LIBRAIRIE LARDANCHET
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CINQUANTE LIVRES ET DOCUMENTS CHOISIS
20 - ROUAULT
livres ET DOCUMENTS du XXème siècle
paris 2007
1. WILDE (O.). The Sphinx. London, E. Mathews & J. Lane at the sign of the bodley head, 1894, in-4°, vélin d’éditeur décoré, non rogné. Édition originale. Dédié à son ami Marcel Schwob, ce poème entrepris dès 1874 est l’un des plus élaborés de Wilde. Un livre entièrement conçu par Charles Ricketts, qui avait précédemment collaboré à une édition de Picture of Dorian Gray en 1891 et de Poems l’année suivante. Illustrations au nombre de 10, initiales, mise en pages et dessin de la reliure sont de sa main. La couvrure a été exécutée par Leighton, Son and Hodge, dont le monogramme a été frappé sur le second plat. Exemplaire du tirage à 200 réservés à l’Angleterre. Petites traces d'usure aux ors de la reliure. Dos noirci. Édition limitée à 250 exemplaires, imprimés par Ballantyne Press. Dimensions : 215 x 170 mm. Mason, A Bibliography of Oscar Wilde, 361 ; […], The Turn of a Century, 1895-1900, Harvard University, n° 10.
2. ESTAMPE MODERNE (L'.). Paris, Masson et Piazza, 18971898-1899, 2 vol. in-folio, cartonnage d'éditeur décoré. L'une des plus importantes publications de l'Art Nouveau. Publiée mensuellement sur une période de deux ans, chaque livraison est formée de quatre estampes originales, chacune d'entre elles est précédée d'une serpente avec un texte imprimé. 100 estampes originales inédites de Mucha, Evenepœl, de Feure, Louis Rhead, Latenay, Lepère, Le Sidaner, Ibels, Burn-Jones, Grasset... Exemplaire bien complet des 4 primes, en belle condition. Dimensions : 400 x 320 mm. Ray, The art of the French illustrated book, 1700 to 1914, n° 362.
3. BONNARD (P.) & VERLAINE (P.). Parallèlement. Paris, Vollard, 1900, in-4°, maroquin gold, sur le premier plat, décor circulaire de pièces de maroquin citron et châtaigne s'inscrivant dans un réseau de filets dorés, droits ou courbes, au centre, titre de l'ouvrage, dos à nerfs soulignés d'or, caissons vierges, doublure et gardes de papier décoré sur fond or, couverture et dos, non rogné, étui (reliure étrangère de l'époque). Les débuts de l'aventure éditoriale de Vollard. 109 lithographies originales de Pierre Bonnard (1897-1947). Exemplaire sur papier de Hollande, paraphé au crayon à mine rose. D'un beau tirage, le relieur a, par bon sens, conservé les témoins. Intéressante reliure allemande de l'époque, attribuable à Else von Guaita (1875-1963). Elle fut l'amie de Van de Velde et son élève de 1907 à 1915, et suivit aussi les cours d'Otto Dorfner dans l'atelier de reliure de la Gobherzoglich Sâchischen Kunstgewerbeschule de Weimar. Else possédait quelques fers à dorer de l'architecte belge qu'elle intégra dans presque tous ses décors. Différente, cette reliure muséale tranche sur les productions hégémoniques françaises que l'on rencontre régulièrement sur cet ouvrage. Édition limitée à 200 exemplaires numérotés. Dimensions : 300 x 244 mm. [...], De Van de Velde au Bahaus, Otto-Dorfner Institut, p. 92 (pour identification du fer).
4. VALLOTON (F.) & RENARD (J.). Poil de Carotte. Paris, Flammarion, 1902, in-12, demi-maroquin bleu à coins, dos à nerfs orné, couverture et dos, tête dorée, non rogné (V. Champs). Première édition illustrée, en partie originale, de ce récit autobiographique composé de 48 chapitres. 50 dessins de Félix Valloton (1865-1925). Jules Renard admirait l'artiste, auquel il confia un jour : Vous avez une troublante manière d'être simple. Collaborant tous deux à la Revue Blanche, ils entreprirent ensemble quelques livres illustrés, La Maîtresse et Histoires naturelles en 1896, et Poil de Carotte. Celui-ci est certainement le plus abouti et le dernier d'une association à laquelle Félix Valloton ne donna pas suite, malgré la proposition de l'écrivain pour L'Ecornifleur. Sa mise en chantier fut des plus simples. Mon cher Valloton, lui écrivit le 21 juin 1902 Jules Renard, 1° Est-ce que ça vous amuserait d'illustrer – en toute liberté – Poil de Carotte (le roman), pour Flammarion ? 2° Feriez-vous ce travail pour la rentrée prochaine ? Rapidement exécutés, ces dessins donnèrent entière satisfaction à l'éditeur, comme le lui répéta l'écrivain, qui lui demanda, dans le courant du mois d'octobre, cinq dessins supplémentaires correspondant aux chapitres ajoutés. L'un des 20 premiers exemplaires sur papier japon. Victor Champs exerça à son compte à partir de 1868. Ses reliures étaient appréciées pour la qualité du corps de l'ouvrage. Il mourut en 1912. Dimensions : 181 x 115 mm.
5. DUFY (R.) & APOLLINAIRE (G.). Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée. Paris, Delplanche, 1911, in-4°, vélin blanc à la bradel, dos lisse orné du titre en long en lettres palladium, doublure, sertie d'une bande de maroquin noir ornée d'un décor végétal au palladium, et gardes de soie rouge, couverture de vélin, tranches au palladium sur témoins, étui (Noulhac). Édition originale. 39 bois originaux de Raoul Dufy. Gravés à la Villa Médicis Libri ainsi que dans son atelier rue Linné, ces emblèmes animaliers, fruits d’une étroite collaboration entre le peintre et le poète, ce dernier intervenant directement dans la composition des bois, suscitèrent les louanges d’Apollinaire. “Ces bois témoignent d’une grande sûreté de métier, ils sont traités d’une manière large où les détails qui ne sont jamais évités ne deviennent pas des minuties.” Par ce cycle iconographique empreint d’imagerie populaire, Dufy (18771953) a introduit une notion décorative dans le bois fauve. Sensible à cette suite d’images, Paul Poiret suggéra au peintre de transposer les motifs du Bestiaire pour des décors de tissus et de tentures ; il travailla également d’après cette veine pour le soyeux lyonnais Bianchini. L'un des 29 premiers exemplaires sur japon impérial, celui-ci signé par Apollinaire et Dufy. Noulhac (1866-1931) fut "un artisan" probe, d'une perfection et d'une sûreté de main remarquables, ayant au plus haut point conscience de son métier. Édition limitée à 120 exemplaires, tous numérotés.
6. DUFY (R.) & APOLLINAIRE (G.). Le Bestiaire ou Cortège d'Orphée. Paris, Delplanche, 1911, in-4°, broché, couverture de vélin. Édition originale. Suite de trente poèmes, quatrains et quintils, dont quinze avaient été publiés en juin 1908 dans La Phalange. En août 1910, Apollinaire adressa à Dufy les 15 autres. Picasso avait été pressenti par le poète pour illustrer son Bestiaire, mais ce dernier ne manifestant qu’un enthousiasme modéré dans son travail, seuls deux bois ayant été gravés (Le Poussin et L’Aigle) fin 1907, Apollinaire porta alors son choix sur Dufy. “C’est Apollinaire qui m’entraîna dans l’aventure du Bestiaire qui devait, selon lui, nous apporter gloire et richesse ! C'était en 1909” (Raoul Dufy, Plaisir du bibliophile, n° 7, 1926, propos recueillis par P. Istel). En Deplanche, ils trouvèrent l’éditeur; Gauthier-Villars, l’oncle de Willy, fut choisi comme imprimeur, le tirage se fit sous la responsabilité de l’excellent pressier Lefèvre, Dufy surveillant l’impression de la première à la dernière feuille. Le 11 mars 1911, l’ouvrage parut. Le succès escompté tarda à venir. Ne parvenant à vendre qu’une vingtaine d’exemplaires, Deplanche céda le restant au libraire antiquaire Chevrel. 39 bois originaux de Raoul Dufy. L'un des 91 exemplaires sur papier de Hollande. Signé par Apollinaire et Dufy, celui-ci est conservé dans sa condition d'origine, état rare. Édition limitée à 120 exemplaires, tous numérotés.
7. KOKOSCHKA (O.). Die Traümenden Knaben (Les Garçons rêveurs). Leipzig, Kurt Wolff, 1917, in-4° oblong broché à la chinoise, cartonnage de toile écrue, sur le premier plat vignette tirée en noir, cordons noirs de brochage. Édition originale, dédiée à Gustave Klimt. L'enfant terrible de l'intelligentsia viennoise. Oscar Kokoschka (1886-1980), formé à la Kunstgewerbeschule comme G. Klimt, son père spirituel, ne cessa de déranger, non seulement par ses peintures et ses écrits, mais aussi par son refus de respecter les convenances. Avec sa pièce, Mörder Hoffnung der Frauen (Assassin, espoir des femmes), qui fit scandale, il marqua de son empreinte l'histoire du théâtre expressionniste, comme il marqua avec son album Die Traümenden Knaben, l'histoire du livre. Die Traümenden Knaben, un livre précurseur. Publié par la Wiener Werkstätte en 1908, premier livre de Kokoschka, l'ouvrage est le récit, d'une crudité inhabituelle, de son amour pour une jeune Suédoise. Suscitant de violentes réactions à Vienne, ce livre d'enfant se vendit fort mal. Les invendus, soit la majorité du tirage (500 ex.), furent rachetés par Kurt Wolff. En 1917, il les fit relier différemment (toile écrue, cordon noir de brochage, vignette tirée en noir), avec une étiquette de justification au troisième plat de couverture. Les exemplaires dans leur première reliure sont rares. 8 lithographies en couleurs d'Oscar Kokoschka et 3 lithographies en noir (dédicace, titre et vignette). Cette suite d'images annonce l'expressionnisme, notamment "La fille Li et moi", dernière planche de l'album. Exemplaire en belle condition. Quelques petites maculatures en marge de trois feuillets. Tirage limité à 275 exemplaires numérotés, tous sur le même papier.
8. VALÉRY (P.). Le Cimetière marin. Paris, Émile Paul Frères, 1920, in-8°, maroquin bleu nuit janséniste, dos à nerfs pincés, doublure de même peau et couleur, gardes de tabis bleu, couverture et dos, tranches dorées sur témoins ([Huser]). Édition originale. Ce grand poème confirma la célébrité que le poète avait acquise avec La Jeune Parque, recueil publié en 1917. Il n'était, au départ, que la transcription spontanée d'une figure rythmique vide, ou remplie de syllabes vaines, qui l'obsédait depuis quelque temps, et qu'il exprima dans un vers décasyllabique, inusité depuis Ronsard. D'inspiration personnelle et autobiographique, le texte mêlait la contemplation méditative de la mort et du changement à des souvenirs de mer, de soleil, et d'un certain lieu sur la Méditerranée, peut-être Sète, où naquit le poète. Il fit l'objet de plusieurs éditions séparées et figura, dès 1922, dans les éditions de Charmes. L'un des 49 exemplaires sur papier vélin à la forme d'Arches, après 7 sur papier de Chine. G. Karaïskakis-F. Chapon, Bibliographie des œuvres de Paul Valéry, n° 20 ; D. Berthelot, Paul Valéry, p. 198.
