meilleure préparation de cette rencontre, première du genre. A en croire la lettre du continent dans sa parution du 29 janvier dernier, les fins limiers des pays « africains » ont été déployés sur le terrain. Au nombre de ceux-
Président Barack Obama
en exemple pour leur constance et surtout leur émergence en dépit de quelques difficultés qu’ils rencontrent. On peut citer l’Algérie qui de l’avis de plusieurs observateurs va à ce sommet avec plein d’atouts contrairement aux autres pays. Notamment son expérience dans le domaine de la lutte contre 14 Diasporas News N°49 Février 2014
La maison blanche au four et au moulin Elle est certes prévue pour se tenir dans environ 7 mois, mais déjà l’on s’active du côté de Washington.
Enjeux essentiellement économiques En plein milieu de mandat quelle explication peut-on donner à ce sommet que vient de convoquer Barack Obama avec certains pays africains ? Les explications sont nombreuses mais la plus plausibles reste celle d’une reconquête économique de l’Afrique. En effet, à y voir de près, Barack Obama conscient de ce que représente l’Afrique au plan économique veut donner les chances à son pays de s’arracher une part. Vu que déjà, le partenaire économique privilégié des africains, reste la Chine. Qui on le sait a « envahi » le continent. D’ailleurs la Chine, c’est 100 milliards sur le plan commercial en moins de 10 ans avec deux partenaires principaux que sont le Nigéria et l’Algérie. Cette rencontre aux allures de conquête vise à développer un partenariat Etats-Unis / Afrique. Ce sera par ailleurs l’occasion pour les EtatsUnis d’affiner ses relations avec certains Etats africains souvent cités
Monde
La Maison Blanche
ci, Grant Harris, Spécial Assistant auprès du président américain et Senior Director des affaires africaines du National Security Staff. Cet homme, coordonnateur de la politique africaine à la Maison Blanche a par le passé exercé avec Susan Rice, ex-ambassadrice à l’Onu. Il sera secondé dans
sa fonction par Jonathan Lalley. Ceux-ci devraient être appuyés par 4 sous secrétaires d’Etats adjoints rompus au continent africain. Comme pour dire que cette rencontre est prise au sérieux par Washington qui entend frapper un grand coup. La suite nous situera.
Les élus et les bannis
Cette rencontre comme l’on a pu le constater est certes ouverte à un large éventail de pays mais reste fermée à quelques uns. En effet, les pays ayant bénéficié de cette invitation sont naturellement ceux qui dit-on entretiennent de bons rapports avec les Etats-Unis mais également l’Union africaine.
Il s’agit de l'Algérie, l'Afrique du Sud, l'Angola, le Bénin, le Botswana, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, le Cap-Vert, les Comores, la République du Congo, la République démocratique du Congo, la Côte d'Ivoire, le Djibouti, l'Ethiopie, le Gabon, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée équatoriale, le Kenya, le Lesotho, le Liberia, la Libye, le Malawi, le Mali, le Maroc, l'île Maurice, la Mauritanie, le Mozambique, la Namibie, le Niger, le Nigeria, l'Ouganda, le Rwanda, le Sao Tomé-et-Principe, le Sénégal, les Seychelles, la Sierra Leone, la Somalie, le Sud-Soudan, le Swaziland, la Tanzanie, le Tchad, le Togo, la Tunisie et la Zambie. En revanche 7 pays sont exclus de ce sommet au motif que leurs relations avec les Etats-Unis ne sont pas au beau fixe ou encore sont suspendus de l’Union africaine. Ce sont l’Egypte, l’Erythrée, la Guinée-Bissau, Madagascar, la République centrafricaine, le Soudan du nord et le Zimbabwe. Le cas de Madagascar pourrait être revu étant donné qu’il vient de réintégrer l’UA.
Les présidents Mahamadou Issoufou, Yayi Boni, Barack Obama, Alpha Condé, et Alassane Ouattara, le 29 juillet à Washington. AFP/ Mandel NGAN
Hermann Djea 15 N°49 Février 2014
Diasporas News
invité du mois
Dogad Dogoui, Président du « Africa SMB Forum » Directeur d’un cabinet conseil en communication à Paris et fondateur du réseau Africagora. Diasporas-News : La première édition du « Africa SMB Forum » aura lieu à Casablanca ; quels ont été les critères de ce choix ?
ont accès au crédit bancaire. Nous avons donc choisi de nous occuper des PME, éléments clés d’une croissance inclusive pour réduire la pauvreté, créer des emplois locaux et assurer la redistribution.
Dogad Dogoui : Pour mettre
D-N : Les petites et moyennes entreprises ont-elles réellement accès aux marchés en Afrique ?
en œuvre le 1er forum de la plateforme « Africa SMB » (Small and Medium-sized Business) consacrée à l’interconnexion, au financement et au développement des PME en Afrique, nous avons retenu la candidature de Casablanca (face à Abidjan, Addis-Abeba et Libreville) pour valoriser sa position de hub vers l’Afrique Subsaharienne. De plus, les infrastructures hôtelières, la desserte aérienne et le tissu d’entreprises locales ont emporté la décision.
D-N : Au moment où on parle de croissance soutenue des économies africaines grâce à la hausse du cours des matières premières et aux investissements dans les infrastructures, n’est-ce pas incongru de vous occuper des PME ? Pourquoi ce choix décalé ? D.D : Notre choix n’est pas décalé. Il est celui de l’avenir de l’Afrique et de la croissance inclusive, créatrice d’emplois locaux au service des populations. Le secteur privé est le véritable moteur d’une croissance économique durable en Afrique. Dans ce cadre, les PME y représentent 90% des emplois et un quart du PIB global du continent (soit 450 milliards de Dollars US), mais seulement 20% d’entre elles 16 Diasporas News N°49 Février 2014
D.D : Nous ne méconnaissons pas les soucis des PME africaines pour accéder aux financements de leur développement, ainsi qu’aux marchés publics et à la soustraitance privée. C’est justement la raison pour laquelle la plateforme Africa SMB a été créée en septembre 2012, après une dizaine d’années d’échanges et de contacts avec des entrepreneurs et créateurs du continent. « AFRICA SMB FORUM » est une réponse aux problématiques rencontrées par les patrons de PME : nous leur offrons un cadre permanent d’échanges et de rencontres, pour établir des contrats d’affaires et des alliances commerciales, industrielles, technologiques et financières, d’une part, avec leurs homologues des 5 Communautés Economiques Régionales (CER), d’autre part avec des entreprises et investisseurs d’Occident et des puissances émergentes d’Asie, du Moyen-Orient et d’Amérique Latine. D-N : L’industrie extractive (pétrole et mines), vorace en capitaux, ne seraitelle pas un handicap au développement du tissu économique des pays africains ?
