N°1 - 2009/2010
LES NEWS L’IMAGE EN PARTAGE 22 ÉLÈVES RÉFLECHISSENT SUR LE THÈME
« LE FLUX DES IMAGES : la société comme machine à enregistrer » POUR RÉALISER UN OBJET ÉDITORIAL
Atelier proposé par le BAL/les Amis de Magnum Photos en partenariat avec la Fondation Culture & Diversité et les trois rectorats des académies d’Ile-de-France.
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DU 14 AU 18 SEPTEMBRE 2009 PRÉSENTATION DANS LES CLASSES
A la rentrée 2009, la Fabrique du Regard et la Fondation Culture & Diversité ont travaillé avec les enseignants à la mise en place du programme « l’Image en Partage ».
Images extraites du diaporama présenté dans les classes
Les 7 lycées franciliens partenaires – Brassaï (Paris), Eugénie Cotton (Montreuil), Garamont (Colombes), Olympe de Gouges (Noisy-le-Sec), Hénaff (Bagnolet), E-J Marey (Boulogne Billancourt), St Exupéry (Mantes la Jolie) - ont ouvert leur porte à Christine Vidal et Barbara Cousin afin qu’elles présentent le programme aux élèves de 1ère de formations professionnelles (photographie, communication visuelle, communication graphique, signalétique) et généralistes option arts plastiques, cinéma.
Lors de cette phase de sensibilisation, la présence et le témoignage des participants à l’atelier 2008/09, avec à l’appui la publication réalisée l’année dernière, ont permis de rendre plus concret l’atelier, son cadre et ses objectifs. Ce fut d’ailleurs un plaisir de retrouver « les anciens » à cette occasion et de les voir incarner le programme avec enthousiasme !
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LE 26 SEPTEMBRE 2009
DÉCOUVERTE DE LA THÉMATIQUE C’est une quarantaine d’élèves que la Fabrique du Regard attendait samedi 26 septembre 2009 au Jeu de Paume pour découvrir l’expo-
sition « Planète Parr ». Elle invitait à s’immerger dans un univers où le tout image était mis en exergue. Outre la récente série Luxury réalisée par le photographe, étaient exposées sa collection de photographies britanniques et de livres de photographies provenant du monde entier, des cartes postales, plateaux, objets satiriques, supports d’images populaires. L’exposition proposait une sorte d’état des lieux de la surproduction en terme d’images et de démultiplication de ses supports. Elle était alors l’occasion pour les élèves de se plonger dans la thématique de cette année : Le Flux des images : la société comme machine
à enregistrer.
Images extraites du diaporama de présentation de Céline Duval
Cette journée a permis également de découvrir le travail de Céline Duval, artiste invitée cette année pour conduire les élèves dans leur réflexion. A partir de la projection d’un diaporama « le langage des images », elle a expliqué sa démarche de réappropriation, revenant sur chaque étape nécessaire à la formalisation de son travail. Céline Duval rassemble depuis la fin des années 1990, des photographies de toutes provenances glanées sous différents types de supports : clichés d’amateurs, cartes postales, images découpées dans les magazines. A partir de ces images trouvées elle constitue un fond comme le ferait une agence de presse. Les publications (livres, revues, etc.), diaporamas, expositions qu’elle conçoit proposent une lecture singulière de ces images où parfois ses propres photographies sont associées.
La présentation du travail et de la démarche de Céline Duval a suscité nombreuses questions de la part des participants générant ainsi un premier échange riche entre l’artiste et les participants : la réflexion sur le statut des images, leurs usages, la notion d’auteur, le jeu de montage, le choix de la mise en forme et des supports que l’artiste opère. Autant de questions qui seront réactivées tout au long de l’année. Au terme de l’atelier, les élèves se sont prêtés au jeu d’as-
sociation d’images selon l’énoncé suivant : assembler entre 3 à 6 images sous forme d’agencement thématique ou de séquençage narratif. A leur disposition, une table cou-
verte de plus de 1000 images provenant de sources différentes : photographie de presse, reproduction d’œuvres, affiches, publicités. Ce moment fut le point d’orgue de la journée : actifs, les adolescents ont pris un réel plaisir à sélectionner des images, à les associer à une phrase, une légende. Ce fut une nouvelle occasion d’échanger entre eux et de faire plus ample connaissance. Ces réalisations ont été un des critères à la sélection des participants, les enseignants, par ailleurs, ont été d’une grande aide pour ce moment délicat.
