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C I N Q U A N T E

L I V R E S

C H O I S I S

Librairie Lardanchet


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CINQUANTE LIVRES CHOISIS



1. B ELON (P.). L’Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions & naïfs portraicts retirez du naturel : escrite en sept livres. Paris, Corrozet, 1555, in-folio (330 x 214 mm), veau blond, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, tranches rouges (reliure du XVIIIe siècle). Edition originale du premier livre consacré exclusivement aux oiseaux. Partagée entre les libraires Cavellat et Corrozet, en raison du coût des gravures sur bois, cette impression s’inscrit dans la vague des publications originales traitant des animaux, des années 1550-1560, décennie où la zoologie prend son essor, quelque vingt ans après la botanique. Par opposition aux ouvrages antérieurs, ces livres accordent une place importante à l’image ; ils étaient destinés à être autant regardés que lus. Belon s’est attaché à classer ici les oiseaux d’après leur morphologie et leur mode de vie, dressant ainsi 158 portraits d’oiseaux, établis à partir d’observations effectuées lors de ses nombreux voyages. Il tente ainsi d’identifier et de décrire les diverses espèces connues. Cet essai de classification ainsi que l’iconographie, feront référence jusqu’à l’époque de Linné. Dans son Epistre au Lecteur, l’auteur dit avoir confié l’illustration au peintre Pierre Gourdet et à d’autres artistes, restés anonymes. Ces 158 bois gravés forment la première suite d’images scientifiques d’oiseaux. Le reste du cycle iconographique consiste en un portrait de l’auteur et une gravure, célèbre, représentant en vis-à-vis un squelette d’homme et celui d’un oiseau, qui fut hâtivement analysée comme le début de l’anatomie comparée. Bel exemplaire, néanmoins quelques très légères épidermures à la reliure. Provenance : Château de la Roche-Guyon.


2. [ ...]. INSTRUCTIONS données par la République de Venise à Sebastiano Malipiero nommé en la charge de Podestat de Sacile. Venise, [ca. 1581], in-4° (230 x 160 mm.), maroquin rouge, plats ornés de caissons en creux compartimentés, couverts de rinceaux peints en rouge et vert sur fond or, au centre sur le premier plat est doré en relief l’emblème de Venise : Lion de Saint-Marc, avec de part et d’autre un caisson en creux orné d’un fer floral polychrome, sur le deuxième les armes du destinataire avec ses initiales (S.M.), dos à nerfs orné de filets dorés obliques, tranches antiquées polychromes (reliure de l’époque).

Texte : Manuscrit en italien de 144 ff. sur parchemin, réglés, d’une élégante écriture en lettres cursives, à 23 lignes par page, à l’encre brune. Nombreuse initiales calligraphiées dans le texte. Ces instructions étaient délivrées par le doge au fonctionnaire nommé en une charge dans un État. Elles contiennent généralement la lettre de nomination et les lois et décrets régissant cette charge. Une fois le document reçu, le destinataire le faisait relier selon son goût. Ici elles concernent Sébastian Malipiero (f.1 : “ A te nobil homo Sebastian Malipiero... ”), en qualité de podestat de Sacile, petite ville du Frioul, membre d’une célèbre famille vénitienne qui compta dans ses rangs deux doges. Reliure : Bien que d’esprit persan, ces reliures à caissons compartimentés ont été réalisées à Venise, et ce depuis 1560 et jusqu’au début du dix-septième siècle. Il semblerait que seuls quelques ateliers vénitiens aient été spécialisés dans ce type de réalisation. Elles présentent toutes quelques différences. La nôtre est semblable à une reliure datée de 1570, décrite par Paul Needham (Twelve centuries of Bookbinding, 400-1600, 1979, n° 75), appartenant à la Pierpont Morgan Library. Merveilleux exemple de reliure dogale à caissons compartimentés dont le décor simple lui confère une grande élégance. Malgré quelques habiles restaurations, elle est très fraîche. Provenances : Sebastian Malipiero ; Amadeo Svajer ; Feltrinelli.



3. M INUT (G. de). Morbi Gallos infestantis salubris curatio et sancta medicina : hoc est, Malorum, quae intestinum crueleque gallorum bellum inflammant, remedium. Lyon, Barthélémy Honorat, 1587, in-8° de 132 pp., maroquin citron, filet torsadé autour des plats, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure ancienne). Edition originale, posthume, de cet excellent traité sur la manière de rétablir la paix publique, à la suite des troubles advenus durant la ligue sous le règne d’Henri IV. Comme beaucoup d’hommes d’État, l’auteur, lui-même maître des requêtes de Catherine de Médicis, puis gentilhomme ordinaire de la chambre, écrit l’histoire de son temps, prenant fait et cause pour son roi. Dédié au pape Sixte V par Charlotte de Minut, éditrice et sœur de l’auteur, l’ouvrage est très rare. Brunet n’en connaissait qu’un seul exemplaire, celui de La Vallière, relié alors en veau. Il manque à l’inventaire de la plupart des grandes bibliothèques de France. Proche de Du Bartas et de Scaliger, Gabriel de Minut (1520-1587) reçut une formation complète ; il était à la fois polygraphe et docteur en droit. Déplorant les troubles qui pesaient en France, il se retira de sa terre à Castera, où il composa son traité, ainsi que son De la Beauté, ouvrage curieux où il décrit Paule de Viguier dite « la belle Paule », célèbre pour sa beauté. Superbe exemplaire, relié en maroquin citron, à la fin du dix-huitième. Les six dernières lignes de la page 39 souffrent d’une mauvaise impression. Baudrier, IV, p. 158 (cite ceux de la Mejane et de la Mazarine) ; Brunet, III, 1788.


4. Z ONCA (V.). Novo teatro di machine et edificii... Padoua, Fr. Bertelli, 1607, in-4° (236 x 190 mm.), vélin ivoire, dos lisse orné, tranches marbrées (reliure du XVIIe siècle). Edition originale de ce théâtre de machines, publié quelques années après les ouvrages de Besson et Ramelli. Il fut réédité. S’inspirant des dessins du manuscrit, Trattato di architectura, de l’ingénieur siennois, François-Georges Martini (1439-1501), conservé à la bibliothèque Laurenziana, Zonca nous offre ici un panorama d’instruments et de machines, formé de 42 planches gravées, ici en premier tirage, figurant des presses à huile et à caractères mobiles, des machines à tisser, des écluses, des pompes hydrauliques, des élévateurs... Ces illustrations servirent de modèles à de nombreux ingénieurs. Le livre s’ouvre sur un très beau titre-frontispice. Bel exemplaire. Provenance : mention manuscrite d’appartenance, obturée, dans la marge inférieure du titre ; cachet à froid “ S. Canale ” sur un feuillet de garde ; au verso du titre timbre de la bibliothèque d’Harvard. Riccardi, I, 669 ; Norman, 2281 ; Singer, Technology, III, pp. 41, 172 et 451 ; Wolf, XVI th. & XVII th. centuries, p. 540 ; Reti, Technology and Culture, pp. 287-298 ; Dibner, Heralds of Science, 173 ; J.-P. Séris, Machine et Communication, p. 28.


5. G OMMER (P. et F. de). De l’autourserie et de ce qui appartient au vol des oiseaux. Paris, J. Houze, 1608, in-12, maroquin rouge, dos à nerfs, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet). Troisième édition, aussi rare que la première, d’un des manuels didactiques les plus importants sur la fauconnerie. La période s’étendant de 1560 à 1650 voit fleurir une littérature importante consacrée à la chasse, dix-sept textes sont publiés puis réédités, parmi lesquels neuf traitent de la fauconnerie, citons pêle-mêle ceux d’Arcussia, Gommer, Saint-Aulaire, Harmont. La fauconnerie ou chasse au vol se divise entre hausse et basse volerie, le bas vol, ou « vol de poing » usant uniquement d’autours et d’éperviers. Sont ainsi chassés les perdreaux, les cailles grasses et les merles. Publié pour la première fois en 1594, ce traité présenté par ses auteurs, les frères Gommer, sur le ton du délassement, ne s’intéresse qu’au « vol de poing », à travers le type d’oiseaux qu’il requiert, au dressage (« reclamer ») et aux soins qu’on leur porte, à la chasse elle-même, et à l’apparat (« porter l’oiseau »). Une planche, le Tiercelet d’Autour. Exemplaire cité par Thiébaud. Provenances : Fresne (Cat., 1893 ; n° 135) ; Gallice : Jeanson (Cat. I, 1987, n° 268). Thiébaud, p. 467, ne cite que trois exemplaires : Souhart, 223.