D.D : Pas nécessairement. Les pays d’Afrique regorgent de richesses dont eux-mêmes et le monde entier ont besoin pour faire tourner l’économie. Les mines et les énergies fossiles composent aujourd’hui une grande partie des ressources de nombre d’états africains. Il appartient à ces derniers de mieux investir dans tous les pans de leur économie et de préparer l’avenir de leurs propres populations. Les monarchies pétrolières du Golfe ont démontré les possibilités de diversification offertes aux économies nationales par la manne tirée du pétrole et du gaz. L’industrie extractive peut être le point de départ du développement du tissu économique de certains pays africains, si les dirigeants font preuve de vision à long terme et de sagesse dans la gestion. D-N : D’autant plus que leurs activités s’apparentent à un pillage de nos ressources : remontée des bénéfices en Occident et très peu de royalties versés aux pays producteurs ? D.D : Il n’y a pillage dans certains cas que parce des états ont mal ficelé les contrats qui les lient aux grosses compagnies internationales. Des cas célèbres de dysfonctionnements ont amené les groupes étrangers à des efforts dans la transparence des procédures et contrats, dans la gestion de leur image et dans leur implication réels au développement économique et humain des zones exploitées des pays producteurs. Permettre à un investisseur étranger (d’Occident, d’Orient ou
d’Afrique) de rapatrier dans les dividendes de son engagement, est un gage de bonne gouvernance et de respect des normes du commerce mondial. Encore faut-il que les dirigeants des pays producteurs comparent les offres de tous les coins de la planète (Afrique compris) et négocient en amont une participation effective aux activités et des royalties en droite ligne avec les intérêts de leur pays.
D-N : Vous militez pour une économie ouverte (intra-africain, international) comme moyens de développement, ne faudrait-il pas au préalable former des « champions » nationaux ? D.D : Pas de préalable à cela. Il existe des Afriques : de plus en plus de pays recèlent de managers et de sociétés aptes à participer effectivement au développement économique de leur pays, et aux investissements étrangers. C’est à partir de transferts de compétences bien négociés dans les contrats avec des groupes étrangers, que l’Afrique formera de plus en plus de champions nationaux, régionaux et panafricains. A même de relever les défis de l’industrialisation, de la création de filières économiques intégrées avec formation professionnelle, investissements ciblés et soustraitance. Je crois beaucoup au « Intra-African Trade », aux échanges commerciaux, industriels et financiers entre pays africains : nous avons voulu insister dans les conférences, ateliers et rendez-
invité du mois adaptés aux filières de production et de transformation locale.
D-N : Nos « cerveaux » partent aujourd’hui monnayer leur talent hors du continent, avec quelles ressources humaines assureronsnous notre essor ?
Dogad Dogoui
vous BtoB sur ce fort potentiel de marchés intérieurs aux Afriques. A l’exemple des liens en progression entre d’une part, Afrique Australe et de l’Est, d’autre part, Afrique Centrale et de l’Ouest.
D-N : Croyez-vous au rôle d’intégrateur d’une puissance économique régionale ? Si oui, citez-nous quelques pays susceptibles d’entraîner ses voisins ? D.D : Plus qu’intégrateur, les puissances économiques régionales jouent un rôle moteur de locomotives industrielles, commerciales et ou financières. C’est le cas de Nigéria, Ghana et Côte d’Ivoire (à l’Ouest), de Maroc et Egypte (Nord), de Cameroun, Congo et Gabon (Centre), de RD Congo, Ouganda, Kenya et Ethiopie (Est), d’Afrique du Sud, Angola et Maurice (Sud). D-N : Au nom de la libre-circulation des biens et services, les directives internationales très contraignantes - OMC, ACP – ne risquent-elles pas d’étouffer dans l’œuf l’avenir économique du continent africain ? D.D : Les négociations du commerce international n’ont pas tou-
jours été bien menées par les états africains mais l’avenir économique du continent passe également par le commerce intra-africain. Sans compter que la donne change de plus en plus avec l’arrivée de nouvelles puissances à la recherche d’alliances : gageons que les Afriques sauront négocier au profit de leurs nations, populations et économies avec la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, la Turquie, la Malaisie, le Brésil, Singapour, le Qatar, Abu Dhabi.
D-N : Comment voulezvous transformer ou produire dans ces pays où les intrants voire les produits finis importés coûtent moins chers que les produits locaux ? D.D : Vous soulignez ici le problème des fournisseurs et des sous-traitants locaux. Il est à inscrire à tous les schémas d’investissement des pays d’Afrique, afin d’assurer un approvisionnement local pour les industries de transformation. Au-delà de la main d’œuvre recherchée pour palier à la hausse des salaires en Chine (H&M produira en Ethiopie), les pays africains doivent négocier la participation de PME-PMI locales aux marchés accordés aux groupes : le transfert de compétences est à ce prix pour fournir des outils et techniques
D.D : La mondialisation des échanges a permis l’accélération des déplacements et des migrations de population, gages d’acquisition de compétences et d’expériences utiles au développement, à condition de pouvoir et savoir les mettre au service du continent. Partir est utile. Revenir pour s’investir est précieux pour l’Afrique. A l’instar des diasporas nigérianes, ghanéennes, kenyanes, marocaines ou maliennes, ou encore celle d’Inde ou de Chine, qui ont su tisser une toile dans le monde pour apprendre au contact des autres et mieux réinvestir leur pays, avec la bénédiction des autorités. D-N : Quelles articulations entre Public et Privé, quant à l’investissement en termes de moyen de communications, de facilitation des investissements ? D.D : Au Public, les investissements dans les infrastructures structurantes du développement (centrales énergétiques, réseaux routiers et ferrés, ports, …) et les garanties du « Doing Busines ». Au privé, les secteurs productifs de l’industrie, du bâtiment, du commerce, des services et de la finance. A chacun son rôle mais dans un dialogue permanent, notamment dans les cas de partenariat public-privé (PPP). A chacun son rôle pour le développement.
D-N : Lors du « Africa SMB Forum », un workshop sera réservé à « l’accès au financement ». Quid des coûts de facteurs de production, des carcans adminis-
tratifs, des infrastructures ? D.D: Pendant 3jours (12, 13 et 14 mars 2014), les participants inscrits auront la possibilité de participer à 5 conférences, 12 ateliers thématiques et 10 rendez-vous qualifiés et pré-organisés. Parmi les ateliers, 4 sont dévolus aux financements (où les trouver ? comment les obtenir ? quels types ? …), 4 aux marchés Export et 4 aux renforcements des capacités du dirigeant. Bien sûr, les PME en Afrique (comme partout dans le monde) rencontrent souvent des difficultés pour mobiliser les financements, les partenariats et accéder aux marchés. Mais, l’Afrique change à grande vitesse, s’équipe d’infrastructures modernes et accélère les moyens de communication utile aux échanges.
