L I B R A I R I E
A R D A N C H E T
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Beaux livres Anciens et modernes
16 - Cabinet du Roi
Beaux livres Anciens et modernes
Paris 2002
LIBRAIRIE LARDANCHET
1 - Dürer
1. DÜRER (A.). Institutiones geometricae. Paris, Wechel, 1532, in-folio (326 x 217 mm.), demi-basane mouchetée à coins, dos à nerfs orné, tranches bleues (reliure de la fin du XVIIIe siècle). Première édition latine, du premier traité de Dürer, Unterweisung der Messung… Publié pour la première fois en 1525 dans la langue de Goethe, l'ouvrage connut de nombreuses rééditions en allemand et en latin qui contribuèrent à sa renommée internationale. Il fallut attendre 1995 pour qu'il soit traduit en français. Son Instruction sur la manière de mesurer nous révéle une grande part de son mode de pensée, nous éclaire sur ses intentions artistiques (œuvres dessinées, peintes ou gravées) et nous aide à mieux comprendre la double relation de l'art au monde : quête de la beauté idéale et conquête de l'univers doublée de la maîtrise du temps, avec ses deux outils privilégiés, la règle et le compas. Enfin, en tentant de démontrer que son art implique la connaissance des mathématiques, ce que les artistes italiens du Quattrocento avaient déjà atteint, il se positionne en qualité de premier artiste du Nord à exposer ses concepts d'une façon scientifique. Ses sources sont diverses : Platon, Euclide, Vitruve, Piero della Francesca, Alberti et Leonard de Vinci. Destiné aux peintres, aux architectes, aux orfèvres, aux charpentiers, son influence dépassa largement le cadre des ateliers. Nombre de scientifiques et d'humanistes, Kepler, Galilée et Erasme en prirent connaissance ; les perspecteurs du XVIIe siècle, Bosse, Maignan, Kirchner, Nicéron, s'en inspirèrent… Daniel Barbaro ou Jean Cousin y trouvèrent matière pour leur propre ouvrage. L'ouvrage s'articule en quatre livres. Le premier traite de la géométrie linéaire, depuis la droite jusqu'aux courbes algébriques ; le second s'intéresse à la géométrie plane et accorde une attention particulière à la quadrature du cercle, ainsi qu'à la construction des polygones réguliers. Le Troisième livre se propose d'illustrer les applications de la géométrie à l'architecture, à l'ingénierie, à la décoration et à la typographie. Le Quatrième livre est la suite du deuxième, l'auteur développe sa théorie de la géométrie dans l'espace. S'inspirant du cycle iconographique de l'édition allemande de 1525, l'ouvrage est illustré de 148 bois gravés, en premier tirage, dont 9 à pleine page. 4
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2 - martial Ce sont principalement des diagrammes, des figures géométriques et des alphabets. Néanmoins, quelques bois représentent des vues : projets de colonnes triomphales, animaux couchés, dessinateur de luth, de l'homme assis… Exemplaire de qualité, très frais intérieurement et à belles marges. Provenance : Arnaud de Vitry. Mortimer, French I. , 182 ; Renouard, IV, 1531-1535, n° 403 ; Vagnetti E II.b7 ; Panofsky, La Vie & l'Art d'Albrecht Dürer, pp.362-402 ; Kemp, Science of Art, 53 ff. ; Bardy Michel Van Peene, Instruction sur la manière de mesurer, 1995.
2. M ARTIAL (V.). Epigrammatom libri 14 summa diligentia castigati. Paris, Simon de Colines, 1540, in-16 (120 x 72 mm.), maroquin noir, double filet autour des plats, large décor en losange-rectangle dessiné au double filet ornementé de fleurons pleins, feuillages et étoiles, composition losangée au centre de fers composites, au centre du premier plat en lettres dorées : Martialis, du second plat, la devise : Tu tibi ipse sis fortuna, dos à nerfs orné de petits fleurons, traces d'attaches, tranches dorées (reliure de l'époque). Belle édition imprimée en caractères italiques (romains pour la préface) par Simon de Colines, la quatrième sortie de ses presses, avec le titre encadré de la "Figura architectonica", charmant encadrement souvent utilisé par l'éditeur, et une lettrine à fond criblé en tête de chacun des quatorze livres. Exemplaire de choix dans une intéressante reliure française attribuable à Claude de Picques d'un format élégant. Elle est à rapprocher de l'Asconius de 1522 (Chatsworth), et de l'Ausonius de 1517 (B.M.), dont elle partage à la fois la composition et les fers (voir Bookbindings from the library of Jean Grolier, B.M., 1965, n° 38 et 40). 5
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3 - Boissière Elle fut réalisée pour Jean II, marquis d'O et de Maillebois, premier capitaine des gardes écossaises du corps de François Ier, Grand Maréchal de Normandie, dont la devise, frappée au centre du second plat Tu tibi ipse sis fortuna, de la famille Le Clerc de Franconville, lui échoua par l'alliance de la famille d'O avec Jeanne le Baveux, héritière des terres de Franconville. Plus connu pour le fils qui rendit son nom célèbre (François d'O, gouverneur de Paris et surintendant des finances d'Henri III), que comme bibliophile, Jean d'O laissa néanmoins quelques volumes portant ses armes (voir Olivier, pl. 1704). Le décor de notre exemplaire, confié à Claude de Picques, nous fait découvrir cependant plus qu'un amateur de livres, un personnage proche du pouvoir et ainsi des goûts de l'entourage de François Ier, de Grolier, ou de Mahieu, éminents bibliophiles dont il subit l'influence, le temps d'une reliure. Cette reliure est quasiment identique à l'Ovide, Fastorum libri VI, que possédait le marquis d'O, imprimé lui aussi par Simon de Colines, l'année suivante. Seul un fer, dans le cartouche central, a été inversé. L'Ovide a fait partie des bibliothèques Esmérian (Cat. I, 1972, n° 95) et Miribel (Cat., 1993, n° 95). Angles légèrement frottés. Provenances : ex-libris manuscrits de G. Mazuriel (peut-être Grégoire Mazuriel né le 25 avril 1665 à Epinaysur-Orge), et de Goguet (barré sur le titre) ; Léopold Double (Cat., 1863, n° 367) ; bibliothèque de Lord Orford, descendant de Horace Walpole, avec une étiquette d'exposition au contreplat imprimée A. I. E. 1874, (peut-être l'Association des Editeurs Italiens, fondée en 1869), portant le nom manuscrit du possesseur de l'exemplaire : Lord Orford.
3. BOISSIÈRE (Cl. de). Art poétique que reduict et abrege, en singulier ordre & souveraine méthode, pour le soulas de l'aprehension & recreation des espritz. Faict et composé par maistre Claude de Boissière, Daulphinois. Paris, Annet Briere, 1554, in-12 de 10 ff. sign. A-E4, maroquin rouge janséniste, chiffre entrelacé au centre, dos à nerfs, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet). Edition originale, dédiée à Marie de la Haye, la sœur du poète. Il s'agit d'un ouvrage rare. 6
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4 - Groto Sous le règne de Henri II, poètes et écrivains prirent conscience de l'utilité d'un travail commun, abordant ainsi tous les genres dont celui de l'art poétique. Leur travail sur le vers et la rime marqua la poésie française jusqu'à l'époque moderne. De nombreux traités virent le jour dont les plus marquants sont ceux de Sebillet (Paris, 1548), Joachim du Bellay (Paris, 1549), Claude de Boissière et Peletier du Mans (Lyon, 1555). Dans son ouvrage, petit opuscule destiné aux étudiants soucieux d'apprendre les arts poétiques, Claude de Boissière, en suivant le traité de Sebillet, résume avec clarté les vues parfois confuses de son prédécesseur et substitue plus d'un long développement par des schémas fort ingénieux. De l'auteur, nous savons peu de choses. Humaniste français du XVIe siècle, il naquit en Dauphiné, et nous laissa divers ouvrages pédagogiques concernant la musique, l'astronomie et l'arithmétique. Sobre reliure de Trautz-Bauzonnet. Provenances : Damascène Morgand (?), n° 25319 ; Couturier de Royas. Brunet, I, 1072-1073 ; Rothschild, I, 429 ; Grente (G.), Dictionnaire des Lettres Françaises, XVIe siècle, pp.54-57 ; non cité par Buisson.
4. GROTO (L.). Il thesoro Comedia nova... Venice, Fabio & Agostin Zopine Fratelli, 1583, 5 pièces en un vol. in-12 (139 x 73 mm), vélin ivoire, filets dorés autour des plats, armes au centre, dos lisse orné d'un chiffre entrelacé plusieurs fois répété, tranches lisses (reliure de l'époque). Intéressant recueil de pièces de théâtre de Louis Groto (1541-1545), dit Il Cieco d'Adria, qui lui valurent un certain succès. Sont réunies ici la partie la plus importante de son registre, soit deux comédies, deux pastorales et une tragédie : 1. Il thesoro Comedia Nova. Id., id., id. Edition originale, de cette pièce en cinq actes, inspirée du Décameron. Le prologue contient une violente attaque dirigée contre les classiques. Allacci, 761 ; Soleinne, IV, 4298 ; Quadrio V, p. 74. 7
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2. La Emilia Comedia Nova. Id. id., id. Seconde édition, de l'une des plus importantes comédies italiennes, qui fut imitée tout au long du dix-septième siècle. Soleinne, IV, 4303 ; Sanesi, La Commedia, I, p. 267. 3. Il pentimento Amoroso. Id., id., id. Seconde édition de cette pastorale. Quadrio, V, p. 401. 4. La Calisto nuova favola pastorale. Id., id., id. Edition originale, rare. Salvioli, 604 ; Soleinne, IV, 4305. 5. La Hadriana tragedia nova. Id., id., id. Seconde édition, de cette adaptation de Roméo et Juliette, qui aurait eu une influence sur Shakespeare. Walker's, Historical Memoir, pp. 50-63. Exemplaire de Jacques-Auguste de Thou (1553-1617), alors célibataire, relié à ses armes et à son chiffre [IADT], provenant de sa première bibliothèque qu'il constitua au cloître de Notre-Dame, entre 1573 et 1585. Cette séduisante reliure en vélin ivoire a été réalisée entre 1583 et 1587, date de son premier mariage, ou dès lors il fit accoler à ses armes celles de sa première femme, Marie de Barbançon-Cany. Il est probable que De Thou se familiarisa avec la culture italienne, non seulement par la formation scolaire qu'il reçut, mais aussi par les voyages qu'il effectua en Italie, notamment lorsqu'il accompagna en 1573-1574 dans son ambassade, Paul de Foix, où il fut amené à rencontrer : Giambattista della Porta, Paul Manuce, G. Mercuriale, Piccolomini, Carlo Sigonio... Six pour cent des ouvrages provenant de sa bibliothèque aujourd'hui conservés à la bibliothèque nationale, sont en italien. Provenances : Hunter ; William Beckford (Cat. II, 1883, n° 409) ; W. H. Crawford of Lakelands ; J. H. B. Clements ; G. Nordback. Antoine Coron, Histoire des bibliothèques françaises, Jacques-Auguste de Thou et sa bibliothèque, p. 101125.
5. S CHOPPER (H.) & AMMAN (J.). Panoplia omnium illeberalium mechanicarum aut sedentarium artium genera continens… accesserunt etiam venutissimae imagines omnes omnium artificium negociationes. Francfort, Georges Corvin pour S. Feyerabent, 1568, in-8° (150 x 90 mm.) de 8 ff. lim. et 140 ff. chiffr., maroquin vert janséniste, filets à froid autour des plats, dos à nerfs orné, tranches dorées (Atelier Laurenchet). Première édition latine, du premier recueil sur les métiers. Publiée la même année que l'édition allemande mais dans un atelier d'impression différent, tous les bibliographes ne s'accordent pas sur leur ancienneté. Pour Colas, elles ont été éditées à la même date, Brunet ne se prononce pas, et Davies, dans son catalogue "Early German Books in the Library of C. Fairfax Murray", décrit ainsi l'allemande : " First edition with the German verses… Another edition with latin text, was published the same year ". Il semble difficile de savoir à laquelle on doit attribuer la priorité. Ce problème se pose dans les mêmes termes pour un Aesope édité en 1566, toujours chez Feyerabent. Ce théâtre des métiers, autant destiné à instruire qu'à distraire, rappelle plus par sa mise en page, agréable et simplement conçue, une suite de gravures qu'un livre. Ainsi chaque feuillet, resté vierge au verso, est illustré d'une gravure accompagnée d'explications en vers latins par Hartmann Schopper. Cette illustration que l'on doit à Jost Amman, est formée de 132 bois gravés. C'est en qualité de graveur sur bois que Jost Amman (1539-1591) a acquis sa célébrité ; il est considéré comme un des grands praticiens de son époque. Il participa à l'illustration de nombreux ouvrages, et produisit des pièces séparées selon deux techniques : l'eau-forte mélée au burin, et la gravure sur bois. Natif de Zurich, il exerça à Nuremberg. 8
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5 - SChopper & Amman A travers cette suite, très hiérarchisée, puisqu'elle présente en premier les hommes d'église, pour finir avec le colporteur, on découvre le monde des ateliers des diverses corporations du XVIe : tailleurs de pierres, charpentiers, orfèvres, batteurs d'or, joailliers, lapidaires, horlogers, épingliers, astronomes, physiciens, apothicaires, luthiers… sans oublier les métiers du livre, fabricants de papier, fondeurs de caractères, imprimeurs et relieurs. Les nombreuses rééditions, latines ou allemandes, qui se succédèrent entre 1568 et 1588, attestent de l'intérêt de ces bois. La première allemande est très rare, Rahir et Dutuit possédaient uniquement la première latine. Exemplaire à belles marges, d'un beau tirage. Réétabli par l'atelier Laurenchet, il est non lavé. Brunet, V, 218 ; Longchamps, 2662 ; Becker, Jost Amman, 13 b ; Colas, 111 ; Hyatt Mayor, Prints & People, Metropolitan Museum of Art, 411, Ed. Latine (“The Swiss Jost Amman shows himself cutting his own design, in his lively little survey of 132 crafts and trades, that anticipates the great french Encyclopédie”) ; Bouchot, Histoire anecdotique des métiers, 1888, p.19, 133 et 143 ; Rahir (Cat., 1931, n° 671-672).
