Février 2007 - Librairie Lardanchet

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L ibrairie L ardanchet


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Le n° 10 est reproduit en couverture


Livres anciens du

XVIe au XIXe siècle


21 - zeising


Livres Anciens du

XVIe au XIXe siècle

Paris 2007


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1 - [Heures]

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1. [HEURES]. Hore in Laudem beatissime Virginis Marie : secundum consuetudenem ecclesie Parisiensis. Paris, Simon Du Bois imprimeur pour Geoffroy Tori, 22 octobre 1527, in-4° de 140 ff. n. ch., sign. a-r8 et s4, maroquin bleu, grand motif central doré aux petits fers, dos à nerfs orné de fleurettes, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet). 48 000 € Un livre novateur. Destinés aux laïcs, les livres d’Heures dont l’agencement s’apparente à ceux des Heures manuscrites, connurent une grande vogue au XVIe siècle. Abondamment illustrés, le cycle iconographique des Heures de Tory rompt avec ceux qui avaient été précédemment gravés. L’une des plus belles productions de Geoffroy Tory. Seconde édition de format in-quarto, la première (1524-1525) n’est connue qu’à quelques exemplaires. Imprimé en lettres gothiques rouges et noires, ce qui répondaient à l’appellation moderne, ce superbe ouvrage est orné de 13 grandes figures au trait, dont certaines sont marquées par l’influence italienne, interprétées sur bois, elles sont intercalées dans le texte. Bien que les sujets soient identiques à ceux de l’édition de 1524-1525, ils sont d’un dessin différent, tout à fait approprié aux encadrements dits « à la moderne », utilisés ici pour la première fois. Chaque page est comprise dans un encadrement qui consiste en des arabesques formées de fleurs, papillons, fruits, ciseaux. En pied de ces bordures, apparaissent le F et le L couronnés de François I er et Louise de Savoie, la Salamandre, les Armes de France. Exemplaire de qualité à grandes marges, établi en 1866 par Trautz-Bauzonnet à la demande de L. Clément de Ris. Dimensions : 208 x 149 mm. Provenance : Comtesse d’Entraigues (annotation manuscrite) ; L. Clément de Ris (annotation manuscrite) ; D. Weil-Scheler (Cat., 1989, n° 12 “ très bel exemplaire ”), avec ex-libris. Alès, n° 355 ; Bohatta, 330 ; Brunet, V, 1658-59, n° 325 ; Faifax-Murray, French Books, 279 ; Mortimer, French Books, 304 ; Bernard, Tory, pp. 160-163.

2. [MANUSCRIT]. Ordonnances pour tous les métiers de la ville de Gisors. Normandie, Gisors, 1538-1594, parchemin, in-4° de 6 + 135 ff., ff. 103, 107, 107v, 119, 127, 127v blanc, 27 à 35 longues lignes, écriture cursive à l’encre brune, veau brun, décor à froid sur les plats, dos à nerfs (reliure du XVIe siècle). 28 000 € F.I. Table répertoire des ordonnances des mestiers de la ville de Gisors contenuz en ce present volume fait par ordonnance de justice le dixneufiesme jour de novembre l’an mil cinq cent trente huit. F.III. Histoire de la confection du volume des ordonnances des mestiers de la ville de Gisors dont la mise en œuvre fut décidée le 21 octobre 1538 devant Guillaume Michel, écuyer licencié ès loix, lieutenant général de monseigneur le bailly et capitaine de Gisors et ajourné par Guillaume Rouget, sergent à la requeste du roi « il soit par nous dict, ordonné, que ung papier et registre en parchemin se fera, auquel sont insérées et incorporées de mot à mot toutes les ordonnances des mestiers de ceste dicte ville faictes et à faire, et collationnez au greffe aux depens desdictz maistres jurez, pour, ce faict ledit registre et papier estre feablement gardé et mis au coffre de la chambre de la ville soubz bonne et seure garde ». 5


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Ff.1 Ordonnance des drapiers foulons du 14 mars 1449, Ordonnance des serruriers du 26 avril 1456, 5 Ordonnance des barbiers et chirurgiens du 20 janvier 1463, 7v Ordonnance des bouchers du 3 mars 1463, imprimée au XVII e siècle, 13 Ordonnance des corroyeurs du 19 décembre 1476, 16 Ordonnance des tisserands en toile du 16 mars 1479, 19v Ordonnance des maréchaux 9 septembre 1489, 22 Ordonnance des taillandiers (tailleurs) du 22 août 1524, 24 Ordonnance des chapeliers du 20 décembre 1491 et du 23 août 1524, 26v Ordonnance des cordonniers du 15 mai 1492 et du 22 août 1524, 30 Ordonnance des boulangers du 27 mars 1503 et du 17 septembre 1539, 33 Ordonnance des menuisiers du 20 février 1505 et du 22 août 1524, 36v Ordonnance des étaminiers du 28 juin 1512 et du 22 août 1524, 39 Ordonnance des pelletiers du 15 mars 1513, 42 Ordonnance des peigneurs cardeurs du 3 octobre 1530, 46v Ordonnance des drapiers, chaussetiers du 2 septembre 1532, 49 Ordonnance des bonnetiers du 23 août 1524, 52 Ordonnance des gantiers du 12 décembre 1536, 56 Ordonnance des merciers du 18 novembre 1476 et du 18 novembre 1538, 62 Ordonnance des tanneurs du 4 mars 1449, du 15 mars 1447 et du 30 août 1507, 66 Ordonnance des couturiers du 30 juillet 1457, 30 novembre 1463, 15 novembre 1468 et du 16 octobre 1480, 72v Ordonnance sur les pains blancs et bis du 21 octobre 1538, 75 Ordonnance des apothicaires du 25 mai 1540, 81 Ordonnance des selliers, collaisiers et bastiers du 15 mars 1529, 84 Règlement du métier de boulanger du 24 février 1560, du 14 mars 1560, du 11 avril 1561 et du 8 octobre 1592 avec des mentions de prix, collationné sur la minute du roy Dupont, 89 Ordonnance des pâtissiers et des rôtisseurs du 31 janvier 1547, et du 4 février 1576, collationné par Berthault et Laboissière, 92 Ordonnance des charrons du 30 janvier 1547, 94 Ordonnance des tisserands en drap du 24 janvier 1547, 98 Ordonnance des futaillers, gobergers du 20 avril 1580, 104 Ordonnance des maçons, charpentiers du 5 janvier 1579, 108 Ordonnance des passementiers du 29 février 1583, 116 Ordonnance des tonneliers du 27 janvier 1592, cette ordonnance a été publiée, 120 Ordonnance des cloustiers du 28 avril 1594, 128 Ordonnance des savetiers et carreleurs du 26 novembre 1590, 132 Ordonnance des chaudronniers. La décision de confectionner ce volume et de recueillir les ordonnances a été prise entre le 21 octobre et le 19 novembre 1538 devant Guillaume Michel, écuyer, licencié ès lois, capitaine de Gisors, Guillaume Rouget sergent à la requête du procureur du roi et maîtres Jean Le Blanc et Jean Le Pelletier. Il fut décidé de transcrire les ordonnances sur parchemin, ce qui constitue le présent volume. Le prologue nous précise que le volume sur parchemin était bien relié et « dûment accoustré », ce qui laisse supposer qu’il était doré d’un étui. Le texte nous informe qu’un double fut également réalisé sur papier. La plupart des documents originaux servant à la copie avaient été fournis par les membres des métiers. Les ordonnances originales avaient été produites en la cour du parlement de Rouen. Il s’agit dans certains cas de minutes comme l’indique le texte du règlement des bouchers au f.7v. Ces dernières ont disparu. De nombreuses ordonnances ont été recopiées et collationnées par un notaire du nom de Fichet en 1538-1539 et celles de 1541 et 1547 par Berthault. Celles des années 1570-1580 ont été collationnées par Laboissière, celle des années 1590 sont signées de la main de Frontin. Le manuscrit, confectionné aux dépens des maîtres jurés, était gardé au coffre de la chambre de la ville. Il servait à gérer les conflits et les droits des métiers entre la police de la ville, la justice et les métiers. Le manuscrit était destiné aux habitants de la ville de Gisors comme l’indique l’ex-libris aux ff. 119 et 127 avec cette mention particulière « Pour les habitants de Gisors quand contre les habitants de Chaumont ». Textes juridiques, les ordonnances reflètent l’éventail des métiers de l’époque, dont certains ont complètement disparu : drapiers, serruriers, barbiers, bonnetiers, gantiers, maçons, passementiers... Chaque corps de métier est ainsi réglementé dans les moindres détails, certains faisant même l’objet de plusieurs ordonnances, comme celui des boulangers, sujet à trois textes rédigés de 1503 à 1561. Le troisième reflète d’ailleurs l’importance de l’apprentissage dans l’organisation et la bonne marche de la confrérie. Un apprenti ne peut prétendre obtenir une franchise qu’au bout de trois années d’expérience chez un maître boulanger. Insigne privilège, sa future appartenance à ce corps de métier est symboliquement marquée par le versement de 2 livres de cire, 6


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2 - […]. Ordonnances pour tous les métiers de la ville de Gisors

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destinées à entretenir les cierges de la confrérie à l’église Saint-Vincent de la ville de Gisors. Elle est officialisée par un serment et le paiement du vinage, à condition, bien sûr, d’avoir passé l’examen avec succès et faict chefs d’œuvre de pain blanc, pain bourgeois et pain retraicte. Les livres de métiers sont rares. On en compte seulement quatre exemplaires en plus du livre des métiers de Gisors : le livre des métiers d’Étienne Boileau de 1268 conservé en 4 exemplaires, dont un incomplet, aux Archives nationales de France et à la Bibliothèque nationale de France, le recueil des ordonnances des métiers de la ville de Metz (1382-1590) du XVe-XVIe siècle (Paris, BNF. Ms. Fr. 8709-8710), les Ordonnances d’Évreux de Jacques Dablaiges de 1385-1387 conservées aux Archives départementales de l’Eure à Évreux, et celles de Lisieux de Robert Maudit conservées aux Archives du Calvados à Caen. Au f.91v et au contre-plat supérieur se trouvent des devises, des signatures et quelques cachets de 1593 et 1690 : « Le Cauchoys », « Brodechal 1590 », « Rensial », « Pierre Berthault », « Pensical ». Lors de la vente de 1958, le manuscrit comprenait un feuillet de garde avec la signature de Louis Passy qui devait posséder le manuscrit lorsqu’il en a fait l’édition en 1907. Ce feuillet a aujourd’hui disparu. Dimensions : 311 x 206 mm. L. Passy, Le livre des métiers de Gisors au XVIe siècle, Pontoise, Société historique du Vexin, 1907.

3. BRANDT (S.). La grande nef des folzs du monde en laquelle chascun homme sage prenant plaisir de lire les passages des hystoires d’icelle... [In-fine : ... Daleman en latin rédigée par maistre Jacques Locher… Et de nouveau translatee de latin en francoys et imprimée à Lyon sur le Rosne par Francoys Juste Imprimeur. Ce dernier jour du moys de juin lan M.CCCCC. XXIX]. Lyon, François Juste, 1530, in-4° de 102 ff., sign. A-M8et N6 (le dernier blanc), maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle). 25 000 €

Rare édition lyonnaise de cette traduction en français en prose du célèbre Stultifera Navis de Sébastien Brandt. Certains l’attribuent à Jean Droyn. Destinée au peuple, La Nef, l’ouvrage de référence de Brandt, œuvre fascinante et satirique, fut le livre le plus lu en Europe au XVIe siècle. Elle donna à la littérature, sinon ses lettres de noblesse, du moins son statut spécifique de création en tant que telle et sa dimension de phénomène de masse. Formé de 113 chapitres, chacun composé de vers octosyllabiques, l’ouvrage met en scène un navire, « étrange bateau ivre qui file le long des calmes fleuves de la Rhénanie » disait Michel Foucault, sur lequel s’embarquent des sots et des fous, chacun représentant une classe sociale (clergé, noblesse, magistrature, université, négoce, paysans, cuisiniers…) et caricaturant une folie, un péché, une erreur. C’est en réalité un violent réquisitoire contre les vices de l’humanité. Publiée d’abord en allemand en 1494, en latin en 1497, puis traduite en diverses langues, elle devint très populaire. Les versions en langues vernaculaires sont plus rares que les latines. Un titre orné et 118 figures sur bois. D’une facture archaïque, chacune d’elles représente un fou : le bibliomane, l’avare, l’usurier, le voyageur, le fou de luxure, le procrastinateur qui remet tout au lendemain... Selon Firmin-Didot, elles sont copiées sur celles de l’édition de Bâle (1498), célèbres dans l’histoire du livre. Exemplaire de qualité en maroquin ancien. Restauration en marge de deux feuillets (I7- 8) avec reprise de lettres. Dimensions : 213 x 158 mm. Provenance : Firmin-Didot (Cat., 1879, n° 422, «Très bel exemplaire»), avec ex-libris. 8


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3 - Brandt

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4. DüRER (A.). Institutiones geometricae. Paris, Wechel, 1532, in-folio, demi-basane mouchetée à coins, dos à nerfs orné, tranches bleues (reliure de la fin du XVIIIe siècle). 22 000 €

Première édition latine du premier traité de Dürer, Unterweisung der Messung… Publié pour la première fois en 1525 dans la langue de Goethe, l’ouvrage connut de nombreuses rééditions en allemand et en latin qui contribuèrent à sa renommée internationale. Il fallut attendre 1995 pour qu’il soit traduit en français. Son Instruction sur la manière de mesurer nous révéle une grande part de son mode de pensée, nous éclaire sur ses intentions artistiques (œuvres dessinées, peintes ou gravées) et nous aide à mieux comprendre la double relation de l’art au monde : quête de la beauté idéale et conquête de l’univers doublée de la maîtrise du temps, avec ses deux outils privilégiés, la règle et le compas. Enfin, il tente de démontrer que son art implique la connaissance des mathématiques, ce que les artistes italiens du Quattrocento avaient déjà atteint. C’est le premier artiste du Nord à exposer ses concepts d’une façon scientifique. Ses sources sont diverses : Platon, Euclide, Vitruve, Piero della Francesca, Alberti et Léonard de Vinci. Ouvrage destiné aux peintres, aux architectes, aux orfèvres, aux charpentiers, dont l’influence dépassa largement le cadre des ateliers. Nombre de scientifiques et d’humanistes, Kepler, Galilée et Erasme en prirent connaissance ; les perspecteurs du XVIIe siècle, Bosse, Maignan, Kirchner, Nicéron, s’en inspirèrent… Daniel Barbaro ou Jean Cousin y trouvèrent matière pour leur propre ouvrage. L’ouvrage s’articule en quatre livres. Le premier traite de la géométrie linéaire, de la droite jusqu’aux courbes algébriques ; le second s’intéresse à la géométrie plane et accorde une attention particulière à la quadrature du cercle, ainsi qu’à la construction des polygones réguliers. Le troisième livre se propose d’illustrer les applications de la géométrie à l’architecture, à l’ingénierie, à la décoration et à la typographie. Le quatrième livre est la suite du deuxième, l’auteur y développe sa théorie de la géométrie dans l’espace. S’inspirant du cycle iconographique de l’édition allemande de 1525, l’ouvrage est illustré de 148 bois gravés, en premier tirage, dont 9 à pleine page. Ce sont principalement des diagrammes, des figures géométriques et des alphabets. Néanmoins, quelques bois représentent des vues : projets de colonnes triomphales, animaux couchés, dessinateur de luth, de l’homme assis… Exemplaire de qualité, très frais intérieurement et à belles marges. Dimensions : 315 x 207 mm. Provenance : Arnaud de Vitry. Mortimer, French I, 182 ; Renouard, IV, 1531-1535, n° 403 ; Vagnetti E II.b7 ; Panofsky, La Vie & l’Art d’Albrecht Dürer, pp. 362-402 ; Kemp, Science of Art, 53 ff. ; Bardy Michel Van Peene, Instruction sur la manière de mesurer, 1995.

