Guide du visiteur 'Masterpieces in Miniature'

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Masterpieces in Miniature

Les trésors de la Rosalinde and Arthur Gilbert Collection

05.03.2021 - 15.08.2021 Veuillez restituer le guide de l’exposition au terme de votre visite. Vous pouvez le consulter sur www.divaantwerp.be



« Nous avons toujours aimé les belles choses et la collection s’est juste accrue… » Rosalinde Gilbert, 1987

Arthur et Rosalinde Gilbert à une piscine, vers 1951 © Archives Art et Design V&A


MASTERPIECES IN MINIATURE: LES TRÉSORS DE LA ROSALINDE AND ARTHUR GILBERT COLLECTION La Rosalinde and Arthur Gilbert Collection est un hommage au savoir-faire magistral. Réputée pour ses chefs-d’œuvre en or et en argent ainsi que pour ses micromosaïques, elle a vu le jour aux États-Unis, mais a été léguée au Royaume-Uni, où le Victoria and Albert Museum la conserve depuis 2008. C’est la première exposition itinérante internationale des pièces maîtresses de l’ensemble de la collection.


Dans les années 30, Arthur (1913-2001) et Rosalinde (1913-1995) Gilbert font fortune à Londres en fondant l’entreprise de prêt-à-porter féminin Rosalinde Gilbert Ltd., qui fournit des boutiques haut de gamme. En 1945, l’entreprise est tellement florissante que les Gilbert se retirent en Californie, alors qu’ils ne sont encore que trentenaires. Aux États-Unis, ils consolident leur fortune dans l’immobilier. Leur quête d’objets exceptionnels pour meubler leur villa de Beverly Hills les transforme rapidement en collectionneurs passionnés.

Le couple réunit l’une des collections privées d’arts décoratifs les plus complètes du XXe siècle et très tôt, ils souhaitent la rendre accessible au public. Cette exposition offre aux visiteurs une occasion unique de se plonger dans l’univers des chefs-d’œuvre éblouissants d’Arthur et Rosalinde Gilbert.

Rosalinde et Arthur Gilbert jeunes © Archives Art et Design V&A

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Statue de cire d’Arthur Gilbert

Table de toilette ou bureau Mazarin

Los Angeles, vers 2000

Paris, 1690-1700

Cire, résine, cheveux, verre, peinture, cuir et diverses sortes de textile

Laiton gravé et écaille sur bois de conifère

V&A, Loan:Gilbert.1089-2008

DIVA, S75/176

Arthur souhaitait être immortalisé en tenue de tennis et dans sa pose la plus caractéristique, c’est-à-dire parlant au téléphone. Il était connu pour passer des heures au téléphone avec un réseau international de marchands d’art, sans jamais tenir compte des décalages horaires, pour traquer les meilleures pièces sur le marché et pour immanquablement surenchérir sur les offres d’autres collectionneurs.

On ne sait que peu de choses sur l’usage de tel type de meuble. Souvent catalogué comme bureau, on les aperçoit néanmoins sur plusieurs tableaux représentés comme des tables de toilette. La marqueterie du plateau se compose de deux couches, une en laiton sur écaille et l’autre en écaille sur laiton. Une technique mise au point par Charles Boulle (1642-1732). Les motifs s’inspirent de gravures de Jean Louis Bérain (1640-1711).

2 Chaise XIXe siècle Acajou, montures en bronze doré, tapisserie en soie, rembourrage en mousse V&A, Loan:Gilbert.1079-2008

La maison des Gilbert en style Tudor à Los Angeles © Archives Art et Design V&A


Loupes

Le dimanche, Arthur allait au Los Angeles County Museum of Arts pour vérifier sa collection qui y était exposée de 1975 à 1995. Il prêtait des loupes aux visiteurs pour que ceux-ci ne ratent aucun détail de ces merveilleux objets. Il leur parlait aussi du savoir-faire des artisans qui avaient confectionné ces objets qu’il aimait tant et de leur histoire.

Maison de mode

On ignore à peu près tout de l’entreprise de prêt-à-porter des Gilbert. Ces deux vêtements sont les seuls qu’on ait retrouvés à ce jour. Ils ont été confectionnés à Londres en 1947-1948, lorsque le secteur de la mode devait à la fois répondre aux rationnements de l’après-guerre et aux aspirations de glamour hollywoodien. Les stylistes dessinaient des vêtements élégants, mais abordables avec des éléments décoratifs astucieux. Aussi bien la robe du soir que la veste sont agrémentées d’un péplum, un volant qui souligne la taille sans requérir trop de tissu.

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Robe du soir avec motifs chinois

Queue-de-pie Londres, vers 1947

Londres, vers 1948

Rosalinde Gilbert Ltd

Rosalinde Gilbert Ltd

Soie synthétique moirée

Soie, corsage brodé et jupe noire avec volant

V&A, Loan:Gilbert.2-2014

V&A, Loan:Gilbert.2-2019

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« Il faut le voir pour le croire, parce qu’on ne voit vraiment pas de différence avec un tableau. » Arthur Gilbert, 1998

Panneau de micromosaïque représentant une femme et son courtisan, Rome, vers 1880-1900 © Rosalinde and Arthur Gilbert Collection, en prêt au Victoria and Albert Museum


L’ART DE L’ILLUSION Arthur Gilbert ne se considérait pas comme un « collectionneur d’art », mais comme « un obsédé qui collectionne des micromosaïques ». Sa passion éclôt en 1969, lorsqu’il achète deux tableaux dans lesquels il pense voir des craquelures. En réalité, il s’agit de mosaïques composées des plus petits morceaux de verre coloré qu’il n’ait jamais vus. Les Gilbert deviennent des apôtres de cette forme d’art oubliée. C’est eux qui auraient inventé le terme de « micromosaïque » afin de distinguer cette technique des mosaïques romaines traditionnelles. En quête d’exemplaires, allant de pièces de joaillerie fine à des plateaux de tables massifs, ils passent le marché des arts décoratifs au peigne fin, construisent l’une des plus grandes collections au monde et partagent les connaissances qu’ils acquièrent par le biais de publications et d’expositions. Arthur achète également des pietre dure, des mosaïques en pierre fine, aussi bien des pièces de qualité muséales que des exemplaires moins magistraux. Il lui arrive d’acquérir plusieurs versions d’un même sujet afin de démontrer l’immense diversité et les multiples facettes de l’art de la mosaïque.


Représentations durables

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Les pietre dure et les mosaïques ont vu le jour en Italie, dans le but de susciter l’illusion parfaite d’un tableau à la faveur de petits éléments en pierre ou en verre. Au XVIe siècle, la ville de Florence fonde la Galleria dei Lavori, l’atelier grand-ducal, pour encourager les artisans à aiguiser leur savoir-faire et leur expertise technique en vue de réaliser de sublimes chefs-d’œuvre pour leurs souverains. Au XVIIIe siècle, le Vaticano Studio del Mosaico est prié de remplacer des tableaux pâlissants par des représentations durables en mosaïque de verre dans des églises. Cela a mené à des innovations techniques qui ont rapidement séduit une clientèle plus vaste.

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Panneau Cavalier buvant Florence, 1870-1890 Pietre dure, cadre en bois

Plaque Cavalier buvant Rome, 1865-1875 Micromosaïque en verre, cadre en bois

V&A, Loan:Gilbert.1060-2008

V&A, Loan:Gilbert.1056-2008

VIDEO Comment les fabriquait-on les micromosaïques? L’artisan de ce film réalise une copie moderne d’un détail du plateau de table en micromosaïque de la Gilbert Collection. Il utilise les mêmes techniques que pour la pièce originale, de la préparation des matériaux au polissage de la pièce achevée. Durée du film: 4:42 minutes Ateliers de SICIS à Ravenne, 2018

La flore de l’empire de Deux-Siciles table en micromosaïque, Michelangelo Barberi, Rome, vers 1850 © Rosalinde and Arthur Gilbert Collection, en prêt au Victoria and Albert Museum


Peindre avec du verre Les micromosaïques se composent de tesserae, de tesselles de verre coloré. À la faveur d’une technique révolutionnaire, on amalgame différentes couleurs de verre dont on fabrique de longues baguettes étroites que l’on peut alors découper en petits fragments. En 1775, Giacomo Raffaelli a organisé la première exposition d’œuvres en micromosaïque. Entre 1810 et 1820, Antonio Aguatti a commercialisé des tesselles aux formes, dimensions et couleurs nouvelles, de sorte que les artistes pouvaient véritablement imiter les touches de pinceau d’un peintre.