6. DESPORTES (Ph. A.). Les Œuvres. Anvers, A. Coninx, 1596, in-16 de (4 ff.), 498 p., (11 ff.), maroquin citron, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle). Emule de Ronsard et précurseur de Malherbe, Desportes a dédié cette édition, la dernière à avoir été publiée au XVIe siècle, au roi Henri III avec qui il avait séjourné en Italie. La gloire de Desportes éclipsa celle de Ronsard ; jusqu'à l'arrivée de Malherbe, il fut considéré comme le plus grand poète français. Exemplaire de choix, en maroquin citron du dix-huitième siècle, condition rare. Provenances : Mr Daymar ; Baron de Fleury ; Bent Juel-Jansen. Tchemerzine, IV, p. 396 (Collation erronée). 9
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7. FILIPPINI (A. P.). La Historia di Corsica… Tournon, Claude Michel, 1594, in-4° de (20), 563, (18 p.), vélin souple ivoire à rabats (reliure de l'époque). Edition originale de cette chronique de la Corse ; elle s'inscrit dans l'histoire de la Méditerranée. Son dédicataire est Alfonso d'Ornano. S'inspirant de l'œuvre de ses prédécesseurs, Jean de la Grossa, Pierre-Antoine Monteggiani, et surtout MarcAntoine Ceccaldi (1521-?), l'auteur, chanoine de Mariano (1529-?) poursuit ici leurs travaux, s'arrêtant à l'année 1594. C'est en quelque sorte la prolongation intellectuelle de leurs chroniques, et plus spécialement de celle de Ceccaldi qui s'interrompt à l'année 1559. Filippini décrit une Corse qu'il a connue, riche en événements historiques et militaires auxquels il participa pour certains, notamment lors de la venue des Sampiero de Bastelica (1498-1567) qui lui valut le 8 octobre 1564 d'être incarcéré, puis transféré à Gênes. Il retrouva la liberté 19 mois plus tard. Mine de renseignements pour les historiens, l'auteur dresse un portrait complet de l'île, ne négligeant rien. Il s'intéresse ainsi à sa géographie, à son architecture, mais surtout aux guerres intestines qui opposèrent les Noirs aux Rouges, à l'instauration du pouvoir génois et à son occupation, à la défaite de Sampiero d'Ornano, père d'Alfonso. Comme l'écrit Jean-Marie Graziani, l'auteur d'une édition critique, la chronique de Filippini est le journal d'une défaite, écrit par un témoin qui pour être neutre dans le conflit n'en représente pas moins le vaincu, en la personne d'Alfonso d'Ornano, dédicataire d'un livre qu'il finança à beaux deniers. Un portrait de l'auteur gravé au burin. Selon Baudrier, cet ouvrage aurait été imprimé avec le matériel typographique des Roussin de Lyon. Superbe exemplaire, à très grandes marges (traces de témoins), dans sa première reliure. Provenances : ex-libris manuscrit sur le plat supérieur, Jehan Michel Pertus ; Bardi-Serzelli ; Chiesa ; Feltrinelli. Starace, 1467 ; Bibliotheca Aureliana, 7e livraison, p. 64, n° 20 ; Y. de la Perrière, L'Imprimerie à Tournon, n° 23. 10
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8. MATTHIEU (P.). Histoire de France et des choses mémorables advenues aux provinces estrangères durant sept années de paix du règne de Henry IIII, roy de France & de Navarre. Paris, J. Métayer et Mathieu Guillemot, 1605, 2 tomes en un vol. in-4°, maroquin bleu nuit, plats ornés d'un décor à la Du Seuil, dos lisses ornés à petits fers de motifs de feuillages avec semis d'étoiles, réserve centrale festonnée contenant un renard coiffé d'une couronne royale, elle-même répétée, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure ancienne). Edition originale. Polygraphe reconnu, l'auteur s'illustra surtout par ses ouvrages historiques, qui valent plus pour leur qualité documentaire que littéraire. Partisan de la Ligue, il se rallia à Henri IV après l'entrée de celui-ci dans Paris, qui le nomma alors historiographe, charge qu'il conserva sous Louis XIII. Formé de sept livres, eux-mêmes divisés en narrations ou chapitres, l'ouvrage couvre la période des années 1598 à 1604. L'auteur décrit non seulement la France et sa politique extérieure, mais il aborde aussi une multitude de sujets : inondation du Tibre à Rome, trouble des janissaires à Constantinople, navigation des Hollandais aux terres-neuves, transport de l'or et l'argent, art de la soie… Un titre-frontispice de Fornazeris, un feuillet de dédicace gravé contenu dans un élégant cadre, et deux planches hors-texte, l'une représentant la France entourée d'attributs, constituent l'iconographie. Intéressante et surprenante reliure, exécutée entre 1695 et 1705, sortant de l'atelier de Boyet, ou plus exactement de celui de son doreur. Appartenant à un groupe de reliures, presque toutes en maroquin rouge, où seuls les éléments décoratifs des dos varient (renard, femme-paysanne, tournesol…), elles ont été commandées par un " grand curieux ", que les auteurs du catalogue, Reliures françaises du XVIIe siècle, Chefs-d'Œuvre du Musée Condé, n'ont pu encore identifier avec certitude. 11
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Ils les classent dans un ensemble intitulé, reliures archaïsantes, qui sont le fait de curieux parisiens de l'extrême fin du XVIIe. Ces reliures partagent deux signes distinctifs : elles recouvrent des livres français et leurs décors sont soit inspirés des modèles déjà existants, soit inventés dans un esprit plus ou moins archaïsant. Provenances : Michel Delacour ; Mortimer L. Schiff (Cat., 1938, n° 1995) ; Major Adrian A.L. McLaughlin (Cat., 1980, n° 1848). Tchemerzine, IV, 631 ; Brunet, Manuel de l'amateur, III, 1531 (" Ouvrage recherché à cause des pièces qu'il renferme ") ; Hauser, Les Sources de l'histoire de France, III, 1448 ; Pillorget, France baroque, France classique, 1589-1715, p. 770 ; Duportal, Etude sur les livres à Figures édités en France de 1601-1660, n° 78 ; I. de Conihout-Ract-Madoux, Reliures françaises du XVIIe siècle, n° 44-46.
9. CAUS (S. de). Les Raisons des forces mouvantes avec diverses machines tant utilles que plaisantes aus quelles sont adionts plusieurs desseings degrotes et fontaines… A Francfort, Jan Norton, 1615, 3 parties en un vol. in-folio (386 x 257 mm) de (4), 44 ff. ; (2), 20 ff. ; (1), 9 ff., (1 f. double pour le Diapason), veau brun, filets à froid autour des plats, dos à nerfs orné, tranches mouchetées (reliure de l'époque). Edition originale du plus beau théâtre d'automates que le monde de l'édition ait connu aux XVIe et XVIIe siècles. Elle est très rare. Dès la seconde moitié du XVIe siècle se multiplient les traités d'architecture, d'art militaire et de mécanique. Les théâtres de machines décrivent d'innombrables engins, à la réalisation parfois incertaine. Ils sont le symbole de l'apparition d'un homme nouveau : l'ingénieur, à la fois homme de l'art et homme des métiers. Conseiller du prince, technicien au service du pouvoir, l'ingénieur, aussi bien à la Renaissance qu'au début du XVIIe siècle sera animé à la fois par le désir de maîtriser la dynamique de l'eau et du vent que par celui d'utiliser les forces mouvantes grâce à des machines adaptées. Salomon de Caus et son œuvre s'inscrivent dans ce courant. Protestant d'origine Normande, Salomon de Caus (1575-1626), à la fois théoricien, architecte paysagiste et ingénieur, mena une vie nomade. Quittant en 1595 Dieppe, sa ville natale, pour l'Italie, il séjourna à Bruxelles entre 1598 et 1610, au service des archiducs Albert et Isabelle, puis fut appelé à cette date à la cour d'Angleterre par Jacques Ier. En 1613, lors du séjour à Londres de Frédéric V (1576-1626) en raison de son mariage avec Elisabeth Stuart fille du roi Jacques Ier, il fut engagé par ce dernier comme ingénieur et architecte paysagiste afin d'aménager les nouveaux jardins du château de Heidelberg. Bien que l'essentiel des jardins ait pu être achevé, l'ensemble ne devait pas dépasser le stade de l'ébauche. Le 28 septembre 1619 marqua le départ de Frédéric V pour Prague, qui venait d'accepter la couronne de Bohême, et donc l'interruption des travaux, Salomon de Caus gagna alors Paris pour entrer au service de Louis XIII. Le goût pour les jardins, les jeux d'eau et les automates, particulièrement vif à la Renaissance, se poursuivit par une phase de réalisations où les différents dispositifs hydrauliques se perfectionnèrent pour le plaisir des cours princières dans le but de subordonner la nature à l'art. Dans ce cadre, Salomon de Caus publia les Raisons des forces mouvantes, où il présente des automates de Héron d'Alexandrie et d'autres de son invention, ainsi que des théâtres mécaniques, des jeux d'eau, l'ensemble se mouvant par des roues hydrauliques et d'astucieux dispositifs mécaniques. Des différentes réalisations, on peut encore aujourd'hui voir s'animer les machineries du château d'Helbrunn, près de Salzbourg, réalisées en 1613 et modifiées au XVIIIe siècle (Bomy, Une Histoire des techniques, pp. 216-217). D'autre part, c'est à lui que nous devons la description des premières machines à programme, étape capitale dans l'histoire des techniques ; ces dispositifs permettaient la commande automatique par tambour d'un flux d'air et d'eau. Après avoir exposé les lois fondamentales particulières à l'eau, à l'air et au feu, Salomon de Caus enseigne ici en trois livres, l'application de ces principes à la construction de machines. Le livre premier décrit entre autres, quelques automates imitant le chant des oiseaux et des horloges hydrauliques (Clepsydres). Le livre deuxième traite de l'agencement des " grottes et fontaines " 'Grotte d'Orphée, Grotte de Neptune), le troisième de la construction des orgues hydrauliques dont, "l'inventeur le plus ancien qui nous est cognu est Heronye Alexandrin ". 12
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9 - Caus
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10 - Schoonhoven L'iconographie se compose de nombreuses figures dont 4 à pleine page et une double (Diapason), d’importants ornements typographiques, de bandeaux décorés et lettres ornées, l'ensemble gravé sur bois, et en taille-douce, de deux titre-frontispices, de 52 figures à pleine page, 3 à demie page et 5 dans le texte. Deux planches sur cuivre sont signées, l'une P. Iseth (pl. 4 de la première partie), la seconde, J. V. Heyden (pl. 3 de la seconde partie) et deux autres offrent le texte gravé des soixante-cinq mesures d'un madrigal d'Alessandro Strigio mit en table par Pierre Filippi. Exemplaire en reliure de l'époque et à belles marges, dont les figures sont d'un beau tirage. La reliure a été anciennement restaurée, avec petit manque à la coiffe supérieure. Deux planches mal imprimées au moment de l'édition ont été doublées. Petites restaurations en gouttière à quelques feuillets et très légères traces de mouillures affectant uniquement la première partie. La planche de la grotte d'Orphée a souffert d'une petite déchirure. Provenance : commentaire manuscrit en marge de la page 8 de la première partie, daté 1632 ; Comte Arnaud de Vitry. Brunet, I, 1961 ; Cortot, Catalogue, ; 46 ; RISM, BV1, p. 213 ; Baillie, Clocks and watches, p. 32, 1615 ; Mosser-Teyssot, Histoire des jardins, pp. 55-63 avec reproductions ; Chapuis-Gelis, Le Monde des Automates, T. I, pp. 72-73 et 79 à 82 - T. II, pp. 82-85 ; J.P. Seris, Machine et Communication, pp. 24-25.
10. SCHOONHOVEN (F.). Emblemata, Partim Moralia partim etiam Civilia. Goudae, A. Burier, 1618, in-4°, maroquin souple havane à rabats, armes au centre des plats, dos lisse orné d'un chiffre plusieurs fois répété, tranches dorées (Pierson). Premier tirage de ce recueil d'emblèmes dédié au corps politique de la ville de Gouda. Le livre d'emblème a constitué un phénomène éditorial étonnant, autant par l'ampleur que par la durée de son succès. Pendant plus de deux siècles, un millier d'ouvrages intitulés Emblèmes, Devises, ou parfois Symboles ont été publiés dans tous les pays d'Europe. 14
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10 - Schoonhoven On entend par livres d'emblèmes un recueil illustré dont chaque élément comporte un titre, une image et un texte, association dont le but était de diffuser une leçon de civilité, l'image provoquant un choc affectif visant à renouveler la force de la morale. Le recueil de Schoonhoven, qui connut de nombreuses rééditions (1626, 1635 et 1648), est un " spécimen représentatif de l'apogée du livre d'emblèmes et de l'abondante production hollandaise ". Son auteur l'a publié dans un double souci : divertir le lecteur en l'instruisant, et lui proposer un enseignement civil traditionnel à travers des commentaires prolixes émaillé de références. Il en confia l'illustration à Crispin Van der Passe Le Jeune, qui grava à l'eau-forte 74 emblèmes, autant de petits tableaux qui campent la scène résumée par la pièce de vers. A travers ces gravures, de Passe témoigne d'une personnalité créatrice assez marquée. Un frontispice allégorique et un portrait de l'auteur complètent l'iconographie. Bel exemplaire, en reliure souple de Pierson, aux armes du prince d'Essling. Dos très légèrement plus clair. Hollstein, XVI, 137-173 ; A Henker & A. Schöne, Emblemata, 1967, LXXX avec reproduction des 74 figures ; Landwehr, Low Countries, 727 ; Chatelain, Livres d'emblèmes et de devises, n° 70 ; R. Paultre, Les Images du livre, Emblèmes et Devises, pp. 151 à 158.
