C I N Q U A N T E
L I V R E S
C H O I S I S
Librairie Lardanchet
Librairie Lardanchet 100, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008 Paris Tél. : 01 42 66 68 32 - Fax : 01 42 66 25 60 E-mail : meaudre@online.fr www.lardanchet.fr
Références bancaires Monte Paschi Banque Compte n° 00001 05342497001 47 Crédit coopératif Compte n° 2100792760689
Photographies : © Studio Baraja Impression : Drapeau-Graphic © 2005 - Librairie Lardanchet
CINQUANTE LIVRES CHOISIS
5 - jacob (M.).
livres illustrés du XXème siècle
paris 2005
1. PICARD (Ed.). Le Juré. Monodrame en 5 actes. Bruxelles, Madame Vve Monnom, 1887, in-4°, vélin blanc à la bradel, à rabats, plats ornés de motifs d’entrelacs au centre, balance de la justice aux angles, dos lisse orné de même, non rogné (L. Claessens). Edition originale et premier tirage. 7 lithographies originales d’Odilon Redon et 2 portraits gravés hors-texte, l’un de l’artiste par lui-même, le second par Théo van Rysselberghe. Celles-ci ne figurent pas face aux passages du texte auxquels elles sont censées se rapporter, mais comme des frontispices en tête de chapitres. Tirées sur japon impérial, elles sont protégées par une serpente avec légende imprimée. Tirage unique limité à 100 exemplaires tous sur papier de Hollande. Exemplaire relié à l’époque par Claessens, condition la plus souhaitable. Il est bien complet du feuillet d’envoi. Mellerio, n° 75 à 81 ; Chapon, Le Peintre et le Livre, p. 28 avec reproduction ; Artist and the Book, n° 252 ; Dario Gamboni, La Plume et le Pinceau, 1989 ; A. et L. Fontainas, Edmond Deman - Editeur, 1997.
2. CLEMENCEAU (G.). Au Pied du Sinaï. Paris, Floury, 1898, in-4°, broché, couverture illustrée, boîte à dos de maroquin havane. 10 lithographies originales en noir à pleine page, une en quatre couleurs pour la couverture, cinq culs-de-lampe en simili d’après des dessins. Ce recueil de nouvelles, qui paraissent ici en édition originale, prêta à confusion. Toulouse-Lautrec fut le premier à s’y méprendre. La lecture des deux premières histoires lui laissa un sentiment étrange dont il s’entretint avec sa mère. Dans une lettre adressée à cette dernière, vers mai 1897, il lui annonça qu’il travaillait à un projet d’illustration d’un texte dirigé “ contre les Juifs ”, qu’il corrigea plus tard par “ sur les Juifs ” après que Clemenceau lui eut confié les quatre autres nouvelles où l’auteur manifeste sans ambiguité un intérêt et une sympathie pour la communauté. Tirage limité à 380 exemplaires ; celui-ci est sur vélin d’Arches avec deux suites des lithographies, sur papier de Chine en couleur, et sur vélin en noir. W. Wittock, Catalogue complet des estampes, Paris, 1985, n°187-201 ; Chapon, Le Peintre et le Livre, p. 43 ; Coron, Des Livres rares depuis l’invention de l’imprimerie, p. 210.
3. HOYTEMA (Th. Van). Vogelvreugd. Een prentebock voor de lieve jeugd ontworpen en op steen gebracht door T.V. Hoytema. Amsterdam, Tresling & Co, 1904, in-8° carré, cartonnage décoré d’éditeur. 36 lithographies originales en couleurs où dominent le bleu, le rose, le bistre et l’orangé. Beau bestiaire du peintre-décorateur hollandais Théo van Hoytema (1863-1917), il peut prétendre au rang d’une des meilleures publications que le mouvement nabis ait produite. L’artiste fait preuve d’un subtil talent d’animalier. La manière dont il intègre les légendes à ces images d’oiseaux domestiques ou sauvages relève d’une influence de l’art japonais, que l’on retrouve aussi dans le style. Provenance : Edwin Behrend (Ex-libris). Jan Joap Heij, Théo van Hoytema, pp. 78-79.
4. JACOB (M.). Les Œuvres burlesques et mystiques de Frère Matorel, mort au couvent. Paris, D.-H. Kahnweiler, 1912, in-8°, broché, couverture, emboîtage. Edition originale de ce recueil de poèmes. 66 gravures sur bois d’André Derain. Tirage limité à 106 exemplaires ; celui-ci est sur hollande Van Gelder, signé et numéroté par l’auteur et l’illustrateur. Exemplaire de Jean Hugo, portant cet envoi : à Jean Hugo, une petite vieille à Mathorel : encore le démon ! quid des anges ? Max D.H. Kahnweiler, Centre Georges Pompidou, p.179 ; J. Hugues, 50 ans d’édition de D.-H. Kahnweiler, p. 3.
5. JACOB (M.). Saint-Matorel. Paris, H. Kahnweiler, 1911, in-4°, demi-maroquin noir, plats de vélin, couverture, tête dorée, non rogné (reliure ancienne). Première illustration cubiste de Picasso. 4 eaux-fortes à pleine page. édition originale dédiée à Max Jacob. Récit de prose poétique conduit de manière burlesque et débridée mais empreint de mysticisme, Saint-Matorel est le premier volet d’une trilogie narrant la quête initiatique d’une sorte de Hamlet qui mourra dans un monastère frappé par la grâce divine. Max Jacob revisite ainsi, par le biais de l’écriture, sa propre expérience mystique, autour d’une vision christique éprouvée le 22 septembre 1909 rue Ravignan, qui l’amena progressivement à se convertir au christianisme. édition limitée à 106 exemplaires, tous signés par l’auteur et l’artiste ; celui-ci est l’un des 85 sur papier de Hollande. Exemplaire offert par l’auteur au photographe Willy Michel : A Willy Michel J’offre ce dessin qui a paru ne pas lui déplaire comme témoignage de mon amitié et de mon goût pour son grand cœur tendre et vibrant. Max Jacob 37 Il est enrichi : - d’un DESSIN ORIGINAL à la gouache, signé et daté Max Jacob [19]36, figurant le Christ en croix. Cludation. 19 x 26 cm.
Il est dans la veine de ses nombreux dessins relatifs au Calvaire de la période 1928-1936. Max Jacob en a rassemblé une quarantaine sous le titre Visions des souffrances et de la mort de Jésus, fils de Dieu, publiés en 1928. - d’un DESSIN ORIGINAL à la gouache de Roger Wild, figurant Max Jacob, avec cet envoi autographe : “ Mon cher Willy, tu as parlé si excellemment l’autre jour et avec tant de ferveur de notre cher enchanteur, que je te veux faire hommage de cet image qui tache à restituer un aspect de notre ami dans l’une de ses phases de mondanité – ton vieil ami – je dis ainsi parce que je t’avais pressenti, deviné, rêvé, depuis ma plus immémoriale année ”. - de photographies originales en noir et blanc de Max Jacob, toutes légendées “ A PHOTOMATON. [Studio d’Art]. rue des Italiens. Paris. Par Willy Michel ”, dont un portrait au chapeau de 1934, 19 x 26 cm. et trois photos d'identité, datées 1939, 3,6 x 3,7 cm. Le portrait au chapeau a été publié au n° 17-18 de la revue littéraire oranaise Simoun, dans un numéro spécial en hommage au poète, Le Tombeau de Max Jacob (p. 88). Familier des cercles parisiens, le photographe Willy Michel fut un proche de Max Jacob à voir le nombre d’exemplaires chaleureusement dédicacés par le poète à une époque où il partage l’essentiel de son temps entre sa deuxième retraite au presbytère de Saint-Benoît-sur-Loire et ses séjours à Paris. Il reçut également, en juin 1941, un très beau texte dans la veine des Artes moriendi, nettement inspiré par les circonstances de la guerre, auquel Max a simplement ajouté : Je vis dans l’angoisse, les jeunes d’ici ne donnent ou ne peuvent donner de leur nouvelles. Je vis avec ses parents alarmés et je partage leur douleur. Provenance : Willy Michel (ex-libris gravé par Paul Valéry).
