ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D’ARCHITECTURE DE STRASBOURG Année universitaire 2012-2013
UEM 123-5 Projeter avec l’existant
Les Grands Moulins de Pantin Requalification d’un ancien silo à grain
Etudiante : REBAH Lamia
Professeur : Didier Laroche
PLAN DE TRAVAIL
I.
Description du bâtiment avant requalification: 1. Historique 2. Description du bâtiment d'origine : a) Le programme b) Organisation c) Langage architectural et structurel d) Dossier graphique et photos :
II.
Reconfiguration : 1. Historique 2. Description de l’opération : a) Philosophie d’intervention de Reichen & Robert b) Programme d’intervention
III.
Critique et avis personnel
VI. Conclusion V.
Annexes : bibliographie, webographie
Vue générale, prise du canal de l'Ourcq
© Inventaire général, ADAGP
2
Les Grands Moulins de Pantin, vus de la rue du Débarcadère.
Vue de l'entrée des "Moulins de Pantin" rue du Débarcadère
© Inventaire général, ADAGP
© Inventaire général, ADAGP
3
DESCRIPTION DU BATIMENT AVANT REQUALIFICATION :
I.
Vue générale des Grands Moulins de Pantin
© Inventaire général, ADAGP
A la fin des années 1800, Abel Leblanc, attirée par le canal de l’Ourcq et le chemin de fer à proximité du marché parisien, Implante sa minoterie (ancêtre des minoteries actuelles) sur ce site. Les Grands Moulins de Pantin sont l’une des premières minoteries de France. Adresse : 9 rue du débarcadère Pantin, Seine-Saint-Denis (93), Île-de-France, France Date de construction originale : 1923
Architectes :
Eugène Haug(collaborateur de Paul Friesé) Ed Zublin (le silo à grains « canal »)
1. Historique : 1880 1882 1921 1923 1924-1927 1930-1933 1933-1934
Achat du terrain par Abel Leblanc (minotier de la Brie) et sa femme Lucie Françoise pour y installer leur minoterie Début de l’exploration des premiers Moulins (24 meules) et la creation L’éphémère Société Anonyme des Moulins Abel Leblanc. La société des Grands Moulins de Pantin-Paris est fondée par la société anonyme de Strasbourg - Port du Rhin (propriétaire des Grands Moulins de Strasbourg) et devient actionnaire majoritaire. Début de la Construction des nouveaux moulins (Actuels) par l’architecte strasbourgeois Eugène Haug, successeur (avec son associé Brion) de Paul Friesé Construction du silo à grains de 10000 quintaux, du beffroi château d’eau (H= 47m), des quatre premières travées du silo à grains« canal » et de la centrale thermique ainsi que de la chaufferie équipée d’une chaudière de type Babcock et Wilcox Construction du quai et de et de la « boulangerie » (fournil ou moulin d’essai) Construction de 3 travées supplémentaires pour le silo à grains
4
19 août 1944 1945-1948 1952 1958-1960 1961-1969 1980 1985 1994 2001-2004
Incendie provoqué par un tir de D.C.A. allemande sur une barge chargée de Mines. Reconstruction du magasin à farine par l’architecte Léon Bailly et restauration du moulin, la chaufferie, les silos « préparation mouture » et les silos « canal », dont la structure porteuse n’est pas atteinte Construction de la semoulerie, des ateliers et garages Construction des nouveaux silos d’après les plans de Pierre O. Bauer Des ateliers, et garages, du laboratoire, et des nouveaux bureaux par l’architecte Alain Bailly Construction des nouveaux silos à blé par les architectes J. Quost et François Mathieu Extension du magasin (silos) par François Mathieu Fermeture de la semoulerie Le site est repris par le céréalier Soufflet, conjointement avec les Grands moulins de Corbeil. Le groupe Soufflet, propriétaire des Grands Moulins de Pantin cesse son activité et ferme la meunerie
Incendie du 19 août 1944 qui a ravagé l’ancien magasin à farine cliché anonyme 1944
5
2. Description du bâtiment d'origine
Vue générale, prise du canal de l'Ourcq, Pantin
© Inventaire général, ADAGP.