5. ROJAS (F. de). Celestine en laquelle est traicte des deceptions des serviteurs envers leurs Maistres et des Macquerelles envers les Amoureux. Paris, Pierre Sergent, 1542, in-8°, veau fauve, filets dorés autour des plats, dos lisse orné à la grotesque, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle). 18 000 € La Célestine est le texte de la littérature hispanique le plus largement diffusé et célébré après Don Quichotte. Cervantès le définissait comme un livre divin... 10


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4 - Dürer Fruit d’une expérience psychologique fondée sur une observation aiguë de la réalité, cette composition dramatique est à l’origine du théâtre moderne. Elle fut traduite dans toutes les langues européennes. Publié pour la première fois à Burgos vers 1499, le texte fut remanié, portant définitivement le nombre d’actes à un total de vingt-deux. Une première traduction italienne vit le jour à Milan en 1514, puis une version française en 1527. Anonyme, cette traduction fidèle, réimprimée en 1529 et 1542, fut fort goûtée à la cour de François Ier. Quelle qu’en soit sa version, toutes les éditions sont devenues rares de nos jours. Partagée entre Pierre Sergent, Maurice de La Porte et Madeleine Boursette, veuve de François Regnault, cette édition, imprimée en caractères gothiques, est parcourue de 8 figures interprétées sur bois. Sept sont composées de deux bois accolés, elles représentent les personnages de la tragédie. Exemplaire agréable, en reliure du début du XVIIIe siècle. Mors épidermés. Coiffes restaurées. Dimensions : 142 x 91 mm. Provenance : Bibliothèque Roxburgh avec mention manuscrite d’achat, dont les ventes eurent lieu au début du XIXe siècle ; un ex-libris, probablement du début du XXe siècle, non identifié. Brunet, I, 1721 ; [...], Bibliographie des ouvrages relatifs à l’amour, aux femmes, au mariage..., I, 511-514 (« Cette traduction, qui est très fidèle, était estimée de Clément Marot ») ; E. Picot, Catalogue des livres composant la bibliothèque de Feu M. Le Baron James de Rothschild, IV, n° 3059 (éd. de 1527) ; Jacob, Bibliothèque dramatique de Monsieur Soleinne, IV, 4811. 11


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6. MAROT (C.). Les Œuvres... Augmentees d’un grand nombre de ses compositions nouvelles, par cy devant nom imprimees. Lyon, Étienne Dolet, 1543, deux parties en un vol. in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné aux petits fers, doublure de maroquin vert orné d’une roulette florale, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet). 25 000 €

Troisième édition donnée par Dolet.

Imprimée en lettres rondes alors que son éditeur était détenu à la Conciergerie, cette édition est précieuse et recherchée ; elle renferme des pièces publiées pour la première fois. Elle est en effet augmentée de textes importants : Le Second livre des Métamorphoses d’Ovide, la traduction de vingt psaumes et six nouvelles. Outre ces pièces en édition originale, elle présente l’intérêt d’avoir été entièrement revue par Clément Marot qui y a apporté des changements importants, remaniant les trente premiers psaumes, version n’ayant qu’un rapport lointain avec le texte primitif. Superbe exemplaire cité par Tchermerzine, grand de marges, relié avec goût par TrautzBauzonnet. Dimensions : 151 x 92 mm, contre 149 mm de hauteur pour l’exemplaire Herpin. Provenance : Bancel (Cat.,1929, n° 257). Tchemerzine, IV, 494 ; Herpin, 1903, n° 36 (« aussi rare et recherché que la précédente et tout aussi précieuse »); Backer, 1926, n° 220 (« Précieuse édition... une des plus recherchées de ce poète »).

7. [ENTRÉE de Henri II à Lyon]. La magnifica et triumphale entrata del Christianiss. Re di Francia Henrico secondo… antiqua citta di Lyone à luy & a la sua serenissima conforte Chaterina alli 21 di Septemb. 1548. Lyon, Gulielmo Rouillio, 1549, in-4°, maroquin rouge, plats sertis d’un décor aux petits fers formant une réserve centrale quadrilobée, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Belz Niedrée).

22 000 €

Édition originale de la traduction italienne de cette relation, publiée afin de perpétuer le souvenir de l’entrée du couple royal, Henri II et Catherine de Médicis, à Lyon en 1548. L’année précédente avait été marquée par l’avènement d’ Henri II. Le XVIe siècle fut l’âge d’or des entrées royales, instrument essentiel de l’ordre monarchique. Conçues à la façon des anciens triomphes romains, elles étaient l’objet de longues et coûteuses préparations. Ces fêtes se déroulaient dans un décor éphémère, réalisé à partir de structures de bois sur lesquelles étaient tendues des toiles ornées de figures en trompe-l’œil, création due à un nouveau type d’artistes qui étaient à la fois peintres, sculpteurs et architectes. Elles furent un laboratoire d’essai révélateur de l’évolution générale de l’art. La ville de Lyon, qui emprunta 2 000 écus pour l’occasion, fit appel à Maurice Scève, assisté de Claude de Taillemont, G. du Choul et Barthelemy Aneau, pour établir le programme des festivités  : défilés d’enfants vêtus à la turque portant d’impressionnants cimeterres dorés, naumachie, pièces de théâtre… La rédaction de la relation fut assurée par les mêmes. Seule l’édition en italien fait état de la représentation de la comédie Calandra du cardinal Bibbiena, jouée à la demande de l’importante communauté florentine installée à Lyon depuis le début du XVIe siècle. Les 15 bois gravés qui accompagnent le texte, sont l’œuvre de Bernard Salomon, « conducteur de l’œuvre de paincterie », et dont on reconnaît le style à l’allongement et à l’élégance des personnages. Ils représentent une vue en perspective de la place de la Bourse, les galères de la naumachie, des portes et colonnes, un arc de triomphe… 12


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7 - [Entrée de Henri II à Lyon]

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Exemplaire de qualité, cuirassé d’une reliure de Belz-Niedrée, praticien ayant exercé sous ce nom de 1860 à 1880. Dimensions : 199 x 140 mm. Provenance : P.G. Conti (ex-libris) ; Edward Arnold (ex-libris) ; Feltrinelli (cachet à froid) ; F.F. (ex-libris inconnu) . Mortimer, n° 211 (“Theses French Italian editions are the first of the « entrée » volumes to be fully illustrated”) ; Fairfax Murray, French Books, I, n° 151 ; Baudrier, IX, pp. 164-165 ; Brun, pp. 193194 ; Vinet, 470 (“Une traduction italienne… fut publiée simultanément”) ; Ruggieri, 242.

8. RONDELET (G.). L’Histoire entière des poissons composé premièrement en latin...… Lyon, Mace Bonhome, 1558, 2 parties en un vol. gr. in-4°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, roulette intérieure dorée, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle).

20 000 € Édition originale de la traduction française de l’ouvrage de Rondelet, Libri de piscibus marinis, qui, selon le système de périodisation de l’évolution scientifique établi par Fritz Krafft et repris par Anne Baümer dans son livre Zoologie der Renaissance - Renaissance der Zoologie, est à classer dans la troisième et dernière phase, dite de la révolution scientifique, où les méthodes et les théories de l’Antiquité ne sont plus qu’une base théorique qui guide les recherches en permettant d’atteindre des résultats distincts de ceux de l’Antiquité, le chercheur donnant plus d’importance à ses propres observations qu’à la tradition. Avec Rondelet, qui classe la faune aquatique par genre et espèce selon une démarche de type scientifique, et Aldrovandi, qui, dans une moindre mesure, poursuivit et développa cette tentative, la révolution scientifique de l’ichtyologie est accomplie. On ne peut en dire autant des ouvrages de Belon, Salviani et Gessner, qui se contentent d’accorder encore le primat aux textes de la tradition. Il faudra attendre le Systema Naturae de Carl Von Linné (1707-1778), paru en 1758, pour que l’ichtyologie évolue de nouveau. Pour accompagner son texte, Rondelet fit graver des bois d’après ses propres dessins ou sous son contrôle, par G. Reverdy, l’un des artistes préférés des imprimeurs lyonnais et que Natalis Rondot n’hésite pas à comparer à Bernard Salomon et Pierre Eskrich. Katarina Kolb, dans son Essai sur les traités des poissons de la Renaissance, insiste sur la supériorité manifeste de ces gravures, en dépit de leur petit format. Aucun détail significatif n’y est omis, contrairement à ce qu’on observe chez Aldrovandi et surtout chez Belon, où chaque espèce a subi une grande schématisation. Cette transformation ne se produit pas dans les gravures de G. Reverdy qui emprunte réellement les formes à la nature. Toujours selon cette dernière, notre meilleure spécialiste de l’ichtyologie de la Renaissance, ces gravures ne redoublent pas les indications textuelles, comme chez Belon, leur exactitude dispensant de donner des descriptions dans le texte qui peut, dès lors, être consacré aux problèmes anatomiques ou à l’utilisation médicale des animaux marins. Le soin du détail, la luminosité suggérée par les hachures, l’aspect vivant des espèces, l’utilisation des contrastes et la copie minutieuse permirent d’assimiler ces images à des emblèmes. Elles fixèrent pour plus de deux siècles des nouvelles normes dans la représentation des animaux marins. Le cycle iconographique, constitué d’un portrait de l’auteur et d’environ 420 bois gravés, est complété par une élégante série d’initiales à fond floral. Superbe exemplaire de cet ouvrage fondamental, à la fois par son texte et son illustration, pour l’histoire de l’ichtyologie. Rare dans cette condition.

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8 - Rondelet

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Dimensions : 288 x 197 mm. Provenance : Paris (Cat., Biblioth. Parisiana, Londres, 1780, n° 124) ; Pichon (Cat., 1869, n° 176) ; Renard (Cat., 1881, n° 287). Nissen, 3475 ; Norman, II, n°1848 ; D.S.B., 11-12, pp. 527-528 (« … Rondelet’s reputation effectively depends on his massive compendium an aquatic life… it laid the foundations for later ichthyological research and was the standard reference work for over a century ») ; Baudrier, X, n° 259 ; Brunet, IV, 1373 (« Cette traduction est un peu plus recherchée que l’original latin ») ; Laurent Pinon, Livres de zoologie de la Renaissance, une anthologie (1450-1700), n° 20 (Attribue la traduction à Laurent Joubert) ; Katarina Kolb, Graveurs artistes & Hommes de Sciences, 1996 ; Bogaert-Damin-A. Piron, Livres d’animaux du XVIe au XXe siècle, n° 5.

9. MAUROLICO (Fr.). Martyrologium... domini Francisci Maurolyci, ... multo quam antea purgatum et locupletatum. Venetiis, 1568, Apud Iuntas [in off. Lucae Antonij Iuntae, 1568], in-4°, maroquin havane, sur les plats, cartouche central à fond criblé contenu dans un encadrement, armes au centre, dans les angles, branchages feuilleux et tête de dauphin, l’ensemble serti d’une large bordure à décor à répétitions, dos à nerfs orné, tranches ciselées (reliure de l’époque). 24 000 € Première édition donnée par Francesco Maurolico. Excepté ce calendrier de martyrs, Francesco Maurolico (1494-1575), ordonné prêtre en 1521, s’illustra par ses travaux scientifiques, qui connaissent aujourd’hui un regain d’intérêt. Récemment, à la suite de différents séminaires de recherche, il a paru nécessaire à une équipe d’historiens de publier une édition critique complète de ses œuvres. Durant toute sa vie, Maurolico se consacra à l’étude des mathématiques, de la mécanique, de la musique et de l’astronomie. Professeur à l’université de Messine, il occupa aussi la fonction de responsable des fortifications de ladite ville. Hormis quelques courts séjours à Naples et Rome en compagnie de Jean Ventimiglio, marquis de Gerace, il vécut en Sicile. Exemplaire aux armes de Jérôme Ruiz, membre d’une famille originaire de Valence, vivant à Rome au XVIe siècle. La reliure est sortie d’un atelier de cette même ville, son dessin s’apparente à ceux du Ringhieri et du Caro, reproduits dans la Legatura Artistica, I, planche 159, de T. de Marinis. Une partie de son vocabulaire ornemental est à rapprocher de celui qui décore un bréviaire aux armes du pape Pius V (Nixon, PML, n° 46). La bordure, le décor d’angles ainsi que le fer au dauphin sont similaires. Des 29 reliures recensées aux armes de J. Ruiz, réalisées entre 1560 et 1571, la nôtre, la seule sur un livre en latin, présente deux particularités : le dos est non titré et les plats sont dépourvus des initiales du propriétaire. Hobson les attribue toutes au même relieur, « The Ruiz Binder », dont le style est dans la tradition de maître Luigi, auquel il succéda probablement. Quelques restaurations anciennes (caissons inférieur et supérieur, coins). Doublure et gardes renouvelées. Dimensions : 241 x 172 mm. Provenance : J. ; Ruiz ; Laureti Leoncini (ex-libris manuscrit); Quarritch (Cat. Elton Library, 1891, p. 167) ; Collection privée. Adams, M. 799 ; DSB, 9 &10, pp. 190-194 ; A. Hobson, Apollo & Pegassus, p. 219, n° 20; Hobson & Culot, La Reliure en Italie et en France au XVIe siècle, n° 17 ; Wittock, I, n° 61. 16


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9 - maurolico

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10. LEONICO TOMEO. De varia historia libris tres. Lyon, S. Gryphe, 1555, in-16, vélin ivoire à rabats, plats ornés aux angles de fers azurés dorés, cartouche central avec réserve occupée par des armes dorées et peintes, de part et d’autre, semis de fleurettes dorées, dos lisse orné des mêmes éléments, tranches dorées (reliure de l’époque). 18 000 €

Réimprimé d’après l’édition de 1532, dont on connaît un exemplaire aux armes de Benoît Le Court, le De varia historia libris tres est une compilation d’histoires mythologiques, soit grecques, soit latines, et de portraits légendaires ou historiques. Proche d’Alde, Leonico Tomeo (1446/47-1531) occupa la première chaire consacrée à l’exposé du texte grec d’Aristote, créée en 1497 pour lui à Padoue, à l’initiative du sénat vénitien. Exemplaire relié pour l’humaniste et bibliophile Gian Federico Madruzzo (1531-1586). Après des études aux universités de Louvain et Paris, il commença une carrière militaire, puis épousa en 1557, Isabelle de Chalant, issue d’une famille illustre du Val-d’Aoste, ce qui lui valut d’être nommé le 24 mars 1569 par Emmanuel Philibert, dix-septième chevalier de l’ordre prestigieux de l’Annonciade. Il devient alors ambassadeur du duc de Savoye puis de l’empereur d’Allemagne Rodolphe II auprès du Saint-Siège à Rome, ville où il s’éteindra. Les armes frappées, formées d’une couronne comtale et du cordon de l’ordre de l’Annonciade, permettent de dater la reliure des années couvrant la période de 1565 à 1586. Cette dernière, réalisée en France, est dans un parfait état de conservation. Elle n’apparaît pas sur la liste dressée par Fr. Malaguzzi des reliures de la bibliothèque de Gian Federico Madruzzo, qui en comprend 37, la plupart de petit format, et dont cinq présentent le même vocabulaire ornemental que celle que nous présentons ici. Dimensions : 116 x 74 mm. Provenance : Gian Federico Madruzzo ; P. Buoninsegni (ex-libris) ; Io. Gio Fracomonti ; E. Pittalugo ; G. Pittalugo (Cat., 1997, n° 90); M. Wittock (ex-libris).