6. KIPLING (R.). Le Livre de la jungle. Le Second livre de la jungle. Paris, Le Livre Contemporain, 1919, 2 vol. in-4°, maroquin vert tilleul, plats ornés d’un jeu de filets irradiants se superposant à des serpents frappés or ou à l’oeser, au centre, motif doré, décors se prolongeant aux dos, doublures et gardes de daim vert, couvertures illustrées et dos, tranches dorées sur témoins, chemises et étuis bordés de maroquin (Georges Cretté). Traduction de Louis Fabulet et Robert d’Humières. Célèbre édition qui marque à la fois l’apogée des société bibliophiles et la collaboration naissante Jouve-Schmied. Ce dernier sut tirer parti de l’exceptionnelle liberté que lui laissait le peintre animalier dans la coloration des planches, qu’il réalisa pour la plupart, à l’exception « d’une quinzaine ». A cette occasion, il mit au point une nouvelle technique de gravure sur bois en couleurs où les colorations étaient posées en tons plats. 130 bois, dont 17 hors-texte, de Paul Jouve, interprétés par F.-L. Schmied. Tirage unique à 125 exemplaires sur vélin d’Arches ; celui-ci a été spécialement imprimé pour M. P. Van der Vrecken de Borman. Il est enrichi : - d’un dessin original à la mine de plomb sur japon, volant, de Paul Jouve, représentant deux singes. 330 x 260 mm. - d’une esquisse signée de F.-L. Schmied. 320 x 240 mm. - de 2 faux-titres justifiés (36/40) et signés par l’artiste. - d’une des 15 suites sur japon, soit 130 planches, toutes signées par l’artiste (à laquelle manque ici le cul-de-lampe de la page 206). - de divers états, chacun signé par l’artiste, tirés, soit sur papier chine, soit sur papier japon.
- de plusieurs bons à tirer des pages 169 à 176 et des pages 193 à 200, les pages 169 et 193 portant la mention suivante de la main de l’artiste : « Cette feuille tirée en mon absence pendant la guerre a été recommencée ». - de 3 L. A. S. de F.-L. Schmied au souscripteur concernant la genèse du livre. Dans la lettre du 17 décembre 1918, alors que l’ouvrage est sous presse, Schmied, « à court d’argent », accepte de céder son propre exemplaire moyennant la modique somme de 2 000 francs. Mais il se ravise le 22 décembre 1918. Après la parution de l’œuvre, il fait le détail à M. Borman, dans une lettre datée du 05 décembre 1919, de sa participation au travail d’illustration, de la composition des « paysages » et « lettrines », dans lesquelles « [il] a fait entrer le plus souvent possible [...] des animaux de Jouve » à la réalisation de la coloration dans sa quasi-totalité. Il confie aussi les difficultés de fabrication liées à la guerre, à la défection du personnel et aux problèmes d’argent : « Renouard même lâchait pied : à partir du conte « Les croques Morts », j’ai dû imprimer le texte jusqu’à la fin du texte ». Enfin, il commente une gravure qu’il a jointe à la lettre. Exemplaire historique, en très belle condition, dans des reliures signées de Georges Cretté, successeur de Marius Michel et régulièrement employé par F.-L. Schmied. Reliure non répertoriée par M. Guarriguou. Provenance : M. P. Van der Vrecken de Borman.
7. LACORDAIRE (H.-D.). Vie de Saint-Dominique. Paris, Imprimerie Nationale pour J. Beltrand, 1919, in-4°, maroquin violet, sur le premier plat grand décor mosaïqué de maroquin bleu et blanc et de galuchat poli ou brut, surmonté d’un jeu de pointillés et de filets circulaires, l’ensemble figurant un dominicain les bras ouverts, traversé par le titre de l’ouvrage en lettres mosaïquées ou dorées, dos lisse orné, bordure intérieure ornée et mosaïquée avec en pied retour de galuchat, doublure et gardes de daim blanc, couverture et dos, non rogné, étui gainé de maroquin (Pierre Legrain). Financée par le mécène Gabriel Thomas, cette première réédition entreprise dès 1913, célébrait le centenaire de la fondation de l’Ordre. Retardée par la guerre, elle ne vit le jour qu’en 1919. Illustration en couleurs par Maurice Denis. Le peintre visita quelques villes jalons dans la vie de Saint-Dominique, pour trouver les thèmes de son illustration, composée de 40 compositions en couleurs, interprétées sur bois par les frères Beltrand. Exemplaire imprimé pour Charles Miguet. Il contient : - une aquarelle originale, signée par l’artiste. « Mystères Joyeux -Mystères Douloureux-Mystères Glorieux ». 173 x 170 mm. Elle a servi à l’illustration de la page 87. - une esquisse aquarellée, signée par l’artiste. « Vue de Fanjeaux ». 65 x 180 mm. Elle a servi à l’illustration de la page 53.
- d’une suite de décomposition des couleurs des bois gravés. - d’un spécimen de l’ouvrage. Pierre Legrain a décliné trois fois le thème du dominicain sur cet ouvrage. Par son décor organisé selon un axe vertical et l’emploi du galuchat, elle s’inscrit pleinement dans la production du décorateur. Provenance : Ch. Miguet (Cat., 1953, n° 73, acheté par A. Loewy).
8. JACOB (M.). Ne coupez pas Mademoiselle ou les erreurs des P.T.T. Paris, Galerie Simon, 1921, in-4°, broché, couverture. Premier livre illustré de gravures originales par Juan Gris, et premier ouvrage publié par Kahnweiler contenant des lithographies. 4 lithographies en couleurs accompagnent ce conte philosophique ici en édition originale. Tirage limité à 110 exemplaires, tous sur vélin de Hollande, signés par l’artiste et l’auteur. Parfaite condition. D.-H. Kahnweiler, Centre Georges Pompidou, p. 180 ; Chapon, Le Livre et le Peintre, pp. 108-110 ; A Century of Artists Books, Museum of Modern Art, New York, p. 173 ; J. Hugues, 50 ans d’édition de D.-H. Kahnweiler, p. 6.
9. EPSTEIN (J.). Bonjour Cinéma. Paris, Editions de la Sirène, 1921, in-12, box blanc, plats et dos ornés d’un décor à la lettre s’organisant autour des mots bonjour et cinéma, traversés par deux filets obliques noirs, dos lisse, doublure et gardes de box blanc, couverture et dos, chemise et étui gainés de même matière (Leroux, 1991). Edition originale. « L’intérêt précoce et inspiré de Cendrars pour le cinéma le pousse à publier aux éditions de la Sirène, dont il est le directeur littéraire, un des livres les plus surprenants de la période : Bonjour cinéma de Jean Epstein. Conçu comme une séance de cinéma, celui-ci allie sans discontinuité des poèmes, des proses, des compositions typographiques, des dessins, le tout mis en scène par Claude Dalbanne, camarade lyonnais du jeune Epstein, et soigneusement imprimé en 1921 par Marius Audin » (E. Toulet, Histoire de l’édition française, IV, pp. 452-453). Illustration et décor typographique par Claude Dalbanne. Exemplaire sur papier d’édition, monté sur onglets. Intéressante reliure de Georges Leroux. Fouché, La Sirène, n° 110 ; J. Andel, Avant-garde Page Design, 1900-1950, p. 294 ; Jean Toulet, Georges Leroux, p. 15 (Pour une reliure semblable datée de 1986).