D-N : A quelle échéance pensezvous que les PME prendront-elles le relais du développement économique à la place de l’industrie extractive ? D.D : L’Afrique a besoin impérativement des deux : les PME-PMI pour libérer les énergies créatrices d’activités et d’emplois, les industries extractives pour constituer les fonds souverains et d’investissements nécessaires au développement économique. Mais, la pression démographique et des populations jeunes offrent à l’Afrique un formidable potentiel de croissance à partir du vivier de compétences et de consommateurs.
D-N : Un mot de la fin D.D : J’encourage les lecteurs de « Diasporas-News » à la recherche de partenaires, de financements et de marchés, à rejoindre le « AFRICA SMB FORUM » du 12 mars à 12h30 au 14 mars à 15h pour s’informer, être conseillés et rencontrer leurs futurs clients, partenaires, distributeurs. Rendezvous à Casablanca, pour « interconnecter et financer les PME pour l’emploi et la croissance inclusive ». Lamine THIAM 17 N°49 Février 2014
Diasporas News
sport
Milovan Rajevac, nouveau sélectionneur du Bénin ?
La Fédération Béninoise de Football par le biais de son secrétaire général a communiqué une liste de 20 sélectionneurs qui ont postulé au poste de sélectionneur de l'équipe nationale du Bénin.
I
ls sont donc une vingtaine à vouloir prendre la succession du Français Manuel Amoros. Omar Tchomogo, intérimaire depuis le départ du Phocéen, n'a visiblement pas gagné la confiance du président de la FBF malgré ses bons résultats et la popularité dont il jouit au pays de Stéphane Sessegnon. Le président Augustin Ahouenvoebla a donc reçu 20 candidatures dont 1 Béninois et surtout celui du Serbe Milovan Rajevac. L'Ancien sélectionneur du Ghana a visiblement envie de revenir en Afrique après des expériences moins glorieuses dans le Golf. On note aussi la présence des Français Hubert Velud (Malheureux à Cabinda avec le Togo lors de la CAN 2010 en Angola) et Patrice Neveu (en poste en Mauritanie).
Liste 1 - NAVARRO Adrian (1971) : Argentine 2 - RAJEVAC Milovan (1954) : Serbie 3 - GARCIA Ramirez Jose Luis (1959) : Espagne 4 - RODRIGO Roberto : Argentine 5 - WOJCIECH Lazarek : Pologne 6 - OGOUYON Adolphe : Bénin – France 7
- ARENA Gugliermo (1973) : Italie
8 - NGOMA Otis (1962) : RD Congo 9 - LARIEPE Christian (1959) : France 10 - OLLE-NICOLLE Didier : France 11 - DOS SANTOS VELENTE Vitor Sergio : Portugal 12 - ESTRADA Franciso Arsenio Valente (1960) : Portugal 13 - BAIRD Matthew James (1983) : Trinité et Tobago 14 - ROSSIGNOL Jean Paul : France 15 - CHAMBARON Didier : France 16 - KONE Lassina dit Pereira : Côte d'Ivoire 17 - THISSEN Jean (1946) : Belgique 18 - NEVEU Patrice : France 19 - HUBERT VELUD : Français 20 - KARI Ukkonen (12.02.1961) : Finlande
Cette liste devrait être prise avec beaucoup de réserve puisque la FBF avait déjà annoncé il y a quelques semaines être en négociation avancée avec Jean Pierre Papin et Michel Dussuyer. Ces deux noms ne se retrouvent curieusement plus dans la liste des candidatures. Echec de négociation ou effet d'annonce, le Bénin devra recruter très bientôt un sélectionneur puisque les Barrages de la CAN 2015 s'annoncent déjà et les Internationaux béninois ne se sont plus retrouvés depuis le mois de septembre. Le Bénin fait partie malheureusement de ces pays africains où les Internationaux suivent à la télé les matchs des jour18 Diasporas News N°48 N°49 JFanvier évrier 2014 2014
Milovan Rajevac
nées FIFA ou profitent de ces journées pour prendre des congés. La première journée FIFA de l'année 2014 aura lieu le 05 mars, et verra les sélections africaines affuter leurs armes. On notera par exemple le Gabon qui joue le Maroc à Marrakech et la Mauritanie qui affrontera le Togo ou le Niger. La Fédération béninoise de football en place depuis 4 mois devrait en profiter pour concrétiser l'une de ses promesses électorales. Afrique football
sport
AUDREY NAHI, UNE ETOILE DU FOOTBALL FEMININ ITALIEN
Jeune Footballeuse, championne des écoles de Football féminin en Italie avec son équipe pour la saison 2013, Audrey Nahi, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, nous raconte son histoire, sa passion pour le Football et ses projets pour une future carrière prometteuse.
Diasporas-News : Qui est Audrey Nahi, et quelle est votre histoire ? Audrey Nahi : Je vous remercie. Je m’appelle Audrey Nahi, née à Abidjan il y a bientôt 17 ans en Côte d’Ivoire. Je vis depuis près de sept ans en Italie avec mes parents à Fermo, dans la province d’Ancona, région des Marches. Je suis étudiante en 3ème année tourisme à Fermo. Je joue au ballon depuis cinq ans. J’ai commencé à jouer depuis la Côte d’Ivoire, mon pays d’origine, mais à Abidjan je faisais plutôt le football de rue.
D-N : Pourquoi avez-vous choisi le football ? A.N. : Le football me plaît beaucoup. J’ai une grande passion depuis ma tendre enfance du sport en général et particulièrement pour le football. Malheureusement je vivais avec mes oncles à Abidjan qui m’interdisaient d’aller jouer au football, parce qu’ils trouvaient que c’était un sport pour homme. Quand je suis arrivée en Italie où j’ai rejoint mes parents, mon père Nahi Henri a voulu que j’aille jouer au basket, je n’ai pas voulu. J’avais ma passion que je tenais à satisfaire. Je me suis donc mise à chercher une équipe de football dans la région. C’est donc de cette manière que j’ai pris les informations dans une école de formation. Mes parents ont
été après obligés de respecter mon choix. Je joue donc depuis 5 ans dans l’équipe de l’ASD Porto Sant’Elpidio. Nous participons au championnat national de football féminin.
D-N : Peut-on avoir une idée de votre palmarès depuis que vous jouez ? A.N. : Depuis que je joue, j’ai remporté trophées et médailles avec mon équipe. Il y a 20 équipes du football féminin en Italie. Et mon équipe au championnat national, comptant pour la saison 2013, occupe la 5ème place. Au niveau du championnat régional, notre équipe est la championne des écoles de football après avoir remporté le titre pendant les jeux sportifs estudiantins de 2013.