Du point de vue de la desserte, l’établissement est desservi par voie navigable, embranchement ferroviaire et voie particulière. Le blé est acheminé par le canal, la route ou le rail, est stocké dans le silo appelé « canal ». Activité : 190 000 tonnes de farine/ an
a) Le programme : Le complexe se compose de plusieurs bâtiments de traitements des grains : Un grand moulin Plusieurs silos dont deux plus importants l'un de 100 000 quintaux, l'autre de 70 000 : Silo préparation mouture (silo-forteresse), Silo Danton, Silo Canal
De bâtiments annexes (techniques) : Une chaufferie avec une chaudière de type Babcock et Wilcox. Une salle des machines et une centrale thermique d’une puissance de 3 600 CV Château d’eau d'une contenance de 40 000litres avec un lanterneau qui culmine à 47m
6
N
Garages Menuiserie Mécanique
Centrale thermique Chaufferie Salle des machines Laboratoire et moulin d’essai Tourelle
Magasin de farine
Moulins à blé
Magasin (semoulerie)
Semoulerie / silos
Transbordeur
Silos de blé « canal »
Passerelle
Silos à charbon canal Silos à farine (nettoyage)
Vue aérienne oblique des Grands Moulins de Pantin © Inventaire général, ADAGP A gauche : la semoulerie En haut à droit à proximité des voix ferres : bureaux de l'administration
7
b) Organisation : L’ensemble des bâtiments de production et de stockage sont disposés au sud et à l'est autour d’une cour centrale. Des passerelles horizontales assurent la liaison entre ces différentes unités. En plus des différents silos, on distingue deux principaux corps de bâtiments : Le moulin et le magasin à farine
Le moulin d'Eugène Haug : Haut de de 8 étages (34,39 m) dont 3 sous combles avec sept travées de stockage vertical surmonté d'un étage carré coiffé d'un toit à pans brisés et demi-croupe culminant à 52,69 m A l’intérieur le moulin est séparé verticalement en deux tranches de production l'une affectée au nettoyage, l'autre à la meunerie Ce bâtiment central est relié au magasin à farine par une passerelle couverte en béton armé portant l'inscription « Grands Moulins de Pantin ».elle est elevé après l'incendie de 1944. Le magasin reprend le vocabulaire architectural du moulin : béton armé paré de brique, neuf étages carrés, trois de combles, toit à pans brisés. Il conserve trois toboggans métalliques de manutention hélicoïdaux. A l'écart, la semoulerie en béton armé et parement de brique, avec cinq étages carrés couverts d'un toit-terrasse, présente une succession de larges baies horizontales inspirées de l'architecture industrielle américaine du début du XXe. La tour carrée (47 m) jouxtant le moulin, porte une horloge sur chacune de ses faces. Elle abrite un escalier tournant et, en son sommet, un château-d'eau ; elle est couverte d'un toit en pavillon à pans brisés surmonté d'un clocher dressé sur quatre arcs en plein cintre.