11. BILLON (F. de). Le fort inexpugnable de l’honneur du sexe féminin… Paris, Jean d’Allyer, 1555, in-4°, maroquin vert olive, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle).

15 000 €

Édition originale de ce panégyrique, le plus enthousiaste, le plus passionné qui ait été jamais écrit en l’honneur des femmes. Avec Guillaume Postel, François de Billon est, au milieu du XVIe siècle, le principal théoricien du féminisme. Composé à Rome pendant que l’auteur était au service de Jean du Bellay en qualité de secrétaire, ce livre est d’une lecture difficile car imprégné d’une culture peu accessible et écrit sur le mode de l’allégorie. Il évoque Martin le Franc, Gratien du Pont, Rabelais, qu’il associe au courant gaulois misogyne, rappelle la querelle des Amyes, dresse une liste de femmes remarquables depuis l’Antiquité, citant ainsi Pernette du Guillet, Louise Labé, Hélisenne de Crenne, relève les noms des auteurs qui les ont défendues, Vauzelles, Héroët, Salel, les poètes de la Pléiade, et utilise le vocabulaire militaire pour développer son argumentation. Ainsi compare-t-il l’honneur des femmes à un château fort imprenable et pourtant menacé, leurs qualités étant représentées par quatre doubles et bien emparés bastions : force et magnanimité, chasteté et honnêteté, clémence et libéralité, dévotion et piété. Chacun est dédié à une grande dame de la cour de France. L’illustration comprend un portrait de l’auteur, une figure à pleine page, six fois répétée, représentant un château défendu par des femmes, et une autre, l’Allocution à la plume que l’on trouve en trois endroits du texte. En regard de ces images, est imprimée une bordure gravée sur bois, formée des 18


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11 - Billon attributs militaires. D’autre part, chaque point important du texte est souligné en marge, par un canon surmonté du mot canonade. Séduisant exemplaire, en maroquin vert olive du XVIIIe siècle. Très légère et petite mouillure aux pp. 156 à 158 et 182 à 186. Dimensions : 240 x 162 mm. Provenance : ex-libris manuscrit raturé sur page de titre. Rothschild, 1837 ; Brun, Livre illustré en France au XVI e siècle, p.156 ; Albistur, Histoire du féminisme français, pp. 102-106. 12. [ENTRÉE de Charles IX à Paris]. Bref et sommaire recueil de ce qui a esté faict, et de

l’ordre tenüe à la joyeuse et triumphante Entrée de très puissant... Prince Charles IX... Avec le couronnement de très-haute très illustre & très excellente Princesse Madame Elizabet d’Autriche son épouse, le Dimanche vingtcinquiesme. ET ENTREE DE LADICTE DAME EN ICELLE... Paris, Imprimerie de Denis du Pré, pour Olivier Codoré, 1572-1571, 4 parties en un vol. in-4° de 53, [2 pl. et 1] ff. ; 10 ff. ; 26, [2, dern. bl.] ff. ; 9, [1 bl.], vélin souple ivoire, plats ornés d’un filet noir peint en encadrement, chiffre PAZL et date 1659 frappés sur le premier, dos lisse avec mention manuscrite, traces de lacet (reliure de l’époque).

48 000 € Édition originale de ce récit, décrivant les festivités (entrée et couronnement) organisées du 6 au 25 mars 1571, par la ville de Paris, en l’honneur du couple royal, Charles IX et Élisabeth d’Autriche, la fille de l’empereur Maximilien II. 19


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La relation de ces événements, que l’on doit à Simon Bouquet, fut imprimée l’année suivante. Ces récits sont entremêlés d’un grand nombre de pièces de Ronsard, Baïf, Jamyn, Dorat… Les échevins de Paris, avec à leur tête Simon Bouquet, confièrent à Ronsard et à Dorat la responsabilité des deux entrées solennelles dans la capitale. Ronsard, l’organisateur principal, choisit alors un programme iconographique reflétant deux thèmes : l’union de deux pays, la France et l’Allemagne, assurée par le mariage de Charles IX et d’Élisabeth, et la paix retrouvée, à travers le traité de Saint-Germain. Plus de six mois furent nécessaires à leur préparation ; les responsables engagèrent pour l’occasion Germain Pilon en tant que sculpteur, Le Conte pour les travaux de charpenterie, les perspectives et les peintures furent confiées à Pierre d’Angers et à Nicolo dell’Abbate, l’émule du Primatice à Fontainebleau. Bien que les entrées eussent lieu à trois semaines d’intervalle, celle du roi le 6 mars, celle d’Élisabeth le 25, quatre jours après le couronnement, il semblerait que les programmes aient été les mêmes. 16 bois gravés à pleine page forment le cycle iconographique. On les doit au tailleur et graveur en pierres précieuses, Olivier Codoré. Ils représentent les arcs de triomphe élevés à la porte Saint-Denis, à la porte aux Peintres, et au bout du pont Notre-Dame, les fontaines du Ponceau et de Saint-Innocent, la statue de Junon, l’arc de triomphe élevé devant le Châtelet, la décoration du pont Notre-Dame, le surtout de vermeil offert au roi par les échevins de Paris… La quatrième partie, qui manque à la plupart des exemplaires, est occupée par un long poème d’Étienne Pasquier, où l’historien célèbre le traité de Saint-Germain. Il mettait un terme à une décennie de guerres qui avaient d’autant ajourné l’entrée de Charles IX dans sa capitale. La paix, signée en août 1570, offrait enfin un moment propice pour les cérémonies. Seul Ruth Mortimer distingue différentes émissions pour cet ouvrage. Notre volume a le feuillet G3 imprimé en italique, les feuillets I2 et I3 recomposés, par contre le mot « vouloir » au verso du f. I2 n’a pas été ajouté. Exemplaire relié à l’époque, bien conservé et à belles marges. Il a appartenu à l’abbaye bénédictine de Lambach, dont la marque « PAZL 1659 » a été frappée sur le premier plat. Cette dernière, dont une partie du fonds est aujourd’hui conservée à la Bibliothèque nationale de Vienne, céda dans les années 1930 un important ensemble de manuscrits et d’impressions. L’Entrée de Charles IX est apparue sur le marché français en 1928 au cours d’une vente organisée par la maison Giraud-Badin, pour Monsieur Eiseman. La lecture du catalogue, formé de 60 numéros, fait apparaître une quinzaine d’ouvrages, tous imprimés en France au XVIe siècle et en reliure de l’époque présentant la même marque. D’autre part, elle fut acquise lors de cette dispersion par le général Willems. Petite trace de mouillure dans les fonds, atteignant légèrement la planche dépliante. Condition rare. Dimensions : 234 x 159 mm. Provenance : ex-libris manuscrit Adam Sciller ; Abbaye bénédictine de Lambach, en Haute-Autriche, près de Salzbourg, avec les initiales P[eter] A[bt] Z[u] |[ambach] et la date 1659 ; Eiseman (Cat., 23 juin 1938, n° 11); Willems (1879-1937) ; Pierre Berès. Destailleurs, 1891, n° 293 (ex. de Thou en vélin blanc) ; Ruggieri, 276 (sans la quatrième partie, relié par Lortic) ; Vinet, 474 ; Picot, Rothschild, IV, 3117 ; Brunet, II, 1001 ; Rahir, Dutuit, 676 ; Mortimer, French 16 th Century books, 205-206 (reliés au XVIIIe et XIXe siècle) ; Fairfax-Murray, French, 152 (sans la 4e partie, relié par Niédrée) ; Barbier, Ma bibliothèque poétique, II, Ronsard, 79 ; Tchemerzine, IX, 97-98. 20


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12 - [Entrée de Charles IX à Paris]

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13. SAINT-GELAIS (Mellin de). Œuvres poétiques. Lyon, De Harsy, 1574, in-12, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Bauzonnet-Trautz). 5 500 €

Seconde édition collective en grande partie originale, plus complète que la précédente, de ces poèmes dus à Saint-Gelais, protégé d’Henri II et ancien disciple de Marot. Une édition publiée du vivant de l’auteur, en 1547, fut probablement détruite par ce dernier en raison de pièces susceptibles de compromettre son statut de poète de cour. Il n’en reste que deux exemplaires conservés à la BNF, dont un incomplet. Notre édition, imprimée en italique quinze ans après la mort de Saint-Gelais, donne pour la première fois l’ensemble des poèmes de l’auteur, comprenant opuscules, sonnets, rondeaux, ballades, épitaphes, élégies, énigmes et chansons. Superbe exemplaire, grand de marges, aux armes des Fitz-James, probablement Édouard (17761838), pair de France, député de 1834 à 1837, arrêté avec Chateaubriand et Hyde de Neuville à la suite du complot de la duchesse de Berry. Proche de Balzac, oncle de Mme de Castries, il patronnait le Rénovateur, journal légitimiste dirigé par Charles Laurentie. Signée Bauzonnet -Trautz, la reliure aurait été exécutée après 1840 selon Flety. Dimensions : 162 x 102 mm. Provenance : Fitz-James (1776-1838). Picot, I, 630 ; Baudrier, Suppl. I, p. 32, n° 8 ; Barbier, I, n° 64 ; Olivier, 1386.

14. BODIN (J.). De la démonomanie des sorciers... Paris, J. Du Puys, 1580, in-4°, vélin ivoire doré à rabats, au centre grand fer azuré de forme ovale, filet doré autour des plats, dos lisse orné, tranches dorées, traces de lacets (reliure de l’époque). 20 000 €

Édition originale dédiée à Christophe de Thou, premier président du Parlement. L’ouvrage est considéré comme le meilleur texte sur la sorcellerie au XVIe siècle.

Une prétendue multiplication des sorciers intensifia leur répression, entreprise dès le début du XVIe siècle. Catholiques et protestants s’accordèrent dans les années 1570-1580 pour lutter contre eux, l’ouvrage de Bodin s’inscrivant dans ce courant. « La Démonomanie, écrit Bodin, doit servir à l’instruction de ceux qui pourraient tomber en la fosse par les piperies de Satan ». Il envisage la sorcellerie en fonction de ses implications sociales, danger qui est la conséquence du principal : renoncer à toute forme de religion alors qu’elle est le ciment des Républiques. Prestiges et sortilèges relevant uniquement de Satan, selon Bodin, il est conduit à démontrer la réalité du sabbat, du transport, de la lycanthropie... La sorcellerie relevant de l’ordre selon lui, l’ouvrage est donc placé sous le signe de la justice. La Démonomanie sera condamnée par Rome et Bodin, accusé de magie. Exemplaire de goût, habillé d’une reliure de l’époque en vélin doré ivoire. Les cahiers SS, DDD et SSS sont un peu roussis. Le haut des premiers feuillets est légèrement maculé par des reports de colle. Dimensions : 227 x 167 mm. Provenance : Pottiée-Sperry (ex-libris). Tchemerzine, II, p. 243 ; Caillet, 1269 ; Dorbon, 387 ; Yves Plessis, 843 ; Bibliothèque nationale, Les Sorciers, n°187 ; Actes du Colloque d’Angers, Jean Bodin, 1984 ; Fred & Anne Max, Démonologie - Inquisition, n°17-18 (éd. de 1587 et 1604). 22


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14 - Bodin

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15. SCHOPPER (H.) & AMMAN (J.). Panoplia omnium illeberalium mechanicarum aut sedentarium artium genera continens… accesserunt etiam venutissimae imagines omnes omnium artificium negociationes... Francfort, Georges Corvin pour S. Feyerabent, 1568, in-8° de 8 ff. lim. et 140 ff., maroquin vert janséniste, filets à froid autour des plats, dos à nerfs orné, tranches dorées (Atelier Laurenchet). 18 500 €

Première édition latine du premier recueil sur les métiers.

Elle fut publiée la même année que l’édition allemande mais dans un atelier d’impression différent, tous les bibliographes ne s’accordent pas sur leur ancienneté. Pour Colas, elles ont été éditées à la même date, Brunet ne se prononce pas, et Davies, dans son catalogue «Early German Books in the Library of C. Fairfax Murray», décrit ainsi l’allemande : « First edition with the German verses… Another edition with latin text, was published the same year.  » Il semble difficile de savoir à laquelle on doit attribuer la priorité. Ce problème se pose dans les mêmes termes pour un Aesope édité en 1566, toujours chez Feyerabent. Ce théâtre des métiers, autant destiné à instruire qu’à distraire, rappelle plus par sa mise en pages, agréable et simplement conçue, une suite de gravures qu’un livre. Ainsi chaque feuillet, resté vierge au verso, est illustré d’une gravure accompagnée d’explications en vers latins par Hartmann Schopper. Cette illustration, que l’on doit à Jost Amman, est formée de 132 bois gravés. C’est en qualité de graveur sur bois que Jost Amman (1539-1591) a acquis sa célébrité ; il est considéré comme un des grands praticiens de son époque. Il participa à l’illustration de nombreux ouvrages, et produisit des pièces séparées selon deux techniques : l’eau-forte mêlée au burin, et la gravure sur bois. Natif de Zurich, il exerça à Nuremberg. À travers cette suite, très hiérarchisée puisqu’elle présente en premier les hommes d’église pour finir avec le colporteur, on découvre le monde des ateliers des diverses corporations du XVIe : tailleurs de pierre, charpentiers, orfèvres, batteurs d’or, joailliers, lapidaires, horlogers, épingliers, astronomes, physiciens, apothicaires, luthiers… sans oublier les métiers du livre, fabricants de papier, fondeurs de caractères, imprimeurs et relieurs. Les nombreuses rééditions, latines ou allemandes, qui se succédèrent entre 1568 et 1588, attestent de l’intérêt de ces bois. La première allemande est très rare, Rahir et Dutuit possédaient uniquement la première latine. Exemplaire à belles marges, d’un beau tirage. Établi par l’atelier Laurenchet, il est non lavé. Dimensions : 150 x 90 mm. Provenance : mention manuscrite À Nicolas Quesnel peintre 1609 ; bibliothèque Lastyer (cachet). Brunet, V, 218 ; Longchamps, 2662 ; Becker, Jost Amman, 13 b ; Colas, 111 ; Hyatt Mayor, Prints & People, Metropolitan Museum of Art, 411, Ed. Latine (“The Swiss Jost Amman shows himself cutting his own design, in his lively little survey of 132 crafts and trades, that anticipates the great french Encyclopédie”) ; Bouchot, Histoire anecdotique des métiers, 1888, pp.19, 133 et 143 ; Rahir (Cat., 1931, n° 671-672).