10. SATIE (E.). Le Piège de Méduse. Comédie lyrique en un acte. Paris, Galerie Simon, 1921, in-4°, broché, couverture. Edition originale de cette comédie lyrique, la seule œuvre littéraire d’Erik Satie publiée en livre. Premier livre illustré de gravures sur bois par G. Braque. 3 bois gravés en couleurs. Tirage limité à 112 exemplaires ; celui-ci est sur hollande, numéroté et signé par l’auteur et l’illustrateur. D.-H. Kahnweiler, Centre Georges Pompidou, p. 181; J. Hugues, 50 ans d’édition de D.-H. Kahnweiler, p. 20.
11. GOULDEN (J.) - SCHMIED (F.-L.). Salonique. La Macédoine. L’Athos. Paris, Les Auteurs, 1922, in-folio, plats de bandes de maroquin noir ou blanc, traversés par deux bandes échancrées à fermoir en émail champlevé sur cuivre, dos muet, doublure de même peau s’alternant différemment selon les contre-plats, gardes de soie moirée crème, couverture et dos, tranches dorées, chemise à rabats et étui bordés de maroquin (F.L.S., Emaux Jean Goulden). Suite de 45 bois gravés de F.-L. Schmied d’après les huiles réalisées en Macédoine par Jean Goulden (1878-1946), qui en finança le tirage. Au lendemain de l’épisode malheureux des Dardanelles, le médecin-major Jean Goulden, alors malade, fut envoyé en convalescence à Salonique puis au monastère des Quarante Mystères, au Mont-Athos, où il retrouva le goût de peindre et découvrit la géographie des paysages, la violence des couleurs, les harmonies heurtées, les alliances opulentes, et l’art des émaux. Les monastères du Mont-Athos recélaient non seulement des peintures, des incunables, des manuscrits, mais surtout des émaux byzantins dont Goulden tenta de découvrir les techniques. Il les étudia, les croqua et pris de nombreuses notes. Non seulement il ramena de son séjour une série d’huiles, mais aussi cet art de l’émail qu’il pratiqua sa vie durant sur toutes sortes d’objets : plaque, fermoir, encrier, coupe-papier, pendule, coffret, bijoux, flambeau...
Préface de Gustave Schlumberger. Exemplaire historique imprimé pour la sœur de l’artiste, Madame Charlotte Frédérique Metettal. Chaque planche de la suite est signée par les deux artistes. Il contient en outre : - une suite de bons à tirer, signés par Schmied, sur japon mince ou chine. Quelques rousseurs éparses. - une suite d’essais en noir ou en couleurs, certains non retenus, soit 40 planches. Imprimés sur japon ou chine, certains l’ont été sur des feuilles dont le verso est illustré de reproduction raturée au crayon à mine d’Auguste Lepère ; d’autres sont annotés au crayon. Tirage limité à 70 exemplaires, tous sur japon. Cette reliure d’aspect monastique, notamment par son dos muet comme l’étaient ceux des couvrures des manuscrits liturgiques de la Haute-Epoque, a été dessinée par Schmied entre 1926 et 1927, 1926 étant l’année de l’ouverture de son atelier de reliure et de la réalisation des émaux qui l’ornent, 1927 étant celle où elle fut exposée aux Galeries Georges Petit. La première reliure sur cet ouvrage qui nous est connue date de 1925 ; elle est de Cretté. Petit saut d’émail à une plaque. Il manque le poussoir des fermoirs. Petites traces de renfoncement au second plat. Le maroquin crème est très légèrement taché. Exposition : Galerie George Petit, Groupe Dunand-GouldenJouve-Schmied, 1927, n° 59.
12. LEIRIS (M.). Simulacre. Paris, Galerie Simon, 1925, in-4°, broché, couverture. Edition originale de ce premier recueil poétique de Michel Leiris. 7 lithographies à pleine page d’André Masson, qui réalise ici son premier livre illustré par cette technique. Tirage limité à 110 exemplaires ; celui-ci, numéroté sur papier d’Arches, est signé par l’auteur et l’artiste. Musée national d’art moderne, Daniel-Henri Kahnweiler, p. 184 ; Centre littéraire Fondation Royaumont, André Masson, livres illustrés de gravures originales, n° 2 ; Chapon, Le Peintre et le Livre, pp. 113-115.
13. DESNOS (R.). C’est les Bottes de 7 lieues. Cette phrase “ Je me vois ”. Paris, Galerie Simon, 1926, in-4°, broché, couverture. Edition originale de ce recueil de poèmes de l’écrivain français Robert Desnos qui, par le pouvoir et la spontanéité des mots, nous plonge dans l’onirisme. 4 eaux-fortes originales, dont une en frontispice, en bistre et en noir d’André Masson. Tirage limité à 112 exemplaires, numérotés et signés par l’auteur et l’illustrateur ; celui-ci est sur vergé d’Arches. Saphire-Cramer, André Masson, Les Livres illustrés, n° 3 ; Centre Georges Pompidou, D.-H. Kahnweiler, p. 187 ; J. Hughes, 50 ans d’édition de D.-H. Kahnweiler, p. 22.
14. RADIGUET (R.). Denise. Paris, Galerie Simon, 1926, in-4°, broché, couverture. Edition originale de ce conte écrit à Carqueiranne, publiée après la mort de l’auteur à la demande de Cocteau. 4 lithographies cubistes, imprimées en vert olive et brun, et une autre pour la couverture, par Juan Gris. Tirage limité à 112 exemplaires ; celui-ci, numéroté sur papier vergé d’Arches, est signé par l’artiste. Chapon, Le Peintre et le Livre, p. 112 ; Centre Georges Pompidou, D.-H. Kahnweiler, p. 185 ; J. Hugues, 50 ans d’édition de D.-H. Kahnweiler, p. 21.
15. [BATAILLE (G.)]. Histoire de l’œil. Paris, R. Bonel-P. Pia, 1928, in-4°, broché, couverture en papier vert imprimé. Edition originale. Premier des récits érotiques de Georges Bataille. 8 lithographies originales par André Masson ; elles accompagnent des passages bien précis du texte choisis par l’auteur. L’un des 125 exemplaires sur vergé d’Arches. Traces de solarisation au dos. Petit manque en pied. Edition limitée à 134 exemplaires. L. Saphire-P. Cramer, André Masson, Livres illustrés, n° 6 ; A. Masson, Livres illustrés de gravures originales, Fondation Royaumont, p. 6.
16. GUÉRIN (M. de). Le Centaure. Lyon, Audin pour le Cercle Gryphe, 1929, in-4°, en ff., couverture. Premier livre publié par le Cercle Gryphe, société de bibliophiles lyonnais constituée en 1927 par le professeur Alain Pauphilet. Leur idée était d’innover dans l’art du livre en s’attachant davantage à la décoration dans ses rapports avec la typographie, qu’à l’illustration. Claudius Linossier réalisa pour l’occasion de larges décors géométriques rehaussés au palladium où le noir, le gris et le rouge dominent. Il en confia l’interprétation sur bois à Philippe Burnot. Deux années furent nécessaires à la réalisation de l’ouvrage. En parcourant ce beau livre, on ne peut s’empêcher de penser aux motifs que Linossier repoussait au marteau sur ses vases et coupes. Tirage limité à 133 exemplaires sur vélin fort à la forme. Condition parfaite. Gaillard, Claude Linossier, Dinandier, p. 123.