6. BOCCACE (J.). Le Décameron. Paris, Jaques Langlois, 1629, in-12, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, armes au centre, dos à nerfs richement orné, étiquette de bibliothèque en queue, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de la fin du XVIIe siècle). Traduction d’Antoine Le Maçon. Le Décaméron circula dans sa version française dès 1414 dans la traduction qu’en avait donnée Laurent de Premierfait, texte qui sous François Ier apparut comme vieilli. Vers 1540, sa sœur, Marguerite de Navarre, chargea alors son secrétaire, Antoine Le Maçon, de remettre l’ouvrage au goût du jour. Il s’acquitta de cette charge avec succès ; sa traduction, excellente, a joui d’une immense écoute et ce jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Exemplaire aux armes de Madame de Verrue (1670-1736) qui voua une grande partie de son temps à la collection, livres, tableaux, médailles, cartes et plans, pierre gravées, étoffes les plus riches… Elle ouvrit aux gens de lettres à son retour d’Italie un salon dans son hôtel de la rue du Cherche-Midi. Olivier, pl. 799.


7. BOSSUET (J.-B.). Recueil d’oraisons funèbres… A Paris, Veuve de Sébastien Mabre-Cramoisy, 1689, in-12, maroquin havane, filets dorés autour des plats avec fleurons aux angles, au centre large motif doré, dos à nerfs orné, doublure de maroquin rouge sertie d’une large dentelle dorée, tranches dorées sur marbrure, étui (Chambolle-Duru). Edition originale collective des 6 grandes oraisons funèbres de Bossuet : Henriette de France, reine d’Angleterre ; Henriette Anne d’Angleterre, duchesse d’Orléans ; Marie-Thérèse d’Autriche, reine de France ; Anne de Gonzague, princesse Palatine ; Michel Le Tellier, chancelier de France ; Louis de Bourbon, prince de Condé, dit le grand Condé. Exemplaire de qualité dans une reliure doublée du dix-neuvième siècle de Chambolle-Duru.


8. GROLIER DE SERVIÈRE (G.). Recueil d’ouvrages curieux de mathématique et de mécanique ou Description du cabinet de Monsieur Grollier de Servière… Lyon, David Forey, 1719, in-4°, veau brun, dos à nerfs orné, tranches rouges (reliure de l’époque). Edition originale. “ On trouve en France un curieux personnage… dont les miroirs faisaient l’admiration de l’Europe savante : c’est le lyonnais Grollier de Servière (1596-1689) dont le cabinet subsistera au XVIIIe siècle et sera décrit par son petit-fils (1719)… la publication de 1719 pourrait bien reproduire les dessins du collectionneur lui-même… Grollier de Servière concevait des horloges surprenantes… des ouvrages d’optique, lunettes et microscopes… Mais aussi toutes sortes de machines divertissantes… l’ensemble du cabinet, selon la description de 1719, était agencé pour frapper l’imagination ; un mécanisme au centre permettait de faire s’ouvrir toutes à la fois les armoires contenant les objets les plus curieux. A l’une des extrémités, une porte “d’où l’on voit sortir une figure de mort, de la hauteur humaine qui se promène et qui se retire suivant qu’on le lui ordonne ”. Conçu sur un modèle classique, ce cabinet contenait aussi des objets de tour qui continuaient à fasciner les curieux au XVIIIe siècle. 85 planches gravées par Etienne-Joseph Daudet (1672-1730). Les planches, 39, 48 et 76 n’ont jamais été tirées. Bel exemplaire dont les gravures sont bien venues. Berlin Katalog, I, 1784 ; Baillie, clocks and Watches, p. 153 ; A. Schnapper, I, pp. 112-113.


9. MARIETTE (P.J.). Recueil des pierres gravées du Cabinet du Roy. Paris, J.-P. Mariette, 1750, 2 vol. in-folio, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné à la grotesque, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l’époque). Edition originale et premier tirage. Ouvrage de référence, encore aujourd’hui, sur l’art de la glyptique, technique qui consiste à tailler des pierres dures en relief, camées, ou en creux, intailles. Très en vogue sous l’Antiquité, puis au XVe et XVIe siècle, la glyptique influença tous les arts auxquels elle a servi de modèle : sculpteurs, peintres, médailleurs, enlumineurs de manuscrits copièrent les thèmes gravés. Elle compta encore de nombreux amateurs au XVIIe puis fut progressivement oubliée, surtout en France. Il fallut attendre les années 1750 pour que la marquise de Pompadour lui redonnât un essor en devenant la protectrice de Jacques Gay. Amateur éclairé et passionné, Pierre-Jean Mariette (1694-1774) se fit à la fois critique d’art, graveur et collectionneur. Publié quelques années après le Catalogue des pierres gravées du Cabinet de M. Crozat (1741), cet ouvrage ne devait être initialement qu’une simple suite d’estampes décrivant les pierres du Cabinet du Roi, collection formée par Louis XIV, autour du legs qu’il reçut de Gaston d’Orléans et l’acquisition qu’il fit du cabinet Lauthier, d’Aix-en-Provence.


A la demande de son entourage, l’auteur modifia cette simple suite de gravures, en une histoire des pierres gravées, depuis l’Antiquité au règne de Louis XV. Tous les aspects sont traités ; une partie importante est consacrée à la technique, aux types de pierres employées, à la manière de les graver, aux contrefaçons, à leur conservation dans les cabinets… L’ouvrage est complété par une bibliothèque dactyliographique ou bibliographie. 2 titres gravés, un feuillet de dédicace d’après Bouchardon, interprété par P. Soubeyran, une vignette par les mêmes, un portrait de Valerio Vicentini, une vignette (“ Divers manières de tailler les pierres précieuses ”), une planche (“ Représentation de la situation dans laquelle est le graveur en pierres fines… ”), 2 bandeaux, et 195 planches représentant 257 sujets ou têtes dessinées par Bouchardon et interprétés par le comte de Caylus. Bel exemplaire, sur papier de Hollande, dont les dos ont été finement ornés à la grotesque. Il porte un intéressant ex-dono : This book I received from the baron d’Holbach Paris-October- 1763 Provenance : Kirknwall. Vinet, Bibliographie méthodique et raisonnée des Beaux-Arts, 1620 ; Katalog Berlin, 4262 ; Cicognara, Catalogo regionato dei libri d’Arte…, 2919 ; Cohen, 683.


10. F ICORINI (Fr.). De larvis scenicis et figuris comicis antiquorum romanorum. Rome, A. de Rubeis, 1750, in-4°, veau marbré, dos à nerfs orné, tranches rouges (reliure de l’époque). Première édition latine. Ficorini (1664-1747) était l’“ antiquaire ” officiel de Rome, celui qui faisait visiter la ville aux hôtes de marque. Il fut le maître de Piranèse. Auteur prolixe, il laissa de nombreux écrits, tant sur sa collection de pierres précieuses que sur les bulles ou amulettes portées par les enfants romains autour du cou, ou encore sur les fouilles qu’il avait entreprises. Cette traduction que l’on doit selon Paul Lacroix, au père Archange Contucci, décrit les anciens masques théâtraux reproduits d’après des statues, pierres précieuses, camées… faisant partie du cabinet de l’auteur. L’édition italienne fut publiée pour la première fois en 1736. Elles sont toutes les deux rares. 85 gravures de masques de théâtre, non signées, excepté neuf d’entre elles. Elles portent les noms de Silv. Pomarede (4), B. de Petris (1) et Francesco Mazzoni (2). Bel exemplaire. Petit manque à la coiffe supérieure et coins légèrement usés. Vinet, 1825 ; Cicognara, 1653 (Ed. de 1754) ; P. Lacroix, Bibliothèque dramatique de Monsieur Soleinne, 73 (Ed. de 1754) ; Olschki, Choix de livres anciens, Roma, 1936, 16938 (Ed. ital. de 1726) ; Lipperheide, Kostüm bibliothek, I, 228.