9. LAURENS (H.) & RADIGUET (R.). Les Pélican. Paris, Galerie Simon, [1921], in-4°, broché, couverture. Édition originale de cette pièce en deux actes, que Radiguet écrivit à 17 ans. Elle fut représentée pour la première fois le 24 mai 1921 au Théâtre Michel à Paris, sur une mise en scène de Pierre Bertin. Premier livre illustré par le sculpteur Henri Laurens, qui réalisa pour l'occasion 7 eaux-fortes originales cubistes, dont une pour la couverture et deux à pleine page. Ces illustrations de dimensions très diverses courent à travers le texte, se mêlant à ce dernier avec harmonie. L'un des 90 exemplaires sur papier de hollande Van Gelder, signé par l'auteur et l'illustrateur. Exemplaire conservé dans une boîte-étui, signée Thérèse Treille. Tirage limité à 120 exemplaires. Dimensions : 326 x 225 mm. D.H. Kahnweiler, Centre Georges Pompidou, p. 181 ; J. Hugues, 50 ans d’édition de D. H. Kahnweiler, p. 9 ; Victoria & Albert Museum, From Manet to Hockney, 62 ; Chapon, Le Peintre et le Livre, pp. 96-97 ; Anisabelle Berès et Michel Arveiller, Henri Laurens, 1885-1954, 146.
10. VALÉRY (P.). Le Serpent. Paris, NRF, [10 février] 1922, in-8°, box noir, plats ornés d'un décor à froid de filets obliques et sinueux entrelacés, dos à nerfs orné de même, doublure de box rouge, gardes de soie moirée noire, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, étui (Semet & Plumelle). Édition originale. Pour se distraire du dur labeur de La Jeune Parque, Paul Valéry composa, à l'intention de Pierre Louÿs, Chanson d'un serpent. S'essayant au monologue burlesque, l'auteur avait volontairement exagéré les assonances et allitérations de ce court poème. Il le retravailla sérieusement par la suite, adoptant un ton différent, et sans retenir les deux premières strophes. Avec la rigueur métrique qui le caractérise, Paul Valéry joue sur la figure du serpent, figure de la tentation selon la tradition chrétienne, mais aussi, avec ses mues successives, possible symbole des différents aspects de l'existence humaine. Comme la plupart de ses pièces, Le Serpent fit l'objet d'une édition originale séparée, avant d'être réuni à un recueil. C'est ainsi qu'il parut d'abord, sous le titre d'Ébauche d'un serpent, en revue, à la NRF en juillet 1921, puis sous forme de volume, avant de figurer dans Charmes le 25 juin de l'année suivante, avec quelques légères variantes, et dans un ordre différent. En 1926, une seconde édition séparée vit le jour aux Éditions Eos. 2 bois gravés de Paul Véra. L'un des 15 exemplaires sur japon impérial, second papier après 5 vieux japon. Provenance : Bibliothèque du Dr Lucien-Graux, avec son ex-libris.
11. BOFA (G.). Synthèses littéraires et extra littéraires présentées par Roland Dorgelès. Paris, Mornay, 1923, in-8°, maroquin beige et box noir s'opposant suivant une diagonale, sur le premier plat, portions de cercles concentriques de maroquin blanc ou vert, ou palladium, titres frappés en lettres or suivant sept lignes horizontales réparties sur la surface en box, dos lisse orné du nom de l'auteur et du titre frappés au palladium, sur le deuxième plat, deux portions de cercles concentriques de même matière, doublure et gardes de papier argenté sur fond vert, tête palladium, non rogné, couverture et dos, étuiboîte (Paul Bonet, [1930]). Édition originale. Intéressante préface de Roland Dorgelès à caractère biographique. 42 bois gravés en couleurs de Gus Bofa, représentant autant de portraits d'auteurs, traités avec humour et sarcasme. Bien que non datée, cette reliure a été exécutée en 1930, Paul Bonet (18891971) l'ayant dessinée pour son propre compte. Il s'agit d'une véritable réussite. À la lecture de ses Carnets, il semble que le praticien en ait réalisé deux autres, en déclinant le même thème, dont l'une pour la bibliothèque Scherrer. Exposition : Salon des Artistes Décorateurs, 1931. Provenance : Paul Bonet.
12. CÉLINE (L.-F.). La Quinine en thérapeutique. Paris, O[scar]Doin, 1925, in-8°, broché, couverture. Édition définitive. Cette essai fait partie des écrits médicaux de Céline, qui commença ses études en octobre 1919. Défendant un médicament, en l'occurrence la quinine, cette notice serait une compilation des travaux du grand oncle Théodore, Essai sur les préparations pharmaceutiques de Quinquina. Il était d'usage pour un médecin de produire ce type de littérature pharmaceutique, afin de vivre ou de se faire une réputation. Céline l'écrivit au terme d'une année bien remplie et d'une mission médicale de plusieurs mois aux États-Unis et en Europe pour la section d'hygiène de la Société des Nations dirigée par le Dr Rajchman. Il est amusant de constater combien le futur romancier du Voyage au bout de la nuit et de Mort à crédit maîtrisait un tout autre langage, spécialisé, rationnel et codifié. Exemplaire en belle condition. Dauphin & Fouché, Bibliographie de Louis-Ferdinand Céline, 25A1 ; P. Alméras, Dictionnaire Céline, pp. 570-571 ; Céline. Romans. La Pléiade, pp. LX-LXI.
13. JOUVE (P.J.). Paulina 1880. Paris, NRF, 1925, in-4° tellière, maroquin rouge, filets à froid autour des plats, dos à nerfs orné, doublure de maroquin rouge, gardes de soie moirée rouge, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, étui (Semet & Plumelle). Édition originale de ce roman mystique teinté d'érotisme. Par lui, Jouve inaugure en 1925 son cycle romanesque, qu'il poursuivit dix années durant. Toujours poète, et récemment converti à l'Idée religieuse, qu'il développe aussi bien dans ses récits que ses recueils, Jouve est également l'un des premiers écrivains français à s'intéresser à la psychanalyse. D'où cette complexité, et peut-être ce goût de l'équivoque et de l'ambiguïté, qui caractérise Paulina, son double féminisé. Fille d'une famille de la haute bourgeoisie milanaise, celle-ci prend pour amant le comte Cantarini, marié et de vingt et un ans son aîné. À la mort de son père, elle décide d'expier cet adultère en entrant au couvent. Chassée en raison de cet érotisme trouble qui émane d'elle, elle recontacte le comte après plusieurs années de silence. Leur liaison reprenant de plus belle, Paulina tente de les en arracher par la mort, tuant le comte et manquant de se suicider, pour finalement être condamnée à une longue peine de prison. Elle achève sa vie de manière obscure et sereine, dans une ferme des environs de Florence. Jamais Paulina ne choisit clairement entre son idéal de pureté et son goût de l'amour physique. Comme l'a justement souligné René Micha, Jouve s'est plu à révéler les secrètes correspondances entre cette aspiration vers Dieu et le désir en soi : "Paulina commet le péché mais aime Dieu. Cet amour est fait de son péché, où il trouve la force." L'atmosphère de ce roman dit poétique doit beaucoup au séjour florentin de Jouve à la villa "Il Gioiollo di Galileo" en 1921, et à la découverte de la chambre bleue, qui confère à l'intrigue sa tonalité particulière. L'un des 109 exemplaires de tête de format in-4° tellière sur papier vergé pur fil Lafuma-Navarre. Condition parfaite. Joint : - le contrat d'édition de Paulina 1880 entre Pierre Jean Jouve et la Société anonyme librairie Gallimard, 1p. in-8° recto/verso, daté 4 juillet 1925, signé par les deux parties, timbré et tamponné. Il comprend 11 clauses, précisant entre autres, le délai des corrections, la somme forfaitaire par ouvrage, les modalités de paiement... Soucieux, comme la plupart de ses confrères, de s'attacher les auteurs, Gaston Gallimard fit rajouter la dernière clause par laquelle ces derniers devaient donner la préférence à sa maison pour leurs productions futures. - une lettre dactylographiée de l'éditeur, signée par ce dernier, à Pierre Jean Jouve, 1 p. datée 20.7. [19]25 à en-tête de la NRF, qui répond favorablement à la demande de précision de l'auteur sur ledit contrat, relative à ses droits. Jouve réside alors à Carona en Suisse. Bien que les Éditions de la NRF soient devenues une grande structure depuis 1921, Gaston Gallimard, on le voit, gardait l'exclusivité de la relation avec les auteurs, leur répondant toujours en personne, et quel que soit le sujet, financier, juridique, pratique... Relieurs-doreurs, Semet et Plumelle s'associèrent en 1925 et exercèrent sous cette signature jusqu'en 1955. Semet se retira à cette date, Plumelle continua seul jusqu'en 1980. Provenance : Donckier de Doncel (ex-libris), sans le contrat d’édition.
14. TANGUY (Y.) & PÉRET (B.). Dormir, dormir dans les pierres. Paris, Les Éditions Surréalistes, 1927, in-8°, broché, couverture illustrée. Édition originale. En 1947, les cinq poèmes de Dormir, dormir sous les pierres seront repris dans le recueil collectif Feu central. Ils connurent une prépublication en novembre 1926 dans la revue Cahier du Sud. Accompagnés des dessins d'Yves Tanguy l'année suivante, ils constituent, dans la forme et l'inspiration, un ouvrage typiquement surréaliste, d'autant qu'ils furent autoédités par le groupe qui venait tout juste de fonder sa propre maison d'édition. On retrouve les thèmes du sommeil et de l'inconscient, très sérieusement expérimentés en 1922 par Péret lors de ses séances d'hypnose avec Desnos et Crevel. Pour l'auteur, le livre s'inscrit dans le cadre de ses autres activités, dont la direction de La Revue Surréaliste, "la plus scandaleuse du monde", et la collaboration aux divers tracts et déclarations initiés par Breton. Pour Tanguy, en revanche, plus récemment agrégé au groupe en 1925, ce travail d'illustration fut l'occasion de faire ses preuves et de s'affranchir "des vestiges de la vieille méthode figurative". Illustration d'Yves Tanguy. 14 dessins à la finesse coupante reproduits au trait sous forme de pleine page, de bandeaux et culs-de-lampe. Il semble avoir justement interprété Péret, transposant "dans le domaine plastique, la fulgurance des images [...], germination toujours renouvelée, abolissant les barrières entre contenant et contenu, soulignant leur mutuelle puissance génératrice". L'un des 20 exemplaires sur hollande Van Gelder dont les pleines pages (couverture, page de titre et les trois hors-texte) ont été rehaussées à la gouache par Yves Tanguy. Édition limitée à 210 exemplaires, tous signés par l'auteur et l'illustrateur. Exemplaire en parfaite condition. G. Sebbag, Les Éditions Surréalistes, n° 7 ; Y. Peyré, Peinture et poésie, p. 122 ("Ce livre est une perfection...") ; Castelman, A Century of Artists Books, Museum of Modern Art, p. 179 ; Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, p. 397 ; La Révolution Surréaliste, Centre Pompidou, pp. 56-57.
15. SCHMIED (F.-L.) & HOMÈRE. L'Odyssée. Paris, La Compagnie des bibliophiles de l'Automobile-club de France, 1930-1933, 4 vol. in-4°, en ff., couverture, chemise, étui. Le plus spectaculaire des livres illustrés et conçus par F.-L. Schmied. Traduction de V. Berard. Berard écrit dans la préface : "En cette édition, qui a toutes les chances de durer et d'être renommée durant des siècles et des siècles, les quarantes années de mon travail homérique ont trouvé la plus magnifique des récompenses. " 98 compositions de F.-L. Schmied (1873-1941) dont une carte, gravées sur bois par Théo Schmied et coloriées au pochoir par Saudé. Peintre, graveur et illustrateur, François-Louis Schmied deviendra son propre éditeur ; entre 1922 et 1941, il produisit plus de 35 ouvrages, étant lui-même, tour à tour, typographe, illustrateur, maquettiste et parfois relieur. Outre ses activités dans le domaine du livre, Schmied voyagea et peignit, liant toujours cette expression à ses périples. Caractères gravés et fondus spécialement pour cette occasion par la Fonderie typographique française, parchemins fournis par Maurice Bourgoin et Bodin-Joyeux. L'un des rares exemplaires contenant : - une suite de toutes les illustrations en couleurs sur vélin fin, soit 98 planches, auxquelles s'ajoutent 5 planches d'ornements et d'initiales. Cette suite passe pour avoir été tirée à 20 épreuves. - une suite au trait de toutes les illustrations sur vélin fin, soit 98 planches, auxquelles s'ajoutent 5 planches d'ornements et d'initiales. Cette suite passe pour avoir été tirée à 15 épreuves. L'ensemble est contenu dans quatre chemises signées par F.-L. Schmied. - un bois gravé (T.I, p. 89, "Hélène") rehaussé d'or et de couleurs, signé par Schmied. - un bois gravé (T.IV, p. 29, "Les Amours d'Ares et d'Aphrodite") rehaussé d'or et de couleurs, signé par Schmied. Édition limitée à 145 exemplaires, tous sur peau de vélin. [...], Homère sur les traces d'Ulysse, Bibliothèque nationale de France, 2006, n° 29 et 30, avec portrait d'Ulysse en couverture ; [...], François-Louis Schmied, Le texte en sa splendeur, 47.