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15 - ScHOPPER & AMMAN

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16. FAUCHET (C.). Recueil de l’origine de la langue et poésie française, ryme et romans… Paris, Mamert Patisson, 1581, grand in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné de petits fers répétés, roulette dorée intérieure, tranches doréees (H. Duru). 6 000 €

Édition originale de cette œuvre essentielle pour l’étude du langage et de la littérature.

S’appuyant sur une documentation précise et étendue, et doué d’un esprit critique, l’auteur nous livre ici un ouvrage novateur, qui est une étude de l’ancienne langue française et de ses monuments. Ainsi cite-t-il, d’après des manuscrits, quelque 127 fabliaux et poètes oubliés qu’il étudie et analyse. Sa biographe, Mme Espiner-Scott, voit en lui un précurseur digne des Gaston Paris, Paul Meyer, et même d’Augustin Thierry. Il est, selon cette dernière, le fondateur ou du moins le premier auteur de l’histoire de la littérature en Europe. Bel exemplaire. Coin supérieur de deux feuillets habilement restaurés (b1-2). Dimensions : 225 x 146 mm. Provenance : ex-libris inconnu avec la devise « On abuse du vrai » ; Christine Arnothy (ex-libris). Grente, Dictionnaire des lettres françaises, XVIe siècle, pp. 324-325 ; Bibliothèque nationale, En français dans le texte, 1990 n° 74 ; Brunet, II, 1192. 17. MONTAIGNE (M. de). Essais de Michel Seigneur de Montaigne. Cinquiesme édition,

augmentée d’un troisième livre et six cens additions aux deux premiers. Paris, Chez Abel L’Angelier, 1588, in-4° de (4) ff. et 504 ff. mal chiffrés 496, veau moucheté, dos à nerfs finement orné, roulette dorée intérieure, tranches rouges, boîte (reliure du XVIIIe siècle). 53 000 €

Dernière édition publiée du vivant de Montaigne.

Cinquième édition, contenant les deux premiers livres très profondément revus (600 additions), et le troisième livre en édition originale. Beau titre-frontispice gravé, comme presque toujours très légèrement atteint par le couteau du relieur. La faute est ici corrigée. Annoncée au titre comme étant la « cinquiesme edition », c’était en réalité la quatrième de l’œuvre, ce qui pose une énigme non résolue : on ne connaît pas de quatrième édition. L’hypothèse retenue par le Dr Sayce est la suivante : “The substitution of fifth for foorth edition may have been prompted by the desire to suggest that the book was selling better than it was, a trick not unknown even to-day.” Exemplaire de choix, à belles marges, dans une reliure que l’on peut dater du début du XVIIIe siècle, au dos élégamment orné d’une fleur de lys et de fers animaliers plusieurs fois répétés. Dimensions : 242 x 182 mm. Provenance : étiquette de rangement, imprimée au nom de Charles de La Haut, à Charleville. Sayce & Maskell, A descriptive bibliography of Montaigne’s Essais, 1580-1700, n° 4 ; […], Printing and the Mind of Man, 95 (Éd. de 1580). 26


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18 - DANFRIE

18. DANFRIE (Ph.). Déclaration de l’usage du graphomètre... Paris, Danfrie, 1597, in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos lisse orné d’un décor avec titre en long, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle). 17 000 € Édition originale de la première description du graphomètre, instrument inventé par l’auteur. Sous ce nom, Danfrie décrit en réalité deux instruments complémentaires : l’observateur, qui seul conservera le nom de graphomètre, et le rapporteur : le premier sert à effectuer des relevés de terrain ou à mesurer des hauteurs et des profondeurs, le second permet de reporter sur le papier les visées faites au moyen de l’observateur. Avec les arpenteurs, le graphomètre connaîtra une carrière de deux siècles. Non seulement pensé par son auteur, l’ouvrage fut entièrement conçu par ce dernier. Danfrie se fit à la fois typographe et illustrateur pour l’occasion. Le livre est entièrement imprimé en caractères de civilité, spécialement gravés pour l’occasion par ce dernier. Il occupa la charge de graveur général des Monnaies de France, après avoir été en 1558 l’associé de Richard Breton pour l’exploitation des caractères de civilité dessinés par Robert Granjon. L’illustration qui lui est également donnée, se compose de 14 figures gravées sur cuivre et de vignettes interprétées sur bois. Exemplaire de qualité, du premier tirage, dans une reliure du XVIIIe siècle, qui n’est pas sans rappeler la main de Derome. Au moment de cette dernière, le feuillet de titre a été doublé. Dimensions : 191 x 122 mm. Aucune marque de provenance. Mortimer, 163 ; Brun, p. 180 ; Daumas, pp. 24-25 ; Honeyman, 820 ; Wellcome, 1707. 27


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19. SAVIGNY (C. de). Tableaux accomplis de tous les arts liberaux… amassez et reduicts en ordre pour le soulagement et profit de la jeunesse. Paris, Jean et François de Gourmont, 1587, in-plano de (38) ff., vélin blanc, filets dorés autour des plats, dos lisse orné d’un chiffre entrelacé plusieurs fois répété (reliure du XIXe siècle). 45 000 €

Édition originale, très rare, de la première tentative en français de classement du savoir. On ne connaît qu’une douzaine d’exemplaires de ce livre, dont trois seulement aux États-Unis : à la Newberry Library de Chicago, à la Folger de Washington et à Harvard. Dédiée à Louis de Gonzague, duc de Nivernais et de Rethelois, prince de Mantoue, elle a été imprimée par Jean II de Gourmont et son frère François, installés rue Saint-Jean de Latran, à l’Arbre Sec, qui avaient obtenu, le 27 juillet 1584, un privilège de dix ans sur l’ouvrage de Christophe de Savigny (v. 1530-1608). L’un des chefs-d’œuvre de la gravure sur bois du XVIe siècle. Le livre s’ouvre sur la monumentale planche de dédicace, elle représente l’auteur offrant son livre au duc de Nevers avec, en fond, sur une tapisserie, les armes du prince et, sur une porte, celles de l’auteur. Puis suit une planche générale intitulée : « Encyclopédie, ou la suite & liaison de tous les Arts et Sciences » ; viennent ensuite 17 planches présentant des tableaux scientifiques conçus à la manière des arbres généalogiques. Ils sont placés dans de beaux encadrements. Papillon et Didot attribuaient ces gravures à Jean Cousin. Mais il y a plus de raisons de penser qu’elles sont l’œuvre des Gourmont, qui étaient non seulement imagiers mais également tailleurs d’histoires en bois. L’ouvrage est divisé en dix-sept sections, chacune de deux feuillets, consacrées aux arts libéraux : grammaire, rhétorique, dialectique, arithmétique, géométrie, optique, musique, cosmographie, astrologie, géographie, physique, médecine, éthique, jurisprudence, histoire et théologie. Chaque section comprend un schéma dans une bordure rectangulaire, avec des bois gravés dans un cadre ovale et un schéma suivi par un feuillet de texte intitulé “Partitions de”, ce terme étant emprunté à La Ramée. Le tableau de la géographie porte en son centre un planisphère en projection ovale d’après celui de Benedetto Bordone. Premiers tableaux de classification raisonnée et encyclopédique des arts et des sciences. « Quand, en 1587, Christophe de Savigny, édite ses Tableaux accomplis de tous les arts libéraux pour le soulagement et profit de la jeunesse, “ l’encyclopédie des arts et des sciences ” qu’il propose revêt l’aspect d’une vaste arborescence : elle est comme l’organigramme général de l’administration de la science, où chaque discipline a sa place marquée au sein d’une hiérarchie à laquelle rien n’échappe. Ainsi le sous-ensemble des sciences de la nature se construit par une cascade de distinctions successives : entre le corporel et l’incorporel, entre physique de la qualité et physique de la quantité, qualité des sens et qualité des corps, corps simple et corps composé, composé inanimé et composé animé, ainsi jusqu’à descendre à l’endroit où la distinction permet de circonscrire exactement une science. La théologie elle-même n’est qu’une subdivision de l’ensemble des arts, c’est-à-dire de l’encyclopédie… » (BNF, Tous les savoirs du monde, pp. 156-159 et 183, n° 15). Exemplaire de qualité à grandes marges avec traces de témoins : petites restaurations en marge de quelques feuillets, principalement en C, E, V et LL, sans atteinte à la bordure. Petite déchirure dans la marge du feuillet de titre consolidé. Dimensions : 456 x 338 mm. Provenance : un chiffre entrelacé au dos non identifié ; Harth (Cat.,1958, n° 156, « Exemplaire en très bon état, à toutes marges ») ; Otto Schäfer (Cat. II, 1995, n° 178 « A fine uncut copy of an early and very rare teaching aid ») ; Pierre Berès, avec mention manuscrite. Mortimer-Harvard, French Sixteenth Century Books, n° 484 ; La Gravure française à la Renaissance, BNF, 1995, n° 149 ; Jean Adhémar, Inventaire du fonds français, graveurs du XVIe siècle, II, p. 339 ; Henri-Jean Martin, Classements et Conjectures, Histoire de l’édition française, I, pp. 428-432. 28


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20. SIBMACHER (J.). Newes Modelbuch in Kuplfer Gemacht, darinen aller hand arth Newer Model... Nurnberg, s.e., 1602, in-4° oblong, maroquin havane, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, dentelle dorée intérieure, tranches dorées (Noulhac). 13 000 €

Seconde édition. Précieux livre, l’un des plus importants et plus variés recueils de modèles de broderie au lacis exécutés en Allemagne. Brunet ne cite qu’une édition de 1604, qu’il qualifie de fort rare. L’ouvrage s’ouvre sur un titre gravé, puis suivent 2 ff. de dédicace, une planche gravée sur cuivre où figurent dans un jardin Indusria, Ignavia et Sophia, personnages d’un dialogue en vers qui occupe les 5 ff. suivants et enfin un titre gravé. Ce dialogue fort curieux ayant pour objet les différents travaux à l’aiguille, a été longuement étudié par Alvin, dans les Anciens Patrons de broderies. Le reste du recueil est constitué de 58 gravures, tirées au recto de chaque f. Chacune de ces planches est composée de 2 ou plusieurs modèles, certains sont inspirés de la Corona de Vecellio. Bel exemplaire. Les planches 23, 30, 31, 35, 54, 55 et 58 sont réenmargées. Dimensions : 151 x 192 mm. Aucune marque de provenance. Arthur Lotz, Bibliographie der Modelbücher, 38 b. ; Katalog Berlin, 1496 ; Brunet, suppl., 358 ; Bury Palliser, Histoire de la dentelle, p. 395, n° 211 (éd. de 1604).

21. ZEISING (H.). Theatri Machinarum. Liepzig et Altenburg, Grossen - Liegren - Meuschken et Jansonium, 1614-1629, 6 parties en 2 vol. in-8° oblong, vélin ivoire, dos lisses, traces de lacets, tranches bleutées (reliure de l’époque).

30 000 €

Premier théâtre de machines allemand.

L’auteur, étudiant en architecture, confia à son ami libraire de Leipzig, Henning Gross le Jeune, le soin de publier cette seconde édition, l’originale datant de 1607. Il s’assura les services de Hieronymus Megiser pour la partie des traductions, et ceux de Johann Meuschker, Georg Liegern et Justum Jansonium pour l’impression. Le texte s’articule autour de six parties, chacune annoncée par un bel encadrement de titre baroque, deux d’entre eux sont signés soit du nom, soit des initiales de Bretschneider. L’illustration, inspirée de celle du Ramelli, se compose de 152 gravures sur cuivre, représentant des pompes aspirantes et refoulantes, des fontaines, des treuils, des leviers, des ponts mobiles, des grues, des machines hydrauliques, des écluses, des fontaines… La plupart présentent un aspect plus animé et détaillé que celles des autres théâtres de machines Ramelli, Zonca, Branca et Boeckler. Bien que la majorité d’entre elles soient non signées, certaines planches portent les mentions HZ f. HG exc. ou AB f. HG exc. Dans ces initiales se lisent probablement les noms de Henning Gross, Heinrich Zeising et Andreas Bretschneider ; de ce dernier, nous savons qu’il s’installa à Leipzig en 1611, et qu’il travailla à l’illustration de livres pour Gross, notamment en réalisant les gravures d’un Ramelli publié en 1620. On remarque que les planches signées ont été traitées avec plus de soin que certaines restées anonymes. Superbe exemplaire, très frais, de cet ouvrage rare en belle condition. Dimensions : 156 x 185 mm (Texte) ; 146 x 165 mm (Atlas). Aucune marque de provenance. Wolf, A History of Science, Technology… p. 541 ; Holstein, B., pp. 154-156. 30


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21 - ZEISING

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22. TUCCARO (A.). Trois dialogues du Sr Archange Tuccaro de l’Abbruzo, au Royaume de Naples. À Tours, G. Griveau, 1616, in-4°, veau moucheté, dos à nerfs orné, tranches mouchetées (reliure de l’époque).

12 000 €

Première tentative de description systématique et normative des sauts acrobatiques. Il s’agit d’une analyse scientifique imprégnée de théories aristotéliciennes. Archange Tuccaro (c.1536-1602), né Aquila dans les Abruzzes, exerça la fonction de maître de gymnastique dans diverses cours royales d’Europe, notamment auprès de Maximilian II à Vienne, puis en France pour Charles IX qui l’avait sacré Roi des Sauteurs, et pour lequel il faisait le divertissement aux fêtes publiques et entrées solennelles. C’est à l’intention de ce monarque que fut sans doute écrit l’ouvrage. Le manuscrit ayant été perdu pendant le siège de Paris en 1588, Tuccaro dut le réécrire. Il parut la première fois en 1599 chez Claude de Montr’oeil, puis en 1616 chez G. Griveau. Présenté sous forme de dialogues, le premier est une discussion d’ordre étymologique des termes grecs et latins désignant le saut acrobatique, nommé par les anciens cubistique, et que nous appelons aujourd’hui périlleux, suivie d’un débat sur le bal et la danse. Le second dialogue est une description technique des différents sauts accompagnée de 87 figures. Les dessins ne sont pas de simples illustrations, ils permettent de lever les ambiguïtés du texte. Le troisième traite de l’utilité des exercices corporels conformément aux préceptes de la santé et de la médecine. Ces trois dialogues, campés en Touraine au château d’Honoré de Beuil, où Charles IX séjourna après ses noces avec la reine Isabelle, ont pour protagonistes trois gentilhommes de la suite royale et deux gymnastes ; Cosme Roger, Charles Tettie et Ferrand, Baptiste Bernard, fameux sauteur, et Pino, le parfait nourrisson de la gymnastique de Sieur Archange. L’auteur ne prend jamais directement la parole. 87 figures et une célèbre planche dépliante, le saut des cerceaux, ici très bien conservée, forment l’iconographie. L’ensemble, anonyme, a été interprété sur bois. Exemplaire de qualité, très bien conservé. Rare en reliure de l’époque. Dimensions : 210 x 159 mm. 32


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Provenance : ex-libris Nicolas-Joseph Foucault (1643-1721), qui posséda l’une des bibliothèques les plus précieuses de France ; ex-libris et cachet à froid Earl of Macclesfield. Brunet, V, 972-973 (« Il y a des exemplaires de cette même édition dont le titre porte : Tours, Griveau, 1616 »); Brun, Le livre français illustré de la Renaissance, p. 306; Murray, Catalogue of French Books, 553; Toole Stott, Circus and Allied Arts, A World Bibliography, 1500-1959, Vol. II, 1693 ; Bousac, « Un traité acrobatique du XVIe siècle », Ethnographie française, I, (1971), pp. 11-28, (« Les trois dialogues... constituent un document tout à fait exceptionnel... Sa double maîtrise de la langue et du corps rend ses descriptions exemplaires, au point que l’on pourra tirer de leur analyse des conclusions générales qui permettront d’ébaucher une paradigmatique des modèles ») ; A. Claudin, Catalogue des livres rares et curieux de Victor Luzarches, 1869, n° 1848) ; K. Jottings, Rare and curious Book, Stockolm, 1995, p. 38 (« First printed book exclusively devoted to acrobaties ») ; Olivier, 1852.