11. LA FONTAINE (J. de). Contes et nouvelles en vers. Amsterdam, [Paris, Barbou], 1762, 2 vol. in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos lisses ornés, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l’époque). L’une des plus célèbres illustrations du XVIIIème siècle. Cette édition, dite des Fermiers Généraux car publiée à leurs dépens, vantée par les Goncourt, fut avant tout l’œuvre d’un artiste, Eisen. “ Originaire de Valenciennes, ce graveur, bénéficiant de la faveur du marquis de Paulmy et de celle de la marquise de Pompadour, était aussi très engagé dans les milieux financiers. Brutal, faisant volontiers scandale, il avait la réputation d’être fort voluptueux et mourut à Bruxelles dans le dénuement ”. (Louis XV, Hôtel de la Monnaie, 1974, n° 348). L’illustration, quelque peu légère, comporte deux portraits représentant La Fontaine et Eisen, interprétés par Ficquet d’après Rigaud et Vispré, et 80 figures gravées par Aliamet, Baquoy, Choffard, de Longueil… 4 vignettes et 53 culs-de-lampe par Choffard complètent l’iconographie. Exemplaire à belles marges, présentant les particularités suivantes : 1  -  La figure pour le conte Le Cocu Battu et Content (I, p. 23) est gravée par de Longueil, marque de premier tirage. 2  -  Les figures pour Le Cas de Conscience (II, p. 143) et Le Diable de Papefiguière (II, p. 149) sont en épreuve découverte. Elégantes et sobres reliures de l’époque en maroquin rouge. Quelques feuillets uniformément jaunis. Provenance : Cohen I, pp. 558-570 ; Gordon N. Ray, The Art of the french Illustrated Book 1700 to 1914, The Pierpont Morgan Library, n° 26.


12. [DUCLOS (Charles Pinot)]. Les Caractères de la Folie, ballet… Paris, de Lormel, 1762, in-4°, maroquin rouge, roulette dorée autour des plats, fleurs de lys aux angles, armes au centre, dos à nerfs orné de même, doublure et gardes de tabis rose, tranches dorées (reliure de l’époque). Seul et unique livret écrit par l’auteur des Considérations sur les mœurs de ce siècle, accompagné de la musique de Bernard de Bury, qui fut successivement claveciniste, puis maître de la Chambre du Roi. Dans les années 1760, il reçut le titre de Surintendant de la Musique du Roi et collabora à une refonte de Persée, pour le mariage du Dauphin et de Marie-Antoinette. Exemplaire aux armes de Marie-Adélaïde (1732-1800), l’une des filles de Louis XV. Marcelle Benoit, Dictionnaire de la Musique en France, pp. 94, 95 et 249, Olivier, 2514.


13. RAY (J.). Histoire naturelle éclaircie dans une de ses parties principales, l’ornithologie, qui traite des oiseaux de terre, de mer et de rivière, tant de nos climats que des pays étrangers. Paris, Debure, 1767, in-4°, maroquin vert, chaînettes perlées et florale autour des plats serties de filets dorés, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure de l’époque). Edition originale de la traduction française de l’ouvrage de John Ray, Synopsis methodica avium et piscium, par Salerne. John Ray (1628-1705), naturaliste anglais, se destinait à une carrière religieuse, qu’il abandonna en 1662 pour se consacrer aux sciences naturelles. Proche de Willoughby, il publia par fidélité à la mémoire de son ami, décédé en 1672, divers ouvrages d’après les collections zoologiques laissées par le défunt, tout en continuant ses propres travaux. Dans ses ouvrages, Ray a introduit en histoire naturelle d’importantes innovations. Il a défini la notion d’espèces, précisé l’idée de groupes dans la classification et se basa sur l’anatomie pour établir une nomenclature zoologique. Cette classification annonçait celle que Linné développa plus tard. L’auteur de cette traduction s’est attaché à compléter le travail de Ray par de nombreuses observations approuvées par Réaumur avec lequel il entretenait une correspondance étroite et par de nouvelles descriptions d’oiseaux. Salerne confia l’illustration de son ouvrage, ici en premier tirage, à Martinet qui dessina et interpréta un frontispice représentant une chasse au vol et 30 planches figurant une centaine d’oiseaux. Seul le frontispice a été gravé par Longueil. L’un des rares exemplaires sur grand papier, dont les planches ont été magnifiquement coloriées à l’époque, dans une élégante reliure du temps. Nerfs et plats très légèrement épidermés.


14. MOLIÈRE (J.-B.). Œuvres de Molière avec des remarques grammaticales, des avertissements et des observations sur chaque pièce, par M. Bret. Paris, La Compagnie des Libraires Associés, 1773, 6 vol. in-8°, veau blond, filets dorés autour des plats, dos à nerfs ornés, tranches dorées (reliure de l’époque). Texte établi après une révision soigneuse des éditions originales des comédies de l’auteur, contenant la célèbre Vie de Molière par Voltaire. Ce dernier avait été chargé en 1734 d’écrire cette biographie par M. de Chauvin pour l’édition in-4° illustrée par Boucher. Refusée par le censeur de la librairie occupé à la publier, il fallut attendre 1739 pour qu’elle soit éditée. Elle est ici augmentée. L’illustration comporte un portrait de l’auteur d’après Mignard et les 33 célèbres figures de Moreau gravées par les meilleurs artistes de cette époque. Elles sont ici en premier tirage. Chaque page de titre est ornée d’un beau fleuron. Superbe exemplaire dans une fraîche reliure de l’époque. Il contient bien en double les pages 66-67 et 80-81, caractéristiques des exemplaires recherchés. Cohen, II, 716-718 ; Portalis, Les Dessinateurs d’illustrations au dix-huitième siècle, p. 428 (“ il entreprend ceux des Comédies de Molière, où il a compris d’une façon si intelligente dans ces personnages… la pensée de notre grand comique) ; Gordon N. Ray, The Art of the French illustrated book, 1700-1914, Pierpont Morgan Library, n° 50.


15. MOREAU (J.-M.) & LE BARBIER (J.-J.-Fr.). Suite des gravures illustrant les Œuvres de J.-J. Rousseau. [Londres (Bruxelles), 1774-1783], in-4° (274 x 220 mm.), maroquin rouge janséniste, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure (M. Lortic). Jean-Jacques Rousseau trouva en Jean-Michel Moreau, dit le Jeune, son meilleur interprète pour l’illustration de ses Œuvres. Cette suite, plus particulièrement les gravures de la Nouvelle Héloïse, constitue l’un des sommets de son répertoire avec le premier volume des Chansons de La Borde et les compositions du Monument du Costume. Portrait de Rousseau gravé par A. de Saint-Aubin d’après La Tour et 37 belles figures de Moreau le Jeune et Le Barbier, gravées par Choffard, Dambrun, Delaunay, Duclos, Duflos, Halbou, Ingouf, Lemire, Leveau, Martini, Romanet, Saint-Aubin, Simonet et Trière. Suite d’un beau tirage. Petite restauration en marge de la planche 36, et légère épidermure en queue du dos. Portalis (R.), Les Dessinateurs d’illustrations au dix-huitième siècle, 1877, pp. 424-470 ; Cohen, 908-909 ; Gordon N. Ray, The Art of the French illustrated book, 1700 to 1914, Pierpont Morgan Library, n° 51.