8 Un faucon attaque un coq Rome, vers 1850 Plaque: attribuée à Giacomo Raffaelli (1753-1836) Bonbonnière en mosaïque de verre, purpurine (verre) et bois peint V&A, Loan:Gilbert.471-2008

9 Cupidon chevauche un coquillage tiré par des serpents de mer ailés Rome, vers 1805-1809 et Paris, 1809-1819 Plaque: Antonio Aguatti († 1846), signée; tabatière: Pierre-André Montauban (actif de 1806 à 1822) Micromosaïque en verre, or ciselé et travaillé à la machine V&A, Loan:Gilbert.474-2008

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Ceci n’est pas un tableau

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Représenter la nature est depuis toujours le grand défi des fabricants de pietre dure et de micromosaïques. Comment rendre les nuances d’un pétale de fleur ou le plumage d’un oiseau? Pour cette micromosaïque, l’artisan a utilisé des tesselles oblongues d’innombrables tonalités. Ensuite, il a masqué les jointures à la peinture afin de créer l’illusion parfaite d’une surface peinte entièrement lisse. La feuille sous les pietre dure accentue la translucidité des raisins et des grenades.

10 Nature morte avec fruits et fleurs Rome, vers 1840-1860 Micromosaïque en verre, cadre doré V&A, Loan:Gilbert.114-2008

11 Nature morte en style néo-classique Florence, vers 1890 Plaque: F. Scappini, signée Plateau de table en pietre dure, table en bronze doré V&A, Loan:Gilbert.1055-2008


VIDEO Puzzles en pierres fines Pietre dure est l’abréviation de commessi di pietre dure, littéralement « puzzle de pierres fines ». Des méthodes novatrices de découpage, de taille et d’assemblage des pierres, qui se composaient de fragments antiques aussi bien que de pierres récemment extraites, localement ou dans des régions aussi lointaines que la Perse, ont généré de nouvelles couleurs. Les motifs d’oiseaux et de fleurs de cette armoire sont typiquement florentins. Les pinsons, finches en anglais, font référence au propriétaire, Daniel Finch (1647-1730), deuxième comte de Nottingham.

12 Armoire ornée d’oiseaux et de fleurs Florence, vers 1675 Galleria dei Lavori Pietre dure, marbre, ébène, incrustation de plusieurs sortes de bois, palissandre, bronze doré, soie V&A, Loan:Gilbert.73-2008

Comment fabriquait-on des Pietre dure

Dans ce film, un artisan réalise une copie moderne d’un panneau en pierres fines qui orne une armoire du XVIIe siècle de la Gilbert Collection. Pour ce faire, il utilise les techniques originales: il découpe soigneusement les pierres, les taille dans la forme souhaitée et les incruste dans du marbre noir belge. Soyez surtout attentif aux moments où il découpe des formes en demi-cercle dans de la calcédoine verte et les recouvre de poussière d’or pour leur donner un reflet nacré. Durée du film: 3:30 Paci Mosaici, Florence, 2008

Cabinet avec motifs d’oiseaux et de fleurs, Florence, Italie, vers 1675 © Rosalinde and Arthur Gilbert Collection, en prêt au Victoria and Albert Museum

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Art italien

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Tandis que Florence a dominé le marché des pietre dure de la fin du XVIe siècle jusqu’au XVIIIe siècle, Rome est devenue le leader incontestable de la micromosaïque au XIXe siècle. Chaque discipline avait ses propres représentations bien définies, qui répondaient au goût des clients européens: faune et flore, paysages italiens idéalisés, monuments de la Rome antique. Au départ, la micromosaïque était un produit exclusif et prestigieux, uniquement fabriqué sur commande, le plus souvent de souverains. Mais par la suite, on a commencé à produire des plaques identiques pour touristes fortunés que l’on fît monter à l’atelier ou une fois rentré chez soi. À travers ces œuvres, le propriétaire prouvait qu’il avait à la fois les moyens et la curiosité culturelle d’avoir voyagé en Italie et d’y avoir découvert les merveilles de la Rome antique et de la Renaissance.

Hommage à Rome Depuis les années 1430, des Romains étaient contraints de vivre dans des ruines. Il fut un temps où le Forum était un pré où broutaient des vaches (Campo Vaccino). D’autres vestiges faisaient office de réserves de matériel de construction. Un changement est intervenu vers la fin des années 1740, lorsqu’on a pris conscience de l’intérêt architectural qu’éveillaient les sites et ruines de l’Antiquité récemment excavés. Le Colisée est devenu le monument le plus admiré de la Rome antique et l’un des sujets les plus populaires pour les micromosaïques: Arthur Gilbert en a acquis au moins onze représentations différentes

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Jour et Nuit Rome, 1853 Michelangelo Barberi (1787-1867) Marbre noir incrusté de micromosaïque

Colisée Rome, vers 1860 Micromosaïque en verre, broche en or

Forum et Colisée Rome, vers 1851 Domenico Moglia (vers 1780-1862), une plaque signée Micromosaïque en verre sur une plaque en marbre

V&A, Loan:Gilbert. 135-2008

V&A, Loan:Gilbert. 921-2008

V&A, Loan:Gilbert. 183 & 182-2008

Les colombes de Pline Les fouilles des sites historiques ont dévoilé des sols et des murs dont les motifs ont inspiré de nombreux artistes européens. Au premier siècle de notre ère, Pline l’ancien a décrit l’illusion parfaite: une mosaïque de colombes autour d’une fontaine. Cette mosaïque est toutefois restée un mythe jusqu’à sa redécouverte en 1737. Des fabricants romains de micromosaïque ont voulu la surpasser et la scène est devenue un motif populaire, copiée à l’infini dans tous les formats. Arthur Gilbert en a acquis au moins sept versions.

17 Plaque Rome, 1800-1825 Micromosaïque en verre sur plaque en cuivre V&A, Loan:Gilbert.197-2008

18 Bonbonnière Rome, 1815-1820 & Paris, 1819-1838 Micromosaïque en verre, écailles de tortue, or, bois V&A, Loan:Gilbert.469-2008

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Imagerie religieuse

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Le Vaticano Studio del Mosaico produisait et conservait les mosaïques des églises romaines. À partir de 1820, l’atelier a commencé à fabriquer des objets pour des laïcs, ornés d’imagerie religieuse. Par exemple, des portraits du pape qui pouvaient servir de cadeau diplomatique ou des vues de célèbres églises romaines pour des touristes.

19 Vue intérieure de la basilique Saint-Pierre Rome, 1899 Augusto Moglia († 1846), signé et daté Micromosaïque en verre, châssis en ardoise et métal, cadre en bois V&A, Loan:Gilbert.122-2008

20 Le pape Grégoire XVI Rome, 1839 Raffaelle Castellini (1791-1864), signé Micromosaïque en verre, cadre en métal doré V&A, Loan:Gilbert.214-2008

21 La Vierge du doigt Rome, vers 1830-1850 Luigi Moglia (actif d’environ 1850 à 1870), signé Micromosaïque en verre, broche en laiton doré, grenat et turquoise V&A, Loan:Gilbert.153-2008


La campagne italienne Au XIXe siècle, de très nombreux visiteurs étrangers en Italie souhaitaient acheter des représentations d’Arcadia. Ce paysage italien idéalisé, inaltéré, habité par des bergers était autrefois un motif de prédilection de peintres tels que Salvator Rosa (1615-1673). En outre, l’amour des costumes régionaux traditionnels et de la vie paysanne véhiculait un puissant message de soutien au nationalisme qui secouait l’Europe dans les années 1830. En Italie, ce mouvement d’unification portait le nom de Risorgimento.