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LE 10 OCTOBRE 2009 DÉCOUVERTE DU FONDS MACIET Une fois le groupe constitué de 22 élèves, le premier rendez-vous était fixé à la bibliothèque des Arts Décoratifs. Il fut l’occasion de découvrir le grand œuvre d’un
industriel collectionneur Jules Maciet (1846-1911) : un fonds iconographique composé à la fois de photographies, de gravures, d’étiquettes, d’échantillons de textiles rassemblés
dans 3 000 albums. Accueillis par la directrice, Chantal Lachkar, les élèves ont manipulé ces imposants catalogues qui avaient été pensés pour nourrir et enrichir la création des artisans en arts décoratifs. Ces derniers témoignent de ce désir utopique d’archiver le monde ayant cours au XIXème siècle – on pense à Albert Khan à la même époque. Conscient de la nécessité d’allier l’industrie à l’artisanat, Jules Maciet désirait avant tout mettre à la disposition des artistes et des artisans une bibliothèque des formes et des idées afin qu’ils puissent réagir à la concurrence d’outre-manche ! Cette visite fut donc l’occasion pour Céline Duval et les participants d’engager une discussion sur la place de
l’image dans notre société, l’évolution de ses formes et de ses supports, le contexte économique dans lequel elle est produite, pensée et archivée.
Le défi de l’atelier « L’image en Partage » était lancé : chaque participant devra, au cours de cette d’année, témoigner du flux d’images du XXIème siècle pour en proposer une cartographie.
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STAGE DU 26 AU 30 SEPTEMBRE 2009
Á LA SOURCE
A la Source, les adolescents ont découvert la méthodologie de travail proposée par Céline Duval : Comment entreprendre un travail de recherche iconographique ? Selon quels les critères ? Selon quelle articulation ? A partir de sites Internet qui leur sont proches comme Google Earth et les sites de partages de fichiers (Picasa, etc.), les participants ont défini en petits groupes des intentions de recherche. Avec Google Earth, certains se sont intéressés à la représentation de certains pays : quelle visibilité pour des pays comme la Corée du Nord, Cuba, pour des zones de conflits comme le Darfour ? Alors qu’en France, les volets des maisons sont discernables, à PyongYang, le relief général est à peine repérable… L’impact du contexte économique et politique dans lequel s’inscrivent les images devenait palpable. La recherche d’un autre groupe souleva de manière différente la question de la représentation d’un territoire comme support commercial. Certaines parcelles du globe sur Google Earth ont été réinvesties par des marques notamment une région désertique de Chine qui devient support publicitaire de la marque Coca Cola (cf. illustration de gauche). Il s’agissait donc pour les élèves de regarder autrement ce qu’ils voient quotidiennement en prenant de la distance concernant la production actuelle d’images véhiculées par Internet.
Une deuxième recherche a été menée à partir des sites de partage (Picasa, Facebook, etc.) : réfléchir sur les images que nous mettons à la vue de tous sur Internet. Que montrer ? Pourquoi ? Les adolescents ont ainsi dressé une typologie de ces photographies : autoportrait, miroir, l’acte photographique dans l’espace public, etc. Dans un deuxième temps, Myriam Barche-
chat, artiste graphiste invitée, engagea une réflexion avec les lycéens sur la mise en forme de leurs recherches. Ce travail de formalisation entraîna une première étape d’éditing : quelles étaient les images les plus pertinentes ? Comment enrichir leur collecte ? Comment mettre en regard ces images ?
Cette seconde étape donna naissance à 5
livrets créant ainsi l’amorce d’une collection. Cette semaine fut l’occasion de prendre conscience des compétences des uns et des autres et de les partager.