16. LE ROY (J.-D.). La Marine des anciens peuples, expliquée et considérée par rapport aux lumières qu’on en peut tirer pour perfectionner la marine moderne ; avec des figures représentant les vaisseaux de guerre de ces peuples. Paris, Nyon et Stoupe, 1777, in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, armes au centre, dos lisse orné, tranches dorées (reliure de l’époque). Edition originale. Les nombreuses traversées effectuées par l’auteur pour se rendre au Levant, suscitèrent chez lui un vif intérêt pour la construction navale et les bateaux insubmersibles. Persuadé que ses travaux pouvaient être utiles à la modernisation de la marine, il se décida à les publier en 1777, année où fut édité le dictionnaire de Lescallier. Dans le Livre VII, il pose le problème de l’insubmersibilité des navires, et imagine un bateau dont les fonds seraient compartimentés et étanches. Quelques années plus tard, il réalisa son projet et fit construire le Naupotame, navire qu’il considérait comme presque insubmersible, et avec lequel il navigua. 6 planches dépliantes représentant l’évolution de la construction des navires, et les différentes techniques de rames. Superbe exemplaire aux armes de Jean-Frédéric Phélypeaux, Comte de Maurepas et de Pontchartrin (1701-1781). Il occupa la fonction de secrétaire d’État au département de la marine. Polak, n° 5848 ; M.-A. Dacier, Mémoires de l’Institut, I, p. 267-284 ; Olivier, pl. 2265.


17. NOURY (R.). Tarifs d’après le système métrique pour cuber les bois carrés et ronds… Paris, L’Auteur, 1808, in-4°, maroquin rouge à grains longs, filets, chaînettes, roulette et ruban dorés autour des plats, armes au centre, dos lisse orné, doublure et gardes de soie moirée bleue, tranches dorées (reliure de l’époque). Edition originale. La réforme du système des Poids et Mesures (loi du 18 germinal an III) se heurtant à des habitudes séculaires, un vaste effort de propagande dut être alors entrepris pour vulgariser ce nouveau système métrique (décimal), à travers le rétablissement des pesages et mesurages publics, ou par la diffusion de nouveaux tarifs ou tables, comme le propose ici Raphaël Noury. L’auteur s’adresse ici aux marchands de bois, aux agents de la marine tant employés dans les ports que dans les arrondissements forestiers, mais aussi aux architectes navals. En effet, ces tarifs sont précédés de tableaux uniquement consacrés à la construction navale. 5 planches gravées figurant diverses pièces entrant dans la construction des navires. Superbe exemplaire aux armes de Napoléon Ier (1769-1821). Polak, 7105 ; Olivier, pl. 2652.


18. LEMAIRE (N.-E.). Poème sur l’heureuse grossesse de S.M. Marie-Louise. Paris, 1811, in-4°, maroquin bleu à grains longs, filets et roulette dorés autour des plats, armes au centre, dos lisse orné, doublure et gardes de soie moirée rose, tranches dorées (Bradel l’aîné). Deuxième édition. Composée en vers latins, cette pièce de circonstance fut écrite pour célébrer la naissance du roi de Rome, le 20 mars 1811, seul et unique enfant né de l’union entre Napoléon et Marie-Louise. A la suite de cette pièce, figure la traduction en vers français par M. Legouvé, puis suit pour la première fois une imitation en vers italiens d’Antoine Buttura. Superbe exemplaire aux armes de Napoléon Ier (1769-1821). Monglond, VIII, 25-28 ; Olivier, p. 2652.


19. CUVIER (G., baron). Recherches sur les ossements fossiles de quadrupèdes, où l’on rétablit les caractères de plusieurs espèces d’animaux que les révolutions du globe paraissent avoir détruites… Paris, Deterville, 1812, 4 vol. in-4°, veau moucheté, chaînettes dorées autour des plats, dos lisses ornés alternativement d’un fleuron doré et d’un treillis à fond étoilé, tranches marbrées (reliure de l’époque). Edition originale de ce texte fondateur de la paléontologie des vertébrés. Georges Cuvier (1769-1832) s’est intéressé très tôt aux fossiles. Entre 1795, date de son arrivée à Paris, et 1812, il écrivit un certain nombre d’articles sur les restes fossiles qu’il publia notamment dans les Annales du Muséum. En 1812, il a réuni toutes ces études, pour les éditer en volume sous le titre que l’on connaît, Recherche sur les ossements fossiles de quadrupèdes… Il fit précéder ce texte par un Discours préliminaire dans lequel il livra ses idées sur les divers bouleversements que connut la Terre. Traduit dans plusieurs langues du fait de son grand succès, ce discours fit l’objet de rééditions séparées sous le titre Discours sur les révolutions de la surface du globe. 154 planches hors-texte et une grande carte dépliante. Bel exemplaire habillé d’une élégante reliure. Bien que non signée, elle est attribuable à Courteval, praticien ayant exercé de 1796 à 1836. Petite mouillure en marge du T. IV, affectant principalement les cahiers centraux. D.S.B., 3 & 4, pp. 520-528 ; Printing and the mind of man, 276 ; Horblit, 206 ; L. Goulven, En français dans le texte, n° 224 ; Ward & Carozzi, 566 ; Woelmont de Brumagne, Notices généalogiques, Première Série, 1923, p. 190.


20. CONSTANT (B.). Adolphe… Paris-Londres, Treuttel et Würtz-Colburn, 1816, in-12, demi-veau blond, dos lisse orné, tranches jaunes (reliure de l’époque). Première édition parisienne. Rédigé entre 1806 et 1810, ce roman d’analyse psychologique ne fut publié qu’en 1816 lors de l’exil de l’auteur à Londres. Il a pour trame la tumultueuse relation qui liait Benjamin Constant avec Madame de Staël, et met au jour ce mal dont souffrait l’auteur, son impuissance d’aimer. Exemplaire du premier état, dans une délicate reliure de l’époque. C.P. Courtney, A Bibliography of Editions of the writtings of Benjamin Constant to 1833, 18b ; Bibliothèque nationale, Benjamin Constant, n° 196.


21. SAUVAN (J.-B.). Picturesque tour of the Seine. London, Ackermann, 1821, in-4° carré (337 x 270 mm.), maroquin rouge à grains longs, filets dorés et roulette à froid autour des plats, encadrement intérieur et fer en angle selon la même technique, au centre, composition ovale de fers dorés, dos à faux-nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l’époque). Edition originale et premier tirage. Une carte du cours de la Seine, depuis Paris à son embouchure, et 24 vues gravées et coloriées d’après les dessins de A. Pugin et J. Gendall. Publié par souscription, l’ouvrage a été traduit en espagnol et en français. Superbe exemplaire en pleine reliure anglaise de l’époque. Condition rare. Les feuillets de texte sont marqués du filigrane [II. S&S, 1818]. Abbey (J.R.), Travel in Aquatint and Lithography, 1770-1860, 90 ; Tooley, English books with coloured plates, 1790 to 1860, 445 ; Frère (Ed.), Manuel du Bibliophile normand, 517.


22. TALLEMANT DES RÉAUX (G.). Les Historiettes. Paris, Levavasseur, 1834-1835, 6 vol. in-8°, veau blond glacé, dos à nerfs, tête dorée, non rogné (Bauzonnet). Edition originale publiée d’après le manuscrit inédit et autographe, alors conservé dans la bibliothèque du duc d’Aumale. Cette version du texte, ici expurgée, a été établie par Messieurs Monmerqué, Chateaugiron et Tascherau. Restés longtemps inconnus, ces Mémoires sont une galerie de portraits des gens influents de la société de la première moitié du XVIIe. Ainsi défilent Henri IV, M. de Sully, la vicomtesse d’Auchy, Madame de Choisy… Intéressant exemplaire, enrichi de 88 pages manuscrites reprenant les passages expurgés, dans une élégante reliure d’époque, signée, réalisée entre 1831 et 1840.