11. P ASCAL (B.). Les Provinciales ou les lettres escrites par Louis de Montalte… - Advis de messieurs les curez de Paris… sur le sujet des mauvaises maximes… A Cologne, Pierre de la Vallée [Amsterdam, L. & D. Elzevier], 1657 1657, 2 parties en un vol. in-12 (128 x 75 mm), maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné aux petits fers et mosaïqué, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Lortic). Première édition à pagination continue contenant dix-huit lettres qui avaient été auparavant imprimées séparément et réunies sous un titre unique. 15
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Exemplaire de premier tirage contenant l'expression Quarante moines mandiants (p. 3), transformée ensuite en Quarante religieux mendiants. Il est bien complet du feuillet blanc, précédant la seconde partie. Elégante reliure de Lortic Père, dont l'officine fut reprise en 1884, par son fils Marcellin. Maire, Bibliographie générale des œuvres de Blaise Pascal, II, p. 168-171 ; Tchemerzine, p. 70 ; Mesnard, En Français dans le texte, n° 96.
12. PASCAL (B.). Pensées. Paris, Guillaume Desprez, 1670, in-12, maroquin rouge vif, filets dorés autour des plats, dos très finement orné de petits fers, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Lortic). Edition originale. Après le Traité du triangle arithmétique et les Traités de l'équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l'air, les Pensées font partie de l'entreprise éditoriale posthume des œuvres inédites de Pascal, orchestrée par les soins de sa famille. Les Pensées, texte dans lequel l'auteur s'oppose aux libertins, " occupent une place unique parmi les ouvrages d'apologétique à cause de leur profondeur philosophique et religieuse et de la puissance de leur style ". Cette édition, dont le très vif succès produisit de nombreuses contrefaçons, fut préparée à partir d'un manuscrit trouvé dans les papiers de l'auteur et de copies prises à l'initiative de sa sœur Gilberte, par un comité formé par la famille, le duc de Roannez, des amis proches et des "Messieurs de Port-Royal". Exemplaire de choix, à belles marges (152 x 86 mm), dans une reliure très finement réalisée et ornée par Lortic Père. Tchemerzine, IX, p. 72 ; Maire, Bibliographie des Oeuvres de Blaise Pascal, IV, n° 3 ; Mesnard, En Français dans le texte, 96 ; Carter-Muir, Printing and the Mind of Man, 152.
13. R ACINE (J.). Alexandre Le Grand. Paris, Theodore Girard, 1666, in-12, maroquin bleu, filets dorés autour des plats, fleurons en angle, dos à nerfs orné du même fleuron plusieurs fois répété, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Chambolle-Duru). Edition originale. Jouée pour la première fois par la troupe de Molière sur la scène du Théâtre de Port-Royal, et avec succès, la sixième représentation de la pièce fut en même temps à l'affiche du Théâtre de l'Hôtel de Bourgogne. Cette décision prise par Racine, fut à l'origine de sa rupture définitive avec Molière. Le grand succès des représentations à l'Hôtel de Bourgogne, permit à Racine de s'imposer dans le genre tragique, éclipsant ainsi le vieux Corneille. Bel exemplaire. Provenance : Anatole France (Cat., 1939, n° 82). Guibert, Bibliographie des Œuvres de Jean Racine, pp. 20-27.
14. RACINE (J.). Œuvres. Paris, D. Thierry, 1697, 2 vol. in-12, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs ornés, roulette dorée intérieure, tranches dorées (ChambolleDuru). Troisième édition collective, la première complète des Œuvres de Racine et la dernière revue par l'auteur. Elle comprend Esther et Athalie à pagination continue ainsi que les Cantiques spirituels qui n'avaient pas pu être réunis dans l'édition de 1687. 2 frontispices, dont un gravé d'après Le Brun et 12 figures par F. Chauveau. Exemplaire en belle condition. Dim. : 162 x 94 mm. Guibert, Bibliographie des Œuvres de Jean Racine, p. 156 à 159. 16
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15. L A FONTAINE (J. de). Contes et nouvelles en vers. Amsterdam, Desbordes, 1685, 2 tomes en un vol. in-8° (155 x 95 cm), maroquin rouge, filets dorés autour des plats avec fleurons dorés en angle, dos à nerfs finement orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet). Première édition collective et première illustrée. Elle contient la totalité des Contes, à l'exception de sept dont le Quiproquo paru après la mort de l'auteur. Un frontispice et 58 figures à mi-page, interprétés à l'eau-forte par Romain de Hooghe, constitue l'iconographie, la seule contemporaine du texte. Restée célèbre, cette spirituelle et délicate illustration, l'un des chefs-d'œuvre de Romain de Hooghe, a été unanimement louée et continue à l'être, et ce malgré l'édition illustrée par Eisen, dite édition des Fermiers Généraux, éditée au dix-huitième siècle. Trois éditions furent publiées à la même date, le premier tirage se distinguant par trois remarques : la page 211 du tome I contient 11 lignes de texte, la première page de la Préface du T. II a 17 lignes et la dernière ligne de la page de table du T. I porte le chiffre 211. Exemplaire de qualité, du premier état. Les gravures sont d'un beau tirage. Page 9 du T. II habilement restaurée. Provenance : Fresne (Cat., 1890, n° 315). Tchemerzine, VI, p. 375 ; Landwehr, Romeyn de Hooghe, p. 149 ; Hollstein, IX, n° 591 - 648. 17
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16. [CABINET DU ROI]. Vues des maisons royales et des villes conquises par Louis XIV. [Paris, circa 1666-1680], in-folio, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, armes et chiffres couronnés au centre, dos à nerfs orné du même chiffre plusieurs fois répété, tranches dorées (reliure de l'époque). Eclairé par son ministre Colbert, Louis XIV, dans un double souci de mécénat et de propagande, chercha à faire reproduire ses collections ainsi que les évènements culturels importants de son règne. Les commandes qu'il passa, formèrent le fond que l'on connaît sous le nom de Cabinet du Roi. Afin d'en contrôler la bonne marche, un premier arrêt du Conseil d'Etat, daté du 22 décembre 1667, interdit à tous les graveurs et imprimeurs autres que ceux choisis et nommés par Colbert, de graver et imprimer. Ainsi de 1665 à 1670, une cinquantaine d'estampes isolées furent déposées tous les ans à la Bibliothèque du Roi. Il fallut attendre le 22 février 1670, pour que Colbert, dans un mémoire adressé à Ch. Perrault, dresse une série de recommandations visant à réunir ces planches sous forme de volumes entiers. Ce dernier fit un inventaire des planches existantes. Il en compta environ 300 dont celles des Maisons Royales. Lorsque des recueils entiers étaient constitués, ils étaient confiés à des relieurs : L. Delatour, Jeanne Sare veuve Mérieux, Eloi le Vasseur et J. de Launay. Les volumes étaient alors, selon les destinataires, reliés en veau ou en maroquin, peaux fournies par la Bibliothèque Royale qui avait chargé M. de Monceaux d'en faire l'acquisition en Orient (Smyrne, Alep, Constantinople…). Les plats de ces recueils étaient ornés des armes du Roi, frappées au moyen d'un fer gravé par Thomassin. Une fois reliés, Colbert, à la demande du Roi, les distribua en grande partie aux ambassadeurs français afin que ces derniers les montrent ou les offrent dans les diverses cours européennes où ils étaient envoyés. A la mort de Colbert, en 1683, Louvois, puis l'Abbé Bignon furent chargés de s'occuper de cette publication. Ce dernier décida en avril 1723 de procéder à une réédition définitive en 23 volumes tous de format grand aigle. En dépit de son échec économique, le Cabinet du Roi fut l'une des plus belles réussites entreprises à la gloire du Roi. Recueil de 48 planches en premier tirage, offrant 37 vues et plans de maisons royales et de villes conquises par Louis XIV, appartenant au Cabinet du Roi. 18
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1) Face principale du Louvre. J. Marot, 1676. Une planche. 2) Plan & élévation du côté du Louvre, vers la Rivière, vû de la Cour à gauche. J. Marot, 1678. Une planche. 3) Plan & élévation de la façade du Louvre, du côté qui regarde la Rivière. J. Marot, 1678. Une planche. 4) Représentation des Machines qui ont servi à élever les deux grandes Pierres qui couvrent le Fronton de la principale entrée du Louvre. S. Le Clerc, 1677. Une planche. 5) Plan général du Palais des Tuileries. Israël Silvestre, 1669. 2 planches. 6) Vue du Palais des Tuileries du côté de l'entrée… Israël Silvestre, 1669. 2 planches. 7) Vue du Palais des Tuileries, du côté du Jardin… Israël Silvestre, 1668. 2 planches. 8) Plan du Jardin du Palais des Tuileries. Israël Silvestre, 1671. Une planche. 9) Vue du Palais & des Jardins des Tuileries. Israël Silvestre, 1673. Une planche. 10) Vue des Jardins du Palais et des Tuileries. Israël Silvestre, 1670. Une planche. Ensemble de 13 planches qui furent réunies ultérieurement pour former une partie du quatrième volume du Cabinet du Roi : Plans, élévations et Veües des Chasteaux du Louvre & des Tuileries. 14) Arc de Triomphe de Louis XIV… S. Le Clerc, 1679. Une planche, appartenant au quinzième volume du Cabinet du Roi. 11) Plan général du Palais Royal. La Boissière, 1679. Une planche. 12) Vue du Palais Royal. La Boissière, 1679. Une planche. 15) Plan général du Château & petit parc de Vincennes. Isr. Sylvestre, 1668. Une planche. 16) Plan général du Château de Madrid. J. Marot, 1676. Une planche. 17) Elévation du Château de Madrid. J. Marot, 1677. Une planche. 18) Plan général des Châteaux de Saint-Germain en Laye. Une planche. 19) Plan du Château neuf de Saint-Germain-en-Laye. Une planche. 20) Vue du Château neuf de Saint-Germain-en-Laye. Is. Sylvestre, 1666. Une planche. 21) Vue du Château de Fontainebleau, du côté du jardin. Is. Sylvestre. 2 planches. 22) Vue du Château de Fontainebleau, du côté des jardins. Is. Sylvestre. Une planche. 23) Vue de l'Etang de Fontainebleau. Is. Sylvestre, 1666. Une planche. 24) Vue de la cour du Cheval blanc de Fontainebleau. Is. Sylvestre, 1667. Une planche. 19
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25) Plan relevé du Château, Jardin & Parc de Monceaux. Is. Sylvestre, 1673. Une planche. 26) Vue du Château de Monceaux. Is. Sylvestre, 1679. Une planche. 27) Vue du Château de Monceaux, du côté du Parc. Is. Sylvestre, 1680. Une planche. 28) Vue du Château de Chambord, du côté de l'entrée. Is. Sylvestre, 1678. Une planche. 29) Plan du Château de Compiègne. Dorbay, 1677. Une planche. Ensemble de 18 planches qui furent réunies plus tard pour former une partie du treizième volume du Cabinet du Roi : Plans, profils, élévations et vues de différentes Maisons Royales. 13) Vue du collège des Quatre Nations. Israël Sylvestre, 1670. Une planche. 30) Vue du Château de Marimont, du côté du jardin. I. Sylvestre, 1673. Une planche. 31) Profil de la Ville & Citadelle de Stenay. I. Sylvestre. 2 planches. 32) Vue de la ville et Château de Sedan. I. Sylvestre. 3 planches. 33) Vue et perspective de Momtmedy. I. Sylvestre. 2 planches. 34) Vue du Château de Jametz. I. Sylvestre. Une planche. 35) Vue et perspective de la ville et citadelle de Verdun. I. Sylvestre. 2 planches. 36) Profil de la ville de Metz, du côté de la Porte Mazel. I. Sylvestre. 2 planches. 37) Profil de la Ville & Forteresse de Marsal. I. Sylvestre, 1670. 2 planches. Ensemble de 16 planches qui furent réunies quelques années après pour former une partie du quatorzième volume du Cabinet du Roi : Profils et veües de quelques lieux de remarque. Recueil de qualité, dont les planches sont d'un beau tirage. Quelques traces de plis. Petite trace de griffe sur le premier plat de la reliure. Provenance : Archibald Philip, Earl of Roseberry. M. Grival, RBN, 18, Hiver 1985 ; A. Jammes, Louis XIV, Sa Bibliothèque et le Cabinet du Roi ; Catalogue des volumes d'estampes dont les planches sont à la Bibliothèque du Roi. Paris, Imprimerie Royale, 1745. Voir reproduction en frontispice
