ALPHONSE MEILLON
Un viaje por el Alto Arag贸n Un voyage en Haut Aragon
Con amistad y gratitud A los nietos de Alphonse Meillon: a Annie, que nos ha permitido reproducir las fotos que ilustran el manuscrito Les Pyrénées à fond de train; a Jacques, Laurence, Claude y Stéphane, y muy especialmente a Denis, el más joven, que nos ha prestado la edición completa de Un raid en Aragon. A François, Marie-Paul y Agnès Mengelle. Al Musée Pyrénéen de Lourdes.
Avec amitié et reconnaissance Aux petits-enfants d’Alphonse Meillon : à Annie, qui a permis que l’on reproduise les photos illustrant le manuscrit Les Pyrénées à fond de train ; à Jacques, Laurence, Claude et Stéphane, et tout particulièrement à Denis, le plus jeune, qui a prêté l’édition complète de Un raid en Aragon. À François, Marie-Paule et Agnès Mengelle. Au Musée Pyrénéen de Lourdes.
8 Alphonse Meillon et la province de Huesca Alphonse Meillon y la provincia de Huesca Ramón Lasaosa
48 Les Pyrénées à fond de train Alphonse Meillon
114 Un raid en Aragon: notes des courses Un raid en Aragón: apuntes de rutas Alphonse Meillon
ALPHONSE MEILLON ET LA PROVINCE DE HUESCA Ramón Lasaosa En 1878, Franz Schrader publia un article intitulé « État de la géographie dans les Pyrénées » dans l’Annuaire du Club alpin français. Dans celui-ci, il affirmait que la partie espagnole des Pyrénées était méconnue, mais que, grâce des personnages tels que Paul Édouard Wallon, Charles Packe, les frères Léonce et Albert Lourde-Rocheblave, ou encore lui-même, celles-ci furent peu à peu cartographiées. Il disait également, qu’après les cartographes, c’était au tour des botanistes, des entomologistes, des géologues, des historiens, des linguistes, des numismates et des archéologues de se mettre au travail, et qu’une fois les montagnes et les vallées explorées, il ne manquait plus qu’à découvrir les chemins qui les traversaient et à détailler les itinéraires. Onze ans plus tard, en 1889, un jeune homme de vingt ans appelé Alphonse Meillon, peut-être encouragé par ces mots qu’il avait sûrement lus, publia un bref récit, où il se présentait au public en tant que pyrénéiste. Ce n’était que le début d’une carrière littéraire riche où il tenta de rassembler les connaissances préconisées par Schrader, puisque, tout au long de sa vie, il étudia des aspects de l’histoire, de la langue, de la toponymie et, surtout, de la cartographie occitane. Ce texte, qui figura également dans l’Annuaire du Club alpin français, était intitulé « Huit jours à travers monts ». Il y décrivait un itinéraire allant principalement de Cauterets à Torla, au nord de la province de Huesca. En 1898, il écrivit un nouveau récit de ses excursions dans cette zone, qui cette fois fut publié dans le Bulletin pyrénéen. Intitulé « Un raid en Aragon : notes de courses », celui-ci retraçait son voyage qui partait de France et traversait la vallée d’Ansó, en passant par Jaca, Biescas, Panticosa, Boucharo, Torla, Biescas, Escarrilla et Sallent de Gállego, pour revenir par Gabas sur le territoire français. Il publia finalement ce texte en 1899 dans une œuvre indépendante, De Cauterets en Aragon, à laquelle il ajouta deux brefs récits, « De Cauterets à Panticosa par le port de Marcadau » et « De Gavarnie à Boucharo ». Tous ces textes, certains développés, d’autres résumés, sont rassemblés dans un manuscrit inestimable, magnifiquement illustré avec des dessins et des photos de l’auteur, et intitulé Les Pyrénées au fond du train. La présente édition a pour but de diffuser ce texte, fluide, détaillé, non sans humour, et comportant d’excellentes descriptions des itinéraires et des lieux visités, afin de mieux connaître la vision de notre territoire dans le dernier tiers du XIXe siècle.