16. MARCOUSSIS (L.). Planches du Salut. Paris, J. Bucher, 1931, in-folio oblong, vélin ivoire, premier plat orné d'une grande composition de pièces de fibres de bois et de liège, parcourues de filets concentriques contournés blanc ou noir, titre de l'ouvrage mosaïqué de lettres en liège, traversé d'un filet au palladium et d'un listel de box noir, l'ensemble surmonté d'une incision contenant une pastille de veau noir, dos lisse orné en long du titre de l'ouvrage en lettres mosaïquées selon le même matériau, doublure de vélin ivoire, gardes de daim noir, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise et étui gainés de maroquin fauve (Rose Adler inv.1954-Ch. Collet Dor.1954). 13 gravures originales à l'eau-forte et au burin, dont 10 à pleine page, un bandeau, un cul-de-lampe et un frontispice portant le titre. Jeanne Bucher, comme A. Vollard et Kahnweiler, associa, à son activité de galeriste, celle d'éditrice. De 1925 à 1948, elle publia 28 ouvrages. Marcoussis, qui participa en qualité de peintre à sa première exposition en 1925, alors organisée dans la boutique prêtée par Pierre Chareau, illustra d'eaux-fortes deux ouvrages publiés chez cette dernière : en 1928, un recueil de poèmes de Tristan Tzara, Indicateur de chemins du Cœur, et l'année suivante, les Planches du Salut. Cette suite, préfacée par Tristan Tzara, est formée de 10 compositions à pleine page, chacune accompagnée d'une courte citation poétique d'un des auteurs préférés du peintre : Shakespeare, Baudelaire, Dostoïevski, Nerval, Rimbaud, Apollinaire, Jouhandeau, Hölderlin et Tzara. La publication de l'album fut l'occasion pour Jeanne Bucher de sortir de son habituelle réserve. Ainsi, dans la préface du catalogue accompagnant l'exposition consacrée à l'ouvrage, elle commente son travail de graveur : "Marcoussis que j'aime comme peintre est aussi un grand graveur... Il me semble que cet art du graveur est, par rapport à la peinture, ce que la musique de chambre est à l'orchestre, une chose absolument intime, qui révèle les tréfonds de l'homme." L'un des 60 exemplaires sur Arches; celui-ci est signé par Marcoussis. Intéressante reliure à incision de Rose Adler (1890-1959). Elle s'essaya la même année au moins à deux reprises sur cet ouvrage, dont l'une pour Madame Louise de Solvay. Aujourd'hui conservée à la Bibliothèque royale de Bruxelles, cette reliure reproduite dans La Reliure en France de Devauchelle, est d'un dessin semblable à celle que nous présentons. G. Leroux sut, quelques années plus tard, s'en souvenir, lorsqu'il dessina à son tour un décor pour cette suite, employant notamment le même type de matériaux. L'exemplaire est soigneusement monté sur onglets. Édition limitée à 77 exemplaires. Exposition : Bibliothèque nationale, Reliure originale, 1959, n° 241. Provenance : Pierre Berès, peut-être son commanditaire.
17. MARCOUSSIS (L.). Planches du Salut. Paris, J. Bucher, 1931, in-folio oblong, broché, couverture. 13 gravures originales à l'eau-forte, dont 10 à pleine page, chacune accompagnée d'une citation poétique. L'un des 60 exemplaires sur Arches ; celui-ci est signé par Marcoussis. Lafranchis, G. 67-77 ; [...], Jeanne Bucher, Une galerie d'avant-garde, Strasbourg, n° IX ; Garvey, 186.
18. CÉLINE (L.-F.). Voyage au bout de la nuit. Paris, Denoël et Steele, 1932, in-12, maroquin havane janséniste, dos à nerfs, doublure et gardes de box rouge, couverture et dos conservés, tranches dorés sur témoins, chemise et étui gainés de maroquin havane (J.-P. Miguet). Édition originale. Ce premier roman consacra Louis Destouches (1894-1961) comme l'un des plus grands écrivains du siècle. Les hésitations de Gallimard furent, pour Robert Denoël, l'occasion inespérée de publier ce chef-d'œuvre en 1932. Dans la présentation qu'il fit à la NRF de son manuscrit, il semble que Céline ait été parfaitement conscient de la valeur de son travail : "Ce Voyage au bout de la nuit est un récit romancé dans une forme assez singulière et dont je ne vois pas beaucoup d'exemples dans la littérature en général. C'est ainsi. Il s'agit d'une symphonie littéraire, émotive, plutôt que d'un véritable roman." L'une de ses innovations linguistiques majeures fut l'abolition de l'apostrophe comme marque du parler populaire, lequel s'incorpore tout naturellement au récit. L'un des 100 exemplaires sur Alfa, deuxième papier après 10 vergé d'Arches. Exemplaire parfaitement établi par J.-P. Miguet. Les Miguet dirigèrent conjointement un atelier de reliure d'art à Genève de 1949 à 1951, année où ils créèrent leur propre officine à Paris, pour se consacrer aux collectionneurs.
19. MATISSE (H.) & MALLARMÉ (S.). Poésies. Lausanne, Albert Skira, 1932, in-4°, en ff., couverture, chemise et étui. Première véritable œuvre de Matisse en tant qu'illustrateur. Matisse fut sollicité par Albert Skira, qui venait de se lancer dans le livre illustré et avait obtenu une première collaboration de Picasso sur les Métamorphoses d'Ovide. Le peintre signa un contrat d'un trentaine d'estampes, destinées à l'origine aux Amours de Psyché de La Fontaine, que l'éditeur suisse remplaça par Poésies de Stéphane Mallarmé (1842-1898) sans que la teneur du contrat en soit modifiée. S'engageant à soixante et un ans dans un domaine qu'il n'avait jamais pratiqué, Matisse (1869-1954) déploya librement son talent, remplissant les pages de ses compositions au gré de son inspiration et sans être asservi au texte. C'est ainsi que l'entendait Mallarmé, pour qui l'illustration ne devait pas être un simple ornement, et qui refusa, au nom de ce principe, les culsde-lampe, fleurons et bandeaux de Théo Van Rysselberghe prévus pour la seconde édition de Poésies chez Edmond Deman en 1899. Le livre fut exposé à la galerie Marie Harriman à New York du 3 au 10 décembre 1932, cette dernière détenant l'exclusivité de la vente de l'ouvrage aux États-Unis et aux Américains vivant hors d'Europe, et début février de l'année suivante à la galerie Pierre Colle à Paris. 29 eaux-fortes de Matisse, dont 23 à pleine page. Pour la première fois, l'artiste s'impliqua réellement dans l'élaboration d'un livre, allant jusqu'à exécuter, durant l'été et l'automne 1931, une soixantaine d'eaux-fortes pour un projet qui n'en nécessitait que la moitié. Fort de son expérience de la lithographie et de la gravure, il poursuivit, sur ce mode, ses recherches formelles et artistiques, privilégiant toujours au sujet représenté, faune, nymphe ou bateaux, l'harmonie de la composition et la pureté de l'ensemble. Sa gageure fut de créer "un trait régulier, très mince, sans hachures" qui laissait "la feuille imprimée presque aussi blanche qu'avant l'impression". L'un des 95 exemplaires sur vélin à la forme fabriqué spécialement par les papeteries d'Arches. Édition limitée à 145 exemplaires numérotés, signés par l'artiste. Claude Duthuit, Henri Matisse, n° 5 ; Chapon, Le Peintre et le livre, pp. 150152 ; Victoria & Albert Museum, From Manet to Hockney, n° 95 ; R.-F. Johnson-D. Stein, Artist's books in the Modern Era, 1870-2000, n°101 ; Marie-Anne Sarda-Vincent Lecour, Matisse et Mallarmé, pp. 28-39 (Pour une genèse très détaillée de l'ouvrage) ; Y. Peyré, Mallarmé. 1842-1898, pp. 109-116.
20. ROUAULT (G.). Cirque de l'étoile filante. Paris, Vollard, 1933, in-folio, maroquin bleu, premier plat, grand décor mosaïqué figurant une piste de cirque, second plat, en queue décor à froid surmonté d'un jeu d'étoiles, bordure intérieure décorée de même, doublure et gardes de tabis vert, couverture et dos, tranches dorées (J.-Anthoine Legrain). De Seurat à Picasso, en passant par Chagall et Léger, le cirque occupe une place de choix dans l'imaginaire des peintres. Nombreux furent les tableaux inspirés par les clowns, acrobates et danseuses du cirque Médrano, boulevard Rochechouart. À son tour, Georges Rouault s'essaya à ce sujet, et c'est au terme de longs et coûteux efforts que le Cirque de l'étoile filante vit le jour. L'ouvrage succède en effet à un premier projet avorté, Cirque, auquel Georges Rouault travailla de 1926 à 1932, fournissant à son éditeur, Ambroise Vollard, plus de 70 bois et eaux-fortes en couleurs, les uns gravés par Georges Aubert, les autres tirés par Maurice Potin. Le travail de ce dernier mécontenta l'artiste au point qu'il rompit avec lui en 1932. Mais c'est le texte d'André Suarès qui mit fin au projet, l'éditeur le jugeant trop polémique, à commencer par la diatribe sur les "yankees", qui risquait de lui aliéner sa clientèle américaine. Il fut alors question d'un autre Cirque sans le concours d'André Suarès, consensus qui permettait au peintre et à l'éditeur de ne pas complètement perdre toutes ces années de travail, les bois étant conservés. Georges Rouault se lança dans la réalisation de 17 eaux-fortes, tirées par Roger Lacourière, parfait maître-imprimeur. Il écrivit également le texte de ce nouvel ouvrage, intitulé le Cirque de l'étoile filante. 17 eaux-fortes originales en couleurs hors-texte et 82 in-texte gravés sur bois par Georges Aubert d'après Rouault. Un des 35 premiers exemplaires sur japon impérial comportant une suite en noir sur japon impérial des gravures ; celui-ci est signé par Rouault et Vollard. Jacques Anthoine Legrain succéda à Pierre Legrain en 1930, et exerça jusqu'en 1950. Il produisit des décors de haute qualité, et participa à plusieurs expositions de la Société de la Reliure Originale. Édition limitée à 280 exemplaires.
21. ROUAULT (G.). Cirque de l'étoile filante. Eaux-fortes originales et dessins gravés sur bois par Georges Rouault. Paris, Vollard, 1933, in-folio, broché, couverture. 17 eaux-fortes originales en couleurs hors-texte et 82 in-texte gravés sur bois par Georges Aubert d'après Rouault. L'un des 25 exemplaires hors-commerce sur vergé de Montval. Il est conservé dans une chemise-étui de Devauchelle. Édition limitée à 280 exemplaires. Rouault-Chapon, Œuvre gravé, Rouault, T. II, 240-246 ; Chapon, Rouault, Le livre des livres de Rouault, pp. 11-12 ; Kornfeld, Les peintres et le livre, n° 170.
