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Intervention du Docteur M. Guillaume MABILLEAU
from Bulletin 2022
by avancenet
Intervenant Fondation de l’Avenir
IMPACT DE LA CHIRURGIE BARIATRIQUE SUR LA QUALITÉ ET LA RÉSISTANCE OSSEUSE
L’obésité est une maladie mondiale dont le nombre de cas a triplé lors des trente dernières années. L’obésité est un vrai problème de santé publique et est responsable de la survenue de plusieurs complications telles que diabète de type 2, maladies hépatiques, cardiovasculaires et ostéoarticulaires. La prise en charge des patients obèses consiste en une éducation thérapeutique et une reprise de l’activité physique. En cas d’échec de l’éducation thérapeutique et en présence d’une obésité importante (indice de masse corporelle > 40 ou > 35 avec une pathologie liée à l’obésité), une chirurgie peut être proposée, la chirurgie bariatrique, avec espoir de faire perdre rapidement du poids par des techniques malabsorptives et/ou restrictives. Aujourd’hui en France, ce sont environ 60.000 actes de chirurgie bariatrique qui sont pratiqués annuellement dans des centres spécialisés multidisciplinaires. 80 % des patients opérés sont des femmes jeunes de moins de 50 ans en âge de procréer. La chirurgie bariatrique donne de bons résultats sur les complications métaboliques mais est délétère pour la résistance osseuse avec la survenue de fracture du poignet, de l’avant-bras et du col fémoral. La grossesse et l’allaitement sont deux périodes dans la vie d’une femme qui mobilisent le capital osseux. Chez une personne en bonne santé, cette mobilisation du calcium osseux est réversible, mais que se passe-t-il chez une femme ayant subi une chirurgie bariatrique ? A ce jour aucune donnée ne permet de savoir si la perte osseuse engendrée par une grossesse et une période d’allaitement est réversible et si le risque d’ostéoporose n’est pas accentué. De plus, la chirurgie bariatrique entraîne une restriction et une mauvaise absorption du calcium apporté par l’alimentation. Des études récentes évoquent un risque fracturaire accru lors d’une carence en calcium pendant la vie in utero. Une étude de notre laboratoire a d’ailleurs montré la présence de carences vitaminiques dans le sang de cordon de nouveaux nés issus de mères avec chirurgie bariatrique. Le risque fracturaire des enfants issus de mères ayant subi une chirurgie bariatrique est totalement ignoré. Le projet Macaroni, financé par la Fondation de l’Avenir, s’attache à répondre aux points soulevés ci-dessus en utilisant un modèle préclinique de chirurgie bariatrique chez le rongeur. Des rates sont ainsi rendues obèses par l’alimentation puis subissent une chirurgie bariatrique comparable à ce qui est réalisé chez l’homme. Ces animaux sont ensuite accouplés avec des rats mâles afin d’avoir une descendance et une période de lactation puis sacrifiés. Une évaluation osseuse est réalisée à différents moment de la vie de ces animaux afin de déceler la survenue d’une fragilité osseuse. La descendance est maintenue et suivie pendant 12 mois afin d’étudier si une fragilité osseuse se met en place. Les retombées attendues de ce projet sont multiples : améliorer la compréhension de la survenue d’une fragilité osseuse après chirurgie bariatrique, comprendre si la chirurgie bariatrique risque d’accentuer le risque d’ostéoporose et évaluer si les enfants nés de mères avec chirurgie bariatrique sont à risque de développer des fractures osseuses. Toutes ces données permettront d’améliorer le suivi clinique des patientes opérées et de leur descendance en proposant un ciblage des populations à risque de fracture.