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17 ROUSSELET (J.P.). Prières durant la messe écrites par Rousselet. Paris, 1702, in-12, maroquin bleu nuit, roulette dorée à décor floral autour des plats, dos à nerfs finement orné, doublure de maroquin rouge sertie d'une roulette dorée à décor de fleurs de lys, tranches dorées (reliure de l'époque). Rousselet, émule de Jarry, travailla surtout à la fin du XVIIe siècle et au commencement du siècle suivant. Le Roi, Richelieu et sa famille, les Pontchartrain lui passèrent de nombreuses commandes dont Le Labyrinthe de Versailles, l'Office de la Sainte-Chapelle et les Prières de la Messe, livre de mariage de Marie Leszczynska. Habile calligraphe et excellent dessinateur, il décorait lui-même ses manuscrits, remarquables par la richesse de leur ornementation. Superbe manuscrit de 39 feuillets sur papier, support presque toujours utilisé par Rousselet, très finement calligraphié en 1702 en lettres rondes à l’encre noire et rouge. Le titre est alternativement écrit en caractères rouge, bleu, noir et or. Le volume s'ouvre sur un bel encadrement peint en or et en couleur avec bouquets et guirlandes de roses, puis suivent deux miniatures l'une au commencement, l’autre au canon de la Messe. En vis-à-vis de ces peintures figurent deux vignettes annonçant chaque partie, elle-même se terminant par un joli cul-de-lampe. Le reste de l’ornementation consiste en une belle série d'initiales de diverses couleurs certaines sur fond or. Deux d'entre elles, plus grandes, sont sur fond guilloché avec riche rehaut d'or. Superbe manuscrit d'une grande fraîcheur, habillé d'une reliure doublée de Padeloup, maître-relieur qui avait été choisi par Rousselet pour exécuter les reliures de ses manuscrits. Il faut noter l'élégance des roulettes dont l'une est à décor de fleurs de lys. Une reliure identique, habillant un manuscrit de la même main, est décrite au catalogue de la vente Pichon (Cat. 1, 1897, n° 58). Provenance : Aucune trace d'appartenance. Non cité par Portalis. 21
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18. [ ...]. Roma Perturbata, ofté't Beroerde Romen, vertoond door x Zinnebeelden… Historien van P. Codde, en T. de Kok… S.l., Groote Compagnie, 1706, gr. in-4°, veau havane, roulette dorée en encadrement avec motif central, dos à nerfs orné, tranches lisses (reliure de l'époque). Première édition, rare. Un titre et 10 gravures satiriques accompagnées de longs textes et commentaires, l'ensemble gravé à l'eau-forte. Chacune porte un numéro. Bien que Muller signale les planches 1, 2, 5 sans numéro, rien ne semble indiquer que les gravures de cette première édition ne soient pas chiffrées. Il s'agit plutôt d'un premier état de ces figures, sachant que cette suite est conservée dans plusieurs cabinets des estampes sous forme de feuilles volantes. Dans la seconde édition de 1707, le titre a été modifié et trois nouvelles planches ont été ajoutées, n° 11, ici présente, 12 et 13, seule cette dernière est numérotée. La présence de la planche 11 dans la première édition, peut s'expliquer. En effet, avant que ne soit publiée la seconde, l'éditeur avait déjà songé à ajouter quelques gravures. Il est fort possible que ces gravures à l'eau-forte aient été exécutées par Carel Allard (1648-1709) à Amsterdam. Le travail et la manière de traiter ces scènes, sont typiques de son travail. Les noms et adresses des éditeurs portés sur les planches, comme J. Antipapa exc. Viennae (pl. 1), Pius sécularis excudit Franco furti (pl. 2), sont un subterfuge. L'iconographie met en scène les différends qui opposaient Rome et le clergé national hollandais, prenant comme fil conducteur la destitution du vicaire apostolique Pierre Codde (1648-1710). Depuis l'adhésion massive des Pays-Bas à la Réforme, l'autorité du pape sur les minorités catholiques était représentée par un vicaire apostolique à Utrecht, dépendant directement de Rome (1592). Par la suite, deux conceptions opposées se développèrent sur le statut de l'Eglise catholique aux Pays-Bas. Aux yeux de Rome, l'ancien diocèse d'Utrecht devait être considéré comme une province de la mission, administrée directement par le représentant du pape ; le clergé national, au contraire, pensait que le vicaire apostolique incarnait la continuité de l'archevêché d'Utrecht. Ce conflit culmina en 1703 avec l'épisode Pierre Codde. Pierre Codde, nommé archevêque de Sébaste, ami de Port-Royal, fut nommé vicaire apostolique en 1688. Lorsque celui-ci, à la suite des plaintes formulées par les Jésuites contre lui pour rigorisme, fut appelé à Rome et qu'il hésitait à déférer cette invitation, il prit conseil de Quesnel qui lui recommanda de s'y rendre. Pour sa défense, il était en contact avec ses amis de Bruxelles. Sur leur insistance, il refusa de signer le formulaire sans restriction. Codde fut alors à la fois suspendu de ses fonctions en 1702 et contraint de rester 22
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19 - Overbeke à Rome. C'est Théodore de Cock qui fut alors nommé pro-vicaire. En 1703, devant les protestations des Etats-Généraux et la menace d'expulser les Jésuites des Pays-Bas, le pape laissa partir Codde. Un détail des planches peut être pourvu. Superbes épreuves, d'une grande fraîcheur. Muller, De Nederlandsche geschiedenis in platen, vol. 2, pp. 81-85 ; Stolk, Katalogues der historie - spot - en zinneprenten, vol. 4, pp. 108-136 ; Stephens, Political and Personnal Satires, Catalogues of the Prints and Drawings in the British Museum : Satires, 1320-1770, vol. II ; Mozzi, Histoire des révolutions de l'église d'Utrecht, II, pp.44.
19. O VERBEKE (B. Van). Les Restes de l'ancienne Rome. Amsterdam, Michel d'Overbeke (Impr. Jean Crellius), 1709, 3 vol. in-folio (530 x 370 mm.), maroquin rouge, roulette dorée autour des plats, dos à nerfs orné d'un fleuron onze fois répété, tranches mouchetées (reliure de l'époque). L'une des plus importantes iconographies que l'on ait de la Ville Eternelle. Bonaventura Van Overbeke (1660-1706), confia à son cousin, Michel, le soin de publier son ouvrage. Une première édition, en latin, vit le jour en 1708, suivie d'une traduction française en 1709, et d'une italienne en 1739. Si le goût des ruines remonte à l'humanisme de la Renaissance, la fin du XVIIe et le XVIIIe connurent un spectaculaire regain d'intérêt pour ce courant, qui semble lié au développement de l'archéologie, Rome, pôle d'attraction depuis trois siècles, gardant la place d'honneur. Bien que centrée sur l'Italie, cette mode s'étendit progressivement à la Grèce, puis à la Méditerranée orientale. Peintres, dessinateurs, graveurs, écrivains et éditeurs, tous concoururent à l'essor de cette tendance, en dressant des catalogues de ces célèbres ruines : Colisée, Pyramide de Cestius, forums, portiques, obélisques, arcs de triomphe, tombeaux, thermes… C'est dans ce mouvement que s'inscrit l'ouvrage d'Overbeke. Cet art de la vue topographique qui répondait rarement à des critères objectifs tant dans la mise en page que pour la transcription, culmina avec Giovanni Battista Piranesi. Elève de Gérard de Lairesse, Overbeke réunit ici l'ensemble des dessins qu'il réalisa lors de ses trois voyages à Rome, et dont il revendique dans sa préface la précision, reprochant par là à ses prédécesseurs de n'avoir pas respecté la réalité. 23
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Les 146 planches accompagnant les textes d'Overbeke, ont été interprétées sur cuivre par ce dernier. Frappé de phtisie, il décéda en 1707. N'ayant pu achever la partie iconographique de son ouvrage, son cousin la compléta de deux frontispices allégoriques interprétés par Mathias Pool qui se chargea également de graver les médailles et le plan de Rome avec sa muraille. Le portrait qui complète ce cycle iconographique, est l'œuvre de J.C. le Blon et C. Vermuelen. L'ouvrage est dédié à la princesse Anne d'Angleterre. Exemplaire de choix, dans de belles reliures hollandaises de l'époque. Les planches sont d'un très beau tirage. Quelques anciennes et habiles restaurations. Provenance : ex-libris " Sr Lister Holte of Afton " ; Feltrinelli. Mark J. Millard, Northern European Books, 97 (édition de 1763) ; Brunet, IV, 264 (" Ouvrage estimé pour l'exactitude des dessins ") ; Cicognara, 3807 (Ed. de 1763) ; Katalog Berlin, 1872 ; Olschki, Choix de Livres Anciens, 1936, n° 17 700 (" Malgré l'exécution assez froide et monotone, les planches ont conservé une place importante dans l'iconographie de Rome ") ; Kissner, 318.
20. S ACRE DE LOUIS XV (LE), roy de France et de Navarre dans l'église de Reims, le 25 octobre 1722. [Paris, Imprimerie royale, 1731] 1731, in-folio (625 x 467 mm.) maroquin bleu, plats ornés en encadrement d'un " décor à grande dorure " formé de feuilles d'acanthes, de branches de lauriers, de palmes et fleurons où se mêlent une fleur de lys entourée de flammes, en angle chiffre entrelacé, l'ensemble serti d'une roulette à fleur de lys, au centre armes royales, dos à nerfs orné du même chiffre, de marguerites, cercles, étoiles et roues à rayons courbes évidées au centre, roulette fleurdelisée intérieure, tranches dorées (Relié par Padeloup le jeune / place Sorbonne à Paris). Les règnes de Louis XIV et de Louis XV marquent l'épanouissement des livres de fêtes, héritiers des entrées royales du XVIe siècle. Des fêtes, la plus belle, la plus prestigieuse et la plus onéreuse de chaque règne, est celle du Sacre, qui est l'occasion pour le Roi et l'Eglise d'affirmer leur toute puissance. A grands frais, des défilés somptueux, jalonnés d'arcs de triomphe et de statues monumentales, sont organisés au son des cloches, des salves d'artillerie, des fifres, des hautbois, tambours et trompettes, la musique étant un élément important, tant dans les rues que dans la cathédrale. Cette dernière se transforme pour l'occasion en une gigantesque salle de spectacle ; la galerie couverte en faux marbre longeant la façade de la cathédrale, le jubé supportant la trône royal, les colonnes de brèche des tribunes, les angelots et putti d'or portant des lumières, les tapisseries de la nef… l'ensemble servant au décor. Cette mise en scène est complétée par des éléments envoyés du Garde-Meuble de la Couronne. Afin de pérenniser la sacre de Louis XV, alors agé de 12 ans, la commande d'un luxueux album, entièrement gravé et imprimé sur papier grand aigle, fut passée à l'Imprimerie royale dirigée de 1691 à 1794 par des membres de la famille Anisson, originaire de Lyon. Exécuté aux dépens du Roi, Louis XV s'était réservé le droit de le distribuer, principalement aux gens de la cour. La parution d'un tel album fut un évènement. Enfin, il existait un modèle pour ce genre de cérémonie, il servit de canevas au Sacre de S.M. l'empereur Napoléon (1815), et il inaugura une grande série de livres de fêtes : Mariage de Mme Louise-Elisabeth de France (1740), Mariage de Mgr le Dauphin (1745 et 1747), Représentation des fêtes données par la ville de Strasbourg (1748), et Relation de l'arrivée du Roi au Havrede-Grace (1753). Le recueil s'ouvre sur un titre-frontispice, suivi d'un poème " La France A la religion ", et de l'"Avertissement ". Viennent ensuite 9 planches d'une élégance et d'une précision remarquables, représentant : " le lever du Roy ", " Le Roy allant à l'église ", " l'Arrivée de la Sainte Ampoule ", " le Roy prosterné devant l'autel "… , " le Festin Royal ". Chacune est suivie d'une description et d'une figure allégorique ou emblème qui correspond à un moment du Sacre. Puis se succèdent 30 planches de costumes portés par le Roi et sa suite, un feuillet double pour la table et une planche donnant les noms des peintres et graveurs qui participèrent à la réalisation de l'album. Le texte est d'Antoine Danchet, révisé par l'abbé Jean-Paul Bignon et Claude Gros de Boze. Ces gravures, bien que non signées, ont été interprétées d'après les dessins de Pierre Dublin et Pierre Josse, par Cochin, De Larmessin, Du Change, Tardieu, … , Edelinck, Chereau Le Jeune, Chereau l'Aisné, … , Drevet… 24
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20 - Le sacre de Louis XV
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Exemplaire aux armes de Louis XV, relié par Antoine-Michel Padeloup, célèbre praticien qui fut l'un des premiers à signer ces réalisations au moyen d'étiquette. Elle est ici, comme il se doit, collée au bas de la dernière planche. Né en 1685, Padeloup fut nommé en 1733 relieur du roi et décéda en 1758. Après 1733, l'étiquette qu'il apposait, était ainsi libellée " Relié par Padeloup Relieur du Roy, place Sorbonne à Paris ". Le praticien employa pour l'occasion une technique de dorure à plaques, ici au nombre de quatre, plus rapide et moins onéreuse que celle des petits fers. Le créateur de ces motifs décoratifs n'a jamais pu être identifié. Padeloup ne fut pas le seul à avoir habillé des exemplaires du Sacre, Paul Culot citant dans son article, Sur quelques reliures d'époque à décor doré du " Sacre de Louis XV ", des volumes reliés par Pierre Vente, Louis Chenu et un Derome. L'exemplaire est en belle condition, état peu courant. Néanmoins légères traces d'épidermures et petit plis de peau sur le premier plat. Quelques habiles et anciennes restaurations. Un coin usé. Vinet, Bibliographie méthodique et raisonnée des Beaux-Arts, 516 ; Ruggieri, 546 ; Cohen, II, p.917-918 ; P. Culot, Sur quelques reliures d'époque à décor doré du " Sacre de Louis XV ", Cahiers de Mariemont, I, 1970, pp. 3 - 17 ; R. Laslier, Trésors de la Bibliothèque de Reims, n° 113 ; […], Plaisirs de Rois, Fêtes Royales de Louis XIV à XVI, Versailles, n° 9 ; [...], L'Art du livre à l'Imprimerie Royale…, Bibliothèque Nationale, 1951, n° 193.