D-N : Quels sentiments éprouvez-vous aujourd’hui au sein de cette équipe ? A.N. : Au sein de mon équipe « ASD Porto Sant’Elpidio », il y a une bonne ambiance. Je me sens très à l’aise à jouer avec mes coéquipières. Ma plus grande satisfaction est d’avoir réalisé mon rêve d’enfance, celui de jouer au football. Je suis donc contente parce que, comme je vous le disais le football est ma passion depuis mon enfance. J’ai le soutien de mes parents qui m’encouragent à continuer et
aller de l’avant et cela me donne encore plus de courage à jouer.
D-N : Que pensez-vous du football féminin, surtout en Côte d’ivoire ? A.N. : Je pense que le football féminin en Côte d’Ivoire est en évolution. C’est vrai que j’étais très jeune à Abidjan, donc je n’ai pas pu apprécier le niveau du football féminin. Mais ce que je puisse dire, j’ai connu des jeunes filles dans mon quartier à Yopougon avec qui je jouais, qui évoluent aujourd’hui au championnat national de Côte d’Ivoire. A l’image de ces anciennes camarades, je peux dire que le football féminin évolue dans mon pays d’origine. En Afrique, les talents existent, mais il manque énormément de structures appropriées pour l’encadrement des jeunes sportifs. La situation de crise politique qu’a connue la Côte d’Ivoire a beaucoup affaibli les possibilités économiques de plusieurs familles qui ne peuvent pas envoyer les enfants à l’école à plus forte raison dans des écoles de football. Et puis je ne pense pas qu’il y ait des structures adaptées pour la formation des jeunes filles désireuses d’évoluer dans cette discipline. Sur le plan international, quand vous suivez l’actualité sportive, vous vous rendez compte que le football féminin évolue autant que le football masculin, même si on lui accorde peu d’espace dans les médias internationaux.
AUDREY NAHI
D-N : Quels sont vos projets pour cette carrière ? A.N. : Pour le futur, je souhaite que j’aie toujours la possibilité physique de pouvoir jouer au ballon. J’ai de grandes ambitions comme tout jeune de mon âge que je me réserve de révéler ici actuellement. J’aimerais un jour évoluer dans l’équipe nationale de la Côte d’Ivoire si l’on fait appel à moi. C’est un de mes vœux majeurs, jouer en équipe nationale de mon pays.
D-N : Au terme de cet entretien quel est votre dernier mot ? A.N. : Je voudrais vous remercier de me donner cette grande opportunité. Je souhaite que les dirigeants Africains mettent sur pieds des structures de formation qui puissent prendre en compte aussi bien les jeunes filles que les garçons. Parce que généralement, au niveau des centres de formations de football dans les pays Africains, l’on ne tient pas compte des filles. Je souhaiterais que cela change pour donner la chance à tous les jeunes. Je remercie mes parents pour le soutien qu’ils me donnent dans la voie que j’ai choisie. Contacts : Audrey Nahi : enrinahi@gmail.com Compte rendu RENE KOUAME ( Italie) 19 N°49 Février 2014
Diasporas News
société
De Mantes-la-Jolie à Bangui la "pionne" de lycée devient "madame la ministre"
Ses élèves lui manquent déjà mais elle n'a pas le choix, son pays natal, la Centrafrique, a besoin d'elle: à 48 ans Gisèle Bedan, assistante d'éducation dans un lycée de Mantes-la-Jolie (Yvelines) est devenue ministre de l'Education nationale du nouveau gouvernement de transition.
L
'agenda de "madame la ministre" est déjà très serré : il y a tant de choses à régler et de valises à boucler avant de s'envoler pour la Centrafrique où sa nouvelle mission l'attend. "J'ai eu des maux de tête effroyables, je suis trop émue", confiait-elle au téléphone, après la fête donnée jeudi en son honneur au lycée Jean-Rostand. Cette élégante mère de famille, recrutée en septembre par Pôle emploi pour animer une maison des lycéens, n'en revient toujours pas, depuis que la présidente centrafricaine, Catherine Samba Panza, élue le 21 janvier lui a annoncé la nouvelle dans un email. "Je n'avais rien demandé, mais c'est peut-être le bon moment d'apporter ma pierre à l'édifice", estime Mme Bedan, partagée depuis ses deux ans entre la Centrafrique et la France, où elle est résidente. Inconnue en France, cette femme humble et abordable est une personnalité influente en Centrafrique. Née à Bangui d'une mère enseignante et d'un père diplomate, elle a fondé en 1996 un établissement scolaire privé "à moindre coût" accueillant 980 élèves dans la capitale, et qu'elle dirige toujours. "J'ai osé cet établissement et j'ai tenu bon, cela n'a pas été facile", raconte celle qui a fait de la lutte contre l'opacité dans l'attribution des diplômes un cheval de bataille. "Changer le regard des jeunes sur eux-mêmes" 20 Diasporas News N°49 Février 2014
Gisele Bedan et une amie le 1er février 2014 à Paris
Lorsque la situation du pays a dégénéré l'an dernier, Gisèle Bedan a prolongé son séjour en France et s'est mise en quête d'un job dans l'éducation, pour ne pas attendre "sans bouger". "Comme beaucoup", elle a connu les refus,
jusqu'à ce que son CV arrive enfin sur le bureau de la proviseur. Dès leur rencontre, les deux femmes ont été sur la même longueur d'ondes. "Aider des élèves en manque de repères, leur apprendre le respect et lever les a
priori, c'était un défi pour moi", assure l'ex-assistante, qui voulait "changer le regard des jeunes sur eux-mêmes et leur établissement". Au lycée, elle s'est d'ailleurs illustrée pour son franc-parler à l'adresse de certains élèves, pas toujours commodes, quitte à les bousculer : "elle leur disait que retirer les casquettes et les capuches, c'était déjà une façon de se former à demain", relate la proviseur, Meryem Karbiche, impressionnée par cette recrue "qui n'a pas eu peur de se retrousser les manches" dans un lycée "où tout paraît difficile". "Sa nomination comme ministre, je ne suis pas étonnée ! C'est une grande dame, avec une grande classe, qui voit grand pour nos jeunes !", s'exclame-t-elle. A l'instar de Gisèle Bedan, une conseillère municipale de BussySaint-Georges (Seine-et- Marne) a été appelée à rejoindre le gouvernement de transition en tant que ministre de la Communication, alors que la Centrafrique est en proie à des violences interreligieuses et à une crise humanitaire sans précédent. A quelques jours de son départ, la ministre, "meurtrie" par la guerre dans son pays, n'a pas encore de feuille de route ministérielle. Mais une priorité l'obsède : "il faut que la paix et la sécurité reviennent, pour que les enfants reprennent le chemin de l'école". AFP
La proviseur, Meryem Karbiche et Gisele Bedan
société
La nouvelle politique d’attractivité de la France pour attirer les étudiants africains
La France peut paraître schizophrène dans sa politique envers l’accueil des étudiants africains. Après les dégâts causés par la circulaire Guéant, l’enseignement supérieur français veut rendre attractif le séjour des étudiants étrangers en France. Le vote d’une nouvelle loi est sensé leurs assouplir les démarches administratives avec les préfectures.
