EN VO L FABIEN LAUS
EN VOL FABIEN LAUS
J
E L’AVAIS DANS LA PEAU. MAIS VRAIMENT, HEIN, PRèS DES OS ELLE EST ARRIVéE UN JOUR ET SANS PRéVENIR, ELLE ME L’A CREVéE POUR MIEUX S’Y BLOTTIR JE L’AI GARDéE LONGTEMPS, COMME DANS UN COCON
PUIS UN JOUR ELLE ME L’A VOLéE, CETTE PEAU. ELLE A ARRACHéE CETTE COUVERTURE QUI NOUS AVAIT SI LONGTEMPS TENU CHAUD
SANS MA PEAU, JE N’ETAIS QU’UN GRIBOUILLIS UN BROUILLON D’HOMME MAL DEGROSSI UNE CHOSE PAS FINIE JE N’éTAIS PLUS QU’UNE OMBRE
ALORS J’AI DéCIDé DE LA RETROUVER POUR NE PAS QU’ELLE LA VENDE AU PREMIER VENU MA PEAU ET VERS LE CIEL JE SUIS PARTI
J’AI RETROUVé QUELQUES POILS, DE CI, DE Là. APPAREMMENT MA PEAU PERD SES POILS JE LES AI DONC SUIVIS
PORTé PAR LES VENTS EMMENé PAR LES COURANTS JE PARCOURAIS LES VALLéES AU RYTHME DES ALiZéS
à TRAVERS MONTS ET MARéES DES OCéANS LES PLUS PROFONDS AUX FALAISES LES PLUS ESCARPéES EN PASSANT PAR LES DéSERTS LES PLUS ASSéCHéS
JE LES AI SUIVI, ME CONDUISANT FINALEMENT à UNE VILLE, GONFLéE
GONFLéE CAR LA VILLE éTAIT SUSPENDUE EN L’AIR, SOUTENUE PAR DE GRANDS BALLONS DE GAZ CHAUD
LES MAISONS ET AUTRES BÂTISSES PENDAIENT SOUS CES éNORMITéS REBONDIES COMME DES NACElLES DE MONGOLFIèRES ARRIMéES à LA MONTAGNE UN JEU D’éCHELLES DE CORDES DE PASSERELLES RELIAIT LE TOUT COMME UNE GIGANTESQUE TOILE D’ARAIGNéE
éTRANGE...
SUR LES PONTONS DE BOIS, JE TRAINAIS MON OMBRE. LES BADAUDS TOUT AUSSI REBONDIS QUE LEUR BOURGADE SE BALADAIENT SANS MêME ME VOIR
JE CHERCHAIS TOUJOURS MA PEAU, JE SENTAIS SON ODEUR, MON ODEUR ELLE éTAIT PROCHE
J’AI RETROUVé QUELQUES POILS SUR LES CORDES LES PASSERELLES ET LES éCHELLES JUSQU’à UNE MAISON
CETTE MAISON Là NE PENDAIT PAS D’UN BALLON
ELLE éTAIT
SUR LE BALLON
MAIS CETTE GRANDE TOILE GONFLéE AVAIT DES AIRS FAMILIERS ELLE éTAIT ROSE CHAIR, UN POIL BRONZéE PARSEMéE DE GRAINS DE BEAUTé
COMME MA PEAU
MAIS ELLE MANQUAIT PAS D’AIR CETTE SORCIèRE !
ELLE AVAIT FAIT SA MAISON SUR MON TORSE SON JARDIN SUR MON VENTRE
ET AU BOUT DE MES BRAS ENFLéS ELLE AVAIT MIT DES CABANES à OISEAUX
SEULEMENT...
C’éTAIT BEAU, TOUT çA, CONSTRUIT SUR MA PEAU
LE TOUT TANGUAIT TRANQUILLEMENT AU GRé DU VENT LES OISEAUX PICORAIENTS SI BIEN, LE JARDIN PROSPéRAIT TANT QUE MALGRé MES RESSENTIMENTS JE N’AI PAS EU COEUR à TOUT DéTRUIRE
LAISSANT MES ORIPEAUX
ET PRéFéRANT PARTIR
D’UN COUP D’AILES ET DE DEUX BRINS DE VENTS JE SUIS ALLé EN CHERCHER UNE AUTRE, DE PEAU
AUX GRé DES ZéPHIRS
Ce livre a été réalisé en mars 2012 à l’E.S.A Lorraine-Epinal, dans le cadre de l’atelier édition animé par l’auteur Julia Billet, l’illustrateur Remi Saillard, et Marie-jo Beaugé pour la reliure