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21 NOVEMBRE 2009 LA FONDATION CARTIER-BRESSON
Au retour de la Source, après un bilan, chaque élève a choisi de s’engager plus particulièrement dans une recherche liée à un type d’images ou à un support : les images publicitaires, celles liées au cinéma, celles véhiculées par Internet, les éphémérides distribués dans la rue, les images auxquelles nous sommes confrontés dans l’espace public. S’en est suivi la visite conférence de l’exposition « Auguste Sander » à la Fondation Cartier-Bresson qui a permis d’appréhender autrement la question de l’archivage du monde. Anaïs Feyeux, historienne de la photographie et intervenante de la Fabrique du Regard, a offert une lecture du travail de ce grand photographe du début du XXème siècle en regard avec la réflexion menée par les lycéens sur la Société comme machine à enregistrer. Hommes du XXèmesiècle , véritable chronique réalisée sur un demi-siècle par Auguste Sander, dresse le portrait générique de la société allemande durant la République de Weimar. Le photographe réalisa ainsi quarante-cinq portfolios et classa ses photographies en sept groupes selon des catégories sociales et sexuelles : les « paysans », « artisans », « femmes », « catégories socioprofessionnelles », « artistes », « grandes villes » et « autres hommes » (vétérans, clochards..). August Sander déclarait que « voir, observer et penser » était le credo de son travail ; ces mots ne sont pas sans rappeler la méthode de travail expérimentée lors de la semaine à la Source !
© August Sander
© August Sander
© August Sander
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12 DÉCEMBRE 2009 LA MAISON EUROPÉENNE DE LA PHOTOGRAPHIE La rencontre avant les vacances de Noël a permis aux élèves de montrer les prémices de leur recherche.
Le groupe qui s’était concentré sur les éphémérides apporta une quantité de prospectus distribués dans la rue. D’autres ont mis en exergue sur Internet les pages publicitaires qui s’imposant à l’internaute gangrènent le contenu des sites consultés. Un troisième groupe a travaillé, à l’instar de Martin Parr, sur la question les supports des images, surfaces de vente, de promotion pour certaines d’entres elles… Certains ont affiné leur recherche en questionnant l’image familiale et le rite photographique dans les foyers français. Toutes ces pistes de reflexions seront retravaillées lors de la semaine intensive du 22 au 26 février Dans un second temps, les participants ont découvert à la
Maison Européenne de la Photographie les productions de Robert Delpire, éditeur notable qui joua un rôle clé dans l’édition de
photographies d’auteurs (Robert Frank, Joseph Koudelka, Henri Cartier-Bresson, etc.) et mis son talent au service de la publicité, partie de l’exposition qui intéressa plus particulièrement les élèves en arts graphiques.
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16 JANVIER 2010 MISE EN COMMUN DES RECHERCHES
Pour la rentrée, le groupe se retrouva chez Playbac Presses pour présenter à Céline Duval et Christine Vidal les recherches entamées : chacun montrant l’étendu de sa collecte. Les différents travaux ont été mis mutuellement en perspective pour entr’apercevoir une mise en forme collective. Ce travail de mise à plat fut nécessaire et fut l’occasion de convoquer certaines préoccupations et démarches d’artistes contemporains. Dans un second temps, Céline Duval présenta le travail d’Eric Watier. Depuis plus d’une vingtaine d’années Éric Watier fait des imprimés : photocopies, livres, affiches, tracts, cartes postales, etc. En 2006 son livre BLOC reprend plus de trois cents de ses petits livres sous la forme d’un bloc de feuilles détachables exposables ; le site internet www.ericwatier.net propose de télécharger gratuitement ce même livre. Eric Watier (avec Zédélé éditions) malmène ainsi les formats et bouscule avec humour les modes classiques de diffusion. Une belle occasion pour Céline Duval d’évoquer avec les lycéens le format que pourrait prendre l’objet éditorial !
Le 6 février, Jean-Marc Chapoulie, issu du mouvement de la French Theory, programmateur de cinéma amateur, commissaire de la Biennale de Lyon et grand orchestrateur d’images populaires, viendra présenter son travail aux lycéens !