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ALPHONSE MEILLON Y LA PROVINCIA DE HUESCA Ramón Lasaosa En 1878 Franz Schrader publicaba en el anuario del Club Alpin Français un texto que llevaba por título «État de la géographie dans les Pyrénées». En él incidía en el desconocimiento que había de la parte española de los Pirineos y en cómo, poco a poco, gracias a personas como Paul-Édouard Wallon, Charles Packe, los hermanos Léonce y Albert Lourde-Rocheblave o él mismo, se fueron cartografiando los Pirineos. Tras los cartógrafos, decía, tenían que ponerse a trabajar los botánicos, los entomólogos, los geólogos, los historiadores, los lingüistas, los numismáticos y los arqueólogos, y, conocidas las montañas y los valles, faltaba descubrir los caminos que los recorren o los atraviesan y detallar los itinerarios. Once años más tarde, en 1889, un joven de veintiséis años llamado Alphonse Meillon, quizás espoleado por estas palabras, que sin duda conocía, publicó un pequeño texto que era la presentación en público de su carrera como pireneísta y el primer jalón de una extensa obra literaria en la que recogía parte de esos elementos que pedía Schrader, pues a lo largo de su vida trabajó en torno a aspectos de la historia, la lengua, la toponimia y, sobre todo, la cartografía occitana. Ese texto, que apareció también en el anuario del Club Alpin Français, llevaba por título «Huit jours à travers monts». En él describía un itinerario que discurría principalmente desde Cauterets hasta Torla por el norte de la provincia de Huesca. En 1898 escribía un nuevo relato de sus excursiones por la misma zona, esta vez ya en el Bulletin Pyrénéen. Lo titulaba «Un raid en Aragon: notes de courses», y en él contaba su viaje desde Francia, entrando por el valle de Ansó y pasando por Jaca, Biescas, Panticosa, Bujaruelo, Torla, Biescas, Escarrilla y Sallent de Gállego para volver a Francia por Gabas. Finalmente, en 1899 publica, como obra autónoma, este mismo texto, al que incorpora dos pequeñas narraciones bajo el epígrafe «De Cauterets en Aragon»: «De Cauterets à Panticosa par le port de Marcadau» y «De Gavarnie à Boucharo». Todos estos relatos, unos con añadidos, otros resumidos, tienen su contrapunto en un preciosista manuscrito bellamente ilustrado con dibujos y fotografías del propio autor titulado Les Pyrénées au fond du train. El objeto de la presente edición es difundir este texto, ágil, detallado, no carente de humor y con excelentes descripciones de los itinerarios y de los lugares visitados, con el fin de ahondar en el conocimiento de la visión que de nuestro territorio se tenía en el último tercio del siglo XIX.
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L’AUTEUR Alphonse Meillon est né le 30 août 1862 à Cauterets, un petit village situé en plein cœur des Pyrénées françaises, et connu pour ses eaux thermales, deux aspects qui marqueront toute sa vie. Sa famille travaillait dans l’hôtellerie, et était propriétaire de deux hôtels de luxe, l’hôtel Gassion, à Pau, et l’hôtel d’Angleterre, à Cauterets. Ces deux établissements accueillaient l’élite de la société française et internationale, attirée par le climat, l’air sain et les bénéfices du thermalisme sur la santé. En tant que fils aîné (Alphonse était le plus âgé de cinq frères), il était prédestiné à reprendre l’affaire familiale, et son père l’obligea à abandonner ses études à peine âgé de quinze ans, afin qu’il entame sa formation dans le monde de l’hôtellerie à Pau, Paris et Nice. À partir de 1886, il s’occupa de la gestion des hôtels aux côtés de sa famille, en passant les hivers à Pau et les étés à Cauterets. Très impliqué dans son travail, il se consacra non seulement aux affaires familiales, mais s’investit également dans diverses initiatives : il collabora avec la Chambre nationale de l’hôtellerie française depuis sa création en 1917, il prit part à la création des Fédérations de syndicats d’initiative, il participa activement à la création d’écoles d’hôtellerie, et il écrivit différents ouvrages sur la gestion et l’enseignement technique dans ce domaine. Cette dernière lui