17. POE (Ed.A.). La Chute de la Maison Usher. Paris, Edition Orion, 1929, in-4°, en ff., couverture rempliée imprimée. Traduction de Charles Baudelaire. La Chute de la Maison Usher est un conte qui met en scène un artiste décadent entraînant progressivement un observateur extérieur dans sa folie. Publié pour la première fois en 1839 dans sa version originale, il appartient au cycle des Contes du Grotesque et de l’Arabesque, traduits par Charles Baudelaire sous les titres Histoires extraordinaires, Nouvelles Histoires extraordinaires et Histoires grotesques et sérieuses. Un frontispice et 9 aquatintes et eaux-fortes d’Alexandre Alexeïeff (1899-1982). Cinéaste, peintre décorateur, Alexeïeff est surtout reconnu en tant que graveur-illustrateur, domaine dans lequel il a acquis une juste réputation. Par-delà la diversité des techniques utilisées toujours de manière innovante, le Russe s’est affirmé dans un style qui lui est propre. Exemplaire imprimé pour les Editions Orion sur vieux japon, contenant : - une suite des gravures du premier état avec remarque. - une suite des gravures de l’état définitif. - une suite des épreuves tirées après essuyage. - trois épreuves d’une planche refusée. Préservé dans une chemise-étui, il est semblable aux exemplaires de tête, à la fois par le papier et le nombre de suites. Tirage limité à 356 exemplaires.
18. BRETON (A.) & ÉLUARD (P.). L’Immaculée conception. Paris, Editions Surréalistes, 1930, in-4°, broché, couverture. Edition originale. Succédant au divertissant Ralentir Travaux, Breton et Eluard, dans ce texte à deux écritures, explorent un univers où seul Lautréamont les avait précédés ; ils se substituent en quelque sorte à des aliénés. A travers d’admirables poèmes en prose, ils tentent ainsi la reconstruction de l’existence humaine dans sa totalité, depuis la conception, en passant par la vie intra-utérine et la naissance, jusqu’à la mort, puis en deux cycles d’essais groupés sous les titres Les possessions et Les méditations, ils opposent les délires mentaux (débilité mentale, délire d’interprétation, démence précoce, manie aiguë, paralysie générale) à la conscience de veille, état perturbé par les poussées de l’inconscient. Une gravure de Dali illustre ce poème. Elle figure uniquement dans les exemplaires sur grand papier. L’un des 100 exemplaires sur hollande Van Gelder, signés par les deux auteurs, avec la gravure. Intéressant et précieux exemplaire où Valentine Hugo a mis en valeur le travail des deux poètes : “ Les textes sont soulignés en vert pour André Breton en amarante pour P.E.” Ces mots de Valentine Hugo sont précédés d’un long texte manuscrit où elle précise qu’elle avait aidé à l’édition de L’Immaculée conception. En effet, Corti ne pouvant financer cette publication, dut, avant l’impression du texte, vendre le manuscrit à Marie-Laure de Noailles et les brouillons des originaux à Valentine Hugo. Provenance : Valentine Hugo (1887-1968) ; Pierre Leroy (Cat., 2002, n° 59).
19. DALI (S.). La Femme visible. Paris, Les Editions Surréalistes, 1930, in-4°, broché, double couverture rempliée, couverture aluminium et couverture transparente rouge imprimée. Edition originale. Dédié à Gala, l’ouvrage marque l’intronisation de Dali (1904-1989) dans le mouvement surréaliste et son entrée en littérature qui sera poursuivie avec L’Amour et la Mémoire (1931), les Métamorphoses de Narcisse (1937) et de nombreux articles, publiés dans diverses revues surréalistes. La Femme visible contient les premiers grands textes de la « paranoïa-critique » ; elle est le manifeste théorique et poétique de cette méthode qui intéressa Jacques Lacan, ainsi que son illustration plastique. Eau-forte ou héliogravure de Dali en frontispice, 6 illustrations à pleine page et un portrait photographique de Gala se réfléchissant sur le papier aluminium de la doublure. L’un des rares exemplaires d’auteur, il est marqué H.C. ; celui-ci est imprimé sur papier Ingres Rose, papier non mentionné à la justification pour les exemplaires d’auteur. La fragile couverture présente quelques petits manques en tête et en pied du dos. Edition limitée à 204 exemplaires. Sebbag, Les Editions Surréalistes, p. 18 (Ne fait pas état de ce tirage).
20. OVIDE. Les Métamorphoses. Paris, Skira, 1931, in-4°, maroquin bleu janséniste, dos lisse orné, tête dorée, couverture et dos, étui gainé de maroquin bleu (Alix). Illustration originale de Picasso comprenant 30 eaux-fortes, dont 15 hors-texte. “ C’est un des rares cas où Picasso illustre un livre avec tant de fidélité au texte. ” Première véritable œuvre du peintre en tant qu’illustrateur, après quelques planches isolées, ce beau livre, imprimé sur les presses de Léon Pichon, est né de l’enthousiasme et de la volonté d’un jeune éditeur, Skira. Suggéré par Pierre Matisse à Picasso, ce texte du poète latin, qui fixe les principaux épisodes de la mythologie grecque et romaine, a été illustré de gravures aux formes classiques, respectant ainsi le récit. Tirage à 145 exemplaires, tous signés par l’artiste ; celui-ci, l’un des 20 hors commerce, est sur papier d’Arches signé au crayon par Picasso. Cramer, Pablo Picasso, Les Livres illustrés, n° 19.
21. BALZAC (H. de). Le Chef-d’œuvre inconnu. Paris, Vollard,
1931, in-4°, en ff., couverture. 13 eaux-fortes originales de Picasso et 67 dessins gravés sur bois. Dans les années 1925, Ambroise Vollard passa commande à Picasso d’une illustration pour le Chef-d’œuvre inconnu, roman où Balzac met en scène deux peintres, Nicolas Poussin et Pourbus, autour d’un troisième, Maître Frenhofer, s’essayant à travers ces personnages à analyser la création artistique et ses frustrations, thème qui convenait bien au génie de Picasso. Le peintre créa alors entre 1926 et 1928 une triple illustration : une série d’énigmatiques motifs couvrant 16 pages, 13 eaux-fortes originales, dont 12 sur le thème du “Peintre et de son modèle”, et une suite de bois gravés d’esprit cubiste. Tirage limité à 340 exemplaires ; celui-ci est sur vélin de Rives. Cramer, Pablo Picasso, Les Livres illustrés, n° 20.
22. CREVEL (R.). Mr Knife Miss Fork. Translated by Kay Boyle. Illustrated by Max Ernst. Paris, Black Sun Press, 1931, in-12, cartonnage noir, premier plat orné d’une plaque dorée avec, en son centre, l’esquisse d’un torse féminin, second plat orné du même décor mais à froid, dos lisse orné, tranches lisses, emboîtage à dos de maroquin (cartonnage d’éditeur). Traduction anglaise du premier chapitre Monsieur Couteau, Mademoiselle Fourchette, extrait de l’ouvrage de Crevel, Babylone, publié aux éditions Simon Kra en 1927. Dans ce court extrait on retrouve les principaux thèmes chers à l’auteur : la méditation, les digressions, la mort, les personnages défiant toute vraisemblance, l’enfance… 19 photogrammes de frottage de Max Ernst réalisés dans l’atelier de Man Ray, chacun précédé d’une serpente légendée en rouge. Réalisés d’après des frottages originaux de Max Ernst, ils furent ainsi obtenus : “ Chacun d’eux fut appliqué sur du papier photo, la face contre le papier sensible et exposé à la lumière. Les parties dessinées retiennent ainsi la lumière et apparaissent en blanc sur fond noir ” (Werner Spies). Le cartonnage décoré de l’édition a été réalisé par Gonon, relieur et premier éditeur de Paul Eluard, d’après une maquette conçue selon certains par Man Ray, pour d’autres elle serait de Max Ernst. L’un des 200 exemplaires sur finest bristol paper ; celui-ci est très frais. Edition limitée à 255 exemplaires.