23. [BIBLIA]. Biblia Sacra. Cologne, B. Gualterus, 1630, in-12, maroquin rouge, dos à nerfs orné aux petits fers, chiffre KVD dans les entre-nerfs, double encadrement de filets et de pointillés dorés sur les plats, petits vases de fleurs aux angles, armes au centre, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l’époque). 10 000 € La fameuse Bible des Évêques, réputée pour son élégance. Elle n’est pas répertoriée par Darlow et Moule. Frontispice gravé contenant 8 vignettes figurant plusieurs scènes de la Bible. Exemplaire de Sir Kenelm Digby (1603-1665), portant ses armes sur les plats et au dos, son chiffre associé à celui de son épouse Venetia (1600-1633), à laquelle il voua un culte célèbre. Diplomate, homme de science, philosophe, ami des écrivains et des savants, Hobbes, Descartes, Gassendi, Mersenne..., Digby est l’auteur de nombreux livres concernant aussi bien les sciences que la religion. Après sa conversion au catholicisme dans les années 1630, il préfaça en 1638 une traduction des Confessions de Saint-Augustin et publia la même année Conference with a Lady about Choices of Religion, ouvrages qui constituent ses premiers travaux littéraires. Ravissante reliure, d’un grand raffinement. M. Breslauer attribue des reliures presques identiques, également exécutées pour Digby, à Ruette (cf. Godeau. Paraphrases s.les Epistres de la Bible. 1637. Cat. 104, II, n° 201). 33


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Elles ont probablement été exécutées vers 1636, lors d’une visite en France. À sa mort, une vente fut ordonnée par la France. Son parent, George Digby (1612-1677), comte de Bristol, fut le principal acheteur. Restaurations aux charnières. Dimensions : 150 x 87 mm. Provenance : Alexis-François Anneix de Souvenel (1689-1758), bâtonnier des avocats au Parlement de Bretagne et poète (signature Anneix avocat 1756 sur une garde) ; Monsieur de Villeneuve (signature biffée sur une garde). D. Rubin, Sir Kenelm Digby, San Francisco, J. Norman, 1991.

24. ZEILLER (M.). Topographiae Galliae. Francfort, Gaspard Merian, 1655-1661, 13 parties en 2 vol. in-folio de (5) ff., 98 pp., (2)ff. ; 36 pp., (1)f. ; (2)ff., 38 pp., (2)ff. ; (2)ff., 26 pp., (1)f. ; 24 pp., (1)f ; 26 pp., (2) ff. ; 72 pp., (2)ff. ; (2)ff., 48 pp, (1)f. ; 28 pp. ; 58 pp., (3)ff. ; 80 pp., (2)ff. ; 40 pp., (1)f. ; 38 pp., (1)f., vélin ivoire, dos lisse avec étiquettes de titre, tranches bleues (reliure de l’époque). 18 000 € Édition originale, en allemand, qui a été publiée aussi en latin et en hollandais. La France sous Louis XIV avec 326 estampes. La Topographie de Zeiller est la plus importante somme topographique de la France au XVIIe siècle ; elle fit l’objet de plusieurs rééditions. Les cartes sont tirées de l’Atlas de Mercator ; les vues sont pour beaucoup inspirées des planches de Silvestre et de Marot. Certaines portent la signature de Jehan Peeters. Foisonnante et intéressante illustration ; un frontispice allégorique, 4 plans et vues de Paris, 18 cartes et 304 planches, la plupart à double page ou repliées, interprétées sur cuivre. Exemplaire bien complet des pièces requises, en vélin du temps. Quelques planches comme toujours ombrées. Le frontispice et le feuillet de titre de la première partie ont été restaurés dans la marge intérieure, puis remontés sur un onglet. Les feuillets du premier contre-plat et de garde du tome I ont été anciennement renouvelés. Dimensions : 308 x 202 mm. Aucune marque de provenance. Schuchhard, Die Zeiller-Merianchen Topographien, p. 30.

25. JOUSSE (M.). La Fidelle ouverture de l’art de serrurier. Ensemble un petit traité de diverses trempes. La Flèche, G. Griveau, 1627, petit in-folio, maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, roulette dorée intérieure, tranches dorées (G. Huser).

12 000 €

Édition originale rare, du premier traité important consacré à l’art du serrurier et du forgeron, sorti des presses de G. Griveau, l’un des premiers imprimeurs de La Flèche, petite ville de la Sarthe. L’auteur s’étonne d’ailleurs dans son texte que rien n’ait été encore publié sur le sujet : « Il m’estonne que veu le besoing que l’utilité publique en a, personne que je sache ne s’est encor jusqu’à présent, ingéré d’en mettre aucune sorte par écris. » Jousse rassembla donc les connaissances nécessaires à la pratique de ces métiers qui s’exerçaient suivant les traditions du XVIe siècle et reçut le 20 mars 1626 le privilège de faire imprimer son ouvrage pour 10 ans. Pour accompagner son texte, 67 gravures dont 39 sur cuivre, toutes d’esprit baroque, furent dessinées. 34


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25 - JOUSSE Elles figurent des clefs dont les anneaux sont composés d’élégants rinceaux symétriques finement ciselés et ajourés, des garnitures de sûreté, des serrures appelées vertevelle, des tirouërs, pièces aux formes héraldiques ou florales permettant de mouvoir le verrou, des targettes décorées de chimères à becs d’oiseau, à têtes de bélier… et des heurtoirs, boucles ornées de feuilles, mais aussi des prothèses, des fauteuils roulants... Une planche représente pour la première fois un outil à tailler les limes. « Very few technical treatises qualify as contributions to the history of art. La fidèle ouverture de l’art de serrurerie is one of the elect… » (Besterman). Comme beaucoup d’ouvrages à caractère didactique, l’exemplaire présente des petits défauts. Restaurations en marge de quelques feuillets, l’une atteignant le coin inférieur droit de la gravure imprimée p. 71. Comblement de trous de vers. Dimensions : 292 x 195 mm. Provenance : Lanord (ex-libris) ; Pierre Berès. British Architectural Library, vol. 2, 1639 ; Guilmard, 26 ; Foulc, Livres d’architecture et de recueils d’ornements, n° 123 ; D’Allemagne, Les anciens maîtres serruriers et leurs meilleurs travaux, Gründ, 1943 ; Brunet, Dictionnaire de géographie, p. 505 ; B.N. , Le Livre dans la vie quotidienne, 443-444. 35


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26. BOYCEAU (J.) . Traité du jardinage

selon les raisons de la nature et de l’art divisé en trois livres. À Paris, Chez Michel Van Lochom, 1638, infolio de 8 ff. (frontispice gravé, titre, dédicace, table des chapitres), 1f. (portrait gravé), 88 pp., 44 ff. soit 81 sujets gravés, veau moucheté, dos à nerfs orné, tranches mouchetées (reliure du XVIIe siècle).

20 000 €

Édition originale et premier tirage. Jacques Boyceau de la Barauderie (v.1562-v.1634), le « designer » de jardins sous Henri IV et Louis XIII. Né en Saintonge, région sous influence protestante, lié à la maison huguenote du duc Armand de Biron, Boyceau combattit aux côtés du roi, participant à la bataille de Coutras et à la prise de Luçon. Après avoir quitté l’armée, il reçut le titre de gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, marque qu’il conserva sous Louis XIII, qui le nomma intendant des jardins. Sur sa formation, nous avons peu d’éléments, seule sa correspondance avec Fabri de Peiresc, l’un des savants écoutés de l’époque, atteste de ses réelles connaissances, tant en agronomie qu’en architecture des jardins, qu’il mettra en œuvre à des fins pratiques et esthétiques. Par ses réalisations ou projets, on sait qu’il travailla chez le duc de La Force dans son château du Périgord, pour Marie de Médicis dans les jardins du Luxembourg, espace où Boyceau donna toute sa mesure, chez Peiresc, pour qui il dessina le parc de Belgentier, à Versailles, pour le projet qui précéda celui de Le Nôtre, pour l’archevêché d’Aix-en-Provence... Il reste connu aujourd’hui pour son Traité du jardinage publié par son neveu Jacques de Nemours, à titre posthume. Une nouvelle approche esthétique. Dans son ouvrage, Boyceau élève le jardin au rang d’un art. La réalisation d’un tel espace est le fruit d’une réflexion s’ordonnant autour du dessin, de la géométrie et de l’architecture, avec pour finalité, le plaisir de la rétine. Les premiers chapitres sont consacrés aux qualités nécessaires pour être un jardinier, suit une analyse détaillée sur l’usage de la botanique, puis l’auteur décrit les éléments nécessaires à l’élaboration d’un jardin régulier, privilégiant une symétrie globale contribuant à l’équilibre général des éléments du jardin au regard de l’ensemble architectural. Les théories de Boyceau seront reprises dans les jardins dessinés plus tard, au cours du XVIIe siècle. À la suite du texte, une série de dessins de parterres, dont un grand nombre concernent le château de Fontainebleau, le château neuf de Saint-Germain-en-Laye, le Louvre et les Tuileries. L’un des plus beaux livres illustrés sur les jardins. 36


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Un titre-frontispice par l’Anversois Michel Van Lochom, un portrait de Boyceau d’après Adrien de Vries par Grégoire Huret, 28 vignettes interprétées sur cuivre, une série de lettrines gravées sur bois et 64 cuivres hors-texte ainsi répartis : 39 sur planches simples (dont 2 sur un même feuillet), 24 sur planches doubles, et un sur un feuillet dépliant. L’ensemble de ces cuivres représente 81 sujets figurant des parterres en broderies. D’une collation complexe, aucune bibliographie ou catalogue de référence n’énonce la même. L’exemplaire qui vous est présenté ici, relié au XVIIe siècle, nous semble bien complet de toutes les pièces requises. Exemplaire pur, en reliure du XVIIe siècle, bien conservé. Petits défauts à la reliure, certains anciennement restaurés. Quelques feuillets jaunis. Petites traces de mouillures légères. Une ancienne restauration et une déchirure de 6 cm dans le pli central du dernier cuivre, imprimé sur feuillet dépliant. Dimensions : 399 x 265 mm. Aucune marque de provenance. Ganay, n° 17 (Cite plusieurs exemplaires : B. N. avec 81 sujets sur 43 pl. doubles et une quadruple ; Bouchard-Huzard, 63 pl. gravés ; Grosseuvre, 64 pl. dont 26 double) ; Guilmard, p. 53, n° 65 (26 pièces doubles et 36 simples) ; Destailleurs, 1895, n° 542 (Rel. de l’époque, probablement l’ex. de Louis XIII, avec 63 pl. soit 64 sujets) ; Foulc, 1914, n° 103 (64 planches) : Pouillon, 1985, n° 19 (Rel. de l’époque, 62 gravures sur 44 ff.) ; Berès, Arts d’architecture, 1995, n° 6 (Rel. de l’époque, 64 planches).

27. [CABINET DU ROI]. Vues des maisons royales et des villes conquises par Louis XIV. [Paris, circa 1666-1680], in-folio, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, armes et chiffres couronnés au centre, dos à nerfs orné du même chiffre plusieurs fois répété, tranches dorées (reliure de l’époque).

45 000 €

Éclairé par son ministre Colbert, Louis XIV, dans un double souci de mécénat et de propagande, chercha à faire reproduire ses collections ainsi que les événements culturels importants de son règne. Les commandes qu’il passa, formèrent le fond que l’on connaît sous le nom de Cabinet du Roi. Afin d’en contrôler la bonne marche, un premier arrêt du Conseil d’État, daté du 22 décembre 1667, interdit à tous les graveurs et imprimeurs autres que ceux choisis et nommés par Colbert, de graver et imprimer. Ainsi de 1665 à 1670, une cinquantaine d’estampes isolées furent déposées tous les ans à la Bibliothèque du Roi. Il fallut attendre le 22 février 1670 pour que Colbert, dans un mémoire adressé à Ch. Perrault, dresse une série de recommandations visant à réunir ces planches sous forme de volumes entiers. Ce dernier fit un inventaire des planches existantes. Il en compta environ 37


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300 dont celles des Maisons Royales. Lorsque des recueils entiers étaient constitués, ils étaient confiés à des relieurs : L. Delatour, Jeanne Sare veuve Mérieux, Eloi le Vasseur et J. de Launay. Les volumes étaient alors, selon les destinataires, reliés en veau ou en maroquin, peau fournie par la Bibliothèque Royale qui avait chargé M. de Monceaux d’en faire l’acquisition en Orient (Smyrne, Alep, Constantinople…). Les plats de ces recueils étaient ornés des armes du roi, frappées au moyen d’un fer gravé par Thomassin. Une fois reliés, Colbert, à la demande du roi, les distribua en grande partie aux ambassadeurs français afin que ces derniers les montrent ou les offrent dans les diverses cours européennes où ils étaient envoyés. À la mort de Colbert, en 1683, Louvois, puis l’abbé Bignon furent chargés de s’occuper de cette publication. Ce dernier décida en avril 1723 de procéder à une réédition définitive en 23 volumes, tous de format grand aigle. En dépit de son échec économique, le Cabinet du Roi fut l’une des plus belles réussites entreprises à la gloire du roi. Recueil de 48 planches en premier tirage, offrant 37 vues et plans de maisons royales et de villes conquises par Louis XIV, appartenant au Cabinet du Roi. 1) Face principale du Louvre. J. Marot, 1676. Une planche. 2) Plan & élévation du côté du Louvre, vers la rivière, vu de la cour à gauche. J. Marot, 1678. Une planche. 3) Plan & élévation de la façade du Louvre, du côté qui regarde la Rivière. J. Marot, 1678. Une planche. 4) Représentation des machines qui ont servi à élever les deux grandes pierres qui couvrent le fronton de la principale entrée du Louvre. S. Le Clerc, 1677. Une planche. 5) Plan général du Palais des Tuileries. Israël Silvestre, 1669. 2 planches. 6) Vue du Palais des Tuileries du côté de l’entrée… Israël Silvestre, 1669. 2 planches. 7) Vue du Palais des Tuileries, du côté du Jardin… Israël Silvestre, 1668. 2 planches. 8) Plan du Jardin du Palais des Tuileries. Israël Silvestre, 1671. Une planche. 9) Vue du Palais & des Jardins des Tuileries. Israël Silvestre, 1673. Une planche. 10) Vue des Jardins du Palais et des Tuileries. Israël Silvestre, 1670. Une planche. Ensemble de 13 planches qui furent réunies ultérieurement pour former une partie du quatrième volume du Cabinet du Roi : Plans, élévations et Veües des Chasteaux du Louvre & des Tuileries. 14) Arc de Triomphe de Louis XIV… S. Le Clerc, 1679. Une planche, appartenant au quinzième volume du Cabinet du Roi. 11) Plan général du Palais Royal. La Boissière, 1679. Une planche. 12) Vue du Palais Royal. La Boissière, 1679. Une planche. 15) Plan général du Château & petit parc de Vincennes. Isr. Sylvestre, 1668. Une planche. 16) Plan général du Château de Madrid. J. Marot, 1676. Une planche. 17) Élévation du Château de Madrid. J. Marot, 1677. Une planche. 18) Plan général des Châteaux de Saint-Germain-en-Laye. Une planche. 19) Plan du Château neuf de Saint-Germain-en-Laye. Une planche. 20) Vue du Château neuf de Saint-Germain-en-Laye. Is. Sylvestre, 1666. Une planche. 21) Vue du Château de Fontainebleau, du côté du jardin. Is. Sylvestre. 2 planches. 22) Vue du Château de Fontainebleau, du côté des jardins. Is. Sylvestre. Une planche. 23) Vue de l’Etang de Fontainebleau. Is. Sylvestre, 1666. Une planche. 24) Vue de la cour du Cheval blanc de Fontainebleau. Is. Sylvestre, 1667. Une planche. 25) Plan relevé du Château, Jardin & Parc de Monceaux. Is. Sylvestre, 1673. Une planche. 26) Vue du Château de Monceaux. Is. Sylvestre, 1679. Une planche. 27) Vue du Château de Monceaux, du côté du Parc. Is. Sylvestre, 1680. Une planche. 38