Les bâtiments annexes Salles des machines et la chaufferie initialement prévues à l’ouest du moulin seront finalement installées à l’est. Un ensemble de bâtiments marquant l’entrée du site (nord-est de la cour), donne sur la rue du débarcadère et abrite le laboratoire (fournil) et le moulin d’essai ainsi qu’une école de boulangerie», construite parallèlement aux voies de chemin et surmontée d'une tourelle. Elle offre un corps central à trois étages carrés coiffé d'une corniche en béton et d'un toit-terrasse ; la façade en parement de brique, dissimule une structure en béton armé, porte le monogramme « GMPP » (Grands Moulins de Pantin-Paris) Derrière le corps du bâtiment des laboratoires à essais on trouve un ensemble ateliers de mécanique, de menuiserie ainsi que des garages construits en béton armé paré de brique. Enfin à proximité des voix ferrées à l’extrême est, le bâtiment administratif d’entreprise comprenant les bureaux de l’administration, est à trois étages carrés couverts d'un toitterrasse. 8
c) Langage architectural et structurel Les moulins de Pantin s’ancrent dans le mouvement architectural régionaliste avec une architecture en hauteur, inspirée du modèle alsacien est caractéristique des minoteries du début du XXe siècle. Comme nous l’avons mentionné plus haut, la société anonyme de Strasbourg fondera la société des Grands Moulins de Pantin et choisira l’architecte strasbourgeois Eugène Haug. Cet architecte alsacien, très attaché au style de cette région en effet il réalisera en 1925 la maison d’Alsace à l’Exposition des Arts Décoratifs de Paris. La forme qu’il lui donna rappelle dans ses principes celle des Grands Moulins de Pantin. Dans ce projet comme dans celui des moulins E. Haug avait tenu à rappeler l’architecture régionale d’Alsace qui se caractérise par ses combles élevés et des ouvertures en tuiles plates. Pour les bâtiments de stockage, le vocabulaire est d'inspiration militaire que l’architecte préfère au principe nouveau de la cellule cylindrique apparente caractéristique des minoteries de cette époque. Le choix stylistique et architectural traduit une portée symbolique : Les bâtiments de production et de stockage par leur élévation symbolisent la circulation verticale des hommes et des produits. Ainsi les bâtiments construits en ossature de béton armé dans laquelle s'intègre un remplissage en maçonnerie de briques blonde du Nord, coiffés de comble à pans brisés donnant à l’ensemble une silhouette très singulière. Ils Dominent de leur masse imposante tous les alentours et vont devenir l’un des emblèmes architecturaux de l’est parisien.
La charpente en béton armé du moulin © Inventaire général, ADAGP
Silhouette dominant le paysage de l’est Parisien © Pascal geillon
9
d) Dossier graphique et photos commentées :
Façade du nettoyage vue canal. © Inventaire général, ADAGP
Projet du nouveau magasin à farine : Pignon Signé L. Bailly, architecte, le 25 juin 1945
© Inventaire général
Projet du nouveau magasin à farine : façade ouest. © Inventaire général Signé L. Bailly, architecte, le 25 juin 1945
10
Construction d'un moulin d'essai, d'un laboratoire et d'une école de boulangerie: façade principale. Le toit du corps central n'a pas été réalisé.
© Inventaire général, ADAGP
Silos à blé près du canal, agrandissement 1933-34. Plan au sol, façade et coupe. © Inventaire général, ADAGP
11
Vue générale depuis la rive gauche du canal de l'Ourcq. © Inventaire général, ADAGP De gauche à droite : Semoulerie, le silo à farine (accolés au dos du moulin), la chaufferie, le silo à issues et le silo "canal".
Vue d'ensemble depuis la menuiserie. © Inventaire général, ADAGP A gauche, la façade éclairée du magasin à farine. A droite, le moulin (deux premiers niveaux occupés par le laboratoire)
12
Ensemble silos-moulin-magasin. De gauche à droite : le magasin à farine, le silo "préparation mouture", le silo à blé "canal", la passerelle reliant le moulin au magasin à farine, la tour-château d'eau et le moulin. © Inventaire général, ADAGP
Ensemble de bâtiments situés au nord-est de la cour (ateliers de mécanique et menuiserie, garages et la "boulangerie" (fournil et moulin d'essais) surmontée d'une tourelle.
Détail du couronnement de la cage d'escalier du moulin avec le château d'eau. © Inventaire général, ADAGP
Vue du moulin d'essai, du laboratoire et de l'ancienne école de boulangerie. © Inventaire général, ADAGP
© Inventaire général, ADAGP
Vue latérale de la chaudière à vapeur.
Quais de chargement et de déchargement
© Inventaire général, ADAGP
© Inventaire général, ADAGP
13
II.
