Librairie LARDANCHET
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Un détail du n° 29 est reproduit en couverture
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1. GRINGORE (P.). Les Abus du monde. Nouvellement imprimé à Rouen, [1515], in-16 gothique de 72 ff. signés A-I8, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Bauzonnet). Seconde édition. Publiée pour la première fois vers 1509, deux éditions se succédèrent en 1515 sans que l'on sache réellement à laquelle accorder la priorité, la nôtre ou celle de Paris. Ouvrage de morale générale du dramaturge Pierre Gringore, auteur de nombreuses soties et mystères. Il fut le membre influent de la Confrérie des Sots, troupe théâtrale et de divertissement comme il en fleurissait à l'époque, et se fit une réputation sous le nom de Mère Sotte, personnage allégorique et satirique. Ce livre poursuit, tout en l'élargissant à la société entière, la critique des vices humains ébauchée dans de précédents ouvrages : Le Chasteau d'Amour et Les Folles entreprises. Personne n'est épargné : noblesse, prélats, marchands, taverniers, fripiers, chambrières, maçons... Protégée par Louis XII, son œuvre bénéficia de la bienveillance de certains seigneurs, ici, du Normand Jacques d'Estouville. Elle est signée d'un accrostiche au dernier sonnet. Titre orné d'un bois représentant un roi s'adressant à un clerc. Dimensions : 126 x 85 mm. Provenance : Edward Vernon Utterson (ex-libris) ; Edmée Mause (ex-libris) ; J.-B. Barbier (Cat., 1974, n° 26) ; ex-libris [DJC], inconnu. Oulmont, Pierre Gringoire, p. 35 (seconde édition) ; Tchemerzine, VI, p. 65 (troisième édition).
2. MANUZIO (A.). Grammaticae institutiones graecae. Venise, Alde, 1515, in-4°, basane marbrée, dos lisse orné d'une lyre plusieurs fois répétée, tranches rouges (reliure française de la fin du XVIIIe siècle). 4
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Seule et unique édition de cette grammaire grecque, d'une insigne rareté. Annoncée au catalogue de 1513, publiée en novembre 1515 par Andrea Torresano d'Asola, beaupère de l'auteur, cette grammaire était un projet de longue date auquel Alde Manuce attacha un soin tout particulier, toujours avec ce souci de faire avancer la connaissance de la langue grecque. Il ne faut pas oublier que sa première publication fut l'Erotemata de Constantin Lascaris. Selon toute vraisemblance, il s'attela à sa rédaction dès 1500, et l'on peut estimer que la plus grande partie de son contenu en fut rédigée cinq ans plus tard. Insatisfait par son travail Alde Manuce ordonna par écrit que l'on détruisît son manuscrit inachevé. Il ne fut pas suivi par ses collaborateurs qui connaissaient la valeur de son travail. Ce document est aujourd'hui conservé à la bibliothèque Ambrosienne. À la mort du célèbre imprimeur (6 fév. 1515), Marcus Musurus, son ami, lui-même éditeur, la termina, composa en latin la préface adressée à Jean Grolier, puis se chargea de la faire imprimer et publier, dans l'idée de livrer un instrument d'étude adapté à la jeunesse. Neuf mois plus tard, elle était prête. Sa structure reprend celle établie par le grammairien Aelius Donatus, qui l'articula en suivant trois parties : les noms, pronoms et déclinaisons, puis les verbes et les conjugaisons, et enfin la syntaxe. Imprimée avec soin sur papier fort, elle est très majoritairement composée de minuscules à ligatures, de taille uniforme, facilitant ainsi sa lecture. Comme le fit remarquer Renouard, il est surprenant que Alde Manuce n'ait pas fait suivre sa grammaire d'une traduction latine, ce qui l'aurait rendue plus accessible, d'où peut-être sa faible diffusion et sa grande rareté. Exemplaire en belle condition. Dimensions : 209 x 146 mm. Renouard, p.73, n° 10 ; Firmin-Didot, pp. 406-409 et 460-464 ; Adams, M- 428 ; Isaac, 12855 ; B.M., S.T.C. Italian, p.411 ; Ahmanson-Murphy, 120. 5
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3. BRANDT (S.). La grande nef des folzs du monde en laquelle chascun homme sage prenant plaisir de lire les passages des hystoires d'icelle... [In-fine : on les vend à Lyon en la maison de Francoys Juste imprimeur. Daleman en latin rédigée par maistre Jacques Locher. Revue et ornée de plusieurs belles concordances par le dit Brandt. Et de nouveau translatee de latin en francoys et imprimée à Lyon sur le Rosne par Francoys Juste Imprimeur. Ce dernier jour du moys de juin lan M.CCCCC.XXIX]. Lyon , Francois Juste, 1530, in-4° de 102 ff., sign. A-M8et N6 (le dernier blanc), maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle). Rare édition lyonnaise de cette traduction en français en prose du célèbre Stultifera Navis de Sebastien Brandt. Certains l'attribuent à Jean Droyn. Destinée au peuple, La Nef, l'ouvrage de référence de Brandt, œuvre fascinante et satirique, fut le livre le plus lu en Europe au XVIe siècle. Elle donna à la littérature, sinon ses lettres de noblesse, du moins son statut spécifique de création en tant que telle et sa dimension de phénomène de masse. Formé de 113 chapitres, chacun composé de vers octosyllabiques, l'ouvrage met en scène un navire, « étrange bateau ivre qui file le long des calmes fleuves de la Rhénanie » disait Michel Foucault, sur lequel s'embarquent des sots et des fous, chacun représentant une classe sociale (clergé, noblesse, magistrature, université, négoces, paysans, cuisiniers…) et caricaturant une folie, un péché, une erreur. C'est en réalité un violent réquisitoire contre les vices de l'humanité. Publiée d'abord en allemand en 1494, en latin en 1497, puis traduite en diverses langues, elle devint très populaire. Les versions en langues vernaculaires sont plus rares que les latines. Un titre orné et 118 figures sur bois. D'une facture archaïque, chacune d'elles représente un fou : le bibliomane, l'avare, l'usurier, le voyageur, le fou de luxure, le procrastinateur qui remet tout au lendemain... 6
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Selon Firmin-Didot (Cat., 1867, n° 466), elles sont copiées sur celles de l'édition de Bâle (1498), célèbres dans l'histoire du livre. Exemplaire de qualité en maroquin ancien. Restauration en marge de deux feuillets (I7 et I8) avec reprises de lettres. Dimensions : 231 x 158 mm. Provenance : Firmin-Didot (Cat., 1879, n° 422, "Très bel exemplaire").
4. MAROT (C.). Les Œuvres... Augmentees d'un grand nombre de ses compositions nouvelles, par cy devant nom imprimees. Lyon, Etienne Dolet, 1543, deux parties en un vol. in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné aux petits fers, doublure de maroquin vert orné d'une roulette florale, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet). Troisième édition donnée par Dolet. Imprimée en lettres rondes alors que son éditeur était détenu à la Conciergerie, cette édition est précieuse et recherchée ; elle renferme des pièces publiées pour la première fois. Elle est en effet augmentée de textes importants : Le Second livre des Métamorphoses d'Ovide, la traduction de vingt psaumes et six nouvelles. Outre ces pièces en édition originale, elle présente l'intérêt d'avoir été entièrement revue par Clément Marot qui y a apporté des changements importants, remaniant les trente premiers psaumes, version n'ayant qu'un rapport lointain avec le texte primitif. Superbe exemplaire cité par Tchermerzine, grand de marges, relié avec goût par Trautz-Bauzonnet. Dimensions : 151 x 92 mm, contre 149 mm de hauteur pour l'exemplaire Herpin. Provenance : Bancel (Cat.,1929, n° 257). Tchemerzine, IV, 494 ; Herpin, 1903, n° 36 ("aussi rare et recherché que la précédente et tout aussi précieuse") ; Backer, 1926, n°220 ("Précieuse édition... une des plus recherchées de ce poète"). 7
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5. LEONICO TOMEO. De varia historia libris tres. Lyon, S. Gryphe, 1555, in-16, vélin ivoire à rabats, plats ornés aux angles de fers azurés, dorés, cartouche central avec réserve occupée par des armes dorées et peintes de part et d'autre, semis de fleurettes dorées, dos lisse orné des mêmes éléments, tranches dorées (reliure de l'époque). Réimprimé d'après l'édition de 1532, dont on connaît un exemplaire aux armes de Benoît Le Court, le De varia historia libris tres est une compilation d'histoires mythologiques, soit grecques, soit latines, et de portraits légendaires ou historiques. Proche de Alde, Leonico Tomeo (1446/7-1531) occupa la première chaire consacrée à l'exposé du texte grec d'Aristote, créée en 1497 pour lui à Padoue, à l'initiative du sénat vénitien. Exemplaire relié pour l'humaniste et bibliophile Gian Federico Madruzzo (1531-1586). Après des études aux universités de Louvain et Paris, il commença une carrière militaire, puis épousa en 1557, Isabelle de Chalant, famille illustre du Val d'Aoste, ce qui lui valut d'être nommé le 24 mars 1569 par Emmanuel Philibert, dix-septième chevalier de l'ordre prestigieux de l'Annonciade. Il devient alors ambassadeur du duc de Savoye puis de l'empereur d'Allemagne Rodolphe II, auprès du Saint-Siège à Rome, ville où il s'éteindra. Les armes frappées, formées d'une couronne comtale et du cordon de l'ordre de l'Annonciade, permettent de dater la reliure des années couvrant la période de 1565 à 1586. Cette dernière, réalisée en France, est dans un parfait état de conservation. Elle n'apparaît pas sur la liste dressée par Fr. Malaguzzi des reliures de la bibliothèques de Gian Federico Madruzzo, qui en comprend 37, la plupart de petit format, et dont cinq présentent le même vocabulaire ornemental que celle que nous présentons ici. Dimensions : 116 x 74 mm. Provenance : Gian Federico Madruzzo ; P. Buoninsegni (ex-libris) ; Io. Gio Fracomonti ; 8
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E. Pittalugo ; G. Pittalugo (Cat., 1997, n° 90) ; M. Wittock (ex-libris). Adams, L-505 ; Baudrier, VIII, p. 280, Guigard, II, p. 334 ; P. Culot, Bulletin du bibliophile, 1997, pp. 363-366.
6. SIMLER (J.). Vallesiae. Descriptio, libri duo, de alpibus commentarius. Tigori, C. Froschoverus, 1574, in-12 de 160 ff., sign. *8, A-T8, vélin peint de l'époque. Edition originale du premier livre imprimé consacré à la montagne. Il est rare. Simler (1530-1576), historien et théologien helvétique, a consacré une grande partie de son existence à l'étude de la Suisse et des Alpes. Son ouvrage, Vallesiae Descriptio, formé de deux parties, l'une sur le Valais, la seconde sur les Alpes, est considéré comme le premier véritable "livre de montagne". Il devait s'intégrer à une étude plus exhaustive sur ce massif montagneux, que Simler n'a pu mener à terme. Exemplaire de Paul Helbronner, l'un des plus importants topographes ayant effectué des travaux sur les Alpes. Il a entrepris sur ce massif l'ensemble des opérations géodésiques, depuis le lac Leman jusqu'à la Méditerranée, consignées dans une monumentale description des Alpes Françaises, publiée en 14 vol. de 1910 à 1939. Le volume fut offert à sa publication par l'auteur, puis a appartenu à J. Pontiselle. Il a été annoté à l'époque en latin, probablement par ce dernier. Dimensions : 159 x 97 mm. Provenance : J. Pontiselle (ex-libris manuscrit, daté 1575) ; P. Helbronner (1871-1938). J. Perret, Guide des livres sur la montagne et l'alpinisme, 4059 ; Adams, S-1179. 9
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7. [VERSTEGAN (R.)]. Theatrum Crudelitatum Haereticorum nostri temporis. Anvers, Adrian Hubert, 1587, petit in-4° de 48 ff., sign. A-M4, veau blond, filets dorés autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure du XIXe siècle). Édition originale. L'ouvrage décrit les souffrances endurées par les Huguenots en France, les Gueux aux Pays-Bas et les Calvinistes en Angleterre. Le protestant de Bry y répondit en publiant le récit des atrocités de la colonisation espagnole par Las Casas. Son auteur, né à à Londres d'une famille de la Gueldre, étudia à Oxford ; emprisonné à Paris à la demande de l'ambassadeur d'Angleterre pour avoir blasphémé dans ses livres sur la reine Elisabeth, il servit à Anvers d'agent de liaison entre les catholiques d'Angleterre et les exilés. Importante illustration gravée par Jérôme Wierix, formée d'un frontispice et de 29 gravures sur cuivre à mi-page d'un réalisme froid ; la dernière représente la décollation de Marie Stuart, femme de François II de France et reine d'Écosse. Chaque figure est suivie de quelques vers. L'ouvrage fut réédité et connut en 1588 une traduction en français. Exemplaire de qualité aux armes du Vicomte de Janzé (Circa 1816-1902). Les exemplaires en belle condition sont rares. Provenance : Vicomte de Janzé (Cat., 1909, n° 630). Funck, 407 ; Olivier, pl. 304.