23. COLETTE (S.G.). La Treille muscate. Paris, Chez l’auteur, 1932, in-4°, broché, couverture, chemise, étui. Edition originale. lllustré de 35 eaux-fortes originales de Dunoyer de Segonzac, ce livre évoque à la fois le travail de Colette et l’atmosphère du Midi. Ainsi pour transcrire cette ambiance, l’artiste grava sans arrêt, notant les différents aspects de la maison, la treille garnie de grappes, les attitudes de la chatte, le plat de rascasse, mais surtout Colette assise à son bureau, les cheveux ébouriffés, absorbée par son travail d’écrivain. Cet ouvrage plein de soleil et d’odeurs marines, reste l’illustré le plus attachant dans l’œuvre du peintre. Tirage limité à 165 exemplaires sur hollande Van Gelder ; celui-ci a été enrichi d’un beau dessin de Dunoyer de Segonzac à l’encre de Chine, signé. L’Entrée de la Treille Muscate. 322 x 253 mm.
24. ROSNY AINÉ (J.-H.). Tabubu. Roman égyptien. Paris, J. Meynial, 1932, in-8°, maroquin rouge, au centre des plats, petit motif mosaïqué et rehaussé d’or, dos à nerfs, en tête et en queue filets droits et perlés dorés, premier plat de couverture, non rogné (reliure de l’époque). L’une des plus jolies productions des années trente. Imprimé en brun et rouge, ce roman égyptien inédit est illustré de 71 compositions de Maurice Lalau. Gravées par ce dernier, tirées en camaïeu de gris, brun, sable, rose, beige ou en demi-teinte de bleu, rehaussées d’or ou de palladium, elles se fondent harmonieusement avec la typographie. L’artiste s’occupa non seulement de l’iconographie mais aussi de la mise en page qu’il réalisa avec soin et raffinement, et du choix des caractères d’impression. Tirage unique à 110 exemplaires numérotés sur papier vélin teinté de Madagascar. Exemplaire de charme en reliure strictement de l’époque. Condition rare.
25. BAUDELAIRE (Ch.). Poèmes. Paris, Ph. Gonin, 1933, in-4°, maroquin vert, plats ornés de bandes de filets parallèles frappés, soit au palladium, soit à froid, soit dorés sur bande de maroquin crème, dos lisse avec, en tête et en queue, une pièce de maroquin crème ornée de filets dorés, doublure de maroquin prune avec un décor à répétitions de cercles aux pointillés dorés ou à froid s’enchevêtrant, gardes de soie moirée verte, couverture et dos, tranches dorées, chemise, étui gainé de même maroquin (Pierre Legrain, J. Anthoine Legrain). 50 compositions de Charles Despiau dont 43 lithographies et sept bois établis par l’artiste avec la collaboration de J.-L. Perrichon. Titre et lettrines dessinés par Louis Jou. L’un des 15 exemplaires sur japon, il est enrichi : - d’un dessin à la mine de plomb, signé. « Femme nue courbée ». 30,9 x 23 cm. - d’un dessin à la mine de plomb, signé. « Femme nue assise ». 31 x 21,1 cm. Tirage limité à 99 exemplaires, tous signés par l’artiste. Reliure de qualité de J. Anthoine Legrain.
26. BENOIT (P.). L’Atlantide. Lyon, Cercle Lyonnais du Livre, 1934, in-4°, en ff., couverture, chemise, étui. La plus belle édition illustrée. Elle a été établie par les soins du Cercle Lyonnais du Livre. 92 peintures et dessins de l’orientaliste P.-E. Dubois, gravés sur bois en couleurs par Bouchet. L’ensemble a été exécuté par le peintre dans le Hoggar. L’un des 120 exemplaires nominatifs, imprimés pour l’un des membres du Cercle. Il contient : - une aquarelle originale ayant servi d’illustration pour la page 140. Elle est signée et datée 1928. 87 x 168 mm. - une aquarelle originale ayant servi d’illustration pour la page 215. Elle est signée. 88 x 160 mm. - une suite de 22 bois, décomposition de l’illustration de la page 129. Quelques petites rousseurs sur la couverture. Edition limitée à 162 exemplaires, tous sur vélin d’Arches.
27. JOUVE (P.J.). Le Paradis perdu. Paris, GLM, 1938, in-folio, en ff., couverture. Le Paradis perdu peut-être considéré comme la première œuvre poétique de Jouve, qui avait rejeté toute sa production poétique antérieure. Ecrit entre 1926 et 1929, ce poème, inspiré des chapitres II et III de la Genèse, s’apparente à une fable. Publié pour la première fois chez Grasset en 1929, seul le texte liminaire « La Faute » est donc ici inédit. 12 eaux-fortes de Joseph Sima. Deuxième fruit de la collaboration entre Jouve et Sima, l’ouvrage est l’aboutissement de leur complicité, qui les lia dès 1923. Après Beau Regard, le peintre praguois livre 12 eaux-fortes élaborées entre 1927 et 1937, l’ouvrage étant primitivement destiné à paraître en 1928. Mêlant plusieurs périodes de création, cette illustration est la somme testamentaire que Sima tire de sa première période. L’un des 45 premiers exemplaires sur vélin d’Arches, après 5 japon. Seuls ces 50 exemplaires contiennent les eaux-fortes. Le tirage annoncé à 5 pour les japon, semble relever du mythe, seul un exemplaire sur ce papier étant connu des spécialistes. Ni l’éditeur, ni le peintre, ni l’auteur n’en possédèrent un. Exemplaire signé par les trois protagonistes. Coron, GLM, 174 ; Peyré, Peinture et Poésie, n°42 (« Ce livre mythique aura su aussi bien éveiller la curiosité sur son processus de fabrication que provoquer l’émerveillement par l’aboutissement plastique qu’il suggère. »).
28. GIRAUDOUX (J.). Ondine. Paris, Grasset, 1939, in-12°, maroquin vert, plats et dos traversés par un décor de bulles dessinées au palladium, chacune contenant une pastille évidée frappée à froid, l’ensemble parcouru par des arabesques or, dos lisse, bordure intérieure décorée à l’identique, couverture et dos, chemise, étui (J. Anthoine Legrain). Edition originale. Ondine a été représentée pour la première fois le 27 avril 1939 au Théâtre de l’Athénée sous la direction de Louis Jouvet, avec, dans le rôle d’Ondine, Madeleine Ozeray. Les costumes étaient d’Ira Bellini. L’un des 33 premiers exemplaires sur japon impérial. Reliure réussie au décor ondoyant dessiné par Jacques Anthoine Legrain.
29. GANZO (R.). Lespugue. [Paris, Les Auteurs], 1942, in-4° oblong, en ff., couverture, cristal d’origine. Premier livre illustré par Fautrier, précédé d’un projet qui ne vit jamais le jour. Dans les années trente, Malraux, qui travaillait pour Gallimard, proposa au peintre d’illustrer un ouvrage de son choix. Fautrier choisit les Illuminations de Rimbaud, mais y renonça et se prononça pour l’Enfer de Dante. L’ouvrage ne fut finalement jamais édité, seules les lithographies firent l’objet d’une exposition à la galerie de la NRF. L’année 1940 marqua le retour du peintre à Paris. Il se lia alors avec Paulhan, Char, Ganzo, Ponge et Eluard dont il illustra les œuvres. Dans ce premier livre, Ganzo et Fautrier établissent un dialogue sur le thème de la femme, inspiré de la “Vénus de Lespugue” ou “Dame de Lespugue”, statuette féminine en ivoire de mammouth, découverte en Haute-Garonne et aujourd’hui conservée au musée de l’Homme. Pour accompagner ces poèmes, le peintre dessina 11 lithographies en couleurs, la plupart représentant des nus allongés. Il en confia l’impression à Mourlot. Tirage limité à 123 exemplaires, tous signés par Ganzo et Fautrier ; celui-ci est l’un des 90 sur papier de Chine. Yves Peyré, Peinture et Poésie, pp.134 et 174 ; Mason, Cabinet des Estampes, Genève, 1986, p. 74 à 84.