RECONFIGURATION
1. Historique :
2001 2003 Mai 2006 Sept 2009
Le bâtiment est racheté par Meunier Immobilier, filiale du groupe BNP Paribas qui décide sa transformation en bureaux. Le cabinet d'architecture Reichen & Robert remporte le concours Début du chantier de réhabilitation Livraison
L’Equipe qui intervient sur le bâtiment : Anne Thouret (architecte) Dorothée Sipp (architecte) Jean-François Authier (architecte) Maître d'ouvrage : BNP Paribas Securities Services Maître d'œuvre : SCO Architecture : Reichen & Robert Associés Études techniques (structure) : Khephren Ingéniérie Vérification : Bureau Veritas Construction : Goyer et Seralu (façade) Construction en béton : CBC Sous-traitant : Interface (façade)
2. Description de l’opération : L'opération de réutilisation prévoit l'aménagement de 50 000 m² de bureaux pour accueillir plus de 3000 salariés. Coût des travaux de réaménagement: 95 millions d'euros H.T.
a) Philosophie d’intervention de Reichen & Robert Les architectes ont prévu une réhabilitation ambitieuse qui allie histoire et modernité. Deux principes ont été appliqués :
14
La construction de bâtiments neufs dans une logique de mise en valeur du « grand moulin », qui contenait le magasin à farine, les silos et l'ancienne chaufferie et du « petit moulin » qui abritait le fonctionnement de la meunerie. La stratification qui détermine une logique de composition suivant les hauteurs des bâtiments et l'importance de leur perception dans le paysage.
b) Programme d’intervention : Le nouveau pôle tertiaire crée comprend : -
Deux restaurants Cafétérias Des bureaux en « open space » et bureaux individuels dans les espaces de stockage du blé et des sacs de farine Cabinet médical Médiathèque Galerie d'art Salle de sports Patios et Jardins Parking de 760 places
Le programme prend place dans trois immeubles neufs et deux bâtiments conservés (le grand moulin et le petit moulin) qui seront mis en valeur.
Parties conservée et mise en valeur :
Les porteurs du projet entendent préserver la mémoire du lieu (passé industriel du Canal de l'Ourcq) en conservant les bâtiments emblématiques et leur architecture néo régionale comme le moulin central. -
-
-
L’intervention sur le moulin s’est faite en conservant l’imposante silhouette caractéristique : Les toitures à pans brisés et façades historiques et des trois tours Mais à l'intérieur, tout sera détruit puis refait à neuf. (3 ans d'études ont été nécessaires pour cette opération). Conservation du silo de préparation des moutures Conservation du bâtiment Est : silo à grains et du magasin à farine. Mise en valeur de la tourelle (campanile du petit moulin) qui doit devenir le symbole du site Conservation de la passerelle Réhabilitation du Silo « Canal » Mise en valeur de l'ancienne salle des machines avec conservation in situ de la chaudière Babcox et Wilcox des années 1920 qui sera visible, au milieu de l'édifice percé de verre. La cour intérieure est reconstituée à l’identique avec les pavés et les rails d’origine. La façade de la boulangerie a été conservée, elle sera montée sur pilotis pour constituer l’entrée aux Grands Moulins. 15
Parties remaniées (Démolition et Transformations) :
Le travail de mise en valeur se limite pas à la conservation des bâtiments emblématiques, et a la seule intervention sur l’enveloppe extérieure, l’intérieur est aussi remanié et la seule l'architecture pittoresque des années 1920 est conservée, l’ensemble est débarrassée des extensions postérieures. Ces interventions visent à la modernisation de l'ensemble du site : -
Deux silos ont été démolis (nettoyage et celui de la semoulerie) La semoulerie des années 1950 démolie et remplacée par un bâtiment simple de trois étages. Le petit moulin comportera une façade vitrée. L’intérieur du grand moulin verra la création de deux atriums. Le transbordeur (long bâtiment, qui servait à remplir puis à vider les péniches arrivant par le canal) sera transformé en médiathèque. Transformation de la chaufferie en briques réfractaires en cafétéria. La très haute structure de béton recouverte de briquettes rouges est percée de fenêtres. Reprise de l’idée du projet d’origine (jamais réalisé) d’ornementer la façade des silos donnants sur le canal de fausses fenêtres et de bandeaux. Les bâtiments secondaires (garage et un immeuble administratif) ont été démolis. Parties nouvellement construites :
Aujourd'hui, cinq bâtiments composent l'ensemble en plus des deux anciens conservés, trois nouveaux bâtiments contemporains sont construits. La recherche d’un langage commun entre les bâtiments conservés et les bâtiments contemporains par la Mise en valeur de la brique qui est le matériau caractéristique de l’ensemble. Les espaces publics alentours sont reconfigurés avec l'élargissement des berges et la réhabilitation des voies d'accès afin de valoriser l'environnement urbain, et plus particulièrement les franchissements Paris-Pantin.