22. [BONET (P.)]. Bibliothèque de Paul Bonet. Paris, Librairie Incidences, 1933, gr. in-8°, maroquin mi-noir, mi-rouge, sur le premier plat, double jeu circulaire de pointillés dorés ou au palladium, l'un serti d'un filet doré et d'un listel de maroquin alternativement rouge et noir, au centre, motifs circulaires selon les mêmes matières, réunis par un ruban sinueux de box blanc, sur le deuxième plat, partie supérieure occupée par un cercle doré, dos lisse, couverture, non rognée (Paul Bonet). Catalogue de vente de la première bibliothèque de Paul Bonet (1889-1971), établi par Pierre Berès. Préface de l'expert. Intéressante reliure muette Art-Déco de Paul Bonet. Commandée au praticien par Pierre Berès, René Desmules et André Jeanne furent chargés de son exécution, travail qu'ils achevèrent en 1934. Aucune indication de nom et de titre n'a été frappée ou mosaïquée, pratique inhabituelle chez Paul Bonet, aujourd'hui parfois reprise par certains relieurs. Unique tentative du praticien sur son catalogue, elle clôt l'une des périodes les plus recherchées de Bonet. Deux petites marques aux chasses supérieures. Exposition : Salon des Artistes Décorateurs, 1934 ; Château de Chantilly, 2003, n° 65. Provenance : Pierre Berès. [...] Paul Bonet, Carnets 1924-1971, n° 255 bis ("art déc. 1934").
23. MALRAUX (A.). La Condition humaine. Paris, NRF, 1933, in-4° tellière, maroquin rouge janséniste, dos lisse, doublure et gardes de daim rouge serties d'un listel de box gris souris, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise et étui bordés de maroquin rouge (C. et J.-P. Miguet). Édition originale. Malraux entama la rédaction de ce roman en septembre 1931, lors de son tour du monde qui l'amena à Canton, puis Shanghaï, ville choisie précisément par l'auteur pour camper son récit. Il se déroule de l'insurrection communiste de mars 1927 à son étouffement par Tchang Kaï-Chek, le 12 avril de l'année suivante. Ce roman métaphysique rencontra tout de suite un large public, et reçut le prix Goncourt à sa sortie. L'un des 39 premiers exemplaires sur papier vergé pur fil Lafuma-Navarre ; celui-ci est un des 9 hors-commerce. Reliure janséniste de Colette et Jean-Pierre Miguet, parfaitement réalisée. Ils dirigèrent conjointement un atelier à Genève de 1949 à 1951, année d'ouverture de leur officine parisienne. Michel Cazenave, En français dans le texte, 369.
24. BRASSAï. Voluptés. Paris, Paris-Publications, [circa 1934], in-4° de 40 pp., premier plat de couverture avec titre de l'ouvrage imprimé en blanc, second plat avec prix de l'ouvrage [40 francs], l'ensemble réuni par cinq anneaux d'ivoire d'origine (reliure d'éditeur). Édition originale du livre le plus rare du photographe. 38 photographies de Brassaï imprimées sur papier couché, la plupart prises dans les années 1932. Voluptés fut le second livre de Brassaï (1899-1984) après Paris de nuit. Il semble qu'il ait trouvé dans les magazines de l'époque, Allo, Détective, Paris Séduction, Lire à deux, une clientèle pour le Paris interlope et polisson dont il était devenu l'interprète. C'est d'ailleurs un directeur de revues, Vidal, patron de Paris magazine et L'Illustration qui commandita le projet. Également propriétaire d'une librairie, La Lune, ce curieux personnage était parfaitement au fait de la fascination que le "gai Paris" exerçait sur les Américains et les étrangers, et du succès international auquel le livre pouvait prétendre. Encore fallut-il trouver, à l'exemple de Paris de nuit, un écrivain de renom pour le préfacer. Pressentie, Colette refusa, jugeant le sujet trop scabreux et Vidal se tourna vers Mac Orlan. Trois ans après sa signature en août 1932, Paris intime, rebaptisé Voluptés, n'avait toujours pas vu le jour, faute de fonds suffisants. En définitive, le titre et la sélection d'images ne furent pas du fait de Brassaï, mais de l'éditeur, ce qui explique que l'artiste ait demandé sa mise au pilon et que le livre soit devenu rare. Exemplaire en très belle condition, bien complet de ses cinq anneaux d'origine.
25. BELLMER (H.). La Poupée. Paris, GLM, 1936, in-12 carré, couverture rose muette, jaquette rempliée ivoire imprimée. Édition originale française. Traduction de Robert Valençay du texte de présentation de Die Puppe, due à l'initiative de Paul Eluard, ami de la première heure de Hans Bellmer. 10 photographies originales (environ 11,7 x 7,8 cm) en noir, en épreuve aux sels d'argent de Hans Bellmer (1902-1975), montées sur papier fort de couleur jaune, et 2 dessins reproduits. L'un de 20 exemplaires sur Normandy vellum. Le tirage des photos est de qualité. Un mors de la jaquette épidermé. Édition limitée à 105 exemplaires. Provenance : collection privée. [...], Hans Bellmer, Photographe, Centre George Pompidou, pp. 1626 ; P. Dourthes, Bellmer, Le principe de perversion, pp. 25-53 ; Coron, Les Éditions GLM, n° 40.
26. ZWEIG (S.). Lettre autographe signée à Pierre Jean Jouve, [10 mai 1937], 2 p. in-16 sur papier à en-tête comportant l'adresse de l'auteur imprimée 49, Hallam Street, London W.1., Langham 3693, avec enveloppe timbrée jointe. Lettre de remerciement, probablement pour l'envoi de Matière céleste publié en 1937. Le félicitant vivement, Zweig constate : Tu es allé très loin du point où tu as commencé; la parole s'est spiritualisée, sans perdre la musique. C'est très exactement encourager Jouve dans la voie qu'il s'est tracée depuis 1924 : "d'abord obtenir une langue de poésie qui se justifiât entièrement comme un chant" et "trouver dans l'acte poétique une perspective religieuse" (R. Micha, Pierre Jean Jouve, p. 13). J'ai eu une vie compliquée et difficile les dernières années, poursuit Zweig, et je me suis retiré en moi-même. J'ai cherché le désert de pierre qui est Londres et où les livres sont les seules plantes vivantes et la musique, le vrai ciel. La lettre vient d'Angleterre, où Zweig, fuyant l'antisémitisme, réside depuis 1933. Leur amitié remonte à leur rencontre en Allemagne, en décembre 1917. La crise intérieure que traversa Jouve en 1920 entraîna le désaveu public de tous ses écrits antérieurs à 1924 ainsi que sa rupture avec Romain Rolland et le cercle de l'Abbaye, que Zweig fréquentait aussi, mais elle n'affecta pas leur amitié. La compréhension de ce dernier fut d'autant plus précieuse que Jouve fut très critiqué à cette occasion. Une lettre de remerciement de Zweig pour Vagadu en 1931 (Cat., Pierre Jean Jouve, 1959, n° 28) montre que ce n'est pas la première fois que le poète lui confie ce rôle de critique amical. Exposition : Doucet (Cat., Pierre Jean Jouve, 1959, n° 44).
27. MALRAUX (A.). L'Espoir. Paris, Gallimard, 1937, in-4°, maroquin rouge janséniste, dos lisse orné, doublure et gardes de daim rouge serties de box gris-souris, couverture et dos, tranches dorées, chemise et étui gainés de maroquin rouge (C. et J.-P. Miguet). Édition originale de ce roman-reportage, l'un des livres pivots dans l'œuvre de Malraux, couvrant la période de juillet 1936 au 20 mars 1937 pendant la guerre civile espagnole. Il restitue avec lyrisme l'explosion fraternelle de ce peuple contre la misère. Montherlant avouera que parmi tous les livres parus depuis vingt ans, c'est celui que l'on aurait voulu le plus avoir vécu et écrit. L'un des 12 exemplaires sur japon impérial. Exemplaire de qualité dans une reliure parfaitement exécutée par C. et J.-P. Miguet.
28. JOUVE (P. J.). Kyrie. Paris, G.L.M., 1938, in-8°, broché, couverture. Édition originale. Réfugié à Genève, Jouve entreprit ce recueil en 1938, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Tout en poursuivant le travail poétique initié par Sueur de sang en 1933 et Matière céleste en 1937, l'auteur fait ici acte de résistance. Inaugurant un nouveau cycle, Kyrie s'articule autour des thèmes de l'Apocalypse, de la Catastrophe et de la Liberté. Jouve exprime ainsi ses sentiments patriotiques, sans pour autant renoncer aux thèmes de la mort, de l'éros et de l'inconscient qui caractérisent son œuvre entière. 49 lettrines dessinées par Joseph Sima. L'un des rares exemplaires hors-commerce; celui-ci est sur japon, premier papier. Il est enrichi d'un envoi autographe de l'auteur à sa femme, la psychanalyste Blanche Réverchon :
Marié juste avant la guerre, Jouve rencontra sa seconde épouse au Tyrol en 1921 et la revit l'année suivante. Principale compagne de sa vie, ce docteur fort croyant était sur le point de faire paraître la première traduction en France des Trois essais sur la théorie de la sexualité de Freud. Emménageant rapidement à Paris, au 6 rue Boissonnade, le couple se maria en 1925. Blanche initia Jouve à l'orthodoxie freudienne, et le poète fut, sous sa tutelle, sujet à diverses opérations, qui lui permirent de mieux appréhender cette science. Elle contribua au renouvellement de sa poésie, qui se réclame en partie de l'inconscient, bien qu'elle préserve – contrairement aux surréalistes – une architecture. Blanche fut pour lui "celle qui l'appelle et qui le nomme", l'une des trois égéries de son œuvre poétique et peut-être la seule à pouvoir partager un compagnonnage intellectuel (comme le montre l'amitié du couple pour les de Gaulle). Elle mourut le 8 janvier 1974, et le poète lui survécut deux ans, jour pour jour. Cette troublante dédicace, qui assimile Blanche à la Vierge selon une formule liturgique bien connue, est caractéristique de la manière dont Jouve mêle le spirituel et l'érotisme, le blasphème et la vénération. Provenance : Succession Pierre Jean Jouve. F. Venaille, Pierre Jean Jouve. L'homme gravé, pp. 116-119 ; R. Micha, Pierre Jean Jouve, p. 13 ; G.L.M, Bibliothèque nationale, n° 182 (ex. de l'éditeur et de Sima).
29. MIRO (J.) & PAALEN (A.) . Sablier couché. [Paris], Éditions Sagesse, 1938, in-8°, broché par un fil rouge, couverture. Édition originale. Recueil formé de deux poèmes (Sablier couché et Mutta) d'Alice Paalen, peintre et poète, épouse de Wolfgang, édité deux ans après sa rupture avec Picasso. En 1936, elle publia aux Éditions Surréalistes À même la terre, avec Tanguy. Premier livre illustré d'une gravure en couleurs de Miro. Une eau-forte imprimée en rouge sur papier jaune découpé, contrecollée sur vergé d'Arches, signée au crayon et justifiée à 75 exemplaires. L'un des 10 premiers exemplaires (n° 9) avec l'eau-forte (1/75) et une épreuve en noir, signée au crayon et justifiée 1/10. Exemplaire de Jacqueline et André Breton, enrichi d'une épreuve d'essai en rouge sur papier jaune découpé, contrecollée, signée au crayon et justifiée "Épreuve d'essai", état non mentionné par Cramer. Au recto du feuillet de garde, un bel envoi autographe :
Alice Paalen évoque Aube Solange, alors âgée de trois ans, l'unique enfant des Breton. Exemplaire conservé dans une boîte à dos et rabats de maroquin havane. Édition limitée à 75 exemplaires, tous sur vergé des Manufactures d'Arches et signés à l'encre noire par l'auteur. Provenance : André Breton (1896-1966) : Filipacchi (Cat. I, 2004, n° 167) ; Bogousslavsky (ex-libris). P. Cramer, Joan Miro, Les livres illustrés, n° 5 ; J. Mundy, Surrealism, Desire Unbound, Tate Gallery, p. 182 ; W. Spies, La Révolution surréaliste, Centre Georges Pompidou, p. 445.