30. [...]. Lettres portugaises. Paris, Tériade, 1946, in-4°, en ff. couverture rempliée, chemise, étui. Publié pour la première fois en 1699, ce texte célèbre, anciennement attribué à Mariana Alcoforado, a été récemment restitué à l’écrivain français Guilleragues. Un livre entièrement conçu par son illustrateur, le peintre Henri Matisse, la mise en page et les images sont de sa main. Le cycle iconographique est formé de 20 lithographies originales à pleine page, dont 19 sur le thème du visage, ici inspiré par celui d’un jeune modèle russe de quatorze ans, Doucia, de cinq titres décorés, cinq départs de chapitres, deux compositions de couverture, 75 lettres ornées et décorations. L’un des 80 premiers exemplaires, comportant une suite de 12 planches d’étude, soit 12 lithographies originales. Tirage limité à 270 exemplaires, tous sur vélin d’Arches et signés par l’artiste. Duthuit, Henri Matisse, Catalogue raisonné des ouvrages illustrés, n° 15.
31. DUBUFFET (J.). Ler dla Canpane. Paris, L’Art Brut, 1948, in-12, cahier de buffle noir, sur le premier plat pièce circulaire de lézard noir avec titre de l’ouvrage en lettres palladium, doublure et gardes de nubuck crème, couverture, non rogné, étui (Alain Devauchelle, 1976). Ler dla canpane apparaît comme le premier véritable livre de Dubuffet, si l’on excepte les livres de Pierre Seghers, Paul Eluard et André Frénaud, lesquels sont seulement accompagnés d’une ou deux lithographies extraites de l’album Matière et Mémoire. Le texte, dont l’orthographe phonétique est propre au peintre, est reproduit au stencil sur papier journal. Six gravures sur fond de boîte de camembert ou sur linoléum tirées en noir, l’accompagnent. La publication d’un tel livre marque une rupture dans l’édition, quelque peu traditionnelle, des livres illustrés de cette époque. C’est l’un des premiers livres de l’Art brut. Bien que le tirage soit non annoncé, il serait de 165 exemplaires, tous sur papier journal. Couverture en belle condition. Noël Arnaud, Jean Dubuffet : gravures et lithographies, n° 96-105 ; Antoine Coron, 50 livres illustrés depuis 1947, n° 6.
32. KOPAC (S.). Tir à Cible. Paris, L’Art Brut, 1949, plaquette in-12°, en accordéon, sous couverture jaune illustrée. Edition originale. Publié la même année qu’Au Regard des Divinités d’André Breton également illustré par l’artiste croate, Tir à Cible s’inscrit dans le mouvement initié par Jean Dubuffet, l’Art Brut. « Slavko Kopac (1913-1993), artiste d’origine croate, né à Vinkouci, s’installe à Paris en 1948, où il rencontre Jean Dubuffet. Directeur du musée de l’Art Brut jusqu’en 1975, il poursuit en parallèle son activité de peintre, sculpteur et céramiste. Il illustra des recueils de poèmes et conçut en tant que poète des livres-objets. En 1996, la Ville de Paris lui a consacré une grande exposition rétrospective. » 7 gravures sur fines lamelles de bois et une sur papier bleu. L’un des 15 exemplaires spéciaux. Breton, Drouot, n° 198 (Manuscrit autographe sur bois d’Au Regard des Divinités).
33. CÉSAIRE (A.). Corps perdu. Paris, Editions Fragrance, 1950, in-folio, en ff., couverture, chemise à dos de parchemin, étui. “C’est probablement sur la double suggestion d’André Breton et du peintre cubain Wilfredo Lam, que Picasso entreprit l’illustration de ce recueil du poète lauré de la négritude. On a suggéré que Picasso aurait fait des allusions au surréalisme magique de Wilfredo Lam, notamment dans quelques figures, à la fois humaines et animales.” 20 gravures au burin, 10 aquatintes, une eau-forte et une gravure à la pointe-sèche et à l’eau, soit 32 planches originales. “Surprenante et belle illustration de Picasso où l’artiste s’exprime sur deux registres complémentaires, l’un, caressant et modulé, à l’aquatinte, l’autre d’une extrême concision et d’une formidable puissance, où corps, fleurs, visages et sexes sont réduits à des signes d’autant plus éloquents qu’absolument dépouillés.” Tirage limité à 219 exemplaires ; celui-ci est sur papier Montval, signé au crayon par l’auteur et l’artiste. Cramer, Pablo Picasso, Les Livres illustrés, n° 56, p. 156.
34. GUILLEVIC (E.). Les Murs. Paris, Les Editions du Livre, 1950, in-folio, en ff., couverture, chemise, étui. Edition originale. 15 lithographies de Jean Dubuffet tirées à pleine page en noir, dont une en regard du titre. Né en 1901, Jean Dubuffet commença à peindre dans les années trente mais ce fut en 1942 qu’il s’engagea définitivement dans la carrière artistique. Il réalisa sa première exposition en 1944, à la galerie René Drouin. Renouvelant à la fois les conceptions de la peinture et de l’esthétique moderne sur le plan de l’expression, son approche phonétique de l’écriture, ses travaux novateurs en tant que graveur, peintre, et musicien expérimental, le rendent indissociable de l’Art Brut dont il fut le promoteur. Tirage limité à 172 exemplaires. Exemplaire provenant de la bibliothèque de G. Limbour, non numéroté, il est imprimé sur Montval. Provenance : Bibliothèque de G. Limbour (1900-1970), avec attestation d’un de ses descendants. A. Coron, 50 livres illustrés depuis 1947, n° 11 ; Bibliothèque nationale, 1982, Jean Dubuffet, p. 5 ; Lebon, L’Œuvre gravé et les livres illustrés par J. Dubuffet, p. 52 à 76 ; Victoria & Albert Museum, From Manet to Hockney, n° 122.
35. PONGE (Fr.). Cinq Sapates. Paris, Maeght, 1950, in-folio, en ff., couverture, étui à rabats de l’éditeur. Edition originale, dédiée à René Char. 5 eaux-fortes de Georges Braque. « ... Braque n’a pas glissé entre les pages des compositions à la manière Braque, il s’est longuement pénétré du sujet et a ressaisi à cinq étonnantes reprises l’objet considéré par Ponge. » Tirage unique, limité à 101 exemplaires sur chiffon d’Auvergne à la main des Moulins Richard de Bas, signés par l’auteur et l’artiste. Chapon, Le Peintre et le Livre, pp. 266-267 et 269-270 ; Fondation Maeght, Peintre-Illustrateur du XXe siècle, n° 39 ; Rauch, Les Peintres et le Livre, 107 ; Y. Peyré, Peinture et Poésie, p. 149.
36. ÉLUARD (P.). Le Visage de la Paix. Paris, Editions Cercle d’Art, 1951, in-4°, broché, couverture. Edition originale. Des fragments de ce recueil ont été publiés dans Défense de la Paix. Dernière collaboration entre le peintre et le poète. A l’occasion du trentième anniversaire du Parti communiste français, Picasso composa une suite de 29 dessins, variations sur le thème de la paix, mettant en scène une colombe mêlée au visage de Françoise Gillot. Ils sont ici reproduits, chacun est accompagné de vers de Paul Eluard. L’un des 150 premiers exemplaires avec la lithographie sur papier report. P. Cramer, Pablo Picasso, Les Livres illustrés, n° 62.