22 Mercure, Argus et Io Rome, 1800-1825 Micromosaïque en verre, cadre en métal partiellement doré V&A, Loan:Gilbert.211-2008

23, 24 & 25 Paysans costumés et colombes Rome, vers 1870 Micromosaïque en verre, bracelet en or, pendentif et boucles d’oreilles V&A, Loan:Gilbert.139,140,141-2008

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De plusieurs pays, de diverses époques

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L’une des forces de la Gilbert Collection est la présence de micromosaïque et de pietre dure de factures et d’origines très diverses. Arthur Gilbert soulignait le fait que « dans l’assemblage d’une collection, il est important de réunir des exemplaires de types différents de chaque discipline spécifique ». Bien que ces formes d’art ne fussent plus en vogue à partir des années 1880, surtout en raison de leur coût de production très élevé et de leurs sujets désuets, les Gilbert ont acquis ces pièces pour en montrer l’évolution au fil des siècles. Ils ont ainsi rassemblé un panorama unique et « très populaire auprès du public » comme aimait le déclarer fièrement Arthur Gilbert.

26 Micromosaïque vénitienne: La tigresse Venise, 1880-1910 Decio Podio (vers 1860), signé Micromosaïque en verre, cadre en bois doré V&A, Loan:Gilbert.170-2008

Cette micromosaïque, l’une des premières qu’Arthur Gilbert ait acquises, représente un chef-d’œuvre populaire, peint vers 1780: Tigresse couchée sous les rochers du peintre animalier anglais George Stubbs (1724-1806). Dans les années 1880, les artistes mosaïstes romains avaient perdu leur clientèle huppée, mais à Venise, une nouvelle approche de cet art, grâce aux techniques les plus récentes, lui a réinsufflé de la vie.


Micromosaïques russes L’aristocratie russe et la famille impériale faisaient partie des admirateurs de la première heure des micromosaïque romaines. Au début, ils ont importé des pièces comme cette table, Le magnifique ciel italien, une commande du tsar Nicolas Ier après son voyage en Italie. Peu après, le tsar, qui a régné de 1825 à 1855, et sa cour ont invité des artisans spécialisés en micromosaïques à venir établir des ateliers en Russie pour y former une nouvelle génération d’artistes. À partir des années 1820, la famille impériale a passé des commandes à Georgi Wekler, un élève de Domenico Moglia.

27 Chœur de l’église des Capucins à Rome Saint-Pétersbourg, 1825 Georgi Ferdinand Wekler (1800-1861) Micromosaïque en verre, cadre en bois V&A, Loan:Gilbert.877-2008

28 Le Cottage dans le parc Alexandria, Peterhof Saint-Pétersbourg, 1843-1850 Georgi Ferdinand Wekler (1800-1861) Micromosaïque en verre, boîte en bronze V&A, Loan:Gilbert.220-2008

29 Le magnifique ciel italien Rome, 1845 Cavaliere Michelangelo Barberi (1787-1867) Micromosaïque en verre V&A, Loan:Gilbert.894-2008

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« Sans l’amour profond que les Gilbert portaient à l’argenterie, leur collection n’aurait jamais pu être constituée. » Timothy Schroder, ancien conservateur du Los Angeles County Museum of Arts, 1988

Compotier avec couvercle, Paul Storr, Londres, 1820-1821 © Rosalinde and Arthur Gilbert Collection, en prêt au Victoria and Albert Museum


ÉCLAT ET ENVERGURE Arthur Gilbert acquiert sa première pièce d’argenterie en 1969, chez un antiquaire de Rodeo Drive, à Los Angeles, lorsque Rosalinde et lui aménagent leur nouvelle demeure à Beverly Hills. Attirés en premier lieu par l’apparence des objets, ils deviennent néanmoins très vite de véritables connaisseurs. Ils développent à la fois une connaissance approfondie des plus importants orfèvres et un œil averti pour la gamme de fascinantes techniques et méthodes utilisées pour embellir l’or et l’argent. Outre l’argenterie britannique du XVIIIe et XIXe siècle, ils achètent des pièces russes, européennes, indiennes, sud-américaines et nord-américaines afin de constituer une collection d’œuvres d’art en or et en argent aussi complète que possible qui montre la façon dont les orfèvres ont répondu, partout dans le monde et tout au long de l’histoire, à l’évolution des modes, des goûts et des usages de leurs clients.


Grandeur et prestige

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Les objets d’art en argent et en or servent à impressionner. Ils forcent l’admiration pour leur caractère esthétique et leur traduction de la mode de leur époque, pour leur valeur et les prouesses techniques de leurs artisans. Souvent conçus comme des cadeaux de présentation, ces chefs-d’œuvre étincelants reflètent la générosité et la richesse des donateurs tout en honorant le destinataire, qu’il soit divin ou humain. L’examen des inscriptions, monogrammes, armoiries, écussons et autres devises gravés sur ces pièces permet de faire revivre des noms depuis longtemps oubliés. Arthur Gilbert chérissait ces histoires et aimait les partager.

Cadeaux de présentation Les cadeaux de présentation recelaient souvent une visée diplomatique, financière ou politique : ils pouvaient représenter une manière élégante de s’acquitter d’une dette entre puissances politiques ou marquer des événements stratégiques de grande importance comme un mariage ou un baptême. Ces exemplaires récompensaient des exploits militaires ou politiques. Le vase, commandé par le gouvernement français, commémore la carrière illustre du marquis de Lafayette, en particulier son rôle décisif durant la Révolution américaine. La coupe en or, à la valeur vingt fois supérieure à l’argent, constituait un présent approprié pour le deuxième homme le plus riche de l’empire russe.

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Coupe sur pied offerte au comte Pjotr Borissovitch Cheremetiev (1713-1787), adjudant général de l’armée russe Saint-Pétersbourg, vers 1760 Johan Henrik Hopper (actif vers 1760) Or champlevé, coulé, ciselé et gravé

Vase monumental offert à Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de Lafayette (1747-1834) Paris, 1830-1835 Argent: Jacques-Henri Fauconnier (1776-1839); modèle: Jean-Etienne Chaponnière (1801-1835) Vermeil et cuivre doré coulé, champlevé et ciselé. Structure en laiton et fer

V&A, Loan:Gilbert.26,27-2008

V&A, Loan:Gilbert.2-2008


32 Ciboire avec pièce de monnaie d’un demi-écu Anvers, 1715-1716 Josephus I Hennekin (actif vers 1667-1720) Vermeil coulé, champlevé, gravé et ciselé et ajouré V&A, Loan:Gilbert.98-2008

Bien qu’Arthur Gilbert soit de confession juive et qu’il entretienne des liens étroits avec des institutions philanthropiques juives, il collectionne très peu de judaïca, soit des objets liés au culte juif. Il acquiert par contre plusieurs pièces d’art chrétien spectaculaires, des symboles d’une Église puissante qui recevait ou faisait confectionner d’innombrables objets de culte et dévotion.

33 Grilles de la cathédrale de la Nativité de la Mère de Dieu, la Laure des Grottes de Kiev Kiev, vers 1784 Attribué à Gregory Chizhevski (actif vers 1770-1800) Argent et vermeil coulés, ajourés, gravés et ciselés, structure en fer V&A, Loan:Gilbert.97-2008

Arthur Gilbert acquiert cette magnifique paire de grilles en argent massif au moment où il commence à peine à collectionner. Mais Rosalinde les confine au garage. Les grilles proviennent de l’un des plus importants centres du christianisme orthodoxe en Europe de l’Est. Elles furent probablement un cadeau de l’impératrice Catherine la Grande (qui a régné de 1762 à 1796).