valut même la Légion d’honneur, tant son travail fut important dans ce secteur. Même s’il ne négligea à aucun moment ses obligations professionnelles, sa véritable passion fut la montagne. Il consacra tout son temps libre à la connaître et à l’étudier. Même une fois marié, il fit passer cette passion avant sa vie familiale, et il n’est pas étonnant de voir son épouse et ses enfants sur certaines photos prises lors de différentes excursions. Son amour pour la montagne est étroitement lié à son lieu de naissance. Il l’écrivait lui-même en 1920 : Né à Cauterets, j’ai toujours gardé pour ce rude berceau de ma jeunesse le plus profond amour et la plus vive admiration. L’image formidable et enchanteresse de la montagne mystérieuse s’est imprimée dans mon imagination et dans mon cœur d’enfant. Bien loin d’étonner ma faiblesse et de décourager mon élan, elle a surexcité mon ardeur par cet invincible attrait qu’exercent toujours sur une âme jeune la difficulté à vaincre et le désir de l’exploration. Moi aussi, j’ai voulu savoir ce que cachait dans ses profondeurs la sombre forêt accrochée aux flancs de ses versants abrupts. Avec passion, j’ai désiré surmonter ces monts géants. Avec ivresse, j’ai rêvé de contempler l’immense panorama qu’ils promettaient à mes efforts malhabiles et,
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EL AUTOR Alphonse Meillon nació el 30 de agosto de 1862 en Cauterets, un pequeño pueblo enclavado en el corazón de los Pirineos franceses y famoso por sus aguas termales, dos aspectos que marcarían toda su vida. Su familia se dedicaba a la hostelería: era propietaria de dos hoteles de lujo, el Hôtel Gassion, en Pau, y el Hôtel d’Anglaterre, en Cauterets. Ambos establecimientos recibían a lo más granado de la sociedad francesa e internacional, que llegaba atraída por el clima, el aire sano y los beneficios del termalismo para la salud. Como primogénito (Alphonse era el mayor de cinco hermanos), estuvo predestinado a ocuparse del negocio familiar, por lo que su padre le hizo dejar los estudios con apenas quince años para que comenzara su formación en el mundo de la hostelería en Pau, París y Niza. A partir de 1886 se dedicó, junto con su familia, a la gestión de sus hoteles, pasando los inviernos en Pau y los veranos en Cauterets. Comprometido con su oficio, no solo se dedicó a sus negocios familiares, sino que se implicó en diversas iniciativas corporativas: colaboró con la Chambre National de l’Hôtellerie Française desde su constitución en 1917, participó en la fundación de las Fédérations de Syndicats d’Initiative, estuvo a la cabeza de la creación de escuelas de hostelería y escribió diversos textos sobre gestión y enseñanza técnica en este mismo campo. Su labor fue tan importante que incluso recibió la Legión de Honor por esto último. Aunque nunca descuidó sus obligaciones laborales, su verdadera pasión fue la montaña. A su conocimiento y estudio dedicó todo el tiempo libre del que disponía. Incluso cuando se casó, su vida familiar quedó de alguna manera supeditada a esta afición, y no es extraño ver a su esposa y a sus hijos en fotos tomadas en diversas excursiones. Su amor por la montaña tiene mucho que ver con su lugar de nacimiento. Así lo escribía él mismo en 1920: Nacido en Cauterets, siempre he sentido por esa áspera cuna de mi juventud el más profundo amor y la máxima admiración. La imagen formidable y cautivadora de la montaña misteriosa se grabó en mi imaginación y en mi corazón de niño. Lejos de acobardarme y de desalentar mi arrebato, exaltó mi pasión por esa atracción invencible que ejercen siempre en un alma joven la superación de las dificultades y el deseo de explorar. Ansiaba saber qué escondía en sus profundidades el bosque sombrío aferrado a las laderas de abruptas pendientes. Deseaba apasionadamente subir esas montañas gigantes. Soñaba febrilmente con contemplar el inmenso panorama que prometían a mis torpes empeños. Haciendo realidad mis deseos, me inicié muy joven en la vida de los montañeros, trepando por todas partes y durmiendo bajo las estrellas en compañía de pastores, cazadores y guías.