23. [CHINE]. Résumé des principaux traités chinois sur la culture des vers à soie… Paris, Imprimerie Royale, 1837, gr. in-8°, maroquin rouge à grains longs, plats ornés d’un riche décor de filets et roulettes dorés en encadrement avec fer rocaille en angle, au centre grand motif doré en forme de losange, dos lisse orné, roulette dorée intérieure, doublure et gardes de tabis bleu céleste, tranches dorées (reliure de l’époque). Edition originale de cette traduction extraite des livres LXXII-LXXVI d’un traité intitulé King-ting-cheou-chi thong-kao ou Examen général de l’Agriculture. Composée de soixante dix-huit livres répartis en 24 vol. in-folio, cette encyclopédie fut rédigée à partir de 1739. Préfacé par Camille Beauvais, connu pour ses travaux sur les mûriers et le ver à soie, l’ouvrage s’articule autour de trois grandes parties, le mûrier, le ver à soie, et un supplément contenant notamment le Mémoire du Père d’Incarville. L’auteur de cette traduction, Stanislas Julien (1799-1873), étudia le chinois à partir de 1821 à l’Ecole des langues orientales en suivant les cours de Rémusat. Les nombreuses traductions établirent sa réputation de sinologue, et témoignèrent de la politique mise en œuvre par la France pour la diffusion de la culture orientaliste, dont l’épanouissement se situe dans le premier quart du XIXe siècle avec la publication de nombreux textes. 2 planches dépliantes, spécimen du texte chinois et sa traduction, et 10 planches illustrant les méthodes d’élevage du ver à soie. Superbe exemplaire, sur grand papier, dans une élégante reliure romantique. Cordier, 1512.


24. MARCHEBEUS. Voyage de Paris à Constantinople par bateau à vapeur. Paris, Arthus Bertrand-Amiot-L’Auteur, 1839, gr. in-8° (275 x 170 mm.), demi-veau glacé violet, dos lisse orné de très beaux fers romantiques, chiffre [AD] en queue, non rogné (reliure de l’époque). Edition originale de ce carnet de bord relatant le premier voyage par paquebot à vapeur, le François Ier, sur la Méditerranée. Partant de Naples en avril 1833, le navire rallia Messine, Syracuse, Corfou, Delphes…, le Pirée, Smyrne… les Dardanelles, Constantinople, … puis Tinos… Cythère… et fit de nouveau relâche à Naples, et ce, quatre mois plus tard. L’idée de mouvoir les bateaux par la vapeur fut envisagée dès la fin du XVIIIe siècle, ce processus s’accélérant dans la première moitié du XIXe. D’abord fluviale, ce type de navigation se révéla particulièrement adapté à la Méditerranée, les distances étant courtes et les côtes proches, elle fut un bassin d’essai, favorisant ainsi son essor. Le François Ier, baptisé en 1832, appartenait à un armement napolitain créé en 1817 sous l’égide d’Andriel. Ce dernier, dont les projets sur la Basse-Seine venaient d’avorter, se rendit à Naples ; le Roi Ferdinand I des Deux-Siciles lui accorda alors un privilège d’une durée de 15 ans pour exploiter des navires propulsés par la vapeur. Avec l’appui financier des notables, une société fut fondée, et 4 paquebots virent le jour : Ferdinando I (1818) qui fut le premier vapeur de la Méditerrranée, le Real Ferdinando (1824), la Belle Partenope (1830) et le François Ier. Cette relation dédiée à Othon Ier, avait dès 1835, fait l’objet d’un ouvrage par Giraudeau. Sur Marchebeus, nous savons peu de choses ; il se présente à la fois comme architecte, militaire et voyageur. Une carte et 24 vues de ville d’après les dessins de l’auteur. Exemplaire de très grande qualité, à toutes marges, dans une élégante reliure romantique. Provenance : chiffre [AD] non identifié, frappé à l’époque ; Feltrinelli. Blackmer, 1075 ; Chahine, Guide du livre orientaliste, 3003 ; S. Atabey, The Ottomon World, 765 ; Polak, 6371 ; S. Orlowski, La Révolution de la vapeur dans les marines du XIXe siècle, pp. 42-43 ;  D. Brisou, Les Débuts de la navigation à vapeur en France au XIXe siècle, pp. 164 et 169.


25. CHEVREUL (M.E.). Exposé d’un moyen de définir et de nommer les couleurs, d’après une méthode précise et expérimentale, avec l’application de ce moyen à la définition et à la dénomination des couleurs d’un grand nombre de corps naturel et de produits artificiels. Paris, Firmin-Didot, 1861, un vol. de texte in-4° et un atlas in-folio, broché, couverture. Edition originale. Forme le volume 33 des Mémoires de l’Académie des Sciences. C’est Newton qui institua une démarche rationnelle pour étudier les lois de la couleur. Les principes du colorisme furent ensuite développés par le chimiste Chevreul (1786-1889), directeur de la manufacture des Gobelins, à travers deux ouvrages. Dans De la loi du contraste des couleurs, l’auteur étudie toutes les conséquences de cette loi et ses applications, entre autres dans les Arts Décoratifs ; dans Exposé d’un moyen de définir et de nommer les couleurs…, Chevreul répertorie à peu près quinze mille nuances de couleurs, en partant du rouge, jaune et bleu, et en y ajoutant progressivement du noir. Cette nomenclature des couleurs est encore utilisée de nos jours. 14 planches en couleurs et une figure décrivant le cercle chromatique. Exemplaire frais. Couverture fragile avec petits manques. Ron, Bibliotheca Tinctoria, 204 ; Kemp, Science of Art, pp. 306-307 ; DSB, III, 240-45 ; Elian Strosberg, Art et Science, p. 134.


26. DAUDET (A.). Lettres de mon moulin. Paris, Hetzel, s.d. [1869], in-12, demi-veau bleu, dos à nerfs, tranches mouchetées (reliure de l’époque). Véritable édition originale de ce recueil de lettres, traitées comme des chroniques. Elles firent l’objet de prépublication dans la presse entre août 1866 et octobre 1869. Il n’y a pas eu de tirage sur grand papier. Le recueil contient certains des textes les plus célèbres de l’auteur : La Chèvre de monsieur Seguin, L’Arlésienne, Le Curé de Cucugnan… Bel exemplaire. Une petite tache discrète en queue du dos. Provenance : Dirkx (Cat., 1981, n° 180).


27. ZOLA (E.) & MAUPASSANT (G. de) & HUYSMANS (J.-K.) & HENNIQUE (L.) & ALEXIS (P.). Soirées de Médan (Les). Paris, Charpentier, 1880, in-12, maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, doublure de même maroquin orné de filets et fleurons dorés, gardes de soie rouge, couverture et dos, tranches dorées sur témoins (Mercier, Sr de Cuzin). Edition originale de ce recueil de nouvelles qui fait figure de manifeste de l’école naturaliste. Il comprend six textes, ayant pour sujet la guerre franco-allemande, L’Attaque du moulin de Zola, Boule de suif de Maupassant, Sac au dos de Huysmans, La Saignée de Céard, L’Affaire du grand 7 de Hennique et Après la bataille de Paul Alexis, l’ensemble ayant été écrit en réaction à la littérature patriotique alors en vogue depuis 1870. Boule de suif révéla Guy de Maupassant. L’un des 50 exemplaires sur hollande, après 10 chine. Superbe exemplaire dans une reliure de Mercier, successeur de Cuzin, qui exerça sous ce nom de 1892 à 1910. Provenances : Barthou (Cat. II, 1935, n° 912) ; Du Bourg de Bozas (Cat. I, 1990, n° 242).


28. RIMBAUD (A.). Une Saison en enfer. Bruxelles, Alliance typographique M.J. Poot Cie, 1873, in-12, broché, chemise et étui bordés de maroquin rouge. Edition originale. Publiée à compte d’auteur, cette œuvre en prose, création intime et personnelle, aux ruptures de style et de ton, est la seule publication faite et corrigée par l’auteur. En dehors de quelques feuillets de brouillon conservés par Verlaine, le manuscrit de l’œuvre et les épreuves corrigées n’ont jamais été retrouvées. Seul le texte imprimé subsiste. Superbe exemplaire, dans sa condition d’origine.


