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Programme « Voyager pour apprendre les métiers d’art » Aperçu de l’expérience de Marie, partie étudier les techniques de broderie à Bombay, en Inde.

Le aari « Les karigars, brodeurs indiens, brodent à l’aide d’un aari. Le aari est un très mince petit bâton métallique rigide et droit, qui se termine par un minuscule crochet. C’est à travers ce crochet que le fil passe et transperce le tissu, effectue des points de broderie, se glissent les perles, les paillettes, et toutes sortes d’applications. Alan, Abdul et Imram sont mes trois maîtres dans l’apprentissage du aari. Je suis assise en tailleur, à même le sol, le métier au niveau des épaules, la main droite dessus avec le aari, la main gauche dessous avec le fil. Le aari se tient droit, entre le pouce et les trois premiers doigts. Le sens du crochet est fonction de la direction du point : crochet ouvert pour avancer. Tu enfonces le crochet à travers l’organza, la main gauche insère le fil dans le crochet et, d’un mouvement rapide de va-et-vient entre tes doigts de la main droite, tu ressors le aari. Un autre mouvement rapide, tu replantes le crochet. Ainsi de suite. Le mouvement est difficile à apprendre, il ressemble à un petit frottement furtif, à exécuter instinctivement. Abdul me conseille de m’entraîner chaque matin pendant une heure à ce mouvement avec un petit manche de aari en bois. Une heure… J’en ai les doigts engourdis ! Pour débuter, lignes de points et cercles concentriques. « Fast, fast » : le aari va vite. Le point se brode avec rapidité, plus il est petit et serré plus il est facile. Je dois réfléchir au mouvement, à l’orientation de mon aari, où je pique, où je sors, à quel moment je tourne… Et tout ça « fast, fast » ! « Straight, straight ». Ils me reprennent très souvent. Le aari se tient toujours droit et perpendiculaire à la toile. Je reçois parfois des élastiques, je lève la tête : c’est Alan qui m’interpelle, deux métiers devant, pour me dire « straight, straight » ! « Fast, fast », « straight, straight » : à force de persévérance, me voilà plus douée et habile, prête à apprendre de nouvelles techniques au aari. Pour cela, je m’assois et je regarde. Je regarde les karigars broder avec concentration et attention. Ils prennent le temps de m’expliquer comment ils font ce pompon, comment ils réalisent cette pose de paillettes, cette pose de perles, comment ils utilisent ce tissu pour aboutir à ces plis… A chaque nouvel échantillon en réalisation, je découvre une technique. La broderie n’en finit pas de m’impressionner par ses expériences infinies. Imram, qui chantonne en travaillant, prend plaisir à s’arrêter et à me montrer ces nouvelles techniques. Je viens m’asseoir en face de lui, le regarde attentivement et il me donne de quoi reproduire sa façon de faire. J’essaie, il me reprend, je réessaie, je réussis. Et je retourne, ravie, sur mon échantillon où je tente de réinsérer cette nouvelle technique. » Marie Titulaire d’un Diplôme des métiers d’art textile, option broderie de l’Ecole Duperré


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