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Trésors de la Renaissance

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Les Gilbert ont rassemblé une collection inégalée de splendeurs de la Renaissance, surtout des vaisseaux dans des montures argentées ou dorées, composés de matériaux exotiques précieux comme des coquilles de nautile ou des cornes d’ibex, dont la cour princière de Salzbourg possédait l’exclusivité à l’époque. Ces objets illustrent les merveilles de la nature et les prouesses techniques des artistes, mais aussi la culture et le prestige de leurs propriétaires. Lorsque Arthur Gilbert est fait chevalier en 2001, il choisit l’élégante perdrix comme symbole héraldique.

34 Chope Angleterre, vers 1600-1658 Malling Ware (étain et faïence) (Kent), champlevé, coulé, ciselé et ajouré V&A, Loan:Gilbert.583-2008

35 Nef de table Ratisbonne, vers 1610 Poinçon AP en monogramme Argent et vermeil coulés, ciselés, gravés et émail V&A, Loan:Gilbert.67-2008

36 Hanap perdrix Monture: Nuremberg, 1598-1602 Georg Rühl (actif vers 1598-1625) Nacre découpée (Asie du Sud-Est), vermeil coulé, ajouré et ciselé serti de rubis et d’émeraudes V&A, Loan:Gilbert.6-2008


37 Hanap faucon Monture: Ulm, vers 1600 Possiblement Samuel ou Hans Kassborer Noix de coco sculptée (Asie du Sud-Est), argent et vermeil coulés, ciselés, ajourés et sertis de pierres semi-précieuses V&A, Loan:Gilbert.61-2008

38 Coupe coquillage Monture: Angleterre ou Flandre, vers 1585 Coquille de limace de mer polie (Asie du Sud-Est), vermeil coulé, ajouré et ciselé V&A, Loan:Gilbert.58-2008

39 Coupe avec couvercle Monture: Augsbourg, 1751 Johann Jacob Adam (actif entre 1748 et 1791) Corne d’ibex sculptés (Salzbourg), vermeil champlevé, coulé, et ciselé V&A, Loan:Gilbert.11-2008

Nature morte avec coupe nautile et récipient à couvercle, vers 1600-1680, Pieter van Roestraten (1629-1700) © Victoria and Albert Museum

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Boissons exquises

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L’essor du commerce international et de l’exploitation européenne des colonies à partir des années 1680 entraîne l’arrivage croissant de biens exotiques: thé, café et chocolat sont des boissons exquises et très chères qui engendrent de nouvelles coutumes. Outre à des dîners fastueux, on invite des convives à savourer ces produits de luxe au cours de la journée. Pour les conserver et préparer, de nouveaux objets et ustensiles font surface: des boîtes à thé et des bouilloires. Le thé est tellement cher qu’on verrouille les boîtes dans lesquelles on le conserve et qu’on les range dans des caisses en bois.

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Bouilloire pour le thé Londres, 1730-1731 Paul de Lamerie (1688-1751) Argent coulé, champlevé, ciselé et repoussé, vannerie V&A, Loan:Gilbert.672-2008

41, 42 & 43 Boîtes à thé Londres, 1747-1748 Peter Archambo (actif de 1720 à 1767) Argent découpé et soudé, coulé, ciselé et maté V&A, Loan:Gilbert.686 to 688-2008


Chocolat Les chocolatières se reconnaissent au fleuron sur le couvercle. Il couvre une ouverture dans laquelle on peut glisser un fouet pour mélanger la boisson onctueuse. Dans les années 1680, la plupart des tasses à chocolat sont en porcelaine orientale. Cette mode perdure tout au long du XVIIIe siècle, même si des exemplaires précieux de facture européenne gagnent en popularité. Certaines sont des tasses « trembleuses », qui auraient été conçues pour éviter de renverser la précieuse boisson lorsqu’on a les mains qui tremblent ou que l’on voyage.

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Chocolatière Londres, 1750-1751 Samuel Courtauld (1720-1765) Argent champlevé, coulé, ciselé, gravé et bois sculpté V&A, Loan:Gilbert.677:1, 2-2008

45 Trembleuse – tasse et soucoupe Paris, vers 1720 Porcelaine japonaise Imari, argent coulé, ciselé, ajouré et champlevé V&A, Loan:Gilbert.872-2008

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L’art de la réception

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Les Gilbert sont connus comme des hôtes généreux lors de leurs fêtes fastueuses. Les tables sont alors dressées élégamment, selon les traditions d’antan, avec de l’argenterie historique de leur collection. À partir du XVIe siècle, l’utilisation de l’argenterie pour recevoir des hôtes gagne en popularité. À mesure que les réceptions et autres réunions sociales se multiplient, la quantité et la variété d’objets en argent s’accroissent, reflétant l’évolution de la richesse en Europe. Avec l’émergence d’une nouvelle classe citadine de marchands, la clientèle pouvant se permettre de l’argenterie augmente. Ayant fait fortune avec la traite des esclaves ou avec la banque, cette bourgeoisie imite minutieusement les usages les plus récents des cours royales et de l’aristocratie en vue d’élever son statut social. Bien qu’en fonction des nécessités, des modes et des changements de goût, on ait fait fondre beaucoup d’argenterie pour la remodeler en objets nouveaux, les Gilbert ont pu acquérir quelques rares exemplaires d’époque ayant été conservés.

Éclat et lumière Longtemps, l’argent a servi à intensifier et réfléchir la lumière des chandelles. Cette lumière venait en général de deux points dans l’espace. On posait des chandeliers sur des tables et des armoires, avec des mouchettes pour couper la mèche des chandelles afin que celles-ci ne fument pas trop. Au mur étaient fixés des chandeliers muraux. Entre le milieu du XVIIe siècle et la fin du XVIIIe, ces objets sont devenus des pièces décoratives très travaillées et adaptées aux intérieurs.

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Chandelier mural, provenant d’une paire, avec les armoiries ultérieures et la couronne des barons Foley of Kidderminster Londres, vers 1717 Paul de Lamerie (1688-1751) Vermeil coulé, champlevé, ciselé et gravé

Mouchette et porte-chandelle de John Campbell, 2e duc d’Argyll (1680-1743) Londres, 1716-1717 Mouchette: Augustin Courtauld (actif de 1701 à 1751); porte-chandelle: James Fraillon (actif 1706-1727/1728) Vermeil coulé, champlevé et gravé

V&A, Loan:Gilbert.716-2008

V&A, Loan:Gilbert.593-2008


Chandeliers et candélabres Jusqu’aux années 1820, les chandelles étaient très chères. Le nombre de chandelles allumées témoignait de la fortune de l’hôte. Les chandeliers formaient des paires ou de plus grands ensembles. Un candélabre est un grand chandelier à plusieurs branches. Les paires que vous pouvez admirer ici constituent des exemples typiques de rococo du XVIIIe siècle et de style Regency du XIXe siècle. Ils ont été réalisés par les orfèvres anglais les plus réputés de leur époque. Ceux-ci ne furent pas uniquement des artisans très talentueux, mais aussi des hommes d’affaires habiles qui veillaient à ce que leurs ateliers livrent invariablement des pièces d’orfèvrerie créatives de la plus haute qualité.

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Paires de candélabres en style Regency ornés d’une luxuriance de feuilles d’acanthe Londres, 1816-1817 Paul Storr (1771-1844) de Storr & Co, pour Rundell, Bridge & Rundell (actif de 1797 à 1843) Vermeil coulé, ciselé et gravé

Paires de chandeliers rococo avec un paon caché Londres, 1741-1742 Paul de Lamerie (1688-1751) Argent coulé, ciselé et gravé V&A, Loan:Gilbert.653 & 654-2008

V&A, Loan:Gilbert.827 & 828-2008

52 Objet commémoratif de George Hay, 8e marquis de Tweeddale (1787-1876) Londres, 1849-1850 John Samuel Hunt (1785-1865) de l’atelier Hunt & Roskell (1843-1897); conception: Alfred Brown (actif de 1845 à 1881) Argent coulé, ciselé, poli et maté V&A, Loan:Gilbert.862-2008

Avec les objets commémoratifs ou testimonials, la prédilection britannique pour les pièces de présentation monumentales atteint son apogée sous le long règne de 1837 à 1901 de la reine Victoria. Ce candélabre d’une taille exceptionnelle pèse 38 kilos et rend hommage au marquis de Tweeddale et à sa carrière glorieuse de gouverneur de Madras, en Inde. Les objets mettent en regard ses faits d’armes avec ceux de ses ancêtres qui ont vaincu les Danois en 890.