8. FRANÇOIS de SALES (Saint). Introduction à la vie devote par François de Sales, Evesque de Geneve. Quatriesme édition. Paris, Pierre Moreau, 1644, in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l'époque). 10
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Des livres de civilité, destinés à nourrir la spiritualité des fidèles, trois livres, par leur valeur et leur diffusion, émergent de cette littérature abondante : l'Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis (1380-1471), dont on recense pas moins de 3 056 éditions, les Combattimento spirituale de Lorenzo Scupoli (1530-1610), dont l'originale a été publiée à Venise en 1589, et l'Introduction à la vie dévote de Saint François de Sales (1567-1622), qui fit l'objet de plus de 300 éditions de 1609 à 1963. L'Introduction à la vie dévote, magnifique exemple de prose française préclassique, est un bréviaire à l'usage des laïcs, où l'auteur s'efforce de donner aux lecteurs les notions d'une piété véritable pour les former à une solide vertu s'accordant aux exigences temporelles et aux conventions sociales. L'originale date de 1609, elle n'est connue qu'à deux exemplaires conservés à la Bibliothèque nationale de Vienne et à la Visitation d'Annecy. Intéressante impression restée inconnue de Lépreux et Morisson, sortie des presses de Pierre Moreau (1600-1648), maître écrivain, dessinateur, graveur et imprimeur. Afin de rivaliser avec les plus célèbres calligraphes de l'époque, Nicolas Jarry restant le plus connu d'entre eux, Pierre Moreau, après avoir gravé quelques livres, inventa des caractères d'imprimerie imitant la calligraphie, puis reçut le titre d'imprimeur du roi en 1643. De sa production, on connaît aujourd'hui 33 éditions, la première étant une Imitation de Jésus-Christ imprimée après le 1er mai 1643. Trois types d'ouvrages se distinguent : des livres de dévotion, des thèses, et des œuvres et compléments de circonstance... Superbe exemplaire. Dimensions : 170 x 110 mm. Brunet, VII, 573 ; Isabelle de Conihout-Frédéric Gabriel, Poésie et calligraphie imprimée à Paris au XVIIe siècle, p. 98, n° 12 (Cite 4 exemplaires dont celui de la Mazarine incomplet de 2 ff.). 11
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9. DESCARTES (R.). Les Passions de l'âme. Paris, Henny Le Gras, 1649 , in-8°, vélin ivoire à rabats, dos lisse avec titre manuscrit en tête, tranches lisses (reliure de l'époque). Edition originale. Dernière œuvre du philosophe et savant René Descartes, elle est dédiée à la princesse Elizabeth, avec laquelle l'auteur a entretenu une correspondance active. Formée de 212 articles répartis en trois sections, la première traite "des passions en général", la seconde examine "le nombre et l'ordre des passions” et donne l'explication des six premières, la troisième aborde "les passions particulières". Superbe exemplaire, dans sa première reliure. Dimensions : 155 x 95 mm.
10. MAROT (J.). Le magnifique chasteau de Richelieu. En général et en particulier, ou les plans, les élévations et les porfils généraux et particuliers dudit chasteau... S.l.n.d. [Circa 1660], in-4°oblong, vélin ivoire, plats ornés d'un double encadrement de filets dorés avec motifs aux petits fers aux angles, dos lisse orné, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale. Richelieu bâtisseur. Depuis son entrée au Conseil du roi en 1624 jusqu'à sa mort en 1642, le Cardinal ne cessa de construire, mais c'est à partir de 1630, année charnière où il consolide son pouvoir, qu'il donna une ampleur plus large à ses activités de bâtisseur. En douze ans, il fit bâtir le palais Cardinal à Paris, le château de Rueil, l'église et l'université de la Sorbonne,ainsi que le château et la ville de Richelieu en Poitou. 12
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De cette production, seule subsiste l'église de la Sorbonne, quelques estampes, et cet album. Un petit nombre, voire aucun dessin original de cette entreprise, n'est aujourd'hui conservé. Le Cardinal et Jacques Lemercier (1585-1654). Préfigurant Louis XIV qui prit Le Vau à Fouquet, Richelieu emprunta dès 1627 à Marie de Médicis l'architecte du palais du Luxembourg, Jacques Lemercier ; il lui resta fidèle toute sa vie durant. Peu connu et étudié, Lemercier reçut une formation de maître-maçon qui l'amena naturellement au métier d'architecte. Son séjour à Rome au début du XVIIe siècle l'influença durablement. Homme de culture, comme en témoigne sa vaste bibliothèque, il devient architecte du roi en 1619, mais le réel envol de sa carrière date de sa rencontre avec le Cardinal, qui en fit le responsable de son programme architectural. En 1639, Lemercier devint premier architecte du roi, la plus haute fonction pour un architecte à la cour. À la mort du Cardinal, Lemercier se fit plus discret. Le château de Richelieu en Poitou Construit à l'origine par son père en 1580, Richelieu demanda à son architecte de préserver le vieux château et de l'incorporer au niveau des bâtiments, à un ensemble appartenant à un projet plus vaste, s'articulant autour dudit château, un parc et une ville. Cette combinaison ville-château deviendra l'archétype des formes baroques au service du pouvoir. L'influence italienne se retouve ici dans une profusion de statues romaines, modèle que Lemercier observa en visitant les villas de Médicis et Borghèse, lors de son séjour italien. Au XIXe siècle, le château fut démoli. Pour commémorer cette entreprise, un album fut élaboré, peut-être à l'initiative de Buisine, l'auteur de la dédicace. Il le dédia au neveu du Cardinal. 19 planches, simples ou doubles par J. Marot (1609-1679), forment cet album. Elles figurent des plans, des vues et perspectives, et des élévations et profils. Exemplaire en premier tirage dans sa reliure d'origine. Rare dans cette condition. Deux planches présentent quelques jaunissures. On remarque sur les plats de la reliure, plus particulièrement le second, quelques petites taches. Dimensions : 239 x 333 mm. D. Wiebenson-Cl. Baines, The Mark J. Millard Collection, I, 115 ; British architectural Library, 1478-1840, VII, 2043 ; Fowler, 192. 13
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11. LA FAYETTE (Mme de). Zayde, Histoire espagnole, par Mr de Segrais. Avec un traité de l'origine des romans par Monsieur Huet. Paris, Cl. Barbin, 1670-1671, 2 vol. petit in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs ornés, roulette dorée intérieure (Trautz-Bauzonnet). Edition originale rare de ce roman publié sous le nom de Segrais, qui reconnut qu'il n'en était pas l'auteur lorsque Mme de La Fayette en revendiqua la paternité. Huet, dans son traité De l'origine des romans, ici en édition originale, le confirma. En revanche, Segrais l'initia aux techniques romanesques et l'aida pour la disposition de son livre. Superbe exemplaire, dont les deux volumes sont d'une taille identique. Condition rare et recherchée. Dimension : 162 x 96 mm.
12. LA ROCHEFOUCAULD (F. duc de). Réflexions ou sentences et maximes morales. Paris, Claude Barbin, 1671, in-12, veau granité, armes au centre, dos à nerfs orné, tranches mouchetées (reliure de l'époque). Troisième édition originale. Elle contient 341 maximes, y compris la Réflexion sur la Mort, c'est- à-dire 39 de plus que la seconde. La Rochefoucauld (1613-1680) passa l'essentiel de sa carrière littéraire à remanier et enrichir ses 14
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aphorismes, fruit de ses réflexions successives. La froide analyse et le pessimisme foncier qui s'en dégageaient émurent nombre de ses contemporains, dont Mme de Lafayette qui s'efforça d'en tempérer le ton. Le recueil fut publié à de nombreuses reprises, en 1665, 1666, 1671, 1675 et 1678. D'autres publications échappèrent au contrôle de l'auteur et témoignent du rapide succès de l'ouvrage, dont l'un des principaux mérites est d'avoir réuni deux écoles contraires : celle des auteurs moralisants du début du siècle, acquis à la Contre-Réforme et au besoin d'assainir l'Église, et l'esprit de salon, aux jeux duquel, de la conversation au portrait, La Rochefoucauld excellait. Un frontispice gravé par Stéphane Picart. Est relié du même auteur : Nouvelles Réflexions. Paris, Claude Barbin, 1678. Tirage à part des 107 Maximes, déjà publiées dans la cinquième édition (1678). Cette seconde partie était destinée à servir de complément aux troisième et quatrième éditions. Elle connut deux tirages, les uns ne portent pas de nom d'auteur dans l'Extrait du privilège, comme ici, les autres indiquent l'auteur du livre sous le nom du "Sieur Duc de la Rochefoucauld". Exemplaire à grandes marges, aux armes de Hilaire-Joseph Duban, avocat et conseiller au Parlement de Besançon. Les exemplaires en reliure armoriée de l'époque sont rares. Dimensions : 158 x 85 mm. Provenance : Duban (1656-1724). Tchemerzine, VII, 55 ; Rochebilière, Bibliographie des éditions originales, pp. 162-163. 15
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13. MITELLI (G.M.). Le ventiquatr' Hore dell' humana felicita consacrate all' Emma. et. Revmo Prence Card D. Gio. Nicola Conti. Invenzione disegno ed intaglio di Giuseppe Ma. Mitelli. Pittore Bolognese. S.l. [Bologne?], 1675, in-folio, vélin à rabats, dos lisse, tranches bleues (reliure ancienne). Suite complète de 28 estampes à l'eau-forte de Giuseppe Maria Mitelli (1634-1718). Les "24 heures du bonheur humain", thème classique, souvent traité au XVIe siècle, sont ici abordés par le graveur bolognais avec humour et sarcasmes. Après un frontispice aux armes du cardinal Gio Nicola Conti, suivent une lettre dédicatoire gravée et une estampe représentant un vieillard pointant du doigt une horloge, symbole du temps, puis viennent 24 planches figurant 24 personnages choisis selon une classe sociale symbolisée par son trait de caractère dominant : la courtisane, Zerbino, le gastronome, le paresseux, le vagabond, le joueur, le bouffon, le paysan, l'acteur sous les traits d'Arlequin, le musicien, l'artiste, le poète, le courtisan, l'ingénieur, le médecin, le chasseur, l'astrologue, le guerrier, l'intellectuel, l'aristocrate à travers le roi... La suite s' achève par une représentation de la mort. Sous chaque figure se trouvent deux quatrains : le premier est la description du trait de caractère du personnage représenté, le second, Morte, l'avertit de l'issue finale. Sa rareté n'est pas légendaire, nous n'en avons localisé que trois exemplaires (deux à Bologne et un à la Washington Library of Congress), et un sur le marché en 1965. Elle fit l'objet d'un fac-similé à Rome en 1995. Suite d'un beau tirage, à belles marges. Les estampes sont numérotées A-B-C et 1 à 25. Dim. : 399 x 268 mm. Bertarelli, Le incisioni di Giuseppe Maria Mitelli, 394-421 ; F. Varignana, La collezioni d'arte della Cassa di Risparmio in Bologna : Le incisioni I Giuseppe Marie Mitelli, Bologne, 1978, pp. 455-463; J. T. Spike, Italian Masters of the 17th century, 42, The Illustrated Bartsch, 1978-1981, app. 1 (307)- app. 28 (307); Bartsch, Le peintre graveur, vol. 18, 1870, p. 307 (Suite de 26 estampes publiées à Bologne en 1675. Très rares.) 16
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Est relié avec : 1. [Les douze mois de l'année]. Suite de 12 eaux-fortes.1691. Non numérotées. Les traitant à la manière de la caricature, Mitelli reprend le thème du vilain (Paysans) pour représenter les signes du zodiaque et les occupations des mois... En janvier, le verseau chevauche un sanglier. En février, Zerbino danse en tenant du poisson... Mai présente un enfant drapé de fleurs pour figurer le renouveau du printemps... en août, un enfant se rafraîchit en buvant à une gourde, en septembre, les traditionnelles vendanges sont représentées par un jeune homme foulant du raisin, en octobre, un vilain se défend d'un scorpion... enfin, en décembre, un vieillard succombe au temps qui passe. L'Italie peut revendiquer la paternité de l'art de la caricature avec les dessins de Léonard de Vinci, qui cherchait à rendre sur les traits du visage la psychologie d'un personnage. Le portrait caricatural, ou déformation comique, est né à Bologne à la fin du XVIe siècle dans une école de dessins fondée par une famille de peintres, les frères Carrache. Avec Mitelli, la caricature, jusqu'alors peu considérée et surtout diffusée à petite échelle, va connaître enfin le succès. Tirage de qualité, à belles marges. Petite cassure (6 cm) centrale à la planche "Agosto". Dim. : 400 x 269 mm Bertarelli, 511-522 ; G. Savino, Gioschi, mesi, proverbi, cariosita.Una scetta di acquaforti di Giuseppe Maria Mitelli & Giuseppe Piattoli, Pistou, 1980. 2. "Compra chi vuole. Avisi di Guerra, Carte di Guerra..." Une eau-forte. Mitelli inven. e. fece. 16[9]4. Non numérotée. [Achete qui veut : Avis de Guerre...] figure un marchand ambulant vendant les dernières nouvelles de la guerre contre les Turcs. Belle épreuve, avec traces de témoins. Dim. : 264 x 398 mm. Bertarelli, 198. 3. [Rébus]. 2 eaux-fortes. 1693. Non numérotées. Planches destinées à être montées des deux côtés d'une affiche, appelée par l'artiste "Affichette nouvelle pour passer le temps" ou "Éventail pour les mouches". Épreuves homogènes. Tache d'encre avec manque de papier en marge inférieure de la seconde planche. Dim. : 400 x 269 mm.