21. [MANUSCRIT]. DESGODETS (A.). Traité des ordres d'architecture. Première partie. Seconde Partie. Expliqué en l'Académie royale d'architecture par Monsieur Desgodets, architecte du Roy et professeur de ladite Académie. [17 Juin 1735 - 22 Aoust 1736], manuscrit in-folio (412 x 277 mm), de 123 p. et 40 pl., 2 ff. bl., 101 p. et 22 pl., veau moucheté, dos à nerfs orné, tranches rouges (reliure de l'époque). Intéressant manuscrit représentant un témoignage historique et pratique des cours dispensés à l'Académie d'architecture. L'architecte Antoine Desgodets (1653-1728) eut une carrière riche en événements artistiques. Tout jeune, il séjourna comme pensionnaire en Italie pendant 3 ans à l'Académie royale de Rome avec son condisciple Charles Daviler et y acquit un talent d'observation et un art du dessin pour les monuments antiques qui le suivront jusqu'à la fin de sa vie. A son retour en France, il publie, grâce à l'aide financière de son protecteur, Colbert, Les Edifices antiques de Rome (1682) qui le portent à la renommée. En 1680, il est nommé contrôleur des bâtiments du roi au château de Chambord, puis il occupe les mêmes fonctions à Paris. En 1694, il entre à l'Académie de peinture et de sculpture et à l'Académie d'architecture. Quatre ans plus tard, il obtient le brevet d'architecture à la place du " sieur Dorby ". Et, l'année suivante, il reçoit le titre d'architecte du roi, avec une pension de 2 000 livres. De 1717 à 1726, il est l'architecte du célèbre collège de Beauvais à Paris. C'est à partir de 1719 qu'il commence à enseigner à l'Académie, en remplacement de Philippe La Hire. Ces cours étant très réputés, des copies manuscrites, certaines illustrées, commencent alors à circuler. Texte : Son traité se divise en deux parties, composées respectivement de huit et quatorze chapitres. La première partie traite de la " Description des cinq ordres et de leurs accompagnements " ; la deuxième s'occupe de la " Manière des le placer régulièrement aux édiffices ". Dans sa préface, Desgodets explique son but : " chercher les véritables caractères et les justes proportions des ordres d'architecture " en utilisant les édifices antiques de France et d'Italie. Pour Adolf Placzek, spécialiste des livres d'architecture, " personne n'a jamais décrit avec autant d'exactitude les erreurs de Serlio, de Palladio, Chambray et de Labucco ". En fait, contrairement à tous, Desgodets reconnaît que la beauté de ces édifices ne réside pas dans la précision de leurs dimensions, mais dans leurs proportions. Illustration : Le manuscrit est richement illustré de 40 et 22 planches, respectivement pour la première et la seconde partie. Faites à la plume, elles représentent les ordres d'architecture, des colonnes, des arcades, les différentes manières de placer les pilastres et colonnes, des frontons, des portes, … Certaines sont rehaussées au lavis avec, pour la presque totalité d'entre elles, une toise, une légende et des mesures manuscrites. Provenance : Le manuscrit porte la signature de Lancret, il s'agit certainement de François-Nicolas Lancret (17171790 (?)), qui obtint le deuxième prix à l'Académie en 1738. Il travailla pour l'abbé Terray, futur ministre d'Etat, en s'occupant de la construction du château de La Motte26
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tilly en Champagne. Occupé plus tard dans le Bassigny, il y bâtit l'hôtel de ville de Châteauvilain en 17801784, puis celui de Chaumont en 1787-1790. Coins et coiffes de la reliure habilement restaurés. Placzek (A.), Avery's choice. Five centuries of great architecture books, New York, Hall & Co, 1997 ; Lance (A.), Dictionnaire des architectes français ; Bauchal, Dictionnaire des architectes ; Planat, Encyclopédie de l'architecture, Paris, Construction moderne, s.d., tome VII ; Mace (A.), Architecture Manuscript 1601-1996, Londres, Mansell, 1998, n° 336 (qui cite deux exemplaires à la British Architectural Library, l'un de 1742 de 182 p. ; l'autre sans date de 312 p., les deux avec peu d'illustrations) ; J. Duportal, L'Art et les artistes. Revue mensuelle d'Art ancien et moderne, T. XXVI, p. 153 à 157 (Décrit l'exemplaire de la Bibliothèque nationale qu'elle date de 1748, année où fut publié le texte par Goupy). 27
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22. V AUVENARGUES (Luc de Clapiers, marquis de). Introduction à la connaissance de l'esprit humain. Paris, Antoine-Claude Briasson, 1746, in-12 (164 x 95 mm), maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, roulette dorée intérieure, tranches dorées sur marbrure (Trautz-Bauzonnet). Edition originale de cet ouvrage, qui valut à son auteur la réputation qu'on lui connaît. Il s'inscrit dans la tradition des textes moralistes français, précédé en cela par les Essais de Montaigne, Les Caractères de La Bruyère, et les Réflexions ou Sentences de La Rochefoucauld. Exemplaire à belles marges, dans une sobre reliure de Trautz-Bauzonnet, qui exerçèrent sous ce nom entre 1851 et 1879. Il est bien complet du feuillet d'errata. Provenances : Fresne (Cat., 1893, n° 78) ; P. Brunet ; Maurice Tezenas. Tchemerzine, Bibliographies d'éditions originales et rares d'auteurs français, X, p. 456 ; Fr. Moureau, En Français dans le texte, n° 149. Voir reproduction page 17
23. S TAPART. L'Art de graver au pinceau. Nouvelle méthode, plus prompte qu'aucune de celles qui sont en usage, qu'on peut exécuter facilement, sans avoir l'habitude du burin ni de la pointe. Paris, L'Auteur-Aumont, 1773, in-12, maroquin rouge, petite dentelle autour des plats sertie d'un filet doré, dos lisse orné, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale de ce traité didactique sur l'aquatinte. Il s'agit d'un ouvrage rare. La technique de l'aquatinte consiste à disperser sur la plaque de métal non vernie une poudre de résine que l'on y fait adhérer par chauffage et qui formera un vernis discontinu en pointillé. L'acide, ne mordant qu'entre les grains de résine, crée sur la plaque un réseau serré de creux et de reliefs qui permet à l'impression, d'avoir l'illusion d'un lavis. Des recherches récentes ont montré que ce procédé avait été créé au milieu du XVIIe par un graveur néerlandais Jan Van de Velde en 1650 pour les portraits de Cromwell et de la reine de Suède. D'autres, 28
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comme les graveurs G. Janssen d'Utrecht (vers 1680) et Jean-Charles François (avant 1752), utilisèrent cette technique qui était loin d'atteindre sa perfection. Le 10 juillet 1762, les graveurs François-Philippe Charpentier (1731-1817) et Per Gustaf Floding (1731-1791) s'attribuèrent l'invention dans le journal l'Avant coureur, mais le procédé restait alors non publié et inachevé. C'est à partir de 1759, par les travaux de JeanBaptiste Leprince (1734-1781), que l'invention fut officielle. Acquis par l'Académie à sa mort, ils ne seront pas diffusés avant 1788. Stapart se trouve donc être le premier à avoir publié le procédé technique de la réalisation de l'aquatinte. Très bel exemplaire. Destailleurs, Catalogue de livres et estampes relatifs aux beaux-arts, 1895, n° 1033 ; Schumann (H.), The Art of Ornement and Writting, n° 56 ; Prideaux, (S.T.), Aquatint enngraving, Londres, s.n., 1909 ; Jean Laran, L'Estampe, Paris, PUF, 1979, vol. I ; Béguin (A.), A treatise on aquatint, Paris, Beguin, 1999.
24. HOLBACH (D'). La Morale universelle ou les devoirs de l'homme fondés sur sa nature… Amsterdam, M. M. Rey, 1776, 3 vol. in-8°, maroquin citron, filets dorés autour des plats, dos lisses ornés, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale de cet ouvrage mis à l'index quelques années après sa publication. La Morale universelle fut attribuée au philosophe Holbach (1723-1789) par Mérard de Saint-Just, et plus tard, par Barbier. Meister assure que Diderot a collaboré à l'écrit. Il est certain que l'auteur, moraliste du XVIIIe siècle, a voulu inviter les hommes à ne pas étouffer leurs passions, inhérentes à leur nature, mais à s'en servir pour développer un bonheur qui résulte de leur harmonie. Allant dans le sens de la philosophie rousseauiste, il soutient que ce sont les institutions qui conduisent à l'immoralité. En fait, pour Holbach, les vertus sociales du bon citoyen sont induites par l'établissement d'une règle universelle de morale. Ses préceptes moraux seront le support d'un grand nombre de réformes sociales qu'il présentera et qui seront adoptées en 1789. Superbe exemplaire. Vecruysse, 116, A-4. 29
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25. BLAKE (W.) & YOUNG (Ed.). The complaint and the consolation, or Night thoughts. London, L.R. Edwards, 1797, in-folio (423 x 324 mm) de VIII p., [1 f.], 96 p., [1 f.], maroquin gris-vert, filets dorés autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné, partiellement non rogné (Zaehnsdorf). Premier tirage. Publiées en neuf parties, entre 1742 et 1745 à Londres, Les Nuits, la principale œuvre d'Edouard Young (1638-1765), sont un recueil de poèmes où il affirme la nécessité de croire dans l'immortalité de l'âme, seul fondement de la morale. Chaque Nuit est ainsi l'occasion pour le poète anglais d'exposer une réflexion : place de l'homme sur la terre, nécessité de la vertu qui seule peut permettre d'affronter la mort sans inquiétude, … Quelques-uns des thèmes ici développés, furent empruntés par les romantiques, qui reprirent notamment l'idée de la Nuit, celle de la Tombe, et le goût des ruines. L'œuvre est aujourd'hui plus connue par les célèbres et magnifiques illustrations qu'en fit William Blake. Précurseur pour son époque, il fut confronté à l'incompréhension du public qui ne sut comprendre cette surprenante iconographie. Ainsi seules les quatre premières Nuits furent imprimées, chacune est annoncée par un frontispice et accompagnée de compositions occupant les marges du texte, soit un ensemble de 43 illustrations, toutes dessinées et gravées par l'artiste. Exemplaire à très belles marges, bien complet du feuillet d'explication des figures qui fait souvent défaut. Les planches des pages 8 et 46 sont avant l'adresse. Une mention manuscrite datée de 1885, portée sur un feuillet de garde, nous indique le prix de la reliure. Joseph William Zaehnsdorf, décédant l'année suivante, elle a été très certainement réalisée par son fils, Joseph. Un mors anciennement restauré. Provenance : Henry Martin Gibbs, dont les armes ont été frappées au centre des plats. Bentley, Blake books, 515 ; Essick & Labelle, Night Thoughts, Dover, 1975 ; Ray, The Illustrator and Book in England, 1790-1914, 3 ; Foot, The Henry Davis Gift, II, 218-221 ; Peyré, Peinture et poésie, pp. 92-93 (" Poète précurseur des temps poétiques à venir, dessinateur tout aussi visionnaire, graveur remarquable et même éditeur, Blake donne au livre une dimension que ce dernier jusque-là ne connaissait pas ") ; Bibliothèque Nationale, Quelques ancêtres du Surréalisme, 1965, n° 144 (The Book of Urizen) ; Tate Gallery, William Blake, 2000, pp. 52-57.
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26. LABORDE (A.L.J. de). Voyage pittoresque et historique de l’Espagne. Paris, Didot L'Aîné, 1806-1820, 4 vol. in plano (595 x 448 mm.), demi-maroquin rouge à grains longs, dos lisses ornés, non rogné (Tessier). Edition originale et premier tirage, de l’une des descriptions anciennes les plus complètes de l’Espagne. Diplomate, Laborde voyagea très tôt dans la patrie de Cervantès qu'il visita notamment au cours de sa vingtcinquième année lorsqu'il accompagna Lucien Bonaparte dans son ambassade auprès de Charles IV. S'il demeure connu aujourd'hui, c'est par son œuvre d'archéologue en France et plus encore en Espagne. Quand il suivit Lucien Bonaparte, il s'entoura d'une équipe de dessinateurs avec laquelle il parcourut la plus grande partie du pays, excepté les provinces du Nord-Ouest. Artiste lui-même, il participa à cette entreprise en qualité de rédacteur et de dessinateur, puis fit publier son ouvrage en quatre grands volumes in-folio, parus de 1806 à 1820, somme monumentale sur l'Espagne qui reste précieuse aujourd'hui car beaucoup de monuments ont disparu. Cette œuvre qui correspondait au goût des grands voyages illustrés de l'époque (Saint-Nom, ChoiseulGouffier…) couvre l'histoire de l'Espagne depuis les anciens Romains et les Arabes jusqu'à l'abdication de Charles IV. Abondante iconographie comprenant un portrait, un frontispice, 2 cartes et 272 planches soit 349 vues des principaux sites et monuments. Cette illustration a été gravée d'après les dessins de Laborde, Ligier, Moulinier. Le portrait en pied, en tête du premier volume, a été gravé par Fosseyeux d'après Steven. Le frontispice, figurant un monument à la gloire de l'Espagne à côté de ruines romaines, mauresques et gothiques, est dû à Malbeste et Du Parc d'après Percier. L’impression du texte a été exécutée avec des caractères Bodoni, selon une mention de l'éditeur. L'un des très rares exemplaires, sur grand papier vélin, en reliure du temps, portant l'étiquette de Tessier, relieur et doreur du duc d'Orléans puis de Napoléon Ier. Bien complet du portrait, les vues sont d'un très beau tirage. Quelques petites et habiles restaurations aux reliures. Wiebenson (D.) - Baines (Cl.), The Mark J. Millard Architectural Collection, Vol. I, 83 (" it was the most magnificient, extensive and accurate work published on Spain to that date ") ; Berlin Katalog, 2769 ; Palau, 128975 ("Magnifica publicacion") ; Monglond, VII, 244-258 ; Benassar, Le Voyage en Espagne, 1223.