M
algré une certaine confidentialité, pour ne pas certainement s’attirer des contestations inutiles, le résultat est bien là. Désormais en France, les étudiants africains peuvent bénéficier d’un titre de séjour pluri annuel dont la durée sera calquée sur celle des différents cursus d’étude du Licence – Master – Doctorat : 3 ans pour la Licence, 2 ans pour le Master et 3 ans pour le Doctorat. Il s’agit de l’adoption de propositions sur l’attractivité des Universités françaises que l’Assemblée nationale française a adopté le 03 Juillet 2013 et rentrées en vigueur pour la rentrée universitaire. Discuté dans un premier temps au Sénat, le texte était constitué par des propositions de la Sénatrice Dominique Guillot. La partie concernant le « séjour » de l’étudiant étranger a été inclus dans le projet de loi sur l’enseignement supérieur qui a été examiné et adopté par le Sénat. La procédure parlementaire a été poursuivie à l’Assemblée nationale française où on a pu constater des avancées sur le texte originel dans l’article 47 de la loi relative à l'enseignement supérieur et à la recherche. Il s’agit d’abord de l'extension de l'autorisation provisoire de séjour (APS) de 6 à 12 mois. Le nouveau texte prévoit que les mentions restrictives et conditionnelles à l'obtention de l'APS seront supprimées (« dans la perspective de son retour dans son pays d’origine » et référence à un emploi « participant directement ou indirectement au développement économique de la France et du pays dont il a la nationalité »). Parmi les autres avancées obtenues, on peut compter la précision apportée sur la définition de la « première expérience professionnelle ». Ce qui doit permettre aux nouveaux diplômés africains de ne pas se limiter à « un seul emploi ou un seul employeur » et ainsi à accroitre ses possibilités d'embauche mis à mal par la crise économique qui perdure en Europe. Le projet sur l’attractivité de l’enseignement supérieur français a été soutenu pour palier à un déficit au sein des effectifs des universités françaises. En effet malgré une hausse sensible, en 201022 Diasporas News N°49 Février 2014
2011, du nombre d’étudiants étrangers accueillis, environ 230 000, soit une augmentation de près de 40 % en dix ans, les deux dernières années sont marquées par un recul de la fréquentation des universités françaises. Jadis terre d’accueil d’étudiants étrangers, la France est passée au quatrième rang mondial. En guise d’exemple de ce recul, la France est désormais devancée par l’Aus-
tralie qui a « mené une politique conquérante, en assouplissant les critères d’octroi des visas au bénéfice des étudiants étrangers ». La France entend ainsi tournée le dos définitivement à la circulaire du 31 mai 2011 dite « Guéant » qui restreignait les possibilités d’embauche aux étudiants étrangers à la fin de leurs études. Moussa DIOP
société
Le fonds de financement des Sénégalaises en France sur fond de polémique
Avec la mise en place de l’acte III de la décentralisation, il est plus que vraisemblable que la promesse de faire de la diaspora sénégalaise la quinzième région du Sénégal ne verra pas le jour. Cependant certaines aspirations de cet ensemble virtuel connaissent un début de frémissement. C’est le cas du financement des projets économiques des Sénégalaises en France. Une satisfaction, certes mais accompagnée d’interrogations et d’inquiétudes.
D
epuis janvier 2014, les Sénégalaises en France peuvent être éligibles à un prêt de leur Etat de 15 000 euros maximum par demande. Elles bénéficient au total d’une enveloppe globale de 200 millions de Fcfa soit l’équivalent de 300 000
euros. La somme fait partie des 1,5 milliards de F CFA alloués à toutes les femmes de la diaspora sénégalaise éparpillées dans le monde. Pour Sory Kaba, le Directeur général des Sénégalais de l’extérieur, le gouvernement a décidé de passer « à une nouvelle dimension du Fonds d'appui à l'investissement des Sénégalais de l'extérieur (FAISE). La volonté politique des autorités fait que le « Faise » est passé de 330 millions à 1 milliards de budget ». Les autorités sénégalaises veulent ainsi montrer qu’ils prennent en compte les besoins de leurs compatriotes à l’extérieur des frontières du Sénégal. Ils n’hésitent pas à communiquer sur la rupture avec le régime précédent. Ainsi on entend marteler que le nouveau fonds fait parti des « 31 milliards qui ont été récupérés de la traque des biens mal acquis ». Cependant des craintes ont été bien for-
mulées par de nombreuses Sénégalaises de la diaspora sur la supposée impartialité des autorités chargées de sélectionner les différentes demandes. « Il faut que nous ayons des garanties que ce n’est pas un fonds exclusivement destinés aux femmes de l’Alliance pour la République (APR, le parti du président Macky Sall) », s’inquiète Astou, une sénégalaise trentenaire. C’est une inquiétude partagée par des membres de la société civile sénégalaise en France et des partis d’opposition qui parlent « d’une récompense donnée aux militantes du parti présidentiel pour avoir bien soutenu le candidat Macky Sall lors de l'élection présidentielle ». Du côté des autorités sénégalaises, on balaie d’un revers de main ces interrogations sur les véritables bénéficiaires des 15 000 euros par demande. « Je rassure tout le monde et j’en prends l’engagement qu’il n’y aura pas une distinction d’appartenance politique, pour Sory Kaba ». Et à celui qui joue le rôle du ministre des Sénégalais de l’extérieur, sans le titre, de rappeler le cadre fonctionnel de la mesure. « Nous avons mis en place le cadre organisationnel et institutionnel
Sory KABA
qui va piloter le projet de financement des femmes de la diaspora, précise Sory Kaba. Toutes les femmes, sans distinction de partis politiques, sans distinction religieuse ni raciale peuvent être éligibles au financement des femmes de la diaspora. Dans son esprit, le projet entend uniquement appuyer les femmes dans leurs activités économiques au quotidien dès lors qu’elles subissent la crise (économique, ndlr) des pays d’accueil ». Pour le moment toutes les activités économiques peuvent être éligibles à ce fonds d’un montant maximum de 15 000 euros à l’exception des secteurs très demandés comme le transport et l’immobilier. Le commerce sera « très encadré » pour éviter des dérives. Moussa DIOP 23 N°49 Février 2014
Diasporas News
Rencontre avec
société
LADY NGO MANG EPESSE
Lady vous écoute… c’est elle, Lady Ngo Mang Epéssé qui depuis 2008 est aux commandes de son talk-show. Une émission de débats, où tous les sujets de la vie quotidienne sont abordés, pour le plaisir des téléspectateurs qui peuvent aussi intervenir et donner leur avis.