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mes désirs se réalisant, j’ai été initié jeune à la vie des montagnards, grimpant partout, couchant à la belle étoile en compagnie des bergers, des chasseurs et des guides. Enfant du pays, il entretenait des relations privilégiées directes et cordiales avec les habitants de la vallée, pour qui il faisait partie de la famille, puisqu’il connaissait, respectait et partageait non seulement leurs coutumes, mais également leur langue. Sa passion pour la chasse lui fit découvrir pour la première fois la haute montagne, dont il parcourut les environs en grimpant aux sommets peu fréquentés par les touristes, et en apprenant les noms autochtones des lieux, tout en gardant sa vision romantique de la montagne. En 1897, il publia son premier livre, Chasses, excursions dans les Hautes-Pyrénées, qui fut édité par l’Album Illustré des Villes d’Eaux et des Bains de Mer : ouvrage de quatre-vingts pages dans lequel il décrivait en détail différentes parties de chasse qui l’avaient amené à arpenter les sommets aux alentours de Cauterets. Le livre fut dédaigné par certaines grandes figures du pyrénéisme, dont Henri Beraldi, inventeur du terme pyrénéisme, simplement en raison de sa thématique, puisqu’à l’époque, les chasseurs étaient considérés comme des personnes assez rudes. Ce n’était pas le cas du jeune Meillon qui, plein d’admiration pour la montagne, écrivait dans les premières pages de son œuvre : Pour tout homme, dont le cœur ressent les inexprimables émotions qu’inspirent les majestueux spectacles de la nature, quelquefois grandiose en ses horreurs sublimes, les heures d’une attente parfois assez longue, ne sont jamais remplies par l’ennui. Que de réflexions l’esprit ne déroule-t-il pas, en présence des merveilleux tableaux que l’œil embrasse ! Dans l’isolement absolu en lequel le chasseur est à ce moment plongé, le regard s’ingénie à fouiller les ravins insondables, les corniches déchiquetées, où peuvent à tout instant apparaître les cornes fines d’un isard. Outre ce contact direct avec les gens du pays, ses séjours à Cauterets en été lui permirent également de connaître certains grandes figures du pyrénéisme de l’époque, dont Henry Russell, d’autant plus qu’ils logeaient la plupart du temps dans son établissement. La famille d’Alphonse Meillon appartenait à l’Église réformée, et il fut baptisé à Cauterets par le pasteur de Bagnères-de-Bigorre Émilien Frossard, grand pyrénéiste qui lui transmit sa passion pour la montagne dès son plus jeune âge. Édouard Wallon, également protestant, fut une autre figure décisive dans sa formation puisqu’il lui fit découvrir la topographie et l’initia à sa pratique. Nous insistons sur le fait qu’ils étaient tous protestants, parce que, portés par leur amour de la montagne, ils avaient la volonté de faire à travers cette passion ludique une œuvre de connaissance utile aux hommes, comme le signale le spécialiste en la matière Bertrand Gilbert. En cela, ils étaient bien des hommes du 19ème siècle : ils croyaient à la science et au progrès. Frossard lui-même écrivait :
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Campement des Espuguettes Blanques (Oulettes d’Ossoue). 1922. Campamento de Espuguettes Blanques (Oulettes d’Ossoue). 1922.