Vue de synthèse de l’ensemble depuis le canal © Reichen & Robert
16
Eléments symboliques conservés :
Vue de la passerelle conservée © http://www.pss-archi.eu
Vue de la tourelle conservée © http://www.pss-archi.eu
Vue du transbordeur qui abrite la médiathèque © http://www.pss-archi.eu
17
Organisation :
Nouvelle entrée
Tourelle avec escalier (symbole) Nouveaux bâtiments contemporains
Patios plantés et espaces verts crées Chaudière mise en valeur Façade de la boulangerie sur pilotis
Grands atriums (Grand moulin) Cafétéria et restaurants (Ancienne salle des machines et Silo Canal) Bureaux « open space » (Ancien magasin à farine)
Vue de la nouvelle entrée avec les nouveaux bâtiments © http://www.pss-archi.eu
18
A
A
Nouveaux bâtiments contemporains Nouvelles passerelles
Façade de la boulangerie sur pilotis
Passerelle conservée
Bureaux « open space » (Grand moulin)
Médiathèque (Ancien transbordeur) Terrasses et patios crées
Parkings
Bureaux
Vide sur cafétéria
Coupe façade(AA) du petit Moulin avec en arrière-plan les façades des bâtiments conservés © Reichen & Robert © Reichen & Robert
19
Plans de circulations :
Plan RDC
Bureaux
Circulations horizontales
Circulations verticales (Escaliers, Ascenseurs)
WC
Entrée cafétéria
Plan étage
20
Mise en valeur des Bâtiments conservés :
Intervention sur l’enveloppe extérieure: Un travail d’envergure a été entrepris sur les façades des bâtiments conservés : Nettoyage de fond des façades pour redonner à la brique blonde du Nord sa couleur d’origine. Ornementation de certaines façades avec des ouvertures en bandeau (silo) et vitrage de certains pans des façades (machinerie).
Façades sur canal avant intervention, de gauche à droite : façade du silo nettoyage détruit, façade de l’ancien bâtiment de la machinerie et la façade du silo « Canal
A droite : Ornementation de la façade du silo conservé « Canal » avec de fausses fenêtres et de bandeaux, la façade de la machinerie est entièrement vitrée A gauche : le silo Nettoyage détruit, on vitre les deux façades (pignons vitrés)
Façades sur canal, de gauche à droite : façade vitrée du moulin, façade vitrée de l’ancien bâtiment de la machinerie et la façade du silo « Canal ». © http://www.pss-archi.eu
21
Nouveau programme intérieur: A l’intérieur des volumes vidés de leur fonction initiale accueillent des espaces de bureaux et de la gestion de l’entreprise.
Vues de l’atrium de l'ancienne salle des machines avec la chaudière Babcox et Wilcox conservée au milieu http://www.pss-archi.eu
22
Les nouveaux bâtiments crées :
Les nouveaux bâtiments contemporains ont été construits pour remplacer les anciens détruits. Construits de brique et de verre, ils respectent le gabarit des anciens reconvertis afin de reconstruire les façades Nord et Est du site.