D
evant l’énorme succès de l’émission, la chaine panafricaine Télésud, ne peut que lui faire confiance en lui permettant d’animer une autre en 2011: Mission Lady (initialement intitulé « Croire au Féminin »). Une émission dominicale, qui se veut plus religieuse. Fervente chrétienne, femme de médias, épouse et mère, Lady rajouterait bien d’autres cordes à son arc, car elle n’a pas fini de gravir les échelons... «J'ai toujours été convaincue que chaque homme et chaque femme est éligible à la tribune des questions qui nous concernent tous. Il n'est pas question de disqualifier qui que ce soit, lorsque l'on veut recueillir des informations. »
Diasporas - News : Quel est votre parcours ? Lady Ngo Mang Epéssé : Je suis engagée sur plusieurs fronts. Depuis de nombreuses années, j'exerce simultanément dans les médias et dans la société civile. En amont de ma vie professionnelle, il y a en effet, l'enrichissement qu'apportent les expériences de formations, ayant aiguisé mon intérêt pour les cultures africaines et occidentales, ma curiosité pour leurs traditions respectives, et la découverte permanente du fonctionnement des individus. Etudier les langues, comprendre le mécanisme de la linguistique, découvrir les méandres de la culture d'entreprise et du marketing à l'international, ce sont là, les fruits de ma formation initiale en langues étrangères, d'une part et en école de commerce pour la gestion d'affaires internationales d'autre part. La maturité aidant, il s’est avéré utile de devoir compléter cela, des années après, par d'autres 24 Diasporas News N°49 Février 2014
formations universitaires encore, à caractère sociologique notamment. Aujourd'hui, je n'ai toujours pas fini d'apprendre, puisque je suis inscrite en faculté de théologie à l'ICP.
D-N : Comment l'idée d'animer un talkshow, vous est-elle venue ? L.N.M.E : Je travaille sur les droit des femmes, et cette émission est en fait un travail de recherche universitaire dont j'ai souhaité replacer la réalité dans son contexte d'origine : c'est-à-dire au cœur des relations sociales. Il s'est avéré impératif de devoir donner la parole à tous, sur ce qui n'est pas la propriété des chercheurs. J'ai toujours été convaincue que chaque homme et chaque femme est éligible à la tribune des questions qui nous concernent tous. Il n'est pas question de disqualifier qui que ce soit, lorsque l'on veut recueillir des informations. Evoluant par ailleurs sur le terrain de la communication, il était évident pour moi de traiter cette matière, d'avoir recours aux médias, qui à mon avis sont le tam-tam des temps modernes. J'ai commencé par le programme quotidien "Lady vous Ecoute" à l'antenne depuis 2008 du lundi au vendredi à 11H30, sur Télésud, suivi d'un programme dominical "Mission Lady" (initialement intitulé Croire au féminin.) sur la même chaine, depuis 2011 le dimanche à 10h. Je dois préciser que pour "Lady vous écoute", l’aspect participatif est la quintessence même de ce programme, car chaque téléspectateur a la liberté de s’exprimer sur les sujets proposés, quant au programme "mission lady" tourné en semaine et diffusé le
dimanche, il permet de prolonger la discussion avec des références bibliques. En effet, les religions sont souvent désignées comme le socle de pratiques sociales, les bonnes comme les mauvaises, il était important de proposer un espace de compréhension d’une matière souvent interprétée avec force syncrétisme.
D-N : Quelle est votre journée type ? L.N.M.E : Je cours pour rattraper le temps chaque matin, car vous avez bien compris qu'une vie mosaïque induit plusieurs compétences notamment celle de préparation de ces programmes. Prise d'antenne en direct, donc la ponctualité est de rigueur, mais le direct aussi nécessite une vigilance à toute épreuve. Les appels reçus au téléphone sont sans filet, ils ne sont pas filtrés. Après le direct, il faut préparer les émissions suivantes. En marge de cela, il faut pouvoir vaquer aux autres activités. Je participe aux travaux du Haut Conseil à l’Égalité entre les Femmes et les Hommes. (Instance installée par la Ministre des droits des femmes en 2013) et, ayant pour mission d’assurer la concertation avec la société civile et d’animer le débat public sur les grandes orientations de la politique des droits des femmes et de l’égalité. Tout ce qui précède est cependant fait après l’essentiel. Je m’investis dans mon propre ministère de chrétienne, d'épouse, de mère, car les priorités ont pour moi un ordre immuable : Dieu, la famille, et le reste.
D-N : Combien de personnes travaillent
avec vous ces émissions ? L.N.M.E : Merci de me donner l’occasion de rappeler qu’une émission n’est pas que , ce que l’on voit à l’écran, mais le fruit d’efforts de toute une équipe technique et d’une Direction que je voudrais ici remercier pour tout ce qui est mis en œuvre pour faire exister ce qui pour d’autres n’aurait été pris que comme étant les élucubrations d’une bonne femme ! Maquilleuse, ingénieur du son, Réalisateur, diffuseur, etc. Téléspectateurs sont tous indispensables à la réussite d'un tel travail.
D-N : Ce genre d'émissions est très prisée, selon vous pourquoi peu de femmes noires de nos médias en animent ? L.N.M.E : Je pense plutôt que ces femmes sont nombreuses et compétentes, charge aux médias de savoir travailler avec les personnes indiquées.
D-N : Quels sont les retours des téléspectateurs concernant vos émissions ? L.N.M.E : Les téléspectateurs nous disent être satisfaits d’avoir des programmes qui leur ressemblent et qui les rassemblent, en leur donnant en outre, l'occasion de donner leur avis.
D-N : Quel est votre meilleur et pire souvenir ? L.N.M.E : Mon meilleur souvenir est en 2008, d’avoir pu voir une mobilisation de certains téléspectateurs en faveur d’une femme qui se trouvait en détresse en Afrique
société
LADY NGO MANG EPESSE
du Nord, du fait de la maltraitance de son mari, et qui a pu être redirigée vers sa famille en Afrique subsaharienne pour garder la vie sauve. Par contre Je n’ai pas de pire souvenir, quand bien même parfois, les conditions du direct réservent parfois des situations inattendues !
D-N : Combien de temps pensez-vous continuer à animer « Lady vous Écoute, et Mission Lady » ? L.N.M.E : Tant qu’il y aura des femmes et des hommes, et qu’il y aura matière à discussion sur la nature de leurs rapports sociaux.
D-N : Modifierez-vous, ou changerez-vous certaines choses ? L.N.M.E : Le maître mot est de rester ouvert à tout ce qui peut améliorer ce qui est déjà fait. Toutes les bonnes idées sont les bienvenues.
D-N : Quelle est la prochaine étape ? L.N.M.E :Je reste à l’écoute de ce que Dieu mettra sur mon cœur. STEVYNE N’ZABA.