37. LUCIEN DE SAMOSATE. Dialogues. Paris, Tériade, 1951, in-folio, en ff., couverture, chemise, emboîtage. Troisième fruit de la collaboration entre Laurens et Tériade, l’ouvrage est illustré de 34 gravures originales sur bois en couleurs du peintre, au dessin rigoureux et vivant. Tirage limité à 250 exemplaires, tous signés par l’artiste et tirés sur vergé d’Arches. Rauch, Les Peintres et le Livre, n° 127 ; Chapon, Le Peintre et le Livre, pp. 220-222 ; Hommage à Tériade, p. 115 ; Victoria & Albert Museum, From Manet to Hockney, n° 125.
38. SALMON (A.). Rive gauche. Paris, L’Auteur, 1951, in-folio, en ff., couverture illustrée, chemise, étui-boîte de toile bise. Edition originale. 15 héliogravures par Vlaminck et, en fac-similé, les portraits du peintre et de sa femme par Amadeo Modigliani. La mise en couleurs des planches a été réalisée par Daniel Jacomet. Avant-propos de l’artiste, reproduit en fac-similé. L’un des 250 exemplaires sur vélin d’Arches. L’autoportrait par Vlaminck est ici signé, Hommage de Vlaminck à la mine de plomb. Quelques légères rousseurs éparses. Tirage limité à 325 exemplaires.
39. CHAR (R.). Poèmes. Paris, Aux Dépens de l’artiste, 1952, in-folio, en ff., couverture rempliée en gouttière, chemise, étui noirci et aux reliefs frottés d’agathe. L’un des rares livres « entièrement assumé » par son illustrateur, Nicolas de Staël, papier, caractères, impression des bois, étui, tous relevant de son propre choix. Conception et réalisation s’écoulèrent de juin à novembre 1951. 14 bois originaux à pleine page et une lithographie originale en couleurs pour la chemise. Pour ce premier livre illustré, Nicolas de Staël réalisa ses bois, sans connaître les textes qui les accompagneraient. Char, en voyant les gravures, associa à chacune d’elles une pièce de son recueil Poème pulvérisé, qui avait déjà fait l’objet d’une publication, ne sacrifiant ainsi en rien à son habitude qui consistait, pour ses grands livres illustrés, à les constituer de poèmes anciens, qu’il modifiait ou qu’il assemblait différemment. L’ouvrage, construit sur l’opposition noir-blanc, que l’on retrouve non seulement dans les bois, mais aussi dans l’architecture du livre, où illustration et texte ne sont jamais face à face, semble être unanimement apprécié. L’un des 15 exemplaires hors commerce ; celui-ci a été offert par le peintre à l’historien d’art André Chastel : A Chastel en toute amitié Staël Le tirage total annoncé est de 120 exemplaires, tous sur vélin d’Arches, signés par l’auteur et l’artiste. Provenance : A. Chastel (1912-1990).
40. GIONO (J.). Recherche de la Pureté. Paris, H. Creuzevault, 1953, in-folio, maroquin noir, plats ornés d’une mosaïque de bandes de box noir, gris canon et blanc, disposées dans le sens de la diagonale, sur le premier plat titre de l’ouvrage frappé à froid, dos lisse orné de même avec les noms de l’auteur et de l’illustrateur frappés à froid et au palladium disposés dans le sens de la hauteur, doublure et gardes de daim noir, couverture et dos, tranches au palladium, chemise et étui gainés de maroquin noir (Creuzevault). Publié pour la première fois en 1939, ce texte n’est pas un simple pamphlet contre la guerre, c’est en réalité une étude de l’homme face au monde, à ses injustices et ses ignominies. 21 eaux-fortes originales. Tirage limité à 160 exemplaires, tous sur Rives, signés par l’auteur et l’illustrateur. L’un des 30 exemplaires de tête, contenant : - un dessin original à la mine de plomb, signé, ayant servi à l’illustration du livre. « Bol et légume ». 170 x 230 mm. - une suite des gravures sur Rives ivoire. - 4 gravures non retenues pour l’illustration. Exemplaire de Paul Banzet enrichi d’une magnifique nature morte à l’encre de Chine, dédicacée par l’artiste à ce dernier (351 x 230 mm). L’austère reliure de Creuzevault se fond parfaitement avec l’esprit du livre.
41. LECUIRE (P.). Ballets-Minute. Paris, P. Lecuire, 1954, in-4°, en ff., couverture rempliée, chemise illustrée, emboîtage. Edition originale. Recueil de 17 ballets-poèmes inédits du poète et éditeur Pierre Lecuire. 20 eaux-fortes originales à pleine page et une linogravure de Nicolas de Staël. Ces planches, dont certaines avaient été exécutées initialement pour le Tombeau d’Hercule Seghers, constituent la quasi-totalité de l’oeuvre gravé du peintre selon cette technique, celui-ci n’en ayant fait tirer que 23. Le trait nerveux, concis et mordant qui rend ces eaux-fortes légères, s’oppose à l’aplomb des bois gravés des poèmes. Pour la linogravure, il semblerait que Staël s’y soit essayé à deux reprises, une première fois en 1949, puis pour la chemise de cet ouvrage. L’un des 10 exemplaires de collaborateur imprimés sur papier de Rives. Il a été offert par le peintre à André Chastel, l’un des premiers intellectuels français à avoir soutenu et défendu le travail de Nicolas de Staël. Edition limitée à 50 exemplaires, tous signés par l’artiste et l’auteur. Provenance : André Chastel (1912-1990), avec une L.A.S. de son fils attestant de la provenance. Woimant-de Staël, Nicolas de Staël, L’Œuvre gravé, pp. 22 et 62-81; Peyré, Peinture et Poésie, pp. 154-155.
42. ARTAUD (A.). Galapagos. Les Îles du bout du monde. Paris, Broder, 1955, in-8°, en ff., couverture illustrée, chemise, étui. Edition originale de ce texte écrit pour Voilà, l’hebdomadaire du reportage. Des ouvrages publiés par Broder, il est le plus réussi et le plus significatif. De la collection Ecrits et gravures. 11 eaux-fortes originales de Max Ernst dont une en couleurs pour la couverture rempliée, 4 hors-texte dont 2 en couleurs et 6 in-texte en couleurs. L’emboîtage est illustré de 2 compositions de Max Ernst reproduites en noir. Tirage limité à 135 exemplaires sur vélin de Rives, tous signés par l’artiste. A. Coron, 50 Livres illustrés depuis 1947, n° 17 ; Chapon, Le Peintre et le Livre, pp. 251-258 ; The Artist & the Book, n° 101.
43. JACOB (M.). Chronique des Temps héroïques. Paris, Broder, 1956, in-8°, en ff., couverture illustrée, chemise, étui décoré. Edition originale, posthume. A la manière d’un Journal, Max Jacob (1876-1944) livre ici ses souvenirs sur la période 1910-1930. Ecrites en 1935-1936, ces pages évoquent les futuristes, les surréalistes, le Lapin Agile, Apollinaire, Picasso et le marchand d’art primitif Paul Guillaume. Bien qu’il se soit toujours refusé à écrire des Mémoires, il ne dérogea à cette règle que pour ce témoignage. « Je ne suis pas historien. Je ne suis commère que pour me distraire, je cherche avec vous les grandes lignes d’une époque. Je ne parle que de ce que j’ai vu, senti, vécu, parce que je suis poète et les poètes ne parlent que de ce qu’ils sentent. » 3 pointes-sèches, un portrait lithographié sur papier report placé en frontispice, 2 lithographies en couleurs pour la couverture et l’étui et 24 gravures sur bois de Georges Aubert. L’un des 30 premiers exemplaires avec une suite sur japon ancien, formée du portrait lithographié, des 3 pointes-sèches et de la lithographie couvrant l’étui. Edition limitée à 170 exemplaires, tous sur vergé de Montval et signés au crayon par Picasso. Cramer, Picasso, Les Livres illustrés, n° 76.