27. S TAËL-HOLSTEIN (Mme de). De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales. Troisième édition. Paris, Maradan, 1818, 2 vol. in-8°, demimaroquin rouge à grains longs, chiffre entrelacé couronné au centre des plats, dos lisses ornés, non rogné (reliure de l'époque). Publié en 1800, De la littérature… est non seulement un essai philosophique où l'auteur affirme sa croyance dans le progrès, la liberté étant son moteur, mais aussi un acte politique, plébiscitant ainsi certains principes étrangers aux gouvernements despotiques, et ceci à une époque où les idéologues et leurs théories n'étaient guère appréciés. A travers ces principes, elle redéfinit la littérature et son rôle : élever l'esprit au sentiment le plus pur. Exemplaire de l'Impératrice Marie-Louise, relié à son chiffre. Il appartient au groupe de livres acquis après 1814 par cette dernière, alors duchesse de Parme. Piquante provenance, sur un ouvrage qui, lors de sa publication en 1800, n'avait suggéré à Bonaparte que ces mots : " je n'ai trouvé un sens à une seule de ces idées réputées si profondes ". Provenance : Marie-Louise (Cat., Die Bibliothek Napoleon I und der Kaiserin Marie Luise, 1931, n° 271).
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28. BERNARDIN de SAINT-PIERRE (J.-H.). Paul et Virginie. Paris, L. Curmer, 1838, 3 parties en un vol. in-8° (262 x 172 mm.), demi-maroquin bleu à grains longs, dos lisse richement orné, couverture et dos, non rogné (Mercier Sr de Cuzin). Edition célèbre, considérée comme l'une des plus belles productions de l'époque romantique. Précédé d'une préface de Sainte-Beuve, l'ouvrage dont la réalisation fut longue et coûteuse, contribua peu après à la faillite de son éditeur, Curmer. L'illustration comprend une carte sur Chine collé, en couleurs, sept portraits gravés sur papier vélin, 29 figures sur bois hors-texte, tirées sur chine collé et 450 vignettes sur bois dans le texte. Par une mise en page habilement élaborée, l'iconographie se fond harmonieusement avec le texte. On la doit aux plus célèbres illustrateurs et graveurs de l'époque : Tony Johannot, Meissonier, Paul Huet, Isabey… Elle inspira de nombreux artistes dont Rodolphe Bresdin. Exemplaire précieux, du tout premier tirage, avec les serpentes de soie portant les légendes imprimées, contenant le portrait de la jeune Bramine AVANT l'étoile et le portrait de la Bonne Femme. Il contient en plus : 1 - Le portrait de Bernardin de Saint-Pierre avant la sphère et avant toute lettre, sur Chine monté. 2 - Les portraits anglais de Mme de La Tour et du Docteur, sur Chine monté. 3 - Le portrait de Virginie à toutes marges sur Chine monté. 4 - Le portrait de Paul à grande marge sur Chine teinté et monté. 5 - Le portrait du Docteur en épreuve d'artiste avec le millésime 1838, sur Chine monté. 6 - Une suite très rare sur Chine volant des gravures sur bois hors-texte. 7 - En plus de la bonne couverture, une autre couverture bleue sans les quadrillages et la couverture : Galerie de Portraits pour Paul et Virginie. L'exemplaire est grand de marges, peut-être a-t-il été relié sur brochure. Condition parfaite. Provenance : Georges Lainé (Cat., 1962, n° 29).
29. VIGNY (A. de). La bouteille à la mer. Poème. Conseil à un jeune inconnu. Paris, Imprimerie de J. Claye et Cie, 1854, gr. in-8°, broché, couverture, chemise et étui bordés de maroquin rouge. Edition originale, très rare. Il s'agit d'un tirage à part de la Revue des deux Mondes du 1er février 1854. Ce grand poème de Vigny, où l'auteur exalte le don de soi-même jusqu'à l'exhaustion, fut réuni en 1864 à son manifeste poétique posthume, les Destinées. L'édition de ce recueil, l'un des plus réputés de la poésie française, fut préparée par Louis Ratisbonne, exécuteur testamentaire du poète. Précieux exemplaire, offert par Vigny au plus célèbre de ses disciples, Victor de Laprade :
Victor de Laprade (1812-1883) fit son entrée dans les Lettres en 1839 par un poème intitulé Les Parfums de Madeleine, dont le ton rappelait les œuvres de Lamartine, qu'il fit suivre par d'autres compositions. L'ensemble fut réuni en 1844 dans son recueil, Odes et Poèmes, qui connut le succès. Le 11 février 1858 il fut élu à l'Académie française, et trois ans plus tard on lui retira sa chaire de littérature à l'université de Lyon, à la suite d'une publication dans le Correspondant d'une satire politique, les 34
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28 Muses d'Etat, qui s'élevait avec violence contre le régime impérial. Frappé de cette décision, Vigny eut un mouvement de révolte contre le ministre et le souverain. Par la suite, il rédigea des textes inspirés de son enseignement universitaire, et décéda en 1883 à Lyon. Couverture ayant subi quelques petites et habiles restaurations. Escoffier, Le Mouvement romantique, 1788-1850, 1897 (" Edition ou plutôt tirage original, de la plus grande rareté ") ; L. Seché, Alfred de Vigny, I, La Vie littéraire, politique et religieuse, pp. 302-303 et 339.
30. NERVAL (G. de). Les Filles du feu. Paris, D. Giraud, 1854, in-12, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, bordure intérieure de même maroquin, couverture et dos, tranches dorées (E. Maylander). Edition originale du plus célèbre des livres de Nerval. Il est dédié à Alexandre Dumas qui, quelques mois auparavant, avait présenté dans son journal "Le Mousquetaire", le poète et son fameux sonnet El Desdichado d'une façon désinvolte et humiliante. Nerval, blessé, évoquera dans sa lettre-préface des Filles du feu cet article. Malgré son état de santé précaire, l'auteur parvint à faire publier son recueil formé de ses meilleures nouvelles : Angélique, Sylvie, Jemmy, Octavie, Isis, Emilie. La fameuse magie nervalienne trouve ici son expression la plus parfaite. Superbe exemplaire. Provenance : Laurent Meeûs (Cat., 1982, n° 1371) . 35
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32 - Verlaine
31. VERLAINE (P.). Poèmes saturniens. Paris, Lemerre, 1866, in-12, maroquin bleu, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, bordure intérieure de même maroquin, doublure et gardes de soie moirée bleue, couverture, tranches dorées sur témoins, étui (E. & A. Maylander). Edition originale, publiée à compte d'auteur, du premier recueil de poèmes de Verlaine. Bien que l'ouvrage ne se soit guère vendu, l'auteur reçut les compliments de Victor Hugo, Banville, Leconte de Lisle, Mallarmé, Sainte-Beuve… Déjà dans ce premier livre, se révéla l'originalité de Verlaine qui sut échapper à l'emprise des influences, bien que quelques traces parnassiennes y subsistent encore. Superbe exemplaire, sur papier vélin.
32. VERLAINE (P.). La Bonne Chanson. Paris, Lemerre, 1870, in-16, maroquin violet, plats ornés de listel de maroquin blanc serti de filets or, décor répété au dos, dos à nerfs, doublure de maroquin crème ornée d'un semi de roses mosaïqué de maroquin rouge, feuillage doré, l'ensemble serti d'un listel de maroquin gris-vert, couverture et dos, tranches dorées sur témoins (Marius-Michel). Edition originale. Publié à compte d'auteur durant le terrible siège que connurent les Parisiens pendant l'hiver 1870-1871, la mise en vente de l'ouvrage en fut d'autant retardée. Verlaine composa ces 21 poèmes sous l'influence de son amour pour Mathilde. Le poète garda une prédilection pour ce pauvre petit recueil, propos qu'il consigna dans ses confessions (Œuvres en prose, p. 510). C'est probablement sous l'influence du siège de Paris que Victor Hugo eut ces mots : " C'est une fleur dans un obus ". L'un des 10 exemplaires sur Whatman, tirage non numéroté, précédé seulement par 10 Chine. 36
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34 - Verlaine Elégante et sensible reliure doublée de Marius Michel, qui exerça ses talents sur toute une série d'ouvrages du poète, sur grand papier, qui ont figuré dans les célèbres ventes Descamps-Scrive, Bellon, Loncle… Dos très légèrement plus sombre. Provenance : Charles Hayoit (1901-1984).
33. VERLAINE (P.). La Bonne Chanson. Paris, Lemerre, 1870, in-12, maroquin janséniste havane tabac, dos à nerfs pincés, doublure de maroquin vert, gardes de soie moirée gris souris, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise, étui (Huser). Edition originale. Exemplaire sur papier vergé. Sobre et élégante reliure de Huser, doublée bord à bord.
34. V ERLAINE (P.). Chansons pour Elle. Paris, Léon Vanier, 1891, in-12, broché, couverture bleue, chemise et étui bordés de maroquin bleu. Edition originale de ces poèmes adressés à Eugénie Krantz, pour qui Verlaine éprouva une violente passion à partir de mai 1891. De ces mélodies où l'auteur chante son égérie, se dégage peu à peu un blason du corps féminin. L'un des rares exemplaires de tête sur papier du Japon. Il contient : 1 - un manuscrit autographe de la vingt-et-unième chanson (“Lorsque tu cherches tes puces”), signé et daté par Verlaine, présentant quelques variantes avec la version imprimée. 2 - une L.A.S. à son éditeur, Vanier, à qui il réclame quelques subsides. Elle est datée du 18 septembre 1891. Dos fragile. 37
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35. W ILDE (O.). Salomé. Drame en un acte. Paris-Londres, libraire de l'art indépendant -Mathews et Lane, 1893, in-8°, maroquin prune, encadrement de filets dorés avec arabesques aux angles, dos à nerfs orné de même, doublure de maroquin noir, gardes de soie brochée noir, argent et or, tranches dorées sur témoins, couverture et dos (Marius Michel). Edition originale. Un des rares exemplaires sur hollande, seul grand papier. Rédigé en français, corrigé une première fois par Stuart Merill qui ne sut satisfaire l'auteur, Wilde fit alors relire le texte par Marcel Schwob et Pierre Louÿs, le dédicataire de l'œuvre, qui en donnèrent une version définitive. Il fut traduit par Alfred Douglas en anglais, puis dans toutes les langues européennes. Ce drame en un acte aux relents incestueux et blasphématoires remporta lors de sa première représentation à Paris un franc succès, alors que dans un même temps, la censure britannique le fit interdire. S'inspirant de l'Hérodias de Flaubert, ce drame, fruit d'un esthétisme décadent, est considéré par Robert Ross, exécuteur testamentaire de Wilde et son meilleur commentateur, comme l'une de ses œuvres " les plus puissantes et les plus achevées ". Il inspira l'un des opéras de Richard Strauss. 38
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Elégante et sobre reliure de Henri-Marius Michel, dont le décor est typique des années 1900. Le praticien exerça jusqu'en 1920. Feuillet de dédicace très légèrement atteint par une petite déchirure, habilement restaurée. Provenance : ex-libris Alain de Suzannet (ne figurait pas au catalogue de sa vente de 1997) ; Hayoit (19011984).
36. R ENARD (J.). Poil de carotte. Paris, Flammarion, 1894, in-12, maroquin havane, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, doublure de maroquin vert, gardes de soie prune, couverture et dos jaune, tranches dorées sur témoins (Noulhac, 1919). Edition originale. L'ouvrage le plus connu de Jules Renard, dans lequel l'auteur s'inspirant de sa propre enfance, dresse le portrait à travers Poil de Carotte, de l'âme humaine, essentiellement bonne, mais incapable de s'ouvrir car prisonnière de son amertume et de sa solitude. Son adaptation au théâtre est considérée comme l'une des meilleures œuvres de tout le théâtre naturaliste. Elle entra au répertoire de la Comédie-Française en 1912. L'un des 15 exemplaires sur papier de Hollande. L'exemplaire a été enrichi : - d'une L.A.S. de J. Renard à Charlotte Després, dite Suzanne Després qui triompha dans le rôle de Poil de Carotte, lors de se première représentation au Théâtre Antoine le 2 mars 1900. - d'une L.A.S. de J. Renard à une anonyme (Chère Madame et Amie…), dans laquelle l'auteur évoque le four qu'a connu Poil de Carotte à Vienne, et ce malgré l'accueil favorable que la presse avait réservé à la traduction. Le dos de la couverture a été très légèrement restauré. Provenances : L. Meeus (Cat., 1982, n° 1420) ; Hayoit (1901-1984). Renard (J.), Journal, 1887-1910, p.1385 (L'unique tirage sur grand papier est constitué de 15 Hollande).