Vue des nouvelles passerelles desservant les nouveaux bâtiments occupés par les bureaux http://www.pss-archi.eu
Ces variations contemporaines servent à mettre en scène les anciens reconvertis et former un ensemble urbain cohérent. Ils accueillent eux aussi ; les différents programmes de l’entreprise (bureaux et annexes)
Vue des coursives et des bureaux
http://www.pss-archi.eu
23
Façades des nouveaux bâtiments : Façade d’entrée : cette façade est sans aucun doute celle qui traduit de la meilleure manière le principe cher à l’agence Reichen&Robert de « Stratification historique »
Façade d’entrée (Nord) avec les deux nouveaux bâtiments contemporains et la façade de l’ancienne boulangerie © Reichen & Robert
La façade conservée de l’ancienne boulangerie côtoie la façade largement vitrée du nouveau bâtiment contemporain d’entrée, la lisibilité des deux éléments mis côte à côte est très importante, on doit pouvoir lire ce qui est d’époque et ce qui a été rajouté
La façade conservée de l’ancienne boulangerie avec les façades largement vitrées des nouveaux bâtiments © http://www.pss-archi.eu
Ancienne boulangerie avant intervention © Inventaire général, ADAGP
Façade Ouest
Façade Ouest avec le nouveau bâtiment contemporain, en arrière-plan les façades des bâtiments conservés © Reichen & Robert
24
III.
CRITIQUE ET AVIS PERSONNEL:
J’ai choisi de traiter la reconversion des moulins de pantin car c’est l’un des projets ces dernières années qui est souvent cité en exemple, comme un projet de reconversion réussi. Cet ensemble emblématique de cette région de la capitale fortement marquée par l’industrie dès la deuxième moitié du XIXe. Par leur imposante silhouette, ils marquent tout un paysage et représente une figure dont la valeur patrimoniale est reconnue. Donc c’est bien les enjeux de leurs reconversion et les problématiques qu’ils posent qui m’a porté à étudier cet exemple. Je commencerai pas la critique du programme choisi pour la reconversion, comme le traduit un titre que j’ai croisé au cours de mes recherches sur le sujet « de l'industrie aux cols blancs » pourquoi faire ce site des locaux de bureaux de nouvelle génération ? On peut trouver quelques éclairages en nous intéressant de plus près aux intervenants sur le projet, le Groupe Soufflet propriétaire du site qui a organisé une consultation d'architectes à laquelle ont été associés la Ville de Pantin, la SEMIP, les représentants de la Section des Canaux de la Ville Paris, les Architectes des Bâtiments de France et la Direction Régionale des Affaires Culturelles. En rédigeant un cahier des charges et choisir un programme de reconversion. L’apparition de Meunier Immobilier accélère les évènements, filiale du groupe BNP Paribas, la société décide de sa transformation en bureaux. Le budget s'élève à 150 millions d'euros, les premières installations sont prévues en 2006. De plus que pour ce projet le POS a été modifié par le conseil municipal de la ville de Pantin pour la délivrance du permis de construire. Donc le programme a été adapté aux besoins du commanditaire et un certain nombre de dispositifs seront mis en place pour offrir des services aux employés. Cette tertiarisation de la ville industrielle est assez répondue depuis les années 80-90, avec de nombreux sièges sociaux d’entreprise qui s’installent dans les anciennes cathédrales de l’industrie. ex : moulin de Noisiel reconverti en siège social de Nestlé France. En conclusion le projet fait appel à un financement privé du commanditaire BNP Paribas, la ville espérait avec ce nouveau site requalifié, redynamiser les rives du canal et donner un nouveau souffle à son territoire. Le projet ne se résumant pas au seul complexe formé par les anciens moulins, la restructuration est en forte corrélation avec son environnement urbain et s'inscrit dans une transformation globale du quartier s'accompagnant de l'aménagement des berges du canal de l'Ourcq, pour permettre une meilleure accessibilité. Un travail sur les déplacements et moyens de transport a été effectué avec en autre le passage du tramway des maréchaux (T3b) mis en service en 2012.