30. BELLMER (H.) & HUGNET (G.). Œillades ciselées en branche. Paris, Jeanne Bucher, 1939, in-12, broché, couverture rose recouverte d'une dentelle de papier blanc. Édition originale. Recueil de poèmes dédiés à Germaine Hugnet et à Margaret Bellmer. L'ouvrage, réalisé selon la technique de l'héliogravure coloriée à la main en plusieurs passages, reproduit avec fidélité les poèmes calligraphiés du Parisien et les dessins de Bellmer, qui a su jouer avec les espaces laissés libres par le texte. 25 compositions en couleurs de Hans Bellmer, sur le thème des métamorphoses du corps. Le trait de Bellmer n'est pas sans rappeler celui de Beardsley. L'un des 200 exemplaires sur Rives, numérotés à la main. Édition limitée à 231 exemplaires. P. Dourthes, Bellmer, le principe de perversion, pp. 88.97 ; C. DerouetN. Lehri, Jeanne Bucher, Une galerie d'avant-garde, p. 114, XXIII ("Couverture rose avec papier de boîte à dragées") ; W. Spies, La Révolution surréaliste, p. 444.
31. DELAUNAY (R.) & DELAGRAVE (A.). Clefs des pavés. Paris, s.é., 1939, in-12°, couverture de rhodoïd, premier plat transparent, second plat orange, brochage de fil de rhodoïd orange. Édition originale de ce poème d'Anatole Jakowski, publié sous le pseudonyme d'Anatole Delagrave. Anatole Jakowski, essayiste, défenseur de l'art moderne et de l'art naïf, élabora ce livre, construit autour de ses textes poétiques. Il en fit l'un des ouvrages les plus inventifs et originaux de la première moitié du XXe siècle. Illustration de Robert Delaunay (1885-1941), la plus atypique de celles qu'on lui doit. Une composition originale gravée à la pointe sèche sur le premier plat, une fluoenluminure ou collage original composé de deux éléments collés sur rhodoïd transparent et une eau-forte en bistre, La tour Eiffel, forment l'iconographie. Texte ronéotypé sur papier de différentes couleurs. Exemplaire signé par l'auteur, bien complet des trois œuvres de Robert Delaunay. Fil de rhodoïd avec manque. Sonia et Robert Delaunay, Bibliothèque nationale, 1977, n° 204 (le chiffre réel du tirage fut inférieur aux cent exemplaires annoncés à la justification – les exemplaires avec la couverture gravée et le collage original sont "très rares").
32. SAINT-EXUPÉRY (A. de). Pilote de guerre. New York, Éditions de la Maison Française, 1942, in-12, demi-maroquin prune à coins, dos lisse, couverture et dos, non rogné. Édition originale en français. Sorte d'épopée de la 2/33, escadre d'aviation dont fit partie l'auteur durant la guerre éclair, Pilote de guerre parut simultanément en anglais et en français à New York en 1942. Prépublié en anglais dans la revue Atlantic monthly en janvier, il sortit le 20 février chez Reynal et Hitchcok sous le titre de Flight to Arras, et en français, aux Éditions de la Maison Française. Contrairement à l'édition en anglais, dont l'épilogue fut, à la demande du traducteur Lewis Galantière, abrégé, l'édition en français n'a pas été retouchée. Gaston Gallimard, qui, en temps de paix, aurait certainement été le premier à l'éditer, dut le soumettre au lieutenant Heller, censeur au comité de lecture de la maison, qui autorisa sa sortie en novembre. Ce dernier fut néanmoins sévèrement tancé par ses supérieurs pour avoir laissé passer un livre qui louait entre autres les exploits d'un pilote juif, Israël, et l'ouvrage fut retiré des librairies quelques mois après, en février 1943, ce qui n'empêcha pas deux tirages clandestins, le premier à Lyon en octobre 1943, le second à Lille, début 1944. Exemplaire sur papier d'édition offert par l'auteur à Henri Laugier (18881973). Collectionneur d'art, médecin, il fut le premier directeur du CNRS, dont il prit la tête en 1939. À la fois scientifique et humaniste, il vit dans la science un remède aux guerres, et s'investit durablement dans la recherche. Parallèlement, il mena des activités politiques, collaborant à plusieurs reprises au cabinet du ministre radical Yvon Delbos, puis, durant la Seconde Guerre mondiale, s'exilant à Londres en 1940 et ralliant de Gaulle trois ans plus tard. Ce dernier le récompensa en 1946 par le poste de secrétaire général adjoint de l'ONU. Il est enrichi : - de 3 dessins autographes de Saint-Exupéry, [Alger, 1944], à l’encre, contre-collés sur le feuillet de faux-titre. Au recto, on trouve deux personnages avec calculs en marge, et au verso, des symboles de jeux de cartes et des formules arithmétiques. Mathématiques, théories nucléaires, problème de relativité et tours de passe-passe, Saint-Exupéry était également friand de ces activités en société ou entre deux missions. - d’une reproduction de la célèbre photo de Johns Philipps, le reporter du magazine américain Life, représentant Saint-Exupéry écrivant Lettre à un Américain, [29 mai 1944], noir et blanc, 110 x 135 mm. - du tampon, frappé à trois reprises, du 3e photogroup américain, dirigé par le colonel Eliott Roosevelt, neveu du président des États-Unis, auquel est incorporée la 2/33. Jouant de ses relations, Saint-Exupéry réussira à être de nouveau affecté au groupe le 5 mai 1943, malgré son âge et ses blessures. Le deuxième feuillet de garde a été amputé dans sa partie supérieure. Provenance : Henri Laugier (1888-1971) ; ex-libris non identifié dessiné par Nicolas Iatsenko, pilote de ligne russe, qui en réalisa de nombreux autres pour rendre hommage à l'œuvre de Saint-Exupéry. Album Saint-Exupéry, La Pléiade, pp. 232, 264, 265 ; E. Chadeau. SaintExupéry, pp. 373-386 ; D. Delcroix, Antoine de Saint-Exupéry. Dessins, n° 382 (dessins repr.) ; N. Iatsenko, Saint-Exupéry en URSS, dans Icare, revue de l'aviation française, n° 108, vol. VII, 1984/1 (ex-libris repr.).
33. SAINT-EXUPÉRY (A. de). Lettre à un otage. New York,
Brentano's, 1943, in-12, demi-chagrin havane à coins, plats de vélin, dos lisse, couverture et dos, tête dorée (J. Faki). Édition originale. Saint-Exupéry rédigea ce texte en août 1941, au cours de sa convalescence chez Jean Renoir, à Los Angeles. Renouant ainsi avec l'écriture, qu'il avait abandonnée depuis son débarquement à New York en décembre 1940, il retrace les récents événements de sa vie et s'inquiète du sort de son pays, auquel il reste plus que jamais attaché. Il pense surtout à son ami Léon Werth, l'"otage" en question, écrivain juif resté en France, terré dans son chalet du Jura, à Saint-Amour. La Lettre devait, à l'origine, servir de préface au manuscrit que ce dernier lui avait confié avant son départ pour les ÉtatsUnis, 33 jours. Elle parut à New York chez Brentano's en février 1943 et fut reprise dans deux revues, L'Amérique française de Montréal, sous le titre de Lettre à un ami, et L'Arche, de Jean Amrouche. Exemplaire sur papier d'édition offert par l'auteur au sergent Bonnet, le 15.07.44, [à] Alghero. Envoi particulièrement chaleureux pour cet officier-mécanicien, qui l'accompagna à plusieurs reprises à bord du P. 38 Lightening n° 80 (avion américain). Lui et Bonnet appartenaient tous deux à la 31e escadre de bombardement moyen du colonel Chassin, que Saint-Exupéry, malgré son âge et ses blessures, avait réussi à intégrer le 22 avril 1944. Peut-être l'auteur a-t-il en mémoire une panne ou un accident d'avion, duquel l'habileté de Bonnet les aurait tirés (c'est possible, au vu des nombreux problèmes techniques rencontrés par Saint-Exupéry le mois précédent : moteur en feu à gauche, panne d'inhalateur d'oxygène, panne de moteur...). Toujours est-il que son carnet de vol fait mention de deux trajets en sa compagnie. Le premier, du 4-5 juin 1944, est un aller-retour Alghero (Sardaigne)/Villacidro, le second est un "peggy back" Alghero/Villacidro/ Alger, avec deux atterrissages. De là date notre envoi, rédigé au départ ou à l'arrivée d'Alghero. Quinze jours après, au cours de sa dixième et dernière mission de reconnaissance sur la région Grenoble-Ambérieu-Annecy, l'écrivain disparaissait, dans des circonstances jamais élucidées. La page de titre est ornée d'un beau dessin à l'encre et aux crayons de couleur jaune, rouge, vert, orange. Il s'agit probablement d'un autoportrait (cf. D. Delcroix, Antoine de Saint-Exupéry. Dessins, n° 347), écharpe au vent et d'un chat, face à une hélice avec araignée suspendue, chat de dos, sur parterre fleuri, dans le désert. Particulièrement coloré, ce dessin est truffé de détails amusants. Sur chacun des plats de la reliure figure un motif : sur le premier, une croix gammée frappée à froid, sur le second, un portrait à l'encre de Léon Werth (1875-1955). Quelques passages soulignés au crayon à mine. Provenance : Bonnet. Album Saint-Exupéry, La Pléiade, pp. 232, 276 et 277 ; E. Chadeau, SaintExupéry, pp. 213-219 et 364-367 ; D. Delcroix, Antoine Saint-Exupéry. Dessins, Gallimard, p. 347 ; E. Petit, À la 31e escadre, dans Icare, revue de l'aviation française, n° 96, vol. VI, 1981.
34. PRÉVERT (J.). Paroles. Paris, Éditions du Point du Jour, 1945, in-4°, box bleu foncé, décor du premier plat, un cadre évidé avec une succession de vingt et une bandes étroites posées sur chant, sur ces bandes, jeu de lettres mosaïquées formé du titre et du nom de l'auteur, deuxième plat, même organisation du décor avec mosaïque uniquement formée de pastilles de box bleu, vert, et rouge, doublure de box bleu nuit, dos lisse, couverture et dos, tranches dorées, chemise et étui gainés de box bleu (P.-L. Martin,1979). Édition originale. Paroles marqua l'entrée en littérature de Jacques Prévert, alors âgé de 46 ans. Parmi ces nombreux poèmes, quatre avaient déjà été publiés dans des revues : "Tentative de description d'un dîner de têtes à Paris-France" dans Commerce, "La Crosse en l'air" dans Souts, petite revue subversive, "Promenade de Picasso" et "Lanterne magique de Picasso" aux Cahiers d'art. Le succès de la première édition mise en vente le 10 mai 1946 dépassa largement les espoirs de l'auteur et de l'éditeur, René Bertelé. Dès 1947, une édition augmentée de 15 textes vit le jour. L'un des 10 premiers exemplaires sur madagascar. Probablement l'une des seules reliures ajourées à effet d'optique par la lettre de P.- L. Martin (1913-1985). "... cette investigation restitue au livre sa dimension dans un espace en deça et au-delà de celui même qu'occupe sa périphérie... Elle ne nous émeut jamais autant que dans ces tentatives, parmi les dernières, où Martin engage les supports préférés de son inspiration : les lettres. Le décor se fait de plus en plus dépouillé. Les signes par excellence, où s'inscrivent, dans l'inchangeable identité de la nomination, le Mentir vrai de Aragon ou Paroles (Collection Guillaume) de Prévert, sont confrontés à des étagements de plans... Martin atteint par les seuls moyens de son art à une intuition pure de l'espace et à la naissance du concept. La reliure n'est plus la frontière imposée au lieu même de la signification, elle en désigne l'expansion sans fin" (Francois Chapon, Pierre-Lucien Martin, Wittockiana, p.15). Expositions : Relieurs contemporains (Cat., Bibliothèque nationale, 1979, n° 57); Pierre-Lucien Martin (Cat., Wittockiana, 1987, n°175). Provenance: J.P. Guillaume (Cat., 1995, n° 295) ; collection privée lyonnaise.