37. FARRÈRE (Cl.). L'Homme qui assassina. Paris, Ollendorff, 1907, in-12, maroquin rouge janséniste, doublure de maroquin vert ornée d'un riche décor oriental mosaïqué de listel de maroquin prune et ocre, doublure de tabis jaune, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise, étui (Huser). Edition originale. Le séjour turc de Claude Farrère fut riche de création littéraire : un roman, L'Homme qui assassina, et de nombreuses nouvelles, textes écrits soit sur place ou dont le sujet est campé en Turquie. L'Homme qui assassina relève du genre exotique et policier. Il fut adapté au cinéma et au théâtre. L'un des 20 exemplaires sur papier de Hollande, après 2 Japon et 2 Chine. Il est enrichi de deux lettres : - une L.A.S. de Claude Farrère, à l'enseigne de vaisseau Roy, à propos d'un grand papier des Civilisés. - une L.A.S. de l'auteur à son ami P. Louÿs, où Farrère évoque une rencontre avec Abel Hermant, lors d'une réception chez Fayard. Il sollicite l'avis de Louÿs sur ce dernier. Parfaite reliure de Huser, luxueusement doublée. Provenance : Hayoit (1901-1984). 39
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38. ILIAZD (Iija Zdanevitch, dit). Ledentu le Phare. Paris, Degré quarante et un, 1923, in-8°, veau or à décor de nids d'abeille, en angle papillons d'ébène poli, dos de veau à décor vermiculé se prolongeant sur les plats, couture apparente sur fond de veau chocolat donnant naissance à une pièce de veau granité métallique se terminant par une élégante barrette d'ébène poli, doublure de daim chamois, couverture, non rogné (Jean de Gonet, 2001). L'un des chefs-d'œuvre d'Iliazd. Edition originale de ce drame burlesque composé en zaoum, langue poétique formée de sons autonomes, dédiée au peintre russe Michel Ledentu, mort dans un accident en 1917. "Ce livre met fin à la deuxième période de mon travail, celle du modernisme, qui s'étala sur cinq ans. L'idée du livre, des caractères typographiques du zaoum atteignent dans ce livre son développement le plus haut et la perfection. Ce n'est pas l'extinction de l'œuvre, c'est son sommet." (Iliazd, Notes inédites, " 50 années du Degré 41 ", 1968). Couverture illustrée d'un collage original en couleurs de Naoum Granovski. Bien que la justification annonce un tirage à 530 exemplaires, dont 30 sur Japon, celui-ci n'aurait en réalité pas excédé 150 exemplaires, le reste ayant été envoyé au pilon. Markov, Russian Futurism - a history, Berkeley et Los Angeles, 1968, pp. 354-355 ; François Chapon, Bibliographie des livres imprimés édités par Iliazd, p.110 ; Olga Djordjadzé, Musée national d'Art Moderne, pp.9-22 ; Livres d'artistes russes et soviétiques, 1920-1993, Uzerche, p.83. 40
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39. MARCOUSSIS (L.). Planches du Salut. Paris, Jeanne Bucher, 1931, in-folio oblong, broché, couverture. 13 gravures originales à l'eau-forte et au burin, dont 10 à pleine page, un bandeau, un cul-de-lampe et un frontispice portant le titre. Jeanne Bucher, comme A. Vollard et Kahnweiler, associa à son activité de galeriste celle d'éditrice. De 1925 à 1948, elle publia 28 ouvrages. Marcoussis, qui participa en qualité de peintre à sa première exposition en 1925, alors organisée dans la boutique prêtée par Pierre Chareau, illustra d'eaux-fortes deux ouvrages publiés pour J. Bucher : en 1928, un recueil de poèmes de Tristan Tzara, Indicateur des chemins du Coeur, et l'année suivante, les Planches de salut. Cette suite, préfacée par Tristan Tzara, est formée de 10 compositions gravées à l'eau-forte et au burin, chacune accompagnée d'une courte citation poétique, d'un des auteurs préférés du peintre : Shakespeare, Baudelaire, Dostoïevsky, Nerval, Rimbaud, Apollinaire, Jouhandeau, Hölderlin et Tzara. La publication de l'album fut l'occasion pour Jeanne Bucher de sortir de son habituelle réserve. Ainsi, dans la préface du catalogue accompagnant l'exposition consacrée aux Planches de Salut, elle dévoila son opinion sur Marcoussis : " Marcoussis que j'aime comme peintre est aussi un grand graveur… Il me semble que cet art du graveur est, par rapport à la peinture, ce que la musique de chambre est à l'orchestre, une chose absolument intime, qui révèle les tréfonds de l'homme. " Tirage à 77 exemplaires ; celui-ci, numéroté sur papier d'Arches, est signé par l'artiste. Lafranchis, G. 67-77 ; [...] , Jeanne Bucher, Une galerie d'avant-garde, Strasbourg, n° IX ; Garvey, 186 ; Bibliothèque nationale, Marcoussis, L'Ami des Poètes, 76-86. 41
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40. PICASSO (P.) & OVIDE. Les Métamorphoses. Paris, Skira, 1931, in-4°, en ff., couverture, chemise, étui. Illustration originale de Picasso comprenant 30 eaux-fortes, dont 15 hors-texte. Première véritable œuvre du peintre en tant qu'illustrateur, après quelques planches isolées, ce beau livre, imprimé sur les presses de Léon Pichon, est né de l'enthousiasme et de la volonté d'un jeune éditeur, Skira. Suggéré par Pierre Matisse à Picasso, ce texte du poète latin, qui fixe les principaux épisodes de la mythologie grecque et romaine, a été illustré de gravures aux formes classiques, respectant ainsi le récit. " C'est un des rares cas où Picasso illustre un livre avec tant de fidélité au texte. " Tirage à 145 exemplaires ; celui-ci est sur papier d'Arches. Enrichi d'un envoi autographe signé, adressé à la junte républicaine espagnole, il est non numéroté. Cramer, Pablo Picasso, Les livres illustrés, n° 19 ; Chapon, Le Peintre et le livre, p.146-148 ; Johnson-D. Stein, The Reva and David Logan Collection of Illustrated Book, Fine Arts Museums of San Francisco, n° 56 ; Castelman, A Century of Artists Books, The New-York Museum of Modern Art, p. 111.
41. PICASSO (P.) & TZARA (Tr.). De mémoire d'homme. Paris, Bordas, 1950, in-4°, couverture recouverte de parchemin à rabats. 9 lithographies originales de Pablo Picasso. Deuxième fruit de la collaboration entre Tzara et Picasso, ce grand poème, formé de 4 parties, composé entre 1946 et 1949, est en quelque sorte la somme de l'expérience poétique de Tzara. Il est ici en édition originale. Le peintre, pour l'illustrer, se servit d'un procédé lithographique inhabituel, en trempant son doigt dans l'encre lithographique esquissant ainsi des formes dont il marqua les contours au crayon-litho. Ainsi créa-t-il une faune et une flore, formées de 9 lithographies. Tirage limité à 350 exemplaires ; celui-ci est l'un des 30 exemplaires de tête accompagnés d'une suite des lithographies sur Japon, les seuls à être signés par l'auteur et Picasso. Cramer, Pablo Picasso, Les livres illustrés, n° 59 ; Rauch, Les Peintres et le livre, 74.
42. PICASSO (P.) & CESAIRE (A.). Corps perdu. Paris, Editions Fragrance, 1950, in-folio, en ff., couverture, chemise à dos de parchemin, étui. “C'est probablement sur la double suggestion d'André Breton et du peintre cubain Wilfredo Lam, que Picasso entreprit l'illustration de ce recueil du poète lauré de la négritude. On a suggéré que Picasso aurait fait des allusions au surréalisme magique de Wilfredo Lam, notamment dans quelques figures, à la fois humaines et animales”. “Surprenante et belle illustration de Picasso où l'artiste s'exprime sur deux registres complémentaires, l'un, caressant et modulé, à l'aquatinte, l'autre d'une extrême concision et d'une formidable puissance, où corps, fleurs, visages et sexes sont réduits à des signes d'autant plus éloquents qu'absolument dépouillés.” 20 gravures au burin, 10 aquatintes, une eau-forte et une gravure à la pointe sèche et à l'eau, soit 32 planches originales. Tirage à 219 exemplaires ; celui-ci est sur papier Montval, signé au crayon par l'auteur et l'artiste. Cramer, Pablo Picasso, Les livres illustrés, n° 56, p. 156.
43. PICASSO (P.). 40 dessins en marge du Buffon. Paris, Berggruen, 1957, gr. in-4° (373 x 282 mm), en ff., chemise, étui. Edition reproduisant l'exemplaire du Buffon offert par Picasso à Dora Maar en 1943, aujourd'hui conservé à la Bibliothèque Nationale. 42
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40 - Picasso & Ovide Sept ans après avoir réalisé les 31 aquatintes au sucre, eaux-fortes et pointes-sèches qui accompagnent l'édition qui ne vit le jour qu'en 1942, le peintre couvre l'exemplaire de Dora de 44 dessins originaux à la plume et au lavis d'encre de Chine, représentant autant de visages d'animaux que d'hommes et de femmes. Quatorze ans plus tard, Berggruen et Jonquières, les publient en fac-similé. Exemplaire spécialement imprimé pour Dora Maar, sur vélin d'Arches, contenant une gravure originale à la gouge sur Linoleum, Le Pigeonneau, signée par l'artiste au crayon bleu. Elle figure dans les 226 exemplaires de tête imprimés sur ce même papier, et constitue une des 2 premières linogravures de l'artiste. La grande période que Picasso consacra à cette technique, commença en 1958 au château de Vauvenargues. L'exemplaire a été enrichi : - d'un petit dessin au crayon bleu, représentant un oiseau, accompagné de la mention portée par l'artiste, pour Dora, Picasso, Cannes le 1er avril 1957. - d'une épreuve d'essai, couleur sépia, sur vélin, de la gravure. - d'une épreuve d'essai, sur fond vert, refusée par Picasso. Provenance : Markovitch (Cat., Les Livres de Dora Maar, Autographes et Documents, 1998, n° 363). Cramer, Pablo Picasso, p. 220-221 ; Baer, Picasso peintre-graveur, T. IV, p. 1028 ; Germain-Coron, Aventures et créations XIXe-XXe siècles, p. 115, n° 80. 43
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44- Picasso & Illiazd
44. P ICASSO (P.) & ILIAZD (Iija Zdanevitch, dit). Rogelio Lacourière pêcheur de cuivre. Paris, Le Degré Quarante et Un, 1968, in-4° (230 x 290 mm.), en ff., couverture de parchemin, chemise, étui. Edition originale de cet hommage à Roger Lacourière (1929-1966), fondateur du plus fameux atelier de taille-douce de son temps. Il collabora non-seulement avec Iliazd, mais aussi avec Skira et Vollard, et tira quelques-uns des plus célèbres cuivres de la gravure moderne. Iliazd fit appel aux principaux fidèles de l'atelier : Picasso, Miro, Ernst, Masson, Dunoyer de Segonzac… pour illustrer l'ouvrage. Picasso participa au livre non seulement par une gravure, mais aussi par un poème : Aux quatre coins de la pièce. "Pour la seconde et dernière fois dans ses éditions, Iliazd adopte ici la formule, toujours risquée, d'une pluralité d'illustrateurs. De même que dans Poésie des mots inconnus, la multiplicité des collaborateurs était justifiée pour démontrer le nombre et la variété des précurseurs du lettrisme, de même la dissonance que pourrait produire, par exemple, le voisinage de Segonzac et de Picasso, de Derain et de Miro, de Magnelli et de Pascin, constitue nécessairement le témoignage de la maîtrise de Lacourière, capable de traduire des expressions aussi différentes". (Chapon, La Rencontre Iliazd-Picasso, Hommage à Iliazd, 8). 13 eaux-fortes ou pointes sèches hors-texte dont trois en couleurs, de Beaudin, Bryen, Derain, Dunoyer de Segonzac, Ernst, Giacometti, Magnelli, Marcoussis, Masson, Miro, Pascin, Picasso et Survage. Tirage limité à 78 exemplaires, tous signés par l'auteur et les artistes, sauf Derain, Giacometti, Marcoussis et Pascin, disparus entre-temps, mais dont les planches étaient jusqu'alors inédites. 44
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45 - Lalau & Rosny Exemplaire sur parchemin rustique, justifié E.A., tirage non mentionné. Seuls sont annoncés à la justification 10 exemplaires sur le même support marqués aux lettres épelées de Lacourière. Centre Georges Pompidou, Iliazd, pp. 86 et 116 ; Musée d'art moderne de la ville de Paris, La Rencontre Iliazd-Picasso, Hommage à Iliazd, n° 8 ; Bibliothèque nationale, Le Livre et l'Artiste, n° 64 ; Cramer, Picasso, 120 et Miro, 141.
45. LALAU (M.) & ROSNY AÎNÉ (J.-H.). Tabubu. Roman égyptien. Paris, J. Meynial, 1932, in-8°, maroquin rouge à petits grains, au centre des plats petit motif mosaïqué et rehaussé d'or, dos à nerfs, en tête et en queue filets droits et perlés dorés, premier plat de couverture, non rogné (reliure de l'époque). L'une des plus jolies productions des années trente. Imprimé en brun et rouge, ce roman égyptien inédit est illustré de 71 compositions de Maurice Lalau. Gravées par ce dernier, tirées en camaïeu de gris, brun, sable, rose, beige ou en demi-teinte de bleu rehaussées d'or ou de palladium, elles se fondent harmonieusement avec la typographie. L'artiste s'occupa non seulement de l'iconographie mais aussi de la mise en page qu'il réalisa avec soin et raffinement, et du choix des caractères d'impression. Tirage unique à 110 exemplaires numérotés sur papier vélin teinté de Madagascar. Exemplaire de charme en reliure strictement de l'époque. Condition rare. 45
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46. CÉLINE (L.-F.). Voyage au bout de la nuit. Paris, Denoël et Steele, 1932, in-12, broché, couverture, chemise et étui bordés de maroquin rouge. Edition originale. Du tirage sur Alfa, soit 100 exemplaires, celui-ci est un hors-commerce, portant au verso du titre la mention, imprimé spécialement pour Madame Georges Chiris. Céline en l'offrant, l'a enrichi d'un envoi autographe : Ces exemplaires, non destinés à la vente, étaient réservés aux proches de Céline et au milieu littéraire parisien.