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27 - [CABINET DU ROI]

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28) Vue du Château de Chambord, du côté de l’entrée. Is. Sylvestre, 1678. Une planche. 29) Plan du Château de Compiègne. Dorbay, 1677. Une planche. Ensemble de 18 planches qui furent réunies plus tard pour former une partie du treizième volume du Cabinet du Roi : Plans, profils, élévations et vues de différentes Maisons Royales. 13) Vue du collège des Quatre Nations. Israël Sylvestre, 1670. Une planche. 30) Vue du Château de Marimont, du côté du jardin. I. Sylvestre, 1673. Une planche. 31) Profil de la Ville & Citadelle de Stenay. I. Sylvestre. 2 planches. 32) Vue de la ville et Château de Sedan. I. Sylvestre. 3 planches. 33) Vue et perspective de Momtmedy. I. Sylvestre. 2 planches. 34) Vue du Château de Jametz. I. Sylvestre. Une planche. 35) Vue et perspective de la ville et citadelle de Verdun. I. Sylvestre. 2 planches. 36) Profil de la ville de Metz, du côté de la Porte Mazel. I. Sylvestre. 2 planches. 37) Profil de la Ville & Forteresse de Marsal. I. Sylvestre, 1670. 2 planches. Ensemble de 16 planches qui furent réunies quelques années après pour former une partie du quatorzième volume du Cabinet du Roi : Profils et veües de quelques lieux de remarque. Recueil de qualité, dont les planches sont d’un beau tirage. Quelques traces de plis. Petite trace de griffe sur le premier plat de la reliure. Dimensions : 526 x 410 mm. Provenance : Archibald Philip, Earl of Roseberry. M. Grival, RBN, 18, Hiver 1985 ; Catalogue des volumes d’estampes dont les planches sont à la Bibliothèque du Roi. Paris, Imprimerie Royale, 1745.

28. DESCARTES (R.). Les Passions de l’âme. Paris, Henry Le Gras, 1649 , in-8°, vélin ivoire à rabats, dos lisse avec titre manuscrit en tête, tranches lisses (reliure de l’époque). 16 000 €

Édition originale. Dernière œuvre du philosophe et savant René Descartes, elle est dédiée à la princesse Elizabeth, avec laquelle l’auteur a entretenu une correspondance active. Formée de 212 articles répartis en trois sections, la première traite « des passions en général », la seconde examine « le nombre et l’ordre des passions » et donne l’explication des six premières, la troisième aborde « des passions particulières ». Superbe exemplaire, dans sa première reliure. Dimensions : 155 x 95 mm. Aucune marque de provenance.

29. PASCAL (Bl.). Les Provinciales ou les lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis, & aux RR. PP. Jésuites : sur le sujet de la morale, & de la politique de ces Pères. À Cologne, Pierre de La Vallée, 1657, in-4°, veau moucheté, dos à nerfs orné, tranches mouchetées (reliure du XVIIe siècle). 12 000 € Édition originale. Les Provinciales intronisèrent Pascal comme le plus illustre des écrivains de Port-Royal, monastère de femmes réformé au XVIIe par l’abbesse Angélique Arnaud. 40


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28 - DESCARTES

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Violent réquisitoire contre les jésuites, ennemis déclarés de Port-Royal devenu le foyer du jansénisme grâce aux quelques solitaires et « Messieurs au beau langage » qui y vécurent, elles eurent un retentissement considérable. Pascal mettait à la portée du grand public des questions qui étaient jusque-là l’apanage des théologiens, et ceci, dans la langue la plus pure. Imprimées au fur et à mesure de leur composition, entre le 23 janvier 1656 et le 24 mars 1657, ces lettres furent ensuite réunies en un seul volume. La 12 e lettre est ici suivie de sa Réfutation, la 17 e lettre est formée de 8 pp., tirage le plus recherché. Exemplaire en reliure du XVIIe siècle, condition peu fréquente pour cet ouvrage dont Tchemerzine cite des volumes pour la plupart établis au XIXe siècle. Petits défauts à le reliure anciennement restaurés. Les feuillets de la 5e lettre et la Réfutation sont roussis. Petite trace de mouillure dans la partie supérieure des fonds. Est relié avec : [...]. À Messieurs les Vicaires généraux de Monseigneur l’Eminentissime Cardinal de Rets, archevesque de Paris. S.l., s.e., [1657], in-4° de 2 pp.- [PASCAL (BP).]. Factum pour les Curez de Paris. Contre un livre intitulé apologie pour les casuistes contre les calomnies de Jansénistes. [À Paris, 1657], in-4° de 8 pp.- [LE NAIN DE TILLEMONT (S.)]. Lettre au R.P. Lami sur son traité de l’ancienne pasque des Juifs. Paris, Robustel, 1694, in-4° de 118 pp. Incomplet des pp. 78-79 ?. Dimensions : 237 x 168 mm. Provenance : J.-B. Constant, procureur du Roi au bureau des finances de la généralité de Lyon (1685-1734). Tchemerzine, IX, pp. 66-67.

30. LANCELOT (Cl.). Le jardin des racines grecques mises en vers francois. Paris, Pierre le Petit, 1657, in-12, maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Brany). 3 000 € Édition originale. L’un des meilleurs pédagogues des petites écoles de Port-Royal. En 1638, après avoir pris la soutane et reçu la tonsure, Claude Lancelot (1615-1659) rejoignit les petites écoles de Port-Royal de Paris, qu’il quitta en 1660, à leur fermeture. Chargé du grec et des mathématiques, il constata l’insuffisance des instruments de travail offerts aux enfants et rédigea alors quelques ouvrages fondamentaux d’enseignement, dont le Jardin des racines grecques, ouvrage qui eut un succès considérable, dont on ne répertorie pas moins de 104 éditions depuis l’originale de 1657 à l’édition de 1904. L’ouvrage est un petit dictionnaire de mots simples de la langue grecque, son auteur ayant adopté la forme rythmique pour faciliter la mémorisation. Un frontispice non signé. Exemplaire de qualité, établi par Brany, relieur actif dans le dernier tiers du XIXe siècle. Dimensions : 147 x 84 mm. Provenance : E. Paillet (Cat., 1887, n° 386), avec ex-libris et signature ; J. Clarétie (Cat., 1918, n° 12, bel exemplaire avec témoins) avec mention manuscrite ; H. Burton (ex-libris). Brunet, III, 509-510 ; Bibliothèque nationale, Le livre dans la vie quotidienne, n° 246 ; Bluches, Dictionnaire du Grand Siècle, 824-825. 42


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30 - LANCELOT

31. PASCAL (Bl.). Les Provinciales ou les lettres escrites par Louis de Montalte… - Advis de messieurs les curez de Paris… sur le sujet des mauvaises maximes… À Cologne, Pierre de la Vallée [Amsterdam, L. & D. Elzevier], 1657, 2 parties en un vol. in-12, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné aux petits fers et mosaïqué, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Lortic).

4 000 €

Première édition à pagination continue contenant dix-huit lettres qui avaient été auparavant imprimées séparément et réunies sous un titre unique. Exemplaire de premier tirage contenant l’expression Quarante moines mendiants (p. 3), transformée ensuite en Quarante religieux mendiants. Il est bien complet du feuillet blanc, précédant la seconde partie. Petit manque de papier p. 249. 43


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Élégante reliure de Lortic Père, dont l’officine fut reprise en 1884, par son fils Marcellin. Dimensions : 129 x 176 mm. Aucune marque de provenance. Maire, Bibliographie générale des œuvres de Blaise Pascal, II, pp. 168-171 ; Tchemerzine, p. 70 ; Mesnard, En français dans le texte, n° 96.

32. PASCAL (Bl.). Pensées de M. Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets. Paris, Guillaume Desprez, 1670, in-12, maroquin rouge vif, filets dorés autour des plats, dos très finement orné de petits fers, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Lortic). 18 000 €

Édition originale.

Après le Traité du triangle arithmétique et les Traités de l’équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l’air, les Pensées font partie de l’entreprise éditoriale posthume des œuvres inédites de Pascal, orchestrée par les soins de sa famille. Les Pensées, texte dans lequel l’auteur s’oppose aux libertins, « occupent une place unique parmi les ouvrages d’apologétique à cause de leur profondeur philosophique et religieuse et de la puissance de leur style ». Cette édition, dont le très vif succès produisit de nombreuses contrefaçons, fut préparée à partir d’un manuscrit trouvé dans les papiers de l’auteur et de copies prises à l’initiative de sa sœur Gilberte, par un comité formé par la famille, le duc de Roannez, des amis proches et des « Messieurs de Port-Royal ». Exemplaire de choix, à belles marges, dans une reliure très finement réalisée et ornée par Lortic Père. Dimensions : 152 x 85 mm. Tchemerzine, IX, p. 72 ; Maire, Bibliographie des Œuvres de Blaise Pascal, IV, n° 3 ; Mesnard, En français dans le texte, 96 ; Carter-Muir, Printing and the Mind of Man, 152.

33. LA FAYETTE (Mme de). Zayde. Histoire espagnole, par Mr de Segrais. Avec un traité de l’origine des romans par Monsieur Huet. Paris, Cl. Barbin, 1670-1671, 2 vol. in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs ornés, roulette dorée intérieure (Trautz-Bauzonnet). 7 500 €

Édition originale rare, de ce roman publié sous le nom de Segrais, qui reconnut ne pas en être l’auteur quand Mme de La Fayette en revendiqua la paternité. Huet, dans son traité De l’origine des romans, ici en édition originale, le confirma. En revanche, Segrais l’initia aux techniques romanesques et l’aida pour la disposition de son livre. Superbe exemplaire, dont les deux volumes sont d’une taille identique. Condition rare et recherchée. Dimensions : 162 x 96 mm. Aucune marque de provenance. Tchemerzine, VI, pp. 350-351. 44


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34. LA FONTAINE (J. de). Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine, & par luy reveües, corrigées et augmentées. À Paris, chez Denis Thierry et Claude Barbin, 1678-1694, 4 volumes. - Fables choisies. Par M. de La Fontaine. À Paris, chez Claude Barbin, 1694. Ensemble de 5 volumes in-12, maroquin rouge janséniste, dentelle intérieure, tranches dorées (Chambolle-Duru). 22 500 €

Édition originale collective des Fables de la Fontaine, la seule qui ait été imprimée sous les yeux de l’auteur. Le tome I et la deuxième partie contiennent, l’un 59 fables, l’autre 64, plus l’Épilogue avec les figures dessinées et gravées par Chauveau pour l’édition in-4° de 1668. La troisième et la quatrième partie contiennent, l’une 46, l’autre 45 fables qui n’avaient pas encore été publiées, sauf les huit fables parues en 1671, sous le titre Fables nouvelles et qui sont réparties dans les deux volumes. Le tome de 1694 nous donne également en première édition 27 fables nouvelles plus Belphégor, Les Compagnons d’Ulysse, Daphnis, Les filles de Minée, et l’envoi au duc de Bourgogne pour la fable V (Le Vieux Chat et la Jeune Souris). L’illustration se compose de 235 vignettes à l’eau-forte de François Chauveau, N. Guerard, ou non signées. Les vignettes des parties 1 et 2 sont celles de l’édition de 1668. Il s’y ajoute, pour les parties 3 à 5, respectivement 44, 44 et 29 vignettes en premier tirage. Bel exemplaire. Le T. I est comme presque toujours sans le feuillet volant d’errata. Dimensions : 150 x 85 mm. Rochebilière, Bibliographie des éditions originales d’auteurs français des XVI e, XVIIe et XVIIIe siècles, p. 59, n° 168 (À propos du feuillet d’errata : « Ce feuillet manque la plupart du temps ») ; Rochambeau, Bibliographie des œuvres de La Fontaine, n°15. Voir reproduction page 45

35. [...]. Roma Perturbata, oftet Beroerde Romen, vertoond door x Zinnebeelden… Historien van P. Codde, en T. de Kok… S.l., Groote Compagnie, 1706, gr. in-4°, veau havane, roulette dorée en encadrement avec motif central, dos à nerfs orné, tranches lisses (reliure de l’époque). 12 000 €

Première édition, rare.