29. DENIS (M.) & GIDE (A.). Le Voyage d’Urien. Paris, Librairie de l’Art Indépendant, 1893, in-4° carré, broché, couverture, emboîtage et étui bordés de maroquin havane. Edition originale imprimée à compte d’auteur. 29 lithographies originales de Maurice Denis. Publié en 1893 par la librairie de l’art indépendant alors dirigée par Bailly, l’ouvrage est né d’une étroite collaboration entre les deux hommes comme l’atteste, sur l’exemplaire de l’illustrateur, la dédicace de Gide ainsi formulée : « ce voyage vraiment fait ensemble ». En effet, Denis réalisa ces illustrations au fur et à mesure que Gide lui faisait parvenir son manuscrit et ses impressions. Ainsi il put créer des images qui participent de l’esthétique de l’auteur. Les lithographies, d’esprit symboliste, sont dans des tons ocre chaud pour la première partie, brun clair pour le second volet et vert pour le Voyage vers une mer glaciale. Ces illustrations de dimensions diverses ainsi que la mise en page et le choix des caractères typographiques suggèrent une sensation visuelle unique. Tirage à 300 exemplaires sur papier vergé. Exemplaire pur, non lavé. Chapon, Le Peintre et le livre, pp. 38-41 ; Victoria & Albert Museum, From Manet to Hockney, n° 5 ; P. Cailler, Catalogue raisonné et lithographié de Maurice Denis, n° 37 à 67.


30. TOULOUSE-LAUTREC (H. de) & CLEMENCEAU (G.). Au pied du Sinaï. Paris, Floury, 1898, in-4°, broché, couverture illustrée, boîte à dos de maroquin havane. 10 lithographies originales en noir à pleines pages, une en quatre couleurs pour la couverture, cinq culs-de-lampe en simili d’après des dessins. Ce recueil de nouvelles, qui paraissent ici en édition originale, prêtèrent à confusion. Toulouse-Lautrec fut le premier à s’y méprendre. La lecture des deux premières histoires lui laissa un sentiment étrange dont il s’entretint avec sa mère. Dans une lettre adressée à cette dernière, vers mai 1897, il lui annonça qu’il travaillait à un projet d’illustration d’un texte dirigé « contre les Juifs », qu’il corrigea plus tard par « sur les Juifs » après que Clemenceau lui eut confié les quatre autres nouvelles où l’auteur manifeste sans ambiguïté un intérêt et une sympathie pour la communauté. Faut-il rappeler que le futur homme d’état fit paraître entre novembre 1897 et novembre 1901, pas moins de six cent soixante articles de presse en faveur d’Alfred Dreyfus, demandant notamment une révision de son procès. Afin de s’imprégner de ces nouvelles, Toulouse-Lautrec arpenta les trottoirs du quartier de la Tournelle. L’artiste s’en inspira pour dessiner ces planches au ton sombre. Tirage limité à 380 exemplaires ; celui-ci est sur vélin d’Arches avec deux suites des lithographies, sur papier de Chine en couleur, et sur vélin en noir. Provenance : David P. Becker. W. Witttock, Catalogue complet des estampes, Paris, 1985, n° 187-201 ; Chapon, Le Peintre et le livre, p. 43 ; Rauch, Les Peintres et le Livre, 16 ; Coron, Des Livres rares depuis l’invention de l’imprimerie, 210.


31. BONNARD (P.) & VERLAINE (P.). Parallèlement. Paris, A. Vollard, 1900, in-4°, maroquin cyclamen, plats ornés de jeux de cercles concentriques certains mosaïqués de maroquin vert et soulignés d’un cercle au palladium, les autres poussés or, à l’œser noir et au palladium, dos lisse orné, encadrement intérieur de même maroquin orné selon la même technique, doublure et garde de daim cyclamen, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise et étui bordés de maroquin (J. Anthoine Legrain - Pierre Legrain). Elégamment imprimé en Garamond, comme le seront plus tard les Fêtes Galantes illustrées par Laprade, l’ouvrage marque le début de la grande aventure éditoriale d’Ambroise Vollard. 109 lithographies originales de Pierre Bonnard. Toutes tirées en rose sanguine et disposées librement, elles transcrivent avec sensualité la poésie de Verlaine en forme et en couleurs ; il s’en dégage une profonde harmonie entre le texte et l’illustration. L’un des 20 exemplaires sur chine. Exemplaire avec la couverture, le faux-titre et le feuillet de privilège, du premier tirage, qu’Ambroise Vollard fut contraint de réimprimer sur décision du Garde des Sceaux. Edition limitée à 230 exemplaires numérotés. Reliure de J. Anthoine Legrain qui officia de 1930 à 1950, réalisée d’après une maquette de Pierre Legrain. Le thème des cercles concentriques est récurrent chez ce praticien. Provenance : Larchanchet (Cat., 1964, n° 783 avec reproduction) ; collection lyonnaise.


32. LÉAUTAUD (P.). Le Petit Ami. Paris, Mercure de France, 1903, in-12, maroquin bleu nuit, filets dorés et listel de maroquin rouge autour des plats, dos à nerfs orné de même, doublure et gardes de même maroquin, couverture et dos, tranches dorées sur témoins (Huser). Edition originale. Le Petit Ami, publié pour la première fois en 3 livraisons dans le Mercure de France, en septembre, octobre et novembre 1902, est le plus important des textes de Léautaud. Rédigé de janvier 1901 à mars 1902, l’ouvrage devait s’intituler souvenirs légers, titre que justifiait la description de ses relations avec les femmes de petite vertu du quartier des Folies-Bergères. A sa lecture, Alfred Valette lui fit changer pour le titre qu’on lui connaît. L’un des 6 exemplaires sur hollande, seul grand papier. Ils sont tous non justifiés et ont été imprimés spécialement pour Léautaud qui en dédicaça quatre. Exemplaire d’André Barthélémy, le dernier que l’auteur conserva. En habile négociateur, Léautaud sut refuser les premières offres de ce bibliophile fougueux pour le lui céder finalement contre la somme de 60 francs, épisode consigné dans son Journal (T. I, pp. 968-970). A la demande du collectionneur, il porta sur le faux-titre un envoi autographe :

L’auteur du Petit Ami continua à satisfaire l’enthousiasme débordant de Barthélémy, notamment en lui donnant, à sa demande, l'opportunité d’acquérir des ouvrages de la bibliothèque de R. de Gourmont. Suivirent d’autres et nombreuses rencontres que Léautaud évoque tout au long de son Journal, décrivant ce personnage haut en couleur, amateur de théâtre et au langage grossier, comme fort sympathique. Joint une L.A.S. (Paris, 21 Mai 1937, 2 pp. 4 to, papier en-tête du Mercure de France). Léautaud répond à un de ses lecteurs, lui prodigue quelques conseils en matière d’écriture, et songe à une réimpression du Petit Ami. L’exemplaire a été très finement relié par Huser. Provenance : Hayoit (1901-1984). A. Lambiotte, Le Livre et l’estampe, n° 43, pp. 221-224.



33. GIDE (A.). La Porte étroite. Paris, Mercure de France, 1909, in-16, maroquin rouge brique, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, bordure intérieure de même maroquin, doublure et gardes de soie moirée rouge, couverture et dos, tranches dorées, non rogné (Canape et Corriez). Edition originale dédiée à Madeleine Gide. Une fois libéré de l’Immoraliste, Gide s’attela à la rédaction de La Porte étroite, qu’il entreprit dès 1891. L’idée du livre lui vint après la mort solitaire de l’amie d’enfance de sa mère, Anna Shackleton, décès qui le bouleversa. Ce roman, qu’il intitula successivement, L’Essai de bien mourir, puis La Mort de Mademoiselle Claire, est imprégné de souvenirs et de sentiments qui évoquent sa femme, Madeleine Gide, et Cuverville. Tirage unique à 300 exemplaires, tous sur papier vergé d’Arches. Exemplaire d’Edouard de Max, enrichi d’un envoi autographe de l’auteur : à Ed. de Max en attendant et pour qu’il n’oublie pas son inoubliable ami André Gide Interprète de Gygès dans le Roi Candaule en 1901, Edouard de Max, condisciple de Lugné Poe au Conservatoire, est l’un des acteurs favoris de Gide. Il lui dédie son Saül en 1903, qu’il souhaite voir jouer au Théâtre Antoine avec le comédien. D’origine roumaine, il décéda à Paris en 1924. Joint une L.A.S. de Gide, à l’en-tête de la NRF, datée du 6 février 1909. Il évoque l’impression d’une grande et petite édition de la Porte étroite.