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4. "Dirindina Fa Fallo". Une eau-forte. 1686. Un vendeur de chanson populaire (dirindina) met le feu à un bûcher, sur lequel le grand vizir est assis. Le bûcher est formé d'estampes qui sont des tracts hostiles aux Turcs. Belle épreuve. Dim. : 400 x 269 mm. Bertarelli, 209. 5. "L'Amata de quattro amanti". Suite de 5 eaux-fortes. 1670. Une courtisane, figurée sur la première estampe avec un éventail à la main, a quatre amants : l'amant brute mais prodigue, le bel amant, l'amant brave, l'amant pauvre. Épreuves contre-collées, numérotées 1 à 5. Dim. : 225 x 151 mm. Bertarelli, 496-500 ; Paris, BNF, Estampes SNR 3. 6. "Maledictus homo qui confidit in homine Ierem 17". Une eau-forte. 1706. Non numérotée. Un homme offre à une personne un plateau sur lequel se trouve de la monnaie, et de l'autre main le menace d'une massue, tentant de le frapper à la tête. Épreuve contre-collée. Dim. : 213 x 133 mm. Bertarelli, 560. Intéressant recueil formé au XVIIIe siècle, réunissant certaines des estampes les plus rares de Mitelli. 18
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Provenance : Goësz (ex-libris autrichien du XVIIIe siècle) ; cachet de la bibliothèque de la maison des princes de Liechtenstein de la fin du XIXe siècle. De nombreuses éditions italiennes du XVIe siècle de cette collection sont conservées à la Bibliothèque nationale de France. Cette famille se distingue par la possession d'importantes collections d'art (Liechtenstein The Princely collections The Metropolitan Museum of Art, 1985-1986).
14. MORAIS (C. de). Le Véritable Fauconnier... Paris, Quinet, 1683, pet. in-8°, veau marbré, dos à nerfs orné, tranches mouchetées (reliure de l'époque). Edition originale du dernier grand traité de fauconnerie. Des années 1560 au milieu du XVIIe siècle, une littérature importante consacrée à la chasse a fleuri, 17 textes sont publiés puis réédités, parmi lesquels 9 traitent de la fauconnerie, citons pêlemêle ceux d'Arcusia, Gommer, Harmonts... Le Véritable Fauconnier est le dernier ouvrage ; Richard Lallemand loue sa clarté dans son répertoire commenté des auteurs s'étant consacré à la cynégétique. La fauconnerie ou chasse au vol se divise entre hausse et basse volerie, le bas vol ou "vol de point", usant uniquement d'autours et d'éperviers. Sont ainsi chassés les perdreaux, les cailles grasses et les merles. Exemplaire dans sa première reliure, condition rare. Petite trace de mouillure, plus ou moins prononcée, en-tête du volume, des pages 117 à 144. Une coiffe restaurée. Dimensions : 152 x 87 mm. Thiebaud, 668 ; Schwerdt, Hunting, Hawking, Shooting..., II, p. 34. 19
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15. PERRAULT (Ch.). Labyrinthe de Versailles. Paris, Imprimerie Royale, 1677, in-8°, maroquin rouge, roulette et filets dorés autour des plats, fleurs de lys et soleil dorés en angles, armes au centre, dos à nerfs orné d'un chiffre couronné plusieurs fois répété, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale et premier tirage. Une invention due à 4 amis : Le Nôtre, Le Brun, Perrault et La Fontaine. Le labyrinthe de Versailles, créé entre 1664 et 1672, a été conçu en réalité pour Fouquet à Vaux, sa disgrâce royale rendant impossible sa réalisation. Après celle-ci, Louis XIV appela à Versailles les protagonistes pour reprendre le projet, La Fontaine en fut tenu à l'écart, ce dernier ayant pris ouvertement la défense de son protecteur. Le Nôtre se chargea de tracer ce bosquet, les fontaines historiées constituées de groupes animaliers en plomb colorié furent réalisées d'après les dessins de Le Brun, qui avait pris quelques distances quant au projet, et Benserade fut chargé d'écrire un quatrain pour rappeler le thème de chaque fontaine, selon le principe des arts de la mémoire si cher à La Fontaine. Sa réalisation participa à la vogue des fables et des allégories animales des années 1660, période où La Fontaine composa ses premiers textes. Par son dessin et ses ornements, le Labyrinthe formait une énigme dont le visiteur se devait de trouver la solution, chaque fontaine ayant une signification d'ordre éthique, selon Alain-Marie Bassy, l'ensemble formant une "carte de la moralité", décrivant les vertus, les qualités, les vices et 20
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les défauts de l'honnête homme, tel qu'on se le représentait dans le cercle de Fouquet, et si peu approuvé par la morale aristocratique. En associant jeux de la mémoire à une idée morale de l'homme, La Fontaine renouvela l'art du jardin, invention qui passa pourtant inaperçue. Comme pour beaucoup de réalisations royales, le Labyrinthe donna lieu à une publication sortie des presses de l'Imprimerie royale, appartenant à la célèbre série du Cabinet du roi. Une introduction et un commentaire furent rédigés par Perrault, le responsable du programme du Labyrinthe, Sébastien Leclerq, se chargea de la gravure. L'ouvrage fut de nombreuses fois réédité, l'édition originale devenant au fil du temps moins courante, elle est aujourd'hui très rare. Un plan du labyrinthe de Versailles, une figure représentant l'entrée avec deux statues, celle d'Ésope sous les traits d'un personnage grossier, et celle de l'Amour symbolisé par un enfant gracieux, et 39 gravures, figurant les différentes fontaines formées de groupes animaliers, forment l'iconographie. Exemplaire à l'état de neuf, aux armes et chiffres royaux. Le vocabulaire ornemental de la reliure est particulièrement séduisant. Outre les armes et le chiffre entrelacés, ont été frappés aux angles des plats une fleur de lys et un soleil. Dimensions : 208 x 135 mm. Tchermezine, IX, p. 167 (Ed. de 1679) ; Ganay, Bibliographie de l' art des jardins, 29 ; Michel Coran, Les Jardins chez La Fontaine, pp. 48- 53. 21
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16. LA BRUYÈRE (J. de). Les Caractères de Théophraste traduits du grec... Paris, Michallet, 1688, in-12, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné de petits fers, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale. L'ouvrage s'inspire librement du célèbre opuscule du philosophe grec Théophraste (372-288 av. J.C), premier auteur de portraits moraux de l'histoire littéraire. Tout en créant un univers foisonnant, une peinture malicieuse du siècle qu'anime une foule de personnages, La Bruyère se souvint des leçons de Montaigne, La Rochefoucauld et Pascal. On retrouve cette tendance moralisatrice, en partie héritée de la Contre-Réforme et du renouveau catholique, mais traitée de manière à plaire et divertir. La première édition date de 1688, avec 418 caractères. Le texte fut sans cesse enrichi par l'auteur, encouragé en cela par ses contemporains qui aimaient à découvrir les personnages réels et célèbres qui inspiraient parfois ses portraits. Superbe exemplaire, du deuxième tirage, en reliure de l'époque, condition des plus rares. Selon Tchemerzine, on ne connaît pas d'exemplaires du premier tirage, et seuls six sont recensés du second état du premier tirage. Dimensions : 158 x 91 mm. Provenance : deux ex-libris manuscrits illisibles contemporains de l'édition au verso et recto du feuillet de titre ; collection privée. Tchemerzine, VII, pp. 308-309 ; Le Petit, pp. 428-432. 22
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17. LOUIS XI. Les cent nouvelles nouvelles. Suivent les cent nouvelles contenant les cent histoires nouveaux qui sont moult plaisans à raconter. Cologne , P. Gaillard, 1701, 2 vol. in-12, maroquin citron, filets et roulette à froid autour des plats, dos à nerfs ornés d'un élégant décor à froid, roulette dorée intérieure, double garde de vélin, tranches dorées (Courteval). Recueil de cent contes badins en prose composés en 1456 à la cour de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, sous les yeux du dauphin, futur Louis XI. De par cette présence, on lui attribua cet ouvrage qui est en réalité de la main d'Antoine de la Sale. Ce dernier s’est très certainement inspiré pour écrire ces contes du Pogge, auteur italien qu'il connut lors de son séjour à Rome. Reconnu pour ses talents d'aquafortiste, R. de Hooghe (1645-1708) inventa à la fin de sa carrière une manière qui, par sa forme, permit de le considérer comme un modèle immédiat des premiers illustrateurs français du XVIIIe siècle. Il réduisit ses figures à un tiers de la page environ et les plaça en tête. Selon ce principe, il donna une illustration en 1685 pour les Contes de La Fontaine, en 1687 pour les Contes et Nouvelles de Boccace, et en 1700, pour les Cent nouvelles nouvelles. Un frontispice et 100 singulières figures selon la technique de la taille-douce, toutes de R. de Hooghe, ici en premier tirage. Exemplaire soigné, relié par Courteval. Thoinan indique qu'il s'est établi à la fin du XVIIIe siècle, vers 1796, et fut l'un des meilleurs relieurs du début du XIXe siècle. Lesné lui consacra quelques lignes. Dimensions : 155 x 94 mm. J. Landwehr, Romeyn de Hooghe, 94 ; Thoinan, Les relieurs français 1500-1800, p. 234. 23
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18. LONGUS. Les Amours pastorales de Daphnis et Chloé. [Paris, Quillau], 1718, in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné d'un petit motif floral, doublure et gardes de papier étoilé doré, tranches dorées (reliure ancienne). Premier tirage. Établie d'après la traduction d'Aymot, cette édition, dite du Régent, a été tirée à 250 exemplaires. Un frontispice d'après Antoine Coypel interprété par Audran et 28 figures gravées par le même d'après les peintures du régent Philippe d'Orléans (1674-1723), réalisées sur les dessins d'Antoine Coypel et retouchées par lui. Bel exemplaire, contenant la planche des petits pieds gravée en 1728. On la donne à Caylus. Dimensions : 159 x 93 mm. Provenance : ex-libris non identifié (Initiales entrelacées dorées sur fond rouge). Cohen, I, 649 ; Portalis, Les dessinateurs d'illustrations au début du XVIIIe siècle, 477 ("Le livre dû à cette collaboration est original et mérite sa réputation") ; J. Furtensberg, La gravure originale dans l'illustration du livre français au dix-huitième siècle, p. 15 (Charles Coypel... passe d'une manière un peu confuse mais justifiée, pour le père de la célèbre illustration des Amours pastorales de Daphnis et Chloé").