Un titre et 10 gravures satiriques accompagnées de longs textes et commentaires, l’ensemble gravé à l’eau-forte. Chacune porte un numéro. Bien que Muller signale les planches 1, 2, 5 sans numéro, rien ne semble indiquer que les gravures de cette première édition ne soient pas chiffrées. Il s’agit plutôt d’un premier état de ces figures, sachant que cette suite est conservée dans plusieurs cabinets des estampes sous forme de feuilles volantes. Dans la seconde édition de 1707, le titre a été modifié et trois nouvelles planches ont été ajoutées, la n° 11, ici présente, 12 et 13, seule cette dernière est numérotée. La présence de la planche 11 dans la première édition, peut s’expliquer. En effet, avant que ne soit publiée la seconde, l’éditeur avait déjà songé à ajouter quelques gravures. Il est fort possible que ces gravures à l’eau-forte aient été exécutées par Carel Allard (1648-1709) à Amsterdam. Le travail et la manière de traiter ces scènes sont typiques de son travail. Les noms et adresses des éditeurs portés sur les planches, comme J. Antipapa exc. Viennae (pl. 1), Pius sécularis excudit Franco furti (pl. 2), sont un subterfuge. 46


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35 - […]. Roma Perturbata…

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L’iconographie met en scène les différends qui opposaient Rome et le clergé national hollandais, prenant comme fil conducteur la destitution du vicaire apostolique Pierre Codde (1648-1710). Depuis l’adhésion massive des Pays-Bas à la Réforme, l’autorité du pape sur les minorités catholiques était représentée par un vicaire apostolique à Utrecht, dépendant directement de Rome (1592). Par la suite, deux conceptions opposées se développèrent sur le statut de l’Église catholique aux PaysBas. Aux yeux de Rome, l’ancien diocèse d’Utrecht devait être considéré comme une province de la mission, administrée directement par le représentant du pape ; le clergé national, au contraire, pensait que le vicaire apostolique incarnait la continuité de l’archevêché d’Utrecht. Ce conflit culmina en 1703 avec l’épisode Pierre Codde. Pierre Codde, nommé archevêque de Sébaste, ami de Port-Royal, fut nommé vicaire apostolique en 1688. Lorsque celui-ci, à la suite des plaintes formulées par les Jésuites contre lui pour rigorisme, fut appelé à Rome et qu’il hésitait à accepter cette invitation, il prit conseil de Quesnel qui lui recommanda de s’y rendre. Pour sa défense, il était en contact avec ses amis de Bruxelles. Sur leur insistance, il refusa de signer le formulaire sans restriction. Codde fut alors à la fois suspendu de ses fonctions en 1702 et contraint de rester à Rome. C’est Théodore de Cock qui fut alors nommé pro-vicaire. En 1703, devant les protestations des États-Généraux et la menace d’expulser les Jésuites des Pays-Bas, le pape laissa partir Codde. Un détail des planches peut être fourni. Superbes épreuves, d’une grande fraîcheur. Un mors légèrement fendu. Dimensions : 315 x 180 mm. Provenance : Bibliothéca Albatiae Vallis-dei (cachet) ; ex-libris ecclésiastique non identifié. Muller, De Nederlandsche geschiedenis in platen, vol. 2, pp. 81-85 ; Stolk, Katalogues der historie - spot - en zinneprenten, vol. 4, pp. 108-136 ; Stephens, Political and Personnal Satires, Catalogues of the Prints and Drawings in the British Museum : Satires, 1320-1770, vol. II ; Mozzi, Histoire des révolutions de l’église d’Utrecht, II, pp. 44.

36. RACINE (J.). Bérénice. Paris, Cl. Barbin, 1671, in-12, veau marbré, dos lisse finement orné, tranches rouges (reliure du XVIIIe siècle). 13 000 €

Édition originale de cette tragédie en cinq actes dédiée à Colbert, considérée à l’époque comme un chef-d’œuvre, mettant en scène trois personnages luttant contre leurs passions et triomphant d’elles.w Elle fut jouée pour la première fois le 21 novembre 1670 à l’hôtel de Bourgogne. Exemplaire séduisant, en reliure du XVIIIe, condition des plus rares. Un mors légèrement fendu. Dimensions : 135 x 84 mm. Guibert, Bibliographie des œuvres de Jean Racine, p. 57.

37. THOMAS (Père). Les Souffrances de Nostre-Seigneur Jesus-Christ. Paris, Est. Michallet, 1692, 2 vol. in-12, maroquin rouge, plats ornés d’un treillis de branchages dorés formant un fond losangé, compartiments de « style fanfare » contenant des fleurs au pointillé, filets perlés en encadrement, doublure intérieure de maroquin noir sertie par une roulette fleurdelisée, tranches dorées, fermoirs, boîte (reliure de l’époque). 48

12 000 €


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Seconde édition de la traduction de P.G. Alleaume. Superbe reliure compartimentée, exécutée aux petits fers par Antoine-Boyet à la fin du XVIIe siècle. Elle est doublée de maroquin noir. Son décor est presque identique à celui de la Bibla Sacra de la vente Esmerian (Cat., 1972, II. 60) et au Plutarque de la vente Van der Elst (Cat., 1985, 1, n° 161). On constate sur nos reliures l’emploi d’un fer très particulier, réparti symétriquement en bordure des plats, comme il l’est sur le volume de la vente Esmerian. Dimensions : 156 x 93 mm. Provenance : Bibliothèque des Frères Mineurs de Rennes (cachets du XIXe siècle à l’encre).

38. [...]. Renversement de la morale chrétienne par les désordres du Monachisme. Enrichi de figures. Première Partie. Seconde Partie. [Amsterdam, circa 1695], 2 parties en un petit vol. in-4°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos lisse orné, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle).

9 000 €

Première édition. Ce violent pamphlet protestant dirigé contre la Cour de France, les Jésuites et les moines, fut publié à la suite de la révocation de l’Édit de Nantes. Le texte, bilingue, est en français et hollandais. 49


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Intéressante illustration gravée à la manière noire. Un frontispice, non signé, de Romeyn de Hooghe et 50 figures, ici en premier tirage, placées dans des médaillons, forment l’iconographie. D’après Landwehr, elles sont de la main de Cornelis Dusart, l’élève d’Adrian van Ostade. Aucune d’entre elles n’est reprise des Héros de la Ligue, publié en 1685. Traitées sur le ton de la satire et de la caricature, ces allégories, chacune suivie d’un quatrain, figurent : Louis XIV, Jacques II d’Angleterre, le P. Lachaise... Exemplaire à belles marges, d’un beau tirage. Dimensions : 196 x 147 mm. Provenance : A. Danyau (Cat., 1872, n° 163), avec ex-libris ; R. Linard (ex-libris). Landwehr, R. de Hooghe, n° 77 ; Drujon, Les Livres à clef, II, 841-842 ; Du Rouvre, Analectabiblion... de divers livres rares, oubliés ou peu connus,..., II, pp. 392-393.

39. [...]. LEX REGIA, det er : den Souveraine Konge-lov, sat og given af den stoormcgtistc Höjbaarne fyrste og Herre Herr Friderich den Tredie, af guds maade, konge til Danmark... og af hans maj. underskreven d. 14 ... Novemb. 1665... Herr Friderich den Fierdem Allernaadigst haver befalet ved offentlig Tryk at vorde publiceret. den 4 septembr. Aar 1709. [Copenhague, s.e., 1709], in-folio, maroquin rouge, dentelle dorée autour des plats, monogramme couronné au centre, contenu dans un encadrement orné d’une roulette avec motif doré aux petits fers de part et d’autre, dos lisse, tranches dorées (reliure de l’époque). 15 000 €

L’un des illustrés baroques scandinaves les plus importants.

Affaibli par des années de guerre avec la Suède, le Danemark se trouvait en 1660 dans une situation des plus désastreuses. Le désordre était partout. Afin d’y remédier, une nouvelle constitution fut rédigée : « ... comme la monarchie absolue était établie dans d’autres pays d’Europe, les chefs du parti de la réforme, l’évêque Soané, le président de Copenhague Nansen, et le commandant de la garde nationale, Thuresen, proposèrent la succession heréditaire dans la famille royale. » Elle ne fut votée que le 10 janvier 1661, accordant ainsi au roi l’hérédité du trône, la souveraineté absolue et le droit de fixer le mode de gouvernement. Après avoir réorganisé le pouvoir souverain, Fréderic III voulut en fixer l’esprit par un acte authentique. Il chargea alors son secrétaire, Griffenfeldt, d’exposer la doctrine de la nouvelle royauté dans un document remarquable, intitulé Lex Regia, contresigné en 1665 par Frédéric III, gardé en secret jusqu’au sacre de Christian V, et imprimé à 500 exemplaires en 1709. L’ouvrage fut offert aux hauts dignitaires et personnages officiels du royaume, ainsi qu’aux cours étrangères. Chaque page de texte est encadrée par une composition gravée d’arabesques entremêlées d’animaux et d’insectes. L’ensemble est l’œuvre d’Andreas Reinhardt, artiste allemand, d’après les dessins du peintre danois Mönichen. Le texte a été calligraphié par M.A. Roeg, graveur des médailles de Louis XIV, et à qui l’on doit très certainement le portrait de Frédéric III à cheval. Superbe exemplaire aux armes de Frédéric IV, habillé d’une reliure de présent exécutée par Johann Boppenhausen. Seuls quelques exemplaires ont été ainsi reliés. Très légères brunissures à quelques feuillets. Dimensions : 501 x 352 mm. Provenance : mention manuscrite, précisant que l’exemplaire a été offert en 1745 au comte Macclesfield « by Otto Mandrup ». 50


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39 - […]. lex regia

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40. [DIDEROT (D.)]. Lettres sur les Aveugles. À Londres, 1749, in-12, veau marbré, filets dorés autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné, tranches rouges (reliure de l’époque). 6 500 €

Édition originale, selon Tchemerzine.

Fascinant petit texte écrit après la première opération de la cataracte d’une aveugle de naissance par le docteur Réaumur, que l’auteur suivit avec intérêt. De là lui vint l’idée de tirer parti de la cécité comme d’une autre manière d’appréhender le monde, illustrée par trois figures : celle de l’aveugle-né Puiseaux, celle du célèbre géomètre anglais Saunderson, et celle de Melle de Salignac. L’ouvrage aborde le problème des sens, de la morale, du jugement esthétique, de la religion... Il parut de manière anonyme, mais la paternité en fut attribuée à Diderot, soupçonné à juste titre d’être également l’auteur des Pensées philosophiques et des Bijoux indiscrets, ce qui entraîna son arrestation à la prison de Vincennes un mois plus tard. 6 planches gravées hors-texte, non signées. Précieux exemplaire aux armes du duc de Richelieu (1696-1788). Les exemplaires en reliure armoriée de l’époque sont rares. Petite mouillure dans le coin inférieur droit. Dimensions : 157 x 92 mm. Provenance : G. Heilbron (ex-libris). Tchemerzine, IV, 433-c ; Adams, II & G2 (Édition originale, deuxième tirage) ; Olivier, 407.

41. LA FONTAINE (J. de). Fables choisies mises en vers par J. de La Fontaine. Paris, L’Auteur, 1765-1775, 6 vol. gr. in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs ornés, tranches dorées (reliure de l’époque). 20 000 €

Premier tirage.

Pour les Fables, trois cycles iconographiques dominent le XVIIIe siècle : celui de Jean-Baptiste Oudry (1755-1759), celui-ci, communément appelé « de Fessard », et celui de Vivier, gravé par Simon et Coiny (1787). Après avoir participé en qualité de graveur à l’édition illustrée par Oudry, Fessard s’essaya à son tour, en donnant aux Fables un pendant à l’édition des Contes, dite des Fermiers généraux. Il recruta alors une pléiade de jeunes peintres, Monnet, Loutherbourg, Huet, Meyer, Kobell, Le Clerc, Saint-Quentin, Desrais..., dont il interpréta les dessins rehaussés de couleurs bistre, bleue et rosée, et fit graver le texte par Montulay et Drouet. Devenue incontournable pour une collection de livres illustrés au XVIII e, cette édition réussie manque, pour certains, d’homogénéité, avis que nous ne partageons pas. 6 titres-gravés, un frontispice, un fleuron au tome I, 243 figures, 243 vignettes et 226 culs-de-lampe, en tout 723 pièces gravées par Fessard d’après Monnet, Bardin, Bidault, Caresme, Meyer... Exemplaire à belles marges, habillé de fraîches reliures du temps. Le tirage des gravures est de qualité. Dimensions : 196 x 124 mm. Aucune marque de provenance. 52


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41 - la fontaine

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42. XIMENEZ (A.-M. de). Amalazonte. Tragédie. Paris, S. Jorry, 1755, gr. in-8°, maroquin vert émeraude, filets dorés autour des plats avec rosace en angles, armes au centre, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, doublure et gardes de tabis rose, tranches dorées (reliure ancienne). 9 500 € Édition originale. Adaptée d’un roman de l’auteur, cette tragédie fut jouée pour la première fois au Théâtre Français. Ouvert en 1680, rue Mazarine, ce théâtre est né de la réunion des troupes du Marais, du Palais-Royal et de l’hôtel de Bourgogne. Il occupa à partir de 1689 une salle située rue Neuve-des-Fossés, puis en 1770, la salle des Tuileries, et en 1782, un théâtre construit sur l’emplacement actuel de l’Odéon. En 1789, le Théâtre Français prit le nom de Théâtre de la Nation, et ferma le 3 septembre 1793, après 113 ans d’activité. Son auteur, le marquis de Ximenez (1726-1817), après avoir appris le métier des armes, quitta en 1746 l’armée pour s’installer à Paris. Il s’introduisit dans le monde des lettres, des théâtres et des cafés, composa quelques vers, sans grand succès, fréquenta les actrices à la mode, et aborda la scène. Ses véritables faits d’armes sont dus à sa relation avec Voltaire, dont il publia l’Histoire de la guerre, sans le consentement de ce dernier, ce qui lui valut d’être mis au banc. Il retrouva les faveurs de l’auteur après avoir signé les Lettres sur la Nouvelle Héloïse. Est relié du même auteur : Œuvres. Paris, 1772. Édition collective en partie originale; sont publiés ici pour la première fois, l’Epistre à M. de Voltaire et Réponse de M. de Voltaire. Relié vers 1780-1785 par Nicolas-Denis Derôme, l’exemplaire est aux armes de Maria Federovna (1759-1828), princesse de Wurtemberg qui épousa en 1777 le grand duc Paul Petrovitch (1754-1801), nommé empereur à la mort de sa mère en 1796, sous le nom de Paul Ier. Intéressant témoignage de l’influence culturelle française sur les monarques russes, datant peut-être du voyage qu’entreprit le couple impérial à partir de 1781 en Europe, qui le mena en Autriche, en Italie, en France et en Hollande, pour finir en 1782 à Paris et Versailles. Dimensions : 205 x 128 mm. Provenance : Maria Fedorovna ; Van der Elst (ex-libris) ; M. Wittok (ex-libris). Soleinne, II, 1962 ; Pascal Ract-Madoux, B. du B., II, 1989, pp. 383-391.

43. CARLET de la ROZIERE (L.-F.). Campagne de Louis, Prince de Condé, en Flandres en 1674. Paris, Merlin, 1765, in-12, veau marbré, armes au centre des plats, dos lisse orné, tranches rouges (reliure de l’époque). 10 000 €

Édition originale.