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Argenterie

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Parallèlement à l’éclosion de l’art culinaire en France et dans le reste de l’Europe à partir des années 60, de nouvelles manières de servir et de manger apparaissent. Des dîners grandioses qui comptent toujours plus de plats requièrent de nouveaux plateaux et récipients tels que des soupières, des saucières et des pots pour épices. On n’étale plus les objets sur un buffet comme autrefois, mais sur la table. Les seaux à glace changent aussi de forme: les grands récipients posés à même le sol qui contiennent plusieurs bouteilles cèdent la place à des seaux ou des supports de bouteille individuelle, posés sur la table.

53 Seau à bouteille Londres, 1794-1795 James & Elizabeth Bland (actif de 1794 à env. 1800) Argent champlevé, coulé, ciselé et gravé V&A, Loan:Gilbert.861-2008

54 Soupière Londres, 1806-1807 Paul Storr (1771-1844) pour Rundell, Bridge & Rundell (actif de 1797 à 1843) Argent champlevé, coulé, ciselé et gravé V&A, Loan:Gilbert.784-787-2008

55 Surtout Londres, 1763-1764 Thomas Pitts (actif de 1759 à 1793) Argent champlevé, ajouré, coulé V&A, Loan:Gilbert.689-2008

Ce surtout, une pièce décorative qu’on pose au milieu de la table, est l’un des objets les plus iconiques et spectaculaires de l’argenterie du XVIIIe siècle, spécifiquement en Angleterre. On y remplit les petits paniers de friandises ou de fruits. Certains petits paniers sont interchangeables avec des chandeliers.


Élégante trousse de voyage À une époque où chaque voyage représente une entreprise à préparer avec minutie et peut prendre des semaines voire des mois lorsque les distances sont importantes, de petites boîtes, fioles et autres flacons en métal précieux constituent des éléments indispensables d’une élégante trousse de voyage. À partir du XVIIe siècle, une trousse de toilette comporte tous les accessoires pour le rituel de l’habillage qui est alors la première activité sociale de la journée. Au cours des siècles qui suivent s’ajoutent toujours davantage d’articles personnels de voyage, comme la bouteille démesurée en or 18 carats pour des boissons alcoolisées.

56, 57, 58, 59 & 60 Des chefs-d’œuvres d’une trousse de toilette en 26 pièces Augsbourg, vers 1695 Tobias Baur (vers 1660-1735) Verre, vermeil et argent coulés, champlevés, ajourés, émail peint V&A, Loan:Gilbert.553, 555, 567, 566, 571-2008

61 Bouteille pour boissons alcoolisées avec monogramme « CH » Birmingham, 1878 George Unite & Sons (vers 1865-1928) Or champlevé et gravé V&A, Loan:Gilbert.40-2008

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« Les petites boîtes en or sont vraiment sensuelles, SENSUELLES, et il faut les manipuler… » Arthur Gilbert, 1998

Tabatière en or ornée de deux portraits en émail. La boîte: John Northam, Londres, 1816-1817; les portraits: France, vers 1800-1815 © Rosalinde and Arthur Gilbert Collection, en prêt au Victoria and Albert Museum


PERFECTION AU FORMAT DE POCHE Les Gilbert se passionnent pour les « objets de vertu ». Au XVIIIe siècle, ces objets incarnaient la quintessence du luxe: des portraits miniatures en émail, des tabatières, du matériel de couture et autres accessoires transformés en onéreux objets utilitaires dont la société élégante aimait faire étalage. C’est par hasard que le couple commence à collectionner des tabatières et des portraits en émail. En 1975, ils acquièrent leur première tabatière en or qui se trouve être ornée de deux portraits en émail. En à peine deux décennies, ils assemblent l’une des collections de tabatières les plus complètes des principaux centres européens d’orfèvrerie, comprenant certains des plus beaux exemplaires français et allemands connus. Entre-temps, leur collection de portraits en émail offre un aperçu historique de cette forme d’art, entretenant souvent des liens directs avec d’autres œuvres de la collection. De nombreux contemporains d’Arthur Gilbert se souviennent de lui manipulant avec ravissement sa dernière acquisition et prenant un immense plaisir à en inspecter les moindres détails.


Diplomatie ou intimité 34

Les portraits sur émail étant des prouesses techniques, ils étaient donc très coûteux et servaient surtout d’instruments diplomatiques. Lors de son long règne de 1643 à 1715, le roi Louis XIV de France distribuait des portraits de lui aux ambassadeurs et aux courtisans. Il a donc instauré cette tradition qui s’est popularisée dans toute l’Europe et la Russie. Ainsi, des portraits miniatures ornaient de plus en plus souvent les tabatières, dont la variété de matériaux qui pouvaient les composer offrait un éventail de nuances pour la diplomatie. Dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, de très nombreux clients privilégiés affichaient une prédilection pour les portraits miniatures sur émail d’amant(e)s ou de membres de la famille.

62 Boîte à portrait Düsseldorf, vers 1690-1695 J.M. Khaetscher (actif d’environ 1690 à 1715) Émail peint sur or, pendentif original avec cadre en vermeil et en diamant V&A, Loan:Gilbert.294-2008

La « boîte à portrait » est une énigme, car ces cadeaux diplomatiques ne consistent pas en une boîte, mais en un portrait dans un cadre serti de diamants. Puisque les pierres précieuses déterminent la valeur de l’objet, le destinataire pouvait les faire dessertir et les vendre. Ceci constitue donc un très rare exemplaire d’époque conservé.


Intentions politiques Les tabatières ornées du portrait ou du monogramme d’un souverain furent parmi les cadeaux de présentation les plus luxueux et les plus onéreux. Cet usage a perduré jusqu’au début du XXe siècle, lorsque la Première Guerre mondiale a entraîné la chute de plusieurs monarchies. En Angleterre, les tabatières décorées de l’écusson d’une ville étaient particulièrement prisées. Les administrations municipales offraient ces tabatières dites « de la liberté » à leurs citoyens d’honneur, outre d’autres privilèges.

63 Tabatière de représentation de Napoléon I (1769-1821) Paris et Genève, vers 1812 Portrait: Jean-Baptiste Isabey (1767-1855), signé et daté; boîte: Moulinié, Bautte & Moynier (actif de 1808 à 1821) Miniature sur ivoire sous verre; or multicolore ciselé, travaillé à la machine et émaillé V&A, Loan:Gilbert.456-2008

64 Tabatière de représentation de la reine Victoria (1819-1901) Hanau, 1837 Charles Colin & Sons (actif d’environ 1825 à 1870) Monogramme VR (Victoria Regina) en diamant sous une couronne royale, or multicolore ciselé et gravé V&A, Loan:Gilbert.444-2008

65 « Tabatière de la liberté » sur laquelle est gravé l’écusson de Londres Londres, 1809-1810 Alexander James Strachan (actif de 1799 à environ 1842/1850) Or multicolore ciselé, travaillé à la machine et maté V&A, Loan:Gilbert.454-2008

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Théâtre de la Guerre, 1757, tabatière à double ouverture Possiblement Berlin, 1757 Émail peint sur cuivre, bords en cuivre doré ciselé V&A, Loan:Gilbert.506-2008

Frédéric le Grand de Prusse, qui a régné de 1740 à 1786, a fait produire une série de tabatières comme outil de propagande pour célébrer ses faits d’armes durant la guerre de Sept Ans (1757-1763). Certains exemplaires sont décorés de son portrait peint entouré de noms de lieux et de dates de batailles, d’autres, comme cette tabatière, sont ornés de cartes détaillées de zones de combat et mouvements de troupes.