19. RÉAUMUR (R.A. Ferchault). L'Art de convertir le fer forgé en Acier et l'Art d'adoucir le fer fondu... Paris, Brunet, 1722, in-4°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné de pièce d'armes plusieurs fois répétées, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale. Après des études de droit à Poitiers et à Bourges, Réaumur (1683-1757) s'installa à Paris pour se consacrer aux sciences. Très vite, il publia quelques travaux de géométrie qui lui valurent d'entrer en 1708 à l'Académie des sciences. Il se vit alors confier la charge de diriger la Description des Arts et Métiers. Destiné tout d'abord à être publié dans la Description des Arts et Métiers, L'Art de Convertir le fer forgé en acier est le résultat de ses recherches sur les alliages ferreux : transformation de la fonte en acier par addition de fer métallique ou oxydé, cémentation et trempe de l'acier. Ces travaux conduiront à l'introduction de la fabrication de l'acier en France, métal qui était importé jusqu'alors. Par ses découvertes, Réaumur est sans doute le père de la sidérurgie scientifique. 17 planches gravées par Simonneau. Exemplaire sur grand papier aux pièces d'armes des Bignon, très certainement Jean-Paul Bignon qui occupa la charge de bibliothécaire et d'intendant du cabinet des Médailles du Roi à partir de 1718. La même année, il se sépara de l'ensemble de sa collection, riche d'environ 50 000 volumes. L'ouvrage a appartenu ensuite à Paulin Prondre, sieur de Guermantes et de Bussy, président de la Chambre des comptes de Paris, à partir de mai 1713. Il fit couvrir, comme à son habitude, les armes du précédent possesseur, puis fit frapper les siennes. Coiffes restaurées. Dimensions : 271 x 211 mm. Provenance : Jean-Paul Bignon (1662-1743) ; Paulin Pondre (1650-1723) ; Mosés (Cat., 2004, n° 154 avec description erronée). Hook & J.M. Norman, The Haskell F. Norman, Library of science & medecine, 1803 ; L. Roberts & I. Trent, Bibliotheca Mechanica, p. 274 ; Olivier, 871 et 1951. 24
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19 - RÉAUMUR
20. BOUCHER (Fr.). [Suite d'estampes d'après Boucher pour les Œuvres de Molière]. [Paris, Prault, 1733], gr. in-4°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées sur témoins (Mercier Sr de Cuzin). L'une des plus belles illustrations de la première partie du XVIIIe siècle. Un portrait de Molière par Lepecié d'après Coypel et 33 figures de Boucher interprétées par Laurent Cars. Ce cycle iconographique anime l'œuvre de l'auteur dramatique d'une gaîté majestueuse, unissant à la rigueur classique le luxuriant épanouissement de la Régence. La plus grande qualité de Boucher s'y exprime : la diversité. Il adopte sans peine une vision du monde inspirée de Molière : personnages dépouillés de leur fard, sentiments tendres, visibles ou détestables, exprimés sans pudeur. Suite d'un beau tirage, à belles marges. Dimensions : 342 x 256 mm. Provenance : un chiffre entrelacé [ECL] frappé en lettres dorées sur le premier contre-plat, non identifié. Cohen, II, 712 ; Portalis, Les dessinateurs d'illustrations au XVIIIe siècle, pp. 29-30. 25
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21. RAMEAU (P.). Le Maître à danser. Paris, Villette, 1734, in-8°, veau moucheté, dos à nerfs orné, tranches mouchetées (reliure de l'époque). Seconde édition, rare. Avec les traités de Feuillet et Rameau, la danse acquiert en France son véritable statut ; ils marquent, en tant qu'expression artistique, une étape décisive dans le développement de la technique de cette discipline. Publié pour la première fois en 1725, Le Maître à danser, manuel en partie destiné à la jeunesse qui veut apprendre à bien danser, s'articule autour de deux parties. Dans la première, le maître à danser des pages de la reine d'Espagne explique en détail les différents pas, certains sont repris de la Chorégraphie de Feuillet et enrichis de nombreuses remarques, notamment sur les oppositions et les équilibres. La deuxième partie s'intéresse uniquement aux port des bras. Apprécié d'un public anglo-saxon, l'ouvrage fut traduit en anglais par John Essex, version publiée pour la première fois en 1728. Importante illustration dessinée et gravée par Rameau. D'esprit naïf, elle est formée d'un frontispice et de 59 figures. la célèbre gravure dépliante, qui fait défaut à beaucoup d'exemplaires, est ici en parfaite condition, état de la plus grande rareté. Bel exemplaire. Quelques habituelles rousseurs éparses. Coiffe supérieure restaurée. Dimensions : 190 x 116 mm. Beaumont, pp. 150-151 (Ed. de 1725) ; Hagelin, Rare and curious books, pp. 78-79 ("One of the most important books in the history of dance literature") ; Derra de Moroda, Dance Library, 21302131 (éd. de 1734 et 1748) ; Lipperheide, 3070. 26
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22. DU HALDE (J.B.). Description géographique, historique, chronologique, politique et physique de l'Empire de Chine et de la Tartarïe Chinoise. Paris, P.G. Le Mercier, 1735, 4 vol. in-folio, veau marbré, dos à nerfs ornés, un caisson accompagné en tête et en-pied d'une couronne comtale, tranches marbrées (reliure de l'époque). Edition originale. Les renseignement qui contribuèrent à diffuser en France l'image d'une Chine sage, tolérante et savante, et à élaborer le mythe du bon Chinois, nous sont parvenus depuis le tournant du XVIIe siècle, non seulement par des récits de voyage mêlant souvent fantaisies et légendes, ou par des relations de marchands, mais surtout, avec un caractère plus véridique, par les récits des Jésuites. Ces derniers eurent longtemps à peu près le monopole des publications sur la Chine, depuis celle du père Lecomte (Nouveaux mémoires sur l'état présent de la Chine, 1696), jusqu'à l'ouvrage du père Du Halde, Description géographique... de l'Empire de Chine, en 1735, qui se chargea également de 1711 à 1743 d'une partie essentielle des Lettres édifiantes et curieuses... commencées en 1702 par Charles Le Gobien. Du Halde (1674-1743) décida de procéder à une synthèse de ces Lettres et autres documents, qu'il publia sous forme de quatre volumes sous le nom que l'on connaît. Sa monumentale Description connut un vif succès, elle exerça une forte influence sur les débats d'idées du XVIIIe siècle, d'abord dans les controverses qui opposèrent les Jésuites, partisans d'une adaptation à la Chine, aux Jansénistes, mais aussi dans les polémiques entres penseurs catholiques et philosophes anti-chrétiens. La relation succincte du voyage du capitaine Beering dans la Sibérie, contenue dans le volume IV, est accompagnée d'une carte, qui est la première carte imprimée représentant une partie de l'Alaska d'aujourd'hui. 27
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Importante iconographie qui fut très souvent reproduite ou imitée. Elle est formée de 22 planches (scènes de genre, types, musique) et de 43 cartes et plans. Exemplaire de qualité. Une main habile a procédé à quelques petites et discrètes restaurations. Provenance : ex-libris manuscrit "Bibliothèque de l'Isle de Noé. Le comte de Noé". Il s'agit probablement de Louis Pontaléon, comte de Noé, né en 1731, mort le 26 février 1816 à Paris. Après une carrière dans les armes, il prit sa retraite au moment de la Révolution, et fut élevé en 1815 au rang de pair de France par Louis XVIII. De son mariage, il eut un fils, Louis Pantaléon (1777-1858), qui s'illustra en entrant au service britannique de l'Inde, après avoir émigré en 1791. On lui doit des Mémoires relatifs à l'expédition partie du Bengale en 1860 pour aller combattre en Égypte l'armée d'Orient. La seconde génération compta parmi ses membres le célèbre caricaturiste connu sous le pseudonyme de Cham (1819-1879). Cordier, BS, 48 ; Sommervogel, IV, 35-36 ; Lada-Mocarski, Bibl. of Books on Alaska, n° 2 ; Lust, Western Books on China, 12 ; Schwarz & R.E. Ehrenberg, The Mapping of America, p. 151 ("This first printed map of part of present Alaska").
23. DUGUAY-TROUIN (R.). Mémoires. S.l. [Paris], [Cl. François Simon], 1740, in-4°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale. Premier texte authentique des Mémoires du célèbre marin (1673-1736), publié par Godard de Beauchamps à la demande de Pierre Jazier de la Garde, le neveu de Duguay-Trouin. L'illustre Malouin, virtuose de la guerre de course, consigne ici ces faits d'armes depuis l'année 1689, où il embarqua sur un corsaire, la Trinité, jusqu'en1715, où il fut promu chef d'escadre. Bras armé essentiel de Louis XIV dans sa lutte contre l'Angleterre, l'Espagne et la Hollande pour la maîtrise des mers et des routes commerciales, son plus haut fait d'armes fut la prise de Rio de Janeiro le 21 septembre 1711, victoire qui marqua la fin de sa vie embarquée. En 1728, il fut nommé lieutenant général de la Marine, puis reçut la charge de la Marine à SaintMalo, puis celle de Brest, et en 1732, celle de Toulon. Un portrait du corsaire par Larmessin, un fleuron de titre, une vignette gravée par Fessard et 5 planches gravées par J.-B. Le Bas dont quatre d'entre elles figurent des combats, et un plan de Rio de Janeiro par A. Coquart. Prestigieux exemplaire, l'un des très rares sur grand papier, aux armes de Mme de Pompadour (1721-1764). Par la suite il a appartenu à son intendant Charles-Jacques Collin qui occupa également la fonction de trésorier général de la Vennerie de France. Il décèda en 1775. Quelques rousseurs éparses. Dimensions : 275 x 210 mm. Provenance : Mme de Pompadour (Cat. , 1765, n° 2913) ; Collin (ex-libris du XVIIIe siècle). Borba de Moraes, Bibliographia Brasiliana, I, p. 272 ; Polack, 2855 ; Cohen, I, 334-335 (Cite l'exemplaire de Mme Sophie) ; [...], France-Brésil, Hôtel de Rouen, 1955, n° 104 (Exemplaire en grand papier aux armes du Dauphin Louis de France, collection Pierre Berès) ; Olivier, 2399. 28
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24. MORANDI (G. B.). Historia botanica practica, seu plantarum, quae ad usum medicinae pertinent, nomenclatura, descriptio et virtutes... Milan, P. F. Malatesta, 1744, in-folio, veau marbré, roulette florale autour des plats, encadrement central selon la même technique avec fleurons dorés aux angles, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale. Aucune étude spécifique n'a été consacrée à ce jour à Giovanni Battista Morandi (?- 1761), peintre et graveur de botanique, d'origine milanaise. La préface de son Historia botanica practica nous fournit quelques intéressants renseignements. L'auteur précise qu'il dut interrompre son travail à Milan pour venir à Turin en 1732 afin d'occuper la charge de peintre et de dessinateur au jardin botanique du château de Valentino, propriété de Victor Emmanuel II de Savoie, emploi qu'il assuma de 1732 à 1741 en échange d'un appointement de 1 200 lires. En 1741, remplacé par Francesco Peiroleri, il retourna dans sa ville natale. De sa période turinoise, nous connaissons un ensemble de 300 aquarelles de fleurs réunies en trois volumes, intitulé Academia Taurinensis... (1732-1734) ; il est conservé au jardin botanique de Turin (Instituto Botanico dell' Universita). Le British Museum à Londres possède un manuscrit autographe du botaniste. Écrit en latin et en italien, il est formé de 122 feuillets accompagnés de dessins à l'encre de plantes formant la base de son Historia botanica. On connaît de lui également 13 volumes de planches titrés Una collectio plantarum quae in diversis Europae, Africae, Asiae et Americae locis nascuntur, propriété de la bibliothèque du collège Ghilsieri de Pavie (P. A. Saccardo, La Botanica in Italia, Venezia, 1895, p. 113). L'Historia botanica practica, seu plantarum quae ad usum medecinae, est un herbier formé de plantes à usage thérapeutique se différenciant chacune selon une classification répondant à des genres. Le but est de créer une sorte de clé analytique utile pour reconnaître ces plantes et le groupe taxinomique auquel elles appartiennent. L'organisation de la classification est en partie la suivante : plantes sous-marines, champignons, mousses, fougères, plantes gymnospermes dans le sens ancien du terme incluant les renonculacées, les rosacées, les ombellifères, les corymbes, les legumineuses, les monocotylédons... On y trouve d'ingénieuses intuitions qui sont encore valables aujourd'hui. Illustration dessinée et gravée par l'auteur. Un frontispice, une vignette de titre et 68 planches de plantes forment l'iconographie. Le reste de l'ornementation consiste en initiales, tête de chapitre et culs-de-lampe. Exemplaire très finement mis en couleurs à l'époque, dont les initiales ont été rehaussées d'or. Rare dans cette condition. Mors restauré. Trace de mouillure dans la partie inférieure des fonds plus ou moins prononcée. Dimensions : 409 x 247 mm. Provenance : Viscount Mersey Bignon Park (ex-libris) ; A. G. Roth (cachet). Hunt, 522 ; Johnston, 404 (exemplaire colorié) ; Nissen, BBI, 1406 ; Staflew & Corvan, III, 6290. Voir la reproduction en frontispice 30
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25. [DIDEROT (D.)]. Lettres sur les Aveugles. À Londres, 1749, in-12, veau marbré, filets dorés autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné, tranches rouges (reliure de l'époque). Edition originale, selon Tchemerzine. Fascinant petit texte écrit après la première opération sur la cataracte d'une aveugle de naissance par le docteur Réaumur, que l'auteur suivit avec intérêt. De là lui vint l'idée de tirer parti de la cécité comme d'une autre manière d'appréhender le monde, illustrée par trois figures : celle de l'aveugle-né Puiseaux, celle du célèbre géomètre anglais Saunderson, et celle de Melle de Salignac. L'ouvrage aborde le problème des sens, de la morale, du jugement esthétique, de la religion... Il parut de manière anonyme, mais la paternité en fut attribuée à Diderot, soupçonné à juste titre d'être également l'auteur des Pensées philosophiques et des Bijoux indiscrets, ce qui entraîna son arrestation à la prison de Vincennes un mois après. 6 planches gravées hors-texte, non signées. Précieux exemplaire aux armes du Duc de Richelieu (1696-1788). Les exemplaires en reliure armoriée de l'époque sont rares. Petite mouillure dans le coin inférieur droit. Dimensions : 157 x 92 mm. Provenance : G. Heilbrun (ex-libris). Tchemerzine, IV, 433-c ; Adams, II & G2 (Édition originale, deuxième tirage) ; Olivier, 407. 31
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26. LA FONTAINE (J. de). Fables choisies mises en vers par Monsieur de La Fontaine. Paris, 1743, 2 tomes en un vol. in-12 réglé, maroquin bleu, armes au centre, filets dorés autour des plats, dos lisse orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l'époque). Première édition avec les notes de Coste. Pierre Coste (1668-1747), contraint de s'exiler en Angleterre après la révocation de l'édit de Nantes, rentra en France après la mort de Louis XIV. Il se fit connaître par ses nombreuses traductions et ses travaux d'exégète, avec, notamment, une édition des Essais de Montaigne, et une des Fables de La Fontaine. Frontispice par B. Picart, gravé par Fessard et vignette en tête de chaque tome. Les Fables connurent au XVIIIe siècle un destin exceptionnel, période dominée par le roman, le drame et l'essai philosophique. Elles véhiculaient des idées nouvelles (la simplicité, la naïveté, le naturel) propres à satisfaire une société de plus en plus séduite par la nature, la simplicité de la vie champêtre, le goût des animaux... pour s'inscrire progressivement dans l'univers social et culturel de ce siècle et devenir un modèle littéraire maintes fois plagié. Puis ce fut au tour des peintres d'en revendiquer l'héritage à travers deux courants, les réalistes, dominés par Oudry, et les peintres des grâces, par François Boucher. En protectrice des arts et des lettres, Mme de Pompadour ne pouvait être que sensible à ce genre littéraire, le catalogue de sa bibliothèque attestant de ce goût, pas moins de quatre éditions sont décrites. D'autre part, on lui connaissait un penchant pour les animaux, plus particulièrement les oiseaux dont elle aimait à s'entourer, par le pinceau d'Oudry, de Christophe Huet et de Jean-Pierre Bachelier. 32
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27 - REGEMORTES (M. de). Prestigieux exemplaire aux armes de Mme de Pompadour (1721-1764), cité par QuentinBauchard. Il est erronément décrit dans le catalogue imprimé de 1765 de sa bibliothèque, ou peut-être, ce qui est plus probable, en possédait-elle deux. Le baron Jérôme Pichon qui fut propriétaire d'un des catalogues manuscrits de cette bibliothèque, précisait que certains ouvrages décrits ne figurent pas dans le catalogue imprimé. Dimensions : 140 x 80 mm. Provenance : Cigongne (ex-libris) ; Quentin Bauchard (ex-libris) ; Escoffier (Cat., 1933, n° 70). Tchemerzine, VI, p. 388 ("Excellente édition critique, la première donnée par Coste") ; Rochambeau, p. 28, n° 76 ; Cohen, I, 547 (Ne cite pas d'exemplaires aux armes) ; QuentinBauchard, Les Femmes bibliophiles de France, II, p. 78, n° 58 bis.