À visée didactique, l’ouvrage relate l’une des plus célèbres campagnes de Louis XIV. En 1674, pendant la guerre de Hollande, le roi demanda au prince de Condé de se mettre à la tête de l’armée des Pays-Bas, pour contenir et attaquer à la frontière les Hollandais, les Espagnols et les Impériaux sous les ordres de Guillaume d’Orange. Carlet de la Rozière (1733-1808) rend compte de la campagne mois par mois et camp par camp, pour donner une vision exacte et détaillée des manœuvres. Pour lui, cette campagne a été un modèle d’art militaire qui doit être suivi par la formation des officiers. C’est aussi un prétexte pour instruire les militaires sur la topographie du lieu, car c’est un point stratégique capital pour la progression et pour la victoire d’une armée. 54


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43 - carlet de la roziere Deux cartes dépliantes, l’une de la bataille de Seneff et l’autre des Pays-Bas catholiques, servent à l’intelligence de la relation. L’auteur, Louis-François de la Rozière, formé à l’école du génie de Mézières, s’engagea dans le régiment de Conti en 1745, et prit lui-même part aux campagnes d’Italie et de Flandres. Puis, vers 1750, il fut envoyé aux Indes orientales comme ingénieur des fortifications. Revenu en France, il participa, aux côtés du duc Victor de Broglie (1708-1804) et de Soubise (1715-1787) à la guerre de Sept Ans ; il se distingua à plusieurs reprises, notamment à Rossbach (1757) où il fut fait prisonnier. Précieux exemplaire aux armes du général La Fayette (1757-1834), héros de la guerre d’Indépendance des États-Unis. Intéressante provenance, réunissant ainsi deux personnages, au glorieux passé militaire. Malgré une différence d’âge de 24 ans, La Fayette et Carlet de la Rozière ont fréquenté le même cénacle de grands personnages dont le duc de Broglie. Les ouvrages aux armes de La Fayette sont rarissimes. Dimensions : 166 x 98 mm. Provenance : Bibliothèque du Général La Fayette ; traces de cachets illisibles. E. Charavay, Le Général La Fayette, Slatkine, 1977 ; E. Taillemitte, La Fayette, Fayard, 1989; A. Bardoux, Études sociales et politiques. La jeunesse de La Fayette, 1892 : Guigard, II, 273 ; G. Maze-Sencier, Dictionnaire des maréchaux de France, Perrin, 1988 ; Tulard, Dictionnaire Napoléon, Fayard, 1989 ; F. Bluche, Dictionnaire du Grand Siècle, Fayard, 1990. 55


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44. SAINT-AUBIN (A. de). Mes gens ou les commissionnaires ultramontains au service de qui veut les payer. Paris, Basan-St Aubin Graveur, [1766-1770], s.d., in-4°, maroquin rouge, filet doré autour des plats, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Rivière & Son).

7 000 €

Premier tirage. Belle suite d’Augustin de Saint-Aubin représentant des petits Savoyards en attente d’une commission, soit dans la rue, soit à l’intérieur d’un appartement. Malgré la détresse et l’épuisement de ces marchands ambulants, contraints de quitter leur montagne faute de subsides, Augustin de Saint-Aubin a su parfaitement conserver dans leurs visages l’innocence propre aux enfants. Ces estampes sont non seulement intéressantes d’un point de vue artistique, mais aussi comme document sur les mœurs du XVIIIe siècle. Un frontispice, figurant les attributs des commissionnaires et 6 planches, non légendées, chiffrées un à six, forment cette suite. L’ensemble a été interprété à l’eau-forte par J.-B. Tilliard. Épreuves de choix, avant la lettre, sur papier de Hollande, élégamment réunies en album. Dimensions : 348 x 258 mm. Provenance : L. de Montgermont (Cat., 1913, n° 164, alors en demi-reliure de Pagnant) ; Rahir ; Sir David Lionel Goldsmid-Sterne Salomons, qui fit établir l’exemplaire par Rivière & Son. Beall, F-19 ; Colas, 2614 ; Hilaire, 771 ; Lipperheide, Fd 8 ; Pitsch, 583 ; Vincent Millot, Les Cris de Paris…, p. 418, n° 65.

45. RAY (J.). Histoire naturelle éclaircie dans une de ses parties principales, l’ornithologie, qui traite des oiseaux de terre, de mer et de rivière, tant de nos climats que des pays étrangers. Paris, Debure, 1767, in-4°, maroquin vert, chaînette torsadée florale autour des plats sertis de filets dorés, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure de l’époque). 11 500 €

Édition originale de la traduction française de l’ouvrage de John Ray, Synopsis methodica avium et piscium, par Salerne. John Ray (1628-1705), naturaliste anglais, se destinait à une carrière religieuse, qu’il abandonna en 1662 pour se consacrer aux sciences naturelles. Proche de Willoughby, il publia par fidélité à la mémoire de son ami, mort en 1672, divers ouvrages d’après les collections zoologiques laissées par le défunt, tout en continuant ses propres travaux. Dans ses ouvrages, Ray a introduit en histoire naturelle d’importantes innovations. Il a défini la notion d’espèces, précisé l’idée de groupes dans la classification et se basa sur l’anatomie pour établir une nomenclature zoologique. Cette classification annonçait celle que Linné développa plus tard. L’auteur de cette traduction s’est attaché à compléter le travail de Ray par de nombreuses observations approuvées par Réaumur avec lequel il entretenait une correspondance étroite et par de nouvelles descriptions d’oiseaux. Salerne confia l’illustration de son ouvrage, ici en premier tirage, à Martinet qui dessina et interpréta un frontispice représentant une chasse au vol et 30 planches figurant une centaine d’oiseaux. Seul le frontispice a été gravé par Longueil. L’un des rares exemplaires sur grand papier, dont les planches ont été magnifiquement coloriées à l’époque, dans une élégante reliure du temps. Nerfs et plats très légèrement épidermés. Dimensions : 291 x 215 mm. Anker, 414 ; Zimmer, II, 677 ; Fine Birds Books, p. 101 ; Ronsil, 2683 ; Ripley, p. 237 ; Thiébaud, p. 823 ; Ronsil, L’Art français dans le livre d’oiseaux, p. 25. 56


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46. [HANCARVILLE (F. Hugues, dit)]. Monumens de la vie privée des Douze Césars, d’après une suite de pierres gravées sous leur règne - Monumens du Culte secret des dames pour servir de suite aux monumens de la vie privée des XII Césars. Chez Sabellus, 1780-1784, 2 vol. in-4°, maroquin rouge à grains longs, autour des plats, roulette dorée à décor de vases, de branches de fleurs et de fruits, sertie de filets dorés et d’une grecque à froid, dos à nerfs orné d’un très beau décor à feuilles de vigne sur fond criblé, roulette dorée intérieure, doublure et gardes de tabis bleu céleste, tranches dorées (rel. P[ar]. Bozérian).

11 500 Édition originale et premier tirage. Publiés sous le voile de l’anonymat à Orléans par l’imprimeur Leclerc, ces ouvrages sont dus à l’antiquaire P.F. Hugues, dit d’Hancarville (1719-1805), le collaborateur du célèbre archéologue William Hamilton. On soupçonne Hancarville d’avoir employé comme modèle pour ses gravures, non pas des camées, comme il le prétend, mais ses propres dessins. Chaque livre s’ouvre sur un frontispice, puis suivent 50 gravures d’un genre spintrien. Bel exemplaire dans d’élégantes reliures de J.-Cl. Bozérian, dont le décor est semblable à celui du Voyage du jeune Anacharsis en Grèce, décrit par Paul Culot dans son ouvrage consacré au maître. Quelques habituelles et légères rousseurs éparses dans le premier volume. Dimensions : 245 x 187 mm. Provenance : Sir David Salomon Bart (ex-libris). Cohen, I, 475 ; Vinet, 1633 ; Pia, II, 883 ; P. Culot, J.-Cl. Bozérian, pp. 74-75 n° 32 et pl. XXXV.

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47. [CASANOVA de Seingolt, G. J.]. Histoire de ma fuite des Prisons de la République de Venise qu’on appelle les Plombs. Écrite à Dux en Bohème l’année 1787. 1788, À Leipzig [Prague], Chez le Noble de Schönfeld , 1788, in-8°, cartonnage de papier marbré, dos lisse avec étiquette de titre, tranches lisses (reliure de l’époque). 18 000 €

Rarissime édition originale de l’unique partie des Mémoires de Casanova publiée de son vivant. Seule une dizaine d’exemplaires serait connue. Malgré l’adresse du titre, elle a été imprimée à Prague, ville la plus proche de Dux, où l’auteur s’était retiré chez le comte de Waldstein. Le récit de cette fuite audacieuse, exemple de volonté et d’énergie, constitue un morceau littéraire célèbre, dont plus de soixante éditions se sont succédé depuis l’originale. 2 planches gravées hors-texte, portant la signature de J. Berka à Prague. Exemplaire de qualité, conservé dans son charmant ornage de l’époque. Dimensions : 179 x 109 mm. Provenance : Ernst August de Hanovre (1771-1851) avec son cachet rouge au verso du titre : Ex Bibliotheca Ernesti Aug. Hannov Regis, et son chiffre entrelacé. Ernst Auguste prit possession du trône de Hanovre en 1837. Polio, Bibliographie de J. Casanova, pp. 126 sqq. ; J. Rives-Childs, Casanoviana, n° 37 ; Clouzot, Guide du bibliophile français, 1953, p. 33. 59


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48. COTTE (R.). Leçons élémentaires de physique, d’astronomie et de météorologie par demandes et par réponses à l’usage des enfants... Paris, Barbou, 1788, in-12, maroquin rouge vif, chaînette dorée autour des plats, armes au centre, dos lisse orné, doublure et gardes de tabis bleu, tranches dorées (Veuve Derome-Bradel). 11 000 €

Édition originale. Manuel à caractère didactique destiné aux enfants afin de leur faciliter l’accès aux grands ouvrages d’histoire naturelle. Louis Cotte (1740-1815), élevé au collège des oratoriens de Soissons et Montmorency, fut reçu vicaire en 1767, puis curé en 1773. En 1769, il reçut le titre de correspondant de l’Académie des sciences, et occupa de 1789 à 1802 la fonction d’assistant conservateur à la bibliothèque Sainte-Geneviève. Ses diverses fonctions lui laissant une certaine liberté, il consacra son temps libre aux sciences, plus particulièrement à l’étude de la météorologie, travail qui se solda par la publication de deux ouvrages de référence, en 1774, un Traité de météorologie et, en 1788, des Mémoires sur la météorologie. L’une des provenances féminines les plus rares. Exemplaire aux armes de la duchesse de Polignac (1749-1793). Née Polastron, elle gagna la confiance de la reine Marie-Antoinette, dont elle devint l’amie favorite ; en 1782, elle fut nommée gouvernante des enfants de France. Les faveurs dont l’avait comblée la reine lui attirèrent la haine populaire, elle fut obligée de quitter le France en juillet 1789 pour la Suisse, l’Italie puis Vienne où elle mourut. Ses livres étaient peu nombreux, Olivier n’en cite aucun ; quant à Quentin Bauchart, il en mentionne deux, dont l’un du même auteur. Élégante reliure à dos lisse, en belle condition, réalisée à deux mains, par la veuve Derome, épouse de Charles Derome dit Derome l’Aîné, et son gendre, François Bradel Derome, successeur de Derome « le Jeune ». Dimensions : 16,9 x 9,6 cm. Provenance : Esmérian (Cat. II, 1972, n° 106) ; Liliane de Rothschild (sans ex-libris).

49. CUVIER (G., baron). Recherches sur les ossements fossiles de quadrupèdes, où l’on rétablit les caractères de plusieurs espèces d’animaux que les révolutions du globe paraissent avoir détruites… Paris, Deterville, 1812, 4 vol. in-4°, veau moucheté, chaînettes dorées autour des plats, dos lisses ornés alternativement d’un fleuron doré et d’un treillis à fond étoilé, tranches marbrées (reliure de l’époque). 10 000 €

Édition originale de ce texte fondateur de la paléontologie des vertébrés.

Georges Cuvier (1769-1832) s’est intéressé très tôt aux fossiles. Entre 1795, année de son arrivée à Paris, et 1812, il écrivit un certain nombre d’articles sur les restes fossiles qu’il publia notamment dans les Annales du Muséum. En 1812, il a réuni toutes ces études, pour les éditer en volume sous le titre que l’on connaît, Recherche sur les ossements fossiles de quadrupèdes… Il fit précéder ce texte par un Discours préliminaire dans lequel il livra ses idées sur les divers bouleversements que connut la Terre. Traduit dans plusieurs langues du fait de son grand succès, ce discours fit l’objet de rééditions séparées sous le titre Discours sur les révolutions de la surface du globe. 154 planches hors-texte et une grande carte dépliante. 60


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Bel exemplaire habillé d’une élégante reliure. Bien que non signée, elle est attribuable à Courteval, praticien ayant exercé de 1796 à 1836. Petite mouillure en marge du T. IV, affectant principalement les cahiers centraux. Dimensions : 260 x 200 mm. Provenance : ex-libris du marquis d’Esterno. Né en 1770, il s’illustra en qualité d’aide de camp de Jérôme Bonaparte qu’il accompagna en Westphalie. Il mourut en 1822 à Paris, après avoir été député libéral de l’Aisne en 1820. D.S.B., 3 & 4, pp. 520-528 ; Printing and the mind of man, 276 ; Horblit, 206 ; L. Goulven, En français dans le texte, n° 224 ; Ward & Carozzi, 566 ; Woelmont de Brumagne, Notices généalogiques, Première Série, 1923, p. 190.

50. GROBERT (J.-Fr.). De l’exécution dramatique, considérée dans ses rapports avec le matériel de la Salle et de la Scène... Paris, F. Schoell, 1809, gr. in-8°, maroquin rouge à grains longs, roulette, filets droit ou torsadé dorés autour des plats, dos lisse orné, filet, roulette palmée ou dentellée dorées intérieures, gardes et doublure de tabis bleu, tranches dorées (R.P. Purgold). 8 500 €

Édition originale, dédiée à Cambacérès.

Multipliées au début de la Révolution, devenues plus rares sous la Terreur, les salles de théâtre pullulent en 1799, on en compte jusqu’à 17 à Paris en 1803, du Théâtre des Variétés Amusantes au Théâtre de Molière. À l’initiative de Napoléon, un décret fut voté le 8 juin 1806, pour que leur nombre soit réduit à huit, aucune salle nouvelle ne pouvant être ouverte sans son autorisation. Grobert, après avoir publié en 1802 un traité des Fêtes publiques chez les modernes, livre ici une histoire de la scénographie. Elle succède à celle de Patte qui renferme quelques erreurs, selon lui. L’auteur fait d’abord un parallèle entre le théâtre des anciens et celui des modernes, puis s’intéresse à la scénographie même, de l’acoustique jusqu’à la machinerie et aux décors. 3 planches dépliantes, interprétées par Vincent Sixdeniers, figurant un théâtre grec et romain, la coupe verticale de l’Opéra de Paris et un plan d’auditorium. Exemplaire de Cambacérès (1753-1824), le dédicataire de l’ouvrage. Issu d’une famille de la noblesse de robe de Montpellier, il fut l’un des proches de Napoléon ; ce dernier le consulta systématiquement en temps de crise. Père du Code civil et du Code de procédure, il occupa successivement les fonctions de second consul puis d’archichancelier. Il forma l’une des plus importantes bibliothèques de l’Empire, ses livres reliés en maroquin rouge ou vert étaient, soit frappés de son chiffre, soit de ses armes. Offert par l’auteur, l’exemplaire fut relié au chiffre de Cambacérès par Purgold, le prince des relieurs de son temps, selon Lesné. Il exerça entre 1810 et 1829, année de sa mort. Quelques traces d’usure. Dimensions : 204 x 121 mm. Provenance : Cambacérès ; Rougemont (ex-libris). British Architectural Library, Early Printed Books, 1478-1840, n° 1832 ; Jacob, Bibliothèque dramatique de Monsieur de Soleinne, V, 659 (Ex. de Talma) ; Monglond, La France révolutionnaire et impériale, VIII, 509 ; Lamort, Reliure impériale, pp. 114-119 ; Olivier, 1374, fer 13. 62


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