Hommage à Thomas et Nathaniel Dimsdale, pionniers de la vaccination Cette tabatière et ce portrait rendent hommage à l’illustre carrière de deux pionniers de la vaccination: Thomas Dimsdale (1712-1800) et son fils Nathaniel (1748-1811). Nathaniel a reçu la tabatière après avoir vacciné la famille impériale de Russie contre la variole. Élevé au rang de « baron de l’empire » en Russie, il a également occupé une position sociale de premier plan en Grande-Bretagne en tant que politicien de haut rang. Ce portrait plutôt pompeux, commandé l’année de son décès au renommé peintre sur émail Henry Bone exalte ses exploits.

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Portrait de Thomas Dimsdale Londres, 1800 Henry Bone (1755-1834) Émail peint sur cuivre, cadre en chrysocale (un alliage de cuivre doré)

Tabatière offerte à Nathaniel Dimsdale Berlin ou Saint-Pétersbourg, vers 1768 Or ciselé avec diamants sertis dans de l’argent: quatre diamants de teinte rose sur feuille rose, les autres sur feuille noire.

V&A, Loan:Gilbert.257-2008

V&A, Loan:Gilbert.346-2008


Trésors personnels Aux XVIIIe et XIXe siècles, la Grande-Bretagne est l’un des marchés les plus friands de portraits en émail. Ces trésors sont peints sur commande, comme souvenir d’un membre d’une lignée illustre ou d’un(e) proche, comme une maîtresse. Mais d’une génération à l’autre, on oubliait parfois qui était représenté(e). Bien que l’arrière de ces portraits porte l’inscription Mr and Mrs Tilson, il s’agit sans doute de madame Tilson et de son gendre Sir Robert Deane (vers 1707-1770) qui a épousé sa fille en 1738.

69 Portrait de Mme Tilson Londres, vers 1720 Christian Friedrich Zincke (vers 1683-1767) Émail sur cuivre, cadre au bord en argent serti de strass sur fond en agate V&A, Loan:Gilbert.284-2008

70 Portrait, possiblement de M. Tilson, ou de son gendre Robert Deane Londres, vers 1735-1745 Gervase Spencer (vers 1715-1763), signé Émail sur cuivre, au bord en argent serti de strass sur fond en agate V&A, Loan:Gilbert.283-2008

71 Tabatière avec portrait d’Elizabeth, marquise de Conyngham, maîtresse du roi George IV d’Angleterre (a régné de 1820 à 1830) Londres, 1810-1812 Portrait: Henry Bone (1755-1834); boîte: Alexander James Strachan (1774-1850) Miniature en émail peint sous verre, or bicolore ciselé sur fond maté V&A, Loan:Gilbert.462-2008

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Nécessaire avec carillon à sept cloches Londres, vers 1770 James Cox (vers 1723- vers 1792), signé sur le cadran Or coulé et ciselé, agate, perles, strass, mécanisme d’horloge et carillon V&A, Loan:Gilbert.35-2008

Un nécessaire est un petit coffre personnel qui contient des ustensiles indispensables du quotidien, comme une pince et des accessoires de couture. Dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, on appelait ce type d’ustensiles des « jouets ». James Cox, réputé jusqu’en Chine, était l’un des plus célèbres confectionneurs de « jouets ». En agrémentant des créations de mécanismes et de boîtes à musique, il les transformait en curiosités exquises et sujet privilégié de conversations.

Usages oubliés Alors que ces objets précieux enrichissent des collections d’art, on a oublié leur usage initial. On ne connaît que très peu de représentations d’hommes affichant des portraits miniatures, contrairement aux femmes qui sont souvent peintes avec de tels émaux attachés à un bracelet, à un collier ou à une longue chaîne. Pour contrecarrer les voleurs à la tire, les hommes rangeaient leur tabatière dans la doublure de leurs manteaux et les femmes, dans de grandes pochettes attachées autour de la taille.

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Châle Pays-Bas, vers 1750-1770 Broderie blanche, coton

Robe Pays-Bas, vers 1770-1780 Taffetas brodé, soie

MoMu, T12/960/A116

MoMu, T12/1042/J11

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Gilet Pays-Bas, vers 1750-1770 Gros de Tours (sorte de taffetas) broché, soie, lamelles et fils d’argent MoMu, T13/491/G11

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Poche XVIIIe siècle Tissu matelassé, coton MoMu, MVT 81A


Nouveautés et tendances Dans le Paris du début du XVIIIe siècle, les tabatières précieuses étaient très populaires. Initialement exclusivement rehaussées d’or, elles furent produites en or massif dès que la législation française l’a permis. Les orfèvres appliquaient de nouvelles techniques: ils ciselaient, émaillaient, montaient dans un cadre… Ils expérimentaient divers matériaux pour répondre aux nouvelles tendances que réclamaient leurs clients français et européens. Jusqu’au début du XIXe siècle, Paris a produit le plus grand nombre de tabatières en or, mais dans d’autres villes européennes, des artisans ont développé leur propre style, qui plaisait, et utilisaient des matériaux locaux pour fièrement rivaliser avec la « mode de Paris ».

77 Tabatière avec scène de chasse Allemagne, vers 1730 Or ajouré et ciselé, nacre découpée, émail, miniature émaillée V&A, Loan:Gilbert.403-2008

Les premières tabatières, comme celle-ci, étaient en nacre, en corne ou écaille de tortue parce qu’on croyait qu’un matériau organique est plus approprié pour conserver de la poudre de tabac. En Europe du Nord, on a maintenu cette habitude jusque dans les années 1730, bien que les boîtes fussent de plus en plus souvent décorées avec de l’or et de l’émail.

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Sublimer l’or

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Ciseler – soit finement « sculpter » la surface extérieure d’un métal – était la technique la plus utilisée pour décorer des tabatières. L’or multicolore était une nouveauté. Des oxydes métalliques ont permis d’obtenir des alliages d’or de couleurs différentes: rouge avec du cuivre, bleu avec de l’arsenic ou de l’acier, vert et blanc avec de l’argent, jaune avec du fer. Au début du XIXe siècle, la famille Kirstenstein a élaboré une technique virtuose qui combine le ciselage et le repoussage – le fait de travailler le métal par la face intérieure de l’objet – pour obtenir des scènes animées en haut-relief.

78 Tabatière avec fleurs et rayons de soleil Paris, 1755-1756 Jean Ducrollay (1710-1787) Or, rubis en diamants sertis dans de l’argent et de l’or V&A, Loan:Gilbert.328-2008

79 Tabatières avec trophées musicaux et horticoles Paris, 1768-1769 François-Guillaume Tiron (actif de 1747 à 1776) Or V&A, Loan:Gilbert.379-2008

80 Tabatière avec scènes de chasse Strasbourg et Genève, vers 1826-1831 Panneaux: Jacques-Frédéric Kirstenstein (1765-1838), signés; boîte: Bautte & Moynier (1826-1831) Panneaux en or sous verre, cadre en or et émail V&A, Loan:Gilbert.458-2008


Nouveautés en émail Pour mieux faire ressortir le haut-relief, les orfèvres peignent à l’émail directement sur l’or. La technique dite de « basse taille » est ultérieure et consiste à couvrir d’émail translucide des motifs en bas-relief. Par la suite, les artisans ont commencé à appliquer l’émail « en plein », c’est-à-dire sur le fond lisse en or, pour des miniatures aux motifs floraux, néoclassiques, d’intérieurs ou de scènes champêtres. À partir des années 1760, de nouvelles couleurs se sont ajoutées chaque année, tant et si bien que l’émail pouvait imiter des matériaux naturels comme la nacre ou des pierres taillées.