27. REGEMORTES (M. de). Description du nouveau pont de pierre, construit sur la rivière d'Allier à Moulins... [À Paris, Imprimerie de Lottin, l'aîné 1771], in-folio, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale. L'ouvrage relate les différentes étapes de la construction de ce pont, dont la particularité est d'avoir été le premier grand pont à tablier droit fondé sur radier continu, un radier étant un dallage posé directement sur le sol pour servir d'assise. 33
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La ville de Moulins, bâtie près d'un étranglement du lit de l'Allier afin d'en faciliter son franchissement, tenta depuis le début du XIVe siècle de faire construire des ponts, avec plus ou moins de succès. Le dernier alors en date, celui de Jules-Hardouin Mansart, fut commencé en 1705. De pierre, en léger dos d'âne avec trois travées d'inégales portées, il fut emporté en 1710, deux ans après la mort de l'architecte. Quarante ans plus tard, Louis XV chargea Louis de Regemortes, ingénieur des turcis et levées, de construire un nouveau franchissement, qui porte aujourd'hui son nom. Deux phases furent nécessaires à son élaboration. Tout d'abord en 1753 sur la rive gauche de l'Allier, Regemortes fit démolir tout un quartier de la Madeleine pour élargir le lit de la rivière, étape suivie par la construction des 8 premières arches. Puis il détourna la rivière de son lit pour la faire passer sous ces dernières, fit construire des digues de protection de part et d'autre, et acheva son pont avec les deux dernières arches. Pour accéder à ce dernier, dont le tablier était nettement plus haut que les rues voisines, Régemortes fut contraint de bâtir une voie, à environ 300 mètres à l'est de celui-ci, permettant ainsi l'accès à Moulins. En 1940, une arche fut démolie pour ralentir l'invasion des Allemands, elle fut reconstruite en 1942, le pont devint alors un point de passage incontournable entre la zone libre et la zone occupée. Un titre-frontispice gravé et 16 planches, selon la même technique, par Taravel, certaines dépliantes. Exemplaire de présent, aux armes de Christian VII, roi du Danemark, de 1766, à l'année de sa mort. Bien qu'une noblesse germanophone, implantée à la cour, ouvrît le Danemark aux influences allemandes, le rayonnement français, moins sensible qu'en Suède, n'en fut pas moins réel. Dimensions : 521 x 372 mm. Provenance : Christian VII (1749-1808). L. Roberts & I. Trent, Bibliotheca Mechanica, p. 274 ; British Architectural Library, Early Printed Books, 1478-1840, 5, 4083 ; Bernard Maney, Les ponts modernes : 18-19 siècles, pp. 46-51, 70 et 311 ; Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe, p. 429 ; Guizard, I, p.76.
28. XIMENEZ (A.-M. de). Amalazonte. Tragédie. Paris, S. Jorry, 1755, gr. in-8°, maroquin vert émeraude, filets dorés autour des plats avec rosace en angles, armes au centre, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, doublure et gardes de tabis rose, tranches dorées (reliure ancienne). Edition originale. Adaptée d'un roman de l'auteur, cette tragédie fut jouée pour la première fois au Théâtre Français. Ouvert en 1680, rue Mazarine, ce théâtre est né de la réunion des troupes du Marais, du PalaisRoyal et de l'hôtel de Bourgogne. Il occupa à partir de 1689 une salle située rue Neuve-des-Fossés, puis en 1770, la salle des Tuileries, et en 1782, un théâtre construit sur l'emplacement actuel de l'Odéon. En 1789, le Théâtre Français prit le nom de Théâtre de la Nation, et s'éteignit le 3 septembre 1793, après 113 ans d'activité. Son auteur, le marquis de Ximenez (1726-1817), après avoir appris le métier des armes, quitta en 1746 l'armée, pour s'installer à Paris. Il s'introduisit dans le monde des lettres, des théâtres et des cafés, composa quelques vers, sans grand succès, fréquenta les actrices à la mode, et aborda la scène. 34
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28 - XIMENEZ Ses véritables faits d'armes sont dus à sa relation avec Voltaire, dont il publia l'Histoire de la Guerre, sans le consentement de ce dernier, ce qui lui valut d'être mis au banc. Il retrouva les faveurs de l'auteur après avoir signé les Lettres sur la Nouvelle Héloïse. Est relié du même auteur : Œuvres. Paris, 1772. Édition collective en partie originale ; sont publiés ici pour la première fois, l'Epistre à M. de Voltaire et Réponse de M.de Voltaire. Relié vers 1780-1785 par Nicolas-Denis Derôme, l'exemplaire est aux armes de Maria Federovna (1759-1828), princesse de Wurtemberg qui épousa en 1777 le grand duc Paul Petrovitch (17541801), nommé empereur à la mort de sa mère en 1796, sous le nom de Paul Ier. Intéressant témoignage de l'influence culturelle française sur les monarques russes, datant, peutêtre, du voyage qu'entreprit le couple impérial à partir de 1781 en Europe, qui le mena en Autriche, en Italie, en France et en Hollande, pour finir en 1782 à Paris et Versailles. Dimensions : 205 x 128 mm. Provenance : Maria Fedorovna ; Van der Elst ; M. Wittok. Soleinne, II, 1962 ; Pascal Ract-Madoux, B. du B., II, 1989, pp. 383-391. 35
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29. [...]. Éventails à la Chine. Recueil de 45 dessins, intitulés au dos « Desseins de Figures à la Chinoise ». S.l., [Circa 1780], in-folio, veau marbré de l'époque, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure de l'époque). Le recueil fait partie de la section « Sciences et Arts » de la collection du duc de La Vallière et il n'est que sommairement décrit dans le catalogue de la vente du mois de mai 1784 qui le présente ainsi : « Recueil de 45 figures peintes à la Chine ; elles représentent des Hommes, des Femmes, des Plantes, &c. ». Curieusement, le titre figurant au dos du livre fait mention d'estampes : « ESTAMP/DE LA/ CHINE », mais il s'agit bien de dessins. Les sujets des dessins permettent de subdiviser le groupe en trois parties : 17 dessins avec scènes de personnages masculins et féminins, 16 dessins de bouquets de fleurs représentés dans des vases et 12 morceaux d'éventails ornés de paysages, fleurs, poissons et oiseaux. Les dessins sont montés individuellement dans un montage du XVIIIe siècle, pour le premier et le deuxième groupe en gris ou bleu-pâle, et pour le troisième groupe en orange. Ils ont ensuite été soigneusement remontés sur les feuilles du recueil. Tous les dessins sont exécutés sur papier de riz et ceux du premier et deuxième groupe sont collés en plein dans leurs montages. La première partie du recueil est composée de figures représentant des personnages campés dans des paysages ou des scènes d'intérieur. Ce qui frappe en les regardant, c'est qu'ils sont bien habillés d'après la mode de l'Extrême-Orient, alors que les paysages et intérieurs sont moins caractéristiques. On trouve parfois dans les figures un mélange de deux cultures, celle de la Chine et du Japon (ex. n° 6, le costume est chinois tandis que la coiffure est de style japonais), si bien que l'on peut dire qu'elles s'avèrent être des adaptations de modèles japonais. La technique du dessin à la gouache reprend fidèlement celle de l'Extrême-Orient, mais l'effort du dessinateur n'a pas suffi et révèle de nombreuses différences dans les détails concernant les attitudes, les coiffures (ex. n° 4), les costumes (ex. n° 13, le chapeau est de style coréen) et les objets (ex. n° 9, le miroir trop grand). Les entourages des figures s'inspirent des modèles de la Chine et du Japon, par contre, l'utilisation du système de projection et de la perspective occidentale (ex. n° 4, 8, 10, 11, 15-17) soulignent que les dessins ont été exécutés par un artiste de l'Occident. Le premier groupe du 36
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recueil se caractérise par une adaptation au goût de l'Occident inscrivant les compositions dans une catégorie que l'on identifiait comme à la manière de la Chine ou « à la chinoise » (comme dans le catalogue de vente de la collection de La Vallière) et que l'on appelera dès le XIXe siècle des « chinoiseries ». Le fait de ne pas avoir distingué les vestiges de la culture chinoise de ceux du Japon n'est pas surprenant pour le XVIIIe siècle. Le deuxième groupe du recueil est composé de bouquets placés dans des vases. Ces compositions figurent non seulement sur les porcelaines importées, mais aussi sur des tissus, des paravents et dans des illustrations de livres. Ces compositions s'inscrivent dans une longue tradition de l'Extrême-Orient qui commenca à intéresser les artistes français dès les années 1720. L'adaptation au goût européen s'exprime avant tout dans l'utilisation d'un axe vertical et de la symétrie, deux principes absents dans les compositions chinoises et japonaises. Le troisième groupe des dessins du recueil offre des feuilles d'éventails montées sous passe partout. Il s'agit de morceaux d'éventails exportés de la Chine et destinés à être montés en Europe. Les pliures du papier de riz sont bien visibles et mettent en évidence que les feuilles étaient parfaitement préparées pour être montées sur des baguettes, mais l'absence de traces de col suggère que les morceaux étaient découpés avant la monture et explique leur parfait état de conservation. Les importations d'objets chinois, porcelaine (P. Verlet, Le commerce des objets d'art et les marchands merciers à Paris au XVIIIe siècle, Annales Économies Sociétés Civilisations, 1958, 1, pp.10-15 ; C. Sargentson, Merchants and Luxury Markets. The Marchands merciers of EighteenthCentury Paris, (Victoria and Albert Museum en association avec le J. Paul Getty Museum), Frome, Somerset, 1996 ; Porcelain for Palaces. The Fashion for Japan in Europe 1650-1750, catalogue de l'exposition par J. Ayers, O. Impey et J.V.G. Mallet, British Museum, Londres 1990, avec bibliographie), mais aussi livres illustrés (Th. Duret, Bibliothèque nationale département des Estampes. Livres et Albums illustrés du Japon réunis et catalogués, Paris, 1910 ; A. Gall, Inventaire avec indication de provenance des collections d'albums, d'estampes et de peintures chinoises du département des estampes, s.pl. 1990), éventails et papiers décorés prirent une importance considérable. Les fournitures à la cour de Louis XV documentées dans les entrées du 37
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Journal du garde-meuble de la Couronne (Paris, Archives Nationales, 01, 3313) sont explicites. À la date du 16 octobre 1740 (folio 28 verso), on trouve par exemple : « six feuilles de papier de la Chine, sur fond gris blanc, à figures, arbres et terrasses », ou au 1er décembre 1741 (folio 70 verso) : « Pour servir à des paravents, 150 feuilles de papier de la Chine, fond blanc, à figures, pots de fleurs et grillages, savoir : 88 feuilles à figures, 12 feuilles à pots de fleurs, 50 feuilles à grillage ou mosaïque ». Lazare Duvaux livre ensuite, le 13 mai 1748, pour servir dans un cabinet en entresol de Mme Henriette de France, au château de Versailles : « six panneaux de 4 pieds 3 pouces et demi de large sur 6 pieds 3 pouces et demi de haut, couvert d'un côté de papier de la Chine collé sur toile, représentant des figures Chinoises, différemment occupées sous des berceaux de fleurs » (Ibidem, O1, page folio 84). La demande d'objets chinois devint tellement importante que plusieurs artistes s'efforcèrent de rivaliser avec les techniques d'exécution chinoises et japonaises, notamment celle des laques. En octobre 1713, Jacques Dagly (1669-1726), qui avait travaillé à Berlin, s'associe à Pierre de Neufmaison (1672-1752), entrepreneur des ouvrages de la Chine aux Gobelins, et à Claude III Audran (1658-1734), dessinateur. Sur la base d'un privilège royal pour une durée de 20 ans, les trois artistes obtiennent le droit “de créer une manufacture de vernis pour le moins aussi beau que celui de la Chine, pour être appliqué sur toutes sortes de toiles et étoffes de laine, de soye, de cuir et autres matières et de toutes couleurs propres à faire des meubles comme chaises, fauteuils, tabourets, canapés, écrans, paravents, tapisseries, lits, portières, tapis, panneaux de lambris et plat fonds ». Outre Neufmaison, les Martins excellaient dans l'imitation des laques avec des compositions chinoises. Dans une lettre de Favart au comte Durazzo, on apprend même que les beaux vernis réalisés par Guillaume Martin étaient « égaux et supérieurs même à la Chine » (voir J.-J. Guiffrey, "Les Peintres décorateurs du XVIIIe siècle. Servandoni, Brunetti et Tremblin, etc.", Revue de l'Art français, 3, 1897, pp.121-122). Par ailleurs, Martin, protégé par le duc d'Antin, avait obtenu en 1725 le titre de vernisseur du roi (voir M. Sonenscher, Work and Wages. Naturel law, politics and the eighteenth-century Franch trades, Cambridge 1989, chapitre "The Parisian luxury trades and the workshop economy", pp. 223-243). Il était parfaitement logique de voir naître parallèlement une création occidentale dans le style de l'Extrême-Orient. On constate, dès la fin du XVIIe siècle, que l'exotisme et le pittoresque primaient sur la « science » et ce n'est que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle qu'on assiste à un certain 38