El ser hijo del país le facilitó el contacto directo, cordial, con los habitantes del valle, para los que era uno más, ya que no solo conocía, respetaba y compartía sus costumbres, sino también su lengua. Su afición a la caza le permitió tener ese primer contacto con la alta montaña, recorrer parajes y subir picos vetados a los turistas y aprender los nombres autóctonos de los lugares, aunque sin perder una cierta visión romántica de la montaña. En 1897 publicó su primer libro, Chasses, excursions dans les Hautes-Pyrénées, editado por el Album Illustré des Villes d’Eaux et des Bains de Mer: ochenta páginas en las que desgranaba de forma detallada distintas partidas de caza que le iban llevando por los picos que rodean Cauterets. Un libro denostado por algunos prebostes del pireneísmo, como Beraldi, simplemente por su temática, puesto que entonces se tenía a los cazadores por gente sin sensibilidad. No era el caso del joven Meillon, que, imbuido de la admiración por la montaña, escribió en las primeras páginas de la obra: Para todo hombre cuyo corazón se emociona ante las inexpresables emociones que inspiran los majestuosos espectáculos de la naturaleza, en ocasiones grandiosa en sus horrores sublimes, las horas de una espera, a veces demasiado larga, nunca están ocupadas por el aburrimiento. ¡Cuántas reflexiones emanan del espíritu en presencia de los maravillosos cuadros que el ojo abarca! En el aislamiento absoluto
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Après l’étude de Dieu et du cœur humain, la contemplation de la nature dans ses magnifiques aspects peut être considérée l’une de nos plus douces jouissances et l’un de nos devoirs les plus saints. La notion d’« étudier, aimer, révéler » préconisée par le protestantisme marqua profondément la mentalité de nombreux pyrénéistes qui, à cette époque, pratiquaient cette religion. Même si la liste des pyrénéistes est longue, et englobe toutes les spécialités scientifiques, de la géologie à la botanique, en passant par la cartographie et la photographie, il convient de signaler les propres fils d’Émilien Frossard, CharlesLouis et Émilien, tous les photographes qui constituèrent l’École de Pau, des pionniers de la photographie des Pyrénées (John Stewart, Farnham Maxwell-Lyte, Jean-Jacques Heilmann), mais aussi Paul Édouard Wallon, Charles Packe, Adrien Bayssellance, les frères Cadier, Maurice Heïd, Élisée Reclus et Franz Schrader. Malgré leurs origines différentes, certains, comme les anglicans, étaient attirés par le climat sain et les stations thermales de la région, alors que d’autres étaient simplement La chasse à l’ours. Ca. 1890. Photo: Messy (Nice-Cauterets) La caza del oso. Ca. 1890. Foto: Messy (Niza-Cauterets)
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en que se sumerge el cazador, la mirada se las ingenia para escudriñar los barrancos insondables y las cornisas dentadas donde en cualquier momento pueden aparecer los finos cuernos de un rebeco. Pero, además de este contacto directo con las gentes del país, sus estancias en Cauterets durante los veranos le permitieron también conocer a algunos de los más importantes pireneístas de su época, como Henry Russell, que en muchos casos se alojaban en su establecimiento. Una de las personas que le inculcó su pasión por la montaña desde pequeño fue el pastor protestante de Bagnères-de-Bigorre Émilien Frossard, que además fue quien lo bautizó en Cauterets, pues su familia pertenecía a la Iglesia reformada. Otro nombre que reconoce como decisivo en su formación es el de Édouard Wallon, también protestante, que lo inició en el conocimiento y la práctica de la topografía. Incidimos en el hecho de que todos ellos eran protestantes porque, llevados por su amor a la montaña, tenían la voluntad de hacer de esta pasión lúdica una obra de conocimiento útil para los hombres, como señala el estudioso del tema Bertrand Gibert. En este sentido, eran sin duda hombres del siglo XIX: creían en la ciencia y en el progreso. El propio Frossard escribía: Tras el estudio de Dios y del corazón humano, la contemplación de la naturaleza en sus magníficos aspectos puede considerarse una de nuestras más dulces satisfacciones, así como uno de nuestros deberes más sagrados. La idea de «étudier, aimer, révéler» que preconizaba el protestantismo caló