81 Tabatière avec couple d’amoureux Stockholm, 1759 Andreas Almgren (actif de 1746 à 1778) Or gravé, émail de basse-taille V&A, Loan:Gilbert.329-2008

82 Tabatière avec chiens Paris, 1763-1764 François-Nicolas Gérard (actif de 1754 à 1790) Or ciselé, émail en plein V&A, Loan:Gilbert.323-2008

83 Tabatière avec angelots Vienne, vers 1780 Or: Pierre Michel Colas (1763-1781); émail: Philipp Ernst Schindler (1723-1793), signé Or multicolore gravé et maté, émail en plein V&A, Loan:Gilbert.364-2008

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Expérimenter des matériaux

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Au XVIIIe siècle, les orfèvres rivalisaient sans cesse d’inventivité en matière de formes et de techniques nouvelles. La monture dite « à cage » était l’une des nouveautés les plus réussies et consistait en un cadre en or en forme de boîte dans lequel on pouvait monter séparément de petits panneaux en vue de suivre les nouvelles tendances. Ainsi, les créateurs disposaient d’une extraordinaire variété de matériaux: laque, nacre, verre églomisé, gouache, et porcelaine, mais aussi des composants moins chers comme la poudre d’écaille pour imiter la laque.

84 Tabatière avec laque japonaise kiji-nuri Paris, 1774-1775 Pierre Genest de La Guérinière (actif de 1757 à 1793) Panneaux en laque japonaise, cadre en or multicolore ciselé V&A, Loan:Gilbert.1052-2008

85 Tabatière avec jeune fille et colombe Paris, 1776-1777 Pierre-Robert Dezarot (actif de 1775 à 1781) Panneaux en verre églomisé, cadre en or multicolore ciselé V&A, Loan:Gilbert.367-2008


86 Tabatière en forme d’enveloppe Vers 1755 Porcelaine dure avec émail peint, fabrique de porcelaine Meissen, monture en or ciselé sans doute fabriquée à Dresde V&A, Loan:Gilbert.501-2008

87 Bonbonnière Paris, 1764-1765 Poudre d’écaille et écaille de tortue, ornements en or multicolore et argent, monture en or champlevé, ciselé et ajouré V&A, Loan:Gilbert.1033-2008

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Boîte à miniatures Paris, 1777-1779 Miniatures: atelier de Louis-Nicolas (1716-1794) et Henri-Joseph van Blarenberghe (1750-1826); boîte: Pierre-François Drais (1726-1788) Miniatures en gouache sous verre, or, perles, émail

Tabatière avec la scène « La Justice choisit Minerve » Pays-Bas autrichiens, vers 1730-1750 Panneaux: Norbertus Heylbrouck (1700-1762), signés Nacre gravée, or, miniature émaillée à l’intérieur du couvercle V&A, Loan:Gilbert.392-2008

V&A, Loan:Gilbert.361-2008

À la fin des années 1750 et au cours des années 1760, une nouvelle mode faisait rage: les tabatières ornées de peintures miniatures à la gouache. Celles de la talentueuse et célèbre famille van Blarenberghe étaient particulièrement populaires. Vous pouvez admirer ici une scène de chasse de 1740 dans la forêt royale de Compiègne, où un cerf échappe aux chasseurs en grimpant sur un toit en chaume.

Cette tabatière typique de l’Europe du Nord nous rappelle le réseau étendu de spécialistes, parfois de pays différents, qui intervenaient dans la fabrication de tels objets. Norbertus Heylbrouck, un célèbre graveur sur nacre et argent livrait ses petits panneaux ornementaux à des fabricants de boîtes à Gand, Amsterdam, Londres et Bruges. La boîte elle-même ne porte aucun poinçon, on ignore donc où l’objet était assemblé.

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Tabatière de Frédéric le Grand Berlin, vers 1765 Chrysoprase sculptée, or ciselé, ajouré et gravé, pierre de taille, diamants sur feuille V&A, Loan:Gilbert.412-2008

Frédéric le Grand de Prusse, qui a régné de 1740 à 1786, était un collectionneur passionné de tabatières. Il en aurait accumulé plus de trois cents exemplaires. Il a commandé et peut-être même contribué à la conception de cette grande tabatière en chrysoprase vert émeraude – sa pierre fine favorite – sertie de diamants. Elle fait partie des 26 pièces conservées à ce jour, dont cinq appartiennent à la Gilbert Collection – la collection privée qui en possède le plus grand nombre en dehors de l’Allemagne.

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Pierres fines Au XVIIIe siècle, les pierres fines étaient un matériau récurrent pour la fabrication de tabatières en Allemagne. Le plus souvent de provenance locale, elles étaient taillées, sculptées et serties en vue de faire ressortir les couleurs et les motifs naturels de manière optimale. Christian Neuber (1736-1808) de Dresde, joaillier-orfèvre à la cour de Saxe, créait des objets magnifiques qui suscitaient la convoitise internationale. Il concevait des motifs raffinés en pierres fines et or, qu’il combinait avec les techniques européennes les plus récentes telles que la micromosaïque.

91 Tabatière avec papillons Possiblement de Dresde, vers 1770 Cristal de roche serti à l’émail transparent, or multicolore ciselé, gravé et maté V&A, Loan:Gilbert.419-2008

92 Tabatière avec colombes en micromosaïque Rome et Dresde, vers 1780 Boîte: Johann Christian Neuber (1736-1808) Lapis-lazuli, diverses sortes de pierres fines dont de l’agate et du jaspe, monture en or ciselé et gravé selon la technique du bright-cut V&A, Loan:Gilbert.353-2008

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« Pas pour nous, mais pour tout le monde … » Rosalinde & Arthur Gilbert, 1987


LA ROSALINDE AND ARTHUR GILBERT COLLECTION AUJOURD’HUI Avant son décès en 2001, Arthur Gilbert a clairement fait savoir qu’il fallait maintenir sa collection en l’état et la rendre accessible aux générations suivantes. Ce vœu est exaucé de différentes manières, entre autres à travers de nouvelles acquisitions dans l’esprit des Gilbert, incluant aussi des pièces contemporaines. Un programme de conservation offre de nouvelles notions sur les matériaux et techniques présents dans la collection. Le Gilbert Trust a nommé un « commissaire de la spoliation et de la provenance » qui examine de possibles objets d’art volés par les nazis – une primeur dans un musée britannique. Bien que cela ait mis au jour quelques faits inquiétants que les Gilbert ignoraient, le couple – lui-même juif – aurait sans aucun doute approuvé cette investigation. Au reste, aussi bien le Gilbert Trust for the Arts que la Gilbert Foundation poursuivent la généreuse entreprise de philanthropie et de mécénat de ses fondateurs en soutenant de multiples causes sociales au Royaume-Uni, en Israël et en Californie du Sud.


Nouvelle génération d’artistes

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Dans les années 50, l’Opificio delle Pietre Dure à Florence (successeur de la Galleria dei Lavori) s’est sciemment efforcée d’insuffler une nouvelle vie à la micromosaïque en pierre fine. L’organisme a invité de jeunes artistes à envoyer des projets pour une exposition – où l’on a peut-être pu voir ces pièces. Aujourd’hui, il ne reste qu’une poignée d’ateliers qui maîtrisent encore le secret de cette technique artisanale virtuose. Qui plus est, la plupart d’entre eux se consacrent surtout à la restauration et la conservation de pièces anciennes plutôt qu’à la création de nouvelles œuvres.