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changement de la balance vers des créations du type « archéologue ». En France, plusieurs suites d'estampes sont dessinées, gravées et publiées par Gabriel Huquier (1695-1772). Ces estampes offrent des compositions similaires aux bouquets de fleurs « chinois », toutes destinées à servir de modèles aux différents métiers des arts décoratifs. Huquier avait adapté bien plus que Fraise ces compositions au goût européen en utilisant l'axe vertical et la symétrie. Le succès de ses modèles, d'où les nombreuses rééditions, témoigne de l'engouement national et international pour ces élégantes compositions. Le statut du recueil de Fraise, Livre de Desseins chinois (Paris, 1735), est un peu différent. Les compositions sont tirées des tissus et des porcelaines de Perse, des Indes, de la Chine et du Japon de la collection de Louis-Henri Bourbon (1692-1740), prince de Bourbon. Pourtant, en raison du détournement des motifs et de leur présentation sans aucune indication du contexte, les planches furent perçues comme des créations à part entière. Un pas vers une reproduction plus fidèle est pris par William Chambers : Design of Chinese Buildings, Furniture, Dresses, Machines and Ustensils, engraved by the best hands, from the originals drawings in China (Londres 1757), puis traduit en français : Traité des Edifices… / Desseins des Edifices, Meubles, Machines & habits des Chinois (Paris, 1757 ; 2e éd. 1776). Les planches sont censées reproduire essentiellement des bâtiments et ustensiles chinois vus in situ. Toutes les feuilles du recueil montrent un filigrane du papetier François Tardivet, dont l'activité est documentée à Limoges dans les années 1755 à 1785 (R. Gaudriault, Filigranes et autres caractéristiques des papiers fabriqués en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, 1995, p. 270 et pl. 140 n° 3438), fournissant un terminus post-quem pour la constitution de ce recueil. La date de la vente de la collection La Vallière en 1784, apporte un terminus ante-quem. Reste à savoir si la constitution du recueil concorde avec l'exécution des dessins. Pour les dessins des première et deuxième parties, nous pouvons proposer la période qui commence avec la Régence [circa 1720] et qui s'achève avec l'avènement du rococo [circa 1750]. Bien avant les chinoiseries d'un Jean Pillement (1728-1808), il y eut les travaux des vernisseurs Dagly, de Neufmaison et des frères Martin. Le caractère des pavillons (notamment n° 15) rappelle 39
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les constructions fantaisistes des Tentures Chinoises de la manufacture de Beauvais des années 1725-1730. Il s'agit des compositions « à la chinoise » de Guy Louis II Vernansal (vers 16881749), Jean-Baptiste Blin de Fontenay (1653-1715) et de Jean-Joseph Dumons (1687-1749) qui ont été retissées à plusieurs reprises. (H. Honour, Chinoiserie. the Vision of Cathay, Londres, 1961, pp. 92-93, 255, et fig. 38). Un autre parallèle apparaît dans une série de projets de feuilles d'éventails de la Régence dont la source d'inspiration se situe entre le Moyen-Orient et l'ExtrêmeOrient. L'exécution des figures du premier groupe, à la gouache, incite à penser que les dessins auraient été exécutés en Chine et exportés vers l'Europe. Seulement en second lieu, on remarque dans les représentations des costumes, les coiffures et attitudes des petites erreurs d'interprétation, indiquant le travail d'un artiste européen. Ce sont finalement les fonds, exécutés à l'aide d'une tout autre technique, à la plume et encre noire avec un lavis de couleurs, qui frappent : à plusieurs reprises le décor semble tellement européen qu'il n'y a plus de doute pour rattacher les dessins à l'école française. L'absence de toute référence au rococo dans les dessins du premier groupe exclut de penser pouvoir trouver son auteur parmi des artistes tels que Jacques Vigoureux Duplessis (avant 1680-1732), Gabriel Huquier, Alexis Peyrotte (1699-1769) ou Christophe Huet (17001759). L'engouement pour la Chine était si répandu que parallèlement aux importations qui répondaient aux besoins d'être informé de façon directe sur les cultures de l'Extrême-Orient et aux imitations des techniques comme la laque, il existait une autre approche d'inspiration artistique où une certaine liberté était parfaitement admise dans l'utilisation des motifs et des compositions. L'analyse des sources des dessins avec figures révèle que le dessinateur a préféré le Japon à la Chine. Les compositions se distinguent par l'emploi dominant d'une seule figure ce qui suggère que le dessinateur a utilisé comme modèle les illustrations d'un livre, soit dessiné, soit gravé sur bois. Par exemple les scènes des dessins n° 8, 9 et 15 sont représentatives de la période Heian. Il faut penser à l'ouvrage romancé de Genji, racontant les aventures d'un noble et de son fils à la cour d'Heian à la fin du Xe siècle. Finalement, l'adaptation du modèle chinois et japonais de différentes périodes, proche pour ce qui concerne les sujets et un peu plus éloigné pour les représentations, par un dessinateur occidental, sans doute français, rend le recueil exceptionnel. Dos anciennement refait. Dimensions : 479 x 365 mm. Provenance : La Vallière (Cat., 1783, 2022) ; De Ganay.
30. LA FONTAINE (J. de). Fables. Paris, De l'Imprimerie de Didot l'Aîné, 1787, 6 vol. in-18, maroquin rouge à grains longs, filets droits dorés autour des plats, dos lisses ornés d'un motif doré plusieurs fois répété, chaînette dorée intérieure, tranches dorées (Rel. P. Simier). Premier tirage. Au XVIIIe les Fables ne cessèrent d'enflammer l'imagination des artistes, Rochambeau n'en dénombra pas moins d'une cinquantaine d'éditions illustrées. De ces différentes iconographies, trois dominent : celle de Jean-Baptiste Oudry, celle de l'édition communément appelée "de Fessard", la dernière, celle de Vivier (1787) interprétée par Simon et Coiny. Un frontispice et 275 figures dessinées par Vivier, "premier peintre de S.A. Monseigneur le Prince de Bourbon", gravées en taille-douce par Simon et Coiny, le graveur du Voyage à Naples et dans les deux Siciles. La finesse de taille des gravures et leur format confèrent à ces figures un aspect proche de la miniature, où le paysage domine au détriment des personnages (humains ou animaux), qui sont traités dans un format fort réduit. 41
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Publiée à la veille des bouleversements révolutionnaires, cette édition dédiée au Dauphin, fut confiée aux Didots. Ils l'imprimèrent sur papier vélin. Superbe exemplaire. Il appartient au tirage de ceux qui sont les plus recherchés et dont les figures sont avant les numéros. La reliure fut confiée à Simier qui réalise ici un travail classique et de qualité. Elle est antérieure à sa nomination en 1816 comme relieur du roi. Dimensions : 126 x 70 mm. Rochambeau, 131 (Belle édition complète des Fables) ; Cohen, I, 553 ; Gumuchian, Les Livres de l'Enfance du XVe au XIXe siècle, 3562 ; Devauchelle, La Reliure en France, II, p. 250.
31. [RESTIF DE LA BRETONNE]. Tableaux de la vie, ou les mœurs du dix-huitième siècle, avec 17 figures en taille-douce. À Neuwied sur le Rhin, chez la société typographique et à Strasbourg, cher J.-G. Truttel, s.d. [1791], 2 vol. in-18, maroquin rouge, triple filets dorés autour des plats, dos lisses ornés, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l'époque). 17 figures d'après Freudeberg et Moreau. "Les figures, qui sont toutes des réductions d'après les grandes estampes in-folio de Freudeberg et de Moreau, et dont quelques-unes sont retournées." Les textes sont bien de la main de Restif, qui s'en explique dans une lettre, datée du 12 août 1792 à Grimaud de la Reynière : "Je n'ai rien publié depuis... Cependant les Tableaux de la vie sont de moi, mais une main étrangère y a touché, les a corrigés, arrangés... en les imprimant à Neuwied." Bel exemplaire dans une reliure en maroquin rouge de l'époque. Rare dans cette condition. Dimensions : 135 x 84 mm. Rives Childs, Restif de la Bretonne, pp. 315-319 ; Colas, 1123 (Ne mentionne que 16 figures) ; Cohen, 880 (Ne cite aucun exemplaire en reliure de l'époque).
32. DIDEROT (D.). Jacques le Fataliste et son maître. Paris, Buisson, [1796], 2 vol. in-8°, veau raciné, filets dorés autour des plats, dos lisses ornés, tranches mouchetées (reliure de l'époque). Edition originale. Un des écrits les plus personnels de Diderot, publié après sa mort. Il décline, sur le mode picaresque, les aventures de Jacques et son maître, lesquels devisent ensemble tout en s'acheminant vers une destination inconnue. Le valet, fermement convaincu que tout ce qui nous arrive de bien ou de mal ici-bas est écrit là-haut, entreprend le récit de ses amours, fréquemment interrompu par les incidents de parcours, les histoires d'autrui, et l'auteur lui-même... Salué par Gœthe et Schiller, l'ouvrage bouleversa les règles traditionnelles du roman par sa liberté de ton et l'imprévisibilité du récit. Il connut de nombreuses traductions. Exemplaire de qualité. Dimensions : 197 x 120 mm. Tchemerzine, IV, 467 ; D. Adams, Bibliographie des œuvres de Denis Diderot, 1739-1910,T.II, p. 179. 42
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32 - DIDEROT (D.).
33. [BRILLAT-SAVARIN (A.)]. Physiologie du goût ou méditations de gastronomie transcendante ; ouvrage théorique, historique et à l'ordre du jour, dédié aux gastronomes parisiens, par un professeur membre de plusieurs sociétés littéraires et savantes. Paris, Sautelet et Cie, 1826, 2 vol. in-8°, veau blond raciné glacé, roulette florale et filets dorés autour des plats, dos lisses ornés, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale de l'un des chefs-d'œuvre de la littérature gastronomique mondiale, dont il n'a pas été tiré de grand papier. Publié anonymement, l'ouvrage fut diversement accueilli ; Balzac loua son style et affirma que depuis le XVIe siècle hormis La Bruyère et de La Rochefoucauld, aucun prosateur n'avait su donner à la langue française un tel relief. Toujours réédité, il suscite encore aujourd'hui de l'intérêt, Jean-François Revel imputant à son style la réussite de ce chef-d'œuvre, Roland Barthes le jugeant digne d'une lecture attentive, au-delà des “joliesses de style”. Pour lui, la langue de Brillat-Savarin est, à la lettre, gourmande : gourmande des mots qu'elle manie et des mots auxquels elle se réfère... Superbe exemplaire, du premier tirage, en pleine reliure de l'époque. Une coiffe très habilement restaurée et mors légèrement épidermés. Rare dans cette condition. Dimensions : 206 x 122 mm. Vicaire, 116 ; Carteret, I, 146 ; Oberlé, Les Fastes de Bacchus et Comus, 144 (“Rare et très recherchée”). 43
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34. FLAUBERT (G.). L'Éducation sentimentale, histoire d'un jeune homme. Paris, Michel Levy, 1870, 2 vol. in-8°, maroquin vert janséniste, dos à nerfs ornés, roulette dorée intérieure, couverture, tranches dorées sur témoins, étui (Alix). Edition originale. Dans L'Éducation sentimentale, histoire d'un jeune homme, Flaubert retrace la vie d'un étudiant en droit, Frédéric Moreau, depuis la révolution de 1848 jusqu'à l'avènement de la IIIe République, en transposant sa propre expérience. Ainsi reconnaît-on sous les traits de Mme Arnoux, celle avec qui le potache entretenait une relation étroite, Elisa Schlesinger, le grand amour d'adolescence de Flaubert. Bien que l'œuvre ait été accueillie avec peu d'enthousiasme, son influence sera considérable sur les romanciers réalistes, sur Proust et sur l'école du “Nouveau Roman”. L'un des rares exemplaires sur Hollande, seul tirage sur grand papier. On en dénombre une trentaine. Exemplaire offert par Flaubert à Cuvillier-Fleury :
Cuvillier-Fleury (1802-1887), critique et littérateur, précepteur puis secrétaire du duc d'Aumale, orléaniste passionné, entra en 1834 dans la rédaction du Journal des Débats. Fraîchement promu à l'Académie française en 1866, c'est, à la date de l'envoi, une notabilité littéraire. Il ne semble pas que les deux hommes se soient réellement connus (absence de lettres de Flaubert à Cuvillier-Fleury dans sa Correspondance, La Pléiade, 4t.) mais Cuvillier-Fleury s'est régulièrement prononcé sur les ouvrages de Flaubert dans son journal. Sans compter parmi ses détracteurs les plus acharnés, il est complètement passé à côté de l'œuvre flaubertienne, dont il déplore, dans Madame Bovary, la"crudité révoltante", de certaines scènes, et dans L'Éducation sentimentale, l'absence de sens moral (René Dumesnil, L'Education sentimentale de Gustave Flaubert, pp. 186-188). A l'égard de Salammbô, il fut plus indulgent : "La bienveillance de Cuvillier [rapportent les Goncourt] a étonné tout le monde : "Cuvillier, Cuvillier ! disait Sacy à Janin en levant les bras au ciel, Cuvillier qui est aussi classique que moi !" (Edmond et Jules Goncourt, Journal, t.2, pp. 906-907). Tous deux partageaient le même éditeur, Michel Lévy. Dans une lettre à George Sand, Flaubert évoque la préférence de ce dernier pour son confrère comme la marque d'un académisme étroit : "Je lui ai fait gagner plus d'argent que Cuvillier Fleury, n'est-ce pas ? Eh bien faites le parallèle entre nous deux et vous verrez comment vous serez reçu." (Flaubert, Correspondance, La Pléiade, t.4, p. 618). La Bibliothèque nationale garde néanmoins la trace d'un emprunt de l'écrivain de l'un des ouvrages de Cuvillier-Fleury, Portraits politiques et révolutionnaires, le 26 février 1878. Des 10 exemplaires sur grand papier avec envoi autographe, au moins trois ont été adressés à des critiques, Noël Parfait, Paul de Saint-Victor, Jules Janin..., confirmant ainsi l'idée que Flaubert recherchait le soutien des milieux littéraires. Relié sur brochure par Alix dans les années cinquante, l'exemplaire est bien complet de ses couvertures, portant comme il se doit la mention "Deuxième édition". Dos très légèrement plus clair. Dimensions : 245 x 154 mm. 44
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35. BAUDELAIRE (C.). Œuvres complètes. Paris, Michel Lévy Frères, 1868-1870, 7 vol. in-12, demi-maroquin havane à coins, dos à nerfs, couverture et dos, non rogné (Stroobants). Première édition collective. Elle comporte en édition originale : Petits Poèmes en prose, Curiosités esthétiques (sauf les deux Salons), et l'Art romantique (sauf Gautier et Wagner). L'exemplaire présente les particularité suivantes : 1 - Est relié à la fin du tome I : Compléments aux Fleurs du mal. Bruxelles, Chez tous les libraires, 1869, in-12 de 2 ff. et 36 pp. Contient les 6 pièces condamnées retirées de la première édition et qui n'avaient pas été réimprimées depuis. 2 - Les couvertures des trois premiers tomes sont datées 1869. 3 - La couverture du tome VIII est de couleur crème. Exemplaire à toutes marges, relié par Stroobants, praticien qui exerça jusque dans les années 1920. Né à Paris en 1856, il fit son apprentissage chez Vignaux et Pasquier, puis travailla chez Camus, Lenegre et Bertrand. Après s'être établi à son compte, il succéda en 1904 à Champs, dont il reprit l'atelier rue Gît-Le-Cœur. Dimensions : 184 x 114 mm. Provenance : Fougerolles. Carteret, I, p. 129 ("Il a été tiré quelques exemplaires sur Hollande") ; Clouzot, p. 28 ("Première édition collective, très importante, de plus en plus recherchée").