P. Dauphin & Fouché, Bibliographies des écrits de Louis-Ferdinand Céline, 32 A1.
47. CAMUS (A.). La Peste. Paris, NRF, 1947, in-12, maroquin chaudron, sur les plats réseau de filets à froid s'entrecroisant, formant des fenêtres, certaines mosaïquées de box prune, moutarde, rouge et vert, donnant ainsi naissance à des formes abstraites, décor se prolongeant au dos, doublure et gardes de daim vert, serties d'un listel de box prune, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise, étui (P. Bonet, 1958). Edition originale de l'un des romans majeurs du XXe siècle. Un des 10 exemplaires sur papier de Madagascar, tous réservés à l’auteur. Des grands papiers (Japon impérial et Hollande), c'est le tirage le plus restreint. Cette élégante reliure, la troisième et la dernière sur ce texte, appartient à une série réalisée par P. Bonet entre 1958 et 1968 sur des œuvres de Camus. Déclinées sur le même thème, elles présentent de subtiles variations de formes et de couleurs. Exposition : Bibliothèque nationale, La Reliure originale, 1959, n° 276. Provenance : Bibliothèque P. Bonet (Cat., 1970, n° 77).
48. C AMUS (A.). L'Homme révolté. Paris, NRF, 1951, in-8°, maroquin rouge, jeux de filets obliques s'entrecroisant, dos lisse orné du même décor, bordure intérieure de même maroquin, couverture et dos, tranches dorées sur témoins (E.& A. Maylander). Edition originale. Camus aborde, dans cet essai, l'un des problèmes qu'il pense être majeur au XXe siècle : celui du meurtre, du crime qui se prétend légitimé par l'idéologie ou la raison d'Etat. Le meurtre se justifie-t-il ? Ainsi décrit-il depuis la Bible jusqu'aux révolutionnaires de l'époque contemporaine, des figures empruntées à la religion, à la philosophie, à la politique et à la littérature. 46
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48 Sa condamnation du marxisme et de son totalitarisme, ainsi que le refus des idéologies absolues, lui valurent de nombreuses critiques. L'un des 40 exemplaires de tête sur Hollande Van Gelder. Sobre reliure, signée des initiales d'Emile et André Maylander. Le père, Emile, décéda en 1959, après avoir associé son fils André à la direction de son atelier ; Roger, le second, s'occupa alors de la reliure.
49. LÉGER (F.). Cirque. Paris, Tériade, 1950, in-folio, en ff., couverture, chemise, étui. Edition originale de ce livre entièrement composé par Fernand Léger. Par sa conception, où le texte et l'illustration sont de la même main, il est à rapprocher du Jazz de Matisse. Fernand Léger a très certainement puisé son inspiration dans les représentations du cirque Medrano auxquelles il assista assidûment en compagnie de Max Jacob et Apollinaire. 65 lithographies originales dont 35 à pleine page, coloriées au pochoir, accompagnent la reproduction de son manuscrit. Tirage limité à 300 exemplaires, tous sur papier vélin d'Arches, et signés par l'artiste. Hommage à Tériade, pp. 121-122 ; Chapon, Le Peintre et le livre, p. 236 ; Castleman, A Century of artist books, p. 95 ; Victoria & Albert Museum, From Manet to Hockney, 123. 47
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50 - Léger & Frenaud
50. LÉGER (F.) & FRENAUD (A.). Source entière. Paris, Seghers, 1952, in-4°, monté et broché à la Chinoise, couverture rouge, chemise et étui. Edition originale. Publié par Pierre Seghers, ce recueil de poèmes composés entre 1946 et 1949, accompagné d'images, est né de la rencontre de deux créateurs, Frénaud et Léger, qui réalisent ici, selon les termes d'Yves Peyré, un livre de dialogue. Cette entreprise se poursuivit l'année suivante, Pierre Seghers associant alors le poète Paul Eluard au peintre, afin qu'il illustre Liberté J'écris ton nom, poème se présentant sous la forme d'un dépliant. 5 lithographies originales de Fernand Léger, dont une en noir et 4 en couleurs à pleine page tirées sur vélin d'Annam. Tirage limité à 28 exemplaires, probablement tous sur papier de Chine, signés par l'auteur et l'illustrateur. Saphire, Fernand Léger, The complete graphic, 1978, 121-125 ; Fondation Maeght, Peintre-Illustrateur du XXe siècle, 107.
51. STAËL (N. de) & CHAR (R.). Poèmes. Paris, Aux Dépens de l'artiste, 1952, in-folio (372 x 287 mm), en ff., couverture rempliée en gouttière, chemise, étui noirci et aux reliefs frottés d'agathe. 48
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51 - Staël & Char L'un des rares livres " entièrement assumé " par son illustrateur, Nicolas de Staël, papiers, caractères, impression des bois, étui, tous relevant de son propre choix. Conception et réalisation s'écoulèrent de juin à novembre 1951. 14 bois originaux à pleine page et une lithographie originale en couleurs pour la chemise. Pour ce premier livre illustré, Nicolas de Staël réalisa ses bois, sans connaître les textes qui les accompagneraient. Char, en voyant les gravures, associa à chacune d'elles une pièce de son recueil Poème pulvérisé, qui avait déjà fait l'objet d'une publication, ne sacrifiant ainsi en rien à son habitude qui consistait, pour ses grands livres illustrés, à les constituer de poèmes anciens, qu'il modifiait ou qu'il assemblait différemment. L'ouvrage, construit sur l'opposition noir-blanc, que l'on retrouve non seulement dans les bois, mais aussi dans l'architecture du livre, où illustration et texte ne sont jamais face à face, semble être unanimement apprécié. L'un des 15 exemplaires de tête, avec deux suites des bois, sur vélin et sur Japon ancien, signé par le poète et l'artiste. Etui restauré. Le tirage total annoncé est de 120 exemplaires, tous sur vélin d'Arches. A. Coron, 50 Livres illustrés depuis 1947, n° 14 ; Nicolas de Staël, L'Œuvre gravée, Bibliothèque Nationale, 2-16 ; Peyré, Peinture et poésie, p. 150 (En 1951 vient donc au jour ce volume très émouvant... L'affection qui unit les deux créateurs est à l'origine de cette publication qui entend le manifester clairement, le livre sera ainsi le monument le plus à même de saluer un sentiment) ; Castleman, A Century of Artists Book, New-York Museum of Modern Art, n° 148 ; Victoria & Albert Museum, From Manet to Hockney, 127. 49
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52. R ABELAIS (F.) & CLAVÉ (A.). Gargantua. Marseille, Bibliophiles de Provence, 1955, 2 vol. gr. in-4°, box noir, gris souris et bleu métallique, premier plat séparé dans sa largeur par une bande de rivets de cuivre avec, dans sa partie supérieure, une pièce de box rouge festonnée, dans sa partie inférieure, une superposition de pièces aux formes diverses de box noir et sable et de maroquin crème, sur le second plat disposition semblable, avec dans sa partie supérieure diverses pièces de box rouge, au centre mosaïque non sertie de box crème, gris souris et noir formant un trèfle, sur la partie inférieure bandes triangulaires de box et maroquin crème réunies par leur opposé, dos orné en long du titre et du nom de l'auteur en lettres dorées disposées à la japonaise, séparés par une bande de maroquin crème, doublure de daim crème, gardes de daim noir, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise, étui (Creuzevault, 1970). 63 lithographies originales en couleurs de Clavé et 57 lettrines et cul-de-lampe. Tirage limité à 220 exemplaires, tous sur grand vélin d'Arches. Exemplaire de choix, contenant : - une gouache originale, signée par Clavé. 36,7 x 27,2 cm. - un dessin original à la plume à l'encre bleue et à l'encre noire rehaussé de gouache. 37,2 x 27,4 cm. Variante de l'illustration de la page 159. - deux gouaches originales, signées par Clavé. 36,5 x 27,2 cm. Variantes des illustrations des pages 167 et 195. - une gouache originale, lettrine du livre, avec un essai de tirage en couleurs lithographié. - une épreuve d'artiste, signée par Clavé. "L'Oiseau". Lithographie. - un menu, illustré d'une lithographie originale signée. - les lithographies qui ornent les chemises et étuis. - une des 25 suites en couleurs des illustrations, annoncées à la justification, soit 63 lithographies. - une des 25 suites en noir des illustrations, annoncées à la justification, soit 65 lithographies. - une des 25 suites en couleurs et en noir des lithographies non utilisées, annoncées à la justification, soit 8 lithographies en deux états. - une des 25 suites des lettrines et cul-de-lampe gravés sur bois, annoncés à la justification, sans la lettrine Q. - une des 25 suites d'une décomposition des couleurs d'une planche, annoncés à la justification. Ici, il s'agit de la p. 245. - une suite, non prévue dans la justification, de la superposition successive des couleurs d'une planche (ici, p. 229). - une suite de 5 planches d'essais, variantes des illustrations des pages, 31,57,105, 205 et 209. Sur un feuillet de garde du premier volume est portée cette mention de la main de Clavé : " Cette reliure a été exécutée d'après la maquette d'Antoni Clavé par Henri Creuzevault, 1970, Antoni Clavé. " Les reliures de peintre sont rares. Exemplaire unique, tant par les ajouts, originaux, suites… que par les reliures de Clavé. La correspondance entre Creuzevault et son client, ainsi qu'un certificat pour les originaux, ont été conservés.
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52 - RABELAIS & CLAVÉ
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53. ERNST (M.) & ARTAUD (A.). Galapagos. Les îles du bout du monde. Paris, Broder, 1955, in-8°, en ff., couverture illustrée, chemise, étui. Edition originale de ce texte écrit pour Voilà, l'hebdomadaire du reportage. Des ouvrages publiés par Broder, il est le plus réussi et le plus significatif. De la collection Ecrits et gravures. 11 eaux-fortes originales de Max Ernst dont une en couleur pour la couverture rempliée, 4 hors-texte dont 2 en couleurs et 6 in-texte en couleurs. L'emboîtage est illustré de 2 compositions de Max Ernst reproduites en noir. Tirage limité à 135 exemplaires sur vélin de Rives, tous signés par l'artiste. Très petites épidermures au dos de la chemise. A. Coron, 50 livres illustrés depuis 1947, n° 17 ; Chapon, Le Peintre et le livre, pp. 251 - 258 ; The artist & the Book, n° 101.
54. D EBORD (G.) & JORN (A.). Fin de Copenhague. Conseiller technique pour le détournement G.-E. Debord. Copenhague, Permild & Rosengreen, 1957, in-8°, broché, couverture de carton bleu-gris ayant servi de flan pour le clichage d'un journal danois. 16 compositions en couleurs sur doubles pages et collages de textes imprimés en offset. " De 1948 à 1957, des écrivains et des artistes européens venant du Surréalisme, de Cobra, ou de la gauche lettriste, se constituèrent en groupe, animèrent des revues (Potlach de 1954 à 1957), publièrent des textes en vue d'une révolution moins politique que culturelle. Ce mouvement aboutit en 1957 à la création de l'Internationale situationniste, dont Guy Debord et Asger Jorn furent les membres les plus influents et, dans leur domaine respectif, les théoriciens. Peu avant la fondation de l'Internationale, ils réalisèrent ensemble Fin de Copenhague. Constitué, pour le texte, de collages de coupures de journaux, cet " essai d'écriture détournée " à partir des mythologies véhiculées par la publicité et par la presse peut-être vu également comme un livre de peintre, le premier sans doute entièrement imprimé en offset. Deux ans plus tard Guy Debord et Asger Jorn publièrent ensemble chez le même imprimeur Mémoires, qui est aussi intéressant et novateur. " Peu après la parution de Fin de Copenhague et de Mémoires, le Pop'art tira profit des créations de Jorn et de Debord. Tirage annoncé à 200 exemplaires, normalement signés par Asger Jorn au bas de la dernière page et pouvant être justifiés à la mine de plomb au-dessus du colophon. Exemplaire signé par G. Debord et A. Jorn, et justifié. Petite et légère trace de mouillure sur le second plat. G. Berreby, Documents relatifs à la fondation de l'Internationale situationniste, 1948-1957, pp. 553-592 ; A. Coron, 50 livres illustrés depuis 1947, n° 19 ; G. Berreby, Fin de Copenhague, 2001 ; Y. Peyré, Peinture et poésie, Le dialogue par le livre, pp.159-161 et p. 243, n° 70.
55. D EBORD (G.). La Société du spectacle. Paris, Buchet - Chastel, 1967, [Achevé d'imprimer le 14 novembre 1967, par l'imprimerie Floch à Mayenne], in-12, broché, couverture, bande annonce. Edition originale. Divisé en neuf chapitres, l'ouvrage se présente sous forme de 221 thèses offrant une étude critique de la société moderne, aboutissement des travaux de “l'Internationale situationniste”. Ce livre a joué un rôle clé dans les évènements de mai 1968. C'est un document historique dont certaines idées développées anticipèrent sur la contestation écologiste des années 1980-1990. Debord a donné une version cinématographique de son œuvre en 1973. Petite trace de pli à la couverture. 52
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54 - Debord & Jorn
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