35. DUBUFFET (J.) & TAPIÉ (M.). Mirobolus Macadam & Cie. Hautespâtes de Jean Dubuffet par Michel Tapié. Paris, René Drouin, 1946, in-folio, broché, non rogné, couverture imprimée. Monographie de Michel Tapié. Parfait exemple de la manière dont un artiste peut orchestrer l'exposition qui lui est consacrée. Cette monographie outrepasse en effet sa fonction de catalogue d'exposition pour devenir une œuvre à part entière. Entièrement supervisée par Dubuffet (1901-1985), elle fut publiée à l'occasion de son exposition à la galerie Drouin, du 3 mai au 1er juin 1946. Mélangeant sans retenue mastic, sable, gravier, goudron, vernis, plâtre, charbon, ficelles et verre, l'artiste avait, avec Archétypes, inauguré une nouvelle manière de peindre, qu'il déclina, de mai 1945 au 1er juin 1946, en une série de figures, soixante-quinze au total. La partie sélectionnée pour le public fut baptisée Hautes Pâtes, titre ironique évoquant à la fois la gastronomie et la "mélasse" qui les composaient. Alors que régnait l'abstraction en France, les critiques et le public furent choqués par la facture des tableaux et le caractère truculent, grossier, empâté des personnages. Les plus tolérants voulurent voir en Dubuffet un farceur sans talent sérieux, tandis que la critique américaine fut des plus élogieuses. 32 reproductions photographiques des œuvres. L'un des 30 premiers exemplaires sur papier vélin d'Arches à la forme, les seuls à contenir la lithographie en trois couleurs Suite de visages bronzés tirée sur Rives, signés par l'auteur, le peintre, l'imprimeur et l'éditeur. Dans ce format, le tirage de cette planche est aujourd'hui connu à 32 exemplaires. Petits défauts à la couverture. Dimensions : 320 x 250 mm. S. Webel, Jean Dubuffet, Catalogue raisonné de l'œuvre gravé, I , p. 48 ; Dubuffet, Centre Pompidou, pp. 361-363 ; Jean Dubuffet, Prospectus et tous écrits suivants, II., pp. 63-66.
36. SAINT-JOHN PERSE. Vents. Paris, Gallimard, 1946, in-4°, box janséniste chocolat, dos lisse orné, doublure et gardes de daim havane, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise et étui gainés de box (J.-P. Miguet). Édition originale. Écrit en 1944,Vents constitue le second grand recueil du cycle américain de Saint-John Perse. Important poème consacré à un élément naturel, il fut publié à la NRF. Qu'il s'agisse des Andes, des hauts plateaux de l'Amérique du Sud ou des grands espaces du Nord..., on retrouve une palette de paysages, américains pour la plupart, ce qui traduit, après Exil, un certain "ancrage" du poète à ce continent. Depuis 1946, sa situation s'est d'ailleurs stabilisée par l’obtention d’une bourse allouée par une fondation privée de mécénat littéraire, la Bollingen Foundation de New York. L’un des 15 premiers exemplaires sur papier de Chine ; celui-ci est l’un des 5 hors-commerce. Provenance : Bibliothèque Fred Feinsilber (ex-libris).
37. MATISSE (H.) & [ALCAFORADO (M.)]. Lettres portugaises. Paris, Tériade, 1946, in-4°, en ff. couverture rempliée, chemise, étui. Publié pour la première fois en 1699, ce texte célèbre, anciennement attribué à Mariana Alcoforado, a été récemment restitué à l'écrivain français Guilleragues. Un livre entièrement conçu par son illustrateur, le peintre Henri Matisse, la mise en pages et les images sont de sa main. Le cycle iconographique est formé de 20 lithographies originales à pleine page, dont 19 sur le thème du visage, ici inspiré par celui d'un jeune modèle russe de 14 ans, Doucia, de cinq titres décorés, cinq départs de chapitres, deux compositions de couverture, 75 lettres ornées et décorations. L'un des 80 premiers exemplaires, comportant une suite de 12 planches d'étude, soit 12 lithographies originales. Tirage limité à 270 exemplaires, tous sur vélin d'Arches et signés par l'artiste. Duthuit, Henri Matisse, Catalogue raisonné des ouvrages illustrés, n° 15.
38. DUCHAMP (M.) . Le Surréalisme en 1947. [Paris], Maeght, [1947], in-4° carré, broché, couverture rempliée, chemise avec objet, étui avec étiquette “Prière de toucher”. Édition originale. Catalogue publié à l’occasion de l’Exposition internationale du Surréalisme présentée par André Breton et Marcel Duchamp. Textes d’Alexandrian, Bataille, Bellmer, Bonnefoy, Bousquet, Breton, Lebel, Mabille, Nadeau, Pastoureau, Péret, Seigle, Tarnaud et des groupes surréalistes anglais et roumains. 25 illustrations originales. 5 lithographies en couleurs de Brauner, Ernst, Lam et Miró, 5 eaux-fortes de Bellmer, Marcel Jean, Maria, Tanguy et Dorothée Tanning, 2 bois d’Arp, 12 lithographies en noir de Brignoni, Calder, Capacci, van Damme, de Diego, Donati, Hare, Jacqueline Lamba, Matta, Kay Sage, Tanguy et Toyen. Un 25e hors-texte original, lithographie originale en couleurs de Man Ray, non annoncée à la justification, est placé à la suite de la page 106. Exemplaire numéroté en chiffres arabes, en belle condition. L’objet original de Marcel Duchamp est bien conservé, ce qui est rare. […], De l’écriture à la peinture, Fondation Maeght, p. 201 (“Couverture originale de Marcel Duchamp en collaboration avec Enrico Donati”) ; Victoria & Albert Museum, From Manet to Hockney, 115 ; D. Ades - V. Gille, Surrealism desire unbound, Tate Gallery, p. 271.
39. CAMUS (A.). La Peste. Paris, NRF, 1947, in-12, maroquin havane janséniste, dos à nerfs, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, étui (E. & A. Maylander). Édition originale. Fruit de cinq années de labeur partagées entre le journalisme, la lecture des manuscrits de la NRF et la création littéraire, le roman parut chez Gallimard en 1947. Il inaugure le deuxième cycle de l'œuvre camusienne, celui de la révolte, et relate, à la manière d'une chronique, les ravages d'une épidémie de peste dans la ville d'Oran. Ce fut le premier grand succès de l'auteur, qui se vit récompensé par le Prix des Critiques, et connut de nombreuses réimpressions dont la première, au nombre de 22 000 exemplaires, dix jours seulement après le premier tirage. L'un des 35 sur vélin de Hollande. Superbe exemplaire. Provenance : Peraya (Cat., 1992, n° 281).
40. PRINNER (A.). Le Livre des morts des anciens Égyptiens. Paris, R. J. Godet, 1948, in-folio, en ff., couverture rempliée. Selon la tradition, Le Livre des morts accueillerait l'ensemble des formules magiques éditées par le dieu Thot pour accompagner le défunt dans son voyage dans l'au-delà. Le texte fut établi d'après la traduction de Perrin d'un manuscrit de la XVIIIe dynastie conservé au Museo Egizio de Turin. C'est sans difficulté que Robert Jean Godet, éditeur de livres illustrés, mais aussi aventurier-voyageur, judoka et grand initiateur en France du bouddhisme et de l'hindouisme, convainquit Prinner (1902-1983) de s'atteler à une nouvelle édition de ce livre ésotérique, qui parut en 1948. Un livre entièrement gravé, texte et images, par Anton Prinner. Réalisées dans l'atelier de Georges Leblanc, ces 67 gravures en taille-douce sont d'une qualité exceptionnelle. Pierre Loeb les exposa dans sa galerie en novembre 1948, avec les bas-reliefs, en pierre et en marbre, de l'artiste. Il s'agit là d'une œuvre majeure, où s'exprime pleinement le goût de Prinner pour l'égyptologie, l'occulte et les sciences secrètes ; ici, sept femmes levant les bras devant un cercueil forment le signe de l'Oméga, symbole de la fin de toute chose ; là, un cercle de crocodiles se mordant la queue renvoie à la figure de Ouroboros, symbole de l'infini... Exemplaire sur Rives royal à la main, dont les 34 illustrations ont été ici justifiées (141/200) et signées par Prinner. La justification porte les deux signatures requises, celle de Godet est de la main de Prinner. Il est conservé dans une boîte à rabats de maroquin de Devauchelle. Édition limitée à 218 exemplaires, tous signés par l'artiste et l'éditeur. Anton Prinner, Panamusées, Cahiers de l' Abbaye de Sainte-Croix, n° 107, pp. 25-42.
41. DUBUFFET (J.). Ler dla Canpane. Paris, L'Art Brut, 1948,
in-12, agrafes, couverture. Ler dla canpane apparaît comme le premier véritable livre de Dubuffet, si l'on excepte les livres de Pierre Seghers, Paul Eluard et André Frénaud, lesquels sont seulement accompagnés d'une ou deux lithographies extraites de l'album Matière et Mémoire. Le texte, dont l'orthographe phonétique est propre au peintre, est reproduit au stencil sur papier journal. Six gravures sur fond de boîte de camembert ou sur linoléum tirées en noir, l'accompagnent. La publication d'un tel livre marque une rupture dans l'édition, quelque peu traditionnelle, des livres illustrés de cette époque. C'est l'un des premiers livres de l'Art brut. Bien que le tirage soit non annoncé, il serait de 165 exemplaires, tous sur papier journal. La fragile couverture est ici bien conservée. Noël Arnaud, Jean Dubuffet : gravures et lithographies, n° 96-105 ; Jean Dubuffet, Prospectus et tous écrits suivants, I, pp. 475-478 ; Antoine Coron, 50 livre illustrés depuis 1947, n° 6 ; Castleman, A Century of artists books, p. 46.
42. DUBUFFET (J.) & PAULHAN (J.). La Métromanie ou les dessous de la capitale. Paris, E. et J. Desjoberts, 1949, in-8°, cartonnage en toile bleue, sur le premier plat titre de l'ouvrage en lettres dorées, dos lisse, non rogné (Cartonnage d'éditeur). Édition originale. Le texte et les 59 illustrations de Dubuffet (1901-1985) ont été tracés au roseau taillé à l'encre lithographique sur du papier report, puis reportés sur pierre. De septembre à décembre 1949, Dubuffet réalisa des dessins sur le thème du métro pour accompagner le texte de Paulhan (1884-1968), La Métromanie ou les dessous de la capitale, inspiré des gouaches réalisées par le peintre en 1943. Envoûté par l'atmosphère du métro parisien, il élabora cette série d'illustrations avec un regard différent et neuf : "Je travaille assidûment à calligraphier entièrement et orner le texte de Jean Paulhan sur le métro... Ces dessins m'intéressent beaucoup et je les fais avec grand entrain... Je rôde souvent dans le métro avec grand enchantement. Quel lieu étrange." (Lettre à J. Berne, 6 nov. [1949]. Notes P II, p. 434). Le livre sera présenté à la galerie Nina Dausset, du 4 au 24 février 1950. L'un des 125 exemplaires sur papier de chiffon gris souris. Exemplaire en belle édition conservée dans une boîte à dos de buffle d'Alain Devauchelle. Édition limitée à 150 exemplaires. Provenance : collection lyonnaise. Webel, L'œuvre gravé et les livres illustrés par Jean Dubuffet, I, 64 à 76.