hondo en la mentalidad de muchos pireneístas que a la sazón eran protestantes. La lista es larga, y en ella se hallan representadas todas las especialidades científicas, desde la geología o la botánica hasta la cartografía o la fotografía, pero no podemos dejar de destacar, junto al mismo Émilien Frossard, a sus hijos Charles-Louis y Émilien, a los fotógrafos que conformaron la llamada École de Pau, pioneros en la fotografía de los Pirineos (John Stewart, Farnham Maxwell-Lyte, Jean-Jacques Heilmann), a Paul-Édouard Wallon, Charles Packe, Adrien Bayssellance, los hermanos Cadier, Maurice Heïd, Elisée Reclus y Franz Schrader. Aunque de diversos orígenes, algunos, como muchos anglicanos, llegaron atraídos por el clima saludable y las estaciones termales; otros eran descendientes de hugonotes exiliados, pastores de la región, calvinistas, luteranos o nuevos conversos. En cualquier caso, todos tenían un especial amor por la montaña, y ninguno de ellos estableció ningún tipo de relación entre sus exploraciones y su fe. Sin embargo, los protestantes comparten algunas características específicas. Así, su exploración de la montaña siempre se materializa en obras de carácter útil para la sociedad. Representan el llamado pireneísmo de curiosidad, basado en observar,
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Port de Marcadau. 1888.
des descendants de huguenots exilés, des pasteurs des environs, des calvinistes, des luthériens, ou de nouveaux convertis. Dans tous les cas, ils partageaient une grande passion pour la montagne, mais aucun d’entre eux n’établit un lien particulier entre ses explorations et sa foi. Les protestants présentent cependant certaines caractéristiques communes. Par exemple, leur exploration de la montagne se matérialise toujours par des œuvres ayant une utilité pour la société. Ils incarnent ce que l’on appelle le pyrénéisme de curiosité, qui consiste à observer, collectionner et conserver, dans le but de partager avec les autres les joies que procure la montagne : l’effort physique, la contemplation artistique, le plaisir touristique ou l’initiation scientifique, qui comporte non seulement les sciences naturelles, mais également l’histoire ou la linguistique. Leur curiosité scientifique se mêlait à une grande sensibilité artistique, qu’ils exprimèrent dans la peinture ou le dessin, en privilégiant toujours les modèles naturels aux décors imaginaires (comme c’était le cas pour Frossard ou Schrader). La photographie fut également un autre mode d’expression très utilisé, d’abord à des fins esthétiques, et ensuite comme un outil indispensable pour les études géographiques et cartographiques.
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Puerto de Marcadau. 1888.
Port de Marcadau. Dessin de Franz Schrader. Annuaire du Club Alpin Français. 1889.
Puerto de Marcadau. Dibujo de Franz Schrader. Annuaire du Club Alpin Français. 1889.
coleccionar y conservar, con la voluntad de compartir con los demás las alegrías que da la montaña: el esfuerzo físico, la contemplación artística, el placer turístico o la iniciación científica, en la que no solo están presentes las ciencias naturales, sino también la historia o la lingüística. Al interés científico unían una gran sensibilidad artística que plasmaron a través de la pintura y el dibujo, prefiriendo siempre los modelos naturales a las escenas imaginarias (como sucedía con Frossard o Schrader), o la fotografía, que en un principio tuvo una finalidad estética y posteriormente se utilizó como herramienta indispensable para las investigaciones geográficas y cartográficas. Los protestantes también tuvieron una notable presencia en las primeras asociaciones pireneístas. De los impulsores de la Société Ramond, salvo Russell, todos eran protestantes. Igualmente lo era el fundador del Bulletin Pyrénéen, George Brugnot. Finalmente, encontramos una nutrida representación en la Section Sud-Ouest du Club Alpin Français. De hecho, cuando este club fundó una sección en Pau, en 1887, Meillon se integró y colaboró activamente en ella desde el inicio. Así, como ya hemos dicho, en 1889 publicó en el Annuaire correspondiente a 1888 su primer artículo: «Huit jours à travers monts». Más tarde fue miembro del comité directivo, desde 1892 como asesor
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