25
L’ensemble des moulins de Pantin comme emblème d’une nouvelle mutation de l'espace urbain © Reichen & Robert
L’agence Reichen et Robert est devenue en l’une des agences les plus reconnue dans le domaine de l’intervention sur le patrimoine industriel en France, spécialiste de ces sites ; ils ont à leur actif la reconversion de la grande Halle de la Villette, le pavillon de l'Arsenal à Paris et la chocolaterie Menier à Noisiel. Le projet de restructuration des Grands Moulins de Pantin fait appel à des constantes du travail de l’agence qui peut se résumer à ce leitmotiv «se nourrir de l'existant pour le révéler » ou comment intervenir sur un bâtiment en gardant son poids historique et lui insuffler une certaine modernité pour l’ancrer dans le présent et une dynamique future. Pour bref rappel la préoccupation essentielle était celle d’assurer la persévération de ce patrimoine en même temps d'impulser une nouvelle logique urbaine à un espace délaissé et ceci en s’appuyant sur : -
-
-
Une préservation de la mémoire du lieu par la conservation intégrale des bâtiments emblématiques. Introduction de variations contemporaines en remplacement des anciens bâtiments mineurs détruits de manière à offrir les m² nécessaire à la nouvelle activité et une manière de mettre en scène les bâtiments conservés, La revalorisation de l’espace public alentour par l'élargissement des berges et la réhabilitation des voies d’accès. Assurer les continuités urbaines par un plan de masse bien étudié, l’intégration au tissu urbain existant et permettant une visibilité du site. Assurer les continuités architecturale et le lien entre l'histoire et la modernité en insistant sur à la lisibilité parfaite de chaque période de l'histoire du lieu (stratification historique)
Cette logique d’intervention est caractérisée par le respect du bâtiment historique et la recherche d’une certaine cohérence, qui part d’un bon sentiment ; on voit bien que les architectes ont essayé de construire des passerelles entre ce qui a été conservé et ce qui a été rajouté cela par la mise en valeur du matériau caractéristique pour unifier l’ensemble et le respect des gabarits déjà existants.
26
Néanmoins dans ce projet, seuls les corps de bâtiments emblématiques réussissent à tirer leur épingle du jeu, et traduisent une alchimie réussie. En exemple le petit moulin central qui a vu ses pignons entièrement vitrés et qui donne coté canal une façade promontoire sur la ville mise en valeur par un éclairage de nuit bien étudié.
La façade vitrée du moulin central © http://www.pss-archi.eu
La façade conservée de l’ancienne boulangerie © http://www.pss-archi.eu
Pour les éléments conservés de moindre envergure comme j’ai cité plus haut l’ancien corps de la boulangerie bien que parfaitement visible et lisible dans l’intervention (grâce à son orientation de biais), il croule quand même sous la masse de verre imposante des bâtiments de la nouvelle entrée. La stratification est certes réussie, mais l’alchimie est absente. On voit bien que le travail sur les façades est devenu essentiel pour cette intervention, les moulins pourvus d’une force plastique aussi importante, et d’un langage architectural aussi emblématique ont nécessité une intervention de fond sur leur enveloppe. Ceci dit ce parti pris de donner la part belle à la façade, risque de résumer l’intervention à une seule recherche de la forme, on regrette ce "façadisme", trop superficiel pour permettre la compréhension des lieux, de leur histoire technique, industrielle et sociale. Le syndrome de la coquille vide si répondu de nos jours dans les interventions sur les bâtiments historiques est aussi bien visible dans ce projet. Les bâtiments ne gardent que leurs façades extérieures comme vestige de l’histoire et tous les espaces intérieurs sont remaniés. Néanmoins dans ce projet, un clin d’œil est fait à l’ancienne fonction des moulins avec la préservation et la mise en valeur à l’intérieur de la chaudière de l’ancienne machinerie. Paradoxalement , le point fort du projet demeure dans son programme, la réutilisation judicieuse de certains corps de bâtiments qui coïncide bien avec le nouveau programme, ex : celui de l’ancienne machinerie (dont la façade peu intéressante n’a pas été conservée) avec la création d’une verrière et d’un atrium pour baigner l’espace de la cafétéria et du restaurant de lumière ou encore la réutilisation du corps allongé du transbordeur pour y installer la médiathèque et la salle d’exposition. Les éléments du programme dit « générique » comme les bureaux, ont pris place dans les larges surfaces intérieures des bâtiments vidées qui donnent une grande liberté d’action. Un autre point fort du projet est la création de nouveaux espaces publics et privés, les nombreux patios, atriums et passerelles qui ont été ajouté font communiquer les espaces intérieurs entre eux. 27
Au sol les cours repavées et la balade le long du canal permettent l’intégration urbaine de l’ensemble.