43. DUBUFFET (J.) & GUILLEVIC (E.). Les Murs. Paris, Les Éditions du Livre, 1950, in-folio, en ff., couverture, chemise, étui. Édition originale. 15 lithographies de Jean Dubuffet tirées à pleine page en noir, dont une en regard du titre. « De septembre 1944 à mars 1945, Jean Dubuffet est chez Mourlot à l'école de la lithographie. Pour en apprendre les secrets et non pas, comme certains peintres de cette époque, pour seulement contrôler le travail du praticien. Ce stage produisit deux éditions : Matière et Mémoire, qui est un album précédé d'une longue préface de Francis Ponge, et Les Murs. (…) Réalisé sous l'étroite direction du peintre, mais publié par Mourlot, Les Murs paraît l'une des publications les plus sages de Dubuffet. Cependant l'emploi d'un caractère de titre ou d'affiches aux noirs profonds suffirait à singulariser ce livre dans la production de cette époque. Dessinées de janvier à mars 1945, ses lithographies s'éloignent de la représentation humaine pour s'intéresser aux traces laissées par l'occupant des villes sur les surfaces qui l'abritent, l'excluent ou l'enferment. » Exemplaire provenant de la bibliothèque de G. Limbour, non numéroté, il est imprimé sur Montval. Édition limitée à 172 exemplaires. Provenance : Bibliothèque de G. Limbour (1900-1970), avec attestation d'un de ses descendants.
44. PRÉVERT (J.). Spectacle. [Paris], Le Point du jour, 1951, in-8° carré, broché, couverture. Édition originale. À l'occasion de ce second recueil, Jacques Prévert présenta une soixantaine de textes, dont une vingtaine écrits exprès, les autres ayant été collectés avec le précieux concours de René Bertelé dans divers revues et catalogues d'expositions, films et chansons. Il en résulta un curieux mélange, étonnamment varié, de sketches, saynètes, ballets, tableaux vivants, documentaires... que Prévert organisa en spectacle, poussant la vraisemblance jusqu'à insérer un programme, un intermède et un entracte à l'ensemble des pièces. Ainsi assimilée à la représentation, la lecture poétique devenait une véritable fête, susceptible de réjouir l'œil et l'oreille. L'un des 35 premiers exemplaires sur madagascar. Exemplaire conservé dans une chemise-étui de Thérèse Treille, non signée. Jacques Prévert, Œuvres complètes, La Pléiade, pp. 1117-1178.
45. DERAIN (A.) & PETRONIUS ARBITER (T.). Le Satyricon. Paris, Aux dépens d'un Amateur, 1951, in-folio, maroquin noir, sur les plats, mosaïque de veau noir et ocre, dessinant sur le plat supérieur un visage de satyre stylisé, dos lisse orné en long du titre à la japonaise, doublure et gardes de daim noir, tranches dorées sur témoins, couverture, chemise et étui (Creuzevault). Le Satyricon, roman « picaresque » voire licencieux de l'époque de Néron, nous est parvenu incomplet. C'est une peinture de la vie en Italie, à travers les aventures d'un jeune libertin, Encolpe. Les épisodes les plus célèbres sont l'histoire de la Matrone d'Ephèse, plus tard imitée par La Fontaine, et le Festin de Trimalcion, où l'auteur décrit le faste romain. Publié par Daniel Sickles et René Bas, l'ouvrage est orné de 33 burins originaux d'André Derain (1880-1954). Gravés dès 1934 sur la suggestion d'Ambroise Vollard, ils ne furent tirés qu'en 1951, sous la direction du peintre. 43 bois d'ornements interprétés par Paul Baudier d'après les dessins de Derain, complètent l'iconographie. Tirage limité à 326 exemplaires, tous sur vélin d'Arches. L'un des 33 premiers exemplaires, contenant : - 2 dessins originaux à la plume et encre de Chine, dont l'un représente un ornement. - u ne suite complète de 36 burins, dont 3 inutilisés, sur vergé Ancien. - u ne suite complète des burins sur vélin Richard de Bas (ici Auvergne). - une suite en noir des ornements gravés sur bois, tirée sur Malacca teinté. - une suite en gris des ornements sur Malacca blanc. L'exemplaire a été enrichi : - d'un dessin original en sanguine signé par Derain. "Femme de dos". 440 x 325 mm. - d 'un dessin original à l'encre noire, non signé. "Femme agenouillée". - d'une suite sur Malacca de 8 bois dessinés par Derain, non utilisés. Sur le thème du "satyre", décor conçu dans les années 50 par Creuzevault (1901-1971), nous avons localisé 4 autres reliures ainsi ornées, avec quelques variantes : - a u Victoria and Albert Museum. Elle est citée par Colette Creuzevault. - en France, dans une collection privée. - à la Sutton Place Foundation. - a u Musée des Arts décoratifs de Bordeaux, qui organisa une exposition consacrée au praticien, également mentionnée par Colette Creuzevault. Provenance : collection particulière.
46. STAËL (N.) & CHAR (R.). Poèmes. Paris, Aux Dépens de l'artiste, 1952, in-folio, en ff., couverture rempliée en gouttière, chemise, étui noirci et aux reliefs frottés d'agathe. L'un des rares livres entièrement assumé par son illustrateur, Nicolas de Staël, papier, caractères, illustrations, chemise et étui, relevant tous de son propre choix. Conception et réalisation s'écoulèrent de juin à novembre 1951. 14 bois originaux à pleine page et une lithographie originale en couleurs pour la chemise. Pour ce premier livre illustré, Nicolas de Staël réalisa ses bois, sans connaître les textes qui les accompagneraient. Char, en voyant les gravures, associa à chacune d'elles une pièce de son recueil Poème pulvérisé, qui avait déjà fait l'objet d'une publication, ne sacrifiant ainsi en rien à son habitude qui consistait, pour ses grands livres illustrés, à les constituer de poèmes anciens, qu'il modifiait ou qu'il assemblait différemment. L'ouvrage, construit sur l'opposition noir-blanc, que l'on retrouve non seulement dans les bois, mais aussi dans l'architecture du livre, où illustration et texte ne sont jamais face à face, semble être unanimement apprécié. L'un des 15 premiers exemplaires sur grand vélin d'Arches comportant une double suite des bois sur japon ancien et sur vélin J. Green & Son. Tirage limité à 120 exemplaires, tous sur vélin d'Arches, signés par l'auteur et l'artiste. Dimensions : 367 x 285 mm.
47. DE CARAVA (R.) & HUGUES (L.). The Sweet Flypaper of Life. New York, Simon and Schuster, 1955, in-8°, cartonnage à dos de toile blanche avec titre en long, jaquette illustrée et imprimée à rabats (cartonnage d'éditeur). Édition originale. Texte de Langston Hugues (1902-1967), grand poète, prosateur et dramaturge noir, principal artisan de la " Harlem Renaissance ", c’est-à-dire du renouveau des lettres noires dans les années 20 à New York. Partant des images du photographe Roy de Cavara, il rédigea une histoire purement fictive et s'occupa également de la mise en pages. En rupture avec les traditionnels reportages photographiques des années 30, ce mélange de faits (photographie) et de fiction (texte) relève plutôt du beeldroman, roman-photo hollandais. Telle une enseigne de ce nouveau rapport entre texte et photographie, l'étonnante couverture présente une image et les premières lignes du récit, qui se poursuit page 3. Cette fiction-reportage obtint un grand succès, les deux auteurs ayant délibérément choisi de montrer les aspects positifs du style de vie de leurs congénères, saisis dans leur vie de famille, leurs moments d'intimité et de partage : "We’ve had so many books about how bad life is ", dit Langston Hugues, " Maybe it’s time to have one showing how good it is." 141 photographies en noir et blanc de Roy De Carava (1919 - ). Il fut le premier photographe américain noir à recevoir le Guggenheim Fellowship en 1953, pour ces travaux sur Harlem. Avec ceux consacrés au jazz, ils constituent son œuvre majeure. Un des rares exemplaires en cartonnage d’éditeur, avec sa jaquette illustrée, ici en superbe condition.
48. PRÉVERT (J.). La Pluie & le beau temps. [Paris], NRF/Le Point du jour, 1955, in-8° carré, broché, couverture. Édition originale. Troisième recueil de Prévert parrainé par René Bertelé (1908-1973), éditeur ami, mais aussi critique littéraire et critique d'art. L'ouvrage est à la double enseigne de la NRF et du Point du jour, du nom des éditions créées par René Bertelé, qui, menacé de faillite, se fit racheter par Gallimard où il put, en toute liberté, poursuivre son activité éditoriale en tant que directeur de collection. Fidèle à celui qui l'avait "découvert", Prévert lui remit ce recueil de vers libres et de poèmes en prose empreint de cet anarchisme rêveur mais fermement opposé à toute autorité, qu'elle soit religieuse, civile ou militaire, et de cet esprit libertaire qui le caractérisent. Exemplaire enrichi d’un envoi autographe de l’auteur à Jean Dubuffet (19011985) et à sa compagne Émilie Carlu dite Lili, rencontrée en 1934 dans un café de Montparnasse. Tous deux côtoyèrent les mêmes cercles, dont le fameux collège de Pataphysique, société canularesque et littéraire réunissant de nombreuses personnalités : Michaux, Boris Vian… Fondée en 1948, elle perpétuait l’esprit du docteur Faustroll, éminent représentant de la Pataphysique, cette science aux solutions imaginaires inventée par Alfred Jarry. On ne leur connaît pas de projet commun, même si en 1946, René Bertelé pensa à Dubuffet pour illustrer la couverture de Paroles, réédité dans le cadre de sa collection Calligraphe, mêlant poètes et peintres contemporains. L'artiste accompagna finalement de ses dessins les poèmes d'un autre, Eugène Guillevic, dont il s'était déjà inspiré. Il goûtait néanmoins beaucoup le poète – trop même, au gré de la riche mécène américaine Edith Boissonnas, admiratrice inconditionnelle de Michaux (lettre à Jean Paulhan du vendredi 29 août 1947). Exemplaire conservé dans une chemise-étui décorée, signée Thérèse Treille.
49. SARTRE (J.-P.). Les Mots. Paris, NRF, 1964, in-12, broché, couverture. Édition originale. Auteur de la maison Gallimard et rédacteur en chef des Temps modernes, Sartre fit naturellement paraître son texte en novembre-décembre 1963 dans "sa" revue, avant qu'il ne soit publié par la NRF au début de l'année suivante. Paradoxale, cette œuvre est, de l'aveu de Sartre, "un adieu à la littérature", mais aussi un hommage. L'écrivain rapporte, dès la petite enfance, son amour des livres, mais crûment, avec ironie, ce qui contribua beaucoup à renouveler le genre autobiographique modelé par Rousseau et Chateaubriand. Autoportrait d'écrivain, Les Mots influencèrent plus d'un auteur, dont Nathalie Sarraute. L'un des 45 exemplaires sur vélin de Hollande van Gelder, second papier.