36. HUGO (V.). La Légende des siècles. Nouvelle série. Paris, Calmann-Lévy, 1877, 2 vol. gr. in-8°, demi-maroquin havane à coins, dos lisses ornés, couverture et dos saumon, non rogné, chemise, étui (G. Mercier, Sr de son Père, 1920). Edition originale. Formée de trois séries publiées entre 1859 et 1883, cette œuvre d'exil domine et résume toute la production poétique de l'auteur. Elle laisse transparaître non seulement son talent de poète, mais également ses convictions, ses haines et ses espoirs d'homme. Un grand nombre des poèmes de la deuxième série (1877) sont d'inspiration politique et anticléricale. L'un des 20 exemplaires sur papier de Chine. Superbe exemplaire, à toutes marges. Dimensions : 242 x 159 mm. Provenance: Louis Barthou (Cat. I, 1935, n° 583).
37. RIMBAUD (A.). Reliquaire. Poésies. Paris, L. Genonceaux, 1891, pet. in-12, demimaroquin prune à coins, dos à nerfs, couverture et dos, tête dorée, non rogné (Honnelaitre). Edition originale. Recueil de poèmes publié en 1890, un an avant la mort de Rimbaud, par l'éditeur Léon Génonceaux. Les circonstances de sa publication suscitèrent une vive polémique, qui contribua à la réputation naissante du poète. Rodolphe Darzens (1865-1939) communiqua imprudemment à 45
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l'éditeur son projet d'étude sur Rimbaud. Le dossier se composait de vers inédits et de notes, que ce dernier s'empressa aussitôt de publier. L'ensemble fut intitulé Reliquaire, du nom d'un recueil de François Coppée paru vingt-cinq ans plus tôt. En guise de préface, Léon Génonceaux reprit un article de Robert Darzens publié dans la Revue Indépendante en 1889, agrémenté de ses notes mises bout à bout. Ce dernier saisit alors le livre, qui fut condamné comme contrefaçon. Exemplaire enrichi d'un envoi autographe de Rodolphe Darzens à René Marc Ferry, critique et fondateur, en 1902, d'une revue traditionnaliste du nom de Minerva : René Marc Ferry 9bre91 Je soussigné déclare que la préface du volume qui suit est aussi authentiquement fausse que possible, à partir de la page 16, ligne 5.- et que le sieur Genonceaux est un filou. Voilà. R. Darzens. Il y désavoue clairement les 11 dernières pages de la préface, composées par l'éditeur à partir de ses notes, grossièrement remaniées. Il en fut d'autant plus mécontent que les frasques de Rimbaud ainsi rapportées ne le grandissaient pas. Joint : un article de la Revue de l'évolution, du 13 S[eptem]bre 1891, dans lequel Verlaine réagit à un article de M. le Dr Laurent, Poètes et dégénérés, dénigrant volontairement Rimbaud. Dimensions : 172 x 111 mm.
38. VALLOTON (F.). Badauderies parisiennes. Paris, H. Floury, 1896, in-4°, maroquin havane, plat supérieur orné d'un décor mosaïqué de maroquin de diverses couleurs figurant un policier en buste serti d'un branchage avec envol d'oiseaux dorés, dos à nerfs orné du même décor animalier, bordure intérieure de même maroquin avec décor identique, gardes et doublure de soie moirée prune, double couverture illustrée, tranches dorées (Meunier). Edition originale. Publiée par Octave Uzanne pour la jeune société des Bibliophiles indépendants, ce dernier présente son travail comme la première tentative d'édition de luxe faite avec le concours d'écrivains de la dernière heure. Les textes réunis sont d'auteurs souvent liés à La Revue Blanche : Paul Adam, Tristan Bernard, Léon Blum, Romain Coolus, Félix Fénéon, Gustave Kahn, Jules Renard. Premier livre où le nom de Félix Valloton apparaît en tant que graveur. 30 gravures sur bois, tirées hors-texte sur papier, 2 compositions dans le texte et une couverture. Ce sont en réalité des reproductions par gillotage, qui constituent néanmoins la plus belle illustration du peintre-graveur suisse. François Courbin compléta l'iconographie par 120 vignettes réparties dans le texte. Exemplaire relié à l'époque par Charles Meunier, qui créa pour l'occasion un décor emblématique. Édition limitée à 220 exemplaires, tous sur papier vélin et numérotés à la presse. Dimensions : 232 x 167 mm. Carteret, Le Trésor du bibliophile, IV, p. 50 ; A. Coron, Des livres rares depuis l'invention de l'imprimerie, 233. 46
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38 - VALLOTON (F.).
39. GIDE (A.). Les Nourritures terrestres. Paris, Société du Mercure de France, 1897, in-8°, maroquin bleu janséniste, dos à nerfs, doublure de maroquin tabac sertie de filets dorés, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise et étui bordés de maroquin (G. Mercier. Sr de son Père. 1921). Edition originale, dédiée à Maurice Quillot. Texte de référence pour toute une génération de lecteurs, son influence plutôt morale qu'esthétique se retrouve chez de nombreux écrivains français, de Montherlant à Camus. Écrit sur un ton poétique, Gide présente son livre comme une apologie du dénuement, insistant sur le don de soi et la nécessité de l'effort personnel. L'un des 5 premiers exemplaires sur papier du Japon, trois sont justifiés. Parfaite condition. Dimensions : 187 x 120 mm. Provenance : Raoul Simonson ; Robert Moureau. 47
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40. HUYSMANS. La Cathédrale. Paris, Stock, 1898, in-12, maroquin havane, sur le premier plat, réserve centrale en forme de vitrail ogival occupée par un damier mosaïqué de maroquin bleu, rouge, vert, brun, bordure intérieure de même maroquin, gardes de tabis havane, couverture et dos, tranches dorées sur témoins (Marius Michel). Edition originale. Avec La Cathédrale, Huysmans approfondit la quête spirituelle de son double autobiographique : Durtal. Elle évolue ici sous l'influence de la peinture religieuse et des cathédrales, dont ce livre est, à bien des égards, une sorte d'étude, au point que la cathédrale de Chartres, qui servit de modèle à l'écrivain, peut être considérée comme un personnage à part entière. Un frontispice en couleurs de Pierre Roche orné d'un lumineux vitrail sur parchemin églomisé, et un portrait inédit de l'auteur par Eugène Delâtre. Un des 10 exemplaires sur papier Chine. Reliure de Henri Marius Michel (1846-1925), qui exerça à partir de 1866. Dimensions : 179 x 116 mm. Provenance : R. Descamps Scrive (Cat. III, 1925, n° 511) ; Siklès (Cat. , 1989, n° 389).
41. TZARA (Tr.). La Première Aventure céleste de Mr Antipyrine. S.l. [Zürich], Collection Dada, 1916, in-8°, broché, couverture. Edition originale de la première publication des dadaïstes zurichois. 48
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Premier livre de Tristan Tzara. Imprimé à Zürich par Julius Heuberger, typographe attitré du mouvement, cette œuvre dramatique est le "modèle exemplaire de l'expression poétique voulue par Tzara". Elle a été représentée pour la première fois lors de la "Manifestation Dada" du 27 mars 1920 à la Maison de l'Œuvre, avec comme interprètes Philippe Soupault, Louis Aragon, André Breton, Tristan Tzara dans son propre rôle... 7 bois gravés par Marcel Janco, dont 6 hors-texte en noir et bleu. Tirage non précisé, excepté 10 hollande. Exemplaire en belle condition. Petit manque dans le coin supérieur gauche du premier plat de la couverture. Dimensions : 225 x 150 mm. Tristan Tzara, Œuvres complètes, I, p. 638 ; H. Berggruen, Bibliothèque des œuvres de Tristan Tzara, 1 ; B. Loliée, Matarasso, I, n° 644 ("Édition originale très rare") ; J. Andel, Avant-Garde Page Design, 1910-1950, 134 ; R. Castelman, A Century of Artists Books, p. 176.
42. VALÉRY (P.). Charmes. Paris, NRF, 1922, gr. in-4°, maroquin orange, plats et dos ornés d'un décor circulaire à répétition, formé de pointillés dorés ou argentés, dos lisse, doublure de vélin reprenant le décor des plats, gardes de soie moirée orange, couverture et dos, tranches dorées, boîte de maroquin havane (A. et J. Langrand, 1929). Edition en partie originale. 16 des 22 poèmes paraissent ici pour la première fois. 49
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Deuxième recueil de l'auteur, cet ensemble fut également conçu comme le dernier d'une œuvre poétique, dont Gide et Gallimard avaient, quelques années auparavant, encouragé la reprise. Il parut en 1922 à la NRF sous forme de plaquette. Le personnage de Narcisse, personnification du poète, assure la filiation avec ses précédentes pièces : La Jeune Parque (1917) et Album de vers anciens (1920)... Valéry signe ici quelques-uns de ses plus beaux poèmes, dont Le Cimetière marin, méditation sur la mer et la mort, et autres textes mêlant ses lectures présocratiques à l'influence mallarméenne... L'un des 54 exemplaires sur Hollande Van Gelder Zonen. Intéressante reliure des deux sœurs Langrand qui ont souvent œuvré ensemble. André fut directrice de l'École de l'U.C.D.A. après la guerre de 14, sa sœur, Jeanne, y enseigna mais elle doit sa réputation à la qualité de ses reliures. Dimensions : 323 x 244 mm. Karaïskasis-Chapon, Bibliographie des Œuvres de Paul Valéry, 29.
43. ÉLUARD (P.). Capitale de la douleur. Paris, NRF, [1926], in-8°, maroquin prune janséniste, dos à nerfs orné, doublures de veau vieux rose et gardes de soie tilleul, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, étui gainé de maroquin (Huser). Edition originale. L'ensemble regroupe les vers de la première période surréaliste du poète. Il se compose de quatre parties, Répétitions, Mourir de ne pas mourir, Les Petits justes et Nouveaux poèmes, dont la moitié a déjà été publiée : une première séquence, écrite en collaboration avec Max Ernst, en 1922, et une seconde, en 1924. Éluard envisageait d'intituler son recueil L'Art d'être malheureux, ce dont il n'était pas satisfait, et qu'il changea, pris d'une inspiration subite alors qu'il corrigeait les épreuves de son manuscrit, pour le titre que nous connaissons. L'un des 12 exemplaires hors-commerce sur papier de couleur réservés à l'auteur, le plus petit tirage sur grand papier. Exemplaire sur papier géranium enrichi d'un envoi autographe à Théodore Fraenkel (1896-1964) :
Premier ami de Breton, dont il fut le condisciple au lycée Chaptal vers 1911 et à la faculté de médecine. Ce dernier lui présenta Aragon et Philippe Soupault, auxquels Éluard se joignit en 1918, par l'entremise de Jean Paulhan. Il fut un compagnon de route du dadaïsme, tout en poursuivant ses études de médecine contrairement à Breton, avec lequel il rompit en 1930. Éluard a biffé à l'encre la vignette à la cocotte de la justification, emblème de Léautaud : "Ce n'est pas de moi, non Paul Éluard". 50
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Pièce jointe : manuscrit autographe signé, le seul connu, du poème Dans la Brume (p. 129 du recueil). Il contient une séquence supplémentaire au texte imprimé : "Les ombres de poussière de mes belles désolées ne sont plus désormais qu'à la merci du vent, des oiseaux solitaires prisonniers de l'air des forêts les chercheront en vain sur les feuilles d'été, sur les troncs de l'hiver" (non publié dans La Pléiade, Éluard, Œuvres complètes, T.1, pp. 92-93). Exemplaire bien complet du papillon d'errata. Dimensions : 183 x 116 mm. Provenance : Robert Moureau.