34. GIDE (A.). Isabelle. Récit. Paris, N.R.F., 1911, in-12, plats et dos ornés d’un décor à damier de box gris souris et cerise, bande latérale ornée de filets dorés verticaux et horizontaux avec pièce de lézard, doublure de box gris souris sertie de filets dorés et de pièces de box cerise, gardes de tabis, couverture et dos, tranches dorées, chemise, étui (M. Bernard, 1930). Véritable édition originale, avec l’achevé d’imprimer daté du 29 mai 1911 et certaines pages mal justifiées. Presque entièrement détruite, « il ne resterait qu’une dizaine d’exemplaires avec cette justification inégale ». Intéressante reliure de Marguerite Bernard, d’esprit Art déco. Dès 1924, elle exposa au Salon d’automne ses premiers travaux. Provenance : J.-Cl. Vrain (Cat., Reliures de Femmes de 1900 à nos jours, n° 17). Claude Martin, André Gide, p. 594 (A propos de l’édition, “ … il faut pilonner les cinq cents volumes achevés d’imprimer le 29 mai, et recomposer… ” La nouvelle édition sera datée du 20 juin, et les rares exemplaires échappés à la destruction du premier tirage seront très recherchés).


35. ALAIN-FOURNIER (H.). Le Grand Meaulnes. Paris, Emile-Paul Frères, 1913, in-12, broché, couverture. Edition originale. Jusqu’en 1913 Alain-Fournier est un auteur presque inconnu, qui a seulement publié quelques essais et contes dans diverses revues. C’est à partir d’événements vécus et de souvenirs d’enfance qu’il construit le Grand Meaulnes, roman baigné dans une atmosphère de rêve. Bien que l’Académie Goncourt lui refusât son prix, l’attribuant à Max Elder, l’ouvrage fut salué pour sa nouveauté et connut de nombreux admirateurs, dont Rachilde, qui s’indigna de ce verdict. En réponse, elle publia un plaidoyer en faveur d’Alain-Fournier, dans le Mercure de France du 16 décembre 1913. Exemplaire de premier tirage. Condition parfaite.


36. GIDE (A.). Les Caves du Vatican. Sotie par l’auteur de Paludes. Paris, NRF, 1914, 2 vol. in-8°, maroquin fauve, plat de daim havane, sur le premier nom de l’auteur et du titre en lettres mosaïquées de box fauve et tête de nègre, couverture et dos, tête dorée, non rogné, chemise et étui (P.L. Martin, 1957). Edition originale, dédiée à Jacques Copeau. Les Caves sont un livre satirique et parodique, raillant de nombreux préjugés et croyances répandus à l’époque. Lors de sa sortie, l’auteur fut accusé d’avoir utilisé pour écrire son ouvrage, une brochure de Jean de Malvy intitulée le Faux Pape, ou les effrontés fin de siècle stigmatisés et livrés à l’indignation et au mépris des honnêtes gens. Gide récusa cette attaque mais admit avoir connu l’existence d’une plaquette qui n’était autre qu’un tirage à part des Annales de Loigny, relatant la pseudo-délivrance du pape Léon XIII, affaire qui est le thème central des Caves. Portrait de l’auteur placé en frontispice, interprété au vernis mou par Paul Albert Laurens, tiré sur Japon. Exemplaire sur papier à chandelle des papeteries d’Arches, unique tirage. Superbe reliure de P.L. Martin, ornée d’un décor à la lettre.


37. VALÉRY (P.). Le Serpent. Paris, NRF, 1922, in-12, box noir, plats ornés d’un décor à froid de filets obliques et sinueux, dos à nerfs orné de même, doublure de box rouge, gardes de soie moirée noire, couverture, tranches dorées sur témoins, étui (Semet & Plumelle). Edition originale de ce poème dédié à Henri Ghéon, conforme au texte de la pré-originale paru sous le titre Ebauche d’un serpent, dans la Nouvelle Revue Française en 1921. Il sera réédité sous le même titre dans Charmes en 1922. 2 bois gravés de Paul Vera. L’un des 30 exemplaires numérotés sur papier de Hollande ; celui-ci porte sur le premier feuillet de garde, une dédicace de l’auteur à l’imprimeur du livre, Henri Barthélémy : Le Serpent reconnaissant des bons soins qu’il a donnés à l’impression de cet ouvrage Paul Valéry G. Karaïskakis-Chapon, Bibliographie des Œuvres de Paul Valéry, n° 28.


38. RADIGUET (R.). Le Diable au corps. Paris, B. Grasset, 1923, in-12, maroquin vert foncé, plats et dos ornés d’un décor à répétition de pièces de formes diverses de box orange et prune, dos lisse, doublure et gardes de daim orangé serties d’un listel de box lie-de-vin, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise, étui (P. Bonet, 1968). Edition originale du premier roman de Radiguet, qui lors de sa parution suscita le scandale. L’un des 15 exemplaires de tête sur papier Japon. Condition parfaite. P. Bonet, Carnets 1924-1971, 1405.


39. MORPUGO (N.). Il fuoco delle piramidi. Liriche e parole in liberta. Milan, Edizioni futuriste di Poesia, 1923, plaquette in-8°, broché, couverture. Edition originale de ce livre de compositions motlibristes. Les théories des mots en liberté furent définies et perfectionnées par Marinetti dans trois manifestes publiés entre 1912 et 1914. Morpurgo (1899-1978) adhère très jeune au futurisme en prenant part aux manifestations interventionnistes organisées par Marinetti à Milan. A son retour en Egypte, il fonde en 1920 la section locale du mouvement futuriste italien. Bel exemplaire. G. Lista, Le Livre futuriste, p. 153.


40. MASSON (A.) & LEIRIS (M.). Simulacre. Paris, Galerie Simon, 1925, in-4°, broché, couverture. Edition originale de ce recueil de poèmes, le premier livre publié par Michel Leiris. Il fut en grande partie écrit dans l’atelier de Masson. 7 lithographies à pleine page d’André Masson, qui réalisa ici son premier livre illustré par cette technique. Edition limitée à 110 exemplaires tous signés par l’auteur et l’illustrateur ; celui-ci est sur papier vergé des manufactures d’Arches. L. Saphir et Cramer, Livres illustrés, André Masson, 2 ; Musée National d’Art moderne, Daniel Henry Kahnweiler, p. 184 ; Chapon, Le Peintre et le livre, pp. 113-115 ; Victoria & Albert Museum, From Manet to Hockney, p. 198 ; Castelman, A century of Artists Books, p. 130.


41. MASSON (A.) & DESNOS (R.). C’est les bottes de 7 lieues. Cette phrase « Je me vois ». Paris, Galerie Simon, 1926, in-4°, broché, couverture. Edition originale de ce recueil de poèmes de l’écrivain français Robert Desnos qui, par le pouvoir et la spontanéité des mots, nous plonge dans l’onirisme. 4 eaux-fortes originales dont une en frontispice, en bistre et en noir d’André Masson. Tirage limité à 112 exemplaires, numérotés et signés par l’auteur et l’illustrateur ; celui-ci est sur vergé d’Arches. Masson, Fondation Royaumont, 3 ; Saphire-Cramer, 3 : Centre Georges Pompidou, D. H. Kahnweiler, p. 187.