50. SAINT-JOHN PERSE. Lettre autographe signée à Pierre Jean Jouve, datée "La Polynésie" Giens (VAR) 20 oct. [19]59, 2 p. in-4°. Touchante lettre de Saint-John Perse fixant un rendez-vous à Pierre Jean Jouve. De retour en France après dix-sept années d'absence, il lui écrit de la presqu'île de Giens, où il réside depuis 1957, ce qui explique l'éloignement auquel il fait allusion... Je ne romps pas sans émotion ce silence de vingt ans que j'ai laissé croître en moi comme un mal. Il cite une occasion manquée, faute d'avoir eu son numéro de téléphone : Traversant très hâtivement Paris il y a un an, j'avais à cœur d'arriver jusqu'à vous sans vouloir vous surprendre. Prochainement de retour entre le 5 et 12 novembre, il espère pouvoir le rencontrer avant son départ (probablement pour l'Argentine) par l'avion d'Amérique : Le peu de jours dont je dispose seront consacrés surtout à des soucis de famille mais je tenterai de vous atteindre. La suite est un rare témoignage d'estime. Saint-John Perse trouve, pour dire son amitié, des accents profonds et touchants : Mon cher Jouve, c'est une chose assez étrange que cette confiance si longtemps faite à votre clairvoyance, et cette certitude en moi que vous ne pouviez vous méprendre sur mon mutisme. Je n'ai connu de vous qu'élégance et générosité littéraire. Et je n'ai même pas su vous remercier de la confiance que vous vouliez bien me garder. J'irai simplement à vous, cher ami, et serai heureux de retrouver votre regard entrevu au début de la guerre. On sait que Jouve fut très ému par cette reprise de contact et y répondit favorablement dès le lendemain. Sa lettre, datée du 21 octobre 1959, est conservée à la Fondation Saint-John Perse, avec une dizaine d'autres, dont un télégramme de 1959, dans lequel il remercie son aîné pour ce "signe admirable". S'agit-il de l'exemplaire d'Exil, recueil poétique de Saint-John Perse regroupant des poèmes écrits entre 1941 et 1945, et envoyé la même année ? Toujours est-il que Jouve consacra un texte au poète, L'Exil de Saint-John Perse, publié par les Cahiers de la Pléiade (L'Herne, Pierre Jean Jouve, pp. 133-135). Aucune lettre de la Fondation ne nous dit si la rencontre souhaitée en 1959 eut lieu, mais il reste évident que les deux poètes s'estimaient beaucoup, partageant une même communauté d'inspiration et un même désir de trouver l'unité entre le spirituel et le sensible. À noter que parmi les trois adresses de Saint-John Perse reportées par Jouve dans son carnet, celle de "La Polynésie" est bien mentionnée.
51. GIACOMETTI (A.) - LEIRIS (M.). Vivantes cendres innommées. Paris, J. Hugues, 1961, in-4°, en ff., chemise rempliée, étui. Édition originale. Michel Leiris (1901-1990) revint, par ces courts poèmes, sur sa tentative de suicide aux barbituriques en 1957. Resté deux jours et demi dans le coma, l'écrivain s'en sortit avec une cicatrice au cou, laissée par la trachéotomie qu'il avait dû subir à l'hôpital. Se scrutant lui-même, il poursuit ici son immense œuvre autobiographique où, de L'Afrique fantôme à La Règle du jeu, le sujet se dévoile sans la moindre complaisance. Rédigés peu après, ces vers disent crûment toute l'horreur du drame, mieux, peut-être, que son roman Fibrilles, publié en 1966. 13 eaux-fortes de Giacometti (1901-1966). L'artiste mit son talent au service d'un vieil ami, en rapportant cette expérience de l'intérieur, par un trait incisif et nerveux, d'une grande intensité expressive. Les figures de Michel Leiris, les vues du bureau, la figure d'Anubis : tout semble retranscrit sur le mode hallucinatoire. Exemplaire de Louis Barnier, l'imprimeur, accompagné, comme les 30 premiers, d'une suite de 6 gravures non retenues pour l'illustration, justifiées et signées par l'artiste. Sur la page de faux-titre, envoi autographe de l'artiste et de l'auteur à l'imprimeur : À Louis Barnier, À Louis Barnier que j'espère connaître qui a trouvé ou trouvera bientôt, nous travaillons ensemble ! ici une allusion (entre autres présomptueuse) au polyèdre très amicalement pataphysique. Alberto Giacometti Bien cordialement Paris, le 28 avril 1961 Michel Leiris 13 avril 1961 Michel Leiris fait allusion au Collège de Pataphysique, fondé en mémoire d'Alfred Jarry, dont Louis Barnier était le "maître imprimeur, provéditeur, inquisiteur général". Édition limitée à 100 exemplaires, tous sur papier vélin de Rives, signés par le poète et l'artiste et justifiés à la main par l'éditeur. Lust, n° 108-126 ; Bulletin du bibliophile, III, 1974, p. 277, n° 296 ; Bibliothèque nationale, 50 livres illustrés depuis 1947, n° 27; Galerie Engelberts, Alberto Giacometti, n° 67 ; Fondation Maeght, De l'écriture à la peinture, n° 86 ; R.-F. Johnson-D. Stein, Artist's Books in the Modern Era, 1870-2000, p. 225.
52. BERTINI (G.) & LAMBERT (J.-C.). Les Folies françaises
d'après « Elle ». Paris, 1964-1966, in-folio, moulages de plexiglass peint par Gianni Bertini, incrusté dans les plats, dans le premier, un système électronique permettant un éclairage scintillant, dos de veau jaune portant le titre en grandes lettres vertes, doublure et gardes de croûte de daim vert, couverture, emboîtage (Gianni Bertini-Loutrel, 1973). Livre culte, "sans doute le plus beau livre illustré français de grand luxe qui soit intégralement caractéristique de cette époque" (J. Espagnon-P. Le Bret, Des livres, Une histoire des années 60, 1993). Texte au pochoir de couleurs, illustré de 20 empreintes en couleurs de Gianni Bertini, dont 5 plastifiées de vinyle coloré. L'un des 2 exemplaires hors-commerce, réservés à l'auteur. Signé par Lambert et Bertini, il est enrichi : - d e 4 empreintes originales gouachées, dont trois signées par Bertini - de 4 empreintes signées portant au dos la mention "Epreuve unique", dont une retenue pour le livre et deux en sens inverse - d'un feuillet calligraphié Intelligemment établi par Loutrel, l'exemplaire est muni du système de lumières scintillantes voulu par l'artiste. Il est d'avis unanime que les montages du praticien Loutrel ont été mieux conçus que les premiers réalisés par Mercher. Édition limitée à 8 exemplaires, tous tirés à la main.
53. JOUVE (P. J.). Poésie. Diadème. Ode. Langue. Paris, Mercure de France, 1966, in-12, broché, couverture. Publié en 1966, ce recueil regroupe trois ensembles parus séparément : Diadème et Ode, en 1949 et 1950 aux Éditions de Minuit, Langue, en 1952 sous forme d'édition originale illustrée, puis au Mercure de France en 1954. Jouve les intégra par la suite au troisième tome de l'édition définitive de son œuvre poétique, qui en comprenait quatre. Publiée de 1964 à 1967 au Mercure de France, elle succédait à la complète publication de ses romans, de 1959 à 1963 chez le même éditeur. On retiendra que ces poèmes faisaient partie de ceux que Jouve entendait léguer à la postérité. Il n'a, en effet, pas hésité à retrancher certains écrits de l'édition définitive de son œuvre poétique, d'autres ayant été reniés de bonne heure, car antérieurs à 1924, une période dans laquelle il ne se reconnaissait pas. Exemplaire offert par l'auteur à Saint-John Perse (1887-1975). Hommage à un "grand poète", couronné du prix Nobel en 1960, de la part d'une autre sommité dans le domaine de la poésie. À cette date, Pierre Jean Jouve a reçu la Médaille d'or de la Société Dante Alighieri, le Grand Prix National des Lettres, le Grand Prix de Poésie de l'Académie Française et a été nommé docteur honoris causa de l'Université de Bâle. Saint-John Perse reste l'un des rares poètes contemporains qu'admira Pierre Jean Jouve, plutôt tourné vers Mallarmé, Nerval et Baudelaire. On a gardé des traces de leur estime mutuelle : lettres échangées, exemplaires avec envoi autographe, ainsi qu'un hommage de Pierre Jean Jouve à Saint-John Perse dans les Cahiers de la Pléiade (cf. L'Herne, Pierre Jean Jouve, pp. 133-135).
54. TOMATSU (S.). Nagasaki. 11. 02 Tokyo, Shashindojinsha, 1966, in-4°, cartonnage illustré, dos carré avec titre en long. Édition originale. Texte de Tamaky Motoi et divers témoignages des victimes. 117 photographies de Tomatsu (né en 1947) imprimées en héliogravure. Photographe engagé, Shomei Tomatsu fut l'un des premiers à enquêter sur les ravages de la bombe atomique dans le Japon d'après-guerre, à une époque où le sujet était encore profondément tabou. Il commença, avec quelques confrères et Ken Domon, auteur du célèbre Hiroshima publié en 1958, par faire un état des lieux baptisé HiroshimaNagasaki documents 1961. Nagasaki fut sans doute pour lui une manière d'approfondir ce témoignage et de créer un pendant au travail de Ken Domon. Deuxième ville nippone bombardée par les Américains trois jours après Hiroshima le 9 août 1945, Nagasaki compta sur-le-champ 75 000 victimes et au moins autant de morts par la suite, pour cause de blessures ou maladies. Ce fut le pilote Charles Sweeney qui largua la bombe (ironiquement appelée Fatman) de son B-29 dit Bockstar. Parmi les rescapés, beaucoup ont gardé des traces, crûment montrées par l'artiste. Exposées dès 1962 au Fuji Photo Salon, les photographies furent publiées quatre ans plus tard sous forme de livre. Elles forment la troisième et la plus diffusée des séries de l'artiste. Sa démarche fut d'autant plus remarquée qu'elle s'accompagnait d'une esthétique neuve. S'éloignant du réalisme objectif d'un Ken Domon et du strict reportage, Tomastu fit preuve d'une sensibilité quasi expressionniste, multipliant les images fragmentaires et symboliques : une montre arrêtée à l'heure de l'explosion, un doigt arraché, un visage déformé... Mêlés aux scènes de rue, façades, toits et manifestations populaires de la ville de Nagasaki, ces détails montrent les survivances d'un passé que l'on préfèrerait peut-être occulter. Né en 1930 à Nagoya, Tomatsu fit son apprentissage en autodidacte. Sa participation en 1957 à l'exposition collective Eyes of ten le place parmi les personnalités marquantes de la photographie japonaise d'après-guerre. Lui et les autres exposants, Narahara Ikko, Hosoe Eikoh, Kawada Kikuji, Sato Akira et Tanno Akir, fondèrent, en juin 1959, l'agence Vivo, pour mieux présenter leur travail. Elle ne dura que deux ans mais fit date dans l'histoire de la photographie. Le gouvernement japonais le récompensa pour l'ensemble de son œuvre. Exemplaire en belle condition, préservé dans son emboîtage d'édition en carton imprimé. Parr-Badger, The Photobook, I, pp. 274-277 ; The history of Japanase photography, pp. 219, 227, 364 ; The Open Book, 226 ; L.B. Govignon, La petite encyclopédie de la photographie, p. 125; Japon des avant-gardes, 1910-1970, pp. 471-472 et 474.
55. CALDER (A.) & PRÉVERT (J.). Fêtes. Paris, Maeght, 1971, in-folio, en ff., couverture, chemise, étui. Édition originale. Ce portrait de Calder, Fêtes, avait paru en partie en février 1966 dans Derrière le miroir sous le titre “Oiseleur de fer”. Prévert fait un parallèle entre l’artiste et son œuvre, mettant en exergue cette vérité absolue qui se dégage du travail du grand forgeron, la beauté comme résultat de l’extrême simplicité. 7 eaux-fortes en couleurs d’Alexandre Calder. L’un des 150 exemplaires sur vélin d’Arches. Édition limitée à 225 exemplaires, tous numérotés et signés par Jacques Prévert et Alexandre Calder. Dimensions : 447 x 330 mm. Gasegliar-Laster, Jacques Prévert, Œuvres complètes, La Pléiade, II, pp. 199211 ; Lipman, p. 134 ; […], De l’écriture à la peinture, Fondation Maeght, n° 130 ; R.F. Johnson - D. Stein, Artist’s Books in the Modern Era, 18702000, n° 152.
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