44. GOGOL (N.). Le Journal d'un fou. Paris, La Pléiade, 1927, gr. in-8°, maroquin du cap noir, plats ornés d'empreintes en relief aux contours déchiquetés avec traces de cheveux emmêlés, dos lisse orné, doublure et gardes de daim sable, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise et étui bordés de même maroquin (P.L. Martin, 1976). Traduction de B. de Schloezer et J. Schiffrin. Le Journal d'un fou appartient aux récits fantastiques du recueil Arabesques paru à SaintPétersbourg en 1835. Ils occupent une place notoire dans la littérature russe. 51
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Premier livre illustré par l'aquatinte, l'eau-forte et le burin d'Alexeieff, soit 21 gravures originales. Scénographe, costumier et cinéaste d'animation et de films publicitaires, Alexandre Alexieff (1901-1982) commença en 1926 sa carrière de graveur, en s'initiant par lui-même à la xylographie, et d'illustrateur. Il exécuta, selon cette technique, ses premiers travaux pour Le Nez de Gogol, livre qui ne sera jamais publié, puis s'essaya aux diverses techniques de la gravure. Petit à petit, se dessina chez lui l'idée du rôle de l'illustrateur. Pour l'artiste russe, l'illustration doit se libérer du texte, elle n'est pas ornementale. Il la considère comme une interprétation de la parole écrite, synthèse du texte de l'auteur, recréant ainsi une monde autonome formé des impressions que l'illustrateur ressent au cours de la lecture, les comparant ensuite à son propre univers constitué de ses souvenirs. Cette étape est précédée d'un long travail préparatoire où Alexieff effectue des recherches sur l'auteur, son époque, sa pensée et sur les critiques littéraires dont il fut l'objet. Illustrateur de renom, il exerça aussi son talent au petit écran. Son œuvre cinématographique (1933 à 1980) est liée à la recherche de procédés nouveaux, tant dans ses films dits de "spectacle", que dans ses films publicitaires. Il est l'inventeur de deux procédés : l'écran d'épingles et les totalisations animées, méthodes nouvelles d'inscription et d'animation des images. L'un des 20 premiers exemplaires sur japon impérial, contenant un premier état des gravures avec remarques sur japon mince (21 pl.) et un état définitif sur japon impérial (21 pl.). Exemplaire enrichi de 2 gravures originales refusées, tirées sur japon mince, dont une avec remarques. Edition limitée à 266 exemplaires. Première reliure à empreinte de P.-L. Martin. Elle fut suivie à partir de 1977 par toute une série de reliures dont le décor fut obtenu par estampage d'empreintes de feuilles d'arbre. On connaît du praticien une autre reliure sur cet ouvrage. Réalisée d'après une technique différente, elle fut commandée par André Paricaud. Paul Bonet s'essaya également à ce livre. Dimensions : 241 x 170 mm. Provenance : Harry Vinkenbosch. G. Bendazzi, Alexieff, Itinéraire d'un maître, 2001, pp. 98-115.
45. CENDRARS (B.). Petits contes nègres pour les enfants des blancs. Paris, Les Éditions des Portiques, 1928, in-12, broché, couverture. Edition originale. L'auteur exprime de nouveau sa fascination pour l'Afrique, après avoir publié un premier recueil de contes africains en 1921, Anthologie nègre. Ardent défenseur des arts primitifs, Blaise Cendrars fut le premier à collecter ces récits de la tradition orale auprès des missionnaires et explorateurs, pour les offrir au public. Ils connurent beaucoup de succès dans ce contexte des années folles marquées par l'exposition des Arts Décoratifs en 1925, et l'Exposition coloniale en 1931. L'auteur se plut à créer un style proche de l'oral, à faire office de griot, le conteur africain traditionnel. Il familiarisa ainsi durablement les enfants d'Europe à la culture noire et son folklore. L'un des 20 premiers exemplaires sur madagascar. Parfaite condition. Dimensions : 187 x 120 mm. 52
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46. CÉLINE (L.-F.). Voyage au bout de la nuit. Paris, Denoël et Steele, 1932, in-12, broché, couverture, chemise et étui bordés de maroquin rouge. Edition originale. Ce premier roman consacra Louis Destouches comme l'un des plus grands écrivains du siècle. Les hésitations de Gallimard furent pour Robert Denoël l'occasion inespérée de publier ce chefd'œuvre en 1932. Dans la présentation qu'il fit à la NRF de son manuscrit, il semble que Céline ait été parfaitement conscient de la valeur de son travail :”CeVoyage au bout de la nuit est un récit romancé dans une forme assez singulière et dont je ne vois pas beaucoup d'exemple dans la littérature en général. C'est ainsi. Il s'agit d'une symphonie littéraire, émotive, plutôt que d'un véritable roman." L'une de ses innovations linguistiques majeures fut l'abolition de l'apostrophe comme marque du parler populaire, lequel s'incorpore tout naturellement au récit. Du tirage sur Alfa, soit 100 exemplaires, celui-ci est un hors-commerce, portant au verso du titre la mention, imprimé spécialement pour Mme Georges Chiris. Exemplaire offert par Céline à cette dernière :
Il fut le secrétaire de cette femme très engagée, connue pour les programmes sociaux qu'elle avait créés en faveur des orphelins, des déshérités, des prisonniers et des filles-mères. Morte dans les années quarante, elle appartenait à cette célèbre famille qui a largement régné sur le marché des huiles essentielles. Dimensions : 186 x 117 mm. P. Dauphin & Fouché, Bibliographie des écrits de Louis-Ferdinand Céline, 32 A1.
47. LOUŸS (P.). Les Chansons de Bilitis. Imprimé à Mytylène [Paris], Amis de Bitilis, 1929, in-4°, maroquin fauve, plats et dos ornés d'un décor de filets horizontaux dentellés ou droits, dorés ou à froid, dos lisse, bordure intérieure de même maroquin ornée de filets dorés, doublure et gardes de soie tressée, couverture et dos, tranches dorées, chemise et étui gainés de maroquin (Creuzevault). Réalisé en 1929, alors que Barbier est à son apogée, ce livre est l'une des productions majeures des années trente. Bien que l'on ne connaisse pas avec certitude le manuscrit qui a permis d'imprimer ces 22 chansons inédites, il s'agit vraisemblablement de celui décrit sous le numéro 17 du catalogue de la vente des manuscrits de la bibliothèque de Pierre Louÿs, qui eut lieu à l'hôtel Drouot le 14 mai 1926. Il est ainsi présenté : « Les Chansons de Bilitis. Seul texte véritable et complet. Petit cah. in-12, cart. papier chagrin. Manuscrit autographe de 22 chansons de Bilitis, texte différent de la publication avec variantes pittoresques, fantaisistes et osées. » 54
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47 - LOUŸS (P.).
Illustration de Georges Barbier. Une couverture et 54 compositions érotiques ornent ce volume. Elles ont été interprétées sur bois, en couleurs et or. Exemplaire enrichi : 1 - d' une aquarelle sur peau de vélin, signée des initiales [G.B], Georges Barbier. 83 x 115 mm. "Ange portant les attributs du diable". 2 - d'une aquarelle "Femme à la lyre", cul-de-lampe de la page 40. 60 x 30 mm. 3 - d'un dessin à l'encre de Chine. "Faune à la Coupelle", cul-de-lampe de la page 36. 60 x 17 mm. 4 - d'un dessin à l'encre de Chine. "Sirène au coquillage", cul-de-lampe de la page 2. 50 x 12 mm. Édition limitée à 25 exemplaires, tous sur papier vélin. Reliure à décor néo-classique d' Henri Creuzevault (1905-1971). Dès 1928, l'atelier Creuzevault, plus particulièrement avec Henri, seul créateur des décors, est reconnu en tant qu'interprète du style Art Déco. Dimensions : 240 x 180 mm. 55
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48. MALRAUX (A.). La Condition humaine. Paris, NRF, 1933, in-4° tellière, maroquin janséniste prune, dos lisse, doublure et gardes de daim rouge serties d'un listel de box gris souris, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise et étui bordés de maroquin prune (C. et J.-P. Miguet). Edition originale. Malraux entama la rédaction de ce roman en septembre 1931, lors de son tour du monde qui l'amena à Canton, puis Shanghaï, ville choisie précisément par l'auteur pour camper son récit. Il se déroule de l’insurrection communiste de mars 1927 à son étouffement par Tchang Kaï-Chek le 12 avril de l'année suivante. Ce roman métaphysique rencontra tout de suite un large public, et reçut le prix Goncourt à sa sortie. L'un des 39 premiers exemplaires sur papier vergé pur fil Lafuma-Navarre ; celui-ci est un des 9 hors-commerce. Reliure janséniste de Colette et Jean-Pierre Miguet, parfaitement réalisée. Ils dirigèrent conjointement un atelier à Genève de 1949 à 1951, année d'ouverture de leur officine parisienne. Dimensions : 215 x 161 mm.
49. [...]. Poésie de mots inconnus. Paris, Le Degré 41, [1949], in-4° (171 x 136 mm.), de 29 ff. pliés en quatre répartis en cinq chemises portant imprimés les noms des collaborateurs représentés à l'intérieur de chacune, le tout contenu dans deux feuillets double formant chemise, eux-mêmes placés dans une couverture de parchemin illustrée [par RibemontDessaignes] avec la mise en garde Ne coupez pas mes pages, enveloppe de parchemin. 56
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La publication de Poésie de mots inconnus, l'un des plus célèbres recueils d'Iliazd, à laquelle ont participé plus de quarante poètes et artistes, rassemble, auprès de quelques inédits, une majorité de textes parus de 1910 à 1948. Ils sont l'œuvre de l'avant-garde russe, des principales figures du mouvement Dada, français ou allemand, et d'autres amitiés du Montparnasse des années 1920. Se présentant sous forme de feuillets libres, répartis en cinq chemises, le livre témoigne d' une grande invention typographique. Iliazd publia cette anthologie de la poésie phonétique authentique en réponse à l'ouvrage d'Isidore Isou, Introduction à une nouvelle poésie et à une nouvelle musique, manifeste pour une nouvelle forme de poésie. Textes d'Akinsemoyin, Albert-Birot, Arp, Artaud, Audiberti, Ball, Beaudin, Bryen, Dermée, Hausmann, Huidobro, Iliazd, Jolas, Khlebnikov, Krutchonykh, Picasso, Poplavsky, Schwitters, Seuphor, Terentiev, Tzara, ornés par Arp, Braque, Bryen, Chagall, Dominguez, Férat, Giacometti, Gleizes, Hausmann, Laurens, Léger, Magnelli, Masson, Matisse, Metzinger, Miro, Picasso, Survage, Taeuber-Arp, Tytgat, Villon, Wols, Ribemont-Dessaignes. 25 gravures originales in-texte dont 6 bois en noir et en couleurs, 6 eaux-fortes, 2 burins, 3 pointessèches, 5 lithographies dont 3 en couleurs, 2 aquatintes et une linogravue en une couleur, et une affiche typographique de Raoul Hausmann. L'un des 157 sur papier Isle-de-France à la cuve. Edition limitée à 171 exemplaires numérotés et signés par l'éditeur . Dimensions : 172 x 132 mm. The Artist and the Book, n°305 ; Iliazd, Centre Georges Pompidou, 1978, p.113 ; Cramer, Picasso, Livres illustrés, n° 54 ; Chapon, Le Peintre et le Livre, 209-211 et 293-294 ; 50 livres illustrés depuis 1947, Bibliothèque nationale, n° 7. 57
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50. CAMUS (A.). Carnets. Mai 1935 - Février 1942. Janvier 1942 - Mars 1951. Mars 1951 Décembre 1959. Paris, NRF, 1962-1964-1989, 2 vol. in-12 et un vol. in-8°, maroquin prune janséniste, dos lisses ornés, doublure et gardes de daim beige serties d'un listel prune, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise et étui bordés de maroquin prune (C. et J.-P. Miguet). Edition originale. Ces notes, rassemblées en trois volumes, parurent après la mort de Camus en 1989. Prises en marge de l'œuvre littéraire, elles couvrent la période de mai 1935 à décembre 1959, c'est-à-dire l'essentiel de sa vie d'homme et de sa carrière d'écrivain, et participent ainsi à la compréhension de sa pensée et de ses écrits. Journal intime, plan de travail ou répertoire de maximes, elles furent, malgré leur irrégularité et leur prise sur le vif, élaborées par un écrivain conscient de leur valeur pour la postérité. L'un des 90 et 72 exemplaires de tête, imprimés respectivement sur papier de Hollande van Gelder et vélin pur chiffon de Rives Arjomari-Prioux. Superbe exemplaire parfaitement relié à l'unisson par les Miguet. Dimensions : 214 x 141 mm et 195 x 120 mm. Provenance : Lattes (Cat. I , 2000, n° 52). 58