25 N°49 Février 2014
Diasporas News
Rencontre avec
société
Ekutsu Mambulu, spécialiste en politique migratoire et Journaliste indépendant
Ne dit-on pas qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ? C’est le cas de ce jeune cadre Italien d’origine Africaine précisément de la RDC, Fortuna Ekutsu Mambulu que nous avons rencontré. Il nous parle de sa vie et de ses projets.
Diasporas-News : Depuis quand êtesvous en Italie, et quelle est votre histoire ? Fortuna Ekutsu Mambulu : Je vis en Italie depuis juillet 2002. Après un passage à Rome et à Turin pour étudier la langue italienne, je me suis transféré à Vérone en 2003 pour poursuivre mes études en management d'entreprise. Depuis Janvier 2013, je dirige African Summer School. Je suis aussi à la fin de ma formation de Master spécialisé en Politique migratoire à la School of Management de l'université de Bergamo. Entre autre, je continue à exercer comme journaliste indépendant. J'ai travaillé pendant 4 ans et demi, jusqu'en mi 2012, comme rédacteur économique et speaker radiophonique à Afriradio (Nigrizia Multimédia).
D-N : Pouvez-vous nous parler du Master African Summer School que vous dirigez ? F.E.M : African Summer School est une école d'été que j'ai conçue en 2011 et dont la première édition a été réalisée en début 2013 avec l'appui du penseur africain Jean Paul Pougala. L'idée part du constat selon lequel en Europe, là où je vis, notre continent est souvent mal communiqué. Un bon nombre de ceux qui en parlent, le font pour des intérêts qui ne coïncident pas avec les priorités de la nouvelle génération d’africains vivant 26 Diasporas News N°49 Février 2014
en Europe. Nous voulons qu'il y ait un certain équilibre dans la présentation de notre continent, qui n'a pas le monopole des malheurs du monde. Notre continent offre aujourd'hui plusieurs opportunités à ses fils émigrés ailleurs, qui souvent sont sous-informés à cause de leur attachement aux médias qui continuent à présenter les pays africains d'une certaine manière. Nous avons aussi constaté que les élites africaines qui tiennent un discours positif sur le continent n'ont pas assez de place dans les médias. C'est pour cela que nous avons décidé de créer cet espace, en innovant sur la forme. En effet, African Summer School n'est ni un séminaire, ni une série de conférence. Bien qu'offrant un cadre privilégié aux intellectuels africains et de la diaspora qui tiennent un certain langage sur l'Afrique dans le but d'équilibrer l'information sur notre continent. African Summer School est une école animée par plusieurs enseignants africains et italiens, qui mettent à disposition leurs compétences dans un esprit de dialogue culturel. La formation intense dure une semaine, au terme de la quelle les participants auront trois mois pour développer leur travail de fin d'études. D'autre part, il convient de souligner qu'African Summer School est une nouveauté au niveau international car elle a réussi à lier l'enjeu de l'information positive sur l'Afrique à celui de la préparation (training) des jeunes africains à retourner entreprendre en Afrique. En effet, la semaine de formation est faite aussi d'un ensemble de Workshops visant à transmettre aux partici-
Ekutsu Mambulu Fortuna et quelques étudiants
pants des instruments les aidant à développer des projets à réaliser en Afrique. Le meilleur projet d'entreprise, présenté au terme des trois mois de travail individuel de chaque participant, est suivi avec un appui technique de nos partenaires, qui interviennent dans le processus de recherche des financements et de startup.
D-N : Quels sont vos projets pour l’Afrique et pour l’Italie ? F.E.M : Pour le moment, je me concentre sur le développement de la deuxième édition d'African Summer School, qui se tiendra en fin juillet 2013 à Vérone. Il se pourrait que ce projet prenne
une envergure continentale, soit en Europe qu'en Afrique. Cela dépendra de l'intensité avec la quelle nous allons y travailler et des possibilités que nous pourrons rencontrer en cours de chemin. Je me bats aussi pour qu'il y ait un réseau fort de la diaspora africaine en Italie, pour que les événements importants tels que la nomination d'un des nôtres, Cécile Kyenge, à la tête du Ministère de l'Intégration, ne constituent pas la fin de notre présence dans les hautes sphères de ce pays où nous vivons et sommes appelés à apporter notre contribution.
D-N : Quel regard avez-vous de la politique Africaine et particulièrement
société
Ekutsu Mambulu Fortuna
de ce qui se passe au Congo et en Afrique Centrale ? F.E.M : Je crois que nos dirigeants africains, en ce 21ème siècle, manquent d'audace. Beaucoup est fait aujourd'hui, mais bien souvent l'essentiel est négligé. La
Nous avons déjà un projet unificateur, mais nos chefs d’États agissent comme s'ils n'y croyaient pas vraiment. Recevoir de l'aide extérieur pour le budget de l’Union Africaine est inacceptable dans la vision de la nouvelle génération des africains. Il faut avoir un peu d’orgueil! L'argent est là. Il suffit de bien le gérer. Le rôle économique que jouait la Libye dans la construction
de l'unité africaine a été remis en question par la destruction de ce riche pays d’Afrique qui donnait un souffle au projet panafricain. A qui le tour ? Il nous faut donc récupérer cette force économique pour construire les institutions panafricaines. Tout ceci, sans oublier l'urgence d'avoir aujourd'hui deux ou trois pays africains puissants qui s'unissent pour protéger les autres états-clef du continent, tout en jouant le rôle de police continentale, dans le but de prévenir et d'éteindre les foyers des conflits, et évitant ainsi de laisser nos territoires dans les mains des milices privées et des forces internationales dont l'efficacité reste à désirer.
Je suis aujourd'hui convaincu que nous pourrions relever ces défis qu'en remodelant notre manière de former les africains et africaines de demain. Sommes-nous vraiment formés pour aimer, protéger et faire prospérer nos territoires? C'est pour cela que ma lutte se concentre sur le système éducatif. Contact : Fortuna Ekutsu Mambulu Coordinator AFRICAN SUMMER SCHOOL www.africansummerschool.org Facebook African Summer School Info@africansummerschool.org Compte rendu RENE KOUAME, Italie pour Diasporas-News
Culture
livre
question, par exemple, de l'unification de l'Afrique n’accélère pas dans le bon sens. Elle résoudrait, à elle seule, de nombreux problèmes, entre autres, les conflits alimentés de l'étranger entre différents groupes ethniques et nations, comme c'est le cas dans les grands lacs.
27 N°49 Février 2014
Diasporas News
livre
Culture
28 Diasporas News N°49 Février 2014
La SaintValentin dans le monde • Au Brésil, on ne parle pas de Saint-Valentin mais de dia dos namorados (jour des amoureux) fêté non pas le 14 février mais le 12 juin.