42. MALRAUX (A.). La Voie royale. Paris, Grasset, s.d. [1930], in-12, maroquin janséniste prune, dos à nerfs, doublure de maroquin bleu, gardes de soie moirée rouge, double couverture et dos, tranches dorées, étui (A. & R. Maylander). Edition originale. Roman dont la trame se situe au Cambodge, le long de l’ancienne Voie royale, mettant en scène deux personnages, Claude Vannec, l’archéologue, et Perlen, l’aventurier apatride. C’est l’homme face à son destin. L’un des 36 exemplaires sur vélin d’Arches. Bel exemplaire, relié par les frères Maylander.


43. ernst (M) - CREVEL (R.). Mr Knife Miss Fork. Translated by Kay Boyle. Illustrated by Max Ernst. Paris, Black Sun Press, 1931, in-12, cartonnage noir, premier plat orné d’une plaque dorée avec en son centre l’esquisse d’un torse féminin, second plat orné du même décor mais à froid, dos lisse orné, tranches lisses, emboîtage à dos de maroquin (cartonnage d’éditeur). Traduction anglaise du premier chapitre Monsieur Couteau, Mademoiselle Fourchette, extrait de l’ouvrage de Crevel, Babylone, publié aux éditions Simon Kra en 1927. Dans ce court extrait on retrouve les principaux thèmes chers à l’auteur : la méditation, les digressions, la mort, les personnages défiant toute vraisemblance, l’enfance… 19 photogrammes de frottage de Max Ernst réalisés dans l’atelier de Man Ray, chacun précédé d’une serpente légendée en rouge. Réalisés d’après des frottages originaux de Max Ernst, ils furent ainsi obtenus : « chacun d’eux fut appliqué sur du papier photo, la face contre le papier sensible et exposé à la lumière. Les parties dessinées retiennent ainsi la lumière et apparaissent en blanc sur fond noir » (Werner Spies). Le cartonnage décoré de l’édition a été réalisé par Gonon, relieur et premier éditeur de Paul Eluard, d’après une maquette conçue selon certains par Man Ray ; pour d’autres elle est de Max Ernst. L’un des 200 exemplaires sur finest bristol paper ; celui-ci est très frais. Les ors du cartonnage sont légèrement oxydés. Edition limitée à 225 exemplaires. A. Roth, Seminal photographic books of the twentieth Century, p. 66 ; W. Spies, La Révolution surréaliste, Centre Pompidou, p. 443.


44. GIDE (A.). Œdipe. Paris, NRF, 1931, in-12, maroquin bleu janséniste, dos à nerfs, doublure de maroquin bleu, gardes de soie moirée sable, couverture et dos, tête dorée, non rogné, étui (J. Souchiere-Cabot). Première édition courante de ce drame en trois actes écrit entre janvier et novembre 1930, qui marqua le retour d’André Gide au théâtre après une longue période de silence. Jouée pour la première fois à Paris le 18 février 1932 par les Pitoëff, la pièce fut mal accueillie, la critique se montra sévère et Œdipe fut retirée de l’affiche. Exemplaire sur vergé d’arches, offert à Paul Valéry par André Gide : A Paul Valéry son ami André Gide Le charme de Paul Valéry, sa finesse, sa spontanéité, son intelligence hors pair lui acquirent très tôt des amis exceptionnels : Pierre Louÿs et Gide. Gide et Valéry, présentés l’un à l’autre par Louÿs, sympathisèrent aussitôt. Malgré les exigences profondément divergentes de leur nature, leur amitié fondée sur l’estime et le respect, ne fut jamais démentie. Dos passé. Exposition : Bibliothèque nationale, André Gide, Paris, 1970, n° 577. Provenance : Sickles.


45. degas (e.) & HALÉVY (L.). La Famille Cardinal. Paris, Blaizot & Fils, 1938, in-4°, broché. Seul et unique livre illustré par Degas. Un portrait de l’auteur et 32 monotypes en noir et en couleurs. Avant-propos de Marcel Guérin. Tirage à 350 exemplaires, tous sur papier vélin de Rives. Condition parfaite. From Manet to Hockney, Victoria Albert Museum, 1985, n° 3.


46. A YMÉ (M.). Le Vin de Paris. Nouvelles. Paris, NRF, 1947, in-12, maroquin janséniste bleu, dos lisse orné, doublure de box gris souris, couverture et dos, tranches dorées sur témoin, chemin (H. Alix). Edition originale. Recueil de nouvelles, certaines inspirées par l’Occupation et la Libération ou trois thèmes prédominent : marché noir, sous-alimentation et assassinat. Des 20 exemplaires sur vélin de Hollande, celui-ci est l’un des cinq hors-commerce. Exemplaire dans une fine reliure de Henri Alix, qui exerça de 1947 à 1959.


47. D UBUFFET (J.). Ler dla canpane. Paris, L’Art Brut, 1948, in-12, agrafé, couverture, chemise, étui. Ler dla Canpane apparaît comme le premier véritable livre de Dubuffet, si l’on excepte les livres de Pierre Seghers, Paul Eluard et André Frénaud, lesquels sont seulement acccompagnés d’une ou deux lithographies extraites de l’album Matière et Mémoire. Le texte, dont l’orthographe phonétique est propre au peintre, est reproduit au stencil sur papier journal. Six gravures sur fond de boîte de camembert ou sur linoléum tirées en noir, l’accompagnent. La publication d’un tel livre marque une rupture dans l’édition, quelque peu traditionnelle, des livres illustrés de cette époque. C’est l’un des premiers livres de l’art brut. Bien que le tirage soit non annoncé, il serait de 165 exemplaires, tous sur papier journal. La fragile couverture est ici avec quelques très petits manques. Nöel Arnaud, Jean Dubuffet : gravures et lithographies, n° 96-105 ; Jean Dubuffet, Prospectus et tous écrits suivants, I, p. 475-478 ; Antoine Coron, 50 livres illustrés depuis 1947, n° 6 ; Castleman, A Century of artists books, p. 46.


48. BRAQUE (G.) & PONGE (F.). Cinq Sapates. Paris, Maeght, 1950, in-folio, en ff., couverture, étui à rabats de l’éditeur. Edition originale, dédiée à René Char. 5 eaux-fortes de Georges Braque. Tirage unique, limité à 101 exemplaires sur chiffon d’Auvergne à la main des Moulins Richard de Bas, signés par l’auteur et l’artiste. Chapon, Le Peintre et le livre, pp. 266-267, 269-270 ; Fondation Maeght, Peintre-Illustrateur du XXème siècle, n° 39 ; Rauch, Les Peintres et le livre, 107.


49. F ORD (Ch.H.). Spare Parts. Athens, Vassily Papa-chrysantou, 1966, in-folio (350 x 250 mm.), cartonnage et jaquette d’éditeur. Spare parts est la version livre des Posters Pœms, grandes estampes réalisées à un seul exemplaire à Athènes en 1965, date qui marque le début de la collaboration de Ford et Papachrysantou. Le livre fut imprimé en lithographie offset à Athènes chez ce dernier, plusieurs techniques furent employées : photographie, photomontage, typographie avec intervention directe au moment de l’impression... ainsi chaque exemplaire est différent. La jaquette est obtenue par découpage d’un « Poster Pœm ». Auteur, peintre, cinéaste, photographe et éditeur, Charles-Henri Ford partage sa vie entre l’Europe et les Etats-Unis où il expose ses Posters Pœms, peintures et photographies. A partir des années soixante, il se lie au Pop Art et aux protagonistes de l’Underground. Le tirage total annoncé est de 950 exemplaires, dont 100 numérotés de I à C, signés et marqués HC ; celui-ci marqué HC est signé par l’auteur, mais non chiffré. Lyons, Artist’s book : A critical Anthology and Source Books, Rochester, 1985, pl. 15.


50. P IEYRE DE MANDIARGUES (A.). Un Saturne gai. Entretiens avec Yvonne Caroutch. Paris, Gallimard, 1982, in-8°, maroquin acajou, plats de papier, dos lisse, couverture et dos, tête dorée, non rogné (C. et J.-P. Miguet). Edition originale. L’un des 22 premiers exemplaires sur vélin d’Arches Arjomari-Prioux.


Photographies : Š Studio Baraja

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