93 Portrait de femme Florence, vers 1950-1960 Renato Bresci, Renzo Ciampi & Renzo Biondo (actif vers 1950-1960) Pietre dure, cadre en bois V&A, Loan:Gilbert.911-2008

94 Ébauche avec fleurs Florence, vers 1950-1960 Renato Bresci (actif de 1950 à 1960), signé Pietre dure, cadre en bois noir et doré V&A, Loan:Gilbert.918-2008


95 La boîte en or Visual Feast Londres, 2018 Silvia Weidenbach Moon dust (nylon imprimé en 3D), or, nacre et Diamant V&A, Loan:Gilbert.1-2018

La créatrice de bijoux Silvia Weidenbach combine l’orfèvrerie et l’impression 3D d’un matériau secret qu’elle appelle « poussière de lune ». Après des mois de recherche autour de la collection, elle a réalisé une série d’objets pour la présentation Visual Feast, « régal pour les yeux ». Cette boîte, son morceau de bravoure, est la première commande contemporaine de la Gilbert Collection depuis qu’elle est conservée au V&A. Ainsi fut produit Visual Feast Silvia Weidenbach est la première artiste en résidence de la Gilbert Collection au V&A. Ce film montre sa réaction face à la richesse de cette collection d’objets éblouissants et suit le processus de création de la boîte en or. Selon elle, il s’agit du « résultat de l’interaction entre éléments historiques et contemporains qui caractérise la Gilbert Collection ». Durée du film: 3:11 minutes 2018, Silvia Weidenbach

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LA COLLECTION DIVA Les domaines de collection de la Rosalinde and Arthur Gilbert Collection concordent avec ceux de la collection DIVA, le musée anversois du diamant, des bijoux et de l’orfèvrerie. Dès le XVIe siècle, Anvers devient la ville européenne par excellence où des produits de luxe convergent de partout. Pour certaines pièces de la Gilbert Collection, en particulier les pièces anversoises et flamandes, cette exposition est un peu un retour aux sources. Les noms de Hennekin et de Heylbrouck ne disent peut-être pas d’emblée grand-chose au public, mais leurs pièces d’orfèvrerie et leurs gravures appartiennent au nec plus ultra de ce qui se faisait au XVIIe et au XVIIIe siècle. Pour agrémenter leur collection de quelques pièces de la collection DIVA, en particulier des objets de notre Cabinet de Curiosités, les Gilbert n’auraient certainement pas ménagé leurs efforts s’ils en avaient eu l’occasion. Pour ses visiteurs, DIVA a tracé un parcours interactif dans la présentation de la collection où les objets engagent le dialogue avec des pièces de la Gilbert Collection. La perdrix et le hibou entonnent conjointement un chant du XVIe siècle, le roi Léopold II et la reine Victoria font un petit aparté familial… Une table de toilette française de la fin du XVIIe siècle ou un bureau « Mazarin » marqueté des réserves de DIVA occupent même une place prééminente dans l’exposition.


COLLECTIONS D’ÉTUDE DE DIVA En tant que collectionneurs passionnés, les Gilbert s’intéressaient à tout ce qui est beau. La politique de collection de DIVA explore cependant d’autres pistes en la matière. DIVA rassemble une collection de diamants, de joaillerie et d’argenterie représentative de la région – les Pays-Bas historiques –, autant pour la présentation que pour la recherche et l’éducation. DIVA conserve et présente pour cette raison des archives, des dessins, des estampes et des livres qui couvrent ces sujets. Une sélection d’ébauches et de gravures d’après modèle du XVIIIe siècle récemment acquises, entre autres grâce au soutien de la Fondation Roi Baudouin, répond au thème « Perfection au format de poche ». Les dessins et les gravures donnent une idée de la pratique conceptrice et de la diffusion internationale de modèles d’époque d’inspiration française. Si vous souhaitez davantage d’informations ou vous pencher plus en profondeur sur cette matière, découvrez le fonctionnement de notre bibliothèque richement fournie.

Bibliothèque

Collection

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Ébauche de bracelet, collier, boucles d’oreilles, broche et tabatière France ou Pays-Bas méridionaux, vers 1770 Attribuée à L. Vander Cruycen (mention 1770-1784) Dessin à la plume sur papier avec dessin sous-jacent au crayon

Ébauche de trois épaulettes, deux broches et une tabatière France ou Pays-Bas méridionaux, vers 1770 Attribuée à L. Vander Cruycen (mention 1770-1784) Dessin à la plume sur papier avec dessin sous-jacent au crayon

Fondation Roi Baudouin – Fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché, en dépôt à DIVA, B512/22/10

Fondation Roi Baudouin – Fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché, en dépôt à DIVA, B512/22/16


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Plaque 4 avec couvercles de boîtes/tabatières de la rubrique « Orfèvre Bijoutier » de L’Encyclopédie de Denis Diderot et Jean le Rond d’Alembert Paris, 1751-1772 Robert Bénard (°1734) d’après Jacques Raymond Luçotte (vers 1733-1804) Taille-douce sur papier

Ébauche de couvercle de tabatière avec une représentation de Vénus offrant une armure à Énée France ou Pays-Bas, vers 1711-1733 Attribuée à Bernard Picart (1673-1733) Dessin à la plume sur papier avec dessin sous-jacent au crayon

DIVA, P2018/1/33

DIVA, P2016/1


COLOPHON

Masterpieces in Miniature : Les trésors de la Rosalinde and Arthur Gilbert Collection. Une exposition du V&A – qui fait le tour du monde avec le soutien du Gilbert Trust for the Arts – présentée à DIVA, le musée du diamant, des bijoux et de l’orfèvrerie, à Anvers, en Belgique. 54

05.03.2021 - 15.08.2021

Composition Commissaire d’exposition: Alice Minter Assistant commissaire d’exposition: Jessica Eddie

Coordinateur de projet Wim Nys, Leonie Maerevoet

Scénographie Conception: Dries Otten, Axelle Vertommen Production: Marie Vandecasteele Concrétisation: Solution nv Eclairage: Chris Pype

Textes Auteurs: Alice Minter, Wim Nys Traductions: Isabelle Grynberg Rédaction: An Labis, Leonie Maerevoet, Wim Nys Conception graphique: Emma Thyssen

Prêteurs V&A Londres, Rosalinde and Arthur Gilbert Collection Fondation Roi Baudouin, Fonds Léon Courtin-Marcelle Bouché MoMu Anvers

AG Culturele Instellingen / Erfgoed Conseil d’administration: Nabilla Ait Daoud, Yolande Avondroodt, Lebuin D'Haese, Omar Fahti, Luk Lemmens, Bartold Maréchal, Koen Palinckx, Tatjana Scheck, Annelies Thoelen Comité de direction: Yannick Bochem, Lies Buyse, Isabelle Hernould, Milan Rutten, Wim Van Damme


Équipe DIVA Directeur: Eva Olde Monnikhof Surveillance: Marc Brosens, Annemie De Meester, Walter Geldolf, Gert Govaerts, Vanessa Gruda, Maria Janssens, Raf Lippens, Ronny Mewis, Marianne Scholten, Ilse Van De Weyer, Henk van Genderen, Sven Wendrickx Bibliothèque: An Labis, Giacomo Visini Collection et recherche: Inge Cloetens, Carl de Smit, Wim Nys, Kristina Valiulis, Vincent van Beek, Ann Verbecque Communication et Service éducatif et de médiation culturelle: Els Crollet, Suzanne de Lange, Tom Iriks, Leen Thielemans Accueil: Katelijne Decraene, Maaike Delsaerdt, Raphaël Lauwers, Soun Liekens, Lieve Van Looveren Organisation et relations: Eduard Backelant, Kelly de Rybel-van Campenhout, Stéphane Keersmaekers, Martine Nieuwenhuysen, Danielle Serré, Wim Verhulst Expositions: Leonie Maerevoet, Catherine Regout, Marie Vandecasteele

Remerciements tout particuliers à V&A Touring Exhibitions, V&A Publications, Tessa Murdoch, Charlotte Johnson, Wim Mertens, l’équipe de conservation et gestion de la Ville d’Anvers, tous les bénévoles et stagiaires.

Avec le soutien de

Images © V&A, DIVA © 2021 DIVA pour cette publication, tous droits réservés Éditeur responsable: Eva Olde Monnikhof, Directeur DIVA, Gildekamersstraat 9, 2000 Anvers Numéro de dépôt légal: D/2021/14.608/2 Disclaimer: DIVA a essayé de régler tous les droits conformément à la législation afférente. Ceux qui estiment pouvoir faire valoir des droits peuvent s’adresser à l’éditeur.

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Masterpieces in Miniature Les trésors de la Rosalinde and Arthur Gilbert Collection.

Une exposition du V&A – qui fait le tour du monde avec le soutien du Gilbert Trust for the Arts – présentée à DIVA, le musée du diamant, des bijoux et de l’orfèvrerie, à Anvers, en Belgique. WEB

www.divaantwerp.be

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