Création de nouveaux espaces urbains : la balade le long du Canal © http://www.pss-archi.eu
IV.
CONCLUSION :
L’agence Reichen & Robert, intervient sur les bâtiments historiques suivant une logique assez reconnaissable « se nourrir de l’existant pour le révéler et intégrer des éléments de modernité pour l’ancrer dans le présent et la dynamique future » Ce projet est emblématique de par son envergure, sa position stratégique, les acteurs qui ont intervenus et la conjoncture particulière dans laquelle a été entrepris sa reconversion. Les discutions publiques et les enjeux de la préservation du symbole ont influencé le projet de reconversion Mais comme il fallait une réponse pour créer une unité architecturale. La réponse donne la partie belle à l’esthétique. La stratification historique chère à Reichen & Robert est bien respectée, même si le travail en finesse de juxtaposition (conservé/ rajouté) est plus réussi dans certaines entités que dans d’autres. Donc la force du projet est dans l’esthétique des bâtiments emblématiques, mais aussi dans la bonne adaptation de certaines entités au nouveau programme et la création des nouveaux espaces partagés.
28
IV.
ANNEXES :
Bibliographie : Livre :
Les Grands Moulins de Pantin, l’usine et la ville , 2009, 212 p. Auteurs : Nicolas Pierrot, Jean-Barthélemi Debost, Laurent Desmoulins,Évelyne Lohr, Geneviève Michel, Véronique Siron, Paul Smith, Antoine Furio Photographe : Laurent Kruszyk
FAVIER J., « Les nouveaux silos des grands moulins de Pantin », L’Architecture française, oct. 1934, vol. 50. GERNEZ Pierre, « Les grands meuniers de Pantin », Pantin Mensuel, jan. 1990. Guénot, Hervé Les Grands Moulins de Pantin livrés en juin 2009, dans "Le Moniteur des Travaux Publics et du Bâtiment", 25 juillet 2008, n. 5461; pp. 16 Guérit, Gérard Grands moulins de Pantin, dans "Prévention BTP", février 2008, n. 104; pp. 12-15 Laborde, Marie Françoise Architecture industrielle, Parigramme, Paris (France), ISBN 2840963159, 2003 VIGNE Henri, « La mouture à Paris », L’Illustration, 24 déc.1870, p. 423-424. Les Grands Moulins de Pantin transformés en bureaux, dans "Le Moniteur des Travaux Publics et du Bâtiment", 15 juin 2007, n. 5403; pp. 9 « Les Grands Moulins de Pantin-Paris », Les nouvelles mensuelles, SNCF, Exploitation du 1er arrondissement-EST, n° 33, déc. 1964. « Les Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, juil. 1886, p. 219-221. « Les nouveaux silos des Grands Moulins de Pantin », La Meunerie Française, 1926
Articles :
Webographie : https://www.patrimoine-de-france.org/oeuvres/richesses-48-14440-103175-M154365252873.html http://www.tourisme93.com/document.php?pagendx=84&engine_zoom=PcuIDFC930 001340 http://fr.structurae.de/structures/data/index.cfm?id=s0027857 29