44. DEBORD (G.) - JORN (A.). Fin de Copenhague. Conseiller technique pour le détournement G.-E. Debord. Copenhague, Permild & Rosengreen, 1957, in-8°, broché, couverture de carton bleu-gris ayant servi de flan pour le clichage d’un journal danois. 16 compositions en couleurs sur double page et collages de textes imprimés en offset. Tirage annoncé à 200 exemplaires, normalement signés par Asger Jorn au bas de la dernière page et pouvant être justifiés à la mine de plomb au-dessus du colophon. Exemplaire signé par G. Debord et A. Jorn, et justifié. Parfaite condition. G. Berreby, Documents relatifs à la fondation de l’Internationale situationniste, 1948-1957, pp. 553-592 ; A. Coron, 50 livres illustrés depuis 1947, n° 19 ; Y. Peyré, Peinture et Poésie, Le dialogue par le livre, pp.159-161 et p. 243, n° 70.
45. CREVEL (R.). Feuilles éparses. Paris, L. Broder, 1965, in-8°, en ff., couverture, chemise, emboîtage. Edition originale collective publiée par Broder. L’éditeur célèbre le souvenir de Crevel. Ces textes ont été écrits entre 1923 et 1924. 14 gravures et lithographies originales, dont certaines en couleurs, de Arp, Bellmer, Bryen, Dominguez, Ernst, Giacometti, Hayter, Hugo, Lam, Man Ray, Masson et Miro, illustrent ce recueil. La lithographie unique de Wols et l’eau-forte de Dominguez sont leurs dernières œuvres gravées. Tirage unique limité à 150 exemplaires sur vélin de Rives, tous signés par les artistes à l’exception de Dominguez et Wols. Chapon, Le Peintre et le Livre, pp. 251-252.
46. MIRó (J.). Sous le Soleil. Paris, Maeght, 1965, in-4°, en ff., couverture illustrée, chemise illustrée, étui. Suite de 10 eaux-fortes et aquatintes en couleurs, dont une pour la couverture, et de 2 eaux-fortes pour la chemise et la page de titre. L’un des 50 exemplaires, numérotés de 26 à 75. Edition limitée à 75 exemplaires, tous sur Auvergne Richard-de-Bas, et signés par l’artiste. Miro, Les Livres illustrés, n° 98 ; Maeght, De l’Ecriture à la peinture, p. 115.
47. [SPIES (W.)-DIVERS]. Pour Daniel-Henri Kahnweiler. Stuttgart, Verlag Gerd Hatje, 1965, cartonnage en toile bleue d’édition, sous jaquette illustrée. Recueil établi à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de Kahnweiler, l’une des figures marquantes du monde de l’art. Les textes, en partie allemand, sont d’Adorno, Benesh, André Chastel, André Frénaud, Jardot, Malraux, Roland Penrose, Francis Ponge, Jacques Prévert... 9 lithographies d’artistes de la galerie Kahnweiler : Picasso (2), E. Lascaux, André Beaudin, André Masson, Suzanne Roger, Eugène de Kermadec, Yves Rouvre et Sébastien Hadingue ; une photographie de Brassaï, portrait de Kahnweiler, et 13 reproductions de portraits d’amis peintres. L’un des 100 exemplaires destinés aux collaborateurs, aux amis de D.-H. Kahnweiler et à l’éditeur, avec une suite sur vélin de Rives des 9 lithographies, chacune signée au crayon. Il porte un bel envoi autographe de Kahnweiler à André Chastel qui contribua à l’ouvrage, avec le texte Braque et Picasso : 1912, La Solitude et l’Echange. La pergamine imprimée protégeant la jaquette illustrée présente des défauts. Provenance : André Chastel (1912-1990). P. Cramer, Pablo Picasso, Les Livres illustrés, n° 133.
48. CHAR (R.). Les Transparents. Alès, PAB, 1967, in-4°, en ff., chemise, étui. Premier livre illustré de cartalégraphies de Picasso. Version définitive des vers de René Char dédiés aux « Transparents ou vagabonds luni-solaires » avec lequels il s’était lié d’amitié, enfant, à l’Isle-sur-la-Sorgue. Il firent l’objet d’une pré-publication au Mercure de France en 1949, avant d’être édités à deux reprises, en 1950 et 1964, dans le recueil des Matinaux. L’illustration est réalisée par Picasso selon une nouvelle technique : la « cartalégraphie ». « Le principe en est simple. Un carton plan ou ondulé, souple ou rigide, est déchiré, découpé, incisé ou gratté par l’artiste, puis fixé par l’imprimeur sur un support à la hauteur typographique, finalement encré et tiré. » La véritable mise en point en revient à P.A.B et Braque en 1959, à l’occasion du livre Dans vos jardins. Le goût de Picasso pour les découpages, manifeste en 1943 et en 1962 avec la parution de Diurnes en collaboration avec Jacques Prévert, devait naturellement l’amener à s’intéresser à cette technique. 4 cartalégraphies à pleine page de Picasso. Tirage limité à 60 exemplaires, tous sur vélin de Rives, signés par l’éditeur et l’artiste. Cramer, Pablo Picasso. Les Livres illustrés, n° 138 ; A. Coron, Le fruit donné. Ephémérides de Pierre André Benoit, p. 9 et p. 49.
49. [ILIAZD]. Pirosmanachvili 1914. Paris, Le Degre Quarante et Un, 13 décembre 1971, grand in-4°, plats de parchemin peints à l’acrylique, dos de truie noire traversé de lanières de peau teintée, doublure de peau de truie, gardes de daim sable, double couverture rempliée, la première muette de parchemin crème, la seconde de fort papier écru teinté ocre, boîte à rabats de même peau (Sün Evrard, 1990). Dernier « dialogue » entre le poète éditeur russe et Picasso. Edition originale de cette traduction due à André Robel et André du Bouchet. Il s’agit de la version française d’un article-manifeste d’Iliazd sur son ami peintre Niko Pirosmanachsivili (1862-1918) publié en 1914 dans un journal de Tiflis. Une pointe-sèche de Picasso, signée au crayon par l’artiste. « Le 21 février 1972, [Iliazd] va voir Picasso à Mougins et celui-ci sans doute ému par la mort évitée de son ami, lui grave à la pointe sèche et avec une attaque remarquable, le portrait idéal du peintre géorgien. » Edition limitée à 78 exemplaires sur japon ancien, tous signés au crayon par le poète-éditeur. Sün Evrard réalise ici une reliure en mélangeant deux techniques, l’une importée de Chine et du Japon, qui consiste à ne pas utiliser la colle, la seconde à coudre chaque cahier du livre contre un onglet en papier plié, ces mêmes onglets sont ensuite reliés avec la couture habituelle de nos reliures occidentales. Exposition : Bibliothèque historique de la Ville de Paris, Livres et Reliures de Sün Evrard, 1995, n° 13 avec reproduction. Cramer, Picasso, Les Livres illustrés, n° 154.
50. GONET (J. de). Modèle original du moule « F. F. », réalisé à deux mains par le praticien et son ami Pons, en souvenir de leur rencontre en 1983. Signé et daté 30/11/90. Après avoir remporté le concours « Objet 2000 » avec une reliure radicalement différente de ce qui se faisait, à la fois par sa méthode de réalisation et par le matériau moulé ou RIM, qui constitue les plats, Jean de Gonet créa quelques modèles pour satisfaire à des demandes de collectionneurs ou d’institutions : Moma, Chanel, Bibliotheca Wittockiana, Bibliothèque nationale, Fred Feinsilber... Provenance : « F.F. » (Cat. II, 2002, n° 368)
Drapeau Graphic 02 51 21 64 07