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Marcelle KPA
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• En Colombie, la Saint-Valentin est fêtée le troisième samedi du mois de septembre. Elle s'appelle día del amor y amistad (jour de l'amour et de l'amitié). • La Saint-Valentin s’est popularisée également en Inde et au Pakistan, provoquant l’hostilité de certains groupes opposés à cette influence occidentale). • En Catalogne, il s'agit de la Sant Jordi, les hommes offrent une rose aux femmes et les femmes un livre aux hommes.
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Le numéro de février vient de paraître n°526 - février 2014
• En Chine, depuis les années 1980, la Saint-Valentin connaît une popularité importante, notamment chez les jeunes, qui génère diverses activités commerciales. À part la Saint-Valentin, il existe une fête traditionnelle, le Qi Qiao Jie, pour les amoureux, provenant d’une légende ancienne, dont la date est le septième jour du septième mois du calendrier lunaire.
Mode
Paris - Milan - NY Nos hoMMEs Du Mois PAscAl légiTimus KéziAh Jones
« La gloire des imposteurs »
Aminata Traoré Femmes de leTTres
Nafissatou Dia Diouf Emeline Pierre
FATou Troré
lance l’e-commerce en afrique
• En Israël, Tou Beav est un jour dont la signification peut se rapprocher de la Saint-Valentin. Il est fêté au mois de juillet ou d'août (date grégorienne changeant suivant le calendrier hébraïque).
1er salon du livre de Brazza La sciENcE Est-ELLE accEssibLE aux fEMMEs ?
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N°49 Février 2014
Diasporas News
horoscope BELIER
Ce mois-ci, vous êtes très demandée, ne vous laissez-donc pas envahir. Faites en sorte de pouvoir contenter tout le monde. Vous êtes pleine d’entrain et vous vous attachez à prendre fait et cause pour les plus démunis. Votre intuition peut vous ouvrir de belles perspectives!
TAUREAU
Sur le plan sentimental, la tendresse est au rendez-vous. Professionnellement soyez plus diplomate dans vos échanges. Divertissez-vous un peu. Cela vous permettra de vous relaxer. Légère déprime, ressaisissez-vous !
GEMEAUX
N’hésitez pas à vous montrer entreprenante, cela peut être bénéfique. Atmosphère lourde avec votre partenaire, essayez de communiquer davantage. Sur le plan professionnel tout est calme. Relativisez et soyez indulgente envers vous-même!
CANCER
Vous n’êtes pas très expansive, mais savez mesurer vos propos ? Peutêtre du travail ce mois-ci? Vos compétences sont reconnues et cela vous booste ! Essayez de vous aérer, cela vous fera le plus grand bien.
BALANCE
Période harmonieuse sur le plan sentimental. Soyez moins impulsive avec votre entourage. Réfléchissez bien face à des offres prometteuses! Détendez-vous au maximum pour évitez des problèmes de sommeil.
SCORPION
Des opportunités sur le plan professionnel. Votre esprit méthodique vous aide beaucoup à faire avancer vos projets et vous vous en donnez les moyens. La fatigue peut vous jouer des tours ce mois-ci, relaxez-vous.
SAGITTAIRE
Les relations sentimentales sont en dents de scie, mais cela ne dure pas. Vous avez un optimisme à toute épreuve et vous séduisez ! Vous avez plein de projets mais soyez modérée et prenez le temps d’agir ! La forme et le moral sont au rendez-vous.
CAPRICORNE
Soyez plus réaliste et compréhensive sinon vous auriez à le regretter. Sur le plan professionnel, on vous apprécie. Attention aux grosses colères! Ce n’est pas bon pour la santé !
LION
VERSEAU
VIERGE
POISSONS
Vous vous sentez un peu tendue en ce moment et cela joue sur votre couple. Essayez de détendre l’atmosphère ! Vous vous montrez anticonformiste et cela ne plaît pas toujours aux autres. Des problèmes d’yeux. Vous vous montrez intuitive et cela vous permet d’avancer à grand pas. Côté sentimental, c’est le bonheur. Attention aux finances ! Néanmoins vous vous sentez plus libre dans vos activités. Reposez-vous davantage !
Besoin de prendre de nouveaux contacts professionnels. Ne faites pas attention aux mauvaises langues. Restez mesurée dans vos propos pour ne pas froisser vos amis. Grosse fatigue en perspective. Avancez avec doigté pour éviter certaines tensions autour de vous. Toujours rigoureuse dans votre travail, n’en ménagez pas moins ceux qui vous semblent moins rapides que vous. Profitez de vos week-end !
Gastronomie : N’dolé mixte bœuf et crevettes Préparation 50 min
Cuisson 1h30
INGREDIENTS 1 kg de n’dolé 1 kg de paleron 600 g d’arachides blanches 500 g de crevettes 2 gros oignons 3 échalotes moyennes
PRéPARATION
Faites bouillir le n’dolé 30 minutes dans une casserole d’eau avec une pincée de bicarbonate pendant 30 minutes. Versez le n’dolé dans un chinois. Rincez-le plusieurs fois à l’eau froide en le malaxant très fort pour enlever l’amertume, essorez bien puis réservez. Faites cette opération au moins 3 fois. Coupez la viande en morceaux. Faites-les ramollir dans une casserole d’eau avec du sel, du poivre et des feuilles de laurier pendant 30 minutes. 30 Diasporas News N°49 Février 2014
Difficulté **
Pour 6 Personnes
4 gousses d’ail 50 cl d’huile de tournesol 2 feuilles de laurier 20 g de gingembre 3 cubes de bouillon (épices-oignons) 1 pincée de bicarbonate 1 piment rouge sel, poivre Réservez le bouillon et la viande. Faites blanchir les arachides en les plongeant dans l’eau bouillante. Arrêtez la cuisson dès l’ébullition, laissez refroidir puis mixer-les. Réservez. Epluchez le gingembre, l’ail, les échalotes et les oignons. Mixez le gingembre, les gousses d’ail et 2 oignons. Réservez. Hachez finement le troisième oignon. Faites-le revenir dans l’huile pas trop chaude. Ajoutez les condiments mixez, bien mélangez le tout et laisser
prendre 5 minutes. Ajoutez la viande, un litre de son bouillon et les arachides mixées. Portez à ébullition pendant 40 minutes en remuant de temps en temps. Ajoutez le n’dolé sur la préparation puis remuez bien avec une spatule pour obtenir un mélange homogène. Ajoutez les échalotes finement hachées, les crevettes, les 3 cubes de bouillons culinaires, le piment rouge, ajustez avec le reste de bouillon de viande (si besoin) et laissez mijoter encore 15 minutes.
Servez chaud avec du riz blanc. Recette originaire du Cameroun, vous pouvez aussi faire une sauce n’dolé aux crevettes uniquement ou à la viande. C’est l’un des plats nationaux Camerounais.
Bon Appétit ! Danielle EBENGOU
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